Améliorer À L'Hôpital: LE Bien-Être Au Travail
Améliorer À L'Hôpital: LE Bien-Être Au Travail
Améliorer À L'Hôpital: LE Bien-Être Au Travail
AMÉLIORER LE
BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL
À L’HÔPITAL
1
LA QUALITÉ DE VIE AU TR AVAIL , UN SUJET ANCIEN
À L’HÔPITAL , TOUJOURS D’AC TUALITÉ
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MANAGER AUTREMENT
ET ÉCOUTER
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MODERNISER
LE CADRE DE TRAVAIL
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PRÉSERVER
LA SANTÉ DES ÉQUIPES
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MIEUX CONCILIER
VIE PROFESSIONNELLE ET VIE PRIVÉE
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RETOURS D’EXPÉRIENCE
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6 Améliorer le bien-être au travail à l’hôpital - © Resah-Editions
1
LA QUALITÉ DE VIE
AU TR AVAIL ,
UN SUJET ANCIEN
À L’HÔPITAL ,
TOUJOURS D’AC TUALITÉ
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LA QUALITÉ DE VIE AU TR AVAIL ,
UN SUJET ANCIEN À L’HÔPITAL , TOUJOURS D’AC TUALITÉ
ÉQUILIBRE
DIALOGUE TRAVAIL / VIE
SOCIAL PERSONNELLE
Pour ces raisons, elle a surtout été Quatre ans plus tard, la HAS
traitée sous l’angle de la préven- intègre la QVT dans son référen-
tion des risques psychosociaux tiel de certification.
(RPS). Dès 2010, la Fédération hos-
pitalière de France (FHF), la Haute
autorité de santé (HAS), associée à
l’Agence nationale d’amélioration QVT
des conditions de travail (ANACT),
démarrent une série de travaux.
LA QVT KÉSACO ?
À RETENIR
r-
de vie au travail doit s’abo
Multifactorielle, la qualité
car il s’agit autant de i-so
der de façon systémique,
membres : côté manage-
gner l’organisation que ses
marches participatives de
ment, en favorisant les dé s
en rendant les agents plu
résolution des problèmes,
t la créativité des équipes,
autonomes, en stimulan
s en favorisant le dialogue
côté ressources humaine
plus agile.
pour rendre l’organisation
sprit, une manière de
La QVT est un état d’e
tive et attentionnée.
fonctionner plus atten
r ce qui peut améliorer
Mais elle passe aussi pa
ons de travail.
concrètement les conditi
jourd’hui cruciale afin
La question devient au er
stème de santé. Propos
d’assurer l’avenir du sy
s adapté et séduisant
un environnemental plu
que peuvent déployer
fait partie des moyens ,
er envie de les rejoindre
les hôpitaux pour donn ts.
part et attirer les talen
endiguer les envies de dé
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MANAGER AUTREMENT ET ÉCOUTER
À RETENIR
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MODERNISER LE CADRE DE TRAVAIL
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PRÉSERVER LA SANTÉ DES ÉQUIPES
LES EXOSQUELETTES,
LA SOLUTION ANTI-TMS
DU FUTUR ?
L’exosquelette peut-il améliorer le la posture et du mouvement, ob-
confort de travail des personnels de jectivation de l’utilité de l’exosque-
gériatrie et réduire les TMS ? lette dans l’amenuisement des
contraintes ostéoarticulaires.
Pour le savoir, Gérond’if, le géron-
topôle d’Ile-de-France a lancé au Elle permettra d’établir des recom-
début 2020 une étude intitulée Exo- mandations sur le déploiement de
care qui sera menée en plusieurs l’outil et de déterminer un cahier
étapes : évaluation de l’acceptabi- des charges dans la perspective
lité par le personnel soignant, me- d’une généralisation de son usage.
sure des effets sur le contrôle de
Ce n’est pas le moindre des para- En effet, depuis 2016, les em-
doxes, mais les personnels soi- ployeurs du privé ont l’obligation
gnants prennent peu soin d’eux. de prendre en charge la moitié des
L’un des premiers moyens de les frais d’adhésion à une mutuelle.
aider est de favoriser l’accès à une L’employeur public devra lui aussi
complémentaire santé. assurer 50% du financement de la
Dans ce domaine, l’ordonnance protection complémentaire. Cette
n°2021-175 du 17 février 2021 rela- mesure concerne tous les agents,
tive à la protection sociale complé- quel que soit leur statut. Pour la
mentaire dans la fonction publique fonction publique hospitalière, elle
prévoit d’aligner dans les années à devra s’appliquer au plus tard en
venir la réglementation du secteur 2026. Cependant, des contrats col-
public sur le secteur privé. lectifs à adhésion obligatoire pour-
ront être mis en place après négo-
ciation collective dès 2022.
À RETENIR
43
MIEUX CONCILIER VIE PROFESSIONNELLE ET VIE PRIVÉE
GAGNER DU TEMPS
AVEC L’EMPLOI DU TEMPS
UN BABY-SITTING SOLIDAIRE AU CH
VENDÔME-MONTOIRE
ACCORDER L’HOSPITALITÉ
AUX BÉBÉS TOUTE L’ANNÉE
À RETENIR
Comme dans tous les domaines, la première étape est celle du dia-
gnostic par l’intermédiaire d’un questionnaire adressé à l’ensemble du
personnel par exemple. Des différences significatives seront évidem-
ment constatées en fonction des statuts (encadrants, encadrés) et des
fonctions (soignants, administratifs…). Mais cette addition des visions
subjectives du vécu positif du travail, la force du nombre permettra
de rendre objectif la perception collective de la QVT à l’échelle d’un
établissement. Cet état des lieux permettra d’identifier les domaines
dans lesquels il faut agir (organisation, management, ressources hu-
maines, travail…) et de fixer la liste des priorités. Il ne permettra pas
de trouver des solutions mais de repérer les marges de progression.
L’essentiel est de pouvoir disposer d’un instrument aux propriétés psy-
chométriques suffisamment fiables et reproductibles couvrant les di-
mensions les plus pertinentes à investiguer, en clair d’utiliser un outil
validé qui n’ait pas été imaginé sur un coin de table. C’est pourquoi je
participe avec trois autres chercheurs et une quinzaine de profession-
nels de la santé à la co-fabrication d’un questionnaire élaboré à partir
de modèles existants et capable de mesurer toutes ces dimensions.
Il s’agit du projet de co-construction d’un score QVT, le projet IndiQa-
teur-H (I pour indicateur, Q pour QVT et H pour humain et hôpital).
Il sera testé une première fois à la fin de l’année 2021 dans 120 établis-
sements, ce qui permettra d’affiner et de mieux sélectionner les items
qui doivent y figurer pour valider sa version définitive en 2022.
Cet outil, qui vise à objectiver la perception des agents de la qualité
de vie au travail, devrait permettre aux établissements de santé, quels
que soient leur champ (MCO, SSR, psychiatrie, HAD) et leur statut (pu-
blic, ESPIC, privé lucratif) de se positionner à l’avenir.
Je pense qu’il faut d’abord leur faire confiance, accepter de les rendre
plus autonomes dans la réalisation de leurs missions. Ensuite leur
donner la possibilité de s’exprimer et d’agir sur leurs conditions de
travail, leur montrer qu’ils sont soutenus. Ce dialogue est une obliga-
tion managériale. Il doit s’effectuer jusqu’aux plus petites entités de
vie professionnelle, au plus près de la réalisation des activités. Les ma-
nagers ne doivent pas avoir peur de donner du temps à ce dialogue,
d’instaurer cette discussion sur les conditions de travail, sur ce qui
fonctionne et ce qui ne marche pas. Les salariés ont besoin de parler,
d’être écoutés, d’être entendus. Car de ce dialogue sortiront des so-
lutions. Il faut enfin que l’établissement respecte l’équilibre entre vie
personnelle et vie professionnelle.
Quand on interroge directement des professionnels sur la QVT, en
dehors des questionnaires, ils ont spontanément tendance à parler
d’ateliers de yoga ou de salles de détente, c’est-à-dire de souhaits in-
dividuels. Cela répond naturellement à une demande mais une direc-
tion générale ne peut se contenter de cela. Il ne faut pas confondre la
QVT avec le bien-être individuel, ni se dédouaner du sujet en prenant
quelques mesures. Le sujet, c’est de redonner envie aux professionnels
de venir travailler à l’hôpital. Et aussi de prendre soin de ceux qui y
travaillent déjà. Car la réputation organisationnelle est importante
pour l’attractivité d’un établissement.
Les DG hospitaliers ont déjà engagé cette réflexion, mais cette dé-
marche ne doit pas finir en dossier administratif. Pour moi, il faut en
faire un élément d’exemplarité au même titre que la qualité des soins,
au même niveau. Il est nécessaire qu’il y ait une prise de conscience de
cette symétrie d’attention à avoir entre d’un côté le prendre soin des
personnels et, de l’autre, celui des patients. Car des soignants dépend
la qualité des soins. Les DG n’ont pas la main sur toutes les manettes,
à l’image du statut ou des règles de la fonction publique. Mais ils ont
la possibilité d’innover pour adapter ces règles, de trouver des solu-
tions pour améliorer les conditions de travail.
Si vous imaginez les règles de gestion des ressources humaines comme
la partition à jouer, le management en serait l’orchestration. Il existe
mille interprétations possibles. L’enjeu du chef d’orchestre et de ses
musiciens est que chaque instrument s’accorde au mieux. À l’hôpi-
tal, comme dans tout collectif c’est le même défi, celui de l’harmonie
collective et l’engagement ferme et déterminé dans la promotion de la
QVT est le meilleur moyen d’y parvenir.
La première richesse d’un hôpital, ce sont ses équipes. Avec son reporting
administratif et le temps consacré au rendre compte, la tarification à l’activité
a eu un effet pervers, celui de détourner les professionnels de sa relation aux
patients. Elle a aussi incité à une sorte de sélection des patients les plus ren-
tables, ce qui est un détournement du sens premier du travail d’un soignant
qui est de soigner tout le monde de la même façon, sans exclusive. Tout cela a
rendu le mariage rentabilité-qualité des soins compliqué.
Il est temps de revoir les modèles de financement de l’hôpital et d’y intégrer
davantage la rémunération à la qualité des soins, en n’oubliant pas que la QVT
est l’un de ses paramètres.
Sarah Soulabaille :
Elle a démarré, dans sa configuration actuelle, en 2016 sous l’impul-
sion du chef d’établissement de l’époque, Thierry Lugbull qui a sou-
haité mettre en œuvre une démarche de QVT et qui l’a inscrite, avec
l’équipe RH, au projet d’établissement des deux centres hospitaliers
en direction commune. Le comité de direction avait la conviction qu’il
était important de travailler cette thématique de la santé et de la qua-
lité de vie au travail.
Composé de représentants du personnel, des membres du service de
santé au travail et de membres de la DRH, de la direction des soins
et des directions fonctionnelles (achats, SI…), un comité de pilotage,
animé par la DRH, a été créé. De notre point de vue, il s’agit d’une
démarche commune qui ne peut pas reposer sur un acteur, la DG ou
la DRH. Les principaux objectifs étaient la prévention de l’absentéisme
et l’amélioration des conditions de travail, avec un point d’ancrage
fort : l’implication et l’engagement de chacun dans l’amélioration de
sa qualité de vie au travail et de celles de ses collègues.
Séverine Lecomte :
Un baromètre social annuel a été mis en place. Il comprend environ
80 questions et permet d’estimer le taux de satisfaction global des
professionnels, leur ressenti sur l’organisation, le contenu du travail,
la nature de l’activité, la reconnaissance… C’est aussi un outil d’identi-
fication des marges de progrès en recensant les thèmes pour lesquels
la satisfaction est moyenne. Mis entre parenthèses en 2020 en raison
de l’épidémie, le baromètre nous permettra de mieux cibler les sujets
sur lesquels travailler après la crise. Aujourd’hui, nous cherchons aus-
si à améliorer l’analyse, à l’affiner métier par métier, afin de proposer
des actions davantage ciblées.
Sarah Soulabaille :
Une partie des actions ont été mises en place en fonction des résultats
du baromètre et du document unique d’évaluation des risques pro-
fessionnels. Elles ont porté notamment sur l’ergonomie, avec l’acquisi-
tion dans un premier temps de matériels pour les soignants (verticali-
sateurs, draps de glisse, installation de lève-malades…), accompagnée
de diffusion de vidéos sur leur usage, les bonnes postures et pratiques
professionnelles, et de formations de prévention des risques liées à
l’activité physique réalisées par nos infirmières de santé au travail.
D’autres équipements ont ensuite été achetés pour le personnel admi-
nistratif : fauteuils et écrans adaptés, souris ergonomiques… L’accent
a aussi porté sur le développement des compétences managériales.
Nous fonctionnons également avec des appels à projets internes
puisque notre souhait est de développer une culture de santé et de
qualité de vie au travail au sein des deux établissements, que chaque
professionnel s’approprie ces thématiques et soit acteur de sa propre
QVT. Les agents sont donc invités à présenter un ou plusieurs pro-
jets susceptibles d’être déployés dans leur service ou à l’échelle de
l’hôpital. Nous disposons pour ce faire d’un budget de 90 000 euros
par an.
Sarah Soulabaille :
Une réflexion sur les rythmes de travail et le travail de nuit est en
cours. Le télétravail est proposé aux agents pour lesquels c’est pos-
sible. S’agissant de la garde des enfants, une crèche à l’hôpital de
Saint-Lô est majoritairement réservée au personnel. À Coutances,
nous nous sommes rapprochés des acteurs locaux d’accueil de la
petite enfance (assistantes maternelles, crèches) pour les sensibiliser
aux horaires atypiques de nos professionnels et trouver une structure
qui réponde en partie à ces contraintes.
Sarah Soulabaille :
Des lieux de repos, ouverts 24h/24, sont ouverts à tous. L’un d’entre
eux est spécifiquement dédié aux femmes enceintes. Des espaces de
détente, gérés par une association, permettent d’avoir accès à des ac-
tivités sportives encadrées, à des séances de massage ou des activités
comme des cours de cuisine, des ateliers de couture. Nous proposons
des actions de méditation pleine conscience et de sophrologie, prises
en charge au titre du plan de formation. Durant la troisième vague
de l’épidémie, nous les avons aussi proposées, de manière ciblée, aux
professionnels des services les plus impactés par l’accueil des patients
COVID.
Sarah Soulabaille :
Les candidats nous disent régulièrement que la politique de santé au
travail et de QVT, que nous présentons dans nos offres d’emploi, a
été l’un des éléments moteurs pour postuler. Lorsqu’on échange avec
les professionnels qui ont intégré les établissements, après leur arri-
vée ou au moment des journées d’accueil, ces derniers assurent res-
sentir au quotidien cette approche santé et QVT dans les services. En
revanche, nous n’avons pas suffisamment de recul aujourd’hui pour
dire s’il s’agit d’un élément de fidélisation du personnel.
Sarah Soulabaille :
Le principal enjeu, c’est de réussir à impliquer l’ensemble des acteurs
et des professionnels de terrain. Il ne faut pas qu’une seule direction
soit moteur sur le sujet. L’autre point essentiel, c’est de ne pas s’épar-
piller et d’accepter de renoncer à certains projets pour les reporter
dans le temps. Quand on commence à parler de QVT, on a envie
de tout faire, tout de suite. Il faut prendre le temps de déterminer
ensemble la définition de la qualité au travail dans l’établissement et
se mettre d’accord sur les outils à utiliser.
Q
ualité de vie au travail et qualité des soins dans les établissements de santé,
actes du séminaire de la Haute autorité de la santé, 2010
Q
ualité de vie au travail, qualité des soins, actes du séminaire organisé par la
Haute autorité de la santé et l’ANACT, 2013
Q
ualité de vie au travail dans les établissements de santé, l’enjeu de la qualité
des soins, Revue Travail et changement, ANACT, 2017
Q
ualité de vie au travail, les actions à partager, les engagements attendus,
rapport de la Fédération hospitalière de France, 2018
S
anté et satisfaction des soignants au travail en France et en Europe,
Madeleine Estryn, presses de l’EHESP, 2018
DÉJÀ PARUS
1. C
omment réussir une opération de
déménagement à l’hôpital ? - 2019
omment mettre en place une plateforme
2. C
territoriale de téléradiologie ? - 2019
3. A
méliorer le parcours des patients avec
les nouveaux outils de téléphonie - 2019
omment réduire sa consommation
4. C
énergétique ? - 2019
aîtriser le Value Based Procurement,
5. M
nouvelle technique d’achat - 2020
6. Garantir les soins de proximité grâce
à la télémédecine - 2020
7. Comment optimiser et gérer la maintenance
de ses équipements biomédicaux – 2020
8. Comment transformer sa logistique
pour assurer la qualité des soins - 2021
9. Améliorer le bien-être au travail à l’hôpital -
2021
À PARAÎTRE
10. Comment repenser l’alimentation
dans le secteur de la santé - 2021
LES GUIDES DU RESAH