Benard
Benard
Benard
Pierre BENARD
pour l’obtention du grade de
Discipline : Énergétique
Spécialité : Mécanique des Fluides
Formation doctorale : Sciences Physiques, Mathématiques
et de l’Information pour l’Ingénieur
Laboratoire d’accueil : UMR-CNRS-6614-CORIA
Membres du jury :
Rapporteurs :
Nasser Darabiha Professeur, EM2C, Ecole Centrale Paris
Arnaud Mura Directeur de Recherche CNRS, PPRIME, ENSMA Poitiers
Examinateurs :
Xue-Song Bai Professeur, Université de Lund (Suède)
Fabio Cozzi Assistant Professor, Politecnico di Milano (Italie)
Vincent Giovangigli Directeur de Recherche CNRS, CMAP, Ecole Polytechnique Paris
Christophe Goupil Professeur, LIED, Université Paris Diderot
Directeurs de thèse :
Yves D’Angelo Professeur, CORIA, INSA de Rouen
Vincent Moureau Chargé de Recherche CNRS, CORIA, INSA de Rouen
2
3
Réaliser un système de combustion à petite échelle reste aujourd’hui un défi. L’augmentation du rap-
port surface/volume favorise les pertes thermiques, contribue à la diminution du temps de séjour et limite
la turbulence. Le premier objectif de cette thèse est de comprendre les phénomènes physiques intervenant
dans un brûleur centimétrique tourbillonnaire de 8×10×8 mm3 et mettre au point des outils numériques
adaptés. L’écoulement réactif méthane/air est étudié au moyen de simulations numériques LES. La com-
bustion ne consomme pas l’intégralité du carburant, entraînant un rendement de combustion de l’ordre
de 50% et d’importantes émissions de polluants. Le deuxième objectif est d’adapter les performances
de ce brûleur. L’enrichissement en hydrogène a montré une amélioration sensible du rendement et une
réduction des émissions polluantes. Plusieurs configurations géométriques de la chambre ont aussi été
étudiées, ce qui a permis de dégager des axes d’améliorations.
Designing a meso-scale combustion system remains a challenging scientific and technological issue.
Increasing the surface-to-volume ratio promotes wall heat losses, reduces the residence time and turbu-
lence intensity. The main objective of this thesis is to understand the physical phenomena involved in
the centimetre-sized asymmetric whirl cubic burner of 8 × 10 × 8 mm3 and develop specific adapted
numerical tools. The methane/air reactive flow is studied using detailed LES. While fuel and air are in-
jected separately, combustion takes place in the premixed regime. However combustion is far from being
complete, causing low combustion efficiency and significant emissions of pollutants. The second objec-
tive is to adapt in the best possible way the performances of this burner. Hydrogen enrichment of the
fuel mixture showed significant efficiency enhancement and reduced pollutant emissions. Several other
combustor geometries are also studied, paving the way for future improvement.
Ce manuscrit est l’achèvement de trois ans et demi de travaux de recherche. Par ces lignes, je tiens à
remercier celles et ceux qui m’ont permis d’accomplir cette entreprise.
Tout d’abord, je remercie Nasser Darabiha et Arnaud Mura d’avoir accepté la charge de rapporteurs
de cette thèse et l’ensemble des autres membres du jury pour avoir fait le déplacement jusqu’à Rouen à
l’occasion de ma soutenance et jugé la qualité de mon travail. Je tiens spécialement à remercier Fabio
Cozzi pour son éclairage d’expérimentateur, sa gentillesse et son accueil lors d’une semaine de travail à
Milan.
Cette thèse s’est déroulée au laboratoire CORIA. Je remercie tout naturellement le directeur du labo-
ratoire, Mourad Boukhalfa, ainsi que tous les personnels techniques et administratifs pour leur service et
leur sympathie tout au long de ces années.
Pour m’avoir accepté en thèse et transmis une partie de son savoir, je remercie sincèrement mon
directeur de thèse, Yves D’Angelo. Merci d’avoir cru en moi, de m’avoir permis de travailler en toute
liberté et en toute confiance, de m’avoir fait progresser dans de nombreux domaines. Cette thèse a été
aussi l’occasion pour moi de présenter mes résultats lors de nombreuses conférences, ce qui a été enri-
chissant à tous points de vue. Merci aussi pour cela.
Ces années n’auraient pas été les mêmes sans l’encadrement de deux grandes personnes : Vincent
Moureau et Ghislain Lartigue. Merci Vincent pour ton encadrement, ta gentillesse et tes conseils avi-
sés. J’ai toujours senti ton soutien, source de motivation évidente pour donner le meilleur de soi. Merci
Ghislain, grand génie logiciel devant l’éternel, de répondre toujours présent quand on en a besoin. Ton
◦
aide et ton talent ont été précieux pour résoudre mes nombreux problèmes et questions (w ? ?). C’était,
et c’est toujours, un plaisir de travailler avec vous deux dans cette équipe YALES2. À vous ma sincère
reconnaissance.
La bonne ambiance vécue au sein du groupe a été permise grâce aux thésards avec qui j’ai partagé
plus ou moins de temps. Donc merci aux plus anciens : Jon, Xavier, Pec, Guimch, Mathias, Suresh,
Nicolas, Benjamin, Chloé, Marianne. Un message particulier pour Catherine avec qui j’ai longtemps
partagé le bureau et qui m’a beaucoup aidé en début de thèse. Viennent ensuite les doctorants de ma
génération. Merci Lisa pour ta bonne humeur et tes connaissances sur la science du cheveu. Merci Lola
pour ta (moins) bonne humeur (encore une trahison ?). Compagne de bureau, de course, de voiture (etc.),
c’était un réel plaisir de partager ces moments. Merci Ben et Hasnae pour les nombreux moments passés
ensemble à Rouen et ailleurs. Viennent ensuite les plus jeunes de l’équipe, Dorian, Nico, Bastien, Eu-
6
rielle, Thomas, et les encore plus jeunes Lancelot, Hakim, Nico, Yann mon stagiaire préféré, Umut. Bon
courage pour vos thèses ! Merci aussi aux inclassables : Pradip, Alvin, Alex, David, Carlo...
Je tiens à tous vous remercier pour les nombreuses discussions, réunions, formations, conférences,
pauses cafés, soirées, vacances partagés ensemble.
Pour finir, je remercie profondément toute ma famille et notamment mes parents et ma soeur pour
leur présence et leurs encouragements tout au long de cette aventure. Merci aussi à mes amis caennais
pour leur soutien sans faille, surtout ceux venus subir ma soutenance : Flo, Mat’, Clem, Emeu et Estelle.
Vous avez été une source de distraction indispensable pendant ces 3 ans. Enfin, je remercie cette thèse
d’avoir mis sur ma route des personnes qui comptent pour moi aujourd’hui et avec qui d’autres aventures
sont à vivre.
7
Table des matières
3 Equations de l’aérothermochimie 44
3.1 Propriétés d’un mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.1 Composition d’un mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.2 Description thermodynamique d’un mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.3 Loi d’état mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2 Ecriture des équations bilans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2.1 Equations de conservation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2.2 Expression des flux diffusifs dans le cas général . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.2.3 Hypothèses simplificatrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.2.4 Modélisation des phénomènes de transport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.3 Modélisation de la chimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.3.1 La cinétique chimique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.3.2 Méthodes de réduction du coût de la chimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
TABLE DES MATIÈRES 9
Bibliographie 223
TABLE DES MATIÈRES 12
Chapitre 1
Sommaire
1.1 Contexte industriel et développement de la combustion à petite échelle . . . . . . . 13
1.2 Expertise du CORIA sur la mésocombustion et projet MESOTHERM . . . . . . . 16
1.3 Objectifs de la thèse et plan du manuscrit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
(a) (b)
F IGURE 1.1: Photo de l’ENIAC, premier ordinateur électronique complet en 1946 (source : Wikimedia)
(a) et le Kinetis KL03 de Freescale, le microcontrôleur ARM le plus petit du monde (2014), posé sur une
balle de golf (source : www.silicon.fr) (b). Le microcontrôleur est 50 000 fois plus petit mais 400 000
fois plus performant que l’ENIAC.
F IGURE 1.2: Energie par unité de masse pour différentes F IGURE 1.3: Diagramme de Ragone :
sources d’énergie, tiré de [70]. comparaison des performances des tech-
niques de stockage d’énergie, tiré de [43].
Malgré l’amélioration continue des batteries, de nouvelles voies s’ouvrent vers de nouveaux systèmes
de génération d’énergie innovants. Parmi ceux-ci, on trouve la combustion à petite échelle.
Chapitre 1 Contexte.
Ce présent chapitre a permis de poser le contexte industriel de l’étude, présenter l’avancement des travaux
au CORIA et les objectifs de la thèse.
Sommaire
2.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2 Avantages et inconvénients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3 Problématiques de la mésocombustion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3.1 Problèmes thermophysiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.3.2 Problèmes thermiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.3.3 Problèmes liés à la combustion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.4 Utilisation de l’énergie issue de la mésocombustion et applications . . . . . . . . . 26
2.5 Exemples de solutions technologiques pour la combustion à petite échelle . . . . . 28
2.5.1 Combustion avec recirculation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.5.2 Brûleurs catalytiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.5.3 Brûleur tourbillonnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.6 Expériences menées au CORIA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.6.1 Géométrie du brûleur MESO-CORIA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.6.2 Résultats expérimentaux notables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.6.3 Simulation numérique DNS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.1 Définition
Le développement technologique et les nouveaux usages mènent au développement de nouvelles
sources d’énergie toujours plus performantes et adaptées à l’application concernée. La combustion à
petite échelle est l’une d’entre elles.
Par petite échelle, on entend des systèmes plus petits que les systèmes de combustion traditionnels
tels que les foyers aéronautiques, les moteurs à combustion internes ou les fours industriels. Ces derniers
ont des tailles caractéristiques qui s’étendent de la dizaine de centimètres à plusieurs mètres. Pour toute
Etat de l’art de la mésocombustion 21
10 µm 0.1 mm mm cm dm m 10 m
Combustor scale LC
Combustors examples
Applications examples
F IGURE 2.1: Echelle de tailles caractéristiques des chambres de combustion, exemples de brûleurs et
d’applications.
chambre de combustion de taille inférieure à ces systèmes conventionnels, cette combustion à petite
échelle pourra, dans le language courant, être qualifiée de microcombustion. Bien que l’on se trouve loin
de l’échelle microscopique, on trouve des applications tels que micro-turbines à gaz ou micro-brûleurs.
La littérature scientifique s’accorde cependant à définir plus précisément cette combustion à petite
échelle [70, 111]. En effet, suivant la taille du système, les mécanismes mis en jeu et les phénomènes
physiques afférents peuvent conduire à des comportements qualitativement différents de ceux observés
sur les macro-systèmes. Par exemple, la définition donnée par Fernandez-Pello [70] est basée sur la
longueur physique du système. Ainsi, on appellera :
- Mésocombustion, la combustion pour un système d’une taille variant de 1 à 10 mm,
- Microcombustion, la combustion dans des brûleurs de 1 µm à 1 mm.
Cette définition est illustrée sur une échelle de taille physique caractéristique de la chambre de com-
bustion par la Fig. 2.1. Afin de différencier la combustion des plus petits systèmes avec les plus grands,
la combustion des systèmes conventionnels est appelée macrocombustion.
Il existe aussi une autre définition basée sur la distance d’extinction (ou de coincement) [53]. La
distance d’extinction ("quenching diameter") est la distance au mur à laquelle une flamme s’éteint. Gros-
sièrement, cette extinction est pilotée par la perte thermique qui augmente à mesure que diminue la
distance entre le front de flamme et la paroi. La combustion est alors appelée microscopique (respective-
ment mésoscopique) si la taille de la chambre de combustion est inférieure (supérieure) à cette distance
d’extinction. Cette définition fait donc appel directement à une longueur caractéristique de la flamme et
est préférée dans certaines études sur la combustion microscopique.
L’ensemble de ces définitions est résumé dans le tableau 2.1.
Dans le cadre de cette thèse, on parlera de combustion à petite échelle en terme de problématique.
Cependant, l’ensemble des travaux effectués se sont concentrés sur des brûleurs mésoscopiques, avec
des tailles allant de plusieurs millimètres à un peu plus d’un centimètre. On définira la mésocombustion
comme le régime de combustion dont la taille caractéristique est proche de la distance d’extinction mais
reste sensiblement supérieure à 1 mm [111, 37].
Etat de l’art de la mésocombustion 22
section, des nombres adimensionnels ou caractéristiques décrivant différents phénomènes physiques se-
ront utilisés. Les variables servant à calculer ces nombres sont la taille caractéristique du système Lc ,
la vitesse de l’écoulement du fluide U , la viscosité du mélange ν, sa diffusivité thermique α, sa masse
volumique ρ et le terme source chimique ω. On peut définir une surface comme S = L2c , le volume
V = L3c et un débit ṁ = ρLc U .
hLc
Bi = ≃ 0.002 . (2.6)
λs
Le nombre de Biot d’un tel système est petit devant un. Cela signifie que la conduction de la chaleur
à l’intérieur du solide est plus rapide qu’à sa surface. La température à l’intérieur du solide peut être
considérée comme constante (les gradients thermiques sont négligeables).
Cette analyse indique que les efforts liés à l’expansion thermique et à l’alignement des parties mo-
biles sont réduits. Néanmoins, cela pose problème pour certaines applications comme certains généra-
teurs de chaleurs où la différence de température des réservoirs froid et chaud influe directement sur le
rendement.
En conclusion, la gestion thermique d’un système de taille réduite est essentielle à sa performance.
F IGURE 2.2: Limites de stabilité d’un brûleur cylindrique de type asymétrique pour deux carburants,
méthane et propane, en fonction du débit total d’entrée, tiré de [46].
général le temps de résidence est faible, il est important que le temps chimique le soit aussi afin d’assurer
une combustion aussi complète que possible. De plus, une flamme présente divers temps chimiques. Le
temps chimique τchem est généralement celui du front mais pas celui de la recombinaison du CO et
O2 en CO2 qui est plus long. Pour s’assurer d’avoir une combustion complète, la combustion peut être
réalisée à haute température, donc en limitant les pertes thermiques, en augmentant la température des
gaz frais, en utilisant des mélanges stœchiométriques ou des carburants très énergétiques.
D’autre part, la forte intensité des transferts thermiques rencontrés par le système implique des tem-
pératures plus réduites en proche paroi ainsi qu’une destruction potentielle des espèces radicalaires né-
céssaire au maintient de la flamme [122]. Ces mécanismes vont augmenter le temps chimique et possi-
blement empêcher la propagation de flamme ou provoquer son extinction locale ou totale. La distance
d’extinction est ici primordiale. En effet, plus cette distance est importante, plus la flamme s’éteint loin
des parois. La flamme est confinée à un volume effectif plus faible que le volume de la chambre de
combustion. Pour éviter ce phénomène, la distance d’extinction peut être modulée en augmentant la
température de paroi (la distance d’extinction est inversement proportionnelle à la racine carré de la
température) ou en limitant les pertes thermiques pariétales (isolation thermique du brûleur) [70].
Avec un temps de résidence faible et des pertes thermiques importantes, la flamme est plus facilement
proche de ses limites d’extinction. Un tel brûleur voit alors son domaine de flammabilité plus réduit que
pour un brûleur classique. La flamme d’un méso ou micro-brûleur est plus instable et sensible aux faibles
variations des conditions opératoires qui peuvent mener jusqu’à l’extinction.
Si les réactifs ne sont pas prémélangés et que le carburant est liquide, des temps additionnels sont
nécessaires pour l’évaporation et le mélange. Ces temps sont d’autant plus importants que le nombre de
Reynolds est faible, ce qui est le cas ici. Ils ne peuvent pas être négligés. Une solution à ce problème
est d’utiliser le carburant liquide pour former un film liquide le long d’une paroi de la chambre de
combustion [202]. Cette approche présente l’avantage de limiter les pertes thermiques tout en proposant
une surface d’évaporation liée au rapport surface-sur-volume important dans ce type de brûleur.
Les conséquences de tous les problèmes rencontrés par un brûleur de taille réduite est d’avoir une
flamme instable, soumise à l’extinction locale. En plus de diminuer le rendement du système, ceci ré-
sulte en une combustion qui peut être incomplète, et à la production de polluants et imbrûlés en grande
quantité.
Etat de l’art de la mésocombustion 26
F IGURE 2.3: Schéma de l’utilisation de l’énergie thermique libérée par la combustion à petite échelle,
tiré de [115]
(a)
(b)
(d) (e)
(c)
F IGURE 2.4: (a) : Schéma de la micro-turbine de l’ONERA [91]. (b) : schéma de la micro-turbine du
MIT de 12 mm de diamètre et 3 mm de long [64]. (c) : mini moteur Wankel [70]. (d) : micro-propulseur
digital de TRW. (e) : micro-propulseur haute pression du MIT [151].
rapport aux systèmes conventionnels, a l’avantage de délivrer une poussée faible (∼ 1 mN) avec
une faible impulsion (∼ 10−5 N.s) pour du positionnement et contrôle de trajectoire précis de
micro-satellites [232]. Par exemple, un propulseur de 10−4 N.s d’impulsion et de 100 W de puis-
sance a été développé par le TRW [109] (Fig. 2.4 (d)). Le MIT a développé un micro-propulseur
de 1 N de poussée, de 300 s d’impulsion spécifique pour une chambre de combustion de 1.2 g
[141] (Fig. 2.4 (e)).
Les diverses utilisations de l’énergie produite par combustion à petite échelle mènent à des applica-
tions très variées, dont les puissances attendues vont de quelques watts à plusieurs centaines de watts.
La mésocombustion peut être utilisée pour la propulsion de micro-satellites ou drônes, pour générer
de l’électricité à des MEMS (Micro-Electro Mechanical Systems), à des appareils électriques classiques
(ordinateurs et téléphones portables) ou tout simplement apporter de la chaleur à d’autres systèmes. Un
autre exemple non cité concerne des applications militaires, qui peuvent être envisagées afin d’alimenter
en énergie les équipements de soldats en milieu hostile (i.e. sans source d’électricité proche) ou encore
soumises à des contraintes de furtivité.
Un autre grand intérêt de la combustion à petite échelle est son intégration dans des systèmes ou
processus de plus grandes tailles. Par exemple, la chaleur issue de petits réacteurs peut s’avérer utile pour
améliorer l’efficacité des raffineries ou usines chimiques et a déjà démontré son intérêt [145]. L’utilisation
de micro-chambre de combustion afin de pré-oxyder une partie du carburant dans des turbines à gaz a
montré une réduction sensible des émissions de NOx et de suies [144].
Etat de l’art de la mésocombustion 28
F IGURE 2.5: Distribution de température d’un brûleur swirlé (a) et d’un brûleur avec recirculation (b),
tiré de [111].
(a) (b)
F IGURE 2.6: (a) : Schéma et champs de température d’un brûleur droit de 0.5 cm étudié dans [169]. (b) :
Profils des flux thermiques en fonction de la direction axiale de ce même brûleur. Figures reprises de
[115].
(a)
(b)
F IGURE 2.7: (a) : Schéma illustrant le principe d’un système à flux inversés, tiré de [114]. (b) : coefficient
thermique critique en fonction de la conductivité thermique pariétale, figure tirée de [115].
et Vlachos [114] ainsi que Matros et Bunimovich [153]. Le principe consiste ici à inverser l’entrée et
la sortie de la chambre de combustion droite de façon périodique. Ainsi, la chaleur contenue dans les
gaz brûlés est transmise aux parois solides qui réchaufferont les gaz frais au prochain cycle, comme
le montre la Fig. 2.7 (a). Cette technique fonctionne à condition que le transfert thermique gaz-solide
se fasse de façon suffisamment rapide. La faible taille de chambre de combustion qui nous intéresse ici
permet justement de bonnes conditions pour ce fonctionnement. Cette méthode "à flux inversés" améliore
la stabilité en repoussant la limite du soufflage de la flamme mais n’évite pas l’extinction (Fig. 2.7 (b)).
Sans utiliser la technique des flux inversés, mais toujours afin d’assurer un meilleur couplage ther-
mique et de favoriser l’échange de chaleur entre gaz brûlés et gaz frais, d’autres configurations géomé-
triques peuvent être imaginées (Fig. 2.8 (a)). Ces configurations sont reprises de la théorie des échangeurs
thermiques. Par exemple, on trouve la configuration de flamme U (configuration (b)) étudiée par Ronney
[192], ou celle de deux flammes en propagations opposées (exemple (a)) étudiée par Ju [110]. Federici et
Vlachos [69] se sont intéressés aux effets de transferts thermiques dans une configuration axisymétrique
(configuration (d) de la figure 2.8 (a)). Le graphique 2.8 (b) représente la vitesse critique en fonction de
la conductivité thermique pariétale obtenue grâce à des simulations 2D. Deux vitesses sont obtenues : la
plus basse correspond à l’extinction de la flamme et la plus haute à son soufflage. La région située entre
Etat de l’art de la mésocombustion 30
(a)
(b)
F IGURE 2.8: (a) : Différentes géométries possibles de brûleurs à enthalpie excédentaire. (b) : Profils des
flux thermiques en fonction de la direction axiale de ce même brûleur. Figures tirées de [115].
ces deux vitesses correspond au régime où la flamme est stable. En dehors de cette région, la flamme
ne peut pas s’auto-entretenir. Une configuration géométrique optimisant les transferts thermiques permet
d’améliorer le domaine de stabilité par rapport à une configuration droite.
Le concept de swiss-roll est sûrement le concept le plus connu, mais aussi dans soute le plus complexe
des brûleurs avec recirculation. Il a principalement été développé pour la génération d’électricité via des
modules thermoélectriques. Il consiste en l’enroulement sous forme de spirale des tubes d’injection des
gaz frais et de sortie des gaz brûlés autour de la zone de combustion (Fig. 2.9 (a)). Ainsi, chaque tube
contenant des gaz frais est en contact direct avec deux tubes contenant des gaz brûlés, et inversement,
comme le montre le schéma 2.9 (b). Cette stratégie permet de fournir une très grande surface d’échange
au transfert thermique, qui peut être modulé en modifiant le nombre de spirales. Le diamètre des canaux
peut rester petit afin d’amplifier le transfert de chaleur, tandis que la taille de la zone de combustion
centrale peut être conçue indépendamment de la partie d’échange thermique.
L’Université de Californie du Sud (USC) a été l’une des premières à étudier ce concept [41]. Parmi
les différentes déclinaisons conçues et fabriquées, la version mésoscopique consiste en une configuration
toroïdale 3D (Fig. 2.9 (d)). La génération d’électricité est assurée par des modules thermoélectriques qui
sont intégrés dans toutes les parois de ce brûleur. L’étude expérimentale a montré que la combustion
pouvait s’auto-entretenir dans cette configuration. Néanmoins, la fabrication de cette géométrie reste très
difficile à mettre en œuvre et les performances obtenues inférieures aux attentes [151].
Un autre brûleur swiss-roll de dimension 12.5 × 12.5 × 5.0 mm a été conçu par Vican [219]. La
puissance chimique injectée est d’environ 10 W (combustion hydrogène/air) et la puissance électrique
récupérée par des modules thermoélectriques commerciaux ne dépasse pas 55 mW : le rendement de
ce brûleur n’atteint pas les 1 %. Différentes explications peuvent être avancées : le rendement de ces
modules est faible, leur couverture sur la surface du swiss-roll n’était pas optimale. Néanmoins, cette
expérience a démontré la faisabilité d’un tel réacteur à petite échelle et faibles débits.
Un swiss-roll sensiblement plus grand a été étudié par Ahn [2]. Ses dimensions extérieures sont 70 ×
70 × 50 mm, les canaux font 3.5 mm de large et le mélange gazeux utilisé était un mélange propane/air.
Les résultats expérimentaux ont montré des taux de conversion du propane entre 40 et 100 % pour des
nombres de Reynolds testés de 100 et 1000. Les meilleurs résultats ont été observés pour des mélanges
pauvres.
Une recherche sur des brûleurs swiss-roll cylindriques a été menée à l’université de Tohoku [124,
Etat de l’art de la mésocombustion 31
(b)
(a)
(c) (d)
F IGURE 2.9: (a) : schéma d’un swiss-roll carré vu de dessus, tiré de [115]. (b) et (c) : schéma vu de côté
et photo du brûleur swiss-roll cylindrique de Tohoku de 64 mm de diamètre. (d) : photo du swiss-roll de
l’University of South California, tirés de [111].
Etat de l’art de la mésocombustion 32
F IGURE 2.10: Schéma des différents phénomènes physiques dans un brûleur catalytique, tiré de [115].
123]. Plusieurs prototypes avec des diamètres allant de 20 à 64 mm ont été testés (Fig. 2.9 (b) et (c)).
Ce brûleur a montré une bonne efficacité thermique globale de 60 à 85 %, et la température de surface
s’étend de 400 à plus de 1100 K.
La recirculation de chaleur a démontré la capacité de la combustion à pouvoir s’auto-entretenir, avec
de faibles températures d’injection. Cependant, cette méthode n’a pas été retenue dans les travaux de
cette thèse car elle présente une trop forte complexité de mise en œuvre et de fabrication.
(a)
(b)
F IGURE 2.11: (a) : Limites de stabilité de la combustion catalytique et en phase gazeuse en fonction du
nombre de Reynolds pour un brûleur de type swiss-roll en Inconel, tiré de [2]. (b) : champs de tempé-
rature (gauche) et concentration de OH (droite) pour trois différents modes : réactions de surface et en
phase gazeuse (haut), réactions en phase gazeuse seulement (milieu) et réaction de surface uniquement
(bas) [35].
seulement. Cela implique que la réaction exothermique est inhibée par la présence de l’agent catalytique.
Il est aussi observé que le radical OH est beaucoup plus présent en proche paroi dans le cas de la réaction
de surface seule.
L’impact du diamètre du canal sur l’interaction "réaction de surface"-"réaction en phase gazeuse"
est ainsi essentielle. La diminution du diamètre mène à une réaction en phase gazeuse plus faible par
épuisement du combustible dans les réactions de surface. Chen et al. [35] ont classé l’interaction entre
combustion catalytique et en phase gazeuse en trois régions (Fig. 2.12 (a)) : lorsque la réaction en phase
gazeuse domine la réaction de surface (région I), lorsque les deux types de combustion cohabitent (région
II) et quand la réaction de surface prédomine (région III). La ligne A correspond ainsi à la limite d’ex-
tinction de la flamme en phase gazeuse. La figure montre bien l’influence de la taille du système et de la
vitesse d’injection. En dehors des limites de flammabilité du mélange gazeux, la combustion catalytique
peut prendre le relais et élargir la plage de fonctionnement du brûleur. Kaisare et al. [113, 115] ont aussi
étudié par simulation numérique l’influence de la taille du système sur l’interaction entre réactions de
surface et en phase gazeuse (Fig. 2.12 (b)). La ligne horizontale représente une contribution similaire
entre les deux régimes de combustion. Pour de grandes tailles de domaine, la combustion catalytique est
limitée par le faible transfert de masse vers la paroi. La combustion en phase gazeuse n’est pas affectée
donc domine la réaction de surface. Au contraire, pour de faibles tailles, la chimie de surface prévaut
car les énergies d’activation sont plus faibles. La transition entre ces deux régimes dépend fortement de
la température : ∼ 300 µm à 1500 K, ∼ 2 mm à 1100 K et ∼ 5 cm à 1700 K. Si l’on considère que la
combustion catalytique de carburants hydrocarbonés comme le propane est stabilisée à des températures
supérieures à 800 K, l’échelle du domaine appropriée est de l’ordre du millimètre ou inférieure.
La figure 2.12 (c) montre le coefficient de transfert thermique critique (valeur jusqu’à laquelle la
flamme peut s’auto-entretenir) en fonction de l’échelle de la chambre de combustion pour les trois ré-
gimes de combustion. La combustion catalytique seule d’une part, et la combustion combinée (cataly-
tique et en phase gazeuse) d’autre part, présentent sensiblement les mêmes limites de stabilité car la
combustion en phase gazeuse seule est négligeable. Globalement, la combustion catalytique est plus
stable que la combustion en phase homogène jusqu’à des tailles d’environ 5 mm.
Etat de l’art de la mésocombustion 34
F IGURE 2.12: (a) : Interaction entre combustion catalytique et en phase gazeuse en fonction de la taille
du canal et de la vitesse d’injection [35]. (b) : Ratio des réactions de surface en phase gazeuse en fonction
de la dimension du système pour différentes températures de fonctionnement [115]. (c) : coefficient de
transfert thermique critique en fonction du diamètre du canal pour la combustion en phase gazeuse,
catalytique ou les deux combinés (HH) [115].
En résumé, la littérature scientifique s’accorde pour dire que la combustion catalytique présente
l’intérêt d’étendre les limites de flammabilité et améliorer la stabilité de la flamme. Les réactions de
surface sont actives même avec des températures plus basses, et une meilleure résistance aux fortes
pertes thermiques est observée, dans le cas où la dimension du système n’est pas trop grande (inférieure
à l’échelle du millimètre environ).
Ecoulement swirlé
Dans un écoulement swirlé, classiquement rencontré dans des chambres de combustion de type turbine
à gaz, l’écoulement est mis en rotation par un injecteur appelé le swirleur avec une composante de vitesse
axiale et une composante de vitesse tangentielle.
Ces systèmes ont été et sont toujours largement étudiés sur des systèmes de taille conventionnelle
[92, 208, 209]. Ils sont caractérisés par le nombre de swirl calculé comme le rapport du flux axial de
quantité de mouvement azimutale sur le flux axial de quantité de mouvement axiale [92]. Les flammes
swirlées confinées possèdent une structure caractéristique, qui varie selon l’intensité du swirl :
- Dans les brûleurs peu swirlés, une zone de recirculation externe (ORZ pour Outer Recirculation
Zone) se forme autour du jet principal. Elle améliore la stabilité et l’accrochage de la flamme.
- Quand le nombre de swirl augmente, la vitesse axiale a tendance à diminuer au niveau de l’axe
de symétrie. Pour un nombre de swirl supérieur à 0.6, cette zone de faible vitesse axiale se
transforme en une zone de recirculation centrale (CRZ pour Central Recirculation Zone), dans
laquelle les gaz brûlés viennent alimenter et réchauffer les gaz frais.
Etat de l’art de la mésocombustion 35
(a) (b)
F IGURE 2.13: (a) : schéma des principales structures tourbillonnaires identifiées à la sortie d’injection
TLC et flamme en V (en rouge), tiré de la thèse de Guedot [89]. (b) : flamme en V dans le brûleur
PRECCINSTA matérialisée par la variable d’avancement dans le plan médian, issu de [160].
- Pour des nombres de swirl plus élevés, la taille de la zone de recirculation centrale a tendance à
augmenter. Des nombres de swirl élevés peuvent générer des instabilités, et augmentent le risque
de flashback.
Ces principales structures tourbillonnaires sont illustrées par la figure 2.13 (a). Les avantages technolo-
giques de la stabilisation par le swirl sont multiples :
- Contrairement à une stabilisation par accroche-flamme, la stabilisation par swirl est faite grâce à
un point d’arrêt aérodynamique. Elle permet de s’affranchir des contraintes thermo-mécaniques
liées à la présence de pièces mécaniques dans la zone de réaction où les gaz sont les plus chauds.
- Un autre avantage du swirl est la compacité de la flamme, le rapport de longueur par rapport
à une flamme de type jet étant d’environ 1/3. La combustion ayant lieu dans un volume plus
petit, cela permet de réduire la taille du brûleur. La flamme, stabilisée sur l’avant de la zone de
recirculation centrale est dite “en V” ou “en M” [170], du fait de sa forme caractéristique (visible
sur la Fig. 2.13 (a) et (b)).
- La zone de recirculation joue le rôle de réservoir énergétique. L’importante quantité de gaz conte-
nue dans la zone de recirculation permet de stabiliser la flamme sur une large plage de fonctionne-
ment. Par ailleurs, dans la zone de cisaillement entre le jet principal et les zones de recirculation,
les gradients de vitesse sont très importants, donnant lieu à des niveaux de turbulence élevés qui
améliorent le mélange des réactifs, et contribuent au bon fonctionnement du brûleur sur une large
gamme de débits.
Shimura et al. [210, 8] ont réalisé des simulations numériques directes avec chimie détaillée d’un
brûleur swirlé de taille 10 × 10 × 15 mm3 avec une injection annulaire de diamètre intérieur 0.6 mm et
extérieur 2.5 mm (voir figure 2.14 (a)). Le mélange gazeux est un mélange hydrogène/air à la stœchio-
métrie et 300 K et la paroi est considérée comme isotherme à 700 K. Deux points de fonctionnement ont
été testé avec des nombres de swirl à 0.6 et 1.2. De larges structures cohérentes annulaires et hélicoïdales
sont générées près de l’injection dans la chambre. Des tourbillons de plus petite échelle apparaissent en
amont de l’écoulement comme représenté par l’iso-contour de critère-Q sur la figure 2.14 (b) et (c). Ces
derniers jouent un rôle important dans le plissement de la flamme provoquant des oscillations de pression
à haute fréquence. Les pertes thermiques aux parois représentent environ 25 % du taux de dégagement
de chaleur de la flamme dans les deux points de fonctionnement. Une analyse acoustique a été réalisée
Etat de l’art de la mésocombustion 36
F IGURE 2.14: (a) : schéma du domaine calculé et de l’injection du microbrûleur swirlé. Iso-contour de
critère Q et rendu volumique du taux de dégagement de chaleur pour un nombre de swirl de 0.6 (b) et
1.2 (c). Figures tirées de [210].
F IGURE 2.15: (a) : iso-contour de la variable de progrès c=0,2 coloriée par le dégagement de chaleur
[222]. Champs de température et fraction massique de carburant instantané (b) et structure de la flamme
de spray (c) [143].
(a)
(b) (c)
F IGURE 2.16: (a) : schéma de l’écoulement d’air dans la chambre de combustion ; intersection avec
l’injection de carburant. (b) : schéma d’une chambre de combustion cylindrique de type whirl. (c) : vue
3D du méso-brûleur de Wu et al. [231]
Luo et al. [143] ont réalisé des simulations DNS d’une flamme swirlée diphasique de n-heptane. Le
nombre de Reynolds est Re = 3000 et le nombre de swirl S = 1.0 dans une géométrie cylindrique
de 40 mm de diamètre et 60 mm de long. Le carburant est injecté dans le brûleur à l’aide de gouttes
Lagrangiennes et d’un modèle d’évaporation. La chimie en phase gazeuse est traitée de façon globale
(Fig. 2.15 (b)). Les résultats montrent que 70% du taux de dégagement de chaleur se fait en régime de
prémélange, bien que le régime de diffusion représente une part plus importante en volume (Fig. 2.15
(c)).
Ecoulement whirlé
L’écoulement de type whirl est un écoulement tourbillonnaire créé par la géométrie de la chambre de
combustion [230, 236]. Par rapport au swirl, ses caractéristiques sont les suivantes :
- L’air est introduit tangentiellement à une paroi (Fig. 2.16 (a,b)).
- Le carburant est injecté de façon perpendiculaire à l’air afin que les deux jets se croisent, favori-
sant le mélange.
En régime de combustion, l’écoulement whirlé améliore la stabilisation de la flamme via une zone de
recirculation centrale, composée de gaz chauds et avec des niveaux de turbulence faibles. La force cen-
trifuge repousse les gaz frais lourds près des parois et concentre les gaz chauds légers au centre de
l’écoulement. L’autre avantage de ce concept est de limiter les pertes thermiques pariétales grâce à la
présence des gaz frais en proche paroi. L’ensemble de ces caractéristiques fait apparaître l’écoulement
whirlé comme un concept très intéressant pour la combustion centimétrique.
Swirl et whirl conduisent à des structures et des mécanismes différents pour l’écoulement et la sta-
bilisation de la flamme. La flamme whirlée ressemble à un cylindre creux avec un cœur chaud central
relativement calme. Au contraire, la flamme swirlée est caractérisée par une zone de recirculation cen-
trale produite par éclatement tourbillonnaire de l’écoulement fortement swirlé [236]. Cette zone conduit
à la stabilisation de la flamme grâce à une région de vitesse opposée à l’écoulement swirlé qui alimente
en gaz brûlés la zone de réaction.
Wu et al. [231] ont testé expérimentalement et numériquement plusieurs brûleurs whirlés asymé-
triques dont les volumes vont de 10.6 à 124 mm3 (les diamètres s’étalant de 2.4 à 6.4 mm) avec des
carburants de types alcanes ou hydrogène, et pour des puissances variant de 25 à 174 W (Fig. 2.17 (a)).
L’étude a montré que la combustion alcane/air était plus efficace pour les plus grands volumes de brû-
leur. Pour les plus petits volumes, il est nécessaire d’enrichir en oxygène l’air afin de stabiliser la flamme
d’alcanes. La combustion avec méthane est la plus difficile à stabiliser et nécessite un enrichissement en
oxygène à 40 % en volume de l’oxydant afin de fonctionner sur le plus petit brûleur et ainsi atteindre
Etat de l’art de la mésocombustion 38
(a)
(b) (c)
F IGURE 2.17: (a) : micro- et méso-brûleurs whirlés de différents volumes étudiés à Pennsylvania State
University. (b) : trajectoires principales de l’écoulement d’air dans la combustion hydrogène/air à la
stœchiométrie. (c) : vue de face de la structure de flamme issue de l’expérience du brûleur propane/air de
124 mm3 et richesse 0.8 (image de gauche) et méthane/air enrichi en oxygène de 49.1 mm3 à richesse
0.3 (image de droite). Images tirées de [231].
une efficacité chimique de 85 %. Avec l’hydrogène, les limites de stabilité du brûleur s’étendent entre
des richesses de 0.25, côté pauvre, et de 3 à 6, côté riche (suivant le débit injecté), pour un rendement
chimique pouvant atteindre 97 %. La figure 2.17 (b) montre les trois principaux chemins de l’écoulement
d’air. Le chemin principal 1 de l’air pivote le long de la paroi, comme une spirale, pour atteindre la
sortie. Les chemins mineurs 2 et 3 alimentent deux zones de recirculation en haut et en bas du brûleur.
Ces dernières sont importantes pour le mélange et la stabilisation de la flamme, car elles assurent un
temps de résidence long et un bon rendement de combustion. La Fig. 2.17 (c) présente deux photos de
la flamme, vue de face, issues de l’expérience de Wu [231]. La première est un mélange propane/air de
richesse 0.8 dans le brûleur de 124 mm3 . La flamme est de forme annulaire et de couleur bleutée. Elle
résulte de l’injection de carburant dans la zone de plus forte énergie cinétique turbulente de l’écoulement
d’air whirlé, produisant un mélange rapide entre comburant et carburant. La distance de coincement est
estimée expérimentalement à 0.5 mm. La photo de droite représente la flamme d’un mélange méthane/air
enrichi en oxygène à richesse 0.3 dans la chambre de 49.1 mm3 . Une flamme bleue swirlée est visible
de façon plus intense que la flamme propane/air du fait des réactions plus fortes. Deux points brillants au
centre de la chambre sont observables, provenant du rayonnement de la bougie d’allumage.
L’influence de la position d’injection de méthane dans un brûleur similaire a été analysée par Yet-
ter et al. [236] (voir Fig. 2.18 (a)) : deux positions ont été testées, une au centre de la surface circulaire
(injection symétrique) et l’autre plus proche de l’injection d’air (injection asymétrique). Cette deuxième
position a montré de bien meilleures performances : une flamme très stable, jusqu’à des richesses glo-
bales inférieures à 0.1 et de bien meilleures émissions polluantes (notamment les NOx). La figure 2.18
(b) présente deux photos de la flamme lors de l’expérience pour les deux positions d’injection. L’in-
jection symétrique (image du haut) produit une flamme allongée orange et très lumineuse de l’ordre de
3-4 diamètres de long. Le changement d’injection (image du bas) induit une flamme bleue beaucoup
moins lumineuse et dont la longueur est de l’ordre du diamètre du brûleur. Afin de mieux appréhender
les raisons de ces performances, la physique et la structure interne de la flamme ont été étudiées par
Etat de l’art de la mésocombustion 39
(a) (b)
F IGURE 2.18: (a) : schéma de la géométrie et des positions des entrées du brûleur de Yetter [236]. (b) :
trajectoires principales de l’écoulement d’air dans la combustion hydrogène/air à la stœchiométrie.
(a)
(b) (c)
F IGURE 2.19: (a) : dispositif expérimental du brûleur whirlé de Milan [49]. (b) : image moyenne obtenue
par chimiluminescence CH*, représentant la position moyenne de la flamme d’un mélange méthane/air
à richesse 0.58 ; la flèche verticale indique l’injection d’air et celle horizontale la sortie ; la paroi est
indiquée par le cercle noir [46]. (c) : diagramme de stabilité obtenue avec le modèle 0D pour un mé-
lange méthane/air pour différents niveaux de pertes thermiques (lignes de couleur) et comparaison à
l’expérience (points) [47].
calcul numérique. La forte température du cœur chaud au centre du brûleur, supérieure à la température
adiabatique de flamme, permet à la flamme de se stabiliser tout autour, même à faible richesse.
Un brûleur whirlé a aussi été étudié par Cozzi et al. au Politecnico de Milan [49, 48, 46]. La géomé-
trie cylindrique fait 6 mm de diamètre et 9 mm de long, soit un volume d’environ 250 mm3 (Fig. 2.19
(a)). Comme carburant, du méthane et propane avec différents enrichissements en hydrogène ont été
testés. La température de paroi mesurée était de l’ordre de 200◦ C. Cette étude a permis d’établir les
diagrammes de stabilité et de mesurer les performances (rendements et pollutants) du brûleur [49]. Le
rendement de conversion chimique (puissance émise par la flamme sur puissance chimique injectée) est
de l’ordre de 70 − 90 % et le rendement thermique (puissance récupérée en sortie sur puissance émise par
la flamme) de 30−50 % suivant les conditions opératoires. L’expérience a mis en évidence la plus grande
zone de flammabilité du propane et butane comparé au méthane [48]. Des diagnostics optiques ont aussi
été appliqués [46]. La mesure du champ de vitesse de l’écoulement non réactif a montré une zone très
turbulente dans la région proche de l’injection alors que la zone centrale de l’écoulement semble beau-
coup plus laminaire. La localisation de la flamme via chimiluminescence CH* a montré que la flamme
se positionne en spirale le long de la paroi interne du cylindre (voir Fig. 2.19 (b)).
Etat de l’art de la mésocombustion 40
(a) (b)
F IGURE 2.20: Photo issue de l’expérience CORIA (a). Rendu 3D de la chambre de combustion (b).
Un modèle 0D a été construit à partir des données expérimentales [47]. Ce modèle, basé sur le
concept de réacteur homogène et un schéma cinétique complexe, a permis de reproduire de façon re-
lativement fidèle les limites de stabilité du brûleur whirlé côté pauvre, mais semble toutefois incapable
de reproduire correctement la tendance côté riche. Les performances et rendements sont en revanche
assez semblables entre l’expérience et le modèle. Cette étude a mis en évidence la capacité de reproduire
certaines caractéristiques d’un méso-brûleur à partir d’un modèle très simple.
F IGURE 2.22: Impact de l’ajout d’hydrogène dans le mélange gazeux sur la position de la flamme (gauche
et milieu) et instabilité thermo-acoustique (droite), tiré de [137].
des débits et richesse, uniquement pour un mélange méthane-air. Pour cela, le code H-Allegro a été
utilisé et adapté pour réaliser des calculs DNS du brûleur. H-Allegro est un solveur des équations de
Navier-Stokes 3D compressibles et réactives, massivement parallèle et à précision élevée [5]. Il utilise
un schéma spatial de différences finies explicite d’ordre 6. L’avancement temporel est réalisé avec un
schéma Runge-Kutta d’ordre 3. Le code étant structuré, il est limité aux domaines parallélépipédiques.
Une méthode couplant grille décalée (staggered) et grille non décalée (colocated), dite méthode hybride,
permet un gain en temps de calcul important. Les conditions aux limites sont traitées via une version
adaptée de la condition NSCBC3D [139] et via une condition de mur réfléchissant isotherme [204].
Une chimie méthane-air à une étape et à masse volumique constante a été adaptée aux écoulements
partiellement pré-mélangés, présentant des inhomogénéités de richesse.
Deux points de fonctionnement non-réactifs et trois autres réactifs ont été investigués. Concernant
l’écoulement réactif, il a été vérifié que le cœur chaud central lié à l’écoulement whirlé permet bien de
stabiliser la combustion. L’augmentation de la richesse globale implique une combustion plus en aval de
l’écoulement tandis que l’augmentation de débit permet de mieux répartir la flamme dans le domaine, du
fait de l’augmentation de la turbulence.
L’analyse de la flamme a montré que la combustion s’effectuait principalement en régime prémé-
langé, même si une flamme de diffusion était visible en "post-combustion" dans les gaz brûlés. D’autre
part, l’observation du taux de réaction global indique que la flamme est très instationnaire. Enfin, la réa-
lisation de diagrammes de combustion a montré que de nombreux régimes de combustion sont présents
au sein de la chambre de combustion.
Cette étude a apporté de nombreuses informations sur l’écoulement réactif dans ce brûleur centimé-
trique. Néanmoins, certaines limites de l’étude sont à noter comme l’utilisation d’un schéma de cinétique
chimique trop simple (une étape) ou bien la non prise en compte de la géométrie réelle (parfaitement cu-
bique dans la simulation DNS et sans les tubes d’entrées et sortie).
Etat de l’art de la mésocombustion 43
(b)
(a)
F IGURE 2.23: (a) : Iso-contour du taux de réaction (rouge) et du critère-Q (gris). (b) : Visualisation du
taux de réaction (couleur feu) et de la fraction de mélange Z (surimposition en échelle de gris, iso-contour
de la sœchiométrie en blanc) sur une coupe dans un plan du domaine.
Chapitre 3
Equations de l’aérothermochimie
Le Chapitre 3 rappelle les équations régissant le mouvement d’un fluide réactif. Une attention par-
ticulière est portée sur les phénomènes de transport et l’évaluation des termes sources chimiques. L’hy-
pothèse de faible de nombre de Mach est exposée, le formalisme LES et le modèle d’épaississement de
flamme utilisé au cours de cette thèse font également l’objet de ce chapitre. Les caractéristiques du code
de calcul YALES2 ainsi que les choix de modélisation sont présentés.
Sommaire
3.1 Propriétés d’un mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.1 Composition d’un mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.2 Description thermodynamique d’un mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.3 Loi d’état mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2 Ecriture des équations bilans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2.1 Equations de conservation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2.2 Expression des flux diffusifs dans le cas général . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.2.3 Hypothèses simplificatrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.2.4 Modélisation des phénomènes de transport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.3 Modélisation de la chimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.3.1 La cinétique chimique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.3.2 Méthodes de réduction du coût de la chimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.3.3 Variables caractéristiques liées à la flamme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.4 Extension des équations au formalisme LES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.4.1 Introduction à la turbulence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.4.2 Simulation d’écoulements turbulents : approches DNS / LES / RANS . . . . . 62
3.4.3 Etablissement des équations filtrées de la LES . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.4.4 Modélisation de sous-maille pour la turbulence . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.4.5 Modèles de combustion turbulente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.5 Le modèle d’épaississement de flamme : TFLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.5.1 Principe général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.5.2 Conditions sur l’épaississement F . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.5.3 Interaction flamme-turbulence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.5.4 Expression dynamique du modèle TFLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
3.6 Résolution numérique dans YALES2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
3.6.1 Difficultés de résolution des équations bilans . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
Equations de l’aérothermochimie 45
0 ≤ Yk ≤ 1 , (3.3)
Nsp
X
Yk = 1 . (3.4)
k=1
La masse molaire du mélange W est évaluée à partir des fractions massiques Yk et des masses
molaires Wk des espèces,
Nsp
1 X Yk
= . (3.5)
W k=1
W k
Les fractions molaires des espèces Xk et les concentrations des espèces Ck sont alors déduites à
l’aide des formules suivantes :
W
Xk = Yk , (3.6)
Wk
ρk
Ck = . (3.7)
Wk
avec ∆h0,m
f,k l’enthalpie molaire de formation de l’espèce k à la pression standard P et température de
0
Néanmoins, réunir des informations expérimentales sur l’enthalpie à 0 K s’avère difficile. La température
de référence est alors couramment choisie à T 0 = 298.15 K [179]. On peut alors déduire les approxima-
tions polynomiales pour l’enthalpie et l’entropie :
On constate dès lors que a6,k = ∆h0,m f,k . Les coefficients an,k dépendent évidemment de chaque
espèce mais aussi du domaine de température dans lequel le mélange se situe. Il existe 7 coefficients
pour les températures basses et 7 autres pour les températures hautes. Les températures basses s’étendent
typiquement de 300 à 1 000 K et les températures hautes de 1 000 à 5 000 K. Cependant, ces valeurs sont
a priori définies indépendamment pour chaque espèce. Un ensemble de 14 coefficients et 3 températures
est donc nécessaire pour chaque espèce.
A partir des propriétés individuelles des espèces, il est possible de déterminer les propriétés molaires
du mélange à l’aide des lois de mélange suivantes,
Nsp
X
Cpm (T, P, X) = m
Xk Cp,k (T, P 0 ) , (3.13)
k=1
Nsp
X
H m (T, P, X) = Xk Hkm (T, P 0 ) , (3.14)
k=1
Nsp
X Å Å ã ã
P
S m (T, P, X) = Xk Skm (T, P 0 ) − R ln − R ln(Xk ) . (3.15)
k=1
P0
Les deux premières lois correspondent à de simples lois additives alors que celle sur l’entropie est
plus complexe et fait intervenir un terme de pression et un terme de mélange. Les relations (3.13), (3.14)
et (3.15) permettent de calculer directement les propriétés molaires. La capacité calorifique massique Cp ,
l’enthalpie massique H et l’entropie massique S sont alors obtenues suivant :
Cpm
Cp = , (3.16)
W
Hm
H= , (3.17)
W
Sm
S= . (3.18)
W
Equations de l’aérothermochimie 47
où Qi correspond au flux diffusif dans la direction i, ω̇T au terme source chimique et Q̇ au terme source de
chaleur (par exemple étincelle, laser ou flux radiatif). L’opérateur D·/Dt est appelé la dérivée particulaire
et s’exprime D·/Dt = ∂ ·/∂t+ui ∂ ·/∂xi . Le terme source d’énergie chimique représente le dégagement
de chaleur produit lors de la combustion et est fonction des enthalpies de formation des espèces :
Nsp
X
ω̇T = − ∆h0f,k ω̇k . (3.25)
k=1
avec :
∂Xk ∂ ln P
dk,i = + (Xk − Yk ) . (3.29)
∂xi ∂xi
Dans ces équations, D est la matrice de diffusion dont les éléments Dkj dépendent de la tempéra-
ture T , de la pression P et de la fraction massique Yk . θk est le coefficient de diffusion thermique
de l’espèce k et χk le rapport de diffusion thermique de l’espèce k qui doit satisfaire la contrainte
PNsp
k=1 χk = 0. Ils sont associés aux effets de Soret et Dufour.
- le flux de chaleur
Nsp Nsp
∂T X X
Qi = λ − hs,k Fk,i − P χk Vk,i , (3.30)
∂xi k=1 k=1
Nsp
∂T X
=λ − (ρhs,k Yk + P χk ) Vk,i . (3.31)
∂xi k=1
Equations de l’aérothermochimie 49
L’importance des effets Soret et Dufour sera discuté au cours de cette thèse. Les flux diffusifs dans
une approche de transport complexe sont décrits dans les sections suivantes avec et sans prise en compte
de ces effets, menant à deux systèmes d’équations différents. Un modèle de transport simplifié classique
est ensuite proposé.
Les propriétés de transport d’un mélange interviennent directement dans les équations de l’aérother-
mochimie mais découlent de la théorie cinétique des gaz. Cette théorie fait intervenir des notions comme
le potentiel de Lennard-Jones, les intégrales de collisions calculées par Mason et Monchick et les rela-
tions d’Eucken étendues par Warnatz. Le lecteur pourra se référer à la thèse de Gruselle [88] pour plus
de détails ou encore aux papiers suivants [31, 158, 224]. La théorie permet d’exprimer la viscosité µi , la
conductivité λi de chaque espèce i et le coefficient de diffusion binaire Dij de chaque paire d’espèces
(i, j).
A partir de ces propriétés par espèce, les propriétés locales du mélange doivent être déterminées. La
façon la plus précise de calculer ces propriétés consiste en la résolutions de systèmes linéaires de taille
Equations de l’aérothermochimie 50
(Nsp )2 dans chaque direction spatiale. Cette approche, appelée multicomposant ou "Multicomponent",
s’avère difficile et très coûteuse à réaliser d’un point de vue algorithmique [65].
Un modèle plus simple est utilisé dans cette thèse. Il consiste à calculer des propriétés de transport
à partir de lois de mélanges. Ces lois sont beaucoup moins chères à calculer que les vraies propriétés
obtenues avec l’approche multicomposant. Parmi les lois de mélanges disponibles dans la littérature,
sont présentées ici celle utilisées au cours de cette thèse.
La viscosité de cisaillement µ d’un mélange est calculée à partir de la formule de Wilke [15],
Nsp
X Xi µi
µ= P , (3.36)
i=1 j Φij
La conductivité thermique λ du mélange est calculée via la loi de mélange donnée par Brocaw [22]
et Mathur, Tondon et Saxena [152],
1Ä ä
λ= λk + λ⊥ . (3.38)
2
avec λk et λ⊥ définis comme :
Nsp
X
λk = X i λi , (3.39)
i=1
Nsp
X
λ−1
⊥ = Xi λ−1
i . (3.40)
i=1
Hirschfelder et Curtiss [100] proposent une approximation considérée comme la meilleure au premier
ordre selon Ern et Giovangigli [65, 83]. Cette approche, dite "Mixture Averaged", consiste à définir un
seul coefficient par espèce k dans le mélange. On définit alors le coefficient de diffusion Dk∗ par espèce
à partir des coefficients de diffusion binaires Dkj :
1 − Yk
Dk∗ = P . (3.41)
j6=k Xj /Dkj
Lorsqu’une espèce k est seule dans le mélange (en pratique lorsque Yk > 1 − ǫ avec ǫ = 10−4 ), le
coefficient binaire de l’espèce k avec elle-même est la meilleure approximation pour Dk∗ , à la place de
l’Eq. 3.41 :
Dk∗ = Dkk . (3.42)
Le terme Vc,i correspond à une vitesse de correction, introduite afin d’assurer la conservation de la
masse :
Nsp
X
Vk,i Yk = 0 . (3.44)
k=1
Sans prise en compte des effets Soret et Dufour, les flux diffusifs s’écrivent :
Dk∗ ∂Xk
Fk,i = −ρ + ρYk Vc,i , (3.46)
Xk ∂xi
Nsp
∂T X
Qi = λ +ρ hs,k Vk,i Yk . (3.47)
∂xi k=1
La vitesse de diffusion d’une espèce Vk,i en formulation Hirschfelder & Curtiss et avec les effets
Soret et Dufour s’écrit [118, 82] :
Å ã
D∗ ∂Xk 1 ∂T
Vk,i =− k + χk + Vc,i , (3.49)
Xk ∂xi T ∂xi
Å ã
∗ Wk ∂Xk 1 ∂T
Vk,i Yk = −Dk + χk + Yk Vc,i . (3.50)
W ∂xi T ∂xi
Equations de l’aérothermochimie 52
PNsp
De nouveau, la vitesse de correction Vc,i est introduite afin de conserver la masse totale k=1 Vk,i Yk =
0:
Nsp
X Å ã
Wk ∂Xk 1 ∂T
Vc,i = −Dk∗ + χk . (3.51)
k=1
W ∂xi T ∂xi
Avec prise en compte des effets Soret et Dufour, les flux diffusifs s’écrivent :
Å ã
Wk ∂Xk 1 ∂T
Fk,i = −ρDk∗ + χk + ρYk Vc,i , (3.52)
W ∂xi T ∂xi
X Nsp ï Å ã ò
∂T Wk ∂Xk 1 ∂T
Qi = λ − hs,k ρDk∗ + χk + ρYk Vc,i +
∂xi k=1 W ∂xi T ∂xi
Nsp
X ï Å ã ò
Dk∗ ∂Xk 1 ∂T
P χk − + χk + Vc,i . (3.53)
k=1
Xk ∂xi T ∂xi
Dans beaucoup de cas, comme par exemple les écoulements fortement turbulents, la modélisation
des phénomènes de transport ne nécessite pas une telle précision. Pour des raisons de coût de calcul un
modèle de transport simplifié est alors préféré. Il est basé sur des lois empiriques largement utilisées et
couramment trouvées dans les codes de simulation numérique des fluides.
La viscosité dynamique peut être calculée par l’intermédiaire d’une loi dépendant de la température.
La loi la plus courante est la loi de Sutherland [207] :
Ç å3/2
Tref + C T
µ = µref , (3.54)
T +C Tref
Le nombre de Prandtl pour les gaz est usuellement de P r ≈ 0.72. Le nombre de Lewis varie entre 0.2 et
2.
On peut alors écrire les flux diffusifs simplement :
Wk ∂Xk µ Wk ∂Xk
Fk,i = ρDk =ρ , (3.59)
W ∂xi Sck W ∂xi
∂T µCp ∂T
Qi = λ = . (3.60)
∂xi P r ∂xi
Cependant, dans la réalité, une telle réaction globale n’est pas pertinente. La description d’une réac-
tion par une seule équation chimique globale ne peut permettre de capter tous les phénomènes chimiques
qui sont bien plus complexes. En effet, la combustion ne se déroule pas en une seule étape mais en une
multitude de réactions Nr qui peuvent entraîner un grand nombre d’espèces intermédiaires Nsp . Il est
nécessaire de décrire l’enchaînement des étapes élémentaires ainsi que déterminer la vitesse associée à
ces réactions [228, 130, 179].
D’une manière générale, on peut écrire les réactions sous la forme suivante :
Nsp Nsp
X X
′ ′′
νkr Mk ↔ νkr Mk , r = 1, ..., Nr , (3.63)
k=1 k=1
avec Ck la concentration molaire de l’espèce k, kf t et kbr étant respectivement les constantes de taux de
réactions direct (indice f comme forward en anglais) et indirect (indice b comme backward en anglais)
de la réaction r. Le taux de réaction massique ω̇k est défini comme la somme des taux de production ω̇kr
de chaque réaction r impliquant l’espèce k tel que :
Nr
X Nr
X # ′′ ′
ω̇k = ω̇kr = Wk νkr − νkr qr . (3.65)
k=1 k=1
Le calcul des constantes de taux de réactions directes kf r représente un problème central pour la
modélisation de la combustion. En général, une loi d’Arrhenius est adoptée :
Å ã Å ã
Ea,r Ta,r
kf r = Ar T βr exp − = Ar T βr exp − , (3.66)
RT T
avec Ar la constante pré-exponentielle, βr l’exposant de température, Er l’énergie d’activation et Ta la
température d’activation de la réaction r.
On détermine les taux de réactions indirects kbr à partir de la constante d’équilibre Keq,r de la
réaction r :
kf r
kbr = . (3.67)
Keq,r
où ∆Sr0 et ∆Hr0 sont respectivement les variations d’entropie et d’enthalpie au cours de la réaction et
P 0 la pression de référence, utilisée pour la détermination des propriétés thermodynamiques (présentées
dans la section 3.1.2).
Toutes les formules présentées jusqu’ici sont suffisantes pour exprimer de façon explicite le terme
source d’espèces ω̇k . Toutefois, la résolution numérique des équations de la cinétique chimique peut faire
appel à des méthodes implicites. Il devient nécessaire de résoudre un système linéaire qui demande de
calculer une matrice Jacobienne, ce qui requiert de calculer les dérivées partielles suivantes :
Nr QN ν′ QN ν ′′
X # ′ sp sp
∂ ω̇k ′′ ∂kf r k=1 Ck ∂kbr k=1 Ck kr
kr
= Wk νkr − νkr − , (3.69)
∂Cj k=1
∂Cj ∂Cj
Nr QN ν′ QN ν ′′
X # ′ sp sp
∂ ω̇k ′′ ∂kf r k=1 Ck ∂kbr k=1 Ck kr
kr
= Wk νkr − νkr − . (3.70)
∂T k=1
∂T ∂T
Equations de l’aérothermochimie 55
avec
QNsp ′
νkr QNsp ′
νkr Nsp
∂kf r Y
k=1 Ck ∂ k=1 Ck ν′
= kf r ′
= kf r νjr Cj−1 Ck kr , (3.71)
∂Cj ∂Cj k=1
QNsp ′′
νkr PNsp ′′ ′ Nsp Nsp
Y ν ′′ Y ν ′′
∂kbr k=1 Ck k=1 (νkr − νkr ) ′′ −1
= PNsp Ck kf r + kbr νjr Cj
kr
Ck kr , (3.72)
∂Cj Keq,r k=1 Ck k=1 k=1
QNsp ′
νkr Nsp Ä ä Y ν′
N
∂kf r Y νkr
sp
∂kf r k=1 Ck
′
= Ck = kf r T −1 β + Ta T −1 Ck kr , (3.73)
∂T ∂T k=1 k=1
QNsp ′′
νkr Nsp Ç å Nsp
∂kbr k=1 Ck ∂kf r /Keq,r Y νkr ′′ 1 ∂kf r ∆Hr0 Y νkr ′′
= Ck = − kf r C . (3.74)
∂T ∂T k=1
Keq,r ∂T RT 2 k=1 k
L’utilisation de ces dérivées partielles calculées de façon analytique, ainsi que la résolution implicite de
la chimie, est précisée dans la section 3.6.2.
Un type particulier de réaction existe : les réactions Fall-off. Dans ces réactions, le taux de réaction
kf r a une dépendance en pression impliquant l’ajout d’un troisième corps aux réactions chimiques. Cela
modifie légèrement les équations décrites précédemment [136, 81].
L’ensemble des constantes présentées (constante pré-exponentielle Ar , exposant de température βr ,
énergie d’activation Er et paramètres des réactions Fall-off ) sont rassemblées dans une base de données
appelée un schéma cinétique chimique [179]. Il y a donc un jeu de constantes pour les Nr réactions
composant le schéma cinétique impliquant les Nsp espèces.
La complexité de tels schémas dépend du niveau de précision désirée en terme de caractéristique de
flamme, du carburant considéré et des plages de validité du schéma en température, pression et richesse.
Plus un schéma sera précis, pour un carburant lourd et avec de grandes plages de validité, plus il sera
complexe : il peut contenir plusieurs milliers de réactions et plusieurs centaines d’espèces. La Fig. 3.1
illustre la complexité des schémas cinétiques en fonction du nombre d’espèces et de réactions. Pour un
carburant donné, par exemple CH4 , plusieurs schémas sont proposés : Leeds, GRI1.2, GRI3.0, Konnov...
Entre ces schémas, le nombre d’espèces peut varier d’un facteur quatre, le nombre de réactions d’un
facteur cinq. Il est important de noter qu’avec le temps, les schémas cinétiques ont tendance à devenir
de plus en plus complexes : la puissance de calcul permet aujourd’hui de gérer de tels schémas dans des
configurations simples.
La complexité de calcul provient également de la nature même des opérations à effectuer : expo-
nentielles, puissances non entières... De plus, le schéma cinétique peut être raide, au sens où des temps
caractéristiques de réaction des espèces très disparates interviennent dans le processus chimique.
F IGURE 3.1: Taille de différents schémas cinétiques issus de la littérature en fonction du nombre d’es-
pèces N et du nombre de réactions K pour différents carburants, tiré de [131].
ont été développées afin de palier à ces difficultés et rendre accessible le coût de calcul de la chimie pour
des simulations numériques de fluides réactifs.
avec ajk le nombre d’atome de l’élément j dans une espèce k, wj la masse molaire de l’atome j et Wk
celle de l’espèce k.
La fraction de mélange définie par Bilger [13] peut alors être obtenue :
ZC /(mWC ) + ZH /(nWH ) + 2(YO2 ,2 − ZO )/(νO WO2 )
Z= , (3.79)
ZC,0 /(mWC ) + ZH,0 /(nWH ) + 2YO2 ,2 /(νO WO2 )
où YO2 ,2 correspond à la fraction massique d’oxygène contenue dans le jet d’oxydant et n et m la compo-
sition atomique en carbone et hydrogène d’un hydrocarbure Cm Hn . Cette définition présente l’avantage
de pouvoir être utilisée pour différents types de modélisation de la chimie dans lesquels la diffusion dif-
férentielle est prise en considération. Ce scalaire n’est pas passif et varie au travers du front de flamme.
La richesse du mélange peut aussi être définie grâce aux fractions massiques des atomes. Une réaction
à la stœchiométrie avec les réactifs écrits sous forme d’atomes s’écrit :
νH
νC C + νH H + νO O → νC CO2 + H2 O . (3.80)
2
Equations de l’aérothermochimie 59
Variable de progrès
La variable de progrès c est une variable, adimensionnée et normalisée entre zéro et un, caractérisant
l’avancement de la réaction. Il est indispensable qu’elle évolue de manière monotone, afin qu’une seule
valeur de la variable de progrès corresponde à un unique état thermochimique. Une définition de la
variable de progrès basée sur la température n’est donc pas adaptée lorsque des pertes thermiques sont
présentes. On lui préfèrera une définition basée sur les fractions massiques d’espèces présentes dans le
mélange tel que :
Yc
c= , (3.83)
Yc,eq
avec Yc une somme pondérée de fraction massique et Yc,eq cette même somme mais à l’état d’équilibre
chimique. La variable de progrès vaut est nul dans les gaz frais et vaut un dans les gaz brûlés, lorsque
l’équilibre chimique est atteint. Il existe plusieurs définitions de Yc dans la littérature [80, 214, 140, 68].
On choisira dans ces travaux une définition classique, basée sur les produits de combustion CO2 , CO et
H2 O :
Yc YCO2 + YCO + YH2 O
c= = . (3.84)
Yc,eq YCO2 ,eq + YCO,eq + YH2 O,eq
Il est aussi possible de définir une variable de progrès grâce à la conservation des atomes [181], qui
sera notée catom dans la suite de ce texte, :
YF
catom = 1 − . (3.85)
ZC + ZH
Cette définition n’est valable que pour des carburants hydrocarbonés non oxygénés, évoluant dans un mi-
lieu oxygéné non dilué par des espèces hydrogénées ou carbonées. Elle représente plutôt une consomma-
tion locale du carburant qu’un avancement de réaction car catom vaut zéro dans les gaz frais (ZC + ZH =
YF ) et un dès que le carburant a disparu du mélange (YF = 0). En effet, la disparition du carburant
(catom = 1) intervient avant d’atteindre l’état d’équilibre chimique (c = 1). De plus, dans des mélanges
riches, du carburant peut rester dans les gaz brûlés et catom pourrait ne pas atteindre l’unité.
Vitesse de flamme
Une autre caractéristique essentielle de la combustion prémélangée est la vitesse de flamme. La flamme
est considérée comme une interface entre les gaz frais et brûlés, définie par exemple en prenant une
iso-température. La vitesse de déplacement de cet interface constitue la vitesse de flamme. Cependant,
la définition précise de la vitesse de flamme entre les cas laminaire et turbulent ou dans des milieux
homogène ou hétérogène peut être ambigüe [179].
Dans cette thèse, la vitesse de flamme ne sera utilisée que dans un contexte mono-dimensionnel, pour
des flammes laminaire non étirées se propageant librement (Fig. 3.2). On note cette vitesse s0L .
Equations de l’aérothermochimie 60
Au cours de ces travaux, la notion de vitesse de consommation a été utilisée. Elle représente la vitesse
à laquelle les réactifs sont brûlés et est calculée comme l’intégrale du terme source ω̇F au travers de la
flamme : Z +∞
1
s0L = − ω̇F dx , (3.86)
ρ1 (YF,1 − YF,∞ ) −∞
où x est la direction du domaine, ρ1 et YF,1 étant respectivement la masse volumique et la fraction
massique de carburant dans les gaz frais et YF,∞ la fraction massique de carburant dans les gaz brûlés.
(a)
(b)
F IGURE 3.3: (a) : Diagramme schématique de la cascade énergétique à nombre de Reynolds élevé, tiré de
[184]. (b) : Spectre d’énergie cinétique turbulente E(k) en fonction du nombre d’onde k (proportionnel
à l’inverse de la longueur des tourbillons), tiré de [155].
Trois différentes zones du spectre d’énergie cinétique turbulente peuvent être identifiées [184] :
- Zone intégrale : elle contient les structures les plus grosses et énergétiques, de faible fréquence,
associées à l’échelle intégrale lt définie comme l’échelle macroscopique de l’écoulement liée
aux grandes structures anisotropes. L’énergie cinétique turbulente caractérisant cette région est
Equations de l’aérothermochimie 62
définie comme
1
TKE = u′ · u′ , (3.88)
2
où u′ est la vitesse caractéristique des fluctuations (variation de la vitesse u autour de sa moyenne
ū).
Les longueurs et vitesses des structures de la zone intégrale sont comparables aux quantités uti-
lisées pour définir le nombre de Reynolds de l’écoulement et ne sont pas affectées par les effets
visqueux. Un nombre de Reynolds caractéristique de l’échelle intégrale peut être défini, appelé
nombre de Reynolds turbulent, selon :
u′ lt
Ret = . (3.89)
ν
- Zone inertielle : les grands tourbillons deviennent instables et se cassent en de plus petits via
le processus de cascade. L’énergie est transférée des grandes structures aux plus petites, sans
dissipation, en suivant une loi en k −5/3 . L’échelle de Taylor λ désigne l’échelle la plus dissipative.
- Zone de dissipation visqueuse : elle est caractérisée par les plus hautes fréquences de l’écoule-
ment. Elle contient les plus petites structures turbulentes, caractérisées par l’échelle de Kolmo-
gorov dont la longueur et la vitesse sont définies selon [211],
Å ã1/4
ν
ηK = et uK = (νǫ)1/4 , (3.90)
ǫ
avec ǫ le taux de dissipation de l’énergie cinétique turbulente qui convertit cette même énergie en
chaleur du fait de la viscosité cinématique ν du mélange.
Cette échelle est purement dissipative. Un nombre de Reynolds caractéristique de l’échelle de
Kolmogorov apparait :
u′ ηK
ReK = K ≈ 1. (3.91)
ν
Le rapport entre échelle intégrale lt et échelle de Kolmogorov ηK conduit à :
lt
3/4
= O Ret . (3.92)
ηK
Ce rapport montre la très grande étendue des échelles de la turbulence, qui augmente avec le nombre de
Reynolds turbulent Ret (augmentation de la taille du domaine ou des fluctuations de vitesse par exemple).
(a)
(b)
F IGURE 3.4: Comparaison des méthodes DNS, LES et RANS : résolution temporelle d’une variable
comme la température (a) et résolution du spectre d’énergie turbulente (b)
limite la précision effective. En outre, l’accès est restreint aux valeurs moyennes. L’approche LES pour
Large-Eddy Simulation consiste en la résolution instationnaire des grandes échelles de l’écoulement et
la modélisation des plus petites. Elle nécessite encore des modèles spécifiques mais ces derniers peuvent
être basés sur le reste de l’écoulement qui est explicitement calculé. L’écriture de ces modèles suppose
que l’échelle de coupure entre échelles résolues et modélisées se situe dans la gamme des échelles iner-
tielles (Fig. 3.4 (b)). Cette approche est justifiée par l’idée que les plus petites structures de l’écoulement
présentent des caractéristiques plus universelles (isotropie, temps de vie court...) comparé aux grandes
structures qui sont directement impactées par la géométrie et les conditions aux limites. Des critères
existent quant à la bonne résolution et la validité de l’approche LES [184, 217]. Cet aspect, sujet primor-
dial de la LES, sera abordé dans la section 4.4.
où φ est la quantité filtrée et G∆ est le filtre associé à l’échelle ∆. Ce dernier doit respecter les conditions
de normalisation et commutativité (temporelle et spatiale) [179] :
Z
G∆ (x) dx = 1 , (3.94)
R3
∂φ ∂φ ∂φ ∂φ
= et = . (3.95)
∂t ∂t ∂xi ∂xi
On peut décomposer la variable φ en une partie évoluant aux échelles supérieures à ∆, notée φ, et
une partie évoluant aux échelles inférieures à ∆, notée φ′ :
φ(x, t) = φ(x, t) + φ′ (x, t) . (3.96)
Lorsque la masse volumique ρ est variable, on introduit généralement la notion de filtre de Favre qui
correspond à une pondération par la masse volumique :
ρφ
φe = . (3.97)
ρ
Equations de l’aérothermochimie 64
µt ∂ hfs
Q′i = − . (3.103)
P rt ∂xi
Pour le flux d’espèces, on utilise un nombre de Schmidt turbulent Sct :
fk
µt ∂ Y
′
Fk,i =− . (3.104)
Sct ∂xi
Ces nombres de Schmidt et Prandtl turbulents peuvent être fixés constants dans le domaine ou
variables en espace et en temps (formulation dynamique).
- Flux diffusifs laminaires filtrés d’espèces et d’enthalpie : il peuvent être négligés car faibles
devant les flux turbulents, pour de haut niveaux de turbulence. Dans les travaux de cette thèse,
ces flux sont modélisés en supposant une distribution de sous-maille sous forme de Dirac :
fk
∂Y ∂T ‹
ρVk,i Yk = −ρDk (Y ‹)
fk , T et λ = λ(Y ‹) ∂ T .
fk , T (3.105)
∂xi ∂xi ∂xi
- Taux de réaction chimique filtré ω̇ k : la modélisation de ce taux de réaction est un point central
de la modélisation de la combustion turbulente. Il est discuté dans la section 3.4.5.
effets des plus petites échelles non résolues sont similaires à l’ajout d’une viscosité additionnelle. Tout
l’enjeu réside dans le calcul de cette viscosité turbulente. Différents modèles ont été utilisés au cours de
cette thèse et sont présentés ici.
Modèle de Smagorinsky
Le modèle classique de Smagorinsky [205] est basé sur l’hypothèse d’équilibre entre la production
et la dissipation d’énergie cinétique au niveau de l’échelle de filtrage. La turbulence est ici considérée
uniquement comme un phénomène dissipatif.
q
e = (CS ∆)2
νt = (CS ∆)2 |S| 2Seij Seij , (3.106)
Le choix de la constante CS est dépendant de la configuration d’étude ; une plage de variation [0.1 − 0.2]
est généralement rencontrée. Ce modèle est connu pour son comportement parfois trop dissipatif, sa
difficulté dans la prédiction correcte de la transition à la turbulence et surtout son traitement incorrect
des régions en proche paroi.
e Seij ,
τij′ = 2ρ (CS ∆)2 |S|. (3.108)
# 2 b b
τij′′ = 2ρ
b C S ∆′ e Seij .
|S|. (3.109)
L’identité de Germano permet de relier les tenseurs aux deux niveaux de filtrage par un terme qui
dépend du champ résolu et qui peut être calculé explicitement :
b
Lij = τij′ − τij′′ = ρ u b e‘
ej − u
ei u iu
ej . (3.110)
En combinant les équations (3.108), (3.109) et (3.110), la constante de Smagorinsky peut être calcu-
lée à partir des champs de vitesse filtrés à deux échelles. Le modèle de Smagorinsky dynamique convient
pour une large gamme d’applications, mais il est plus coûteux et complexe à mettre en œuvre, puis-
qu’il requiert notamment l’utilisation d’un opérateur de filtrage explicite. De plus, l’évaluation de la
constante de Smagorinsky peut mener à des valeurs localement négatives. Une telle constante négative
induit une viscosité turbulente négative, traduisant un phénomène de backscatter [25], c’est-à-dire un
transfert d’énergie des petites structures aux grandes échelles. Cela peut poser des problèmes numériques
en terme de stabilité. Un traitement spécifique doit être appliqué pour éviter ce phénomène.
Equations de l’aérothermochimie 66
Modèle WALE
Le modèle WALE (pour Wall-Adapting Local Eddy-Viscosity) [167] se propose d’obtenir un profil de
viscosité turbulente réaliste en proche paroi et de prédire une transition à la turbulence avec précision.
La viscosité turbulente est calculée suivant la relation suivante :
Ä ä3/2
Ä ä2 sdij sdij
νt = Cw2 ∆ Ä ä5/2 Ä ä5/4 , (3.111)
Seij Seij + sdij sdij
Approche ILES
Il est important de noter, qu’en principe, il est interdit d’utiliser, avec l’approche LES, une viscosité
artificielle du même ordre de grandeur ou supérieure à la viscosité turbulente, ainsi que des schémas
numériques introduisant une trop grande diffusion numérique. Néanmoins, le concept ILES se base sur
l’hypothèse selon laquelle les modèles de sous-maille ont uniquement une action dissipative qui peut
être reproduite par les schémas numériques utilisés pour la discrétisation (approche ILES), ou par les
schémas numériques avec un terme de dissipation artificielle supplémentaire (approche MILES).
En effet, des schémas numériques convectifs et en particulier les schémas décentrés de type upwind
ou d’ordre peu élevé apportent une viscosité numérique non négligeable dans le calcul LES. De même,
si une viscosité artificielle telle que celle de Jameson [106] est employée, elle introduit des termes de
dissipation du second et quatrième ordre. Cette contribution du quatrième ordre opère comme un modèle
de sous-maille [194] et amortit les hautes fréquences, caractéristiques des petites échelles.
Pour la modélisation de la turbulence, cette approche consiste à ne pas utiliser de modèle spécifique
pour la turbulence. C’est pourquoi elle est aussi appelée "NO-MODEL". Bien que cette méthode soit
particulièrement attractive en terme de simplicité et temps de calcul, il est délicat de l’utiliser car il n’y a
aucune réelle maîtrise sur la dissipation introduite.
- Approche statistique : les champs scalaires sont collectés et analysés en chaque point puis dé-
crits à l’aide de fonction densité de probabilité (PDF), comme le modèle PCM-FPI [218, 57] ;
- Approche géométrique : le front de flamme est considéré comme une surface géométrique mo-
bile dans l’espace physique. De nombreux modèles appartiennent à cette approche comme les
modèles de type G-equation [177], à densité de surface de flamme [16] ou encore l’approche de
flamme épaissie.
C’est ce dernier modèle, le modèle de flamme épaissie, qui a été utilisé au cours de cette thèse. Il est
détaillé dans la section suivante.
∂t → F ∂t , (3.118)
∂x → F ∂x . (3.119)
Equations de l’aérothermochimie 68
2200 9
6x10
T
HR
2000
5x109
1800
1600
4x109
HR [W.m−3 ]
1400
T [K]
1200 9
3x10
1000
2x109
800
600 9
1x10
400
200 0
-1 0 1 2 3 4
x [mm]
F IGURE 3.5: Comparaison de la température (T) et du taux de dégagement de chaleur (HR) entre une
flamme laminaire 1D non-épaissie (en trait continu) et épaissie avec un facteur F = 4 (ligne avec les
points).
où ∆DN S est la taille de maille d’une grille DNS sur laquelle les profils non-épaissis seraient bien résolus
et ∆LES celle du maillage LES avec lequel on souhaite utiliser le modèle TFLES.
On en déduit le facteur d’épaississement F :
n ∆LES
F= 0 . (3.121)
δL (φ(x, t))
F IGURE 3.6: DNS de l’interaction flamme-turbulence : flamme non épaissie (gauche) et flamme épaissie
d’un facteur F = 5 (droite). La flamme artificiellement épaissie est clairement moins plissée par la
turbulence du fait de la modification de l’interaction flamme-tubulence due au facteur d’épaississement.
Figures tirées de [179].
∂ρφe Ä ä
+ ∇ · ρu
eφ e + E ω̇ .
e = ∇ · ρ EFD∇φ (3.124)
φ
∂t F
Différentes expressions de cette fonction d’efficacité sont proposées dans la littérature. Colin [42]
introduit une fonction basée sur le rapport entre le facteur de plissement Ξ (i.e. la surface de flamme
divisée par sa projection dans la direction de propagation) de la flamme originelle d’épaisseur δL0 sur
l’épaisseur de flamme épaissie δ0F :
Å ã
∆ u′
u ′
Ξ(δL0 ) 1 + αΓ 0 , s0
s0L
δL
E= = Å ã ,L
(3.125)
Ξ(δ0F ) ∆ u′
1 + αΓ δF , s0 su0
′
0 L L
où α et Γ sont respectivement un paramètre et une fonction donnés par le modèle, et ∆ est la taille du
filtre LES.
Equations de l’aérothermochimie 70
Le modèle en loi de puissance proposé par Charlette [32] décrit la surface de flamme non-résolue
en fonction d’échelles de coupure interne et externe représentant l’étendue des échelles de longueurs
nécessitant une résolution de sous-maille. Dans le présent travail, nous utiliserons la correction de la
fonction d’efficacité proposée par Wang et al. [221] :
Ç ñ ôåγ
∆ u′
E= 1 + min 0 − 1, Γ 0 , (3.126)
δL sL
où γ est une constante du modèle. En pratique, la fluctuation de vitesse u′ est approchée par usgs qui est
la vitesse de sous-maille, estimée à partir du modèle de Smagorinsky simplifié :
q
usgs = ∆ 2Seij Seij . (3.127)
∂ρφe Ä ä
+
∂
ρu e = ∂ EFJ lam + (1 − S)J sgs + E ω̇φ .
ei φ (3.128)
i i
∂t ∂xi ∂xi F
où Fmax et Emax sont les valeurs issues des expressions 3.121 et 3.126 respectivement.
Equations de l’aérothermochimie 71
- le calcul est réalisé sur le domaine le plus grand possible afin de résoudre les échelles les plus
grandes,
- le maillage est assez fin pour résoudre les plus petites échelles turbulentes, pour un calcul DNS,
ou résoudre jusqu’à l’échelle de coupure pour un calcul LES,
- le maillage est suffisamment fin pour résoudre la structure interne de la flamme.
Ces contraintes impliquent donc une grande variété d’échelles spatiales, engendrant un besoin important
en nombre d’éléments composant le maillage. Si l’on considère un domaine cubique de côté L, discrétisé
par N points dans chaque direction de l’espace, la taille des cellules est alors égale à L/N dans chaque
direction. Pour espérer raisonnablement résoudre toutes les échelles de la turbulence sur ce maillage,
dans le cas d’une turbulence homogène isotrope, le domaine doit être plus grand que l’échelle intégrale
lt , et la taille de la plus petite cellule ∆x doit être de l’ordre de échelle de Kolmogorov ηK , ce qui impose
la relation :
lt
N≈ . (3.133)
ηK
Le nombre de cellules dans le domaine doit satisfaire :
9/4
N 3 ≈ Ret . (3.134)
Pour un nombre de Reynolds de 10000, le nombre d’éléments atteint 109 . Des nombres d’éléments
aussi importants ont pour conséquence d’augmenter tellement les coûts de calcul qu’ils peuvent devenir
rédhibitoires.
La chimie multi-espèces présente également la particularité d’introduire des systèmes d’équations
différentielles dits raides. La sensibilités aux paramètres rend sa résolution difficile. Outre cette problé-
matique inhérente à la physique du phénomène, le calcul des termes sources de la chimie ω̇k nécessite
de nombreuses opérations mathématiques, notamment l’évaluation d’exponentielles, très coûteuses en
temps de calcul (ou temps CPU). Plus le schéma cinétique associé à la chimie sera complet, plus le
calcul de ces termes sources sera coûteux.
En plus de la prise en compte de la turbulence et de la combustion, certaines configurations peuvent
nécessiter la résolution d’autres phénomènes physiques qui n’ont pas été traités au cours de cette thèse.
On peut citer par exemple les écoulements diphasiques (injection de carburant liquide, dispersion de
la phase liquide, atomisation, évaporation) ou l’interaction avec le solide (couplage thermique fluide-
solide). La combustion turbulente est donc un problème multi-physiques et multi-échelles. Il convient
d’adopter certaines stratégies spécifiques permettant sa résolution.
F IGURE 3.7: Volume de contrôle basé sur un nœud du maillage dans YALES2 : xp représente le nœud
du maillage, xp représente le barycentre du volume de contrôle.
Séparation d’opérateurs
Afin de s’affranchir de la contrainte multi-échelle temporelle, le solveur YALES2 utilise la méthode
de séparation d’opérateurs, operator splitting en anglais. Cette méthode consiste en la résolution séparée
de chaque opérateur (convection, diffusion et réaction) avec son propre pas de temps caractéristique.
L’intérêt d’une telle méthode réside dans le choix du pas de temps d’une itération, pris comme le
plus grand temps caractéristique entre chaque phénomène. En règle générale, il s’agit du pas de temps
convectif. Les phénomènes de diffusion et de réaction réalisent plusieurs sous-étapes à l’intérieur de
cette itération fluide afin de respecter leur condition de stabilité. Cependant, le séparateur d’opérateur est
susceptible de générer des erreurs numériques importante, dites "erreurs de splitting". Ces erreurs sont
d’autant plus importantes que les rapports de temps caractéristiques sont grands.
Les équations de transport des espèces et de l’enthalpie sensible sont donc modifiées :
F IGURE 3.8: Champs de temps calcul CPU de la chimie sur une flamme de bec bunsen sans répartition
de la charge de calcul, avec un schéma cinétique contenant 14 espèces et 38 réactions. Le coût de la
chimie est beaucoup plus important dans la flamme qu’en dehors.
doivent attendre que le processeur le plus lent ait fini de calculer ses termes sources avant de passer à la
prochaine étape du calcul.
Afin de remédier à ce problème, il convient de mieux répartir la charge de calcul entre processeurs. A
cette fin, nous avons développé un algorithme de répartition de charge dédié pour la chimie, aussi appelé
scheduler dynamique. Ce travail est détaillé dans l’Annexe A.
(frontière noire) puis en plus petits paquets d’éléments sur chaque processeur (frontière grise). La taille
de ces groupes de cellules est telle que les données qu’ils contiennent est adaptée à la capacité de la
mémoire cache des processeurs. Cette double décomposition de domaine est par ailleurs mise à profit
pour optimiser les performances du solveur de Poisson. Ces groupes de cellules fournissent un maillage
grossier, utilisé par les solveurs linéaires bi-niveaux tels que le PCG avec déflation [149, 148]. Le solveur
fait intervenir deux types de communications : i) des communications externes correspondant au premier
niveau de décomposition et gérées par des communications MPI ; ii) des communications internes, per-
mettant les échanges entre les groupes de cellules au sein d’un même processeur, et qui ne sont pas
concernées par les instructions MPI. La Fig. 3.10 montre le schéma de communication des données entre
les groupes d’éléments, les communicateurs et les conditions aux limites.
avoir une bonne sélectivité. Les filtres d’ordres élevés, qui présentent cette caractéristique, sont de
bons candidats. Les filtres d’ordre élevé implantés dans YALES2 sont basés sur ceux développés
par Raymond et al. [189]. Leur formulation implicite est particulièrement intéressante car elle
permet d’obtenir des filtres d’ordre élevé à partir de schémas de différences finies d’ordre faible
sur support compact. L’utilisation de ce filtre a permis l’extraction du Precessing Vortex Core
(PVC), structure cohérente caractéristique de l’écoulement swirlé (Fig. 3.11) [90].
F IGURE 3.11: Comparaison d’une même iso-surface de critère Q non-filtré (gauche) et filtré à l’aide de
filtres d’ordres élevés (droite), obtenue sur un maillage de 878 millions d’éléments. Figures tirées de [90].
Majda et Sethian [147] proposent d’écrire une formulation intermédiaire des équations de bilan de
l’aérothermochimie, entre la formulation incompressible à masse volumique constante et la formulation
compressible décrite dans la section 3.2. Il est nécessaire d’écrire le développement asymptotique de
chaque variable adimensionnelle ϕ∗ = ϕ/ϕr en puissances du nombre de Mach :
où ϕ correspond aux variables du système (la vitesse u, la pression p, la masse volumique ρ, l’enthalpie
sensible hs ), l’indice r indique la valeur de référence.
Ces développements sont injectés dans les équations 3.22-3.20 adimensionnées. La pression peut
alors être décomposée en deux termes : la pression thermodynamique P0 supposée constante en espace
et la pression dynamique P2 variable en espace et en temps. Dans un système ouvert, la pression thermo-
dynamique du système P0 est aussi considérée constante en temps. L’équation d’état s’écrit :
ρ0 T0
P0 = . (3.142)
γ
Les équations de Navier-Stokes, peuvent être formulées dans le cadre des écoulements incompres-
sibles, qui supposent que la densité est constante en temps et en espace. Ces équations, résolues par le
solveur incompressible de YALES2, s’écrivent classiquement :
∇ · u = 0, (3.143)
∂u 1 1
+ ∇ · (uu) = − ∇P + ∇ · τ . (3.144)
∂t ρ ρ
Ce solveur a été utilisé pour l’étude aérodynamique de l’écoulement isotherme à l’intérieur du brû-
leur.
Equations de l’aérothermochimie 79
L’avancement en temps est basé sur la méthode de pas fractionnés proposée par Chorin [38] puis mo-
difiés par Kim et Moin [121]. La vitesse est résolue à chaque pas de temps (indices n, n+1, etc) alors que
les scalaires, la densité et la pression sont résolus sur des pas de temps décalés (indices n + 1/2, n + 3/2,
etc). Cette méthode de projection, souvent utilisée pour la simulation d’écoulements incompressibles re-
pose sur la décomposition d’Helmholtz-Hodge, qui énonce qu’un champ vectoriel peut se décomposer en
une partie irrotationnelle (∇× = 0) et une partie solénoïdale (∇· = 0). Cette décomposition, appliquée
au champ de vitesse, s’écrit :
u = ui + us , (3.145)
où us est la composante solénoïdale du champ de vitesse, vérifiant ∇ · us = 0 et ui est la composante
irrotationnelle du champ de vitesse qui vérifie ∇ × ui = 0 . La partie irrotationnelle dérive d’un po-
tentiel scalaire et peut s’écrire ui = ∇φ. L’application de l’opérateur divergence à cette équation donne
directement :
∇ · u = ∇ · u i = ∇2 φ . (3.146)
Cette décomposition permet de résoudre l’équation de quantité de mouvement en 2 étapes :
1. Etape de prédiction
Une première estimation u∗ de la vitesse au temps n + 1 est obtenue en avançant la quantité de
mouvement sans le terme de gradient de pression, qui ne contribue qu’à la partie irrotationnelle
du champ de vitesse :
u∗ − un 1
= −∇ · (u∗ un ) + ∇ · τ n . (3.147)
∆t ρ
2. Etape de correction
La vitesse est ensuite corrigée en réintégrant le gradient de pression :
un+1 − u∗ 1
= − ∇P n+1/2 . (3.148)
∆t ρ
Le calcul de un+1 nécéssite de connaitre P n+1/2 , qui est determiné en résolvant l’équation de
Poisson pour la pression, obtenue en applicant l’opérateur divergence à l’équation 3.148, et en
réintégrant la contrainte de divergence nulle pour un+1 :
ρ
∇2 P n+1/2 = ∇ · u∗ . (3.149)
∆t
En pratique dans YALES2 l’implémentation diffère un peu de la méthode proposée par Chorin :
1. Etape de prédiction
L’étape de prédiction est faite en tenant compte du terme de pression au temps n − 1/2, qui est
généralement assez proche de P n+1/2 . Ce terme conduit à une meilleure estimation de u∗ , ce qui
permet de réduire les erreurs liées au fractionnement de l’avancement temporel.
u∗ − un 1 1
= −∇ · (u∗ un ) − ∇P n−1/2 + ∇ · τ n . (3.150)
∆t ρ ρ
2. Etape de correction
L’étape de correction de la vitesse s’écrit alors :
un+1 − u∗ 1 1
= − ∇P n+1/2 + ∇P n−1/2 . (3.151)
∆t ρ ρ
Equations de l’aérothermochimie 80
En ne gardant que l’ordre zéro, les équations de l’aérothermochimie sous l’approche faible nombre
de Mach apparaissent :
- Equation de continuité
∂ρ ∂ρui
+ = 0, (3.153)
∂t ∂xi
- Equation de conservation de la quantité de mouvement
∂ ∂ ∂P2 τij
ρuj + ρui uj = − + , (3.154)
∂t ∂xi ∂xj ∂xi
- Equation de conservation des espèces
∂ ∂ ∂Fk,i
ρYk + ρui Yk = + ω̇k , (3.155)
∂t ∂xi ∂xi
- Equation de conservation de l’enthalpie sensible
∂ ∂ ∂P0 ∂Qi
ρhs + ρui hs = + + ω̇T . (3.156)
∂t ∂xi ∂t ∂xi
La température est déduite de l’enthalpie sensible hs et des fractions massiques d’espèces Yk . Ce-
pendant, cette opération est délicate car elle implique la résolution numérique d’un polynôme de degré
5, qui ne peut être qu’approximative. YALES2 résout ce polynôme à l’aide de l’algorithme de Newton-
Raphson, méthode itérative efficace pour trouver numériquement une approximation précise d’un zéro
d’une fonction donnée.
La méthode décrite précédemment pour l’avancement en temps des équations incompressibles est
étendue au cas à densité variable. L’avancement en temps est structuré de la manière suivante :
1. Prédiction de la densité
Dans un premier temps, un prédicteur sur la densité, ρ∗ , est déterminé par l’équation de conser-
vation de la masse :
ρ∗ − ρn+1/2
= −∇ · (ρu)n . (3.157)
∆t
2. Prédiction des scalaires
L’avancement des scalaires, notamment de l’enthalpie sensible h∗s et des espèces Yk∗ , est effectué
à partir du prédicteur de densité. Pour un scalaire φ quelconque, il vient :
ρ∗ φ∗ − ρn+1/2 φn+1/2 Ä ä
= −∇ · (ρu)n φn+1/2 + D(φn+1/2 ) + R(φn+1/2 ) , (3.158)
∆t
où D et R désignent respectivement les termes de diffusion et réaction.
Equations de l’aérothermochimie 81
La densité au temps n + 3/2 est ensuite calculée à partir de la valeur prédite ρ∗ et de la valeur
issue de l’équation d’état ρEOS via un coefficient de relaxation α :
(ρφ)n+3/2 − (ρφ)n+1/2 Ä ä
= −∇ · (ρu)n+1 φn+1/2 + D(φn+1/2 ) + R(φn+1/2 ) . (3.167)
∆t
Equations de l’aérothermochimie 82
Ce chapitre porte sur l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique du CORIA. La phéno-
ménologie de l’écoulement, l’apparition de l’écoulement turbulent, le mélange et la distribution en temps
de séjour y sont décrits. Une analyse de sensibilité aux paramètres numériques tels que l’influence du
maillage et du modèle de turbulence est également effectuée. Dans un objectif de réduction des coûts de
calcul, une stratégie d’adaptation de maillage automatique et parallèle est proposée afin d’assurer une
bonne fidélité des résultats. Différents critères d’adaptation pour des écoulements non-réactifs sont défi-
nis. L’adaptation de maillage est appliquée au brûleur du CORIA. L’étude sur l’adaptation de maillage
a fait l’objet d’un article scientifique soumis à l’International Journal for Numerical Methods in Fluids.
Sommaire
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.1.1 Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.1.2 Description du cas de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.2 Analyse phénoménologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.2.1 Caractéristique tourbillonnaire de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.2.2 Etude de la turbulence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
4.2.3 Analyse du mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
4.2.4 Distribution en temps de séjour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
4.3 Influence des paramètres numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.3.1 Convergence en maillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.3.2 Etudes des modèles de turbulence de sous-maille . . . . . . . . . . . . . . . . 100
4.4 Adaptation de maillage en parallèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
4.4.1 Critères d’adaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
4.4.2 Evaluation des critères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
4.4.3 Méthodologie d’adaptation en parallèle sur configuration complexe . . . . . . 111
4.4.4 Application sur le brûleur centimétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
4.4.5 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
4.5 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 85
y y
10 10
8.5
outlet
x z
F IGURE 4.1: Représentation 3D du volume fluide et plans y − z et x − y avec emplacements des entrées
et sortie.
4.1 Introduction
4.1.1 Objectifs
Avant de s’intéresser à l’étude de l’écoulement réactif à l’intérieur du brûleur centimétrique MESO-
CORIA, il convient d’investiguer d’abord l’écoulement aérodynamique au sein de la chambre. Cette
étude doit permettre de caractériser l’écoulement tourbillonnaire, analyser les mécanismes de mélange
et de distribution des temps de séjour. Les paramètres numériques influents seront également identifiés
afin de favoriser l’étude de l’écoulement réactif.
Paramètres numériques
L’écoulement aérodynamique du brûleur a été étudié par simulation numérique à l’aide du solveur
incompressible à densité constante (ICS) de YALES2.
Le point de fonctionnement étudié correspond aux conditions opératoires d’un des calculs non-
réactifs de la thèse de Sjostrand [203]. Le fluide est assimilé à de l’air à la température 300 K. La masse
volumique est ρ = 1.177 kg.m−3 et la viscosité cinématique ν = 1.517 × 10−5 m2 .s−1 . Le fluide entre
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 86
dans la chambre par l’injection d’air avec une vitesse moyenne de 37.0 m.s−1 et par l’injection de car-
burant à 1.2 m.s−1 . Des profils de vitesse paraboliques sont imposés sur ces deux entrées :
ñ Å ã2 ô
r
u(r) = umax 1 − , (4.1)
rmax
F IGURE 4.2: Visualisation des plans A (y = 1 mm), B (y = 3.5 mm), C (y = 6 mm) et D (y = 8.5 mm).
La Fig. 4.6 montre les lignes de courant de vitesse moyenne dans le domaine 3D. L’écoulement cy-
clonique est très nettement observable. Une trajectoire moyenne apparaît : après l’entrée dans la chambre,
le fluide effectue un demi-tour en se dirigeant vers la sortie puis retourne vers le jet après un autre demi-
tour. De là, le fluide semble refaire un tour autour de l’axe central de l’écoulement avant de rejoindre la
sortie. Ainsi, le fluide effectue environ deux tours en moyenne autour de l’axe de rotation central avant
de sortir.
Des lignes de courant 2D dans les plans A, B, C et D sont présentées en Fig. 4.7. Elles montrent la
F IGURE 4.4: Champs de vitesse instantanée sur les plans A, B, C et D avec légende saturée à 15 m.s−1 .
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 88
F IGURE 4.6: Lignes de courant 3D dans la chambre de combustion, coloriées par la vitesse moyenne.
F IGURE 4.7: Lignes de courant (en blanc) sur les plans A, B, C, D coloriés par la vitesse moyenne.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 89
présence d’un grand tourbillon au centre de la chambre de combustion, typique de l’écoulement whirlé.
Cette recirculation centrale, observable à froid, aide à la stabilisation de l’écoulement réactif. Par ailleurs,
de plus petites recirculations apparaissent dans les coins du domaine. Elles sont liées à la forme de la
géométrie. Ces recirculations sont similaires aux recirculations de coin apparaissant dans les écoulements
dans les cavités entrainées (driven cavity) [17, 200]. Dans notre cas, bien qu’elle ne soit pas parfaitement
cubique, la chambre ne permet pas à l’écoulement d’être complètement "cylindrique".
où hφi est la moyenne temporelle de φ et f (x) la fonction densité de probabilité de φ. Sur les plans A,
B, C et D de la Fig. 4.8, l’écoulement présente des vitesses RMS élevées, de l’ordre de 20 m.s−1 , juste
après le coude de l’injection d’air ainsi qu’au pied du jet, dans la zone de cisaillement. Dans le reste du
jet, la vitesse RMS est d’environ 10 m.s−1 alors que des vitesses de 5 m.s−1 sont observables en proche
paroi sur les plans A, B et C. Sur ces mêmes plans, le centre de l’écoulement semble plus calme et varie
peu par rapport à l’écoulement moyen. Dans le plan D, les vitesses RMS sont assez homogènes, entre
3 et 6 m.s−1 .
On peut observer les structures cohérentes de l’écoulement en déterminant la valeur locale du critère-
Q [104] :
1
Q= (Ωij Ωij − Sij Sij ) , (4.3)
2
avec Ωij = 12 (∂j ui − ∂i uj ) et Sij = 21 (∂j ui + ∂i uj ). Différentes zones de production de turbulence sont
identifiées via l’iso-contour de critère-Q de la Fig. 4.9 :
- dans le tube d’injection d’air, lorsque le fluide est dévié par le coude avant d’entrer dans la
chambre,
- dans la zone de cisaillement du jet,
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 90
F IGURE 4.9: Iso-contour du critère-Q à Q = 8 × 108 s−2 , colorié par la vitesse instatannée.
1.8
1.6
1.4
1.2
PDF [-]
1
0.8
0.6
0.4
0.2
0
0 1 2 3 4 5
∆x / ηK [-]
F IGURE 4.10: Fonction densité de probabilité du rapport de la taille de maille ∆x locale sur l’échelle de
Kolmogorov ηK .
Le Reynolds turbulent Ret a une valeur moyenne d’environ 500 dans le domaine. Cette valeur est
comprise dans l’intervalle usuel pour des chambres de combustion macroscopiques classiques (entre 100
et 2000) [179].
F IGURE 4.11: Champs du scalaire Z instantané (haut), moyen (milieu) et RMS (bas, échelle logarith-
mique) sur les plans A, B, C et D (de gauche à droite).
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 93
(a) (b)
300
A
B
C
250 D
200
PDF [−]
150
100
50
0
0.025 0.03 0.035 0.04 0.045 0.05 0.055 0.06 0.065
< Z > [−]
(c)
F IGURE 4.12: (a) : Iso-contour Z = 0.055 dans le domaine 3D. (b) : Lignes de courant passant par
l’injection Z = 1 coloriées par la vitesse moyenne. (c) : PDF de la fraction de mélange Z moyenne sur
les plans A, B, C et D.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 94
Afin de visualiser les zones riches en fraction de mélange Z, un iso-contour à Z = 0.055 (repré-
sentant la stœchiométrie dans un mélange méthane/air), soit légèrement supérieur à la valeur moyenne,
a été tracée à partir d’une solution instantanée 3D (Fig. 4.12 (a)). Dans la zone de jet, on remarque des
poches arrachées à la zone riche en Z située entre le jet (à Z = 0) et la paroi. Ces poches forment ensuite
des zones riches qui se regroupent le long de l’arrête arrondie du brûleur avant de rejoindre la sortie. Ce
chemin préférentiel des zones riches en Z est confirmé par les lignes de courant passant par l’injection
de Z = 1, tracées sur la Fig. 4.12 (b). Après injection dans la chambre, ces lignes suivent effectivement
la paroi puis l’arrête arrondie du domaine et rejoignent la sortie. Dans la perspective d’un écoulement
réactif, cette mauvaise dynamique de mélange peut avoir un impact important sur les performances de la
combustion : la combustion peut être incomplète et produire de grandes quantités d’imbrûlés.
La distribution de la variable de mélange moyenne hZi est tracée sur la Fig. 4.12 (c), pour les plans
A, B, C et D. La PDF dans le plan A montre un pic centré en 0.04. En avançant dans la direction axiale,
on remarque que la distribution s’élargit en même temps qu’elle se déplace vers des valeurs plus grandes
de Z. Cet effet est dû au mélange par diffusion des poches riches en Z avec les zones plus pauvres,
permettant cet étalement de la PDF. La distribution sur le plan D est centrée autour de la valeur moyenne
Z = 0.0486 mais présente des variations de l’ordre de 10 %. Cela prouve que le mélange n’est pas
parfait, même vers la fin de l’écoulement.
∂τres
+ ∇ · (uτres ) = ∇ · (Dτres ∇τres ) + 1 , (4.10)
∂t
avec Dτres = ν/Scτres = ν. Ce scalaire τres est une quantité Eulérienne, homogène à un temps, repré-
sentatif du temps qu’une particule fluide a passé dans le domaine depuis qu’elle est entrée. Il constitue un
indicateur du temps de séjour des particules fluides mais il n’est pas une évaluation précise car l’équation
ne dérive pas de la théorie cinétique des gaz. Le scalaire est imposé à τres = 0 sur les conditions aux
limites d’entrée.
La Fig. 4.13 montre ce scalaire, moyenné en temps, sur les plans A, B, C et D. La zone d’injection
présente de toute évidence les valeurs les plus faibles : 0 ms dans les tubes d’injection et autour de 15ms
dans la zone de jet. Les valeurs de τres en proche paroi sont comprises entre 20 et 30 ms. Aussi, ces
valeurs sont inférieures à celles trouvées au centre du domaine (au-dessus de 30 ms). Cette observation
est cohérente avec la topologie de l’écoulement whirlé qui veut que la zone de recirculation centrale soit
stagnante comparée aux zones extérieures. Cette différence de temps de résidence doit alors permettre
de maintenir le cœur de gaz chaud dans l’écoulement réactif. Sur la Fig. 4.13, des temps de résidence
plus faibles sont observés dans les coins de la géométrie, le long des arêtes arrondies dans la direction y.
Cette observation appuie l’analyse sur le chemin préférentiel du fluide injecté par l’entrée de carburant.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 95
F IGURE 4.13: Champs du scalaire τres moyen sur les plans A, B, C et D (de gauche à droite), en secondes.
En plus de ce scalaire Eulérien, des particules dites Lagrangiennes ont été utilisées : les équations de
la mécanique du point sont résolues pour chaque particule représentée individuellement et ponctuelle-
ment. La trajectoire de chaque particule est ensuite suivie dans la simulation. Afin d’étudier la distribution
en temps de séjour de l’écoulement, des particules Lagrangiennes de type traceurs ont été utilisées dont
l’équation cinématique pour une particule est :
dxp
= uf (xp ) , (4.11)
dt
avec xp est la position de la particule et uf la vitesse du fluide à la position de la particule. Ces particules
traceurs ont la vitesse de la phase gazeuse à chaque instant et ont un temps caractéristique identique à
celui du gaz. Le temps de séjour des particules correspond au temps depuis lequel elles ont été injectées.
Dans la configuration du brûleur centimétrique, des particules traceurs sont injectées à partir des
deux entrées du domaine. Dix particules sont injectées par itération sur chacune des entrées pendant
170 ms afin d’atteindre une répartition homogène puis l’injection est stoppée. La Fig. 4.14 montre la
localisation des particules dans le domaine à ce même instant, où le nombre de particules est maximum
(près de 900 000 particules) : chaque point correspond à une particule. On constate bien que chaque
particule a la vitesse locale du fluide comme attendu. De plus des particules sont présentes dans chaque
partie du domaine, et le nombre de particules augmente avec le temps. Cela montre que des particules
sont piégées dans des zones mortes ou dans des recirculations. Le temps de résidence de ces particules
devient alors élevé : plus de 160 ms comme montré par la Fig. 4.14 (b). Le scatter plot de la Fig. 4.15
montre le temps de résidence des particules en fonction de la direction y (du plan d’injection vers le
plan de sortie) à un instant donné. On constate une grande répartition du temps de séjour quelque soit la
localisation de la particule. Certaines sortent du domaine après seulement 2 ms alors que d’autres sont
toujours proches de la région d’injection après 100 ms. Ce constat convient aussi bien pour des particules
injectées via l’entrée d’air que via l’entrée de carburant. Sur la Fig. 4.15 (b), on peut remarquer quelques
lignes dominantes entre 0.5 et 1.5 mm : ce sont des particules injectées par l’entrée carburant mais trop
proches des parois du tube d’injection. Leur vitesse est inférieure à celle des particules injectées plus au
centre.
A partir de l’arrêt d’injection de particules, le calcul est prolongé pendant près de 200 ms et le temps
de séjour des particules est collecté à la sortie du domaine. La distribution de temps de séjour est donnée
par la Fig. 4.16. La forme des distributions des particules est similaire entre les deux types d’injection :
la plupart des particules sortent très vite du domaine (pic entre 5 et 10 ms) puis la queue de distribution
décroit doucement. Certaines particules ne sont toujours pas sorties du domaine après 200 ms. Ces par-
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 96
(a) (b)
F IGURE 4.14: Visualisation de la vitesse (a) et du temps de séjour (b) des particules traceurs dans le
domaine après 170 ms d’injection.
(a) (b)
F IGURE 4.15: Scatter plot du temps de résidence des particules en fonction de la direction y pour chaque
entrée d’injection : entrée "air" (a) et entrée "carburant" (b).
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 97
0.025
Air inlet
Fuel inlet
0.02
0.015
PDF [-]
0.01
0.005
0
0 50 100 150 200
τres,p [ms]
F IGURE 4.16: Distribution du temps de résidence des particules injectées par l’entrée d’air et l’entrée de
carburant.
ticules au temps de résidence long sont ainsi piégées dans les zones de recirculation ou les zones mortes
de l’écoulement.
En résumé, l’écoulement tourbillonnaire permet de maximiser le temps de séjour et favoriser la zone
centrale calme nécessaire à la stabilisation de la flamme dans le cas de l’écoulement réactif. Cette étude
en distribution en temps de séjour valide le choix de ce type d’écoulement pour l’étude de la combustion
dans des chambres centimétriques.
Maillages M1 M2 MREF
Taille de maille moyenne ∆x [µm] 100 50 25
Nombre d’éléments [×106 ] 4.3 34.2 273.8
Nombre de nœuds [×106 ] 0.76 6.17 47.99
M1 M2 MREF
F IGURE 4.17: Champs de vitesse moyenne dans le plan A pour les maillages M1, M2 et MREF.
des maillages M2 et MREF. Le champ de vitesse moyenne obtenu avec M2 est plus proche de celui de
MREF, avec un jet plus étroit et l’apparition de la recirculation liée à l’écoulement whirlé. Cependant, une
zone calme apparait à l’intersection entre les deux jets d’entrée. Cet effet peut être lié à un comportement
incorrect du modèle de turbulence dans cette zone d’interaction de jets. Afin de préciser l’origine de cet
artefact numérique, nous avons poussé plus avant l’étude de l’influence du modèle de turbulence dans la
section suivante 4.3.2.
Sur la Fig. 4.18, le scalaire Z représente le mélange entre l’air (Z = 0 en noir) et le carburant (Z = 1
en blanc) pour les trois maillages considérés. Sur le maillage de référence MREF, le mélange s’effectue
rapidement entre les deux jets du fait de la turbulence induite qui produit un mélange homogène autour
de la valeur moyenne Z = 0.0486 dans tout le reste du domaine. Avec le maillage M1, l’interaction entre
les deux jets est incorrectement résolue, ce qui a un fort impact sur le mélange. Celui-ci ne se fait plus par
turbulence, mais plutôt par diffusion moléculaire (ou numérique). Ainsi un champ de Z hétérogène est
obtenu avec des valeurs oscillant entre 0.0 et 0.1. Le résultat obtenu avec le maillage M2 est beaucoup
plus proche de MREF mais présente encore quelques différences similaires au champ de vitesse.
La contribution du modèle de sous-maille "Smagorinsky dynamique" est évaluée par le rapport de
viscosité turbulente sur viscosité moléculaire µt /µ. D’après la Fig. 4.19, ce rapport est inférieur à 0.2
sur le maillage M3. Dans cette situation, le modèle de turbulence agit tellement peu qu’il n’affecte pas
l’écoulement et pourrait être désactivé. En revanche, le maillage M1 présente un rapport de viscosités qui
peut atteindre 80 dans la couche de cisaillement du jet d’air et à l’impact du jet sur la paroi. Dans le reste
du domaine, le rapport de viscosités montre que l’apport du modèle ne peut être négligé. En revanche,
sur le maillage M2, la contribution du modèle de sous-maille n’est importante que dans le jet et au niveau
de l’impact sur la paroi opposée.
Un indicateur de la résolution à la paroi consiste à évaluer la distance à la paroi adimensionnée
y + et à la comparer à la taille de maille utilisée. Cette distance se calcule comme y + = y uντ , avec
» q
uτ = τw /ρ = µ ∂u ∂y /ρ et τw étant respectivement la vitesse de frottement et la contrainte pariétale
x
de cisaillement. La Fig. 4.20 représente la distribution de y + sur l’ensemble des points composants
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 99
M1 M2 MREF
F IGURE 4.18: Champs de fraction de mélange obtenus avec les maillages M1, M2 et MREF. Noir : air.
Blanc : carburant.
M1 M2 MREF
F IGURE 4.19: Rendu volumique du rapport de viscosité µt /µ sur les maillages M1, M2 et M3.
0.8
M1
M2
0.7 MREF
0.6
0.5
PDF [−]
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 2 4 6 8 10 12
+
y [−]
Maillages M1 M2 MREF
Temps physique simulé tphysique [ms] 100.0 50.0 5.0
Nombre de processeurs Nprocs 256 512 1024
Temps de calcul tcalcul [h] 5.43 22.78 20.96
Temps CPU pour 1ms [h/ms] 13.9 233.3 4292.6
Temps CPU normalisé 1.0 16.8 308.8
TABLE 4.2: Performances de calcul avec les différents maillages sur la machine Antares du CRIHAN.
Maillages M1 M2
Modèles de sous-maille SMD WALE NO-MODEL SMD WALE NO-MODEL
Erreur de norme L2 relative [%] 7.8 6.2 2.2 4.4 1.1 0.7
TABLE 4.3: Erreur de norme L2 relative sur la vitesse moyenne par rapport à la référence.
éloignés de la référence : ils modifient la dynamique de l’écoulement dans la zone de jet. L’approche NO-
MODEL donne de bien meilleurs résultats avec un champ de vitesse proche du calcul DNS. Les résultats
obtenus sur le maillage M2 sont différents. Il a déjà été observé que le modèle Smagorinsky Dynamique
donne une zone à vitesse plus faible dans la zone d’intersection des deux jets d’entrée. En revanche, le
modèle WALE et l’approche NO-MODEL donnent des résultats similaires, très semblables au calcul de
référence.
Afin d’aller plus loin dans cette analyse, une comparaison de profils de vitesse moyenne et RMS
le long d’une ligne placée dans le plan d’injection a été réalisée. Les profils de vitesse moyenne de la
Fig. 4.23 confirment ce qui a été observé sur les champs précédents. Sur le maillage M1, l’approche sans
modèle de sous-maille se montre supérieure aux modèles SMD et WALE. Sur le maillage M2, le modèle
WALE et l’approche NO-MODEL sont les plus proches de la référence alors que le modèle SMD montre
une zone de vitesse plus faible au milieu du jet. Afin de quantifier les différences, les erreurs relatives de
norme L2 ont été calculées sur ces profils. Cette erreur, pour une variable quelconque φ, est définie selon
E L2
Erel,L2 (φ) = , (4.12)
NL2 (φexact )
(a) (b)
(c) (d)
F IGURE 4.23: Profils de vitesse moyenne (haut) et RMS (bas) sur les maillages M1 (gauche) et M2
(droite) en fonction des modèles de turbulence et comparé à la référence MREF.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 104
code est suffisante pour modéliser les plus petites échelles de la turbulence. Cette observation est aidée
par le fait que la configuration n’est que faiblement turbulente. Le modèle WALE a montré de meilleurs
résultats que le modèle de Smagorynsky dynamique. En effet, le modèle WALE traite mieux les parois
et a une meilleure prédiction de la transition à la turbulence. De plus, le modèle impose une viscosité
turbulente nulle dans les écoulements cisaillés. Dans notre cas, la zone entre le jet et le reste du domaine
présente est une couche de cisaillement et la bonne résolution de la base du jet semble primordiale.
vitesse, viscosité turbulente, énergie cinétique turbulente). L’adaptation a été menée sur une configura-
tion relativement simple de colline périodique ("periodic hill") et seulement avec une méthode de bougé
de points (r-refinement method). Les récents travaux de Falese [66, 67] se révèlent les plus complets. En
effet, il a étudié l’écoulement aérodynamique dans un injecteur swirlé de chambre de combustion aéro-
nautique via des simulations numériques LES sur maillages non-structurés. L’adaptation a été réalisée
au moyen d’une librairie (MMG3D), appelée dans un programme externe au code de calcul LES et de
façon séquentielle.
Dans cette section, une stratégie d’adaptation de maillage en parallèle, intégrée au code YALES2, est
proposée afin d’améliorer la qualité et adapter un maillage en parallèle. L’objectif est ici de trouver un
maillage optimal pour des calculs parallèles LES de géométries complexes. Tout d’abord, sont présentés
deux critères mesurant la qualité de la solution LES basée sur un maillage initial. Une stratégie d’adap-
tation en parallèle de ce maillage initial, basée sur ces critères et la librairie d’adaptation MMG3D, est
ensuite proposée puis appliquée sur le brûleur centimétrique MESO-CORIA.
Un premier critère peut être créé afin d’assurer une bonne résolution de la partie moyenne du champs
résolu par LES. Ce critère est défini afin de minimiser l’erreur de discrétisation des gradients de l’écou-
lement moyen. Un exemple connu de cette contrainte est l’écoulement turbulent proche paroi, où un
maillage fin doit être utilisé dans la direction normale à la paroi pour prédire précisément les forts gra-
dients de vitesse dans cette direction. Ce critère n’est pas spécifique à la LES mais existe aussi avec
l’approche RANS. Dans cette étude, le critère est défini à partir d’une estimation d’erreur déjà proposée
dans des méthodologies d’adaptation de maillage [93, 4, 58].
A partir de cette estimation d’erreur, on peut montrer que l’erreur d’interpolation g ∗ d’une quantité
g dans un espace discret avec une taille de maille ∆ est limitée par une quantité, appelée Qc1 , définie
selon ® 2 ∗ ´
2 ∂ g
Qc1 = ∆ max 2 . (4.15)
i=1,2,3 ∂xi
Dans cette équation, on considère la valeur maximale de la dérivée seconde dans chacune des trois
directions de l’espace. Il faut noter que dans le cas où cette procédure est appliquée à un champ vectoriel
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 106
u à la place d’un champ scalaire, l’Eq. (4.15) est modifiée de la façon suivante :
( 2 ∗ )
∂ u
2 j
Qc1 = ∆ max 2 . (4.16)
i,j=1,2,3 ∂xi
Dans ce cas, le maximum est recherché sur chaque direction de l’opérateur de dérivation mais aussi sur
chaque composante du champ vectoriel.
On définira le premier critère comme la minimisation de Qc1 et son homogénéisation pour mettre
les points là où on a des erreurs, appliquée au champ moyen de vitesse dans le domaine de calcul.
Une interprétation spécifique dans le contexte LES peut être donnée. En considérant la moyenne d’une
composante de vitesse résolue LES hui, ce critère signifie que le filtrage du champs résolu, hui doit être
proche de la moyenne du champ résolu hui, car le champ moyen ne doit pas posséder de contribution de
sous-maille. Un développement en série de Taylor de l’opérateur de filtrage [11] mène à l’expression
∆2 ∂ 2 hui
hui = hui + + O(∆4 ) , (4.17)
24 ∂x2i
ce qui conduit à la minimisation du terme en ∆2 ∂ 2 /∂x2i , défini comme premier critère Qc1 .
Un second critère peut être défini afin d’assurer une résolution explicite suffisante des échelles de la
turbulence et garantir la validité de l’approche LES dans l’ensemble du domaine [29]. Pour être valide,
les plus petites échelles résolues doivent être suffisamment éloignées des plus grandes échelles aniso-
tropes. Ces plus petites échelles résolues doivent se trouver dans la zone inertielle, où un comportement
universel du transfert d’énergie est attendu, autorisant une modélisation précise des échelles encore plus
petites (voir section 3.4). En considérant une turbulence pleinement développée avec un spectre classique
de Kolmogorov, on peut montrer que suffisament d’échelles sont résolues si plus de 80% de l’énergie
cinétique turbulente totale est explicitement résolue [184]. Le second critère Qc2 peut alors être défini
comme [165] :
Esgs
Qc2 = ≤ 0.2 , (4.18)
Esgs + ER
avec Esgs l’énergie cinétique turbulente de sous-maille et ER = 12 hu′i u′i i l’énergie cinétique turbulente
résolue. L’énergie cinétique turbulente modélisée n’est pas explicitement connue dans un contexte LES,
mais elle peut être évaluée à l’aide de la viscosité de sous-maille νt donnée par le modèle, selon
Å ã2
νt
Esgs =C , (4.19)
∆
avec la constante C ≈ 100 [184, 237]. La viscosité turbulente est connue et varie selon la taille de filtre
avec une loi en puissance 4/3 [133]. Cela permet de prédire une nouvelle taille de maille ∆a à partir de
la taille de maille initiale ∆i en respectant le second critère Qc2 :
Ç å3/2
0.2
∆ a = ∆i , (4.20)
Qc2,i
Les critères ont été calculés sur une configuration académique 3D simple : un jet plan turbulent,
similaire à la configuration étudiée par Silva et Métais [50]. Cette application consiste en un jet entrant
dans un écoulement co-courant (voir Fig. 4.24) avec une vitesse d’entrée approxichée par un profil en
tangente hyperbolique [212] :
Ç Ç åå
Uj + Uc Uj + Uc h 2|y|
Ux (x = 0, y, z) = + tanh 1− , (4.21)
2 2 4θ h
où h est la hauteur du jet, Uj = 1.091 est la vitesse centrale du jet, Uc = 0.091 la vitesse du co-courant,
et θ l’épaisseur de la quantité de mouvement fixée à h/30. Les vitesses moyennes dans les directions y
et z sont imposées à zéro. La taille du domaine de calcul est de 12.4h × 12h × 2.9h dans les directions
axiale, verticale et transverse. Les conditions aux limites sont imposées comme parois glissantes dans la
direction y et périodiques dans la direction z. Dans ce type de jet, on observe des tourbillons de Kelvin-
Helmholtz se former dans la région initiale du jet [90]. Ensuite, en fonction du nombre de Reynolds de
l’écoulement, ces structures cohérentes donnent naissance à une turbulence pleinement développée.
Dans cette étude, le nombre de Reynolds est imposé à Re = ∆U h/ν = 3000, avec ∆U = Uj − Uc .
Un calcul DNS a d’abord été réalisé afin d’obtenir une solution de référence. Le maillage est composé de
49.3 millions de tétraèdres avec une taille de maille globalement uniforme, ∆x = 0.04h, comme dans
Silva et Métais [50]. La Fig. 4.25 montre la dynamique du jet à travers la norme de la vorticité |→ −
ω| =
→
−
|∇ × u |. On peut identifier des instabilités de Kelvin-Helmholtz se développer au pied du jet. Ensuite,
une seconde instabilité grandit, menant alors le jet à une turbulence développée. Cette configuration de jet
plan turbulent se prête naturellement à l’évaluation des critères présentés précédemment car elle présente
de forts gradients de vitesses ainsi qu’une zone de l’écoulement très turbulent.
Un premier calcul LES a été réalisé avec les mêmes paramètres numériques mais avec un maillage
grossier composé de seulement 1.7 millions de tétraèdres, avec une taille de maillage allant de 0.04h à
l’entrée du domaine jusqu’à 0.8h à la sortie. Le modèle Smagorinsky dynamique [77, 135] a été utilisé
pour modéliser la turbulence de sous-maille. Les critères Qc1 et Qc2 sont calculés et les champs sur
un plan de coupe central sont montrés Fig. 4.26. Au début de l’écoulement, les fortes valeurs de Qc1
montrent que la contrainte majeure sur le maillage est due à la couche de cisaillement entre le jet et le
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 108
F IGURE 4.26: Plan central coloré par Qc1 (gauche) et Qc2 (droite) afin d’évaluer la qualité du maillage
LES initial.
F IGURE 4.27: Coupe centrale colorée par Qc1 (gauche) et Qc2 (droite) avec le second maillage LES,
adapté depuis le maillage LES initial.
co-courant, où les gradients de vitesse moyenne sont élevés. En aval de l’écoulement, les échelles de
la turbulence se développent selon le scénario de transition classique dans une couche de cisaillement
libre : Qc2 augmente d’abord dans cette couche de cisaillement puis ensuite dans tout le jet turbulent,
après la fin du cœur potentiel.
Un second calcul LES est réalisé en utilisant un maillage adapté suivant les critères Qc1 et Qc2 ,
composé de 3.4 millions d’éléments. La taille de maille varie de 0.04h à 0.3h. Ce nouveau maillage
permet de minimiser Qc1 et respecter Qc2 < 0.2 comme montré par la Fig. 4.27. L’influence du maillage
sur les statistiques de vitesse est montré par la Fig. 4.28. La Fig. 4.28 (a) compare les profils de vitesse
axiale moyenne pris à différents plans suivant l’axe x. Le calcul LES initial montre quelques désaccords
avec les résultats DNS dans la zone de cisaillement du fait d’une discrétisation insuffisante des gradients
moyens de vitesse. Le second calcul LES corrige cet effet et donne un meilleur accord avec la DNS.
Les différences entre les résultats DNS et le premier calcul LES sont plus prononcées sur les quantités
RMS, représentées par la Fig. 4.28 (b)-(d). Ici, le manque de résolution des échelles de la turbulence sur
le calcul LES est clairement observé. Le maillage LES adapté permet de mieux capter la turbulence de
l’écoulement et mène à un meilleur accord à la DNS. Il est important de noter qu’un accord exact des
RMS entre résultats DNS et LES ne peut être attendu, car une part du champ turbulent n’est pas résolu
en LES.
Ce premier cas simple a permis de démontrer la pertinence de la stratégie d’adaptation de maillage
basée sur des critères objectifs pour une configuration dont l’écoulement évolue vers un état pleinement
turbulent.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 109
0,2
1
0,8 0,15
1/2
<U' xU' x >
<Ux>
0,6
0,1
0,4
0,05
0,2
0 0
0 0,5 1 1,5 2 0 1 2 3
y/H y/H
(a) (b)
0,2 0,2
0,15 0,15
1/2
1/2
<U' xU' x >
0,1 0,1
0,05 0,05
0 0
0 1 2 3 0 1 2 3
y/H y/H
(c) (d)
F IGURE 4.28: Comparaison des statistiques sur le jet plan turbulent : DNS (—), LES initiale (· · · ) et
seconde LES (− −). Profils de vitesse moyenne sur trois coupes : à x/h = 4, 8 et 12 (a) et profils de
vitesse RMS à x/h = 4 (b), 8 (c) et 12 (d).
Ce second cas test traite d’un écoulement turbulent dans une conduite, avec paroi non-glissante. La
configuration est similaire au calcul DNS de Wu et Moin [233] réalisé sur maillage structuré composé
de 67.7 millions d’éléments. Une condition périodique est utilisée entre l’entrée et la sortie du domaine,
avec un terme de forçage afin d’assurer un débit constant. Le nombre de Reynolds basé sur la vitesse
moyenne de l’écoulement et le diamètre 2R de la conduite est 5300. Un calcul LES initial est réalisé
avec une grille de 1.1 millions de tétraèdres dont la taille des arêtes augmente de 0.08R à la paroi
jusqu’à 0.15R au centre de la conduite. Les profils radiaux des quantités Qc1 et Qc2 sont montrés sur
la Fig. 4.29. La valeur de ces deux critères est importante à la paroi, montrant qu’un raffinement de
maillage est nécessaire dans cette zone. C’est une caractéristique connue des écoulements confinés, où
la première maille à la paroi doit avoir une taille approchant une distance à la paroi adimensionnée de
l’ordre de 1 [184]. Pour ce premier calcul LES, cette distance y + vaut environ 10. Un maillage LES
adapté a été construit à partir de cette analyse. Il est composé de 23 millions d’éléments, hexaédriques en
proche-paroi puis tétraédriques au centre de la conduite. La taille de maille augmente de 0.008R à 0.12R.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 110
0,5
0,8
0,4
0,6
0,3
Qc1
Qc2
0,4
0,2
0,1 0,2
0 0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
1-r/R 1-r/R
(a) (b)
F IGURE 4.29: Profils des critères Qc1 (a) et Qc2 (b) sur le maillage LES initial (· · · ) et pour le maillage
LES adapté (− −) sur le cas test d’écoulement turbulent dans une conduite.
Ce nouveau maillage LES permet de respecter les critères Qc1 et Qc2 , comme montré par la Fig. 4.29. La
1,5 0,2
0,15
1
u', v', w'
<u>
0,1
0,5
0,05
0 0
0,01 0,1 1 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
1-r/R 1-r/R
(a) (b)
F IGURE 4.30: Profils de vitesse moyenne (a) et RMS (b) sur le cas test d’écoulement turbulent dans une
conduite : DNS (—), LES initiale (· · · ) et seconde LES (− −).
Fig. 4.30 montre l’influence du maillage sur des quantités statistiques, comparées aux résultats DNS de
Wu et Moin [233]. Comme attendu, le maillage LES initial est trop grossier pour permettre un bon accord
avec la DNS. Cela est dû à une discrétisation insuffisante des gradients de vitesse moyenne en proche
paroi. De plus les valeurs RMS sont fortement sous-estimées et les pics de fluctuations sont décalés vers
le cœur de la conduite. Le calcul LES sur le maillage adapté améliore ce comportement. Un très bon
accord est trouvé sur les profils de vitesse moyenne et les positions des pics de RMS sont mieux prédits.
Comme déjà observé précédemment, la prédiction des RMS avec un calcul LES est obligatoirement
sous-estimée en comparaison à un résultat DNS car la fluctuation de sous-maille n’est pas connue en
LES.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 111
(a) (b)
F IGURE 4.31: Critères Qc1 et Qc2 obtenus à partir des calculs sur maillage M1 de la configuration
non-réactive MESO-CORIA.
Les critères ont ensuite été calculés sur la configuration du brûleur centimétrique MESO-CORIA.
Les résultats statistiques issus du calcul avec le maillage M1, d’environ 4 millions d’éléments, ont été
utilisés afin de calculer ces critères. La Fig. 4.31 montre les critères obtenus dans le plan d’injection. Le
critère Qc1 montre une grande disparité dans la description des gradients de vitesse moyenne. La zone
d’injection ansi que la zone de jet manque de résolution pour les gradients, de même que la région en
proche paroi. En revanche, la zone centrale plus calme montre une bien meilleure résolution. Le critère
Qc2 indique que l’énergie cinétique turbulence est quasiment modélisée dans la zone de jet (Qc2 = 1).
Dans la zone d’impact du jet, Qc2 vaut environ 0.5, ce qui reste élevé. Dans le reste du domaine, Qc2 est
inférieur ou égal à 0.25, valeur proche de la recommandation de Pope [184] de 0.2.
Cette analyse montre la nécessité d’adapter le maillage M1 afin d’obtenir de meilleurs résultats sur
les critères.
stratégies d’adaptation en parallèle existent dans la littérature [26, 44, 39, 56] mais elles ne remplissent
pas l’ensemble des contraintes désirées. L’objectif est ici de produire des maillages répondant à des
critères de qualité et de quantité (nombre d’éléments total). Cette méthode doit être capable de gérer des
maillages 3D sur géométries complexes et pouvant contenir plusieurs millions d’éléments. L’algorithme
doit fonctionner en parallèle afin de diminuer le temps d’adaptation et être capable de fonctionner sur les
supercalculateurs. Dans cet objectif, la librairie de remaillage MMG3D est utilisée.
MMG3D est un remailleur tétraédrique entièrement automatique [55, 51]. Il est développé à l’INRIA
par Cécile Dobrzynski et Pascal Frey depuis 2010. La version 4.0 (celle utilisée au cours de ces travaux)
est distribuée sour licence GNU (General Public License) et est disponible sur https://gforge.
inria.fr/frs/?group_id=4307 2 . Entièrement codée en language C, la version 4.0 comporte
environ 55000 lignes de code source et doit être couplée à la librairie de partitionnement SCOTCH [36].
Partant d’un maillage composé de tétraèdres, cette librairie le modifie de façon itérative en respectant
un tenseur de métrique. Ce tenseur prescrit une taille et une direction pour les arêtes du maillage, ce qui
implique que le maillage résultant peut être anisotrope. Le code est basé sur des modifications locales du
maillage. L’algorithme d’adaptation est décomposé en deux parties :
1. la longueur des arêtes est analysée par rapport à la métrique demandée : les plus longues sont
coupées, les plus courtes supprimées, et une version anisotrope du noyau de Delaunay est implé-
mentée pour insérer les points dans le maillage,
2. quand la densité de maillage est en accord avec la prescription, une phase d’optimisation effectue
des opérations d’échanges d’arêtes (edge swapping) et de relocalisation de points.
De plus, MMG3D permet de traiter des problèmes de déplacement de corps : quand un déplacement
est prescrit sur une partie de la frontière, le maillage final généré sera tel que les points de la surface
auront bougé en accord avec ce déplacement. Cette fonctionnalité permet ainsi d’avoir un maillage avec
un corps rigide se déplaçant dans le domaine. Cependant, celle-ci ne sera pas exploitée dans cette thèse.
La version de MMG3D utilisée permet d’adapter un maillage donné à partir d’une métrique. Néan-
moins, cette librairie est séquentielle et elle ne permet pas d’adapter les frontières du domaine. Une
stratégie d’adaptation parallèle a été mise en place, couplée au solveur YALES2.
Afin d’illustrer la problématique posée par ce couplage, on se propose d’adapter sur quatre proces-
seurs le maillage de la Fig. 4.32 (a) avec la métrique objectif de la Fig. 4.32 (b). L’adaptation effectuée
par MMG3D donne le résultat proposé sur la Fig. 4.32 (c). La librairie MMG3D adapte le domaine
partitionné sur chaque processeur mais ne touche pas aux nœuds des bords du domaine. Des cellules se
retrouvent déformées à certains endroits du domaine, encadrés par les carrés noirs. Ces éléments sont
situés aux interfaces entre processeur.
L’idée générale de l’adaptation en parallèle consiste en la répétition d’étapes d’adaptation (calcul
séquentiel sur chaque processeur) en modifiant les frontières du domaine entre chaque itération. Ainsi,
des nœuds se situant sur une frontière à une itération, se retrouvent au centre du domaine sur l’itération
suivante. En quelques étapes, la métrique sera appliquée sur l’ensemble des nœuds du maillage. Par
2. Un dépôt Github est aussi mis à disposition pour le développement de la version 5.0 : https://github.com/
MmgTools/mmg.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 113
(a) (b)
(c)
F IGURE 4.32: Exemple d’adaptation en parallèle d’un maillage avec un seul appel à la librairie d’adap-
tation : maillage initial, métrique imposée et maillage final (de gauche à droite).
Parallel partition with weights Cell-group graph adaptation Migration of the cell groups to
equal to the proc color with ParMetis 4.x the other procs
expérience, ce nombre d’étapes est d’environ trois pour que chaque nœud soit traité. Cette modification
de la frontière nécessite l’échange d’éléments entre processeurs à la volée, autrement appelé répartition
dynamique de charge (parallel load balancing en anglais).
Plutôt que d’envoyer de processeur à processeur des nœuds indépendants, il a été choisi de tirer parti
de la double décomposition de maillage utilisée dans YALES2. Ce sont les groupes d’éléments qui sont
échangés afin de bien répartir la charge. La version 4 de ParMetis [197, 117] a été utilisée afin de faire
ces échanges à la volée. Un exemple de cette stratégie est donnée par la figure 4.33. Le maillage initial
est réparti sur 8 processeurs et un poids (équivalent à une charge) différent est donné à chaque partie de
maillage, égal au numéro du processeur (image de gauche) : de 1 (faible charge, en bleu) à 8 (charge
élevée, en rouge). La librairie de partitionnement ParMetis est appelée et propose un nouveau découpage
du maillage (image au centre). Les groupes d’éléments dont la couleur de processeur a changé sont alors
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 114
migrés vers leur processeur de destination. Le résultat obtenu est la figure de droite : le processeur 1 (en
bleu) a beaucoup d’éléments à faible charge et le processeur 8 (en rouge) a peu d’éléments mais avec un
poids élevé.
C’est exactement ce processus qui est employé afin de déplacer les frontières du maillage sur les pro-
cesseurs. Après une première étape d’adaptation, un poids élevé est imposé sur les nœuds de la frontière
et un poids faible est donné aux autres nœuds. Le nouveau partitionnement proposé par ParMetis permet
alors aux nœuds de la frontière de se retrouver au centre d’un processeur après migration des groupes
d’éléments. La librairie ParMetis sert donc ici à deux choses : déplacer l’interface entre chaque étape
d’adaptation et homogénéiser le nombre d’éléments par processeur, c’est-à-dire équilibrer la charge de
calcul.
La Fig. 4.34 présente l’algorithme utilisé pour l’adaptation parallèle de maillage. A partir d’un
maillage initial et d’une solution donnée, une métrique (champ de taille de maille du maillage objec-
tif) est défini à partir des critères présentés dans la section précédente. Ensuite, sur chaque processeur
les groupes d’éléments sont fusionnés afin d’appeler la librairie d’adaptation MMG3D. Cette dernière
adapte le maillage sans toucher aux frontières. Le maillage est alors redécoupé en groupes d’éléments, la
connectivité du bord du domaine est reconstruite et les données sont interpolées du premier maillage sur
le second. L’appel à ParMetis est effectué puis les groupes d’éléments sont transférés de leur processeur
d’origine vers leur processeur de destination. Le processus d’adaptation est répété trois fois afin de traiter
tout le domaine. Cette valeur a été obtenue par expériences numériques. Enfin le reste de la connectivité
est assurée et le maillage adapté est obtenu avec la solution de départ interpolée.
Pour finir, une étape d’optimisation de maillage est réalisée afin de récupérer un maillage de meilleure
qualité globale. Pour cela, les outils d’optimisation de maillage de MMG3D (jusqu’à maintenant désac-
tivés) sont appliqués sur le maillage adapté. Ce dernier maillage obtenu peut même être de meilleure
qualité que le maillage initial. Le résultat final de l’algorithme est donc un maillage adapté et optimisé
avec la solution fournie au départ interpolée sur ce maillage.
Un exemple d’adaptation en parallèle et utilisant l’algorithme présenté est donné Fig. 4.35. On repro-
duit ici l’exemple de la Fig. 4.32 : adaptation d’un maillage initial dont la taille de maille est homogène
avec une métrique donnée. Après trois étapes d’adaptation successives, le maillage répond parfaitement
à la contrainte posée par la métrique et le nombre d’éléments sur chaque processeur est équivalent.
Il est important de noter que les frontières du domaine (les nœuds composant les conditions aux li-
mites) de calcul ne peuvent pas être adaptés. En effet, les éléments aux bords ne peuvent pas être déplacés
au centre d’un groupe d’éléments et la libraire d’adaptation MMG3D ne touche pas à ces éléments.
Le second critère Qc2 basé sur la résolution de l’énergie cinétique turbulente est totalement déter-
miné, avec aucun paramètre ajustable : il donne directement la taille de maille locale nécessaire afin de
répondre au critère. Au contraire, le premier critère Qc1 basé sur l’erreur d’interpolation des champs
moyens a un degré de liberté intrinsèque, qui est le niveau de l’erreur. Dans des calculs LES classiques,
cette erreur doit être homogène dans l’ensemble du domaine de calcul pour garantir une bonne réparti-
tion des cellules. Afin de conserver un nombre d’éléments acceptable, il est obligatoire de proposer une
stratégie d’adaptation basée sur le premier critère qui permette le contrôle du nombre d’éléments.
En supposant un maillage isotrope avec une taille de maille locale ∆, le nombre de cellules dans un
volume V peut être défini comme le produit entre la densité locale de maille ρ et le volume lui-même. Si
le volume d’une cellule est approximativement γ∆3 , où γ est une constante, le nombre d’éléments dans
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 115
F IGURE 4.35: Exemple d’adaptation en parallèle d’un maillage en parallèle : étapes d’adaptation de 1 à
3 (de gauche à droite).
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 116
# #
un petit volume V vaut environ V / γ∆3 . La densité locale de nombre d’éléments est ρ = 1/ γ∆3 .
Le nombre total de cellules Ni d’un domaine de calcul initial D peut être mesuré par l’intégrale de
la densité locale de nombre d’éléments sur le domaine :
Z
Ni = ρi dV . (4.22)
D
En définissant un taux de raffinement local τ comme le rapport entre les tailles de maille des maillages
initial et adapté τ = ∆i /∆a , l’équation précédente permet d’estimer le nombre d’éléments du maillage
adapté à partir de la densité initiale ρi :
Z Z
Na = ρa dV = τ 3 ρi dV . (4.23)
D D
En utilisant (4.23) et (4.22), on obtient le rapport du nombre d’éléments entre les deux maillages :
ÅZ ã ÅZ ã−1
Na
= τ 3 ρi dV ρi dV , (4.24)
Ni D D
ÇZ å ÇZ å−1
τ3 1
= dV dV . (4.25)
D ∆3i D ∆3i
En considérant le premier critère d’adaptation, dont le but est » d’homogénéiser les erreurs sur les
champs moyens, le taux de raffinement local peut s’écrire τ = Qc1,i /Qc1,a où Qc1,i et Qc1,a sont
les évaluations des erreurs d’interpolations sur les maillages initial et adapté, respectivement. A partir de
l’Eq. (4.15), le rapport de nombre d’éléments s’écrit
Ñ éÇ å−1
Z 3/2 Z
Na Qc1,i 1
= dV dV . (4.26)
Ni D ∆3i Qc1,a
3/2
D ∆3i
L’homogénéité de l’erreur d’interpolation est obtenue quand Qc1,a est constant dans le domaine de
calcul pour une variation du nombre d’élément Na /Ni donnée. L’équation précédente permet de trouver
la valeur de cette constante, illustrée par la Fig. 4.36 :
Ñ é2/3 Ç å−2/3
Å ã−2/3 Z
Qc1,i
3/2 Z
Na 1
Qc1,a = dV dV . (4.27)
Ni D ∆3i D ∆3i
Pour résumer, l’homogénéisation de l’erreur d’interpolation sur le domaine de calcul avec contrôle
du nombre d’éléments total peut être réalisée en quatre étapes :
1. Evaluation du critère Qc1,i à partir de l’équation (4.15),
2. Calcul de Qc1,a pour un ratio de nombre» d’éléments Na /Ni donné avec l’équation (4.27),
3. Calcul du taux de raffinement local τ = Qc1,i /Qc1,a ,
4. Modification du taux de raffinement local par des contraintes additionnelles : taille de maille
minimum ou maximum, limitation du gradient de taille de maille...
5. Adaptation du maillage.
L’étape 4 est une procédure itérative. En effet, imposer une taille de maille minimale ou maximale ou
bien limiter le gradient de taille de maille sont des contraintes locales, le contrôle du nombre d’éléments
du maillage final est une contrainte globale. Le taux de raffinement doit être ajusté sur l’ensemble du
domaine afin de satisfaire toutes les contraintes. Par conséquent, un coefficient α obtenu à partir de
l’Eq. 4.28 est introduit et déterminé itérativement :
Å ã−1 ÇZ å ÇZ å−1
Na τ3 1
α= dV dV . (4.28)
Ni D ∆3i D ∆3i
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 117
Qc1,i
Qc1,a Na /Ni
1/2
Qc1,i
τ0 = Qc1,a
τn+1 τn α1/3
Qc1
F IGURE 4.36: Procédure de calcul de la métrique basée sur Qc1 avec contrôle du nombre d’éléments.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 118
M1 MREF A1 A2
Nombre d’éléments 4 483 330 273 751 808 4 335 692 14 808 033
Nombre de nœuds 779 388 47 985 812 757 779 2 504 555
Taille de maille moyenne [µm] 94 24 95 64
Le coefficient α est relié au taux de raffinement effectif τn+1 comme α = (τn /τn+1 )3 . La procédure
itérative permet au coefficient α de converger cers l’unité. Une tolérance de l’erreur de 1 % sur le nombre
d’éléments est imposé dans ces travaux.
Pour l’adaptation du maillage du brûleur MESO-CORIA, la stratégie suivante est proposée. L’objectif
est d’obtenir un maillage optimal pour les calculs LES, en respectant chaque critère d’adaptation avec un
nombre minimal de cellules. La stratégie d’adaptation peut être résumée comme ceci :
- Plusieurs étapes d’adaptation du maillage avec uniquement le critère Qc1 et un nombre d’élé-
ments constant (Na /Ni = 1),
- Le maillage convergé obtenu est adapté avec le critère Qc2 , sans restriction sur le nombre d’élé-
ments, en limitant le taux de raffinement local maximum à 1. Ainsi, cette étape ne raffine que
dans les zones indiquées par Qc2 , laissant le reste du maillage inchangé.
Cette stratégie garantit d’avoir suffisamment de cellules à la fois dans les zones où les gradients moyens
sont importants et également dans les zones où l’énergie cinétique turbulente est importante. Si l’ordre
inverse était adopté, le niveau de résolution de l’énergie cinétique turbulente ne pourrait pas être garanti.
Plusieurs étapes d’adaptation avec le critère Qc1 sont nécessaires car la modification du maillage
engendre une modification de l’écoulement moyen. C’est pourquoi, entre chacune de ces étapes, un
nouveau calcul LES est réalisé avec le maillage adapté et les statistiques sont ré-initialisées. Le temps
physique de calcul est de 200 ms, soit six temps de passage évalué comme le rapport du volume du
domaine sur le débit volumique. La métrique est limitée entre 20 et 500 µm afin d’éviter les éléments
trop petits ou trop grands. L’ensemble de la procédure d’adaptation est illustrée par la Fig. 4.37.
La stratégie d’adaptation a été menée à partir du maillage M1 (voir section 4.3.1), de 4.3 millions
d’éléments. Le même point de fonctionnement que dans la section 4.1 a été calculé et le modèle de sous-
maille WALE a été choisi car montrant de meilleurs résultats. Les résultats obtenus seront toujours à
comparer aux résultats obtenus avec le maillage de référence MREF.
Le processus d’adaptation basé seulement sur le critère Qc1 a donné naissance au maillage adapté
appelé A1. Ce maillage comporte presque autant d’éléments que le maillage M1 (Tab. 4.4). Le maillage
obtenu ensuite en appliquant le critère Qc2 est appelé A2. Ce maillage comporte 14.8 millions d’élé-
ments, soit trois fois plus que M1 mais 18 fois moins que le maillage MREF.
La Fig. 4.38 présente la distribution de la taille de maille dans le domaine pour chaque maillage.
Le maillage M1 présente une distribution homogène centrée autour de 94 µm. Le maillage présente la
même distribution que M1 mais centrée à une valeur quatre fois inférieure, soit 24 µm, car MREF est
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 119
F IGURE 4.37: Procédure globale d’adaptation de maillage à partir des critères Qc1 et Qc2 .
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 120
12
M1
MREF
A1
10 A2
8
Distribution
0
10 50 100 500
∆x [µm]
F IGURE 4.38: Distribution de taille de maille des grilles M1, MREF, A1 et A2.
F IGURE 4.39: Comparaison des maillages M1 (a), A1 (b) et A2 (c) sur le plan d’injection.
issu d’un double raffinement automatique de maillage à partir de M1. Les maillages A1 et A2 présentent
une distribution de taille de maille beaucoup plus hétérogène comprise entre 20 et 500 µm, les limites de
taille de maille données en contraintes pendant le processus d’adaptation.
Cette distribution hétérogène est observable sur le plan d’injection montré par la Fig. 4.39. Comparé
à la grille M1, le maillage A1 a surtout ajouté des nœuds dans le tube d’injection d’air, au pied du jet
entrant dans la chambre (début de la couche de cisaillement) et près des parois. Ces zones correspondent
aux endroits où les gradients moyens de vitesse sont les plus forts. Dans le reste du domaine, le processus
d’adaptation a déraffiné le maillage. Le maillage A2 présente un maillage globalement plus fin que A1,
du fait de son plus grand nombre d’éléments. La zone de jet montre une plus forte densité de maille que
A1 car c’est là où la turbulence y est la plus développée.
La Fig. 4.40 montre les champs de vitesses moyenne obtenus avec les maillages adaptés. De façon
qualitative, ces champs ressemblent très fortement au résultat DNS de référence (Fig. 4.17) aussi bien
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 121
F IGURE 4.40: Champs de vitesse moyenne (haut) et RMS (bas) sur les maillages A1 (gauche) et A2
(droite).
avec A1 qu’avec A2. Ces maillages montrent une forte amélioration des résultats, comparés à M1. Les
champs de vitesse RMS de la Fig. 4.40 montrent une amélioration considérable des résultats par rapport
à M1 et semblent très similaires à MREF (voir Fig. 4.8). A1 et A2 présentent de fortes valeurs de vitesse
RMS au pied du jet dans la zone de cisaillement et dans le tube d’injection d’air, après le coude. On
peut cependant noter une différence à l’impact du jet d’air sur la paroi en les maillages A1 et A2 : des
vitesse RMS plus faibles sont observées pour A1. La trop faible résolution du maillage dans cette zone
turbulente peut expliquer ce phénomène.
Des profils de vitesse sont comparés suivant quatre lignes dans le domaine de calcul montrés par
la Fig. 4.41. Les lignes 1 et 2 se situent dans le plan d’injection, la ligne 3 au milieu du domaine et la
ligne 4 dans le plan de sortie. La Fig. 4.42 montre les profils de vitesse moyenne et RMS sur ces quatre
lignes. Sur les lignes 1 et 2, on constate de fortes différences dans la prise en compte du jet entre M1
et la référence MREF. Les maillages adaptés ont fortement amélioré la modélisation du jet et les profils
de vitesse moyenne sont très proches du calcul DNS. Afin de mesurer de façon plus quantitative les
différences à la référence, le Tab. 4.5 réunit les erreurs relatives de norme L2. Ainsi l’erreur passe de
60% et 30%, pour les lignes 1 et 2 respectivement, à moins de 5% sur les maillages adaptés, le maillage
A2 montrant une erreur légèrement meilleure que A1. Un constat similaire peut être fait sur les vitesses
moyennes des lignes 3 et 4 : A2 montre le résultat le plus proche de la référence, A1 est sensiblement
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 122
Lignes M1 A1 A2
1 60.1 5.4 4.5
2 30.0 4.7 3.4
3 13.6 7.3 4.0
4 18.4 14.7 6.5
TABLE 4.5: Erreur relative de norme L2 sur les profils de vitesse moyenne sur 4 lignes dans les différents
maillages (en %).
moins bon et M1 montre de larges différences. Sur les profils de fluctuations de vitesse, la grille A2 se
montre aussi la meilleure, toujours très proche du résultat DNS. En revanche, sur les lignes 3 et 4, la
grille A1 montre de plus mauvais profils de vitesse RMS que le maillage M1. Le très fort déraffinement
induit par le processus d’adaptation en dehors de la zone d’injection peut expliquer cet effet.
La Fig. 4.43 montre les critères d’adaptation sur les grilles A1 et A2 dans le plan d’injection. Sur le
maillage A1, le champ de critère Qc1 montre une très bonne homogénéité, comme attendu, en dehors
des zones proche-paroi où le maillage n’a pas été adapté. Quelques zones isolées montrent des valeurs un
peu plus élevées de l’erreur d’interpolation. Cela est dû à la restriction sur la taille de maille minimale :
le critère Qc1 cherche à imposer ici des mailles plus petites que 20 µm qui est la contrainte de taille
minimale. Le maillage A1 montre en revanche de très larges zones où le critère Qc2 est supérieur à
0.2. La modélisation de l’énergie cinétique turbulente y est importante car la taille de maille locale est
élevée. La grille A2 montre une erreur d’interpolation Qc1 au moins inférieure à celle trouvée sur A1. Au
centre du domaine, l’erreur y est même bien plus faible que dans le jet grâce à une densité de maille plus
importante. De plus, le critère Qc2 montre une bien meilleure résolution de l’énergie cinétique turbulente
dans tout le domaine. La valeur du critère Qc2 n’excède pas 0.25 sauf dans les tubes d’entrées mais ces
zones montrent une très faible énergie cinétique donc l’apport du modèle de sous-maille est négligeable.
4.4.4.3 Performances
L’adaptation de maillage a été effectuée sur une station de travail locale, sur 8 processeurs. Le temps
d’adaptation est de quelques minutes depuis le maillage initial jusqu’au maillage optimisé. Il va de soi
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 123
50 14
M1 M1
45 MREF MREF
A1 12 A1
40 A2 A2
30
8
25
6
20
15 4
10
2
5
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
x [mm] x [mm]
45 14
40
12
35
25 8
20 6
15
4
10
2
5
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
x [mm] x [mm]
8 2.5
7
2
6
< u’u’ >1/2 [m.s−1 ]
< u > [m.s−1 ]
5
1.5
1
3
2
0.5
1
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
x [mm] x [mm]
8 2.5
7
2
6
< u’u’ >1/2 [m.s−1 ]
< u > [m.s−1 ]
5
1.5
1
3
2
0.5
1
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
x [mm] x [mm]
F IGURE 4.42: Profils de vitesse moyenne (gauche) et RMS (droite) suivant les lignes 1, 2, 3 et 4 (de haut
en bas).
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 124
F IGURE 4.43: Champs de critères Qc1 (haut) et Qc2 (bas) sur le plan d’injection des maillages A1
(gauche) et A2 (droite).
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 125
M1 MREF A1 A2
Coût CPU normalisé 1.0 358.5 16.0 92.9
4.4.5 Perspectives
Ce travail a montré qu’une stratégie d’adaptation de maillage en parallèle montrait des résultats très
prometteurs. Cependant, certaines limites ont été observées et demandent à être approfondies.
En premier lieu, les limitations intrinsèques de la librairie d’adaptation MMG3D ne permettent pas
d’adapter les surfaces. Dès lors, les bords du domaine ne peuvent être modifiées. Cela empêche d’amé-
liorer le maillage en proche paroi alors que ce serait nécessaire. Cette limitation pourra normalement être
levée avec la nouvelle version 5.0 de MMG3D qui devrait autoriser l’adaptation de surface. L’adaptation
de maillage dans des configurations 2D sera donc aussi possible.
Aujourd’hui, l’adaptation de maillage est réalisable pour des maillages composés de tétraèdres uni-
quement. Le développement de l’adaptation pour des maillages composés d’hexaèdres ou pour des
maillages hybrides peut constituer une perspective intéressante.
Une autre limitation soulevée par cette étude est le temps de retour important. La diminution de la
taille de la plus petite maille engendre un forte diminution du pas de temps. Il devient alors nécessaire de
réaliser un nombre d’itérations plus important pour effectuer le même temps physique. Le développement
de méthodes d’intégration temporelle implicites constitue une piste pour palier à cette difficulté.
Tous les travaux sur l’adaptation présentés dans cette thèse sont réalisés sur des écoulements non-
réactifs. Le développement de l’adaptation pour des calculs réactifs est la perspective la plus attendue.
Le critère d’adaptation pourrait par exemple être un capteur de flamme indiquant la zone du maillage à
raffiner afin de capter correctement la structure de flamme. De plus, l’adaptation dynamique, c’est à dire
en cours de calcul, pourrait permettre au maillage de suivre la flamme : résolution fine dans la zone de
flamme, plus grossier ailleurs. Cette perspective est déjà exploitable aujourd’hui dans YALES2 mais le
temps d’adaptation reste trop grand par rapport au temps de calcul pour être utilisable. Des améliorations
sont encore nécessaires pour une utilisation courante.
Pour finir, comme la procédure d’adaptation itérative proposée ici converge vers un maillage adapté,
il serait intéressant de vérifier si divers maillages initiaux convergent tous vers le même maillage final.
Cela confirmerait que la LES avec indépendance du maillage est réalisable : la simulation serait indépen-
dante de l’utilisateur.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 126
4.5 Conclusions
Dans ce chapitre, l’écoulement non-réactif dans la géométrie MESO-CORIA a été étudié. Un calcul
de référence DNS a été réalisé avec un maillage composé de 273 millions d’éléments. Cette simulation
a montré que l’écoulement tourbillonnaire whirlé est bien obtenu : un cœur central de faible activité est
entouré de fluide mis en rotation. L’analyse du mélange entre les fluides entrant par les deux entrées
n’est pas optimal, ce qui peut être un frein à la combustion dans des conditions réactives. En outre, la
répartition des temps de séjour ont montré une grande disparité : certains chemins préférentiels allant
d’une entrée directement vers la sortie ont été observés tandis que des zones de recirculation dans les
coins du domaine mènent à des temps de séjour très longs. Le temps de séjour étant un paramètre critique
dans le dimensionnement de chambre de combustion centimétrique, cet effet peut aussi être un obstacle
à une combustion complète.
Une étude de sensibilité aux paramètres numériques a également été effectuée. L’analyse en raffine-
ment de maillage a montré qu’une résolution trop grossière ne capte pas correctement la dynamique du
jet d’air et donc influence le reste de l’écoulement et le mélange. Sur un maillage intermédiaire, la dyna-
mique se rapproche fortement du résultat DNS. Néanmoins, l’influence du modèle de sous-maille pour
la turbulence a montré que le modèle de Smagorinsky dynamique n’est pas le plus adapté. Ce dernier
provoque une perturbation dans le jet d’air entrant dans la chambre de combustion. Cet effet n’est pas
présent avec le modèle WALE ou avec l’approche NO-MODEL.
Dans le cadre de la réduction des coûts des calculs LES, une méthode innovante d’adaptation de
maillage a été développée au cours de cette thèse. Le code de calcul YALES2 est maintenant capable
d’adapter un maillage tétraédrique de géométrie complexe, en parallèle, et à partir d’une métrique basée
sur des critères physiques et numériques. L’adaptation du maillage est réalisée par la librairie externe
MMG3D. Cette stratégie d’adaptation a été testée sur la configuration MESO-CORIA et a montré des
résultats très encourageants. La simulation réalisée avec un maillage adapté composé de 14.8 millions
d’éléments présente des résultats très similaires à ceux obtenus avec le maillage DNS de 273 millions de
cellules, pour un coût quatre fois moins élevé.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 127
Chapitre 5
Dans ce chapitre, une stratégie de calcul pour les écoulement réactifs dans les chambres de combus-
tion centimétriques est présentée et validée sur des cas tests simples. Un premier calcul LES réactif 3D
méthane-air dans le brûleur du CORIA permet de mieux comprendre les mécanismes physiques en jeu.
Les performances du brûleur sont mis en parallèle avec l’analyse de l’écoulement réactif. Afin d’amé-
liorer les performances du brûleur, l’enrichissement en hydrogène du mélange de carburant est testé sur
deux points de fonctionnement. Ces résultats numériques sont comparés aux résultats expérimentaux.
Les résultats présentés dans ce chapitre ont fait l’objet d’une publication scientifique soumise au journal
Combustion and Flame.
Sommaire
5.1 Calculs préliminaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
5.1.1 Choix de modélisation de la chimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
5.1.2 Flammes laminaires 1D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
5.1.3 Interaction flamme-paroi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
5.1.4 Etude de la convergence en maillage : bec bunsen 2D . . . . . . . . . . . . . . 139
5.2 Etude de la combustion air-méthane dans le brûleur centimétrique MESO-CORIA 142
5.2.1 Présentation du cas de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
5.2.2 Topologie de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
5.2.3 Structure de flamme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
5.2.4 Régime de combustion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
5.2.5 Performances du brûleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
5.2.6 Performances de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
5.3 Impact de l’enrichissement en hydrogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
5.3.1 Intérêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
5.3.2 Validation sur flammes 1D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
5.3.3 Description des cas de calcul 3D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
5.3.4 Topologie de l’écoulement réactif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
5.3.5 Performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
5.3.6 Polluants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
5.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 129
F IGURE 5.1: Maximum de vitesse laminaire d’une flamme méthane/air à 298K mesurée expérimentale-
ment, tiré de [131].
à calculer, ces schémas permettent un temps de retour plus rapide des calculs.
Afin de choisir le schéma cinétique utilisé pour les calculs 2D et 3D, plusieurs schémas cinétiques
adaptés aux flammes méthane-air ont été sélectionnés car présentant un complexité variée :
- BFER : de son nom complet 2S_CH4_BFER et développé par Franzelli et al. [71, 72], ce schéma
global se compose de 6 espèces (CH4 , O2 , N2 , CO, CO2 et H2 O) et 2 réactions. Il doit être utilisé
avec un nombre de Prandtl constant et à Lewis unitaire. Les coefficients pré-exponentiels des taux
de réaction sont ajustés via l’utilisation de fonctions de correction en fonction de la richesse locale
du mélange. Cela permet de retrouver des valeurs de vitesse laminaire de flamme et épaisseur de
flamme plus proches de la réalité et dans une gamme de richesse plus grande. Il a ainsi été
validé sur des plages assez larges de fonctionnement en température T ∈ [300 − 700] K, pression
P ∈ [1 − 10] atm et richesse φ ∈ [0.6 − 1.4].
- Jones-Lindstedt : ce schéma global comporte 7 espèces (CH4 , O2 , N2 , CO, CO2 , H2 O et H2 ) et
4 réactions et a été développé par Jones et Lindstedt [108]. Il utilise une approche de transport
complexe : les coefficients de diffusion sont calculés à l’aide de l’approximation de Hirschfelder-
Curtiss. Les résultats obtenus donnent un bon accord avec l’expérience pour le cas d’une flamme
de prémélange et d’une flamme de diffusion à T = 300 K et P ∼ 1 atm.
- Coffee : Coffee [40] a développé deux schémas destinés à des flammes méthane-air prémélangées
pauvres aux conditions normales de température et pression. Comme ils présentent sensiblement
les mêmes résultats, le schéma retenu dans ces travaux est celui comportant 14 espèces et 38
réactions.
- GRI 1.2 : développés par le Gas Research Institute, les schémas GRI-Mech font partis des méca-
nismes réactionnels les plus utilisés pour la combustion du gaz naturel dont l’espèce majoritaire
est le méthane. Celui développé en 1995, le GRI 1.2 [75] utilise 32 espèces et 177 réactions. Il
a été validé sur de nombreux cas tests afin de respecter le maximum de caractéristiques de la
flamme : temps d’auto-allumage, profils d’espèces, vitesse laminaire de flamme... Le schéma a
été testé sur les plages suivantes : P ∈ [0.25 − 20] atm, T ∈ [300 − 1500] K , φ ∈ [0.4 − 1.7].
- GRI 3.0 : le schéma GRI 3.0 est une version plus récente des schémas GRI car il date de
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 131
2000 [206]. Il comprend 53 espèces et 325 réactions. Il a été développé et validé en comparant les
résultats obtenus sur une large gamme de résultats expérimentaux : délais d’auto-inflammation,
concentration d’espèces au sein de tubes à chocs, vitesse et profils d’espèces de flammes lami-
naires... et cela pour des plages de conditions thermodynamiques larges : T ∈ [1000 − 2500] K,
P ∈ [0.001 − 10] atm et φ ∈ [0.1 − 5.0].
Le dernier schéma présenté, GRI 3.0, sera utilisé comme référence car il est le plus complet et a été
validé dans de très nombreuses configurations.
Les cinq schémas ont été comparés sur des flammes 1D laminaires en propagation libre. Plusieurs
critères, considérés comme importants du point de vue de la réponse du schéma, ont été déterminés :
- les caractéristiques principales de la flamme (température adiabatique, vitesse et épaisseur de
flamme) doivent être proches de la référence,
- les principaux polluants doivent être présents et bien évalués par le schéma car la combustion
risque d’être incomplète dans le brûleur centimétrique,
- les critères doivent être valides pour une plage de température de gaz frais T ∈ [300 − 800] K et
une richesse φ ∈ [0.5 − 1.5], à la pression atmosphérique,
- les effets de diffusion différentielle doivent être pris en compte car les effets diffusifs sont plus
importants à petite échelle (le nombre d’espèces prises en compte et le modèle de diffusion couplé
au schéma cinétique conditionnent ce point),
- la présence d’une chimie faible température : les effets en proche paroi imposent la présence d’un
ensemble de réactions capables de modéliser la cinétique basse température,
- le coût de calcul de la chimie doit rester acceptable (ce point essentiel sera longuement discuté
section 5.1.4).
Ces critères éliminent directement le schéma BFER car ce dernier ne prend pas en compte les effets
de diffusion différentielle. Cependant, il sera conservé pour la comparaison car il présente un coût de
calcul très réduit comparé aux autres schémas.
0.45 0.0024
GRI 3.0
0.4 0.0022 GRI 1.2
Coffee
0.002 Jones-Lindstedt
0.35 BFER
0.0018
0.3
0.0016
sL [m/s]
0.25
δL [m]
0.0014
0.2 0.0012
0.001
0.15
0.0008
0.1 GRI 3.0
GRI 1.2 0.0006
Coffee
0.05 Jones-Lindstedt 0.0004
BFER
0 0.0002
0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6
φ [-] φ [-]
(a) (b)
F IGURE 5.2: Comparaison de la vitesse de flamme (a) et épaisseur de flamme (b) en fonction de la
richesse pour différents schémas cinétiques.
3 0.0005
GRI 3.0 GRI 3.0
GRI 1.2 GRI 1.2
Coffee 0.00045 Coffee
2.5 Jones-Lindstedt Jones-Lindstedt
BFER 0.0004 BFER
2 0.00035
sL [m/s]
δL [m]
0.0003
1.5
0.00025
1 0.0002
0.00015
0.5
0.0001
300 400 500 600 700 800 300 400 500 600 700 800
T0 [K] T0 [K]
(a) (b)
F IGURE 5.3: Comparaison de la vitesse de flamme (a) et épaisseur de flamme (b) en fonction de la
température des gaz frais pour différents schémas cinétiques.
schémas BFER et Jones-Lindstedft divergent vers des valeurs beaucoup trop importantes. Ces schémas
ne sont pas construits pour fonctionner à de telles températures. Cette dynamique est reproduite sur
l’épaisseur thermique de flamme. L’écart de 25 % des schémas BFER et Jones-Lindstedt par rapport aux
autres schémas, observé à T = 300 K, est conservé jusqu’à 700 K. Passé cette température, l’épaisseur
obtenue avec ces deux schémas augmente brutalement. L’évolution de la température adiabatique de
flamme en fonction de la température des gaz frais est montrée par la Fig. 5.4 (b). Moins le schéma
comporte d’espèces, moins il est capable de reproduire correctement l’état d’équilibre : la température
adiabatique de flamme s’écarte de la température de référence du schéma GRI3.0. En effet, la température
adiabatique de flamme ne dépend pas de la cinétique chimique mais uniquement des espèces présentes
dans le schéma réactionnel.
A l’analyse de ces résultats, les schémas BFER et Jones-Lindstedt ne peuvent être utilisés pour les
calculs 3D car ils ne respectent pas les critères définis précédemment. Le schéma Coffee, même s’il
présente un léger écart à la référence sur la vitesse de flamme, se comporte correctement sur la plage
de richesse et de température. C’est ce schéma, présentant une précision suffisante sur les grandeurs
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 133
2300 2550
GRI 3.0
2200 GRI 1.2
2500 Coffee
Jones-Lindstedt
2100 BFER
2450
2000
2400
Tb [K]
1900
Tb [K]
1800 2350
1700 2300
(a) (b)
TABLE 5.1: Temps de calcul normalisé pour chaque maillage étudié. Le symbole * indique que la flamme
est accrochée au maillage.
Convergence en maillage
L’étude précédente a été effectuée avec le code CANTERA qui permet de résoudre les flammes 1D
laminaires avec un pas d’espace variable et ainsi s’adapter idéalement pour chaque schéma. Pour les
calculs 3D, le code YALES2 est utilisé avec des maillages non-structuré, dont la taille de maille est fixée
et ne peut être modifiée. Pour étudier l’indépendance du schéma Coffee à la résolution spatiale, une étude
en convergence de maillage sur des flammes laminaires 1D avec YALES2 a été effectuée.
Le point de fonctionnement choisi est une flamme méthane/air stœchiométrique dont les gaz frais
sont à 300 K. Le Tab. 5.1 résume les résultats obtenus sur la vitesse et l’épaisseur de flamme laminaire
pour des tailles de maille comprises entre 5 et 200 µm. On constate que la vitesse de flamme est cor-
rectement prédite quelle que soit la taille de maille. En réalité, à partir de ∆x = 100 µm, on observe
un phénomène d’accrochage numérique de la flamme à la grille. Le maillage est trop grossier pour ré-
soudre une telle flamme et la vitesse de flamme obtenue ne peut être considérée comme exploitable. De
plus, on remarque pour ces flammes que l’épaisseur de flamme s’écarte sensiblement de la référence
(flamme à ∆x = 5 µm). De plus, comme l’a révélé l’étude de l’épaisseur de flamme en fonction de la
richesse, la flamme stœchiométrique est la plus critique : pour d’autres richesses, l’épaisseur de flamme
est plus importante. Le meilleur compromis en terme de précision des résultats semble être la résolution
à ∆x = 50 µm dans cette configuration. Par ailleurs, les flammes de diffusion sont plus épaisses que les
flammes de prémélange et donc bénéficient d’une meilleure résolution.
La Fig. 5.5 montre les profils d’espèces dans l’espace physique et dans l’espace des phases Yc =
YCO2 + YCO + YH2 O . Les profils d’espèces majoritaires semblent indépendants de la taille de maille. En
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 134
0.003
0.2
0.0025
CH3
CH4
CH2O
O2 0.002
0.15 OH
HCO
H2
CO
H
CO2
Yk [-]
Yk [-]
O
H2O 0.0015 HO2
0.1
10 µm
10 µm
25 µm
0.001 25 µm
50 µm
50 µm
100 µm
0.05 100 µm
0.0005
0 0
-0.001 -0.0005 0 0.0005 0.001 0.0015 -0.001 -0.0005 0 0.0005 0.001 0.0015
x [m] x [m]
0.003
0.2
0.0025
0.15 0.002
Yk [-]
Yk [-]
0.0015
0.1
0.001
0.05
0.0005
0 0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25
Yc [-] Yc [-]
F IGURE 5.5: Comparaison de profils d’espèces majoritaires (gauche) et intermédiaires (droite), dans
l’espace physique (haut) et dans l’espace des phases (bas) pour différentes résolutions de maillage.
revanche, de larges erreurs sont commises avec une résolution trop grossière (∆x = 100 µm) sur des
espèces intermédiaires comme CH3 ou CH2 O. Le front de flamme n’est pas assez bien décrit.
Le résolution apparaissant comme optimum est donc ∆x = 50 µm. Elle permet d’obtenir les bonnes
caractéristiques de flamme avec une description suffisante des profils d’espèces. Cette résolution sera
retenue pour la suite des travaux.
L’objectif de ces travaux est d’étudier le développement de la combustion dans des chambres de
combustion de petite taille. La flamme est limitée à un petit volume. A cause des interactions flamme-
paroi, elle est même confinée à un plus petit espace. En effet, les parois du brûleur sont froides : entre
400 et 500 K sur le brûleur MESO-CORIA. Dans les simulations, le point à la paroi est considéré comme
isotherme : la température de consigne ne change pas avec le temps. Cependant, le premier point dans
le domaine est laissé libre, et peut présenter un taux de dégagement de chaleur important. L’évaluation
correcte des flux de chaleur aux parois est essentielle pour étudier les performances et le rendement
thermique du brûleur. L’interaction entre la flamme et la paroi doit être suffisamment bien captée dans
nos simulations.
La thématique de l’interaction flamme-paroi est un domaine complexe, faisant l’objet de recherches
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 135
approfondies. L’objectif ici est de dresser un état de l’art permettant de correctement évaluer les pertes
thermiques dans les simulations 3D. Un cas test d’interaction flamme-paroi 1D a été mené avec le code
YALES2 et une stratégie de mesure du flux pariétal est proposée.
De nombreuses études existent dans la littérature scientifique à propos de l’interaction de la flamme
et les parois du brûleur. Lorsque la flamme approche une paroi froide, la cinétique chimique à basse
température devient critique [179, 182, 226]. Certains schémas cinétiques chimiques sont incapables de
modéliser correctement cet effet. La combustion catalytique peut devenir importante dans certains cas et
les réactions de surfaces devraient être considérées. Le processus d’extinction de la flamme à une paroi
froide implique une augmentation très importante du taux de dégagement de chaleur de la flamme sur
un très court instant, à cause des réactions de recombinaison de radicaux, exothermiques et à énergie
d’activation nulle [87]. Un tel phénomène implique une résolution de maillage parfois plus importante
que pour des flammes classiques. La zone d’extinction est de l’ordre de l’épaisseur de flamme mais les
gradients d’espèces et de température peuvent y être plus forts d’un facteur quatre pour une flamme
méthane-air [187] et dix pour une flamme hydrogène-air [87].
Certains auteurs avancent aussi l’importance de la prise en compte des effets Soret et Dufour [34, 188,
187, 229]. L’effet Soret consiste en l’apparition d’un flux d’espèces dû au gradient de température. L’effet
dual, dit effet Dufour, est l’apparition d’un flux de chaleur en présence d’un gradient de concentration.
L’importance de la prise en compte de ces flux supplémentaires est encore sujet à débat au sein de la
communauté scientifique, et restent la plupart du temps négligés. Certains auteurs s’accordent pour dire
que plus la température de paroi et la pression augmentent, plus ces effets sont importants. Popp [188]
avance la température minimum de 400 K pour les deux effets tandis que Hasse et al. [97] évoquent la
pression de 10 atm pour l’effet Soret et une température de 600 K pour l’effet Dufour. De plus, plus la
température de paroi augmente, moins la paroi peut être considérée comme inerte. La température de
paroi Tw = 400 K, est proposée par Popp [188].
Un cas test d’interaction flamme-paroi a été étudié avec le code YALES2. Il simule une flamme plane
1D se dirigeant de façon normale vers une paroi froide. Ce cas test est courant dans la littérature sous le
nom de 1D Head-On Quenching (HOQ) [34, 87, 188, 187]. La configuration du cas de calcul est montré
par le schéma Fig. 5.6. Le mélange de gaz frais est identique à celui des flammes 1D précédentes : un
mélange méthane air stœchiométrique à 300 K. La pression est égale à 1 atm. La paroi a une température
imposée de Tw = 300 K dans un premier temps, et est considérée chimiquement inerte.
Le cas test est similaire à celui de Popp et al. [187]. Cependant, il été réalisé dans notre cas avec le
schéma cinétique Coffee et une résolution homogène de ∆x = 10 µm.
5.1.3.3 Calcul du flux thermique pariétal aux condition aux limites de Dirichlet isotherme
Comme on impose une condition de Dirichlet sur la température, un traitement spécial du calcul
du flux de chaleur aux parois a été développé pour des conditions de parois isothermes non-glissantes.
L’algorithme peut être décrit comme suit :
1. L’enthalpie sensible est avancée en temps durant la dernière étape du schéma Runge-Kutta, à
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 136
5.1.3.4 Résultats
La Fig. 5.7 montre les profils spatiaux de température et de taux de dégagement de chaleur à différents
instants. L’évolution temporelle du taux de dégagement de chaleur global, du flux thermique pariétal et
de la distance de la flamme à la paroi xT 1500 sont tracés sur la Fig. 5.8. Cette distance est calculée à partir
de la position de la flamme considérée à l’iso-T à 1500 K. On peut décrire le processus d’extinction à
partir des étapes suivantes :
1. La flamme se propage de façon libre jusqu’à ce que le mur commence à influencer la flamme.
Toutes les caractéristiques de la flamme sont constantes et identiques à la flamme en propagation
libre.
2. La flamme ressent la présence du mur lorsqu’elle pénètre dans la zone d’influence, à environ
deux épaisseurs de flammes. Le taux de dégagement de chaleur, aussi bien la valeur maximum
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 137
2200
2000
1800
1600
1400 t0
t1
t2
T [K]
1200 t3
t4
t5
1000 t6
800
600
400
200
0 0.5 1 1.5 2
x [m]
6e+09
5e+09
4e+09
Heat release [W.m ]
-2
t0
t1
t2
3e+09 t3
t4
t5
t6
2e+09
1e+09
0
0 0.5 1 1.5 2
x [m]
F IGURE 5.7: Profils spatiaux de température et taux de dégagement de chaleur pour différents instants,
autour de l’extinction de la flamme, séparés de 200 µs.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 138
1.2 1.2
1.1
1
1
0.8
xT1500 [mm]
0.6
0.7 xT1500
Heat release
0.6 Heat loss
0.4
0.5
0.4 0.2
0.3
0
0.2
0.1 -0.2
2 3 4 5 6 7 8
t [ms]
F IGURE 5.8: Evolution temporelle de la distance flamme-paroi xT 1500 , du taux de dégagement de chaleur
global et du flux de chaleur à la paroi.
F IGURE 5.9: Evolution temporelle entre 3 et 6 ms de la distance flamme-paroi xT 1500 , du taux de déga-
gement de chaleur global et du flux de chaleur à la paroi (partie gauche) et zoom entre 4 et 4.5 ms, au
moment de l’extinction (partie droite).
étudiée dans ce cas test, proche de notre configuration 3D. La détermination des flux Soret et Dufour
a été implémentée dans le solveur YALES2 et le cas test d’interaction flamme-paroi reproduit en les
prenant en compte : les résultats ont été ajoutés à la Fig. 5.9. Avec une résolution de 10 µm, les effets So-
ret et Dufour modifient très légèrement l’interaction flamme-paroi, qui est légèrement plus rapide, mais
conserve le flux maximal ainsi que la distance flamme-paroi. Avec une résolution de 50 µm, les évolu-
tions temporelles avec et sans prise en compte des effets thermodiffusifs sont confondues. Le mécanisme
d’extinction de la flamme n’est pas affecté par les effets Soret et Dufour dans ces conditions opératoires.
25 mm 100 mm
wall
5 mm inlet α outlet 50 mm
wall
Les résultats sont rassemblés dans le Tab. 5.2. La vitesse de flamme obtenue semble converger vers la
vitesse de référence dès le second maillage, soit avec une taille de maille de 90 µm. Ce résultat confirme
la résolution 50 µm choisie à partir des précédents cas tests.
Outre l’analyse sur la taille de maille, cette étude de flamme Bunsen a permis de mettre en évidence
le coût important que constitue le calcul des termes sources de la chimie. En effet, ce dernier peut repré-
senter plus de 90 % du temps de calcul d’une itération. Une évaluation locale de ce temps est présentée
Fig. 5.11 (a). On constate que le coût de calcul de la chimie est beaucoup plus important dans le front de
flamme que dans les gaz frais ou les gaz brûlés. La profil de coût CPU de la chimie le long de l’axe de
symétrie Fig. 5.11 (b) indique un facteur dix sur ce coût entre la zone de flamme et en dehors. Cet écart
est dû à l’utilisation de l’intégrateur raide pour la chimie comme décrit en section 3.6.2 : ces méthodes
utilisent un pas de temps qui s’adapte à la raideur du système. Dans la flamme, l’évolution des fractions
massiques et de la température est plus forte qu’ailleurs, le pas de temps y est plus faible. Cela provoque
un déséquilibre spatial de la charge de travail. Sur un calcul séquentiel, cet effet n’a aucune conséquence.
En revanche, pour un calcul parallèle, les processeurs contenant beaucoup de points dans la zone de
flamme auront besoin de plus de temps pour calculer l’intégration des termes sources que ceux qui n’en
n’ont pas. L’ensemble du calcul sera alors plus lent, l’ensemble des processeurs devant attendre le plus
lent.
Un moyen de s’affranchir de ce problème est de répartir la charge de travail de l’intégration des
termes sources de la chimie dynamiquement sur tous les processeurs. L’idée est ici d’échanger les points
entre processeurs afin d’améliorer la répartition du coût CPU. Aussi appelé scheduler, cet algorithme
a été développée au cours de la thèse de Gruselle [88] et a nécessité son optimisation pour les calculs
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 141
(a)
(b)
F IGURE 5.11: (a) : champ de coût de calcul du terme sources d’espèces. (b) : profil du coût de calcul de
la chimie le long de l’axe de symétrie.
3D des présents travaux. En effet, la méthode de départ était suffisante pour des calculs parallèles de
quelques centaines de processeurs. Elle a montré des gains importants malgré le léger surcoût de com-
munications MPI. Néanmoins, pour les calculs sur quelques milliers de processeurs, les communications
MPI pouvaient annihiler les gains observés. Une modification de l’algorithme permettant le groupement
des processeurs en groupes à quantité de travail identique a été développée. L’ensemble de l’algorithme
permettant la répartition de la charge de calcul est détaillée dans l’Annexe A.
Répartition
TABLE 5.3: Synthèse des performances du processus maître pour la flamme Bunsen 2D avec le maillage
de résolution 45 µm dans le front de flamme sur 128 processeurs, avec et sans répartition de la charge de
calcul des termes sources.
Le Tab. 5.3 regroupe les performances de calcul avec et sans la répartition dynamique de la charge
de calcul des termes sources obtenus avec 128 processeurs sur le calculateur Antares du CRIHAN. On
constate que le calcul avec scheduler est 70 % plus rapide que le calcul sans scheduler. Dans les deux
cas, une itération passe plus de 90 % du temps dans le transport des scalaires. En revanche, la répartition
entre calcul des termes sources, convection et diffusion est différente. Dans le calcul sans scheduler, ces
calculs représentent 20 %, 50 % et 24 % respectivement. Pour le calcul avec scheduler, ces proportions
sont 46 %, 4 % et 40 %. Ces chiffres laissent croire que le calcul des termes sources coûte plus cher avec
la répartition de charge que sans. En réalité, il n’existe pas de barrière de synchronisation entre tous les
processeurs à la fin du calcul des termes sources. Le processeur maître du calcul, qui a fait le relevé
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 142
de performances, est resté 20 % du temps seulement dans le calcul des termes sources car il possède
peu de points dans la flamme. Ayant fini avant les processeurs les plus lents, il est passé dans la partie
"Advection" où il a dû attendre ses processeurs voisins. C’est pour cette raison que le pourcentage y
est aussi important. Cet effet est d’ailleurs observable dans la partie "Communications" qui représente
57 % de l’itération. Ce chiffre important est en grande partie constitué du temps d’attente du processeur
maître. Le calcul avec scheduler présente une répartition plus équilibrée avec seulement 8 % passé dans
les communications. Ici, le processeur maître a passé plus de temps dans le calcul des termes sources car
la charge de calcul est partagée. En conséquence, tous les processeurs terminent au même moment et le
temps d’attente est réduit au minimum.
La répartition dynamique de charge sur le calcul des termes sources a montré une amélioration très
importante des performances sur ce cas test 2D bunsen. L’algorithme sera utilisé pour les simulations
3D.
Paramètres numériques
Les simulations numériques 3D du brûleur MESO-CORIA ont été réalisées avec le solveur VDS
de YALES2, en utilisant une approche de chimie multi-espèces. Le schéma cinétique Coffee [40] a été
sélectionné à partir des cas tests précédents. Le maillage utilisé est le maillage M2 possédant une taille de
maille homogène ∆x = 50 µm et composé de 34.2 millions de tétraèdres et 6.17 millions de nœuds (voir
section 4.3.1). La modélisation de la turbulence de sous-maille est assurée par le modèle Smagorinsky
dynamique [135]. D’après les calculs non réactifs, ce modèle couplé au maillage M2 n’agit que dans la
Cas C1
Débit massique de méthane ṁCH4 [×10−6 kg.s−1 ] 1.74
Débit massique d’air ṁair [×10−6 kg.s−1 ] 29.0
Richesse globale φ [−] 1.03
Puissance chimique injectée Pin [W] 87.0
Température de paroi Tw [K] 417
Temps de séjour moyen τ [ms] 8.6
F IGURE 5.12: Lignes de courant de l’écoulement dans le brûleur, coloriées par la température.
zone de jet et à l’impact du jet sur la paroi. En dehors de cette zone, le modèle de sous-maille n’agit pas.
Ainsi le front de flamme est bien résolu, avec environ huit points dans le front de flamme. Les termes
sources filtrés issus des équations (3.100) et (3.101) de la LES sont modélisés par leurs valeurs non
filtrées, en supposant un Dirac pour la PDF(Yk , T ) :
Les calculs non réactifs ont aussi démontré que le maillage M2 était suffisant pour la résolution de
la couche limite aux parois. Aucune loi de paroi n’a été ajoutée : une condition de paroi non glissante
et isotherme est appliquée. La mesure du flux thermique pariétal a demandé le développement d’une
stratégie particulière, développée dans la section 5.1.3.
L’allumage du mélange réactif à l’intérieur de la chambre a été réalisé grâce à une boule de gaz brûlés
imposée au centre du domaine. Le calcul a ensuite convergé pendant plusieurs dizaines de millisecondes
avant de commencer l’analyse de la combustion dans le brûleur.
F IGURE 5.13: Iso-contour instantané 3D de critère-Q colorié par la vitesse (couleurs arc-en-ciel) et iso-
contour de taux de dégagement de chaleur (en couleur feu).
F IGURE 5.14: Vue 3D des quatre plans étudiés dans la Fig. 5.15 : plans A à y = 1 mm, B à y = 3.5 mm,
C à y = 6 mm et D à y = 8.5 mm.
La Fig. 5.15 montre une coupe instantanée de vitesse, scalaire temps de résidence, richesse, tempé-
rature et taux de dégagement de chaleur suivant quatre plans. Ces plans sont répartis suivant la direction
→
−y , séparés de 1.5 mm, du plan d’injection (plan A) jusqu’au plan de sortie (plan D), comme indiqué sur
la figure 5.14.
La première colonne de la Fig. 5.15 représente la norme de la vitesse. Sur le plan A, le jet d’air
impacte la paroi opposée au tube d’injection, créant de fortes fluctuations de vitesse en proche paroi puis
mène ensuite au tourbillon central. Comme le jet d’air est injecté tangentiellement à la paroi, l’écoule-
ment commence à tourner et créer la topologie de l’écoulement whirlé. Ce comportement tourbillonnaire
est observé sur les plans B et C, mais avec une plus faible intensité turbulente. Sur le plan D, l’influence
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 145
F IGURE 5.15: Champs instantanés de vitesse, scalaire temps de résidence, richesse, température et terme
source d’enthalpie sur les quatre plans le long de l’axe y, du plan d’injection au plan de sortie.
de la sortie modifie l’écoulement qui devient plus complexe et au comportement tourbillonnaire moins
évident.
En suivant l’écoulement, après la zone d’injection, on observe de grandes fluctuations spatiales de la
zone de réaction. Le rendu volumique de la Fig. 5.16 ainsi que la dernière colonne de la Fig. 5.15 montre
que des fluctuations hydrodynamiques favorisent le plissement de la flamme. La troisième colonne de la
Fig. 5.15 montre des inhomogénéités de richesse, aussi responsables de la localisation de la flamme. En
effet, des régions de gaz frais trop pauvres ou trop riches en combustible peuvent mener à l’extinction
locale de la flamme car le mélange est en dehors du domaine de flammabilité. Cependant, des effets
instationnaires peuvent localement modifier la dynamique de flamme : la stratification en richesse peut
soutenir ou empêcher la combustion de se produire.
Les comportements instationnaires de l’écoulement sont essentiellement liés au mélange incomplet
de l’air et du méthane. Des chemins préférentiels ou des zones mortes de combustible peuvent notam-
ment créer ces larges inhomogénéités de richesse. Pour étudier ces phénomènes, l’indicateur de temps
de résidence τres présenté en section 4.2.4 a été utilisé. Comme montré sur la seconde colonne de la
Fig. 5.15, le scalaire τres commence à 0.0 ms en entrée du domaine et augmente jusqu’à atteindre 11 ms
dans les gaz brûlés de la zone de recirculation centrale. Des valeurs plus faibles du temps de résidence
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 146
(d) (e)
F IGURE 5.16: Rendu volumique 3D du taux de dégagement de chaleur local à différents pas de temps
séparés de 0.86 ms (10 % du temps de passage moyen).
sont trouvées près des parois, indiquant la présence de gaz frais. Comme attendu avec la topologie de
l’écoulement whirlé, le cœur chaud central montre les plus fortes valeurs de temps de résidence, supé-
rieures à 10 ms.
0.8
0.7
0.01
0.6 0.008
0.5 0.006
PDF(ξ) [−]
0.004
0.4
0.002
0.3 0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3
0.2
0.1
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
ξ [−]
F IGURE 5.17: Fonction Densité de Probabilité de l’indice de flamme ξ conditionné à la zone réactive.
La valeur ξ = 0, où les flux d’air et méthane vont dans des directions opposées, correspond au régime
de diffusion. Lorsque ξ = 0, les gradients de combustible et d’oxydant sont alignés indiquant le régime
de combustion parfaitement prémélangée. La Fig. 5.17 montre que la combustion a lieu presque unique-
ment en régime de prémélange. Néanmoins, comme indiqué sur le zoom sur les valeurs faibles de ξ, il
existe quelques zones de la chambre où la combustion est en régime non-prémélangée. Ces points sont
principalement situés dans la zone d’injection, à l’intersection des jets d’air et de méthane : des poches
de méthane pur sont arrachées par le jet d’air et interagissent immédiatement avec le front de flamme.
Ces dernières peuvent être la source de production de polluant imbrûlés en sortie du brûleur.
Afin de mesurer le degré de prémélange, la PDF (densité de probabilité) de richesse ϕ sur les volumes
de contrôle composant le front de flamme a été calculée. La valeur maximum de distribution est proche
de ϕ = 0.75 et la PDF indique que la combustion a lieu entre ϕ = 0.7 et ϕ = 1.1, bien que le point
de fonctionnement global soit proche de ϕ = 1.0. La combustion se déroule donc essentiellement en
régime pauvre ou faiblement riche et non centrée autour de la stœchiométrie. La Fig. 5.18 représente aussi
la distribution du terme source de chaleur conditionné à la richesse. Cette distribution est très proche de
la PDF de richesse montrant que le taux de dégagement de chaleur est libérée pour des richesses autour
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 148
4
5
< ωT | ϕ > [W ]
4 3
PDF [−]
3
2
1
1
0 0
0.6 0.8 1 1.2 1.4
ϕ [−]
F IGURE 5.18: Fonction Densité de Probabilité de la richesse ϕ des zones réactives (ligne solide) et
distribution du taux de dégagement de chaleur local conditionné par la richesse (ligne pointillée).
de l’unité.
Cet écart entre la richesse du point de fonctionnement et la richesse effective indique que tout le
méthane injecté dans la chambre ne rencontre pas la flamme. Le mélange entre réactifs demeure donc
partiel et du méthane imbrûlé devrait être trouvé en sortie du brûleur. Pour analyser ce processus, le
champ de richesse est tracé sur la troisième colonne de la Fig. 5.15 distinguant les zones riches (en
jaune) des zone pauvres (en bleu clair), le long de la direction y. Une zone très riche peut être observée
dans la partie supérieure gauche de chaque plan, ressemblant à un chemin préférentiel de méthane le
long de la recirculation de coin. De plus, sur le plan D, une poche riche en méthane semble être aspirée
par la sortie. Ce chemin préférentiel s’étend de l’entrée du méthane dans le domaine jusqu’à sa sortie,
sans rencontrer la flamme, ce qui provoque un gaspillage de carburant. Cependant, certaines poches de
gaz riches interagissent avec la flamme, menant à des portions de flamme dont la richesse est supérieure
à 1.0.
Afin d’en apprendre plus sur le régime de combustion et comme la combustion s’effectue essentiel-
lement en régime prémélangé, il peut être intéressant de tracer le diagramme de combustion turbulente.
Une stratégie de post-traitement identique à Wang [222] est adoptée. Pour cela, la vitesse turbulente u′ et
l’échelle intégrale lt sont obtenues comme décrit dans la section 4.2.2. Les caractéristiques de la flamme
laminaire sont supposées constantes et correspondent au point de fonctionnement : vitesse de flamme
sL0 = 0.417 m.s
−1 et épaisseur diffusive δ = D /sL = 60 µm. La Fig. 5.19 montre le scatter plot
th 0
des gaz frais devant la flamme sur le diagramme de combustion turbulente pour flamme de prémélange,
comme proposé par Peters [175]. La plupart des points se situent entre les lignes Ka = 1 et Ka = 100,
i.e. dans la zone de flamme plissée-épaissie. Dans ce régime, les tourbillons turbulents de l’écoulement
peuvent pénétrer et épaissir la zone de préchauffage de la flamme mais seulement plisser la zone de ré-
action. La flamme est principalement trouvée autour d’un nombre de Reynolds turbulent de 80, valeur
faible pour un système de combustion. De plus, certains points situés loin de la zone d’injection sont
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 149
trouvés à des valeurs Ret < 10, c’est-à-dire brûlant dans le régime de flamme laminaire.
[CO2 ]
ηchem = , (5.6)
[CO2 ] + [CO] + [CH4 ]
où les crochets représentent les concentrations moléculaires des espèces. Le rendement chimique cal-
culé à partir des résultats de simulation est d’environ 52 %, valeur cohérente avec celle obtenue lors de
l’expérience de Liu [137] : 63 %.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 150
TABLE 5.5: Performances globales du brûleur, moyennées en temps, pour le cas avec méthane pur.
Les performances thermiques sont étudiées grâce au rendement thermique, calculé comme le rapport
entre la puissance récupérée en sortie et le taux de dégagement de chaleur moyen ηth = Pout /Pr . Sur
l’ensemble de la puissance émise par la flamme, 57 % est perdu à la paroi, et seulement 43 % sort du
domaine. Ce niveau de pertes thermiques est très élevé, et affecte fortement le processus de combustion,
les émissions polluantes et l’efficacité du brûleur.
Le rendement global du brûleur est obtenu grâce au rendement de conversion et au rendement ther-
mique : ηg = Pout /Pin = ηconv ηt . Pour ce point de fonctionnement, le rendement global est de 26.3 %.
Comme le rendement du brûleur est faible, on peut s’attendre à une forte production de méthane
imbrûlé et de monoxide de carbone. Pour mettre en évidence ces émissions, l’évolution temporelle des
fractions massiques d’hydrocarbones imbrûlés (UHC) (composés de CH4 , CH3 , CH2 O et HCO), eau
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 151
0.1
0.09
0.07
0.06 H2O
CO2
0.05 CO
CH4
0.04
0.03
0.02
0.01
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Time [ms]
F IGURE 5.21: Evolution temporelle des fractions massiques de CO, CO2 , H2 O et CH4 intégrées sur la
sortie.
(H2 O), monoxide de carbone (CO) et dioxide de carbone (CO2 ) intégrés sur la sortie du brûleur sont
tracés sur la Fig. 5.21. Ces valeurs, moyennées en temps, sont résumées dans le Tab. 5.5. Comme attendu,
de grandes quantités de UHC et CO sont trouvées en sortie. Les espèces hydrocarbonées imbrûlées re-
présentent même 30 % du méthane injecté en entrée. L’intermittence des profils d’espèces est observable
sur la Fig. 5.21, prouvant encore le comportement instationnaire de la flamme et de la formation des
polluants.
Pour analyser la formation de CO, une iso-surface de fraction massique de CO colorée par la fraction
massique CO2 est présentée sur la Fig. 5.22. Cette figure montre que le CO est présent dans le front de
flamme mais aussi dans les zones de recirculation de coin, indiquant l’existence d’extinction locale ou
d’inhibition de recombinaison sans extinction dans ces zones. En outre, cette iso-surface sort du domaine
de calcul, ce qui démontre qu’un temps de résidence trop court ou encore le refroidissement des gaz
brûlés par les parois froides peut empêcher la recombinaison de CO en CO2 .
F IGURE 5.22: Iso-contour instantané de fraction massique de monoxide de carbone YCO = 0.01 colorié
par la fraction massique de dioxide de carbone.
TABLE 5.6: Performances de calcul pour la configuration MESO-CORIA méthane-air sur maillage avec
34.2 millions d’éléments.
ment et numériquement dans des configurations académiques [98, 59] et sur des brûleurs macrosco-
piques [95, 74]. Une flamme enrichie en hydrogène présente une température adiabatique de flamme plus
élevée, une plus grande vitesse de flamme turbulente ainsi que de meilleures limites de flammabilité [98].
L’enrichissement en hydrogène d’une flamme méthane-air dans des brûleurs tourbillonnaires peut me-
ner à une flamme plus courte et robuste [196, 23], à une réduction des émissions polluantes [196, 120]
et permet à la flamme de brûler sur une gamme de richesse plus grande [45]. Ces effets sont dus à un
taux de dégagement de chaleur plus important par unité de surface de flamme et une plus grande vitesse
laminaire de flamme. Les flammes enrichies en hydrogène sont aussi moins stables thermiquement et
plus résistantes à l’extinction qu’une flamme méthane/air. La plus grande diffusivité de l’hydrogène im-
plique un nombre de Lewis plus faible, ce qui affecte la stabilité thermodiffusive. Le taux de réaction
est fortement corrélé à la courbure et la diffusion différentielle influe sur le plissement de la flamme. A
cause de sa forte vitesse diffusive, l’hydrogène se concentre au pic de courbure positive [228]. Comme
la flamme dans le méso-brûleur est faiblement turbulente, tous ces effets peuvent être significatifs. L’uti-
lisation de mélanges hydrogène-air à la place de mélanges méthane-air dans des brûleurs centimétriques
a déjà montré une amélioration des performances [231].
L’enrichissement en hydrogène du mélange de carburant a été étudié expérimentalement sur le brû-
leur MESO-CORIA par Liu [137]. Dans l’étude numérique présentée ici, deux mélanges méthane /
hydrogène ont été étudiés : 50 % molaire en hydrogène pour le cas C2 et 90 % molaire en hydrogène
pour le cas C3. Ces valeurs correspondent respectivement à 11 et 53 % en masse.
CH4 CH4
O2 O2
H2 H2
0.2 CO 0.2 CO
CO2
CO2 H2O
H2O
CANTERA - GRI3.0
CANTERA - GRI3.0 CANTERA - COFFEE
0.15 CANTERA - COFFEE 0.15 YALES2 - COFFEE
YALES2 - COFFEE
Yk [-]
Yk [-]
0.1 0.1
0.05 0.05
0 0
-1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
x [mm] c [-]
CH4
O2
H2
0.2 0.2 CO
CO2
H2O
CANTERA - GRI3.0
CH4 CANTERA - COFFEE
0.15 O2 0.15 YALES2 - COFFEE
H2
CO Yk [-]
CO2
Yk
H2O
0.1 0.1
CANTERA - GRI3.0
CANTERA - COFFEE
YALES2 - COFFEE
0.05 0.05
0 0
-1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
x [mm] c [-]
F IGURE 5.23: Comparaison de profils d’espèces majoritaires dans l’espace physique (gauche) et dans
l’espace des phase (droite) pour les taux d’enrichissement des cas C2 (haut) et C3 (bas).
4
C1
C2
3.5 C3
Normalized heat release
2.5
1.5
0.5
0
-0.001 0 0.001 0.002 0.003 0.004
x-axis [m]
F IGURE 5.24: Taux de dégagement de chaleur dans l’espace physique de flammes 1D des cas C1, C2 et
C3, normalisés par la valeur du cas C1.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 155
Cas C1 C2 C3
Débit massique de méthane ṁCH4 [×10−6 kg.s−1 ] 1.74 1.28 0.47
Débit massique d’hydrogène ṁH2 [×10−6 kg.s−1 ] 0.0 0.16 0.53
Débit massique d’air ṁair [×10−6 kg.s−1 ] 29.0 27.6 23.7
Richesse globale φ [−] 1.03 1.00 1.12
Puissance chimique injectée Pin [W] 87.0 83.4 87.6
Température de paroi Tw [K] 417 463 472
Temps de séjour moyen τ [ms] 8.6 8.8 8.4
F IGURE 5.25: Rendu volumique instantané du taux de dégagement de chaleur local pour les trois cas C1
(a), C2 (b) et C3 (c).
F IGURE 5.26: Taux de dégagement de chaleur intégré le long de l’axe y normalisé par la valeur moyenne
maximale de chaque cas C1, C2 et C3 (de gauche à droite) : moyenne temporelle (haut) et RMS (bas).
Afin d’analyser la position de la flamme, le taux de réaction de chaleur est intégré le long de la
direction axiale : Z +∞
Ω= ω̇T dy , (5.7)
−∞
puis Ω est moyenné en temps. La Fig. 5.26 montre les champs moyens et RMS de Ω pour chaque cas.
Comme chaque cas présente des dégagements de chaleur différents, ces valeurs sont normalisées par
la valeur maximale de taux de dégagement de chaleur moyen hΩimax . Dans le cas C1, la flamme est
globalement répartie dans tout le domaine. Comme le front de flamme tourne autour de l’axe y, de fortes
fluctuations sont aussi observées dans toute la chambre. En moyenne, la flamme plus plissée du cas
C2 est plus confinée dans la zone opposée à l’injection. Une propagation de flamme près du jet d’air
commence aussi à être visible. Pour le cas C3, la Fig. 5.26 montre que la flamme brûle seulement près de
la paroi opposée à l’injection d’air et autour du jet d’air. Le mélange air-carburant, après avoir impacté la
paroi, longe cette paroi et rencontre rapidement la flamme. Les réactifs frais sont confinés dans un petit
volume. Le reste du domaine est rempli de gaz brûlés refroidis par les parois plus froides. Dans le cas
C3, la topologie de l’écoulement attendue comme dans les cas C1 et C2 n’est plus retrouvée.
L’effet de l’ajout d’hydrogène peut aussi être analysé avec l’évolution de la surface de flamme, mon-
tré sur la Fig. 5.27, définie comme une iso-surface de la variable de progrès c et en ne prenant que les
points où le taux de dégagement de chaleur dépasse 10 % de la valeur maximum. Cette variable de pro-
grès c est calculée comme c = Yc /Yc,eq où Yc = YCO2 +YCO +YH2 O et Yc,eq correspond à Yc à l’équilibre
chimique. La composition spatiale variant spatialement et temporellement, l’équilibre chimique est cal-
culé en chaque point grâce à la libraire externe CEQ 1 . La surface de flamme moyenne des cas C1 et C2
1. CEQ est une librairie codée en Fortran 90 permettant de calculer l’équilibre chimique d’un mélange en minimisant la
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 157
3.5
C1
C2
C3
3
Flame surface [m2]
2.5
1.5
1
0 5 10 15 20 25 30
Time [ms]
F IGURE 5.27: Evolution temporelle de la surface de flamme pour chaque cas étudié.
atteignent les mêmes valeurs moyennes, mais de plus grandes fluctuations de surface sont observées pour
le cas C2. Cela suggère que la flamme du cas C2 est plus stable que celle du cas C1, comme attendu. Il
est important de noter que le temps physique simulé est suffisant pour obtenir le calcul convergé mais la
fréquence de sortie trop faible des résultats ne permet pas une étude statistique plus approfondie. Pour
le cas C3, la surface de flamme est en moyenne inférieure aux deux autres cas. La vitesse de flamme
laminaire du cas C3 peut expliquer ce phénomène. La flamme peut ainsi se localiser plus près des parois
et du jet d’air. Cet effet peut aussi être lié à un domaine de flammabilité plus large, comme montré par
la Fig. 5.28 qui présente la distribution de richesse des points situés dans la flamme. Les distributions de
richesse sont environ 50 % et 250 % plus larges pour les cas C2 et C3 respectivement, comparé au cas C1.
De plus, la distribution du cas C2 présente la même forme que le cas C1, avec un pic dans les richesses
pauvres – 0.6 et 0.8 respectivement – puis une diminution progressive jusqu’à la richesse maximum. La
PDF de la richesse du cas C2 est globalement différente avec une plus grande répartition sur l’étendue
de richesse, avec des valeurs élevées autour de la stœchiométrie. Ce comportement peut impliquer que la
flamme ne soit plus totalement en régime de prémélange dans le cas C3. La Fig. 5.29 montre la PDF de
l’indice de flamme ξ pour chacun des cas étudiés. Même si le cas C3 montre une part plus importante de
la flamme dans le régime de diffusion comparé aux cas C1 et C2, la flamme reste principalement dans
le régime de combustion prémélangé. Les cas C1 et C2 montrent là encore des profils de distribution
similaires.
Plus d’informations peuvent être obtenues grâce à la probabilité jointe de fraction de mélange Z, dé-
finie par Bilger [13], et de température T . La Fig. 5.30 représente cette probabilité jointe pour chaque cas
avec des statistiques récoltées sur 18 solutions indépendantes. La température d’équilibre pour chaque
valeur de fraction de mélange est ajoutée sur la Fig. 5.30 par la ligne rouge. La probabilité jointe montre
un chemin principal pour tous les cas : une ligne verticale de forte probabilité montre que les réactifs
fonction de Gibbs [183, 185]. L’algorithme de résolution est donné par [186]. L’équilibre chimique est calculé soit à pression et
température donnée, soit à pression et enthalpie fixée. Des contraintes supplémentaires peuvent être imposées sur des espèces
individuelles, ou sur une combinaison linéaire arbitraire d’espèces.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 158
6
C1
C2
C3
5
4
PDF [−]
0
0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8
ϕ [−]
F IGURE 5.28: PDF de richesse sur la surface de flamme pour les trois cas.
70
C1
C2
60 2 C3 70
60
50 50
40
1
PDF [−]
40 30
20
30
10
20 0 0
0 0.1 0.2 0.95 1
10
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
ξ [−]
F IGURE 5.30: Probabilité jointe de fraction de mélange Z et de température T sur les trois cas. Ligne
rouge : état d’équilibre. Ligne noire pointillée : ligne à iso-Z de maximum de température.
doivent être suffisamment mélangés avant de brûler. Ce comportement, représentatif du régime de com-
bustion prémélangé, apparaît à des richesses inférieures aux richesses globales. Après avoir atteint des
températures élevées, la probabilité jointe suit la même tendance que la ligne d’équilibre en direction de
mélanges plus riche en carburant (vers des Z plus élevés). Ce phénomène démontre que des gaz brû-
lés pauvres sont enrichis en carburant puis brûlent de nouveau, augmentant la température du mélange.
L’épaisseur de la zone de probabilité supérieure à 10−5 s’épaissie avec l’enrichissement en hydrogène.
Cela confirme le domaine de flammabilité plus large des mélanges enrichis en hydrogène. La Fig. 5.30
montre également que le mélange local est toujours en dessous de la température d’équilibre. De l’éner-
gie est perdue par le mélange à cause du refroidissement lié au flux thermique pariétal, ce qui mène à
une diminution de la température. Le défaut d’enthalpie, calculé comme le rapport entre la température
maximale dans le domaine et la température d’équilibre maximale, atteint 77.1 %, 78.9 % et 70.4 % pour
respectivement les cas C1, C2 et C3. Ces valeurs révèlent que l’extinction de la flamme dans le cas C3
est plus fort que dans les autres cas.
L’ajout d’hydrogène est aussi connu pour avoir un impact sur la courbure de flamme [98, 96].
Ici, le calcul de la courbure de flamme ∇ · n est obtenu à partir de la normale au front de flamme
n = −∇c/|∇c|, où c est la variable de progrès. La densité de probabilité de la courbure de flamme,
normalisée par l’épaisseur de flamme laminaire, est montrée sur la Fig. 5.31 pour les trois différents cas.
Les courbures moyennes sont −0.1275, −0.0334, 0.0281 pour les cas C1, C2 et C3 respectivement avec
des variances de 0.6504, 0.5358, 0.5711. Les trois cas présentent une PDF similaire dans les courbures
positives et une distribution plus large dans le cas C1 dans les courbures négatives. Comme la configura-
tion n’est que faiblement turbulente, l’enrichissement en hydrogène ne favorise pas le plissement à petite
échelle comme montré par Halter et al. [96].
5.3.5 Performances
Le taux de dégagement de chaleur intégré en temps et en espace, ainsi que les pertes thermiques et
le bilan enthalpique des flux d’entrée et sortie sont résumés dans le Tab.5.8 pour les trois cas. Les rende-
ments de conversion et thermique sont aussi donnés dans le Tab. 5.8. Comme attendu, la puissance émise
par la flamme augmente avec l’ajout d’hydrogène, du fait de l’extension du domaine de flammabilité
et de la plus grande réactivité. C’est un effet bien connu de l’enrichissement en hydrogène. Le taux de
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 160
1.6
C1
C2
1.4 C3
1.2
1
PDF [−]
0.8
0.6
0.4
0.2
0
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4
0
(∇ · n)δL [−]
Cas C1 C2 C3
Puissance chimique injectée Pin [W] 87.0 83.4 87.6
Taux de dégagement de chaleur moyen Pr [W] 53.0 61.2 61.6
Pertes thermiques moyennes Ploss [W] 30.1 35.5 42.0
Bilan entrée/sortie du flux de chaleur Pout [W] 22.9 25.7 19.2
Rendement de conversion ηc = Pr /Pin [%] 60.9 73.3 70.3
Rendement thermique ηt = Pout /Pr [%] 43.2 42.0 31.8
Rendement global ηg = ηc ηt [%] 26.3 30.8 22.4
TABLE 5.8: Performances globales du brûleur pour les points de fonctionnement C1, C2 et C3.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 161
0.8
Experiment
Simulation
0.7
0.6
ηchem [−]
0.5
0.4
0.3
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
XH2 [−]
F IGURE 5.32: Rendement chimique pour chaque cas étudié en fonction de la fraction molaire d’hydro-
gène dans le mélange de carburant et comparé à l’expérience.
conversion commence à 61 % pour le cas sans hydrogène, et monte jusqu’à 73 % avec l’enrichissement.
Néanmoins, dans le même temps, les pertes thermiques augmentent aussi avec l’ajout d’hydrogène.
Comme le but du brûleur est de fournir la plus grande puissance sous forme de chaleur en sortie du
domaine, la plus grande efficacité thermique est désirée. Les rendement thermiques des cas C1 et C2
montrent une tendance similaire avec environ 40 % du dégagement de chaleur perdu sous forme de
pertes thermiques. Le rendement du cas C3 tombe à 32 %, montrant une encore plus médiocre efficacité
thermique. Le cas le plus enrichi montre une puissance plus importante émise par la flamme mais cette
puissance additionnelle est perdue aux parois. La distance d’extinction plus courte du cas C3 et donc le
gradient thermique pariétal plus fort peuvent expliquer cette amplification des pertes thermiques.
Le rendement global ηg du brûleur est obtenu en multipliant le rendement de conversion et le ren-
dement thermique. Les valeurs obtenues pour les trois cas sont très faibles : en dessous de 31 % (cf.
Tab. 5.8). Le meilleur cas demeure le cas C2, suivi de C1 puis de C3. Il est intéressant de noter que ces
rendement globaux suivent la même tendance que le défaut d’enthalpie calculé à partir de la Fig. 5.30.
La Fig. 5.32 représente le rendement chimique mesuré expérimentalement en fonction de l’enrichis-
sement en hydrogène pour une puissance donnée d’environ 90 W. L’enrichissement améliore le rende-
ment jusqu’à un taux de 60 % en volume d’hydrogène dans le mélange méthane/hydrogène. Après cette
valeur pic, le rendement chute rapidement. La Fig. 5.32 compare aussi le rendement chimique issu des
trois cas simulés avec ceux obtenus lors de l’expérience. Les valeurs à comparer sont résumées dans le
Tab. 5.9. Même si un écart d’environ dix points est observé entre les valeurs expérimentales et numé-
riques, la tendance observée expérimentalement est retrouvée : le rendement chimique est plus grand
pour le cas C2, avec 50 % molaire d’enrichissement en hydrogène, que pour les deux autres cas.
En résumé, comme il amplifie la réaction, l’ajout d’hydrogène favorise la combustion et le taux de
dégagement de chaleur. Cependant, ajouter de plus en plus d’hydrogène dans le mélange de carburant
n’améliore pas les performances du brûleurs en conséquence, et peut mener à un changement radical de la
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 162
Cases C1 C2 C3
Experience [%] 63.2 71.5 63.2
Simulation [%] 52.0 60.6 53.5
TABLE 5.9: Comparaison du rendement chimique entre l’expérience et la simulation. Les valeurs expé-
rimentales sont tirées de [137].
Cas C1 C2 C3
Fraction massique de CO YCO [%] 1.8 1.18 0.72
Fraction massique d’imbrûlés YUHC [%] 1.7 1.02 0.59
YCOoutlet /YCH4 inlet [%] 31.8 26.7 37.7
YUHCoutlet /YCH4 inlet [%] 30.0 23.0 30.9
topologie de la flamme. Sur les points de fonctionnement étudiés, la plupart de cette énergie additionnelle
dégagée est perdue aux parois. Le cas C2 apparait comme le meilleur compromis car il présente une plus
grande puissance émise par la flamme tout en gardant un rendement thermique raisonnable.
5.3.6 Polluants
L’ajout d’hydrogène engendre une modification des émissions polluantes [98]. L’influence de l’en-
richissement en hydrogène sur les émissions de monoxide de carbone et d’espèces hydrocarbonées im-
brûlées est investiguée sur les gaz brûlés sortant du domaine. Comme les cas C2 et C3 ont un meilleur
rendement de conversion que le cas C1, de plus faibles émissions sont attendues. Le Tab. 5.10 rassemble
les fractions massiques de CO et UHC (toujours composés des espèces hydrocarbonées du schéma ci-
nétique Cofee : CH4 , CH3 , CH2 O et HCO) intégrés sur la sortie et moyennées en temps. Plus on ajoute
de l’hydrogène dans le mélange de carburant, moins on trouve d’émissions polluantes. L’enrichissement
en hydrogène semble une stratégie efficace pour réduire ces émissions.
Cependant, comme la composition du mélange de carburant est différente dans les trois cas étudiés,
les émissions de CO et UHC sont divisées par la quantité de méthane injectée dans le brûleur. Les
valeurs sont réunies dans le Tab. 5.10. Ces rapports révèlent que le cas C3 a le comportement le moins
favorable en terme d’émissions polluantes, malgré son plus fort taux d’enrichissement. Le cas C1 montre
des émissions polluantes plus faibles que le cas C3 mais le meilleur choix est ici encore le cas C2. Ce
résultat peut être interprété en examinant la distance d’extinction, plus faible dans le cas C3, menant à
plus d’extinction locale de flamme. La combustion devient alors incomplète, augmentant la formation de
polluants.
5.4 Conclusions
L’étude de l’écoulement réactif dans la chambre de combustion centimétrique MESO-CORIA a été
traitée dans ce chapitre. Des calculs préliminaires ont été réalisés afin de déterminer la meilleure stratégie
de calcul en terme de précision des résultats et coût de calcul. Le schéma cinétique Coffee, composé de
14 espèces et 38 réactions, et une résolution de 50 µm ont été retenus. L’étude d’interaction flamme-
paroi a permis le développement des conditions de paroi isotherme et la détermination du flux de chaleur
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 163
pariétal induit. Ce cas test a aussi mis en évidence la faible influence des effets de Soret et Dufour sur
l’évaluation du flux de chaleur et la distance d’extinction de la flamme sur notre point de fonctionne-
ment particulier. Enfin, la configuration 2D bec bunsen a mis en évidence la problématique du coût de
calcul des termes sources de la chimie. Une stratégie de répartition de charge de calcul de ces termes
sources entre processeurs a été mise en place et optimisée pour les calculs 3D sur plusieurs milliers de
processeurs.
Les simulations LES, avec utilisation d’un modèle de sous-maille uniquement pour la turbulence, ont
mené à de nombreuses analyses. Le point de fonctionnement avec méthane pur a montré que la topologie
de l’écoulement réactif et de la flamme ainsi que le régime de combustion sont en accord avec les résul-
tats expérimentaux et des simulations moins détaillées. La présence de la zone de recirculation centrale
permet de stabiliser la flamme entre les gaz brûlés au centre et les gaz frais en proche paroi. Le mélange
entre l’air et le méthane est suffisant pour que la combustion ait lieu en régime de combustion prémélangé
presque partout dans la chambre. La combustion a lieu majoritairement à une richesse pauvre, inférieure
à la richesse globale, faisant apparaître qu’une partie du carburant injecté sort du domaine sans avoir
rencontré la flamme. Le rendement de conversion approche dans ce cas 61 %. Le rendement thermique
de 43 % fait tomber le rendement global de la chambre de combustion à 26 %.
Afin d’améliorer la faible efficacité de ce brûleur, l’enrichissement en hydrogène de l’injection de
méthane a été étudiée. Deux taux d’enrichissement du mélange de méthane ont été testés, pour une
puissance chimique injectée similaire : 50 % et 90 % en volume. La vitesse de flamme plus importante
et le taux de dégagement supérieur de l’hydrogène par rapport au méthane permet a priori de favoriser la
combustion. Dans la configuration MESO-CORIA, le taux de dégagement de chaleur est supérieur au cas
méthane pur et le domaine de flammabilité est agrandi, permettant à la flamme de brûler à des richesses
plus pauvres. Cependant, un comportement différent a été observé entre les deux taux d’enrichissement.
Ajouter une faible quantité d’hydrogène a permis d’améliorer les performances du brûleur et réduire
les émissions polluantes. Après une certaine limite, l’enrichissement en hydrogène peut radicalement
changer la topologie de la flamme et amplifier les pertes thermiques pariétales. L’extinction locale de la
flamme est plus importante, menant à une combustion plus incomplète que dans le cas méthane pur et à
la formation de polluants.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 164
Chapitre 6
Sommaire
6.1 Stratégie de réduction du coût de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
6.1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
6.1.2 Implantation du modèle TFLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
6.1.3 Validation sur flammes laminaires 1D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
6.1.4 Interaction flamme-turbulence : cas test flamme-tourbillons 2D . . . . . . . . . 172
6.2 Validation de la stratégie sur la configuration MESO-CORIA . . . . . . . . . . . . 179
6.2.1 Présentation des calculs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
6.2.2 Topologie de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
6.2.3 Performances globales et polluants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
6.2.4 Performances de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
6.3 Amélioration de la forme du brûleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
6.3.1 Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
6.3.2 Configurations étudiées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
6.3.3 Paramètres physiques et numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
6.3.4 Etude de l’écoulement réactif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
6.3.5 Performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
6.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
afin d’en améliorer ses performances. Cette étude mène au calcul de plusieurs points de fonctionnement
ou à tester différentes géométries. En raison du nombre important de calculs à réaliser et du temps de
retour élevé, l’utilisation de la procédure de calcul du chapitre précédent n’est pas possible. Une stratégie
de réduction du coût de calcul doit être développée pour mener à bien cet objectif.
Comme on l’a vu, l’utilisation d’une approche de chimie multi-espèces est indispensable pour cor-
rectement décrire la structure de flamme dans le cas d’inhomogénéités de richesse et température. Malgré
les outils numériques tels que l’intégration raide des termes sources et la répartition de charge de cette
intégration, cette approche reste chère en ressources de calcul.
L’utilisation de maillages à la résolution plus grossière que dans le chapitre 5 peut apporter une
réponse. Avec un facteur 2 sur la résolution, le temps de retour d’un calcul 3D est diminué d’un facteur
environ 16 : facteur 2 dans chaque direction spatiale et facteur 2 en temps.
Appliquée sur notre configuration de brûleur centimétrique, on passerait d’un maillage de 34 mil-
lions d’éléments avec une résolution de 50 µm à un maillage d’environ 4 millions de cellules avec une
résolution de 100 µm. Avec un tel maillage, le temps de retour devient acceptable pour tester plusieurs
configurations.
Néanmoins, à cette résolution, la description de la flamme n’est plus suffisante pour obtenir les ca-
ractéristiques correctes pour la flamme (voir section 5.1.2). De plus, l’étude menée dans le chapitre 4 a
montré qu’une résolution de 100 µm implique une modélisation de sous-maille pour la turbulence non
négligeable dans la totalité du domaine, c’est-à-dire même en dehors de la zone de jet et d’impact. La
description de l’interaction flamme-turbulence s’en trouve d’autant plus affectée. Il devient nécessaire
d’utiliser un modèle de sous-maille pour la combustion.
Pour ces travaux, il a été choisi d’utiliser le modèle d’épaississement de flamme, ou Thickened Flame
for Large-Eddy Simulation (TFLES), couplé avec une approche de chimie multi-espèces et schéma ci-
nétique squelettique. Le modèle TFLES est décrit dans la section 6.1. Cette stratégie permet d’élargir
le front de flamme afin de le décrire sur plus de points du maillage. De plus, l’interaction flamme-
turbulence non captée du fait de la résolution plus grossière peut se voir restituée via l’utilisation d’une
fonction d’efficacité. Cette dernière doit permettre de modéliser l’effet du plissement de sous-maille sur
le dégagement de chaleur.
6.1.2.1 Couplage du modèle TFLES avec l’intégration raide des termes sources
Dans YALES2, le calcul du terme source de l’équation de transport des espèces 3.155 est intégré
sur le pas de temps de l’itération via la librairie d’intégration raide CVODE (voir section 3.6.2). Afin
d’écrire correctement cette équation dans la situation où elle est couplée au modèle TFLES, on repart de
l’Eq. 3.155 en faisant le changement de variable suivant [198] :
t → F t, (6.1)
x → F x. (6.2)
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 167
∂ρYk ∂ρui Yk ∂ 1
+ = (FρVk,i Yk ) + Ω̇k . (6.3)
∂t ∂xi ∂xi F
Afin de connaître l’expression du terme source Ω̇k , on effectue le même changement de variable sur
l’Eq. 3.136 :
Z t+∆t/F Å ã Z t+∆t/F Z t+∆t/F
F t dt F dt F
Ω̇k = ω̇k = F ω̇k = ω̇k dt . (6.4)
∆t t F F ∆t t F ∆t t
Une approche similaire peut être réalisée pour la fonction d’efficacité E. On obtient finalement
l’équation de transport des espèces dans un contexte TFLES :
Z t+E∆t/F
∂ρYk ∂ρui Yk ∂ 1
+ = (EFρVk,i Yk ) + ω̇k dt . (6.6)
∂t ∂xi ∂xi ∆t t
Dans la section 3.5.4 sont présentés les capteurs de flammes utilisés avec le modèle TFLES dyna-
mique : la formulation Arrhenius et celle basé sur la variable de progrès. Ces formulations sont parfai-
tement adaptées respectivement pour une approche de chimie multi-espèces simple et pour la chimie
tabulée mais aucune ne convient pour une approche de chimie complexe. Le capteur basé sur une Ar-
rhenius utilise la fraction massique de carburant. Lorsque celui-ci est entièrement consommé, le capteur
indique l’absence de flamme alors que des réactions raides sont toujours en cours. La définition d’une
variable de progrès dans une approche chimie complexe s’avère difficile et baser un capteur sur celle-ci
est risque d’erreur.
Dans une approche de chimie complexe, définir un capteur de flamme ne constitue pas une tâche
simple. Chaque espèce réagit différemment et à différents instants dans la flamme. Par exemple, le mé-
thane est consommé en début de flamme alors que la recombinaison CO2 /CO a lieu en fin de flamme.
Il devient délicat de définir un capteur recouvrant toute la zone de réaction raide. De plus, le capteur de
flamme doit se limiter au front de flamme afin de ne pas modifier la dynamique de mélange dans les
zones non-réactives.
Pour résumer, le capteur de flamme doit répondre aux contraintes suivantes :
- S = 1 dans la zone de réaction raide,
- S = 0 en aval de la flamme où l’épaississement n’est pas nécessaire (réactions lentes),
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 168
F IGURE 6.1: Procédure de construction du capteur de flamme proposé par Franzelli. Image tirée de [72].
avec le paramètre β égal à 10 et la variable d’avancement cb ainsi que sa version saturée sont définies
comme :
YCO2 YCO YNO
cb = + + 10 , (6.9)
WCO2 WCO WNO
Ç å
cb
csat = min 1, . (6.10)
cb|x=xsat
où xsat est l’abscisse de saturation définie comme xsat = xf l + Lf l /2 avec xf l l’abscisse à laquelle la
température atteint la moitié de sa valeur maximale et Lf l une zone égale à dix fois l’épaisseur de flamme
thermique. Cette version saturée de la variable d’avancement atteint son maximum csat = 1 en x = xsat
considérée comme la fin de la zone réactive raide. Comme montré par la Fig. 6.2, cette définition permet
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 169
F IGURE 6.2: Comparaison du capteur de flamme, ici appelé α, avec le profil de température et de termes
sources d’espèces. Image tirée de [19].
au capteur de flamme de ne pas déclarer une zone de flamme raide là où des zones de faibles réactions
ont lieu.
La définition de Boucher [19] ne peut être utilisée dans les simulations 3D du brûleur centimétrique
du fait de l’hypothèse de flammelette effectuée. Il a été observé au chapitre précédent que cette hypothèse
n’est pas valide dans notre cas. La formulation de Franzelli [72] semble la plus appropriée. Néanmoins,
cette définition n’assure pas que le capteur de flamme soit égal à l’unité dans toute la zone de réaction
raide comme le montre la Fig. 6.1. Un capteur de flamme légèrement différent est proposé ici.
Le choix s’est porté sur la définition d’un capteur basé sur le terme source d’espèces. La combinaison
d’espèces peut être définie par l’utilisateur. Par défaut dans ces travaux, on prendra ω̇C = ω̇CO2 + ω̇CO +
ω̇H2 O . On utilise une valeur seuil paramétrable ω̇C 0 sur cette variable de progrès pour définir le capteur
La zone du capteur S = 1 est ensuite propagée aux nœuds voisins : sur une paire de nœuds, si un
nœud a la valeur S = 1 et l’autre S = 0 alors S = 1 est imposé sur les deux nœuds. Cette opération est
effectuée deux fois. La propagation peut être conditionnée à la composition locale du mélange afin de ne
propager que dans les gaz brûlés. Enfin le capteur est filtré une première fois puis on répète cinq fois la
procédure suivante, illustrée par la Fig. 6.3 :
1. Prise du maximum local entre la valeur initiale et la valeur filtrée,
2. Filtrage du champ de capteur de flamme S.
En pratique, la valeur seuil ω̇C
0 est prise comme égale à 10 % de la valeur maximale de ω̇ dans une
C
flamme laminaire 1D dans les mêmes conditions opératoires. De plus, il faut préciser que ω̇C 0 doit être
S δ S δ S δ δ
!" !" !" !"
%&'()*+,$
%&'()*+,
%&' +, !"#$
F IGURE 6.3: (a) : Procédure de filtrage du capteur de flamme : filtrage puis prise du maximum entre
profil initial et profil filtré. (b) : Capteur de flamme final obtenu.
CH4
O2
H2
0.2 CO
2000 CO2
H2O
50 µm
0.15 100 µm - F=2
200 µm - F=4
1500 50 µm
Yk [-]
T [K]
100 µm - F=2
200 µm - F=4
400 µm - F=8 0.1
1000
0.05
500
0
-1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 -1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2
x/F [mm] x/F [mm]
CH4
O2
H2
0.2 CO
2000 CO2
H2O
50 µm
0.15 100 µm - F=2
200 µm - F=4
1500 50 µm
Yk [-]
T [K]
100 µm - F=2
200 µm - F=4
400 µm - F=8 0.1
1000
0.05
500
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
c [-] c [-]
F IGURE 6.4: Comparaison de profils de température (gauche) et d’espèces majoritaires (droite) dans l’es-
pace physique dilaté (haut) et dans l’espace des phases (bas) pour différents épaississements constants.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 172
CH4
O2
H2
0.2 CO
2000 CO2
H2O
50 µm
0.15 100 µm - F=2
Yk [-]
T [K]
100 µm - F=2
200 µm - F=4
400 µm - F=8 0.1
1000
0.05
500
0
-1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 -1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2
x/F [mm] x/F [mm]
CH4
O2
H2
0.2 CO
2000 CO2
H2O
50 µm
0.15 100 µm - F=2
200 µm - F=4
1500 50 µm
Yk [-]
T [K]
100 µm - F=2
200 µm - F=4
400 µm - F=8 0.1
1000
0.05
500
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
c [-] c [-]
F IGURE 6.5: Comparaison de profils de température (gauche) et d’espèces majoritaires (droite) dans
l’espace physique dilaté (haut) et dans l’espace des phases (bas) pour différents épaississements locaux.
dans l’espace physique (Fig. 6.5 (haut)) sur lesquels le capteur de flamme a été ajouté (en noir). Pour les
épaississements de 2, 4 et 8, le capteur indique la même zone à épaissir : la zone où les gradients sont les
plus forts, correspondant à la zone de réaction rapide. Les profils dans l’espace physique se superposent
parfaitement dans la zone couverte par le capteur. En dehors de cette zone, l’épaississement est absent
donc F = 1 et les profils correspondent toujours à la référence. Les profils dans l’espace des phases sont
presque identiques, indiquant que la dynamique de flamme est conservée.
outlet y
x
periodic
periodic
200 Lref
25 Lref
100 Lref
50 Lref
SL
inlet
100 Lref
50 Lref
tourbillons contra-rotatifs, et un front de flamme. L’objectif est d’analyser la réponse du front de flamme
à une perturbation aérodynamique et aussi de vérifier l’impact sur le capteur de flamme. Ce cas test a
été utilisé pour construire des base de données DNS et des régimes de combustion [180], valider des
méthodes numériques [161, 134, 238, 163] ou des modèles de combustion [42, 154], mais aussi étudié
expérimentalement [162, 195, 150].
Ce cas test consiste en une flamme laminaire plane prémélangée avec une vitesse de flamme SL et
épaisseur Lref . Le domaine est rectangulaire de dimension 100 Lref × 200 Lref , comme indiqué par le
schéma Fig. 6.6. Les gaz frais sont injectés depuis le bas du domaine y = 0, une vitesse uy = SL afin
que la position de la flamme soit constante en temps.
Les profils de vitesse des tourbillons sont imposés grâce aux formules suivantes :
Ü ê
Ç å Ç å ∂ψ Ç å
ux SL ∂y x2 + y 2
= + avec ψ = C exp − , (6.13)
uy 0 ∂ψ 2RC2
−
∂x
où C et RC représentent respectivement l’amplitude et le rayon des tourbillons. L’ensemble des para-
mètres utilisés dans cette étude sont les mêmes que dans [161, 134] et sont rassemblés dans le Tab. 6.3.
Un premier calcul DNS a été réalisé pour établir une référence avec un maillage composé de 2048 ×
4096 rectangles, pour une taille de maille moyenne de 23 µm. La Fig. 6.7 présente les champs de tem-
pérature, taux de dégagement de chaleur et vorticité à différents instants. L’évolution temporelle du taux
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 174
t = 0 ms t = 4 ms
t = 8 ms t = 12 ms
t = 16 ms t = 17 ms
t = 18 ms t = 19 ms
t = 20 ms t = 21 ms
t = 22 ms t = 26 ms
F IGURE 6.7: Champs de température, taux de dégagement de chaleur et vorticité en fonction du temps,
obtenus avec le maillage A1.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 175
2.5
1.5
1
5 10 15 20 25 30
Time [ms]
F IGURE 6.8: Taux de dégagement de chaleur (ligne) et surface de flamme (points) en fonction du temps,
normalisés par leur valeur à t = 0 ms.
physiques, ce qui démontre une résolution encore insuffisante. Ces résultats ne sont pas montrés ici.
Finalement, seul le cas A1 est comparé au cas de référence.
L’évolution du taux de dégagement de chaleur global en fonction du temps est comparée entre A0 et
A1 sur la Fig. 6.11. On remarque que la dynamique d’interaction décrite précédemment est parfaitement
conservée. De très légères variations existent aux moments de la chute brusque du taux de dégagement
de chaleur, liée à la plus faible description du front de flamme.
Ce cas test est reproduit maintenant en utilisant le modèle TFLES, avec seulement l’épaississement
activé dans un premier temps. Des maillages plus grossiers sont utilisés, de 512 × 1024 à 128 × 256,
couplés à des épaississements variant de 2 à 8 (voir Tab. 6.4). La Fig. 6.10 montre le champ de tem-
pérature et de terme source d’enthalpie sensible pour les différents cas étudiés à l’instant t = 20 ms.
Comme attendu, plus l’épaississement augmente plus l’épaisseur de flamme obtenue est importante :
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 177
4
A0
A1
3.5
Adim. global reaction rate [-]
3
2.5
1.5
0.5
5 10 15 20 25 30
Time [ms]
F IGURE 6.9: Taux de dégagement de chaleur en fonction du temps pour les cas A0 et A1.
la description de la structure de flamme reste satisfaisante même avec des maillages grossiers. Néan-
moins, les tourbillons ont plus de difficulté à déformer le front de flamme plus épais. Cela engendre
une dynamique modifiée de l’interaction flamme-tourbillon, comme décrit dans la section 3.5.3. Cette
dynamique est aussi observable sur la Fig. 6.11 présentant le taux de dégagement de chaleur global en
fonction du temps : plus l’épaississement augmente, plus la flamme est insensible aux tourbillons. De
plus, l’augmentation de la surface de flamme se fait avec un retard de plus en plus important par rapport
à la référence.
Ces résultats de l’interaction flamme-tourbillons couplés à l’épaississement démontrent la nécessité
d’apporter une correction sur la fluctuation de vitesse en sous-maille. En effet, cette vitesse vient plisser le
front de flamme en sous-maille, ce qui doit augmenter d’autant la surface de flamme. Les trois cas précé-
dents ont été reproduits en incluant cette fois la fonction d’efficacité de Charlette [32], avec la correction
proposée par Wang et al. [221]. Cette formulation évalue la surface de flamme non-résolue en fonction
de grandeurs nécessitant une résolution de sous-maille. La fluctuation de vitesse u′ est approchée par
la vitesse de sous-maille usgs à partir du modèle de Smagorinsky simplifié (voir Eq. 3.127). Ces cas de
calcul, couplant épaississement et fonction d’efficacité, sont appelés C2, C3 et C4 (voir Tab. 6.4). Leur
champs de température et terme source d’enthalpie à l’instant t = 20 ms est montré sur la Fig. 6.10. Ces
cas présentent une flamme épaissie comme précédemment mais moins en retard sur la référence. L’évo-
lution temporelle du taux de dégagement de chaleur global est tracé sur la Fig. 6.11 (droite). Plusieurs
observations peuvent être faites :
- Le modèle TFLES affecte l’interaction flamme-turbulence, provoquant une diminution de la sur-
face de flamme mais la fonction d’efficacité tend, au moins partiellement, à rattraper cet effet.
- Le cas C2 présente une dynamique quasiment identique à la référence : la fonction d’efficacité
joue pleinement son rôle. Les cas C3 et C4 ont une dynamique légèrement différente mais plus
proche de la référence que les cas B3 et B4.
- Le cas C4 montre des oscillations sur le taux de dégagement de chaleur global au début de
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 178
F IGURE 6.10: Comparaison du champs de température (haut) et du taux de dégagement de chaleur local
(bas) à l’instant t = 20 ms, entre les différents cas de calcul.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 179
4
A1 A1
B2 C2
B3 C3
3.5 B4 C4
Adim. global reaction rate [-]
2.5
1.5
0.5
5 10 15 20 25 30 5 10 15 20 25 30
Time [ms] Time [ms]
F IGURE 6.11: Taux de dégagement de chaleur en fonction du temps pour les cas B2 à B4 (gauche) et C2
à C4 (droite), comparés au cas A1.
l’interaction, entre 15 et 22 ms. La variabilité du capteur de flamme d’une itération sur l’autre
peut être la cause de cet effet. Cela nécessiterait une correction de ce dernier.
- Les cas utilisant la fonction d’efficacité (C2-C4) présentent un taux de dégagement de chaleur
de la flamme plane (entre 0 et 12 ms) légèrement supérieur à la référence de 5 − 10 %. Cela est
provoqué par une évaluation incorrecte de usgs car la vitesse de sous-maille s’élève à usgs ≈
0.3 m.s−1 dans le front de flamme au lieu d’être nulle. Cela engendre une fonction d’efficacité
non unitaire, alors qu’elle devrait valoir E = 1.
L’ensemble de ces résultats montrent la capacité du modèle TFLES à capturer correctement la flamme
et l’interaction flamme-turbulence sur des maillages relativement grossiers. En particulier, pour des cas
de faibles épaississements, la dynamique de flamme est parfaitement respectée. Le cas C2 (épaississe-
ment F = 2 et fonction d’efficacité de Charlette [32]) semble ainsi très prometteur et sera utilisé sur
les simulations 3D. Pour des épaississements plus importants, des corrections doivent être apportés pour
mieux prendre en compte l’interaction flamme-tourbillons, en changeant de fonction d’efficacité et/ou de
formulation pour la vitesse de sous-maille usgs .
En terme de performances de calcul, le modèle TFLES permet un temps de retour beaucoup plus
rapide grâce à l’utilisation de maillages plus grossiers. Les performances pour ce cas test sont rassem-
blés dans le Tab. 6.5 pour quelques cas. Les valeurs indiquées sont difficilement comparables car aucun
paramètre n’a été conservé constant entre les différents cas sauf entre les cas B2 et C2 et entre B3 et C3 :
l’ajout de la fonction d’efficacité montre un léger surcoût, attendu car l’intégration de la chimie est un
peu plus longue. Cependant, la comparaison du temps de retour montre un gain d’environ 8 en passant
d’un maillage à un maillage deux fois plus grossier. Cette valeur s’explique par le facteur 4 sur le nombre
d’éléments et du facteur 2 sur le pas de temps convectif.
Cas A1 B2 B3 C2 C3
Nombre d’éléments [×103 ] 2097 524 131 524 131
Nombre de processeurs 512 64 64 64 64
Pas de temps [µs] 2.1 3.5 8.4 3.3 7.3
Coût de calcul réduit [µs] 855 491 652 498 666
Temps de retour total [hCPU] 5750 522 81 545 87
Maillages M2 M1 M0
Taille de maille moyenne ∆x [µm] 50 100 200
Nombre d’éléments [×106 ] 34.2 4.28 0.602
Nombre de nœuds [×106 ] 6.17 0.743 0.108
Epaississement dynamique Fmax [−] − ∼2 ∼4
TABLE 6.6: Caractéristiques des maillages 3D de la configuration MESO-CORIA avec modèle TFLES.
rassemble les caractéristiques des maillages étudiés. Le maillage M2, composé de 34 millions d’éléments
est le même que celui utilisé dans le chapitre 5. Deux maillages ont été testés ici, M1 et M0, possédant
une résolution 2 et 4 fois plus grossière que M2. La Fig. Fig. 6.12 présente une visualisation de ces trois
maillages homogènes.
Le modèle de sous-maille pour la turbulence demeure le modèle de Smagorinsky dynamique. Le
modèle de combustion TFLES est activé avec un épaississement dépendant de la taille de maille locale
selon l’Eq. 3.121 et la fonction d’efficacité de Charlette [32]. La valeur locale de l’épaississement et de
la fonction d’efficacité est pilotée par le capteur de flamme basé sur le terme source ω̇c décrit dans la
section 6.1.2.2.
Afin de valider le modèle TFLES sur la configuration du brûleur centimétrique, il est nécessaire que
les simulations avec maillages grossiers donnent des résultats similaires aux résultats obtenus avec le
maillage M2, sur la dynamique de l’écoulement ainsi que sur les performances globales.
M2 M1 M0 M2 M1 M0
F IGURE 6.13: Comparaison des vitesses instantanée et moyenne sur les maillages M2, M1 et M0.
les champs instationnaires ne sont pas pris au même instant donc l’écoulement instantané ne peut pas
être strictement comparé entre les maillages. En revanche, la dynamique instantanée et le comportement
moyen entre les différentes résolutions peuvent être confrontés.
Montré sur le plan A, la dynamique du jet d’air est différente suivant le maillage considéré. Plus la
résolution est grossière, plus le jet est épais et l’angle d’ouverture important. Cela modifie l’éclatement du
jet sur la paroi opposée : beaucoup plus de structures cohérentes sont créées avec le maillage M2 qu’avec
les maillages M1 et M0. L’iso-contour de critère-Q tracé sur la Fig. 6.14 pour chaque maillage confirme
cette analyse. Avec le maillage M2, le jet d’air génère des tourbillons en entrant dans la chambre, puis
impacte le mur faisant apparaître de plus petites structures. Les maillages M1 et M0 sont trop grossiers
pour observer cette activité turbulente. En dehors de cette observation, les maillages M1 et M0 sont
capables de capter correctement l’écoulement whirlé : après l’injection, les vitesses les plus importantes
sont proches des parois menant à l’écoulement tourbillonnaire. Comme attendu, le centre du domaine
présente des vitesses très faibles.
Le mélange entre l’air et le méthane est directement impacté par la description de la turbulence.
Pour l’étudier, les champs de la fraction de mélange Z instantané et moyenne sur les plans A à D et
maillages M2 à M0 sont tracés sur la Fig. 6.15. Dans le plan d’injection A, le mélange semble trop riche
avec le maillage M1 et trop pauvre avec le maillage M0, comparé à M2. Avec la faible turbulence en
dehors de la zone de jet, le mélange se fait principalement par diffusion moléculaire. De fait, on retrouve
globalement l’observation du plan d’injection sur les plans suivants B à D. Cependant, on retrouve sur
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 182
F IGURE 6.14: Iso-contours du critère-Q Q = 1 × 108 s−2 , coloriés par la vitesse instantanée, sur les
maillages M2 (gauche), M1 (milieu) et M0 (droite).
M1 et M0 les grandes caractéristiques du mélange obtenus avec M2 : le carburant injecté est coincé entre
la paroi et le jet, créant une zone de recirculation riche le long de l’arête "supérieure gauche" du domaine.
L’écoulement whirlé et le mélange par diffusion participent ensuite à l’homogénéisation du mélange.
L’écart de richesse constaté peut dès lors influencer la dynamique de la flamme. La Fig. 6.16 repré-
sente les champs de température instantanée et moyenne sur les mêmes plans que précédemment. La
dynamique globale semble respectée avec les maillages grossiers couplés au modèle TFLES par rap-
port aux résultats issus de M2. L’écoulement est chaud dans le cœur central, au-dessus de 1700 K, puis
refroidi en se rapprochant des parois dont la température est fixée à T = 417 K.
L’ensemble des champs instantanés obtenus avec le maillage M1 montrent une grande similitude
avec les champs moyens obtenus avec ce même maillage. Cela est encore plus vrai avec le maillage M0.
L’utilisation d’un maillage de plus en plus grossier et couplé au modèle TFLES, dont l’épaississement
augmente avec la taille de maille, influe sur la dynamique de l’écoulement. Plus le maillage est grossier,
plus l’écoulement présente une activité turbulente faible. La flamme s’en retrouve moins déformée, avec
un aspect plus laminaire.
La dynamique de la flamme est visible sur la Fig. 6.17, représentant le rendu volumique du taux
de dégagement de chaleur dans le domaine 3D. Il est à noter que le dégagement de chaleur local est
moins important avec le modèle TFLES car ce dernier est lié au terme source des espèces affecté par
l’épaississement. Néanmoins, le taux de dégagement global doit rester le même. La topologie de la
flamme obtenue avec les maillage M1 et M0 est la même que celle obtenue avec le maillage M2 : le front
de flamme forme une sorte de cube, déformé par l’interaction avec l’écoulement. La flamme épaissie des
maillages M1 et M0 présente une plus forte intensité sur trois faces latérales, comme avec M2. Cette
observation est confirmée par les champs de dégagement de chaleur sur les plans A-D montrés par la
Fig. 6.18.
L’analyse qualitative des champs de vitesse, critère-Q, fraction de mélange, température et taux de
dégagement de chaleur ont montré que les caractéristiques globales de l’écoulement sont conservées
avec des maillages grossiers couplés au modèle TFLES, par rapport aux résultats du chapitre précédent.
Ces résultats ont montré aussi une influence sur la dynamique de l’écoulement.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 183
M2 M1 M0 M2 M1 M0
F IGURE 6.15: Comparaison de la fraction de mélange instantanée et moyenne sur les maillages M2, M1
et M0.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 184
M2 M1 M0 M2 M1 M0
F IGURE 6.17: Rendu volumique du taux de dégagement de chaleur local ω̇T sur les maillages M2
(gauche), M1 (milieu) et M0 (droite).
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 185
M2 M1 M0
F IGURE 6.18: Champs de dégagement de chaleur local ω̇T sur les plans A-D et maillages M2-M0.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 186
90
M2
M1
80 M0
Global Heat Release [W]
70
60
50
40
30
20
0 10 20 30 40 50
Time [ms]
F IGURE 6.19: Evolution temporelle du taux de dégagement de chaleur global pour chaque maillage.
Pour approfondir cette analyse, la Fig. 6.19 compare l’évolution temporelle du taux de dégagement
de chaleur global obtenu avec chaque maillage. Il est important de noter que le champ initial n’est pas
le même entre les différents cas de calcul donc l’écoulement ne suit pas la même évolution. En revanche
la dynamique du signal peut être comparée. La Fig. 6.19 montre clairement que le taux de dégagement
de chaleur global oscille beaucoup moins autour de la valeur moyenne avec le maillage M0 qu’avec
les maillages M2 et M1 : l’amplitude entre la valeur minimale et maximale est de l’ordre de 10 W
comparé à 40 et 50 W, respectivement. De plus la fréquence du signal de M0 semble beaucoup plus
faible qu’avec les maillages plus résolus. D’autre part, les oscillations à basses fréquences du signal M2
semblent similaires à celles du signal M1. Le signal M2, de part sa meilleure résolution présente en plus
des variation hautes fréquences.
Du fait de sa dynamique plus proche de l’écoulement de référence, les cas de calcul effectués avec le
maillage M1 semblent montrer un meilleur potentiel que celui avec le maillage M0.
Maillage M2 M1 M0
Puissance chimique injectée Pin [W] 87.0 87.0 87.0
Puissance émise par la flamme Pr [W] 53.0 57.0 55.1
Pertes thermiques pariétales Ploss [W] 30.1 27.6 31.7
Bilan de chaleur entrée/sortie Pout [W] 22.9 29.4 23.4
Fraction massique de H2 O en sortie YH2 O [%] 8.3 9.2 8.6
Fraction massique de CO2 en sortie YCO2 [%] 8.0 8.7 8.9
Fraction massique de CO en sortie YCO [%] 1.8 2.1 1.3
Fraction massique de UHC en sortie YUHC [%] 1.7 1.2 1.7
Rendement de conversion ηconv = Pr /Pin [%] 60.9 65.5 63.3
Rendement chimique ηchem = [CO2 ]/([CO2 ] + [CO] + [CH4 ]) [%] 52.0 56.5 57.0
Rendement thermique ηt = Pout /Pr [%] 43.2 51.6 42.5
Rendement global ηg = ηconv ηt [%] 26.3 33.8 26.9
TABLE 6.7: Performances globales moyennes obtenus avec les maillages M1 et M0 couplés au modèle
TFLES, comparé au calcul de référence avec M2.
de calcul du point de vue des résultats. Dans la suite du manuscrit, une résolution de l’ordre de celle
du maillage M1, ∆x = 100 µm, sera préférée car elle permet de mieux transcrire la dynamique de
l’écoulement. Avec la taille de maille de M0, trop peu de points sont insérés dans les tubes d’injection et
dans la zone de jet, menant à une description insuffisante de l’activité turbulente.
Maillage M2 M1 M0
Nombre d’éléments [×106 ] 34.2 4.28 0.602
Nombre de processeurs 1024 256 128
Pas de temps [µs] 0.168 0.320 0.462
Coût de calcul réduit [µs] 1030 981 1103
Temps de retour [hCPU/ms] 9921 634 72
Scalaires [%] 76 88 84
dont Termes sources [%] 39 45 52
Répartition
TABLE 6.8: Synthèse des performances de calcul pour la configuration MESO-CORIA avec maillages
grossiers couplés au modèle TFLES et comparé au résultat de référence.
L’objectif du projet MESOTHERM dans lequel s’inscrit cette thèse est à la base de réaliser un dé-
monstrateur de générateur d’électricité constitué d’une chambre de combustion et des matériaux ther-
moélectriques convertissant directement la chaleur issue de la combustion en électricité. Aujourd’hui, le
rendement maximal que l’on peut obtenir avec ce type de matériaux ne dépasse pas 10 %. Le rendement
global du système s’en trouve fortement impacté. Une première condition est que tous les composants
du système doivent tirer les meilleures performances possibles afin d’optimiser au mieux le système.
La chambre de combustion, qui est l’un de ces systèmes, a pour objectif de convertir le maximum de
carburant injecté en chaleur en sortie afin de garantir un rendement maximal. Le brûleur MESO-CORIA
était une première piste d’étude pour prendre place en tant que chambre de combustion dans le projet
MESOTHERM. Or, il a été vu dans les sections précédentes que le rendement de conversion de cette
chambre avec du méthane ne dépasse guère 60 %. Tout le carburant injecté n’est pas consommé et de
nombreux produits de combustion imbrûlés sont présents à la sortie. Grâce aux simulations précédentes,
on a constaté que le mélange des réactifs n’était pas optimal, ce qui semble être dû à des recirculations
de coins ainsi qu’à une faible activité turbulente.
De plus, on a observé que le rendement thermique du brûleur MESO-CORIA est de l’ordre de 40 % :
plus de chaleur est perdue aux parois que de chaleur n’est transmise en sortie. La cause principale de ce
comportement est la perte d’énergie de la flamme vers les parois froides de la chambre. Les simulations
LES ont montré que le flux de chaleur à la paroi pouvait s’élever à la valeur maximale du flux perdu par
une flamme impactant de façon normale une paroi. L’écoulement tourbillonnaire whirlé ne joue pas ici
son rôle de barrière thermique protectrice entre la paroi et les gaz brûlés du cœur central.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 189
6.3.1.2 Approche
CYL1 CYL2
CYL3 CYL4
CYL1 CYL2
CYL3 CYL4
F IGURE 6.21: Visualisation des lignes de courant dans les configurations cylindriques.
F IGURE 6.22: Champs de vitesse moyenne dans le plan d’injection pour chaque géométrie cylindrique.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 193
F IGURE 6.23: Champs de vitesse RMS dans le plan d’injection pour chaque configuration cylindrique.
des poches de méthane. Cette dynamique permet un meilleur mélange des réactifs. Avec la géométrie
CYL4, on observe une zone pauvre et une zone riche côte-à-côte dans le tube d’injection unique. Même
si le fluide rentrant dans la chambre n’est pas parfaitement mélangé, le champ de fraction de mélange
dans le reste du plan d’injection est assez homogène. C’est cette configuration, avec CYL2, qui semble
présenter le meilleur mélange parmi les quatre géométries étudiées.
Après la séquence d’allumage, l’écoulement est convergé pendant quelques temps de passage soit
environ 20 ms. Au cours de cette phase de convergence, la flamme s’est éteinte dans les configurations
CYL1 et CYL3. Cette extinction s’explique par le mélange peu efficace entre réactifs et à la trop faible
surface de flamme. Dans la suite, seuls les résultats des configurations CYL2 et CYL4 sont présentés.
La Fig. 6.25 présente le champ de température dans le plan médian (z = 5 mm) pour ces deux
géométries. Les réactifs froids se concentrent en proche paroi et s’enroulent autour du cœur central
chaud, comme attendu avec l’écoulement whirlé. A l’interface de ces deux zones, la flamme s’installe
comme le révèle le rendu volumique du taux de dégagement de chaleur local sur la Fig. 6.26 ou le champ
de dégagement de chaleur dans le plan médian de la Fig. 6.27. Ces figures montrent que la flamme
a une forme cylindrique et laminaire. La flamme dans la configuration MESO-CORIA apparait ainsi
beaucoup plus plissée que dans les configurations cylindriques. Le manque d’intensité de la turbulence
peut expliquer ce phénomène.
6.3.5 Performances
A partir des simulations sur les configurations cylindriques, un bilan énergétique est effectué de la
même manière que pour la géométrie MESO-CORIA. L’évolution temporelle du taux de dégagement de
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 194
F IGURE 6.24: Champs instantanés de fraction de mélange Z dans le plan d’injection des configurations
cylindriques.
F IGURE 6.25: Champs instantanés de température T dans le plan médian pour les configurations CYL2
et CYL4.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 195
CYL2 CYL4
F IGURE 6.26: Rendu volumique 3D du taux de dégagement de chaleur local représentant la flamme des
configurations CYL2 et CYL4.
F IGURE 6.27: Taux de dégagement de chaleur local instantané dans le plan médian pour les configura-
tions CYL2 et CYL4.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 196
70
CYL2
65 CYL4
60
Global Heat Release [W]
55
50
45
40
35
30
25
20
0 5 10 15 20 25 30
Time [ms]
F IGURE 6.28: Evolution temporelle du taux de dégagement de chaleur global pour les configurations
CYL2 et CYL4.
TABLE 6.10: Performances globales moyennes obtenues sur les configurations cylindriques.
chaleur global est tracé sur la Fig. 6.28. Ce dernier est très variable sur la configuration CYL2, allant de
20 à 70 W. Dans le cas de la configuration CYL2, le taux de dégagement de chaleur global reste compris
entre 55 et 65 W. La seule différence entre ces deux géométries réside dans l’emplacement de l’injection
de méthane : directement dans la chambre pour CYL2 et dans l’injection d’air pour CYL4. D’après la
Fig. 6.24, le mélange des réactifs de meilleure qualité pour la configuration CYL4 permet à la flamme
d’être plus stable que pour la configuration CYL2.
Les performances globales moyennées en temps sont rassemblées dans le Tab. 6.10. On retrouve le
taux de dégagement de chaleur global différents pour les deux configurations dont l’allumage a tenu :
environ 41 % pour CYL2 et 58 % pour CYL4. Ces résultats montrent un meilleur rendement de conver-
sion pour la géométrie CYL4. Sur la chaleur produite par la flamme, 27 W sont perdus aux parois pour
CYL2 contre 42 W pour CYL4. Le rendement thermique est meilleur pour CYL2 que pour CYL4. Si
l’on regarde le rendement global, la configuration CYL4 s’avère meilleure que CYL2, avec 20 % contre
16 %. Ces valeurs sont inférieures à celle obtenue avec la configuration MESO-CORIA, de l’ordre de
25 %. Ces nouvelles configurations n’apportent ainsi finalement pas de gain sur le rendement global.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 197
6.4 Conclusion
Ce chapitre s’intéresse à l’amélioration de la forme du brûleur centimétrique afin d’en améliorer
les performances. Dans cet objectif, une stratégie de réduction du coût de calcul a été mise en place.
L’idée est d’utiliser des maillages plus grossiers que dans les chapitres précédents, couplés au modèle
d’épaississement de flamme TFLES. Dans le cadre de la chimie complexe, cette stratégie a nécessité
une attention particulière pour son utilisation dans YALES2 ainsi que le développement d’un capteur de
flamme adapté. Cette méthode de réduction du coût de calcul a été testée sur des flammes laminaires
1D et un cas test d’interaction flamme-tourbillons 2D. Ce dernier a montré une réponse correcte du
modèle, mais seulement pour des résolutions et épaississements modestes. En effet, pour des facteurs
d’épaississement supérieurs à quatre, la dynamique de l’interaction est trop éloignée de celle du calcul
de référence. La fonction d’efficacité ne semble plus capable de rendre compte de l’effet du plissement
de la flamme.
La stratégie a ensuite été testée sur la configuration 3D MESO-CORIA, avec des résolutions deux
et quatre fois plus grossières que celle utilisée dans le chapitre 5. Les résultats obtenus avec ces deux
maillages sont très proches de la solution de référence. Cependant, le gain de calcul apporté par chaque
niveau de déraffinement n’est pas le même. Le meilleur compromis précision des résultats / coût de calcul
nous est apparu être le cas avec le maillage à 100 µm.
Afin d’optimiser les performances du brûleur centimétrique MESO-CORIA, quatre configurations
cylindriques avec différentes caractéristiques géométriques ont été choisies. Ces géométries ont été si-
mulées en adoptant la stratégie de réduction de coût de calcul et des maillages dont la taille de maille
typique est de 100 µm. La topologie whirlée de l’écoulement est obtenue, sans zones de recirculation.
Après une phase d’allumage délicate, deux configurations sur les quatre ont vu la flamme s’éteindre. La
faible activité turbulente liée au changement de géométrie affecte le mélange entre réactifs et diminue
la surface de flamme. Cet effet mène à l’extinction de la flamme ou à une combustion instable dans le
domaine. Seule la configuration où l’injection d’air se fait à l’intérieur du tube d’entrée d’air conduit
à une flamme stable et un meilleur rendement global. Néanmoins, aucune des configurations testées ne
présente des performances plus élevées que la géométrie cubique MESO-CORIA. Ce résultat est a priori
inattendu au vu de la bibliographie sur les chambres de combustion mésoscopiques cylindriques. Néan-
moins, il a été remarqué que le méthane s’avère le carburant le plus difficile à mettre en œuvre par rapport
à l’hydrogène ou au propane. Certaines études ont montré la nécessité d’enrichir en oxygène l’air jusqu’à
40 % en volume afin de stabiliser la flamme [231].
Pour améliorer ce concept de chambre de combustion whirlé, l’augmentation de la turbulence dans
le jet d’air semble importante à la fois pour le mélange et pour la surface de flamme. Cette idée peut
être mise en place facilement en modifiant la géométrie du tube d’entrée d’air. Le manque de système
d’accroche-flamme paraît aussi un point important de conception de ces systèmes. Les recirculations de
coins dans la géométrie cubique pouvaient d’ailleurs jouer sensiblement ce rôle.
L’amélioration du mélange entre réactifs peut aussi passer par un changement du système d’injection
dans la chambre. Des systèmes de micro-mélange passifs de type chaotique [119] ou de type blocs 3D
alternant tourbillons et re-laminarisation de l’écoulement [30] semblent de parfaits candidats dans cet
objectif.
Des formes de chambre de combustion plus originales peuvent aussi être imaginées, tout en conser-
vant la caractéristique whirlée de l’écoulement. Un exemple pourrait consister en l’utilisation de multi-
perforations le long de la surface circulaire permettrait d’injecter de l’air froid le long des parois. Présente
dans les moteurs aéronautiques, cette technique créé un film de protection thermique entre la paroi et le
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 198
reste du domaine.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 199
Chapitre 7
Conclusions et perspectives
7.1 Conclusions
L’étude effectuée lors de cette thèse a permis d’analyser l’écoulement réactif dans un brûleur cen-
timétrique cubique grâce à des simulations numériques LES et DNS, et d’en étudier les performances.
Des pistes d’amélioration ont été proposées et l’enrichissement en hydrogène ainsi que le changement
de forme ont été testés. L’ensemble de cette étude a exigé l’ajout de nouvelles fonctionnalités dans le
code de calcul YALES2. L’implémentation, la validation sur cas tests et la diminution du temps de cal-
cul ont ainsi été nécessaire. Parmi ces développements, les plus importantes contributions concernent la
répartition de charge de calcul des termes sources de la chimie complexe, le modèle d’épaississement de
flamme et l’adaptation automatique et parallèle de maillage. Cette thèse s’est ainsi déroulée en plusieurs
parties.
Dans un premier temps, nous avons étudié l’écoulement non-réactif dans le brûleur cubique par si-
mulation DNS. La topologie tourbillonnaire whirlée de l’écoulement est correctement retrouvée avec une
zone de recirculation centrale. Les premières analyses du mélange entre les fluides entrant par chaque
entrée et de la distribution en temps de séjour ont montré des conditions non optimales pour la confi-
guration réactive. Des chemins préférentiels de l’écoulement favorisent des inhomogénéités de mélange
tandis que des recirculations de coins peuvent mener à des temps de séjour très longs pour certaines
particules fluides.
Dans la perspective de la simulation de l’écoulement réactif, des études de sensibilité au maillage
et au modèle de sous-maille pour la turbulence ont été réalisés. Un premier pas vers l’amélioration du
compromis précision des résultats / coût de calcul a été effectué.
Dans ce même objectif, une stratégie innovante d’adaptation de maillage automatique et parallèle a
été développée à l’aide de la libraire MMG3D [51], implantée de façon modulaire dans YALES2. Basée
sur des critères physiques et numériques, cette méthode permet le remaillage d’une grille composée de
tétraèdres en modifiant la densité locale de nœuds. Grâce à une répartition dynamique des éléments, le
caractère parallèle de cette stratégie permet le traitement rapide de maillages de plusieurs millions d’élé-
ments. Appliquée à un maillage grossier du brûleur centimétrique cubique, cette méthode a montré des
résultats très prometteurs. Même si la thématique de l’adaptation de maillage n’est pas récente [9, 62, 84],
le couplage direct avec le solveur fluide et la parallélisation automatique de la méthode constituent des
avancées majeures.
Conclusions et perspectives 201
Dans un second temps, nous nous sommes intéressés à l’étude de l’écoulement réactif dans le brûleur
centimétrique cubique. Une modélisation de la chimie via une cinétique complexe a été adoptée, avec
un maillage suffisamment fin pour capter correctement la dynamique de la flamme sans l’utilisation de
modèle de combustion. L’implémentation des effets thermodiffusifs Soret et Dufour a montré la faible
influence de ces phénomènes dans l’interaction flamme-paroi à nos conditions de fonctionnement. Pour
les besoins des calculs 3D, une stratégie de répartition de charge de calcul des termes sources de la chimie
entre processeurs s’est avérée nécessaire et a été optimisée afin d’être efficace sur plusieurs milliers de
processeurs.
Les simulations réactives LES, avec modèle de sous-maille uniquement pour la turbulence, ont per-
mis l’étude de la flamme dans le brûleur cubique. L’écoulement whirlé s’avère efficace car il permet la
stabilisation de la flamme en concentrant les gaz brûlés chauds au centre et les gaz frais froids proches
des parois. Le régime de combustion est majoritairement prémélangé et s’effectue à une richesse infé-
rieure à la richesse globale. Néanmoins, dans le cas d’une combustion méthane-air les performances du
brûleur ne sont pas satisfaisantes. Le mélange imparfait des réactifs ainsi que les trop grandes pertes
thermiques pariétales ne permettent pas d’obtenir une combustion complète. Une partie non négligeable
du carburant injecté sort directement du domaine sans avoir rencontré la flamme. Cet effet mène à un
rendement global du brûleur de l’ordre de 26 %.
L’amélioration des performances a aussi été étudiée grâce au changement de la forme de la chambre
de combustion. Pour multiplier le nombre de configurations calculées et diminuer le temps de retour,
l’utilisation de maillages plus grossiers que précédemment, couplés au modèle d’épaississement de
flamme TFLES, a été mise en place et validée sur la chambre de combustion cubique. Quatre géo-
métries cylindriques ont été testées, en conservant le même point de fonctionnement avec méthane pur
que la configuration cubique. La forme cylindrique peut a priori favoriser l’écoulement whirlé en évitant
les chemins préférentiels et les recirculations de coin. Cependant, les calculs LES réalisés ont montré
la grande influence sur l’écoulement réactif des quelques éléments géométriques qui diffèrent entre ces
Conclusions et perspectives 202
quatre géométries. Dans la moitié des configurations, la flamme est trop instable et s’est éteinte. Sur les
deux géométries restantes, une première présente une flamme très instable, tandis que l’autre montre une
flamme stable mais dont le rendement global est sensiblement inférieur à celui de la géométrie cubique.
Néanmoins, des enseignements ont été tirés sur la forme de chambre de combustion centimétrique à
utiliser :
- l’injection d’air semble devoir se faire de façon parfaitement tangente au cylindre, afin d’éviter
un chemin préférentiel du carburant de son entrée directement vers la sortie en longeant la paroi,
- le rapprochement des entrées d’air et carburant en amont de la chambre favorise le mélange entre
réactifs. Néanmoins, cette solution peut poser des problèmes en terme de sécurité avec le possible
phénomène de flashback.
- l’injection turbulente de l’air dans la chambre doit être favorisée afin de maximiser le mélange et
augmenter la surface de flamme.
- l’accrochage de la flamme dans le domaine doit être suffisant pour ne pas s’éteindre du fait de
trop fortes fluctuations en richesse ou en température.
Dans ces travaux, seule une adaptation de forme de type paramétrique a été réalisée : changement
de la forme générale, des positions des entrées... Au vu du coût de calcul de chaque configuration, ce
type d’optimisation semble a priori le seul envisageable aujourd’hui pour de tels écoulements réactifs.
L’optimisation de forme de type géométrique ou de type topologique reposent sur des algorithmes dont
le nombre de simulations à réaliser est plus important.
7.2 Perspectives
L’état actuel de l’étude permet de dresser de nombreuses perspectives parmi deux thématiques prin-
cipales traitées au cours de cette thèse : l’amélioration des performances de brûleurs centimétriques et
l’adaptation de maillage.
L’amélioration des performances de brûleurs centimétriques peut aussi passer par l’exploitation
de points de fonctionnement différents comme une richesse globale pauvre par exemple. L’utilisation
d’autres carburants peut aussi être envisagée. Dans la littérature, le propane a montré dans certains cas
de meilleurs résultats que le méthane [231, 48].
Un dernier aspect porte sur l’isolation thermique des parois. Une température plus élevée des murs
diminuerait le gradient thermique à l’intérieur de la chambre et permettrait de diminuer les pertes de
chaleur. Cependant, deux problèmes se posent : le matériau solide doit être capable de supporter de plus
fortes températures et la température des gaz de sortie augmente, ce qui n’est pas favorable dans certains
cas. Un compromis doit être trouvé dans la gestion thermique de la chambre de combustion.
F IGURE 7.1: Noyau de gaz frais entouré de gaz brûlés : champs de température T et terme source chi-
mique ω̇Y c superposés au maillage, à différents instants. Calcul réalisé sur 10 processeurs avec adaptation
dynamique de maillage et répartition automatique des éléments.
face de ces deux zones, consomme progressivement l’intégralité des réactifs. Le maillage suit l’évolution
du front de flamme au cours du temps grâce aux remaillages successifs effectués toutes les 25 itérations.
Beaucoup de travail reste à effectuer pour rendre l’adaptation de maillage totalement automatique
dans des géométrie complexes. Le développement de ces méthodes est toujours en cours dans le cas de
simulations avec chimie complexe.
Une autre problématique constatée au cours de cette thèse réside dans la diminution de la taille de
plus petite taille de maille, et par conséquent du pas de temps du calcul. Cela engendre un temps de retour
plus élevé des simulations. Le développement de nouvelles méthodes d’intégration temporelle implicites
permettrait de s’affranchir de cette difficulté.
D’autre part, il serait intéressant de savoir si le processus d’adaptation présenté dans cette thèse
converge toujours vers le même maillage final. Autrement dit, est-ce que le maillage adapté dépend du
maillage initial ? Si cette affirmation est vérifiée, la simulation pourrait ainsi devenir indépendante de
l’utilisateur.
Conclusions et perspectives 205
Annexe A
A.1 Principe
Dans les calculs parallèles, la synchronisation entre processeurs est importante pour obtenir les
meilleures performances possibles. Dans YALES2, l’équilibrage de charge est normalement effectué
par la double décomposition de domaine. Cependant, pour certaines tâches, cette double décomposition
ne convient pas. C’est notamment le cas de l’intégration des termes sources de la chimie. Pour remédier
à cela, un algorithme a été développé dans YALES2 pour mieux répartir cette charge de travail. La straté-
gie présentée ici est adaptée aux problèmes de calculs CPU intensifs avec peu d’entrées/sorties. On peut
trouver cette méthode sous le nom de Scheduler dynamique.
L’objectif de l’algorithme de répartition de charge est de distribuer à chaque processeur une quantité
de travail globale. Cette méthode permet de mieux synchroniser les processeurs entre eux. Les gains
observés peuvent être importants malgré le surcoût de communications MPI supplémentaires.
La méthode de répartition, appliquée à l’intégration de la chimie, peut être résumée de cette façon :
- chaque processeur ne calcule pas les termes sources de ses propres nœuds du maillage, mais se
met au service d’un processeur maître,
- ce maître distribue les nœuds qu’il possède aux autres processeurs afin de calculer les termes
sources,
- le rôle de "processeur maître" tourne entre tous les processeurs afin que chacun le soit une seule
fois.
Il est important de noter que plusieurs maîtres peuvent exister simultanément : l’algorithme ne force pas
à l’existence unique de ce rôle.
a) le maître lui envoie du travail. L’esclave l’exécute puis renvoie les résultats obtenus au maître.
Il repart à l’étape 1 ;
b) le maître lui envoie le signal de tout arrêter ;
c) le maître lui envoie l’identité du nouveau maître ;
i. si l’esclave est le nouveau maître, il change son état ;
ii. sinon, il retourne à l’étape 1.
Pour maximiser les performances, il est capital que plusieurs processeurs puissent avoir le rôle de
maître simultanément. Cela permet aux communications MPI de se chevaucher et d’éviter que tous les
processeurs soient en attente qu’une petite partie d’entre eux finissent leur travail.
Le message envoyé du maître vers l’esclave regroupe l’information de plusieurs nœuds regroupés
en un groupe de nœuds. L’information d’un nœud est constitué du système 3.140. Le nombre de nœuds
constituant ce groupe, appelé chunk, représente la granularité. A la fin du calcul de l’esclave, ce dernier
renvoie ces systèmes avancés en temps vers le maître. Le chunk est donc un paramètre important du
scheduler. Il doit être choisi en fonction de la taille du schéma cinétique et de la latence du réseau
du calculateur, afin de trouver le meilleur compromis entre le rapport opérations de calcul/nombre de
communications et la bonne répartition de charge (voir Tab. A.1).
F IGURE A.2: Scale-up du cas brûleur Bunsen 2D obtenu sur la machine Turing (IDRIS).
représentant l’accélération obtenue en utilisant plus de processeurs, est présentée Fig. A.2. Sans sche-
duler dynamique, les performances de calcul se dégradent : l’augmentation du nombre de processeurs
permet d’obtenir le résultat plus rapidement mais l’évolution n’est pas linéaire. Au contraire, l’utilisation
du scheduler apporte un gain important, la courbe de scale-up est presque idéale : multiplier le nombre
de processeurs par deux permet d’obtenir le résultat deux fois plus rapidement.
Sur le cas du brûleur centimétrique 3D, la courbe d’accélération obtenue avec le calculateur Curie
(CCRT) pour un nombre de cœurs s’étalant de 512 à 8192 est présentée Fig. A.3. Avec 512 processeurs,
on constate l’apport du scheduler avec un gain de 50 % sur le temps de calcul. Avec 1024 cœurs les
performances sont similaires avec et sans scheduler. Pour des nombres de processeurs plus importants,
les performances sans scheduler sont dégradées, bien en dessous de la courbe idéale. Avec scheduler, le
scaling est encore plus mauvais. La courbe est même décroissante à partir de 4096 processeurs. Pour les
calculs avec plus de 1024 processeurs, le coût des communications est supérieur au coût de calcul de
l’intégration des termes sources : l’activation du scheduler devient alors plus coûteux que le calcul des
termes sources lui-même.
A.4 Optimisation
A.4.1 Ajout de communicateurs internes
Le problème de performances vient du fait que dans le scheduler, chaque processeur communique
avec tous les autres processeurs. Sur un nombre important de cœurs, cela engendre de grandes possibilités
Algorithme de répartition de charge 210
3000
2500
2000
Strong scaling
Without scheduler
1500 With scheduler
Linear
1000
500
0
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000
Number of cores
F IGURE A.3: Comparaison du strong scaling avec et sans scheduler sur la configuration du brûleur
centimétrique 3D, obtenu sur la machine Curie (CCRT) avant optimisation. La référence est choisie
comme le calcul sans scheduler et 512 processeurs.
F IGURE A.4: Schéma de la double décomposition des processeurs. Haut : tous les processeurs sont réunis
dans un seul communicateur. Bas : les processeurs sont séparés entre plusieurs communicateurs.
de communications point à point que le réseau ne peut assurer correctement : le processeur maître a
trop de communications à assurer avec ses esclaves. Une optimisation du scheduler a donc été apportée
lorsqu’il est utilisé sur de grands nombres de processeurs.
L’objectif de l’optimisation est d’améliorer les performances du scheduler en limitant le nombre de
communications d’un processeur vers d’autres. L’idée est alors de créer des communicateurs internes,
c’est-à-dire constituer des groupes de processeurs. Chaque processeur communiquerait alors seulement
avec les autres processeurs de son sous-communicateur et non plus avec tous les autres du calcul. La
Fig. A.4 illustre ce propos. Avec un seul communicateur (zone rouge clair) réunissant seize processeurs,
chaque cœur (carré bleu) communique avec les quinze autres. Avec quatre communicateurs composés
de quatre cœurs (zones rouge clair à rouge foncé), chaque cœur communique uniquement avec trois
processeurs.
Cette stratégie d’optimisation ne fonctionne qu’à condition que les communicateurs soient équilibrés
en charge de calcul. Les groupes de processeurs sont alors constitués en se basant sur la charge CPU
mesurée à l’itération précédente. A partir de cette mesure, un algorithme de tri répartit les cœurs en
groupes de charges égales.
La taille des communicateurs est un paramètre clé pour la bonne performance du scheduler avec
communicateurs internes. Des communicateurs constitués d’un faible nombre de processeurs ne permet
Algorithme de répartition de charge 211
Nb. proc. dans comm. interne Nb. groupes de procs. Répartition de charge Travail du maître
-- ++ Mauvaise / Faible ,
++ -- Bonne , Elevé /
2500
2000
Scalar source term reduced efficiency
1500
4096 cores
512 cores
1000
500
0
0 100 200 300 400 500 600
Internal communicator size
F IGURE A.5: Efficacité réduite du calcul des termes sources en fonction de la taille du communicateur
interne pour des calculs à 512 et 4096 processeurs.
pas une bonne répartition de charge alors que des communicateurs avec un grand nombre de cœurs
reviendrait à avoir le problème précédent (voir Tab. A.2). Il convient donc de trouver un compromis
entre ces deux extrêmes.
De nombreux tests ont été effectués avec différents nombres de processeurs (Fig. A.5). Ils ont montré
que des communicateurs composés de 32 processeurs semble être le meilleur compromis entre bonne
répartition de charge et économie de travail pour le maître. Cette valeur est donc utilisée par défaut dans
le code YALES2.
1.1 Photo de l’ENIAC, premier ordinateur électronique complet en 1946 (source : Wikime-
dia) (a) et le Kinetis KL03 de Freescale, le microcontrôleur ARM le plus petit du monde
(2014), posé sur une balle de golf (source : www.silicon.fr) (b). Le microcontrôleur est
50 000 fois plus petit mais 400 000 fois plus performant que l’ENIAC. . . . . . . . . . . 14
1.2 Energie par unité de masse pour différentes sources d’énergie, tiré de [70]. . . . . . . . . 15
1.3 Diagramme de Ragone : comparaison des performances des techniques de stockage
d’énergie, tiré de [43]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.23 (a) : Iso-contour du taux de réaction (rouge) et du critère-Q (gris). (b) : Visualisation du
taux de réaction (couleur feu) et de la fraction de mélange Z (surimposition en échelle de
gris, iso-contour de la sœchiométrie en blanc) sur une coupe dans un plan du domaine. . 43
3.1 Taille de différents schémas cinétiques issus de la littérature en fonction du nombre d’es-
pèces N et du nombre de réactions K pour différents carburants, tiré de [131]. . . . . . . 56
3.2 Schéma de la structure d’une flamme de prémélange laminaire. . . . . . . . . . . . . . . 60
3.3 (a) : Diagramme schématique de la cascade énergétique à nombre de Reynolds élevé,
tiré de [184]. (b) : Spectre d’énergie cinétique turbulente E(k) en fonction du nombre
d’onde k (proportionnel à l’inverse de la longueur des tourbillons), tiré de [155]. . . . . . 61
3.4 Comparaison des méthodes DNS, LES et RANS : résolution temporelle d’une variable
comme la température (a) et résolution du spectre d’énergie turbulente (b) . . . . . . . . 63
3.5 Comparaison de la température (T) et du taux de dégagement de chaleur (HR) entre une
flamme laminaire 1D non-épaissie (en trait continu) et épaissie avec un facteur F = 4
(ligne avec les points). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.6 DNS de l’interaction flamme-turbulence : flamme non épaissie (gauche) et flamme épais-
sie d’un facteur F = 5 (droite). La flamme artificiellement épaissie est clairement moins
plissée par la turbulence du fait de la modification de l’interaction flamme-tubulence due
au facteur d’épaississement. Figures tirées de [179]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.7 Volume de contrôle basé sur un nœud du maillage dans YALES2 : xp représente le nœud
du maillage, xp représente le barycentre du volume de contrôle. . . . . . . . . . . . . . 73
3.8 Champs de temps calcul CPU de la chimie sur une flamme de bec bunsen sans répartition
de la charge de calcul, avec un schéma cinétique contenant 14 espèces et 38 réactions.
Le coût de la chimie est beaucoup plus important dans la flamme qu’en dehors. . . . . . 75
3.9 Représentation de la double décomposition de domaine sur un maillage composé de
triangles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.10 Schéma de communication entre communicateurs et entre processeurs. . . . . . . . . . . 76
3.11 Comparaison d’une même iso-surface de critère Q non-filtré (gauche) et filtré à l’aide
de filtres d’ordres élevés (droite), obtenue sur un maillage de 878 millions d’éléments.
Figures tirées de [90]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
4.12 (a) : Iso-contour Z = 0.055 dans le domaine 3D. (b) : Lignes de courant passant par
l’injection Z = 1 coloriées par la vitesse moyenne. (c) : PDF de la fraction de mélange
Z moyenne sur les plans A, B, C et D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4.13 Champs du scalaire τres moyen sur les plans A, B, C et D (de gauche à droite), en secondes. 95
4.14 Visualisation de la vitesse (a) et du temps de séjour (b) des particules traceurs dans le
domaine après 170 ms d’injection. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
4.15 Scatter plot du temps de résidence des particules en fonction de la direction y pour
chaque entrée d’injection : entrée "air" (a) et entrée "carburant" (b). . . . . . . . . . . . 96
4.16 Distribution du temps de résidence des particules injectées par l’entrée d’air et l’entrée
de carburant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.17 Champs de vitesse moyenne dans le plan A pour les maillages M1, M2 et MREF. . . . . 98
4.18 Champs de fraction de mélange obtenus avec les maillages M1, M2 et MREF. Noir : air.
Blanc : carburant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
4.19 Rendu volumique du rapport de viscosité µt /µ sur les maillages M1, M2 et M3. . . . . . 99
4.20 Fonction Densité de Probabilité de la distance à la paroi adimensionnée y + . . . . . . . . 100
4.21 Champs de vitesse moyenne sur le maillage M1 avec le modèle de viscosité turbulente
Smagorinsky Dynamique (a), WALE (b) et l’approche NO-MODEL (c). . . . . . . . . . 101
4.22 Champs de vitesse moyenne sur le maillage M2 avec le modèle de viscosité turbulente
Smagorinsky Dynamique (a), WALE (b) et l’approche NO-MODEL (c). . . . . . . . . . 101
4.23 Profils de vitesse moyenne (haut) et RMS (bas) sur les maillages M1 (gauche) et M2
(droite) en fonction des modèles de turbulence et comparé à la référence MREF. . . . . . 103
4.24 Schéma de la configuration jet plan turbulent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
4.25 DNS du jet plan turbulent : coupe centrale colorée par la norme de la vorticité. . . . . . 107
4.26 Plan central coloré par Qc1 (gauche) et Qc2 (droite) afin d’évaluer la qualité du maillage
LES initial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
4.27 Coupe centrale colorée par Qc1 (gauche) et Qc2 (droite) avec le second maillage LES,
adapté depuis le maillage LES initial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
4.28 Comparaison des statistiques sur le jet plan turbulent : DNS (—), LES initiale (· · · ) et
seconde LES (− −). Profils de vitesse moyenne sur trois coupes : à x/h = 4, 8 et 12 (a)
et profils de vitesse RMS à x/h = 4 (b), 8 (c) et 12 (d). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
4.29 Profils des critères Qc1 (a) et Qc2 (b) sur le maillage LES initial (· · · ) et pour le maillage
LES adapté (− −) sur le cas test d’écoulement turbulent dans une conduite. . . . . . . . 110
4.30 Profils de vitesse moyenne (a) et RMS (b) sur le cas test d’écoulement turbulent dans une
conduite : DNS (—), LES initiale (· · · ) et seconde LES (− −). . . . . . . . . . . . . . . 110
4.31 Critères Qc1 et Qc2 obtenus à partir des calculs sur maillage M1 de la configuration
non-réactive MESO-CORIA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
4.32 Exemple d’adaptation en parallèle d’un maillage avec un seul appel à la librairie d’adap-
tation : maillage initial, métrique imposée et maillage final (de gauche à droite). . . . . . 113
4.33 Répartition dynamique de charge avec la librairie ParMetis 4. . . . . . . . . . . . . . . . 113
4.34 Algorithme d’adaptation parallèle avec couplage MMG3D-YALES2. . . . . . . . . . . . 115
4.35 Exemple d’adaptation en parallèle d’un maillage en parallèle : étapes d’adaptation de 1
à 3 (de gauche à droite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
4.36 Procédure de calcul de la métrique basée sur Qc1 avec contrôle du nombre d’éléments. . 117
4.37 Procédure globale d’adaptation de maillage à partir des critères Qc1 et Qc2 . . . . . . . . 119
TABLE DES FIGURES 217
4.38 Distribution de taille de maille des grilles M1, MREF, A1 et A2. . . . . . . . . . . . . . 120
4.39 Comparaison des maillages M1 (a), A1 (b) et A2 (c) sur le plan d’injection. . . . . . . . 120
4.40 Champs de vitesse moyenne (haut) et RMS (bas) sur les maillages A1 (gauche) et A2
(droite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
4.41 Visualisation des quatre lignes étudiées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
4.42 Profils de vitesse moyenne (gauche) et RMS (droite) suivant les lignes 1, 2, 3 et 4 (de
haut en bas). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
4.43 Champs de critères Qc1 (haut) et Qc2 (bas) sur le plan d’injection des maillages A1
(gauche) et A2 (droite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
5.1 Maximum de vitesse laminaire d’une flamme méthane/air à 298K mesurée expérimenta-
lement, tiré de [131]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
5.2 Comparaison de la vitesse de flamme (a) et épaisseur de flamme (b) en fonction de la
richesse pour différents schémas cinétiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
5.3 Comparaison de la vitesse de flamme (a) et épaisseur de flamme (b) en fonction de la
température des gaz frais pour différents schémas cinétiques. . . . . . . . . . . . . . . . 132
5.4 Comparaison de la température adiabatique de flamme en fonction de la richesse (a) et
de la température des gaz frais (b) pour différents schémas cinétiques. . . . . . . . . . . 133
5.5 Comparaison de profils d’espèces majoritaires (gauche) et intermédiaires (droite), dans
l’espace physique (haut) et dans l’espace des phases (bas) pour différentes résolutions de
maillage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
5.6 Schéma du cas test 1D HOQ. Tiré de [226]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
5.7 Profils spatiaux de température et taux de dégagement de chaleur pour différents instants,
autour de l’extinction de la flamme, séparés de 200 µs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
5.8 Evolution temporelle de la distance flamme-paroi xT 1500 , du taux de dégagement de
chaleur global et du flux de chaleur à la paroi. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
5.9 Evolution temporelle entre 3 et 6 ms de la distance flamme-paroi xT 1500 , du taux de
dégagement de chaleur global et du flux de chaleur à la paroi (partie gauche) et zoom
entre 4 et 4.5 ms, au moment de l’extinction (partie droite). . . . . . . . . . . . . . . . . 139
5.10 Schéma du cas test Bunsen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
5.11 (a) : champ de coût de calcul du terme sources d’espèces. (b) : profil du coût de calcul de
la chimie le long de l’axe de symétrie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
5.12 Lignes de courant de l’écoulement dans le brûleur, coloriées par la température. . . . . . 143
5.13 Iso-contour instantané 3D de critère-Q colorié par la vitesse (couleurs arc-en-ciel) et
iso-contour de taux de dégagement de chaleur (en couleur feu). . . . . . . . . . . . . . . 144
5.14 Vue 3D des quatre plans étudiés dans la Fig. 5.15 : plans A à y = 1 mm, B à y = 3.5 mm,
C à y = 6 mm et D à y = 8.5 mm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
5.15 Champs instantanés de vitesse, scalaire temps de résidence, richesse, température et
terme source d’enthalpie sur les quatre plans le long de l’axe y, du plan d’injection au
plan de sortie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
5.16 Rendu volumique 3D du taux de dégagement de chaleur local à différents pas de temps
séparés de 0.86 ms (10 % du temps de passage moyen). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
5.17 Fonction Densité de Probabilité de l’indice de flamme ξ conditionné à la zone réactive. . 147
TABLE DES FIGURES 218
5.18 Fonction Densité de Probabilité de la richesse ϕ des zones réactives (ligne solide) et
distribution du taux de dégagement de chaleur local conditionné par la richesse (ligne
pointillée). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
5.19 Diagramme de combustion turbulente en régime prémélangée. . . . . . . . . . . . . . . 149
5.20 Pertes thermiques pariétales moyenne en W/m2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
5.21 Evolution temporelle des fractions massiques de CO, CO2 , H2 O et CH4 intégrées sur la
sortie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
5.22 Iso-contour instantané de fraction massique de monoxide de carbone YCO = 0.01 colorié
par la fraction massique de dioxide de carbone. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
5.23 Comparaison de profils d’espèces majoritaires dans l’espace physique (gauche) et dans
l’espace des phase (droite) pour les taux d’enrichissement des cas C2 (haut) et C3 (bas). . 154
5.24 Taux de dégagement de chaleur dans l’espace physique de flammes 1D des cas C1, C2
et C3, normalisés par la valeur du cas C1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
5.25 Rendu volumique instantané du taux de dégagement de chaleur local pour les trois cas
C1 (a), C2 (b) et C3 (c). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
5.26 Taux de dégagement de chaleur intégré le long de l’axe y normalisé par la valeur moyenne
maximale de chaque cas C1, C2 et C3 (de gauche à droite) : moyenne temporelle (haut)
et RMS (bas). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
5.27 Evolution temporelle de la surface de flamme pour chaque cas étudié. . . . . . . . . . . 157
5.28 PDF de richesse sur la surface de flamme pour les trois cas. . . . . . . . . . . . . . . . . 158
5.29 PDF de l’indice de flamme pour les trois cas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
5.30 Probabilité jointe de fraction de mélange Z et de température T sur les trois cas. Ligne
rouge : état d’équilibre. Ligne noire pointillée : ligne à iso-Z de maximum de température.159
5.31 PDF de la courbure de flamme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
5.32 Rendement chimique pour chaque cas étudié en fonction de la fraction molaire d’hydro-
gène dans le mélange de carburant et comparé à l’expérience. . . . . . . . . . . . . . . . 161
6.1 Procédure de construction du capteur de flamme proposé par Franzelli. Image tirée de [72].168
6.2 Comparaison du capteur de flamme, ici appelé α, avec le profil de température et de
termes sources d’espèces. Image tirée de [19]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
6.3 (a) : Procédure de filtrage du capteur de flamme : filtrage puis prise du maximum entre
profil initial et profil filtré. (b) : Capteur de flamme final obtenu. . . . . . . . . . . . . . 170
6.4 Comparaison de profils de température (gauche) et d’espèces majoritaires (droite) dans
l’espace physique dilaté (haut) et dans l’espace des phases (bas) pour différents épaissis-
sements constants. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
6.5 Comparaison de profils de température (gauche) et d’espèces majoritaires (droite) dans
l’espace physique dilaté (haut) et dans l’espace des phases (bas) pour différents épaissis-
sements locaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
6.6 Schéma du cas test d’interaction flamme-tourbillons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
6.7 Champs de température, taux de dégagement de chaleur et vorticité en fonction du temps,
obtenus avec le maillage A1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
6.8 Taux de dégagement de chaleur (ligne) et surface de flamme (points) en fonction du
temps, normalisés par leur valeur à t = 0 ms. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
6.9 Taux de dégagement de chaleur en fonction du temps pour les cas A0 et A1. . . . . . . . 177
TABLE DES FIGURES 219
7.1 Noyau de gaz frais entouré de gaz brûlés : champs de température T et terme source chi-
mique ω̇Y c superposés au maillage, à différents instants. Calcul réalisé sur 10 processeurs
avec adaptation dynamique de maillage et répartition automatique des éléments. . . . . . 204
5.1 Temps de calcul normalisé pour chaque maillage étudié. Le symbole * indique que la
flamme est accrochée au maillage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
5.2 Résultats obtenus sur chaque cas de la flamme Bunsen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
5.3 Synthèse des performances du processus maître pour la flamme Bunsen 2D avec le
maillage de résolution 45 µm dans le front de flamme sur 128 processeurs, avec et sans
répartition de la charge de calcul des termes sources. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
5.4 Operating conditions for the considered computations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
5.5 Performances globales du brûleur, moyennées en temps, pour le cas avec méthane pur. . 150
5.6 Performances de calcul pour la configuration MESO-CORIA méthane-air sur maillage
avec 34.2 millions d’éléments. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
5.7 Conditions opératoires des trois cas étudiés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
5.8 Performances globales du brûleur pour les points de fonctionnement C1, C2 et C3. . . . 160
5.9 Comparaison du rendement chimique entre l’expérience et la simulation. Les valeurs
expérimentales sont tirées de [137]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
5.10 Emissions polluantes en sortie pour les trois cas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
6.8 Synthèse des performances de calcul pour la configuration MESO-CORIA avec maillages
grossiers couplés au modèle TFLES et comparé au résultat de référence. . . . . . . . . . 188
6.9 Caractéristiques géométriques et de maillages des configurations cylindriques. . . . . . . 190
6.10 Performances globales moyennes obtenues sur les configurations cylindriques. . . . . . . 196
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