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Cours 15

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Les structures algébriques


MPSI Prytanée National Militaire

Pascal Delahaye
24 janvier 2018

Dans ce cours, nous présentons les structures que vérifient les principaux ensembles utilisés en mathématiques.

1 Loi de composition interne


Définition 1 : Loi de composition interne
Soit E un ensemble. On appelle loi de composition interne une application de E × E dans E :

φ : E×E −→ E
(a, b) 7→ φ(a, b)

Pour simplifier les notations, on pourra par exemple noter : φ(a, b) = a ⋆ b


L’ensemble E muni de la lci ⋆ est noté (E, ⋆) : on dit alors que c’est un magma.

Remarque 1.
1. Soient a et b deux éléments de E.
Il n’y a aucune raison pour que φ(a, b) = φ(b, a), c’est à dire que a ⋆ b = b ⋆ a.
( 
3 φ φ(a, b), c = (a ⋆ b) ⋆ c
2. On peut itérer une lci : si (a, b, c) ∈ E . On notera : 
φ a, φ(b, c) = a ⋆ (b ⋆ c)
Il n’y a a priori aucune raison pour (a ⋆ b) ⋆ c = a ⋆ (b ⋆ c).

1
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. Au lieu de ⋆, la lci sera souvent notée ”+”, ”×” ou ”.”.


Mais attention : ces notations n’auront souvent rien à voir avec l’addition et la multiplication dans R.
On réservera en général la notation ”+” lorsque la lci sera commutative.

Exemple 1.
1. Sur N, la multiplication et l’addition des entiers sont des lci.
2. Sur E = F (G, G) (où G est un ensemble), la composition des applications est une lci.
3. Sur P(G) (où G est un ensemble), l’union et l’intersection sont des lci.
4. Sur RN , la multiplication et l’addition sont des lci.
5. Sur R3 , le produit vectoriel est une lci.

Définition 2 : Propriétés possibles d’une lci


Soit ⋆ une lci sur un ensemble E.
(
commutative lorsque ∀(a, b) ∈ E 2 , a⋆b=b⋆a
On dit que ⋆ est :
associative lorsque ∀(a, b, c) ∈ E 3 , a ⋆ (b ⋆ c) = (a ⋆ b) ⋆ c

Remarque 2. Le produit vectoriel de R3 n’est ni commutatif, ni associatif.

Définition 3 : Si une lci est associative, on peut définir les notations suivantes :
Xn
1) Lorsque la loi est notée additivement, on définit xi = x1 + · · · + xn
i=1
n
Y
2) Lorsque la loi est notée multiplicativement, on définit xi = x1 × · · · × xn
i=1

Définition 4 : Elément Neutre


Un élément e ∈ E est dit neutre ssi ∀x ∈ E, e⋆x=x⋆e=x

1. Si la loi est noté ”+” alors l’élément neutre de E sera noté 0E (ou 0 s’il n’y a pas d’ambiguité).
2. Si la loi est noté ”×” alors l’élément neutre de E sera noté 1E (ou 1 s’il n’y a pas d’ambiguité).

Pour mq ⋆ est commutative : Pour mq ⋆ est associative : Pour mq e ∈ E est neutre :


2 3
1. Soit (x, y) ∈ E 1. Soit (x, y, z) ∈ E 1. Soit x ∈ E
2. Mq : x ⋆ y = y ⋆ x . . . 2. Mq : x ⋆ (y ⋆ z) = (x ⋆ y) ⋆ z 2. Mq : e ⋆ x = x et x ⋆ e = x
3. Donc ⋆ est commutative ... ...
3. Donc ⋆ est associative 3. Donc e est neutre.

Remarque 3.
1. Pour deviner la forme de l’élément neutre, on pourra procéder à une analyse.
2. Si la loi est commutative, il suffit de prouver que ∀x ∈ G, x ⋆ e = x pour prouver que e est élément neutre.

Exemple 2.
1. (N, +) : + est une lci commutative et associative, 0 est l’unique élément neutre
2. (N, ×) : × est une lci commutative et associative, 1 est l’unique élément neutre
3. (F (R, R), ◦) : ◦ est une lci associative mais pas commutative, l’application idR est un élément neutre
4. (P(G), ∪) : ∪ est une lci commutative, associative, la partie ∅ est neutre pour cette loi.
5. (Mn,p (R), +) : + est une lci commutative, associative la matrice nulle est élément neutre.
6. (Mn (R), ×) : × est une lci associative mais non commutative la matrice In est élément neutre.

Exercice : 1
(∗) Soit R2 muni de la loi ⋆ définie par (x, y) ⋆ (x′ , y ′ ) = (xx′ − yy ′ , xy ′ + yx′ ).
Montrer que ⋆ est une lci, commutative, associative et admettant un élément neutre à déterminer.

Théorème 1 : Unicité de l’élément neutre


Si (E, ⋆) possède un élément neutre, il est unique.

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Preuve 1 : On considère e et e′ deux éléments neutres et on montre facilement qu’ils sont identiques.

Définition 5 : Monoı̈de
Un ensemble (E, ⋆) muni d’une lci associative et admettant un élément neutre est appelé un monoı̈de.

Exemple 3. (N, +) est un monoı̈de d’élément neutre 0.

Exemple 4. On considère un ensemble fini A appelé alphabet, et on définit un mot sur A comme étant une suite finie
de lettres de A. On notera m = a1 . . . an un tel mot. On définit également le mot vide ε. Sur l’ensemble A⋆ des mots de
A, on définit une lci appelée la concaténation de deux mots de la façon suivante : si m1 = a1 . . . an et si m2 = b1 . . . bp ,
on note m1 .m2 = a1 . . . an b1 . . . bp . Alors l’ensemble des mots muni de la concaténation, (A⋆ , .) admet pour élément
neutre le mot vide ε. La lci étant associative, cet ensemble muni de cette lci est un monoı̈de très utilisé en informatique
théorique et en théorie des langages.

Définition 6 : Inverse
On suppose que (E, ⋆) possède un élément neutre e. Soit un élément x ∈ E.

On dit qu’un élément y ∈ E est un inverse de l’élément x ssi : x ⋆ y = y ⋆ x = e


Dans ce cas, on dit aussi que x est inversible.

1. Si la loi est notée ”+” alors l’inverse de x (alors appelé l’opposé) est noté −x
2. Si la loi est notée ”.” ou ”×” ou ”⋆” alors l’inverse de x est noté x−1

Remarque 4. Impossible de s’intéresser aux inverses des éléments de (E, ⋆) si l’on n’a pas prouvé auparavant l’existence
d’un élément neutre.

Exemple 5.
1. Dans (Z, +) tous les éléments admettent un inverse, en revanche, dans (N, +) seul 0 admet un inverse.
2. Dans (Q, ×), (R, ×) et (C, ×) tous les éléments non nuls admettent un inverse.
3. Dans (Z, ×) seuls 1 et −1 admettent un inverse.
4. Dans (Mn (R), ×) seuls les matrices inversibles admettent un inverse.

Exemple 6. Déterminer les éléments des ensembles suivants admettant un inverse.

1. (P (E), ∩) 2. (P (E), ∪) 3. (RN , +) 4. (RN , ×) 5. (RR , o) 6. (RR , ×) 7. (RR , +)

Théorème 2 : Unicité de l’inverse


Dans un monoı̈de (E, ⋆), si un élément x ∈ E possède un inverse, cet inverse est unique.

Preuve 2 : Très facile ! On suppose qu’il y en a deux ...

Pour déterminer si un élément x admet un inverse :


1. On commence par une analyse pour déterminer la forme de cet inverse y

x⋆y =e
2. On vérifie alors que y ∈ E et que .
y⋆x=e
Si la loi ⋆ est commutative, on peut se contenter de démontrer que x ⋆ y = e

Remarque 5.
1. Lorsqu’on sait que x ∈ (E, ⋆) admet un inverse alors x ⋆ y = e suffit à prouver que y est l’inverse de x.
2. Si un élément x ∈ E possède un inverse y ∈ E, alors l’élément y possède également un inverse qui est l’élément
x. En d’autres termes, nous avons : (x−1 )−1 = x ou −(−x) = x

Remarque 6. L’élément neutre est toujours son propre inverse : e−1 = e.

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Proposition 3 : Inversibilité du produit de deux éléments inversibles


Soit a, b deux éléments inversibles d’un monoı̈de E, ⋆.
Alors :
a ⋆ b est inversible et (a ⋆ b)−1 = b−1 ⋆ a−1

Preuve 3 : Simple vérification.

Remarque 7.
⋆ n’étant pas toujours commutative, il faut impérativement respecter l’ordre des éléments b−1 et a−1 .

Définition 7 : Partie stable par une lci


Soit ⋆ une lci sur un ensemble E et F ⊂ E non vide.
On dira que F est stable par la lci ⋆ lorsque :

∀a, b ∈ F, a⋆b∈F

2 Structure de groupe
2.1 Définition d’un groupe

Définition 8 : Groupe
Soient un ensemble G et ⋆ une loi sur G. On dit que (G, ⋆) est un groupe si :

1. la loi ⋆ est une lci 3. G possède un élément neutre pour cette loi
2. la loi ⋆ est associative 4. Tout élément x de G admet un inverse dans G

Si de plus la loi ⋆ est commutative, on dit que le groupe est abélien (ou commutatif ).

Exemple 7. Les groupes de référence (E est ici un ensemble quelconque non vide) :
1. Groupes additifs : (Z, +), (Q, +), (R, +), (C, +), (F (E, R), +), (RN , +), (Mn,p (,) +).
2. Groupes multiplicatifs : (Q∗ , ×), (Q∗+ , ×), (R∗ , ×), (R∗+ , ×), (C∗ , ×), (U, ×), (Un , ×), (B(E, E), ◦),
(GLn (R), ×).

Définition 9 : Groupe des permutations d’un ensemble


Si E est un ensemble fini non vide, alors :

B(E, E) est appelé le groupe des permutations de l’ensembleE

On note alors : SE = B(E, E).

Remarque 8.
1. Un groupe est donc un monoı̈de dont tous les éléments sont inversibles.
2. Si E un ensemble non vide, (SE , ◦) est un exemple de groupe non abélien.

Remarque 9. Notations et propriétés :

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Avec la notation Multiplicative (G, .) Avec la notation Additive (G, +)

Notations Notations

∀n ∈ N∗ , an = a.a. . . . .a et a0 = e G ∀n ∈ N∗ , na = a + a + · · · + a et 0a = eG
∀n ∈ N∗ , a−n = (an )−1 ∀n ∈ N∗ , (−n)a = −(na)

Propriétés Propriétés

(a.b)−1 = b−1 .a−1 −(a + b) = (−b) + (−a)


∀n ∈ Z∗ , an = (a−n )−1 = (a−1 )−n ∀n ∈ Z∗ , na = −(−na) = (−n).(−a)
∀(n, m) ∈ Z∗ 2 , an+m = (an ).(am ) ∀(n, m) ∈ Z∗ 2 , (n + m)a = na + ma
∗2
∀(n, m) ∈ Z , (an )m = an.m ∀(n, m) ∈ Z∗ 2 , m(na) = (mn)a

(a.b)n = an .bn

. Les propriétés ne sont valables que si la loi est commutative !
n(a + b) = na + nb

2.2 Sous-groupes
Définition 10 : Soit (G, ⋆) un groupe.
Les sous-groupes de G sont les sous-ensembles H de G tels que (H, ⋆) sont des groupes.

Exemple 8.
1. Si (G, ⋆) est un groupe, alors ({eG }, ⋆) et (G, ⋆) sont 2 sous-groupes de (G, ⋆).
 
2. C 0 (R, R), + est un sous groupe de F (R, R), +

Proposition 4 : Caractérisation des Sous-groupes


Soit (G, ⋆) un groupe. (H, ⋆) est un sous-groupe de G ssi :
1. H est une partie de G
2. Elément Neutre : eG ∈ H
3. Stabilités :
(a) H est stable par la lci : ∀(x, y) ∈ H 2 , x ⋆ y ∈ H.
(b) H est stable par symétrisation : ∀x ∈ H, x−1 ∈ H. (ou −x ∈ H avec la notation additive)

Preuve 4 : Pas de difficulté, sauf peut-être pour prouver que eG ∈ H.


H étantun sous-groupe, alors il admet un élément neutre noté eH . Prouvons que eH = eG .
eH ⋆ eH = eH
On a : donc eH ⋆ eH = eH ⋆ eG et en composant par e−1 H on obtient eH = eG .
eH ⋆ eG = eH

Remarque 10.
1. L’avantage de cette caractérisation par rapport à la définition est qu’elle nous dispense de vérifier l’associativité
de la loi ⋆.
2. Si eg n’appartient pas à H alors H ne peut pas être un sous-groupe de G.
Ainsi (2Z + 1, +) n’est pas un sous-groupe de (Z, +).

Ainsi, pour montrer que H est un sous-groupe du groupe (G, ⋆), on procède en 4 étapes :
1. On vérifie que : H ⊂ G
2. On vérifie que : eG ∈ H
3. Stabilité par ⋆ : Soit (x, y) ∈ H 2 , on vérifie que x ⋆ y ∈ H
4. Stabilité par symétrisation : Soit x ∈ H, on vérifie que x−1 ∈ H

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Exemple 9. Prouver que (U, ×) est un sous-groupe de (C∗ , ×) où U = {z ∈ C | |z| = 1}.

Exercice : 2
(∗∗) Montrer que les sous-groupes de (Z, +) sont les (nZ, +) où n ∈ Z.

Exercice : 3
(∗ ∗ ∗). Les sous-groupes de (R, +)
Soit H un sous-groupe de R non réduit au singleton {0}.
1. Montrer que H ∩ R+∗ admet une borne inférieure. On la notera a.
2. Si a est en fait le minimum de H ∩ R+∗ , montrer que H est le sous-groupe aZ.
3. Si H ∩ R+∗ n’admet pas de minimum, montrer, par l’absurde, que a est nul puis que H est alors dense dans R.

Exercice : 4
(∗) Soit un ensemble E non-vide et un élément a ∈ E. On note G = {f ∈ B(E, E), tq f (a) = a}
C’est l’ensemble des bijections de G laissant invariant l’élément a.
Montrer que (G, ◦) est un groupe.
Exercice : 5
(∗) Soit (G, .) un groupe. On note C = {x ∈ G | ∀g ∈ G, g.x = x.g}
C’est l’ensemble des éléments de G qui commutent avec tous les éléments de G.
Montrer que (C, .) est un sous-groupe de G (appelé centre du groupe G).

Définition 11 : Morphisme de groupes


Soit f : G1 → G2 une application.
On dit que f est un morphisme de groupes si et seulement si :
1. (G1 , ⋆) et (G2 , •) sont deux groupes
2. ∀(x, y) ∈ G21 , f (x ⋆ y) = f (x) • f (y)

Remarque 11. Un morphisme d’un groupe G vers lui-même est appelé un endomorphisme de groupes.

Exemple 10. Vous souvenez-vous du morphisme de groupes surjectif de (R, +) dans (U, ×) ?

Pour montrer que f : G1 7→ G2 est un morphisme de groupes :


1. On vérifie que (G1 , ⋆) et (G2 , •) sont bien des groupes.
2. On vérifie que pour tout (x, y) ∈ G21 , on a bien f (x ⋆ y) = f (x) • f (y).

Exemple 11. Soit (G, .) un groupe et a ∈ G. Prouver que f : (Z, +) −→ (G, .) est un morphisme de groupes.
n 7→ an

Exemple 12. Soit T l’ensemble des translations du plan P. On note ta est la translation de vecteur ~va d’affixe a ∈ C.

Prouver que f : (C, +) −→ (T , o) est un morphisme de groupes.


a 7→ ta

3 Structure d’anneau
Définition 12 : anneau
Soit A un ensemble muni de deux lci notées + et ×. On dit que (A, +, ×) est un anneau ssi :
1. (A, +) est un groupe commutatif
2. la loi × est associative
3. la loi × est distributive par rapport à la loi + :

∀(x, y, z) ∈ A3 , x × (y + z) = x × y + x × z
(x + y) × z = x × z + y × z

4. Il existe un élément neutre pour ×, noté 1A (ou 1 s’il n’y a pas d’ambiguı̈té)

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Remarque 12. Si en plus la loi × est commutative, on dit que (A, +, ×) est un anneau commutatif.

Remarque 13.
1. Dans un anneau (A, +, ×), on note −x l’inverse de x pour la loi + et 0 l’élément neutre de la loi +.
2. Par convention, on conviendra que pour tout x ∈ A, x0 = 1A . (en particulier, on convient que 00A = 1A )

3. Un élément x ∈ A n’a pas forcément d’inverse pour la loi ×, il ne faudra donc pas utiliser abusivement la
notation x−1 .

Exemple 13. Tous les ensembles suivants sont des anneaux.

1. Ensembles de nombres : (Z, +, ×), (Q, +, ×), (R, +, ×) et (C, +, ×).


2. Applications : (RI , +, ×), (CI , +, ×) (I étant un intervalle de R) .
3. Suites : (RN , +, ×), (CN , +, ×).
4. Polynômes : (R[X], +, ×), (C[X], +, ×).
5. Matrices carrées : (Mn (R), +, ×), (Mn (C), +, ×) (non commutatifs).

Remarque 14. Comme dans le cas des groupes, on définit la notion de sous-anneau et il existe un théorème (hors-
programme) de caractérisation des sous-anneaux.

Définition 13 : L’anneau Z/nZ


Soit n ∈ N∗ tel que n ≥ 2.
L’ensemble {0, 1, . . . , n − 1} est noté Z/nZ lorsqu’il est muni des lci + et × définies de la façon suivante :
1. a + b = le reste de la division euclidienne de a + b par n.
2. a × b = le reste de la division euclidienne de a × b par n.
On montre alors que (Z/nZ, +, ×) est un anneau commutatif.

Remarque 15. La particularité de cet anneau est qu’il s’agit d’un anneau de cardinal FINI.

Théorème 5 : Règles de calcul dans un anneau


On considère un anneau (A, +, ×) dont on note 0 et 1 les éléments neutres respectifs de + et ×.
On a les règles de calcul suivantes :

1) ∀a ∈ A a×0=0×a=0
2) ∀a ∈ A (−1) × a = −a et a × (−1) = −a
3) ∀(a, b) ∈ A2 (−a) × b = −(a × b) = a × (−b)
4) ∀(a, b) ∈ A2 (−a) × (−b) = a × b
5) Si x est inversible, (-x) l’est aussi et : (−x)−1 = −x−1
6) Si x et y sont inversibles, x × y l’est aussi et : (x × y)−1 = y −1 × x−1
n
X Xn
7) On a la propriété de distributivité suivante : a. xk = a.xk
k=1 k=1

Preuve 5 : On montre que a × 0 = 0 en remarquant que a × 0 = a × (0 + 0) et en appliquant la distributivité.


Les autres démonstrations ne présentent pas de difficulté.

Remarque 16. Si (A, +, ×) est un anneau, (A, ×) n’est pas un groupe. (car 0A n’admet pas d’inverse)

Proposition 6 : Groupe des unités d’un anneau


Soit un anneau (A, +, ×).
On note A∗ l’ensemble des éléments inversibles pour la loi × : A∗ = {a ∈ A | ∃a′ ∈ A tq a × a′ = a′ × a = 1A }
L’ensemble (A∗ , ×) a une structure de groupe : c’est le groupe des unités de l’anneau A.

Preuve 6 : Pas de difficulté.

Exemple 14.
1. Dans l’anneau (Z, +, ×), le groupe des unités est ({1, −1}, ×).

2. Dans l’anneau F (I, R), +, × , le groupe des unités est constitué des fonctions qui ne s’annulent pas.

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. En général, dans un anneau : a × b = 0 6⇒ a = 0 ou b = 0


Lorsque a × b = 0 avec a 6= 0 et b 6= 0, on dit que a et b sont des diviseurs de zéro.

Exemple 15. (∗) Recherchez des divideurs de zéro dans les anneaux (F (R, R), +, ×), (Z/4Z, +, ×) et (Mn (R), +, ×).

Théorème 7 : Formule du binôme de Newton


Soit (A, +, ×), un anneau.
n  
X n k n−k
Alors pour tout n ∈ N et pour tout couple (a, b) ∈ A2 tels que a.b = b.a : (a + b)n = a b
k
k=0

Preuve 7 : Vous pouvez tenter une démonstration par récurrence de cette formule ...

Remarque 17. Cette formule est toujours vraie si l’anneau est commutatif.

Théorème 8 : Formule de factorisation


Soit (A, +, ×), un anneau.
Alors pour tout n ∈ N∗ et pour tout couple (a, b) ∈ A2 tels que a.b = b.a :

n−1
X
n n n−1 n−2 n−2 n−1
a − b = (a − b)(a +a b + · · · + ab +b ) = (a − b) an−1−k bk
k=0

Preuve 8 : Il suffit de développer ...

Remarque 18. Cette formule est toujours vraie si l’anneau est commutatif.

Théorème 9 : Calcul d’une progression géométrique


Soit un anneau (A, +, ×) et un élément a ∈ A. On considère un entier n ∈ N, n ≥ 1.
On déduit de la formule de factorisation que :

1 − an = (1 − a)(1 + a + a2 + · · · + an−1 )

Preuve 9 : 
a = 1A
On applique la formule du théorème précédent lorsque
b=a

Remarque 19. Lorsque 1 − a est inversible, on a alors : 1 + a + a2 + · · · + an−1 = (1 − a)−1 (1 − an )

Remarque 20. Les 3 formules précédentes sont bien entendu valables dans les anneaux usuels Z, Q, R et C.

4 Structure de corps
Définition 14 : Corps
On considère un ensemble K muni de deux lois de composition interne, notées + et ×.
On dit que (K, +, ×) est un corps si et seulement si :
1. (K, +, ×) est un anneau commutatif non réduit à {0K }.
2. Tout élément non-nul de K est inversible pour la loi ×.

Exemple 16.
1. (Q, +, ×), (R, +, ×), (C, +, ×) et (F (X), +, ×) sont des corps.
2. (Z, +, ×) n’est pas un corps car 1 et −1 sont les seuls éléments inversibles.
3. (Mn (,) +, ×) n’est pas un corps car seules les ”matrices inversibles” sont inversibles.

Remarque 21. Si (K, +, ×) est un corps, alors (K∗ , ×) est un groupe, où K∗ = K\{0K}.

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Proposition 10 : Un corps est un anneau intègre


Dans un corps (K, +, ×), si deux éléments (x, y) ∈ K2 vérifient x × y = 0K , alors x = 0K ou y = 0K .
En particulier, on peut ”simplifier par un élément non nul” :

∀(a, x, y) ∈ K3 avec a 6= 0K , on a a×x=a×y ⇒x=y

Preuve 10 : Evident !

Théorème 11 : Calcul d’une somme géométrique dans un corps


Soit un élément k ∈ K du corps (K, +, ×).
Alors la formule suivante permet de calculer une progression géométrique de raison k :

n
(
(1 − k)−1 1 − k n+1

X
i 2 n si k 6= 1
k = 1 + k + k + ··· + k =
i=0
(n + 1).1K si k = 1

En général, cette formule n’a pas de sens dans un anneau quelconque.

Preuve 11 : Vu précédemment !

Remarque 22. Les 3 formules vues précédemment dans le cas d’un anneau sont bien entendue valables dans un corps.

Remarque 23. On définit aussi la notion de sous-corps et il existe un théorème (hors-programme) de caractérisation
des sous-corps.

4.1 Corps des fractions d’un anneau Complément hors-programme


Voici une méthode permettant de construire un corps à partir d’un anneau.
Elle permet en particulier de construire le corps (Q, +, ×) à partir de l’anneau (Z, +, ×).

1. On considère un anneau (A, +, ×).

2. Sur l’ensemble A × A⋆ , on définit une relation par :

∀(a, b), (a′ , b′ ) ∈ A × A⋆ , (a, b)R(a′ , b′ ) ⇐⇒ a × b′ = a′ × b

On vérifie que la relation R est une relation d’équivalence sur l’ensemble A × A⋆ (réflexive, symétrique et
transitive).
On note alors K l’ensemble des classes d’équivalences de cette relation.
Un élément k ∈ K est donc la classe d’un couple (a, b) ∈ A × A⋆ , et on note cette classe :
a
k=
b
3. Sur l’ensemble K, on définit deux lois notées + et × de la façon suivante :
Soient k = Cl(a, b) et k ′ = Cl(a′ , b′ ) deux classes d’équivalences de représentants (a, b) et (a′ , b′ ).
On note alors :

a a′ a × b ′ + b × a′
1) k + k ′ = Cl(a × b′ + b × a′ , b × b′ ) : + ′ =
b b b × b′

a a′ a × a′
2) k × k ′ = Cl(a × a′ , b × b′ ) : × ′ =
b b b × b′
et on vérifie que ces classes sont indépendantes des représentants (a, b) ∈ k et (a′ , b′ ) ∈ k ′ choisis.

4. On montre alors que (K, +, ×) est un corps, appelé corps des fractions de l’anneau (A, +, ×).

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5. Comme l’application suivante est injective, elle permet d’inclure l’anneau A dans le corps K :

φ : A −→ K
a 7→ Cl(a, 1)
a
En d’autres termes, on identifiera la fraction à l’élément a de l’anneau A.
1

Remarque 24. Cette construction est aussi utilisée pour définir le corps des fractions rationnelles à partir de l’anneau
des polynômes.

5 Exercices de TD
Codage :
1. Les exercices avec des coeurs ♥ sont à traiter en priorité.
2. Le nombre d’étoiles ∗ ou de coeurs ♥ correspond à la difficulté des exercices.

I] Les groupes

1. Le premier type de question consiste à prouver qu’un ensemble muni d’une loi est un groupe. Pour cela :
(a) On montre (si c’est envisageable) que c’est un sous-groupe d’un groupe connu
(b) Sinon, on montre que c’est une groupe en vérifiant toutes les conditions de la définition
2. D’autres questions consistent à utiliser le fait qu’un ensemble est un groupe pour démontrer des propriétés.

Exercice de TD : 1√ √
(♥) Montrer que G = {p 2 + q 3 | p, q ∈ Z} est un sous-groupe de (R, +) ?

Exercice de TD : 2
(♥) Soit (G, .) un groupe et a ∈ G. H = {a.g.a−1 | g ∈ G} est-il un groupe ?

Exercice de TD : 3  
(x ⋆ y)−1 = x−1 ⋆ y (x2 )−1 = y 2
(∗) Soit (G, ⋆) un groupe et x, y ∈ G tels que . Montrer que .
(y ⋆ x)−1 = y −1 ⋆ x x4 = y 2 = e
Exercice de TD : 4
(∗) Soit (G, ⋆) un groupe et H ⊂ G fini et stable par ⋆. Montrer que (H, ⋆) est un sous-groupe de G.

Exercice de TD : 5
(♥)
1. Montrer que (R\{1}, ⋆) où la loi ⋆ est définie par x ⋆ y = x + y − xy est un groupe abélien.
2. Soit x ∈ G et n ∈ N∗ . Calculer xn .

Exercice de TD : 6
(∗∗). Soit (a, b, c) ∈ R3 . Dans R, on définit la loi ⋆ par : x ⋆ y = a(x + y) + bxy + c.
Déterminer une CNS sur (a, b, c) pour que (R, ⋆) soit un groupe.

Exercice de TD : 7
(♥) Soit (G, .) un groupe tel que : ∀a ∈ G, a2 = 1G .
Montrer que G est un groupe abélien.

Exercice de TD : 8
(∗∗). Soient H et K deux sous groupes d’un groupe G.
Montrer que H ∪ K est une sous-groupe de G si et seulement si H ⊂ K ou K ⊂ H.

Exercice de TD : 9
Caractérisation du pgcd et du ppcm avec les sous-groupes de Z
(∗∗) Soient deux entiers non nuls a et b.

1. δ est le PGCD de a et b ssi δZ = aZ + bZ (avec Bezout)


Prouver que :
2. µ est le PPCM de a et b ssi µZ = aZ ∩ bZ

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Exercice de TD : 10
(♥♥) Test de primalité : le théorème de Wilson
Soit un entier naturel p ≥ 3.
1. On suppose (p − 1)! ≡ −1 [p]. Démontrer que p est un nombre premier.
2. On suppose p premier.
Soit G = [[1, p − 1]]. ∀(x, y) ∈ G2 , x ◦ y est le reste de la division euclidienne de x.y par p.
(a) Démontrer que (G, ◦) est un groupe dont on précisera l’élément neutre e. Résoudre x ◦ x = e dans G.
(b) Démontrer que (p − 1)! ≡ −1 [p].
3. Enoncer le théorème démontré. Que dire pour p = 2 ?
4. Tester ce théorème pour 2 ≤ p ≤ 11.

Exercice de TD : 11
(∗∗) Cet exercice permet de retrouver certaines propriétés importantes du PGCD.
1. Soient H1 et H2 deux sous-groupes de (Z, +).
On définit l’ensemble H1 + H2 = {h1 + h2 | (h1 , h2 ) ∈ H1 × H2 }.
Montrer que H1 + H2 est le plus petit (au sens de l’inclusion) sous-groupe de (Z, +) qui contient la partie
H1 ∪ H2 .
2. Application du résultat précédent :
Soient a et b deux entiers naturels non nuls.
(a) i. Justifier que aZ + bZ = δZ où δ ∈ N∗ est un diviseur commun à a et b.
ii. Montrer qu’il existe u, v ∈ Z tels que δ = au + bv.
iii. Conclure que δ est le PGCD de a et b.
(b) Bilan : Citer 2 propriétés importantes liées au PGCD de deux entiers.
(c) Déduire des deux questions précédentes le sous-groupe 4Z + 6Z.

Exercice de TD : 12
(♥♥♥) Les sous-groupes de (R, +)
Soit H un sous-groupe de R non réduit au singleton {0}.
1. Montrer que H ∩ R+∗ admet une borne inférieure. On la notera a.
2. Si a est en fait le minimum de H ∩ R+∗ , montrer que H est le sous-groupe aZ.
3. Si H ∩ R+∗ n’admet pas de minimum, montrer, par l’absurde, que a est nul puis que H est alors dense dans R.

II] Les anneaux

Dans la très grande majorité des exercices, on montre qu’un ensemble muni de deux lois est un anneau en
prouvant que c’est un sous-anneau d’un anneau de référence.

Exercice de TD : 13 √ √
(♥♥) On considère A = {a + b 2 | a, b ∈ Z}. On note alors N (a + b 2) = a2 − 2b2 .
1. Montrer que (A, +, ×) est un anneau intégre. (Bien entendu, ”+” et ”×” sont les lci usuelles)
2. Montrer que pour tout x, y ∈ A, on a N (xy) = N (x)N (y).
En déduire que : x est inversible ⇐⇒ N (x) = ±1.

3. Montrer que (1 + 2)n est inversible pour tout n ∈ N.

4. Réciproquement, soit x = a + b 2 un élément inversible de A.
(a) Montrer qu’on peut se ramener au cas où a, b ∈ N avec a 6= 0.
√ x
(b) Montrer que x = (1 + 2)n avec n ∈ N. Aide : si b ≥ 1, on pourra considérer x1 = √ .
1+ 2

Exercice de TD : 14
(♥) Soit A un anneau. On dit que x ∈ A est nilpotent, s’il existe n ∈ N∗ tel que xn = 0A .
1. Montrer que si xy est nilpotent, alors yx l’est aussi.
2. On suppose que x et y commutent et x et y nilpotents. Montrer que x + y et xy sont nilpotents.
3. On suppose x nilpotent. Montrer que 1 − x est inversible.

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Exercice de TD : 15
(∗) Soit (A, +, ×) un anneau. On dit que x ∈ A est nilpotent, s’il existe n ∈ N tel que xn = 0A .
1. Montrer que si a est nilpotent, alors 1 − a est inversible et calculer son inverse.

2. Soit a ∈ A. On définit l’application u : A −→ A . Calculer up = uouo . . . ou.


x 7→ ax − xa
3. Montrer que si a est nilpotent, il existe p ∈ N∗ tel que up soit l’application nulle.

Exercice de TD : 16
(∗∗). Soit a, b deux éléments d’un anneau (A, +, ×) tels que ab soit inversible et b non diviseur de 0.
Montrer que a et b sont inversibles.

III] Les corps

Dans la très grande majorité des exercices, on montre qu’un ensemble muni de deux lois est un corps en prouvant
que c’est un sous-corps d’un corps de référence.

Exercice de TD : 17 
a⊕b=a+b−1
(♥) Pour tout a, b ∈ R, on note .
a ⋆ b = ab − a − b + 2
Montrer que (R, ⊕, ⋆) est un corps.

Exercice de TD : 18
(∗∗) Montrer que si F est un sous-corps de (Q, +, ×), alors F = Q.

Exercice de TD : 19 √ √ √
(♥) Soit r un rationnel
√ / Q. On note Q( r) = {a + b r | (a, b) ∈ Q2 }.
(r > 0) et que r ∈
Montrer que Q( r) est un corps pour les lois usuelles de R.

Exercice de TD : 20
(∗) Montrer que tout anneau intègre fini est un corps.
Aide : vous pourrez commencer par étudier pour tout a ∈ E non nul, l’application fa : x 7→ ax

Exercice de TD : 21

(♥) Soit l’application ψ : R2 −→ C . On note Z[i]= ψ(Z2 ) et Q(i) = ψ(Q2 ).


(a, b) 7→ a + ib
1. Montrer que (Z[i], +, ×) est un anneau intègre qui n’est pas un corps.
2. Montrer que (Z(i), +, ×) est un corps dont Z[i] est un sous-anneau.
3. Vérifier que toute fraction A/B avec A, B ∈ Z[i] appartient à Z(i) et réciproquement, que tout élément de Z(i)
s’écrit comme une fraction A/B avec A, B ∈ Z[i].

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