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DISSERTATION DE FRANÇAIS

On associe souvent poésie et lyrisme. La poésie consiste-t-elle


seulement pour les poètes à exprimer leurs sentiments personnels ? Vous
répondrez à cette question en vous référant aux textes que vous aves lus
ou étudiés.

La poésie est un art du langage, associé traditionnellement à une


combinaison de sonorités, de rythmes, de mots d’une langue, afin
d’évoquer des images, de suggérer des sensations, des émotions.
Les poèmes consacrés aux sentiments occupent une place prédominante
avec les thèmes de l’amour (« Ballade des dames du temps jadis » F.
Villon), de la tristesse de la séparation ou de la mort (« Demain dès
l’aube » V. Hugo) et de la mélancolie de la fuite du temps (« Mignonne
allons voir si la rose » Ronsard)
Mais l’expression de sentiments intimes est-elle le seul but de la
poésie, ou a-t-elle d’autres fonctions ?
Dans un premier temps, nous étudierons le « moi » intime des
poètes puis nous verrons deux autres enjeux de la poésie : l’engagement
au service d’une cause et l’esthétique de cet art.

Lorsque l’on parle de poésie, on pense en premier lieu aux thèmes tels
que l’amour, la nostalgie, la mélancolie du temps qui passe, la souffrance
que l’écrivain exprime ; autrement dit à des thèmes lyriques. Le mythe
d’Orphée en est le symbole même puisqu’il aborde la mélancolie et
l’expression de sentiments intimes comme la souffrance et l’amour. Dans
les poèmes lyriques, on assiste à l’introspection des poètes qui, d’une
part, font partager des sentiments exaltants, positifs : ils célèbrent
l’amour. Ce thème est récurrent de la poésie quelle que soit l’époque
(rondeaux et ballades de Villon, les Fleurs du Mal de Baudelaire, poèmes à
Lou d’Apollinaire). Les poèmes se présentent alors souvent sous forme de
discours amoureux où le « je » s’exhale et le « tu » est célébré comme on
peut le voir dans « La chevelure » de Baudelaire « N’es-tu pas l’oasis où je
rêve ? » ou encore lorsque Ronsard invoque la muse Calliope dans l’ode
qui lui est dédiée : « C’est toi, ma Princesse,/ qui me fait sans cesse,/ Fol
comme je suis. ». La célébration ou l’éloge de l’être aimé se fait à l’aide
d’image («Voici tu es belle, aux yeux comme colombes sous ton voile...»
Cantiques des Cantiques).
De plus, par l’exaltation qu’il entraine, l’amour prédispose à l’expression
poétique : il faut être dans un état second pour un langue « seconde »,
d’ailleurs le célèbre philosophe grec Platon a écrit : « les poètes lyriques/
…/ sont transportés et possédés comme les Bacchantes ».
D’autre part, les poètes se libèrent de sentiments douloureux grâce à la
poésie. En effet , la séparation et la mort sont aussi des thèmes
fréquents : ils engendrent tristesse et désespoir. Le poète ressent alors la
nécessité d’exhaler sa douleur, amplifiée par la solitude ou l’impossibilité
de communiquer (« Demain dès l’aube » V. Hugo, poème où sa fille est
morte). La poésie apparait alors comme un remède pour se libérer dans
les mots et les sons, rendre par les rythmes et la musique la douleur
indicible. On le voit clairement dans « Le lac » de Lamartine où il s’adresse
u lac en évoquant une femme morte qu’il admirait : « Regarde ! je viens
seul m’asseoir sur cette pierre / Où tu la vis s’asseoir … ».
Mais la poésie ne se limite pas à l’expression des sentiments…

Le poète peut ne ressentir le besoin d’exprimer ses sentiments


intimes personnels, mais mettre son art au service d’une cause qui
souvent s’ancre dans un contexte historique précis. Ainsi, il invite à la
réflexion ou a l’action. La poésie est universelle, c’est pourquoi elle est
dotée d’une force qui en fait une arme à mettre au service de grandes
causes. L’écriture poétique fait alors écho à l’engagement propre de
l’écrivain. Ils sont caractérisés par le refus de la passivité et par la volonté
de répondre aux impératifs du temps présent. Cette poésie n’a pas pour
but d’être figée, de décrire le monde mais plutôt de le transformer.
Il existe donc plusieurs domaines de lutte. Par exemple, Ronsard, hormis
ses poème lyriques, a écrit pour dénoncer l’engrenage de la violence lors
des guerres de religions notamment dans le « Discours des misères de ce
temps », plus tard d’Aubigné s’est engagé sur le même sujet avec « Les
tragiques ». Les injustices sociales sont dénoncées par V. Hugo qui met en
avant le travail des enfants dans « Melancholia », extrait de Les
contemplations : « innocents dans un bagne, anges dans un enfer, / Ils
travaillent … ». Césaire, lui, s’en prend avec rage et virulence au racisme
dans son long poème intitulé « Cahier d’un retour au pays natal ». La
politique et l’idéologie peuvent être aussi source d’inspiration et
d’engagement pour Voltaire (« Le mondain ») ou pour V. Hugo. Puis, la
résistance lors de la guerre se véhicule par les poèmes comme « Liberté »
de Paul Eluard et « La peste » de Desnos.
Les textes poétiques sont un moyen de mise en valeur privilégiés pour des
« cris », des appels à la révolte. En effet, les dissonances, les assonances
et allitérations, la longueur des vers sont très utilisés pour mettre en
exergue certains mots ou expressions. De plus, la diversité des formes
poétiques permet d’utiliser tous les registres (satire, burlesque, ironie…) et
de varier les effets tels que le réalisme ou au contraire l’allégorie. Enfin,
les images sont récurrentes (« Liberté ! » V. Hugo) : elles invitent le lecteur
à réagir, en sollicitant l’imagination et l’émotion.
Les poésies peuvent cependant rechercher autre chose que la
dénonciation ou la révolte…

Pour finir, la poésie peut avoir pour seul but la recherche de la


beauté. La Parnasse, qui est un mouvement poétique dont Leconte de
Lisle est le chef de file, intervient directement en réaction aux excès
lyriques et sentimentaux des romantiques. Les parnassiens revendiquent
alors « l’art pour l’art » et le fait que l’art n’a pas à être utile ou vertueux,
seule la beauté est importante. Par ailleurs, ils refusent de s’engager dans
des causes sociales ou politiques, ainsi que l’écrivait Théophile Gautier
dans La préface de Mademoiselle de Maupin : « Il n’y a de vraiment beau
que ce qui ne peut servir à rien, tout ce qui est utile est laid ». Ce
mouvement a été accompagné par de grands poètes comme Stéphane
Mallarmé et celui qui l’a inspiré : Charles Baudelaire.
En effet, bien que Baudelaire aborde des thèmes lyriques, il fait place à
l’esthétisme. Dans la préface de Fleurs du Mal son objectif est d’
« extraire la beauté du mal » : c’est l’esthétique baudelairienne. On la
retrouve dans « Une charogne » ou elle est véritablement présente : « Et
le ciel regardait la carcasse superbe ».
En outre, lorsqu’on évoque Les Fables de La Fontaine, il ne nous vient pas
spontanément à l’esprit de parler de poèmes. Ceci est dû surtout au fait
que l’écrivain procède à des réécritures d’apologues de l’Antiquité, de
poètes grecs comme Esope. Il les a réécrit en les mettant sous forme de
poésie versifiées et non en prose ; il juge qu’ « il n’y a point de bonne
poésie sans harmonie ».

La poésie est un vaste genre littéraire qui ne se résume pas à


l’expression des sentiments du poète mais elle peut aussi être au service
d’une cause ou simplement être appréciée pour sa valeur esthétique.
Si l’on transposait ce débat à notre propre époque, on pourrait voir
que la poésie n’est pas un genre littéraire figé et obsolète. Certes, on
pourrait croire qu’elle est dépassée, mais en réalité, elle revêt d’autres
formes plus musicales telles que le Slam avec Grand Corps Malade ou bien
le rap.

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