Cancérologie
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La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
ORTHOPEDIE
CANCEROLOGIE
RHUMATOLOGIE
Tumeurs des os
primitives et secondaires
1-10-154
Dr Jean GRIMBERG
Praticien Hospitalier
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1-10-154
Tumeurs des os
primitives
Objectif :
– Diagnostiquer une tumeur des os primitive et secondaire.
GÉNÉRALITÉS
A/ Épidémiologie
● Les tumeurs osseuses sont des pathologies beaucoup moins fréquentes que les tumeurs des
parties molles. Aux États-Unis, l’incidence des tumeurs osseuses malignes primitives
(TOMP) est de 10 cas par an pour un million d’habitants. Parmi ces tumeurs, c’est l’ostéo-
sarcome qui est le plus fréquent (30 à 35 %) ; il représente 0,2 % des tous les cancers et son
incidence est de 100 à 154 cas par an en France ; viennent ensuite les chondrosarcomes
(25 %), et les sarcomes d’Ewing (20 %).
● Les tumeurs osseuses secondaires sont, quant à elles, plus fréquentes. En France, le nombre
de nouveaux cas de cancers par an est de 250 000 (avec 34 000 cancers du sein, 33 500 cancers
colo-rectaux, 26 500 cancers de la prostate, 22 000 cancers du poumon et 22 000 cancers
ORL). Cinquante à quatre-vingts pour cent des patients atteints d’un cancer du sein, 20 à
40 % des patients atteints d’un cancer du poumon et 5 % de ceux atteints d’un cancer colo-
rectal vont développer des métastases osseuses.
B/ Démarche diagnostique
● La découverte d’une lésion d’aspect tumoral sur une partie du squelette peut survenir lors
d’un bilan radiologique demandé pour des douleurs, une tuméfaction, plus rarement une
fracture, ou sur des radiographies demandées pour une autre pathologie.
1. Examen clinique
● Il oriente souvent le diagnostic :
a) Antécédents
– Un cancer primitif ou une tumeur primitive de l’os orientent vers des lésions secondaires.
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Tumeurs des os primitives 1-10-154
b) Âge
– Chez un patient jeune, une tumeur osseuse primitive est le diagnostic le plus fréquent ; chez
un patient de plus de cinquante ans, il faut évoquer, en priorité, une métastase osseuse ou
un myélome. L’ostéosarcome et le sarcome d’Ewing sont des tumeurs de l’enfant et de
l’adulte jeune ; en revanche, le chondrosarcome est une tumeur rencontrée chez l’adulte de
plus de 40 ans.
d) Examen physique
– Il est souvent banal et ne permet pas une orientation précise. Il existe des exceptions : des
douleurs nocturnes calmées par l’aspirine font rechercher un ostéome ostéoïde, un syndro-
me inflammatoire (fièvre, VS accélérée et CRP augmentée) oriente vers un sarcome
d’Ewing, un myélome ou un lymphome malin.
– Si une métastase est suspectée, l’examen clinique simple peut orienter vers un cancer pri-
mitif en palpant la thyroïde, l’abdomen, les seins, les fosses lombaires et en pratiquant un
toucher rectal.
2. Imagerie
● Les radiographies standards sont indispensables et devront impérativement être prescrites
avant l’IRM et la TDM. Les radiographies suffisent presque toujours pour le diagnostic ;
l’intérêt de l’IRM se situe plutôt dans le cadre du bilan d’extension locorégional, la scinti-
graphie (probablement trop souvent demandée) n’a également que peu d’intérêt pour le dia-
gnostic des tumeurs, hormis pour certains ostéomes ostéoïdes non visualisés sur les radio-
graphies.
● L’analyse de la radiographie va permettre de préciser :
Fig. 1 : Aspects radiologiques des tumeurs osseuses (B- Tomeno. Polycopié d’enseignement de la faculté Cochin-Port-
Royal 2002).
Malin Bénin
Ossifications dans
les parties molles
Ostéolyse Ostéolyse
(parfois en
mal limitée « feux d'herbe » à contours nets
car perpendiculaires
à l'os)
Triangle de Codman Liséré de Corticale
par décollement sclérose intacte
périosté
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b) L’aspect de la tumeur
– Peut être ostéolytique ou condensant ; l’ostéolyse peut être plus ou moins régulière, avec des
contours flous ou cerclés d’une sclérose périphérique. Les tumeurs bénignes sont habituel-
lement bien limitées, avec une sclérose périphérique ; au contraire, une rupture corticale,
une image irrégulière aux contours flous font suspecter une lésion maligne.
– La matrice tumorale peut être ponctuée de calcifications : quand ces dernières sont flocon-
neuses, en « pop-corn », il faut penser à une tumeur cartilagineuse.
– Les réactions périostées péritumorales seront, elles aussi, analysées : une réaction en « feu
d’herbe », un triangle de Codman font suspecter une tumeur maligne.
c) Nombre de lésions
– Le fait que ces images radiologiques soient isolées ou multiples est très important : les
images multiples orientent vers des métastases ou un myélome.
a) Dans certains cas, l’histoire clinique et l’aspect radiologique permettent de faire un dia-
gnostic de certitude
– Certaines de ces lésions tumorales bénignes ou pseudo-tumorales ne vont nécessiter qu’une
simple surveillance.
– Il faut, bien sûr, être certain de ce diagnostic pour se passer de biopsie. Cela peut être le cas
pour :
* Les chondromes au niveau des extrémités, notamment sur les phalanges et les métacar-
piens.
– Les fibromes non ossifiants.
– Les exostoses, quand elles ont un aspect radiologique typique et quand elles sont périphé-
riques.
– Certaines dysplasies fibreuses.
* Les kystes osseux essentiels.
b) Dans d’autres cas, l’image radiologique permet d’évoquer de façon quasi certaine un dia-
gnostic, mais une biopsie ou un traitement chirurgical sera quand même nécessaire
– Cela peut être le cas de certains chondrosarcomes ou ostéosarcomes ; pour ces tumeurs
malignes, les traitements sont souvent lourds (larges résections, chimiothérapie) et il est
impératif d’obtenir une certitude histologique avant de réaliser le traitement définitif.
– Pour d’autres tumeurs, le diagnostic évident va permettre de réaliser le traitement en un
temps (biopsie-exérèse). Cela peut être le cas de certains ostéomes ostéoïdes, de chondromes
des extrémités, de kystes anévrysmaux, etc.
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parathyroïdie (qui peut simuler une lésion tumorale, notamment une tumeur à cellule géan-
te ou une dysplasie fibreuse), d’autre part, de dépister une hypercalcémie d’origine tumora-
le.
d) Si après ce bilan le diagnostic n’est toujours pas certain (ce qui est fréquemment le cas)
– Le seul examen fiable et indispensable sera une biopsie, qui va permettre d’obtenir une
étude anatomopathologique et des cultures bactériologiques avant de réaliser le traite-
ment définitif de la tumeur. Cette biopsie devra être réalisée dans les huit jours si une
tumeur maligne est suspectée. Cette biopsie peut être : soit percutanée sous contrôle radio-
logique, soit chirurgicale ; elle doit de toute façon être réalisée dans un centre spécialisé
dans la chirurgie des tumeurs osseuses, par le chirurgien qui prendra en charge le
patient pour le traitement définitif. En effet, une biopsie faite de façon inadéquate peut
compromettre le pronostic fonctionnel, voire le pronostic vital, du patient. Lors de ces biop-
sies, il est bien sûr indispensable de réaliser une bactériologie dans le même temps pour iso-
ler le germe d’une éventuelle ostéite, certaines ostéites pouvant parfaitement simuler une
lésion tumorale osseuse.
– La classification des tumeurs osseuses primitives se fait en fonction du type de tissu tumo-
ral isolé (tableau I).
C/ Bilan d’extension
1. Extension loco-régionale
● Des radiographies standards de face et de profil sont indispensables.
● L’IRM avec injection IV de gadolinium est actuellement l’examen de choix (surtout pour les
tumeurs malignes) ; elle permet de visualiser l’envahissement dans le segment osseux et dans
les parties molles.
● Pour les tumeurs bénignes, une TDM est souvent suffisante. Pour l’ostéome ostéoïde, la
TDM en coupes fines et jointives est beaucoup plus performante que l’IRM.
a) Biopsie
– But : elle permet de prélever du tissu patho-logique pour analyse anatomopathologique et
bactériologique.
– Technique : elle est réalisée par une courte voie d’abord située, si possible, sur le trajet de
la voie d’abord qui sera utilisée pour la résection chirurgicale de la tumeur, afin que la cica-
trice de biopsie soit excisée en monobloc avec la tumeur. Lors de cette biopsie, les vaisseaux
et les nerfs ne doivent pas être exposés afin de ne pas les contaminer par la tumeur. Cette
biopsie peut aussi être réalisée par voie percutanée sous contrôle radiologique. Elle doit sur-
tout être faite par le chirurgien qui prendra en charge le patient pour le traitement défini-
tif.
– Indication : toujours, sauf pour les exceptions rares citées (cf. supra).
b) Résections
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– La résection peut être conservatrice ; elle consiste à faire l’exérèse d’une partie du squelet-
te osseux + /- de parties molles. Dans ce cas, après la résection, une reconstruction est sou-
vent nécessaire en utilisant des greffons et/ou une ostéosynthèse et/ou une prothèse.
– La résection peut ne pas être conservatrice ; il s’agit alors d’une amputation qui n’est indi-
quée que lorsqu’une chirurgie conservatrice n’est pas possible (en raison d’une infection,
• Notochorde • Chordome
• Kyste anévrysmal
• Dysplasie fibreuse
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d’une récidive tumorale, d’un envahissement des vaisseaux et des nerfs, etc.).
2. Traitements médicaux
a) Radiothérapie
– N’a aucune indication en matière de tumeur bénigne.
– Parfois indiquée pour des tumeurs malignes osseuses primitives radiosensibles (presque
toutes les tumeurs sont radiosensibles sauf le chondrosarcome) peu accessibles à la chirur-
gie (rachis, crâne) ou n’ayant pas pu faire l’objet d’une résection complète. Pour le sarcome
d’Ewing, elle est souvent indiquée en cas de mauvaise réponse à la chimiothérapie, soit seule
quand la tumeur est inextirpable, soit après la résection chirurgicale.
– Souvent indiquée pour les tumeurs métastatiques radiosensibles (sein poumon, thyroïde,
prostate) soit seule, soit après traitement chirurgical.
b) Chimiothérapie
– Il s’agit de polychimiothérapie associant souvent du platine, de l’adriamycine, de l’Endoxan
et du méthotrexate à haute dose.
– Elles sont indiquées pour les ostéosarcomes de haut grade, les sarcomes d’Ewing ; enre-
vanche elles n’ont aucune efficacité sur le chondro-sarcome.
– Ces chimiothérapies sont délivrées une fois que le diagnostic a été établi par une biopsie et
avant la résection ; il s’agit de chimiothérapies néoadjuvantes. La résection a lieu après 2 à
5 cycles de chimiothérapie. Sur la pièce de résection, le pourcentage de nécrose est apprécié
afin d’évaluer la réponse tumorale à la chimiothérapie. Le patient est jugé bon répondeur
lorsque la nécrose dépasse 95 %. Une mauvaise réponse à la chimiothérapie va amener à
changer le protocole de chimiothérapie après la résection : il s’agit de chimiothérapie de rat-
trapage. Si le patient est bon répondeur, il recevra le même type de traitement pendant enco-
re plusieurs cycles.
– Dans les lésions métastatiques, la chimio-thérapie dépend du type de cancer primitif.
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Nidus
Fig. 5 : Exostose de l’aile iliaque. Radiographie standard où l’aspect est peu typique (à gauche).
TDM montrant l’image typique d’exostose ostéogénique (à droite).
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Fig. 10 : Kyste anévrysmal de la branche ilio-pubienne droite. Ostéolyse sur la radiographie standard à gauche et niveaux liqui-
diens très évocateurs du diagnostic sur l’IRM à droite.
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Tumeurs osseuses bénignes
Définition Épidémiologie Clinique Imagerie Traitement Évolution et pronostic
• 50% sur le tibia et fémur. 10%
sur le rachis. • Jamais de
• Douleur nocturne • Résection du nidus
• Lésion ostéogénique Condensation de la corticale transformation
calmée par l’aspirine. chirurgicalement ou
Ostéome ostéoïde. souvent entourée • 12 % des TOB. contenant une petite géode maligne. Quand la
Scoliose et trouble de par vois percutanée
Fig. 3 d’une ostéocondensa- Âge moyen : 19 ans. (nidus) mieux visible sur la taille est supérieure à
croissance sous contrôle TDM par
tion réactionnelle. TDM. 2 cm, il s’agit d’un
chez l’enfant. électrocoagulation.
Hyperfixation ostéoblastome.
Tumeurs des os primitives
à la scintigraphie osseuse.
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perpendiculaire à la direc- spongieux est en continuité matique ou située près
Les droits d’exploitation de ces textes sont gracieusement mis à votre disposition par les Laboratoires Servier
multiples. des exostoses multiples.
dominante (anomalie visible sur la TDM et surtout
des chromosomes 8 et 19). sur l’IRM.
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au niveau d’une corti- réguliers avec un liseré quelques rares formes de transformation
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cent. pathologique. au cours de la croissance. Image le kyste. Ostéosynthèse,
Fig. 9 plie d’un liquide citrin. après traitement. Pour le fémur
ostéolytique sans calcification surtout pour le fémur.
proximal, le risque mécanique
intramatricielle avec un liseré
est important.
dense en périphérie.
Les droits d’exploitation de ces textes sont gracieusement mis à votre disposition par les Laboratoires Servier
• Tumeur plutôt métaphyso-
• Pseudo-tumeur qui est en
diaphysaire. Ostéolyse soufflant la
fait une dilatation vascu- • Curetage comblement • Risque de récidive après
corticale, souvent excentrée par
laire responsable d’une • Douleur, tuméfac- et ostéosynthèse curetage : 20 à 30 %.
Kyste anévrismal • Enfant, adolescent rapport à l’axe diaphysaire. Pas de
lésion ostéolytique. Elle tion ou fracture si nécessaire. Pas de transformation
Fig. 10 et adulte jeune. calcification intramatricielle,
peut être associée à une pathologique. Embolisation. Injection maligne, sauf après
aspect cloisonné possible. Sur
autre tumeur (ex. : percutanée d’Ethibloc. irradiation.
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l’IRM, la présence de niveaux
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TCG).
liquides est très évocatrice.
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IMAGE TUMORALE
Examen clinique
Simple Biopsie
surveillance exérèse en 1 temps Diagnostic
de certitude
IRM
Pas de diagnostic
NFS
CRP
Traitement
électrophorèse
définitif
Pas de diagnostic
Ostéite
Myélome
Biopsie
Diagnostic de certitude
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OSTÉOSARCOME
A/ Définition
B/ Épidémiologie
● C’est la plus fréquente des TMP (30 à 35 % des TOMP). Il représente 0,2 % de tous les can-
cers, et son incidence est de 100 à 154 cas par an en France (2 cas par an/million d’habitants).
● Touche l’adolescent et l’adulte jeune dans 80 % des cas, très rare avant 10 ans et après 30 ans.
C/ Diagnostic
1. Clinique
● Douleur, souvent banale au début, mais qui va en s’aggravant ; parfois une tuméfaction. Une
fracture pathologique est plus rare.
● L’état général est conservé, il n’y a pas d’adénopathie satellite.
2. Biologie
● Les examens biologiques usuels sont normaux ou peu perturbés (parfois, petite accélération
de la VS et augmentation des phosphatases alcalines).
3. Imagerie
● Des radiographies simples, face et profil, doivent toujours être demandées en première inten-
tion.
● Cette tumeur est située principalement sur les métaphyses des grands os, et les localisations
les plus fréquentes sont :
– Le genou (extrémité inférieure du fémur : 50 %, supérieure du tibia : 20 %).
– La métaphyse supérieure de l’humérus et l’inférieure du tibia viennent ensuite (30 % des
cas).
– Les localisations sur la main et le pied sont exceptionnelles.
● Le diagnostic est souvent évident associant :
– Une ostéolyse du spongieux métaphysaire avec des contours flous.
– Une réaction périostée lamellaire.
– Une rupture corticale.
– Une réaction périostée en « feu d’herbe ».
– Des calcifications dans la matrice tumorale.
● Il est important de diagnostiquer les formes débutantes qui se manifestent par une zone
« gommée » de la région métaphysaire », une petite réaction périostée.
● Le diagnostic de certitude se fera grâce à l’examen anatomopathologique du prélève-
ment de biopsie.
4. Anatomie pathologique
a) Biopsie
– Elle est urgente. Elle doit être chirurgicale (pas de biopsie à l’aiguille dans ce cas précis, car
la tumeur peut être hétérogène, et il faut ramener beaucoup de tissu tumoral pour assurer
un diagnostic correct). Elle doit être faite dans un centre chirurgical habitué aux tumeurs
des os (risque d’erreur diagnostique multiplié par trois si les lames sont lues par un anato-
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mopathologiste peu
« entraîné » à l’os). Elle doit
être faite par le chirurgien
qui ultérieurement prendra
en charge la résection chi-
rurgicale. Le résultat
demande 8 à 15 jours (car il
faut décalcifier le prélève-
ment pour l’analyser).
b) Anatomie pathologique
Elle va affirmer le diagnostic
en retrouvant de l’os tumoral
malin et préciser le grade histo-
logique selon la classification
de Broders en quatre grades. Fig. 12 : Ostéosarcome du tibia proximal. Radiographie standard à
gauche. IRM (au centre en haut). Pièce de résection (au centre en bas).
Reconstruction par prothèse (à droite).
5. Bilan d’extension
a) Général
– TDM thoracique avec injection de produit de contraste.
– Scintigraphie osseuse corps entier au technétium.
– L’os et le poumon sont les sites privilégiés des localisations secondaires des ostéosarcomes.
Les autres examens seront demandés en fonction des signes d’appel clinique.
b) Loco-régional
– TDM : visualise au mieux l’extension dans l’os.
– IRM avec injection de gadolinium : permet d’analyser un envahissement des parties molles
adjacentes.
D/ Formes cliniques
1. Selon l’étiologie
● La plupart des ostéosarcomes sont primitifs.
● Il existe de rares cas d’ostéosarcomes radio-induits.
● Il existe aussi des ostéosarcomes sur lésions bénignes préexistantes (sur maladie de Paget, sur
dysplasie fibreuse, sur tumeur à cellules géantes…).
E/ Traitement
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Tumeurs des os primitives 1-10-154
F/ Évolution et pronostic
CHONDROSARCOMES
A/ Définition
● C’est une tumeur dont les cellules tumorales sont associées à une matrice cartilagineuse.
B/ Épidémiologie
C/ Diagnostic
1. Clinique
● La symptomatologie est souvent discrète, avec une installation insidieuse traduisant la crois-
sance très lente de ces tumeurs. Les symptômes révélateurs sont, le plus souvent, une dou-
leur ou la découverte d’une tuméfaction par le patient. Les fractures pathologiques sont rares
(3 %). L’état général est conservé.
2. Biologie
● Le bilan biologique est habituellement normal, sans syndrome inflammatoire.
● Une intolérance aux hydrates de carbone lors d’hyperglycémie provoquée est trouvée chez
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–
80 % des patients.
3. Imagerie
● Des radiographies simples,
face et profil, doivent tou-
jours être demandées en pre-
mière intention (on peut se
dispenser de l’échographie
qui n’apprendra rien d’inté-
ressant).
a) Localisations
– Les sites le plus fréquem-
ment concernés sont le pel-
vis (30 %) et le fémur proxi-
mal (20 %). Fig. 13 : Chondrosarcome du bassin. Radiographie standard à gauche,
– Les localisations rachi- IRM en haut à droite et TDM en bas à droite.
diennes restent rares (1 à
7 %) et celles des os de la main et des pieds représentent moins de 3 % de toutes les locali-
sations.
b) Aspect radiologique
– Le diagnostic est souvent fortement suspecté sur les clichés standards. Il est possible de dis-
tinguer les formes centrales et les formes périphériques.
– Pour les formes centrales, la lésion est habituellement métaphysaire et s’étend vers la dia-
physe plus que vers l’épiphyse. Il s’agit de zones ostéolytiques, étendues et bien délimitées.
La corticale est habituellement érodée sur le versant endosté ; elle peut être rompue, et une
réaction périostée n’est pas exceptionnelle. Un aspect soufflé de la corticale peut également
être visualisé. Des calcifications sont visibles dans la matrice tumorale.
– Pour les formes périphériques, la tumeur se développe initialement à la surface de l’os et
envahit les parties molles avoisinantes. La corticale en regard est fréquemment érodée sans
réaction périostée. Des calcifications sont visualisées dans la matrice tumorale.
– Le diagnostic de certitude se fera grâce à la biopsie qui doit être faite dans les huit jours.
4. Anatomie pathologique
a) Biopsie :
– Elle est urgente. Elle doit être chirurgicale (pas de biopsie à l’aiguille dans ce cas précis, car
la tumeur peut être hétérogène, et il faut ramener beaucoup de tissu tumoral pour assurer
un diagnostic correct). Elle doit être faite dans un centre chirurgical habitué aux tumeurs
des os (risque d’erreur diagnostique multiplié par 3 si les lames sont lues par un anatomo-
pathologiste peu entraîné à l’os). Elle doit être faite par le chirurgien qui, ultérieurement,
prendra en charge la résection chirurgicale. Le résultat demande 8 à 15 jours de patience.
b) Anatomie pathologique
– Elle va affirmer le diagnostic en retrouvant du cartilage tumoral malin et préciser le grade
histologique qui suit la classification de O’Neal et Ackerman (en 3 grades) ; le risque méta-
statique augmente parallèlement avec le grade. Elle précisera le type histologique.
D/ Bilan d’extension
1. Général
● TDM thoracique avec injection de produit de contraste.
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comes. Les autres examens seront demandés en fonction des signes d’appel clinique.
2. Loco-régional
● TDM : visualise au mieux l’extension dans l’os.
● IRM, avec injection de gadolinium : permet d’analyser un envahissement des parties molles
adjacentes.
E/ Formes cliniques
1. Selon l’étiologie
● Les chondrosarcomes peuvent être primaires (survenant sur un os normal) : 90 % des cas.
● Ils peuvent être secondaires (10 %) à une lésion bénigne préexistante qui va se transformer
2. Selon le siège
● Les chondrosarcomes distaux des membres (main, pied) sont rares mais de bon pronostic.
● Les chondrosarcomes du tronc (bassin, rachis), volontiers diagnostiqués tardivement, sont
donc souvent de très grosses tumeurs et de pronostic un peu moins bon que ceux des
membres.
3. Selon l’histologie
● Il faut distinguer deux groupes de chondro-sarcomes :
– Les chondrosarcomes conventionnels, ou chondrosarcomes habituels (les plus fréquents)
que les anatomopathologistes classent en trois degrés (le risque métastatique augmente avec
le grade).
– Les « formes particulières », au sein desquelles on individualise :
* Les chondrosarcomes à cellules claires (volontiers épiphysaires au niveau du fémur
proximal) (de grade 1).
* Les chondrosarcomes myxoïdes (= à consistance mucoïde) (de grade 2).
* Les chondrosarcomes mésenchymateux (de grade 3).
* Les chondrosarcomes « dédifférenciés », très particuliers car, au sein de la maladie, on
retrouve deux populations cellulaires très différentes : un contingent cartilagineux de
basse malignité coexistant avec un contingent de haute malignité de nature non cartila-
gineuse (de grade 3).
F/ Traitement
● Les chondrosarcomes sont tous, à une exception près, chimio- et radiorésistants. Leur trai-
tement est donc uniquement chirurgical. Après la biopsie, l’exérèse chirurgicale large est
possible neuf fois sur dix en faisant appel aux divers procédés de résection-reconstruction
(prothèses massives, grandes allogreffes). L’indication d’amputation est devenue exception-
nelle (énormes tumeurs historiques, tumeurs récidivées, tumeurs infectées). La résection de
métastases pulmonaires, lorsqu’elles sont peu nombreuses, est parfois possible.
● La chimiothérapie néoadjuvante est proposée pour les chondrosarcomes dédifférenciés et les
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G/ Évolution et pronostic
SARCOME D’EWING
A/ Définition
● Il s’agit tumeur maligne primitive osseuse composée de petites cellules rondes et qui corres-
pond à une forme peu différenciée des PNET (primitive neuroectodermal tumor).
● Ces tumeurs d’origine neuroectodermique sont caractérisées par la présence d’une transloca-
tion chromosomique 11-22 et l’expression du gène MIC2.
B/ Épidémiologie
C/ Diagnostic
1. Clinique
● Une douleur de type inflammatoire et/ou une tuméfaction, plus rarement une fracture patho-
logique, révèlent la maladie.
● L’état général est volontiers un peu perturbé avec un fébricule fréquent et des signes inflam-
matoires locaux.
2. Biologie
● La VS est accélérée, la CRP et les phosphatases alcalines augmentées.
3. Imagerie
● Des radiographies simples, face et profil, doivent toujours être demandées en première inten-
tion.
● Cette tumeur peut être localisée un peu partout sur le squelette : bassin, grands os des
membres, côtes, petits os de la main ou du pied. Sur les grand os, la maladie est tantôt dia-
physaire, tantôt métaphysaire, voire épiphysaire.
● Elles montrent typiquement, de façon isolée ou associée, les anomalies suivantes :
– Zone lytique mal délimitée.
– Réaction périostée « multicouche » dite en « bulbe d’oignon ».
– Simple ostéolyse discrète d’une corticale au contact d’une grosse masse des parties molles à
peine radio-opaque.
● Typiquement, il existe un contraste entre la relative discrétion des signes radiologiques et
l’importance de la composante tumorale dans les parties molles qui sera au mieux visualisée
sur une IRM.
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● Le diagnostic de certitude se fera grâce à la biopsie qui doit être pratiquée dans les huit
jours.
4. Anatomie pathologique
a) Biopsie
– Elle est urgente. Elle peut
être chirurgicale, mais la
biopsie à l’aiguille (dans ce
cas précis) est une bonne
solution parce que la tumeur,
assez molle, se laisse facile-
ment aspirer et que les
aspects histologiques sont
monomorphes d’un endroit à
l’autre de la tumeur.
– Une étude cytogénétique est
systématiquement demandée
a la recherche de la transloca-
tion 11-22. Elle doit être faite
Fig. 14 : Sarcome d’Ewing de la diaphyse tibiale. Radiographie à
dans un centre chirurgical gauche, IRM au centre et la pièce de résection à droite.
habitué aux tumeurs des os
(risque d’erreur diagnostique multiplié par 3 si les lames sont lues par un anatomopatholo-
giste peu « entraîné » à l’os). Elle doit être faite par le chirurgien qui, ultérieurement, pren-
dra en charge la résection chirurgicale.
b) Anatomie pathologique
– Il s’agit d’un sarcome à petites cellules rondes ; c’est une tumeur de haut grade dans tous les
cas. L’expression du gène Mic2 est diagnostiquée en immunohistochimie et la translocation
11-22 en cytogénétique.
D/ Formes cliniques
● Les sarcomes d’Ewing sont toujours primitifs ; ils ne surviennent jamais sur une lésion pré-
existante.
● Les sarcomes d’Ewing distaux des membres ont un meilleur pronostic que ceux du tronc
(bassin, rachis).
● Les formes de l’adulte sont plus péjoratives que les formes de l’enfant.
● Il n’y a pas de forme histologique particulière, et ces tumeurs sont toutes de haut grade.
E/ Traitement
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Tumeurs des os primitives 1-10-154
– Il est fréquent de clôturer le traitement par ce qu’on appelle une « intensification » (on pré-
lève sur le sang du patient des cellules souches hématopoïétiques et on les lui réinjecte
quelques jours plus tard après avoir fait une cure de chimiothérapie si intense qu’elle risque
d’avoir détruit le potentiel hématopoïétique du patient).
● La radiothérapie a quelques indications pour cette tumeur : les tumeurs inopérables, parce
que trop grosses ou mal situées (rachis…), peuvent être traités par radiothérapie, car la
tumeur est radio-sensible. Quand les patients sont mauvais répondeurs, le traitement est sou-
vent complété par une radiothérapie régionale.
F/ Évolution et pronostic
● Le sarcome d’Ewing est de nos jours la TOMP des os qui a le plus mauvais pronostic. On ne
guérit qu’environ 65 % des Ewing de l’enfant, et seulement 40 % de ceux de l’adulte.
● Les facteurs pronostics principaux sont les suivants :
– Métastases : survie à 5 ans < à 35 %.
– Site : bassin : 15 à 35 % ; distales : 30 à 77 %.
– Volume tumoral (> ou < à 100 ml).
– Réponse histologique à la chimiothérapie.
● Les évolutions fatales se font par le biais de métastases pulmonaires, de loin les plus fré-
quentes. Le sarcome d’Ewing peut donner des métastases pulmonaires, osseuses, cérébrales,
hépatiques. Leur existence est très péjorative, et il est exceptionnel de pouvoir guérir le
patient malgré la reprise des chimiothérapies, en traitant les diverses localisations par radio-
thérapie ou exérèse chirurgicale. ■
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