สมเด็จพระนารายณ์
สมเด็จพระนารายณ์
สมเด็จพระนารายณ์
Par
Supatchaya Anusonpornpem
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Supatchaya Anusonpornpem
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L’École des Études Supérieures de l’Université Silpakorn a accepté le
mémoire : “ Les relations commerciales de la France avec le Siam sous le règne du roi
Naraï ” proposé par Mademoiselle Supatchaya Anusonpornpem dans le cadre des
études françaises de maîtrise.
…………..……..…………………………
(Dr. Sirichai Chinnatangkul, maître de conférence)
Doyen de l’École des Études Supérieures
Date…….Mois………..année……..
Directeur du mémoire
Le Jury
……………………………président ……………………………membre
..……/….…..…./…….. ..……/….…..…./……..
……………………………membre ……………………………membre
( Dr. Jean-Marcel Paquette, professeur ) ( Dr. Kanika Chansang, maître de conférence )
..……/….…..…./…….. ..……/….…..…./……..
48203205 : Majeur : Études françaises
Mots clés : Commerce extérieur / Commerce franco-thaï / Le règne du roi Naraï
Supatchaya Anusonpornpem : Les relations commerciales de la France avec le Siam sous
le règne du roi Naraï. Directeur du mémoire : Dr. Kanika Chansang, maître de conférence. 135 pp.
Sous le règne du roi Naraï, de 1656 à 1688, Ayutthaya est un centre commercial et un
entrepôt entre l’Océan Indien et la Mer de Chine. Le Siam joue aussi un rôle important dans le
négoce des matières premières en Asie. Les produits agricoles et miniers ainsi que les marchandises
chinoises et japonaises sont appréciés des Occidentaux. Ces facteurs attirent de nombreux
marchands étrangers au Siam. Ainsi, le commerce extérieur est actif. La France est le dernier pays
européen à commercer avec le Siam sous le règne du roi Naraï. Au XVIIème siècle, Colbert, le
Ministre des Finances de la France, souhaite développer le commerce vers l’Asie pour concurrencer
la Hollande qui domine les routes commerciales entre l’Europe et l’Asie. En 1680, la Compagnie
française envoie Deslandes Boureau pour établir un comptoir à Ayutthaya. C’est le début des
relations commerciales franco-siamoises. Ces relations se poursuivent en parallèle avec les
relations diplomatiques. Le roi Louis XIV envoie deux ambassades au Siam dans le but de convertir
le roi Naraï et de négocier plus de privilèges pour la Compagnie française. Trois contrats
commerciaux sont établis en 1684, 1685 et 1687. La “Révolution siamoise” de 1688 met fin non
seulement aux relations diplomatiques mais aussi commerciales entre la France et le Siam
pendant la période d’Ayutthaya.
Notre objectif est d’étudier et d’analyser le développement des relations commerciales
dans le contexte socio-économique de la France et du Siam au XVIIème siècle en le comparant à
d’autres concurrents européens au Siam. À l’aide de documents originaux et de copies en français,
anglais et thaï, nous rédigerons un mémoire sous forme d’analyse descriptive. Ce travail nous révèle
que les privilèges que le roi Naraï a accordés ne sont que théoriques. En réalité, la Compagnie
française est confrontée à bien des difficultés : problèmes financiers, politique commerciale et
situation politique de la France. Par ailleurs, le monopole royal, système commercial du Siam et
le rôle dominant de Phaulkon constituent, eux aussi, des obstacles aux opérations commerciales.
Ainsi, le commerce franco-siamois, entre 1680 et 1688, n’a pas obtenu les succès attendus.
Nous espérons que notre travail permettra aux chercheurs thaïs de mieux comprendre les
relations franco-siamoises dans le domaine commercial, encore peu étudiées en Thaïlande. Les
documents français permettent étudier l’histoire des relations franco-siamoises dans une perspective
nouvelle.
_____________________________________________________________________
Département de Français, École des Études Supérieures, Université Silpakorn, Année Universitaire 2009
Signature de l’étudiante ................................................................
Signature du directeur.du.mémoire ................................................................
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REMERCIEMENTS
Qu’il me soit permis d’exprimer ici mes remerciements les plus sincères et ma
reconnaissance la plus profonde au Dr. Kanika Chansang, mon directeur de mémoire
dont les conseils, les encouragements, la longue patience et la sympathie ont permis à ce
mémoire de voir le jour.
Je voudrais également exprimer ma respectueuse gratitude à Monsieur Michel
Hermann pour avoir aimablement accepté de lire et de corriger mon travail.
Je voudrais exprimer ma gratitude à tous les professeurs du Département de
Français de la Faculté des Lettres de l’Université Silpakorn qui m’ont nourrie de leurs
connaissances.
Ma reconnaissance s’adresse ensuite à mes amis qui m’ont encouragée dans
la réalisation de ce travail et enfin ma famille qui m’a soutenue matériellement et
moralement tout au long de ma recherche.
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TABLE DES MATIÈRES
Page
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Chapitre Page
3.3 Contrats commerciaux ............................................................. 53
3.3.1 Traité commercial de Deslandes ................................... 53
3.3.2 Traité commercial du Chevalier de Chaumont.............. 56
3.3.3 Traité commercial de Céberet ...................................... 60
IV Réflexions sur les résultats du commerce franco-siamois sous
le règne du roi Naraï ....................................................................... 67
4.1 Aperçu général sur le commerce au Siam ............................... 67
4.2 Commerce des Européens au Siam .......................................... 72
4.3 Commerce français : réussite ou échec ? ................................. 75
IV Conclusion ...................................................................................... 83
Bibliographie .................................................................................................... 88
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Chapitre I
Introduction
1
.
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!, 2523, "# 2. (Plubprung
Moonlasilpa. La relation franco-siamoise à l’époque d’Ayutthaya. Bangkok : Bunnakit,
1980, p. 2.)
2
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$'$. : (
), 2545, "# 11. (Anongkana
Manitpisitkul. La Thaïlande et les Occidentaux pendant la période d’Ayutthaya. Bangkok :
Pyramide, 2002, p. 11.)
3
C’est-à-dire une entreprise commerciale, fondée en 1664 par Colbert, dont l’objet était
de «naviguer et négocier depuis le Cap de Bonne Espérance presque dans toutes les
Indes et mers orientales.››
Cité dans MORINEAU, Michel. Les grandes Compagnies des Indes orientales
(XVI - XIX siècles). Paris : Presses Universitaires de France, 1999, p. 1.
4
le Ministre des Finances de la France
1
2
commercer vers l’Océan Indien, depuis la Perse, l’Inde jusqu’à l’Indochinois. Pendant
l’époque d’Ayutthaya, le commerce maritime joue un rôle important dans le système
économique du Siam. Chaque année, ce commerce représente 25% de son produit
national but.5 Les Européens, notamment les Portugais, Hollandais et Anglais font du
négoce avec le Siam. Les Portugais - les premiers Européens arrivés à Ayutthaya - ont
commencé cette activité au Siam en 1511, les Espagnols en 1598, les Hollandais en
1604 et les Anglais en 1612.6
Trois rivières traversent la capitale en différents endroits, la rivière Pasak, la
rivière Lopburi et le fleuve Chao Phraya. Par ailleurs, la ville d’Ayutthaya est située à
100 kilomètres du golfe de Siam, facilitant ainsi le transit des marchandises vers la
Chine et le Japon.7 Ces facteurs favorisent la prospérité commerciale du Siam. On peut
dire qu’à cette époque, Ayutthaya devient un centre commercial important pour le
commerce en Asie du Sud-Est.
Le règne du roi Naraï est une période faste pour le développement commercial
du royaume. Le roi se rend compte que la prospérité du commerce est un facteur de
développement pour le Siam. Accueillant et généreux pour les étrangers, il leur donne
des terrains pour qu’ils y établissent et construisent des comptoirs. C’est pourquoi,
l’Angleterre, la Hollande et le Portugal ont fondé des comptoirs commerciaux à
Ayutthaya. Au Siam, le monopole du commerce extérieur est détenu par le roi qui
contrôle l’achat et la vente des épices, du cuivre, du bois et des ivoires, … .8 Pour
5
, .
. : !", 2507, 88. (Prasert Ugsornnit, Luang. Les témoignages des
habitants de l’ancienne capitale, de Khun Luang Ha Wat et Les Recueils des
Inscriptions du Siam à l’époque d’Ayutthaya. Bangkok : Klang Vitthaya, 1964, p. 88.)
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, 2530, 14. (Kwanjai Pigpen.
L’étude du rapport commercial entre le Siam et les Occidentaux à l’époque d’Ayutthaya.
Mémoire de licence en étude d’archéologies, Université Silpakorn, 1987, p. 14.)
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, 2530, 12.
(Sittikorn Karnsomnet. Internal Trade of Ayutthaya 1350 - 1767. Mémoire de maîtrise
en étude d’histoires de l’Asie du Sud-Est, Université Silpakorn, 1987, p. 12.)
8
MANTIENNE, Frédéric. Les relations politiques et commerciales entre la France et la
péninsule Indochinoise (XVIIe siècle). Paris : les Indes Savantes, 2001, p. 105.
3
“Je ne crois pas qu’il y ait pays au monde où il se trouve plus de religions dont
l’exercice soit plus permis que dans Siam. Les gentils, les chrétiens et les
mahométans, qui tous se partagent en différentes sectes, ont toute liberté pour
suivre tel culte qui leur semblera le meilleur.”9
En 1665, Mgr Pallu, propose à Louis XIV de faire une alliance avec le Siam qui
est, au XVIIème siècle, le centre du commerce des contrées indo-chinoises. Ce pays
oriental est placé entre l’Inde, la Chine, le Japon et les Philippines, en face de Sumatra,
Java, Bornéo et des archipels malais. Il possède deux détroits sur la grand route
commerciale du monde. Ainsi, le Siam sera l’un des centres commerciaux de la France
en Orient.10
Au mois d’avril 1680, Monsieur Deslandes Boureau reçoit l’ordre d’établir un
comptoir de la Compagnie française des Indes Orientales à Ayutthaya pour le commerce
du poivre11 et de l’étain. En 1684, il a signé un accord avec le Phra Klang stipulant que
l’intérêt de la Compagnie française des Indes Orientales était de faire du commerce,
notamment le commerce du poivre. La même année, le roi Louis XIV a envoyé au Siam
la première ambassade française sous la direction du Chevalier de Chaumont. Le but
principal de cette ambassade est de convertir Phra Narai au catholicisme. L’autre objectif
9
BOURGES, Jacques de. Relation du voyage de Mgr l’Évêque de Béryte au Royaume
de la Cochinchine, par la Turquie, la Perse, les Indes, etc. jusqu’au royaume de Siam et
autres lieux. Paris : Gérard Monfort, 2000, p. 70.
10
LANIER, Lucien. Étude historique sur les relations de la France et du Royaume de
Siam de 1662 à 1703. Versailles : E. Aubert, 1969, p. 12.
11
.PHISPHUMVIDHI, Predee. La Révolution de 1688 au Siam d’après les sources
militaires françaises. Mémoire de maîtrise en études françaises, Université Silpakorn,
2003, p. 31.
4
est de faire du commerce. En 1685, un traité de commerce est signé entre Phaulkon et le
Chevalier de Chaumont. En 1687, Louis XIV a choisi Simon de La Loubère et Claude
Céberet pour effectuer une nouvelle mission au Siam. La Loubère, le premier
ambassadeur, est chargé en particulier des affaires diplomatiques. Céberet est responsable
de la mission commerciale. La seconde ambassade est reçue en audience solennelle le
2 novembre 1687. Céberet obtient rapidement un traité de commerce plus avantageux
que celui conclu en 1685.
Pour avoir une vision globale du commerce intérieur et extérieur du royaume
de Siam pendant la période d’Ayutthaya, il existe plusieurs travaux de recherche : The
role of Ayutthaya’s market place in internal and external trade12 de Komcum Deewongsa
qui étudie le commerce intérieur et extérieur du système économique thaï avec les
produits importés et exportés et le mémoire de Parichart Vilavan, Forest Product Trade
in Ayutthaya History13 qui est une analyse descriptive du commerce des produits
naturels entre 1310 et 1767. Par ailleurs, Trade-related groups in Ayutthaya society,
1689 - 176714 de Warangkana Nibhatsukit parle du rôle des marchands thaïs et du
commerce avec l’étranger. Pour l’image globale sur le commerce extérieur du Siam, il y
a aussi le mémoire de Joompot Chawalittanont Export trade of Ayutthaya, 1608 - 176715
On peut également citer L’étude du rapport commercial entre le Siam et les Occidentaux
12
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(Komcum Deewongsa. The role of Ayutthaya’s market place in internal and external
trade. Mémoire de maîtrise en étude d’histoires, Université Chulalongkorn, 1988.)
13
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Forest Product Trade in Ayutthaya History. Mémoire de maîtrise en étude d’histoires,
Université Chulalongkorn, 1984.)
14
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(Warangkana Nibhatsukit. Trade-related groups in Ayutthaya society, 1689 - 1767.
Thèse de doctorat en étude d’histoires, Université Chulalongkorn, 2005.)
15
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5
16
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. . (Kwanjai Pigpen. op.cit.)
17
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, 2541. (Wachiraporn Chaichart. Les relations commerciales et
diplomatiques entre la France et le Siam dès l’époque d’Ayutthaya jusqu’au début de
Rattanakosin (Rama I - Rama IV). Mémoire de licence en étude d’archéologies,
Université Silpakorn, 1998.)
19
DASSÉ, Martial. Phra Narai, roi du Siam et Louis XIV. Paris : Musée Guimet, 1986.
20
VAN DER CRUYSSE, Dirk. Louis XIV et le Siam. Paris : Fayard, 1991.
21
LANIER. op.cit.
22
MANTIENNE. op.cit.
6
Au XVIIème siècle, la France se situe parmi les grands pays européens qui,
par leur commerce maritime, étendent leur puissance jusqu’en Asie. Elle entre en
contact avec le Siam sous le règne du roi Naraï où le nom de Louis XIV est reconnu
comme le grand roi d’Europe. Pour comprendre le développement des relations
commerciales entre la France et le Siam de cette époque, nous faisons d’abord une étude
politico-économique du siècle de Louis XIV, son intérêt vers l’Asie jusqu’à l’installation
de la Compagnie française des Indes Orientales dans ce continent.
Louis XIV, fils de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, est né le 5 septembre 1638
à Saint-Germain-en-Laye. Après le décès de son père, le 14 mai 1643, Louis XIV monte
sur le trône lorsqu’il n’a que cinq ans. Anne d’Autriche devient régente. Elle manque
d’expérience politique, donc elle choisit le cardinal Mazarin1 comme Premier ministre.
Ce ministre principal est aussi le parrain du jeune roi et est chargé de son éducation.
Tout au long de la régence, Mazarin poursuit la politique de son prédécesseur
Richelieu.2 Il a l’intention de centraliser l’autorité royale, au plan administratif.
À l’extérieur, Mazarin rêve toujours pour Louis XIV et pour la France d’un prestige
accru en Europe. Pendant la régence, la France est confrontée à la Guerre de Trente
Ans qui exige des dépenses énormes. Le cardinal Mazarin essaie d’augmenter le Trésor
1
Mazarin (1602 - 1661) est un ami de Richelieu. Son vrai nom est Mazarini. Grâce à
son habileté diplomatique, Richelieu a choisi le cardinal Mazarin pour être son
successeur, à la fin du règne de Louis XIII.
2
Richelieu (1585 - 1642) est le principal Ministre de Louis XIII. Il est né en 1585. Il
appartient, par son père, à une famille de petits gentilshommes du Poitou et, de par sa
mère, à une famille d’avocats au Parlement de Paris. Il est destiné à l’Église et obtient
l’évêché de Luçon. En 1624, Richelieu entre au Conseil. Durant son mandat, Richelieu a
l’intention de ruiner le parti Huguenot, rabaisser l’orgueil des grands, centraliser le
pouvoir royal et relever le prestige du roi parmi les nations étrangères.
7
8
royal par des ventes d’offices, des emprunts forcés et des taxes de toutes sortes.
Néanmoins, la situation financière est très sérieuse. Beaucoup de marchands sont
ruinés et les ouvriers sont au chômage.3
La politique de Mazarin suscite le mécontentement des bourgeois et des
officiers.4 En même temps, le Parlement de Paris demande des réformes. Les membres du
Parlement veulent réduire le pouvoir de Mazarin et centraliser l’autorité administrative.
C’est-à-dire qu’ils désirent jouer le rôle d’une assemblée représentative comme le
Parlement en Angleterre. Ainsi, la guerre civile est née et a pris le nom de la Fronde.
Elle dure cinq ans, de 1648 à 1652. Pendant cette guerre civile, la France est en pleine
difficulté. Le petit roi s’est enfui dans la nuit du mois de janvier 1649 à Saint-Germain-
en-Laye et il est revenu à Paris en octobre 1652.
Dès 1652, les Parisiens sont fatigués de toute cette agitation et désirent la
paix. Louis XIV souhaite limiter le pouvoir de la noblesse. Il est sacré roi le 7 juin 1654
à Reims, mais il laisse encore le gouvernement sous le contrôle de Mazarin, tandis qu’il
continue sa formation militaire auprès de Turenne.5 Mazarin rétablit l’absolutisme avec
ténacité et souplesse. Il prépare le grand règne de Louis XIV. Quant à la puissance
militaire, après avoir occupé Stenay et Dunkerque et remporté la victoire des Dunes en
1658, Mazarin négocie avec l’Espagne la paix des Pyrénées. Finalement la France
possède des territoires en Roussillon, Cerdagne, Flandre et Lorraine.6 Le mariage du
jeune roi Louis XIV et de l’infante Marie-Thérèse a lieu le 9 juin 1660 à Saint-Jean-de-
Luz.
Dès le lendemain de la mort de Mazarin, le 9 mars 1661, Louis XIV, âgé de
vingt-trois ans, assure l’autorité royale jusqu’à sa mort, le 1er septembre 1715, à
Versailles, à l’âge de soixante-dix-sept ans. Son règne personnel dure 54 ans. C’est l’un
des règnes les plus longs dans l’histoire du monde.
3
ALBA, André. Histoire 2 : l’Âge classique 1492 - 1789. Paris : Hachette Littérature,
1959, p. 113.
4
Les paysans sont accablés par les impôts tandis que les bourgeois sont suspendus des
gages pendant quatre ans en échange de l’Édit de Paulette, qui est une taxe annuelle
créée par Charles Paulet pour la vénalité des offices.
5
Turenne (1611 - 1675) est le maréchal général des camps et armées du roi en 1660. Il
est commandant de l’armée française pendant les guerres de Dévolution (en 1667) et la
guerre avec la Hollande en 1672.
6
BEZBAKH, Pierre. Histoire de la France : des origines à 1914. Paris : Larousse, 1954,
p. 15.
9
Les ministres principaux de Louis XIV sont Nicolas Fouquet, surintendant des
Finances, Le Tellier et Hugues de Lionne. Ses ministres sont issus de la bourgeoisie.
Quelques temps après, en raison d’actes de malversation du surintendant des Finances,
le roi Louis XIV signe l’ordre d’arrestation de Fouquet, au mois de septembre 1661.9
Le roi a supprimé la charge de surintendant des Finances. Quatre ans plus tard, il a créé
7
THROAVAL, Jean. Les Grandes Étapes de la Civilisation Française. Paris : Bordas,
1972, p. 106.
8
FROSSARD, Henri. Histoire de la France et des Français au jour le jour. Tome V :
1643 - 1764, de l’âge classique au Siècle des Lumières. Paris : La Librairie Académique
Perrin, 1976, p. 91.
9
Ibid., p. 94.
10
le poste de Contrôleur général des Finances pour Colbert10, considéré comme le bras
droit du roi. Il cumule lui-même tous les pouvoirs d’un ministre des Finances, de
l’Économie nationale, du Commerce, de la Marine, des Affaires culturelles, des Maisons
du roi et des Affaires publiques. Après la mort de Colbert, le 6 septembre 1683, son fils,
Jean Baptiste Seignelay, lui succède comme secrétaire d’État à la Marine. Il occupe
cette fonction jusqu’à sa mort en 1690, à l’âge de trente-neuf ans. Le Tellier occupe
pendant ce temps, le secrétariat à la Guerre, fonction qu’il passe ensuite à son fils
Louvois, et Hugues de Lionne occupe, jusqu’en 1671, la charge du secrétariat aux
Affaires étrangères, où Colbert de Croissy, le frère de Colbert lui succède.
Les Conseils aident Louis XIV à gouverner la France. Les membres des
Conseils sont constitués de ministres et des conseillers auprès du roi. Le Conseil d’en
haut est le plus important. Il ne compte que trois ministres : Colbert, Le Tellier et Hugues
de Lionne.11 Il examine les grandes affaires diplomatiques et militaires. Le Conseil des
Dépêches s’occupe de l’administration intérieure et des rapports avec les intendants. Le
Conseil privé est une cour suprême de justice pour les causes réservées au roi. D’autres
conseils négocient les affaires particulières telles que le Conseil des Finances12, le Conseil
de Conscience13, le Conseil du Commerce14 et le Conseil de la Religion.
Pour l’administration des provinces, les gouverneurs de provinces sont
contrôlés par les intendants. Ces administrateurs se placent à la tête des généralités.15 Ils
sont en relation directe avec les gouverneurs des provinces, les nobles, les juges et les
10
Jean-Baptiste Colbert (1619 - 1683) est issu d’une famille bourgeoise. Il travaillait au
service du roi et est devenu ministre d’État en 1661. Il est contrôleur général des
Finances en 1665 et également Secrétaire d’État à la Maison du Roi en 1669. Son nom
est à l’apogée du règne du Louis XIV. À propos des Arts et des Sciences, il a créé en
1663 l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, et en 1666, l’Académie des
Sciences.
11
VIAL, Robert. La Renaissance et les temps modernes. Paris : Édition J. DE Giford,
1973, p. 138.
12
Le Conseil des Finances établit la taille et réforme les impôts indirects.
13
Ce Conseil nomme aux grands bénéfices de l’Église.
14
Le Conseil du Commerce est créé au mois de septembre 1664. Le Conseil du
Commerce dirige et contrôle les manufactures. Il examine en même temps les
ressources économiques de diverses provinces pour fonder des manufactures. Les
membres du conseil sont les représentants des villes et des ports principaux du royaume.
Ils doivent se réunir tous les quinze jours en présence du roi.
15
C’est une circonscription administrative͘ Au XVIIème siècle, la France est divisée en
31 généralités.
11
officiers municipaux. Les intendants sont “l’œil et la main du roi.”16 Ils disposent de
pouvoirs sans limite dans tous les domaines : administration, finances, agriculture,
justice.
La justice est organisée en trois niveaux : les tribunaux, les bailliages17 et les
sénéchaussées18 sont au premier niveau, au deuxième niveau sont les présidiaux en
France, et au troisième les Parlements.19 À l’époque, il n’y a pas de code pénal unique
pour tout le pays ; par exemple, les habitants du Midi sont jugés d’après le droit romain
alors que les gens du Nord sont jugés par la loi fondamentale.20 Pour l’unification des
lois, Colbert a proclamé au mois d’août 1670 l’Ordonnance qui réorganise les
procédures civiles et criminelles. Il y a aussi l’ordonnance des eaux et forêts21 et le code
noir qui prescrit tous les aspects de la vie quotidienne des esclaves.
12
des Quatre Articles, rédigée par Bossuet. Cette déclaration précise que les rois ne sont
soumis à aucune puissance ecclésiastique, par l’ordre de Dieu.24 Le Pape Innocent IX
refuse de reconnaître les trente-cinq évêques choisis par le roi. Le conflit dure onze ans.
En 1689, à la mort du pape Innocent IX, Louis XIV consent à prendre une position
moins intransigeante. Il désavoue les Quatre Articles et la Papauté accepte une régale
temporelle.25
Pour les protestants, le roi tente de les convertir dès le début de son règne. Il
limite le nombre d’écoles protestantes, par exemple on n’y donne qu’un enseignement
élémentaire. Louis XIV les accable d’impôts. Et, il est interdit de faire des funérailles
entre six heures du matin et dix-huit heures.26 À partir de 1681, le roi utilise la
dragonnade. Des soldats appelés “dragons” cherchent à convertir de force les protestants
au catholicisme. Au Poitou, pendant deux mois, plus de 38.000 protestants se
convertissement au catholicisme.27 Le 18 octobre 1685, Louis XIV a signé, à
Fontainebleau, la révocation de l’Édit de Nantes. Le culte protestant est prohibé. Les
pasteurs sont expulsés. Les églises protestantes sont détruites. 200.000 protestants
doivent quitter leur patrie et se réfugier dans d’autres pays tels que l’Angleterre et la
Hollande. Cet exode affaiblit l’économie française parce que les protestants exilés sont
des artisans habiles, des commerçants et des officiers. Les protestants français exercent
désormais leurs activités économiques dans les pays voisins.
Tout au long du règne de Louis XIV, l’équilibre des finances est altéré par les
guerres successives, les pensions accordées aux nobles, la construction de Versailles et
la prodigalité du roi.28
24
THROAVAL. op.cit., p. 109.
25
C’est-à-dire que le roi peut obtenir des revenus des diocèses vacants.
26
.
.. 1789. :
!" ,
2523, # 67. (Iem Chayangam. Histoire de France avant 1789. Bangkok : Imprimerie de
l’Université Ramkamhaeng, 1980. p. 67.)
27
Ibid., p. 67.
28
VIAL. op.cit., p. 175.
13
29
MÉTHIVIER, Hubert. Le Siècle de Louis XIV. Paris : Presses Universitaires de
France, 1971, p. 63.
30
Les onze places sont Lille, métropole de la Flandre wallonne, Berguer, Furnes,
Armentières, Courtrai, Menin, Douai, Tournai, Audernade, Ath et Charleroi.
Cité dans BÉLY, Lucien. La France moderne 1498 - 1789. Paris : Presses
Universitaires de France, 2004, p. 409.
31
DUCCINI, Hélène. Histoire de la France au XVIIe siècle. Paris : Armand Colin,
2004, p. 110.
32
BÉLY. op.cit., p. 409.
$,
%.&.
.. 1494 - .. 1789. "
' (). :
33
*
+(, 2515, # 135. (THOMSON, J.M. Histoire de l’Europe 1494 - 1789.
traduit en thaï par Nuntha Chothikapookkana. Bangkok : Thai Wattana Panich, 1972,
p. 135.)
14
Pendant plus de dix ans, de 1668 à 1678, le château de Versailles est en chantier.34 Des
spécialistes travaillent à Versailles pour sa décoration. La construction coûteuse de
Versaille se termine en 1689.
Le 6 mai 1682, la cour s’installe à Versailles. Elle reste tout aussi brillante et
devient plus solennelle encore. Quelques 10.000 personnes servent le roi et respectent
une étiquette minutieuse : le lever, la promenade, le repas et le coucher sont des
cérémonies officielles dont chaque détail est défini par un règlement précis et
compliqué. La haute noblesse, définitivement domptée, est obligatoirement présente et
participe à ce culte royal. Louis XIV s’intéresse beaucoup aux arts. C’est pourquoi les
activités quotidiennes de la cour constituent une fête perpétuelle : carrousels,
mascarades, opéras, comédies, ballets, feux d’artifice. À Versailles, il y a beaucoup de
savants, d’acteurs et de musiciens. Leur salaire équivaut à 10% des dépenses du
royaume.35 Le roi aime aussi la chasse. Il chasse tous les jours. Le trésor royal paie
15.000 livres par an pour cette distraction.36
La politique pour le prestige du roi contribue à ruiner l’économie du pays. En
même temps, la France doit faire face en permanence à des problèmes de rentabilité
fiscale. Quelquefois, les collecteurs font des malversations. La rentrée des impôts dans
le trésor est tardive. Aussi, le système hiérarchique rend la fiscalité très oppressive. Les
paysans sont accablés d’impôts tandis que les nobles et les ecclésiastiques obtiennent
des privilèges : ils sont entre autre exemptés d’impôts. C’est pour cette raison que
Colbert essaie de régulariser les rentrées d’impôts, d’améliorer le système de la ferme
et d’alléger les charges paysanes. Colbert établit une comptabilité et un calendrier de
perception. Pour aider les paysans, il diminue la taille en même temps qu’il augmente
les impôts indirects tels que la gabelle37 et les aides.38 Néanmoins, la réforme fiscale
n’est pas réussie : il y a des émeutes dans le Poitou, dans le Berry et surtout dans le
Béarn, à cause du prix trop élevé de la gabelle.39
34
L’architecte Louis Le Vau surélève la partie centrale ; puis Jules Hardouin-Mansart
édifie l’aile des Reines à droite, puis l’aile Nord à gauche.
35
$, %.&. # "#
., # 135. (THOMSON, J.M. op.cit., p. 135.)
36
Ibid., p. 135.
37
La gabelle est une taxe sur le sel.
38
Les aides sont l’impôt sur la vente des boissons.
39
LE GUEVELLOU, Jean-Marie. Louis XIV. Paris : Hachette, 1979, p. 11.
15
Colbert s’efforce de mettre de l’ordre dans une situation difficile et jette les
bases d’une comptabilité publique moderne, en prônant un état de prévoyances40 des
dépenses à engager. Il fait même des reproches au roi à propos des prodigalités de la
cour. C’est pour cette raison que le ministre propose au roi la diminution des dépenses
du royaume de 60 millions de livres par an, dont 11 millions de livres pour le budget
militaire.41 À partir des années 1680, le trésor royal est vidé jusqu’à ce que Colbert
réorganise de nouveaux impôts notamment la capitation. Et, entre 1693 à 1694, les
Français sont confrontés à une terrible famine en raison de l’insuffisance de blé due à de
faibles récoltes. Il y a, à ce moment là, de grandes révoltes paysanes.
2.2.1 Colbertisme
Le colbertisme42, initié par Colbert, est un nationalisme économique. Il est
inspiré des principes du mercantilisme, instauré en France par Laffemas43, à la suite de
Richelieu.44 Colbert adapte les avantages du mercantilisme à la spécificité nationale de
la France. Cette politique commerciale est basée sur l’idée que l’enrichissement du
royaume assure la gloire du roi. Il faut empêcher l’argent de sortir de France et y attirer
l’argent étranger pour augmenter le stock monétaire du pays :
40
THORAVAL. op.cit., p. 107.
41
VIAL. op.cit., p. 87.
42
Le colbertisme est utilisé en France de 1656 jusqu’à la mort de Colbert en 1683.
Après, la politique industrielle est changée. La France tourne vers les draperies, les
toiles de chanvre et les bonneteries.
43
En 1601, Henri IV nomme Laffemas à la tête du bureau du commerce. Il ne songe
certes pas à négliger l’agriculture française, mais il veut développer les manufactures,
spécialement celles de luxe. Il tente de relancer l’industrie de la soie.
44
D’après Richelieu, la France est un pays favorisé par la nature, fertile en beaucoup de
ses régions, bon producteur de céréales, de vin, de lin et de chanvre, de fruits, capable de
récolter beaucoup de sel, riche en fer et en forêts, donc en mesure de fournir beaucoup
d'articles à l'exportation, à condition de ne plus être tributaire des navires étrangers.
16
17
49
Encyclopaedie universalis., p. 77.
50
Ibid., p. 77.
51
Ibid., p. 77.
52
FROSSARD. op.cit., p. 115.
18
Afin de vendre les produits français à l’étranger, plus de 150 règlements sont
publiés.53 Pour assurer la qualité des produits, Colbert organise en 1669 l’inspection
systématique des manufactures. Les inspecteurs des manufactures enregistrent les
nouveaux règlements pour les expliquer aux fabricants.54 Ils surveillent aussi la situation
économique des régions et la discipline du travail pour les rapporter à Colbert. Les juges
de manufactures examinent en dernier ressort la qualité des marchandises industrielles
avant d’autoriser leurs ventes sur le marché international. La qualité des produits doit
satisfaire à 150 règlements. S’il y a des produits de mauvaise qualité sur le marché, les
juges sont responsables. Pour protéger les manufactures françaises, Colbert fait du
protectionnisme. Il relève lourdement les taxes à l’importation tandis que les taxes à
l’exportation sont réduites. Colbert établit un tarif douanier en 1664. Ce tarif douanier
est assez modéré.55 Trois ans plus tard, un nouveau tarif douanier, plus relevé que celui
de 1664, est instauré.56 Il est à souligner que la politique commerciale de Colbert est
orientée vers le développement des manufactures alors que l’argriculture est négligée.
Le ministre principal ne s’intéresse à l’agriculture que dans la mesure où elle fournit les
premiers matériaux pour les manufactures tels que la garance, le pastel, le mûrier et le
lin.
Colbert donne surtout de l’importance au commerce. Il se rend compte que le
commerce est une guerre d’argent. Pour accroître la richesse économique, Colbert reçoit
tous les marchands étrangers qui viennent à la cour avec des marques particulières de
protection et de bonne volonté. Il les assiste en toutes choses pour leur commerce, les
entend quelquefois pendant le conseil de Sa Majesté quand ils viennent pour des affaires
53
Les règlementations sont divisés en deux catégories. La première catégorie, ce sont
les règlements généraux concernant la draperie, la soierie et la teinturie. La deuxième
catégorie, ce sont les règlements particuliers de diverses villes et diverses manufactures.
Cependant, certains règlements sont très exigeants : préciser le nombre de fils, la
longeur et la largeur de la toile jusqu’à la teinture, etc... .
Cité dans Encyclopaedie universalis., pp. 76 - 77.
54
Ibid., p. 76.
55
Le mouton pelé paie cinq sols par la douzaine. Le mouton vif paie quinze sols par la
pièce.
56
Tous les postes du tarif de 1664 ne sont pas rélevés en 1667. Le droit douanier
précise que la douzaine de bas de laine passe de 3 livres 10 sols à 8 livres, la pièce de 25
aunes de drap de Hollande passe de 40 à 80 livres.
Voir Encyclopaedie universalis., p. 76.
19
importantes.57 Toute sa vie, Colbert a souhaité que la France soit au premier rang des
pays exportateurs dans le monde. Le commerce extérieur est un facteur important pour
réaliser cette politique.
57
VIAL. op.cit., p. 174.
58
C’est-à-dire une association privilégiée de négociants ayant reçu d’un souverain le
monopole des relations commerciales entre un pays d’Europe et des contrées lointaines
telles que l’Amérique, l’Afrique et l’Asie.
20
Compagnie anglaise des Indes Orientales pour le commerce des produits exotiques.
Cette association porte le nom “East India Company” ou EIC. Elle a reçu de la reine
Elisabeth le monopole pour quinze ans du commerce avec l’Asie. Deux ans plus tard,
la Compagnie anglaise a fondé son comptoir aux Indes. Quant à la Hollande, en 1602,
les Hollandais établissent la Compagnie hollandaise des Indes Orientales (VOC -
Verenigide Oostindische Compagnie). Parmi les pays Européens, ce sont les Hollandais
qui dominent le commerce maritime en Asie durant le XVIIème siècle.
Pour la France, l’intérêt vers l’Asie commence aussi au début du XVIIème
siècle, sous le règne d’Henri IV. En 1604, les négociants de Dieppe, de Rouen et de
Saint-Malo ont formé la “Compagnie de le Roy et Godefroy”59 qui reçoit pour quinze
ans le monopole royal de navigation vers l’Asie.60 Mais, cette première tentative n’a pas
de résultat effectif. En 1611, Charles de Damville, Amiral de France, a créé
l’Association pour le commerce des Indes sous le nom de la “Compagnie de
Montmorency pour les Indes Orientales.”61 Cette compagnie arme un navire en 1613,
puis trois en 1615, à destination des Indes, de la Chine et des îles adjacentes. En 1615,
des marchands de Rouen cherchent aussi à créer une nouvelle compagnie pour les Indes.
La reine de Médicis a fusionné les deux Compagnies, donnant naissance à la
“Compagnie des Moluques”62 avec des privilèges pour dix-huit ans de monopole. En
1616, trois navires partent pour l’Asie, puis deux autres, le Montmorency et la
Marguerite, gagnent Java en 1617.63 L’expansion outre-mer est irrégulièrement
développée. Après l’arrivée au pouvoir de Richelieu en 1624, l’élan commercial
français vers les autres parties du monde affaiblit. La Compagnie de Chine est formée
en 1660 avec pour mission de nouer des relations commerciales et religieuses avec la
Chine, le Tonkin et le Cochinchine. Sous le règne de Louis XIII, la France développe le
commerce et colonise Madagascar. En 1642, la Compagnie de Madagascar a été formée.
Cette compagnie s’installe à Port-Louis.
Pour réaliser sa politique commerciale vers l’extérieur, l’établissement de trois
grandes Compagnies commerciales est mis en oeuvre par Colbert. En 1664, la
Compagnie des Indes Occidentales est créée pour l’exclusivité du commerce avec les
59
Le sieur Godefroy est trésorier de Limoges.
60
MANTIENNE. op.cit., p. 20͘
61
Ibid., p. 20.
62
Ibid., p. 20.
63
Ibid., pp. 20 - 21͘
21
Antilles, le Canada et l’Afrique. Cette compagnie est dissoute en 1670, après dix années
d’existence. La Compagnie du Nord est chargée de faire du commerce dans la région
Baltique. Et, la Compagnie des Indes Orientales commerce avec l’Asie dès 1664.
“Entre tous les commerces qui se font dans toutes les parties du monde, s’exclame
l’académicien, il n’y en a point de plus riche ni de plus considérable que celui des
Indes orientales. C’est de ces pays féconds que le soleil regarde de plus près que les
nôtres qu’on rapporte ce qu’il y a de plus précieux parmi les hommes, et ce qui
contribue le plus, soit à la douceur de la vie, soit à l’éclat et à la magnificence. C’est
de là qu’on tire l’or et les pierreries ; c’est de là que viennent ces marchandises si
renommées et d’un débit si assuré, la soie, la cannelle, le gingembre, la muscade, les
toiles de coton, l’ouate, la porcelaine, le poivre, les bois qui servent à toutes les
teintures, l’ivoire, l’encens, le bézoard, et mille autres commodités.”65
64
Compagnie Française des Indes Orientales en 1664 : Correspondance administrative
sous le siècle de Louis XIV. slnd., pp. 196 - 197.
65
VAN DER CRUYSSE. op.cit., p. 124.
22
Les Français ne sont pas enthousiastes pour ce projet. Les négociants de Rouen
félicitent Colbert pour son projet mais ils s’excusent de n’y pouvoir contribuer, leur
province étant pauvre. Les marchands d’Anvers craignent non sans raison que la gestion
soit accaparée par le roi au détriment des marchands actionnaires.66 Un an plus tard, une
deuxième brochure anonyme est publiée sous le titre “la Relation de l’établissement de
la Compagnie française pour le commerce des Indes orientales.”67 L’affaire est lancée
avec habileté et succès, car le mercredi 21 mai 1685, chez le sieur Favorelles, a lieu la
première réunion de commerçants parisiens et aussi de personnes de qualité. Dans cette
séance et dans les suivantes des samedi 24 et lundi 26 mai, ils ont rédigé un mémoire de
quarante articles, c’est-à-dire le premier projet de statut de la Compagnie qui est
présenté au roi. Ce factum est appelé “Articles et conditions sous lesquelles les
marchands et négociants du Royaume, supplyent très humblement le Roy de leur
accorder sa Déclaration et les Grâces y contenues pour l’establissement d’une
Compagnie pour le commerce des Indes orientales.”68
Le 28 mai 1664, Louis XIV nomme neuf syndics et fixe le capital de la
nouvelle compagnie à quinze millions ou mille livres payables par tiers en trois années.
Colbert invite les nobles et les bourgeois à participer à cette grande entreprise
commerciale mais les résultats ne sont pas suffisants. Au total, la souscription se monte
seulement à 8.279.000 francs.69 C’est pour cette raison que les capitaux viennent très
majoritairement des milieux de la Cour. Le roi est le premier moteur et le premier
actionnaire. Ainsi, Louis XIV souscrivait pour trois millions de livres sans intérêt,
destinés à couvrir les premières pertes ; il versait 300.000 livres immédiatement et
s’engageait à donner de nouveau 300.000 livres chaque fois que la Compagnie aurait
encaissé 400.000 livres des actionnaires.70 Les douze millions de livres sont souscrits
par
66
VAN DER CRUYSSE. op.cit., p. 124.
67
Ibid., pp. 124 - 125.
68
SOTTAS. op.cit., p. 8.
69
MANTIENNE. op.cit., p. 53.
70
SOTTAS. op.cit., p. 9.
23
par la famille royale, les ministres, les secrétaires du roi et les marchands français.71
Au mois d’août 1664, le roi a promulgué “la Déclaration du Roi portant
Établissement d’une Compagnie pour le commerce des Indes orientales”, enregistrée au
Parlement le 1er septembre.72 C’est officiellement la naissance de la Compagnie française
des Indes Orientales avec la devise “Florebo quocumque ferar”, en français : “Je
prospère là où je m’installe.”73 Louis XIV accorde des privilèges exclusifs du commerce
à cette association commerciale :
Pour soutenir le commerce, il faut avoir des centres pour décharger les
marchandises dans plusieurs continents. C’est pour cette raison que le Port de Lorient
est fondé pour être le centre des négociants venus de l’Europe dans la citadelle de Port
Louis.
71
La famile royale investit 2 millions de livres, des bourgeois et commerçants pour
2 millions, les courtisans pour 1.200.000, Lyon pour 1 million, Rouen pour 550.000,
Bordeaux pour 400.000, Nantes pour 200.000, Tours pour 1.500.000, Saint-Malo pour
100.000 et presque toutes les villes de France y participent.
Cité dans KAEPPELIN, Paul. La Compagnie des Indes Orientales et François
Martin : Étude sur l’histoire du commerce et des établissements français dans l’Inde
sous Louis XIV 1664 - 1719. Paris : A. Challamel, 1908, p. 5.
72
SOTTAS. op.cit., p. 10.
73
GARRIGUES, André. Musée de la Compagnie des Indes. Guide du visiteur. Lorient :
Société des Amis du Musée de Lorient, 1993, p. 11.
74
KAEPPELIN. op.cit., p. 7.
24
75
PAULLIAT, Louis. Madagascar sous Louis XIV et la Compagnie des Indes Orientales
de 1664 d’après des documents inédits tirés des archives coloniales du ministre de la
Marine et des Colonies. Paris : Calmann Lévy,1886, p. 292.
76
DASSÉ. op.cit., p. 86.
77
Ibid., p. 86.
78
. LE BOUËDEC, Gérard et HAUDRÈRE, Philippe. Les Compagnies des Indes.
Rennes : Édition Ouest-France, 2005, p. 49.
25
la cannelle de Ceylan, la soie du Bengale, les épices des Moluques.79 Par ailleurs, en
1669, François Caron établit le premier comptoir de cannelle à Koddiya en Inde.
Au mois de janvier 1669, Colbert voudrait faire du commerce sur la côte de
Ceylan, à Tricomalee et sur la côte de Malabar. Mais, ces endroits-là sont dominés par
les Hollandais. La même année, le bateau Saint-François est porteur d’une lettre
destinée au Grand Moghol, Augrangzeb, dans laquelle la France présente son intention
de faire du commerce avec des états musulmans. Mais les rapports parvenus en France
font état de problèmes et de nombreuses difficultés.
Pour acheter le poivre au meilleur prix, diminuer le nombre d’intermédiaires
et le coût du transport terrestre toujours très onéreux, en 1669, François Martin a fondé
un nouveau comptoir à Masulipatam sur la côte est. Mais, le comptoir des Français reste
très peu productif. Le nouveau comptoir ne peut rien faire, faute d’argent et de
vaisseaux. En 1673, François Martin est responsable de la Compagnie et négocie des
accords commerciaux avec le Raja Golconde. L’année suivante, la Compagnie ouvre un
nouveau siège à Pondichéry.
Par la suite, le commerce sur le delta du Gange devient important pour la
France. Le Bengale, situé au nord-est de l’Inde, est nommé le pays de la soie que l’on
exporte sous plusieur formes : soie grège, soie culte et soie écrue. Par ailleurs, ici, il y a
aussi des tissus de soie de qualité moyenne. C’est pour cette raison qu’en 1686,
l’association commerciale a fondé le comptoir de Chandernagor qui devient très actif
sous la direction de Dupleix. De ce comptoir dépendent cinq loges, réparties dans ce
pays particulièrement riche, pour drainer les productions locales : Dacca et Jongdia (les
broderies, les mousselines et les toiles), Balassor (le cauris), Patna (le salpêtre),
Cassimbazzar (la soie).80 En outre, il y a au sud le grand comptoir de Karikal, à
l’embouchure de la rivière Cavery. Pour aller à Pondichéry, le trajet dure quinze heures
par vent du nord. Sa situation géographique présente un double avantage. Grâce à sa
position au cœur d’une région fertile, irriguée par un cours d’eau bien alimenté, il
permet le ravitaillement de Pondichéry en riz et autres produits alimentaires, en cas de
pénurie.81 Le comptoir de Karikal fournit à la Compagnie les toiles bleues propres pour
le commerce de la côte d’Afrique.
79
GARRIGUES. op.cit., p. 34.
80
Ibid., p. 34.
81
LE BOUËDEC et HAUDRÈRE. op.cit., p. 49.
26
82
GARRIGUES. op.cit., p. 34.
83
Ibid., p. 34.
84
Ibid., p. 34.
85
Ibid., p. 34.
86
Ibid., p. 35.
87
Ibid., p. 34.
27
88
MANTIENNE. op.cit., p. 53.
89
Smithies, Michael. A resoundation failure : Martin and the French in Siam 1672 - 1693.
Chiang Mai : Silkworm Books, 1998, p. 6.
90
SOTTAS. op.cit., p. 98.
91
PHISPHUMVIDHI. op.cit., p. 26.
92
KAEPPELIN. op.cit., p. 205.
28
1
BÈZE, père Claude de. Mémoire du père de Bèze sur la vie de Constance Phaulkon
Premier ministre du roi de Siam, Phra Naraï et sa triste fin. Tokyo : Presses Salésiennes,
1947, p. 69.
2
JACQ-HERGOUALC’H, Michel. Phra Naraï Roi de Siam et Louis XIV. Paris : Musée
Guimet,1986, p. 27.
3
VAN DER CRUYSSE. op.cit., p. 98.
29
30
Somdet Phra Naraï. Par la suite, il sera nommé Maharât le Grand. Pour manifester
qu’il est le roi légitime, il épouse immédiatement la fille du roi précédent. Le roi
Naraï n’a pas eu de fils de la reine mais une fille, la princesse Sudavadi ou Galyanee.
Il a adopté un garcon, nommé Phra Pi ou Mom Pi.4
Au début de son règne, le roi prend la ville de Lopburi comme résidence
secondaire et aime y résider pour se soigner. Il souffre de problèmes respiratoires.
Mais certains prétendent que le roi n’a pas confiance dans les mandarins siamois et que
ce serait la raison pour laquelle il préfère séjourner à Lopburi.5
Les Chroniques Royales Siamoises ne nous expliquent ni le portrait physique
ni le caractère du roi. Par contre Nicolas Gervaise, un aventurier français qui est venu au
Siam entre 1681-1685, présente dans son mémoire Histoire Naturelle et Politique du
royaume de Siam le portrait du roi Naraï :
“[…] il a la taille médiocre, les épaules un peu hautes, le visage long, le teint
basané, des yeux vifs et pleins de feu qui marquent beaucoup d’esprit, et dans toute
sa personne il y a un certain air de Grandeur et de Majesté accompagné de tant de
douceur et de bonté.”6
4
Phra Pi ou Mom Pi est issu d’une famille obscure. Les Chroniques Royales Siamoises
disent qu’il est le fils adoptif de Phra Naraï. Il devient un des favoris du roi au Palais de
Lopburi.
5
.
.
.
. !" :#
$
%, 2539. (Plubprung Moonlasilpa. op.cit.), (Nithi Iewsriwong. La
politique thaïe sous le règne de Phra Naraï. Bangkok : Imprimerie de l’Université
Thammasat, 1996.)
6
.GERVAISE, Nicolas. Histoire Naturelle et Politique du royaume de Siam. Paris :
Claude Barbin,1688, p. 242.
7
& ' . ()%* +-/*0$*
!.
' %$1
% 4
)%
% 1
%
6!7
$
, 2498, $ 24. (Saengsom Krasemsri. La réflexion sur les relations avec les
étrangers pendant la période d’Ayutthaya. Mémoire de maîtrise en étude d’histoires,
Université Chulalongkorn, 1955, p. 24.)
31
est le maître absolu des biens et de ses sujets. Toute la société siamoise s’incline devant
le roi. Tous les mandarins et le peuple doivent lui obéir. Ainsi a noté La Loubère,
envoyé extraordinaire de Louis XIV, dans Du royaume de Siam :
“Les rois d’Orient sont regardés, si vous voulez, comme les fils adoptifs du ciel.
L’on croit qu’ils ont des âmes célestes et aussi élevées au dessus des autres âmes par
leur mérite, que la condition royale paraît plus heureuse que celle des autres
hommes.”8
gouvernent pendant trois ans. Ce poste est appelé “Pou Rang” (+<). Le mot “Pou”
signifie une personne et “Rang”, gouverner.9 Les villes proches de la capitale sont
Piply (Phetchaburi), Ratchaburi, Nakhon Sawan, Chai Nat, Chonburi, Kanchanaburi
et Nakhon Pathom. Tous les trois ans, les villes vassales, notamment Tavoy () et
Malacca doivent payer des tributs au roi de Siam : deux petits arbres, l’un en or et
l’autre en argent.
Le chef de l’armée et le chef des affaires intérieures sont deux fonctions
responsabilité des affaires intérieures. Tous les gouverneurs reçoivent ses ordres. Quatre
ministres (6%!/() sont sous le contrôle du chakri.10 Ensuite, le calla hom (!$&$)
est le Chef de la Défense. Il s’occupe des armes et des munitions. Le chef de l’éléphanterie
est également sous le contrôle du calla hom.
8
JACQ-HERGOUALC’H, Michel. Étude historique et critique du livre de Simon de
La Loubère “Du Royaume de Siam”. Paris : Éditions Recherche sur les civilisations,
1986, pp. 413 - 414.
9
Ibid., p. 307.
6
> )). /?6$). ! :
6, 2523, $ 23 - 24. (Charoen
10
32
11
& ' .
., $ 24.(Saengsom Krasemsri. op.cit., p. 24.)
12
ROBERT-MARTIGNAN. La monarchie absolue siamoise de 1350 à 1926. Paris :
Bernard Grasset, 1926, p. 61.
13
Les membres de la famille royale obtiennent entre 50.000 et 100.000 rai tandis que
les mandarins ont un sakdina de 400 à 10.000 rai. Pour les peuples corvéables, leur
sakdina varie de 10 rai à 25 rai. Les esclaves n’ont que 5 rai.
Lire 6
% (
/
@. &A$ /
. !" : )$
%, 2517, $ 47.
(Chit Bhummisak. Le système de Sakdina. Bangkok : Club de Saeng Tawan, 1974,
p. 47.)
33
La plus grande partie de la population du royaume est formée par la masse des
hommes libres (les phraï) et des esclaves. Les hommes libres corvéables qui ont plus de
18 ans sont embrigadés dans le Département du Service Public. Les phraï som, âgés de
18 à 20 ans, sont attachés au service des fonctionnaires. Ils doivent travailler sous les
ordres de leur maîtres qui doivent leur fournir la nourriture. Les phraï luang, âgés de 20
à 60 ans, sont au service du roi. Quelquefois, le roi les offre aux mandarins selon leur
titre : par exemple le mandarin de titre “Phan” obtient mille hommes corvéables.14 Les
phraï som travaillent comme ouvriers dans des chantiers de construction des temples,
des routes et des maisons. Les phraï disposent six mois de repos et six mois de service.
En temps de paix, les phraï qui désirent être exemptés de corvée doivent payer un tribut.
Les phraï som paient six bahts par an tandis que les phraï luang paient dix-huit bahts par
an. Au lieu de payer en espèces, ils peuvent payer en nature selon les richesses
naturelles de leur ville natale. Les phraï de Bangtaphan paient en or tandis que les phraï
de Kanchanaburi envoient de l’étain. Les phraï de Sri Sawatt, Rayong et Chonburi
paient en salpêtre, ivoire, sapan, etc.15
Ce système administratif et cette société hiérarchisée favorisent le
développement du commerce tant intérieur qu’extérieur. Les richesses naturelles, que
les hommes corvéables envoient au roi, sont des produits exportés par le Siam. Par
ailleurs, Ayutthaya, la capitale est située non loin de l’embouchure de la Menam, ce qui
facilite le commerce extérieur.
14
0D!. 4!
!. !" : $
%, 2536, $ 40. (Manop
Thawornwatsakun. Les mandarins siamois à l’époque d’Ayutthaya. Bangkok : Université
Thammasat, 1993, p. 40.)
15
H
'
%
@,$.
., $ 278. (Prasert Ugsornnit, Luang. op.cit., p. 278.)
34
Commerce intérieur
Le commerce intérieur, basé sur l’agriculture, est totalement libre pour les
Siamois. Les Siamois produisent des cultures vivrières et font de l’élévage, d’abord
pour leur propre consommation. Ils vendent ensuite le reste au marché du village.
Beaucoup de commerçants sont des femmes parce que les hommes sont attachés au
service du roi. Sous le règne du roi Naraï, le commerce intérieur est trés actif autour de
la capitale. Il y a divers produits locaux tels que les œufs, le riz, les légumes, les
poissons, les fruits, l’arec, le matériel agricole, les toiles, les artisanats, les vêtements,
etc.
Au bord de la rivière, il y a trente-deux marchés autour du Palais du roi,
notamment le marché Ban Poon, le marché Wat Mai rong, le marché Yod, etc.16 Chaque
vendent des bijoux. Au marché Ban Bhram (%/$), les marchands vendent
marché flottant Pak Klong Khu Cham (%/<#I I6), le marché flottant Klong
Khu Mairong (%/<#I I ) et le marché flottant Pak Klong Wat Derm (%/
16
%
. I-
!,
. 19, 1 ( J'(I 2518) : $ 62.
(Nunta
Woranethiwong. “ Le commerce pendant la période d’Ayutthaya,” Silpakorn. 19, 1 (mai
1975) : p. 62.)
17
I
!4
6.
., $ 358. (Warangkana Nibhatsukit. op.cit., p. 358.)
18
%.
., $ 22. (Sittikorn Karnsomnet. op.cit., p. 22.)
35
“ Quant aux petits commerces, ils sont presque tous de si petite conséquence, et la
bonne foi y est si grande, que dans les bazars, ou lieux de marché, le vendeur ne
compte point l’argent qu’il reçoit.”19
Nan Tarad (#%/) surveille les échanges et transactions sur les marchés et prélève
les taxes ( %/) que doivent payer les commerçants qui travaillent sur ces marchés.
Le chef du marché (%/) arrête les voleurs et surveille la contrefaçon de billets. Les
marchands provinciaux, qui transportent des marchandises en bateau, paient aussi une
taxe d’entrée pour aller à Ayutthaya. Par ailleurs, pendant les trois premières années de
son règne, le roi Naraï a supprimé les taxes sur les marchés et les taxes d’entrée pour les
bateaux siamois afin de restaurer les échanges commerciaux intérieurs qui étaient en
déclin lors du règne de son prédécesseur, le roi Prasart Thong.
19
JACQ-HERGOUALC’H. Étude historique et critique du livre de Simon de La
Loubère “Du Royaume de Siam”., p. 280.
36
Commerce extérieur
De part sa situation géographique, le royaume de Siam est une véritable
plaque tournante pour le commerce international. Il a deux grandes façades maritimes,
l’une tournée vers l’est, la Mer de Chine, l’autre vers l’ouest, le golfe du Bengale et
l’Océan Indien.20 Par ailleurs, Ayutthaya, la capitale du Siam est située aux confins de
trois fleuves principaux aux confins de trois fleuves principaux tels que la Menam
(Chao Phraya), la rivière Pasak et la rivière Lopburi. Cette ville principale est située à
cent kilomètres de l’embouchure de la Menam (Paknam). Il est facile de transporter des
marchandises puisque les navires étrangers de quatre cents tonneaux peuvent y
circuler.21 Les marchands chinois et japonais prennent cette voie pour aller à Ayutthaya
par où transite une grande partie du commerce. Les marchands indiens et persans
passent par les détroits de Malacca et de Mergui pour se rendre à Ayutthaya. Les
commerçants chinois n’ont pas besoin d’aller jusqu’en Inde tandis que les bateaux
indiens et persans ne font pas le voyage jusqu’en Chine ou au Japon.22 Ainsi, Ayutthaya
sert de centre d’entrepôt et de plaque tournante entre l’Asie du Sud et l’Asie de l’Est. À
ce propos, lisons les réflexions du Chevalier de Forbin,qui faisait partie de l’ambassade
française au Siam en 1685 :
“ […] le royaume de Siam, qui forme presque une péninsule, pouvait être un
entrepôt fort commode pour faciliter le commerce des Indes, étant frontière de deux
mers, l’une du côté de l’est, qui regarde la Chine, le Japon, le Tonkin, la
Cochinchine, le pays de Lahore et Camboye ; et l’autre du côté de l’ouest, faisant
face au royaume d’Aracan, au Gange, aux côtes de Coromandel, de Malabar, et à la
ville de Surate ; que les marchandises de ces différentes nations étaient transportées
toutes les années à Siam.”23
37
Lorsque les vaisseaux doivent partir rapidement pour profiter des vents favorables, les
marchands étrangers préfèrent vendre à perte avant d’acheter les produits désirés, que
d’attendre au Siam la saison suivante pour partir, sans espoir de faire un meilleur
négoce.24 Cette situation avantage donc le royaume du Siam qui en tire de grands
profits. Dans le mémoire d’un missionnaire rédigé entre 1685 et 1686, on lit ces
remarques :
“Il est à remarquer en troisième lieu que ces différents marchands ne se rencontrent
jamais ensemble à Siam, car ceux qui sont du côté de Surate, Côte de Coromandel
etc n’y arrivent qu’au mois d’août, et sont obligés d’en partir au plus tard à la fin de
décembre, et que tous ceux qui sont au Levant de Siam n’y arrivent qu’au mois de
mars, et en partent indispensablement au commencement de juillet pour ne se point
mettre en péril évident de perdre leur voyage ; or cette différence de saison a fait
que quantité de marchands se sont établis à Siam, et que l’argent s’y prête à 25 ou
30% , car un marchand pouvait… gagner fort commodément 40 à 50%, achetant
des Japonais, Chinois, Tonkinois, etc au mois de mars des marchandises qu’ils
revendaient au mois d’août à 25% de profit, puis employant le même argent en
marchandises qui venaient de Surate, ils trouvaient le même profit en les revendant
aux Chinois au mois de mars suivant, et ces sortes de commerce avaient rendu Siam
si florissant que tout y abondait ”25
24
JACQ-HERGOUALC’H. Étude historique et critique du livre de Simon de La
Loubère “Du Royaume de Siam”., p. 368.
25
MANTIENNE. op.cit., p. 80.
26
I
!4
6.
., $ 88. (Warangkana Nibhatsukit. op.cit., p. 88.)
38
39
riz, pour les autres comptoirs hollandais en Asie. La Compagnie hollandaise fait des
bénéfices.30
Les Anglais sont arrivés plus tard, à Ayutthaya le 23 août 1612, sous le règne
du roi Songtham. À l’origine, leur but était d’y vendre des produits indiens notamment
des toiles.31 Par la suite, l’intérêt réel des anglais ne fut pas le Siam, mais le commerce
avec le Japon.32 La Compagnie anglaise des Indes Orientales a d’énormes difficultés
pour trouver des financements pour ses projets et doit en outre faire face à la
concurrence étrangère.33 Ainsi, le comptoir anglais d’Ayutthaya est fermé en 1622. Il est
plus tard rétabli de 1661 à 1688.
Dans le royaume de Siam, on trouve plusieurs produits venant des pays
orientaux : des Indes et de la Perse, des tissus, des tapis, des pierres précieuses taillées,
des aromates et des produits pour la pharmacopée ; de l’Indonésie et des îles de
Sumatra, des épices, des clous de girofle, de la cire d’abeille et des chevaux ; de la
Chine, des porcelaines, de la soie, des velours et des laines ; du Japon, des épées, du
cuivre, de l’or et du thé ; du Tonkin, de la soie, des porcelaines, des laines, de l’or et de
l’argenterie ; de Bornéo, du camphre et des gommes-laques.34 Les gommes-laques et le
benjoin sont également importés de pays voisins tels que le Lan-Xang. Le Cambodge
fournit la cardamone et le meilleur benjoin du monde.
30
SMITH, George Vinal. The Dutch in seventeenth-century Thailand. Illinois :
Northern Illinois University, 1977, pp. 60 - 62.
31
(* . IKI)%
4
I
!%<%*I
% %'L 16 0 I. .
1767.
' %$1
% 4
)%
% 1
%
$
,
2542, $ 22. (Woraporn Poopongphan. Cosmopolitan Ayutthaya, from the beginning of
16th century to 1767. Mémoire de maîtrise en étude d’histoires de l’Asie du Sud-Est,
Université Silpakorn, 1999, p. 22.)
32
! I )*). I 4
'
/ %
4
J'-!
! $* I. .
1612 - 1688.
' %$1
% 4
)%
% 1
%
$
, 2533, $ 81. (Budsarakam Choungchai. The Trade of the English East India
Company in Ayutthaya 1612 - 1688. Mémoire de maîtrise en étude d’histoires de l’Asie
du Sud-Est, Université Silpakorn, 1990, p. 81.)
33
Ibid., pp. 30 - 32.
34
6!M )
%.
., $ 46. (Joompot Chawalittanont. op.cit., p. 140.)
40
Les produits exportés du Siam sont des poteries, produits miniers et produits
agricoles. Pendant la période d’Ayutthaya, le Siam fait de confortables bénéfices grâce à
l’exportation de ces ressources. Les provinces de Siam sont abondantes en richesses
naturelles notamment en peaux de bêtes, en bois de sapan, en cornes, en éléphants,
encens et clous de girofle. Sous le règne du roi Naraï, les principaux marchés asiatiques
pour le commerce de ces produits sont la Chine, le Japon et l’Inde. À cette époque, ce
sont les jonques qui constituent le moyen de transport le plus utilisé pour le commerce
maritime. Les relations commerciales sino-thaïes sont régies par le système du
“Bunnakarn” (), c’est-à-dire que le Siam est considéré comme un pays vassal
de l’empire chinois. Le Siam doit payer un tribut à la Chine afin que les frontières entre
les deux pays restent ouvertes. Pour tirer profit de ces relations, le roi Naraï envoie des
bateaux en Chine. Mais, d’après les règlements chinois, trois bateaux étrangers
maximums sont autorisés à se rendre en Chine ; leurs marchandises étant acheminées
ensuite vers Pékin.35 Les Chinois, qui s’installent au Siam, jouent un rôle important dans
les relations sino-siamoises parce que les Siamois n’ont pas de contacts commerciaux
directs avec les Chinois. Néanmoins, les intermédiaires commerciaux sont sous le
contrôle de la noblesse siamoise. Sous le règne du roi Naraï, le roi envoie douze
ambassades en Chine. Les présents offerts par le Siam sont constitués de bois, de sucre,
de riz, de nids d’hirondelles (très prisés dans la cuisine chinoise), d’ivoire, d’étain et de
salpêtre. Les Japonais importent beaucoup de peaux de daims qu’ils utilisent dans leur
artisanat.36 Le Japon achète également de l’étain, des clous de girofle, du bois, du sucre
et de l’ivoire.37 Les éléphants sont exportés vers l’Inde.
Au XVIIème siècle, les Européens font commerce de produits siamois. Les
navires portugais chargent du riz, du bois, de l’étain, de l’ivoire à Malacca et Mergui.
Les Portugais achètent de l’arec qu’ils vendent à Macao.38 La Compagnie hollandaise
des Indes Orientales (VOC) obtient le monopole du commerce des peaux de bêtes
35
..
!>, +. I-$*6 I. . 1282 - 1853.
!" :
&I%#I %!' %, 2525, $ 56. (traduit en thaï par
Suebsaeng Prombun. La relation tributaire sino-siamoise entre 1282 - 1853. Bangkok :
L’Association des études sociales et humaines, 1982, p. 56.)
36
En 1613, le Japon achète 120.000 peaux de daims, au prix de 18.200 ticaux.
37
)%
.
., $ 82. (Parichart Vilavan. op.cit., p. 82.)
38
6!M )
%.
., $ 46. (Joompot Chawalittanont. op.cit., p. 46.)
41
(hormis les peaux de daims). Par ailleurs, cette compagnie achète notamment du cuivre,
de l’étain, du riz, du bois de sapan, du salpêtre, du plomb, de l’arec, etc.39 Les Anglais
importent au Japon des peaux de daims, du bois, de la soie et des porcelaines.40
La ville d’Ayutthaya est devenue au XVIIème siècle un entrepôt international,
grâce à la diversité de ses marchandises. Le roi Naraï poursuit la politique d’ouverture
du pays sur le plan commercial. Il y a beaucoup d’Orientaux et d’Européens au Siam et
la ville d’Ayutthaya est considérée comme le centre des communautés étrangères. C’est
dans ce contexte politico-économique que débutent les relations commerciales entre la
France et le Siam au XVIIème siècle.
3.2.1 Historique
Les premiers Français arrivés au Siam sont les missionnaires de la Société des
Missions Étrangères. Il s’agit de trois Français, Mgr Lambert de La Motte, le père
Deydier et le père de Bourges. Ils sont envoyés pour évangéliser le Tonkin, la Chine et
la Cochinchine. Ces missionnaires sont arrivés au Siam le 22 août 1662. Une tempête
les oblige à séjourner un court moment à Ayutthaya avant de repartir évangéliser la
Cochinchine. Par ailleurs, le roi Naraï s’intéresse aux missionnaires français, c’est
pourquoi, en 1665, il leur accorde une audience.41 Le 29 mai 1665, les missionnaires
39
Entre 1664 et 1694, le comptoir de la Compagnie hollandaise des Indes Orientales,
au Siam, exporte 43.6 % de peaux de daims, 16.0 % de bois de sapan, 8.95 % de
l’étain, 7.9 % du riz, 6.11 % de l’huile de coprah, 16.0 % de peaux de bêtes, 4.06 % du
cuivre et 1.99 % du bois de construction pour le Japon et les Occidentaux.
Cité dansMANTIENNE. op.cit., p. 144.
&6 '*
6 +. L
%$* -I
%
40
42
présentent une requête au roi Naraï. Le roi leur offre un terrain près de Ban Plahet (
$?/), au bord de la rivière Chao Phraya, ainsi que des matériaux de construction.
France. Cette ambassade est dirigée par Ocphra Pipat Ratcha Maïtri (
D)
“[…] j’ai eu soin de chercher les moyens d’établir une forte et ferme amitié à
l’avenir ; et lorsque j’ai vu le général de Surate envoyer ici, sous votre bon plaisir,
un vaisseau pour prendre notre ambassade et nos ambassadeurs, pour lors mon cœur
42
Mgr Pallu est Vicaire apostolique du Tonkin et du Cambodge. Il arrive au Siam le
27 janvier 1664.
43
Le 28 janvier 1668, Mgr Pallu est reçu en audience par le roi Louis XIV. Il lui
soumet l’idée de propager le catholicisme dans le royaume de Siam, tout en développant
l’influence française en Asie. Peu après, toujours en 1668, Mgr Pallu rencontre le Pape
Clément IX à Rome. Il obtient la juridiction du Royaume de Siam. La mission de Mgr
Pallu est réussie. Mgr Pallu revient au Siam en 1673 et quitte le Siam en 1674.
44
LANIER. op.cit., p. 17.
43
s’est trouvé dans l’accomplissement de ses souhaits et ses désirs, et nous avons
envoyé tels et tels, pour être les porteurs de notre lettre d’ambassade, et des présents
que nous envoyons à vous, ô très grand roi, afin qu’entre nous il y ait une véritable
intelligence, une parfaite union et amitié, et que cette amitié puisse être ferme et
inviolable dans le temps à venir.”45
Les ambassadeurs siamois arrivent à Bantam dix-sept jours plus tard avant de
poursuivre leur route vers la France sur le bateau “Soleil d’Orient.” Malheureusement,
ce bateau fait naufrage fin 1681 ou début 1682 probablement au large de l’île de
Madagascar.
En 1685, le roi Naraï a décidé d’envoyer deux nouveaux émissaires, Ockhun
mission de s’informer sur la première ambassade siamoise dont il n’a pas de nouvelles,
et de féliciter le roi de France au nom du roi Naraï, pour la naissance du Duc de
Bourgogne. Ces émissaires ont également pour tâche de resserrer les liens d’amitié entre
la France et le Siam. En outre, le roi Naraï désire recevoir une ambassade française dans
sa capitale.46 L’ambassade siamoise accompagnée du père Vachet, interprête, et des
jeunes siamois, part du Siam sur le navire anglais “Obones” le 25 janvier 1684, et arrive
à Calais, au mois de novembre 1684. Le 27 novembre 1684, ils sont reçus à Versailles.
Louis XIV décide d’envoyer une première ambassade française au Siam avec
le Chevalier de Chaumont comme ambassadeur et l’abbé de Choisy, comme
ambassadeur adjoint. L’objectif de cette ambassade est la conversion du roi de Siam au
catholicisme et le commerce entre les deux pays. L’ambassadeur doit examiner quelle
sorte de commerce on peut faire au Siam et négocier pour obtenir des marchandises du
Japon, de la Chine et du Siam à des prix avantageux. Voici une instruction rédigée à
Versailles le 21 janvier par Seignelay, et remise au Chevalier de Chaumont :
“Le principal objet que Sa Majesté a eu dans la résolution qu’elle a prise d’envoyer
un ambassadeur à Siam est l’espérance que les missionnaires ont donnée de
l’advantage que la religion en retireroit et les espérances qu’ils ont conçues sur des
fondements assez vraisemblables que le Roy de Siam, touché des marques d’estime
45
Cité dans VAN DER CRUYSSE. op.cit., p. 342.
46
LANIER. op.cit., p. 42.
44
47
LANIER. op.cit., p. 42.
48
Cité par PHISPHUMVIDHI. op.cit., pp. 33 - 34.
45
49
Les Français estiment que Singor n’est pas stratégiquement favorable ni pour le
commerce ni pour fonder une ville. Ils visent plutôt le port de Mergui et Bangkok.
50
SPORTÈS, Morgan. Ombres Siamoises. Paris : Mobius, 1994, p. 61.
51
VAN DER CRYSSE. op.cit., p. 192.
46
“Dans ce royaume, disait-il, la France toucherait au sud les îles de Sumatra, Bornéo,
Java ; à l’ouest, elle rayonnerait jusqu’à ses stations des Indes et à Madagascar ;
elle serait portée de fonder et de soutenir les établissements de l’est en Cochinchine,
au Tonkin, en Chine et au Japon.”52
Cette idée est mise en pratique par Colbert. François Caron, nommé en 1664
directeur général de la Compagnie des Indes Orientales, a l’intention de développer le
commerce vers l’Extrême-Orient. Au mois d’avril 1680, il confie à Deslandes Boureau
le soin de se renseigner sur la situation économique de Siam et d’établir un comptoir.
Dans son mémoire, François Martin, le Directeur du comptoir de la Compagnie
française des Indes Orientales à Pondichéry, écrit à ce propos :
“Le Sieur Deslandes avait des ordres, après avoir reconu la situation des affaires de
Siam, d’y rester pour y rétablir un comptoir, s’il jugeait avantageux pour la
Compagnie, sinon de s’embarquer avec les ambassadeurs et les accompagner
jusqu’en France.”53
52
LAUNAY, Adrien. Siam et les missionnaires français. Tours : Alfred Mame et Fils
Éditeurs, 1896, p. 26.
53
Cité dans PHISPHUMVIDHI. op.cit., p. 30.
47
Elle est exemptée de l’impôt sur les marchandises et sur le cuivre qui viennent du Japon
à condition que la Compagnie française ne commerce qu’avec les magasins du roi.54
Deslandes Boureau commence ses opérations commerciales avec des
marchandises venant de Surate et Pondichéry. Le Siam n’a pas beaucoup de produits à
exporter, mais, Deslandes Boureau décide néanmoins de s’installer à Ayutthaya parce
que la France peut y acheter les produits japonais et chinois. Le comptoir dans le
royaume de Siam leur apparaît donc utile.55 La Compagnie française des Indes
Orientales vise le commerce du poivre56 et de l’étain. Durant ces années, l’étain et le
poivre arrivent au premier rang des produits exportés vers la France. Le riz joue aussi un
rôle important dans le commerce franco-siamois. À partir de 1686, il n’y a pas un navire
venant de Siam et allant vers la côte de Coromandel qui n’ait à son bord du riz.57 Par
ailleurs, les commerçants français achètent du plomb, du salpêtre et du cuivre au Siam,
et de la porcelaine et de la soie à la Chine. La soie blanche est appréciée en France : “La
soie blanche de Chine est une des meilleures et des plus solides marchandises pour la
France.”58 Concernant les pierres précieuses, les jades et les grenades sont des produits
très appréciés en France, grâce à leur belle couleur et leur forme :
Le Siam est un important débouché pour les textiles indiens. Les produits
exportés par la France au Siam sont les salemporis du Gujarat et de la côte de
Coromandel, des mousselines imprimées, des cotonnades blanches et des cotonnades
54
.
., $ 91. (Plubprung Moonlasilpa. op.cit., p. 91.)
55
KAPPELIN. op.cit., p. 188.
56
En 1680 - 1681, Deslandes suggère aux Siamois d’augmenter les plantations de poivre.
57
MANTIENNE. op.cit., p. 134.
58
Archives du Ministère de la Marine et des colonies. Fonds des colonies. Tome III.,
p. 135.
59
Ibid., p. 139.
48
imprimées.60 Le commerce des textiles indiens rapporte beaucoup car tous les navires
français qui partent de Surate et de Pondichéry pour le Siam sont chargés de textiles
indiens.61
Au cours des deux premières années, de 1680 et 1682, avec seulement un
navire français en activité, le commerce franco-siamois est peu prospère. Mais à partir
de 1682, il dégage plus de bénéfices pour la France, grâce à l’appui de Phaulkon qui joue
le rôle d’intermédiaire pour les négociations concernant les privilèges commerciaux de
la Compagnie française des Indes Orientales.
Au mois de décembre 1684, Deslandes Boureau a signé un accord avec le
Phra Klang pour le monopole du poivre :
“Tout le poivre que le Roy a ordonné de semer dans tout le circuit de son royaume,
tant dans les terres du côté d’enhaut que celles d’enbas de la ville de Siam, sera pour
la Compagnie et quoiqu’il augmentait ou diminuait de prix parmi les marchands, la
Compagnie l’achetera toujours sur le même pied de 16 pataques de manille par le
Bahar62 ”63
60
MANTIENNE. op.cit., pp. 135 - 136.
61
Ibid., p. 136.
62
Le Bahar est l’unité de poids du poivre qui est d’environs 18.000 kilogrammes.
63
Extrait du traité fait entre le Barcalon ou Premier ministre du Roy de Siam et les Sr.
Deslandes par lequel il est permis au chef de la Compagnie des Indes Orientales à Siam
d’acheter toutes sortes de marchandises après que les officiers du magasin du Roy auront
acheté ce dont ils auront besoin, daté de l’année 1682. Archives du Ministère de la Marine
et des Colonies. Fonds des Colonies. Tome III., p. 50.
49
64
.
., $ 95. (Plubprung Moonlasilpa. op.cit., p. 95.)
65
Ibid., p. 95.
66
Ibid., p. 95.
67
JACQ-HERGOUALC’H. Étude historique et critique du livre de Simon de La
Loubère “Du Royaume de Siam”., p. 145.
50
Du côté thaï
Sous le règne du roi Naraï, c’est le Phra Klang qui s’occupe des affaires
commerciales et étrangères avec les étrangers. Tous les commerçants sont directement
en contact avec lui.
Entre 1662 et 1688, nous pouvons citer quelques personnalités qui jouent un
rôle important dans le commerce extérieur du Siam. Des étrangers, notamment des
Persans, entrent à la cour siamoise. Abdu’r-Razzaq, d’origine perse, est nommé “Ocya
Pichit” (
>
)
%). C’est le chef de la communauté maure et le Premier ministre du
Siam entre 1657 - 1664.68 Pendant la guerre de Chiang Mai, il devient intérimaire de
Kosa Lek entre 1661 - 1664.69 Il s’occupe des affaires commerciales et le financement
du royaume au début du règne du roi Naraï. C’est lui qui développe le commerce dans
l’Océan Indien. En 1664, il est condamné à mort en pour corruption. Cette même
année, Aqa Mahammad70 lui succède avec le titre “Ocphra Sri Naraya” (
68
D’après quelques documents notamment le livre Phra Naraï, roi de Siam et Louis
XIV de Martial Dassé et le livre Les mandarins siamois à l’époque d’Ayutthaya. de
Manop Thawornwatsakun, Abdu’r-Razzaq est le Phra Klang entre 1656 et 1657.
69
Pendant la guerre, le Phra Klang Kosa Lek est aussi chargé des armées, donc il est
absent de la capitale. Le ministre, confiée par le roi, doit travailler comme Phra Klang.
70
Aqa Mahammad est d’Astarabadi. Il est le neveu d’Addu’r-Razzaq. Le mot Aqa,
c’est-à-dire le chef. Il a beaucoup de connaissances sur le commerce, la religion et les
affaires diplomatiques. Il soutient le commerce des Maures.
71
Le mot Naraya, c’est le mot portugais. En thaï, c’est %.
72
6!7
6!7%. 4!*4 : '$L-
!0%&
. . 2153 - 2435. ! : I
' % 6!7$
, 2546, $ 203. (Julitpong
Chularat. Les mandarins musulmans en charge du Krom Tha Khwa : L’étude de
leur rôles et leurs fonctions de l’époque d’Ayutthaya à Rattanakosin entre 1610 et
1892. Bangkok : Faculté des Arts, Université Chulalongkorn, 2003, p. 203.) .
51
du roi Naraï.73 Kosa Lek est chargé du Phra Klang dès 1657 jusqu’à sa mort en 1683.74
Dès 1684, Ocya Phra Sadet Suntratibody Sri Supharat Piriya Phahu ( >/?6
!
/ !)
($!) lui succède. Ce commissaire du roi signe le traité de Céberet
en 1687.
extérieur et les affaires étrangères du Siam à partir de 1682. Son titre est “Chao Phraya
Vichayen” (6
)).76 Quant au commerce franco-siamois, Phaulkon a des
73
0D!.
., $ 108. (Manop Thawornwatsakul. op.cit., p. 108. )
74
Ibid., p.128.
75
Phaulkon (1647 - 1688) est d’origine grec. Il est né à l’île de Céphalonie. En 1662, il
travaille pour la Compagnie anglaise des Indes Orientales au Siam. Phaulkon est invité à
travailler au comptoir à Ayutthaya par Richard Burnaby. Phaulkon fait le commerce à
Ligor et vend les armes. Malheureusement, leur bateau est naufragé. Avec l’appui du
Phra Klang Kosa Lek, il a la chance d’entrer au service de Krom Tha en 1675 avec le
titre Luang Sorasak. Après la mort de Kosa Lek, Phaulkon est devenu un conseiller du
Phra Klang (
>/?6). Le 5 juin 1688, Phaulkon est exécuté durant la révolution
1688 au Siam.
Cité dans BÈZE. op.cit., pp. 1 - 20.
76
Quelques documents notamment l’ouvrage de Suparat Lertpanichkul. Gerakis,
le favori grec et le Mémoire du père de Bèze sur la vie de Constance Phaulkon,
Phaulkon est le Premier ministre du Siam depuis 1682 jusqu’à sa mort en 1688.
77
A. SIORIS, Georges. Phaulkon : the Greek first counsellor at the Court of Siam : an
appraisal. Bangkok : The Siam Society, 1993. p. 37.
52
Du côté français
78
André Deslandes-Boureau entre au service de la nouvelle Compagnie française des
Indes un peu après 1665. Après une dizaine d'années passées en Inde, il est envoyé au
Siam où il arrive à bord du Vautour en 1680. La même année, il établit le premier
comptoir de la Compagnie dans le royaume. Il épouse en 1686 la fille de François
Martin, le fondateur de Pondichery. Après avoir occupé des postes importants au
Bengale, à Calcutta, et fondé le comptoir de Chandernagor, il termine sa carrière comme
Commissaire général de la marine à Saint Domingue où il meurt à une date inconnue.
79
LINGAT, Robert. “Une lettre de Véret sur la révolution siamoise de 1688,” T’Oung
Pao. Volume XXXI, pp. 338 - 340.
53
80
Cité dans LINGAT., op.cit., p. 339.
81
ROBERT-MARTIGNAN. op.cit., p. 105.
82
Il est à noter que ce traité a été signé par Phaulkon.
54
Compagnie française sur les navires royaux de Siam sans payer de frêt et le droit
d’acheter des produits apportés par les jonques venant de la Chine et le Japon.
Selon ce traité, la Compagnie française a une entière liberté pour acheter du
cuivre et autres marchandises importées par les étrangers.83
Le commerce du poivre est considéré comme le cœur de ce traité. La
Compagnie française souhaite acquérir en trois ans tout le poivre produit dans le
royaume de Siam. Après la signature du traité commercial, le roi Naraï ordonne que tout
le poivre cultivé dans les terres de Siam depuis les extrémités du Nord jusqu’à Ligor
soit vendu en totalité à la Compagnie française des Indes Orientales. Cette Compagnie
est cependant obligée d’acheter le poivre au prix fixe de six taels et deux ticals ou seize
pataques de Manille :
“[…] De plus, Sa Majesté ordonne que tout le poivre qu’elle a donné ordre de semer
dans tout le circuit du Royaume de Siam tant dans des terres du côté d’enhaut que
dans celles d’enbas de la ville de Siam et de Ligor jusqu’icy, sera pour la Compagnie
et qu’encore bien que le poivre augmentait ou diminuait de pris parmy les marchands,
la Compagnie cependant l’achetera toujours pour le même pris des mains de
Chauclang, lequel pris sera de seize pataques, sans pourvu augmenter ou diminuer
[…] ”84
“[…] et que tous autres marchands excepté les officiers de la dite Compagnie, auront
défense de faire aucun contrat pour la dite marchandise. Or, si quelque personne de
quelque condition ou nation qu’il soit, osait directement ou indirectement faire
commerce de la dite marchandise et qu’on trouvât cette marchandise entre les mains
des négociants, elle sera confisquée, et ceux qui se trouveront coupables seront
83
Archives du Ministère de la Marine et des Colonies. Fonds des Colonies. Tome III.,
p. 109.
84
Ibid., pp. 110 - 111.
55
“Quant au poivre que le chef de la Compagnie achètera, il sera obligé d’en rendre un
compte particulier aux officiers des Magasins du Roi de laquelle quantité les
Magasins du Roi auront la dixième partie pour leur service et provision, et en cas
le dit service demande vingt pour chaque cent, les officiers de la Compagnie
décideront la dispute, de sorte que les deux parties demeurent bien servis et
contents, et si en cas du service du Roi pour la dixième ou vingtième partie que la
Compagnie prendra toute, conformément à ce qui a été dit, la dite Compagnie de
France sera obligée de payer la valeur de tout le poivre en pataques d’Espagne parce
que cet argent est plus pur, et qu’on y perd moins au change, et en cas que la
Compagnie n’ait pas d’argent d’Espagne pour payer, elle sera obligée de faire bon le
change en argent de ticals.”86
56
89
REINACH. op.cit., p. 2.
90
Ibid., p. 3.
91
Ibid., p. 2.
92
Archives du Ministère de la Marine et des Colonies. Fonds des Colonies. Tome III.,
p. 175.
57
“Le Roy de Siam par la grande estime qu’il fait de Sa Majesté très chrétienne
accorde à la Compagnie française l’entier et libre commerce dans son royaume sans
payer de droits d’entrée ni de sortie en souffrant la visite par les officiers des
douanes conformément aux coutumes du Royaume. Les serviteurs de la Compagnie
ne pourront pas faire passer de marchandises étrangères sous le nom de la
Compagnie et en cas qu’ils le passent et que cela soit prouvé évidemment, la
93
Archives du Ministère de la Marine et des Colonies. Fonds des Colonies. Tome III.,
p. 181.
94
Ibid., p.181.
58
Compagnie perdera les dits privilèges jusqu’à ce que Sa Majesté très chrétienne ait
jugé du cas suivant sa royale prudence.”95
“Et, la Compagnie pourra vendre et acheter à sa volonté toutes les marchandises qui
seront apportées dans le royaume par des étrangers ou par des naturels du pays, ou
qu’elle fera venir pour son compte. Et, en cas que le Roy ait besoin pour son service
de quelques-unes des dites marchandises. Il les pourra les prendre avec toute
préférence.”96
Bien que le type et le prix des marchandises soient fixés entre le Siam et la
Compagnie, le roi Naraï peut échanger néanmoins des produits locaux ou en provenance
de la Chine avec ceux de la Compagnie.97
Dans le troisième article, le roi autorise la Compagnie à charger ses vaisseaux
de marchandises pour les exporter dans d’autres pays sans payer d’impôts :
95
Archives du Ministère de la Marine et des Colonies. Fonds des Colonies. Tome III.,
p. 176.
96
Ibid., pp. 176 - 177.
97
Ibid., p. 180.
59
certain prix fixe, ne comptant le seul péril de la mer alors que les marchandises
n’étant plus, seront obligées aux droits ordinaires.”98
98
Archives du Ministère de la Marine et des Colonies. Fonds des Colonies. Tome III.,
pp. 177 - 178.
99
Ibid., p. 180.
60
(
>/?6!
/ !)
$!) et Ocphra Sripipat Ratcha Kosa (
D)&').
100
Archives du Ministère de la Marine et des Colonies. Fonds des Colonies. Tome III.,
pp. 178 - 179.
61
supova piria pap, exerçant par Commission l’office de Barcalon et opva sipipat
natto naraya cussa, commissaire du Roi de Siam”101
“Le Roi de Siam accorde à la Compagnie une pièce de terre proche de la maison où
les officiers de la dite Compagnie résident à présent pour y bâtir une maison
commode à son commerce.”102
101
REINACH. op.cit., p. 8.
102
Ibid., p. 8.
103
La Hollande obtient le monopole sur le poivre, l’étain et les peaux d’animaux, selon
le traité avec le Gouverneur de Ligor en 1613.
Cité dans
.
., $ 11. (Plubprung Moonlasilpa. op.cit., p. 11.)
62
sa Majesté leur présentant le plan de la maison qu’elle veut faire par leur
approbation.”104
D’autre part, dans le neuvième article, les Français obtiennent le droit d’établir
des comptoirs fortifiés dans quelques îles situées à 100 lieues de la ville Mergui. ( le 9e
article)
La Compagnie française obtient la liberté entière de commercer avec
exemption des droits d’entrée et de sortie.105 Aux postes de douane, les officiers siamois
n’examinent pas les vaisseaux de la Compagnie.
Les Français peuvent vendre et acheter les produits que les étrangers vendent
dans le royaume de Siam. Pour le cas où les magasins royaux souhaiteraient acquérir les
mêmes marchandises que la Compagnie lors de l’arrivée de marchands étrangers, les
officiers de la Compagnie doivent présenter au Phra Klang une liste de leur besoin. Le
Phra Klang les vend au même prix que la Compagnie les a achetées :
“[…] et toutes les marchandises que quelqu’autre nation que ce soit apporte, et dont la
Compagnie aura besion, elle les pourra acheter, néanmoins qu’en cas que les Magasins
du Roi aient occasion d’acheter les marchandises apportées qui n’appartiennent pas à la
Compagnie, les officiers de la Compagnie représentant le besoin qu’ils en ont au
Ministre à l’arrivée des dits marchands, il leur en donnera la quantité qui convient à leur
commerce, au même prix qu’ils les ont achetées de ceux qui les ont apportées. ”106 ( le
deuxième article )
Pour les marchandises qui sont sous le monopole royal, notamment le calain,
l’arec, le plomb et l’ivoire, la Compagnie peut les acheter dans les magasins du roi à
un prix convenable.107 Si la Compagnie souhaite acheter du salpêtre, de la poudre et des
armes, les magasins du roi doivent les lui vendre en priorité. Si la Compagnie transporte
des marchandises exemptes de taxes à risque, le Siam n’est pas responsable en cas de
perte ou de dommage. Citons le troisième article :
104
COEDÈS, Georges. “Siamese documents of the Seventeenth Century,” Journal of the
Siam Society. XIV, 2. (1921), p. 33.
105
REINACH. op.cit., p. 11.
106
Ibid., pp. 9 - 10.
107
Ibid., p. 9.
63
“ Le Roi de Siam accorde à la Compagnie que tous les marchands qui auront acheté les
marchandises de la dite Compagnie pour trafiquer ailleurs aux risques de la Compagnie
les dits marchands et leur provenu seront libres des droits du Roi à l’entrée et à la
sortie.”108
108
REINACH. op.cit., pp. 9 - 10.
109
Ibid., pp. 11 - 12.
64
Néanmoins les officiers du Roy, depuis le 25e septembre 1688, n’obligeront pas
les peuples au dit gouvernement de recevoir marchandises ni argent, pour payer le
calain, comme ils ont accoutumé, tirant seulement ce qui appartient au Revenu du Roy,
le poids du calain et le poids des marchandises que la Compagnie porte dans le dit
Gouvernement et ses districts pour son commerce et seront taxées entre le gouverneur,
Officiers et le Chef de la Compagnie et les anciens du peuple, et en cas qu’ils ne
s’accordent pas, cela sera remis à la prudence, direction et justice de sa Majesté pour
en décider. ”110
65
66
68
2
. . !" #$
!" %!,2525,& 113. (Prasit Rungreungratanakul.
The Ayutthaya-Economic system. Mémoire de maîtrise en étude d’histoires, Université
Chulalongkorn, 1982, p. 113.)
3
'! #. &(&., & 116. (Warangkana Nibhatsukit. op.cit., p. 116.)
4
% %. &(&., & 18. (Julitpong Chularat. op.cit., p. 18.)
5
On ne peut pas encore préciser la date où commence le monopole royal au Siam.
D’après John Anderson, l’auteur du livre English Intercourse with Siam in the
Seventeenth Century, ce serait sous le règne du roi Prasart Thong. Mais, d’après la loi
AiyaKarn Luang sous le règne du roi Maha Chakkapad, il est interdit de vendre des
produits sous monopole aux étrangers.
69
comme les produits miniers, les produits agricoles, les produits forestiers et les armes
sont monopolisés par le roi.
Il est à remarquer que les produits sous monopole rapportent beaucoup au
trésor royal. Le commerce extérieur est placé sous l’autorité du ministre Phra Klang ou
Barcalon, et la plupart des transactions passent par lui ou l’un de ses subordonnés “au
nom du roi.”6 Tous les commerçants doivent entrer en contact avec le Phra Klang,
chargé des affaires diplomatiques et commerciales. La Compagnie des Indes Orientales
peut seulement vendre et acheter des marchandises auprès du Phra Klang qui choisit ce
que bon lui semble. Quand un bateau étranger arrive au port de la capitale, les commis
du roi inspectent la cargaison, font leur choix et achètent en priorité tout ce qui intéresse
le roi. Le reste peut être vendu aux autres marchands.
“Le commerce veut une certaine liberté. Personne n’a pu se résoudre à aller à
Siam pour vendre nécessairement au roi ce qu’on y portait et pour acheter de lui
seul ce qu’on voulait en tirer, lors même que cela n’était pas du cru du royaume.
Car, encore qu’il y êut plusieurs vaisseaux étrangers ensemble à Siam, le commerce
n’était pas permis d’un vaisseau à l’autre, ni avec les habitants du pays, naturels ou
étrangers jusqu’à ce que le roi, sous prétexte d’une préférence due à sa dignité
royale, êut acheté tout ce qu’il y avait de meilleur dans les vaisseaux, et au marché
qu’il voulait, pour le revendre ensuite comme lui plaisait.”7
Ainsi, les commerçants étrangers ne sont pas satisfaits de ce système car leur
liberté commerciale est très limitée et que cela entraîne une baisse des prix de leurs
marchandises.
Dès 1683, après la mort du Phra Klang Kosa Lek, le monopole royal devient
encore plus restrictif. Le Phra Klang achète toutes les marchandises étrangères au plus
bas prix possible pour le roi Naraï qui les revend en doublant son profit.8 Mais, ce
monopole royal entraîne le déclin des activités commerciales au Siam. Les commerçants
6
WIRTH. op.cit., p. 25͘
7
JACQ-HERGOUALC’H. Étude historique et critique du livre de Simon de La Loubère
“Du Royaume de Siam”., p. 368.
8
. &(&., & 91. (Nunta Woranethiwong. op.cit., p. 91.)
70
étrangers surtout les marchands maures, qui sont des marchands importants dans le
pays, travaillent à perte et quittent peu à peu le royaume :
“ Mais les étrangers les plus riches, et surtout les Mores, se sont retirés ailleurs depuis
que le roi de Siam s’est réservé à lui seul presque tout le commerce étranger. Le roi
son père a fait autrefois la même chose, et peut-être que c’est la politique de Siam de
le faire de temps en temps. D’ailleurs, il est certain qu’ils ont laissé toujours le
commerce libre, et qu’il a souvent fleuri à Siam. F. Mendes Pinto dit que de son
temps il y allait tous les ans plus de mille vaisseaux étrangers ; maintenant il n’y a
que deux ou trois barques hollandaises. ”9
9
JACQ-HERGOUALC’H. Étude historique et critique du livre de Simon de La Loubère
“Du Royaume de Siam”., pp. 367 - 368.
71
Cochinchine.10 Et, il s’associe avec les Maures et les Chinois pour empêcher les
Européens de faire du commerce en Asie.11 En 1664, Ocya Pichit souhaite ruiner les
bénéfices commerciaux de la Hollande. Il envoie une ambassade siamoise à Taiwan
pour négocier un traité de commerce. Les Hollandais craignent que le commerce entre
le Siam et Taiwan affecte leur négoce avec le Japon.12 Les vaisseaux royaux chargent
des peaux de bêtes, des peaux de daims, du bois, du sucre, des ivoires et des textiles
pour le Japon. Les opérations commerciales entre la Hollande et le Japon en sont très
réduites.13 D’autre part, Abdu’r-Razzaq vend de l’étain et du poivre à un prix élevé à la
Compagnie hollandaise des Indes Orientales.14 La Compagnie hollandaise est en déficit.
La politique commerciale d’Abdu’r-Razzaq provoque des conflits avec les Européens.
Le commerce extérieur du Siam est interrompu. Peu après, en 1664, Abdu’r-Razzaq est
condamné à mort.
“ […] le Roi Naraï sait que la pratique de Ocya Pichit et les privilèges commerciaux
sont des causes de retraite des marchands asiatiques donc, le roi donne l’ordre de
l’emprisionner et confisque 480.000 florins ”15
10
% %. &(&., & 172. (Julitpong Chularat. op.cit., p. 172.)
11
Ibid., p. 172.
12
Ibid., p. 172.
13
Ibid., pp. 172 - 173.
14
Ibid., p. 172.
15
, )*&(. #+- / .. 2151 - 2163 ( .. 2167 - 2185.
('.. 1608 - 1620 ( '.. 1624 - 1642). ' : , 2513, & 166. (traduit en thaï
par Nunta Suttakul. Dutch papers 1608 -1620 and 1624 - 1642. Bangkok : Département
des Beaux Arts, 1670, p. 166.)
72
prétexte de servir le roi Naraï, il développe son propre commerce privé. Un commerce
très lucratif puisque Phaulkon peut faire rapidement construire une grande maison à
Louvo.
Au début du règne du roi Naraï, entre 1656 et 1680, le commerce extérieur du
Siam est actif. Les produits forestiers et les produits chinois attirent les Orientaux et les
Occidentaux au Siam. Après les années 1680, le commerce extérieur du Siam tourne au
ralenti. Il y a peu de vaisseaux étrangers au Siam. Néanmoins, le Siam reste encore le
centre commercial de l’Asie du Sud-Est. Les navires siamois vont toujours au Japon et
en Chine pour faire du négoce. Les produits forestiers, bois, peaux, ivoires, sont
appréciés des Orientaux alors que dans le même temps, les produits chinois et japonais
rapportent des bénéfices au Siam. Tout le long du règne du roi Naraï, les pays orientaux
tels que la Chine et le Japon occupent plus de 50% de la quote-part du marché siamois16
tandis que le commerce des Européens au Siam ne représente seulement qu’une petite
partie des échanges.
16
. &(&., & 148. (Nunta Woranethiwong. op.cit., p. 148.)
17
Au XVIème siècle, les Japonais et les Chinois étaient mécontents de la propagation de
la religion chrétienne des Portugais. Ainsi, les Chinois et les Japonais n’autorisent pas
les étrangers d’entrer directement en contact officiel avec lui.
73
18
SMITH, Georges Vinal. The Dutch in seventeenth-century Thailand. Illinois : Northern
Illinois University,1977, p. 178.
19
Pour plus d’informations, voir Dhiravat na Pombejra. Court, Company and Campong :
essays on the VOC presence in Ayutthaya. Phra Nakorn Sri Ayutthaya : Ayutthaya
Historical Study Center, 1992.
74
“[…] Au mois de juillet 1634, les navires hollandais chargent 103.480 peaux de
daims et des produits forestiers notamment 3.650 bois de sapan, 1.200 peaux
blanchissés de daims rouges pour le Japon”20
20
. )*&(. &(&., & 64. (traduit en thaï par Nunta Suttakul. op.cit., p. 64.)
21
Dhiravat na Pombejra. op.cit., p. 41.
22
MANTIENNE. op.cit., p. 107.
23
' $
=$. &(&., & 40. (Budsarakum Choungchai. op.cit. p. 40.)
75
navires anglais pour le Siam est peu actif : il y a seulement 7 bateaux partant de
Coromandel et 3 navires partant du Bengale, chargés de soie.24 Le commerce anglais au
Siam est sous la responsabilité de Thomas Coste, directeur du comptoir anglais à
Ayutthaya. Le capital de la Compagnie est insuffisant pour faire du commerce et
Thomas Coste doit emprunter de l’argent au roi Naraï.25
D’autre part, le système économique restrictif siamois est l’une des raisons
de l’échec du négoce anglo-siamois. Quand le Phra Klang trouve que les produits ne
rapportent pas assez de bénéfices, il les restitue à la Compagnie anglaise des Indes
Orientales.26 Ainsi, victime de commerçants anglais peu scrupuleux et de la politique
de la Compagnie, le commerce anglo-siamois finit par péricliter.27
Quant au commerce dans le royaume de Siam, les Européens sont troublés par
le monopole royal et la corruption du Phra Klang donc ils décident de diminuer les
opérations commerciales dès 1661. Ils tournent vers le commerce en Inde.
24
' $
=$. &(&., & 87. (Budsarakum Choungchai. op.cit. p. 87.)
25
Ibid., p. 106.
26
Ibid., p. 106.
27
Pour les informations, voir ' $
$. &(&. (Budsarakum Choungchai. op.cit.)
28
LANIER. op.cit., p. 130.
76
charger ses marchandises sur les navires royaux pour faire du commerce avec la Chine
et le Japon.
À plusieurs reprises, on peut lire, dans les correspondances des représentants
de la Compagnie française des Indes Orientales un rapport sur la situation du poivre au
Siam. En 1682, Deslandes a écrit :
Deslandes, en 1682, encourage les Siamois à cultiver le poivre dans les terres
sauvages autour de Bangkok.30 La quantité de poivre produite au Siam augmente
considérablement.
Selon le traité du Chevalier de Chaumont daté de 1685 et celui de Céberet daté
de 1687, la France obtient de nombreux privilèges notamment la liberté du commerce, le
monopole du poivre, le monopole de l’étain à Joncelang et la juridiction civile et pénale
pour le chef du comptoir. En comparaison avec ses concurrents européens, on remarque
que la France, grâce à ses relations diplomatiques privilégiées avec le Siam, obtient plus
d’avantages que la Compagnie hollandaise.
La Compagnie française des Indes Orientales espère que ces privilèges
faciliteront ses opérations. Mais, en réalité, la valeur des traités n’est que théorique. Le
commerce franco-siamois est au plus bas durant les premières années 1682 - 1683.
Deslandes Boureau essaie d’ouvrir le commerce des marchandises venant de Surate et
de Pondichéry. Mais, les tissus du Gujarat et du Coromandel ne sont pas appréciés des
Siamois. Au Siam, il y a peu de produits à exporter pour la France. Après le départ du
vaisseau le Vautour, la Compagnie est incapable de financer une cargaison de
marchandise pour renvoyer le Vautour au Siam.
29
MANTIENNE. op.cit., p. 150.
30
Ibid., p. 150.
77
Deslandes Boureau doit rester au Siam sans activité, soumis en outre au bon
vouloir des missionnaires. Il a écrit une lettre à Baron. Ces quelques lignes de la lettre
adressée à Baron nous révèlent la situation commerciale de la France au Siam :
“J’aurois bien désiré que vous eussiez eu la bonté d’expliquer l’article de votre lettre
où vous me dites de suivre ponctuellement les avis de nos seigneurs les évesques
pour scavoir si vous entendez m’obliger à ne rien faire soit pour le commerce ou
autre chose sans leur consentement, car cela estant il faut que vous preniez la peine
de leur escrire, de me donner des certificats quand je dois suivre ce qu’ils
m’ordonnent pour me servir de descharge ou si ce que vous m’en dites n’est que par
manière de parler. ”31
Le roi Naraï veut savoir pour quelle raison les opérations d’Ayutthaya sont au
point mort. Ainsi, Deslandes Boureau a reçu l’ordre de partir à Surate pour trouver des
réponses. Il a noté en 1683 :
“ … [le] Roi est surpris de ce que Messieurs de la Compagnie sont si froids, ce sont
ses propres termes, pour les propres profits, vu les grands avantages qu’il leur
présente […] il m’a parlé et fait parler de cela si souvent que j’en étais importuné. ”32
78
Pendant les deux dernières années sous le règne du roi Naraï, entre 1687 et 1688, le
nombre de navires voguant vers le Siam augmente.37 Le Saint-Louis se rend toujours au
Siam mais Véret, le directeur du comptoir ne fournit aucune marchandise pour la
France, sous prétexte qu’il ne peut en trouver au Siam.38
Durant ces huit années, les directeurs de la Compagnie française des Indes
estiment que le commerce franco-siamois se porte bien alors qu’en réalité, les résultats
commerciaux franco-siamois sont très décevants : il y a peu de navires français au Siam.
La Compagnie française rencontre d’énormes difficultés et doit faire face à la concurrence
hollandaise. C’est pourquoi les directeurs de la Compagnie française des Indes Orientales
ne sont pas satisfaits des résultats commerciaux du comptoir d’Ayutthaya. Néanmoins,
elle poursuit ses opérations commerciales dans le royaume de Siam. Au Siam, il y a
seulement des produits agricoles : du poivre, du riz, du sucre, des produits miniers tels
que le cuivre et l’étain et des produits forestiers à exporter, tandis que la France importe
les textiles indiens venant de ses comptoirs sur la côte de Coromandel, mais ces
marchandises de luxe ne se vendent que dans la cour siamoise. D’autre part, les directeurs
de cette association commerciale déterminent la politique concernant le commerce du
poivre au Siam, grâce au privilège accordé par le roi Naraï. Mais, à partir de 1680, au
moment où la France commerce avec le royaume de Siam, les besoins pour des épices
de l’Asie du Sud-Est diminuent tandis que le cacao, le thé chinois et les textiles indiens
deviennent les produits de plus en plus appréciés en Europe.39 Ceci ne favorise pas
davantage les opérations de la Compagnie au Siam.
Les opérations commerciales de la France au Siam rencontrent des difficultés
pour plusieurs raisons. Au cours de cette période, la France est en pleine crise financière.
La France est affectée par des guerres constantes avec la Hollande notamment en 1678.
Le budget de la France est largement consacré à la construction de ports fortifiés et de
forteresses :
37
Au mois de mai 1687, le Saint-Louis part pour le Siam. Il revient à Pondichéry en
janvier 1688, accompagné d’une petite galiote chargé de riz et d’étain pour la Compagnie
française à Paris.37 Ensuite, en février 1688, le Saint-Louis revient au Siam et décharge
du riz à Masulipatum.
38
MANTIENNE. op.cit. p. 130.
39
'! #. &(&.,& 116.(Warangkana Nibhatsukit. op.cit., p. 116.)
79
“Les résultats ne sont pourtant ni solides ni durables parce que les dépenses du roi
pour ses bâtiments et pour la guerre augmentent plus vite que les recettes. Versailles
et la guerre de Hollande ramènent déficit.”40
“Dans cette crise de la fin du règne (1683 - 1715), l’œuvre de Colbert paraît
compromise. La production industrielle s’est effondrée, des manufactures
disparaissent ou végètent, les métiers ruraux sont ruinés. Ces échecs immédiats
suscitent de vives critiques contre le colbertisme, système de réglementation dû à
Colbert, que l’on accuse de paralyser l’économie par son caractère tatillon et
rigide… .”41
“L’argent de la Compagnie est épuisé. Elle n’a pas de ressources suffisantes pour
entretenir la flotte commerciale au port de Lorient tandis que le prix pour garantir
les marchandises est élevé.”42
La Compagnie française a beaucoup de dettes tandis que ses revenus sont très
faibles. En raison de la crise financière, la Compagnie française décide de fermer ses
comptoirs dont celui d’Ayutthaya en 1684. Ces problèmes financiers ne favorisent pas la
politique commerciale française au Siam.
40
VIAL. op.cit., p. 172.
41
Ibid., p. 172.
42
SOTTAS. op.cit., p. 71.
80
43
> !$ . / /?#. : ', 2523, & 83 - 85. (Suparat
Lertpanichkul. Gerakis, le favori grec. Bangkok : Anakot, 1980, pp. 83 - 85.)
44
, . $ ->'/? 41 (
) - 42 - 43- #'!
'&@?AB?#&
81
46
B *E. &(&., & 94. (Plubprung Moonlasilpa. op.cit., p. 94.)
47
BÈZE. op.cit., p. 98.
48
B *E. &(&., & 94. (Plubprung Moonlasilpa. op.cit., p. 94.)
49
Ibid., p. 94.
82
50
JACQ-HERGOUALC’H. Étude historique et critique du livre de Simon de La
Loubère “Du Royaume de Siam”., p. 50.
51
VAN DER CRUYSSE. op.cit. p. 406.
Chapitre V
Conclusion
83
84
les produits agricoles et miniers occupent une place importante. Grâce à sa tolérance
religieuse, les étrangers sont bien accueillis au Siam, favorisant ainsi leur attirance pour
ce royaume. Les principaux partenaires commerciaux du Siam sont la Chine, le Japon,
la Perse et les pays voisins, notamment le Cambodge. Le roi Naraï envoie des bateaux
pour faire du négoce avec la Chine et le Japon. On peut en conclure que la Chine et le
Japon sont les principaux marchés pour le Siam tandis que les Européens occupent une
petite partie du négoce avec le royaume.
Le système commercial du Siam a cependant changé avec l’arrivée des
marchands occidentaux. Pendant la période d’Ayutthaya, les marchands étrangers ont
toute liberté pour commercer mais, sous le règne du roi Naraï, dès 1656, cette liberté est
de plus en plus limitée par le monopole royal. Le roi Naraï monopolise le négoce des
produits naturels et des armes. Les étrangers doivent vendre et acheter les marchandises
au Phra Klang. Quand les vaisseaux arrivent et partent du royaume de Siam, les
officiers du Krom Tha examinent en détail toutes les marchandises.
Les Européens qui jouent un rôle prépondérant dans le commerce siamois
sont les Hollandais et les Anglais. Ils obtiennent des privilèges sur les produits
import ants. La France est le dernier pays européen à être entré en contact avec le Siam
sous le règne du roi Naraï. Les relations franco-siamoises, tant diplomatiques que
commerciales, se développent entre 1662 et 1688. Au début de ces relations, l’objectif
principal de Louis XIV est la conversion du roi Naraï au catholicisme. L’intérêt de la
France pour le Siam est donc très différent de celui des autres nations. La Hollande et
l’Angleterre ne visent que le commerce tandis que l’objectif de la France est à priori la
propagation de la religion chrétienne. Quant au roi Naraï, son espoir serait que la France
contrebalance la puissance hollandaise. Les relations commerciales franco-siamoises
débutant en 1680 vont de pair avec les relations diplomatiques. La Compagnie française
considère le Siam comme un marché intérmédiare pour pouvoir développer le commerce
avec la Chine et le Japon. Pendant huit années, entre 1680 et 1688, il y a trois
ambassades siamoises : la première ambassade en 1680 dirigée par Ocphra Pipat
Ratcha Maïtri , la deuxième ambassade en 1684 est conduite par Khun Pichaï Wathit et
Khun Pichit Maïtri et la troisième par Ocphra Wisut Suntorn (alias Kosapan). Du côté
français, Louis XIV envoie deux ambassades au Siam : la première dirigée par le
Chevalier de Chaumont en 1685 et la deuxième par Simon de La Loubère et Claude
Céberet en 1687. Dans le domaine commercial, il y a trois contrats commerciaux : le
85
86
87
des pierres précieuses, des fruits de mer et des produits agricoles, tandis que les produits
importés au Siam sont des médicaments, des machines, etc.
Pour terminer, ajoutons qu’il y a peu de recherches approfondies sur le
commerce franco-siamois pendant la période de Rattanakosin, et que cela mériterait à
l’avenir de nouvelles recherches et études.
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ANNEXE
102
ANNEXE I
Traité commercial de Deslandes Boureau,
signé le 3 décembre 1684
103
104
105
ANNEXE II
Traité commercial du Chevalier de Chaumont,
signé le 10 décembre 1685
106
107
108
109
110
111
112
113
ANNEXE III
Traité commercial de Céberet, signé le 11 décembre 1687
114
115
116
117
118
119
ANNEXE IV
120
121
122
123
124
125
126
127
128
129
130
131
132
133
ANNEXE V
(SOTTAS, Jules. Histoire de la Compagnie royale des Indes Orientales 1664 - 1719.
Rennes : La Découvrance, 1994, p. 489.)
134
ANNEXE VI
(Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Compagnie_francaise_des_Indes_orientales,
consulté le 10 février 2010.)
135
CURRICULUM VITÆ
Formation