COULIBALY 2017 Diffusion
COULIBALY 2017 Diffusion
COULIBALY 2017 Diffusion
Présentée par
Jibril COULIBALY
Thèse dirigée par François NICOT, Directeur de Recherche,
Irstea Grenoble, et
codirigée par Marie-Aurélie CHANUT, Ingénieure de Recherche,
Cerema Centre-Est et Stéphane LAMBERT, Ingénieur de
Recherche, Irstea Grenoble
We are at the very beginning of time for the human race. It is not unreasonable that
we grapple with problems. But there are tens of thousands of years in the future. Our
responsibility is to do what we can, learn what we can, improve the solutions, and pass
them on.
— Richard Feynman (1918 - 1988)
iv
Remerciements
« Le but n’est pas seulement le but, mais le chemin qui y conduit ». Cette philoso-
phie, prônée par Lao Tseu, m’a accompagné tout le long de ce travail de thèse, dans cet
exercice particulier qu’est la recherche scientifique. J’aimerais remercier ici l’ensemble des
personnes sans lesquelles je n’aurais pu parcourir ce chemin.
Je remercie tout d’abord Monsieur Ali Daouadji, Professeur à l’INSA de Lyon. Je lui
suis reconnaissant de m’avoir fait l’honneur d’être le président du jury de thèse.
J’adresse mes sincères remerciements à mes rapporteurs de thèse : Messieurs Nicolas
Moës, Directeur de Recherche à l’École Centrale de Nantes, et Claudio Scavia, Professeur
à l’École polytechnique de Turin. Je leur suis reconnaissant de toute l’attention qu’ils ont
portée à ce travail que leur analyse a permis d’améliorer.
Je remercie également Marion Bost, Ingénieure à l’IFSTTAR, David Bertrand, Maître
de Conférences à l’INSA de Lyon et Bernard Cambou, Professeur Émérite à l’École Cen-
trale de Lyon d’avoir pris part au jury.
Le déroulement de cette thèse a été idéal. Je dois notamment cette réussite aux per-
sonnes m’ayant guidé et encadré tout au long de cette période. Je remercie ainsi mon
directeur de thèse François Nicot, Directeur de Recherche à Irstea. Son exigence et sa
confiance ont renforcé mon éthique de travail et m’ont initié aux spécificités de la recherche
scientifique. J’aimerais ensuite remercier Stéphane Lambert, Ingénieur de Recherche à Irs-
tea et encadrant de thèse, dont l’esprit critique a accentué mon sens du détail. Enfin, je
remercie très sincèrement Marie-Aurélie Chanut, Ingénieure de Recherche au Cerema et
encadrante de thèse. Sa rigueur, son investissement et son organisation m’ont accompagné
au quotidien et ses compétences en informatique m’ont été souvent précieuses.
Ce travail de recherche représente également la réussite d’une collaboration entre le
Cerema Centre-Est et Irstea Grenoble. À ce titre, je souhaite remercier l’investissement
constructif du Département Laboratoire de Lyon du Cerema à travers l’intérêt sincère de
son directeur Gilles Gauthier et de son directeur adjoint David Daguillon. Ma reconnais-
sance va également au groupe Risque Rocheux et Mouvements de Sol, dirigé par Gene-
viève Rul, et à l’ensemble de ses membres. En particulier, je remercie Laurent Dubois,
Delphine Deslis, Mathieu Mlynarski, Jérôme Gineys, Sébastien Fabre et Agnès Foultier
pour les échanges ayant contribué directement à ma réflexion. Je remercie également
les membres d’Irstea avec lesquels des échanges constructifs m’ont permis d’orienter ce
travail, notamment Franck Bourrier.
L’encadrement scientifique et administratif seul n’aurait pas été suffisant pour me-
ner à bien ce travail. Je tiens également à exprimer ma gratitude envers les partenaires
industriels, académiques et institutionnels ayant contribué à ce travail.
v
vi
En premier lieu, je souhaite saluer la collaboration avec la société CAN, grâce à laquelle
j’ai pu mener à bien des travaux expérimentaux indispensables tout au long de ma thèse.
Je remercie particulièrement Pierre Ligneau, Clément Galandrin et Vincent Chauty. Je
remercie ensuite l’ensemble des acteurs du Projet National C2ROP (Chutes de blocs,
Risques Rocheux et Ouvrages de Protection) ayant eu une contribution directe à mes
travaux de recherche. La société GTS, et particulièrement Ignacio Olmedo et Philippe
Robit, pour leur expertise technique et leur expérience dans la réalisation d’essais en
vraie grandeur. Je remercie également l’INSA de Lyon pour leur travail de conception et
d’instrumentation des expérimentations. Je profite aussi de cette occasion pour remercier
le département Génie Civil et Urbanisme de l’INSA de Lyon. La formation d’ingénieur
que j’y ai reçue m’a permis d’aborder cette thèse de la meilleure des façons et celle que
j’y ai dispensée a confirmé mon intérêt fort pour l’enseignement. Je remercie également
Nicolas Muller et Philippe Gatefin des Conseils Départementaux de la Savoie et de l’Isère
et Magali Huteau de SNCF dont les impératifs de gestion du risque rocheux ont en partie
aiguillé ce travail.
J’aimerais enfin remercier chaleureusement mes proches, dont la présence et le soutien
ont été moteurs et m’ont permis de conserver un équilibre de vie.
Mes pensées vont en premier lieu à mes parents, Anne-Marie Balmayer et Diamio
Coulibaly. Leur sagesse et leur humilité m’ont toujours guidé et m’ont permis de relativiser
les moments difficiles. Mes sentiments vont également à mes frères, Ismaël Coulibaly et
Ibrahim Coulibaly, ainsi qu’à ma bien-aimée, Rachel Pike.
Je ne peux terminer ces remerciements sans mentionner mes amis qui m’ont accompa-
gné tout au long de ma vie et en particulier durant ces années de thèse. Amis d’enfance,
amis d’école ou amis des stades, les moments que nous partageons me sont précieux. Merci
à Antoine Rossi, Benoit Fache, Johary Andriatsilavo, Robin Tanquerel, Thibault George,
Florian Labourel, Naïm Jalal, Camille Cordier, Chloé Gratiant, Judicaël Arnoult, Lu-
cile Balanzat, Matthieu Martin, Maxime Derveaux, Sébastien Charry, Adam Ouahsine,
Benjamin Benfredj, Charles Compérat et Walter Lowe III.
Je ne peux malheureusement nommer toutes les personnes ayant contribué à ce tra-
vail. Qu’il me soit pardonné d’omettre de nombreuses personnes, en espérant qu’elles se
reconnaitront.
Table des matières
Introduction générale 1
1 État de l’art 3
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Généralités sur le risque rocheux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2.1 Contexte naturel et géomorphologie . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2.2 Chutes de blocs et éboulements rocheux . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2.3 Gestion du risque rocheux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.3 Écrans de filets pare-blocs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3.1 Description . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3.2 Approches expérimentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.2.1 Campagnes d’essais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.2.2 Besoin de standardisation . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3.3 Guide d’Agrément Technique Européen ETAG 27 . . . . . . . . . 13
1.3.3.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.3.3.2 Essais de certification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.3.3.3 Homologation et marquage CE . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3.4 Modélisations et approches numériques . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.3.4.1 Méthodes semi-empiriques . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.3.4.2 Modélisations et simulations numériques . . . . . . . . . 19
1.4 Objectifs du travail de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.4.1 Problématique scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.4.2 Problématique réglementaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.4.3 Problématique opérationnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.5 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
vii
viii Table des matières
Bibliographie 159
1.1 Dégâts causés par différents types d’éboulements rocheux : (a) chute de
pierres sur une route à Pont-de-Labeaume (07) ; (b) éboulement sur la
voie de chemin de fer et la zone d’activité à La Saulcette (73) ; (c) chute
de bloc sur un chalet à Belvédère (06) ; (d) éboulement majeur à Vaujany
(38) (source Cerema) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Illustration du risque lié aux éboulements rocheux . . . . . . . . . . . . . 6
1.3 Parades actives : (a) soutènement en bordure de route ; (b) boulonnage
d’une dalle rocheuse (source [LCPC, 2001]) . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.4 Parades passives : (a) barrière rigide de rails et de traverses en bordure de
voie de chemin de fer ; (b) barrière grillagée en pied de versant ; (c) écrans
de filets ; (d) merlon avec blocs dans la fosse (source Cerema) . . . . . . . 9
1.5 Constituants et technologies utilisés dans les écrans de filets : (a) nappe
de filets orthotrope ELITE du fabricant GTS (source [GTS, 2017]) ; (b)
nappe de filets à anneaux isotrope du fabricant CAN (source [CAN, 2017]) ;
(c) dissipateur par flambement plastique du fabricant GTS (source [GTS,
2017]) ; (d) dissipateur par frottement du fabricant EI Montagne (source
Cerema) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.6 Essais d’impacts sur écrans par un bloc se propageant dans un talus :
(a) impact sur un poteau (source [Duffy and Hoon, 1996b]) ; (b) impact
simultané de deux blocs (source [Duffy and Haller, 1993]) . . . . . . . . . 12
1.7 Vue arrière d’un écran de filets contre les chutes de blocs rocheux (source
[EOTA, 2013]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.8 Géométrie du bloc utilisé pour les essais de certification de l’ETAG 27
(source [EOTA, 2013]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.9 Grandeurs géométriques des écrans de filets au cours d’un impact définies
par l’ETAG 27 : (a) avant l’impact, pente de référence et hauteur nominale ;
(b) pendant l’impact, allongement maximal ; (c) après l’impact, hauteur
résiduelle (source [EOTA, 2013]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.10 Position de l’impact et tolérance pour les essais de certification (source
[EOTA, 2013]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.11 Géométrie déformée pour le calcul statique des écrans : (a) vue de coté ;
(b) vue de dessus (source [Peila et al., 1998]) . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.12 Modèle 2D d’écran de filets : (a) définition du modèle ; (b) simulation
d’impact (source [Govoni et al., 2011]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.13 Modèle DEM d’écran de filets de Nicot : (a) discrétisation de la nappe de
filets ; (b) simulation d’impact centré ; (b) simulation d’impact décentré ;
(source [Nicot et al., 2001a]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
xi
xii Table des figures
1.14 Modèle d’anneaux développés pour les écrans Geobrugg : (a) modèle de
Grassl ; (b) modèle de Volkwein (source [Volkwein, 2004]) . . . . . . . . . 21
1.15 Modèle DEM du filet ELITE de GTS (source [Bertrand et al., 2010]) . . 22
1.16 Simulation d’essai en vraie grandeur par Escallón (source [Escallón et al.,
2014]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
5.1 Ouvrage CAN E : (a) ouvrage réel installé dans le site d’essai de l’entreprise
CAN à Rompon (07) (source CAN) ; (b) modèle numérique de l’ouvrage . 110
5.2 Plan de tressage de la nappe de filets de l’ouvrage CAN E (source CAN) 111
5.3 Localisation des capteurs de force au sein de l’ouvrage CAN E (source CAN)113
5.4 Évolution temporelle de l’écran CAN E lors de la simulation numérique
de l’essai MEL : (a) état initial ; (b) allongement maximal ; (c) équilibre
avant enlèvement du bloc ; (d) équilibre après enlèvement du bloc . . . . 115
5.5 Réponse de l’ouvrage CAN E lors de l’essai MEL : (a) trajectoire verticale
du bloc ; (b) effort ancrage P2/P3 ; (c) effort rive supérieure ; (d) effort
ancrage P3/P4 ; (e) effort câbles intermédiaires ; (f) effort hauban latéral ;
(g) effort rive inférieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
5.6 Évolution temporelle de l’écran CAN E lors de la simulation numérique
de l’essai SEL : (a) état initial avant 1e impact ; (c) allongement maximal
1e impact ; (e) équilibre avant enlèvement du bloc 1e impact ; (g) équilibre
après enlèvement du bloc 1e impact ; (b) équilibre avant 2e impact (idem
(g)) ; (d) allongement maximal 2e impact ; (f) équilibre avant enlèvement
du bloc 2e impact ; (h) équilibre après enlèvement du bloc 2e impact . . . 120
5.7 Réponse de l’ouvrage CAN E lors de l’essai SEL : (a) trajectoire verticale
du bloc ; (b) effort ancrage P2/P3 ; (c) effort rive supérieure ; (d) effort
ancrage P3/P4 ; (e) effort câbles intermédiaires ; (f) effort hauban latéral ;
(g) effort rive inférieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
5.8 Ouvrage C2ROP : (a) ouvrage réel installé dans le site d’essai de l’en-
treprise CAN à Rompon (07) (source CAN) ; (b) modèle numérique de
l’ouvrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
5.9 Câblage de la nappe de filets de l’ouvrage C2ROP : (a) plan de tressage
(vue amont) ; (b) nomenclature des dissipateurs d’énergie et des câbles de
rive (source GTS) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
5.10 Dissipateur d’énergie de l’ouvrage C2ROP : (a) photo du dissipateur ; (b)
relation force-déplacement du dissipateur en quasi-statique (source GTS) 126
5.11 Localisation des capteurs de force au sein de l’ouvrage C2ROP (source GTS)129
5.12 Évolution temporelle de l’ouvrage C2ROP lors de la simulation numérique
de l’essai quasi-statique : (a) état initial ; (b) allongement maximal ; . . . 130
5.13 Réponse globale de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai quasi-statique : (a)
effort total appliqué au bloc ; (b) travail de l’effort total . . . . . . . . . . 131
5.14 Efforts dans les câbles de rive de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai quasi-
statique : (a) rive supérieure gauche ; (b) rive supérieure droite ; (c) rive
inférieure gauche ; (d) rive inférieure droite . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
5.15 Efforts dans les haubans de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai quasi-statique :
(a) hauban latéral gauche ; (b) hauban amont P32 . . . . . . . . . . . . . 133
5.16 Détail d’assemblage de la tête de poteau de l’écran C2ROP . . . . . . . . 133
5.17 Évolution temporelle de l’ouvrage C2ROP lors de la simulation numérique
de l’essai d’impact unique : (a) état initial ; (b) allongement maximal ; (c)
équilibre avant enlèvement du bloc ; (d) équilibre après enlèvement du bloc 134
5.18 Trajectoire verticale du bloc lors de l’essai d’impact unique sur l’ouvrage
C2ROP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Table des figures xv
5.19 Efforts dans les haubans de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai d’impact
unique : (a) hauban latéral gauche ; (b) hauban latéral droit ; (c) hauban
amont P31 ; (d) hauban amont P32 ; (e) hauban amont P42 . . . . . . . 137
5.20 Efforts dans les câbles de rive de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai d’impact
unique : (a) câble de rive supérieure gauche ; (b) câble de rive supérieure
droite ; (c) câble de rive inférieure gauche ; (d) câble de rive inférieure droite138
5.21 Trajectoire verticale du bloc lors de l’essai d’impact unique sur l’ouvrage
C2ROP, influence du comportement des dissipateurs d’énergie . . . . . . 140
5.22 Efforts dans les haubans de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai d’impact
unique, influence du comportement des dissipateurs d’énergie : (a) hau-
ban latéral gauche ; (b) hauban latéral droit ; (c) hauban amont P31 ; (d)
hauban amont P32 ; (e) hauban amont P42 . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
5.23 Efforts dans les câbles de rive de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai d’impact
unique, influence du comportement des dissipateurs d’énergie : (a) câble
de rive supérieure gauche ; (b) câble de rive supérieure droite ; (c) câble de
rive inférieure gauche ; (d) câble de rive inférieure droite . . . . . . . . . . 142
5.24 Évolution temporelle de l’ouvrage C2ROP lors de la simulation numérique
(simulation 25) du premier impact de l’essai d’impacts répétés : (a) état
initial ; (b) allongement maximal ; (c) équilibre avant enlèvement du bloc ;
(d) équilibre après enlèvement du bloc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
5.25 Trajectoire verticale du bloc lors du premier impact de l’essai d’impacts
répétés sur l’ouvrage C2ROP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
5.26 Efforts dans les haubans de l’ouvrage C2ROP lors du premier impact de
l’essai d’impacts répétés : (a) hauban latéral gauche ; (b) hauban latéral
droit ; (c) hauban amont P31 ; (d) hauban amont P32 ; (e) hauban amont
P42 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
5.27 Efforts dans les câbles de rive de l’ouvrage C2ROP lors du premier impact
de l’essai d’impacts répétés : (a) câble de rive supérieure gauche ; (b) câble
de rive supérieure droite ; (c) câble de rive inférieure gauche ; (d) câble de
rive inférieure droite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
5.28 Évolution temporelle de l’ouvrage C2ROP lors de la simulation numérique
(simulation 25) du deuxième impact de l’essai d’impacts répétés : (a) état
d’équilibre après 1e impact ; (b) allongement maximal ; (c) équilibre avant
enlèvement du bloc ; (d) équilibre après enlèvement du bloc . . . . . . . . 148
5.29 Réponse globale de l’ouvrage C2ROP lors du deuxième impact de l’essai
d’impacts répétés : (a) enfoncement du bloc ; (b) effort total appliqué au
bloc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
5.30 Efforts dans les haubans de l’ouvrage C2ROP lors du deuxième impact de
l’essai d’impacts répétés : (a) hauban amont P31 ; (b) hauban amont P42 ;
(c) hauban latéral droit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
5.31 Évolution temporelle de l’ouvrage C2ROP lors de la simulation numérique
(simulation 25) du troisième impact de l’essai d’impacts répétés : (a) état
d’équilibre après 2e impact ; (b) allongement maximal ; (c) équilibre avant
enlèvement du bloc ; (d) équilibre après enlèvement du bloc . . . . . . . . 150
5.32 Réponse globale de l’ouvrage C2ROP lors du troisième impact de l’essai
d’impacts répétés : (a) enfoncement du bloc ; (b) effort total appliqué au
bloc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
xvi Table des figures
5.33 Efforts dans les haubans de l’ouvrage C2ROP lors du troisième impact de
l’essai d’impacts répétés : (a) hauban latéral gauche ; (b) hauban latéral
droit ; (c) hauban amont P31 ; (d) hauban amont P32 ; (e) hauban amont
P42 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
5.34 Efforts dans les câbles de rive de l’ouvrage C2ROP lors du troisième impact
de l’essai d’impacts répétés : (a) câble de rive supérieure gauche ; (b) câble
de rive supérieure droite ; (c) câble de rive inférieure gauche ; (d) câble de
rive inférieure droite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
C.1 Principe du remaillage du câble : (a) câble avant remaillage ; (b) câble
après remaillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
Liste des tableaux
4.1 Valeurs des grandeurs retenues pour la comparaison des modèles de câble
glissant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
4.2 Détails de convergence pour la méthode de Brent . . . . . . . . . . . . . 100
4.3 Détails de convergence pour la méthode de Newton-Raphson . . . . . . . 100
4.4 Comparaison des résultats obtenus à l’aide des différents modèles existants
et du modèle développé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
4.5 Configurations utilisées pour la simulation numérique de l’effet rideau . . 106
5.1 Caractéristiques des câbles de l’écran CAN E (valeurs fournies par le fa-
bricant) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
5.2 Allongements et hauteurs résiduels de l’ouvrage CAN E lors de l’essai MEL 117
5.3 Défilements des dissipateurs d’énergie de l’ouvrage CAN E lors de l’essai
MEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
5.4 Énergie dissipée par les dissipateurs de l’ouvrage CAN E lors de l’essai MEL119
5.5 Allongements et hauteurs résiduels de l’ouvrage CAN E lors de l’essai SEL 122
5.6 Défilements des dissipateurs d’énergie (cumul) de l’ouvrage CAN E lors de
l’essai SEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
5.7 Énergie dissipée par les dissipateurs (cumul) de l’ouvrage CAN E lors de
l’essai SEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
5.8 Valeurs des paramètres du modèle d’anneau pour la nappe de filets de
l’ouvrage C2ROP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
5.9 Caractéristiques des câbles de l’ouvrage C2ROP (valeurs fournies par le
fabricant) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
5.10 Allongements et hauteurs résiduels de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai
d’impact unique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
5.11 Défilement des dissipateurs d’énergie de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai
d’impact unique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
xvii
xviii Liste des tableaux
A.1 Normales sortantes et distance au centre d’inertie des faces du bloc ETAG
27 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
Introduction générale
L’urbanisation des régions montagneuses conduit à une exposition croissante des biens
et des personnes aux risques naturels et en particulier au risque rocheux. En effet, au sein
de ces territoires particulièrement sensibles aux éboulements rocheux, la sécurité des
infrastructures et des personnes est menacée. L’économie peut également être sévèrement
touchée par ces évènements qui perturbent les axes de communication stratégiques et
vitaux pour l’industrie et le tourisme, moteurs de l’économie locale. Pour faire face à ces
risques, les pouvoirs publics ont recours notamment à des ouvrages de protection tels que
les écrans de filets pare-blocs.
Les écrans de filets pare-blocs sont des structures flexibles contre les éboulements
rocheux. Installés dans les versants rocheux, ces ouvrages ont pour but d’intercepter la
trajectoire et d’arrêter des éboulements pouvant survenir en amont, afin de protéger les
infrastructures présentes à l’aval. Les écrans de filets présentent un excellent compromis
entre coût et performances et sont très fréquemment implantés dans les zones présentant
un risque d’éboulements.
Ce travail de recherche a pour objectif d’étudier le comportement complexe des écrans
de filets fortement déformables au cours d’un impact par un bloc rocheux. Cette étude
est menée à l’aide de la modélisation numérique et par le développement d’un code de
calcul dédié à la simulation d’impact sur des structures flexibles. Ce travail est motivé
par trois enjeux. Le premier, scientifique, consiste à acquérir une meilleure compréhension
des phénomènes dynamiques complexes ayant lieu au cours d’un impact. Le deuxième,
réglementaire, consiste à définir les éléments et les grandeurs permettant une justification
pertinente des écrans de filets. Le troisième, plus opérationnel, consiste à développer un
outil de calcul performant d’aide à la conception et au dimensionnement des écrans de
filets.
Ce mémoire de thèse est composé de 5 chapitres.
Le premier chapitre rappelle l’état de l’art sur les écrans de filets pare-blocs. Après
la définition des éléments fondamentaux et la présentation des méthodes de gestion des
risques liés aux éboulements rocheux, nous nous concentrons sur le type de parades étu-
diées, à savoir les écrans de filets. Un historique des travaux expérimentaux ayant conduit
au cadre réglementaire européen actuel est rappelé et les approches de modélisation nu-
mérique existantes sont présentées. Enfin, les objectifs du travail de thèse sont énoncés
et 3 problématiques : scientifique, réglementaire et opérationnelle sont identifiées. Les
principaux axes de travail permettant de répondre à ces problématiques sont établis.
Parmi ces axes de travail, le développement d’un outil de calcul générique des écrans de
filets constitue un socle commun aux 3 problématiques. Le chapitre 2 présente l’approche
1
2 Introduction générale
générique développée pour la modélisation des écrans de filets pare-blocs. Il s’agit d’une
plateforme de calcul permettant de décrire la plupart des écrans de filets et de calculer
leur comportement sous impact. Cette plateforme est détaillée ainsi que la méthode de
modélisation déployée.
Les chapitres 3 et 4 présentent respectivement un modèle d’anneau et un modèle
de câble glissant, spécifiquement développés afin d’alimenter la plateforme de calcul.
Ces modèles déclinent les formulations générales établies au chapitre 2 et permettent
une représentation pertinente des phénomènes mécaniques complexes qui se produisent
au sein des écrans de filets lors d’un impact. Une attention particulière est apportée à
l’implémentation de ces modèles afin d’assurer de bonnes performances de calcul.
Le chapitre 5 permet de valider les développements effectués : plateforme générique,
modèle d’anneau et modèle de câble glissant. Cette validation est menée sur deux tech-
nologies différentes d’écrans de filets soumis à plusieurs sollicitations de nature différente.
Il s’agit de comparer les résultats issus des simulations numériques à ceux issus d’essais
d’impacts réels.
Les conclusions du travail de recherche réalisé et les perspectives sur la poursuite des
travaux sont enfin exposées.
Chapitre 1
État de l’art
1.1 Introduction
Les massifs rocheux sont en constante évolution sous l’effet combiné de phénomènes
géologiques et climatiques complexes. Ces massifs présentent des discontinuités impor-
tantes, classables en familles et structurant leur géométrie. La grande étendue des échelles
spatiales de ces discontinuités provoque la division des massifs en blocs de formes et de
dimensions variables [Chalhoub, 2010]. La fracturation d’origine tectonique est renfor-
cée par la météorisation sous l’effet de sollicitations climatiques favorisant l’érosion et
l’altération superficielle des versants rocheux [INERIS and Cerema, 2014]. Parmi ces sol-
licitations, nous retenons principalement :
– l’eau (pluie, eau d’infiltration, marée, houle), provoquant l’érosion en surface et dans
les fractures et la dissolution du carbonate de calcium dans les roches calcaires ;
– la cryoclastie, fracturant la roche sous l’effet des cycles de gel-dégel de l’eau ;
– la thermoclastie, fracturant la roche sous l’effet des variations de température.
Ce milieu hétérogène, fracturé, et continument altéré par des éléments extérieurs est
de plus soumis à des sollicitations mécaniques diverses :
3
4 Chapitre 1. État de l’art
La stabilité des versants rocheux est donc conditionnée par l’ensemble de ces facteurs
géologiques, climatiques et mécaniques. L’évolution naturelle de ces structures rocheuses
conduit inévitablement à l’occurrence de mouvements de terrains d’amplitude variable.
Les éboulements rocheux sont des évènements gravitaires provoquant la mise en mou-
vement de masses rocheuses instables. Les éboulements mobilisent des éléments de volume
très variable :
– chute de pierres ou de blocs isolés : pour des volumes allant jusqu’à quelques dizaines
de mètres cubes, les éléments se propagent sans interagir ;
– éboulement en masse : pour des volumes dépassant quelques centaines de mètres
cubes, les éléments sont en interaction lors de la propagation ;
– éboulement majeur (voire catastrophique) : pour des volumes atteignant plusieurs
centaines de milliers de mètres cubes, les interactions entre les éléments sont fortes
et peuvent conduire à des phénomènes analogues aux écoulements fluides.
(a) (b)
(c) (d)
Figure 1.1 – Dégâts causés par différents types d’éboulements rocheux : (a) chute de
pierres sur une route à Pont-de-Labeaume (07) ; (b) éboulement sur la voie de chemin de
fer et la zone d’activité à La Saulcette (73) ; (c) chute de bloc sur un chalet à Belvédère
(06) ; (d) éboulement majeur à Vaujany (38) (source Cerema)
6 Chapitre 1. État de l’art
Définitions
Le risque est défini comme la combinaison d’un enjeu et d’un aléa. Appliqué à la
problématique des éboulements rocheux, les enjeux représentent les personnes, les habi-
tations et infrastructures de communication, susceptibles d’être atteints par une pierre
ou un bloc. L’aléa réside dans l’éboulement rocheux qui se décompose en 2 phases : l’aléa
de rupture (susceptibilité d’une partie d’un versant de rompre) et l’aléa de propagation
(susceptibilité de la partie rompue de se propager en aval) (Figure 1.2). Un enjeu est
caractérisé par sa vulnérabilité et par sa valeur. Un aléa est caractérisé par son intensité
et sa probabilité d’occurrence. L’intensité d’une chute de bloc est quantifiée par l’éner-
gie cinétique du bloc au cours de sa propagation. D’après les définitions précédentes, un
éboulement rocheux ne constitue pas intrinsèquement un risque, le risque nait de l’ex-
position d’un enjeu vulnérable à l’aléa d’éboulement rocheux (1.1). En l’absence totale
d’enjeu, il n’y a donc pas de risque.
Aléa de rupture
Réduction du risque
La gestion du risque rocheux requiert la connaissance des enjeux exposés et des phé-
nomènes à l’origine des aléas. La réduction du risque s’obtient par la réduction de l’un
des 3 facteurs :
– réduction de l’aléa de rupture à l’aide de parades actives qui empêchent ou limitent
le départ de masses instables ;
– réduction de l’aléa de propagation à l’aide de parades passives qui ne s’opposent
pas au phénomène de rupture mais interceptent la trajectoire des blocs ;
– réduction de la vulnérabilité par la mise en place de solutions d’évitement (inter-
diction de construire, expropriation, passage de route en tunnel, changement de
versant), de renforcement structurel ou d’adaptation des constructions.
Lorsque l’aléa présente une intensité trop importante pour être atténuée par des parades,
la seule solution est la mise en place de systèmes de surveillance et d’alerte ; le mouvement
de versant de Séchilienne (38) en est un exemple.
1.2. Généralités sur le risque rocheux 7
(a) (b)
Figure 1.3 – Parades actives : (a) soutènement en bordure de route ; (b) boulonnage
d’une dalle rocheuse (source [LCPC, 2001])
Parades passives Toutes les masses instables ne peuvent être stabilisées et leur rup-
ture est souvent difficile à anticiper. Par conséquent, il est souvent impossible de mettre
en œuvre des mesures d’évitement et la réduction du risque s’effectue alors par la dimi-
nution de l’aléa de propagation. Différentes parades passives permettent de réduire l’aléa
de propagation [LCPC, 2001]. Ces parades s’utilisent alternativement ou conjointement
en fonction de l’intensité de l’aléa attendu et de l’espace disponible pour l’emprise de
l’ouvrage.
Parmi ces parades passives, certaines visent à arrêter les blocs, d’autres à les dévier
vers des zones sans enjeux. Nous pouvons citer notamment les filets déflecteurs et les
galeries pare-blocs [LCPC, 2001]. Dans la suite, nous détaillons les grandes familles de
parades passives dont la fonction est l’arrêt des blocs au cours de leur propagation. La
8 Chapitre 1. État de l’art
capacité d’arrêt d’un ouvrage correspond à l’énergie cinétique maximale d’un bloc que
l’ouvrage est en mesure d’arrêter.
Les barrières rigides sont des ouvrages faiblement déformables qui consistent en une
barrière verticale stoppant et recueillant des pierres et des petits blocs. La capacité d’arrêt
est principalement liée à la résistance et à la masse des matériaux constituant la barrière
et est limitée à environ 100 kJ. Ce type de parade peut être placé très proche des enjeux
grâce à sa faible emprise (Figure 1.4a).
Les barrières grillagées ou barrières de filets sont des ouvrages constitués de nappes de
grillages ou de filets, maintenues par des câbles tendus entre des poteaux régulièrement
espacés. Elles possèdent une certaine flexibilité et permettent de stopper la propagation
de pierres et de blocs possédant une énergie cinétique faible à moyenne, entre 50 kJ à
environ 250 kJ (Figure 1.4b).
Les écrans de filets flexibles sont des ouvrages fortement déformables constitués d’une
nappe de filets maintenue par des câbles disposés entre des poteaux et dotés en plus,
de dissipateurs d’énergie dont la déformation irréversible permet de dissiper l’énergie
cinétique du bloc incident. Les écrans de filets peuvent arrêter des blocs possédant une
forte énergie, entre 100 kJ et 8000 kJ. Ces structures ont une emprise plus importante
que les précédentes et peuvent être installées en différents niveaux du versant : au plus
proche de l’aléa afin de stopper des blocs de faible énergie ou juste en amont des enjeux
(Figure 1.4c).
Enfin, les merlons sont des ouvrages massifs situés à l’amont de la structure à protéger
et ayant pour but de stopper des gros blocs, voire de contenir des éboulements en masse.
Ce type de parade est réalisé en sol compacté et renforcé avec un enrochement en parement
ou en gabions et peut arrêter des blocs dont l’énergie cinétique pourrait atteindre 100 000
kJ. L’emprise d’un merlon est très importante, d’autant plus qu’une fosse d’interception
permettant de retenir les blocs est souvent présente à l’amont (Figure 1.4d).
Parmi l’ensemble de ces structures de protection passives, les écrans de filets pare-blocs
présentent de nombreux avantages expliquant l’expansion de leur utilisation et de leur
installation sur les versants rocheux à travers le monde. Tout d’abord, la capacité d’arrêt
de ces structures est relativement élevée. Les écrans les plus résistants peuvent stopper des
blocs possédant une énergie cinétique de 8000 kJ. Ensuite, ces ouvrages ont une faible
emprise. Ils sont constitués d’éléments séparés, relativement légers, qui sont assemblés
sur leur lieu de pose définitive. Cela permet notamment leur installation dans des zones
difficiles d’accès, y compris par héliportage. Enfin, ces ouvrages sont relativement peu
chers et le coût de leur installation est compétitif par rapport aux autres parades passives
pour la gamme d’énergie d’impact visée. La combinaison de ces trois facteurs : forte
capacité d’arrêt, faible emprise et faible coût, font des écrans pare-blocs des ouvrages très
adaptés à la réduction du risque lié aux chutes de blocs.
(a) (b)
(c) (d)
Figure 1.4 – Parades passives : (a) barrière rigide de rails et de traverses en bordure de
voie de chemin de fer ; (b) barrière grillagée en pied de versant ; (c) écrans de filets ; (d)
merlon avec blocs dans la fosse (source Cerema)
Les écrans de filets pare-blocs sont des structures flexibles permettant d’intercepter la
trajectoire d’un bloc durant sa propagation. La détermination de l’efficacité de ces struc-
tures a progressivement évolué depuis les années 1960, à l’aide de travaux expérimentaux
et numériques.
1.3.1 Description
– les composants de liaison dont la fonction est de transmettre les efforts aux fon-
dations. Pour contrôler la déformation de la structure, des dispositifs dissipateurs
d’énergie peuvent être installés sur la structure ;
– les fondations qui permettent l’ancrage de la structure et la transmission des efforts
d’impact au terrain.
Au cours d’un impact, la structure d’interception, ou nappe de filets, ainsi que les
composants de liaison subissent de grands déplacements. La flexibilité de l’ouvrage a
pour but premier de limiter les efforts développés dans la structure et dans les fondations
lors de l’arrêt du bloc. En effet, pour une énergie d’impact donnée, un ouvrage rigide
développera des efforts importants, que les constituants ou le terrain peuvent ne pas être
en mesure de reprendre.
Les technologies des nappes de filets ainsi que les méthodes d’assemblage permettent
d’offrir plus ou moins de flexibilité à l’ouvrage et de contrôler les chemins de propagation
des efforts. Les fabricants adoptent différentes stratégies dans le câblage de l’ouvrage et
dans le choix des propriétés (isotropie par exemple) des nappes de filets pour obtenir un
comportement souhaité (Figure 1.5a et 1.5b). L’énergie cinétique des blocs incidents est
en grande partie dissipée par la structure, une partie peut être dissipée par contact avec
le terrain ou stockée élastiquement durant l’impact et restituée au bloc. Étant donné les
niveaux d’énergie élevés des blocs, des dispositifs dissipateurs d’énergie dont la fonction
est de dissiper l’énergie du bloc sont spécifiquement conçus et positionnés au sein de
l’ouvrage. Ces constituants utilisent des mécanismes irréversibles : frottement, plasticité,
déchirure, afin de dissiper l’énergie d’impact. De même que pour les nappes de filets,
les différents fabricants optent pour des stratégies et des modes de dissipation différents
(Figure 1.5c et 1.5d). Des différences existent également dans les types de fondations
utilisées et la forme des poteaux. Les différentes solutions peuvent avoir des avantages
pratiques au moment de l’installation ou du transport de la structure qui ne sont pas
discutés ici.
La conception des écrans de filets a fortement évolué au cours du temps [Spang and
Bolliger, 2001]. En suivant une démarche d’essais et erreurs, les solutions technologiques
développées ont permis d’augmenter continument la capacité d’arrêt de ces structures.
Ritchie [Ritchie, 1963] étudie en 1963 la trajectoire de blocs se propageant sur des
talus rocheux. Les blocs sont filmés et leur trajectoire analysée qualitativement et quan-
titativement afin de déterminer leur distance de propagation et les mesures à prendre afin
d’empêcher les blocs d’atteindre la route en contrebas. Il propose ainsi une première ap-
proche systématique de la trajectographie expérimentale qui remet notamment en cause
des méthodes de calcul existantes. Des systèmes pare-pierres rudimentaires sont installés
en pied de talus dans certaines expériences de chutes de blocs et permettent de mettre
en évidence le pouvoir d’arrêt de telles mesures.
1.3. Écrans de filets pare-blocs 11
(a) (b)
(c) (d)
Figure 1.5 – Constituants et technologies utilisés dans les écrans de filets : (a) nappe
de filets orthotrope ELITE du fabricant GTS (source [GTS, 2017]) ; (b) nappe de filets à
anneaux isotrope du fabricant CAN (source [CAN, 2017]) ; (c) dissipateur par flambement
plastique du fabricant GTS (source [GTS, 2017]) ; (d) dissipateur par frottement du
fabricant EI Montagne (source Cerema)
(a) (b)
Figure 1.6 – Essais d’impacts sur écrans par un bloc se propageant dans un talus : (a)
impact sur un poteau (source [Duffy and Hoon, 1996b]) ; (b) impact simultané de deux
blocs (source [Duffy and Haller, 1993])
la suite été développées dans le but de mieux contrôler la cinématique du bloc incident :
transport du bloc par tyrolienne [Peila et al., 1998, Heiss, 2004], roulement du bloc sur
une rampe [Muraishi et al., 2005] et largage vertical [Muraishi and Sano, 1999, Gerber
et al., 2001, Gerber and Böll, 2006, Gottardi and Govoni, 2010, Bertrand et al., 2012].
Ces méthodes permettent un plus grand contrôle et une plus grande reproductibilité des
essais mais les possibilités en matière de cinématique sont limitées. Les avantages et les
inconvénients de chacune de ces méthodes d’essai identifiés par Arpin [Arpin, 2013] sont
présentés Tableau 1.1.
également l’utilisation de l’ETAG 27. Nous présentons plus amplement l’ETAG 27 dans
la partie suivante 1.3.3. En plus de ces réglementations, certains pays ont publié des re-
commandations s’adressant à l’ensemble des praticiens et gestionnaires du risque rocheux
dans un but informatif et de conseil. Nous pouvons citer par exemple les recommandations
françaises [Cerema, 2014] et néo-zélandaises [NZGS, 2016].
1.3.3.1 Définitions
L’ETAG 27 « Kits de protection contre les chutes de blocs rocheux » [EOTA, 2013],
mis en place en 2008 et amendé en 2013, donne une définition des écrans de filets en
tant que produit de construction et définit les procédures d’évaluation des performances,
d’homologation et de marquage CE.
Un écran de filet doit être composé de un ou plusieurs modules fonctionnels identiques
juxtaposés, pour permettre d’ajuster la longueur de la barrière au site d’éboulement et
aux enjeux à protéger. Chaque module fonctionnel doit :
14 Chapitre 1. État de l’art
Tableau 1.2 – Classes d’énergie des écrans de filets pare-blocs selon l’ETAG 27 (d’après
[EOTA, 2013])
Figure 1.7 – Vue arrière d’un écran de filets contre les chutes de blocs rocheux (source
[EOTA, 2013])
Les capacités d’arrêt des écrans de filets ainsi définies sont évaluées dans l’ETAG 27
par des essais d’impact en vraie grandeur. Deux types d’essais sont effectués : un essai
SEL (Service Energy Level ) et un essai MEL (Maximum Energy Level ) ; les protocoles de
ces essais sont détaillés dans la partie suivante. L’ETAG définit 9 classes d’énergie pour
les écrans de filets, correspondant à l’énergie cinétique du bloc à l’impact lors des essais
SEL et MEL (Tableau 1.2).
La certification des performances des écrans de filets selon l’ETAG 27 se fait par
l’intermédiaire d’essais d’impact en vraie grandeur. L’écran de filets est impacté à l’aide
d’un bloc de béton armé dont la géométrie est imposée et définie Figure 1.8. L’écran de
1.3. Écrans de filets pare-blocs 15
filets est installé dans un site d’essai donné, la pente à l’aval de l’écran est la pente de
référence par rapport à laquelle est définie la hauteur nominale de l’écran (Figure 1.9a).
L’allongement de l’écran de filets est mesuré parallèlement à la pente de référence tout
au long de l’impact (Figure 1.9b) L’écran atteint son allongement maximal au moment
où le bloc atteint une vitesse nulle. La durée séparant le moment de l’impact du moment
où l’écran atteint son allongement maximal est appelée temps de freinage. La hauteur
résiduelle de l’écran de filets est la distance minimale entre le câble de rive inférieur et le
câble de rive supérieur, mesurée orthogonalement à la pente de référence, après l’impact
et sans enlèvement du bloc (Figure 1.9c).
Figure 1.8 – Géométrie du bloc utilisé pour les essais de certification de l’ETAG 27
(source [EOTA, 2013])
Essai SEL Deux impacts successifs sont effectués sur l’écran au cours de l’essai SEL :
un premier impact est effectué, le bloc est retiré puis le second impact est effectué. L’écran
satisfait l’essai SEL s’il remplit les conditions suivantes :
– le 1e impact au SEL est réussi lorsque :
– le bloc est arrêté par le kit,
– aucune rupture dans les composants de liaison (qui restent liés aux fondations),
montants et câbles ne se produit. La rupture d’un composant de liaison est définie
comme la séparation totale du composant en deux parties distinctes. L’ouverture
des mailles du filet ne doit pas être deux fois plus grande que la taille initiale des
mailles. Sont exclus de l’évaluation des éléments tels que les fusibles mécaniques,
conçus pour rompre en cas de choc. Ces éléments doivent être spécifiquement
énumérés dans le document d’installation,
– la hauteur résiduelle du kit après l’essai (sans enlèvement du bloc) est supérieure
ou égale à 70 % de la hauteur nominale. La valeur mesurée doit être déclarée,
– le bloc n’a pas touché le sol avant que le kit n’ait atteint l’allongement maximal
pendant l’essai ;
– le 2e impact au SEL est réussi lorsque :
– le bloc est arrêté par le kit,
– le bloc n’a pas touché le sol avant que le kit n’ait atteint l’allongement maximal
pendant l’essai.
Aucune maintenance n’est autorisée entre le premier et le second impact au SEL. L’al-
longement maximal du filet pendant l’essai au SEL doit être mesuré et indiqué dans le
rapport d’essai.
Essai MEL Un seul impact est effectué sur l’écran au cours de l’essai MEL. L’écran
satisfait l’essai MEL s’il remplit les conditions suivantes :
16 Chapitre 1. État de l’art
(a)
(b)
(c)
Figure 1.9 – Grandeurs géométriques des écrans de filets au cours d’un impact définies
par l’ETAG 27 : (a) avant l’impact, pente de référence et hauteur nominale ; (b) pendant
l’impact, allongement maximal ; (c) après l’impact, hauteur résiduelle (source [EOTA,
2013])
1.3. Écrans de filets pare-blocs 17
Figure 1.10 – Position de l’impact et tolérance pour les essais de certification (source
[EOTA, 2013])
la base de l’ETE reçue pour l’écran de filets, nécessaire à l’obtention du marquage CE.
D’autres éléments comme le contrôle qualité du processus de production sont nécessaires
à l’obtention du marquage CE. Les maîtres d’ouvrages publics ont obligation d’acheter
des écrans de filets marqués CE.
Peila et al [Peila et al., 1998] ont proposé une méthode de dimensionnement statique
équivalente, basée sur les mesures de la décélération maximale du bloc au cours d’un
impact. La force de décélération maximale du bloc est supposée égale à 2,5 fois la force de
décélération moyenne, calculée en négligeant le poids du bloc. Cette force de décélération
maximale est utilisée comme chargement statique et l’équilibre de l’écran est calculé sur
la structure déformée (Figure 1.11). Le choix de la cinématique de déformation n’est pas
précisé dans le détail et dépend de la technologie d’écran étudiée. Cette méthode fournit
une première approximation des efforts dans les câbles, les poteaux et les ancrages de la
structure.
(a) (b)
Figure 1.11 – Géométrie déformée pour le calcul statique des écrans : (a) vue de coté ;
(b) vue de dessus (source [Peila et al., 1998])
D’autres hypothèses sur la cinématique du bloc ont été formulées afin de déterminer
la décélération maximale et la force statique d’impact équivalente. Cantarelli et al [Can-
tarelli et al., 2008] font l’hypothèse que l’écran possède une raideur constante et oppose
une force proportionnelle à l’enfoncement du bloc. Le comportement de l’ouvrage est
alors assimilé à celui d’un système masse-ressort vertical (prise en compte du poids).
Cette hypothèse est mise en défaut pour les écrans flexibles car la rigidité de l’ouvrage
1.3. Écrans de filets pare-blocs 19
varie fortement au cours de l’impact. Gerber et Böll [Gerber and Böll, 2002] proposent
d’approximer la trajectoire verticale du bloc par un polynôme de degré 4. En étudiant
l’arrêt d’un bloc lancé à 25 m/s en un temps de freinage donné, ils présentent différentes
évolutions possibles de la décélération maximale au cours du temps. Les éléments pré-
sentés par Gerber et Böll indiquent que le facteur de 2,5 entre la décélération moyenne
et la décélération maximale proposé par Peila et al surestime la force de décélération
maximale.
Les modèles semi-empiriques fournissent une première approximation des efforts maxi-
maux subis par la structure mais possèdent le désavantage de devoir être calibrés sur des
essais d’impact en vraie grandeur sur l’ouvrage complet. Ainsi, ces modèles ne sont uti-
lisables que lorsque nous sommes en mesure d’estimer l’allongement maximal, le temps
de freinage du bloc ou la raideur de l’écran. Il est possible d’estimer ces grandeurs par
le biais de régressions statistiques grâce à des données expérimentales existantes mais
cela ne permet pas convenablement d’étudier un prototype ou une technologie différente
de celle avec laquelle les données expérimentales ont été obtenues. La modélisation des
écrans de filets et la simulation numérique peuvent pallier certaines de ces limitations.
Dans ce cadre, un modèle mécanique idéalisé de la structure est formulé et sa réponse sous
un chargement de type impact est analysée. Étant donné la complexité de la structure
et de la sollicitation, le recours à la simulation numérique est impératif pour effectuer
cette analyse. Ces modèles sont plus ou moins complexes et performants en fonction des
hypothèses retenues.
(a) (b)
Figure 1.12 – Modèle 2D d’écran de filets : (a) définition du modèle ; (b) simulation
d’impact (source [Govoni et al., 2011])
(a)
(b) (c)
Figure 1.13 – Modèle DEM d’écran de filets de Nicot : (a) discrétisation de la nappe de
filets ; (b) simulation d’impact centré ; (b) simulation d’impact décentré ; (source [Nicot
et al., 2001a])
Les modèles de Grassl [Grassl et al., 2002,Grassl, 2002] et de Volkwein [Volkwein, 2004,
Volkwein, 2005] se concentrent toujours sur les filets à anneaux entrelacés et apportent de
nouveaux éléments de modélisation. Tout d’abord, les anneaux sont discrétisés en 8 nœuds
pour Grassl (Figure 1.14a) et 4 nœuds pour Volkwein (Figure 1.14b), fournissant une
description géométrique plus complète que celles présentées précédemment. Ces travaux
introduisent également un modèle de câble autorisant le glissement relatif des câbles
de rive et de la nappe de filets et permettant de prendre en compte l’effet rideau. Ces
modélisations sont mises à profit afin de modéliser les technologies du fabricant suisse
Geobrugg.
(a) (b)
Figure 1.14 – Modèle d’anneaux développés pour les écrans Geobrugg : (a) modèle de
Grassl ; (b) modèle de Volkwein (source [Volkwein, 2004])
22 Chapitre 1. État de l’art
Figure 1.15 – Modèle DEM du filet ELITE de GTS (source [Bertrand et al., 2010])
Escallón et al [Escallón et al., 2014, Escallón et al., 2015] ont développé des mo-
dèles FEM 3D en considérant la géométrie locale des nappes de filets et en prenant
en compte le contact et la séparabilité des anneaux et des fils de grillage. Ces modèles
complexes se basent sur des hypothèses mécaniques relativement avancées, prenant en
compte notamment l’endommagement plastique des éléments et mettant en œuvre des
algorithmes de contacts généraux. Ces modèles complexes fournissent de bons résultats
mais présentent un certain nombre de désavantages. Ils requièrent de très nombreuses
informations pour leur calibration et nécessitent la définition et le calcul de nombreuses
grandeurs qui peuvent ne pas être utiles pour les applications pratiques en ingénierie. Le
coût de calcul des simulations est également très élevé.
Figure 1.16 – Simulation d’essai en vraie grandeur par Escallón (source [Escallón et al.,
2014])
dans le but de quantifier les probabilités de défaillance et de mise en défaut des écrans
de filets. Ces études s’intéressent principalement aux cas de chargement des écrans via la
cinématique du bloc [Bourrier et al., 2015, Mentani et al., 2016b]. La mise en œuvre de
ces modélisations probabilistes demande la réalisation d’un grand nombre de simulations
et les possibilités sont limitées par les performances de calcul des modèles d’écrans de
filets utilisés.
Les écrans de filets sont des structures mécaniques au comportement complexe. L’ana-
lyse mécanique de ces ouvrages présente de nombreuses difficultés conceptuelles et pra-
tiques. Leur flexibilité et la fonction de dissipation d’énergie des écrans de filets leur
confèrent de fortes non-linéarités géométriques et matérielles qui doivent être prises en
compte dans une analyse en dynamique. La compréhension approfondie du comporte-
ment mécanique des écrans de filets sous impacts présente un intérêt et un challenge
scientifiques propres.
Face à cette problématique, le premier objectif de ce travail de recherche est d’accéder
à une meilleure compréhension du comportement mécanique des écrans de filets. Pour
cela, il est nécessaire de développer des modèles mécaniques des écrans de filets qui
soient pertinents, robustes et validés expérimentalement. Ces modèles doivent permettre
d’explorer précisément la réponse mécanique des écrans de filets (chemins de diffusion
des efforts, efforts développés, déformations, points faibles. . .) sous diverses sollicitations
dynamiques de type impacts. Pour cela, deux axes de travail sont identifiés :
– construire des modèles mécaniques pertinents dont les hypothèses mécaniques sont
étayées et la justification mathématique rigoureuse ;
– développer un code de calcul générique, extensible, robuste et portable.
– développer des modèles mécaniques et des algorithmes optimisés dont le faible coût
de calcul permet de réaliser des analyses paramétriques et stochastiques.
1.5 Conclusions
Des éléments de réponse aux trois problématiques énoncées dans la section précédente
sont apportés dans la suite de ce mémoire. En suivant les axes de travail identifiés, nous
introduisons tout d’abord dans le chapitre 2 les principes de modélisation générique et
les méthodes de calcul employés. Ensuite, les chapitres 3 et 4 détaillent respectivement
les modèles mécaniques des nappes de filets à anneaux et des câbles glissants développés.
Ces modèles sont développés spécifiquement dans le but d’apporter une description per-
tinente et numériquement performante des phénomènes mécaniques complexes ayant lieu
au sein de la structure comme l’effet rideau. Enfin, le chapitre 5 intègre l’ensemble des
développements analytiques et numériques réalisés pour mener des simulations d’essais
d’impact en vraie grandeur afin de valider l’approche choisie et les modèles développés.
26 Chapitre 1. État de l’art
Chapitre 2
2.1 Introduction
Les travaux de modélisation des écrans de filets depuis près de 30 ans, détaillés en
1.3.4 au chapitre 1, ont presque tous été réalisés dans le même contexte et avec des
objectifs similaires. Les fabricants d’écrans de filets, pour des motivations économiques
et dans l’optique de rationaliser leur processus de conception, ont développé un modèle
numérique de leur technologie dominante à l’aide d’un outil de calcul donné. Cela a abouti
à la multiplication et à la dispersion des développements suivant une philosophie que nous
pouvons qualifier de : « 1 fabricant, 1 technologie, 1 modèle, 1 outil de calcul ». Une liste
non exhaustive des développements ainsi réalisés est rappelée Tableau 2.1.
Ces développements rendent difficile toute comparaison entre les différentes techno-
logies parce que les modélisations sont effectuées avec des hypothèses et des outils diffé-
rents. Un outil développé pour modéliser une technologie A peut ne pas être en mesure
de modéliser une technologie B. De plus, la propriété industrielle dont bénéficient ces
outils de calcul les rend inaccessibles à tout utilisateur extérieur. Enfin, ces modèles sont
27
28 Chapitre 2. Approche générique de modélisation des écrans de filets
Dans cette partie, nous décrivons la modélisation développée pour les écrans de fi-
lets. Dans un premier temps, nous définissons les écrans de façon générique à partir de
leurs constituants puis, dans un second temps, nous détaillons les potentialités de cette
définition dans la description d’ouvrages complexes.
Comme ceci a été décrit en 1.3.1 au chapitre 1, les principaux constituants d’un écran
de filets pare-blocs selon l’ETAG 27 [EOTA, 2013] sont :
– la nappe de filets, qui supporte le choc direct du projectile ;
– les poteaux, qui maintiennent la structure érigée ;
2.2. Principes de la modélisation générique développée 29
OUVRAGE
MODULES
MOTIFS
Bien qu’employant des constituants principaux similaires, les conceptions et les mé-
thodes d’assemblage des écrans de filets diffèrent. En plus de décrire les constituants de
l’ouvrage, nous devons être en mesure de reproduire des assemblages complexes de ces
constituants. Dans le cadre de l’approche de modélisation développée, nous avons accordé
une forte latitude à la description géométrique de l’ouvrage. Cette latitude est détaillée
dans la suite.
Ancrages et poteaux La localisation spatiale des ancrages et des poteaux est libre
et l’inclinaison des poteaux par rapport au terrain est individualisée. Il n’y a pas de
limitation du nombre d’ancrages et de poteaux qu’il est possible de définir. Cela permet
de définir un ouvrage possédant un grand nombre de modules non nécessairement alignés
et de dimensions différentes. Il est ainsi possible de décrire des ouvrages réels en tenant
compte des adaptations au terrain.
30 Chapitre 2. Approche générique de modélisation des écrans de filets
Après avoir détaillé la description générique des écrans de filets, nous exposons mainte-
nant la représentation numérique associée à cette description. Le calcul des déformations
et des efforts au sein de la structure au cours d’impacts est effectué numériquement. Un
code de calcul dédié à la modélisation des écrans pare-blocs et reprenant la structuration
générique définie aux paragraphes précédents est développé. S’appuyant sur les travaux
de Chanut et al [Chanut et al., 2012] et Nicot et al [Nicot et al., 2001a], ce code est
développé au Cerema depuis 2011.
Cette plateforme de calcul est écrite en C++ [ISO, 2016]. L’outil de construction auto-
matique CMake [Kitware, Inc., 2012] est utilisé afin d’assurer la portabilité du code. Ce
langage de programmation orientée objet permet une structuration des données particu-
lièrement adaptée à la description générique employée grâce notamment à la classification
et au polymorphisme [Stroustrup, 2013] :
– la classification permet de définir une classe, regroupant des méthodes et des at-
tributs, pour chaque constituant principal de l’ouvrage défini précédemment. La
classe « Filet » par exemple, possède parmi ses attributs des « Modules » et parmi
ses méthodes une fonction « Créer Module » ;
– le polymorphisme permet de définir des classes filles héritant des attributs et des
méthodes de la classe mère et pouvant les spécifier ou les redéfinir. Ainsi la classe
« Filet à anneaux » par exemple, est une classe fille de la classe « Filet » dont elle
hérite des « Modules » et une méthode « Créer Module » qu’elle spécifie pour les
filets à anneaux.
Il est ainsi possible de définir une structuration générique au niveau du code de calcul lui-
même, dupliquant la représentation générique de l’ouvrage physique. Le code ainsi défini
peut être complété au fur et à mesure par la construction et l’implémentation de classes
filles, spécifiques aux éléments que nous souhaitons développer. Le programme utilise la
Méthode des Éléments Discrets (DEM) afin d’effectuer le calcul de l’impact dynamique
d’un bloc rocheux sur un écran de filets. Les différentes classes s’appuient donc sur une
bibliothèque DEM pour décrire les constituants de l’ouvrage et leurs interactions. La
2.3. Méthode des Éléments Discrets 31
Principe
La modélisation mécanique des écrans de filets est effectuée à l’aide d’une méthode
aux éléments discrets (DEM). Initialement développée par Cundall et Strack [Cundall
and Strack, 1979] pour l’étude des milieux granulaires, cette méthode est très répan-
due en géotechnique : écoulements granulaires [Silbert et al., 2001] et renforcement de
sol [Bourrier et al., 2013] par exemple. La méthode des éléments discrets est également
utilisée pour l’étude des structures et des milieux continus. En ingénierie du risque ro-
cheux, cette méthode est utilisée pour modéliser des arbres [Olmedo et al., 2016, Toe
et al., 2017] et des structures de protection (pare-blocs [Nicot et al., 2001a, Nicot et al.,
2001b], paravalanches [Nicot et al., 2001c, Boutillier, 2004] et anti-laves torrentielles [Al-
baba et al., 2017]) soumis à des impacts de blocs rocheux. André et al [André et al.,
2012, André et al., 2013] et Effeindzourou et al [Effeindzourou et al., 2016] ont respecti-
vement développé des modèles DEM pour l’étude des milieux continus fragiles et pour
la modélisation de structures déformables. La méthode décrit l’évolution temporelle d’un
ensemble d’éléments indéformables : les particules ou éléments discrets, en interaction les
uns avec les autres. Les interactions entre les particules peuvent se faire par contact ou à
distance. Les particules et leurs interactions ainsi définies peuvent représenter différents
milieux, matériaux et structures continus ou discontinus.
La méthode est basée sur une formulation dynamique explicite, utilisant le schéma
de discrétisation temporelle aux différences finies centrées. Les principales étapes de la
méthode de résolution itérative sont les suivantes :
Étape 1 : détection des interactions entre les éléments discrets (contacts et interactions
à distance) ;
Étape 2 : calcul des efforts d’interaction conformément aux lois d’interaction définies ;
Étape 3 : calcul des sollicitations résultantes sur l’ensemble des particules (forces ex-
térieures incluses) ;
Étape 4 : intégration des équations de mouvement et détermination des nouvelles po-
sitions, orientations et vitesses des éléments. Retour à l’étape 1.
Les algorithmes de détection des interactions, ainsi que les lois de comportement
(étapes 1 à 3) sont variables d’une implémentation à l’autre et dépendent notamment
32 Chapitre 2. Approche générique de modélisation des écrans de filets
de la forme des particules utilisées. Nous présentons d’abord en 2.3.2 les équations de
mouvement et leur résolution numérique. Nous détaillons ensuite l’interaction de contact
entre deux solides dans le cas général en 2.3.3. Enfin, la bibliothèque d’éléments utilisés
dans les modélisations est détaillée en 2.3.4.
Nous nous intéressons à un problème de mécanique des structures qui, bien que com-
plexe, demeure relativement classique. La structure étudiée et ses constituants principaux
ne présentent aucune discontinuité cinématique ni aucun changement de topologie majeur
au cours de la sollicitation (fissuration, rupture) qui soient difficiles à appréhender à l’aide
de modèles continus. Nous pouvons alors nous interroger sur la pertinence de l’utilisation
de la Méthode des Éléments Discrets au lieu de la Méthode des Éléments Finis (FEM),
d’autant plus que de nombreux modèles numériques d’écrans de filets pare-blocs sont
développés à l’aide de modèles FEM [Escallón et al., 2014, Escallón et al., 2015, Gentilini
et al., 2012, Volkwein, 2004, Dhakal et al., 2011, Dhakal et al., 2012].
Tout d’abord, il est intéressant de noter qu’il existe une analogie entre FEM et DEM.
En l’absence d’amortissement, la DEM s’intéresse à la dynamique d’un système de par-
ticules pouvant s’écrire à chaque instant sous la forme :
Ma + Ku = F (2.1)
Nœud Particule
Élément Interaction
(a) (b)
Figure 2.2 – Illustration de l’analogie FEM-DEM (d’après [O’Sullivan and Brak, 2004]) :
(a) éléments et nœuds (FEM) ; (b) particules et interactions (DEM)
particule, la matrice de masse M ainsi définie est nécessairement diagonale. En FEM ex-
plicite, la matrice de masse utilisée est la plupart du temps diagonale dans le but d’être
triviale à inverser [Belytschko et al., 2013]. La distribution de masse est alors localisée sur
les nœuds du maillage, ce qui fournit une représentation identique du domaine matériel.
2.3. Méthode des Éléments Discrets 33
Après avoir justifié le choix de la DEM, nous détaillons les équations de mouvement et
leur résolution. Nous nous plaçons dans un référentiel fixe supposé Galiléen : dans notre
cas d’étude, le référentiel terrestre, muni d’un repère orthonormé direct R0 = (O,X, ~ Y~ ,Z).
~
Soit un solide (S) de centre d’inertie G, les vecteurs position et vitesse linéaire du centre
−→
d’inertie sont respectivement notés x = OG et v = ẋ et le vecteur vitesse angulaire
noté ω. Un repère orthonormé direct local centré au point G et noté Rs = (G,~x,~y ,~z) est
34 Chapitre 2. Approche générique de modélisation des écrans de filets
supposé fixe dans le référentiel lié au solide et coïncidant avec les axes principaux d’inertie
(Figure 2.3). L’orientation du solide dans l’espace est donnée par le quaternion unitaire
q [Hamilton, 1850]. Il existe un lien entre le quaternion q et la matrice de rotation Q. Pour
tout vecteur u d’expression u0 dans la base B0 = (X, ~ Y~ ,Z)
~ et us dans la base Bs = (~x,~y ,~z),
le changement de base s’obtient par : u0 = Qus = Cq (us ) où Cq est la conjugaison par
le quaternion q. Le changement de base inverse s’obtient par la conjugaison Cq̄ par le
quaternion conjugué de q, noté q̄. Un rappel sur l’algèbre des quaternions et leur utilisation
dans la description des rotations dans l’espace est donné en annexe A.1.
ω ~z
~y
v
G
~
Z
(S) ~x
x
F
~
Y M
O
~
X
τ τ Mt
ω t+ 2 = ω t− 2 + τ (2.6)
J
τ
Nous définissons le quaternion ∆q représentant le vecteur rotation τ ω t+ 2 (équation A.11).
L’orientation du solide au pas de temps suivant, à l’instant t + τ , est donnée par :
q t+τ = ∆q q t (2.7)
Tenseur d’inertie quelconque Dans le cas général, le tenseur d’inertie n’est pas
sphérique et dépend de l’orientation du solide. Ce dernier évolue donc temporellement
dans le référentiel d’inertie et l’intégration de (2.3) ne peut se faire directement comme
exposé précédemment. Nous utilisons alors les équations du mouvement d’Euler (2.8),
exprimées dans le référentiel lié au solide et dans lequel le tenseur d’inertie est invariable :
Is ω̇ s + ω s × (Is ω s ) = Ms (2.8)
Nous intégrons ces équations à l’aide de la méthode explicite présentée par Allen et
Tidlesley [Allen and Tidlesley, 1987]. Omeylan [Omeylan, 1999] propose une méthode
implicite correspondant mieux au schéma temporel centré. La première itération de cette
méthode est satisfaisante pour nos applications et est identique à la méthode proposée par
[Omeylan, 1999] et décrite ci-après. Le repère local Rs coïncide avec les axes principaux
d’inertie du solide, si bien que le tenseur d’inertie Is exprimé dans le repère lié au solide
est diagonal. Le moment cinétique aux instants t et t + τ /2 est calculé dans le repère
global :
t+ τ t− τ
L0 2 = L0 2 + τ Mt0
t+ τ t− τ (2.9)
Lt0 = 12 L0 2 + L0 2
τ
q t+τ = q t + τ q̇ t+ 2 (2.16)
Cas général
v2
ω2
G2
(S2 ) n t2
t1
C
ω1
G1
v1
(S1 )
Ces grandeurs sont entièrement caractérisées par la cinématique relative des deux solides
au point de contact. En effet, les vitesses relatives linéaires (2.18) et angulaires (2.19) des
solides au point de contact C s’écrivent :
ω 12 = ω 1 − ω 2 (2.19)
n
À partir de ces vitesses relatives, nous pouvons définir la vitesse relative normale v12 =
s n
(v12 · n)n et tangente v12 = v12 − v12 des solides au point C et de façon similaire, la
vitesse angulaire relative de torsion ω t12 = (ω 12 · n)n et de flexion ω b12 = ω 12 − ω t12 . À
tout instant, dans le repère de contact, les vitesses relatives linéaires et angulaires locales
donnent l’intensité des variations instantanées des mouvements relatifs précédemment
définis :
u̇s1 = v12 · t1
u̇s2 = v12 · t2
u̇n = v12 · n
(2.20)
Ω̇b1 = ω 12 · t1
Ω̇b2 = ω 12 · t2
Ω̇t = ω 12 · n
Connaissant les vitesses relatives au point C, il est possible de déterminer l’évolution de
l’interpénétration des solides pendant toute la durée du contact. L’évolution du repère
de contact, qui définit les directions normales et tangentes, doit également être prise en
compte. Celle-ci dépend cependant de la forme et de la cinématique des solides et n’est
pas connue dans le cas général. La détermination du plan tangent commun est aisée pour
des surfaces sphériques ou planes. Dans les cas plus complexes, des approches simplifiées
peuvent être utilisées [Cundall, 1988]. L’orientation du repère de contact au sein du plan
peut être obtenue par projection [Luding, 2008] ou rotation [Šmilauer and Chareyre,
2015] du repère entre les instants successifs du schéma de discrétisation temporelle. La
projection ne permet pas de tenir compte de la rotation du repère de contact autour de
la normale et nous lui préférons la méthode de rotation successive du repère présentée
par [Šmilauer and Chareyre, 2015]. Au point de contact, les solides sont donc en mesure
38 Chapitre 2. Approche générique de modélisation des écrans de filets
Les relations reliant les interpénétrations au point de contact (2.17) et les efforts de
contact (2.21) sont propres à la loi de comportement adoptée. De très nombreuses lois
d’interaction ont été développées pour modéliser le contact et au-delà du contact, des in-
teractions cohésives, adhésives ou à distance permettant de modéliser différents milieux ou
matériaux comme illustré précédemment en 2.3.1. Ces lois peuvent être non linéaires, vis-
coélastiques, élastoplastiques. . . Nous présentons brièvement les lois de contact linéaires,
dont fait partie la loi élastique-frictionnelle couramment utilisée en DEM.
Les lois de contact linéaires supposent une relation linéaire et non-couplée entre les
interpénétrations et les efforts de contact. Nous définissons ainsi la raideur normale kn ,
tangente ks , de torsion kt et de flexion kb vérifiant :
Fn = kn un
Fs = ks us
(2.22)
Mt = kt Ωt
Mb = kb Ωb
et déterminées à partir des propriétés géométriques et matérielles des solides considérés.
Un cas particulier des lois linéaires est la loi de contact élastique-frictionnelle proposée
par Cundall [Cundall and Strack, 1979], couramment utilisée pour modéliser des assem-
blages granulaires secs. La transmission de moments entre les solides n’est pas considérée
(kt = 0 et kb = 0). Le critère de rupture de Mohr-Coulomb est introduit, limitant ainsi
l’intensité de l’effort tangent à : kFs k ≤ Fn tan φ + c, avec φ l’angle de frottement et c la
force de cohésion.
Nous détaillons les modèles DEM développés et utilisés pour la modélisation des
écrans de filets. Nous présentons les particules discrètes ainsi que leurs assemblages et
leurs interactions permettant de modéliser les constituants principaux de la structure
ainsi que les projectiles.
2.3.4.1 Sphère
G2
R2
n
G1
R1
André et al [André et al., 2012] ont développé un élément DEM de poutre cohésive. Il
ne s’agit pas d’un solide rigide mais d’un élément déformable constitué de deux particules
sphériques de rayon R dont le mouvement relatif est contraint par une interaction à
distance. Cette interaction reproduit le comportement d’un élément fini de poutre d’Euler-
Bernoulli linéaire à 2 nœuds [Zienkiewicz and Taylor, 2013]. Bourrier et al [Bourrier et al.,
2013] proposent un modèle DEM de cylindre aux extrémités sphériques qui reprend les
principes de l’élément poutre introduit dans [André et al., 2012] et dont la formulation
est basée sur la loi de contact linéaire présentée précédemment. La formulation de cet
élément cylindre est rappelée ici.
Le cylindre possède une section de surface A = πR2 , de moment quadratique Ib =
4
πR /4 égal dans les 2 directions transversales et de moment quadratique polaire It =
πR4 /2. La longueur neutre est notée L0 et le matériau constitutif de densité ρ possède
un module d’élasticité E et un module de cisaillement (second coefficient de Lamé) G.
Dans la configuration neutre, non-déformée, les deux sphères sont séparées d’une distance
kx2 − x1 k = L0 , égale à la longueur neutre et possèdent la même orientation (Figure
2.6a). La longueur neutre représente la quantité de matière de l’élément. La répartition
de la masse de façon égale sur les deux sphères donne pour chaque sphère une masse
40 Chapitre 2. Approche générique de modélisation des écrans de filets
z~2
y~1 L n
G1 y~1 L0 G2 y~2 G1
(a) (b)
Figure 2.6 – Modèle DEM de l’élément cylindre (d’après [André et al., 2012]) : (a)
configuration neutre ; (b) configuration déformée
msphere = 1/2ρAL0 . Dans la configuration déformée, les sphères ont subi un mouvement
relatif de translation et de rotation (Figure 2.6b) permettant de définir les déplacements
et rotations relatifs (2.17). En supposant une loi de contact linéaire entre deux sphères
de rayon R = L0 /2 et en identifiant les équations (2.22) à la matrice de rigidité d’un
élément fini de poutre d’Euler-Bernoulli linéaire à 2 nœuds, Bourrier et al obtiennent les
raideurs suivantes :
kn = EA L0
ks = 12EI L30
b
(2.24)
kt = GI L0
t
kb = EI L0
b
La loi d’interaction ainsi définie diffère d’une loi de contact dans la mesure où les
sphères sont en interaction à distance et que cette interaction est permanente. Dans le
cas d’un contact unilatéral, il y a interaction uniquement lorsque l’indentation normale
un > 0 est positive. Le modèle de cylindre proposé par Bourrier et al permet également
une prise en compte de limites plastiques pour les efforts internes : effort normal et tran-
chant, moment de torsion et fléchissant. Ces limites sont cependant établies de façon
non-couplées et ne tiennent donc pas compte des interactions entre ces efforts, en parti-
culier entre l’effort normal et le moment fléchissant. La prise en compte de ces couplages
dans le comportement élastoplastique nécessiterait une intégration des contraintes dans
la section et donc la définition de variables supplémentaires.
Contact entre deux cylindres Le contact entre deux cylindres est détaillé par Ef-
feindzourou et al [Effeindzourou et al., 2016] et brièvement rappelé ici. Considérons 2
éléments cylindres, l’un formé par deux sphères (S1 ) et (S10 ) de rayon R1 et de centres
respectifs G1 et G01 et l’autre par deux sphères (S2 ) et (S20 ) de rayon R2 et de centres
respectifs G2 et G02 (Figure 2.7). Pour chacun des cylindres i ∈ {1,2}, l’enveloppe cylin-
drique susceptible d’entrer en contact avec d’autres éléments est obtenue en effectuant
la somme de Minkowski du segment [Gi G0i ] et d’une sphère de rayon Ri [Pournin et al.,
2005]. Nous définissons deux points M1 et M2 , de coordonnées xM1 et xM2 , appartenant
respectivement aux segments [G1 G01 ] et [G2 G02 ] et tels que la distance kxM2 − xM1 k soit
la distance minimale entre les deux segments [Vega and Lago, 1994].
De façon analogue au contact entre deux sphères, deux cylindres sont en contact dès
lors que l’indentation normale est positive : un = R1 +R2 −kxM2 −xM1 k > 0 et la normale
au contact est donnée par n = (xM2 − xM1 )/kxM2 − xM1 k. La description du contact entre
deux cylindres peut alors être ramenée à celle du contact entre deux sphères :
2.3. Méthode des Éléments Discrets 41
G2
(S2 )
R2
(S2virt )
n G′1
M2
R1 M1
G1 (S1′ )
(S1virt )
(S1 )
G′2
(S2′ )
Figure 2.7 – Contact entre deux cylindres et définition des sphères virtuelles (d’après
[Effeindzourou et al., 2016])
Cas limite de la barre Si l’on remplace les sphères par des points matériels, nous
obtenons alors à la place du cylindre un élément de barre, siège d’efforts axiaux de trac-
tion/compression uniquement. Il existe de nombreux cas où nous ne nous intéressons
qu’aux efforts axiaux et où la prise en compte du contact sur la partie courante du cy-
lindre n’est pas impérative. L’adoption de l’élément de barre nous permet alors de réduire
fortement le coût de calcul. Une barre peut entrer en contact avec une sphère et un cy-
lindre mais deux barres ou une barre et un point matériel ne peuvent entrer en contact
l’un avec l’autre. De plus, il est possible de définir de façon simple une mesure de dé-
formation unidimensionnelle ε pour la barre à partir de sa longueur neutre L0 et de sa
longueur courante L. Pour toute loi de comportement unidimensionnelle, il est alors pos-
sible d’exprimer la contrainte σ(ε) ainsi que l’effort F = σA. Nous pouvons ainsi définir
rigoureusement un élément linéaire unidimensionnel de loi de comportement quelconque.
L’élément de poutre rigide est un cas particulier d’un élément solide quelconque.
Contrairement à l’élément cylindre, il s’agit d’un corps indéformable et d’une particule
discrète propre. Il s’agit d’un solide élancé, engendré par des sections droites constantes
le long d’un segment [AB] de longueur L (Figure 2.8). Il est possible de définir des points
particuliers sur la poutre, le long de sa fibre moyenne mais également des points possédant
une certaine excentricité par rapport à la fibre moyenne. Ces points peuvent servir de
point d’attache à d’autres éléments discrets ou permettre la définition de conditions aux
limites.
42 Chapitre 2. Approche générique de modélisation des écrans de filets
~y
~x
C
~z
L
B
Contact avec une poutre rigide La forme de la poutre ne permet pas dans le cas
général de définir simplement les interactions de contact entre celle-ci et d’autres élé-
ments, sphères et cylindres notamment. Nous pouvons cependant définir une enveloppe
de contact, par exemple un cylindre, dans laquelle se trouve la poutre et considérer, du
point de vue du contact uniquement, cette enveloppe comme la frontière extérieure de la
poutre.
L’élément polytope convexe est un cas particulier d’un élément solide quelconque. Il
s’agit d’un polyèdre : un solide possédant des faces planes polygonales se rencontrant selon
des segments de droite, qui est de plus convexe et borné (un cube ou une pyramide par
exemple). Dans l’espace physique, nous pouvons définir tout polyèdre convexe P comme
l’ensemble de la forme :
P = {x ∈ R3 ; Ax ≤ b} (2.26)
2.3. Méthode des Éléments Discrets 43
Les équations des m plans délimitant ces demi-espaces sont données par chacune des
égalités du système Ax = b. Il est donc possible, dans le repère local lié au polytope, de
définir entièrement celui-ci à partir de ses m faces. Celles-ci peuvent être caractérisées
uniquement à l’aide de leur normale sortante ni et de la distance di entre la face et le
centre d’inertie G du polytope. En opérant le changement de variable x0 = x − x, nous
−→
obtenons : Ax0 = b0 avec b0 = b − Ax ≥ 0 puisque x = OG ∈ P . La normale unitaire
sortante ni d’une face i ∈ [[1; m]] est donnée par :
Ai
ni = (2.27)
kAi k
b0i
di = (2.28)
kAi k
Nous pouvons ainsi définir et repérer tout polytope convexe, comme par exemple
les solides de Platon, d’Archimède, de Catalan, les prismes et anti-prismes ainsi que les
solides de Johnson [Johnson, 1966].
Contact entre deux polytopes convexes Un polytope possède des faces, des arêtes
et des sommets, susceptibles de rentrer en contact les uns avec les autres. Si l’on exclut le
cas rare d’un contact face-face, 4 types de contact sont possibles : sommet-sommet, arête-
sommet, arête-arête et face-sommet. Le nombre de contacts évolue de façon quadratique
en terme de nombre de sommets et la détection des contacts est très coûteuse. Les contacts
peuvent également évoluer de façon irrégulière et être difficiles à définir [Cundall, 1988].
Afin de se ramener à des interactions régulières et connues, il est possible de définir le
sphéropolytope équivalent [Pournin and Liebling, 2005] obtenu, comme pour les cylindres,
par des opérations issues de la morphologie mathématique [Dougherty, 1992] : érosion
par une sphère et somme de Minkowski du polytope et de cette même sphère [Galindo-
Torres, 2010]. Le contact sommet-sommet est alors équivalent au contact sphère-sphère
et les contacts arête-sommet et arête-arête sont équivalents aux contacts entre cylindres
présentés précédemment. Nous présentons donc uniquement ici le contact face-sommet,
entre une sphère et un plan.
Une sphère de centre Gs et de rayon R est en contact avec un plan dès lors que
la distance du centre de la sphère au plan est inférieure au rayon de la sphère ; l’inter-
pénétration normale est alors positive (Figure 2.9). Si le plan forme la face i du po-
lyèdre convexe de centre d’inertie G, alors l’interpénétration normale s’exprime par :
un = R + di − (xS − x) · ni . La normale au contact est alors donnée par la normale à la
face ni .
44 Chapitre 2. Approche générique de modélisation des écrans de filets
R
ni Gs (xS − x) · ni
di
G
Figure 2.9 – Contact entre une sphère et une face du polytope convexe
2.4.1 Ancrages
Hypothèses et modélisation
Les ancrages constituent l’organe de fondation des ouvrages. Il peut s’agir de barres
d’acier rigides ou d’ancrages-câbles flexibles scellés dans le terrain à l’aide d’un coulis
de ciment. Le comportement mécanique des ancrages sous sollicitations dynamiques est
complexe et nécessite de tenir compte d’interactions locales entre la barre et le coulis
de scellement et entre le coulis et le terrain, ainsi que de l’endommagement des maté-
riaux constitutifs de la barre, du coulis et du terrain [Ho, 2016]. Face à la complexité
de la modélisation du comportement d’un ancrage sous sollicitations dynamiques et la
faible influence à l’échelle de l’ouvrage du déplacement des ancrages, nous choisissons de
représenter ceux-ci par des points fixes de l’espace.
Paramètres et calcul
L’ancrage est entièrement défini par sa position dans l’espace. Un ancrage est modé-
lisé par un point matériel ou par une sphère à laquelle est associée une condition aux
limites de Dirichlet de déplacement nul. Une condition aux limites de rotation nulle peut
éventuellement être ajoutée à la sphère si l’élément rattaché à l’ancrage l’est par le biais
d’une liaison encastrement. Au cours d’un impact sur un écran pare-blocs, nous retenons
deux scénarios principaux quant au comportement des ancrages :
– la sollicitation dynamique entraîne des désordres et des dommages mineurs au ni-
veau des ancrages. Ceux-ci subissent des déformations localisées entraînant des dé-
2.4. Modèles mécaniques des constituants et des projectiles 45
placements de l’ancrage de faible amplitude et ayant une influence très limitée sur
la réponse de l’ouvrage ;
– la sollicitation dynamique entraîne des désordres et des dommages majeurs, voire
une rupture, au niveau des ancrages. Ceux-ci n’assurent plus leur rôle d’organe de
fondation de la structure et celle-ci subit à son tour des désordres majeurs pouvant
conduire à la ruine.
Il est ainsi possible de tenir compte de la rupture d’un ancrage, et de ce comportement
rigide-fragile, en levant ces conditions aux limites lorsqu’un critère de rupture donné est
dépassé.
2.4.2 Poteaux
Hypothèses et modélisation
Les poteaux sont les seuls constituants de la structure capables de reprendre des
efforts de compression. Ils permettent à l’ouvrage d’être maintenu en place. La majorité
des technologies d’écrans de filets utilisent des poteaux articulés en pied. Les poteaux sont
alors reliés par une liaison pivot à une platine ancrée au terrain. Il existe des technologies
d’écrans où les poteaux sont encastrés de façon rigide en pied, ainsi que des montages
où le pied de poteau n’est pas relié directement au terrain mais est maintenu en place à
l’aide d’un système de câbles triangulés. Les poteaux peuvent donc être amenés à subir
de grands déplacements et de grandes rotations, sans nécessairement subir de grandes
déformations. Expérimentalement, et en dehors du cas d’un impact direct d’un projectile
sur un poteau, nous observons de faibles déformations, presque exclusivement élastiques,
et peu de désordres sur ces constituants. L’état de sollicitation des poteaux n’est pas une
donnée cruciale dans l’étude de la réponse globale des ouvrages, en particulier dans le
cas des sollicitations réglementaires. Seule la résistance ultime au flambement du poteau,
sollicité en flexion composée, peut être étudiée.
La complexité d’une formulation DEM d’une théorie des poutres en grandes rotations,
associée au faible besoin des informations que celle-ci pourrait apporter nous incite à ne
pas explorer cette voie dans un premier temps. Les déformations élastiques des poteaux
restant faibles, la définition d’un modèle déformable ne revêt que peu d’intérêt. L’emploi
du modèle de cylindre déformable pourrait être intéressant lorsque le poteau subit un
impact direct et des déformations plastiques importantes. Or nous avons vu dans ce cas
précis que la formulation est incomplète car elle ne tient pas compte de l’interaction entre
le moment fléchissant et l’effort normal. Dans le cas des poteaux, la prise en compte de
cette interaction est déterminante. Nous préférons donc définir les poteaux comme des
solides indéformables modélisés à l’aide d’un modèle de poutre rigide.
Paramètres et calcul
Poteau encastré en pied Il s’agit du cas le plus simple, les 6 degrés de liberté du
poteau sont bloqués par l’encastrement en pied et tous les points du poteau demeurent
fixes dans le temps.
Poteau libre en pied Il s’agit du cas le plus général d’un point de vue mécanique, le
solide dispose des 6 degrés de liberté et subit un mouvement composé de translation et
de rotation. L’ensemble des équations de mouvement de la mécanique du solide est utilisé
pour déterminer le mouvement du poteau dans le temps. Les équations de mouvement
de rotation sont exprimées au centre de gravité G du poteau, situé au milieu du segment
[AB]. Nous avons alors C = G, zA = −L/2 et zB = L/2, l’expression du tenseur d’inertie
dans le repère principal au centre de gravité du poteau devient :
mpoteau L2
ρIx L + 12
0 0
I (G,~x,~y,~z) =
mpoteau L2
(2.30)
0 ρIy L + 12
0
0 0 ρIz L
À l’instant courant t, les efforts et les moments appliqués au poteau sont déterminés.
Ces sollicitations peuvent provenir du poids propre du poteau, des efforts de traction
appliqués par les câbles et la nappe de filets ou de l’impact direct d’un projectile sur le
poteau. Étant donné que les sollicitations nécessaires à la détermination de la cinématique
des poteaux proviennent des efforts développés par les autres constituants, il est impératif
que le calcul des poteaux soit effectué en dernier.
2.4. Modèles mécaniques des constituants et des projectiles 47
Hypothèses et modélisation
Les dissipateurs d’énergie sont des constituants complexes, tant du point de vue de leur
conception que de leur comportement. Ils utilisent des mécanismes irréversibles : frotte-
ment, plasticité et rupture, dans le but de dissiper l’énergie d’impact du bloc. La diversité
de ces mécanismes et des technologies développées [Volkwein et al., 2011, Castanon-Jano
et al., 2017] font des dissipateurs d’énergie des constituants difficiles à modéliser précisé-
ment. Ils possèdent néanmoins des similarités importantes qui permettent le développe-
ment de modèles simplifiés et tout à fait pertinents à l’échelle de la structure.
Les dissipateurs d’énergie sont des éléments élancés, sollicités en traction entre deux
extrémités. De ce fait, la réponse globale en traction des dissipateurs, résultante des
phénomènes locaux complexes, peut être correctement appréhendée par des lois de com-
portement unidimensionnelles usuelles ; le caractère unidimensionnel des dissipateurs est
valide à l’échelle de la structure. Par conséquent, nous décidons de modéliser les dissi-
pateurs d’énergie à l’aide d’un élément de barre muni d’une loi de comportement irré-
versible. La réponse force-déplacement globale des différents dissipateurs d’énergie est
semblable. Dans un premier temps, le dissipateur présente une raideur importante, le
système est réversible et se met en charge jusqu’à un certain niveau d’effort appelé seuil
de déclenchement. Une fois le seuil de déclenchement atteint, les mécanismes irréversibles
sont enclenchés et la raideur chute, la poursuite du chargement entretient les mécanismes
irréversibles et la raideur reste faible. En fonction des technologies, il est possible d’obser-
ver un comportement écrouissant, parfaitement plastique ou adoucissant [Castanon-Jano
et al., 2017]. Ces observations nous incitent à choisir une loi de comportement élastoplas-
tique à écrouissage cinématique linéaire (Prager) pour les dissipateurs d’énergie. Cette loi
permet de contrôler facilement le seuil de déclenchement du dissipateur et son comporte-
ment après déclenchement. L’utilisation d’un seul élément permet également de prendre
en compte les comportements adoucissants. La présence d’une unique barre ne provoque
aucune dépendance au maillage ni problème de localisation de la déformation plastique.
Paramètres et calcul
Les dissipateurs d’énergie sont caractérisés par 6 paramètres. 3 paramètres sont liés
aux caractéristiques géométriques, matérielles et technologiques : la masse mdissipateur ,
la longueur initiale L0 et la course Lmax du dissipateur. La masse totale est répartie de
façon égale sur les deux points matériels de la barre, la longueur initiale du dissipateur
avant sollicitation donne la longueur neutre de la barre et la course la longueur maximale
que peut atteindre la barre avant d’être considérée comme rompue. Il n’y a pas néces-
sairement rupture au sens mécanique lorsque le dissipateur arrive en bout de course et
certaines technologies présentent une butée pouvant générer des efforts importants. Cette
butée peut être aisément prise en compte par l’ajout d’un élément de longueur Lmax en
parallèle avec le dissipateur [Castanon-Jano et al., 2017]. 3 paramètres sont liés à la loi
de comportement de Prager : la limite d’élasticité σy , le module élastique E et le module
plastique H (Figure 2.10).
Le calcul des dissipateurs d’énergie est simple. Tout d’abord, la déformation de l’élé-
48 Chapitre 2. Approche générique de modélisation des écrans de filets
σ EH
E+H
σy
E
ε
Figure 2.10 – Loi de comportement élastoplastique de Prager retenue pour les dissipa-
teurs d’énergie
Fy
σy = (2.31)
A
K1 L 0
E= (2.32)
A
K1 K2 L0
H= (2.33)
K1 − K2 A
Hypothèses et modélisation
Les nappes de filets sont des milieux périodiques discrets formés par un motif élé-
mentaire répété dans deux directions principales du plan. Ces nappes sont flexibles et
n’opposent quasiment aucune résistance à la flexion. Plusieurs travaux considèrent la
nappe comme un milieu homogène, décrit à l’aide d’une membrane équivalente [Ghous-
soub, 2014,Dhakal et al., 2011,Dhakal et al., 2012]. Cette approche est cependant difficile
à mettre en œuvre dans le cas général, il est en particulier ardu de prendre en compte
le glissement relatif entre la nappe de filets et les câbles de rive dans une analyse dy-
namique (phénomène appelé effet rideau). De plus, étant donné les dimensions du motif
par rapport à celles de la nappe, l’hypothèse de milieu homogène équivalent n’est pas
toujours valide [Boulaud, 2016] et la modélisation du milieu périodique discret semble
s’imposer. Dans la continuité de la grande majorité des travaux antérieurs [Nicot et al.,
2001a, Bertrand et al., 2010, Volkwein, 2005, Grassl, 2002, Gentilini et al., 2012] et afin
de pouvoir les intégrer à la plateforme de calcul, nous modélisons les nappes de filets en
discrétisant la géométrie du motif élémentaire en un nombre limité de points d’intérêt.
Ces motifs élémentaires sont ensuite assemblés à l’aide d’un modèle d’assemblage. Les
2.4. Modèles mécaniques des constituants et des projectiles 49
points d’intérêt peuvent être, par exemple, les points de contact entre les anneaux [Volk-
wein, 2005] ou les attaches entre les câbles [Bertrand et al., 2010, Cazzani et al., 2002].
Les motifs élémentaires sont définis par des nœuds et des liaisons, représentés à l’aide de
points matériels en interaction.
Les choix de modélisation sont nombreux et les différents travaux proposent une dis-
crétisation et des interactions différentes. Différents modèles peuvent notamment être
utilisés pour modéliser une même nappe, le cas des nappes de filets à anneaux en est une
bonne illustration [Nicot et al., 2001a, Volkwein, 2005, Grassl, 2002].
Paramètres et calcul
Nous avons vu au paragraphe précédent qu’il existe une grande diversité dans la mo-
délisation des nappes de filets. Un modèle DEM du motif élémentaire définit le compor-
tement local du filet. Une loi d’assemblage est ensuite définie pour décrire les interactions
entre les motifs et permettre d’obtenir un comportement de nappe. À titre d’exemple, le
modèle de nappe de filets à anneaux développé par Nicot et al [Nicot et al., 2001a] utilise
un unique nœud comme motif élémentaire. L’assemblage est réalisé à l’aide d’interactions
à distance entre les points correspondant aux anneaux en contact dans la nappe. Dans le
cadre de ce travail de thèse, nous avons développé un modèle de nappe de filets à anneaux
entrelacés à 4 contacts. Ce modèle est présenté en détails au chapitre 3.
2.4.5 Câbles
Hypothèses et modélisation
Les câbles permettent de maintenir la structure en place et de lier les différents consti-
tuants entre eux. Il s’agit d’éléments mécaniques utilisés dans de nombreuses structures et
faisant l’objet d’études approfondies [Irvine, 1981]. Le succès des modélisations de câbles
à l’aide d’une succession d’éléments linéaires à 2 nœuds, discrets ou continus, pour des
problèmes quasi-statiques [Dreyer and Van Vuuren, 1999] et dynamiques [Albaba et al.,
2017, Escallón et al., 2014, Escallón et al., 2014] nous incite à suivre cette voie. Les câbles
sont généralement composés de torons : un assemblage de fils torsadés de faible section qui
leur confère une faible rigidité de flexion. Nous négligeons entièrement la rigidité de flexion
et de torsion et choisissons de modéliser le câble comme une suite de barres articulées
entre elles. La loi de comportement unidimensionnelle du câble peut être quelconque.
Paramètres et calcul
Les câbles sont caractérisés par 3 paramètres liés aux caractéristiques géométriques et
matérielles : la masse linéique η, le diamètre φ et la densité de discrétisation d du câble. Le
câble est discrétisé en une succession de N segments ordonnés, délimités par N + 1 nœuds
représentés par des points matériels (Figure 2.11). Pour une densité de discrétisation de
d nœuds par unité de longueur, les segments possèdent une longueur neutre L0 = 1/d.
Pour chaque segment de longueur neutre L0 , la masse totale du segment ηL0 est
répartie de façon égale sur les deux points matériels situés aux extrémités du segment.
50 Chapitre 2. Approche générique de modélisation des écrans de filets
(1) (2) (N − 1) (N )
1 2 3 N −1 N N +1
1/d
Figure 2.11 – Discrétisation du câble en segments avec une densité de d nœuds par unité
de longueur
Les efforts axiaux dans le câble sont alors calculés avec A = η/ρacier . Ce modèle permet
de modéliser les haubans ou les câbles solidaires à d’autres éléments de structures. Pour
aller plus loin et modéliser le phénomène d’effet rideau (glissement de la nappe de filets
le long des câbles), un modèle de câble glissant est développé spécifiquement. Ce modèle
est présenté au chapitre 4.
Hypothèses et modélisation
Les écrans de filets sont représentés par un assemblage de leurs constituants, modé-
lisés à l’aide de solides en interaction. L’assemblage des constituants peut être réalisé en
définissant :
– des interactions entre les solides des constituants. Cela permet de représenter des
assemblages mobiles, comme par exemple entre les motifs du filet (Figure 2.12a) ;
– des solides communs partagés par les constituants. Cela permet de représenter des
assemblages solidaires comme le haubanage des poteaux (Figure 2.12b).
C1 C2
C1 C2
C3
(a) (b)
Figure 2.12 – Méthodes d’assemblage des constituants : (a) assemblage par interaction
entre solides ; (b) assemblage solidaire par partage de solides
2.5. Conclusions 51
Paramètres et calcul
Pour chaque type d’assemblage, les efforts internes développés par les constituants
ainsi que les interactions d’assemblage sont calculés et appliqués à l’ensemble des solides
afin de déterminer leur mouvement. La définition d’assemblages ne modifie pas la procé-
dure de calcul.
Dans le cas d’un assemblage par interaction, des calculs supplémentaires de l’effort généré
par la nouvelle interaction sont effectués.
Dans le cas d’un assemblage par partage de solides, aucun calcul supplémentaire n’est
nécessaire, seules les propriétés inertielles (masse et moments d’inertie) du solide partagé
sont modifiées en superposant ses propriétés issues de chaque constituant.
2.4.7 Projectiles
Hypothèses et modélisation
Les blocs rocheux impactant les écrans de filets sont très rigides par rapport à la
structure d’interception. Leur déformation demeure faible et a donc peu d’influence sur
les phénomènes de contact entre le bloc et le filet. Les projectiles sont donc considérés
comme des solides indéformables.
Paramètres et calcul
Nous utilisons des sphères et des polytopes convexes afin de modéliser les blocs ro-
cheux. Les polytopes peuvent représenter :
– des blocs dont la géométrie se rapproche de celle de blocs rocheux réels ;
– des projectiles réglementaires, comme l’impacteur défini dans l’ETAG 27 [EOTA,
2013] ou dans la réglementation suisse SAEFL [SAEFL, 2001].
Il est possible d’impacter un écran de filets à l’aide de plusieurs projectiles de formes dif-
férentes simultanément. Les projectiles sont susceptibles d’entrer en contact avec toutes
les particules discrètes formant l’ouvrage. La loi élastique-frictionnelle proposée par Cun-
dall [Cundall and Strack, 1979] et rappelée en 2.3.3 est utilisée pour décrire ces contacts.
Les propriétés géométriques et matérielles d’un polytope dépendent de sa forme. Nous
avons établi et implémenté ces propriétés pour un ensemble de polytopes convexes (pa-
rallélépipède rectangle, tétraèdre tronqué, prisme triangulaire, projectile ETAG 27 et
SAEFL). Nous utilisons dans ce mémoire uniquement le projectile défini par l’ETAG 27
à des fins de validation du modèle numérique à partir d’essais expérimentaux réalisés avec
ce projectile et présentés au chapitre 5. Les caractéristiques du bloc défini par l’ETAG
27 sont détaillées en annexe A.2.
2.5 Conclusions
Dans ce chapitre, nous avons exposé les principes de la modélisation générique et
détaillé les modèles mécaniques de constituants dans le formalisme de la méthode des
52 Chapitre 2. Approche générique de modélisation des écrans de filets
3.1 Introduction
Les nappes de filets à anneaux entrelacés sont très répandues dans les technologies
d’écrans de filets [Lambert and Nicot, 2011] et la plupart des travaux de modélisation
s’intéressent à ce type de nappe d’interception. Parmi ces travaux de modélisation, pré-
sentés au chapitre 1 en 1.3.4, nous détaillons les différents modèles d’anneaux proposés
en en présentant les avantages et les inconvénients. Le modèle FEM d’anneau proposé
par Escallón et al [Escallón et al., 2014] propose une description mécanique détaillée et
complète mais présente un coût de calcul très important et requiert la définition et le
calcul de grandeurs locales peu utiles dans les applications pratiques. Les modèles de
membrane équivalente, comme celui de Ghoussoub [Ghoussoub, 2014] sont plus avanta-
geux mais difficiles à formuler en grands déplacements, notamment au niveau du contact
glissant avec les câbles. L’homogénéisation conduit également à une perte d’information
locale. L’emploi de modèles discrets simplifiés est un compromis intéressant. Nicot et
al [Nicot et al., 2001a] et Gentilini et al [Gentilini et al., 2012] ont proposé des modèles
où les anneaux sont discrétisés en un seul nœud, l’ensemble des nœuds étant reliés par
des barres dont la réponse mécanique reproduit celle d’un anneau. Volkwein [Volkwein,
2004] et Grassl [Grassl, 2002] ont respectivement développé des modèles FEM d’anneaux
à 4 et 8 nœuds de discrétisation et leur assemblage en nappe. Ces modèles discrets,
bien que plus complets et peu coûteux, présentent néanmoins d’importantes limites, no-
tamment dans leur capacité à reproduire différentes sollicitations et à tenir compte des
mécanismes irréversibles complexes. Aucun des modèles existants ne présente conjointe-
ment une exactitude physique et des performances de calcul suffisamment satisfaisantes ;
le modèle développé et présenté dans ce chapitre a pour objectif de combler ce manque.
La nappe de filets à anneaux entrelacés à 4 contacts est étudiée en tant qu’assemblage
périodique d’anneaux, nous concentrons donc notre effort de modélisation sur l’anneau
pris isolément. Tout d’abord, nous présentons le modèle général d’anneau développé. La
réponse analytique du modèle à des sollicitations de référence est ensuite étudiée et une
méthode numérique de calibration est spécifiquement développée dans le but d’obtenir
les paramètres optimaux du modèle. Enfin, une campagne expérimentale est menée et les
53
54 Chapitre 3. Modèle mécanique d’anneau à 4 contacts
termine lorsque aucune déformation de flexion supplémentaire n’est possible et que l’an-
neau possède la forme du polygone funiculaire associé aux efforts extérieurs appliqués. Les
efforts de flexion restent alors constants et le régime de traction démarre. L’anneau subit
alors principalement des efforts internes de traction [Nicot et al., 2001b] et sa raideur
est par conséquent très élevée. Ces comportements mécaniques propres aux anneaux en
acier sont illustrés par de nombreuses études expérimentales, notamment [Grassl et al.,
2002,Nicot et al., 2001a,Escallón et al., 2014], et sont discutés en section 3.5 dans laquelle
les résultats de la campagne expérimentale menée sont présentés.
Dans le cas des filets à anneaux entrelacés à 4 contacts, chaque anneau interne à la
nappe est relié à 4 anneaux voisins (Figure 3.2a). Le cas particulier des anneaux externes,
reliés à 2 anneaux voisins et à un câble de rive, est entièrement traité dans l’annexe B.1.
Nous nous concentrons ici sur le modèle général des anneaux internes à la nappe possé-
dant 4 anneaux voisins. La discrétisation de l’anneau doit a minima représenter chacun
des 4 points de contact de l’anneau avec ses 4 voisins. Une telle discrétisation d’un an-
neau circulaire, si elle est régulière et symétrique, ne peut se faire qu’à l’aide de 4n nœuds
(n ≥ 1) répartis de façon homogène sur le pourtour de celui-ci. Il existe un cas dégénéré
qui correspond à associer à un anneau un seul et unique nœud de discrétisation. C’est le
choix qui est fait par Nicot [Nicot et al., 2001a, Nicot et al., 2001b] et Gentilini [Gentilini
et al., 2012]. Pour n = 1, une discrétisation minimale à 4 nœuds de la structure d’anneau
est obtenue, chaque nœud de discrétisation représentant le point de contact de l’anneau
avec les 4 anneaux voisins. Ce choix est notamment adopté par Volkwein [Volkwein, 2004].
Pour n = 2, on obtient un anneau à 8 nœuds. Grassl [Grassl, 2002] utilise un tel modèle
dans lequel 4 nœuds représentent un point de contact avec un anneau voisin et sont cha-
cun encadrés par deux nœuds fixes de discrétisation de l’anneau entre lesquels ils sont
libres de se déplacer. Cette discrétisation permet de mieux appréhender les déformations
de flexion mais est plus coûteuse en temps de calcul, chaque nappe étant composée de
plusieurs dizaines d’anneaux. Pour n > 2, une approche similaire à celle de Grassl li-
miterait l’amplitude de glissement des points de contact. En effet, les nœuds situés aux
points de contact ne peuvent se déplacer qu’entre les deux nœuds fixes qui les encadrent
et qui sont de plus en plus proches lorsque n augmente. Des méthodes spécifiques permet-
tant aux nœuds de contact de se déplacer sur de plus grandes amplitudes devraient alors
être développées, rendant les modèles complexes et le coût de calcul associé important.
Des discrétisations plus fines peuvent être effectuées si l’on ne définit pas explicitement
les points de contact dans la discrétisation de l’anneau. La condition portant sur les 4n
nœuds de discrétisation peut alors ne pas être respectée. En revanche, il devient nécessaire
de définir une loi de contact entre les différents anneaux. Escallón [Escallón et al., 2014]
utilise par exemple un modèle FEM tridimensionnel d’anneau formé par une succession
d’éléments poutres linéaires et utilise l’algorithme général de contact du logiciel commer-
cial Abaqus afin de modéliser les interactions entre les différents anneaux. Ce modèle se
révèle très coûteux en temps de calcul et les hypothèses géométriques associées à l’emploi
d’éléments de poutres ne permettent pas de bien rendre compte du comportement dans
les deux régimes de flexion et de traction.
Le modèle discret d’anneau développé ici se compose de 4 nœuds qui interagissent à
travers un ensemble de 7 liaisons : 1 liaison de pourtour, 2 liaisons diagonales et 4 liaisons
56 Chapitre 3. Modèle mécanique d’anneau à 4 contacts
Liaison de pourtour
Liaisons de bord
Liaisons diagonales
(a) (b)
Figure 3.2 – (a) filet d’anneaux entrelacés à 4 contacts ; (b) modèle discret d’anneau à
4 nœuds développé
Liaison de pourtour
La liaison de pourtour forme une boucle refermée sur elle-même, de façon analogue
à la structure d’anneau circulaire. Cela permet d’obtenir une bonne description des va-
riations de courbure de l’anneau (ovalisation) au cours de sa déformation [Tse and Lung,
2000]. Ainsi, cette liaison développe uniquement des efforts de traction. Les efforts in-
ternes de traction dans un anneau réel sont repris le long de son pourtour. De par la
discrétisation en 4 nœuds, les efforts de traction développés par la liaison de pourtour
représentent le comportement en flexion composée d’arcs plans d’anneau en acier soumis
à des sollicitations externes de traction.
Liaisons internes
Nous nous référerons aux liaisons diagonales et aux liaisons de bord en tant que
liaisons internes. Ces liaisons sont de natures différentes mais possèdent des fonctions
similaires : elles représentent la flexion plastique plane des sections de l’anneau soumises
à de fortes variations de courbure. Les liaisons internes empêchent également l’apparition
de modes de déformation à énergie nulle (effet sablier) en équilibrant les efforts de traction
développés par la liaison de pourtour avec des efforts de compression.
3.2. Modèle d’anneau développé 57
Les liaisons diagonales et de bord partagent une loi de comportement de même nature.
Nous affectons aux liaisons internes un comportement élastoplastique prenant en compte
le raidissement géométrique de la structure d’anneau démontré par Tse [Tse and Lung,
2000]. Une loi de comportement unidimensionnelle est développée, nous l’introduisons
en termes de contrainte axiale σ et de déformation axiale ε dans un premier temps,
avant d’établir une formulation en force et déplacement, plus adaptée au modèle discret.
La déformation élastique εe et la déformation plastique εp sont définies à partir de la
partition des déformations : ε = εe + εp . La contrainte axiale dans la liaison est définie
par σ = Eεe . Soient E la valeur actuelle du module d’élasticité et E0 sa valeur initiale,
nous définissons la variable de raidissement géométrique des liaisons internes Gint par :
E
Gint = ≥1 (3.1)
E0
Étant donné que les changements de forme de l’anneau sont principalement dus à des
mécanismes de flexion plastique, nous faisons l’hypothèse que la contribution des défor-
mations élastiques au raidissement de l’anneau est négligeable devant celle des déforma-
tions plastiques. Nous établissons alors que Gint = gint (εp ) est une fonction croissante
ne dépendant que de la déformation plastique de la liaison et vérifiant gint (εp = 0) = 1.
Les premières déformations plastiques n’apparaissent pas instantanément lors de la dé-
formation et le raidissement est initialement très faible, nous ajoutons donc la condition
initiale supplémentaire suivante : dgint /dεp (εp = 0) = 0. La fonction de charge des liaisons
internes est définie par :
f (σ) = σ ≤ 0 (3.2)
Ce choix nous permet de garantir que les liaisons internes travaillent uniquement en
compression. Nous définissons la loi d’écoulement en plasticité associée, ε̇p = λ∂f /∂σ où
λ est un scalaire appelé multiplicateur plastique. Le taux de déformation dans le domaine
plastique est alors donné par les conditions de Karush-Kuhn-Tucker et la condition de
cohérence :
λ ≤ 0 , f (σ) ≤ 0 , λf (σ) = 0
(3.3)
λf˙(σ) = 0
Nous obtenons alors la loi de comportement suivante pour les liaisons internes, exprimée
en fonction de la contrainte et de la déformation axiale :
ε̇ = ε̇e ε̇p = 0 σ = Gint E0 εe ≤ 0 si f < 0 ou f = 0 et f˙ < 0
(3.4)
ε̇ = ε̇ > 0 ε̇e = 0 σ = 0
p
si f = 0 et f˙ = 0
et nous choisissons une fonction puissance pour la fonction de raidissement géométrique
des liaisons internes gint :
si εp < εph
p 1
gint (ε ) = (3.5)
1 + α (εp − εph )β si εp > εph
58 Chapitre 3. Modèle mécanique d’anneau à 4 contacts
avec εph la plus grande déformation plastique n’entrainant pas de raidissement et α > 0
et β > 1 des coefficients à déterminer.
Nous allons maintenant déduire des relations précédemment établies une formulation
en force et en déplacement axial de la loi de comportement des liaisons internes (Figure
3.3). Considérons pour la liaison unidimensionnelle une section constante A, ainsi qu’une
longueur de référence l0 . En utilisant la mesure de déformation de Cauchy, la longueur
de la liaison est obtenue par :
l = l0 (1 + ε) (3.6)
D’après les équations (3.4), nous pouvons observer que pour un niveau de déformation
plastique donné, la longueur maximale de la liaison est obtenue lorsque la déformation
élastique est nulle. En effet, la liaison ne reprenant que des contraintes de compression,
les déformations élastiques sont toujours négatives. Nous pouvons alors définir li , la plus
grande longueur atteinte par la liaison comme :
li = max(l) = l0 (1 + εp ) (3.7)
li est donc une variable de mémoire contenant l’information sur l’état de plastification de
la liaison. La déformation élastique de la liaison est alors directement obtenue à partir de
la partition des déformations et des relations (3.6) et (3.7) :
l − li
εe = (3.8)
l0
La force axiale dans la liaison est donnée par F = σA et la fonction de charge peut s’écrire
f (F ) = F ≤ 0. En introduisant la raideur initiale k0 = E0 A/l0 , la loi de comportement
de la liaison interne, exprimée en fonction de la force et du déplacement axial s’écrit :
avec lih la plus grande longueur de la liaison n’entrainant pas de raidissement et aint > 0
et bint > 1 des coefficients à déterminer. La raideur initiale et la fonction de raidissement
géométrique sont respectivement notées kd et gd pour les diagonales et ks et gs pour les
bords. La plus grande longueur n’entrainant pas de raidissement, ainsi que les coefficients
de la fonction de raidissement sont eux respectivement notés dih , ad , bd et sih , as , bs .
De façon similaire aux liaisons internes, nous affectons à la liaison de pourtour une loi
de comportement élastoplastique. Le comportement élastoplastique de cette liaison est
inspiré du modèle développé par Nicot [Nicot et al., 2001b] afin de traiter le comportement
d’un anneau soumis à une traction uniaxiale. Les propriétés principales du modèle de
Nicot sont d’abord rappelées (la formulation élastoplastique détaillée est présentée dans
3.2. Modèle d’anneau développé 59
Finterne
1 ≤ G1 ≤ · · · < G n ≤ · · ·
l 0 ≤ l i 1 ≤ · · · ≤ l in ≤ · · ·
0
l
l0 l i1 l in
k0 G1 k 0
Gn k 0
[Nicot et al., 2001b]) avant d’en déduire une formulation en force-déplacement simplifiée
pour la liaison de pourtour.
La longueur de référence de la liaison de pourtour est notée L0 , sa longueur actuelle
est notée L et sa longueur à l’état de transition est notée Lr . Dans un premier temps,
pour un allongement compris entre L = L0 et L = Lih , la réponse de la liaison est élas-
tique. Cette étape correspond à une flexion élastique de l’anneau, avec Lih la plus grande
longueur n’entrainant pas de déformations plastiques. Dans un deuxième temps, pour un
allongement compris entre L = Lih et L = Lr , la réponse est élastoplastique et corres-
pond à la phase du régime de flexion durant laquelle l’anneau subit des efforts internes de
flexion composée et de grands déplacements. La liaison a un comportement irréversible
durant cette phase, le chemin de déchargement diffère du chemin de chargement et on
observe une augmentation de la raideur élastique comme expliqué en début de section 3.2.
Dans un troisième temps, pour un allongement supérieur à L = Lr , la liaison présente
une réponse élastique correspondant au régime de traction de l’anneau. La raideur de la
liaison est très élevée lors du régime de traction (Figure 3.4).
La relation monotone force-déplacement de la liaison de pourtour développée ici est
choisie affine par morceaux. Nicot propose une relation à 5 intervalles, basée sur les
résultats d’essais de traction sur anneaux. Afin d’être cohérents avec la distinction que
nous avons établie entre le régime de flexion et le régime de traction, nous utilisons
une relation affine par morceaux à 2 intervalles de raideur kb et kt > kb . Le premier
intervalle, de raideur kb , correspond au régime de flexion élastoplastique de faible raideur
de l’anneau tandis que le second intervalle, de raideur kt correspond lui au régime de
traction élastique de forte raideur. La séparation entre ces deux intervalles se fait lorsque
le pourtour atteint la longueur de transition L = Lr (Figure 3.4). Comme pour les liaisons
internes, une variable de raidissement géométrique Gp est définie dans le but de prendre
en compte l’augmentation de la raideur élastique k e au cours du régime de flexion. Nous
définissons cette variable comme suit :
ke
Gp = ≥1 (3.11)
kb
Nous avons fait l’hypothèse que la raideur élastique dépendait uniquement des déforma-
tions plastiques, ici l’allongement plastique ∆Lp . De même que pour les liaisons internes,
nous écrivons Gp = gp (∆Lp ). Lorsque la liaison est chargée de façon monotone dans le
régime de flexion (L < Lr ), elle subit un allongement élastique et plastique et présente
60 Chapitre 3. Modèle mécanique d’anneau à 4 contacts
une raideur tangente kb . Lorsque la liaison est déchargée, elle suit une branche élastique
linéaire de raideur tangente k e = Gp kb jusqu’à ce que la force s’annule. En cas de re-
chargement, la même branche élastique est empruntée jusqu’à atteindre le point où la
décharge avait démarré (Figure 3.4). Dans le régime de traction, la raideur élastique vaut
kt , limitant ainsi la valeur de la variable de raidissement géométrique à Gp ≤ kt /kb .
La liaison subit uniquement des efforts de traction et par conséquent des allongements
positifs, l’allongement plastique ne peut donc pas décroitre et ne peut augmenter que
lorsque la longueur de la liaison augmente. Durant les phases de déformation élastique,
il n’y a pas de variation de l’allongement plastique (∆L ˙ p = 0), l’allongement plastique
augmente donc uniquement lors des phases de chargement dans le domaine élastoplas-
tique. De façon analogue à ce qui est fait pour les liaisons internes (Équation 3.7), nous
définissons la plus grande longueur atteinte Li = max(L), il est alors possible d’exprimer
l’allongement plastique en fonction de la variable de mémoire Li par ∆Lp = z(Li ) où z
est une fonction croissante. La relation force-déplacement de la liaison de pourtour, ainsi
que la variable de raidissement géométrique Gp peuvent alors être exprimées en fonction
de la plus grande longueur atteinte Li . La relation force-déplacement est alors donnée par
la relation (3.12).
kb (L − L0 ) si L = Li < Lr (charge)
F = kb (Li − L0 ) + Gp kb (L − Li ) si L < Li < Lr (décharge) (3.12)
kb (Lr − L0 ) + kt (L − Lr ) si L > Lr
Fpourtour
1 ≤ G p 1 ≤ · · · ≤ G pn ≤ · · · kt
L0 ≤ Li 1 ≤ · · · ≤ Li n ≤ · · ·
kb
G pn k b
G p1 k b L
0
L0 Li h Li 1 Li n Lr
Figure 3.4 – Loi de comportement de la liaison de pourtour
les zones situées entre les zones d’impact et les câbles de rive de la nappe et en traction
3 points au niveau des câbles de rive. Les sollicitations en traction 3 points sont étudiées
en annexe B.1 pour le modèle d’anneau de rive à 3 nœuds correspondant. Pour les an-
neaux internes, nous considérons donc les sollicitations de traction en 4 points et 2 points
comme sollicitations de référence pour l’étude du comportement des anneaux. Dans la
suite, nous établissons les expressions analytiques non-linéaires de l’équilibre statique du
modèle d’anneau soumis à ces 2 sollicitations de référence.
2P 4P
Figure 3.5 – Sollicitations de traction 2 points et 4 points
F F
2 2
s0
s0 F
d0
d Fp 2
s0 + δ R
s0 Fs2 γ
γ Fd
Fs1 Fp
(a) (b)
Chargement monotone
Déchargement
s F
s0 Fp
d Fs
φ
d0
φ+δ
γ Fp Fp Fd 2 γ
Fs Fp
Fs Fd 1 Fs
(a) (b)
Étant donné que les nœuds latéraux sont libres, le système possède 2 degrés de liberté
supplémentaires en traction 2 points : la longueur de la diagonale transversale d ainsi
que la longueur des bords s. La cinématique de déformation étant supposée symétrique
par rapport aux directions axiale et transversale, la longueur des bords s est exprimée en
fonction du diamètre intérieur de l’anneau φ, du déplacement axial δ et de la longueur de
la diagonale d. Nous nous intéressons donc aux expressions analytiques de l’effort axial
F et de la longueur de la diagonale d. De même qu’en traction 4 points, les phases de
chargement monotone et de déchargement sont étudiées séparément.
Chargement monotone
Au cours du chargement monotone, les liaisons de bord ainsi que la liaison diagonale
axiale ne développent pas d’efforts de compression (Fd1 = 0 et Fs = 0). A partir des
équations d’équilibre (3.17), nous obtenons des relations implicites pour les grandeurs F
64 Chapitre 3. Modèle mécanique d’anneau à 4 contacts
(3.18) et d (3.19), avec sr la longueur des bords à l’état de transition (Lr = 4sr ). La
démonstration de ces relations est présentée en annexe B.2.
2 2
kd φ kb φ
1+
F +kd (φ+δ)
− 32 4kb (φ+δ)−F = 0 si s < sr
2 2 (3.18)
kd φ kb (sr −s0 )−kt sr
1+
F +kd (φ+δ)
− 64 F −4kt (φ+δ) = 0 si s > sr
kd (φ + δ)
d = d0 ∀s (3.19)
F + kd (φ + δ)
Déchargement
(3.20)
kd (φ + δ)
d = d0 ∀s (3.21)
F − Gdi kd (δ − δi ) + kd (φ + δ)
La démonstration de ces relations est présentée dans l’annexe B.2. Comme pour la trac-
tion 4 points, le chemin de déchargement est unique et ne présente pas d’hystérésis lors
des cycles de déchargement-chargement. Lorsque l’anneau est rechargé au-delà de δi , sa
réponse reprend le chemin de chargement monotone et n’est pas affectée par l’existence
du cycle de déchargement-rechargement.
La réponse analytique non-linéaire du modèle d’anneau aux sollicitations de référence
a été explicitée et les paramètres du modèle sont reportés Tableau 3.1. La méthode de
calibration définie dans le but de déterminer les paramètres du modèle à partir d’essais
expérimentaux est présentée dans la section suivante.
Dans le cas où l’algorithme ne parvient pas à trouver une plus faible valeur de la fonc-
tion objectif, le facteur d’amortissement λn est augmenté. La direction de descente se
rapproche alors de celle du gradient et le pas diminue, garantissant ainsi la diminution
de la fonction objectif. L’équation (3.27) est résolue pour ∆θ n , le vecteur paramètre est
actualisé θ n+1 = θ n + ∆θ n et le processus est poursuivi jusqu’à convergence vers un mi-
nimum de la fonction objectif. Étant donné que les problèmes non quadratiques peuvent
avoir plusieurs minima, la résolution est effectuée pour différents points de départ θ 0 qui
convergent vers différentes valeurs de θ ∗ . La valeur minimale de la fonction objectif ainsi
que l’ensemble de paramètres optimaux correspondant sont obtenus en retenant la valeur
minimale parmi les minima explorés.
Intuitivement, il semble peu probable que l’ensemble optimal (s∗r ,θ ∗ )F minimisant la
fonction SF et l’ensemble optimal (s∗r ,θ ∗ )d minimisant la fonction Sd soient identiques.
En d’autres termes, les paramètres qui fournissent le comportement optimal du modèle
en terme d’efforts sont possiblement très différents des paramètres fournissant le com-
portement optimal du modèle en terme de déformation. La calibration par rapport à une
grandeur peut donner de très mauvais résultats sur l’autre. Ce résultat peut être aisément
vérifié à partir de données expérimentales. Nous disposons de la mesure de l’effort axial
F et de la longueur de la diagonale d pour un anneau soumis à un chargement monotone
de traction 2 points piloté en déplacement axial δ. Plus de détails sur la réalisation de ces
essais et l’obtention des résultats sont donnés en section 3.5. Nous appliquons la méthode
de Levenberg-Marquardt sur les deux fonctions objectif SF et Sd , nous obtenons ainsi les
paramètres optimaux (s∗r ,θ ∗ )F et (s∗r ,θ ∗ )d ainsi que les valeurs des deux fonctions objectifs
associées à ces paramètres. Nous déterminons également l’ensemble des valeurs possibles
de ces fonctions objectifs. Ces valeurs sont obtenues à l’aide d’un tirage homogène de
1 000 000 valeurs de paramètres choisies sur une plage estimée à partir des valeurs opti-
males des paramètres minimisant SF et Sd . Toutes les valeurs des fonctions objectif ainsi
obtenues sont tracées dans l’espace des objectifs (Figure 3.8).
Nous observons d’abord, et de façon claire, de fortes différences entre les valeurs
des fonctions objectifs issues de la minimisation sur l’effort axial (3.24) et sur la lon-
gueur transversale (3.25). Les paramètres fournissant le comportement optimal en effort
fournissent un très mauvais comportement en longueur diagonale et réciproquement :
SF (s∗r ,θ ∗ )d SF ∗ et Sd (s∗r ,θ ∗ )F Sd ∗ . Par ailleurs, nous observons également que
parmi l’ensemble des solutions, il en existe de nombreuses pour lesquelles il est possible
68 Chapitre 3. Modèle mécanique d’anneau à 4 contacts
Figure 3.8 – Ensemble des valeurs des fonctions objectif et valeurs optimales pour chaque
objectif dans l’espace des objectifs
de fortement diminuer l’une des fonctions objectif sans beaucoup augmenter l’autre. Par
conséquent, il apparait impératif de définir une stratégie de minimisation multicritère
tenant compte des deux grandeurs F et d. Les notions et les méthodes d’optimisation
multicritère employées ci-après sont issues de [Colette and Siarry, 2002, Ehrgott, 2005].
Il existe pour les problèmes d’optimisation multicritère un ensemble de solutions opti-
males dites non-dominées, appelées solutions de Pareto. Il n’existe pas de solution qui soit
meilleure sur tous les objectifs qu’une solution de Pareto. Dans notre cas (Figure 3.8), les
solutions de Pareto forment la frontière inférieure gauche de l’ensemble des valeurs des
fonctions objectif déterminées. Nous ne pouvons néanmoins nous contenter d’un ensemble
de solutions optimales et devons arbitrer afin de définir une solution unique et détermi-
niste à notre problème multicritère. Nous utilisons une méthode scalaire d’approximation
de la solution idéale. Le point idéal est défini comme le point dont les coordonnées dans
l’espace des objectifs sont les valeurs optimales de chaque fonction objectif prise sépa-
rément, soit dans notre cas P I = (SF ∗ ,Sd ∗ ). Lorsque les objectifs sont contradictoires,
ce point n’est pas atteignable, nous cherchons donc la solution la plus proche du point
idéal parmi les solutions possibles P (θ) = (SF (θ),Sd (θ)). La distance entre ces deux
points est définie à partir d’une norme. Nous choisissons la norme k · k1 pour des raisons
de simplicité, toutes les normes étant équivalentes en dimension finie. Étant donné que
l’effort axial F et la longueur de la diagonale d ne sont pas des grandeurs homogènes,
nous utilisons une distance relative, obtenue en normalisant chaque fonction objectif par
sa valeur optimale. La distance à minimiser s’exprime alors :
SF (θ) − SF ∗ Sd (θ) − Sd ∗
I
d1 P ,P (θ) =
,
(3.28)
SF ∗ Sd ∗
1
6
Sd /Sd ∗
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
SF /SF ∗
notée Jd , est obtenue en calculant directement ses dérivées partielles. Il est intéressant
de noter que F n’est pas une variable indépendante dans l’équation implicite (3.19),
par conséquent, les dérivées partielles de F , obtenues à travers le calcul de JF détaillé
précédemment, interviennent dans le calcul de Jd . De même que pour SF ∗ , la valeur
optimale Sd ∗ est déterminée à l’aide de l’algorithme LM (3.27).
La même méthode de minimisation est utilisée afin de calibrer les paramètres des
fonctions de raidissement géométrique. En traction 2 points, le modèle subit un important
allongement de ses diagonales tandis que l’allongement des bords reste modéré (Figure
3.7a). Réciproquement, en traction 4 points, l’allongement des diagonales est très limité
tandis que les bords subissent un important allongement (Figure 3.6a). Nous pouvons
donc calibrer séparément les paramètres des fonctions de raidissement géométrique des
liaisons de bord et des liaisons diagonales de la façon suivante : la traction 4 points est
utilisée pour calibrer les paramètres des bords et la traction 2 points est utilisée pour
calibrer les paramètres des diagonales.
L’allongement du pourtour est comparable en traction 2 points et en traction 4 points,
la calibration des paramètres de la fonction de raidissement du pourtour peut donc être
réalisée sur les deux configurations. Nous utiliserons la configuration de traction 4 points
pour déterminer les paramètres des fonctions de raidissement géométrique du pourtour
et des bords. Les raisons de ce choix sont détaillées dans le paragraphe suivant. Seuls les
cycles de déchargement-rechargement sont utilisés pour la calibration. L’ordre de calibra-
tion est également important et les paramètres des fonctions de raidissement géométrique
du pourtour et des bords doivent être calibrés avant ceux des liaisons diagonales. La ca-
libration des paramètres des fonctions gp , gs et gd est successivement présentée dans la
suite.
3.4. Calibration du modèle 71
Les résultats expérimentaux établis par Grassl [Grassl, 2002] montrent que le dépla-
cement axial ultime en traction 4 points est d’environ 15 % du diamètre intérieur d’un
anneau. Il a également été montré [Escallón et al., 2014,Nicot et al., 2001a] qu’en traction
2 points, la déformation demeure élastique pour un déplacement axial allant jusqu’à envi-
ron 15 % du diamètre intérieur de l’anneau. Pour que le modèle reproduise ces résultats,
les liaisons diagonales ne doivent présenter aucun raidissement pour des allongements al-
lant jusqu’à 15 %. Cela signifie qu’en traction 4 points, l’allongement ultime sera atteint
avant que les liaisons diagonales n’aient subi un raidissement. Nous pouvons donc faire
l’hypothèse que la valeur de la fonction de raidissement géométrique des diagonales gd
reste égale à 1 pendant la sollicitation de traction 4 points et que la réponse du modèle
ne dépend que des variations des fonctions de raidissement géométriques du pourtour gp
et des bords gs .
Afin de résoudre cette indétermination, les valeurs des variables de raidissement géo-
métrique sont déterminées de façon à minimiser l’énergie potentielle élastique de la liaison
de pourtour. Comme expliqué section 3.2, un anneau réel déchargé n’est le siège d’au-
cun effort interne de traction, ce dernier se trouve dans un état d’auto-contrainte dans
lequel les efforts résiduels de flexion s’équilibrent. De façon similaire, lorsque le modèle
d’anneau est déchargé, l’énergie potentielle élastique est redistribuée depuis le pourtour
vers les liaisons internes et le modèle trouve une configuration d’équilibre auto-contrainte.
La liaison de pourtour porte seule les efforts internes de traction. Minimiser son énergie
potentielle permet de redistribuer les efforts internes de façon similaire à un anneau réel.
En décharge, pour un allongement donné, si la raideur des liaisons de bord est élevée,
la liaison de pourtour doit appliquer une tension importante afin d’équilibrer les efforts
de compression issus des liaisons de bord. Peu d’énergie est alors redistribuée depuis le
pourtour vers les bords et l’énergie potentielle élastique de la liaison de pourtour de-
meure élevée. A l’inverse, si la raideur des liaisons de bord est faible, la tension dans le
pourtour doit être faible également pour équilibrer les efforts. Une plus grande quantité
d’énergie est alors redistribuée vers les bords et l’énergie potentielle élastique de la liaison
de pourtour diminue. La raideur des liaisons de bord doit alors demeurer la plus faible
possible pour garantir la minimisation de l’énergie potentielle élastique de la liaison de
pourtour. Par conséquent, nous considérons que les liaisons de bord ne subissent aucun
raidissement et que la valeur de la fonction de raidissement géométrique des bords gs est
toujours égale à 1.
Dans cette section, le modèle analytique ainsi que la méthode numérique de calibration
sont confrontés aux données issues des essais de traction sur anneaux. Les objectifs sont
multiples :
– définir le protocole expérimental permettant d’obtenir les données nécessaires à la
calibration du modèle ;
– valider le modèle développé et la méthode numérique de calibration ;
– disposer de données sur des technologies réelles d’anneau pour effectuer des simu-
lations numériques représentatives.
Dispositif
Les échantillons testés sont des anneaux isolés de diamètre intérieur φ et de diamètre
de toron φt . L’anneau est installé dans un bâti qui a été spécifiquement conçu pour la
réalisation de ces essais. Ce bâti modulaire permet la réalisation d’essais de traction en 2
points, 3 points et 4 points (Figure 3.10). Le bâti est constitué de deux têtes, une tête fixe
et une tête mobile, dans lesquelles des pièces de charge sont insérées et ajustées afin de
correspondre au cas de chargement et au diamètre de l’anneau testé. La tête mobile est
posée sur des patins en polytétrafluoroéthylène (PTFE) afin de réduire le frottement et
est mise en mouvement par un vérin hydraulique. Dans le but de reproduire des conditions
de contact similaires à celles de l’anneau dans une nappe, des pièces de charge possédant
un diamètre égal au diamètre de toron de l’anneau testé sont utilisées. Un capteur de
déplacement placé dans l’axe du vérin mesure le déplacement axial δ de la tête mobile
avec une incertitude de ±1 mm tandis qu’un capteur de force, en série entre le vérin
et le bâti, mesure l’effort axial F avec une incertitude de ±1 kN. Les données issues
de ces deux capteurs sont enregistrées avec une fréquence d’acquisition de 5000 Hz. Un
réflex numérique Nikon D600 équipé d’un objectif de distance focale 85 mm est placé
environ 3 m à la verticale du bâti et enregistre des images de la déformation en plan de
l’anneau avec une résolution de 6016 × 4016 pixels. L’appareil enregistre en continu 2
images par seconde, la longueur de la diagonale d est ensuite obtenue par le traitement
numérique des images à l’aide du logiciel ImageJ 1.48v [Rasband, 2017, Schneider et al.,
2012]. Les valeurs de la longueur de la diagonale d sont déterminées avec une incertitude
de ±2 mm. La sollicitation de l’anneau en chargement comme en déchargement se fait à
vitesse constante de 120 mm/min comme indiqué dans l’ETAG 27 [EOTA, 2013].
pièces de charge
Figure 3.10 – Bâti d’essai avec un anneau installé en configuration de traction 2 points
Essais réalisés
Une campagne expérimentale est menée sur 3 groupes d’anneaux à fils d’acier épissu-
rés. Les dimensions des anneaux utilisés sont présentées Tableau 3.2. Le dimensionnement
préliminaire de ces anneaux a été réalisé par le fabricant pour répondre à une exigence
de résistance ultime, ce dimensionnement n’est pas abordé ici.
74 Chapitre 3. Modèle mécanique d’anneau à 4 contacts
3.5.2 Résultats
Les données expérimentales et les résultats de calibration sont présentés dans cette
section. Les résultats complets et détaillés sont présentés pour chaque groupe d’anneaux :
350/09, 350/12 et 420/16.
Observations expérimentales
Les courbes force-déplacement issues des essais de traction 4 points (Figure 3.11a)
et 2 points (Figure 3.11b) sont présentées et comparées aux données rapportées dans la
littérature. Les résultats expérimentaux étant similaires pour chacun des groupes, seules
les courbes issues des essais sur les anneaux 350/12 sont présentées dans ce paragraphe.
La plage d’efforts des Figures 3.11a et 3.11b a été choisie de façon à faire apparaitre dis-
tinctement les cycles de déchargement-rechargement. Tout d’abord, les courbes montrent
une régularité dans le comportement des anneaux et une bonne reproductibilité. La va-
riabilité est faible et peut être attribuée aux différences de diamètre entre les anneaux
testés. Les anneaux les plus petits présentent un déplacement axial moindre pour un
effort donné, leur réponse est alors plus rigide en chargement comme en déchargement.
Ensuite, nous observons un régime de flexion de faible raideur suivi par un régime de
traction de forte raideur. Les essais réalisés illustrent bien les observations et la distinc-
tion de régime faites par Nicot [Nicot et al., 2001b] et prises comme hypothèse dans notre
modèle. L’augmentation de la raideur au cours du déplacement nous permet également
de confirmer que le raidissement des anneaux avec la déformation, démontré par Tse [Tse
and Lung, 2000] dans le cas élastique, demeure valable dans le cas élasto-plastique. Dans
le régime de flexion, la raideur de l’anneau en traction 4 points est supérieure à celle
en traction 2 points. Dans le régime de traction, les raideurs sont en revanche compa-
rables pour les 2 sollicitations. Des observations similaires sont également rapportées
par Volkwein [Volkwein, 2004] se basant sur des données expérimentales obtenues par
Grassl [Grassl, 2002]. Enfin, nous observons également sur les courbes expérimentales
l’irréversibilité de la déformation et l’augmentation de la raideur lors du retour élastique
décrites par Nicot [Nicot et al., 2001b]. Le chemin de déchargement diffère du chemin de
chargement monotone et illustre l’existence d’un mécanisme dissipatif par flexion plas-
3.5. Campagne expérimentale et validation du modèle 75
35
350/12-4P-01
350/12-4P-02
30
350/12-4P-03
350/12-4P-04
Effort axial [kN]
25
350/12-4P-05
20
15
10
0
0 10 20 30 40 50 60
Déplacement axial [mm]
(a)
20
350/12-2P-01
18 350/12-2P-02
16
350/12-2P-03
350/12-2P-04
Effort axial [kN]
14 350/12-2P-05
12
10
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
Déplacement axial [mm]
(b)
Figure 3.11 – Courbes force-déplacement expérimentales pour les anneaux 350/12 : (a)
traction 4 points ; (b) traction 2 points
Réponse du modèle
La méthode de calibration présentée section 3.4 est appliquée afin d’obtenir les para-
mètres optimaux pour les anneaux testés. Les résultats sont présentés pour le chargement
monotone dans un premier temps et pour les cycles de déchargement-rechargement dans
un second temps afin de suivre l’ordre logique de la procédure de calibration. Pour des
raisons techniques, certains essais présentent moins de 5 séries de données.
76 Chapitre 3. Modèle mécanique d’anneau à 4 contacts
70 400
350/09-2P-01
350/09-2P-02
300
50
Modèle 2P
250
40
200
30
150
20
100
10
50
0 0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
Déplacement axial [mm] Déplacement axial [mm]
(a) (b)
100 400
350/12-2P-01
90 350/12-2P-02
Longueur diagonale [mm]
350 350/12-2P-01
80
350/12-2P-03 350/12-2P-02
350/12-2P-04 350/12-2P-03
Effort axial [kN]
300
70 350/12-2P-05 350/12-2P-04
Modèle 2P 250 350/12-2P-05
60
Modèle 2P
50 200
40
150
30
100
20
50
10
0 0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
Déplacement axial [mm] Déplacement axial [mm]
(c) (d)
180 450
420/16-2P-01
420/16-2P-02
420/16-2P-01
Longueur diagonale [mm]
160 400
420/16-2P-03
420/16-2P-04 420/16-2P-02
140 Modèle 2P 350 420/16-2P-03
Effort axial [kN]
420/16-2P-04
120 300
Modèle 2P
100 250
80 200
60 150
40 100
20 50
0 0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240 260 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240 260
Déplacement axial [mm] Déplacement axial [mm]
(e) (f)
Figure 3.12 – Résultats de calibration en chargement monotone : (a) effort axial en trac-
tion 2 points (calibration) des anneaux 350/09 ; (b) longueur de la diagonale en traction 2
points (calibration) des anneaux 350/09 ; (c) effort axial en traction 2 points (calibration)
des anneaux 350/12 ; (d) longueur de la diagonale en traction 2 points (calibration) des
anneaux 350/12 ;(e) effort axial en traction 2 points (calibration) des anneaux 420/16 ;
(f) longueur de la diagonale en traction 2 points (calibration) des anneaux 420/16
3.5. Campagne expérimentale et validation du modèle 77
60 70
350/09-4P-01
350/09-4P-02
350/09-4P-03 60
50 350/09-4P-04
350/09-4P-05 350/09-4P-01
Effort axial [kN]
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
Déplacement axial [mm] Déplacement axial [mm]
(a) (b)
100 100
350/12-4P-01
90 350/12-4P-02 90
350/12-4P-03 350/12-4P-01
80 80
350/12-4P-04 350/12-4P-02
Effort axial [kN]
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
Déplacement axial [mm] Déplacement axial [mm]
(c) (d)
60 70
350/09-4P-01
350/09-4P-02
350/09-4P-03 60
50 350/09-4P-04
350/09-4P-05 350/09-4P-01
Effort axial [kN]
Modèle 4P 50 350/09-4P-02
40
350/09-4P-03
40 350/09-4P-04
30 350/09-4P-05
350/09-2P-01
30
350/09-2P-02
20 350/09-2P-04
20
Modèle 2P
Modèle 4P
10
10
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
Déplacement axial [mm] Déplacement axial [mm]
(e) (f)
Conclusion
Le protocole expérimental défini permet d’acquérir par des essais simples à réaliser,
les données nécessaires à la calibration du modèle d’anneau. La réponse analytique, une
fois calibrée, des différents anneaux testés est en très bon accord avec les résultats ex-
périmentaux. Cela démontre la généricité du modèle et son adaptabilité à différentes
dimensions d’anneaux et vraisemblablement, à différentes technologies. À l’issue de la
calibration du modèle sur des technologies réelles d’anneaux, nous disposons des para-
3.6. Conclusions 79
5 100
350/09-4P Gpi 90
350/09-2P Gdi
4.5
Fonction puissance optimale gp (Li ) Fonction puissance optimale gd (di )
80
4
70
3.5
60
Gd
Gp
3 50
40
2.5
30
2
20
1.5
10
1 0
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
Li − L0 [mm] di − d0 [mm]
(a) (b)
4 50
350/12-4P Gpi 45
350/12-2P Gdi
3.5 Fonction puissance optimale gp (Li ) Fonction puissance optimale gd (di )
40
35
3
30
Gp
Gd
2.5 25
20
2
15
10
1.5
5
1 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
Li − L0 [mm] di − d0 [mm]
(c) (d)
3 50
420/16-4P Gpi 45
420/16-2P Gdi
2.8
Fonction puissance optimale gp (Li ) Fonction puissance optimale gd (di )
2.6 40
2.4 35
2.2 30
Gd
Gp
2 25
1.8 20
1.6 15
1.4 10
1.2 5
1 0
0 20 40 60 80 100 120 140 0 50 100 150 200 250
Li − L0 [mm] di − d0 [mm]
(e) (f)
3.6 Conclusions
Nous avons développé un modèle discret d’anneau en acier qui tient compte de la
plupart des phénomènes physiques mis en jeu. La réponse analytique de ce modèle aux
80 Chapitre 3. Modèle mécanique d’anneau à 4 contacts
8 8
350/09-4P-01 350/09-2P-01
7 Modèle 4P 7 Modèle 2P
Effort axial [kN]
5 5
4 4
3 3
2 2
1 1
0 0
0 10 20 30 40 50 60 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Déplacement axial [mm] Déplacement axial [mm]
(a) (b)
18 12
350/12-4P-03 350/12-2P-04
16 Modèle 4P Modèle 2P
10
14
Effort axial [kN]
10
6
8
6 4
4
2
2
0 0
0 10 20 30 40 50 60 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Déplacement axial [mm] Déplacement axial [mm]
(c) (d)
20 16
420/16-4P-05 420/16-2P-01
18 Modèle 4P 14 Modèle 2P
16
Effort axial [kN]
12
14
10
12
10 8
8
6
6
4
4
2
2
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240
Déplacement axial [mm] Déplacement axial [mm]
(e) (f)
Figure 3.15 – Résultats sur les courbes force-déplacements en déchargement : (a) effort
axial en traction 4 points des anneaux 350/09 ; (b) effort axial en traction 2 points des
anneaux 350/09 ; (c) effort axial en traction 4 points des anneaux 350/12 ; (d) effort axial
en traction 2 points des anneaux 350/12 ; (e) effort axial en traction 4 points des anneaux
420/16 ; (f) effort axial en traction 2 points 420/16
La formulation mécanique de ce modèle le rend plus complet que les modèles d’an-
neaux discrets existants et a priori moins coûteux en calcul que des modèles continus
plus fins, tout en fournissant de meilleurs résultats. Le protocole d’essai et la méthode
de calibration définis sont des outils efficaces et robustes permettant d’obtenir les para-
3.6. Conclusions 81
mètres de n’importe quel anneau, rendant ainsi le modèle indépendant des technologies
et donc générique. L’implémentation DEM du modèle repose sur 4 points matériels et 7
interactions au comportement simple, ce qui la rend aisée et peu coûteuse. Ce modèle est
donc particulièrement adapté à la simulation numérique de nappes de filets constituées
d’un grand nombre d’anneaux assemblés.
82 Chapitre 3. Modèle mécanique d’anneau à 4 contacts
Chapitre 4
4.1 Introduction
Dans le chapitre 2, en 2.4, nous avons introduit un modèle de câble. Ce modèle, dit
de câble simple, ne permet cependant pas de prendre en compte le glissement relatif
de la nappe de filets sur les câbles de rive. La modélisation de ce phénomène, appelé
effet rideau, est indispensable pour décrire correctement le comportement des écrans
de filets. De nombreuses études sur les câbles glissants ont été effectuées, proposant des
approches de modélisation et des applications différentes. Nous pouvons notamment citer :
les systèmes câble-poulie des caténaires [Aufaure, 1993, Aufaure, 2000], les grues et les
systèmes de transport par câble [Dupire et al., 2015, Ju and Choo, 2005, Wang and Rega,
2010], les toitures suspendues [Chen et al., 2010,Hincz, 2009], les structures tendues câble-
membrane [Dinh et al., 2016, Pargana et al., 2010], les parachutes [Zhou et al., 2004]
ainsi que les écrans de filets et les écrans paravalanches [Boutillier, 2004, Ghoussoub,
2014, Nicot et al., 2001c, Volkwein, 2005]. Ces différents travaux se basent cependant sur
des hypothèses différentes et ont un champ d’application limité. Dans ce chapitre, nous
proposons un modèle de câble glissant qui généralise le modèle de câble simple et permet
de tenir compte du glissement relatif entre le câble et des éléments extérieurs. Le corps du
chapitre reprend les travaux de Coulibaly et al [Coulibaly et al., 2018]. Nous développons
un modèle de câble glissant ayant pour ambition d’étendre et d’unifier les différentes
approches existantes. Le modèle développé permet une analyse dynamique du glissement
relatif du câble et de plusieurs éléments extérieurs en tenant compte du frottement et
pour une loi de comportement du câble quelconque.
83
84 Chapitre 4. Modèle mécanique de câble glissant
glissant développé.
i−1 i+1
nœuds glissants
(i + 1)
(i − 1) (i)
nœuds non-glissants
i i+2
Nœuds non-glissants
Nœuds glissants
Les nœuds glissants représentent des éléments externes dont le déplacement le long
du câble est libre ou le long desquels le câble est en mouvement ; il y a localement un
déplacement relatif tangent entre les nœuds glissants et le câble. Ces éléments externes
glissants peuvent représenter une poulie, une manille, une maille de filet ou tout autre
élément susceptible d’avoir un mouvement de glissement relatif le long du câble. En sup-
posant qu’un élément glissant ne peut passer au travers d’un autre, l’ordre des nœuds
glissants le long du câble est lui aussi invariable.
L’ordre global de l’ensemble des nœuds, glissants et non-glissants, est cependant variable.
Les nœuds glissants ont la possibilité de glisser le long du câble sur de grandes distances,
correspondant à la longueur de plusieurs segments. Ils dépassent alors des nœuds de
discrétisation (non-glissants) du câble et modifient l’ordre global des nœuds. Ces permu-
tations entre les nœuds sont réalisées à l’aide d’un algorithme de remaillage spécifique
présenté en annexe C.2.
4.2. Formulation générale du câble glissant 85
µ
α ds
~n(s) ~t(s) ~n(s + ds)
−−
→
dR (s) ~t(s + ds)
−
→ dα −
→
TB T (s) −T (s + ds)
TA
(a) (b)
Figure 4.2 – Câble en équilibre autour d’un élément circulaire : (a) équilibre global ; (b)
équilibre d’un arc élémentaire
teint localement en tout point de l’arc, nous obtenons l’équation différentielle dT /dα = µT
qui, une fois résolue, fournit l’équation d’Euler–Eytelwein (4.1) que nous utilisons comme
critère de glissement.
TB − TA e µα = 0 (4.1)
86 Chapitre 4. Modèle mécanique de câble glissant
Des modifications de cette relation sont possibles [Jung et al., 2008] afin de tenir compte
de la rigidité de flexion du câble. Nous ne nous intéressons pas à ces effets, considérés
négligeables pour nos applications.
L’équation (4.1) définit la limite de glissement et correspond à un état d’équilibre limite :
aucune valeur de TA et de TB ne peut vérifier TB − TA e µα > 0. Nous définissons alors la
fonction de glissement par :
S(TA ,TB ) = TB − TA e µα ≤ 0 (4.2)
Si TB −TA e µα < 0, le contact est solidaire et il n’y a pas de glissement. Si TB −TA e µα = 0,
le contact est à l’équilibre limite et le glissement peut se produire.
Lorsque le glissement se produit, le mouvement relatif entre le câble et l’élément glis-
sant modifie la distribution de matière du câble de part et d’autre de cet élément (Figure
4.3a). Les éléments glissants étant directement intégrés au modèle sous forme de nœuds
glissants, le glissement s’accompagne donc d’une réelle redistribution de matière entre
les deux segments séparés par un nœud glissant. Il existe plusieurs façons de réaliser
cette redistribution. Haber [Haber and Abel, 1983] propose une formulation avec des dé-
placements mixtes Lagrangiens-Eulériens basée sur la méthode des éléments finis. Dans
la description Lagrangienne, la matière est associée à un même élément au cours de la
déformation et il n’y a pas de transfert de matière entre les éléments. Les variables de
déplacement Lagrangiennes permettent de décrire l’évolution des nœuds du maillage et
de la géométrie du système. Dans la description Eulérienne, la matière n’est pas associée
à un élément et peut traverser les frontières des éléments au cours de la déformation.
Les variables de déplacement Eulériennes permettent alors de décrire la redistribution
de matière ayant lieu entre les éléments au cours du glissement. La déformation des
éléments est alors calculée à partir du champ de déplacement total, somme des dépla-
cements Lagrangien et Eulérien. Malgré la généralité de cette approche, nous préférons
une formulation traitant directement le transfert de matière entre les éléments à l’emploi
d’une variable Eulérienne supplémentaire. Cela s’avère en effet plus simple à formuler
pour les éléments unidimensionnels et permet de parfaitement localiser la matière à tout
instant. En présence des déplacements Eulériens, dans la formulation de Haber, la locali-
sation du domaine matériel est inconnue et approchée par le domaine spatial (maillage).
La robustesse de cette approximation n’est vérifiée que numériquement, a posteriori, sur
certains exemples et requiert des adaptations comme l’emploi impératif de la mesure
de déformation d’Almansi [Haber and Abel, 1983]. Pour tenir compte directement de
l’échange de matière au cours du glissement, nous procédons à un échange de longueur
neutre entre les segments situés de chaque côté d’un nœud glissant (Figure 4.3b). La
longueur neutre est une variable directement liée à la quantité de matière et intervient
également dans le calcul de la déformation des segments. Cette méthode d’échange de
longueur neutre est simple à formuler et permet à tout instant de localiser la matière
du câble. Cette méthode d’échange de longueur neutre est équivalente à la formulation
mixte Lagrangienne-Eulérienne, elle est notamment adoptée par [Hincz, 2009, Boutillier,
2004, LSTC, 2006].
δ δ
l l l0 δ0 l0
l+δ l−δ l0 + δ0 l0 − δ0
(a) (b)
Figure 4.3 – Redistribution de matière du câble autour d’un élément glissant : (a)
redistribution réelle, l’élément glissant se déplace le long du câble ; (b) redistribution
dans le modèle, les segments de part et d’autre du nœud glissant échangent de la longueur
neutre
pas atteinte, le nœud reste solidaire du câble et aucune correction n’est apportée. Si la
limite de glissement est dépassée, le nœud glisse et les tensions sont équilibrées par un
échange de longueur neutre jusqu’à atteindre l’équilibre limite.
Le modèle développé se base sur la formulation explicite dynamique employée en
DEM. Soit l’instant actuel t et un pas de temps τ , à l’instant précédent t − τ , toutes
les informations relatives au câble sont connues et le critère de glissement est satisfait
en chacun des nœuds glissants. L’intégration temporelle est effectuée et l’état du câble à
l’instant actuel t est obtenu. A cet instant, la satisfaction du critère de glissement n’est
pas assurée et des corrections peuvent être nécessaires afin de respecter la limite de glisse-
ment en chaque nœud glissant. Pour cela, les nœuds glissants nécessitant une correction
sont d’abord identifiés, des groupes de nœuds glissants consécutifs parmi les nœuds pré-
cédemment identifiés sont alors formés et les corrections nécessaires sont effectuées sur
chaque groupe de nœuds de façon indépendante.
Système à résoudre
Nous détaillons l’itération courante. À l’instant t, les tensions dans l’ensemble des
segments sont évaluées, ces valeurs de tension prédites sont notées T tr . Pour chaque nœud
glissant, la valeur prédite de la fonction de glissement S tr = TBtr − TAtr e µα est calculée.
Si la valeur de la fonction de glissement prédite respecte la limite de glissement, soit
S tr ≤ 0, alors le nœud glissant est en contact solidaire avec le câble et aucune correction
n’est nécessaire. Si la valeur de la fonction de glissement prédite dépasse la limite de
glissement, soit S tr > 0, alors le nœud glissant est identifié comme étant en glissement et
la tension de part et d’autre du nœud doit être équilibrée de façon à satisfaire l’équilibre
limite (4.1) au temps t, à savoir S t = 0. Il est possible de prendre en compte le coefficient
de frottement statique et dynamique en fonction de l’état du nœud glissant, solidaire ou
en glissement, à l’instant précédent t − τ . Supposons maintenant que la valeur prédite
de la fonction de glissement dépasse la limite de glissement pour Ns nœuds glissants
consécutifs. Un groupe de nœuds glissants consécutifs, tous en glissement à l’instant t,
est alors formé. Ces nœuds glissants sont, par définition, encadrés par deux nœuds non-
glissants, fournissant ainsi un ensemble de Ns + 1 segments et Ns + 2 nœuds indicés de
i0 à i0 + Ns + 1 (Figure 4.4).
88 Chapitre 4. Modèle mécanique de câble glissant
Figure 4.4 – Groupe de nœuds glissants consécutifs avec nœuds d’about non-glissants
Les tensions dans les segments doivent être équilibrées de façon à ce que l’équilibre
limite de glissement soit atteint en chaque nœud glissant i du groupe à l’instant t, soit
Sit = 0. Pour chaque nœud glissant i, i ∈ [[i0 + 1,i0 + Ns ]], la limite de glissement (4.1)
peut s’exprimer :
t
Tit = λi Ti−1 (4.3)
avec λi = e±µi αi où le signe de l’exposant dépend de l’intensité relative des efforts prédits
dans les segments (i) et (i − 1) adjacents au nœud i comme illustré Figure 4.5.
Ti
i
1
e µi α
i−
Sitr > 0
T
=
λ i = e µi α i
T
iα
i prédiction correction
−µ
e
(Ti−1 , Ti )tr (Ti−1 , Ti )t
Sitr > 0
Titr < Ti−1
tr
λi = e−µi αi
Ti−1
Figure 4.5 – Tensions dans les segments adjacents à un nœud glissant : tensions admis-
sibles (blanc) et tensions dépassant la limite de glissement (gris)
Solution analytique
Le produit terme à terme des tensions données par (4.3) nous permet d’exprimer la
tension dans le segment (i) en fonction de la tension dans le premier segment (i0 ) du
groupe :
k=i
Y
Tit = Λi Tit0 avec Λi = λk (4.4)
k=i0 +1
L’équation (4.4) implique que les tensions doivent avoir le même signe dans tous les
segments. Étant donné que le câble ne peut pas reprendre des efforts de compression
axiale, les tensions sont donc soit toutes positives, soit toutes nulles.
Supposons que l’incrément de tension entre les instants t − τ and t soit une fonction
continue et strictement croissante de l’incrément de déformation ∆ε entre ces mêmes
instants. C’est la seule hypothèse formulée quant à la loi de comportement du câble, elle
permet de traiter n’importe quel matériau constitutif dont le comportement est indépen-
dant du temps et n’est pas adoucissant.
La tension à l’instant t dans n’importe quel segment s’écrit alors :
Nous exprimons la longueur neutre à l’instant présent t à l’aide d’un incrément de lon-
gueur neutre ∆l0 depuis la longueur neutre à l’instant précédent t−τ , soit : l0t = l0t−τ +∆l0 .
L’incrément de longueur neutre ∆l0 est alors la quantité inconnue recherchée. En utilisant
la mesure de déformation de Cauchy, l’incrément de déformation entre les instants t − τ
et t s’écrit :
lt − l0t lt−τ − l0t−τ lt lt−τ
∆ε = − = − (4.6)
l0t l0t−τ l0t−τ + ∆l0 l0t−τ
L’incrément de déformation dépend alors uniquement de l’incrément de longueur neutre
puisque les longueurs aux instants t − τ et t sont connues, tout comme la longueur neutre
à l’instant t − τ .
Les incréments de longueur neutre, de déformation et de tension sont encadrés par
des valeurs minimales et maximales. Les bornes de l’incrément de longueur neutre sont
respectivement notées ∆l0min et ∆l0max , celles de l’incrément de déformation ∆εmin et
∆εmax et celles de l’incrément de tension ∆Tmin et ∆Tmax . La détermination de ces bornes
se fait par la prise en compte de la tension et de la longueur neutre minimales.
D’une part, la tension doit rester positive ou nulle. En effet, l’absence d’efforts de com-
pression définit la valeur minimale ∆εmin de l’incrément de déformation. En deçà de cette
valeur, le segment présente un plateau d’effort nul et la définition de la fonction f comme
strictement croissante n’est plus valide ; au-delà de cette valeur, la tension est une fonc-
tion continue et strictement croissante f de l’incrément de déformation (Figure 4.6).
D’autre part, la longueur neutre doit rester positive, fournissant ainsi la valeur minimale
de l’incrément de longueur neutre ∆l0min et la valeur maximale de l’incrément de dé-
formation ∆εmax . Lorsque la longueur neutre tend vers zéro, la déformation, ainsi que
l’incrément de déformation tendent vers l’infini. Cette borne ne prend a priori pas en
compte l’existence d’une valeur de déformation ultime finie pour le matériau constitutif
du câble. La présence de cette limite mécanique n’altère en rien la présente formulation
mathématique, la signification physique des valeurs de déformation qui dépasseraient la
limite ultime du matériau sont discutées en annexe C.1. Les bornes des incréments de
tension ∆Tmin et ∆Tmax peuvent être directement déterminées en évaluant la fonction
d’incrément de tension f respectivement en ∆εmin et en ∆εmax .
T
∆T
∆εmin
T t−τ ∆ε
∆Tmin
résistance en t−τ
ε
compression nulle ε
Figure 4.6 – Exemple d’une courbe tension-déformation et identification des valeurs mi-
nimales des incréments de déformation et de tension (les valeurs maximales sont infinies)
lit t−τ
∆l0,i = − l0,i (4.9)
lit−τ t−τ −1 t−τ t−τ lit lit−τ
t−τ
l0,i
+ fi Λi Ti0 + fi0 l t−τ
+∆l
0
− 0
t−τ
l0,i
− Tit−τ
0,i0 0,i0
0
Dans la littérature
Pour les câbles possédant un seul nœud glissant, appelés câbles glissants simple-nœud,
la contrainte de conservation de la longueur neutre peut être directement intégrée dans
l’unique équation de glissement qui est alors résolue numériquement à l’aide de méthodes
classiques de résolution. Cette technique est notamment utilisée dans le logiciel commer-
cial LS-DYNA [LSTC, 2006, Erhart, 2012] et la résolution est effectuée à l’aide de la
méthode de Brent. Cette méthode est robuste mais la détermination de points de départ
pertinents pour la résolution peut être difficile. Pour les câbles glissants multi-nœuds,
Hincz [Hincz, 2009] résout les équations de glissement une par une au niveau de chaque
nœud glissant, évitant ainsi la formulation et la résolution d’un problème multi-nœuds.
Le problème à un nœud est résolu en négligeant les transferts de longueur neutre pro-
venant des autres segments et l’opération est répétée de façon itérative pour l’ensemble
des nœuds glissants. Pour un matériau élastique linéaire, l’emploi de la fraction médiane
permet d’obtenir un incrément fictif de longueur neutre correspondant à une solution sans
frottement. Seule une partie de cet incrément est alors retenue afin de tenir compte du
frottement. Cette approche est une adaptation de la méthode de relaxation, elle est ici
effectuée avec un pas fixe pour chaque variable du système à résoudre. Les inconvénients
principaux de cette approche sont sa vitesse de convergence excessivement lente et son
pas fixe à cause duquel la solution trouvée peut être relativement éloignée de l’équilibre
limite. La formulation linéarisée proposée par Boutillier [Boutillier, 2004] est plus efficace
que la méthode de relaxation et permet également de respecter la contrainte de conser-
vation de la longueur neutre grâce à des propriétés particulières de linéarité expliquées
ci-après. Toutes ces approches sont néanmoins limitées à l’analyse statique d’un câble en
élasticité linéaire. Une analyse comparative de ces méthodes de résolution est présentée
section 4.4.
Méthode développée
Dans ce travail et afin de surmonter ces divers obstacles, nous développons une mé-
thode spécifique pour résoudre le système d’équations de glissement (4.3) associé à la
contrainte de conservation de la longueur neutre (4.10) utilisant la méthode de Newton-
Raphson. L’emploi de cette méthode présente de nombreuses propriétés avantageuses
dans le cas particulier que nous souhaitons résoudre. Le fait que les équations (4.3) soient
92 Chapitre 4. Modèle mécanique de câble glissant
couplées par paires et que la contrainte (4.10) soit une combinaison linéaire des incon-
nues permet de déduire des expressions analytiques du schéma de Newton-Raphson qui
soient générales pour toute loi de comportement et qui garantissent la conservation de la
longueur neutre. Ces expressions sont maintenant explicitées.
La méthode de Newton-Raphson permet de déterminer les solutions d’un système d’équa-
tions non-linéaires en résolvant de façon itérative le système linéarisé. Pour la première
itération, nous prenons comme point de départ l’état du système à l’instant t − τ . À
l’itération courante, r, la fonction d’incrément de tension f est linéarisée en considérant
le module tangent Et du matériau et l’équation (4.5) devient :
r+1
− lr lr
r+1 r r l r
T = T + Et A − r 2 ∆l0 (4.11)
l0r l0
Intérêts de la méthode
Y 2d
y T1 l3
x l1 T2 l2 α
a b
F F
Figure 4.7 – Points matériels glissant le long d’un câble inextensible
Les points matériels glissent avec frottement le long du câble et l’évolution de leurs
positions horizontales et verticales x et y au cours du temps sont déterminées. Par symé-
trie du système, seul un point matériel est étudié, les équations de mouvement du point
a s’écrivent :
T2 − T1 cos α = mẍ
(4.15)
−T1 sin α + F = mÿ
avec cos α = x/l1 , sin α = y/l1 et α = arctan(y/x). En supposant que le point glisse
vers le centre, les tensions T1 et T2 doivent vérifier l’équation d’Euler–Eytelwein (4.1) :
ici, T1 = T2 eµα . Les équations de mouvement peuvent alors être réarrangées et former
pen notant que l1 et y peuvent être exprimés en
l’équation différentielle (4.16) à résoudre,
fonction de x : l1 = x − d + L/2 et y = l12 − x2 .
y F
ÿ + ẍ = (4.16)
l1 e−µα −x m
et verticale du point matériel est étudiée, ainsi que le ratio des tensions de part et d’autre
de celui-ci et la conservation de la longueur neutre totale. Afin de conserver l’ordre des
nœuds glissants le long du câble, nous étudions les résultats tant que les nœuds glissants
ne se croisent pas en milieu de câble, soit x < d. Les paramètres et les conditions initiales
retenues pour cette étude sont précisés dans la suite. Les points matériels ont une masse
de 1 kg, l’effort vertical qui leur est appliqué vaut F = 10 N et le coefficient de frottement
entre les points et le câble vaut µ = 0,3 ; aucune différence n’est faite entre le coefficient
de frottement statique et dynamique. Les conditions √ initiales du point étudié sont x =
y = d/2 et ẋ = ẏ = 0. Par conséquent, L = d 1 + 2 et nous choisissons d = 0,5 m. Une
loi de comportement élastique linéaire avec une très forte valeur de module de Young est
choisie dans le but de reproduire au mieux l’inextensibilité du câble [Zhou et al., 2004].
La tolérance sur la satisfaction de l’équilibre limite de glissement dans la méthode de
Newton-Raphson est prise égale à ξ = 10−6 N.
4.3.2 Résultats
Les résultats issus de la simulation sont en parfait accord avec les résultats ana-
lytiques. Le déplacement du point matériel glissant (Figure 4.8a et 4.8b) est parfaite-
0.5 0.35
0.45
Analytique 0.33
Analytique
Modèle Modèle
0.4 0.31
x [m]
y [m]
0.35 0.29
0.3 0.27
0.25 0.25
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5 0.55 0.6 0.65 0.7 0.75 0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5 0.55 0.6 0.65 0.7 0.75
temps [s] temps [s]
(a) (b)
−16
x 10
0.84 1
0.83
Analytique 0.6
Analytique
Modèle Modèle
∆L0 /L0
0.82 0.2
T2 /T1
0.81 −0.2
0.8 −0.6
0.79 −1
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5 0.55 0.6 0.65 0.7 0.75 0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5 0.55 0.6 0.65 0.7 0.75
temps [s] temps [s]
(c) (d)
Figure 4.8 – Comparaison entre les solutions analytiques et les solutions obtenues par
simulation numérique à l’aide du modèle de câble glissant pour le mécanisme de glissement
théorique : (a) position horizontale ; (b) position verticale ; (c) ratio des tensions ; (d)
variation relative de la longueur neutre totale
ment reproduit suivant les deux directions et durant la totalité du glissement. Lorsqu’il
y a glissement avec frottement, la tension dans les segments du câble est gouvernée par
l’équation d’Euler–Eytelwein. Lorsque les points se déplacent, l’angle d’enroulement est
4.4. Comparaison avec les modèles existants 95
Considérons un câble délimité par les points a et c en appui sur une poulie fixe située
au point b (Figure 4.9). Le câble est composé de deux segments (ab) et (bc) formant un
angle d’enroulement de α = 45◦ sur la poulie, le coefficient de frottement entre le câble
et la poulie est de µ = 0,2. On suppose qu’à l’instant t − τ , le câble se trouve à l’équilibre
µ = 0,2 l0t−τ
1m 1m l t− τ =
t−
τ = 1,00 1 m lt = 1m
l0 τ = 1,00 b = 1 ,00
lt−
= 1,00 117 m
lt 217
180◦ − α = 135◦
m
a ct−τ ct
Figure 4.9 – Mécanisme de glissement autour d’une poulie utilisé pour la comparaison
des modèles de câble glissant
96 Chapitre 4. Modèle mécanique de câble glissant
Tableau 4.1 – Valeurs des grandeurs retenues pour la comparaison des modèles de câble
glissant
Le système est alors soumis à une sollicitation qui éloigne le point c du point b d’une
distance de 1 mm entre les instants t − τ et t. Ce déplacement se fait dans l’alignement du
segment (bc) si bien que l’angle d’enroulement n’est pas modifié (Figure 4.9). À l’instant
t, la limite de glissement autour de la poulie est dépassée, les tensions et les longueurs
neutres doivent alors être rééquilibrées. Les résultats fournis par les différentes approches
de modélisation sont détaillés dans ce qui suit.
Les modèles de câble glissant ne prenant pas en compte le frottement [Aufaure, 1993,
Zhou et al., 2004, Chen et al., 2010, Ghoussoub, 2014] supposent que la déformation
est uniforme sur la totalité du câble. Cette approche ne requiert pas l’identification de
la longueur neutre de chaque segment puisque la déformation est mesurée à partir de la
longueur neutre totale. Dans notre cas d’étude, la résolution est immédiate, la déformation
totale de Cauchy vaut : εtot = (1,00217 + 1,001 − 2)/2 = 0,001585 et la tension au sein
du câble vaut T t = 15,85 kN dans les deux segments.
Bien que n’apparaissant pas explicitement dans les modèles sans frottement, il est
possible de déterminer la quantité de longueur neutre échangée entre les segments. La
déformation dans chaque segment étant égale à la déformation totale, la longueur neutre
d’un segment à l’instant t s’obtient par : l0t = lt /(1+εtot ). D’après les résultats précédents :
t
l0,(bc) = 1,00217/(1 + 0,001585) = 1,000584074 m, la longueur neutre échangée autour du
t t−τ
nœud glissant b vaut donc : ∆l0 = l0,(bc) − l0,(bc) = 0,584074 mm.
Volkwein [Volkwein, 2004] propose un modèle de câble glissant qui permet de tenir
compte du frottement en utilisant un système de réduction de tension. Dans un premier
temps, la tension est calculée sur la totalité du câble avec l’hypothèse de déformation
uniforme. Dans un second temps, la tension est réduite dans les segments subissant un
raccourcissement, ce qui permet de prendre en compte le frottement. Plusieurs facteurs
4.4. Comparaison avec les modèles existants 97
Nous étudions ici les résultats obtenus en employant la méthode d’échange de longueur
neutre pour traiter le glissement. Le cas d’étude est tout d’abord traité de façon analy-
tique, ce qui permet de disposer des résultats de référence. Les résultats numériques issus
des différents modèles existants et du modèle proposé sont dans un second temps compa-
rés. Dans le cas d’un nœud glissant unique, nous nous attendons à ce que ces méthodes
donnent des résultats très proches des valeurs analytiques, les différences principales entre
celles-ci résident dans l’algorithme de résolution et donc dans leur performance.
Résolution analytique
En posant ∆l0 = ∆l0,(bc) = −∆l0,(ab) , les équations (4.17) peuvent être réarrangées sous
la forme d’une unique équation du second degré a∆l02 + b∆l0 + c = 0 et une solution
analytique du problème est alors aisément obtenue. Les expressions des coefficients du
trinôme sont :
a = eµα −1
t−τ t−τ t−τ t−τ
µα t t
b = e l(ab) − l0,(ab) + l0,(bc) + l0,(ab) + l(bc) − l0,(bc) (4.18)
t−τ t−τ t−τ t−τ
µα t t
c = e l(ab) − l0,(ab) l0,(bc) − l(bc) − l0,(bc) l0,(ab)
98 Chapitre 4. Modèle mécanique de câble glissant
Dans notre cas d’étude, les valeurs numériques de ces coefficients sont : a = 0,17,
b = 2,17334 m et c = −0,001 m2 . L’incrément de longueur neutre vaut alors ∆l0 =
0,460105 mm. Après correction et échange de longueur neutre, les valeurs analytiques des
longueurs neutres et des tensions dans les segments à l’instant t sont :
t
l0,(ab) = 0,999539 m
lt
0,(bc) = 1,000461 m
t (4.19)
T(ab) = 14,608 kN
Tt
(bc) = 17,091 kN
Hincz [Hincz, 2009] utilise une méthode itérative de relaxation à pas fixe afin de ré-
soudre le problème de glissement. Cette méthode est très simple dans sa formulation, en
particulier pour les systèmes multi-nœuds, elle est en revanche peu performante numéri-
quement comme nous allons l’illustrer dans ce cas d’étude à un nœud glissant. À chaque
itération k, la méthode consiste à déterminer dans un premier temps un incrément de
longueur neutre dit fictif, correspondant au cas où le câble glisse sans frottement. Le
matériau est supposé élastique linéaire et cet incrément est obtenu en faisant l’hypo-
thèse de déformation uniforme ; nous obtenons alors la déformation totale εtot déterminée
précédemment dans l’étude des modèles sans frottement. La déformation dans chaque
segment doit être égale à la déformation totale, ainsi, nous obtenons la longueur neutre
fictive ˆl0k des segments par : ˆl0k = lt /(1 + εtot ). L’incrément de longueur neutre fictif du
segment (bc) à l’itération k, ∆ˆl0k , est alors donné par ∆ˆl0k = ˆl0k − l0k . Cet incrément cor-
respond à l’échange de longueur neutre nécessaire entre les segments pour que le système
passe de l’état à l’itération k à un état où les tensions sont égales. En présence de frotte-
ment, les tensions ne sont pas égales, la méthode tient alors compte du frottement en ne
considérant qu’une fraction fixe 1/n de l’incrément de longueur neutre fictif. En écrivant
∆ˆl0k = ∆ˆl0,(bc)
k
= −∆ˆl0,(ab)
k
, la longueur neutre des liaisons est alors mise à jour comme
suit :
∆l̂k
(
k+1 k
l0,(ab) = l0,(ab) − n0
k+1 ∆l̂k
(4.20)
k
l0,(bc) = l0,(bc) + n0
et l’opération est répétée jusqu’à convergence. La condition de convergence est donnée
par Hincz sous la forme de l’inégalité suivante : T(bc) / T(ab) < eµα . Nous utilisons une
valeur de n = 100 de façon similaire à Hincz [Hincz, 2009].
La méthode converge après 155 itérations. À l’issue de la dernière itération, l’incrément
de longueur neutre a atteint la valeur ∆l0 = 0,461069 mm, les tensions valent T(ab) =
14,617 kN et T(bc) = 17,081 kN ce qui donne la condition de convergence T(bc) / T(ab) =
1,1686. La méthode converge lentement et fournit des valeurs relativement éloignées des
valeurs théoriques. Ces résultats peuvent être expliqués par la fraction fixe 1/n utilisée,
ainsi que par le critère de convergence. En effet, à chaque itération, les longueurs neutres
sont mises à jour de sorte que l’incrément fictif de longueur neutre décroit. En prenant
une fraction fixe de cet incrément fictif, la méthode converge de plus en plus lentement
vers la valeur recherchée. De plus, la condition de convergence assure le non-dépassement
de la limite de glissement mais n’impose pas au câble de se trouver à l’état limite de
glissement, par conséquent, l’équilibre limite n’est pas respecté. Le seul moyen d’améliorer
4.4. Comparaison avec les modèles existants 99
t
T(bc) (∆l0 )
g(∆l0 ) = t
−1=0 (4.21)
T(ab) (∆l0 )eµα
La méthode converge après 5 itérations, le détail des résultats est présenté Tableau
4.2. À l’issue de la 5ème itération, l’incrément de longueur neutre a convergé vers la valeur
analytique ∆l0 = 0,460105 mm et l’équilibre (4.21) est satisfait avec un écart absolu de
2,58 10−8 . Les valeurs de tension dans les segments obtenues à l’aide de cette méthode
sont identiques aux valeurs obtenues analytiquement et la conservation de la longueur
neutre est strictement garantie numériquement. La méthode est rapide et précise mais ne
peut s’appliquer qu’à un seul nœud glissant.
100 Chapitre 4. Modèle mécanique de câble glissant
Le modèle développé est utilisé pour effectuer la résolution à l’aide des expressions
analytiques de la méthode de Newton-Raphson explicitées section 4.2. La tolérance sur
la condition de convergence du schéma de Newton est choisie de façon à correspondre
à la tolérance retenue pour la méthode de Brent. En réarrangeant (4.14), nous pouvons
faire apparaitre la fonction (4.21) utilisée dans la méthode de Brent, nous obtenons alors
t t
l’équivalence suivante : |T(bc) − T(ab) eµα | < ξ ⇔ |g| < ξ/(T(ab)
t
eµα ). Par conséquent, pour
une tolérance ξBrent sur la fonction g (4.21), la tolérance ξN ewton sur (4.14) est donnée
par :
t
ξN ewton = T(ab) eµα ξBrent (4.22)
t
D’après les résultats analytiques (4.19), T(ab) eµα = 17,091 kN et d’après les résultats
obtenus par la méthode de Brent (Tableau 4.2), ξBrent = 2,58 10−8 . La tolérance sur la
méthode de Newton est donc choisie égale à ξN ewton = 17,091 × 2,58 10−8 = 4,41 10−7 kN.
La méthode converge après 2 itérations, le détail des résultats est présenté Tableau
4.3. À l’issue de la seconde itération, l’incrément de longueur neutre a convergé vers la
valeur analytique ∆l0 = 0,460105 mm et l’équilibre (4.14) est satisfait avec un écart
absolu de 8,94 10−11 kN. Les valeurs de tension dans les segments obtenues à l’aide de
cette méthode sont identiques aux valeurs obtenues analytiquement et la longueur neutre
est parfaitement conservée numériquement.
Les résultats obtenus précédemment à l’aide des différents modèles sont comparés
quantitativement, les performances des méthodes et le coût de calcul sont également étu-
diés. Le Tableau 4.4 résume les principaux résultats obtenus avec les modèles existants
et le modèle développé : longueur neutre échangée, tension dans les segments et per-
formance de calcul. La performance des différentes méthodes itératives est analysée en
terme de temps de calcul CPU. Le nombre d’itérations évoqué précédemment ne permet
pas entièrement de quantifier la performance, la complexité des opérations effectuées à
chaque itération conditionne fortement la performance. Les temps de calcul étant faibles,
la résolution est effectuée 1000 fois avec chaque méthode afin de pouvoir réaliser des
comparaisons significatives.
Tableau 4.4 – Comparaison des résultats obtenus à l’aide des différents modèles exis-
tants et du modèle développé
t t
Modèle ∆l0 [mm] T(ab) [kN] T(bc) [kN] temps CPU [ms]
Analytique 0,460105 14,608 17,091 –
Sans frottement 0,584074 15,85 15,85 –
Volkwein 0,584074 13,55 15,85 –
Hincz 0,461069 14,617 17,081 16,5
LS-DYNA 0,460105 14,608 17,091 62,5
Boutillier 0,460333 14,610 17,089 0,147
Coulibaly 0,460105 14,608 17,091 0,280
Exactitude physique
La prise en compte du frottement par une réduction de tension proposée par Volkwein
[Volkwein, 2004] fournit des résultats similaires. Le calcul initial des tensions est basé sur
un glissement sans frottement. Par conséquent, la longueur neutre échangée est également
surestimée. Quant aux tensions, la réduction s’applique sur la valeur, déjà sous-estimée,
issue du calcul initial sans frottement. Nous observons alors une forte sous-estimation de
la tension dans les 2 segments. Ce modèle sera a priori trop souple, les efforts dans les
câbles seront alors sous-estimés, ce qui peut être problématique si l’on souhaite étudier
un système proche de la rupture car le modèle ne se place pas du côté de la sécurité.
102 Chapitre 4. Modèle mécanique de câble glissant
Performances de calcul
Les modèles avec frottement et échanges de longueur neutre fournissent tous de très
bons résultats, ils se différencient alors principalement par leurs performances. Le modèle
de Hincz nécessite beaucoup d’itérations pour converger et fournit des résultats approchés
acceptables. L’algorithme de résolution est simple et nécessite peu d’opérations à chaque
itération, cela permet de compenser en partie le grand nombre d’itérations. Le modèle
développé par LS-DYNA et utilisant de la méthode de Brent fournit d’excellents résultats,
notamment grâce à la robustesse et à la précision de cette méthode de résolution. Celle-ci
converge après un faible nombre d’itérations mais l’algorithme emploie conditionnellement
la méthode de la dichotomie, la méthode de la sécante ou l’interpolation quadratique
inverse afin d’approcher la solution. À cause de la plus grande complexité de ces opérations
et des nombreux tests effectués, les performances de ce modèle sont moins bonnes que
celles du modèle de Hincz et la résolution des équations de glissement prend presque 4
fois plus de temps CPU.
Conclusion
Le système de câbles choisi dans le but d’étudier l’effet rideau est inspiré d’une tech-
nique de câblage conventionnelle des écrans de filets et présenté Figure 4.10. Le système
est composé de 3 travées horizontales de longueur L = 10 m, délimitées par 4 points fixes
a, b, c et d. Deux câbles de diamètre 10 mm (section A = 78,54 mm2 , masse linéique
η = 613 g/m) couvrent symétriquement les travées de la façon suivante : le câble de
gauche va du point a au point c et le câble de droite va du point b au point c. Les câbles
sont fixes aux points intérieurs b et c. Aux extrémités a et d, les câbles sont liés à des
dissipateurs d’énergie de masse négligeable possédant un comportement rigide-plastique
104 Chapitre 4. Modèle mécanique de câble glissant
Y L L L
(Fy ) (Fy )
b c
a d
P P P P
Figure 4.10 – Modèle d’étude de l’effet rideau (la longueur initiale des dissipateurs
d’énergie représentés aux points a et d est négligeable)
t = 0 ms
0
Y [m]
4
−15 −10 −5 0 5 10 15
X [m]
t = 60 ms
0
Y [m]
4
−15 −10 −5 0 5 10 15
X [m]
t = 120 ms
0
Y [m]
4
−15 −10 −5 0 5 10 15
X [m]
t = 180 ms
0
Y [m]
4
−15 −10 −5 0 5 10 15
X [m]
t = 240 ms
0
Y [m]
4
−15 −10 −5 0 5 10 15
X [m]
(Tableau 4.5). Le choix de ces 4 configurations permet d’effectuer une analyse qualitative
et quantitative de l’influence du frottement et des effets inertiels dans la modélisation de
l’effet rideau. Cela permet d’identifier les bénéfices de l’approche de modélisation déve-
loppée en comparaison aux modèles existants. Nous étudions l’évolution temporelle du
µ = 0 µ = 0,2
d=0 C1 C2
d = 10 C3 C4
1
C1 : d = 0, µ = 0
C2 : d = 0, µ = 0.2
C3 : d = 10, µ = 0
2
C4 : d = 10, µ = 0.2
Flèche [m]
6
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Temps [ms]
Figure 4.12 – Évolution temporelle de la flèche du système lors des simulations numé-
riques de l’effet rideau pour les 4 configurations
Frottement
du câble plus lent. Enfin, lorsque le glissement se fait sans frottement, la seule source de
dissipation d’énergie du système est la déformation plastique au niveau des dissipateurs
d’énergie. L’énergie cinétique du système est alors entièrement dissipée par ces éléments
qui subissent de grandes déformations ce qui a pour résultat une valeur de la flèche à
l’équilibre élevée de 5,60 m. Lorsque le glissement se fait avec frottement, une partie de
l’énergie cinétique des nœuds est dissipée par frottement. Les dissipateurs d’énergie sont
alors moins sollicités et moins déformés ce qui a pour résultat une valeur de la flèche à
l’équilibre plus faible de 3,90 m.
4.5.4 Discussion
La comparaison avec les modèles existants dans la littérature met en exergue la géné-
ralité et les qualités du modèle de câble glissant développé pour la modélisation de l’effet
rideau. La quasi-totalité des modèles existants ont un comportement qui peut être repro-
duit à l’aide du modèle développé en choisissant les paramètres µ et d de façon adéquate.
Les avantages de la formulation proposée sont nombreux.
Tout d’abord, il s’agit d’un modèle multi-nœuds particulièrement polyvalent dans
son utilisation. Les modèles multi-nœuds usuels sont composés uniquement de nœuds
glissants, la répartition de masse est alors altérée et les effets inertiels mal représentés.
La réponse des câbles est donc trop rapide et similaire aux résultats obtenus dans les
configurations C1 et C2. La formulation développée permet d’intégrer des nœuds de
discrétisation non-glissants et est applicable à un groupe de nœuds glissants quelconque
défini à un instant donné. Le nombre de nœuds glissants consécutifs peut ainsi varier tout
au long de l’analyse dynamique pour un coût de calcul relativement faible. Les modèles à
un seul nœud glissant peuvent être assemblés en série pour reproduire un modèle multi-
nœuds avec nœuds de discrétisation. Dans le cas de l’effet rideau, les nœuds tendent à se
108 Chapitre 4. Modèle mécanique de câble glissant
réunir. Les modèles à un seul nœud glissant étant tous basés sur un élément à 3 nœuds, ils
ne permettent pas de traiter la présence de plusieurs nœuds glissants consécutifs [Erhart,
2012]. Un maillage extrêmement fin, ou un maillage adaptatif doit alors être utilisé pour
contraindre les nœuds glissants à être toujours encadrés par deux nœuds non-glissants.
Cela demande un coût de calcul très important à cause de l’augmentation du nombre de
segments et la diminution de leur dimension qui entraine une augmentation du pas de
temps critique.
Ensuite, la prise en compte du frottement est effectuée de façon rigoureuse. Nous avons
constaté l’influence considérable du frottement sur les résultats des simulations de l’effet
rideau. L’analyse comparative menée section 4.4, ainsi que d’autres travaux impliquant
des câbles glissants [Ju and Choo, 2005, Dupire et al., 2015] démontrent la nécessité de
tenir compte du frottement. Nous avons identifié que les modèles négligeant le frottement
surestiment fortement les déplacements et l’énergie cinétique du système. Appliqués à la
simulation de l’effet rideau, ces modèles fournissent des solutions irréalistes du problème
dynamique, similaires aux résultats obtenus dans les configurations C1 et C3.
Enfin, aucun modèle existant n’est en capacité de reproduire les résultats de la confi-
guration C4, aucune formulation ne permet non plus de reproduire l’ensemble des 4
configurations simulées à l’aide de la formulation proposée. Le modèle de câble glissant
général développé semble s’imposer comme un outil performant, robuste et particulière-
ment adapté à la modélisation des phénomènes complexes de glissement ayant lieu au
sein des écrans de filets pare-blocs.
4.6 Conclusions
Le modèle de câble glissant développé permet une analyse dynamique d’un système
multi-nœuds tenant compte du frottement et permettant l’emploi de nombreuses lois
de comportement du câble. Les développements proposés élargissent le champ de nom-
breux travaux existants à l’aide d’une formulation unique et compacte. Celle-ci permet
la modélisation dynamique de systèmes de câbles glissants non-linéaires complexes.
Les développements analytiques originaux, ainsi que les considérations numériques
sont présentés. La formulation et la résolution des équations de glissement sous contrainte
de conservation de la longueur neutre sont détaillées. Des expressions analytiques de la
méthode de Newton-Raphson sont développées et permettent la résolution efficace des
équations de glissement tout en assurant le respect de la contrainte de conservation. Le
modèle développé et son implémentation numérique sont validés à l’aide d’un mécanisme
constitué de deux éléments glissants le long d’un câble inextensible. Les résultats issus
des simulations numériques présentent un excellent accord avec les résultats analytiques.
Le phénomène d’effet rideau est simulé à l’aide du modèle de câble glissant développé.
Une étude paramétrique sur l’influence de la discrétisation du câble et du coefficient de
frottement est menée et démontre la pertinence et la robustesse du modèle et de son
implémentation. La comparaison avec les modèles existants dans la littérature a mis
en avant les avantages de la formulation proposée, à savoir : la généralité, l’exactitude
physique et les performances de calcul.
Chapitre 5
5.1 Introduction
L’écran CAN E est un écran de filets de capacité d’arrêt 1500 kJ développé par
la société CAN [CAN, 2017]. Il est composé de 3 modules de 10 m de largeur et de
hauteur nominale de 4,10 m (Figure 5.1a). Suite aux essais en vraie grandeur MEL et
SEL réalisés conformément au guide d’agrément technique Européen ETAG 27 [EOTA,
2013], une Évaluation Technique Européenne (ETE) a été délivrée pour cet écran dont
les performances ont reçu le marquage CE.
109
110 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
(a)
(b)
Figure 5.1 – Ouvrage CAN E : (a) ouvrage réel installé dans le site d’essai de l’entreprise
CAN à Rompon (07) (source CAN) ; (b) modèle numérique de l’ouvrage
L’ouvrage dispose de 4 poteaux articulés en pied et haubanés en tête par deux câbles
formant un « V » à l’amont ; les poteaux extérieurs sont également maintenus par un
hauban latéral supplémentaire. La nappe de filets est une nappe d’anneaux entrelacés à
4 contacts. Dans chaque module, des rangées de 20 anneaux sont disposées dans le sens
de la longueur et de 8 anneaux dans le sens de la hauteur. La nappe est maintenue en
place par l’intermédiaire des câbles de rive supérieurs et inférieurs. Chacune des rives est
composée de 2 câbles qui couvrent de façon continue l’ensemble des 3 modules. Chacun
des deux câbles est tressé dans 8 anneaux, d’un même côté, droite ou gauche, de chaque
module, conformément au plan de tressage (Figure 5.2). Les 4 anneaux restant sont reliés
aux câbles de rive par l’intermédiaire d’agrafes fusibles conçues pour rompre lorsque la
tension est trop importante. Cela évite les points durs et donne de la flexibilité au filet
lors de fortes sollicitations. Deux câbles intermédiaires sont attachés ponctuellement à
certains anneaux de la nappe et raidissent l’ensemble. Deux câbles de fermeture et deux
câbles de reprise maintiennent la nappe au droit des poteaux extérieurs. Les dissipateurs
d’énergie sont situés aux extrémités des câbles de rive et des câbles intermédiaires. Chaque
5.2. Modélisation déterministe de l’écran CAN E 111
paire de câbles, en rive inférieure, supérieure et intermédiaires, est reliée au niveau de ses
extrémités à un même dissipateur ; il y a donc un total de 6 dissipateurs d’énergie au sein
de l’ouvrage. Le modèle numérique de l’écran CAN E est présenté Figure 5.1b.
Figure 5.2 – Plan de tressage de la nappe de filets de l’ouvrage CAN E (source CAN)
Poteaux
Les poteaux sont en acier, ils possèdent une longueur de 4,25 m et ont une section
circulaire creuse de diamètre extérieur 168,3 mm et d’épaisseur 4,5 mm. Les propriétés
de masse et d’inertie des poteaux sont obtenues à l’aide des relations (2.29) mises en
évidence au chapitre 2.
Dissipateurs d’énergie
Le dispositif dissipateur d’énergie installé sur l’écran et développé par l’entreprise CAN
utilise l’écrasement d’un tube en acier pour dissiper l’énergie. La déformation du tube est
112 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
réalisée par laminage dans une boite contenant deux axes en acier inoxydable écrasant
le tube à l’avancement. Le dissipateur a une masse de 5,0 kg et la longueur de la boite
de laminage est de 0,15 m. Nous utilisons les caractéristiques du dissipateur données par
l’entreprise CAN et issues d’essais de caractérisation en quasi-statique. Cela nous permet
de modéliser celui-ci à l’aide d’une loi de comportement élastique-parfaitement plastique,
les paramètres de cette loi sont K1 = 5000 kN/m, K2 = 0 kN/m et Fy = 125 kN.
Nappe de filets
La nappe de filets est une nappe d’anneaux entrelacés à 4 contacts. Les anneaux de la
nappe sont les anneaux 350/12 utilisés pour la validation du modèle d’anneau présentée
au chapitre 3, ils possèdent un diamètre intérieur φ = 361 mm, un diamètre de toron
φt = 12 mm et une masse de 813 g. La modélisation de la nappe est effectuée à l’aide
du modèle d’anneau développé au chapitre 3 . Les anneaux du modèle sont assemblés de
façon solidaire entre eux afin de former la nappe de filets, les anneaux ne sont donc pas
séparables. Pour le contact entre la nappe de filets et le bloc, un coefficient de frottement
de 0,5 est retenu [Escallón and Wendeler, 2013]. Pour le contact entre la nappe de filets
et les câbles de rive ou les câbles intermédiaires, une valeur de 0,3 est choisie [Moon et al.,
2014].
Câbles
Tableau 5.1 – Caractéristiques des câbles de l’écran CAN E (valeurs fournies par le
fabricant)
L’écran CAN E est soumis aux sollicitations MEL et SEL définies par l’ETAG 27
[EOTA, 2013] afin d’être certifié. Pour cela, l’ouvrage est installé horizontalement dans
un site d’essai dédié. Un système de levage et de largage permet d’effectuer des chutes de
blocs verticales sur la structure. La forme du bloc utilisé est celle définie dans l’ETAG
27 [EOTA, 2013] et illustrée Figure A.1.
Essai MEL
Le bloc est positionné à l’aplomb du centre du module central avant d’être largué. La
longueur extérieure du bloc vaut 1,36 m et sa masse 4810 kg. La hauteur de largage est
de 32,4 m, le bloc possède ainsi une vitesse moyenne de 25 m/s sur le dernier mètre avant
l’impact, correspondant à une énergie d’impact de 1500 kJ.
Essai SEL
Le bloc est positionné à l’aplomb du centre du module central avant d’être largué. La
longueur extérieure du bloc vaut 0,92 m et sa masse 1550 kg. La hauteur de largage est
de 33,4 m, le bloc possède ainsi une vitesse moyenne de 25,4 m/s sur le dernier mètre
avant l’impact, correspondant à une énergie d’impact de 500 kJ. Deux impacts successifs
notés SEL 1 et SEL 2 sont réalisés sans qu’aucune maintenance ne soit effectuée entre le
premier et le second impact.
Instrumentation
Une instrumentation est mise en place afin de mesurer les efforts aux ancrages et
les déplacements subis par la structure. La trajectoire du bloc est suivie à l’aide d’une
caméra rapide placée face à l’ouvrage, celle-ci enregistre la chute et l’arrêt du bloc avec
une fréquence de 500 images/s. Des capteurs de force axiaux sont également répartis en
différents points de la structure : sur les haubans amont et latéral, ainsi que sur les câbles
de rive (Figure 5.3). Une fois la sollicitation terminée et le bloc arrêté, l’allongement et
la hauteur résiduels, ainsi que la course des dissipateurs sont mesurés sur l’ouvrage.
Figure 5.3 – Localisation des capteurs de force au sein de l’ouvrage CAN E (source
CAN)
114 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
(a)
(b)
(c)
(d)
0
Expérimental
1 Simulation
7
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Temps [ms]
(a)
160 140
Expérimental
Effort ancrage P2/P3 [kN]
120
100
100
80
80
60
60
40
40
Expérimental
20 20 Simulation
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Temps [ms] Temps [ms]
(b) (c)
Effort câbles intermédiaires [kN]
180 140
Expérimental
Effort ancrage P3/P4 [kN]
160
Simulation 120
140
100
120
100 80
80 60
60
40
40
Expérimental
20
20 Simulation
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Temps [ms] Temps [ms]
(d) (e)
150 140
Expérimental
Effort hauban latéral [kN]
Simulation 120
100
100
80
60
50
40
Expérimental
20
Simulation
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Temps [ms] Temps [ms]
(f) (g)
Figure 5.5 – Réponse de l’ouvrage CAN E lors de l’essai MEL : (a) trajectoire verticale
du bloc ; (b) effort ancrage P2/P3 ; (c) effort rive supérieure ; (d) effort ancrage P3/P4 ;
(e) effort câbles intermédiaires ; (f) effort hauban latéral ; (g) effort rive inférieure
5.2. Modélisation déterministe de l’écran CAN E 117
Les valeurs obtenues numériquement sont très bonnes pour ces deux grandeurs, nous
observons des écarts de l’ordre de 5 % sur les allongements résiduels et de 16 % sur la
hauteur résiduelle. Les allongements résiduels sont légèrement sous-estimés et la hau-
teur résiduelle surestimée. Ces grandeurs permettent de quantifier le comportement lors
du retour élastique de l’ouvrage et valident ainsi en partie les 2 modèles irréversibles
développés : le modèle d’anneau et le modèle de câble glissant.
Efforts au sein de l’ouvrage Les efforts dans les haubans (colonne de gauche Figure
5.5) et les câbles de rive (colonne de droite Figure 5.5) sont également étudiés. La mesure
des efforts n’était pas synchronisée en temps avec la caméra rapide lors de l’essai. Par
conséquent, nous ne connaissons pas l’instant de l’impact sur le signal des efforts. La
synchronisation a été effectuée a posteriori en faisant correspondre en temps les chutes
d’effort mesurées expérimentalement et constatées numériquement sur les câbles inter-
médiaires (Figure 5.5e). Les données expérimentales peuvent ainsi être comparées aux
données issues de la simulation. Le modèle reproduit fidèlement la distribution des efforts
au sein de la structure. Les temps de mise en charge et de déchargement, les allures et
les intensités des efforts sont en correspondance. Les efforts maximaux aux ancrages (Fi-
gure 5.5b et 5.5d) sont très bien estimés, ce qui est essentiel pour le dimensionnement des
fondations. La tension dans le hauban latéral (Figure 5.5f) est en revanche fortement sous-
estimée, le modèle ne parvient pas à diriger suffisamment d’efforts dans ce hauban. Une
explication possible réside dans la modélisation de la tête de poteau en un point unique,
qui ne tient pas compte des détails technologiques du montage et des excentricités avec
lesquelles les haubans sont réellement rattachés à celle-ci.
licitations asymétriques obtenues numériquement. Étant donné que les dissipateurs sont
situés à chaque extrémité des câbles, le défilement du dissipateur situé à une extrémité
peut être compensé par celui du dissipateur situé à l’autre extrémité. Il est alors pertinent
d’étudier la somme des défilements des deux dissipateurs, gauche et droite, pour chaque
câble. Les défilements totaux sont fidèles aux mesures expérimentales et témoignent éga-
lement de la bonne répartition des efforts au sein de l’ouvrage.
Tableau 5.3 – Défilements des dissipateurs d’énergie de l’ouvrage CAN E lors de l’essai
MEL
Tableau 5.4 – Énergie dissipée par les dissipateurs de l’ouvrage CAN E lors de l’essai
MEL
MEL, est de 4455 s, soit un facteur temporel (durée de simulation / temps réel simulé) de
301. L’ouvrage modélisé aux différentes étapes de la simulation est présenté Figure 5.6.
(a) (b)
(c) (d)
(e) (f)
(g) (h)
0
Exp SEL 1
0.5
Simu SEL 1
2.5
3.5
4.5
0 50 100 150 200 250 300 350 400
Temps [ms]
(a)
180 140
Exp SEL 1
Effort ancrage P2/P3 [kN]
100 80
80 60
60
40
Exp SEL 1
40 Simu SEL 1
20
20 Exp SEL 2
0 0
Simu SEL 2
0 50 100 150 200 250 300 350 400 0 50 100 150 200 250 300 350 400
Temps [ms] Temps [ms]
(b) (c)
Effort câbles intermédiaires [kN]
140 140
Exp SEL 1
Effort ancrage P3/P4 [kN]
80 80
60 60
40 40
Exp SEL 1
Simu SEL 1
20 20 Exp SEL 2
0 0
Simu SEL 2
0 50 100 150 200 250 300 350 400 0 50 100 150 200 250 300 350 400
Temps [ms] Temps [ms]
(d) (e)
200 140
Exp SEL 1
Effort hauban latéral [kN]
180
Simu SEL 1
Effort rive inférieure [kN]
120
160 Exp SEL 2
140 Simu SEL 2 100
120
80
100
60
80
60 40
Exp SEL 1
40
Simu SEL 1
20
20 Exp SEL 2
0 0
Simu SEL 2
0 50 100 150 200 250 300 350 400 0 50 100 150 200 250 300 350 400
Temps [ms] Temps [ms]
(f) (g)
Figure 5.7 – Réponse de l’ouvrage CAN E lors de l’essai SEL : (a) trajectoire verticale
du bloc ; (b) effort ancrage P2/P3 ; (c) effort rive supérieure ; (d) effort ancrage P3/P4 ;
(e) effort câbles intermédiaires ; (f) effort hauban latéral ; (g) effort rive inférieure
122 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
Grandeur résiduelle Expérimental (1/2) [m] Simulation (1/2) [m] Écarts [%]
Allongement 3,71/4,52 3,56/4,29 −4,0/−5,1
Allongement à vide 2,74/3,54 2,91/3,66 +6,2/+3,4
Hauteur 2,87/2,64 3,05/2,79 +6,3/+5,7
Hauteur à vide 3,30/3,04 3,35/3,06 +1,5/+0,6
Les valeurs numériques des 2 grandeurs sont très proches des valeurs mesurées expé-
rimentalement et cela au cours des deux impacts. Nous observons des écarts maximums
de l’ordre de 6 % sur les allongements et les hauteurs résiduels, avant et après enlèvement
du bloc. Comme pour le MEL, nous constatons que le comportement en retour élastique
de l’ouvrage est bien pris en compte par le modèle, ce qui valide en partie le modèle
d’anneau et le modèle de câble glissant.
Efforts au sein de l’ouvrage Les efforts dans les haubans, colonne de gauche Figure
5.7, et les câbles de rive, colonne de droite Figure 5.7, sont également étudiés. De même
que pour le MEL, la synchronisation a été effectuée a posteriori en faisant correspondre
en temps les chutes d’effort mesurées expérimentalement et constatées numériquement
sur les câbles intermédiaires (Figure 5.7e) au SEL 1 et SEL 2. Le modèle reproduit bien
les efforts au cours des deux impacts, cela met en évidence la justesse du modèle déformé,
ayant déjà subi un impact, et de la modélisation des mécanismes irréversibles. Les temps
de mise en charge et de déchargement, les allures et les intensités des efforts sont en
correspondance sur chacun des impacts, les efforts maximums dans les ancrages (Figure
5.7b et 5.7d) sont également correctement estimés. La tension dans le hauban latéral
(Figure 5.7f) est, comme pour l’essai MEL, toujours fortement sous-estimée. La sous-
estimation de cet effort au MEL, et au SEL met en évidence un comportement réel de
l’ouvrage qui n’est pas capturé par le modèle théorique utilisé.
Tableau 5.6 – Défilements des dissipateurs d’énergie (cumul) de l’ouvrage CAN E lors
de l’essai SEL
Tableau 5.7 – Énergie dissipée par les dissipateurs (cumul) de l’ouvrage CAN E lors de
l’essai SEL
5.2.6 Bilan
L’ouvrage C2ROP est un dispositif d’une capacité d’arrêt estimée à 350 kJ. L’ouvrage
est constitué de 3 modules de 5 m de large et de hauteur nominale d’environ 2,50 m (Figure
5.8a.
(a)
(b)
Figure 5.8 – Ouvrage C2ROP : (a) ouvrage réel installé dans le site d’essai de l’entreprise
CAN à Rompon (07) (source CAN) ; (b) modèle numérique de l’ouvrage
L’ouvrage dispose de 4 poteaux articulés en pied et haubanés en tête par deux câbles
en « V » à l’amont et par un câble à l’aval ; les poteaux extérieurs sont également main-
tenus par un hauban latéral supplémentaire. La nappe de filets est une nappe d’anneaux
entrelacés à 4 contacts. Dans chaque module, des rangées de 12 anneaux sont disposées
dans le sens de la longueur et de 8 anneaux dans le sens de la hauteur. La nappe est main-
tenue en place par l’intermédiaire des câbles de rive supérieurs et inférieurs. Chacune des
rives est composée de 4 câbles qui couvrent chacun deux modules successifs et sont tressés
dans les anneaux conformément au plan de tressage Figure 5.9a. Deux câbles de fermeture
5.3. Modélisation déterministe de l’ouvrage C2ROP 125
maintiennent la nappe au droit des poteaux extérieurs, ils forment une boucle tressant les
rives latérales de la nappe de filets. Les dissipateurs d’énergie sont situés aux extrémités
de chaque câble de rive et de fermeture. Il y a donc deux dissipateurs par câble de rive
et un seul pour les câbles de fermeture qui sont refermés sur eux-mêmes, soit un total
de 18 dissipateurs d’énergie au sein de l’ouvrage (Figure 5.9b). Le modèle numérique de
l’ouvrage C2ROP est présenté Figure 5.8b.
(a)
(b)
Figure 5.9 – Câblage de la nappe de filets de l’ouvrage C2ROP : (a) plan de tressage
(vue amont) ; (b) nomenclature des dissipateurs d’énergie et des câbles de rive (source
GTS)
Poteaux
Les poteaux sont en acier, ils possèdent une longueur de 2,75 m et une section circulaire
creuse de diamètre extérieur 88,9 mm et d’épaisseur 8 mm. Les propriétés de masse et
d’inertie des poteaux sont obtenues à l’aide des relations (2.29) mises en évidence au
chapitre 2.
Dissipateurs d’énergie
Des essais de traction quasi-statique réalisés sur ces dissipateurs permettent d’identi-
fier leur comportement. Les courbes force-déplacement de 3 essais sont présentées Figure
5.10b. Pendant la première phase de chargement, nous observons un comportement li-
néaire jusqu’à un effort seuil d’environ 25 kN. Le câble se met en place et récupère les
jeux de montage, le câble ne glisse pas par rapport aux boulons. Une fois le seuil de
déclenchement du dissipateur atteint, la seconde phase démarre et le câble commence à
glisser autour des boulons. La raideur tangente du dissipateur est plus faible que lors de
la première phase mais demeure positive et l’effort continue d’augmenter au cours du défi-
lement. Nous retenons donc une loi de comportement élastoplastique avec un écrouissage
positif. Les paramètres de cette loi sont K1 = 250 kN/m, K2 = 7,143 kN/m et Fy = 25
kN. La réponse idéalisée du modèle de dissipateur est également illustrée Figure 5.10b.
Nous observons clairement une raideur de déchargement bien supérieure à la raideur de
chargement, entrainant la surestimation de l’énergie élastique résiduelle comme cela a été
discuté précédemment.
35
30
25
Effort [kN]
20
15
Essai 1
10 Essai 2
Essai 3
Modèle (Prager)
5
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800
Déplacement [mm]
(a) (b)
Figure 5.10 – Dissipateur d’énergie de l’ouvrage C2ROP : (a) photo du dissipateur ; (b)
relation force-déplacement du dissipateur en quasi-statique (source GTS)
5.3. Modélisation déterministe de l’ouvrage C2ROP 127
Nappe de filets
La nappe de filets est une nappe d’anneaux entrelacés à 4 contacts. Les anneaux
ont un diamètre intérieur φ = 274 mm, un diamètre de toron φt = 7,5 mm et une
masse de 250 g. La modélisation de la nappe est effectuée à l’aide du modèle d’anneau
développé au chapitre 3. Des essais de traction en 2, 3 et 4 points ont été effectués sur ces
anneaux et permettent la calibration des paramètres du modèle correspondant à ce type
d’anneaux. Les valeurs des paramètres des modèles d’anneaux internes à 4 nœuds, et de
rive à 3 nœuds, sont données Tableau 5.8 pour cette technologie d’anneau. Les anneaux
du modèle sont assemblés de façon solidaire entre eux afin de former la nappe de filets, les
anneaux ne sont donc pas séparables. Pour le contact entre la nappe de filets et le bloc,
un coefficient de frottement de 0,5 est retenu, pour le contact avec les câbles de rive, une
valeur de 0,3 est choisie.
Tableau 5.8 – Valeurs des paramètres du modèle d’anneau pour la nappe de filets de
l’ouvrage C2ROP
Câbles
Tableau 5.9 – Caractéristiques des câbles de l’ouvrage C2ROP (valeurs fournies par le
fabricant)
Traction quasi-statique
L’essai se déroule en deux phases. Dans un premier temps, le bloc est déposé dans
le filet. Une fois en place, il est relié à un treuil qui, dans un second temps, l’enfonce
verticalement vers le bas dans le filet. L’enfoncement du bloc dans le filet est piloté en
déplacement, celui-ci se fait à vitesse constante de 0,15 m/s jusqu’à atteindre une valeur
d’enfoncement de 5 m.
Impact unique
Le bloc est positionné à l’aplomb du centre du module central avant d’être largué. La
hauteur de largage est de 37,15 m, le bloc atteint ainsi une vitesse de 27 m/s à l’impact,
correspondant à une énergie d’impact de 270 kJ. L’essai est réalisé sur deux ouvrages
identiques, les 2 essais sont notés Expérimental 1 et Expérimental 2.
Impacts répétés
Le bloc est positionné à l’aplomb du centre du module central avant d’être largué. La
hauteur de largage est de 12,40 m, le bloc atteint ainsi une vitesse de 15,6 m/s à l’impact,
correspondant à une énergie d’impact de 90 kJ. Cette opération est répétée 3 fois, sans
apporter aucune réparation ni modification à l’ouvrage. Les 3 impacts sont notés Exp
(1), Exp (2) et Exp (3).
5.3. Modélisation déterministe de l’ouvrage C2ROP 129
Instrumentation
Une large instrumentation est mise en place afin de mesurer les efforts et les dépla-
cements subis par le bloc et par la structure. Un accéléromètre tri-axial de technologie
MEMS, doublé d’un piézoélectrique, est placé à l’intérieur du bloc. Ils enregistrent l’ac-
célération avec une fréquence de 20 kHz et possèdent une étendue de mesure de ±16 g.
Les efforts appliqués par le bloc sur l’ouvrage sont obtenus à l’aide d’un capteur de force
axial relié au bloc pour la sollicitation quasi-statique et peuvent être déduits des mesures
d’accélération pour les sollicitations dynamiques. Les accéléromètres étant positionnés en
surface du bloc, ils ne mesurent pas l’accélération de son centre de gravité et fournissent
des valeurs difficiles à interpréter lorsque le bloc entre en rotation au contact du filet. La
trajectoire du bloc est donc obtenue de façon plus fiable par analyse d’image. Une caméra
rapide placée en face de l’ouvrage enregistre également la chute et l’arrêt du bloc avec
une fréquence de 500 images/s. Des capteurs de force axiaux sont également répartis en
différents points de la structure : sur les haubans amont, aval ainsi que sur les câbles de
rive (Figure 5.11). Une fois le bloc arrêté, l’allongement et la hauteur résiduels, ainsi que
la course des dissipateurs sont mesurés sur l’ouvrage.
HamP42 HamP32
HamP31
AMONT
RinfD
RinfG
HlatD
RsupD
RsupG HlatG
AVAL
Figure 5.11 – Localisation des capteurs de force au sein de l’ouvrage C2ROP (source
GTS)
(a)
(b)
la simulation. Pour cette raison, l’évolution des grandeurs est présentée en fonction de
l’enfoncement du bloc et non du temps.
Réponse globale
250 400
Expérimental Expérimental
Simulation 350
Simulation
200
300
Travail bloc [kJ]
Effort bloc [kN]
250
150
200
100
150
100
50
50
0 0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
Enfoncement bloc [m] Enfoncement bloc [m]
(a) (b)
Figure 5.13 – Réponse globale de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai quasi-statique : (a)
effort total appliqué au bloc ; (b) travail de l’effort total
Réponse locale
25
20
20
15
15
10
10
5 5
0 0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
Enfoncement bloc [m] Enfoncement bloc [m]
(a) (b)
Effort rive inférieure gauche [kN]
25 20
20 15
15
10
10
5
5
0 0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
Enfoncement bloc [m] Enfoncement bloc [m]
(c) (d)
Figure 5.14 – Efforts dans les câbles de rive de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai quasi-
statique : (a) rive supérieure gauche ; (b) rive supérieure droite ; (c) rive inférieure gauche ;
(d) rive inférieure droite
Les efforts dans le hauban latéral gauche et le hauban amont P32 sont maintenant
étudiés (Figure 5.15). Pour le hauban latéral, les résultats numériques présentent la même
tendance que les mesures expérimentales mais montrent des écarts importants au niveau
des valeurs de tension (Figure 5.15a). La tension mesurée expérimentalement est forte-
ment supérieure à celle obtenue numériquement. Nous remarquons un décalage initial
d’environ 12 kN entre les deux courbes qui peut être dû à la prétension appliquée lors
de l’essai, la simulation numérique ayant été réalisée sans prétension. Un autre facteur
pouvant influencer la réponse est la prise en compte dans le modèle des détails techno-
logiques de montage. Dans la structure réelle, le câble de rive supérieur n’est pas relié
directement en tête de poteau mais est attaché, par l’intermédiaire d’une manille, au
hauban latéral (Figure 5.16). Les efforts transversaux repris par le câble de rive supérieur
sont donc transmis sur le hauban latéral et non directement sur le poteau, augmentant
ainsi la tension dans le hauban.
Pour le hauban amont, nous observons une réponse similaire. La courbe numérique
présente la même tendance que la courbe expérimentale avec des écarts de tension notables
(Figure 5.15b). La phase de chargement initial se fait avec une raideur semblable mais a
lieu plus tôt dans le chargement et le décalage est important. Sur les courbes issues de la
simulation, nous observons un pic d’effort, suivi d’une brève décharge, d’un plateau, puis
une nouvelle hausse de l’effort. La décharge coïncide avec la sollicitation des câbles de rive
dans les modules latéraux qui tirent la tête de poteau vers l’extérieur, déchargeant ainsi
le hauban P32 étudié. Les deux câbles de rive ont alors environ la même inclinaison et la
même tension (limitée par les dissipateurs) et l’effort se stabilise. En fin de chargement,
5.3. Modélisation déterministe de l’ouvrage C2ROP 133
20
50
40 15
30
10
20
5
10
0 0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
Enfoncement bloc [m] Enfoncement bloc [m]
(a) (b)
Figure 5.15 – Efforts dans les haubans de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai quasi-statique :
(a) hauban latéral gauche ; (b) hauban amont P32
l’angle du câble de rive du module central augmente et la tension dans le hauban P32
augmente elle aussi. Il est également intéressant de croiser cette analyse avec la tendance
décroissante dans la courbe expérimentale qui semble contre-intuitive. En effet, le hauban
instrumenté est directement dans le chemin préférentiel des efforts (forme de « V » de
l’écran déformé), on s’attendrait alors à ce que l’effort se concentre dans cette direction et
continue d’augmenter au cours de la déformation comme on le constate numériquement.
Il est néanmoins possible que cette augmentation ne soit pas visible à cause du retard
observé et qu’elle se soit manifestée pour des valeurs d’enfoncement plus importantes.
pour les efforts. La durée de la simulation, réalisée sur le même ordinateur que pour l’essai
quasi-statique, est de 1180 s, soit un facteur temporel (durée de simulation / temps réel
simulé) de 140. L’ouvrage modélisé aux différentes étapes de la simulation est présenté
Figure 5.17.
(a)
(b)
(c)
(d)
Réponse globale
La mise en rotation du bloc au contact du filet ne nous permet pas d’exploiter les
mesures issues de l’accéléromètre pour l’essai expérimental d’impact unique. Nous nous
intéressons uniquement à la trajectoire du bloc et à l’état de l’ouvrage après impact.
Trajectoire du bloc La trajectoire obtenue par la simulation est semblable à celle me-
surée expérimentalement. La courbe numérique présente une allure similaire et se situe
entre les deux courbes expérimentales obtenues en répétant l’essai (Figure 5.18). Nous no-
tons que les valeurs obtenues numériquement sont très proches des valeurs expérimentales
du premier essai.
0
0.5
Expérimental 1
Expérimental 2
Enfoncement bloc [m]
1.5
Simulation
2
2.5
3.5
4.5
5.5
0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms]
Figure 5.18 – Trajectoire verticale du bloc lors de l’essai d’impact unique sur l’ouvrage
C2ROP
Les valeurs obtenues numériquement sont très bonnes sur ces deux grandeurs, nous
observons des écarts inférieurs à 10 % pour le premier essai et de l’ordre de 15 % pour le
second. Ces grandeurs, permettant de mesurer le comportement lors du retour élastique
de l’ouvrage, confortent une nouvelle fois les modèles irréversibles développés : le modèle
d’anneau et le modèle de câble glissant. Seule la hauteur résiduelle à vide est fortement
surestimée de près de 25 % ; cela peut s’expliquer par le modèle d’assemblage solidaire
entre les anneaux adopté pour la nappe de filets. Certains efforts de compression, dus
136 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
à l’état d’auto-contrainte de l’anneau, sont transmis dans la nappe tandis qu’en réalité,
il y a séparation des anneaux. Dans la simulation numérique, la nappe a tendance à
« pousser » sur l’extérieur et sur les câbles de rive qui viennent s’ouvrir un peu plus
largement après retrait du bloc (Figure 5.17d). L’introduction d’un modèle séparable
devrait en toute hypothèse pallier ce comportement mais les bons résultats obtenus et le
coût de calcul supplémentaire nous incitent à ne pas explorer cette voie.
Réponse locale
Haubans Les résultats numériques sont en excellent accord avec les données expérimen-
tales (Figure 5.19). Le capteur présent sur le hauban P42 n’a enregistré aucune variation
lors du premier essai d’impact (Figure 5.19e). Nous retrouvons les mêmes allures, temps
de chargement et intensités des pics d’effort pour les haubans. Ces résultats montrent que
le modèle reproduit bien la réponse dynamique de l’ouvrage. En particulier, les chemins
de distribution des efforts et les temps de mise en tension sont bien respectés.
Câbles de rive Les tensions dans les câbles de rive supérieurs et inférieurs sont correc-
tement appréhendées, notamment au niveau des temps de mise en tension et de décharge-
ment (Figure 5.20). Le capteur situé en rive supérieure gauche est défaillant et les valeurs
expérimentales, uniquement acquises lors du second essai d’impact, ne sont pas signifi-
catives. Le comportement de ces câbles est gouverné par celui des dissipateurs d’énergie
situés à leurs extrémités. Par comparaison avec les résultats expérimentaux obtenus lors
des essais quasi-statiques (Figure 5.10b), les dissipateurs d’énergie semblent présenter un
seuil de déclenchement moins élevé en dynamique. Cela peut s’expliquer par la technolo-
gie du dissipateur par frottement et les effets thermo-mécaniques associés modifiant les
propriétés tribologiques de l’assemblage. En outre, l’écrouissage observé en quasi-statique
n’apparait pas de façon évidente sur les courbes. Les efforts semblent stagner, voire di-
minuer pendant la phase de défilement (Figure 5.20). Le modèle, calibré sur les essais
quasi-statiques, conduit à une augmentation de l’effort au cours du défilement, ce qui ne
correspond pas qualitativement au comportement expérimental. La répétition des essais
et des mesures illustre également une certaine variabilité de comportement entre les dis-
sipateurs et entre les essais. Pour un même essai, les seuils de déclenchement diffèrent
d’un dissipateur à un autre et pour un même dissipateur, le seuil de déclenchement diffère
entre les deux essais.
50
50
40
40
35
35
30 30
25 25
20 20
15 15
Expérimental 1 Expérimental 1
10 10
Expérimental 2 Expérimental 2
5 5
Simulation Simulation
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(a) (b)
35 35
Expérimental 1
Effort hauban amont P31 [kN]
30 Expérimental 2 30
Simulation
25 25
20 20
15 15
10 10
Expérimental 1
5 5 Expérimental 2
0 0
Simulation
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(c) (d)
30
Expérimental 1
Effort hauban amont P42 [kN]
25
Expérimental 2
Simulation
20
15
10
0
0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms]
(e)
Figure 5.19 – Efforts dans les haubans de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai d’impact
unique : (a) hauban latéral gauche ; (b) hauban latéral droit ; (c) hauban amont P31 ; (d)
hauban amont P32 ; (e) hauban amont P42
138 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
25
40
20
30
15
20
10
Expérimental 1
10
5 Expérimental 2
0 0
Simulation
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(a) (b)
Effort rive inférieure gauche [kN]
30
25
25
20
20
15
15
10
Expérimental 1 10
Expérimental 1
5 Expérimental 2 5 Expérimental 2
Simulation Simulation
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(c) (d)
Figure 5.20 – Efforts dans les câbles de rive de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai d’impact
unique : (a) câble de rive supérieure gauche ; (b) câble de rive supérieure droite ; (c) câble
de rive inférieure gauche ; (d) câble de rive inférieure droite
entre les deux essais, qui met une nouvelle fois en lumière la variabilité de comportement
des dissipateurs d’énergie. Ensuite, il apparait que les dissipateurs les plus sollicités expé-
rimentalement sont également les plus sollicités numériquement. Il s’agit des dissipateurs
du module central (4 et 4bis) et des dissipateurs situés au niveau des poteaux extérieurs
dans les modules latéraux (2 et 2bis). Cela confirme la capacité du modèle à correctement
reproduire les chemins de distribution des efforts au sein de la structure. Les valeurs de dé-
filement obtenues numériquement sont en revanche bien inférieures, confirmant ainsi que
le comportement des dissipateurs en statique et en dynamique diffère. En effet, la loi de
comportement utilisée pour ces simulations et calibrée sur les essais quasi-statiques sures-
time les efforts développés au sein des dissipateurs en dynamique. En conséquence, ceux-ci
nécessitent un défilement moins important pour dissiper une quantité d’énergie donnée.
L’absence de comportement régulier des dissipateurs en dynamique rend difficile le cal-
cul du travail plastique et l’estimation des énergies dissipées expérimentalement, ce qui
nous limite à l’étude des défilements. Il serait intéressant, comme proposé par Castanon-
Jano et al [Castanon-Jano et al., 2017], de calibrer le comportement des dissipateurs à
partir d’essais de sollicitations dynamiques pour effectuer les simulations d’impact. En
revanche, il est important de noter que nous obtenons des résultats tout à fait satisfai-
sants sur le comportement dynamique global et local de l’ouvrage alors que l’ensemble
des composants sont caractérisés et calibrés à partir de sollicitations quasi-statiques.
5.3. Modélisation déterministe de l’ouvrage C2ROP 139
Tableau 5.11 – Défilement des dissipateurs d’énergie de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai
d’impact unique
3 0 35 1
3 bis 2 20 6
4 144 210 99
4 bis 175 152 105
A 38 35 3
A bis 2 20 8
B 220 257 154
B bis 247 280 155
1 18 0 0
1bis 0 0 0
2 90 0 58
2bis 150 47 53
Rive supérieure
3 10 55 9
3bis 0 38 6
4 30 195 92
4bis 23 210 89
A 28 55 9
A bis 0 38 6
B 113 210 147
B bis 180 242 145
Nous avons pu constater le rôle central des dissipateurs d’énergie dans le fonctionne-
ment de la structure et leur influence sur la réponse de l’ouvrage. Leurs caractéristiques
ont une incidence sur la réponse globale et locale de l’ouvrage lors d’un impact. Si le seuil
de déclenchement est élevé, les dissipateurs défilent moins et l’ouvrage est plus raide.
Inversement, des dissipateurs à faible seuil de déclenchement ou au comportement adou-
cissant dissipent peu d’énergie au cours du défilement et ont besoin de grands défilements
pour arrêter le bloc. Nous avons vu que le comportement obtenu en quasi-statique ne
correspond pas aux mesures faites au cours des essais dynamiques et que le compor-
tement dynamique diffère entre les deux essais. Sans données de calibration issues de
sollicitations dynamiques, et de façon purement exploratoire, nous allons donc modifier
le comportement des dissipateurs afin d’étudier l’influence sur la réponse de l’ouvrage.
Les seuils de déclenchement observés Figure 5.20 atteignent environ 20 kN et il n’y a pas
d’écrouissage clairement identifiable, nous effectuons donc les mêmes simulations de l’essai
d’impact unique avec les paramètres suivants pour les dissipateurs d’énergie : K1 = 250
kN/m, K2 = 0,0 kN/m et Fy = 20 kN. Les résultats de simulation obtenus avec ces
valeurs (notés simulation 20) sont comparés aux résultats expérimentaux et aux résultats
140 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
0.5
Expérimental 1
Expérimental 2
Enfoncement bloc [m]
1
Simulation 25
1.5
Simulation 20
2
2.5
3.5
4.5
5.5
0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms]
Figure 5.21 – Trajectoire verticale du bloc lors de l’essai d’impact unique sur l’ouvrage
C2ROP, influence du comportement des dissipateurs d’énergie
Les grandeurs à l’équilibre (Tableau 5.12) sont semblables, voire un peu meilleures
avec le comportement élastique-parfaitement plastique des dissipateurs et un seuil de
déclenchement de 20 kN, notamment sur les grandeurs à vide.
La réponse locale de l’ouvrage est également très bonne et semblable à celle obtenue
précédemment. Nous retrouvons dans chaque cas des allures similaires aux mesures expé-
rimentales. Pour les haubans, les différences se trouvent principalement dans l’intensité
des efforts qui est moindre et dans la phase de déchargement qui est plus lente (Figure
5.22). Les dissipateurs agissent comme des éléments fusibles qui limitent l’effort à 20 kN
dans les câbles de rive ; nous retrouvons donc des efforts moindres dans l’ensemble de la
structure. Le retard au déchargement est toujours expliqué par la persistance des efforts
due à une remontée tardive et plus lente du bloc. Les courbes issues des deux simulations
sont initialement confondues, la différence de seuil de déclenchement et de comportement
des dissipateurs après déclenchement explique la séparation des courbes. Nous observons
des valeurs des pics d’efforts environ 25 % inférieures dans la simulation 20, correspondant
sensiblement à la différence de seuil de déclenchement des dissipateurs. Seule la tension
dans le hauban P31 est semblable dans la simulation 20 et la simulation 25. En écho aux
résultats obtenus lors de l’essai quasi-statique, ce hauban amont central se charge lorsque
les modules latéraux sont suffisamment déformés pour mettre en tension les câbles de rive
5.3. Modélisation déterministe de l’ouvrage C2ROP 141
tressant ce module. L’ouvrage étant plus souple dans la simulation 20, ces câbles sont
mis en tension plus facilement et nous observons des valeurs d’efforts importantes.
Effort hauban latéral gauche [kN]
50 50
40 40
35 35
30 30
25 25
20 20
15
Expérimental 1 15
Expérimental 1
10
Expérimental 2 10
Expérimental 2
5
Simulation 25 5
Simulation 25
0
Simulation 20 0
Simulation 20
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(a) (b)
35 35
Expérimental 1
Effort hauban amont P31 [kN]
Simulation 25
25 Simulation 20 25
20 20
15 15
10 10 Expérimental 1
Expérimental 2
5 5
Simulation 25
0 0
Simulation 20
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(c) (d)
30
Effort hauban amont P42 [kN]
Expérimental 1
25 Expérimental 2
Simulation 25
20
Simulation 20
15
10
0
0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms]
(e)
Figure 5.22 – Efforts dans les haubans de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai d’impact
unique, influence du comportement des dissipateurs d’énergie : (a) hauban latéral gauche ;
(b) hauban latéral droit ; (c) hauban amont P31 ; (d) hauban amont P32 ; (e) hauban
amont P42
Les efforts dans les câbles de rive, où se situent les dissipateurs, ne sont plus surestimés
et correspondent mieux aux valeurs mesurées expérimentalement (Figure 5.23). Le fait
de choisir un comportement élastique-parfaitement plastique ne permet cependant pas
de rendre compte des blocages et des pics d’efforts qui en résultent dans les dissipateurs.
Le choix d’un seuil de déclenchement moins élevé et d’un comportement élastique-
parfaitement plastique implique des défilements plus importants des dissipateurs afin
de dissiper l’énergie d’impact (Tableau 5.13). Nous conservons la bonne répartition des
défilements, qui traduit la bonne distribution des efforts, et nous obtenons des valeurs de
défilement correspondant mieux aux mesures expérimentales. Cela semble indiquer que
142 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
20
30
15
20
10
Expérimental 1
Expérimental 2
10
5
Simulation 25
0 0
Simulation 20
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(a) (b)
Effort rive inférieure gauche [kN]
30 35
30
25
25
20
20
15
15
10 Expérimental 1 10
Expérimental 1
Expérimental 2 Expérimental 2
5
Simulation 25 5 Simulation 25
0
Simulation 20 0
Simulation 20
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(c) (d)
Figure 5.23 – Efforts dans les câbles de rive de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai d’impact
unique, influence du comportement des dissipateurs d’énergie : (a) câble de rive supérieure
gauche ; (b) câble de rive supérieure droite ; (c) câble de rive inférieure gauche ; (d) câble
de rive inférieure droite
5.3. Modélisation déterministe de l’ouvrage C2ROP 143
le comportement des dissipateurs en dynamique est mieux appréhendé par une loi de
comportement élastique-parfaitement plastique avec un seuil de déclenchement réduit.
Tableau 5.13 – Défilement des dissipateurs d’énergie de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai
d’impact unique avec dissipateurs élastiques-parfaitement plastiques de seuil 20 kN
3 0 35 11
3bis 2 20 20
4 144 210 161
4bis 175 152 163
A 38 35 19
A bis 2 20 27
B 220 257 231
B bis 247 280 232
1 18 0 0
1bis 0 0 0
2 90 0 68
2bis 150 47 68
Rive supérieure
3 10 55 30
3bis 0 38 23
4 30 195 153
4bis 23 210 157
A 28 55 30
A bis 0 38 23
B 113 210 225
B bis 180 242 221
144 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
Réponse globale La mise en rotation du bloc au contact du filet ne nous permet pas
d’exploiter les mesures issues de l’accéléromètre pour le premier impact. La réponse glo-
bale de l’ouvrage est concordante dans les 2 cas étudiés (Figure 5.25). La valeur maximale
d’enfoncement du bloc ainsi que le temps de freinage obtenus avec la calibration des dissi-
pateurs à partir des essais quasi-statiques (simulation 25) présentent des écarts de l’ordre
de 13 % par rapport aux valeurs expérimentales. Les résultats obtenus avec le compor-
tement modifié des dissipateurs (simulation 20) sont encore plus précis. La réponse du
modèle est dans les deux cas plus raide que la réponse expérimentale.
Efforts dans les haubans La distribution des efforts est également bien appréhendée
et les tensions dans les haubans sont bien reproduites par le modèle au cours du premier
impact (Figure 5.26). Le comportement des dissipateurs d’énergie influe peu sur l’évo-
lution temporelle des tensions. Nous retrouvons dans chaque cas des allures, des temps
de mise en tension et de déchargement similaires aux mesures expérimentales. Comme
pour l’essai d’impact unique, les courbes issues des deux simulations sont initialement
confondues et se séparent lorsque le seuil de déclenchement des dissipateurs de la simula-
tion 20 est atteint. Nous observons également des valeurs des pics d’efforts environ 25 %
5.3. Modélisation déterministe de l’ouvrage C2ROP 145
(a)
(b)
(c)
(d)
Efforts dans les câbles de rive Les tensions dans les câbles de rive traduisent direc-
tement le comportement des dissipateurs. Nous observons, comme pour l’essai d’impact
unique, que la calibration des dissipateurs à partir des essais quasi-statiques surestime les
efforts et que leur comportement en dynamique est différent (Figure 5.27). Avec la calibra-
tion quasi-statique (simulation 25), les efforts sont surestimés tandis qu’avec la calibration
146 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
0
Exp (1)
0.5
Simu 25 (1)
2.5
3.5
4
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Temps [ms]
Figure 5.25 – Trajectoire verticale du bloc lors du premier impact de l’essai d’impacts
répétés sur l’ouvrage C2ROP
Effort hauban latéral gauche [kN]
40 40
30 30
25 25
20 20
15
Exp (1) 15
Exp (1)
10
Simu 25 (1) 10
Simu 25 (1)
5 Simu 20 (1) 5 Simu 20 (1)
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Temps [ms] Temps [ms]
(a) (b)
16
Exp (1) 30
Effort hauban amont P31 [kN]
Exp (1)
14
Simu 25 (1) 25 Simu 25 (1)
12 Simu 20 (1) Simu 20 (1)
20
10
8 15
6
10
5
2
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Temps [ms] Temps [ms]
(c) (d)
20
Effort hauban amont P42 [kN]
18
Exp (1)
16
Simu 25 (1)
14
Simu 20 (1)
12
10
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Temps [ms]
(e)
Figure 5.26 – Efforts dans les haubans de l’ouvrage C2ROP lors du premier impact de
l’essai d’impacts répétés : (a) hauban latéral gauche ; (b) hauban latéral droit ; (c) hauban
amont P31 ; (d) hauban amont P32 ; (e) hauban amont P42
5.3. Modélisation déterministe de l’ouvrage C2ROP 147
modifiée (simulation 20), les efforts sont mieux appréhendés au cours du premier impact.
Le capteur situé en rive supérieure gauche est défaillant et les valeurs expérimentales ne
sont pas significatives.
Effort rive supérieure gauche [kN]
30 Simu 20 (1)
20
25
20 15
15
10 Exp (1)
10
Simu 25 (1)
5
5
Simu 20 (1)
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Temps [ms] Temps [ms]
(a) (b)
Effort rive inférieure gauche [kN]
25 25
20 20
15 15
10 Exp (1) 10
Exp (1)
5
Simu 25 (1) 5
Simu 25 (1)
Simu 20 (1) Simu 20 (1)
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Temps [ms] Temps [ms]
(c) (d)
Figure 5.27 – Efforts dans les câbles de rive de l’ouvrage C2ROP lors du premier im-
pact de l’essai d’impacts répétés : (a) câble de rive supérieure gauche ; (b) câble de rive
supérieure droite ; (c) câble de rive inférieure gauche ; (d) câble de rive inférieure droite
Pour des raisons techniques, les données de certains capteurs de force et de la caméra
rapide ne sont pas disponibles pour le deuxième impact. Le bloc n’entre pas en rotation
au contact du filet, ce qui nous permet d’exploiter les mesures issues de l’accéléromètre.
Nous comparons donc la réponse dynamique du modèle aux résultats expérimentaux
disponibles :
– la trajectoire du bloc (obtenue par double intégration du signal d’accélération) ;
– l’effort de décélération du bloc ;
– les tensions dans trois des haubans.
L’ouvrage modélisé aux différentes étapes de la simulation du deuxième impact est pré-
senté Figure 5.28.
(a)
(b)
(c)
(d)
0 120
0.8
60
1
40
1.2
1.4 20
1.6
0
1.8
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(a) (b)
Figure 5.29 – Réponse globale de l’ouvrage C2ROP lors du deuxième impact de l’essai
d’impacts répétés : (a) enfoncement du bloc ; (b) effort total appliqué au bloc
Efforts dans les haubans La distribution des efforts dans les haubans est très bonne
également (Figure 5.30). Le comportement des dissipateurs d’énergie influe peu sur l’évo-
lution temporelle des tensions ; nous retrouvons dans chaque cas, des allures, des temps
de mise en tension et de déchargement similaires aux mesures expérimentales. Contraire-
ment au premier impact les courbes issues des deux simulations ne sont pas initialement
confondues. En effet, l’état de l’ouvrage après le premier impact diffère selon la simulation
effectuée ; le second impact s’effectue donc sur des structures différentes. Nous observons
un temps de mise en tension et des efforts inférieurs dans la simulation 20 à l’exception
du hauban amont P31, pour les raisons explicitées précédemment.
25 25
Effort hauban amont P31 [kN]
10 10
5 5
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(a) (b)
50
Effort hauban latéral droit [kN]
45
Exp (2)
40
Simu 25 (2)
35
Simu 20 (2)
30
25
20
15
10
0
0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms]
(c)
Figure 5.30 – Efforts dans les haubans de l’ouvrage C2ROP lors du deuxième impact
de l’essai d’impacts répétés : (a) hauban amont P31 ; (b) hauban amont P42 ; (c) hauban
latéral droit
150 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
(a)
(b)
(c)
(d)
Réponse globale Le bloc n’entre pas en rotation au contact du filet, ce qui nous per-
met d’exploiter les mesures issues de l’accéléromètre. La réponse globale de l’ouvrage est
5.3. Modélisation déterministe de l’ouvrage C2ROP 151
140
0
Exp (3)
Exp (3) 120
Simu 25 (3)
Enfoncement bloc [m]
60
1 40
20
0
1.5
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(a) (b)
Figure 5.32 – Réponse globale de l’ouvrage C2ROP lors du troisième impact de l’essai
d’impacts répétés : (a) enfoncement du bloc ; (b) effort total appliqué au bloc
Efforts dans les haubans La distribution des efforts est également bien appréhendée
et les tensions dans les haubans sont bien reproduites par le modèle au cours du troisième
impact (Figure 5.33). Comme au cours du deuxième impact, le comportement des dissi-
pateurs d’énergie influe peu sur l’évolution temporelle des tensions et les courbes issues
des deux simulations ne sont pas initialement confondues. Nous observons entre les deux
simulations, des valeurs de pics d’efforts environ 25 % inférieures dans la simulation 20,
correspondant sensiblement à la différence de seuil de déclenchement des dissipateurs.
De même, nous observons un temps de mise en tension et des efforts inférieurs dans la
simulation 20 à l’exception toujours du hauban amont P31.
Il est intéressant de noter que les efforts, globaux et locaux, développés au sein de la
structure sont d’intensité comparable lors du deuxième et du troisième impact, ce dont
rend compte la modélisation. Cela semble indiquer une adaptation de la structure qui
converge vers un comportement asymptotique. Même si un plus grand nombre d’impacts
serait nécessaire à l’établissement formel d’une telle convergence, celle-ci semble très ra-
pide et presque entièrement achevée après le deuxième impact. Cela illustre le bien-fondé
de l’essai SEL de l’ETAG 27 [EOTA, 2013] qui consiste en 2 impacts successifs effectués
à un tiers de l’énergie maximale de l’essai MEL.
152 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
10
10
5 5
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(a) (b)
25 30
Effort hauban amont P31 [kN]
15
10
10
5
5
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(c) (d)
25
Exp (3)
Effort hauban amont P42 [kN]
20
Simu 25 (3)
Simu 20 (3)
15
10
0
0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms]
(e)
Figure 5.33 – Efforts dans les haubans de l’ouvrage C2ROP lors du troisième impact
de l’essai d’impacts répétés : (a) hauban latéral gauche ; (b) hauban latéral droit ; (c)
hauban amont P31 ; (d) hauban amont P32 ; (e) hauban amont P42
Efforts dans les câbles de rive Les tensions dans les câbles de rive au cours du
troisième impact sont présentées Figure 5.34. Nous observons un phénomène intéressant
sur les courbes expérimentales : le seuil de déclenchement d’un même dissipateur varie
entre les différents impacts. Ces variations ne se font pas nécessairement dans le même
sens, nous observons une diminution du seuil en rive supérieure et une augmentation en
rive inférieure. En rive supérieure droite, nous mesurons un seuil de 20 kN lors du premier
impact (Figure 5.27b) contre 16 kN lors du troisième (Figure 5.34b). En rive inférieure,
le seuil est également de 20 kN lors du premier impact (Figures 5.27c et 5.27d) contre
25 kN lors du troisième (Figures 5.34c et 5.34d). Nous avons réalisé chaque simulation
des 3 impacts successifs avec un comportement donné des dissipateurs. Nos résultats ne
prennent donc pas en compte une modification de ce comportement entre les différents
impacts. Par conséquent, nous observons pour chaque simulation effectuée des disparités
5.3. Modélisation déterministe de l’ouvrage C2ROP 153
45
Exp (3) Exp (3)
40
Simu 25 (3) 25 Simu 25 (3)
35
Simu 20 (3) Simu 20 (3)
20
30
25 15
20
10
15
10
5
5
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(a) (b)
Effort rive inférieure gauche [kN]
20
15
15
10
10
5
5
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 0 50 100 150 200 250 300 350
Temps [ms] Temps [ms]
(c) (d)
Figure 5.34 – Efforts dans les câbles de rive de l’ouvrage C2ROP lors du troisième
impact de l’essai d’impacts répétés : (a) câble de rive supérieure gauche ; (b) câble de rive
supérieure droite ; (c) câble de rive inférieure gauche ; (d) câble de rive inférieure droite
Nous présentons ici les résultats concernant l’état d’équilibre de la structure après
impact. Le défilement des dissipateurs, ainsi que l’allongement et la hauteur résiduels
obtenus pour chaque impact et chaque simulation sont détaillés.
Sollicitation des dissipateurs Les défilements des dissipateurs au cours des 3 impacts
sont présentés Tableau 5.14. De façon similaire aux essais quasi-statiques et d’impact
unique, les dissipateurs les plus activés expérimentalement le sont également numéri-
quement, traduisant ainsi le bon cheminement des efforts au sein de la structure. Les
difficultés à appréhender correctement le comportement dynamique des dissipateurs au
cours des trois impacts successifs se traduisent en revanche par des valeurs de défilement
inférieures aux mesures expérimentales. Les défilements sont sous-estimés dans les deux
simulations mais sont plus proches des résultats expérimentaux avec le comportement
modifié (simulation 20).
154 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
Tableau 5.14 – Défilements des dissipateurs d’énergie de l’ouvrage C2ROP lors de l’essai
d’impacts répétés
Dissipateur Exp (1/2/3) [cm] Simu 25 (1/2/3) [cm] Simu 20 (1/2/3) [cm]
1 0/0/0 0/0/0 0/0/6
1bis 0/0/0 0/0/2 0/0/9
2 65/65/65 15/29/40 16/32/46
2bis 60/130/150 17/29/42 17/34/51
Rive inférieure
Grandeur résiduelle Exp (1/2/3) [m] Simu 25 (1/2/3) [m] Simu 20 (1/2/3) [m]
Allongement 2,95/3,65/4,13 2,49/3,05/3,39 2,75/3,46/3,97
Allongement à vide –/3,27/3,71 2,22/2,64/2,87 2,36/2,96/3,41
Hauteur 1,5/1,1/0,9 1,77/1,56/1,42 1,61/1,37/1,21
Hauteur à vide –/–/– 1,90/1,90/1,76 1,92/1,75/1,56
5.4. Conclusions 155
5.3.7 Bilan
5.4 Conclusions
Les travaux effectués dans ce chapitre nous ont permis de valider le modèle générique
d’écrans de filets développé, ainsi que les différents modèles de constituants, en particu-
lier, l’assemblage du modèle d’anneau en nappe de filets et le modèle de câble glissant.
Plusieurs éléments importants sont à mettre en avant.
Tout d’abord, les modèles développés sont des modèles de principe des technologies
étudiées. La représentation géométrique est strictement conforme aux plans et certains
détails technologiques n’ont pas été pris en compte. Les paramètres d’entrée du modèle
sont issus soit de calibration sur les constituants, soit de données générales provenant de
la littérature. De ce fait, les résultats des simulations ne sont le fruit ni d’un ajustement
fin de ces paramètres d’entrée, ni d’une rétro-analyse prenant en compte les résultats
expérimentaux des essais sur écran complet comme nouvelles données d’entrée ou comme
résultat cible. Il en résulte des simulations robustes et présentant des capacités prédictives
pertinentes. Il est particulièrement intéressant d’observer que nous sommes en mesure de
bien représenter le comportement dynamique global de l’ouvrage à partir de la calibration
quasi-statique locale de chacun de ses constituants.
Ensuite, le modèle reproduit bien le comportement réel des différents ouvrages étu-
diés. Il s’agit actuellement, et à notre connaissance, du premier modèle de calcul validé
sur plusieurs technologies d’écrans différentes. Les déformations et les durées d’impact
sont bien appréhendées. Les efforts globaux et leur distribution locale au sein de la struc-
ture sont bien représentés : les allures, les temps de chargement et de déchargement, ainsi
que l’intensité des efforts coïncident. L’ensemble des grandeurs étudiées présentent des
erreurs relatives de l’ordre de 10 % à 15 % avec les valeurs expérimentales sur différentes
sollicitations. Il est important d’insister sur le fait que les simulations d’impacts répétés
effectuées sont complexes. Les résultats obtenus après le premier impact dépendent de
l’état d’équilibre de l’ouvrage ayant préalablement été impacté. La qualité des résultats
obtenus sur l’ensemble des impacts illustre donc la pertinence et la robustesse du modèle
face à des sollicitations complexes, intégrant en particulier la prise en compte des méca-
nismes irréversibles et du retour élastique de la structure après impact et enlèvement du
bloc. Des simulations exploratoires d’impacts répétés sur des écrans de filets [Nicot et al.,
156 Chapitre 5. Validation du modèle générique sur ouvrages réels
2001a] ou des structures cellulaires en géo-composites [Nicot et al., 2007] existent dans la
littérature. En revanche, aucun travail validé expérimentalement, présentant des résultats
de simulation d’impacts successifs et des grandeurs liées à l’équilibre de l’ouvrage après
impact, n’a été effectué sur les écrans de filets flexibles. Les résultats obtenus ici sont
donc novateurs et très satisfaisants qualitativement et quantitativement.
L’ensemble de ces éléments font du modèle développé un outil de modélisation déter-
ministe utilisable dans des étapes de pré-dimensionnement ou de prototypage numérique,
en amont des essais en vraie grandeur. Ce modèle permet d’appréhender finement le
comportement global et local de la structure soumise à des sollicitations complexes et de
quantifier de façon fiable des grandeurs d’intérêt réglementaire ou technique comme la
hauteur résiduelle ou les efforts dans les ancrages.
En perspective, la prise en compte des particularités technologiques et des contraintes
de montage pourrait permettre de capturer certains phénomènes qui échappent au modèle
de principe. Les capacités de modélisation permettent d’explorer de nombreuses solutions
technologiques. Les résultats expérimentaux des sections précédentes ont également mis
en évidence la variabilité de comportement de certains composants principaux des ou-
vrages qui influe de façon non-négligeable sur leur réponse. Les modèles déterministes
se heurtent alors à des limites qui ne peuvent être dépassées par une modélisation phy-
sique plus exacte. L’introduction de méthodologies stochastiques pourrait permettre de
prendre en compte cette variabilité et d’étudier son influence sur le comportement et les
performances de l’ouvrage. Les performances de calcul du modèle développé permettent
d’envisager l’exploration de cette voie qui fournirait des éléments rationnels contribuant
à la définition de coefficients de sécurité vis-à-vis du cas de chargement standard et à
l’évolution de la réglementation courante vers plus de sécurité.
Conclusions et perspectives
Dans ce mémoire, l’approche générique retenue pour modéliser les écrans de filets
pare-blocs a été présentée. La plateforme de calcul qui en résulte, basée sur la Méthode
des Éléments Discrets et écrite en C++, a été réalisée. Deux modèles ont été développés
et implémentés : un modèle d’anneau à destination des filets à anneaux à 4 contacts et
un modèle de câble glissant. Les modèles mécaniques et le code de calcul nécessaires pour
réaliser des simulations d’impacts sont disponibles et ont été employés afin de valider le
modèle d’écrans de filets sur des données issues d’essais d’impacts en vraie grandeur.
Les modèles mécaniques développés permettent une prise en compte des phénomènes
complexes et fortement non-linéaires dont les écrans de filets sont le siège. Nous avons
développé et validé un modèle d’anneau pour les nappes de filets à anneaux dont le
comportement local, au niveau de l’anneau, et global, au niveau de la nappe, est pertinent.
Ce modèle permet ainsi de bien appréhender la déformation des anneaux, qui conditionne
les chemins de distribution des efforts au sein de la nappe et dans la totalité de la structure.
Un effort important a été fourni pour la modélisation des câbles glissants. Un modèle
général de câble glissant a été développé, validé, et a démontré d’excellentes capacités
dans la description du phénomène de glissement relatif entre la nappe de filets et les
câbles appelé effet rideau. Une attention particulière a été accordée à la rigueur de la
formulation de ces modèles ainsi qu’aux performances du code de calcul.
Des essais d’impacts en vraie grandeur ont été réalisés sur 2 écrans de filets de techno-
logies différentes. Ces ouvrages ont été modélisés et les essais d’impacts simulés à l’aide du
code de calcul développé. Les résultats issus des simulations numériques ont été comparés
aux résultats expérimentaux et ont montré un très bon accord sur les 2 technologies ainsi
que sur l’ensemble des sollicitations, prouvant ainsi la généricité et la capacité prédictive
de la modélisation développée. Cette confrontation entre les simulations numériques et
les essais en vraie grandeur a permis de valider les principes de modélisation adoptés,
ainsi que les modèles et le code de calcul développés. Les performances de calcul sont
également notables : la simulation d’un impact sur un écran de filets peut être effectuée
en moins de 2 minutes sur un ordinateur du commerce (CPU Intel Core i3-4100M 2,50
GHz).
Les développements réalisés nous permettent de répondre aux problématiques énon-
cées. La pertinence de la modélisation rend possible des analyses approfondies de la
réponse mécanique de ces ouvrages lors d’un impact et ainsi d’accéder à une meilleure
compréhension de leur comportement. Le faible coût de calcul des simulations nous au-
157
158 Conclusions et perspectives
torise à étudier numériquement l’effet des cas de chargement et des modes de ruines et
ainsi de quantifier l’efficacité des ouvrages in situ. La latitude de modélisation offre la
possibilité de décrire un ensemble de solutions technologiques et ainsi de permettre aux
différents fabricants de rationaliser leur conception grâce au prototypage numérique.
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168 Bibliographie
Annexe A
A.1.1 Définitions
Addition sur H Soient q1 = (a,b,c,d) et q2 = (a0 ,b0 ,c0 ,d0 ) deux quaternions, la somme
« + » des deux quaternions est définie par :
q1 + q2 = (a + a0 ,b + b0 ,c + c0 ,d + d0 ) (A.1)
Multiplication sur H Soient q1 = (a,b,c,d) et q2 = (a0 ,b0 ,c0 ,d0 ) deux quaternions, le
produit « × » des deux quaternions est défini par :
q1 ×q2 = (aa0 −bb0 −cc0 −dd0 ,ab0 +ba0 +cd0 −dc0 ,ac0 +ca0 −bd0 +db0 ,da0 +ad0 +bc0 −cb0 ) (A.3)
Le produit n’est pas commutatif. D’après (A.3), le quaternion 1 = (1,0,0,0) est l’élément
neutre de « × » :
169
170 Annexe A. Compléments sur le modèle générique
Structure algébrique (H,+, · ,×) possède une structure d’algèbre sur R, en particulier,
(H, + , · ) est un R-espace vectoriel.
Par analogie avec les nombres complexes, les quaternions i = (0,1,0,0), j = (0,0,1,0)
et k = (0,0,0,1) sont définis de sorte que la famille de quaternions {1,i,j,k} forme la base
canonique de cet espace vectoriel et que tout quaternion s’écrive :
(a,b,c,d) = a + bi + cj + dk (A.6)
i2 = j 2 = k 2 = ijk = −1 (A.7)
Le réel a est appelé partie réelle du quaternion et les quaternions sans partie réelle (a = 0)
sont appelés quaternions purs. L’ensemble des quaternions purs est noté P .
Cq : p 7−→ q p q̄ (A.10)
θ θ θ θ
q = cos + x sin i + y sin j + z sin k (A.11)
2 2 2 2
A.1. Rappels d’algèbre des quaternions 171
que l’on peut également noter : q = cos 2θ , sin 2θ u . La conjugaison par le quaternion
La non-commutativité des rotations dans R3 peut alors être vue comme résultant de la
non-commutativité du produit dans H.
Changement de base et dérivée Soit B = (e1 ,e2 ,e3 ) et B 0 = (e01 ,e02 ,e03 ) deux bases
de R3 . B 0 est en rotation par rapport à B et peut en être déduite, à chaque instant,
par une rotation d’axe u et d’angle θ donnée par le quaternion q (équation A.11). Pour
tout vecteur x de coordonnées xB dans B et xB0 dans B 0 , le changement de base s’écrit
matriciellement :
xB = Q xB0 ou xB0 = Q> xB (A.14)
ce que nous pouvons également écrire à l’aide des quaternions sous la forme :
A.2.1 Définition
~z
Lext /2
G
~x ~y
Lext
Figure A.1 – Géométrie du bloc ETAG 27
Tenseur d’inertie Le tenseur d’inertie du bloc est sphérique et ses composantes ont
pour valeur :
21
JETAG = Ixx = Iyy = Izz = mETAG L2ext (A.18)
170
Tableau A.1 – Normales sortantes et distance au centre d’inertie des faces du bloc
ETAG 27
F2 (−1,0,0)
F3 (0, + 1,0) Lext
F4 (0, − 1,0) 2
F5 (0,0, + 1)
F6 √ (0,0, −√1)
F7 (+√2/2, + √2/2,0)
F8 (+√2/2, − √2/2,0)
F9 (−√2/2, + √2/2,0)
Faces rectangulaires
Les anneaux situés en rive des nappes de filets et liés au reste de la structure par le
biais de câbles ne disposent que de deux points de contact avec des anneaux voisins et
d’un troisième point de contact avec le câble. La description de cet arrangement géomé-
trique à l’aide du modèle d’anneau à 4 nœuds de discrétisation présenté chapitre 3 est
rendue difficile par l’absence de correspondance entre les points de contact et la présence
d’un nœud de discrétisation supplémentaire par rapport aux 3 seuls points de contact des
anneaux de rive. Pour ces raisons, il est décidé de définir un modèle d’anneau spécifique
pour traiter des anneaux de rive possédant 3 points de contacts dans la nappe de filets.
Le modèle à 3 nœuds ainsi développé est similaire en de nombreux points au modèle d’an-
neau à 4 nœuds. Nous présentons donc dans cette annexe les spécificités de ce modèle
en reprenant l’organisation du chapitre 3. Le modèle discret est tout d’abord défini et sa
réponse analytique en chargement monotone ainsi qu’en déchargement sous une sollici-
tation de traction 3 points est ensuite étudiée. La méthode numérique de calibration du
modèle est alors présentée. Enfin, la réalisation d’une campagne expérimentale permet la
validation du modèle.
175
176 Annexe B. Compléments sur le modèle d’anneau
Liaison de pourtour
Liaison de bord
Liaisons diagonales
masse de l’anneau affectée à un nœud donné est alors égale à la fraction de l’angle total
(360◦ ) occupée par le secteur angulaire auquel ce nœud appartient.
d0
d H0 + δ Fp Fp
H0 γ
s0
γ
Fd Fd
(a) (b)
Chargement monotone
F = 4kb (d − d0 ) H0d+δ
si δ < δr
H0 +δ (B.2)
F = 4 [kb (dr − d0 ) + kt (d − dr )] d si δ > δr
Déchargement
D’après (3.12), l’expression de la tension dans la liaison de pourtour est modifiée dans
le régime de flexion, lorsque δ < δr et est invariable dans le régime de traction, lorsque
δ > δr . La tension dans le pourtour s’exprime alors :
Fp = 2kb (di − d0 ) + 2Gpi kb (d − di ) avec Gpi = gp (s0 + 2di ) si δ < δi < δr
Fp = 2kb (dr − d0 ) + 2Gpr kb (d − dr ) avec Gpr = gp (s0 + 2dr ) si δ < δr < δi (B.4)
Fp = 2kb (dr − d0 ) + 2kt (d − dr ) si δi > δ > δr
monotone au cours d’une première étape. Les paramètres de raideur des liaisons internes
n’apparaissent pas dans les équations de chargement monotone en traction 3 points. De
plus, nous ne pouvons avoir recours, comme cela est fait pour le paramètre de raideur
des liaisons de bord dans le cas des anneaux à 4 nœuds, à des sollicitations de traction
auxiliaires qui nous permettraient des les identifier uniquement à partir d’essais de char-
gement monotone. La séparation stricte de la calibration des paramètres de raideur sur
les phases de chargement monotone et de la calibration des fonctions de raidissement géo-
métrique sur les cycles de déchargement-rechargement n’est plus maintenue et l’approche
retenue est la suivante :
– un première étape de chargement, appliquée aux données issues du chargement
monotone des anneaux et permettant de calibrer les paramètres de raideur et la
longueur de transition de la liaison de pourtour ;
– une seconde étape de déchargement, appliquée aux données issues des cycles de
déchargement-rechargement des anneaux et permettant de calibrer les fonctions de
raidissement géométrique des différentes liaisons, ainsi que les paramètres de raideur
des liaisons internes.
infinité de paires de valeurs (Gp kb ,Gd kd ) pour lesquelles la réponse du modèle est identique
dans le régime de flexion et le problème de minimisation n’admet pas de solution unique.
Il est néanmoins possible de définir une raideur de décharge globale K dech , intégrant les
deux raideurs Gp kb et Gd kd et de déterminer les valeurs optimales de K dech pour chaque
cycle de déchargement-rechargement. Pour les cycles ayant lieu dans le régime de flexion,
nous définissons K dech = 2Gp kb + Gd kd, l’effort axial (B.5) devient alors :
H0 + δ H0 + δ
F = 2Kidech (d − di ) + 4kb (di − d0 ) si δ < δi < δr (B.6)
d d
Le seul paramètre du problème de minimisation est alors la raideur de décharge globale, le
vecteur paramètre est donc θ = Kidech . La résolution du problème des moindres carrés est
directe et possède une unique solution puisque l’effort axial (B.6) est une fonction affine
de θ. Pour chaque cycle de déchargement-rechargement (i), l’équation (3.23) est résolue
pour l’effort de traction axial F à partir de l’équation d’équilibre (B.6). Nous pouvons
alors identifier et calibrer les fonctions de raidissement gp et gd , ainsi que le paramètre de
raideur des diagonales kd .
En effet, en appliquant le principe de minimisation de l’énergie élastique de la liaison
de pourtour détaillé section 3.4, il apparait que les liaisons diagonales ne subissent aucun
raidissement et que la fonction de raidissement géométrique des diagonales gd est toujours
égale à 1. Ce faisant, la raideur globale K dech est une fonction k dech (δi ) qui s’exprime alors
comme la somme de deux fonctions indépendantes : une fonction puissance d’expression
2gp kb et une fonction constante d’expression kd . Une fois toutes les valeurs de Kidech
obtenues pour plusieurs valeurs d’allongement δi , la fonction k dech est calibrée et permet
l’identification directe des paramètres de la fonction de raidissement du pourtour ap , bp
et Lih ainsi que du paramètre de raideur des diagonales kd .
B.1.4 Résultats
Des essais de traction 3 points sont réalisés dans les conditions présentées section 3.5.
La méthode de calibration exposée précédemment est appliquée aux données expérimen-
tales et les résultats complets sont détaillés pour les 3 groupes d’anneaux : 350/09, 350/12
et 420/16.
Observations expérimentales
Réponse du modèle
10
350/09-3P-01
9 350/09-3P-02
350/09-3P-03
8 350/09-3P-04
350/09-3P-05
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
Déplacement axial [mm]
(a)
20
350/12-3P-01
18 350/12-3P-02
350/12-3P-03
16 350/12-3P-04
350/12-3P-05
Effort axial [kN]
14
12
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
Déplacement axial [mm]
(b)
30
420/16-3P-01
420/16-3P-02
420/16-3P-03
25 420/16-3P-04
420/16-3P-05
Effort axial [kN]
20
15
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
Déplacement axial [mm]
(c)
linéaire, avec un comportement affine par morceaux qui reproduit fidèlement les régimes
de flexion et de traction. La calibration optimale au sens des moindres carrés conduit
le modèle à surestimer la raideur dans le régime de flexion et à la sous-estimer dans le
régime de traction.
Une fois les paramètres optimaux de la liaison de pourtour obtenus à partir des phases
de chargement monotone, les fonctions de raidissement géométrique ainsi que le para-
mètre de raideur des liaisons diagonales sont obtenus à partir des cycles de déchargement-
rechargement. Les valeurs de la raideur globale de décharge K dech sont tracées Figure B.5.
B.1. Modèle d’anneau de rive à 3 nœuds 181
60
350/09-3P-01
50 350/09-3P-02
350/09-3P-03
20
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
Déplacement axial [mm]
(a)
80
350/12-3P-01
70
350/12-3P-02
350/12-3P-03
Effort axial [kN]
60
350/12-3P-04
350/12-3P-05
50
Modèle 3P
40
30
20
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
Déplacement axial [mm]
(b)
160
420/16-3P-01
140
420/16-3P-02
420/16-3P-03
Effort axial [kN]
120
420/16-3P-04
420/16-3P-05
100
Modèle 3P
80
60
40
20
0
0 50 100 150
Déplacement axial [mm]
(c)
Nous pouvons observer que les valeurs sont bien croissantes et la calibration confirme le
fait que cette raideur s’exprime comme la somme d’une fonction puissance et d’une fonc-
tion constante. Cela nous permet d’identifier de façon indépendante et très satisfaisante
la fonction de raidissement géométrique de la liaison de pourtour gp d’une part (par-
tie puissance), et le paramètre de raideur des liaisons diagonales kd d’autre part (partie
constante).
182 Annexe B. Compléments sur le modèle d’anneau
180
350/09-3P Kidech
160 Fonction optimale k dech = 2gp kb + kd
140
K dech [N/mm]
120
100
80
60
40
20
40 60 80 100 120 140 160 180 200
Li − L0 [mm]
(a)
300
350/12-3P Kidech
Fonction optimale k dech = 2gp kb + kd
250
K dech [N/mm]
200
150
100
50
40 60 80 100 120 140 160 180 200
Li − L0 [mm]
(b)
450
420/16-3P Kidech
400 Fonction optimale k dech = 2gp kb + kd
350
K dech [N/mm]
300
250
200
150
100
50
40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240
Li − L0 [mm]
(c)
8
350/09-3P-01
7 Modèle 3P
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
Déplacement axial [mm]
(a)
12
350/12-3P-04
Modèle 3P
10
Effort axial [kN]
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
Déplacement axial [mm]
(b)
20
420/16-3P-05
18 Modéle 3P
16
Effort axial [kN]
14
12
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
Déplacement axial [mm]
(c)
Figure B.6 – Résultats sur les courbes force-déplacements en déchargement : (a) effort
axial en traction 3 points des anneaux 350/09 ; (b) effort axial en traction 3 points des
anneaux 350/12 ; (c) effort axial en traction 3 points des anneaux 420/16
Cette annexe détaille les démonstrations des équations (3.16) et (3.18) jusqu’à (3.21).
184 Annexe B. Compléments sur le modèle d’anneau
La prise en compte de ces efforts supplémentaires modifie les équations d’équilibre (3.14)
qui s’écrivent alors :
Chargement monotone
Finalement, les symétries nous permettent d’écrire l’égalité 4s2 = d2 + (d0 + δ)2 , à partir
de laquelle est obtenue directement l’équation (3.18).
Déchargement
Finalement, l’équation implicite (3.20) est obtenue à partir de l’égalité 4s2 = d2 +(d0 +δ)2 .
B.3. Détermination de la raideur optimale des liaisons de bord 187
F F
2 2
c
s0 φ s0
s0 + δ
s0
(a) (b)
Le cas de chargement étudié est modélisé par le biais d’une configuration de traction
en 4 points dans laquelle les déplacements latéraux sont libres. Un déplacement axial
δ est imposé aux 2 nœuds supérieurs tandis que les 2 nœuds inférieurs sont fixes dans
la direction axiale, tous les déplacements latéraux étant libres (Figure B.7b). Le modèle
ne peut subir de déformations sans générer des efforts et ne peut donc pas reproduire
correctement le glissement libre des anneaux voisins suivi de la traction 2 points. Il est
188 Annexe B. Compléments sur le modèle d’anneau
en revanche possible de faire correspondre les régimes de flexion et de traction. Pour cela,
nous imposons au modèle d’atteindre, dans cette configuration, son état de transition pour
un déplacement axial δr3P égal au déplacement axial pour lequel l’anneau réel atteint cet
état, soit :
δr3P = φ − s0 + δr2P (B.21)
Le fait de restreindre notre intérêt au seul état de transition nous permet de nous contenter
d’une étude du modèle uniquement en chargement monotone dans le régime de flexion.
Les équations d’équilibre des nœuds supérieurs sont identiques à celles de la traction 4
points de référence (3.14) auxquelles on retire l’effort de réaction (R = 0). Les liaisons
diagonales ainsi que les liaisons de bord axiales ne développent pas d’effort de compression
(Fd = 0 et Fs1 = 0), les équations d’équilibre dans le régime de flexion deviennent alors :
2kb (c − s0 + δ) = F2
(B.22)
2kb (c − s0 + δ) = ks (s0 − c)
2kb
c = s0 − δ (B.23)
2kb + ks
L’état de transition est atteint lorsque la longueur du pourtour est égale à la longueur
du pourtour à la transition Lr = 4sr , soit :
En utilisant les expressions de (B.21) et (B.23) dans (B.24), nous obtenons l’expression
de la valeur optimale de la raideur des liaisons de bord (3.31).
Annexe C
lt
∆l0max = lt−τ
− l0t−τ (C.2)
l0t−τ
+ f t−τ −1 (−T t−τ )
Nous savons de plus que pour tout segment (i), la fonction d’incrément de tension
fi et son inverse fi−1 sont des fonctions continues et strictement croissantes. D’après
(4.9), l’incrément de longueur neutre ∆l0,i de chaque segment est donc une fonction
continue et strictement croissante de l’incrément de longueur neutre du premier segment
du groupe ∆l0,i0 . La fonction de conservation Ψ est la somme de tous les incréments de
longueur neutre, par conséquent, c’est également une fonction continue et strictement
croissante de l’incrément de longueur neutre du premier segment du groupe ∆l0,i0 . Nous
nous intéressons au comportement de la fonction Ψ au niveau des bornes inférieures et
supérieures de son domaine de définition.
Nous pouvons voir d’après l’équation (4.9) que lorsque l’incrément de longueur neutre
du premier segment du groupe tend vers sa borne inférieure, les incréments de longueur
189
190 Annexe C. Compléments sur le modèle de câble glissant
neutre de tous les autres segments tendent également vers leur borne inférieure, soit
∆l0,i0 → ∆l0,i0 min ⇒ ∆l0,i → ∆l0,i min . Par conséquent, la limite de la fonction de conser-
vation au niveau de la borne inférieure de son domaine de définition ∆l0,i0 min est négative
et égale à la somme des bornes inférieures des incréments de longueur neutre :
i=i
X 0 +Ns
t−τ
lim Ψ(∆l0,i0 ) = −l0,i <0 (C.3)
∆l0,i0 →∆l0,i0 min
i=i0
Il est en revanche impossible dans le cas général de déterminer si le signe de Ψ(∆l0,i0 max )
est positif ou négatif. Nous distinguons alors les 2 cas permettant de conclure sur l’exis-
tence et l’unicité de la solution :
– Ψ(∆l0,i0 max ) ≥ 0
La fonction de conservation Ψ est continue et strictement monotone, elle prend des valeurs
respectivement négatives et positives au niveau des bornes inférieures et supérieures de
son domaine de définition. D’après le théorème des valeurs intermédiaires, l’équation de
conservation (4.10) possède une unique solution pour laquelle la tension dans tous les
segments est positive. À noter que pour la solution mathématique ainsi déterminée, la
déformation dans certains segments peut dépasser la déformation ultime du matériau.
Dans ce cas, il n’y a pas de solution physique au problème car la rupture est atteinte
dans ces segments, le câble est considéré comme rompu et les efforts en son sein ne sont
plus calculés.
– Ψ(∆l0,i0 max ) < 0
La fonction de conservation Ψ ne prend que des valeurs négatives sur son domaine de
définition, l’équation (4.10) ne possède aucune solution pour ∆l0,i0 ∈ ]∆l0,i0 min ,∆l0,i0 max ],
c’est-à-dire qu’il n’existe pas de solution pour laquelle la tension dans tous les segments
est positive. Il existe cependant une infinité de solutions pour lesquelles la tension dans
les segments est nulle. En effet, lorsque les incréments de longueur neutre de l’ensemble
des segments atteignent leur borne supérieure, la tension est nulle dans tous les segments
et les équations d’équilibre (4.4) sont vérifiées. Il est alors possible d’augmenter encore un
peu plus l’incrément de longueur neutre d’au moins un segment jusqu’à ce que l’équation
de conservation soit à son tour vérifiée. Il n’y a pas de tension dans les segments et
l’augmentation de la longueur neutre maintient une tension nulle, les équations (4.4) sont
donc toujours vérifiées. Cette situation est rare et se présente dans certains problèmes
dynamiques lorsque les câbles deviennent lâches.
C.2. Algorithme de remaillage des câbles glissants 191
3 2
2 3
(2) (2)
(3) 4 (1)
4
(3)
1 (1) 1
(a) (b)
Figure C.1 – Principe du remaillage du câble : (a) câble avant remaillage ; (b) câble
après remaillage
Au cours d’un mouvement relatif entre le câble et l’élément glissant faisant se rap-
procher les deux nœuds centraux, la longueur neutre du segment (2) séparant ces deux
nœuds diminue. Nous définissons une longueur neutre limite l0,lim : dès lors que la lon-
gueur neutre du segment (2) séparant le nœud glissant du nœud non-glissant présente
une longueur neutre inférieure à cette longueur neutre limite, le remaillage est effectué
et le segment (2) est transféré de l’autre côté du nœud glissant : le nœud 2 devient
alors le nœud glissant et le nœud 3 le nœud non-glissant (Figure C.1b). L’algorithme de
remaillage utilisé est le suivant :
0 0
Les grandeurs après remaillage recherchées sont donc les longueurs neutres l0,1 et l0,3
des segments (1) et (3), la longueur l20 du segment (2) ainsi que le vecteur vitesse v0 3 du
nœud 3. Nous détaillons dans la suite la détermination de ces nouvelles valeurs dans le
cadre général établi section 4.2.
Étape 2 : la déformation dans le segment (1) est identique avant et après remaillage :
ε01 = ε1 , nous obtenons ainsi l’expression de la longueur neutre du segment (1) après
remaillage :
0 l0
l0,1 = l0,1 1 (C.5)
l1
Étape 3 : la tension dans le segment (2) après remaillage est égale à celle dans le
segment (3) : T20 = T3 . Celle-ci est exprimée à partir de la fonction d’incrément de tension :
T3 = T2 + f2 (∆ε2 ) où ∆ε2 est l’incrément de déformation entre l’état avant remaillage et
après remaillage. La longueur neutre du segment (2) après remaillage est égale à 1.1 fois
0
la longueur neutre limite : l0,2 = 1.1 l0,lim , si bien que l’incrément de déformation s’écrit :
l20 l2
∆ε2 = − (C.6)
1.1 l0,lim l0,2
La longueur du segment (2) s’exprime alors :
0 −1 l2
l2 = 1.1 l0,lim f2 (T3 − T2 ) + (C.7)
l0,2
et la nouvelle position du nœud 3 après remaillage devient :
x 4 − x3
x0 3 = x3 + l20 (C.8)
kx4 − x3 k
Étape 4 : la déformation dans le segment (3) est identique avant et après remaillage :
ε03 = ε3 , nous obtenons ainsi l’expression de la longueur neutre du segment (3) après
remaillage :
0 l3 − l20
l0,3 = l0,3 (C.9)
l3
Étape 5 : la vitesse relative du nœud non-glissant par rapport au nœud glissant est
conservée en norme : kv0 3 − v0 2 k = kv2 − v3 k et réorientée dans la direction du segment
(3) : (v0 3 − v0 2 ) · (x4 − x0 3 ) = kv0 3 − v0 2 k × kx4 − x0 3 k. La vitesse du nœud 3 (non-glissant)
après remaillage devient :
x4 − x 0 3
v0 3 = v3 + kv2 − v3 k (C.10)
kx4 − x0 3 k
Résumé
Cette thèse présente un modèle générique d’écrans de filets pare-blocs sous sollicitations
dynamiques de type impacts. Ces ouvrages pare-blocs sont décrits comme un assemblage abstrait
de leurs principaux constituants. Le modèle développé permet ainsi de représenter la plupart des
technologies existantes. Un code de calcul en C++ utilisant une Méthode aux Éléments Discrets
est développé afin de réaliser les simulations numériques d’impacts. La description générique des
ouvrages est mise en œuvre au niveau du code de calcul grâce à une structuration des données
et une programmation orientée objet correspondantes. Le modèle générique est complété par
deux modèles mécaniques de constituants. Dans un premier temps, un modèle mécanique de
filet à anneaux à 4 contacts est développé. Ce modèle est calibré et validé par une campagne
expérimentale réalisée sur des anneaux en acier utilisés dans les écrans de filets. Dans un second
temps, un modèle général de câble glissant est développé pour modéliser le phénomène d’effet
rideau. Ce modèle démontre de fortes capacités de description des phénomènes de glissement et
de très bonnes performances de calcul. Enfin, des essais d’impact en vraie grandeur sur deux
écrans de filets de technologies différentes sont utilisés afin de valider le modèle générique. Les
simulations numériques de ces essais sur ouvrages réels mettent en évidence la pertinence du
modèle développé. Les résultats numériques sont en très bon accord avec les expérimentations et
le modèle présente des capacités prédictives pertinentes dans la perspective d’usage en ingénierie.
Les déformations, les temps de chargement et l’intensité des efforts sont obtenus avec des erreurs
inférieures à 10 %. Des simulations complexes d’impacts répétés sont réalisées pour la première
fois et le comportement lors de l’impact et pendant la phase de retour élastique après impact
est bien appréhendé par le modèle.
Mots clés : Modèle générique, Écrans de filets pare-blocs, Mécanique numérique, Câbles
glissants, Méthode des Éléments Discrets, Comportement élastoplastique
Abstract
This thesis introduces a generic model of rockfall barriers under impact loading. The struc-
tures are described as an abstract assembly of their main components. The developed model
thereby enables the consideration of most of the existing technologies. A C++ code based on the
Discrete Element Method is developed in order to perform the numerical simulations of impacts.
The generic description of the barriers is implemented at the code level using a corresponding
data structure and object-oriented programming. The generic model is completed by the me-
chanical models of two components. First, a mechanical model of 4-contact interlaced ring nets
is developed. An experimental campaign is carried out to calibrate and to validate the model
against steel wire rings used in rockfall restraining nets. Second, a general sliding cable model is
developed to account for the curtain effect. This model demonstrates great capabilities in descri-
bing sliding phenomena and a low computational cost. Finally, full-scale impact tests performed
on two barriers of different technologies are used to validate the generic model. Numerical simu-
lations of the full-scale tests highlight the relevance of the developed model. Numerical results
agree finely with experiments and the model exhibits compelling predictive capacities for engi-
neering applications. Deformations, loading time and forces magnitude are all predicted within
10 % relative error. Complex and unprecedented simulations of repeated impacts are carried out
and the model is able to reproduce the barrier behavior both during the impact phase and after
springback.
Keywords : Generic modeling, Rockfall barriers, Computational Mechanics, Sliding cables,
Discrete Element Method, Elastoplasticity