Droit Civil
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Chapitre Introductif
I. La notion du droit
I. La notion du droit
Toute société a besoin pour fonctionner d’un certain ordre, sans lequel elle
tombe dans l’anarchie. L’être humain, de sa naissance à sa mort, en passant par
ses activités professionnelles ainsi que ses relations avec les autres membres de
la communauté, est régi par une multitude de règles dont certaines sont
juridiques, et d’autres non juridiques. C’est donc l’ensemble des règles
juridiques qui constitue le droit. En effet une règle est dite juridique lorsqu’elle
remplit trois conditions principales. D’abord elle a une force obligatoire, ensuite
des conséquences positives ou négatives, et enfin elle a des sanctions
applicables à tout comportement qui la transgresse. Pour exemple de règle
juridique, nous avons :
-l’article 1382 du code civil qui stipule que : Tout fait quelconque de l'homme,
qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le
réparer.
Dans toute société, nous avons deux grandes catégories de règles : les règles
autonomes et les règles hétéronomes.
les règles hétéronomes sont des règles internes à l’individu qui relève de
la conscience, et dont la sanction est soit la réprobation ou le remord. Ce
sont des règles dont la sanction est intérieure à l’individu
les règles hétéronomes par contre sont des règles édictées et imposées à
l’individu par l’autorité. Ce sont des règles extérieures à l’individu et dont
la sanction est externe. Elles ont une force contraignante. Le droit est la
règle hétéronome par excellence.
Les règles religieuses, tout comme le droit ont pour but d’ordonner la vie des
hommes en société. Elles sont en outre, des commandements imposés de
l’extérieur aux individus. Ce sont donc toutes deux des règles hétéronomes. La
différence entre les deux types de règles se situe au niveau de la sanction. Tandis
que le droit est l’objet d’une sanction immédiate et certaine par l’autorité
publique, les règles religieuses elles sont assorties d’une sanction différée,
probable et hypothétique et dont l’auteur est Dieu.
Le droit naturel est synonyme d’ordre naturel voulu par la nature, le créateur de
l’humanité. C’est le droit de la nature humaine
Le droit privé est l’ensemble des règles de droit qui régissent les rapports
privés entre particuliers. Ce droit est lui-même subdivisé en plusieurs
branches :
- Le droit civil qui est l’ensemble des règles générales applicable aux
personnes ;
- Le droit commercial qui est constitué de règles propres aux commerçants
et aux relations commerciales ;
- Le droit du travail qui concerne le monde du travail, c’est-à-dire les
rapports entre employeurs et employés ;
- Le droit de l’informatique et de la propriété intellectuelle qui concerne les
droits d’auteurs, la règlementation du système informatique.
- La procédure civile qui est l’ensemble des règles relatives au déroulement
du procès ;
- Etc.
Le droit public : son domaine d’application est l’organisation et le
fonctionnement de l’Etat et ses démembrements, ainsi que les relations
entre l’Etat et ses administrés. Comme branches du droit public, on peut
citer :
-le droit constitutionnel qui fixe les règles du fonctionnement des pouvoirs des
institutions
-le droit international privé, est l’ensemble des règles applicables aux relations
privées concernant plusieurs Etats (applicable aux particuliers en présence d’un
élément d’extranéité).
L’étude des sources du droit objectif va nous conduire à l’examen des procédés
techniques par lesquels la règle de droit prend forme. Ces procédés sont divers
selon l’aspect envisagé. Les différentes sources de droit peuvent être classées
selon un certain nombre de critères. Nous retiendrons ainsi le critère du champ
d’application qui se distingue à travers les sources nationales, et les sources
internationales.
A. La loi
La loi peut être entendue au sens stricto sensus comme au sens lato sensus.
Elle désigne la règle juridique écrite, établie par l’organe étatique compétent.
Elle est un acte émanent du pouvoir législatif, c’est-à-dire l’assemblé nationale.
L’article 97 de la constitution du Burkina Faso précise que la loi est une
délibération régulièrement promulguée de l’assemblée nationale. Cette
assemblée se réunit de plein droit chaque année en 2 sessions ordinaire de 90
jours maximum chacune. La première session, le premier mercredi ouvrable de
mars et la deuxième le dernier mercredi ouvrable de septembre (article 87 de la
constitution.)
-l’initiative de la loi. L’idée de faire une loi peut émaner soit du gouvernement,
soit de députés, soit des citoyens.
Dans le premier cas, on parle de projet de loi. Dans le second cas de proposition
de loi, et dans le troisième cas de pétition signée par au moins quinze mille
citoyens ayant le droit de vote (article 98 de la constitution)
-la publication de la loi. Pour être appliquée, la loi votée et promulguée doit
être publiée c’est-à-dire portée à la connaissance de tous. La publication se fait
par une insertion dans le journal officiel. A partir de ce moment, personne ne
peut prétendre l’ignorer. On dit que « nul n’est censé ignoré la loi ». La loi est
exécutoire 8 jours francs après sa publication.
Dans le langage populaire, la loi est entendue dans un sens plus large. Elle
comprend non seulement la loi proprement dite, mais aussi tous les autres textes
à caractères obligatoire pris par le pouvoir exécutif, ou par diverses autorités.
-la constitution. Elle est la source fondamentale de droit, car elle détermine les
bases du fonctionnement de l’Etat, et elle est supérieure à toutes les autres
sources nationales. Elle est votée par le peuple par voie référendaire
(referendum). Elle est rédigée en tenant compte des traités et accords
internationaux. La constitution au Burkina Faso a été adopté par le peuple le 02
juin 1991 et promulguée par le Kiti AN VIII 330/FP/Pres du 11 juin 1991. La
procédure de révision de la constitution est prévue par ses articles 164, 165.
-le décret. L’article 100 de la constitution énonce que le décret simple est un
acte signé par le président du Faso, le premier ministre et contresigné par les
membres du gouvernement compétents et que le décret en conseil des ministres
est signé par le président du Faso. Le premier ministre après avis du conseil des
ministres, il est contresigné par les membres du gouvernement compétents.
Certaines notions ont été clarifiées par la jurisprudence ou par la doctrine avant
que le législateur ne les définisse. C’est le cas de la force majeure, du conflit
collectif, de la grève etc.
A3-Les usages et coutumes. Ce sont des pratiques pérennes, des habitudes dont
l’observation, le respect par le plus grand nombre de personnes, forme une sorte
de règle non écrite dans une sphère donnée. Deux éléments sont nécessaires à
l’existence d’une coutume ou d’un usage à savoir :
La phase de signature,
La phase de la ratification.
En principe c’est le président du Faso qui négocie, signe et ratifie les traités
et accords internationaux (art. 148 de la constitution.) cependant lorsqu’il
s’agit de traités de paix, de commerce de finances publiques, ou de traités
relatifs à l’état des personnes ou modifiant des dispositions de nature
législative, la ratification est la compétence de l’A N (art. 149 de la
constitution).
a- Les conventions multilatérales
-la CADHP. La charte africaine des droits de l’homme et des peuples a été
adoptée le 28 juin 1981, ratifiée par le Burkina Faso en 1984, et entrée en
vigueur en 1986. Elle s’inspire de la DUDH en mettant l’accent sur le droit
des peuples au développement économique, social et culturel à
l’autodétermination (liberté des peuples), à la libre disposition de leurs
richesses et ressources naturelles. Elle souligne le droit de l’individu.
Ce sont des accords conclus entre l’Etat et ses partenaires étrangers. Au titre
des conventions, on peut citer les conventions de sécurité sociale entre le
Burkina et le Mali le 14 novembre 1992, les conventions de main d’œuvre
avec le Gabon (13.08.1973) et la côte d’ivoire (9.03.1960).
c. les actes unilatéraux.
La loi n’est pas applicable du seul fait qu’elle a été votée par le parlement. Elle
ne le devient qu’à partir du moment où elle entre en vigueur, ce qui marque sa
naissance(a) et jusqu’à son abrogation qui constitue son acte de mort (b).
-La promulgation. Elle se défini comme l’acte par lequel le chef de l’Etat
atteste l’existence de la loi et donne l’ordre aux autorités publiques d’observer et
de faire observer cette loi. C’est la constatation officielle et solennelle par le
Président du Faso, de l’achèvement et de la régularité de la procédure
législative. La promulgation se fait par décret présidentiel. La promulgation est
d’abord une exigence de la constitution, définit dans son article 48. C’est aussi
une exigence légale dans la mesure où l’article 1er du code civil dispose que les
lois sont exécutoires dans tout territoire, en vertu de la promulgation qui en est
par le Président du Faso. Précisons que la loi est suspendue quand le conseil
constitutionnel est saisi. Les actes règlementaires, les actes uniformes
OHADA, UEMOA, CEDEAO, ne sont pas soumises à la promulgation.
-La publication de la règle de droit. C’est une formalité matérielle qui rend la
règle de droit opposable aux individus. La publication est une opération exigée
par la loi. (Art 1 du code civil). En ce qui concerne la loi, la publication consiste
en l’insertion du texte dans le journal officiel. La publication peut être de façon
exceptionnelle par voie d’affiche. L’exigence de la publication est une réponse
au principe de présomption de connaissance de la règle de droit. A partir de cette
publication, « nul n’est censé ignorer la loi ». C’est cette fin que poursuit
directement l’exigence d’une publication des lois et règlement.
-La date d’entrée en vigueur. C’est l’ordonnance 75-23 du 6 mai 1975 fixant
les règles d’applications des lois, ordonnances, décrets et arrêtés ministériels
ainsi que des actes administratifs à caractères individuel qui traite des modalités
de publication des lois et règlement. Il régit donc l’entrée en vigueur de la règle
de droit. Ainsi selon les dispositions de l’article 2 de ladite ordonnance « les
lois et ordonnances, ainsi que les actes réglementaires deviennent exécutoires
sur tout le territoire du Faso huit jours francs, après leur publication au journal
officiel.
b. l’abrogation de la loi.
La durée de l’effet de la règle de droit se situe entre son entrée en vigueur et son
abrogation. La loi comme le règlement est normalement faite pour durer, même
si certaine ont un caractère temporaire (loi de finance, valable un an). On
distingue deux modes possibles d’abrogation. L’abrogation expresse et
l’abrogation tacite.
* si les deux règles sont de même rang, les dispositions de la loi antérieur sont
implicitement abrogés, car c’est la volonté récente du législateur qui doit
l’emporter ;
* si les deux règles sont de rang différent, la règle inférieure qui est contraire à
la règle supérieure est implicitement abrogée en application du principe des
hiérarchies des normes.
S’il y’a deux règles de même valeur, deux procédés sont applicables : la règle
postérieure déroge à la règle antérieure, et la règle spéciale déroge à la règle
générale dans son domaine.
Les conflits de loi dans le temps sont solutionnés par l’application de deux
principes essentiels énoncés à l’article 2 du code civil qui dispose : « la loi ne
dispose que pour l’avenir : elle n’a point d’effet rétroactif ». Elle n’a point
d’effet rétroactif. Il s’agit des principes de non rétroactivité et d’effet immédiat
2. L’application immédiate
Pour remplir le rôle qui lui est imparti dans la société et notamment dans les
relations interpersonnelles, le droit doit d’une part, déterminer les droits
subjectifs. C’est-à-dire les prérogatives qui appartiennent aux particuliers et
d’autre part, assurer le respect de ces droits. Il convient donc, pour assurer le
respect des droits et pour en sanctionner l’inobservation, de recourir à un service
public de l’Etat, le service public de la justice. Il s’agira d’étudier dans cette
partie du cours non seulement la configuration de l’organisation judiciaire, mais
aussi ses modalités de fonctionnement.
En tant que service public de l’Etat, la justice est soumise à trois grands
principes que sont : l’égalité, la gratuité et la continuité.
Tous les citoyens ont vocation à être jugés par les mêmes juridictions et selon
les mêmes règles de procédure, sans aucune discrimination. Cette règle
s’applique également aux étrangers.
2. La gratuité de la justice
Ce principe signifie que les plaideurs n’ont plus à payer les juges qui sont
rétribués par l’Etat. Mais si les plaideurs n’ont plus à payer les juges, ils doivent
néanmoins débourser parfois d’importantes sommes d’argent pour obtenir
justice : honoraires des avocats, frais d’huissier, frais fiscaux, etc.
3. La continuité de la justice
Pour que la justice soit bien rendue, il faut qu’elle soit rendue dans des
conditions qui offrent des garanties aussi complètes que possibles. D’où les
principes de collégialité des juridictions et de double degré de juridiction.
1. Le principe de la collégialité des juridictions
La question ici est de savoir s’il est préférable que les jugements soient
rendus par un juge unique ou au contraire par un collège de juges statuant à la
majorité.
A. Les magistrats.
-les magistrats de carrière. Ils constituent la première catégorie. Ils sont présents
dans les différentes juridictions administratives (tribunaux administratif, conseil
d’Etat et cours des comptes). Ils ont en charge de façon exclusive le contentieux
administratif au niveau des tribunaux administratif.
Ils sont de deux types. Les uns sont des officiers ministériels titulaires d’une
charge à laquelle ils sont nommés par décision de l’Etat (les huissiers), et les
autres exercent une profession libérale(les avocats).
2. les avocats
A. Principes de classification
La classification des juridictions peut se faire suivant les matières dont elles
s’occupent et l’étendue de leur compétence.
Selon la matière dont elles s’occupent on fait d’une part la distinction entre
juridictions judiciaires et juridictions administratives et d’autre part entre
juridictions judiciaires civiles et juridictions judiciaires répressives.
1. Principe de compétence
1- La compétence d’attribution
2- La compétence territoriale
La compétence des tribunaux est aussi repartie dans l’espace dans la mesure où
plusieurs tribunaux de même ordre et de même degré officient sur l’ensemble du
territoire. La compétence territoriale détermine donc la compétence des
tribunaux du point vue spatial. Ainsi, un justiciable qui doit saisir un tribunal
administratif doit savoir à quel tribunal administratif du Burkina s’adresser. La
compétence territoriale s’apprécie en fonction d’un des critères suivants : le lieu
du domicile du défendeur, le lieu de la commission des faits, le lieu de la
conclusion ou de l’exécution.