Polynômes Orthogonaux. Cas Legendre
Polynômes Orthogonaux. Cas Legendre
Polynômes Orthogonaux. Cas Legendre
On dit qu’une suite (Pn )n≥0 de P est orthogonale à degrés échelonnés (on note ODE ) si :
– ∀(m, n) ∈ IN2 , m 6= n ⇒< Pm , Pn > = 0.
– ∀n ∈ IN, deg(Pn ) = n.
1. Rappeler pour quelle raison il est possible de construire de telles suites dans P [ S ]
2. Dans le reste de cette partie, on note (Pn )n≥0 une suite ODE donnée de P.
Montrer que pour tout n de IN∗ pour tout Q de Pn−1 , on a : < P, Q >= 0. [ S ]
3. Montrer qu’une suite (Qn )n≥0 de P est ODE si et seulement si pour tout entier naturel
n, il existe un scalaire λn tel que Qn = λn Pn . [ S ]
4. En déduire qu’il existe une unique suite ODE formée de polynômes unitaires (c’est-à-dire
ayant 1 comme coefficient du terme de plus haut degré.) [ S ]
5. Soit n un élément de IN∗ . On veut montrer que les racines de Pn sont toutes réelles,
distinctes deux à deux, et qu’elles appartiennent à l’intervalle ]a, b[.
Pour cela, on note S = {x1 , . . . , xm } l’ensemble éventuellement vide des racines de Pn qui
appartiennent à ]a, b[ et qui sont de multiplicité impaire. Dans cette notation, x1 , . . . , xm
sont distinctes deux à deux.
On note enfin Qm = (x − x1 )(x − x2 ) · · · (x − xm ), et on pose Q = 1 si S est vide.
(a) Montrer que m est inférieur ou égal à n. [ S ]
(b) En raisonnant par l’absurde, montrer que m est égal à n. [ S ]
(c) Conclure [ S ]
6. Soit n un entier naturel supérieur ou égal à 2.
(a) Montrer que les polynômes P0 , P1 , . . . , Pn−2 , Pn−1 , XPn−1 forment une base de Pn .
n−1
X
On note ainsi α0 , . . . , αn−1 , αn les réels tels que : Pn = αk Pk + αn XPn−1 . [ S ]
k=0
(b) Montrer que pour tout indice j de {0, .., n − 3}, le coefficient αj est nul. [ S ]
(c) En déduire qu’il existe trois suites réelles (an )n≥2 , (bn )n≥2 et (cn )n≥2 telles que :
∀n ≥ 2, Pn = (an X + bn )Pn−1 + cn Pn−2 . [ S ]
Corrigé du problème
Première Partie : familles de polynômes orthogonaux
1. Soit (Pn )n≥0 une suite ODE de P, fixée (il en existe d’après I-1).
D’après la question I-3, la suite (Ln )n≥0 est une suite ODE de P si et seulement si, pour
tout n de IN, il existe un réel λn 6= 0 tel que Ln = λn Pn .
1
La condition supplémentaire imposée (Ln (1) = 1) s’écrit ici : ∀n ∈ IN, λn =
Pn (1)
(Pn (1) 6= 0 car d’après I-5 toutes les racines de Pn sont dans ] − 1, 1[).
Ces conditions déterminent une suite (Ln )n≥0 et une seule. [ Q ]
(
2. (a) On va montrer l’égalité < Un , f (n) >= (−1)k < Un k), f (n−k) > par une récurrence
finie sur k (avec 0 ≤ k ≤ n) : le résultat en découlera avec k = n.
La propriété est évidente si k = 0.
Supposons-la vraie pour k donné dans {0, . . . , n − 1} et prouvons-la au rang k + 1.
On intègre par parties :
Z 1
(k)
< Un , f (n−k)
> = Un(k) (x)f (n−k) (x) dx =
−1
h i1 Z 1
(k)
= Un (x)f (n−k−1) (x) − Un(k+1) (x)f (n−k−1) (x) dx
−1 −1
1 6 (3) 1 x(5x2 − 3)
L3 = x − 3x4 + 3x2 − 1 = (120x3 − 72x) =
48 48 2
1 8 (4)
L3 = x − 4x6 + 6x4 − 4x2 + 1
384
1 1
= (1680x4 − 1440x2 + 144) = (35x4 − 30x2 + 3)
384 8
[Q]
(n)
(f) Un est la dérivée n-ième d’une fonction paire.
(n)
Donc Un , tout comme Pn , possède la parité de n.
(n) (n)
Le coefficient de plus haut degré de Un = [(x2 − 1)n ] s’obtient en dérivant n fois
(2n)! n
le terme de plus haut degré de (x2 − 1)n , c’est-à-dire x2n . Or (x2n )(n) = x .
n!
1 (2n)! n (2n)! n
Le terme de plus haut degré de Ln est donc n
x , c’est-à-dire n x . [Q]
n!2 n! 2 (n!)2
n
(g) NB : dans la première somme, les termes k > ont une dérivée n-ième nulle.
2
E(n/2)
" n #
1 dn X k 1 X [2(n − k)]! n−2k
Ln = n n C n (−1) xk 2(n−k)
= n C kn (−1)k x
n!2 dx k=0 n!2 k=0 n!
E(n/2)
1 X [2(n − k)]! n−2k
= n
(−1)k x
n!2 k=0 k!(n − k)!
Avec les notations de l’énoncé, on trouve :
(−1)k [2(n − k)]!
∀k = 0 . . . E(n/2) : αk = n
2 n!k!(n − k)!
(2n)!
Pour k = 0, on retouve le coefficient dominant : α0 = . [Q]
2n (n!)2
3. (a) La relation entre Ln , Ln−1 , Ln−2 peut s’écrire :
(1) ∀n ≥ 2, bn Ln−2 = Ln − an xLn−1 − cn Ln−2
– On sait que pour tout n ≥ 0, le polynôme Ln a la parité de n.
Donc Ln , xLn−1 et Ln−2 ont la parité de n, alors que Ln−1 a celle de n − 1.
L’égalité (1) montre donc que bn Ln−1 est à la fois paire et impaire : il s’ensuit que
bn Ln−1 = 0 puis bn = 0 car Ln−1 6= 0.
– La relation (1) donne une égalité entre les termes de plus haut degré de Ln et de
Ln−1 (rappelons que deg Ln = n pour tout n de IN.)
Si on note αn le coefficient du terme de plus haut degré dans Ln , on obtient, par
identification : αn = an αn−1 .
(2n)!
Or pour tout n de IN, on a : αn = n (voir II-2-f).
2 (n!)2
αn (2n)! 2n−1 (n − 1)!2 2n − 1
On en déduit : ∀n ≥ 2, an = = n 2
= .
αn−1 2 (n!) (2n − 2)! n
[Q]
(b) On sait que Ln (1) = 1 pour tout n de IN (c’est dans la définition des Ln .)
L’égalité (1), en x = 1 donne alors : ∀n ≥ 2, 1 = (an + bn ) + cn .
1−n
Ainsi, pour tout n ≥ 2, cn = 1 − an = .
n
2n − 1 n−1
Finalement on obtient : ∀n ≥ 2, Ln = xLn−1 − Ln−2 (E1 ). [ Q ]
n n
En égalisant les deux expressions obtenues pour < Ln−1 , xLn >, on trouve :
n n
∀n ≥ 2, < Ln , Ln >= < Ln−1 , Ln−1 >
2n − 1 2n + 1
c’est-à-dire :
∀n ≥ 2, (2n + 1) < Ln , Ln >= (2n − 1) < Ln−1 , Ln−1 >
[Q]
(b) Le résultat précédent montre que la suite de terme général (2n + 1) < Ln , Ln > est
constante, pour tout n ≥ 1.
Z 1
On en déduit : ∀n ≥ 1, (2n + 1) < Ln , Ln >= 3 < L1 , L1 >= 3 x2 dx = 2.
−1
2
On a ainsi obtenu : ∀n ≥ 1, < Ln , Ln >= .
2n + 1
Z 1
NB : cette égalité est vraie aussi si n = 0 car < L0 , L0 >= 1 dx = 2. [ Q ]
−1
5. Si Un (x) = (x2 − 1)n , alors Un0 (x) = 2nx(x2 − 1)n−1 .
On a donc : (x2 − 1)Un0 = 2nxUn (égalité valable sur IR, pour tout n de IN.)
On dérive l’égalité membre à membre, n + 1 fois, avec la formule de Leibniz. On trouve :
n(n + 1)
(x2 − 1)Un(n+2) + (n + 1)(2x)Un(n+1) + (2)Un(n) = 2n xUn(n+1) + (n + 1)Un(n)
2
h i00 h i0
(n) (n) (n)
C’est-à-dire : (x2 − 1) Un + 2x Un − n(n + 1)Un = 0.
1
Ce qui donne bien, après multiplication par :
n!2n
∀n ∈ IN, (x2 − 1)L00n + 2xL0n − n(n + 1)Ln = 0 E(2)
[Q]
6. (a) Si Un (x) = (x2 − 1)n , alors Un0 = 2nx(x2 − 1)n−1 = 2nxUn−1 (pour tout n ≥ 1.)
Si on dérive n fois cette égalité, on trouve :
(n) 0 h i
= 2n x(Un−1 )0 + nUn−1
(n−1) (n−1)
Un
1
On multiplie ensuite par . On trouve alors :
2n n!
1 h
(n−1) 0 (n−1)
i
L0n = x(Un−1 ) + nU n−1 = xL0n−1 + nLn−1
2n−1 (n − 1)!
Par conséquent (et pour des raisons de continuité), le polynôme Ln−1 s’annule au
moins une fois entre xk et xk+1 (avec 1 ≤ k ≤ n − 1) ce qui nous fournit n − 1 zéros
distincts pour Ln−1 .
On ainsi obtenu tous les zéros de Ln−1 . Avec les notations de l’énoncé la seule
possibilité est donc : ∀k ∈ {1, . . . , n − 1}, xk < yk < xk+1 .
Autrement dit : les n − 1 racines de Ln−1 séparent celles de Ln . [ Q ]
Troisième Partie : quadratures de Gauss
Les deux polynômes R et S, qui prennent la même valeur en n points, et qui sont de
degré ≤ n − 1, sont donc égaux (c’est un résultat classique.)
D’autre part, puisque Ln s’annule en x1 , . . . , xn : ∀k ∈ {1, . . . , n}, P (xk ) = R(xk ).
X
Ainsi R = P (xk )R(xk ). Enfin < Ln , Q >= 0 car deg Q ≤ n − 1.
k=1
On en déduit :
Z 1
P (t) dt = < P, 1 > = < Ln Q + R, 1 > = < Ln , Q > + < R, 1 >
−1
Z 1 n
X n
X Z 1
= < R, 1 > = P (xk )Rk (t) dt = P (xk ) Rk (t) dt
−1 k=1 k=1 −1
Z 1 n
X
Et finalement : ∀P ∈ P2n−1 , P (t) dt = λk P (xk ). [ Q ]
−1 k=1
3. ϕ est linéaire entre deux espaces vectoriels de même dimension 2n : il suffit donc de
montrer que ϕ est injective. Soit P dans P2n−1 tel que ϕ(P ) = 0.
∀k ∈ {1, . . . , n}, P (xk ) = P 0 (xk ) = 0, ce qui prouve que P est divisible par (x − xk )2 .
n
Y
Les xk sont distintcs : P est donc divisible par (x − xk )2 qui est de degré 2n.
k=1
Vu que deg P < 2n, la seule possibilité est P = 0.
Ainsi ker ϕ = {0}, et ϕ est un isomorphisme de P2n−1 dans IR2n . [ Q ]
4. Soit f un élément de E, dérivable. Le vecteur (f (x1 ), . . . , f (xn ), f 0 (x1 ), . . . , f 0 (xn )) de IR2n
a un antécédent unique P par ϕ dans P2n−1 .
Autrement, il existe un unique polynôme P de P2n−1 tel que :
(2n)
(b) On voit que g (2n) = f (2n) − [S(f )](2n) − µ [L2n ] .
Or deg S(f ) ≤ 2n − 1. Donc [S(f )](2n) = 0.
(2n)!2
De même , L2n est de degré 2n, de coefficient dominant (cf II-2-f).
22n n!4
(2n) (2n)!3 (2n)!3
On en déduit que [L2n ] = 2n 4 puis g (2n) = f (2n) − µ 2n 4 .
2 n! 2 n!
2n 4
2 (n!)
L’égalité g (2n) (c) = 0 donne alors : µ = f (2n) (c). [ Q ]
(2n)!3
(c) Appliquons l’hypothèse selon laquelle g(t) = 0.
On trouve f (t) − S(f )(t) = µL2n et donc :
22n (n!)4 (2n) 2 22n (n!)4
|f (t) − S(f )(t)| = f (c) L n (t) ≤ M2n L2n (t)
(2n)!3 (2n)!3
Cette inégalité a été obtenue en supposant t ∈
/ {x1 , . . . , xn }.
Mais elle est évidente si t est l’un des xk car f (xk ) = S(f )(xk ).
22n (n!)4
On a donc obtenu : ∀t ∈ [−1, 1], |f (t) − S(f )(t)| ≤ M2n L2n (t). [ Q ]
(2n)!3
(d) De la question précédente, on déduit :
Z Z
1 X n 1
f (t) dt − λk f (xk ) = (f − S(f ))(t) dt
−1 −1
k=1
Z 1 Z 1
22n (n!)4
≤ |(f − S(f ))(t)| dt ≤ 3
M2n L2n (t) dt
−1 (2n)! −1
Z 1
2
Or L2n (t) dt =< Ln , Ln >= (cf II-4-b). On ainsi obtenu :
−1 2n + 1
Z
1 n
X 22n+1 n!4
f (t) dt − λk f (xk ) ≤ M2n
(2n + 1)(2n)!3
−1
k=1
[Q]
(e) On trouve successivement :
1
– K3 = ≈ 6.34E − 5
15750
1
– K4 = ≈ 2.9E − 7
3472875
1
– K5 = ≈ 8E − 10
1237732650
[Q]
x
(f) On suppose donc n = 3. Le polynôme L3 est (5x2 − 3).
r r2
3 3
Ses racines sont x1 = − , x2 = 0 et x3 = . On en déduit :
5 5
√
5 √ 2 √
Z 1
(x − x2 )(x − x3 ) 5
– R1 = = ( 5x − 3x), et λ1 = R1 (t) dt = .
(x1 − x2 )(x1 − x3 ) 6 −1 9
Z 1
(x − x1 )(x − x3 ) 5 2 8
– R2 = = − x + 1, et λ2 = R2 (t) dt = .
(x2 − x1 )(x2 − x3 ) √3 −1 9
(x − x1 )(x − x2 ) 5 √ √ Z 1
5
– R3 = = ( 5x2 + 3x), et λ3 = R3 (t) dt = .
(x3 − x1 )(x3 − x2 ) 6 −1 9
La formule d’approximation sécrit donc :
" r r #
Z 1
1 3 3
f (t) dt ≈ λ1 f (x1 ) + λ2 f (x2 ) + λ3 f (x3 ) ≈ 5f (− ) + 8f (0) + 5f ( )
−1 9 5 5
1
Un majorant de l’erreur en valeur absolue est K3 M6 , avec K3 = .
15750
L’approximation est une égalité pour tous les polynômes de degré ≤ 5. [ Q ]