Chap I. Le Donatisme Avant Saint Augustin
Chap I. Le Donatisme Avant Saint Augustin
Chap I. Le Donatisme Avant Saint Augustin
1
Dans ce chapitre, nous nous baserons principalement sur la reconstitution historique du mouvement
donatiste offerte par W.H.C. Frend dans son The Donatist Church. A movement of protest in Roma North
Africa, œuvre dont la valeur est indiscutable pour l’étude du donatisme mais dont les conclusions sont à
prendre avec beaucoup de réserves. Cette reconstruction historique de Frend sera toujours complétée et
évaluée par rapport à l’œuvre fondamentale de P. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique Chrétienne
depuis les origines jusqu’à l’invasion arabe les tomes III et IV ainsi que d’autres écrits relatifs à
l’argument, en particulier J.P. Brisson, Autonomisme et christianisme dans l’Afrique romaine de Septime
Sévère à l’invasion vandale. Au-delà de tous ces ouvrages, les informations que nous fournissent Optat et
Saint Augustin demeurent de très grande importance.
2
Cfr. R. A. Markus. Introduzione dans Opere di Sant’Agostino XV/1, p. vii.
3
J. – P. Brisson, Autonomisme et christianisme dans l’Afrique romaine de Septime Sévère à l’invasion
vandale, Paris 1958, p. 2.
4
Cfr. R. A. Markus, p. vii.
Toutefois, fait remarquer ingénieusement Frend, on peut se fier de ses
textes dans la mesure où les Donatistes auraient dû et pu les contester au cas où ils
n’auraient pas été conformes à la réalité, surtout dans le cas d’Augustin qui a plus
employé le genre épistolaire. Et les Donatistes ne l’ont pas fait 5. L’authenticité des
œuvres d’Optat et d’Augustin, longtemps contestée, est aujourd’hui à grande partie
reconnue6.
5
Cfr. W. H. C. Frend, The donatist church, p. xiv-xvi.
6
Cfr. R.A. Markus, p. viii.
7
Cfr. S.C. Mimouni – P. Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, Paris 2006, p. 346.
8
L. Duchesne, Histoire ancienne de l’Eglise, t. II, Paris 19083 , p. 6.
9
P. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne depuis les origines jusqu’à l’invasion arabe, t.
III. Le IVè siècle, d’Arnobe à Victorin, Paris 1905, p. 9.
10
Ibid., p. 20.
par suite de la pleine liberté, nos affaires tournèrent à la mollesse et à la
nonchalance »11.
Dès 303, fut publiée une série d’édits de persécution 14. Le premier
ordonnait de détruire les églises, de confisquer les Saintes Ecritures et privait les
chrétiens de leurs biens et de certains de leurs droits. C’est la période des perquisitions,
qui est communément appelé les dies Traditionis15 ou, comme l’appelle Augustin,
persecutio codicum tradendorum16.A l’automne de l’année suivante, après un décret qui
ordonnait l’arrestation des chefs des églises, en suivit un autre plus sévère qui ordonnait
que tout le monde devait accomplir un geste rituel, tel que l’encensement, pour
témoigner de sa loyauté aux Empereurs et aux dieux protecteurs de l’Empire. C’est la
période des sacrifices, appelée dies Thurificationis17. La désobéissance à l’édit était
punie par la peine de mort.
Le sort de ces martyrs n’est pas connu mais les Donatistes soutenaient
qu’on les laissa mourir de faim et accusaient Cécilien, alors diacre due l’évêque de
Carthage Mensurius, d’avoir utilisé des méthodes brutaux pour empêcher aux chrétiens
de leur porter à manger23. Ce qui est plus intéressant, le rédacteur des Acta rapporte que
dans la prison, les confessores - c’est-à-dire ceux qui avaient confessé publiquement
leur foi devant les autorités – s’étaient réunis et avaient condamné de la manière la plus
ferme le clergé traditor. Ils affirment qu’altérer seulement une lettre des Saintes
Ecritures était un crime, mais les détruire entièrement sous l’ordre de magistrats païens
méritaient le châtiment éternel dans l’Enfer. Et ils conclurent en disant que quiconque
continuerait à être en communion avec les traditores ne participera pas avec eux aux
19
F. Décret, Le christianisme en Afrique du nord ancienne, Paris 1996, p. 132.
20
L. Duchesne, p. 22.
21
P. Monceaux, t. III, p. 38.
22
Nous sommes informés sur ces événements grâce aux Acta Saturnini, écrits évidemment par des
opposants aux catholiques mais dont il ne serait pas sage d’ignorer la valeur des faits qu’ils décrivent.
(Cfr. E. Buonauti, Il Cristianesimo nell’Africa Romana, Bari 1928, p. 295).
23
Acta Saturnini, 17 (PL 8, 700-701) : « Idemque [Caecilianus] lora et flagra cum armatis ante fores
carceris ponit, ut ab ingressu atque aditu cunctos qui victum potumque in carcerem martyribus
afferebant, gravi affectos injuria propulsaret ».
joies célestes24. Ce texte est d’une très grande importance parce qu’il marque la
séparation des confessores de leurs évêques. Les premiers s’arrogeaintt le droit de
désavouer et de condamner des évêques et des prêtres. La discipline hiérarchique
ecclésiastique était gravement atteinte25. Les événements successifs en sont la preuve car
dans les jours successifs «les mécontents invoquèrent ce manifeste contre l’évêque
Mensurius de Carthage ; ils s’en servirent plus tard pour contester la validité de
l’élection de Caecilianus »26.
24
Ibid., 18 ( PL 8, 700): « Si ergo additus apex unus aut littera una dempta de libro sanctu radicitus
amputat, et sacrilegum facit et subvertit auctorem, necesse est omnes eos qui testamenta divina legesque
venerandas omnipotentis Dei et Domini nostri Jesu Christi profanis ignibus tradiderunt exurendas
aeternis gehennae ardoribus atque inextinguibili igne torqueri… Si quis traditoribus communicaverit,
nobiscum partem in regnis caelestibus non habebit ».
25
Cfr. E. Buonaiuti, p. 297.
26
P. Monceaux, t. III, p. 143.
27
Cfr. Ibid., p. 38.
28
Cfr. W. H. C. Frend, p. 10.
29
Cfr. R. A. Markus, p. viii.
Probablement, durant cette même période, il y eut une correspondance
entre Secundus, le Primat de Numidie, et Mensurius, le Primat de Carthage 30. Le
premier demandait au second une explication sur ce qui était advenu pendant la
persécution. En effet, l’Eglise de Carthage s’était divisée face au comportement prudent
et conciliateur de leur évêque par rapport aux autorités séculaires, sa tendance à éviter
des contrastes qui n’étaient pas nécessaires, à décourager la recherche fanatique du
martyre et les honneurs excessifs donnés aux confessores emprisonnés durant la
persécution. En plus, Mensurius devait se défendre des accusations de traditio. Il se
chargea donc d’informer son collègue Secundus sur le fait qu’il avait remis aux
autorités des écrits hérétiques et non les Saintes Ecritures. Secundus, quant à lui, lui
répondit en donnant sa version de son échauffourée avec les autorités. Bien que le ton
de la lettre soit amical, on pouvait percevoir une suspicion réciproque et une rivalité
latentes entre les deux primats. Toutefois, il n’y eut aucun incident entre Carthage et la
Numidie jusqu’à la mort de Mensurius.
C’est ainsi que Botrus et Célestius, qui partageaient tous deux l’ambition
de devenir évêque de Carthage33, firent tout pour que l’ordination aie lieu seulement
avec les évêques voisins avant que n’arrivent les Numides. Mais aucun de deux ne fut
choisi. Le choix tomba sur Cécilien, l’archidiacre de Mensurius. On se souviendra que
c’est celui que les Donatistes accusaient d’avoir empêché que les chrétiens portent la
nourriture aux confessores par des méthodes brutales dans les Acta Saturnini. De plus, il
était connu pour être un opposant de ce qu’il considérait une estime exagérée du
martyre34. Il avait beaucoup d’ennemis. En plus des deux candidats malchanceux à
30
Une correspondance perdue, connue uniquement par le résumé qu’Augustin fait de son utilisation par
les Donatistes à la Conférence de Carthage de 411. Cfr. Aug., brevic., III, 13, 25 (CSEL 53, 73).
31
P. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne depuis les origines jusqu’à l’invasion arabe. t.
IV. Le donatisme, Paris 1912, p. 18.
32
Cfr. W.H.C. Frend, p. 16.
33
Cfr. Botrus in PCBE, p. 163.
34
Cfr. W.H. C. Frend, p. 17.
l’épiscopat, il s’était aussi l’inimitié des seniores35 qui ne voulaient pas rendre les objets
précieux que l’évêque Mensurius leur avait confiés avant sa mort 36. Il y avait également
la riche espagnole Lucille qui résidait à Carthage à qui il avait reproché publiquement
avant la Persécution une dévotion suspecte consistant à embrasser avant de participer à
l’eucharistie les os d’un supposé martyr 37. Entretemps, Cécilien fut consacré par trois
évêques au lieu de douze selon la tradition africaine présente chez Cyprien 38. Parmi eux,
il y avait Félix de Abthungi39 suspecté d’être un traditor.
35
Les seniores constituent un phénomène typiquement africain. Ce sont des laïcs dont la fonction devait
être d’administration et de conseil. Ils n’étaient pas des prêtres mais étaient également à distinguer des
simples fideles (Cfr. A. Di Berardino, s.v. Seniores, in NDPAC III, 4848-4849).
36
Optat., I, 18 (CSEL 26, 20) : « Cum reddere [seniores] cogerentur, subduxerunt communioni pedem ».
37
Cfr. Lucilla in PCBE, p. 649.
38
Canon 39 du Concile Catholique de Carthage de 397 (ed. Bruns, p. 129) : « nonnisi a duodecim
conseatis episcopo rum celebrari ordinationes”.
39
Optat., I, 18 (CSEL 26, 20) : “(…) et manum imponente Felice Autumnitano episcopus ordinatur”.
40
Ibid., I. 19 (CSEL 26, 20) : “Ad Secundum Tigisitanum missum est, ut Carthaginem veniretur ».
41
Markus, se basant sur B. Kriegbaum, Kirche der Traditoren oder Kirche der Märtyrer ? Die
Vorgeschichte des Donatismus. (Innsbrucker theologische Studien, Bd. 18), Innsbruck-Wien 1986,
soutient que Secundus a intervenu, dans un premier temps, par un intermédiaire. Cfr R. A. Markus, p. ix.
42
P. Monceaux, t. III, p. 36 : « (…) Secundus de Tigisi, n’avait assurément rien d’un héros. (…) au
lendemain de la persécution, accusé formellement d’avoir faibli comme les autres ; il ne répliqua rien et
parla d’autre chose ». Notre auteur se fonde sur Aug, brevic., III, 13, 25- 15, 27 (CSEL 53, 73-77); c.
Gaud., I, 37,47 (CSEL 53, 246).
43
Cfr. R.A. Markus, p. ix.
44
Aug., c. ep. Parm., I, 3, 5 (CSEL 51, 24) : “ Qui [Numidi episcopi] venientes cum primate suo tunc
Secundo Tigisitano et aliis, quibus traditionis confessa crimina Secundus ipse donaverat veluti paci
consulens, sicut ecclesiastica gesta testantur”.
45
Optat, I, 19 (CSEL 26, 20) : « Tunc a Caeciliano mandatum est : ‘Si est, quod in me probetur, exeat
accusator et probet’ ».
concile. De façon unanime, Cécilien fut condamné parce que sa consécration avait été
invalide et parce que, comme diacre, il avait refusé la nourriture aux martyrs
d’Abitina46. Sous l’influence de la riche Lucille, le Concile élut Majorinus, qui était l’un
de ses serviteurs, comme évêque à la place de Cécilien47.
I.1.6. Donat
Catholicis non liceret in tanta multitudine clericorum Romanorum habere plures similibus nominibus
appellatos. Falsum enim erat quod Donatistae dixerant, convenire personas, convenire loca, convenire
regiones: quando nec loca, nec regiones, nec ipsae expressae personarum dignitates de utrisque gestis,
sed sola nominum convenientia legebatur, quam in diversis personis generis humani consuetudo
frequentare non cessat”.
51
Aug, retr., I, 21, 3 (CCL 57, 63) : “Item quod dixi: Donatum, cuius epistolam refellebam, rogasse, ut
Imperator inter ipsum et Caecilianum transmarinos episcopos iudices daret, non ipsum sed alium
Donatum, eiusdem tamen schismatis, hoc fecisse probabilius invenitur. Ille autem non erat
Carthaginiensis Donatistarum episcopus sed a Casis Nigris, qui tamen primus apud Carthaginem ipsum
nefarium schisma commisit”.
Aug., haer., LXIX, 2 (CCL 46, 332) : “ Huius haeresis principem accepimus fuisse Donatum, qui de
Numidia veniens, et contra Caecilianum christianam dividens plebem, adiunctis sibi eiusdem factionis
episcopis, Maiorinum apud Carthaginem ordinavit episcopum. Cui Maiorino Donatus alius in eadem
divisione successit, qui eloquentia sua sic confirmavit hanc haeresim ut multi existiment propter ipsum
potius eos Donatistas vocari”.
52
Cfr. P. Monceaux, t. IV., p. 20; E. Buonaiuti, p. 306.
53
Y. M. J. Congar, p. 14.
54
Cfr. R. A. Markus, p. ix.
I.2.1.1. La première intervention de Constantin
Dans un rapport qui date du 15 avril 313, quelques jours après avoir reçu
l’ordre de la part de l’Empereur d’exempter le camp de Cécilien des munera, le
Proconsul Anulinus parle du recours que les opposants de Cécilien présentent auprès de
l’empereur dans un document intitulé : « Mémoire de l'Eglise catholique sur les crimes
55
Cfr. W. H. C. Frend, p. 145 : “Without waiting to hear what the opposition had to say, Constantine
decided that Caecilian was the rightful Bishop of Carthage” et J. – P. Brisson., p. 247 : “(…) leur affaire
fut ainsi jugée avant même d’avoir été entendue » ou p. 254 : « Avant même d’avoir été officiellement
informé du conflit (…) »
56
Cfr. Eus., H. E., X, 5, 1-4 (SCh 55, 104-105)
57
Ibid. X, 7, 1-2 (SCh 55, 112-113).
58
Cfr. J. – P., Brisson, p. 250.
59
Cfr. Eus., H. E. X, 6, 2 (SCh 55, 111).
60
Cfr. R. A. Markus, p. ix.
de Cécilien, présenté par le camp de Majorinus »61. C’est ainsi que naquit l’occasion du
concile de Rome.
61
Cfr. Aug., ep. 88, 2 (CSEL 34.2, 408). Mais ce point sera plus abordé dans le dernier chapitre de notre
travail.
62
Cfr. Eus. Ces., H. E., X, 5 (SCh 55, 109-110).
63
Aug., ep. 88, 3 (CSEL 34.2, 408) : “Post hanc relationem ad se missam iussit Imperator venire partes
ad episcopale iudicium in urbe Roma faciendum”
64
Aug, c. ep. Parm., I, 5, 10 (CSEL 51, 29) : “fassus est ipsos suos adisse etiam Constantinum et eius
arbitrio a iudicibus episcopis causam esse cognitam, quibus praefuit Miltiades Romanae urbis
episcopus”. Augustin se réfère évidemment à la lettre de Parménien qui avait lui aussi rapporté les faits
du concile de Rome.
65
Y. M. J. Congar, p. 15.
66
Cfr. W. H. C. Frend., p. 148.
67
Cfr. Ibidem.
entretemps, fut condamné pour avoir perturbé la discipline ecclésiastique, avoir
rebaptisé le clergé et avoir causé un schisme68.
Mais les Donatistes n’étaient pas prêts à accepter cette sentence. C’est
ainsi qu’ils contestèrent les juges en général69, et, en particulier, accusèrent le Pape
Miltiade de traditeur70. En plus d’accuser Miltiade d’être traditor, les Donatistes
avancèrent trois autres raisons pour contester le jugement délivré par le concile de
Rome. Primo, ils faisaient noter que les accusations contre Félix d’Aptugni, un des
évêques qui avaient consacré Cécilien et qui était considéré par eux un traditor,
n’avaient pas été examinées. Secundo, l’empereur ne leur avait pas donné des évêques
en provenance des Gaules comme ils l’avaient demandé. En effet, il n’en eut que trois,
les autres furent des évêques italiens. E tertio, il fallait donner beaucoup plus de poids
au concile de soixante-dix évêques, sous la présidence de Secundus, qui avaient
condamné Cécilien71.
68
Optat., I, 25 (CSEL 26,27) : “Sufficit ergo et Donatum tot sententiis esse percussum et Caecilianum
tanto iudicio esse purgatum”.
69
Aug., cath. fr., 18, 46 (CSEL 52, 291): “Nempe ipsi postea litteras ad imperatorem Constantinum
dederunt datisque ab eo, sicut petiverant, disceptatoribus episcopis non consenserunt eosdemque
postmodum apud illum tamquam iniquos iudices accusaverunt”.
70
Aug., c. ep. Parm., I, 5,10 (CSEL 51, 29) : “ (…) eumdem Miltiadem crimine traditionis accusant”.
71
Cfr. W. H. C. Frend, p. 149.
72
Cfr. la copie de la lettre par laquelle l’empereur Constantin ordonne de tenir un second synode
conservée dans Eus., H.E., X, 5, 21 (SCh 55, 109)
73
J. – P. Brisson, p. 248.
et y ayant joué un rôle étaient encore vivants. Parmi eux, il y avait l’ex Duumvir Alfius
Caecilianus74.
Mais à Arles, les évêques réunis ne se montrèrent pas plus cléments que
ceux de Rome face à la cause donatiste. Les schismatiques laissèrent une mauvaise
impression pendant la tenue du concile et furent de nouveau76. Toutefois le concile
d’Arles ne donna pas la solution définitive à la question donatiste, comme l’espérait
Constantin. Bien que certains Donatistes se soumirent aux décrets conciliaires, d’autres
s’entêtèrent, persistèrent à soutenir Donat et continuèrent plus tard à présenter d’autres
recours auprès de l’empereur 77. Mais l’empereur lui-même, très occupé avec la guerre
contre Licinius, ne prit aucune autre disposition sur la question.
74
Alfius Caecilianus 2 in PCBE, p. 175 : “dumvir à Abthugni (…), en fonction en 303 lors de la
persécution de Dioclétien, a exécuté dans la localité l’ordre de saisie des Livres saints et des biens
d’église ».
75
Cfr. L. Duchesne, pp. 115-117.
76
Cfr. W. H. C. Frend, p. 152.
77
Aug., ep. 88, 3 (CSEL 34/2, 409) : “Unde ille alterum episcopale iudicium dedit habendum in
Arelatensi Galliae civitate, ubi multi vestri, vana et diabolica dissensione damnata, cum Caeciliano in
concordiam redierunt; alii vero pertinacissimi et litigiosissimi ad eumdem imperatorem appellaverunt”.
I.2.1.4. Le jugement définitif de Constantin
78
Cfr. W. H. C. Frend, p. 155.
79
Aug., c. Don.. 33, 56 (CSEL 3, 158): “Aelianus proconsul causam Felicis audivit, Volusiano et
Anniano consulibus, quinto decimo calendas martias”.
80
Optat., I, 27 (CSEL 26, 30) : “Unde repulsa atque extersa infamia cum ingenti laude de illo iudicio
recessit”.
81
Aug., Cresc. III, 70, 81 (CSEL 52, 486-487) : “Unde volumus eumdem ipsum Ingentium sub idonea
prosecutione ad comitatum meum constantini augusti mittas, ut illis, qui in praesentiarum agunt atque
diurnis diebus interpellare non desinunt, audientibus et coram adsistentibus apparere et intimari possit
frustra eos Caeciliano episcopo invidiam comparare atque adversus eum violenter insurgere voluisse. Ita
enim fiet, ut omissis, sicuti oportet, eiusmodi contentionibus populus sine dissensione aliqua religioni
propriae cum debita veneratione deserviat”.
82
Aug., ep. 43, 7, 20 (CSEL 34/2, 102) : “ (…) cum Caecilianus nescio qua causa non occurrisset”.
un des évêques Donatistes, Ménalius, était en train d’inciter des révoltes contre Cécilien
et son camp83.
88
W. H. C. Frend, p. 158.
89
Aug., c. Don., XXXIII, 56 (CSEL 53. 158): “Constantinus ad Eumalium vicarium de purgatione
Caeciliani scripsit, Sabino et Rufino consulibus, quarto idus novembres”.
90
Aug., Cresc., III, 71, 82 (CSEL 52, 487): “Insero adhuc et verba Constantini ex litteris eius ad
Eumalium vicarium, ubi se inter partes cognovisse et innocentem Caecilianum comperisse testatur. Cum
enim narrasset in his, quae supra locutus est, quemadmodum ad iudicium eius post episcopalia iudicia
partes perductae fuerint: "In quo pervidi - inquit - Caecilianum virum omni innocentia praeditum ac
debita religionis suae officia servantem eique ita ut oportuit servientem, nec ullum in eo crimen repperiri
potuisse evidenter apparuit, sicut absenti fuerat adversariorum suorum simulatione compositum”
91
Aug., ep. 105, 2, 9 (CSEL 34/2, 601) : “Tunc Constantinus prior contra partem Donati severissimam
legem dedit”.
92
Cfr. W. H. C. Frend, pp. 159-160.
persécutée par les forces du Diable représentés par Cécilien en alliance avec des
magistrats païens93.
99
P. Monceaux, t. IV, p. 34.
100
J. – P. Brisson, p. 259.
101
Cfr. Optat., III, 4 (CSEL 26, 85) ; III,5 (CSEL 26,85) etc.
102
Cfr. Ibid., III, 3 (CSEL 26, 73) : « aut quis negare potest rem, cui tota Carthago principaliter testis
est, imperatorem Constantem Paulum et Macarium primitus non ad faciendam unitatem misisse, sed cum
eleemosynis, quibus sublevata per ecclesias singulas posset respirare, vestiri, pasci, gaudere
paupertas ? ».
103
Cfr. P. Monceaux, t. IV, p. 34.
104
Optat., III , 3 (CSEL 26, 74) : « et cum illi, qui missi fuerant, dicerent se ire per provincias singulas et
volentibus accipere se daturos, ille dixit ubique se litteras praemisisse, ne id, quod adlatum fuerat,
pauperibus alicubi dispensaretur ».
soutenir son œuvre de résistance105. Ainsi, les Circoncellions faisaient leur entrée auprès
des Donatistes dans la lutte contre l’Empire et l’Eglise Catholique.
Les Circoncellions, dont nous aurons largement à parler plus loin dans le
présent travail, font partie d’un « mouvement révolutionnaire, en relation avec l’Eglise
donatiste, provoqué par le mécontentement religieux et agraire, en particulier en
Numidie et en en Mauritanie, au IVème siècle et au début du Vème s. »106. Ils tirent leur
nom de circum cellas, du fait qu’ils vivaient dans le voisinage des cellae (granges) 107 ou
des tombes des martyrs. Ils font parler pour la première fois vers l’année 340 où des
évêques donatistes – les mêmes qui recourront à leur aide plus tard – adressent une
lettre à l’alors comes d’Afrique, Taurinus, pour qu’il mette fin à leurs exactions qui
semaient l’insécurité et la terreur en Numidie, guidés par Axido et Fasir 108. Saint
Augustin peint un tableau bien sombre de Circoncellions, qui sont considérés comme le
bras armé du donatisme109.
Contre l’évêque Donat de Bagai, soutenu par les Circoncellions, les deux
commissaires impériaux demandèrent au comes Sylvestre d’envoyer un contingent
armé. Après des incidents, ce dernier attaqua la basilique où étaient retranchés les
révoltés et tout finit par un bain de sang. Donat même fut tué110.
105
Ibid., III, 4 (CSEL 26, 81) : “et cum ad Bagaiensem civitatem proximarent, tunc alter Donatus (…)
eiusdem civitatis episcopus, impedimentum unitati et obicem venientibus supra memoratis opponere
cupiens, praecones per vicina loca et per omnes nundinas misit, circumcelliones agonisticos nuncupans,
ad praedicum locum ut concurrerent invitavit”.
106
W. H. C. Frend, s.v. Circoncellions in DECA I, 493.
107
Aug., en Ps. 132, 3 (CSEL 95/3, 322) : “Nam Circumcelliones dicti sunt, quod circum cellas
vagabantur : solent enim ire hac illac, nusquam habentes sedes ».
108
Cfr. W. H. C. Frend, The donatist church, p. 176.
109
Aug., c. Gaud., I, 28, 32 (CSEL 53, 231): “Quis enim nescit hoc genus hominum in horrendis
facinoribus inquietum, ab utilibus operibus otiosum, crudelissimum in mortibus alienis, vilissimum in
suis, maxime in agris territans, ab agris vacans, et victus sui causa cella circumiens rusticanas unde et
nome Circumcellionum accepit”.
110
Cfr. Optat., III, 4 (CSEL 26, 81-85)..
111
Cfr. Macarius 1 in PCBE, p. 656.
Entretemps à Carthage, le proconsul publia un décret impérial
proclamant l’union des deux Eglises sous l’évêque Gratus, successeur de Cécilien 112.
Quelque temps plus tard, Donat et d’autres leaders de son parti furent arrêtés et exilés.
Et Donat ne reverra plus l’Afrique jusqu’à sa mort. En fin de compte, l’Eglise d’Afrique
semblait avoir repris son unité. Et durant le concile de Carthage en 348 ou 349, l’évêque
Gratus pouvait se permettre de remercier les serviteurs de Dieu, Paulus et Macarius,
pour leur sainte œuvre et de saluer le retour à l’unité113.
118
Aug., c. Litt. Pet., II, 97, 224 (CSEL 52, 142): “Hoc [Iulianum] quoque supplicantibus Rogatiano,
Pontio, Cassiano, et ceteris episcopis, sed et clericis, accedit ad cumulum, ut abolitis quae adversus eos
sine rescripto perperam gesta sunt, in antiquum statum cuncta revocentur”.
119
Optat., II, 17, 1 : “Venistis rabidi, venistis irati membra laniantes ecclesiae, subtiles in seductionibus,
in caedibus immanes, filios pacis ad bella provocantes”.
120
Y. J. M. Congar, p. 20.
121
CTh XVI, 6, 1 (SCh 497, 340) : « Antistem, qui sanctitatem baptismi inlicita usurpazione geminaverit
et contra instituta omnium eam gratiam iterando contaminaverit, sacerdotio indignum esse censemus”.
122
CTh XVI, 6, 2 (SCh 497, 340. 342) : « Eorum condemnamus errorem, qui apostolorum praecepta
calcantes christiani nominis sacramenta sortitos alio rursus baptismate non purificant, sed incestant,
lavacri nomine polluentes. Eos igitur auctoritas tua erroribus miseris iubebit absistere ecclesiism quas
contra fidem retinent, resitutis catholicae”.
123
J. – P., Brisson, p. 265.
124
CTh XVI, 1, 2 (SCh 497, 114) : “Cunctos populos, quos clementiae nostrae regit temperamentum, in
tali volumus religione versare, quam divinum Petrum apostolum tradidisse Romanis religio usque ab
nunc ab ipso insimuata declarat quamque pontificem Damasum sequi claret et Petrum Alexandriae
episcopum”.
amende de 10 livres d’or125. Cette loi sera très exploitée plus tard contre les Donatistes
même si ces derniers étaient en réalité schismatiques et non hérétiques126. Mais tout cela
n’était qu’un prélude à la bataille finale.
125
Cth XVI, 5, 21 (SCh 497, 262) : “In haereticis erroribus quoscumque constiterit vel ordinasse clericos
vel suscepisse officium clericorrum, denis libris auri viritim multandos esse censemus”.
126
Ce point sera élucidé dans le prochain chapitre du présent travail.
127
Le schisme maximianiste également fera l’objet de notre dernier chapitre.