2018 Quelle Place Pour lIA en Médecine - Le Journal Du Médecin
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2018 Quelle Place Pour lIA en Médecine - Le Journal Du Médecin
com
C'est la (vaste) question que s'est posée l'Académie royale de médecine de Belgique samedi
dernier y consacrant une matinée entière. En matière d'intelligence arti cielle (IA), il y a plus
d'inconnues que de certitudes. Ce que l'on sait pour sûr, c'est que le médecin ne va pas
disparaître. Son rôle et son activité vont s'en trouver chamboulés. L'IA sera un outil de
connaissance hypertrophié. Au médecin la tâche de faire le tri et de l'expliquer à un patient de
plus en plus connecté au Net et aux applications nombreuses, comme le stéthoscope
automatique.
Nous sommes passés d'une intelligence arti cielle encodée exclusivement par l'humain, à une intelligence arti cielle que l'humain
nourrit d'une base de connaissances pointues et puis qui apprend par elle-même à chaque fois qu'elle expérimente de nouvelles
données à haute valeur ajoutée. © Belga Image
Ainsi, le médecin, selon le Pr Gustave Moonen (ULg), devra toujours s'étonner (éviter la banalisation),
comprendre (éviter l'ignorance) et critiquer (éviter le narcissisme ou l'aveuglement par son savoir).
" La numérisation de l'anamnèse n'est pas imminente et surtout pas souhaitable ", même si des
centaines de milliers d'applications médicales sont sur le marché et que le chemin parcouru depuis
le stéthoscope de Laënnec est abyssal.
En revanche, l'IA va objectiver la sémiologie alimentée par des datas gigantesques. La médecine
deviendra davantage une technique de précision en matière notamment de pronostic. Elle élargira les
possibilités de la médecine préventive pour un coût à ce jour inconnu mais qui nécessitera des
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04/11/2018 Quelle place pour l'IA en médecine ? - Actualité - le Journal du Médecin.com
L'IA peut aussi mener à un encyclopédisme chronique. Le livre numérique et les Moocs
(enseignements à distance) ne supplanteront toutefois pas les maîtres. L'hypertrophisme du savoir
confronté au temps disponible limité prescrit de modi er le cursus médical en vue de mieux former à
la communication médicale vers le patient. Celui-ci, grâce aux applications, devient coacteur de sa
thérapie. Le Pr.Moonen cite le stéthoscope automatique mis sur le marché australien qui
recommande au patient de prendre du paracétamol ou... de se rendre à l'hôpital le plus proche. Mais
l'analyse de la raideur de la nuque ne pourra pas se faire par un robot...
Grâce à la miniaturisation, les dispositifs médicaux portables, les centres de données et clouds, le
big data et le deep learning,
" nous sommes passés d'une intelligence arti cielle encodée exclusivement par l'humain (1997, Garry
Kasparov contre IBM DeepBlue), à une intelligence arti cielle que l'humain nourrit d'une base de
connaissances pointues et puis qui apprend par elle-même à chaque fois qu'elle expérimente de
nouvelles données à haute valeur ajoutée (2017, AlphaGo de DeepMind, devenu le meilleur joueur de Go
au monde). En biologie et médecine, ces nouvelles méthodes computationnelles permettent d'identi er
des modèles complexes et cachés à l'oeil humain. En effet, si l'humain saisit les modèles dans une vision
à basse dimension (ex. les données représentées dans un graphique 2D/3D), l'intelligence arti cielle les
saisit en haute dimension. Une photographie en couleur possède environ 30 millions de pixels invisibles
à l'oeil humain. Analyser une RMN du corps entier ou un ECG de 365 jours est ingérable pour un humain
en un temps raisonnable. Un génome humain possède trois millions de variants que la machine doit
réduire à quelques variants pertinents ou à des scores simpli és pour que le bioanalyste puisse les
interpréter médicalement. Toutes les données pangénomiques nous feront passer de la lunette de
Galilée à la voûte céleste des Hubble modernes. Il ne 'restera plus' à l'humain qu'y mettre du sens, du
soulagement, de la guérison, et, si possible et surtout, de la prévention. "
"
Imaginer que l'objectif est celui d'une intelligence arti cielle réellement capable
d'emmagasiner toutes les connaissances, toutes les compétences, et à travers des
algorithmes de décider et mettre en oeuvre de façon autonome le traitement est une
illusion.
Attention à l'utopie de croire que l'expertise médicale en deviendra illimitée pour la simple raison que
ces dispositifs permettent l'enregistrement de tous les signaux physiologiques de manière continue
et que l'analyse des données se fait en temps réel.
Le Pr Serge Uzan, directeur de l'Institut universitaire de cancérologie (Sorbonne), met aussi en garde
contre l'utopie de la médecine informatisée : l'e-médecine ne va pas remplacer la médecine, il s'agira
d'une e-gestion de la médecine.
" Imaginer que l'objectif est celui d'une intelligence arti cielle réellement capable d'emmagasiner toutes
les connaissances, toutes les compétences, et à travers des algorithmes de décider et mettre en oeuvre
de façon autonome le traitement est une illusion. Il s'agira en fait et pour longtemps de logiciels de plus
en plus sophistiqués d'aide à la décision. Ce sera, non pas l'IA
ou le médecin mais l'IA avec le médecin. "
Nouvelles multi-disciplinarités
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Plus que jamais, l'IA entraînera de nouvelles multidisciplinarités, pas seulement entre médicaux et
paramédicaux mais avec des ingénieurs et des informaticiens.
" L'innovation se passera autour du patient et comme on disait, from bench to bed, on dira from start up
to patient. Le caractère intégrateur de la conception de dispositifs médicaux jouera le rôle de catalyseur
de la relation entre des mondes habituellement séparés. "
" La réponse à de nombreux problèmes nécessitera des masses importantes de données et leur gestion
par des algorithmes de plus en plus sophistiqués. L'amélioration de ces algorithmes au l de l'eau et
grâce aux données accumulées constituant le Deep learning "
C'est cet aspect qui fait craindre aux médecins la disparition de leur rôle. Pourtant,
" ce risque est réduit si les médecins accompagnent cette évolution en rapprochant leur formation de
celle des sciences de l'ingénieur avec de doubles cursus médecine sciences, médecine ingénierie, etc. et
que de véritables équipes multidisciplinaires sont constituées. "
La formation continue ou recerti cation deviendra cruciale face aux évolutions technologiques
hyperboliques.
Binge Learning
Le Pr Bron, présent dans la salle, avertit : "
attention au Binge learning c'est-à-dire au sens propre, le fait de se saoûler de connaissance... Face à de
nouvelles techniques, il faut éviter que le médecin se contente de dire " pour quand " alors que l'ingénieur
répond lui " pourquoi ?
"
En conclusion, l'IA apporte un nouveau paradigme en médecine, mais elle ne fait pas, que du
contraire, disparaître le médecin. Celui-ci sera " simplement " aidé dans ses choix par la machine
algorithmique mais il devra toujours arbitrer au milieu d'un essaim de datas.
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