Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Benard

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 235

Analyse et amélioration d’une chambre de combustion

centimétrique par simulations aux grandes échelles


Pierre Benard

To cite this version:


Pierre Benard. Analyse et amélioration d’une chambre de combustion centimétrique par simulations
aux grandes échelles. Mécanique des fluides [physics.class-ph]. INSA de Rouen, 2015. Français. �NNT :
2015ISAM0018�. �tel-01310811�

HAL Id: tel-01310811


https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01310811
Submitted on 3 May 2016

HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est


archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents
entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de
teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires
abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
THÈSE
présentée par

Pierre BENARD
pour l’obtention du grade de

Docteur de l’Institut National des Sciences Appliquées de Rouen

Discipline : Énergétique
Spécialité : Mécanique des Fluides
Formation doctorale : Sciences Physiques, Mathématiques
et de l’Information pour l’Ingénieur
Laboratoire d’accueil : UMR-CNRS-6614-CORIA

Analyse et amélioration d’une chambre de combustion


centimétrique par simulations aux grandes échelles

soutenue le 8 octobre 2015

Membres du jury :

Rapporteurs :
Nasser Darabiha Professeur, EM2C, Ecole Centrale Paris
Arnaud Mura Directeur de Recherche CNRS, PPRIME, ENSMA Poitiers
Examinateurs :
Xue-Song Bai Professeur, Université de Lund (Suède)
Fabio Cozzi Assistant Professor, Politecnico di Milano (Italie)
Vincent Giovangigli Directeur de Recherche CNRS, CMAP, Ecole Polytechnique Paris
Christophe Goupil Professeur, LIED, Université Paris Diderot
Directeurs de thèse :
Yves D’Angelo Professeur, CORIA, INSA de Rouen
Vincent Moureau Chargé de Recherche CNRS, CORIA, INSA de Rouen
2
3

Résumé : Analyse et amélioration d’une chambre de combustion centimétrique par simulations


aux grandes échelles

Réaliser un système de combustion à petite échelle reste aujourd’hui un défi. L’augmentation du rap-
port surface/volume favorise les pertes thermiques, contribue à la diminution du temps de séjour et limite
la turbulence. Le premier objectif de cette thèse est de comprendre les phénomènes physiques intervenant
dans un brûleur centimétrique tourbillonnaire de 8×10×8 mm3 et mettre au point des outils numériques
adaptés. L’écoulement réactif méthane/air est étudié au moyen de simulations numériques LES. La com-
bustion ne consomme pas l’intégralité du carburant, entraînant un rendement de combustion de l’ordre
de 50% et d’importantes émissions de polluants. Le deuxième objectif est d’adapter les performances
de ce brûleur. L’enrichissement en hydrogène a montré une amélioration sensible du rendement et une
réduction des émissions polluantes. Plusieurs configurations géométriques de la chambre ont aussi été
étudiées, ce qui a permis de dégager des axes d’améliorations.

Mots-clés : Mesocombustion, Simulations aux grandes échelles, chimie complexe, enrichissement


en hydrogène

Abstract : Analysis and improvement of a centimetric burner by Large-Eddy Simulations

Designing a meso-scale combustion system remains a challenging scientific and technological issue.
Increasing the surface-to-volume ratio promotes wall heat losses, reduces the residence time and turbu-
lence intensity. The main objective of this thesis is to understand the physical phenomena involved in
the centimetre-sized asymmetric whirl cubic burner of 8 × 10 × 8 mm3 and develop specific adapted
numerical tools. The methane/air reactive flow is studied using detailed LES. While fuel and air are in-
jected separately, combustion takes place in the premixed regime. However combustion is far from being
complete, causing low combustion efficiency and significant emissions of pollutants. The second objec-
tive is to adapt in the best possible way the performances of this burner. Hydrogen enrichment of the
fuel mixture showed significant efficiency enhancement and reduced pollutant emissions. Several other
combustor geometries are also studied, paving the way for future improvement.

Keywords : Mesocombustion, Large-Eddy Simulation, Complex Chemistry, Hydrogen Enrichment


4
Remerciements

Ce manuscrit est l’achèvement de trois ans et demi de travaux de recherche. Par ces lignes, je tiens à
remercier celles et ceux qui m’ont permis d’accomplir cette entreprise.

Tout d’abord, je remercie Nasser Darabiha et Arnaud Mura d’avoir accepté la charge de rapporteurs
de cette thèse et l’ensemble des autres membres du jury pour avoir fait le déplacement jusqu’à Rouen à
l’occasion de ma soutenance et jugé la qualité de mon travail. Je tiens spécialement à remercier Fabio
Cozzi pour son éclairage d’expérimentateur, sa gentillesse et son accueil lors d’une semaine de travail à
Milan.

Cette thèse s’est déroulée au laboratoire CORIA. Je remercie tout naturellement le directeur du labo-
ratoire, Mourad Boukhalfa, ainsi que tous les personnels techniques et administratifs pour leur service et
leur sympathie tout au long de ces années.

Pour m’avoir accepté en thèse et transmis une partie de son savoir, je remercie sincèrement mon
directeur de thèse, Yves D’Angelo. Merci d’avoir cru en moi, de m’avoir permis de travailler en toute
liberté et en toute confiance, de m’avoir fait progresser dans de nombreux domaines. Cette thèse a été
aussi l’occasion pour moi de présenter mes résultats lors de nombreuses conférences, ce qui a été enri-
chissant à tous points de vue. Merci aussi pour cela.

Ces années n’auraient pas été les mêmes sans l’encadrement de deux grandes personnes : Vincent
Moureau et Ghislain Lartigue. Merci Vincent pour ton encadrement, ta gentillesse et tes conseils avi-
sés. J’ai toujours senti ton soutien, source de motivation évidente pour donner le meilleur de soi. Merci
Ghislain, grand génie logiciel devant l’éternel, de répondre toujours présent quand on en a besoin. Ton

aide et ton talent ont été précieux pour résoudre mes nombreux problèmes et questions (w ? ?). C’était,
et c’est toujours, un plaisir de travailler avec vous deux dans cette équipe YALES2. À vous ma sincère
reconnaissance.

La bonne ambiance vécue au sein du groupe a été permise grâce aux thésards avec qui j’ai partagé
plus ou moins de temps. Donc merci aux plus anciens : Jon, Xavier, Pec, Guimch, Mathias, Suresh,
Nicolas, Benjamin, Chloé, Marianne. Un message particulier pour Catherine avec qui j’ai longtemps
partagé le bureau et qui m’a beaucoup aidé en début de thèse. Viennent ensuite les doctorants de ma
génération. Merci Lisa pour ta bonne humeur et tes connaissances sur la science du cheveu. Merci Lola
pour ta (moins) bonne humeur (encore une trahison ?). Compagne de bureau, de course, de voiture (etc.),
c’était un réel plaisir de partager ces moments. Merci Ben et Hasnae pour les nombreux moments passés
ensemble à Rouen et ailleurs. Viennent ensuite les plus jeunes de l’équipe, Dorian, Nico, Bastien, Eu-
6

rielle, Thomas, et les encore plus jeunes Lancelot, Hakim, Nico, Yann mon stagiaire préféré, Umut. Bon
courage pour vos thèses ! Merci aussi aux inclassables : Pradip, Alvin, Alex, David, Carlo...
Je tiens à tous vous remercier pour les nombreuses discussions, réunions, formations, conférences,
pauses cafés, soirées, vacances partagés ensemble.

Pour finir, je remercie profondément toute ma famille et notamment mes parents et ma soeur pour
leur présence et leurs encouragements tout au long de cette aventure. Merci aussi à mes amis caennais
pour leur soutien sans faille, surtout ceux venus subir ma soutenance : Flo, Mat’, Clem, Emeu et Estelle.
Vous avez été une source de distraction indispensable pendant ces 3 ans. Enfin, je remercie cette thèse
d’avoir mis sur ma route des personnes qui comptent pour moi aujourd’hui et avec qui d’autres aventures
sont à vivre.
7
Table des matières

1 Contexte et objectifs de la thèse 13


1.1 Contexte industriel et développement de la combustion à petite échelle . . . . . . . . . . 13
1.2 Expertise du CORIA sur la mésocombustion et projet MESOTHERM . . . . . . . . . . 16
1.3 Objectifs de la thèse et plan du manuscrit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

2 Etat de l’art de la mésocombustion 20


2.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2 Avantages et inconvénients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3 Problématiques de la mésocombustion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3.1 Problèmes thermophysiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.3.2 Problèmes thermiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.3.3 Problèmes liés à la combustion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.4 Utilisation de l’énergie issue de la mésocombustion et applications . . . . . . . . . . . . 26
2.5 Exemples de solutions technologiques pour la combustion à petite échelle . . . . . . . . 28
2.5.1 Combustion avec recirculation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.5.2 Brûleurs catalytiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.5.3 Brûleur tourbillonnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.6 Expériences menées au CORIA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.6.1 Géométrie du brûleur MESO-CORIA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.6.2 Résultats expérimentaux notables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.6.3 Simulation numérique DNS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

3 Equations de l’aérothermochimie 44
3.1 Propriétés d’un mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.1 Composition d’un mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.2 Description thermodynamique d’un mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.3 Loi d’état mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2 Ecriture des équations bilans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2.1 Equations de conservation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2.2 Expression des flux diffusifs dans le cas général . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.2.3 Hypothèses simplificatrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.2.4 Modélisation des phénomènes de transport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.3 Modélisation de la chimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.3.1 La cinétique chimique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.3.2 Méthodes de réduction du coût de la chimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
TABLE DES MATIÈRES 9

3.3.3 Variables caractéristiques liées à la flamme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57


3.4 Extension des équations au formalisme LES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.4.1 Introduction à la turbulence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.4.2 Simulation d’écoulements turbulents : approches DNS / LES / RANS . . . . . . 62
3.4.3 Etablissement des équations filtrées de la LES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.4.4 Modélisation de sous-maille pour la turbulence . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.4.5 Modèles de combustion turbulente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.5 Le modèle d’épaississement de flamme : TFLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.5.1 Principe général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.5.2 Conditions sur l’épaississement F . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.5.3 Interaction flamme-turbulence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.5.4 Expression dynamique du modèle TFLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
3.6 Résolution numérique dans YALES2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
3.6.1 Difficultés de résolution des équations bilans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
3.6.2 Stratégies adoptées et concepts généraux de YALES2 . . . . . . . . . . . . . . . 72
3.6.3 Solveur incompressible à densité constante (ICS) . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.6.4 Solveur incompressible dilatable (VDS) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
3.6.5 Résolution de l’équation de Poisson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

4 Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 84


4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.1.1 Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.1.2 Description du cas de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.2 Analyse phénoménologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.2.1 Caractéristique tourbillonnaire de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.2.2 Etude de la turbulence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
4.2.3 Analyse du mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
4.2.4 Distribution en temps de séjour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
4.3 Influence des paramètres numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.3.1 Convergence en maillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.3.2 Etudes des modèles de turbulence de sous-maille . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
4.4 Adaptation de maillage en parallèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
4.4.1 Critères d’adaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
4.4.2 Evaluation des critères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
4.4.3 Méthodologie d’adaptation en parallèle sur configuration complexe . . . . . . . 111
4.4.4 Application sur le brûleur centimétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
4.4.5 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
4.5 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

5 Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 128


5.1 Calculs préliminaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
5.1.1 Choix de modélisation de la chimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
5.1.2 Flammes laminaires 1D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
5.1.3 Interaction flamme-paroi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
5.1.4 Etude de la convergence en maillage : bec bunsen 2D . . . . . . . . . . . . . . . 139
TABLE DES MATIÈRES 10

5.2 Etude de la combustion air-méthane dans le brûleur centimétrique MESO-CORIA . . . . 142


5.2.1 Présentation du cas de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
5.2.2 Topologie de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
5.2.3 Structure de flamme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
5.2.4 Régime de combustion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
5.2.5 Performances du brûleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
5.2.6 Performances de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
5.3 Impact de l’enrichissement en hydrogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
5.3.1 Intérêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
5.3.2 Validation sur flammes 1D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
5.3.3 Description des cas de calcul 3D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
5.3.4 Topologie de l’écoulement réactif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
5.3.5 Performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
5.3.6 Polluants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
5.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162

6 Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 165


6.1 Stratégie de réduction du coût de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
6.1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
6.1.2 Implantation du modèle TFLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
6.1.3 Validation sur flammes laminaires 1D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
6.1.4 Interaction flamme-turbulence : cas test flamme-tourbillons 2D . . . . . . . . . . 172
6.2 Validation de la stratégie sur la configuration MESO-CORIA . . . . . . . . . . . . . . . 179
6.2.1 Présentation des calculs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
6.2.2 Topologie de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
6.2.3 Performances globales et polluants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
6.2.4 Performances de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
6.3 Amélioration de la forme du brûleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
6.3.1 Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
6.3.2 Configurations étudiées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
6.3.3 Paramètres physiques et numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
6.3.4 Etude de l’écoulement réactif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
6.3.5 Performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
6.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197

7 Conclusions et perspectives 200


7.1 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
7.2 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
7.2.1 Amélioration des performances de brûleurs centimétriques . . . . . . . . . . . . 202
7.2.2 Adaptation de maillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203

A Algorithme de répartition de charge 206


A.1 Principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
A.2 Détails de l’algorithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
A.3 Performances avant optimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
TABLE DES MATIÈRES 11

A.4 Optimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209


A.4.1 Ajout de communicateurs internes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
A.4.2 Initialisation des communications point-à-point . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211

Table des figures 213

Liste des tableaux 220

Bibliographie 223
TABLE DES MATIÈRES 12
Chapitre 1

Contexte et objectifs de la thèse

Sommaire
1.1 Contexte industriel et développement de la combustion à petite échelle . . . . . . . 13
1.2 Expertise du CORIA sur la mésocombustion et projet MESOTHERM . . . . . . . 16
1.3 Objectifs de la thèse et plan du manuscrit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

1.1 Contexte industriel et développement de la combustion à petite échelle


Un progrès technologique : la miniaturisation
Depuis le XIXème siècle, le développement industriel et technologique a suivi une évolution extra-
ordinaire, qui s’est encore accélérée au XXème siècle. Les découvertes scientifiques se sont multipliées
dans de nombreux secteurs d’activité : transport, santé, information et communication, énergie... Elles
permettront de grandes évolutions sociales et sociétales comme l’allongement de l’espérance de vie ou
le déplacement en automobile, avion ou même fusée.
La troisième révolution industrielle a débuté dans les années 1970 mais n’a véritablement émergé
qu’à la fin du XXème siècle avec l’informatique. C’est elle qui voit l’invention d’Internet (1969), du
microprocesseur (1971) et de l’ordinateur personnel (1977). Ces inventions vont largement s’améliorer
et se diffuser à l’ensemble de l’économie. En parallèle de cette évolution, on assiste également à une
course à la miniaturisation des systèmes électroniques et énergétiques, tirée par une demande pour des
appareils personnels toujours plus performants et toujours plus compacts.
Les récentes et plus visibles applications dans la société civile sont les ordinateurs et téléphones
portables. La taille des ordinateurs, par exemple, est passée d’une salle entière, comme l’ENIAC à la
fin des années 1940 (Fig. 1.1 (a)), à quelques centimètres cubes aujourd’hui avec des performances
incomparables (de quelques centaines d’opérations par seconde à 1012 , soit un téraFLOPS 1 , pour les
meilleurs ordinateurs personnels).
Les progrès sur la microélectronique, couplés à ceux de la micromécanique, ont donné naissance à
de nouvelles applications dans la robotique. Depuis quelques années, on parle beaucoup des drones, ces
véhicules volants sans humain embarqué, télécommandés ou autonomes. Les missions de ces appareils
peuvent être militaires (renseignement, combat) ou civiles (exploration, transport). On peut aussi citer
1. FLOPS est un acronyme signifiant « opérations à virgule flottante par seconde » (en anglais, FLoating-point Operations
Per Second). Le nombre de FLOPS est une mesure commune de la vitesse d’un système informatique.
Contexte et objectifs de la thèse 14

(a) (b)

F IGURE 1.1: Photo de l’ENIAC, premier ordinateur électronique complet en 1946 (source : Wikimedia)
(a) et le Kinetis KL03 de Freescale, le microcontrôleur ARM le plus petit du monde (2014), posé sur une
balle de golf (source : www.silicon.fr) (b). Le microcontrôleur est 50 000 fois plus petit mais 400 000
fois plus performant que l’ENIAC.

d’autres exemples d’applications alliant microélectronique et électromécanique dans le domaine médical


(microsondes, microchirurgie, implants à impact faible, imagerie), ou celui de la chimie (analyseurs
chimiques miniatures et parallèles) ou de la communication (micro-satellites) [111, 151, 70].
La tendance générale à la miniaturisation profite également des arguments liés aux économies d’éner-
gie, autre problématique industrielle actuelle. A priori, l’utilisation de systèmes plus petits s’accompagne
d’une réduction de la consommation en énergie. Leur fabrication est aussi synonyme d’une moindre
consommation de ressources matérielles et d’énergie, et s’accompagne d’une réduction des emballages.

La source d’énergie : facteur limitant


La réduction de consommation d’énergie permet à certains systèmes d’être autonomes. Si on ajoute
une réduction de poids, ces derniers deviennent portables. Ils se doivent dès lors d’emporter une source
d’énergie, le plus souvent électrique. La demande en énergie s’étend de quelques watts à plusieurs cen-
taines de watts suivant les applications.
Parmi les sources d’alimentation électrique les plus utilisées, on recense deux grands types de batte-
ries chimiques :
- les batteries primaires, communément appelé piles : elles sont non-rechargeables (utilisables une
seule fois), ce qui peut entraîner un coût d’utilisation élevé,
- les batteries secondaires : basées souvent sur du lithium ou du nickel, elles sont rechargeables
mais perdent de leur capacité avec le temps, se déchargent passivement et sont sensibles aux
conditions climatiques.
Bien que les batteries chimiques représentaient un marché de 37 milliards de dollars en 2005 [61],
elles montrent plusieurs limites. Ces batteries présentent des inconvénients environnementaux (utilisation
de produits chimiques toxiques : mercure dans certaines piles alcalines, plomb, cadmium...), politiques
(le lithium couramment utilisé dans les batteries secondaires est principalement produit en Bolivie ou Af-
ghanistan, régions politiquement instables). Mais leur plus grand défaut reste leurs faibles performances :
temps de recharge long, coût et poids élevés et une faible densité énergétique (énergie contenue par unité
de masse), de l’ordre de 0.2 kWh.kg−1 [70]. Ce principal défaut peut même devenir limitant dans la
création d’applications très énergivores.
Contexte et objectifs de la thèse 15

F IGURE 1.2: Energie par unité de masse pour différentes F IGURE 1.3: Diagramme de Ragone :
sources d’énergie, tiré de [70]. comparaison des performances des tech-
niques de stockage d’énergie, tiré de [43].

Malgré l’amélioration continue des batteries, de nouvelles voies s’ouvrent vers de nouveaux systèmes
de génération d’énergie innovants. Parmi ceux-ci, on trouve la combustion à petite échelle.

Une autre voie : la combustion à petite échelle


La combustion constitue la principale source d’énergie de l’histoire et représente toujours aujourd’hui
plus de 80 % de l’énergie mondiale produite, d’après l’Agence Internationale de l’Energie (IEA). Les
hommes ont bien compris, au cours du temps, la capacité énergétique des différents carburants : bois,
charbon, pétrole, gaz.
C’est toujours cette densité énergétique qui cherche à être exploitée aujourd’hui via la recherche sur
des systèmes de génération d’énergie de petite taille basés sur la combustion. Les carburants hydrogénés
ou hydrocarbonés présentent d’importantes densités énergétiques : jusqu’à 12 kWh.kg−1 pour l’iso-
octane (Fig. 1.2) et même plus de 33 kWh.kg−1 pour l’hydrogène [54], soit 10 à 50 fois ce que permettent
les batteries chimiques.
Comme le montre la figure 1.2, un générateur d’électricité basé sur la combustion de carburants hy-
drocarbonés et ayant un rendement global de 10 % permettrait d’égaler voire dépasser les performances
des meilleures batteries actuelles. En terme de puissance, la combustion est aussi supérieure aux batteries,
comme observé sur le diagramme de Ragone de la Fig. 1.3. Alors que la plupart des batteries chimiques
plafonnent entre 100 et 500 W.kg−1 , un moteur avec combustion permet d’approcher 1000 W.kg−1 .
Puisque l’énergie produite est à destination d’applications réduites, la source d’énergie est de petite
taille : on parle ici de combustion à petite échelle ou mésocombustion (pour combustion à l’échelle du
centimètre). Les expressions macrocombustion et microcombustion désignent respectivement la combus-
tion à l’échelle supérieure (dizaines de centimètres) et inférieure (moins de 1 mm) à la mésocombustion.
Comme tout système traditionnel, l’énergie libérée par la combustion peut être convertie en électricité,
en travail mécanique, servir à la propulsion ou au chauffage/dégivrage.
Un système basé sur la mésocombustion présente de multiples avantages : il est compact, durable (il
ne perd pas, ou peu, de capacité avec le temps), efficace (il peut développer toute sa puissance presque
Contexte et objectifs de la thèse 16

immédiatement), léger et instantanément rechargeable. Mais en contrepartie, la mésocombustion pose


de nombreux problèmes technologiques. Réduire la taille d’une chambre de combustion classique (de
l’ordre de la dizaine de centimètres cubes) engendre des problèmes d’échelles cruciaux qui affectent
grandement le rendement du système. Néanmoins, un système basé sur la combustion jouit d’une grande
flexibilité : la cogénération qui consiste à coupler plusieurs méthodes d’extraction d’énergie (turbine +
extraction de la chaleur des gaz chauds) en fait une perspective qui intéresse de nombreuses équipes de
recherche ainsi que des industriels.
L’intérêt et le défi que représente la mésocombustion en fait une thématique de recherche mondiale-
ment étudiée.

1.2 Expertise du CORIA sur la mésocombustion et projet MESOTHERM


La combustion à petite échelle est un sujet de recherche au sein du laboratoire CORIA depuis 2008.
Les travaux de deux doctorantes, en collaboration avec le Politecnico de Milan et l’Université de Cam-
bridge, ont permis d’effectuer une étude expérimentale et numérique sur une chambre de combustion
cubique de 640 mm3 . Ces premières études académiques ont permis d’identifier des paramètres déter-
minants de la performance du brûleur, et d’analyser certains mécanismes de l’écoulement réactif pour
différents régimes de fonctionnement.
Au sein du Labex EM C3 2 , un projet de recherche transverse alliant les laboratoires CORIA
(Rouen) et CRISMAT (Caen) a démarré en février 2012 sous le nom MESOTHERM pour "MESO-
combustion et THERMoélectricité". Le but de ce projet est de concevoir et réaliser un démonstrateur de
générateur d’électricité sans parties mobiles, composé d’une chambre de combustion de taille centimé-
trique (la source de chaleur) et de matériaux thermoélectriques qui transforment la chaleur en électricité
par effet Seebeck.
A l’intérieur du projet MESOTHERM, une partie de la recherche concerne la chambre de combustion
centimétrique. Ce travail fait l’objet du financement d’une thèse qui est l’objet de ce manuscrit.

1.3 Objectifs de la thèse et plan du manuscrit


Dans le cadre du projet MESOTHERM, cette thèse a pour objectif d’étudier et comprendre les phé-
nomènes physiques régissant l’écoulement réactif dans les brûleurs centimétriques et de proposer des
éléments d’amélioration des performances pour ces systèmes. A cette fin, la chambre de combustion
centimétrique tourbillonnaire analysée expérimentalement au CORIA a été étudiée par simulations nu-
mériques LES avec chimie et transport détaillés. Dans le but d’améliorer les performances du brûleur
centimétrique, deux pistes ont été exploitées au cours de ces travaux : l’enrichissement en hydrogène du
mélange de carburant et la modification de la géométrie. Ce travail a nécessité le développement et la
mise au point de stratégies de calcul alliant précision des résultats et faible temps de retour.
Afin de répondre aux objectifs, les travaux menés lors de la thèse sont rassemblés dans ce manuscrit
décomposé en 7 chapitres. Il se présente de la manière suivante :
2. Le "Laboratoire d’Excellence" EM C3, pour "Energy Materials and Clean Combustion Center", est un centre de re-
cherche consacré aux matériaux pour l’énergie et la combustion propre. Créé en 2011 dans le cadre de l’appel à projets "Labora-
toire d’Excellence" du Programme d’Investissement d’Avenir du gouvernement français, il regroupe sept laboratoires normands
de Caen, Rouen et Le Havre. Plus d’informations sur www.labex-emc3.fr .
Contexte et objectifs de la thèse 17

Chapitre 1 Contexte.
Ce présent chapitre a permis de poser le contexte industriel de l’étude, présenter l’avancement des travaux
au CORIA et les objectifs de la thèse.

Chapitre 2 Etat de l’art de la mésocombustion.


Ce chapitre est l’occasion de définir la mésocombustion d’un point de vue phénoménologique, à la lu-
mière de la littérature scientifique sur le sujet. Les avantages et problématiques scientifiques posés par
cette approche sont présentés. Est également proposée une liste non exhaustive de solutions technolo-
giques tirées de publications scientifiques et répondant au défi de la combustion à petite échelle. Le brû-
leur étudié au CORIA est présenté plus en détails au travers des résultats expérimentaux et numériques
déjà obtenus.

Chapitre 3 Equations de l’aérothermochimie.


Le Chapitre 3 rappelle les équations régissant le mouvement d’un fluide réactif. Une attention particulière
est portée sur les phénomènes de transport et l’évaluation des termes sources chimiques. L’hypothèse de
faible de nombre de Mach est exposée, le formalisme LES et le modèle d’épaississement de flamme
utilisé au cours de cette thèse font également l’objet de ce chapitre. Les caractéristiques du code de
calcul YALES2 ainsi que les choix de modélisation sont présentés.

Chapitre 4 Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique.


Ce chapitre porte sur l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique du CORIA. La phénomé-
nologie de l’écoulement, l’apparition de l’écoulement turbulent, le mélange et la distribution en temps
de séjour y sont décrits. Une analyse de sensibilité aux paramètres numériques tels que l’influence du
maillage et du modèle de turbulence est également effectuée.
Dans un objectif de réduction des coûts de calcul, une stratégie d’adaptation de maillage automatique
et parallèle est proposée afin d’assurer une bonne fidélité des résultats. Différents critères d’adaptation
pour des écoulements non-réactifs sont définis. L’adaptation de maillage est appliquée au brûleur du
CORIA.

Chapitre 5 Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique.


Dans ce chapitre, une stratégie de calcul pour les écoulement réactifs dans les chambres de combus-
tion centimétriques est présentée et validée sur des cas tests simples. Un premier calcul LES réactif 3D
méthane-air dans le brûleur du CORIA permet de mieux comprendre les mécanismes physiques en jeu.
Les performances du brûleur sont mis en parallèle avec l’analyse de l’écoulement réactif. Afin d’amé-
liorer les performances du brûleur, l’enrichissement en hydrogène du mélange de carburant est testé sur
deux points de fonctionnement. Ces résultats numériques sont comparés aux résultats expérimentaux.

Chapitre 6 Amélioration de la forme du brûleur centimétrique.


L’amélioration des performances est aussi étudiée grâce à la modification de la forme du brûleur centi-
métrique. Des géométries basées sur une forme cylindrique, plutôt que cubique, sont testées. Pour réduire
le coût de calcul et augmenter le nombre de configurations étudiées, une stratégie de calcul utilisant des
maillages avec une résolution plus grossière que dans le chapitre précédent et le modèle d’épaississement
de flamme est proposée.
Contexte et objectifs de la thèse 18

Chapitre 7 Conclusion et perspectives.


Ce dernier chapitre apporte une conclusion générale de l’étude et propose des perspectives de recherche
à la fois sur l’amélioration des performances des brûleurs centimétriques ainsi que sur l’adaptation de
maillage.
Contexte et objectifs de la thèse 19
Chapitre 2

Etat de l’art de la mésocombustion

Ce chapitre est l’occasion de définir la mésocombustion d’un point de vue phénoménologique, à la


lumière de la littérature scientifique sur le sujet. Les avantages et problématiques scientifiques posés
par cette approche sont présentés. Est également proposée une liste non exhaustive de solutions techno-
logiques tirées de publications scientifiques et répondant au défi de la combustion à petite échelle. Le
brûleur étudié au CORIA est présenté plus en détails au travers des résultats expérimentaux et numé-
riques déjà obtenus.

Sommaire
2.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2 Avantages et inconvénients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3 Problématiques de la mésocombustion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3.1 Problèmes thermophysiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.3.2 Problèmes thermiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.3.3 Problèmes liés à la combustion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.4 Utilisation de l’énergie issue de la mésocombustion et applications . . . . . . . . . 26
2.5 Exemples de solutions technologiques pour la combustion à petite échelle . . . . . 28
2.5.1 Combustion avec recirculation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.5.2 Brûleurs catalytiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.5.3 Brûleur tourbillonnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.6 Expériences menées au CORIA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.6.1 Géométrie du brûleur MESO-CORIA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.6.2 Résultats expérimentaux notables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.6.3 Simulation numérique DNS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

2.1 Définition
Le développement technologique et les nouveaux usages mènent au développement de nouvelles
sources d’énergie toujours plus performantes et adaptées à l’application concernée. La combustion à
petite échelle est l’une d’entre elles.
Par petite échelle, on entend des systèmes plus petits que les systèmes de combustion traditionnels
tels que les foyers aéronautiques, les moteurs à combustion internes ou les fours industriels. Ces derniers
ont des tailles caractéristiques qui s’étendent de la dizaine de centimètres à plusieurs mètres. Pour toute
Etat de l’art de la mésocombustion 21

10 µm 0.1 mm mm cm dm m 10 m
Combustor scale LC

Combustors examples

Applications examples

F IGURE 2.1: Echelle de tailles caractéristiques des chambres de combustion, exemples de brûleurs et
d’applications.

chambre de combustion de taille inférieure à ces systèmes conventionnels, cette combustion à petite
échelle pourra, dans le language courant, être qualifiée de microcombustion. Bien que l’on se trouve loin
de l’échelle microscopique, on trouve des applications tels que micro-turbines à gaz ou micro-brûleurs.
La littérature scientifique s’accorde cependant à définir plus précisément cette combustion à petite
échelle [70, 111]. En effet, suivant la taille du système, les mécanismes mis en jeu et les phénomènes
physiques afférents peuvent conduire à des comportements qualitativement différents de ceux observés
sur les macro-systèmes. Par exemple, la définition donnée par Fernandez-Pello [70] est basée sur la
longueur physique du système. Ainsi, on appellera :
- Mésocombustion, la combustion pour un système d’une taille variant de 1 à 10 mm,
- Microcombustion, la combustion dans des brûleurs de 1 µm à 1 mm.
Cette définition est illustrée sur une échelle de taille physique caractéristique de la chambre de com-
bustion par la Fig. 2.1. Afin de différencier la combustion des plus petits systèmes avec les plus grands,
la combustion des systèmes conventionnels est appelée macrocombustion.
Il existe aussi une autre définition basée sur la distance d’extinction (ou de coincement) [53]. La
distance d’extinction ("quenching diameter") est la distance au mur à laquelle une flamme s’éteint. Gros-
sièrement, cette extinction est pilotée par la perte thermique qui augmente à mesure que diminue la
distance entre le front de flamme et la paroi. La combustion est alors appelée microscopique (respective-
ment mésoscopique) si la taille de la chambre de combustion est inférieure (supérieure) à cette distance
d’extinction. Cette définition fait donc appel directement à une longueur caractéristique de la flamme et
est préférée dans certaines études sur la combustion microscopique.
L’ensemble de ces définitions est résumé dans le tableau 2.1.

Dans le cadre de cette thèse, on parlera de combustion à petite échelle en terme de problématique.
Cependant, l’ensemble des travaux effectués se sont concentrés sur des brûleurs mésoscopiques, avec
des tailles allant de plusieurs millimètres à un peu plus d’un centimètre. On définira la mésocombustion
comme le régime de combustion dont la taille caractéristique est proche de la distance d’extinction mais
reste sensiblement supérieure à 1 mm [111, 37].
Etat de l’art de la mésocombustion 22

Définition basée sur Régime de combustion Longueur Applications


Longueur physique Mésoscopique 1 − 10 mm MEMS
Microscopique 1 − 1000 µm Propulseur
Distance d’extinction Mésoscopique ∼ Distance d’extinction Générateur d’énergie
Microscopique Distance d’extinction ∼ Convertisseur d’énergie
libre parcours moyen
Taille du système Microscopique Plus petit que les Micro-satellites
systèmes conventionnels Drônes

TABLE 2.1: Définitions de la combustion mésoscopique et microscopique à partir de différentes lon-


gueurs caractéristiques, reproduit de [111]. MEMS est l’acronyme anglais pour les systèmes électro-
mécaniques microscopiques.

2.2 Avantages et inconvénients


En plus de tirer parti de la forte densité énergétique des carburants hydrocarbonés, d’autres avantages
s’ajoutent :
- les carburants hydrocarbonés sont facilement transportables et relativement sûrs,
- de tels systèmes sont assez facilement miniaturisables et leur production de masse peut être faite
à bas coût en utilisant des méthodes de prototypage rapide par exemple,
- le rechargement pourrait se faire sans coupure du système en fonctionnement, ce qui peut s’avérer
décisif pour certaines applications [70],
- un tel système pourrait adapter la puissance qu’il délivre,
- une baisse de puissance en cours d’utilisation ne devrait pas être rencontré, contrairement aux
batteries,
- la performance ne diminue pas après un certain nombre de cycles de rechargement à l’inverse des
batteries rechargeables.
Néanmoins, une difficulté se pose concernant le rendement de telles sources d’énergie en dehors de
la gestion de la combustion elle-même. Cela s’explique par la taille réduite de ces systèmes et donc des
problèmes liés à la fabrication : la tolérance mécanique dans les parties mobiles est limitante et peut
engendrer des fuites et des rendements dégradés. Aussi, la gestion thermique de l’appareil peut s’avérer
difficile et provoquer non seulement une baisse de l’efficacité de chaque composant individuellement
(compresseur, chambre de combustion) mais également du système entier si chaque composant est mal
adapté.

2.3 Problématiques de la mésocombustion


Avec la réduction de la taille de la chambre de combustion, de nombreuses problématiques appa-
raissent. Pour une taille caractéristique de Lc = 10−3 m et avec le libre parcours moyen de l’air ou
d’autres gaz λ ≈ 10−8 m, le nombre de Knudsen est de l’ordre de Kn = λ/Lc ≈ 10−5 , soit très infé-
rieur à 1. L’hypothèse de continuité de la mécanique des fluides peut toujours être utilisée pour ce type
de systèmes : le comportement physico-chimique demeure le même que dans les macro-systèmes.
Cependant, des caractéristiques particulières apparaissent pour les micro et méso-systèmes concer-
nant la mécanique des fluides, les transferts de chaleur et la combustion [70]. Dans la suite de cette
Etat de l’art de la mésocombustion 23

section, des nombres adimensionnels ou caractéristiques décrivant différents phénomènes physiques se-
ront utilisés. Les variables servant à calculer ces nombres sont la taille caractéristique du système Lc ,
la vitesse de l’écoulement du fluide U , la viscosité du mélange ν, sa diffusivité thermique α, sa masse
volumique ρ et le terme source chimique ω. On peut définir une surface comme S = L2c , le volume
V = L3c et un débit ṁ = ρLc U .

2.3.1 Problèmes thermophysiques


Le temps de résidence diminue proportionnellement avec la taille caractéristique du système (à vi-
tesse d’écoulement constante) :
Vρ V Lc
τres ∝ ∝ ∝ . (2.1)
ṁ SU U
Pour des problématiques de conception, ce temps de résidence est à comparer au temps chimique. Ce
dernier est indépendant de la taille du système et peut être approché par τchem ≈ ρ/ω. Pour assurer une
combustion complète, on doit avoir la relation τres >> τchem . Le rapport de ces deux termes τres /τchem ,
assimilable au nombre de Damkhöler, doit être supérieur à un. Cette caractéristique, commune avec
les chambres de combustion macroscopiques classiques, est conservée et apporte une contrainte sur la
vitesse d’injection.
Par exemple, pour un système dont la taille caractéristique est Lc = 1 mm et la vitesse U = 1 m.s−1 ,
on obtient un temps de résidence τres ≈ 1 ms. Le temps chimique avec un carburant hydrocarboné léger
et à pression standard est de l’ordre de 0.1 à 1 ms. La contrainte τres >> τchem n’est pas forcément
respectée. Le temps de résidence dans les brûleurs mésoscopiques à forte densité énergétique peut alors
être trop faible pour assurer un bon rendement de combustion. Le seul moyen d’augmenter le temps de
résidence revient à diminuer la vitesse.
Dans un petit système où les réactifs sont injectés séparément, le processus de mélange est dominé
par les transferts diffusifs. Un temps de mélange τdif f = L2c /α apparaît et s’ajoute au temps chimique
pour comparer au temps de résidence. La problématique du mélange est ainsi inhérente aux systèmes à
petite échelle [70].
Les nombres de Reynolds Re = U Lc /ν et Péclet P e = U Lc /α diminuent aussi avec la taille
caractéristique Lc du système. Pour éviter ce phénomène, la vitesse pourrait être augmentée mais cela
affecterait directement le temps de résidence. En conséquence, et comparé aux macro-systèmes, le fluide
est moins turbulent et les effets visqueux et diffusifs de masse et chaleur peuvent devenir prépondérants
par rapport aux effets convectifs.
En prenant l’exemple d’un brûleur de 100 W avec un rendement global de 10 %, le débit volumique
du mélange gazeux serait d’environ 0.4 L.s−1 . Si l’on suppose un diamètre de 5 mm pour le tube d’en-
trée, le nombre de Reynolds est de l’ordre de 5000. De façon similaire, une chambre de combustion de
100 mW avec un tube de 0.5 mm de diamètre aura un nombre de Reynolds d’environ 50. Ainsi, l’écoule-
ment est principalement laminaire dans ces systèmes de petite taille et le mélange des différentes espèces
se fait majoritairement par diffusion. Autre problème, le rapport d’aspect élevé des micro-canaux, couplé
aux effets visqueux importants, augmente les pertes par friction et accroit la puissance de pompage re-
lative nécessaire. Néanmoins, les forces visqueuses permettent d’éviter certains effets non désirés telles
que les fuites de gaz aux joints du système ou aux parties mobiles. Ce dernier effet peut être très impor-
tant dans des systèmes tels que les chambres à combustion interne (ou ICE pour Internal Combustion
Engine) où le rendement dépend directement du taux de compression, lui-même affecté par les fuites à
la surface entre le piston et le cylindre.
Etat de l’art de la mésocombustion 24

2.3.2 Problèmes thermiques


La diminution de la taille caractéristique accompagne l’augmentation des gradients, notamment ther-
miques. Les transferts thermiques par conduction dans le gaz et par convection dans les tubes d’entrée et
sortie sont plus importants par rapport aux macro-systèmes [168, 169].
De plus, le rapport surface-sur-volume augmente lorsque la taille caractéristique diminue :
S L2 1
∝ 3c ∝ (2.2)
V Lc Lc
Cette loi reflète que l’espace disponible pour une flamme est plus réduit. La flamme est alors plus proche
des parois, ce qui favorise les échanges thermiques.
On peut exprimer le rapport des pertes thermiques HL sur le dégagement de chaleur de la flamme
HR :
Nu
HL ∝ S ∝ Re0.8 Lc ∝ L1.8
c , (2.3)
Lc
HR ∝ Q̇V ∝ L3c , (2.4)
HL
∝ L−1.2
c , (2.5)
HR
où N u est le nombre de Nusselt et Q̇ est le taux de dégagement de chaleur volumique. La diminution de
la taille d’un brûleur de 0.5 m à 5 mm implique l’augmentation des pertes thermiques de plus de deux
ordres de grandeur. Le rendement du système devient alors plus faible.
Isoler thermiquement le système afin de limiter les pertes thermiques peut alors s’avérer pertinent
mais cela mène à des conséquences non désirées. Dans une configuration prémélangée, la chaleur non
évacuée aux parois peut être transmise aux gaz frais en entrée et ainsi permettre la propagation de la
flamme dans le système d’injection et ainsi détériorer le système. C’est le phénomène dit de flashback.
Afin d’étudier la thermique dans le solide, on peut estimer le nombre de Biot. Avec une taille ca-
ractéristique de Lc = 10 mm, un coefficient de transfert thermique de h = 100 W.m−2 .K−1 et une
conductivité thermique λs = 500 W.m−1 .K−1 , on obtient :

hLc
Bi = ≃ 0.002 . (2.6)
λs
Le nombre de Biot d’un tel système est petit devant un. Cela signifie que la conduction de la chaleur
à l’intérieur du solide est plus rapide qu’à sa surface. La température à l’intérieur du solide peut être
considérée comme constante (les gradients thermiques sont négligeables).
Cette analyse indique que les efforts liés à l’expansion thermique et à l’alignement des parties mo-
biles sont réduits. Néanmoins, cela pose problème pour certaines applications comme certains généra-
teurs de chaleurs où la différence de température des réservoirs froid et chaud influe directement sur le
rendement.
En conclusion, la gestion thermique d’un système de taille réduite est essentielle à sa performance.

2.3.3 Problèmes liés à la combustion


La combustion à l’intérieur d’un système de petite taille subit les effets thermophysiques et ther-
miques cités précédemment.
Ainsi, le temps physique nécessaire aux réactions chimiques pour s’achever (temps de combustion)
doit être inférieur au temps de résidence du fluide dans la chambre (temps de résidence). Comme en
Etat de l’art de la mésocombustion 25

F IGURE 2.2: Limites de stabilité d’un brûleur cylindrique de type asymétrique pour deux carburants,
méthane et propane, en fonction du débit total d’entrée, tiré de [46].

général le temps de résidence est faible, il est important que le temps chimique le soit aussi afin d’assurer
une combustion aussi complète que possible. De plus, une flamme présente divers temps chimiques. Le
temps chimique τchem est généralement celui du front mais pas celui de la recombinaison du CO et
O2 en CO2 qui est plus long. Pour s’assurer d’avoir une combustion complète, la combustion peut être
réalisée à haute température, donc en limitant les pertes thermiques, en augmentant la température des
gaz frais, en utilisant des mélanges stœchiométriques ou des carburants très énergétiques.
D’autre part, la forte intensité des transferts thermiques rencontrés par le système implique des tem-
pératures plus réduites en proche paroi ainsi qu’une destruction potentielle des espèces radicalaires né-
céssaire au maintient de la flamme [122]. Ces mécanismes vont augmenter le temps chimique et possi-
blement empêcher la propagation de flamme ou provoquer son extinction locale ou totale. La distance
d’extinction est ici primordiale. En effet, plus cette distance est importante, plus la flamme s’éteint loin
des parois. La flamme est confinée à un volume effectif plus faible que le volume de la chambre de
combustion. Pour éviter ce phénomène, la distance d’extinction peut être modulée en augmentant la
température de paroi (la distance d’extinction est inversement proportionnelle à la racine carré de la
température) ou en limitant les pertes thermiques pariétales (isolation thermique du brûleur) [70].
Avec un temps de résidence faible et des pertes thermiques importantes, la flamme est plus facilement
proche de ses limites d’extinction. Un tel brûleur voit alors son domaine de flammabilité plus réduit que
pour un brûleur classique. La flamme d’un méso ou micro-brûleur est plus instable et sensible aux faibles
variations des conditions opératoires qui peuvent mener jusqu’à l’extinction.
Si les réactifs ne sont pas prémélangés et que le carburant est liquide, des temps additionnels sont
nécessaires pour l’évaporation et le mélange. Ces temps sont d’autant plus importants que le nombre de
Reynolds est faible, ce qui est le cas ici. Ils ne peuvent pas être négligés. Une solution à ce problème
est d’utiliser le carburant liquide pour former un film liquide le long d’une paroi de la chambre de
combustion [202]. Cette approche présente l’avantage de limiter les pertes thermiques tout en proposant
une surface d’évaporation liée au rapport surface-sur-volume important dans ce type de brûleur.
Les conséquences de tous les problèmes rencontrés par un brûleur de taille réduite est d’avoir une
flamme instable, soumise à l’extinction locale. En plus de diminuer le rendement du système, ceci ré-
sulte en une combustion qui peut être incomplète, et à la production de polluants et imbrûlés en grande
quantité.
Etat de l’art de la mésocombustion 26

F IGURE 2.3: Schéma de l’utilisation de l’énergie thermique libérée par la combustion à petite échelle,
tiré de [115]

2.4 Utilisation de l’énergie issue de la mésocombustion et applications


Comme tout système usuel utilisant la combustion comme source primaire, l’énergie chimique conte-
nue dans le carburant est libérée via la mésocombustion pour être ensuite utilisée de différentes manières
[115, 111]. L’énergie thermique peut être transformée en d’autres types d’énergies : électrique, méca-
nique ou chimique. La figure 2.3 illustre différents mécanismes :
- La chaleur est directement utilisée en tant que source d’énergie dans un système. Par exemple,
Whalen [227] a conçu une réacteur dont la chaleur aide à la vaporisation d’un fluide diphasique.
Cette chaleur peut aussi servir un processus chimique. On peut citer l’exemple d’application
du reformage de l’hydrogène pour une pile à combustible : un micro-réacteur utilise la chaleur
issue de la combustion pour produire de l’hydrogène à partir de réactions chimiques endother-
miques [115].
- L’énergie thermique peut être transformée en électricité grâce à des procédés thermoélectriques
ou thermophotovoltaïques. De nombreuses études se sont intéressées à ce processus dans des
chambres centimétriques et ont démontré l’intérêt d’un tel système [70, 225]. L’avantage de cette
transformation réside dans l’absence de parties mobiles, souvent responsables de la diminution
de l’efficacité et de l’usure du système. Le faible rendement des matériaux thermoélectriques,
5 − 10 % voire moins, et la gestion essentielle mais délicate de la thermique du système rend
cette approche difficile à très petite échelle.
- La chaleur est transformée en énergie mécanique. Le couplage d’un réacteur avec une micro-
turbine a été étudié dans de nombreux laboratoires : le projet DecaWATT de l’ONERA [60, 91]
(Fig. 2.4 (a)), le moteur à turbine à gaz le plus petit au monde de l’Université de Tohoku [105], le
projet HEX-Combustor de l’Université d’Auckland [213] ou encore la microturbine du MIT [64]
(Fig. 2.4 (b)). Cette dernière, faisant figure de précurseur, est capable de produire jusqu’à 20 W
électrique à l’aide d’un alternateur, alors que la chambre de combustion ne fait que 55 mm3 .
Ces études ont montré de nombreux défis sur la faisabilité de turbines à gaz centimétriques, tant
sur les performances, sur la fabrication ou l’ajout d’agents catalytiques. D’autres équipes se sont
intéressées à des micro-moteurs à piston [235, 3] ou de type Wankel [70] (Fig. 2.4 (c)).
- L’énergie est utilisée à des fins de propulsion. Une chambre de combustion de petite taille, par
Etat de l’art de la mésocombustion 27

(a)
(b)

(d) (e)
(c)

F IGURE 2.4: (a) : Schéma de la micro-turbine de l’ONERA [91]. (b) : schéma de la micro-turbine du
MIT de 12 mm de diamètre et 3 mm de long [64]. (c) : mini moteur Wankel [70]. (d) : micro-propulseur
digital de TRW. (e) : micro-propulseur haute pression du MIT [151].

rapport aux systèmes conventionnels, a l’avantage de délivrer une poussée faible (∼ 1 mN) avec
une faible impulsion (∼ 10−5 N.s) pour du positionnement et contrôle de trajectoire précis de
micro-satellites [232]. Par exemple, un propulseur de 10−4 N.s d’impulsion et de 100 W de puis-
sance a été développé par le TRW [109] (Fig. 2.4 (d)). Le MIT a développé un micro-propulseur
de 1 N de poussée, de 300 s d’impulsion spécifique pour une chambre de combustion de 1.2 g
[141] (Fig. 2.4 (e)).
Les diverses utilisations de l’énergie produite par combustion à petite échelle mènent à des applica-
tions très variées, dont les puissances attendues vont de quelques watts à plusieurs centaines de watts.
La mésocombustion peut être utilisée pour la propulsion de micro-satellites ou drônes, pour générer
de l’électricité à des MEMS (Micro-Electro Mechanical Systems), à des appareils électriques classiques
(ordinateurs et téléphones portables) ou tout simplement apporter de la chaleur à d’autres systèmes. Un
autre exemple non cité concerne des applications militaires, qui peuvent être envisagées afin d’alimenter
en énergie les équipements de soldats en milieu hostile (i.e. sans source d’électricité proche) ou encore
soumises à des contraintes de furtivité.
Un autre grand intérêt de la combustion à petite échelle est son intégration dans des systèmes ou
processus de plus grandes tailles. Par exemple, la chaleur issue de petits réacteurs peut s’avérer utile pour
améliorer l’efficacité des raffineries ou usines chimiques et a déjà démontré son intérêt [145]. L’utilisation
de micro-chambre de combustion afin de pré-oxyder une partie du carburant dans des turbines à gaz a
montré une réduction sensible des émissions de NOx et de suies [144].
Etat de l’art de la mésocombustion 28

F IGURE 2.5: Distribution de température d’un brûleur swirlé (a) et d’un brûleur avec recirculation (b),
tiré de [111].

2.5 Exemples de solutions technologiques pour la combustion à petite


échelle
La recherche sur la combustion à petite échelle a fait l’objet de nombreuses études dans différents
laboratoires internationaux. Les revues de Maruta [151], Ju [112, 111], Kaisare [115], Shirsat [201]
rassemblent de nombreuses informations à ce propos. Cette section présente quelques axes de recherche
répondant à la problématique de la combustion micro- et mésoscopique.

2.5.1 Combustion avec recirculation


Afin d’améliorer les performances du brûleur et de palier aux problèmes de combustion à petite
échelle, une première solution concerne la combustion avec recirculation (en anglais excess enthalpy
burner ou non-adiabatic heat recirculating combustor). Le principe consiste à utiliser l’énergie issue des
gaz brûlés en sortie du brûleur afin de préchauffer les gaz frais en entrée, comme montré en Fig. 2.5.
L’énergie apportée aux gaz frais permet à la combustion d’atteindre un régime hors-équilibre où la tem-
pérature de fin de combustion dépasse la température adiabatique de flamme théorique. Les limites de
flammabilité de la flamme sont étendues et la vitesse de flamme augmentée. La combustion peut devenir
plus stable. Cette méthode n’est pas nouvelle : elle a été développée par Weinberg il y a déjà plusieurs
décennies [138, 107]. Appliquée à des systèmes de petite taille, elle permet une voie prometteuse pour
améliorer les performances d’un brûleur centimétrique. De nombreuses configurations géométriques uti-
lisant ce concept ont été étudiées. Le rendement maximum pouvant être obtenu dans des systèmes utili-
sant la recirculation de chaleur pour des applications de conversion en électricité a été analysé de façon
théorique par Weinberg [225].
L’idée la plus simple de configuration utilisant le principe de la recirculation est un brûleur droit
(Fig. 2.6 (a)) : la flamme chauffe la paroi par sa proximité, la paroi conduit la chaleur vers les zones plus
froides (i.e. l’entrée), puis la paroi chaude préchauffe les gaz frais entrants, menant jusqu’à l’allumage
du mélange. La recirculation de chaleur est ici indirecte, à travers un couplage thermique entre la flamme
et la paroi. La figure 2.6 (b) montre les flux thermiques d’un tel système. Les parois agissent comme des
pompes à chaleur, récupérant l’énergie dans les gaz chauds pour les transmettre aux gaz froids (courbe
rouge de la Fig. 2.6 (b)). Des parois solides avec une conductivité thermique élevée réduisent les maxi-
mums de température et évitent les points chauds, très agressifs envers les matériaux.
La récupération de chaleur dans des configurations de type "à flux inversés" a été étudié par Kaisare
Etat de l’art de la mésocombustion 29

(a) (b)

F IGURE 2.6: (a) : Schéma et champs de température d’un brûleur droit de 0.5 cm étudié dans [169]. (b) :
Profils des flux thermiques en fonction de la direction axiale de ce même brûleur. Figures reprises de
[115].

(a)
(b)

F IGURE 2.7: (a) : Schéma illustrant le principe d’un système à flux inversés, tiré de [114]. (b) : coefficient
thermique critique en fonction de la conductivité thermique pariétale, figure tirée de [115].

et Vlachos [114] ainsi que Matros et Bunimovich [153]. Le principe consiste ici à inverser l’entrée et
la sortie de la chambre de combustion droite de façon périodique. Ainsi, la chaleur contenue dans les
gaz brûlés est transmise aux parois solides qui réchaufferont les gaz frais au prochain cycle, comme
le montre la Fig. 2.7 (a). Cette technique fonctionne à condition que le transfert thermique gaz-solide
se fasse de façon suffisamment rapide. La faible taille de chambre de combustion qui nous intéresse ici
permet justement de bonnes conditions pour ce fonctionnement. Cette méthode "à flux inversés" améliore
la stabilité en repoussant la limite du soufflage de la flamme mais n’évite pas l’extinction (Fig. 2.7 (b)).
Sans utiliser la technique des flux inversés, mais toujours afin d’assurer un meilleur couplage ther-
mique et de favoriser l’échange de chaleur entre gaz brûlés et gaz frais, d’autres configurations géomé-
triques peuvent être imaginées (Fig. 2.8 (a)). Ces configurations sont reprises de la théorie des échangeurs
thermiques. Par exemple, on trouve la configuration de flamme U (configuration (b)) étudiée par Ronney
[192], ou celle de deux flammes en propagations opposées (exemple (a)) étudiée par Ju [110]. Federici et
Vlachos [69] se sont intéressés aux effets de transferts thermiques dans une configuration axisymétrique
(configuration (d) de la figure 2.8 (a)). Le graphique 2.8 (b) représente la vitesse critique en fonction de
la conductivité thermique pariétale obtenue grâce à des simulations 2D. Deux vitesses sont obtenues : la
plus basse correspond à l’extinction de la flamme et la plus haute à son soufflage. La région située entre
Etat de l’art de la mésocombustion 30

(a)
(b)

F IGURE 2.8: (a) : Différentes géométries possibles de brûleurs à enthalpie excédentaire. (b) : Profils des
flux thermiques en fonction de la direction axiale de ce même brûleur. Figures tirées de [115].

ces deux vitesses correspond au régime où la flamme est stable. En dehors de cette région, la flamme
ne peut pas s’auto-entretenir. Une configuration géométrique optimisant les transferts thermiques permet
d’améliorer le domaine de stabilité par rapport à une configuration droite.
Le concept de swiss-roll est sûrement le concept le plus connu, mais aussi dans soute le plus complexe
des brûleurs avec recirculation. Il a principalement été développé pour la génération d’électricité via des
modules thermoélectriques. Il consiste en l’enroulement sous forme de spirale des tubes d’injection des
gaz frais et de sortie des gaz brûlés autour de la zone de combustion (Fig. 2.9 (a)). Ainsi, chaque tube
contenant des gaz frais est en contact direct avec deux tubes contenant des gaz brûlés, et inversement,
comme le montre le schéma 2.9 (b). Cette stratégie permet de fournir une très grande surface d’échange
au transfert thermique, qui peut être modulé en modifiant le nombre de spirales. Le diamètre des canaux
peut rester petit afin d’amplifier le transfert de chaleur, tandis que la taille de la zone de combustion
centrale peut être conçue indépendamment de la partie d’échange thermique.
L’Université de Californie du Sud (USC) a été l’une des premières à étudier ce concept [41]. Parmi
les différentes déclinaisons conçues et fabriquées, la version mésoscopique consiste en une configuration
toroïdale 3D (Fig. 2.9 (d)). La génération d’électricité est assurée par des modules thermoélectriques qui
sont intégrés dans toutes les parois de ce brûleur. L’étude expérimentale a montré que la combustion
pouvait s’auto-entretenir dans cette configuration. Néanmoins, la fabrication de cette géométrie reste très
difficile à mettre en œuvre et les performances obtenues inférieures aux attentes [151].
Un autre brûleur swiss-roll de dimension 12.5 × 12.5 × 5.0 mm a été conçu par Vican [219]. La
puissance chimique injectée est d’environ 10 W (combustion hydrogène/air) et la puissance électrique
récupérée par des modules thermoélectriques commerciaux ne dépasse pas 55 mW : le rendement de
ce brûleur n’atteint pas les 1 %. Différentes explications peuvent être avancées : le rendement de ces
modules est faible, leur couverture sur la surface du swiss-roll n’était pas optimale. Néanmoins, cette
expérience a démontré la faisabilité d’un tel réacteur à petite échelle et faibles débits.
Un swiss-roll sensiblement plus grand a été étudié par Ahn [2]. Ses dimensions extérieures sont 70 ×
70 × 50 mm, les canaux font 3.5 mm de large et le mélange gazeux utilisé était un mélange propane/air.
Les résultats expérimentaux ont montré des taux de conversion du propane entre 40 et 100 % pour des
nombres de Reynolds testés de 100 et 1000. Les meilleurs résultats ont été observés pour des mélanges
pauvres.
Une recherche sur des brûleurs swiss-roll cylindriques a été menée à l’université de Tohoku [124,
Etat de l’art de la mésocombustion 31

(b)
(a)

(c) (d)

F IGURE 2.9: (a) : schéma d’un swiss-roll carré vu de dessus, tiré de [115]. (b) et (c) : schéma vu de côté
et photo du brûleur swiss-roll cylindrique de Tohoku de 64 mm de diamètre. (d) : photo du swiss-roll de
l’University of South California, tirés de [111].
Etat de l’art de la mésocombustion 32

F IGURE 2.10: Schéma des différents phénomènes physiques dans un brûleur catalytique, tiré de [115].

123]. Plusieurs prototypes avec des diamètres allant de 20 à 64 mm ont été testés (Fig. 2.9 (b) et (c)).
Ce brûleur a montré une bonne efficacité thermique globale de 60 à 85 %, et la température de surface
s’étend de 400 à plus de 1100 K.
La recirculation de chaleur a démontré la capacité de la combustion à pouvoir s’auto-entretenir, avec
de faibles températures d’injection. Cependant, cette méthode n’a pas été retenue dans les travaux de
cette thèse car elle présente une trop forte complexité de mise en œuvre et de fabrication.

2.5.2 Brûleurs catalytiques


La faible taille des systèmes à petite échelle mène à un ratio surface-sur-volume très important, ce qui
accroît les transferts de masse et chaleur. Ces effets rendent la combustion en phase gazeuse très sensible
à l’extinction. La combustion catalytique en revanche peut tirer parti des forts transferts de masse. Elle
présente aussi l’avantage de l’absence de distance d’extinction, de température de réaction modérée et
d’émissions propres [151].
La figure 2.10 montre les différents phénomènes physiques en jeu dans un brûleur catalytique. Les
réactifs contenus dans le fluide diffusent de l’écoulement gazeux vers le revêtement catalytique. Les
réactions catalytiques ont lieu dans la couche catalytique et les produits issus de la réaction diffusent dans
le média poreux puis dans le fluide gazeux. La chaleur fournie par la combustion est ensuite transmise
par conduction dans le gaz et dans la paroi solide. Les parois sont responsables de pertes thermiques, au
même titre que la combustion en phase gazeuse.
Les limites de stabilité de la combustion catalytique d’un brûleur swiss-roll de 70 × 70 × 50 mm
contenant une surface de 30 cm2 de platine ont été étudiées dans [2]. Elles sont présentées sur la figure
2.11 (a) en fonction du nombre de Reynolds et de la richesse du mélange propane/air. L’étude a montré
que l’ajout de matériau catalytique permet à la combustion de se maintenir à des valeurs du nombre
de Reynolds sensiblement plus faibles (jusqu’à Re = 1). La limite de flammabilité devient aussi asy-
métrique par rapport à la stœchiométrie : la flamme se maintient pour des mélanges riches jusqu’à une
richesse de 40 (à Re = 15). La combustion catalytique est gouvernée par des mécanismes différents de
la combustion en phase gazeuse. Ce brûleur a montré des températures maximales au centre du brûleur
bien inférieures avec la combustion catalytique (350 K à Re = 1.2 quand de l’ammoniac NH3 est uti-
lisé comme agent catalytique). L’interaction entre la combustion catalytique et la combustion en phase
gazeuse a été étudiée par simulation numérique pour un mélange hydrogène/air à température et pres-
sion ambiantes dans un cylindre en platine de 10 mm de long et 1 mm de diamètre [35]. Les champs
de température de concentration de OH sont montrés sur la figure 2.11 (b) pour différents régimes. Une
augmentation plus rapide de la température est observée dans le cas avec combustion en phase gazeuse
Etat de l’art de la mésocombustion 33

(a)
(b)

F IGURE 2.11: (a) : Limites de stabilité de la combustion catalytique et en phase gazeuse en fonction du
nombre de Reynolds pour un brûleur de type swiss-roll en Inconel, tiré de [2]. (b) : champs de tempé-
rature (gauche) et concentration de OH (droite) pour trois différents modes : réactions de surface et en
phase gazeuse (haut), réactions en phase gazeuse seulement (milieu) et réaction de surface uniquement
(bas) [35].

seulement. Cela implique que la réaction exothermique est inhibée par la présence de l’agent catalytique.
Il est aussi observé que le radical OH est beaucoup plus présent en proche paroi dans le cas de la réaction
de surface seule.
L’impact du diamètre du canal sur l’interaction "réaction de surface"-"réaction en phase gazeuse"
est ainsi essentielle. La diminution du diamètre mène à une réaction en phase gazeuse plus faible par
épuisement du combustible dans les réactions de surface. Chen et al. [35] ont classé l’interaction entre
combustion catalytique et en phase gazeuse en trois régions (Fig. 2.12 (a)) : lorsque la réaction en phase
gazeuse domine la réaction de surface (région I), lorsque les deux types de combustion cohabitent (région
II) et quand la réaction de surface prédomine (région III). La ligne A correspond ainsi à la limite d’ex-
tinction de la flamme en phase gazeuse. La figure montre bien l’influence de la taille du système et de la
vitesse d’injection. En dehors des limites de flammabilité du mélange gazeux, la combustion catalytique
peut prendre le relais et élargir la plage de fonctionnement du brûleur. Kaisare et al. [113, 115] ont aussi
étudié par simulation numérique l’influence de la taille du système sur l’interaction entre réactions de
surface et en phase gazeuse (Fig. 2.12 (b)). La ligne horizontale représente une contribution similaire
entre les deux régimes de combustion. Pour de grandes tailles de domaine, la combustion catalytique est
limitée par le faible transfert de masse vers la paroi. La combustion en phase gazeuse n’est pas affectée
donc domine la réaction de surface. Au contraire, pour de faibles tailles, la chimie de surface prévaut
car les énergies d’activation sont plus faibles. La transition entre ces deux régimes dépend fortement de
la température : ∼ 300 µm à 1500 K, ∼ 2 mm à 1100 K et ∼ 5 cm à 1700 K. Si l’on considère que la
combustion catalytique de carburants hydrocarbonés comme le propane est stabilisée à des températures
supérieures à 800 K, l’échelle du domaine appropriée est de l’ordre du millimètre ou inférieure.
La figure 2.12 (c) montre le coefficient de transfert thermique critique (valeur jusqu’à laquelle la
flamme peut s’auto-entretenir) en fonction de l’échelle de la chambre de combustion pour les trois ré-
gimes de combustion. La combustion catalytique seule d’une part, et la combustion combinée (cataly-
tique et en phase gazeuse) d’autre part, présentent sensiblement les mêmes limites de stabilité car la
combustion en phase gazeuse seule est négligeable. Globalement, la combustion catalytique est plus
stable que la combustion en phase homogène jusqu’à des tailles d’environ 5 mm.
Etat de l’art de la mésocombustion 34

(a) (b) (c)

F IGURE 2.12: (a) : Interaction entre combustion catalytique et en phase gazeuse en fonction de la taille
du canal et de la vitesse d’injection [35]. (b) : Ratio des réactions de surface en phase gazeuse en fonction
de la dimension du système pour différentes températures de fonctionnement [115]. (c) : coefficient de
transfert thermique critique en fonction du diamètre du canal pour la combustion en phase gazeuse,
catalytique ou les deux combinés (HH) [115].

En résumé, la littérature scientifique s’accorde pour dire que la combustion catalytique présente
l’intérêt d’étendre les limites de flammabilité et améliorer la stabilité de la flamme. Les réactions de
surface sont actives même avec des températures plus basses, et une meilleure résistance aux fortes
pertes thermiques est observée, dans le cas où la dimension du système n’est pas trop grande (inférieure
à l’échelle du millimètre environ).

2.5.3 Brûleur tourbillonnaire


Une autre méthode envisageable pour la stabilisation de la combustion à petite échelle en phase ga-
zeuse consiste à modifier la topologie de l’écoulement. En effet, un écoulement permettant à une flamme
confinée de s’établir en restant suffisamment loin des parois limite les pertes thermiques et favorise un
bon mélange des réactifs. C’est notamment le cas des écoulements tourbillonnaires comme l’écoulement
swirlé et l’écoulement whirlé définis ci-dessous.

Ecoulement swirlé
Dans un écoulement swirlé, classiquement rencontré dans des chambres de combustion de type turbine
à gaz, l’écoulement est mis en rotation par un injecteur appelé le swirleur avec une composante de vitesse
axiale et une composante de vitesse tangentielle.
Ces systèmes ont été et sont toujours largement étudiés sur des systèmes de taille conventionnelle
[92, 208, 209]. Ils sont caractérisés par le nombre de swirl calculé comme le rapport du flux axial de
quantité de mouvement azimutale sur le flux axial de quantité de mouvement axiale [92]. Les flammes
swirlées confinées possèdent une structure caractéristique, qui varie selon l’intensité du swirl :
- Dans les brûleurs peu swirlés, une zone de recirculation externe (ORZ pour Outer Recirculation
Zone) se forme autour du jet principal. Elle améliore la stabilité et l’accrochage de la flamme.
- Quand le nombre de swirl augmente, la vitesse axiale a tendance à diminuer au niveau de l’axe
de symétrie. Pour un nombre de swirl supérieur à 0.6, cette zone de faible vitesse axiale se
transforme en une zone de recirculation centrale (CRZ pour Central Recirculation Zone), dans
laquelle les gaz brûlés viennent alimenter et réchauffer les gaz frais.
Etat de l’art de la mésocombustion 35

(a) (b)

F IGURE 2.13: (a) : schéma des principales structures tourbillonnaires identifiées à la sortie d’injection
TLC et flamme en V (en rouge), tiré de la thèse de Guedot [89]. (b) : flamme en V dans le brûleur
PRECCINSTA matérialisée par la variable d’avancement dans le plan médian, issu de [160].

- Pour des nombres de swirl plus élevés, la taille de la zone de recirculation centrale a tendance à
augmenter. Des nombres de swirl élevés peuvent générer des instabilités, et augmentent le risque
de flashback.
Ces principales structures tourbillonnaires sont illustrées par la figure 2.13 (a). Les avantages technolo-
giques de la stabilisation par le swirl sont multiples :
- Contrairement à une stabilisation par accroche-flamme, la stabilisation par swirl est faite grâce à
un point d’arrêt aérodynamique. Elle permet de s’affranchir des contraintes thermo-mécaniques
liées à la présence de pièces mécaniques dans la zone de réaction où les gaz sont les plus chauds.
- Un autre avantage du swirl est la compacité de la flamme, le rapport de longueur par rapport
à une flamme de type jet étant d’environ 1/3. La combustion ayant lieu dans un volume plus
petit, cela permet de réduire la taille du brûleur. La flamme, stabilisée sur l’avant de la zone de
recirculation centrale est dite “en V” ou “en M” [170], du fait de sa forme caractéristique (visible
sur la Fig. 2.13 (a) et (b)).
- La zone de recirculation joue le rôle de réservoir énergétique. L’importante quantité de gaz conte-
nue dans la zone de recirculation permet de stabiliser la flamme sur une large plage de fonctionne-
ment. Par ailleurs, dans la zone de cisaillement entre le jet principal et les zones de recirculation,
les gradients de vitesse sont très importants, donnant lieu à des niveaux de turbulence élevés qui
améliorent le mélange des réactifs, et contribuent au bon fonctionnement du brûleur sur une large
gamme de débits.
Shimura et al. [210, 8] ont réalisé des simulations numériques directes avec chimie détaillée d’un
brûleur swirlé de taille 10 × 10 × 15 mm3 avec une injection annulaire de diamètre intérieur 0.6 mm et
extérieur 2.5 mm (voir figure 2.14 (a)). Le mélange gazeux est un mélange hydrogène/air à la stœchio-
métrie et 300 K et la paroi est considérée comme isotherme à 700 K. Deux points de fonctionnement ont
été testé avec des nombres de swirl à 0.6 et 1.2. De larges structures cohérentes annulaires et hélicoïdales
sont générées près de l’injection dans la chambre. Des tourbillons de plus petite échelle apparaissent en
amont de l’écoulement comme représenté par l’iso-contour de critère-Q sur la figure 2.14 (b) et (c). Ces
derniers jouent un rôle important dans le plissement de la flamme provoquant des oscillations de pression
à haute fréquence. Les pertes thermiques aux parois représentent environ 25 % du taux de dégagement
de chaleur de la flamme dans les deux points de fonctionnement. Une analyse acoustique a été réalisée
Etat de l’art de la mésocombustion 36

(a) (b) (c)

F IGURE 2.14: (a) : schéma du domaine calculé et de l’injection du microbrûleur swirlé. Iso-contour de
critère Q et rendu volumique du taux de dégagement de chaleur pour un nombre de swirl de 0.6 (b) et
1.2 (c). Figures tirées de [210].

(a) (b) (c)

F IGURE 2.15: (a) : iso-contour de la variable de progrès c=0,2 coloriée par le dégagement de chaleur
[222]. Champs de température et fraction massique de carburant instantané (b) et structure de la flamme
de spray (c) [143].

à l’aide de DMD (Dynamic Mode Decomposition) du champ de pression et du taux de dégagement de


chaleur afin d’étudier les instabilités thermo-acoustiques.
Wang et al. [222, 223] ont calculé en DNS une configuration similaire avec une chimie hydrogène/air
à 9 espèces et 19 réactions. Leur analyse de la flamme a montré que les radicaux O et OH sont présents
à la base de la zone de recirculation centrale, qui est considérée comme le mécanisme de stabilisation
des flammes à haut nombre de swirl (Fig. 2.15 (a)). A partir d’un diagramme de Peters, ils montrent que
la flamme réside majoritairement dans le régime de flamme plissée-épaissie. Les flammelettes locales
apparaissent moins épaisses que la flamme laminaire, du fait de l’étirement. Les effets de diffusion dif-
férentielle ont quasiment disparu dans le cas de la flamme swirlée, comparée à des flammes planes en
propagation libre dans une turbulence homogène isotrope. La forte intensité turbulente de l’écoulement
swirlé tend à gommer ces effets de diffusion différentielle. L’influence de la richesse du mélange gazeux
a aussi été étudiée : des flammes pauvres ont montré une intensité turbulente plus importante en aval de
l’écoulement du fait de températures moins élevées.
Etat de l’art de la mésocombustion 37

(a)
(b) (c)

F IGURE 2.16: (a) : schéma de l’écoulement d’air dans la chambre de combustion ; intersection avec
l’injection de carburant. (b) : schéma d’une chambre de combustion cylindrique de type whirl. (c) : vue
3D du méso-brûleur de Wu et al. [231]

Luo et al. [143] ont réalisé des simulations DNS d’une flamme swirlée diphasique de n-heptane. Le
nombre de Reynolds est Re = 3000 et le nombre de swirl S = 1.0 dans une géométrie cylindrique
de 40 mm de diamètre et 60 mm de long. Le carburant est injecté dans le brûleur à l’aide de gouttes
Lagrangiennes et d’un modèle d’évaporation. La chimie en phase gazeuse est traitée de façon globale
(Fig. 2.15 (b)). Les résultats montrent que 70% du taux de dégagement de chaleur se fait en régime de
prémélange, bien que le régime de diffusion représente une part plus importante en volume (Fig. 2.15
(c)).

Ecoulement whirlé
L’écoulement de type whirl est un écoulement tourbillonnaire créé par la géométrie de la chambre de
combustion [230, 236]. Par rapport au swirl, ses caractéristiques sont les suivantes :
- L’air est introduit tangentiellement à une paroi (Fig. 2.16 (a,b)).
- Le carburant est injecté de façon perpendiculaire à l’air afin que les deux jets se croisent, favori-
sant le mélange.
En régime de combustion, l’écoulement whirlé améliore la stabilisation de la flamme via une zone de
recirculation centrale, composée de gaz chauds et avec des niveaux de turbulence faibles. La force cen-
trifuge repousse les gaz frais lourds près des parois et concentre les gaz chauds légers au centre de
l’écoulement. L’autre avantage de ce concept est de limiter les pertes thermiques pariétales grâce à la
présence des gaz frais en proche paroi. L’ensemble de ces caractéristiques fait apparaître l’écoulement
whirlé comme un concept très intéressant pour la combustion centimétrique.
Swirl et whirl conduisent à des structures et des mécanismes différents pour l’écoulement et la sta-
bilisation de la flamme. La flamme whirlée ressemble à un cylindre creux avec un cœur chaud central
relativement calme. Au contraire, la flamme swirlée est caractérisée par une zone de recirculation cen-
trale produite par éclatement tourbillonnaire de l’écoulement fortement swirlé [236]. Cette zone conduit
à la stabilisation de la flamme grâce à une région de vitesse opposée à l’écoulement swirlé qui alimente
en gaz brûlés la zone de réaction.
Wu et al. [231] ont testé expérimentalement et numériquement plusieurs brûleurs whirlés asymé-
triques dont les volumes vont de 10.6 à 124 mm3 (les diamètres s’étalant de 2.4 à 6.4 mm) avec des
carburants de types alcanes ou hydrogène, et pour des puissances variant de 25 à 174 W (Fig. 2.17 (a)).
L’étude a montré que la combustion alcane/air était plus efficace pour les plus grands volumes de brû-
leur. Pour les plus petits volumes, il est nécessaire d’enrichir en oxygène l’air afin de stabiliser la flamme
d’alcanes. La combustion avec méthane est la plus difficile à stabiliser et nécessite un enrichissement en
oxygène à 40 % en volume de l’oxydant afin de fonctionner sur le plus petit brûleur et ainsi atteindre
Etat de l’art de la mésocombustion 38

(a)

(b) (c)

F IGURE 2.17: (a) : micro- et méso-brûleurs whirlés de différents volumes étudiés à Pennsylvania State
University. (b) : trajectoires principales de l’écoulement d’air dans la combustion hydrogène/air à la
stœchiométrie. (c) : vue de face de la structure de flamme issue de l’expérience du brûleur propane/air de
124 mm3 et richesse 0.8 (image de gauche) et méthane/air enrichi en oxygène de 49.1 mm3 à richesse
0.3 (image de droite). Images tirées de [231].

une efficacité chimique de 85 %. Avec l’hydrogène, les limites de stabilité du brûleur s’étendent entre
des richesses de 0.25, côté pauvre, et de 3 à 6, côté riche (suivant le débit injecté), pour un rendement
chimique pouvant atteindre 97 %. La figure 2.17 (b) montre les trois principaux chemins de l’écoulement
d’air. Le chemin principal 1 de l’air pivote le long de la paroi, comme une spirale, pour atteindre la
sortie. Les chemins mineurs 2 et 3 alimentent deux zones de recirculation en haut et en bas du brûleur.
Ces dernières sont importantes pour le mélange et la stabilisation de la flamme, car elles assurent un
temps de résidence long et un bon rendement de combustion. La Fig. 2.17 (c) présente deux photos de
la flamme, vue de face, issues de l’expérience de Wu [231]. La première est un mélange propane/air de
richesse 0.8 dans le brûleur de 124 mm3 . La flamme est de forme annulaire et de couleur bleutée. Elle
résulte de l’injection de carburant dans la zone de plus forte énergie cinétique turbulente de l’écoulement
d’air whirlé, produisant un mélange rapide entre comburant et carburant. La distance de coincement est
estimée expérimentalement à 0.5 mm. La photo de droite représente la flamme d’un mélange méthane/air
enrichi en oxygène à richesse 0.3 dans la chambre de 49.1 mm3 . Une flamme bleue swirlée est visible
de façon plus intense que la flamme propane/air du fait des réactions plus fortes. Deux points brillants au
centre de la chambre sont observables, provenant du rayonnement de la bougie d’allumage.
L’influence de la position d’injection de méthane dans un brûleur similaire a été analysée par Yet-
ter et al. [236] (voir Fig. 2.18 (a)) : deux positions ont été testées, une au centre de la surface circulaire
(injection symétrique) et l’autre plus proche de l’injection d’air (injection asymétrique). Cette deuxième
position a montré de bien meilleures performances : une flamme très stable, jusqu’à des richesses glo-
bales inférieures à 0.1 et de bien meilleures émissions polluantes (notamment les NOx). La figure 2.18
(b) présente deux photos de la flamme lors de l’expérience pour les deux positions d’injection. L’in-
jection symétrique (image du haut) produit une flamme allongée orange et très lumineuse de l’ordre de
3-4 diamètres de long. Le changement d’injection (image du bas) induit une flamme bleue beaucoup
moins lumineuse et dont la longueur est de l’ordre du diamètre du brûleur. Afin de mieux appréhender
les raisons de ces performances, la physique et la structure interne de la flamme ont été étudiées par
Etat de l’art de la mésocombustion 39

(a) (b)

F IGURE 2.18: (a) : schéma de la géométrie et des positions des entrées du brûleur de Yetter [236]. (b) :
trajectoires principales de l’écoulement d’air dans la combustion hydrogène/air à la stœchiométrie.

(a)
(b) (c)

F IGURE 2.19: (a) : dispositif expérimental du brûleur whirlé de Milan [49]. (b) : image moyenne obtenue
par chimiluminescence CH*, représentant la position moyenne de la flamme d’un mélange méthane/air
à richesse 0.58 ; la flèche verticale indique l’injection d’air et celle horizontale la sortie ; la paroi est
indiquée par le cercle noir [46]. (c) : diagramme de stabilité obtenue avec le modèle 0D pour un mé-
lange méthane/air pour différents niveaux de pertes thermiques (lignes de couleur) et comparaison à
l’expérience (points) [47].

calcul numérique. La forte température du cœur chaud au centre du brûleur, supérieure à la température
adiabatique de flamme, permet à la flamme de se stabiliser tout autour, même à faible richesse.
Un brûleur whirlé a aussi été étudié par Cozzi et al. au Politecnico de Milan [49, 48, 46]. La géomé-
trie cylindrique fait 6 mm de diamètre et 9 mm de long, soit un volume d’environ 250 mm3 (Fig. 2.19
(a)). Comme carburant, du méthane et propane avec différents enrichissements en hydrogène ont été
testés. La température de paroi mesurée était de l’ordre de 200◦ C. Cette étude a permis d’établir les
diagrammes de stabilité et de mesurer les performances (rendements et pollutants) du brûleur [49]. Le
rendement de conversion chimique (puissance émise par la flamme sur puissance chimique injectée) est
de l’ordre de 70 − 90 % et le rendement thermique (puissance récupérée en sortie sur puissance émise par
la flamme) de 30−50 % suivant les conditions opératoires. L’expérience a mis en évidence la plus grande
zone de flammabilité du propane et butane comparé au méthane [48]. Des diagnostics optiques ont aussi
été appliqués [46]. La mesure du champ de vitesse de l’écoulement non réactif a montré une zone très
turbulente dans la région proche de l’injection alors que la zone centrale de l’écoulement semble beau-
coup plus laminaire. La localisation de la flamme via chimiluminescence CH* a montré que la flamme
se positionne en spirale le long de la paroi interne du cylindre (voir Fig. 2.19 (b)).
Etat de l’art de la mésocombustion 40

(a) (b)

F IGURE 2.20: Photo issue de l’expérience CORIA (a). Rendu 3D de la chambre de combustion (b).

Un modèle 0D a été construit à partir des données expérimentales [47]. Ce modèle, basé sur le
concept de réacteur homogène et un schéma cinétique complexe, a permis de reproduire de façon re-
lativement fidèle les limites de stabilité du brûleur whirlé côté pauvre, mais semble toutefois incapable
de reproduire correctement la tendance côté riche. Les performances et rendements sont en revanche
assez semblables entre l’expérience et le modèle. Cette étude a mis en évidence la capacité de reproduire
certaines caractéristiques d’un méso-brûleur à partir d’un modèle très simple.

2.6 Expériences menées au CORIA


Initié en 2008 par Y. D’Angelo (CORIA), B. Renou (CORIA) et F. Cozzi (Politecnico di Milano), le
projet d’étude de la mésocombustion au CORIA a mené à la fabrication d’un brûleur centimétrique et au
financement de deux thèses : une sur l’étude expérimentale, l’autre sur l’étude numérique de ce brûleur.
Ce brûleur sera appelé MESO-CORIA dans la suite de ce manuscrit.

2.6.1 Géométrie du brûleur MESO-CORIA


Le brûleur a été conçu pour les besoins de l’expérience de S. Liu en 2008. Fortement relié aux travaux
expérimentaux de Cozzi [49], il adopte le même concept d’écoulement whirlé.
Au cours de l’expérience menée au CORIA, l’objectif était de réaliser des diagnostics laser sur cette
chambre de combustion. C’est pourquoi la forme cubique a été privilégiée au détriment de la forme
cylindrique, afin de permettre des accès optiques via des fenêtres planes en quartz, comme montré sur
la Fig. 2.20 (b). La forme cubique n’est pas la forme la plus adaptée pour un écoulement whirlé. Les
conséquences sur les performances du brûleur étaient attendues.
Pour éviter que le volume de la chambre de combustion à chaud ne diffère trop du volume à froid du
fait de la dilatation thermique, la chambre a été construite en Invar (FeNi36), matériau à faible coefficient
d’expansion thermique. L’utilisation d’un matériau différent pour les hublots de visualisation, du quartz
donc avec une dilatation différente, a contraint à l’utilisation de joints en laiton (Fig. 2.20 (a)).
Les dimensions du brûleur sont 8 × 8 × 10 mm3 , ce qui correspond à un volume fluide d’environ
640 mm3 , les arêtes du cube selon la direction axiale étant arrondies (Fig. 2.21). Il présente deux entrées
cylindriques : une pour l’air avec un diamètre de 0.8 mm et une autre pour le carburant de 1 mm de
diamètre. La sortie du brûleur est un tube de diamètre 2 mm.
L’allumage du mélange gazeux était assuré via une étincelle produite par un allumeur électrique
introduit dans la chambre par le tube de sortie, puis retiré une fois la combustion stabilisée.
Etat de l’art de la mésocombustion 41

F IGURE 2.21: Représentation 3D du volume fluide.

2.6.2 Résultats expérimentaux notables


L’étude expérimentale du brûleur MESO-CORIA a permis d’accéder facilement à de nombreuses
mesures macroscopiques telles que les températures de paroi et de sortie des gaz chauds, aux polluants en
sortie, à la pression dans la chambre. Les diagnostics optiques sont en revanche beaucoup plus difficiles
à obtenir dans un volume d’étude de cette taille. Par exemple, la mesure du champ de vitesse par PIV
nécessite l’ensemencement en particules. Mais l’injection de ces particules via de petits injecteurs et à
faible nombre de Reynolds est particulièrement difficile. La faible taille des hublots en quartz, 6×6 mm2 ,
pose une difficulté supplémentaire. De plus, l’utilisation de gouttes d’huile en tant que particules limite
l’étude à des écoulements non réactifs.
Néanmoins, l’ensemble des mesures a permis de tirer de nombreux enseignements sur ce brûleur.
Ce dernier est susceptible de fonctionner avec différents mélanges gazeux (méthane-air et propane-air)
et à différents débits et richesses. Les performances globales du brûleur, puissances et rendements de
combustion et thermique, ont pu être déterminés. Les diagrammes de stabilité de combustion ont été
construits. L’utilisation d’une baie d’analyse a permis la mesure des polluants sur un grand nombre de
points de fonctionnement et des rendements chimiques associés ont été déduits [137].
Les instabilités thermo-acoustiques ont été étudiées via la mesure de la pression dans la chambre
et l’évaluation de l’indice de Rayleigh. Comme indiqué précédemment, la mesure du champ de vitesse
de l’écoulement non réactif par PIV, du fait de sa difficulté, n’a pas donné de résultats véritablement
exploitables. Cependant des mesures de chimiluminescence CH* et OH* ont été possibles. Ces mesures
de chimiluminescence permettent d’accéder à la localisation instantanée de la flamme avec une intégra-
tion du signal suivant la direction d’observation. Ainsi, la position moyenne de la flamme a été obtenue
suivant deux directions différentes et pour différents points de fonctionnement.
L’enrichissement en hydrogène du mélange de carburant a aussi été étudié. L’ajout d’hydrogène a
eu pour effet une meilleure stabilisation de la flamme et a ainsi étendu le domaine de flammabilité du
brûleur. De plus, une réduction sensible des émissions polluantes tels que CO et imbrûlés a été observée.

2.6.3 Simulation numérique DNS


En parallèle de l’étude expérimentale, une étude numérique a été menée sur le brûleur MESO-CORIA
[203]. L’étude s’est concentrée sur la topologie de l’écoulement, le régime de combustion, l’influence
Etat de l’art de la mésocombustion 42

F IGURE 2.22: Impact de l’ajout d’hydrogène dans le mélange gazeux sur la position de la flamme (gauche
et milieu) et instabilité thermo-acoustique (droite), tiré de [137].

des débits et richesse, uniquement pour un mélange méthane-air. Pour cela, le code H-Allegro a été
utilisé et adapté pour réaliser des calculs DNS du brûleur. H-Allegro est un solveur des équations de
Navier-Stokes 3D compressibles et réactives, massivement parallèle et à précision élevée [5]. Il utilise
un schéma spatial de différences finies explicite d’ordre 6. L’avancement temporel est réalisé avec un
schéma Runge-Kutta d’ordre 3. Le code étant structuré, il est limité aux domaines parallélépipédiques.
Une méthode couplant grille décalée (staggered) et grille non décalée (colocated), dite méthode hybride,
permet un gain en temps de calcul important. Les conditions aux limites sont traitées via une version
adaptée de la condition NSCBC3D [139] et via une condition de mur réfléchissant isotherme [204].
Une chimie méthane-air à une étape et à masse volumique constante a été adaptée aux écoulements
partiellement pré-mélangés, présentant des inhomogénéités de richesse.
Deux points de fonctionnement non-réactifs et trois autres réactifs ont été investigués. Concernant
l’écoulement réactif, il a été vérifié que le cœur chaud central lié à l’écoulement whirlé permet bien de
stabiliser la combustion. L’augmentation de la richesse globale implique une combustion plus en aval de
l’écoulement tandis que l’augmentation de débit permet de mieux répartir la flamme dans le domaine, du
fait de l’augmentation de la turbulence.
L’analyse de la flamme a montré que la combustion s’effectuait principalement en régime prémé-
langé, même si une flamme de diffusion était visible en "post-combustion" dans les gaz brûlés. D’autre
part, l’observation du taux de réaction global indique que la flamme est très instationnaire. Enfin, la réa-
lisation de diagrammes de combustion a montré que de nombreux régimes de combustion sont présents
au sein de la chambre de combustion.
Cette étude a apporté de nombreuses informations sur l’écoulement réactif dans ce brûleur centimé-
trique. Néanmoins, certaines limites de l’étude sont à noter comme l’utilisation d’un schéma de cinétique
chimique trop simple (une étape) ou bien la non prise en compte de la géométrie réelle (parfaitement cu-
bique dans la simulation DNS et sans les tubes d’entrées et sortie).
Etat de l’art de la mésocombustion 43

(b)
(a)

F IGURE 2.23: (a) : Iso-contour du taux de réaction (rouge) et du critère-Q (gris). (b) : Visualisation du
taux de réaction (couleur feu) et de la fraction de mélange Z (surimposition en échelle de gris, iso-contour
de la sœchiométrie en blanc) sur une coupe dans un plan du domaine.
Chapitre 3

Equations de l’aérothermochimie

Le Chapitre 3 rappelle les équations régissant le mouvement d’un fluide réactif. Une attention par-
ticulière est portée sur les phénomènes de transport et l’évaluation des termes sources chimiques. L’hy-
pothèse de faible de nombre de Mach est exposée, le formalisme LES et le modèle d’épaississement de
flamme utilisé au cours de cette thèse font également l’objet de ce chapitre. Les caractéristiques du code
de calcul YALES2 ainsi que les choix de modélisation sont présentés.

Sommaire
3.1 Propriétés d’un mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.1 Composition d’un mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.2 Description thermodynamique d’un mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.3 Loi d’état mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2 Ecriture des équations bilans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2.1 Equations de conservation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2.2 Expression des flux diffusifs dans le cas général . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.2.3 Hypothèses simplificatrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.2.4 Modélisation des phénomènes de transport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.3 Modélisation de la chimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.3.1 La cinétique chimique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.3.2 Méthodes de réduction du coût de la chimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.3.3 Variables caractéristiques liées à la flamme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.4 Extension des équations au formalisme LES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.4.1 Introduction à la turbulence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.4.2 Simulation d’écoulements turbulents : approches DNS / LES / RANS . . . . . 62
3.4.3 Etablissement des équations filtrées de la LES . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.4.4 Modélisation de sous-maille pour la turbulence . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.4.5 Modèles de combustion turbulente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.5 Le modèle d’épaississement de flamme : TFLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.5.1 Principe général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.5.2 Conditions sur l’épaississement F . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.5.3 Interaction flamme-turbulence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.5.4 Expression dynamique du modèle TFLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
3.6 Résolution numérique dans YALES2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
3.6.1 Difficultés de résolution des équations bilans . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
Equations de l’aérothermochimie 45

3.6.2 Stratégies adoptées et concepts généraux de YALES2 . . . . . . . . . . . . . . 72


3.6.3 Solveur incompressible à densité constante (ICS) . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.6.4 Solveur incompressible dilatable (VDS) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
3.6.5 Résolution de l’équation de Poisson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

3.1 Propriétés d’un mélange


3.1.1 Composition d’un mélange
Avant de présenter les équations régissant l’aérothermochimie, il est nécessaire de définir quelques
propriétés du mélange utilisées par la suite. Le mélange considéré possède Nsp espèces chimiques indi-
cées k.
La densité ou masse volumique du mélange ρ correspond à la somme des densités partielles ρk des
espèces qui le compose :
Nsp
X
ρ= ρk . (3.1)
k=1

La fraction massique Yk de chaque espèce k s’en déduit directement :


ρk
Yk = . (3.2)
ρ
Par définition, les fractions massiques sont comprises entre 0 et 1, leur somme étant égale à 1 :

0 ≤ Yk ≤ 1 , (3.3)
Nsp
X
Yk = 1 . (3.4)
k=1

La masse molaire du mélange W est évaluée à partir des fractions massiques Yk et des masses
molaires Wk des espèces,
Nsp
1 X Yk
= . (3.5)
W k=1
W k

Les fractions molaires des espèces Xk et les concentrations des espèces Ck sont alors déduites à
l’aide des formules suivantes :
W
Xk = Yk , (3.6)
Wk
ρk
Ck = . (3.7)
Wk

3.1.2 Description thermodynamique d’un mélange


La capacité calorifique molaire de l’espèce k à la pression standard P 0 = 1 atm en fonction de
la température T est déterminée à l’aide d’une approximation polynomiale ajustée à partir de données
expérimentales [85], aussi appelée "polynôme NASA" :
m (T, P 0 )
Cp,k
= a1,k + a2,k T + a3,k T 2 + a4,k T 3 + a5,k T 4 , (3.8)
R
Equations de l’aérothermochimie 46

où R = 8.314 J.mol−1 .K−1 désigne la constante des gaz parfaits.


A partir de la capacité calorifique, on peut définir l’enthalpie et l’entropie :
Z T
Hkm (T, P 0 ) = Cpm (θ, P 0 ) dθ + ∆h0,m
f,k , (3.9)
T0
Z T m
Cp (θ, P 0 )
Skm (T, P 0 ) = dθ , (3.10)
T0 θ

avec ∆h0,m
f,k l’enthalpie molaire de formation de l’espèce k à la pression standard P et température de
0

référence T 0 . T 0 est définie de manière à obtenir Hkm (T 0 , P 0 ) = ∆h0,m


f,k . N’importe quelle valeur de
température de référence peut être prise pour T et choisir T = 0 K pourrait être un choix logique [190].
0 0

Néanmoins, réunir des informations expérimentales sur l’enthalpie à 0 K s’avère difficile. La température
de référence est alors couramment choisie à T 0 = 298.15 K [179]. On peut alors déduire les approxima-
tions polynomiales pour l’enthalpie et l’entropie :

Hkm (T, P 0 ) a6,k a2,k a3,k 2 a4,k 3 a5,k 4


= + a1,k + T+ T + T + T , (3.11)
RT T 2 3 4 5
Skm (T, P 0 ) a3,k 2 a4,k 3 a5,k 4
= a7,k + a1,k ln(T ) + a2,k T + T + T + T . (3.12)
R 2 3 4

On constate dès lors que a6,k = ∆h0,m f,k . Les coefficients an,k dépendent évidemment de chaque
espèce mais aussi du domaine de température dans lequel le mélange se situe. Il existe 7 coefficients
pour les températures basses et 7 autres pour les températures hautes. Les températures basses s’étendent
typiquement de 300 à 1 000 K et les températures hautes de 1 000 à 5 000 K. Cependant, ces valeurs sont
a priori définies indépendamment pour chaque espèce. Un ensemble de 14 coefficients et 3 températures
est donc nécessaire pour chaque espèce.
A partir des propriétés individuelles des espèces, il est possible de déterminer les propriétés molaires
du mélange à l’aide des lois de mélange suivantes,
Nsp
X
Cpm (T, P, X) = m
Xk Cp,k (T, P 0 ) , (3.13)
k=1
Nsp
X
H m (T, P, X) = Xk Hkm (T, P 0 ) , (3.14)
k=1
Nsp
X Å Å ã ã
P
S m (T, P, X) = Xk Skm (T, P 0 ) − R ln − R ln(Xk ) . (3.15)
k=1
P0

Les deux premières lois correspondent à de simples lois additives alors que celle sur l’entropie est
plus complexe et fait intervenir un terme de pression et un terme de mélange. Les relations (3.13), (3.14)
et (3.15) permettent de calculer directement les propriétés molaires. La capacité calorifique massique Cp ,
l’enthalpie massique H et l’entropie massique S sont alors obtenues suivant :
Cpm
Cp = , (3.16)
W
Hm
H= , (3.17)
W
Sm
S= . (3.18)
W
Equations de l’aérothermochimie 47

3.1.3 Loi d’état mécanique


Afin de prédire l’évolution thermodynamique du système étudié, une équation d’état est nécessaire
afin d’établir une relation entre les différentes variables d’état. Plusieurs types d’équations d’état existent.
Le choix s’effectue suivant les phénomènes physiques étudiés.
Au cours de cette thèse, le mélange sera considéré comme un gaz parfait. L’équation d’état reliant
température et pression s’écrit :
R
P =ρ T. (3.19)
W

3.2 Ecriture des équations bilans


3.2.1 Equations de conservation
Dans un milieu continu, le mouvement des fluides est régi par les équations de Navier-Stokes. Ces
équations peuvent être rigoureusement déduites de la mécanique statistique et des principes de base
(conservation du nombre de molécules, de la quantité de mouvement, de l’énergie...). Cette dérivation
n’est pas triviale et peut être trouvée dans [83, 100, 15].
Les équations bilans traduisent au niveau macroscopique la conservation de la masse, de la quantité
de mouvement et de l’énergie. La conservation de la masse peut aussi s’écrire via la conservation des
espèces chimiques. Cela implique la résolution d’une équation de transport pour chaque espèce présente
dans le mélange.
Ces équations sont exprimées ci-dessous sous leur forme conservative et utilisent la convention
d’Einstein sur les indices répétés.
La conservation de la quantité de mouvement est donnée selon :
∂ρuj ∂ρui uj ∂P ∂τij
+ =− + , (3.20)
∂t ∂xi ∂xj ∂xi
où τij est le tenseur des contraintes visqueuses.
L’équation de conservation de espèces est :
∂ρYk ∂ρui Yk ∂Fk,i
+ = + ω̇k , (3.21)
∂t ∂xi ∂xi
où Fk,i représente le flux diffusif de l’espèce k dans la direction i et ω̇k le terme source de l’espèce k.
La conservation de la masse s’écrit :
∂ρ ∂ρui
+ = 0, (3.22)
∂t ∂xi
avec ui la composante du vecteur vitesse selon la direction i.
La conservation de l’énergie peut être présentée sous différentes formes selon la grandeur considérée.
La variable choisie dans ces travaux pour écrire l’équation bilan est l’enthalpie sensible hs car les calculs
sont effectués à pression constante. Elle définie comme :
Z T
hs (T ) = Cp (θ) dθ . (3.23)
T0

L’équation de conservation de l’enthalpie sensible hs s’écrit :


∂ρhs ∂ρui hs DP ∂Qi ∂ui
+ = + + τij + Q̇ + ω̇T , (3.24)
∂t ∂xi Dt ∂xi ∂xj
Equations de l’aérothermochimie 48

où Qi correspond au flux diffusif dans la direction i, ω̇T au terme source chimique et Q̇ au terme source de
chaleur (par exemple étincelle, laser ou flux radiatif). L’opérateur D·/Dt est appelé la dérivée particulaire
et s’exprime D·/Dt = ∂ ·/∂t+ui ∂ ·/∂xi . Le terme source d’énergie chimique représente le dégagement
de chaleur produit lors de la combustion et est fonction des enthalpies de formation des espèces :
Nsp
X
ω̇T = − ∆h0f,k ω̇k . (3.25)
k=1

3.2.2 Expression des flux diffusifs dans le cas général


La diffusion est le résultat de mouvements microscopiques qui tendent à effacer les gradients macro-
scopiques présents dans un fluide, représentant un écart à la distribution de Maxwell sous l’hypothèse
d’un équilibre thermodynamique local.
A partir de la théorie cinétique des gaz, plusieurs flux diffusifs sont mis en évidence lors des écritures
des équations de Navier-Stokes [83] : τij , Qi et Fk,i des équations (3.20), (3.21) et (3.24). Ces trois flux
sont exprimés ci-après [31, 83] :
- le tenseur des contraintes visqueuses, pour un fluide Newtonien,
Ç å Å ã
∂ui ∂uj 2 ∂uk
τij = µ + + κ− µ δij , (3.26)
∂xj ∂xi 3 ∂xk

avec µ la viscosité dynamique, δij le symbole de Kronecker et κ la viscosité volumique. On peut


introduire ici la viscosité cinématique ν à partir de la viscosité dynamique du mélange ν = µ/ρ.
- le flux de diffusion de l’espèce k

Fk,i = ρVk,i Yk , (3.27)

où Vk,i est la vitesse de diffusion de l’espèce k dans la direction i. Elle s’écrit :


Nsp
X X Nsp Å ã
∂ ln T ∂ ln T
Vk,i = − Dkj dj,i − θk =− Dkj dj,i + χj , (3.28)
j=1
∂xi j=1
∂xi

avec :
∂Xk ∂ ln P
dk,i = + (Xk − Yk ) . (3.29)
∂xi ∂xi
Dans ces équations, D est la matrice de diffusion dont les éléments Dkj dépendent de la tempéra-
ture T , de la pression P et de la fraction massique Yk . θk est le coefficient de diffusion thermique
de l’espèce k et χk le rapport de diffusion thermique de l’espèce k qui doit satisfaire la contrainte
PNsp
k=1 χk = 0. Ils sont associés aux effets de Soret et Dufour.
- le flux de chaleur
Nsp Nsp
∂T X X
Qi = λ − hs,k Fk,i − P χk Vk,i , (3.30)
∂xi k=1 k=1
Nsp
∂T X
=λ − (ρhs,k Yk + P χk ) Vk,i . (3.31)
∂xi k=1
Equations de l’aérothermochimie 49

3.2.3 Hypothèses simplificatrices


Certains termes apparus dans les équations précédentes ont une faible influence sur l’écoulement et
sont donc négligés, notamment dans l’approche à faible nombre de Mach faite dans le code YALES2 :
- le terme source de chaleur Q̇ de l’Eq. 3.24 est négligé car aucune source de chaleur n’intervient
dans les travaux de cette thèse, le rayonnement n’est pas pris en compte,
∂ui
- le terme de travail visqueux τij ∂x j
de l’Eq. 3.24 est négligé car il évolue comme le carré du
nombre de Mach,
- le terme incluant κ dans l’Eq. 3.26 a peu d’influence sur la structure du fluide dans les écoule-
ments à faible nombre de Mach,
- le terme ∂∂xln P
i
de l’Eq. 3.29 est aussi négligé, la pression thermodynamique étant constante en
espace dans le formalisme à faible nombre de Mach.
A partir de ces hypothèses, on peut ré-écrire les flux diffusifs :
Ç å
∂ui ∂uj 2 ∂uk
τij = µ + − µ δij , (3.32)
∂xj ∂xi 3 ∂xk
Fk,i = ρVk,i Yk , (3.33)
Nsp Nsp
∂T X X
Qi = λ − hs,k Fk,i − P χk Vk,i . (3.34)
∂xi k=1 k=1
avec
Nsp
X Å ã
∂Xj ∂ ln T
Vk,i = − Dkj + χj . (3.35)
j=1
∂xi ∂xi

L’importance des effets Soret et Dufour sera discuté au cours de cette thèse. Les flux diffusifs dans
une approche de transport complexe sont décrits dans les sections suivantes avec et sans prise en compte
de ces effets, menant à deux systèmes d’équations différents. Un modèle de transport simplifié classique
est ensuite proposé.

3.2.4 Modélisation des phénomènes de transport


Différents niveaux de complexité peuvent être apportés pour le calcul des propriétés de transport,
c’est-à-dire la viscosité µ, la conductivité thermique λ et les vitesses de diffusion des espèces Vk,i . Trois
approches sont présentées ici, de la plus à la moins coûteuse : l’approche multicomposant, les lois de
mélange et une approche dite simplifiée.

3.2.4.1 Approche multicomposant

Les propriétés de transport d’un mélange interviennent directement dans les équations de l’aérother-
mochimie mais découlent de la théorie cinétique des gaz. Cette théorie fait intervenir des notions comme
le potentiel de Lennard-Jones, les intégrales de collisions calculées par Mason et Monchick et les rela-
tions d’Eucken étendues par Warnatz. Le lecteur pourra se référer à la thèse de Gruselle [88] pour plus
de détails ou encore aux papiers suivants [31, 158, 224]. La théorie permet d’exprimer la viscosité µi , la
conductivité λi de chaque espèce i et le coefficient de diffusion binaire Dij de chaque paire d’espèces
(i, j).
A partir de ces propriétés par espèce, les propriétés locales du mélange doivent être déterminées. La
façon la plus précise de calculer ces propriétés consiste en la résolutions de systèmes linéaires de taille
Equations de l’aérothermochimie 50

(Nsp )2 dans chaque direction spatiale. Cette approche, appelée multicomposant ou "Multicomponent",
s’avère difficile et très coûteuse à réaliser d’un point de vue algorithmique [65].

3.2.4.2 Lois de mélange

Un modèle plus simple est utilisé dans cette thèse. Il consiste à calculer des propriétés de transport
à partir de lois de mélanges. Ces lois sont beaucoup moins chères à calculer que les vraies propriétés
obtenues avec l’approche multicomposant. Parmi les lois de mélanges disponibles dans la littérature,
sont présentées ici celle utilisées au cours de cette thèse.
La viscosité de cisaillement µ d’un mélange est calculée à partir de la formule de Wilke [15],
Nsp
X Xi µi
µ= P , (3.36)
i=1 j Φij

où les poids Φij sont donnés par :


  Ç å1/4 !
1 1 µj Wi
Φij = √ » 1+ . (3.37)
8 1 + Wi /Wj µi Wj

La conductivité thermique λ du mélange est calculée via la loi de mélange donnée par Brocaw [22]
et Mathur, Tondon et Saxena [152],
1Ä ä
λ= λk + λ⊥ . (3.38)
2
avec λk et λ⊥ définis comme :
Nsp
X
λk = X i λi , (3.39)
i=1
Nsp
X
λ−1
⊥ = Xi λ−1
i . (3.40)
i=1

Hirschfelder et Curtiss [100] proposent une approximation considérée comme la meilleure au premier
ordre selon Ern et Giovangigli [65, 83]. Cette approche, dite "Mixture Averaged", consiste à définir un
seul coefficient par espèce k dans le mélange. On définit alors le coefficient de diffusion Dk∗ par espèce
à partir des coefficients de diffusion binaires Dkj :
1 − Yk
Dk∗ = P . (3.41)
j6=k Xj /Dkj

Lorsqu’une espèce k est seule dans le mélange (en pratique lorsque Yk > 1 − ǫ avec ǫ = 10−4 ), le
coefficient binaire de l’espèce k avec elle-même est la meilleure approximation pour Dk∗ , à la place de
l’Eq. 3.41 :
Dk∗ = Dkk . (3.42)

Simplification des flux sans effets Soret et Dufour


Sans prise en compte des effets Soret et Dufour, et pour l’approximation d’Hirshfelder et Curtiss, la
vitesse de diffusion Vk,i s’exprime selon :
Dk∗ ∂Xk
Vk,i = − + Vc,i . (3.43)
Xk ∂xi
Equations de l’aérothermochimie 51

Le terme Vc,i correspond à une vitesse de correction, introduite afin d’assurer la conservation de la
masse :
Nsp
X
Vk,i Yk = 0 . (3.44)
k=1

La vitesse de correction est déduite :


Nsp
X Wk ∂Xk
Vc,i = Dk∗ . (3.45)
k=1
W ∂xi

Sans prise en compte des effets Soret et Dufour, les flux diffusifs s’écrivent :

Dk∗ ∂Xk
Fk,i = −ρ + ρYk Vc,i , (3.46)
Xk ∂xi
Nsp
∂T X
Qi = λ +ρ hs,k Vk,i Yk . (3.47)
∂xi k=1

Simplification des flux avec effets Soret et Dufour


Lorsqu’un mélange est soumis à un gradient de température, une séparation des espèces le long du
gradient est observée. Cet effet est appelé effet Soret ou effet thermodiffusif. Mis en évidence indépen-
damment par Soret en 1879 et Ludwig en 1856, démontré pour un mélange binaire à partir de la théorie
cinétique des gaz par Chapman, cet effet se manifeste sans aucun mouvement du fluide : c’est un méca-
nisme de diffusion pur. L’amplitude de la séparation des constituants du mélange est caractérisé par un
coefficient de thermodiffusion, le coefficient Soret.
Le phénomène inverse peut également se produire : c’est l’effet Dufour (1872). Dans ce cas, un
gradient de température s’établit lorsque deux constituants, initialement à la même température, se mé-
langent par diffusion.
Le plus souvent, les effets thermodiffusifs sont faibles et dans la plupart des cas négligés. Cependant,
des études révèlent qu’il convient de prendre en compte les effets Soret et Dufour dans certains cas
comme le mélange de gaz à Schmidt différents de l’unité [18] ou encore l’interaction flamme-paroi
[179, 187].
La théorie cinétique des gaz permet d’obtenir des coefficients thermiques binaires χij (diffusion
d’une espèce par rapport à une autre), comme pour la diffusion moléculaire. On peut définir un coefficient
thermique χk par espèce dans le mélange [31] :
Nsp
X
χk = χkj . (3.48)
j6=k

La vitesse de diffusion d’une espèce Vk,i en formulation Hirschfelder & Curtiss et avec les effets
Soret et Dufour s’écrit [118, 82] :
Å ã
D∗ ∂Xk 1 ∂T
Vk,i =− k + χk + Vc,i , (3.49)
Xk ∂xi T ∂xi
Å ã
∗ Wk ∂Xk 1 ∂T
Vk,i Yk = −Dk + χk + Yk Vc,i . (3.50)
W ∂xi T ∂xi
Equations de l’aérothermochimie 52

PNsp
De nouveau, la vitesse de correction Vc,i est introduite afin de conserver la masse totale k=1 Vk,i Yk =
0:
Nsp
X Å ã
Wk ∂Xk 1 ∂T
Vc,i = −Dk∗ + χk . (3.51)
k=1
W ∂xi T ∂xi

Avec prise en compte des effets Soret et Dufour, les flux diffusifs s’écrivent :
Å ã
Wk ∂Xk 1 ∂T
Fk,i = −ρDk∗ + χk + ρYk Vc,i , (3.52)
W ∂xi T ∂xi

X Nsp ï Å ã ò
∂T Wk ∂Xk 1 ∂T
Qi = λ − hs,k ρDk∗ + χk + ρYk Vc,i +
∂xi k=1 W ∂xi T ∂xi
Nsp
X ï Å ã ò
Dk∗ ∂Xk 1 ∂T
P χk − + χk + Vc,i . (3.53)
k=1
Xk ∂xi T ∂xi

3.2.4.3 Modèle de transport simplifié

Dans beaucoup de cas, comme par exemple les écoulements fortement turbulents, la modélisation
des phénomènes de transport ne nécessite pas une telle précision. Pour des raisons de coût de calcul un
modèle de transport simplifié est alors préféré. Il est basé sur des lois empiriques largement utilisées et
couramment trouvées dans les codes de simulation numérique des fluides.
La viscosité dynamique peut être calculée par l’intermédiaire d’une loi dépendant de la température.
La loi la plus courante est la loi de Sutherland [207] :
Ç å3/2
Tref + C T
µ = µref , (3.54)
T +C Tref

où la viscosité de référence µref , la température de référence Tref et la température de Sutherland C


dépendent du mélange considéré. Pour l’air, à une température comprise entre 170 et 1 900 K, on utilise
µref = 1.715 × 10−5 kg.m−1 .s−1 , Tref = 273.15 K et C = 110.4 K.
Pour les diffusivités thermique et massique, il est nécessaire d’introduire des nombres adimension-
nels :
- Le nombre de Schmidt caractérise le rapport entre la viscosité cinématique ν et la diffusivité
moléculaire Dk de l’espèce k :
ν µ
Sck = = . (3.55)
Dk ρDk
Certaines espèces ont un nombre de Schmidt très inférieur à 1, comme l’hydrogène moléculaire
(ScH2 = 0.2) ou l’hydrogène atomique (ScH = 0.1). Cela signifie que l’espèce diffuse beaucoup
plus vite que la quantité de mouvement.
- Le nombre de Prandtl est le rapport de la viscosité par la diffusivité thermique,
µCp
Pr = . (3.56)
λ
De la même façon, un Prandtl inférieur à 1 révèle que la chaleur diffuse plus vite dans le mélange
que la quantité de mouvement.
Equations de l’aérothermochimie 53

- Le nombre de Lewis se calcule comme le rapport de la diffusivité thermique sur la diffusivité


moléculaire :
λ
Lek = . (3.57)
ρCp Dk
De la même façon, un Lewis inférieur à 1 signifie que l’espèce k diffuse plus vite que la chaleur.
On remarque que l’on peut définir un nombre de Schmidt et de Lewis par espèce alors que le nombre
de Prandtl est propre au mélange. Une relation existe entre ces trois nombres sans dimensions :

Sck = Lek P r . (3.58)

Le nombre de Prandtl pour les gaz est usuellement de P r ≈ 0.72. Le nombre de Lewis varie entre 0.2 et
2.
On peut alors écrire les flux diffusifs simplement :
Wk ∂Xk µ Wk ∂Xk
Fk,i = ρDk =ρ , (3.59)
W ∂xi Sck W ∂xi
∂T µCp ∂T
Qi = λ = . (3.60)
∂xi P r ∂xi

3.3 Modélisation de la chimie


3.3.1 La cinétique chimique
Pour des écoulements réactifs, il est nécessaire de calculer précisément les termes sources chimiques
ω̇k issus des réactions de la combustion (équation 3.21). Dans le cas de la réaction d’un hydrocarbure
avec l’air, la réaction globale s’écrit :
Å ã
m m
C n Hm + n + O2 → n CO2 + H2 O . (3.61)
4 2
Dans le cas du méthane, elle se traduit sous la forme :

CH4 + 2 O2 → CO2 + 2 H2 O . (3.62)

Cependant, dans la réalité, une telle réaction globale n’est pas pertinente. La description d’une réac-
tion par une seule équation chimique globale ne peut permettre de capter tous les phénomènes chimiques
qui sont bien plus complexes. En effet, la combustion ne se déroule pas en une seule étape mais en une
multitude de réactions Nr qui peuvent entraîner un grand nombre d’espèces intermédiaires Nsp . Il est
nécessaire de décrire l’enchaînement des étapes élémentaires ainsi que déterminer la vitesse associée à
ces réactions [228, 130, 179].
D’une manière générale, on peut écrire les réactions sous la forme suivante :
Nsp Nsp
X X
′ ′′
νkr Mk ↔ νkr Mk , r = 1, ..., Nr , (3.63)
k=1 k=1

où Mk représente le symbole chimique de l’espèce k, νkr′ et ν ′′ sont les coefficients stœchiométriques


kr
de cette espèce dans la réaction r.
Le taux d’avancement qr de la réaction r s’écrit :
Nsp Nsp
Y ν′ Y ν ′′
qr = k f r Ck kr − kbr Ck kr , (3.64)
k=1 k=1
Equations de l’aérothermochimie 54

avec Ck la concentration molaire de l’espèce k, kf t et kbr étant respectivement les constantes de taux de
réactions direct (indice f comme forward en anglais) et indirect (indice b comme backward en anglais)
de la réaction r. Le taux de réaction massique ω̇k est défini comme la somme des taux de production ω̇kr
de chaque réaction r impliquant l’espèce k tel que :
Nr
X Nr
X # ′′ ′ 
ω̇k = ω̇kr = Wk νkr − νkr qr . (3.65)
k=1 k=1

Le calcul des constantes de taux de réactions directes kf r représente un problème central pour la
modélisation de la combustion. En général, une loi d’Arrhenius est adoptée :
Å ã Å ã
Ea,r Ta,r
kf r = Ar T βr exp − = Ar T βr exp − , (3.66)
RT T
avec Ar la constante pré-exponentielle, βr l’exposant de température, Er l’énergie d’activation et Ta la
température d’activation de la réaction r.
On détermine les taux de réactions indirects kbr à partir de la constante d’équilibre Keq,r de la
réaction r :
kf r
kbr = . (3.67)
Keq,r

La constante d’équilibre Keq,r s’exprime en fonction de la variation d’enthalpie libre standard de la


réaction selon :
Ç åPNsp (ν ′′ −ν ′ ) Ç å
P0 k=1 kr kr
∆Sr0 ∆Hr0
Keq,r (T ) = exp − , (3.68)
RT R RT

où ∆Sr0 et ∆Hr0 sont respectivement les variations d’entropie et d’enthalpie au cours de la réaction et
P 0 la pression de référence, utilisée pour la détermination des propriétés thermodynamiques (présentées
dans la section 3.1.2).
Toutes les formules présentées jusqu’ici sont suffisantes pour exprimer de façon explicite le terme
source d’espèces ω̇k . Toutefois, la résolution numérique des équations de la cinétique chimique peut faire
appel à des méthodes implicites. Il devient nécessaire de résoudre un système linéaire qui demande de
calculer une matrice Jacobienne, ce qui requiert de calculer les dérivées partielles suivantes :
 
Nr QN ν′ QN ν ′′
X # ′ sp sp
∂ ω̇k ′′   ∂kf r k=1 Ck ∂kbr k=1 Ck kr 
kr
= Wk νkr − νkr − , (3.69)
∂Cj k=1
∂Cj ∂Cj
 
Nr QN ν′ QN ν ′′
X # ′ sp sp
∂ ω̇k ′′   ∂kf r k=1 Ck ∂kbr k=1 Ck kr 
kr
= Wk νkr − νkr − . (3.70)
∂T k=1
∂T ∂T
Equations de l’aérothermochimie 55

avec
QNsp ′
νkr QNsp ′
νkr Nsp
∂kf r Y
k=1 Ck ∂ k=1 Ck ν′
= kf r ′
= kf r νjr Cj−1 Ck kr , (3.71)
∂Cj ∂Cj k=1
QNsp ′′
νkr PNsp ′′ ′ Nsp Nsp
Y ν ′′ Y ν ′′
∂kbr k=1 Ck k=1 (νkr − νkr ) ′′ −1
= PNsp Ck kf r + kbr νjr Cj
kr
Ck kr , (3.72)
∂Cj Keq,r k=1 Ck k=1 k=1
QNsp ′
νkr Nsp Ä ä Y ν′
N
∂kf r Y νkr
sp
∂kf r k=1 Ck

= Ck = kf r T −1 β + Ta T −1 Ck kr , (3.73)
∂T ∂T k=1 k=1
QNsp ′′
νkr Nsp Ç å Nsp
∂kbr k=1 Ck ∂kf r /Keq,r Y νkr ′′ 1 ∂kf r ∆Hr0 Y νkr ′′
= Ck = − kf r C . (3.74)
∂T ∂T k=1
Keq,r ∂T RT 2 k=1 k

L’utilisation de ces dérivées partielles calculées de façon analytique, ainsi que la résolution implicite de
la chimie, est précisée dans la section 3.6.2.
Un type particulier de réaction existe : les réactions Fall-off. Dans ces réactions, le taux de réaction
kf r a une dépendance en pression impliquant l’ajout d’un troisième corps aux réactions chimiques. Cela
modifie légèrement les équations décrites précédemment [136, 81].
L’ensemble des constantes présentées (constante pré-exponentielle Ar , exposant de température βr ,
énergie d’activation Er et paramètres des réactions Fall-off ) sont rassemblées dans une base de données
appelée un schéma cinétique chimique [179]. Il y a donc un jeu de constantes pour les Nr réactions
composant le schéma cinétique impliquant les Nsp espèces.
La complexité de tels schémas dépend du niveau de précision désirée en terme de caractéristique de
flamme, du carburant considéré et des plages de validité du schéma en température, pression et richesse.
Plus un schéma sera précis, pour un carburant lourd et avec de grandes plages de validité, plus il sera
complexe : il peut contenir plusieurs milliers de réactions et plusieurs centaines d’espèces. La Fig. 3.1
illustre la complexité des schémas cinétiques en fonction du nombre d’espèces et de réactions. Pour un
carburant donné, par exemple CH4 , plusieurs schémas sont proposés : Leeds, GRI1.2, GRI3.0, Konnov...
Entre ces schémas, le nombre d’espèces peut varier d’un facteur quatre, le nombre de réactions d’un
facteur cinq. Il est important de noter qu’avec le temps, les schémas cinétiques ont tendance à devenir
de plus en plus complexes : la puissance de calcul permet aujourd’hui de gérer de tels schémas dans des
configurations simples.
La complexité de calcul provient également de la nature même des opérations à effectuer : expo-
nentielles, puissances non entières... De plus, le schéma cinétique peut être raide, au sens où des temps
caractéristiques de réaction des espèces très disparates interviennent dans le processus chimique.

3.3.2 Méthodes de réduction du coût de la chimie


Les schémas cinétiques dits "complexes" peuvent comporter plusieurs centaines d’espèces et plu-
sieurs milliers de réactions. Ces schémas sont précis sur des plages d’utilisation très étendues en pres-
sion, température et richesse. L’utilisation de tels schémas implique leur résolution sur des maillages très
fins afin de traitement correctement l’ensemble des espèces intermédiaires et radicalaires. Il va de soi
que les ressources informatiques nécessaires pour les utiliser sont importantes et que le temps de calcul
est très élevé. Cette approche n’est pas compatible avec les simulations numériques 3D de configurations
industrielles. De plus, les temps caractéristiques chimiques associés à ces schémas complexes peuvent
être très courts, limitant le pas temps et augmentant d’autant plus le coût de calcul. Diverses approches
Equations de l’aérothermochimie 56

F IGURE 3.1: Taille de différents schémas cinétiques issus de la littérature en fonction du nombre d’es-
pèces N et du nombre de réactions K pour différents carburants, tiré de [131].

ont été développées afin de palier à ces difficultés et rendre accessible le coût de calcul de la chimie pour
des simulations numériques de fluides réactifs.

Réduction de schémas cinétiques complexes


Une première approche consiste à réduire la complexité du mécanisme chimique en ne conservant que
les espèces et réactions les plus importantes. Diverses méthodes peuvent être trouvées dans la littérature
pour arriver à cet objectif.
Parmi elles, les méthodes de type Directed Relation Graph (DRG) introduites par Lu [142] consistent
à cartographier les relations et dépendances entre les espèces d’un schéma cinétique complexe pour ne
conserver que celles qui sont dépendantes d’un ensemble réduit d’espèces importantes. Pepiot [173]
propose, avec la Directed Relation Graph with Error Propagation (DRGEP), une amélioration de cette
méthode en portant une attention particulière à l’erreur introduite en enlevant un groupe d’espèces du
mécanisme.
La méthode dite lumping consiste à réduire un schéma cinétique détaillé en regroupant plusieurs
molécules présentant des comportements identiques en une seule espèce. Une réduction assez importante
du nombre d’espèces peut alors être obtenu.
L’Approximation des Etats Quasi-Stationnaires (AEQS) ou encore l’Approximation des Equilibres
Partiels (AEP) [174, 176] consistent à négliger les phénomènes rapides, c’est à dire ayant une durée de
vie très courte. Autrement dit, les taux de production et consommation d’une espèce sont en équilibre par
rapport aux réactions les plus lentes. La grande disparité d’échelles de temps caractéristiques du schéma
cinétique détaillé est diminué ainsi que la raideur du système.
Les schémas obtenus grâce à ces diverses méthodes présentent une complexité variée. On distingue
plusieurs types de schémas :
- les schémas détaillés : plusieurs dizaines d’espèces et plusieurs centaines de réactions. Ces sché-
Equations de l’aérothermochimie 57

mas disposent de grandes plages de validité en richesse, pression et température ;


- les schémas réduits : une dizaine d’espèces et plusieurs dizaines de réactions. On peut distinguer
deux sous-catégories :
- les schémas squelettiques : toutes les espèces sont transportées et leur taux de réaction sont
calculés à l’aide de loi d’Arrhenius ;
- les schémas analytiques : certaines espèces sont calculées comme une combinaison linéaire
d’autres espèces, déterminées à l’aide de méthodes AEQS ;
- les schémas globaux ou empiriques : moins d’une dizaine d’espèces et une à quatre réactions.
Ces schémas très simples sont ajustés afin de récupérer certaines propriétés de flamme.
Plus le schéma est réduit, plus sa plage de validité est limitée car certaines hypothèses effectuées
(suppression d’espèces et réactions) ne couvrent pas l’ensemble des domaines de pression, température
et richesse. Ils doivent donc être maniés avec précaution.
L’amélioration des outils menant à ces schémas et des algorithmes de calcul, ainsi que l’augmentation
des ressources informatiques permettent aujourd’hui de réaliser des calculs 3D avec des schémas de type
squelettique dans des configurations industrielles.

Réduction de type mathématique et chimie tabulée


Une autre grande approche de réduction de la chimie complexe consiste à stocker la chimie d’un
schéma détaillé dans une bibliothèque en fonction d’un nombre réduit de paramètres. Seuls ces para-
mètres sont transportés dans le solveur fluide. La composition du mélange, la température ainsi que les
termes sources sont lus dans la bibliothèque aussi appelée table chimique.
Le principe de la tabulation repose sur la méthode ILDM, proposée par Maas et Pope [146] et basée
sur l’analyse des différents temps caractéristiques de la chimie. Cette analyse a permis de mettre en évi-
dence une variété attractive de faible dimension (ou ILDM pour Intrinsic Low-Dimensional Manifold).
Seule la connaissance de cet attracteur est nécessaire pour connaître l’évolution du système.
Deux modèles principaux ont été construits à partir de la méthode ILDM et l’hypothèse de flamelette.
Il s’agit du modèle FPI (Flamelet Prolongation of ILDM) de Giquel [80] et du modèle FGM (Flamelet
Generated Manifold) de Van Oijen [171]. Le concept principal de ces modèles repose sur la prolongation
de la méthode ILDM avec des calculs de flammes laminaires 1D prémélangées qui utilisent des cinétiques
détaillées. Ces modèles font l’hypothèse d’une analogie entre le front de flamme local et une flamme
laminaire. Les réponses de flamme sont projetées dans un espace réduit : elles sont tablées en fonction
de quelques paramètres. Par exemple, les paramètres d’entrée de la table peuvent être la fraction de
mélange (similaire à la richesse locale du mélange) et la variable de progrès (représentant l’avancement
de la réaction).

3.3.3 Variables caractéristiques liées à la flamme


Des variables permettant de caractériser une flamme sont introduits dans cette section. Les indices
F et O correspondront respectivement au carburant et à l’oxydant du mélange considéré, st à l’état
stœchiométrique et 0 aux conditions d’injection initiales.

Richesse et fraction de mélange


Le rapport stœchiométrique massique s se défini tel que [179] :
Å ã
YO ν O WO
s= = , (3.75)
YF st ν F WF
Equations de l’aérothermochimie 58

où Y et ν sont respectivement la fraction massique locale et le coefficient molaire stœchiométrique.


La richesse d’une flamme φ caractérise la quantité de carburant présente dans le mélange par rapport
à la quantité de carburant nécessaire à une combustion stœchiométrique. Ce nombre adimensionnel se
calcule comme : Å ã Å ã
YF YF YF
φ=s = / . (3.76)
YO YO YO st
Ainsi, une richesse égale à un mène à une composition stœchiométrique du mélange. Pour une richesse
inférieure à l’unité, on est dans un régime dit pauvre. A l’inverse, pour une richesse supérieure à un, on
est dans un régime riche.
La fraction de mélange Z est fortement liée à la richesse car elle fournit aussi une indication sur la
composition du mélange. Mais à la différence de la richesse, la fraction de mélange est bornée entre un
dans le carburant pur et zéro dans l’oxydant pur. Pour une chimie à une étape (une seule réaction), avec
l’hypothèse de nombre de Lewis unitaire, elle s’écrit :
φ YYF,0
F
− YO
YO,0 +1
Z= . (3.77)
φ+1
Avec cette définition, toutes les espèces diffusent à la même vitesse et cette fraction de mélange est un
scalaire passif, c’est-à-dire que l’équation de transport de ce scalaire ne contient pas de terme source.
Dans un contexte multi-espèces, c’est-à-dire avec plusieurs espèces transportées et diffusant à des
vitesses différentes, la définition du scalaire Z répond à d’autres hypothèses. Cette fraction de mélange
peut ne plus être un scalaire passif et il est nécessaire de calculer un terme correctif [164].
Une autre méthode pour définir une richesse ou une fraction de mélange passive dans un contexte
multi-espèces est d’utiliser la conservation des atomes. En effet, lors du processus de combustion, les
fractions massiques des espèces présentes au sein du mélange évoluent temporellement. Cependant, la
masse des éléments atomiques est conservée. On peut alors définir ces variables en se basant sur la
conservation des atomes. Cette méthode est particulièrement bien adaptée à la combustion d’un hydro-
carbure avec un comburant oxygéné (air ou oxygène pur). Ainsi, on utilise les fractions massiques de
carbone (ZC ), d’hydrogène (ZH ) et d’oxygène (ZO ) qui sont à la base d’un hydrocarbure Cm Hn . On
définit la fraction massique Zj de l’atome j :
Nsp
X ajk wj
Zj = Yk , (3.78)
k=1
Wk

avec ajk le nombre d’atome de l’élément j dans une espèce k, wj la masse molaire de l’atome j et Wk
celle de l’espèce k.
La fraction de mélange définie par Bilger [13] peut alors être obtenue :
ZC /(mWC ) + ZH /(nWH ) + 2(YO2 ,2 − ZO )/(νO WO2 )
Z= , (3.79)
ZC,0 /(mWC ) + ZH,0 /(nWH ) + 2YO2 ,2 /(νO WO2 )
où YO2 ,2 correspond à la fraction massique d’oxygène contenue dans le jet d’oxydant et n et m la compo-
sition atomique en carbone et hydrogène d’un hydrocarbure Cm Hn . Cette définition présente l’avantage
de pouvoir être utilisée pour différents types de modélisation de la chimie dans lesquels la diffusion dif-
férentielle est prise en considération. Ce scalaire n’est pas passif et varie au travers du front de flamme.
La richesse du mélange peut aussi être définie grâce aux fractions massiques des atomes. Une réaction
à la stœchiométrie avec les réactifs écrits sous forme d’atomes s’écrit :
νH
νC C + νH H + νO O → νC CO2 + H2 O . (3.80)
2
Equations de l’aérothermochimie 59

On peut déduire de cette réaction :


Å ã
νH
νO = 2νC + × φ. (3.81)
2
La richesse basée sur la conservation atomique s’écrit donc :
ZC 1 ZH
2W + 2 WH
φ= C
ZO
. (3.82)
WO

Variable de progrès
La variable de progrès c est une variable, adimensionnée et normalisée entre zéro et un, caractérisant
l’avancement de la réaction. Il est indispensable qu’elle évolue de manière monotone, afin qu’une seule
valeur de la variable de progrès corresponde à un unique état thermochimique. Une définition de la
variable de progrès basée sur la température n’est donc pas adaptée lorsque des pertes thermiques sont
présentes. On lui préfèrera une définition basée sur les fractions massiques d’espèces présentes dans le
mélange tel que :
Yc
c= , (3.83)
Yc,eq
avec Yc une somme pondérée de fraction massique et Yc,eq cette même somme mais à l’état d’équilibre
chimique. La variable de progrès vaut est nul dans les gaz frais et vaut un dans les gaz brûlés, lorsque
l’équilibre chimique est atteint. Il existe plusieurs définitions de Yc dans la littérature [80, 214, 140, 68].
On choisira dans ces travaux une définition classique, basée sur les produits de combustion CO2 , CO et
H2 O :
Yc YCO2 + YCO + YH2 O
c= = . (3.84)
Yc,eq YCO2 ,eq + YCO,eq + YH2 O,eq
Il est aussi possible de définir une variable de progrès grâce à la conservation des atomes [181], qui
sera notée catom dans la suite de ce texte, :
YF
catom = 1 − . (3.85)
ZC + ZH
Cette définition n’est valable que pour des carburants hydrocarbonés non oxygénés, évoluant dans un mi-
lieu oxygéné non dilué par des espèces hydrogénées ou carbonées. Elle représente plutôt une consomma-
tion locale du carburant qu’un avancement de réaction car catom vaut zéro dans les gaz frais (ZC + ZH =
YF ) et un dès que le carburant a disparu du mélange (YF = 0). En effet, la disparition du carburant
(catom = 1) intervient avant d’atteindre l’état d’équilibre chimique (c = 1). De plus, dans des mélanges
riches, du carburant peut rester dans les gaz brûlés et catom pourrait ne pas atteindre l’unité.

Vitesse de flamme
Une autre caractéristique essentielle de la combustion prémélangée est la vitesse de flamme. La flamme
est considérée comme une interface entre les gaz frais et brûlés, définie par exemple en prenant une
iso-température. La vitesse de déplacement de cet interface constitue la vitesse de flamme. Cependant,
la définition précise de la vitesse de flamme entre les cas laminaire et turbulent ou dans des milieux
homogène ou hétérogène peut être ambigüe [179].
Dans cette thèse, la vitesse de flamme ne sera utilisée que dans un contexte mono-dimensionnel, pour
des flammes laminaire non étirées se propageant librement (Fig. 3.2). On note cette vitesse s0L .
Equations de l’aérothermochimie 60

F IGURE 3.2: Schéma de la structure d’une flamme de prémélange laminaire.

Au cours de ces travaux, la notion de vitesse de consommation a été utilisée. Elle représente la vitesse
à laquelle les réactifs sont brûlés et est calculée comme l’intégrale du terme source ω̇F au travers de la
flamme : Z +∞
1
s0L = − ω̇F dx , (3.86)
ρ1 (YF,1 − YF,∞ ) −∞
où x est la direction du domaine, ρ1 et YF,1 étant respectivement la masse volumique et la fraction
massique de carburant dans les gaz frais et YF,∞ la fraction massique de carburant dans les gaz brûlés.

3.4 Extension des équations au formalisme LES


3.4.1 Introduction à la turbulence
La majorité des écoulements rencontrés dans les procédés industriels (turbines à gaz, moteurs à
combustion interne, fours...) ou même dans la nature est qualifié d’instationnaire et fortement turbulent,
c’est-à-dire présentant un caractère très tourbillonnaire. Chassaing [33] décrit la turbulence comme « un
mode naturel de mouvement de fluides visqueux où des mécanismes internes d’échanges énergétiques
assurent, au sein même de l’écoulement, la création et le maintien de toute une hiérarchie de mouvements
chaotiques répartis continûment sur une large gamme d’échelles macroscopiques ». Un écoulement tur-
bulent se traduit par une apparence très désordonnée, un comportement difficile à prévoir et une large
gamme d’échelles spatiales et temporelles.
A l’inverse, on appelle laminaire le caractère d’un écoulement régulier, où toutes les trajectoires du
fluide sont parallèles.
Pour déterminer si un écoulement est de type turbulent ou laminaire, on utilise le nombre de Rey-
nolds. C’est un nombre sans dimension et calculé comme le rapport des forces inertielles, destabilisa-
trices de l’écoulement et génératrices de nouvelles échelles de la turbulence, sur les forces visqueuses,
permettant la dissipation de la quantité de mouvement et la laminarisation de l’écoulement :
uL
Re = , (3.87)
ν
Equations de l’aérothermochimie 61

où u et L représentent respectivement une vitesse et une taille caractéristique de l’écoulement ν la vis-


cosité cinématique du fluide.
Un nombre de Reynolds petit caractérise un écoulement laminaire et un nombre de Reynolds élevé
un écoulement turbulent. La transition d’un régime d’écoulement à l’autre se fait aux alentours d’un
nombre appelé nombre de Reynolds critique, dépendant de la géométrie du domaine dans lequel le fluide
évolue (par exemple 3 000 pour une conduite cylindrique, 5 × 105 pour un écoulement sur une plaque
plane).
La multitude de tourbillons créés par la turbulence peuvent se définir par leur taille mais aussi par leur
niveau énergétique. En effet, un transfert d’énergie s’opère des plus grandes structures de l’écoulement,
les plus énergétiques, vers les plus petites. Ce principe de cascade énergétique, introduit par Richard-
son [191] et Kolmogorov [127], peut être illustré par le diagramme schématique et le spectre d’énergie
cinétique turbulente (Fig. 3.3).

(a)

(b)

F IGURE 3.3: (a) : Diagramme schématique de la cascade énergétique à nombre de Reynolds élevé, tiré de
[184]. (b) : Spectre d’énergie cinétique turbulente E(k) en fonction du nombre d’onde k (proportionnel
à l’inverse de la longueur des tourbillons), tiré de [155].

Trois différentes zones du spectre d’énergie cinétique turbulente peuvent être identifiées [184] :
- Zone intégrale : elle contient les structures les plus grosses et énergétiques, de faible fréquence,
associées à l’échelle intégrale lt définie comme l’échelle macroscopique de l’écoulement liée
aux grandes structures anisotropes. L’énergie cinétique turbulente caractérisant cette région est
Equations de l’aérothermochimie 62

définie comme
1
TKE = u′ · u′ , (3.88)
2
où u′ est la vitesse caractéristique des fluctuations (variation de la vitesse u autour de sa moyenne
ū).
Les longueurs et vitesses des structures de la zone intégrale sont comparables aux quantités uti-
lisées pour définir le nombre de Reynolds de l’écoulement et ne sont pas affectées par les effets
visqueux. Un nombre de Reynolds caractéristique de l’échelle intégrale peut être défini, appelé
nombre de Reynolds turbulent, selon :
u′ lt
Ret = . (3.89)
ν
- Zone inertielle : les grands tourbillons deviennent instables et se cassent en de plus petits via
le processus de cascade. L’énergie est transférée des grandes structures aux plus petites, sans
dissipation, en suivant une loi en k −5/3 . L’échelle de Taylor λ désigne l’échelle la plus dissipative.
- Zone de dissipation visqueuse : elle est caractérisée par les plus hautes fréquences de l’écoule-
ment. Elle contient les plus petites structures turbulentes, caractérisées par l’échelle de Kolmo-
gorov dont la longueur et la vitesse sont définies selon [211],
Å ã1/4
ν
ηK = et uK = (νǫ)1/4 , (3.90)
ǫ
avec ǫ le taux de dissipation de l’énergie cinétique turbulente qui convertit cette même énergie en
chaleur du fait de la viscosité cinématique ν du mélange.
Cette échelle est purement dissipative. Un nombre de Reynolds caractéristique de l’échelle de
Kolmogorov apparait :
u′ ηK
ReK = K ≈ 1. (3.91)
ν
Le rapport entre échelle intégrale lt et échelle de Kolmogorov ηK conduit à :
lt  
3/4
= O Ret . (3.92)
ηK
Ce rapport montre la très grande étendue des échelles de la turbulence, qui augmente avec le nombre de
Reynolds turbulent Ret (augmentation de la taille du domaine ou des fluctuations de vitesse par exemple).

3.4.2 Simulation d’écoulements turbulents : approches DNS / LES / RANS


L’ensemble des équations bilans décrites jusqu’à maintenant permet la résolution instantanée de
l’aérothermochimie sur toutes les échelles spatiales et temporelles de l’écoulement. Cette approche est
appelée DNS pour Direct Numerical Simulation. Cependant, l’étendue des échelles peut devenir très
grande et ce type d’approche devient extrêmement coûteuse. Avec les ressources informatiques actuelles,
une telle approche demeure encore hors d’atteinte pour des configurations industrielles. Elle est limitée
à des codes de recherche et sur des géométries simples et de petite taille.
Ces dernières décennies, plusieurs approches numériques ont été développées, permettant une réso-
lution plus ou moins précise des équations de Navier-Stokes (Fig. 3.4 (a)). La plus ancienne et la moins
coûteuse permet un suivi des valeurs moyennes de l’écoulement : c’est la méthode RANS pour Reynolds
Averaged Navier-Stokes. Cette approche a été utilisée dans de nombreuses études académiques et indus-
trielles. Néanmoins, tous les effets dus aux fluctuations de l’écoulement doivent être modélisés, ce qui
Equations de l’aérothermochimie 63

(a)
(b)
F IGURE 3.4: Comparaison des méthodes DNS, LES et RANS : résolution temporelle d’une variable
comme la température (a) et résolution du spectre d’énergie turbulente (b)

limite la précision effective. En outre, l’accès est restreint aux valeurs moyennes. L’approche LES pour
Large-Eddy Simulation consiste en la résolution instationnaire des grandes échelles de l’écoulement et
la modélisation des plus petites. Elle nécessite encore des modèles spécifiques mais ces derniers peuvent
être basés sur le reste de l’écoulement qui est explicitement calculé. L’écriture de ces modèles suppose
que l’échelle de coupure entre échelles résolues et modélisées se situe dans la gamme des échelles iner-
tielles (Fig. 3.4 (b)). Cette approche est justifiée par l’idée que les plus petites structures de l’écoulement
présentent des caractéristiques plus universelles (isotropie, temps de vie court...) comparé aux grandes
structures qui sont directement impactées par la géométrie et les conditions aux limites. Des critères
existent quant à la bonne résolution et la validité de l’approche LES [184, 217]. Cet aspect, sujet primor-
dial de la LES, sera abordé dans la section 4.4.

3.4.3 Etablissement des équations filtrées de la LES


La séparation entre les échelles résolues et modélisées s’obtient par une opération de filtrage des
équations résolues en DNS. Ce filtrage est un filtre passe-bas pour les échelles de la turbulence. Il s’ob-
tient par un produit de convolution dans l’espace physique. Un scalaire φ(x, t) devient, une fois filtré :
Z
φ(x, t) = φ(y, t) G∆ (y − x) dy , (3.93)
R3

où φ est la quantité filtrée et G∆ est le filtre associé à l’échelle ∆. Ce dernier doit respecter les conditions
de normalisation et commutativité (temporelle et spatiale) [179] :
Z
G∆ (x) dx = 1 , (3.94)
R3
∂φ ∂φ ∂φ ∂φ
= et = . (3.95)
∂t ∂t ∂xi ∂xi
On peut décomposer la variable φ en une partie évoluant aux échelles supérieures à ∆, notée φ, et
une partie évoluant aux échelles inférieures à ∆, notée φ′ :
φ(x, t) = φ(x, t) + φ′ (x, t) . (3.96)
Lorsque la masse volumique ρ est variable, on introduit généralement la notion de filtre de Favre qui
correspond à une pondération par la masse volumique :
ρφ
φe = . (3.97)
ρ
Equations de l’aérothermochimie 64

En appliquant ce filtrage au système (3.22)-(3.20)-(3.21)-(3.24), on obtient les équations bilans ins-


tantannées filtrées :
∂ρ ∂ρu‹i
+ = 0, (3.98)
∂t ∂xi
∂ρu
fj ∂ρu‹i u
fj ∂ ∂P ∂τ ij
+ =− [ρ (ufi ‹i u
i uj − u fj )] − + , (3.99)
∂t ∂xi ∂xi ∂xj ∂xi
fk
∂ρY ∂ρu‹i Y
fk ∂ h fl i Ä ä
+ =− fk − ∂ −ρVk,i Yk + ω̇ k ,
ρ ui Yk − u‹i Y (3.100)
∂t ∂xi ∂xi ∂xi
fs
∂ρh fs
∂ρu‹i h ∂ h fi i Ä ä
+ =− fs + DP + ∂ −ρV hs + ω̇ T .
ρ ui hs − u‹i h (3.101)
h
∂t ∂xi ∂xi Dt ∂xi
Des termes non fermés apparaissent dans ces équations :
- Tenseur des contraintes de sous-maille τij′ = ρ (ufi ‹i u
i uj − u fj ) : il nécessite l’utilisation d’un
modèle de turbulence pour reproduire les transferts d’énergie entre les échelles résolues et non
résolues. Dans les travaux de cette thèse, l’approche classique de Boussinesq [20] est utilisée :
les flux turbulents sont modélisés via une expression similaire à la définition laminaire (3.32) et
l’utilisation d’une viscosité turbulente µt = ρ νt :
Ç å
∂ u‹i ∂u
fj 2 ∂ufk
τij′ = µt + − µt δij , (3.102)
∂xj ∂xi 3 ∂xk
Différents modèles basés sur cette approche
 sont discutés en 3.4.4.  
- Flux de sous-maille d’espèces Fk,i ′ =ρ u fl Y
i k − ‹
u f fi
i k et d’enthalpie Qi = ρ ui hs − u
Y ′ fs :
‹i h
ils sont modélisés de manière analogues au tenseur des contraintes de sous-maille [157]. Pour le
flux d’enthalpie, on utilise un nombre de Prandtl turbulent P rt :

µt ∂ hfs
Q′i = − . (3.103)
P rt ∂xi
Pour le flux d’espèces, on utilise un nombre de Schmidt turbulent Sct :
fk
µt ∂ Y

Fk,i =− . (3.104)
Sct ∂xi
Ces nombres de Schmidt et Prandtl turbulents peuvent être fixés constants dans le domaine ou
variables en espace et en temps (formulation dynamique).
- Flux diffusifs laminaires filtrés d’espèces et d’enthalpie : il peuvent être négligés car faibles
devant les flux turbulents, pour de haut niveaux de turbulence. Dans les travaux de cette thèse,
ces flux sont modélisés en supposant une distribution de sous-maille sous forme de Dirac :
fk
∂Y ∂T ‹
ρVk,i Yk = −ρDk (Y ‹)
fk , T et λ = λ(Y ‹) ∂ T .
fk , T (3.105)
∂xi ∂xi ∂xi
- Taux de réaction chimique filtré ω̇ k : la modélisation de ce taux de réaction est un point central
de la modélisation de la combustion turbulente. Il est discuté dans la section 3.4.5.

3.4.4 Modélisation de sous-maille pour la turbulence


Bien que différentes approches existent (similarité d’échelle [10] par exemple), seule celle de Boussi-
nesq [20] a été utilisée au cours de ces travaux. C’est une approche phénoménologique postulant que les
Equations de l’aérothermochimie 65

effets des plus petites échelles non résolues sont similaires à l’ajout d’une viscosité additionnelle. Tout
l’enjeu réside dans le calcul de cette viscosité turbulente. Différents modèles ont été utilisés au cours de
cette thèse et sont présentés ici.

Modèle de Smagorinsky
Le modèle classique de Smagorinsky [205] est basé sur l’hypothèse d’équilibre entre la production
et la dissipation d’énergie cinétique au niveau de l’échelle de filtrage. La turbulence est ici considérée
uniquement comme un phénomène dissipatif.
q
e = (CS ∆)2
νt = (CS ∆)2 |S| 2Seij Seij , (3.106)

avec CS la constante de Smagorinsky, ∆ la taille de filtre et Se le tenseur des déformations filtré :


Ç å
1 ∂u
ei ∂u
ej
Seij = + . (3.107)
2 ∂xj ∂xi

Le choix de la constante CS est dépendant de la configuration d’étude ; une plage de variation [0.1 − 0.2]
est généralement rencontrée. Ce modèle est connu pour son comportement parfois trop dissipatif, sa
difficulté dans la prédiction correcte de la transition à la turbulence et surtout son traitement incorrect
des régions en proche paroi.

Modèle de Smagorinsky dynamique


Germano [77] et Lilly [135] proposent une amélioration du modèle de Smagorinsky. Dans cette ap-
proche, CS est déterminée via une procédure dynamique et locale : le comportement de sous-maille est
c du champ de vitesse résolu
déduit des plus petites échelles résolues, ce qui requiert un filtrage, noté (.),
à une taille de filtre ∆ supérieure à ∆. Le tenseur de sous-maille τij = ρ (ufi
′ ′ ‹i u
i uj − u fj ) et le tenseur
 
de sous-maille basé sur la vitesse filtrée deux fois τij′′ = ρ u‘
fi “ c
‹i u
i uj − u fj peuvent également s’écrire à
partir du modèle de Smagorinsky de la manière suivante :

e Seij ,
τij′ = 2ρ (CS ∆)2 |S|. (3.108)
# 2 b b
τij′′ = 2ρ
b C S ∆′ e Seij .
|S|. (3.109)
L’identité de Germano permet de relier les tenseurs aux deux niveaux de filtrage par un terme qui
dépend du champ résolu et qui peut être calculé explicitement :
 
b
Lij = τij′ − τij′′ = ρ u b e‘
ej − u
ei u iu
ej . (3.110)

En combinant les équations (3.108), (3.109) et (3.110), la constante de Smagorinsky peut être calcu-
lée à partir des champs de vitesse filtrés à deux échelles. Le modèle de Smagorinsky dynamique convient
pour une large gamme d’applications, mais il est plus coûteux et complexe à mettre en œuvre, puis-
qu’il requiert notamment l’utilisation d’un opérateur de filtrage explicite. De plus, l’évaluation de la
constante de Smagorinsky peut mener à des valeurs localement négatives. Une telle constante négative
induit une viscosité turbulente négative, traduisant un phénomène de backscatter [25], c’est-à-dire un
transfert d’énergie des petites structures aux grandes échelles. Cela peut poser des problèmes numériques
en terme de stabilité. Un traitement spécifique doit être appliqué pour éviter ce phénomène.
Equations de l’aérothermochimie 66

Modèle WALE
Le modèle WALE (pour Wall-Adapting Local Eddy-Viscosity) [167] se propose d’obtenir un profil de
viscosité turbulente réaliste en proche paroi et de prédire une transition à la turbulence avec précision.
La viscosité turbulente est calculée suivant la relation suivante :
Ä ä3/2
Ä ä2 sdij sdij
νt = Cw2 ∆ Ä ä5/2 Ä ä5/4 , (3.111)
Seij Seij + sdij sdij

où la constante Cw vaut 0.5 et le tenseur sdij s’écrit


1 Äe ä
e ji − 1e e ij = ge ge ∂u
ei
sdij = hij + h hkk δij avec h ik kj et geij = . (3.112)
2 3 ∂xj
Par rapport à la formulation classique de Smagorinsky, ce modèle présente les avantages suivants :
- l’opérateur spatial prend en compte les taux d’étirement et de rotation. Ainsi, toutes les structures
tourbillonnaires participant à la dissipation de l’énergie cinétique sont détectées par le modèle,
- la viscosité turbulente décroit naturellement vers zéro en proche paroi,
- le modèle impose νt = 0 dans les écoulements cisaillés, ainsi la transition vers la turbulence peut
être reproduite en laissant croître les modes linéairement instables.

Approche ILES
Il est important de noter, qu’en principe, il est interdit d’utiliser, avec l’approche LES, une viscosité
artificielle du même ordre de grandeur ou supérieure à la viscosité turbulente, ainsi que des schémas
numériques introduisant une trop grande diffusion numérique. Néanmoins, le concept ILES se base sur
l’hypothèse selon laquelle les modèles de sous-maille ont uniquement une action dissipative qui peut
être reproduite par les schémas numériques utilisés pour la discrétisation (approche ILES), ou par les
schémas numériques avec un terme de dissipation artificielle supplémentaire (approche MILES).
En effet, des schémas numériques convectifs et en particulier les schémas décentrés de type upwind
ou d’ordre peu élevé apportent une viscosité numérique non négligeable dans le calcul LES. De même,
si une viscosité artificielle telle que celle de Jameson [106] est employée, elle introduit des termes de
dissipation du second et quatrième ordre. Cette contribution du quatrième ordre opère comme un modèle
de sous-maille [194] et amortit les hautes fréquences, caractéristiques des petites échelles.
Pour la modélisation de la turbulence, cette approche consiste à ne pas utiliser de modèle spécifique
pour la turbulence. C’est pourquoi elle est aussi appelée "NO-MODEL". Bien que cette méthode soit
particulièrement attractive en terme de simplicité et temps de calcul, il est délicat de l’utiliser car il n’y a
aucune réelle maîtrise sur la dissipation introduite.

3.4.5 Modèles de combustion turbulente


Comme expliqué en 3.4.3, l’expression du terme source filtré ω̇ k est une problématique clé de la
simulation LES, car traitant de l’interaction entre la turbulence et la flamme. Différentes techniques
servant à modéliser la combustion turbulente peuvent être classées en trois catégories [216] :
- Approche algébrique : le taux de réaction est contrôlé par le mélange turbulent, décrit en terme
de dissipation scalaire [21]. Les petites échelles du taux de dissipation des espèces contrôlant le
mélange des réactifs, elles jouent un rôle dominant pour la modélisation de la combustion. Cette
approche n’est possible que lorsque le temps caractéristique de la turbulence est très élevé par
rapport au temps caractéristique de la chimie ;
Equations de l’aérothermochimie 67

- Approche statistique : les champs scalaires sont collectés et analysés en chaque point puis dé-
crits à l’aide de fonction densité de probabilité (PDF), comme le modèle PCM-FPI [218, 57] ;
- Approche géométrique : le front de flamme est considéré comme une surface géométrique mo-
bile dans l’espace physique. De nombreux modèles appartiennent à cette approche comme les
modèles de type G-equation [177], à densité de surface de flamme [16] ou encore l’approche de
flamme épaissie.
C’est ce dernier modèle, le modèle de flamme épaissie, qui a été utilisé au cours de cette thèse. Il est
détaillé dans la section suivante.

3.5 Le modèle d’épaississement de flamme : TFLES


3.5.1 Principe général
Introduit dans les années 70 par Butler [24] et O’Rourke [172], l’idée générale du modèle TFLES est
d’obtenir un épaississement artificiel de la flamme. L’objectif est de résoudre suffisamment la structure
de flamme avec le maillage de calcul (i.e. avoir assez de points dans la flamme) tout en conservant
certaines propriétés essentielles. Initialement dérivé pour les flammes prémélangées, le modèle TFLES
a été étendu depuis aux flammes de diffusion.
D’après Williams [229] et Kuo [130], on peut écrire la vitesse s0L et l’épaisseur de flamme laminaire
δL0 en fonction du taux de réaction ω̇ et du coefficient de diffusion thermique Dth :
 
p Dth Dth
s0L ∝ Dth ω̇ et δL0 ∝ 0 ∝ . (3.113)
sL ω̇
Colin [42] propose d’épaissir la flamme d’un facteur F en effectuant la transformation suivante :
F ω̇
Dth = Dth · F et ω̇ F =
, (3.114)
F
ainsi, la flamme se retrouve épaissie du facteur d’épaississement F alors que la vitesse laminaire de
flamme reste inchangée :
p p
s0L ∝ Dth ω̇ → sF
L ∝ Dth ω̇ , (3.115)
   
Dth Dth
δL0 ∝ → δLF ∝ F . (3.116)
ω̇ ω̇
La Fig. 3.5 compare une flamme laminaire 1D parfaitement résolue et une flamme épaissie. On
constate que la pente du profil de température est plus douce pour la flamme épaissie et le profil de terme
source d’énergie est plus aplati. Cependant, l’aire sous les courbes rouges doit être égale pour assurer
une vitesse de flamme identique. La flamme épaissie peut être résolue sur un maillage plus grossier que
la flamme DNS, tout en conservant la même vitesse de flamme.
Dans un contexte TFLES, l’équation de transport d’un scalaire réactif φ quelconque devient alors :
∂ρφe Ä ä
+ ∇ · ρueφe = ∇ · ρFD∇φ e + ω̇φ . (3.117)
∂t F
On peut retrouver cette équation en partant de l’équation de transport classique et en effectuant un chan-
gement de coordonnées correspondant à la dilatation de l’espace et du temps suivante [198] :

∂t → F ∂t , (3.118)
∂x → F ∂x . (3.119)
Equations de l’aérothermochimie 68

2200 9
6x10
T
HR
2000
5x109
1800

1600
4x109

HR [W.m−3 ]
1400
T [K]

1200 9
3x10

1000
2x109
800

600 9
1x10
400

200 0
-1 0 1 2 3 4
x [mm]

F IGURE 3.5: Comparaison de la température (T) et du taux de dégagement de chaleur (HR) entre une
flamme laminaire 1D non-épaissie (en trait continu) et épaissie avec un facteur F = 4 (ligne avec les
points).

3.5.2 Conditions sur l’épaississement F


L’objectif principal du modèle TFLES est de décrire correctement les termes sources d’espèces. Le
facteur F doit être choisi de telle sorte que suffisamment de points soient présents dans l’épaisseur de
flamme. Il dépend de la taille de maille et de l’épaisseur locale du front de flamme (ici approchée par
l’épaisseur de la flammelette 1D δL0 aux conditions thermochimiques des gaz frais prises localement
φ(x, t)). Pour un nombre de points n désiré dans l’épaisseur de flamme, il vient que :

δL0 F δL0 ∆LES n ∆LES


n= = donc F= = , (3.120)
∆DN S ∆LES ∆DN S δL0

où ∆DN S est la taille de maille d’une grille DNS sur laquelle les profils non-épaissis seraient bien résolus
et ∆LES celle du maillage LES avec lequel on souhaite utiliser le modèle TFLES.
On en déduit le facteur d’épaississement F :
n ∆LES
F= 0 . (3.121)
δL (φ(x, t))

3.5.3 Interaction flamme-turbulence


La modification de l’épaisseur de flamme modifie l’interaction entre la flamme et la turbulence. Il
a été montrée par Poinsot [180] et Meneveau [154] que la capacité d’un tourbillon à plisser la flamme
dépend de l’épaisseur de flamme δ0 , qui croît avec F. L’effet de la turbulence sur le plissement a été
étudié en détail à partir de calcul DNS, par Angelberger et al. [7] et Colin et al. [42], et est illustré par la
Fig. 3.6. Les nombres adimensionnels caractérisant l’interaction flamme-turbulence, tel que le nombre
de Dämkholer Da défini comme le rapport entre le temps de l’échelle intégrale et le temps chimique, se
Equations de l’aérothermochimie 69

F IGURE 3.6: DNS de l’interaction flamme-turbulence : flamme non épaissie (gauche) et flamme épaissie
d’un facteur F = 5 (droite). La flamme artificiellement épaissie est clairement moins plissée par la
turbulence du fait de la modification de l’interaction flamme-tubulence due au facteur d’épaississement.
Figures tirées de [179].

retrouvent ainsi modifiés :


tt lt s 0 Da
Da = = ′ L0 donc DaF = , (3.122)
tc u δL F
avec tt le temps caractéristique de la turbulence, tc celui de la chimie, lt l’échelle intégrale et u′ les
fluctuations de sous-maille.
Pour prendre en compte cet effet, une fonction d’efficacité E a été introduite afin d’augmenter la
vitesse de flamme turbulente, compensant la perte de surface de flamme. Elle correspond au facteur de
plissement de sous-maille, défini selon [42, 32] :
sT AT
E= = , (3.123)
s0L AL

où sT0 désigne la vitesse de flamme turbulente, AL la surface de flamme laminaire et AT la surface de


flamme turbulente.
La fonction d’efficacité E est introduite dans l’équation de transport d’un scalaire réactif quelconque
φ:

∂ρφe Ä ä
+ ∇ · ρu
eφ e + E ω̇ .
e = ∇ · ρ EFD∇φ (3.124)
φ
∂t F
Différentes expressions de cette fonction d’efficacité sont proposées dans la littérature. Colin [42]
introduit une fonction basée sur le rapport entre le facteur de plissement Ξ (i.e. la surface de flamme
divisée par sa projection dans la direction de propagation) de la flamme originelle d’épaisseur δL0 sur
l’épaisseur de flamme épaissie δ0F :
Å ã
∆ u′
u ′

Ξ(δL0 ) 1 + αΓ 0 , s0
s0L
δL
E= = Å ã ,L
(3.125)
Ξ(δ0F ) ∆ u′
1 + αΓ δF , s0 su0

0 L L

où α et Γ sont respectivement un paramètre et une fonction donnés par le modèle, et ∆ est la taille du
filtre LES.
Equations de l’aérothermochimie 70

Le modèle en loi de puissance proposé par Charlette [32] décrit la surface de flamme non-résolue
en fonction d’échelles de coupure interne et externe représentant l’étendue des échelles de longueurs
nécessitant une résolution de sous-maille. Dans le présent travail, nous utiliserons la correction de la
fonction d’efficacité proposée par Wang et al. [221] :
Ç ñ ôåγ
∆ u′
E= 1 + min 0 − 1, Γ 0 , (3.126)
δL sL

où γ est une constante du modèle. En pratique, la fluctuation de vitesse u′ est approchée par usgs qui est
la vitesse de sous-maille, estimée à partir du modèle de Smagorinsky simplifié :
q
usgs = ∆ 2Seij Seij . (3.127)

La mise en œuvre du modèle TFLES peut se résumer de la manière suivante :

Diffusivité : Dth −→ FDth −→ EFDth


Taux de réaction : ω̇ −→ ω̇/F −→ E ω̇/F
Vitesse de flamme : sL −→ sL −→ sT = EsL
Epaisseur de flamme : δL −→ FδL −→ δT = FδL
épaississement plissement

3.5.4 Expression dynamique du modèle TFLES


Le modèle TFLES, avec la formulation précédente, n’est pas adapté à la description pertinente
d’un mélange car il affecte fortement la diffusion. Dans un contexte de flamme parfaitement prémé-
langée, le modèle TFLES peut être utilisé avec un facteur d’épaississement F constant et différent de
un. Au contraire, pour d’autres régimes de fonctionnement ou en présence d’inhomogénéités de mé-
lange, l’augmentation de la diffusion non désirée dans tout le domaine implique une modification du
mélange. C’est pourquoi il est nécessaire d’utiliser un facteur d’épaississement dynamique, introduit par
Légier et al. [132]. L’idée est d’appliquer le modèle uniquement dans la zone de flamme : le facteur F
doit être égal à l’unité en dehors de la zone de réaction et à sa valeur maximum dans la flamme, pour évi-
ter que le modèle de mélange turbulent ne s’ajoute au modèle TFLES. Nous introduisons ici un capteur
de flamme, scalaire local qui vaut zéro dans les zones non réactives et 1 dans la flamme. L’équation de
transport filtrée est réécrite afin de mettre en évidence le capteur de flamme S :

∂ρφe Ä ä
+

ρu e = ∂ EFJ lam + (1 − S)J sgs + E ω̇φ .
ei φ (3.128)
i i
∂t ∂xi ∂xi F

où Jilam est le flux diffusif laminaire et Jisgs le flux diffusif de sous-maille.


La relation entre le facteur d’épaississement F et la fonction d’efficacité E avec le capteur de flamme
S s’écrit :

F = 1 + (Fmax − 1)S , (3.129)


E = 1 + (Emax − 1)S , (3.130)

où Fmax et Emax sont les valeurs issues des expressions 3.121 et 3.126 respectivement.
Equations de l’aérothermochimie 71

On peut trouver différentes formulations du capteur de flamme dans la littérature, notamment en


fonction de l’approche de chimie utilisée. Kuenne [129] propose d’écrire un capteur de flamme basé sur
la variable de progrès c selon :
S = 16[c(1 − c)]2 . (3.131)
Cette formulation est intéressante car elle est indépendante de la cinétique chimique et ne présente pas
de constantes dont la valeur est à déterminer par l’utilisateur. Cependant, la définition de la variable de
progrès peut poser problème avec une approche multi-espèces de la chimie. Si on considère une variable
de progrès définie par l’Eq. 3.83, le dénominateur Yc,eq dépend de la composition et de la température
locale. En cas d’inhomogénéités de mélange, Yc,eq doit être calculé en chaque nœud et à chaque pas de
temps, ce qui peut poser un problème de coût de calcul. Ce capteur est plus adapté dans une approche de
chimie tabulée, car la variable de progrès est transportée et directement accessible par le solveur.
Légier [132] propose de calculer le capteur de flamme de la façon suivante :
Å ã Å ã
Ω Ta
S = tanh β avec Ω = YFνF YOνO exp −Γ , (3.132)
Ωmax T
avec β, νF , νO , Γ et Ta des paramètres ajustables, T la température locale, YF , YO les fractions massiques
de fuel et d’oxydant et Ωmax la valeur maximale de Ω déterminée à l’aide de flamme laminaire 1D.
Cette définition est couramment utilisée dans une approche de chimie simple (1 ou 2 étapes). Elle est
adaptée à des fronts de flamme raides et peu larges. Dans le cas d’une approche de chimie complexe, la
détermination des paramètres Ta , νF et νO peut être délicate. En effet, toutes les réactions d’un schéma
cinétique complexe ne s’activent pas dans la même zone de la flamme et le capteur de flamme ne couvri-
rait pas l’ensemble de la zone réactive. De plus, le paramètre Ωmax doit être déterminé pour une richesse
donnée, alors que des inhomogénéités de richesse peuvent apparaître dans certaines configurations 3D.
La détermination d’un capteur de flamme adapté à une approche de chimie complexe est un problème
récent et reste ouvert [72, 19]. Cette problématique est l’objet de la section 6.1.2.2.

3.6 Résolution numérique dans YALES2


3.6.1 Difficultés de résolution des équations bilans
La nature même de la mécanique des fluides, et notamment de la combustion turbulente, en fait un
problème multi-échelles, temporelles et spatiales. Les équations bilans de l’aérothermochimie mettent en
relation les phénomènes physiques de convection, diffusion et réaction. Chacun de ces phénomènes dis-
pose de temps caractéristique propre. On peut mettre en relation les temps caractéristiques de convection
et diffusion de chaque équation de conservation grâce aux nombres adimmensionnels suivant :
- Nombre de Reynolds Re = U L/ν pour l’équation de quantité de mouvement,
- Nombre de Péclet massique P eM = U L/D = Re Sc pour l’équation de transport des espèces,
- Nombre de Péclet thermique P eth = U Lcp ρ/λ = Re P r pour l’équation de transport de l’éner-
gie.
Le nombre de Reynolds a une grande influence. Plus il est grand, plus les temps caractéristiques convec-
tifs et diffusifs sont différents. C’est notamment le cas dans les études sur la combustion turbulente. Cela
rend coûteux la résolution numérique des équations bilan car celle-ci doit se faire en utilisant le pas de
temps le plus faible dans un objectif de précision et de stabilité.
Concernant les échelles spatiales, la simulation numérique doit assurer que :
Equations de l’aérothermochimie 72

- le calcul est réalisé sur le domaine le plus grand possible afin de résoudre les échelles les plus
grandes,
- le maillage est assez fin pour résoudre les plus petites échelles turbulentes, pour un calcul DNS,
ou résoudre jusqu’à l’échelle de coupure pour un calcul LES,
- le maillage est suffisamment fin pour résoudre la structure interne de la flamme.
Ces contraintes impliquent donc une grande variété d’échelles spatiales, engendrant un besoin important
en nombre d’éléments composant le maillage. Si l’on considère un domaine cubique de côté L, discrétisé
par N points dans chaque direction de l’espace, la taille des cellules est alors égale à L/N dans chaque
direction. Pour espérer raisonnablement résoudre toutes les échelles de la turbulence sur ce maillage,
dans le cas d’une turbulence homogène isotrope, le domaine doit être plus grand que l’échelle intégrale
lt , et la taille de la plus petite cellule ∆x doit être de l’ordre de échelle de Kolmogorov ηK , ce qui impose
la relation :
lt
N≈ . (3.133)
ηK
Le nombre de cellules dans le domaine doit satisfaire :
9/4
N 3 ≈ Ret . (3.134)

Pour un nombre de Reynolds de 10000, le nombre d’éléments atteint 109 . Des nombres d’éléments
aussi importants ont pour conséquence d’augmenter tellement les coûts de calcul qu’ils peuvent devenir
rédhibitoires.
La chimie multi-espèces présente également la particularité d’introduire des systèmes d’équations
différentielles dits raides. La sensibilités aux paramètres rend sa résolution difficile. Outre cette problé-
matique inhérente à la physique du phénomène, le calcul des termes sources de la chimie ω̇k nécessite
de nombreuses opérations mathématiques, notamment l’évaluation d’exponentielles, très coûteuses en
temps de calcul (ou temps CPU). Plus le schéma cinétique associé à la chimie sera complet, plus le
calcul de ces termes sources sera coûteux.
En plus de la prise en compte de la turbulence et de la combustion, certaines configurations peuvent
nécessiter la résolution d’autres phénomènes physiques qui n’ont pas été traités au cours de cette thèse.
On peut citer par exemple les écoulements diphasiques (injection de carburant liquide, dispersion de
la phase liquide, atomisation, évaporation) ou l’interaction avec le solide (couplage thermique fluide-
solide). La combustion turbulente est donc un problème multi-physiques et multi-échelles. Il convient
d’adopter certaines stratégies spécifiques permettant sa résolution.

3.6.2 Stratégies adoptées et concepts généraux de YALES2


Présentation générale de YALES2
YALES2 est un code de calcul qui a pour objectif la résolution DNS et LES des écoulements réactifs
diphasiques fondé sur la méthode des volumes finis. Ainsi, il résout les équations de Navier-Stokes en
une, deux ou trois dimensions. Il est capable de gérer les maillages non-structurés composés de triangles,
tétraèdres, prismes, pyramides, quadrilatères ou hexahèdres. Les grandeurs physiques (pression, vitesse,
scalaires...) sont stockés aux nœuds du maillage. Des volumes de contrôle construits autour de chaque
nœud sont utilisés pour l’intégration des équations de transport. Un exemple de volume de contrôle autour
d’un nœud d’un maillage est donné sur la figure 3.7. Le code de calcul YALES2 est développé pour
être capable de réaliser des calculs massivement parallèles, utilisant les capacités des supercalculateurs.
Différentes stratégies ont donc été mises en place pour relever ce défi.
Equations de l’aérothermochimie 73

F IGURE 3.7: Volume de contrôle basé sur un nœud du maillage dans YALES2 : xp représente le nœud
du maillage, xp représente le barycentre du volume de contrôle.

Séparation d’opérateurs
Afin de s’affranchir de la contrainte multi-échelle temporelle, le solveur YALES2 utilise la méthode
de séparation d’opérateurs, operator splitting en anglais. Cette méthode consiste en la résolution séparée
de chaque opérateur (convection, diffusion et réaction) avec son propre pas de temps caractéristique.
L’intérêt d’une telle méthode réside dans le choix du pas de temps d’une itération, pris comme le
plus grand temps caractéristique entre chaque phénomène. En règle générale, il s’agit du pas de temps
convectif. Les phénomènes de diffusion et de réaction réalisent plusieurs sous-étapes à l’intérieur de
cette itération fluide afin de respecter leur condition de stabilité. Cependant, le séparateur d’opérateur est
susceptible de générer des erreurs numériques importante, dites "erreurs de splitting". Ces erreurs sont
d’autant plus importantes que les rapports de temps caractéristiques sont grands.

Intégration raide de la chimie


Le calcul des termes sources de la chimie est un réel défi pour la simulation numérique des fluides
réactifs, du fait de la multitude de temps caractéristiques non corrélés avec les échelles de temps carac-
téristiques du fluide. Le pas de temps chimique minimal est de l’ordre de 10−9 s, voire de l’ordre de
10−12 s pour une chimie hydrocarbonée, dans des conditions normales de température et pression. Il est
ainsi plusieurs ordres de grandeurs inférieur au pas de temps convectif, habituellement de 10−5 à 10−7 s.
L’utilisation d’un schéma explicite pour l’intégration des termes sources requiert obligatoirement un pas
de temps de cet ordre de grandeur afin de garantir la précision et la stabilité numérique.
Afin de s’affranchir de cette limitation, et profiter de la séparation d’opérateurs, la chimie est réso-
lue indépendemment des autres phénomènes physiques grâce à des librairies d’intégration dites "stiff " :
librairies capables de résoudre des systèmes d’équations différentielles ordinaires (ODE) avec des mé-
thodes implicites multi-pas, dédiées à l’intégration temporelle des problèmes raides. Celle utilisée dans
ces travaux est CVODE. Elle permet de résoudre le système chimique avec un ordre et un pas de temps
variable, et contrôle de l’erreur.
En pratique, dans YALES2, les termes sources des espèces et de l’énergie sont considérés comme
constants pendant une itération. Cela est permis grâce à la séparation d’opérateurs. La résolution de la
Equations de l’aérothermochimie 74

chimie implique le système suivant :


dYk
= ω̇k . (3.135)
dt
Si l’on considère le terme source ω̇k constant sur l’itération [t; t + ∆t], on obtient le terme source Ω̇k
intégré temporellement :
Z t+∆t
1 Yk (t + ∆t) − Yk (t)
Ω̇k = ω̇k dt = . (3.136)
∆t t ∆t
Le terme source d’enthalpie est déduit de ces termes sources :
Nsp
X
Ω̇T = − ∆h0f,k Ω̇k . (3.137)
k=1

Les équations de transport des espèces et de l’enthalpie sensible sont donc modifiées :

∂ρYk ∂ρui Yk ∂Fk,i


+ = + Ω̇k , (3.138)
∂t ∂xi ∂xi
∂ρhs ∂ρui hs DP ∂Qi
+ = + + Ω̇T . (3.139)
∂t ∂xi Dt ∂xi
Les termes sources d’espèces sont obtenus grâce à la résolution d’un réacteur homogène à pression
P et enthalpie H constante dont le système est :


 dMk
= V ω̇k

 dt
dH
=0 (3.140)

 dt

 dP = 0
dt

où Mk est la masse de l’espèce k et V le volume de contrôle, calculé comme le rapport de la masse


totale M par la masse volumique ρ : V = M/ρ. Il est à noter que le couplage de l’intégration raide de la
chimie avec le modèle d’épaississement de flamme a été traitée au cours de cette thèse et est l’objet de la
section 6.1.2.1.
Autre point intéressant, la librairie externe d’intégration a besoin à chaque sous-itération de la matrice
Jacobienne des termes sources J = ∂Ω/∂Φ avec Φ = (M1 , ..., MNsp , H, P ) et Ω = ∂Φ/∂t. La librairie
CVODE est capable d’évaluer de façon numérique cette matrice. Cependant, le calcul analytique de la
matrice Jacobienne est implanté dans le code YALES2. Pour cela, le code calcule les dérivées partielles
définis aux Eq. (3.69)-(3.70) puis effectue un changement de variable pour passer des concentrations
et température aux vecteur Φ. Cette opération complexe n’est pas détaillée ici. L’utilisation du calcul
analytique de la matrice Jacobienne permet de réduire de 50 % le temps de calcul dédié à la résolution
de la chimie avec certains schémas.
Un autre problème de performance de calcul apparait : la quantité de travail (ou d’opérations ma-
thématiques) n’est pas la même d’un nœud du maillage à un autre. En effet, comme la librairie CVODE
utilise une méthode de pas de temps adaptatif, la résolution du réacteur homogène est plus ou moins
rapide. En pratique, la résolution est plus longue aux nœuds contenant la flamme et est beaucoup plus
rapide en dehors. Cela est illustré par la Fig. 3.8 montrant le temps de calcul CPU en fonction du maillage
pour une flamme de bec Bunsen. La différence de temps de calcul de la chimie entre nœuds peut atteindre
un rapport 10, cette valeur dépendant du schéma utilisé. Cela induit à un déséquilibre de la charge de cal-
cul entre processeurs. Les performances du parallélisme sont détériorées fortement : tous les processeurs
Equations de l’aérothermochimie 75

F IGURE 3.8: Champs de temps calcul CPU de la chimie sur une flamme de bec bunsen sans répartition
de la charge de calcul, avec un schéma cinétique contenant 14 espèces et 38 réactions. Le coût de la
chimie est beaucoup plus important dans la flamme qu’en dehors.

doivent attendre que le processeur le plus lent ait fini de calculer ses termes sources avant de passer à la
prochaine étape du calcul.
Afin de remédier à ce problème, il convient de mieux répartir la charge de calcul entre processeurs. A
cette fin, nous avons développé un algorithme de répartition de charge dédié pour la chimie, aussi appelé
scheduler dynamique. Ce travail est détaillé dans l’Annexe A.

Double décomposition de domaine et parallélisme


L’augmentation perpétuelle des ressources de calcul encourage le développement de la CFD car elle
permet d’améliorer la fidélité des simulations en augmentant la résolution du maillage, le temps physique
simulé, ou le nombre de phénomènes physiques pris en compte. Par conséquence, ces calculs doivent gé-
rer des maillages composés de plusieurs millions voire milliards d’éléments sur des machines parallèles
utilisant des milliers de processeurs. Ceci est un défi important car les outils traditionnels doivent être
revus dans cet objectif. Cette problématique, partagée par d’autres domaines scientifiques, est souvent
nommée "problème du Big Data", qui associe à la fois les problèmes d’analyse, partage, stockage, trans-
fert et visualisation.
Pour gérer cette quantité de données en cours de calcul, la méthode la plus courante en simulation
numérique des fluides est la décomposition de domaine : chaque processeur est assigné à une partie
différente du domaine de calcul. L’interdépendance de ces sous-domaines est prise en compte à l’aide
de communications entre les processeurs qui échangent des informations à l’interface de chaque groupe
de cellules, grâce à des instructions MPI (Message Passing Interface). La décomposition du maillage en
sous-domaines doit assurer une répartition de la charge de travail sur les processeurs la plus équilibrée
possible. Dans un contexte purement eulérien, la manière la plus évidente d’y arriver consiste à découper
le maillage en sous-domaines contenant la même quantité de travail (par exemple nombre d’éléments ou
nombre de paires de nœuds identiques suivant le problème à résoudre). Si cette décomposition est triviale
pour un maillage structuré, elle l’est beaucoup moins pour un maillage non structuré. Dans YALES2,
cette opération est faite à l’aide d’une librairie externe : METIS [116] ou SCOTCH [36].
Une particularité du code YALES2 est la double décomposition de domaine [159]. En effet, chaque
sous-domaine obtenu à l’issu du premier niveau de découpage du maillage est lui même décomposé en
plusieurs groupes de cellules. Comme le montre la Fig. 3.9, les éléments sont découpés entre processeurs
Equations de l’aérothermochimie 76

(frontière noire) puis en plus petits paquets d’éléments sur chaque processeur (frontière grise). La taille
de ces groupes de cellules est telle que les données qu’ils contiennent est adaptée à la capacité de la
mémoire cache des processeurs. Cette double décomposition de domaine est par ailleurs mise à profit
pour optimiser les performances du solveur de Poisson. Ces groupes de cellules fournissent un maillage
grossier, utilisé par les solveurs linéaires bi-niveaux tels que le PCG avec déflation [149, 148]. Le solveur
fait intervenir deux types de communications : i) des communications externes correspondant au premier
niveau de décomposition et gérées par des communications MPI ; ii) des communications internes, per-
mettant les échanges entre les groupes de cellules au sein d’un même processeur, et qui ne sont pas
concernées par les instructions MPI. La Fig. 3.10 montre le schéma de communication des données entre
les groupes d’éléments, les communicateurs et les conditions aux limites.

F IGURE 3.9: Représentation de la F IGURE 3.10: Schéma de communication entre communi-


double décomposition de domaine sur cateurs et entre processeurs.
un maillage composé de triangles.

Outils d’extraction et d’analyse de grandes quantités de données


En plus de gérer en cours de calcul la grande quantité de données induites par les maillages composés
d’un grand nombre de cellules, il faut aussi être capable d’analyser les informations intéressantes à partir
de ce flux de données. Concernant le post-traitement de simulations aux grandes échelles, quelques outils
d’analyses sont disponibles dans YALES2. Nous en décrivons certains ci-après.
- Le prélèvement sélectif consiste en l’extraction de seulement une partie des données disponibles.
On peut ainsi récupérer les informations sur un point, une ligne, un plan, une iso-surface, etc...
Cette méthode permet de réduire considérablement la quantité de données à écrire et stocker sur
disque.
- Un autre outil est la Level-Set. Les méthodes Level-Set sont des techniques numériques puissantes
créées pour fournir une représentation implicite et dynamique de surfaces [199]. Elles peuvent
être appliquées à de nombreux domaines de la mécanique des fluides (écoulement de spray par
exemple), l’animation assistée par ordinateur ou le traitement d’images.
- La visualisation de grandes structures de l’écoulement peut être réalisée en utilisant la technique
de Proper Orthogonal Decomposition (POD) [12] ou encore la Dynamic Mode Decomposition
(DMD) [193]. L’objectif de ces méthodes est l’extraction de grandes structures cohérentes à partir
d’un ensemble de données, afin d’en tirer une décomposition modale.
- Une autre méthode pour l’extraction de grandes structures est l’utilisation de filtres passe-bas.
Afin d’amortir correctement les plus petites structures sans modifier les plus grandes, ce filtre doit
Equations de l’aérothermochimie 77

avoir une bonne sélectivité. Les filtres d’ordres élevés, qui présentent cette caractéristique, sont de
bons candidats. Les filtres d’ordre élevé implantés dans YALES2 sont basés sur ceux développés
par Raymond et al. [189]. Leur formulation implicite est particulièrement intéressante car elle
permet d’obtenir des filtres d’ordre élevé à partir de schémas de différences finies d’ordre faible
sur support compact. L’utilisation de ce filtre a permis l’extraction du Precessing Vortex Core
(PVC), structure cohérente caractéristique de l’écoulement swirlé (Fig. 3.11) [90].

F IGURE 3.11: Comparaison d’une même iso-surface de critère Q non-filtré (gauche) et filtré à l’aide de
filtres d’ordres élevés (droite), obtenue sur un maillage de 878 millions d’éléments. Figures tirées de [90].

Approche à faible nombre de Mach


En fonction de l’application étudiée, la masse volumique ne peut pas toujours être considérée comme
constante en espace. En effet plusieurs effets sont responsables des variations de masse volumique dans
l’écoulement comme les variations de pression (effet de compressibilité), variations de température (effet
de dilatation ou contraction) ou les variations de composition (mélange de fluides de masses volumiques
différentes). Il convient de résoudre tout le système d’équations de l’aérothermochimie compressible 3.2.
Cependant, cette approche impose des pas de temps très faibles, conditionnés par le CFL acoustique, et
conduit à des temps de calcul importants.
Le nombre de Mach est un nombre adimensionnel défini comme le rapport de la vitesse de l’écoule-
ment u sur celle du son c dans ce même milieu. Lorsque le nombre de Mach est inférieur à 0.3, le régime
d’écoulement est qualifié "d’écoulement à faible nombre de Mach" ("Low Mach Number" en anglais). Il
est rencontré dans de très nombreuses applications industrielles ainsi que dans les configurations étudiées
lors de cette thèse. Klainerman et Majda [125] ont montré que l’écoulement compressible converge vers
un écoulement incompressible quand le nombre de Mach tend vers zéro. Un nombre de Mach très petit
devant l’unité implique une homogénéisation rapide de la pression dans le domaine. Dans ce cas, les
ondes acoustiques se propagent beaucoup plus rapidement que les ondes entropiques et les fluctuations
de pression ont un effet négligeable sur les propriétés thermodynamiques. La pression thermodynamique
peut être considérée comme constante en espace mais peut varier en temps. En conséquence, la variation
de la masse volumique ρ n’est plus soumise qu’aux effets de dilatation dus aux changements de tempé-
rature et au mélange de fluides de masses volumiques différentes, les effets liés à la compressibilité étant
négligés. On peut considérer que l’hypothèse de fluide incompressible est pertinente. Cette hypothèse
permet une simplification des équations de Navier-Stokes et un traitement numérique différent pour leur
résolution. Cette simplification autorise des pas de temps plus grands qu’en formulation compressible
car on s’affranchit de la contrainte acoustique.
Equations de l’aérothermochimie 78

Majda et Sethian [147] proposent d’écrire une formulation intermédiaire des équations de bilan de
l’aérothermochimie, entre la formulation incompressible à masse volumique constante et la formulation
compressible décrite dans la section 3.2. Il est nécessaire d’écrire le développement asymptotique de
chaque variable adimensionnelle ϕ∗ = ϕ/ϕr en puissances du nombre de Mach :

ϕ∗ = ϕ∗0 + Mr ϕ∗1 + Mr2 ϕ∗2 + O(Mr3 ) , (3.141)

où ϕ correspond aux variables du système (la vitesse u, la pression p, la masse volumique ρ, l’enthalpie
sensible hs ), l’indice r indique la valeur de référence.
Ces développements sont injectés dans les équations 3.22-3.20 adimensionnées. La pression peut
alors être décomposée en deux termes : la pression thermodynamique P0 supposée constante en espace
et la pression dynamique P2 variable en espace et en temps. Dans un système ouvert, la pression thermo-
dynamique du système P0 est aussi considérée constante en temps. L’équation d’état s’écrit :
ρ0 T0
P0 = . (3.142)
γ

Schémas numériques et solveurs


Plusieurs schémas numériques sont disponibles pour l’avancement en temps explicite : Runge-Kutta
du troisième et quatrième ordre. Un schéma plus récent proposé par Kraushaar [128] appelé TFV4A, qui
combine les méthodes Runge-Kutta et Lax-Wendroff, est également disponible. L’intégration spatiale
est effectuée avec un schéma d’ordre deux ou quatre. Plus de details sur la discrétisation spatiale dans le
code sont disponibles dans la thèse de Vantieghem [215].
YALES2 dispose de nombreux solveurs se proposant de résoudre différents phénomènes physiques.
Au cours de cette thèse, uniquement deux solveurs seront utilisés. Ils se proposent de résoudre les équa-
tions de Navier-Stokes pour les écoulements à faible nombre de Mach :
- Le solveur incompressible (ICS), dont le formalisme suppose que la densité est constante, ce
qui limite l’utilisation de ce solveur à des simulations isothermes, non réactives ;
- Le solveur incompressible à densité variable (VDS), qui suppose que les variations de pression,
densité et température dues aux ondes acoustiques sont négligées. Les variations de température
modifient la densité par l’intermédiaire d’une loi d’état (typiquement la loi des gaz parfaits ou
l’approche chimie tabulée).

3.6.3 Solveur incompressible à densité constante (ICS)


3.6.3.1 Système d’équations résolu

Les équations de Navier-Stokes, peuvent être formulées dans le cadre des écoulements incompres-
sibles, qui supposent que la densité est constante en temps et en espace. Ces équations, résolues par le
solveur incompressible de YALES2, s’écrivent classiquement :

∇ · u = 0, (3.143)
∂u 1 1
+ ∇ · (uu) = − ∇P + ∇ · τ . (3.144)
∂t ρ ρ
Ce solveur a été utilisé pour l’étude aérodynamique de l’écoulement isotherme à l’intérieur du brû-
leur.
Equations de l’aérothermochimie 79

3.6.3.2 Méthode de résolution

L’avancement en temps est basé sur la méthode de pas fractionnés proposée par Chorin [38] puis mo-
difiés par Kim et Moin [121]. La vitesse est résolue à chaque pas de temps (indices n, n+1, etc) alors que
les scalaires, la densité et la pression sont résolus sur des pas de temps décalés (indices n + 1/2, n + 3/2,
etc). Cette méthode de projection, souvent utilisée pour la simulation d’écoulements incompressibles re-
pose sur la décomposition d’Helmholtz-Hodge, qui énonce qu’un champ vectoriel peut se décomposer en
une partie irrotationnelle (∇× = 0) et une partie solénoïdale (∇· = 0). Cette décomposition, appliquée
au champ de vitesse, s’écrit :
u = ui + us , (3.145)
où us est la composante solénoïdale du champ de vitesse, vérifiant ∇ · us = 0 et ui est la composante
irrotationnelle du champ de vitesse qui vérifie ∇ × ui = 0 . La partie irrotationnelle dérive d’un po-
tentiel scalaire et peut s’écrire ui = ∇φ. L’application de l’opérateur divergence à cette équation donne
directement :
∇ · u = ∇ · u i = ∇2 φ . (3.146)
Cette décomposition permet de résoudre l’équation de quantité de mouvement en 2 étapes :
1. Etape de prédiction
Une première estimation u∗ de la vitesse au temps n + 1 est obtenue en avançant la quantité de
mouvement sans le terme de gradient de pression, qui ne contribue qu’à la partie irrotationnelle
du champ de vitesse :
u∗ − un 1
= −∇ · (u∗ un ) + ∇ · τ n . (3.147)
∆t ρ
2. Etape de correction
La vitesse est ensuite corrigée en réintégrant le gradient de pression :

un+1 − u∗ 1
= − ∇P n+1/2 . (3.148)
∆t ρ

Le calcul de un+1 nécéssite de connaitre P n+1/2 , qui est determiné en résolvant l’équation de
Poisson pour la pression, obtenue en applicant l’opérateur divergence à l’équation 3.148, et en
réintégrant la contrainte de divergence nulle pour un+1 :
ρ
∇2 P n+1/2 = ∇ · u∗ . (3.149)
∆t
En pratique dans YALES2 l’implémentation diffère un peu de la méthode proposée par Chorin :
1. Etape de prédiction
L’étape de prédiction est faite en tenant compte du terme de pression au temps n − 1/2, qui est
généralement assez proche de P n+1/2 . Ce terme conduit à une meilleure estimation de u∗ , ce qui
permet de réduire les erreurs liées au fractionnement de l’avancement temporel.
u∗ − un 1 1
= −∇ · (u∗ un ) − ∇P n−1/2 + ∇ · τ n . (3.150)
∆t ρ ρ
2. Etape de correction
L’étape de correction de la vitesse s’écrit alors :

un+1 − u∗ 1 1
= − ∇P n+1/2 + ∇P n−1/2 . (3.151)
∆t ρ ρ
Equations de l’aérothermochimie 80

L’équation de Poisson permettant de calculer P n+1/2 devient :


Ä ä ρ
∇2 P n+1/2 − P n−1/2 = ∇ · u∗ . (3.152)
∆t
Cette étape est le point central de la méthode. Elle fait intervenir une équation de Poisson sur la
pression. Sa résolution nécessité l’utilisation d’un solveur linéaire dont les performances sont capitales
pour le calcul parallèle. C’est le propos de la section 3.6.5.

3.6.4 Solveur incompressible dilatable (VDS)


3.6.4.1 Système d’équations résolu

En ne gardant que l’ordre zéro, les équations de l’aérothermochimie sous l’approche faible nombre
de Mach apparaissent :
- Equation de continuité
∂ρ ∂ρui
+ = 0, (3.153)
∂t ∂xi
- Equation de conservation de la quantité de mouvement
∂ ∂ ∂P2 τij
ρuj + ρui uj = − + , (3.154)
∂t ∂xi ∂xj ∂xi
- Equation de conservation des espèces
∂ ∂ ∂Fk,i
ρYk + ρui Yk = + ω̇k , (3.155)
∂t ∂xi ∂xi
- Equation de conservation de l’enthalpie sensible
∂ ∂ ∂P0 ∂Qi
ρhs + ρui hs = + + ω̇T . (3.156)
∂t ∂xi ∂t ∂xi
La température est déduite de l’enthalpie sensible hs et des fractions massiques d’espèces Yk . Ce-
pendant, cette opération est délicate car elle implique la résolution numérique d’un polynôme de degré
5, qui ne peut être qu’approximative. YALES2 résout ce polynôme à l’aide de l’algorithme de Newton-
Raphson, méthode itérative efficace pour trouver numériquement une approximation précise d’un zéro
d’une fonction donnée.

3.6.4.2 Méthode de résolution

La méthode décrite précédemment pour l’avancement en temps des équations incompressibles est
étendue au cas à densité variable. L’avancement en temps est structuré de la manière suivante :
1. Prédiction de la densité
Dans un premier temps, un prédicteur sur la densité, ρ∗ , est déterminé par l’équation de conser-
vation de la masse :
ρ∗ − ρn+1/2
= −∇ · (ρu)n . (3.157)
∆t
2. Prédiction des scalaires
L’avancement des scalaires, notamment de l’enthalpie sensible h∗s et des espèces Yk∗ , est effectué
à partir du prédicteur de densité. Pour un scalaire φ quelconque, il vient :
ρ∗ φ∗ − ρn+1/2 φn+1/2 Ä ä
= −∇ · (ρu)n φn+1/2 + D(φn+1/2 ) + R(φn+1/2 ) , (3.158)
∆t
où D et R désignent respectivement les termes de diffusion et réaction.
Equations de l’aérothermochimie 81

3a. Calcul de la température


La température T ∗ est déduite des scalaires prédits :

T ∗ = f (Yk∗ , h∗s ) . (3.159)

3b. Correction de la densité


La densité est évaluée à partir des scalaires prédits et d’une loi d’état : ρEOS = f (φ∗ ). Dans le
cas d’une chimie multi-espèces et avec l’équation des gaz parfaits, on obtient :
Ñ é−1
Nsp
P0 X Y∗
ρEOS = k
. (3.160)
RT ∗ k=1
Wk

La densité au temps n + 3/2 est ensuite calculée à partir de la valeur prédite ρ∗ et de la valeur
issue de l’équation d’état ρEOS via un coefficient de relaxation α :

ρn+3/2 = αρEOS + (1 − α)ρ∗ . (3.161)

Quand α = 0, la nouvelle densité ne prend pas en compte la loi d’état. Inversement, si α = 1,


ρn+3/2 ne prend pas en compte la densité prédite ρ∗ . Par défaut, le coefficient de relaxation α est
fixé à 0.7 afin de prendre en compte les deux effets.
La densité au temps n + 1 est estimée de la manière suivante :
1 Ä n+1/2 ä
ρn+1 = ρ + ρn+3/2 . (3.162)
2
4. Prédiction de la vitesse
Une fois la densité ρn+1 connue, une procédure semblable à celle du formalisme incompressible
peut être mise en œuvre. La vitesse est avancée sans tenir compte de l’évolution de la pression :
(ρu)∗ − (ρu)n n−1/2
= −∇ · ((ρu)n un ) − ∇P2 + ∇ · τn . (3.163)
∆t
5. Correction de la vitesse
Comme précédemment, la correction de la vitesse se fait en réintégrant le terme de pression :

(ρu)n+1 − (ρu)∗ n+1/2 n−1/2


= −∇(P2 − P2 ). (3.164)
∆t
n+1/2
L’équation de Poisson permettant de calculer P2 est obtenue en prenant la divergence de
l’Eq. 3.164, et en intégrant la condition imposée par l’équation de continuité pour un+1 :
Å ãn+1
∂ρ ρn+3/2 − ρn+1/2
∇ · (ρu)n+1 = − =− . (3.165)
∂t ∆t
Dans ce cas, l’équation de Poisson s’écrit :
   ρn+3/2 − ρn+1/2 ∇ · (ρu)∗
n+1/2 n−1/2
∇ · ∇ P2 − P2 = + . (3.166)
∆t2 ∆t
6. Correction des scalaires
Enfin, l’avancement des scalaires est corrigé pour tenir compte de la correction sur la vitesse.
Pour un scalaire φ, il vient :

(ρφ)n+3/2 − (ρφ)n+1/2 Ä ä
= −∇ · (ρu)n+1 φn+1/2 + D(φn+1/2 ) + R(φn+1/2 ) . (3.167)
∆t
Equations de l’aérothermochimie 82

3.6.5 Résolution de l’équation de Poisson


Les deux solveurs incompressibles font intervenir une équation de Poisson sur la pression, c’est à
dire une équation de la forme :
∇ · (α∇P2 ) = RHS . (3.168)
Il s’agit d’un système d’équations linéaires dont l’inconnue est le vecteur des valeurs de la pression sur
les nœuds du domaine discrétisé. Sa résolution requiert de faire appel à un solveur de systèmes linéaires.
La résolution de ce système peut représenter une part très importante du temps de calcul nécessaire
à la simulation de chaque pas de temps. En effet, les solveurs utilisés pour cette résolution sont obli-
gatoirement des solveurs itératifs, et le nombre d’itérations nécessaire à l’obtention d’une estimation
suffisamment précise de la solution peut être élevé selon l’algorithme utilisé et des caractéristiques de la
matrice de l’opérateur laplacien discret. De plus, des communications interprocesseurs sont nécessaires
à chaque itération du solveur linéaire, et ces communications peuvent représenter une proportion très im-
portante du temps total de la simulation, pouvant aller jusqu’à 80 % si aucune attention particulière n’est
apportée à l’implémentation de la méthode [149]. L’optimisation de la méthode de résolution l’équation
de Poisson est un point clé pour la simulation des écoulements incompressibles. Cette problématique a
fait l’objet de la thèse de Malandain [148]. Plusieurs algorithmes sont disponibles dans YALES2 pour
inverser le système linéaire : PCG (Preconditionned Conjugate Gradient) [220] et Deflated PCG [166],
mais également le schéma BICGSTAB [220].
Equations de l’aérothermochimie 83
Chapitre 4

Etude de l’écoulement non-réactif dans le


brûleur centimétrique

Ce chapitre porte sur l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique du CORIA. La phéno-
ménologie de l’écoulement, l’apparition de l’écoulement turbulent, le mélange et la distribution en temps
de séjour y sont décrits. Une analyse de sensibilité aux paramètres numériques tels que l’influence du
maillage et du modèle de turbulence est également effectuée. Dans un objectif de réduction des coûts de
calcul, une stratégie d’adaptation de maillage automatique et parallèle est proposée afin d’assurer une
bonne fidélité des résultats. Différents critères d’adaptation pour des écoulements non-réactifs sont défi-
nis. L’adaptation de maillage est appliquée au brûleur du CORIA. L’étude sur l’adaptation de maillage
a fait l’objet d’un article scientifique soumis à l’International Journal for Numerical Methods in Fluids.

Sommaire
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.1.1 Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.1.2 Description du cas de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.2 Analyse phénoménologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.2.1 Caractéristique tourbillonnaire de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.2.2 Etude de la turbulence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
4.2.3 Analyse du mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
4.2.4 Distribution en temps de séjour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
4.3 Influence des paramètres numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.3.1 Convergence en maillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.3.2 Etudes des modèles de turbulence de sous-maille . . . . . . . . . . . . . . . . 100
4.4 Adaptation de maillage en parallèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
4.4.1 Critères d’adaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
4.4.2 Evaluation des critères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
4.4.3 Méthodologie d’adaptation en parallèle sur configuration complexe . . . . . . 111
4.4.4 Application sur le brûleur centimétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
4.4.5 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
4.5 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 85

y y
10 10
8.5
outlet

x z

fuel inlet air inlet


1 1
0 0
2.25 0.5
0 2.5 8 z x 8 0

F IGURE 4.1: Représentation 3D du volume fluide et plans y − z et x − y avec emplacements des entrées
et sortie.

4.1 Introduction
4.1.1 Objectifs
Avant de s’intéresser à l’étude de l’écoulement réactif à l’intérieur du brûleur centimétrique MESO-
CORIA, il convient d’investiguer d’abord l’écoulement aérodynamique au sein de la chambre. Cette
étude doit permettre de caractériser l’écoulement tourbillonnaire, analyser les mécanismes de mélange
et de distribution des temps de séjour. Les paramètres numériques influents seront également identifiés
afin de favoriser l’étude de l’écoulement réactif.

4.1.2 Description du cas de calcul


Géométrie
La configuration étudiée est le brûleur MESO-CORIA, décrit en section 2.6.1. Il s’agit d’une chambre
de combustion parallélépipédique de 8 × 8 × 10 mm3 . Les arêtes du cube selon la direction axiale
étant arrondies (Fig. 2.21), le volume fluide est légèrement inférieur à 640 mm3 . Ce brûleur est une
configuration non-prémélangée : les réactifs sont introduits dans le domaine via deux entrées séparées
perpendiculaires :
- une entrée pour l’air de diamètre 0.8 mm,
- une entrée pour le carburant de diamètre 1 mm.
La sortie du brûleur, à l’opposée des injections, est un tube de diamètre 2 mm.
La géométrie a été créée par l’atelier du CORIA, sous le logiciel CATIA, pour les besoins de l’ex-
périence de Liu [137]. Les deux tubes d’injection ont la même orientation (suivant la direction →−x ) mais


l’air rentre suivant la direction z dans la chambre. C’est pourquoi le tube d’entrée d’air présente un
coude. Cette géométrie a été épurée puis utilisée pour réaliser les maillages avec le logiciel commercial
GAMBIT.

Paramètres numériques
L’écoulement aérodynamique du brûleur a été étudié par simulation numérique à l’aide du solveur
incompressible à densité constante (ICS) de YALES2.
Le point de fonctionnement étudié correspond aux conditions opératoires d’un des calculs non-
réactifs de la thèse de Sjostrand [203]. Le fluide est assimilé à de l’air à la température 300 K. La masse
volumique est ρ = 1.177 kg.m−3 et la viscosité cinématique ν = 1.517 × 10−5 m2 .s−1 . Le fluide entre
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 86

dans la chambre par l’injection d’air avec une vitesse moyenne de 37.0 m.s−1 et par l’injection de car-
burant à 1.2 m.s−1 . Des profils de vitesse paraboliques sont imposés sur ces deux entrées :
ñ Å ã2 ô
r
u(r) = umax 1 − , (4.1)
rmax

avec umax = 2.0 umean .


Le nombre de Reynolds basé sur la vitesse maximum et le diamètre du tube d’injection d’air approche
Re = umax Dair /ν ≈ 2 000, indiquant que l’écoulement est faiblement turbulent, comme attendu sur ce
brûleur whirlé asymétrique. Le temps de séjour moyen dans la géométrie étudiée, calculé comme rapport
entre le volume du domaine et le débit volumique, est d’environ 33 ms.
Les parois sont considérées comme non-glissantes : chaque composante du vecteur vitesse à la pre-
mière maille à la paroi est nulle.

4.2 Analyse phénoménologie


Un calcul de référence a été effectué avec un maillage très fin afin d’étudier la phénoménologie de
l’écoulement. Ce maillage, de 273 millions d’éléments, a une taille de maille homogène de ∆x = 25 µm.
Le modèle de sous-maille pour la turbulence Smagorinsky dynamique est activé. Cependant, il sera
montré plus loin que ce modèle n’a aucun effet sur l’écoulement et on peut considérer ce calcul comme
une DNS.
La phénoménologie de l’écoulement est d’abord étudiée à travers des visualisations 3D et des coupes
2D du domaines. Ces coupes 2D correspondent à des plans normaux à l’axe du brûleur. Quatre plans sont
utilisées : l’un situé dans l’injection du fluide (A : y = 1 mm), un autre dans la sortie (D : y = 8.5 mm)
et deux placés entre ces deux premiers (B : y = 3.5 mm et C : y = 6 mm). Ces quatre plans sont séparés
de 2.5 mm (voir Fig. 4.2).

4.2.1 Caractéristique tourbillonnaire de l’écoulement


La Fig. 4.3 montre les champs de vitesse instantanées sur les plans A, B, C et D. L’écoulement
présente plusieurs caractéristiques notables. Les vitesses dans le tube d’entrée d’air sont importantes,
jusqu’à 70 m/s après le coude du tube d’injection. Le fluide sortant de ce tube génère un jet qui pénètre
dans un écoulement plus calme et qui longe la paroi contenant l’injection de carburant. Dès son entrée
dans la chambre, le jet se déstabilise rapidement pour laisser apparaître des structures cohérentes. Le jet
impacte ensuite la paroi située à l’opposée du tube et commence à s’enrouler comme on peut s’y attendre
au sein de l’écoulement whirlé. Cet écoulement tourbillonnaire est notamment visible sur la Fig. 4.4
montrant le même comportement que la figure précédente mais avec une valeur maximum de vitesse de
15 m.s−1 . Notons que les valeurs de vitesse sont les plus importantes près des parois alors que le centre
du domaine présente des valeurs faibles voire nulles.
L’écoulement a la caractéristique d’être fortement inhomogène : des zones de faibles vitesses côtoient
des zones de vitesses nettement plus élevées. Les champs de vitesses moyennes présentés sur la Fig. 4.5
démontrent que les caractéristiques observées sur les champs instationnaires se retrouvent en moyenne
dans le temps. Une zone en arc de cercle, avec une vitesse de l’ordre de 15 m.s−1 , est visible sur les plans
A, B et C. Elle est représentative de l’écoulement tourbillonnaire recherché. La vitesse dans le tube de
sortie augmente, 20 m.s−1 en moyenne, du fait de la restriction de la zone de passage.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 87

F IGURE 4.2: Visualisation des plans A (y = 1 mm), B (y = 3.5 mm), C (y = 6 mm) et D (y = 8.5 mm).

F IGURE 4.3: Champs de vitesse instantanée sur les plans A, B, C et D.

La Fig. 4.6 montre les lignes de courant de vitesse moyenne dans le domaine 3D. L’écoulement cy-
clonique est très nettement observable. Une trajectoire moyenne apparaît : après l’entrée dans la chambre,
le fluide effectue un demi-tour en se dirigeant vers la sortie puis retourne vers le jet après un autre demi-
tour. De là, le fluide semble refaire un tour autour de l’axe central de l’écoulement avant de rejoindre la
sortie. Ainsi, le fluide effectue environ deux tours en moyenne autour de l’axe de rotation central avant
de sortir.
Des lignes de courant 2D dans les plans A, B, C et D sont présentées en Fig. 4.7. Elles montrent la

F IGURE 4.4: Champs de vitesse instantanée sur les plans A, B, C et D avec légende saturée à 15 m.s−1 .
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 88

F IGURE 4.5: Champs de vitesse moyenne sur les plans A, B, C et D.

F IGURE 4.6: Lignes de courant 3D dans la chambre de combustion, coloriées par la vitesse moyenne.

F IGURE 4.7: Lignes de courant (en blanc) sur les plans A, B, C, D coloriés par la vitesse moyenne.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 89

F IGURE 4.8: Champs de vitesse RMS sur les plans A, B, C et D.

présence d’un grand tourbillon au centre de la chambre de combustion, typique de l’écoulement whirlé.
Cette recirculation centrale, observable à froid, aide à la stabilisation de l’écoulement réactif. Par ailleurs,
de plus petites recirculations apparaissent dans les coins du domaine. Elles sont liées à la forme de la
géométrie. Ces recirculations sont similaires aux recirculations de coin apparaissant dans les écoulements
dans les cavités entrainées (driven cavity) [17, 200]. Dans notre cas, bien qu’elle ne soit pas parfaitement
cubique, la chambre ne permet pas à l’écoulement d’être complètement "cylindrique".

4.2.2 Etude de la turbulence


En plus de sa caractéristique whirlée, l’écoulement présente une forte instationarité. Les champs de
vitesse instantannée (Fig. 4.3 et 4.4) montrent de grandes variabilités spatiales, comparé à l’écoulement
moyen (Fig. 4.5). On s’intéresse alors aux vitesses RMS (Root Mean Square) calculées comme la racine
carrée de l’écart quadratique moyen du champ de vitesse. Pour un scalaire φ quelconque, la valeur RMS
s’exprime comme :  
» Z ∞
φRM S = hφ′2 i = (x − hφi)2 f (x) dx , (4.2)
−∞

où hφi est la moyenne temporelle de φ et f (x) la fonction densité de probabilité de φ. Sur les plans A,
B, C et D de la Fig. 4.8, l’écoulement présente des vitesses RMS élevées, de l’ordre de 20 m.s−1 , juste
après le coude de l’injection d’air ainsi qu’au pied du jet, dans la zone de cisaillement. Dans le reste du
jet, la vitesse RMS est d’environ 10 m.s−1 alors que des vitesses de 5 m.s−1 sont observables en proche
paroi sur les plans A, B et C. Sur ces mêmes plans, le centre de l’écoulement semble plus calme et varie
peu par rapport à l’écoulement moyen. Dans le plan D, les vitesses RMS sont assez homogènes, entre
3 et 6 m.s−1 .
On peut observer les structures cohérentes de l’écoulement en déterminant la valeur locale du critère-
Q [104] :
1
Q= (Ωij Ωij − Sij Sij ) , (4.3)
2
avec Ωij = 12 (∂j ui − ∂i uj ) et Sij = 21 (∂j ui + ∂i uj ). Différentes zones de production de turbulence sont
identifiées via l’iso-contour de critère-Q de la Fig. 4.9 :
- dans le tube d’injection d’air, lorsque le fluide est dévié par le coude avant d’entrer dans la
chambre,
- dans la zone de cisaillement du jet,
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 90

F IGURE 4.9: Iso-contour du critère-Q à Q = 8 × 108 s−2 , colorié par la vitesse instatannée.

- à l’impact du jet sur la paroi opposée.


La figure 4.9 illustre l’inhomogénéité de la turbulence au sein de la chambre. Les structures turbulentes
sont créées à l’injection puis dissipées en aval. En dehors de la zone du jet et de sa zone d’impact sur la
paroi opposée, les structures turbulentes sont de beaucoup plus faible intensité.
Afin d’analyser plus précisément la turbulence dans le domaine, les grandeurs caractéristiques de
la turbulence ont été calculées. Ainsi, les fluctuations de vitesse u′ , la dissipation de l’énergie cinétique
turbulence ǫ, les échelles intégrales lt et de Kolmogorov ηK et le Reynolds turbulent Ret sont déterminés
à l’aide des formules suivantes :

u′ = u − < u > , (4.4)


ǫ = 2 νsij sij avec sij = ∂j u′i + ∂i u′j , (4.5)
u′3
lt = , (4.6)
ǫ
Ç 3 å1/4
ν
ηK = , (4.7)
ǫ
u′ l t
Ret = . (4.8)
ν
La figure 4.10 montre la distribution du rapport de la taille de filtre sur l’échelle de Kolmogorov
∆x/ηK dans tout le domaine. On remarque que le rapport ∆x/ηK est globalement compris entre 0.1 et
4. La résolution moyenne du maillage, 25 µm (en rouge sur le graphique), est du même ordre de grandeur
que les plus petites échelles de la turbulence. Dans 83 % du domaine, la taille de maille est inférieure
à l’échelle de Kolmogorov. Seulement 3.8 % des éléments ont une taille deux fois supérieure à la plus
petite échelle de la turbulence. Cette analyse confirme que l’échelle de résolution ∆x vérifie ∆x ≈ 2ηK
défini par Moin et Mahesh [156]. Le maillage est suffisamment résolu pour capter toutes les échelles de
la turbulence. L’utilisation de schémas numériques d’ordre 4 non dissipatifs guarantit avec ce maillage
une résolution de tout le spectre des échelles turbulentes.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 91

1.8
1.6
1.4
1.2
PDF [-]

1
0.8
0.6
0.4
0.2
0
0 1 2 3 4 5
∆x / ηK [-]

F IGURE 4.10: Fonction densité de probabilité du rapport de la taille de maille ∆x locale sur l’échelle de
Kolmogorov ηK .

Le Reynolds turbulent Ret a une valeur moyenne d’environ 500 dans le domaine. Cette valeur est
comprise dans l’intervalle usuel pour des chambres de combustion macroscopiques classiques (entre 100
et 2000) [179].

4.2.3 Analyse du mélange


Afin de modéliser le mélange entre l’air et le carburant, une équation de transport d’un scalaire
passif (non-réactif) est ajoutée au système d’équations résolu par le solveur. L’équation de transport de
ce scalaire Z s’écrit :
∂Z
+ ∇ · (uZ) = ∇ · (DZ ∇Z) , (4.9)
∂t
avec le coefficient de diffusion DZ du scalaire Z pouvant s’écrire DZ = ν/ScZ . Le nombre de Schmidt
ScZ est pris ici égal à 1.
Le scalaire Z représente la fraction de mélange entre l’air pur (Z = 0, imposé à la condition d’entrée
"air") et le carburant pur (Z = 1, à la condition d’entrée "fuel"). La Fig. 4.11 montre les champs de
scalaire Z instantané, moyen et RMS sur les plans A, B, C et D. Le champ de scalaire Z sur le plan
d’injection A montre de fortes discontinuités entre le jet à Z = 0 (en bleu) et l’injection à Z = 1
(en rouge). Le jet, déstabilisé dès son entrée dans la chambre, vient entraîner des poches de fluide à
Z = 1. Le mélange s’effectue bien dans la zone d’injection et au début de la recirculation centrale. Des
inhomogénéités peuvent apparaître dans les plans B et C mais la valeur globale de la fraction de mélange
Z = 0.0486 est atteinte presque dans tout le domaine. Les valeurs de Z dans le plan A et moyennées
temporellement (Fig. 4.11 milieu gauche) montrent comment le jet plaque l’injection Z = 1 contre la
paroi. L’entrée du fluide à Z = 1 dans la chambre est complètement conditionnée à la forte dynamique
du jet à Z = 0. Le champ RMS de Z montre de fortes variations dans la zone d’interaction du jet et du
tube de "carburant". Les valeurs les plus importantes sont obtenues à l’intérieur du tube. Cela indique
que le jet rentre dans le tube à Z = 1 par intermittence, perturbant ce dernier mais favorise le mélange.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 92

F IGURE 4.11: Champs du scalaire Z instantané (haut), moyen (milieu) et RMS (bas, échelle logarith-
mique) sur les plans A, B, C et D (de gauche à droite).
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 93

(a) (b)

300
A
B
C
250 D

200
PDF [−]

150

100

50

0
0.025 0.03 0.035 0.04 0.045 0.05 0.055 0.06 0.065
< Z > [−]
(c)

F IGURE 4.12: (a) : Iso-contour Z = 0.055 dans le domaine 3D. (b) : Lignes de courant passant par
l’injection Z = 1 coloriées par la vitesse moyenne. (c) : PDF de la fraction de mélange Z moyenne sur
les plans A, B, C et D.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 94

Afin de visualiser les zones riches en fraction de mélange Z, un iso-contour à Z = 0.055 (repré-
sentant la stœchiométrie dans un mélange méthane/air), soit légèrement supérieur à la valeur moyenne,
a été tracée à partir d’une solution instantanée 3D (Fig. 4.12 (a)). Dans la zone de jet, on remarque des
poches arrachées à la zone riche en Z située entre le jet (à Z = 0) et la paroi. Ces poches forment ensuite
des zones riches qui se regroupent le long de l’arrête arrondie du brûleur avant de rejoindre la sortie. Ce
chemin préférentiel des zones riches en Z est confirmé par les lignes de courant passant par l’injection
de Z = 1, tracées sur la Fig. 4.12 (b). Après injection dans la chambre, ces lignes suivent effectivement
la paroi puis l’arrête arrondie du domaine et rejoignent la sortie. Dans la perspective d’un écoulement
réactif, cette mauvaise dynamique de mélange peut avoir un impact important sur les performances de la
combustion : la combustion peut être incomplète et produire de grandes quantités d’imbrûlés.
La distribution de la variable de mélange moyenne hZi est tracée sur la Fig. 4.12 (c), pour les plans
A, B, C et D. La PDF dans le plan A montre un pic centré en 0.04. En avançant dans la direction axiale,
on remarque que la distribution s’élargit en même temps qu’elle se déplace vers des valeurs plus grandes
de Z. Cet effet est dû au mélange par diffusion des poches riches en Z avec les zones plus pauvres,
permettant cet étalement de la PDF. La distribution sur le plan D est centrée autour de la valeur moyenne
Z = 0.0486 mais présente des variations de l’ordre de 10 %. Cela prouve que le mélange n’est pas
parfait, même vers la fin de l’écoulement.

4.2.4 Distribution en temps de séjour


Comme précédemment indiqué, l’écoulement tourbillonnaire doit mener à une dynamique particu-
lière : des vitesses rapides proches paroi et un cœur central calme. De plus, en raison du faible volume de
la chambre, le temps de séjour du fluide est court. Cela peut poser des problèmes dans le cas d’un écoule-
ment réactif où la combustion pourrait ne pas être complète. C’est pourquoi il est intéressant d’analyser
le temps de séjour dans notre chambre centimétrique. Pour étudier la distribution en temps de séjour,
deux méthodes ont été utilisées : un scalaire Eulérien et des particules Lagrangiennes de type traceurs.
En simulation numérique, il est possible de dériver une équation de transport d’un scalaire représen-
tant un indicateur du temps de résidence [79, 14, 63] :

∂τres
+ ∇ · (uτres ) = ∇ · (Dτres ∇τres ) + 1 , (4.10)
∂t
avec Dτres = ν/Scτres = ν. Ce scalaire τres est une quantité Eulérienne, homogène à un temps, repré-
sentatif du temps qu’une particule fluide a passé dans le domaine depuis qu’elle est entrée. Il constitue un
indicateur du temps de séjour des particules fluides mais il n’est pas une évaluation précise car l’équation
ne dérive pas de la théorie cinétique des gaz. Le scalaire est imposé à τres = 0 sur les conditions aux
limites d’entrée.
La Fig. 4.13 montre ce scalaire, moyenné en temps, sur les plans A, B, C et D. La zone d’injection
présente de toute évidence les valeurs les plus faibles : 0 ms dans les tubes d’injection et autour de 15ms
dans la zone de jet. Les valeurs de τres en proche paroi sont comprises entre 20 et 30 ms. Aussi, ces
valeurs sont inférieures à celles trouvées au centre du domaine (au-dessus de 30 ms). Cette observation
est cohérente avec la topologie de l’écoulement whirlé qui veut que la zone de recirculation centrale soit
stagnante comparée aux zones extérieures. Cette différence de temps de résidence doit alors permettre
de maintenir le cœur de gaz chaud dans l’écoulement réactif. Sur la Fig. 4.13, des temps de résidence
plus faibles sont observés dans les coins de la géométrie, le long des arêtes arrondies dans la direction y.
Cette observation appuie l’analyse sur le chemin préférentiel du fluide injecté par l’entrée de carburant.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 95

F IGURE 4.13: Champs du scalaire τres moyen sur les plans A, B, C et D (de gauche à droite), en secondes.

En plus de ce scalaire Eulérien, des particules dites Lagrangiennes ont été utilisées : les équations de
la mécanique du point sont résolues pour chaque particule représentée individuellement et ponctuelle-
ment. La trajectoire de chaque particule est ensuite suivie dans la simulation. Afin d’étudier la distribution
en temps de séjour de l’écoulement, des particules Lagrangiennes de type traceurs ont été utilisées dont
l’équation cinématique pour une particule est :

dxp
= uf (xp ) , (4.11)
dt
avec xp est la position de la particule et uf la vitesse du fluide à la position de la particule. Ces particules
traceurs ont la vitesse de la phase gazeuse à chaque instant et ont un temps caractéristique identique à
celui du gaz. Le temps de séjour des particules correspond au temps depuis lequel elles ont été injectées.
Dans la configuration du brûleur centimétrique, des particules traceurs sont injectées à partir des
deux entrées du domaine. Dix particules sont injectées par itération sur chacune des entrées pendant
170 ms afin d’atteindre une répartition homogène puis l’injection est stoppée. La Fig. 4.14 montre la
localisation des particules dans le domaine à ce même instant, où le nombre de particules est maximum
(près de 900 000 particules) : chaque point correspond à une particule. On constate bien que chaque
particule a la vitesse locale du fluide comme attendu. De plus des particules sont présentes dans chaque
partie du domaine, et le nombre de particules augmente avec le temps. Cela montre que des particules
sont piégées dans des zones mortes ou dans des recirculations. Le temps de résidence de ces particules
devient alors élevé : plus de 160 ms comme montré par la Fig. 4.14 (b). Le scatter plot de la Fig. 4.15
montre le temps de résidence des particules en fonction de la direction y (du plan d’injection vers le
plan de sortie) à un instant donné. On constate une grande répartition du temps de séjour quelque soit la
localisation de la particule. Certaines sortent du domaine après seulement 2 ms alors que d’autres sont
toujours proches de la région d’injection après 100 ms. Ce constat convient aussi bien pour des particules
injectées via l’entrée d’air que via l’entrée de carburant. Sur la Fig. 4.15 (b), on peut remarquer quelques
lignes dominantes entre 0.5 et 1.5 mm : ce sont des particules injectées par l’entrée carburant mais trop
proches des parois du tube d’injection. Leur vitesse est inférieure à celle des particules injectées plus au
centre.
A partir de l’arrêt d’injection de particules, le calcul est prolongé pendant près de 200 ms et le temps
de séjour des particules est collecté à la sortie du domaine. La distribution de temps de séjour est donnée
par la Fig. 4.16. La forme des distributions des particules est similaire entre les deux types d’injection :
la plupart des particules sortent très vite du domaine (pic entre 5 et 10 ms) puis la queue de distribution
décroit doucement. Certaines particules ne sont toujours pas sorties du domaine après 200 ms. Ces par-
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 96

(a) (b)

F IGURE 4.14: Visualisation de la vitesse (a) et du temps de séjour (b) des particules traceurs dans le
domaine après 170 ms d’injection.

(a) (b)

F IGURE 4.15: Scatter plot du temps de résidence des particules en fonction de la direction y pour chaque
entrée d’injection : entrée "air" (a) et entrée "carburant" (b).
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 97

0.025
Air inlet
Fuel inlet

0.02

0.015
PDF [-]

0.01

0.005

0
0 50 100 150 200
τres,p [ms]

F IGURE 4.16: Distribution du temps de résidence des particules injectées par l’entrée d’air et l’entrée de
carburant.

ticules au temps de résidence long sont ainsi piégées dans les zones de recirculation ou les zones mortes
de l’écoulement.
En résumé, l’écoulement tourbillonnaire permet de maximiser le temps de séjour et favoriser la zone
centrale calme nécessaire à la stabilisation de la flamme dans le cas de l’écoulement réactif. Cette étude
en distribution en temps de séjour valide le choix de ce type d’écoulement pour l’étude de la combustion
dans des chambres centimétriques.

4.3 Influence des paramètres numériques


4.3.1 Convergence en maillage
Afin de déterminer le maillage permettant le meilleur rapport précision-coût de calcul, une étude en
convergence de maillage a été effectuée sur la configuration de l’écoulement non-réactif .
Un maillage de départ, baptisé M1, avec une taille de maille homogène ∆x = 100 µm de 4.3 millions
de tétraèdres a d’abord été créé. Ensuite, deux niveaux de raffinement de maillage automatiques sont
appliqués à M1. A chaque niveau de raffinement, chaque cellule est divisée en huit sous-cellules et la
taille de maille par deux. Ainsi, les maillages M2 et MREF, comportant respectivement 34.2 et 273
millions d’éléments, ont été obtenus (Tab. 4.1). Ce dernier maillage étant le plus résolu, il est considéré
comme le calcul de référence. Les comparaisons entre les maillages sont faites dans le plan d’injection
(plan A de la Fig. 4.2) car ce plan contient les vitesses et gradients de vitesse les plus importants du fait
de l’interaction des deux jets entrants dans le domaine.
La Fig. 4.17 compare les champs de vitesse dans le plan d’injection entre les trois maillages. La
dynamique du jet d’air n’est pas correctement prise en compte avec le maillage le plus grossier M1 :
l’ouverture du jet est beaucoup plus large et la vitesse moyenne y est plus élevée, comparé aux résultats
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 98

Maillages M1 M2 MREF
Taille de maille moyenne ∆x [µm] 100 50 25
Nombre d’éléments [×106 ] 4.3 34.2 273.8
Nombre de nœuds [×106 ] 0.76 6.17 47.99

TABLE 4.1: Caractéristiques des maillages 3D.

M1 M2 MREF
F IGURE 4.17: Champs de vitesse moyenne dans le plan A pour les maillages M1, M2 et MREF.

des maillages M2 et MREF. Le champ de vitesse moyenne obtenu avec M2 est plus proche de celui de
MREF, avec un jet plus étroit et l’apparition de la recirculation liée à l’écoulement whirlé. Cependant, une
zone calme apparait à l’intersection entre les deux jets d’entrée. Cet effet peut être lié à un comportement
incorrect du modèle de turbulence dans cette zone d’interaction de jets. Afin de préciser l’origine de cet
artefact numérique, nous avons poussé plus avant l’étude de l’influence du modèle de turbulence dans la
section suivante 4.3.2.
Sur la Fig. 4.18, le scalaire Z représente le mélange entre l’air (Z = 0 en noir) et le carburant (Z = 1
en blanc) pour les trois maillages considérés. Sur le maillage de référence MREF, le mélange s’effectue
rapidement entre les deux jets du fait de la turbulence induite qui produit un mélange homogène autour
de la valeur moyenne Z = 0.0486 dans tout le reste du domaine. Avec le maillage M1, l’interaction entre
les deux jets est incorrectement résolue, ce qui a un fort impact sur le mélange. Celui-ci ne se fait plus par
turbulence, mais plutôt par diffusion moléculaire (ou numérique). Ainsi un champ de Z hétérogène est
obtenu avec des valeurs oscillant entre 0.0 et 0.1. Le résultat obtenu avec le maillage M2 est beaucoup
plus proche de MREF mais présente encore quelques différences similaires au champ de vitesse.
La contribution du modèle de sous-maille "Smagorinsky dynamique" est évaluée par le rapport de
viscosité turbulente sur viscosité moléculaire µt /µ. D’après la Fig. 4.19, ce rapport est inférieur à 0.2
sur le maillage M3. Dans cette situation, le modèle de turbulence agit tellement peu qu’il n’affecte pas
l’écoulement et pourrait être désactivé. En revanche, le maillage M1 présente un rapport de viscosités qui
peut atteindre 80 dans la couche de cisaillement du jet d’air et à l’impact du jet sur la paroi. Dans le reste
du domaine, le rapport de viscosités montre que l’apport du modèle ne peut être négligé. En revanche,
sur le maillage M2, la contribution du modèle de sous-maille n’est importante que dans le jet et au niveau
de l’impact sur la paroi opposée.
Un indicateur de la résolution à la paroi consiste à évaluer la distance à la paroi adimensionnée
y + et à la comparer à la taille de maille utilisée. Cette distance se calcule comme y + = y uντ , avec
» q
uτ = τw /ρ = µ ∂u ∂y /ρ et τw étant respectivement la vitesse de frottement et la contrainte pariétale
x

de cisaillement. La Fig. 4.20 représente la distribution de y + sur l’ensemble des points composants
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 99

M1 M2 MREF
F IGURE 4.18: Champs de fraction de mélange obtenus avec les maillages M1, M2 et MREF. Noir : air.
Blanc : carburant.

M1 M2 MREF
F IGURE 4.19: Rendu volumique du rapport de viscosité µt /µ sur les maillages M1, M2 et M3.

la surface du domaine. La valeur pic de y + diminue en augmentant la résolution du maillage, ce qui


correspond à une meilleure description des gradients de vitesse à la paroi. Le passage du maillage M1 à
M2 améliore faiblement la distribution tandis que le maillage MREF apporte de bien meilleurs résultats.
La valeur maximale de y + pour le maillage M1 est de l’ordre de 10, environ 6 pour M2 et 4 pour
MREF, et se situe dans le tube d’injection d’air, juste après le coude. Les valeurs moyennes de distance
à la paroi adimensionnées y + sont 2.8, 2.2 et 1.3 pour les maillages M1, M2 et MREF respectivement.
Globalement, ces valeurs sont donc assez proches de 1.0. Les calculs peuvent être considérés comme
résolus en proche paroi (ce qui correspond en anglais à des calculs Wall-resolved LES). Aucun modèle
de loi de paroi n’a alors été utilisé sur ces maillages. Par ailleurs, cette résolution à la paroi est important
pour capter correctement les transferts thermiques dans le cas des écoulements réactifs.
Les performances du code de calcul YALES2 ont été investiguées pour chacun des maillages. Le
Tab. 4.2 résume les performances obtenues sur le calculateur Antares du CRIHAN avec un nombre
d’éléments par processeur différent pour chaque cas : ce n’est donc pas une étude en weak scaling.
Cependant, les résultats indiquent un rapport d’environ 16 sur le temps CPU de calcul entre M1 et M2.
Cette valeur est le résultat attendu car il correspond à deux effets :
- le nombre d’éléments entre deux niveaux de raffinement est multiplié par huit,
- le pas de temps est divisé par deux entre deux niveaux de raffinement car la taille de maille
la plus petite est deux fois plus petite (le pas de temps est basé sur le nombre adimensionnel
CF L = U ∆t/∆x car la diffusion n’est pas limitante).
Le passage du maillage M2 à MREF se traduit par une légère dégradation des performances avec un fac-
teur supérieur à 16. Cette dégradation peut s’expliquer par l’augmentation du nombre de communications
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 100

0.8
M1
M2
0.7 MREF

0.6

0.5
PDF [−]

0.4

0.3

0.2

0.1

0
0 2 4 6 8 10 12
+
y [−]

F IGURE 4.20: Fonction Densité de Probabilité de la distance à la paroi adimensionnée y + .

Maillages M1 M2 MREF
Temps physique simulé tphysique [ms] 100.0 50.0 5.0
Nombre de processeurs Nprocs 256 512 1024
Temps de calcul tcalcul [h] 5.43 22.78 20.96
Temps CPU pour 1ms [h/ms] 13.9 233.3 4292.6
Temps CPU normalisé 1.0 16.8 308.8

TABLE 4.2: Performances de calcul avec les différents maillages sur la machine Antares du CRIHAN.

entre processeurs nécessaires pour le solveur de Poisson 1 .

4.3.2 Etudes des modèles de turbulence de sous-maille


La configuration du brûleur centimétrique étudié n’est que faiblement turbulente. L’impact du modèle
de sous-maille peut dans certaines situations conduire à des comportements non pertinents. L’influence
du modèle de turbulence a été étudiée en testant plusieurs modèles sur les maillages M1 et M2. Le résultat
obtenu avec le maillage MREF est toujours considéré comme le calcul DNS de référence. Les modèles
Smagorinsky Dynamique (SMD), WALE ainsi que l’approche NO-MODEL (pas de modèle de sous-
maille) on été comparés. Ces différentes modélisations de la turbulence de sous maille sont présentées
dans la section 3.4.4.
Les figures 4.21 et 4.22 montrent les champs de vitesse moyenne obtenus avec les maillages M1
et M2, respectivement, pour les différents modèles de turbulence. Ces résultats sont à comparer avec la
Fig. 4.17 (MREF). Sur le maillage M1, les modèles SMD et WALE donnent des résultats similaires mais
1. Il est important de noter que ces calculs ont été réalisés en début de thèse. Le code de calcul a largement évolué depuis
et de nombreuses optimisations permettant de bien meilleures performances ont été ajoutées.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 101

SMD WALE NO-MODEL


F IGURE 4.21: Champs de vitesse moyenne sur le maillage M1 avec le modèle de viscosité turbulente
Smagorinsky Dynamique (a), WALE (b) et l’approche NO-MODEL (c).

SMD WALE NO-MODEL


F IGURE 4.22: Champs de vitesse moyenne sur le maillage M2 avec le modèle de viscosité turbulente
Smagorinsky Dynamique (a), WALE (b) et l’approche NO-MODEL (c).
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 102

Maillages M1 M2
Modèles de sous-maille SMD WALE NO-MODEL SMD WALE NO-MODEL
Erreur de norme L2 relative [%] 7.8 6.2 2.2 4.4 1.1 0.7

TABLE 4.3: Erreur de norme L2 relative sur la vitesse moyenne par rapport à la référence.

éloignés de la référence : ils modifient la dynamique de l’écoulement dans la zone de jet. L’approche NO-
MODEL donne de bien meilleurs résultats avec un champ de vitesse proche du calcul DNS. Les résultats
obtenus sur le maillage M2 sont différents. Il a déjà été observé que le modèle Smagorinsky Dynamique
donne une zone à vitesse plus faible dans la zone d’intersection des deux jets d’entrée. En revanche, le
modèle WALE et l’approche NO-MODEL donnent des résultats similaires, très semblables au calcul de
référence.
Afin d’aller plus loin dans cette analyse, une comparaison de profils de vitesse moyenne et RMS
le long d’une ligne placée dans le plan d’injection a été réalisée. Les profils de vitesse moyenne de la
Fig. 4.23 confirment ce qui a été observé sur les champs précédents. Sur le maillage M1, l’approche sans
modèle de sous-maille se montre supérieure aux modèles SMD et WALE. Sur le maillage M2, le modèle
WALE et l’approche NO-MODEL sont les plus proches de la référence alors que le modèle SMD montre
une zone de vitesse plus faible au milieu du jet. Afin de quantifier les différences, les erreurs relatives de
norme L2 ont été calculées sur ces profils. Cette erreur, pour une variable quelconque φ, est définie selon
E L2
Erel,L2 (φ) = , (4.12)
NL2 (φexact )

avec NL2 (φ) la norme L2 de φ et EL2 (φ) l’erreur de norme L2 absolue :


s
1 X
NL2 (φ) = Vi φ2i , (4.13)
Vtotal i
s
1 X 2
EL2 (φ) = Vi (φexact
i − φi ) . (4.14)
Vtotal i
P
Dans ces expressions, Vi correspond au poids du nœud i et Vtotal = i Vi . La solution "exacte" corres-
pond dans notre cas à la solution de référence, soit le cas DNS obtenu à l’aide du maillage MREF et la
variable étudiée est la norme de vitesse moyenne. Les résultats sont rassemblés dans le Tab. 4.3. Ces ré-
sultats montrent encore une fois que le minimum d’erreur correspond au maillage M2 associé au modèle
WALE ou à l’approche sans modèle avec une erreur ne dépassant pas 1.1 %. Par contre, le modèle SMD
dépasse les 4 % d’erreur. Avec le maillage M1, l’approche NO-MODEL atteint les 2.2 % d’erreur tandis
que les modèle de sous-maille dépassent les 6 % d’erreur.
Les profils de vitesse RMS (Fig. 4.23) montrent aussi de grandes différences suivant le maillage et le
modèle de sous-maille utilisé. Sur le maillage M1, les modèles SMD et WALE ont des profils similaires
mais très éloignés de la référence. L’approche sans modèle surestime sensiblement les vitesses RMS.
Avec le maillage M2, les profils de vitesse RMS de la référence, du modèle WALE et de l’approche
NO-MODEL sont très semblables. Ici encore, le modèle SMD est très éloigné de la référence.
L’ensemble de ces résultats montrent la nécessité d’avoir une résolution suffisante et un modèle de
sous-maille adapté si l’on souhaite correctement décrire l’écoulement à l’intérieur de la chambre de
combustion centimétrique. Les résultats ont montré la supériorité de l’approche NO-MODEL, c’est-à-
dire sans l’utilisation de modèle de sous-maille. Cela indique que la diffusion numérique induite par le
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 103

(a) (b)

(c) (d)

F IGURE 4.23: Profils de vitesse moyenne (haut) et RMS (bas) sur les maillages M1 (gauche) et M2
(droite) en fonction des modèles de turbulence et comparé à la référence MREF.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 104

code est suffisante pour modéliser les plus petites échelles de la turbulence. Cette observation est aidée
par le fait que la configuration n’est que faiblement turbulente. Le modèle WALE a montré de meilleurs
résultats que le modèle de Smagorynsky dynamique. En effet, le modèle WALE traite mieux les parois
et a une meilleure prédiction de la transition à la turbulence. De plus, le modèle impose une viscosité
turbulente nulle dans les écoulements cisaillés. Dans notre cas, la zone entre le jet et le reste du domaine
présente est une couche de cisaillement et la bonne résolution de la base du jet semble primordiale.

4.4 Adaptation de maillage en parallèle


Les calculs LES se proposent de résoudre les grandes structures de la turbulence et de modéliser les
plus petites. Cette approche est plus économique que la DNS car le maillage doit être conçu pour ne
résoudre que les structures les plus grandes. Ainsi un maillage LES contient moins d’éléments qu’un
maillage DNS.
Avec l’augmentation des ressources de calcul, la LES est de plus en plus utilisée sur des géométries
complexes (à différencier des configurations académiques simples). L’étude de telles configurations im-
plique l’utilisation de maillages non-structurés ou hybrides. Ce dernier doit être correctement défini pour
réaliser un calcul LES valide. Comme montré dans la section précédente, la qualité du maillage influe
fortement sur le résultat de calcul. De plus, la résolution locale du maillage sert de paramètre pour les
modèles de sous-maille. La qualité globale du maillage s’avère ainsi un paramètre essentiel.
De nombreux travaux ont déjà étudié l’influence de la résolution du maillage sur la qualité d’une
simulation LES [27, 234]. Différentes approches existent. Une première piste consiste à comparer la
taille de maille à l’évaluation RANS de l’échelle intégrale [1] ou de l’échelle de Kolmogorov [76]. Peu
coûteuse, cette approche peut être intéressante mais est limitée par la précision de la solution RANS. Une
seconde stratégie consiste à baser la mesure de qualité sur une variation systématique de la grille [126,
73]. Dans ce contexte, Celik et al. [29, 28] proposent l’indice de qualité (noté LES_IQ) pour mesurer la
qualité d’une simulation LES. Cette approche permet une mesure rigoureuse des erreurs numériques et
même des erreurs de modélisation, si l’on considère une variation systématique des modèles. Cependant,
elle reste chère car systématique et nécessite des maillages différents mais géométriquement similaires,
ce qui est difficile à obtenir sur des configurations complexes, avec des grilles fortement non-uniformes.
Une dernière stratégie, basée sur un seul calcul LES, apparait comme un compromis intéressant. Plusieurs
définitions ont été proposées. La plus simple d’entre elles consiste à calculer le rapport entre viscosité
de sous-maille et la viscosité moléculaire [29]. L’inconvénient réside dans la valeur objectif à atteindre
qui dépend de l’écoulement [27]. D’autre quantités peuvent être considérées comme le rapport entre la
dissipation modélisée sur la dissipation totale (dissipation modélisée et moléculaire) [78] ou sur des
corrélations en deux points [52]. Enfin, Pope [184] propose de considérer le rapport entre l’énergie
cinétique turbulence modélisée et celle résolue, indiquant qu’un calcul LES bien résolu doit permettre
de résoudre au moins 80 % de l’énergie cinétique turbulence.
Cependant, créer un maillage alliant à la fois qualité et nombre d’éléments le plus faible possible
pour rester économique peut s’avérer difficile. Des études ont déjà montré la faisabilité de l’adaptation
de maillages non-structurés dans des codes éléments finis [93, 4, 58, 86, 94, 102, 101]. Les maillage
obtenus deviennent cependant fortement anisotropes. Pour un code volumes finis, comme l’est YALES2,
le maillage doit rester suffisamment isotrope, afin de ne pas introduire d’erreurs de troncature trop impor-
tantes. Peu d’études ont été menées sur l’adaptation de maillage pour des calculs LES sur configurations
complexes. Hertel et al. [99] ont développé une méthode basée sur des critères physiques (gradients de
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 105

vitesse, viscosité turbulente, énergie cinétique turbulente). L’adaptation a été menée sur une configura-
tion relativement simple de colline périodique ("periodic hill") et seulement avec une méthode de bougé
de points (r-refinement method). Les récents travaux de Falese [66, 67] se révèlent les plus complets. En
effet, il a étudié l’écoulement aérodynamique dans un injecteur swirlé de chambre de combustion aéro-
nautique via des simulations numériques LES sur maillages non-structurés. L’adaptation a été réalisée
au moyen d’une librairie (MMG3D), appelée dans un programme externe au code de calcul LES et de
façon séquentielle.
Dans cette section, une stratégie d’adaptation de maillage en parallèle, intégrée au code YALES2, est
proposée afin d’améliorer la qualité et adapter un maillage en parallèle. L’objectif est ici de trouver un
maillage optimal pour des calculs parallèles LES de géométries complexes. Tout d’abord, sont présentés
deux critères mesurant la qualité de la solution LES basée sur un maillage initial. Une stratégie d’adap-
tation en parallèle de ce maillage initial, basée sur ces critères et la librairie d’adaptation MMG3D, est
ensuite proposée puis appliquée sur le brûleur centimétrique MESO-CORIA.

4.4.1 Critères d’adaptation


Comme expliqué précédemment, l’approche LES résout les grandes structures de la turbulence alors
que les plus petites sont modélisées. Les structures de la turbulence plus petites que la taille de maille
sont prises en compte par le modèle de sous-maille. Ce dernier est dépendant de la taille de filtre, qui cor-
respond à la taille de maille quand un filtrage implicite est utilisé. Quand le maillage permet de résoudre
l’ensemble des échelles de la turbulence, l’influence du modèle de sous-maille devient négligeable et le
calcul LES devient un calcul DNS. En d’autres termes, une dépendance au maillage ne peut plus être
observée. Or, quand la LES est utilisée, la qualité du maillage a une incidence sur le résultat obtenu.
Un champs LES résolu peut être décomposé, par décomposition de Reynolds, entre le champs moyen
(le même que celui résolu avec une approche RANS) et le champs de turbulence résolu. La procédure
d’adaptation de maillage se doit d’assurer une résolution correcte de l’ensemble du champ résolu. A
partir de la décomposition de Reynolds, cela signifie que la procédure d’adaptation doit assurer à la fois
une résolution précise du champs moyen, et résoudre explicitement les grandes échelles de la turbulence.
Deux critères simples sont définis ci-après.

4.4.1.1 Critère sur les gradients moyens Qc1

Un premier critère peut être créé afin d’assurer une bonne résolution de la partie moyenne du champs
résolu par LES. Ce critère est défini afin de minimiser l’erreur de discrétisation des gradients de l’écou-
lement moyen. Un exemple connu de cette contrainte est l’écoulement turbulent proche paroi, où un
maillage fin doit être utilisé dans la direction normale à la paroi pour prédire précisément les forts gra-
dients de vitesse dans cette direction. Ce critère n’est pas spécifique à la LES mais existe aussi avec
l’approche RANS. Dans cette étude, le critère est défini à partir d’une estimation d’erreur déjà proposée
dans des méthodologies d’adaptation de maillage [93, 4, 58].
A partir de cette estimation d’erreur, on peut montrer que l’erreur d’interpolation g ∗ d’une quantité
g dans un espace discret avec une taille de maille ∆ est limitée par une quantité, appelée Qc1 , définie
selon ® 2 ∗ ´
2 ∂ g
Qc1 = ∆ max 2 . (4.15)
i=1,2,3 ∂xi

Dans cette équation, on considère la valeur maximale de la dérivée seconde dans chacune des trois
directions de l’espace. Il faut noter que dans le cas où cette procédure est appliquée à un champ vectoriel
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 106

u à la place d’un champ scalaire, l’Eq. (4.15) est modifiée de la façon suivante :
( 2 ∗ )
∂ u
2 j
Qc1 = ∆ max 2 . (4.16)
i,j=1,2,3 ∂xi

Dans ce cas, le maximum est recherché sur chaque direction de l’opérateur de dérivation mais aussi sur
chaque composante du champ vectoriel.
On définira le premier critère comme la minimisation de Qc1 et son homogénéisation pour mettre
les points là où on a des erreurs, appliquée au champ moyen de vitesse dans le domaine de calcul.
Une interprétation spécifique dans le contexte LES peut être donnée. En considérant la moyenne d’une
composante de vitesse résolue LES hui, ce critère signifie que le filtrage du champs résolu, hui doit être
proche de la moyenne du champ résolu hui, car le champ moyen ne doit pas posséder de contribution de
sous-maille. Un développement en série de Taylor de l’opérateur de filtrage [11] mène à l’expression

∆2 ∂ 2 hui
hui = hui + + O(∆4 ) , (4.17)
24 ∂x2i

ce qui conduit à la minimisation du terme en ∆2 ∂ 2 /∂x2i , défini comme premier critère Qc1 .

4.4.1.2 Critère sur la turbulence Qc2

Un second critère peut être défini afin d’assurer une résolution explicite suffisante des échelles de la
turbulence et garantir la validité de l’approche LES dans l’ensemble du domaine [29]. Pour être valide,
les plus petites échelles résolues doivent être suffisamment éloignées des plus grandes échelles aniso-
tropes. Ces plus petites échelles résolues doivent se trouver dans la zone inertielle, où un comportement
universel du transfert d’énergie est attendu, autorisant une modélisation précise des échelles encore plus
petites (voir section 3.4). En considérant une turbulence pleinement développée avec un spectre classique
de Kolmogorov, on peut montrer que suffisament d’échelles sont résolues si plus de 80% de l’énergie
cinétique turbulente totale est explicitement résolue [184]. Le second critère Qc2 peut alors être défini
comme [165] :
Esgs
Qc2 = ≤ 0.2 , (4.18)
Esgs + ER
avec Esgs l’énergie cinétique turbulente de sous-maille et ER = 12 hu′i u′i i l’énergie cinétique turbulente
résolue. L’énergie cinétique turbulente modélisée n’est pas explicitement connue dans un contexte LES,
mais elle peut être évaluée à l’aide de la viscosité de sous-maille νt donnée par le modèle, selon
Å ã2
νt
Esgs =C , (4.19)

avec la constante C ≈ 100 [184, 237]. La viscosité turbulente est connue et varie selon la taille de filtre
avec une loi en puissance 4/3 [133]. Cela permet de prédire une nouvelle taille de maille ∆a à partir de
la taille de maille initiale ∆i en respectant le second critère Qc2 :
Ç å3/2
0.2
∆ a = ∆i , (4.20)
Qc2,i

où Qc2,i est la valeur du second critère sur le maillage initiale.


On peut noter ici que le critère Qc1 est relatif alors que Qc2 est absolu. Ce dernier impose un taille
de maille locale afin de répondre à sa contrainte, ce que ne fait pas Qc1 .
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 107

F IGURE 4.25: DNS du jet plan turbulent : coupe cen-


F IGURE 4.24: Schéma de la configuration jet trale colorée par la norme de la vorticité.
plan turbulent.

4.4.2 Evaluation des critères


4.4.2.1 Application à un cas 3D de jet plan turbulent

Les critères ont été calculés sur une configuration académique 3D simple : un jet plan turbulent,
similaire à la configuration étudiée par Silva et Métais [50]. Cette application consiste en un jet entrant
dans un écoulement co-courant (voir Fig. 4.24) avec une vitesse d’entrée approxichée par un profil en
tangente hyperbolique [212] :
Ç Ç åå
Uj + Uc Uj + Uc h 2|y|
Ux (x = 0, y, z) = + tanh 1− , (4.21)
2 2 4θ h

où h est la hauteur du jet, Uj = 1.091 est la vitesse centrale du jet, Uc = 0.091 la vitesse du co-courant,
et θ l’épaisseur de la quantité de mouvement fixée à h/30. Les vitesses moyennes dans les directions y
et z sont imposées à zéro. La taille du domaine de calcul est de 12.4h × 12h × 2.9h dans les directions
axiale, verticale et transverse. Les conditions aux limites sont imposées comme parois glissantes dans la
direction y et périodiques dans la direction z. Dans ce type de jet, on observe des tourbillons de Kelvin-
Helmholtz se former dans la région initiale du jet [90]. Ensuite, en fonction du nombre de Reynolds de
l’écoulement, ces structures cohérentes donnent naissance à une turbulence pleinement développée.
Dans cette étude, le nombre de Reynolds est imposé à Re = ∆U h/ν = 3000, avec ∆U = Uj − Uc .
Un calcul DNS a d’abord été réalisé afin d’obtenir une solution de référence. Le maillage est composé de
49.3 millions de tétraèdres avec une taille de maille globalement uniforme, ∆x = 0.04h, comme dans
Silva et Métais [50]. La Fig. 4.25 montre la dynamique du jet à travers la norme de la vorticité |→ −
ω| =


|∇ × u |. On peut identifier des instabilités de Kelvin-Helmholtz se développer au pied du jet. Ensuite,
une seconde instabilité grandit, menant alors le jet à une turbulence développée. Cette configuration de jet
plan turbulent se prête naturellement à l’évaluation des critères présentés précédemment car elle présente
de forts gradients de vitesses ainsi qu’une zone de l’écoulement très turbulent.
Un premier calcul LES a été réalisé avec les mêmes paramètres numériques mais avec un maillage
grossier composé de seulement 1.7 millions de tétraèdres, avec une taille de maillage allant de 0.04h à
l’entrée du domaine jusqu’à 0.8h à la sortie. Le modèle Smagorinsky dynamique [77, 135] a été utilisé
pour modéliser la turbulence de sous-maille. Les critères Qc1 et Qc2 sont calculés et les champs sur
un plan de coupe central sont montrés Fig. 4.26. Au début de l’écoulement, les fortes valeurs de Qc1
montrent que la contrainte majeure sur le maillage est due à la couche de cisaillement entre le jet et le
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 108

F IGURE 4.26: Plan central coloré par Qc1 (gauche) et Qc2 (droite) afin d’évaluer la qualité du maillage
LES initial.

F IGURE 4.27: Coupe centrale colorée par Qc1 (gauche) et Qc2 (droite) avec le second maillage LES,
adapté depuis le maillage LES initial.

co-courant, où les gradients de vitesse moyenne sont élevés. En aval de l’écoulement, les échelles de
la turbulence se développent selon le scénario de transition classique dans une couche de cisaillement
libre : Qc2 augmente d’abord dans cette couche de cisaillement puis ensuite dans tout le jet turbulent,
après la fin du cœur potentiel.
Un second calcul LES est réalisé en utilisant un maillage adapté suivant les critères Qc1 et Qc2 ,
composé de 3.4 millions d’éléments. La taille de maille varie de 0.04h à 0.3h. Ce nouveau maillage
permet de minimiser Qc1 et respecter Qc2 < 0.2 comme montré par la Fig. 4.27. L’influence du maillage
sur les statistiques de vitesse est montré par la Fig. 4.28. La Fig. 4.28 (a) compare les profils de vitesse
axiale moyenne pris à différents plans suivant l’axe x. Le calcul LES initial montre quelques désaccords
avec les résultats DNS dans la zone de cisaillement du fait d’une discrétisation insuffisante des gradients
moyens de vitesse. Le second calcul LES corrige cet effet et donne un meilleur accord avec la DNS.
Les différences entre les résultats DNS et le premier calcul LES sont plus prononcées sur les quantités
RMS, représentées par la Fig. 4.28 (b)-(d). Ici, le manque de résolution des échelles de la turbulence sur
le calcul LES est clairement observé. Le maillage LES adapté permet de mieux capter la turbulence de
l’écoulement et mène à un meilleur accord à la DNS. Il est important de noter qu’un accord exact des
RMS entre résultats DNS et LES ne peut être attendu, car une part du champ turbulent n’est pas résolu
en LES.
Ce premier cas simple a permis de démontrer la pertinence de la stratégie d’adaptation de maillage
basée sur des critères objectifs pour une configuration dont l’écoulement évolue vers un état pleinement
turbulent.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 109

0,2
1

0,8 0,15

1/2
<U' xU' x >
<Ux>

0,6
0,1
0,4
0,05
0,2

0 0
0 0,5 1 1,5 2 0 1 2 3
y/H y/H

(a) (b)
0,2 0,2

0,15 0,15
1/2
1/2
<U' xU' x >

<U' xU' x >

0,1 0,1

0,05 0,05

0 0
0 1 2 3 0 1 2 3
y/H y/H

(c) (d)

F IGURE 4.28: Comparaison des statistiques sur le jet plan turbulent : DNS (—), LES initiale (· · · ) et
seconde LES (− −). Profils de vitesse moyenne sur trois coupes : à x/h = 4, 8 et 12 (a) et profils de
vitesse RMS à x/h = 4 (b), 8 (c) et 12 (d).

4.4.2.2 Application à un cas test 3D d’écoulement turbulent dans une conduite.

Ce second cas test traite d’un écoulement turbulent dans une conduite, avec paroi non-glissante. La
configuration est similaire au calcul DNS de Wu et Moin [233] réalisé sur maillage structuré composé
de 67.7 millions d’éléments. Une condition périodique est utilisée entre l’entrée et la sortie du domaine,
avec un terme de forçage afin d’assurer un débit constant. Le nombre de Reynolds basé sur la vitesse
moyenne de l’écoulement et le diamètre 2R de la conduite est 5300. Un calcul LES initial est réalisé
avec une grille de 1.1 millions de tétraèdres dont la taille des arêtes augmente de 0.08R à la paroi
jusqu’à 0.15R au centre de la conduite. Les profils radiaux des quantités Qc1 et Qc2 sont montrés sur
la Fig. 4.29. La valeur de ces deux critères est importante à la paroi, montrant qu’un raffinement de
maillage est nécessaire dans cette zone. C’est une caractéristique connue des écoulements confinés, où
la première maille à la paroi doit avoir une taille approchant une distance à la paroi adimensionnée de
l’ordre de 1 [184]. Pour ce premier calcul LES, cette distance y + vaut environ 10. Un maillage LES
adapté a été construit à partir de cette analyse. Il est composé de 23 millions d’éléments, hexaédriques en
proche-paroi puis tétraédriques au centre de la conduite. La taille de maille augmente de 0.008R à 0.12R.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 110

0,5
0,8
0,4
0,6
0,3
Qc1

Qc2
0,4
0,2

0,1 0,2

0 0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
1-r/R 1-r/R

(a) (b)

F IGURE 4.29: Profils des critères Qc1 (a) et Qc2 (b) sur le maillage LES initial (· · · ) et pour le maillage
LES adapté (− −) sur le cas test d’écoulement turbulent dans une conduite.

Ce nouveau maillage LES permet de respecter les critères Qc1 et Qc2 , comme montré par la Fig. 4.29. La

1,5 0,2

0,15
1
u', v', w'
<u>

0,1

0,5
0,05

0 0
0,01 0,1 1 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
1-r/R 1-r/R

(a) (b)

F IGURE 4.30: Profils de vitesse moyenne (a) et RMS (b) sur le cas test d’écoulement turbulent dans une
conduite : DNS (—), LES initiale (· · · ) et seconde LES (− −).

Fig. 4.30 montre l’influence du maillage sur des quantités statistiques, comparées aux résultats DNS de
Wu et Moin [233]. Comme attendu, le maillage LES initial est trop grossier pour permettre un bon accord
avec la DNS. Cela est dû à une discrétisation insuffisante des gradients de vitesse moyenne en proche
paroi. De plus les valeurs RMS sont fortement sous-estimées et les pics de fluctuations sont décalés vers
le cœur de la conduite. Le calcul LES sur le maillage adapté améliore ce comportement. Un très bon
accord est trouvé sur les profils de vitesse moyenne et les positions des pics de RMS sont mieux prédits.
Comme déjà observé précédemment, la prédiction des RMS avec un calcul LES est obligatoirement
sous-estimée en comparaison à un résultat DNS car la fluctuation de sous-maille n’est pas connue en
LES.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 111

(a) (b)

F IGURE 4.31: Critères Qc1 et Qc2 obtenus à partir des calculs sur maillage M1 de la configuration
non-réactive MESO-CORIA.

4.4.2.3 Application des critères au brûleur centimétrique MESO-CORIA

Les critères ont ensuite été calculés sur la configuration du brûleur centimétrique MESO-CORIA.
Les résultats statistiques issus du calcul avec le maillage M1, d’environ 4 millions d’éléments, ont été
utilisés afin de calculer ces critères. La Fig. 4.31 montre les critères obtenus dans le plan d’injection. Le
critère Qc1 montre une grande disparité dans la description des gradients de vitesse moyenne. La zone
d’injection ansi que la zone de jet manque de résolution pour les gradients, de même que la région en
proche paroi. En revanche, la zone centrale plus calme montre une bien meilleure résolution. Le critère
Qc2 indique que l’énergie cinétique turbulence est quasiment modélisée dans la zone de jet (Qc2 = 1).
Dans la zone d’impact du jet, Qc2 vaut environ 0.5, ce qui reste élevé. Dans le reste du domaine, Qc2 est
inférieur ou égal à 0.25, valeur proche de la recommandation de Pope [184] de 0.2.
Cette analyse montre la nécessité d’adapter le maillage M1 afin d’obtenir de meilleurs résultats sur
les critères.

4.4.3 Méthodologie d’adaptation en parallèle sur configuration complexe


Avoir un maillage correct pour étudier de façon précise l’écoulement fluide est obligatoire. Dans le
cas de configurations simples, il est aisé de construire une grille en plaçant une forte densité de maille
dans les zones d’intérêt et une densité plus faible en dehors de ces zones. Cette construction peut se faire
facilement, de façon non automatique, à l’aide de logiciels de maillage.
Sur des configurations complexes, ce travail peut aussi être effectué mais il nécessite beaucoup de
temps et d’expérience. De plus, on ne connait pas la solution a priori donc aucun critère n’assure une
résolution suffisante pour capter correctement tous les phénomènes physiques. Pour éviter ces inconvé-
nients, l’utilisateur peut augmenter a priori la densité de la grille. Cela provoque un nombre d’éléments
plus important que nécessaire et le coût de calcul s’en trouve affecté.
On se propose ici de développer une méthodologie d’adaptation de maillage en parallèle. Différentes
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 112

stratégies d’adaptation en parallèle existent dans la littérature [26, 44, 39, 56] mais elles ne remplissent
pas l’ensemble des contraintes désirées. L’objectif est ici de produire des maillages répondant à des
critères de qualité et de quantité (nombre d’éléments total). Cette méthode doit être capable de gérer des
maillages 3D sur géométries complexes et pouvant contenir plusieurs millions d’éléments. L’algorithme
doit fonctionner en parallèle afin de diminuer le temps d’adaptation et être capable de fonctionner sur les
supercalculateurs. Dans cet objectif, la librairie de remaillage MMG3D est utilisée.

4.4.3.1 Librairie d’adaptation MMG3D

MMG3D est un remailleur tétraédrique entièrement automatique [55, 51]. Il est développé à l’INRIA
par Cécile Dobrzynski et Pascal Frey depuis 2010. La version 4.0 (celle utilisée au cours de ces travaux)
est distribuée sour licence GNU (General Public License) et est disponible sur https://gforge.
inria.fr/frs/?group_id=4307 2 . Entièrement codée en language C, la version 4.0 comporte
environ 55000 lignes de code source et doit être couplée à la librairie de partitionnement SCOTCH [36].
Partant d’un maillage composé de tétraèdres, cette librairie le modifie de façon itérative en respectant
un tenseur de métrique. Ce tenseur prescrit une taille et une direction pour les arêtes du maillage, ce qui
implique que le maillage résultant peut être anisotrope. Le code est basé sur des modifications locales du
maillage. L’algorithme d’adaptation est décomposé en deux parties :
1. la longueur des arêtes est analysée par rapport à la métrique demandée : les plus longues sont
coupées, les plus courtes supprimées, et une version anisotrope du noyau de Delaunay est implé-
mentée pour insérer les points dans le maillage,
2. quand la densité de maillage est en accord avec la prescription, une phase d’optimisation effectue
des opérations d’échanges d’arêtes (edge swapping) et de relocalisation de points.
De plus, MMG3D permet de traiter des problèmes de déplacement de corps : quand un déplacement
est prescrit sur une partie de la frontière, le maillage final généré sera tel que les points de la surface
auront bougé en accord avec ce déplacement. Cette fonctionnalité permet ainsi d’avoir un maillage avec
un corps rigide se déplaçant dans le domaine. Cependant, celle-ci ne sera pas exploitée dans cette thèse.

4.4.3.2 Couplage parallèle avec YALES2

La version de MMG3D utilisée permet d’adapter un maillage donné à partir d’une métrique. Néan-
moins, cette librairie est séquentielle et elle ne permet pas d’adapter les frontières du domaine. Une
stratégie d’adaptation parallèle a été mise en place, couplée au solveur YALES2.
Afin d’illustrer la problématique posée par ce couplage, on se propose d’adapter sur quatre proces-
seurs le maillage de la Fig. 4.32 (a) avec la métrique objectif de la Fig. 4.32 (b). L’adaptation effectuée
par MMG3D donne le résultat proposé sur la Fig. 4.32 (c). La librairie MMG3D adapte le domaine
partitionné sur chaque processeur mais ne touche pas aux nœuds des bords du domaine. Des cellules se
retrouvent déformées à certains endroits du domaine, encadrés par les carrés noirs. Ces éléments sont
situés aux interfaces entre processeur.
L’idée générale de l’adaptation en parallèle consiste en la répétition d’étapes d’adaptation (calcul
séquentiel sur chaque processeur) en modifiant les frontières du domaine entre chaque itération. Ainsi,
des nœuds se situant sur une frontière à une itération, se retrouvent au centre du domaine sur l’itération
suivante. En quelques étapes, la métrique sera appliquée sur l’ensemble des nœuds du maillage. Par
2. Un dépôt Github est aussi mis à disposition pour le développement de la version 5.0 : https://github.com/
MmgTools/mmg.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 113

(a) (b)

(c)

F IGURE 4.32: Exemple d’adaptation en parallèle d’un maillage avec un seul appel à la librairie d’adap-
tation : maillage initial, métrique imposée et maillage final (de gauche à droite).

Parallel partition with weights Cell-group graph adaptation Migration of the cell groups to
equal to the proc color with ParMetis 4.x the other procs

F IGURE 4.33: Répartition dynamique de charge avec la librairie ParMetis 4.

expérience, ce nombre d’étapes est d’environ trois pour que chaque nœud soit traité. Cette modification
de la frontière nécessite l’échange d’éléments entre processeurs à la volée, autrement appelé répartition
dynamique de charge (parallel load balancing en anglais).
Plutôt que d’envoyer de processeur à processeur des nœuds indépendants, il a été choisi de tirer parti
de la double décomposition de maillage utilisée dans YALES2. Ce sont les groupes d’éléments qui sont
échangés afin de bien répartir la charge. La version 4 de ParMetis [197, 117] a été utilisée afin de faire
ces échanges à la volée. Un exemple de cette stratégie est donnée par la figure 4.33. Le maillage initial
est réparti sur 8 processeurs et un poids (équivalent à une charge) différent est donné à chaque partie de
maillage, égal au numéro du processeur (image de gauche) : de 1 (faible charge, en bleu) à 8 (charge
élevée, en rouge). La librairie de partitionnement ParMetis est appelée et propose un nouveau découpage
du maillage (image au centre). Les groupes d’éléments dont la couleur de processeur a changé sont alors
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 114

migrés vers leur processeur de destination. Le résultat obtenu est la figure de droite : le processeur 1 (en
bleu) a beaucoup d’éléments à faible charge et le processeur 8 (en rouge) a peu d’éléments mais avec un
poids élevé.
C’est exactement ce processus qui est employé afin de déplacer les frontières du maillage sur les pro-
cesseurs. Après une première étape d’adaptation, un poids élevé est imposé sur les nœuds de la frontière
et un poids faible est donné aux autres nœuds. Le nouveau partitionnement proposé par ParMetis permet
alors aux nœuds de la frontière de se retrouver au centre d’un processeur après migration des groupes
d’éléments. La librairie ParMetis sert donc ici à deux choses : déplacer l’interface entre chaque étape
d’adaptation et homogénéiser le nombre d’éléments par processeur, c’est-à-dire équilibrer la charge de
calcul.
La Fig. 4.34 présente l’algorithme utilisé pour l’adaptation parallèle de maillage. A partir d’un
maillage initial et d’une solution donnée, une métrique (champ de taille de maille du maillage objec-
tif) est défini à partir des critères présentés dans la section précédente. Ensuite, sur chaque processeur
les groupes d’éléments sont fusionnés afin d’appeler la librairie d’adaptation MMG3D. Cette dernière
adapte le maillage sans toucher aux frontières. Le maillage est alors redécoupé en groupes d’éléments, la
connectivité du bord du domaine est reconstruite et les données sont interpolées du premier maillage sur
le second. L’appel à ParMetis est effectué puis les groupes d’éléments sont transférés de leur processeur
d’origine vers leur processeur de destination. Le processus d’adaptation est répété trois fois afin de traiter
tout le domaine. Cette valeur a été obtenue par expériences numériques. Enfin le reste de la connectivité
est assurée et le maillage adapté est obtenu avec la solution de départ interpolée.
Pour finir, une étape d’optimisation de maillage est réalisée afin de récupérer un maillage de meilleure
qualité globale. Pour cela, les outils d’optimisation de maillage de MMG3D (jusqu’à maintenant désac-
tivés) sont appliqués sur le maillage adapté. Ce dernier maillage obtenu peut même être de meilleure
qualité que le maillage initial. Le résultat final de l’algorithme est donc un maillage adapté et optimisé
avec la solution fournie au départ interpolée sur ce maillage.
Un exemple d’adaptation en parallèle et utilisant l’algorithme présenté est donné Fig. 4.35. On repro-
duit ici l’exemple de la Fig. 4.32 : adaptation d’un maillage initial dont la taille de maille est homogène
avec une métrique donnée. Après trois étapes d’adaptation successives, le maillage répond parfaitement
à la contrainte posée par la métrique et le nombre d’éléments sur chaque processeur est équivalent.
Il est important de noter que les frontières du domaine (les nœuds composant les conditions aux li-
mites) de calcul ne peuvent pas être adaptés. En effet, les éléments aux bords ne peuvent pas être déplacés
au centre d’un groupe d’éléments et la libraire d’adaptation MMG3D ne touche pas à ces éléments.

4.4.3.3 Contrôle du nombre d’éléments avec le critère Qc1

Le second critère Qc2 basé sur la résolution de l’énergie cinétique turbulente est totalement déter-
miné, avec aucun paramètre ajustable : il donne directement la taille de maille locale nécessaire afin de
répondre au critère. Au contraire, le premier critère Qc1 basé sur l’erreur d’interpolation des champs
moyens a un degré de liberté intrinsèque, qui est le niveau de l’erreur. Dans des calculs LES classiques,
cette erreur doit être homogène dans l’ensemble du domaine de calcul pour garantir une bonne réparti-
tion des cellules. Afin de conserver un nombre d’éléments acceptable, il est obligatoire de proposer une
stratégie d’adaptation basée sur le premier critère qui permette le contrôle du nombre d’éléments.
En supposant un maillage isotrope avec une taille de maille locale ∆, le nombre de cellules dans un
volume V peut être défini comme le produit entre la densité locale de maille ρ et le volume lui-même. Si
le volume d’une cellule est approximativement γ∆3 , où γ est une constante, le nombre d’éléments dans
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 115

F IGURE 4.34: Algorithme d’adaptation parallèle avec couplage MMG3D-YALES2.

F IGURE 4.35: Exemple d’adaptation en parallèle d’un maillage en parallèle : étapes d’adaptation de 1 à
3 (de gauche à droite).
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 116

#  # 
un petit volume V vaut environ V / γ∆3 . La densité locale de nombre d’éléments est ρ = 1/ γ∆3 .
Le nombre total de cellules Ni d’un domaine de calcul initial D peut être mesuré par l’intégrale de
la densité locale de nombre d’éléments sur le domaine :
Z
Ni = ρi dV . (4.22)
D
En définissant un taux de raffinement local τ comme le rapport entre les tailles de maille des maillages
initial et adapté τ = ∆i /∆a , l’équation précédente permet d’estimer le nombre d’éléments du maillage
adapté à partir de la densité initiale ρi :
Z Z
Na = ρa dV = τ 3 ρi dV . (4.23)
D D
En utilisant (4.23) et (4.22), on obtient le rapport du nombre d’éléments entre les deux maillages :
ÅZ ã ÅZ ã−1
Na
= τ 3 ρi dV ρi dV , (4.24)
Ni D D
ÇZ å ÇZ å−1
τ3 1
= dV dV . (4.25)
D ∆3i D ∆3i
En considérant le premier critère d’adaptation, dont le but est » d’homogénéiser les erreurs sur les
champs moyens, le taux de raffinement local peut s’écrire τ = Qc1,i /Qc1,a où Qc1,i et Qc1,a sont
les évaluations des erreurs d’interpolations sur les maillages initial et adapté, respectivement. A partir de
l’Eq. (4.15), le rapport de nombre d’éléments s’écrit
Ñ éÇ å−1
Z 3/2 Z
Na Qc1,i 1
= dV dV . (4.26)
Ni D ∆3i Qc1,a
3/2
D ∆3i

L’homogénéité de l’erreur d’interpolation est obtenue quand Qc1,a est constant dans le domaine de
calcul pour une variation du nombre d’élément Na /Ni donnée. L’équation précédente permet de trouver
la valeur de cette constante, illustrée par la Fig. 4.36 :
Ñ é2/3 Ç å−2/3
Å ã−2/3 Z
Qc1,i
3/2 Z
Na 1
Qc1,a = dV dV . (4.27)
Ni D ∆3i D ∆3i

Pour résumer, l’homogénéisation de l’erreur d’interpolation sur le domaine de calcul avec contrôle
du nombre d’éléments total peut être réalisée en quatre étapes :
1. Evaluation du critère Qc1,i à partir de l’équation (4.15),
2. Calcul de Qc1,a pour un ratio de nombre» d’éléments Na /Ni donné avec l’équation (4.27),
3. Calcul du taux de raffinement local τ = Qc1,i /Qc1,a ,
4. Modification du taux de raffinement local par des contraintes additionnelles : taille de maille
minimum ou maximum, limitation du gradient de taille de maille...
5. Adaptation du maillage.
L’étape 4 est une procédure itérative. En effet, imposer une taille de maille minimale ou maximale ou
bien limiter le gradient de taille de maille sont des contraintes locales, le contrôle du nombre d’éléments
du maillage final est une contrainte globale. Le taux de raffinement doit être ajusté sur l’ensemble du
domaine afin de satisfaire toutes les contraintes. Par conséquent, un coefficient α obtenu à partir de
l’Eq. 4.28 est introduit et déterminé itérativement :
Å ã−1 ÇZ å ÇZ å−1
Na τ3 1
α= dV dV . (4.28)
Ni D ∆3i D ∆3i
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 117

Qc1,i

Qc1,a Na /Ni

 1/2
Qc1,i
τ0 = Qc1,a

τn+1 τn α1/3

Qc1

F IGURE 4.36: Procédure de calcul de la métrique basée sur Qc1 avec contrôle du nombre d’éléments.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 118

M1 MREF A1 A2
Nombre d’éléments 4 483 330 273 751 808 4 335 692 14 808 033
Nombre de nœuds 779 388 47 985 812 757 779 2 504 555
Taille de maille moyenne [µm] 94 24 95 64

TABLE 4.4: Caractéristiques des maillages étudiés.

Le coefficient α est relié au taux de raffinement effectif τn+1 comme α = (τn /τn+1 )3 . La procédure
itérative permet au coefficient α de converger cers l’unité. Une tolérance de l’erreur de 1 % sur le nombre
d’éléments est imposé dans ces travaux.

4.4.4 Application sur le brûleur centimétrique


4.4.4.1 Stratégie d’adaptation

Pour l’adaptation du maillage du brûleur MESO-CORIA, la stratégie suivante est proposée. L’objectif
est d’obtenir un maillage optimal pour les calculs LES, en respectant chaque critère d’adaptation avec un
nombre minimal de cellules. La stratégie d’adaptation peut être résumée comme ceci :
- Plusieurs étapes d’adaptation du maillage avec uniquement le critère Qc1 et un nombre d’élé-
ments constant (Na /Ni = 1),
- Le maillage convergé obtenu est adapté avec le critère Qc2 , sans restriction sur le nombre d’élé-
ments, en limitant le taux de raffinement local maximum à 1. Ainsi, cette étape ne raffine que
dans les zones indiquées par Qc2 , laissant le reste du maillage inchangé.
Cette stratégie garantit d’avoir suffisamment de cellules à la fois dans les zones où les gradients moyens
sont importants et également dans les zones où l’énergie cinétique turbulente est importante. Si l’ordre
inverse était adopté, le niveau de résolution de l’énergie cinétique turbulente ne pourrait pas être garanti.
Plusieurs étapes d’adaptation avec le critère Qc1 sont nécessaires car la modification du maillage
engendre une modification de l’écoulement moyen. C’est pourquoi, entre chacune de ces étapes, un
nouveau calcul LES est réalisé avec le maillage adapté et les statistiques sont ré-initialisées. Le temps
physique de calcul est de 200 ms, soit six temps de passage évalué comme le rapport du volume du
domaine sur le débit volumique. La métrique est limitée entre 20 et 500 µm afin d’éviter les éléments
trop petits ou trop grands. L’ensemble de la procédure d’adaptation est illustrée par la Fig. 4.37.

4.4.4.2 Résultats de l’adaptation de maillage

La stratégie d’adaptation a été menée à partir du maillage M1 (voir section 4.3.1), de 4.3 millions
d’éléments. Le même point de fonctionnement que dans la section 4.1 a été calculé et le modèle de sous-
maille WALE a été choisi car montrant de meilleurs résultats. Les résultats obtenus seront toujours à
comparer aux résultats obtenus avec le maillage de référence MREF.
Le processus d’adaptation basé seulement sur le critère Qc1 a donné naissance au maillage adapté
appelé A1. Ce maillage comporte presque autant d’éléments que le maillage M1 (Tab. 4.4). Le maillage
obtenu ensuite en appliquant le critère Qc2 est appelé A2. Ce maillage comporte 14.8 millions d’élé-
ments, soit trois fois plus que M1 mais 18 fois moins que le maillage MREF.
La Fig. 4.38 présente la distribution de la taille de maille dans le domaine pour chaque maillage.
Le maillage M1 présente une distribution homogène centrée autour de 94 µm. Le maillage présente la
même distribution que M1 mais centrée à une valeur quatre fois inférieure, soit 24 µm, car MREF est
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 119

F IGURE 4.37: Procédure globale d’adaptation de maillage à partir des critères Qc1 et Qc2 .
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 120

12
M1
MREF
A1
10 A2

8
Distribution

0
10 50 100 500
∆x [µm]

F IGURE 4.38: Distribution de taille de maille des grilles M1, MREF, A1 et A2.

(a) (b) (c)

F IGURE 4.39: Comparaison des maillages M1 (a), A1 (b) et A2 (c) sur le plan d’injection.

issu d’un double raffinement automatique de maillage à partir de M1. Les maillages A1 et A2 présentent
une distribution de taille de maille beaucoup plus hétérogène comprise entre 20 et 500 µm, les limites de
taille de maille données en contraintes pendant le processus d’adaptation.
Cette distribution hétérogène est observable sur le plan d’injection montré par la Fig. 4.39. Comparé
à la grille M1, le maillage A1 a surtout ajouté des nœuds dans le tube d’injection d’air, au pied du jet
entrant dans la chambre (début de la couche de cisaillement) et près des parois. Ces zones correspondent
aux endroits où les gradients moyens de vitesse sont les plus forts. Dans le reste du domaine, le processus
d’adaptation a déraffiné le maillage. Le maillage A2 présente un maillage globalement plus fin que A1,
du fait de son plus grand nombre d’éléments. La zone de jet montre une plus forte densité de maille que
A1 car c’est là où la turbulence y est la plus développée.
La Fig. 4.40 montre les champs de vitesses moyenne obtenus avec les maillages adaptés. De façon
qualitative, ces champs ressemblent très fortement au résultat DNS de référence (Fig. 4.17) aussi bien
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 121

F IGURE 4.40: Champs de vitesse moyenne (haut) et RMS (bas) sur les maillages A1 (gauche) et A2
(droite).

avec A1 qu’avec A2. Ces maillages montrent une forte amélioration des résultats, comparés à M1. Les
champs de vitesse RMS de la Fig. 4.40 montrent une amélioration considérable des résultats par rapport
à M1 et semblent très similaires à MREF (voir Fig. 4.8). A1 et A2 présentent de fortes valeurs de vitesse
RMS au pied du jet dans la zone de cisaillement et dans le tube d’injection d’air, après le coude. On
peut cependant noter une différence à l’impact du jet d’air sur la paroi en les maillages A1 et A2 : des
vitesse RMS plus faibles sont observées pour A1. La trop faible résolution du maillage dans cette zone
turbulente peut expliquer ce phénomène.
Des profils de vitesse sont comparés suivant quatre lignes dans le domaine de calcul montrés par
la Fig. 4.41. Les lignes 1 et 2 se situent dans le plan d’injection, la ligne 3 au milieu du domaine et la
ligne 4 dans le plan de sortie. La Fig. 4.42 montre les profils de vitesse moyenne et RMS sur ces quatre
lignes. Sur les lignes 1 et 2, on constate de fortes différences dans la prise en compte du jet entre M1
et la référence MREF. Les maillages adaptés ont fortement amélioré la modélisation du jet et les profils
de vitesse moyenne sont très proches du calcul DNS. Afin de mesurer de façon plus quantitative les
différences à la référence, le Tab. 4.5 réunit les erreurs relatives de norme L2. Ainsi l’erreur passe de
60% et 30%, pour les lignes 1 et 2 respectivement, à moins de 5% sur les maillages adaptés, le maillage
A2 montrant une erreur légèrement meilleure que A1. Un constat similaire peut être fait sur les vitesses
moyennes des lignes 3 et 4 : A2 montre le résultat le plus proche de la référence, A1 est sensiblement
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 122

F IGURE 4.41: Visualisation des quatre lignes étudiées.

Lignes M1 A1 A2
1 60.1 5.4 4.5
2 30.0 4.7 3.4
3 13.6 7.3 4.0
4 18.4 14.7 6.5

TABLE 4.5: Erreur relative de norme L2 sur les profils de vitesse moyenne sur 4 lignes dans les différents
maillages (en %).

moins bon et M1 montre de larges différences. Sur les profils de fluctuations de vitesse, la grille A2 se
montre aussi la meilleure, toujours très proche du résultat DNS. En revanche, sur les lignes 3 et 4, la
grille A1 montre de plus mauvais profils de vitesse RMS que le maillage M1. Le très fort déraffinement
induit par le processus d’adaptation en dehors de la zone d’injection peut expliquer cet effet.
La Fig. 4.43 montre les critères d’adaptation sur les grilles A1 et A2 dans le plan d’injection. Sur le
maillage A1, le champ de critère Qc1 montre une très bonne homogénéité, comme attendu, en dehors
des zones proche-paroi où le maillage n’a pas été adapté. Quelques zones isolées montrent des valeurs un
peu plus élevées de l’erreur d’interpolation. Cela est dû à la restriction sur la taille de maille minimale :
le critère Qc1 cherche à imposer ici des mailles plus petites que 20 µm qui est la contrainte de taille
minimale. Le maillage A1 montre en revanche de très larges zones où le critère Qc2 est supérieur à
0.2. La modélisation de l’énergie cinétique turbulente y est importante car la taille de maille locale est
élevée. La grille A2 montre une erreur d’interpolation Qc1 au moins inférieure à celle trouvée sur A1. Au
centre du domaine, l’erreur y est même bien plus faible que dans le jet grâce à une densité de maille plus
importante. De plus, le critère Qc2 montre une bien meilleure résolution de l’énergie cinétique turbulente
dans tout le domaine. La valeur du critère Qc2 n’excède pas 0.25 sauf dans les tubes d’entrées mais ces
zones montrent une très faible énergie cinétique donc l’apport du modèle de sous-maille est négligeable.

4.4.4.3 Performances

L’adaptation de maillage a été effectuée sur une station de travail locale, sur 8 processeurs. Le temps
d’adaptation est de quelques minutes depuis le maillage initial jusqu’au maillage optimisé. Il va de soi
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 123

50 14
M1 M1
45 MREF MREF
A1 12 A1
40 A2 A2

< u’u’ >1/2 [m.s−1 ]


35 10
< u > [m.s−1 ]

30
8
25
6
20

15 4
10
2
5

0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
x [mm] x [mm]
45 14

40
12
35

< u’u’ >1/2 [m.s−1 ]


10
30
< u > [m.s−1 ]

25 8

20 6
15
4
10
2
5

0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
x [mm] x [mm]
8 2.5

7
2
6
< u’u’ >1/2 [m.s−1 ]
< u > [m.s−1 ]

5
1.5

1
3

2
0.5
1

0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
x [mm] x [mm]
8 2.5

7
2
6
< u’u’ >1/2 [m.s−1 ]
< u > [m.s−1 ]

5
1.5

1
3

2
0.5
1

0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
x [mm] x [mm]

F IGURE 4.42: Profils de vitesse moyenne (gauche) et RMS (droite) suivant les lignes 1, 2, 3 et 4 (de haut
en bas).
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 124

F IGURE 4.43: Champs de critères Qc1 (haut) et Qc2 (bas) sur le plan d’injection des maillages A1
(gauche) et A2 (droite).
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 125

M1 MREF A1 A2
Coût CPU normalisé 1.0 358.5 16.0 92.9

TABLE 4.6: Temps de calcul normalisé pour chaque maillage étudié.

qu’augmenter le nombre de cœurs permet de réduire le temps nécessaire à l’adaptation. Cependant,


aucune étude de scaling n’a été réalisée. De même, si la métrique objectif est proche de la métrique
initiale, la librairie MMG3D produira d’autant plus rapidement le nouveau maillage.
Le temps CPU nécessaire pour réaliser chaque calcul LES est résumé dans le tableau 4.6. Ce temps
est normalisée par le coût CPU du calcul sur le maillage M1, qui est de 6.7 heures sur 128 processeurs
Intel Nehalem. Les calculs sur maillages adaptés A1 et A2 sont respectivement 16 et 93 fois plus chers
que celui avec M1 mais restent 22 et 4 fois moins chers qu’avec le maillage DNS MREF. Bien que A1
montre un nombre de maille similaire à M1, il contient une taille de maille minimale bien plus faible que
la plus petite maille de la grille M1. Le pas de temps du solveur fluide en est sensiblement affecté.

4.4.5 Perspectives
Ce travail a montré qu’une stratégie d’adaptation de maillage en parallèle montrait des résultats très
prometteurs. Cependant, certaines limites ont été observées et demandent à être approfondies.
En premier lieu, les limitations intrinsèques de la librairie d’adaptation MMG3D ne permettent pas
d’adapter les surfaces. Dès lors, les bords du domaine ne peuvent être modifiées. Cela empêche d’amé-
liorer le maillage en proche paroi alors que ce serait nécessaire. Cette limitation pourra normalement être
levée avec la nouvelle version 5.0 de MMG3D qui devrait autoriser l’adaptation de surface. L’adaptation
de maillage dans des configurations 2D sera donc aussi possible.
Aujourd’hui, l’adaptation de maillage est réalisable pour des maillages composés de tétraèdres uni-
quement. Le développement de l’adaptation pour des maillages composés d’hexaèdres ou pour des
maillages hybrides peut constituer une perspective intéressante.
Une autre limitation soulevée par cette étude est le temps de retour important. La diminution de la
taille de la plus petite maille engendre un forte diminution du pas de temps. Il devient alors nécessaire de
réaliser un nombre d’itérations plus important pour effectuer le même temps physique. Le développement
de méthodes d’intégration temporelle implicites constitue une piste pour palier à cette difficulté.
Tous les travaux sur l’adaptation présentés dans cette thèse sont réalisés sur des écoulements non-
réactifs. Le développement de l’adaptation pour des calculs réactifs est la perspective la plus attendue.
Le critère d’adaptation pourrait par exemple être un capteur de flamme indiquant la zone du maillage à
raffiner afin de capter correctement la structure de flamme. De plus, l’adaptation dynamique, c’est à dire
en cours de calcul, pourrait permettre au maillage de suivre la flamme : résolution fine dans la zone de
flamme, plus grossier ailleurs. Cette perspective est déjà exploitable aujourd’hui dans YALES2 mais le
temps d’adaptation reste trop grand par rapport au temps de calcul pour être utilisable. Des améliorations
sont encore nécessaires pour une utilisation courante.
Pour finir, comme la procédure d’adaptation itérative proposée ici converge vers un maillage adapté,
il serait intéressant de vérifier si divers maillages initiaux convergent tous vers le même maillage final.
Cela confirmerait que la LES avec indépendance du maillage est réalisable : la simulation serait indépen-
dante de l’utilisateur.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 126

4.5 Conclusions
Dans ce chapitre, l’écoulement non-réactif dans la géométrie MESO-CORIA a été étudié. Un calcul
de référence DNS a été réalisé avec un maillage composé de 273 millions d’éléments. Cette simulation
a montré que l’écoulement tourbillonnaire whirlé est bien obtenu : un cœur central de faible activité est
entouré de fluide mis en rotation. L’analyse du mélange entre les fluides entrant par les deux entrées
n’est pas optimal, ce qui peut être un frein à la combustion dans des conditions réactives. En outre, la
répartition des temps de séjour ont montré une grande disparité : certains chemins préférentiels allant
d’une entrée directement vers la sortie ont été observés tandis que des zones de recirculation dans les
coins du domaine mènent à des temps de séjour très longs. Le temps de séjour étant un paramètre critique
dans le dimensionnement de chambre de combustion centimétrique, cet effet peut aussi être un obstacle
à une combustion complète.
Une étude de sensibilité aux paramètres numériques a également été effectuée. L’analyse en raffine-
ment de maillage a montré qu’une résolution trop grossière ne capte pas correctement la dynamique du
jet d’air et donc influence le reste de l’écoulement et le mélange. Sur un maillage intermédiaire, la dyna-
mique se rapproche fortement du résultat DNS. Néanmoins, l’influence du modèle de sous-maille pour
la turbulence a montré que le modèle de Smagorinsky dynamique n’est pas le plus adapté. Ce dernier
provoque une perturbation dans le jet d’air entrant dans la chambre de combustion. Cet effet n’est pas
présent avec le modèle WALE ou avec l’approche NO-MODEL.
Dans le cadre de la réduction des coûts des calculs LES, une méthode innovante d’adaptation de
maillage a été développée au cours de cette thèse. Le code de calcul YALES2 est maintenant capable
d’adapter un maillage tétraédrique de géométrie complexe, en parallèle, et à partir d’une métrique basée
sur des critères physiques et numériques. L’adaptation du maillage est réalisée par la librairie externe
MMG3D. Cette stratégie d’adaptation a été testée sur la configuration MESO-CORIA et a montré des
résultats très encourageants. La simulation réalisée avec un maillage adapté composé de 14.8 millions
d’éléments présente des résultats très similaires à ceux obtenus avec le maillage DNS de 273 millions de
cellules, pour un coût quatre fois moins élevé.
Etude de l’écoulement non-réactif dans le brûleur centimétrique 127
Chapitre 5

Etude de l’écoulement réactif dans le


brûleur centimétrique

Dans ce chapitre, une stratégie de calcul pour les écoulement réactifs dans les chambres de combus-
tion centimétriques est présentée et validée sur des cas tests simples. Un premier calcul LES réactif 3D
méthane-air dans le brûleur du CORIA permet de mieux comprendre les mécanismes physiques en jeu.
Les performances du brûleur sont mis en parallèle avec l’analyse de l’écoulement réactif. Afin d’amé-
liorer les performances du brûleur, l’enrichissement en hydrogène du mélange de carburant est testé sur
deux points de fonctionnement. Ces résultats numériques sont comparés aux résultats expérimentaux.
Les résultats présentés dans ce chapitre ont fait l’objet d’une publication scientifique soumise au journal
Combustion and Flame.
Sommaire
5.1 Calculs préliminaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
5.1.1 Choix de modélisation de la chimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
5.1.2 Flammes laminaires 1D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
5.1.3 Interaction flamme-paroi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
5.1.4 Etude de la convergence en maillage : bec bunsen 2D . . . . . . . . . . . . . . 139
5.2 Etude de la combustion air-méthane dans le brûleur centimétrique MESO-CORIA 142
5.2.1 Présentation du cas de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
5.2.2 Topologie de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
5.2.3 Structure de flamme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
5.2.4 Régime de combustion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
5.2.5 Performances du brûleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
5.2.6 Performances de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
5.3 Impact de l’enrichissement en hydrogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
5.3.1 Intérêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
5.3.2 Validation sur flammes 1D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
5.3.3 Description des cas de calcul 3D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
5.3.4 Topologie de l’écoulement réactif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
5.3.5 Performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
5.3.6 Polluants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
5.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 129

5.1 Calculs préliminaires


Avant d’effectuer des calculs 3D sur la configuration MESO-CORIA, des calculs préliminaires ont
été réalisés. Ces études permettent de préparer le calcul 3D en évaluant la meilleure stratégie numérique
à adopter. Le choix du schéma cinétique ainsi que la résolution du maillage nécessaire ont été analysés
grâce à des simulations de flammes 1D laminaires. Des calculs 2D stationnaires de la configuration bec
bunsen ont ensuite été réalisés. Ils ont permis de valider la méthodologie et le développement d’une
méthode de répartition de la charge du calcul du terme source pour les calculs parallèles.

5.1.1 Choix de modélisation de la chimie


Le choix de la méthode de modélisation de la chimie est crucial et dépend des phénomènes physiques
à prendre en compte. Dans le brûleur MESO-CORIA, des effets instationnaires alliant combustion et tur-
bulence peuvent apparaître. Les calculs 3D non-réactifs ont révélé des inhomogénéités de mélange en
espace et en temps. Le même phénomène devrait apparaitre sur la température. De plus, les pertes ther-
miques sont à prendre en compte dans notre configuration à cause du faible volume de la chambre de
combustion. Un aspect supplémentaire de ces simulations est la prise en compte de la diffusion dif-
férentielle du fait de l’importance des effets diffusifs dans la combustion petite échelle. De multiples
trajectoires (T, Yk ) seraient nécessaires pour modéliser tous les régimes et situations dans le brûleur.
Ainsi, une modélisation de la chimie avec approche des flammelettes ne peut être appliquée pour ré-
soudre l’écoulement réactif dans le brûleur.
Une approche de chimie dite multi-espèces, couplée au transport complexe, a été adoptée. Le système
d’équations résolues pour l’étude de l’écoulement réactif est le système (3.153)-(3.156) détaillée dans
la section 3.6.4. Une équation de transport est résolue pour chaque espèce contenue dans le schéma
cinétique choisi, et le terme source chimique est évalué à partir de ce mécanisme en chaque point du
domaine et à chaque pas de temps. L’utilisation de schémas cinétiques détaillés (plusieurs centaines
d’espèces et plusieurs milliers de réactions) dans des configurations complexes est au-delà des capacités
de calcul actuelles. Des schémas moins complexes doivent être employés. Cependant, avec des schémas
globaux ou avec une cinétique trop simple, la prédiction des polluants est incorrecte. Albouze [6] a
montré qu’un schéma 2 étapes peut surestimer la fraction massique de monoxide de carbone d’un facteur
supérieur à trois. Pour les besoins du calcul 3D du brûleur MESO-CORIA, la complexité du schéma
cinétique doit être comprise entre des schémas simples et des schémas détaillés.
Le schéma de cinétique chimique est un paramètre clé pour la simulation d’écoulements réactifs. Il
conditionne les caractéristiques de la flamme comme la vitesse de flamme laminaire ou son épaisseur et
la qualité de la description du front de flamme et des polluants. Le choix d’un schéma cinétique adapté
à la configuration étudiée est primordial. Les modèles de cinétique ont beaucoup progressé ces dernières
années. La Fig. 5.1 montre l’évolution en fonction des années de la mesure expérimentale de la vitesse de
flamme laminaire pour une flamme méthane/air à 298K. Avant les années 1980, la mesure de la vitesse
de flamme montrait une grande dispersion : elle pouvait presque varier du simple au double. A partir des
années 1980, les effets d’étirement ont été reconnus et systématiquement éliminés, ce qui a permis un
meilleurs accord sur la vitesse de flamme entre diverses études.
Des méthodes de réduction et d’optimisation ont aussi permis de réduire la complexité (nombre d’es-
pèces et de réactions du schéma) de ces schémas cinétiques. Evidemment, cette réduction s’accompagne
d’une diminution de la plage d’utilisation du schéma en pression, température ou richesse. Le grand
avantage des schémas réduits est leur temps de calcul : avec moins d’espèces à transporter et de réactions
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 130

F IGURE 5.1: Maximum de vitesse laminaire d’une flamme méthane/air à 298K mesurée expérimentale-
ment, tiré de [131].

à calculer, ces schémas permettent un temps de retour plus rapide des calculs.
Afin de choisir le schéma cinétique utilisé pour les calculs 2D et 3D, plusieurs schémas cinétiques
adaptés aux flammes méthane-air ont été sélectionnés car présentant un complexité variée :
- BFER : de son nom complet 2S_CH4_BFER et développé par Franzelli et al. [71, 72], ce schéma
global se compose de 6 espèces (CH4 , O2 , N2 , CO, CO2 et H2 O) et 2 réactions. Il doit être utilisé
avec un nombre de Prandtl constant et à Lewis unitaire. Les coefficients pré-exponentiels des taux
de réaction sont ajustés via l’utilisation de fonctions de correction en fonction de la richesse locale
du mélange. Cela permet de retrouver des valeurs de vitesse laminaire de flamme et épaisseur de
flamme plus proches de la réalité et dans une gamme de richesse plus grande. Il a ainsi été
validé sur des plages assez larges de fonctionnement en température T ∈ [300 − 700] K, pression
P ∈ [1 − 10] atm et richesse φ ∈ [0.6 − 1.4].
- Jones-Lindstedt : ce schéma global comporte 7 espèces (CH4 , O2 , N2 , CO, CO2 , H2 O et H2 ) et
4 réactions et a été développé par Jones et Lindstedt [108]. Il utilise une approche de transport
complexe : les coefficients de diffusion sont calculés à l’aide de l’approximation de Hirschfelder-
Curtiss. Les résultats obtenus donnent un bon accord avec l’expérience pour le cas d’une flamme
de prémélange et d’une flamme de diffusion à T = 300 K et P ∼ 1 atm.
- Coffee : Coffee [40] a développé deux schémas destinés à des flammes méthane-air prémélangées
pauvres aux conditions normales de température et pression. Comme ils présentent sensiblement
les mêmes résultats, le schéma retenu dans ces travaux est celui comportant 14 espèces et 38
réactions.
- GRI 1.2 : développés par le Gas Research Institute, les schémas GRI-Mech font partis des méca-
nismes réactionnels les plus utilisés pour la combustion du gaz naturel dont l’espèce majoritaire
est le méthane. Celui développé en 1995, le GRI 1.2 [75] utilise 32 espèces et 177 réactions. Il
a été validé sur de nombreux cas tests afin de respecter le maximum de caractéristiques de la
flamme : temps d’auto-allumage, profils d’espèces, vitesse laminaire de flamme... Le schéma a
été testé sur les plages suivantes : P ∈ [0.25 − 20] atm, T ∈ [300 − 1500] K , φ ∈ [0.4 − 1.7].
- GRI 3.0 : le schéma GRI 3.0 est une version plus récente des schémas GRI car il date de
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 131

2000 [206]. Il comprend 53 espèces et 325 réactions. Il a été développé et validé en comparant les
résultats obtenus sur une large gamme de résultats expérimentaux : délais d’auto-inflammation,
concentration d’espèces au sein de tubes à chocs, vitesse et profils d’espèces de flammes lami-
naires... et cela pour des plages de conditions thermodynamiques larges : T ∈ [1000 − 2500] K,
P ∈ [0.001 − 10] atm et φ ∈ [0.1 − 5.0].
Le dernier schéma présenté, GRI 3.0, sera utilisé comme référence car il est le plus complet et a été
validé dans de très nombreuses configurations.
Les cinq schémas ont été comparés sur des flammes 1D laminaires en propagation libre. Plusieurs
critères, considérés comme importants du point de vue de la réponse du schéma, ont été déterminés :
- les caractéristiques principales de la flamme (température adiabatique, vitesse et épaisseur de
flamme) doivent être proches de la référence,
- les principaux polluants doivent être présents et bien évalués par le schéma car la combustion
risque d’être incomplète dans le brûleur centimétrique,
- les critères doivent être valides pour une plage de température de gaz frais T ∈ [300 − 800] K et
une richesse φ ∈ [0.5 − 1.5], à la pression atmosphérique,
- les effets de diffusion différentielle doivent être pris en compte car les effets diffusifs sont plus
importants à petite échelle (le nombre d’espèces prises en compte et le modèle de diffusion couplé
au schéma cinétique conditionnent ce point),
- la présence d’une chimie faible température : les effets en proche paroi imposent la présence d’un
ensemble de réactions capables de modéliser la cinétique basse température,
- le coût de calcul de la chimie doit rester acceptable (ce point essentiel sera longuement discuté
section 5.1.4).
Ces critères éliminent directement le schéma BFER car ce dernier ne prend pas en compte les effets
de diffusion différentielle. Cependant, il sera conservé pour la comparaison car il présente un coût de
calcul très réduit comparé aux autres schémas.

5.1.2 Flammes laminaires 1D


Caractéristiques de flamme
Pour vérifier les caractéristiques de flamme sur l’ensemble de la plage de fonctionnement désirée, des
flammes à plusieurs températures de gaz frais et plusieurs richesses ont été calculées avec le code CAN-
TERA. La Fig. 5.2 montre l’évolution de la vitesse de flamme et de l’épaisseur de flamme en fonction
de la richesse du mélange méthane/air pour les différents schémas. Le schéma Jones-Lindstedt surévalue
nettement, jusqu’à 250 %, la vitesse de flamme pour des mélanges riches par rapport au GRI3.0. Les
schémas BFER et Coffee surévaluent légèrement, d’au maximum de 20 %, la vitesse de flamme sur l’en-
semble de la gamme de richesse (sauf entre φ = 1.2 et φ = 1.4 pour le BFER). Les schémas GRI1.2
et GRI3.0 donnent sensiblement les mêmes résultats. Concernant l’épaisseur de flamme, les schémas
BFER et Jones-Lindstedt présentent le plus d’écart à la référence. L’erreur du schéma Coffee ne dépasse
pas 20 %. La température de flamme adiabatique est comparée sur la Fig. 5.4 (a) et est similaire pour
l’ensemble des schémas sauf pour les schémas BFER et Jones-Lindstedt proche stœchiométrie. L’in-
troduction de plus d’espèces avec les autres schémas cinétiques permet une meilleure description de la
température d’équilibre.
La comparaison des schémas en fonction de la température des gaz frais est donné par la Fig. 5.3.
L’écart constaté sur la vitesse de flamme à T = 300 K entre les schémas est conservé en proportion
jusqu’à une température de gaz frais de 700 K. Entre 700 et 800 K, la vitesse de flamme obtenue avec les
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 132

0.45 0.0024
GRI 3.0
0.4 0.0022 GRI 1.2
Coffee
0.002 Jones-Lindstedt
0.35 BFER
0.0018
0.3
0.0016
sL [m/s]

0.25

δL [m]
0.0014

0.2 0.0012
0.001
0.15
0.0008
0.1 GRI 3.0
GRI 1.2 0.0006
Coffee
0.05 Jones-Lindstedt 0.0004
BFER
0 0.0002
0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6
φ [-] φ [-]

(a) (b)

F IGURE 5.2: Comparaison de la vitesse de flamme (a) et épaisseur de flamme (b) en fonction de la
richesse pour différents schémas cinétiques.

3 0.0005
GRI 3.0 GRI 3.0
GRI 1.2 GRI 1.2
Coffee 0.00045 Coffee
2.5 Jones-Lindstedt Jones-Lindstedt
BFER 0.0004 BFER

2 0.00035
sL [m/s]

δL [m]

0.0003
1.5
0.00025

1 0.0002

0.00015
0.5
0.0001
300 400 500 600 700 800 300 400 500 600 700 800
T0 [K] T0 [K]

(a) (b)

F IGURE 5.3: Comparaison de la vitesse de flamme (a) et épaisseur de flamme (b) en fonction de la
température des gaz frais pour différents schémas cinétiques.

schémas BFER et Jones-Lindstedft divergent vers des valeurs beaucoup trop importantes. Ces schémas
ne sont pas construits pour fonctionner à de telles températures. Cette dynamique est reproduite sur
l’épaisseur thermique de flamme. L’écart de 25 % des schémas BFER et Jones-Lindstedt par rapport aux
autres schémas, observé à T = 300 K, est conservé jusqu’à 700 K. Passé cette température, l’épaisseur
obtenue avec ces deux schémas augmente brutalement. L’évolution de la température adiabatique de
flamme en fonction de la température des gaz frais est montrée par la Fig. 5.4 (b). Moins le schéma
comporte d’espèces, moins il est capable de reproduire correctement l’état d’équilibre : la température
adiabatique de flamme s’écarte de la température de référence du schéma GRI3.0. En effet, la température
adiabatique de flamme ne dépend pas de la cinétique chimique mais uniquement des espèces présentes
dans le schéma réactionnel.
A l’analyse de ces résultats, les schémas BFER et Jones-Lindstedt ne peuvent être utilisés pour les
calculs 3D car ils ne respectent pas les critères définis précédemment. Le schéma Coffee, même s’il
présente un léger écart à la référence sur la vitesse de flamme, se comporte correctement sur la plage
de richesse et de température. C’est ce schéma, présentant une précision suffisante sur les grandeurs
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 133

2300 2550
GRI 3.0
2200 GRI 1.2
2500 Coffee
Jones-Lindstedt
2100 BFER
2450
2000
2400

Tb [K]
1900
Tb [K]

1800 2350

1700 2300

1600 GRI 3.0


GRI 1.2 2250
Coffee
1500 Jones-Lindstedt
BFER 2200
1400 300 400 500 600 700 800
0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 T0 [K]
φ [-]

(a) (b)

F IGURE 5.4: Comparaison de la température adiabatique de flamme en fonction de la richesse (a) et de


la température des gaz frais (b) pour différents schémas cinétiques.

∆x [µm] 5 10 25 50 100 200


s0l [cm.s−1 ] 41.6 42.0 41.7 41.7 41.9* 41.3*
δl0 [µm] 421 479 426 445 521 733

TABLE 5.1: Temps de calcul normalisé pour chaque maillage étudié. Le symbole * indique que la flamme
est accrochée au maillage.

caractéristiques de flamme, qui sera retenu pour la suite de l’analyse.

Convergence en maillage
L’étude précédente a été effectuée avec le code CANTERA qui permet de résoudre les flammes 1D
laminaires avec un pas d’espace variable et ainsi s’adapter idéalement pour chaque schéma. Pour les
calculs 3D, le code YALES2 est utilisé avec des maillages non-structuré, dont la taille de maille est fixée
et ne peut être modifiée. Pour étudier l’indépendance du schéma Coffee à la résolution spatiale, une étude
en convergence de maillage sur des flammes laminaires 1D avec YALES2 a été effectuée.
Le point de fonctionnement choisi est une flamme méthane/air stœchiométrique dont les gaz frais
sont à 300 K. Le Tab. 5.1 résume les résultats obtenus sur la vitesse et l’épaisseur de flamme laminaire
pour des tailles de maille comprises entre 5 et 200 µm. On constate que la vitesse de flamme est cor-
rectement prédite quelle que soit la taille de maille. En réalité, à partir de ∆x = 100 µm, on observe
un phénomène d’accrochage numérique de la flamme à la grille. Le maillage est trop grossier pour ré-
soudre une telle flamme et la vitesse de flamme obtenue ne peut être considérée comme exploitable. De
plus, on remarque pour ces flammes que l’épaisseur de flamme s’écarte sensiblement de la référence
(flamme à ∆x = 5 µm). De plus, comme l’a révélé l’étude de l’épaisseur de flamme en fonction de la
richesse, la flamme stœchiométrique est la plus critique : pour d’autres richesses, l’épaisseur de flamme
est plus importante. Le meilleur compromis en terme de précision des résultats semble être la résolution
à ∆x = 50 µm dans cette configuration. Par ailleurs, les flammes de diffusion sont plus épaisses que les
flammes de prémélange et donc bénéficient d’une meilleure résolution.
La Fig. 5.5 montre les profils d’espèces dans l’espace physique et dans l’espace des phases Yc =
YCO2 + YCO + YH2 O . Les profils d’espèces majoritaires semblent indépendants de la taille de maille. En
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 134

0.003

0.2
0.0025
CH3
CH4
CH2O
O2 0.002
0.15 OH
HCO
H2
CO
H
CO2
Yk [-]

Yk [-]
O
H2O 0.0015 HO2
0.1
10 µm
10 µm
25 µm
0.001 25 µm
50 µm
50 µm
100 µm
0.05 100 µm

0.0005

0 0
-0.001 -0.0005 0 0.0005 0.001 0.0015 -0.001 -0.0005 0 0.0005 0.001 0.0015
x [m] x [m]

0.003

0.2
0.0025

0.15 0.002
Yk [-]

Yk [-]
0.0015
0.1

0.001

0.05
0.0005

0 0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25
Yc [-] Yc [-]

F IGURE 5.5: Comparaison de profils d’espèces majoritaires (gauche) et intermédiaires (droite), dans
l’espace physique (haut) et dans l’espace des phases (bas) pour différentes résolutions de maillage.

revanche, de larges erreurs sont commises avec une résolution trop grossière (∆x = 100 µm) sur des
espèces intermédiaires comme CH3 ou CH2 O. Le front de flamme n’est pas assez bien décrit.
Le résolution apparaissant comme optimum est donc ∆x = 50 µm. Elle permet d’obtenir les bonnes
caractéristiques de flamme avec une description suffisante des profils d’espèces. Cette résolution sera
retenue pour la suite des travaux.

5.1.3 Interaction flamme-paroi


5.1.3.1 Problématique

L’objectif de ces travaux est d’étudier le développement de la combustion dans des chambres de
combustion de petite taille. La flamme est limitée à un petit volume. A cause des interactions flamme-
paroi, elle est même confinée à un plus petit espace. En effet, les parois du brûleur sont froides : entre
400 et 500 K sur le brûleur MESO-CORIA. Dans les simulations, le point à la paroi est considéré comme
isotherme : la température de consigne ne change pas avec le temps. Cependant, le premier point dans
le domaine est laissé libre, et peut présenter un taux de dégagement de chaleur important. L’évaluation
correcte des flux de chaleur aux parois est essentielle pour étudier les performances et le rendement
thermique du brûleur. L’interaction entre la flamme et la paroi doit être suffisamment bien captée dans
nos simulations.
La thématique de l’interaction flamme-paroi est un domaine complexe, faisant l’objet de recherches
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 135

approfondies. L’objectif ici est de dresser un état de l’art permettant de correctement évaluer les pertes
thermiques dans les simulations 3D. Un cas test d’interaction flamme-paroi 1D a été mené avec le code
YALES2 et une stratégie de mesure du flux pariétal est proposée.
De nombreuses études existent dans la littérature scientifique à propos de l’interaction de la flamme
et les parois du brûleur. Lorsque la flamme approche une paroi froide, la cinétique chimique à basse
température devient critique [179, 182, 226]. Certains schémas cinétiques chimiques sont incapables de
modéliser correctement cet effet. La combustion catalytique peut devenir importante dans certains cas et
les réactions de surfaces devraient être considérées. Le processus d’extinction de la flamme à une paroi
froide implique une augmentation très importante du taux de dégagement de chaleur de la flamme sur
un très court instant, à cause des réactions de recombinaison de radicaux, exothermiques et à énergie
d’activation nulle [87]. Un tel phénomène implique une résolution de maillage parfois plus importante
que pour des flammes classiques. La zone d’extinction est de l’ordre de l’épaisseur de flamme mais les
gradients d’espèces et de température peuvent y être plus forts d’un facteur quatre pour une flamme
méthane-air [187] et dix pour une flamme hydrogène-air [87].
Certains auteurs avancent aussi l’importance de la prise en compte des effets Soret et Dufour [34, 188,
187, 229]. L’effet Soret consiste en l’apparition d’un flux d’espèces dû au gradient de température. L’effet
dual, dit effet Dufour, est l’apparition d’un flux de chaleur en présence d’un gradient de concentration.
L’importance de la prise en compte de ces flux supplémentaires est encore sujet à débat au sein de la
communauté scientifique, et restent la plupart du temps négligés. Certains auteurs s’accordent pour dire
que plus la température de paroi et la pression augmentent, plus ces effets sont importants. Popp [188]
avance la température minimum de 400 K pour les deux effets tandis que Hasse et al. [97] évoquent la
pression de 10 atm pour l’effet Soret et une température de 600 K pour l’effet Dufour. De plus, plus la
température de paroi augmente, moins la paroi peut être considérée comme inerte. La température de
paroi Tw = 400 K, est proposée par Popp [188].

5.1.3.2 Présentation du cas de calcul

Un cas test d’interaction flamme-paroi a été étudié avec le code YALES2. Il simule une flamme plane
1D se dirigeant de façon normale vers une paroi froide. Ce cas test est courant dans la littérature sous le
nom de 1D Head-On Quenching (HOQ) [34, 87, 188, 187]. La configuration du cas de calcul est montré
par le schéma Fig. 5.6. Le mélange de gaz frais est identique à celui des flammes 1D précédentes : un
mélange méthane air stœchiométrique à 300 K. La pression est égale à 1 atm. La paroi a une température
imposée de Tw = 300 K dans un premier temps, et est considérée chimiquement inerte.
Le cas test est similaire à celui de Popp et al. [187]. Cependant, il été réalisé dans notre cas avec le
schéma cinétique Coffee et une résolution homogène de ∆x = 10 µm.

5.1.3.3 Calcul du flux thermique pariétal aux condition aux limites de Dirichlet isotherme

Comme on impose une condition de Dirichlet sur la température, un traitement spécial du calcul
du flux de chaleur aux parois a été développé pour des conditions de parois isothermes non-glissantes.
L’algorithme peut être décrit comme suit :
1. L’enthalpie sensible est avancée en temps durant la dernière étape du schéma Runge-Kutta, à
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 136

F IGURE 5.6: Schéma du cas test 1D HOQ. Tiré de [226].

travers son équation de transport semi-discrétisée, obtenue à partir de l’Eq. 3.156 :


Ñ é
Nsp Nsp
ρhn+1
s − ρhns ∂ ∂P ∂ ∂T X X
+ ρui hs = + λ − ρhs,k Vk,i Yk − P χk Vk,i + ω̇T ,
∆t ∂xi ∂t ∂xi ∂xi k=1 k=1
(5.1)
où hns et hn+1
s sont respectivement les valeurs de l’enthalpie sensible en début et en fin d’itération.
2. A la fin du pas de temps, la température de paroi est corrigée afin qu’elle corresponde à la tempé-
rature de consigne. La valeur de l’enthalpie sensible à la paroi hBC
s = hs (Tw , Yk,w ) est calculée
à partir de la température de consigne Tw et de la composition locale Yk,w , et imposée en va-
leur de bord. Finalement, le flux thermique local Φ est calculé comme la combinaison du flux de
Fourier et de la correction liée à la condition de Dirichlet :
Ä ä
∂T ρVc hn+1
s − hBC
s
Φ=λ + , (5.2)
∂xi S∆t
où Vc est le volume de contrôle et S la surface de paroi de ce volume de contrôle.

5.1.3.4 Résultats

La Fig. 5.7 montre les profils spatiaux de température et de taux de dégagement de chaleur à différents
instants. L’évolution temporelle du taux de dégagement de chaleur global, du flux thermique pariétal et
de la distance de la flamme à la paroi xT 1500 sont tracés sur la Fig. 5.8. Cette distance est calculée à partir
de la position de la flamme considérée à l’iso-T à 1500 K. On peut décrire le processus d’extinction à
partir des étapes suivantes :
1. La flamme se propage de façon libre jusqu’à ce que le mur commence à influencer la flamme.
Toutes les caractéristiques de la flamme sont constantes et identiques à la flamme en propagation
libre.
2. La flamme ressent la présence du mur lorsqu’elle pénètre dans la zone d’influence, à environ
deux épaisseurs de flammes. Le taux de dégagement de chaleur, aussi bien la valeur maximum
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 137

2200

2000

1800

1600

1400 t0
t1
t2
T [K]

1200 t3
t4
t5
1000 t6

800

600

400

200
0 0.5 1 1.5 2
x [m]

6e+09

5e+09

4e+09
Heat release [W.m ]
-2

t0
t1
t2
3e+09 t3
t4
t5
t6
2e+09

1e+09

0
0 0.5 1 1.5 2
x [m]

F IGURE 5.7: Profils spatiaux de température et taux de dégagement de chaleur pour différents instants,
autour de l’extinction de la flamme, séparés de 200 µs.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 138

1.2 1.2

1.1
1
1

Global heat release, Wall heat flux [W.m ]


-2
0.9 0.8

0.8
xT1500 [mm]

0.6
0.7 xT1500
Heat release
0.6 Heat loss
0.4
0.5

0.4 0.2

0.3
0
0.2

0.1 -0.2
2 3 4 5 6 7 8
t [ms]

F IGURE 5.8: Evolution temporelle de la distance flamme-paroi xT 1500 , du taux de dégagement de chaleur
global et du flux de chaleur à la paroi.

que la valeur globale, augmente sensiblement et le profil de température se raidit : l’épaisseur de


flamme diminue.
3. Dès que le gradient de température atteint la paroi, l’interaction procède rapidement : le flux
augmente jusqu’à atteindre sa valeur maximale en seulement 0.25 ms et son épaisseur est réduite
de 25 %.
4. Après cet instant, le flux pariétal et le taux de réaction diminuent.
La distance d’extinction est souvent trouvée dans la littérature sous la forme d’une distance adimen-
sionnée, appelée nombre de Péclet P eQ = xQ /δQ , calculée comme le rapport de la distance flamme-
paroi xQ par l’épaisseur de flamme thermique à l’extinction δQ . La distance xQ dans notre cas est prise
égale à xT 1500 et l’épaisseur de flamme thermique δQ est calculée à chaque instant pour prendre en
compte la variation du gradient de température. Dans notre cas, le nombre de Péclet est P eQ = 0.67, ce
qui est très proche de la valeur trouvée par Popp et al. [187] : 0.7.
L’étude en raffinement de maillage sur les flammes 1D en propagation libre (cf. section précédente)
a montré que la résolution de 50 µm était suffisante pour conserver une description pertinente de la
flamme. Malgré des gradients thermiques et d’espèces plus forts, cette résolution a été testée sur ce
cas test d’interaction flamme-paroi. Les résultats obtenus sont présentés sur la Fig. 5.9. La dynamique
d’extinction est la même entre le cas à 10 et celui à 50 µm. Le zoom sur la partie droite de la Fig. 5.9
indique que le flux maximal à la paroi reste le même. La distance flamme-paroi semble légèrement
affectée car la résolution de 50 µm entraîne une réduction d’environ 100 µm de la distance minimale
entre l’iso T = 1500 K et la paroi. Cependant, ces résultats restent en très bon accord et cette résolution
est suffisante pour prendre en compte la dynamique de l’extinction de la flamme proche-paroi.
Comme l’a montré la recherche bibliographique, les effets Soret et Dufour peuvent être non né-
gligeables dans certaines conditions thermodynamiques. L’influence de ces effets thermodiffusifs a été
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 139

F IGURE 5.9: Evolution temporelle entre 3 et 6 ms de la distance flamme-paroi xT 1500 , du taux de déga-
gement de chaleur global et du flux de chaleur à la paroi (partie gauche) et zoom entre 4 et 4.5 ms, au
moment de l’extinction (partie droite).

étudiée dans ce cas test, proche de notre configuration 3D. La détermination des flux Soret et Dufour
a été implémentée dans le solveur YALES2 et le cas test d’interaction flamme-paroi reproduit en les
prenant en compte : les résultats ont été ajoutés à la Fig. 5.9. Avec une résolution de 10 µm, les effets So-
ret et Dufour modifient très légèrement l’interaction flamme-paroi, qui est légèrement plus rapide, mais
conserve le flux maximal ainsi que la distance flamme-paroi. Avec une résolution de 50 µm, les évolu-
tions temporelles avec et sans prise en compte des effets thermodiffusifs sont confondues. Le mécanisme
d’extinction de la flamme n’est pas affecté par les effets Soret et Dufour dans ces conditions opératoires.

5.1.4 Etude de la convergence en maillage : bec bunsen 2D


La validation de la stratégie de modélisation de la chimie sur le cas d’une flamme laminaire Bunsen
est présentée ici. Le schéma de la configuration est proposé sur la Fig. 5.10. Un maillage de départ
avec une taille de maille de 180 µm dans le front de flamme a d’abord été créé. Plusieurs maillages ont
été construits à partir de ce premier maillage grâce au raffinement automatique proposé par YALES2,
découpant chaque triangle en quatre triangles. Un calcul de référence, sur lequel le front de flamme est
parfaitement résolu, est effectué avec le maillage ayant subi trois niveaux de raffinement successifs. Ainsi
la résolution du maillage dans le front de flamme est de 22.5 µm. Le mélange réactif est un prémélange
méthane/air à richesse φ = 1, et température T = 300 K. Les réactifs sont injectés avec une vitesse
uin = 3 m.s−1 .
Dans ces simulations, l’extrémité de la flamme est fortement courbée et présente des propriétés de
propagation complexes [178], difficiles à capter avec un maillage grossier. Aussi, la vitesse de flamme
sL obtenue avec chaque maillage sera comparée au calcul de référence et non à la vitesse obtenue avec
une flamme 1D laminaire. Cette vitesse de flamme sL est obtenue en mesurant l’angle du demi-cône α,
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 140

25 mm 100 mm

wall

5 mm inlet α outlet 50 mm

wall

F IGURE 5.10: Schéma du cas test Bunsen.

Taille de maille dans le front de flamme ∆x [µm] 180 90 45 22.5


Angle α [◦ ] 4.91 6.68 6.73 6.71
Vitesse de flamme sL [m.s−1 ] 0.257 0.349 0.352 0.351

TABLE 5.2: Résultats obtenus sur chaque cas de la flamme Bunsen.

montré sur la Fig. 5.10. et calculé grâce à la formule suivante :

sL = uin sin (α) . (5.3)

Les résultats sont rassemblés dans le Tab. 5.2. La vitesse de flamme obtenue semble converger vers la
vitesse de référence dès le second maillage, soit avec une taille de maille de 90 µm. Ce résultat confirme
la résolution 50 µm choisie à partir des précédents cas tests.
Outre l’analyse sur la taille de maille, cette étude de flamme Bunsen a permis de mettre en évidence
le coût important que constitue le calcul des termes sources de la chimie. En effet, ce dernier peut repré-
senter plus de 90 % du temps de calcul d’une itération. Une évaluation locale de ce temps est présentée
Fig. 5.11 (a). On constate que le coût de calcul de la chimie est beaucoup plus important dans le front de
flamme que dans les gaz frais ou les gaz brûlés. La profil de coût CPU de la chimie le long de l’axe de
symétrie Fig. 5.11 (b) indique un facteur dix sur ce coût entre la zone de flamme et en dehors. Cet écart
est dû à l’utilisation de l’intégrateur raide pour la chimie comme décrit en section 3.6.2 : ces méthodes
utilisent un pas de temps qui s’adapte à la raideur du système. Dans la flamme, l’évolution des fractions
massiques et de la température est plus forte qu’ailleurs, le pas de temps y est plus faible. Cela provoque
un déséquilibre spatial de la charge de travail. Sur un calcul séquentiel, cet effet n’a aucune conséquence.
En revanche, pour un calcul parallèle, les processeurs contenant beaucoup de points dans la zone de
flamme auront besoin de plus de temps pour calculer l’intégration des termes sources que ceux qui n’en
n’ont pas. L’ensemble du calcul sera alors plus lent, l’ensemble des processeurs devant attendre le plus
lent.
Un moyen de s’affranchir de ce problème est de répartir la charge de travail de l’intégration des
termes sources de la chimie dynamiquement sur tous les processeurs. L’idée est ici d’échanger les points
entre processeurs afin d’améliorer la répartition du coût CPU. Aussi appelé scheduler, cet algorithme
a été développée au cours de la thèse de Gruselle [88] et a nécessité son optimisation pour les calculs
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 141

(a)
(b)

F IGURE 5.11: (a) : champ de coût de calcul du terme sources d’espèces. (b) : profil du coût de calcul de
la chimie le long de l’axe de symétrie.

3D des présents travaux. En effet, la méthode de départ était suffisante pour des calculs parallèles de
quelques centaines de processeurs. Elle a montré des gains importants malgré le léger surcoût de com-
munications MPI. Néanmoins, pour les calculs sur quelques milliers de processeurs, les communications
MPI pouvaient annihiler les gains observés. Une modification de l’algorithme permettant le groupement
des processeurs en groupes à quantité de travail identique a été développée. L’ensemble de l’algorithme
permettant la répartition de la charge de calcul est détaillée dans l’Annexe A.

Sans scheduler Avec scheduler


Nombre de processeurs 128 Nombre de processeurs 128
Coût de calcul réduit [µs] 1832 Coût de calcul réduit [µs] 1070
Scalaires 95 % Scalaires 91 %
dont Termes sources 20 % dont Termes sources 46 %
Répartition

Répartition

dont Advection 50 % dont Advection 4%


dont Diffusion 24 % dont Diffusion 40 %
Communications 57 % Communications 8%
Equation de Poisson 2% Equation de Poisson 4%

TABLE 5.3: Synthèse des performances du processus maître pour la flamme Bunsen 2D avec le maillage
de résolution 45 µm dans le front de flamme sur 128 processeurs, avec et sans répartition de la charge de
calcul des termes sources.

Le Tab. 5.3 regroupe les performances de calcul avec et sans la répartition dynamique de la charge
de calcul des termes sources obtenus avec 128 processeurs sur le calculateur Antares du CRIHAN. On
constate que le calcul avec scheduler est 70 % plus rapide que le calcul sans scheduler. Dans les deux
cas, une itération passe plus de 90 % du temps dans le transport des scalaires. En revanche, la répartition
entre calcul des termes sources, convection et diffusion est différente. Dans le calcul sans scheduler, ces
calculs représentent 20 %, 50 % et 24 % respectivement. Pour le calcul avec scheduler, ces proportions
sont 46 %, 4 % et 40 %. Ces chiffres laissent croire que le calcul des termes sources coûte plus cher avec
la répartition de charge que sans. En réalité, il n’existe pas de barrière de synchronisation entre tous les
processeurs à la fin du calcul des termes sources. Le processeur maître du calcul, qui a fait le relevé
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 142

de performances, est resté 20 % du temps seulement dans le calcul des termes sources car il possède
peu de points dans la flamme. Ayant fini avant les processeurs les plus lents, il est passé dans la partie
"Advection" où il a dû attendre ses processeurs voisins. C’est pour cette raison que le pourcentage y
est aussi important. Cet effet est d’ailleurs observable dans la partie "Communications" qui représente
57 % de l’itération. Ce chiffre important est en grande partie constitué du temps d’attente du processeur
maître. Le calcul avec scheduler présente une répartition plus équilibrée avec seulement 8 % passé dans
les communications. Ici, le processeur maître a passé plus de temps dans le calcul des termes sources car
la charge de calcul est partagée. En conséquence, tous les processeurs terminent au même moment et le
temps d’attente est réduit au minimum.
La répartition dynamique de charge sur le calcul des termes sources a montré une amélioration très
importante des performances sur ce cas test 2D bunsen. L’algorithme sera utilisé pour les simulations
3D.

5.2 Etude de la combustion air-méthane dans le brûleur centimétrique


MESO-CORIA
5.2.1 Présentation du cas de calcul
Point de fonctionnement
Le calcul réactif avec mélange méthane/air a été réalisé afin de pouvoir comparer les résultats à l’ex-
périence de Liu [137]. Dans cet objectif, la même géométrie que dans le chapitre précédent a été utilisée
et un point de fonctionnement expérimental a été reproduit. Les conditions opératoires sont rassemblées
dans le Tab. 5.4. Il s’agit d’un mélange méthane-air proche de la stœchiométrie, avec une puissance chi-
mique injectée de 87 W. La température de paroi, mesurée à l’aide d’un thermocouple insérée dans le
solide, est de 417 K. Le temps de séjour, évalué comme le rapport entre le volume du domaine et le débit
volumique, est de l’ordre de 8.6 ms.

Paramètres numériques
Les simulations numériques 3D du brûleur MESO-CORIA ont été réalisées avec le solveur VDS
de YALES2, en utilisant une approche de chimie multi-espèces. Le schéma cinétique Coffee [40] a été
sélectionné à partir des cas tests précédents. Le maillage utilisé est le maillage M2 possédant une taille de
maille homogène ∆x = 50 µm et composé de 34.2 millions de tétraèdres et 6.17 millions de nœuds (voir
section 4.3.1). La modélisation de la turbulence de sous-maille est assurée par le modèle Smagorinsky
dynamique [135]. D’après les calculs non réactifs, ce modèle couplé au maillage M2 n’agit que dans la

Cas C1
Débit massique de méthane ṁCH4 [×10−6 kg.s−1 ] 1.74
Débit massique d’air ṁair [×10−6 kg.s−1 ] 29.0
Richesse globale φ [−] 1.03
Puissance chimique injectée Pin [W] 87.0
Température de paroi Tw [K] 417
Temps de séjour moyen τ [ms] 8.6

TABLE 5.4: Operating conditions for the considered computations.


Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 143

F IGURE 5.12: Lignes de courant de l’écoulement dans le brûleur, coloriées par la température.

zone de jet et à l’impact du jet sur la paroi. En dehors de cette zone, le modèle de sous-maille n’agit pas.
Ainsi le front de flamme est bien résolu, avec environ huit points dans le front de flamme. Les termes
sources filtrés issus des équations (3.100) et (3.101) de la LES sont modélisés par leurs valeurs non
filtrées, en supposant un Dirac pour la PDF(Yk , T ) :

ω̇ k = ω̇k et ω̇ T = ω̇T . (5.4)

Les calculs non réactifs ont aussi démontré que le maillage M2 était suffisant pour la résolution de
la couche limite aux parois. Aucune loi de paroi n’a été ajoutée : une condition de paroi non glissante
et isotherme est appliquée. La mesure du flux thermique pariétal a demandé le développement d’une
stratégie particulière, développée dans la section 5.1.3.
L’allumage du mélange réactif à l’intérieur de la chambre a été réalisé grâce à une boule de gaz brûlés
imposée au centre du domaine. Le calcul a ensuite convergé pendant plusieurs dizaines de millisecondes
avant de commencer l’analyse de la combustion dans le brûleur.

5.2.2 Topologie de l’écoulement


Sur la Fig. 5.12, les lignes de courant montrent comment les réactifs se mélangent dans le domaine,
créant la recirculation whirlée qui devient une zone de recirculation centrale (ou Central Recirculation
Zone en anglais). Comme attendu, les gas brûlés chauds sont concentrés dans cette zone de recircula-
tion alors que les gaz frais restent près des parois froides. L’identification des structures turbulentes est
réalisée à l’aide d’isocontours du critère-Q, présentés sur la Fig. 5.13. De petits tourbillons sont créés
dans le jet d’air, plissant le front de flamme dans la zone d’injection des réactifs. En progressant dans la
chambre, les structures tourbillonnaires sont moins présentes et le front de flamme adopte une topologie
plus laminaire.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 144

F IGURE 5.13: Iso-contour instantané 3D de critère-Q colorié par la vitesse (couleurs arc-en-ciel) et iso-
contour de taux de dégagement de chaleur (en couleur feu).

F IGURE 5.14: Vue 3D des quatre plans étudiés dans la Fig. 5.15 : plans A à y = 1 mm, B à y = 3.5 mm,
C à y = 6 mm et D à y = 8.5 mm.

La Fig. 5.15 montre une coupe instantanée de vitesse, scalaire temps de résidence, richesse, tempé-
rature et taux de dégagement de chaleur suivant quatre plans. Ces plans sont répartis suivant la direction

−y , séparés de 1.5 mm, du plan d’injection (plan A) jusqu’au plan de sortie (plan D), comme indiqué sur
la figure 5.14.
La première colonne de la Fig. 5.15 représente la norme de la vitesse. Sur le plan A, le jet d’air
impacte la paroi opposée au tube d’injection, créant de fortes fluctuations de vitesse en proche paroi puis
mène ensuite au tourbillon central. Comme le jet d’air est injecté tangentiellement à la paroi, l’écoule-
ment commence à tourner et créer la topologie de l’écoulement whirlé. Ce comportement tourbillonnaire
est observé sur les plans B et C, mais avec une plus faible intensité turbulente. Sur le plan D, l’influence
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 145

F IGURE 5.15: Champs instantanés de vitesse, scalaire temps de résidence, richesse, température et terme
source d’enthalpie sur les quatre plans le long de l’axe y, du plan d’injection au plan de sortie.

de la sortie modifie l’écoulement qui devient plus complexe et au comportement tourbillonnaire moins
évident.
En suivant l’écoulement, après la zone d’injection, on observe de grandes fluctuations spatiales de la
zone de réaction. Le rendu volumique de la Fig. 5.16 ainsi que la dernière colonne de la Fig. 5.15 montre
que des fluctuations hydrodynamiques favorisent le plissement de la flamme. La troisième colonne de la
Fig. 5.15 montre des inhomogénéités de richesse, aussi responsables de la localisation de la flamme. En
effet, des régions de gaz frais trop pauvres ou trop riches en combustible peuvent mener à l’extinction
locale de la flamme car le mélange est en dehors du domaine de flammabilité. Cependant, des effets
instationnaires peuvent localement modifier la dynamique de flamme : la stratification en richesse peut
soutenir ou empêcher la combustion de se produire.
Les comportements instationnaires de l’écoulement sont essentiellement liés au mélange incomplet
de l’air et du méthane. Des chemins préférentiels ou des zones mortes de combustible peuvent notam-
ment créer ces larges inhomogénéités de richesse. Pour étudier ces phénomènes, l’indicateur de temps
de résidence τres présenté en section 4.2.4 a été utilisé. Comme montré sur la seconde colonne de la
Fig. 5.15, le scalaire τres commence à 0.0 ms en entrée du domaine et augmente jusqu’à atteindre 11 ms
dans les gaz brûlés de la zone de recirculation centrale. Des valeurs plus faibles du temps de résidence
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 146

(a) (b) (c)

(d) (e)

F IGURE 5.16: Rendu volumique 3D du taux de dégagement de chaleur local à différents pas de temps
séparés de 0.86 ms (10 % du temps de passage moyen).

sont trouvées près des parois, indiquant la présence de gaz frais. Comme attendu avec la topologie de
l’écoulement whirlé, le cœur chaud central montre les plus fortes valeurs de temps de résidence, supé-
rieures à 10 ms.

5.2.3 Structure de flamme


La dernière colonne de la Fig. 5.15 montrant le taux de dégagement de chaleur indique que la flamme
adopte une forme sphérique plissée. C’est aussi ce qui peut être observé sur le rendu volumique 3D de la
Fig. 5.16 pour différents instants. A cause de l’extinction de flamme en proche paroi, le front de flamme
est principalement confiné à la zone de recirculation centrale comme attendu. Du plissement de faible
amplitude est visible sur le front de flamme, près des injections d’air et méthane, alors que le plissement
est de plus grande échelle proche de la sortie. La topologie du front de flamme est gouvernée par la
structure de l’écoulement whirlé et tourne dans la direction anti-horaire comme indiqué par la flèche
noire de la Fig. 5.16 (e). Sur la Fig. 5.16 (b), on peut observer une poche de gaz toujours en train de
brûler se séparant du reste de la zone réactive et se dirigeant vers le tube de sortie. De tels événements
peuvent mener à une combustion incomplète et à la production d’imbrûlés.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 147

0.8

0.7
0.01
0.6 0.008

0.5 0.006
PDF(ξ) [−]

0.004
0.4
0.002
0.3 0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3
0.2

0.1

0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
ξ [−]

F IGURE 5.17: Fonction Densité de Probabilité de l’indice de flamme ξ conditionné à la zone réactive.

5.2.4 Régime de combustion


Dans la configuration étudiée, le méthane et l’air sont injectés séparément dans la chambre de com-
bustion. La combustion en régime de prémélange ou en régime de diffusion peut alors apparaitre. Cepen-
dant, la topologie whirlée de l’écoulement est supposée amplifier le mélange des réactifs et favoriser le
régime de prémélange. Afin d’identifier le régime de combustion de la flamme, la distribution de l’indice
de flamme (aussi appelé indice de Takeno) dans la zone de flamme est présentée sur la Fig. 5.17. Cet
indice de flamme ξ est calculé selon
Ç å
1 ∇YF · ∇YO
ξ= 1+ . (5.5)
2 |∇YF | |∇YO |

La valeur ξ = 0, où les flux d’air et méthane vont dans des directions opposées, correspond au régime
de diffusion. Lorsque ξ = 0, les gradients de combustible et d’oxydant sont alignés indiquant le régime
de combustion parfaitement prémélangée. La Fig. 5.17 montre que la combustion a lieu presque unique-
ment en régime de prémélange. Néanmoins, comme indiqué sur le zoom sur les valeurs faibles de ξ, il
existe quelques zones de la chambre où la combustion est en régime non-prémélangée. Ces points sont
principalement situés dans la zone d’injection, à l’intersection des jets d’air et de méthane : des poches
de méthane pur sont arrachées par le jet d’air et interagissent immédiatement avec le front de flamme.
Ces dernières peuvent être la source de production de polluant imbrûlés en sortie du brûleur.
Afin de mesurer le degré de prémélange, la PDF (densité de probabilité) de richesse ϕ sur les volumes
de contrôle composant le front de flamme a été calculée. La valeur maximum de distribution est proche
de ϕ = 0.75 et la PDF indique que la combustion a lieu entre ϕ = 0.7 et ϕ = 1.1, bien que le point
de fonctionnement global soit proche de ϕ = 1.0. La combustion se déroule donc essentiellement en
régime pauvre ou faiblement riche et non centrée autour de la stœchiométrie. La Fig. 5.18 représente aussi
la distribution du terme source de chaleur conditionné à la richesse. Cette distribution est très proche de
la PDF de richesse montrant que le taux de dégagement de chaleur est libérée pour des richesses autour
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 148

4
5

< ωT | ϕ > [W ]
4 3
PDF [−]

3
2

1
1

0 0
0.6 0.8 1 1.2 1.4
ϕ [−]

F IGURE 5.18: Fonction Densité de Probabilité de la richesse ϕ des zones réactives (ligne solide) et
distribution du taux de dégagement de chaleur local conditionné par la richesse (ligne pointillée).

de l’unité.
Cet écart entre la richesse du point de fonctionnement et la richesse effective indique que tout le
méthane injecté dans la chambre ne rencontre pas la flamme. Le mélange entre réactifs demeure donc
partiel et du méthane imbrûlé devrait être trouvé en sortie du brûleur. Pour analyser ce processus, le
champ de richesse est tracé sur la troisième colonne de la Fig. 5.15 distinguant les zones riches (en
jaune) des zone pauvres (en bleu clair), le long de la direction y. Une zone très riche peut être observée
dans la partie supérieure gauche de chaque plan, ressemblant à un chemin préférentiel de méthane le
long de la recirculation de coin. De plus, sur le plan D, une poche riche en méthane semble être aspirée
par la sortie. Ce chemin préférentiel s’étend de l’entrée du méthane dans le domaine jusqu’à sa sortie,
sans rencontrer la flamme, ce qui provoque un gaspillage de carburant. Cependant, certaines poches de
gaz riches interagissent avec la flamme, menant à des portions de flamme dont la richesse est supérieure
à 1.0.
Afin d’en apprendre plus sur le régime de combustion et comme la combustion s’effectue essentiel-
lement en régime prémélangé, il peut être intéressant de tracer le diagramme de combustion turbulente.
Une stratégie de post-traitement identique à Wang [222] est adoptée. Pour cela, la vitesse turbulente u′ et
l’échelle intégrale lt sont obtenues comme décrit dans la section 4.2.2. Les caractéristiques de la flamme
laminaire sont supposées constantes et correspondent au point de fonctionnement : vitesse de flamme
sL0 = 0.417 m.s
−1 et épaisseur diffusive δ = D /sL = 60 µm. La Fig. 5.19 montre le scatter plot
th 0
des gaz frais devant la flamme sur le diagramme de combustion turbulente pour flamme de prémélange,
comme proposé par Peters [175]. La plupart des points se situent entre les lignes Ka = 1 et Ka = 100,
i.e. dans la zone de flamme plissée-épaissie. Dans ce régime, les tourbillons turbulents de l’écoulement
peuvent pénétrer et épaissir la zone de préchauffage de la flamme mais seulement plisser la zone de ré-
action. La flamme est principalement trouvée autour d’un nombre de Reynolds turbulent de 80, valeur
faible pour un système de combustion. De plus, certains points situés loin de la zone d’injection sont
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 149

F IGURE 5.19: Diagramme de combustion turbulente en régime prémélangée.

trouvés à des valeurs Ret < 10, c’est-à-dire brûlant dans le régime de flamme laminaire.

5.2.5 Performances du brûleur


Pour évaluer les performances globales du brûleur, il est important de mesurer précisément le flux
de chaleur perdu aux parois, où une condition de Dirichlet sur la température est imposée. Une telle
estimation requiert la calcul précis du bilan des flux de chaleur sur chaque volume de contrôle à la paroi,
comme expliqué dans la section 5.1.3. Une visualisation 3D des pertes thermiques moyennées en temps
est présentée sur la Fig. 5.20. Le flux de chaleur pariétal peut atteindre 0.5 MW/m2 lorsque la flamme
intéragit avec le mur. Cette valeur correspond au maximum de flux de chaleur observé pour une flamme
méthane-air laminaire à pression atmosphérique [187].
Le Tab. 5.5 donne le bilan énergétique du brûleur intégré en temps. Les données sont moyennées sur
une période de 46 ms après un temps de convergence de 24 ms. Ce temps d’intégration correspond à plus
de cinq temps de passage. Sur ce bilan, il est important de noter que le taux de dégagement de chaleur
intégré en temps et en espace Pr = 53W est très inférieur à la puissance chimique injectée Pin de
87 W. Le rapport de ces deux quantités représente le rendement de conversion ηconv = Pr /Pin , environ
61 % dans ce cas. Cela indique que la combustion demeure largement incomplète. En effet, le rendement
chimique peut être calculé grâce à la formule suivante :

[CO2 ]
ηchem = , (5.6)
[CO2 ] + [CO] + [CH4 ]

où les crochets représentent les concentrations moléculaires des espèces. Le rendement chimique cal-
culé à partir des résultats de simulation est d’environ 52 %, valeur cohérente avec celle obtenue lors de
l’expérience de Liu [137] : 63 %.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 150

F IGURE 5.20: Pertes thermiques pariétales moyenne en W/m2 .

Puissance chimique injectée Pin [W] 87.0


Puissance émise par la flamme Pr [W] 53.0
Pertes thermiques pariétales Ploss [W] 30.1
Bilan thermique entrée/sortie Pout [W] 22.9
Fraction massique de H2 O en sortie YH2 O [%] 8.3
Fraction massique de CO2 en sortie YCO2 [%] 8.0
Fraction massique de CO en sortie YCO [%] 1.8
Fraction massique de UHC en sortie YUHC [%] 1.7
Rendement de conversion ηconv [%] 60.9
Rendement chimique ηchem [%] 52.0
Rendement thermique ηt [%] 43.2

TABLE 5.5: Performances globales du brûleur, moyennées en temps, pour le cas avec méthane pur.

Les performances thermiques sont étudiées grâce au rendement thermique, calculé comme le rapport
entre la puissance récupérée en sortie et le taux de dégagement de chaleur moyen ηth = Pout /Pr . Sur
l’ensemble de la puissance émise par la flamme, 57 % est perdu à la paroi, et seulement 43 % sort du
domaine. Ce niveau de pertes thermiques est très élevé, et affecte fortement le processus de combustion,
les émissions polluantes et l’efficacité du brûleur.
Le rendement global du brûleur est obtenu grâce au rendement de conversion et au rendement ther-
mique : ηg = Pout /Pin = ηconv ηt . Pour ce point de fonctionnement, le rendement global est de 26.3 %.

Comme le rendement du brûleur est faible, on peut s’attendre à une forte production de méthane
imbrûlé et de monoxide de carbone. Pour mettre en évidence ces émissions, l’évolution temporelle des
fractions massiques d’hydrocarbones imbrûlés (UHC) (composés de CH4 , CH3 , CH2 O et HCO), eau
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 151

0.1

0.09

Species mass fraction Yk [−]


0.08

0.07

0.06 H2O
CO2
0.05 CO
CH4
0.04

0.03

0.02

0.01

0 5 10 15 20 25 30 35 40
Time [ms]

F IGURE 5.21: Evolution temporelle des fractions massiques de CO, CO2 , H2 O et CH4 intégrées sur la
sortie.

(H2 O), monoxide de carbone (CO) et dioxide de carbone (CO2 ) intégrés sur la sortie du brûleur sont
tracés sur la Fig. 5.21. Ces valeurs, moyennées en temps, sont résumées dans le Tab. 5.5. Comme attendu,
de grandes quantités de UHC et CO sont trouvées en sortie. Les espèces hydrocarbonées imbrûlées re-
présentent même 30 % du méthane injecté en entrée. L’intermittence des profils d’espèces est observable
sur la Fig. 5.21, prouvant encore le comportement instationnaire de la flamme et de la formation des
polluants.
Pour analyser la formation de CO, une iso-surface de fraction massique de CO colorée par la fraction
massique CO2 est présentée sur la Fig. 5.22. Cette figure montre que le CO est présent dans le front de
flamme mais aussi dans les zones de recirculation de coin, indiquant l’existence d’extinction locale ou
d’inhibition de recombinaison sans extinction dans ces zones. En outre, cette iso-surface sort du domaine
de calcul, ce qui démontre qu’un temps de résidence trop court ou encore le refroidissement des gaz
brûlés par les parois froides peut empêcher la recombinaison de CO en CO2 .

5.2.6 Performances de calcul


Ce calcul a été réalisé sur le calculateur Curie "nœuds fins" du centre de calcul TGCC avec 1024
processeurs. Les performances du code sont rassemblées dans le Tab. 5.6. Le pas de temps limitant est le
pas de temps convectif, de l’ordre de 1.7 × 10−7 s, menant à un temps de retour d’environ 10000 heures
CPU par milliseconde physique calculée. Après la phase de convergence du calcul, les statistiques sont
accumulées pendant environ cinq temps de passage, soit 40 ms. Cela représente donc 400 000 hCPU.
Le Tab. 5.6 comprend aussi la répartition du coût de calcul entre les sections du code les plus coû-
teuses. On constate que le calcul des termes sources de la chimie représente le travail le plus coûteux
malgré la répartition de charge dynamique (cf. Annexe A). Néanmoins, passer uniquement 39 % du
temps de calcul d’une itération pour la résolution de la cinétique chimique constitue un gain substan-
tiel par rapport aux premiers calculs réalisés sans répartition de charge. Ce gain permet une répartition
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 152

F IGURE 5.22: Iso-contour instantané de fraction massique de monoxide de carbone YCO = 0.01 colorié
par la fraction massique de dioxide de carbone.

Nombre d’éléments [×106 ] 34.2


Nombre de processeurs 1024
Pas de temps [µs] 0.168
Coût de calcul réduit [µs] 1030
Temps de retour [hCPU/ms] 9921
Scalaires [%] 76
dont Termes sources [%] 39
Répartition

dont Advection [%] 13


dont Diffusion [%] 16
Communications [%] 13
Equation de Poisson [%] 11

TABLE 5.6: Performances de calcul pour la configuration MESO-CORIA méthane-air sur maillage avec
34.2 millions d’éléments.

équitable entre les autres sections du code de l’ordre de 10 %.

5.3 Impact de l’enrichissement en hydrogène


5.3.1 Intérêt
L’hydrogène a de meilleures caractéristiques de résistance à l’extinction que le méthane [98]. L’ajout
d’hydrogène au méthane jusqu’à maintenant injecté permettrait d’améliorer la combustion dans le brû-
leur mésoscopique. La stabilisation de la flamme serait favorisée, augmentant le rendement de com-
bustion et réduisant les émissions polluantes. Ces avantages ont été largement étudiés expérimentale-
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 153

ment et numériquement dans des configurations académiques [98, 59] et sur des brûleurs macrosco-
piques [95, 74]. Une flamme enrichie en hydrogène présente une température adiabatique de flamme plus
élevée, une plus grande vitesse de flamme turbulente ainsi que de meilleures limites de flammabilité [98].
L’enrichissement en hydrogène d’une flamme méthane-air dans des brûleurs tourbillonnaires peut me-
ner à une flamme plus courte et robuste [196, 23], à une réduction des émissions polluantes [196, 120]
et permet à la flamme de brûler sur une gamme de richesse plus grande [45]. Ces effets sont dus à un
taux de dégagement de chaleur plus important par unité de surface de flamme et une plus grande vitesse
laminaire de flamme. Les flammes enrichies en hydrogène sont aussi moins stables thermiquement et
plus résistantes à l’extinction qu’une flamme méthane/air. La plus grande diffusivité de l’hydrogène im-
plique un nombre de Lewis plus faible, ce qui affecte la stabilité thermodiffusive. Le taux de réaction
est fortement corrélé à la courbure et la diffusion différentielle influe sur le plissement de la flamme. A
cause de sa forte vitesse diffusive, l’hydrogène se concentre au pic de courbure positive [228]. Comme
la flamme dans le méso-brûleur est faiblement turbulente, tous ces effets peuvent être significatifs. L’uti-
lisation de mélanges hydrogène-air à la place de mélanges méthane-air dans des brûleurs centimétriques
a déjà montré une amélioration des performances [231].
L’enrichissement en hydrogène du mélange de carburant a été étudié expérimentalement sur le brû-
leur MESO-CORIA par Liu [137]. Dans l’étude numérique présentée ici, deux mélanges méthane /
hydrogène ont été étudiés : 50 % molaire en hydrogène pour le cas C2 et 90 % molaire en hydrogène
pour le cas C3. Ces valeurs correspondent respectivement à 11 et 53 % en masse.

5.3.2 Validation sur flammes 1D


Afin de vérifier la validité de la stratégie numérique appliquée à ces enrichissements en hydrogène,
des flammes 1D en propagation libre ont été calculées. Le but est de vérifier que le schéma cinétique
réduit, ainsi que la résolution du maillage 3D sont adaptés pour retrouver les bonnes caractéristiques de
flamme. Des flammes laminaires 1D ont été calculées avec le schéma cinétique GRI3.0 aux deux taux
d’enrichissement proposés précédemment. Ce calcul sert de référence. Ces mêmes points de fonctionne-
ment ont ensuite été calculés avec le schéma cinétique Coffee [40] à la fois avec le code Cantera et avec
le code YALES2, pour une résolution de maillage ∆x = 50 µm, équivalente à la résolution du maillage
3D. Les profils d’espèces majoritaires dans l’espace physique et dans l’espace des phases sont comparés
sur la Fig. 5.23. La comparaison des profils obtenus avec Cantera et les schémas cinétiques GRI3.0 et
Coffee permettent de valider le schéma cinétique Coffee car ils montrent la même dynamique de flamme
que le schéma de référence. Les deux calculs avec le schéma Coffee présentent des profils d’espèces
confondus. Cela indique que la résolution de 50 µm est suffisante pour correctement décrire la struc-
ture de flamme. Les vitesses de flamme laminaires correspondant aux cas C2 et C3 sont respectivement
sC2 C3 −1
L = 0.66 et sL = 1.64 m.s . Ces valeurs n’excèdent pas un écart de 10 % par rapport aux valeurs
expérimentales de Hu et al. [103], ou par rapport aux valeurs obtenues avec le code Cantera et le schéma
cinétique GRI 3.0. La Fig.5.24 montre le taux de dégagement de chaleur de la flamme dans l’espace
physique, normalisée par le taux de dégagement de chaleur du cas C1, le cas avec méthane uniquement.
Le taux de dégagement de chaleur maximum est respectivement de 1.6 et 3.8 fois supérieur pour les cas
C2 et C3, par rapport au cas C1.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 154

CH4 CH4
O2 O2
H2 H2
0.2 CO 0.2 CO
CO2
CO2 H2O
H2O
CANTERA - GRI3.0
CANTERA - GRI3.0 CANTERA - COFFEE
0.15 CANTERA - COFFEE 0.15 YALES2 - COFFEE
YALES2 - COFFEE
Yk [-]

Yk [-]
0.1 0.1

0.05 0.05

0 0
-1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
x [mm] c [-]

CH4
O2
H2
0.2 0.2 CO
CO2
H2O
CANTERA - GRI3.0
CH4 CANTERA - COFFEE
0.15 O2 0.15 YALES2 - COFFEE
H2
CO Yk [-]
CO2
Yk

H2O
0.1 0.1
CANTERA - GRI3.0
CANTERA - COFFEE
YALES2 - COFFEE
0.05 0.05

0 0
-1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
x [mm] c [-]

F IGURE 5.23: Comparaison de profils d’espèces majoritaires dans l’espace physique (gauche) et dans
l’espace des phase (droite) pour les taux d’enrichissement des cas C2 (haut) et C3 (bas).

4
C1
C2
3.5 C3
Normalized heat release

2.5

1.5

0.5

0
-0.001 0 0.001 0.002 0.003 0.004
x-axis [m]

F IGURE 5.24: Taux de dégagement de chaleur dans l’espace physique de flammes 1D des cas C1, C2 et
C3, normalisés par la valeur du cas C1.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 155

Cas C1 C2 C3
Débit massique de méthane ṁCH4 [×10−6 kg.s−1 ] 1.74 1.28 0.47
Débit massique d’hydrogène ṁH2 [×10−6 kg.s−1 ] 0.0 0.16 0.53
Débit massique d’air ṁair [×10−6 kg.s−1 ] 29.0 27.6 23.7
Richesse globale φ [−] 1.03 1.00 1.12
Puissance chimique injectée Pin [W] 87.0 83.4 87.6
Température de paroi Tw [K] 417 463 472
Temps de séjour moyen τ [ms] 8.6 8.8 8.4

TABLE 5.7: Conditions opératoires des trois cas étudiés.

F IGURE 5.25: Rendu volumique instantané du taux de dégagement de chaleur local pour les trois cas C1
(a), C2 (b) et C3 (c).

5.3.3 Description des cas de calcul 3D


Des calculs 3D du brûleur MESO-CORIA ont été réalisés avec les deux taux d’enrichissement pré-
sentés précédemment : cas C2 pour un mélange de carburant contenant 50 % molaire d’hydrogène et
le cas C3 avec 90 %. Les points de fonctionnement sont résumés dans le Tab. 5.7, en rappelant les in-
formations du cas C1 avec méthane pur. Ces conditions opératoires enrichies présentent une puissance
chimique injectée et une richesse similaire au cas méthane pur. La température de paroi est imposée égale
à celle mesurée expérimentalement. Cette température augmente avec le taux d’enrichissement passant
ainsi de 417 K pour le cas C1 à 463 K et 472 K pour les cas C2 et C3 respectivement.

5.3.4 Topologie de l’écoulement réactif


Expérimentalement, il a été observé que la flamme apparaissait plus proche des parois sur les cas
C2 et C3. Cela peut être expliqué par la plus faible distance de coincement de la flamme hydrogène-
air : 1.3 mm pour le méthane contre 0.3 mm pour l’hydrogène [115]. La Fig. 5.25 montre des rendus
volumiques instantannés du taux de dégagement de chaleur pour chaque cas. Dans le cas C2, la flamme
présente la même topologie de flamme que dans le cas C1 mais paraît plus ridée et plus proche des murs.
Dans le cas C3, la topologie de la flamme est différente : elle est moins plissée, plus confinée et encore
plus proche des parois et du jet d’air. La flamme est aussi enroulée autour du jet d’air, là où le mélange
entre air et combustible n’est pas complet. Cette observation est cohérente avec une extension des limites
de flammabilité observées expérimentalement [196].
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 156

F IGURE 5.26: Taux de dégagement de chaleur intégré le long de l’axe y normalisé par la valeur moyenne
maximale de chaque cas C1, C2 et C3 (de gauche à droite) : moyenne temporelle (haut) et RMS (bas).

Afin d’analyser la position de la flamme, le taux de réaction de chaleur est intégré le long de la
direction axiale : Z +∞
Ω= ω̇T dy , (5.7)
−∞
puis Ω est moyenné en temps. La Fig. 5.26 montre les champs moyens et RMS de Ω pour chaque cas.
Comme chaque cas présente des dégagements de chaleur différents, ces valeurs sont normalisées par
la valeur maximale de taux de dégagement de chaleur moyen hΩimax . Dans le cas C1, la flamme est
globalement répartie dans tout le domaine. Comme le front de flamme tourne autour de l’axe y, de fortes
fluctuations sont aussi observées dans toute la chambre. En moyenne, la flamme plus plissée du cas
C2 est plus confinée dans la zone opposée à l’injection. Une propagation de flamme près du jet d’air
commence aussi à être visible. Pour le cas C3, la Fig. 5.26 montre que la flamme brûle seulement près de
la paroi opposée à l’injection d’air et autour du jet d’air. Le mélange air-carburant, après avoir impacté la
paroi, longe cette paroi et rencontre rapidement la flamme. Les réactifs frais sont confinés dans un petit
volume. Le reste du domaine est rempli de gaz brûlés refroidis par les parois plus froides. Dans le cas
C3, la topologie de l’écoulement attendue comme dans les cas C1 et C2 n’est plus retrouvée.
L’effet de l’ajout d’hydrogène peut aussi être analysé avec l’évolution de la surface de flamme, mon-
tré sur la Fig. 5.27, définie comme une iso-surface de la variable de progrès c et en ne prenant que les
points où le taux de dégagement de chaleur dépasse 10 % de la valeur maximum. Cette variable de pro-
grès c est calculée comme c = Yc /Yc,eq où Yc = YCO2 +YCO +YH2 O et Yc,eq correspond à Yc à l’équilibre
chimique. La composition spatiale variant spatialement et temporellement, l’équilibre chimique est cal-
culé en chaque point grâce à la libraire externe CEQ 1 . La surface de flamme moyenne des cas C1 et C2
1. CEQ est une librairie codée en Fortran 90 permettant de calculer l’équilibre chimique d’un mélange en minimisant la
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 157

3.5
C1
C2
C3
3
Flame surface [m2]

2.5

1.5

1
0 5 10 15 20 25 30
Time [ms]

F IGURE 5.27: Evolution temporelle de la surface de flamme pour chaque cas étudié.

atteignent les mêmes valeurs moyennes, mais de plus grandes fluctuations de surface sont observées pour
le cas C2. Cela suggère que la flamme du cas C2 est plus stable que celle du cas C1, comme attendu. Il
est important de noter que le temps physique simulé est suffisant pour obtenir le calcul convergé mais la
fréquence de sortie trop faible des résultats ne permet pas une étude statistique plus approfondie. Pour
le cas C3, la surface de flamme est en moyenne inférieure aux deux autres cas. La vitesse de flamme
laminaire du cas C3 peut expliquer ce phénomène. La flamme peut ainsi se localiser plus près des parois
et du jet d’air. Cet effet peut aussi être lié à un domaine de flammabilité plus large, comme montré par
la Fig. 5.28 qui présente la distribution de richesse des points situés dans la flamme. Les distributions de
richesse sont environ 50 % et 250 % plus larges pour les cas C2 et C3 respectivement, comparé au cas C1.
De plus, la distribution du cas C2 présente la même forme que le cas C1, avec un pic dans les richesses
pauvres – 0.6 et 0.8 respectivement – puis une diminution progressive jusqu’à la richesse maximum. La
PDF de la richesse du cas C2 est globalement différente avec une plus grande répartition sur l’étendue
de richesse, avec des valeurs élevées autour de la stœchiométrie. Ce comportement peut impliquer que la
flamme ne soit plus totalement en régime de prémélange dans le cas C3. La Fig. 5.29 montre la PDF de
l’indice de flamme ξ pour chacun des cas étudiés. Même si le cas C3 montre une part plus importante de
la flamme dans le régime de diffusion comparé aux cas C1 et C2, la flamme reste principalement dans
le régime de combustion prémélangé. Les cas C1 et C2 montrent là encore des profils de distribution
similaires.
Plus d’informations peuvent être obtenues grâce à la probabilité jointe de fraction de mélange Z, dé-
finie par Bilger [13], et de température T . La Fig. 5.30 représente cette probabilité jointe pour chaque cas
avec des statistiques récoltées sur 18 solutions indépendantes. La température d’équilibre pour chaque
valeur de fraction de mélange est ajoutée sur la Fig. 5.30 par la ligne rouge. La probabilité jointe montre
un chemin principal pour tous les cas : une ligne verticale de forte probabilité montre que les réactifs
fonction de Gibbs [183, 185]. L’algorithme de résolution est donné par [186]. L’équilibre chimique est calculé soit à pression et
température donnée, soit à pression et enthalpie fixée. Des contraintes supplémentaires peuvent être imposées sur des espèces
individuelles, ou sur une combinaison linéaire arbitraire d’espèces.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 158

6
C1
C2
C3
5

4
PDF [−]

0
0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8
ϕ [−]

F IGURE 5.28: PDF de richesse sur la surface de flamme pour les trois cas.

70
C1
C2
60 2 C3 70
60
50 50
40
1
PDF [−]

40 30
20
30
10

20 0 0
0 0.1 0.2 0.95 1

10

0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
ξ [−]

F IGURE 5.29: PDF de l’indice de flamme pour les trois cas.


Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 159

F IGURE 5.30: Probabilité jointe de fraction de mélange Z et de température T sur les trois cas. Ligne
rouge : état d’équilibre. Ligne noire pointillée : ligne à iso-Z de maximum de température.

doivent être suffisamment mélangés avant de brûler. Ce comportement, représentatif du régime de com-
bustion prémélangé, apparaît à des richesses inférieures aux richesses globales. Après avoir atteint des
températures élevées, la probabilité jointe suit la même tendance que la ligne d’équilibre en direction de
mélanges plus riche en carburant (vers des Z plus élevés). Ce phénomène démontre que des gaz brû-
lés pauvres sont enrichis en carburant puis brûlent de nouveau, augmentant la température du mélange.
L’épaisseur de la zone de probabilité supérieure à 10−5 s’épaissie avec l’enrichissement en hydrogène.
Cela confirme le domaine de flammabilité plus large des mélanges enrichis en hydrogène. La Fig. 5.30
montre également que le mélange local est toujours en dessous de la température d’équilibre. De l’éner-
gie est perdue par le mélange à cause du refroidissement lié au flux thermique pariétal, ce qui mène à
une diminution de la température. Le défaut d’enthalpie, calculé comme le rapport entre la température
maximale dans le domaine et la température d’équilibre maximale, atteint 77.1 %, 78.9 % et 70.4 % pour
respectivement les cas C1, C2 et C3. Ces valeurs révèlent que l’extinction de la flamme dans le cas C3
est plus fort que dans les autres cas.
L’ajout d’hydrogène est aussi connu pour avoir un impact sur la courbure de flamme [98, 96].
Ici, le calcul de la courbure de flamme ∇ · n est obtenu à partir de la normale au front de flamme
n = −∇c/|∇c|, où c est la variable de progrès. La densité de probabilité de la courbure de flamme,
normalisée par l’épaisseur de flamme laminaire, est montrée sur la Fig. 5.31 pour les trois différents cas.
Les courbures moyennes sont −0.1275, −0.0334, 0.0281 pour les cas C1, C2 et C3 respectivement avec
des variances de 0.6504, 0.5358, 0.5711. Les trois cas présentent une PDF similaire dans les courbures
positives et une distribution plus large dans le cas C1 dans les courbures négatives. Comme la configura-
tion n’est que faiblement turbulente, l’enrichissement en hydrogène ne favorise pas le plissement à petite
échelle comme montré par Halter et al. [96].

5.3.5 Performances
Le taux de dégagement de chaleur intégré en temps et en espace, ainsi que les pertes thermiques et
le bilan enthalpique des flux d’entrée et sortie sont résumés dans le Tab.5.8 pour les trois cas. Les rende-
ments de conversion et thermique sont aussi donnés dans le Tab. 5.8. Comme attendu, la puissance émise
par la flamme augmente avec l’ajout d’hydrogène, du fait de l’extension du domaine de flammabilité
et de la plus grande réactivité. C’est un effet bien connu de l’enrichissement en hydrogène. Le taux de
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 160

1.6
C1
C2
1.4 C3

1.2

1
PDF [−]

0.8

0.6

0.4

0.2

0
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4
0
(∇ · n)δL [−]

F IGURE 5.31: PDF de la courbure de flamme.

Cas C1 C2 C3
Puissance chimique injectée Pin [W] 87.0 83.4 87.6
Taux de dégagement de chaleur moyen Pr [W] 53.0 61.2 61.6
Pertes thermiques moyennes Ploss [W] 30.1 35.5 42.0
Bilan entrée/sortie du flux de chaleur Pout [W] 22.9 25.7 19.2
Rendement de conversion ηc = Pr /Pin [%] 60.9 73.3 70.3
Rendement thermique ηt = Pout /Pr [%] 43.2 42.0 31.8
Rendement global ηg = ηc ηt [%] 26.3 30.8 22.4

TABLE 5.8: Performances globales du brûleur pour les points de fonctionnement C1, C2 et C3.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 161

0.8
Experiment
Simulation

0.7

0.6
ηchem [−]

0.5

0.4

0.3
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
XH2 [−]

F IGURE 5.32: Rendement chimique pour chaque cas étudié en fonction de la fraction molaire d’hydro-
gène dans le mélange de carburant et comparé à l’expérience.

conversion commence à 61 % pour le cas sans hydrogène, et monte jusqu’à 73 % avec l’enrichissement.
Néanmoins, dans le même temps, les pertes thermiques augmentent aussi avec l’ajout d’hydrogène.
Comme le but du brûleur est de fournir la plus grande puissance sous forme de chaleur en sortie du
domaine, la plus grande efficacité thermique est désirée. Les rendement thermiques des cas C1 et C2
montrent une tendance similaire avec environ 40 % du dégagement de chaleur perdu sous forme de
pertes thermiques. Le rendement du cas C3 tombe à 32 %, montrant une encore plus médiocre efficacité
thermique. Le cas le plus enrichi montre une puissance plus importante émise par la flamme mais cette
puissance additionnelle est perdue aux parois. La distance d’extinction plus courte du cas C3 et donc le
gradient thermique pariétal plus fort peuvent expliquer cette amplification des pertes thermiques.
Le rendement global ηg du brûleur est obtenu en multipliant le rendement de conversion et le ren-
dement thermique. Les valeurs obtenues pour les trois cas sont très faibles : en dessous de 31 % (cf.
Tab. 5.8). Le meilleur cas demeure le cas C2, suivi de C1 puis de C3. Il est intéressant de noter que ces
rendement globaux suivent la même tendance que le défaut d’enthalpie calculé à partir de la Fig. 5.30.
La Fig. 5.32 représente le rendement chimique mesuré expérimentalement en fonction de l’enrichis-
sement en hydrogène pour une puissance donnée d’environ 90 W. L’enrichissement améliore le rende-
ment jusqu’à un taux de 60 % en volume d’hydrogène dans le mélange méthane/hydrogène. Après cette
valeur pic, le rendement chute rapidement. La Fig. 5.32 compare aussi le rendement chimique issu des
trois cas simulés avec ceux obtenus lors de l’expérience. Les valeurs à comparer sont résumées dans le
Tab. 5.9. Même si un écart d’environ dix points est observé entre les valeurs expérimentales et numé-
riques, la tendance observée expérimentalement est retrouvée : le rendement chimique est plus grand
pour le cas C2, avec 50 % molaire d’enrichissement en hydrogène, que pour les deux autres cas.
En résumé, comme il amplifie la réaction, l’ajout d’hydrogène favorise la combustion et le taux de
dégagement de chaleur. Cependant, ajouter de plus en plus d’hydrogène dans le mélange de carburant
n’améliore pas les performances du brûleurs en conséquence, et peut mener à un changement radical de la
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 162

Cases C1 C2 C3
Experience [%] 63.2 71.5 63.2
Simulation [%] 52.0 60.6 53.5

TABLE 5.9: Comparaison du rendement chimique entre l’expérience et la simulation. Les valeurs expé-
rimentales sont tirées de [137].

Cas C1 C2 C3
Fraction massique de CO YCO [%] 1.8 1.18 0.72
Fraction massique d’imbrûlés YUHC [%] 1.7 1.02 0.59
YCOoutlet /YCH4 inlet [%] 31.8 26.7 37.7
YUHCoutlet /YCH4 inlet [%] 30.0 23.0 30.9

TABLE 5.10: Emissions polluantes en sortie pour les trois cas.

topologie de la flamme. Sur les points de fonctionnement étudiés, la plupart de cette énergie additionnelle
dégagée est perdue aux parois. Le cas C2 apparait comme le meilleur compromis car il présente une plus
grande puissance émise par la flamme tout en gardant un rendement thermique raisonnable.

5.3.6 Polluants
L’ajout d’hydrogène engendre une modification des émissions polluantes [98]. L’influence de l’en-
richissement en hydrogène sur les émissions de monoxide de carbone et d’espèces hydrocarbonées im-
brûlées est investiguée sur les gaz brûlés sortant du domaine. Comme les cas C2 et C3 ont un meilleur
rendement de conversion que le cas C1, de plus faibles émissions sont attendues. Le Tab. 5.10 rassemble
les fractions massiques de CO et UHC (toujours composés des espèces hydrocarbonées du schéma ci-
nétique Cofee : CH4 , CH3 , CH2 O et HCO) intégrés sur la sortie et moyennées en temps. Plus on ajoute
de l’hydrogène dans le mélange de carburant, moins on trouve d’émissions polluantes. L’enrichissement
en hydrogène semble une stratégie efficace pour réduire ces émissions.
Cependant, comme la composition du mélange de carburant est différente dans les trois cas étudiés,
les émissions de CO et UHC sont divisées par la quantité de méthane injectée dans le brûleur. Les
valeurs sont réunies dans le Tab. 5.10. Ces rapports révèlent que le cas C3 a le comportement le moins
favorable en terme d’émissions polluantes, malgré son plus fort taux d’enrichissement. Le cas C1 montre
des émissions polluantes plus faibles que le cas C3 mais le meilleur choix est ici encore le cas C2. Ce
résultat peut être interprété en examinant la distance d’extinction, plus faible dans le cas C3, menant à
plus d’extinction locale de flamme. La combustion devient alors incomplète, augmentant la formation de
polluants.

5.4 Conclusions
L’étude de l’écoulement réactif dans la chambre de combustion centimétrique MESO-CORIA a été
traitée dans ce chapitre. Des calculs préliminaires ont été réalisés afin de déterminer la meilleure stratégie
de calcul en terme de précision des résultats et coût de calcul. Le schéma cinétique Coffee, composé de
14 espèces et 38 réactions, et une résolution de 50 µm ont été retenus. L’étude d’interaction flamme-
paroi a permis le développement des conditions de paroi isotherme et la détermination du flux de chaleur
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 163

pariétal induit. Ce cas test a aussi mis en évidence la faible influence des effets de Soret et Dufour sur
l’évaluation du flux de chaleur et la distance d’extinction de la flamme sur notre point de fonctionne-
ment particulier. Enfin, la configuration 2D bec bunsen a mis en évidence la problématique du coût de
calcul des termes sources de la chimie. Une stratégie de répartition de charge de calcul de ces termes
sources entre processeurs a été mise en place et optimisée pour les calculs 3D sur plusieurs milliers de
processeurs.
Les simulations LES, avec utilisation d’un modèle de sous-maille uniquement pour la turbulence, ont
mené à de nombreuses analyses. Le point de fonctionnement avec méthane pur a montré que la topologie
de l’écoulement réactif et de la flamme ainsi que le régime de combustion sont en accord avec les résul-
tats expérimentaux et des simulations moins détaillées. La présence de la zone de recirculation centrale
permet de stabiliser la flamme entre les gaz brûlés au centre et les gaz frais en proche paroi. Le mélange
entre l’air et le méthane est suffisant pour que la combustion ait lieu en régime de combustion prémélangé
presque partout dans la chambre. La combustion a lieu majoritairement à une richesse pauvre, inférieure
à la richesse globale, faisant apparaître qu’une partie du carburant injecté sort du domaine sans avoir
rencontré la flamme. Le rendement de conversion approche dans ce cas 61 %. Le rendement thermique
de 43 % fait tomber le rendement global de la chambre de combustion à 26 %.
Afin d’améliorer la faible efficacité de ce brûleur, l’enrichissement en hydrogène de l’injection de
méthane a été étudiée. Deux taux d’enrichissement du mélange de méthane ont été testés, pour une
puissance chimique injectée similaire : 50 % et 90 % en volume. La vitesse de flamme plus importante
et le taux de dégagement supérieur de l’hydrogène par rapport au méthane permet a priori de favoriser la
combustion. Dans la configuration MESO-CORIA, le taux de dégagement de chaleur est supérieur au cas
méthane pur et le domaine de flammabilité est agrandi, permettant à la flamme de brûler à des richesses
plus pauvres. Cependant, un comportement différent a été observé entre les deux taux d’enrichissement.
Ajouter une faible quantité d’hydrogène a permis d’améliorer les performances du brûleur et réduire
les émissions polluantes. Après une certaine limite, l’enrichissement en hydrogène peut radicalement
changer la topologie de la flamme et amplifier les pertes thermiques pariétales. L’extinction locale de la
flamme est plus importante, menant à une combustion plus incomplète que dans le cas méthane pur et à
la formation de polluants.
Etude de l’écoulement réactif dans le brûleur centimétrique 164
Chapitre 6

Amélioration de la forme du brûleur


centimétrique

L’amélioration des performances du brûleur centimétrique est étudiée grâce à la modification de sa


forme. Des géométries basées sur une forme cylindrique, plutôt que cubique, sont testées. Pour réduire
le coût de calcul et augmenter le nombre de configurations étudiées, une stratégie de calcul utilisant des
maillages avec une résolution plus grossière que dans le chapitre précédent et le modèle d’épaississement
de flamme est proposée.

Sommaire
6.1 Stratégie de réduction du coût de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
6.1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
6.1.2 Implantation du modèle TFLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
6.1.3 Validation sur flammes laminaires 1D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
6.1.4 Interaction flamme-turbulence : cas test flamme-tourbillons 2D . . . . . . . . . 172
6.2 Validation de la stratégie sur la configuration MESO-CORIA . . . . . . . . . . . . 179
6.2.1 Présentation des calculs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
6.2.2 Topologie de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
6.2.3 Performances globales et polluants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
6.2.4 Performances de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
6.3 Amélioration de la forme du brûleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
6.3.1 Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
6.3.2 Configurations étudiées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
6.3.3 Paramètres physiques et numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
6.3.4 Etude de l’écoulement réactif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
6.3.5 Performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
6.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197

6.1 Stratégie de réduction du coût de calcul


6.1.1 Introduction
Le chapitre précédent a montré le faible rendement obtenu avec le brûleur cubique MESO-CORIA.
Il convient dès lors de proposer des pistes d’amélioration du brûleur, comme la modification de sa forme,
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 166

afin d’en améliorer ses performances. Cette étude mène au calcul de plusieurs points de fonctionnement
ou à tester différentes géométries. En raison du nombre important de calculs à réaliser et du temps de
retour élevé, l’utilisation de la procédure de calcul du chapitre précédent n’est pas possible. Une stratégie
de réduction du coût de calcul doit être développée pour mener à bien cet objectif.
Comme on l’a vu, l’utilisation d’une approche de chimie multi-espèces est indispensable pour cor-
rectement décrire la structure de flamme dans le cas d’inhomogénéités de richesse et température. Malgré
les outils numériques tels que l’intégration raide des termes sources et la répartition de charge de cette
intégration, cette approche reste chère en ressources de calcul.
L’utilisation de maillages à la résolution plus grossière que dans le chapitre 5 peut apporter une
réponse. Avec un facteur 2 sur la résolution, le temps de retour d’un calcul 3D est diminué d’un facteur
environ 16 : facteur 2 dans chaque direction spatiale et facteur 2 en temps.
Appliquée sur notre configuration de brûleur centimétrique, on passerait d’un maillage de 34 mil-
lions d’éléments avec une résolution de 50 µm à un maillage d’environ 4 millions de cellules avec une
résolution de 100 µm. Avec un tel maillage, le temps de retour devient acceptable pour tester plusieurs
configurations.
Néanmoins, à cette résolution, la description de la flamme n’est plus suffisante pour obtenir les ca-
ractéristiques correctes pour la flamme (voir section 5.1.2). De plus, l’étude menée dans le chapitre 4 a
montré qu’une résolution de 100 µm implique une modélisation de sous-maille pour la turbulence non
négligeable dans la totalité du domaine, c’est-à-dire même en dehors de la zone de jet et d’impact. La
description de l’interaction flamme-turbulence s’en trouve d’autant plus affectée. Il devient nécessaire
d’utiliser un modèle de sous-maille pour la combustion.
Pour ces travaux, il a été choisi d’utiliser le modèle d’épaississement de flamme, ou Thickened Flame
for Large-Eddy Simulation (TFLES), couplé avec une approche de chimie multi-espèces et schéma ci-
nétique squelettique. Le modèle TFLES est décrit dans la section 6.1. Cette stratégie permet d’élargir
le front de flamme afin de le décrire sur plus de points du maillage. De plus, l’interaction flamme-
turbulence non captée du fait de la résolution plus grossière peut se voir restituée via l’utilisation d’une
fonction d’efficacité. Cette dernière doit permettre de modéliser l’effet du plissement de sous-maille sur
le dégagement de chaleur.

6.1.2 Implantation du modèle TFLES


Pour les besoins de ces calculs, le développement du modèle de combustion TFLES dans le code
YALES2 a été nécessaire. Son implantation a soulevé deux questions propres au couplage avec YALES2
et au couplage avec une cinétique complexe.

6.1.2.1 Couplage du modèle TFLES avec l’intégration raide des termes sources

Dans YALES2, le calcul du terme source de l’équation de transport des espèces 3.155 est intégré
sur le pas de temps de l’itération via la librairie d’intégration raide CVODE (voir section 3.6.2). Afin
d’écrire correctement cette équation dans la situation où elle est couplée au modèle TFLES, on repart de
l’Eq. 3.155 en faisant le changement de variable suivant [198] :

t → F t, (6.1)
x → F x. (6.2)
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 167

En supposant le facteur d’épaissisement F constant en temps et en espace, l’équation devient alors :

∂ρYk ∂ρui Yk ∂ 1
+ = (FρVk,i Yk ) + Ω̇k . (6.3)
∂t ∂xi ∂xi F

Afin de connaître l’expression du terme source Ω̇k , on effectue le même changement de variable sur
l’Eq. 3.136 :
Z t+∆t/F Å ã Z t+∆t/F Z t+∆t/F
F t dt F dt F
Ω̇k = ω̇k = F ω̇k = ω̇k dt . (6.4)
∆t t F F ∆t t F ∆t t

En rassemblant les deux dernières expressions, on obtient :


Z t+∆t/F
∂ρYk ∂ρui Yk ∂ 1
+ = (FρVk,i Yk ) + ω̇k dt . (6.5)
∂t ∂xi ∂xi ∆t t

Une approche similaire peut être réalisée pour la fonction d’efficacité E. On obtient finalement
l’équation de transport des espèces dans un contexte TFLES :
Z t+E∆t/F
∂ρYk ∂ρui Yk ∂ 1
+ = (EFρVk,i Yk ) + ω̇k dt . (6.6)
∂t ∂xi ∂xi ∆t t

On peut identifier certaines différences entre l’Eq. 3.138 et l’Eq. 6.6 :


- le terme diffusif est multiplié par E et F, comme dans l’Eq. 3.124,
- le temps d’intégration du terme source est multiplié par E et divisé par F.
Ces aspects ont été implantés dans YALES2. Les coefficients de diffusion sont multipliés par la
valeur locale de l’épaississement et de la fonction d’efficacité. L’intégrateur raide est appelé avec en
donnée d’entrée le temps d’intégration modifié. La valeur intégrée est ensuite divisée par le pas de temps
de l’itération fluide.

6.1.2.2 Définition d’un capteur de flamme pour la chimie complexe

Dans la section 3.5.4 sont présentés les capteurs de flammes utilisés avec le modèle TFLES dyna-
mique : la formulation Arrhenius et celle basé sur la variable de progrès. Ces formulations sont parfai-
tement adaptées respectivement pour une approche de chimie multi-espèces simple et pour la chimie
tabulée mais aucune ne convient pour une approche de chimie complexe. Le capteur basé sur une Ar-
rhenius utilise la fraction massique de carburant. Lorsque celui-ci est entièrement consommé, le capteur
indique l’absence de flamme alors que des réactions raides sont toujours en cours. La définition d’une
variable de progrès dans une approche chimie complexe s’avère difficile et baser un capteur sur celle-ci
est risque d’erreur.
Dans une approche de chimie complexe, définir un capteur de flamme ne constitue pas une tâche
simple. Chaque espèce réagit différemment et à différents instants dans la flamme. Par exemple, le mé-
thane est consommé en début de flamme alors que la recombinaison CO2 /CO a lieu en fin de flamme.
Il devient délicat de définir un capteur recouvrant toute la zone de réaction raide. De plus, le capteur de
flamme doit se limiter au front de flamme afin de ne pas modifier la dynamique de mélange dans les
zones non-réactives.
Pour résumer, le capteur de flamme doit répondre aux contraintes suivantes :
- S = 1 dans la zone de réaction raide,
- S = 0 en aval de la flamme où l’épaississement n’est pas nécessaire (réactions lentes),
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 168

F IGURE 6.1: Procédure de construction du capteur de flamme proposé par Franzelli. Image tirée de [72].

- S = 0 en amont de la flamme (zone de diffusion thermique) pour ne pas modifier le mélange et


l’interaction flamme-tourbillon.
Cette problématique a déjà été rencontrée par Franzelli [72] et Boucher [19], qui ont apporté des solutions
différentes.
Franzelli [72] propose de définir le capteur de flamme à partir du taux de réaction ω̇C = ω̇CO2 + ω̇CO .
Ce dernier est comparé à la valeur maximum de ω̇C obtenue dans une flamme 1D dans les conditions
opératoires équivalentes, tel que : Ç å
|ω̇C |

S = min 0 , 1 (6.7)
ω̇C
Ensuite la procédure suivante, illustrée par la Fig. 6.1 est répétée deux fois :
1. l’opération de seuillage si S > 0.1 : S = 1 est menée, afin d’épaissir le capteur et capturer la
zone de préchauffage,
2. le champs de S est ensuite filtré cinq fois.
Le champ de capteur de flamme obtenu est régularisé et correctement situé dans les zones de forts gra-
dients générés par les réactions chimiques.
Boucher [19] a défini un capteur de flamme faisant l’hypothèse de flammelette et basé sur une va-
riable d’avancement cb, différente de la formulation classique, afin de prendre en compte la chimie des
NOX . Le capteur de flamme S vaut ici :
n î ó2 o
S = tanh β × 46.56 c2sat (1 − csat ) . (6.8)

avec le paramètre β égal à 10 et la variable d’avancement cb ainsi que sa version saturée sont définies
comme :
YCO2 YCO YNO
cb = + + 10 , (6.9)
WCO2 WCO WNO
Ç å
cb
csat = min 1, . (6.10)
cb|x=xsat

où xsat est l’abscisse de saturation définie comme xsat = xf l + Lf l /2 avec xf l l’abscisse à laquelle la
température atteint la moitié de sa valeur maximale et Lf l une zone égale à dix fois l’épaisseur de flamme
thermique. Cette version saturée de la variable d’avancement atteint son maximum csat = 1 en x = xsat
considérée comme la fin de la zone réactive raide. Comme montré par la Fig. 6.2, cette définition permet
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 169

F IGURE 6.2: Comparaison du capteur de flamme, ici appelé α, avec le profil de température et de termes
sources d’espèces. Image tirée de [19].

au capteur de flamme de ne pas déclarer une zone de flamme raide là où des zones de faibles réactions
ont lieu.
La définition de Boucher [19] ne peut être utilisée dans les simulations 3D du brûleur centimétrique
du fait de l’hypothèse de flammelette effectuée. Il a été observé au chapitre précédent que cette hypothèse
n’est pas valide dans notre cas. La formulation de Franzelli [72] semble la plus appropriée. Néanmoins,
cette définition n’assure pas que le capteur de flamme soit égal à l’unité dans toute la zone de réaction
raide comme le montre la Fig. 6.1. Un capteur de flamme légèrement différent est proposé ici.
Le choix s’est porté sur la définition d’un capteur basé sur le terme source d’espèces. La combinaison
d’espèces peut être définie par l’utilisateur. Par défaut dans ces travaux, on prendra ω̇C = ω̇CO2 + ω̇CO +
ω̇H2 O . On utilise une valeur seuil paramétrable ω̇C 0 sur cette variable de progrès pour définir le capteur

de flamme tel que : 


S = 1, si ω̇ > ω̇ 0
C C
(6.11)
S = 0, sinon

La zone du capteur S = 1 est ensuite propagée aux nœuds voisins : sur une paire de nœuds, si un
nœud a la valeur S = 1 et l’autre S = 0 alors S = 1 est imposé sur les deux nœuds. Cette opération est
effectuée deux fois. La propagation peut être conditionnée à la composition locale du mélange afin de ne
propager que dans les gaz brûlés. Enfin le capteur est filtré une première fois puis on répète cinq fois la
procédure suivante, illustrée par la Fig. 6.3 :
1. Prise du maximum local entre la valeur initiale et la valeur filtrée,
2. Filtrage du champ de capteur de flamme S.
En pratique, la valeur seuil ω̇C
0 est prise comme égale à 10 % de la valeur maximale de ω̇ dans une
C
flamme laminaire 1D dans les mêmes conditions opératoires. De plus, il faut préciser que ω̇C 0 doit être

comparée à la valeur non épaissie de ω̇C , ce qui revient à comparer ω̇C 0 à F ω̇ .


C
D’autre part, une évolution temporelle du capteur peut modifier fortement le taux de dégagement de
chaleur dans l’approche à faible nombre de Mach : le pas de temps est plus élevé que dans une approche
compressible. Des fluctuations importantes peuvent avoir lieu dans les gaz brûlés, ce qui engendre des
problèmes de robustesse pour le calcul. Pour palier à cette difficulté, un filtrage temporel est appliqué via
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 170

S δ S δ S δ δ
!" !" !" !"
%&'()*+,$
%&'()*+,
%&' +, !"#$

#" #" #" #" x∗


x∗ x∗ x∗
S
%&'()*+,$
(a) (b)

F IGURE 6.3: (a) : Procédure de filtrage du capteur de flamme : filtrage puis prise du maximum entre
profil initial et profil filtré. (b) : Capteur de flamme final obtenu.

Résolution [µm] Epaississement F [−] sL [m.s−1 ] δL [µm]


50 – 0.418 426.2
100 2 0.419 836.7
200 4 0.417 1675
400 8 0.418 3328

TABLE 6.1: Caractéristiques de flamme avec épaississement constant.

un coefficient de relaxation α entre la valeur de S n calculée et la valeur utilisée à l’itération précédente


S n−1 :
S n = αS n + (1 − α)S n−1 . (6.12)
Cela permet de limiter les forts gradients en temps du capteur de flamme, qui peuvent mener à des
difficultés numériques. Dans ces travaux, la valeur α = 0.7 est choisie.

6.1.3 Validation sur flammes laminaires 1D


L’implantation du modèle TFLES dans le code YALES2 a été validé dans un premier temps sur des
flammes laminaires 1D. Un épaississement constant en espace et en temps a d’abord été choisi. Ainsi,
l’épaississement constitue une dilatation en temps et en espace d’un facteur égal à l’épaississement F.
La vitesse laminaire et la structure de flamme doivent être identiques à celles de la flamme non-épaissie.
La flamme de référence est la flamme étudiée dans la section 5.1.2 : flamme méthane/air stœchio-
métrique avec température des gaz frais à 300 K avec une résolution homogène de 50 µm. Des facteurs
d’épaississement de 2 et 4 ont été testés, sur des résolutions 2 et 4 fois plus grossières. Les résultats sont
rassemblés dans le Tab. 6.1. On constate que la vitesse de flamme est parfaitement constante quelque
soit l’épaississement. L’épaississement correspond bien à une dilatation homogène de l’espace : la ré-
solution de la flamme reste identique. L’épaisseur thermique de flamme est bien multipliée d’un facteur
F comme attendu. Les profils de température et d’espèces majoritaires sont montrés dans l’espace phy-
sique dilaté et dans l’espace des phases c = Yc /Yc,eq sur la Fig. 6.4. Tous les profils sont parfaitement
superposés, quelque soit l’épaississement choisi. Cela valide l’implémentation du modèle TFLES pour
des épaississements constants.
Des épaississements variables sont ensuite testés sur ces flammes 1D afin de valider le capteur de
flamme défini dans la section 6.1.2.2. Les résultats sur les caractéristiques de flamme sont rassemblés
dans le Tab. 6.2. La vitesse de flamme reste quasiment constante avec moins de 1 % d’écart. L’épaisseur
de flamme est bien augmentée du facteur F, montrant que le capteur de flamme couvre correctement
l’ensemble de la zone réactive. Cette observation est démontrée sur les profils de température et d’espèce
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 171

CH4
O2
H2
0.2 CO
2000 CO2
H2O

50 µm
0.15 100 µm - F=2
200 µm - F=4
1500 50 µm
Yk [-]
T [K]

100 µm - F=2
200 µm - F=4
400 µm - F=8 0.1

1000

0.05

500
0
-1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 -1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2
x/F [mm] x/F [mm]

CH4
O2
H2
0.2 CO
2000 CO2
H2O

50 µm
0.15 100 µm - F=2
200 µm - F=4
1500 50 µm
Yk [-]
T [K]

100 µm - F=2
200 µm - F=4
400 µm - F=8 0.1

1000

0.05

500
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
c [-] c [-]

F IGURE 6.4: Comparaison de profils de température (gauche) et d’espèces majoritaires (droite) dans l’es-
pace physique dilaté (haut) et dans l’espace des phases (bas) pour différents épaississements constants.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 172

Résolution [µm] Epaississement F [−] sL [m.s−1 ] δL [µm]


50 – 0.418 426.2
100 2 0.420 859.0
200 4 0.421 1707
400 8 0.421 3381

TABLE 6.2: Caractéristiques de flamme avec épaississement local.

CH4
O2
H2
0.2 CO
2000 CO2
H2O

50 µm
0.15 100 µm - F=2

Flame sensor [-]

Flame sensor [-]


200 µm - F=4
1500 50 µm

Yk [-]
T [K]

100 µm - F=2
200 µm - F=4
400 µm - F=8 0.1

1000

0.05

500
0
-1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 -1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2
x/F [mm] x/F [mm]

CH4
O2
H2
0.2 CO
2000 CO2
H2O

50 µm
0.15 100 µm - F=2
200 µm - F=4
1500 50 µm
Yk [-]
T [K]

100 µm - F=2
200 µm - F=4
400 µm - F=8 0.1

1000

0.05

500
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
c [-] c [-]

F IGURE 6.5: Comparaison de profils de température (gauche) et d’espèces majoritaires (droite) dans
l’espace physique dilaté (haut) et dans l’espace des phases (bas) pour différents épaississements locaux.

dans l’espace physique (Fig. 6.5 (haut)) sur lesquels le capteur de flamme a été ajouté (en noir). Pour les
épaississements de 2, 4 et 8, le capteur indique la même zone à épaissir : la zone où les gradients sont les
plus forts, correspondant à la zone de réaction rapide. Les profils dans l’espace physique se superposent
parfaitement dans la zone couverte par le capteur. En dehors de cette zone, l’épaississement est absent
donc F = 1 et les profils correspondent toujours à la référence. Les profils dans l’espace des phases sont
presque identiques, indiquant que la dynamique de flamme est conservée.

6.1.4 Interaction flamme-turbulence : cas test flamme-tourbillons 2D


La méthode proposée, basée sur un couplage du modèle TFLES dynamique avec l’approche de chi-
mie complexe, est maintenant testée sur un cas test d’étude d’interaction flamme-turbulence : la configu-
ration flame-vortex 2D. Il permet de comprendre l’interaction entre la turbulence, ici constituée de deux
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 173

outlet y
x

periodic

periodic
200 Lref

25 Lref
100 Lref

50 Lref
SL
inlet

100 Lref
50 Lref

F IGURE 6.6: Schéma du cas test d’interaction flamme-tourbillons.

tourbillons contra-rotatifs, et un front de flamme. L’objectif est d’analyser la réponse du front de flamme
à une perturbation aérodynamique et aussi de vérifier l’impact sur le capteur de flamme. Ce cas test a
été utilisé pour construire des base de données DNS et des régimes de combustion [180], valider des
méthodes numériques [161, 134, 238, 163] ou des modèles de combustion [42, 154], mais aussi étudié
expérimentalement [162, 195, 150].
Ce cas test consiste en une flamme laminaire plane prémélangée avec une vitesse de flamme SL et
épaisseur Lref . Le domaine est rectangulaire de dimension 100 Lref × 200 Lref , comme indiqué par le
schéma Fig. 6.6. Les gaz frais sont injectés depuis le bas du domaine y = 0, une vitesse uy = SL afin
que la position de la flamme soit constante en temps.
Les profils de vitesse des tourbillons sont imposés grâce aux formules suivantes :
Ü ê
Ç å Ç å ∂ψ Ç å
ux SL ∂y x2 + y 2
= + avec ψ = C exp − , (6.13)
uy 0 ∂ψ 2RC2

∂x
où C et RC représentent respectivement l’amplitude et le rayon des tourbillons. L’ensemble des para-
mètres utilisés dans cette étude sont les mêmes que dans [161, 134] et sont rassemblés dans le Tab. 6.3.

Un premier calcul DNS a été réalisé pour établir une référence avec un maillage composé de 2048 ×
4096 rectangles, pour une taille de maille moyenne de 23 µm. La Fig. 6.7 présente les champs de tem-
pérature, taux de dégagement de chaleur et vorticité à différents instants. L’évolution temporelle du taux
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 174

t = 0 ms t = 4 ms

t = 8 ms t = 12 ms

t = 16 ms t = 17 ms

t = 18 ms t = 19 ms

t = 20 ms t = 21 ms

t = 22 ms t = 26 ms

F IGURE 6.7: Champs de température, taux de dégagement de chaleur et vorticité en fonction du temps,
obtenus avec le maillage A1.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 175

Lref [m] SL [m.s−1 ] tref [s] C [m] RC [m]


5.45 × 10−5 0.416 1.31 × 10−4 70 × Lref 5.5 × Lref

TABLE 6.3: Paramètres du cas test flamme-tourbillons 2D.

de dégagement de chaleur global et de la surface du front de flamme (construit à partir de l’iso-surface


T = 1200 K) est présentée sur la Fig. 6.8. L’interaction flamme-tourbillon suit le processus suivant :
1. Le front de flamme reste parfaitement plat jusqu’à environ t = 5 ms. Les tourbillons contra-
rotatifs progressent en direction du front de flamme, portés par l’écoulement à la vitesse uy = SL .
Le taux de dégagement de chaleur et la surface de flamme restent constants.
2. Entre 5 et 10 ms, la partie centrale du front de flamme commence à se soulever à cause des
tourbillons. Le taux de dégagement de chaleur augmente légèrement.
3. A partir de 10 ms, en plus de se soulever vers le haut, au centre du domaine, la front est entraîné
vers le bas par les extrémités extérieures des tourbillons. Ce phénomène s’amplifie vers t = 16 −
17 ms formant une sorte de "champignon". L’augmentation du dégagement de chaleur s’accélère.
Le champs de vorticité indique que chaque tourbillon engendre deux tourbillons de plus faible
intensité : un tourbillon proche avec un sens de rotation inverse et un autre plus éloigné mais avec
le même sens de rotation que le tourbillon initial.
4. Le pied du champignon, constitué de gaz frais, devient de plus en plus fin jusqu’à se détacher de
la partie haute. Cette poche de gaz frais comporte les deux tourbillons, et les gaz brûlés viennent
s’enrouler autour de chaque tourbillon.
5. La couronne de gaz frais reliant les deux poches centrées sur les tourbillons s’amincit jusqu’à
disparaître juste avant t = 21 ms. Ce phénomène provoque une chute brusque du taux de déga-
gement de chaleur.
6. La surface de flamme se stabilise jusqu’à consommation complète des deux poches de gaz frais
à t = 23 ms, diminuant d’autant le dégagement de chaleur. Les tourbillons disparaissent suite à
l’augmentation de la viscosité au travers du front de flamme.
7. Après t = 23 ms, la zone centrale du front de flamme continue de descendre dans le domaine
tandis que les extrémités remontent. Cela est dû à la dynamique de l’écoulement apportée par les
tourbillons. La surface de flamme augmente linéairement avec le temps.
Ces résultats sont cohérents avec ceux trouvés dans la littérature. Poinsot et al. [180] et Mou-
reau et al. [161] ont observé le phénomène de poche de gaz frais qui s’extrait du front de flamme
puis est consommée. L’apparition de tourbillons annexes aux tourbillons initiaux a déjà été analysée
dans [238, 163] : on appelle ce phénomène la création de vorticité induite. La Fig. 6.8 montre que la
surface de flamme et le taux de dégagement de chaleur sont parfaitement corrélés. En effet, ce calcul
DNS se déroule à richesse fixée, température des gaz frais imposée et pression données.
Une étude en raffinement de maillage a d’abord été réalisée, sans modèle TFLES. Les grilles sont
composées de 1024 × 2048, 512 × 1024 et 256 × 512 éléments pour des tailles de maille de 53, 106 et
213 µm respectivement. Ces cas sont nommés A1 à A3 et sont comparés au cas de référence A0 (voir
Tab. 6.4). Le cas A3, celui avec la plus faible résolution, a une taille de maille trop importante pour la
résolution de ce problème. Comme dans le cas 1D, les profils d’espèces et de température sont trop raides.
Le calcul du cas A2, avec une résolution de 106 µm, entraîne de très grandes variations temporelles non
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 176

Adim. global reaction rate and flame surface [-]


3.5

2.5

1.5

1
5 10 15 20 25 30
Time [ms]

F IGURE 6.8: Taux de dégagement de chaleur (ligne) et surface de flamme (points) en fonction du temps,
normalisés par leur valeur à t = 0 ms.

Cas Maillage ∆x [µm] Epaississement [−] Fonction d’efficacité


A0 2048 × 4096 26 – –
A1 1024 × 2048 53 – –
A2 512 × 1024 106 – –
A3 256 × 512 213 – –
B2 512 × 1024 106 Dynamique Fmax =2 –
B3 256 × 512 213 Dynamique Fmax =4 –
B4 128 × 256 426 Dynamique Fmax =8 –
C2 512 × 1024 106 Dynamique Fmax =2 Charlette
C3 256 × 512 213 Dynamique Fmax =4 Charlette
C4 128 × 256 426 Dynamique Fmax =8 Charlette

TABLE 6.4: Cas de calcul de l’interaction flamme-toubillons.

physiques, ce qui démontre une résolution encore insuffisante. Ces résultats ne sont pas montrés ici.
Finalement, seul le cas A1 est comparé au cas de référence.
L’évolution du taux de dégagement de chaleur global en fonction du temps est comparée entre A0 et
A1 sur la Fig. 6.11. On remarque que la dynamique d’interaction décrite précédemment est parfaitement
conservée. De très légères variations existent aux moments de la chute brusque du taux de dégagement
de chaleur, liée à la plus faible description du front de flamme.
Ce cas test est reproduit maintenant en utilisant le modèle TFLES, avec seulement l’épaississement
activé dans un premier temps. Des maillages plus grossiers sont utilisés, de 512 × 1024 à 128 × 256,
couplés à des épaississements variant de 2 à 8 (voir Tab. 6.4). La Fig. 6.10 montre le champ de tem-
pérature et de terme source d’enthalpie sensible pour les différents cas étudiés à l’instant t = 20 ms.
Comme attendu, plus l’épaississement augmente plus l’épaisseur de flamme obtenue est importante :
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 177

4
A0
A1
3.5
Adim. global reaction rate [-]
3

2.5

1.5

0.5
5 10 15 20 25 30
Time [ms]

F IGURE 6.9: Taux de dégagement de chaleur en fonction du temps pour les cas A0 et A1.

la description de la structure de flamme reste satisfaisante même avec des maillages grossiers. Néan-
moins, les tourbillons ont plus de difficulté à déformer le front de flamme plus épais. Cela engendre
une dynamique modifiée de l’interaction flamme-tourbillon, comme décrit dans la section 3.5.3. Cette
dynamique est aussi observable sur la Fig. 6.11 présentant le taux de dégagement de chaleur global en
fonction du temps : plus l’épaississement augmente, plus la flamme est insensible aux tourbillons. De
plus, l’augmentation de la surface de flamme se fait avec un retard de plus en plus important par rapport
à la référence.
Ces résultats de l’interaction flamme-tourbillons couplés à l’épaississement démontrent la nécessité
d’apporter une correction sur la fluctuation de vitesse en sous-maille. En effet, cette vitesse vient plisser le
front de flamme en sous-maille, ce qui doit augmenter d’autant la surface de flamme. Les trois cas précé-
dents ont été reproduits en incluant cette fois la fonction d’efficacité de Charlette [32], avec la correction
proposée par Wang et al. [221]. Cette formulation évalue la surface de flamme non-résolue en fonction
de grandeurs nécessitant une résolution de sous-maille. La fluctuation de vitesse u′ est approchée par
la vitesse de sous-maille usgs à partir du modèle de Smagorinsky simplifié (voir Eq. 3.127). Ces cas de
calcul, couplant épaississement et fonction d’efficacité, sont appelés C2, C3 et C4 (voir Tab. 6.4). Leur
champs de température et terme source d’enthalpie à l’instant t = 20 ms est montré sur la Fig. 6.10. Ces
cas présentent une flamme épaissie comme précédemment mais moins en retard sur la référence. L’évo-
lution temporelle du taux de dégagement de chaleur global est tracé sur la Fig. 6.11 (droite). Plusieurs
observations peuvent être faites :
- Le modèle TFLES affecte l’interaction flamme-turbulence, provoquant une diminution de la sur-
face de flamme mais la fonction d’efficacité tend, au moins partiellement, à rattraper cet effet.
- Le cas C2 présente une dynamique quasiment identique à la référence : la fonction d’efficacité
joue pleinement son rôle. Les cas C3 et C4 ont une dynamique légèrement différente mais plus
proche de la référence que les cas B3 et B4.
- Le cas C4 montre des oscillations sur le taux de dégagement de chaleur global au début de
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 178

F IGURE 6.10: Comparaison du champs de température (haut) et du taux de dégagement de chaleur local
(bas) à l’instant t = 20 ms, entre les différents cas de calcul.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 179

4
A1 A1
B2 C2
B3 C3
3.5 B4 C4
Adim. global reaction rate [-]

2.5

1.5

0.5
5 10 15 20 25 30 5 10 15 20 25 30
Time [ms] Time [ms]

F IGURE 6.11: Taux de dégagement de chaleur en fonction du temps pour les cas B2 à B4 (gauche) et C2
à C4 (droite), comparés au cas A1.

l’interaction, entre 15 et 22 ms. La variabilité du capteur de flamme d’une itération sur l’autre
peut être la cause de cet effet. Cela nécessiterait une correction de ce dernier.
- Les cas utilisant la fonction d’efficacité (C2-C4) présentent un taux de dégagement de chaleur
de la flamme plane (entre 0 et 12 ms) légèrement supérieur à la référence de 5 − 10 %. Cela est
provoqué par une évaluation incorrecte de usgs car la vitesse de sous-maille s’élève à usgs ≈
0.3 m.s−1 dans le front de flamme au lieu d’être nulle. Cela engendre une fonction d’efficacité
non unitaire, alors qu’elle devrait valoir E = 1.
L’ensemble de ces résultats montrent la capacité du modèle TFLES à capturer correctement la flamme
et l’interaction flamme-turbulence sur des maillages relativement grossiers. En particulier, pour des cas
de faibles épaississements, la dynamique de flamme est parfaitement respectée. Le cas C2 (épaississe-
ment F = 2 et fonction d’efficacité de Charlette [32]) semble ainsi très prometteur et sera utilisé sur
les simulations 3D. Pour des épaississements plus importants, des corrections doivent être apportés pour
mieux prendre en compte l’interaction flamme-tourbillons, en changeant de fonction d’efficacité et/ou de
formulation pour la vitesse de sous-maille usgs .
En terme de performances de calcul, le modèle TFLES permet un temps de retour beaucoup plus
rapide grâce à l’utilisation de maillages plus grossiers. Les performances pour ce cas test sont rassem-
blés dans le Tab. 6.5 pour quelques cas. Les valeurs indiquées sont difficilement comparables car aucun
paramètre n’a été conservé constant entre les différents cas sauf entre les cas B2 et C2 et entre B3 et C3 :
l’ajout de la fonction d’efficacité montre un léger surcoût, attendu car l’intégration de la chimie est un
peu plus longue. Cependant, la comparaison du temps de retour montre un gain d’environ 8 en passant
d’un maillage à un maillage deux fois plus grossier. Cette valeur s’explique par le facteur 4 sur le nombre
d’éléments et du facteur 2 sur le pas de temps convectif.

6.2 Validation de la stratégie sur la configuration MESO-CORIA


6.2.1 Présentation des calculs
L’ensemble de la stratégie de réduction de coût de calcul via l’utilisation du modèle TFLES est
maintenant testé sur la configuration 3D du brûleur MESO-CORIA. Le cas de calcul avec le carburant
méthane pur est reproduit avec des maillages plus grossiers que dans le chapitre précédent. Le Tab. 6.6
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 180

Cas A1 B2 B3 C2 C3
Nombre d’éléments [×103 ] 2097 524 131 524 131
Nombre de processeurs 512 64 64 64 64
Pas de temps [µs] 2.1 3.5 8.4 3.3 7.3
Coût de calcul réduit [µs] 855 491 652 498 666
Temps de retour total [hCPU] 5750 522 81 545 87

TABLE 6.5: Performances de calcul de l’interaction flamme-tourbillons avec modèle TFLES.

Maillages M2 M1 M0
Taille de maille moyenne ∆x [µm] 50 100 200
Nombre d’éléments [×106 ] 34.2 4.28 0.602
Nombre de nœuds [×106 ] 6.17 0.743 0.108
Epaississement dynamique Fmax [−] − ∼2 ∼4

TABLE 6.6: Caractéristiques des maillages 3D de la configuration MESO-CORIA avec modèle TFLES.

rassemble les caractéristiques des maillages étudiés. Le maillage M2, composé de 34 millions d’éléments
est le même que celui utilisé dans le chapitre 5. Deux maillages ont été testés ici, M1 et M0, possédant
une résolution 2 et 4 fois plus grossière que M2. La Fig. Fig. 6.12 présente une visualisation de ces trois
maillages homogènes.
Le modèle de sous-maille pour la turbulence demeure le modèle de Smagorinsky dynamique. Le
modèle de combustion TFLES est activé avec un épaississement dépendant de la taille de maille locale
selon l’Eq. 3.121 et la fonction d’efficacité de Charlette [32]. La valeur locale de l’épaississement et de
la fonction d’efficacité est pilotée par le capteur de flamme basé sur le terme source ω̇c décrit dans la
section 6.1.2.2.
Afin de valider le modèle TFLES sur la configuration du brûleur centimétrique, il est nécessaire que
les simulations avec maillages grossiers donnent des résultats similaires aux résultats obtenus avec le
maillage M2, sur la dynamique de l’écoulement ainsi que sur les performances globales.

6.2.2 Topologie de l’écoulement


La Fig. 6.13 compare les champs de vitesse instantanée et moyenne dans le domaine sur les plans
A, B, C et D (définis sur la Fig. 5.14) et pour les maillages M2, M1 et M0. Il est important de noter que

F IGURE 6.12: Comparaison des maillages M2 (gauche), M1 (milieu) et M0 (droite).


Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 181

M2 M1 M0 M2 M1 M0

F IGURE 6.13: Comparaison des vitesses instantanée et moyenne sur les maillages M2, M1 et M0.

les champs instationnaires ne sont pas pris au même instant donc l’écoulement instantané ne peut pas
être strictement comparé entre les maillages. En revanche, la dynamique instantanée et le comportement
moyen entre les différentes résolutions peuvent être confrontés.
Montré sur le plan A, la dynamique du jet d’air est différente suivant le maillage considéré. Plus la
résolution est grossière, plus le jet est épais et l’angle d’ouverture important. Cela modifie l’éclatement du
jet sur la paroi opposée : beaucoup plus de structures cohérentes sont créées avec le maillage M2 qu’avec
les maillages M1 et M0. L’iso-contour de critère-Q tracé sur la Fig. 6.14 pour chaque maillage confirme
cette analyse. Avec le maillage M2, le jet d’air génère des tourbillons en entrant dans la chambre, puis
impacte le mur faisant apparaître de plus petites structures. Les maillages M1 et M0 sont trop grossiers
pour observer cette activité turbulente. En dehors de cette observation, les maillages M1 et M0 sont
capables de capter correctement l’écoulement whirlé : après l’injection, les vitesses les plus importantes
sont proches des parois menant à l’écoulement tourbillonnaire. Comme attendu, le centre du domaine
présente des vitesses très faibles.
Le mélange entre l’air et le méthane est directement impacté par la description de la turbulence.
Pour l’étudier, les champs de la fraction de mélange Z instantané et moyenne sur les plans A à D et
maillages M2 à M0 sont tracés sur la Fig. 6.15. Dans le plan d’injection A, le mélange semble trop riche
avec le maillage M1 et trop pauvre avec le maillage M0, comparé à M2. Avec la faible turbulence en
dehors de la zone de jet, le mélange se fait principalement par diffusion moléculaire. De fait, on retrouve
globalement l’observation du plan d’injection sur les plans suivants B à D. Cependant, on retrouve sur
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 182

F IGURE 6.14: Iso-contours du critère-Q Q = 1 × 108 s−2 , coloriés par la vitesse instantanée, sur les
maillages M2 (gauche), M1 (milieu) et M0 (droite).

M1 et M0 les grandes caractéristiques du mélange obtenus avec M2 : le carburant injecté est coincé entre
la paroi et le jet, créant une zone de recirculation riche le long de l’arête "supérieure gauche" du domaine.
L’écoulement whirlé et le mélange par diffusion participent ensuite à l’homogénéisation du mélange.
L’écart de richesse constaté peut dès lors influencer la dynamique de la flamme. La Fig. 6.16 repré-
sente les champs de température instantanée et moyenne sur les mêmes plans que précédemment. La
dynamique globale semble respectée avec les maillages grossiers couplés au modèle TFLES par rap-
port aux résultats issus de M2. L’écoulement est chaud dans le cœur central, au-dessus de 1700 K, puis
refroidi en se rapprochant des parois dont la température est fixée à T = 417 K.
L’ensemble des champs instantanés obtenus avec le maillage M1 montrent une grande similitude
avec les champs moyens obtenus avec ce même maillage. Cela est encore plus vrai avec le maillage M0.
L’utilisation d’un maillage de plus en plus grossier et couplé au modèle TFLES, dont l’épaississement
augmente avec la taille de maille, influe sur la dynamique de l’écoulement. Plus le maillage est grossier,
plus l’écoulement présente une activité turbulente faible. La flamme s’en retrouve moins déformée, avec
un aspect plus laminaire.
La dynamique de la flamme est visible sur la Fig. 6.17, représentant le rendu volumique du taux
de dégagement de chaleur dans le domaine 3D. Il est à noter que le dégagement de chaleur local est
moins important avec le modèle TFLES car ce dernier est lié au terme source des espèces affecté par
l’épaississement. Néanmoins, le taux de dégagement global doit rester le même. La topologie de la
flamme obtenue avec les maillage M1 et M0 est la même que celle obtenue avec le maillage M2 : le front
de flamme forme une sorte de cube, déformé par l’interaction avec l’écoulement. La flamme épaissie des
maillages M1 et M0 présente une plus forte intensité sur trois faces latérales, comme avec M2. Cette
observation est confirmée par les champs de dégagement de chaleur sur les plans A-D montrés par la
Fig. 6.18.
L’analyse qualitative des champs de vitesse, critère-Q, fraction de mélange, température et taux de
dégagement de chaleur ont montré que les caractéristiques globales de l’écoulement sont conservées
avec des maillages grossiers couplés au modèle TFLES, par rapport aux résultats du chapitre précédent.
Ces résultats ont montré aussi une influence sur la dynamique de l’écoulement.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 183

M2 M1 M0 M2 M1 M0

F IGURE 6.15: Comparaison de la fraction de mélange instantanée et moyenne sur les maillages M2, M1
et M0.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 184

M2 M1 M0 M2 M1 M0

F IGURE 6.16: Comparaison des maillages M2 (gauche), M1 (milieu) et M0 (droite).

F IGURE 6.17: Rendu volumique du taux de dégagement de chaleur local ω̇T sur les maillages M2
(gauche), M1 (milieu) et M0 (droite).
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 185

M2 M1 M0

F IGURE 6.18: Champs de dégagement de chaleur local ω̇T sur les plans A-D et maillages M2-M0.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 186

90
M2
M1
80 M0
Global Heat Release [W]

70

60

50

40

30

20
0 10 20 30 40 50
Time [ms]

F IGURE 6.19: Evolution temporelle du taux de dégagement de chaleur global pour chaque maillage.

Pour approfondir cette analyse, la Fig. 6.19 compare l’évolution temporelle du taux de dégagement
de chaleur global obtenu avec chaque maillage. Il est important de noter que le champ initial n’est pas
le même entre les différents cas de calcul donc l’écoulement ne suit pas la même évolution. En revanche
la dynamique du signal peut être comparée. La Fig. 6.19 montre clairement que le taux de dégagement
de chaleur global oscille beaucoup moins autour de la valeur moyenne avec le maillage M0 qu’avec
les maillages M2 et M1 : l’amplitude entre la valeur minimale et maximale est de l’ordre de 10 W
comparé à 40 et 50 W, respectivement. De plus la fréquence du signal de M0 semble beaucoup plus
faible qu’avec les maillages plus résolus. D’autre part, les oscillations à basses fréquences du signal M2
semblent similaires à celles du signal M1. Le signal M2, de part sa meilleure résolution présente en plus
des variation hautes fréquences.
Du fait de sa dynamique plus proche de l’écoulement de référence, les cas de calcul effectués avec le
maillage M1 semblent montrer un meilleur potentiel que celui avec le maillage M0.

6.2.3 Performances globales et polluants


Afin de valider la stratégie de réduction de coût de calcul, il est nécessaire que les résultats globaux
obtenus soient fidèles aux résultats de référence. Le Tab. 6.7 réunit l’ensemble des puissances obtenues,
les fractions massiques des polluants en sortie et les rendements associés pour chaque cas de calcul. Dans
un premier temps, on remarque que l’ensemble de ces données sont toujours similaires aux valeurs du
calcul de référence avec une erreur ne dépassant pas 30 %.
Le calcul réalisé avec le maillage M1 montre un plus grand taux de dégagement de chaleur et légère-
ment moins de pertes thermiques par rapport à M2. Les rendements déduits de ces puissances sont ainsi
meilleurs que pour le calcul de référence. Le calcul effectué avec M0 présente des résultats plus proches
de la référence, en dehors du rendement chimique où le résultat obtenu avec M1 est plus proche de la
référence.
Même si ces résultats diffèrent légèrement de la référence, les tendances obtenues sont cohérentes
et peuvent être exploitées dans d’autres configurations de calcul. Cela valide la stratégie de réduction
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 187

Maillage M2 M1 M0
Puissance chimique injectée Pin [W] 87.0 87.0 87.0
Puissance émise par la flamme Pr [W] 53.0 57.0 55.1
Pertes thermiques pariétales Ploss [W] 30.1 27.6 31.7
Bilan de chaleur entrée/sortie Pout [W] 22.9 29.4 23.4
Fraction massique de H2 O en sortie YH2 O [%] 8.3 9.2 8.6
Fraction massique de CO2 en sortie YCO2 [%] 8.0 8.7 8.9
Fraction massique de CO en sortie YCO [%] 1.8 2.1 1.3
Fraction massique de UHC en sortie YUHC [%] 1.7 1.2 1.7
Rendement de conversion ηconv = Pr /Pin [%] 60.9 65.5 63.3
Rendement chimique ηchem = [CO2 ]/([CO2 ] + [CO] + [CH4 ]) [%] 52.0 56.5 57.0
Rendement thermique ηt = Pout /Pr [%] 43.2 51.6 42.5
Rendement global ηg = ηconv ηt [%] 26.3 33.8 26.9

TABLE 6.7: Performances globales moyennes obtenus avec les maillages M1 et M0 couplés au modèle
TFLES, comparé au calcul de référence avec M2.

de calcul du point de vue des résultats. Dans la suite du manuscrit, une résolution de l’ordre de celle
du maillage M1, ∆x = 100 µm, sera préférée car elle permet de mieux transcrire la dynamique de
l’écoulement. Avec la taille de maille de M0, trop peu de points sont insérés dans les tubes d’injection et
dans la zone de jet, menant à une description insuffisante de l’activité turbulente.

6.2.4 Performances de calcul


Les performances de calcul sont rassemblées dans le Tab. 6.8. Les simulations ont été effectuées sur la
machine Antares du CRIHAN, présentant des performances comparables à la machine Curie sur laquelle
ont été obtenus les résultats de référence. On remarque que le passage du maillage M2 au maillage M1
entraîne un coût de calcul réduit similaire. Le temps de retour est 16 fois plus faible avec M1, ce qui
correspond au facteur 8 sur le nombre d’éléments et 2 sur le pas de temps. Le maillage M0 permet un
gain sur le temps de retour de seulement 8.8 par rapport à M1. Deux raisons expliquent ce résultat :
- La plus faible résolution du maillage M0 entraîne une valeur de vitesse maximale plus grande
d’environ 30 % par rapport à M2 et M1. Même si cette vitesse maximum est très localisée et
n’impacte pas forcément l’écoulement, elle ne permet pas de gagner le facteur 2 sur le pas de
temps convectif.
- L’augmentation progressive du pas de temps en passant de M2 à M1 puis à M0 engendre un
temps d’intégration de plus en plus important de la chimie, ce qui affecte les performances. Dans
le Tab. 6.8, on remarque que la part du calcul des termes sources passe de 39 % avec M2 à 52 %
avec M0.
Le rapport qualité des résultats - temps de retour montré par le maillage M1 est très satisfaisant. La
stratégie de calcul "maillage avec une résolution de 100 µm et modèle TFLES" permettra de calculer de
nombreuses configurations.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 188

Maillage M2 M1 M0
Nombre d’éléments [×106 ] 34.2 4.28 0.602
Nombre de processeurs 1024 256 128
Pas de temps [µs] 0.168 0.320 0.462
Coût de calcul réduit [µs] 1030 981 1103
Temps de retour [hCPU/ms] 9921 634 72
Scalaires [%] 76 88 84
dont Termes sources [%] 39 45 52
Répartition

dont Advection [%] 13 15 12


dont Diffusion [%] 16 17 11
Communications [%] 13 11 13
Equation de Poisson [%] 11 4 8

TABLE 6.8: Synthèse des performances de calcul pour la configuration MESO-CORIA avec maillages
grossiers couplés au modèle TFLES et comparé au résultat de référence.

6.3 Amélioration de la forme du brûleur


6.3.1 Méthodologie
6.3.1.1 Constat

L’objectif du projet MESOTHERM dans lequel s’inscrit cette thèse est à la base de réaliser un dé-
monstrateur de générateur d’électricité constitué d’une chambre de combustion et des matériaux ther-
moélectriques convertissant directement la chaleur issue de la combustion en électricité. Aujourd’hui, le
rendement maximal que l’on peut obtenir avec ce type de matériaux ne dépasse pas 10 %. Le rendement
global du système s’en trouve fortement impacté. Une première condition est que tous les composants
du système doivent tirer les meilleures performances possibles afin d’optimiser au mieux le système.
La chambre de combustion, qui est l’un de ces systèmes, a pour objectif de convertir le maximum de
carburant injecté en chaleur en sortie afin de garantir un rendement maximal. Le brûleur MESO-CORIA
était une première piste d’étude pour prendre place en tant que chambre de combustion dans le projet
MESOTHERM. Or, il a été vu dans les sections précédentes que le rendement de conversion de cette
chambre avec du méthane ne dépasse guère 60 %. Tout le carburant injecté n’est pas consommé et de
nombreux produits de combustion imbrûlés sont présents à la sortie. Grâce aux simulations précédentes,
on a constaté que le mélange des réactifs n’était pas optimal, ce qui semble être dû à des recirculations
de coins ainsi qu’à une faible activité turbulente.
De plus, on a observé que le rendement thermique du brûleur MESO-CORIA est de l’ordre de 40 % :
plus de chaleur est perdue aux parois que de chaleur n’est transmise en sortie. La cause principale de ce
comportement est la perte d’énergie de la flamme vers les parois froides de la chambre. Les simulations
LES ont montré que le flux de chaleur à la paroi pouvait s’élever à la valeur maximale du flux perdu par
une flamme impactant de façon normale une paroi. L’écoulement tourbillonnaire whirlé ne joue pas ici
son rôle de barrière thermique protectrice entre la paroi et les gaz brûlés du cœur central.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 189

6.3.1.2 Approche

Au vu de l’ensemble de ces observations, il est nécessaire d’améliorer au mieux la chambre de com-


bustion jusqu’à maintenant étudiée afin d’en tirer les meilleures performances possibles. De nombreuses
pistes d’améliorations sont envisagées.
L’enrichissement du mélange de carburant en hydrogène est l’une d’entre elles. L’étude menée dans
la section 5.3 a montré une amélioration des performances, mais uniquement pour une certaine plage
d’enrichissement, et sans atteindre des résultats pleinement satisfaisants.
D’autres solutions sont possibles, comme le changement du point de fonctionnement. Par exemple,
le brûleur pourrait fonctionner à une richesse pauvre, ce qui assurerait de brûler tout le carburant injecté
et limiter les polluants à condition de limiter l’extinction de flamme à la paroi. On peut aussi imaginer
que des débits plus forts favoriseraient l’activité turbulente et ainsi le mélange des réactifs. Dans ce cas,
le temps de séjour dans la chambre s’en trouverait diminué et pourrait provoquer une combustion encore
plus incomplète.
L’isolation thermique du brûleur constitue une voie d’amélioration. Les flux thermiques aux parois
seraient réduits, ce qui améliorait de fait le rendement thermique. Une telle solution est tout de même
limitée par la capacité du matériau constituant le brûleur à soutenir des températures élevées. L’isolation
thermique entraîne aussi une élévation de température du fluide dans le domaine et donc du fluide en sor-
tie, ce qui peut constituer un problème pour l’échange thermique avec les matériaux thermoélectriques.
Une autre voie d’amélioration consiste en la modification de la géométrie. En effet, la géométrie
cubique utilisée montre certains défauts : recirculations de coins, mauvais mélange des réactifs, écou-
lement tourbillonnaire imparfait. De toute évidence, dictée par des problématiques d’accès optiques, le
choix de cette géométrie ne se révèle pas le meilleur. D’autres formes de chambre peuvent être envisa-
gées. Comme dans les travaux de Wu et al. [231], Yetter et al. [236] ou Cozzi et al. [49], une géométrie
cylindrique permettrait de favoriser l’écoulement tourbillonnaire whirlé. On peut penser que cela amé-
liorerait le mélange et que les gaz frais isoleraient mieux thermiquement le cœur chaud des parois. Des
changements géométriques plus légers peuvent aussi être analysés : variations du rayon, de la longueur
du cylindre, du diamètre des entrées/sorties...
Toutes les solutions proposées ici présentent des avantages et des inconvénients, mais elles mérite-
raient toutes d’être étudiées. Dans un soucis de temps et de coût, seule le changement de la forme de la
chambre de combustion a été étudié dans ces travaux et différentes configurations ont été testées.

6.3.2 Configurations étudiées


Le point de départ de cette optimisation est le passage du brûleur MESO-CORIA cubique à une
forme cylindrique de rayon r = 5 mm et tronquée de 1 mm afin de modéliser un accès optique plat
(voir Fig. 6.20). Cette configuration est appelée CYL1. Les autres paramètres sont conservés identiques :
diamètres et emplacements des entrées et sorties.
A partir de la configuration CYL1, d’autres configurations ont été déclinées, représentées sur la
Fig. 6.20. La géométrie CYL2 est identique à CYL1 mais l’entrée d’air est parfaitement tangente au
cylindre. La configuration CYL3 reprend la géométrie de CYL2 mais avec un cylindre complet, non
tronqué. La dernière configuration testée, CYL4, est similaire à CYL3 mais avec l’injection de carburant
directement dans le tube d’entrée d’air.
Le Tab. 6.9 rassemble les caractéristiques géométriques de ces quatre configurations.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 190

CYL1 CYL2

CYL3 CYL4

F IGURE 6.20: Visualisation 3D des nouvelles configurations cylindriques étudiées.

Configuration CYL1 CYL2 CYL3 CYL4


Volume V [mm3 ] 744.5 744.5 785.4 744.5
Surface Sw [mm2 ] 52.9 53.7 54.9 52.9
Particularité Cyl. tronqué Cyl. tronqué, Cyl. entier, Cyl. tronqué
inj. air tangente inj. air tangente inj. air tangente
inj. carb. dans air
Elements [×106 ] 6.34 5.03 5.28 5.02
Nœuds [×106 ] 1.80 1.44 1.50 1.44
∆x [µm] 89.2 96.2 96.4 96.3

TABLE 6.9: Caractéristiques géométriques et de maillages des configurations cylindriques.


Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 191

6.3.3 Paramètres physiques et numériques


Des maillages tétraédriques ont été produits pour chaque configuration avec une taille de maille
approchant 100 µm. Le nombre d’éléments est compris entre 5 et 6.3 millions (cf. Tab. 6.9).
Afin d’être comparable à la géométrie cubique de la section précédente, le point de fonctionnement
est conservé : la puissance chimique injectée est de 87 W et la température de paroi fixée à 417 K.
Les paramètres numériques sont également gardés constants. Le modèle TFLES dynamique est uti-
lisé comme dans la section 6.2 : épaississement variable en fonction de la taille de maille et du capteur
de flamme, et fonction d’efficacité de Charlette [32].
En revanche la stratégie d’allumage est différente pour ces configurations cylindriques que pour la
configuration MESO-CORIA. En effet, l’écoulement réactif dans la géométrie MESO-CORIA sur le
maillages M1, de 4 millions d’éléments, a été obtenu sans difficulté particulière par interpolation du
résultat obtenu avec le maillage M2, de 35 millions d’éléments. Pour les configurations cylindriques,
l’allumage doit s’effectuer directement sur le maillage grossier. Un allumage trop fort implique des
gradients plus raides sur certaines variables comme la température ou la vitesse. La procédure d’allumage
peut dans ce cas faire diverger le calcul. A l’opposé, un allumage trop faible voit le noyau d’allumage
soufflé par l’écoulement. Beaucoup de temps a été nécessaire pour trouver le bon compromis et une
stratégie d’allumage efficace pour obtenir l’écoulement réactif dans ces nouvelles géométries. De plus, il
sera vu par la suite que le mélange entre réactifs est peu efficace, ce qui affecte d’autant plus la réussite
de l’allumage.

6.3.4 Etude de l’écoulement réactif


La Fig. 6.21 montre les lignes de courant passant par le tube d’injection d’air dans chaque confi-
guration cylindrique. L’écoulement tourbillonnaire est parfaitement respecté dans toutes les géométries
cylindriques et aucune recirculation de coin, observable dans la géométrie cubique, n’est visible.
L’écoulement whirlé est aussi apparent sur la Fig. 6.22 représentant le champ de vitesse moyenne
dans le plan d’injection. L’injection d’air à forte vitesse, supérieure à 40 m.s−1 , laisse place à un écoule-
ment rapide proche des parois (30 m.s−1 ) et au cœur central calme. Le caractère tronqué du cylindre sur
les configurations CYL1, CYL2 et CYL4 n’affecte pas particulièrement l’écoulement comme le montre
le champ de vitesse sur CYL3 : l’écoulement ne se décroche pas de la paroi.
Contrairement à la géométrie cubique, le jet d’air n’impacte pas la paroi opposée à l’injection. De
plus, le coude présent dans le tube d’injection sur la configuration MESO-CORIA était responsable de la
création de structures cohérentes. Pour ces deux raisons, l’activité turbulente dans les géométries cylin-
driques est beaucoup plus faible. Comme le montre le champ de vitesse RMS dans le plan d’injection de
la Fig. 6.23, les vitesses RMS n’excèdent pas 2 m.s−1 , hormis la configuration CYL4 où elles peuvent
atteindre 4 m.s−1 car les débit de carburant et d’air sont combinés. Dans la configuration MESO-CORIA,
les vitesses RMS dépassent 10 m.s−1 dans toute la zone du jet d’air et sont d’environ 5 m.s−1 en proche
paroi dans le reste du domaine. Cette plus faible activité n’est a priori pas favorable au mélange entre
réactifs et à l’augmentation de la surface de flamme.
La Fig. 6.24 montre la fraction de mélange Z dans le plan d’injection pour chaque configuration
cylindrique. Avec la géométrie CYL1, comme l’injection d’air n’est pas tangente au cylindre, une zone
de méthane pur se crée entre le jet d’air et l’injection de carburant. Cette zone contourne le jet d’air,
provoquant une zone riche en méthane visible dans le plan d’injection. Le mélange est très inhomogène.
Dans les configurations CYL2 et CYL3, où l’injection d’air est tangente au cylindre, le jet d’air emporte
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 192

CYL1 CYL2

CYL3 CYL4

F IGURE 6.21: Visualisation des lignes de courant dans les configurations cylindriques.

F IGURE 6.22: Champs de vitesse moyenne dans le plan d’injection pour chaque géométrie cylindrique.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 193

F IGURE 6.23: Champs de vitesse RMS dans le plan d’injection pour chaque configuration cylindrique.

des poches de méthane. Cette dynamique permet un meilleur mélange des réactifs. Avec la géométrie
CYL4, on observe une zone pauvre et une zone riche côte-à-côte dans le tube d’injection unique. Même
si le fluide rentrant dans la chambre n’est pas parfaitement mélangé, le champ de fraction de mélange
dans le reste du plan d’injection est assez homogène. C’est cette configuration, avec CYL2, qui semble
présenter le meilleur mélange parmi les quatre géométries étudiées.
Après la séquence d’allumage, l’écoulement est convergé pendant quelques temps de passage soit
environ 20 ms. Au cours de cette phase de convergence, la flamme s’est éteinte dans les configurations
CYL1 et CYL3. Cette extinction s’explique par le mélange peu efficace entre réactifs et à la trop faible
surface de flamme. Dans la suite, seuls les résultats des configurations CYL2 et CYL4 sont présentés.
La Fig. 6.25 présente le champ de température dans le plan médian (z = 5 mm) pour ces deux
géométries. Les réactifs froids se concentrent en proche paroi et s’enroulent autour du cœur central
chaud, comme attendu avec l’écoulement whirlé. A l’interface de ces deux zones, la flamme s’installe
comme le révèle le rendu volumique du taux de dégagement de chaleur local sur la Fig. 6.26 ou le champ
de dégagement de chaleur dans le plan médian de la Fig. 6.27. Ces figures montrent que la flamme
a une forme cylindrique et laminaire. La flamme dans la configuration MESO-CORIA apparait ainsi
beaucoup plus plissée que dans les configurations cylindriques. Le manque d’intensité de la turbulence
peut expliquer ce phénomène.

6.3.5 Performances
A partir des simulations sur les configurations cylindriques, un bilan énergétique est effectué de la
même manière que pour la géométrie MESO-CORIA. L’évolution temporelle du taux de dégagement de
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 194

F IGURE 6.24: Champs instantanés de fraction de mélange Z dans le plan d’injection des configurations
cylindriques.

F IGURE 6.25: Champs instantanés de température T dans le plan médian pour les configurations CYL2
et CYL4.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 195

CYL2 CYL4

F IGURE 6.26: Rendu volumique 3D du taux de dégagement de chaleur local représentant la flamme des
configurations CYL2 et CYL4.

F IGURE 6.27: Taux de dégagement de chaleur local instantané dans le plan médian pour les configura-
tions CYL2 et CYL4.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 196

70
CYL2
65 CYL4

60
Global Heat Release [W]

55
50
45
40
35
30
25
20
0 5 10 15 20 25 30
Time [ms]

F IGURE 6.28: Evolution temporelle du taux de dégagement de chaleur global pour les configurations
CYL2 et CYL4.

Configuration CYL1 CYL2 CYL3 CYL4


Puissance chimique injectée Pin [W] 87.0 87.0 87.0 87.0
Dégagement de chaleur global Pr [W] − 40.9 − 59.2
Pertes thermiques pariétales Ploss [W] − 26.6 − 41.5
Bilan de chaleur entrée/sortie Pout [W] − 14.3 − 17.7
Rendement de conversion ηconv = Pr /Pin [%] − 47.0 − 68.0
Rendement thermique ηt = Pout /Pr [%] − 35.0 − 29.9
Rendement global ηg = Pout /Pr [%] − 16.4 − 20.3

TABLE 6.10: Performances globales moyennes obtenues sur les configurations cylindriques.

chaleur global est tracé sur la Fig. 6.28. Ce dernier est très variable sur la configuration CYL2, allant de
20 à 70 W. Dans le cas de la configuration CYL2, le taux de dégagement de chaleur global reste compris
entre 55 et 65 W. La seule différence entre ces deux géométries réside dans l’emplacement de l’injection
de méthane : directement dans la chambre pour CYL2 et dans l’injection d’air pour CYL4. D’après la
Fig. 6.24, le mélange des réactifs de meilleure qualité pour la configuration CYL4 permet à la flamme
d’être plus stable que pour la configuration CYL2.
Les performances globales moyennées en temps sont rassemblées dans le Tab. 6.10. On retrouve le
taux de dégagement de chaleur global différents pour les deux configurations dont l’allumage a tenu :
environ 41 % pour CYL2 et 58 % pour CYL4. Ces résultats montrent un meilleur rendement de conver-
sion pour la géométrie CYL4. Sur la chaleur produite par la flamme, 27 W sont perdus aux parois pour
CYL2 contre 42 W pour CYL4. Le rendement thermique est meilleur pour CYL2 que pour CYL4. Si
l’on regarde le rendement global, la configuration CYL4 s’avère meilleure que CYL2, avec 20 % contre
16 %. Ces valeurs sont inférieures à celle obtenue avec la configuration MESO-CORIA, de l’ordre de
25 %. Ces nouvelles configurations n’apportent ainsi finalement pas de gain sur le rendement global.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 197

6.4 Conclusion
Ce chapitre s’intéresse à l’amélioration de la forme du brûleur centimétrique afin d’en améliorer
les performances. Dans cet objectif, une stratégie de réduction du coût de calcul a été mise en place.
L’idée est d’utiliser des maillages plus grossiers que dans les chapitres précédents, couplés au modèle
d’épaississement de flamme TFLES. Dans le cadre de la chimie complexe, cette stratégie a nécessité
une attention particulière pour son utilisation dans YALES2 ainsi que le développement d’un capteur de
flamme adapté. Cette méthode de réduction du coût de calcul a été testée sur des flammes laminaires
1D et un cas test d’interaction flamme-tourbillons 2D. Ce dernier a montré une réponse correcte du
modèle, mais seulement pour des résolutions et épaississements modestes. En effet, pour des facteurs
d’épaississement supérieurs à quatre, la dynamique de l’interaction est trop éloignée de celle du calcul
de référence. La fonction d’efficacité ne semble plus capable de rendre compte de l’effet du plissement
de la flamme.
La stratégie a ensuite été testée sur la configuration 3D MESO-CORIA, avec des résolutions deux
et quatre fois plus grossières que celle utilisée dans le chapitre 5. Les résultats obtenus avec ces deux
maillages sont très proches de la solution de référence. Cependant, le gain de calcul apporté par chaque
niveau de déraffinement n’est pas le même. Le meilleur compromis précision des résultats / coût de calcul
nous est apparu être le cas avec le maillage à 100 µm.
Afin d’optimiser les performances du brûleur centimétrique MESO-CORIA, quatre configurations
cylindriques avec différentes caractéristiques géométriques ont été choisies. Ces géométries ont été si-
mulées en adoptant la stratégie de réduction de coût de calcul et des maillages dont la taille de maille
typique est de 100 µm. La topologie whirlée de l’écoulement est obtenue, sans zones de recirculation.
Après une phase d’allumage délicate, deux configurations sur les quatre ont vu la flamme s’éteindre. La
faible activité turbulente liée au changement de géométrie affecte le mélange entre réactifs et diminue
la surface de flamme. Cet effet mène à l’extinction de la flamme ou à une combustion instable dans le
domaine. Seule la configuration où l’injection d’air se fait à l’intérieur du tube d’entrée d’air conduit
à une flamme stable et un meilleur rendement global. Néanmoins, aucune des configurations testées ne
présente des performances plus élevées que la géométrie cubique MESO-CORIA. Ce résultat est a priori
inattendu au vu de la bibliographie sur les chambres de combustion mésoscopiques cylindriques. Néan-
moins, il a été remarqué que le méthane s’avère le carburant le plus difficile à mettre en œuvre par rapport
à l’hydrogène ou au propane. Certaines études ont montré la nécessité d’enrichir en oxygène l’air jusqu’à
40 % en volume afin de stabiliser la flamme [231].
Pour améliorer ce concept de chambre de combustion whirlé, l’augmentation de la turbulence dans
le jet d’air semble importante à la fois pour le mélange et pour la surface de flamme. Cette idée peut
être mise en place facilement en modifiant la géométrie du tube d’entrée d’air. Le manque de système
d’accroche-flamme paraît aussi un point important de conception de ces systèmes. Les recirculations de
coins dans la géométrie cubique pouvaient d’ailleurs jouer sensiblement ce rôle.
L’amélioration du mélange entre réactifs peut aussi passer par un changement du système d’injection
dans la chambre. Des systèmes de micro-mélange passifs de type chaotique [119] ou de type blocs 3D
alternant tourbillons et re-laminarisation de l’écoulement [30] semblent de parfaits candidats dans cet
objectif.
Des formes de chambre de combustion plus originales peuvent aussi être imaginées, tout en conser-
vant la caractéristique whirlée de l’écoulement. Un exemple pourrait consister en l’utilisation de multi-
perforations le long de la surface circulaire permettrait d’injecter de l’air froid le long des parois. Présente
dans les moteurs aéronautiques, cette technique créé un film de protection thermique entre la paroi et le
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 198

reste du domaine.
Amélioration de la forme du brûleur centimétrique 199
Chapitre 7

Conclusions et perspectives

7.1 Conclusions
L’étude effectuée lors de cette thèse a permis d’analyser l’écoulement réactif dans un brûleur cen-
timétrique cubique grâce à des simulations numériques LES et DNS, et d’en étudier les performances.
Des pistes d’amélioration ont été proposées et l’enrichissement en hydrogène ainsi que le changement
de forme ont été testés. L’ensemble de cette étude a exigé l’ajout de nouvelles fonctionnalités dans le
code de calcul YALES2. L’implémentation, la validation sur cas tests et la diminution du temps de cal-
cul ont ainsi été nécessaire. Parmi ces développements, les plus importantes contributions concernent la
répartition de charge de calcul des termes sources de la chimie complexe, le modèle d’épaississement de
flamme et l’adaptation automatique et parallèle de maillage. Cette thèse s’est ainsi déroulée en plusieurs
parties.

Dans un premier temps, nous avons étudié l’écoulement non-réactif dans le brûleur cubique par si-
mulation DNS. La topologie tourbillonnaire whirlée de l’écoulement est correctement retrouvée avec une
zone de recirculation centrale. Les premières analyses du mélange entre les fluides entrant par chaque
entrée et de la distribution en temps de séjour ont montré des conditions non optimales pour la confi-
guration réactive. Des chemins préférentiels de l’écoulement favorisent des inhomogénéités de mélange
tandis que des recirculations de coins peuvent mener à des temps de séjour très longs pour certaines
particules fluides.
Dans la perspective de la simulation de l’écoulement réactif, des études de sensibilité au maillage
et au modèle de sous-maille pour la turbulence ont été réalisés. Un premier pas vers l’amélioration du
compromis précision des résultats / coût de calcul a été effectué.
Dans ce même objectif, une stratégie innovante d’adaptation de maillage automatique et parallèle a
été développée à l’aide de la libraire MMG3D [51], implantée de façon modulaire dans YALES2. Basée
sur des critères physiques et numériques, cette méthode permet le remaillage d’une grille composée de
tétraèdres en modifiant la densité locale de nœuds. Grâce à une répartition dynamique des éléments, le
caractère parallèle de cette stratégie permet le traitement rapide de maillages de plusieurs millions d’élé-
ments. Appliquée à un maillage grossier du brûleur centimétrique cubique, cette méthode a montré des
résultats très prometteurs. Même si la thématique de l’adaptation de maillage n’est pas récente [9, 62, 84],
le couplage direct avec le solveur fluide et la parallélisation automatique de la méthode constituent des
avancées majeures.
Conclusions et perspectives 201

Dans un second temps, nous nous sommes intéressés à l’étude de l’écoulement réactif dans le brûleur
centimétrique cubique. Une modélisation de la chimie via une cinétique complexe a été adoptée, avec
un maillage suffisamment fin pour capter correctement la dynamique de la flamme sans l’utilisation de
modèle de combustion. L’implémentation des effets thermodiffusifs Soret et Dufour a montré la faible
influence de ces phénomènes dans l’interaction flamme-paroi à nos conditions de fonctionnement. Pour
les besoins des calculs 3D, une stratégie de répartition de charge de calcul des termes sources de la chimie
entre processeurs s’est avérée nécessaire et a été optimisée afin d’être efficace sur plusieurs milliers de
processeurs.
Les simulations réactives LES, avec modèle de sous-maille uniquement pour la turbulence, ont per-
mis l’étude de la flamme dans le brûleur cubique. L’écoulement whirlé s’avère efficace car il permet la
stabilisation de la flamme en concentrant les gaz brûlés chauds au centre et les gaz frais froids proches
des parois. Le régime de combustion est majoritairement prémélangé et s’effectue à une richesse infé-
rieure à la richesse globale. Néanmoins, dans le cas d’une combustion méthane-air les performances du
brûleur ne sont pas satisfaisantes. Le mélange imparfait des réactifs ainsi que les trop grandes pertes
thermiques pariétales ne permettent pas d’obtenir une combustion complète. Une partie non négligeable
du carburant injecté sort directement du domaine sans avoir rencontré la flamme. Cet effet mène à un
rendement global du brûleur de l’ordre de 26 %.

Pour améliorer ces performances, l’augmentation de la réactivité du brûleur grâce à l’enrichissement


en hydrogène du mélange de carburant a été étudiée. Deux taux d’enrichissement à puissance chimique
similaire ont été testés, donnant deux réponses différentes. Pour un mélange de carburant composé de
50% d’hydrogène et 50% de méthane en volume, la puissance émise par la flamme augmente et la
combustion devient plus complète. Les émissions polluantes sont réduites, le rendement global de la
chambre de combustion se trouve amélioré. Avec un mélange de carburant de 90% d’hydrogène et 10%
de méthane, la topologie de la flamme se trouve modifiée. La très forte réactivité de la flamme fait
qu’elle se stabilise autour du jet d’air et brûle sur une plage de richesse très large. Le domaine est alors
entièrement rempli de gaz brûlés chauds. Les gaz frais ne pouvant créer une protection thermique entre
la flamme et la paroi, les pertes thermiques sont amplifiées. Le rendement global, de même que les
émissions polluantes, sont encore moins satisfaisants que dans le cas avec méthane pur. Cette analyse
sur l’enrichissement en hydrogène est en accord avec les résultats expérimentaux obtenus sur ce même
brûleur.
Ce dernier point constitue une innovation de ces travaux. En effet, l’utilisation d’une chimie ré-
duite comme celle du schéma cinétique Coffee (une dizaine d’espèces, quelques dizaines de réactions),
s’avère suffisante pour modéliser et capturer les phénomènes étudiés. Un tel niveau de complexité, à la
fois physique et numérique, n’avait pas encore été atteint sur des configurations complexes de cette taille.

L’amélioration des performances a aussi été étudiée grâce au changement de la forme de la chambre
de combustion. Pour multiplier le nombre de configurations calculées et diminuer le temps de retour,
l’utilisation de maillages plus grossiers que précédemment, couplés au modèle d’épaississement de
flamme TFLES, a été mise en place et validée sur la chambre de combustion cubique. Quatre géo-
métries cylindriques ont été testées, en conservant le même point de fonctionnement avec méthane pur
que la configuration cubique. La forme cylindrique peut a priori favoriser l’écoulement whirlé en évitant
les chemins préférentiels et les recirculations de coin. Cependant, les calculs LES réalisés ont montré
la grande influence sur l’écoulement réactif des quelques éléments géométriques qui diffèrent entre ces
Conclusions et perspectives 202

quatre géométries. Dans la moitié des configurations, la flamme est trop instable et s’est éteinte. Sur les
deux géométries restantes, une première présente une flamme très instable, tandis que l’autre montre une
flamme stable mais dont le rendement global est sensiblement inférieur à celui de la géométrie cubique.
Néanmoins, des enseignements ont été tirés sur la forme de chambre de combustion centimétrique à
utiliser :
- l’injection d’air semble devoir se faire de façon parfaitement tangente au cylindre, afin d’éviter
un chemin préférentiel du carburant de son entrée directement vers la sortie en longeant la paroi,
- le rapprochement des entrées d’air et carburant en amont de la chambre favorise le mélange entre
réactifs. Néanmoins, cette solution peut poser des problèmes en terme de sécurité avec le possible
phénomène de flashback.
- l’injection turbulente de l’air dans la chambre doit être favorisée afin de maximiser le mélange et
augmenter la surface de flamme.
- l’accrochage de la flamme dans le domaine doit être suffisant pour ne pas s’éteindre du fait de
trop fortes fluctuations en richesse ou en température.

Dans ces travaux, seule une adaptation de forme de type paramétrique a été réalisée : changement
de la forme générale, des positions des entrées... Au vu du coût de calcul de chaque configuration, ce
type d’optimisation semble a priori le seul envisageable aujourd’hui pour de tels écoulements réactifs.
L’optimisation de forme de type géométrique ou de type topologique reposent sur des algorithmes dont
le nombre de simulations à réaliser est plus important.

7.2 Perspectives
L’état actuel de l’étude permet de dresser de nombreuses perspectives parmi deux thématiques prin-
cipales traitées au cours de cette thèse : l’amélioration des performances de brûleurs centimétriques et
l’adaptation de maillage.

7.2.1 Amélioration des performances de brûleurs centimétriques


Il a été vu que la forme de la chambre de combustion a une grande influence sur la topologie de
l’écoulement. Une modification légère des conditions d’injection peut avoir un impact important sur
la stabilité de la flamme. Favoriser la turbulence à l’injection de l’air dans la chambre paraît une piste
importante. Augmenter la vitesse d’injection permettrait d’augmenter la turbulence, amplifier le mélange
entre réactifs et augmenter la surface de flamme. Cette augmentation doit se faire dans la limite d’un
temps de séjour suffisant pour que la combustion soit complète. Cette problématique de la combustion à
petite échelle constitue un défi très important. L’augmentation de la turbulence peut se faire également
par l’utilisation d’obstacles dans les tubes d’injection comme le cas du coude dans le tube d’injection
d’air de la géométrie cubique étudiée. L’ajout de mécanismes d’accroche-flamme constituent une autre
piste à explorer. La géométrie pourrait être modifiée localement afin de favoriser une recirculation de
l’écoulement et favoriser l’accrochage de la flamme.
Des formes de chambre de combustion plus originales pourraient être aussi envisagées. Par exemple,
l’utilisation de multiperforations créant un film d’air froid le long de la paroi permettrait de limiter
fortement les transferts de chaleur. Cette perspective est aujourd’hui permise grâce au développement de
méthodes de fabrication additives de plus en plus performantes.
Conclusions et perspectives 203

L’amélioration des performances de brûleurs centimétriques peut aussi passer par l’exploitation
de points de fonctionnement différents comme une richesse globale pauvre par exemple. L’utilisation
d’autres carburants peut aussi être envisagée. Dans la littérature, le propane a montré dans certains cas
de meilleurs résultats que le méthane [231, 48].
Un dernier aspect porte sur l’isolation thermique des parois. Une température plus élevée des murs
diminuerait le gradient thermique à l’intérieur de la chambre et permettrait de diminuer les pertes de
chaleur. Cependant, deux problèmes se posent : le matériau solide doit être capable de supporter de plus
fortes températures et la température des gaz de sortie augmente, ce qui n’est pas favorable dans certains
cas. Un compromis doit être trouvé dans la gestion thermique de la chambre de combustion.

Afin d’accélérer la phase de conception de chambres de combustion centimétriques plus perfor-


mantes, des outils moins chers en ressources de calcul que la LES peuvent être imaginés, ce qui mul-
tiplierait les possibilités de test. On peut penser notamment aux modèles 0D. En effet, un calcul 0D
consiste en la modélisation d’un réacteur à partir d’un jeu de données simplifié (volume, surface, débits
entrant...). Les performances globales sont alors obtenues en sortie du modèle. Au cours de cette thèse,
des tests ont été réalisés avec un modèle de type réacteur parfaitement homogène instationnaire (ou
CSTR pour Continuously-Stirred Tank Reactor) avec prise en compte des pertes thermiques. Les résul-
tats obtenus n’ont pas permis de retrouver les caractéristiques trouvées expérimentalement sur le brûleur
MESO-CORIA en termes de puissances et rendements, alors que ces informations sont fondamentales
pour la conception. L’hypothèse de mélange homogène dans le brûleur constitue une approximation trop
forte, notamment au vu des résultats LES. L’utilisation de modèles plus complexes, de type PaSR (Par-
tially Stirred Reactor Model) donc prenant en compte le mélange dans le réacteur, constitueraient sans
doute de meilleurs candidats pour retrouver les bonnes caractéristiques globales.

7.2.2 Adaptation de maillage


L’augmentation des capacités de calcul et l’amélioration des algorithmes de résolution fait de l’adap-
tation de maillage en parallèle une thématique innovante qui peut prendre de l’importance dans les années
à venir. La stratégie proposée dans ce manuscrit est un premier pas vers l’adaptation de maillage en cours
de calcul. Cet aboutissement ne peut être atteint qu’à certaines conditions :
- l’adaptation des surfaces est indispensable afin de pouvoir modifier le maillage de paroi ou pour
des calculs en deux dimensions. Dans ce cas, la gestion des périodicités devient un problème
numérique important.
- l’interpolation des données d’une grille initiale vers une grille adaptée doit aussi être améliorée
afin d’éviter des problèmes numériques (application du théorème de Nyquist-Shannon notam-
ment). Actuellement l’interpolation linéaire est utilisée. A l’avenir, des méthodes d’interpolation
d’ordre élevé sont envisagées.
- l’adaptation en cours de calcul ne saurait être rentable que si le temps de production d’un maillage
adapté est inférieur au temps de calcul sur un maillage plus fin. Des efforts sont encore à fournir
pour répondre à cet objectif de performance.
Une perspective attendue demeure l’adaptation de maillage dans le cas d’écoulements réactifs. En ef-
fet, le front de flamme nécessite souvent une résolution de maillage plus fine que le reste de l’écoulement.
Afin de minimiser le nombre d’éléments du maillage, il faudrait que cette résolution suive dynamique-
ment le front de flamme au cours du temps. Cette fonctionnalité a commencé à être traitée avec YALES2.
La Fig. 7.1 montre un cas test de noyau de gaz frais entouré de gaz brûlés : la flamme, présente à l’inter-
Conclusions et perspectives 204

F IGURE 7.1: Noyau de gaz frais entouré de gaz brûlés : champs de température T et terme source chi-
mique ω̇Y c superposés au maillage, à différents instants. Calcul réalisé sur 10 processeurs avec adaptation
dynamique de maillage et répartition automatique des éléments.

face de ces deux zones, consomme progressivement l’intégralité des réactifs. Le maillage suit l’évolution
du front de flamme au cours du temps grâce aux remaillages successifs effectués toutes les 25 itérations.
Beaucoup de travail reste à effectuer pour rendre l’adaptation de maillage totalement automatique
dans des géométrie complexes. Le développement de ces méthodes est toujours en cours dans le cas de
simulations avec chimie complexe.
Une autre problématique constatée au cours de cette thèse réside dans la diminution de la taille de
plus petite taille de maille, et par conséquent du pas de temps du calcul. Cela engendre un temps de retour
plus élevé des simulations. Le développement de nouvelles méthodes d’intégration temporelle implicites
permettrait de s’affranchir de cette difficulté.
D’autre part, il serait intéressant de savoir si le processus d’adaptation présenté dans cette thèse
converge toujours vers le même maillage final. Autrement dit, est-ce que le maillage adapté dépend du
maillage initial ? Si cette affirmation est vérifiée, la simulation pourrait ainsi devenir indépendante de
l’utilisateur.
Conclusions et perspectives 205
Annexe A

Algorithme de répartition de charge

A.1 Principe
Dans les calculs parallèles, la synchronisation entre processeurs est importante pour obtenir les
meilleures performances possibles. Dans YALES2, l’équilibrage de charge est normalement effectué
par la double décomposition de domaine. Cependant, pour certaines tâches, cette double décomposition
ne convient pas. C’est notamment le cas de l’intégration des termes sources de la chimie. Pour remédier
à cela, un algorithme a été développé dans YALES2 pour mieux répartir cette charge de travail. La straté-
gie présentée ici est adaptée aux problèmes de calculs CPU intensifs avec peu d’entrées/sorties. On peut
trouver cette méthode sous le nom de Scheduler dynamique.
L’objectif de l’algorithme de répartition de charge est de distribuer à chaque processeur une quantité
de travail globale. Cette méthode permet de mieux synchroniser les processeurs entre eux. Les gains
observés peuvent être importants malgré le surcoût de communications MPI supplémentaires.
La méthode de répartition, appliquée à l’intégration de la chimie, peut être résumée de cette façon :
- chaque processeur ne calcule pas les termes sources de ses propres nœuds du maillage, mais se
met au service d’un processeur maître,
- ce maître distribue les nœuds qu’il possède aux autres processeurs afin de calculer les termes
sources,
- le rôle de "processeur maître" tourne entre tous les processeurs afin que chacun le soit une seule
fois.
Il est important de noter que plusieurs maîtres peuvent exister simultanément : l’algorithme ne force pas
à l’existence unique de ce rôle.

A.2 Détails de l’algorithme


L’algorithme de répartition de charge implanté dans le code YALES2 est détaillé sur la Fig. A.1. Un
processeur peut avoir deux rôles : maître ou esclave. Un processeur a le rôle de maître pendant que les
autres sont esclaves, sauf si un précédent maître n’a pas terminé son travail. Le rôle de maître change de
façon à ce que chaque processeur le soit une fois pendant une itération.
Si le processeur est esclave, il doit :
1. dire au maître qu’il est prêt à effectuer du travail ;
2. écouter ce que le maître lui dit, ce qui se réduit à trois possibilités :
Algorithme de répartition de charge 207

F IGURE A.1: Algorithme complet du scheduler dynamique.


Algorithme de répartition de charge 208

a) le maître lui envoie du travail. L’esclave l’exécute puis renvoie les résultats obtenus au maître.
Il repart à l’étape 1 ;
b) le maître lui envoie le signal de tout arrêter ;
c) le maître lui envoie l’identité du nouveau maître ;
i. si l’esclave est le nouveau maître, il change son état ;
ii. sinon, il retourne à l’étape 1.

Si le processeur est maître, il doit :


1. découper le maillage en sous-domaines définis par le paramètre de granularité ;
2. attendre qu’un processeur esclave lui envoie un signal ;
3. récupérer le travail effectué par l’esclave si celui-ci a déjà travaillé pour le maître ;
4i. s’il a toujours du travail, envoyer un sous domaine à l’esclave pour qu’il le traite et retourner
ensuite à l’étape 2 ;
4ii. s’il n’a plus de travail, trois situations s’offrent à lui :
a) aucun processeur n’a été déclaré en tant que nouveau maître. Il doit alors regarder si l’esclave
a déjà été maître durant l’itération. Si tel est le cas, l’esclave est placé dans une liste d’attente
jusqu’à ce qu’un nouveau maître soit défini. Le maître se rend ensuite à l’étape 2 ;
b) si aucun processeur n’a été déclaré comme nouveau maître et dans le cas où le processeur
esclave n’ait pas encore été maître, il doit dire au processeur esclave qu’il a été promu au rang
de maître et informer tous les processeurs en attente qu’un nouveau maître a été désigné ;
c) si un nouveau maître a été désigné, il doit envoyer à l’esclave demandant du travail l’identité
du nouveau maître.
5i. si tous les esclaves ne connaissent pas l’identité du nouveau maître, le retour à l’étape 2 est
nécessaire ;
5ii. si tous les esclaves connaissent l’identité du nouveau maître, alors :
a) si le maître n’est pas le dernier maître, le processeur passe à l’état d’esclave ;
b) si le maître est le dernier maître, il envoie un signal à tous les esclaves puis se quitte lui-même.

Pour maximiser les performances, il est capital que plusieurs processeurs puissent avoir le rôle de
maître simultanément. Cela permet aux communications MPI de se chevaucher et d’éviter que tous les
processeurs soient en attente qu’une petite partie d’entre eux finissent leur travail.

Le message envoyé du maître vers l’esclave regroupe l’information de plusieurs nœuds regroupés
en un groupe de nœuds. L’information d’un nœud est constitué du système 3.140. Le nombre de nœuds
constituant ce groupe, appelé chunk, représente la granularité. A la fin du calcul de l’esclave, ce dernier
renvoie ces systèmes avancés en temps vers le maître. Le chunk est donc un paramètre important du
scheduler. Il doit être choisi en fonction de la taille du schéma cinétique et de la latence du réseau
du calculateur, afin de trouver le meilleur compromis entre le rapport opérations de calcul/nombre de
communications et la bonne répartition de charge (voir Tab. A.1).

A.3 Performances avant optimisation


Le scheduler a d’abord été testé sur le cas test de la flamme Bunsen (voir section 5.1.4) sur le cal-
culateur Turing (IDRIS) avec un nombre de processeurs variant de 1 à 1024. La courbe de scale-up,
Algorithme de répartition de charge 209

chunk Ratio opérations/communications Répartition de charge


-- Mauvais / Bonne ,
++ Bon , Mauvaise /

TABLE A.1: Compromis à faire sur la taille du chunk.

F IGURE A.2: Scale-up du cas brûleur Bunsen 2D obtenu sur la machine Turing (IDRIS).

représentant l’accélération obtenue en utilisant plus de processeurs, est présentée Fig. A.2. Sans sche-
duler dynamique, les performances de calcul se dégradent : l’augmentation du nombre de processeurs
permet d’obtenir le résultat plus rapidement mais l’évolution n’est pas linéaire. Au contraire, l’utilisation
du scheduler apporte un gain important, la courbe de scale-up est presque idéale : multiplier le nombre
de processeurs par deux permet d’obtenir le résultat deux fois plus rapidement.
Sur le cas du brûleur centimétrique 3D, la courbe d’accélération obtenue avec le calculateur Curie
(CCRT) pour un nombre de cœurs s’étalant de 512 à 8192 est présentée Fig. A.3. Avec 512 processeurs,
on constate l’apport du scheduler avec un gain de 50 % sur le temps de calcul. Avec 1024 cœurs les
performances sont similaires avec et sans scheduler. Pour des nombres de processeurs plus importants,
les performances sans scheduler sont dégradées, bien en dessous de la courbe idéale. Avec scheduler, le
scaling est encore plus mauvais. La courbe est même décroissante à partir de 4096 processeurs. Pour les
calculs avec plus de 1024 processeurs, le coût des communications est supérieur au coût de calcul de
l’intégration des termes sources : l’activation du scheduler devient alors plus coûteux que le calcul des
termes sources lui-même.

A.4 Optimisation
A.4.1 Ajout de communicateurs internes
Le problème de performances vient du fait que dans le scheduler, chaque processeur communique
avec tous les autres processeurs. Sur un nombre important de cœurs, cela engendre de grandes possibilités
Algorithme de répartition de charge 210

3000

2500

2000
Strong scaling

Without scheduler
1500 With scheduler
Linear

1000

500

0
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000
Number of cores

F IGURE A.3: Comparaison du strong scaling avec et sans scheduler sur la configuration du brûleur
centimétrique 3D, obtenu sur la machine Curie (CCRT) avant optimisation. La référence est choisie
comme le calcul sans scheduler et 512 processeurs.

One MPI communicator

Multiple MPI communicator

F IGURE A.4: Schéma de la double décomposition des processeurs. Haut : tous les processeurs sont réunis
dans un seul communicateur. Bas : les processeurs sont séparés entre plusieurs communicateurs.

de communications point à point que le réseau ne peut assurer correctement : le processeur maître a
trop de communications à assurer avec ses esclaves. Une optimisation du scheduler a donc été apportée
lorsqu’il est utilisé sur de grands nombres de processeurs.
L’objectif de l’optimisation est d’améliorer les performances du scheduler en limitant le nombre de
communications d’un processeur vers d’autres. L’idée est alors de créer des communicateurs internes,
c’est-à-dire constituer des groupes de processeurs. Chaque processeur communiquerait alors seulement
avec les autres processeurs de son sous-communicateur et non plus avec tous les autres du calcul. La
Fig. A.4 illustre ce propos. Avec un seul communicateur (zone rouge clair) réunissant seize processeurs,
chaque cœur (carré bleu) communique avec les quinze autres. Avec quatre communicateurs composés
de quatre cœurs (zones rouge clair à rouge foncé), chaque cœur communique uniquement avec trois
processeurs.
Cette stratégie d’optimisation ne fonctionne qu’à condition que les communicateurs soient équilibrés
en charge de calcul. Les groupes de processeurs sont alors constitués en se basant sur la charge CPU
mesurée à l’itération précédente. A partir de cette mesure, un algorithme de tri répartit les cœurs en
groupes de charges égales.
La taille des communicateurs est un paramètre clé pour la bonne performance du scheduler avec
communicateurs internes. Des communicateurs constitués d’un faible nombre de processeurs ne permet
Algorithme de répartition de charge 211

Nb. proc. dans comm. interne Nb. groupes de procs. Répartition de charge Travail du maître
-- ++ Mauvaise / Faible ,
++ -- Bonne , Elevé /

TABLE A.2: Compromis à faire sur la taille des communicateurs internes.

2500

2000
Scalar source term reduced efficiency

1500

4096 cores
512 cores
1000

500

0
0 100 200 300 400 500 600
Internal communicator size

F IGURE A.5: Efficacité réduite du calcul des termes sources en fonction de la taille du communicateur
interne pour des calculs à 512 et 4096 processeurs.

pas une bonne répartition de charge alors que des communicateurs avec un grand nombre de cœurs
reviendrait à avoir le problème précédent (voir Tab. A.2). Il convient donc de trouver un compromis
entre ces deux extrêmes.
De nombreux tests ont été effectués avec différents nombres de processeurs (Fig. A.5). Ils ont montré
que des communicateurs composés de 32 processeurs semble être le meilleur compromis entre bonne
répartition de charge et économie de travail pour le maître. Cette valeur est donc utilisée par défaut dans
le code YALES2.

A.4.2 Initialisation des communications point-à-point


La Fig. A.5 montre cependant de grandes différences de performances d’une taille de sous-communi-
cateur à une autre. Cet écart est lié au temps d’établissement des communications MPI entre un cœur et
tous les autres cœurs du communicateur : à la première connexion entre deux processeurs, un ensemble
d’instructions MPI sont exécutées. En fonction de la qualité du réseau de connexion entre les nœuds
d’un calculateur, ce temps est plus ou moins long. Pour éviter que ce temps impacte les performances du
scheduler, un pré-câblage est réalisé avant le calcul de la chimie. Ce pré-câblage consiste en l’échange
d’un entier quelconque entre chaque paire de cœur d’un sous-communicateur. Comme cette phase est
effectuée en amont par tous les processeurs en même temps, l’équilibrage de charge peut se faire de
façon optimisée.
Algorithme de répartition de charge 212
Table des figures

1.1 Photo de l’ENIAC, premier ordinateur électronique complet en 1946 (source : Wikime-
dia) (a) et le Kinetis KL03 de Freescale, le microcontrôleur ARM le plus petit du monde
(2014), posé sur une balle de golf (source : www.silicon.fr) (b). Le microcontrôleur est
50 000 fois plus petit mais 400 000 fois plus performant que l’ENIAC. . . . . . . . . . . 14
1.2 Energie par unité de masse pour différentes sources d’énergie, tiré de [70]. . . . . . . . . 15
1.3 Diagramme de Ragone : comparaison des performances des techniques de stockage
d’énergie, tiré de [43]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

2.1 Echelle de tailles caractéristiques des chambres de combustion, exemples de brûleurs et


d’applications. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.2 Limites de stabilité d’un brûleur cylindrique de type asymétrique pour deux carburants,
méthane et propane, en fonction du débit total d’entrée, tiré de [46]. . . . . . . . . . . . 25
2.3 Schéma de l’utilisation de l’énergie thermique libérée par la combustion à petite échelle,
tiré de [115] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.4 (a) : Schéma de la micro-turbine de l’ONERA [91]. (b) : schéma de la micro-turbine du
MIT de 12 mm de diamètre et 3 mm de long [64]. (c) : mini moteur Wankel [70]. (d) :
micro-propulseur digital de TRW. (e) : micro-propulseur haute pression du MIT [151]. . 27
2.5 Distribution de température d’un brûleur swirlé (a) et d’un brûleur avec recirculation (b),
tiré de [111]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.6 (a) : Schéma et champs de température d’un brûleur droit de 0.5 cm étudié dans [169].
(b) : Profils des flux thermiques en fonction de la direction axiale de ce même brûleur.
Figures reprises de [115]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.7 (a) : Schéma illustrant le principe d’un système à flux inversés, tiré de [114]. (b) : coef-
ficient thermique critique en fonction de la conductivité thermique pariétale, figure tirée
de [115]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.8 (a) : Différentes géométries possibles de brûleurs à enthalpie excédentaire. (b) : Profils
des flux thermiques en fonction de la direction axiale de ce même brûleur. Figures tirées
de [115]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.9 (a) : schéma d’un swiss-roll carré vu de dessus, tiré de [115]. (b) et (c) : schéma vu de
côté et photo du brûleur swiss-roll cylindrique de Tohoku de 64 mm de diamètre. (d) :
photo du swiss-roll de l’University of South California, tirés de [111]. . . . . . . . . . . 31
2.10 Schéma des différents phénomènes physiques dans un brûleur catalytique, tiré de [115]. . 32
TABLE DES FIGURES 214

2.11 (a) : Limites de stabilité de la combustion catalytique et en phase gazeuse en fonction


du nombre de Reynolds pour un brûleur de type swiss-roll en Inconel, tiré de [2]. (b) :
champs de température (gauche) et concentration de OH (droite) pour trois différents
modes : réactions de surface et en phase gazeuse (haut), réactions en phase gazeuse
seulement (milieu) et réaction de surface uniquement (bas) [35]. . . . . . . . . . . . . . 33
2.12 (a) : Interaction entre combustion catalytique et en phase gazeuse en fonction de la taille
du canal et de la vitesse d’injection [35]. (b) : Ratio des réactions de surface en phase
gazeuse en fonction de la dimension du système pour différentes températures de fonc-
tionnement [115]. (c) : coefficient de transfert thermique critique en fonction du diamètre
du canal pour la combustion en phase gazeuse, catalytique ou les deux combinés (HH)
[115]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.13 (a) : schéma des principales structures tourbillonnaires identifiées à la sortie d’injection
TLC et flamme en V (en rouge), tiré de la thèse de Guedot [89]. (b) : flamme en V dans
le brûleur PRECCINSTA matérialisée par la variable d’avancement dans le plan médian,
issu de [160]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.14 (a) : schéma du domaine calculé et de l’injection du microbrûleur swirlé. Iso-contour de
critère Q et rendu volumique du taux de dégagement de chaleur pour un nombre de swirl
de 0.6 (b) et 1.2 (c). Figures tirées de [210]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.15 (a) : iso-contour de la variable de progrès c=0,2 coloriée par le dégagement de chaleur
[222]. Champs de température et fraction massique de carburant instantané (b) et struc-
ture de la flamme de spray (c) [143]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.16 (a) : schéma de l’écoulement d’air dans la chambre de combustion ; intersection avec
l’injection de carburant. (b) : schéma d’une chambre de combustion cylindrique de type
whirl. (c) : vue 3D du méso-brûleur de Wu et al. [231] . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.17 (a) : micro- et méso-brûleurs whirlés de différents volumes étudiés à Pennsylvania State
University. (b) : trajectoires principales de l’écoulement d’air dans la combustion hy-
drogène/air à la stœchiométrie. (c) : vue de face de la structure de flamme issue de
l’expérience du brûleur propane/air de 124 mm3 et richesse 0.8 (image de gauche) et
méthane/air enrichi en oxygène de 49.1 mm3 à richesse 0.3 (image de droite). Images
tirées de [231]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.18 (a) : schéma de la géométrie et des positions des entrées du brûleur de Yetter [236].
(b) : trajectoires principales de l’écoulement d’air dans la combustion hydrogène/air à la
stœchiométrie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.19 (a) : dispositif expérimental du brûleur whirlé de Milan [49]. (b) : image moyenne ob-
tenue par chimiluminescence CH*, représentant la position moyenne de la flamme d’un
mélange méthane/air à richesse 0.58 ; la flèche verticale indique l’injection d’air et celle
horizontale la sortie ; la paroi est indiquée par le cercle noir [46]. (c) : diagramme de sta-
bilité obtenue avec le modèle 0D pour un mélange méthane/air pour différents niveaux
de pertes thermiques (lignes de couleur) et comparaison à l’expérience (points) [47]. . . 39
2.20 Photo issue de l’expérience CORIA (a). Rendu 3D de la chambre de combustion (b). . . 40
2.21 Représentation 3D du volume fluide. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.22 Impact de l’ajout d’hydrogène dans le mélange gazeux sur la position de la flamme
(gauche et milieu) et instabilité thermo-acoustique (droite), tiré de [137]. . . . . . . . . . 42
TABLE DES FIGURES 215

2.23 (a) : Iso-contour du taux de réaction (rouge) et du critère-Q (gris). (b) : Visualisation du
taux de réaction (couleur feu) et de la fraction de mélange Z (surimposition en échelle de
gris, iso-contour de la sœchiométrie en blanc) sur une coupe dans un plan du domaine. . 43

3.1 Taille de différents schémas cinétiques issus de la littérature en fonction du nombre d’es-
pèces N et du nombre de réactions K pour différents carburants, tiré de [131]. . . . . . . 56
3.2 Schéma de la structure d’une flamme de prémélange laminaire. . . . . . . . . . . . . . . 60
3.3 (a) : Diagramme schématique de la cascade énergétique à nombre de Reynolds élevé,
tiré de [184]. (b) : Spectre d’énergie cinétique turbulente E(k) en fonction du nombre
d’onde k (proportionnel à l’inverse de la longueur des tourbillons), tiré de [155]. . . . . . 61
3.4 Comparaison des méthodes DNS, LES et RANS : résolution temporelle d’une variable
comme la température (a) et résolution du spectre d’énergie turbulente (b) . . . . . . . . 63
3.5 Comparaison de la température (T) et du taux de dégagement de chaleur (HR) entre une
flamme laminaire 1D non-épaissie (en trait continu) et épaissie avec un facteur F = 4
(ligne avec les points). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.6 DNS de l’interaction flamme-turbulence : flamme non épaissie (gauche) et flamme épais-
sie d’un facteur F = 5 (droite). La flamme artificiellement épaissie est clairement moins
plissée par la turbulence du fait de la modification de l’interaction flamme-tubulence due
au facteur d’épaississement. Figures tirées de [179]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.7 Volume de contrôle basé sur un nœud du maillage dans YALES2 : xp représente le nœud
du maillage, xp représente le barycentre du volume de contrôle. . . . . . . . . . . . . . 73
3.8 Champs de temps calcul CPU de la chimie sur une flamme de bec bunsen sans répartition
de la charge de calcul, avec un schéma cinétique contenant 14 espèces et 38 réactions.
Le coût de la chimie est beaucoup plus important dans la flamme qu’en dehors. . . . . . 75
3.9 Représentation de la double décomposition de domaine sur un maillage composé de
triangles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.10 Schéma de communication entre communicateurs et entre processeurs. . . . . . . . . . . 76
3.11 Comparaison d’une même iso-surface de critère Q non-filtré (gauche) et filtré à l’aide
de filtres d’ordres élevés (droite), obtenue sur un maillage de 878 millions d’éléments.
Figures tirées de [90]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

4.1 Représentation 3D du volume fluide et plans y − z et x − y avec emplacements des


entrées et sortie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.2 Visualisation des plans A (y = 1 mm), B (y = 3.5 mm), C (y = 6 mm) et D (y = 8.5 mm). 87
4.3 Champs de vitesse instantanée sur les plans A, B, C et D. . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4.4 Champs de vitesse instantanée sur les plans A, B, C et D avec légende saturée à 15 m.s−1 . 87
4.5 Champs de vitesse moyenne sur les plans A, B, C et D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
4.6 Lignes de courant 3D dans la chambre de combustion, coloriées par la vitesse moyenne. 88
4.7 Lignes de courant (en blanc) sur les plans A, B, C, D coloriés par la vitesse moyenne. . . 88
4.8 Champs de vitesse RMS sur les plans A, B, C et D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
4.9 Iso-contour du critère-Q à Q = 8 × 108 s−2 , colorié par la vitesse instatannée. . . . . . . 90
4.10 Fonction densité de probabilité du rapport de la taille de maille ∆x locale sur l’échelle
de Kolmogorov ηK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
4.11 Champs du scalaire Z instantané (haut), moyen (milieu) et RMS (bas, échelle logarith-
mique) sur les plans A, B, C et D (de gauche à droite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
TABLE DES FIGURES 216

4.12 (a) : Iso-contour Z = 0.055 dans le domaine 3D. (b) : Lignes de courant passant par
l’injection Z = 1 coloriées par la vitesse moyenne. (c) : PDF de la fraction de mélange
Z moyenne sur les plans A, B, C et D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4.13 Champs du scalaire τres moyen sur les plans A, B, C et D (de gauche à droite), en secondes. 95
4.14 Visualisation de la vitesse (a) et du temps de séjour (b) des particules traceurs dans le
domaine après 170 ms d’injection. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
4.15 Scatter plot du temps de résidence des particules en fonction de la direction y pour
chaque entrée d’injection : entrée "air" (a) et entrée "carburant" (b). . . . . . . . . . . . 96
4.16 Distribution du temps de résidence des particules injectées par l’entrée d’air et l’entrée
de carburant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.17 Champs de vitesse moyenne dans le plan A pour les maillages M1, M2 et MREF. . . . . 98
4.18 Champs de fraction de mélange obtenus avec les maillages M1, M2 et MREF. Noir : air.
Blanc : carburant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
4.19 Rendu volumique du rapport de viscosité µt /µ sur les maillages M1, M2 et M3. . . . . . 99
4.20 Fonction Densité de Probabilité de la distance à la paroi adimensionnée y + . . . . . . . . 100
4.21 Champs de vitesse moyenne sur le maillage M1 avec le modèle de viscosité turbulente
Smagorinsky Dynamique (a), WALE (b) et l’approche NO-MODEL (c). . . . . . . . . . 101
4.22 Champs de vitesse moyenne sur le maillage M2 avec le modèle de viscosité turbulente
Smagorinsky Dynamique (a), WALE (b) et l’approche NO-MODEL (c). . . . . . . . . . 101
4.23 Profils de vitesse moyenne (haut) et RMS (bas) sur les maillages M1 (gauche) et M2
(droite) en fonction des modèles de turbulence et comparé à la référence MREF. . . . . . 103
4.24 Schéma de la configuration jet plan turbulent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
4.25 DNS du jet plan turbulent : coupe centrale colorée par la norme de la vorticité. . . . . . 107
4.26 Plan central coloré par Qc1 (gauche) et Qc2 (droite) afin d’évaluer la qualité du maillage
LES initial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
4.27 Coupe centrale colorée par Qc1 (gauche) et Qc2 (droite) avec le second maillage LES,
adapté depuis le maillage LES initial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
4.28 Comparaison des statistiques sur le jet plan turbulent : DNS (—), LES initiale (· · · ) et
seconde LES (− −). Profils de vitesse moyenne sur trois coupes : à x/h = 4, 8 et 12 (a)
et profils de vitesse RMS à x/h = 4 (b), 8 (c) et 12 (d). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
4.29 Profils des critères Qc1 (a) et Qc2 (b) sur le maillage LES initial (· · · ) et pour le maillage
LES adapté (− −) sur le cas test d’écoulement turbulent dans une conduite. . . . . . . . 110
4.30 Profils de vitesse moyenne (a) et RMS (b) sur le cas test d’écoulement turbulent dans une
conduite : DNS (—), LES initiale (· · · ) et seconde LES (− −). . . . . . . . . . . . . . . 110
4.31 Critères Qc1 et Qc2 obtenus à partir des calculs sur maillage M1 de la configuration
non-réactive MESO-CORIA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
4.32 Exemple d’adaptation en parallèle d’un maillage avec un seul appel à la librairie d’adap-
tation : maillage initial, métrique imposée et maillage final (de gauche à droite). . . . . . 113
4.33 Répartition dynamique de charge avec la librairie ParMetis 4. . . . . . . . . . . . . . . . 113
4.34 Algorithme d’adaptation parallèle avec couplage MMG3D-YALES2. . . . . . . . . . . . 115
4.35 Exemple d’adaptation en parallèle d’un maillage en parallèle : étapes d’adaptation de 1
à 3 (de gauche à droite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
4.36 Procédure de calcul de la métrique basée sur Qc1 avec contrôle du nombre d’éléments. . 117
4.37 Procédure globale d’adaptation de maillage à partir des critères Qc1 et Qc2 . . . . . . . . 119
TABLE DES FIGURES 217

4.38 Distribution de taille de maille des grilles M1, MREF, A1 et A2. . . . . . . . . . . . . . 120
4.39 Comparaison des maillages M1 (a), A1 (b) et A2 (c) sur le plan d’injection. . . . . . . . 120
4.40 Champs de vitesse moyenne (haut) et RMS (bas) sur les maillages A1 (gauche) et A2
(droite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
4.41 Visualisation des quatre lignes étudiées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
4.42 Profils de vitesse moyenne (gauche) et RMS (droite) suivant les lignes 1, 2, 3 et 4 (de
haut en bas). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
4.43 Champs de critères Qc1 (haut) et Qc2 (bas) sur le plan d’injection des maillages A1
(gauche) et A2 (droite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124

5.1 Maximum de vitesse laminaire d’une flamme méthane/air à 298K mesurée expérimenta-
lement, tiré de [131]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
5.2 Comparaison de la vitesse de flamme (a) et épaisseur de flamme (b) en fonction de la
richesse pour différents schémas cinétiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
5.3 Comparaison de la vitesse de flamme (a) et épaisseur de flamme (b) en fonction de la
température des gaz frais pour différents schémas cinétiques. . . . . . . . . . . . . . . . 132
5.4 Comparaison de la température adiabatique de flamme en fonction de la richesse (a) et
de la température des gaz frais (b) pour différents schémas cinétiques. . . . . . . . . . . 133
5.5 Comparaison de profils d’espèces majoritaires (gauche) et intermédiaires (droite), dans
l’espace physique (haut) et dans l’espace des phases (bas) pour différentes résolutions de
maillage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
5.6 Schéma du cas test 1D HOQ. Tiré de [226]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
5.7 Profils spatiaux de température et taux de dégagement de chaleur pour différents instants,
autour de l’extinction de la flamme, séparés de 200 µs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
5.8 Evolution temporelle de la distance flamme-paroi xT 1500 , du taux de dégagement de
chaleur global et du flux de chaleur à la paroi. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
5.9 Evolution temporelle entre 3 et 6 ms de la distance flamme-paroi xT 1500 , du taux de
dégagement de chaleur global et du flux de chaleur à la paroi (partie gauche) et zoom
entre 4 et 4.5 ms, au moment de l’extinction (partie droite). . . . . . . . . . . . . . . . . 139
5.10 Schéma du cas test Bunsen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
5.11 (a) : champ de coût de calcul du terme sources d’espèces. (b) : profil du coût de calcul de
la chimie le long de l’axe de symétrie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
5.12 Lignes de courant de l’écoulement dans le brûleur, coloriées par la température. . . . . . 143
5.13 Iso-contour instantané 3D de critère-Q colorié par la vitesse (couleurs arc-en-ciel) et
iso-contour de taux de dégagement de chaleur (en couleur feu). . . . . . . . . . . . . . . 144
5.14 Vue 3D des quatre plans étudiés dans la Fig. 5.15 : plans A à y = 1 mm, B à y = 3.5 mm,
C à y = 6 mm et D à y = 8.5 mm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
5.15 Champs instantanés de vitesse, scalaire temps de résidence, richesse, température et
terme source d’enthalpie sur les quatre plans le long de l’axe y, du plan d’injection au
plan de sortie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
5.16 Rendu volumique 3D du taux de dégagement de chaleur local à différents pas de temps
séparés de 0.86 ms (10 % du temps de passage moyen). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
5.17 Fonction Densité de Probabilité de l’indice de flamme ξ conditionné à la zone réactive. . 147
TABLE DES FIGURES 218

5.18 Fonction Densité de Probabilité de la richesse ϕ des zones réactives (ligne solide) et
distribution du taux de dégagement de chaleur local conditionné par la richesse (ligne
pointillée). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
5.19 Diagramme de combustion turbulente en régime prémélangée. . . . . . . . . . . . . . . 149
5.20 Pertes thermiques pariétales moyenne en W/m2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
5.21 Evolution temporelle des fractions massiques de CO, CO2 , H2 O et CH4 intégrées sur la
sortie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
5.22 Iso-contour instantané de fraction massique de monoxide de carbone YCO = 0.01 colorié
par la fraction massique de dioxide de carbone. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
5.23 Comparaison de profils d’espèces majoritaires dans l’espace physique (gauche) et dans
l’espace des phase (droite) pour les taux d’enrichissement des cas C2 (haut) et C3 (bas). . 154
5.24 Taux de dégagement de chaleur dans l’espace physique de flammes 1D des cas C1, C2
et C3, normalisés par la valeur du cas C1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
5.25 Rendu volumique instantané du taux de dégagement de chaleur local pour les trois cas
C1 (a), C2 (b) et C3 (c). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
5.26 Taux de dégagement de chaleur intégré le long de l’axe y normalisé par la valeur moyenne
maximale de chaque cas C1, C2 et C3 (de gauche à droite) : moyenne temporelle (haut)
et RMS (bas). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
5.27 Evolution temporelle de la surface de flamme pour chaque cas étudié. . . . . . . . . . . 157
5.28 PDF de richesse sur la surface de flamme pour les trois cas. . . . . . . . . . . . . . . . . 158
5.29 PDF de l’indice de flamme pour les trois cas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
5.30 Probabilité jointe de fraction de mélange Z et de température T sur les trois cas. Ligne
rouge : état d’équilibre. Ligne noire pointillée : ligne à iso-Z de maximum de température.159
5.31 PDF de la courbure de flamme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
5.32 Rendement chimique pour chaque cas étudié en fonction de la fraction molaire d’hydro-
gène dans le mélange de carburant et comparé à l’expérience. . . . . . . . . . . . . . . . 161

6.1 Procédure de construction du capteur de flamme proposé par Franzelli. Image tirée de [72].168
6.2 Comparaison du capteur de flamme, ici appelé α, avec le profil de température et de
termes sources d’espèces. Image tirée de [19]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
6.3 (a) : Procédure de filtrage du capteur de flamme : filtrage puis prise du maximum entre
profil initial et profil filtré. (b) : Capteur de flamme final obtenu. . . . . . . . . . . . . . 170
6.4 Comparaison de profils de température (gauche) et d’espèces majoritaires (droite) dans
l’espace physique dilaté (haut) et dans l’espace des phases (bas) pour différents épaissis-
sements constants. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
6.5 Comparaison de profils de température (gauche) et d’espèces majoritaires (droite) dans
l’espace physique dilaté (haut) et dans l’espace des phases (bas) pour différents épaissis-
sements locaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
6.6 Schéma du cas test d’interaction flamme-tourbillons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
6.7 Champs de température, taux de dégagement de chaleur et vorticité en fonction du temps,
obtenus avec le maillage A1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
6.8 Taux de dégagement de chaleur (ligne) et surface de flamme (points) en fonction du
temps, normalisés par leur valeur à t = 0 ms. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
6.9 Taux de dégagement de chaleur en fonction du temps pour les cas A0 et A1. . . . . . . . 177
TABLE DES FIGURES 219

6.10 Comparaison du champs de température (haut) et du taux de dégagement de chaleur local


(bas) à l’instant t = 20 ms, entre les différents cas de calcul. . . . . . . . . . . . . . . . 178
6.11 Taux de dégagement de chaleur en fonction du temps pour les cas B2 à B4 (gauche) et
C2 à C4 (droite), comparés au cas A1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
6.12 Comparaison des maillages M2 (gauche), M1 (milieu) et M0 (droite). . . . . . . . . . . 180
6.13 Comparaison des vitesses instantanée et moyenne sur les maillages M2, M1 et M0. . . . 181
6.14 Iso-contours du critère-Q Q = 1 × 108 s−2 , coloriés par la vitesse instantanée, sur les
maillages M2 (gauche), M1 (milieu) et M0 (droite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
6.15 Comparaison de la fraction de mélange instantanée et moyenne sur les maillages M2,
M1 et M0. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
6.16 Comparaison des maillages M2 (gauche), M1 (milieu) et M0 (droite). . . . . . . . . . . 184
6.17 Rendu volumique du taux de dégagement de chaleur local ω̇T sur les maillages M2
(gauche), M1 (milieu) et M0 (droite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
6.18 Champs de dégagement de chaleur local ω̇T sur les plans A-D et maillages M2-M0. . . . 185
6.19 Evolution temporelle du taux de dégagement de chaleur global pour chaque maillage. . . 186
6.20 Visualisation 3D des nouvelles configurations cylindriques étudiées. . . . . . . . . . . . 190
6.21 Visualisation des lignes de courant dans les configurations cylindriques. . . . . . . . . . 192
6.22 Champs de vitesse moyenne dans le plan d’injection pour chaque géométrie cylindrique. 192
6.23 Champs de vitesse RMS dans le plan d’injection pour chaque configuration cylindrique. 193
6.24 Champs instantanés de fraction de mélange Z dans le plan d’injection des configurations
cylindriques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
6.25 Champs instantanés de température T dans le plan médian pour les configurations CYL2
et CYL4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
6.26 Rendu volumique 3D du taux de dégagement de chaleur local représentant la flamme des
configurations CYL2 et CYL4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
6.27 Taux de dégagement de chaleur local instantané dans le plan médian pour les configura-
tions CYL2 et CYL4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
6.28 Evolution temporelle du taux de dégagement de chaleur global pour les configurations
CYL2 et CYL4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196

7.1 Noyau de gaz frais entouré de gaz brûlés : champs de température T et terme source chi-
mique ω̇Y c superposés au maillage, à différents instants. Calcul réalisé sur 10 processeurs
avec adaptation dynamique de maillage et répartition automatique des éléments. . . . . . 204

A.1 Algorithme complet du scheduler dynamique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207


A.2 Scale-up du cas brûleur Bunsen 2D obtenu sur la machine Turing (IDRIS). . . . . . . . . 209
A.3 Comparaison du strong scaling avec et sans scheduler sur la configuration du brûleur
centimétrique 3D, obtenu sur la machine Curie (CCRT) avant optimisation. La référence
est choisie comme le calcul sans scheduler et 512 processeurs. . . . . . . . . . . . . . . 210
A.4 Schéma de la double décomposition des processeurs. Haut : tous les processeurs sont
réunis dans un seul communicateur. Bas : les processeurs sont séparés entre plusieurs
communicateurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
A.5 Efficacité réduite du calcul des termes sources en fonction de la taille du communicateur
interne pour des calculs à 512 et 4096 processeurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211
Liste des tableaux

2.1 Définitions de la combustion mésoscopique et microscopique à partir de différentes lon-


gueurs caractéristiques, reproduit de [111]. MEMS est l’acronyme anglais pour les sys-
tèmes électro-mécaniques microscopiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

4.1 Caractéristiques des maillages 3D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98


4.2 Performances de calcul avec les différents maillages sur la machine Antares du CRIHAN. 100
4.3 Erreur de norme L2 relative sur la vitesse moyenne par rapport à la référence. . . . . . . 102
4.4 Caractéristiques des maillages étudiés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
4.5 Erreur relative de norme L2 sur les profils de vitesse moyenne sur 4 lignes dans les
différents maillages (en %). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
4.6 Temps de calcul normalisé pour chaque maillage étudié. . . . . . . . . . . . . . . . . . 125

5.1 Temps de calcul normalisé pour chaque maillage étudié. Le symbole * indique que la
flamme est accrochée au maillage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
5.2 Résultats obtenus sur chaque cas de la flamme Bunsen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
5.3 Synthèse des performances du processus maître pour la flamme Bunsen 2D avec le
maillage de résolution 45 µm dans le front de flamme sur 128 processeurs, avec et sans
répartition de la charge de calcul des termes sources. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
5.4 Operating conditions for the considered computations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
5.5 Performances globales du brûleur, moyennées en temps, pour le cas avec méthane pur. . 150
5.6 Performances de calcul pour la configuration MESO-CORIA méthane-air sur maillage
avec 34.2 millions d’éléments. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
5.7 Conditions opératoires des trois cas étudiés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
5.8 Performances globales du brûleur pour les points de fonctionnement C1, C2 et C3. . . . 160
5.9 Comparaison du rendement chimique entre l’expérience et la simulation. Les valeurs
expérimentales sont tirées de [137]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
5.10 Emissions polluantes en sortie pour les trois cas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162

6.1 Caractéristiques de flamme avec épaississement constant. . . . . . . . . . . . . . . . . . 170


6.2 Caractéristiques de flamme avec épaississement local. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
6.3 Paramètres du cas test flamme-tourbillons 2D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
6.4 Cas de calcul de l’interaction flamme-toubillons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
6.5 Performances de calcul de l’interaction flamme-tourbillons avec modèle TFLES. . . . . 180
6.6 Caractéristiques des maillages 3D de la configuration MESO-CORIA avec modèle TFLES.180
6.7 Performances globales moyennes obtenus avec les maillages M1 et M0 couplés au mo-
dèle TFLES, comparé au calcul de référence avec M2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
LISTE DES TABLEAUX 221

6.8 Synthèse des performances de calcul pour la configuration MESO-CORIA avec maillages
grossiers couplés au modèle TFLES et comparé au résultat de référence. . . . . . . . . . 188
6.9 Caractéristiques géométriques et de maillages des configurations cylindriques. . . . . . . 190
6.10 Performances globales moyennes obtenues sur les configurations cylindriques. . . . . . . 196

A.1 Compromis à faire sur la taille du chunk. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209


A.2 Compromis à faire sur la taille des communicateurs internes. . . . . . . . . . . . . . . . 211
LISTE DES TABLEAUX 222
Bibliographie

[1] Y. Addad, S. Benhamadouche, and D. Laurence. The negatively buoyant wall-jet : Les results. Int. J. Heat
Fluid Flow, 25, 2004.
[2] Jeongmin Ahn, Craig Eastwood, Lars Sitzki, and Paul D Ronney. Gas-phase and catalytic combustion in
heat-recirculating burners. Proceedings of the Combustion Institute, 30(2) :2463–2472, 2005.
[3] HT Aichlmayr, DB Kittelson, and MR Zachariah. Miniature free-piston homogeneous charge compression
ignition engine-compressor concept—part i : performance estimation and design considerations unique to
small dimensions. Chemical Engineering Science, 57(19) :4161–4171, 2002.
[4] D Ait Ali Yahia, G Baruzzi, W G Habashi, M Fortin, J Dompierre, and M G Vallet. Anisotropic mesh
adaptation : towards user-independent, mesh-independent and solver-independent CFD. Part II. Structured
grids. International Journal for Numerical Methods in Fluids, 39(8) :657–673, 2002.
[5] Eric Albin. Contribution à la modélisation numérique des flammes turbulentes : comparaison DNS-EEM-
Expériences. PhD thesis, INSA de Rouen, 2010.
[6] Guillaume Albouze, Thierry Poinsot, and Laurent Gicquel. Chemical kinetics modeling and {LES} com-
bustion model effects on a perfectly premixed burner. Comptes Rendus Mécanique, 337(6–7) :318 – 328,
2009.
[7] C Angelberger, D Veynante, F Egolfopoulos, and T Poinsot. Large eddy simulations of combustion instabi-
lities in premixed flames. In Proc. of the Summer Program, pages 61–82, 1998.
[8] Kozo Aoki, Masayasu Shimura, Shinichi Ogawa, Naoya Fukushima, Yoshitsugu Naka, Yuzuru Nada, Ma-
moru Tanahashi, and Toshio Miyauchi. Short- and long-term dynamic modes of turbulent swirling premixed
flame in a cuboid combustor. Proceedings of the Combustion Institute, 35(3) :3209 – 3217, 2015.
[9] Ivo Babuska and Werner C Rheinboldt. Reliable error estimation and mesh adaptation for the finite element
method. Technical report, DTIC Document, 1979.
[10] J Bardina, J Ferziger, and W Reynolds. Improved subgrid-scale models for large-eddy simulation. 1980.
[11] K. W. Bedford and W. K. Yeo. Conjective filtering procedures in surface water flow and transport. Large
Eddy Simulation of Complex Engineering and Geophysical Flows, edited by B. Galperin, and S. A. Orszag,
Cambridge Univ. Press, New York, 1993.
[12] Gal Berkooz, Philip Holmes, and John L Lumley. The proper orthogonal decomposition in the analysis of
turbulent flows. Annual review of fluid mechanics, 25(1) :539–575, 1993.
[13] RW Bilger. The structure of turbulent nonpremixed flames. In Symposium (International) on Combustion,
volume 22, pages 475–488. Elsevier, 1989.
[14] R.W. Bilger. Marker fields for turbulent premixed combustion. Combustion and Flame, 138(1–2) :188 –
194, 2004.
[15] R Byron Bird, Warren E Stewart, and Edwin N Lightfoot. Transport phenomena. John Wiley & Sons, 2007.
[16] M Boger, D Veynante, H Boughanem, and A Trouvé. Direct numerical simulation analysis of flame surface
density concept for large eddy simulation of turbulent premixed combustion. In Symposium (International)
on Combustion, volume 27, pages 917–925. Elsevier, 1998.
BIBLIOGRAPHIE 224

[17] V. B. L. Boppana and J. S. B. Gajjar. Global flow instability in a lid-driven cavity. International Journal for
Numerical Methods in Fluids, 62(8) :827–853, 2010.
[18] Roland Borghi and Michel Champion. Modélisation et théorie des flammes. Editions Technip, 2000.
[19] Aymeric Boucher. Modélisation de la formation des polluants au sein des foyers aéronautiques par une
méthode de chimie tabulée. PhD thesis, EM2C, 2015.
[20] J Boussinesq. Theorie de l’ecoulement tourbillonant. Mem. Pres. Acad. Sci., pages 23–46, 1877.
[21] KNC Bray. The challenge of turbulent combustion. In Symposium (International) on Combustion, vo-
lume 26, pages 1–26. Elsevier, 1996.
[22] Richard S Brokaw. Approximate formulas for the viscosity and thermal conductivity of gas mixtures. The
Journal of Chemical Physics, 29(2) :391–397, 1958.
[23] Hugo J. Burbano, Andrés A. Amell, and Jorge M. García. Effects of hydrogen addition to methane on the
flame structure and {CO} emissions in atmospheric burners. International Journal of Hydrogen Energy,
33(13) :3410 – 3415, 2008. 2nd National and 1st Latin American Congress, Hydrogen and Sustainable
Energy Sources.
[24] T.D. Butler and P.J. O’Rourke. A numerical method for two dimensional unsteady reacting flows. Sympo-
sium (International) on Combustion, 16(1) :1503 – 1515, 1977.
[25] Daniele Carati, Sandip Ghosal, and Parviz Moin. On the representation of backscatter in dynamic localiza-
tion models. Physics of Fluids (1994-present), 7(3) :606–616, 1995.
[26] José G Castanos and John E Savage. The dynamic adaptation of parallel mesh-based computation. 1996.
[27] I. Celik, M. Klein, M. Freitag, and J. Janicka. Assessment measures for URANS/DES/LES : an overview
with applications. Journal of Turbulence, 7 :48, 2006.
[28] I. Celik, M. Klein, and J. Janicka. Assessment measures for engineering les applications. J. Fluids Eng.,
131, 2009.
[29] I B Celik, Z N Cehreli, and I Yavuz. Index of Resolution Quality for Large Eddy Simulations. Journal of
Fluids Engineering, 127(5) :949, 2005.
[30] Sunghwan Chang and Young-Ho Cho. Static micromixers using alternating whirls and lamination. Journal
of Micromechanics and Microengineering, 15(8) :1397, 2005.
[31] Sydney Chapman and Thomas George Cowling. The mathematical theory of non-uniform gases : an account
of the kinetic theory of viscosity, thermal conduction and diffusion in gases. Cambridge university press,
1970.
[32] Fabrice Charlette, Charles Meneveau, and Denis Veynante. A power-law flame wrinkling model for les
of premixed turbulent combustion part ii : dynamic formulation. Combustion and Flame, 131 :181 – 197,
2002.
[33] Patrick Chassaing. Turbulence en mécanique des fluides. Cépaduès, 2000.
[34] Marc Chauvy, Bruno Delhom, Julien Reveillon, and Francois-Xavier Demoulin. Flame/wall interactions :
Laminar study of unburnt hc formation. Flow, Turbulence and Combustion, 84(3) :369–396, 2010.
[35] Guan-Bang Chen, Chih-Peng Chen, Chih-Yung Wu, and Yei-Chin Chao. Effects of catalytic walls on
hydrogen/air combustion inside a micro-tube. Applied Catalysis A : General, 332(1) :89 – 97, 2007.
[36] Cédric Chevalier and François Pellegrini. Pt-scotch : A tool for efficient parallel graph ordering. Parallel
Computing, 34(6) :318–331, 2008.
[37] Norman Chigier and Tevfik Gemci. A review of micro propulsion technology. In 41st Aerospace Sciences
Meeting and Exhibit, pages 6–9, 2003.
[38] A. J. Chorin. Numerical solution of the navier-stokes equations. Mathematics of Computation, 22 :745–762,
1968.
[39] Nikos Chrisochoides and Démian Nave. Parallel delaunay mesh generation kernel. International Journal
for Numerical Methods in Engineering, 58(2) :161–176, 2003.
BIBLIOGRAPHIE 225

[40] Terence P. Coffee. Kinetic mechanisms for premixed, laminar, steady state methane/air flames. Combustion
and Flame, 55(2) :161 – 170, 1984.
[41] A. Cohen, P. Ronney, U. Frodis, L. Sitzki, E. Meiburg, and S. Wussow. Microcombustor and combustion-
based thermoelectric microgenerator, October 18 2001. US Patent App. 09/755,985.
[42] O. Colin, F. Ducros, D. Veynante, and T. Poinsot. A thickened flame model for large eddy simulations of
turbulent premixed combustion. Physics of Fluids, 12(7) :1843–1863, 2000.
[43] Committee of Soldier Power/Energy Systems, National Research Council. Meeting the Energy Needs of
Future Warriors. The National Academies Press, 2004.
[44] T. Coupez, H. Digonnet, and R. Ducloux. Parallel meshing and remeshing. Applied Mathematical Model-
ling, 25(2) :153 – 175, 2000. Dynamic load balancing of mesh-based applications on parallel.
[45] F. Cozzi and A. Coghe. Behavior of hydrogen-enriched non-premixed swirled natural gas flames. Interna-
tional Journal of Hydrogen Energy, 31(6) :669 – 677, 2006.
[46] F Cozzi, A Coghe, Y D’Angelo, B Renou, and M Boukhalfa. Experimental study of performances and
internal flow field of a meso-scale vortex-combustor. In Proceedings of the 4th European Combustion
Meeting, 2009.
[47] F. Cozzi, A. Coghe, A. Frassoldati, E. Ranzi, G. Biasi, and F. Campaniello. Analysis of combustion stability
and efficiency of a meso-scale combustor by means of continuously stirred reactor model. In Processes and
Technologies for a Sustainable Energy, 2010.
[48] F Cozzi, A Coghe, A Olivani, and M Rogora. Stability and combustion efficiency of a meso-scale combustor
burning different hydrocarbon fuels. In 30th Meeting of the Italian Section of the Combustion Institute,
Ischia, Italy, 2007.
[49] F Cozzi, A Olivani, A Coghe, A Lucchetti, and F Tonazzo. Experimental investigation of a mesoscale
combustor. In 29th Meeting of The Italian Section of The Combustion Institute, Pisa, Italy, pages 14–17,
2006.
[50] C. B. da Silva and O. Métais. On the influence of coherent structures upon interscale interactions in turbulent
plane jets. J. Fluid Mech., 473 :103–145, 2002.
[51] C. Dapogny, C. Dobrzynski, and P. Frey. Three-dimensional adaptive domain remeshing, implicit domain
meshing, and applications to free and moving boundary problems. Journal of Computational Physics,
262(0) :358 – 378, 2014.
[52] Lars Davidson. How to estimate the resolution of an les of recirculating flow. In Quality and Reliability of
Large-Eddy Simulations II, pages 269–286. Springer, 2011.
[53] Humphry Davy. Some researches on flame. Philosophical Transactions of the Royal Society of London,
107 :45–76, 1817.
[54] R Decuypere and D Verstraete. Micro turbines from the standpoint of potential users. RTO-AVT VKI
Lecture Series on Micro Gas Turbines, Neuilly-sur-Seine, France, Educational Notes RTO-EN-AVT-131,
Paper, 15 :14–18, 2005.
[55] C. Dobrzynski and P. Frey. Anisotropic delaunay mesh adaptation for unsteady simulations. Proc.of 17th
Int. Meshing Roundtable, Pittsburgh, USA, 2008.
[56] C Dobrzynski and JF Remacle. Parallel mesh adaptation. International Journal for Numerical Methods in
Engineering, 2007.
[57] P. Domingo, L. Vervisch, and D. Veynante. Large-eddy simulation of a lifted methane jet flame in a vitiated
coflow. Combustion and Flame, 152(3) :415 – 432, 2008.
[58] J Dompierre, M G Vallet, Y Bourgault, M Fortin, and W G Habashi. Anisotropic mesh adaptation : towards
user-independent, mesh-independent and solver-independent CFD. Part III. Unstructured meshes. Interna-
tional Journal for Numerical Methods in Fluids, 39(8) :675–702, 2002.
BIBLIOGRAPHIE 226

[59] Yufei Dong, Christina M Vagelopoulos, Geoffrey R Spedding, and Fokion N Egolfopoulos. Measurement
of laminar flame speeds through digital particle image velocimetry : mixtures of methane and ethane with
hydrogen, oxygen, nitrogen, and helium. Proceedings of the combustion institute, 29(2) :1419–1426, 2002.
[60] Clément Dumand. Mélange et Combustion dans les Petits Volumes : Application aux Micro Systèmes Ener-
gétiques. PhD thesis, Université de Poitiers, 2005.
[61] Derek Dunn-Rankin, Elisângela Martins Leal, and David C. Walther. Personal power systems. Progress in
Energy and Combustion Science, 31(5–6) :422 – 465, 2005.
[62] H. A. Dwyer, R. J. Kee, and B. R. Sanders. Adaptive grid method for problems in fluid mechanics and heat
transfer. AIAA Journal, 18(10) :1205–1212, 2015/08/10 1980.
[63] N. Enjalbert, P. Domingo, and L. Vervisch. Mixing time-history effects in large eddy simulation of non-
premixed turbulent flames : Flow-controlled chemistry tabulation. Combustion and Flame, 159(1) :336 –
352, 2012.
[64] A.H. Epstein, S.D. Senturia, and et al AlL-Midani O. Micro heat engines, gas turbines, and rocket engines.
volume 1773. Proceedings of the 28th AIAA Fluid Dynamics Conference. Reston, VA, USA : AIAA, 1997.
[65] Alexandre Ern and Vincent Giovangigli. Multicomponent transport algorithms, volume 24. Springer, 1994.
[66] Mario Falese. A study of the effects of bifurcations in swirling flows using LES and mesh adaptation. PhD
thesis, CERFACS, 2013.
[67] Mario Falese, Laurent Y.M. Gicquel, and Thierry Poinsot. {LES} of bifurcation and hysteresis in confined
annular swirling flows. Computers & Fluids, 89(0) :167 – 178, 2014.
[68] B. Farcy, A. Abou-Taouk, L. Vervisch, P. Domingo, and N. Perret. Two approaches of chemistry downsizing
for simulating selective non catalytic reduction denox process. Fuel, 118(0) :291 – 299, 2014.
[69] J.A. Federici and D.G. Vlachos. A computational fluid dynamics study of propane/air microflame stability
in a heat recirculation reactor. Combustion and Flame, 153(1–2) :258 – 269, 2008.
[70] A. Carlos Fernandez-Pello. Micropower generation using combustion : Issues and approaches. Proceedings
of the Combustion Institute, 29(1) :883 – 899, 2002. Proceedings of the Combustion Institute.
[71] Benedetta Franzelli, Eleonore Riber, Laurent Y.M. Gicquel, and Thierry Poinsot. Large eddy simulation of
combustion instabilities in a lean partially premixed swirled flame. Combustion and Flame, 159(2) :621 –
637, 2012.
[72] Benedetta Giulia Franzelli. Impact of the chemical description on Direct Numerical Simulation and Large
Eddy Simulation of turbulent combustion in industrial aero-engines. PhD thesis, Institut National Polytech-
nique de Toulouse-INPT, 2011.
[73] M. Freitag and M. Klein. An improved method to assess the quality of large eddy simulations in the context
of implicit filtering. Journal of Turbulence, 7, 2006.
[74] J.P. Frenillot, G. Cabot, M. Cazalens, B. Renou, and M.A. Boukhalfa. Impact of {H2} addition on flame
stability and pollutant emissions for an atmospheric kerosene/air swirled flame of laboratory scaled gas
turbine. International Journal of Hydrogen Energy, 34(9) :3930 – 3944, 2009.
[75] M. Frenklach, H. Wang, M. Goldenberg, G.P. Smith, D.M. Golden, C.T. Bowman, R.K. Hanson, W.C.
Gardiner, and V. Lissianski. Gri-mech—an optimized detailed chemical reaction mechanism for methane
combustion. Technical Report GRI-95/0058, Gas Research Institute Topical Report, 1995.
[76] S. E. Gant. Reliability issues of les-related approaches in an industrial context. Flow Turbul. Combust., 84,
2010.
[77] Massimo Germano, Ugo Piomelli, Parviz Moin, and William H Cabot. A dynamic subgrid-scale eddy
viscosity model. Physics of Fluids A : Fluid Dynamics (1989-1993), 3(7) :1760–1765, 1991.
[78] Bernard J. Geurts and Jochen Frohlich. A framework for predicting accuracy limitations in large-eddy
simulation. Physics of Fluids, 14(6) :L41–L44, 2002.
BIBLIOGRAPHIE 227

[79] Federico Ghirelli and Bo Leckner. Transport equation for the local residence time of a fluid. Chemical
Engineering Science, 59(3) :513 – 523, 2004.
[80] Olivier Gicquel, Nasser Darabiha, and Dominique Thevenin. Liminar premixed hydrogen/air counterflow
flame simulations using flame prolongation of ildm with differential diffusion. Proceedings of the Combus-
tion Institute, 28(2) :1901 – 1908, 2000.
[81] RG Gilbert, K_ Luther, and J Troe. Theory of thermal unimolecular reactions in the fall-off range. ii. weak
collision rate constants. Berichte der Bunsengesellschaft für physikalische Chemie, 87(2) :169–177, 1983.
[82] V. Giovangigli and N. Darabiha. Vector computers and complex chemistry combustion. In Claude-Michel
Brauner and Claudine Schmidt-Lainé, editors, Mathematical Modeling in Combustion and Related Topics,
volume 140 of NATO ASI Series, pages 491–503. Springer Netherlands, 1988.
[83] Vincent Giovangigli. Multicomponent flow modeling. Springer, 1999.
[84] P. A. Gnoffo. A finite-volume, adaptive grid algorithm applied to planetary entry flowfields. AIAA Journal,
21(9) :1249–1254, 2015/08/10 1983.
[85] S. Gordon and B. J. McBride. Computer program for calculation of complex chemical equilibrium compo-
sitions, rocket performance, incident and re ected shocks and chapmanjouguet detonations. NASA Report
SP-273, NASA, 1971.
[86] Cyril Gruau and Thierry Coupez. 3d tetrahedral, unstructured and anisotropic mesh generation with adapta-
tion to natural and multidomain metric. Computer Methods in Applied Mechanics and Engineering, 194(48–
49) :4951 – 4976, 2005. Unstructured Mesh Generation.
[87] A. Gruber, R. Sankaran, E. R. Hawkes, and J. H. Chen. Turbulent flame–wall interaction : a direct numerical
simulation study. Journal of Fluid Mechanics, 658 :5–32, 2010.
[88] C. Gruselle. Etude du developpement d’une flamme soumise a un gradient de concentration. Rôle de la
stratification et des EGR. PhD thesis, CORIA, 2014.
[89] L. Guedot. Modélisation et optimisation de système d’injection multipoint. PhD thesis, INSA de Rouen,
2015.
[90] L. Guedot, G. Lartigue, and V. Moureau. Design of implicit high-order filters on unstructured grids for the
identification of large-scale features in large-eddy simulation and application to a swirl burner. Physics of
Fluids (1994-present), 27(4) :–, 2015.
[91] J. Guidez, F.X. Nicoul, P. Josso, and R. Valle. Development of a micro gas turbine engine at onera. In
Proceedings of 19th ISABE Conference, volume ISABE-2009-1307, 2009.
[92] Ashwani K Gupta, David G Lilley, and Nick Syred. Swirl flows. Tunbridge Wells, Kent, England, Abacus
Press, 1984, 488 p., 1, 1984.
[93] W G Habashi, J Dompierre, Y Bourgault, D Ait Ali Yahia, M Fortin, and M G Vallet. Anisotropic mesh
adaptation : towards user-independent, mesh-independent and solver-independent CFD. Part I : general
principles. International Journal for Numerical Methods in Fluids, 32(6) :725–744, 2000.
[94] E. Hachem, G. Jannoun, J. Veysset, and T. Coupez. On the stabilized finite element method for steady
convection-dominated problems with anisotropic mesh adaptation. Applied Mathematics and Computation,
232(0) :581 – 594, 2014.
[95] F Halter, C Chauveau, N Djebaili-Chaumeix, and I Gökalp. Characterization of the effects of pressure and
hydrogen concentration on laminar burning velocities of methane–hydrogen–air mixtures. Proceedings of
the Combustion Institute, 30(1) :201–208, 2005.
[96] Fabien Halter, Christian Chauveau, and Iskender Gökalp. Characterization of the effects of hydrogen ad-
dition in premixed methane/air flames. International Journal of Hydrogen Energy, 32(13) :2585 – 2592,
2007. ICHS-2005.
[97] C Hasse, M Bollig, N Peters, and HA Dwyer. Quenching of laminar iso-octane flames at cold walls. Com-
bustion and flame, 122(1) :117–129, 2000.
BIBLIOGRAPHIE 228

[98] Evatt R Hawkes and Jacqueline H Chen. Direct numerical simulation of hydrogen-enriched lean premixed
methane–air flames. Combustion and Flame, 138(3) :242 – 258, 2004.
[99] Claudia Hertel and Jochen Fröhlich. Error reduction in les via adaptive moving grids. In Maria Vittoria
Salvetti, Bernard Geurts, Johan Meyers, and Pierre Sagaut, editors, Quality and Reliability of Large-Eddy
Simulations II, volume 16 of ERCOFTAC Series, pages 309–318. Springer Netherlands, 2011.
[100] Joseph O Hirschfelder, Charles F Curtiss, Robert Byron Bird, et al. Molecular theory of gases and liquids,
volume 26. Wiley New York, 1954.
[101] J. Hoffman and C. Johnson. A new approach to computational turbulence modeling. Computer Methods in
Applied Mechanics and Engineering, 195(23–24) :2865 – 2880, 2006. Incompressible {CFD}.
[102] Johan Hoffman. Computation of mean drag for bluff body problems using adaptive dns/les. SIAM Journal
on Scientific Computing, 27(1) :184–207, 2005.
[103] Erjiang Hu, Zuohua Huang, Jiajia He, Chun Jin, and Jianjun Zheng. Experimental and numerical study
on laminar burning characteristics of premixed methane–hydrogen–air flames. International Journal of
Hydrogen Energy, 34(11) :4876 – 4888, 2009. 2nd International Workshop on Hydrogen 2nd International
Workshop on Hydrogen.
[104] JCR Hunt, A Wray, and P Moin. Eddies, stream, and convergence zones in turbulent flows. Center for
turbulence research report CTR-S88, pages 193–208, 1988.
[105] Kousuke Isomura, Shuji Tanaka, Shin-ichi Togo, and Masayoshi Esashi. Development of high-speed micro-
gas bearings for three-dimensional micro-turbo machines. Journal of Micromechanics and Microenginee-
ring, 15(9) :S222, 2005.
[106] Antony Jameson, Wolfgang Schmidt, Eli Turkel, et al. Numerical solutions of the euler equations by finite
volume methods using runge-kutta time-stepping schemes. AIAA paper, 1259 :1981, 1981.
[107] AR Jones, SA Lloyd, and FJ Weinberg. Combustion in heat exchangers. Proceedings of the Royal Society
of London. A. Mathematical and Physical Sciences, 360(1700) :97–115, 1978.
[108] W.P. Jones and R.P. Lindstedt. Global reaction schemes for hydrocarbon combustion. Combustion and
Flame, 73(3) :233 – 249, 1988.
[109] David H. Lewis Jr., Siegfried W. Janson, Ronald B. Cohen, and Erik K. Antonsson. Digital micropropulsion.
Sensors and Actuators A : Physical, 80(2) :143 – 154, 2000.
[110] Yiguang Ju and CW Choi. An analysis of sub-limit flame dynamics using opposite propagating flames in
mesoscale channels. Combustion and Flame, 133(4) :483–493, 2003.
[111] Yiguang Ju and Kaoru Maruta. Microscale combustion : Technology development and fundamental re-
search. Progress in Energy and Combustion Science, 37(6) :669–715, 12 2011.
[112] Yiguang Ju and Bo Xu. Theoretical and experimental studies on mesoscale flame propagation and extinc-
tion. Proceedings of the Combustion Institute, 30(2) :2445 – 2453, 2005.
[113] Niket S Kaisare, Soumitra R Deshmukh, and Dionisios G Vlachos. Stability and performance of cata-
lytic microreactors : Simulations of propane catalytic combustion on pt. Chemical Engineering Science,
63(4) :1098–1116, 2008.
[114] Niket S. Kaisare and Dionisios G. Vlachos. Extending the region of stable homogeneous micro-combustion
through forced unsteady operation. Proceedings of the Combustion Institute, 31(2) :3293 – 3300, 2007.
[115] Niket S. Kaisare and Dionisios G. Vlachos. A review on microcombustion : Fundamentals, devices and
applications. Progress in Energy and Combustion Science, 38(3) :321–359, June 2012.
[116] George Karypis and Vipin Kumar. Metis-unstructured graph partitioning and sparse matrix ordering system.
Technical report, version 2.0, 1995.
[117] George Karypis and Vipin Kumar. A parallel algorithm for multilevel graph partitioning and sparse matrix
ordering. Journal of Parallel and Distributed Computing, 48(1) :71 – 95, 1998.
BIBLIOGRAPHIE 229

[118] Robert J Kee, Fran M Rupley, and James A Miller. Chemkin-ii : A fortran chemical kinetics package for the
analysis of gas-phase chemical kinetics. Technical report, Sandia National Labs., Livermore, CA (USA),
1989.
[119] Dong Sung Kim, Seok Woo Lee, Tai Hun Kwon, and Seung S Lee. A barrier embedded chaotic micromixer.
Journal of Micromechanics and Microengineering, 14(6) :798, 2004.
[120] Han S. Kim, Vaibhav K. Arghode, and Ashwani K. Gupta. Flame characteristics of hydrogen-enriched
methane–air premixed swirling flames. International Journal of Hydrogen Energy, 34(2) :1063 – 1073,
2009.
[121] John Kim and Parviz Moin. Application of a fractional-step method to incompressible navier-stokes equa-
tions. Journal of computational physics, 59(2) :308–323, 1985.
[122] Kyu Tae Kim, Dae Hoon Lee, and Sejin Kwon. Effects of thermal and chemical surface–flame interaction
on flame quenching. Combustion and flame, 146(1) :19–28, 2006.
[123] Nam Il Kim, Satoshi Aizumi, Takeshi Yokomori, Soichiro Kato, Toshiro Fujimori, and Kaoru Maruta.
Development and scale effects of small swiss-roll combustors. Proceedings of the Combustion Institute,
31(2) :3243 – 3250, 2007.
[124] Nam Il Kim, Souichiro Kato, Takuya Kataoka, Takeshi Yokomori, Shigenao Maruyama, Toshiro Fujimori,
and Kaoru Maruta. Flame stabilization and emission of small swiss-roll combustors as heaters. Combustion
and Flame, 141(3) :229 – 240, 2005.
[125] Sergiu Klainerman and Andrew Majda. Compressible and incompressible fluids. Communications on Pure
and Applied Mathematics, 35(5) :629–651, 1982.
[126] M. : Klein. An attempt to assess the quality of large eddy simulations in the context of implicit filtering.
Flow Turbul. Combust., 75, 2005.
[127] Andrey Nikolaevich Kolmogorov. The local structure of turbulence in incompressible viscous fluid for very
large reynolds numbers. In Dokl. Akad. Nauk SSSR, volume 30, pages 299–303, 1941.
[128] Matthias Kraushaar. Application of the compressible and low-mach number approaches to largeeddy simu-
lation of turbulent flows in aero-engines. PhD thesis, INPT, 2011.
[129] G. Kuenne, A. Ketelheun, and J. Janicka. Les modeling of premixed combustion using a thickened flame
approach coupled with fgm tabulated chemistry. Combustion and Flame, 158(9) :1750 – 1767, 2011.
[130] Kenneth K Kuo. Principles of combustion. Wiley New York et al., 1986.
[131] Chung K Law. Fuel options for next-generation chemical propulsion. Aiaa Journal, 50(1) :19–36, 2012.
[132] J-Ph Légier, T Poinsot, and D Veynante. Dynamically thickened flame les model for premixed and non-
premixed turbulent combustion. Proc. of the summer program, pages 157–168, 2000.
[133] M. Lesieur. Turbulence in fluids. Kluwer Academic Publisher, 1997.
[134] Bamdad Lessani and Miltiadis V Papalexandris. Time-accurate calculation of variable density flows with
strong temperature gradients and combustion. Journal of Computational Physics, 212(1) :218–246, 2006.
[135] DK Lilly. A proposed modification of the germano subgrid-scale closure method. Physics of Fluids, 4 :633–
635, 1992.
[136] FA Lindemann, Svante Arrhenius, Irving Langmuir, NR Dhar, J Perrin, and WC McC Lewis. Discussion
on “the radiation theory of chemical action”. Trans. Faraday Soc., 17 :598–606, 1922.
[137] Siqian Liu, Bruno Renou, Marianne Sjöstrand, and Fabio Cozzi Yves D’Angelo. Experimental study of
combustion and flow dynamics in a meso-scale whirl combustor. In 15th Int Symp on Applications of Laser
Techniques to Fluid Mechanics, 2010.
[138] SA Lloyd and FJ Weinberg. A burner for mixtures of very low heat content. Nature, 251 :47–49, 1974.
[139] Guido Lodato, Pascale Domingo, and Luc Vervisch. Three-dimensional boundary conditions for direct and
large-eddy simulation of compressible viscous flows. Journal of Computational Physics, 227(10) :5105–
5143, 2008.
BIBLIOGRAPHIE 230

[140] G. Lodier, L. Vervisch, V. Moureau, and P. Domingo. Composition-space premixed flamelet solution with
differential diffusion for in situ flamelet-generated manifolds. Combustion and Flame, 158(10) :2009 –
2016, 2011.
[141] A.P. London, A.A. Ayón, A.H. Epstein, S.M. Spearing, T. Harrison, Y. Peles, and J.L. Kerrebrock. Micro-
fabrication of a high pressure bipropellant rocket engine. Sensors and Actuators A : Physical, 92(1–3) :351
– 357, 2001. Selected Papers for Eurosensors {XIV}.
[142] Tianfeng Lu and Chung K Law. A directed relation graph method for mechanism reduction. Proceedings
of the Combustion Institute, 30(1) :1333–1341, 2005.
[143] K. Luo, H. Pitsch, M.G. Pai, and O. Desjardins. Direct numerical simulations and analysis of three-
dimensional n-heptane spray flames in a model swirl combustor. Proceedings of the Combustion Institute,
33(2) :2143 – 2152, 2011.
[144] Maxim Lyubovsky, Lance L Smith, Marco Castaldi, Hasan Karim, Brian Nentwick, Shahrokh Etemad, Rene
LaPierre, and William C Pfefferle. Catalytic combustion over platinum group catalysts : fuel-lean versus
fuel-rich operation. Catalysis Today, 83(1) :71–84, 2003.
[145] G. D. Stefanidis M. S. Mettler and D. G. Vlachos. Scale out strategies for microchemical devices : Appli-
cation to natural gas to syngas conversion. Ind. Eng. Chem. Res., 49(10942– 10955), 2010.
[146] Ulrich Maas and Stephen B Pope. Implementation of simplified chemical kinetics based on intrinsic low-
dimensional manifolds. In Symposium (International) on Combustion, volume 24, pages 103–112. Elsevier,
1992.
[147] Andrew Majda and James Sethian. The derivation and numerical solution of the equations for zero mach
number combustion. Combustion science and technology, 42(3-4) :185–205, 1985.
[148] Mathias Malandain. Massively parallel simulation of low-Mach number turbulent flows. Theses, INSA de
Rouen, January 2013.
[149] Mathias Malandain, Nicolas Maheu, and Vincent Moureau. Optimization of the deflated conjugate gradient
algorithm for the solving of elliptic equations on massively parallel machines. Journal of Computational
Physics, 238(0) :32 – 47, 2013.
[150] T. Mantel and J.-M. Samaniego. Fundamental mechanisms in premixed turbulent flame propagation via
vortex–flame interactions part ii : numerical simulation. Combustion and Flame, 118(4) :557 – 582, 1999.
[151] Kaoru Maruta. Micro and mesoscale combustion. Proceedings of the Combustion Institute, 33(1) :125–150,
2010.
[152] S Mathur, PK Tondon, and SC Saxena. Thermal conductivity of binary, ternary and quaternary mixtures of
rare gases. Molecular physics, 12(6) :569–579, 1967.
[153] Yurii Sh Matros and GRIGORI A BUNIMOVICH. Reverse-flow operation in fixed bed catalytic reactors.
Catalysis Reviews, 38(1) :1–68, 1996.
[154] C. Meneveau and T. Poinsot. Stretching and quenching of flamelets in premixed turbulent combustion.
Combustion and Flame, 86(4) :311 – 332, 1991.
[155] Cindy Merlin. Simulation numérique de la combustion turbulente : Méthode de frontières immergées pour
les écoulements compressibles, application à la combustion en aval d’une cavité. PhD thesis, INSA de
Rouen, 2011.
[156] Parviz Moin and Krishnan Mahesh. Direct numerical simulation : A tool in turbulence research. Annual
Review of Fluid Mechanics, 30(1) :539–578, 1998.
[157] Pet al Moin, K Squires, W Cabot, and Sangsan Lee. A dynamic subgrid-scale model for compressible
turbulence and scalar transport. Physics of Fluids A : Fluid Dynamics (1989-1993), 3(11) :2746–2757,
1991.
[158] Louis Monchick and EA Mason. Transport properties of polar gases. The Journal of Chemical Physics,
35(5) :1676–1697, 1961.
BIBLIOGRAPHIE 231

[159] V. Moureau, P. Domingo, and L. Vervisch. Design of a massively parallel cfd code for complex geometries.
C.R. Mecanique, 339(2/3) :141–148, 2011.
[160] V. Moureau, P. Domingo, and L. Vervisch. From large-eddy simulation to direct numerical simulation of a
lean premixed swirl flame : Filtered laminar flame-pdf modeling. Combustion and Flame, 158(7) :1340 –
1357, 2011.
[161] V. Moureau, P. Minot, H. Pitsch, and C. Bérat. A ghost-fluid method for large-eddy simulations of premixed
combustion in complex geometries. Journal of Computational Physics, 221(2) :600 – 614, 2007.
[162] Charles J. Mueller, James F. Driscoll, David L. Reuss, Michael C. Drake, and Martin E. Rosalik. Vor-
ticity generation and attenuation as vortices convect through a premixed flame. Combustion and Flame,
112(3) :342 – 358, 1998.
[163] Habib N. Najm, Peter S. Wyckoff, and Omar M. Knio. A semi-implicit numerical scheme for reacting flow :
I. stiff chemistry. Journal of Computational Physics, 143(2) :381 – 402, 1998.
[164] Suresh Nambully, Pascale Domingo, Vincent Moureau, and Luc Vervisch. A filtered-laminar-flame {PDF}
sub-grid scale closure for {LES} of premixed turbulent flames. part i : Formalism and application to a
bluff-body burner with differential diffusion. Combustion and Flame, 161(7) :1756 – 1774, 2014.
[165] A. Naudin. Simulation des grandes échelles de la combustion turbulente avec chimie détaillée tabulée. PhD
thesis, 2008.
[166] R. A. Nicolaides. Deflation of conjugate gradients with applications to boundary value problems. SIAM J.
Numer. Anal., 24(2) :355–365, April 1987.
[167] Franck Nicoud and Frédéric Ducros. Subgrid-scale stress modelling based on the square of the velocity
gradient tensor. Flow, Turbulence and Combustion, 62(3) :183–200, 1999.
[168] Dan G Norton and Dionisios G Vlachos. Combustion characteristics and flame stability at the microscale :
a cfd study of premixed methane/air mixtures. Chemical engineering science, 58(21) :4871–4882, 2003.
[169] Dan G Norton and Dionisios G Vlachos. A cfd study of propane/air microflame stability. Combustion and
Flame, 138(1) :97–107, 2004.
[170] Kilian Oberleithner, Michael Stöhr, Seong Ho Im, Christoph M. Arndt, and Adam M. Steinberg. Formation
and flame-induced suppression of the precessing vortex core in a swirl combustor : Experiments and linear
stability analysis. Combustion and Flame, 162(8) :3100 – 3114, 2015.
[171] JA van Oijen and LPH De Goey. Modelling of premixed laminar flames using flamelet-generated manifolds.
Combustion Science and Technology, 161(1) :113–137, 2000.
[172] O’Rourke. Two scaling transformations for the numerical computation of multidimensional unsteady lami-
nar flames. Journal of Computational Physics, 1979.
[173] Perrine Pepiot-Desjardins and Heinz Pitsch. An efficient error-propagation-based reduction method for
large chemical kinetic mechanisms. Combustion and Flame, 154(1) :67–81, 2008.
[174] N Peters. Numerical and asymptotic analysis of systematically reduced reaction schemes for hydrocarbon
flames. In Numerical simulation of combustion phenomena, pages 90–109. Springer, 1985.
[175] N Peters. The turbulent burning velocity for large-scale and small-scale turbulence. Journal of Fluid
mechanics, 384 :107–132, 1999.
[176] Norbert Peters and Bernd Rogg. Reduced kinetic mechanisms for applications in combustion systems.
Springer Science & Business Media, 1993.
[177] H Pitsch. A consistent level set formulation for large-eddy simulation of premixed turbulent combustion.
Combustion and Flame, 143(4) :587–598, 2005.
[178] T. Poinsot, T. EchekkiI, and M. G. Mungal. A study of the laminar flame tip and implications for premixed
turbulent combustion. Combustion Science and Technology, 81(1-3) :45–73, 1992.
[179] T. Poinsot and D. Veynante. Theorical and Numerical Combustion, third edition. 2011.
BIBLIOGRAPHIE 232

[180] T Poinsot, D Veynante, and S Candel. Quenching processes and premixed turbulent combustion diagrams.
Journal of Fluid Mechanics, 228(561-606) :230, 1991.
[181] T. J. Poinsot, D. Veynante, A. Trouvé, and G. Ruetsch. Turbulent flame propagation in partially premixed
flames. In Proceedings of the Summer Program, pages 111–136, Center for Turbulence Research, NASA
Ames/Stanford University, USA, 1996. CONF.
[182] TJ Poinsot, DC Haworth, and G Bruneaux. Direct simulation and modeling of flame-wall interaction for
premixed turbulent combustion. Combustion and Flame, 95(1) :118–132, 1993.
[183] SB Pope. Ceq : A fortran library to compute equilibrium compositions using gibbs function continuation,
2003.
[184] Stephen B Pope. Turbulent flows. Cambridge university press, 2000.
[185] Stephen B Pope. The computation of constrained and unconstrained equilibrium compositions of ideal gas
mixtures using gibbs function continuation. FDA03-02, Cornell University, 2003.
[186] Stephen B. Pope. Gibbs function continuation for the stable computation of chemical equilibrium. Com-
bustion and Flame, 139(3) :222 – 226, 2004.
[187] P. Popp and M. Baum. Analysis of wall heat fluxes, reaction mechanisms, and unburnt hydrocarbons during
the head-on quenching of a laminar methane flame. Combustion and Flame, 108(3) :327 – 348, 1997.
[188] P. Popp, M. Smooke, and M. Baum. Heterogeneous/homogeneous reaction and transport coupling during
flame-wall interaction. Symposium (International) on Combustion, 26(2) :2693 – 2700, 1996.
[189] William H Raymond and Arthur Garder. A review of recursive and implicit filters. Monthly weather review,
119(2) :477–495, 1991.
[190] William Craig Reynolds and Henry Crawford Perkins. Engineering thermodynamics, volume 266. McGraw-
Hill New York etc, 1977.
[191] LF Richardson. Weather prediction by numerical process. 1922.
[192] Paul D Ronney. Analysis of non-adiabatic heat-recirculating combustors. Combustion and Flame,
135(4) :421–439, 2003.
[193] Clarence W Rowley, IGOR MEZIĆ, Shervin Bagheri, Philipp Schlatter, and Dan S Henningson. Spectral
analysis of nonlinear flows. Journal of Fluid Mechanics, 641 :115–127, 2009.
[194] Pierre Sagaut. Large eddy simulation for incompressible flows. Springer, 2002.
[195] J.-M. Samaniego and T. Mantel. Fundamental mechanisms in premixed turbulent flame propagation via
flame–vortex interactions : Part i : experiment. Combustion and Flame, 118(4) :537 – 556, 1999.
[196] R.W. Schefer, D.M. Wicksall, and A.K. Agrawal. Combustion of hydrogen-enriched methane in a lean pre-
mixed swirl-stabilized burner. Proceedings of the Combustion Institute, 29(1) :843 – 851, 2002. Proceedings
of the Combustion Institute.
[197] Kirk Schloegel, George Karypis, and Vipin Kumar. Multilevel diffusion schemes for repartitioning of adap-
tive meshes. Journal of Parallel and Distributed Computing, 47(2) :109 – 124, 1997.
[198] L Selle, G Lartigue, T Poinsot, P Kaufman, W Krebs, and D Veynante. Large-eddy simulation of turbulent
combustion for gas turbines with reduced chemistry. In Proceedings of the summer program, pages 333–
344, 2002.
[199] J A Sethian. A fast marching level set method for monotonically advancing fronts. Proceedings of the
National Academy of Sciences, 93(4) :1591–1595, 1996.
[200] P. N. Shankar and M. D. Deshpande. Fluid mechanics in the driven cavity. Annual Review of Fluid Mecha-
nics, 32(1) :93–136, 2000.
[201] V. Shirsat and A. K. Gupta. A review of progress in heat recirculating meso-scale combustors. Applied
Energy, 88(12) :4294–4309, 12 2011.
[202] William A. Sirignano, Trinh K. Pham, and Derek Dunn-Rankin. Miniature-scale liquid-fuel-film combustor.
Proceedings of the Combustion Institute, 29(1) :925 – 931, 2002. Proceedings of the Combustion Institute.
BIBLIOGRAPHIE 233

[203] M. Sjöstrand. Simulations Numériques Directes d’une méso-chambre de combustion : Mise en oeuvre et
analyses. PhD thesis, 2012.
[204] Marianne Cuif Sjöstrand, Yves D’Angelo, and Eric Albin. No-slip wall acoustic boundary condition treat-
ment in the incompressible limit. Computers & Fluids, 86(0) :92 – 102, 2013.
[205] Joseph Smagorinsky. General circulation experiments with the primitive equations : I. the basic expe-
riment*. Monthly weather review, 91(3) :99–164, 1963.
[206] Gregory P Smith, David M Golden, Michael Frenklach, Nigel W Moriarty, Boris Eiteneer, Mikhail Golden-
berg, C Thomas Bowman, Ronald K Hanson, Soonho Song, William C Gardiner Jr, et al. Gri-mech 3.0,
1999.
[207] William Sutherland. The viscosity of gases and molecular force. Philosophical Magazine Series 5,
36(223) :507–531, 1893.
[208] N. Syred and J.M. Beér. Combustion in swirling flows : A review. Combustion and Flame, 23(2) :143 –
201, 1974.
[209] Nicholas Syred. A review of oscillation mechanisms and the role of the precessing vortex core (pvc) in
swirl combustion systems. Progress in Energy and Combustion Science, 32(2) :93 – 161, 2006.
[210] Shoichi Tanaka, Masayasu Shimura, Naoya Fukushima, Mamoru Tanahashi, and Toshio Miyauchi. Dns
of turbulent swirling premixed flame in a micro gas turbine combustor. Proceedings of the Combustion
Institute, 33(2) :3293–3300, 2011.
[211] Hendrik Tennekes and John Leask Lumley. A first course in turbulence. MIT press, 1972.
[212] F. O. Thomas and V. W. Goldschmidt. Structural characteristics of a developing turbulent planar jet. Journal
of Fluid Mechanics, 163 :227–256, 2 1986.
[213] Z. Turkeli-Ramadan, R.N. Sharma, and K Yamaguchi. Combustion characteristics of hex-combustor for
ultra micro gas turbine. In European Combustion Meeting 2011, Cardiff, UK, 2011.
[214] J.A. van Oijen, F.A. Lammers, and L.P.H. de Goey. Modeling of complex premixed burner systems by using
flamelet-generated manifolds. Combustion and Flame, 127(3) :2124 – 2134, 2001.
[215] Stijn Vantieghem. Numerical simulations of quasi-static magnetohydrodynamics using an unstructured
finite volume solver : development and applications. PhD thesis, Universite Libre de Bruxelles, 2011.
[216] L. Vervisch and D. Veynante. Interlinks between approaches for modeling turbulent flames. Proceedings of
the Combustion Institute, 28(1) :175–183, 2000.
[217] Luc Vervisch, Pascale Domingo, Guido Lodato, and Denis Veynante. Scalar energy fluctuations in large-
eddy simulation of turbulent flames : Statistical budgets and mesh quality criterion. Combustion and Flame,
157(4) :778 – 789, 2010.
[218] Denis Veynante and Luc Vervisch. Turbulent combustion modeling. Progress in energy and combustion
science, 28(3) :193–266, 2002.
[219] J. Vican, B. F. Gajdeczko, F. L. Dryer, D. L. Milius, I. A. Aksay, and R. A. Yetter. Development of a
microreactor as a thermal source for microelectromechanical systems power generation. Proceedings of the
Combustion Institute, 29(1) :909–916, 2002.
[220] Henk A. Van Der Vorst. Parallel iterative solution methods for linear systems arising from discretized pde’s.
In Lecture Notes on Parallel Iterative Methods for discretized PDE’s. AGARD Special Course on Parallel
Computing in CFD, 1995.
[221] G. Wang, M. Boileau, and D. Veynante. Implementation of a dynamic thickened flame model for large eddy
simulations of turbulent premixed combustion. Combustion and Flame, 158(11) :2199 – 2213, 2011.
[222] Haiou Wang, Kun Luo, Shuqiang Lu, and Jianren Fan. Direct numerical simulation and analysis of a
hydrogen/air swirling premixed flame in a micro combustor. International Journal of Hydrogen Energy,
36(21) :13838 – 13849, 2011. 2010 Asian/APEC BioH2.
BIBLIOGRAPHIE 234

[223] Haiou Wang, Kun Luo, Kunzan Qiu, Shuqiang Lu, and Jianren Fan. A {DNS} study of hydrogen/air swirling
premixed flames with different equivalence ratios. International Journal of Hydrogen Energy, 37(6) :5246
– 5256, 2012. Optimization Approaches to Hydrogen Logistics.
[224] Jürgen Warnatz, Ulrich Maas, Robert W Dibble, and J Warnatz. Combustion, volume 3. Springer, 2001.
[225] F. J. Weinberg, D. M. Rowe, G. Min, and P. D. Ronney. On thermoelectric power conversion from heat
recirculating combustion systems. Proceedings of the Combustion Institute, 29(1) :941–947, 2002.
[226] Charles K Westbrook, Andrew A Adamczyk, and George A Lavoie. A numerical study of laminar flame
wall quenching. Combustion and Flame, 40 :81–99, 1981.
[227] S Whalen, M Thompson, D Bahr, C Richards, and R Richards. Design, fabrication and testing of the p 3
micro heat engine. Sensors and Actuators A : Physical, 104(3) :290–298, 2003.
[228] F.A. Williams. Combustion theory. Cummings Publ. Co, 1985.
[229] F.A. Williams. Turbulent combustion. the Mathematics of combustion, pages 97–131, 1985.
[230] Ming-Hsun Wu. Development and experimental analyses of meso and micro scale combustion systems.
PhD thesis, The Pennsylvania State University, 2007.
[231] Ming-Hsun Wu, Yanxing Wang, Vigor Yang, and Richard A. Yetter. Combustion in meso-scale vortex
chambers. Proceedings of the Combustion Institute, 31(2) :3235 – 3242, 2007.
[232] Ming-Hsun Wu, Richard A Yetter, and Vigor Yang. Development and characterization of ceramic micro
chemical propulsion and combustion systems. In 46th AIAA aerospace sciences meeting and exhibit, AIAA-
2008-966, 2008.
[233] X. Wu and P. Moin. A direct numerical simulation study on the mean velocity characteristics in turbulent
pipe flow. J. Fluid Mech., 608, 2008.
[234] T. Xing. A general framework for verification and validation of large eddy simulations. Journal of Hydro-
dynamics, 27, 2015.
[235] W Yang, U Bonne, et al. Mems free piston knock engine. In Book of abstracts for poster presentation,
Twenty-Eight International Symposium on Combustion, The Combustion Institute, Edinburgh, UK, 2000.
[236] Richard A. Yetter, Irvin Glassman, and H. Clay Gabler. Asymmetric whirl combustion : A new low nox
approach. Proceedings of the Combustion Institute, 28(1) :1265 – 1272, 2000.
[237] A. Yoshizawa and K. Horiuti. A statistically-derived subgrid-scale kinetic energy model for the large-eddy
simulation of turbulent flows. J. Phys. Soc. Jpn., 54, 1985.
[238] Rixin Yu, Jiangfei Yu, and Xue-Song Bai. An improved high-order scheme for {DNS} of low mach number
turbulent reacting flows based on stiff chemistry solver of low mach number turbulent reacting flows based
on stiff chemistry solver. Journal of Computational Physics, 231(16) :5504 – 5521, 2012.

Vous aimerez peut-être aussi