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Introduction À La Géométrie Hyperbolique Et Aux Surfaces de Riemann

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introduction à la

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geometr1e
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hyperbolique
et
·aux surfaces
de Riemann

Ricardo Sa Earp
Eric Toubiana

CASSINI
INTRODUCTION À LA GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE
ET AUX SURFACF.;; DE RIEMANN
Enseignement des mathématiques
1. J.-Y. Ouvrard, Probabilités I
3. M. Cottrell, V. Genon-Catalot, Ch. Duhamel, Th. Meyre, Exercices de probabilités
4. F. Rouvière, Petit guide de calcul différentiel à l'usage de la licence et de l'agrégation
5. J.-Y. Ouvrard, Probabilités II
6. G. Zémor, Cours de cryptographie
7. A. Szpirglas, Exercices d'algèbre
8. B. Perrin-Riou, Algèbre, arithmétique et Maple
10. S. Francinou, H. Gianella, S. Nicolas, Exercices des oraux X-ENS, Algèbre 1
11. S. Francinou, H. Gianella, S. Nicolas, Exercices des oraux X-ENS, Analyse 1
12. S. Francinou, H. Gianella, S. Nicolas, Exercices des oraux X-ENS, Algèbre 2
13. S. Francinou, H. Gianella, S. Nicolas, Exercices des oraux X-ENS, Analyse 2
14. S. Francinou, H. Gianella, S. Nicolas, Exercices des oraux X-ENS, Algèbre 3
15. H. Krivine, Exercices de mathématiques pour physiciens
16. J. Jacod, Ph. Protter, L'essentiel en théorie des probabilités
17. M. Willem, Analyse fonctionnelle élémentaire
18. É. Amar, É. Matheron, Analyse complexe
19. B. Randé, Problèmes corrigés. Concours 2002 et 2003 (MP)
20. D. Perrin, Mathématiques d'école
21. B. Randé, Problèmes corrigés. Concours 2004 (MP)
22. P. Bourgade, Olympiades internationales de mathématiques 1976-2005
23. V. Prasolov, Problèmes et théorèmes d'algèbre linéaire
24. R. Sa Earp, E. Toubiana, Introduction à la géométrie hyperbolique et aux surfaces de
Riemann
25. L. Di Menza, Résolution numérique des équations aux dérivées partielles
26. B. Candelpergher, Calcul intégral
27. J. Hubbard, B. West, Équations différentielles et systèmes dynamiques, vol. 1
28. J. Hubbard, B. West, Équations différentielles et systèmes dynamiques, vol. 2
RICARDO SA EARP ERIC TOUBIANA

Introduction à la géométrie
hyperbolique
et aux surfaces de Riemann

CASSINI
RICARDO SA. EARP, né en 1952 est Professeur de mathématiques à la PUC-Rio,
Pontiffcia Universidade Cat6lica do Rio de Janeiro. Ses recherches concernent la
géométrie riemannienne. Il a effectué de nombreux séjours en France: post-doctorat à
Paris VII de 1986 à 1988, Maître de Conférences invité à l'Université de Bourgogne en
1988/1989, Professeur invité à l'Université de Grenoble en 2001 et 2008 et à Paris VII
en 2004. Il a été également invité à plusieurs reprises à l'Institut de Mathématiques
de Jussieu.

ERIC TouBIANA, né en 1957 a été Maître de Conférences à l'Université de


Bourgogne de 1988 à 1993, depuis il est Maître de Conférences à l'Université Paris
VII. Il a soutenu son Habilitation à diriger des recherches en 1997. Ses recherches
concernent la géométrie riemannienne. Depuis 1990 il a effectué de nombreuses
visites à la PUC-Rio, Pontificia Universidade Cat6lica do Rio de Janeiro, en particulier
comme Professeur invité en 1991 et 1993.

ISBN 978-2-84225-085-0
© Cassini, Paris, 2009
Une première édition de cet ouvrage a été publiée en 1997 par Diderot éditeur, Arts et
sciences (ISBN 2-84134-001-5). La présente édition est considérablement augmentée.
Table des matières

Préface de la deuxième édition VII

Chapitre 1. Topologie et fonctions holomorphes I

1.1. Variétés et surfaces . . . . . . . . . .


1.2. Groupe fondamental et revêtements . 19
1.3. Fonctions holomorphes . . . . . . 30
Chapitre 2. Géométrie hyperbolique 43
2.1. Le plan hyperbolique JH[ 2 . . . . . 44
2.2. Les géodésiques du plan hyperbolique . 60
2.3. Le disque de Poincaré . . . . . . . . . 69
2.4. Description des isométries positives de JH[ 2 73
2.5. Géométrie et trigonométrie du plan hyperbolique 85
2.6. Courbe et courbure dans JH[ 2 . . . . . . . . . . . . ro9
Chapitre 3. L'espace hyperbolique en dimension supérieure I43
3.1. Modèle du demi-espace 143
3.2. Les réflexions de JH[n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
3.3. Les hyperplans totalement géodésiques de JH[n 159
3.4. Quelques remarques sur les isométries de JH[n 175
3.5. Quelques surfaces particulières de JH[ 3 . . . . . 194
Chapitre 4. Surfaces de Riemann 2u
4.1. Origine des surfaces de Riemann: les fonctions algébriques 21 l
4.2. Étude détaillée d'un exemple . . . . . . . . . . . . . . . . 222
4.3. Définition des surfaces de Riemann . . . . . . . . . . . . . 227
4.4. Cartes isothermes et structure conforme déduite d'une métrique 239
4.5. Relation de Hurwitz, formes différentielles et relation de Riemann 255
4.6. Surfaces de Riemann vues comme quotient de leur revêtement
universel . . . . . . . . . . . . 271
4.7. Structures conformes sur le tore . 294
4.8. Structures conformes sur l'anneau 319
Annexe A. Propriétés générales du plan hyperbolique 33I
Annexe B. Indications sur les exercices 343
Bibliographie 357
Index 36I

V
Préface de la deuxième édition

À l'issue de la première édition (Diderot, 1997), il nous avait semblé


que certaines idées qui nous avaient motivés n'avaient pas été pleinement
exprimées. C'est la raison principale de cette seconde édition.
Cet ouvrage a pour objectif d'être une introduction élémentaire à la
géométrie hyperbolique et à la théorie des surfaces de Riemann. Le rapport
entre ces deux sujets est mis en évidence par le fait crucial suivant. Toute
surface de Riemann, exceptés le plan complexe, le plan complexe privé d'un
point, la sphère et les surfaces compactes de genre un, est conformément
équivalente au quotient du plan hyperbolique par un groupe d'isométries.
En fait, nous prétendons établir certaines bases fondamentales de géomé-
trie qui permettront aux lecteurs intéressés de poursuivre l'étude de la géomé-
trie différentielle, de la géométrie riemannienne et de la géométrie conforme.
Par exemple, nous présentons la relation classique entre le lemme de
Schwarz concernant les fonctions holomorphes et la géométrie hyperbolique.
Les surfaces qui minimisent l'aire, appelées surfaces minimales, sont très
étudiées. Nous introduisons dans la suite les notions et les outils de base de
cette théorie, ainsi que quelques exemples classiques.
La notion de courbure est essentielle en géométrie. Nous introduisons
les notions de courbure des courbes du plan hyperbolique, de courbure
moyenne, de courbure de Gauss des surfaces et les notions de surfaces
géodésiques ou ombiliques dans l'espace hyperbolique. Nous établissons le
principe du maximum pour les courbes du plan hyperbolique et présentons
des applications.
Nous présentons des notions fondamentales de la théorie des surfaces de
Riemann comme par exemple, les cartes isothermes, les structures conformes,
les groupes de transformations conformes du plan complexe, du disque et de
la sphère de dimension 2. Nous établissons aussi la relation de Hurwitz et la
relation de Riemann. Nous déterminons toutes les structures conformes du
*Le premier auteur remercie le Laboratoire Géométrie et Dynamique de l'Institut de
Mathématiques de Jussieu pour l'aimable accueil qu'il a reçu pendant ses visites.
Le second auteur est reconnaissant au Departamento de Matematica da Pontificia
Universidade Cat6lica do Rio de Janeiro pour la gentillesse qui lui a été prodiguée durant
ses séjours.
Les auteurs souhaitent remercier la FINEP, le CNPq, le PRONEX de Geometria et la
FAPERJ du Brésil, ainsi que l'accord Brésil-France pour leur soutien durant l'élaboration
de cet ouvrage.

VII
VIII PRÉFACE

tore et nous faisons une étude concise des fonctions elliptiques. Cette étude
permet de présenter deux exemples de surfaces minimales parmi les plus
classiques: l'exemple de Riemann au x1x 0 siècle et la surface de Costa au xx 0
siècle.
Dans cette nouvelle édition, nous avons corrigé quelques erreurs relevées
dans la première édition, une grande parie du texte a été remaniée, des figures
et de nouveaux exercices ont été ajoutés. Nous avons aussi ajouté un chapitre
dans lequel nous introduisons de manière détaillée l'espace hyperbolique de
dimension quelconque et une annexe où nous donnons plusieurs propriétés
générales, ainsi qu'une caractérisation, du plan hyperbolique. Au total, le
volume est environ le double de celui de la première édition.
Une certaine familiarité avec les fonctions holomorphes et la géométrie
euclidienne peut aider pour une meilleure compréhension de cet ouvrage.
Ce livre est accessible aux étudiants de Ml de mathématiques (quatrième
année).

Cet ouvrage a un caractère introductif. Les outils techniques sont donc


introduits de manière progressive, au fur et à mesure des besoins. L'ouvrage
comporte en outre de nombreux exemples et exercices.

Dans le chapitre 1 nous présentons succinctement les notions générales


dont nous avons besoin dans la suite du livre. Ces notions concernent la
topologie générale, la théorie des surfaces, la théorie des revêtements et les
fonctions holomorphes.
Dans le chapitre 2 nous traitons en détail la géométrie du plan hyperbo-
lique. Dans la section 2.1 nous introduisons le modèle du demi-plan du plan
hyperbolique, IHI 2 , ainsi que la métrique hyperbolique glHI puis nous classifions
les isométries de IHI 2 . Nous faisons l'étude détaillée des géodésiques de IHI 2
dans la section 2.2. Dans la section 2.3 nous introduisons le modèle du disque
du plan hyperbolique, le disque de Poincaré [j), et nous déterminons ses
géodésiques et ses isométries. Nous donnons une description géométrique
des isométries positives de IHI 2 dans la section 2.4, puis nous introduisons la
notion d'horocycle. Dans la section 2.5 nous faisons l'étude géométrique et
trigonométrique de IHI 2 : par exemple, nous donnons l'expression explicite
de la distance hyperbolique entre deux points et nous démontrons que les
cercles hyperboliques sont aussi des cercles euclidiens. Nous démontrons le
théorème de Schwarz-Pick et nous en déduisons qu'une application holo-
morphe de [j) dans [j) qui n'est pas une isométrie raccourcit strictement la
distance hyperbolique. Puis, nous établissons des relations trigonométriques
et nous démontrons que la somme des angles intérieurs d'un triangle est
toujours strictement inférieure à :rr. Nous introduisons aussi la notion de
courbe équidistante. Dans la section 2.6 nous énonçons la définition de la
courbure hyperbolique d'une courbe de IHI 2 de manière élémentaire et nous
PRÉFACE IX

donnons l'expression de la courbure dans une paramétrisation quelconque.


Nous classifions toutes les courbes de lHI 2 de courbure constante: les géodé-
siques, les courbes équidistantes, les horocycles et les cercles. Enfin, nous
démontrons le principe du maximum géométrique pour les courbes et nous
donnons plusieurs applications.
Dans le chapitre 3 nous présentons l'espace hyperbolique en dimension
quelconque, lH!n. Nous faisons l'étude des géodésiques, des isométries et des
sous-variétés géodésiques. Nous prouvons par exemple, à l'aide du théorème
de Liouville, que les isométries de lH!n sont précisément les transformations
conformes de lH!n. Nous faisons quelques remarques sur la théorie des
surfaces de courbure moyenne constante ou ombiliques dans JHI 3 en donnant
quelques exemples classiques. Nous définissons aussi l'espace produit lHI 2 x IR.
Notons que ces deux espaces sont parmi les huit modèles de géométrie
en dimension 3 de W. Thurston [77]. L'étude des surfaces minimales et de
courbure moyenne constante dans ces espaces est une branche de recherche
très active.
Le chapitre 4 concerne les surfaces de Riemann. Dans la section 4.1 nous
donnons une introduction intuitive et nous présentons la notion de surface de
Riemann associée à une fonction algébrique, qui est à l'origine de la notion
générale. Un exemple détaillé est étudié dans la section suivante. Dans la
section 4.3 nous définissons la notion de structure conforme sur une sur-
face, et donc la notion de surface de Riemann, et nous présentons quelques
exemples. La notion de carte isotherme est présentée dans la section 4.4,
puis nous introduisons la représentation de Weierstrass-Enneper des surfaces
minimales de lR 3 et nous donnons plusieurs exemples de surfaces minimales.
Dans la section 4.5 nous démontrons la relation de Hurwitz puis la relation
de Riemann et nous étudions plusieurs exemples. Dans la section 4.6 nous
classifions toutes les surfaces de Riemann dont le revêtement conforme et
simplement connexe est C. Puis nous construisons explicitement le revête-
ment conforme et simplement connexe de la sphère moins trois points. Dans
la section 4.7 nous classifions toutes les structures conformes sur le tore puis
nous faisons l'étude des fonctions elliptiques et donnons quelques applica-
tions. Dans la section 4.8 nous classifions toutes les structures conformes sur
l'anneau et nous donnons une démonstration du grand théorème de Picard.
Finalement, dans l'annexe A nous donnons une caractérisation du plan
hyperbolique et dans l'annexe B nous donnons des indications pour la plupart
des exercices.
Ce livre est conseillé aux étudiants, aux enseignants et, plus généralement,
aux lecteurs qui souhaitent maîtriser des concepts importants de géométrie
qui ont une interface avec l'analyse complexe, de manière rigoureuse mais
sans être excessivement formelle.
X PRÉFACE

Nous voulons remercier Harold Rosenberg pour nous avoir toujours sti-
mulé par son élan créateur. C'est avec plaisir que nous remercions Lionel Au-
vergne pour les figures et Alberto Arabia pour son aide informatique. Nous
remercions également Katia Aguiar du Département de mathématiques de
la Pontiffcia U niversidade Cat6lica do Rio de Janeiro et Claudine Roussel
du Laboratoire Géométrie et Dynamique de l'Institut de mathématiques
de Jussieu pour leur accueil et leur aide qu'elles ont accordé à chacun de
nous pendant nos différents séjours. Finalement, nous remercions les éditions
Cassini, et particulièrement André Bellaïche pour ses conseils avisés.

Ricardo Sa Earp
Eric Toubiana

Préface de la première édition


Ce texte est composé de trois chapitres. Le chapitre 2 a pour but d'établir
pas à pas les principes et résultats fondamentaux de la géométrie du plan
hyperbolique, lHl 2 . Pour ce faire nous n'utiliserons qu'une connaissance de
base de la théorie des fonctions d'une variable complexe, allant jusqu'au
lemme de Schwarz (chapitre 1). Puis nous développerons la géométrie et la
trigonométrie hyperbolique par une étude complète des isométries du plan
hyperbolique (sections 2.1 à 2.5). La fin du chapitre est consacrée à la théorie
élémentaire des courbes (et courbure) de JH[ 2 (section 2.6).
Le chapitre 4 traite des surfaces de Riemann. Nous passerons en re-
vue le théorème d'uniformisation de Riemann, l'existence de coordonnées
isothermes, l'existence de fonctions méromorphes non constantes sur une sur-
face de Riemann compacte, la théorie des fonctions d'une variable complexe
ainsi que la théorie des revêtements et groupe fondamental (chapitre 1). Nous
déduirons de cette étude une autre démonstration des théorèmes « petit » et
«grand» de Picard (sections 4.6 et 4.8). Puis, nous développerons quelques
applications à la théorie des surfaces minimales de lR 3 .
Enfin, nous présentons certains faits importants de la géométrie hyperbo-
lique et des surfaces de Riemann en utilisant, autant que possible, des outils
élémentaires mais puissants. Ce qui, nous l'espérons, permettra au lecteur
intéressé de poursuivre des études ultérieures sur la théorie conforme et
géométrique des surfaces.
Ce livre a pour origine un cours que le premier auteur a donné à
l'Université de Bourgogne, alors que le second auteur y était en poste. Pour
cette raison, nous souhaiterions remercier le département de Mathématiques
de Dijon pour son aide. C'est avec plaisir que nous exprimons notre gratitude
à M. Rémi Langevin pour ses nombreuses remarques. Nous remercions
PRÉFACE XI

également le département de Mathématiques de la PUC-Rio pour son accueil,


Linda Cristina pour son aide efficace et M. Jorge Delgado pour les figures.
Finalement nous exprimons notre reconnaissance à Harold Rosenberg pour
nous avoir enseigné la géométrie.
Chapitre 1
Topologie et fonctions holomorphes

Dans ce chapitre nous introduisons les notions que nous utiliserons tout
au long du livre. Pour chacune de ces notions nous donnerons aux lecteurs
des références où ils pourront trouver une étude plus détaillée. Pour cette
raison il y aura peu ou pas de démonstrations.

1.1. Variétés et surfaces

Définition 1.1.1. 1) Soit E un ensemble non vide. Une topologie sur E est
une collection 7 de parties de E vérifiant
(i)
0 E 7 et E E 7.

(ii) Toute intersection finie d'éléments de 7 est un élément de 7 : pour


tous V 1 , ... , V n E 7, V 1 n · · · n V n E 7.
(iii) Toute union d'éléments de 7 est un élément de 7,

LJV1E7,
jEA

où V J E 7 pour tout j E A
On dit que 7 définit une topologie sur E ou que E est un espace topo-
logique. Les parties V E 7 sont appelées les ouverts de la topologie. Une
partie P C E de E est dite fermée si E \ P est un ouvert de E, c'est-à-dire
(E \ P) E 7. Soit p un point de E et soit U CE une partie de E contenant p.
On dit que U est un voisinage du point p s'il existe une partie ouverte V de
E contenant pet contenue dans U: p EV CU.
2) Soit E un espace topologique non vide. Soit F C E une partie de E. On
définit la topologie induite sur F par E en posant qu'une partie A C F est
ouverte (pour F) s'il existe un ouvert V de Etel que A = F n V.
3) Soit E un espace topologique non vide. On dit que E est connexe s'il
n'est pas la réunion de deux parties ouvertes, non vides et disjointes. Ainsi E
est connexe s'il n'existe pas deux parties ouvertes V 1 , V 2 de E telles que
2 CHAPITRE 1. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

Par exemple, l'espace topologique IR, exemple 1.1.2-1, est connexe. Le sous-
ensemble U = ]-4, -3[ U ] 1, 2[ de IR muni de la topologie induite est un
espace topologique non connexe car les parties U 1 = ]-4, - 3 [ et U 2 = ] 1, 2[
sont des parties ouvertes et disjointes de U et on a U = U 1 U U 2.
Soit maintenant F C E une partie non vide de E. On dit que F est une
partie connexe de E si F est un espace topologique connexe pour la topologie
induite. Ainsi Fest une partie connexe de E s'il n'existe pas deux parties
ouvertes de E, U 1 et U 2, telles que

(F n u i) n (F n U2) = 0,
(F n Ui) u (F n U2) = F,
F n u 1 i 0, F n U2 i 0.
Si E n'est pas connexe, pour tout point p E Eon appelle composante connexe
de p dans E, la plus grande partie connexe de E contenant p.
4) Soit E un espace topologique non vide. On dit que E est séparé si pour
tous points p, q E E il existe deux ouverts de E, U et V, tels que: p E U,
q E V et Un V = 0. On dit que E est à base dénombrable s'il existe un
ensemble dénombrable d'ouverts tel que tout ouvert de E est une union
d'ouverts de cet ensemble.
5) Soit E un espace topologique non vide et soit A C E une partie de E.
On dit que A est une partie discrète si pour tout point x E A il existe une
partie ouverte Ux de E telle que Ux n A= {x}.

Exemples 1.1.2. 1) Considérons les parties V de !Rn, n E N*, vérifiant la


propriété suivante: pour tout point p EV, il existe une boule ouverte centrée
en p contenue dans V. C'est-à-dire

Vp E V,3r > 01 B(p,r) CV,



B(p, r) = {q E !Rn 1 d(p, r) < r},
avec d(p, q) = IP - ql désignant la distance euclidienne de !Rn. Une partie
ouverte de !Rn est une partie possédant cette propriété. La collection T de
toutes ces parties vérifie les trois propriétés de la définition 1.1.1-1. De ce fait
!Rn est un espace topologique. On vérifie facilement que !Rn est séparé.
2) On définit exactement de la même façon que dans 1.1.2-1 la topologie
d'un espace métrique, appelée topologie définie par la distance d. Un espace
métrique est un espace topologique séparé.
Tous les espaces topologiques qui interviennent dans ce livre sont métri-
sables, ce qui signifie que leur topologie peut être définie comme ci-dessus
par une distance. Toutefois, la notion d'espace topologique est bien plus
I. I. VARIÉTÉS ET SURFACES 3

commode à utiliser quand il s'agit de définir de nouveaux espaces par recol-


lement, par exemple comme dans la définition 1.1.20, ou comme quotient,
exemple 1.2.10-3 ou définition 1.2.23.

Définition 1.1.3. Soient E et F deux espaces topologiques et l : E ~ F une


application. Soient a E E et b E F. On dit que l(x) tend vers b quand x
tend vers a, que l'on note limx-->a l(x) = b, si pour toute partie ouverte V b
de F contenant b il existe une partie ouverte Ua de E contenant a telle que
l(Ua) c Yb.
On dit quel est continue au point a si limx-->a l(x) = l(a).
On dit que l est continue si l est continue en tout point a de E.
On dit que l est un homéomorphisme entre E et F si l est une bijection
et l et l- 1 sont des applications continues. On dit alors que E et F sont
homéomorphes.
Exemple 1.1.4. Sil est une bijection continue de E sur F alors l n'est pas
forcément un homéomorphisme. Considérons par exemple les ensembles
l
E = [O, 2n[ et F = {z E C izl = 1}. Posons l(t) = eit, t E E. Munissons
Ede la topologie induite par lR et F de la topologie induite par JR 2 • De ce
fait, l est une application continue. Clairement l est une bijection continue,
mais l- 1 n'est pas continue au point z = 1 de F. En effet, on a
Jimz-->l, Im(z)>O l-l (z) = Û et limz-->l, Im(z)<O l-I (z) = 2;rr.

Définition 1.1.5. Soit E un espace topologique, un arc de E est une applica-


tion continue y : [a, b] ~ E. On dit que E est connexe par arcs si pour tous
points x, y E E il existe un arc y reliant x et y: y(a) = x et y(b) =y.
On peut montrer que si E est connexe par arcs alors E est connexe. Un
ouvert U de )Rn est connexe si, et seulement si, U est connexe par arcs.
Définition 1.1.6. 1) Soient Mun espace topologique et V= {V1 j E J} 1

une collection de parties ouvertes de M. On dit que V est un recouvrement


ouvert de M si ! 'union des ouverts de V est égale à M : U1 EJ V1 = M.
2) On dit qu'un espace topologique est compact si pour tout recouvre-
ment ouvert V de M, il existe un nombre fini de parties ouvertes dans V,
V 1 , ... , Yn EV, tels que V 1 U · · · U Yn =M. Par exemple, une partie K de
)Rn est compacte si et seulement K est une partie fermée et bornée. Cette
propriété n'est pas vraie pour tous les espaces métriques
3) Soient M un espace topologique séparé à base dénombrable, définition
1.1.1-4. Soient n E N* et k E N. Une structure de variété réelle de classe Ck
et de dimension n sur M est donnée par un recouvrement ouvert V de M
vérifiant les propriétés suivantes.
a) Pour chaque ouvert VE V il existe un homéomorphisme <p : U ~V
où U c lR n est un ouvert de lR n. On appelle (U, <p, V) une carte de M.
4 CHAPITRE I. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

b) Pour toute paires de cartes (U;, <p;, V;) et (U 1 , <p1 , V 1 ) vérifiant la


condition V; n V; #- 0, l'application
1/1;; = <pj1 0 <p; : <pj 1 (V; n V;) --+ <pj 1 (V; n V;)
est de classe Ck. Notons que 1/Jii est un homéomorphisme entre deux ouverts
de~n.

V; nV;
---~~--- --=-~~--

U;

Fig. 1. Changement de cartes

On appelle 1/JiJ une application de changement de cartes.


En posant A= {(U;,<p;,V;) V; E V},onditqueAestunatlasqui
J

confère à M une structure de variété réelle de dimension n et de classe Ck. On


dit alors que M muni de cette structure est une variété réelle de dimension n
et de classe ck.
Lorsque k = 0 on dit que M est une variété topologique. Notons qu'en ce
cas la condition 3b) est automatiquement vérifiée et la définition se simplifie :
M est une variété topologique de dimension n si tout point de M possède un
voisinage homéomorphe à un ouvert de ~n.
Deux atlas A 1 et A 2 de dimension net de classe ck sur M sont compa-
tibles si leur union A = A 1 U A 2 est encore un atlas de classe Ck sur M
(autrement dit, si les nouvelles applications de changement de cartes sont
encore de classes Ck). On dit alors que A 1 et A 2 confèrent la même struc-
ture de variété à M. Notons qu'il existe des espaces topologiques séparés
M possédant deux atlas conférant chacun une structure de variété réelle de
dimension n et de classe Ck mais qui ne sont pas compatibles. Dans ce cas la
structure de variété de classe ck dépend de l'atlas choisi.
1.1. VARIÉTÉS ET SURFACES 5

Remarques 1.1.7. 1) Intuitivement on construit une variété de dimension


n en collant des ouverts de Rn deux à deux suivant une partie non vide de
ceux-ci.
2) Lorsque n = 2, une variété est aussi appelée une surface. Si de plus les
applications de changement de cartes sont holomorphes, on dit que M est
une surface de Riemann, section 4.3.
3) Une variété est connexe si, et seulement si, elle est connexe par arcs,
définition 1.1.5.

Exemples 1.1.8. 1) Clairement (Rn, Id, Rn) définit une carte de Rn, où Id
est l'application identité. Par conséquent, Rn est une variété de dimension n,
de classe Ck pour tout k E N (on dit alors de classe C 00 ).
2) De même, tout ouvert non vide de Rn est une variété de dimension net
de classe C00 •
3) Posons §n = {(x,, ... ,Xn+1) E Rn+! xi+···+ x~+ 1 = 1}.
1

Munissons §n de la topologie induite par Rn+ 1 , définition 1.1.1-2. Par


conséquent, V 1 = §n \ {N} et V 2 = §n \ {S} sont deux ouverts de §n, où
N = (0, ... , 0, 1) et S = (0, ... , 0, -1) sont respectivement les pôles nord et
sud de §n.

Fig. 2. Projection stéréographique en dimension 2

Définissons <p 1 : Rn~ V 1 et <p2 : Rn~ V 2 par

_ (2u 1 , ••• ,2un,uî+···+u~-l)


<p1 (u,, ... ,Un ) - 2 2 ,
u 1 +···+un+l
- (2u,, ... ,2un,l-uî-···-u~)
<p2 (u,, ... ,Un ) - 2 2 ,
u 1 +···+un+l
où (u 1 , ••• , un) E Rn. On appelle 'Pl' (resp. <p2 1 ) la projection stéréogra-
phique de §n sur Rn par rapport au pôle nord N (resp. pôle sud S), voir
l'exemple 4.3.6-2 pour la dimension 2. Remarquons que <p 1 et rp 2 sont des
difféomorphismes. De plus rp 1 (resp. rp2 ) se prolonge en un homéomorphisme
de Rn U {oo} sur §n en posant rp 1 (oo) = N (resp. rp 2 (oo) = S).
6 CHAPITRE J. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

Un calcul montre que l'application cp 12 = cp; 1 o cp 1 : JRn \ {o} ---+ JRn \ {ü}
est définie par

De même, cp21 = cpj 1 o cp 2 : JRn \ {ü} est définie par

De ce fait, l'atlas A = {(JRn, cp 1, V 1 ), (JRn, cp 2 , V2 )} confère à §n une structure


de variété de dimension n, de classe C00 •

Définition 1.1.9. Soit F : U ---+ V un difféomorphisme entre deux ouverts U


et V de JRn, n E N*. Rappelons que F conserve l'orientation si le déterminant
de la matrice jacobienne de Fest strictement positif en chaque point de U,

c'est-à-dire si det (( ;:;.) ·- ) > 0 sur U, où F = (F 1 , . . . , Fn). Dans


l 1,1-l, ... ,n
le cas où le déterminant est strictement négatif sur U, on dit que F renverse
l'orientation.
Considérons maintenant une variété M de dimension n et de classe ck,
k EN*. Supposons que M admette un atlas tel que tous les changements
de cartes conservent l'orientation. Dans ce cas, on dit que M est une variété
orientable. Si on a choisi un tel atlas sur M on dit que M est une variété
orientée. Par conséquent il existe deux orientations possibles sur une variété
orientable. Par exemple si S : JRn ---+ JRn est la symétrie orthogonale par
rapport à un hyperplan de JRn alors les deux atlas A 1 = {(JRn, Id, JRn)} et
A 2 = {(JRn, S, JRn)} confèrent chacun à JRn une structure de variété orientée
mais les deux orientations sont différentes.
Également, si M est une surface de Riemann, remarque 1.1.7-2, les équa-
tions de Cauchy-Riemann, théorème 1.3.6, entraînent que les applications de
changement de cartes conservent l'orientation (car elles sont holomorphes
et inversibles). Par conséquent les surfaces de Riemann sont des variétés
orientées.

Définition 1.1.10. Soient M et N deux variétés réelles de dimension p et q


respectivement et de classe Ck, k E N. Soit f : M ---+ N une application
continue. Soient m un point de Met (U, cp, V) une carte de M telle que m E V.
Soit (U, rp, V) une carte de N telle que f(m) EV. Quitte à restreindre cp à un
ouvert plus petit de U contenant cp- 1 (m), on peut supposer que l'ouvert V
de M est« assez» petit pour que /(V) c V. Cela est possible car on suppose
que f est continue.
1.1. VARIÉTÉS ET SURFACES 7

On dit que J est de classe en au point m, 0 :::;:: n :::;:: k, si pour toute


carte (U, <p, V) de Met pour toute carte (U, ép, V) de N vérifiant m EV et
f(V) CV, l'application ép- 1 of ocp : U--+ U, qui est une application entre un
ouvert de ~Pet un ouvert de ~q, est de classe en au point cp- 1 (m). En notant
(x 1 , ... , xp) les coordonnées locales de U, l'application ép- 1 of o <p a pour
expression (ép- 1 of ocp)(x1, ... ,xp) = (J1(x 1, ... ,xp), ... , fq(x1, ... ,xp))
où fJ: U--+ ~. j = 1, ... ,q. Supposons que Op:= (0, ... ,0) EU et que
cp(Op) = m. Alors J est de classe en en msi, et seulement si, les fonctions
fJ sont de classes en enOp,j = l, ... ,q.
On dit que f est de classe en sur M si f est de classe en en chaque point
de M.
On dit que f est un difféomorphisme de classe en entre M et N si f
est une bijection de M sur N et f et 1- 1 sont de classe en. On aura par
conséquent p = q.

Exemple 1.1.11. On vérifie sans peine que l'application antipodale f de §n


est un difféomorphisme de sn sur lui-même : l'application f : sn --+ §n
est définie par f(X) = -X pour tout point X de §n. Plus précisément, si
X= (x1, . .. ,Xn+1) E sn c ~n+I alors f(X) = (-x1, ... ,-Xn+1).

Définition 1.1.12. Soient k et r deux nombres entiers tels que 0 :::;:: r et


1 :::;:: k :::;:: n. On dit qu'une partie M C ~n est une sous-variété de dimension k
et de classe e' si M vérifie les conditions suivantes.
1) M est une variété de dimension k et de classe C', définition 1.1.6.
2) L'inclusion 1 : M --+ ~n est une application de classe e' de rang
maximum, c'est-à-dire qu'en tout point p E M, la différentielle D pl est
de rang k.
3) La topologie de M comme variété est la même que celle induite par
~n.C'es!=_à-dire, une partie U C Me~ un ouvert de M s'il existe une partie
ouverte U C ~n telle que U = M n U.

Par exemple la sphère sn-l, définition 1.1.8-3, est une sous-variété de ~n


de dimension n - 1 et de classe C' pour tout r E N.

Définition 1.1.13. 1) Soit M une variété de dimension n et de classe ek.


Une courbe, ou chemin, de classe eq de M, 0:::;:: q :::;:: k, est une application de
classe eq, y : ]a, b[--+ M où a < b. On peut aussi considérer des intervalles
fermés [a, b] ou semi-fermés [a, b[, ]a, b]. Une courbe continue sera appelée
plus simplement courbe.
On dit qu'un chemin y : [a, b[ --+ M est divergent (ou que y est une
courbe divergente) si y quitte toute partie compacte de M, c'est-à-dire si pour
toute partie compacte K de Mil existe un réel t 0 E [a, b[ pour lequel y(t) est
8 CHAPITRE I. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

en dehors de K pour tout t > t 0 : y(t) fj K, t > t 0 . Par exemple, si M = ]Rn


cela signifie que lly(t)ll--+ +oo quand t--+ b, et si M est un ouvert borné de
]Rn cela signifie que y(t) tend vers le bord de M quand t --+ b.
On dit qu'une courbe c : [a, b] --+ M est une courbe de Jordan si on
a c(a) = c(b) et si la restriction de c à l'intervalle semi-fermé [a, b[ est
injective. Une courbe de Jordan de M est donc homéomorphe au cercle
§i = {z E Cl lzl = l}.
2) Soit M une variété de dimension n et de classe ck, n, k > O. Soit m
un point de M, soit (U, <p, V) une carte en m, c'est-à-dire m E V, et soit
c : [O, 1] --+ M une courbe C 1 telle que c(O) = m. Comme c est continue
il existe un réel t 0 , 0 < t 0 :::::;: 1, tel qu'on ait c([O, t 0 ]) c V. Par conséquent
<p- 1 oc : [O, t 0 ] --+ U c JRn est une courbe de classe ci de JRn et on peut donc
parler du vecteur tangent de <p-i oc en t = 0, c'est-à-dire (<p-i o c)'(O).

I
Fig. 3.

On définit une relation :R sur les courbes C 1 de M en posant : soient


c, y : [O, 1] --+ M deux courbes de classeci, on a
c :R y{} c(O) = y(O) et (cp- 1 o c)'(O) = (cp- 1 o y)'(O).
Clairement :Rest une relation d'équivalence, l'ensemble des classes d'équi-
valence sera appelé espace tangent de Men m, noté TmM. On notera [c]
la classe de cet on pourra penser à [c] comme le« vecteur tangent» de c
en 0, comme dans le cas de JRn. En fait la relation :R ne dépend pas de la
1.1. VARIÉTÉS ET SURFACES 9

carte choisie en m. En effet, si (U, ép, V) est une autre carte en m E V, et


si c(O) = y(O) = m pour deux courbes c et y de classe C 1 sur M, on aura
(fig. 3)
(cp- 1 o c)'(O) = (cp- 1 o y)'(O)
{}(cp- 1 o cp)'[(cp- 1 o c)'(O)] = (ép- 1 o cp)'[(cp- 1 o y)'(O)]
{}[(ép- 1 o cp)' o (cp- 1 o c)'](O) = [(ép- 1 o cp)' o (cp- 1 o y)'](O)
{}(cp- 1 o c)'(O) = (cp- 1 o y)'(O).

L'ensemble formé en réunissant les espaces TmM, m E M, est appelé le fibré


tangent de M et est noté TM.

Proposition 1.1.14. Soit M une variété de dimension n et de classe Ck, avec


n, k > 0, et soit m E M. Alors TmM admet une structure d'espace vectoriel
réel de dimension n.

Démonstration. On va d'abord définir une bijection IIm de !Rn sur TmM.


Soit (U, <p, V) une carte de Men m. Soit ü E !Rn et soit m 0 E U tel que
<p(m 0 ) =m. On pose c(t) = <p(m 0 + tü), t E [O, t 0 ], on choisit t 0 assez petit
pour que m 0 + tü EU, 0:::; t :::; t0 .
La courbe c est de classe C 1, de plus (cp- 1 o c)'(t) = Ü pour tout t. Par
conséquent (cp- 1 o c)'(O) = Ü et Ü définit donc une classe d'équivalence de
courbe. On pose alors IIm (ü) = [c], clairement IIm est injective. Maintenant
considérons un élément [c] E TmM, où c: [O, 1]--+ M est de classe C 1 avec
c(O) =m. Posons ü = (cp- 1 oc)'(O). Soit y : [O, ti]--+ M la courbe définie par
y(t) = cp(m 0 +tü),leréelt 1 estchoisitelquem 0 +tü E Upourt E [O,ti].On
a (cp- 1 o y)' (0) = ü = (cp- 1 oc)' (0), par conséquent IIm (ü) = [y] = [c] et on
conclut que IIm est une surjection. L'application IIm est donc une bijection
de !Rn sur TmM. On peut donc définir une structure d'espace vectoriel sur
TmM en définissant la loi interne+ et la loi externe· de la manière suivante.
(i) Soient [c1J, [c2] E T mM. Soient ü 1. Ü2 E !Rn des vecteurs tels que
I1m(Ü1) = [c1J,j = 1,2. On pose [ci]+ [c2] = I1m(Ü1 +Ü2).
(ii) Soient À E IR et [c] E TmM. Soit Ü E !Rn tel que IIm(Ü) = [c]. On pose
À· [c] = IIm(ÀÜ).

On vérifie facilement que (TmM, +, ·) est un espace vectoriel réel de


dimension n. D

Remarque 1.1.15. Le fibré tangent de M, TM, admet une structure naturelle


de variété de dimension 2n et de classe ck-i, si M est de classe Ck et de
dimension n. Pour toute courbe c : JO, 1[ --+ M de classe Ck, l'application
t 1-+ (c(t), c'(t)) de ]O, 1[ dans TM est une courbe de classe ck- 1.
IO CHAPITRE I. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

Définition 1.1.16. Soit M une variété de dimension n et de classe Ck, avec


k,11EN*.
1) Soit (U, <p, V) une carte de M. Appelons (x 1 , ... , Xn) les coordonnées de
U (U est un ouvert de JRn). En conservant les notations de la démonstration
de la proposition 1.1.14, pour chaque m E V C M on définit le vecteur
a a
tangent de Men m, noté ~(m),j = 1, ... ,n, en posant ~(m) =
UXj UXj
Tim (ëj ), où ëj = (0, ... , 0, 1, 0, ... , 0), le 1 se trouvant à la j-ième place.

Les vecteurs
a
~(m),
a
... , ~(m) forment donc une base de l'espace
uX1 UXn
tangent de Men m, TmM, ceci en chaque point m de V.
2) Un champ de vecteurs de classe CP, 0 ~ p ~ k - 1, sur M est une
application X : M --+ TM telle que
a) Pourtoutm M,X(m) E TmM.
E
b) Soient (U, <p, V) une carte de Met (x 1 , ... , Xn) les coordonnées de U.

Comme ( 0! 1 (m), ... , a!n (m)) est une base de TmM, voir la partie 1, pour
tout m E V il existe donc des réels a 1 (m), ... , an (m) vérifiant la relation
X(m) =
a
L~=I aj(m)-~-(m). On demande alors que les fonctions ainsi
UXj
définies, a j : V --+ JR, j = 1, ... , 11, soient de classe CP. On démontre
facilement que cette propriété est invariante par changement de cartes.
3) Une métrique g sur M de classe CP, 0 ~ p ~ k - 1, est la donnée d'un
produit scalaire gm sur TmM, en chaque point m E M, variant de manière
CP. Plus précisément, soit (U, <p, V) une carte de M, on note (x 1 , ... , Xn)
les coordonnées de U. Soit m E V et soient a= a
L~=I aj-(m) et
OXj
- = I:~=I bj ~
b
a (m) deux vecteurs tangents de M au point m, a j, bj E JR,
UXj
j = 1, ... , 11. Si gm est un produit scalaire en m, pour tout m E V on a

__
gm(a, b) =
n
i~I a;bjgm
(a a
OX; (m), OXj (m)
)
.

On demande alors que les fonctions gu(m) = gm (a~i (m), a!j (m)),
i, j =
1, ... , 11, soient de classe CP sur V pour toutes les cartes de M.
Une variété M munie d'une métrique g est appelée variété riemannienne
et est notée (M, g).

Exemples 1.1.17. 1) Sur JRn on connaît déjà la métrique euclidienne g. Pour


celle-ci on a gu(m) =
0 si i =f. j, et g;;(m) =
1, i = 1, ... , n, ceci pour tout
I.I. VARIÉTÉS ET SURFACES Il

m E lRn. Par conséquent si ëi = (a1, ... ,an) et b = (b1, ... ,bn) on a


n
g(ëi,b) = L:a;b;,
i=l

a
car -;-(m) = (0, ... , 0, 1, 0, ... , 0), le 1 se trouvant à la j-ième place, pour
UXj
tout m E JRn.
2) Soit JH[n = {(x1, ... 'Xn) E ]Rn Xn > o}. Comme lHin est un ouvert
1

de JRn, lHin est une variété de dimension n et de classe C 00 dont l'espace


tangent en chaque point est naturellement identifié à JRn. Pour chaque point
X= (x 1 , ... , Xn) E lH!n, on définit le produit scalaire gx en posant pour tout
a= (a1, ... 'an) et tout b = (b1, .. ., bn)
- 1 n
gx(ëi,b) =2 L:a;b;.
Xn i=I

1
On a donc g;;(X) =
2 et gu(X) = 0, i -=/:- j, pour i, j = 1, .. ., n. On a
xn
donc défini une métrique C 00 sur lH!n. Cette métrique est appelée la métrique
hyperbolique, on la notera glHI. La variété riemannienne (lHin, glHI) est appelée
espace hyperbolique de dimension n. Nous étudierons lHI 2 au chapitre 2 et
lHin, n ~ 3, au chapitre 3.

Remarquons que nous pouvons munir une variété de plusieurs mé-


triques. Par exemple, nous avons muni lH!n de la métrique hyperbolique glHI à
l'exemple 1.1.17-2, nous pouvons aussi munir lH!n de la métrique euclidienne.
À l'aide d'une métrique on peut en particulier définir la longueur des
courbes de M de la manière suivante.
Définition 1.1.18. Soit (M. g) une variété riemannienne de dimension net de
classe C 1 , n E N*. Soient c : [O, l] -+ M une courbe C 1 et (U. <p, V) une carte
telle que c([O, l]) n V-=/:- 0. Si (x 1 , ... ,xn) sont les coordonnées de U on a
(i:p- 1 o c)(t) = (x 1 (t), ... , Xn(t)) et nous pouvons penser à (x~ (t), ... , x~(t))
comme au vecteur tangent de cent, c'(t), lu sur U. On a
n
gc(t) (c' (t), c' (t)) = L gu (c(t))x; (t)x~ (t),
i,j=I

où gu = g(;_, --!---)
uX; ux·
sur V. On pose [[c'(t)[[c(t) = Jgc(t) (c'(t),c'(t)).
L'intégrale 1

L(c) = 1 1
Jgc(i)(c'(t),c'(t))dt = 11
[[c'(t)[[c(r)dt

est appellée la longueur de c.


I2 CHAPITRE I. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

Exemples 1.1.19. 1) On munit R 2 de la métrique euclidienne. Soit c :


[O, 2n] ~ IR 2 la courbe C 1 sur IR 2 définie par c(t) = re; 1 : c décrit le cercle
de centre 0 et de rayon r parcouru dans le sens trigonométrique. On a
c(t) = (x 1 (t),x 2 (t)) avecx 1 (t) = rcost etx 2 (t) = rsint. Par conséquent,
gc(i)(c' (t), c' (t)) = r 2 sin2 t + r 2 cos 2 t = r 2 .
On a donc
[2"
L(c) = lo rdt = 2nr.
2) On considère la courbe de JH[ 2 définie par c(t) = (0, 1 + t), t E [O, 1].
On munit JH[ 2 de la métrique euclidienne g. On a gc(i)(c'(t), c'(t)) = 1, par
conséquent
L(c) = 1 1
dt = 1.

3) Considérons de nouveau la courbe c(t) = (0, 1 + t), t E [O, 1], dans


muni à présent de la métrique hyperbolique glHI, exemple 1.1.17- 2. On a
JH[ 2
1
glHI(c'(t), c'(t)) = . On a donc
(1 + t) 2
L(c) = 1-+- =
0
1 dt
1 t
log2.

Nous allons maintenant nous intéresser plus particulièrement aux surfaces


compactes orientables, définition 1.1.9, car les surfaces de Riemann sont des
surfaces orientables. Remarquons tout d'abord que dans IR 3 la notion de
surfaces homéomorphes entre elles est plus facile à visualiser: si M 1 et M 2
sont deux surfaces de IR 3 telles qu'il soit possible de passer continûment, dans
IR 3 , de M 1 à M 2 et de M 2 à M 1 sans identifier des points distincts de M 1 ni de
M 2 , alors elles sont homéomorphes.

Définition 1.1.20. 1) Soit M une surface compacte et soit F une partie


fermée de M homéomorphe au disque fermé D de rayon 1 du plan IR 2 :

-D= { (x 1 ,x 2 )EIR 21 x 21 +x 22 ::Sl.


}

Soit <p : D ~ F CM un homéomorphisme. Nous appellerons intérieur de F


l'image par <p de la partie
0
D= { (x 1 ,x 2 )EIR 21 x 2
1 +x 22 <1,
}

0
nous noterons F l'intérieur de F.
2) Soit M une surface compacte et soient F 1 , ..• , Fn C M un nombre
fini de parties fermées, disjointes deux à deux, chacune homéomorphe à D,
I. I. VARIÉTÉS ET SURFACES 13
- 0
F; n F1 = 0, i -:j:. j. Soit M = M \ U~=o Fk. La partie M est une partie
compacte de M. Nous dirons que M est une surface à bord. Plus généralement,
nous appellerons surface compacte à bord toute surface obtenue de cette
manière. Le bord de M, noté âM, est donc composé d'un nombre fini de
courbes de Jordan.
3) Soient M 1 , M 2 c lR 3 deux surfaces connexes de lR 3 . Sur chaque surface
M;, i = 1, 2, retirons une partie fermée F; homéomorphe au disque fermé
D. Il nous reste donc deux surfaces à bord, le bord de chacune étant constitué
de la courbe de Jordan r; = M; \ F; n F;, i = 1, 2. Or une courbe de Jordan
est homéomorphe à § 1 = {z E l.C l izl = 1}. Par conséquent, il existe un
homéomorphisme f : f 1 --+ f 2 entre f 1 et f 2 . À l'aide de f nous allons
«recoller» M 1 \ F 1 et M2 \ F 2 de la manière suivante. Nous allons identifier
chaque point p E f 1 avec f(p) E f 2 . On obtient de la sorte une nouvelle
variété M de dimension 2, connexe de classe c0 (variété topologique) appelée
la somme connexe de M 1 et M 2 , et notée M 1 # M 2 .
---
Concrètement cela revient à coller M 1 \ F 1 et M 2 \ F 2 le long des courbes
f 1 et f 2 (fig. 4). On peut montrer que, à homéomorphisme près, M 1 # M2 ne
dépend ni du choix des disques F 1 et F 2 , ni du choix de l'homéomorphisme
entre f 1 et f 2 .

Fig. 4. Somme connexe de deux surfaces

Si M 1 et M2 sont de classe Ck, k ~ 0, on peut effectuer la somme connexe


de telle sorte que la surface M 1 # M 2 soit aussi de classe ck.
Exemples 1.1.21. 1) Soient M 1 et M 2 les sphères de JR 3 de rayon 1 et
de centre respectif (-2, 0, 0) et (2, 0, 0). La nouvelle surface M 1 # M 2 est
homéomorphe à la sphère § 2 •
2) Considérons maintenant la sphère § 2 et un tore T C JR 3 , c'est-à-dire
la surface de JR 3 obtenue par la révolution d'un cercle autour d'une droite
appartenant au même plan que le cercle et ne le rencontrant pas. On peut
démontrer que la surface obtenue est homéomorphe au tore introduit à
l'exemple 1.2.10-3. La somme connexe § 2 #T n'aura introduit qu'une« bosse»
au tore Tet on peut passer continûment de § 2 # T à T, et vice-versa, dans
JR 3 sans identifier des points distincts. Par conséquent les surfaces Tet § 2 # T
sont homéomorphes.
14 CHAPITRE I. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

Plus généralement, pour toute surface M c R 3 , les surfaces M et § 2 # M


sont homéomorphes.
3) Considérons maintenant deux tores disjoints de R 3 , T 1 et T 2 .
Intuitivement T 1 # T 2 n'est pas homéomorphe à T 1 (ni à T 2 ) car on ne
peut pas passer continûment de T 1 # T 2 à T 1 sans identifier entre eux des
points distincts de T 1 # T 2 .
4) Si M 1 , ... , Mn C R 3 sont des surfaces connexes de R 3 , n:?: 3, on définit
la somme connexe des n surfaces par récurrence sur n, en posant

Définition 1.1.22. Soit M une surface compacte connexe et orientable de


classe Ck, k :?: O. On dit que M est de genre g E N, si M est homéomorphe à
la somme connexe de g tores avec la sphère § 2 .

Théorème 1.1.23 (Classification des surfaces compactes orientables). Toute


surface compacte M, connexe orientable et sans bord est homéomorphe à la
somme connexe d'un nombre fini de tores avec § 2 . De plus, deux surfaces
compactes, connexes, orientables et sans bord sont homéomorphes si, et
seulement si, elles ont le même genre.

Le théorème 1.1.23 est très important car il entraîne d'une part que n'im-
porte quelle surface compacte, orientable et connexe peut être « visualisée »
dans R 3 et, de plus, il donne une classification de ces surfaces selon leur
genre. Cela est différent pour les variétés Mn de dimension n :?: 3, compactes,
connexes et orientables. Un théorème dû à Whitney montre que Mn peut
être« plongée» dans R 2 n+ 1 , c'est-à-dire qu'il existe une application injective
f : Mn --+ R 2 n+ 1 de classe Ck si Mn est aussi de classe Ck. Par contre il
n'existe pas de classification générale de variétés de dimension n sin :?: 3.
Le théorème 1.1.23 montre que le genre d'une surface compacte orien-
table est un invariant topologique, c'est-à-dire qu'il ne change pas par trans-
formation d'un homéomorphisme. Nous allons voir un autre invariant topo-
logique. Pour cela nous aurons besoin de la notion de triangulation.

Définition 1.1.24. Soit M une surface connexe.


1) Soit TC M une partie de M, on dit que Test un triangle s'il existe un
homéomorphisme cp : P--+ T où P c R 2 est le triangle plein défini par

P = {(x,y) E R2 l lxl +y ::S l,y:?: o}.


Nous appellerons sommet (resp. arête ou côté) de T l'image par <p de tout
0
sommet (resp. arête) du triangle P. L'image par cp de l'intérieur P de P dans
1.1. VARIÉTÉS ET SURFACES 15
0
IR 2 est appelée la face de Tet elle est notée T,

:P = {ex, y) E 1R 2 i 1x1 +y< l, y> o}.


2) Une triangulation 7 = {T1 , .•• , Tn} de M est un ensemble formé d'un
nombre fini de triangles distincts de M, vérifiant les propriétés suivantes.
a) U7=1 T; = M.
0 0
b) Si T;, T 1 E 7 et T; =f T 1 alors T; n T 1 = 0.
c) Soient T;, T 1 E 7 etc C T; (resp, y C T 1 ) une arête de T; (resp. T 1 ).
On a soit c =y, soit c n y= {s} (où s est un sommet commun à T; et T 1 ),
soit c n y= 0.
Autrement dit nous ne voulons pas que deux faces ou deux arêtes distinctes
se chevauchent.

Exemples 1.1.25. 1) Considérons la sphère unité de JR 3 centrée à l'origine,


c'est-à-dire

§ 2 = {(x1,X2,X3) E IR 3 IX~+ X~+ X~= l}.


Soient k,n N*,O < k ~ n, appelons Pk C IR 3 le plan vertical de
E
3 , ;rk . ;rk -
IR engendre par les vecteurs (0, 0, l) et (cos-, sin-, 0), k - l, ... , n.
n n
Considérons aussi le plan horizontal p = {(x1,X2,X3) E IR 3 X3 = o}. 1

Clairement, les plans Pk, k = l, ... , n , et P partagent § 2 en 4n triangles qui


constituent une triangulation 7,, de § 2 (fig. 5 pour n = 2).
Pour chaque n E N *, la triangulation 7,, possède 4n faces, 6n arêtes et
2n + 2 sommets.

' '
-~ ,,
'' '
''

---',_:.s..........
Fig. 5. La triangulation '.72 de § 2
16 CHAPITRE 1. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

2) Soit D le disque fermé de centre 0 et de rayon 1 dans le plan, c'est-à-dire


D = {(x 1 ,x2 ) E 1R 2 xi+ x;Î ::S l}.
J

Soit n E N*, pour chaque k E { 1, ... , n }, appelons Lk la droite de JR 2


, nk . nk . , .
engendree par le vecteur (cos-, sin-). Les droites Lk determment une
n n
triangulation 7,, de D avec 2n faces, 4n arêtes et 2n + 1 sommets (fig. 6 pour
n = 4).

n=4

Fig. 6. La triangulation ~ de D

3) Soit A = {(xi,x2 ) E lR 2 1 ::::= xi+ x;Î ::::= 4} (un anneau fermé et


J

borné). Pour tout n E N*, les droites Lb k = 1, ... , n, définies dans le


cas 2, coupent A en 2n «rectangles», c'est-à-dire une partie fermée de A
homéomorphe à un rectangle de JR 2 . Pour obtenir des triangles nous pouvons
couper chaque rectangle le long d'une« diagonale» (c'est-à-dire une courbe
qui ne s'intersecte pas, qui reste à l'intérieur du rectangle et qui relie deux
sommets non adjacents du rectangle). On obtient ainsi une triangulation 7,,
de A avec 4n faces, 8n arêtes et 4n sommets.
4) Considérons le cercle du plan vertical {(x1, X2, X3) E lR 3 1 X2 = o} de
centre (2, 0, 0) et de rayon 1. La révolution de ce cercle par rapport à l'axe
{(0, 0, x 3 ) E lR 3 } donne une surface compacte T (un tore de révolution). Soit
n E N*. Les plans Pet Pb 1 ::;:: k ::;:: n, définis dans le cas 1 coupent T en
4n «rectangles». Comme dans le cas 3, coupons chaque rectangle le long
d'une diagonale. On obtient donc une triangulation 7,, de T avec 8n faces,
12n arêtes et 4n sommets.

Théorème 1.1.26. 1) Toute surface compacte (à bord ou non) et connexe


admet une triangulation.
1.1. VARIÉTÉS ET SURFACES 17

2) Soit M une surface compacte (à bord ou non) et connexe. Considérons


deux triangulations '.iï et 72 sur M. Appelons Fi, Ai et S; respectivement Le
nombre de faces, d'arêtes et de sommets de 'Ji, i = 1, 2.
Dans ces conditions, on a

L'existence d'une triangulation sur les surfaces a été démontrée par Rad6,
on peut trouver une preuve dans Ahlfors-Sario [4, Chapter l].

Définition 1.1.27. Soit M une surface compacte, connexe, et soit T une


triangulation de M. Appelons F, A et S respectivement le nombre de faces
d'arêtes et de sommets de T. Le théorème 1.1.26 montre que la quantité
F - A + S ne dépend pas de la triangulation choisie (bien sûr, chacune
des quantités F, A et S en dépend). Nous appellerons cette quantité la
caractéristique d'Euler 1 -Poincaré de Met elle sera noté x(M) :

x(M) =F- A+ S,

pour toute triangulation T sur M.

Exemple 1.1.28. Reprenons les surfaces et les triangulations de l'exemple


1.1.25. Nous noterons Fn, An et Sn respectivement les nombres de faces,
d'arêtes et de sommets des triangulations T,, considérées.
1) M = § 2 , on a Fn = 4n, An = 6n et Sn = 2n + 2. On a donc
Fn - An +Sn = 2 qui est bien indépendant den. Par conséquent x(§ 2 ) = 2.
2) M = D(disque),onaFn = 2n,An = 4netSn = 2n+l.Parconséquent
x(D) = Fn - An + Sn = 1.
3) M = A (couronne), on a Fn = 4n, An = 8n et Sn = 4n. De ce fait
x(A) = O.
4) M = T (tore), on a Fn = 8n, An = 12n et Sn = 4n. Par conséquent
x(T) = Fn - An + Sn = O.

1. Les travaux de Leonhard Euler (1707-1783), d'une abondance inégalée, couvrent


tout le champ des mathématiques de la mécanique céleste et de la physique de son époque.
Il a systématisé et étendu à l'espace la géométrie analytique de Descartes, et a été le seul
mathématicien de son temps capable de poursuivre les travaux de Fermat en théorie des
nombres. Il a développé les techniques du calcul différentiel et intégral en faisant jouer un
rôle fondamental à la notion de fonction, ainsi que la théorie des équations différentielles.
Ce faisant, il a fixé les notations de l'analyse, telles que nous les utilisons encore. Il établit
par exemple la relation ei x = cos x + i sin x en exhibant un développement en série pour
chacune de ces fonctions. En 1744 il publia le premier ouvrage dans lequel est exposé le
calcul des variations. Il y introduit l'équation d'Euler et démontre en particulier que la
caténoïde et l'hélicoïde sont des surfaces minimales.
18 CHAPITRE I. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

Théorème 1.1.29. Deux surfaces compactes, sans bord, connexes et orientables


sont homéomorphes si, et seulement si, elles ont la même caractéristique
d'Euler-Poincaré.

Remarques 1.1.30. 1) Soit <p: M 1 ~ M 2 un homéomorphisme entre deux


surfaces compactes, sans bord, connexes et orientables. On peut remarquer
que si '.Ti est une triangulation de M 1 , l'image de '.Ti par <p est une triangula-
tion de M 2. Par conséquent, on a x(M 1) = x(M 2) si M 1 et M 2 sont homéo-
morphes. La partie non triviale du théorème 1.1.29 réside dans l'implication
inverse : si deux telles surfaces ont la même caractéristique d'Euler-Poincaré
alors elles sont nécessairement homéomorphes. On peut trouver une preuve
du théorème 1.1.29 dans Massey [58].
2) Il découle du théorème 1.1.29 que toute surface homéomorphe à la
sphère § 2 (resp. au tore T) a sa caractéristique d'Euler-Poincaré égale à 2
(resp. 0).

Proposition 1.1.31. Soient M 1 , M 2 deux surfaces compactes et connexes (à


bord ou non). On a

Démonstration. Considérons une triangulation T; sur M;, i = 1, 2 et fixons


une face D; de M;, i = 1, 2. Retirons la face D; de M;, M; \ D; est une
surface compacte à bord. Le bord de (M; \ D;) contient le bord de la face D;,
qui est une courbe de Jordan r; composée de trois arêtes et trois sommets
de T;, i = 1, 2. Recollons (M 1 \ D 1) à (M 2 \ D 2) en identifiant r 1 et r 2, plus
exactement en identifiant chacun des trois sommets distincts (resp. arêtes
distinctes) de r 1 avec un sommet distinct (resp. arête distincte) de r 2. La
surface obtenue est la somme connexe de M 1 et M 2, M 1 # M2. Observons
que les triangulations '.Ti et 'Ji de M 1 et M 2 respectivement induisent une
triangulation 7 sur M 1 # M2. Notons respectivement F; (resp. F), A; (resp.
A) et S; (resp. S) le nombre de faces, d'arêtes et de sommets de T;, i = 1, 2
(resp. 7). On a par construction: F = F 1 + F 2 - 2, A = A 1 + A 2 - 3 et
S = S1 + S2 - 3. On obtient par conséquent

x(M1 # Mz) = F - A+ S
= F1 + F2 - 2 -Ai -A2 + 3 + S1 + S2 - 3
= x(M1) + x(M2) - 2. D

Théorème 1.1.32. Soit M une surface compacte sans bord, connexe et orien-
table de genre g E N. On a

x(M) = 2-2g.
I.2. GROUPE FONDAMENTAL ET REVÊTEMENTS 19

Démonstration. Nous allons faire une démonstration par récurrence sur


g EN.
Pour g = 0, M est homéomorphe à § 2 , théorème 1.1.23, on a donc
x(M) = 2.
Supposons la relation vérifiée pour toute surface compacte orientable
connexe de genre inférieur ou égal à g, pour un certain g E N. Soit Mg+ 1
une surface compacte orientable connexe de genre g + 1. La surface Mg+I
est donc homéomorphe à la somme connexe de (g + 1) tores avec § 2 . Soit
Mg une surface homéomorphe à la somme connexe de g tores avec § 2 • Par
conséquent Mg+I est homéomorphe à Mg# T. De ce fait on a, grâce à la
proposition 1.1.31,

x(Mg+1) = x(Mg #T) = x(Mg) + x(T) - 2


= 2-2g-2
= 2-2(g + l). D

Nous arrêterons ici nos préliminaires sur les variétés et surfaces. Pour une
étude plus détaillée on peut consulter Berger-Gostiaux [12], Kreysing [53],
Massey [58] et Spivak [75, Vol. l].

1.2. Groupe fondamental et revêtements

Définition 1.2.1. 1) Soit M une variété de dimension n E N*, et soit x 0 un


point fixé de M. Un lacet de point base x 0 est une courbe, c : [O, 1] --+ M, telle
que c(O) = c(l) = x 0 . On note Q(M, x 0 ) l'ensemble de tous les lacets de
point base x 0 . On définit un produit noté« o »dans Q(M, x 0 ) de la manière
suivante : soient c 1 , c 2 E Q(M, x 0 ), on pose
1
C1 (2t) si 0 :0::: t :0::: -
C20C1(t)= { 1 2
c 2 (2t-1) si - :0::: t :0::: 1
2
Clairement c2 o c 1 est bien un lacet de point base x 0 . Remarquons que
c2 o c 1 =/:- c 1 o c2 en général, par conséquent o n'est pas une loi commutative
dans Q(M, x 0 ).
2) Soient c et y deux lacets de même point base x 0 E M. On dit que les
lacets c et y sont homotopes à extrémité fixe x 0 , s'il existe une application
continue H: [O, 1] x [O, 1] --+ M vérifiant

H(t, 0) = c(t), t E [0, 1],


H(t, 1) = y(t), t E [0, 1],
H(O, s) = H(l, s) = x 0 , s E (0, l].
20 CHAPITRE I. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

Intuitivement, cela veut dire que nous pouvons passer continûment sur M de
c à y à travers des lacets de point base x 0 (fig. 7).

Fig. 7.

On dit qu'un lacet de Q(M, x 0 ) est homotope à zéro, ou qu'il est trivial,
s'il est homotope au lacet constant c0 (t) = x 0 , t E [O, l]. Par exemple, dans
.IR 2 tout lacet est homotope à zéro.

Exemples 1.2.2. 1) Posons M = ffi. 2 \ { (0, 0)} et considérons le lacet de


pointbase(l,O): c(t) = (cos2nt,sin2nt), t E [O, 1].Clairementonnepeut
pas passer continûment de c au lacet constant c 0 (t) = (1, 0) sans passer par
(0, 0). Par conséquent le lacet c n'est pas homotope à zéro dans l'ensemble
de lacets Q (1R 2 \ { (0, 0)}, (1, 0)). Par contre on vérifie facilement que c est
homotope à zéro dans Q (IR 2 , ( 1, 0)).
2) Posons M = ffi. 2 \ {(-2, O); (2, O)} et considérons les lacets c et y, de
point base (0, 0), suivants

(3t,O) si 0 ::St ::S 1/3


{
c(t) = (2-cos2n(3t-1),-sin2n(3t-1)) si 1/ 3 ::St ::S 2/3
(3 - 3t, 0) si 2/3 ::St ::S 1
(-3t,O) si 0 ::St ::S 1/3
y(t) = { (-2 + cos2n(3t-1),-sin2n(3t-1)) si 1/ 3 ::St ::S 2/3
(3t - 3, 0) si 2/ 3 ::S t ::S 1

En fait, c fait un tour autour de (2, 0) et y fait un tour autour de (-2, 0).
Par conséquent aucun n'est homotope à zéro dans M. De plus, on ne peut
pas passer continûment de c à y. On en déduit donc que c et y ne sont pas
homotopes dans M (bien sûr ils le sont dans ffi. 2 , en fait chacun est homotope
à zéro dans ffi. 2 ).
I.2. GROUPE FONDAMENTAL ET REVÊTEMENTS 21

Remarques 1.2.3. 1) On peut prouver que la relation« être homotope»


entre deux lacets de Q(M, x 0 ) est une relation d'équivalence. Pour tout lacet
c E Q(M,x0 ) sa classe d'équivalence sera notée [cl. On notera f1 1 (M 1 ,x 0 )
l'ensemble des classes d'équivalence de Q(M, x 0 ).
2) Soient c, c', y, y' E Q(M, x 0 ) tels que [cl = [c'l et que [y] = [y'l· On
peut prouver que [c o y] = [c' o y'l. Autrement dit, la classe [c o Yl ne dépend
pas du représentant de la classe de c choisi ni du représentant de la classe de
y choisi. On peut donc définir une loi interne dans IT 1 (M, x 0 ), encore notée
« o »par: [cl o [y] = [c o y].
3) Soit c E Q(M, x 0 ) on définit le lacet inverse de c, noté c- 1 , en po-
sant c- 1 (t) = c(l - t), t E [O, ll. En fait c- 1 est le lacet c parcouru
dans l'autre sens. On prouve facilement que [cl o [c- 1 ] = [col pour tout
=
c E Q(M, x 0 ), où c0 est le lacet constant c0 (t) x 0 . On démontre également
que [c] o [col = [c] pour tout c E Q(M, x 0 ). Par conséquent [c 0 ] est l'élément
neutre de rr 1(M, Xo) pour la loi o.

Théorème 1.2.4. Soit M une variété. L'ensemble IT 1 (M, x 0 ) muni de la loi o


est un groupe, appelé le groupe fondamental de M de point base x 0 . De plus, si
la variété M est connexe les groupes IT 1 (M, x 0 ) et IT 1 (M, x 1 ) sont isomorphes
pour tous x 0 , x 1 E M.

En général rr 1(M, Xo) n'est pas commutatif. Comme tous les groupes
fondamentaux IT 1(M, x), x E M, sont isomorphes entre eux (lorsque M est
connexe), on parle dans ce cas plus simplement du groupe fondamental de
Met on le note IT 1 (M).
Exemples 1.2.5. 1) Dans .!Rn chaque lacet peut être amené continûment à
un point. Par conséquent on a IT 1 (.!Rn, x) = {1} pour chaque x E .!Rn, où {1}
désigne le groupe trivial à un élément.
2) De même dans §n, n ~ 2, tous les lacets sont homotopes au lacet trivial.
On a donc f11 (§n, X) = {1} pour tout X E §n.
3) Pour § 1 un lacet non trivial fait un nombre entier de tours. Une fois
fixée une orientation de § 1 , par exemple l'orientation trigonométrique, on
peut même donner un signe au nombre de tours parcourus. On peut prouver
que deux lacets sont homotopes si, et seulement si, ils font le même nombre
algébrique de tours, c'est-à-dire en tenant compte du signe. Par conséquent
IT 1 (§ 1 ) est isomorphe au groupe additif (Z, +).

Définition 1.2.6. On dit qu'une variété connexe M est simplement connexe si


IT 1 (M) = {1}, c'est-à-dire si tout lacet de M peut être déformé continûment,
dans M, jusqu'à obtenir un point. Par exemple .!Rn, n ~ 1, et §n, n ~ 2,
sont simplement connexes. La variété § 1 n'est pas simplement connexe,
exemple 1.2.5.
22 CHAPITRE I. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

Remarque 1.2.7. Soient M et N deux variétés et soit f : M ---+ N une


application continue. Soit x 0 E Mun point fixé, posons y 0 = f (x 0 ) E N. Soit
c E Q(M, x 0 ), notons que (foc) E Q(N, y 0 ). De plus on peut prouver que
sic, c' E Q(M, x 0 ) sont homotopes dans Mil en est de même pour (f oc)
et (foc') dans N. Par conséquent l'application f induit une application de
11 1 (M,x 0 ) dans 11 1 (N,f(x 0 )) notée f*.

On a le résultat suivant.

Proposition 1.2.8. Soient M et N deux variétés, f : M ---+ N une application


continue et x 0 E Mun point fixé. Posons y 0 = f (x 0 ).
Dans ces conditions, l'application

est un homomorphisme de groupes.

Définition 1.2.9. Soient M et N deux variétés de classe en, n ~ O.

u~

Fig. 8.

Soit 11 : M ---+ N une application ck, 0 ::=.: k ::=.: n. Soit U c N une partie
ouverte et connexe de N. On dit que U est un ouvert élémentaire pour 11
si 11- 1 (U) est une réunion d'ouverts disjoints Va de M, et E Q, tels que la
restriction de 11 à chaque Va, et E Q, soit un homéomorphisme de Va sur U
(fig. 8).
On dit que TI : M ---+ N est un revêtement si 11 est surjective et si chaque
point de N possède un voisinage qui est un ouvert élémentaire pour 11. En
I.2. GROUPE FONDAMENTAL ET REVÊTEMENTS

ce cas II sera appelé la projection de revêtement et N la base du revêtement.


Six EN, l'ensemble II- 1 {x} est appelé la fibre de x.

Exemples 1.2.10. 1) Considérons § 1 = {z E <C 1 lzl = 1} et définissons


II : ffi.-+ § 1 en posant: II(t) = e; 1 , t ER Clairement II est une surjection.
Soit Xo E § 1 , il existe 8 E [O, 2n[ tel que Xo = eifJo = II(8o). Considérons
sur ffi. les intervalles ouverts Vn = ]e0 - n /2 + 2n n, 80 + n /2 + 2n n [, n E Z.
La restriction de II à chaque Vn est injective et l'image de chacun de ces
ouverts est un ouvert Ux0 de § 1 contenant x 0 = eifJo : II(Vn) = Ux 0 pour
tout n E Z. Autrement dit U xo est un ouvert élémentaire de x 0 . Ceci entraîne
que chaque point de § 1 possède un voisinage qui est un ouvert élémentaire.
Par conséquent II est une projection de revêtement.
2) Considérons II : <C -+ <C* où II(z) = ez, z E <C. L'application II est
surjective et périodique, de période 2ni (c'est-à-dire II(z + 2ni) = II(z)
pour tout z E <C).
Soit w0 E <C*, en écrivant w0 sous forme trigonométrique on a
Wo = reifJo, où r = lwol > 0 et 0 ::::: 80 < 2n. Considérons les ouverts
de <C définis par

Vn = {z E <C 1 (80 - ~) + 2nn < lm(z) < (80 + ~) + 2nn},n E Z.

La restriction de II à chaque Vn est injective et II(V p) = II(V q) pour tous


p, q E Z. En fait l'image II(Vn), n E Z, est l'ouvert U de <C* contenant w0 et
contenu entre les deux demi-droites issues de 0 et d'arguments respective-
ment égaux à (80 - n/4) et (80 + n/4), on appelle un tel ouvert un secteur
de <C. Par conséquent II est un homéomorphisme de V n sur U pour chaque
n E Z. On conclut que II est un revêtement.
3) On définit une relation :R. sur <C en posant pour z 1 , z 2 E <C

Z1 :R. Zz ~ ( 3 œ, f3 E z 1 Z1 - Zz = œ + i/3).
On démontre facilement que :R. est une relation d'équivalence. On pose
ensuite T = <C / :R., ainsi Test l'ensemble des classes d'équivalence. Appelons
II : <C -+ T la projection canonique. On peut prouver que T admet une
structure de variété réelle de dimension 2, surface, telle que II soit une
application continue et ouverte (l'image de chaque ouvert de <C par II est un
ouvert de T).
La surface T est appelée tore. Soit m E <C un représentant de E T et z 0
1
m : II(z 0 ) = m. Soit r > 0 un réel tel que r < -. On définit les ouverts
4
V p,q c <C, p, q E Z, en posant

Yp,q = B(z0 + p + iq,r), p, q E Z.


24 CHAPITRE 1. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

Autrement dit V p,q est la boule de centre z 0 et de rayon r translatée par


le vecteur p + i q. La condition sur r implique que la restriction de Il à
chaque V p,q est injective. De plus, les ouverts V p,q sont disjoints deux à
deux et ont la même image par Il (car Il(z + p + iq) = Il(z) pour tout
z E <C et tous p, q E Z). Comme Il est une application ouverte la partie
U = Il(V p,q), p, q E Z, est un ouvert élémentaire de m (on am E U car
m = Il(z 0 + p + iq)). L'application Il : <C -+Test donc un revêtement.

Fig. 9. Le revêtement II : <C -+ T. (On a représenté T par un rectangle


dont les côtés opposés doivent être identifiés)

4) Posons M = {z E <C 1 lm(z) =f:. 0} et N = {z E <C 1 lm(z) > 0}.


Définissons Il : M-+ N par Il(z) = Re(z) + i 1 Im(z)I, z E M. Clairement
Il est un revêtement. De plus chaque point w E N a exactement deux
antécédents, w et w.

Proposition 1.2.11. Soient M et N deux variétés, N connexe, et Il : M -+ N


une projection de revêtement. Soient x, y E N deux points quelconques de N.
Les points x et y ont le même nombre d'antécédents dans Mpar II.

Remarques 1.2.12. 1) Dans la proposition 1.2.11, le nombre d'antécédents


peut être infini (exemple 1.2.10-1, 2 et 3). Lorsque ce nombre est fini,
appelons-le n E N*, on dit que M est un revêtement de N à n feuillets. Dans
l'exemple 1.2.10-4, M est un revêtement à 2 feuillets.
2) Comme une projection de revêtement Il : M -+ N est localement un
homéomorphisme, Il est une application ouverte.

Théorème 1.2.13. Soient M et N deux variétés et Il : M -+ N une projection


de revêtement. Pour tout y 0 E N et tout x 0 E M tel que II(x 0 ) = y 0 ,
l'homomorphisme de groupes II* : Il 1 (M. x 0 ) -+ Il 1 (N, y 0 ) induit par
Il est injectif

Définition 1.2.14. Soient M et N deux variétés de classe CP et Il : M -+ N


une application de classe Ck, 0 ~ k ~ p. On dit que Il est un revêtement
I.2. GROUPE FONDAMENTAL ET REVÊTEMENTS 25

ramifié s'il existe une partie discrète, définition 1.1.1, et fermée F CM pour
laquelle:
(i) TI : M \ TI- 1 (TI(F)) ~ N \ TI(F) est un revêtement,
(ii) TI(F) est une partie discrète et fermée de N.
Les points de F sont appelés des points de ramification ou des points de
branchement de l'application TI.

Exemples 1.2.15. 1) L'application f : C ~ C définie par f(z) = zn, pour


tout z E C, n E N*, est un revêtement ramifié au point 0, à n feuillets.
2) Plus généralement, chaque polynôme complexe P de degré n E N*, est
une projection de revêtement de C sur C, à n feuillets, ramifié à chaque zéro
de P', le polynôme dérivé de P. Notons que les points où P' s'annule sont
précisément les points au voisinage desquels P n'est pas injective.
3) Si M est une surface de Riemann compacte, remarque 1.1.7-2, toute
application méromorphe f : M ~ § 2 est un revêtement ramifié aux points
singuliers de f, c'est-à-dire aux points de Mau voisinage desquels f n'est
pas injective, lemme 4.5.4.

Définition 1.2.16. Soient M, N, N des variétés de classe CP, p ~ O. Soient


IT : N ~ N une projection de revêtement et f : M ~ N une application
continue.
Un relèvement de f est une application f: M ~ N telle que TI of= f.
Comme IT est un homéomorphisme local, on conclut que est continue. f
Exemple 1.2.17 (Relèvement des chemins). Considérons un revêtement TI :
N~ N où Net N sont deux variétés. Soit c : [O, l] ~ N une courbe de
N, posons y = c(O). Soit y0 E N un point de la fibre de y 0 , on a donc
IT(.Yo) = y 0 . Soit V c N un ouvert élémentaire de IT contenant y 0 . Par
définition du revêtement, il existe un ouvert V C N de N contenant )10 , tel
que IT soit un homéomorphisme de V sur V. Soit t 1 E JO, l] le plus grand réel
de [O, 1] tel que c((O, t 1 [) c V. La courbe ê'(t) = ( (IT 1v)- 1 oc) (t), t E [O, t 1 [,
où rr v désigne la restriction de IT à V, est donc un relèvement de la partie de
1

c correspondant à t E [O, t 1 [.Notons que ê'(O) = y0 • En fait on peut prolonger


ce relèvement au-delà de t 1 • En effet, posons y 1 = c(t 1) EN et considérons
V 1 c N un ouvert élémentaire de TI contenant y 1 , y 1 E V 1 • Soit r; E [O, t 1 [
tel que c([t;,tiJ) C V 1 • Par définition du revêtement il existe un ouvert
V 1 c Ntel que IT soit un homéomorphisme de V 1 sur V 1, ê'([t;, t 1 ]) c V 1 et
que ê'([t;, t 1 [) CV (car c((t;, ti[) CV).
Par conséquent on peut prolonger ê' jusqu'à t = t 2 où t 2 E ]t 1 , 1J est le
plus grand réel tel que c([t;, t 2 [) c V 1 . On a donc prolongé ê', le relèvement
CHAPITRE !. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

(a)
/0/ (b)

Fig. 10. À gauche, relèvement d'un chemin. À droite, cas d'un lacet

de c, sur l'intervalle (0, t 2 (. En continuant ce processus de proche en proche


on peut donc prolonger ë sur l'intervalle [O, l] entier (fig. lO(a)).
Un cas intéressant est lorsque c est un lacet, c'est-à-dire c(O) = c(l).
Dans ce cas ê'(l) est aussi un point de la fibre de y 0 , c'est-à-dire que l'on
a CT(ê'(O)) = CT(ê'(l)) = y 0 (fig. lO(b)). On peut prouver que si ê' est un
relèvement de c tel que ê'(O) = y0 , le point ê'(l) ne dépend que de la classe
d'homotopie de c dans Q(N, y 0 ). Ainsi si y E Q(N, y 0 ) est un lacet homotope
à cet si j/(O) = ê'(O) , on aura j/(l) = ê'(l), où y est un relèvement de y . Par
conséquent chaque élément de n 1 (N, y0 ) détermine une application de la
fibre de y 0 sur elle-même. On démontre facilement que cette application est
en fait une bijection dont l'application réciproque est induite par [c- 1].

N,.Yo
I

I
j / f) II
/
I
I

M,x0 N,yo

Fig. 11.

Théorème 1.2.18 (Relèvements des applications). Soient M , Net N des va-


riétés de classe CP , p ~ o. Soient n : N -+ N une projection de revêtement
et f : M -+ N une application continue. Soient x 0 E M, y 0 = f (x0 ) E N et
.Yo E N tels que TI(,Yo) = Yo·
Alors il existe un relèvement J : M -+ N de f vérifiant ](x0 ) = y0
I.2. GROUPE FONDAMENTAL ET REVÊTEMENTS 27

(fig. ll)si, et seulement si, ona f*(I1 1 (M,x 0 )) c Il*(I1 1 (N,y0 )). Dans ce
f f
cas, il n'existe qu'un seul relèvement de f vérifiant (x 0 ) = Yo·
En particulier, lorsque M est simplement connexe toute application continue
f : M -+ N admet un relèvement.
Remarque 1.2.19. Remarquons que tout intervalle est simplement connexe.
Par conséquent si Il : N -+ N est un revêtement, le théorème 1.2.18 montre
qu'il est possible de relever chaque courbe c : [O, 1] -+ N, ce que l'on avait
vu à l'exemple 1.2.17.

Remarques 1.2.20. 1) Soient Il : X-+ X et P: Y-+ X deux revêtements


où Y, X et X sont des variétés connexes et X est simplement connexe. Le
théorème 1.2.18 entraîne qu'il existe une application f : X-+ Y telle que
Po f = II. En fait il n'est pas difficile de prouver que f est une projection
de revêtement de X sur Y. Par conséquent X est un revêtement de tout
revêtement de X. Pour cette raison on dit que X est un revêtement universel
de X.
2) Considérons maintenant rr, : x,-+X et I12 : X2 -+ X deux revête-
ments universels de X, c'est-à-dire simplement connexes. Soient X 1 E X 1 et
X2 E X2 tels que rr, (X,) = I12(X2). Le théorème 1.2.18 affirme qu'il existe
des applications f : X 1 -+ X 2 et g : X 2 -+ X 1 vérifiant

f(Xi) = X2, g(X2) = x,, rr2 o J = rr, et rr, o g = rrz.

On déduit du même théorème 1.2.18 que g o f = ld:x 1 et f o g = ld:x2


(car g o f est un relèvement de l'application I1 1 : X1 -+ X vérifiant
(go f)(Xi) = X 1 , tout comme ld:x,, par unicité on a donc go f = ld:x,, on
a de même f og = ld:x)· De ce fait f est un homéomorphisme entre X1 et
X2 satisfaisant I1 2 o f = Il 1. On dit alors que f est un isomorphisme entre
les deux revêtements, de même g est aussi un isomorphisme entre les deux
revêtements. Par conséquent deux revêtements simplement connexes de X
sont isomorphes.
3) En fait on peut prouver que chaque variété connexe admet un revête-
ment simplement connexe, voir Godbillon [41, chapitre IX, théorème 5.3] ou
(42, Theorem 6.7]. Nous pouvons résumer tout ce qui précède en disant que
toute variété connexe X admet un revêtement simplement connexe unique à
isomorphisme près. Nous l'appellerons le revêtement universel de X.

Exemple 1.2.21. On a vu à l'exemple 1.2.10-3 que le revêtement universel du


tore est JR 2 (homéomorphe à <C).
28 CHAPITRE 1. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

Corollaire 1.2.22. Soit Il : N --* N une projection de revêtement entre deux


variétés. Si N est simplement connexe, alors N est aussi simplement connexe et
la projection Il est un homéomorphisme.

x
Démonstration. Soit x 0 E N et soit 0 E N tel que I1(x0 ) = x 0 • On
a rr*(II,(N,Xo)) c rr,(N,xo). On a donc rr*(rr,(N,Xo)) = {l} car
la variété N est simplement connexe. Comme l'homomorphisme de
groupes rr* : rr,(N,X0 )--* I1 1 (N,x 0 ) est injectif, théorème 1.2.13, on a
Il 1 (N, X 0 ) = {1}, et ainsi N est aussi simplement connexe.
Considérons l'application identité de N, notée IdN On sait grâce au
théorème 1.2.18 qu'il existe une application continue f : N --* N vérifiant
f(xo) = xo et Il o J = ldN. On a donc
Il o (j o Il) = (Il o j) o Il = ldN o Il = Il.
Ainsi, f o Il : N --* N est un relèvement du revêtement vérifiant
x
(f o I1)(x0 ) = f (x 0 ) = 0 • On déduit du théorème 1.2.18 que f o Il = ldN.
Les relations Il o f = ldN et f o Il = IdN montrent que Il est un homéo-
morphisme. D

Définition 1.2.23. Soit X un espace topologique séparé et soit r un groupe


d'homéomorphismes de X, c'est-à-dire un sous-groupe du groupe des homéo-
morphismes de X.
1) Soit p E X un point de X. On appelle orbite de p sous l'action de f,
notée f P• l'ensemble des images de p par les éléments de f,

2) Nous dirons que r agit, ou opère, de manière proprement discontinue si


les deux conditions suivantes sont satisfaites.
(i) Pour tous x, y EX avec y ~ fx, il existe un ouvert U de X contenant
x et un ouvert V de X contenant y et disjoint de U ( x E U, y EV,
U n V = 0), tels que
f(U) n V= 0
pour tout f E f.
(ii) Pour tout x E X il existe un ouvert U de X contenant x tel que

f(U) nU = 0
pour tout f E f, f =/= ldx.
Dans l'exemple 1.2.10-3 le groupe Z 2 agit sur <C par translation et l'action est
proprement discontinue.
I.2. GROUPE FONDAMENTAL ET REVÊTEMENTS 29

3) Nous dirons que deux points x, y de X sont équivalents, que nous


noterons X~ y, si on a y E rx, c'est-à-dire

X ~y {} 3f E r J Y = f(x).
La relation « ~ » est clairement une relation d'équivalence sur X. Nous
noterons X/~, ou encore X/ r, l'espace quotient, c'est-à-dire l'ensemble des
classes d'équivalence de X. Nous munirons X/~ de la topologie qui rend la
projection canonique n : X -+ X/~ une application ouverte et continue.
Plus précisément une partie U c X/~ est ouverte si n- 1 (U) est une partie
ouverte de X. Cette topologie est appelée la topologie quotient.

Remarque 1.2.24. Nous utilisons les mêmes notations qu'à la définition 1.2.23.
1) Clairement, si X' y E X sont deux points quelconques de X on a r X = r y
ou rx n ry = 0.
2) Si r agit de manière proprement discontinue sur X, la condition 2-(i)
de la définition 1.2.23 entraîne que l'espace quotient X/~ est un espace
topologique séparé.
3) La condition 2-(ii) de la définition 1.2.23 assure que tout élément
f de r différent de l'identité de X, f -:/= ldx, n'a aucun point fixe sur
X. Par conséquent le seul sous-groupe de transformations conformes de
§ 2 (c'est-à-dire sous-groupe de Ms2, définition 4.3.9 et théorème 4.3.10)
agissant de manière proprement discontinue, est le sous-groupe trivial {Ids2 },
proposition 2.1.14 où on a identifié § 2 à C U {oo} à l'aide de la projection
stéréographique, exemple 4.3.6-2.
4) Il ressort des définitions que si r est un groupe d'homéomorphismes
agissant de manière proprement discontinue sur X, la projection canonique
II : X -+ X/~ est une projection de revêtement.

Définition 1.2.25. Soient M et N deux variétés connexes et II : M -+ N un


revêtement. On dit qu'un difféomorphisme f : M -+ M est un automor-
phisme de revêtement ou un difféomorphisme de revêtement si f satisfait :
II of= II.

Remarque 1.2.26. Conservons les notations de la définition 1.2.25. Il est


clair que l'ensemble des difféomorphismes de revêtement muni de la loi de
composition est un groupe. Ce groupe est appelé le groupe du revêtement.
Soit f un difféomorphisme de revêtement. Supposons que f admette un
point fixe x E M. En désignant par IdM l'application identité de M, on a
II o ldM = II et ldM(x) = x. Par unicité, le théorème 1.2.18 affirme que
l'on doit avoir f = ldM. Par conséquent un automorphisme de revêtement
différent de l'identité n'a aucun point fixe.
30 CHAPITRE 1. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

Théorème 1.2.27. Soit TI : M ~ N un revêtement d'une variété N par une


variété M simplement connexe. Soit r le groupe du revêtement.
Alors le groupe r agit de manière proprement discontinue sur M. L'espace
quotient M/ r, définition 1.2.23-3, est homéomorphe à Net r est isomorphe
à TI 1 (N). De plus, six, y E M sont tels que TI(x) = TI(y), alors il existe un
unique difféomorphisme f der tel que y = f(x).

Pour plus de détails sur les revêtements et le groupe fondamental, on peut


consulter Godbillon [41], Greenberg [42] et Massey [58].

1.3. Fonctions holomorphes

Définition 1.3.1. 1) Soient z 0 E C un point du plan complexe et r un réel


strictement positif. On appelle disque ouvert (resp. fermé) de centre z 0 et de
rayon r, l'ensemble des points du plan complexe dont la distance à z 0 est
strictement inférieure ( resp. inférieure ou égale) à r

B(zo, r) = {z l lz -
EC z0 1 < r}, disque ouvert,

B(z 0 , r) = {z E C l lz - z0 1 :::::= r}, disque fermé.

2) Soit U c C une partie du plan complexe. On dit que U est une partie
ouverte de C si pour tout point z 0 E U, il existe un disque ouvert centré en
z0 contenu dans U: B(z0 , r) CU, r >O. Une partie AC C est fermée si son
complémentaire C \ A est une partie ouverte.
La définition de fonction holomorphe d'une variable complexe est ana-
logue à celle d'une fonction dérivable d'une variable réelle.
Définition 1.3.2. 1) Soit U C C une partie ouverte de Cet soit z 0 un point
de U. Soit f : U ~ C une fonction sur U à valeurs complexes. On dit que f
est holomorphe au point z 0 si le quotient suivant possède une limite lorsque
z tend vers z0 , z EU et z =fa z0 , la limite est alors notée f'(z 0 ),

f(z) - f(zo) ~ J'(z 0 ), lorsque z ~ z0 , z EU\ {z0 }.


Z -Zo

On dit que f est une fonction holomorphe sur U si f est holomorphe en


chaque point de U. On dit aussi que f est dérivable par rapport à z.
2) Une fonction entière est une fonction f : C ~ C holomorphe sur C.
Exemples 1.3.3. 1) Soient n E N* et f(z) = zn, z E C. Pour tout z 0 E C
et tout z E C \ {z 0 } on a
n-1
f(z) - f(zo) Zn - Z~ ~ n-1-k k
= L....,z z0 .
Z -Zo Z - Zo k=O
r.3. FONCTIONS HOLOMORPHES 31

Par conséquent
.
1im f(z) - f(zo)
----- = nz~- 1
z--+zo z- Zo

La fonction f(z) = zn est donc une fonction entière.


2) Soit f(z) = z, z E <C et soit z 0 E <C un point fixé.
Si t désigne une variable réelle on a
f(zo + t) - f(zo) z0 + t - z0
(z 0 + t) - z 0
= 1.
et
f(zo + it) - f(zo) z 0 -it-z0
= -1.
(z 0 +it)-z 0 it
,
Par consequent 1e quotient
. f(z) - f(zo) ne posse, de pas de l"imite
. 1orsque z
Z -Zo
tend vers z0 . Nous en déduisons que la fonction f(z) = z n'est holomorphe
en aucun point de <C.

Proposition 1.3.4. a) Soit U C <C une partie ouverte et soit z 0 E U. Soient


f, g : U --+ <C deux fonctions sur U à valeurs complexes. Supposons f et
g holomorphes en z0 . Dans ces conditions, les fonctions f + g et f . g sont
holomorphes en z0 . Si de plus g(z 0 ) =f. 0 alors la fonction f est holomorphe
g
en z0 .
b) Soient U et V deux parties ouvertes de <C. Soient f : U --+ V C <C et
g : V --+ <C deux fonctions. Supposons f holomorphe en z0 et g holomorphe
en f (z 0 ) E V. Dans ces conditions, la fonction go f est holomorphe en z 0 .

Exemple 1.3.5. À l'aide de l'exemple 1.3.3-1 et de la proposition 1.3.4, nous


concluons que les fonctions polynomiales sur <C (c'est-à-dire de la forme
f(z) = anzn + ··· + a 1 z + a 0 , a1 E <C, j = O, ... ,n, n E N*) sont
holomorphes sur <C.

On peut considérer une fonction f : U --+ <C également comme une


fonction de deux variables réelles x et y (en posant z = x + i y) à valeurs
dans JR 2 . On peut donc se demander s'il existe un lien entre la notion de
fonction holomorphe (c'est-à-dire dérivable par rapport à z) et la notion de
fonction différentiable (par rapport à x et y) de U dans lR 2 . Ce lien est donné
par les équations de Cauchy 2 - Riemann.
2. Augustin Louis Cauchy (1789-1857) professeur de mathématiques à l'école Poly-
technique a été l'un des premiers mathématiciens à considérer avec rigueur la théorie des
fonctions d'une variable complexe. II donne une définition de la dérivée fondée sur la
notion de limite, introduite par d'Alembert. II a notamment prouvé qu'une fonction holo-
morphe est analytique. II a également donné des bases rigoureuses au calcul infinitésimal
réel dans son Cours d'Analyse (1821).
32 CHAPITRE 1. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

Théorème 1.3.6. Soient U C C une partie ouverte et f : U --+ C une fonction.


La fonction f est holomorphe sur U si, et seulement si, les parties réelle et
imaginaire de f (resp. P(z) et Q(z)) sont des fonctions différentiables dont les
dérivées partielles vérifient les relations suivantes

[ ~:
oP
= ~~
oO
ây =- âx
(équations de Cauchy-Riemann).

La démonstration de ce résultat provient directement des définitions.

Remarque 1.3.7. Soient U c C une partie ouverte et f : U --+ C une


fonction dont les parties réelle et imaginaire sont des fonctions différentiables
de U dans lR. On pose pour tout z 0 EU,

âf(zo)=~(af -iaf)(zo) et a~=~(af +iof)(zo).


az 2 âx ây oz 2 ax ây
On déduit des équations de Cauchy-Riemann que f est holomorphe en z0 si,
et seulement si, on a ~ (z0 ) = O. De plus si f est holomorphe en z 0 on aura

f i (zo) = âf
az (zo).
Considérons par exemple les fonctions f, g, h : C --+ C définies pour tout
z E C par f(z) = z 3 , g(z) = zz et h(z) = ez. On a ~; (z0 ) = z0 , de ce fait
en tout point z 0 E C* la fonction g n'est pas holomorphe. Puis éJf_ (z 0 ) =0
oz
oh . .
et oz (z 0 ) = 0 pour tout z 0 E C, ams1 f eth sont holomorphes sur C et de
âf âh
plus f'(z 0 ) = -;:-(z0 ) = 3z~ et h'(z 0 ) = -;-(z0 ) = ezo pour tout z0
UL. UZ
E C.

On rappelle qu'une série entière complexe est une série de la forme


+oo
S(z) = Lan Zn,
n=O

où an E C pour tout n E N. Le rayon de convergence R de la série est


l'inverse de p, où p est donné par: p = lim SUPn-Hoo lan l'/n, R = 1/ p. Le
disque de convergence de S(z) est B(O, R). Rappelons aussi qu'une série
entière converge uniformément (et normalement) sur toute partie compacte,
c'est-à-dire partie fermée et bornée, de B(O, R).
I.3. FONCTIONS HOLOMORPHES 33

Définition 1.3.8. Soient U c <C une partie ouverte et f : U ~ <C une


fonction. On dit que f est analytique sur U si f est développable en série
entière au voisinage de chaque point de U. C'est-à-dire si, pour tout z 0 EU,
il exister > 0 tel que B(z0 , r) c U et s'il existe des constantes complexes
an E <C, n E N, telles que pour tout z E B(z0 , r) on ait
+oo
f(z) = I>n(Z - Zo)n.
n=O

On peut prouver qu'une série entière S(z), dont le rayon de convergence R


est non nul, est dérivable (holomorphe) à l'intérieur du disque de conver-
gence B(O, R). De plus si S(z) = L::~ anzn on aura S' = L::~ nanzn-I
pour tout z E B(O, R). On obtient donc le résultat suivant.

Proposition 1.3.9. Soient U C <C une partie ouverte et f : U ~ <C une


fonction analytique sur U. Alors la fonction f est holomorphe sur U.

Remarque 1.3.10. Remarquons que la dérivée d'une série entière S(z) est
encore une série entière de même rayon de convergence. On en déduit que
S(z) est deux fois dérivable par rapport à z sur son disque de convergence.
On prouve de même par récurrence sur n E N, qu'une série entière est n fois
dérivable pour tout n E N, par conséquent S(z) est infiniment dérivable par
rapport à z sur son disque de convergence.
_n
'\'+oo L.
Exemple 1.3.11. Le rayon de convergence de la série S(z) Lm=O n!
est +oo. Par conséquent S(z) définit une fonction entière, c'est-à-dire ho-
lomorphe sur <C. On appelle S(z) la fonction exponentielle et on la note
S(z) = ez. On a S(O) = 1 et on prouve facilement que l'on a S'(z) = S(z)
pour tout z E <C. On a de plus ez+z' = ez .ez' pour tous z, z' E <Cet e 2 irr: = 1,
on a donc ez+ 2 rri = ez pour tout z E <C.

Nous verrons plus loin que la réciproque de la proposition 1.3.9 est vraie :
une fonction holomorphe est analytique, remarque 1.3.18-2.
Définition 1.3.12. 1) Une courbe de classe Ck de <C, k E N, est une
application c : [a, b] ~ <C de classe Ck, a < b. Plus précisément, si on
notez = x + iy on aura c(t) = x(t) + iy(t), t E [a, b] et c(t) est de
classe Ck si x(t) et y(t) sont de classe Ck. On peut aussi considérer des
intervalles ouverts ]a, b[ ou semi-ouvert ]a, b], [a, b[. Une courbe est aussi
appelée chemin. Une courbe continue sera appelée plus simplement courbe.
- Sic : [a, b] ~ <C est une courbe telle que c(a) = c(b), on dit que c est
un lacet.
- On dit que c est une courbe de Jordan sic : [a, b] ~ <C est un lacet et
si la restriction de c à [a, b[ est injective.
34 CHAPITRE I. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

2) Soient U C C une partie ouverte et f : U ---+ C une fonction à valeurs


complexes. Soit c un chemin de classe C 1 . On appelle l'intégrale curviligne de
f le long de c, notée .fc f(z)dz, l'intégrale définie par

1f(z)dz=1b f(z).z'(t)dt = 1b (P + iQ)(x' + iy')(t)dt

= 1b [(Px' - Qy')(t) + i(Py' + Qx')(t)] dt,


où z' (t) = x' (t) + i y' (t) et P et Q sont respectivement les parties réelle et
imaginaire de f: f(z) = P(z) + iQ(z).
3) Soit U C C une partie ouverte et connexe de C. On dit que U est
simplement connexe si tout lacet de U peut être déformé continûment dans U
jusqu'à obtenir un point, définition 1.2.6. On peut prouver que cette condition
est équivalente à ce que C \ U n'ait pas de composante connexe bornée, voir
Narasimhan [62, Chapter 7, Section 3, Theorem 1].
4) Soient U c C une partie ouverte, c : (0, l] ---+ U un lacet de U et z E U
tel que z <:f c([O, l]). On définit l'indice de z par rapport à c, notée lndc(z),
en posant
lndc(z) = -1.
2rrz
1 -,.1- d S.
c ~ - z
En fait Inde (z) est toujours un nombre entier relatif.
Géométriquement, lndc(z) désigne le nombre de fois que la courbe c
tourne autour de z avec la règle qu'un tour dans le sens trigonométrique
(c'est-à-dire dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre) compte +let
un tour dans le sens opposé compte -1.

Exemples 1.3.13. 1) Posons f(z) = z pour tout z E C et considérons la


courbe c(t) = e; 1 = cost + i sint, t E [O, 2rr]. On a donc P(x, y) = x,
Q(x, y)= y, x(t) = cost et y(t) = sint. Par conséquent

P(x(t), y(t))x' (t) - Q(x(t), y(t))y' (t) = -2 cos t sin t = - sin 2t,

et

P(x(t), y(t))y' (t) + Q(x(t) + y(t))x' (t) = cos 2 t - sin 2 t =cos 2t.

De ce fait

1 zdz = fo 2
:n: (-sin2t + i cos2t)dt

{2:n: {2:n:
= - Jo sin2tdt + i Jo cos2tdt =O.
1.3. FONCTIONS HOLOMORPHES 35
1
2) Posons f(z) = - - , z E \C \ {zo} où z0 = x 0 + iy 0 E C est un
Z -Zo
complexe fixé. Considérons la courbe c(t) = eit + z0 , t E [O, 2n]. On a
maintenant X-Xo
P(x,y) = ,
(x - xo) 2 + (y - Yo) 2
y -yo
Q(x,y) =- 2 2'
(x -xo) +(y - Yo)
x(t) =cos t + x 0 et y(t) = sin t + y 0 . Par conséquent
P(x (t), y (t ))x' (t) - Q(x (t), y (t)) y' (t) = - cos t sin t + sin t cos t = 0
et
P(x(t), y(t))y'(t) + Q(x(t), y(t))x'(t) = cos 2 t + sin2 t = 1.
De ce fait
-2n1 i J- - = - 1
c
dz
z - z0 2n i
1
0
2
,,.
idt = 1.
3) Soit c(t) = eit, t E [O, 2n]. La courbe c décrit le cercle de centre 0 et
de rayon 1, parcouru une fois dans le sens trigonométrique, on aura donc

Indc(z) = l~ si
si
lzl < 1
lzl > 1
4) Si c(t) = e-it, t E [O, 2n] on aura
si lzl < 1
Indc(z) = 1-l
0 si lzl > 1
5) Plus généralement considérons c(t) = eint, t E [O, 2n] et n E Z*. La
courbe c décrit le cercle de centre 0 et de rayon 1 parcouru ln 1-fois, dans le
sens trigonométrique si n > 0 et dans le sens contraire si n < O. On a donc,

Inde z) (l =
n
0
si
si
lz < 11

lzl > 1

Théorème 1.3.14 (Théorème de Cauchy). Soient U C C un ouvert simple-


ment connexe et f : U --+ C une fonction holomorphe. Pour tout lacet
c: [O, l]--+ U on a
f(z)dz =O. 1
Théorème 1.3.15 (Théorème de Morera). Soient U C \C une partie ouverte
et f : U --+ C une fonction continue. Alors f est holomorphe sur U si, et
seulement si, pour tout rectangle fermé R contenu dans U on a

{ f(z)dz =O.
laR
CHAPITRE I. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

À l'aide du théorème de Morera on peut montrer le résultat intéressant


suivant.

Corollaire 1.3.16. Soit U C <C une partie ouverte et soit y C U un segment de


droite. Soit f : U --+ <C une fonction continue. Si f est holomorphe sur U \ y
alors f est holomorphe sur tout U.

On peut prouver à l'aide du théorème de Cauchy la formule intégrale de


Cauchy.

Théorème 1.3.17 (Formule intégrale de Cauchy). Soit U C <C une partie


ouverte et simplement connexe et soit f : U --+ <C une fonction holomorphe.
Soit c : [O, l] --+ U un lacet et soit z EU\ c([O, l]). Dans ces conditions on a

/(z).Inde(z) = - 1-. f (<n dt.


2TCl le ~ - Z
Remarques 1.3.18. 1) Un cas particulièrement intéressant de la formule
intégrale de Cauchy est celui où l'on considère un lacet c faisant un seul tour,
dans le sens trigonométrique, autour de z (par exemple un cercle de centre
z). Dans ces conditions nous aurons lnde(z) = 1 et la formule intégrale de
Cauchy donne
J(z) = - 1-. { f(O dt.
2m le S- z

2) Soient U C <C une partie ouverte de <C et f : U --+ <C une fonction
holomorphe. Soient z0 EU et R > 0 tels que B(z0 , R) CU. Considérons le
lacet c(t) = R.e; 1 + z0 , t E [O, 1], et choisissons un réel r avec 0 < r < R.
La formule intégrale de Cauchy nous donne

J(z) = - 1-. f Jm ds
2m le S- Z
pour tout z E B(z 0 , r). De plus comme ls - z0 1 = R on a l'inégalité
lz - zol < ls - z0 1 pour tout z E B(z0 , r), car r < R. Par conséquent
ona
Jm J<n ------=-----=-
r - Zo · 1 - z
= J<n . ~ (z - zo )n
s-z ~ - -LO r
~ - Zo L..,r
n=O
~ - Zo
s-zo

ce qui fait apparaître f comme l'intégrale d'une série entière de (z - z0 ).


Comme de plus cette série converge uniformément par rapport à la variable
z E B(z0 , r ), on peut inverser les signes« somme» et« intégrale», c'est-à-dire
que pour tout z E B(z 0 , r) on a
1.3. FONCTIONS HOLOMORPHES 37

z - _1_
f( ) - 2:rri
f f::'~o
c f('Ç) (s(z-- zo)n+i
zor d
s
_
- 2:rri
1 +oo
~
(f (s -
c
f('Ç)
zo)n+1 d
)
s n
(z - zo) .

On conclut que f est analytique sur U.

Théorème 1.3.19. Soient U C C une partie ouverte et f : U -+ C une


fonction. La fonction f est holomorphe sur U si, et seulement si, elle est
analytique sur U.

Corollaire 1.3.20. Soient U C C une partie ouverte et f : U -+ C une


fonction holomorphe. Soient z 0 E U et r > 0 tels que B(z 0 , r) C U. Dans
ces conditions, f est développable en série entière dans un voisinage de z 0 de
manière unique. Plus précisément, si f(z) = :L:~ an(z - z 0 )n, z E B(z0 , r),
on a nécessairement

an = -n.1
J (n)
(zo)
1
= -2:rr1.
f (s __f
c
('Ç)
-<o
)n+I d s, n E N,
où c(t) = z0 + reit, t E [O, 2:rr].

Démonstration. Nous déduisons de la remarque 1.3.18-2 que si nous posons


pour tout n E N, an --
-.
1
2:rr1 c ( - zo)n
f
S f ('Ç) +i ds, avec c(t) -- -<o
- + re it ,

t E [0,2rr], on a alors f(z) = :L:~an(z - z 0 )n pour tout z E B(z0 ,r).


En dérivant n-fois la dernière égalité et en posant z = z0 on obtient :
f (n) (z0 ) = ann !, ce qui est la relation désirée. D

Corollaire 1.3.21 (Théorème de Liouville). Une fonction entière et bornée est


constante.

Démonstration. Soit f : C -+ C une fonction holomorphe et bornée. Il


existe donc un nombre réel M > 0 tel que lf(z)i < M pour tout z E C

D'après le corollaire 1.3.20 on a la relation f(z) = :L:~ anzn avec


1 ff('Ç)
s,
.
an = 2:rr i cr tn+I d c, (t) = re 11 , t E [O, 2:rr] pour tout réel r > O. Par
conséquent on a pour tout n E N,
CHAPITRE I. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

1
<-M
2n
1 0
2 ,,. dt
-
rn
M
<-.
rn
Sin E N*, en faisant tendre r vers +oo on obtient an = O. Par conséquent
f(z) = a 0 = f(O) pour tout z E C D

Corollaire 1.3.22 (Théorème de d'Alembert 3 ). Tout polynôme non constant


et à coefficients complexes admet au moins une racine dans C

Démonstration. Tout polynôme est une fonction entière, exemple 1.3.5. Soit
P(z) un polynôme de degré n E N* à coefficients complexes. On a donc
IP(z)I --+ +oo lorsque lzl --+ +oo. Supposons que P ne possède aucune
1
racine sur C, par conséquent f(z) = - - est une fonction entière telle que
P(z)
lf(z)I --+ 0 lorsque lzl --+ +oo. On en déduit que f est bornée sur CÀ
l'aide du théorème de Liouville nous concluons que f est constante et de ce
fait P aussi est constant, ce qui est absurde car le degré de P est strictement
positif. Par conséquent P admet au moins une racine sur C. D

Définition 1.3.23. Soient U C C une partie ouverte et z 0 E U.


1) Soit f : U --+ C une fonction holomorphe. On dit que z 0 est un
zéro d'ordre n E N (ou de multiplicité n) de f, si J<k>(z 0) = 0 pour
k = 0, ... , n - 1 et J<n>(z 0) -:/=- O. Une autre définition équivalente est
qu'il existe une fonction g holomorphe sur U avec g(z 0 ) -:/=- 0 et vérifiant
f(z) = (z - z0 )ng(z).
2) Soit f : U \ {z0 } --+ C une fonction holomorphe. On dit que z0
est un pôle d'ordre n E N (ou de multiplicité n) de f, si la fonction
g(z) = (z - z 0)n f(z) se prolonge en une fonction holomorphe sur U et
1
si g(z 0 ) -:/=- O. Autrement dit, z0 est un zéro d'ordre n de la fonction f(z).
Ainsi, pour que z 0 soit un pôle de fil faut et il suffit que limz-+zo f(z) = oo.
3. Les travaux mathématiques de Jean le Rond d'Alembert (1717-1783) concernent
des domaines variés : calcul intégral, séries, probabilités, etc. Ses travaux en mécanique
(Traité de dynamique, Réflexions sur les causes générales des vents) le conduisirent à poser
les fondements de la théorie des équations aux dérivées partielles. Il fut avec Denis
Diderot le directeur de !'Encyclopédie (1751-1772), dont il rédigea la plus grande partie
des articles mathématiques et scientifiques, ainsi que le discours préliminaire, un véritable
manifeste des Lumières, où il affirme l'existence d'un lien direct entre le progrès des
connaissances et le progrès social.
r.3. FONCTIONS HOLOMORPHES 39

3) Soit f : U \ {z 0 } --+ C une fonction holomorphe. On dit que le point


z 0 est une singularité essentielle de f si pour tout entier n E N, la fonction
g(z) = (z - z0 Y f(z) ne se prolonge pas en une fonction holomorphe sur U.
Exemples 1.3.24. 1) Soit f(z) = (z - 2) 8 (z + 3) 15 , z E C La fonction f
est entière, de plus z = 2 est un zéro d'ordre 8 et z = -3 est un zéro d'ordre
15 de f.
z2 + 3
2) Soit f(z) = 4 , f est holomorphe sur C \ {-7}. De plus z = -7
(z + 7)
est un pôle d'ordre 4 de f.
3) Soit f(z) = e 1 fz, z E C*, f est holomorphe sur C* et clairement, pour
tout entier n E N, znelfz n'est pas holomorphe en O. En fait znelfz n'est
même pas continue en 0, ceci pour tout entier n E N. Nous pouvons en
déduire que 0 est une singularité essentielle de f.

Proposition 1.3.25. Soient U C C une partie ouverte, z 0 un point de U et


f : U \ {z 0 } --+ C une fonction holomorphe. On peut prolonger f en une
fonction holomorphe en z 0 si, et seulement si, f est bornée sur un voisinage
de z 0 (c'est-à-dire s'il exister > 0 et M > 0 tels que B(z0 , r) C U et que
lf(z)I < Mpour tout z E B(z 0 , r) \ {zo}).

Revenons à l'exemple 1.3.24-3, f(z) = e 1fz, z E C*. En considérant la


suite Zk = 1/ k, k E N*, on remarque que la fonction e 1fz n'est pas bornée
près de O. De même pour tout entier n E N, la fonction f(z) = znelfz n'est
par bornée près de 0 (car f (zk) --+ +oo lorsque k --+ +oo ). Ce qui entraîne
de nouveau que 0 est une singularité essentielle de la fonction f (z) = e 1I z.

Corollaire 1.3.26. Soit f : U \ {z 0 } --+ C une fonction holomorphe. Alors


z 0 est une singularité essentielle de f si, et seulement si, f(z) n'admet pas de
limite, même infinie, en z 0 .

Démonstration. Supposons que f(z) admette une limite a E ê en z 0 . Si


a =/:- oo, alors la proposition 1.3.25 affirme que f se prolonge en une fonction
holomorphe sur U en posant f(z 0 ) =a. Si a = oo, alors 1/f se prolonge
holomorphiquement dans un voisinage de z 0 en posant (1/ /)(z 0 ) = O. De
ce fait f se prolonge en une application méromorphe sur U avec un pôle en
z0 . Dans les deux cas, z0 n'est pas une singularité essentielle de f.
Inversement, supposons que z 0 ne soit pas une singularité essentielle de
f. Il existe donc un entier n ?: 0 tel que g(z) = (z -z0 )n /(z) se prolonge en
une fonction holomorphe sur U. En considérant le plus petit des entiers n ?: 0
vérifiant cette propriété, on peut supposer que g(z 0 ) =/:- O. Le développement
de g au voisinage de z 0 est de la forme :
g(z) = ao + a1 (z - zo) + · · · + ak(z - z 0 )k + · · ·
40 CHAPITRE I. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

avec a0 =f O. On a donc pour tout z EU\ {zo} :

f(z) = 1 (ao + a1 (z - zo) + ··· + ak(z - zo)k + ···).


(z - zo)n
Par conséquent, si n = 0 alors limz--+zo f(z) = a 0 et si n ?: 1 on a
limz--+zo f(z) = oo. De ce fait f(z) admet une limite en z 0 . D

Définition 1.3.27. 1) Soit U C <C une partie ouverte et soit A C U. On dit


que A est une partie discrète de U si pour tout p E A il existe r(p) > 0 tel
que B(p, r(p)) c U et B(p, r(p)) n A= {p}.
2) Soient U C <C une partie ouverte et f : U--+ <CU {oo} une fonction. On
dit que f est une fonction méromorphe sur U s'il existe une partie discrète
A c U telle que f soit holomorphe sur U \ A et que chaque point de A soit
un pôle de f.
. 1
Exemples 1.3.28. 1) La fonction f(z) = - - est holomorphe sur <C \ {3}
z-3 '
et méromorphe sur <C.
1
2) La fonction f(z) =- - est méromorphe sur <C
ez - 1
avec un ensemble
infini et discret de pôles: ce sont les points de la forme Zn = 2nn:i, n E Z.

Soient U C <C une partie ouverte et f :U --+ <C une fonction holomorphe.
Soit z 0 EU un zéro d'ordre n E N* de f. La fonction g(z) =
f(z) est
(z - zo)n
donc holomorphe sur U et de plus g(z 0) =f O. Par continuité de g, nous en
déduisons qu'il existe r > 0 tel que B(z0 , r) C U et tel que g n'ait aucun
zéro sur B(zo, r). Comme f(z) = (z - zor g(z) on obtient de plus que Zo est
le seul zéro de f sur B(z0 , r). Cela nous permet d'obtenir le résultat suivant.

Proposition 1.3.29. Soient U C <C une partie ouverte et f : U --+ <C une
fonction holomorphe. L'ensemble des zéros de f est une partie discrète de U.

Nous prouverons plus loin, théorème 4.8.6, le résultat suivant dû à Picard :


« le grand théorème de Picard ».

Théorème 1.3.30 (Le grand théorème de Picard). Soit U C <C une partie
ouverte et soit p E U. Soit f : U \ {p} --+ <C une fonction holomorphe telle
que p soit une singularité essentielle de f. Dans ces conditions, pour tout r > 0
tel que B(p, r) C U, toute valeur complexe z 0 E <C, à l'exception d'au plus
une, admet une infinité d'antécédents dans B(p, r).

Définition 1.3.31. Soient U C <C une partie ouverte et f : U --+ <C une
fonction méromorphe. Soit z 0 E U un pôle de f. On définit le résidu de f
en z0 , noté Res(/, z 0 ), en posant
I.3. FONCTIONS HOLOMORPHES 41

Res(f,z 0 ) = - 1-. { f(z)dz,


2m le
où c est une courbe de Jordan de Utelle que lnde(z 0 ) = 1, la partie fermée
et bornée V de C bordée par c soit contenue dans U et telle que f soit
holomorphe sur V\ {zo }. Par exemple on peut prendre c(t) = z 0 + re; 1 ,
t E (0, 2n], où r > 0 est tel que B(z0 , 2r) CU et que f soit holomorphe sur
B(z0 ,2r) \ {zo}.

Exemples 1.3.32. 1) Pour tout z0 E C la fonction f(z) = est


Z -Zo
méromorphe sur C avec un pôle simple (d'ordre un) en z0 . On déduit de
l'exemple 1.3.13-2 que l'on a Res(f, z 0 ) = 1.
2) Si U C C est une partie ouverte, z 0 E U et f : U --+ C est holomorphe,
• g (z ) = -
la fonction f(z) ,
- est meromorp h e sur u avec un poAl e s1mp
• le en z0
Z -Zo
et on a Res(g, zo) = f(zo).
À l'aide de la formule intégrale de Cauchy on démontre le résultat suivant.

Théorème 1.3.33. Soient U C C une partie ouverte simplement connexe, et


f : U --+ C une fonction méromorphe. Soit c : [O, 1] --+ U une courbe de
Jordan de Utelle que c([O, 1]) ne contienne aucun pôle de f et que /nde(z) = 1
pour tout z appartenant à la composante bornée de C \ c([O, l]). Dans ces
conditions on a
- 1-. { f(z)dz =
2m le
L
Res(f, Zn),

où la somme s'effectue sur l'ensemble des pôles Zn de f appartenant à la


composante bornée de C \ c([O, l]), (la fermeture de celle-ci étant une partie
compacte et l'ensemble des pôles de f étant une partie discrète et fermée de U,
nous concluons qu'il n'existe qu'un nombre fini de tels pôles).

À partir de la formule intégrale de Cauchy on peut prouver aussi une


propriété très importante des fonctions holomorphes.

Théorème 1.3.34. Soient U C C une partie ouverte et f : U --+ C une


fonction holomorphe non constante. Alors l'application f est ouverte, c'est-à-
dire que si V C U est une partie ouverte de C alors f(V) est aussi une partie
ouverte de C.

Corollaire 1.3.35 (Principe du maximum). Soient U C C une partie ouverte,


f : U --+ C une fonction holomorphe et z 0 E U. Si lf(z)I ::;::: lf(z 0 )1 pour
toutz E U alors f est une fonction constante.

Démonstration. Si f n'est pas constante nous déduisons du théorème 1.3.34


42 CHAPITRE !. TOPOLOGIE ET FONCTIONS HOLOMORPHES

que f (U) est une partie ouverte de C. Nous savons grâce aux hypothèses
que f (U) est contenu dans le disque fermé de centre 0 et de rayon l/(z 0 )1.
Par conséquent f (U) ne contient aucun disque ouvert centré en f (z 0 ), ce
qui contredit le fait que f (U) est une partie ouverte. On conclut donc que f
est une fonction constante. D

Nous déduisons du principe du maximum le résultat important suivant.

Corollaire 1.3.36 (Lemme de Schwarz). Soit D = B(O, 1) C C le disque


unité ouvert de centre O. Soit f : D -+ D une fonction holomorphe telle que
f (0) = O. Dans ces conditions on a
l/(z)I ::S lzl, pour tout z ED,
l/'(ü)I ::S 1.

De plus, s'il existe z0 E D* tel que l/(zo)I = lzol ou si l/'(O)I 1, alors il


existe À E C, avec IÀI = 1, tel que f(z) = Àz pour tout z ED.

L'idée de la démonstration est d'appliquer le principe du maximum à la


. /(z) .
fonct10n g(z) = - - qm est holomorphe sur D.
z
Remarque 1.3.37. Nous déduisons des équations de Cauchy-Riemann que
la partie réelle P de toute fonction holomorphe est une fonction harmonique,
a2p a2p
c'est-à-dire qu'elle vérifie axz + ayz = o.
Réciproquement il est possible de prouver que toute fonction harmonique
définie sur un domaine simplement connexe de C est la partie réelle d'une
fonction holomorphe. Nous en déduisons que toute fonction harmonique
satisfait aussi le principe du maximum. Plus précisément, une fonction
harmonique définie sur un domaine de C et qui possède un maximum
intérieur est constante.

Pour une étude plus détaillée des fonctions holomorphes et des fonctions
harmoniques on peut consulter Ahlfors [2], Amar-Matheron[7], Chatterji
[14], Markushevich [57], Narasimhan [62], Nehari [63] et Sansone-Gerretsen
[72].
Chapitre 2
Géométrie hyperbolique

Dans ce chapitre nous utiliserons quelques notions élémentaires sur les


fonctions d'une variable complexe. En particulier, nous utiliserons le lemme
de Schwarz, corollaire 1.3.36, et le fait qu'une application holomorphe est
ouverte, théorème 1.3.34. De plus une familiarité avec les courbes planes
du plan euclidien est recommandée pour la section 2.6 (voir par exemple
Berger-Gostiaux [12] ou Do Carmo [23]).

La géométrie euclidienne a été formalisée environ deux siècles avant


notre ère. Celle-ci repose sur un système de cinq postulats, remarque 2.2.12.
Le plus célèbre de ces postulats, le cinquième, stipule que pour toute droite
D et pour tout point Pen dehors de D, il existe une et une seule droite D'
passant par Pet parallèle à D. Les géomètres ont tenté pendant près de deux
mille ans de démontrer cette affirmation à partir des quatre autres postulats.
Ce n'est qu'au x1xc siècle qu'il a été prouvé que le cinquième postulat ne
pouvait pas être déduit des quatre autres : il existe une géométrie pour
laquelle les quatre premiers postulats sont vérifiés mais pas le cinquième, la
géométrie hyperbolique (voir la remarque historique au bas de la page 67).

Dans ce chapitre nous allons présenter le plan hyperbolique, section 2.1.


Pour cela nous devrons mesurer les distances entre les points d'une nouvelle
manière, différente de la distance euclidienne usuelle. Ainsi, nous devrons
introduire une nouvelle métrique, la métrique hyperbolique. Cette métrique
sera d'abord définie sur le demi-plan supérieur, que nous appellerons lHI 2 ,
définition 2.1.l. Nous verrons que les droites (ou géodésiques) pour cette
métrique sont réalisées par les demi-droites et les demi-cercles orthogonaux
au bord du demi-plan lHI 2 , théorème 2.2.4.
Un fait intéressant est que l'ensemble des géodésiques caractérise la
géométrie hyperbolique, théorème A.4 et remarque A.6 de l'annexe.
Un autre fait intéressant est que toute transformation conforme du plan
hyperbolique est une isométrie, théorème 2.1.22. Cela donne une autre
caractérisation de la géométrie hyperbolique, théorème A.5 et remarque A.6
de l'annexe.

43
44 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

2.1. Le plan hyperbolique lffi 2

Considérons l'ensemble lHI 2 défini par

JH[ 2 = {z E C 1 lm(z) > ü}.


Appelons Tz0 1Hl 2 l'espace tangent de lHI 2 au point z 0 , c'est-à-dire l'ensemble
des vecteurs de 1R 2 de point base z0 . Maintenant, en chaque point z0 de lHI 2 ,
nous considérons le produit scalaire (·, ·)IHI suivant

- _)
(UV (u, v)
=---
' lHI lm 2 (z 0 )'

où(·,·) désigne le produit scalaire euclidien de JR 2 •


Plus précisément si ù = (u 1 , u 2 )z 0 et ii = (v 1 , v2 )z 0 sont deux vecteurs
tangents à z0 on a
- -)
( U, _
V lHI -
U1 V1 + UzVz ,
2
lm (z 0 )

et en désignant par Il · 11 IHI la norme sur T zo lHI 2 associée à (·, ·) lHI et par 11- li la
norme euclidienne on a

llïilllHI =_EL= Juî + u~ ·


lm(z 0 ) lm(z 0 )

Définition 2.1.1. 1) Nous appellerons 11-11 IHI la norme hyperbolique de lHI 2


et nous désignerons par glHI la métrique définie par les produits scalaires
(·, ·)1HI, c'est-à-dire qu'avec les notations précédentes on a

Nous appellerons glHI la métrique hyperbolique de lHI 2 , et nous désignerons


par g la métrique euclidienne de JR 2 . On a donc

1 1
glHI = - 2-ldzl = 2(dx
lm (z) y
2 2
+ dy)2 = 2y1 g,

où z = x + iy et ldzl 2 = dx 2 + dy 2 désigne le produit scalaire euclidien.


Pour tous vecteurs ù = (u 1 , u 2 )z0 et ii = (v 1 , v 2 )z0 tangents à z0 on a donc
ldzl(ïi, ii) = .Ju1 V1 + UzVz.
2) On appelle l'axe réel {y = ü} complété par le point à l'infini oo le bord
à l'infini de lHI 2 , ou le bord asymptotique, on le note aoolHI 2 (fig. 12).

a JHI
00
2 = {z E C 1 lm(z) = o} U {oo}.
2.1. LE PLAN HYPERBOLIQUE IHI2 45
Im(z) > 0

aoou:_~
Fig. 12.

3) lHI 2 muni de la métrique glHI est appelé le demi-plan de Poincaré 1 , c'est un


des modèles du plan hyperbolique, nous verrons plus tard un autre modèle.
Notons qu'à l'aide de la métrique glHI nous pouvons définir l'angle entre
deux vecteurs tangents de lHI 2 en un même point. Soit z 0 E lHI 2 et soient
Ü, v E Tz0 1Hl 2 . Nous définissons l'angle entre Ü et v
comme étant le réel
e E [0, n] vérifiant
(Ü, V)lHJ
cos(e) = iiüiilHI · lli!lllHI
De plus, l'angle orienté entre ü et v, noté L(Ü, v) E ]-n, n] est défini en
posant d'une part
( L(- -)) (Ü, v)IHI
COS U, V = JJÜJJIHI. JJiJJJIHI,
et d'autre part en imposant la condition que L(ü, v) > 0 si, et seulement si,
U1V2 -U2V1 > 0, où Ü = (u1, u2)z0 et V= (v1, V2)zo·
Remarquons que l'angle (orienté ou non) entre ü et mesuré avec la v
métrique glHI est le même que celui mesuré avec la métrique euclidienne car
ces deux métriques sont proportionnelles en chaque point de lHI 2 •
Définition 2.1.2. Soit y : [a, b] ~ lHI 2 une courbe de classe.C 1 sur lHI 2 ,
y(t) = (x(t), y(t)). Nous noterons y'(t) le vecteur vitesse de y, c'est-à-dire
y'(t) = (x'(t), y'(t)). Nous dirons que y est une courbe régulière si pour tout
t E [a, b] on a y'(t) =f:. (0, 0).

1. Mathématicien, physicien et philosophe, Henri Poincaré (1854-1912) est considéré


comme le dernier savant universel. Il est certainement le dernier avec Hilbert à dominer
l'ensemble des mathématiques de son temps, et à apporter des contributions dans un
grand nombre de domaines différents.
Ses premiers travaux concernent les fonctions fuchsiennes, aussi appelées fonctions
automorphes (fonctions holomorphes sur le disque invariantes par un sous-groupe dis-
cret du groupe de Môbius) et leur lien avec certaines équations différentielles, puis la
mécanique céleste, où il préfigure la théorie du chaos. Il crée la topologie algébrique en
inventant le groupe fondamental. Il s'est aussi intéressé à la psychologie de l'invention et
a raconté à ce propos comment en partant pour une course géologique (il était aussi ingé-
nieur des Mines) il fait une découverte fondamentale:« Au moment où je mettais le pied
sur le marche-pied de l'omnibus, l'idée me vint, sans que rien de mes pensées antérieures
parut m'y avoir préparé, que les transformations dont j'avais fait usage pour définir les
fonctions fuchsiennes sont identiques à celles de la Géométrie non-euclidienne. » C'est
ainsi que s'est fait le lien entre la géométrie hyperbolique et la théorie des surfaces de
Riemann (voir section 4.6).
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

La longueur hyperbolique d'une courbe y de classe C 1 , notée LIH!(y), est


définie par

LIH!(Y) =lb g1HI(y 1 (t), y'(t)) 112 dt

=lb (y'(t), y'(t))1HI 1/ 2 dt

=l
b Jx'2(t) + y'2(t)
dt.
a y(t)
Exemples 2.1.3. 1) Considérons le segment de droite horizontal
c(t) = (x1 + t(x2 - x1), Yo), t E [0, l].
où y 0 > 0 est fixé (fig. 13). On ac' (t) = (x 2 - x 1 , 0), d'où

llc'(t)lllHI = llc'(t)ll = lx2-x1I_


Yo Yo

Yo

0 XJ

Fig.13.

D'après la définition on a

LIH!(c) = [1 lx2-x1ldt = lx2-x1I_


lo Yo Yo
2) Considérons maintenant le segment de droite vertical
c(t) = (x 0 , Y1 + t(yz - yi)), t E [O, l],
où x 0 , y 1 et y 2 sont des réels fixés (fig. 14). Le vecteur vitesse est donné par
c'(t) = (0, Yz - yi), d'où

llc'(t)lllHI = llc'(t)ll =-----


Y1 + t(rz - Yi) Y1 + t(yz - yi)
Par conséquent,
2. !. LE PLAN HYPERBOLIQUE H2 47

Yz

YI I
0 Xo

Fig. 14.

Définition 2.1.4. Soit y : [a, b]-+ JH[ 2 une application. On dit que y est une
courbe de classe C 1 par morceaux si y est continue et s'il existe un ensemble
fini de réels a = t 1 < t 2 < · · · < ln-I < ln = b tels que y soit une courbe de
classe C1sur chaque intervalle fermé [t;, l; + 1L i = 1, ... , n - 1. On définit la
longueur de la courbe y comme étant la somme des longueurs des courbes
Yl[r;,r;+il:
n-1 [t;+1
LIHI(Y) =L . (y'(t),y'(t))IHI 112 dt.
i=l t1

Remarques 2.1.5. 1) Nous observons qu'un segment horizontal de lon-


gueur euclidienne fixée a une longueur hyperbolique, c'est-à-dire mesurée
avec la métrique glH!, de plus en plus grande si on le rapproche de l'axe réel,
c'est-à-dire si y tend vers O. Inversement la longueur hyperbolique tendra
vers 0 si on lève de plus en plus ce segment, c'est-à-dire si y tend vers +oo.
2) La longueur d'une courbe est une notion géométrique, elle ne dépend
pas de la paramétrisation choisie. En effet, soit y : [a, b] -+ IHI 2 une courbe
C 1 par morceaux et soit <p : [œ, .Bl -+ [a, b] un difféomorphisme de classe C 1
entre deux intervalles. Considérons la courbe c : [œ, ,8] -+ JH[ 2 définie par
c = y o <p. On obtient grâce à un changement de variable

Définition 2.1.6. Soient U et V deux parties ouvertes de <C. Nous dirons


qu'une application f : U-+ V est une application conforme si elle préserve
les angles orientés. Plus précisément, pour tout point z0 E U et tous vecteurs
v v
Ü, E Tz 0 U, l'angle orienté entre les vecteurs Ü et est égal à l'angle orienté
entre Dz 0 f(Ü) et Dz 0 f(v),

L(Ü, v) = L(Dz0 f(ü), Dz0 f(v)).


Dans le cas particulier où f : U -+ U est une bijection conforme, nous
appellerons une telle fonction transformation conforme (ou équivalence
conforme) de U.
Remarquons que si f est une transformation conforme de U alors
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

l'application réciproque 1- 1 préserve également les angles orientés et de ce


fait est aussi une transformation conforme de U.
Le résultat suivant établit un lien direct entre applications conformes et
applications holomorphes entre deux ouverts de <C.

Lemme 2.1.7. Soient U et V deux parties ouvertes de <C et soit f : U ~ V une


application.
L'application f est conforme si, et seulement si, f est holomorphe et vérifie
J' (z) =/= 0 pour tout z E U.
Démonstration. Appelons P et Q les parties réelle et imaginaire respective-
ment de f, f(z) = P(z) + iQ(z). Nous identifierons par la suite un nombre
complexez = x + iy avec le point de JR 2 correspondant: (x, y).
Supposons f conforme en chaque point z E U. La différentielle de f en
z, D z f, est donc une application linéaire de lR 2 sur lR 2 qui conserve les angles
orientés. Soient e 1 = (1, 0) et e2 = (0, 1). Soit L la rotation de JR 2 envoyant
le vecteur Dz f (e 1 ) sur un vecteur« positivement» proportionnel à e 1 , c'est-
à-dire L(Dzf(ei)) = Àe 1 avec À> O. Du fait que Dzf conserve les angles
orientés, Lo Dz f conserve également les angles orientés. Par conséquent
nous devons avoir Dz f(e 2 ) = cxe 2 , avec a > O. Clairement, LoDz f conserve
les angles si, et seulement si, a = À. De ce fait Lo Dz f est une homothétie
de rapport À et on obtient par conséquent l'égalité Dz f(ü) = ÀL- I (ü) pour
tout vecteur ü E JR 2 . Si ü = (u 1, Uz) et si L -I est la rotation d'argument e
on a donc
(2.1) Dzf(ü) = À(cos8u 1 -sin8u 2 , sin8u 1 +cos8u 2 ),
pour tout vecteur ü E JR 2 . Par ailleurs on a par définition
_ ( âP âP âQ âQ )
(2.2) Dzf(u) = âx(z)u 1 + a/z)u 2 , âx (z)u 1 + ay(z)u2 ,

pour tout vecteur ü

! âP
E

~: (z) ~À'°' e
-;-(z) =-À sm e
.
et !
JR 2 • En identifiant les relations (2.1) et (2.2) on obtient

~~ (z) =>..cos e
âQ
-(z) =À sine
~ b
Nous pouvons donc en déduire

âP (z) = âQ(z)

l âx

âP
ây

âQ
-(z) = --(z)
ây âx
2. I. LE PLAN HYPERBOLIQUE IHI 2 49

pour tout point z EU. Ce sont précisément les relations de Cauchy-Riemann,


nous déduisons du théorème 1.3.6 que f est holomorphe. De plus, en utilisant
les relations de Cauchy-Riemann on a

Dzf(Ü) = (Re(f'(z))u 1 -Im(f'(z))uz, Im(f'(z))u 1 +Re(f'(z))u 2 )


= f'(z) · (u1 + iu2) = f'(z) · Ü,

et nous concluons donc que f'(z) -=f 0 pour tout z EU.

Réciproquement, supposons d'une part que f soit holomorphe sur U


puis que f'(z) -=f 0 pour tout z. Nous avons prouvé précédemment que pour
tout z E U et tout vecteur ü E JR 2 on a

(2.3) Dzf(Ü) = f'(z) · Ü


où f'(z) · Ü est le vecteur obtenu en faisant subir à Ü la rotation d'angle
arg(f'(z)) et l'homothétie de rapport non nul Jf'(z)J. Or chacune de ces
deux transformations conserve les angles orientés, ceci démontre que f
préserve les angles orientés et par conséquent f est conforme. D

Rappelons qu'une base (ü, v) de JR 2 est dite positivement orientée si on a


ad-be> O,oùü = (a,b)etv = (c,d).Ondéduitdelarelation(2.3)qu'une
application conforme f : U-+ V conserve l'orientation: (ü, v) est une base
positivement orientée de Tz 0 U si, et seulement si, (Dz 0 f(ü), Dz 0 f(v)) est
une base positivement orientée de T f(zo) V.

Considérons maintenant le disque unité ouvert IDl,

IDl = {z E <C J izl < l }.

Nous allons déterminer l'ensemble des transformations conformes de illl,


que nous noterons MID>. On déduit aisément des définitions que MID> muni
de la loi de composition des applications est un groupe. Ce groupe est aussi
appelé le groupe de Mobius 2 de illl.
De même, l'ensemble des transformations conformes de IHI 2 , noté MIHI est
un groupe, appelé le groupe de Mobius de IHI 2 .

Proposition 2.1.8. Le groupe des transformations conformes de IDl est

MID> = {z r--+ e ;e · __
z - zo J
() E JR, zo E <C, lzol < 1 .
}

L.Zo - 1

2. August Ferdinand Mobius (1790-1868) a laissé des travaux dans plusieurs domaines
des mathématiques. Il a notamment introduit les coordonnées homogènes et il a montré
comment elles sont bien adaptées en géométrie projective. En topologie, il a découvert le
premier exemple de surface non orientable: la bande de Mobius.
50 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

. Z -Zo
Démonstration. Soit f(z) = e' 8 . -
ZZo - 1
avec e E ~et Zo E <C, lzol < 1. On
vérifie sans peine que f est une bijection de []) sur lui-même, puis que f est
conforme (car f est holomorphe et f'(z) -:/:- 0 pour tout z E []),lemme 2.1.7).
Par conséquent f est une transformation conforme de []).
Inversement, soit f une transformation conforme de[]) et soit p = f(O),
p E []).L'application h E MIDl définie par h(z) =
z_- p vérifie h(p) = O.
zp-1
De ce fait, l'application g = h o f est une transformation conforme de [])
vérifiant g(O) O. Le lemme de Schwarz, corollaire 1.3.36, nous permet
d'affirmer
lg(z)I:::: lzl, pourtoutz E []).
Mais g possède une application inverse g- 1 qui est aussi une transformation
conforme de []), de plus g- 1 (0) = O. Par conséquent on obtient, de nouveau
à l'aide du lemme de Schwarz, que
lg- 1 (z)I :S lzl, pour tout z E []).

Nous déduisons de ce qui précède que lg(z)I = lzl pour tout z E []).Le
lemme de Schwarz entraîne également qu'il existe une constante réelle e
telle que
g(z) = e;o z, pour tout z E []).
Nous concluons finalement que
-ilJ
f(z) = h-1(e;oz) = eilJ. z-:- r:_e
ze 18 p - 1
pour tout z E []).De ce fait f E MIDl, ce qui termine la démonstration. D

Remarque 2.1.9. Soit


. Z -Zo ei1J/2z - eilJ/2. zo
f(z) =
e' 8 · - _ - -
ze-iB/2zo - e-i&/2'
z Zo - 1
une transformation conforme de []). Posons 8 = -1 + z 0 z0 , on a donc
8 <O. En considérant une racine carrée quelconque de 8, ./8, et en posant
eilJ/2 e-;012
a = ./8 puis c = ./8 · :Z0 , nous avons mis f sous la forme

f(z) = az + ~.
cz +a
avec aa - cc = 1. Inversement, si f est une application de la forme
précédente on peut prouver que f est une transformation conforme de
[]).Nous pouvons donc décrire le groupe de Môbius de[]) également sous la
forme suivante,

MIDl = {z 1-+ az + ~ 1 a, c E <C, aa - cc= 1}.


cz +a
2.1. LE PLAN HYPERBOLIQUE JHI 2 51

Proposition 2.1.10. Le groupe des transformations conformes de lHl 2 (ou le


groupe de Mobius de lHl 2 ) est

MIHI = {z r--+ cz + db
az + 1
a, b, c, d E JR, ad - be= 1} .

Démonstration. Soient a, b, cet d des réels vérifiant ad - be = 1. Pour tout


z E JH[ 2 on a cz + d f. O. Par ailleurs on peut prouver à l'aide d'un calcul que
pour tout z E lHl 2 on a
az + b aclzl 2 +bd+ adz + bâ
lm---= lm---------~
cz +d c 2 lzl 2 2+ d + 2cd
Re(z)
adz +(ad - l):Z
= lm--------~-
+
(c Re(z) d) 2 c 2 lm 2 (z) +
lm(z)
(c Re(z) + d) 2 + c 2 lm2 (z)
>O.

De ce fait l'application f(z) az + b est définie sur lHl 2 et prend ses valeurs
=
cz +d
dans lHl 2 . On vérifie sans peine que f est une bijection de lHl 2 sur lui-même.
Par conséquent f est une transformation conforme de lHl 2 . Il reste à prouver
que toutes les transformations conformes de lHl 2 sont de cette forme. Pour
cela, on se ramène à la description des transformations conformes de D.
z- i
Remarquons que <p(z) = --. est un difféomorphisme conforme de JH[ 2
z +l
sur D qui envoie le « bord à l'infini » de lHl 2 , lR U {oo}, sur le bord de D qui
est le cercle unité.
Soit f une équivalence conforme de lHl 2 • Observons que F = <p of o <p- 1
est une équivalence conforme de D. Autrement dit, F E Ml) et Fest de la
forme suivante, remarque 2.1.9,
az +y _ _
F(z) = --_, a, y E C, aa-yy = 1.
yz +a
Puisque f = <p- 1 o F o <p on obtient, à l'aide d'un simple calcul, que
f(z) = (Re(a) + Re(y))z + lm(a) + lm(y).
(lm(y) - lm(a))z + Re(a) - Re(y)
Remarquons que
(Re(a) + Re(y))(Re(a) - Re(y)) - (lm(y) - lm(a))(lm(a) + lm(y))
= lal 2 - lyl 2 = 1,
par conséquent on a bien f E MIHI. D
52 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

a'z + b'
Remarque 2.1.11. En fait les applications de la forme f(z) d' =
c'z +
avec a', b', c' et d' réels et a' d' - b' c' > 0, sont aussi des transformations
a' b' c'
conformesde1Hr2.Enposant8 = a'd'-b'c'puisa = ,J8'b = ,/8'c = ,/8
d'
et d = ,/8 on a

f(z) = az + b, avec ad - be = 1.
cz +d
Par conséquent on toujours supposer ad - be = 1. Cette condition n'est
donc pas une restriction, mais juste une normalisation.

Remarque 2.1.12. Plus généralement, toute application de la forme


az +b
z 1-+ - - , a, b, c, d E «::, ad - be"# 0,
cz +d
où z E <CU {oo}, s'appelle une transformation de Mobius ou une application
de Mobius ou encore une homographie. Le lemme 2.1.7 entraîne que toute
transformation de Môbius est conforme. Inversement, en identifiant <C U { oo}
avec § 2 , exemple 4.3.6-2, nous prouverons à la section 4.3, théorème 4.3.10,
que toute transformation conforme de <C U { oo} est une transformation de
Môbius.

Nous allons maintenant voir quelques propriétés très importantes des


transformations de Môbius de <CU {oo}.

Théorème 2.1.13. Une transformation de Mobius envoie les cercles ou les


droites de <CU {oo} sur d'autres cercles ou droites de <CU {oo}.

, ·
D emonstratwn. · f( z )
Smt az + b une trans f ormat10n
= --- · d e M'"b'
o ms, on a
cz + d
donc ad - be =j; O. Supposons c "# 0, on a pour tout z E <C,

!() a ad-be -1
z =-+ ·---
c . c2 z + d/c
Nous avons ainsi exprimé f comme la composée de plusieurs transformations.
Plus précisément, pour u et À dans <C, posons
1
Tu(z) = z + u, l(z) = --,
z
H,i.(z) = Àz.
On a alors pour tout z E <C,

f(z) = (Ta/c o H(ad _ bc)/c2o1 o Td/c) (z).


2.1. LE PLAN HYPERBOLIQUE JHI 2 53

Sic= 0 on a
a b
f(z) = dz +d =(Tb/do Hajd)(z).

Clairement le théorème est vrai pour chacune des transformations Tu et H,_. Il


suffit de ce fait de prouver le théorème pour 1 et donc pour la transformation
g(z) = l/z, ce qui est l'objet de l'exercice 2.1.1. D

Proposition 2.1.14. 1) Toute transformation de Mobius de <CU {oo} possède


au moins un point fixe.
2) La seule transformation de Mobius de <CU {oo} possédant trois points
fixes ou plus est L'identité.

Démonstration. Soit f(z) = az + b, ad - be -:f. 0, une transformation de


cz +d
Môbius de <CU {oo}. Sic = 0 on a f(oo) = oo et par conséquent oo est un
point fixe de f. Supposons c -:f. 0, soit z E <C, on a
az +b
f(z) = z ~ - - = z ~ cz 2 + (d - a)z - b = O.
cz +d
Remarquons qu'une équation du second degré possède toujours une racine
complexe, nous en déduisons que f possède au moins un point fixe, ce qui
prouve la première assertion.
En fait, nous venons de démontrer que, si c -:f. 0, un point z E <C U {oo}
est un point fixe de f si, et seulement si, z E <Cet z est racine d'un polynôme
de degré deux. Ce dernier ne peut avoir plus de deux racines dans <C. De
ce fait, si c -:f. 0, f a au plus deux points fixes. Si c = 0, f est de la forme
f(z) = az + b. En ce cas si a -:f. 1 ou b -:f. 0, f ne peut avoir au plus
qu'un point fixe dans <C en plus du point oo, ce qui prouve la deuxième
assertion. D

Proposition 2.1.15. Le groupe des transformations de Mobius de <C U {oo}


agit transitivement sur <C U {oo }. En fait, soient (z 1 , z2 , z 3 ) et (z~, z~, z~)
deux triplets de points distincts de <C U {oo}. Alors il existe une et une seule
transformation de Mobius envoyant z 1 , z2 , z 3 sur z~, z~, z~ respectivement.

Démonstration. Pour l'existence, il suffit de démontrer qu'il existe une


transformation de Môbius de <C U {oo} envoyant z 1 , z2 et z 3 sur 0, 1 et oo
respectivement. Supposons z 1 , z2 , z 3 -:f. oo. On vérifie alors que la fonction
Zz - Z3 Z - Z1
f(z) = - - - · - - possède cette propriété.
Z2 - Z1 Z - Z3
Si z 1 = oo (resp. z2 = oo, z 3 = oo ), on vérifie sans peine que l'application
Z2-Z3 Z-Z1 Z-Z1
f(z) = - - (resp. f(z) = - - , f(z) = - - ) possède également
Z - Z3 Z - Z3 Z2 - Z1
cette propriété.
54 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Pour l'unicité, supposons que f et g soient deux transformations de


Môbius envoyant z 1 , z2 , z 3 sur z;, z~, z~ respectivement. Par conséquent, la
transformation g- 1 of possède au moins trois points fixes: z1 , z2 et z3 . La
proposition 2.1.14 entrîne alors que cette transformation est l'identité et par
conséquent f = g. D

Remarque 2.1.16. Nous avons vu au théorème 2.1.13 que toute transforma-


tion de Môbius envoie un cercle ou une droite sur un cercle ou une droite.
En fait, soient Cet C' deux cercles distincts (Cou C' peuvent être des droites
éventuellement). En considérant un triplet quelconque de points distincts
de Cet de C' respectivement, l'application de Môbius échangeant ces deux
triplets envoie nécessairement C sur C' (car par trois points distincts de <C
passe ou bien une droite unique ou un cercle unique). Cela prouve qu'il
existe en fait une infinité de transformations de Môbius envoyant C sur C'.

z*1

Zz

Fig. 15.

Définition 2.1.17. 1) Soit C = C(a, R) le cercle de <C centré au point a E <C


et de rayon R > O. L'inversion (appelée également la symétrie ou réflexion)
par rapport au cercle C(a, R), que l'on note le, est l'application qui envoie
un point z =f a sur z* E <C où z* est le point situé sur la demi-droite issue de
a passant par z et vérifiant (fig. 15)
(2.4) lz* - al-lz - al = R 2 .
Par définition, on a (z* - a) = À(z - a) où À est un réel positif. En
utilisant la relation (2.4) on obtient d'abord que À = R 2 /lz - aJ 2 puis
Rz
lc(z) = =--=
z-a
+a,

pour tout z =fa. Nous pouvons prolonger le en une application de <CU {oo}
2.1. LE PLAN HYPERBOLIQUE IHI 2 55

dans <C U {oo}, que nous noterons encore le, en posant lc(a) .- oo et
lc(oo) :=a.
2) Si C est une droite nous désignerons également par le la symétrie
orthogonale (ou la réflexion) par rapport à C.

Proposition 2.1.18. Toute inversion le par rapport à un cercle ou une droite


C de <C possède les propriétés suivantes.
1) le o le =ide, où ide est l'application identité de <CU {oo}.
2) le laisse invariant les points de C.
3) le envoie un cercle ou une droite sur un cercle ou une droite.
4) le conserve les angles orientés de <C U {oo} et ainsi l'application le est une
transformation conforme de <CU {oo }. Par conséquent le renverse l'orientation
et transforme les angles en leur opposé:

v
pour tout point z 0 E <Cet tous vecteurs ü et de ~ 2 •
5) Si C 1 est un cercle orthogonal à C, la réflexion le laisse C 1 globalement
invariant: lc(Ci) = C 1•
6) le est un difféomorphisme de <C U { oo} sur <C U { oo}.

Démonstration. Les propriétés 1, 2 et 6 sont immédiates. Pour prouver


3, observons que le = (le) et que l'application de conjugaison vérifie la
propriété 3, de même que le, théorème 2.1.13. Pour démontrer 4, il suffit de
remarquer que le est une transformation de Mi:ibius de <CU {oo}. Enfin, on
déduit la propriété 5 de 2, 3 et 4. D

Rappelons maintenant que la distance euclidienne entre deux points de


W. 2 est égale à la longueur du segment de droite reliant ces deux points, c'est-
à-dire au minimum des longueurs des courbes reliant ces deux points. Nous
pouvons également définir la distance hyperbolique entre deux points z 1 , z2
de lHI 2 , notée du (z 1 , z2 ), de manière analogue.

du(z 1 ,z 2) = int{Lu(c), c: [O, l]--+ lHI 2 I c(O) = z1, c(l) = z2,

C 1 par morceaux}.

c'est-à-dire que, comme dans le cas euclidien, du(z 1 , z2 ) est le minimum


des longueurs hyperboliques des courbes reliant z 1 à z 2 . On verra au corol-
laire 2.2.5 que du vérifie l'inégalité triangulaire, ainsi du est une distance au
sens usuel. On verra également au théorème 2.5.2 qu'il existe une formule
donnant explicitement la distance hyperbolique entre deux points de lHI 2 .
Une question naturelle est de savoir si, pour deux points donnés de lHI 2 , il
56 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

existe toujours une courbe minimisante reliant ces points, c'est-à-dire une
courbe dont la longueur hyperbolique est précisément égale à la distance
hyperbolique entre ces deux points.
Définition 2.1.19. Nous dirons qu'une courbe de classe C 1 par morceaux et
régulière (en dehors des points de discontinuité de la dérivée, définition 2.1.4)
c : ]a, b[ --+ JH[ 2 , est une géodésique si pour chaque couple de points sur
c(]a, b[) la courbe c est minimisante entre ces points. C'est-à-dire,
Vt1, t2 E ]a, b[, dlHI(c(t 1 ), c(t2)) = L1HI[c(t1), c(t2)]
où LIHI [c(ti), c(t 2)] désigne la longueur hyperbolique de c entre les points
c(ti) et c(t2). Il faut remarquer que la définition usuelle d'une géodésique
dans une variété riemannienne est quelque peu différente, mais cette défini-
tion dans lHl 2 est adéquate pour notre propos.
Par exemple les seules géodésiques de IB. 2 sont les droites. Nous prouve-
rons que par deux points de lHl 2 passe toujours une géodésique et que celle-ci
est unique, théorème 2.2.4. Pour cela, nous allons commencer par déterminer
les isométries de lHl 2 .
Définition 2.1.20. On dit qu'un difféomorphisme cp de lHl 2 est une isométrie
de lHl 2 si cp conserve la métrique glHI, c'est-à-dire si cp vérifie
(2.5)
v
pour tout z E lHl 2 et tous vecteurs ü, E T z lHl 2 .
Nous dirons de plus que cp est une isométrie positive si elle conserve
l'orientation. Dans le cas contraire· nous dirons que cp est une isométrie
négative. Comme une isométrie conserve le produit scalaire entre les vecteurs
tangents il s'ensuit qu'une isométrie positive conserve également l'angle
orienté entre les vecteurs tangents (voir la définition d'un angle orienté à la
page 45). Par conséquent une isométrie positive de JH[ 2 est une transformation
conforme.
Remarques 2.1.21. 1) Comme sur lHl 2 la longueur d'une courbe et la dis-
tance entre deux points sont définies exclusivement à l'aide de la métrique glHI,
nous concluons immédiatement qu'une isométrie de lHl 2 conserve toutes ces
notions. Inversement, nous verrons à la proposition 2.5.25 qu'une application
f : JH[ 2 --+ IHI 2 qui préserve les distances est une isométrie.
2) Comme toute isométrie positive de JH[ 2 est une transformation conforme,
il est naturel de chercher les isométries positives de lHl 2 parmi les transforma-
tions conformes.
3) Observons que les transformations h et Tb définies pour tout z E JH[ 2
par
h(z) = -z, Tb(z) = z + b, b E JR,
2.1. LE PLAN HYPERBOLIQUE !HI 2 57

sont des isométries de (1Hl 2 , glH!) car ce sont des isométries euclidiennes
conservant y (la partie imaginaire de z).
Soit <p un élément quelconque de M1HI2. La transformation <p est une
isométrie de (1Hl 2, glH!) si, et seulement si, <p vérifie la condition (2.5). Or
g1HI(Dz<p(Ü), Dz<p(v)) = glH!(cp'(z) · ü, cp'(z) · v)
(cp'(z). ü, <p'(z). v)
(lm <p(z)) 2
lcp'(z)i2 (- -)
- - - - · u,v'
(lm<p(z)) 2
où ( , ) désigne le produit scalaire euclidien. Mais <p est de la forme

<p(z) = -az-+db, a,b,c,d E ~,ad-be= 1,


cz +
et avec un simple calcul on obtient
icp'(z)i
=
lm<p(z) lm(z)
Ainsi

( - _) (ü, v} lep' (z )12 (- -)


glHI u, v = (lm(z))2 (lm <p(z)) 2 U, V = glHI (Dz<p (-) (-))
u , Dz<p V .

La transformation <p est donc une isométrie de (1Hl 2, glH!). Toutes les trans-
formations conformes de 1Hl 2 sont donc des isométries positives de (1Hl 2, glH!).
Ce résultat est surprenant et caractérise le plan hyperbolique, théorème A.5.
Remarquons qu'il est faux dans le cas euclidien: toute homothétie de ~ 2 de
rapport À > 1 est une transformation conforme de ~ 2 mais n'est pas une
isométrie de ~ 2 (muni de la métrique euclidienne).

Pour obtenir des isométries négatives de (1Hl 2, glH!), c'est-à-dire renversant


l'orientation, il suffit de composer chaque élément de MIHI2 par l'application
h : JH[ 2 -+ JH[ 2 définie par h(z) = -z.

Théorème 2.1.22. Toute transformation conforme du plan hyperbolique 1Hl 2


est une isométrie de (1Hl 2 , glH!). De plus, en appelant JIHI2 le groupe des isométries
de (1Hl 2 , glH!) et en considérant l'isométrie de 1Hl 2 définie par h(z) = -zona
JIHI2 = MIHI2 u hMIHI2
az + b -az - b
= {zr+
J }
cz+d;zr+ cz+d a,b,c,dE~,ad-bc=l.

Nous expliciterons davantage les isométries de (1Hl 2 , glH!) à la section 2.4,


après avoir déterminé les géodésiques de (1Hl 2 , glH!) à la section 2.2.
58 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Remarques 2.1.23. 1) Par contre une application holomorphe sur JH[ 2 à


valeurs dans JH[ 2 qui n'est pas un difféomorphisme n'est pas une isométrie car
elle raccourcit strictement les distances, remarque 2.5.10.
2) Soient x 0 , RE JR, R > 0, et soit C = C(x 0 , R) le demi-cercle (euclidien)
de JH[ 2 centré au point x 0 et de rayon R. Soit le l'inversion par rapport au
cercle C, définition 2.1.17. Pour tout z E JH[ 2 on a
x 0z x~ - R 2

lc(z)
Rz
= -_-- + R -R
+xo = - - - - -
z -x0 -z xo
-R + R

De ce fait le est une isométrie de JH[ 2 renversant l'orientation. On conclut


que les inversions par rapport aux demi-cercles orthogonaux à l'axe réel sont
des isométries de JH[ 2 • On prouvera au théorème 2.4.6 que ces inversions,
analogues aux symétries orthogonales du cas euclidien, engendrent le groupe
des isométries de JH[ 2 •
3) Nous pouvons également définir l'aire hyperbolique d'une partie U de
JH[ 2 , notée AIHl(U), en posant

rr ( a a a a
AIHl(U) := JJu glHl(éJx' a)·glHl(éJy' éJy)-g1HI(éJx' éJy)
a a 2 ) 112
dx·dy,

voir Berger-Gostiaux [12], Do Carmo [23] ou Spivak [75, Vol. l]. On a donc

AIHl(U) =fi dxy·2dy

On peut facilement démontrer qu'une isométrie ne change pas l'aire d'une


partie. Plus précisément, si f est une isométrie quelconque de JH[ 2 on a
AIHl(U) = AIHl(f(U)) pour toute partie U de JH[ 2 •
4) On 3 peut prouver que la courbure de Gauss de JH[ 2 calculée à l'aide de
la métrique glHI est constante et égale à - l. En effet, si g est une métrique
sur un ouvert U c JR 2 , conforme à la métrique euclidienne, c'est-à-dire de
la forme g = À 2 (x 1 , x 2)(dxf + dxD, nous pouvons exprimer la courbure de
Gauss K de g par
!).. logÀ)
K(p) = - ( ~ (p),

pour tout p E U, voir Do Carmo [23]. De ce fait, on prouve à l'aide d'un


simple calcul que dans (JH[ 2, glHI) la courbure de Gauss est constante et égale
à-1.

3. Cette remarque peut être omise en première lecture


2.I. LE PLAN HYPERBOLIQUE IHl2 59

Exercices de la section 2.1

Exercice 2.1.1. Dans cet exercice, f : C U { oo} --+ C U { oo} est la fonction
1
définie par f(z) = -. Soient z 0 E Cet R > 0, on appelle C(z 0 , R) le cercle
z
euclidien de centre z 0 et de rayon R. Enfin, soient a E C* et b E ~.on note
L(a, b) la droite d'équation

L(a,b) = {z E Cj az +az = b}.


On posera aussi L(a, b) = L(a, b) U {oo} et nous appellerons L(a, b) une
droite complétée.
1) Montrer que si 0 ~ C(z0 , R) on a

f(C(zo, R)) = C( [zo[;~ R2 'l 1zo[2R_ R2 I).


2) Montrer que si 0 E C(z0 , R) on a f(C(z 0 , R)) = L(z 0 , 1).
3) Montrer que si 0 ~ L(a, b) on a d'une part b =f=. 0 et par la suite
f(L(a,b)) = c(~, j~i)-
4) Montrer que si 0 E L(a, b) on ab= 0 puis f(L(a, b)) = L(a, 0).
5) En déduire que f envoie un cercle ou une droite complétée sur un autre
cercle ou une autre droite complétée.

Exercice 2.1.2. Soit c la courbe de 1Hl 2 définie par

c(8) = À(cos(8), sin(8)), 0 < 8 < n,


où À > 0 est un réel fixé. Soient 81 , 82 E ]O, n [, calculer la longueur
hyperbolique de centre les points c(8i) et c(82 ).

Exercice 2.1.3. Construire explicitement une équivalence conforme entre le


disque IDJ et chacun des domaines suivants.
1) Une bande, c'est-à-dire la région du plan délimitée par deux droites
parallèles et distinctes.
2) Un secteur, c'est-à-dire une région du plan délimitée par deux demi-
droites issues d'un même point.
3) Un demi-plan quelconque.

Exercice 2.1.4. Montrer qu'il existe une isométrie de 1Hl 2 qui envoie la famille
de droites horizontales {Im(z) = c }, c > 0, sur la famille de cercles tangents
à un même point à l'infini x 0 E ~(de telles courbes sont appelées horocycles,
voir la section 2.4).
60 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Exercice 2.1.5. Montrer que toute transformation de Mëibius f est de l'une


des deux formes suivantes,

. Àe;o { }
f(z) = Àe10 z + {3, f(z) =a+ --{3, z E <CU oo ,
z+
oùa,{3 E <C,À,e E IR,À >O.

2.2. Les géodésiques du plan hyperbolique

Nous avons vu qu'une géodésique sur IHI 2 est une courbe C 1 par morceaux
qui minimise la distance entre deux points p et q quelconques sur elle-même,
définition 2.1.19.

Remarques 2.2.1. 1) Soient f une isométrie de IHI 2 et y une géodésique de


IHI 2 , f(y) est aussi une géodésique de IHI 2 . En effet, si y minimise la distance
entre deux points p et q quelconques de y, comme f conserve les distances
entre les points et la longueur des courbes, f(y) va minimiser la distance
entre f(p) et f(q).
2) Plus généralement, sur une variété riemannienne quelconque (M, g') il
faut supposer qu'en plus pet q sont suffisamment proches 4 . Par exemple,
sur la sphère munie de la métrique induite par IR 3 , (§ 2 , g5 ), les géodésiques
sont les grands cercles, c'est-à-dire l'intersection de § 2 avec les plans passant
par le centre de § 2 • Ainsi, si p, q sont deux points de § 2 très proches sur
un grand cercle C, p et q coupent C en deux arcs C 1 , C 2 où un arc, C 1 , est
«grand» et l'autre arc, C 2 , est «petit» (fig. 16), et dans ce cas la distance
entre pet q n'est pas égale à la longueur de C 1 mais de C 2 .

,'

Fig.16.

4. Cette remarque peut être omise en première lecture


2.2. LES GÉODÉSIQUES DU PLAN HYPERBOLIQUE 61

Lemme 2.2.2. 1) Les demi-droites verticales


y(t) = Xo + it, t E ]O, +oo[

où x 0 E ~. sont des géodésiques de (1Hl 2 , glHI).


2) Soient pet q deux points de 1Hl 2 situés sur une même verticale. Il n'existe
qu'une géodésique passant par ces deux points: la demi-droite verticale passant
par ces deux points. De plus on a

dlHI(p, q) = l log(Im(p)) - log(lm(q))I.

Démonstration. Pour prouver la partie 1, il suffit de montrer que pour tous


t 1 , t2 E ]O, oo[ la longueur de y entre y(t 1 ) et y(t2) est inférieure ou égale à
la longueur de n'importe quelle courbe C1 par morceaux c reliant ces deux
points.

0 Xo

Fig.17.

Considérons donc une courbe C 1 par morceaux c reliant les points y(t 1 )
et y(t2 ) (fig. 17),
c: [O, 1]-+ 1Hl 2, c(u) = x(u) + iy(u); c(O) = y(ti), c(l) = y(t2).
Par hypothèse sur la courbe c, il existe des nombres réels s 1 , ..• , Sn, avec
Û = S1 < S2 < · · · < Sn-1 < Sn = 1, tels que C soit de classe C 1 sur chaque
intervalle [s;, s;+iJ, i = 1, ... , n - 1. Évaluons la longueur hyperbolique
LIHI(c) de c.

~
LIHI(c) = L..,
1.•;+1 lc'(u)I
du = L..,
~ 1.•;+1 ../x'2(u) + y'2(u) du
i=I s; lm c(u) i=l s; y(u)

(*) ~ Î:/.~;+1 ly'(u)I du~ lï:1.•;+1 y'(u) dul


i=l s, y(u) i=I s; y(u)
= l logy(l) - logy(O)I = l log(t2) - log(t1)I
= LIHI(Y) [y(ti), y(t2)],
62 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

car l log(t2 ) - log(ti)I est précisément la longueur de y entre les points y(t 1)
et y(t2), exemple 2.1.3-2, ce qui prouve la première assertion.
Pour démontrer la partie 2, considérons deux points quelconques p et q
situés sur une même demi-droite verticale. Dans les calculs de la preuve de la
partie 1, nous pouvons supposer que y paramétrise la demi-droite verticale
passant par pet q, puis que p = y(ti) et q = y(t2). Soit maintenant c une
courbe C 1 par morceaux reliant pet q, supposons que c soit une géodésique
de IHI 2 • En ce cas la longueur hyperbolique de c doit être égale à celle de y
entre pet q. De ce fait, dans les calculs de la partie 1, l'inégalité(*) doit être
une égalité et nous en déduisons que la coordonnée x(u) de c est constante.
Nous concluons donc que c paramétrise la demi-droite verticale passant par
p et q tout comme y et de ce fait on a

dIHI (p, q) = LIHI [y(ti), y(t2)]


= l log(t2 ) - log(ti)I = l log(Im(p)) - log(lm(q))I. D

Lemme 2.2.3. Les demi-cercles orthogonaux au bord à l'infini, c'est-à-dire à


l'axe réel, sont des géodésiques de (IHI 2, gIHI).

Démonstration. Soient x 0 E ~et R > O. Soit C(x 0 , R) le demi-cercle centré


au point x 0 et de rayon R. Soit L la demi-droite verticale passant par le point
à l'infini (x 0 - R), soit enfin C' le demi-cercle centré au point (x 0 + R) et de
rayon 2R (fig. 18). Soit le' l'inversion par rapport au cercle C', le' est une
isométrie de (IHI 2, gIHI), remarque 2.1.23-2.

xo -R xo xo +R x0 + 3R
Fig. 18.

Par construction l'image de L par le' est un arc de cercle passant par les
points x 0 - R et x 0 + R et orthogonal à l'axe réel, ce doit donc être C(x 0 , R).
Comme Lest une géodésique d'après le lemme 2.2.2, C(x 0 , R) est bien une
géodésique, remarque 2.2.1-1. D

Théorème 2.2.4. Par deux points de IHI 2 passe une et une seule géodésique.
De plus les seules géodésiques de IHI 2 sont les demi-droites verticales et les
demi-cercles orthogonaux à l'axe réel.
2.2. LES GÉODÉSIQUES DU PLAN HYPERBOLIQUE

Démonstration. Considérons deux points distincts p et q de IHI 2 . Si p et q sont


sur une même verticale, le lemme 2.2.2 montre que cette verticale est l'unique
géodésique passant par p et q. Supposons maintenant que p et q ne soient
pas sur une même verticale. Considérons le demi-cercle y de IHI 2 orthogonal
à l'axe réel de centre (x 0 , 0) et de rayon r 0 où (x 0 , 0) est l'intersection de la
médiatrice des points pet q avec l'axe réel et r 0 est la distance euclidienne
entre les points p et (x 0 , 0) (fig. 19). Le lemme 2.2.3 montre que y est une
géodésique de IHI 2 , cela entraîne qu'il existe une géodésique passant par les
points p et q. Comme dans la démonstration du lemme 2.2.3, considérons 1
l'inversion envoyant y sur la demi-droite verticale L passant par le point à
l'infini (x 0 - r 0 , 0), rappelons que 1 est une isométrie de IHI 2 • Soit maintenant
y' une géodésique passant par les points p et q.

~ XQ

Fig. 19.

Les courbes I(y) et l(y') sont des géodésiques de IHI 2 , remarque 2.2.1-1,
de plus elles passent par les points verticaux I(p) et l(q). Le lemme 2.2.2
montre que l(y') C l(y) et comme 1 est une bijection on a y' C y, ce qui
entraîne qu'il n'existe qu'une seule géodésique passant par les points pet q.
Nous avons montré que par deux points quelconques de IHI 2 passe une
géodésique unique qui est soit une demi-droite verticale soit un demi-cercle
orthogonal à l'axe réel. Ceci montre qu'il n'existe pas d'autres géodésiques
~W. D
Corollaire 2.2.5 (Inégalité triangulaire). Soient q,, q 2 , q 3 E IHI 2 trois points
distincts. On a alors l'inégalité triangulaire,

(2.6)

De plus, L'égalité dans (2.6) a Lieu si, et seulement si, Les points q 1 , q2 , q 3 sont
sur une même géodésique de IHI 2 .

Démonstration. Soit C1 : [O, l] -+ IHI 2 une paramétrisation de classe C 1


et régulière de l'unique segment géodésique reliant les points q 2 et q 3 ,
théorème 2.2.4, avec c 1 (0) = q 2 et c 1 (1) = q 3 . Nous définissons de la
même manière les courbes c 2 , c 3 : [O, l] -+ IHI 2 avec c 2 (0) = q 1 , c 2 (1) = q 3 ,
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

c3(Ü) = q, et c 3(1) = q 2 . On a donc

du(q1,q2) = Lu(c3), du(q1,q3) = Lu(c2) et du(q2,q3) = Lu(c1).


On définit la courbe c : [O, l] IHI 2 en posant

l
-?

c(t) = C3(2t) si t E [O, 1/2]


C1 (2t - 1) si t E [1/2, 1]

Par construction, c est une courbe C 1 par morceaux reliant les points q 1 et
q 3 et c 2 est une géodésique régulière reliant les mêmes points.
Supposons que les points q 1 et q 3 soient sur une même verticale. Le
lemme 2.2.2 montre que la longueur de c2 est inférieure à celle de c, et de ce
fait

du(q1,q3) = Lu(c2) :S Lu(c) = Lu(ci) + Lu(c3)


= du(q2,q3) + du(q1,qz).
Si l'inégalité (2.6) est une égalité alors les courbes c 2 et c ont la même
longueur et la preuve du lemme 2.2.2 montre que c est un segment de droite
vertical. De ce fait q 2 se trouve sur la géodésique reliant q 1 et q 3.
Si q 1 et q 3 ne sont pas sur une même verticale on peut considérer une
isométrie 1 de IHI 2 envoyant la géodésique c 2 sur une géodésique verticale
comme dans la preuve du théorème 2.2.4. Par conséquent on a

et on continue comme précédemment. D

Remarques 2.2.6. 1) Le fait 5 que par deux points de IHI 2 ne passe qu'une
géodésique découle également du théorème de Gauss.-Bonnet , voir Berger-
Gostiaux [12], Do Carmo [23] ou Spivak [75]. En effet le théorème de Gauss-
Bonnet atteste que si Pest un polygone d'une surface riemannienne (M, g),
constitué de n arcs géodésiques de M bordant une surface S de M, on a

(2.7) 11 S
Kds 2 + tek = 2;rrx(S),
k=I

où ds 2 est l'élément d'aire de (M, g), K est la courbure de Gauss de (M, g),
ek E [-;rr. ;rr], k = 1, ... , n, sont les angles extérieurs aux sommets de Pet
x(S) est la caractéristique d'Euler-Poincaré de S. Maintenant si pet q sont
deux points distincts de IHI 2 et si y et y' sont deux géodésiques passant par p
et q, ces deux géodésiques vont délimiter un polygone géodésique P de IHI 2
à deux sommets. Le polygone P va border un disque topologique S de IHI 2,
5. Cette remarque peut être omise en première lecture
2.2. LES GÉODÉSIQUES DU PLAN HYPERBOLIQUE 65

par ailleurs un simple calcul montre que la courbure de Gauss de (lHl 2 , glHI)
est constante et égale à -1, remarque 2.1.23-4. De plus, on a x(S) = 1 car S
est homéomorphe à un disque. La relation (2.7) donnée par le théorème de
Gauss-Bonnet ne peut donc pas être satisfaite.
2) Le fait que par deux points ne passe qu'une géodésique n'est pas vrai
pour toutes les surfaces, par exemple sur (§ 2 , gs) il existe une infinité de
grands cercles (qui sont des géodésiques) passant par le pôle nord Net le
pôle sud S.

Nous allons maintenant voir quelques propriétés élémentaires des géodé-


siques de (lHl 2 , glHI).

Définition 2.2.7. Nous dirons qu'une géodésique y est complète si ses ex-
trémités sont sur le bord à l'infini de JH[ 2 . Par exemple le segment de droite
verticale allant dei à 2i est une géodésique mais elle n'est pas complète, on
peut bien sûr la compléter en considérant l'axe imaginaire.

Proposition 2.2.8. Soient c et y deux géodésiques complètes de lHl 2 . Soient


p E c et q E Y.· Il existe une isométrie positive f de lHl 2 envoyant c sur y et p
surq.

Démonstration. Soit L = {z E lHl 2 1 Re(z) = ü} le demi-axe imaginaire de


JH[ 2 . Il suffit de montrer qu'il existe une isométrie positive f de JH[ 2 envoyant
y sur Let q sur le nombre complexe i. Si y est une demi-droite verticale L 0
appelons T la translation horizontale levant Lo sur L. Notons que Test une
isométrie positive de lHl 2 . Par construction on a T(L 0 ) = L. Soit maintenant S
l'homothétie de rapport 1/ lm(T(q)). On a donc S(T(L0 )) = L, S(T(q)) = i
et il suffit de poser f = S o T.
Supposons maintenant que y soit un demi-cercle orthogonal à l'axe réel.
Nous avons vu au cours de la démonstration du lemme 2.2.3 qu'il existe une
inversion 1 envoyant y sur une demi-droite verticale L 1 . Soit h(z) = -z,
par construction h o 1 est une isométrie positive de JH[ 2 envoyant y sur une
demi-droite verticale et on conclut comme dans le cas précédent, ce qui
termine la preuve. D

Proposition 2.2.9. Soient y une géodésique complète de (lHl 2 , glHI) et p un


point de lHl 2 . Il existe une et une seule géodésique complète y' passant par pet
orthogonale à y.

Démonstration. La proposition 2.2.8 montre que l'on peut trouver une


isométrie 1 de (JH[ 2 , glHI) envoyant y sur l'axe imaginaire L. Soit C le demi-
cercle de JH[ 2 centré à 0 et de rayon r = d(O, l(p)). Par construction C
est une géodésique orthogonale à L passant par 1(p), ainsi 1- 1 ( C) est une
66 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

géodésique passant par p et orthogonale à y = 1- 1 (L), il suffit donc de poser


y'= 1-1(C).
Pour prouver l'unicité, considérons une géodésique y" orthogonale à y
et passant par p. Par construction, l(y") est une géodésique passant par
l(p) orthogonale à L = l(y), l(y") est donc le demi-cercle centré en 0 de
rayon d(O, l(p)). Par conséquent l(y") = C = l(y'), ce qui nous donne
y"= y'. D

Proposition 2.2.10. Soit z 0 E JH[ 2 et soit Ü E T zo JH[ 2 un vecteur non nul. Il


existe une et une seule géodésique complète de JH[ 2 passant par z 0 et tangente
au vecteur Ü.

Démonstration. Si Ü est vertical, la demi-droite verticale passant par z 0 est


une géodésique tangente à ü et il n'y a pas d'autre telle demi-droite ni de
demi-cercle orthogonal à lR et tangent à ü.

Si ü n'est pas vertical, soit x 0 l'intersection de l'axe réel avec la droite


passant par z0 et orthogonale à Ü. Le demi-cercle centré en x 0 et de rayon
r = lzo - x 0 1est une géodésique passant par z 0 et tangente à ü, d'où
l'existence. ·
Inversement soit y une géodésique passant par z0 et tangente à ü. Claire-
ment y doit être un demi-cercle et le seul possédant ces propriétés est celui
construit précédemment, d'où l'unicité. D

Nous pouvons maintenant mettre en évidence une différence essentielle


entre les géométries euclidiennes et hyperboliques. Pour cela nous allons
définir la notion de parallélisme entre les géodésiques de JH[ 2 .

Définition 2.2.11. Nous dirons que deux géodésiques sont parallèles si elles
ont en commun un point à l'infini (fig. 20).

y y' y

y'

Fig. 20.

Dans chaque cas de la figure 20 les géodésiques y et y' sont parallèles.


2.2. LES GÉODÉSIQUES DU PLAN HYPERBOLIQUE

Remarque 2.2.12. Maintenant que nous connaissons les « droites » de


(JHI 2 , glfll), c'est-à-dire les géodésiques, nous pouvons facilement montrer que
(JHI 2, gH) vérifie les quatre premiers postulats d'Euclide.
1) Par deux points passe une unique géodésique.
2) Tout segment géodésique peut être prolongé infiniment de chaque côté.
3) Deux angles droits sont égaux. Plus précisément, si (YI, y2) et (y;, y~)
sont deux paires de géodésiques se rencontrant avec un angle droit, on peut
trouver une isométrie 1 de (JHI 2 , gH) envoyant (YI, y2 ) sur (y;, y~).
4) Pour chaque point p de lHI 2 et chaque réel positif r il existe un cercle
hyperbolique C de rayon r centré au point z0 ,

C = {z E JHI 2 [ z = r}.
dH(z, 0)

Nous prouverons le postulat 4 à la section 2.5. Le postulat 1 a été démontré


au théorème 2.2.4. Les postulats 2 et 3 sont facilement vérifiés.
Par contre (JHI 2 , gH) ne vérifie pas le cinquième 6 postulat d'Euclide.
5) Soit y une géodésique et soit p un point en dehors de y, il existe une et
une s~ule géodésique passant par p et parallèle à y.

y YI

Yz

XQ

Fig. 21.

En effet, dans la figure 21, YI et y2 sont des géodésiques distinctes passant


par p et parallèles à y, de plus y et y 1 ont en commun le point oo, y et y2
ont en commun x 0 qui est sur le bord à l'infini de JHI 2 .
Notons également une autre particularité de la géométrie hyperbolique.
Soit T un triangle géodésique de (lHI 2 , gH), c'est-à-dire un triangle dont les
6. Durant plus de vingt siècles (depuis Euclide) les mathématiciens ont essayé de
prouver le cinquième postulat à l'aide des quatre premiers. Ce n'est qu'au XIX" siècle
qu'il fut démontré que le cinquième postulat était complètement indépendant des quatre
autres. En fait Carl Friedrich Gauss (1777-1855) en était convaincu, mais n'a pas publié ses
travaux à ce sujet. Puis, indépendamment, Nikolay lvanovich Lobachevsky (1802-1856) et
peu de temps après Janos Bolyai (1802-1860) construisirent un modèle de géométrie non
euclidienne (ou encore hyperbolique). C'est un modèle où les quatre premiers postulats
d'Euclide sont vérifiés et pas le cinquième.
68 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

côtés sont des portions de géodésiques. En désignant par a, {3, y les angles
intérieurs de Ton a toujours: a+/3 +y < n (en fait on a A = n-(a+f3+y)
où A est l'aire hyperbolique de T, théorème 2.5.24), alors que pour un triangle
géodésique du plan euclidien on a toujours a + f3 + y = n. Remarquons
enfin que ce résultat est immédiat à l'aide du théorème de Gauss-Bonnet,
remarque 2.2.6-1, car la courbure de Gauss de (IH!2, glH!) est constante et égale
à -1, remarque 2.1.23-4.

Remarque 2.2.13. On trouve parfois la définition suivante du parallélisme


sur IHI 2 :
Deux géodésiques de (JH!2, glH!) sont parallèles si elles n'ont aucun point
de IHI 2 en commun.
Puisque les points à l'infini de IHI 2 ne sont pas des points de IHI 2 , les deux
définitions du parallélisme ne sont donc pas contradictoires (fig. 22),

Fig. 22.

y et y' sont parallèles pour la deuxième définition mais pas pour la première.
Même avec cette nouvelle définition, le cinquième postulat d'Euclide n'est
pas vérifié, en fait la figure 21 donne un contre-exemple. On peut trouver
dans Barbosa [8] et Efimov [37, chapitre 1] un historique sur la géométrie
hyperbolique.

Remarque 2.2.14. Soit c : ]O, 1[ -+ IHI 2 une courbe c1, soit LIHI (c) la longueur
de c, au cours de la démonstration du lemme 2.2.2 nous avons démontré
l'inégalité suivante pour tous t 1 , t2 E ]O, 1[ :

LIHI (c )[c(t 1 ), c(t2 )] ?: J log lm c(t 1 ) - log lm c(t2 ) J.

Ainsi, si lim1-+olmc(t) = 0 ou limr-+I Imc(t) = +oo la longueur de c


est infinie. Nous en déduisons que la longueur de toute courbe divergente,
définition 1.1.13-1, est infinie. Nous traduisons cette propriété en disant que
(IHI 2 , glH!) est un espace métrique complet.

Exercices de la section 2.2

Exercice 2.2.1. On considère la demi-droite verticale de IHI 2 suivante

Lx0 = {z E IHI 2 I Re(z) = x 0},


2.3. LE DISQUE DE POINCARÉ 69

où x 0 est un réel fixé.


1) Montrer que l'ensemble des points de 1Hl 2 qui sont à une distance p > 0
de Lest constitué de deux demi-droites dont les équations sont de la forme
y = ax - ax 0 et y = -ax + ax 0 , (de telles courbes sont appelées courbes
équidistantes, définition 2.5.18).
2) Exprimer a en fonction de p.
3) On considère une isométrie f de 1Hl 2 qui envoie L0 sur un demi-cercle C
orthogonal à l'axe réel. Trouver l'ensemble des points qui sont à une distance
pde C.

Exercice 2.2.2. On considère deux courbes y 1 , y2 : [O, 1[ --+ 1Hl 2 de classe C 1


telles que lim1...... 1 y; (t) = 0, i = 1, 2. On suppose que les deux courbes ont
une direction tangente limite commune et non horizontale lorsque t tend
vers 1, c'est-à-dire qu'il existe un réel non nul À tel que y;(l) = Ày~(l) et
y; (1) =j:. (a, 0) pour tout réel a.
On considère de plus la suite Cn de demi-cercles de JH[ 2 de centre 0 et de
1
rayon euclidien - . On pose Pn = Y1 n Cn et qn = Y2 n Cn, n E N.
n
1) Montrer que d'ff:!l(Pn, qn)--+ 0 lorsque n --+ +oo.
2) Montrer en donnant un exemple que cela peut être faux si les courbes
y 1 et y2 sont toutes les deux tangentes à l'axe des x.
3) Donner un exemple pour lequel y 1 et y2 sont tangentes à l'axe des x et
d'ff:!l(Pn, qn)--+ 0 lorsque n--+ +oo.

Exercice 2.2.3. On considère la géodésique de JH[ 2 suivante :

L := {iy 1 y > o}.


Soient a et b deux réels positifs, 0 < a < b, et soit y la géodésique de 1Hl 2 de
bord asymptotique {a, b }.
1) En considérant les géodésiques de bord asymptotiques {-t, t}, avec t
vérifiant a :'S t :'Sb, montrer qu'il existe une unique géodésique orthogonale
àLetày.
2) En déduire que pour toutes géodésiques y 1 , y2 vérifiant y 1 n Y2 = 0 et
o00 y 1 n 000 y2 = 0, il existe une unique géodésique orthogonale à y 1 et à y2 •

Exercice 2.2.4. Montrer que (1Hl 2 , g'ff:fl) est un espace métrique complet.

2.3. Le disque de Poincaré

Notons lDl le disque unité ouvert,


lDl = {w E C l lwl < 1}.
70 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Considérons de nouveau l'application


z-i
cp : 1Hl2 -+ [)J, z f-+ - - .
z+i
Clairement cp est un difféomorphisme conforme de 1Hl 2 sur D. Nous allons
maintenant munir [)J d'une métrique gllll telle que cp soit une isométrie entre
(1Hl 2, glHI) et (D, gllll) puis nous déduirons de cette isométrie les géodésiques et
les isométries de (D, gllll).
Nous noterons d'une part w = u + iv les coordonnées sur D, et d'autre
part z = x + iy les coordonnées sur 1Hl 2.
Rappelons que la métrique euclidienne sur 1Hl 2 a la notation complexe
dx +dy 2 = (dx+idy).(dx-idy) = dz.dz = [dz[ 2. De même la métrique
2

euclidienne sur [)J s'écrit du 2 + dv 2 = dw.dw = [dw[ 2.

Lemme 2.3.1. La seule métrique gllll définie sur [)J telle que cp soit une isométrie
de (1Hl 2 , glHI) sur (D, gllll) est
4[dw[ 2 4(., .}
gllll = (1 - [w[2)2 (1 - [w[2)2'
w = u + iv, [w[ < 1,

où(·,·} est le produit scalaire euclidien.

Démonstration. Supposons qu'il existe une métrique gllll sur [)J telle que cp
soit une isométrie de (1Hl 2, glHI) sur (D, gllll). Par définition on a pour tout w
dans D et pour tous vecteurs a, b dans T w D
gllll(a, b) = glHI(Dwcp- 1(a), Dwcp- 1 (b))
(Dwcp- 1 (a), Dwcp- 1 (b)}
= ---,,..-------
1m2 (cp - 1 ( w))
((cp- 1)'(w).ëi, (cp- 1)'(w).b}
Im 2 (cp- 1 (w))
[(cp-1)'(w)l2 . (a, b}.
lm 2 (cp- 1 (w))

Par ailleurs on a cp- 1(w) = i 1+ w et de ce fait (cp- 1)'(w) = 2i


2 . Un
l-w (1-w)
1- [w[ 2
simple calcul montre que lm(cp- 1(w)) = _ . Nous concluons
(1-w)(l-w)
donc
_ - 4(a, h}
gllll(a, b) = (1 - [w[2)2'

ce qui prouve l'existence et l'unicité d'une telle métrique. D


2.3. LE DISQUE DE POINCARÉ 71

Définition 2.3.2. 1) Le disque ][)) muni de la métrique gllll est appelé le


disque de Poincaré. Nous avons vu ainsi deux modèles de la géométrie
hyperbolique en dimension 2 : (JH1 2, glHI) et (IDl, gllll).
2) Le bord de IDl est appelé le bord à l'infini de (IDl, g[D), on le note â00 1Dl,

ÔoolDl = {w E C l lwl = 1} = § 1.
Nous pouvons maintenant déterminer les géodésiques de (IDl, g[D), c'est-à-
dire les courbes qui minimisent les distances hyperboliques entre les points,
définition 2.1.19 (qui est analogue pour IDl).

Proposition 2.3.3. Les géodésiques de (IDl, gllll) sont les diamètres et les arcs de
cercles orthogonaux à §1, le bord à l'infini de][)) (fig. 23).

Démonstration. Comme <p est une isométrie entre (JHI 2, glH!) et (IDl, gllll), l'ap-
plication <p préserve la distance hyperbolique entre les points et les longueurs
hyperboliques des courbes. De ce fait, une courbe c : ]a, b [ --+ ][)) de classe
C1 par morceaux est une géodésique de][)) si, et seulement si, rp- 1 oc est une
géodésique de JHl 2 . Par conséquent les géodésiques complètes de ][)) sont les
images par <p des géodésiques complètes de JHI 2 (c'est-à-dire les demi-droites
et demi-cercles orthogonaux à l'axe réel, théorème 2.2.4).

Fig. 23.

Finalement, comme <p est une transformation de Môbius qui envoie â00 JHl 2
sur â00 1Dl, <p envoie les demi-droites et demi-cercles de JHI 2 orthogonaux à
aoolH! 2 sur des portions de droites ou de cercles de][)) orthogonaux à ÔoolDl.
Nous déduisons de ce qui précède que les géodésiques de][)) sont les arcs de
cercles ou de droites orthogonaux à â00 1Dl. D

Remarques 2.3.4. 1) Bien entendu toutes les propriétés concernant les


géodésiques de JHI 2 sont également valables pour les géodésiques de IDl.
En particulier on peut énoncer les propositions 2.2.8, 2.2.9 et 2.2.10 de la
section 2.2 pour le disque hyperbolique IDl. On peut aussi bien les démontrer
directement comme dans JHI 2 ou les déduire de JHI 2 à l'aide de l'isométrie <p.
72 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

2) On peut également définir l'aire hyperbolique d'une partie de[]) de la


même manière que pour lH!2, remarque 2.1.23-3. Si V C []) est une partie de
[]) nous définissons l'aire hyperbolique de V en posant

On a donc
Allll(V) =Ji (l - (u24+ v2))2 du. dv.

Il découle des définitions que si V est l'image par cp d'une partie U de lH!2,
on a AIIl(V) = Allll(cp(U)) = AIH!(U). Également si f est une isométrie
quelconque de[]) on a Allll(f(V)) = Allll(V) pour toute partie V de[]).

Rappelons que nous avons établi que le groupe des t~ansformations


conformes de[]) est le groupe de Môbius MIIl de[]) où, remarque 2.1.9,

MIIl = {w ~ aw + ~ [a, c E <C,


cw +a
aa - cc= i}.
Déterminons maintenant l'ensemble des isométries positives de([]), glil), c'est-
à-dire celles conservant l'orientation, que nous noterons Jit". Il est clair que
(Jri°, o) est un groupe.

ri,
Proposition 2.3.5. Le groupe ( J o) des isométries positives ([]), glil) est
précisément le groupe MIIl des transformations conformes de][]).

Jit" = MIIl = {w ~ aw + ~ [a, c E <C, aa -


cw +a
cc= 1}.

Démonstration. Clairement une isométrie positive de []) est une transforma-


tion conforme, de ce fait on a Jit" c Mllll. Il ne reste plus qu'à prouver l'autre
inclusion, Mllll c Jit". Pour ceci on pourrait procéder comme pour (IHI 2 , g1HI),
c'est-à-dire que l'on pourrait prendre un élément T quelconque de MIIl et
montrer que T conserve la métrique glil de[]), mais nous allons procéder
autrement.
Soit T un élément de Mllll, l'application cp- 1 o To cp est une transformation
de Môbius de IHI 2 (car la composée de deux transformation de Môbius est de
nouveau une transformation de Môbius) et donc une isométrie de (IHI 2 , glH!)
grâce au théorème 2.1.22. De plus cp est une isométrie de (IHI 2 , glH!) sur([]), glil),
par conséquent Test une isométrie de([]), g[)), ce qui termine la preuve. D

En remarquant que l'application f(w) = w est une isométrie négative


de([]), glil), c'est-à-dire renversant l'orientation, et que la composée de deux
isométries négatives est une isométrie positive, nous pouvons déterminer
l'ensemble des isométries de([]), gllll), noté Jllll.
2-4- DESCRIPTION DES ISOMÉTRIES POSITIVES DE IHI 2 73

Théorème 2.3.6. L'ensemble des isométries de (JI]), gllll) est

Jllll = Mllll U f ·Mllll

={w ~aw+_c,
,..,.
aw+cl a, c E <C, aa - cc= l }.
W r--+ _
cw +a cw +a
Nous expliciterons plus précisément les isométries positives de JI]) à la
section 2.4.

Exercices de la section 2.3

Exercice 2.3.1. Montrer qu'il existe une inversion le par rapport à un cercle
C du plan complexe <C qui envoie le disque JI]) sur le demi-plan lHI 2 .

Exercice 2.3.2. Le but de cet exercice est de montrer qu'il n'existe pas de
métrique conforme ds 2 = p 2 (z)[dz[ 2 de classe C 2 sur le plan complexe <C
pour laquelle la courbure de Gauss est constante et égale à -1.
Pour chaque réel R > 0, nous appellerons DR le disque ouvert de rayon
R centré à l'origine: DR = {z E <C 1 [z[ < R}. On considère la métrique
2R
conforme À~(z)[dz[ 2 sur DR où ÀR(z) = R 2 - [z[Z, z E DR.

1) Montrer que À~ (z)[dz[ 2 est une métrique complète sur DR de courbure


de Gauss constante et égale à -1.
2) Montrer que la fonction logÀR - logp admet un minimal global sur DR·
3) Supposons que la courbure de Gauss de la métrique ds 2 de <C soit
constante et égale à -1. Montrer que ÀR ?:: p sur DR pour tout R > O.
4) Conclure qu'il n'existe pas de métrique conforme de classe C 2 sur <C
dont la courbure de Gauss est constante et égale à -1.

2.4. Description des isométries positives de H 2

Nous allons maintenant décrire les isométries positives, c'est-à-dire conser-


vant l'orientation, de (JHI 2 , glH!) en examinant leur action sur les géodésiques
et les« horocycles», que l'on définit par la suite.

Définition 2.4.1. On appelle horocycles de lHI 2 les cercles tangents au bord à


l'infini et les droites horizontales contenues dans lHI 2 (fig. 24).
On pourra voir à la page 195 la définition du même objet en dimension 3.
74 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Fig. 24.

Proposition 2.4.2. L'image de tout horocycle de JHI 2 par une isométrie quel-
conque de JHI 2 est de nouveau un horocycle.

Démonstration. Soient f une isométrie et C un horocycle de JHI 2 . Nous


savons que f est une transformation de Môbius, éventuellement composée
avec h(z) = -z si f renverse l'orientation. De ce fait f envoie un cercle
ou une droite de JHl 2 U â00 JHI 2 sur un autre cercle ou une autre droite,
théorème 2.1.13. Supposons que C soit un cercle tangent à l'axe réel au
point x 0 . Par conséquent, si f.(C) est un cercle il doit couper l'axe réel au
point f (x 0 ) et de plus f (C) \ {J(x0 )} est dans JHl 2 , nous concluons donc
que f (C) est tangent à l'axe réel et de ce fait est un horocycle. Si f (C) est
une droite celle-ci doit être contenue dans JHI 2 et donc f (C) est une droite
horizontale c'est-à-dire un horocycle. Nous concluons de la même manière
dans le cas où C est une droite horizontale. D

Afin de décrire géométriquement les isométries positives de JHI 2 nous


allons commencer par les classifier selon leur nombre de points fixes.
Soit Tune isométrie positive de (JHI 2 , glHI) différente de l'identité,
az +b
T(z) = - - d ; a,b,c,d E IR, ad -be= 1.
cz +
Supposons c non nul. Un point z de JHl 2 U â00 JHI 2 est fixe par T si, et seulement
si, T(z) = z. Or
az + b
T(z) =z .ç;. - - = z,
cz +d
a - d ± J(a + d) 2 - 4
{} z = 2c
.
Par ailleurs sic = 0 alors Test de la forme T(z) = az + b, de ce fait oo
est un point fixe de T. De plus si a = 1, T n'a pas d'autres points fixes (car
T =I ldlHI) et si a =I 1, Ta un seul autre point fixe (nécessairement sur la
droite réelle). Ceci conduit à la classification suivante.

Définition 2.4.3. 1) Sic =f 0 et (a + d) 2 - 4 > 0, alors T possède deux


points fixes distincts X1> x 2 sur l'axe réel. Également si T(z) = az + b avec
2-4. DESCRIPTION DES ISOMÉTRIES POSITIVES DE !HI 2 75

a =f. l, alors T possède un point fixe réel en plus du point à l'infini oo. Dans
les deux cas Ta deux points fixes distincts au bord à l'infini Ô00 1Hl 2 et aucun
dans IHI 2 • On dit que T est une transformation hyperbolique ou encore une
isométrie hyperbolique.
2) Sic =f. 0 et (a + d) 2 - 4 = 0, alors T possède un point fixe double sur
l'axe réel. Également si T(z) = z + b, b =f. 0, alors oo est l'unique point
fixe de T sur él 00 1Hl 2 et T n'a pas de points fixes sur IHI 2 . Dans les deux cas T
a un point fixe unique dans Ô00 1Hl 2 et aucun dans IHI 2 • On dit que Test une
transformation parabolique ou encore une isométrie parabolique.
3) Si c =f. 0 et (a + d) 2 - 4 < 0, alors T possède sur <C deux points fixes
distincts et conjugués, T possède donc un point fixe unique sur IHI 2 et aucun
sur le bord à l'infini. On dit que Test une transformation elliptique ou encore
une isométrie elliptique.

1. Isométries hyperboliques
Nous allons commencer par décrire les isométries hyperboliques. Soit f
une isométrie hyperbolique de IHI 2 . Appelons x 1 et x 2 les points fixes de f
sur le bord à l'infini de IHI 2 , x 1 , x 2 E lR U {oo}. Appelons y la géodésique
complète de IHI 2 ayant x 1 et x 2 comme extrémités. Notons que si ces deux
points sont réels, y est le demi-cercle orthogonal à l'axe réel qui les relie. Si
l'un d'eux est le point à l'infini, x 2 = oo, y est la demi-droite verticale de IHI 2
qui débute au point x 1 . Cependant la discussion.qui suit vaut pour les deux
cas.
Remarquons pour commencer que l'image de y par f est une géodésique
ayant x 1 et x 2 pour extrémités. La seule géodésique avec ces extrémités est
y, nous concluons que f laisse y globalement invariante,
/(y)= y.
Soit p un point quelconque de y, son image par f est donc un autre point
de y. Supposons, sans perte de généralité, que l'orientation de y donnée par
p--+ f(p) soit la même que celle donnée par x 1 --+ x 2 . Soit maintenant q
un autre point de y situé entre pet f(p). Comme f est injective l'image de
l'arc géodésique ]x 1 , p] de y doit être disjointe de l'image de l'arc [q, xz[ de
y: f (]x1, p]) n f ([q, X2 [) = 0. De ce fait l'orientation donnée par q --+ f (q)
est la même que précédemment. Par conséquent f(q) est situé entre f(p) et
x2 • De plus la distance hyperbolique entre deux points d'une géodésique de
]fl[ 2 est égale à la longueur de l'arc de cette géodésique limité par ces deux
points. On a donc
dH(p, f(q)) = dH(p, q) + dH(q, f(q)) = dH(p, f(p)) + dH(f(p), f(q)).
Comme f est une isométrie on a dH(p, q) = dH(f(p), f(q)) et nous en
déduisons
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

drrn(p, f(p)) = drrn(q, f(q)).


Soit q un point quelconque de y tel que q =j:. fn(p) pour tout n E Z. Ce
qui précède montre qu'il existe un unique entier n E Z tel que q se trouve
entre fn(p) et jn+ 1 (p). Le même argument que précédemment montre
alors que drrn(q, f(q)) = drrn(r(p), r+ 1 (p)) = drrn(p, f(p)). De ce fait la
distance hyperbolique entre un point quelconque de y et son image par f
est constante, appelons À cette constante, À > O. Nous concluons donc que f
envoie chaque point p de y sur le point de y situé entre p et x 2 et se trouvant
à la distance hyperbolique À de p. Nous connaissons donc l'action de f sur
y, il reste à décrire géométriquement l'image d'un point quelconque de JH[ 2
par f.
Soit z 0 un point quelconque de JH[ 2 . Soit a l'unique géodésique com-
plète de JH[ 2 passant par z 0 et orthogonale à y, proposition 2.2.9. Soit p
l'intersection de a avec y. Nécessairement f(a) est la géodésique passant
par f(p) et orthogonale à y. De plus f(z 0 ) est l'un des deux points de
f(a) situés à une distance hyperbolique de f(p) égale à drrn(z 0 , p) car on a
drrn(z 0 , p) = drrn(f(z 0 ), f(p)). Finalement comme f préserve l'orientation
de JH[ 2 , f(z 0 ) doit se trouver dans la même composante connexe de JH[ 2 \y
que z 0 (fig. 25). Ce qui détermine complètement l'image de z 0 et termine la
description géométrique d'une isométrie hyperbolique de JH[ 2 .

Fig. 25.

Définition 2.4.4. En conservant les notations précédentes, on dit que f


est une translation hyperbolique de longueur À le long de y dans le sens
x 1 -+ x 2 • Notons qu'il est géométriquement clair que 1- 1 est également
une translation hyperbolique de même longueur À le long de la même
géodésique y mais de direction opposée x 2 -+ x 1 . L'exercice 2.4.7 se propose
de déterminer explicitement l'isométrie f en fonction de À, x 1 et x 2 .

Remarque 2.4.5. Si f(z) = az + b, avec a =j:. 1, le point fixe réel de f est


x 1 = b/(1-a) et f peut s'écrire de la forme suivante: f(z) = a(z-x 1 )+x 1•
Il apparaît donc que f est l'homothétie de centre x 1 et de rapport a.
2.4. DESCRIPTION DES ISOMÉTRIES POSITIVES DE IH! 2 77

2. Isométries paraboliques

Supposons maintenant que f


soit une isométrie parabolique et appelons
x 1 E lR U {oo} l'unique point fixe de f. Supposons pour commencer que
x 1 = oo, dans ce cas on a f(z) = z + b, b E lR et b -:/:- 0, l'isométrie f
est donc une translation horizontale (euclidienne!) de vecteur (b, 0). La
description géométrique de f dans ce cas est donc triviale : f se résume à
une translation euclidienne. Nous ferons cependant les remarques suivantes
en vue du cas général, c'est-à-dire lorsque x 1 E IR.
Notons que les horocycles de IH[ 2 qui sont tangents à ô00 1H[ 2 au point oo
sont les droites horizontales et de plus f laisse globalement fixe chacune de
ces droites. Considérons maintenant un point p = (x, y 0 ) issu de l'horocycle
Cy 0 := {z E IH[ 2 1 Im(z) = Yo}, on a donc f(p) = (x + b, Yo). La longueur
hyperbolique de l'arc de Cy 0 limité par pet f(p) est, exemple 2.1.3-1,

LIH!(Cyo)[p, f(p)] = \Re(p - f(p))\ = ~-


Yo Yo
Nous concluons donc que, dans ce cas, f envoie chaque point p de IH[ 2 sur
l'un des deux points de l'horocycle passant par p (et tangent au point oo)
tels que la longueur de l'arc de cet horocycle délimité par chacun de ces deux
points et p soit À = ~.où y 0 = lm(p). Le signe de b déterminera lequel
Yo
de ces deux points est l'image de p. Remarquons enfin que la longueur À est
constante sur chaque horocycle mais qu'elle varie d'un horocycle à l'autre
(tangent au même point à l'infini).
Supposons maintenant que x 1 -:/:- oo et donc x 1 E IR. Remarquons pour
commencer que du fait des relations ad -be= 1, \a +d\ = 2 et f(xi) = x 1 ,
un simple calcul montre que f est de la forme
(1 + cxi)z - cxi
sia +d = 2
f(z) = 1(-1
CZ + l - CX1

+ cxi)z - cxi
CZ - 1 -CX1
sia + d = -2
où c est un réel quelconque non nul. Considérons l'isométrie positive définie
1 -1
par g(z) = - - , on a g(x 1 ) = oo et g- 1 (z) = - + x 1 • Posons
X1 -z Z
R =go f o g- 1 , Rest une isométrie positive de IH[ 2 • Soit z E IH[ 2 U ô00 1H[ 2
un point fixe de R, on a

R(z) = z {} (go f o g- 1 )(z) = z


{} f(g- 1 (z)) = g- 1 (z),
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

{} Z =OO.

Nous concluons donc que Rest une isométrie parabolique dont le point fixe
est oo. De ce fait R est une translation horizontale et on a pour tout z E lHI 2 ,
R(z) - R(O) = z. Un simple calcul montre que R(O) = -c si a+ d = 2 et
R(O) = c si a + d = -2. Par conséquent Rest la translation R(z) = z =r= c
selon le cas. Cette remarque va simplifier considérablement la description
géométrique de f.
Soit C un horocycle tangent à lR au point x 1 • Comme f = g- 1 o R o g
on a f(C) = g- 1 (R(g(C))). Comme de plus g(C) est un horocycle, propo-
sition 2.4.2, tangent à â00 1Hl 2 au point g(xi) = oo, la courbe g(C) est une
droite horizontale. De ce fait g(C) est globalement invariante par R et on a
f(C) = C. Nous obtenons donc que f laisse globalement fixe tout horocycle
tangent à lR au point x 1 •
Déterminons maintenant l'image d'un point quelconque de lHI 2 . Soit p un
point de lHI 2 , appelons Cp l'unique horocycle passant par p et tangent à lR au
point x 1 • L'image de p se trouve sur CP car on vient de voir que f préserve
chaque horocycle tangent au point x 1 . Évaluons la longueur hyperbolique de
l'arc de Cp limité par pet f(p), comme g préserve les longueurs des courbes
on a
LIHI(Cp)[p, f(p)] =LIHI(Cp)[p, (g- 1o R o g)(p)] =LIHlg(Cp)[g(p), R(g(p))]
IR(g(p)) - g(p)I Ici lcl.lx1 - Pl 2
Im(g(p)) Im(-1-) Im(p)
X1 - p

f(p)

Fig. 26.

De ce fait f envoie chaque point p de lHI 2 sur l'un des deux points
se trouvant sur le même horocycle Cp passant par p et tangent au point
24. DESCRIPTION DES ISOMÉTRIES POSITIVES DE IH! 2 79

x 1 à lR et tels que la longueur hyperbolique de l'arc de Cp limité par p


.
et ch acun de ces d eux pomts .
smt Ici· lx1( - ) Pl 2 . Le ch 01x
. d e ce pomt
. est
lm p
complètement déterminé par le signe de c (fig. 26). Notons que si pour un
point p l'orientation de Cp déterminée par p-+ f(p) est, par exemple, le
sens trigonométrique contraire, par continuité il en sera de même pour
chaque point de IHI 2 • De ce fait si l'on connaît l'image d'un point p on
connaîtra avec certitude l'image de chaque point de IHI 2 •

3. Isométries elliptiques

Considérons enfin une isométrie elliptique f. Soit z 0 E IHI 2 le point fixe de


f. Rappelons que si ü E Tz0 1Hl 2 est un vecteur tangent au point z0 son image
par Dzof est f'(z 0 )Ü, c'est-à-dire le vecteur tangent à z 0 obtenu en tournant
ü d'un angle égal à arg f' (z0 ) puis en le multipliant par le réel 1f'(z0 )1- Par
conséquent si y est la géodésique passant par z0 et tangente à Ü, son image
e
par j est la géodésique passant par Zo et tangente à ei 9Ü OÙ = arg f 1 (zo).
Cette observation va nous permettre de décrire géométriquement f.
Soit z E IHI 2 un point différent de z0 • Soit y l'unique géodésique passant
par les points z et z0 • Soit ü E Tz 0 1Hl 2 un vecteur non nul tangent à y au
point z0 • Appelons y+ la composante connexe de y\ {zo} contenant z. Sans
perte de généralité, nous pouvons supposer que l'orientation de y donnée
par ü coïncide avec celle donnée par z 0 -+ z. L'image de y+ par f est
donc la demi-géodésique issue de z0 dont le vecteur tangent unitaire fait un
angle orientée = arg f'(z 0 ) avec ü. Par conséquent f(z) est nécessairement
l'unique point de f (y+) dont la distance hyperbolique à z0 est égale à la
distance hyperbolique entre z 0 et z, dlHI(z0 , z) = dlHI(zo, f(z)) (fig. 27). Ce
qui détermine complètement f(z). Notons que f se comporte comme une
rotation hyperbolique de centre Zo et d'argument e = arg f'(zo).

f(z) z
:

Fig.27.

L'étude des isométries positives de IHI 2 va nous permettre de démontrer


une propriété des isométries de IHI 2 analogue au cas des isométries du plan
euclidien.
80 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Théorème 2.4.6. Toute isométrie de 1Hl 2 différente de l'identité est la composée


d'une ou plusieurs inversions de 1Hl 2. Plus précisément, soit g : 1Hl 2 ~ 1Hl 2 une
isométrie,

a) si g est une isométrie positive, il existe deux inversions 11, 12 de1Hl 2 telles
que g = 11 oh
b) si g est une isométrie négative différente d'une inversion, il existe trois
inversions li, li et 13 de 1Hl 2 telles que g = 11 o li oh

Démonstration. Supposons pour commencer que g soit une isométrie posi-


tive de 1Hl 2. D'après l'étude précédente il y a donc trois cas à considérer: g
est une isométrie hyperbolique, parabolique ou elliptique.

Cas 1 : g est une isométrie hyperbolique.


Dans ce cas g est donc une translation hyperbolique le long d'une
géodésique y E 1Hl 2 • Soit p 2 E y, on a donc g(p 2) E y. Appelons p 1 le
point de y situé au milieu du segment de y bordé par P2 et g(p 2) : p 1 E y
et dH(P2, Pi)= dH(p 1 , g(p2)). Appelons Y1 (resp. y2) la géodésique de 1Hl 2
passant par p 1 (resp. p 2) et orthogonale à y. Appelons de plus 11 (resp. 12 )
l'inversion par rapport à y 1 (resp. y2). L'isométrie 11 ol 2 préserve l'orientation
et laisse y globalement fixe, de ce fait 11 o 12 est une translation hyperbolique
le long de y, tout comme g. On a de plus par construction 11 (p 2) = g(p 2) et
par conséquent (1 1 o 12)(p 2) = g(p 2). Ainsi, g- 1 o (1 1 o li) est une isométrie
positive de 1Hl 2 ayant un point fixe dans 1Hl 2, p 2, et deux points fixes dans a 00 1Hlz
qui sont les points asymptotiques de y. D'après la classification des isométries
positives de 1Hl 2, définition 2.4.3, nous concluons que cette isométrie est
l'application identité. Par conséquent on a 11 o li = g.

Cas 2 : g est une isométrie parabolique.


Soit p 0 E a 00 1Hl 2 le point fixe de g. Soit C un horocycle de 1Hl 2 tangent
à aoolHlz au point Po, c'est-à-dire aooc = {Po}- Soit Pz E c un point
quelconque de C. Par hypothèse, C est globalement fixe par g, on a donc
g(p 2) E C. Remarquons que les points p 2 et g(p 2) délimitent un arc C'
de C : C' c C, aC' = {pz, g(p 2) }. Appelons p 1 E C' l'unique point de
cet arc tel que la longueur hyperbolique de l'arc de C' délimité par pz
et p 1 soit égale à la longueur hyperbolique de l'arc de C' bordée par p 1
et g(pz) : LH(C')[p2, pi] = LH(C')[p1, g(p2)]. Appelons Yi (resp. Y2) la
géodésique passant par p 1 (resp. p 2) et orthogonale à Cet appelons 11 (resp.
12) l'inversion par rapport à y1 (resp. y2). Notons que C est globalement
fixe par ces inversions. De plus Po E aooYI n aooY2· Par construction
on a I1(P2) = g(p2) car LH(C')[p 2,pi] = LH(C')[p1,g(p2)]. De ce fait,
(1 1 o 12)(p 2) = g(p 2). Nous en déduisons que g- 1 o (1 1 o 12) est une isométrie
positive avec un point fixe dans 1Hl 2, p 2, et un point fixe dans a 00 1Hl 2, p 0 • De
2-4- DESCRIPTION DES ISOMÉTRIES POSITIVES DE IHI 2 81

nouveau, la classification des isométries positives nous permet de conclure


que cette isométrie est l'application identité, on a donc 11 o 12 = g.
Cas 3: g est une isométrie elliptique.
D'après la description précédente, g est une rotation hyperbolique. Ap-
e
pelons Zo E IHI 2 le point fixe de cette rotation et E ]-n, n] son argument.
Considérons deux vecteurs non nuls en z 0 , Ü 1 et Ü 2 tels que l'angle orienté
entre Ü2 et Ü 1 soit B/2, L(Ü 2 , Ü 1) = B/2. Appelons y1 (resp. Y2) la géodé-
sique passant par p 0 et tangente à Ü1 (resp. Ü2 ) et appelons 11 (resp. 12 )
l'inversion par rapport à y 1 (resp. y 2 ). Notons que (1 1 o lz)(z 0 ) = z0 . Comme
de plus 11 o 1z est une isométrie positive, la composée 11 o 1z est une rotation
hyperbolique par rapport au point z 0 • Remarquons que l'angle orienté entre
les vecteurs ü2 et Dz0 (1 1 o1 2)(ü 2) este. De ce fait, 11 o lz est la rotation de
e,
point fixe Zo et d'argument tout comme g. Nous concluons donc 11 012 = g.
Supposons maintenant que g soit une isométrie négative différente d'une
inversion. Soit 13 une inversion quelconque de IHI 2 . Notons que go 13 est une
isométrie positive. D'après la première partie de la preuve, il existe deux
inversions 11, lz de JHr2, telles que go 13 = 11 o1 2. En composant chaque
membre de cette égalité à droite par 13 , on obtient g 11 o 1z o 13 , car
13 1 = 13 , ce qui conclut la preuve. D

Remarque 2.4.7. Pour expliciter davantage les isométries de (JDJ, glill) il suffit
de se ramener à (IHI 2, glHI) à l'aide de l'isométrie <p, lemme 2.3.1. Pour cette
raison nous ne justifierons pas les descriptions suivantes.

Il y a trois types d'isométries de (JDJ, glill).


1) Les isométries hyperboliques, qui sont celles admettant deux points fixes
distincts au bord à l'infini de JDJ, a00 JDJ. Ce sont des translations hyperboliques
le long de la géodésique joignant les deux points fixes.
2) Les isométries paraboliques, qui sont celles admettant un point fixe
double au bord à l'infini de JDJ. Ces isométries laissent globalement fixe
chaque horocycle tangent au point fixe.
3) Les isométries elliptiques, qui sont celles admettant un point fixe unique
dans JDJ. Ce sont des rotations hyperboliques.
Dans chacun des trois cas la description géométrique des isométries est
exactement la même que pour les isométries de (IHI 2, g1HI). on peut donc se
référer à la description faite précédemment pour (IHI 2, glHI).
Remarque 2.4.8. Il existe des transformations conformes de CU {oo} qui ne
sont ni dans MIHI ni dans MIIll: par exemple les transformations loxodromiques,
voir Ford [39]. Ce sont les transformations

f(z) = az + b'
cz +d
82 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

avec ad - be = 1 et a + d E C \ IR. Il y a également les isométries positives


de la sphère (§z, g§), exercice 4.3.1, elles sont de la forme

f(z)=az-~,
cz +a
où a etc sont des nombres complexes vérifiant la lz + le lz = l.

Exercices de la section 2.4

Exercice 2.4.1. Soit cc IHIZ un horocycle de IHIZ issu d'un point Xo E aoolH!z.
Montrer que toutes les géodésiques complètes de IHiz issues de x 0 coupent C
orthogonalement.

Exercice 2.4.2. Soient CI et Cz deux horocycles de IHiz et soient p 1 dans C 1


et pz dans Cz. Montrer qu'il n'existe qu'une isométrie positive f de IHiz
envoyant C 1 sur Cz et PI sur pz, c'est-à-dire

f(Ci) = Cz et f(pi) = pz.

Exercice 2.4.3. Soient C 1 et Cz deux géodésiques complètes de IHiz et soient


p 1 dans C 1 et pz dans Cz. Montrer qu'il n'existe que deux isométries positives
de IHiz envoyant C 1 sur Cz et PI sur pz.

Exercice 2.4.4. Soient Zo E IHIZ et Xo E aoolHIZ. Montrer qu'il n'existe qu'un


horocycle issu de x 0 et passant par z 0 .

Exercice 2.4.5. Soient z 0 E IHiz et (} E [O, 2n[. Le but de cet exercice est
de déterminer explicitement la rotation hyperbolique f<zo/J) de centre z 0 et
d'angle e.
1) Soit fu,e) la rotation hyperbolique de centre i et d'angle e. Montrer que
pour tout z dans lHiz on a

fu fi (z) = cos((}/2)z + sin((}/2) .


<') -sin((}/2)z + cos((}/2)

2) Soit h(z) = (z - Re(z 0 ))/Im(z 0 ). Montrer que h est une isométrie


positive de IHiz qui envoie z 0 suri puis que (h o f<zo,fi) o h- 1 ) est la rotation
hyperbolique de centre i et d'angle(}, c'est-à-dire

ho f(zo,fi) o h-I = f(i,fi)·

3) En déduire que pour tout z on a

fi Im(z 0 e-ififz)z + sin((}/2).lzolz


(zo,fl)(z) = - s1·n((}/2)z + lm(z0 eifi/Z)
2.4. DESCRIPTION DES ISOMÉTRIES POSITIVES DE !HI 2

Exercice 2.4.6. Soient p, q 1 , q2 E JHI 2 trois points distincts de JHI 2. Quelle est
la condition nécessaire et suffisante pour l'existence d'une isométrie de type
elliptique ayant p comme point fixe et envoyant q 1 sur q2 ?

Exercice 2.4.7. Soient x 1 , x 2 E IR, x 1 < x 2 et À E IR*. Appelons y


la géodésique complète ayant x 1 et x 2 comme extrémités. Nous voulons
déterminer explicitement la translation hyperbolique T(À,y) de longueur À le
long de y où y est parcourue dans le sens x 1 --+ x 2 .
1) Soit C la géodésique complète de JHI 2 ayant 1 et -1 comme extrémités.
Montrer que la forme générale des isométries positives de JHI 2 dont les points
fixes sont les points asymptotiques 1 et -1 est
ch(s)z + sh(s)
gs(z) = sh(s)z + ch(s)'
où s est une constante réelle.
2) Soit z0 E C. Montrer que
dlHI(Zo, gs(zo)) = 2lsl.
En déduire que la translation hyperbolique Tc).,C) le long de C de longueur À
dans le sens -1 --+ 1 est donnée par
ch(À/2)z + sh(À/2)
Tc).,C)(z) = sh(À/2)z + ch(À/2) ·
3) On pose h(z) = 2z
- Xz + X1 . Montrer que ho Tc).,y) o h- 1 est la
X2 - X1 Xz - X1
translation hyperbolique de longueur À le long de C, c'est-à-dire
ho TcÀ,y) o h- 1 = TcÀ,C)·
4) En déduire que pour tout z dans JHI 2 on a
) [(x 2-x 1)ch(À/2) + (x 2 +x 1)sh(À/2)]z - 2x 1x2sh(À/2)
Tc).,y)(z = 2sh(À/2)z - (x 2 +x 1)sh(À/2) + (x2-x1)ch(À/2) ·

Exercice 2.4.8. Soient À > 1 et x 0 des nombres réels. Montrer que la


translation hyperbolique TcÀ,xo) de longueur À le long de la géodésique
verticale Lx 0 { z E JHI 2 Re(z) = x 0 }, parcourue dans le sens des y
1

croissants est
T().,x 0)(z) = e).z - Xo(e). - 1).

Exercices 2.4.9. 1) Montrer que les isométries paraboliques de JHI 2 qui ont
oo comme point fixe sont de la forme
fc(z) = Z + C,
où c est une constante réelle.
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

2) Soit z 0 E lHI 2 et soit c E lR *, calculer d'Hl (z 0 , fc (z 0 ) ).

Exercice 2.4.10. Prouver géométriquement les faits suivants.


1) Une isométrie positive de lHI 2 qui a deux points fixes distincts dans JHI 2
est l'identité.
2) Une isométrie positive de JHI 2 qui a un point fixe dans JHI 2 et un point
fixe au bord à l'infini aoolH! 2 est l'identité.
3) Une isométrie positive de lHI 2 qui a trois points fixes distincts sur a00 JHI 2
est l'identité.

Exercice 2.4.11. Soient y 1 et y2 deux géodésiques de lHI 2 . On note Œi la


réflexion de lHI 2 par rapport à la géodésique y;, i = 1, 2.
1) On suppose que Y1 n Y2 = 0 et a 00 y1 n a 00 y2 = 0. On note y l'unique
géodésique orthogonale à y 1 et y2 , exercice 2.2.3, et on pose {Pi} = y n Yi,
i = 1,2.
Montrer que a 1 o a 2 est une translation hyperbolique le long de y et de
longueur 2dH (p1, pz).
2) On suppose que aooYI n aooY2 = {x} c aoolH! 2.
Montrer que a 1 o a 2 est une isométrie parabolique laissant globalement
fixe tout horocycle de bord asymptotique {x }.
3) On suppose que Yi n Y2 = {p} c lHI 2.
Montrer que a 1 o a 2 est une rotation hyperbolique de centre le point p
e
et d'argument W où est l'angle orienté entre les géodésiques y2 et y 1 au
point p.

Exercice 2.4.12. Soient y1 et y2 deux géodésiques complètes de lHI 2 satisfai-


sant YI il Y2 = 0 et aooYl n aooY2 = 0. On note y l'unique géodésique
orthogonale à YI et Yz, exercice 2.2.3. On pose aooYi ={ai, b; }, i = 1, 2, et
a00 y = {a, b}. À un changement de notations près on peut supposer que l'on

a les inégalités a 1 < a < b 1 < a 2 < b < b2. Soit enfin L; C lHI 2 une géodé-
sique orthogonale à Yi, i = 1, 2. On pose a00 Li = {œi, {3;} avec œ; < {3;,
i = 1,2.
Pour toute géodésique c c lHI 2 on note Œc la réflexion par rapport à c. On
pose T 1 = ŒL 1 o Œy et T 2 = Œy o ŒL2 , i = 1, 2. Ainsi, T; est une translation
hyperbolique le long de la géodésique y;, exercice 2.4.11.
1) On suppose que œ1 < {3 1 < œ2 < f32-
Montrer que T 1 o T 2 est une translation hyperbolique.
2) On suppose que {3 1 = œz.
Montrer que T 1 o T 2 est une isométrie parabolique laissant globalement
fixe tout horocycle de bord asymptotique {{3 1 }.
2.5. GÉOMÉTRIE ET TRIGONOMÉTRIE DU PLAN HYPERBOLIQUE

3) On suppose que a 1 < a 2 < {3 1 < {3 2 et ainsi L 1 n L 2 = {p} c lHI 2 .


Montrer que T 1 o T 2 est une rotation hyperbolique de centre le point p.

Exercice 2.4.13. Soient y 1 et y2 deux géodésiques complètes de lHI 2 telles que


Ô00 y 1 n éJ 00 y2 = {x}. Soient T; une translation hyperbolique le long de y;,
i = 1, 2.
1) On suppose que x = oo. Montrer que T 1 o T 2 est soit une isométrie
parabolique de point fixe le point asymptt>tique oo soit une translation
hyperbolique le long d'une géodésique dont l'un des points asymptotiques
est oo.
2) Montrer en toute généralité que T 1 o T 2 est soit une isométrie parabo-
lique soit une translation hyperbolique.

Exercice 2.4.14. Soient p 1 , p 2 , q 1 , q 2 E lHI 2 quatre points distincts de lHI 2 .


Quelle est la condition nécessaire et suffisante pour l'existence d'une isomé-
trie f de lHI 2 telle que

Exercice 2.4.15. Déterminer toutes les transformations de Môbius qui sont


des isométries simultanément du plan hyperbolique lHI 2 et du disque hyper-
bolique[)). Donner une description géométrique de ces isométries.

2.5. Géométrie et trigonométrie du plan hyperbolique

Nous allons prouver plusieurs résultats portant sur la géométrie du plan


hyperbolique. Pour cela nous disposons maintenant de deux modèles du plan
hyperbolique : le demi-plan lHI 2 et le disque de Poincaré [)) que nous avons
présentés dans les sections précédentes. Selon le problème considéré l'un de
ces modèles sera mieux adapté que l'autre, comme nous le verrons au long
de cette section.
Nous commencerons par donner l'expression explicite de la distance
hyperbolique entre deux points.

Notations
Nous noterons la distance hyperbolique de JHI 2 par dlHl(., .), la distance
hyperbolique de[)) par d0 (., .) et dans les deux cas nous noterons la distance
euclidienne par d (., .) .

Lemme 2.5.1. Soit w un point de [)), on a

d[])(O, w) = log ( l+[wl)


1 - [wj .
86 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Démonstration. Soit c la courbe de][}) définie par : c(t) = tw, t E [O, 1],
c décrit une portion de rayon de (][}), glIJ>). De ce fait c est une géodésique,
proposition 2.3.3. De plus c'(t) # 0, c(O) = 0 et c(l) = w, de ce fait c est
une paramétrisation régulière, définition 2.1.2, de la géodésique reliant 0 à
w. Par conséquent la distance hyperbolique entre 0 et w est précisément la
longueur hyperbolique de c. Un calcul donne

dlD>(O, w) = LID>(c)[c(O), c(l)] = 1o


1
IJc'(t)JJ1D> dt= 1'
0
2 llc'(t)ll
I
1 - c(t) 12
dt

= [' 2lwl dt
Jo 1-ltwl 2
--11wl
o
2du
1 - uz,
avec u = tlwl,

=l (l+lwl) D
og 1- lwl ·

Nous pouvons maintenant calculer la distance hyperbolique entre deux


points de ][}) ou de IHI 2 .

2) Soient z 1 , z 2 E IHI 2 , on a

Démonstration. Prouvons la première partie, pour ceci considérons l'appli-


w - w1
cation g(w) = _ , w E ][}).Clairement g E MID>, de ce fait g est une
l -ww 1
isométrie positive de(][}), glD>) envoyant w 1 sur O. Par conséquent on a

dlD>(w 1 , w2) = dlD>(g(w 1 ), g(w 2)) = dlD>(O, g(w 2 )) =log ( 1 + lg(wz)I ),


1 - g(wz)
la dernière égalité provient du lemme 2.5.1. En remplaçant g(w 2 ) par sa
valeur dans la dernière expression on a

1 + lg(wz)I) (ll-w2w1I + lw2-w1I)


~( =~ ,
1- lg(wz)I Il -w2w1l - lw2 -wil
ce qui conclut la preuve de la première partie.
Pour démontrer la deuxième partie rappelons, lemme 2.3.1, que l'applica-
z- i
tion <p : IHI 2 ~ ][}) définie par cp(z) = - - . est une isométrie de (IHI 2, glHI) sur
z +l
2.5. GÉOMÉTRIE ET TRIGONOMÉTRIE DU PLAN HYPERBOLIQUE

([}), gilll), on a donc

dlH!(z 1, z2) = dilll(cp(zi), cp(z2))


= log ( l l - <p(z2)~(z i) 1+ lcp(z2) - <p(z i) 1)'
ll - <p(z2)<p(z1)l - lcp(z2) - cp(zi)I
la dernière égalité vient de la partie 1 du théorème. En remplaçant cp(z 1 ) et
rp(z 2) par leurs valeurs dans la dernière expression nous trouvons

Définition 2.5.3. Soit z 0 E lHI 2 et soit p > O. Le cercle hyperbolique de lHI 2


de centre hyperbolique z0 et de rayon hyperbolique p, noté SIHI(z 0 , p), est
l'ensemble des points de lHI 2 qui sont à une distance hyperbolique p de z 0 ,

SIHI(zo, p) = {z E lHI 2 I dlH!(zo, z) = p}.


Nous définissons le disque ouvert de centre hyperbolique z 0 et de rayon
hyperbolique p, noté DIHI(z 0 , p), en posant

DIHI(zo, p) = {z E lHI 2 I dlH!(zo, z) < p}.

Nous définissons de même le cercle hyperbolique de [}) de centre w 0 E [}) et


de rayon p, que nous noterons Silll(w 0 , p),

Silll(wo, p) = {w E [}) 1 dilll(wo, w) = p}.

Le disque ouvert de [}) de centre hyperbolique w 0 E [}) et de rayon hyperbo-


lique p, que nous noterons Dilll(w 0 , p), est défini par

Dilll(w 0 , p) = {w E [}) 1 dilll(wo, w) < p}.

Enfin pour tout z 0 E lHI 2 pour tout w0 E [}) et pour tout r > 0 nous
désignerons par S(z0 , r) le cercle euclidien de centre z 0 et de rayon r de
IHI 2 et par S( w 0 , r) le cercle euclidien de centre w 0 et de rayon r de [}),

S(z0 , r) = {z E lHI 2 I d(z 0 , z) = r}.


S(w 0 , r) = {w E [}) 1 d(w 0 , w) = r},

où dans chaque cas d(-, ·)désigne la distance euclidienne.

Proposition 2.5.4. Soit w0 un point de[}), soit p un réel strictement positif et


soit Silll(w 0 , p) le cercle hyperbolique de rayon p centré au point w 0 .
88 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Dans ces conditions Sllll(w 0 , p) est un cercle euclidien de rayon euclidien r


et de centre euclidien le point p E [}), où r et p sont définis par

(
r=th-·
p) 1- WoWo P' p = Wo p ,
2 l-w 0 w 0 th 2(-) l-w 0 w 0 th 2(-)
2 2
où th(·) désigne la fonction tangente hyperbolique.

Démonstration. Supposons pour commencer que le cercle hyperbolique soit


centré à l'origine, c'est-à-dire w0 = O. Soit w un point de[}), le lemme 2.5.l
montre que
l+\w\)
dllll(O, w) = log ( 1 - \w\ .

On a donc
w E Sllll(O, p) {} dllll(O, w) = p

l+\w\)
{} log ( 1 - \w\ = p,
eP -1 p
{} \w\ = - - =th(-).
eP + 1 2
De ce fait, le cercle hyperbolique centré en 0 et de rayon p est également le
cercle euclidien de même centre 0 et de rayon th(i):

Sllll(O, p) = S ( 0, th(i)),

ce qui prouve la proposition dans le cas où w0 est le point O.


Supposons maintenant que w0 soit un point quelconque de IDl. Considé-
rons la transformation de[}) définie par f(w) = w - ~ , f est une isomé-
l - ww0
trie de (IDl, gllll) envoyant w0 sur O. On a alors

f(Sllll(w 0 , p)) = Sllll(f(wo), p) = Sllll(O, p) = S ( 0, th(i)).

Ce qui précède et un calcul montrent que

w E Sllll((w 0 , p)) {} f(w).f(w) = th2(i),

{} w - Wo . w- wo = th 2 (~)
l- WWo l - WWo 2 ,

{} (W-Wo· l-th2(i) )·(W-Wo· l-th2(i) )


1 - w0 w0 th 2 (i) 1 - w0 w0 th (i)
2
2.5. GÉOMÉTRIE ET TRIGONOMÉTRIE DU PLAN HYPERBOLIQUE

Ce qui conclut la preuve. D

Il y a bien sûr un résultat analogue pour les cercles de lH! 2 .

Proposition 2.5.5. Soit z0 un point de lH! 2 , soit p un réel strictement positif et


soit Sll!(z0 , p) le cercle hyperbolique de lHI 2 de centre hyperbolique z 0 et de
rayon hyperbolique p. Dans ces conditions Sll!(z0 , p) est un cercle euclidien de
rayon euclidien r > 0 et de centre euclidien le point p E lHI 2 (fig. 28), où r et p
sont définis par
r = lm(z0 ) sh(p), p = Re(z 0 ) + i Im(z0 )ch(p).

p+r

Zo
p
p-r

Fig. 28.

Démonstration. Supposons pour commencer que le centre hyperbolique soit


le point z 0 = i. Nous allons utiliser une fois de plus le fait que l'application
z-i
cp(z) = --. est une isométrie de (lHI 2 , gll!) sur (IDl, gj[])). On a cp(i) = 0, de
z +l
ce fait

1+ w
Or cp- 1 (w) = i - - est une transformation de Môbius et Sj[])(O, p) est
l-w
un cercle euclidien d'après la proposition 2.5.4. Par conséquent Slll(i, p)
est une droite ou un cercle euclidien de JHI 2 , par compacité Sil! (i, p) est
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

nécessairement un cercle. Pour déterminer son centre et son rayon euclidien


remarquons que <p- 1 envoie le diamètre D = {u E ~ 1 u E ]-1. 1[} de D sur
l'axe imaginaire L = {iy 1 y > ü} de IHI2. De plus si D est parcouru dans le
sens des u croissants son image Lest également parcourue dans le sens des y
croissants.
Remarquons que Sll>(O, p) coupe D orthogonalement en deux points a et
b. Comme <p- 1 conserve les angles et l'orientation, SIHI(i, p) est donc un cercle
euclidien de IHI 2 orthogonal à l'axe imaginaire L. De ce fait SIHI (i, p) rencontre
orthogonalement L en deux points A et B diamétralement opposés, il suffit
donc de déterminer ces deux points. Clairement A et B sont les images de a
et b par <p- 1 . En supposant a > b et Im(A) > Im(B) on a donc A = <p- 1 (a)
et B = <p- 1 (b ). Nous déduisons de la proposition 2.5.4 que a = th(p/2) et
b = -th(p/2). On a donc

A = i 1 + th(p/2) et B = i 1 - th(p/2)
1 - th(p/2) 1 + th(p/2).

Par conséquent

A+ B . 1 + th 2 (p/2) .
P - -- - z - 1 ch(p)
- 2 - 1 - th 2 (p/2) -
et
IA-BI 2th(p/2)
----=sh(p)
r=
2 1 - th 2 (p/2) .
Supposons enfin que z 0 soit un point quelconque de IHI 2 • Remarquons que
l'application h(z) = lm(z 0 )z + Re(z 0 ) est une isométrie positive de IHI 2
qui envoie i sur z 0 , on a donc SIHI(z 0 ,p) = h(SIHI(i,p)), ce qui montre que
SIHI(z0 , p) est un cercle euclidien. Appelons pet r respectivement le centre
et le rayon euclidien de SIHI(z 0 , p) et p 0 et r 0 respectivement le centre et le
rayon euclidien de SIHI(i, p). Comme h est la composée d'une homothétie
de rapport lm(z 0 ) et d'une translation, on a p = h(p0 ) et r = lm(z 0 )r0 ,
c'est-à-dire

p = Re(z 0 ) + i lm(z0 )ch(p) et r = lm(z 0 )sh(p).

ce qui conclut la preuve. D

Proposition 2.5.6. La longueur hyperbolique de tout cercle de D de rayon


hyperbolique p > 0 est 2nsh(p) et l'aire hyperbolique de tout disque de D de
rayon hyperbolique p est 4nsh 2 (p/2).

Démonstration. Soit Sp C D un cercle de D de rayon hyperbolique p. À


une isométrie de D près, nous pouvons supposer que le centre hyperbolique
de Sp est l'origine O. De ce fait Sp est le cercle de centre euclidien 0 et de
2.5. GÉOMÉTRIE ET TRIGONOMÉTRIE DU PLAN HYPERBOLIQUE 91

rayon euclidien r = th(p/2), proposition 2.5.4. Nous pouvons donc choisir la


paramétrisation suivante de Sp,

c(œ) = r(cosa,sina), a E [0,2rr[.


4r 2
De ce fait on a glDl(c'(a), c'(a)) = (1 _ r 2 ) 2 pour tout a. On obtient donc

LIDl(Sp) = fo 2
"' JglDl(c'(t), c'(t)) da

= 1 o
2rr 2r
--da
1 - r2
r
=4rr--
1- r2
th(p/2)
=4rr--~--
1 - th 2 (p/2)
= 2rrsh(p).

De même, si Dp C lDl est un disque de rayon hyperbolique p nous pouvons


supposer que le centre de Dp est l'origine O. Il découle de la proposition 2.5.4
que le rayon euclidien de Dp est r = th(p/2). On a donc

AIDl(Dp) = {[ 4 du dv.
2
flop (1 - (u 2 + v 2 )}
En posant u = t cos a, v = t sin a avec t E JO, r[ et a E [O, 2rr[ on obtient

AIDl(Dp) = {' f 4t 2t
2
"' ( 2) 2 dt· da = 4rr {' dt
fo fo 1- t )0 (1 - t 2 ) 2
dx
= 4rr r
r2

fo (l -x) 2
(en posant X = t 2 )

r2 th 2 (p/2)
= 4rr-- = 4rr-----
1- r 2 1 - th 2 (p/2)
= 4rrsh 2 (p/2),

ce qui termine la démonstration. D

Corollaire 2.5.7. La longueur hyperbolique de tout cercle de JH[ 2 de rayon


hyperbolique p > 0 est 2rrsh(p) et l'aire hyperbolique de tout disque de JH[ 2 de
rayon hyperbolique p est 4rrsh 2 (p/2).

z -i
Démonstration. Remarquons que l'image par l'isométrie <p(z) = - - . (voir
z +1
la preuve de la proposition 2.5.5) de tout cercle (resp. disque) de JH[ 2 de
92 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

rayon hyperbolique p est également un cercle (resp. disque) de IDl de rayon


hyperbolique p. Il suffit ensuite d'appliquer la proposition 2.5.6. D

Nous allons maintenant montrer qu'une fonction holomorphe de IDl sur


IDl raccourcit les distances et les aires hyperboliques. Pour cela nous aurons
besoin de la généralisation suivante du lemme de Schwarz due à Pick, voir
Ahlfors [2].

Théorème 2.5.8 (Théorème de Schwarz-Pick). Soit f : IDl --+ IDl une applica-
tion holomorphe, on a les inégalités suivantes.
lf(wi) - f(w2)I lw1 - Wzl
(2.8) ------- ::::;

Il - f(w1)f(w2)I ll-w1w2i'

lf'(w)I < i
(2.9) Vw E IDl,
1 - lf(w)i2 " 1 - lwl 2 ·
De plus, si f est une équivalence conforme de IDl, alors (2.8) et (2.9) sont des
égalités.
Réciproquement, si on a l'égalité dans (2.8) pour un couple (w 1 , w2 ) avec
w1 =/:- w2 , ou si (2.9) est une égalité en un point, alors f est une transformation
conforme de IDl.

Démonstration. Soient w 1 et w2 deux points quelconques de IDl et soient g


et h les équivalences conformes de IDl définies par
W + Wz h(w) = w - f(wz) ,
g (w )
= 1 + WWz,
1 - wf(wz)
pour tout w E IDl. Ainsi, (ho f o g) est une fonction holomorphe de IDl dans
IDl vérifiant (ho f o g)(O) =O. Grâce au lemme de Schwarz, corollaire 1.3.36,
on a donc
i(h of o g)(w)I::::; lwl,
W-Wz
pour tout w E IDl. En remarquant que g- 1 (w) = _ et en appliquant
l -WWz
l'inégalité précédente à w = g- 1 (w 1 ), on obtient

et donc
f(wi) - f(wz) 1 1 W1 - Wz 1
1
1 - f(wi)f (w 2 ) ::::; 1 - W1 Wz '
pour tous w 1 , w2 E IDl.
On a donc

f(w1) - f(wz) 11 1 1 1 1 1
1
W1-W2 . 1-f(wi)f(wz)::::; l-W1W2'
2-5- GÉOMÉTRIE ET TRIGONOMÉTRIE DU PLAN HYPERBOLIQUE 93

pour tous w 1 , w2 E lDl avec w 1 ::/- w2 • En faisant tendre w 2 vers w 1 dans cette
inégalité puis en posant w 1 = w on obtient (2.9).
Supposons que f soit une équivalence conforme de lDl. En ce cas, l'appli-
cation ho f og est une équivalence conforme de lDl vérifiant (ho f og)(O) =O.
Nous en déduisons grâce à la proposition 2.1.8 qu'il existe un nombre com-
plexe À, vérifiant IJ..I = let tel que (ho f o g)(w) = Àw pour tout w E lDl.
On a donc l(h of o g)(w)I = lwl pour tout w E lDl et en appliquant cette
égalité à w = g- 1 (w 1 ) on obtient

f(wi) - f(wz) 1 1 W1 - Wz 1
1
l - j(wi)j (w2) - l - W1 u)i ,

pour tous w 1 , w 2 E lDl. De nouveau, en faisant tendre w2 vers w 1 puis en


posant w 1 =won obtient
lf'(w)I
l - lf(w)l2 I - lwl 2
pour tout w E lDl.
Supposons qu'il y ait égalité dans (2.8) pour des points w 1 , w 2 E lDl avec
W1 ::/- Wz. On a donc l(h of o g)(g- 1 (wi))I = lg- 1 (w1)I avecg- 1 (wi) ::/-O.
Le lemme de Schwarz montre alors qu'il existe un nombre complexe À, avec
IJ..I = l, tel que (ho f o g)(w) = Àw pour tout w E lDl. De ce fait l'application
f est une équivalence conforme de lDl.
Supposons finalement qu'il y ait égalité dans (2.9) en un point w2 de
lDl. Considérons la fonction holomorphe F sur lDl \ {w 2} définie en posant
F(w) = h~(w)). D'après ce qui précède on a IF(w)I ::::: l. De plus en
g (w)
remplaçant h et g- 1 par leurs expressions en fonction de w, il apparaît que F
se prolonge holomorphiquement au point w2 en posant
, l - lwzl 2
F(w2) = f (wz) · 1 _ lf(wz)l2

Comme, par hypothèse, (2.9) est une égalité en w2 , on obtient IF(w 2)1 = let
de ce fait IFI a un maximum en un point intérieur. Le principe du maximum,
corollaire 1.3.35, entraîne aussitôt que Fest une fonction constante sur lDl, de
plus cette constante doit être de norme 1. Par conséquent il existe un nombre
complexe À, avec IJ..I = 1, tel que h(f(w)) = Àg- 1 (w) pour tout w E lDl. De
ce fait l'application f est une équivalence conforme de lDl. D

Corollaire 2.5.9. Soit f une application holomorphe de D dans lDl qui n'est pas
une transformation conforme de lDl. Alors f possède les propriétés suivantes:
1) f raccourcit strictement la distance hyperbolique entre deux points.
94 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

2) f diminue strictement la longueur hyperbolique de tout arc et l'aire


hyperbolique de toute partie de IDl.

Démonstration. La partie 1 du théorème 2.5.2 montre que si w1 et w2 sont


deux points de IDl on a
( dllll(w1, W2))
fu
lw1 - W2I
= .
2 II - W1W2I
Supposons w1 -/= w 2 , on obtient à l'aide de l'inégalité (2.8) du théorème de
Schwarz-Pick
th(dllll(f(w11· f(w2))) < th(dllll(w~, w2 )).

Comme la fonction th(·) est strictement croissante on obtient la partie 1.


La partie 2 vient directement de l'inégalité (2.9) du théorème 2.5.8 et de
l'expression de la métrique hyperbolique gllll. D
Remarque 2.5.10. Le corollaire 2.5.9 est bien sûr vrai pour IHl 2 : une fonction
holomorphe de IHl 2 dans IHl 2 , qui n'est pas une transformation conforme,
raccourcit strictement la distance hyperbolique, la longueur hyperbolique
des arcs et l'aire hyperbolique des parties de IHl 2 . On déduit cette affirmation
du corollaire 2.5.9 et de l'isométrie <p de (IHl 2 , glHI) sur (IDl, gllll), lemme 2.3.1.
Nous allons maintenant voir un peu de trigonométrie hyperbolique.
Pour cela nous allons définir ce qu'est un triangle rectangle dans le plan
hyperbolique.
Définition 2.5.11. 1) Un triangle géodésique T, ou plus simplement tri-
angle, de IHI 2 ou de IDl est une courbe de Jordan C 1 par morceaux constituée
de trois arcs géodésiques. Nous désignerons en général les trois sommets
de T par A, B, C. Nous appellerons et l'angle intérieur (non orienté) au
sommet A, f3 l'angle en B et y l'angle en C avec 0 <et, (3, y < rr. Enfin
nous désignerons par a la longueur hyperbolique du côté opposé au sommet
A, c'est-à-dire le côté (B, C), de même b et c désigneront respectivement
la longueur hyperbolique du côté opposé au sommet B et C. On a donc
a = dlHI(B, C), b = d1HI(A. C) etc = dlHI(A, B) (fig. 29).

T
A

Fig. 29.
2.5. GÉOMÉTRIE ET TRIGONOMÉTRIE DU PLAN HYPERBOLIQUE 95

2) Nous dirons qu'un triangle T est rectangle si l'un des trois angles
intérieurs est égal à n /2.

Théorème 2.5.12. Soit T un triangle rectangle de 1Hl 2 . Supposons que l'angle au


sommet B soit droit, c'est-à-dire f3 = n /2. On a les relations trigonométriques
suivantes, voir la définition 2.5.11 pour les notations.
th(c)
(2.10) cos(œ) = th(b),
th(a)
(2.11) tan(œ) = - - ,
sh(c)
. ( ) sh(a)
(2.12) smœ =sh(b)'
(2.13) ch(b) = ch(a) · ch(c).

Démonstration. À l'aide d'une isométrie de lHI 2 nous pouvons supposer que


A = i, le sommet B se trouve sur l'axe imaginaire pur et au-dessus de i,
B = y 0 i, y 0 > 1, puis que le sommet C se trouve dans la partie des x positifs
de 1Hl 2 , il en est donc de même pour tout le triangle T.
Notons L la géodésique passant par A et B, c'est-à-dire

L = {z E 1Hl 2 I Re(z) = o}.


Appelons 1 1 la géodésique passant par A et C, de ce fait 11 fait un angle
a avec L en A. Appelons enfin ]z la géodésique passant par B et C, par
conséquent 12 est orthogonale à Lau point B, de plus 11 et 12 font un angle
y au point C. Notons que œ < n /2, car sinon les géodésiques 11 et 12 ne se
couperaient pas dans la partie des x positifs de 1Hl 2 .
Calculons la longueur de l'hypoténuse de T, c'est-à-dire b. Pour cela
appelons x 0 > 0 le centre de 1 1 • En appelant (c 1 , c2 ) les coordonnées de
y2 - 1
C, un calcul montre que c 1 = - 0- - . De plus 11 est un graphe au-dessus
2xo
de l'axe des x, l'arc de 1 1 bordé par A et C admet donc la paramétrisation
suivante,
h (x) = (x, Ji - x 2 + 2xx0 ), 0 ::S x ::S c 1 .
De même, l'arc de 12 bordé par B et C admet la paramétrisation

h(x) = (X, y~ -J x 2 ). 0 ::s X ::s C1.


Par construction b est la longueur hyperbolique de l'arc de 11 bordé par A et

C. Un calcul montre que l[j;(x)lllHI = ~° .On a donc


1-x
2
+ 2xxo
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

b = LIH!(Ji)[A, C] = l ei 11J;(x)[[1Hidx = le' ~ ° dx


m) + 2xx0
2
o 0 1- x

= argtanh( + argtanh( ~).


1 +X~ 1 +X~
où, pour le calcul de l'intégrale, on a effectué le changement de variable
X-Xo
t = ~·De ce fait
y 1 +X~
CI - Xo Xo
---+---
th(b) = ~Ct - Xo
~
Xo
1+ ·---
Ji+ X~ JI+ X~
En remplaçant c 1 par sa valeur on obtient

th(b) = ~ . y~ - 1.
Xo Yo +1
Xo .
De plus on ac = log(y 0 ), théorème 2.5.2-2, et cos(œ) = ~,ce qm

nous permet d'obtenir


th(b) = th(c) ,
cos(œ)
ce qui prouve (2.10).
Pour démontrer l'égalité (2.11) nous allons procéder de la même manière
et calculer a. Par construction a est la longueur hyperbolique de l'arc de la
géodésique ]z bordé par Bet C. On a j~(x) = (1, -x
Jy~ -xz
), et de ce fait

llJ~(x)[[1HI = / 0 2 .Parconséquent
Yo -x

a = L1HI(J2)[B, C] = lei llJ~(x)[[1Hidx


= l ei
o
z
Yo
Yo -x
zdx

= argtanh ( ~~).

De ce fait, en remplaçant c 1 par sa valeur et en utilisant de nouveau les


1
relations y 0 = ec et x 0 = - - , on obtient la relation (2.11).
tan(œ)
Les relations (2.12) et (2.13) sont des conséquences directes de (2.10) et
(2.11). Prouvons (2.12), le produit de (2.10) et (2.11) donne
th( a)
sin(œ) = - - - -
ch(c).th(b)
2.5. GÉOMÉTRIE ET TRIGONOMÉTRIE DU PLAN HYPERBOLIQUE 97

De plus en utilisant la relation (2.10) on a


1
ch(c) = ----;:::=~==~====
Jl - th 2 (b) + th 2 (b) · sin2 (œ)
En utilisant l'expression de sin(œ) trouvée précédemment on obtient

en résolvant par rapport à sin(œ) on trouve (2.12). Finalement à l'aide de la


relation (2.12) et du produit des relations (2.10) et (2.11) on obtient
sh(a) th(a)
sh(b) ch(c) · th(b) ·
d'où nous tirons la relation (2.13). D

Remarque 2.5.13. Les relations trigonométriques du théorème 2.5.12 sont


bien sûr vraies pour les triangles rectangles de (lDl, glDJ). On peut les prouver
directement ou bien les déduire de JH[ 2 à l'aide de l'isométrie cp de (JH[ 2 , gl:ll)
sur (IDl, g1DJ), lemme 2.3.1. Nous énoncerons, sans démonstration, quelques
relations trigonométriques classiques du plan hyperbolique. Comme précé-
demment ces relations valent aussi bien pour JH[ 2 que pour IDl. Le lecteur
pourra trouver une preuve, ainsi qu'une étude de la géométrie hyperbolique,
dans Barbosa [8] ou dans Beardon [11 ].
Soit T un triangle du plan hyperbolique. En conservant les notations de
la définition 2.5.11, on a les relations suivantes.
sha shb shc
Loi du sinus :
sin œ sin f3 sin y
Loi du cosinus 1 ch c = ch a · ch b - sh a · sh b · cos y.
cos œ · cos f3 + cos y
Loi du cosinus II : chc = .
sin œ ·sin f3
Définition 2.5.14. Soit P une partie de JH[ 2 et soit a un point de JH[ 2 . On
appelle distance hyperbolique de a à P la borne inférieure des distances
hyperboliques entre a et les points de P,

dl:ll(a, P) = inf{dlH!(a, p) 1 p E P}.

Si de plus Q C JH[ 2 est une autre partie de JH[ 2 on définit la distance


hyperbolique entre P et Q comme étant la borne inférieure des distances
hyperboliques entre les points de P et les points de Q :

dlH!(P,Q) = inf{dlH!(p,q) 1 p E P, q E ü}.


CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Lemme 2.5.15. Considérons la géodésique complète L= {z E lHI 2 Re(z) = ü}. J

Soit z 0 un point quelconque de lHI 2 . Soit y la géodésique passant par z 0 et


orthogonale à L et soit p le point d'intersection de L avec y : L n y = {p}.
Dans ces conditions, la distance hyperbolique entre z 0 et L est égale à
dlfll(z 0 , p), c'est-à-dire à la longueur hyperbolique de l'arc de y bordé par z 0 et
p (fig. 30),

Démonstration. Si z 0 est un point de L le résultat est clair. Supposons donc


que z 0 soit en dehors de L.

y p

Fig. 30.

Soit q E L un point de L différent de p. Soit T le triangle géodésique


défini par les points p, q et z 0 , Test un triangle rectangle en p. Appelons
œ l'angle de T au sommet z 0 , remarquons que 0 < œ < rr /2. La relation
(2.10) du théorème 2.5.12 donne alors th(dlfll(z 0 , p)) = cos(œ) · th(dlfll(z 0 , q)),
avec 0 < cos(œ) < 1. Comme la fonction th(·) est strictement croissante
on a l'inégalité dlfll(z 0 , p) < dlfll(z 0 , q). De ce fait dlfll(z 0 , p) est bien la borne
inférieure des distances hyperboliques entre z 0 et les points de L. D

Proposition 2.5.16. Soit p un réel strictement positif Considérons la géodé-


sique complète L = {z E lHI 2 Re(z) = ü}.
J

Alors l'ensemble des points de lHI 2 qui sont à une distance hyperbolique p
de Lest constitué des deux demi-droites L: et L; (fig. 31) issues de 0 et faisant
un angle non orienté œ, 0 < œ < rr/2, avec L où œ vérifie

sin(œ) = th(p).
2.5. GÉOMÉTRIE ET TRIGONOMÉTRIE OU PLAN HYPERBOLIQUE 99
L

Fig. 31.

Démonstration. Soit z 0 un point situé sur l'une des deux demi-droites Lt


ou L;. Remarquons que si l'on choisit la détermination de l'argument de
z0 dans l'intervalle JO, .rr[, l'argument de z 0 sera .rr/2 - a ou .rr/2 +a. Nous
pouvons décider que les points de Lt (resp. L;) ont un argument égal à
n /2 - a (resp. n /2 +a). Soit y la géodésique passant par z 0 et orthogonale
à L, appelons p l'intersection de y avec L. Le lemme 2.5.15 affirme que
dlHI(z 0 , L) = dlHI(z 0 , p). De plus, nous déduisons du théorème 2.5.2-2 que
th(d1HI(z 0 , p)) = cos(.rr/2-a) = sin(a). En posant p = dlHI(z 0 , L), on a donc
th(p) = sin(a) pour tout point z 0 de Lt ou L;.

Pour conclure remarquons que si un point de lHI 2 se trouve en dehors


de ces deux demi-droites son argument sera différent de n /2 ± a et par
conséquent sa distance à L vérifiera une relation du même type que précé-
demment mais avec une valeur du sinus différente, de ce fait sa distance à L
sera aussi différente. D

Corollaire 2.5.17. Soit y une géodésique complète de lHI 2 et soit p un réel


strictement positif

Si y est une demi-droite verticale, l'ensemble des points de lHI 2 se trouvant


à une distance hyperbolique p de y est constitué des deux demi-droites issues
du même point asymptotique réel que y et faisant un angle non orienté a avec
y, où a E JO, n /2[ vérifie la relation: sin(a) = th(p ).
Si y est un demi-cercle orthogonal à l'axe réel, l'ensemble des points se
trouvant à une distance hyperbolique p de y est constitué des deux arcs de
cercles issus des mêmes extrémités réelles que y et faisant en ces points un
angle non orienté a (fig. 32) avec y, où a E JO, n /2[ vérifie la relation :
sin(a) = th(p).
roo CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Fig. 32.

Démonstration. Si y est une demi-droite verticale il existe une translation


horizontale envoyant y sur l'axe imaginaire pur L. On conclut ensuite à l'aide
de la proposition 2.5.16 et en remarquant que les translations horizontales
sont des isométries de (]H[ 2, glHI).
Supposons maintenant que y soit un demi-cercle orthogonal à l'axe
réel, appelons x 1 et x 2 les deux extrémités de y. Soit f une isométrie
positive de ]H[ 2 envoyant L sur y, nous pouvons supposer que f (0) = x 1
et f(oo) = x 2 . En conservant les notations de la proposition 2.5.16, nous
savons que les points se trouvant à une distance hyperbolique p de L sont
les demi-droites L~. Par conséquent l'ensemble des points se trouvant à une
distance hyperbolique p de y est exactement f(L;t) U f(L;;). Remarquons
que f est une transformation de Môbius et de ce fait f(L;t) et f(L;;) sont
des arcs de cercles d'extrémités x 1 et x 2 , théorème 2.1.13. Comme de plus f
préserve les angles orientés chacun de ces deux arcs de cercles doit faire un
angle non orienté a avec y, ce qui conclut la preuve. D

Définition 2.5.18. Soient y une géodésique de ]H[ 2 et p > 0 un nombre réel.


Nous dirons que les deux courbes constituées des points se trouvant à une
distance p de y, corollaires 2.5.17, sont des courbes équidistantes de y. Nous
noterons par la suite ces courbes par L~ ou L~, avec th(p) = sin(a), selon
que l'on souhaite mettre en évidence la distance p de ces courbes à y ou
l'angle a que font ces courbes avec y.

Comme l'isométrie <p de (]H[ 2, glHI) sur (][J), g[Jl) est une application de
Môbius on obtient immédiatement une description analogue des courbes
équidistantes d'une géodésique complète de ][J). Pour cette raison, nous nous
contenterons d'énoncer le corollaire suivant.

Corollaire 2.5.19. Soit y une géodésique complète de ][J) et soit p un réel stricte-
ment positif L'ensemble des points se trouvant à une distance hyperbolique p
2.5. GÉOMÉTRIE ET TRIGONOMÉTRIE DU PLAN HYPERBOLIQUE IOI

de y est constitué des deux arcs de cercles (ou corde) issus des mêmes extrémités
que y et faisant en ces points un angle non orienté œ avec y où œ E ]O, rr /2[
vérifie th(p) = sin(œ).

Nous allons maintenant définir un nouveau système de coordonnées


de IHI 2 •

Définition 2.5.20. Nous désignerons par L le demi-axe imaginaire pur de


IHI 2 et par y le demi-cercle de rayon 1 et de centre 0, par conséquent on a
y n L = {i}. Soit p = (x, y) E IHI 2 un point quelconque, où x et y sont les
coordonnées cartésiennes de p. Il existe une unique géodésique y 1 passant
par p et orthogonale à y, et une unique géodésique y2 passant par p et
orthogonale à L, proposition 2.2.9. On pose y1 n y = {pi} et Y2 n L = {P2}-
Nous noterons u (resp. v) la longueur orientée de l'arc géodésique de y
(resp. L) limité par les points i et p 1 (resp. p 2 ), (fig. 33). Plus précisément,
u ~ 0 si, et seulement si, x ~ 0, puis v ~ 0 si, et seulement si, x 2 + y 2 ~ l.
Clairement chaque point p E IHI 2 est déterminé de manière unique par les
réels u et v précédemment décrits. Par exemple les coordonnées du point i
dans ce nouveau système sont (0, 0). Nous appellerons (u, v) les coordonnées
pseudo-euclidiennes de p.

\ Y2 \ YI

Fig. 33.

Proposition 2.5.21. Soit p E IHI 2 un point quelconque. Soient (x, y) les


coordonnées euclidiennes de pet (u, v) les coordonnées pseudo-euclidiennes
de p données par la définition 2.5.20. On a alors les relations suivantes:

= --l log ( 1 + x 2 + y 2 - 2x )
2 2
u ,
2 1 + x + y + 2x
v = log J x + y 2 .
2

Démonstration. Supposons sans perte de généralité que nous ayons x > 0


et x 2 + y 2 > l. Considérons la géodésique y 1 passant par p et orthogonale à
!02 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

y et posons y n y 1 = {p 1}. La géodésique y 1 est un demi-cercle de centre


(x 0 , 0) et de rayon R, avec x 0 , R > O. Remarquons que les points 0, p 1 et
(x 0 , 0) déterminent un triangle rectangle euclidien, rectangle en p 1 • Appelons
a l'angle de ce triangle au point 0, en fait a est l'argument de p 1 , on a
a E ]0, n /2].
Le théorème de Pythagore nous donne x~ = l + R 2 . Puis, en utilisant le
l + x2 + y2
fait que p est un point de y 1 , on obtient x 0 = et de ce fait
2x
l 2x
cos a = - = -----
xo l + x2 + y2.
Par ailleurs u est la longueur de l'arc de y entre les points i et p 1 . Cet arc
peut être paramétré de la manière suivante,

c(t) = ei 1,

l
On a donc llc'(t)lill-ll =-.-pour tout t E [a, n/2]. De ce fait on obtient
sm t

u = 1a
7'/Z dt
-.- = -log(tan(a/2)),
sm t
où l'intégrale précédente a été calculée en effectuant le changement de
. . . , l - cos t .
vanable s = tan(t /2). De l'1denhte tan 2 (t /2) = et de l'express10n
l+cost
de cos a que nous avons obtenu, nous déduisons

1 ( 1 + xz + yz - 2x )
u = -2 log l + xz + yz + 2x .

Nous allons maintenant déterminer v. Pour cela appelons Yz la géodésique


passant par p et orthogonale à l'axe imaginaire L. Clairement, y2 est le
demi-cercle (euclidien) centré à l'origine et de rayon Jxz + y 2 . On a
donc pz = (0, Jx 2 + yz). Par définition v est la longueur de l'arc de L
délimité par i et pz. Cet arc peut être paramétré par c(t) = (0, t), avec
t E [l, Jx 2 + yz].
l
On a llc'(t)llll-ll =-,par conséquent
t

v= f1
.Jxz+yz dt
-
t
= log Jx 2 + y2,

ce qui termine la démonstration. D

Remarque 2.5.22. Nous déduisons immédiatement de la proposition 2.5.21


les relations suivantes
2.5. GÉOMÉTRIE ET TRIGONOMÉTRIE DU PLAN HYPERBOLIQUE

x = evch(v) · th(u),
Nous terminerons cette section en montrant une différence fondamentale
entre les géométries euclidiennes et hyperboliques : dans lHI 2 , la somme des
angles intérieurs d'un triangle géodésique est toujours strictement inférieure
à n. Pour cela nous aurons besoin du lemme suivant.

Lemme 2.5.23. Soit T un triangle rectangle, définition 2.5.11, dont l'un des
sommets se trouve sur le bord à l'infini de lHI 2 . Soit a E ]O, n /2[, l'autre angle
intérieur de T.
Dans ces conditions l'aire hyperbolique A(T) de Test égale à Ir /2 - a.

Démonstration. À l'aide d'une isométrie nous pouvons supposer que l'un


des côtés de T se trouve sur l'axe imaginaire pur, puis que oo est le sommet
de T se trouvant dans â00 JHI 2 . De plus à une homothétie près, qui est une
isométrie de lHI 2 , nous pouvons supposer que l'un des deux autres sommets de
T se trouve au point i. Enfin, à l'aide d'une symétrie nous pouvons supposer
que l'autre sommet de T, p, se trouve dans la partie {x > ü} de JHI 2 . Nous
pouvons enfin supposer que Test rectangle au sommet i puis que l'angle
intérieur au sommet pesta (fig. 34).

int(T)

Fig. 34.

Remarquons que, par construction, le sommet p se trouve sur la géodé-


sique passant pari et orthogonale à l'axe imaginaire. De ce fait p se trouve
sur le cercle unité et est donc de la forme p = eie. Par hypothèse l'angle
intérieur que fait Tau sommet pesta, ceci entraîne que l'argument du point
p est a et on obtient donc p = eia.
Par définition de l'aire hyperbolique on a

A(T) = [{ dx · dy
Jlint(T) Y2
où int(T) désigne l'intérieur du triangle T. Un point (x, y) est dans int(T)
si, et seulement si, on a les inégalités 0 < x < cos(a) et~< y. Par
conséquent on a
104 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

A(T)--1cos
O
a (f +oo
.J1-x2
dy) dx.
2
Y
Un simple calcul donne

f +oo dy
.J1-x2 y2 = .Jl=Xï"
En effectuant le changement de variable X = cos e on obtient
A(T) = 1cosa .Jl="X2
0
1
dx = -
la
n/2
rr
de= - -œ,
2
ce qui termine la preuve. 0

Théorème 2.5.24. La somme des angles intérieurs d'un triangle géodésique


est toujours strictement inférieure à rr. Plus précisément, soit T un triangle
géodésique de JHI 2 et soient œ, {3, y E JO, rr~ les angles intérieurs de T. En
désignant par A(T) l'aire hyperbolique de Ton a
0 < A(T) =n - (œ + f3 +y),
etparconséquentœ+f3 +y< n.

Démonstration. Appelons A, B et C les sommets de T et convenons que


l'angle intérieur au sommet A est œ, au sommet Best f3 et au sommet C est
y. Comme au lemme 2.5.23, à l'aide d'une isométrie nous pouvons supposer
que le côté (A, B) est porté par l'axe imaginaire pur, que Im(A) < lm(B) et
que le sommet C se trouve dans la région {x > O} de lHI 2 • Par conséquent le
triangle T se trouve dans la même région de lHI 2 .
Remarquons maintenant que T ne peut pas avoir deux angles supérieurs
à n/2. En effet, supposons que nous ayons œ, f3 '.?!: n/2. Dans ces conditions,
la géodésique passant par A et faisant un angle œ avec l'axe imaginaire pur
ne peut pas rencontrer la géodésique passant par B et faisant un angle f3
avec le même axe dans la région {x '.?!: ü}. Ceci montre qu'au plus un angle
intérieur de Test supérieur à n /2.
Ce qui précède montre que nous pouvons supposer œ, f3 < rr/2. De ce
fait la géodésique portée par le côté (A, C) de Ta un point (unique) dans la
région {x '.?!: o} où la tangente est horizontale (fig. 35).
Appelons B' ce point, supposons pour commencer Re(B') > Re(C) > O.
La géodésique portée par le côté (C, B) a également un unique point A' où
la tangente est horizontale (fig. 35). Il est clair que Re(A') < O. Observons
que les points (oo, A', C) définissent un triangle géodésique, rectangle en
A' avec un sommet, oo, sur le bord à l'infini. Appelons T 1 ce triangle et y'
l'angle intérieur au sommet C.
De même, le triplet (oo, A', B) définit un triangle géodésique, rectangle
en A' avec un sommet sur le bord à l'infini de lHI 2 . Appelons T; ce triangle et
2.5. GÉOMÉTRIE ET TRIGONOMÉTRIE DU PLAN HYPERBOLIQUE ro5

remarquons que l'angle intérieur au sommet Best {3. Également, appelons T 2


le triangle rectangle défini par le triplet (oo, B', A), rectangle en B', observons
que l'angle intérieur au sommet A est œ. Enfin appelons T; le triangle défini
par (oo, B', C), rectangle en B' et appelons y" l'angle intérieur au sommet C.

Fig. 35.

Remarquons que

(2.14) y + y' + y" = lf.


Ona

(2.15) A(T) = [A(T2) -A(T;)J - [A(Ti) -A(T~)].


Par ailleurs, on obtient grâce au lemme 2.5.23

A(Ti) = z -y,
lf I

I lC
A(T1) =2- {3,

A(T2) = z:rr - et,


A(T;) = ~ - y",

ce qui avec les relations (2.14) et (2.15) nous donnent

A(T) = :rr - (et + f3 +y).


Supposons Re(B') ::S Re(C). En considérant les triangles rectangles T 1 • T;,
T2 et T; définis comme auparavant, on a maintenant
A(T) = A(T2) + A(T;) - [A(T 1 ) -A(T'1)],
avec A(T;) = :rr/2 - (y + y'). On obtient donc de la même manière la
relation A(T) = :rr - (œ + f3 +y), ce qui termine la preuve. D
!06 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Proposition 2.5.25. Soit f : JH[ 2 --+ JH[ 2 une application préservant les dis-
tances:

pour tous z 1 , z 2 E JH[ 2 . Alors f est une isométrie. (Rappelons qu'une isomé-
trie est un difféomorphisme de JH[ 2 préservant la métrique hyperbolique gfü
définition 2.1.20.)

Démonstration. Nous allons nous placer dans le modèle du disque JI]) et


nous allons montrer qu'il existe des isométries f 1, f 2, et f 3 de lIJl telles que
f3 o fi o j 1 of = Id[]), ce qui montrera que f est une isométrie.
Remarquons que f est une application continue sur JIJl. En effet, pour
tout w E lIJl et pour toute suite (wn) de lIJl convergeant vers won a

On a donc
lim f(wn) = f(w) = f( lim Wn),
n~+oo n~+oo

ce qui montre que f est continue sur JIJl.


Si f (0) -:/:- 0, on considère une isométrie f 1 de lIJl telle que f 1(f (O)) = 0,
sinon on pose j 1 = Id[]). Ainsi, g 1 := j 1 of : lIJl --+ lIJl est une application
continue, préservant les distances et laissant w = 0 fixe.
De même, supposons g 1(1/2) -:/:- 1/2. Comme
d[])(O,g1(1/2)) = d[])(g1(0),g1(1/2)} = d[])(O, 1/2),
il existe une rotation fi de centre 0 telle que j 2 (g 1 (1/2)) = 1/2. Rappelons
que fi est une isométrie de JIJl, remarque 2.4.7. Si g 1(1/2) = 1/2, on choisit
fi = Id[]). Ainsi, g 2 := fi o j 1 of : lIJl --+ lIJl est une application continue,
préservant les distances et laissant w = 0 fixe ainsi que w = 1/2.
Nous allons utiliser le fait que si g 2 conserve un point p 0 E JIJl, alors g2
conserve tous les cercles centrés en p 0 .
Notons y c lIJl la géodésique passant par les points w = 0 et w = 1/2, on
a donc y= {u E ]-1, l[}. Soit w0 E y tel que w0 -:/:- 0, 1/2. Notons S 1 C !Dl
le cercle de centre (hyperbolique) 0 et passant par w 0 , et notons S2 C lIJl le
cercle de centre w = 1/2 et passant par w0 . On déduit de la proposition 2.5.4
que S1 et S2 sont des cercles euclidiens, dont les centres se trouvent sur l'axe
des u, c'est-à-dire sur y. On a de plus S 1 n S2 = {w 0 }. Comme g 2 préserve
les cercles S1 et S2 on a donc g 2 (w 0 ) = w 0 • Ainsi, chaque point de y est fixe
par g1.
Notons U 1 , U 2 C JI]) les composantes connexes de lIJl \y. Comme f
est continue, on a soit g 2 (Ui) c U 2 et g 2 (U 2 ) c Ui, soit g 2 (Uï) c Ui,
i = 1, 2. Dans le premier cas on note f 3 la réflexion par rapport à la
géodésique y, dans le second cas on pose f 3 = Id[]). Par conséquent,
2.5. GÉOMÉTRIE ET TRIGONOMÉTRIE DU PLAN HYPERBOLIQUE 107

g 3 := f3 o fi o f 1 of : ][)) --+][))est une application continue, préservant les


distances, laissant chaque point de y fixe et vérifiant g 3 (U;) CU;, i = 1. 2.
Nous allons montrei: que g 3 = Id[]l, ce qui terminera la preuve.
Considérons la géodésique y 1 = {iu 1 u E] - l, l[} C []). Soit
W1 E yi, W1 =j:. 0. Notons s; (resp. s;) le cercle (hyperbolique) de centre
w = -1/2 (resp. w = 1/2) et de rayon dlDl(-1/2, wi) (resp. dlDl(l/2, wi)).
De nouveau, la proposition 2.5.4 montre que s; et s; sont des cercles eucli-
diens dont les centres se trouvent sur y. Par conséquent l'intersections; n s;
est constituée de deux points, l'un d'eux est w1 , notons l'autre point w;. On
a w1 ,w; E y 1 • À un changement de numérotation près, on peut supposer
W1 E U1 et w; E Uz. Par construction on a g3(wi) Es; n s; et g3(w1) E U1.
On en déduit que g 3 (w 1 ) = w 1 pour tout w 1 E y 1 .
Soit w2 E ][)) \ y. Notons y2 C ][)) la géodésique passant par w2 et
orthogonale à y. Considérons deux points u 1 et u 2 de y symétriques par
rapport à y2 . Considérons le cercle centré au point w = u 1 de rayon
d1Dl(u 1 , w2 ) et le cercle centré au point w = u 2 de rayon d1Dl(u 2 , w2 ), chacun
de ces cercles est le symétrique de l'autre par rapport à y2 • En procédant
comme auparavant, on montre de la même manière que g 3 (w 2 ) = w2 . On a
donc g 3 = Id[]l, ce qui termine la preuve. D

Exercices de la section 2.5

Exercice 2.5.1. Soient z 1 , z 2 E IHI 2 . Montrer directement que

Exercice 2.5.2. Soient z 1 , z 2 E IHI 2 . Montrer que

Exercice 2.5.3. Montrer que l'aire hyperbolique d'un triangle géodésique de


JH[ 2 dont les trois sommets se trouvent sur le bord à l'infini est égale à 1r.

Exercice 2.5.4. Soit T un triangle géodésique de IHI 2 dont deux sommets se


trouvent sur le bord à l'infini. Soit a l'angle correspondant au sommet de T
dans IHI 2 . Montrer que
A(T) = rr -a.

Exercice 2.5.5. Donner les relations entre les coordonnées cartésiennes de


][])et les coordonnées de la proposition 2.5.21 correspondantes au disque
hyperbolique []).
ro8 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Exercice 2.5.6. Montrer que les courbes équidistantes, les cercles et les
horocycles possèdent la propriété suivante.
étant donnés deux points distincts p et q de la courbe, il existe une isométrie
de JHIZ laissant globalement fixe la courbe et qui envoie p sur q.
Existe-t-il d'autres courbes avec cette propriété?

Exercice 2.5.7. On considère les parties C 1 et Cz suivantes du plan hyperbo-


lique lHiz,

C1 {z = x + iy [ y > 0, xz + yz = 1},
=
Cz = {z = x + iy [y> 0, xz + yz = 4}.

Calculer la distance hyperbolique entre C 1 et Cz, définition 2.5.14.

Exercice 2.5.8. Soient z 1 , Zz E lHiz deux points distincts. On note œ l'unique


géodésique passant par z 1 et Zz. On appelle y la géodésique orthogonale à a
et passant par le milieu du segment géodésique de œ reliant z 1 et Zz.
1) Montrer que pour tout p E y on a dlH!(z 1, p) = dlH!(zz, p).
2) Soit q un point dans la composante connexe de JHIZ \ y contenant z2 .
MontrerquedlH!(z 1 ,q) > dlHI(q,zz).
3) En déduire le lieu des points de JH[z se trouvant à égale distance de z1
et Zz.

Exercice 2.5.9. On considère deux géodésiques y 1 et Yz de JHIZ.


1) Donner une condition nécessaire et suffisante sur y 1 et Yz assurant
l'existence d'une géodésique perpendiculaire à y 1 et Yz·
2) Lorsque cette condition est remplie montrer qu'il n'existe en fait
qu'une seule géodésique perpendiculaire à Yi et yz.

Exercice 2.5.10. On considère deux géodésiques y 1 et Yz de JH[z. Donner le


lieu géométrique des points z E JH[z vérifiant dlH!(z, y 1 ) = dlHI(z, Yz).

Exercice 2.5.11. Soit L une géodésique de JH[z et soit Lp c lHiz une courbe
équidistante de L de distance p > O. Soient p E Let x E Lp.
Montrer que dlHI(p,x)?:: p. Montrer de plus que dlHI(p,x) = p seulement
si la géodésique passant par pet x est orthogonale à Let à Lp.

Exercice 2.5.12. Soient y 1 , Yz deux géodésiques de JH[z vérifiant y 1 n Yz = 0


et aooYI n aooYz = 0. Soit œ l'unique géodésique de JH[Z orthogonale à y, et à
yz, voir les exercices 2.2.3 et 2.5.9. On pose y 1 n œ = {qi} et Yz n œ = {q2 }.
Montrer que dlHI(y 1 , Yz) = dlHI (q 1 , qz), c'est-à-dire : montrer que pour
touspointsp 1 E y 1 et pz E yz,onad1HI(p 1 ,pz)?:: dlH!(q 1 ,qz)etdeplus
dlHI (P1, pz) = dlHI (qi, qz) seulement si Pi = q, et Pz = qz.
2.6. COURBE ET COURBURE DANS JHI 2

Exercice 2.5.13. On considère deux géodésiques y 1 et y2 de lHI 2 se trouvant à


une distance d > 0 l'une de l'autre. On considère une composante connexe
A de lHI 2 \ y 1 et une composante connexe B de lHI 2 \ y2 •
1) Montrer qu'il existe une isométrie f de JHI 2 envoyant A sur B.
2) Montrer que l'isométrie f peut être choisie positive.

2.6. Courbe et courbure dans H 2

Nous voulons définir ici la courbure hyperbolique d'une courbe de lHI 2


de la manière la plus élémentaire possible, en particulier sans utiliser les
notions habituelles de dérivée covariante ou de connexion riemannienne
associée à la métrique glHI de lHI 2 • Pour cela nous commencerons par faire
quelques rappels sur les courbes du plan euclidien JR 2 (voir Berger-Gostiaux
[12] ou Do Carmo [23]), ce qui nous permettra de donner une définition de
la courbure hyperbolique analogue à celle de la courbure euclidienne.
Nous commencerons par une définition générale.

Définition 2.6.1. Soit U C JR 2 une partie ouverte du plan munie d'une


métrique g(·, ·),c'est-à-dire d'un produit scalaire défini en chaque point de
U et variant d'une manière C00 • Soit c : ]a, b[ ~ U une courbe de classe C 1
surU.
1) On rappelle que c est une courbe régulière de U si pour tout t E ]a, b[
onac'(t) =j:. (0,0).
2) On dit que c est paramétrée par la longueur d'arc par rapport à la
métrique g, si le vecteur tangent en chaque point de c est de norme 1,
g(c'(t), c'(t)) = 1, Vt E ]a, b[.

Le lemme suivant montre que le fait de supposer qu'une courbe régulière


est paramétrée par la longueur d'arc n'est pas une restriction sur celle-ci.

Lemme 2.6.2. Soit U C JR 2 une partie ouverte du plan munie d'une métrique
g(·, ·). Soit c(t) = (c 1 (t), c 2 (t)) : ]a, b[ ~ U une courbe de classe C 1 et
régulière sur U.
Dans ces conditions, il existe une nouvelle paramétrisation de la courbe c
par la longueur d'arc. Plus précisément, il existe un intervalle réel ]œ, .B~ avec
-oo:::; œ < .B :::; +oo, et un difféomorphisme t : s 1-+ t(s) de ]œ, ,B[ sur ]a, b[
vérifiant lims--+a t(s) =a, lims--+.B t(s) = b et, pour touts E ]œ, ,B[,

( d(c o t) ( ) d(c o t) ( )) =
g ds s ' ds s 1.

De plus, on a pour touts E ]œ, ,B[


I IO CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

dt 1
ds (s) = (de de
g dt (t(s)), dt (t(s))
)1/2 ·
Démonstration. Soit s(t) la fonction réelle définie sur ]a, b[ par

s(t) = 1 1

ao
(de de
g -d (u), -d (u)
t t
)1/2 du,
ds (de de )112
où a 0 b[ est fixé. On a -(t) = g -d (t), -(t)
E ]a, -/=- 0 car c est une
dt t dt
courbe régulière. De ce fait s est un difféomorphisme de ]a, b [ sur son image
qui est aussi un intervalle de :IR. Posons œ = lim1_,.a s(t) et f3 = lim 1_,.b s(t).
Nous déduisons de ce qui précède que s est un difféomorphisme de ]a, b[ sur
]œ, {3[. Appelons t(s) sa fonction inverse, on a donc pour touts E ]œ, {3[,
dt 1 1
ds (s) = ds (t(s)) = de de 112 ·
dt g(dt (t(s)), dt (t(s)))

Par conséquent,
d(cot) d(cot)) (dt de dt de )
g( ds (s), ds (s) = g ds (s) ·dt (t(s)), ds (s) · dt (t(s))
dt 2 (de de )
= (ds (s)} . g dt (t(s)), dt (t(s))
= 1

pour touts E ]a, {3[, ce qui termine la preuve. D


Nous pourrons donc supposer sans perte de généralité que chaque
courbe régulière de IB. 2 ou de JHI 2 est paramétrée par la longueur d'arc.

Quelques rappels sur les courbes de IB. 2

Soit c(t) = (c 1 (t), c 2 (t)) E IB. 2 , t E ]a, b[, une courbe de classe C2
paramétrée par la longueur d'arc, c'est-à-dire que l'on a lie' (t) Il = 1 pour tout
t dans ]a, b[. Le vecteur n+ (c(t)) = (-c~ (t), c~ (t)) est normal à la courbe c
pour chaque t et de plus (c'(t), n+(c(t)) est une base positive de IB. 2 . Notons
qu'en dérivant l'égalité (c'(t), c'(t)} = 1 on obtient (c"(t), c'(t)} = 0 et par
conséquent le vecteur c"(t) est normal à la courbe. De ce fait le vecteur
c"(t) est proportionnel au vecteur normal n+(c(t)). Nous appelions c"(t) le
vecteur courbure de la courbe c.

Définition 2.6.3. En conservant les mêmes notations que précédemment


nous appellerons courbure euclidienne de c par rapport au vecteur normal
n+(c(t)), notée k:(c(t)), le réel
2.6. COURBE ET COURBURE DANS IH! 2 II l

k:(c(t)) = (c"(t).n+(c(t)))
= c; (t)c~(t) - c;'(t)c;(t).
La lettre e en indice indique que la courbure est euclidienne et le signe
+ au-dessus indique que l'on calcule la courbure par rapport au vecteur
normal unitaire n+(c(t)) tel que (c'(t),n+(c(t))) soit une base positive de
JR 2 . De la même manière nous appellerons k;(c(t)) la courbure euclidienne
de c par rapport au vecteur normal définissant une base négative de IR 2 ,
c'est-à-dire -n+(c(t)). On a clairement k:(c(t)) = -k;(c(t)). Finalement,
nous noterons ke(c(t)) la courbure géométrique de c, c'est-à-dire la valeur
absolue de la courbure euclidienne par rapport à une orientation normale
quelconque,
ke(c(t)) = [k:(c(t))[ = [Ç(c(t))[.

Remarque 2.6.4. La notion de courbe de IR 2 (ou sur n'importe quelle autre


surface) ne concerne pas seulement l'objet géométrique qu'elle paramétrise
mais aussi la paramétrisation de cet objet. Par exemple les applications
c(t) = r( cos(~),sin(~)) ety(t) = r( cos(~),sin(~t)),t E IR,oùr > 0,
sont deux paramétrisations par la longueur d'arc du même objet de IR 2 : le
cercle de centre 0 et de rayon r. Notons que c paramétrise le cercle dans le
sens trigonométrique alors que y le paramétrise dans le sens contraire. Les
deux courbes c et y sont donc considérées comme deux courbes différentes
bien que leurs images soient les mêmes.
De ce fait la courbure k:
d'une courbe de IR 2 dépend de sa paramétrisa-
tion mais pas le vecteur courbure ni la courbure géométrique. Par exemple
un simple calcul montre que pour tout ton a d'une part k:(c(t)) = l/r et
par ailleurs k: (y(t)) = -1 / r. Bien entendu les deux courbes ont la même
courbure géométrique 1/ r.

Maintenant appelons a(t) l'angle orienté entre les droites {x = const.}


J
et la courbe c. Plus précisément, en posant = (0, 1) et en utilisant le fait
que c est paramétrée par la longueur d'arc, l'angle a(t) vérifie

(], c'(t)) c~(t)


cos (a (t)) = --;:=:===- ---;:==:===- = c2'()
t
J c;2 + c~2 Jc;2+c~2
et
. ( ( ))
sm a t = det(], c'(t))
-===;:-
-c; (t)
---;:==;:::'== = -c; (t)
Jc;2 + c~2 Jc;2 + c~2
où det(., .) désigne le déterminant des deux vecteurs. Bien sûr, l'angle a(t)
est défini à une constante additive près, plus précisément à un multiple entier
de 2rr près. Par conséquent la dérivée de a(t) est bien définie et en tenant
compte des relations précédentes un simple calcul donne
II2 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Nous pouvons donc définir la courbure d'une courbe simplement à l'aide de


l'angle que celle-ci fait avec les droites {x = const.}.

Remarque 2.6.5. Pour définir la courbure d'une courbe régulière cil n'est
pas nécessaire que celle-ci soit paramétrée par la longueur d'arc. En effet
soit c(t) : ]a, b[ -r JR 2 une courbe régulière de classe C 2 . Le lemme 2.6.2
montre qu'il existe une reparamétrisation c(t(s)) de c par la longueur d'arc.
En appelant u(t) l'angle orienté que font les droites {x = const.} avec con
a donc grâce au lemme 2.6.2
du(t(s)) dt du
k:(c(t)) = k:(c(t(s))) = ds = ds (s) · dt(t(s))
1 du du
= l1c 1(t)ll . dt(t) = Je?+ c~2 . dt(t),

où le signe « / » désigne la dérivée par rapport à t. Par ailleurs en utilisant


les expressions de cos(u(t)) et sin(u(t)) données précédemment un simple
calcul montre que
du
-(t) - c 1 c"2 - c"1 c 2
1 1

dt - 12 + 12
C1 C2

De ce fait on a l'expression suivante de la courbure qui est valable pour


toutes les paramétrisations régulières de classe C 2 de c'
c1 c" - c" c1
k:(c(t)) = (C1~2 2+ C212)3;2 (t).
Supposons de nouveau que c soit paramétrée par la longueur d'arc. Ob-
servons maintenant que, si nous voulons calculer la courbure de c en un
point c(t0 ), nous pouvons faire le calcul précédent par rapport à n'importe
quel repère de ffi. 2 . En particulier nous allons choisir comme nouvelle ori-
gine de ffi. 2 le point c(t0 ) et comme axes les droites engendrées et orientées
par les vecteurs c 1 (t 0 ) et n+(c(t0 ). Appelons u et v ces nouvelles coor-
données, par rapport à ce nouveau repère de ffi. 2 on a ainsi c(t0 ) = (0, O)(u,u),
c 1 (t 0 ) = (l,O)(u,v) et n+(c(t0 )) = (0, l)cu,v)· Désignons par a(t) l'angle
orienté que font les droites {u = const.} avec la courbe c. On a donc
u(t) - a(t) = u(t 0 ) - a(t 0 ) = u(t0 ) + rr /2 pour tout t. On obtient ainsi
+ da
ke (c(to)) = dt (to)-

Remarquons finalement que les droites Lu 0 := {u = u 0 } sont les courbes


équidistantes de la droite Lo:= {u = O} qui est une géodésique de JR 2 . Cette
description suggère la définition suivante de la courbure des courbes de JH[ 2•
2.6. COURBE ET COURBURE DANS IHI 2 113

Bien entendu toutes les définitions et descriptions suivantes sont valides


également sur]])).

Définition 2.6.6. Soit c = (c 1 (t), c2 (t)) : ]a, b[---+ lHI 2 une courbe de classe
C2 de lHI 2 paramétrée par la longueur d'arc (par rapport à la métrique de JHI 2 ).
Soit t0 E ]a, b[ un réel fixé et soit n+ (c(t)) = ( - c~(t), c~ (t)) le champ de
vecteurs normal unitaire le long de c tel que (c' (t), n+ (c(t))) soit une base
positive de JR 2 pour chaque t. Soit L la géodésique complète passant par
le point c(t0 ) tangente au vecteur normal n+(c(t0 )) et orientée par celui-ci.
Appelons y la géodésique complète passant par c(t0 ) tangente au vecteur
c'(t0 ) et orientée par celui-ci (fig. 36).
Pour tout réel positif u ?: 0 appelons Lt la courbe équidistante de L se
trouvant à une distance hyperbolique u de L et intersectant y après le point
c(t0 ). De même appelons L;; la courbe équidistante de y se trouvant à une
distance hyperbolique u de L et intersectant y avant c(t0 ) (fig. 36). Les
courbes Lt et L;; sont symétriques par rapport à la géodésique L. Donnons
aux courbes équidistantes L~, u ?: 0, l'orientation induite par L.

Fig. 36.

Enfin appelons œ(t) l'angle orienté que font les courbes Lu avec la courbe
c. Par exemple au point c(t0 ) on a œ(t0 ) = -n/2.
Nous définissons la courbure hyperbolique de c au point c(t0 ) par rapport
au champ de vecteurs normal n+(c(t)), notée kt"(c(t0 )), par

+ dœ
(2.16) kh (c(to)) = dt(to).
Nous définissons le vecteur courbure hyperbolique de c au point c(t 0 ),
noté kh(c(t0 )), par
I 14 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Nous définissons également la courbure hyperbolique géométrique de c


au point c(t0 ), ou plus simplement courbure géométrique, notée kh(c(t 0 )),
comme étant la valeur absolue de la courbure hyperbolique,

Nous donnerons plus tard l'expression explicite de la courbure. Nous


verrons auparavant que cette définition permet déjà d'obtenir plusieurs
propriétés intéressantes de la courbure.

Exemple 2.6.7. Considérons une géodésique verticale quelconque du plan


hyperbolique, c = {z E JHI 2 Re(z) = x 0 }, x 0 E IR, paramétrée par
1

c(t) = (x 0 ,e1), t E IR. On a c'(t) = (O,e 1 ), ainsi llc'(t)lllHI = 1 pour


tout t E IR et de ce fait c est paramétrée par la longueur d'arc. On a
n+(c(t)) = (-e1,0). Fixons un réel t0 , la géodésique L passant par c(t0 )
et tangente à n+(c(t0 )) est le demi-cercle centré à (x 0 , 0) et passant par c(t0 ).
Soit u E IR+, les courbes équidistantes L; de la géodésique L (fig. 37) sont les
arcs de cercles ayant les mêmes extrémités réelles que L, elles coupent donc
la géodésique verticale c orthogonalement aux points c(t0 + u) et c(t 0 - u),
corollaire 2.5.17.
Orientons L;t, L;;- et L selon le vecteur n+(c(t0 )). De ce fait l'angle
orienté œ(t) entre les courbes L; et la géodésique c est constant et égal à
-n /2. Nous en déduisons que la courbure de c est nulle en chaque point.

Xo

Fig. 37.

Remarques 2.6.8. 1) Ces définitions sont analogues à celles du cas eucli-


dien.
2) Comme dans le cas euclidien la courbure k:
(c(t0 )) dépend de lapa-
ramétrisation de la courbe c : une autre paramétrisation peut changer le signe
2.6. COURBE ET COURBURE DANS !HI 2 II5

de la courbure. Par contre la courbure géométrique kh(c(t0 )) est indépen-


dante de la paramétrisation. De même le vecteur courbure hyperbolique ne
dépend pas de l'orientation normale choisie et de ce fait ne dépend pas de la
paramétrisation. Observons que le vecteur courbure, s'il est non nul, pointe
dans la direction normale pour laquelle la courbure est positive, comme dans
le cas euclidien.
3) Par contre, la formule (2.16) n'est valable qu'au point c(t0 ) : pour cal-
culer la courbure en un autre point c(ti) il faudrait remplacer la géodésique
L normale à c au point c(t0 ) par la géodésique normale au point c(ti) puis
considérer les courbes équidistantes de cette dernière géodésique et enfin
calculer l'angle orienté f3 (t) que font ces nouvelles courbes avec c.
Dans le cas de la courbure euclidienne, les angles œ(t) et f3(t) sont égaux
à une constante additive près, ce qui ne change rien pour le calcul de la
courbure. Dans le cas des courbes de IHI 2 , ces deux angles n'ont pas la même
dérivée, comme le montre l'exercice 2.6.2-3 qui établit une formule donnant
la courbure hyperbolique en chaque point c(t) en fonction de l'angle œ(t).

Proposition 2.6.9. La courbure hyperbolique d'une courbe du plan hyperbo-


lique IHI 2 est invariante par l'action des isométries positives de IHI 2 . Autrement
dit, soit c : ]a, b [ ~ IHI 2 une courbe de classe C 2 paramétrée par la longueur
d'arc et soit f E MIHI2 une isométrie positive de IHI 2 • On a alors pour tout
t0 E ]a,b[:
k;t(c(t0 )) = k;t(f(c(t0 ))).

Démonstration. Comme f est une isométrie de IHI 2 la courbe f o c est aussi


de classe C 2 et est paramétrée par la longueur d'arc. En suivant les notations
précédentes appelons n+(c(t)) le champ de vecteurs normal unitaire le long
de c tel que (c' (t), n+ (c(t))) soit une base positive.
Soit L la géodésique passant par c(t0 ), tangente au vecteur normal unitaire
n+(c(t0 )) et orientée par celui-ci. Soient L;t et L~", u E JR+, les courbes
équidistantes de L orientées de la même manière que L. Soit enfin œ(t) l'angle
orienté que font les courbes L; avec c. Notons n+(J(c(t))), 1, 1;; et 1~ les
objets analogues concernant la courbe foc et appelons f3(t) l'angle orienté
que font les courbes 1; avec foc. Du fait que f préserve l'orientation on a
n+(J(c(t))) = D fc(r)(n+(c(t))), où D fc(t) désigne la différentielle de f au
point c(t). De ce fait on a 1 = f (L), 1; = f (L;) et l'orientation de chaque
courbe 1; est la même que celle induite par L; et f. Nous déduisons de
ceci que les angles œ(t) et f3(t) sont égaux à une constante additive (multiple
entier de 2rr) près, par conséquent leurs dérivées sont les mêmes.
+
kh (c(t 0 ))
da
= di df3
= di = kh+ (f(c(t0 ))),
ce qui conclut la preuve. D
I I6 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Nous déduisons immédiatement de la proposition 2.6.9 le corollaire


suivant.

Corollaire 2.6.10. Les géodésiques de JH[ 2 ont une courbure constante et égale
à o.
Démonstration. Nous avons vu à l'exemple 2.6.7 que les géodésiques ver-
ticales de 1Hr 2 ont une courbure constante et nulle. De plus, si y est une
géodésique complète de JH[ 2 , la proposition 2.2.8 montre qu'il existe une
isométrie positive envoyant y sur l'axe imaginaire pur. Nous pouvons en
déduire grâce à la proposition 2.6.9 que y aussi a une courbure constante et
égale à O. 0

Remarque 2.6.11. Nous verrons plus loin une réciproque au corollaire 2.6.10:
les seules courbes de 1Hr 2 de courbure constante et égale à 0 sont les géodé-
siques, théorème 2.6.26. Il apparaît donc que les géodésiques de JH[ 2 jouent le
même rôle que les droites de JR 2 .

Corollaire 2.6.12. Soit 1 une géodésique complète de 1Hr 2 . Pour tout réel positif
u les courbes équidistantes de 1, 1;, ont une courbure géométrique constante.

Démonstration. Soit f une isométrie positive de JH[ 2 envoyant 1 sur l'axe


imaginaire pur L. Cette isométrie envoie les courbes équidistantes 1; de 1
sur les courbes équidistantes L; de L. Nous avons vu au corollaire 2.5.17
que ces dernières sont les demi-droites issues de 0 et faisant un angle non
orienté a avec L où a vérifie 0 < a :::;: n/2 et sin(œ) = th(u). Grâce à la
proposition 2.6.9 il suffit de montrer que ces demi-droites ont une courbure
géométrique constante. Comme L;1" et L;_;- sont symétriques par rapport à L,
il suffit de le prouver pour L;1". Pour cela considérons un réel quelconque u et
deux points p et q de L;1". En utilisant de nouveau la proposition 2.6.9 il suffit
de montrer qu'il existe une isométrie positive de 1Hr 2 préservant globalement
la demi-droite L;1" et envoyant p sur q. Clairement l'homothétie de rapport
\q\/\p\ possède ces propriétés. 0

Remarque 2.6.13. En conservant les notations du corollaire 2.6.12, chaque


courbe 1;a une courbure constante. Par contre nous verrons plus loin que
cette courbure dépend de u, proposition 2.6.20.

Lemme 2.6.14. Soit c = (c 1 (t), c 2 (t)) : ]a, b[ -+ JH[ 2 une courbe de classe
C2 paramétrée par la longueur d'arc. Supposons que c vérifie en un point
t 0 E ]a, b[ les conditions suivantes:

c(t0 ) = i = (0, 1) et c' (t0 ) = (1, 0).


Alors la courbure de c au point c(t0 ) est
2.6. COURBE ET COURBURE DANS IHI 2 I 17

k;t(c(t0 )) = 1 + c~(t0 ) = 1 + k:(c(t0 )),


où k: désigne la courbure euclidienne de la courbe.

Démonstration. Les hypothèses faites sur c impliquent que la géodésique L


passant par le point c(t0 ) et orthogonale à la courbe c est l'axe imaginaire
orienté suivant les y croissants. Observons que la courbe équidistante L(c(t))
de L passant par le point c(t) est la demi-droite

L(c(t)) = {À.c(t) 1 À.> o}.


Par conséquent, l'angle orienté cr(t) que font les courbes équidistantes de L
etc au point c(t) satisfait
(c(t), c'(t)}
cos(cr(t)) = lc(t)l.llc'(t)ll et sin(cr(t0 )) = -1,

où (·, ·} et Il · Il désignent respectivement le produit scalaire et la norme


euclidienne. Pour chaque t on a donc

d cos(cr(t)) = -sin(cr(t)). dcr(t) = .!!..__ (c(t), c'(t)} .


dt dt dt lc(t)l · llc'(t)ll
dcr
Par définition on a kit (c(t 0 )) = dt(t 0 ), par conséquent

k+(c(to)) = lim ( -1 . .!!..__ (c(t),c'(t)} ) .


h r-+to sin(cr(t)) dt lc(t)l · llc'(t)ll
En utilisant les relations c (t0 ) = (0, 1) et c' (t 0 ) = (1, 0) on obtient
(c(t0 ), c' (t0 )} = O. De ce fait on a
. d
k;t(c(t0 )) = hm -d (c(t),c'(t)}
t-+to t
lim ((c'(t), c'(t)} + (c(t), c"(t)})
= t-Ho
= (c'(to), c'(to)} + (c(to), c"(to)}
= 1 + c~(t0 )
= 1 + k:(c(to)),
où la dernière égalité provient de la remarque 2.6.5, ce qui termine la
démonstration. D

Corollaire 2.6.15. Les horocycles de lffi 2 ont une courbure géométrique


constante et égale à 1.

Démonstration. On sait qu'il existe toujours une isométrie positive échan-


geant deux horocycles donnés, exercice 2.4.2. Grâce à la proposition 2.6.9 il
rr8 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

suffit donc de montrer que l'horocycle

C = {z E JH[ 2 [ lm(z) = 1}
a une courbure géométrique constante et égale à l. Considérons la paramé-
trisation par la longueur d'arc suivante de C : c(t) = (t, 1), t E lR. On
vérifie facilement que c vérifie les conditions du lemme 2.6.14 en t 0 = O. Par
conséquent la courbure de c en t 0 = 0 est k;;(c(O)) = 1 + k:(c(O)) = 1 car
une droite a une courbure euclidienne nulle en chaque point.
Remarquons que pour tout ton a c(t) = c(O) + (t, 0) = T(r,oi(c(O)) où
T(r,o) est la translation horizontale de vecteur (t, 0), qui est une isométrie
positive. On conclut de nouveau à l'aide de la proposition 2.6.9 que la
courbure de c en chaque point c(t) est égale à la courbure au point c(O)
ce qui termine la preuve. D

Nous pouvons maintenant donner l'expression de la courbure d'une


courbe de JH[ 2 .

Théorème 2.6.16. Soit c : ]a, b [ -* JH[ 2 une courbe de classe C 2 paramétrée


par la longueur d'arc. Soit t0 E ]a, b[ un réel fixé, on a

Démonstration. Appelons 8 1 l'angle orienté que font les vecteurs i = (1, 0)


et c' (t0 ). On a
(t, c' (t 0 )) c~ (to)
cos( 8 i) = llc'(to)ll = llc'(to)ll
et
. ( 8 ) _ det(t, c'(t 0 )) _ c~(t 0 )
sm 1 - Il c' (to) Il - lie' (to) Il '
où (-, ·) et Il · Il désignent respectivement le produit scalaire et la norme
euclidienne. Comme c est paramétrée par la longueur d'arc pour la métrique
hyperbolique, on a Il c' (t0 ) Il = c2 (t0 ) et de ce fait

(2.17) et . ( )
sm 81
c~(to)
=- -.
Cz(to)
Par ailleurs on vérifie facilement que la fonction définie par

f(z) = cos(8 1 /2)z - sin(8i/2)


sin(8i/2)z + cos(8i/2)
pour z E JH[ 2 est la rotation hyperbolique de JH[ 2 de centre i et d'argument -8 1
(car f(i) =i et f'(i) = e-iBi, exercice 2.4.5). De ce fait f est une isométrie
2.6. COURBE ET COURBURE DANS IHI 2 119

positive de IHI 2 de type elliptique, section 2.4. Considérons également la


. h ( z ) = z - cr (to) , c1arrement
f onction . h est une isometne
. . . d e IHI2 et
, . positive
c2(to)
on a h(c(t0 )) = i. Soit finalement y(t) la courbe définie par

y(t) = f(h(c(t))), t E ]a, b[.

Comme f eth sont des isométries positives de IHI 2, la courbe y(t) est aussi
paramétrée par la longueur d'arc, et grâce à la proposition 2.6.9 on a

De plus y vérifie les hypothèses du lemme 2.6.14 car par construction on a

y(to) = f (h(c(to))) = f (i) =i et y' (to) = (1, 0),


la dernière égalité venant du fait que y' (t0) est un vecteur unitaire en i avec
un argument nul. De ce fait on obtient à l'aide du lemme 2.6.14

où y2 (t) est la partie imaginaire de y(t). Un calcul montre que

() À. C2(t)
Yz t = . (c 1 (t) + A) 2 + c~(t)'
c2(to) c2(to) , . .
où À. = 2
sin (er/2)
et A = -ci {to) + e/ .
tan( 1 2)
En denvant deux fois la
fonction y2 (t) nous trouvons

ce qui donne le résultat en tenant compte des relations (2.17) données au


début de la preuve. D

Nous allons maintenant établir l'expression générale de la courbure pour


une courbe régulière et de classe C2 non nécessairement paramétrée par la
longueur d'arc. Pour cela nous aurons besoin du résultat suivant.

Lemme 2.6.17. Soit c : ]a, b[ -+ IHI 2 une courbe de classe C 2, paramétrée


par la longueur d'arc. Soit Œ(t) l'angle orienté entre les vecteurs (0, 1) etc' (t ),
c'est-à-dire entre les droites {x = const.} et la courbe c (fig. 38). On a

d<J
kt(c(t)) = -(t) - sin Œ(t).
dt
120 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Œ(t)

Fig. 38.

Démonstration. On a
c~(t) . c;(t)
coser(t) = llc1(t)ll et sm er(t) = - llc1(t)ll'

, . c~ (t) ,
d'ou nous tirons taner(t) = --1- . Par consequent
c2 (t)
d tan(er)
- - - () t = ( 1 +tan 2er ())der d-
t - (t) = - - c~-
(t).
dt dt dt c~(t)
Ce qui nous donne après calcul
der c 1 c" - c" c 1
-dt (t) = 1 I~ + ~2 2 (t).
C1 C2

De plus on a c?(t) + c~2 (t) = c~(t) car c est paramétrée par la longueur
d'arc, ce qui, avec le théorème 2.6.16 et la relation sin er(t) = -c~ (t)/c 2 (t),
donne le résultat cherché. D

Le théorème 2.6.16 et le lemme 2.6.17 nous donnent immédiatement


comme corollaire l'expression de la courbure.

Théorème 2.6.18. Soit c : ]a, b[ ~ JHI 2 une courbe régulière de classe C 2, pas
nécessairement paramétrée par la longueur d'arc. On a pour tout t dans ]a, b[

kh+ (c(t)) = c2(t) · ke+ (c(t)) + c~


H(t)

c 1 c" - c" c 1 c1
= c (t) . 1 2
2
1 2 (t)
( 12 + 12)3/2
+ / 12
1 (t)
C1 Cz y C1 + C212 .

Démonstration. Grâce au lemme 2.6.2 nous savons qu'il existe une nou-
velle paramétrisation de c par la longueur d'arc. Plus précisément il existe
un difféomorphismes r+ t(s) d'un intervalle ]a 1 , b1 [ sur ]a, b[ tel que la
courbe y(s) = c(t(s)) soit paramétrée par la longueur d'arc. On a de plus
dt 1
ds Il I . Appelons er(t) l'angle orienté entre les vecteurs (0, 1) et
c (t)l llll
1

c 1 (t). Le lemme 2.6.17 nous donne


2.6. COURBE ET COURBURE DANS JHI 2 121

du(t(s))
kt(y(s)) = kt(c(t(s))) = ds - sin u(t(s))
dt du(t)
= ds (s) · -;;:[ - sin u(t(s))
1 du(t) .
llc'(t)lllHI . -;;:[ - sm u(t(s)).

du(t)
De plus la remarque 2.6.5 nous donne - - = llc'(t)ll · k:(c(t)) et nous
dt
. . c' (t)
savons par ailleurs que smu(t) = - llc~(t)ll. On a donc

+ llc'(t)ll + c~ (t)
kh (c(t)) = llc'(t)lllHI . ke (c(t)) + llc'(t)ll
c~
= Cz(t) · ke+ (c(t)) + ~(t).
Finalement, à l'aide de l'expression de la courbure euclidienne donnée à la
remarque 2.6.5, on obtient

Remarque 2.6.19. Appelons C l'horocycle défini par la droite horizontale


passant par i,
C = {z E lHI 2 I lm(z) = l}.
Considérons la paramétrisation suivante de C: c(t) = (t, 1), t E IR. Nous
avons vu dans la démonstration du corollaire 2.6.15 que par rapport à cette
paramétrisation la courbure de C est égale à 1 en chaque point: kt (c(t)) = 1
pour tout réel t. Considérons la nouvelle paramétrisation y(t) = (-t, 1). À
l'aide de l'expression donnée au théorème 2.6.18 un simple calcul donne une
courbure constante et égale à-1, kt(y(t)) = -1 pour tout t. La raison est la
suivante: avec la première paramétrisation, c(t), nous calculons la courbure
par rapport à l'orientation normale de C donnée par le sens des y croissants.
Avec la paramétrisation y(t) les calculs sont faits par rapport à l'orientation
normale opposée, c'est-à-dire dans le sens des y décroissants.

À l'aide de la formule du théorème 2.6.18 nous allons calculer la courbure


hyperbolique des courbes équidistantes d'une géodésique donnée de JHI 2 puis
la courbure hyperbolique des cercles.

Proposition 2.6.20. Soit L une géodésique complète de lHI 2 et soit p ~ O. Soit


L; une courbe équidistante de L de distance p. Alors la courbure géométrique
des courbes L~ est constante et égale à th(p):
122 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

pour tout p E L;.


Démonstration. À l'aide d'une isométrie de IHI 2 nous pouvons supposer que
Lest l'axe des y :
L = {z E IHI 2 I Re(z) = o}.
De ce fait L; est l'une des deux demi-droites issues de 0 et faisant un angle a
avec L où a E [O, ;r /2[ satisfait sin(a) = th(p ), corollaire 2.5.17. Remarquons
que la symétrie orthogonale par rapport à L est une isométrie négative de
IHI 2 et de ce fait laisse invariante la courbure géométrique des courbes.
Nous pouvons donc nous contenter de calculer la courbure de la demi-
droite Lt se trouvant dans la partie des x positifs du plan hyperbolique, c'est-
i
à-dire : Lt = {A. · e<1Cfz-a)·i À > O} c IHI 2 • Considérons la paramétrisation
suivante de Lt, c(t) = t(sin(a), cos(a)), t > O. Comme c(t) paramétrise
une droite, la courbure euclidienne de c est nulle. De ce fait la formule du
théorème 2.6.18 nous donne kit(c(t)) = sin(œ) pour tout t. Nous concluons
en rappelant que sin(a) = th(p). D

Remarques 2.6.21. 1) En conservant les notations de la proposition 2.6.20,


le calcul de la courbure de la courbe équidistante Lt, avec la paramétrisation
1 .
y(t) = -.(sm(a), cos(œ)), t > 0, donne
t

kit(y(t)) = -sin(œ) = -th(p).

2) On déduit de la proposition 2.6.20 le résultat suivant. Soit C un arc de


cercle de IHI 2 ayant ses extrémités sur l'axe réel et faisant avec celui-ci un
angle non orienté {3, 0 < f3 ~ n/2. Dans ces conditions Ca une courbure
géométrique constante et égale à sin(;r /2- {3). En effet si Lest la géodésique
complète de IHI 2 ayant les mêmes extrémités que C, alors C est une courbe
équidistante de L qui fait un angle non orienté (;r /2 - /3) avec L. De ce fait
la proposition 2.6.20 permet de conclure.
De même, soit C une demi-droite de IHI 2 faisant un angle non orienté ~
avec l'axe réel, 0 < f3 ~ ;r/2. La demi-droite Ca également une courbure
géométrique constante et égale à sin(;r /2 - /3). La preuve est analogue à la
précédente.

Proposition 2.6.22. Soient z 0 E IHI 2 et p > O. Soit SIHI(z 0 , p) le cercle hyperbo-


lique de centre z 0 et de rayon p. Alors la courbure géométrique de SIHI(z 0 , p)
1
est constante et égale à - - .
th(p)
2.6. COURBE ET COURBURE DANS IHI2 123

z - Re(z 0 )
Démonstration. La fonction h(z) est une isométrie posi-
Im(z0)
tive de IHI 2 qui envoie z 0 sur le point i. Par conséquent on a la relation
h(SlHl(z 0 , p)) = SlHl(i, p) et il suffit donc de prouver la proposition pour le
cercle hyperbolique centré en i et de rayon p. Nous savons grâce à la pro-
position 2.5.5 que SlHl(i, p) = S(ich(p), sh(p)) où S(ich(p), sh(p)) désigne le
cercle euclidien de centre ich(p) et de rayon sh(p). Considérons la paramé-
trisation suivante de S(ich(p), sh(p)),
y(t) = (sh(p) cos(t), sh(p) sin(t) + ch(p)), t E ~-

Remarquons que y(t) parcourt S(i ch(p), sh(p)) dans le sens trigonométrique,
par conséquent la courbure euclidienne de S(i ch(p ), sh(p)) calculée avec la
paramétrisation y(t) est positive et égale à l'inverse du rayon euclidien,
k:(y(t)) = l/sh(p). Finalement la formule du théorème 2.6.18 et un simple
calcul donnent k:(y(t)) = l/th(p) pour tout t. D

Remarques 2.6.23. 1) En conservant les notations de la démonstration de


la proposition 2.6.22, le calcul de la courbure de SlHl(i, p), avec la paramétri-
sation
c(t) = (sh(p) cos(-t), sh(p) sin(-t) + ch(p)),
donne k:(c(t)) = -1/th(p).
2) Nous avons vu que les géodésiques de IHI 2 ont une courbure constante
et égale à 0, que les courbes équidistantes d'une géodésique donnée ont une
courbure géométrique constante et comprise strictement entre 0 et l. De
plus, les horocycles ont une courbure géométrique constante et égale à 1 et
les cercles ont une courbure géométrique constante et strictement supérieure
à l. Pour résumer, pour chaque réel À ~ 0 il existe une courbe de IHI 2 dont la
courbure géométrique est constante et égale à À.
Réciproquement nous verrons au théorème 2.6.26 que les courbes que
nous venons de décrire sont les seules courbes de IHI 2 qui ont une courbure
géométrique constante.

Proposition 2.6.24. Soit z 0 E IHI 2 et soit ü un vecteur tangent non nul au point
z0 . Soit À > O. On a (fig. 39) :
1) Si 0 < À < 1 il existe alors exactement deux courbes équidistantes passant
par z 0 et tangentes à Ü ayant une courbure géométrique égale à À. De plus ces
courbes ne sont pas équidistantes de la même géodésique.
2) Si À = 1 il existe alors exactement deux horocycles passant par z 0 et
tangents à Ü, (rappelons que les horocycles ont une courbure géométrique
constante et égale à 1, corollaire 2.6.8).
3) Si À > 1 il existe alors exactement deux cercles passant par z 0 et tangents
à ü ayant une courbure géométrique égale à À.
124 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Démonstration. À l'aide d'une isométrie de IHI 2 nous pouvons supposer que


z 0 soit le point i puis que Ü soit un vecteur horizontal, z 0 = i, Ü = (a, 0)
avec a =/=O.

Zo
Q
Ü<À<l À=l À> 1

Fig. 39.

Supposons pour commencer 0 < À < l. Soit f3 E ]O, .rr/2[ vérifiant


cos(/3) = À. Nous savons grâce à la remarque 2.6.21-2 que si C est un arc de
cercle ayant ses extrémités sur l'axe réel et faisant avec celui-ci un angle non
orienté {3, l'arc C aura une courbure géométrique constante et égale à À.
Il suffit donc de montrer qu'il existe exactement deux tels arcs de cercles
passant par i avec une tangente horizontale. Le centre de tels cercles doit
nécessairement se situer sur l'axe des y au-dessous de i/2.
Considérons donc la famille des cercles centrés aux points iy et passant
pari avec -oo < y :oS 1/2. Appelons a(y) E [O, .rr/2] l'angle non orienté
que ces cercles font avec l'axe réel. Lorsque y = 1/2 nous débutons par
l'horocycle issu de 0, de ce fait on a a(l/2) =O. Clairement lorsque y décroît
de 1/2 à 0 l'angle a(y) croît de 0 à .rr/2, pour y = 0 on obtient la géodésique
centrée en 0 et passant par i.
De ce fait il existe un unique y 1 entre 0 et 112 pour lequel l'angle a(y) est
égal à f3, ce qui nous donne un arc de cercle E 1 désiré. Également lorsque y
décroît de 0 à -oo, l'angle a(y) décroît de .rr/2 à O. Il existe donc un unique
y 2 < 0 pour lequel l'angle a(y) est égal à {3, ce qui nous donne un autre arc
de cercle E 2 désiré. Il apparaît clairement au cours de la construction que ces
arcs de cercles sont uniques et ont des extrémités réelles différentes. Les arcs
E 1 et E 2 sont donc des courbes équidistantes de deux géodésiques distinctes.
Si À = 1 il suffit de montrer qu'il n'existe que deux horocycles de IHI 2
passant par i avec une tangente horizontale. Clairement les seuls horocycles
de cette sorte sont la droite horizontale passant par i puis le cercle centré au
point i/2 et de rayon 1/2.
Supposons enfin À > 1. Rappelons que les cercles de IHI 2 de rayon
hyperbolique pont une courbure géométrique constante et égale à 1/th(p),
proposition 2.6.22. Il suffit donc de montrer qu'il n'existe que deux cercles
passant par i avec une tangente horizontale et dont le rayon p > 0 vérifie
2.6. COURBE ET COURBURE DANS JH[2 125

À = l/th(p). De tels cercles ont forcément leur centre hyperbolique sur l'axe
des y. De plus ces centres doivent se situer à une distance hyperbolique p de
i. Il n'existe que deux points sur l'axe des y vérifiant cette propriété : i eP et
ie-P, ce qui termine la preuve. D

Remarque 2.6.25. Conservons les notations de la démonstration de la pro-


position 2.6.24.

1) Supposons 0 < À < l. Les arcs de cercles E 1 et E 2 sont les graphes,


dans un voisinage du point i et par rapport à x, de deux fonctions que
nous appellerons respectivement f et g. Considérons pour chacun de ces
arcs la paramétrisation donnée par le graphe; ainsi E 1 est paramétrée par
y1 (x) = (x,f(x)) et E 2 par y 2 (x) = (x, g(x)). Remarquons que pour
ces paramétrisations l'orientation normale positive de chaque arc est celle
dirigée dans le sens des y croissants. De ce fait la courbure euclidienne
des arcs E 1 et E 2 est négative et on a plus précisément k:
(y 1(x)) < -1
et -1 < k:(y2 (x)) < 0, car le rayon de E 1 est Il - y 11 < 1 et celui
de E 2 est Il - Yzl > l. La formule du théorème 2.6.18 nous donne donc
kt(Y1 (0)) = 1 + k:(Y1 (0)) < 0 et kt (yz(O)) = 1 + k:(r2(0)) > O.
Comme ces deux arcs ont une courbure géométrique constante et égale à
À, on a donc pour tout x, kt(Y1(x)) =-À et kt(y 2 (x) =À.
2) Supposons À = 1 et appelons H 1 l'horocycle défini par la droite
horizontale passant par i et H 2 l'horocycle défini par le cercle passant par i
et tangent à O. Comme précédemment H 2 est un graphe près du point i et il
en est de même pour H 1.
Appelons y1 et y2 les paramétrisations de H 1 et H 2 respectivement,
y1 (x) = (x, 1) et y2 (x) = (x, Jl/4 - x 2 + 1/2) pour x près de O. On
montre comme dans le cas 1 que, avec ces paramétrisations, la courbure de
H 1 est positive et celle de H 2 est négative. Ce qui nous donne kt (y 1(x)) = 1
etkt(y2 (x)) = -1 pourtoutx.
3) Supposons enfin À > 1. Appelons C 1 le cercle hyperbolique de rayon
p et de centre i eP et C 2 le cercle hyperbolique de rayon p et de centre i e-p,
où p vérifie À = (l/th(p)). Les cercles C 1 et C 2 passent par le point i avec
une tangente horizontale et C 1 se trouve au-dessus de la droite horizontale
passant par i alors que C 2 se trouve au-dessous. Près de i les deux cercles
sont des graphes au-dessus de l'axe réel. Paramétrons ces deux cercles par
leur graphe et calculons leur courbure par rapport à ces paramétrisations que
nous appellerons respectivement y 1(x) et y2 (x). Les mêmes arguments que
dans le cas 1 montrent que la courbure euclidienne de y 1 est positive alors
que celle de y2 est négative. À l'aide de la formule du théorème 2.6.18 on a
donc kt(y 1(x)) =À et kt(y2 (x)) =-À pour tout x près de O.
126 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Nous pouvons maintenant classifier totalement les courbes de lHI 2 qui ont
une courbure géométrique constante.

Théorème 2.6.26. Soit C c JHI 2 une courbe régulière de classe C2 de IHI 2 ayant
une courbure géométrique constante À ?: O.
1) Si À = 0 la courbe C fait partie d'une géodésique.
2) Si 0 < À. < 1, la courbe C fait partie d'une courbe équidistante d'une
géodésique. Plus précisément, C fait partie d'un arc de cercle ou d'une demi-
droite faisant un angle non orienté f3 avec l'axe réel où f3 E ]O, n /2] satisfait
cos(f3) =À.
3) Si À. = 1, la courbe C fait partie d'un horocycle.
4) Si À. > 1, la courbe C fait partie d'un cercle hyperbolique de rayon p, où
1
p > 0 vérifie À = - - .
th(p)

Démonstration. Soit p un point de C et soit ü =j:. 0, un vecteur tangent à C


au point p. À l'aide d'une isométrie positive de IHI 2 , on peut supposer que
p est le point i et que Ü est un vecteur horizontal, p = i, ü = (t, 0) avec
t =j:. O. De ce fait, C est le graphe d'une fonction h de x dans un voisinage
de p. Soit c(x) = (x, h(x)), x E ]-t:, t:[, t: > 0, la paramétrisation d'un
voisinage de p dans C donnée par le graphe. Par hypothèse, la courbure
géométrique de C est À, de ce fait la courbure de C calculée par rapport à
la paramétrisation c(x) est: k;t(c(x)) =±À. Par conséquent, on déduit de
la formule donnée par le théorème 2.6.18 que la fonction h doit satisfaire
l'équation différentielle suivante,

(2.18) h"(x) =±À. (1 + ~'2)3/2 (x) - 1 ~ h'2 (x), X E ]-ê, t:[,

avec les conditions initiales h(O) = 1 eth' (0) = O.


L'équation (2.18) est du type h" = F(x, h, h'). On vérifie facilement
que F satisfait les hypothèses du théorème de Picard-Lindelôf (traitant de
l'existence et de l'unicité des solutions des équations différentielles avec
conditions initiales, voir Hartman [44]). Par conséquent, pour chaque valeur
de À et pour chaque choix du signe ±, il existe une unique solution de
l'équation (2.18) satisfaisant h(O) = 1 eth' (0) = O.
Si À = 0 la géodésique passant par i avec une tangente horizontale est
une solution de l'équation (2.18) avec les conditions initiales h(O) = 1 et
h' (0) = O. Par unicité, un voisinage de i dans C doit donc faire partie de cette
géodésique. De proche en proche on montre que toute la courbe C fait partie
de cette géodésique.
Dans le cas où À > 0, la remarque 2.6.25 montre que pour chaque valeur
de À. > 0 et pour chaque choix du signe ±, l'équation (2.18) admet une
2.6. COURBE ET COURBURE DANS !HI 2 127

solution satisfaisant h (0) = 1 et h' (0) = 0 qui, dans chaque cas, est l'une des
courbes énoncées au théorème 2.6.26, c'est-à-dire une courbe équidistante
si 0 < À < 1, un horocycle dans le cas À = 1 ou un cercle hyperbolique
si À > l. Par conséquent, C fait toujours partie localement de l'une des
courbes énoncées au théorème 2.6.26 et, de proche en proche, on obtient
l'appartenance globale. D

Nous allons maintenant introduire le principe du maximum géométrique


qui vaut aussi bien pour le plan euclidien JR 2 que pour le plan hyperbolique
IHI 2 : supposons que deu>; courbes distinctes soient tangentes en un point p
et que l'une soit au-dessus de l'autre par rapport à une orientation normale
fixée. Dans ces conditions la courbure de la courbe du dessus ne peut pas
être inférieure ou égale, en chaque point d'un voisinage de p, à celle de la
courbe du dessous. Les deux courbures sont calculées par rapport à la même
orientation normale précédente.
Considérons par exemple le demi-cercle centré en 0 et de rayon 1, C 1 ,
et la droite horizontale passant pari, C 2 . Les deux courbes sont tangentes
au point i. Par rapport à l'orientation normale donnée par les y croissants,
C2 se trouve au-dessus de C 1 près de i et la courbure de C 2 , qui est 1, est
supérieure à celle de C 1 qui est O. Par contre si nous changeons l'orientation
normale et considérons celle donnée par le sens des y décroissants tout est
inversé : C 1 se trouve au-dessus de C 2 près de i et la courbure de C 1 , qui est
0, est supéreure à celle de C 2 qui est -1.
Nous allons prouver le principe du maximum géométrique pour les
courbes de JH[ 2 mais il sera clair que la même preuve peut être facilement
adaptée pour le cas euclidien.

Théorème 2.6.27 (Principe du maximum géométrique). Considérons deux


courbes de classe C 2 de JH[ 2 qui sont des graphes par rapport à l'axe des x:
c(x) = (x, u(x)) et y(x) = (x, v(x)), x E ]a, b[.
Soit x 0 E ]a, b~ faisons les suppositions suivantes:

1) u(x 0 ) = v(x 0 ).
2) v(x) :S u(x), pour tout x E ]a, b[.
3) kt(c(x)) :S kt(y(x)), pourtoutx E ]a,b[.
Dans ces conditions on a c(x) = y(x) dans un voisinage de x 0 .

Démonstration. Remarquons que les hypothèses 1 et 2 impliquent que c et


y sont tangentes en x 0 , c'est-à-dire u' (x 0 ) = v' (x 0 ). À l'aide de l'expression
de la courbure hyperbolique obtenue au théorème 2.6.18, l'hypothèse 3 nous
donne pour tout x E ]a, b[
128 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

(2.19)
(V v" 1 u" 1 )
-u - X >0
(1 + v'2)3f2 + (1 + v'2) 1/2 (1 + u'2)3/2 (1 + u'2) 1/2 ( ) :.--- ·

Appelons F la fonction suivante définie sur IR 3 à valeurs dans IR :


c 1
F(a, b, c) =a (1 + b2)3/2 + (1 + b2)1/2.

Remarquons que pour tout x dans Ja, b[ l'inégalité (2.19) est équivalente à
l'inégalité F(v(x), v'(x), v"(x)) - F(u(x), u'(x), u"(x)) ~O. Pour chaque x
considérons la fonction f à valeurs réelles définie sur [O, lJ par

f(t) = F[tv(x) + (1-t)u(x),tv'(x) + (1-t)u'(x),tv"(x) + (1-t)u"(x)J.

La fonction f est continue sur [O, 1J et dérivable sur JO, l [, nous pouvons
donc appliquer le théorème des accroissements finis. De ce fait il existe un
réel t(x) E JO, l[ tel que f(l) - f(O) = f'(t(x)). Ceci nous donne pour tout
x dans Ja, b[

F[v(x), v'(x), v"(x)J - F[u(x), u'(x), u"(x)]


d
= dt F[tv(x)+(l-t)u(x), tv' (x)+(l-t)u' (x), tv" (x) + (1-t)u" (x))](t(x))
aF
= (v - u)(x) · da [tv + (1-t)u, tv' + (1-t)u', tv" + (1-t)u"](x)

+ (v' - u')(x).
aF
ab [tv + (1-t)u, tv' + (1- t)u', tv" + (1-t)u"](x)

+ (v" - u")(x) .
aF
ac [tv + (1-t)u, tv' + (1-t)u', tv" + (1-t)u"](x).

Un simple calcul montre qu'en x 0 on a


aF , , ,,
-;-[tv + (1 - t)u, tv + (1 - t)u, tv + (1 - t)u ](xo)
,, =
u(xo)
)) 312
uc (1 + u'2(x0
et de ce fait on obtient
aF
ac [tv + (1 - t)u, tv' + (1 - t)u', tv" + (1 - t)u"](x) > 0,

pour x près de x 0 . À l'aide de l'inégalité (2.19) et en considérant la nouvelle


fonction w(x) := v(x) - u(x), on obtient l'inégalité différentielle suivante,
satisfaite pour x près d~ x 0 ,

(2.20) w"(x) + g(x) · w'(x) + h(x) · w(x) ~ 0,

où on a posé
2.6. COURBE ET COURBURE DANS !HI 2 129

iff
g(x) = ~~ [tv + (1 - t)u, tv' + (1 - t)u', tv" + (1 - t)u"](x)

ac
et
aF
h(x) = ~~ [tv + (1 - t)u, tv' + (1 - t)u', tv" + (1- t)u"](x).
ac
Clairement les fonctions g et h sont continues et bornées dans un voisinage
de x 0 • Nous pouvons donc appliquer le principe du maximum analytique, voir
Protter-Weinberger [68, Chapter 1, Section 2, Theorem 5]. Celui-ci stipule
que si une fonction w satisfait une inégalité différentielle du type (2.20) sur
un intervalle ]a, b[ avec g eth continues et bornées et si l'on suppose de plus
que w possède un maximum nul en un point x 0 E ]a, b[, alors la fonction w
est constante et égale à 0 dans un voisinage de x 0 • Or par hypothèse notre
fonction w = v - u est inférieure ou égale à 0 sur ]a, b[ et vaut 0 en x 0 .
Le principe du maximum analytique que nous venons de citer affirme que
la fonction w est nulle près de x 0 et, de ce fait, on a u(x) = v(x) dans un
voisinage de x 0 , ce qui conclut la preuve. D

Comme corollaire on a le principe du maximum à bord dont l'énoncé est


analogue au précédent.

Théorème 2.6.28 (Principe du maximum géométrique à bord). Considérons


deux courbes du plan hyperbolique 1Hl 2 de classe C 2 jusqu'au bord qui sont
des graphes par rapport à l'axe des x: c 1(x) = (x, u(x)) et y 1(x) = (x, v(x)),
x E [x 0 , x 0 + s[, s > O. Faisons les suppositions suivantes:

1) u(x 0 ) = v(x 0 ) etu'(x 0 ) = v'(x 0 ) =O.


2) v(x) ~ u(x) pour tout x E [x 0 , x 0 + c[.
3) kt(c1(x)) ~ kt(Y1(x)) pourtoutx E [xo,Xo + c[.
Dans ces conditions on a c 1(x) = y 1(x) dans un voisinage de x 0 .

Démonstration. Remarquons que les courbes c 1 et y 1 sont tangentes en x 0


avec une tangente horizontale. Considérons les courbes de 1Hl 2 définies sur
]x0 -s, x 0 +c[ par c(x) = c 1(x) six ~ x 0 et c(x) = (x, u(2x 0 -x)) six ~ x 0 ,
puis de même y(x) = y 1 (x) six~ x 0 et y(x) = (x, v(2x 0 - x)) six ~ x 0 .
Clairement c et y sont des courbes de classe C 2 et vérifient toutes les
hypothèses du théorème 2.6.27, par conséquent on a c 1 (x) = y 1 (x) dans un
voisinage de x 0 • D
130 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Remarque 2.6.29. Les principes du maximum (intérieur et au bord) sont


aussi valables pour les courbes qui sont des graphes par rapport à l'axe des
y, x = u(y). En effet on peut donner une preuve analytique analogue aux
théorèmes précédents. Voici une autre manière de le démontrer, dans le cas
où l'une des courbes a une courbure constante ou bien si la courbure de l'une
est strictement inférieure à la courbure de l'autre au point z 0 : si les courbes
c 1 (y) = (u 1 (y),y) et c2 (y) = (u 2 (y),y)) sont tangentes en un point z 0 ,
la rotation hyperbolique de centre z0 et d'angle n/2 transforme ces deux
courbes en courbes tangentes au point z0 et qui sont de plus des graphes par
rapport à l'axe des x. De ce fait on se ramène aux cas des théorèmes 2.6.27
et 2.6.28.
De même, on peut énoncer les principes du maximum par rapport au
vecteur courbure, définition 2.6.6 et remarque 2.6.8-2. Nous formulerons
seulement le principe du maximum intérieur, le principe du maximum à bord
s'énonce de manière analogue. Remarquons auparavant qu'une courbe c
de JR 2 de classe C 1 est au voisinage de chacun de ses points un graphe par
rapport à sa droite tangente.
Théorème 2.6.30. Soient C1 et C2 deux courbes de IHI 2 de classe C2 tangentes
en un point z 0 E c 1 n c2 . Supposons que c 1 (resp. c2 ) soit, près de z0 , le graphe
d'une fonction u 1 (resp. u 2 ) par rapport à la droite tangente commune de c 1 et
c2 en z 0 . Faisons les hypothèses suivantes:
1) La courbure de c 1 est constante et non nulle.
2) Les graphes u 1 et u 2 calculés par rapport au vecteur courbure de c 1
vérifient u 1 (t) ::S u 2 (t) dans un voisinage de z 0 .
3) Les courbures géométriques de c 1 et c 2 vérifient kh(u 1 (t)) :?:: kh(u 2 (t))
dans un voisinage de z 0 .
Dans ces conditions on a c 1 = c2 dans un voisinage de z 0 .

Démonstration. Pour prouver ce résultat on se ramène à la situation du


théorème 2.6.27 en considérant l'image des courbes c 1 et c2 par la rotation
hyperbolique de centre z0 qui envoie le vecteur courbure de c 1 au point
z 0 sur un vecteur vertical dont l'orientation est donnée par le sens des y
croissants. D

Exemple 2.6.31. À l'aide du principe du maximum énoncé avec le vecteur


courbure, théorème 2.6.30, on peut déterminer dans certains cas la direction
vers laquelle pointe le vecteur courbure d'une courbe.
Nous dirons qu'une courbe c : ]O, 1[ --+ IHI 2 est complète si, ou bien
c (JO, 1[) est compacte et sans bord, ou bien c (JO, l [) n'a aucun point d'accu-
mulation dans IHI 2 etc (JO, 1[) s'accumule sur él 00 IHI 2 , c'est-à-dire
lim dlHI(a, c(tn))
n-++oo
= +oo
2.6. COURBE ET COURBURE DANS IH!2

pour toute suite (tn) de JO, 1[convergeant vers 0 ou 1, où a E IHI 2 est un point
fixé.
Rappelons que les courbes complètes de courbure géométrique constante
kh > 0 sont toutes plongées, théorème 2.6.26, c'est-à-dire qu'elles n'ont
aucune auto-intersection, et de ce fait elles séparent IHI 2 en deux composantes
connexes C 1 et C 2 . De plus, par continuité, le vecteur courbure pointe
toujours vers la même composante connexe. Considérons maintenant une
courbe c de IHI 2 de courbure géométrique constante et non nulle.
Supposons qu'en un point p E c la géodésique tangente à c au point p
soit contenue, hors de p, dans l'une des composantes connexes de IHI 2 \ c
que nous appellerons C 1 • Le principe du maximum montre qu'au point p le
vecteur courbure ne peut pas pointer vers la composante C 1 , car, par rapport
à la direction normale déterminée par le vecteur courbure, la courbure de
c est positive, alors que celle de la géodésique est nulle. Par conséquent au
point p, et donc en chaque point de c, le vecteur courbure pointe vers l'autre
composante connexe C2 •

l l c

(a) (b)

0 (c)
:::(' (d)

(e) (f)

Fig. 40.
132 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Par exemple, si c est un horocycle donné par un cercle tangent à l'axe


réel, et donc kh = 1, le vecteur courbure pointe vers l'intérieur du disque
bordé par c (fig. 40-(a)). Si c est un horocycle donné par une droite ho-
rizontale, et par conséquent kh = 1, le vecteur courbure pointe vers la
composante connexe de lHI 2 \ c ne contenant pas l'axe réel dans son bord
asymptotique (fig. 40-(b)). Si maintenant c est un cercle, et donc kh > l,
le vecteur courbure pointe vers l'intérieur du disque de lHI 2 bordé par
c (fig. 40-(c)). Si c est une courbe équidistante donnée par une demi-
droite, et donc 0 < kh < 1, le vecteur courbure pointe vers le secteur
de lHI 2 \ c qui a le plus grand angle (fig. 40-( d) ). Si c est une courbe équi-
distante donnée par un arc de cercle ayant ses extrémités sur l'axe réel,
et donc 0 < kh < 1, le vecteur courbure pointe vers la composante
de lHI 2 \ c pour laquelle l'angle entre c et l'axe réel est le plus grand
(fig. 40-( e) et (f)).

Les résultats suivants sont également des applications du principe du


maximum.

Proposition 2.6.32. Soit C une courbe régulière de classe C 2 de lHI 2 dont la


courbure géométrique (pas nécessairement constante) vérifie kh ::S 1 le long de
c.
Dans ces conditions la courbe C est plongée, c'est-à-dire que C n'a aucune
auto-intersection.

Démonstration. Supposons le contraire, Ca donc au moins un point d'auto-


intersection. De ce fait on peut extraire de C une courbe fermée y C C
plongée et de classe C 2 en chaque point sauf, éventuellement, en un point
p E C qui est un point d'auto-intersection de C. Quitte à utiliser une rotation
hyperbolique de lHI 2 de centre p, on peut supposer que y possède des points
de partie imaginaire strictement plus petite que celle de p. Appelons q le
point, ou l'un des points, de y qui possède la plus petite partie imaginaire, on
a donc q E y et lm(q) < lm(p).

H
q

Fig. 41.
2.6. COURBE ET COURBURE DANS JHI 2 133

Observons que la droite horizontale passant par q est un horocycle H,


et donc de courbure géométrique 1, dont le vecteur courbure pointe vers
le haut, exemple 2.6.31. Nous savons de plus que, par construction, y est
tangent à H au point q et se trouve au-dessus de H (fig. 41). Comme de plus
y courbe moins que H, le principe du maximum montre que y est contenue
dans H dans un voisinage de q et, de proche en proche, on en déduit que y
est entièrement contenue dans H, ce qui est absurde car y est une courbe de
Jordan. Nous concluons donc que la courbe C est plongée. D

Remarque 2.6.33. La preuve de la proposition 2.6.32 montre également qu'il


n'existe pas de lacet de classe C 2 de IHI 2 , plongé ou non, dont la courbure
géométrique vérifie kh :::; l.

Le résultat suivant constitue une caractérisation des cercles hyperboliques


de JHl 2 .

Proposition 2.6.34. Soit y C IHI 2 une courbe reliant deux points de l'axe
imaginaire, i a et i b, vérifiant 0 < a < b et dl:'!. (i a, i b) = 2p. On suppose que
y est de classe C 2 jusqu'au bord. On suppose également que y est le graphe
horizontal d'une fonction continue f : [a, b] -+ JR, de classe C2 sur l'intervalle
ouvert]a,b[etvérifiant f(a) = f(b) = 0:

y= {U(y), y) E IHI 2 Iy E [a, bJ}

Si la courbure géométrique de y est supérieure ou égale à coth(p ), alors la


courbe y est un demi-cercle hyperbolique de rayon (hyperbolique) p, et donc
de courbure géométrique coth(p), orthogonal à l'axe imaginaire.

Démonstration. Comme y est le graphe d'une fonction de classe C 2 par


rapport à l'axe imaginaire, la direction normale en chaque point de y n'est
jamais verticale. De plus l'hypothèse sur la courbure de y implique que
le vecteur courbure de y n'est jamais nul. Nous déduisons de ces deux
observations que le vecteur courbure de y pointe soit toujours dans la
direction des x positifs soit toujours dans la direction des x négatifs. Il en
résulte que y se trouve entièrement d'un côté de l'axe imaginaire. En effet,
sinon f aurait un minimum négatif en un point y 1 E ]a, b[ et un maximum
positif en un point Yz E ]a, b[. En comparant y au point z 1 = (f(y 1 ), y 1) avec
la géodésique verticale passant par z 1 le principe du maximum montre que
le vecteur courbure de y au point z 1 pointe vers les x positifs. De même, en
comparant la courbe y au point z2 = (f (y 2 ), y 2 ) avec la géodésique verticale
passant par z2 , nous concluons que le vecteur courbure de y pointe vers les
x négatifs ce qui contredit notre observation antérieure. Nous pouvons donc
supposer que y se trouve du côté des x positifs, c'est-à-dire f(y) ?: 0 pour
134 CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

tout y dans ]a, b[. De ce fait le vecteur courbure pointe dans la direction des
x négatifs en chaque point de y.
Remarquons que, à une homothétie de 1Hl 2 près, on peut supposer que
a = e-p et b = eP. Par conséquent le graphe de la fonction

g(y) = Jsh2 (p) - (y - ch(p)) 2 , a~ y~ b,

est le demi-cercle de centre hyperbolique i = (0, 1) et de rayon hyperbolique


p; de plus il est orthogonal à l'axe imaginaire. Appelons C le graphe de g et
notons que le vecteur courbure pointe vers les x négatifs en chaque point
de C. Observons que si on a g(y) ~ f(y) pour tout y E ]a, b[ ceci implique
nécessairement que y est orthogonale à l'axe imaginaire aux points (0, a) et
(0, b ). Par conséquent en chacun de ces points y et C seraient tangents, les
vecteurs courbure pointeraient dans le même sens et y serait au-dessous de
C par rapport à la direction normale donnée par les vecteurs courbure. Par
hypothèse la courbure géométrique de y est supérieure ou égale à celle de C.
Le principe du maximum à bord montre alors que près de ces points du bord
les courbes sont égales et, de proche en proche, cela montre que y = C.

Il suffit donc de montrer que g(y) ~ f(y) pour tout y E ]a, b[. Pour
chaque À~ 0 notons CÀ le graphe de la fonction g -À, on a donc C0 = C.
Si À est assez grand nous aurons g(y) -À < f(y) pour tout y E ]a,b[ et
par conséquent CÀ est loin de y. Lorsque À tend vers 0, la courbe c,_ se
rapproche de y. Remarquons que, au cours de ce mouvement, c,_ ne peut pas
avoir un premier point de contact intérieur avec y si À > O. En effet, sinon
y et c,_ seraient tangents en ce point, les vecteurs courbure pointeraient
dans le même sens et y serait au-dessous de c,_ par rapport à la direction
normale déterminée par les vecteurs courbure. Nous déduirions du principe
du maximum que y est contenu dans c,_, ce qui est absurde car les points
(0, a) et (0, b) sont dans y mais pas dans CÀ.

Nous concluons donc que pour tout À > 0 et pour tout y E ]a, b[ on a
g(y) -À< f(y). De ce fait on a g(y) ~ f(y) pour tout y dans ]a, b[, ce qui
conclut la preuve. D

Remarque 2.6.35. Considérons de nouveau une courbe de IR 2 régulière et de


classe C 2 , c : ]a, b[ ~ IR 2 . Appelons cr(t) l'angle orienté que font les droites
{x = const.} avec c. Nous avons vu à la remarque 2.6.5 que la courbure
euclidienne de c est
der
k:(c(t)) = ·-dt (t),
Je?+ c~2
pour tout t E ]a, b[. Par conséquent la courbure est positive si, et seulement
2.6. COURBE ET COURBURE DANS JHI 2 135

si, la fonction angle a est croissante. Nous allons voir un résultat analogue
pour les courbes du plan hyperbolique.

Définition 2.6.36. Soit c = (c 1, c2) : ]a, b[--* 1Hl 2 une courbe régulière et de
classe C 1, non nécessairement paramétrée par la longueur d'arc. Pour tout
t E ]a, b[ on note n+(t) le vecteur unitaire (pour la métrique hyperbolique)
au point c(t) et orthogonal à c'(t) tel que la famille (c'(t), n+(t)) soit une
base directe de ~.2. Notons y+(t) la demi-géodésique issue de c(t), tangente à
n+(t) et orientée par n+(t). Notons enfin G(t) E ô00 1Hl 2 le bord asymptotique
de y+(t). L'application

G : ]a, b[--* Ô00 1Hl 2


t ~ G(t) := ô00 y+(t),

est appelée l'application de Gauss hyperbolique de la courbe c. Remarquons


que G(t) = oo si, et seulement si, c~(t) = 0 etc~ (t) > O.

Proposition 2.6.37. Soit c = (c 1 , c2 ) : ]a, b[ --* 1Hl 2 une courbe régulière et de


classe C 1 . Supposons c~(t) =fa 0 pour tout t E ]a, b[. On a alors,

I
G(t) = C1C2 - C2C1 - C2C1
I ..j'2+ C212 (t)
c'2
pour tout t E ]a, b[.

Démonstration. On a
+ C2(t) / /
n (t) = (-c 2(t),c 1(t)) := (n1(t),n2(t)).
Jc?(t) + c~2 (t)
Comme c~(t) =fa 0, la géodésique passant par c(t) et tangente à n+(t) est
donc un demi-cercle orthogonal à l'axe des x, notons X = (d, 0) son centre,
~
d E IR. Les vecteurs n+(t) et Xc(t) sont orthogonaux, ce qui nous donne
n1(t)(c 1(t) - d) + n 2(t)c 2(t) = 0, on en déduit:
n2
d = C1 (t) + -(t)c2(t).
n1
Le rayon du cercle, R > 0, est
~
R = llXc(t)ii =
c~(t)
= lni(t)I' car lln(t)lllHI =l.
Sin 1(t) > Oona
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

G(t) = d +R
n2 c2
= c 1 (t) + -(t)c2(t) + -2(t)
n1 n1

= c,(t) + -
c'1
, (t)c 2(t) + c2(t)
Jc' (t) + c'2 (t)
1
2
,
2

-~ -~

= c, c~ - c2c; - c2 J c;2 + c;2 (t ) .


/
C2
Sin 1 (t) < Oona
G(t) =d -R

ce qui termine la preuve. 0

Théorème 2.6.38. Soit c = (c 1 , c2 ) : ]a, b[ ---+ IHI 2 une courbe régulière et


de classe C 2 . Supposons c~(t) i- 0 pour tout t E ]a, b[. Alors la courbure
hyperbolique vérifie
/2 + 12
G'(t) = c, c2 (t)(kt(c(t)) - 1)
J c;2 + c;2 - c; .
pour tout t E ]a, b[. Par conséquent la courbure de la courbe c est supérieure
(resp. inférieure) à 1 si, et seulement si, l'application de Gauss hyperbolique
est croissante (resp. décroissante).

Démonstration. La preuve est un calcul fastidieux mais direct. Du fait que


c~(t) f. 0 on a ( J c;2 + c;2 - c;)(t) > 0 pour toutt E ]a, b[.
L'expression de G(t) de la proposition 2.6.37 nous donne

( c 1 c"2 - c2c"1 - c'2 VI c'2 + c'22 - c")


c2 c'I Ic"I 12+ c'2, 2 c'2
1 2
G'(t) = i2 V c, + C2 (t)
C2
c~ (c 1 c; - c2c; - c2 J c;2 + c;2)
/2 (t)
C2
= c2(c'1c"2 - c"1c')
12 / 12
2 (t)
12
(Vc'21 + c'22 + c'1)(t) _ Vc'21 + c'22 (t)
C2 V c, + C2
2.6. COURBE ET COURBURE DANS IHI 2 137

( '"
C2C1C2-C1C2"') ) V'2
--;::::;;:=:=::;--:----;:::==::;;:(t - C 1 + c2'2()t
(.Jc? + ci2 - c~) c? .J + ci2
c'12 + c'22 (t) ( c c'1c"2 - c"c'
1 2 y
1c' 2+ c'22 - c')
1 1 (t)
.J c? + ci2 - c~ 2 (c? + ci2)3/2 - .Jc? + ci2
= c'12+ c'22 (t) ( c c'1c"2 - c"1c'2 + c'1 1) (t)
.Jc? + ci - c~
2 2 (c~ + ci )3
2 2 12 .Jc? + ci -
2
12 + 12
c1 c2 (t)(kt(c(t)) - 1) (voir le théorème 2.6.18)
y 1c'12 + c'22 - c'1

pour tout t E ]a, b[. La dernière assertion du théorème se déduit du fait que
(Je?+ c? - c~)(t) > 0 pour toutt E ]a, b[. D

Remarque 2.6.39. Dans le modèle du disque hyperbolique, pour toute courbe


c : ]a, b[ ---+ []) de classe C 1 et régulière on peut définir de la même
manière l'application de Gauss hyperbolique G : ]a, b[ ---+ él 00 []) de c. Si
de plus la courbe c est de classe C 2 , on peut montrer, soit directement et
de manière analogue que dans lHI 2 soit à l'aide d'une isométrie de lHI 2 sur lill,
que la courbure de c est supérieure (resp. inférieure) à 1 si, et seulement
si, G(t) parcourt le cercle § 1 = él 00 []) dans le sens trigonométrique (resp.
trigonométrique contraire) lorsque t croît de a à b.

Exercices de la section 2.6

Exercice 2.6.1. Le but de cet exercice est de définir un nouveau système de


coordonnées sur JHI 2 .
Appelons L l'axe imaginaire pur de JHI 2 , L = {z E JHI 2 1 Re(z) = ü}.
Soit P = (x, y) E lHI 2 un point quelconque, appelons P' l'intersection de L
avec l'unique géodésique complète de lHI 2 orthogonale à Let passant par P.
Appelons u la distance « orientée » de P' à i et v la distance « orientée » de P
à P', c'est-à-dire: u ?: 0 {} Im(P') ?: l et v ?: 0 {} x = Re(P) ?: O.
1) Prouver les relations suivantes entre (x, y) et (u, v),

u = log(Jx 2 + y 2 ), th(v) = x
.Jx2 + y2
et eu
x = euth(v), y= - - .
ch(v)

2) En déduire que les courbes {u = const.} sont les géodésiques com-


plètes de lHI 2 centrées à 0 et de rayon (euclidien) eu, puis que les courbes
{v = const.} sont les courbes équidistantes Lu de L.
3) Décrire l'horocycle {y = 1} en fonction des coordonnées (u, v).
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Exercice 2.6.2. Le but de cet exercice est d'exprimer la courbure d'une


courbe de lHI 2 en fonction des coordonnées (u, v) introduites à l'exercice 2.6.1.
Soit c(t) = (c 1 (t), c 2(t)), t E ]a, b[, une courbe régulière de lHI 2 de classe
C . Comme à l'exercice 2.6.1 appelons L l'axe imaginaire pur de lHI 2 et Lv
2
les courbes équidistantes de L. Appelons e(t) l'argument du point c(t), u(t)
l'angle orienté que font les droites {x = const.} avec cet enfin œ(t) l'angle
orienté que font les courbes Lu avec c.
1) Montrer que pour tout t dans ]a, b [ on a
][
u(t) - e(t) - œ(t) = --.
2
En déduire que

kt(c(t)) = c2 (t) (dœ de ) - sin(u(t)).


-(t) + -(t)
Jc;2 + c~2 dt dt
2) En introduisant les coordonnées (u, v) de l'exercice 2.6.1 montrer que

llc'(t)ll = ~(t) /u' 2ch 2(v) + v' 2 (t).


chv Y
En déduire que

. ( ( )) u'sh(v)ch(v) + v' ()
sm u t =- t .
ch(v)Ju 12 ch 2(v) + v 12
3) En utilisant la relation cos(e(t)) = th(v(t)), montrer que
de v'
-(t) = --(t).
dt ch(v)
En déduire que

(dœ
+
kh (c(t)) = llc'(t)lllHI.
1
dt+ u ,sh(v) ) (t).
4) Montrer que
u'ch(v) -v'
cos(œ(t)) = (t) et sin(œ(t)) = (t),
Ju 12 ch 2(v)+v' 2 Ju 12 ch 2(v)+v' 2
puis en déduire que
dœ u"v'ch(v) + u'v' 2sh(v) - u'v"ch(v)
- = (t).
dt u'2 ch 2 (v) + v'2
En conclure que
u" v' ch( v )+ 2u' v'2sh( v )+u'3ch 2( v )sh( v )-u' v" ch( v)
kt(c(t)) = (u'2ch2(v) + v'2)3/2 (t).
2.6. COURBE ET COURBURE DANS IHI2 139

Exercice 2.6.3. Soient 1 = [a, b], 0 < a < b, et k : 1 ---+ R une fonction
continue. Soient A et B deux nombres réels. Le but de cet exercice est
de montrer qu'il existe au plus une fonction u de classe C 2 sur 1 telle que
u(a) = A, u(b) = B et telle que la courbure du graphe par rapport à
l'axe imaginaire, c(y) = (u(y), y), y E 1, soit précisément la fonction k :
kt(c(y)) = k(y), pour tout y dans 1.
1) Soit u une fonction de classe C 2 sur1 dont la courbure du graphe est la
fonction k. Montrer que u est solution de l'équation différentielle suivante.

(2.21) (1 + ~:)2)3/2 = ~. (-k(y) + (1 + (:',)2)1/2),

, du d 2u ,,
avec u = -dy et u
dy 2 •
2) Soit u une fonction de classe C 2 sur1 vérifiant l'équation (2.21). Montrer
que pour toute constante c ER la fonction u(y) + c est encore solution de
(2.21).
3) Soient u et v deux solutions de (2.21) telles que u(a) = v(a) = A et
u(b) = v(b) =B.
a) Montrer que sic > 0 est assez grand on a u(y) - c < v(y) pour tout
y dans 1.
b) À l'aide du principe du maximum montrer que pour tout c > 0 et
pour tout y dans 1 on a u(y) - c < v(y).
c) En déduire que u(y) ::;::: v(y) pour tout y dans 1.
d) Montrer que u(y) = v(y) pour tout y dans 1.

Exercices 2.6.4. 1) Soient c 1 (y) = (u 1 (y), y) et c 2 (y) = (u 2(y). y), avec


0 <a < y < b, deux courbes de classe C2 qui sont des graphes par rapport à
l'axe imaginaire. Soit y 0 E ]a, b[ tel que c 1 (y 0 ) = c 2 (y 0 ) etc; (y 0 ) = c~ (y 0 ).
À l'aide de l'équation (2.21) de l'exercice 2.6.3, montrer que les courbures
hyperboliques de c 1 et c 2 en y 0 sont égales si, et seulement si, les courbures
euclidiennes sont égales :
kt(c1(Yo)) = kt(c2(Yo)) ~ k:(c1(Yo))
= k:(c2(Yo)).
2) Supposons C1 de classe C 2 sur l'intervalle 1 = [a, +oo[. Montrer que
si kt(c 1(y)) est bornée sur 1 alors k:(c 1(y)) est aussi bornée sur 1. La
réciproque est-elle vraie?
3) À l'aide de la relation (2.21) de l'exercice 2.6.3, calculer les courbures
géométriques des courbes suivantes.
a) Le cercle hyperbolique Cp de rayon hyperbolique p donné par

Cp = {x + iy E JH[ 2 I x 2 +(y - chp) 2 = sh2 p}.


CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

b) Les courbes équidistantes de la géodésique définie par l'axe imaginaire


et faisant un angle œ E (0, n /2[ avec celle-ci.
c) Un horocycle tangent à l'axe réel.
4) Plus généralement, montrer que si c 1 , c 2 : Ja, b[ --+ IHI 2 sont deux
courbes de classe C 2, alors pour tout to dans Ja, b ( tel que C1 (to) = C2 (to) et
c;(t0 ) = c;(t0 ), on a

kt(c1(t0 )) = kt(c2(to)) ~ k:(c1(to)) = k:(c2(to)).


Exercice 2.6.5. Démontrer analytiquement le principe du maximum intérieur,
à l'aide de la formule (2.21) de l'exercice 2.6.3, pour les courbes qui sont des
graphes par rapport à l'axe imaginaire.

Exercice 2.6.6. Soit y(x) = (x, f(x)) une courbe de IHI 2 donnée par le graphe
d'une fonction f de classe C 2 définie sur un intervalle 1 = [a, +oo[ et
vérifiant: f"(x) ::;: 0 pour tout x dans 1.
1) Montrer à l'aide du principe du maximum que si la courbure hyperbo-
lique de y est supérieure ou égale à 1 alors on a
liminfkt(y(x)) = 1.
x--++oo

2) Montrer que si lkt(y(x))I:?: 1 alors kt(y(x)):?: 1.

Exercice 2.6.7. Soit la courbe y(y) = (u(y), y) avec 0 <a :S y :Sb où u est
une fonction de classe C2 sur [a, bJ vérifiant u(a) = u(b) =O.
Montrer que si kt(y(y)) ::;: A > 1 alors la hauteur de y est a priori
bornée, c'est-à-dire qu'il existe une constante M indépendante de u et ne
dépendant que de A, telle que iu(y)I :SM pour tout y E [a, bJ.

Exercice 2.6.8. Soit la courbe y(y) = (u(y), y) avec y > 0, où u est une
fonction de classe C2 sur JO, +oo[.
Montrer que si kt(y(y))::;: 1 pour tout y > 0, alors la fonction une peut
pas être bornée inférieurement sur JO, oo[.

Exercice 2.6.9. Soit la courbe c(x) = (x, f(x)) avec a :S x :S b, où f est


une fonction de classe C2 sur [a, bJ.
Montrer que si la courbure géométrique de c est inférieure ou égale à 1
alors la fonction f ne peut pas avoir de minimum local.

Exercice 2.6.10. Soit y : [a, bJ --+ IHI 2 une courbe régulière de classe C 2 et
soit t0 E [a, bJ. On dit que p = y(t 0 ) est un point d'inflexion de y si la
courbure (hyperbolique) de y s'annule au point p en changeant de signe.
Donner plusieurs exemples de courbes admettant un ou plusieurs points
d'inflexion.
2.6. COURBE ET COURBURE DANS !HI 2 141

Exercice 2.6.11. Soit 1 c lR un intervalle réel et soit c : 1 ---+ IHI 2 une courbe
régulière. On dit que c(I) est une courbe convexe (au sens hyperbolique)
si pour tout t E 1 la courbe c(I) se trouve d'un seul côté de la géodésique
tangente à c(I) au point c(t).
On dit que c est localement convexe (au sens hyperbolique) si pour tout
t0 E 1, il existe un intervalle J C 1 contenant t 0 , tel que c(J) soit une courbe
convexe (au sens hyperbolique).
1) Montrer que si la courbure hyperbolique de c ne s'annule jamais, c est
localement convexe.
2) Donner un exemple de courbe localement convexe mais non globale-
ment convexe.

Exercice 2.6.12. Nous allons introduire les coordonnées polaires (r, e) de IHI 2 .
Pour cela nous considérerons la géodésique y = {lzl = 1 1 lm(z) > ü} de
H2.
e
Soit p E IHI 2 , p =f=. i, nous posons r = dlHl(p,i) et est l'angle orienté
entre y et l'unique géodésique passant par les points p et i.
1) Exprimer les coordonnées polaires d'un point p E IHI 2 , p =f=. i, en
fonction des coordonnées (u, v) de l'exercice 2.6.l.
2) Décrire le cercle hyperbolique de centre i et de rayon R > 0 en
coordonnées polaires.
3) Décrire les horocycles {y = 1} et {y = 2} en coordonnées polaires.
4) Décrire la courbe équidistante {x = y} en coordonnées polaires.

Exercice 2.6.13. Soient F 1 , F 2 E IHI 2 deux points de IHI 2 sur l'axe imaginaire
pur aveclm(F i) < Im(F2 ). Soit a > 0 tel que dlHl (F 1 , F 2 ) < 2a. On définit
l'ellipse hyperbolique E, de foyers F 1 et F 2 et de grand axe 2a de la manière
suivante (par analogie avec les ellipses de JR 2 ),

E = {P E IHI 2 I dlHl(p, F 1) + dlHl(p, F2) = 2a}.


l) Donner l'équation cartésienne de l'ellipse E.
2) Donner l'équation de l'ellipse E en fonction des coordonnées (u, v) de
l'exercice 2.6.l.

Exercice 2.6.14. Soit y(v) = (f(v), v) une courbe de IHI 2 donnée par le
graphe d'une fonction u = f(v) de classe C2 dans le système de coordonnées
(u, v) de la définition 2.5.20.
Donner l'expression de la courbure hyperbolique algébrique de la courbe
y dans le nouveau système de coordonnées (u, v) de l'exercice 2.6.l.

Exercice 2.6.15. Soit C C IHI 2 un arc de cercle de rayon euclidien r > 0 et de


centre euclidien (x 0 , y 0 ) avec y 0 E lR (y 0 peut être négatif!).
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE

Soit c : (0, I] --+ C C IHI 2 une paramétrisation de C telle que C soit


parcourue dans le sens trigonométrique, c'est-à-dire que n + (c(t)) est toujours
pointé vers le centre euclidien de C.
Montrer que pour tout t E (0, I] on a: k:(c(t)) = y 0 / r.

Exercice 2.6.16. On considère la courbe y(y) = (u(y), y) de IHI 2 où u est


une fonction de classe C 2 définie sur un intervalle [a, b], a < b, satisfaisant
u(a) = u(b) = O. On suppose que la courbure géométrique de y est
inférieure ou égale à 1.
Montrer qu'il existe des constantes réelles c 1, c 2 et c 3 indépendantes de
u telles que: iu'(a)I ~ c1, iu'(b)I ~ c 2 et iu(y)I ~ c 3 pour tout y E (a, b].

Exercice 2.6.17. Soit y : (0, I] --+ IHI 2 une courbe régulière de classe C 2 sur
JO, 1(. Posons y(O) =pet y(I) = q. Supposons que la courbure géométrique
satisfasse la condition: 0 ~ kh(Y) ~ 1.
Montrer qu'il existe deux arcs d'horocycles distincts H 1 et H 2 , passant par
pet q, tels que y((O, I]) soit contenue dans la région bornée de IHI 2 bordée
parH 1 et Hz.

Exercice 2.6.18. On considère une courbe y = (x, y) : (0, I] --+ IHI 2 de classe
C2 jusqu'au bord, satisfaisant y(O) = y(l) = 1 et x(O) -:/:- x(l). On suppose
que la courbure géométrique kh(y(t)) de y satisfait kh(y(t)) ~a < 1.
Montrer qu'il existe deux courbes C 1 et C2 de IHI 2 , de courbure géomé-
trique 1 et a respectivement, toutes deux passant par les points y(O) et y(I),
et telles que la courbe y soit située dans la région bornée de IHI 2 bordée par
C1 et C2.
Chapitre 3
L'espace hyperbolique en
dimension supérieure

Dans ce chapitre nous commencerons par présenter le modèle du demi-


espace de l'espace hyperbolique de dimension n ~ 2, JH[n. Puis nous classi-
fierons ses géodésiques et ses isométries. Nous terminerons en présentant
des surfaces particulières de l'espace hyperbolique de dimension JH[ 3 , qui
se généralisent naturellement en dimension quelconque n ~ 3. Des exer-
cices proposeront d'autres modèles de JH[n ainsi qu'une isométrie explicite
de chacun de ces modèles avec le modèle du demi-espace. Il est intéressant
de noter que la géométrie de JH[n en dimension n ~ 3 est analogue à celle
de la dimension 2. En particulier, les isométries de JH[n sont précisément
les transformations conformes, c'est-à-dire conservant les angles, comme en
dimension 2. Cependant la démonstration de ce résultat en dimension n ~ 3
est profondément différente de la démonstration en dimension 2 car elle
utilise le théorème de Liouville qui n'est vrai qu'à partir de la dimension
n = 3.

3.1. Modèle du demi-espace

Nous allons maintenant introduire l'espace hyperbolique en dimension


quelconque n E N, n ~ 2. En fait, il s'agit d'une généralisation du plan
hyperbolique, c'est-à-dire de la dimension 2. Pour cela, pour chaque entier
n ~ 2 nous considérons l'ensemble JH[n défini par

JH[n = {<x1, ... ,Xn) E ]Rn 1 Xn > o}.


Nous munissons de plus JH[n de la métrique gIHI,

g _ dx 1
2 + ··· + dx n2
IHI - x2
n

Ainsi, en chaque point p = (x 1 , ... , Xn) E JH[n on a le produit scalaire, noté


(·, ·}IHI, défini sur T PJH[n = JRn par la métrique gIHI de la manière suivante :
v
pour tous vecteurs Ü = (u 1 , ••• , Un) et = (v 1 , ••• , Vn) de point base p,
v
c'est-à-dire Ü, E TpJH[n, on a

143
144 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

- _)
(u,v lHI = -(ü,- 2v)-
xn
U1V1 + ··· + UnVn

x;
où (· , ·) désigne le produit scalaire euclidien de lR n. Comme dans le cas de la
dimension 2, nous noterons 11 ·li IHI la norme associée à (· , ·) lHI. Plus précisément,
en reprenant le vecteur ü précédent,

llülllHI = llüll = Jui + ··· + u~,


Xn Xn

où Il · Il désigne la norme euclidienne de JRn. Notons que le produit scalaire


(·, ·)IHI permet de définir un angle non orienté entre deux vecteurs de même
v
point base. En effet, l'angle() E [O, n J entre ü, ET pIHin est défini par
(Ü, v)IHI
cos(())= llüll1HI·llvll1HI
v
Remarquons que l'angle entre ü et mesuré avec la métrique glHI est le même
que celui calculé avec la métrique euclidienne. Cela est dû au fait que glHI est
proportionnelle à la métrique euclidienne en chaque point de IHin.

Définition 3.1.1. 1) Nous appellerons glHI la métrique hyperbolique et(·, ·)Ill


le produit scalaire hyperbolique.
2) Le bord à l'infini de IHin, ou le bord asymptotique, noté â00 IHin, est défini
par
Ô00 1Hin = {(x1, ... , Xn) E JRn 1 Xn = U {oo}. ü}
Remarquons que, à l'aide de la projection canonique de JRn dans JRn-i :
(x1, ... , Xn-1, Xn) r-+ (x 1, ... , Xn-d, nous pouvons identifier â00 IHin avec
JRn-1 U {oo}.
3) Soit U C IHin une partie de IHin. Notons U l'adhérence de U dans
JRn U {oo}, on a donc U C IHin = IHin U â00 1Hln. Nous appellerons la partie
de U se trouvant dans le bord à l'infini de IHin le bord à l'infini ou bord
asymptotique de U et nous la noterons 800 U :

Par exemple, si U est la demi-sphère de IHin centrée à l'origine et de rayon 3,

U = {(x1, ... , Xn) E lRn 1 Xn > 0 et xi +···+X~ = 9},


nous aurons

â00 U= {(x1, ... ,Xn)ElRn [xn =Üetxi+···+x~-l =9}.


3.r. MODÈLE DU DEMI-ESPACE 145

4) JEP muni de la métrique glHI est le modèle du demi-espace de l'espace


hyperbolique de dimension n. Comme dans le cas de la dimension 2, il
existe plusieurs modèles de l'espace hyperbolique de dimension n. Dans
les exercices 3.5.2, 3.5.3 et 3.5.4 le lecteur pourra en trouver plusieurs et,
pour chacun d'eux, une isométrie entre ce modèle et le modèle du demi-
espace JEP. En particulier, dans le modèle de la boule, exercice 3.5.2, le bord
asymptotique est la sphère de rayon 1 et il apparait donc que tous les points
asymptotiques jouent le même rôle.

Remarque 3.1.2. Bien entendu, dans le cas n = 2 nous retrouvons le modèle


du demi-plan de Poincaré du plan hyperbolique, définition 2.1.1-3. De même,
pour tout k = 1, ... , n - 1, le demi-plan

pk = {(0, ... , 0, Xk, 0, ... , 0, Xn) E ]Rn 1 Xn > o} C JHin


muni de la métrique glHI, en fait la restriction de glHI à Pb est aussi le modèle
du demi-plan de Poincaré du plan hyperbolique. Plus généralement, pour
-+ -+
tout plan affine vertical P de )Rn, c'est-à-dire (0, ... , 0, 1) E P où P est la
directiondeP,posonsP+ = {(x1, ... ,Xn) E p c )Rn 1 Xn > o}.Dansces
conditions, p+ muni de la métrique glHI est également le modèle du demi-plan
de Poincaré du plan hyperbolique.
Définition 3.1.3. 1) Un difféomorphisme f : (lHin, glHI) -+ (lHin, glHI)
est une isométrie pour la métrique glHI s'il préserve la métrique glHI. Plus
précisément, f est une isométrie si pour tout point p = (x 1 , . . . , Xn) de lHin
et pour tous vecteurs Ü = (u 1, ... , un) et v = (v 1, ... , Vn) de TplHin, on a

c'est-à-dire
U1V1+···+UnVn (Dpf(ü), Dpf(v))
X~ y~
où on a posé f(p) = (y 1, ... , Yn) et Dpf désigne la différentielle de f au
point p.
2) Nous dirons qu'une isométrie f : (lHin, glHI) -+ (lH!n, glHI) est positive
(resp. négative) si f préserve (resp. renverse) l'orientation de lHin, c'est-à-dire
celle de )Rn. De ce fait, une isométrie f est positive si le déterminant de sa
matrice jacobienne est strictement positif en tout point de lHin.
Il ressort immédiatement de la définition 3.1.3 que la restriction à lH!n de
toute isométrie euclidienne de )Rn préservant la n-ième coordonnée Xn est
une isométrie de (lH!n, glHI), exemple 3.1.4-2.

Exemples 3.1.4. 1) Considérons l'espace hyperbolique de dimension trois,


H 3 . Soit (x 0 , y 0 , 0) E a00 JHI 3 un point fixé du bord à l'infini. Appelons L la
CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

demi-droite verticale issue de (x 0 ,y0 ,0), L = {(x0 ,y 0 ,t) 1 t > O}. Pour
e
tout réel appelons Re la rotation (de JR 3) autour de la droite L orientée
par le vecteur ë3 = (0,0, 1) et d'angle e. Soit p = (x1,X2,X3) E lHI 3 et
v
soient ü = (u 1, u 2, u 3) et = (v 1 , v2, v3) deux vecteurs tangents au point p,
Ü, v
E TplHI 3 • On a

Re(p) = ( (x1 - Xo) cos e - (x2 - Yo) sine+ Xo,

(X1 - Xo) sin 8 + (x2 - Yo) cos B + Yo. X3 ).

de ce fait

(DpRe(Ü), DpRe(v)}!HI = (DpRe(Ü),~pRe(v)}


X3

(ü, iJ}
~ 3
= (Ü, iJ}IHI
car Re est une isométrie euclidienne et préserve donc le produit scalaire
euclidien(·,·}. Nous en déduisons que Re est une isométrie positive de JH[ 3 .
2) Plus généralement, pour tout entier n ?: 3 et toute isométrie euclidienne
h : JRn-I -:r !Rn-I, considérons le difféomorphisme f : lHin -:r JH["
défini par f(x 1, ... , Xn) = (h(x 1 , ... , Xn-d. Xn). Dans ces conditions, f
est une isométrie de (lH!n, g!HI). En effet, pour tout p = (x 1 , ••• , xn) E JH["
v
soient Ü = (u 1, ... , un) et = (v 1, ... , Vn) deux vecteurs tangents en p,
Ü, v
E T plHin, on a (en désignant par (., ·}(n-1) le produit scalaire euclidien
de ]Rn-!)

(Dpf(ü), Dpf(v)}
x;
((D(x 1 , ... ,Xn-Ilh(u1, ... , Un-1), Un), (D(x 1 , ... ,Xn-llh(v1, ... , Vn-d. Vn))
x;
(D(x 1 ,••. ,Xn-l ih(u1, ... , Un-1), D(x 1 ,•.. ,Xn-llh(v1, ... , Vn-1) }(n-1) +un Vn
x;
((u1, ... , Un-1), (v1, ... , Vn-d}(n-l)+UnVn
x;
((u1, ... , Un), (v1, ... , Vn)}
x;
= (ü, iJ}!HI.
En particulier, toute translation euclidienne de vecteur horizontal
-:r
T = (t 1 , •• • , tn-i. 0) est une isométrie positive de (lH!n, g!HI)- De même,
3-I. MODÈLE DU DEMI-ESPACE 147

la restriction à IH!n des symétries orthogonales par rapport aux hyperplans


affines de ]Rn verticaux, c'est-à-dire orthogonaux à aoolH!n, sont des isométries
de IHin.
3) On montre de la même manière que la restriction à IH!n des homothéties :
(x 1 , ... , Xn) 1-+ À .(x 1 , •.. , Xn) avec À > 0 sont des isométries positives de
(Hn, gIHl). Plus généralement, la restriction à IH!n de toute homothétie centrée
en un point de JRn-I c aoolH!n et de rapport À > 0 est une isométrie de
(Hn, gIHl).

Comme IHin est muni de la métrique gIHl, nous pouvons définir la longueur
de toute courbe de classe C 1 par morceaux de IHin. Plus précisément, soit
c : [a, b] -+ IH!n une courbe de classe C 1 par morceaux, définition 2.1.4,
c(t) = (x 1 (t), ... , Xn (t)). Nous définissons la longueur hyperbolique de c,
notée LIHl(c), en posant

LIHl(c) = 1
a
b
llc'(t)llIHldt = 1 a
b Jx'2
1
+
•••
Xn(t)
+ x'z
n dt,

voir l'exemple 2.1.3 pour le calcul explicite de longueurs de courbes en


dimension 2. Un calcul montre que la longueur d'une courbe ne dépend pas
de la paramétrisation choisie, remarque 2.1.5-2.
Comme dans le cas de la dimension 2, cela conduit aux notions de distance
hyperbolique et de géodésique.
Définition 3.1.5. 1) Soient p et q deux points de IHin. La distance hyperbo-
lique entre pet q, ou plus simplement distance, notée dIHl(p, q), est la borne
inférieure des longueurs des courbes C 1 par morceaux reliant p et q,

dFJ(p,q) = inf{LFJ(c), c: [O, l]-+ IH!n 1 c(O) = p, c(l) = q,


C 1 par morceaux}

2) Une courbe c : ]a, b[-+ IH!n, C 1 par morceaux, est une géodésique si elle
minimise la longueur des courbes reliant tout couple de points par lesquels
elle passe.
c est une géodésique{} Vt 1 , t2 E ]a, b[, dIHl(c(t 1 ), c(t2 )) = LFJ[c(ti), c(t2 )],
où LIHl[c(ti), c(t2 )] désigne la longueur de la courbe centre les points c(ti) et
c(tz).
Remarque 3.1.6. Soit f une isométrie de IH!n. Du fait que f préserve le
produit scalaire hyperbolique, f préserve aussi les angles (non orientés)
entre les vecteurs tangents en un même point, et la longueur des courbes.
Ainsi, pour toute courbe C 1 par morceaux c : [a, b] -+ IH!n on a
Llfll(c) = LFJ(f oc).
148 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

Par conséquent, f préserve également la distance entre les points,


dfrll(p,q) = dfr'J(f(p), f(q)),
pour tous p, q E lH!n. On en déduit que l'image par f de toute géodésique
de lH!n est encore une géodésique de lH!n.
Réciproquement, nous verrons à la propostion 3.4.3 que tout application
f : lHin --+ lHin qui préserve les distances est une isométrie.
En fait, les géodésiques de lH!n sont les mêmes que celles de IHI 2 , comme
le montre le résultat suivant.

Théorème 3.1.7. Les géodésiques de lHin sont les demi-droites verticales issues
de a00 JHin et les demi-cercles orthogonaux à a00 JHin. De plus par deux points de
lHin passe une et une seule géodésique.

Fig. 42.

Démonstration. Soient p et q deux points distincts de lH!n. Soit P C lHin un


plan vertical contenant les points p et q. Posons

p+ = {Cx1, ... ,xn) E P 1 Xn >0} C lHin,

ainsi p+ est un demi-plan vertical dans lH!n (fig. 42). Soit f une isométrie
euclidienne de !Rn préservant la coordonnée Xn et envoyant p+ sur le demi-
plan vertical TI = {(x 1 , 0, ... , 0, Xn) 1 Xn > O}. Par exemple, sin = 3, on
choisit pour f une rotation d'axe vertical. Nous déduisons de l'exemple 3.1.4-
2 que f est aussi une isométrie de lH!n. Soit maintenant c : [O, 1] --+ lHin
une courbe C 1 par morceaux reliant les points pet q, c(O) = p, c(l) = q.
Comme f est une isométrie de lH!n la longueur de la courbe c est égale à celle
de la courbe f oc, remarque 3.1.6. Posons (f oc )(t) = (x 1 (t), ... , Xn (t)),
3.r. MODÈLE DU DEMI-ESPACE 149

t E [O, l]. Considérons la nouvelle courbe y : [O, 1] ---+ Il c IHin définie par
y(t) = (x 1 (t),0, ... , 0, Xn(t)), en fait y est la projection orthogonale de la
courbe l oc sur le demi-plan Il. On a
Llll!(c) =Lill!(/ oc)

= [1 Jx~2(t) + ... + x~2(t) . dt


Jo Xn(t)

(3.1) ~ 1O
1 Jx?(t) + x~2 (t)
Xn(t)
·dt = Lllll(y).

De ce fait, pour toute courbe de classe C 1 par morceaux de IHin reliant les
points l(p) et l(q) il existe une courbe de Il C IHin reliant les mêmes points
f(p) et l(q) et de longueur inférieure ou égale. De plus, sic minimisait
la distance entre p et q, l'inégalité (3.1) devrait être une égalité. Ceci
entraînerait x~ = 0, ... , x~_ 1 =
0 et par conséquent x 2 =
0, ... , Xn-I=0
car x 2 (0) = 0, ... , Xn-i (0) = O. De ce fait, c serait une courbe de Il. Nous
en déduisons qu'une géodésique de IHin reliant l(p) et l(q) doit forcément
être incluse dans Il. Rappelons que Il muni de la métrique gllll est le modèle
du demi-plan du plan hyperbolique IHI 2 , remarque 3.1.2. Par conséquent, il
n'existe dans IH!n qu'une seule géodésique reliant les points l(p) et l(q) :
c'est la géodésique de Il reliant ces mêmes points. Rappelons enfin que les
géodésiques de IHI 2 ont été classifiées au théorème 2.2.4. Nous en déduisons
que l'unique géodésique r reliant l(p) et l(q) est soit un segment d'une
demi-droite verticale, dans le cas où l(p) et l(q) sont sur la même verticale,
~oit un arc du demi-cercle orthogonal à â00 Il C â00 1Hin passant par l(p) et
f(q) si ces points ne sont pas sur une même verticale.
Soit maintenant C une géodésique de IHin reliant pet q. Comme lest une
isométrie de IHin, l(C) est une géodésique reliant l(p) et l(q), remarque
3.1.6. On a donc l (C) = r et ainsi C = l- 1 (f). De ce fait il n'existe
qu'une seule géodésique de IHin reliant pet q. De plus, comme l- 1 est aussi
une isométrie euclidienne préservant la coordonnée Xn, nous concluons que
1- 1 (f) est également soit un segment d'une demi-droite verticale soit un
arc d'un demi-cercle orthogonal à â00 1Hln. D

La classification des géodésiques va nous permettre de déterminer l'ex-


pression de la distance hyperbolique entre deux points de IHin.

Théorème 3.1.8. Soient p = (p 1 ,••• , Pn) et q = (q 1 , • •• , qn) deux points de


Hn. La distance hyperbolique entre pet q est:
150 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

Démonstration. Pour tout point p = (p 1 , •• •, Pn) E lH!n notons PH E JRn-l


la composante horizontale de p, c'est-à-dire

PH = (P1, · · ·, Pn-d·
Pour tous points p = (p 1, ... , Pn) et q = (q 1, ... , qn) de lHin posons

·- (JL,7::(p; -q;) 2 + (Pn +qn)2 + JL,7=1(P; -q;) 2 )


g(p, q) .- log .
)L-7::
(p; - q; ) + (Pn + qn) - JL,7=1 (p; - q; )
2 2 2

Nous voulons donc démontrer l'égalité: g(p, q) = d"l:TI(p, q). En notant d(·, ·)
la distance euclidienne dans JRn-l nous remarquons que g(p, q) s'écrit de la
manière suivante,

Pour toute isométrie euclidienne f de JRn-l considérons l'isométrie F de JH[n


définie pour tout p = (p 1 , ••• , Pn) E lH!n par

Nous dirons que Fest l'isométrie de lH!n induite par f. On a donc


(3.2) g(p,q) = g(F(p),F(q))
pour toute isométrie F de lH!n induite par une isométrie euclidienne f de
]Rn-1.
Remarquons que dans le cas n = 2 la formule a été démontrée au
théorème 2.5.2. En conservant les notations du théorème 2.5.2 il suffit en
effet de poser z 1 = P1 + ip2 et z2 = q1 + iqz.
Supposons maintenant n ?: 3. Considérons le demi-plan vertical de JH["
défini par II:= {(x 1 ,0, ... ,0,xn) E IHin}. Rappelons que II muni de la
métrique induite g"l:n de lH!n est un modèle du plan hyperbolique. Remarquons
de plus grâce au théorème 3.1.7, que si p et q sont deux points de TI
l'unique géodésique de lH!n reliant p et q se trouve entièrement dans TI.
Par conséquent la distance hyperbolique dans lH!n entre les points p et q
est égale à la distance hyperbolique dans II entre p et q. De ce fait si
p, q E II le théorème 2.5.2 montre que g(p, q) = d"l:TI(p, q). Dans le cas
général p, q E IHI\ considérons la droite affine D passant par p et q. Si
D ne passe pas par l'origine 0 il existe une (unique) translation t de JRn-i
telle que, en appelant T la translation horizontale de IHin induite par t, nous
ayons 0 E T(D). Enfin, si les points T(p) et T(q) ne sont pas sur la demi-
droite verticale issue de 0, considérons une isométrie euclidienne linéaire
f de JRn-i telle que l'image du vecteur horizontal T(p)HT(q)H par f soit
3.2. LES RÉFLEXIONS DE !Hln

proportionnelle au vecteur (1, 0, ... , 0),

f (T(p)ttT(q)H) E {À.(L O.... , 0) E lRn-I 1 À> o}.


Appelons F l'isométrie de JH[n induite par f. Par construction les points
(F o T)(p) et (F o T)(q) sont dans le demi-plan Il, on a donc
g((F o T)(p), (F o T)(q)) = dll:ll((F o T)(p), (F o T)(q))
grâce au théorème 2.5.2. Il suffit maintenant de remarquer que l'on a d'une
part g(p, q) = g((F o T)(p), (F o T)(q)), relation (3.2), et d'autre part
d1HI((F o T)(p), (F o T)(q)) = dll:ll(p,q), car F et T sont des isométries de
lflln, ce qui conclut la preuve. D

Proposition 3.1.9. Pour tout point p E JH[n et tout vecteur tangent Ü non nul
en p, il existe une et une seule géodésique y passant par p et tangente à ü.

Démonstration. Si Ü est un vecteur vertical il suffit de choisir pour y la


demi-droite verticale passant par p. De plus, il n'existe aucun demi-cercle
orthogonal à () 00 JH[n, passant par p avec une tangente verticale en p. Cela
prouve l'unicité de y dans ce cas.
--+
Supposons maintenant que ü ne soit pas vertical. Soit F le plan vectoriel
vertical engendré par les vecteurs (0, ... , O. l) et Ü. Appelons F le plan affine
--+
de direction F et passant par p. Posons enfin F+ = F n JH[n. Il suffit alors de
remarquer que tout demi-cercle orthogonal à ()=JH[n, passant par p et tangent
à ü est forcément contenu dans F+. Finalement, dans F+ il n'existe qu'une
seule géodésique passant par pet tangente à Ü, proposition 2.2.10, car F+
muni de la métrique gll:ll est le modèle du demi-plan du plan hyperbolique. D

3.2. Les réflexions de Hn

Afin d'étudier les isométries de JH[n, nous allons d'abord considérer les
inversions de JRn, dont nous rappelons la définition. Cela ne constituera en
fait qu'une généralisation de l'étude des inversions de JR 2 , ou de C, effectuée
à la section 2.1, définition 2.1.17 et proposition 2.1.18.
Définition 3.2.1. 1) Soit p = (p 1, ... , Pn) E JRn un point quelconque et
soit R un réel strictement positif. Appelons S la sphère de dimension n - 1
de JRn centrée en p et de rayon R, c'est-à-dire l'ensemble des points de JRn
dont la distance euclidienne au point p est R,

S = {(x1, ·. · ,Xn) E lRn 1 (X1 - P1) 2 + ··· + (Xn - Pn) 1 = R 2}.


L'inversion par rapport à S, ou l'inversion de centre p et de rayon R, notée ls,
est l'application ls: ]Rn U {oo} --+ JRn U {oo} définie de la manière suivante:
CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

pour tout point q E ffi'.n différent de p, ls(q) est l'unique point q' de la demi-
droite issue de p et passant par q tel que la distance par rapport à p vérifie
d(p, q').d(p, q) = R 2 , c'est-à-dire

--+
Comme, par définition, on a pq' = À pq pour un réel À > 0, la relation
précédente nous donne
1( ) I R2 q- p +
s q = q = . llq - Pll 2 p
_ Rz .
-
(q1 - Pi,···, qn - Pn) + (Pi.···, Pn )·
(q1 - pi) 2 + · · · + (qn - Pn) 2
Nous posons enfin ls(p) = oo et ls(oo) = p. L'application ls sera aussi
appelée la réflexion par rapport à S.
2) Si S C ffi'.n est un hyperplan affine de ffi'.n la réflexion, ou inversion, par
rapport à S est simplement la symétrie orthogonale par rapport à S.

Proposition 3.2.2. Soit S c ffi'.n une sphère de dimension n - 1, de centre


p E ffi'.n et de rayon R 0 >O. Soit ls : ffi'.n U {oo} --+ ffi'.n U {oo} l'inversion par
rapport à S, définition 3.2.1. On a:
1) ls est un difféomorphisme de ffi'.n U {oo} sur ffi'.n U {oo}.
2) ls échange pet oo et échange l'intérieur de S privé de pet l'extérieur de S.
3) ls o ls = îd, où îèi est l'application identité de ffi'.n U {oo}.
4) ls laisse fixes tous les points de S.
5) ls envoie chaque hyperplan affine et chaque sphère de dimension n - 1
de ffi'.n sur un hyperplan affine ou une sphère de dimension n - 1 de ffi'.n. Plus
précisément:

a) Si M C ffi'.n est une sphère de dimension n - 1 ne passant pas par le


centre p de S, alors ls(M) est de nouveau une sphère de dimension n - 1 de
ffi'.n ne passant pas par le centre de S.
b) Si M c fi'. n est une sphère de dimension n - 1 passant par le centre p de
S alors ls(M \ {p}) est un hyperplan affine F de ffi'.n, d'où ls(M) =FU {oo}.
c) Si F c ffi'.n est un hyperplan affine ne passant pas par le centre de S,
alors ls(F) est une sphère M de dimension n - 1 passant par pet privée de p,
ls(F) = M \ {p}, d'où ls(F U {oo}) =M.
d) Si F C ffi'.n est un hyperplan affine passant par p, alors F \ {p} est
globalement invariant par ls, ls (F \ {p}) = F \ {p }.

Démonstration. Les assertions 1, 2, 3 et 4 proviennent directement de la


définition d'une inversion. Démontrons l'assertion 5. Pour cela, appelons T
3.2. LES RÉFLEXIONS DE !Hln 153
---+
la translation de )Rn de vecteur 0 p où 0 = (0, ... , 0) est l'origine de )Rn,
et appelons H l'homothétie de )Rn de rapport R~ et de centre O. Appelons
également 1 l'inversion de )Rn de centre 0 et de rayon 1, c'est-à-dire par
rapport à la sphère de dimension n - 1 de rayon 1 et centrée à l'origine 0,

1( ) = _q_ = (q1, · · · ,qn)


q -+ 2 2'
llOqll 2 q1 + ... + qn
pour tout point q = (q 1 , ••• , qn) de JRn différent de O. On a donc
ls = T o Ho 1 o T- 1 .
Clairement, l'image par Tet H de tout hyperplan affine (resp. toute sphère de
dimension n - 1) de JRn est un autre hyperplan affine (resp. une autre sphère
de dimension n - 1). Par conséquent il suffit de démontrer la propriété 5
pour l'inversion 1.
Soit M C )Rn une sphère de dimension n - 1. Appelons p = (p 1, ... , Pn)
son centre et R > 0 son rayon. Pour tout point q = (q 1, ... , qn) de ]Rn nous
posons lq 1= .Jqi + · · · + q~. Remarquons que si M était centrée à l'origine
son image par 1 serait aussi une sphère centrée à l'origine (et de rayon l/R).
Nous pouvons donc supposer p =f:. O.
Supposons d'abord que M ne passe pas par l'origine, 0 fi M. La droite
passant par les centres 0 et p coupe donc la sphère M en deux points pet
p (fig. 43). Nous allons en fait montrer que l(M) est la sphère de dimension
n - 1 centrée au milieu C' du segment de droite reliant I(p) et l(p), et de
rayon R' égal à la moitié de la distance entre I(p) et l(p). Appelons cette
sphère M'.

Fig. 43.

Déterminons d'abord les points pet p. Par construction ces points sont
de la forme t.p = t(p 1 , ••• , Pn) avec t >O. On a donc
154 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

t.p E M <=? (tp1 - P1) 2 + ··· + (tpn - Pn) 2 = R 2


<=? (t - 1)2(pi + · ·· + p~) = R 2
R2
{} (t - 1)2 = IPl2
R R
{} t = 1+ ïPî ou t = 1- ïPî.
- R~ R __ ~~
Nous poserons t = 1 - ÏPÎ' t = 1 + ÏPÎ' puis p = t .pet p = t .p. De ce fait
on a
t 1 1
I(,D) = t 2IPl2 . p = tlpl 2 . p = IPl(IPI - R) . p.

De même on a
~ 1
I(p) = IPl(IPI + R) . p.

De ce fait

1 1( ~) 1 ( 1 1 ) p
c =2 I(,D) + l(p) = 2lpl . IPI - R + IPI +R p = IPl2 - R 2,

puis

R
, 1
= 2d(I(,D), ~
I(p)) =
1 1 1 IPI
IPl(lpl + R) - IPl(lpl - R) . 2
1
= 1 R 1
IPl2 - R2 .

Soit q = (q 1 , ... , qn) E !Rn un point quelconque différent de O. On a

(IPl2 _ R2)2
1 2 1
{} lqj2 - jqj2(jpj2 - R2) . (q1p1 + ... + qnPn) + jpj2 - R2 = 0

<=? jqj 2 - 2(q1P1 + ··· + qnPn) + IPl 2 = R 2


<=? (q1 - pr) 2 + · ·· + (qn - Pn) 2 = R 2
<=? q E M.

Comme 1 est un difféomorphisme de !Rn \ {ü} sur lui-même nous concluons


que l(M) = M', ce qui prouve l'assertion 5a.
3.2. LES RÉFLEXIONS DE !Hin 155

·. I(p)

Fig. 44.

Supposons maintenant que M passe par l'origine, 0 E M. Remarquons


alors que R = IPI· En ce cas, la droite passant par 0 et p coupera Men
un autre point p = 2p. Nous allons montrer que l'image de M privée de
l'origine est l'hyperplan affine F passant par le point I(ii) et orthogonal à la
droite passant par 0 et p, l(M \ {ü}) = F (fig. 44).
Soit q = (q1, ... , qn) E !Rn, on a
q E F {} (q - l(ii), p) =0
p
{} (q - 2lpl2, p) = 0
1
{}(q,p)=2

Pour tout q E !Rn, q 1- 0, on a donc


ql qn 1
l(q) E F {} P1 · - + ··· + Pn · - 2 = -
lql 2 lql 2
{} 2(p1q1 + · ·· + Pnqn) = lql 2
{} lql 2- 2(p1q1 + · · · + Pnqn) + IPl 2 = IPJ 2
{} q E M

car Jp = R. On obtient donc l(M \ {0}) = F, ce qui prouve l'assertion 5b


1

Considérons maintenant un hyperplan affine F de !Rn ne passant pas par


l'origine. Le raisonnement précédent montre que I(F) est une sphère de
dimension n - 1 passant par l'origine, ce qui prouve l'assertion 5c.
CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

Enfin, si F est un hyperplan affine de Rn passant par l'origine, il est


géométriquement clair que l(F \ {0}) = F \ {0}. En effet, pour tout point
q dans F \ { 0} la droite passant par 0 et q est entièrement contenue dans
F, nous aurons donc en particulier l(q) E F \ {O}, ce qui prouve l'inclusion
l(F \ {O}) C F \ {O}. Comme 1 est un difféomorphisme de Rn\ {O} sur
lui-même tel que 1 = 1- 1 , on a donc l(F \ {O}) = F \ {O}, ce qui prouve
l'assertion 5d et conclut la preuve de la proposition. D

Remarque 3.2.3. Conservons les notations de la preuve de la proposi-


tion 3.2.2, ainsi 1 est l'inversion de Rn par rapport à la sphère de rayon
1 et centrée à l'origine O. Soit M une sphère quelconque de rayon R > 0,
ne passant pas par l'origine et de centre p E Rn, p -:f. O. La preuve de la
proposition 3.2.2 montre que l'image de la sphère M par l'inversion 1, est la
. de centre C' =
sphere IPl 2 p_ R 2 et de rayon R' = 1 IPl 2 R_ R2 1·

Nous allons maintenant nous intéresser aux inversions laissant lHin globa-
lement fixe.

Définition 3.2.4. Soit b C Rn un hyperplan affine vertical, et donc orthogo-


nal à él 00 1Hln, ou une sphère orthogonale à él 00 1Hln. La proposition 3.2.2 montre
que la restriction à lHin de l'inversion par rapport à b est un difféomorphisme
de lHin.
On appelle réflexion (ou inversion) de lHin, f : lH!n ---+ lHin, toute inversion
par rapport à Il, où Il est soit la restriction à lHin d'un hyperplan affine
vertical soit la restriction à lHin d'une sphère de Rn orthogonale à él 00 1Hln.
Dans les deux cas, f est un difféomorphisme de lHin qui se prolonge au
bord à l'infini de lHin. Par construction, la restriction de f au bord à l'infini,
.fiaoolHI" : él 00 1Hln ---+ él 00 1Hln, est un difféomorphisme qui est lui-même une
inversion de même nature que f, c'est-à-dire une inversion par rapport à
élII c él 00 1Hln qui est un hyperplan affine de Rn-i c él 00 1Hln ou une sphère de
dimension n - 2 de Rn-I C él 00 1Hln selon les cas. Rappelons que él 00 1Hln est
identifié à Rn-I U {oo}, définition 3.1.1-2.

Proposition 3.2.5. Soit Il C lHin la restriction à lHin d'un hyperplan affine


vertical ou d'une sphère orthogonale à â00 lHin. L'inversion f : lH!n ---+ lHin
par rapport à Il est une isométrie négative de lHin, c'est-à-dire renversant
l'orientation. De plus, f se prolonge en un difféomorphisme de â00 lHin sur
lui-même préservant les angles et renversant l'orientation.

Démonstration. On sait déjà que f est un difféomorphisme de lHin, défini-


tion 3.2.4. Soit p E Il un point quelconque. Rappelons que la restriction de f
à Il est l'application identité de Il, de plus f renverse l'orientation transverse
3.2. LES RÉFLEXIONS DE IHin 157

de II en p. Plus précisément, lHin \ II a deux composantes connexes U 1 , 0 2


et f échange ces deux composantes connexes : f (U i) = 0 2 , f (0 2 ) = U 1 .
Le déterminant de la matrice jacobienne de f en p est donc strictement
négatif. Notons que ce déterminant a un signe constant sur lH!n car f est un
difféomorphisme. On obtient donc que f renverse l'orientation de lHin.
Montrons que f est une isométrie de lHin. Dans le cas où II est la
restriction à lH!n d'un hyperplan affine vertical, cela a déjà été remarqué,
exemple 3.1.4-2. Supposons donc que II soit une demi-sphère orthogonale à
â00 1Hln. Soient p 0 E ê1 00 1Hln et R > 0 respectivement le centre et le rayon de
-----+
II. Appelons T la translation de vecteur 0 p 0 , H l'homothétie de centre 0
et de rapport R 2 et 1 l'inversion par rapport à la sphère centrée en 0 et de
rayon 1, où 0 est l'origine de ]Rn. On a
f =ToHoloT- 1 .
-----+
Remarquons que, comme 0 p 0 est un vecteur horizontal, Test une isométrie
positive de lH!n, exemple 3.1.4-2. De plus, H est une isométrie positive de
Hn, exemple 3.1.4-3. Il suffit donc de montrer que 1 est une isométrie de lH!n.
Soitp = (p 1 , ••• ,pn) E lH!n etsoientü = (u 1 , ••. ,un)etv = (v 1 , ••• ,vn)
deux vecteurs tangents en p, Ü, v ET pIHin. Posons IPI = J
pf + · · · + p~ et
appelons D pl la différentielle de 1 en p. Nous voulons montrer que

Posons ek = (0, ... , 0, 1, 0, ... , 0) E JRn, k = 1, .... n, ainsi ek est le vecteur


de ]Rn dont toutes les coordonnées sont nulles à l'exception de la k-ième qui
est égale à 1. On a Dpl(ek) = lk(p), k = 1, ... ,n où lk(P) E JRn désigne
la dérivée partielle de 1 au point p par rapport à la k-ième variable Xk.
h(p) = "dl (p). De plus l(p) = p/lpl 2 . Le produit scalaire hyperbolique
UXk
(Dpl(Ü), Dpl(ïi))1HI calculé au point l(p) nous donne donc

(Dpl(ü), Dpl(v))IHI = IP~4 • (Dpl(ü). Dpl(v))


Pn
IPl4 n n
=- 2 ·(Dpl(Lu1e1).Dpl(L>kek))
Pn 1=1 k=1

IPl4 n n
=- 2 • L L u1vk(Dpl(e 1), Dpl(ek))
Pn J=l k=1

1 14 n n
= p2 · LLu1vk(l1(p),lk(p))
Pn 1=1 k=1

Un calcul direct montre que


IS8 CHAPITRE 3- L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

lk(P) = IPl1 4·( -2P1Pb · · · • -2Pk-1Pb IPI 2 -2pk.2 -2Pk+1Pb · · · • -2PnPk ) ,


avec k = 1, ... , n. Par conséquent

fü(p), lk(p)) = 1;18 . ( 4pi p~ + ... + 4p~-1P~ + (IPl2 - 2p~)2


2 2+ ··· + 4PnPk
+ 4 Pk+1Pk 2 2)
l 4
= IPl 8 · IPI
l
IPl4"
Également, pour j, k = l, ... , n, j < k, on a

(I;(p), lk(p)) = 1; 18 · ( 4pi P; Pk + ··· + 4PJ- 1P; Pk - 2p; Pk(IPl 2 - 2pJ)

+ 4PJ+1PJ Pk + ··· + 4p~- 1 P; Pk - 2PkP;(IPl 2 - 2pt)

+ 4p~+ 1 PkPJ + ··· + 4p~PkPJ)


2 P; Pk ( 2 2 2 (I P 12 - 2 P;2) 2
= IPÏ8 · P1 + ··· + 2P;-1 - + 2 P;+1
+ ··· + 2p~-I - (lpl 2 - 2pt) + 2p~+I + .. · + 2p~)
= 2P;Pk. (O)
IPl8
=Ü,

où pour effectuer les calculs on a supposé j + 1 < k-1 c'est-à-dire k ::;: j + 3.


Bien entendu dans les cas k = j + 1 et k = j + 2 un calcul analogue montre
que (I;(p), lk(p)) =O. On obtient finalement

(Dpl(Ü),Dpl(ïi))1HJ = IP~4 • tukvkfü(p),lk(p))


Pn k=I
IPl4 n 1 1 n
=- 2 • Lukvk-l41
=2 · Lukvk
Pn k=I p Pn k=I
= (ü, ïi)IHJ,
ce qui montre que 1 est une isométrie de IHin. Nous concluons donc que toute
inversion par rapport à une sphère orthogonale à él 00 1Hln est une isométrie, ce
qui démontre la première partie de la proposition.
Remarquons enfin que 1 est la restriction à IH!n d'une inversion de IB.n
laissant fixe él 00 1Hln. De plus la restriction de 1 à él 00 1Hln est l'inversion, notée
3.3. LES HYPERPLANS TOTALEMENT GÉODÉSIQUES DE JH!n 159

i, de !Rn-I par rapport à la sphère de !Rn-I centrée en 0 et de rayon 1. Des


calculs analogues aux précédents montrent que pour tout point p E a00 1Hln,
v
p =f 0 et pour tous vecteurs ü, de !Rn-I en p on a
l
(Dpi(ü),Dpi(v)} = IPl 4 • (ü,v}n-1.

où(·, ·}n-I désigne le produit scalaire euclidien de !Rn- 1 • Nous en déduisons


que la restriction de I à a00 1Hin, i, est un difféomorphisme de a00 1Hin préservant
les angles. Rappelons que
f = T o Ho Io T- 1 ,
et de plus chacune des isométries T et H se prolonge en un difféomorphisme
de aooIHin préservant les angles. Il en est donc de même pour f, ce qui conclut
la preuve. D

Nous verrons qu'en fait toute isométrie de IHin est la composée d'une ou
plusieurs inversions, théorème 3.4.1.

Exercices de la section 3.2

Exercice 3.2.1. Pour tout point p E !Rn et tout R > 0 on note I(p, R) l'inver-
sion de !Rn par rapport à la sphère de centre p et de rayon R, définition 3.2.1.
On note de plus H(p, R) l'homothétie de centre p et de rapport R.
1) Montrer que pour tous R. À > 0 et tous points p, q E !Rn on a

H(q, À) o I(p, R) = T o I(p. R.JI).


où Test la translation de !Rn définie par T(X) =X+ (1 -À)(q - p).
2) Montrer que pour tous R 1 , R 2 > 0 et tout point p E !Rn on a
I(p, R 1 ) o l(p, R 2 ) = H(p, (R 1 /R 2 ) 2 ).

3.3. Les hyperplans totalement géodésiques de lfP

Définition 3.3.1. 1) Soient k et r deux nombres entiers tels que 0 :S r et


1 :S k :S n. On dit qu'une partie M C IHin est une sous-variété de dimension
k et de classe cr
si M vérifie les conditions suivantes.
a) M est une variété de dimension k et de classe cr, définition 1.1.6.
b) L'inclusion 1 : M --+ IHin est une application de classe cr de rang
maximum, c'est-à-dire qu'en tout point p E M, la différentielle D pl est de
rang k.
c) La topologie de M comme variété est la même que celle induite par
lfP. C'est-à-dire, une partie U C M est un ouvert de M s'il existe une partie
-
ouverte U C IHin telle que U = M n U. -
160 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

Dans le cas particulier où k = n - l, on dit que M est une hypersurface de


IHin . On dit de plus qu'une sous-variété M c IHin est complète si la longueur
de tout chemin divergent, définition 1.1.13, est infinie.
2) Soient k et r deux nombres entiers tels que 0 ::::; r et l ::::; k ::::; n. Soit
M c IHin une sous-variété complète de IHin de dimension k et de classe cr. On
dit que M est totalement géodésique, ou plus simplement géodésique, si pour
tout couple de points distincts (p, q) de M, la géodésique y de IHin reliant pet
q (qui est unique, théorème 3.1.7) est entièrement contenue dans M, y CM.
Lorsque k = n - 1 on dit que M est un hyperplan géodésique (bien que
M ne soit pas nécessairement un hyperplan au sens usuel, voir la proposi-
tion 3.3.5) et lorsque k = 2, M est appelée un plan géodésique. Dans certains
exposés, les géodésiques de l'espace hyperbolique sont appelées droites, de
là viennent les appellations hyperplan géodésique et plan géodésique au lieu
de hypersurface géodésique et surface géodésique.
Remarquons qu'une sous-variété géodésique est forcément connexe, car
elle est connexe par arc. Remarquons également que l'intersection de deux
sous-variétés géodésiques non disjointes de IHin est encore une sous-variété
géodésique de IHin.
Exemples 3.3.2. 1) Toute sous-variété de !Rn contenue dans l.Hln est aussi
une sous-variété de IHin.
2) Pour tout entier k = 1, ... , n - 1, le demi-plan vertical

P = {(0, ... , Xk, 0, ... , 0, Xn) E !Rn 1 Xn > 0} C IHin

est une sous-variété géodésique de dimension 2 de IHin et de classe C 00 • On


dit aussi que Pest un plan géodésique. Plus généralement, tout demi-plan
affine vertical contenu dans l.Hln et dont le bord est contenu dans él 00 1Hln est
un plan géodésique de IHin.
3) Pour tout entier k = 1, ... , n - 1, posons

Ih = {(x1' ... 'Xk-1 • 0, Xk+J, ... 'Xn) E !Rn 1 Xn > o} c IHin.


Soient p et q deux points de Ih. Clairement, il existe un plan vertical P
contenant les points p et q tel que p+ := P n l.Hln est contenu dans IIk.
p. q E p+ C IIk. De ce fait, l'unique géodésique de IHin reliant p et q
est contenue dans p+ et donc dans IIk· Nous en déduisons que IIk est un
hyperplan géodésique. Plus généralement, considérons un hyperplan affine
---+ ---+
vertical quelconque F de !Rn, c'est-à-dire tel que (0, ... , 0, 1) E F où F est la
direction de F. Posons II = {(x 1 , ••• , Xn) E F 1 Xn > O}. Dans ces conditions
II est un hyperplan géodésique de IHin.
4) Soit Sune sphère de dimension n - l entièrement contenue dans l.Hln,
par exemple la sphère de centre (0, ... , 0, 6) E l.Hln et de rayon euclidien 2. Il
3.3. LES HYPERPLANS TOTALEMENT GÉODÉSIQUES DE JH[n 161

est facile de montrer que S n'est pas une hypersurface géodésique. En effet,
la géodésique reliant, par exemple, les points (0, ... , 0, 4) et (0, ... , 0, 8) de S
est un segment de droite vertical et celui-ci n'est pas contenu dans S. En fait,
S est une sphère hyperbolique, voir la fin de ce chapitre pour le cas de lHI 3 .
5) Considérons maintenant le demi-hyperplan incliné de lH!n

p+ = {(a1,b,a3, ... ,an-1,b) E ~n 1 b> o} C lH!n.


Considérons les points p = (3, 4, 0, ... , 0, 4) et q = (-3, 4, 0, ... , 0, 4) de p+.
La géodésique reliant p et q est un arc du demi-cercle f' de lH!n centré en
(0, 4, 0, ... , 0) de rayon 5 et passant par p et q. La géodésique f' est définie
par les équations

x~ +X~ = 25, Xz = 4 et X3 = · · · = Xn-1 =O.

La géodésique f' n'est pas contenue dans p+, nous en déduisons que p+
n'est pas un hyperplan géodésique de lH!n. En fait, p+ est une hypersurface
équidistante, voir la fin de ce chapitre pour le cas de lHI 3 .
6) Soit R > 0 un réel et soit (a 1 , . . . , an-I, 0) un point quelconque de
!Rn-I C ô00 1Hln. Appelons S la demi-sphère de dimension n -1 de lH!n centrée
au point (a 1 , ••• , an- 1 , 0) et de rayon R,

S = {Cx1, ... ,xn) E lH!n 1 (x1 -ai) 2 + ··· + (xn-1 -ani)1 +x~ = R 2}.
Ainsi, S est une demi-sphère de dimension n - 1 orthogonale à ô00 1Hln. Soient
p et q deux points distincts de S. Remarquons que p et q ne sont pas sur
--+
une même droite verticale. Soit P le plan vectoriel engendré par les vecteurs
(0, ... , 0, 1) et pq
de ~n. Appelons P le plan affine de direction passant P
par p. Par construction, Pest un plan vertical passant par pet q. Posons
maintenant p+ = P n lH!n, ainsi p+ est un plan géodésique passant par les
points p et q. La géodésique reliant p à q est un demi-cercle y orthogonal à
ôOGlH!n et contenu dans p+. Par construction on a y = p+ n S. De ce fait y
est contenue dans S et nous en déduisons que S est un hyperplan géodésique.
Ainsi, toute demi-sphère de dimension n - 1 de lH!n orthogonale à ô00 1Hln est
un hyperplan géodésique de lH!n.

Nous verrons qu'il n'existe pas dans lH!n d'autres hyperplans géodésiques
que ceux présentés dans les exemples 3.3.2-3 et 3.3.2-6, proposition 3.3.5.

Remarque 3.3.3. Soit f : lH!n --+ lH!n une isométrie. Comme l'image de
toute géodésique par f est encore une géodésique, remarque 3.1.6, l'image
par f de toute sous-variété géodésique de lH!n est encore une sous-variété
géodésique.
r6z CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

En effet, soit M C IHin une sous-variété géodésique, et soient p' et q' deux
points de l'image, p', q' E f(M). Soit p (resp. q) l'antécédent de p' (resp.
q'), f(p) = p' et f(q) = q'. Appelons y l'unique géodésique de IHin reliant
les points pet q. Comme f est une isométrie, f(y) est l'unique géodésique
reliant les points p' et q'. De plus, on a y C M car M est une sous-variété
géodésique, de ce fait on obtient f(y) C f(M), ce qui montre que f(M) est
une sous-variété géodésique. En particulier l'image par f de tout hyperplan
géodésique de IHin est encore un hyperplan géodésique.

Lemme 3.3.4. 1) Soit M C IHin une sous-variété géodésique complète de IHin


de dimension k, 2 ::S k ::S n - 1. Soit p E M et soit ü un vecteur tangent non
nul de M en p. Soit y C IHin l'unique géodésique passant par p et tangente à Ü,
proposition 3.1. 9.
Dans ces conditions y est entièrement contenue dans M.
2) Soient M et M' deux sous-variétés géodésiques complètes de IHin de
dimension k et k' respectivement, avec 1 ::S k ::S k' ::S n. Supposons que
M et M' passent par un même point p, p E M n M', et supposons de plus
TpM c TpM'.
Dans ces conditions on a M C M', et si k = k' on a alors M = M'.

Démonstration. Soit vE T pIHin un vecteur tangent non nul de IHin en p,


v
orthogonal à T pM. Si n'est pas vertical, il existe une demi-sphère S de IH!n
a v
orthogonale à 00 1Hin et passant par p telle que l'image de par l'inversion
ls par rapport à S, définition 3.2.4, soit un vecteur vertical au point p :
Dpls(ii) = (0, ... ,0,a), a #0.
Il est démontré à la proposition 3.2.5 que ls est une isométrie de IHin, de
ce fait l'image de M par f sera encore une sous-variété géodésique de IH!n,
remarque 3.3.3. À une isométrie près de IHin nous pouvons donc supposer
v
que est un vecteur vertical non nul. Appelons P le plan affine vertical de
!Rn passant par p et de direction Vec(Ü, li), le sous-espace vectoriel de JRn
engendré par ü et v. Posons p+ = P n IH!n.
Remarquons que près de p, l'intersection de M avec p+ est constituée
d'un arc ê' contenant p dans son intérieur, p E ê' c M n p+. Considérons
c,
deux points distincts p 1 et p 2 de différents de p, p 1 # pet p 2 # p, tels
que p se trouve entre p 1 et p 2 • Comme M est une sous-variété géodésique,
la géodésique c 1 reliant p à p 1 est contenue dans M, c 1 c M. De plus,
si les points p et p 1 sont suffisamment proches ils ne sont pas sur une
même droite verticale. Ainsi, c 1 est forcément un arc de l'unique demi-cercle
orthogonal à aooIHin et passant par p et Pl. De ce fait, C1 est contenu dans
le demi-plan vertical p+ car p E p+ et p 1 E p+. Par conséquent, le vecteur
tangent de c 1 en p appartient à T pM n T Pp+. Or, par construction, on a
TpM n TpP+ = {)..ü À E IR}. De ce fait c 1 est tangent en p à ü. Nous
J
3-3· LES HYPERPLANS TOTALEMENT GÉODÉSIQUES DE !Hln

déduisons de la proposition 3.1.9 que c 1 est contenu dans y: c 1 C y. Nous


montrons de même que la géodésique c2 reliant p à p 2 est contenue dans y
et dans M : c 2 C y n M. Il existe donc un arc y' de y contenant p dans son
intérieur et contenu dans M: p E y' c y n M, il suffit de poser y' = c 1 U c 2 .
Montrons qu'en fait y est entièrement contenue dans M. Notons c le
plus grand arc de la géodésique y contenant p et contenu dans M, on a
donc: p E c C y n M. Supposons c =f- y. Soit p 0 une extrémité de l'arc c.
Comme M est complète et sans bord, p 0 est un point intérieur de M. Soit
Ü0 E T Poe un vecteur tangent non nul. Comme c est contenue dans Mon a
Ü0 E T p 0 M. Remarquons que la géodésique de JH[n passant par p 0 et tangente
à Ü0 est précisément y. Nous déduisons du raisonnement précédent qu'un
arc de y contenant p 0 dans son intérieur est contenu dans M. Ainsi, il existe
un arc de y contenu dans M, contenant c et différent de c. Ceci contredit
l'hypothèse que c est le plus grand arc de y contenu dans Met contenant p.
Par conséquent on ac = y, c'est-à-dire que y est entièrement contenue dans
M, ce qui démontre la première partie du lemme.
Prouvons la deuxième partie du lemme. Soit q E M un point distinct de
p. Appelons y l'unique géodésique de JH[n passant par pet q. Comme M est
une sous-variété géodésique complète, on a y c M. Soit ü E T P y un vecteur
tangent de y en p, Ü =f- 0, on a donc Ü E TpM. Comme TpM C TpM', on
a également ü E T pM' et la première partie du lemme montre que y est
entièrement contenue dans M'. En particulier, on a q E M'. Comme cela est
vrai pour tout point q E M, nous concluons MC M'.
Si k = k', nous montrons comme précédemment que l'on a en fait
Mc M' et M' c M, c'est-à-dire M = M'. D

(Ô ------
,
'
'
,'

Fig. 45.

Proposition 3.3.5. Les seuls hyperplans géodésiques complets et sans bord


de lfP sont les restrictions à JH[n des hyperplans affines verticaux de Rn et des
sphères de dimension n - l orthogonales à aooIHin (jig. 45).
CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

--+
De plus, pour tout point p E lH!n et pour tout hyperplan F C T plHin tangent
en p, il existe un et un seul hyperplan géodésique II passant par p et tangent à
--+ --+
F :p E II et T P II = F.

Démonstration. Soit S C lHin un hyperplan géodésique complet et sans


--+
bord, et soit p E S un point de S. Considérons F = T pS, l'hyperplan
tangent de S au point p. Appelons F l'hyperplan affine de IB.n passant par
--+
p et de direction F. Dans le cas où F est vertical, c'est-à-dire lorsque
--+
(0, ... , 0, 1) E F, nous posons II = F n lH!n. Dans le cas contraire, appelons
D c IB.n la droite affine passant par pet orthogonale à F. Comme F n'est pas
vertical, la droite D doit rencontrer â00 JHin en un point que nous noterons
p 0 : {Po} = D n â00 1Hln. Soit M C IB.n la sphère euclidienne de centre p 0 et
de rayon R = d(p, p 0 ) = llAAll, où d(., .) désigne la distance euclidienne.
Posons enfin II = M n lH!n.
Dans les deux cas, II est un hyperplan géodésique complet et sans bord de
lHin passant par p et tangent à S. Nous déduisons du lemme 3.3.4 que S = II,
ce qui prouve la première partie de la proposition.
--+
Maintenant, soit p E lH!n et soit F un hyperplan tangent au point p.
L'argumentation précédente montre qu'il existe un hyperplan géodésique
--+
complet passant par pet tangent à F. L'unicité d'un tel hyperplan géodésique
provient du lemme 3.3.4-2, ce qui termine la preuve. 0

Nous déduisons de la proposition 3.3.5 le résultat important suivant.

Proposition 3.3.6. Soit p E lH!n et soit y C lHin une géodésique passant par p.
Dans ces conditions, il existe un et un seul hyperplan géodésique passant
par p et orthogonal à y.
--+ --+
Démonstration. Posons D = TPy et F = --+ --+
D .l, où D .l c lR n désigne le
--+ --+
sous-espace vectoriel de IB.n orthogonal à D. Notons que F est de dimension
n - l. La proposition 3.3.5 assure l'existence et l'unicité d'un hyperplan
--+ --+
géodésique passant par p et tangent à F, c'est-à-dire orthogonal à D. 0

Le résultat suivant, intéressant par lui-même, est utile pour la suite.

Proposition 3.3.7. Soient L 1 et L 2 deux géodésiques de lHin. Il existe une


isométrie positive g de lHin envoyant LI sur L 2 , g(Li) = L 2 . De plus, g
se prolonge différentiablement au bord à l'infini et la restriction de g à â00 JH[n
est un difféomorphisme de â00 lHin sur lui-même préservant les angles orientés.

Démonstration. Considérons la géodésique verticale Lo issue de l'origine 0:


Lo= {(O, ... , 0, Xn) E lH!n}. On a donc â00 L0 = {ü, oo}. Il suffit de montrer
3.3. LES HYPERPLANS TOTALEMENT GÉODÉSIQUES DE IHin 165

que pour toute géodésique L de JH[n il existe une isométrie g envoyant L sur
Lo avec les propriétés voulues.
Dans le cas où L est une géodésique verticale, il existe une translation
de IB.n de vecteur horizontal envoyant L sur L 0 . Comme une translation
horizontale est une isométrie de lHin, exemple 3.1.4-2, il suffit alors de choisir
l'isométrie g égale à cette translation horizontale.
Supposons maintenant que L soit un demi-cercle orthogonal à â00 1Hln.
Soient P1, P2 E â00 1Hln les points asymptotiques de L : â 00 L = {p 1, p 2}.
--+
Appelons T la translation de vecteur horizontal -0 p 1 • La translation T
est une isométrie de lHin. Par conséquent, T(L) est une géodésique et on a
â00 T(L) = {T(p1),T(p2)} = {O,p2-pi}.Posonspo = P2-P1 et appelons
II la demi-sphère orthogonale à â00 1Hln de centre p 0 E â00 1Hln et de rayon
d(O, p 0 ), où d(·, ·)désigne la distance euclidienne.
Appelons 1 l'inversion par rapport à II. Comme II est un hyperplan
géodésique, 1 est une isométrie de lHin, proposition 3.2.5. Nous en déduisons
que l(T(L)) est une géodésique de JH[n. Remarquons que 0 E â 00 II; de ce
fait 0 est un point fixe de 1. On a donc

â 00 l(T(L)) = l(â 00 T(L)) = {1(0),l(po)} = {O,oo} = â 00 Lo.

Ainsi l(T(L)) est la demi-droite verticale issue de l'origine, de ce fait on a


l(T(L)) = L 0 • Soit enfin II 1 C lHin un demi-hyperplan vertical quelconque
contenant L 0 • L'inversion par rapport à Ili, notée 11, est donc une isométrie
de lHin laissant fixe tous les points de L 0 . On a donc (1 1 o 1 o T)(L) = L 0 .
Posons g = 11 o 1 o T, g est bien une isométrie positive de JH[n envoyant L sur
L0 . De plus, chacune des isométries 11, 1 et T se prolonge différentiablement
au bord à l'infini et leurs restrictions à â00 1Hln sont des difféomorphismes de
â00 1H!n sur lui-même préservant les angles. Remarquons que les isométries
1et1 1 changent, chacune, les angles en leur opposé. De ce fait g a bien les
propriétés spécifiées, ce qui achève la preuve. D

Rappelons qu'un plan géodésique de JH[n est une sous-variété géodésique


de lHin de dimension 2, définition 3.3.1.

Proposition 3.3.8. 1) Soient p 1 , p 2 , p 3 E lH!n trois points distincts n'appar-


tenant pas à la même géodésique. Il existe un unique plan géodésique complet
P C lHin contenant P1 , P2 et p3.
2) Tout plan géodésique complet de lHin est isométrique à IHI 2 .

Démonstration. Soit y l'unique géodésique de lHin passant par p 1 et p 2.


Nous savons, grâce à la proposition 3.3.7, qu'il existe une isométrie g de
Hn envoyant y sur la géodésique verticale L 0 = {(0, ... , 0, Xn) E lH!n}. De
ce fait, à une isométrie près, nous pouvons supposer que p 1 et p 2 sont deux
166 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

points distincts de Lo et que p 3 est un point en dehors de L 0 . Notons que


---+
les vecteurs p;f!;_ et AA sont linéairement indépendants. Appelons P le
plan vectoriel de ]Rn engendré par p;f!;_ et AA· Notons P le plan affine de
---+
direction P et passant par PI et posons p+ = P n lfP. Par construction, p+
est un plan géodésique complet de JH[n contenant les points PI, pz et p 3 .
Montrons maintenant que p+ est l'unique plan géodésique de JH[n conte-
nant PI, pz et p 3 . Soit P C JH[n un plan géodésique complet contenant ces
points. Appelons y' la géodésique passant par Pi et p 3 et rappelons que L0
passe par Pi et pz. Comme Pest une sous-variété géodésique nous déduisons
que L0 et y' sont contenues dans P. Par conséquent, le plan tangent de Pen
---+ - ---+
Pi est P : T p 1 P = P = T Pl p+. Nous en déduisons grâce au lemme 3.3.4
que p+ = P, ce qui termine la preuve de la première partie de la proposition

Prouvons la deuxième partie. Soit P C JH[n un plan géodésique et soit


y c P une géodésique de P. D'après la proposition 3.3.7, il existe une
isométrie positive g de lfP envoyant y sur la géodésique verticale

Lo= {co, ... ,O,xn) E ]Rn 1 Xn > o} c JH[n.

De ce fait, g(P) est un plan géodésique contenant une géodésique verticale.


Posons Pi = {(xi, 0, ... , 0, Xn) E ]Rn Xn > o} c JH[n. Rappelons que
1

JH[z = {CYi.Yz) E JRz I Yz > o}.


et la métrique hyperbolique de JH[Z, notée ici g~, est
z dyf + dy~
gIHI = y~

Considérons maintenant l'application f : (Pi, gIHI) ---+ (JH[z, g~) définie en


posant f(xi, 0, ... , 0, Xn) = (xi, Xn). Clairement f est une isométrie. Par
conséquent, si g(P) = Pi l'application (f o g) : (P, gIHI) ---+ (JH[z, g~) est une
isométrie.
Supposons g(P) -f. Pi· Comme g('P) est un demi-plan affine vertical,
le plan tangent en tout point de g(P) est toujours le même plan vectoriel
vertical de ]Rn. Nous noterons ce plan ---+ -
P. Posons en = (0, ... , 0, 1) E IR"
- ---+ -
et appelons u l'un des deux vecteurs de P orthogonal à en et de norme
--+
euclidienne 1. Par construction (ën, Ü) est une base orthonormée de P.
---+
Posons ëi = (1, 0, ... , 0) E ]Rn et appelons H le plan vectoriel horizontal
---+ --+
engendré par les vecteurs unitaires ëi et ü. Appelons H J_ l'orthogonal de H,
---+
ainsi H J_ est un sous-espace vectoriel de JRn de dimension n - 2 contenant
3-3· LES HYPERPLANS TOTALEMENT GÉODÉSIQUES DE !Hln

- ---+---+ ---+---+
le vecteur en tel que IB.n = H EB H _i_. Appelons R : H ---+ H la rotation
vectorielle envoyant Ü sur ë,, R(ü) = ê1 • Appelons enfin h : IB.n ---+ IB.n
l'isométrie euclidienne de IB.n définie par

h(v) = lv
R(v)
si
si
-
VE
-
---+ J_
H
---+
VE H

Par construction, on a h(g(P)) P 1 • De plus, comme ën est laissé fixe


par h, tout hyperplan affine de IB.n orthogonal à ën est globalement fixe
par h. Nous en déduisons que la restriction de h à l!P est une isométrie
de (IHin, gJHI), exemple 3.1.4-2. Par conséquent nous pouvons conclure que
l'application (f oho g) : {P, gJHI) ---+ (IHI 2 , g~) est une isométrie, ce qui termine
la preuve. D

Lemme 3.3.9. Soit P 1 C IHin un plan géodésique et soit y C P 1 une géodésique.


Il existe un unique hyperplan géodésique complet II contenant y et orthogonal
àP 1•

a
Démonstration. Soit q E 00 1Hin un point asymptotique de la géodésique y
et soit f : IHin ---+ IHin une inversion par rapport à une demi-sphère centrée au
point p. Grâce à la proposition 3.2.5, on sait que f est une isométrie de IHin.
On a /(q) = oo, par conséquent l'image /(Pi) est un plan géodésique de
lllln contenant le point oo dans son bord asymptotique et ainsi f (P 1 ) doit être
un demi-plan vertical. De même, f(y) doit être une demi-droite verticale
contenue dans f (P 1 ). Clairement, il existe un unique demi-hyperplan vertical
F de IHin contenant la demi-droite f(y) et orthogonal au demi-plan /(Pi).
Il suffit de poser II = 1- 1 (F) et ainsi II est bien un hyperplan géodésique
contenant y et orthogonal à P 1 .
Prouvons l'unicité de Il. Soit Il 1 C IHin un hyperplan géodésique conte-
nant y et orthogonal à P 1 • Soit p E y, on a donc TpII = TpI1 1 . Le
lemme 3.3.4 montre alors que II = II 1 , ce qui termine la preuve. D

Lemme 3.3.10. Soient II, II C IHin deux hyperplans géodésiques complets. Il


existe une inversion 1 de IHin qui envoie TI sur II : I(TI) = Il. Par conséquent
il existe une isométrie positive g de IHin qui envoie TI sur II : g(TI) = Il.

Démonstration. Prouvons qu'il existe une inversion 1 de IHin satisfaisant


I(IT) = Il. Pour cela, montrons d'abord qu'il existe un plan géodésique
P1 orthogonal à II et TI. Supposons dans un premier temps que le point oo
ne soit pas dans le bord asymptotique de II ni de TI : oo ~ (d 00 Il U 00 TI). a
a
En ce cas II et TI sont deux demi-sphères orthogonales à 00 1Hin. Appelons
a a
p E 00 1Hin le centre de II et p E 00 1Hin le centre de TI. Si p = p nous
pouvons choisir comme plan géodésique P 1 le demi-plan affine vertical
r68 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

passant par p et de direction le plan vectoriel engendré par les vecteurs


(1, 0, ... , 0) et (0, ... , 0, 1). Si p f. p on choisira pour P 1 le demi-plan affine
vertical passant par p et de direction le plan vectoriel engendré par les
---+
vecteurs pp et (0, ... , 0, 1).
Si le point oo appartient à â00 II ou à â00 Il, on se ramène au cas précédent
à l'aide d'une inversion par rapport à une sphère centrée en un point
q E â00 11:Jin \ (â 00 II U â00 IT). Cela démontre l'existence d'un plan géodésique
P 1 orthogonal à II et II.
Comme le plan géodésique P 1 n'est pas contenu dans II et n'est pas
disjoint de II, l'intersection de II avec P 1 est une géodésique, nous la noterons
f3 : P 1 n II = {3. De même l'intersection de P 1 avec Il est une géodésique,
nous la noterons'$: P 1 n Il = $.
Comme le plan géodésique P 1 est isométrique à ll:JI 2 , proposition 3.3.8, il y
a trois cas à considérer selon la situation relative des géodésiques f3 et $.
Cas 1 : Les géodésiques f3 et'$ et leur bord asymptotique n'ont aucune
intersection : (/3 u Ôoo/3) n ($ u âoo'$) = 0.
Comme le plan géodésique P 1 est isométrique à ll:JI 2 , il existe une géodé-
sique a c P 1 orthogonale à f3 et à'$, exercice 2.2.3. Appelons y la géodé-
sique passant par le milieu du segment de a reliant f3 à '$et orthogonale à œ.
D'après le lemme 3.3.9, il existe un hyperplan géodésique F de JH[n contenant
y et orthogonal au plan géodésique P 1 . Notons ŒF la réflexion par rapport
à l'hyperplan F. On a en particulier ŒF($) = {3. Remarquons que l'image
ŒF(P 1 ) est un plan géodésique de ll:Jin contenant y et orthogonal à F. Par
conséquent, la deuxième assertion du lemme 3.3.4 entraîne que ŒF(Pi) = P 1•
L'image ŒF(IT) est donc un hyperplan géodésique de JH[n contenant f3 et
orthogonal à P 1 • Par unicité d'un tel hyperplan, lemme 3.3.9, on obtient
uF(IT) = II.
Cas 2: Les géodésiques f3 et'$ sont disjointes mais ont un point asymptotique
en commun: /3 n g = 0 et Ôoo/3 n âoo't = {Poo} avec Poo E Ôooll:lin.
Soit C C P 1 un horocycle dont le bord asymptotique est le point p 00 •
L'horocycle C coupe chaque géodésique f3 et'$ orthogonalement en un point.
Appelons y la géodésique passant par le milieu de l'arc de C reliant f3 à$
et orthogonale à C. Notons F l'hyperplan de JH[n contenant y et orthogonal
au plan géodésique P 1 • On montre comme dans le cas précédent que l'on a
ŒF(IT) = II.
Cas 3: Les géodésiques f3 et'$ ont un point p E P 1 en commun: f3 n '$ = {p}.
Soit u (resp. v) un vecteur unitaire tangent à la géodésique f3 (resp. $)
au point p. Soit w un vecteur unitaire au point p tel que les angles orientés
entre u et w et entre w et v soient égaux. Notons y la géodésique passant par
3-3- LES HYPERPLANS TOTALEMENT GÉODÉSIQUES DE IHin 169

pet tangente au vecteur w, et F l'hyperplan géodésique de l!P contenant y


et orthogonal au plan géodésique P 1 . On montre comme dans le cas 1 que
l'on a CTF(TI) = II.
Il existe donc une inversion 1 de l!P telle que l(TI) = II. Soit II 1 c lHin
un hyperplan géodésique orthogonal à II. Notons u la réflexion par rapport
à Ili. on a donc u(II) = II. Posons g := u o 1, ainsi g est une isométrie
positive de lH!n vérifiant g(TI) = II, ce qui termine la preuve. D

Le lemme 3.3.10 nous permet d'obtenir le résultat important suivant.

Corollaire 3.3.11. Tout hyperplan géodésique complet et sans bord II de lHin,


n ::;: 3, muni de la métrique hyperbolique induite par glHI est isométrique à
!Hln- 1, l'espace hyperbolique de dimension n - 1.

Démonstration. Posons II 0 = {(0, x 2, ... , Xn) E lH!n}, ainsi II 0 est un


hyperplan géodésique de lH!n. Pour fixer les notations posons de plus

lHin-I = { (Y1, ... , Yn-d E lRn-l 1 Yn-1 > o} ·


Nous munissons lH!n-l de la métrique hyperbolique

(n-1) dy? + ... + dy~-1


glHI = 2
Yn-1
ainsi (lH!n- 1 , g~- 1 » est le modèle du demi-espace de l'espace hyperbolique
de dimension n - 1. L'application f : (II 0, glH!) ~ (IHin-l, g~- 1 » définie par
f(O, x 2 , ... , Xn) = (x 2 , ... , Xn) est une isométrie. De ce fait, II 0 muni de la
métrique glHI est bien isométrique à l'espace hyperbolique de dimension n -1.
Soit maintenant II c lHin un hyperplan géodésique quelconque. Grâce
au lemme 3.3.10, nous savons qu'il existe une isométrie g de lH!n envoyant
I1 sur II 0. De ce fait l'application f o g : (II, glH!) ~ (lH!n-l, g~- 1 » est une
isométrie, ce qui conclut la preuve. D

Proposition 3.3.12. 1) Soit II C lHin un hyperplan géodésique complet et


soit p E lH!n un point quelconque. Il existe une unique géodésique complète
passant par p et orthogonale à II.
2) Soit y C lHin une géodésique complète et soit p E lH!n un point quelconque.
Il existe un unique hyperplan géodésique complet passant par p et orthogonal
à y.

Démonstration. Prouvons la première assertion. Si p E II cela est une


conséquence directe de la proposition 3.1.9. Supposons que p n'appartienne
pas à II.
170 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

Démontrons d'abord l'existence d'une géodésique y passant par p et


orthogonale à II. Considérons l'hyperplan géodésique II 0 défini par

IIo = { (0, X2, ... , Xn) E !Rn 1 Xn > o} c IW.


Grâce au lemme 3.3.10, nous savons qu'il existe une isométrie g de lH!n
envoyant II sur II 0 , g(II) = II 0 . Posons g(p) = (q 1 , ... , qn) et appelons h
la translation horizontale de vecteur -(0, q 2 , ... , qn-I • 0) E !Rn. On a donc
h(g(II)) = IIo et h((g(p)) = (q1, 0, ... , 0, qn).
Appelons y 1 la géodésique dont le bord asymptotique est constitué des
points ±( J qf + q~, 0, ... , 0), ainsi y 1 est le demi-cercle du demi-plan affine
{(x 1 , 0, ... , 0, Xn) E !Rn 1 Xn > O} centré en 0 et de rayon Jqf + q~. Par
construction, y 1 passe par h(g(p)) et est orthogonale à II 0 . Par conséquent,
la géodésique y = (ho g)- 1 (y 1 ) passe par p et est orthogonale à II car toute
isométrie de lH!n préserve les angles, remarque 3.1.6.
Prouvons maintenant l'unicité de y. Supposons qu'il existe une autre
géodésique y passant par p et orthogonale à II. Posons II n y = {q} et
II n y= {êf}. Remarquons que les points p, q et q ne sont pas sur une même
géodésique. De ce fait, il existe un plan géodésique unique P 1 contenant ces
points, proposition 3.3.8. On a y U y C P 1 puisque P 1 est un plan géodésique.
Appelons y0 la géodésique passant par les points q et q, on a y0 c P 1 n Il
Remarquons que les géodésiques y, y et y0 définissent un triangle géodésique
T de P 1 dont les sommets sont p, q et q, définition 2.5.11. De plus les angles
intérieurs de Taux sommets q et q sont tous deux égaux à rc/2 car y (resp. Y)
est orthogonale à II au point q (resp. q). Nous en déduisons que la somme des
angles intérieurs de Test strictement supérieure à rc. Cela est en contradiction
avec le théorème 2.5.24 car P est isométrique à lHI 2 , proposition 3.3.8, ce qui
démontre la première partie de la proposition.

Prouvons la deuxième assertion. Si p E y cela est une conséquence


directe de la proposition 3.3.6. Supposons que p n'appartienne pas à y.
Considérons la géodésique L 0 définie par

Lo = {(0, ... , 0, Xn) E !Rn 1 Xn > o} C lH!n.


Nous savons qu'il existe une isométrie f de lH!n envoyant la géodésique
y sur L 0 , f(y) = L 0 , proposition 3.3.7. Clairement, les seuls hyperplans
géodésiques coupant Lo orthogonalement sont les demi-sphères centrées à
l'origine O. De ce fait il n'existe qu'un seul hyperplan géodésique F passant
par f(p) et orthogonal à Lo: il s'agit de la demi-sphère centrée à l'origine
0 et de rayon égal à lf(p)I, la distance euclidienne entre 0 et f(p). Nous
concluons que II = 1- 1 (F) est le seul hyperplan géodésique passant par p
et orthogonal à y, ce qui termine la preuve. D
3-3· LES HYPERPLANS TOTALEMENT GÉODÉSIQUES DE !Hln

La proposition 3.3.12 va nous permettre de donner une définition plus


intrinsèque d'une inversion de l'espace hyperbolique. Cette définition en effet
ne dépendra que des notions de la géométrie hyperbolique et ne dépendra
pas du modèle choisi. Elle nous permettra enfin de constater qu'une inversion
de lfP se comporte comme une symétrie orthogonale de l'espace euclidien
!Rn, c'est-à-dire par rapport à un hyperplan affine de lR'.n.
Remarque 3.3.13 (Définition intrinsèque d'une réflexion). Soit TI C lHin un
hyperplan géodésique. Remarquons que la réflexion, ou encore inversion,
In par rapport à TI possède les propriétés suivantes et que, de plus, celles-ci
suffisent à définir 1rr.
Soit p E lH!n un point quelconque.
1) Si p E TI on a In (p) = p, c'est-à-dire que In laisse fixe tous les points
de rr.
2) Si p </. TI, appelons y l'unique géodésique de lHin passant par p et
orthogonale à TI, proposition 3.3.12. Appelons p 0 l'intersection de y avec I1:
y n TI = {Po}- Remarquons que Irr(Y) est une géodésique de lHin passant
par p 0 • De plus, comme In préserve les angles, In (y) doit être orthogonale
à I1 au point p 0 = Irr(p 0 ). On a donc Irr(Y) = y. Notons que y\ {Po}
est composée de deux composantes que nous noterons y 1 et y2 , avec par
exemple p E y 1 . Remarquons aussi que l'inversion In échange ces deux arcs:
In(Y1) = Y2 et Irr(yi) = y2. Par conséquent p' = Irr(p) doit être l'unique
point de y2 dont la distance hyperbolique au point p 0 est égale à celle entre
les points pet p 0 , dll'J(p 0 • p') = dll'J(p 0 , p). Cela détermine uniquement le
point p' = In (p ).
Remarquons que cette description de l'inversion In correspond à celle des
symétries orthogonales de l'espace euclidien de JRn. Pour le vérifier il suffit de
remplacer les mots hyperplan géodésique et géodésique (qui correspondent à
IH!n) par les mots hyperplan affine et droite (qui correspondent à JRn).
Considérons enfin un hyperplan géodésique n de TI, n c TI c lHin. Ainsi
rr est une sous-variété géodésique de lHin de dimension n - 2. Cette nouvelle
description d'une inversion permet de définir l'inversion, ire, dans TI (qui est
isométrique à lH!n- 1 , corollaire 3.3.11) par rapport à n. Il suffit pour cela de
reprendre la description ci-dessus en remplaçant respectivement TI par n et
IHin par rr.

Proposition 3.3.14. Soit TI un hyperplan géodésique de lHin. Soit g une isomé-


trie de lHin laissant fixe chaque point de I1 : g(p) = p, pour tout p E TI. Dans
ces conditions on a g = Id si g préserve l'orientation ou g = In si g renverse
/'orientation, où In est l'inversion par rapport à TI.

Démonstration. En effet, soit q E lH!n un point quelconque en dehors de


Il. Soit y l'unique géodésique passant par q et orthogonale à TI, proposi-
CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

tion 3.3.12. Appelons q 0 E II l'intersection de y avec II et notons y1 la


composante de y\ {q 0 } contenant q, l'autre composante sera notée y2 . Re-
marquons pour commencer que g(y) =y, car g(y) doit être une géodésique
orthogonale à II au point g(q 0 ) = q 0 .
Supposons pour commencer que g soit une isométrie positive. De ce fait
g(q) appartient à yi, tout comme q, et comme g conserve les distances on
a drr1.(q, q 0 ) = drr1.(g(q), g(q 0 )) = drr1.(g(q), q 0 ). On en déduit que g(q) = q
pour tout q E lH!n, c'est-à-dire g = Id.
Si maintenant g est une isométrie négative, g(q) doit appartenir à l'autre
composante y2 . De plus, comme g conserve les distances nous devons avoir
g(q) = In(q) pour tout q E lH!n, c'est-à-dire g = In, ce qui achève la
preuve. 0

II

Fig. 46.

Lemme 3.3.15. Soit II C JH[n un hyperplan géodésique et soit rr C II un


hyperplan géodésique de II, remarque 3.3.13.
1) Il existe un unique hyperplan géodésique II.L de JH[n contenant rr et
orthogonal à II, rr C II .L c JH[n (fig. 46).
2) L'inversion irr : II --+ II par rapport à n, remarque 3.3.13, est la
restriction à II de l'inversion 1.L de JH[n par rapport à II .L_ C'est-à-dire que l'on
a i11:(P) = l.L(p) pour tout p E II.

Démonstration. Considérons l'hyperplan géodésique II 0 de JH[n défini par

IIo = {(Ü,Xz, ... ,Xn) E ]Rn 1 Xn > ü} C JH[n.

À une isométrie de JH[n près nous pouvons supposer II = II 0 , lemme 3.3.10.


Comme II est le modèle du demi-espace de l'espace hyperbolique de
dimension n - 1, nous déduisons de la proposition 3.3.5 que rr est de l'une
des deux formes suivantes
(i) rr est un hyperplan affine vertical de dimension n - 2 de II,
(ii) rr est une demi-sphère de dimension n - 2 de II orthogonale à a rr.
00
3-3· LES HYPERPLANS TOTALEMENT GÉODÉSIQUES DE IHin 173

Dans le cas (i), l'équation de TC est de la forme

où a 2 , ... , an, b sont des nombres réels. On a donc

TC= {(x1, ... , Xn) E JH[n 1 X1 = 0et G2X2 + ··· + Gn-IXn-1 = b}.
Posons

TI.l = {(x1, ... , Xn) E JH[n 1 G2X2 + · · · + Gn-IXn-1 = b}.


Par construction, TI .l est un demi-hyperplan affine vertical et est donc
un hyperplan géodésique de JH[n. Remarquons que TC C TI .l _ De plus,
considérons le vecteur horizontal ë1 = (1, 0, ... , 0) E !Rn. Le vecteur ë1
est orthogonal à TI et ë1 E T P TI .l pour tout p E TC. Nous en déduisons que
les hyperplans géodésiques TI et TI .l sont orthogonaux le long de TC, ce que
l'on désirait.
Dans le cas (ii), appelons p le centre de TC et R > 0 son rayon, p est donc
de la forme p = (0, p2, ... , Pn-1, 0) E ô00 TI. On a ainsi

rr= {Cx1, ... ,xn) EJH[n 1 X1 =0 et (x2- P2) 2+· · ·+(xn-1 - Pn-d 2 +x~ =R2}.
Posons maintenant

Il.l = {(x1, ... ,Xn) E JH[n 1 xi+(x2-P2) 2 +··+(xn-1-Pn-1) 2 +x~ = R 2}.


De nouveau TI .l est un hyperplan géodésique de JH[n contenant TC et orthogo-
nal à TI le long de TC car ë1 ET pTI.l pour tout p E TC.
Prouvons l'unicité de TI .l dans les deux cas. Soit TI c JH[n un hyperplan
géodésique contenant TC et orthogonal à TI le long de TC. Soit q E TC, on a
donc q E TI .l n TI et T q TI .l = T p TI. Nous déduisons du lemme 3.3.4 que
rr.L = TI.
Démontrons maintenant la propriété 2. Soit p E TI, notons y c TI
l'unique géodésique de TI passant par p et orthogonale à TC. Comme TI
est un hyperplan géodésique, y est aussi une géodésique de JH[n. Posons
y n TC = {p 0 }. Remarquons que 1.l (y) et y sont deux géodésiques dans TI
passant par p 0 et orthogonales à TC. De ce fait elles sont tangentes en p 0 et
parunicité on a l.l(y) =y, proposition 3.1.9. Nous en déduisons que l.l(p)
est l'unique point p' de y dont la distance hyperbolique à p 0 est égale à la
distance hyperbolique entre pet p 0 , dl:'J.(p', p 0 ) = dl:'J.(p 0 , p), et situé sur
l'autre composante de y\ {Po} que p, p' = l.l(p). Or la description de p'
est exactement la même que celle du point Ïrr(p), remarque 3.3.13. On a donc
i,,(p) = l.l(p) pour tout p E TI, ce qui conclut la preuve. D
174 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

Exercices de la section 3.3


Exercice 3.3.1. Soient A, B E lHln deux points distincts et soit œ C lHin la
géodésique passant par A et B. Montrer que le lieu des points de lHin à égale
distance de A et B est l'hyperplan géodésique n c lHin passant par le milieu
du segment géodésique de œ d'extrémités A et B et orthogonal à œ.

Exercice 3.3.2. Soient A 1 , ••• , An des points distincts de lHin. Montrer qu'il
existe un hyperplan géodésique de lHin contenant les points A 1 , ••• , An.

Exercice 3.3.3. Soit M c lHI" une sous-variété géodésique, dim(M) :::;: n - 2,


et soit A E lHln \ M un point. Montrer qu'il existe un hyperplan géodésique
n de lHin contenant M et A.
Exercice 3.3.4. Montrer qu'il existe des points A 1 , ..• , An+I E lHln n'appar-
tenant à aucun hyperplan géodésique cie lHin.

Exercice 3.3.5. Soient A 1 , ••. , An+i E lHln des points n'appartenant à aucun
hyperplan géodésique de lHin. Montrer qu'il existe un unique hyperplan
géodésique n de lHin contenant les points A 1 , ••• , An·

Exercice 3.3.6. Soient A 1 , ... , An+I E lHln des points n'appartenant à aucun
hyperplan géodésique de lHin. Soit g : lHin ~ lHin une isométrie fixant chacun
de ces points: g(Ak) = Ab k = 1, ... , n + 1. Montrer que g est l'application
identité.

Exercice 3.3.7. À l'aide des exercices 3.3.1, 3.3.4 et 3.3.6, montrer que
toute isométrie g de lHin peut s'écrire comme la composée d'un nombre
de réflexions inférieur ou égal à n + 1 (ce qui donne une nouvelle preuve du
théorème 3.4.1 de la section 3.4).

Exercice 3.3.8. Soient p et q deux points distincts de lHin. En chacun de ces


points, on considère un vecteur tangent de norme 1, ïi Pet Wq respectivement:
Vp ETplHin, Wq ETqlHin,et l\ïipllH = l\wqllH = 1.
Montrer qu'il existe une isométrie positive J de lHin envoyant p sur q et
ïip sur wq: J(p) = q, DpJ(ïip) = wq.

Exercice 3.3.9. On considère dans le demi-espace lHin, n ~ 2, une métrique


conforme ds 2 = À 2 (x 1 , ... , Xn)(dx~ + ··· + dx;), où À : lHin ~ :IR est une
fonction de classe C 1 ne s'annulant pas. On suppose que les géodésiques de
lHin pour la métrique ds 2 sont les mêmes que les géodésiques de la métrique
hyperbolique gllJI de lHin, c'est-à-dire les demi-droites et les demi-cercles
orthogonaux au bord à l'infini aooIHin.
Le but de cet exercice est de montrer que ds 2 est la métrique hyperbolique
à une constante multiplicative près: ds 2 = œ2 gllJI où œ > 0 est une constante
34· QUELQUES REMARQUES SUR LES ISOMÉTRIES DE !Hln 175

réelle. Nous avons déjà prouvé ce résultat lorsque n = 2, théorème A.4 de


l'annexe A.
1) Montrer que les hyperplans géodésiques de (lHin, glHI) sont aussi des
hyperplans géodésiques de lHin pour la métrique ds 2 •
2) On suppose que la restriction de ds 2 à tout hyperplan géodésique II de
(lffin, ds 2 ) est, à une constante multiplicative près, la métrique hyperbolique
t •t'IId
resremea : s 12rr=g1Hlirr·
En considérant les familles d'hyperplans géodésiques

avec a E lR et j = 1, ... , n - 1, montrer que À est de la forme


Ci
À(x1, ... ,Xn) = -,
Xn

où a > 0 est une constante réelle.


3) Conclure à l'aide du théorème A.4 de l'annexe A.

3.4. Quelques remarques sur les isométries de lHin

Pour commencer nous allons généraliser en toute dimension n ~ 2 une


propriété concernant les isométries de lHin que nous avons vue à la section 2.4
pour lHI 2 , théorème 2.4.6. Indiquons que l'exercice 3.3.7 propose une autre
preuve de ce résultat.

Théorème 3.4.1. Soit n~ 2 un nombre entier. Toute isométrie de JH[n peut


s'exprimer comme la composée d'un nombre d'inversions inférieur ou égal à
n + 1.

Démonstration. Nous démontrerons le théorème par récurrence sur l'entier


n ~ 2.
Pour n = 2, le résultat a déjà été prouvé, théorème 2.4.6.
Soit n ~ 3 un nombre entier. On suppose que pour tout entier r vérifiant
2 ::;:: r < n, toute isométrie g : JHI' ~ JHI' est la composée d'un nombre
d'inversions de lHI' inférieur ou égal à r + 1.
Soit f : lHin ~ JH[n une isométrie. Il y a quatre cas à considérer selon que
f conserve ou non l'orientation de lHin et selon la parité de la dimension n.
Cas 1 : L'isométrie f est négative et n est impair.
Comme f f:. Id, il existe un point p E lHin tel que f(p) f:. p. Notons II
l'hyperplan géodésique de lHin coupant orthogonalement en son milieu le
segment de géodésique reliant les points pet /(p). Appelons a la réflexion
par rapport à l'hyperplan II. On a donc a(f(p)) =pet de ce fait p est un
CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

point fixe de l'isométrie a of. Remarquons que la différentielle D P (a of) de


a of au point p est une isométrie de l'espace tangent T plHin, muni du produit
scalaire induit par la métrique gIHI, sur lui-même. Par conséquent, sa matrice
par rapport à toute base orthonormée de T plHin est une matrice orthogonale.
De plus le polynôme caractéristique est de degré impair, il admet donc au
moins une valeur propre réelle.
Rappelons que les seules valeurs propres réelles possibles d'une matrice
orthogonale sont 1 et -1 et que les valeurs propres complexes sont conju-
guées deux à deux et de norme 1. Enfin, comme l'isométrie a of est positive
le produit de ses valeurs propres est égal à 1. Ces considérations montrent
que l'une au moins des valeurs propres de a o f est égale à 1.
Soit ü E T plHin un vecteur propre non nul de D p(<J o f) associé à la
valeur propre 1. Appelons y la géodésique passant par p et tangente à ü.
Remarquons que y est globalement fixe par l'isométrie a o f, que p est un
point fixe et que la restriction de a of à y préserve l'orientation. Comme de
plus a o f préserve les distances, chaque point de y est un point fixe de a of.
Appelons Il l'hyperplan de IHin passant par pet orthogonal à y. L'image
(a o f)(Il) est donc un hyperplan passant par (a o f)(p) =pet orthogonal
à (a o f)(y) =y. On a donc (a o f)(Il) = Il et ainsi la restriction (a o f)1n
de (a o f) à Il est une isométrie.
Comme Il est isométrique à l'espace hyperbolique IH!n-I, corollaire 3.3.11,
on sait grâce à l'hypothèse de récurrence que la restriction (a o f)tn peut
s'écrire comme la composée de k réflexions s 1 o · · · o Sk de Il, avec k :::;: n.
Nous savons grâce au lemme 3.3.15 que chacune des réflexions s; de Il est la
restriction à Il d'une réflexion a; de IHin.
Par ailleurs, comme a o f est une isométrie positive laissant fixe chaque
point de y, la restriction (a o f)1n est une isométrie positive de Il, ce qui
montre que k est un nombre pair et de ce fait k < n. On obtient donc que
G := ak o · · · o a 1 o a o f est une isométrie positive de IHin laissant fixe
chaque point de l'hyperplan Il et chaque point de la géodésique y. On a
donc G =Id, proposition 3.3.14, et ainsi f = a o a 1 o · · · o ak> ce qui prouve
le résultat dans ce premier cas.

Cas 2 : L'isométrie f est positive et n est pair.


Si f = Id il n'y a rien à démontrer. On peut donc supposer f =j:. Id.
Comme dans le cas 1 on montre qu'il existe un point p E IH!n et une
réflexion a de IH!n tels que (a o f)(p) =p. Comme n est pair, l'application
différentielle Dp(a of) a un nombre pair de valeurs propres réelles, chacune
égale à 1 ou -1. Le produit de ces valeurs propres est -1 car a o f est une
isométrie négative. On en déduit que 1 est valeur propre de l'isométrie a of.
Comme dans le cas 1, en utilisant la parité de n et le fait que f est une
isométrie positive, on montre qu'il existe k réflexions, a 1, . .. , ak de IHin, avec
3.4. QUELQUES REMARQUES SUR LES ISOMÉTRIES DE !Hln 177

k < n, telles que f = a o a 1 o · · · o ak. ce qui prouve le résultat dans ce cas.


Cas 3 : L'isométrie f est négative et n est pair.
Soit Il C lfP un hyperplan géodésique. D'après le lemme 3.3.10, il existe
une réflexion a telle que a(f(Il)) = Il. De ce fait la restriction (a o f)in
de a of à Il est une isométrie de Il.
Comme Il est isométrique à lHin-I on sait, grâce à l'hypothèse de récur-
rence, que la restriction (a o f)1n peut s'écrire comme la composée de k
réflexions s 1 o· · ·osk de Il, avec k ::::; n. De plus chacune des réflexions s; de Il
est la restriction à Il d'une réflexion a; de JH[n. Ainsi, G := ak o · · · o a 1 o a o f
est une isométrie de JH[n laissant fixe chaque point de Il. Par conséquent
G = Id si G est positive et G = an si G est négative, où an est la réflexion
par rapport à Il, proposition 3.3.14.
Si k = n alors G est une isométrie positive et ce qui précède montre que
G =Id, c'est-à-dire f = a o a 1 o · · · o an.
Si k < n alors f = a o a 1 o · · · o ak si l'isométrie G est positive et
f = a o a 1 o · · · o ak o an si G est négative. Dans les deux cas, f s'écrit
comme la composée d'un nombre de réflexions inférieur ou égal à k + 2, or
on a k + 2 ::::; n + 1.
Cas 4 : L'isométrie f est positive et n est impair.
Comme dans le cas 3, si f -:F Id il existe un hyperplan géodésique Il
de lHin et une réflexion a tels que la restriction (a o f)1n soit une isométrie
de II. Ensuite on procède de la même manière pour conclure que f peut
s'écrire comme la composée d'au plus n + 1 réflexions de JH[n, ce qui termine
la démonstration du théorème. D

Corollaire 3.4.2. 1) Soient Il E lHin un hyperplan géodésique et g : II~ Il


une isométrie. Alors g est la restriction à II d'une unique isométrie positive G 1
de JH[n et d'une unique isométrie négative G 2 de lHin. Autrement dit, il existe une
unique isométrie positive G 1 de JH[n telle que G 1 (p) = g(p) pour tout p E Il
et il existe une unique isométrie négative G 2 de JH[n telle que G 2 (p) = g(p)
pour tout p E Il.
2) Toute isométrie G de JH[n se prolonge en un difféomorphisme de â00 lHin
préservant les angles (non orientés).

Démonstration. Démontrons la première partie du corollaire.


Soit II un hyperplan géodésique de JH[n et soit g : II ~ Il une isométrie.
D'après le théorème 3.4.1, il existe des inversions s 1 , ... , sk de Il telles que
g = s 1 o · · · o Sk. Grâce au lemme 3.3.15, nous savons que chaque inversion
Sj de II est la restriction à II d'une inversion a1 de lHin. Ainsi, l'application
0" 1 o · · · o ak est une isométrie de JH[n telle que sa restriction à II est égale à
g: (a1 o · · · o ak)(p) = g(p) pour tout p E Il. Appelons an l'inversion de
!Hln par rapport à Il.
CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

Si k est un entier pair, c'est-à-dire si g est une isométrie positive de II,


nous posons G 1 = cr 1 o · · · o O"k et G 2 =an o a 1 o · · · o O"k. Dans le cas où k est
un entier impair, c'est-à-dire dans le cas où g est une isométrie négative de
II, nous posons G 1 =an o cr 1 o · · · o O"k et G 2 = a 1 o · · · o O"k. Dans les deux
cas l'application G 1 (resp. G 2 ) est une isométrie positive (resp. négative) de
IHin telle que G 1 (p) = g(p) (resp. G 2 (p) = g(p)) pour tout p E II.
Prouvons maintenant l'unicité de G 1 et de G 2 • Soit F 1 une isométrie
positive et soit F 2 une isométrie négative de IHin telles que F 1 (p) = g(p) et
F 2 (p) = g(p) pour tout p E II. Par conséquent les applications G 1 o Fi 1 et
G 2 o F2 1 sont des isométries positives de IHin laissant fixe tout point de II:
(G 1 o F! 1 )(p) =pet (G 2 o F2 1 )(p) = p, pour tout p E II. Nous déduisons
de la proposition 3.3.14 que G 1 o F! 1 est l'application identité de IHin, de
même pour G 2 o F;- 1 . Nous concluons donc G 1 = F 1 et G 2 = F 2 , ce qui
prouve la première partie du corollaire.
Démontrons la deuxième partie. Soit G : IHin --+ IHin une isométrie. Nous
savons grâce au théorème 3.4.1 qu'il existe des inversions cr 1, ... , O"k de IH!n
telles que G = a 1 o · · · o O"k· Nous savons de plus que toute inversion de
IHin se prolonge en un difféomorphisme de aooIHin sur lui-même préservant
les angles, proposition 3.2.5. Par conséquent G se prolonge en un difféo-
morphisme de aooIHin préservant les angles, ce qui conclut la preuve du
corollaire. D

Proposition 3.4.3. Soit f : IH!n --+ IHin une application préservant les distances,

dflf.(f(p),f(q)) = d&f.(p, q),


pour tous p, q E IH!n. Alors f est une isométrie. (Rappelons qu'une isomé-
trie est un difféomorphisme de IHin préservant la métrique hyperbolique glH!.
définition 3.1.3.)

Démonstration. Nous allons faire une démonstration par récurrence sur


n ?= 2.
Lorsque n = 2 l'assertion a été démontrée à la proposition 2.5.25.
Considérons un nombre entier n > 2 et supposons que l'assertion soit
vraie dans IH!k pour k = 2, ... , n - 1. Nous allons montrer que l'assertion est
vraie également dans IH!n.
On montre comme à la proposition 2.5.25 que l'application f est continue.
On pose p 0 = (0, ... , 0, 1) E IH!n et on considère la géodésique

y= {<cost,O, ... ,0,sint) 10 < t < :n}


On a p 0 E y. On va montrer qu'il existe. des isométries f 1 , f 2 , f 3 , f 4 de W
telles que f 4 o f 3 o f 2 o f 1 o f = ldw', ce qui montrera que f est une
isométrie de IHin.
3.4. QUELQUES REMARQUES SUR LES ISOMÉTRIES DE IHin 179

Si f (p 0 ) =/. p 0 on considère une isométrie / 1 de lH!n vérifiant


fi (f(po)) = Po· Si f(p 0 ) = Po on pose !1 = ldlHI". Ainsi, g1 := f1 of :
ll:P ---+ lHin est une application continue, qui préserve les distances et qui
laisse Po fixe.
On considère le point p 1 = (,,/2/2, 0, ... , 0, ,,/2/2) E y. Si g 1(p 1) =f. p 1,
on note / 2 la réflexion par rapport à l'hyperplan géodésique passant par le
milieu du segment géodésique reliant p 1 et g 1 (p 1 ) et orthogonal à celui-ci.
Puisque dlH!(p 0 , pi) = dlH!(p 0 , g 1(pi)), le point p 0 appartient à cet hyperplan,
exercice 3.3.1. Si g 1(pi) = p 1 on pose / 2 = ldlHI" ·Ainsi, g 2 := f 2 o f 1 of :
H" ---+ lHin est une application continue, qui préserve les distances et qui
laisse fixe Po ainsi que P1.
Soit p E y, p =/.Po, Pi· On pose

So = {P E lHin 1 dlH!(Po, p) = dlH!(Po, ji)},

S1 = {P E lHin 1 d1HI(P1,p) = d1HI(P1,ji)}.

On peut montrer que S0 et S 1 sont des sphères euclidiennes, voir page 194,
orthogonales à y. On a donc S0 n S1 = {ji}. Comme g 2 préserve les distances
on a aussi g 2(ji) E S0 et g 2(ji) E S 1, on a donc g 2(ji) =p. Par conséquent
chaque point de y est fixe par g 2.
Notons I1 c lHin l'hyperplan géodésique orthogonal à y au point p 0 ,
c'est-à-dire
I1 = {(x1, ... ,Xn) E JHin 1 X1 = o}.
Soit p E IT, p =f. p 0 . On considère le point p 2 = (-,,/2/2, 0, ... , 0, ,,/2/2)
de y et les sphères

S1 = {P E lH!n 1 d1HI(P1,p) = d1HI(P1,p)},


S2 = {P E lH!n 1 d1HI(p2,p) = d1HI(p2,p)}.

On a p E S 1 n S 2. Comme le point p 2 est le symétrique de p 1 par rapport à


l'hyperplan rr, S2 est le symétrique de S1 par rapport à rr. De plus S1 et S2
sont des sphères euclidiennes. On en déduit que S1 n S2 = S1 n rr = S2 n IT,
et ainsi S 1 n S 2 c IT. Grâce aux relations d1HI(P1.p) = dlH!(p 1,g2(p)) et
dpi(p 2, p) = dlH!(p 2, g 2(p)) on obtient g 2(p) E S 1 n S 2, et ainsi g 2(p) E IT.
Par conséquent g 2 laisse I1 globalement fixe. Comme de plus I1 est un
hyperplan géodésique et que g 2 préserve les distances, on obtient que g 2111 ,
la restriction de g 2 à IT, préserve les distances sur IT. Rappelons que I1 est
isométrique à lH!n-J, corollaire 3.3.11. Grâce à l'hypothèse de récurrence on
obtient que g 2111 est une isométrie de IT. Le corollaire 3.4.2 affirme qu'il existe
une isométrie G de lH!n dont la restriction à I1 soit g 2111 . Posons f3 = G- 1,
180 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

alors g 3 := / 3 o g 2 : IH!n ---+ IHin est une application continue, qui préserve les
distances et qui laisse fixe chaque point de IL
Notons UI et U 2 les composantes connexes de IHin \IL Si g 3 (Ui) C U 2 ,
notons / 4 la réflexion par rapport à IL Si g 3 (U i) c U I on pose / 4 = ldlHin.
Ainsi, g4 = / 4 o g 3 est une application continue, qui préserve les distances,
qui laisse fixe chaque point de Il et qui vérifie g 4 (U;) CU;, i = 1, 2. Nous
allons montrer que g 4 = IdlHin, ce qui terminera la preuve.
.J
Soit p = (PI, ... , Pn) E IH!n \ Il. Posons R = p~ + p~ et

Il.l= {<Pi, ... , Pn) EIHin 1 Pi+(p2-Pi) 2 +·. ·+(Pn-i -Pn-I) 2 + p~ = R 1 }.

Ainsi, Il .l est un hyperplan géodésique contenant p et orthogonal à IL


Considérons une géodésique YI C Il orthogonale à Il n Il .l _ Comme
auparavant, on obtient que g4 laisse Il .l globalement fixe et que la restriction
de g 4 à rr.i préserve les distances. De nouveau grâce à l'hypothèse de
récurrence on obtient que g 410 .L est une isométrie de rr.i. Comme g 41 n.L
laisse fixe chaque point de Il n rr.i et que g 4 (U;) c U;, i = l, 2, on obtient
à l'aide de la proposition 3.3.14 que g 41 n.L = Id 0 .L. On a donc en particulier
g 4 (p) = p. Comme p est un point quelconque de IHin \Il on peut conclure
que g4 = Idw•, ce qui termine la preuve. D

Dans le cas particulier de IHI 3 il existe une description plus précise des
isométries positives que celle donnée par le théorème 3.4.1. Pour arriver à
cette description nous allons faire quelques remarques.

Remarque 3.4.4. Appelons L C IHI 3 la géodésique verticale issue de l'origine


0,

e,
Pour tout réel appelons Re la restriction à IHI 3 de la rotation euclidienne
autour de l'axe L, orienté par le vecteur (0, 0, 1), et d'angle e. Nous savons
que Re est une isométrie positive de IHI 3 , exemple 3.1.4. Nous allons donner
une description « plus hyperbolique » de Re qui nous permettra de définir
plus généralement la notion de rotation de IHI 3 autour d'une géodésique
quelconque.
Pour cela considérons un point p E IHI 3 en dehors de L. Notons Il l'unique
plan géodésique de IHI 3 passant par p et orthogonal à L, en fait Il est la demi-
--+
sphère centrée à l'origine et de rayon 110p11- Appelons p 0 E L l'intersection
de L avec Il. Remarquons que Re laisse globalement fixe Il, Re(Il) = II,
de plus p 0 est laissé fixe: Re(p 0 ) = p 0 • Rappelons que Il est isométrique
à IHI 2 , proposition 3.3.8. Nous déduisons de la classification des isométries
positives de IHI 2 , section 2.4, que la restriction de !Re à Il est une rotation
hyperbolique de centre p 0 et d'argument e.
3-4· QUELQUES REMARQUES SUR LES ISOMÉTRIES DE !Hln

Définition 3.4.5. Soit y c lffi 3 une géodésique orientée et soit e E lR un


nombre réel. Remarquons que pour tout plan géodésique F c lffi 3 orthogonal
à y, l'orientation de y induit une orientation sur F. Soit fe : lffi 3 --+ lffi 3
l'application définie de la manière suivante.
1) Pour tout p E y, nous posons fe(p) =p.

P= f'e(P)
II

/ Fig. 47.

2) Soit p E lffi 3 , p €f. y. Soit TI c lffi 3 l'unique plan géodésique passant


par le point p et orthogonal à la géodésique y et soit p 0 l'intersection de
II avec y: TI n y = {Po}- Nous munissons TI de l'orientation induite par
l'orientation de y. Nous demandons alors que la restriction de fe à TI soit la
e.
rotation hyperbolique autour de p 0 et d'argument Plus précisément, soit
y1 c TI la demi-géodésique issue de p 0 et passant par p. Appelons y2 c TI
e
la demi-géodésique issue de Po et faisant un angle orienté avec y1 . Soit
enfin p E y2 le point de y2 dont la distance hyperbolique à p 0 est égale à
celle entre pet p 0 : dfrl!(p, p 0 ) = dfrl!(p, p 0 ). Nous posons alors fe(p) = p
(fig. 47).
Du fait que par tout point de lffi 3 passe un et un seul plan géodésique
orthogonal à y, proposition 3.3.6, l'application r e est une bijection de lffi 3
sur lui-même. Nous appellerons cette application la rotation de ]H[ 3 autour
de y (orientée) et d'argument e. L'application fe sera aussi appelée rotation
hyperbolique.

Proposition 3.4.6. Une rotation hyperbolique est une isométrie positive de lffi 3 .

Démonstration. Soit y c lffi 3 une géodésique et soit e E lR un nombre réel.


Fixons une orientation sur y et appelons fe la rotation hyperbolique autour
de y (orientée) et d'argument e. Appelons L c lffi 3 la géodésique verticale
issue de l'origine 0: L = {(0, 0, x 3 ) E JR 3 1 x 3 > O}.
r82 CHAPITRE 3· L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

Soit g : lHl 3 -+ lHl 3 une isométrie positive envoyant L sur y, g(L) = y,


proposition 3.3.7. Munissons L de l'orientation induite par celle de y et par
g. Nous allons montrer que g- 1 o fe o g =Re, où Re est la rotation autour
de Let d'argument(). Nous aurons donc fe = go Re o g- 1 et du fait que R8
est une isométrie positive de lHl 3 , remarque 3.4.4, cela montrera que r e est
une isométrie positive de lHl 3 .
Soit p E L, on a

car du fait que g(p) E y on a fe(g(p)) = g(p). Ce qui montre que tout
point de Lest fixe par g- 1 o fe o g.
Soit p E lHl 3 \ L, appelons TI C lHl 3 le plan géodésique passant par
p et orthogonal à L. Munissons TI de l'orientation induite par celle de
L. Appelons p 0 l'intersection de L avec TI, L n TI = {p0 }, et notons
y 1 C TI la demi-géodésique issue de p 0 et passant par p. Comme g est
une isométrie, g(TI) est un plan géodésique passant par g(p) et orthogonal à
y = g(L) au point g(p 0 ). De plus, g(y 1 ) C g(TI) est une demi-géodésique
de g(TI) issue de g(p 0 ) et passant par g(p). Notons j/2 C g(TI) la demi-
géodésique de g(TI) issue de g(p 0 ) et faisant un angle orienté () avec g(yi).
Par construction on a Y2 = fe(g(yi)). De plus, fe(g(p)) est le point de ji2
dont la distance hyperbolique à g(p 0 ) est égale à celle entre g(p) et g(p0):
dlHl(fe(g(p)), g(po)) = dlHl(g(p), g(po)).
Comme g- 1 est une isométrie positive préservant les orientations choisies
entre les géodésiques y et L, l'application g- 1 préserve les angles orientés
entre les vecteurs tangents de g(TI) au point g(p 0 ) et les vecteurs tangents
de TI au point p 0 • De ce fait l'angle orienté en p 0 = g- 1 (g(p 0 )) entre les
demi-géodésiques Yi = g- 1 (g(y 1 )) et g- 1 (j/2 ) = (g- 1 ore o g)(y 1 ) est égal
à (). En appelant y2 C TI la demi-géodésique de TI issue de p 0 et faisant un
angle orienté() avec y1 , on a donc y2 = (g- 1 o fe o g)(y 1 ). On a de ce fait
(g- 1 ore o g)(p) E Y2· De plus on a

dlHl((g- 1 o fe o g)(p), Po)= dlHl(fe(g(p)), g(po))


= dlHl(g(p),g(po))
= dlHl(p,po).

Nous concluons donc que (g- 1 o re o g)(p) = Re(p) pour tout p E lHI 3 ,
c'est-à-dire g- 1 o fe o g = Re. De ce fait fe est une isométrie positive de
lHl 3 , ce qui achève la preuve. D

Corollaire 3.4.7. Toute isométrie positive de lHl 3 laissant fixe chaque point
d'une géodésique y de lHl 3 est une rotation hyperbolique autour de cette
géodésique y.
3.4. QUELQUES REMARQUES SUR LES ISOMÉTRIES DE IHln

Démonstration. Soit y C lHI 3 une géodésique et soit f : lHI 3 ---+ lHI 3 une
isométrie positive telle que f(p) = p pour tout p E y. Choisissons un point
p0 E y de y et appelons II c lHI 3 le plan géodésique passant par p 0 et
orthogonal à y. Orientons y et munissons II de l'orientation induite par y.
Comme f est une isométrie de lHI 3 , f (II) est un plan géodésique passant
par f(p 0 ) = p 0 et orthogonal à y. Par unicité on a donc f(II) = II. La
restriction de f à II, fin, est donc une isométrie positive de II sur lui-même
ayant un point fixe p 0 . D'après la classification des isométries positives de
H2 , section 2.4, fin est donc une rotation de II autour de p 0 • Appelons
e E R l'argument de cette rotation fin de II. Appelons fe : lHI 3 ---+ lHI 3 la
rotation hyperbolique autour de y (orientée) et d'argument Nous savons e.
d'après la proposition 3.4.6 que r 11 est une isométrie positive de lHI 3 • De ce
fait r 11 o1- 1 est une isométrie positive de lHI 3 laissant fixe tout point p de II.
Nous déduisons de la proposition 3.3.14 que cette isométrie est l'application
identité de lHI 3 . Nous concluons f = fe, ce qui termine la preuve. D

Définition 3.4.8. Soit y c lHI 3 une géodésique, soient A et B deux points


distincts de y et soit À un réel positif. Nous allons définir une application
T : IHI 3 ---+ lHI 3 de la manière suivante.
1) Soit p E y. En ce cas, T(p) E y est le point de y se trouvant à une
distance À de pet tel que l'orientation de y donnée par p ---+ T(p) soit la
même que celle donnée par A ---+ B .
2) Soit p E lHI 3 \y. On déduit de la proposition 3.3.8 qu'il existe un unique
plan géodésique IIp contenant les points p, A et B. De ce fait IIp contient
p et la géodésique y. Rappelons que II P muni de la métrique induite par gIHI
est isométrique à (lHI 2, gIHI), proposition 3.3.8.

Y2

YI T(p)
p y
A
/P2
B
:,

Fig. 48.

Nous définissons alors la restriction de T à II P comme étant la translation


hyperbolique de II P le long de la géodésique y, de longueur À et de direction
CHAPITRE 3- L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

A--+ B, définition 2.4.4. Plus précisément, soit y 1 c IIp l'unique géodésique


de IIP passant par pet orthogonale à y. Posons y n Yi = {P1} et P2 =
T(p 1 ), voir la partie 1. Appelons y2 la géodésique de IIp passant par p 2
et orthogonale à. y. Dans ces conditions, T(p) est l'unique point de y2
appartenant à la même composante connexe de IIp \y que pet vérifiant:
dlHl(T(p), pz)= dlHl(p, pi) (fig. 48).
L'application T : JHI 3 --+ lHI 3 ainsi définie est appelée la translation
hyperbolique le long de y, de longueur À et de direction A --+ B.

Exemple 3.4.9. Soit µ, un réel strictement positif. On considère la géodé-


sique verticale L = {(0, 0, X3) E IR 3 1 X3 > o} de lHI 3 . On a donc
Ô00 L = {(O, O. 0), oo}. Considérons l'homothétie Hµ, : JHI 3 --+ JHI 3 définie
par Hµ,(P) = µ,.p, µ, > 0, pour tout p E JHI 3 .
Soit p E lHI 3 \ L. Le plan géodésique de lHI 3 contenant p et L est le
demi-plan vertical II passant par p et L. La restriction de Hµ, à II est donc
l'homothétie de centre (0, 0, 0) et de rapport µ,. Par conséquent la restriction
de Hµ, à II est une translation hyperbolique, remarque 2.4.5. De ce fait Hµ
est une translation hyperbolique le long de L, de longueur À = Jlogµ,J. De
plus, si µ, > 1 la direction de Hµ, est donnée par (0, 0, 0) --+ oo et si µ, < 1 la
direction de Hµ, est donnée par oo --+ (0, 0, 0). Rappelons que Hµ est une
isométrie de (JHI 3 , glH!), exemple 3.1.4.

Proposition 3.4.10. Une translation hyperbolique est une isométrie positive


de lHI 3 .

Démonstration. Soit y C JHI 3 une géodésique, soit À un nombre réel positif


et soient A, B E y deux points distincts de y. Appelons T la translation
hyperbolique le long de y, de longueur À et de direction A --+ B. Appelons
L c lHI 3 la géodésique verticale issue de l'origine : L = { (0, 0, x 3 ) E JHI 3 }.
Soit g : lHI 3 --+ JHI 3 une isométrie positive envoyant L sur y, g(L) = y,
proposition 3.3.7. À une isométrie positive près fixant L, nous pouvons
supposer que l'orientation donnée sur L par (O. O. 0) --+ oo est la même que
celle donnée par g- 1 (A) --+ g- 1 (B).
Notons que pour montrer que Test une isométrie, il suffit de montrer que
g- oTo g = Hµ, où Hµ, est l'homothétie définie par Hµ,(p) = µ,· p pour tout
1

p E IHI 3 , avecµ, = e).. En effet, nous aurons alors T = go Hµ, o g- 1 et du fait


que Hµ, est une isométrie positive de lHI 3 , exemple 3.4.9, cela montrera que T
est une isométrie positive de JHI 3 . La preuve de cette assertion est analogue à
la preuve de la proposition 3.4.6, de ce fait nous l'omettrons. D

Nous pouvons maintenant donner une description plus précise des isomé-
tries positives de JHI 3 . Rappelons pour cela que les translations horizontales
3.4. QUELQUES REMARQUES SUR LES ISOMÉTRIES DE IHin 185

et les homothéties centrées à l'origine sont des isométries positives de IHI 3 ,


exemple 3.1.4.

Théorème 3.4.11. Toute isométrie positive de IHI 3 est la composée d'une transla-
tion (euclidienne) horizontale, d'une translation hyperbolique et d'une rotation
hyperbolique. Plus précisément, soit f : IHI 3 -+ IHI 3 une isométrie positive, il
existe une translation T de vecteur horizontal, une homothétie H par rapport à
l'origine 0 et une rotation hyperbolique R de IHI 3 telles que f = T o Ho R.

Démonstration. Soit f : IHI 3 -+ IHI 3 une isométrie positive de IHI 3. Posons


f(O, 0, l) = p = (p 1, p 2, p 3 ) E IHI 3 . Soit T la translation horizontale de
H 3 de vecteur (p1, p2, 0) : T(q) = q + (p 1, p 2, 0) pour tout q E IHI 3 . On a
(T- 1 o /)(0, O. 1) = (0, 0, p3).
Soit H l'isométrie de IHI 3 définie pour tout q E IHI 3 par H(q) = p 3 .q.
On a maintenant (H- 1 o T- 1 o f)(O, 0, l) = (0, 0, l). Ainsi l'application
F = H- 1 o T- 1 of est une isométrie positive de IHI 3 admettant un point fixe:
F(O, 0, 1) = (0, 0, 1). De ce fait, la matrice jacobienne de Fau point (0, 0, 1),
Jac(F)(o,o,I), est une matrice préservant le produit scalaire hyperbolique.
Or au point (0, 0, 1) le produit scalaire hyperbolique de IHI 3 est égal au
produit scalaire euclidien. Nous obtenons donc que Jac(F)(o,o,i) est une
matrice orthogonale. Comme cette matrice est d'ordre 3, son polynôme
caractéristique est de degré 3 et admet donc au moins une racine réelle. Par
conséquent, on a les deux possibilités suivantes pour les valeurs propres
}q, À.2, À.3 de Jac(F)(o,0,1),

a) À. 1 est réel et À. 2 et À. 3 sont des nombres complexes conjugués: À. 3 = À. 2•


b) À 1, À. 2 et À 3 sont tous réels.
On a de plus À. 1.À. 2 .À. 3 = 1 et i>..k = 1 car Jac(F)(o,o,i) est une matrice
1

orthogonale. Nous en déduisons que, dans les deux cas, l'une au moins des
valeurs propres est égale à 1. Nous pouvons donc supposer À. 1 = 1. Soit Ü 1
un vecteur propre non nul associé à À. 1 = 1. On a donc: D(o,o,l)F(Üi) = Ü1 •
Appelons y c IHI 3 la géodésique passant par (0, 0, 1) et tangente à ü 1 •
Notons que F(y) est une géodésique passant par F(O, O. 1) = (O. O. 1) et
tangente à D(o,o,l)F(Ü 1) = Ü 1 tout comme y. Nous déduisons de l'unicité
d'une telle géodésique que F(y) = y. De plus, en appelant y1 et y2 les deux
composantes connexes de y\ {(O. O. 1) }, on a F(yi) = y 1 et F(y2 ) = y2 , car
Ü1 est associé à une valeur propre positive de Jac(F)(o,o.I)· Par conséquent
chaque point de y est fixe par F. De ce fait, Fest une rotation autour de y que
nous appellerons R, corollaire 3.4.7. Ainsi H- 1 o T- 1 of = R, c'est-à-dire
f = T o H o R, ce qui achève la preuve. D
186 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

Théorème 3.4.12. Une isométrie positive (resp. négative) F de JH! 3 se prolonge


en une transformation de Mobius (resp. difféomorphisme anti-conforme) f
de aoolH! 3 = c u {oo}.
Réciproquement, soit f : CU {oo} ~CU {oo} une transformation de
Mobius (resp. un difféomorphisme anti-conforme) de CU {oo}. Il existe une et
une seule isométrie positive (resp. négative) F de JH! 3 telle que son prolongement
à aoolH! 3 soit f.

Démonstration. Soit F : JH! 3 ~ JH! 3 une isométrie. Nous savons déjà que F se
prolonge en un difféomorphisme de aoolH! 3 = c u {oo}, que nous appellerons
f, préservant les angles non orientés, corollaire 3.4.2.
Plus précisément nous savons que l'isométrie F est la composée d'un
nombre k =::::: 4 d'inversions de JH! 3 , théorème 3.4.1. De plus chaque inversion
de JH! 3 se prolonge en un difféomorphisme anti-conforme de aoolH! 3 ' proposi-
tion 3.2.5. Par conséquent, si Fest une isométrie positive, k est un entier pair
et de ce fait f préserve l'orientation de aoolH! 3 et est donc une transformation
de Môbius de C U {oo}. Dans le cas où Fest une isométrie négative de JH! 3 , k
est un entier impair et de ce fait f renverse l'orientation de C U {oo} et est
donc un difféomorphisme anti-conforme de CU {oo}.
Réciproquement, soit f : CU {oo} ~CU {oo} une transformation de
Môbius. L'application f est donc de l'une des deux formes suivantes
Àe;e
(3.3) f(z) =a+ --b,
z+
(3.4) f(z) = Àe; 9 z +a,

pour tout z = x 1 + ix 2 E C, où a et b sont des nombres complexes, À et 0


sont des nombres réels avec À > O.
Traitons le cas (3.3). Appelons ta la translation dans C du nombre
complexe a: ta(z) = z +a pour tout z E C. Posons de même tb(z) = z + b,
pour tout z E C. Appelons re la rotation dans C de centre 0 et d'argument 0
eth).. l'homothétie de centre 0 et de rapport À: re(z) = ei 9 z et h)..(z) = Àz
pour tout z E C. Posons enfin g(z) = l/z, pour tout z E C U {oo}. On a
donc f(z) = (tao h).. ore o go tb)(z) pour tout z E CU {oo}. Il suffit de
montrer que chacune des applications ta, h).., re, g et lb est le prolongement
à aoolHl 3 d'une isométrie positive de JHl 3 •
Pour cela, posons a = a 1 + ia 2 et b = b 1 + ib 2 • Considérons les
translations horizontales de JH! 3 définies en posant Ta(P) = p + (a 1 , a 2 , 0)
et Tb(P) = p + (b 1 ,b2 ,0) pour tout p E JH! 3 . Clairement, la translation
Ta (resp. Tb) est une isométrie positive de JHl 3 dont le prolongement à
a00 JH1 3 est ta (resp. tb)· De même appelons Re la rotation de JH! 3 autour
de la géodésique L = {(O,O,x 3 ) E lHl 3 } et d'argument(). Considérons Hl
3.4. QUELQUES REMARQUES SUR LES ISOMÉTRIES DE lH!n

l'homothétie de lHI 3 de centre 0 et de rapport À. L'application Re (resp.


H;.) est une isométrie positive de lHI 3 dont le prolongement à a00 JHI 3 est re
(resp. h;.). Soit 1 l'inversion de lHI 3 par rapport à la demi-sphère centrée
en 0 et de rayon 1 et soit S la réflexion par rapport au plan géodésique
II= {(x 1,0,x 3) E 1HI 3}.0na
(X1.X2,X3)
I(x1,X2,X3)= 2 2 2 et S(x1,x2,X3)=(x1.-x2,x3),
X1 + X2 + X3
pour tout (x 1, x 2, x 3) E lHI 3. En appelant i (resp. s) le prolongement de 1
(resp. S) à a00 JHI 3, on a
. . . (x1,X2,Ü) Z 1
z(z) = z(x 1 ,x2 ) = hm l(x1,X2,x3) = 2 2 =--= = =,
x3--+0 x1 + x2 ZZ Z

et

Par conséquent G = S o 1 est une isométrie positive de JHI 3 dont le prolonge-


ment à a00 JHI 3 est soi = g. Nous en déduisons que F =Tao H;. o Re o Go Tb
est une isométrie positive de JHI 3 dont le prolongement à a00 JHI 3 est f. Pour
le cas (3.4), nous choisissons F =Ta o H;. o Re.
Supposons maintenant que f soit un difféomorphisme anti-conforme de
IC U {oo}. En conservant les notations antérieures, f est de l'une des deux
formes
Àe;e
(3.5) f(z) =a+ =--b'
z+
(3.6) f(z) = Àe;ez +a,
pour tout z E C. Au cas (3.5) (resp. (3.6)), l'application f est donc le
prolongement à a00 JHI 3 de l'isométrie négative F =Tao H;. o Re o 1 o TïJ de
]H[ 3 (resp. F =Ta o H;. o Re o S). Ce qui prouve l'existence de F.

Démontrons l'unicité de F. Soit F une isométrie de JHI 3 dont le prolonge-


ment à a00 JHI 3 est aussi f. De ce fait F o p- 1 est une isométrie de JHI 3 dont le
prolongement à aoolHI 3 est l'application identité.
Soit p = (p 1, p 2, p 3) E lHI 3 un point quelconque et soient y 1 et Y2 deux
géodésiques passant par p, par exemple y 1 = {(p 1, p 2, x 3 ) E IR 3 x 3 > 0} 1

et Y2 = {(P1, x2, x3) E lHI 3 (x2 - P2) 2 + x~ =


1 pn.
Comme F o p- 1 laisse
fixe chaque point de aoolHI 3' chaque géodésique y de lHI 3 est globalement fixe
par F o p- 1 : {F o F- 1)(y) =y. On a de ce fait
(F 0 F- 1)(p) E (F 0 F- 1)(yi) n (F 0 F- 1)(y2) = Y1 n Y2 = {p}.

On a donc {F o F- 1)(p) = p pour tout p E JHI 3, c'est-à-dire F = F, ce qui


achève la preuve. 0
188 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

En fait, le théorème 3.4.12 est vrai pour toute dimension 11 :::;: 3. Dans le
cas particulier 11 = 3, la preuve est élémentaire. Dans le cas général 11 :::;: 3,
nous avons besoin du théorème de Liouville que nous énonçons par la suite.
Rappelons auparavant que pour tout entier 11 :::;: 2, la sphère §n est identifiée
à !Rn U {oo} à l'aide de la projection stéréographique par rapport au pôle
nord, exemple 1.1.8-3.

Théorème 3.4.13 (Théorème de Liouville). Soit U C !Rn, n :::;: 3, une partie


ouverte et soit f : U --+ !Rn une application trois fois différentiable, préservant
les angles non orientés. Dans ces conditions, f est la restriction à U d'un
difféomorphisme de sn '.::::'. !Rn u {oo} préservant les angles non orientés.
Plus précisément, f est de l'une des formes suivantes: f = (F o H)1u ou
f = (F o I)1u où Fest une isométrie euclidienne de !Rn, H est une homothétie
par rapport à l'origine et 1 est une inversion par rapport à une sphère de !Rn.

Voir par exemple Do Carmo [24, p. 170] ou Doubrovine-Fomenko-


Novikov [26, p. 140]. Pour ces preuves il est nécessaire que l'application
f soit quatre fois différentiable. Dans Hartman [43], le lecteur trouvera une
preuve dans laquelle l'application f est supposée seulement de classe C 1 .
Dans Spivak [75, Vol. 3, Chapter 4], le lecteur trouvera une preuve
différente dans le cas particulier de la dimension 3, c'est-à-dire dans JR 3 . Cette
preuve utilise la classification des surfaces ombiliques de IR 3 . Cette preuve
se généralise sans difficulté en dimension quelconque n :::;: 3. Par ailleurs, on
peut établir la classification des hypersurfaces ombiliques de !Rn en supposant
les hypersurfaces seulement deux fois différentiable, voir Souam-Toubiana
[74]. En conséquence, cette preuve du théorème de Liouville nécessite
seulement que l'application f : U --+ !Rn, préservant les angles, soit deux fois
différentiable.
Nous concluons en remarquant que la formulation du théorème de
Liouville dans Do Carmo [24] peut sembler différente. Cependant le lecteur
vérifiera aisément que ces formulations sont équivalentes en remarquant que
la composée d'une inversion suivie d'une homothétie peut s'écrire comme la
composée d'une inversion suivie d'une translation, exercice 3.2.l.

Remarques 3.4.14. 1) Nous remarquons immédiatement que ce résultat


est faux en dimension 2. En identifiant IR 2 à C, considérons l'application
g: C --+ C définie par g(z) = z 2 • Considérons une partie ouverte non vide
U CC ne contenant pas 0 et posons f =glu· Comme g n'est pas conforme
en 0, f ne peut pas être la restriction à U d'une transformation conforme de
§ 2 :::::: CU {oo}.
Le théorème de Liouville montre que, localement, il y a beaucoup plus
de transformations conformes en dimension 2 qu'en dimension n :::;: 3.
Remarquons à cet égard que le théorème d'uniformisation de Riemann
3.4. QUELQUES REMARQUES SUR LES ISOMÉTRIES DE JHin

que nous verrons plus tard, théorème 4.6.1, permet facilement de montrer
l'existence d'applications conformes définies sur une partie ouverte de C et
qui ne sont pas la restriction à cette partie d'une composée d'une isométrie
euclidienne de IR 2 , identifié à C, avec une homothétie ou une inversion de
C. En effet, il découle du théorème d'uniformisation de Riemann que toute
partie ouverte, bornée et simplement connexe U C C est conformément
équivalente au disque][)). Si, par exemple, U est l'intérieur d'une ellipse non
circulaire, toute équivalence conforme de ][)) sur U ne peut certainement pas
être la restriction à][)) d'une composée d'une isométrie euclidienne de IR 2
avec une homothétie ou une inversion de C. La raison en est qu'une telle
composée devrait envoyer le bord de ][)), qui est un cercle, sur le bord de
U qui est une ellipse non circulaire, nous obtenons une contradiction en
remarquant que l'image d'un cercle par une inversion est soit un cercle soit
une droite complétée avec le point oo, proposition 2.1.18.
Ainsi, le théorème d'uniformisation de Riemann montre que le théorème
de Liouville est faux en dimension 2. Il est intéressant de noter que le téorème
de Liouville montre que le théorème d'uniformisation de Riemann est faux
en dimension n ~ 3. Par exemple si U C IR 3 est le domaine borné par
une ellipsoïde non sphérique, il n'existe pas de transformation conforme
de la boule unité IB 3 sur U. En effet, grâce au théorème de Liouville, une
telle transformation conforme serait la restriction à U d'une application qui
préserve les sphères et les plans, proposition 3.2.2, et nous obtiendrions une
contradiction comme dans le cas de la dimension 2.
2) Démontrons maintenant le théorème 3.4.12 en toute dimension n ~ 3.
Si F : 11.P --+ lH!n est une isométrie, nous savons déjà que F se prolonge en un
difféomorphisme f : aoolH!n __,. aoolH!n préservant les angles, corollaire 3.4.2.
Réciproquement, soit f : a00 1H!n --+ a00 1Hln un difféomorphisme préser-
vant les angles. Rappelons que aoolH!n = !Rn-l u {oo} '.: : '. §n-I _ Grâce au
théorème de Liouville, nous savons que f est la composée d'une isométrie
euclidienne g et d'une homothétie hou, peut-être, d'une inversion i de !Rn-l :
f = g 0 i ou f = g 0 h.
On montre de la même manière qu'au théorème 3.4.l que toute isométrie
euclidienne g de !Rn-l est la composée d'un nombre k :S n de symétries
orthogonales s 1 , •.. , Sk par rapport à des hyperplans affines :rrj de !Rn- 1 ,
j = 1, ... , k. Ces symétries se prolongent en des symétries orthogonales
Sj par rapport à des demi-hyperplans affines verticaux de lH!n, Il j, avec
300 I1j = :rrj. j = l, ... ,k. De ce fait, g est la restriction à a00 1H!n de
l'isométrie G = S 1 o · · · o Sk de lH!n.
De plus, si h est l'homothétie de !Rn-I de centre Po E a00 1H!n et de rapport
À> 0, h sera la restriction à a00 1H!n de l'homothétie H de lH!n, de centre p 0 et
de rapport À > O. Enfin, si i est l'inversion de !Rn-l par rapport à une sphère
CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

TC C Rn- 1 , il existe une unique demi-sphère Il C lHin orthogonale à ô00 1Hln


et telle que ô00 Il = TC. Rappelons que Il est un hyperplan géodésique de
lHin. De ce fait, l'inversion i est la restriction à ô00 1Hln de l'inversion 1 de lH!n
par rapport à Il, qui est une isométrie de lH!n, proposition 3.2.5. Posons enfin
F = Go 1 si f = go i ou F = Go H si f = go h. Par construction, Fest une
isométrie de lHin dont la restriction à ô00 1Hln est f. L'unicité de F se démontre
comme au théorème 3.4.12.

Le théorème de Liouville va nous permettre de caractériser les isométries


de lH!n.

Théorème 3.4.15. Les isométries de lHin sont précisément les transformations


conformes ou anticonformes de lHin, c'est-à-dire les difféomorphismes de lHin
qui préservent les angles (sans tenir compte de l'orientation).

Démonstration. Pour n = 2 le résultat a déjà été prouvé, théorème 2.1.22.


Nous allons donc supposer n ?: 3. Choisissons le modèle de la boule,
exercice 3.5.2, c'est-à-dire

IIBn = {(x1, ... , Xn) E Rn 1 X~ + · ·· +X~ < 1}


muni de la métrique hyperbolique

_ 4 dx 21 + ··· + dx n2
glffi - (1 - IXl2)2

où on pose X= (xi, ... , xn) et IXl 2 = x~ + ·· · + x;.


Comme les angles sont calculés à l'aide de la métrique hyperbolique,
toute isométrie de (IIBn, g!ffi) préserve les angles. Puisque la métrique glffi est
proportionnelle à la métrique euclidienne, les angles pour ces deux métriques
sont les mêmes.
Réciproquement, considérons un difféomorphisme préservant les angles,
sans tenir compte de l'orientation, 1fr : (IIBn, g!ffi) -+ (IIBn, g!ffi). Nous voulons
montrer que 1fr est une isométrie pour la métrique hyperbolique g!ffi.
Comme IIBn C Rn, nous déduisons du théorème de Liouville, théorème
3.4.13, que 1fr est de l'une des formes suivantes

1fr = (F o H)11B11 ou 1fr = (F o l)11B11


où Fest une isométrie euclidienne de Rn, H est une homothétie de Rn et 1
est une inversion par rapport à une sphère de Rn.
Considérons le cas 1fr = (FoH)1!ffi11. Si À> 0 est le rapport de l'homothétie
H, l'image de la boule IIBn par H est une boule de rayon À. Comme lfr(IIBn) =
IIBn nous devons avoir À = 1. Par conséquent 1fr est une isométrie euclidienne.
3.4. QUELQUES REMARQUES SUR LES ISOMÉTRIES DE JHln

De ce fait l'image par 1/1 de chaque diamètre de la boule IIBn est encore un
diamètre de IIBn. Remarquons de plus que l'intersection de deux diamètres
distincts se réduit au centre de la boule, c'est-à-dire à l'origine On. Cela
entraîne que le centre On de IIBn doit être fixé par 1/f, de ce fait 1/1 préserve
aussi la distance de chaque point X de Rn à l'origine. Tout cela montre que
1ft préserve la métrique hyperbolique gœ: de IIBn et ainsi 1/1 est une isométrie
de (IIBn, g!IB).

Supposons pour terminer que 1/1 = (F o l)IE", où 1 est l'inversion par


rapport à une sphère S 1 de Rn. Appelons respectivement p 1 E Rn et R 1 > 0
le centre et le rayon de S 1 • Remarquons que si nous avions p 1 E JIBn, l'image
F(I(Iffin)) ne serait pas bornée, ce qui contredirait l'égalité 1/f (IIBn) = IIBn. On a
donc p 1 €f JIBn. Par conséquent il existe une (unique) sphère S2 centrée en
p 1 rencontrant perpendiculairement § 11 - 1 , le bord de la boule IIBn. Appelons
R2 > 0 le rayon de S2 et notons li l'inversion par rapport à S2 •
Nous savons d'après la proposition 3.2.5 que (1 2 )1E" est une isométrie
de (IIBn, gœ:), de ce fait ( 1/1 o li)1œ:" est encore un difféomorphisme de IIBn
qui préserve les angles. Remarquons que ( 1/1 o 12 )1œ:" = (F o (1 o li)1œ:".
Comme 1 et li sont deux inversions de même centre p 1 , la composée
Io li est l'homothétie de centre p 1 et de rapport (R 1 /R 2 ) 2 • Nous sommes
donc ramenés au premier cas et nous obtenons que Ri/R 2 = 1 puis que
(1/t o 12 )1E" est une isométrie de (IIBn, gœ:). Nous concluons donc que 1fr est une
isométrie de (IIBn, gœ:), ce qui termine la preuve. D

Nous pouvons maintenant démontrer une propriété de l'espace hyperbo-


lique

Théorème 3.4.16. Soit f : IHI" -+ IHin, n ~ 2, un difféomorphisme préservant


les géodésiques, c'est-à-dire tel que pour toute géodésique y C IHin, f(y) soit
de nouveau une géodésique de IHin.
Alors l'application f est une isométrie de IHin.

Démonstration. Nous démontrerons le théorème par récurrence sur l'entier


n ~ 2.
Le théorème est démontré pour IHI 2 à l'annexe A, théorème Al.
Considérons donc un entier n ~ 3 et supposons que tout difféomorphisme
de IHin-I préservant les géodésiques soit une isométrie de IHin-I.
Soit f : IHin -+ IHin un difféomorphisme préservant les géodésiques.
Remarquons que, quitte à composer f avec une inversion de IHin, nous
pouvons supposer que f préserve l'orientation. Remarquons également que
pour toute géodésique y de IHin la courbe 1- 1 (y) est encore une géodésique.
Soit II c IHI" un hyperplan géodésique quelconque. Considérons un
point p E II. Soit y c II une géodésique passant par p. Remarquons que
CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

f(y) est une géodésique de /(TI), passant par f(p) et tangente en f(p) à
TJ(p)/(TI) = Dµf(TµTI). Notons ÎÏ l'hyperplan géodésique passant par
f(p) et tangent à TJ(p)/(TI), on a donc f(y) c ÎÏ pour toute géodésique y
de TI passant par p. Rappelons que pour tout q E TI il existe une géodésique
de TI passant par pet q. On en déduit que f(q) E ÎÏ pour tout q E TI, et
ainsi /(TI) c ÎÏ.
Réciproquement, soit y C ÎÏ une géodésique passant par le point f(p),
f(p) E ÎÏ. Nous déduisons des hypothèses que 1- 1 (y) est une géodésique
passant par 1- 1 (f(p)) = pet tangente à D f(p)/- 1 (TJ(p)/(TI)) = TµIT.
On a donc 1- 1 (y) C TI, c'est-à-dire y C f (TI), par conséquent ÎÏ C f (TI).
Nous concluons donc ÎÏ = /(TI), ainsi l'image de tout hyperplan géodésique
par f est de nouveau un hyperplan géodésique de JH[n.
Posons

D'après ce qui précède, /(TI 0 ) est un hyperplan géodésique de JH[n. Il existe


donc une isométrie positive G de JH[n telle que G(f(TI 0 )) = TI 0 , lemme
3.3.10. Ainsi, la restriction de G o f à TI 0 , (G o /)1 00 , est un difféomor-
phisme de TI 0 préservant les géodésiques. Comme TI 0 est isométrique à
JH[n-l, corollaire 3.3.11, grâce à l'hypothèse de récurrence nous savons que
(Go /)1no est une isométrie de TI 0 . Il existe donc une isométrie positive H
de JH[n telle que sa restriction à TI 0 soit (Go /)1 00 , corollaire 3.4.2,

H1no = (G 0 /)1no·
Posons F = (H- 1 o G) of. D'après ce qui précède, Fest un difféomorphisme
de JH[n conservant l'orientation et préservant les géodésiques, de plus F fixe
tout point de TI 0 : F(p) = p pour tout p E TI 0 . Nous allons montrer que
Fest l'application identité de JH[n, ce qui montrera que f est une isométrie
positive de JH[n.
Pour tout réel c E IR, posons

Pc = {Cx1 .... .xn) E JH[n 1 X2 = c}.


Ainsi, pour chaque c E IR la partie Pc est un hyperplan géodésique vertical de
JH[n et orthogonal à TI 0 . De ce fait, Pc n TI 0 est une sous-variété géodésique
verticale de dimension n - 2 de JH[n dont tous les points sont des points fixes
de F: F(q) = q pour tout q E Pc n TI 0 , ceci pour tout réel c. Nous déduisons
de la première partie de la preuve que F(Pc) est un hyperplan géodésique
contenant Pc n TI 0 . De ce fait, F(Pc) est un hyperplan vertical pour tout réel
c. De plus on a Pa n Pb = 0 pour tous réels distincts a et b. Par conséquent,
F(Pa) n F(Pb) = 0, ainsi F(Pa) et F(Pb) sont deux hyperplans géodésiques
verticaux parallèles pour tous réels distincts a et b.
3-5- QUELQUES REMARQUES SUR LES ISOMÉTRIES DE !Hin 193

Soient a et h deux nombres réels distincts. Considérons les hyperplans


géodésiques verticaux parallèles Pa et Pb. Soit II C IHin la demi-sphère
a
orthogonale à 00 1Hin et tangente à Pa (resp. Pb) au point asymptotique
(0, a, 0, ... , 0) E a00 1Hin (resp. (0, h, 0, ... , 0) ). Plus précisément, II est la
a+ h a n
demi-sphère de centre (0, - - , 0, ... , 0) E 00 1HI et de rayon - - - .
la - hl
2 2
Par construction II est un hyperplan géodésique de IH!n. Remarquons que
II n II 0 est une sous-variété géodésique de II 0 de dimension n - 2 composée
de points fixes de F. Par conséquent F(II) est un hyperplan géodésique de
IfP contenant la demi-sphère II n II 0 de dimension n - 2: II n II 0 C F(II).
Clairement, le seul hyperplan géodésique vertical de IH!n contenant II n II 0
est II 0 . Nous en déduisons que F(II) est une autre demi-sphère de IH!n
orthogonale à a00 1Hin. Comme F(II) contient II n II 0 , le centre de F(II)
se trouve sur la droite à l'infini D définie par

D = {(t, a : h, 0, ... , 0) E !Rn 1 t E IR} C a


00 1Hln.

Rappelons que F(Pa) (resp. F(Pb)) est un hyperplan géodésique vertical


de IHln tangent à F(II) au point à l'infini (0, a, O.... , 0) (resp. (0, h, 0, ... , 0)).
Comme de plus F(Pa) et F(Pb) sont parallèles, le centre de F(II) doit être le
. a, l'"mfi m. (0 , -a +
pomt h 0 0) d . , la - hl
2- , , ... , et son rayon 01t etre - -2- , tout comme
II. On a donc F(II) = II et par conséquent F(Pa) =Pa et F(Pb) =Pb. De
ce fait F préserve globalement tout hyperplan géodésique Pa, a E IR.
Nous déduisons de ce qui précède que la restriction de F à Pa, F1p0 ,
est un difféomorphisme de Pa préservant les géodésiques de Pa. Comme
auparavant on obtient que FI Pa est une isométrie positive de Pa. Rappelons
de plus que FIPa laisse fixe tout point de l'hyperplan géodésique Pa n IIo
de Pa. Par conséquent FIPa est l'application identité de Pa pour tout réel a,
proposition 3.3.14. Nous concluons que Fest l'application identité de IH!n, ce
qui termine la preuve du théorème. D

Remarque 3.4.17. Dans !Rn toute homothétie de rapport différent de 1 et


de 0 préserve les droites et change les distances. Ainsi une telle homothétie
est un difféomorphisme de !Rn qui préserve les géodésiques, pour la mé-
trique euclidienne, et n'est pas une isométrie. Par conséquent l'analogue du
théorème 3.4.16 en géométrie euclidienne est faux.

Exercices de la section 3.4

Exercice 3.4.1. Avec les notations de la preuve de la proposition 3.4.10,


démontrer avec tous les détails l'assertion g- 1 o T o g = Hw
194 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

3.5. Quelques surfaces particulières de H 3

Nous terminerons ce chapitre en présentant quelques surfaces particu-


lières de lHI 3 : sphères et cylindres hyperboliques, horosphères et surfaces
équidistantes. On notera que ces surfaces peuvent être facilement généra-
lisées en hypersurfaces de JH[n, n ;:::: 3.

Les sphères hyperboliques de JHI 3

L'ensemble des points à une distance fixée d'un point de JHI 3 est appelé
une sphère hyperbolique. Ainsi, si p 0 E JHI 3 est un point fixé et si p est un réel
strictement positif, la sphère hyperbolique de centre p 0 et de rayon p, notée
S(p0 , p), est définie par

S(po, p) = {P E lHI 3 I dIH(p, Po)= p},


où dIH(p, p 0 ) désigne la distance hyperbolique entre les points pet p 0 de Iffi3
(fig. 49).

Fig. 49.

Il est intéressant de remarquer que les sphères hyperboliques sont aussi


des sphères euclidiennes. Pour le voir, considérons d'abord le modèle de la
boule: IE 3 , exercice 3.5.2:

JE 3 = {(x1,X2,X3) E ~ 3 1 X~+ X~+ X~< 1}


munie de la métrique
3-5· QUELQUES SURFACES PARTICULIÈRES DE !HI 3 195

On considère également l'application 15 : IIB 3 ---+ lHI 3 définie pour tout


X= (x1,X2,x3) E IR 3 par
X+ (0,0, 1)
l5(X) = 4· I
X+ (0, 0, 1) 12
+ (0, 0, -2).
Remarquons que 15 est la composée de la translation X r-+ X + (0, 0, -1)
suivie de l'inversion de IR 3 par rapport à la sphère centrée au point (0, 0, -2)
et de rayon 2. On peut montrer que 15 : (IIB 3 , g 5 ) ---+ (lHI 3 , glHI) est une
isométrie.
Notons que la métrique hyperbolique de IIB 3 est radiale, c'est-à-dire qu'elle
ne dépend que de la distance du point à l'origine 0 = (0, 0, 0). De ce fait, la
sphère hyperbolique S de centre 0 et de rayon p de IIB 3 est aussi une sphère
euclidienne, exercice 3.5.8.
Considérons une isométrie J de lHI 3 et notons p 0 E lHI 3 l'image du point
(0, 0, 2) par J. Ainsi, J o 15 : (IIB 3 , g5 ) ---+ (lHI 3 , g!HI) est une isométrie envoyant
l'origine de IIB, 0, sur le point p 0 de lHI 3 . Comme J o 15 préserve la distance
hyperbolique entre les points, on a S(p0 , p) = (J o I 5 )(S).
Rappelons que J est la composée d'un nombre k :S 4 d'inversions de lHI 3 ,
théorème 3.4.1. De ce fait, J o 15 est la composée de plusieurs inversions et
d'une translation. Nous déduisons de la proposition 3.2.2, que l'image de
toute sphère euclidienne de IIB 3 par J o 15 est soit une sphère euclidienne soit
un plan (avec le point à l'infini oo) de lHI 3 . Comme (J o I 5 )(S) est une partie
compacte de lHI 3 (car c'est l'ensemble des points de lHI 3 dont la distance à p 0
est p) et comme de plus S est une sphère euclidienne de IIB 3 , nous concluons
que S(p0 , p) = (J o I 5 )(S) est une sphère euclidienne de JHI 3 .
Bien entendu, comme dans le cas de la dimension 2, proposition 2.5.5, les
centres et rayons euclidiens de S(p 0 , p) sont différents des centres et rayons
hyperboliques, c'est-à-dire de p 0 et p respectivement. Remarquons enfin que
si S(p 1 , p 1 ) et S(p2 , p2 ) sont deux sphères hyperboliques de lHI 3 , il existera
une isométrie de lHI 3 envoyant S(p 1 , p 1 ) sur S(p2 , p2 ) si, et seulement si, les
deux sphères ont le même rayon hyperbolique.

Les horosphères de lHI 3

Par définition, une horosphère de lHI 3 est soit un plan euclidien horizontal
a
soit une sphère euclidienne S tangente en un point p 0 à 00 JHI 3 . Dans ce
dernier cas, l'horosphère est seulement la partie de la sphère contenu dans
JH[ 3 , c'est-à-dire S \ {Po}. Dans les deux cas une horosphère est difféomorphe,
en fait conformément équivalente, à une sphère privée d'un point (fig. 50).
On peut montrer que les horosphères sont les positions limites des
sphères hyperboliques dont le centre tend vers le bord à l'infini de lHI 3 . Plus
précisément, soit p E lHI 3 un point fixé et soit y : [O, +oo[ ---+ lHI 3 une demi-
géodésique issue de p, y(O) = p, et paramétrée par la longueur d'arc. Notons
CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

Po

Fig. 50.

p 1 E él 00 lHl 3 le bord asymptotique de y. Supposons p 1 i- oo. Alors on peut


montrer que lorsque R tend vers +oo, la sphère de centre hyperbolique y(R)
et de rayon hyperbolique R > 0 tend vers la sphère euclidienne passant par
p et tangente à lR 2 c éJ 00 JH[ 3 en p 1 • Si p 1 = oo, alors la limite de ces sphères
sera le plan horizontal passant par p. Dans les deux cas la position limite des
sphères est une horosphère.
Notons que si H 1 et H 2 sont deux horosphères quelconques, il existe
toujours une isométrie de JH[ 3 envoyant H 1 sur H 2 .
En effet, si H 1 et H 2 sont deux plans horizontaux, il existe alors une
homothétie de JH[ 3 de centre 0 = (0, 0, 0) E éJ 00 JH[ 3 et de rapport adéquat
envoyant H 1 sur H 2 .
Dans le cas où H 1 et H 2 sont deux sphères tangentes à éJ 00 JH[ 3 , à l'aide
d'une translation euclidienne horizontale, on peut supposer que H 1 et H 2
sont tangentes au point 0 de éJ 00 JH[ 3 : él 00 H 1 = él 00 H 2 = O. De nouveau, une
homothétie de centre 0 et de rapport adéquat envoie une horosphère sur
l'autre.
Supposons enfin que H 1 soit un plan horizontal et que H 2 soit une sphère
tangente à éJ 00 JH[ 3 . À une translation horizontale près, on peut supposer
él 00 H 2 = O. À une homothétie de centre 0 près, on peut supposer que H 1
est un plan horizontal tangent à H 2 en un point P = (0, 0, R). Considérons la
demi-sphère euclidienne TI de JH[ 3 de centre 0 et de rayon R. Rappelons que
TI est un plan géodésique, définition 3.3.1 et exemple 3.3.2, et que l'inversion
par rapport à TI, notée J, est une isométrie de JH[ 3 , proposition 3.2.5. Il suffit
maintenant de remarquer que J échange H 1 et H 2 .

Les suifaces équidistantes

De manière analogue à la dimension 2, définition 2.5.14, on peut définir


la notion de distance (hyperbolique) d'un point a E JH[ 3 à une partie P de IHI 3 .
Pour cela nous posons, comme pour JH[ 2 ,
3.5. QUELQUES SURFACES PARTICULIÈRES DE IHI 3 197

d!Hl(a, P) = int{d!Hl(a, p) jp E P}.

Soit maintenant S C IHI 3 une surface. Nous dirons que S est une surface
équidistante si chaque point de S se trouve à une même distance d'un plan
géodésique fixé. Plus précisément, S est une surface équidistante si il existe
un plan géodésique Il c IHI 3 et un réel p ?: 0 tels que d!Hl(a, Il) = p pour
tous les points a E S. Clairement, si p = 0 on a S C Il.
La description des surfaces équidistantes de IHI 3 est analogue à celle des
courbes équidistantes de IHI 2 , corollaire 2.5.17. Supposons p > O.
Si Il est un demi-plan vertical, l'ensemble des points situés à une distance
p > 0 de Il est constitué des deux demi-plans inclinés de IHI 3 , dont le bord
asymptotique est le même que celui de Il et faisant un angle non orienté
a E ]O, rr/2[ avec Il, où œ vérifie sin(œ) = th(p) (fig. 51).

II

II

Fig. 51.

Si Il est une demi-sphère orthogonale à a00 1HI 3 , l'ensemble des points


situés à une distance p > 0 de Il est constitué des deux calottes sphériques
dont le bord asymptotique est le même que celui de Il et faisant un angle
non orienté œ E ]O, rr/2[ avec Il, où œ vérifie sin(œ) = th(p) (fig. 51).
Remarques 3.5.1. 1) Remarquons que les surfaces S décrites ci-dessus (les
sphères hyperboliques, les horosphères et les surfaces équidistantes), ainsi
que les plans géodésiques, possèdent les propriétés suivantes
(i) Pour tous points p, q E S, il existe une isométrie positive J de IHin
fixant Set envoyant p sur q: J(S) = S, J(p) = q.
(ii) Pour chaque point p E S et pour tous vecteurs tangents et de S v w
en pet de norme 1, v, wE TpS et llïilllHI = llwll!HI = 1, il existe une
isométrie positive J de IHI 3 laissant globalement fixe S, fixant le point p
et envoyant v sur w:
J(S) = S, J(p) =pet DpJ(v) = w.
CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

2) Il existe une théorie des surfaces de IHI 3 analogue à celle des surfaces
dans JR 3 . On peut en particulier définir pour les surfaces de IHI 3 diverses
notions de courbure, voir la définition 4.4.6 pour les définitions analogues
dans lR 3 . Soient M une surface orientable de classe C 2 et X : M --+ IHI 3
une immersion, définition 4.4.2-3, de classe C 2 . Considérons un champ de
vecteurs normal unitaire N (pour la métrique hyperbolique) le long de X(M),
N:M--+TIHI 3 .
Soit p E Mun point quelconque de M et soit Ü un vecteur non nul tangent
à X(M) au point X(p). Notons Vec(ü, N(p)) le plan vectoriel engendré par ü
et N(p). Appelons enfin Il(p, Ü) le plan géodésique passant par pet tangent
à Vec(Ü, N(p)). Rappelons que l'existence de II(p, ü) est assurée par la
proposition 3.3.5, puis que II(p, Ü) est isométrique à IHI 2 , corollaire 3.3.11.
Dans un voisinage de X(p) l'intersection X(M) n Il(p, Ü) est donc une courbe
de classe C 2 du plan hyperbolique II(p, ü).
La courbure hyperbolique k(p, Ü) de cette courbe de II(p, ü) au point
X(p) calculée par rapport au champ normal N est appelée la courbure
normale de X(M) au point X(p) et de direction Ü. Clairement, cette courbure
normale ne dépend que de la direction de ü et non pas de sa norme. Nous
pouvons donc supposer que ü est unitaire. De ce fait, k(p, .) est une fonction
continue et à valeurs réelles définie sur l'ensemble des vecteurs tangents
à X(M) au point X(p) et de norme un, cet ensemble est homéomorphe
au cercle et donc est compact. Par conséquent, k(p, .) atteint un minimum
k 1(p) et un maximum k 2 (p). Ces valeurs, k 1(p) et k 2 (p), sont appelées les
courbures principales de X(M) au point X(p) et les directions tangentes où
ces valeurs sont prises sont appelées les directions principales au point X(p).
Nous définissons la courbure moyenne H(p, N) de X(M) au point X(p) par
rapport à la direction normale N en posant

H(p, N) = k1 (p) + kz(p).


2
Notons que si nous remplaçons le champ de vecteurs normal unitaire N
par l'autre champ normal unitaire, -N, la courbure moyenne est multipliée
par -1, H(p, -N) = -H(p, N). Le vecteur courbure moyenne est défini par
--+
H = H(N).N. La notion de vecteur courbure moyenne pour les surfaces est
analogue à la notion de vecteur courbure hyperbolique pour les courbes de
--+
IHI 2 , définition 2.6.6. En particulier le vecteur courbure moyenne H (p) ne
dépend pas du champ normal unitaire choisi.
Nous définissons également la courbure extrinsèque Kexi(p) de X(M)
en posant Kex 1(p) = k 1 (p) · k 2 (p). Considérons maintenant la métrique g
sur M induite par la métrique glfll de IHI 3 et par l'immersion X. On dit alors
que X : (M, g) --+ (IHI 3 , glfll) est une immersion isométrique. Rappelons que
la métrique g permet de définir la courbure de Gauss K de (M, g), encore
3.5. QUELQUES SURFACES PARTICULIÈRES DE !HI 3 199

appelée la courbure intrinsèque de X(M). Dans chaque carte isotherme de


(M, g), définition 4.4.2 et lemme 4.4.3, K est donnée par la formule de la
remarque 2.1.23-4. Plus précisément, si localement la métrique g est donnée
par g = À2 (z) ldz 12 , en notant /1 le laplacien euclidien on a

11 logÀ)
K(p) =- (~ (p).

Il existe une relation entre ces deux notions de courbure, appelée la relation
de Gauss.

(3.7) K(p) = Kext(P) - 1,

pour tout p E M. Ceci constitue un cas particulier de la relation de Gauss en


géométrie riemannienne, voir Spivak [75, Vol. 4]. La relation correspondante
dans JR 3 est K(p) = Kex1(p).
3) Considérons une surface S c IHI 3 de classe C 2 . Soit p E S un point
de S. Nous dirons que p est un point ombilic de S si toutes les courbures
normales des en p sont égales, c'est-à-dire k(p, v) = k(p, w) = k(p) pour
tous v, w
ET pS. Si tous les points de S sont ombilics, nous dirons que S est
une surface ombilique.
Considérons maintenant une surface S c IHI 3 parmi les plans géodésiques,
les sphères hyperboliques, les horosphères et les plans équidistants. Nous
déduisons de la partie 1-(ii) de cette remarque que chaque point p de S est
ombilic. De ce fait, on a k(p, v) = k(p, w) = k(p) pour tous w E TpS.v,
De plus la partie 1-(i) de cette même remarque permet d'affirmer que la
courbure normale est la même en chaque point p de S: k(p) = k, pour tous
les points p E S. Par conséquent la courbure moyenne de S est constante.
On peut montrer que les seules surfaces ombiliques de IHI 3 sont les
plans géodésiques, les surfaces équidistantes, les horosphères et les sphères
hyperboliques, voir Spivak [75, Vol. 4]. La classification est démontrée en
supposant que les surfaces sont de classes C 3 , mais en fait la régularité C 2 est
suffisante, voir Souam-Toubiana [74].
Comme la courbure moyenne d'une surface ombilique de IHI 3 est cons-
tante, nous pouvons classifier les surfaces ombiliques par leur courbure
moyenne : soit S C IHI 3 une surface ombilique et soit H la courbure moyenne
de S, en choisissant le champ de vecteurs normal unitaire adéquat le long de
S nous pouvons supposer que H ~ O. On a la classification suivante.
a) Si H = 0, alors S est une partie d'un plan géodésique de IHI 3 .
b) Si 0 < H < 1, alors S est une partie d'une surface équidistante de
IHl 3 , étant à une distance p > 0 d'un plan géodésique, où p vérifie la relation
th(p) = H.
c) Si H = 1, alors S est une partie d'une horosphère de IHI 3 •
200 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

d) Si H > 1, alors S est une partie d'une sphère hyperbolique de JHI 3 de


rayon (hyperbolique) p > 0, où p vérifie H = 1/th(p)·
Il est intéressant de comparer avec le cas des courbes à courbure constante
du plan hyperbolique lHI 2 , théorème 2.6.26.

Les cylindres hyperboliques

Considérons une géodésique r de lHI 3 • Soit p > 0 un nombre réel.


L'ensemble des points de JHI 3 dont la distance à r est constante et égale
à p est appelé un cylindre hyperbolique (fig. 52), nous le noterons C(f, p).

C(f, p) = {P E lHI 3 I d1:1(p, f) = p}.

:r
''

/
Fig. 52.

Si, par exemple, r est une demi-droite verticale on a a00 r = {q, oo}
où q E JR. 2 C a00 JHI 3 . Il est intéressant de remarquer que les rotations
autour de la géodésique r laissent globalement fixe le cylindre C(f, p), ainsi
que les homothéties de centre q car ce sont des isométries de lHI 3 laissant
r globalement fixe. Le cylindre hyperbolique C(f, p) est donc un cône
(euclidien) d'axer. également, si pet q sont deux points quelconques de
C(f, p), il existe donc une isométrie J de JHI 3 laissant globalement fixe C(f, p)
et envoyant p sur q : J(C(f, p)) = C(f. p) et J(p) = q. Par conséquent,
la courbure moyenne de C(f, p) est constante. En fait, il n'est pas difficile
de montrer qu'en chaque point p E C(f, p), les courbures principales (par
rapport à l'orientation normale pointée vers f) sont th(p) et l /th(p ).
Notons que les surfaces immergées dont les courbures principales sont
constantes, c'est-à-dire indépendantes du point, sont appelées surfaces isopa-
ramétriques. En particulier une surface ombilique de JHI 3 est isoparamétrique.
Également, chaque cylindre hyperbolique est une surface isoparamétrique
3.5. QUELQUES SURFACES PARTICULIÈRES DE lHJ 3 201

non ombilique. En chaque point de qr, p) la courbure moyenne de qr, p)


est égale à H = (th(p) + 1/th(p)) /2. On a donc H > 1 pour tous les cylindres
hyperboliques. De plus, la courbure extrinsèque de C(r, p) est constante et
égale à 1 car, pour tout p E qr, p),
1
Kext(P) = th(p) · - - = 1.
th(p)
Nous concluons avec la relation de Gauss (3.7), remarque 3.5.1-2, que la
courbure de Gauss de tout cylindre hyperbolique est nulle,

K(p) = Kext(P) - 1 = 0,
pour tout p E qr, p).

Remarque 3.5.2. Notons que les surfaces de courbure moyenne 1 de JHI 3 ont
des propriétés analogues aux surfaces minimales de JR 3 , définition 4.4.6 et
remarques 4.4.7 et 4.4.11.
L'une de ces propriétés concerne l'application de Gauss hyperbolique que
nous définissons de la manière suivante.
Soit M une surface orientable de classe C 2 et soit X : M --+ JHI 3 une
immersion, définition 4.4.2-3, de classe C 2 . Considérons un champ de vecteurs
normal unitaire N le long de S = X(M). En chaque point p E S considérons
la demi-géodésique y+ issue de p, tangente et orientée par N(p). Le bord
asymptotique de cette demi-géodésique y+ est donc un point de él 00 JHI 3 que
nous noterons G(p). Nous définissons de cette manière une application
G: S--+ él 00 JHI 3 =<CU {oo} appelée l'application de Gauss hyperbolique de
S associée à N. Remarquons que cette définition est analogue à la définition
de l'application de Gauss hyperbolique d'une courbe de lHI 2 que nous avions
vu à la définition 2.6.36.
On peut montrer que, si nous choisissons une carte isotherme (u. v) de S,
définition 4.4.2-2, et si la famille (Xu. Xv, N) est une base directe en tout point
p E S, alors l'application Gest méromorphe si, et seulement si, la courbure
moyenne de S est constante et égale à 1 (voir Bryant [13], Earp-Toubiana
[34], Galvao-G6es [40] et Lima-Roitman [56]). Pour la théorie des surfaces
de courbure moyenne 1 de JHI 3 voir aussi Collin-Hauswirth-Rosenberg [16],
Daniel [20], Earp-Toubiana (32], (33] et [31], Rossman-Umehara-Yamada
[71] et Umehara-Yamada [78].
Il existe un lien entre les surfaces minimales de JR 3 et les surfaces de
courbure moyenne 1 dans lHI 3 : si X : U c <C --+ JR 3 est une immersion
minimale et conforme d'un ouvert simplement connexe U dans JR 3 , on peut
montrer qu'il existe une immersion, appelée cousine, Y : U C <C --+ JHI 3 de
courbure moyenne constante et égale à 1 qui est isométrique à l'immersion X.
Un fait surprenant est que la surface cousine dans JHI 3 associée à une certaine
202 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

caténoïde de JR 3 est une surface invariante par des translations horizontales


euclidiennes (qui sont aussi des isométries de lHI 3 ).

(a) courbe des forçats (b) surface engendrée

Fig. 53.

De plus, la courbe génératrice de cette surface avait déjà été étudiée par
Poleni en 1729 (Revue du Palais de la Découverte 45, 1995, p. 106). Cette
courbe est nommée courbe des forçats.
Dans le modèle du demi-plan {(u , w) E JR 2 1 w > 0} de IHI 2 , la courbe
des forçats est donnée par la représentation paramétrique (fig. 53(a))

u(s) =s-2tanhs, w(s) = 2/coshs, s E JR.


La surface engendrée est représentée figure 53(b).

Remarques 3.5.3. 1) Grâce à la notion de courbure moyenne des surfaces


de IHI 3 , nous pouvons prouver un principe du maximum géométrique pour les
surfaces de IHI 3 analogue à celui que nous avions déjà vu pour les courbes,
théorème 2.6.27. Nous l'énonçons de la manière suivante.
Soit p 0 = (a, b, 0) E â00 IHI 3 un point du bord asymptotique de lHI 3 et soit
V C â00 lHI 3 un voisinage ouvert de p 0 dans â00 1Hl 3 . Soient M 1 et M 2 deux
surfaces de classe C 2 de lHI 3 qui sont des graphes verticaux au-dessus de V. On
a donc M; = {(x, y, u;(x, y)) E JH[ 3 1 (x, y, 0) EV}, où u ; : V-+ ]O, +oo[
est une fonction de classe C 2 , i = l, 2. Pour i = l, 2, appelons H; (p)
la courbure moyenne de M; calculée par rapport à l'orientation normale
donnée par les z croissants. Faisons les hypothèses suivantes
(i) u 1 (po) = Uz(Po).
(ii) U1(p):S:u2(p), VpEV.
(iii) H 1 (p)~H 2 (p), VpEV.
Dans ces conditions, on a u 1 (p) = u 2 (p) pour tout p dans un voisinage V'
de p0 dans V: p0 EV' CV. Autrement dit, les surfaces M 1 et M 2 sont égales
dans un voisinage de p.
3.5. QUELQUES SURFACES PARTICULIÈRES DE IH!3 203

La démonstration de ce résultat est très proche de celle concernant les


courbes, théorème 2.6.27. Il existe également un principe du maximum à
bord dont l'énoncé est analogue au précédent. Ces principes du maximum
permettent de démontrer dans IHI 3 le théorème d'Alexandrov [6], établi
d'abord dans R 3 : soit M une surface compacte et sans bord de classe
C2 plongée dans IHI 3 (c'est-à-dire que M n'a pas d'auto intersection), si
la courbure moyenne H de M est constante alors on a IHI > 1 et M est
une sphère hyperbolique de rayon p > 0 où p est l'unique réel vérifiant
IHI = 1/th(p ). En particulier, il n'existe pas de surfaces compactes sans bord
et de genre supérieur où égal à 1, plongées dans IHI 3 et de courbure moyenne
constante. Pour d'autres applications géométriques du principe du maximum
voir: Barbosa-Earp [9] et [10], Do Carmo-Lawson [25], Earp-Toubiana [28],
[29] et (30], et Levitt-Rosenberg [55].
--+
2) Considérons un point p de IHin. Soit P C T pll:P un plan vectoriel en
--+
p. Nous définissons la courbure sectionnelle de IHin en pet de direction P
--+
de la manière suivante : pour chaque vecteur non nul ü E P considérons la
géodésique y(Ü) passant par pet tangente à ü. La réunion des géodésiques
--+
y(ü) lorsque Ü parcourt P constitue, dans un voisinage de p, une surface
M contenant p. Appelons g-p la métrique de M induite par la métrique
hyperbolique glHI de IHin. Par définition, la courbure sectionnelle de IHin en
--+
p et de direction P est la courbure de Gauss de (M. g-p) en p. En fait,
--+
M est le plan géodésique passant par p et tangent à P . De plus, (M. g-p)
est isométrique à (IHI 2, g1H1), proposition 3.3.8. Comme la courbure de Gauss
de (IHI 2• glHI) est constante et égale à -1, remarque 2.1.23-4, la courbure
sectionnelle de IHin est constante et égale à -1.
Le concept de courbure sectionnelle est une notion fondamentale en
géométrie riemannienne, voir Do Carmo (24].
Remarque 3.5.4 (L'espace IHI 2 x R). On considère le modèle du demi-plan
du plan hyperbolique IHI 2 , c'est-à-dire l'ensemble {(x, y) E R 2 1 y > 0} muni
, .
de 1a metnque glHI = dx2 +2 dy2 . 0 n cons1"d'ere ega
, 1ement l' espace pro d mt
.
y
IHI 2 x R = {(x, y, t) E R3 1 y> O} muni de la métrique produit
dx 2 + dy 2
g= 2 +dt2.
y
Dans cet espace, la longueur d'une courbe c(s) = (x(s), y(s), t(s)) de classe
C1, s E [a, b], est donnée par

(3.8) L(c) =lb


204 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

À chaque plan {t = const.} on obtient une copie de IHI 2. En posant t = 0


dans la formule (3.8) on retrouve la longueur des courbes de IHI 2.
Les translations euclidiennes (x, y) '""* (x +À, y) et les homothéties
de centre l'origine (x, y) '""* (Àx, Ày), À > 0, sont des isométries positives
de IHI 2 qui se prolongent en des isométries de IHI 2 x lR par, respectivement,
(x, y, t) '""* (x +À, y, t) et (x, y, t) '""* (h, Ày, t).
Il existe de nombreux travaux consacrés à l'étude des surfaces minimales
ou de courbure moyenne constante de IHI 2 x IR, voir par exemple Abresch-
Rosenberg [1], Aledo-Espinar-Gàlvez [5], Collin-Rosenberg [17], Daniel
[21], Earp [27], Earp-Toubiana [35] et [36], Fernandez-Mira [38], Hauswirth
[45], Hauswirth-Earp-Toubiana [46], Nelli-Earp-Santos-Toubiana [65], Nelli-
Rosenberg [64] et Rosenberg [70].

Exercices de la section 3.5

Exercice 3.5.1. Généraliser dans IHin, pour toutes les dimensions n ?:: 3, les
notions de sphères hyperboliques, horosphères, hyperplans équidistants et
de cylindres, chacun de dimension (n - 1).

Exercice 3.5.2. Le but de cet exercice est de présenter le modèle de la boule


de l'espace hyperbolique de dimension n ?:: 2.
On considère la boule ouverte IIBn de rayon 1 dans !Rn et centrée à l'origine
On= (O .... ,0),

JIBn = {(X1, ... , Xn) E !Rn 1 X~ +···+X~ < 1}.


En posant X= (x 1, ... , Xn), on munit IIBn de la métrique

-4 dx 1
2 + ··· + dx n2
g1m - (l - IXl2)2 ,

où IXl 2 = xi+···+ x~. On considère la translation T de !Rn définie par


T(X) = X+ (0, ... , 0, -1). Soit S l'inversion de !Rn par rapport à la sphère
centrée au point C0 = (0, ... , 0, -2) et de rayon 2.
On pose enfin 15 = S o T (fig. 54), c'est-à-dire
T(X)- Co n
I1m(X) = 4 · IT(X) _ Col 2 + C0 , VX E lR .

1) Montrer que 15 : (IIBn, g5 ) -+ (IHin, gIHl) est une isométrie. On appelle


(IIBn, g5 ) le modèle de la boule de l'espace hyperbolique.
2) Montrer que les géodésiques de (IIBn, g5 ) sont les diamètres et les arcs
a
de cercles orthogonaux à 00 IIBn = {(x1, ... , Xn) E !Rn 1 xi + · · · +X~ = l }.
3) Déterminer les plans géodésiques et les hyperplans géodésiques de
(IIBn, g1m).
3.5. QUELQUES SURFACES PARTICULIÈRES DE IHI 3 205

"Y
.....\............... .
..······ \

Fig. 54.

4) Déterminer les sphères hyperboliques, les horosphères, les cylindres,


chacun de dimension (n - 1), et les hypersurfaces équidistantes de !En.

Exercice 3.5.3. Le but de cet exercice est de présenter le modèle de Min-


kowski de l'espace hyperbolique de dimension n ?:: 2.
On considère dans JRn+I l'hyperboloïde à une nappe définie par

Mn= {cxo,X1, ... ,Xn) E ]Rn+! 1-x~ +X~+ ... + x;, = -1, Xo > o}.
Dans le demi-espace A = {(x 0 , x 1, . .. , Xn) E JRn+i 1 x 0 > on considère -1}
la projection stéréographique TI par rapport au point (-1, 0, ... , 0) sur
l'hyperplan {(0, X1, ... , Xn) E ]Rn+!} de ]Rn+I identifié à ]Rn,

TI(xo,X1, ... ,Xn) = (-x-1- , ••• , ~),


1 + x0 1 + Xo
pour tout (x 0 ,x 1, ... ,xn) E JRn+i avec x 0 > -1. Ainsi pour tout point
XE A, TI(X) est l'intersection du segment reliant X au point (-1, O.... , 0)
avec l'hyperplan {(0, x 1 , ••• , Xn) E JRn+I} (fig. 55).
On pose également gMI = -dx~ + dxi + ··· + dx?,.
1) Montrer que gMI n'est pas une métrique de JRn+ 1.
2) On considère un point X = (x 0 , x 1, . .. , Xn) E Mn. On note T xMn
l'espace tangent de Mn au point X.
a) Montrer que

TxMn = {cuo, Uj, ... , Un) E ]Rn+! l -xouo+X1U1 +·. ·+XnUn = o}.
206 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

b) En déduire que la restriction de gM à Mn est une métrique sur Mn.


3) Montrer que la restriction de II à Mn, IM = II IM", est une isométrie de
(Mn, gM) sur (lllln, gœ:), le modèle de la boule de l'espace hyperbolique. En
déduire que (Mn, gM) est isométrique à (JHin, glHI)- On appelle (Mn, gM) le
modèle de Minkowski de l'espace hyperbolique (fig. 55).

-1

Fig. 55.

4) Montrer que les géodésiques (resp. plans géodésiques, hyperplans géodé-


siques) de (Mn, gM) passant par le point (1, 0, ... , 0) sont les intersections
de Mn avec les plans affines (resp. les espaces affines de dimension 3, les
hyperplans affines) de JRn+i passant par le point (1, 0, ... , 0) et l'origine
(0, ... '0).
5) Nous identifions maintenant )Rn à l'ensemble des points de JRn+I dont la
première coordonnée est nulle: )Rn = {(0, x 1, ... , Xn) E JRn+i }. Pour chaque
isométrie euclidienne linéaire ln de JR\ on définit une application linéaireJ
de JR"+I en posant pour tout (x 0, ... , Xn) E JRn+I

a) Montrer que la restriction de 1 à Mn est une isométrie de (Mn, gMI)


sur lui-même, pour toute isométrie euclidienne linéaire ln de )Rn.
b) En déduire que pour tout point Q E Mn il existe une isométrie 1 de
(Mn, gM) telle que l(Q) E Mn n {(xo, X1, 0, ... , 0) E JRn+l }.
c) Supposons n = 2 et que ]z soit une isométrie euclidienne linéaire
positive de lR 2 . Déterminer si l'isométrie 1 est elliptique, hyperbolique
ou parabolique.
3-5· QUELQUES SURFACES PARTICULIÈRES DE IHI 3 207

6) Montrer que pour chaque point Q E Mn n { (xo, X1, 0, ... , 0) E !Rn+!}


il existe un réel t E IR tel que Q = (ch(t), sh(t), 0, ... , 0).
7) Pour chaque réels E IR on considère l'application linéaire Ts de !Rn+i
définie pour tout (x 0 , •.• , Xn) E JRn+i par

Ts(Xo, X1, X2, ... , Xn) =


(x 0 ch(s) + x 1sh(s), x 0 sh(s) + x 1ch(s), x 2 , ... , Xn).
a) Montrer que la restriction de Ts à Mn est une isométrie positive de
(Mn, gMI) sur lui-même.
b) Montrer qu'il existe un réel s tel que
Ts(ch(t), sh(t), 0, ... , 0) = (1, 0, ... , 0).

c) En déduire que pour tout point Q E Mn il existe une application


linéaire J de JRn+i telle que la restriction de J à (Mn, gMI) soit une
isométrie et telle que J(Q) = (1, 0, ... , 0)
d) Lorsque n = 2, déterminer si l'isométrie Ts est elliptique, hyperbo-
lique ou parabolique.
8) Déduire des questions précédentes que les géodésiques (resp. plans
géodésiques, hyperplans géodésiques) de (Mn, gMI) sont les intersections
de Mn avec les plans affines (resp. les espaces affines de dimension 3, les
hyperplans affines) de !Rn+! passant par l'origine (0, ... , 0).

Exercice 3.5.4. Le but de cet exercice est de présenter le modèle de Klein de


l'espace hyperbolique de dimension n :;:::: 2.

Xo = 1

Fig. 56.

Considérons le modèle de Minkowski Mn de l'espace hyperbolique,


exercice 3.5.3. Dans JRn+i nous posons

ocn = {(l,y1, ... ,yn) EIRn+l 1y~+···+y;<1},


208 CHAPITRE 3. L'ESPACE HYPERBOLIQUE EN DIMENSION SUPÉRIEURE

ainsi ocn est homéomorphe à JIBn.


Dans ffi.++ 1 = {(xo,X1, ... ,Xn) E ffi.n+l Xo > o} on considère la
1

projection stéréographique P par rapport à l'origine (0, ... , 0) sur l'hyperplan


affine {(l,x1, ... ,xn) E ffi.n+l} deffi.n+I,

Ainsi pour tout point q E ffi.++ 1, le point P(q) est l'intersection du segment
reliant q à l'origine avec l'hyperplan affine {(1, x 1 , ••• , Xn) E ffi.n+l }.

1) Montrer que la restriction de P à Mn, Ioc = PIM" (fig. 56), est un


difféomorphisme C 00 de Mn sur ocn, Ioc : Mn -+ ocn.
2) Sur ocn on considère la métrique goc = L~,k=l gjk(p)dyj · dyk où

gjk(P) = Pj Pk · ( 1 - ( 2
P1 + ... + Pn2 ))2 + Ojk · l _ ( 2
P1
+ ... + Pn2 ),
pour tout point p = (1, Pi, ... , Pn) E ocn, avec Ojk = 1 si j =k et Ojk = 0
si j =f. k.
Montrer que Ioc est une isométrie de (Mn, gM) sur (OCn, goc). En déduire
que (OCn, goc) est isométrique à (lHin, gIHI). On appelle (ocn, goc) le modèle de
Klein de l'espace hyperbolique.
3) Montrer que les géodésiques (resp. plans géodésiques, hyperplans
géodésiques) de (ocn, goc) sont les intersections de ocn avec les plans affines
(resp. les espaces affines de dimension 3, les hyperplans affines) de ffi.n+l
passant l'origine (0, ... , 0). En particulier, les géodésiques de (ocn, goc) sont
les cordes.
4) Soient p et q deux points distincts de ocn, en chacun de ces points
on considère un vecteur tangent et unitaire (pour la norme hyperbolique),
vp E Tpocn, wq E Tqocn, llvplloc = llwqlloc = 1.
Montrer qu'il existe une isométrie positive J de (OCn, goc) envoyant p sur
q et vp sur Wq: J(p) = q, DpJ(vp) = wq.

Exercice 3.5.5. Démontrer les affirmations 1-(i) et 1-(ii) de la remarque 3.5.1.

Exercice 3.5.6. Pour chaque plan géodésique et chaque horosphère de H3


calculer la courbure de Gauss K et la courbure extrinsèque Kext et vérifier la
relation de Gauss, remarque 3.5.1-2.

Exercice 3.5.7. Soit S c IHI 3 une surface équidistante de IHI 3 . Calculer


explicitement la courbure extrinsèque Kext de S. Déterminer la courbure de
Gauss de S à l'aide de la relation de Gauss.
3.5. QUELQUES SURFACES PARTICULIÈRES DE !HI 3 209

Exercice 3.5.8. On considère le modèle de la boule de l'espace hyperbolique


de dimension 3, JIB 3 . Soit p > 0 un réel, on appelle S(p) la sphère hyperbolique
de IIB 3 de rayon p centrée à l'origine 0 = (O. 0, 0).
1) Montrer que S(p) est aussi la sphère euclidienne de centre 0 et de rayon
euclidien r = th(p/2).
2) En déduire que la courbure de Gauss de S(p) est K = l/sh 2 (p).
3) En déduire que pour chaque sphère hyperbolique de rayon p > 0 la
courbure de Gauss est K = l/sh 2 (p).
4) Montrer que pour chaque sphère hyperbolique de rayon p la courbure
extrinsèque est Kext = l/th 2 (p ). Vérifier la relation de Gauss pour les sphères
hyperboliques.

Exercice 3.5.9. On considère deux plans géodésiques distincts de lHI 3 , I1 1 et


IT 2. On appelle S; la réflexion dans lHI 3 par rapport à Il;, i = 1, 2. Le but de
cet exercice est de déterminer la composée S 1 o S2 .
1) Supposons I1 1 n I1 2 = 0 et â00 I1 1 n â00 I1 2 = 0.
a) Montrer qu'il existe une unique géodésique y C JHI 3 perpendiculaire
aux plans I11 et I12.
b) On pose A; = Il; n y, i = 1, 2. Montrer que S 1 o S2 est la translation
hyperbolique de lHI 3 le long de y, de longueur 2.dlHI (A 1, A 2) et de direction
Az--+ A1.
2) Supposons I1 1 n I1 2 = 0 et â00 I1 1 n â00 I1 2 i= 0. Par conséquent
l'intersection â 00 Il 1 nâ 00 I1 2 est réduite à un point à l'infini que nous noterons
Po: ÔooI11 n ÔooI12 = {Po} C ÔoolHI 3 .
a) Soit H c lHI 3 une horosphère dont le bord asymptotique est p 0 :

aooS= {Po}-
Montrer que H est globalement fixe par S 1 o S2 : (S 1 o S2 )(H) = H.
b) Montrer que par tout point de JHI 3 passe un unique plan géodésique
rr perpendiculaire à I11 et I12 et dont le bord asymptotique contient le point
Po·
Montrer qu'un tel plan géodésique I1 est globalement fixe par S 1 o S 2 :
(S 1 o S2)(I1) = Il. En déduire que la restriction de S 1 o S 2 à I1 est une
isométrie parabolique.
3) Supposons I1 1 n I12 i= 0.
a) Montrer que I1 1 n I1 2 est une géodésique.
b) On pose I1 1 n I1 2 = y. Montrer que I1 2 fait un angle orienté constant
avec I1 1 le long de y. On appellera cet angle e.
c) Montrer que S 1 o S2 est l'une des deux rotations hyperboliques de lHI 3
autour de l'axe orienté y et d'argument W.
Chapitre 4
Surfaces de Riemann

4.1. Origine des surfaces de Riemann : les fonctions algébriques

Une fonction algébrique est une fonction implicite obtenue en résolvant


une équation algébrique, c'est-à dire une équation de la forme P(x, y) = 0 où
Pest un polynôme. Par exemple de x 2 + y 2 - l = 0 on tire y = ±.J"l=X2.
Comme on le voit sur cet exemple, une fonction algébrique a en général
plusieurs valeurs, c'est ce qu'on appelle une fonction multiforme. Ce n'est
pas une fonction au sens usuel du terme.
Il n'est pas commode de calculer avec des fonctions multiformes, c'est
pourquoi on cherche à se ramener à des fonctions usuelles. C'est assez facile
dans le cas réel. Dans le cas complexe on s'y ramène à l'aide des coupures de
Cauchy ou de la théorie des surfaces de Riemann.
Définition 4.1.1. Soit P E <C[X, Y], une détermination sur un ouvert U C <C
de la fonction algébrique définie par l'équation P(x, y) = 0 est une fonction
continue f : U--+ <C vérifiant P(z, f(z)) = 0 pour tout z E U.
Par exemple la fonction algébrique ,JZ (définie par l'équation y 2 -x = 0)
possède deux déterminations sur <C \ [O, +oo[.

Proposition 4.1.2. La fonction algébrique ,JZ ne possède pas de détermination


sur<C \ {ü}.

Démonstration. Supposons qu'il existe une détermination f de ,JZ sur


C \ {ü}. Considérons le lacet y : [O, 2n] --+ <C défini par y(t) = ei 1 • Pour
chaque t E [O, 2n] on a soit f(y(t)) = eit/ 2 soit f(y(t)) = -ei 1! 2 • En
particulier f(l) = ±1. Si f(l) = 1, par continuité on a f(y(t)) = ei 1/ 2
pour tout t E [O, 2n]. D'où, en prenant t = 2n, f(l) = eirr: = -1, ce qui est
absurde. On procède de même si f(l) = -1. D

La suiface de Riemann de ,JZ


On dispose de deux déterminations sur <C \ [O, +oo[ de la fonction
algébrique ,JZ :

2II
212 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

e
où z = re;e, r > 0 et E JO, 2.Jr[. L'usage de ces fonctions est mal commode.
Si y est un chemin qui traverse la coupure JO, 2.Jr[ pour t = t 0 , dans le sens
des ordonnées croissantes, la fonction f 1 ne peut pas être prolongée par
continuité en t = t 0 . Par contre ce prolongement par continuité est possible
si pour les points situés au-dessus de la coupure on remplace f 1 par fz.
Cette remarque est à l'origine de la construction suivante.
Considérons deux copies S 1 , S2 de C \ [O, +oo[. Dans un premier temps
nous définissons une fonction f sur S 1 U S 2 en posant

g(z) = l !1 (z)
f2(z)
si z E S1,
si z E S2.

Nous allons coller S 1 et S2 selon leur coupure et pour cela nous marquons
la partie de S 1 et S 2 au-dessus de l'axe réel positif d'un signe EB et la partie
au-dessous d'un signe e (fig. 57). Maintenant collons le bord EB de la coupure
de S 1 avec le bord e de S2 et collons le bord e de S 1 avec le bord EB de S2 .

Fig. 57.

Appelons ~ la surface obtenue 1 . On peut la considérer comme la réunion


de S 1 U S 2 et de deux demi-droites (l'une est le bord inférieur de S 1 recollé
avec le bord supérieur de S 2 et l'autre est le bord inférieur de S 2 recollé
avec le bord supérieur de S 1 ). Par construction la fonction g se prolonge par
continuité à~- Puisque S 1 est une copie de C \ [O, +oo[, à chaque élément
z de S 1 correspond un nombre complexe qu'on note h(z). On procède de
même pour les points de S2 • La fonction h ainsi définie sur S 1 U S2 se prolonge
à ~ et vérifie g 2 = h.
Pour obtenir la surface de Riemann ~ de ,JZ il faudrait répéter les
constructions précédentes en remplaçant C par iê, où iê =CU {oo}. Puisque
f 1 et fz se prolongent à l'infini en posant f 1 ( oo) = oo et f 2 ( oo) = oo, il
suffit d'ajouter un point à l'infini à ~- Les fonctions g eth se prolongent par
continuité à ~ en des fonctions g et h qui vérifient g2 = h.
1. Sur la figure 57 on observe une auto-intersection de la surface due à la nécessité
de la représenter dans IR 3 . Dans la réalité, le recollement précédent donne lieu à deux
demi-droites.
4.I. ORIGINE DES SURFACES DE RIEMANN : LES FONCTIONS ALGÉBRIQUES 213

Identifions <C U {oo} à la sphère § 2 à l'aide de la projection stéréogra-


phique, exemple 4.3.6-2.
Remarquons que pour tout z 0 E § 2 \ {ü, oo}, le point z 0 a exactement
deux antécédents distincts par h. Les points z 0 = 0 et z 0 = oo de § 2 n'ont
chacun qu'un seul antécédent.
Les seuls points de ramification de h, définitions 1.2.14 et 4.5.1, sont
donc les antécédents de 0 et oo, de plus ils sont chacun de degré 1. Par
conséquent l'application h est un revêtement ramifié à deux feuillets de § 2
par Î:, définition 1.2.14 et remarque 4.3.3-4.
À l'aide de la projection stéréographique, identifions S 1 et S2 avec la
sphère § 2 coupée selon un demi-cercle reliant le pôle nord et le pôle sud.
Remarquons qu'après l'identification des coupures la surface obtenue 2: est
homéomorphe à la sphère § 2 (fig. 58).
OO OO

0 0

Fig. 58. Les traits gras indiquent une coupure

Il est possible de définir un atlas conforme sur 2: pour le munir d'une


structure conforme, définition 4.3.5.

Suiface de Riemann d'une équation algébrique


Considérons 2 un polynôme irréductible P E <C [X, Y) de degré non nul en
X et en Y. Nous allons voir que P définit une surface de Riemann compacte
ê de façon que la fonction algébrique multiforme y définie par la relation
P(x, y) = 0 et la fonction x s'interprètent comme deux fonctions uniformes
Yet X définies sur ê et satisfaisant la relation P(X, Y) = O.
C'est comme cela que plusieurs questions concernant la fonction multi-
forme y acquièrent un sens précis : on les transforme en questions à propos
de fonctions usuelles sur ê. C'est le cas par exemple de l'étude des intégrales
fr R(x, y )dx où R est une fraction rationnelle de deux variables (intégrales
abéliennes), qui deviennent des intégrales de fonctions usuelles sur des che-
mins y relevés dans ê (c'était la motivation originale de Riemann).
2. Nous allons utiliser des notions introduites dans les sections suivantes. Pour cette
raison la fin de cette section peut être omise en première lecture.
214 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Le plus difficile est de déterminer la surface topologique ê, variété


topologique de dimension 2, définie par P. Ensuite, la structure conforme sur
ê découlera naturellement de la construction.
On pose
C = {(x, y) E iê 2 I P(x, y)= o},
C est appelée courbe algébrique complexe. Ainsi C est de dimension 1
complexe et de dimension 2 réelle.

Définition 4.1.3. Soit (x 0 , y 0 ) E C. Supposons x 0 # oo et y 0 # oo.


On dit que (x 0 , y 0 ) est un point singulier, ou encore une singularité, de
. élP élP . , . .
C SI ély (xo, Yo) = élx (x 0 , y 0 ) = O. Dans le cas contratre, c'est-a-dtre SI
élP élP
ély (xo, Yo) # 0 ou élx (xo, Yo) # 0, on dit que (x 0 , y 0 ) est un point régulier
de C.
Si x 0 = oo et y 0 # oo, après avoir effectué le changement de variable
u = l/x, l'équation polynomiale P(x, y) = 0 est ramenée à une autre
équation polynomiale Q(u, y) = O. On dit alors que (oo, y 0 ) est un point
singulier de C si ~~ (0, y 0 ) = ~~ (0, y 0 ) = O. Sinon on dit que (oo, y 0 ) est
un point régulier de C. On procède de la même manière si y 0 = oo.
Exemple 4.1.4. L'origine (0, 0) est un point singulier des courbes y 2 -x 3 =0
et y 2 - x 2 + x 4 = O.

Fig. 59. Points singuliers des courbes réelles d'équations y 2 - x 3 = 0 et


y2 -x2 + x4 = 0

Proposition 4.1.5. Soit P E C [X, Y] un polynôme irréductible de degré non


nul en X et en Y. La courbe algébrique
C = {(x,y) E iê 2 I P(x,y) = o}
ne comporte qu'un nombre fini de singularités.
Démonstration. Remarquons que si (x 0 , y 0 ) est un point de C, avec x 0 # oo,
~ .
y0 # oo et -(x0 , y 0 ) = 0, alors le nombre complexe x 0 est une racme du
~ ~
discriminant ~ de P, qui par définition est le résultant de Pet ély considérés
4.I. ORIGINE DES SURFACES DE RIEMANN : LES FONCTIONS ALGÉBRIQUES 215

comme polynômes en y. Ainsi !:!.. est un polynôme en x à coefficients


constants. Comme le polynôme P est supposé irréductible !:!.. n'est pas
identiquement nul. Il n'y a donc qu'un nombre fini de complexes x 0 tel
qu'il existe y E CC vérifiant (x 0 , y) E Cet ~: (x 0 , y) =O.
Un argument symétrique montre qu'il n'y a qu'un nombre fini de com-
plexes y 0 tel qu'il existe x E CC vérifiant (x, y 0 ) E Cet ~: (x, y 0 ) = O. On en
déduit que C a un nombre fini de points singuliers de la forme (x, y) avec
X f. OO et y =j:. OO.
Clairement, Ca un nombre fini de points de la forme (oo, y) avec y E ê.
De ce fait C a un nombre fini de singularités de cette forme. De même, C a
un nombre fini de singularités de la forme (x, oo), x E ê. Par conséquent C
a un nombre fini de singularités. D

Proposition 4.1.6. Soit P E CC [X, Y] un polynôme irréductible de degré non


nul en X et en Y. Alors la courbe algébrique

C = {(x,y) E ê 2 I P(x,y) = o}
est une variété de dimension 2 réelle dans un voisinage de chacun de ses points
réguliers.
De plus, en notant S l'ensemble (fini) des singularités de C, on peut munir
C \ S d'un atlas qui confère à C \ S une structure de surface de Riemann.

Démonstration. Soit (x 0 , y 0 ) un point régulier de C, supposons que x 0 =f:. oo


et Yo =f:. OO. Supposons également que
aP
ay (xo, Yo) =f:. O. Alors le théorème
des fonctions implicites analytique affirme qu'il existe un voisinage U c CC
de x 0 , un voisinage V C CC de y 0 et une application holomorphe <p : U --+V
tels que la partie de C contenue dans U x V soit le sous-ensemble d'équation
Y = rp(x).
y
. ap
Ici, ay = 0 et on ne !' I

peut pas exprimer y


en fonction de x ---- '------~--~

V y=cp(x) c
-- - --- - --- - --- - -- - - -- - - --- - --- + - - - - - - 1

u
Fig. 60. Le théorème des fonctions implicites dans le cas réel
216 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Soit V = {(x, <p(x)) E C [ x E U} ce sous-ensemble. Définissons


<P: U--+ V par ij(x) = (x, <p(x)). Alors (U, ij, V) est une carte de C près du
âP
point régulier (x 0 • y 0 ). Si âx (x 0 , y 0 ) =f. 0 on procède de la même manière.
Si x 0 = oo (resp.y 0 = oo) on effectue le changement de variable u = l/x
( resp. v = 1/y) et on procède de la même manière.
Pour tout point régulier (x, y) E Con a donc une carte (U, ij, Ycx,y)) où
- -
U CC est un ouvert de C, V(x,y) CC et (x, y) E Ycx,y)· Considérons l'atlas
A de C \ S donné par ces cartes :

A= {(U,ÇP,Ycx,yJ) (x,y) J E C\s}.


Par construction, il n'est pas difficile de montrer que les changements de
cartes sont conformes. Ainsi, la surfaces C \ S est naturellement munie d'une
structure de surface de Riemann. D

Remarque 4.1.7. Nous allons voir que C n'est pas toujours une surface au
sens du chapitre 1.1 mais une surface avec singularités (en nombre fini).

Si C ne possède pas de singularité, la surface de Riemann définie par le


polynôme P est C.
Lorsque C possède une singularité, ou plus, la surface de Riemann définie
par le polynôme P n'est pas C en général. La surface de Riemann compacte
ê est obtenue en retirant les points singuliers (xb Yk) de Cet en remplaçant
chacun d'eux par un ou plusieurs points selon les cas.
Pour se faire une idée de ce qu'il est nécessaire de faire, considérer la
courbe algébrique réelle dans JR 2 définie par y 2 -x 2 + x 4 = O. L'origine (0, 0)
est une singularité par laquelle passent deux branches. Imaginer alors qu'on
supprime la singularité en soulevant légèrement l'une des deux branches. La
singularité (O. 0) est alors remplacée par deux points.

~ 1
1
1
1

Fig. 61.
4.1. ORIGINE DES SURFACES DE RIEMANN: LES FONCTIONS ALGÉBRIQUES 217

Théorème 4.1.8. Soit P E <C [X, Y] un polynôme irréductible de degré non nul
en X et en Y. Considérons la courbe algébrique

C = {(x,y) E <ê 2 I
P(x,y) = o}.
Alors, au voisinage de chaque singularité (x 0 , y 0 ) la topologie de C est celle
d'un certain nombre de disques disjoints D 1 , ... , D P' dont les centres sont
identifiés. La singularité (x 0 , y 0 ) donne donc lieu à p nouveaux points abstraits
et distincts, chacun correspondant au centre d'un disque D j·

Fig.62.

De plus, la restriction à chaque disque D j de la première projection


(x, y) r--+ x est un revêtement ramifié au centre. Si on note qj le degré de
ce revêtement on a
q1+···+qp=q,
où q est la multiplicité de la racine y 0 du polynôme en Y, P(x 0 , Y), dans le
cas x 0 =f oo et y 0 =f oo. Lorsque x 0 = oo ou y 0 = oo on se ramène au cas
précédent à l'aide des changements de variable u = 1/x et v = l/y. De même,
la restriction à chaque disque D 1 de la deuxième projection (x, y) r--+ y est un
revêtement ramifié au centre.

!
Fig. 63.

Démonstration. Le polynôme P est de la forme


P(X, Y)= Po(X)Yn + P1(X)Yn-i + ··· + Pn(X),
218 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

oùP 0 ,P 1 , ••• ,Pn E C(X].


Notons S c C l'ensemble (fini) des singularités de Cet considérons l'une
d'elles: (x 0 , Yo) E S.
Cas 1: Supposons x 0 -:/=- oo, y 0 -:/=- oo et P 0 (x 0 ) -:/=- O.
aP
On a donc ay (x y 0 ) =O. Rappelons qu'il n'existe qu'un nombre fini de
0,

points (x, y) E <C 2 pour lesquels Pet ~;s'annulent simultanément, voir la


démonstration de la proposition 4.1.5. On en déduit à l'aide du théorème des
fonctions implicites que six* est assez proche de x 0 , x* -:/=- x 0 , alors l'équa-
tion P(x*, y) = 0 aura exactement n solutions distinctes y:, ... , y; E <C.
Certaines de ces solutions seront proches de y 0 , à un changement de notation
près, on peut supposer que ces solutions sont q ~ n. On peut y:, ... ,y;,
montrer que pour tout x dans un voisinage assez petit de x 0 , x -:/=- x 0 , le
nombre de solutions, proches de y 0 , de l'équation P(x, y) = 0 est q.
On a donc~; (x 0 , y 0 ) = 0, ce qui signifie que y 0 est racine multiple
de l'équation P(x 0 , y) = 0 vue comme équation en y. Notons q l'ordre de
cette racine. Rappelons qu'il n'existe qu'un nombre fini de points x E <C
pour lesquels P possède une racine multiple, voir la démonstration de la
proposition 4.1.5. Il existe donc un voisinage de x tel que pour tout x* dans
ce voisinage et distinct de x 0 , l'équation P(x*, y) = 0 ait toutes ses racines
distinctes.
Parmi ces racines, q forment un paquet de racines « proches de y 0 » et
tendent vers y 0 quand x* tend vers x 0 • Formulons cela plus précisément.
Considérons un disque fermé V centré en y 0 et ne contenant aucune autre
racine y de P(x 0 , y) = O. Grâce au théorème de Rouché on peut alors
montrer que pour x* assez voisin de x 0 , disons pour x E U, le disque V
contient dans son intérieur exactement q racines de P(x*, y) = O.
Posons C 0 = C n (U x V), et notons n la restriction à C 0 de la première
projection. Il résulte de ce qui précède que n est surjective et que la fibre de
tout point x* de U distinct de x 0 comporte exactement q points. À l'aide du
théorème des fonctions implicites, on montre aisément que la restriction de
n à Co\ {(x 0 , y 0 )} est un revêtement à q feuillets de U \ {x0 }.
En continuant de proche en proche ce processus, après avoir effectué un
tour complet on revient au point x*, et la solution y;* du départ est changée
en l'un des points y:, ... ,y;.
Il est également possible que la solution du
départ reste inchangée mais, quoiqu'il en soit, parcourir un tour complet
sur r a comme effet de permuter les solutions notons Œ cette y:, ... ,y;,
permutation. De plus, le même processus effectué avec un point quelconque
près de x 0 donne la même permutation Œ.
Considérons la décomposition de Œ en produit de cycles à supports
4.I. ORIGINE DES SURFACES DE RIEMANN: LES FONCTIONS ALGÉBRIQUES 219

disjoints, a= aI···ap.Notonsqj lalongueurdeaj,j = l, ... ,p,ona


donc qI + ··· + qp = q. Ainsi, la courber se relève en p courbes de Jordan
distinctes f 1 , •.. , r P de C \ S à l'aide de la projection X: C--+ <ê définie par
X(x, y) = x. De plus la projection X: fj --+ f est de degré qj, j = 1, ... , p.
Notons U C <C la composante connexe bornée de <C \ (r U {xo}), U
est conformément équivalente à ][})* : le disque unité ouvert !Dl auquel on
retire son centre. Notons Uj la composante connexe de (C \ S) \ rj qui
est envoyée sur U par la projection X. Chaque composante U; est munie
de la structure conforme induite par la surface de Riemann C \ S. Alors
on peut montrer que X : U j --+ U est une projection de revêtement de
degré q j. De plus cette projection est une application conforme. On peut en
déduire que U j est également conformément équivalente à !Dl*, proposition
4.8.5. On rajoute donc un point abstrait A j à U j de telle manière que
U j U {A j} soit conformément équivalente au disque unité ouvert !Dl. Notons
1frj : !Dl --+ U j U {A j} un difféomorphisme conforme. Par construction
X o ifrj : !Dl* --+ <ê est une fonction holomorphe.
À chaque cycle Œj on ajoute donc un point Aj à C \ S pour obtenir ê.
Ainsi la singularité (x 0 , y 0 ) de C donne lieu à p points distints de ê \ C.
La projection X : C \ S --+ <C se prolonge par continuité aux points
A 1 , ... , Ap, en une application, notée X, en posant X(Aj) = x 0 • Comme
Xo 1/lj est holomorphe sur][})* et continue sur !Dl, on en déduit que X o 1/lj est
holomorphe en 0, c'est-à-dire que X est holomorphe au point Aj. Près de Aj,
la projection X est de degré q j. Autrement dit, le point A j de ê est un point
de ramification de X de degré qj - 1, remarque 4.3.3-4 ou définition 4.5.1.
De même, la projection Y : C \ S --+ <C définie par Y(x, y) = y se
prolonge en une application holomorphe, notée Y, aux points AI, ... , Ap,
en posant Y(Aj) = Yo·
Cas 2: Supposons x 0 -:/=- oo, y 0 -:/=- oo et P 0 (x 0 ) = O.
Dans ce cas le polynôme en Y, P(x 0 , Y), est de degré strictement inférieur
à n. Il existe cependant un entier q > 0 tel que pour x* assez proche de x 0 le
polynôme P(x 0 , Y) possède exactement q racines simples et distinctes dans
un voisinage de y 0 • Ce nombre q est exactement la multiplicité de la racine
y 0 du polynôme P(x 0 , Y). On procède ensuite comme au cas 1.
Cas 3: Supposons x 0 = oo ou y 0 = oo.
Si x 0 = oo et y 0 E <C, on effectue alors le changement de variable
u = l/x. L'équation P(l/u, y) = 0 se ramène après simplification à une
équation polynomiale en u et y: Q(u, y) = 0 avec Q(u, y) = usP(l/u, y),
où s E N est le degré du polynôme P par rapport à X. On étudie ensuite
les solutions de cette équation au voisinage du point (u, y) = (0, y 0 ) de la
même manière que dans le cas 1 ou 2.
220 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

<Cet y 0 = oo, on pose v = I/y, ou bien si x 0 = y 0 = oo on pose


Si x 0 E
u = 1/ x
et v = 1/y. On procède ensuite de la même manière
Dans tous les cas, les projections X et Y se prolongent de manière
holomorphe, ou méromorphe, à chaque point A ajouté à C \ S en posant
X(A) = x 0 et Y(A) = y 0 • D

Notons ê la surface obtenue en ajoutant à C \ S les points A 1 , ... , A,


provenant des singularités. Par construction, ê est une surface compacte.

Proposition 4.1.9. On peut munir la surface ê d'une structure de surface de


Riemann de telle manière que ê\ {A 1 , ... , A,} soit conformément équivalente
à C \ S. La surfaceê est connexe.
De plus la projection définie sur C \ S par X(x, y) = x se prolonge en une
fonction méromorphe X sur ê de degré n, où n est le degré du polynôme Pen
Y. De même la projection définie sur C \ S par Y(x, y) = y se prolonge en
une fonction méromorphe Ysur ê de degrés, où s est le degré du polynôme P
en X.
Les fonctions X et Y vérifient la relation algébrique P(X, Y) = O.

Démonstration. Nous avons déjà un atlas conforme A. définie sur C \ S,


proposition 4.1.6. Comme par construction on a ê \ {A 1 , ... , A,} = C \ S, il
ne reste plus qu'à trouver une carte au voisinage de chaque point nouveau
A j introduit par les singularités de C.
Le nouveau point Aj est introduit par une singularité (xb Yk). Conser-
vons les notations du cas 1 de la démonstration du théorème 4.1.8. Ainsi
(]]), 1/fj, Uj U {Aj }) constitue une carte de ê autour du point Aj. Notons A
l'atlas de ê obtenu de A. en lui ajoutant les cartes(]]), 1/fj, Uj U {Aj })
Comme X o 1/!j est holomorphe sur]]), on peut montrer que les change-
ments de cartes sont conformes. L'atlas A confère donc à ê une structure de
surface de Riemann.
Par construction ê\ {A 1 , ... , A,} et C\ S sont conformément équivalentes
et les fonctions X et Y sont méromophes sur ê. Soit x 0 E <C une valeur
régulière de X. Par conséquent, en notant n le degré de P en Y, x 0 a
exactement n antécédents distincts pour la fonction X, ce qui montre que X
est de degré n. La preuve pour le degré de Y est analogue.
Par construction on a P(x, y) = 0 pour tout (x, y) E C \ S, on a donc
P(X, Y) = 0 sur C \ S, c'est à dire sur ê \ {A 1 , ... , A,}. Par continuité on
en déduit que P(X, Y) = 0 sur ê.
La preuve de la connexité de ê n'est pas facile, elle peut être trouvée
dans Siegel [73, Vol. 1, Chapter 2, Section 1, Theorem 3]. D
4.I. ORIGINE DES SURFACES DE RIEMANN : LES FONCTIONS ALGÉBRIQUES 22I

Ainsi, tout polynôme irréductible de <C [X, Y] de degré non nul en X et


en Y définit une surface de Riemann compacte. Par exemple, la surface
de Riemann construite au début de la section correspond au polynôme
P(X, Y) = Y 2 - X. Pour des informations complémentaires sur la construc-
tion des surfaces de Riemann définies par une équation algébrique, voir Costa
[19], Siegel [73, Vol. 1, Chapter 2, Section 1] ou Springer [76, Chapter 3].
La proposition 4.1.9 montre que les projections X et Y de C \ S sur
§ 2 se prolongent en des fonctions méromorphes sur ê, notées X et Y. Par
conséquent les fonctions de la forme

f( X, y ) -_ A(X, Y) ( _ A(x, y)
~ ~ X, y) - - - -
B(X, Y) B(x, y)
où (x, y) E C \ S et A, B E <C [X, Y], sont des fonctions méromorphes sur
C\S qui se prolongent en des fonctions méromorphes sur ê. On peut montrer
que toutes les fonctions méromorphes sur ê sont de cette forme, voir Siegel
[73, Vol. 1, Chapter 2, Section 1, Theorem 4] ou encore Springer [76, Chapter
10, Section 9, Theorem 10-26].

Remarques 4.1.10. 1) La surface singulière C est une partie de ê 2 , de


même que la surface C \ S. Il est important de remarquer que, lorsque C
possède une singularité, la surface de Riemann abstraite ê n'est pas dans ê 2 :
on a ajouté des points abstraits à C \ S, qui ne sont pas dans ê 2 , pour obtenir
ê.
2) Il découle de la définition de point singulier, qu'un point (x 0 , y 0 ) E C
est un point singulier si, et seulement si, (x 0 , y 0 ) est un point singulier des
projections X et Y de C sur ê. Par conséquent, si (x 0 , y 0 ) est un point
singulier de la projection X mais pas de Y, alors (x 0 , y 0 ) est un point régulier
de Cet n'introduira donc pas de nouveau point pour obtenir la surface de
Riemann ê. Autrement dit, le point (x 0 , y 0 ) de C donnera lieu au point
(xo, Yo) dans ê.
3) Un point singulier (x 0 , y 0 ) de C ne nécessite pas toujours l'introduction
de plusieurs points pour obtenir ê. Considérons par exemple la surface de
Riemann définie par le polynôme P(X, Y) = Y 2 - X 3 . On a

c ={ex.y) E <è y2 -x 3 = o}.


1

Clairement, les seules singularités de C sont les points (0, 0) et (oo, oo ).


Une étude des solutions de l'équation P(x, y) = 0 pour (x, y) dans un
voisinage de (0, 0) analogue à celle effectuée au cas 1 de la démonstration du
théorème 4.1.8 ou à l'exemple 4.2 qui suit (étude autour de (0, 0)), montre
que le point singulier (0, 0) n'introduira qu'un point pour obtenir ê. Il en est
de même pour la singularité (oo, oo).
222 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

On peut retrouver ce fait d'une autre manière en remarquant que l'ap-


plication <p : ê--+ cc ê 2 , z f-+ <p(z) = (z 2 ,z 3 ) est une bijection qui
définit un difféomorphisme conforme de <C \ {O} sur C \ {(0, 0), (oo, oo)}.
Par conséquent, la surface de Riemann compacte ê est conformément équi-
valente à <C \ {O} auquel on ajoute le point 0 (pour la singularité (0, 0)) et
le point oo (pour la singularité (oo, oo)). Ainsi, la surface de Riemann ê est
conformément équivalente à ê, c'est-à-dire à § 2 .
4) Considérons une surface de Riemann abstraite compacte 2:. Il découle
du lemme 4.5.4 qu'il n'existe pas de fonction holomorphe non constante
sur 2:. Cependant il existe des fonctions méromorphes non constantes sur
2:. L'existence de ces fonctions n'est pas facile à établir. On commence
d'abord par montrer l'existence de formes méromorphes, définition 4.5.11,
voir Springer [76, Chapter 8, Section 1, Corollary 8-2]. Puis on considère le
quotient de deux telles formes, lemme 4.5.14.
Soit f une fonction méromorphe non constante sur 2:. On peut montrer
qu'il existe une fonction méromorphe non constante g sur 2: telle que f et
g satisfont une relation algébrique de la forme P(f, g) = 0, où P E qx, Y]
est un polynôme irréductible. De plus 2: est conformément équivalente à
la surface de Riemann compacte ê définie par P, Springer [76, Chapter 10,
Section 9]. Ainsi, toute surface de Riemann compacte est conformément
équivalente à une surface de Riemann définie par une équation algébrique.
Dans le cas particulier des surfaces de Riemann compactes de genre 1,
définition 1.1.22, nous construirons explicitement des fonctions méromorphes
non constantes, section 4.7.

4.2. Étude détaillée d'un exemple

Considérons 3 le polynôme P(X, Y)= Y 6 - X 15 (X + 64). On pose

C = {(x,y) E e 1 y 6 -x 15 (x + 64) = o}.


On a ~: (x, y) = 0 seulement si y = O. Les seuls points (x, y) E IC 2
âP
vérifiant P(x, y) = 0 et ây (x. y) = 0 sont donc les points (0, 0) et (-64, 0).
âP
Cependant on a âx (-64, 0) =f:. O. De plus en effectuant les changements
de variable u = 1/ x et v = 1/y on peut montrer que ( oo, oo) est un point
singulier de C. On déduit de ces remarques que les seul points singuliers de C

3. Cette section peut être omise en première lecture


4.2. ÉTUDE DÉTAILLÉE D'UN EXEMPLE 223

sont (0, 0) et ( oo, oo ). De plus (-64, 0) est un point singulier de la projection


X mais un point régulier de C.
On a donc S = {(O, 0), (oo, oo)}, et on pose

C, = C \ S = {(x, y) E e 1 y6 - x 15 (x + 64) = o} \ {(0, 0), (oo, oo)}.

X u

Fig. 64. À g. : points réels de la courbe d'équation y 6 - x 15 (x + 64) = O;


À dr. : allure au point ( oo. oo) après le changement de variable u = 1/ x
et v = I/y

On a donc C \ C 1 = {(0, 0), ( oo, oo)}. La surface de Riemann compacte


ê définie par le polynôme P sera donc obtenue en ajoutant un nombre fini de
points à C 1 . Pour déterminer ce nombre, étudions les solutions de l'équation
P(x, y)= 0 au voisinage de chacun des points (0, 0) et (oo, oo). Cependant
nous ferons également l'étude autour de (-64, 0) pour retrouver le fait que
ce point n'introduit qu'un seul point dans ê.
Étude autour de (-64, 0).
Nous considérons les points (x, y) E C 2 proches de (-64, 0) vérifiant
l'équation
(4.1) y 6 = x 15 (x + 64).
Notons r* cc le cercle de rayon 1, centré au point X = -64. Posons
x* = -63 et w = err:i/ 3 , on a x* E f*. L'équation y 6 = (x*) 15 (x* +
64), c'est-à-dire y 6 = (-63) 15 , possède exactement 6 solutions distinctes:
. ~635 * -- WY1,YJ
Y1* -- l'\/OY,Ji * * -- w 2 Y1,Y4
* * -- w 3 Y1* -- -y1,Y5
* * -- w 4 Y1* --
-y; et y; = w5Yt = -y;·
Choisissons pour commencer la solution y t. Quand on effectue un tour
sur r* dans le sens trigonométrique en partant de x = x*, en revenant à
x* l'argument du nombre complexe x* ne change pas mais celui de x* + 64
augmente de 2n. Par conséquent la solution Yt du départ est remplacée par
224 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

=
e 2 :n:if 6 y7 y;.
Si on effectue un second tour, y;
est remplacée par puis y;,
en continuant on obtient successivement les solutions y;, y;, y;
avant de
revenir à y7.
Ainsi, effectuer un tour dans le sens trigonométrique le long de
r* revient à effectuer la permutation
(y~. y;. y;. y:. y;. y;) -+ cy;. y;. y:. y;. y;. yn.
Remarquons que cette permutation est déjà un cycle. Le point (-64, 0) donne
donc lieu à un unique point A de ê. Comme (-64, 0) est un point régulier
de Con a A = (-64, 0). Puisque la longueur du cycle est 6, on obtient que la
projection X(x, y) = x définie sur C 1 est de degré 6 au point A. Autrement
dit, A est un point de ramification de degré 5 de l'application X : ê-+ iê où
X est le prolongement de X à ê.
Étude autour de (0, 0)

Nous considérons les points (x, y) E <C 2 proches de (0, 0) vérifiant


l'équation (4.1).
Comme x est proche de 0 on peut définir une détermination de la racine
sixième de x + 64. Notons ~ x + 64 la détermination dont la valeur en x = 0
est 2 et remarquons que celle-ci est définie sur le disque de rayon 2 centrée à
l'origine.
Choisissons x = 1, l'équation P(I, y)= 0, c'est-à-dire y 6 = 65, possède
6 solutions distinctes, chacune étant simple. Notons jï1 la solution réelle
et positive, on a donc jï1 = ~l + 64 = -V65. Les solutions sont donc
Yi ,Y2 = w Y1, Y3 = w2Y1, Y4 = w 3Yi = -.Yi, Ys = w4Y1 = -j/2 et
Y6 = ws .Y1 = -jï3.
Considérons le cercle centré à l'origine et de rayon 1, noté f. Choisissons
pour commencer la solution Yi de l'équation P(l, y) = o. Parcourons dans r
le sens trigonométrique en partant du point x = 1. En revenant au point
x = x
après avoir effectué un premier tour, l'argument du point aura x
augmenté de 2rr, ce qui ne change pas la détermination de ~ x + 64. Par
contre l'argument du nombre complexe xlS/ 6 = -xs1 2 aura augmenté de 2rr.
5/2 = 5x et ainsi la solution jï1 choisie au début sera envoyée sur es:n:; jï1 =
-Yi = %. Si on parcourt un second tour, le même raisonnement montre
que jï4 est envoyé sur -jï4 = jï1 • Ainsi la permutation <J de l'ensemble
r
{.Y1, .... jï6} définie en effectuant un tour complet sur permute les solutions
jï1 et jï4. On montre de la même manière que <J permute jï2 et .Ys et également
jï3 et jï6. La décomposition de <J en produit de cycles à supports disjoints
est donc constituée de trois cycles, chacun de longueur deux. Ainsi, le cycle
(jï1, jï4) -+ (jï4, jïi) donne lieu à un point B 1 de ê, le cycle (.Yz, .Ys) -+ (jïs, j/2)
à un point B 2 et le cycle (jï3, jï6) -+ (jï6, jï3) à un point B 3.
4.2. ÉTUDE DÉTAILLÉE D'UN EXEMPLE 225

Par conséquent la singularité (0, 0) donne lieu à trois points distincts


B1 , B 2 et B 3 de ê. De plus, les projections X(x, y) = x et Y (x, y) = y
définies sur C 1 se prolongent holomorphiquement en chaque point B; en
posant X(B;) = 0 et Y (B;) = 0, et X est de degré deux en chacun de ces
points. De ce fait, B; est un point de ramification de X de degré 1, i = 1, 2, 3.

Étude autour de ( oo, oo)

Effectuons les changements de variable u = 1/ x et v = 1/y. On a

P(x,y) =0 * y 6 -x 15 (x + 64) = 0
l 1 1
{:> - -
v6 uI5 u
-(- + 64) = 0
(4.2) {:> Q(u, v) := (1 + 64u)v 6 - u 16 =O.

On est ramené à étudier les solutions de l'équation (4.2) au voisinage


de la singularité (u, v) = (O. 0). Il est possible de définir une fonction
f(u) = l/ .VI + 64u sur le disque de rayon 1/100 centré au pointu = O.
Cette fonction est déterminée de manière unique sur ce disque en posant
f(O) = l. Sur ce disque, l'équation (4.2) est donc équivalente à l'équation
v6 = uI6 f(u)6.
Notons r c CC le cercle de rayon 11200 centré au pointu = 0 et posons
u* = 1/200. L'équation Q(u*, v) = 0 possède six solutions distinctes et
simples : v[ = (u*) 813 f(u*), v; = wv[, v; = w 2v[, v; = w 3v[ = -v[
v; = w4 v[ = -v; et v; = w 5v[ = -v;. Lorsque u parcourt r dans le sens
trigonométrique en partant de u = u*, à la fin du tour l'argument de u = u*
a augmenté de 2n. La valeur de f(u*) ne change pas mais l'argument de
(u*) 1616 = (u*) 813 a augmenté de 16rr/3. La solution v[ est donc envoyée
sur e 16"i/ 3v[ = w4 v[ = v;. La solution v; est envoyée sur w4 v; = v;, et
v; est envoyé sur w 4 v; = v[. également, v; est envoyée sur w 4 v; = v;,
puis v; est envoyée sur w4 v; = v; et v; est envoyée sur w 4 v; = v;.
Par conséquent, la permutation sur les solutions v[, ... , v; se décompose
en produit de deux cycles à supports disjoints, chacun de longueur 3. La
singularité (x, y) = (oo, oo) donne donc lieu à deux points distincts D 1 , D 2
de ê. Les projections X et Y se prolongent méromorphiquement en chacun de
ces points en posant X(D 1 ) = oo, Y(Di) = oo, X(D 2 ) = oo et Y(D 2 ) = oo.
L'application X est de degré 3 en chacun de ces points. Ainsi D 1 est un point
de ramification de X de degré 2 (c'est-à-dire un pôle triple), et il en est de
même pour D 2 .

On a donc
226 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

La surface ê est naturellement munie d'une structure conforme et, de ce


fait, C 1 est conformément équivalent à ê privé d'un nombre fini de points.
De plus X et Y sont des fonctions méromorphes sur C 1 qui se prolongent
en des fonction méromorphes Xet Ysur ê de degré respectif 6 et 16. Par
construction, les fonctions Xet Yvérifient la relation

(4.3)

surê.

Les fonctions méromorphes séparent les points Bi, B 2 et B 3

Nous avons vu que la fonction méromorphe X prend les mêmes valeurs


aux nouveaux points B 1 , B 2 et B 3 . Il en est de même pour la fonction Y.
Nous allons voir qu'il est cependant possible de construire une fonction
méromorphe sur ê à partir de X et Y prenant des valeurs distinctes aux
points B 1 , B 2 et B 3 .
Reprenons les notations utilisées au cours de l'étude autour du point
(0, 0). Notons Ui c ê un voisinage ouvert et simplement connexe du point
Bi, contenant le point(!, Yi), i = 1, 2, 3. On peut supposer que ui nuj = 0,
i=/=J.
Remarquons que si Ui est assez petit, on peut définir une détermina-
tion holomorphe sur chaque ouvert Ui de la fonction tfx + 64(z) en po-
sant tfx + 64(1, Yi) = WS. On peut donc écrire sur chaque ouvert Ui,
i = 1, 2, 3, la relation (4.3) sous la forme
(y 2 _)ès Vx + 64)(y 2 -w 2xs ~)(y 2 -w 4xs Vx + 64) =o.

Posons /1 Y2 - )ès VX + 64, fz Y2 - w 2xs VX + 64


et / 3 = Y2 - w4 Xs VX + 64. Les fonctions/ 1 , fz et f3 sont définies et
holomorphes sur chaque ouvert Ui, i = 1, 2, 3. De ce fait l'une d'entre elles
doit être identiquement nulle sur U 1 • On a

!1 (1, t165) = ( t165)2 - (l)s -V65= 0,


fz(I, t1'65) = ( t1'65)2 - w2(l)s -V65 = (1 - w2)-V65 =/= 0,
/3(1, t1'65) = ( t1'65)2 - w4(1)s -V65 = (1 - w4)-V65 =!=O.
Comme (1, WS') E U 1 , on obtient que / 1 est identiquement nulle sur U 1 , ce
qui entraîne / 1 (B 1) = O. On a donc

Y
~2 ~
3 - 3
::::::--(Bi) = X+ 64 (Bi)= .v64 = 4,
xs
4.3. DÉFINITION DES SURFACES DE RIEMANN 227

car X(Bi) = O. On montre de la même manière que f; est identiquement


nulle sur U;, i = 2, 3, et on obtient
~2
Y ~2
y
:::::--(B 2 ) = 4w 2 et :::::--(B 3 ) = 4w 4 .
xs xs
Par conséquent, Y2 /X 5 est une fonction méromorphe sur ê prenant des
valeurs différentes aux points B 1 , B2 et B 3 •

Exercices de la section 4.1

Exercice 4.2.1. On considère le polynôme P(X, Y) = X 5 + XY - Y 3 • On


pose
C = {(x, y) E iê 2 I P(x, y)= o}.
1) Montrer que le polynôme Pest irréductible. On note ê la surface de
Riemann définie par P.
2) Montrer que le point (0, 0) est une singularité de C.
3) On note X: ê--+ iê la projection définie sur ê n C par X(x, y) = x.
À l'aide du difféomorphisme de iê* x iê sur iê* x iê défini par
(x,y) r+ (x,t) = (x,x 4 /y), montrer que la singularité (0,0) de C intro-
duit deux points distincts de C. Montrer de plus que l'un de ces points est un
point de ramification de X de degré 1 et l'autre est un point régulier de X.

Exercice 4.2.2. On considère deux nombres entiers p, q ;::::: 2. On pose

C= {(x, y) E iê 2 I yP - Xq(X - 1) = o}.


1) Montrer que le polynôme P(X, Y)= YP - Xq(X- 1) est irréductible
dans<C[X,Y].
2) Montrer que (0, 0) est un point singulier de C.
3) On note ê la surface de Riemann compacte définie par le polynôme
YP - Xq (X - 1). Montrer que le nombre de points introduits dans la surface
de Riemann ê par la singularité (0, 0) est égal au p.g.c.d. de p et q.

4.3. Définition des surfaces de Riemann

Donnons maintenant quelques définitions qui nous permettront d'intro-


duire le concept de surface de Riemann.

Définition 4.3.1. Soient U C <C un ouvert de <C et f : U --+ <C une application
différentiable. Rappelons que f est une application conforme si f conserve
228 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

les angles orientés, définition 2.1.6. On dit que f est une application anti-
conforme si f conserve la valeur absolue des angles, comptés dans l'intervalle
[-.rr, .rr[, et renverse l'orientation, c'est-à-dire si f est conforme.
On rappelle qu'une application f est conforme sur U si, et seulement si,
f est holomorphe et sa dérivée en chaque point est non nulle, lemme 2.1.7.

Exemples 4.3.2. 1) Si f : U ~ C est une application conforme alors la


fonction g définie sur U par g(z) = f(z), est anti-conforme.
2) La fonction f(z) = z 2 est conforme sur C \ {ü} car f est holomorphe
sur Cet f'(z 0 ) =f. 0 si z0 E C \ {ü}. Par contre f n'est pas conforme au point
0 car f'(O) =O. Plus concrètement, f envoie l'axe réel sur l'axe réel positif
et l'axe imaginaire pur sur l'axe réel négatif, donc en 0 l'application f envoie
un angle droit sur un angle plat.

Remarque 4.3.3. Soit U C C une partie ouverte. Pour toute fonction


holomorphe f : U ~ C, nous avons les propriétés suivantes que nous
utiliserons fréquemment par la suite.
1) Notons P (resp. Q) la partie réelle (resp. imaginaire) de f: f = P + iQ.
Pour tout z E U notons Jacz f le jacobien de f en z, ainsi
aP aP
ax
ay (z) = (aP ao _ aP ao)(z),
ao aQ ax ay ay ax

où l'on a posé z = x + iy. Par ailleurs, on a


2
If , 12 (z) = J1(af
- - .af)J
-1 - (z)
ax
2 ay
=~laP +ao+i(ao_aP)J\z).
4 ax ay ax ay
Les équations de Cauchy-Riemann, théorème 1.3.6, nous donnent alors
Jaczf = lf'(z)l 2
pour tout z EU.
2) f est une application ouverte, théorème 1.3.34.
3) Si f est de plus injective sur U alors f est un difféomorphisme conforme
de U sur f(U).
4) Soit z0 EU. Si f'(z 0 ) = 0, on a près de z0 le développement suivant de
f,
4.3. DÉFINITION DES SURFACES DE RIEMANN 229

Il existe un voisinage U C U de z0 et un voisinage V C <C de f(z 0 ) pour


lesquels tout point y de V \ {f (z 0 )} admet n antécédents distincts dans
U. Bien sûr, le seul antécédent de f (z 0 ) dans U est z0 . Par conséquent,
la restriction de f à U est un revêtement ramifié de U sur V d'ordre n,
définition 1.2.14. C'est-à-dire que z 0 est un point de ramification (ou un point
de branchement) de f d'ordre (ou de degré) n - 1, ou encore, de manière
équivalente, que z 0 est un antécédent de multiplicité n de f (z 0 ).

Corollaire 4.3.4. Soit U C <C une partie ouverte et soit f une fonction
méromorphe et injective sur U. Alors f admet au plus un zéro et il est simple.
également, f admet au plus un pôle et il est simple.

Définition 4.3.5. Soit M un espace topologique connexe, séparé. Rappelons


qu'un atlas, Ai = {(U;, <p;, V;) 1 i E I}, de dimension deux sur M est
la donnée d'un recouvrement ouvert (V;);e 1 de M, d'une famille (U;);e 1,
d'ouverts de IB. 2 et pour tout i E 1, d'un homéomorphisme <p; : U; -+
V; = <p; (U; ), définition 1.1.6. On dit alors que M muni de l'atlas Ai est une
variété topologique de dimension 2 ou encore une surface topologique. On
dit que M est une surface de Riemann si les applications de changement de
cartes sont conformes. Plus précisément, soient (U;, <p;, V;) et (U j, <p j, V j)
deux cartes extraites de l'atlas Ai telles que (fig. 65) <p;(U;) n <pj(Uj) -:/:- 0.
Soit lf!u l'application de changement de cartes

lf!u := ipj 1 o <p;: ip;- 1 (V; n vj)-+ ipj 1 (V; n vj)-

<p; <p j

U; _ _,___

Fig. 65.
230 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Nous demandons alors que i/!iJ soit une application conforme. On dira
que l'atlas A confère à M une structure conforme 4 . Notons que deux atlas
distincts de M peuvent conférer deux structures conformes distinctes à
M. Nous verrons, par exemple, à la section 4.7 que si M est une surface
homéomorphe à un tore, il existe une infinité de structures conformes
distinctes sur M. Il en est de même si M est homéomorphe à un anneau,
section 4.8.

Exemples 4.3.6. 1) Le plan complexe C est une surface de Riemann définie


par une seule carte : cp : C ---+ C avec cp(z) = z. De même tout ouvert de C
est une surface de Riemann, par exemple

lHI 2 ={zECIIm(z)>O} et ][J)={zECl[z[<l}.

2) Soit § 2 = {(x, y, z) E R 3 1 XT + x~ + x~ = 1}, la sphère unité de JR 3 •


Considérons N = (0, 0, 1) le pôle nord de § 2. Nous définissons la projection
stéréographique par rapport au pôle nord, II, de § 2 \ {N} sur C (fig. 66) par

II : §2 \ {N} ---+ C
X1 + ÎX2
p = (x1,X2,X3) 1-+ = z = u + iv = II(P).
l -X3

II(P)

Fig. 66. Projection stéréographique

En fait, pour tout P E § 2, le point II(P) E C est l'intersection de la droite


de R 3 passant par N et P avec le plan complexe C. Clairement, II est une
bijection de § 2\ {N} sur C dont l'application inverse est

II-l(z) = II-l(u + iv) = (2u, 2~, u22+ v2 -1).


U +V +1
Remarquons que II se prolonge en une bijection de § 2 sur iê en posant
II(N) =OO.
4. On peut montrer qu'une surface de Riemann est nécessairement à base dénom-
brable, définition 1.1.1. Voir par exemple Ahlfors-Sario (4, Chapter Il, Section 3.12]
4.3. DÉFINITION DES SURFACES DE RIEMANN 231

Nous allons munir § 2 d'un atlas qui lui conférera une structure conforme.
Pour cela considérons l'inverse de la projection stéréographique par rap-
port au pôle nord N = (0, 0, 1), <p 1 : C --+ § 2 \ {N}. Considérons égale-
ment l'inverse de la projection stéréographique par rapport au pôle sud
S = (0,0,-1),<p 2 : C--+ § 2 \ {S}.
Nous définissons les cartes (C, lft 1 , § 2 \ {N}) et (C, lft2 , § 2 \ {S}) par

(z) _ (7 ) __ (2u, 2v, u 2 + v2 - 1)


1/11 - <{J1 - - 1 + u2 + v2 ,

_ (2u,-2v,1-u 2 -v 2 ) .
1/t2 (z) = <p 2 (z) = 1 + u2 + v2 , z = u + z v.
Les changements de cartes sont

ift-; 1 o 1/11 = lft-; 1 o 1/12 : c* --+ c*


1
z f-+ - .
z
Les changements de cartes sont donc bien conformes. La sphère § 2 munie
de la structure conforme que l'on vient de définir est appelée la sphère de
Riemann.
À l'aide de la projection stéréographique nous identifions § 2 avec iê,
c'est-à-dire avec C U {oo}, où oo est le point à l'infini de C, ce que nous
avions d'ailleurs déjà fait à la section 4.1. Nous munissons également iê de la
topologie telle que la bijection Il : § 2 --+ iê soit un homéomorphisme. Ainsi,
une partie U c iê est ouverte si, et seulement si, rr- 1 (U) est une partie
ouverte de § 2 •

Définition 4.3.7. Soient Met N deux surfaces de Riemann.

1) Une application conforme (resp. holomorphe) f de M dans N est une


application qui est localement conforme (resp. holomorphe).
Plus précisément, cela signifie que pour tout point z de M, pour toute
carte (U, <p, V) de M autour de z et pour toute carte (U, rp, V) de N autour
de /(z) (U et U sont des ouverts de Cet <p(U) = V (resp. rp(U) =V) est un
ouvert de M (resp. N) contenant z (resp. f(z))) l'application (rp- 1 of o <p)
est une application conforme (resp. holomorphe) sur un voisinage de <p- 1 (z)
dans C.
2) Une équivalence conforme, ou transformation conforme, entre Met N
est un homéomorphisme conforme de M sur N. On dit alors que les surfaces
de Riemann M et N sont conformément équivalente Il découle des définitions
que si f : M --+ N est un homéomorphisme conforme de M sur N alors
1- 1 : N--+ M est un homéomorphisme conforme de N sur M.
232 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

3) Considérons le cas particulier où N = § 2 ~CU {oo}. Soit f : M-+ § 2


une application holomorphe, si la valeur oo est prise par f on dit alors que
f est une fonction méromorphe. Si la valeur oo n'est pas prise par f on dit
que f est une fonction holomorphe

Exemples 4.3.8. 1) Considérons les surfaces de Riemann IHI 2 et ][)). On


rappelle que l'application <p définie par
<.P : IHI2 -+ ][))
z -i
z ~ cp(z) = - - . ,
z+z
est une équivalence conforme de IHI2 sur ][)).
2) Pour tout r > 0 notons Dr le disque ouvert de rayon r,

Dr= {z E C l lzl < r}.


L'application hr définie par
hr: ][))-+Dr
z ~ hr(z) = rz

est une équivalence conforme de][)) sur Dr.


3) Il n'existe aucune équivalence conforme de C sur][)), puisque toute fonc-
tion holomorphe et bornée définie sur C est constante, comme l'affirme le
théorème de Liouville, théorème 1.3.21. Notons que le théorème d'unifor-
misation de Riemann, théorème 4.6.1, affirme que tout ouvert simplement
connexe de C, distinct de C, est conformément équivalent au disque][)).
4) La caténoïde C, exemple 4.4.4, et C* sont conformément équivalents
et l'application X de C* sur C donnée dans l'exemple est une équivalence
conforme.

Nous allons maintenant déterminer les transformations conformes de


§2• Remarquons que si f est une transformation conforme de § 2 , alors le
difféomorphisme 1- 1 : § 2 -+ § 2 est aussi une transformation conforme. Il
est donc clair que l'ensemble des transformations conformes de § 2 muni de
la loi de composition est un groupe.

Définition 4.3.9. Nous appellerons le groupe des transformations conformes


de § 2 le groupe de Mobius de § 2 , nous le noterons Ms.

Théorème 4.3.10. Le groupe de Mobius de § 2 est

Ms= {z ~ cz + db
az + 1
a, b, c, d E C, ad - be f. O} .
4.3. DÉFINITION DES SURFACES DE RIEMANN 233

Démonstration. Tout d'abord il est clair que les applications de la forme

f(z) = -az-+db, a, b, c, d E «::.ad -be =f:. 0


cz +
sont toutes des bijections de § 2 sur § 2 . De plus ces applications sont
conformes, lemme 2.1.7. Ce sont donc des transformations conformes de
§2.
Inversement, soit f une transformation conforme de § 2 . Comme f est
une bijection f a un seul pôle et un seul zéro sur § 2 , et ils sont nécessairement
d'ordre 1, corollaire 4.3.4. Notons-les respectivement z 1 et z 2 ,

f(zi) = oo, f(z2) = O.

Supposons z 1 , z2 =f:. oo et considérons l'application g sur § 2 définie par


Z - Z2
( )
gz =--
z-z1
pour tout z E § 2 . L'application g est une transformation conforme de § 2 . De
plus, l'application (f / g) est définie et est holomorphe sur § 2 et n'admet ni
pôle ni zéro, ainsi l'image de § 2 par (f / g) est contenue dans § 2 \ { 0, oo}. Par
ailleurs, § 2 est compacte, ainsi son image par (f / g) est également une partie
compacte de § 2 . Par conséquent, l'image de (f / g) est contenue dans une
partie compacte de § 2 \ { 0, oo} et, de ce fait, dans une partie compacte de«::*.
Nous déduisons de ceci que (f / g) est une application holomorphe et bornée
sur«::. Nous concluons grâce au théorème de Liouville, corollaire 1.3.21, que
(f / g) est une application constante, nous la noterons À. Par conséquent,
Z -Z2
f(z) =À g(z) = À - - ,
Z -Z1

pour tout z E § 2 , ce qui montre que f est bien de la forme énoncée. Si


maintenant z 1 = oo (resp. z2 = oo) on applique le même argument avec la
1
fonction g(z) =z- z2 (resp. g(z) = --),ce qui conclut la preuve. 0
Z -Z1

Remarques 4.3.11. 1) Rappelons que dans le plan hyperbolique, (IHI 2 , glH!),


toute transformation conforme est une isométrie, théorème 2.1.22. Cepen-
dant, les transformations conformes de la sphère § 2 ne sont pas toutes des
isométries. Considérons par exemple les applications ha.

ha : iê --+ iê
z 1-+ ha(z) = az,
où a E ]O, +oo[ \ {1}. Si nous ramenons ces applications sur § 2 à l'aide de la
projection stéréographique par rapport au pôle nord, nous voyons que ces
234 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

applications envoient le grand cercle S 1 {x 3 = ü} de § 2 sur les cercles


a2 - 1
de § 2 appartenant aux plans {x 3 = - 2 - - 1 a -/- 1}. Les applications ha
a +1
ne conservent donc pas la longueur des courbes et ne sont donc pas des
isométries de § 2 .
2) On pourrait également montrer de la même manière que dans la
preuve du théorème 4.3.10, que les fonctions méromorphes sur § 2 sont
nécessairement des fractions rationnelles, c'est-à-dire des fonctions f de la
forme
P(z) 2 ~
f(z) = - , Z E § '.:::'. C,
Q(z)
où P et Q sont deux polynômes premiers entre eux à coefficients complexes.
3) Pour une fraction rationnelle donnée sur la sphère § 2 , f = P /Q, on
peut s'intéresser à sa dynamique. Plus précisément, pour un point z 0 fixé
de § 2 on se demande où vont les itérés de z0 par f, c'est-à-dire la suite des
points fn(x 0 ), n EN, où on pose

/ 0 =Id, / 1 = f et fk+ 1 = f o fk, k EN.

L'étude de l'itération de fractions rationnelles a essentiellement com-


mencé au début du vingtième siècle avec P. Fatou et G. Julia qui travaillèrent
indépendamment sur le sujet.
Pour une fraction rationnelle f donnée sur § 2 on définit l'ensemble de
Fatou de f, noté F(/), de la manière suivante : un point z0 de § 2 est dans
l'ensemble de Fatou de f s'il existe un voisinage U de z0 tel que de toute
suite de fonctions dans l'ensemble des itérés de f, c'est-à-dire {fn 1 n E N},
on puisse extraire une sous-suite convergeant sur toute partie compacte de
U vers une fonction méromorphe. Puis, on définit l'ensemble de Julia de f,
noté J(f), comme le complémentaire dans § 2 de l'ensemble de Fatou de f,

J(f) = §2 \ F(f).

Par exemple, pour la fonction f(z) = zn, n E N, n ?: 2, l'orbite de


tout nombre complexe de norme strictement inférieure (resp. supérieure)
à 1 converge vers 0 (resp. oo ), ainsi l'ensemble de Fatou de f est le
complémentaire du cercle unité et l'ensemble de Julia de f est le cercle
unité,

Dans [60, Section 6], J. Milnor montre que l'ensemble de Julia de la fonction
f(z) = z 2 - 2 est l'intervalle fermé [-2, 2]. Il montre de plus qu'il existe
des fractions rationnelles pour lesquelles l'ensemble de Julia est la sphère § 2
entière.
4.3. DÉFINITION DES SURFACES DE RIEMANN 235

Cependant, l'ensemble de Julia d'une fraction rationnelle n'est pas tou-


jours aussi régulier, il peut par exemple être un ensemble de Cantor ou une
courbe de dimension de Hausdorff strictement supérieure à 1, voir [60].
Un grand nombre de personnes ont travaillé sur ce sujet et l'ont fait
progresser sensiblement. On peut trouver une étude détaillée ainsi qu'une
bibliographie dans Milnor [60].

Corollaire 4.3.12. Le groupe des transformations conformes de C (ou le


groupe de Mobius de C) est

Mc= {z f-+ az +b 1 a E C*, b E c}.


Par conséquent, si f est une transformation conforme de C sans point fixe
alors f est une translation: f(z) = z + b, b E C*.

Démonstration. Remarquons que les applications z r-+ az+b avec a E C* et


b E C, sont des bijections de C sur C et donc des transformations conformes
de C
Inversement, soit f une transformation conforme de C. Supposons, dans
un premier temps, que

(4.4) lim f(z)


z-+oo
= oo.

En ce cas f se prolonge en une bijection de § 2 qui fixe le point oo. Montrons


que le prolongement de f est une transformation de Mobius de § 2 • Soit c un
nombre réel strictement positif. Posons

Considérons l'équivalence conforme g de ê définie par g(z) = 1/z pour


tout z E ê.
Sic est suffisamment petit alors l'ouvert (f o g)(D,;) ne contient pas le
point 0 ni même dans son adhérence: 0 1- (f o g)(D,). De plus, comme
(f o g)(O) = oo on a (g o f o g)(O) = O. Cela entraîne que la partie
V:= (go f o g)(D,) est un ouvert borné de C
De ce fait l'application g o f o g : D, --+ V est continue, bornée et
holomorphe sur D, \ {O}. Nous déduisons de la proposition 1.3.25 que
g o f o g est holomorphe aussi en O. Par conséquent f se prolonge en
une transformation de Môbius de § 2 :::::: ê qui fixe le point oo. Connaissant
déjà le groupe des transformations de Môbius de § 2 , théorème 4.3.10, nous
pouvons montrer que les seules transformations fixant le point oo sont de la
forme f(z) = az + b, avec a, b E Cet a -/=-O. Il suffit donc de prouver que
toute transformation conforme de C satisfait la propriété (4.4 ).
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

La propriété (4.4) est équivalente à


VM > 0,3R > 0 [ Vz E C, [z[ > R::::} [f(z)[ >M.

Soit M > 0 un nombre réel. La boule fermée B(O, M) centrée à l'origine


et de rayon M est une partie compacte de <C. Comme f est un homéomor-
phisme, 1- 1 (B(O, M)) est une partie compacte de <C. Il existe donc un réel
R > 0 tel que que 1- 1 (B(O, M)) soit contenue dans la boule de rayon R,
1- 1 (B(O, M)) c B(O, R). On a donc pour tout z E <C :
[z[ > R::::} z ~ /- 1 (B(O, M))
::::} /(z) ~ B(O, M)
::::} [/(z)[ > M,

ce qui montre la propriété (4.4).


Finalement soit f une transformation conforme de <C, l'application f
est donc de la forme f(z) = az + b, avec a E <C* et b E <C. Notons que si
a =/= 1 alors f admet comme point fixe le point z0 = b/(l - a). De ce fait, si
f n'a pas de point fixe alors nous devons avoir a = 1 et f est de la forme
f(z) = z + b avec b E <C*, ce qui conclut la preuve. D

Définition 4.3.13. Soient M une surface de Riemann et F une fonction définie


sur Mn := Mx··· x M, n E N*, ou une forme définie sur M, définition 4.5.11.
On dit que Fest un invariant conforme si Fest invariant sous l'action des
équivalences conformes de M, définition 4.3.7. Plus précisément, pour toute
équivalence conforme h de M, si F est une fonction sur Mn, on doit avoir
pour tout point (z 1 , ... , Zn) de Mn

et si F est une forme sur M on doit avoir


h*(F) = F.

Exemple 4.3.14. Soit lDl le disque unité ouvert et soit h une équivalence
conforme de lDl. Nous avons vu à la proposition 2.1.8 que h est de la forme
· Z -Zo
h(z) = e'() · _ , 8 E ~, Zo E JDl.
ZoZ - 1
Considérons la fonction F sur lDl x lDl définie par

F(z 1 ,z 2) = 1 21 -=. 2 2 1. z 1 ,z2 E lDl.


1- Z1Z2

On vérifie facilement que


4.3. DÉFINITION DES SURFACES DE RIEMANN 237

pour tout h E M[Jl, de ce fait Fest un invariant conforme de ][l). De plus, en


faisant tendre z 1 vers z2 dans la dernière égalité et, en remplaçant z2 par z,
on obtient pour tout z E ][l),
lh' (z) 1
1 - lh(z)i2 1 - lzl 2 ·
On a donc

h* ( 4 ldzl 2) = 4 ldh(z)i2
(1 - lzl 2) 2 (l - lh(z)l2) 2
= 4lh'(z)l2 ldzl2
(1 - lh(z)l2) 2
4 Id 12
(1 - lzl2)2 z ,
pour tout h E M[Jl.
Par conséquent les équivalences conformes de ][l) sont des isométries de

mum• d e l a metnque
IIJJ , . h yperb o l'1que g[Jl = ( 2ldzi N . d'''
1 - lzl 2 . ous av10ns e1a
)1
démontré ceci d'une autre manière à la section 2.3, proposition 2.3.5.

Exercices de la section 4.3

Exercice 4.3.1. Soit T : § 2 -+ § 2 la transformation de Môbius définie par


az + b
T(z) =- -, ad - be= 1, a, b, c, d E <C, c =!=O.
cz +d
On appelle cercle isométrique de T, et on note h, le cercle

h = {z E <Cl icz +dl= l}.


1) Montrer que T envoie son cercle isométrique sur le cercle isométrique
de l'application inverse T- 1 , c'est-à-dire

2) Montrer qu'à l'intérieur de IT les longueurs et les aires augmentent sous


l'action de Tet qu'à l'extérieur elles diminuent.
3) Montrer que T est une isométrie pour la métrique canonique de § 2 ,
exemple 4.4.4-2,
gs = ( 1 :lzl2) 2 ldzl2
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

si, et seulement si,

a= d, c = -b, lal 2 + lcl 2 = 1.

4) On suppose que Test une isométrie pour la métrique gs et de plus que


a+ a =j:. O. Montrer que h et IT-1 se rencontrent en deux points qui sont les
points fixes pour T.

Exercice 4.3.2. Soit f une transformation de Môbius de § 2 , soit C un cercle


ou une droite de § 2 et soient z . .:* = lc(z) deux points symétriques par
rapport à C. Montrer que f envoie (z, z*) sur deux points symétriques par
rapport au cercle (ou droite) f(C), c'est-à-dire montrer que l'on a

f(Ic(z)) = lt(C)(f(z))
pour tout z E C.

Exercice 4.3.3. Soient z 1, z2, z 3 et z4 quatre points de C vérifiant z 1 =j:. z2 et


z 3 =j:. z 4 • Montrer que

Exercice 4.3.4. Soient z 1, z2, z 3 et z4 quatre points distincts de ê. On appelle


birapport de z 1. z2, z 3, z4, et on note [z 1, z2, z 3, Z4], le nombre

Si l'un des points est le point à l'infini, on définit le birapport par passage à la
limite.
1) Montrer que le birapport est un invariant conforme, c'est-à-dire que
pour toute transformation de Môbius f de § 2 on a

2) Soient z;, z~, z~ et z~ quatre points distincts de ê.


Montrer que l'on a ê\ {z 1, z2, z 3, z4} '.: : '. ê\ {z;, z~, z~, z~} si, et seulement
si, il existe une permutation a de l'ensemble { 1, 2, 3, 4} telle que

[z 1, z2, Z3, Z4] = [z~(l)• z~( 2 )' z~( 3 ), z~( 4)].

Exercice 4.3.S. On considère une fraction rationnelle R(z) sur ê, c'est-à-dire


le quotient de deux fonctions polynomiales. Soit a E C, on dit que a est un
point fixe de R si R(a) =a. Soit a E C un point fixe, on dit que a est attractif
(resp. répulsif) si IR'(a)I < 1 (resp. IR'(a)I > 1). Si IR'(a)I = 1 on dit que a
est un point fixe indifférent.
4.4. CARTES ISOTHERMES ET STRUCTURE CONFORME DÉDUITE D'UNE MÉTRIQUE 239

Soit z0 un point fixé de <C. On définit une suite (zn)neN de C en posant


z1 = R(z 0 ), z 2 = R(zi) et, plus généralement, Zn+I = R(zn), n ?: O.
1) Montrer que si la suite (zn) converge vers un point~ E C alors~ est un
point fixe de R.
2) Montrer que si z0 est suffisamment près d'un point fixe attractif a E C,
alors la suite (zn) converge vers a.
3) On suppose que Rest une isométrie parabolique du plan hyperbolique
JH[ 2 . On appelle a le point fixe de R (rappelons que a E él 00 JH[ 2 , voir la section
2.4). Le point fixe a est-il attractif?
4) On suppose maintenant que Rest une isométrie hyperbolique de JH[ 2 .
La transformation R a-t-elle un point fixe attractif? répulsif?

Exercice 4.3.6. Soient w I, w2 E D, deux points distincts.


1) Montrer que

2) En déduire que l'expression

ll-w1w21 2

est un invariant conforme de D, définition 4.3.13.

4.4. Cartes isothermes et structure conforme déduite d'une


métrique

Soient U, V deux ouverts de Cet f : U--+ V une application conforme.


Munissons V de la métrique euclidienne g de C et U de la métrique g induite
par f, c'est-à-dire telle que

gp(ü, v) = g1 <P>(Dpf(ü). Dpf(v))


= (Dpf(ü). Dpf(v))
v
pour tout point p E U et tous vecteurs Ü. E T PU, où (· . ·) désigne le
produit scalaire euclidien de C identifié à ffi. 2 . On a

(Dpf(ü), Dpf(v)) = U'(p). ü. J'(p). v)


= lf'(p)l2(ü, v).
et ainsi
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Par conséquent, la métrique g est proportionnelle à la métrique euclidienne


g en chaque point de U.
Inversement, soit h : U -7- V un difféomorphisme local conservant
l'orientation, tel qu'en chaque point la métrique g de U (induite par h et la
métrique euclidienne g sur V) est proportionnelle à la métrique euclidienne.
Il existe donc une fonction À : U -7- lR * telle que

v
pour tout point p E U et tous vecteurs ü, E T PU. Par conséquent, pour
chaque point p E U la différentielle Dph : TpU -7- Th(p)V conserve les
angles (non orientés). Comme h conserve de plus l'orientation, h est donc
une application conforme, ce qui prouve le résultat suivant.

Proposition 4.4.1. Soient U, V deux ouverts de <C et f : U -7- V un difféomor-


phisme local conservant l'orientation, soit(·, ·}le produit scalaire euclidien
sur <C. Alors l'application f est conforme si, et seulement si, il existe une
fonction À : U -7- lR * vérifiant

pour tout point p E U et tous vecteurs Ü, v E T PU.


Définition 4.4.2. 1) Soit M une surface de classe en, n E N *. On définit
une métrique g sur M de classe Ck, k E N, k ::::: n, en définissant un produit
scalaire gp en chaque point p de M. De plus pour chaque carte (U, <p, V) de
M où U C <C, V C M et <p : U -7- V est un homéomorphisme, on demande
que les fonctions

soient de classe ck sur V, où x et y sont les coordonnées de U définies par


la carte. Considérons ensuite deux vecteurs tangents en un point p E V :
_ a a _ ,a ,a
u = X âx + Y ây et v =X âx +Y ây. On a donc

(4.5) gp(Ü, v) = E(p)XX' + F(p)(XY' + YX') + G(p)YY'


(4.6) gp(Ü, Ü) = E(p)X2 + F(p)2XY + G(p)Y2 .
On rappelle qu'on peut toujours déduire (4.6) de (4.5) et que la notation
«classique » pour (4.6) et (4.5) est
ds 2 = Edx 2 + 2Fdxdy + Gdy 2 •
Remarquons que, à l'aide de la métrique g, nous pouvons définir l'angle
v
(non orienté) entre les vecteurs Ü et tangents en p comme étant le réel
4.4. CARTES ISOTHERMES ET STRUCTURE CONFORME DÉDUITE D'UNE MÉTRIQUE

fJ E [O, n:] vérifiant


cos(8) = _ _gp(ü, v)_ _ 112 •
(gp(u, u) · gp(v, v))
2) Soit (M, g) une surface riemannienne et soit (U, <p, V) une carte locale
où U c <C, V c M et <p : U -+ V est un difféomorphisme de classe
C 1 • La métrique g et <p induisent une métrique g sur U. Nous dirons alors
que (U, <p, V) est une carte isotherme si g est proportionnelle à la métrique
euclidienne, c'est-à-dire s'il existe une fonction À : u -+ nr telle que
gx(ü. v) = À 2 (x)(ü, ïi)
v
pour tout point x E U et tous vecteurs Ü, E T x U. On dit aussi que
les coordonnées (x 1 , x 2 ) de U sont des coordonnées isothermes. Dans ces
coordonnées la métrique g de M s'écrit
ds 2 = g = À 2 (dx 2 + dy 2 ).
Une carte isotherme est donc une carte C 1 conservant les angles.
3) Soit M une surface de classe en, n :::;:: 1. On dit qu'une application
X : M -+ IR 3 de classe en est une immersion si en chaque point p E M
l'application linéaire tangente D pX: T pM-+ IR 3 est de rang 2, c'est-à-dire:
dim Ker(D pX) = 0 pour tout p E M. Par conséquent, si X : M -+ IR 3 est
une immersion, pour tout point p E M et pour tous vecteurs tangents en p
et linéairement indépendants ü et v, les vecteurs images D pX(ü) et D pX(v)
sont aussi linéairement indépendants dans IR 3 .
Remarquons que l'on peut munir M d'une métrique g induite par l'im-
mersion X. Pour tout point p E M et pour tous vecteurs tangents en p,
ü, v ET pM, nous posons: gp(Ü, v) := (DpX(Ü), DpX(v)), où(·, ·}désigne
le produit scalaire euclidien de IR 3 . Nous appellerons g la métrique induite
sur M par l'immersion X.
4) Soit une surface M munie d'une métrique g, on considère une immersion
X: M-+ IR 3 . Nous dirons que X est une immersion conforme si pour tout
v
point p E M et pour tous vecteurs ü et tangents en p, l'angle entre les
v
vecteurs Ü et (mesuré avec la métrique g, voir la partie 1) est égal à
l'angle entre les vecteurs DpX(ü) et DpX(v) de IR 3 (mesuré avec la métrique
euclidienne de IR 3 ).
Considérons deux cartes isothermes (U 1 , <p 1 , V i) et (U 2 , <p2 • V 2 ) d'une
surface, avec V 1 n V 2 =f:. 0. D'après la proposition 4.4.1, le changement de
cartes <pz 1 o <p 1
<p:; 1 0 'Pl : <p;- 1(V1 n V 2)
<p:; 1(V1 n V 2)
-+
est une application conforme ou anti-conforme selon que <p2 1 o<p 1 conserve ou
non l'orientation. Le lemme suivant nous permettra par la suite de construire
des surfaces de Riemann.
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Lemme 4.4.3. Soit (M, g) une surface de classe Ck, k ~ 1, munie d'une
métrique de classe C 1 • Au voisinage de chaque point de M il existe une carte
isotherme.

Nous renvoyons le lecteur à Chern [15] pour une démonstration du lemme.


Notons que Gauss avait démontré le résultat lorsque M et la métrique g sont
de classe cxi. Ce résultat a été généralisé dans le cas où la métrique est de
classe C 1 par Chern.
Nous pouvons maintenant à l'aide du lemme 4.4.3 et de la proposi-
tion 4.4.1 construire des surfaces de Riemann de la manière suivante.
Soit (M, g) une surface orientable munie d'une métrique C 1 , d'après
le lemme 4.4.3 en chaque point de M nous pouvons construire une carte
isotherme. D'après la proposition 4.4.1 chaque changement de cartes est
conforme ou anti-conforme, ce qui nous permet, en tenant compte des
orientations, de construire un atlas conforme. De ce fait M est ainsi munie
d'une structure de surface de Riemann.

Exemples 4.4.4. 1) Soit C la caténoide (fig. 67), l'image de <C* par l'appli-
cation X,

X: <C* -7 R3

z = x + iy 1( -X
- x , 2-y 2 - y, log (x 2 + y 2) )
+y 2
1-+ - 2
2 X X +y
= (x1 (z), x2(z) , X3(z)).

Fig. 67. Caténoïde


4-4· CARTES ISOTHERMES ET STRUCTURE CONFORME DÉDUITE D'UNE MÉTRIQUE 243

Calculons la métrique g induite sur C \ {ü}, on a


ax 1( x2 - y2 2xy 2x )
âx = 2 (x2 + y2)2 - l, (x2 + y2)2' x2 + y2 '
ax 1( 2xy y2- x2 2y )
ây = 2 (x2 + y2)2 ' (x2 + y2)2 - l, x2 + y2 '

ainsi

_
gz(âx, âx) =
(ax ax) 1 (l+x
âx, âx = 4
2 +y 2 ) 2
x2 + y2 ,

_ (ax ax)
gz(âx, ây) = âx, ây = 0,

_
gz(ây, ây) =
(ax ax)
ây, ây = 41 (1+x +y
x2 + y2
2 2) 2 _
= gz(âx, âx).

Par conséquent

- = ~ ( 1 + x2 + y2 )2 (d 2 d 2)
gz 4 x2 + y2 x + y ,

ainsi X est une application conforme de C* sur C, il est par ce fait facile de
construire un atlas conforme sur la caténoïde C. On munit de cette manière
C d'une structure de surface de Riemann conformément équivalente à C*.

2) Considérons de nouveau la projection stéréographique par rapport


au pôle nord N, II : § 2 \ {N} ---+ C, exemple 4.3.6-2. Posons ift 1 = II- 1,
rappelons que l'on a

.
ift1(z)=ift1(u+1v)=
(2u,2v,u 2 +v 2
2 2
-l) =(x1,X2,x3).
U +V + 1

De ce fait on obtient

dx = 2(1 - u 2 + v 2 )du - 4uvdv


I (1 + u2 + v2)2 ,
2(1 + u2 - v 2 )dv - 4uvdu
dx
2
= --- -------
(! + u2 + v2)2 ,
dx = 4udu + 4vdv
3 (! + u2 + v2)2 ,

par conséquent si g est la métrique sur C induite par II et la métrique


canonique gs de § 2 on a
244 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

g = cn- 1)*gs = dx~ + dx~ + dx~


=4------
du 2 + dv 2
(I + u2 + v2)2
4 2
= (1 + lzl2)2 ldzl ,
et donc
g= c r +21zl2 ldzl2,
ainsi (<C. if! 1 • § 2 \ {N}) est une carte isotherme de § 2 • On peut montrer de
la même manière que (<C, if!2 , § 2 \ {S}) est aussi une carte isotherme (voir
l'exemple 4.3.6-2 pour les notations).

Remarque 4.4.S. Considérons la caténoïde, exemple 4.4.4-1.


1) Si TI désigne la projection stéréographique de § 2 \ {N} sur <C, il est
facile de vérifier que pour tout point z de <C*, n- 1 (z) est un vecteur unitaire
normal à la surface C = X(<C*) au point X(z). De cette manière C est
paramétrée par l'un de ses deux champs de vecteurs unitaires et normaux.
2) La caténoïde C est une surface de révolution et il est immédiat que ses
coordonnées vérifient

où ch(·) désigne le cosinus hyperbolique. De ce fait, C est la surface de


révolution, par rapport à l'axe des x 3 , engendrée par le graphe de la fonction
x 1 = ch(x 3 ). Cette courbe, la chaînette, représente la position d'une chaîne
dans un champ de gravité horizontal constant.

Nous allons présenter maintenant une application de la théorie des


fonctions d'une variable complexe aux surfaces minimales. Pour cela nous
présentons d'abord quelques notions de géométrie

Définition 4.4.6. Soient M une surface orientable et X : M -+ JR 3 une


immersion de M dans JR 3 de classe en, n ;?:: 2. Pour chaque p E M appelons
N(p) l'un des deux vecteurs normaux unitaires de X(M) au point X(p). En
fixant une orientation de lR 3 on peut donc définir une application N de M
dans § 2 de classe cn- 1 , cette application est appelée l'application de Gauss
de X(M).
Pour chaque point p E M et chaque vecteur tangent non nul Ü de X(M)
au point X(p) appelons TI(p, ü) le plan passant par X(p) et engendré par
les vecteurs u et N(p). L'intersection du plan TI(p, u) avec X(M) est une
courbe plane régulière de classe en près de X(p). Nous appellerons courbure
normale en X(p) de direction ü la courbure de cette courbe au point X(p)
calculée par rapport à l'orientation normale donnée par N(p), et nous la
4.4. CARTES ISOTHERMES ET STRUCTURE CONFORME DÉDUITE D'UNE MÉTRIQUE 245

noterons k(p, ü) . Il est géométriquement clair que k(p, ü) ne dépend que


de la direction du vecteur ü et non pas de sa norme. Par conséquent on
peut supposer llü Il = 1 et ainsi k(p, -), pour p fixé, est une application
de classe cn- 2 définie sur l'ensemble des vecteurs de norme 1 du plan

tangent de X(M) au point X(p). Cet ensemble est une partie compacte
du plan tangent de X(M) au point X(p), homéomorphe au cercle de rayon 1
du plan IR 2 . De ce fait k(p,-) atteint un minimum et un maximum que
nous désignerons respectivement par k 1 (p) et k 2 (p) et que l'on appelle
les courbures principales de X(M) au point X(p). Les directions tangentes où
ces valeurs sont prises sont appelées les directions principales au point X(p)
(fig. 68).

Fig. 68. S = X(M), R; = 1/ k;

Nous définissons la courbure moyenne et la courbure de Gauss de X(M)


au point X(p), notée respectivement H(p) et K(p), par

et K(p) = k1 (p) · kz(p).

On dit que X est une immersion minimale, ou que X(M) est une surface
minimale de IR 3 , si la courbure moyenne de X(M) est nulle en chaque point
de X(M): H(p) = 0 pour tout p E M (voir Berger-Gostiaux [12], Do Carmo
[23], Montiel-Ros [61] ou Spivak [75] pour une introduction à la géométrie
des surfaces de JR 3 ).
Cette dénomination est justifiée par le fait suivant. Si X est une immersion
minimale, on peut montrer que pour tout point p E M il existe un voisinage
U de X(p) dans X(M), X(p) EU c X(M) c IR 3 , tel que pour toute courbe
de Jordan r c U c X(M), la partie de X(M) bordée par r (et contenue
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

dans U) possède la plus petite aire parmi toutes les surfaces de JR 3 bordées
par r.
Remarque 4.4.7. Supposons maintenant que M soit une surface de Riemann
et que X soit une immersion conforme de M dans lR 3 . Cette propriété se
traduit analytiquement sur chaque carte (U, <p, V) de M par les conditions
E(p) = G(p) et F(p) = 0 pour tout point p E V (les fonctions E, F et
G ont été introduites à la définition 4.4.2-1). Soit N le champ de vecteurs
. . ax ax . .
normal umtaire sur X(M) tel que ( ax, ay, N}(z) SOJt une base dITecte de
JR 3 pour tout z E M, où localement z = x + iy. En désignant la projection
stéréographique de § 2 sur êè par rapport au pôle nord par Il, la composée
Il o N est une application de M dans êè que l'on désignera par g: g = Il o N.
On peut montrer que X(M) est une surface minimale de lR 3 si, et seulement
si, g est une fonction méromorphe sur M, voir Osserman (67].
Exemple 4.4.8. D'après la remarque 4.4.5-1 sur la caténoïde, exemple 4.4.4,
on a g(z) = z pour tout z E C*. D'après la remarque 4.4.7 la caténoïde est
une surface minimale de IR 3 • Nous avions déjà vu que la caténoïde est une
surface de révolution. Il est facile de montrer que la caténoïde est la seule
surface minimale de révolution de lR 3 , à une homothétie de lR 3 près, voir
Kreysing (53, Chapter XII, Theorem 82.l].

Exemple 4.4.9. Considérons l'hélicoïde (fig. 69), qui est l'image de C par
l'application X définie pour tout z = x + iy E C par
X(z) = X(x, y) = (sin(y) · sh(x), -cos(y) · sh(x), -y).

Fig. 69. Hélicoïde


44. CARTES ISOTHERMES ET STRUCTURE CONFORME DÉDUITE D'UNE MÉTRIQUE 247

Un simple calcul montre que


ax
ax = (sin(y). ch(x), -cos(y). ch(x). 0),
ax
ay = (cos(y). sh(x), sin(y). sh(x), -1).

(ax ax) (ax


On a donc ax, ax =
ax) (ax ax)
éJy, éJy = ch (x) et aussi ax , ay = 0, ce qui
2

montre que X est une immersion conforme. De plus un calcul montre que
l'application de Gauss est
cos y sin y shx)
N(z) = N(x,y) = ( - , - , - .
chx chx chx
Par conséquent on a g(z) = (II o N)(z) = ez, la fonction g est donc
holomorphe sur <C ce qui entraîne d'après la remarque 4.4.7 que l'hélicoïde
est une surface minimale. Remarquons que pour tout y 0 fixé l'ensemble
{X(x, y 0 ) 1 x E lR} est une droite. Nous en déduisons que l'hélicoïde est une
surface réglée. On peut montrer que l'hélicoïde est la seule surface minimale
réglée de lR 3 , à une homothétie près, voir Darboux [22, Livre III, chapitre I].

Exemple 4.4.10. La surface de Enneper (fig. 70) est obtenue par l'immersion
de C dans lR 3 définie par
_ -(-x 3 +3xy 2 +3x y 3 -3x 2 y-3y x 2 -y 2 )
X(z)-X(x,y)- 6 , 6 , 2 .

Fig. 70. Partie de la surface de Enneper choisie de manière à éviter les


auto-intersections
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Ce qui nous donne

ax -_
aX
(-x 2 + y2 + 1 , _ xy,
2
X
) ,

ax ( y2 - x2 - 1 )
ay = xy, 2 , -y .

Un calcul montre que

(ax. ax) = 1\ ax
ax , ax
ax) =
ay ' ay
(x 2
+ y2 +
2
1) 2
et
(ax ax)
ax ' ay = O.

De ce fait X est une immersion conforme. Un autre calcul montre que

( ) _ ( 2x 2y x2 + y 2 - 1)
N z - x2 + y2 + 1 ' x2 + y2 + 1 , x2 + y2 + 1 .

Par conséquent g(z) = (fl o N)(z) = z est une application holomorphe sur
<C et nous concluons que la surface de Enneper est une surface minimale.

Remarque 4.4.11. Plus généralement considérons une surface de Riemann


non compacte M. Soit g une fonction méromorphe sur M et soit w une forme
holomorphe sur M, définition 4.5.11. Supposons que les pôles de g et les
zéros de w satisfassent la condition suivante : un point p E M est un zéro
d'ordre 2n de w si, et seulement si, p est un pôle d'ordre n de g. Supposons
de plus que nous ayons

pour tout chemin fermé y de M. En ce cas, en fixant un point z0 E M,


l'application

X:M-+1R 3

(4.7) z r-+ Re (l z
zo
(1 - g2)w
2
,
lz
zo
i (1 + g2)w ,
2
lz )
zo
gw

est bien définie sur M, car X(z) ne dépend pas du chemin reliant z 0 à z choisi
pour effectuer les intégrales.
La condition portant sur les pôles de g et les zéros de w assure que X est
une immersion de M dans lR 3 . On peut montrer que X est une immersion
conforme et que f1 o N = g, voir Osserman [67]. Par conséquent X est une
immersion minimale de M dans JR 3 d'après la remarque 4.4.7. La paire (g, w)
est appelée la représentation de Weierstrass-Enneper de l'immersion X.
En fait, on peut montrer que toute immersion minimale conforme d'une
surface de Riemann dans JR 3 peut être obtenue de cette façon. On en
4.4. CARTES ISOTHERMES ET STRUCTURE CONFORME DÉDUITE D'UNE MÉTRIQUE 249

déduit que les fonctions coordonnées d'une immersion conforme et minimale


sont des fonctions harmoniques. Nous déduisons du principe du maximum,
remarque 1.3.37, que si une fonction coordonnée atteint un minimum ou un
maximum local alors cette fonction est constante et la surface est contenue
dans un plan. Par conséquent, il n'existe pas de surfaces minimales compactes
et sans bord dans lR 3 .
On peut de plus expliciter la métrique induite sur M par l'immersion X et
la courbure de Gauss de X(M) c JR 3 en terme de g et w. Plus concrètement,
soit (U, cp, V) une carte quelconque de M, notons (x, y) les coordonnées de
U C JR 2 et posons z = x + iy, dans cette carte la forme w peut donc s'écrire
w = f(z)dz où f est une fonction holomorphe sur U. En appelant ds 2 la
métrique sur Mon a, voir Osserman [67],

2
If 1 ]2
ds 2 = [ z-0 + lgl 2 ) ] ldzl 2 et K =- [ 4lg'I
If l(l + lgl 2 ) 2

Une propriété importante des surfaces minimales est le principe de réflexion.


Celui-ci stipule qu'une surface minimale contenant un segment de droite
dans son bord peut être prolongée analytiquement, en une nouvelle surface
minimale, en effectuant la symétrie par rapport à cette droite. La preuve, voir
Lawson [54, p. 82], utilise le théorème de symétrie de Schwarz (qui s'appelle
aussi principe de réflexion de Schwarz) concernant les fonctions holomorphes,
théorème 4.6.4. Le lecteur peut voir comme exemple d'application du
principe de réflexion l'hélicoïde, exemple 4.4.9, et la surface de Scherk,
exercice 4.4.6.

Exemple 4.4.12. Un simple calcul montre que nous pouvons obtenir toutes
les surfaces minimales que nous venons de voir avec les paires (g, w) sui-
vantes.
dz
1) Lacaténoïde: M =CC*, g(z) = z, (t) = -:z·
L,

2) L'hélicoïde: M =CC, g(z) = ez, (t) = ie-Zdz.


3) La surface de Enneper: M =CC, g(z) = z. w = dz.
On montre facilement dans chaque cas que la paire (g, w) vérifie les deux
conditions énoncées à la remarque 4.4.11, puis que l'immersion définie par la
formule (4.7) à l'aide de (g, w) est bien la même que celle déjà donnée.
4) Les surfaces de Jorge-Meeks [52]. Pour chaque entier n ~ 2, considérons
l'ensemble Mn = § 2 \ {zn+i = 1} où § 2 est identifié à CC U {oo} à l'aide de
la projection stéréographique par rapport au pôle nord. On pose
dz
et Wn = (zn +I
- 1) 2 .
250 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

On peut vérifier que la condition portant sur les pôles de gn et les zéros de
Wn est satisfaite. Par ailleurs, on vérifie à l'aide d'un calcul que les résidus des
formes (1 - g~)Wn, i(l + g~)wn et gnwn à chaque pôle sont tous réels. Par
conséquent, si z0 est un point fixé de Mn, pour tout z E Mn la partie réelle
des intégrales des trois formes précédentes entre z 0 et z est indépendante du
chemin sur Mn reliant z 0 à z. Nous concluons donc que l'application

X(z) = Re (l z(1 - g~)Wn


,
lz .(1 + gDwn lz gnWn )
l ,
zo 2 zo 2 zo
est bien définie sur Mn et constitue une immersion minimale conforme
de Mn dans IR 3 . Remarquons que pour n = 1 on obtient la caténoïde de
l'exemple 4.4.4 tournée d'un angle n/2 par rapport à l'axe des x 1 •

Soit c : ]a, b [ -+ M une courbe de classe C1 sur une surface riemannienne


(M, g) et soit Dune partie de M. Nous définissons la longueur de c, notée
L(c), et l'aire de D, noté A(D), sur (M, g) en posant

L(c) = lb Jg(c'(t),c'(t))dt,

A(D) = fl J(EG - F2 )(x, y) dxdy,

où (x, y) est une carte locale de M et les fonctions E. F et G sont les


coefficients de la métrique g et ont été introduites à la définition 4.4.2-1.

Remarque 4.4.13. Nous allons revenir aux surfaces minimales et pour cela
nous allons définir deux nouvelles notions. Soit M c IR 3 une surface et
soit c : [O. +oo[ -+ M une courbe de M. Rappelons que c est une courbe
divergente ou un chemin divergent de M si c quitte toute partie compacte de
M. Plus précisément pour toute partie compacte K C Mil existe un réel tK tel
que c(t) (j K pour tout t > tK. On dit qu'une surface M C IR 3 est complète si
toutes les courbes divergentes de M ont une longueur infinie.
Soit M c IR 3 une surface différentiable, notons K(p) la courbure de
Gauss de M au point p E M. On appelle courbure totale de M, notée C(M),
l'intégrale de la courbure de Gauss K(p) sur M si celle-ci existe:

C(M) = fLK(p)dA,

où d A est l'élément d'aire de M. Plus précisément, si (x, y) est une carte


locale de M, on a dA = J(EG - F2)(x, y) dxdy.
Bien sûr cette intégrale ne converge pas forcément mais notons que la
courbure de Gauss d'une surface minimale est partout négative. Si l'intégrale
diverge, on peut donc dire dans ce cas que la courbure totale est -oo. Un
4.4. CARTES ISOTHERMES ET STRUCTURE CONFORME DÉDUITE D'UNE MÉTRIQUE

simple calcul montre que la courbure de Gauss de M est égale au jacobien


de l'application de Gauss de M. Cela entraîne que la courbure totale de M
est égale à l'aire sphérique algébrique de l'image de l'application de Gauss,
comptée avec multiplicité. Par exemple la courbure totale de la caténoïde
est -4Jr car l'image de l'application de Gauss est la sphère privée des pôles
nord et sud. De même la courbure totale de la surface de Enneper est -4Jr.
La courbure totale de l'hélicoïde est -oo car cette surface est périodique.
Un théorème de Huber [51] atteste qu'une surface complète dont la
courbure totale existe et est finie est conformément équivalente à une surface
de Riemann compacte privée d'un nombre fini de points. Si la courbure totale
de M est finie, il existe donc une surface de Riemann compacte S, des points
zI, ... , Zn E S, et une immersion conforme X : S \ {z 1, ... , Zn} --+ JR 3 tels
que X(S \ {z 1, ... , Zn}) = M. Les points z1, ... , Zn sont appelés les bouts de
M. Pour une étude détaillée des surfaces minimales complètes plongées et de
courbure totale finie voir, par exemple, Hoffman-Karcher [48].

Nous allons voir maintenant une application de la théorie des fonctions


d'une variable complexe à l'étude des surfaces riemanniennes (variétés rie-
manniennes de dimension 2). Cette application est due à Meeks et Rosenberg
[59]

Proposition 4.4.14 (Inégalité isopérimétrique). Soient]]]) le disque unité ou-


vert et
h:]]]) \ {o} --+ c u {oo}
une fonction méromorphe. Soit C, le cercle de rayon r < 1 centré à l'origine,
et soit L(r) la longueur de h(C,) pour la métrique ds 2 = +2lzl ldzl 2
de C U { oo} induite par la métrique canonique g5 de § 2 et par la projection
c r· 2

stéréographique par rapport au pôle nord, exemple 4.4.4-2.


Dans ces conditions, en désignant par Jac h le jacobien de h, on a

1o
1 L2(r)
- - dr ~ 2Jr
r
1I 12"
0 0 (1
4Jach(reie)
+ Ih(re'·e ) 12 ) 2 r dr de.
Démonstration. On a

L(r) = { (h'(z), h'(z))~~2 ldzl


le,
= [ 2lh'(z)I ldzl
le,. 1 + lh(z)l2
= 10
2" 2lh'(reie)I
1 + lh(reiO)l2
rde
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

La dernière égalité vient du fait que h est holomorphe. On a donc


L(r) _ [ 2 :n: 2JJach(reili)
r - lo 1 + [h(reili)[2 de.
En appliquant l'inégalité de Schwarz à la dernière intégrale puis en élevant
au carré on obtient
L2(r)
--
r2
~2n
1 0
2 :n: 4Jach(rei 11 )
(1 + [h(rei 11 )[2)2
de.

En intégrant la dernière inégalité par rapport à rd r on obtient

1 o
1 L2(r)
--dr~2n
r
110
1

0
2 :n: 4Jach(rei 11 )
.
(1 + [h(re' 11 )[2) 2
rdrde. D

Remarquons que le second membre de l'inégalité est exactement 2n fois


l'aire sphérique de h(lDl \ {ü}) comptée avec multiplicité. À l'aide de cette
inégalité on peut démontrer le résultat suivant, dû à Meeks et Rosenberg
[59].

Théorème 4.4.15. Soit h une fonction méromorphe sur ][)) \ {O}. Si l'aire
sphérique de h(lDl \ {O}) est finie alors h se prolonge méromorphiquement
à l'origine.

Ce théorème fait l'objet de l'exercice 4.4.l.

Exercices de la section 4.4


Exercice 4.4.1. (D'après Meeks et Rosenberg [59).) Soit h une fonction
méromorphe sur][))\ {o}. On suppose que l'aire de l'image sphérique de h
est finie.
1) Montrer que l'on peut trouver une suite (rn)neN avec limn-++oo [rn [=0
telle que
L(rn) --+ 0 quand n --+ +oo
où L(rn) désigne la longueur de l'image par h du cercle C(rn) de rayon rn
centré à l'origine.
2) On pose B(n) = h(C(rn)). Vérifier que l'ensemble {B(n) n E N} 1

possède un point d'accumulation unique. En déduire que h se prolonge


continûment à l'origine.

Exercice 4.4.2. Soit f : ][)) --+ Q une équivalence conforme du disque unité
ouvert sur un domaine Q telle que
f(O) = 0, f'(O) = 1.
4.4. CARTES ISOTHERMES ET STRUCTURE CONFORME DÉDUITE D'UNE MÉTRIQUE 253

l
Pour tout r < 1 on pose D, = {z ED lzl < r} et Q, = f(D,). Désignons
par A (resp. A,) l'aire de Q (resp. Q, ).
1) Montrer que

A= lim A, et A,= [[ lf'(z)l 2 P dp de.


r-+l jjlzl<r

2) Montrer que
+oo
A= oo ou bien A= n(l + L:.>lanl 2 )
n=2

où les an sont les coefficients du développement analytique de f en 0, c'est-


à-dire f(z) = z + Ln"'zanzn.
3) En déduire que l'aire euclidienne de Q est supérieure ou égale à l'aire
euclidienne de D et que l'égalité implique f(z) = z pour tout z E D, et par
conséquent Q = D,
A~ n et (A= n {} f(z) = z \fz ED).

Exercice 4.4.3. (D'après Osserman [67, Lemma 8.5].) Soit U c C un do-


maine simplement connexe du plan complexe, définition 1.3.l.
Soit f : U -7 C une fonction holomorphe sans zéros sur U. On veut
montrer que si on a

(4.8) i lf(z)l.ldzl = +oo

pour tout chemin divergent y de U, remarque 4.4.13, alors U = C


Supposons donc que l'égalité (4.8) soit vérifiée pour tout chemin di-
vergent.
1) Montrer que nous pouvons supposer, à une équivalence conforme près,
que U est un disque de rayon R, 0 < R :S +oo.

2) Soit F la fonction définie sur U par

F(z) = 1z J(u)du,

où l'on intègre le long d'un chemin quelconque contenu dans U et allant de


0 à z.
Montrer que Fest un difféomorphisme local de U sur F(U).
3) Soient z 0 E U et w0 = F(z0 ) E F(U). Montrer qu'il existe une fonction
réciproque G de F sur un voisinage V de w0 avec G(w0 ) = z 0 .
254 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

4) Soit À > 0 le rayon de la plus grande boule B centrée au point w0 sur


laquelle G est définie et vérifie : G : B ---+ U et (F o G)(w) = w pour tout
WEB.
Montrer que si À = +oo on a également R = +oo et de ce fait U = <C.
5) Supposons À fini. Soit w' E élB un point au voisinage duquel G ne peut
pas être prolongé. Soit y c B le rayon [w0 , w'] et soit y = G(ji), y C U.
a) Montrer que y est un chemin divergent de U.
b) Montrer que

i lf(z)lldzl =fr lf(G(w))lldG(w)I.


En déduire que fy lf(z)l · ldzl =À.
c) Conclure que U = <C.
6) Montrer que le résultat est encore vrai si f a un nombre fini de zéros.

Exercice 4.4.4. On considère les surfaces minimales de l'exemple 4.4.12.


1) Montrer que ces surfaces sont complètes, remarque 4.4.13.
2) Calculer la courbure de Gauss, K(p), de chaque exemple, puis étudier
la limite de K(p) lorsque p s'approche d'un bout.
3) Calculer la courbure totale de ces surfaces.
4) Montrer de manière géométrique que la courbure totale de la caténoïde
est-4n.
5) Montrer que l'hélicoïde et la caténoïde sont localement isométriques.

Exercice 4.4.5. Démontrer les affirmations de l'exemple 4.4.12.

Exercice 4.4.6. On considère les arcs suivants du cercle unité,

Cn = {eili E <C 1 (n -1)~ < e < n~}, n = 1,2,3,4.

4dz
On pose g(z) = z et w = (z 4 _ l), z E l!Jl.

1) Montrer que la paire (g, w) définit une immersion minimale X de][])


dans JR 3 . Calculer explicitement X(z) = (x 1 , x 2 , x 3 )(z).
2) Montrer que X se prolonge continûment à chaque arc Cn et que X(Cn)
est une droite verticale, n = 1, 2, 3, 4.
3) Montrer que

En déduire que X(l!Jl) est le graphe d'une fonction u(x 1 , x 2 ) que l'on déter-
minera.
4.5. RELATION DE HURWITZ ET RELATION DE RIEMANN 255

Remarquons que cette surface, surface de Scherk, peut être prolongée


par symétrie par rapport aux droites verticales de son bord à l'aide du principe
de réflexion, remarque 4.4.11. Avec ce processus on obtient une surface
minimale complète.

Exercice 4.4.7. Sur M = C* on considère la fonction holomorphe définie


dz
par g(z) = e 1fz et la forme holomorphe w = 22 el/z.

1) Montrer que la condition de la remarque 4.4.11 portant sur les pôles de


g et les zéros de w est satisfaite.
2) Calculer les formes coordonnées

<1>1 = 21 (1 - 2
g )w.

Montrer ensuite que Re fr <1> j = 0, j = 1, 2, 3 pour tout chemin fermé


y C M. En déduire que (g, w) définit une immersion conforme et minimale
X: M---+ JR 3 .
3) Montrer que l'immersion X est complète au bout (z = 0) mais n'est pas
complète au bout (z = oo). Montrer que la courbure totale est égale à -oo.

4.5. Relation de Hurwitz, formes différentielles et relation de


Riemann
Dans toute cette section les surfaces de Riemann considérées seront
toujours supposées connexes.
Soient Met N deux surfaces de Riemann, soit f : M ---+ N une application
holomorphe et soit z 0 un point de M. Dans des cartes quelconques (U, <p, V)
de M autour de z 0 et (U, cp, V) de N autour de f(z 0 ) où : U, U C C,
z0 EV C M, f(z 0 ) EV C N, <p(O) = z 0 et cp(O) = f(z 0 ), on a
+oo
(cp- 1 o J o <p)(u) = ab+ 1 uh+ 1 + Lanun
n=2

pour tout u E U, b E N. En fait, à l'aide d'un changement de variable, on


peut trouver des cartes (U, <p, V) et (U, cp, V) telles que l'on ait

(4.9) (cp- 1 of o <p)(u) = ub+ 1 ,


De plus, si (U 1 , <p 1 , V 1) est une autre carte de M autour de z0 et si
(U 1 , cp1 , Vi) est une autre carte de N autour de f (z0 ) telles que l'on ait
(rpj 1 of o <p 1 )(ui) = ut 1 + 1 pour tout u 1 E Ui, alors on peut montrer que
b = b1.
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Définition 4.5.1. En conservant les notations précédentes nous dirons que


z 0 est un point de ramification, ou un point de branchement, de f de degré b.

Exemples 4.5.2. 1) Posons M = N = C et considérons la fonction


f(z) = zn+I, n E N, z E C.

Le point 0 est un point de ramification de degré n de f.


2) Posons toujours M = N = C. Considérons maintenant
f(z) = (z - 1) 3 (z + 2) 5 + 18.
Dans ce cas, 1 et -2 sont des points de ramification de f de degré 2 et 4
respectivement.

Remarques 4.5.3. 1) Un point de ramification de degré 0 est un point


régulier. Un point de ramification de degré b > 0 est un point singulier
2) En conservant les notations précédant la définition 4.5.1, il est clair que
si y E N est assez proche de f (z 0 ), avec y -:/=- f (z 0 ), y aura exactement b + 1
antécédents distincts près de z 0 . On dira alors que z 0 est un antécédent de
multiplicité b + 1 de f (z 0 ). De plus, pour tout z E M proche de z 0 , z -:/=- z 0 , la
restriction de f à un petit voisinage de z est injective.
3) Soient M et N deux surfaces de Riemann et soit f : M ~ N une
application holomorphe. Si M est compacte f a au plus un nombre fini de
points de ramification. En effet, dans le cas contraire ceux-ci auraient un
point d'accumulation z0 • De ce fait il existerait des points aussi proches de z0
que l'on veut au voisinage desquels f ne serait pas injective. On conclurait
avec la partie 2 de la présente remarque que z 0 et f(z 0 ) n'ont aucune carte
telle que le changement de carte soit de la forme (4.9) et f ne serait pas
holomorphe en z 0 .

Lemme 4.5.4. Soient M et N deux surfaces de Riemann compactes connexes


et soit f : M ~ N une application holomorphe de M dans N non constante.
Alors l'application f est surjective et chaque point de Na le même nombre
k E N* d'antécédents dans M à multiplicité près. En particulier, si N = § 2
l'application fa autant de zéros que de pôles (en comptant avec multiplicité).
Par conséquent f est un revêtement ramifié de M sur N, définition 1.2.14.

Démonstration. Rappelons qu'une application holomorphe est une applica-


tion ouverte, c'est-à-dire qu'elle envoie toute partie ouverte de M sur une
partie ouverte de N. De plus, du fait que M est compacte, son image par f est
une partie compacte de N. Nous en déduisons que f(M) est une partie ou-
verte et fermée de N, comme N est connexe nous concluons que f(M) = N
et donc f est une surjection.
4.5. RELATION DE HURWITZ ET RELATION DE RIEMANN 257

Notons que comme l possède un nombre fini de points de ramification


sur M, remarque 4.5.3-3, N ne possède qu'un nombre fini de points dont la pré-
image contient un ou plusieurs points de ramification. Nous appellerons ces
points des valeurs singulières de l et les autres points des valeurs régulières
de 1-
Considérons pour commencer deux valeurs régulières y 1 , y 2 E N de
f. D'après ce qui précède nous pouvons trouver un arc simple a de N ne
contenant que des valeurs régulières del et ayant y 1 et y 2 comme extrémités.
Dans ces conditions la pré-image l- 1 (a) de a est constituée d'un nombre
fini, k E N*, d'arcs simples a; de M ne contenant que des points réguliers de
f et disjoints deux à deux. Pour chaque i. i = 1, ... , k, l est une bijection
de a; sur a et envoie les extrémités de a; sur les extrémités de a. De ce fait
les deux points y 1 et y 2 de N ont exactement k antécédents dans M.
Considérons maintenant une valeur singulière y' E N de l. Appelons
z1, ... , Zq E M les antécédents distincts de y' par l. Le point y' possède un
voisinage ouvert Vdans N, ne contenant pas d'autres valeurs singulières del
que y', pour lequel sa pré-image l- 1 (V) est constituée de voisinages ouverts
V 1 , ••• , V q de z 1 , ... , Zq respectivement, deux à deux disjoints. Appelons b;
le degré de ramification de l au point z;, i = 1, .... q. Ainsi, si z; n'est pas
un point de ramification nous aurons b; = O. Par construction, chaque point
y de V distinct de y' aura exactement 1 + b; antécédents distincts dans V;,
i = 1, ... , q, et n'aura pas d'autres antécédents dans M. Comme y est une
valeur régulière de l, la première partie de la preuve montre que y possède
k antécédents distincts dans M. On a de ce fait
q

2:)1 + b;) = k.
i=l

Ceci montre que y' possède également k antécédents dans M à multiplicité


près.
La dernière assertion est une conséquence directe de la définition d'un
revêtement ramifié. D

Définition 4.5.5. Si l : M ~ N est une application holomorphe entre


deux surfaces de Riemann compactes, le lemme 4.5.4 montre que chaque
point de N possède le même nombre d'antécédents à multiplicité près. Nous
appellerons ce nombre le degré de l.

Par exemple, la fonction donnée à l'exemple 4.5.2-1 est de degré n + 1 et


celle de l'exemple 4.5.2-2 est de degré 8.
Nous pouvons maintenant démontrer un résultat important.
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Théorème 4.5.6 (Relation de Hurwitz). Soient M et N deux surfaces de


Riemann compactes et soit g : M ~ N une application holomorphe de degré
k EN*. En désignant par x(M) et x(N) les caractéristiques d'Euler-Poincaré
de M et N respectivement, définition 1.1.27, on a la relation de Hurwitz

x(M) = k x(N) - L deg(z, ),


où la somme s'effectue sur l'ensemble des points de ramification z, de g sur M
(qui est fini, remarque 4.5.3-3) et où deg(·) désigne le degré de ramification.

Démonstration. Soient z 1 , ... , z P E M les points de ramification de g et


b 1 , ••• , bP leur multiplicité respective. Soient y 1 , ••• , Yq, E N les valeurs
singulières de g, c'est-à-dire l'image par g des points de ramification de g
sur M. Considérons une triangulation 7 de N, définition 1.1.24. Quitte à
subdiviser 7, nous pouvons supposer que chacune des valeurs singulières
y;, i = 1, ... , q, est un sommet de 7. Appelons s, a et f respectivement le
nombre de sommets, d'arêtes et de faces de 7.
Considérons une face F c N de la triangulation 7. Notons F C M
x
une composante connexe de g- 1 (F). Soit 0 E Fun point fixé et notons
x 0 = g(x0 ). Considérons un point quelconque x de F et considérons un
chemin a de F reliant x 0 à x: a : [O, 1] ~ F, a(O) = x 0 , et a{l) = x. Comme
a ne passe par aucune valeur singulière de g, il existe un unique chemin
a : [O, 1] ~ M vérifiant (go a)(t) = a(t) pour tout t E [O, 1] et a(O) = 0 . x
Comme de plus a ne rencontre aucune arête ni sommet de 7, le chemin a
est entièrement contenu dans F. On a donc g(a(I)) =X avec a{l) E F. On
en déduit que la restriction de g à Fest une surjection de F sur F. Comme
F est une partie ouverte de N ne contenant aucune valeur singulière de
~ ~

g, la restriction de g à Fest une projection de revêtement, glF : F ~ F.


Comme de plus Fest simplement connexe, on déduit du corollaire 1.2.22 que
Fest simplement connexe et que glF est de degré 1. Par conséquent g- 1 (F)
possède exactement k composantes connexes.
On montre de la même manière que si A C N est l'intérieur d'une
arête de 7, alors g- 1 (A) possède exactement k composantes connexes. En
considérant l'image inverse par g des sommets, arêtes et faces de 7, on
obtient donc une triangulation T sur M. Appelons s, a et le nombre de f
sommets, d'arêtes et de faces, respectivement, de 7. On vient de voir que
l'on a
a= ka et l = kf
s,
Pour déterminer considérons un sommet u E N de 7. Si u n'est pas une
valeur singulière de g, g- 1 (u) consiste de k points distincts de Met donc
de k sommets distincts de 7. Si u est l'une des valeurs singulières y; de g,
g- 1 (y;) consiste de quelques points de ramification z 1 , .•. , Zp;o de g sur M,
4.5. RELATION DE HURWITZ ET RELATION DE RIEMANN 259

de degré respectif b 1 , ... , b Pi, et d'autres points réguliers distincts v 1 , ... , Vœ;
de g. En utilisant le fait que chaque point de Na k antécédents, en comptant
avec multiplicité, on a
Pi Pi
k = œ; + L (1 + bj) = œ; + p; + Lb j,
j=I j=I

et ainsi le nombre d'antécédents distincts de la valeur singulière y; par


l'application g est œ; + p; = k - I:j~ 1 bj. De ce faits, le nombre total de
sommets de T (qui est aussi le nombre de points distincts de la pré-image
des sommets de T par g) est
p

s= ks- Lbn,
n=I

où p est le nombre de points de ramification distincts. Rappelons que


x(M) = s - a+ f, définition 1.1.27. Par conséquent

x(M) = s - a+ f.
p

=k(s-a+f)- Lbn,
n=I
p

= kx(N) - L bn. D
n=I

Exemples 4.5.7. 1) Considérons l'application de degré n de § 2 dans lui-


même définie pour tout z E § 2 :::: <C par

Clairement, 0 est un point de ramifications de f de degré n - l et les autres


points de <C sont tous des points réguliers de f.
En ce qui concerne le point oo E § 2 , effectuons le changement de variable
u = l/z et posons g(u) = f(l/u) = l/un. Comme 0 est un pôle d'ordre n
de g, le point oo est un pôle d'ordre n de f. Par conséquent oo est un point
de ramification de f de degré n -1. Nous concluons donc que les seuls points
de ramification de f sont 0 et oo, chacun de degré n - 1. On a donc bien
x(§ 2 ) = nx(§ 2 ) - 2(n - 1)
= 2n -2n + 2
= 2.
2) Soit Sb k E N*, la surface de Riemann compacte définie par l'équation
algébrique (section 4.1)
260 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

(4.10)

Posons P(x, y) = yk+ 1 - xk(x 2 - 1), x, y E iê, et


c ={ex, y) E iê 2 I P(x, y)= o}.
Les points (x, y) de C 2 vérifiant P(x, y) = 0 et ~; (x, y) = 0 sont (0, 0),
(1,0) et (-1,0). Parmi ces points, seul (0,0) annule également la dérivée
partielle ~:, ainsi (0, 0) est un point singulier de C. Par ailleurs en effectuant
les changements de variable u = 1/ x et v = 1/y on peut montrer que
(oo, oo) est également un point singulier de C. Les seuls points singuliers de
C sont donc (O. 0) et (oo. oo). On déduit de l'étude faite à la section 4.1, que
la surface de Riemann Sk est obtenue à partir de C en remplaçant chacun de
ces points par un nombre fini de points. Notons X: sk ---7 iê le prolongement
de X à Sk.
Soit x E iê un élément différent de 0, ± 1, oo, il y a exactement k + 1
nombres complexes distincts y P, p = 1, ... , k + 1, vérifiant la relation (4.10).
De ce fait la pré-image x- 1 ({x}) de x est constituée des points (x,yp),
p =1, ... , k + l. L'application X est donc de degré k + l.
Une étude analogue à celle effectuée à la section 4.1 ou à l'exemple 4.2,
montre que chacun des point (0, O) et (oo, oo) donne lieu à un unique point
de Sk. Par conséquent, les points de ramification de X sur Sk sont (0, 0), (1, 0),
(-1, 0) et (oo. oo ), chacun de degré k. En effet, x-
1 ( { 0}) ne contient qu'un

point : (0, 0). De ce fait (0, 0) est un point de ramification de X de degré k


car x = 0 doit avoir k + 1 antécédents comptés avec multiplicité. Il en est de
même pour les autres points (1, 0), (-1, 0) et (oo, oo).
La relation de Hurwitz nous donne
x(Sk) = (k + l)x(§ 2) - 4k =2k + 2 - 4k =2 - 2k.
On conclut donc que Sk est une surface de Riemann compacte de genre k,
définition 1.1.22.
3) Considérons la surface de Riemann ê de l'exemple 4.2. Celle-ci est
définie par l'équation algébrique
y6 = x 15 (x + 64), x, y E iê.
Posons
C1 = {(x, y) E e 1 y 6 -x 15 (x + 64) = o} \ {(0, 0), (oo, oo)}.
En reprenenant les notations de l'exemple 4.2, on a vu que

ê =Ci U {B1.B2,B3,D1,D2}-
4.5. RELATION DE HURWITZ ET RELATION DE RIEMANN 261

De plus les seuls points de ramification de l'application X C --* iê


sont A, B 1 , B 2 , B 3 , D 1 et D 2 . On avait également montré que les degrés de
ramification sont respectivement: 5, 1, 1, 1, 2 et 2. Comme X est de degré 6,
la relation de Hurwitz donne donc

Ainsi ê est une surface de genre 0, c'est-à-dire un tore.

Définition 4.5.8. 1) Soit Q C <C une partie ouverte du plan complexe <C.
Nous pouvons définir sur Q les formes dz et dz de la manière suivante. Pour
tout point Zo de Q, si Vo = a a~ + b a:, a, b E JR, est un vecteur de point
base z0 , on peut exprimer v0 de la forme
_ a _a
Vo = œ;-
uZ
+ œ uZ
'.)-'

où -
a = -(
1a a a 1ô a
- - i - ) , - = -( - + i - ) et œ = a + i b.
ôz 2 ôx ôy ôz 2 ôx ôy
On pose alors
dz(vo) = œ, dz(vo) = œ.
Avec cette définition dz et dz sont bien des formes JR-linéaires à valeurs
complexes sur l'espace tangent de Q en z0 , et ceci pour tout point z 0 de Q.
Par construction on a
dz(vo) = O Üo = 6, *
et
dz(vo) = o * vo = 6.
2) Plus généralement si Q c <C nous définirons une forme complexe w sur
Q de la manière suivante,

w = f(z)dz + g(z)dz, z E Q,

où f et g sont deux fonctions à valeurs complexes sur Q. Ainsi, pour tout


_ a a
vecteur v 0 = œ ôz + ëi ôz de point basez E Q, on a

w(v0 ) = œ.f(z) + ëi.g(z).


Un cas particulier est lorsque f est une fonction holomorphe (resp. méro-
morphe) sur Q et g est la fonction nulle. Nous dirons alors que w = f(z)dz
est une forme holomorphe (resp. méromorphe) sur Q.
3) Si w et 1J sont deux formes différentielles à valeurs complexes définies
sur un ouvert Q de <C, on définit le produit extérieur de w et 1J, noté w /\ 1J, de
la manière suivante. Le produit w /\ 1J sera en chaque point p E Q la forme
bilinéaire anti-symétrique définie par
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

(w /\ TJ)(ü, v) = w(ü).TJ(v) - w(v).TJ(Ü),

pour tous vecteurs Ü et v de point base p. On dit aussi que w /\ T/ est une
2-forme sur Q.
4) Si f est une fonction différentiable à valeurs complexes définie sur un
ouvert Q c <C, on pose

On définit la différentielle extérieure de f, notée df, par


âf âf -
df =-a .dz
z
+ a_.dz.
z
Notons que df est une forme différentielle à valeurs complexes sur !J.
De même, si w = f(z).dz + g(z).dz est une forme différentielle à valeurs
complexes, on définit également la différentielle extérieure de w, notée dw,
par
dw = df /\ dz + dg /\ dz.
Par conséquent dw est une 2-forme différentielle à valeurs complexes sur
Q. Nous dirons que w est une forme fermée si sa différentielle est nulle,
c'est-à-dire si dw = O.
5) Soient U et V deux parties ouvertes et connexes du plan complexe
<C. Considérons une application différentiable F : U -+ V et une forme
différentielle à valeurs complexes w = g(z)dz + h(z)dz définie sur V.
À l'aide de Fon peut «ramener» la forme w sur U et définir une forme
différentielle sur U, notée F*(w), en posant

F*(w) =(go F).d(F) +(ho F)d(F).

Par conséquent, pour tout point p E U et tout vecteur Ü E T PU, on a

(4.11) F*(w)(ü) = w(DpF(ü)).


Remarques 4.5.9. 1) Il ressort clairement des définitions 4.5.8-1, 2, 3 et 4
que l'on a dz /\ dz = 0, dz /\ dz = 0, d(dz) = 0 et d(dz) = O. De plus,
pour toute fonction f de classe C2 et à valeurs complexes sur Q la forme df
est fermée, c'est-à-dire d(df) =O.
2) Soient U, V et W trois parties ouvertes et connexes du plan complexe (
et soient F : U -+ V et G : V -+ W deux applications différentiables. Si w
est une forme différentielle définie sur W, on peut démontrer directement à
partir de la définition la relation suivante,
(Go F)*(w) = F*(G*(w)).
4.5. RELATION DE HURWITZ ET RELATION DE RIEMANN

Corollaire 4.5.10. Toute forme holomorphe w sur une partie ouverte Q de C


est fermée.

Démonstration. Par hypothèse on a

w = f(z)dz

où f est une fonction holomorphe sur Q. De ce fait on a

dw = d(f) /\ dz
= c3!oz dz + 31-dz)
oz
/\ dz

= 3f
uz
dz /\ dz + 3f-_dz /\ dz
oz
=O.

En effet, on sait grâce à la la remarque 4.5.9 que dz /\ dz = 0, de plus


comme f est une fonction holomorphe les équations de Cauchy-Riemann,
théorème 1.3.6, entraînent que â~ = 0, remarque 1.3.7. D
âz

Nous pouvons maintenant définir les formes holomorphes sur une surface
de Riemann.

Définition 4.5.11. Soit S une surface de Riemann. Considérons un atlas qui


confère à S la structure de surface de Riemann,

où les Ua sont des ouverts de C, les V a constituent un recouvrement ouvert


de S et <fJœ est un homéomorphisme de U"' sur V"', et E Q.
Supposons que sur chaque ouvert V a de S soit définie une forme différen-
tielle complexe Wa, et E Q. Ainsi rp;Cwœ) est la forme Wa exprimée sur Ua,
ona
rp;(wa) = fœ(Za)dza + gœ(Za)dza, Za E Uœ
où fa et gœ sont des fonctions à valeurs complexes sur Ua. Supposons de
plus que les formes Wa, et E Q, vérifient la relation de compatibilité suivante·:
pour tous et, f3 E Q tels que V a n V /3 -:/=- 0, on a

(4.12)

Dans ces conditions les formes locales Wa, et E Q, définissent une forme
différentielle globale w sur S. En effet, soit p E S et soit Ü E T pS un vecteur
tangent en p. Considérons deux cartes en p, (U 1 , rp 1 , Vi) et (U 2 , rp 2 , V 2 ),
c'est-à-dire que p E V 1 n V 2 . On a
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

a>1(Ü) = rp:(wi)(Dprp;- 1(ü))


= (rp;- 1 o rp 1 )*(rp;w 2)(Dprp;- 1 (ü)), d'après (4.12)

= rp;(w2)(D<Pl1(p)(rp;- 1 o rp 1 )(Dprp;- 1 (ü)) ), d'après (4.11)


= rp; (w2 )(D prp;- 1 (Ü))
= a>z(Ü).
On peut donc poser w(Ü) = w 1 (Ü) car cette expression ne dépend pas de la
carte en p.
Réciproquement, si w est une forme différentielle définie sur S et si on
pose Wa = w1v ex pour toute carte (U a. <pa, V a), alors les formes locales Wa
vérifient la relation de compatibilité (4.12).
Si pour chaque a E Q la fonction fa est holomorphe sur Ua et ga = 0,
nous dirons que w est une forme holomorphe sur S. En fait nous permettrons
aux fonctions fa, a E Q, d'avoir des pôles. Nous dirons en ce cas que w est
une forme méromorphe sur S (en supposant ga = 0).
Exemple 4.5.12. Soient S une surface de Riemann et f une fonction méro-
morphe sur S. Sur chaque carte locale (Ua. ipœ, Va) de S nous pouvons définir
la différentielle de f, (df)a de la manière suivante,

*
(rpa) (df)a = a (f
aza 0 rpa)dza.

Il est possible de montrer que les formes méromorphes (d.f)a, a E Q,


vérifient la relation de compatibilité (4.12) et, de ce fait, définissent une
forme méromorphe sur S notée df.

Remarques 4.5.13. 1) Soient S une surface de Riemann et w une forme


méromorphe sur S. Supposons qu'en un point v0 de S il existe une carte
locale (U, rp, V) de Sautour de v0 EV telle que la forme rp*(w) admette un
zéro d'ordre p EN au point z 0 = rp- 1 (v 0 ) de U. La forme rp*(w) a donc
l'expression suivante,
rp*(w) = (z - z 0)P f(z)dz, z EU, rp(zo) = Vo,
où f est une fonction holomorphe sur U non nulle au point z 0 .
Il est alors facile de montrer que pour toute carte locale de S en v0 ,
(Ua, rpa, V a), v0 E V a, la forme (rpa)* (w) admet aussi un zéro d'ordre p au
point rp; 1 (v 0 ). Nous dirons alors que v0 est un zéro d'ordre p de w.
Nous dirons de même que v0 est un pôle d'ordre p de w s'il existe une
carte locale (U, <p. V) de Sen v 0 , v0 E V, telle que rp* (w) ait un pôle d'ordre
p au point rp- 1 ( v0 ), c'est-à-dire
4.5. RELATION DE HURWITZ ET RELATION DE RIEMANN

cp*(w) = ( f(z) dz, z EU, <p(zo) = Vo.


Z - Zo)P

où f est une fonction holomorphe sur U non nulle au point z 0 .

2) Il ressort directement des définitions que l'ensemble des zéros et des


pôles de toute forme méromorphe w non identiquement nulle sur une
surface de Riemann S est une partie fermée et discrète de S, définition 1.3.27.
En conséquence, si S est une surface de Riemann compacte, toute forme
méromorphe non identiquement nulle sur S n'admet qu'un nombre fini de
zéros et de pôles.

Il y a en fait une relation entre le nombre de zéros et de pôles d'une forme


méromorphe sur une surface de Riemann compacte. Pour introduire cette
relation nous aurons besoin du lemme suivant.

Lemme 4.5.14. Soit S une surface de Riemann et soient w et w' deux formes
méromorphes sur S.
Dans ces conditions, le rapport w / w' est une fonction méromorphe sur S.
C'est-à-dire que pour tout point p E Son a

pour tous vecteurs non nuls ÜP et vP tangents à S au point p. par conséquent


w/w' ne dépend que du point p.
Démonstration. Soit (U, <p, V) une carte locale de S, appelons z la coor-
donnée locale de U. On a

cp*(w) = f(z)dz et cp*(w') = g(z)dz.


où f et g sont des fonctions méromorphes sur U. De ce fait, pour tout p E V
et tout vecteur ü P tangent en p on a

et
w~(Üp) = g(<p- 1 (p))dz (Dp<p- 1 (Üp)).
De plus, si üP f. 0 on a dz (D p<p- 1 (Ü p)) f. 0 et ainsi

En conséquence (cp*(w)/cp*(w')) o cp- 1 est une fonction méromorphe sur


V. Rappelons que les expressions wp(Üp) et w~(Üp) ne dépendent pas de la
266 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

carte choisie, voir la définition 4.5.11. Il en est donc de même pour le quotient
wp(Üp)/wp(Üp), ce qui montre que w/w' est une fonction méromorphe
définie globalement sur S. D

Remarque 4.5.15. Conservons les notations du lemme 4.5.14. Soit (U, <p, V)
une carte locale de S. Les formes w et w' s'écrivent donc sur cette carte
<p*(w) = f(z)dz et <p*(w') = g(z)dz,
où f et g sont des fonctions méromorphes sur U. On notera plutôt, par abus
de notation,
w = f(z)dz et w' = g(z)dz.
Par conséquent on notera sur la même carte, également par abus de notation,
(J) f
w' g
au lieu de : <p* w / <p* w' = f / g.
Théorème 4.5.16 (Relation de Riemann). Soit S une surface de Riemann
compacte et soit w une forme méromorphe non constante sur S. Appelons
P(w) et Z(w) respectivement le nombre de pôles et de zéros de w sur S. On a
alors la relation de Riemann

P(w) - Z(w) = x(S),


où x(S) est la caractéristique d'Euler-Poincaré de S.

Démonstration. Nous allons commencer par démontrer la relation de Rie-


mann dans le cas où w est une forme exacte, c'est-à-dire la différentielle
d'une fonction méromorphe f sur S, w = df. Puis nous montrerons que
l'expression P(w) - Z(w) est indépendante de la forme méromorphe w, ce
qui conclura la preuve. En effet, il suffira de considérer une fonction méro-
morphe f non constante sur S, qui existe d'après la section 4.1, et pour toute
forme w méromorphe sur S on aura donc
P(w) - Z(w) = P(df) - Z(df) = x(S).
1) Supposons que w soit une forme exacte,
(J) = df

où f est une fonction méromorphe de degré n sur S. Soient PI, ... , Pk


les pôles de f d'ordre respectif n I •... , n k. Soient z 1 , ... , Zq les points de
ramification de f qui ne sont pas des pôles, de degré respectif m 1 , ••• , mq.
En utilisant le fait que n = L~=I n;, la relation de Hurwitz, théorème 4.5.6,
nous donne
4-5- RELATION DE HURWITZ ET RELATION DE RIEMANN

k q

x(S) = 2n - L(n; -1)- Z:::mj


i=I j=I
q

=2n-(n-k)-Lmj
j=I
q

=n+k-'l::mj.
j=I
Notons que w admet aux points p; un pôle d'ordre (n; + 1), i = 1, ... , k,
et que w n'a pas d'autres pôles. De plus, les zéros de w sont précisément les
points de ramification de f qui ne sont pas des pôles. De ce fait, w a un zéro
d'ordre m j aux points z j, j = 1.... , q, et n'a pas d'autres zéros. On a donc
k k
P(w) = L(n; + 1) = k +Ln;= k + n
i=l i=I
et q

Z(w) = 'l::mj.
j=I
De ce fait q
P(w)- Z(w) = k +n - Lmj = x(S).
j=I
2) Considérons deux formes méromorphes non constantes sur S, w et
w' avec w -:/:- w'. Le lemme 4.5.14 montre que w/w' est une fonction
méromorphe g sur S. Soient p 1 •••• , Pk (resp. p~, . .. , p~,) les pôles de
w (resp. de w') d'ordre n 1 , •••• nk (resp. n; .... , n~,) et z 1 , . . . , Zq (resp.
z;, ... , z~,) les zéros de w (resp. w') d'ordre m 1 , ... , mq (resp. m; . .... m~, ).
Supposons pour commencer que les pôles et zéros de w soient disjoints
des pôles et zéros de w',

En appelant P(g) et Z(g) respectivement le nombre de pôles et de zéros de


g = w/w' sur Son a
P(g) = P(w) + Z(w')
et
Z(g) = Z(w) + P(w').
Comme g a le même nombre de pôles que de zéros, lemme 4.5.4, on a
P(w) + Z(w') = Z(w) + P(w') et ainsi
(4.13) P( w) - Z( w) = P( w') - Z( w').
268 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Si maintenant w et w' ont des zéros ou des pôles communs on obtient de


nouveau la relation (4.13) en exprimant de la même manière le nombre de
pôles et de zéros de g en fonction du nombre de pôles et de zéros de w et w'
puis en remarquant que g a autant de pôles que de zéros. D

Exemples 4.5.17. 1) Considérons la forme w = dz sur § 2 . La forme w


n'a ni pôle ni zéro sur C. Pour étudier le point à l'infini oo, effectuons le
1
changement de variable z =- qui ramène le point oo à l'origine O. On a
u
donc
du
(J) = -2,
u
ce qui montre que oo est un pôle double de w. Nous pouvons maintenant
vérifier la relation de Riemann,

P(w) - Z(w) = 2 = x(§ 2 ).


2) On considère des nombres réels distincts x 1 < · · · < Xn, n ~ 2. Soit Sn
la surface de Riemann compacte définie par la relation algébrique suivante,
section 4.1,
yn+I = (x - xi)··· (x - Xn), X, y E § 2 .
La première projection X(x, y) = x de Sn sur § 2 est une fonction holo-
morphe de degré n + 1. Remarquons que pour chaque i = 1, ... , n, le point
(xi, 0) est un point de ramification de X de degré n. Nous déduisons de ceci
que (xi, 0) est un zéro de la forme dx = dX de degré n, pour i = 1, ... , n.
Clairement, dx n'a pas d'autres zéros. On a donc Z(dx) = n 2 . Par ailleurs,
une étude analogue à celle effectuée à l'exemple 4.2 montre que le seul pôle
de X est le point (oo, oo), le degré du pôle est donc n + 1. De ce fait, (oo, oo)
est un pôle de degré n + 2 de la forme dx et on a P(dx) = n + 2. La relation
de Riemann nous donne
x(Sn) = P(dx) - Z(dx) =n +2- n2 =2- n(n - 1).

On en déduit que Sn est une surface de Riemann compacte de genre


n(n - 1)
2

Exercices de la section 4.5

Exercice 4.5.1. Soit w(z) la fonction méromorphe sur § 2 , fonction de Jou-


kowski, définie pour tout z E § 2 ::= iê par

(4.14) w(z) = ~(z + ~ ).


1) Déterminer les points de ramification de w ainsi que leur degré.
4.5. RELATION DE HURWITZ ET RELATION DE RIEMANN

2) Donner l'image par w des familles de courbes suivantes,

Cr= {z E C l Jzl = r}, r > 0,

Ro = {z E C 1 arg(z) = e}, e E (0, 2n[.

3) Montrer que w envoie l'extérieur et l'intérieur du disque unitaire fermé


conformément sur le plan C privé du segment [-1. l].
4) À l'aide de la fonction w donner une équivalence conforme du demi-
1
plan supérieur JH[ 2 avec Q, le disque unité ouvert privé du segment [-, 1],
4

JH[ 2 = {z E C 1 lm(z) > o}.


5) Déterminer la caractéristique d'Euler-Poincaré de la surface de Rie-
mann compacte S sur laquelle on peut définir une fonction inversez (w) de
w, c'est-à-dire la surface déterminée par l'équation algébrique (4.14).

Exercice 4.5.2. Soit Sb k E N, la surface de Riemann définie par l'équation


algébrique

Soit Y la deuxième projection, Y(x, y) =y. Donner les points de ramifica-


tion de Y ainsi que leur degré et retrouver le fait que Sk est une surface de
Riemann compacte de genre k, voir l'exemple 4.5.7-2.

Exercice 4.5.3. Déterminer le genre des surfaces de Riemann compactes Sn


définies par les équations algébriques

y 2 =xzn+i, nEN,x,yECU{oo}.

Exercice 4.5.4. On considère le polynôme P(X, Y) = YP - Xq(X - 1),


p, q ?: 2. On pose

C = {(x, y) E iê 2 I P(x, y)= o}.


On a vu à l'exercice 4.2.1, section 4.1, que le polynôme Pest irréductible.
On note ê la surface de Riemann définie par P. On pose d = pgcd(p, q) et
8 = pgcd(p, q + 1).
1) Montrer que les seules singularités de C sont les points (0, 0) et (oo, oo ).
2) On a vu à l'exercice 4.2.1, section 4.1, que le nombre de points de ê
introduits par la singularité (0, 0) est d. On note A 1 , ... , Ad ces points.
Montrer que le nombre de points de ê introduits par la singularité (oo, oo)
est 8. On note B 1 , ... , B8 ces points.
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

3) Soit X : C -+ ê la projection X(x, y) = x. On note X : ê -+ iè


l'extension de X à ê.
Montrer que les points de ramification de X sur ê sont les points A;,
i = l, ... ,d,B1 ,j = 1, ... ,8,etD = (1,0).Montrerdeplusqueledegré
de ramification de A; est p/d - 1, i = 1, ... , d, le degré de B 1 est p/8 -1,
j = 1, .. ., 8, et le degré de D est p - l.
4) Montrer que la caractéristique d'Euler-Poincaré de la surface de Rie-
mann compacte ê est égale à - p + d + 8 + 1.

Exercice 4.5.5. Dans l'exemple 4.5.12, montrer que les formes méromorphes
locales (df)a, a E Q, vérifient la relation de compatibilité.

Exercice 4.5.6. Soit Sn, 11 E N *, la surface de Riemann compacte définie par


n+I _ (x - l)(x - i) { }
y - (x + l)(x + i)' X. y E cc u OO .
Montrer que Sn est une surface compacte de genre 11.
dx
Soit w la forme méromorphe définie sur Sn par w = -.
yn
Déterminer les
pôles et les zéros de w ainsi que leur multiplicité et vérifier la relation de
Riemann.

Exercice 4.5.7. Soient M une surface de Riemann et X : M -+ JR 3 une


immersion complète, conforme et minimale de M dans lR 3 . On suppose que
la courbure totale de X(M) est -4rr. On notera (g, w) la représentation de
Weierstrass de l'immersion X. On identifiera § 2 à CC U {oo} à l'aide de la
projection stéréographique par rapport au pôle nord, exemple 4.3.6-2.
Nous voulons démontrer le théorème d'Osserman [67, Theorem 9.4]:
à une homothétie et une isométrie de lR 3 près, X(M) est soit la surface de
Enneper, exemple 4.4.12, soit la caténoïde, exemple 4.4.12.
1) Montrer que M est conformément équivalente à § 2 moins un nombre
fini de points,

2) Montrer que l'application g se prolonge en une application méromorphe


sur M ::::: § 2 de degré 1.
3) Montrer que, à une rotation de JR 3 près, nous pouvons supposer que
g(z1) =OO.
4) Montrer que, à un changement de variable près de § 2 , nous pouvons
supposer que g(z) = z. En déduire que oo est un bout de la surface.
5) En examinant les pôles et zéros de w, montrer que w est de la forme
a
w = --dz
Q(z)
4.6. SURFACES DE RIEMANN VUES COMME QUOTIENT DE LEUR REVÊTEMENT UNIVERSEL 271

où a E <C* et Q est un polynôme complexe unitaire de degré inférieur ou


égal à 3.
6) En calculant les résidus des formes (1 - g 2 )w, i(l + g 2 )w et gw aux
pôles de w, montrer que Q ne peut avoir ni de pôles simples ni de pôles
triples.
7) En déduire que Q est soit un polynôme constant soit un polynôme de
degré 2.
8) Dans le cas où Q est constant montrer que w = adz. En déduire que, à
une homothétie et une isométrie de lR 3 près, X(M) est la surface de Enneper.
9) Dans le cas où le polynôme Q est de degré 2, montrer que Q a un pôle
double z 1 E <C. En calculant le résidu des formes (1 - g 2 )w, i(l + g 2 )w et
gw, au pôle z 1 , montrer que z 1 = 0 puis que a E R Montrer que X(M) est
une caténoïde.

4.6. Surfaces de Riemann vues comme quotient de leur revêtement


universel
Nous savons que le disque unité ouvert !DJ n'est pas conformément
équivalent à <C car toute application holomorphe de <C sur !DJ est bornée
et, grâce au théorème de Liouville, est donc constante. On a en fait le résultat
suivant, que nous admettrons.

Théorème 4.6.1 (Théorème d'uniformisation de Riemann 5 ). Une surface de


Riemann simplement connexe, définition 1.2.6, est conformément équivalente
à § 2 , <Cou !DJ.

On peut trouver une preuve par exemple dans le cours d'Osserman [66,
chapitre IV]. Ce théorème a des conséquences importantes dans la théorie
des surfaces de Riemann comme nous le verrons dans la suite de ce chapitre.
Nous déduisons d'abord du théorème 4.6.l que tout ouvert borné et
simplement connexe de <C est conformément équivalent à !DJ. En fait il existe
aussi des ouverts non bornés de <C qui sont conformément équivalents à !DJ.
En particulier l'exemple 4.3.8-1 montre que lHI 2 est conformément équivalent
5. Bernhard Riemann (1826-1866) prouva dans sa thèse de doctorat à Gottingen, en
1851, son théorème d'uniformisation dans le cas particulier des domaines bornés du plan
complexe <C dont le bord est lisse par morceaux. Dans sa thèse il introduisit également
le concept de surface de Riemann. Plus tard, il définit (de façon purement analytique)
le genre d'une telle surface et montra que celui-ci ne dépend que de la topologie de la
surface. Il généralisa aussi les travaux de C.F. Gauss, N. 1. Lobachevsky et de J. Bolyai sur
la géométrie non euclidienne (voir la note p. 67) en introduisant le concept d'espace de
dimension et de forme quelconques, ainsi que l'idée d'y définir la longueur des courbes
et la distance à partir d'une métrique locale (ce que nous appelons aujourd'hui variété
riemannienne).
272 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

à[)) et IH! 2 n'est pas borné. Nous déduisons également du théorème 4.6.1 qu'il
n'existe qu'une structure conforme sur une surface compacte orientable de
genre 0 alors qu'il en existe deux, exactement, sur une surface homéomorphe
au disque ouvert : la structure conforme donnée par[)) et celle donnée par C.
Le théorème d'uniformisation de Riemann est un résultat très important
car il ramène l'étude des surfaces de Riemann simplement connexes à
seulement trois structures conformes distinctes : celles de § 2 , de CC et de
[)). De plus, on a vu pour § 2 à la section 4.3 et pour CC et [)) à la section 2.1,
que les transformations conformes de ces surfaces sont des transformations
de Môbius, c'est-à-dire des applications de la forme
az + b
z 1-+ - - ,a, b, c, d E CC, ad -be=/= O.
cz + d
Nous verrons également, remarque 4.6.12, que l'étude des surfaces de
Riemann se ramène à l'étude des sous-groupes du groupe des transformations
de Môbius de CC ou[)) agissant de manière proprement discontinue, définition
1.2.23.
Nous noterons par intérêt les deux résultats suivants.

Théorème 4.6.2 (Carathéodory). Soit Q un domaine borné simplement


connexe de CC dont le bord r = âQ est une courbe de Jordan. Alors toute
équivalence conforme f de Q sur le disque unité ouvert[)) se prolonge en un
homéomorphisme de Q = Q u r sur iE».

Remarques 4.6.3. 1) Le théorème 4.6.2 précise dans un certain sens le


théorème d'uniformisation de Riemann. La preuve du théorème 4.6.2 utilise
le fait que f est une application holomorphe. On peut construire facilement
des exemples de difféomorphismes non holomorphes de [)) sur lui-même qui
ne se prolongent pas au bord.
2) Par contre la preuve utilise seulement le fait que f est holomorphe dans
un voisinage du bord r. Par conséquent la même preuve montre également
que si A et B sont deux parties ouvertes de CC homéomorphes à un anneau
telles que les composantes connexes du bord soient toutes deux des courbes
de Jordan, alors toute équivalence conforme entre A et B, s'il en existe, se
prolonge en un homéomorphisme de A sur B.

Théorème 4.6.4 (Théorème de symétrie de Schwarz). Soit Q une partie


ouverte et connexe du plan complexe dont le bord contient un arc de cercle ou
un segment de droite y. Soit Q* = ly(Q) le symétrique de Q par rapport au
cercle ou à la droite définie par y. Supposons que Q et ly (Q) ne s'intersectent
pas: Q n Iy(Q) = 0. Soit w = f(z) une fonction holomorphe sur Q et
continue sur Q U y.
Supposons que r = f(y) soit également un arc de cercle ou un segment
4.6. SURFACES DE RIEMANN VUES COMME QUOTIENT DE LEUR REVÊTEMENT UNIVERSEL 273

de droite. On peut alors prolonger f en une fonction holomorphe F définie


sur Q U y U Q* en posant

F(z) = l
f(z)
(Ir of o Iy)(z)
si
si
Z E

Z
QU y
E Q* U y

où Iy et Ir désignent les symétries, ou réflexions, par rapport à y et f respecti-


vement.

Démonstration. Comme une symétrie par rapport à un cercle ou une droite


quelconque conserve les angles et renverse l'orientation nous concluons que
Fest, par construction, holomorphe sur Q*. De ce fait, Fest une application
continue sur Q U y U Q* et holomorphe sur Q et Q*. Si y est un segment
de droite, un corollaire du théorème de Morera, théorème 1.3.15, (voir
Amar-Matheron [7, Corollaire 4.2.3.]) affirme que F est holomorphe sur
QU y U Q*. Si y est un arc de cercle on se ramène au cas précédent à l'aide
d'une transformation de Mobius de § 2 qui envoie le cercle défini par y sur
une droite. D

Nous utiliserons ultérieurement le théorème 4.6.1. De bonnes références


sur ces résultats sont Ahlfors [2] et [3], Ahlfors-Sario [4], Ford [39], Marku-
shevich [57], Nehari [63], Osserman [66], Remmert [69], Sansone-Gerretsen
[72] et Springer [76].
Nous allons maintenant utiliser les bases élémentaires de la théorie des
revêtements, section 1.2.

Définition 4.6.5. Nous dirons que II : M--+ M est un revêtement conforme


et simplement connexe si M et M sont deux surfaces de Riemann connexes,
Mest simplement connexe, II est une projection de revêtement et II est
conforme.

Théorème 4.6.6. Soit M une surface de Riemann connexe et soit II : M --+ M


un revêtement simplement connexe de M. Il existe alors une unique structure
conforme sur M telle que la projection II soit une application conforme de
Msur M. De plus, si II 1 : M 1 --+ Met II 2 : M 2 --+ M sont deux revêtements
conformes et simplement connexes de M, les surfaces de Riemann simplement
~ ~

connexes M 1 et M 2 sont conformément équivalentes.

Démonstration. Nous allons d'abord munir M d'un atlas puis nous montre-
rons que cet atlas est conforme, c'est-à-dire que les changements de cartes
sont conformes.
x x
Soit E Mun point de M. Soit V:x un ouvert de M contenant et vérifiant
les conditions suivantes.
274 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

1) TI(Vx) := Yx est un ouvert élémentaire de M, définition 1.2.9, et TI 1vx


(la restriction de TI à Yx) est un homéomorphisme de Yx sur Yx.
2) TI(Yx) := Yx est une carte de M. Plus précisément, si Ai est l'atlas
de M qui définit sa structure conforme, il existe un ouvert Ux c C et un
homéomorphisme <px de Ux sur Yx tels que (Ux , <px , Yx) soit une carte
de A
Si Yx satisfait les conditions 1 et 2, il est immédiat que (TI lv_)- 1 o <px
X

constitue un homéomorphisme de Ux sur Yx. Clairement, la collection


d'ouverts (Yx, .XE M) constitue un recouvrement de M. Par conséquent la
famille

x
où parcourt Met Yx parcourt l'ensemble des ouverts de M vérifiant les
conditions 1 et 2, constitue un atlas sur M. Montrons que les applications
de changement de cartes sont conformes. Pour cela considérons deux cartes
(Ux, (TI 1vx)- 1 o <px, Yx) et (Uy-, (TI 1v:)- 1 o <p:Y, Vy-) de M telles que
Vx n Vy- -=f. 0. L'application de changement de cartes est, là où elle est définie,

( (TI~v:vT1 o <py- r1 o ( (TI1vx)-1 o <px) = rp:;1


~ ~
o TIIYy- o (TI1v)-1 o <px.

Remarquons que, par construction, sur Yx n Vy- on a TIIYx = TI 1vy-· Par


conséquent l'application de changement de cartes devient, après simplifica-
tion, -1
<py- o <px ,
qui est bien une application conforme car, par hypothèse, Ai est un atlas
conforme de M.
Nous venons donc de munir M d'une structure conforme. Montrons que
la projection TI est une application conforme de M sur M. Soit E M x
un point quelconque de Met soit x = TI(x) E M son image par TI. Soit
(Ux, (Tiiv:)- 1 orpx, Yx) une carte de M où Yx est un ouvert de M contenant
x et vérifiant les propriétés 1 et 2. Par construction (Ux , <px , Yx) est une
carte de M avec x E Yx. Il suffit de montrer que rp:; 1o TI o ( (TIIYx)- 1 orpx) est
une application conforme sur Ux. Or ceci est clair car après simplification on
obtient l'application identité. Par conséquent TI est une application conforme
de la surface de Riemann M, définie par l'atlas A, sur M.
Prouvons l'unicité de la structure conforme sur M rendant la projection
TI conforme.
Soient TI 1 : M 1 -+ Met TI 2 : M2 -+ M deux revêtements simplement
connexes de M où M 1 et M 2 sont deux surfaces de Riemann simplement
connexes et les projections TI 1 et TI 2 sont conformes. On veut montrer que
4.6. SURFACES DE RIEMANN VUES COMME QUOTIENT DE LEUR REVÊTEMENT UNIVERSEL 275
- et M-
M 1 2 sont conformément équivalentes. Pour cela considérons un point

x
quelconque 1 de M1. Posons x = Il 1(xi), x E M, puis choisissons un point
x2 E M2 dans la pré-image de x par I1 2, on a donc I1 1(xi) = I1 2(x2) = x.
- -
Comme M 1 et M 2 sont simplement connexes, le théorème de relèvement des
applications, théorème 1.2.18, montre qu'il existe une unique application F 1
- -
de M 1 sur M 2 satisfaisant
1) F1 (xi) = x2,
2) rr2 o Fi = rr1.
- - -
De même il existe une unique application F 2 de M 2 sur M 1 telle que
3) F2(X2) = X1,
4) rr1 o 'F2 = rr2.
Les propriétés 2 et 4 montrent que

rr1 o{F20F1) = II20F1 = rr1,


et les propriétés 1 et 3 montrent que

(F2 0 F1)(xi) = X1.


Par conséquent F 2 o F 1 : M 1 -+ M 1 est un relèvement du revêtement Il 1,
définition 1.2.16, possédant un point fixe. Par unicité nous devons avoir
(F2 o F 1) = ldM 1 • Nous montrons de la même manière que (F1 o F 2) = ldM 2 •
Nous concluons donc que F 2 et F 1 sont des homéomorphismes. Il reste à
montrer que ces applications sont conformes, or ceci découle clairement
des propriétés 2 et 4 car, localement, Il 1 et I1 2 sont par hypothèse des
difféomorphismes conformes (voir aussi la preuve de la proposition 4.6.8), ce
qui conclut la démonstration. D

Corollaire 4.6.7. Toute surface de Riemann connexe M est conformément


revêtue par § 2 , par <C ou bien par llJ) et ces trois cas sont mutuellement exclusifs.

Démonstration. La théorie des revêtements montre que M admet un revête-


- -
ment simplement connexe Il : M -+ M, où M est une surface connexe
et simplement connexe et la projection Il est continue, section 1.2. Le
théorème 4.6.6 montre qu'il existe une unique structure conforme sur M
telle que Il soit conforme. Nous concluons à l'aide du théorème d'uniformi-
sation de Riemann que M est conformément équivalente à § 2 , <Cou lDJ. 0

Proposition 4.6.8. Soit Il : M -+ M un revêtement conforme et simplement


connexe. Alors le groupe du revêtement r, remarque 1.2.26, est un sous-
groupe du groupe de Mobius de M agissant de manière proprement discontinue
sur M, définition 1.2.23.
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Démonstration. Au vu de la section 1.2, il ne reste qu'à montrer que r


est constitué de transformations conformes de M. Soit f un élément de
r, on a donc TI of = TI. Soit x
E Mun point quelconque de Met soit
x
V c Mun ouvert connexe de M contenant et tel que TI(V) CM soit un
ouvert élémentaire de TI. De ce fait TI 1v est un difféomorphisme conforme
de V sur TI(V). Comme de plus f est un automorphisme de revêtement,
définition 1.2.25, Til/(V) est aussi un difféomorphisme conforme de f(V)
sur TI(V) et f vérifie Til/(V) of = TI 1v. Comme les restrictions de TI aux
ouverts V et f(V) sont inversibles et conformes, on a
fiv = (TI11cvi>-I 0 TIIV'
et de ce fait f est conforme, ce qui conclut la preuve. D

Proposition 4.6.9. Soit M une surface de Riemann connexe. Si le revêtement


conforme et simplement connexe de M est § 2 alors la surface M est conformé-
ment équivalente à § 2 . Inversement, si M est conformément équivalente à § 2
alors son revêtement conforme et simplement connexe est § 2 .

Démonstration. Supposons que TI : § 2 ~ M soit un revêtement conforme


et simplement connexe. Soit r le groupe du revêtement TI. Nous avons
vu à la remarque 1.2.24-3, que le seul sous-groupe de Ms agissant de
manière proprement discontinue sur § 2 est le groupe trivial. Par conséquent,
grâce au théorème 1.2.27, on a r = {Ids}. De plus, nous savons grâce au
même théorème que M est homéomorphe au quotient § 2 / r. De ce fait M
est homéomorphe à § 2 . Enfin le théorème d'uniformisation de Riemann
affirme qu'une surface de Riemann homéomorphe à § 2 est conformément
équivalente à § 2 .
Inversement supposons que M ::::: § 2 et considérons une équivalence
conforme f entre § 2 et M, f : § 2 ~ M. Clairement, f est une projection de
revêtement. Par conséquent le revêtement conforme et simplement connexe
de M est § 2 . D

Théorème 4.6.10. Soit M une surface de Riemann conformément équivalente


à C ou[)) et soit r un sous-groupe de transformations conformes de Magissant
de manière proprement discontinue sur M. Soit TI la projection canonique de
Msur M/ r. Dans ces conditions, il existe une unique structure conforme sur
M/ r rendant la projection de revêtement TI conforme.
~ ~

Supposons que TI 1 : M ~ M 1 et TI 2 : M ~ M 2 soient deux revêtements


conformes et simplement connexes tels que pour chacun d'eux le groupe du
revêtement soit r. Dans ces conditions les surfaces de Riemann M 1 et M 2 sont
conformément équivalentes.
4.6. SURFACES DE RIEMANN VUES COMME QUOTIENT DE LEUR REVÊTEMENT UNIVERSEL 277

Démonstration. Soit G une équivalence conforme entre C ou ][Jl (selon le


cas) et M. Munissons M/ r de la topologie quotient, définition 1.2.23-3. Soit
X E M/ r un point quelconque et soit X E M un point de la pré-image de X,

II(x) = x. Commer agit de manière proprement discontinue sur Mil existe


un voisinage ouvert connexe Yx,x de x, x
E Yx,x CM, tel que II(Yx,x) soit
un ouvert élémentaire du revêtement. De ce fait la restriction de II à V x,x ,
- -
IIIYx.x' est un homéomorphisme de V x,x sur II(Vx,-x). Finalement II 1vx.x oG
est un homéomorphisme de a- 1 (Yx,-x), qui est un ouvert de C, sur II(Yx,-x).
Nous construisons donc un atlas A sur M/ r en posant

.A= {(G- 1 (Yx,x), II1vx.x 0 G, II(Yx,x)) lx EM/r, XE II- 1 (x), Yx,x c M:}.
où X parcourt M/ r, X E M parcourt toutes les pré-images de X par II et V x,x
parcourt tous les voisinages ouverts et connexes de x tels que II(Vx,x) soit
un ouvert élémentaire du revêtement. Il reste à montrer que les applications
de changement de cartes sont conformes.
Considérons deux cartes de A, (G- 1 (Yx,x), II 1vx.x o G, II(Yx,x)) et
(G- 1 (Yy,y). II1v.v.Y' 0 G, II(Yy,y-)) telles que II(Yx,x) n II(Yy,y) =fa 0.
Posons Yx,x = II(Yx,x) et Vy,y = II(Vy,y-), de ce fait Yx,x n Yy,y =fa 0.
Par construction, il existe une transformation conforme f de M, f E r, telle
que f((II 1vx.x)- 1 (Yx,x n Y.v,Y-)) = (II 1v.v)- 1(Yx,x n Yy,y-). On a donc

((II1vy.yr 1 0 II1vx.x)('z) = f(Z),


z
pour tout E (IIIYx.)- 1(Vx,-xnY y,y). De ce fait l'application de changement
de cartes sera
{II1v.v.Y o G)-1 o (II1vx.x o G) = (G-1 o (II1v.v)-1) o (II1vx.x o G)
= G- 1 o j oG,
qui est bien un difféomorphisme conforme d'un ouvert de C sur son image.
Par conséquent A est un atlas conforme et confère à M/ r une structure
conforme.
Montrons que la projection II est une application conforme de M sur
M/r. En effet, soit x E M un point quelconque et soit V; c M un
x
ouvert connexe contenant tel que II(V-;) soit un ouvert élémentaire du
revêtement. Posons x = II(X) et considérons une carte de M/ r au point x,
(G- 1(Yx,x), II 1vx.x oG, II(Yx,-x)).Notonsqueparconstruction II 1vx.x oG
est une application conforme de a- 1 cVx,x) c C sur II(Yx,-x). De plus on a
sur Yx,x
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Ainsi TI est, localement, la composée de deux applications conformes et de


ce fait TI est aussi conforme.

Montrons qu'il n'existe qu'une structure conforme sur M/ r telle que la


projection TI s~t conforme. Pou;:_ceci il suffit de démontrer la propriété sui-
vante. Si TI 1 : M ~ M 1 et TI 2 : M ~ M 2 sont deux revêtements conformes
et simplement connexes tels que pour chacun d'eux le groupe du revêtement
soit r, les surfaces de Riemann M 1 et M 2 sont alors conformément équi-
valentes. Pour prouver ce fait nous allons construire un difféomorphisme
conforme cp entre M 1 et M 2 •
Soit x 1 E M 1 , choisissons un point x1 E M dans la pré-image de x 1 par
TI 1 , TI 1 (x 1 ) = x 1 • Posons x 2 = TI 2 (x 1 ), x 2 E M 2 et remarquons que x 2 ne
x
dépend que de x 1 et non de 1 • En effet, soit y E M tel que TI 1 (Y) = x 1 •
x
Comme 1 et y ont la même image par TI 1 il existe un automorphisme du
revêtement TI 1 , h Er, tel que y= h(x1 ). Or, par hypothèse, h est aussi un
automorphisme du revêtement TI 2 . Par conséquent, on a

Nous pouvons donc définir une application cp de M 1 sur M 2 en posant


cp(xi) = x 2 . Notons que cp vérifie cp o TI 1 = TI 2 . Clairement nous pouvons
construire de la même manière une application g de M 2 sur M 1 et par
construction nous aurons go cp = IdM 1 et cp o g = ldMi- Par conséquent,
cp est un homéomorphisme de M 1 sur M 2 • Nous déduisons de la relation
cp o TI 1 = TI 2 que, localement, cp est la composée de TI 2 avec l'inverse de Il 1
qui sont par hypothèse des applications conformes. Nous concluons donc que
cp est aussi conforme, ce qui termine la preuve. D

Corollaire 4.6.lL Soit TI : M ~ M un revêtement conforme et simplement


connexe. Soit r le groupe du revêtement, munissons M/ r de l'unique struc-
ture conforme rendant la projection canonique P : M ~ M/ r conforme.
Dans ces conditions, les surfaces de Riemann M et M/ r sont conformément
équivalentes.

Démonstration. Les deux revêtements considérés ont le même groupe du


revêtement, r. Le théorème 4.6.10 montre alors que les surfaces de Riemann
M et M/ r sont conformément équivalentes. D

Remarque 4.6.12. Du fait que toute surface de Riemann possède un revête-


ment conforme et simplement connexe, corollaire 4.6.7, le corollaire 4.6.11
montre que chaque surface de Riemann différente de § 2 peut être construite
à l'aide d'un sous-groupe du groupe de Môbius de <C ou][]) agissant de manière
proprement discontinue.
4.6. SURFACES DE RIEMANN VUES COMME QUOTIENT DE LEUR REVÊTEMENT UNIVERSEL 279

Lemme 4.6.13. Soit f 1 un sous-groupe de Mil> (resp. de MIHl ou Mc) agissant


de manière proprement discontinue sur ]]]) (resp. lHI 2 ou <C). Soit h E Mil>,
posons f 2 =ho f 1 o h- 1 (nous dirons que f 1 et f 2 sont deux sous-groupes
conjugués).
Dans ces conditions, f 2 agit aussi de manière proprement discontinue sur
!Dl (resp. lHI 2 ou <C) et les surfaces de Riemann ]]]) / r 1 et ]]]) / r 2 (resp. lHI 2 / r 1 et
JH[ 2 / r 2, <C / r 1 et <C / r 2) sont conformément équivalentes.

Démonstration. Nous prouverons le résultat pour Mil>, dans les cas MIHI ou
Mc la preuve est analogue.
Le groupe f 2 agit aussi de manière proprement discontinue sur]]]) car h
est un difféomorphisme de]]]) et f 1 agit de manière proprement discontinue
sur]]]).
Nous allons construire une équivalence conforme entre]]])/ r 1 et]]])/ r 2 .
Considérons pour cela les deux projections canoniques II 1 : ]]]) -+ ]]]) / r 1 et
Ili : ]]]) -+ ]]]) / r 2. Soit X 1 E ]]]) / r 1' choisissons un antécédent X de X 1 dans ]]]) '
I1 1 (.X) = x 1 . Posons x 2 = II 2 (h(.X)), nous allons montrer que x 2 ne dépend
x
pas du choix de l'antécédent de x 1 . Soit E ]]]) un autre antécédent de x 1 ,
I1 1 (x) = x 1 . Par conséquent il existe un difféomorphisme f E f 1 tel que
x = f(x). On a donc
II1(h(x)) = II1((h o f)(x))
= II1((h o J o h- 1 )(h(x)))
= II 2 (h(.X)), car (ho f o h- 1 ) E f 2,

Par conséquent nous pouvons poser F(x 1 ) = x 2 et on a défini une application


F de ]]]) / r 1 sur ]]]) / r 2 vérifiant F o II 1 = II 2 o h. Clairement, nous pouvons
aussi définir une application G de ]]]) / r 2 sur ]]]) / r 1 et par construction F et G
vérifieront F o G = ld 2 et Go F = ld 1 où ld 1 et ld 2 désignent respectivement
l'application identité de]]])/ r 1 et]]])/ r 2 . De ce fait Fest un homéomorphisme
de ]]]) / r 1 sur ]]]) / r 2 . Par construction F est localement la composée de
l'inverse de II 1 , de h puis de II 2 qui sont toutes des applications conformes.
Nous en déduisons que F est aussi conforme, ce qui conclut la preuve. D

Nous allons maintenant identifier les sous-groupes de Mc agissant de


manière proprement discontinue sur <C. Pour cela nous aurons besoin du
résultat suivant.

Lemme 4.6.14. Soit r un sous-groupe de Mc agissant de manière proprement


discontinue sur <C, définition 1.2.23. Soit r 0 l'orbite de 0, c'est-à-dire r 0 =
{J(O) E <C f E r}. Dans ces conditions, f 0 n'a aucun point d'accumulation
J

dans <C.
280 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Démonstration. Nous savons grâce au corollaire 4.3.12 que les seuls difféo-
morphismes conformes et sans point fixe de C sont les translations. Par
conséquent r est constitué de translations de«::, en plus de Ide. Commer
agit de manière proprement discontinue sur C, il existe un réel s > 0 tel que
dans le disque ouvert de rayon s et centré en 0 il ne se trouve aucun point de
l'orbite de 0, distinct de 0,

(4.15) lh(O)I:::: s, Vh Er, h =j:. Ide.

Supposons maintenant que f 0 possède un point d'accumulation x 0 E C.


De ce fait il existe deux points distincts f(O) et g(O) dans f 0 , f, g E r,
f =/:- g, tels que lf(O) - xol < ~ et lg(O) - xol < ~-Par conséquent on
8
a lf(O) - g(O)I < 2· Or, puisque f et g sont deux translations dans r, la
translation (f- 1
o g) est aussi dans r car r est un groupe. Par conséquent,
1- 1(g(O)) = g(O) - f(O) est un point dans l'orbite de 0, distinct de 0, dont
la distance à 0 est strictement inférieure à s ce qui contredit l'inégalité (4.15).
Nous concluons que f 0 n'a pas de point d'accumulation dans C. D

Proposition 4.6.15. Soit r un sous-groupe de Mc agissant de manière pro-


prement discontinue sur C. Alors r est soit trivial, soit isomorphe à Z soit
isomorphe à Z 2 . Plus précisément, on a l'un des trois cas suivants.
1) r ={Ide}.
2) Il existe un nombre complexe non nul a tel que

f = {z ~ z + pa 1 p E z},
et par conséquent r est isomorphe à z.
3) Il existe deux nombres complexes a et b non nuls et indépendants sur JR,
a
c'est-à-dire vérifiant b f/ JR, tels que

f = {z ~ z + pa + q b 1 p, q E Z},
et par conséquent r est isomorphe à Z 2 .

Démonstration. Supposons que r ne soit pas trivial et appelons fo l'orbite


de 0 sous l'action de r. Rappelons que r est constitué de translations de«:: car
les éléments de f, différents de Ide, n'ont aucun point fixe, corollaire 4.3.12.
De plus f 0 est un groupe additif, par conséquent l'application

(f, o)--+ (fo, +)


f ~ f(O)
4.6. SURFACES DE RIEMANN VUES COMME QUOTIENT DE LEUR REVÊTEMENT UNIVERSEL 281

est un isomorphisme de groupes. Notons œ le réel défini par

Ci= inf{lzl 1Z E fo, Z "# ü}


= inf{lf(O)I \ f E f, f 1 Ide}.
Le réel œ est non nul car sinon 0 serait un point d'accumulation de f 0 , ce qui
est interdit par le lemme 4.6.14. Par conséquent on a œ > O. De plus il existe
un point a E f 0 tel que a = la 1 car sinon r 0 aurait un point d'accumulation
sur le cercle centré en 0 et de rayon œ, ce qui de nouveau est interdit par le
lemme 4.6.14. Soit h E r tel que a = h(O). Comme h est une translation on a
h(z) = z +a pour tout z E C Appelons fh le sous groupe de f engendré
par h, c'est-à-dire
fh = {z
r--+ z + pa 1 p E z}.
Si r h = r nous sommes dans le cas 2 et la preuve est terminée. Supposons
donc r h 1 r et posons
f3 = int{lf(O)I [ f Er\ rh}·
Comme précédemment, f3 > 0 et il existe b E fo et f E r \ rh tels que
~ = lbl et b = f(O). Par construction on ab 1 p.a pour tout p dans 'Il.
En fait on a b 1 À. .a pour tout réel À.. En effet, si nous avions b = À.a avec
À E R \ Z, il existerait un entier p E Z tel que p < À. < p + 1 et nous
aurions 0 < lb - pa 1 < lai- Cette inégalité contredit la définition de a car
b - pa E f 0 . De ce fait, a et b sont indépendants sur R Posons

= {pa +qb p, q E z}.


f(a,b) 1

Nous allons montrer que r 0 = f(a, b) ce qui montrera que r 0, et donc r,


est isomorphe à 2 2 . Il suffit en fait de montrer que r 0 c f(a, b).
Soit z E f 0 un point quelconque de l'orbite de O. Comme les nombres
complexes a et b sont linéairement indépendants sur R, nous pouvons
exprimer le point z comme une combinaison linéaire à coefficients réels
de a et b: z = xa + yb, x, y ER. Il existe des nombres entiers p, q E Z
1 1
tels que lx - pl :;:::: 2 et IY - ql :;:::: 2 . On obtient donc

lz - pa - qbl = l(x - p)a +(y - q)bl


(4.16) :::::: l(x - p)al + l(y - q)bl
1
:::::: 2<lal + lbl)
:;:::: lbl.
Supposons pour commencer que (4.16) soit une inégalité stricte, on obtient
donc lz - pa - qbl < lbl. Ainsi, par définition de b et par le fait que z E f 0 ,
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

il existe un entier k E '1l tel que z - pa - qb = k.a, nous en déduisons que


Z E f(a, b).

Si maintenant (4.16) est une égalité, les complexes (x - p)a et (y - q)b


sont proportionnels sur IR. Comme a et b sont indépendants sur IR, on a donc
x = p ouy = q.
- Six = p on a [z - pa - qb[ ::::; ~ < [b[, nous en déduisons comme
2
auparavant que Z E f(a, b).
- Si y = q on obtient [z - pa - qb[ ::::; [~[ < [a[. Par définition de a
et du fait que Z - pa - qb E fo, on obtient Z - pa - qb = 0 et ainsi
ZEf(a,b).
Nous avons donc montré que r 0 = {pa + qb p, q E z}. Par conséquent J

on a
r = {z r-+ z + pa + qb p, q E Z}, J

ce qui termine la preuve. D

i
iÎ \1
"-- /
-i

Fig. 71.

Remarque 4.6.16. Soient A, B E C* deux nombres complexes indépendants


sur IR. Nous appellerons l'ensemble des combinaisons linéaires à coefficients
entiers de A et B le réseau engendré par A et B et nous le noterons r(A, B):
r(A, B) = {pA + qB p, q E Z}. Par exemple, la figure 71 représente les
J

réseaux r(l, i) et r(l, j).


Un réseau est un sous-groupe additif de C. Remarquons que f(A, B) est
exactement l'orbite de 0 sous l'action du grouper de translations engendré
par f(z) = z +A et g(z) = z +B. Ce groupe agit de manière proprement
discontinue sur C, exercice 4.6.3. Par conséquent la preuve précédente
montre qu'il existe a et b dans r(A, B) tels que
[a [ = inf{[pA + qB[ J p, q E 'll, (p, q) =f. (0, 0)}
et
[b[ = inf{[pA + qB[ J p, q E 'll, pA + qB =f. ka, k E Z}.
4.6. SURFACES DE RIEMANN VUES COMME QUOTIENT DE LEUR REVÊTEMENT UNIVERSEL 283

De plus, a et b sont non nuls, sont indépendants sur lR et sont des générateurs
de r(A, B),
f(A, B) = f(a, b).

Corollaire 4.6.17. Soit M une surface de Riemann connexe telle que son
revêtement conforme et simplement connexe soit conformément équivalent
à C Alors M est conformément équivalente à Cou à C* ou à une surface
compacte de genre 1, c'est-à-dire à un tore.

Démonstration. Soit II : C ~ M un revêtement conforme et simplement


connexe. Soit r le groupe du revêtement, le corollaire 4.6.11 montre que
M est conformément équivalente à C / r. De plus r est un sous-groupe de
Mc agissant de manière proprement discontinue. Dans ces conditions, la
proposition 4.6.15 nous décrit les cas possibles pour r.
Si r est trivial on a M ::::= C /{Ide} ::::= C, où ::::= désigne l'équivalence
conforme.
Supposons que r soit isomorphe à 'IL. Il existe donc un complexe non nul
a E C* tel que r = {z i-+ z + pa p E Z}. Remarquons que l'application
J

z i-+ e2 :rciz/a est un revêtement conforme et simplement connexe de C* par


Cet le groupe du revêtement est r. Nous déduisons du théorème 4.6.10 que
M est conformément équivalente à C *.
Supposons enfin que r soit isomorphe à Z 2 . En ce cas M est conformé-
ment équivalente à C / r qui est une surface de Riemann compacte et de
genre 1, ce qui termine la preuve. D

Remarque 4.6.18. Réciproquement, si M est conformément équivalente à


Cou C* son revêtement simplement connexe conforme est C : pour C la
projection est II(z) = z et pour C*, II(z) = e 2 • Nous allons montrer qu'il
en est de même si M est une surface de Riemann compacte de genre 1,
corollaire 4.6.23. Pour cela nous aurons besoin du résultat basique suivant
portant sur les sous-groupes de JR.

Lemme 4.6.19. 1) Soit (G, +) C (JR, +) un sous-groupe additif de R Si G


n'est pas trivial seulement deux cas se présentent.
- Il existe un réel a > 0 tel que G = a'!L = {pa J p E z}, et ainsi Gest
isomorphe à 'IL.
- G est dense dans R
2) Soit (H, x) c (JR*+, x) un sous-groupe multiplicatif de JR*+. Si H n'est
pas trivial seuls les deux cas suivants se présentent.
- Il existe un rée/).> 0 tel que H = {)cP J p E z}, et ainsi H est isomorphe
àZ.
- H est dense dans JR*+.
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Démonstration. Notons que les parties 1 et 2 sont équivalentes. Pour le


prouver il suffit de considérer l'isomorphisme de groupes <p : x 1--+ ex
de(~.+) sur(~*+, x), puis de remarquer que <p est continue. Nous ne
démontrerons donc que la partie 1.
Posons
a= inf{lxl 1 x E G \ {o}}.

Cas 1 : Supposons a > O.


Nous allons montrer que G = a.'JL. Montrons d'abord que a E G, pour
cela nous allons faire une démonstration par l'absurde. Supposons donc que
a ne soit pas un élément de G. En ce cas, par définition de a, pour tout entier
1
n EN* il existe des éléments distincts x 1 et x 2 de G tels que lx1 - al < -,
n
1 a
j = 1, 2. Choisissons n EN* tel que - < - , on a donc
n 10
2 a
0 < lx1 -x2I :S lx1 -al+ lx2-al < - < -.
n 5
Or, on a x 1 - x 2 E G \ {O}. Il existe donc un élément strictement positif de
G qui est strictement plus petit que a. Cela contredit la définition de a et
montre que a est élément de G, a E G.
Soit x un élément quelconque de G. Appelons p E 'lL la partie entière du
ree - . n a d one p :::;:: -X < p + 1 et ams1
'lxO ..
a a
0:::;:: x - pa <a.

De nouveau, on a x - pa E G (car G est un groupe additif) et la valeur


absolue de x - pa est strictement inférieure à a. Nous déduisons de la
définition de a que x - pa = 0, c'est-à-dire x = pa. On a ainsi x E a'JL pour
tout x E G, cela prouve l'inclusion G C a'JL. Comme·G est un groupe additif
et que a E G on a clairement l'autre inclusion, a'JL C G. Nous avons donc
montré que G = a'll dans le cas où a > O.

Cas 2: Supposons a = O.
Nous allons montrer que G est dense dans R Soit x E ~ un réel
quelconque, nous voulons montrer que pour tout entier n E N* il existe
1
un élément Xn E G tel que lx - < -.
Xn 1
n
Du fait que a = 0, pour tout entier n E N* il existe un élément non nul an
1 X
de G tel que 0 <an < -. Appelons p E 'lL la partie entière de-, on a donc
n an
X . . 1
p:::;:: - < p + 1pms0:::;:: x - pan <an, ce qm nous donne lx - panl < -.
an n
Comme pan E G nous obtenons que G est dense dans R D
4.6. SURFACES DE RIEMANN VUES COMME QUOTIENT DE LEUR REVÊTEMENT UNIVERSEL 285

Proposition 4.6.20. Il n'existe pas de sous-groupe de MIHI isomorphe à '1!., 2 et


agissant de manière proprement discontinue sur IHI 2 .

Démonstration. Nous allons raisonner par l'absurde. Supposons qu'il existe


un sous-grouper de MIHI, isomorphe à 'll., 2 et agissant de manière proprement
discontinue sur IHI 2 . Le grouper est donc engendré par deux transformations
conformes f et g de IHI 2 sans point fixe et qui commutent,

fog=gof

Rappelons qu'une équivalence conforme de IHI 2 sans point fixe est de type
hyperbolique ou parabolique et qu'elle admet donc sur le bord à l'infini
a00 IHI 2 = lR U { oo} de !HI 2 soit deux points fixes distincts soit un point fixe
double respectivement, définition 2.4.3.

Cas 1: Supposons que f soit une isométrie parabolique.


a
Ainsi f possède un point fixe double, p, sur 00 IHI 2 • On a

f(g(p)) = g(f(p)) = g(p),

de ce fait g(p) est également un point fixe de f. Nous en déduisons que


g(p) = p, et donc p est aussi un point fixe de g. Sig possédait un autre point
fixe q sur a00 JHI 2 nous aurions

g(f(q)) = f(g(q)) = f(q)

et nous aurions f(q) = q ou f(q) = p. Le premier cas est absurde car p est
l'unique point fixe de f. Le deuxième cas est aussi absurde car f (p) = p
et f est injective. Nous concluons donc que g possède également p comme
unique point fixe. Le raisonnement suivant montre que l'on peut supposer
p =OO.
-1
Si p f=. oo considérons l'application h : z 1-+ - -et remarquons que
z-p
h E MIHI puis que (ho f o h- 1 )(00) = (ho go h- 1)(00) = oo. Posons
F = ho f o h- 1 et G = ho go h- 1 • Si z 0 E IHI 2 est un point fixe de Fon a

F(zo) = zo {:} f(h- 1 (zo)) = h- 1 (zo) {:} h- 1 (zo) = p {:} Zo = oo.


Par conséquent l'unique point fixe de Fest le point oo et on montre de la
même manière que l'unique point fixe de G est le point oo. De plus, F et G
sont deux transformations conformes de IHI 2 qui commutent et engendrent
le groupe rh =ho r o h- 1 qui est conjugué à r. De ce fait, rh agit aussi de
manière proprement discontinue sur IHI 2 et est isomorphe à Z 2 . Connaissant
les transformations conformes de IHI 2 , proposition 2.1.10, on obtient que F
est de la forme
F(z) = az + b, a, b E R
286 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Comme oo est l'unique point fixe de F nous devons avoir a = 1 et ainsi


F(z)=z+b, bEIR*.

Pour les mêmes raisons on a


G(z)=z+c,cEIR*.

Remarquons que, comme F et G engendrent un groupe libre, les réels b


et c sont linéairement indépendants sur Z. En effet, il existerait sinon des
entiers k, r E Z* tels que kb - rc = 0 et nous aurions donc pk = G', ce
qui contredit le fait que F et G engendrent un groupe libre. Le sous-groupe
additif de IR engendré par b etc n'est donc pas de la forme d'!L. Grâce au
lemme 4.6.19, nous concluons que ce groupe est dense dans IR. Pour tout réel
positif ê > 0 il existe donc des entiers k, r E Z tels que lkb +rel < ê. Soit
z 0 E lHii, on a lzo - (Fk o G')(z 0 )1 = lkb +rel et ainsi

0 < [zo - (Fk o G')(z 0 )[ < ê.

Par conséquent, il existe des points de l'orbite de z0 distincts et aussi proches


de Zo que l'on veut. Ce dernier fait contredit l'hypothèse que rh agit de
manière proprement discontinue sur lHii. Nous concluons que F, et donc f,
ne peut pas avoir un unique point fixe sur 300 JHii.
Cas 2: Supposons que f soit une isométrie hyperbolique.
Ainsi f possède deux points fixes distincts, PI et Pi sur 300 lHii. Notons
que le raisonnement utilisé au début du cas 1 montre que g possède égale-
ment deux points fixes distincts. On a

ainsi g(p;) est un point fixe de f et de ce fait


g(pi) = PI ou g(pI) = Pi·
Supposons que nous ayons g(pi) = pi, on a donc g(pi) = PI et de ce
fait gi(p;) = p;, i = 1, 2. Comme g a deux points fixes q;, i = 1, 2,
ceux-ci sont aussi des points fixes de gi et nous devrions donc avoir (à un
changement de numérotation près) q; = p;, i = 1, 2, ce qui contredit les
égalités g(pi) = Pi et g(pz) = PI.
On a donc g(pI) = p 1 et g(p 2) = p 2. Comme précédemment, à une
transformation conforme de lHI 2 près et quitte à considérer un sous-groupe
de MIHI conjugué à r, nous pouvons supposer que ces deux points fixes sont
0 et oo. De ce fait f et g sont de la forme
f(z) = az, g(z) = œz, a, œ E JO, +oo[ \ {!}.
Remarquons que pour tous k, r E Z * on a ak =/= œ'. En effet, nous aurions
sinon f k = g', ce qui est absurde car f et g engendrent un groupe libre.
4.6. SURFACES DE RIEMANN VUES COMME QUOTIENT DE LEUR REVÊTEMENT UNIVERSEL 287

Nous en déduisons, à l'aide du lemme 4.6.19, que le sous-groupe multiplicatif


de lR *+ engendré par a et a est dense dans lR *+. Pour tout réel e > 0 il
existe donc k, r E Z tels que l l - akar 1 < e. Fixons z0 E IHl 2 , on a donc
lzo - (fk o gr)(zo)I < elzol· Par conséquent il existe des points de l'orbite de
z0 distincts et aussi proches de z0 que l'on veut. Ceci contredit le fait que r
agit de manière proprement discontinue sur IHI 2 , ce qui termine la preuve. D

Remarque 4.6.21. Considérons de nouveau f g E M!Hl, commutant tels que


f, g -:/= ld!Hl. Supposons de plus que f possède un point fixe z0 E IHl 2 , ainsi f
est une rotation hyperbolique et z0 est l'unique point fixe de f. On a donc
f(g(zo)) = g(f(zo)) = g(z 0 ). Par conséquent g(z 0 ) = z0 et g est aussi une
rotation hyperbolique de même centre que f. Ceci et la démonstration de la
proposition 4.6.20 démontre le résultat suivant.

Proposition 4.6.22. Soient f g deux isométries positives de IHl 2 commutant,


f o g = g o f, telles que f g -:/= ld!Hl. Dans ces conditions f et g sont du
même type. Plus précisément, f et g sont soit deux rotations hyperboliques
de même centre, soit deux translations hyperboliques par rapport à la même
géodésique soit deux transformations paraboliques avec le même point fixe
double sur a00 IH1 2 .

Corollaire 4.6.23. Soit M une surface de Riemann connexe et compacte de


genre 1. Alors le revêtement conforme et simplement connexe de M est <C.

Démonstration. Nous allons raisonner par l'absurde. Supposons que le revê-


tement conforme et simplement connexe de M soit lDl. Comme lDl et IHI 2 sont
conformément équivalents nous pouvons en fait supposer que M est revêtue
par IHI 2 • Par conséquent le groupe du revêtement, r, serait un sous-groupe
de MIHI agissant de manière proprement discontinue sur IHI 2 et isomorphe à
II 1 (M) c'est-à-dire à Z 2 , ce qui contredit la proposition 4.6.20. On conclut
ensuite, grâce au corollaire 4.6.7 et à la proposition 4.6.9, que le revêtement
conforme et simplement connexe de M est <C. D

Le théorème suivant résume ce que nous avons démontré.

Théorème 4.6.24 (Théorème de Poincaré-Koebe). Soit M une surface de


Riemann connexe et soit M son revêtement conforme simplement connexe. On
a, en désignant par«'.:::'.» l'équivalence conforme,
M '.: :'. §2 {} M '.:::'. §2,

M '.:::'. <C {} M est une surface de Riemann compacte de genre 1,


ou M '.:::'. <C,
ou M '.:::'. <C*.

Dans tous les autres cas on a M '.:::'. lDl.


288 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

On peut formuler le théorème 4.6.24 de la manière équivalente suivante.

Théorème 4.6.25. Soit M une surface de Riemann connexe et soit M son revê-
tement conforme simplement connexe.
On a M : : : : lDl si, et seulement si, M n'est pas une surface compacte de
genre l et M n'est pas conformément équivalente à CC, CC* ou § 2 . De plus,
M : : : : CC si, et seulement si, M est conformément équivalente à CC, CC* ou à une
surface de genre l.

Comme application nous allons donner une preuve du « petit » théorème


de Picard à l'aide du théorème 4.6.24, ou 4.6.25. À la section 4.8 nous
donnerons également une preuve du « grand » théorème de Picard (qui
s'appelle aussi plus simplement théorème de Picard), théorème 4.8.6.

Théorème 4.6.26 (Le petit théorème de Picard). Soit f : CC --+ CC une


fonction holomorphe sur CC. Supposons que l'image de f omette plus d'un
point de CC. Dans ces conditions f est une fonction constante.

Démonstration. Supposons que l'image de f omette plus d'un point de <C.


En ce cas /(CC) est un ouvert de CC dont le complémentaire dans CC possède
au moins deux points. Par conséquent, /(CC) est une surface de Riemann
connexe dont le revêtement conforme et simplement connexe est D, en vertu
du théorème 4.6.24. Appelons II la projection de revêtement, II : lDl --+ f (CC).
On a /*(II 1 (CC)) = {e} = II*(II 1 (1Dl)) où e désigne l'élément neutre. De
ce fait si nous choisissons z0 E CC et w0 E lDl tels que f (z 0 ) = II(w0 ), le
théorème de relèvement des applications, théorème 1.2.18, montre qu'il
existe une unique application holomorphe F : CC --+ lDl telle que (figure 72)

F(z0 ) = w0 , et II o F = f

Fig. 72.

La fonction F est holomorphe et bornée sur CC, le théorème de Liouville


montre que F est constante et par conséquent f est constante. D
4.6. SURFACES DE RIEMANN VUES COMME QUOTIENT DE LEUR REVÊTEMENT UNIVERSEL 289

Remarque 4.6.27. À l'aide du théorème d'uniformisation de Riemann on


peut démontrer un résultat important dans la théorie des surfaces minimales :
le théorème de Bernstein.
Soit h : IR 2 --+ IR une fonction telle que son graphe M soit une surface
minimale de IR 3 . Alors h est une fonction affine sur IR 2 et par conséquent M
est un plan.
En effet, appelons X(x, y) = (x, y, h(x, y)) l'immersion minimale de IR 2
dans IR 3 , on a donc X(IR 2 ) = M. Munissons IR 2 de la métrique induite par
l'immersion X et considérons la structure conforme induite sur IR 2 par cette
métrique. La surface de Riemann obtenue en munissant IR 2 de cette structure
- - -
conforme sera notée M, on a donc soit M ::::: <C soit M ::::: [])_
Appelons X : M --+ IR 3 l'immersion conforme, minimale et complète
induite par X. Soit (g(z), f(z)dz) la représentation de Weierstrass de X,
remarque 4.4.11, f est holomorphe sur M. Comme X(M) = X(IR 2 ) = M
est un graphe, l'image de son application de Gauss prend ses valeurs dans
un hémisphère de § 2 . À une rotation de IR 3 près, nous pouvons supposer
qu'il s'agit de l'hémisphère sud. De ce fait, on a lg(z)I ::::; l pour tout z E M.
Rappelons que la métrique ds = lf(z)l(l + lg(z)l2) · ldzl est complète sur
M, comme g est bornée nous en déduisons que f ne s'annule pas et que
i lf(z)l · ldzl = +oo

pour tout chemin divergent y de M. On obtient grâce à un résultat d'Osser-


man, exercice 4.4.3, que M ::::: <C. De ce fait, g est une fonction holomorphe et
bornée sur <C. Nous déduisons du théorème de Liouville que g est constante.
Par conséquent, l'application de Gauss de X est aussi constante et on en
déduit immédiatement que M est un plan de IR 3 .
Il est important de noter que h est définie sur tout IR 2 • La conclusion est
fausse dans le cas contraire : il existe des surfaces minimales non planes de
IR 3 qui sont des graphes sur des parties ouvertes de IR 2 .

Nous terminerons par la construction suivante.

Exemple 4.6.28 (Revêtement de la sphère moins trois points). Rappelons


qu'il n'existe qu'une seule structure conforme sur la sphère moins trois
points. En effet, il existe toujours une transformation de Môbius qui échange
deux triplets de points donnés, proposition 2.1.15. Nous savons de plus que
le revêtement conforme et simplyment connexe de la sphère moins trois
points est lHI 2 , théorème 4.6.24. Nous allons démontrer ceci d'une manière
plus explicite à l'aide du théorème d'uniformisation de Riemann.
Considérons le triangle géodésique r de lHI 2 dont les trois sommets sont
les points à l'infini 0, l et oo. Appelons y la géodésique dont les extrémités
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

sont 0 et 1, et posons
Dk = {z E JH[ 2 I Re(z) = k}, k E Z.
Ainsi Dk est la géodésique verticale de bord asymptotique {oo, k }, k E Z et
r est formé par y, Do et D 1. Appelons P la région simplement connexe de
JH[ 2 bordée par le polygone r (fig. 73). Nous pouvons étendre P = PU r en
utilisant les symétries par rapport aux trois côtés de r. Remarquons que le
nouveau polygone de JH[ 2 obtenu est également bordé par des géodésiques et
de ce fait peut être étendu à l'aide des symétries par rapport à ces nouvelles
géodésiques. Nous allons montrer que la limite de la suite croissante de
polygones obtenue par ces réflexions successives est JH[ 2.
Acceptons ce fait pour l'instant. Nous allons construire une projection de
revêtement de § 2 \ {l, l, 12} par JH[ 2 où l = e 2 i1C/ 3 et § 2 est identifié
à ê = <C U {oo}. Grâce au théorème d'uniformisation de Riemann il
existe une équivalence conforme f entre P et IDl. À l'aide du théorème
de Carathéodory, on peut prolonger f en un homéomorphisme, que nous
continuerons d'appeler f, de P sur IT» (pour une preuve plus directe de ceci
voir l'exercice 4.6.2). Nous pouvons supposer que l'on a f(oo) = l, f(O) = l
et f(l) = 12 .
Notons R la réflexion par rapport à y. Grâce au théorème de symétrie
de Schwarz, théorème 4.6.4, nous pouvons prolonger f par symétrie par
rapport à y pour obtenir une application méromorphe f sur P U R(P) U y
dont l'image est § 2 \ ({1, l. 12} u C), où Cc alDl c § 2 est l'arc du bord
de ][)) reliant l et l 2, et contenant le point 1. En fait, en notant 1 la réflexion
dans § 2 par rapport à alDl, pour tout z E R(P) on pose: f(z) = (1 of o R)(z).
En particulier, f(y) est l'arc du bord de][)) reliant let 12 , et ne contenant
pas le point 1.
En considérant les symétries successives de P par rapport aux géodésiques
du bord, qui recouvrent tout JH[ 2 comme nous le verrons, f se prolonge donc
en une application méromorphe f sur JH[ 2 dont l'image est § 2 \ {l, l, 12 }.
Clairement f est une projection de revêtement de § 2 \ { 1, l, l 2 } par JH[ 2.

Prouvons maintenant que les symétries successives de P recouvrent JH[ 2


entièrement. Pour cela nous allons construire une suite de polygones rn,
n E N *, de manière appropriée et nous appellerons Pn la région simplement
connexe de JH[ 2 bordée par r n.
Rappelons que la réflexion par rapport à y est notée R, on a donc
z
R(z) = -_--
2z - 1
pour tout z E JH[ 2 U a00 JH[ 2 . Nous désignerons par Sk la
symétrie orthogonale par rapport à la géodésique Db k E Z. Nous posons
r1 = r puis (fig. 73)
f2 = R(Do)UR(D1)USo(R(Do)UR(Di)) US1 (R(Do)UR(D1))UD-1 UD2.
4.6. SURFACES DE RIEMANN VUES COMME QUOTIENT DE LEUR REVÊTEMENT UNIVERSEL 291

Do : D1
'

r = ap'

P2 p P2

- ---, _Y
,
/R(Do) R(Di)'\

-1 -1/2 0 1/2 3/2 2

Fig. 73.

Puis, pour n ?: 2, supposons que fn soit déjà défini et appelons f~ la


partie de fn se trouvant en dehors de la bande verticale {ü : ;: Re(z) ::;:: l }.
Le polygone fn+ 1 est défini en considérant R(f~), le symétrique der~ par
rapport à y, puis en prenant la réunion des symétriques successives de ce
nouveau polygone par rapport aux géodésiques Dk, k E {-n + 1, ... , n}. et
en ajoutant les géodésiques verticales D-n et Dn+ 1,

fn+1 =Ln U S1(Ln) U Tz(Ln) U ··· U Tn(Ln) U So(Ln)


U U-1 (Ln) U · · · U U-n+1 (Ln) U D-n U Dn+1.

oùLn = R(f~),Tk = Sko···OS1 etU-k = s_kO···OSo,k E N*.Remarquons


que par construction les polygones fn se trouvent dans la bande verticale
{-n + 1::;:: Re(z)::;:: n}.
Rappelons que P n est la région simplement connexe de lHI 2 bordée par
fn, on a donc Pn = Pn u rn. Nous allons montrer que la suite des parties Pn
recouvre tout JHI 2 .
Nous démontrerons en fait l'assertion suivante:
(i) pour tout e > 0 il existe un entier k > 0 tel que pour chaque polygone
r n' n > k' tous les intervalles réels dans ÔoolHI 2 constitués par les
sommets consécutifs de fn ont une longueur inférieure à e.
Acceptons cette assertion pour l'instant. Soit z = x + iy E lHI 2 et soit
e > 0 tel que ê < y /2. Soit k E N vérifiant l'assertion précédente. Soit enfin
n E N tel que n > k et -n + 1 < x < n. Par construction, le point z se
trouve dans Pn, ce qui montre que la suite des régions Pn recouvre tout lHI 2 .
Démontrons maintenant l'assertion (i). Supposons le contraire, il existe-
rait donc un nombre réel ê > 0 tel que pour des entiers n aussi grands que
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

l'on veut, les polygones rn admettent deux sommets consécutifs sur lR dont
la distance est supérieure à ê.
Remarquons que si a E [O, 1] c aoolHl 2 est un sommet de r n+ 1, n ?:: 2,
alors R(a) est un sommet de rn.
Soit k E N* tel que 1/2k < ê et soit n un entier supérieur à k. Supposons
que rn+I admette deux sommets consécutifs Xn+l < Yn+l de distance
supérieure à ê: Yn+1 - Xn+1 > ê.
Remarquons que tout j E {-n, -n + 1, ... , n + 1} est un sommet de
rn+l· Il existe donc j E {-n, ... ,n} tel que j ~ Xn+l < Yn+l ~ j + 1.
À quelques symétries verticales près nous pouvons supposer que ces deux
sommets se trouvent dans l'intervalle [O, l]. En fait, par construction nous
devons avoir Xn+ 1, Yn+l E [O, 1/2] ou bien Xn+l• Yn+l E [1/2, 1] car 1/2 est
un sommet commun à tous les polygones rn. Nous pouvons supposer que
Xn+l • Yn+l E [1/2, 1] car les polygones rn sont symétriques par rapport à la
droite verticale passant par le point 1/2.
n
Comme n est un sommet de rn, le nombre réel R(n) = - - - est un
2n -1
sommet de r n+ 1. Clairement, on a R(n) > 1/2 et sin est assez grand on a de
plus IR(n)-1/21 < ê. Il existe donc un entiern 0 > k tel que, pour tout n > n 0 ,
on ait Xn+1 =f. 1/2 et de ce fait on a R(xn+1) =f. OO et Xn+l• Yn+1 E ]1/2, 1].
1 1 1
Comme Yn+1 - Xn+1 > ê et - < - < ê on a Xn+1 < Yn+1 - - et ainsi
2n 0 2k 2n 0
1 2n 0 - 1
Xn+i < 1 - - , c'est-à-dire Xn+l < pour tout entier n > n 0 . On
2n 0 2n 0
obtient
R(x ) _ R( ) _ Yn+l - Xn+l
n+l Yn+l - (2Yn+l - 1)(2Xn+l - 1)
2n 0 -1
En majorant Xn+ 1 par et y par 1 on obtient
2n 0
no no
1R(Yn+d - R(Xn+1) 1 > --IYn+l - Xn+1 I > - - ê .
n0 - 1 n0 - 1
Remarquons que, comme l'intervalle ]xn+ 1 , Yn+l [ne contient aucun som-
met de rn+ 1, l'intervalle ]R(Yn+ 1), R(xn+ 1)[ ne contient aucun sommet de
rn. Après quelques symétries verticales, nous concluons qu'il existe deux
sommets consécutifs Xn et Yn de rn tels que 1/2 < Xn < Yn ~ 1 et
IYn - Xnl = jR(xn+1) - R(Yn+dl· On a donc: IYn - Xnl > ~ê. En
no - 1
répétant ce processus aux sommets Xn et Yn de rn, puis aux sommets consé-
cutifs Xn-1· Yn-1 E ]1/2, 1] de rn-1 obtenus et ainsi de suite, nous trouvons
après un nombre fini d'étapes deux sommets consécutifs de fn 0 , x 0 et y 0 , tels
que 1/2 < x 0 < y 0 ~ 1 et vérifiant
no )n+l-no ( no )n+l-no
lxo - Yol > ( - - IYn+l - Xn+1 I > - - ê.
no - 1 no - 1
4.6. SURFACES DE RIEMANN VUES COMME QUOTIENT DE LEUR REVÊTEMENT UNIVERSEL 293

Par conséquent, sin est assez grand nous aurons lxo - Yol > 1, ce qui est
absurde.

Exercices de la section 4.6

Exercice 4.6.1. Soit A c tC la région fermée du plan complexe limitée par


les droites L 1 = {z E tC [ Im(z) = O} et L 2 = {z E tC [ lm(z) = 1}. Soit
u(z) une fonction réelle bornée, continue sur A et harmonique sur int(A).
Montrer que si u est identiquement nulle sur les droites L 1 et L 2 , u est alors
identiquement nulle sur A.

Exercice 4.6.2. On considère le triangle géodésique de IHI 2 , r c IHI 2 , dont


les trois sommets sont les points à l'infini 0, 1 et oo, exemple 4.6.28. On
appelle P la région de IHI 2 bordée par r. Soit f une équivalence conforme
de P sur le disque unité lDl. Le but de cet exercice est de montrer que f se
prolonge en un homéomorphisme de P c IHI 2 sur lDl sans utiliser le théorème
de Carathéodory. Notons que le bord de P dans IHI 2 , ôP, est constitué der et
des points à l'infini 0, 1 et oo, ôP = f U {0, 1, OO}.
1) Soit z 0 E ôP et soit (zn)neN E P une suite de points de P convergeant
vers Zo : limn-+oo Zn = zo.
Montrer que les points d'accumulation de la suite f(zn) se trouvent sur
le bord de lDl.
2) Soit z 0 E r. En considérant la fonction harmonique log lf(z)I sur un
voisinage de z 0 dans P, montrer que f se prolonge continûment en z 0 .
3) On considère le demi-disque .6.,

.6. = {z E tC 10 < izl::::;: e-:n:, lm(z) > o}.


Montrer que la fonction h(z) = f(-i log(z)/n) est bien définie sur .6.
et qu'elle se prolonge continûment en O. En déduire que f se prolonge
continûment au point oo.
(Pour tout z E .6. nous choisissons la détermination de son argument dans
l'intervalle JO, n [ ).
4) Montrer de manière analogue que f se prolonge continûment aux
points 0 et l. On continuera à appeler f l'extension de f à P.
5) Montrer que la restriction de f au bord de P est une bijection de ôP sur
â!Dl. En déduire que f est un homéomorphisme de P sur lDl.
6) Montrer que, à une transformation de Môbius près, on peut supposer
que f(oo) = 1, f(O) =jet f(I) = ) 2 où j = e 2 :n:i/ 3 _

Exercice 4.6.3. Soient A, B E tC* deux nombres complexes indépendants


sur IR. On poser = {pA + qB [ p,q E Z}, on considérera r comme un
294 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

sous-groupe de C et aussi comme un groupe de translations agissant sur C.


On pose
a= int{IYI y Er, y=/:- o}.
1

Le but de cet exercice est de montrer que a > 0 puis que r agit de manière
proprement discontinue sur C
Soient (Pn) et (qn), n E N, deux suites à valeurs dans 'll. On pose pour
tout n E N: Yn = PnA + qnB E r.

1) Montrer que si les suites (Pn) et (qn) sont convergentes et ont des limites
non nulles alors on ne peut pas avoir limn-++oo Yn = O.
2) Montrer que si (Pn) est convergente et limn-++oo qn = ±oo, on ne peut
pas avoir limn-++oo Yn = O.
3) En supposant limn-++oo IPn 1 = limn-++oo lqn 1 = +oo, montrer que l'on
ne peut pas avoir limn-++oo Yn = O.
4) En conclure que a > O.
5) Montrer que pour tout z0 E C, il existe une partie ouverte U C C
contenant z0 , telle qu'on ait U n U p,q = 0, pour tous p, q E Z, avec
(p,q) =/:- (0,0), où Up,q = {z + pA + qB 1 z EU}.
6) Soient z 1 , z 2 E C, tels que z 2 =/:- z 1 + pA + qB, pour tous p, q E Z.
Montrer qu'il existe un ouvert U C C contenant z 1 et un ouvert V c C
contenant z 2 , tels que V n U p,q = 0 pour tous p, q E Z.
7) En déduire que f(A, B) opère de manière proprement discontinue
sure.

Exercices 4.6.4. 1) Utiliser un groupe à un paramètre d'isométries posi-


tives de JH[ 2 de type hyperbolique pour construire une surface de Riemann
S 1 homéomorphe à un anneau et admettant une unique géodésique repré-
sentant un générateur de TI 1 (Si), le groupe fondamental de S 1 • Montrer de
plus que cette géodésique est minimisante.
2) Par contre, utiliser un groupe à un paramètre d'isométries positives
de JH[ 2 de type parabolique pour construire une surface de Riemann S2
homéomorphe à un anneau telle qu'il n'existe aucune géodésique fermée
engendrant Il 1 (Sz).

4.7. Structures conformes sur le tore

Nous allons maintenant préciser le théorème 4.6.24, qui donne un début


de classification des surfaces de Riemann (par leur revêtement conforme sim-
plement connexe). On sait déja que la classification des surfaces de Riemann
est plus fine que la classification par homéomorphisme : deux surfaces de
4.7. STRUCTURES CONFORMES SUR LE TORE 295

Riemann homéomorphes ne sont pas nécessairement conformément équiva-


lentes, considérer par exemple C et]]])_
Remarquons tout d'abord que la translation T(z) = z + b - a est une
équivalence conforme de C \ {a} sur C \ {b}, ce qui montre que sur C moins
un point il n'y a qu'une structure conforme. On peut se demander s'il en est
de même pour les tores, c'est-à-dire
«Deux surfaces de Riemann homéomorphes à un tore sont-elles confor-
mément équivalentes? »
Une autre manière de formuler cette question est
« Peut-on munir un tore de deux structures conformes distinctes? »
Par exemple, le théorème d'uniformisation de Riemann, théorème 4.6.1,
montre que sur la sphère il n'existe qu'une structure conforme et sur JR 2 il
existe deux, seulement, structures conformes distinctes : celle de ]]]) et celle
de C Nous allons voir qu'en fait il existe une infinité de structures conformes
distinctes sur le tore.
Rappelons que le symbole « :::::: »désigne l'équivalence conforme entre
deux surfaces de Riemann. Dans ce qui suit toutes les surfaces considérées
sont connexes.

Remarque 4.7.1. Soit M une surface de Riemann compacte de genre 1.


Rappelons que le revêtement conforme et simplement connexe de M est le
plan complexe C, corollaire 4.6.23. Le corollaire 4.6.11 montre qu'il existe un
sous-grouper de Mc agissant de manière proprement discontinue sur C et
tel que M soit conformément équivalente à C / r. De plus il existe a. b E C *
a
linéairement indépendants sur lR ( b ~ lR) tels que

f = {z 1--+ z + pa + qb 1 p, q E z}.
On rappelle la définition de C / r : on définit une relation d'équivalence
sur C, notée~, en posant
x ~y * 3/ E r 1 y = f(x).
Alors C / f est l'ensemble des classes d'équivalence de cette relation.
Appelons f 0 c C l'orbite de 0 sous l'action der:

fo = {pa + qb 1 p, q E z}.
Notons que f 0 = f(a, b) où f(a, b) désigne le réseau de C engendré par a
et b.
Définissons une autre relation« ~ 0 »sur C par: x ~ 0 y x - y E f 0. *
Clairement « ~ 0 » est une relation d'équivalence sur C et on a de plus :
x ~0 y *x ~ y. Par conséquent si C/f0 désigne l'ensemble des
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

classes d'équivalence de« ~ 0 »on a C/f0 = C/f et nous concluons


que M :::::: C/f0 . De ce fait nous pouvons considérer que toute surface
de Riemann compacte de genre 1 est engendrée par un réseau.

Proposition 4.7.2. Soient M 1 et M 2 deux surfaces de Riemann compactes


de genre 1 et soient f 1 et f 2 deux réseaux de C tels que M 1 :::::: C/f 1 et
M1:::::: C/f2.
Dans ces conditions, les surfaces de Riemann sont conformément équiva-
lentes si, et seulement si, il existe une transformation conforme J de <C telle
que f(fi) = f2,

Démonstration. Appelons TI 1 et TI 2 les deux projections de revêtement


et TI1: <C---+ <C/f2.
Supposons que M 1 :::::: M 2, par conséquent on a <C/f 1 :::::: <C/f 2. Soit
G : <C / r 1 ---+ c / r 2 une équivalence conforme. Soient z J, Z2 E <C tels
que G(TI 1(zi)) = TI 2(z2).
Le théorème de relèvement des applications, appliqué à G o TI 1 , assure
qu'il existe une transformation conforme (en fait unique) g de C vérifiant
g(zi)=z 2, et TI 2 og=GoTI 1.
Posons f(z) = g(z) - g(O), ainsi f est une transformation conforme de (
telle que f (0) = O. De plus, on a pour x et y quelconques dans C
TI1(x) = TI1(Y) *(Go TI1)(x) =(Go TI 1)(y)
* I12(g(x)) = I12(g(y))
{o} g(x) - g(y) E f2
{o} (g(x) - g(O)) - (g(y) - g(O)) E f2
{o} f(x) - f(y) E f2
* TI1(f(x)) = TI1(f(y)).
Par conséquent f passe au quotient et définit une équivalence conforme F
entre C/ r 1 et <Cf r 2 . On a de plus
XE f1 {o} TI1(x) = I11(Ü)
* TI1(f(x)) = TI1(0)
{o} f(x) E f2,

ce qui montre que f(f1) = f2.


Inversement supposons qu'il existe une transformation conforme f de (
telle que f(f 1) = f 2. Posons g(z) = f(z)- f(O), ainsi g est une application
4.7. STRUCTURES CONFORMES SUR LE TORE 297

linéaire de C telle que g(f 1 ) = r 2 • Pour x et y quelconques dans Con a


donc
I11(x) = I11(Y) {}X - y E f1
{} g(x) - g(y) E f2
{} I12(g(x)) = I12(g(y)).
Cela montre que g passe au quotient et définit une équivalence conforme G
entre C / r 1 et C / r 2 , ce qui termine la preuve. D

Définition 4.7.3. Soient f 1 et r 2 deux réseaux de C. Nous dirons que f 1


et r 2 sont équivalents s'il existe une transformation conforme f de C telle
que f(fi) = r 2 • Nous noterons également par«:::::» l'équivalence entre les
réseaux de C.

Remarque 4.7.4. À l'aide de la proposition 4.7.2, deux surfaces de Riemann


compactes de genre 1 sont conformément équivalentes si, et seulement si,
les deux réseaux de C qui les définissent sont équivalents. Par conséquent,
classifier les surfaces de Riemann compactes de genre 1 est équivalent à
classifier les réseaux de C. Nous allons donc classifier les réseaux de C.

- ''
j

-1 -1/2 0 1/2

Fig. 74.

Théorème 4.7.5 (Classification des réseaux de C). Soit Fla partie du plan
complexe définie par (fig. 74)

F = {w E C 1lm(w)>0, lwl > 1, -~ :'S Re(w) < ~}


U {w E C 1lm(w)>0, lwl = 1, -~ :'S Re(w) :'S o}.
Soit f(a, b) un réseau de C engendré par deux nombres complexes a et b
linéairement indépendants sur R
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Il existe alors un et un seul w dans F tel que les réseaux r(l, w) et r(a, b)
soient conformément équivalents,

Démonstration. Soit r(a, b) c C un réseau de C Quitte à changer de


générateurs, la remarque 4.6.16 montre que nous pouvons supposer que
a est un élément de longueur minimale parmi les éléments non nuls de r et
b est de longueur minimale parmi les éléments non multiples de a,

lal = inf{lzl 1 Z E r(a,b), Z -=f ü},


lbl = inf{[z[ 1 Z E r(a,b), Z -=f pa, p E z}.
Nous allons d'abord montrer qu'il existe w E F tel que r(a. b) ::::= r(l, w).
Soit f la transformation de Mobius de C définie par f(z) = z/a. On
a f(r(a,b)) = r(l.b/a) et de ce fait r(a,b) ::::::: r(l,b/a). Remarquons
que r(l.b/a) = r(l,-b/a), nous pouvons donc supposer que la partie
imaginaire de b/a est strictement positive, lm(b/a) >O.
Grâce à la propriété que b vérifie, on a [a +hl ?: lb[ et [a - b[ ?: lb[.
En posant w = b/a, on obtient: Il+ wl ?: [w[ et [1 - w[ ?: [w[, ce qui
nous donne 1 Re(w)I ::::; 1/2. On a donc r(a, b) ::::= r(l, w), avec [w[ ?: 1
et Re(w)[ ::::; 1/2. Si Re(w) = 1/2 on a r(a, b) ::::::: r(l, w - 1) avec
1

Re(w - 1) = -1/2 et lw - li ?: 1 et ainsi w - 1 E F. Nous pouvons


donc supposer -1/2::::; Re(w) < 1/2.
Si [w[ > 1 on a w E F. Si [w[ = 1 et 0 < Re(w) < 1/2 considé-
rons la transformation de Mobius f de C définie par f(z) = -wz. On
obtient f(r(l, w)) = r(-w, -1) = r(l, -w) et remarquons que -1/2 <
Re(-w) < 0 et par conséquent -w E F. Ce qui précède montre qu'il existe
w E F tel que r(a, b) ::::= r(l, w).
Montrons que l'élément w E F précédent est unique. Pour cela il suffit de
montrer que si WI, Wz E F et r(l, wi) '.: : :'. r(l, Wz) alors on a W1 = Wz.
Supposons donc qu'il existe une transformation de Mobius g de C telle
que g(r(l, WI)) = r(l, W2) avec W1, Wz E F. Comme g(Ü) E r(l, Wz), la
transformation de Mobius f(z) = g(z) - g(O) vérifie également la propriété
f(r(l, w 1 )) = r(l, w2 ). De plus, comme f(O) = 0, la transformation f est
de la forme f(z) = cz, avec c E C*, et on a par conséquent
r(l, W2) = cr(l, W1).
Remarquons que l'on a

1 = inf{lz'[ IZ 1 E r(l, Wz), Z1 -=f ü}


= inf{[c.z[ 1 Z E r(l, wi), Z -=f ü}

= [c[. inf{[z[ 1 Z E r(l, wi), Z -=f ü}


4.7. STRUCTURES CONFORMES SUR LE TORE 299

=Ici.
et de ce fait Ici = 1.
Supposons c = ±1, on a donc r(l, wi) = r(l. w2). On en déduit que
W1 E f(l,w2)etw2 E f(l,w1).Ilexistedoncdesentiersp,q,p',q' E Z
tels que
W1 = p +qwz et Wz = p' +q'w1.
Ce qui entraîne w 1 = p + qp' + qq'w 1. On a donc

p + qp' = 0 et qq' =1
en utilisant l'indépendance de 1 et w 1 • On obtient de même
p' + q' p = 0 et qq' = 1.
Donc ou bien q = q' = -1 ou bien q = q' = 1.
Dans le premier cas, q = q' = -1, on a w 1 + w2 = p E JR, ce qui n'est
pas possible car lm( w;) > 0, i = 1, 2.
Dans le second cas, q = q' = 1, on obtient w 1 - w2 = p E Z, et donc
lm(wi) = lm(w 2). Or, w 1 , w2 E F entraîne: -1 < Re(wi) - Re(w 2) < 1.
On a donc Re(w 1) - Re(w 2) = 0, c'est-à-dire w 1 = w2.
Supposons c i- ±1, comme c E f(l. w2) on ac = p + qw 2 avec
p, q E Z. Si q = 0 on obtient c E Z et par conséquent c = ± 1 ce qui
est faux, on a donc q i- O. Quitte à multiplier c par -1, nous pouvons
supposer lm(c) > 0 et de ce fait q > O. Or Ici = 1 si, et seulement
si, (p + q Re(w 2)) 2 + (q Im(w 2)) 2 = 1. De plus pour tout w E F on a
Im(w) ~ .J3/2, on a donc q = 1 puis c = p+w 2 . On a Re(c) = p+Re(w 2)
et lm(c) = lm(w 2), par conséquent Ici = 1 et l'inégalité lm(c) ~ .J3;2
entraînent IP + Re(w 2)1 ::S 1/2. De ce fait on a p = 0 ou p = 1.
Cas 1 : Supposons p = O.
On obtient c = w2 et ainsi lw 21 = 1. Comme (1/c)r(l, w2) = f(l. w 1 )
on a 1/c E f(l. w 1 ) et il existe donc des entiers p',q' E Z tels que
w2 = 1/c = p' + q'w 1. Comme auparavant nous obtenons q' = -1 puis
Re(w 2) = p' - Re(wi) ce qui par définition de F implique l'un des cas
suivants,
a) p' = 0
b) p' = -l et Re(w 2) = Re(wi) = -1/2.
Le cas a) implique w2 = -w 1 et ainsi on a lw 11 = lw 21 = 1. Par définition
de Fon obtient-1/2 ::S Re(w;) ::S 0, i = 1, 2. De ce fait l'égalité w2 = -w 1
implique Re(w 2) = Re(wi) = 0 puis w 1 = w2 = i car lw11 = lwzl = 1.
De même, le cas b) implique w 1 = w2 = (-1 + i .J3)/2.
300 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Cas 2 : Supposons p = 1.
On a donc c = 1 + w2 • Par conséquent la condition Ici = 1 donne
lm(w 2 ) = ./3/2 et Re(w 2 ) = -1/2, on obtient donc w2 = (-1 + i ./3)/2.
De ce fait c = -w2 et ainsi r(l, w2 ) = -w 2 r(l, wi), ce qui nous donne
r(l, wi) = w2 r(l, w2 ). Comme 1 + w2 + wi = 0 on a
Wzr(l, Wz) = r(Wz, W~) = r(l, Wz)
et ainsi r(l, w,) = r(l, Wz). Cela entraîne w, = Wz comme nous l'avions
déjà remarqué dans le cas où c = ± 1. D

Corollaire 4.7.6. 1) Soit M une surface de Riemann homéomorphe à un


tore. Il existe un et un seul w dans F tel que M soit conformément équivalent à
<C/r(l, w).
2) Soient w 1 , w2 deux éléments distincts de F, alors les tores <C/r(l, w 1 ) et
<C / r (1, w2 ) sont conformément distincts. En particulier, il existe une infinité
de structures conformes distinctes sur un tore.

Le corollaire 4.7.6 découle du théorème 4.7.5 et de la remarque 4.7.4.


Nous allons maintenant traiter du problème d'existence de fonctions
méromorphes sur un tore M (considéré comme une surface de Riemann com-
pacte de genre un). Nous venons de voir qu'il existe des nombres complexes
w et w' linéairement indépendants sur lR tels que M soit conformément équi-
valent au quotient de <C par le réseau r engendré par w et w'. De ce fait, si
f est une fonction méromorphe sur M, f peut se relever en une fonction
méromorphe j sur <C en posant
f =foil
où Il est la projection canonique de <C sur <C / r. En conséquence, j est
invariante sous l'action des automorphismes du revêtement, c'est-à-dire que
l'on a
(4.17) f(z + w) = f(z) et f(z + w') = f(z)
pour tout z E <C. Le problème d'existence de fonctions méromorphes sur M
est donc équivalent au problème d'existence de fonctions méromorphes sur
<C vérifiant (4.17).
Définition 4.7.7. Soit Mun tore engendré par un réseau r(w, w') de <C. On
appelle fonction elliptique sur M toute fonction méromorphe f sur M ou
encore toute fonction méromorphe sur <C vérifiant (4.17).
Nous allons voir qu'il existe des fonctions elliptiques sur les tores autres
que les fonctions constantes. Pour ceci nous utiliserons le résultat suivant
dont la preuve fait l'objet de l'exercice 4.7.1.
Pour tout réseau r de <C on poser' = r \ {ü}.
4.7. STRUCTURES CONFORMES SUR LE TORE 301

Lemme 4.7.8. Soit f = f(w, w') un réseau du plan complexe.


Alors pour tout entier k ~ 3 la série

est absolument convergente.

Corollaire 4.7.9. Soit f(w, w') un réseau. Pour tout nombre complexe z
n'appartenant pas au réseau r les séries

(4.18) s(z) = -z1 + "L..,, ( -z -1 y + -y1 + -y2z)


yEï'

et

(4.19)

sont absolument convergentes et définissent des fonctions holomorphes sur


c \ r.
Démonstration. Pour tout z E <C \ f fixé on a

1 1 z z2
--+-+-=
z- y y y2 (z - Y)y2
.
On obtient donc
1 1 z 2R 2
1 --+-+-
z- y y Y2
1
<-
"' 1yl3
pour lzl : ;: : R et IYI ~ 2R. On en déduit, grâce au lemme 4.7.8, que la série
qui définit la fonction s(z) est uniformément convergente sur toute partie
compacte de <C \ r.
Pour la seconde série on procède de la même manière. D

Ceci nous permet de construire une fonction elliptique non constante sur
un tore M quelconque.

Proposition 4.7.10. La fonction méromorphe f9 sur <C définie par le corollaire


4.7.9 est une fonction elliptique et paire. De plus f9 admet un pôle double en
chaque point du réseau r et n'admet pas d'autres pôles.

Démonstration. La dernière assertion découle immédiatement de la défini-


tion de f9· Montrons donc que f9 est une fonction paire et elliptique. On a
pour tout z E <C \ f,
302 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

,p(-z) = -z21 + L (
(z + y )2 - -yz
1 1 )
yEf'

1 ( 1 1 )
= z2 + L
y'er'
(z _ y')2 - y'z
(y'= -y)

= ,p(z).
Ce qui montre que ,p est une fonction paire.
Définissons la fonction f méromorphe sur C par
f(:::.) = ,p(z + w) - ,p(z).
On a .f'(z) = ,p'(z + w) - ,p'(z). Or

,p'(z) = '""' -2
L.,, (z - )3,
yer Y
de ce fait

,p'(z + w) = '""'
L.,, -2
(z+w-y) 3
yEf

-2
= L
y'Ef
(z -
y
')3 = ,p'(z),

où l'on a posé y'= y - w. Par conséquent f'(z) = 0 et ainsi


,p(z + w) - ,p(z) = c,
pour tout z E C \ r,
où c est une constante complexe. En évaluant
w
l'expression précédente en z = - 2 et en utilisant la parité de ,p on obtient
c = O. On prouve de la même manière que
,p(z + w') - ,p(z) = 0,
ce qui montre que ,p est une fonction elliptique. D

Remarque 4.7.11. On en conclut immédiatement que la dérivée g;J'(z) est


une fonction elliptique et impaire.
Définition 4.7.12. 1) La fonction elliptique ,p donnée par la proposition
4.7.10 est appelée la fonction ,p de Weierstrass du tore M = C / r.
2) La fonction Çdonnée par le corollaire 4.7.9 est appelée la fonction Çde
Weierstrass. La fonction ,p est l'opposée de la dérivée de la fonction Ç:
Ç'(z) = -,p(z).
Cependant Çn'est pas une fonction elliptique comme le montre le résultat
suivant.
4.7. STRUCTURES CONFORMES SUR LE TORE

Proposition4.7.13. Lafonction !; de Weierstrass, définieparlaformule (4.18),


est une fonction impaire et vérifie
(J)
l;(z + w) = l;(z) + 21;( 2" ),
w'
l;(z + w') = l;(z) + 21;( 2 ).
pour tout Z E C \ f.

Démonstration. Pour tout z E C\ r on a

l;(-z) = --1 +
z
'""'
~ --
( -1
z +y
+ -y1 - -y2z )
yEî'

= --z1 + L: (- -1- - -1 - -z ) = -l;(z),


z -y' y' y'2
y'eî'

où l'on a posé y' =-y. De ce fait!; est une fonction impaire. Appelons fla
fonction méromorphe sur C définie par
f(z) = l;(z + w) - l;(z).
Comme p est une fonction elliptique et que p = -!;',on a f' =O. De ce fait
l;(z + w) - l;(z) =c
pour tout z E C \ r, où c est une constante complexe. En posant z = -w/2
et en utilisant le fait que!; est une fonction impaire on obtient c = 2/;(w/2).
Par conséquent (J)
l;(z + w) = l;(z) + 21;( 2 ).

On démontre de la même manière l'autre égalité. D

Nous allons voir que p et p' satisfont une relation algébrique.

Théorème 4.7.14. Les fonctions elliptiques pet p' satisfont la relation algé-
brique
p'2 = 4p3 - gzp - g3,
1 1
où gz = 60 Lyeî' 4y et g3 = 140 Lyeî' 6
y
·

Démonstration. Posons pour tout entier k ?:: 3


1
sk = L: k'
yEî' y

et rappelons que ces séries sont absolument convergentes, lemme 4.7.8. Le


1
développement limité de (p(z) - 2 ) au voisinage de 0 nous donne
z
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

et ainsi

Par conséquent

Ainsi, la fonction figurant à gauche de la dernière égalité est une fonction


elliptique sans pôle. De ce fait elle constitue une fonction entière et elliptique,
elle est donc bornée sur CC. Le théorème de Liouville, théorème 1.3.21, assure
que cette fonction est constante. En évaluant cette fonction en 0 et en utilisant
la dernière égalité nous constatons que cette constante est nulle, ce qui
termine la preuve. D

Remarques 4.7.15. 1) Nous remarquons que les seuls pôles de p sur <C
sont les points du réseau f(w, w') et que ceux-ci sont des pôles doubles de tp.
En conséquence si on considère p comme une fonction sur le tore M = <C / r,
p n'a qu'un pôle, au point TI(O), et ce pôle est double (où TI est la projection
de revêtement). Nous déduisons de ceci que p est une fonction méromorphe
sur M de degré deux.
De même, p' a un pôle triple au point TI(O) et ne possède pas d'autres
pôles sur M. Nous concluons que p' est une fonction méromorphe de degré
3 sur M. De ce fait p' possède trois zéros sur M. Remarquons enfin que ces
zéros sont distincts car si z0 E M était un zéro multiple de p', la fonction
p prendrait la valeur p(z0 ) au point z 0 avec une multiplicité supérieure ou
égale à 3. Ce dernier fait contredirait le fait que p est de degré 2.
2) La relation algébrique entre p et p' peut aussi se mettre sous la forme
(4.20)

où e 1 , e2, e 3 sont les uniques nombres complexes vérifiant

g2
e1e2 + e1e3 + e1e3 = -4·
g3
e 1e 2e 3 = 4.
Les nombres complexes e 1, e 2, e 3 ont aussi la propriété suivante.

w w'
Proposition 4.7.16. 1) La fonction p' est nulle aux demi-périodes l' 2 et

w: w'. De plus p' ne s'annule qu'aux demi-périodes du réseau,


4.7. STRUCTURES CONFORMES SUR LE TORE

w w' w w'
s;>'(z) = 0 ~ (z = 2" +y, l +y ou l + l + y, y E f).
Par conséquent, Les nombres complexes e 1, e2 , e 3 de L'équation (4.20) sont Les
valeurs de g;> aux demi-périodes der, c'est-à-dire que L'on a, à une permutation
près,

2) Supposons maintenant w = 1 et w' = iy 0 , y 0 > O. Dans ces conditions,


on a p(z) = g;>(z) pour tout z E C \ f(l, iy 0 ). De plus, e 1, e 2 et e 3 sont réels
et vérifient e 3 < e 2 < e1.

Démonstration. On a

car g;> 1 est une fonction impaire, remarque 4.7.11. Nous concluons donc que
s;J'(~) =O.
w' w + w'
On montre de la même manière que s;>'( 2 ) = s;>'(--2- ) =O. De ce
fait l'équation (4.20) montre que l'on a à une permutation près

Comme s;>' est une fonction elliptique de degré 3 sur le tore C / r, re-
marque 4.7.15, la fonction g;> 1 ne s'annule qu'aux demi-périodes. Cela prouve
la première partie de la proposition.
Prouvons la deuxième partie. Soit z E c \ r(l, iyo) un complexe quel-
conque n'appartenant pas au réseau. On a

1 1 1
p(z) = -2
z
2=
+ yEr' <
z -y
)2 - 2
y
1 1 1
= -2
z
2= cz -
+ yEr' -)2 - -2
y y
1 1 1
= 22 + 2= <z _ y')2 -
y'er'
y'2
= s;>(z),
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

où on a posé y' =Y. Notons que l'avant-dernière égalité vient du fait que le
réseau est rectangulaire et, de ce fait, invariant par conjugaison complexe :
r = r. Par conséquent, pour tout X E IB. \ Z, on a

g.J(x) = p(x) = p(x),


et de ce fait p(x) est réel. En particulier, on obtient que e 1 = p(l/2) est
réel.
Également, pour les nombres imaginaires purs z = tiy 0 , t E IB. \ Z, on
obtient

car p est une fonction paire. De ce fait, e 3 = p(iy 0 /2) est réel. Considérons
maintenant des nombres complexes de la formez = 1/2 + tiy 0 , t ER On a

g.J(z) = p(:Z) = p(l/2 - tiy 0 ) = p(l/2 - tiy 0 - 1) = p(-1/2 - tiy 0 ) = p(z).


Ainsi, SJ(l/2 + tiy 0 ) est réel pour tout t E IB. et nous en déduisons que
e 2 = p(l/2 + iy 0 /2) est un nombre réel.
Nous montrons de la même manière que p(t + iy 0 /2) est réel pour
tout t ER Rappelons que la dérivée p' ne s'annule qu'aux demi-périodes
du réseau. De ce fait, p est une fonction à valeurs réelles et strictement
monotone sur chacun des quatre segments suivants (fig. 75),

Œ1 = {t 1 Ü < t ~ ~} Œ2 = g+ tiyo 1 Û ~ t ~ ~}
Œ3 = {(l1 - t)
iy 0
+2 1
Ü~ t ~ l1 } Œ4 = {<~ - t)iyo 1 Ü ~ t < ~}-

iyo

. Yo œ3
!-
2
œ4 œ2

œ1

Fig. 75.

Comme p est une fonction elliptique paire et de degré 2, la restriction de


p à l'union des quatre segments est injective,

Vz1, Z2 E Œ1 u Œ2 u Œ3 u Œ4, p(zi) = p(z2) {} Z1 = Z2.


4.7. STRUCTURES CONFORMES SUR LE TORE

Nous en déduisons que t;.> est strictement monotone sur le rectangle (privé
du sommet 0) œ1 U œ2 U œ3 U œ4 orienté par le paramètre t. Comme de
plus le développement en série (4.19) montre que t;.> est équivalent à l/z 2
dans un voisinage de 0, on obtient que t;.> est strictement décroissante sur le
segment œ1 • Par conséquent, t;.> est strictement décroissante sur le rectangle
œ1 U œ2 U œ3 U œ4 orienté par le paramètre t. En particulier on obtient
s;J(l/2) > t;.>(l/2 + iy 0 /2) > tÇJ(iy 0 /2), c'est-à-dire

ce qui termine la preuve de la proposition. D

Nous allons maintenant énoncer quelques propriétés importantes des


fonctions elliptiques.

Définition 4.7.17. Soit r = f(w, w') un réseau du plan complexe C Nous


appellerons parallélogramme fondamental le parallélogramme F suivant ou
l'un quelconque de ses translatés dans le plan complexe. Le parallélogramme
Fest bordé par les quatre segments suivants de C (fig. 76),

œ1 = {tw 1 0: :;: t :::;: 1} œ2 = {w + tw' 0: :;: t :::;: 1}


1

œ3 = {w' + (l - t)w 0 :::;: t :::;: l}


1 Œ4 = { (l - t )w' Ü :0:: t :0:: l}.
1

w'

0 w

Fig. 76.

Considérons maintenant une fonction méromorphe f sur C, elliptique


relativement à r. Comme C / r est une surface de Riemann compacte, f a
un nombre fini de pôles et de zéros en comptant avec multiplicité. De ce fait
dans chaque parallélogramme fondamental f aura un nombre fini de pôles
et de zéros en comptant avec multiplicité.

Proposition 4.7.18. Soit r = f(w, w') un réseau du plan complexe C et soit


f une fonction elliptique relativement à r. Alors f est une fonction rationnelle
308 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

de f9 et p'. Plus précisément, il existe des polynômes à coefficients complexes


A, B, C E <C [X], tels que

f = A(p) + p'B(p).
C(p)

Proposition 4.7.19. Soit r = f(w, w') un réseau du plan complexe <C et


soit f une fonction elliptique relativement à r, non constante. Notons z;,
i = 1 , ... , k, les zéros de f compris dans un parallélogramme fonda-
mental, chacun de multiplicité a; E N*, i = 1, ... , k. De même, notons pj,
j = 1 , ... , q, les pôles de f compris dans le même parallélogramme fonda-
mental, chacundemultiplicitébj EN*, j = l, ... ,q. En supposant que le
bord du parallélogramme ne rencontre aucun des pôles et zéros de f (sinon
on se ramène à ce cas à l'aide d'une translation complexe) on a
k q

L:a;z; - Lbjpj Er.


i=l j=l

Les preuves des propositions 4.7.18 et 4.7.19 font l'objet des exercices 4.7.3
et 4.7.4 respectivement.
Nous arrêtons ici notre introduction aux fonctions elliptiques. On peut
trouver une étude plus détaillée dans Costa [19], Sansone-Gerretsen [72] et
Siegel [73].

Exemple 4.7.20. Comme application nous allons présenter la surface mini-


male de Costa [18]. Considérons le réseau r de <C engendré par 1 et i :
f = {p + qi p, q E Z}. Appelons T 2 le tore engendré par f, T 2 = <C/f,
J

et notons TI la projection canonique de <C sur T 2 • Posons

M: = c \(ru 012+ nu (i/2+ n).


M = T2 \ {TI(l/2), TI(O), TI(i/2)}.

Ainsi, TI : M --+ M est une projection de revêtement. Posons également

2e1v'2ir
g(z) = p'(z) ; w = p(z).dz,
où f9 est la fonction p de Weierstrass du tore T 2 et e 1 = p(l/2). Nous allons
montrer que la paire (g, w) définit une immersion complète, conforme et
minimale X de M dans JR 3 , remarque 4.4.11.
Nous montrerons d'abord que (g,w) définit une immersion minimale
conforme Xde Mdans JR 3 • Nous pouvons montrer, comme dans la preuve
de la proposition 4.7.16, que l'on a p(iz) = -p(z) pour tout z E <C \ f. On
4.7. STRUCTURES CONFORMES SUR LE TORE

1 i 1 .
obtientdoncp(i( 2 + 2 )) = -p( 2 + ~).Parailleurs,ona
1 i 1 i
p(i(2 + 2)) = p(-2 + 2)
1 i
= p(-2 + 2 + l)
1 i
= p(2 + 2)·
1 i 1 i
Par conséquent - +- est un zéro de la fonction p. Comme de plus - +-
2 2 2 2
1 i
est un zéro de la dérivée p', on obtient que 2 +2 est un zéro double de p.

De ce fait la forme w n'a pas de zéros sur Met ainsi ds 2 = 1:1 2 (1 + lg 2 1) 2


est une métrique sur M. Il suffit donc de montrer que l'on a

Re i ~J = 0, j = 1, 2, 3,
pour tout chemin fermé y c M où les formes~1 , j = 1, 2, 3, sont définies
par

~ w 2 1 ( 8.rre~ )
<1>1 = -(1- g (z)) = -p(z) 1 - - - dz,
2 2 p'2 (z)
~ iw i ( 8.rr e 2 )
<1> 2 = -(1 + g 2 (z)) = -p(z) 1 + - 2- 1 dz,
2 2 p' (z)
~ 3 = g(z)w = 2e 1 ,JZ;f(z)dz.
p'
Comme les formes ~1 sont elliptiques, j = 1, 2, 3, il suffit de considérer
comme courbes fermées les cercles centrés aux points 1/2, 0, i/2 et de
rayon 1/4. Nous appellerons ces cercles respectivement y 1 , y2 et y 3 . On
a, théorème 1.3.33,

Re f ~J = 2.rriRes(~;. 1/2), j = 1, 2, 3.
}YI
Un calcul montre que l'on a les relations suivantes
p 1 ( p' p' )
(4.21) 1(z)
p
= -8 -- -
ei p - ei
- - (z),
p - e3

(4.22) p
-(z) =- 1 ( p(z - 1/2) - p(z -1/2)
. - 2e 1 ) ,
p'2 16ef
où e 3 = p(i/2), exercice 4.7.9. De plus, le développement en série de la
fonction p(z - 1/2) au voisinage de z = 1/2 nous donne
310 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

1
tp(z - 1/2) = (z - 1/2)2 + 0(1).
De ce fait le résidu de la forme p(z - l/2)dz au point z 1/2 est nul.
Comme de plus z = 1/2 n'est pas un pôle de fP on a

Re { ~1 =Re { ~2 = 0.
]YI ]YI
Par ailleurs, le développement en série de la fonction fP au voisinage de
z = 1/2 nous donne

tp(z) = p(l/2) + ~tp"(l/2)(z - 1/2) 2 + ü((z - 1/2) 2).

En dérivant cette égalité on obtient

p'(z) = tp 11 (1/2)(z - 1/2) + ü((z - 1/2)).


Nous déduisons de ce qui précède que
tp' 1
Res(--(z)dz, -) = 2,
fP - e1 2
et par conséquent
Re { ~3 =O.
]YI
Nous montrons de la même manière que

Re { ~j = 0, j = 1, 2, 3.
JY3
Remarquons que z = 0 n'est pas un pôle de <P 3 . Remarquons également que
l'on a Res(~ 1 , 0) = Res(~2 , 0) = O. On obtient donc

Re { ~j = 0, j = 1, 2, 3.
JY2
Par conséquent la paire (g, w) définit une immersion conforme et minimale
Xde Mdans IR 3 .
À l'aide des relations (4.21) et (4.22) on obtient

-
x 3 (z)= Re 1- .Jin lp(z)-e11
<P 3 =--log
4
()
fP z - e3
.
4.7. STRUCTURES CONFORMES SUR LE TORE 311

En posant ri = s(l/2), ri' = s(i/2) et en utilisant les relations suivantes,


s(z + 1) = s(z) + 2ri et s(z + i) = s(z) + 2ri', proposition 4.7.13, on obtient
pour tout z E M,

x (z + 1) = x (z) + ~ Re(n -
1 1 2ri),

x2(z + 1) = x2(z) + ~ lm(2ri + n),


x1 (z + i) = x1 (z) + 2:1 Re(i n - 2ri'),

x2(z + i) = x2(z) + 2:1 Im(2ri' +in).


Comme le tore est « carré », on a les relations ri = n / 2 et ri' = -in/ 2,
exercice 4.7.7. Avec les relations précédentes on obtient
.X1(z + 1) = x1(z) et .X1(z + i) = x1(z), j = 1, 2,
pour tout z E M. Clairement, pour tout point z de M on a également
x (z + 1) = x (z + i) = .X (z). On a donc les relations
3 3 3

X(z + 1) = X(z + i) = X(z),


pour tout z E M. Par conséquent, l'application X passe au quotient et définit
une immersion conforme minimale X de M = II (M) dans lR 3 . La surface
X(M) est donc paramétrée par le tore T moins trois points: IT(O), IT(l/2) et
IT(i /2).
Posons À(z) = lo.>(z)l(l + lg 2(z)l)/2. À l'aide d'un développement des
fonctions o.> et o.>' au voisinage de chacun des points 0, 1/2 et i /2, on montre
que a
À(z) > W
dans un voisinage de z = 0, où a > 0 est une constante réelle. On a de même
b c
À(z) > lz - 1/212 (resp. À(z) > lz - i/212)

dans un voisinage de z = 1/2 (resp. z = i/2), où b > 0 etc > 0 sont des
constantes réelles. Considérons maintenant un chemin quelconque c(t) de
M, t E [O, 1[,divergent vers 0 (resp. 1/2, i /2), c'est-à-dire que c(t) -+ 0 (resp.
1/2, i/2) lorsque t-+ 1. Comme la métrique est donnée par ds = À(z).ldzl,
la longueur du chemin c(t) calculée avec la métrique ds, définition 1.1.18,
est infinie. De ce fait, l'immersion X est complète et il en est de même pour
l'immersion X.
En fait la surface X(M) est plongée dans lR 3 , c'est-à-dire qu'elle n'a
aucune auto-intersection. De plus cette surface a trois bouts : deux bouts
312 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

sont asymptotes aux bouts d'une caténoïde verticale et le troisième bout est
asymptote à un plan horizontal. La courbure totale de cette surface est-12ir
car g est de degré 3.
Cette surface fut découverte par Costa [18] en 1983. Par la suite, en 1984
Hoffman et Meeks [49] montrèrent que cette surface est plongée et, en
généralisant, construisirent des exemples de surfaces minimales de genre
quelconque, de courbure totale finie et plongées dans lR 3 , voir Hoffman-
Meeks [50]. De plus chacune de ces surfaces possède trois bouts dont la
description géométrique est analogue à celle de la surface de Costa .

Exemple 4.7.21. Nous allons présenter un nouvel exemple de surface mini-


male plongée dans JR 3 : l'exemple de Riemann. L'intersection de cette surface
avec chaque plan horizontal est soit un cercle soit une droite parallèle à l'axe
des x 2 . De plus, cette surface est invariante par une translation de JR 3 et
le quotient de la surface par cette translation est une surface de Riemann
conformément équivalente à un tore privé de deux points. En fait, à homo-
théties et isométries près, il existe une famille de telles surfaces, cette famille
est paramétrée par y 0 E [1, +oo[.
Pour tout réel Yo :;:: 1, considérons le réseau rectangulaire f = f(l, iy 0 ).
Les demi-périodes sont

En notant r.> la fonction de Weierstrass du tore T = C / r, nous pouvons


montrer que r.>"(w2 ) < 0, exercice 4.7.8. Posons ej = r.>(wj), j = 1,2,3.
Comme le tore est rectangulaire e 1 , e 2 et e3 sont des nombres réels et on
a e3 < e 2 < ei. proposition 4.7.16. Considérons la surface de Riemann M
définie par

M = c \(ru (w2 + f)),


= C\ {P + qiyo. p + 1/2 + i(qyo + Yo/2) 1 p, q E z}.
Sur M considérons la fonction méromorphe g et la forme méromorphe w
suivantes,

g(z) = À.(r.>(z) - e2),

w- dz - dz
~- ~~~~-

- g(z) - À.(r.>(z) - e2)'


4.7. STRUCTURES CONFORMES SUR LE TORE

(.ù
<P1 = -(1-g 2
(z)) = -1( - 1 -g(z) ) dz,
2 2 g(z)
iw i 1
<1> 2 = -(1
2
+ g 2(z)) = - ( - + g(z))dz,
2 g(z)
<l>3 = wg(z) = dz.
Nous allons montrer que la paire (g, w) détermine une immersion minimale
conforme X : M -+ lR 3 où

X(z) =Re f (<1>1, <Pz, <l>3).

Pour cela, il faut montrer que pour toute courbe fermée y de M, on a

(4.23) Re i <Pj = 0, j = 1,2,3,

et aussi qu'un point z0 E M est un pôle d'ordre n de g si, et seulement si,


z 0 est aussi un zéro d'ordre 2n de w, remarque 4.4.11. Notons que g n'a
aucun zéro ni pôle sur M, de ce fait w n'a pas de pôle ou zéro sur M non plus.
La dernière condition est donc vérifiée et il ne reste plus qu'à prouver les
relations (4.23).
Pour cela, remarquons que les formes <P j sont elliptiques, j = 1, 2, 3,
c'est-à-dire qu'elles sont définies sur le tore T,

Pour cette raison, il suffit de considérer comme courbe fermée le cercle y 1


de centre 0 et de rayon 1/4 et le cercle y2 de centre w2 et de rayon 1/4.
Considérons la courbe y 1 , on a

où la somme s'effectue sur l'ensemble des pôles Zn de <P j contenus dans le


disque ouvert centré en 0 et de rayon 1/4, théorème 1.3.33. Remarquons
dz
que la forme - - n'a pas de pôle sur le disque bordé par y 1 • De plus le
g(z)
seul pôle de la forme g(z)dz sur le disque bordé par y 1 est z = O. Grâce au
développement en série de la fonction tÇJ, on obtient que le résidu de g(z)dz
en 0 est nul, corollaire 4.7.9. Nous déduisons de ces remarques que l'on a

[ <Pj =Ü,
}YI
pour j = 1, 2, 3. Par ailleurs, en dérivant deux fois la relation du théorème
4.7.14 on obtient que la fonction fÇJ vérifie : fJ.J< 3l = 12tÇJp 1 • De ce fait
p< 3l(w2 ) = 0 et nous en déduisons, à l'aide d'un développement de p au
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

voisinage de w 2 , que le résidu de la forme dz/g(z) au pôle w 2 est nul. Cela


nous permet d'obtenir les relations

1 Y2
<I>; =0,

pour j = 1, 2, 3. Ainsi X est bien une immersion conforme minimale de M


dans R 3 . De plus on a, exercice 4.7.9,

1
p(z) - e1
= ~(p(z
p (w2)
- w2 ) - e2 ) = ->..2(p(z - w2) - e1).

Ce qui nous permet de calculer

x1 (z) = Re f <1>1 = -~Re f( (p(z - w2 ) - e2 ) + (p(z) - e2 ) )dz


À
= 2 · Re(Ç(z - w2) + Ç(z) + 2e2 z).
Puis,

x2(z) =Re f <1>2 = ~ · Im(Ç(z) - Ç(z - w2)),

x 3 (z) = Re(z).

On a donc

X(z)= (~ Re(Ç(z-w2 ) + Ç(z) + 2e2 z), ~ Im(Ç(z) - Ç(z-w 2 )), Re(z)}

pour tout z E M.
Rappelons que l'on a les relations

Ç(z + 1) = Ç(z) + 2ri1, Ç( z + iyo) = Ç(z) + 2ry 3 ,


où 'f/t = Ç(l/2) et ry 3 = Ç(iy 0 /2), proposition 4.7.13. Comme le réseau est
rectangulaire nous pouvons montrer à l'aide du développement en série de la
fonction Ç, que t(z) = Ç(:Z) pour tout Z E C \ f (pour la preuve de l'assertion
analogue concernant la fonction p, voir la proposition 4.7.16). De ce fait, on
a 'f/t E R et ry 3 E iR. Nous en déduisons que pour tout z E Mon a

+ 1) =
X(z X(z) + (J..(2ry 1 + e2 ), 0, 1),
X(z + iy 0 ) = X(z).

Cela montre que la surface X(M) c R 3 est invariante par la translation de


vecteuru = (J..(2ry 1 + e2 ), 0, 1).
Considérons sur M le segment ouvert {tiy 0 1 t E ]O, l [}.Comme le réseau
est rectangulaire on a t(tiy 0 ) = Ç(tiy 0 ) = -Ç(tiy0 ) et ainsi Ç(tiy 0 ) E iR
4.7. STRUCTURES CONFORMES SUR LE TORE 315

pour tout t E ]O, 1[. De plus, on a pour tout t E JO, 1[

t(-w2 + tiyo) = s(-w2 + tiyo)


= s(-tiyo -(~ - iy0 ))
2 2
= -s (tzyo
.
+ -1 - -iy0 )
2 2
= -s((tiyo -w2) + 1)
= -s(tiyo - w2) - 2TJ1.

De ce fait on a Re s(tiyo - lV2) = -7]1 pour tout t E ]O, 1[et par conséquent
l'expression Re s(tiy0 - w2 ) ne dépend pas de t. Nous déduisons de ceci
que la première coordonnée x 1 (z) est constante sur le segment vertical
{tiy 0 1 t E ]O, l[}. Il en est de même pour x 3 (z). De ce fait, l'image par X
de chaque segment {p + tiy 0 + qiy 0 1 t E ]O, 1[}, p, q E 'lL, est une droite
parallèle à l'axe des x 2 • Nous montrons de la même manière que l'image par
1 iy 0 I }
X de chaque segment { - + - + p + qiy0 + tiy 0 t E ]O, 1[ , p, q E 'lL est
·
2 2
une droite parallèle à l'axe des x 2 •
Considérons maintenant un réel Xo E lR \ {p, p + 1/2 p E z}. 1

Remarquons que la coordonnée x 3 (z) est constante et égale à x 0 sur la


droite {x0 + tiy 0 1 t E lR }. Comme de plus X(z + iy0) = X(z), pour tout
Xo E JR\ {p, p+ 1/2 1 p E Z} l'image par X de la droite {xo+tiyo 1 t E lR} est
une courbe fermée horizontale. En fait, chacune de ces courbes est un cercle,
voir Hoffman-Karcher-Rosenberg [47]. Nous en déduisons que l'intersection
de la surface X(M) avec chaque plan horizontal est soit une droite parallèle
à l'axe des x 2 soit un cercle. Plus précisément, pour chaque paire D 1 et D 2
de droites horizontales consécutives, D 1 et D 2 sont reliées par une famille de
cercles horizontaux. La métrique induite par l'immersion est

ds = ~ ( ~ + lg(z)I) ldzl
-1
---(lp(z -w2) - ezl + lp(z) - ezl)dz.
2p"(w2)

Par conséquent la surface X(M) est complète et chaque point der:: U (w2 + f)
est un bout de la surface, de plus il n'y a pas d'autres bouts. A partir de
l'expression explicite de X(z) donnée plus haut, il n'est pas difficile de
montrer que chaque bout est asymptote à un plan horizontal. En fait, pour
chaque droite horizontale il existe un bout asymptote au plan horizontal
contenant la droite en dehors d'un segment. Réciproquement, chaque bout
contient une et une seule droite horizontale, à un segment de droite près.
Remarquons enfin que la surface est symétrique par rapport à chacune de
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

ses droites horizontales, cette propriété est due au principe de réflexion,


remarque 4.4.11.

Exercices de la section 4.7

Exercice 4.7.1. Soit r = r(w, w') un réseau du plan complexe (avec w et w'
indépendants sur JR). On noter' = r \ {o}.
On définit p par
p = int{IYI 1 y Er'},

on sait grâce à l'exercice 4.6.3 que p existe et est non nul.


1) Pour tous réels a et b, 0 < a < b, on note Ca,b la couronne fermée
bordée par les cercles centrés en 0 et de rayons a et b,

Ca,b = {z E C 1 a ::S lzl ::Sb}.

Pour tout entier n non nul on appelle An le nombre de points de r


contenus dans la couronne fermée Cn,n+i.

Soit e un réel vérifiant 0 < e < ~· En comparant l'aire de la couronne


Cn-e,n+i+e avec la somme des aires de tous les disques de rayon e centrés
sur les points der n Cn,n+i. montrer que

An ::S
1+2e) (2n + 1).
(~

2) En déduire que pour tout entier k ~ 3, la série


1
Bk= L-1
y
yEf'
lk

est convergente.

Exercice 4.7.2. Soit r = r(w, w') un réseau du plan complexe et soit f une
fonction elliptique relativement à f.
1) Montrer que f a un nombre fini de zéros et de pôles à l'intérieur de
chaque parallélogramme fondamental de r' définition 4.7.17.
2) Montrer qu'il existe un parallélogramme fondamental der dont le bord
ne rencontre aucun pôle ou zéro de f.
3) Soit F un parallélogramme donné par la question 2. Montrer que la
somme des résidus de f à l'intérieur de Fest nulle
4.7. STRUCTURES CONFORMES SUR LE TORE

4) Montrer que le nombre de zéros dans Fest égal au nombre de pôles


dans F comptés avec multiplicité.

Exercice 4.7.3. Soit r = f(w, w') un réseau du plan complexe et soit f une
fonction elliptique relativement à r. Soit Fun parallélogramme fondamental
de r ne contenant pas de pôles et de zéros sur son bord.
1) En considérant les pôles et les zéros de f sur F, montrer que si f est
une fonction paire alors f est nécessairement une fonction rationnelle de la
fonction f9 de Weierstrass p.
2) Si f est une fonction impaire montrer que f est une fonction rationnelle
de f9 et p'.
3) En déduire que toute fonction elliptique f est de la forme

f = A(p) + p'B(p)
C(p) ,
où A, B, C E <C[X] et A, B, C n'ont pas de diviseurs communs sur <C[X].

Exercice 4.7.4. Soit r = f(w, w') un réseau du plan complexe et soit f une
fonction elliptique relativement à r. Soit Fun parallélogramme fondamental
de r dont le bord ne rencontre aucun des zéros et pôles de f. Soient
z 1 , ... , Zk les zéros de f contenus à l'intérieur de F, de multiplicité respective
a 1 , ••. , ak. Soient p 1 , .•• , pq les pôles de f à l'intérieur de F de multiplicité
respective b 1 , ••• , bq.
Montrer que
k q
L::a;Z; - Lhjpj Er.
i=I j=I

Exercice 4.7.5. Soient r = f(w, w') un réseau du plan complexe. Soient f


et g deux fonctions elliptiques par rapport à r. On suppose que f et g ont
les mêmes zéros et les mêmes pôles, comptés avec multiplicité.
Montrer que les deux fonctions diffèrent par une constante multiplicative,
c'est-à-dire montrer qu'il existe un nombre complexe À telle que pour tout
z E CC on ait
f(z) = Àg(z).

Exercice 4.7.6. Soit r = f(w, w') un réseau du plan complexe. On considère


la fonction f9 de Weierstrass associée à r. Le but de cet exercice est de
prouver la formule d'addition suivante,

1 (p'(a)- p'(b)) 2
p(a + b) = -p(a) - p(b) +4 p(a) _ p(b) ,

pour tous a, b E CC tels que a, b et a ± b f/ r. Pour cela on considère le


système suivant
318 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

(4.24) lp'(a)
p'(b)
= Ap(a) + B
= Ap(b) + B
où A et B sont des inconnues complexes.
1) Montrer que le système (4.24) admet une solution unique (A, B).
2) En déduire que les zéros de la fonction elliptique f définie en posant
f(z) = p'(z) -Ap(z) - B sont, à une période près, a, b et -(a+ b).
3) Montrer que a, b et -(a+ b) sont racines de l'équation en z
p'2(z) = (Ap(z) + B) 2.
En déduire que a, b et -(a+ b) sont racines de l'équation g(z) = 0 où
g(z) = 4p 3 (z)-g2p(z) - g3 - (Ap(z) + B)2
- 4(p(z) - p(a))(p(z) - p(b))(p(z) - p(a + b)).
4) En examinant les pôles et les zéros de g montrer que le coefficient de
p 2 dans g est nul.
5) En déduire que
A2
4 = p(a) + p(b) + p(a + b).
En comparant avec le système (4.24) conclure que

1 (p'(a)-p'(b)) 2
p(a + b) = -p(a) - p(b) +4 p(a) _ p(b)

Exercice 4.7.7. Soient w et w' deux nombres complexes indépendants sur


w'
IR tels que lm(-) > O. On noter
(J)
= f(w, w') le réseau du plan complexe
engendré par w et w'. On définit les nombres complexes rJ et ry' en posant

1) Prouver la relation suivante, relation de Legendre,


'
'f/W - ' = rr l..
'f/ W

2) En supposant w = 1 et w' = i, montrer que rJ = rr /2 et ry' = -i rr /2.


Exercice 4.7.8. Soient r = f(w, w') un réseau du plan complexe.
1) Montrer que la fonction p de Weierstrass associée à r vérifie

2p" = 12p 2 - g2.


4.8. STRUCTURES CONFORMES SUR L'ANNEAU

2) Supposons que le réseau soit rectangulaire, c'est-à-dire w 1 et


w' = iyo, Yo :?:: 1.
a) Montrer que les nombres p"(w/2), p"(w' /2) et p"(w/2 + w' /2) sont
réels.
b) Montrer que

c) Montrer que
1 e1
-- < - < 1.
2 e1
En déduire que p" (w / 2 + w' / 2) < O.
3) Supposons maintenant w = 1 et w' = i. Montrer que e2 = 0 puis que
g3 = 0 et g1 = 4er

Exercice 4.7.9. Soient r = f(w, w') un réseau du plan complexe.


1) Prouver les relations suivantes.
1 2 (J)

p(z) - e 1 = p"(w/2) (p(z - 2) - ei),


2 w + w'
p(z) - e2 p"(w/2 + w' /2) (p(z - - 2 - ) - e2 ),
1 2 w'
p(z) - e3 = p"(w' /2) (p(z - 2) - e3 ).
2) En déduire que si w = 1 et w' = i on a
p 1 p' p'
--,(z) = -(-- - --)(z),
p 8e1 p - e1 p - e3
-
p
2 (z) = - 1 3 (p(z - 1/2) - p(z - z/2)
.
- 2e 1 ).
p' 16e 1

4.8. Structures conformes sur l'anneau

À la section 4.7 nous avons vu qu'il existe une infinité de structures


conformes sur le tore, corollaire 4.7.6. Nous allons voir qu'il existe égale-
ment une infinité de structures conformes sur un anneau ouvert. Ainsi, le
théorème 4.8.1 montre qu'il existe une infinité de surfaces de Riemann dis-
tinctes et homéomorphes à un anneau ouvert.
Pour 0 :=:: r < R :=:: +oo, on note A,,R l'anneau ouvert du plan complexe
limité par les deux cercles de rayon r et R, centrés à l'origine:

Ar,R = {z E !.C 1 r < JzJ < R}.


320 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

Si R est fini, l'homothétie z ~ z /R établie une équivalence conforme


entre les anneaux Ar,R et Ar/R,I· Si R = +oo alors l'application z ~ 1/z
établie une équivalence conforme entre Ar,R et Ao,i/r· En ce cas, sir =f 0
l'anneau Ao,i/r est conformément équivalent à A 0 , 1 = D*, et sir = 0 alors
A 0 , +oo = C *. Ainsi, en posant pour tout réel p, 0 ::::; p < 1,

Ap = {z E C 1p<[z[<1},

nous voyons que tout anneau A,,R de C est conformément équivalent à l'un
des anneaux Ap, D* et C*.

Théorème 4.8.1. Les surfaces de Riemann suivantes sont conformément


distinctes :

C* ; D* ; A, = {z E C 1 r < [z[ < 1}, 0 < r < 1.

Démonstration. Soit f : C* --+ D* une fonction holomorphe. Comme f est


bornée on peut la prolonger au point 0, ainsi f se prolonge en une fonction
entière et bornée. On obtient grâce au théorème de Liouville que f est
constante. Cela montre que C* n'est pas conformément équivalent à D*.

Le même raisonnement montre que C* est conformément distinct de


chaque anneau A,.

Supposons maintenant que D* soit conformément équivalent à un anneau


A,, avec 0 < r < 1. Soit f : D* --+ A, une équivalence conforme. Comme
f est bornée on peut prolonger f holomorphiquement en 0 et ainsi f est
une application holomorphe sur D à valeurs dans A,. Remarquons que f(O)
ne peut pas être sur âA., car, du fait que f est une application ouverte, f
enverrait un voisinage de 0 sur un voisinage de f(O) E âA.,. Mais de ce fait
nous n'aurions pas f(D) C A,. On a donc f(O) E A,. Comme f est une
bijection de D* sur A, il existe un point z 0 E D* tel que f (z 0 ) = f (0).
Soient enfin U, V C D deux ouverts disjoints de D tels que 0 E U et
z0 EV. De nouveau, comme f est une application ouverte, f(U) et f(V)
sont deux parties ouvertes de A, qui ne sont pas disjointes puisque l'on a
f (0) = f (z0) E f (U) n f (V). Par conséquent, f (U) n f (V) contient une
infinité de points et de ce fait f ne peut pas être injective, ce qui est absurde.
Ceci montre que D* est conformément distinct de chaque anneau A,, avec
O<r<l.
Il reste à montrer que si r et R sont deux réels avec 0 < r, R < 1 pour
lesquels les anneaux A, et AR sont conformément équivalents, alors on a
r = R.
Soit f : A, --+ ÀR une équivalence conforme, nous voulons montrer que
r = R. Pour cela, pour chaque point z E IHI 2 nous choisissons son argument
4.8. STRUCTURES CONFORMES SUR L'ANNEAU 321

dans l'intervalle JO, rr[. De ce fait la fonction log(z) =log \z\ + i arg(z) est
bien définie sur IHI 2 . Ceci entraîne que pour tout réel p > 0, la fonction
Tip(z) = e-i(logp/n)log(z>,

est bien définie sur IHI 2.


Remarquons que l'application Tip envoie chaque rayon d'argument de e
IHI 2, 0 < e< n, sur le cercle de centre 0 et de rayon eOogp/n).e < 1 de C.
Par conséquent si on suppose 0 < p < 1 alors l'image de Tip est l'anneau
Ap. Remarquons également que pour chaque réel p satisfaisant 0 < p < 1,
l'application Tip : IHI 2 ~ Ap est une projection de revêtement.
Considérons pour chaque réel p E JO, 1[,l'homothétie hp de IHI 2 définie
pour tout z E IHI 2 par

Remarquons que l'on a, pour chaque p > 0, l'égalité

(4.25)
pour tout z E IHI 2. Ainsi, le groupe r P des automorphismes du revêtement
Tip est engendré par hp,

rp = {z f-+ h:(z) = eP( 2n 2/logp)Z 1p E z}.


Rappelons que nous supposons qu'il existe une équivalence conforme
l : A, ~ AR. Soient z 1 , z 2 E IHI 2 tels que (f o TI,)(z 1 ) = TIR(z2). Le
théorème d'existence et d'unicité des relèvements, théorème 1.2.18, assure
qu'il existe une unique application conforme F : IHI 2 ~ IHI 2 vérifiant

(4.26) TIR oF = l o TI,,


(4.27) F(zi) = z2.

De même il existe une unique application G : IHI 2 ~ IHI 2 vérifiant

(4.28) TI, 0 G = 1-I 0 TIR,


(4.29) G(z2) = z1.

À l'aide des équations (4.26) et ( 4.28) on obtient

TI, o (Go F) = l- 1 o TIR o F = l- 1 o l o TI, = TI,.

De plus, les équations (4.27) et (4.29) nous donnent

(Go F)(zi) = G(z 2) = z 1 .

Par unicité on obtient que Go F = IdlHI. Nous montrons de la même manière


que F o G = ldlHI. Nous concluons donc que F est une transformation
conforme de IHI 2.
322 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

On déduit des relations (4.26) et (4.25) que l'on a

Ih(F(hr(z))) = Ih(F(z))
pour tout z E IHI 2 . De ce fait, pour chaque z E IHI 2 il existe p E Z tel
que F(hr(z)) = h~(F(z)). Observons que l'application F o hr o p- 1 est une
transformation conforme de IHI 2 • Mais nous venons de voir que pour chaque
z E IHI 2 il existe p E IHI 2 tel que (F o hr o F- 1)(z) = h~(z) = eP< 2rr 2 /togR)z.
Par conséquent l'application
(Fohr oF- 1 )(z)
ZI-+------
z
est définie et holomorphe sur IHI 2
et ne prend que des valeurs réelles. Nous
en déduisons que cette fonction est constante, de ce fait il existe un entier
p E Z tel que F(hr(z)) = h~(F(z)) pour tout z E IHI 2 . On a donc

(4.30)

pour tout z E IHI 2 • Observons que si p = 0 nous aurions F o hr = F et


de ce fait hr = IdIHI ce qui est faux. On a donc p =f. O. Par conséquent
eP<2rr 2/log R) =f. 1 et, en posant z = 0 puis z = oo dans la relation ( 4.30), on
obtient: F(O) = 0 et F(oo) = oo ou bien F(O) = oo et F(oo) =O.
Supposons que l'on ait F(O) = 0 et F(oo) = oo. Cela entraîne que F
est une homothétie: F(z) = az, a E ~, a > O. Nous devons donc avoir
ae< 2rr 1/Jogr)z = aeP< 2rr 2 /JogR)z pour tout z E IHI 2 , ce qui nous permet de
conclure que

(4.31)

Nous déduisons des inégalités e<2rr 2 /togr) < 1 et e< 2rr 2 /logR) < 1 que l'on a
p >O.
Enfin, le même raisonnement appliqué à p- 1 montre qu'il existe un entier
positif q tel que

(4.32)

Les égalités (4.31) et (4.32) entraînent pq = 1 et par conséquent p = q = 1.


Ce qui nous permet de conclure e< 2rr 2 /Jogr) = e< 2rr 2 /togR) et de ce fait r = R.
Finalement, si on suppose F(O) = oo et F( oo) = 0, alors Fest de la forme
F(z) = -a/z, a > 0, et on peut procéder comme dans le cas précédent pour
conclure que R = r, ce qui achève la démonstration. D

Remarque 4.8.2. On peut aussi démontrer le théorème 4.8.1 à l'aide du


théorème de Carathéodory, théorème 4.6.2 et remarque 4.6.3-2, sans utiliser
la théorie des revêtements. En effet, supposons que f : Ar ~ AR soit une
4.8. STRUCTURES CONFORMES SUR L'ANNEAU

équivalence conforme. L'application f se prolonge donc en un homéomor-


phisme de Ar sur AR envoyant le bord de Ar sur le bord de AR. Quitte à
utiliser une transformation de Môbius de § 2 on peut supposer que f envoie
le bord {lzl = r} de Ar sur le bord {lzl = R} de AR. En appliquant succes-
sivement le principe de réflexion (en fait une infinité de fois), théorème 4.6.4,
on peut donc prolonger f en une transformation conforme de <C * sur <C *
telle que limz-+O f(z) = 0 et limz-+oo f(z) = oo. Une telle application est
nécessairement une homothétie de <C, voir le corollaire 4.3.12. Clairement
une homothétie de rapport À envoie le cercle {lzl = 1} sur lui-même puis le
cercle {lzl = r} sur le cercle {lzl = R} si, et seulement si, IJ..I = 1etr = R.

Connaissant les géodésiques de JH[ 2 , section 2.2, et les isométries positives


de JH[ 2 , section 2.4, nous allons pouvoir compléter le théorème 4.8.1.

Théorème 4.8.3. Toute surface de Riemann homéomorphe à un anneau ouvert


est conformément équivalente à l'un, seulement, des anneaux ouverts de <C
suivants:

<C* = {z E <C 1 Z 0} ;
=f.
= {z
IDl* E <C* l lzl < 1} ;
Ar= {z E <C 1r<lzl<1}, 0 < r < 1.
Démonstration. Rappelons que nous avons montré au théorème 4.8.1 que
les surfaces de Riemann <C*, [))*, et Ar, avec 0 < r < 1, sont conformément
distinctes.
Soit A une surface de Riemann homéomorphe à un anneau ouvert, soit A
le revêtement universel conforme de A. Le théorème 4.6.24, montre que A
est conformément équivalent à <C ou à IDl. De plus, A est conformément équi-
valent au quotient de A par un sous-groupe r de transformations conformes
de A et r est un groupe isomorphe à I1 1 (A), c'est-à-dire à Z, agissant li-
brement et de manière proprement discontinue sur A, corollaire 4.6.11. De
ce fait r est un sous-groupe cyclique du groupe MA. des transformations
conformes de Aet ainsi le groupe r est engendré par un élément y de M. A..
On a donc
et A'.:::'. A/r.
Cas 1: Supposons A '.:::'. <C.
Nous savons grâce au corollaire 4.3.12 que y est une translation de vecteur
non nul u de <C, c'est-à-dire

y(z) = Z + u, u E <C*.

pour tout z E <C. L'application f de <C dans <C* définie pour tout z E <C par
324 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

f(z) = e(2:rci/u).z
est invariante par y, c'est-à-dire que l'on a pour tout z E <C,

f(y(z)) = f(z + u) = f(z).


f
Par conséquent, l'application passe au quotient et définit une équivalence
conforme f de A ::::::: <C / r sur f(
<C) = <C *, voir la deuxième partie du
théorème 4.6.10. Nous avons ainsi prouvé que l'on a

A::::::: <C ~A::::::: <C*.


Cas 2 : Supposons A ::::::: D.
Comme D ::::::: lHl 2 on a donc A : : : : JH[ 2 et

r = {yn 1 n E z}, y E Mlfll2.


Comme r agit de manière proprement discontinue sur lHl 2 , le générateur
y n'a pas de points fixes dans JH[ 2 . D'après la description des isométries
positives de (lHl 2 , glfll) exposée à la section 2.4, nous concluons que y est une
transformation hyperbolique ou parabolique.
Supposons que y soit une transformation hyperbolique, y est donc une
translation le long d'une géodésique a de (lHl 2 , glfll). La proposition 2.2.8
affirme qu'il existe toujours une isométrie positive de (lHl 2 , glfll) échangeant
deux géodésiques données. De ce fait, à une transformation conforme près,
nous pouvons supposer que a est l'axe des imaginaires purs, c'est-à-dire

a= {iy E <C 1 y E JR et y> ü} C JH[ 2 .

De plus, les points fixes de y sont 0 et oo, y est donc de la forme


y(z) = Àz, À > 0,

pour tout z E JH[ 2 . Quitte à considérer y- 1, on peut supposer À < 1. Pour


chaque point de JH[ 2 nous allons choisir la détermination de son argument
comprise dans l'intervalle ]O, rr [. De ce fait nous pouvons définir l'application
f suivante sur lHl 2 ,
f(z) = e-2:rcilogz/logÀ,
pour tout z E lHl 2 . Remarquons que l'image de f
est l'anneau A, avec
f
r = e 2:rc 2 /IogJ. < 1. De plus est invariante par y, c'est-à-dire que l'on a
pour tout z E lHl 2 ,
- -
f(y(z)) = f(À.z) = f(z).
-
Comme précédemment f passe au quotient et définit une équivalence
conforme de A : : : : lHl 2 / r sur A,, r = e 2 :rc 2 1log;..
4.8. STRUCTURES CONFORMES SUR L'ANNEAU

Supposons enfin que y soit une transformation parabolique, à une trans-


formation conforme près nous pouvons supposer que le point sur le bord à
l'infini laissé fixe par y est oo. ainsi y est de la forme

y(z) = Z + U, U E JR*
pour tout z E IHr2. Quitte à considérer l'application réciproque y- 1 on peut
supposer u > O.
f
Comme précédemment, l'application de JH[ 2 sur l!JJ* définie pour tout
z par
E JH[ 2
f(z) = e(Z:rr:i/u).z,

passe au quotient et définit une équivalence conforme de A ::::::: JH[ 2 / r sur


j(JH[ 2 ) = l!JJ*, ce qui termine la démonstration du théorème. D

Remarque 4.8.4. La démonstration du théorème 4.8.3 montre en fait qu'une


surface de Riemann dont le groupe fondamental est isomorphe à Z est
conformément équivalente à l'un des anneaux du plan complexe <C énoncés
au théorème 4.8.1.

Proposition 4.8.5. Soit M une surface de Riemann connexe et soit II : M ~


l!JJ* une projection de revêtement conforme à un nombre fini de feuillets. Alors
M est conformément équivalente à lDJ*.

Démonstration. Nous allons d'abord montrer que II 1 (M) est isomorphe à Z.


Nous déduirons de la remarque 4.8.4 que M est conformément équivalente à
un anneau de <C.
Comme la projection II induit un homomorphisme injectif de groupes
II* : I1 1 (M) ~ I1 1 (l!JJ*), théorème 1.2.13, II 1 (M) est isomorphe à un sous-
groupe de II 1 (l!JJ*). Comme II 1 (l!JJ*) est isomorphe à Z, il existe donc q E N
tel que II 1 (M) est isomorphe à q II 1 (l!JJ*). Il suffit de montrer que q -:/=- O.
Supposons q = 0, alors M est simplement connexe. Soit y C l!JJ* une
courbe de Jordan non homotope à zéro. Comme le revêtement est fini, la
préimage rr- 1 (y) est constituée a priori d'une ou plusieurs courbes de Jordan
de M disjointes deux à deux r 1 , ••• , rn. Comme on suppose M simplement
connexe, le lacet r 1 est homotope à zéro dans M. Son image par II, qui est y,
devrait donc être homotope à zéro dans dans l!JJ*, ce qui est faux.
On a donc q -:/=- 0, ce qui entraîne que II 1 (M) est isomorphe à Z et ainsi
M est conformément équivalente à un anneau de <C. Nous allons montrer que
M est conformément équivalente à l!JJ*. Notons p E N le nombre de feuillets
du revêtement II : M ~ l!JJ*.
Soit y c l!JJ* une courbe de Jordan non homotope à zéro. Supposons que
sa préimage rr- 1 (y) soit constituée de plusieurs courbes de Jordan de M
disjointes deux à deux et non homotopes à zéro, r 1 , . . . , r n. En particulier,
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

les courbes f 1 et f 2 bordent un anneau ouvert Q de Met Q = QU f 1 Uf2 est


une partie compacte de M d'intérieur non vide. Comme Il est une application
ouverte, l'image Il(Q) est une partie compacte de ID>* d'intérieur non vide.
De plus, le bord de Il(Q) est contenue dans l'image du bord de Q, c'est à
dire dans y. Clairement, comme la courbe de Jordan y n'est pas homotope
à zéro, y ne borde aucune partie compacte de ID>* d'intérieur non vide. Il
en est de même pour toute partie de y. Nous en déduisons que la préimage
n- 1 (y) est constituée d'une courbe de Jordan r de M non homotope à zéro.
De plus, y est revêtue p-fois par r. Comme la classe d'homotopie de y est
un générateur de Il 1(ID>*) et la classe de r est un générateur de Il 1(M) on a
donc

Considérons maintenant la projection de revêtement conforme à p feuillets


Dp: ID>*~ ID>* donnée par Ilp(z) = zP. On a également
(Ilp)* (Il1(ID>*)) = pll1(ID>*).
On a donc (Ilp)* (Il 1(1D>*)) =Il* (Il 1(M)). Soient z 0 E Met w0 E ID>* tels
que Il(z 0 ) = Ilp(w 0 ). Grâce au théorême de relèvement des applications,
théorème 1.2.18, il existe deux applications conformes F : M ~ ID>* et
G: ID>* ~ M vérifiant
~ F(zo) = Wo, et ~ G(wo) = zo,
lnPoF =Il, lnoG =Ilp.
On a donc (F o G)(w 0 ) = w0 et Ilp o (F o G) Ilp. Par unicité nous
déduisons du théorème 1.2.18 que Go F = ldM. On montre de la même
manière que F o G = ldllll*. Par conséquent Fest une équivalence conforme
entre Met ID>*. D

Comme application du théorème 4.8.3 nous allons démontrer le grand


théorème de Picard. L'idée de cette preuve nous a été suggérée par W. Meeks.

Théorème 4.8.6 (Le grand théorème de Picard). Soit U une partie ouverte de
C et soit p un point de U. Soit f : U \ {p} ~ C une fonction holomorphe
admettant une singularité essentielle au point p. Dans ces conditions, pour tout
voisinage V P C U de p dans U, toute valeur complexe l; E C, à l'exception
d'au plus une valeur, admet une infinité d'antécédents dans V p·

Démonstration. Il suffit de montrer que l'image de tous les disques centrés


en p, privés de pet contenus dans U, omet au plus un point de C
Soit Dun disque centré en pet contenu dans U, posons D* = D \ {p}.
Nous allons montrer que f (D*) omet au plus un point de C
Supposons le contraire, en ce cas f(D*) est un ouvert connexe de C dont
le complémentaire contient au moins deux points. De ce fait, le revêtement
4.8. STRUCTURES CONFORMES SUR L'ANNEAU

conforme et simplement connexe de f(D*) est lDl, théorème 4.6.24. Appelons


TI : lDl --+ f (D*) la projection de revêtement. Notons que le groupe
fondamental de D*, I1 1 (D*), est isomorphe à Z. Remarquons que dans
toute partie ouverte Q C C, tout lacet y C Q est ou bien homotopiquement
trivial dans Q ou bien engendre un sous-groupe de TI 1 (Q) isomorphe à Z. Par
conséquent f*(I1 1 (D*)) est soit un sous-groupe de TI 1 (f(D*)) isomorphe à
'li, soit le sous-groupe trivial {e} de TI 1 (f (D*)).

[l)

///;1jrr
/
// t
D* f f(D*)

Fig. 77.

Supposons que nous ayons f*(I1 1 (D*)) = {e}. En ce cas on a


f*(TI 1 (D*)) = TI*(I1 1 (lDl)). Choisissons des points z 0 E D* et w 0 E lDl tels
que f(z 0 ) = TI(w0 ). Le théorème de relèvement des applications montre
qu'il existe une application holomorphe unique G : D* --+ lDl (fig. 77) véri-
fiant
G(zo) = wo, et TI o G = f
Ainsi G est une application holomorphe et bornée sur D* et de ce fait G
se prolonge holomorphiquement en p. De plus, comme Gest une application
ouverte, nous devons avoir G(p) E lDl. À l'aide de la relation f = TI o G on
obtient donc que f aussi se prolonge holomorphiquement en p. Ce dernier
fait est absurde car p est une singularité essentielle de f. Nous concluons
doncquef*(TI 1 (D*)) =/:- {e}.
Ce qui précède montre que f*(I1 1 (D*)) est un sous-groupe de TI 1 /(D*)
isomorphe à Z. Soit f' le groupe du revêtement TI. Nous savons grâce à la
théorie des revêtements que f' est isomorphe à II 1 f (D*). Appelons f'' le
sous-groupe de f' isomorphe à f*(I1 1 (D*)), et donc à Z. Remarquons que
f'' est un sous-groupe de .Mllll agissant de manière proprement discontinue
sur lDl. Appelons P la projection canonique de lDl sur lDl / f'', nous savons
que P : lDl --+ lDl / f'' est un revêtement simplement connexe dont le groupe
du revêtement est f''. De ce fait, le théorème 4.6.10 montre qu'il existe
une unique structure conforme sur lDl / f'' rendant la projection P conforme.
Par conséquent lDl / f'', muni de cette structure conforme, est une surface
de Riemann dont le groupe fondamental est isomorphe à f'' et donc à Z.
Nous en déduisons que lDl / f'' est conformément équivalent à un anneau du
plan complexe donné par le théorème 4.8.3, remarque 4.8.4. Notons que le
revêtement conforme et simplement connexe de C* est C ce qui n'est pas le
cas de lDl/f'', de ce fait lDl/f'' n'est pas conformément équivalent à C*. Le
CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

théorème 4.8.3 montre alors que lDJ / ï' est conformément équivalent à un
anneau borné A de C, lDJ / ï' '.: : '. A avec A C C.
Nous allons montrer qu'il existe une application conforme P' de lDJ / ï' sur
/(D*) telle que P' oP = II. Puis nous montrerons qu'il existe une application
conforme F : D* ---+ lDJ / ï' vérifiant P' o F = f (fig. 78).

[»~
F
r [ - __.,. r' ~
. - /
/
rr» / A

D*
--- - - - f(D*) ~
/
/P'

f
Fig. 78.

Supposons pour l'instant l'existence de ces deux applications. Considérons


une équivalence conforme H : lDJ / ï' ---+ A (fig. 79).

rr[~"/r'
_.!:-------~;::;,
H A
_----- / :._. P"
D* f(D*)
f
Fig. 79.

Comme A est un anneau borné de C, l'application Ho Fest holomorphe


et bornée sur D*. De ce fait H o F se prolonge holomorphiquement en p.
Comme H o F est une application ouverte, l'image de p par le prolongement
de H o F n'est pas sur le bord de A, on a donc (H o F)(p) E A En
posant P" = P' o H- 1 : A ---+ /(D*), nous déduisons de ce qui précède
que P" o (Ho F) se prolonge aussi holomorphiquement en p. Or, on a
P" o (Ho F) = P' o F = f (fig. 79) et ainsi f se prolonge en p. Ce dernier fait
est absurde car il contredit l'hypothèse que p est une singularité essentielle
def.
L'existence des applications F et P' nous permettrait donc d'affirmer que
le revêtement conforme et simplement connexe de f (D*) est C et ainsi
le complémentaire de /(D*) dans C possèderait au plus un point, ce qui
terminerait la preuve. Il ne reste donc plus qu'à prouver l'existence des
applications F et P'.
Prouvons d'abord l'existence de P'. Soit w1 E lDJ / ï' un point quelconque.
Choisissons un antécédent w1 E lDJ de w1 par P, P(wi) = w1 , et posons
4.8. STRUCTURES CONFORMES SUR L'ANNEAU

x, = Il(wi). En fait Il(wi) ne dépend pas du choix de l'antécédent de w 1 •


w
En effet, considérons un autre antécédent 1 E !Dl de w 1 • Par construction
il existe un difféomorphisme h E f' C f tel que&.>, = h(w,). Par définition
de r on a donc Il(wi) = IT(h(w 1)) = Il(wi) = x 1 • Par conséquent
nous pouvons poser P'(w 1) = x 1 et nous avons bien défini une application
conforme de !Dl/ f' sur f(D*) vérifiant P' o P = Il.
Prouvons maintenant l'existence de F. Choisissons des points z 2 E D*
et w2 E !Dl/ f' tels que f (z 2) = P' (w 2). Nous allons montrer qu'il existe une
application conforme F : D* --+ !Dl/ f' vérifiant
F(z 2 ) = w2 , et P' o F =f
Grâce au théorème de relèvement des applications, théorème 1.2.18, il suffit
de montrer que l'on a

f*(Il,(D*,z2)) C P~(Il1(1Dl/f',w2)).
Pour cela il suffit de montrer que pour tout lacet a : (0, l] --+ f(D*) de point
base f(z 2), a(O) = a(l) = f(z 2), tel que [a] E f*(Il 1(D*, z 2)), il existe un
lacet a' : [O, l] --+ !Dl/ r' de point base W2 tel que P' 0 a' = a.
Soit w2 E !Dl un antécédent de w2 par la projection P. On a donc
Il(w2) = (P' o P)(w2) = P' (w 2) = f (z 2). Grâce au théorème d'existence des
relèvements il existe une application unique a : [O, l] --+ !Dl vérifiant
éi(O) = w2, et Il oéi =a.
On a donc Il(éi(O)) = Il(éi(l)) = f(z 2). De ce fait il existe un difféo-
morphisme h E r tel que éi(l) = h(éi(O)). Comme [a] est un élément de
Il 1(f(D*)), l'automorphisme de revêtement h correspondant à [a] est dans
f', h E f'. On a donc P(éi(l)) = P(h(éi(O))) = P(éi(O)). De ce fait l'applica-
a
tion a' : [O, 1] --+ !Dl/ f' définie par a' = Po est bien un lacet de point base
w2 vérifiant
P' o a'= P' o Po a= Il o a= a,
ce qui conclut la preuve. 0

Remarque 4.8.7. Revenons aux surfaces minimales. Soit M c IB. 3 une surface
minimale complète de courbure totale finie. D'après le théorème de Buber,
remarque 4.4.13, la surface M est paramétrée par une surface de Riemann
compacte, S, moins un nombre fini de points, S \ {z 1, ... , Zn}. Observons que
l'application méromorphe g, qui est la composée de l'application de Gauss
avec la projection stéréographique par rapport au pôle nord, remarque 4.4.11,
est méromorphe sur S \ {z 1, ... , zn}· De plus, aucun des bouts zi ne peut
être une singularité essentielle de g car sinon le grand théorème de Picard
montrerait que la courbure totale de M est infinie. Par conséquent, l'applica-
tion g se prolonge en une fonction méromorphe sur la surface compacte S.
330 CHAPITRE 4. SURFACES DE RIEMANN

En fait si (g, w) est la représentation de Weierstrass de X, remarque 4.4.11,


Osserman a montré que w se prolonge aussi en une forme méromorphe sur
S, voir [67, Chapter 9].

Exercices de la section 4.8

Exercice 4.8.1. Soit M une surface minimale complète de courbure totale


finie de IB. 3 non planaire. Montrer que M n'est pas contenue entre deux plans
parallèles.

Exercice 4.8.2. D'après Osserman [67].


1) Soient Dun domaine planaire et ds 2 = À2 (x, y )(dx 2 + dy 2 ), où À est
une fonction strictement positive de classe C2 sur D, une métrique complète
sur D, c'est-à-dire que la longueur de tout chemin divergent sur D est infinie.
On suppose qu'il existe une fonction harmonique h sur D telle que
(4.33) logÀ(z) ~ h(z),

pour tout z ED. Montrer que dans ces conditions D est ou bien C ou bien C
moins un point. Dans ce dernier cas montrer que l'on peut supposer, à une
équivalence conforme près, que D = C*.
2) On pose D = {z E C [ 0 < r 1 < lzl < r 2 ~ oo}. On considère une
métrique ds 2 =À 2 (x, y)(dx 2 + dy 2 ) sur D, où À vérifie (4.33). On suppose
que tout chemin y : [O, l[ -+ D tel que ly(t)I -+ r 2 quand t -+ 1 a une
longueur infinie par rapport à la métrique ds. Montrer que r 2 = oo.

Exercice 4.8.3. Soit Q = {z E C [ e-:n: < lzl < 1} un anneau. Construire


une famille de revêtements conformes : 'Pz : JD) -+ Q, z E Q, telle que
'Pz(O) = z pour tout z dans Q. Expliciter ensuite la métrique sur Q induite
par 'Pz et la métrique hyperbolique gllll de JD).
Annexe A
Propriétés générales du plan
hyperbolique

Dans cette annexe nous allons démontrer plusieurs propriétés générales


du plan hyperbolique JHI 2 à l'aide de l'étude de ses isométries entreprise à la
section 2.4.

Théorème A.1. Soit f :


JHI 2 -+ JHI 2 un difféomorphisme préservant les
géodésiques de JHI 2 ,
c'est-à-dire tel que l'image de toute géodésique de JHI 2
par f soit encore une géodésique.
Alors f est une isométrie de JHI 2 .

Démonstration. Acceptons pour l'instant le fait que f se prolonge continû-


ment à lHI 2 = lHI 2 U Ô00 1Hl 2 puis que f (p) E ô00 JHI 2 pour tout p E Ô00 1Hl 2 ,
où nous avons continué d'appeler f le prolongement de f à JHI 2 . Nous
démontrerons cette propriété au lemme A.2.
Nous allons montrer qu'il existe une isométrie g de JHI 2 telle que
g o f = ldlHl2, ce qui terminera la preuve.
Soit g 1 une isométrie quelconque de JHI 2 préservant l'orientation et
envoyant le point f(i) suri, ainsi (g 1 o f)(i) = i. Considérons le vecteur
ÜJ = (0, 1) de point base i. De ce fait, D;(g 1 o f)(w) est un vecteur non
nul de point base i, où D; désigne la différentielle au point i. Soit g 2 la
rotation de JHI 2 de centre i envoyant le vecteur D; (g 1 o f)(w) sur un vecteur
positivement proportionnel à ÜJ, c'est-à-dire sur un vecteur de la forme
>...w, >..>O. Remarquons que le difféomorphisme g 2 o g 1 of de JHI 2 laisse la
géodésique
L = {iy E C 1 y E JO, +oo(} C JHI 2
globalement fixe. De plus, en posant

L1 = {iy 1y E (1, +oo[} et L2 = {iy 1yEJO,1J},


on a (g2 o g 1 o f)(Li) = L 1 et (g2 o g 1 o f)(L 2 ) = L 2 . Enfin, appelons
g 3 la symétrie orthogonale par rapport à L. Si g2 o g 1 of préserve l'orien-
tation, nous posons F = g 2 o g 1 o f, dans le cas contraire nous posons
F = g 3 o g 2 o g 1 o f. Dans les deux cas, F est un difféomorphisme de JHI 2 ,

331
332 ANNEXE A. PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DU PLAN HYPERBOLIQUE

conservant l'orientation, préservant les géodésiques et vérifiant F(i) = i et


F(Lj) = Lj, j = 1, 2. Nous allons montrer que Fest l'application identité
de lHI 2 , cela montrera que f est une isométrie.
Montrons d'abord que chaque point de Lest un point fixe de F. Comme
F se prolonge continûment à él 00 1Hl 2 , lemme A.2, on obtient les relations
F(O) = 0 et F(oo) = oo. Par conséquent, l'image de toute demi-droite
verticale de lHI 2 est une demi-droite verticale. De ce fait, F est de la forme
suivante,
F(x, y) = (u(x), v(x, y)),

pour tout (x, y) E lHI 2 , où u : ~ -7 ~ est une fonction différentiable telle que
u(O) = 0 et v : lHI 2 -7 [O, +oo[ est une fonction continue, différentiable sur
lHI 2 et vérifiant v(x, 0) = 0 pour tout x ER Comme F préserve l'orientation
sur lHI 2 et sur L, on a u(x) > 0 si, et seulement si, x >O. Soit (x, y) E lHI 2 un
point en dehors de L. Appelons r la géodésique reliant les points i = (0, 1)
et (x, y). Il existe donc un réel f3 E ~ tel que le vecteur (1, {3) de point base
i soit tangent à r au point i. Remarquons que r est un demi-cercle dont le
centre appartient à l'axe des x. Appelons (x 0 , 0) ce centre (fig. 80). De ce fait,
les vecteurs (x 0 , -1) et (1, {3) sont orthogonaux. En calculant leur produit
scalaire on a donc f3 = x 0 . Comme les points i et (x, y) appartiennent au
même cercle centré à (x 0 , 0), la distance euclidienne entre les points i et
(x 0 , 0) est égale à la distance euclidienne entre (x, y) et (x 0 , 0). On a donc

(x - x 0 ) 2 + y2 = 1 + x~,
x2 + y2 -1
et de ce fait x 0 = -----
2x

r
(x, y)

0 Xo

Fig. 80.

Remarquons que la courbe F(f) est la géodésique reliant les points i et


F(x, y) = (u(x), v(x, y)). Ainsi, D;F((l, {3)) est un vecteur de point base i
et tangent à F(f).
La matrice jacobienne de Fen i est
ANNEXE A. PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DU PLAN HYPERBOLIQUE 333

i~ (0, 1)) = (~ ~)
au
a(O, 1)
Jac;(F) =
( a~
ax (0, 1) ay (o, 1)

au av av
où on a posé ax (0, 1) = a, ax (0, 1) = b et ay (0, 1) = c. Notons que
au .
ax (0, 1) = u'(O) car u est une fonct10n de x. Remarquons que, comme D;F
est un isomorphisme, on a a =/= 0 etc =/= O. En fait on a c > 0 car F(L 1 ) = L 1 ,
et on a aussi a > 0 car u(x) > 0 six > O. Ainsi, D;F((l, /3)) = (a, b + c/3)
est un vecteur de point base i et tangent à la géodésique F(r). Il en est donc
de même pour le vecteur (1, b + c/3). Un raisonnement analogue à celui
a
, . b + c/3
effectue pour r montre que F(r) est le demi-cercle de centre(---, 0) et
a
passant pari = (0, 1), ce qui nous donne
b+cf3)2
( u(x) - - a - + v2(x, y)= 1 + (b+cf3)2
-a- .
Comme v :?:: 0, on a

v(x, y)= J 1 - u 2(x) + 2u(x) b: c/3.

En remplaçant /3 = x0 par son expression en fonction de x et y, on obtient


V u(x)
v(x, y) = 1 - u 2(x) + -(2bx
ax
+ c(x 2 + y 2 - 1)).

.
R emarquons que 1imx-+o - - = 1, d e ce f ait
u (x) · !',egal"ite, prece
, 'dente d,e-
ax
finit la fonction v sur 1HI2. En particulier, lorsque (x, y) = (0, 0) on a
v(O, 0) = ../f=C. Comme par ailleurs v(O, 0) = 0, on obtient c = 1. De
plus, pour tout y > 0 on a v(O, y) = Ji
+ y 2 - 1 =y. Nous en déduisons
que chaque point de Lest fixe par F : F(O, y) = (0, y) pour tout y :?:: O.
Pour tout x > 0 appelons Cx la géodésique centrée en (0, 0) et de rayon
u(x) + u(-x) )
x. Observons que F(Cx) est la géodésique de centre ( 2 , 0 et
u(x) - u(-x)
de rayon 2 . Comme F(O, x) = (0, x) on a (0, x) E F(Cx), ce qui
nous donne
c(x) +2 u(-x)r + x2 = c(x)-2u(-x)r.

En simplifiant, on a pour tout x E lR


(A.1) u(x)u(-x) = -x 2.
334 ANNEXE A. PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DU PLAN HYPERBOLIQUE

Du fait que u est dérivable et que u' (0) = a on a le développement limité


suivant de u(x) en 0: u(x) = ax + xo(l), où o(l) est une fonction continue
de x valantOenx =O. De ce faitu(-x) = -ax+xo(l). À l'aide de l'égalité
(A.1) on obtient
u(x)u(-x) = -a 2 x 2 + x 2 o(l) = -x 2 •
En simplifiant par x 2 puis en faisant tendre x vers 0 nous parvenons à a 2 = 1.
Comme a > 0 on obtient a = 1 et de ce fait

v(x, y)= J 1 - u 2(x) + u~) (2bx + x 2 + y 2 - l),

pour tout (x, y) E IEP. Comme v (x, 0) = 0 pour tout x réel, on a

(A.2) u 2(x) = 1 + u(x) (2bx + x2 - 1)


X

pour tout x ER En remplaçant x par -x puis u 2(-x) par x 4 /u 2(x) à l'aide


de la relation (A.1), on obtient
x 4 = u 2(x) + xu(x)(-2bx + x 2 - 1)

pour tout x E ~.En comparant avec l'égalité (A.2), on obtient

u 2(x) = l + u(x) (2bx + x 2 - 1) = x 4 - xu(x)(-2bx + x2 - 1)


X

pour tout x E ~. Ce qui nous donne


u(x)(x 2 - l)(x 2 + 1- 2bx) = x(x 2 - l)(x 2 + 1)
pour tout x E ~. Après simplification on obtient

u(x) = x(x2 + 1)
x 2 -2bx +1
pour tout x E ~.De nouveau grâce à la relation (A.1) on obtient
x(x 2 + 1) -x(x 2 + 1)
~~~~~· =-x 2
x2 - 2bx +1 x2 + 2bx + 1
pour tout x E ~- De ce fait b = 0 et par la suite u (x) = x pour tout x E ~.
Par conséquent v(x, y) =y pour tout (x, y) E IEP. Nous concluons donc
F(x, y)= (x, y), pour tout (x, y) E 1Hl 2 , ainsi Fest l'application identité de
1Hl 2 , ce qui entraîne que f est une isométrie de 1Hl 2 . D

Lemme A.2. Soit f : 1Hl 2 ~ 1Hl 2 un homéomorphisme préservant les géodé-


siques de 1Hl 2 .
Alors f se prolonge continûment à 1Hl 2 • De plus, en continuant d'appeler
f le prolongement de f à 1Hl 2 , on a f(p) E a00 1Hl 2 pour tout p E a00 1Hl 2 .
ANNEXE A. PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DU PLAN HYPERBOLIQUE 335

Démonstration. Soit p 0 E a00 IHI 2 un point quelconque du bord asympto-


tique. Nous allons montrer que f se prolonge continûment en p 0 puis que
f(po) E a00 1HI 2 . Remarquons pour cela que f- 1 : IHI 2 -+ IHI 2 est aussi un
difféomorphisme préservant les géodésiques de IHI 2 •
Soit c une géodésique issue de p 0 , ainsi p 0 est l'un des deux points
asymptotiques de c. Par hypothèse, f(c) est une géodésique de IHI 2 et la
restriction de f à c est un homéomorphisme entre cet f(c) et de ce fait est
une application strictement monotone. Plus précisément, lorsque x parcourt
c dans une direction sans revenir en arrière, alors f(x) aussi parcourt f(c)
dans une direction sans revenir en arrière, car sinon f ne serait pas injective.
Nous en déduisons que f(z) possède une limite p0 lorsque z tend vers p 0 en
restant sur c. Montrons que p0 E a00 1HI 2 . En effet, on aurait sinon p0 E IHI 2 ,
comme f est un homéomorphisme il existerait donc un point z0 E IHI 2 tel
que f (z 0 ) = p0 et tel que z0 </. c. Dans ces conditions il existerait des points
proches de z0 , et donc loin de c, qui ont la même image par f que des points
de c, ce qui contredit le fait que f est injective. On a donc

Po= lim f(z) E aooIHI 2 ,


z-+po, zEc

ce qui montre que f(c) est une géodésique complète pour toute géodésique
complète c ..
Considérons maintenant deux géodésiques y 1 et y 2 issues de p 0 . Posons
A= lim f(z) et B= lim f(z).
z->-po, ZEYt z->-po, ZEY2

Nous allons montrer que A = B.


Appelons Pi l'autre bord asymptotique de Yi, i = l, 2. Soit y une
géodésique rencontrant y 1 et y2 (fig. 81).

Fig. 81.

Notons que le complémentaire de y dans IHI 2 possède exactement deux


composantes connexes. L'une d'elles contient p 0 dans son bord asymptotique
et l'autre contient p 1 et p 2 dans son bord asymptotique. De ce fait, y sépare
chacune des géodésiques y 1 et y2 en deux composantes connexes, deux
«demi-géodésiques». Nous appellerons L 1 (resp. L2 ) la composante de y 1 \y
(resp. y2 \y) possédant p 0 comme bord asymptotique, l'autre composante
ANNEXE A. PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DU PLAN HYPERBOLIQUE

sera appelée L~ (resp. L;, fig. 81). Posons


P1 = lim f(z) et P2 = lim f(z).
z-+p1, zey1 z-+pz, zEyz

Puisque f(y) est une géodésique complète, f(y) sépare IHI 2 en deux com-
posantes. Par continuité, l'une des composantes, que nous appellerons U,
contiendra les demi-géodésiques f(L 1) et f(L 2 ) et l'autre composante, que
nous appellerons V, contiendra les demi-géodésiques f(L;) et f(L;). Nous
aurons ainsi A, B E éJ 00 U et P 1 , P2 E éJ 00 V.
Montrons maintenant que A= B. Remarquons que les demi-géodésiques
f(L 1 ) et f(L 2 ) séparent U en trois composantes dont l'une aura pour bord
(dans IHI 2 ): /(Li), f(L 2 ) et un arc de f(y). Appelons U' cette composante.
Comme f est un homéomorphisme de IHI 2 , U' est l'image par f de la région
de IHI 2 bordée par L 1 , L2 et un arc de y, appelons U cette région: /(U) = U'.
Notons que éJ 00 U = {Po} (fig. 81). Supposons que nous ayons A i= B
(fig. 82).

U' /(y)

/(L2)\
'
B P2

Fig. 82.

Dans ce cas il existerait une géodésique complète f' dans U'. Par conti-
nuité, et aussi par le fait que f préserve les géodésiques, r' devrait être
r
l'image par f d'une géodésique complètement contenue dans U. Or Une
contient aucune géodésique complète car son bord asymptotique se réduit à
un point : p 0 . Cela nous permet de conclure A = B.
Posons f(p 0 ) =A E éJ 00 IHI 2 , cela permet de prolonger f à IHI 2 . Montrons
que f est continue également en tout point p 0 de éJ 00 IHI 2 .
Soit (zn), n E N, une suite de points de IHI 2 convergeant vers p 0 E éJ 00 lHI 2 .
Il suffit de montrer que le seul point d'accumulation de la suite (f(zn)) est A.
Soit C E IHI 2 un point d'accumulation de la suite (f (zn)). Supposons C i= A.
Dans ce cas il existe une géodésique r séparant A et C, c'est-à-dire que si
U et V désignent les composantes connexes de IHI 2 \ r on a par exemple
A E éloo u et c E IHI 2 \ (U u éloo U). Comme précédemment, r est l'image par
r. r
f d'une géodésique De même, sépare IHI 2 en deux composantes et V. u
ANNEXE A. PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DU PLAN HYPERBOLIQUE 337
Par continuité nous pouvons supposer que U = f(U) et V= f(V). On a
donc p 0 E ô00 U. Par conséquent, pour n assez grand tous les termes Zn sont
dans U. Cela entraîne que tous les points f(zn) sont dans f(U) = U pour n
assez grand. De ce fait les points d'accumulation de la suite (f (zn)) sont tous
dans U U ô00 U. Cela contredit le fait que C est un point d'accumulation car
CE lHl 2 \ (U U ô00 U). Nous en déduisons que C =A, ce qui nous permet de
conclure que f se prolonge continûment en p 0 puis que f(p 0 ) E ô00 1Hl 2 • D

Remarques A.3. 1) Bien entendu, le résultat du théorème A.l concerne


le plan hyperbolique en toute généralité et pas seulement le modèle du
demi-plan lHl 2 . Autrement dit, tout difféomorphisme du plan hyperbolique
préservant les géodésiques doit être une isométrie du plan hyperbolique.
2) Le théorème A.1 est faux en géométrie euclidienne : une homothétie
du plan JR 2 de rapport À =/=- ± 1 préserve les droites et cependant n'est pas
une isométrie euclidienne.

Théorème A.4. Soit g = À2 (u, v)(du 2 +dv 2 ) une métrique de classe C 1 sur IDl
pour laquelle les géodésiques sont précisément les géodésiques de la métrique
hyperbolique glli, c'est-à-dire les diamètres et les arcs de cercles orthogonaux à
ô00 IDl.
Dans ces conditions, g est la métrique hyperbolique à une constante
multiplicative près. Plus précisément, il existe un réel œ > 0 tel que
2
œÀ(u, v) = œÀ(w) = I
1- w 12
pour tout w = u + iv E IDl.

Démonstration. Rappelons qu'une géodésique pour la métrique g est une


courbe qui minimise la distance entre ses points.
Nous allons d'abord montrer que g est une métrique radiale, c'est-à-dire
qu'on a À(u, v) = J..(Ju 2 + v 2 ) = À(r) pour tout w E IDl, où on a posé
r = Ju 2 + v 2 = lwl. Pour prouver cela considérons deux points, p 1 , p 2 de
IDl sur un même rayon et distincts de O. On a donc

avec 0 < r 1 < r2 < 1, où le nombre réel () 0 est l'argument commun de


p 1 et p 2 • La courbe c(t) = tei!Jo, r 1 ::S t ::S r2 est une géodésique pour g
joignant les points p 1 et p 2 • La longueur de cette courbe est donc inférieure
ou égale à la longueur de toute courbe joignant p 1 et p 2 , les longueurs sont
bien entendu calculées avec la métrique g.
Soit f : ]r 1 , r2 [--+ lR une fonction de classe C 1 à support compact, ce qui
signifie que l'adhérence de l'ensemble {t E ]r1, r1[ f(t) =/=- ü}, appelée le
1
ANNEXE A. PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DU PLAN HYPERBOLIQUE

support de f, est une partie compacte de ]r 1 , r 2[,cela revient à dire que f


est identiquement nulle en dehors d'un intervalle [a, ,BJ contenu dans ]r1 , r2[.
Remarquons que pour tout réel e suffisamment petit, la courbe définie
pour t E [r 1 ,r2] par ce(t) = teifJo + ef(t)ie;eo, est entièrement contenue
dans[]), est de classe C 1 et relie les points p 1 et p 2 (fig. 83).

Fig. 83.

Appelons Lg(ê) la longueur de la courbe Ce pour la métrique g, où ê


parcourt un petit voisinage de O. Bien sûr, Lg (0) est la longueur de la courbe
c, de ce fait Lg(O) ~ Lg(ê) pour toute, autrement dit 0 est un minimum local
de la fonction Lg(ê).
Par définition on a

La fonction Lg est donc dérivable par rapport à ê et de plus


dL
-dg (e) =
fr2 -aa (J..(ce)lc;l)(t).dt.
ê ri ê

Pour faciliter les calculs nous allons considérer les coordonnées polaires sur
[])_On a ainsi pour w -:/= 0, À(w) = À.(r, B), avec B = arg(w) et r = lwl.
Comme lce(t)I = Jt 2
+ e2f2(t) on a
À(ce(t)) = J..( Jt + e2J2(t), arg(ce(t))).
2

Par conséquent on obtient

aJ..(ce(t)) - a,jt 2 + e2f2(t)., ( ( )) aarg(ce(t))., ( ( ))


aê - aê Ar Ce t + aê Af) Ce t ,

où Àr (resp. Àe) désigne la dérivée de À. par rapport à r (resp. B). On a de


plus
t cos Bo - ef (t) sin Bo
cos ( arg ( Ce ( t ))) = ,
{ Jt2 + ê2 f2(t)
. ( ( ( ))) t sin B + êf (t) cos Bo
0
sm arg Ce t = .
Jt 2+ ê2f2(t)
ANNEXE A. PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DU PLAN HYPERBOLIQUE 339

En dérivant cos(arg(c8 (t))) par rapport à e et en utilisant l'expression de


sin(arg(c8 (t))), on obtient
aarg(ce(t)) tf(t)
Ôê t2 + ê 2 f2(t).
·o0
De plus, c;(t) = e' + ef'(t)ie'·o0 et de ce fait Ô
')'°
1 êj'2 (t)
lc 8 (t)I = ---;:::====
Uc- y'l + ê 2 f 12 (t)
Un calcul montre alors que

("(!c(c,~;c;l)(t) L. = f~t) . Àe(c(t)),


car c 0 (t) = c(t). Rappelons que 0 est un minimum local de la fonction Lg(ê)
d
et que cette fonction est dérivable. On a donc de (Lg(e))le=o =O. On en
déduit que
r2 J(t)
(A.3) [ - · Ào(c(t))dt = 0,
ri t

pour toute fonction f de classe C 1 à support compact dans ]r 1 ,r2 [. Par


un argument standard d'intégration cela entraîne que Ào est nul le long
de la courbe c. Donnons tout de même les détails. En effet, supposons
Ào(c(t0 )) -1- Opourunt0 E ]r 1 ,r2 [.SupposonsparexempleÀo(c(t0 )) > O.On
a par continuité Ào(c(t)) > 0 pour t près de t0 , c'est-à-dire sur un intervalle
]t0 - a, t 0 +a[ C ]ri, r 2 [ pour a > 0 assez petit. En ce cas choisissons la
fonction f définie sur ]ri, r2 [par

o si t~]to-a,to+a[
f(t) = {e-1/ (t-(to-a) )2 e-1/ (t-(to+a) )2 si t E ]to - a, to +a[

La fonction f est de classe C 1 , et même C 00 , sur ]r 1 , r2 [. De plus, l'expression


f(t) ·Ào(c8 (t)) est strictement positive sur ]t0 -a, t 0 +a[ et est nulle en dehors.
t
Nous obtenons donc que l'intégrale de la relation (A.3) est strictement
positive pour cette fonction f, ce qui est absurde.
e
Comme dans le raisonnement précédent 0 était arbitraire, de même que
r 1 et r2 , avec r 1, r2 E ]O, l[, on a Ào(w) = 0 pour tout w -1- 0, w E ID>. De ce
fait, À(w) est une fonction radiale, c'est-à-dire ne dépendant que de lwl et
non de arg(w): À(w) = À(r) avec r = lwl.
const.
Nous allons maintenant montrer que À est de la forme À(r) = - -2 ,
1- r
r E [O, 1[, où const. est une constante réelle strictement positive.
Remarquons que pour toute transformation conforme h de ID>, l'applica-
tion h: (ID>, À2 (h(w))lh'(w)i21dwl 2 )--+ (ID>, À2 (w)ldwl 2 ) est une isométrie.
340 ANNEXE A. PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DU PLAN HYPERBOLIQUE

Posons I(w) = À(h(w))lh'(w)I et g = I 2 (w)ldwl 2 . Par construction, les


géodésiques de la métrique g sont les images par h- 1 des géodésiques de g.
Rappelons que h est une isométrie de (!Dl, g[]l), théorème 2.3.6, nous en dé-
duisons que les géodésiques de g sont les mêmes que celles de g, c'est-à-dire
les diamètres et les arcs de cercles orthogonaux à a00 1Dl. Le raisonnement
antérieur s'applique donc, et nous permet de conclure que g est aussi une
métrique radiale, c'est-à-dire Ie(w) = 0 pour tout w "/:- O. Rappelons que
À(h(w)) = À(lh(w)I) car À est radiale. De plus h est de la forme
h (w) = /3 . w_- Wo ,
WWo-1
pour tout w E !Dl, où f3 est un nombre complexe de norme 1, et w0 E !Dl,
proposition 2.1.8. On a donc, en posant w = rei 9 pour tout w "/:- 0,

(A.4)

Un calcul montre que


- lwol
= -1-
2
lh'(rei 9)1 - -2
lré9wo - 11 ·

On a donc pour tout r E ]O, 1[ et tout réel (),

(A. 4) {} ~ [>..( Ire' - wol ) .


ae
·9

lre' 9wo - Il lre' 9wo -112


1- lwol
2
J= 0
a lrei 9 - wol lrei 9 - wol 1 - \wol 2
{} ae ( \rei 9wo - 1\) . À, ( \ré 9wo - 1 \) . \rei 9wo - 1 \2
·9 2
>..( \re' -w 0 \ )-~( 1-\wo\ )-
+ \rei 9wo - 1\ ae \ré 9wo - 1\2 - o.
Par ailleurs, on a

-a 1re i(i - w0 \ = -a
ae ae
V(re'·11 - w0 )(re'·11 - w0 )

= ~ Jr 2 + w0 w 0 - rei 9w 0 - re-i 9w0


ae

2 Jr 2 + w0 w 0 - ré 9w 0 - re-i 9wo
-ir ei 9w 0 - e-i 9w 0
=-·------
2 \ré 9 -w 0 \
Un calcul analogue montre que

-a( 1 ) = . ir · (e i9-
Wo - e -i9 Wo ) .
ae \re 19. wo - 1\ 2\re 19 wo - 1\3
ANNEXE A. PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DU PLAN HYPERBOLIQUE 341

En utilisant ces deux dernières expressions, on obtient après un calcul


ir ·e ·e 2
(A.4) <==> I e- l • (e' Wo - e-' wo)(l - lwol )·
2 re' w 0 - 13

[( lre;e - w0 12 ) ( lre; 11 - w 0 1 )
1 - lreiliwo - 112 Àr lreiliwo - 1I
lreili - w 0 1 ( lreili - w 0 1 ) ]
- 2 e
Ire' w 0 - 1I
. À 1re'·e w - 11
0
= 0,
et donc

( lre; 11 - w0 l2 ) ( lre; 11 - wol) lre; 11 - wol ( lreili - wol)


2
l - lrei 11 wo -11 2 Àr lré 11 wo-ll - 1rei 11 wo-ll ·À lrei 11 wo-ll = O,
pour tout r E JO, 1[,tout Wo E ][))* et toute E R Par conséquent, en faisant
tendre w 0 vers 0 on obtient pour tout r E JO, 1[
2 À7 2r
(A.4) <==> (1- r )À 7 (r) - 2rÀ(r) = 0 <==> T(r) = 1_ r2
ea
<==> 3a E .IR 1 À(r) =- -2 ,
1-r
Vr E JO, l[.
Il suffit donc de poser œ = 2e-a. D

Théorème A.5 (Caractérisation du plan hyperbolique). Soit g =À 2(w)ldwl 2


une métrique de classe C 1 sur !Dl. Supposons que les transformations conformes
de !Dl soient des isométries de (!Dl, g ).
Dans ces conditions g est la métrique hyperbolique à une constante
multiplicative près, c'est-à-dire qu'il existe un réel œ > 0 tel que pour tout
w = u + i v E !Dl on ait
2
œÀ(u, v) = œÀ(w) = I
1- w 12

Démonstration. Par hypothèse, pour tout réel f3 l'application w r-?- eif3 .w est
une isométrie de (!Dl, g). On a donc À(eif3 .w)ld(eif3 .w)I = À(w)ldwl, d'où
À(eif3 .w) = À(w) pour tout w E !Dl. Nous en déduisons que À est une fonction
radiale, c'est-à-dire À(w) = À(lwl) pour tout w E !Dl.
Remarquons que pour toute transformation conforme h de !Dl l'applica-
tion h : (!Dl, À2(h(w))lh'(w)J21dwl 2) --* (!Dl, À2(w)ldwl 2) est une isomé-
trie. Les hypothèses entraînent immédiatement que les transformations
conformes de !Dl sont aussi des isométries de (!Dl, À2(h(w))lh'(w)J21dwl 2).
De ce fait la fonction réelle w r-?- À(h(w))lh'(w)I est aussi radiale.
Dans ces conditions on peut appliquer la deuxième partie de la preuve du
théorème A.4 pour montrer qu'il existe un réel œ > 0 tel que
2
œÀ(w) = 1 - lwl2
342 ANNEXE A. PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DU PLAN HYPERBOLIQUE

pour tout w E lIJl. D

Remarque A.6. Les théorèmes A.4 et A.5 ont été énoncés dans le modèle
du disque du plan hyperbolique, mais ils sont évidemment valides mutatis
mutandis pour tous les modèles du plan hyperbolique.
Par exemple, pour les démontrer dans le modèle du demi-plan JH[ 2 , il
suffit de considérer une isométrie <p : (lIJl, g[JJ) --+ (JH[ 2, glHI). Considérons
maintenant une métrique complète g = À 2 (z)ldzl 2 sur JH[ 2 vérifiant les
hypothèses du théorème A.4 (resp. A.5). Dans ces conditions, la métrique
À 2 (<p(w))ldcp(w)l2 sur[]) vérifie également les hypothèses du théorème A.4
(resp. A.5). Par conséquent cette nouvelle métrique sur []) est la métrique
hyperbolique à une constante multiplicative près. De ce fait, g est la métrique
hyperbolique de JH[ 2, c'est-à-dire glHI, à une constante multiplicative près. La
preuve pour tout autre modèle du plan hyperbolique est analogue.
AnnexeB
Indications sur les exercices

1 1
(2.1.1) Dans chaque cas, poser w = -, puis remplacer z par - dans l'équation de
z (J)
L(a, b) ou C(z 0 , R).

(2.1.2) Suivre la définition de la longueur hyperbolique, exemple 2.1.3.

(2.1.3) Pour chaque cas, utiliser les transformations de Mobius et les fonctions é et
log z (sur un domaine où elle est définie).

(2.1.4) Utiliser les inversions par rapport aux cercles orthogonaux à l'axe réel.

(2.2.1) Suivre la définition de la distance hyperbolique (section 2.5 pour une démons-
tration).

(2.2.2)
1) Utiliser le fait que les courbes Cn sont des géodésiques puis considérer les
courbes qui sont à une distance fixée de la géodésique {Re(z) = O} et faisant un
angle de plus en plus petit avec la demi-droite issue de 0 et tangente à y 1 , exercice
2.2.1.
2) Montrer d'abord que la distance hyperbolique entre les deux droites horizontales
{Im(z) = !} et {Im(z) = Yo} tend vers +oo lorsque Yo tend vers +oo. En déduire
que la distance entre les courbes {Im(z) = 1} et {(x, log x) x > 2} tend vers +oo
1

lorsque x tend vers +oo. Considérer enfin les images de ces deux dernières courbes
par l'inversion par rapport au cercle de centre 0 et de rayon 1.

(2.2.4) Voir la remarque 2.2.14.

(2.3.1) Considérer le cercle C de centre (0, -1) et de rayon -/2.


(2.3.2)
1) Pour calculer la courbure de Gauss, utiliser la formule de la remarque 2.1.23-4.
2) Ceci est dû au fait que ÀR(z)--+ +oo lorsque lzl --+ R.
3) Remarquer d'abord que si une fonction réelle de classe C2 admet un minimum
local en un point de][]), alors la valeur de son laplacien en ce point est supérieure ou
égale à O. Utiliser ensuite la formule de la remarque 2.1.23-4.
4) Utiliser le fait que pour chaque z fixé on a ÀR(z)--+ 0 lorsque R--+ +oo.

343
344 ANNEXE B. INDICATIONS SUR LES EXERCICES

(2.4.1) Considérer dans un premier temps le cas où C est une droite horizontale,
C = {Im(z) = const. > O}. Considérer ensuite le cas général à l'aide des isométries
deH 2 .

(2.4.2) Pour prouver l'existence, utiliser la géométrie des isométries positives. Pour
l'unicité, montrer d'abord que la seule isométrie positive de H 2 laissant globalement
fixe l'horocycle {Im(z) = 1} et fixant le point i est l'identité.

(2.4.3) Montrer d'abord qu'il n'existe qu'une isométrie positive non triviale (c'est-à-
dire différente de Id1HI2) fixant la géodésique {Re(z) = O} et laissant fixe i.

(2.4.4) Provient de la définition de l'horocycle.

(2.4.5)
1) Écrire d'abord f sous la forme générale d'une transformation de Môbius, puis
identifier les coefficients à l'aide des conditions f (i) = i et f' (i) = eilJ.
2) Poser H = ho f(zo,IJ) o h- 1 puis montrer que H(i) = i et H' (i) = e;e (sachant
1 '()
que fczo,IJ) (zo) = e' ).
3) Faire les calculs.

(2.4.6) Les distances hyperboliques entre p et q 1 et p et q2 doivent être égales.

(2.4.7)
1) Faire les calculs.
2) Calculer la longueur hyperbolique de la géodésique C entre les points z 0 et
gs(Zo).
3) Montrer que h est une isométrie de H 2 puis que ho Tc;,,y) o h- 1 envoie x 1 sur
-1 et x 2 sur 1.
4) Faire les calculs.

(2.4.8) Provient des définitions.

(2.4.9)
i) Écrire la forme générale d'une isométrie positive de H 2 .
2) Utiliser la définition de la distance.

(2.4.10)
1) Considérer la géodésique qui lie les deux points fixes.
2) Considérer la géodésique qui lie le point fixe dans H 2 au point fixe dans o00 H 2 .
3) Soient x 1 < x 2 < x 3 les points fixes de l'isométrie f sur o00 H 2 . Soit y la
géodésique d'extrémités x 1 et x 2 . Pour chaque p E y considérer l'angle en p entre y
et la géodésique passant par p et possédant x 3 comme extrémité. Puis en déduire que
p est un point fixe de f.
ANNEXE B. INDICATIONS SUR LES EXERCICES 345

(2.4.11)
1) Remarquer que aI o a 2 est une isométrie positive de lHl 2 laissant fixe chacun des
deux points du bord asymptotique de y puis voir la définition 2.4.3.
2) Remarquer que aI o a 2 est une isométrie positive de lHl 2 laissant fixe le point
asymptotique x. Remarquer également que tout horocycle de bord asymptotique x
est globalement fixe par les réflexions aI et a 2 puis voir la définition 2.4.3.
3) Remarquer que ŒI o a 2 est une isométrie positive de lHl 2 laissant fixe le point p
puis voir la définition 2.4.3.

(2.4.12) Remarquer que TI o T 2 = ŒL 1 o ŒLz puis utiliser l'exercice 2.4.11.

(2.4.13)
1) Remarquer que les translations T; sont de la forme T; (z) = a; z + b; avec
a;, b; E IR., a; > 0, i = 1, 2.
2) Conséquence de la question précédente.

(2.4.14) Les distances entre PI et pz et entre qI et qz doivent être égales.

(2.4.15) Le théorème 2.1.22 et la remarque 2.1.9 montrent qu'il s'agit des transforma-
az +c
tions de la forme f(z) = - - - avec a, c E IR. et a 2 - c2 = !. Ces transformations
cz +a
ont deux points fixes sur 300 lHl 2 et 300 ][]) : 1 et -1. Ce sont donc des isométries de type
hyperbolique: des translations hyperboliques, définition 2.4.3 et exercice 2.4.7.

(2.5.1) Déterminer explicitement une isométrie envoyant zI et z 2 sur l'axe imaginaire


pur.

(2.5.2) Conséquence de la formule du théorème 2.5.2.

(2.5.3) À l'aide d'une isométrie, se ramener au cas où deux des géodésiques sont des
demi-droites verticales, puis faire le calcul dans ce cas.

(2.5.4) Supposer que oo est un sommet du triangle, puis utiliser le lemme 2.5.23 et le
même type d'arguments que pour le théorème 2.5.24.

(2.5.5) Les calculs et arguments sont analogues à ceux utilisés pour la démonstration
de la proposition 2.5.21. On peut aussi déduire ces relations dans le modèle du disque
des relations dans le modèle du demi-plan à l'aide de l'isométrie entre ces deux
modèles.

(2.5.6) Utiliser la description géométrique des isométries positives, section 2.4. Il


n'existe pas d'autres telles courbes car cette propriété entraîne qu'une telle courbe
a une courbure géométrique constante. Or ces dernières courbes sont classifiées au
théorème 2.6.26.

(2.5.7) Utiliser la relation (2.10) du théorème 2.5.12.


ANNEXE B. INDICATIONS SUR LES EXERCICES

(2.5.8)
1) Considérer la réflexion par rapport à la géodésique y.
2) Utiliser l'inégalité triangulaire, voir le corollaire 2.2.5.

(2.5.9)
1) Il faut et il suffit que les géodésiques ainsi que leur bord asymptotique aient une
intersection vide: (y, U 800 y1) n (y2 U 800 y2) = 0. Pour montrer que la condition
est nécessaire on peut utiliser le théorème 2.5.24.
2) Supposer qu'il existe deux géodésiques D 1 , D 2 perpendiculaires à y 1 et y 2 . Ces
quatre géodésiques définissent donc un polygone convexe à quatre côtés tels que tous
les angles intérieurs sont droits. En considérant deux sommets opposés partager ce
polygone en deux triangles rectangles. Montrer ensuite à l'aide du théorème 2.5.24
qu'un tel polygone n'existe pas.

(2.5.10) Il s'agit de l'unique géodésique y telle que la réflexion par rapport à y envoie
Y1 sur Y2: ly(y1) = Y2·

(2.5.11) Considérer l'unique géodésique passant par x et orthogonale à L puis utiliser


le théorème 2.5.12.

(2.5.12) Considérer la courbe équidistante de y 1 de distance dIHI (q 1 , q2 ) et rencontrant


la géodésique passant par p 1 et p 2 en un point que l'on appellera x. Considérer
ensuite la translation hyperbolique le long de y 1 envoyant q2 sur x et le point y E y 1
image de q1 par cette translation. Si y =I p 1, considérer enfin le triangle géodésique
de sommets les points x, y et PI·

(2.5.13)
1) Considérer une isométrie quelconque g envoyant y 1 sur y 2 . Sig envoie A sur
l'autre composante de IHI 2 \ Y2 composer alors avec la réflexion par rapport à y2 :
f = ly1 0 g.
2) Si f n'est pas positive considérer la réflexion par rapport à n'importe quelle
géodésique perpendiculaire à Y2·

(2.6.1)
1) Utiliser le fait que th(v) =cos 13, où 13 est l'argument de P.
2) Conséquence directe de la question 1.
3) Conséquence directe de la question 1.

(2.6.2)
1) Voir la démonstration du théorème 2.6.18.
2) Voir l'exercice 2.6.1-1 puis la définition de CJ.
3) Provient de la question 1.
4) Calcul direct.
ANNEXE B. INDICATIONS SUR LES EXERCICES 347

(2.6.3)
1) Voir le théorème 2.6.18.
2) Immédiat.
3) Le (a) est immédiat. Pour (b) et (c), utiliser le principe du maximum, théorèmes
2.6.27 et 2.6.28. Pour (d) intervertir les rôles de u et v.

(2.6.4)
1) Immédiat.
2) Immédiat. L'implication inverse est fausse, considérer par exemple la courbe
c(y) = (siny.y),y >O.
3) Calculs directs.
4) Voir le théorème 2.6.18.

(2.6.5) La preuve est analogue à celle concernant les graphes par rapport à l'axe des x,
théorème 2.6.27.

(2.6.6)
1) Dans le cas contraire, utiliser comme barrières les cercles de courbure hyperbo-
lique strictement comprise entre 1 et la borne inférieure. Puis aboutir à une contradic-
tion avec le principe du maximum.
2) De même, utiliser le principe du maximum et les horocycles tangents à l'axe
réel.

(2.6.7) Utiliser une famille convenable de cercles hyperboliques de courbure géomé-


trique A et trouver une contradiction à l'aide du principe du maximum en trouvant
un point de contact tangent entre une partie de y et l'un de ces cercles.

(2.6.8) Remarquer que le vecteur courbure pointe vers les x décroissants. Puis en
supposant u borné inférieurement, considérer une famille de courbes équidistantes
dont le vecteur courbure est dirigé vers l'axe des x. Utiliser enfin le principe du
maximum.

(2.6.9) Dans le cas contraire, considérer l'horocycle horizontal passant par le mini-
mum.

(2.6.10) Sans commentaire.

(2.6.11)
1) Utiliser le principe du maximum.
2) Sans commentaire.

(2.6.12)
1) Voir le théorème 2.5.12.
2) Immédiat.
ANNEXE B. INDICATIONS SUR LES EXERCICES

3) Exprimer d'abord les horocycles en fonction de (u. v).


4) Utiliser la question 1.

(2.6.13)
1) Voir le théorème 2.5.2.
2) Utiliser la question 1.

(2.6.14) Par exemple, on pourra considérer l'expression de la courbure en coor-


données euclidiennes (x, y), théorème 2.6.18, et remplaçer ensuite x, y et leurs
dérivées par leurs expressions en fonction de u et v.

(2.6.15) Voir le théorème 2.6.18.

(2.6.16) Considérer les horocycles passant par les points (0, a) et (0, b) ainsi que leurs
translatées horizontales puis appliquer le principe du maximum.

(2.6.17) À l'aide d'une isométrie se ramener au cas où pet q se trouvent sur la même
géodésique verticale et utiliser l'indication de l'exercice 2.6.16.

(2.6.18) Pour C 1 considérer la famille des horocycles dont le point asymptotique


est (X (0) + X ( 1) . 0) ·
et comprenant les pomts y (0) et y ( 1) d ans 1eur « mteneur
· ' · ».
2
Pour C2 considérer la famille des courbes équidistantes de courbure a par rapport à
l'orientation normale donnée par le vecteur vertical (O. 1) et symétriques par rapport
{ x(O) + x(l)
a, la geodes1que
, , . .
verticale ( 2 , y) 1 y > 0 } C H 2 .

(3.2.1) Pour les deux questions il s'agit d'une conséquence directe de la définition
d'une inversion, définition 3.2.1.

(3.3.1) Si C E IT considérer la réflexion par rapport à l'hyperplan géodésique IT


pour montrer que dllll(A,C) = dllll(B,C). Si C E Hn \II, considérer l'unique
plan géodésique rr contenant les points A, B et C, proposition 3.3.8, puis utiliser
l'exercice 2.5.8 pour montrer que dllll(A C) =/= dllll(B. C).

(3.3.2) À l'aide d'une isométrie de Hn, on peut supposer que la géodésique passant
par A1 et Az, est la demi-droite verticale L = {(O, .... 0, t) E !Rn 1 t > O} puis
----)- ---)-
considérer le sous-espace vectoriel engendré par les vecteurs A1A2 ..... A1An.

(3.3.3) Procéder comme dans l'exercice 3.3.2.

(3.3.4) On peut faire une démonstration par récurrence sur n "" 2. Soit n "" 2 un
entier pour lequel la propriété est vraie pour l'espace hyperbolique Hn. Pour prouver
la propriété dans Hn+ 1 , choisir un hyperplan géodésique II de Hn+I et remarquer
qu'il est isométrique à Hn, corollaire 3.3.11. Par la suite, choisir un point An+2 dans
ANNEXE B. INDICATIONS SUR LES EXERCICES 349

Hn+I \Il, utiliser le fait que l'intersection de deux sous-variétés géodésiques non
disjointes est encore une sous-variété géodésique et utiliser l'exercice 3.3.3.

(3.3.5) Pour l'existence d'un tel hyperplan P voir l'exercice 3.3.2. Pour l'unicité,
remarquer que si Po est un autre tel hyperplan alors P n Po est une sous-variété
géodésique de Hn contenant les points A 1.... , An, puis utiliser l'exercice 3.3.3.

(3.3.6) On peut faire une démonstration par récurrence sur n ::;: 2. Pour n = 2
remarquer qu'une isométrie fixant deux points A 1, A 2 laisse aussi fixe chaque point
de la géodésique passant par A 1 et A1.
Soit n ::;: 2 un entier pour lequel la propriété est vraie dans Hn. Pour démontrer la
propriété dans Hn+I, remarquer que si A 1, ... , An+ 2 E Hn+I sont des points n'ap-
partenant à aucun hyperplan géodésique, il existe un unique hyperplan géodésique P
de Hn+I contenantles points A 1, ... , An+J, voir l'exercice 3.3.5. Remarquer ensuite
que si g est une isométrie de Hn+ 1 vérifiant g(Ak) = Ab k = l, ... , n + 2, alors
l'hyperplan géodésique Pest globalement fixe par g : g(P) = P. Appliquer ensuite
l'hypothèse de récurrence à Pet utiliser la proposition 3.3.14.

(3.3.7) Considérer des points A 1, ... , An+I E Hn n'appartenant à aucun hyperplan


géodésique de Hn, voir l'exercice 3.3.4. Si g(A1) #- A1, considérer la réflexion a1 de
Hn par rapport à l'hyperplan géodésique passant par le milieu du segment géodésique
d'extrémités A 1 et g(A 1) et orthogonal à celui-ci. Remarquer que A 1 est un point
fixe de l'isométrie a 1 o g. Si (a 1 o g)(A 2) #- A 2, considérer de même la réflexion
a 2 définie comme auparavant à l'aide des points A 2 et (a 1 o g)(A 2), de sorte que
(a2 o a 1 o g)(A2) = A 2 . Montrer ensuite, à l'aide de l'exercice 3.3.1, que A1 est aussi
un point fixe de l'isométrie a2 o a 1 o g. Procéder ensuite de la même manière pour
les autres points AJ, ... , An+1 puis considérer l'isométrie f := an+1 o · · · o a1 o g et
conclure que f est l'identité.

(3.3.8) Il suffit de montrer qu'il existe une isométrie positive envoyant le point p sur
p 0 = (O .... , 0, 1) et Vp sur ü 0 = (O .... , O.!). Pour cela, utiliser le fait qu'il existe
une isométrie positive envoyant la géodésique passant par p et tangente à iiP sur la
géodésique verticale L = { (0, ... , 0, Xn) E Hn}.

(3.5.1) Dans chaque cas la généralisation est immédiate.

(3.5.2)
1) Il suffit de montrer que IIBI est un difféomorphisme puis que

pour tout point XE lll\n et tout vecteur tangent ü E Txlll\n.


2) Il suffit de remarquer d'abord que les géodésiques de (lll\n, glBI) sont les images
réciproques des géodésiques de (Hn, g1HI) par IIBI puis que IIBI préserve les angles.
3) Mêmes remarques qu'à la question 2.
4) Mêmes remarques qu'à la question 2.
350 ANNEXE B. INDICATIONS SUR LES EXERCICES

(3.5.3)
1) Il suffit de montrer qu'il existe un vecteur Ü E !Rn+I tel que gMJ(Ü, ü) < 0, par
exemple ü = (L 0, .... 0).
2) a) On a TxM!n = Ker(Dxf) où f : JRn+I --+ IR est définie par
f(X) = -x~ + xî + ... + x~ + 1 pour tout X= (xo.x1, ... ,xn) E !Rn+I.
b) Il faut montrer que gMI (ü. ü) > 0 pour tout vecteur non nul ü E TxM!n et tout
point X E Mln. Pour cela utiliser l'inégalité de Cauchy-Schwarz.
3) Il faut d'abord montrer que IMI est un difféomorphisme de Mln sur 3n puis que
gMJ(Ü, Ü) = g111 (DxlMI (Ü), DxlMI (ü)) pour tout point X E Mln et tout vecteur tangent
ÜETxMin.
4) Remarquer d'abord que ces géodésiques (resp. plans géodésiques, hyperplans
géodésiques) sont les images réciproques par IMI des géodésiques (resp. plans géodé-
siques, hyperplans géodésiques) de sn passant par l'origine (0, ... , 0) de 3n. Ensuite,
utiliser les propriétés géométriques de la projection rr.
5) a) La vérification est directe. Voir l'exemple 3.1.4-2 pour un calcul analogue.
b) Soit Q = (x 0 • q 1, ... , qn) E Mln, montrer qu'il existe une isométrie linéaire
ln de!Rn tellequeJ(q1, ... ,qn) = (x1.0, ... ,0),oùx1 = Jqî+ .. ·+q~.
Utiliser ensuite la question Sa.
6) Utiliser l'équation définissant Mln.
7) a) Montrer d'abord que la restriction de Ts à Mln est un difféomorphisme
de Mln sur lui-même puis que gMI(Ts(Ü), Ts(Ü)) = gMJ(Ü, Ü) pour tout vecteur
Ü E ]Rn+I.

b) Choisir s = -t.
c) Conséquence directe des questions précédentes.
8) Soit y une géodésique de Mln et soit Q E y. Considérer une isométrie J de Mln
vérifiant J(Q) = (1. 0, ... , 0) donnée par la question 7c. Remarquer que J(y) est une
géodésique de Mln passant par (1, 0, ... , 0). De ce fait, d'après la question 4, il existe
un plan affine P de !Rn+! passant par (1, 0, ... , 0) et l'origine (0, ... , 0) de !Rn+I tel
que J(y) = P n Mln. Conclure en remarquant que r 1 (P) est un plan affine de !Rn+!
passant par l'origine. Raisonner de manière analogue pour les plans et hyperplans
géodésiques de Mln.

(3.5.4)
1) Vérification directe.
2) Un calcul direct montre que gMI(ü.ü) = goc(Dxloc(Ü),Dxloc(ü)) pour tout
point X E Mln et tout vecteur tangent ü E T xMin.
3) Utiliser la question 8 de l'exercice 3.5.3 et les propriétés géométriques de la
projection P.
4) Utiliser l'exercice 3.3.8 et le fait que (IKn, goc) est isométrique à (!Hln, g1HI), voir la
question 2.

(3.5.5) Sans commentaire.


ANNEXE B. INDICATIONS SUR LES EXERCICES 351

(3.5.6) Soit Il un plan géodésique de H 3 . Chaque point p de Il est ombilic. De


plus l'intersection de Il avec tout autre plan géodésique passant par p est une
géodésique. De ce fait les courbures normales en p sont toutes nulles et ceci en
tout point p E Il. Nous en déduisons que Kext =O. Par ailleurs Il est isométrique à
H 2 , proposition 3.3.8, de ce fait on a K = -1.
Soit S c H 3 une horosphère, à une isométrie près nous pouvons supposer que
S est un plan horizontal. L'intersection de S avec tout demi-plan vertical est un
horocycle. De ce fait toutes les courbures normales en tout point de S sont égales à
± 1 selon l'orientation normale choisie, nous en déduisons que Kext = 1 en tout point.
De plus la métrique induite sur S par la métrique de H 3 est la métrique euclidienne à
une constante multiplicative près. De ce fait on a K = 0 en tout point.
Dans chaque cas nous vérifions aisément la relation de Gauss : K = Kext - 1.

(3.5.7) Soit S une surface équidistante d'un plan géodésique Il. À une isométrie
près nous pouvons supposer Il = {(O,x2 ,x 3 ) E H 3 }. Soit p > 0 la distance de
S à Il. Ainsi S est l'un des deux demi-plans de bord asymptotique l'axe des x 2 et
faisant un angle a avec Il où a E [O, JT/2[ vérifie sin(a) = th(p). À une symétrie
près nous pouvons supposer S = {(x 3 tan(a).x 2 ,x 3 ) E H 3 x 3 > O}. Au point
1

p = (tan(a), O. 1) le plan géodésique passant par p, orthogonal à S et tangent


au vecteur ü = (tan(a),O, 1) rencontre la surface équidistante S suivant la demi-
droite D = {(x 3 tan(a).O,x 3 ) E H 3 }. OrD est une courbe équidistante de H 2 dont
la distance à la géodésique L = {(0, 0, x 3 ) E H 3 } est p. De ce fait la courbure
normale de Sen p de direction le vecteur tangent ü = (tan(a), 0, 1) est ±th(p) selon
l'orientation normale choisie, proposition 2.6.20. Il résulte de la remarque 3.5.1 que
chaque point de S est ombilic puis que la courbure extrinsèque est la même en chaque
point. De ce fait on a Kext = th 2 (p).
Avec la relation de Gauss, on obtient K = th 2 (p) - 1 en chaque point de S.

(3.5.8)
1) Utiliser la proposition 2.5.4.
2) Utiliser le fait que la métrique induite sur S(p) est la métrique euclidienne à une
constante multiplicative près.
3) Montrer que pour chaque sphère hyperbolique S de rayon p il existe une
isométrie envoyant S sur S(p).
4) Montrer qu'en chaque point de S(p) toutes les courbures normales, avec
l'orientation normale intérieure, sont égales à l/th(p). La vérification de la relation
de Gauss est immédiate.

(3.5.9)
1) Sans commentaire
2) Comme aoo
Il 1 n aoo I12 i= OO, remarquer qu'à une isométrie de H 3 près, on
peut supposer que Il 1 et I1 2 sont deux demi-plans verticaux et parallèles.
3) Remarquer que aoorr1 n aoorr2 i= OO puis qu'à une isométrie de H 3 près, on
peut supposer que Il 1 et I12 sont deux demi-plans verticaux.
352 ANNEXE B. INDICATIONS SUR LES EXERCICES

(4.2.2)
1) Supposer que P s'écrive de la forme

yP -Xq (X-1) = (Y' +ar-I yr-l +· · ·+a1 Y +ao)(Ys +bs-I ys-l +· · ·+b1 Y +bo)

avec r + s =pet a;,b1 E <C[X], i = l, ... ,r, j = l, ... ,s. Remarquer que
comme a 0 b0 = -Xq (X - 1), X = 1 est une racine simple du polynôme a 0 b0 , on
peut donc supposer que bo(l) = 0 et ao(l) =/=O. Montrer ensuite que cela entraîne
bJ (1) = 0, j = 2, ... , s - 1, puis que s = pet r = 0 et ainsi Pest irréductible.
2) Voir la définition d'un point singulier page 4.1.3.
3) Procéder de la même manière que dans l'exemple 4.2.

(4.3.1)
1) Vérification directe.
2) Remarquer que IT' (z) 1 < 1 (resp. > 1) lorsque z est à l'extérieur (resp. à
l'intérieur) de IT.
3) La condition est que

IT'(z)i 1
1 + IT(z)i2 1 + izl 2 '

les relations en découlent.


4) Utiliser les relations de la question 3.

(4.3.2) La vérification est directe à partir de l'équation générale d'un cercle ou d'une
droite. On peut aussi remarquer que l'on a (f o Ic)(z) = (lf(C) o f)(z) pour tout
z E C, ce qui permet de conclure.

(4.3.3) Il suffit d'exhiber une transformation conforme de <C envoyant {z 1 , z2 } sur


{z3,z4}.

(4.3.4) Les deux conditions sont équivalentes à l'existence d'une application de Mo-
bius f telle que f({z 1 , ... ,z 4 }) {z~, ... ,z~}. Ensuite, si par exemple
[z1, z2. z3. Z4] = [z~. z~, z~. z~], considérer l'unique (pourquoi?) transformation de
Mobius f telle que f(z;) = z;, i = 1, 2, 3, et montrer que f(z4) = z~.

(4.3.5)
1) Soit ~ E <C un point quelconque tel que R(~) =/= oo. Considérer la fonction
R(z)-R(O , . . ..
F(z) = z_ ~ - R (0 pour montrer que pour toute> 0 Il existe un v01smage
ouvert V(O C [})tel que IR(z) - R(~)I < (e + IR'(~)i) · lz - ~I, pour tout z EV(~).
2) Même commentaire que pour la question 1.
3) Considérer la restriction de R à un horocycle dont le bord asymptotique est {a}.
4) Considérer la restriction de R à la géodésique dont le bord asymptotique est
constitué des deux points fixes de R.
ANNEXE B. INDICATIONS SUR LES EXERCICES 353

(4.3.6) Utiliser la relation du théorème 2.5.2-1

(4.4.1)
1) Voir la proposition 4.4.14.
2) Utiliser le fait que h est une application ouverte.

(4.4.2)
1) Sans commentaire.
2) Utiliser le théorème de Parseval.
3) Provient de 2.

(4.4.3)
1) Utiliser le théorème d'uniformisation de Riemann, théorème 4.6.l.
2) Utiliser la dérivée F' (z) et le théorème de la fonction inverse.
3) Utiliser la dérivée F' (z) et le théorème de la fonction inverse.
4) Utiliser le théorème d'uniformisation de Riemann.
5) Utiliser le fait que f = F'.
6) Soit z 1 , ... , z P les zéros de f (pas nécessairement distincts), considérer la
fonction g(z) = (z - z 1 )- 1 · · · (z - zp)- 1 f(z).

(4.4.4)
1) Sans commentaire.
2) Voir les formules de la remarque 4.4.11.
3) Voir la remarque 4.4.13.
4) Considérer l'image de l'application de Gauss, définition 4.4.6.
5) Calculs directs.

(4.4.6) Voir la remarque 4.4.11.

(4.4.7)
1) Sans commentaire.
2) Le calcul des formes est immédiat. Il suffit de considérer comme chemin fermé
un cercle centré en O. Le calcul des intégrales revient alors à calculer le résidu des
formes coordonnées en O. Pour l'immersion X, voir la remarque 4.4.11.
3) En posant ds = À(z)ldzl, où ds est la métrique induite sur M par X, montrer
d'abord que À(z) ~ w·
1
Conclure ensuite que l'immersion X est complète au bout
(z = 0). Pour le bout (z = oo), considérer le chemin z(t) = t, t ~ 1. Pour la
courbure totale, utiliser le grand théorème de Picard.

(4.5.1)
1) Voir la définition 4.5.l.
354 ANNEXE B. INDICATIONS SUR LES EXERCICES

2) En écrivant z sous la forme z = reifi, on vérifie que w envoie Cr sur une ellipse
et Re sur une branche d'hyperbole.
3) Remarquer que w envoie le bord de !Dl sur le segment réel [-1. 1].
4) Utiliser la question 3.
5) On trouve x(S) = 2, pour voir cela procéder comme dans l'exemple 4.5.7-2.

(4.5.2) Voir la définition 4.5.1 et le théorème 4.5.6.

(4.5.3) Voir le théorème 4.5.6.

(4.5.5) Vérifications fastidieuses mais directes.

(4.5.6) Utiliser l'une des deux projections de Sn sur <CU {oo}. Voir le théorème 4.5.16
pour la relation de Riemann.

(4.5.7) Sans commentaire.

(4.6.1) À l'aide du théorème de symétrie de Schwarz, montrer que u se prolonge en


une fonction harmonique et bornée sur <C, puis considérer une conjuguée harmonique
de u.

(4.6.2)
1) Utiliser le fait que f est une application ouverte et injective.
2) Utiliser le principe de réflexion pour les fonctions harmoniques puis le fait que
sur un domaine simplement connexe une fonction harmonique est la partie réelle
d'une fonction holomorphe.
3) Considérer la fonction harmonique log lhl et montrer qu'elle se prolonge par
réflexion sur un voisinage de 0 privé de O. Observer ensuite que la fonction log lhl est
bornée.
1
4) Remarquer que l'isométrie z 1-+ 1- - envoie 0 sur oo et laisse r globalement fixe.
z
Utiliser ensuite la question 3 pour montrer que f se prolonge en O. Pour prolonger f
-1
au point z = 1, considérer l'isométrie z 1-+ - - .
z- 1
5) Utiliser le fait que f est une application ouverte.
6) Sans commentaire.

(4.6.3)
1) Utiliser le fait que A et B sont indépendants sur IR.
2) Considérer la suite Yn et utiliser le fait que la droite {A + t B 1 t E lR} ne passe
Pn
pas par O.
3) Même indication que pour la question 2.
4) Immédiat.
5) Utiliser le fait que a > O.
ANNEXE B. INDICATIONS SUR LES EXERCICES 355

6) Même indication que pour la question 5.


7) Provient des définitions.

(4.6.4)
1) Considérer le groupe d'isométries rI engendré par l'homothétie de centre (O. 0)
et de rapport un réel quelconque À > 1, puis considérer la surface de Riemann
SI =IHI 2 /f1.
2) Considérer le groupe d'isométries f2 engendré par la translation horizontale de
vecteur (1. 0), puis considérer la surface de Riemann S2 = IHI 2 / r 2 .

(4.7.1)
1) Sans commentaire.
2) Majorer la contribution de chaque anneau An à la somme Bk-

(4.7.2)
1) Sans commentaire.
2) Sans commentaire.
3) Appliquer la formule intégrale de Cauchy à f le long de F.
4) Appliquer la formule intégrale de Cauchy à j le long de F.

(4.7.4) Appliquer la formule intégrale de Cauchy à la fonction z · f'(z) le long de F.


f(z)

(4.7.5) Considérer les pôles et les zéros du quotient[__


g

(4.7.3)
1) Montrer qu'il existe une fonction rationnelle de tp possédant exactement les
mêmes pôles et zéros que f, avec multiplicité, puis utiliser l'exercice 4.7.5
2) Considérer la fonction f,.
IP
3) Conséquence des questions précédentes.

(4.7.6)
1) Utiliser les hypothèses sur a et b.
2) Utiliser la formule de l'exercice 4.7.4.
3) Immédiat.
4) Sinon g serait une fonction elliptique de degré 4, puis conclure à l'aide de
l'exercice 4.7.4.
5) Immédiat.
ANNEXE B. INDICATIONS SUR LES EXERCICES

(4.7.7)
1) Intégrer la fonction Çsur un parallélogramme fondamental centré en O.
2) À l'aide du développement en série de Ç, corollaire 4.7.9, montrer d'abord que
Ç(i z) = -i Ç(z) pour tout z E IC \ f'. puis utiliser la relation de Legendre.

(4.7.8)
1) Utiliser le théorème 4.7.14.
2) Utiliser la question 1, la proposition 4.7.16 puis les relations de la remarque
4.7.15-2.
3) À l'aide du développement en série de g;>, corollaire 4.7.9, montrer d'abord
que g;>(i z) = -g;>(z) pour tout z E IC \ f'. Puis utiliser la définition de g2 et g3,
théorème 4.7.14, et la remarque 4.7.15-2.

(4.7.9)
1) Pour chaque égalité évaluer les pôles et zéros de chaque fonction qui intervient
puis utiliser l'exercice 4.7.5.
2) Pour la première relation utiliser la remarque 4.7.15-2 et l'exercice 4.7.8. Pour la
deuxième relation, utiliser la première et la question 1.

(4.8.1) Utiliser le fait que les fonctions coordonnées sur M sont harmoniques et le
théorème de Huber, remarque 4.4.13.

(4.8.2)
1) Il suffi~e montrer que le revêtement universel de D est IC. Pour cela, ap-
pelons n : D --* D le revêtement universel de D et remarquer que la métrique
ds = eRe f(z) 1n' (z) l ldz 1est complète sur D, où f est holomorphe sur D et vérifie
Re(f) = h o n. Puis considérer une fonction w(z) holomorphe sur D telle que
w' (z) = ef(z) n' (z). Conclure ensuite, à l'aide de l'exercice 4.4.3.
1
2) Supposer dans un premier temps que l'on a r1 < - < r 2 < +oo, et considérer
r2
sur l'anneau A = {z E IC 1 r~ < lzl < r2} la métrique À1(z) 2 ldzl 2, avec

À.1 (z) = À(z) ·À(~).

(4.8.3) Utiliser le revêtement de IHI 2 sur Q donné dans la démonstration du théorème


4.8.3, pour un réel À convenablement choisi.
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Index

agit de manière proprement discon- coordonnées


tinue, 28 isothermes, 241
aire hyperbolique, 58, 72 pseudo-euclidiennes, IOI
d'Alembert, 38 courbe,7,33
angle, 45, 240 C 1 par morceaux, 47
orienté, 45 algébrique complexe, 214
application complète, 130
anti-conforme, 228 de IR 2 , IIO
conforme, 47, 227, 231 de Jordan, 8, 33
de Gauss, 244 des forçats, 202
de Gauss hyperbolique, 135, 201 divergente, 7, 250
de Môbius, 52 équidistante, 100, 114, 121, 126
holomorphe, 231 minimisante, 56
arête, 14 régulière, 45, I09
atlas, 4, 229 courbure
automorphisme de revêtement, 29, de Gauss, 58, 198, 245
276 euclidienne, 1IO
extrinsèque, 198
base du revêtement, 23 géométrique, 114, 117, 122, 126
birapport, 238 hyperbolique, 113, 114
Bolyai, 67, 271 intrinsèque, 199
bord moyenne, 198, 245
asymptotique, 44, 144 normale, 198, 244
à l'infini, 44, 144 principale, 198, 245
sectionnelle, 203
caractérisation du plan hyperbolique, totale, 250
341 cylindre hyperbolique, 200
caractéristique d'Euler-Poincaré, 17,
64,258,266 degré
carte isotherme, 241 d'une application holomorphe,
caténoïde, 232, 242, 246, 249 257
Cauchy, 31 de ramification d'un point, 256,
Cauchy-Riemann (équations de), 32, 258
228 demi-plan de Poincaré, 45, 85
cercle difféomorphisme, 7
hyperbolique, 87, 122, 126, 133 de revêtement, 29
isométrique, 237 direction principale, 198, 245
champ de vecteurs, IO disque de Poincaré, 71, 85
changement de cartes, 4 distance hyperbolique
chemin,7 entre deux parties, 97
divergent, 7, 250 entre deux points, 55, 71, 86,
compact,3 93, 147, 149
composante connexe, 2 entre un point et une partie, 97
conformément équivalentes, 231
connexe par arcs, 3 ellipse hyperbolique, 141
INDEX

ensemble groupe du revêtement, 29, 275


de Fatou, 234 groupe fondamental, 21
de Julia, 234
équivalence conforme, 47, 231, 232 hélicoïde, 246, 249
espace Hoffman, 312
hyperbolique, II, 143 homéomorphisme, 3
tangent, 8 homographie, 52
espace topologique, l homotope, 19
à base dénombrable, 2
horocycle, 73, II7, 126
compact, 3
horosphère, 195
connexe, l
hyperplan géodésique, 160, 163, 169,
connexe par arcs, 3
I7l
séparé, 2
hypersurface équidistante, 161
Euclide (postulats), 67
Euler, 17
immersion, 241
Fatou, 234 conforme, 241, 248
feuillet (d'un revêtement), 24 isométrique, 198
fibré tangent, 9 minimale, 245
fonction indice d'un point par rapport à un
analytique, 33, 37 lacet, 34
continue, 3 inégalité triangulaire, 63
elliptique, 300, 301, 303 invariant conforme, 236
entière, 30 inversion, 54, 80, 151, 156
holomorphe, 30, 232 isométrie, 56, 145, 191
méromorphe,40,222,232 elliptique, 75, 79, 81
p de Weierstrass, 302, 308 hyperbolique, 75, 81
Ç de Weierstrass, 302 négative, 56, 145
forme parabolique, 75, 77, 81
holomorphe, 261, 264 positive, 56, 73, 145
méromorphe,261,264
Formule intégrale de Cauchy, 36 Joukowski, 268
fraction rationnelle, 234 Julia, 234
Gauss, 67
genre d'une surface, 14, 269 lacet, 19, 33
géodésique, 56, 60, 62, 126, 147 lemme de Schwarz, 42, 50, 92
complète, 65 Lobachevsky,67,271
parallèle, 66, 68 loi
géométrie du cosinus 1, 97
hyperbolique, 71, 85 du cosinus Il, 97
riemannienne, 199 du sinus, 97
groupe de Môbius longueur, 11
de IC, 235 d'arc, 109
de[}), 49, 50, 72 hyperbolique, 46, 47, 61, 94, 147
deIHI 2,49,51
de § 2, 232 Meeks,252,312,326
groupe des transformations conformes métrique, IO, 240
de IC, 235 hyperbolique, 1l, 44, 144
de[}), 49, 72 induite, 239, 241
de IHI 2 , 49, 51 Milnor, 234
de § 2 , 232 Môbius,49
INDEX

modèle projection stéréographique, 5, 230, 243,


de Klein de l'espace hyperbo- 246
lique, 207 proprement discontinue, 28, 272, 275,
de la boule de l'espace hyper- 280,285
bolique, 204 propriétés générales
de Minkowski de l'espace hy- du plan hyperbolique, 331
perbolique, 205
modèles de l'espace hyperbolique, 145 réflexion, 54, 152, 156
Morera, 273 relation
multiplicité de compatibilité, 263
d'un antécédent, 256 de Gauss dans IHin, 199
d'un pôle, 38 de Hurwitz, 258
d'un zéro, 38 de Legendre, 318
de Riemann, 266
norme hyperbolique, 44 trigonométrique, 95, 97
relèvement, 25
opère de manière proprement dis- représentation de Weierstrass-Enneper,
continue, 28 248
ordre réseau, 282
d'un pôle, 38 résidu, 40
d'un zéro, 38 revêtement, 22
Osserman, 253, 270, 330 conforme et simplement connexe,
ouvert, r 273,275
élémentaire, 22 de la sphère moins trois points,
289
parallélogramme fondamental, 307 ramifié, 25, 229
partie universel, 27
connexe,2 Riemann, 271
discrète, 2, 40, 265 Rosenberg, 252
fermée, r, 30 rotation hyperbolique, 79, 81, 181, 182,
ouverte, 30 287
plan géodésique, 160
plan hyperbolique, 44, 57, 85 séparé, 2
Poincaré, 45 simplement connexe
point ouvert de C:, 34, 253
de branchement, 25, 229, 256 variété, 21
de ramification, 25, 229, 256 singularité, 214
ombilic, 199 singularité essentielle, 39, 40, 326
régulier, 214, 256 somme connexe, 13
singulier, 25, 214, 256 sommet, 14
point fixe sous-variété
attractif, 238 complète, 160
indifférent, 238 de IHin, 159
répulsif, 238 de !Rn, 7
pôle d'une fonction, 38 totalement géodésique, 160
Poleni, 202 sphère hyperbolique, 194
principe du maximum géométrique, structure conforme, 230
127, 130, 132,202 sur l'anneau, 319
à bord, 129 surletore,294,300
principe du maximum (fonctions ho- surface, 5, 229
lomorphes), 41 à bord, 13
produit scalaire hyperbolique, 144 complète, 250
INDEX

cousine, 201 valeur


de Costa, 308 régulière, 257
de Enneper, 247, 249 singulière, 257
de Jorge-Meeks, 249 variété, 3
de Riemann, 229 orientable, 6
de Scherk, 255 orientée, 6
équidistante, 197 riemannienne, ro
isoparamétrique, 200 vecteur
minimale, 245 courbure hyperbolique, l 13
minimale de Riemann, 312 courbure moyenne, 198
ombilique, 199 voisinage, 1
symétrie, 54

théorème
d'Alexandrov, 203
d'Osserman, 270
d'uniformisation de Riemann,
232,271
de Bernstein, 289
de Carathéodory, 272, 290, 322
de Cauchy, 35
de classification des surfaces com-
pactes orientables, 14
de d'Alembert, 38
de Gauss-Bonnet, 64 ·
de Huber, 251, 329
de Liouville dans IC, 37, 232,
271
de Liouville dans JR", 188
de Morera, 35
de Picard (grand), 40, 326
de Picard (petit), 288
de relèvement des applications,
26
de Schwarz-Pick, 92
de symétrie de Schwarz, 272
topologie, 1
induite, 1
tore, 300
transformation
conforme, 47, 231
de Môbius, 52
elliptique, 75
hyperbolique, 75
loxodromique, 81
parabolique, 75, 287
translation hyperbolique, 76, 81, 184,
287
triangle, 14
géodésique, 67, 94, 104
rectangle, 95, 103
triangulation, 15

Achevé d'imprimer sur les presses de l'imprimerie BARNÉOUD


53960 BONCHAMP-LÈS-LAVAL
Dépôt légal : septembre 2009 - N° d'imprimeur: 902116
Imprimé en France
Avec ce livre, les auteurs ont voulu présenter une introduction
élémentaire à des notions qui servent depuis longtemps de base
à des recherches en mathématiques (géométrie différentielle et
géométrie algébrique) et en physique théorique.
On peut noter que le plan hyperbolique (introduit par Lobat-
chevski en 1826) d'une part, les surfaces de Riemann ( 1851 )
d'autre part, sont les premiers exemples d'objets géométriques
qui ne se présentent pas comme des figures de l'espace usuel,
mais au contraire se substituent à lui, devenant ainsi le lieu d'une
nouvelle géométrie. le lien entre ces deux notions fut découvert
par Poincaré en 1881. les objets d'étude proposés dans ce livre
sont d'abord les géodésiques et les horocycles du plan-hyperbo-
lique, ses isométries, puis les courbes du plan hyperbolique et
leur courbure. Un chapitre est ensuite consacré aux espaces hy-
perbolique de dimension 3 et plus.
Dans la partie sur les surfaces de Riemann, les auteurs pro-
posent notamment l'étude des revêtements ramifiés, puis celle
de la classification des surfaces par le genre et par la nature du
revêtement universel (c'est là que se fait le lien avec le plan hy-
perbolique) ; la classifkation plus fine des structures conformes
est abordée dans le cas du tore, ce qui donne l'occasion de pré-
senter la théorie des fonctions elliptiques, et de l'anneau, où on
déduit de la classification le grand .théorème de Picard. Plusieurs
applications à la théorie des surfaces minimales de l'espace eu-
clidien sont données en complément.
Cette introduction à la géométrie hyperbolique et aux surfaces
de Riemann est la première qui mette ces deux sujets à la portée
d'étudiants de Ml (quatrième année) de mathématiques, sC!lns
exiger d'eux plus qu'une connaissance de la géométrie eucli-
dienne et une familiarité minimale avec les fonctions analytiques.
l'ouvrage comporte 117 exercices, avec des indications.

Collection enseignement des mathématiques

30€
ISBN 978-2-84225-085-0

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