La Notion de Besoins Langagiers
La Notion de Besoins Langagiers
La Notion de Besoins Langagiers
On désigne sous ce terme les ressources linguistiques nécessaires aux apprenants pour gérer avec
succès des formes de communication dans lesquelles ils vont être impliqués à court ou à moyen
terme. L’identification de ces besoins (et donc de ces situations de communication) s’effectue
dans le cadre d’une démarche spécifique consistant à réunir les informations permettant de savoir
quelles utilisations effectives vont être faites de la langue apprise et d’en tirer des contenus à
enseigner de manière prioritaire. Cette démarche est le point de départ obligé de l’élaboration des
programmes de langues destinés à des apprenants comme les adultes, qui ne relèvent pas des
formes scolaires d’enseignement. Elle est particulièrement stratégique pour les adultes migrants
qui ont à affronter de manière pressante, dès leur arrivée et quotidiennement, les échanges dans
une langue peu ou non connue. Elle doit conduire à la création d’enseignements sur mesure, seul
capables de répondre aux attentes de ces publics. Mais il importe de ne pas la réduire à une
technique pour spécialistes, car on ne saurait définir les besoins en dehors des intéressés ou
même à leur place.
Besoins objectifs : « que l'on peut ou moins généraliser à partir d'une analyse des
situations typiques de la vie »
Besoins subjectifs : «qu'on ne peut généraliser puisqu'ils dépendent de l'événement, de
l'imprévu, des personnes».
D. Lehmann remarque que les deux questions sont dans les faits indissociables, même si les deux
ne sont pas à confondre (en théorie, on a « besoin de … » pour « être capable de… », Mais les
besoins définis ne se traduisent pas nécessairement par des objectifs). Richterich appelle
l’attention sur les pièges inhérents à une association besoins-objectifs trop étroite :
« l’analyse des besoins est une pratique de production d’objectifs si l’on considère l’analyse
comme une étape dont la fonction est de recueillir des informations sur et avec tous les
partenaires engagés dans la réalisation d’un projet éducatif, informations qui serviront à
déterminer des objectifs non plus «a priori, mais « à partir de la définition des exigences de
fonctionnement des organisations », « de l’expression des attentes des individus et des groupes »,
« de la définition des intérêts des groupes sociaux » (Barbier et Lesne, 1977 : 235). Se posent dès
lors les mêmes questions : qui analyse les besoins ? De qui ? Pour en faire quoi ? Est-ce une
autre technologie au service du pouvoir de quelques-uns (…) ? Ou est-ce un instrument
d’information mutuelle, de discussion, de participation, de négociation ? Le piège est ici encore
plus redoutable. Car si l’on peut accepter en connaissance de cause des objectifs imposés
autoritairement, le passage par l’analyse de ses besoins peut donner l’illusion à l’apprenant, qui,
au départ, n’a que peu de pouvoir face à l’enseignant et à l’institution, qu’ils ont été pris en
compte alors qu’en fait, ils lui ont été dictés avec la même autorité. » (Richterich 1985 : 23-24)
Par ailleurs (Richterich, 1973) concède que le lien entre les deux notions n’est pas immédiat : «
Si l’identification des besoins peut se traduire dans la définition des objectifs, ce n’est jamais
qu’au prix d’un compromis, entre besoins et ressources d’une part, entre les divers partenaires de
l’acte d’enseignement/apprentissage d’autre part. »
L’analyse des besoins langagiers
Pour spécifier les besoins langagiers d’un groupe, considéré comme homogène par certains
aspects, on s’appuie sur des données comme des questionnaires d’information destinés aux
apprenants, des entretiens avec eux mais aussi avec les interlocuteurs natifs qui sont en contact
avec eux, des échantillons de leurs productions orales et écrites, des observations des activités
langagières qui prennent place dans le/s contexte/s concernés... Ces enquêtes sont
particulièrement indispensables si les besoins à identifier concernent des activités
professionnelles : quelles compétences pour un poste de travail ou une mission professionnelle
donnée ? Les informations sont recueillies au moyen d’observations extérieures (que l’on peut
qualifier d’« objectives ») ou à travers ce que ressentent les intéressés (analyse subjective),
données qui se complètent. De tels processus peuvent être lourds et coûteux et leurs résultats
demandent à être élaborés ultérieurement pour constituer les éléments d’un programme (par
exemple, quelles catégories pour analyser les formes de la communication ou les « fautes »
fréquentes ?). Le passage des enquêtes au programme n’est pas mécanique.