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Chapitre V Partie 2

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III.2.

Etudes mécanistiques
III.2.1 Réactions de substitution nucléophile

1) Définition :

Les réactions de substitution nucléophiles consistent en le remplacement d’un


atome (ou groupement d’atomes) par un atome (ou groupement d’atomes)
nucléophiles. Le groupe remplacé doit posséder une certaine aptitude
nucléofuge et est porté par un carbone. L’équation bilan de la réaction sera :

Exemple :

2) Ordre séquentiel des substitutions :

Il existe deux mécanismes de substitution nucléophile.:


 rupture avant formation (SN1) :

 formation pendant rupture (SN2) :


3) Rappels :

Nucléofugacité : La nucléofugacité d’un atome (ou d’un groupe d’atomes)


mesure son aptitude à "quitter" un centre positif.
Il a été montré empiriquement que la nucléofugacité d’un groupe se corrèle avec
sa basicité. Ainsi, des groupement fortement basiques tels que les alcoolates
(R−O– ) ou le groupe OH– sont de mauvais groupes partants.

Basicité : La basicité, au sens de Brønsted mesure la capacité d’une espèce à


capter un proton. Elle se mesure avec le pKa. Ce dernier étant définit comme
−log(Ka) avec Ka le quotient réactionnel de la réaction BH + H2O=B– + H3O+.
Plus le pKa est élevé, plus l’espèce B- est basique.

Nucléophilie vs. basicité : Comme vu précédemment, des espèces nucléophiles


et basiques possèdent des points communs. Elles sont toutes riches en électrons.
Ainsi, une espèce basique aura un comportement nucléophile. Il existe cependant
des espèces fortement basiques mais très peu nucléophiles. Ces espèces auront
pour propriété d’êtres fortement encombrées. En effet, la nucléophilie mesure
l’aptitude d’une espèce à réagir sur un centre électrophile. Une espèce fortement
encombrée aura peu tendance à réagir sur un centre électrophile.

4) Substitution nucléophile bi-moléculaire (SN2)


Elle se fait en une seule étape au cours de laquelle la formation de la liaison Nu−C
et la rupture de la liaison C − X s’effectuent de manière simultanée.
Comme son nom l’indique, cette réaction est bi-moléculaire (d’où le 2) et peut
être d’ordre deux cinétiquement parlant.
Le mécanisme passe par un état de transition plan (le nucléophile commence à se
lier au carbone électrophile et le nucléofuge commence à partir. Aussi, il est
important de noter qu’il y a une inversion de Walden (ce qui correspond
formellement à une inversion de la configuration du carbone portant le nucléofuge
lors de la réaction . La réaction est alors dite énantiospécifique : l’énantiomère
du substrat est transformé en l’énantiomère du produit. La réaction est donc
stéréosélective (forme majoritairement un stéréoisomère) et stéréospécifique (la
stéréochimie du produit formé ne dépend que de celle du réactif).
a) Cinétique des réactions SN2
• deuxième ordre; bimoléculaire
– premier ordre ou unimoléculaire en chaque réactif
• vitesse proportionnelle aux concentrations des deux réactifs : V ∝ [Nuc][R-X]
b) Mécanisme des réactions SN2
attaque nucléophile par derrière (180°)

Exemple :

Diagramme d’énergie d’une SN2


c) Stéréochimie des réactions SN2
• le nucléophile attaque par derrière
• l’attaque nucléophile entraîne une inversion de configuration

Exemple

Résumé :
Les faits expérimentaux mettant en évidence un mécanisme SN2 sont de deux
natures :
– cinétique. L’ordre global de la cinétique de réaction est égal à 2 (d’où la
dénomination SN2) : un vis-à-vis du substrat, et un vis-à-vis du nucléophile ;
– stéréochimique : l’attaque du nucléophile Nu−s’effectue en anti de la liaison
entre l’atome de carbone et le nucléofuge X −. On dit qu’une substitution
nucléophile de type SN2 est une réaction stéréosélective pour traduire
l’existence d’une préférence stéréochimique.
Remarque :
– Lorsque l’atome de carbone tétragonal portant le nucléofuge X est
un centre asymétrique, la substitution nucléophile peut s’effectuer avec :
 Inversion de de configuration absolue :
Exemple d’inversion de configuration absolue ((R) → (S)):

 Conservation de configuration absolue : L’inversion de configuration


absolue n’est pas toujours la règle lors d’une substitution nucléophile
SN2; il existe des situations dans lesquelles on a conservation de la
configuration absolue.
Exemple de conservation (ou rétention) de configuration absolue (R):
d) Influence de différents paramètres
 Influence de la classe du substrat : attaque du nucléophile gênée par
l’encombrement stérique.

 Influence du nucléofuge : il doit pouvoir partir aisément. Plus une liaison


est polarisable et plus sa rupture est facile.
Dans le cas des halogènes : I > Br > Cl.

 Influence du nucléophile : l’attaque du nucléophile déclenche le processus


réactionnel, il faut donc un bon nucléophile (I– > Br– > Cl–).
- Les nucleophiles charges (anions : RO-, HO-, CN-, X- ...) sont plus forts
que les nucleophiles neutres (NH3, H2O, ROH...).
- Les petits nucleophiles sont plus reactifs que les anions volumineux :
moins d’encombrement sterique.

 Influence du solvant : les solvants utilisés pour les réactions de SN2 sont
aprotiques (et peu polaires).
- un solvant polaire protique diminue la vitesse de la SN2 en solvatant le
nucleophile par liaison hydrogene, diminuant ainsi sa nucleophilie.
- un solvant polaire aprotique favorise la SN2 en solvatant le cation associé
au nucleophile mais pas celui-ci : la charge positive etant a l’interieur de
la molecule de solvant et par consequent, moins accessible pour solvater
le nucleophile. Ce dernier restera alors libre dans le milieu, donc très
reactif.

5) Substitution nucléophile mono-moléculaire(SN1)


Le mécanisme de SN1, substitution nucléophile mono-moléculaire (d’où le 1 !)
est un mécanisme en deux actes élémentaire. La première étape consiste au
départ du nucléofuge pour former un carbocation. Et la seconde correspond à
l’addition du nucléophile sur le carbocation.
a) Cinétique des réactions SN1
• globalement de premier ordre ou unimoléculaire

• vitesse réactionnelle ne dépend pas de la concentration du nucléophile :


V ∝ [R-X]

b) Mécanismes des réactions SN1


• réaction à deux étapes
1. formation (lente) d’un intermédiaire
2. réaction (rapide) de l’intermédiaire

Exemple
c) Stéréochimie des réactions SN1
• le carbocation planaire formé peut être attaqué par le nucléophile également
rapidement par les deux côtés.
Exemple :

d) Influence de différents paramètres


 Influence du C portant le nucléofuge : SN1 d’autant plus rapide que le
carbocation formé sera stable.
 Influence du nucléofuge : il faut un bon groupement partant). Plus la
liaison est polarisable (et plus longue), plus sa rupture est facile et plus la
réaction est rapide. La longueur de liaison croit quand le volume de X augmente.

 Influence du nucléophile : un carbocation est facile à attaquer, le


nucléophile a donc peu d’importance. La vitesse de réaction est
indépendante de la concentration du réactif nucléophile.

 Influence du solvant : les solvants utilisés pour les réactions de SN1 sont
protiques et polaires.
- Un solvant polaire protique augmente la vitesse du mécanisme SN1, en
formant des liaisons hydrogène avec le nucléofuge. Celles-ci vont polariser
davantage la liaison C—X et faciliter sa rupture, ce qui favorise la formation du
carbocation.
- un solvant polaire stabilisera le carbocation formé.

Résumé :

Les faits expérimentaux mettant en évidence un mécanisme SN1 sont de deux


natures :
– cinétique. L’ordre global de la cinétique de réaction est égal à 1 (d’où la
dénomination SN1). Les ordres partiels de la cinétique sont égaux à un vis-à-vis
du substrat et à zéro vis-à-vis du nucléophile. Cette observation résulte du fait qe
la première étape du mécanisme est cinétiquement déterminante (elle est lente,
associée à la barrière d’activation la plus élevée ; rupture de liaison covalente) ;
– stéréochimique. Une substitution nucléophile obéissant à un mécanisme SN1 ne
présente pas de préférence stéréochimique ; elle n’est pas stéréosélective.
Lorsque l’atome de carbone tétragonal portant le nucléofuge X est un centre
asymétrique, la substitution nucléophile s’effectue avec racémisation.
Le caractère plan du carbocation intermédiairement formé détermine la
racémisation intervenant lors d’une substitution nucléophile SN1. L’attaque du
nucléophile est en effet équiprobable sur les deux faces du carbocation

Remarque :
 On retiendra que moins le substrat est de classe élevée, plus la probabilité
d’avoir un mécanisme de type SN2 sera importante. Inversement, en
présence d’un substrat tertiaire, le mécanisme de type SN1 sera le plus
probable
 la délocalisation de la charge positive stabilise un carbocation.
 les groupes alkyle sont électrodonneurs et stabilisent le carbocation.
 Dans certains cas, il peut y avoir une migration intra-moléculaire d’un
groupe alkyl pour stabiliser le carbocation formé. On parlera alors de
transposition. Ainsi, le produit formé n’est pas celui que l’on aurait pu
prédire si on passait par un mécanisme classique de type SN2 ou SN1.
Exemple :

III2.2 Réactions d’élimination


1) Définition :
Un point de nomenclature s’impose : on nommera carbone α le carbone
fonctionnel et le ou les atomes adjacents seront qualifiés de carbones β. On
observe qu’un substrat portant un groupe nucléofuge, comme un atome
d’halogène, sur le carbone α et possédant un atome d’hydrogène sur le carbone β,
placé en présence d’une base forte, peut perdre le groupe partant ainsi que le
proton et former un alcène. Ces réactions sont appelées réactions de β -
éliminations.
Les réactions d’éliminations sont favorisées par une élévation de température et
la présence de groupements basiques puissants : la soude (Na+, HO-), la potasse
(K+, HO-), les ions alcoolates (Na+, RO-), les ions amidures (Na+, NH2-).
Tout comme pour les substitutions nucléophiles, les expériences laissent à penser
que deux mécanismes, bi-moléculaire E2 et mono-moléculaire E1 coexistent.
Néanmoins, le mécanisme mono-moléculaire n’est que peu fréquent et intervient
souvent comme une réaction parasite du mécanisme bi-moléculaire.

2) Régiosélectivité :
Les réactions d’élimination sont régiosélectives : s’il existe plusieurs H portés
par des C voisins de C-X, un seul sera attaqué de manière préférentielle.

Règle de Saytzev : une élimination E, sous contrôle thermodynamique, conduit à


l’alcène le plus stable (souvent le plus substitué).
On notera aussi, que si l’on peut former un système conjugué, ce dernier sera
favorisé devant l’autre produit

Exemple 1:

Exemple 2 :

3) Réactions d’élimination E2 :
a) Mécanisme :
Le mécanisme E2 s’effectue en une seule étape au cours de laquelle la formation
de la double liaison C = C et la rupture des liaisons C − H et C − X s’effectuent
de manière simultanée.
Il est capital de noter la position relative de l’atome d’hydrogène en α et du
nucléophuge en β : ces derniers doivent se trouver dans le même plan et êtres
opposés l’un à l’autre. On parle d’une élimination anti-périplanaire.
Exemple :

b) Cinétique :
Le mécanisme E2 est biomoléculaire (ordre 2) car il
obéit a la loi de vitesse de second ordre : v = k [R-X] [Nu]
La vitesse de réaction dépend des concentrations du substrat et de la
base.

c) Stéréochimie : la réaction se fait en une seule étape. L’élimination se


fait exclusivement quand H et X sont dans un même plan, en position
antiparallele (B– attaque H lorsqu’il est en anti de X pour minimiser les
répulsions électroniques entre B – et X). La réaction E2 est stéréosélective et
stéréospécifique : à partir d’un stéréoisomère de configuration absolue donnée,
on obtient un seul des 2 alcènes envisageables (s’il possède l’isomérie Z/E) ; un
autre stéréoisomère donnant un produit différent.
Exemple :
d) Influence de différents paramètre :
 Influence de la Classe du substrat:

 Influence du nucléofuge : il doit pouvoir partir aisément.


 Influence de la base : l’attaque de la base déclenche le processus
réactionnel, il faut donc une bonne base. Pour un substrat donne, plus la
base est concentrée et forte : OH- (soude, potasse), RO- (alcoolates), NH2-
(amidures), plus le mécanisme E2 est favorisé.
 Influence du solvant : les solvants utilisés pour les réactions E2 sont
aprotiques (et peu polaires). un solvant aprotique accélère le mécanisme
E2, en solvatant le cation associe à la base forte mais pas celle-ci : la
charge positive étant a l’intérieur de la molécule de solvant et par
conséquent, moins accessible pour solvater la base. Cette dernière
restera alors libre dans le milieu, donc très réactive

Résumé :
Les faits expérimentaux mettant en évidence un mécanisme E2 sont de deux
natures :
– cinétique. L’ordre global de la cinétique de réaction est égal à 2 (d’où la
dénomination E2) : un vis-à-vis du dérivé halogéné, et un vis-à-vis de la base.
– stéréochimique : une élimination obéissant à un mécanisme E2 a une préférence
stéréochimique : les atomes d’hydrogène et d’halogène doivent se trouver en anti
pour que l’élimination ait lieu. L’élimination E2 est stéréosélective.Cette
contrainte stéréochimique s’applique aussi pour les molécules cycliques.
4) Réactions d’élimination E1 (réaction parasite de la E2:

Un second type de mécanisme d’élimination peut être proposé. Il s’agit d’un


mécanisme limite mono-moléculaire. Cependant, contrairement aux cas des
substitutions nucléophiles, ce mécanisme ne joue pas un rôle à part entière,et doit
être considéré comme un mécanisme parasite du mécanisme bi-moléculaire.

a) Mécanisme :
- 1ère étape (lente et limitante par sa vitesse) : la liaison C-X se rompt sous
l’influence d’un solvant polaire protique et un carbocation plan se forme.
- 2ème étape (rapide) : la base arrache un proton porté par un carbone
adjacent à la liaison C-X, pour conduire à un alcène.

b) Cinétique de la réaction :
La réaction est dite d’ordre 1 ou unimoléculaire, car elle obéit à une loi de
vitesse de premier ordre : v = k [R-X]
La vitesse de réaction est proportionnelle à la concentration du substrat et
Indépendante de la concentration de la base.

c) Stéréochimie :
La réaction E1 n’est pas stéréospécifique : les alcènes Z et E sont obtenus
en fin de réaction, ceci est du à la libre rotation atour de la liaison C – C.Par
contre, elle est partiellement stéréosélective : quelque soit le substrat de
départ, on formera majoritairement l’un des 2 alcènes possibles (l’alcène
E le plus stable).

d) Influence de différents paramètres


 Influence du C portant le nucléofuge : comme pour les SN1,
 Influence du nucléofuge : il faut un bon groupement partant.
 Influence de la base : La vitesse de réaction est indépendante de la
concentration de la base. Cependant, la base doit être faible et peu
nucléophile ain d’éviter l’arrachement du proton pendant la 1ere étape du
mécanisme (NH3, R-NH2, R-OH…).
 Influence du solvant : les solvants utilisés pour les réactions E1 sont
polaires et protiques. Un solvant polaire protique augmente la vitesse du
mécanisme E1, en formant des liaisons hydrogène avec le
nucléofuge. Celles-ci vont polariser davantage la liaison C—X et faciliter sa
rupture, ce qui favorise la formation du carbocation.

Résumé :
Les faits expérimentaux mettant en évidence un mécanisme E1 sont de deux
natures :
– cinétique. L’ordre global de la cinétique de réaction est égal à 1 (d’où la
dénomination E1). Les ordres partiels de la cinétique sont égaux à un vis-à-vis du
dérivé halogéné, et à zéro vis-à-vis de la base. Cette observation résulte de ce que
la première étape du mécanisme est cinétiquement déterminante (elle est associée
à la barrière d’activation la plus élevée) ;
– stéréochimique. Une élimination obéissant à un mécanisme E1 n’impose pas
que la double liaison résultant de l’élimination corresponde à une élimination anti
des atomes d’hydrogène et d’halogène : on obtient ainsi le plus souvent un
mélange de deux dérivés éthyléniques (Figure 5.32). L’un de ces deux dérivés
éthyléniques peut parfois être obtenu en quantité plus importante et l’élimination
peut ainsi se révéler stéréosélective.

5) La compétition substitution nucléophile/élimination


Une même espèce peut être à la fois nucléophile et basique (HO–). Elle peut
donc générer des réactions de substitutions nucléophiles et d’éliminations.
 Facteurs favorisant une réaction de substitution nucléophile :
-une température moyenne
-un bon nucléophile qui serait une mauvaise base (exemples : Cl–, Br–,
HO–dilué)

 Facteurs favorisant une réaction d’élimination E:


-une température élevée
-une bonne base qui serait un mauvais nucléophile (en fait ça n’existe
pas…), on utilise donc un chauffage important ou une concentration
importante en base (exemple : HO–concentré).

III.2.3 Les réactions d’addition


1) Addition sur les alcènes (C=C)
2) Addition sur les carbonyles (C=O)

1) Addition sur les alcènes (C=C)


a) Définition :
- Addition électrophile sur les C=C car ce sont des zones riches en
électrons.
- Réaction fortement exothermique et quasi-totale.
- A-B subit une coupure hétérolytique :

• A-B est polaire :

• A-A est polarisable par le nuage électronique de la double liaison.

b) Exemples :
Remarque : Réaction régiosélective : l’addition électrophile de H-A se
fait de manière à passer par le C+ le plus stable (règle de Markovnikov).

Mécanisme :
- Addition de l’électrophile sur la double liaison :

- Attaque du nucléophile sur le carbocation :

- Neutralisation de l’espèce chargée et régénération du catalyseur :

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