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Droit Cambiaire 0

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N.

Gharbi

Droit des instruments de paiement et de crédit :


Introduction
L’exigence de rapidité qui caractérise le monde des affaires suppose que
l’entreprise commerciale, qui n’a pas toujours les liquidités nécessaires, puisse
disposer facilement de moyens de paiement et de crédit .c’est pourquoi la
pratique a crée des instruments de paiement et de crédit dont les effets de
commerce.

I - La notion d’instrument de paiement :

Les instruments de paiement sont destinés à assurer l’exécution d’une


obligation de payer une somme d’argent sans manipulation d’espèces
monétaires.

La catégorie d’instrument de paiement est hétérogène :

- Certains d’entre eux sont fondés sur la création d’un titre négociable
tel que le cheque* qui est un titre tiré sur une banque ou un établissement
assimilé et qui permet d’obtenir le paiement, au bénéfice d’un porteur, d’une
somme d’argent disponible à son profit.

-D’autres reposent sur la technique du mandat, comme le virement* et


la carte bancaire*. Ces nouveaux instruments de paiement forment des ordres
de paiement par inscription en compte.

*Le virement : c’est un ordre de paiement par inscription en compte qui réalise
un transfert de fonds par inscription d’un débit au compte du «  donneur
d’ordre » et du crédit correspondant au compte du « bénéficiaire ».

*La carte de paiement : c’est un instrument de paiement, appelé également


« carte accréditive », délivrée par un établissement de crédit (émetteur) à son
client (adhérent) lui permettant de payer ses dépenses par débit de son
compte lors de chaque opération ou en fin de mois.

Pendant longtemps, le cheque a été l’instrument de paiement privilégié.


Aujourd’hui sont utilisation est concurrencée par de nouveaux instruments de
paiement (virement, carte bancaire, prélèvement automatique). Ce déclin tient
à la conjonction de plusieurs éléments : la multiplication des incidents de

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paiements due à l’augmentation du nombre de chèques émis sans provision, le


cout de traitement pour les établissements de crédit ainsi que l’insécurité de
ce mode de paiement résultant des utilisations frauduleuses à la suite de vol ou
de perte.

II – La notion d’instruments de crédit :

Les instruments de crédit sont des moyens de financement à court terme des
entreprises .il s’agit de titres crées à l’occasion d’une opération commerciale
(dont le règlement est à terme =paiement différé)et destinés à permettre la
mobilisation de la créance correspondante pour en obtenir le règlement sans
en attendre l’échéance .Tel est le cas de la lettre de change ou de la cession de
créances professionnelles *(bordereau par lequel une personne appelée
« cédant » transfère selon des formes simplifiées à un établissement de
crédit ,appelé « cessionnaire » ,la propriété de créances nées de son activité
professionnelle).

Ces deux institutions reposent sur une cession de créance qui garanti le crédit
consenti par le porteur de la lettre de change (pour la lettre de change la
créance cédée est la créance du tireur sur le tiré = la provision) ou le
cessionnaire des créances professionnelles (pour la cession de créances
professionnelles).

Pour les établissements de crédit, l’usage des instruments de paiement et de


crédit se révèle couteux et lourd en raison des manipulations de papier qu’il
nécessite .Pour surmonter ces inconvénients, il est aujourd’hui fait appel à
l’informatique et à la télématique, la pratique a notamment crée la lettre de
change relevé, dont le régime a été ultérieurement défini.IL existe aujourd’hui
deux formes de lettre de change

III – La notion d’effet de commerce

1- Définition

Traditionnellement, l’étude des instruments de paiement et de crédit va de


pair avec celle des effets de commerce .Pourtant tout instrument de paiement
et de crédit n’est pas nécessairement un effet de commerce.

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La loi ne définit pas et ne fixe pas la liste des effets de commerce, c’est la
doctrine qui a définit cette notion : l’effet de commerce est un titre négociable,
qui constate au profit du porteur l’existence d’une créance à court terme et qui
sert à son paiement. Le plus ancien effet de commerce est la lettre de change.
Elle constitue l’archétype des effets de commerce .Le régime juridique du billet
à ordre et du cheque lui emprunte de nombreuses règles il en est de même
pour le warrant.

2- caractères des effets de commerce :

A- Il s’agit d’un titre négociable :

*les effets de commerce sont des titres : c'est-à-dire des papiers, les effets de
commerce ne sont pas dématérialisés

*négociable :cela signifie que l’effet de commerce est transmissible par des


techniques de cession simplifiées et spécifiques du droit commercial (plus
précisément le droit cambiaire), beaucoup plus rapides , efficaces et moins
couteux que les procèdes de cession de créance en droit commun parce qu’il
s’agit d’instruments de paiement et de crédit qui sont appelés à circuler avec
un maximum de sécurité et de rapidité .Les moyens de cession et transmission
adoptées en matière de droit cambiaire sont l’endossement et la tradition.
En droit civil et d’après l’art. 205 coc la cession de créance est parfaite par le consentement
des parties .mais le législateur exige pour l’opposabilité de cette cession, le respect de
certaines formalités, il s’agit :-soit de la signification du transfert au débiteur par huissier
notaire.

-soit l’acceptation du transfert par le débiteur dans un acte


ayant date certaine.

Dans les deux cas il s’agit de formalités lourdes et couteuses, ce qui est incompatible avec
les impératifs de la vie commerciale.

En plus ,en droit civil, l’acquéreur ou cessionnaire ,ne pouvant avoir plus de droits que son
cédant ,peut se voir opposer toutes les exceptions qui pouvaient être opposables à ce
dernier .ce qui n’est pas le cas pour l’acquéreur d’un effet de commerce qui ne peut se voir
opposer les exceptions que le débiteur ou cédé aurait pu opposer au créancier originaire
(cédant)ou à un précédant titulaire du titre. Le cédant (en droit civil) ne garantirait au
cessionnaire que l’existence de la créance, d’ou une plus grande sécurité pour le porteur de
l’effet de commerce.

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N’est donc pas un effet de commerce, parce qu’il n’est pas négociable
l’ordre de virement donné par écrit dans le cas où il n’est pas crée sous la
forme de titre à ordre.

B- caractère monétaire :

L’effet de commerce constate l’existence d’une créance en somme d’argent et


assure son paiement .La créance constatée dans le titre, doit être certaine et
liquide .Ce n’est pas le cas des connaissements*ou des récépissés de chemin de
fer* où le dernier acquéreur ne peut que se faire délivrer la marchandise
transportée. Cette créance est d’ailleurs incorporée dans le titre lui-même.
En effet, contrairement au droit civil où l’instrument n’est en principe qu’un moyen de
preuve, en matière des effets de commerce le titre est le droit lui-même (ce qui explique
certaines règles du droit cambiaire telles que le principe de l’inopposabilité des exceptions et
celui de l’indépendance des signatures)

Connaissement* : reçu des marchandises expédiées par mer.

 Récépissé des chemins de fer* : écrit par lequel on reconnait avoir reçu des objets.

c- Le court terme :

L’effet de commerce constitue un instrument de crédit, il constate une


créance, à court terme .Ce n’est pas donc, un effet de commerce le titre
négociable qui constate une créance à long terme, tel est le cas des valeurs
mobilières* .Mais le législateur n’a pas défini ce court terme (sa durée) .La
créance à court terme représentée par l’effet de commerce, est transformée
par le jeu de l’escompte en argent disponible.
Valeurs mobilières * : titres financiers émis par une personne morale et généralement
négociables sur le marché financier, par exemple les actions et les obligations.

Les actions : part d’associé dans les sociétés dites de capitaux, sociétés anonymes ou société
en commandite par actions, qui est caractérisée par sa libre cessibilité de principe et se
présente comme une fraction du capital social servant d’unité aux droits et obligations des
associés. .

Les obligations : titres négociables remis par une société ou une collectivité publique à ceux
qui lui prêtent des capitaux et dont la valeur nominale, lors de l’émission, correspond à une
division du montant global de l’emprunt.

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3- Enumération

Certains titres répondent indiscutablement aux critères susvisés et sont donc


des effets de commerce ; d’autres ne répondent pas à ces critères et ne sont
donc pas des effets de commerce .et d’autres sont sujets à discussion car il
n’existe pas de texte définissant leur régime juridique.

 La lettre de change : Titre négociable (appelé également traite) par


lequel une personne nommée « tireur », donne l’ordre à une
personne, dénommée « tiré », de payer à une époque déterminée
une certaine somme d’argent à une troisième personne, appelée
« bénéficiaire » ou «  porteur », ou à l’ordre de celle-ci.
 Le billet à ordre : Titre par lequel une personne, appelée « souscripteur », s’engage à
payer à l’ordre d’une autre personne, appelée « bénéficiaire », une somme d’argent à
une date déterminée.
 Le warrant : Billet à ordre dont le paiement est garanti par un gage.
 Le cheque : Titre négociable par lequel le «  tireur » donne au « tiré »
l’ordre de payer une somme déterminée soit à lui-même (cheque de
retrait, soit à un « bénéficiaire » désigné ou à son ordre.
 Les bons de caisse ou bons à échéance fixe :Les bons de caisse ne sont pas réglementés
par le droit Tunisien ,quoiqu’ils soient visés par l’art.670 in finé qui dispose que « sont
assimilés aux fonds reçus en dépôt ,les fonds dont la réception  donne lieu à la délivrance
par la banque d’un billet ou d’un bon à échéance … ».ce sont des titres émis par les
banques en représentation des fonds déposés chez elles pendant un certain temps et par
lesquels le dépositaire (la banque) s’engage à rembourser le montant reçu à une
échéance déterminée.
La jurisprudence tunisienne et une partie de la doctrine refusent d’assimiler les bons de
caisse aux effets de commerce « parce que le bon est seulement le moyen de preuve
d’un prêt à court terme »

les bons de caisse sont qualifiés par la jurisprudence française et une partie de la
doctrine (Michel Jeantin)comme étant des effets négociables plus précisément certains
les analysent comme billet à ordre, à conditions qu’ils ne fassent pas partie d’une
émission globale ,qu’ils ne soient pas placés dans le public à une même époque ,en
coupures du même montant et qu’ils ne soient pas remboursables à la même échéance.
Le tout est d’éviter que les bons de caisse ne s’apparentent à des obligations, pour
justifier la qualification d’effets de commerce.

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 Les bordereaux de cession de créance professionnelle. : réglementés


par la loi n°2000-92 du 31 octobre 2000, relative aux actes de cession
ou de nantissement de créances professionnelles et à la mobilisation
des crédits rattachés. Il s’agit d’un bordereau par lequel une
personne, appelée « cédant », transfère selon des formes simplifiées
à un établissement de crédit, appelé « cessionnaire », la propriété de
créances nées de son activité professionnelle.les bordereaux de
cession de créance professionnelle ne constituent pas des effets de
commerce .il s’agit certes de titres à ordre auxquels il manque trois
éléments essentiels à la qualification d’effet de commerce :le
bordereau ne comporte ni l’indication précise de sa valeur ,ni de date
d’échéance ,il n’est pas destiné à assurer un paiement mais
simplement à servir de garantie .
 la lettre de change relevé : il y a la lettre de change relevé-magnétique
qui est émise sur un support magnétique dont le règlement s’effectue
au moyen de techniques informatique. elle ne présente pas les
caractéristiques exigée de l’effet de commerce et qui n’en est pas un.
D’un autre coté il ya la lettre de change relevé-papier émise sur un
support papier dont le règlement s’effectue au moyen de techniques
informatiques, elle est considérée comme un effet de commerce.

4- fonction économique des effets de commerce :

sur le plan économique ,la lettre de change qui est le prototype même de
l’effet de commerce a d’abord été un instrument de transfert de fonds ,elle
évitait au commerçant le transport risqué de l’argent .de nos jours ,des
procédés plus modernes de transfert de fonds ont remplacé la lettre de change
qui n’est plus utilisée à cette fin .on peut citer le cheque de voyage (appelé
aussi traveller’s cheque) ,on peut citer aussi les virements et transferts
effectués entre banques ou par l’intermédiaire de banques réalisés par les
procédés madères de transmission (ex. téléphone ,télex)

La lettre de change a évolué ensuite, pour devenir dans un second stade, un


instrument de paiement .Néanmoins, l’apparition du cheque et de nouvelles
techniques bancaires (procédés de règlement qui se réalisent par un simple jeu
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d’écriture : virement, avis de prélèvement *, et carte bancaire), a relégué au


deuxième plan la fonction de la traite en tant qu’instrument de paiement. Cette
dernière est devenue dans une large mesure, un instrument de crédit à court
terme .d’autres effets de commerce tels que le billet à ordre* et le warrant*,
sont également le support de crédit à court terme.

5- Classification des effets de commerce :

Des distinctions méritent d’être soulignées :

A- effets commerciaux et effets financiers :


Les effets commerciaux sont ceux qui constatent une créance née d’une livraison de marchandise ou
d’une prestation de service, quant aux effets financiers, ils correspondent à des opérations purement
financières ou bancaires .ce sont des opérations liées à l’octroi de crédit par les banques à leurs
clients :

-l’effet de commerce pouvant permettre la fourniture d’une caution au profit de la


banque, le tiers donnant sa garantie par sa signature sur l’effet.

-ou encore le bénéficiaire de cette ouverture de crédit souscrit à cet effet une lettre
de change ou un billet à ordre.

Cette distinction économique n’a aucune influence sur le régime juridique des effets de commerce.

B- classification juridique d’effets de commerce :

a- effets de commerce à trois personnes et les effets de commerce à


deux personnes :
La lettre de change et le cheque mettent en relation trois personnes : le tireur, le tiré et le
bénéficiaire .ce principe comporte des exceptions par exemple quand il s’agit de lettre de change le
tireur peut être le bénéficiaire. Au contraire, les différentes formes de billet à ordre mettent en
présence deux personnes seulement : le souscripteur (qui réunit les qualités de tireur et de tiré) et le
bénéficiaire.

b- effets de commerce assortis ou non de suretés réelles :


Certaines catégories d’effets attribuent, par définition, au porteur une garantie qui prend la forme
d’une sureté réelle .c’est le cas du warrant, c’est un titre qui cumule une double nature : c’est un
effet de commerce et un bulletin de gage. Il constitue une forme particulière de billet à ordre qui
s’accompagne d’un gage soit avec dépossession (warrant des magasins généraux) soit sans
dépossession (warrant agricoles, pétroliers ou industriels).

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6- Distinction des effets de commerce et des notions voisines

A -Distinction avec la monnaie  :

On distingue trois formes de monnaies : la monnaie métallique, la monnaie


fiduciaire et la monnaie scripturale.

La monnaie métallique ne sert aujourd’hui qu’à régler les petites


dépenses.

La monnaie fiduciaire : les billets de banque : tout d’abord les billets de


banque ne sont pas des effets de commerce .En observant les titres, on
constate des différences évidentes entre les billets de banque et les effets de
commerce .Parmi ces différences surtout il est à relever que si les billets de
banque ont cours légal, la remise d’une lettre de change ou d’un cheque ne
vaut pas paiement (art.407 cc).

La monnaie scripturale : dans son acception technique, la monnaie


scripturale est constituée par les soldes créditeurs des comptes bancaires qui
sont transmis d’un agent à l’autre, en utilisant le cheque et le virement. Le
cheque comme l’ordre de virement ne constitue en conséquence que des
instruments de manipulation de la monnaie scripturale et non la monnaie elle-
même .Il faut préciser que les virements qui ne relèvent pas de la catégorie
des effets de commerce sont intimement liés à cette forme de monnaie.

B -Distinction des effets de commerce et d’autres titres négociables :


Parce qu’il représente une somme d’argent, l’effet de commerce se distingue d’autres titres
négociables :

-Tel est le cas des polices d’assurance qui font l’objet d’un titre à ordre : s’il existe bien une créance
de somme d’argent, son versement, à la différence de l’effet de commerce, est subordonné à la
réalisation incertaine d’un sinistre.

-L’effet de commerce se distingue aussi des récépissés qui permettent d’obtenir l’attribution de
marchandises déposées dans un magasin général : l’effet de commerce ne permet pas d’obtenir la
remise d’un objet mais uniquement le paiement d’une somme d’argent.

- Enfin ne constituent pas des effets de commerce, parce qu’ils n’indiquent pas leur valeur, les
connaissements et les récépissés des chemins de fer.

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C -Effets de commerce et titres à long terme :


La distinction des effets de commerce et des titres représentatifs d’un crédit à long terme
mobilisables (valeur mobilières : actions et obligations) :

-Similitudes : il s’agit de titres négociables qui portent l’indication de leurs valeurs

-Différences : la durée de l’opération (apport ou prêt à long terme) explique que les droits
des porteurs de valeur mobilière soient plus étendus que ceux des effets de commerce. En plus les
valeurs mobilières ne peuvent prétendre à la qualité de titres abstraits, détachés de leur cause
(l’actionnaire ne peut prétendre ignorer les dispositions statutaires ni l’obligataire les conditions de
l’emprunt obligataire auquel il a souscrit).

7- Le droit régissant les effets de commerce : le droit cambiaire 

A- Evolution historique du droit cambiaire :

a- Unification internationale du droit cambiaire :


C’est essentiellement par trois conventions internationales signées à Genève le 7 juin 1930 que
l’unification du droit cambiaire a été réalisée :

- une convention portant règlement uniforme du droit de la lettre de change et du billet à


ordre par laquelle les états contractants se sont engagés à introduire dans leur législation
interne les dispositions de la loi uniforme annexée à la convention.il faut constater
cependant que des réserves ont été prévues pour permettre aux états signataires de
conserver sur certains points leur législation nationale.
- une convention sur le règlement des conflits de lois, qui a été indispensable parce que
l’entente n’a pas eu lieu sur certains points (ex la capacité)
- une convention sur le timbre par laquelle les différents états signataires se sont engagés
à ce que leur législation nationale n’admette aucune nullité de la lettre de change à
raison des infractions aux lois sur le timbre fiscal.

Un an plus tard, trois conventions identiques sur le cheque ont été adoptées à Genève.

Cependant, cette unification n’est pas intégrale pour deux raisons : D’une part, il y a des Etats qui
n’ont pas ratifié les conventions de Genève. D’autre part, même les Etats qui ont ratifié les
conventions de Genève ont formulé des réserves, ce qui a laissé subsister des divergences assez
profondes entre les législations de ces dits pays .Enfin, certains législateurs, sans adhérer aux
conventions de Genève ont adopté des dispositions qui s’en inspirent directement ou indirectement.

b- Le droit cambiaire en Tunisie : ayant été sous protectorat français, la Tunisie n’a pas été
directement concernée par la convention de Genève. Cependant, cette convention a été directement
introduite en Tunisie .En effet, les articles composant le livre III du c.com et réglementant la lettre de

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change, le billet à ordre et le cheque reproduisent dans une large mesure le droit Français. C’est donc
à travers celui-ci que le droit Tunisien a recueilli les lois uniformes de Genève.

B – Spécificités du droit cambiaire (du droit des effets de commerce)

En dépit de leur variété, les effets de commerce sont soumis à des principes
communs qui peuvent être résumés de la manière suivante :

a- Le formalisme cambiaire : la qualification d’effet de commerce


suppose que le titre soit rédigé en respectant l’ensemble des mentions
obligatoires énumérées par la loi .ce formalisme est destiné à permettre la
circulation de l’effet de commerce en toute sécurité et ainsi assurer la
protection de ceux qui s’engagent cambiaire ment .Le titre qui ne comprend
pas toutes les mentions obligatoires ne peut pas valoir comme titre cambiaire.

b - La rigueur du droit cambiaire : Pour que les effets de commerce


puissent jouer pleinement leur rôle économique, il faut que le droit cambiaire
assure rigoureusement leur circulation et leur paiement .Plusieurs règles
manifestent cette rigueur :

- La condition résolutoire ou suspensive est écartée en droit cambiaire


le mandat de payer (ou l’ordre de payement) que comporte l’effet de
commerce doit être pur et simple (engagement inconditionnel)
- Le défaut de paiement est solennellement constaté dans un protêt
établi par un huissier notaire.
- Le tireur de cheque sans provision est pénalement sanctionné.
- L’interdiction des délais de grâce : contrairement au droit commun, le
droit cambiaire ne permet pas au débiteur de bénéficier d’un délai de
grâce.
- Le caractère automatique des intérêts moratoires.

- Les créances résultant d’un cheque, d’une lettre de change, d’un


billet à ordre ou de l’aval de ces deux derniers titres peuvent être
soumises à l’injonction de payer.

- La solidarité cambiaire : toutes les personnes qui ont apposé leur


signature sur l’effet de commerce sont solidairement tenues de son
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paiement. «  Tous ceux qui ont tiré, accepté, endossé ou


avalisé une lettre de change, sont tenus solidairement envers le
porteur » art.310 c.com

- Le principe de l’inopposabilité des exceptions : Principe qui interdit aux


personnes actionnées en vertu d’un effet de commerce (ex lettre de
change) d’en refuser le paiement en opposant au porteur les
exceptions fondées soit sur le rapport fondamental ,soit sur leurs
rapports personnels avec le tireur ou les autres signataires .

- principe de l’indépendance des signatures : principe qui impose à


chacun des signataires d’une lettre de change d’en payer le montant
par le seul fait d’y avoir apposé sa signature et qui interdit d’opposer
au porteur une exception qui aurait pu être opposée à un autre
signataire.

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