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Éléments de thermohydraulique et applications aux réacteurs nucléaires

Working Paper · April 2017


DOI: 10.13140/RG.2.2.12982.50243

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1 author:

Christophe Herer
Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN)
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Eléments de thermohydraulique et applications aux réacteurs
nucléaires

Version provisoire Avril 2017


Merci de signaler toute erreur, omission ou suggestion à christophe.herer@irsn.fr

Christophe HERER
Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, Fontenay-aux-Roses, France

Contenu
1 Notions élémentaires _____________________________________________________ 3
1.1 Diamètre hydraulique ________________________________________________________3
1.2 Valeurs moyennes et maximales des paramètres___________________________________4
2 Caractérisation de l’état du fluide___________________________________________ 5
2.1 État énergétique _____________________________________________________________5
2.1.1 Enthalpie du fluide __________________________________________________________________________5
2.1.2 Bilan enthalpique ___________________________________________________________________________6
2.1.3 Titre thermodynamique à l’équilibre ____________________________________________________________8

2.2 Grandeurs diphasiques _______________________________________________________9


2.2.1 Proportion des phases : taux de vide et qualité _____________________________________________________9
2.2.2 Glissement entre phases _____________________________________________________________________11
2.2.3 Relation entre qualité et titre__________________________________________________________________12

2.3 Régimes d’écoulements ______________________________________________________13


3 Modélisations __________________________________________________________ 15
3.1 Démarche proposée et hypothèses associées _____________________________________15
3.2 Modèle Homogène à l’Equilibre (HEM) ________________________________________16
3.3 Modèle à dérive de flux ______________________________________________________17
3.4 Modèles à deux fluides _______________________________________________________19
4 Corrélations spécifiques _________________________________________________ 21
4.1 Grandeurs thermohydrauliques et incertitudes __________________________________21
4.2 Evaluation du taux de vide ___________________________________________________21
4.2.1 Ecoulement saturé__________________________________________________________________________22
4.2.2 Ecoulement non saturé ______________________________________________________________________25

4.3 Evaluation des pertes de charge _______________________________________________27


4.3.1 Pertes de charge par frottement en écoulement simple phase _________________________________________29
4.3.2 Pertes de charge par frottement en écoulement diphasique___________________________________________30
4.3.3 Pertes de charge singulières __________________________________________________________________34
4.3.4 Pertes de pression par gravité _________________________________________________________________35
4.3.5 Pertes de pression par accélération _____________________________________________________________35
4.3.6 Risque de cavitation ________________________________________________________________________36
4.3.7 Cas de la masse volumique variable ____________________________________________________________36
4.3.8 Evaluation du débit _________________________________________________________________________39

4.4 Evaluation du débit critique __________________________________________________40


4.4.1 Débit critique simple phase vapeur_____________________________________________________________41
4.4.2 Débit critique en diphasique __________________________________________________________________42
4.5 Transfert Thermique ________________________________________________________45
4.5.1 Ecoulement simple phase ____________________________________________________________________46
4.5.2 Ecoulement avec ébullition locale _____________________________________________________________48
4.5.3 Ecoulement saturé__________________________________________________________________________48
4.5.4 Transfert de chaleur post-assèchement __________________________________________________________49
4.5.5 Transfert de chaleur par condensation __________________________________________________________51
4.5.6 Profil de température dans l’assemblage combustible ______________________________________________52
4.5.7 Circulation naturelle ________________________________________________________________________56

5 Sûreté des REP ________________________________________________________ 60


5.1 Crise d’ébullition ___________________________________________________________61
5.1.1 Evaluation du flux critique ___________________________________________________________________61
5.1.2 Evaluation du risque de crise d’ébullition________________________________________________________68

5.2 Accident de perte de réfrigérant du circuit primaire (APRP) _______________________70


5.2.1 Méthode d’étude ___________________________________________________________________________70
5.2.2 Accident de perte de réfrigérant primaire grosse brèche ____________________________________________72
5.2.3 Accident de perte de réfrigérant primaire petite brèche et brèche intermédiaire___________________________74
5.2.4 Accident Grave ____________________________________________________________________________75

Conclusion _______________________________________________________________ 76
Glossaire _________________________________________________________________ 76
Sigles, notations et symboles _________________________________________________ 77
REFERENCES ______________________________________________________________ 79

Introduction
La thermohydraulique est l'étude du transfert de la chaleur couplé à l'hydraulique des
écoulements, avec la prise en compte d’une masse volumique variable résultant de
l’échauffement ou du refroidissement du fluide. L’aspect le plus complexe demeure le
changement de phase et le traitement d’écoulements diphasiques eau-vapeur. Dans
un réacteur à eau pressurisée, l’eau du circuit primaire a un double rôle de
caloporteur et de modérateur. Outre les enjeux de la maîtrise des transferts d’énergie
et donc des températures dans les systèmes et composants d’un réacteur à eau
sous pression, sa température ou la quantité de vapeur présente un impact
primordial sur la réactivité et donc la neutronique du cœur.
La thermohydraulique s'intéresse à l'état du fluide, à son mode de circulation et aux
échanges thermiques dans le réacteur, dans les situations normales d'exploitation,
d'incidents et d'accidents y compris les plus graves afin que les critères de sûreté se
trouvent respectés en toutes circonstances.
Les méthodes et modèles présentés dans cet article constituent les principes de
base pour permettre de mieux appréhender les problèmes liés à la mécanique des
fluides avec échange de chaleur ou en écoulement à deux phases (liquide et
vapeur). On adoptera une approche empirique, les modèles théoriques et équations
sont du domaine des ouvrages spécialisés. Ces modèles empiriques sont
principalement issus de l’hydraulique en charge et de la thermique dans les
conduites de section circulaire. Cet exposé n'a pas donc vocation à couvrir
l'ensemble des connaissances mais présente une introduction aux phénomènes
physiques, à leur interprétation et à leur modélisation.
Nota : le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire des termes et expressions
importants de l’article, ainsi qu’un tableau des sigles, notations et symboles utilisés
tout au long de l’article.

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 2/81


1 Notions élémentaires
1.1 Diamètre hydraulique
Une des spécificités de l'industrie nucléaire et du réacteur à eau sous pression (REP)
en particulier, réside dans des géométries complexes dans le cœur, la cuve et
l’ensemble des composants du réacteur où l'eau s'écoule dans un milieu confiné
mais ouvert où les échanges transverses sont importants.
Une approche simplifiée communément utilisée dans l’hydraulique (par rapport à la
mécanique des fluides) considère des écoulements unidirectionnels dans des
conduites circulaires. Afin d'utiliser pour toute géométrie d’écoulement les résultats
de l’hydraulique établis en conduite circulaire, on utilise la formulation de Chezy qui
détermine un diamètre hydraulique Dh équivalent prenant en compte la surface de
passage du fluide (A) et le périmètre mouillé (P) suivant la relation (1).
(1) ‫ܦ‬௛ ൌ Ͷ‫ܣ‬ȀP (m)

Dans le cœur d'un REP, en fonctionnement nominal, la vitesse du fluide est à


direction privilégiée verticale ascendante le long des assemblages de combustible.
Le combustible est constitué de barreaux cylindriques à section circulaire (de 9.5 mm
de diamètre les plus souvent et exclusivement sur le parc français). Usuellement, on
définit une surface caractéristique, dénommée ‘sous-canal’, qui soit suffisamment
petite pour représenter la physique mais compatible avec les capacités modélisation.
Une telle surface, (illustrée en Figure 1 dans le cas d'assemblages de combustible à
pas carré caractéristique des réacteurs à eau sous pression à l’exception des
réacteurs de conception soviétique et des réacteurs à eau lourde) représente la
surface comprise entre 4 crayons (sous-canal dit "typique") ou 3 crayons et le tube-
guide (sous-canal dit "tube-guide").

Figure 1 Surface élémentaire dite «sous-canal »

La section de passage A et le périmètre mouillé dépendent du type de sous-canal


considéré :
• pour un sous-canal « typique » :
A= pas² -D²/4 et P =D
• pour un sous-canal « tube-guide » :
A= pas² - /16(D² + Dtg²) et P =D +Dtg)

Exemple 1
D=9,5 mm et Dtg = 12,45 mm pour un pas de 12,6 mm.
Surface de passage
- sous canal « typique » : A=87,88 mm²
- sous canal « tube-guide » : A=75,16 mm²
Périmètre mouillé

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 3/81


- sous canal « typique » : P=29,85 mm
- sous canal « tube-guide » : P =32,16 mm
Diamètre hydraulique
- sous canal « typique » : Dh =11,78 mm
- sous canal « tube-guide » : Dh =9,35 mm
Pour un assemblage entier (carré de 214 mm de côté avec 264 crayons, 24 tubes-
guide et un tube d’instrumentation de même diamètre), la surface de passage est de
0,02404 m², le périmètre mouillé vaut 8,86 mètres ce qui donne un diamètre
hydraulique équivalent de 10,86 mm.

1.2 Valeurs moyennes et maximales des paramètres


Les caractéristiques de fonctionnement relatives au circuit primaire définissent les
paramètres moyens. A partir des valeurs moyennes, des valeurs maximales
enveloppes sont estimées à l’aide de facteurs multiplicatifs établis en fonction du
type de réacteur. Les valeurs moyennes (cf. exemple 2) ne prennent pas en compte
les hétérogénéités dans le cœur. D'une part la puissance n'est pas distribuée
également dans le cœur, d'autre part l'insertion des barres de commande modifie ces
distributions. Radialement, on définit le facteur d'élévation d'enthalpie FH, rapport
de l'élévation d'enthalpie du canal considéré à l'élévation d'enthalpie moyenne.
Axialement, la puissance est distribuée suivant des formes variables en fonction de
l'épuisement du combustible et de la position des grappes de régulation. Une forme
"enveloppe", permettant d'englober de nombreuses situations, suit une loi en
cosinus.

Les ordres de grandeurs des débits et vitesses dans les différents composants d’un
réacteur sont facilement évalués à l’aide des caractéristiques de fonctionnement. Le
débit volumique dans la cuve du réacteur est celui en provenance de toutes les
boucles froides (sur le parc en France trois boucles pour les réacteurs 900 MWe, 4
pour les réacteurs de puissance supérieure ou égale à 1300 MWe). Cependant une
petite partie de ce débit (environ 5%) soit contourne le cœur soit directement par le
haut, soit via le cloisonnement ou encore les tubes-guide des assemblages
combustible. Du fait de la loi de la conservation de la masse, c’est le débit massique
qui est conservé constant dans tout circuit. Les valeurs moyennes de débit massique
qui passe dans un assemblage ou dans un tube de GV permettent de calculer les
vitesses massiques moyennes ; rapport du débit massique à la section de passage.
Les vitesses massiques sont des grandeurs plus adaptées à la thermohydraulique
que la vitesse moyenne, usuellement utilisée en hydraulique, qui dans le cas d’un
écoulement à masse volumique variable, n’est pas constante tout au long de
l’écoulement. La vitesse massique, notée G, est le produit de la vitesse U du fluide
par sa masse volumique  et permet de vérifier, en écoulement mono dimensionnel
permanent, l'équation de conservation de la masse ( U = constante).

On évalue aussi la puissance moyenne, la puissance linéique d’un assemblage et le


flux surfacique moyens d’un assemblage combustible à partir de nombre total
d’assemblages dans le cœur et du nombre de crayons combustible dans un
assemblage.

Exemple 2
On utilise les valeurs du palier 1450 MWe ([1]) et les grandeurs thermodynamiques
du Tableau 1.
Le débit nominal par pompe dans une boucle est de 24500 m3/h dans un réacteur à
4 boucles. Le débit dans la cuve est de 98000 m3/h (20199 kg/s) soit 93,6 kg/s dans

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 4/81


chacun des 205 assemblages constituant le cœur (avec une température d'entrée de
292,2°C et 95% du débit passant effectivement dans les assemblages). Dans un des
5599 tubes d’un générateur de vapeur (GV), le débit massique est de 0,902 kg/s. A
ce débit correspond une "vitesse massique" moyenne (rapport du débit à la surface
de passage) de 4035 kg/m²-s, dans un tube de GV de 16,87 mm de diamètre
intérieur. La vitesse massique moyenne dans un assemblage est du même ordre de
grandeur (3894 kg/m²-s) avec une surface de passage dans un assemblage de 0.24
m² (cf. exemple 1). Entre l’entrée et la sortie d’un tube GV, la vitesse moyenne passe
de 6,18 à 5,44 m/s. La vitesse moyenne de l’eau dans un assemblage est de 5,25
m/s en entrée et de 5,97 m/s en sortie.

La puissance moyenne d’un crayon combustible est de 78529 W sachant que


4250MW -thermiques- sont générés par les 205 assemblages qui contiennent
chacun 264 crayons.

On définit la puissance moyenne linéique q' comme la puissance moyenne par unité
de longueur. La hauteur active étant de 4267 mm, alors :
q' = 78,53/4,27 = 18,40 kW/m =184 W/cm.

La densité de puissance, ou flux de chaleur moyen , est la puissance du crayon


rapportée à l'unité de surface (produit de la hauteur active et du périmètre du crayon)
soit :
 = 18,40/D = 616,65 kW/m² =61,7 W/cm².

2 Caractérisation de l’état du fluide


2.1 État énergétique
2.1.1 Enthalpie du fluide
L’enthalpie d’une substance pure est fonction de deux variables thermodynamiques.
Par exemple, considérant la température (T) et la pression (P), on écrit :
ࢊࡼ
ࢊࢎ = ࢉ࢖ࢊࢀ + (૚ − ࢼ)

avec :
ଵ డ௩ ଵ డఘ
• ߚ = ௩ ቀడ்ቁ = − ఘ ቀడ்ቁ : le coefficient de dilatation volumique isobare
௉ ௉
exprimé en K-1.

A pression constante, le second terme s’annule et l’augmentation de la température


T1 à T2 d’une unité de masse d’eau se traduit par une augmentation de l’enthalpie h
suivant :

(2) ℎଶ − ℎଵ = ∫ଵ ܿ௣ ݀ܶ (kJ/kg)

avec :
• cp (P, T) : la capacité thermique massique à pression constante, exprimé
en J/(kg · K)
• h : exprimé en J/kg.

Si la plage de variation de température est limitée, en prenant la valeur moyenne de


la capacité massique, cette expression se simplifie selon :
(3) ∆ℎ ≈ ܿഥ∆ܶ
௣ (kJ/kg)

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 5/81


Cette simplification n’est valable que si l’évolution de température ne passe pas par
la température de changement de phase, en raison des grandes variations des
valeurs de la capacité thermique entre la phase liquide et vapeur. Si le fluide atteint
la température de saturation, il peut devenir diphasique. Les grandeurs
thermodynamiques de chacune des deux phases ne sont alors plus fonction que
d’une seule variable ; la présence d’une phase supplémentaire ayant fait perdre un
degré de liberté à l’eau qui est alors à saturation.
Lorsque h (P, T) atteint la valeur de l’enthalpie à saturation (ℎ௟௦௔௧(ܶ = ܶ௦௔௧)) ou
ℎ௟௦௔௧(ܲ = ܲ௦௔௧) , il y a potentiellement passage d’une fraction de masse de l’eau de
l’état liquide à l’état vapeur. Ce passage requiert une quantité d’énergie
supplémentaire, l’enthalpie (chaleur latente) de vaporisation notée ℎ௟௩ (en J/kg) avec
(4) ℎ௟௩ = ℎ௩௦௔௧ − ℎ௟௦௔௧ (kJ/kg)

Notons aussi qu’il y a relation biunivoque entre psat et Tsat. Des tables [2] fournissent
les grandeurs thermodynamiques de l’eau tant à l’état monophasique (liquide ou
vapeur), qu’à saturation. Cette configuration cesse d’exister au-delà de la pression
critique (22,1 MPa).
Dans le domaine de fonctionnement du réacteur, les principales grandeurs
thermodynamiques ont les valeurs indiquées dans le Tableau 1 - et le Tableau 2 - .

Tableau 1 - Grandeurs thermodynamiques de l’eau liquide

Pression Température Enthalpie Coefficient Masse Viscosité


(MPa) (°C) (kJ/kg) de volumique dynamique
dilatation (kg/m3) (µPa · s)
(10−3 K−1)
15,5 292,2 1 296 2,586 742  91,6
15,5 329,6 1 515 4,77 653  76
7,3 229,5   989 1,62 832 117

Tableau 2 - Grandeurs thermodynamiques de l’eau à saturation


Pression Température Masse Masse Enthalpie Enthalpie Tension
(MPa) de volumique volumique liquide vapeur de
saturation liquide vapeur (kJ/kg) (kJ/kg) vapeur
3 3
(°C) (kg/m ) (kg/m )  (N/m)
 2,0 212,4 850 10,0 908,6 2 798 0,03483
 7,3 288,7 734 38,3 1 283 2 769 0,01696
 10,0 311,0 688 55,5 1 408 2 725 0,01186
15,5 344,8 594 102 1 630 2 596 0,004669

Les tables d’eau [2] sont maintenant disponibles sous de nombreuses formes
numériques, soit via des applications internet ou smartphone, des logiciels ou encore
des bibliothèques de programmes.

2.1.2 Bilan enthalpique


Le premier principe de la thermodynamique est établi à partir de la conservation de
l’énergie [24]. Dans un système ouvert représenté schématiquement dans la Figure 2
, on peut écrire, en supposant les variations d’énergie cinétique et potentielle
négligeables devant la chaleur et le travail échangé par le système avec l’extérieur
∆‫ ܹ = ܪ‬+ ܳ (J)

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 6/81


Dans le cas où il n’y a pas d’échange de travail, par exemple entre l’entrée et la
sortie du fluide primaire dans le cœur ou le générateur de vapeur, alors la relation
précédente se simplifie selon :
݉ ο݄ ൌ ܳ (J)

Soit par unité de temps


݉ሶο݄ ൌ ܳ̇ (W)

La quantité de chaleur par unité de temps ܳ̇ correspond à la puissance échangée


entre le système et l’extérieur, ce raisonnement étant aussi valable si cet échange se
fait via du travail.

Figure 2 Bilan enthalpie avec transfert de chaleur et sans travail échangé

Pour un système échangeant une puissance  avec l’extérieur, le bilan enthalpique


relie la variation d’enthalpie à la puissance échangée selon :
P
(5) ∆h = ௠̇ (kJ/kg)

Exemple 3 Débit primaire

En prenant comme hypothèse, à une pression autour de 15,5 MPa, une température
d’entrée du cœur de 295°C et une température de sortie de 329°C,
ℎ(295; 15,5) ൌ ͳ͵ͳͲǡ͸݇‫ܬ‬Ȁ݇݃
ℎ(329; 15,5) ൌ ͳͷͳͲǡͶ݇‫ܬ‬Ȁ݇݃
si la puissance thermique nominale est de 4300 MW (thermiques) alors le débit
nominal sera
4300 000
݉ሶൌ ܳ̇ ⁄[ℎ(329; 15,5) − ℎ(295; 15,5)] = ൌ ʹͳͷʹͳ݇݃Ȁ‫ݏ‬
199.8
A l’inverse, si les températures sont mesurées sont celles indiquées ci-dessous, en
l’absence de perte thermique dans le GV, la connaissance de la puissance
thermique du GV permet de déduire le débit au primaire.

Exemple 4 Besoin en eau d’une centrale

Dans un cycle thermodynamique, une quantité importante d’énergie est perdue à la


source froide ; dans le cas d’un circuit ouvert qui évacue cette énergie directement à
la source froide (océan par exemple), on peut calculer le débit nécessaire au
condenseur suivant la relation suivante intégrant le rendement  du cycle
thermodynamique

Puissance électrique et puissance thermique sont reliés selon :


e=th
La puissance perdue à la source froide p est la puissance totale (thermique) moins
la puissance électrique :
ଵିh
p=th - e= (1 -  ) th = h e

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 7/81


en utilisant la relation (3) pour évaluer la variation d’enthalpie au travers de la
différence de température de l’eau de la source froide entre l’entrée et la sortie du
condenseur ;
݉ሶ؆ (1 − h)P௧௛ ⁄ൣܿ௣ οܶ൧݇݃Ȁ‫ݏ‬

Pour une augmentation de la température issue de la source froide de 10°C, le cp


peut être pris constant égal à 4,18 kJ/kg K. Pour une centrale produisant une
puissance de 1400 MW avec un rendement de 33%, le débit provenant de la source
froide est alors :

݉ሶൌ ʹǡͲ͵ൈ ͳͶͲͲͲͲͲ⁄[4,18 × 10] ൌ ͸ͺ ͲͲͲ݇݃Ȁ‫ݏ‬

Soit environ 68 m3/s.

2.1.3 Titre thermodynamique à l’équilibre


L’enthalpie est une grandeur thermodynamique extensive, c’est-à-dire qu’elle varie
en fonction de la masse à la différence de la pression ou de la température,
grandeurs intensives. Lorsque l’enthalpie d’une unité de masse de liquide est
inférieure à l’enthalpie à saturation (toujours donnée dans les tables d’eau par unité
de masse), le liquide est dit sous-saturé. L’augmentation de la température du liquide
ou la diminution de sa pression le porte à saturation. Tout apport d’énergie entraîne
alors une vaporisation : le fluide est saturé diphasique (Figure 3 ).

Figure 3 Écoulement dans un tube chauffé

Ces étapes sont résumées ci-dessous, pour une unité de masse du fluide :
• fluide à l’état monophasique liquide sous-saturé : ℎ < ℎ௟௦௔௧
• fluide saturé diphasique : ℎ ≥ ℎ௟௦௔௧݁‫ ݄ݐ‬൑ ݄௩௦௔௧
• fluide à l’état de vapeur surchauffée : ℎ > ℎ௩௦௔௧

À saturation, on a alors :
ℎ = ℎ௟௦௔௧ + c ℎ௟௩ (kJ/kg) avec 0 <  < 1.

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 8/81


ou encore :

ೞೌ೟
௛ି௛೗
(6) c = (-)
௛೗ೡ

 est appelé le titre thermodynamique à l’équilibre, il considère que les phases


liquide et vapeur sont toutes deux à la température de saturation.

C’est en fait une hypothèse assez forte et non vérifiée dans les transitoires. Le titre
thermodynamique à l’équilibre permet d’évaluer le potentiel énergétique et le taux de
passage du fluide de l’état liquide à l’état vapeur.

2.2 Grandeurs diphasiques


La description complète de l’écoulement requiert des informations tridimensionnelles
dépendantes du temps et de l’espace. Les écoulements diphasiques se caractérisent
par des moyennes temporelles et spatiales (voir par exemple [3,4]) liées aux
grandeurs diphasiques locales définies ci-après pour des écoulements permanents à
une direction. Nous décrivons ici des expressions simplifiées des différentes
variables utilisées pour caractériser les écoulements diphasiques. Il s’agit de
déterminer la proportion relative des phases, la vitesse, la pression et l’état
énergétique de chaque phase. Au contraire de présentations générales où l’on
considère des grandeurs tridimensionnelles avec des phases indifférenciées, les
grandeurs monodimensionnelles introduites par la suite caractérisent
préférentiellement la vapeur (ou le gaz), repérée par l’indice ‘v’ par rapport au liquide
(indice ‘l’), sans opérateurs de moyenne temporelle ou spatiale, approche moins
rigoureuse mais qui a le mérite de la simplicité.

2.2.1 Proportion des phases : taux de vide et qualité


Le titre thermodynamique à l’équilibre est issu d’un bilan énergétique. Cependant sa
connaissance ne donne qu’une évaluation grossière de la présence effective de
vapeur dans le liquide. Deux grandeurs supplémentaires permettent de définir un
peu plus précisément le taux de présence des phases :
• la qualité statique (quelquefois en thermodynamique appelé titre massique
en vapeur) xst, rapport de la masse en phase vapeur à la masse totale de
fluide,
• le taux de vide , rapport entre le volume occupé par la phase vapeur au
volume total occupé par le fluide :
(7) ‫ݔ‬௦௧ = ݉ ௩⁄(݉ ௩ + ݉ ௟) (-)

(8) ߙ = ܸ௩⁄(ܸ௩ + ܸ௟) (-)

Dans les écoulements diphasiques en conduite à une direction, le taux de vide 


peut être défini comme un rapport de surfaces, à savoir, en considérant une section
courante, le rapport de surface occupé par la phase vapeur à la surface totale de la
section

On obtient alors les relations suivantes (les surfaces sont notées A pour Area afin de
ne pas provoquer de confusion avec S (Slip) introduit ultérieurement)
(9) ߙ = ‫ܣ‬௩⁄(‫ܣ‬௩ + ‫ܣ‬௟) = ‫ܣ‬௩⁄‫ܣ‬ (-)

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 9/81


La masse volumique moyenne est alors définie comme étant :
(10) ߩଶఝ = ߙߩ௩‫ݒ‬+ (1 − ߙ)ߩ௟ (kg/m3)

2.2.1.1 Débits et vitesses


Cependant si la vapeur occupe une proportion  du volume total, cela est insuffisant
pour connaître le débit de vapeur, lié à la vitesse de l’écoulement. Le taux de débit
volumique de vapeur , rapport entre le débit volumique de vapeur et le débit total,
est une caractéristique supplémentaire de l’écoulement :
(11) ߚ = ܳ௩⁄(ܳ௩ + ܳ௟) = ܳ௩⁄ܳ = (1 − ܳ௟)⁄ܳ (-)

On définit le facteur d’écoulement C comme


(12) ‫ߙ = ܥ‬⁄ߚ (-)

La vitesse moyenne de l’écoulement est le rapport du débit volumique à la surface


de passage. Dans un écoulement diphasique à une direction, la vitesse moyenne de
chaque phase correspond donc au rapport du débit de la phase considérée à la
surface de passage occupée par la phase. Le taux de vide  étant par extension le
rapport de la surface occupée par la phase vapeur à la surface totale, on en déduit
alors pour chaque phase, les vitesses moyennes respectives de la vapeur et du
liquide :
(13) ܷ௩ = ܳ௩⁄(ߙ‫)ܣ‬ (m/s)

(14) ܷ௟ = ܳ௟⁄[(1 − ߙ)‫]ܣ‬ (m/s)

La vitesse « superficielle » (appelée aussi flux volumique) représente le rapport du


débit volumique à la surface totale, grandeurs ‘virtuelles’ qui permettent de
s’affranchir de la connaissance du taux de vide selon:
(15) ݆௩ = ܳ௩⁄‫)ܳߚ( = ܣ‬⁄‫ܷߙ = ܣ‬௩ (m/s)

(16) ݆௟ = ܳ௟⁄‫( = ܣ‬1 − ߙ)ܷ௟ (m/s)

Le débit volumique étant rapporté à la surface totale, la relation suivante est toujours
valable :
௝ೡ
(17) ݆= ݆௩ + ݆௟ = ܳ ൗ‫= ܣ‬ (m/s)

Le produit du débit volumique et de la masse volumique forme le débit massique, qui


conformément à la loi de conservation de la masse, est constant tout au long de
l’écoulement.
(18) ݉ሶ= ߩܳ (kg/s)

Et l’on peut former aussi les relations relatives à chaque phase selon :
(19) ݉ ̇ ௩ = ߩ௩ܳ௩ = ߩ௩‫݆ܣ‬௩ (kg/s)

(20) ݉ ̇ ௟ = ߩ௟ܳ௟ = ߩ௟‫݆ܣ‬௟ (kg/s)

Un écoulement à masse volumique variable (et donc spécifiquement un écoulement


diphasique) est donc susceptible d’avoir de larges variations de débit volumique et
en conséquence des vitesses de chaque phase variables.

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 10/81


On peut introduire la notion de qualité pour évaluer les débits massiques vapeur et
liquide selon :
(21) ௩⁄݉ሶ= ݉ ̇ ௩⁄(݉ ̇ ௩ + ݉ ̇ ௟)
‫݉ = ݔ‬ሶ (-)

(22) (1 − ‫ ݉ = )ݔ‬ሶ
௟⁄݉ሶ= ݉ ̇ ௟⁄(݉ ̇ ௩ + ݉ ̇ ௟) (-)

Cette notion peut être reliée à la définition celle de la qualité statique (ou titre
massique en vapeur) xst mais prend en compte l’aspect dynamique de l’écoulement.
En écoulement permanent, les valeurs de la qualité « x » et du titre massique en
vapeur « xst » peuvent être considérées comme identiques.

L’enthalpie du mélange s’écrit alors :


(23) ℎ = ‫ݔ‬ℎ௩ + (1 − ‫)ݔ‬ℎ௟ (kJ/kg)

La « vitesse massique moyenne » de deux phases G, introduite au paragraphe 1,


comme le rapport du débit massique à la surface de passage s’écrit aussi :
௠̇
(24) ‫=ܩ‬ = ߙߩ௩ܷ௩ + (1 − ߙ)ߩ௟ܷ௟ = ߩ௩݆௩ + ߩ௟݆௟= (kg/m²-s)

Les vitesses massiques de chaque phase suivent les expressions :


݉ ̇௩ ߩ௩݆௩
‫=ݔ‬ =
݉ሶ ߩ௩݆௩ + ߩ௟݆௟
(25) ‫ܩ‬௩ = ‫ܩݔ‬et avec (19)‫ܩ‬௩ = ߩ௩݆௩ (kg/m²-s)

(26) ‫ܩ‬௟ = (1 − ‫ ܩ)ݔ‬et ‫ܩ‬௟ = ߩ௟݆௟ (kg/m²-s)

2.2.2 Glissement entre phases


L’écoulement chauffé s’accélère car sa masse volumique diminue (typiquement au
cours de la traversée du cœur en raison de l’apport d’énergie au fluide). A débit
massique constant, la masse volumique diminue donc la vitesse augmente pour
respecter la loi de conservation de la masse. En cas d’ébullition, la phase vapeur,
moins dense, acquiert plus de vitesse que la phase liquide. La poussée d’Archimède
(relative à la masse volumique très différente entre les phases liquide et vapeur) et la
plus forte résistance à la paroi de la phase liquide participent également à
l’accélération de la phase vapeur. L’écoulement présente alors une phase vapeur au
centre ayant une vitesse supérieure à la phase liquide majoritairement présente à la
paroi.
Le glissement noté S (conformément au terme anglais slip ratio) est défini comme
étant le rapport de la vitesse de la phase vapeur et celle de la phase liquide :
(27) ܵ = ܷ௩⁄ܷ௟ (-)

avec S≥1 dans une très large majorité des cas et pour un taux de vide
significativement non nul.

Les relations entre vitesses (13) et (14), débits massiques (19) et (20), qualité (21) et
(22) permettent d’établir la relation :
ଵିఈ ௫ ఘ೗
(28) ܵ= (-)
ఈ ଵି௫ ఘೡ

En remarquant qu’avec les relations (11) et (12), on obtient l’égalité

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 11/81


ܳ௟
‫ܥ‬−ߙ= ߙ
ܳ௩
alors
ଵିఈ
(29) ܵ = ஼ିఈ (-)

Au fur et à mesure que le fluide s’approche du point critique (22 MPa ou 374 °C), les
caractéristiques de ses phases liquide et vapeur deviennent de plus en plus proches.
S tend vers 1 quand le fluide s’approche de son point critique.

2.2.3 Relation entre qualité et titre


Des relations (6) et (23), on peut relier le titre thermodynamique à l’équilibre  et la
qualité x dans le cas de présence simultanée des phases liquide et vapeur. De plus
si l’on suppose ces phases toutes les deux à la température de saturation, les
enthalpies vapeur et liquide de la relation (23) sont alors les enthalpies à saturation.
Cependant, si le titre  est défini tant en écoulement sous saturé (<1) ou surchauffé
(>1), les valeurs respectives de la qualité sont imposées (respectivement x=0 et
x=1). Une qualité négative n’a pas de sens physique (ce qui indiquerait une masse
négative) mais un titre négatif indique le degré de sous-saturation. Plus le titre sera
négatif, plus le liquide sera éloigné de la saturation. Dans le même ordre d’idée, une
qualité supérieure à 1 n’a pas de sens (l’intégralité du fluide ayant été vaporisée)
tandis qu’un titre supérieur à 1 indique le degré de surchauffe de la vapeur.

A partir de la définition du glissement (27), en utilisant tout d’abord les relations (13)
et (14), puis (19) et (20) et enfin (21) et (22), on forme la relation
ଵିఈ ௫ ఘ೗
(30) ܵ= ఈ ଵି௫ ఘೡ

Ce qui permet de relier le taux de vide à la qualité selon :


ଵି௫ ఘೡ Xఈ ఘೡ
(31) ߙ = 1ൗቂ1 + ܵ ቃ ou ‫ = ݔ‬ଵାఈ(Xିଵ) ܽ‫ܿ݁ݒ‬X = ܵ
௫ ఘ೗ ఘ೗

Ces égalités impliquent la connaissance du glissement, qui est abordé dans le


chapitre suivant.

Exemple 5
Pour une qualité de 0,1 (10 % du débit masse en phase vapeur), le taux de vide vaut
entre 0,3 (pour un glissement de 1,5 et une pression de 15,5 MPa) et 0,7 (pour un
glissement de 1,0 et une pression de 7,0 MPa). La vapeur occupe donc entre 30 à
70 % du volume total. Plus la pression est basse (et donc plus le rapport des masses
volumiques liquide et vapeur est élevé) plus le volume occupé par la vapeur est
important. La variation du glissement (ici 1,0 ou 1,5) intervient dans des proportions
moindres. Les variations avec la pression sont données en Figure 4 .

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 12/81


Figure 4 Évolution du taux de vide en fonction de la qualité pour deux valeurs de
glissement et deux valeurs de pression

2.3 Régimes d’écoulements


Outre le volume occupé par la vapeur, il est nécessaire de connaître sa répartition
dans l’écoulement, d’autant plus dans une démarche qui consiste à moyenner les
grandeurs.

En circulation verticale ascendante, on distingue principalement les écoulements


(Figure 5 ) :
• à bulles (bubble) ;
• à bouchons ou poches (slug) ;
• agité (churn) ;
• annulaire (annular).

Figure 5 Régimes d’écoulements liquide - gaz

Pourront s’ajouter des formes additionnelles (annulaire dispersé, brouillard) ou


spécifiques aux écoulements horizontaux (ondulé, stratifié...), mais les conditions
pour lesquelles l’écoulement suit tel ou tel régime dépendent de la géométrie et des
paramètres de l’écoulement (notamment les débits massiques et volumiques de
chaque phase et la pression). De nombreuses cartes ont été établies (voir par
exemple [5]), résultant d’expériences sur des écoulements adiabatiques diphasiques

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 13/81


eau-air principalement en conduite circulaire de petit diamètre. On trouve aussi des
corrélations empiriques qui délimitent les frontières de différents régimes
d’écoulement. Elles n’ont qu’une valeur indicative car correspondant rarement aux
conditions exactes recherchées. En écoulement diabatique (avec chauffage), les
frontières entres les régimes d’écoulement sont encore plus imprécises. L’apparition
de bulles de vapeur en paroi chauffante et leur migration vers le centre de
l’écoulement font que l’écoulement n’est pas développé. Comme indiqué au
paragraphe 2.1.3, l’équilibre thermodynamique est rarement vérifié. En outre les
informations sur les incertitudes sont manquantes.

Cependant, l’identification du régime d’écoulement est rarement indissociable du


choix des modèles à utiliser et de la fiabilité des évaluations qui en résultent. La
démarche consiste donc à essayer en premier lieu le modèle correspondant au
régime le plus probable, puis à vérifier la cohérence des résultats obtenus et leur
conservatisme par comparaison avec le test des autres régimes possibles. A titre
indicatif, pour un taux de vide inférieur à 0,20, on peut raisonnablement considérer
un écoulement à bulles. Un écoulement annulaire est probable pour des valeurs du
taux de vide supérieures à 0,80.

L’analyse devient encore plus complexe dans le cas où les deux phases s’écoulent
dans des directions opposées (contre-courant) :
 dans des écoulements verticaux, lorsque la phase vapeur s’élève tandis que
la phase liquide tente de descendre. L’engorgement, ou remontée du liquide
(en anglais flooding) se produit lorsque la vitesse superficielle du gaz est trop
importante et le liquide ne peut plus s’écouler à contre-courant. La situation
inverse, retombée du liquide ou en anglais flow reversal, étant aussi possible ;
 dans conduites horizontales ou inclinées, des relations sont proposées ([6],
[7]) pour déterminer les conditions d’établissement de tels régimes
d’écoulement.

Pour des écoulements verticaux dans des conduites circulaires de diamètre compris
ఙ ఙ
dans les limites de 2 à 40 fois l’échelle de Laplace soit 2ට ௚(ఘ ିఘ ) < ‫ < ܦ‬40 ට ௚(ఘ ିఘ ),
೗ ೡ ೗ ೡ

la corrélation de Wallis établie en 1961, relativement simple à mettre en œuvre, relie


les vitesses superficielles adimensionnelles des deux phases selon :

ඥ ݆௩∗ + ݉ ඥ ݆௟∗ = ‫ ܥ‬avec m=1 et C=1 lorsque l’effet de la gravité est prépondérant par
rapport à l’effet de la viscosité.

ఘ ఘ
Avec ݆௩∗ = ට (ఘ ିఘೡ )௚஽ ݆௩ et ݆௟∗ = ට (ఘ ିఘ೗ )௚஽ ݆௟
೗ ೡ ೗ ೡ

Les grandeurs C et m de la relation de Wallis ci-dessus peuvent évoluer selon les


auteurs et sont généralement comprises entre 0,7 et 1.

Exemple 6
Pour un écoulement vertical eau-vapeur en conduite de 6 cm de diamètre, sous
saturation à 2 MPa, le débit massique ascendant de vapeur est de 0,120 kg/s, on
cherche la valeur limite du débit liquide en dessous de laquelle le liquide ne peut
descendre dans la conduite.

஼ିඥ௝ೡ∗
Pour C=m=1, la valeur limite est égale à ඥ ݆௟∗ = = 1 − ඥ ݆௩∗

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 14/81


Les propriétés physiques de l’eau à saturation sont les suivantes (Tableau 2 - ) :
ߩ௩ = 10,0݇݃⁄݉ ଷ ;ߩ௟ = 850,0݇݃⁄݉ ଷ; ߪ = 0,0348ܰ /݉
Les grandeurs thermohydrauliques suivantes sont calculées :
݆௩ = 4,226݉ ⁄‫݆;ݏ‬௩∗ = 0,602
La relation avec C=1 et m=1 conduit à
݆௟∗ = 0,050݀ᇱ‫݋‬ù݆௟ = 0,038݉ ⁄‫ ̇ ݉ݐ݁ݏ‬௟ = 0,092݇݃/‫ݏ‬


A noter que ට ௚(ఘ ିఘ ) = 0,0018݉ ”‡’”±•‡–‡l' échelle de Laplace
೗ ೡ
଴.଴଺
et 2 < ଴.଴଴ଵ଼ = 29 < 40
Le diamètre D=0,05 m est bien compris entre 2 et 40 fois l’échelle de Laplace

3 Modélisations
3.1 Démarche proposée et hypothèses associées
Formellement, les écoulements de fluides multiphasiques suivent les relations de la
mécanique des fluides. Pour mémoire, les relations de conservation de la masse, de
la quantité de mouvement et de l’énergie (équations de Navier Stokes) peuvent
s’écrire pour un fluide Newtonien selon les relations simplifiées (32) données à titre
d’illustration car comportant des hypothèses complémentaires. On trouvera en [3] les
équations complètes.
డఘ
(32) + ∇. (ߩ‫ݑ‬

⃗) = 0
డ௧
ሬ⃗
஽ఘ௨ ሬ⃗
డఘ௨
= + ∇. ߩ‫ݑ‬

⃗‫ݑ‬
ሬ⃗ = −∇‫ ݌‬+ ߤ∇ଶ‫ݑ‬
⃗ + ߩ݃Ԧ;

஽௧ డ௧
஽ఘ௛ డఘ௛
= +‫ݑ‬
ሬ ሬ⃗ + ‫ݍ‬ᇱᇱᇱ + f
⃗. ∇ߩℎ = −∇. ߮
஽௧ డ௧

Au-delà de la complexité inhérente aux équations aux dérivées partielles et au


couplage de la pression et des composantes de la vitesse, le traitement des
écoulements turbulents fait apparaitre, du fait de l’utilisation de moyennes
temporelles, des termes supplémentaires (tenseur de Reynolds) pour lesquels des
relations de fermeture sont indispensables. Dans le cas de coexistence de plusieurs
phases, les interactions entre phases nécessitent des relations de fermeture
complémentaires, notamment relatives au traitement des interfaces. Le modèle le
plus adapté à la description des écoulements est le modèle à deux fluides
(paragraphe 3.4) mais qui nécessite des outils et moyens de calcul importants.
Lorsque l’on ne recherche pas l’évaluation locale des paramètres et qu’une
estimation en entrée/sortie est suffisante, des corrélations empiriques, associées la
plupart du temps aux modèles présentés dans la suite, ont été établies (voir le
chapitre 4). Ces corrélations permettent d’évaluer les ordres de grandeur sans
nécessiter la mise en œuvre de moyens lourds.

Outre le recours aux moyennes temporelles des paramètres, une source importante
d’imprécisions est relative aux moyennes spatiales. Pour le taux de vide, par
exemple dans une conduite circulaire, les valeurs maximales peuvent se situer soit
‘près’ de la paroi, soit au centre, selon le régime d’écoulement. Pour ce qui concerne
vitesse ou température, on obtient des variations importantes entre la valeur ‘à la
paroi’ (nulle pour la vitesse), la valeur maximale et la valeur moyenne. Dans le cas
d’écoulement diphasique, certains modèles font l’hypothèse d’un profil uniforme

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 15/81


(vitesse moyenne sur toute la section) soit avec la vitesse de chaque phase
identique (modèle HEM paragraphe 3.2) soit avec des vitesses différentes. Soit on
postule un profil radial de vitesse, identique ou non pour les deux phases (modèle à
dérive de flux, paragraphe 3.3).

Des configurations ou situations peuvent s’appuyer sur des hypothèses


simplificatrices telles que :
• en écoulement stationnaire, les dérivées partielles par rapport au temps sont
nulles lorsque l’écoulement est établi et stable ;
• les écoulements à direction privilégiée peuvent soit être considérés comme
monodimensionnels, soit conduire à des équations simplifiées en ne considérant que
les termes prédominants.
• dans un système à plusieurs composants type eau-air, les transferts de masse
entre les phases sont nuls. Dans un système à un composant eau-vapeur en
écoulement adiabatique, les transferts de masse peuvent être négligés ; titre, taux de
vide et masse volumique peuvent alors considérés comme constants ;
• l’équilibre thermodynamique entraîne l’égalité entre la qualité et le titre
thermodynamique et l’égalité entre les températures des deux phases à la
température de saturation.

Quelles que soient les corrélations, lois de fermeture ou modèles utilisés, il convient
d’avoir à l’esprit les hypothèses utilisées afin d’appréhender les limitations qui en
découlent. Lois de fermetures et corrélations ne sont applicables que sur des
domaines d’application limités, le plus souvent associés à des régimes
d’écoulements spécifiques. En outre, il convient d’estimer les incertitudes associées
à l’application des corrélations et lois de fermeture. Des corrélations plus complexes
peuvent permettre de réduire les incertitudes au risque de n’être applicables que sur
un domaine restreint, entrainant alors des erreurs importantes en cas d’application
en dehors du domaine de validité.

3.2 Modèle Homogène à l’Equilibre (HEM)


En écoulement à direction privilégiée (vertical ascendant), les deux phases étant en
équilibre thermodynamique et mécanique, le modèle homogène à l’équilibre (HEM)
se révèle satisfaisant et particulièrement utile. Ce modèle correspond dans la
littérature anglo-saxonne au sigle HEM (Homogeneous Equilibrium Model). Les
hypothèses principales considèrent :
 des vitesses identiques pour les deux phases,
 un profil de vitesse uniforme sur la section, seule alors la vitesse moyenne
est considérée,
 les phases toutes les deux à la même température correspondant à la
température de saturation imposée par la pression locale.

Les vitesses des phases étant identiques, le glissement (27) est égal à un et la
relation (31) se simplifie pour donner une relation directe entre la qualité (par
hypothèse strictement identique au titre thermodynamique à l’équilibre ) et le taux
de vide:
ೞೌ೟
ଵି௫ ఘೡ ௛ି௛೗
(33) ߙுாெ = 1ൗቂ1 + ቃ avec ‫ ≈ ݔ‬c =
௫ ఘ೗ ௛೗ೡ

Avec cette expression, la relation (10) se simplifie et s’écrit :


ଵ ௫ ଵି௫
(34) ‫ݒ‬ுாெ = ఘ =ఘ +
ಹ ಶಾ ೡ ఘ೗

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 16/81


On obtient alors l’égalité :
ߙுாெ ߩ௩ = ‫ߩݔ‬ுாெ

Le modèle HEM permet alors de considérer tout écoulement diphasique comme un


écoulement simple phase ayant des propriétés physiques particulières. La masse
volumique étant parfaitement définie, diverses expressions de la viscosité et de la
conductivité thermique ont été proposées (ces expressions ne sont pas spécifiques
au modèle HEM) et sont rassemblées en [8] et [28]. Par analogie, on peut considérer
les relations suivantes qui ont le mérite de converger vers les propriétés physiques
des phases seules liquide ou vapeur lorsque le taux de vide tend respectivement
vers zéro ou un :
ଵ ௫ ଵି௫
(35) =ఓ +
ఓమക ೡ ఓ೗

ଵ ௫ ଵି௫
(36) =l +
lమക ೡ l೗

Il est alors possible d’utiliser toutes les relations et corrélations établies en


écoulement simple phase et notamment en conduite circulaire (voir TI [BE8161])
sans recourir à des lois de fermeture spécifiques.

3.3 Modèle à dérive de flux


L’approche de Zuber et Finlay [9] prend en compte d’une part des vitesses locales
des phases différentes au travers de leur différence (et non plus de leur rapport
comme dans l’expression (27)) et considère d’autre part un profil de vitesse non
uniforme. Sur une section, les valeurs moyennes des paramètres, dans l’expression
(37) ‘f’ à titre de terme générique, sont notées selon :

(37) < ݂ >= ஺ ∫ ݂(‫ݎ݀)ݎ‬

La vitesse de dérive locale modélise la différence entre la valeur locale de la vitesse


de la phase vapeur (Uv), relation (13), et de la vitesse superficielle (ou flux
volumique) du mélange diphasique (j ), relation (17):
௝ೡ
(38) ݀ = ܷ௩ − ݆= −݆

On en déduit la dérive de flux vapeur, c’est-à-dire le terme dfv (drift flux) qui indique le
«surplus» de vapeur (volumique) qui passe par rapport au mélange.
(39) ݀௙௩ = ߙ݀ = ݆௩ − ߙ݆

De la même façon, la dérive de flux liquide dfl peut être définie selon
೗ ௝
(40) ݀௙௟ = (1 − ߙ)݀௟ = (1 − ߙ) ቂ(ଵିఈ) − ݆ቃ= ݆௟ − ݆+ ߙ݆= −݆௩ + ߙ݆

et on obtient alors que dfv = − dfl

On définit la vitesse de dérive effective comme l’intégrale de la dérive de flux


normalisé sur le taux de vide, la vitesse de dérive prend en compte les différences de
vitesses entre les phases :
ழఈௗவ ழௗ೑ೡவ ழ௝ೡவ ழఈ௝வ
(41) ‫ݑ‬ௗ = = = −
ழఈவ ழఈவ ழఈவ ழఈவ

On définit le paramètre C0 à partir des paramètres locaux de l’écoulement intégrés

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 17/81


sur la section de passage A, C0 prend en compte le profil de vitesse et de taux de
vide dans la section :
ழఈ௝வ
(42) ‫ܥ‬଴ = ழఈவழ௝வ

On obtient alors une relation entre le taux de vide, la vitesse de dérive et le


paramètre C0 selon :
ழ௝ வ
(43) < ߙ >= ழ௝வ஼ೡ ା௩
బ ೏

Si la vitesse de dérive ud est nulle, alors en utilisant l’expression (17), on remarque


que le paramètre C0 est identique au paramètre d’écoulement C défini en (12).

Avec les relations (25) et (26), les opérateurs de moyenne ayant été supprimés pour
faciliter la lisibilité de la relation, on peut écrire:
ఘ ఘೡ௨೏
(44) ߙ = ‫ݔ‬ൗቂ‫ܥ‬଴ ቂ‫ ݔ‬+ (1 − ‫ )ݔ‬ఘೡቃ+ ቃ
೗ ீ

Il reste à déterminer les paramètres C0 et ud pour que cette expression soit


entièrement explicitée. A partir des résultats d’essais, de nombreuses relations ont
été proposées, certaines en fonction du régime d’écoulement, comportant aussi la
valeur du taux de vide (ce qui nécessite des itérations et la convergence vers une
valeur stable). La principale limitation réside dans le caractère mono-dimensionnel
(en conduite ou tube par exemple) des conditions dans lesquelles ces relations ont
été établies, on se réfère alors au modèle à dérive de flux à une dimension. Une
comparaison exhaustive de huit modèles peut être trouvée en [11]. Le modèle de
Chexal-Lellouche [12] est considéré comme le plus précis tout en ayant le plus large
domaine d’application ; ce modèle a ensuite été amélioré et est présenté en [13]. Les
relations étant relativement complexes, le lecteur est invité à se reporter aux
références citées, en accès libre sur internet. Nous présentons quelques relations
simples relatives au modèle à dérive de flux à une dimension pour calculer C0 et ud.
Ces relations sont proposées afin de pouvoir évaluer les ordres de grandeurs, il est
cependant indispensable de vérifier les domaines d’applications de ces relations
ainsi que les incertitudes qui sont associées à la détermination des valeurs. Le
lecteur est invité pour cela à consulter les références citées.

Ishii [14] propose pour le paramètre d’écoulement C0 :


(45) ‫ܥ‬଴ = ൫1,2 − 0,2ඥߩ௩⁄ߩ௟൯(1 − ݁ିଵ଼ఈ )

Avec pour la dérive de flux


ଵ⁄ସ
ఙ௚(ఘ೗ିఘೡ)
(46) ‫ݑ‬ௗ = √2 ൤ ൨ (1 − ߙ)ଵ,଻ହ pour un écoulement à bulles et l>>v
ఘ೗మ

஽௚(ఘ೗ିఘೡ)
(47) ‫ݑ‬ௗ = 0,35ට pour un écoulement à bouchons
ఘ೗

ଵ⁄ସ
ఙ௚(ఘ೗ିఘೡ)
(48) ‫ݑ‬ௗ = √2 ൤ ൨ pour un écoulement agité
ఘ೗మ

Maier et Coddington [15] comparent des modèles adaptés aux écoulements en


grappe simulant un assemblage de REP et proposent des relations simples à partir
de régressions linéaires sur les essais :

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 18/81


(49) ‫ܥ‬଴ = 2,57 10ିଷ × ‫ ݌‬+ 1,0062ܽ‫ܽܲ ܯ݊݁)݊݋݅ݏݏ݁ݎ݌(݌ܿ݁ݒ‬

(50) ‫ݑ‬ௗ = ‫(ܩ‬6,73 10ି଻ × ‫݌‬ଶ − 8,81 10ିହ × ‫ ݌‬+ 1,05 10ିଷ ) + (5,63 10ିଷ × ‫݌‬ଶ −
௞௚
1,23 10ିଵ × ‫ ݌‬+ 8,00 10ିଵ )ܽ‫ ݊݁ܩݐ݁ܽܲ ܯ݊݁݌ܿ݁ݒ‬௠ మ௦

Enfin, la corrélation de Bestion [16] est assez simple à mettre en œuvre et donne des
résultats très satisfaisants, particulièrement dans les conditions des réacteurs à eau
sous pression, et notamment dans le cœur.
௚஽ ೓ (ఘ೗ିఘೡ)
(51) ‫ܥ‬଴ = 1݁‫ݑݐ‬ௗ = 0,188ට ఘೡ

Exemple 7 : Ordre de grandeur de C0 et ud.


Pour l’eau et aux pressions de 20 et 100 bar, les valeurs des masses volumiques
liquide et vapeur et de la tension superficielle sont données dans le Tableau 2 - ;

Certaines relations nécessitent de plus les valeurs du diamètre ou diamètre


hydraulique équivalent, la vitesse massique ainsi que la valeur du taux de vide 
(dans ce cas, il est nécessaire d’itérer jusqu’à convergence). Nous prendrons
 D (ou Dh) = 0,005 et 0,5 m
 G = 20 et 2000 kg/m²-s

Les valeurs du paramètre d’écoulement (Tableau 3 - ) sont proches de 1 et les


valeurs de la vitesse de dérive sont données dans le Tableau 4 - .

Tableau 3 - Paramètres d’écoulement C0 (sans dimension)

Pression Ishii (grand) Maier / Bestion


(MPa) Coddington

2 MPa 1,18 1,01 1


10 MPa 1,14 1,03 1

Tableau 4 - Vitesse de dérive (m/s)

P (MPa), D (m), G ‘Ishii’ ‘Ishii’ (agité) Maier / Bestion


(kg/m² s) (bouchons) Coddington
2 ; 0,005 ; 20 0,077 0,200 0,594 0,041
2 ; 0,5 ; 20 0,771 0,200 0,594 0,414
2 ; 0,005 ; 2000 0,077 0,200 2,330 0,041
2 ; 0,5 ; 2000 0,771 0,200 2,330 0,414
10 ; 0,005 ; 20 0,074 0,158 0,138 0,040
10 ; 0,5 ; 20 0,743 0,158 0,138 0,399
10 ; 0,005 ; 2000 0,074 0,158 0,606 0,040
10 ; 0,5 ; 2000 0,743 0,158 0,606 0,399

3.4 Modèles à deux fluides


Dans le modèle à deux fluides, chaque phase est considérée séparément et décrite
avec les équations de conservation de la masse, de la quantité de mouvement

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 19/81


(vectorielle) et de l’énergie avec des termes d’échange entre les deux phases, soit
six équations couplées. On trouvera en [4] ou [10] les équations constitutives de tels
modèles. Une grande partie des modèles postule l’équilibre des pressions mais
certains auteurs proposent aussi d’introduire des pressions distinctes pour chaque
phase. Les six équations permettent de déterminer six paramètres inconnus, à savoir
la pression, les vitesses et températures (ou enthalpies) de chaque phase et le taux
de vide. Cependant, sept relations de fermeture relatives au frottement visqueux et
au transfert de chaleur dans chaque phase et au transfert de masse, quantité de
mouvement et énergie entre phases sont nécessaires.

Des hypothèses complémentaires peuvent réduire le nombre de relations de


fermeture à modéliser. Dans le modèle complet à deux fluides et six équations :
 l’équilibre thermodynamique relatif à chaque phase est postulé, par contre il
peut y avoir un déséquilibre entre les deux phases, et donc des températures
de chaque phase différentes, pouvant aussi être distinctes de la température
de saturation correspondant à la pression locale. Une hypothèse
simplificatrice postule alors que l’une des phases (ou les deux) est à la
température de saturation,
 les vitesses de chaque phase sont indépendantes. Si l’on impose des vitesses
égales ou reliées par le glissement ou par un modèle de dérive, le nombre
d’inconnues et de relations de fermeture se réduit. A noter que le modèle
HEM revient à imposer températures et vitesses identiques, soit trois
équations et trois inconnues (pression, vitesse, taux de vide) et deux relations
de fermeture (pour la viscosité et le transfert thermique).

Cette prise en compte des écoulements hors équilibre et des interactions entre
phases (par exemple l’écoulement de la vapeur surchauffée le long des crayons
combustibles dans cas d’une grosse brèche en phase de renoyage cf. 5.2.2) est une
avancée significative de la qualité des outils de calcul par rapport aux modèles
simplifiés, HEM notamment. Le modèle à deux fluides est bien approprié quand les
deux fluides sont nettement différenciés, notamment lorsque leurs densités
respectives sont très différentes. C’est notamment le cas pour l’air avec un liquide ou
l’eau avec sa vapeur (hors voisinage du point critique).

Une des limitations liée à l’utilisation de ce modèle réside dans l’indispensable


opérateur de moyenne (temporelle et spatiale) associé à chaque paramètre. Ce sont
donc les paramètres moyens de l’écoulement qui sont calculés. Si pour des
modélisations à une dimension, une relativement bonne connaissance des
phénomènes, obtenue à l’aide de nombreux supports expérimentaux, permet
d’atteindre un niveau satisfaisant de modélisation pour élaborer les relations de
fermeture, des efforts doivent encore être fournis pour certains transitoires ou dès
que les phénomènes deviennent bi ou tri-dimensionnels. D’autre part, il est apparu
que le modèle à deux fluides et six équations pouvait manquer de précision lors de la
simulation de certains types d’écoulements, comme par exemple dans le cas
d’écoulement mixte annulaire/gouttes dans lequel le liquide s’écoulant en film en
paroi se comporte différemment des gouttes se trouvant dans le cœur de
l’écoulement vapeur. Afin de bien décrire ce type d’écoulement, une solution consiste
à diviser la phase liquide en deux « sous phases », chacune possédant son propre
taux de vide, son enthalpie et sa vitesse. Cela revient à augmenter le nombre
d’équations du modèle à deux fluides : on parle alors d’un modèle à deux fluides et
neuf équations ou trois champs (bilans de masse, d’énergie et de quantité de
mouvement soit trois équations pour décrire un champ liquide monophasique, trois
équations pour un champ vapeur et trois équations pour un champ gouttes).

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 20/81


On peut donc résumer l’évolution et le futur des outils de simulation appliqués aux
écoulements en thermohydraulique :

1. simulation monodimensionnelle à trois équations avec équilibre thermique et


mécanique (HEM)
2. simulation monodimensionnelle à quatre ou cinq équations avec description
de certains déséquilibres thermique ou mécanique. Par exemple pour la
conservation de la masse et ou l’énergie, une équation pour chaque phase
avec échanges entre phase, et pour la quantité de mouvement une équation
pour le mélange diphasique
3. simulation monodimensionnelle à six équations avec description des
déséquilibres mécanique et thermique
4. simulation bi ou tridimensionnelle, avec simplification de certains termes, pour
des composants du circuit primaire (downcomer de la cuve, cœur)
5. prise en compte des gaz incondensables tels que l’air ou l’hydrogène (ajout
d’équations complémentaires)
6. simulation complète tridimensionnelle à neuf équations ou plus (phase liquide,
phase vapeur, phase dispersée).
Les avancées dans les outils de simulation ne sont pas forcément synonymes de
gain en précision ou en robustesse (stabilité numérique) mais ont l’avantage d’être
plus générales. Il faut de plus évoquer les développements associés à la prise en
compte des incertitudes pour associer à la détermination des valeurs des paramètres
d’intérêt un intervalle de confiance.

4 Corrélations spécifiques
La prise en compte des variations spatiales et temporelles des paramètres d’intérêts
ne nécessite pas obligatoirement le recours aux modèles locaux et ces variations
peuvent être évaluées de façon macroscopique au travers de corrélations empiriques
qui permettent de relier entre elles les grandeurs moyennes à l’équilibre (titre,
qualité, température, enthalpie, …). C’est l’objet des relations proposées dans ce
chapitre qui permettent d’estimer des ordres de grandeur. On ne cherche pas ici à
faire un état de l’art des modèles et corrélations pouvant être utilisés mais à proposer
des relations simples à mettre en œuvre. Ces relations sont cependant sujettes à
des fortes incertitudes (de l’ordre de 20% mais pouvant atteindre 50%, voire 100%).
Il est donc recommandé de bien vérifier le domaine d’application (de validité) de ces
relations et les incertitudes associées.

4.1 Grandeurs thermohydrauliques et incertitudes


La détermination des grandeurs thermohydrauliques ne se limite pas aux valeurs les
plus probables mais nécessite d’évaluer les incertitudes ou les plages de valeurs
possibles. Les sources d’incertitudes proviennent entre autres des hypothèses
simplificatrices adoptées, des modèles sélectionnés et des incertitudes ou erreurs
sur les variables d’entrée. Il convient alors de soigneusement vérifier si les
hypothèses choisies sont pertinentes, de sélectionner les modèles adaptés au
problème et d’identifier les plages de validité de ces modèles et les incertitudes
associées. Ces informations ne sont pas toujours disponibles ou suffisamment
documentées. Quelquefois difficilement justifiables, dans la mesure du possible, des
recommandations ou ordres de grandeur seront associés aux corrélations
présentées.

4.2 Evaluation du taux de vide


La relation (31) permet la détermination directe du taux de vide à partir de la qualité,

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 21/81


la connaissance du glissement étant supposée. Si l’on se place dans les conditions
d’équilibre thermodynamique, alors la qualité est identique au titre thermodynamique
à l’équilibre défini dans la relation (6). À l’équilibre thermodynamique, qualité et titre
thermodynamiques sont égaux pour des valeurs comprises entre 0 et 1 puisque le
titre  indique la fraction d’enthalpie de changement d’état cédée au fluide, donc la
fraction de masse d’eau liquide passée à l’état vapeur. Une qualité négative n’a pas
de sens physique (ce qui indiquerait une masse négative) mais un titre négatif
indique le degré de sous-saturation. Plus le titre sera négatif, plus le liquide sera
éloigné de la saturation. Dans le même ordre d’idée, une qualité supérieure à 1 n’a
pas de sens (le fluide ayant été intégralement vaporisé) tandis qu’un titre supérieur à
1 indique le degré de surchauffe de la vapeur.

On se placera donc dans la plupart des cas dans l’hypothèse d’équilibre


thermodynamique (les températures des deux phases étant toutes les deux égales à
la température de saturation et on utilisera la relation entre taux de vide et titre, à
saturation. Les aspects hors saturation seront abordés ensuite.

Rappelons que l’on propose d’évaluer la valeur moyenne (1D sur la section de
passage) du taux de vide, et que notamment dans le cas d’un écoulement refroidi ou
chauffé, le taux de vide peut varier sensiblement, en particulier au voisinage de la
paroi échangeant avec l’extérieur.

4.2.1 Ecoulement saturé

4.2.1.1 Ecoulement à l’équilibre thermodynamique


Dans le cas d’équilibre thermodynamique, le taux de vide peut être calculé
directement à partir du titre thermodynamique (par exemple évalué à l’aide d’un bilan
enthalpique). Il faut cependant évaluer le glissement.

Zivi, Thom et Chilsom proposent des expressions très simples, la première adaptée
aux écoulements annulaires sans entrainement (Zivi), les deux autres aux
écoulements eau/vapeur :
ఘ ଵ⁄ଷ
(52) ܵ = ቀఘ ೗ቁ (Zivi)

ఘ ଴,ଵଵ ఘ ଴,ହ଺ଵ ఘ
(53) ܵ = 0,93 ቀఘ ೗ቁ + 0,07 ቀఘ ೗ቁ ܶℎ‫ = ܵ ݉݋‬ට1 − ‫ݔ‬ቀ1 − ఘ ೗ቁ‫ܥ‬ℎ݈݅‫݉݋ݏ‬
ೡ ೡ ೡ

Pour évaluer le taux de vide correspondant à un titre donné, pour une pression
imposée, on calcule le glissement, les tables d’eau permettent la connaissance des
masses volumiques liquide et vapeur à saturation, et la relation (31) relie taux de
vide et titre ou qualité (dont les valeurs sont supposés identiques).

Il n’est pas indispensable de passer par l’évaluation du glissement pour relier le taux
de vide à la qualité. Il est possible par exemple de relier le taux de vide et la qualité
en utilisant le facteur d’écoulement C et en appliquant la relation :

(54) ߙ= ഐ భషೣ
ଵା ೡ
ഐ೗ ೣ

C est le facteur d’écoulement pour lequel Bankoff propose l’équation suivante :


C = 0,71 + P x 0,0145 avec P en MPa.
Le facteur d’écoulement est semblable au paramètre d’écoulement C0 du modèle à

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 22/81


dérive de flux (cf. 3.3). L’évaluation du taux de vide peut s’appuyer sur le modèle de
taux de vide à partir de la relation (44) et d’expressions de la vitesse de dérive et du
paramètre d’écoulement adaptées au type d’écoulement attendu.

La référence [17] présente et compare 68 relations permettant de calculer le taux de


vide à partir de la qualité. Selon le degré de simplicité recherché, les paramètres
d’écoulement (pression, vitesse, configuration), et la précision souhaitée, de
nombreuses relations peuvent être choisies. Il est recommandé d’une part de vérifier
la formulation des relations et d’autre part d’utiliser plusieurs relations afin d’établir
une zone d’incertitude des valeurs obtenues ; l’incertitude obtenue n’a pas de
justification formelle mais donne un ordre de grandeur des variations possibles.

Exemple 8 : On présente en Figure 6 à Figure 8 les variations du taux de vide avec


la qualité massique pour divers modèles avec dérive de flux (Ishii à bulles et à
bouchons, Marcian et Coddington et Bestion), le modèle HEM et les modèles avec
glissement de Zivi, Thom et Chilsom.

A 2 MPa, le taux de vide évolue très rapidement (Figure 6 a) et vaut, quels que
soient les modèles, plus de 0,70 pour une qualité massique de 0,1. Applicable pour
les écoulements annulaires, le modèle de Zivi s’écarte sensiblement des autres pour
un taux de vide inférieur à 0,60 et n’est pas recommandé dans cette zone.
Concernant les autres modèles, un zoom jusqu’à 1% en qualité (Figure 6 b) permet
de différencier les différents modèles, à qualité identique, les variations de taux de
vide sont de 0,10 à 0,20 en valeur absolue.
La vitesse massique influence significativement les valeurs de taux de vide dans les
modèles de dérive (dans une moindre mesure le modèle de Ishii à ‘bulles’) ; on
remarque que les modèles proposés ne tendent pas vers un taux de vide de 1,00
pour une qualité massique de 1,00. Pour le modèle de Bestion, seul le domaine aux
faibles vitesses massiques, à basse pression, et pour un grand diamètre est
concerné.

(a) (b)

Figure 6 Évolution du taux de vide en fonction de la qualité pour différents


modèles (HEM, avec glissement et à dérive) à basse pression et vitesse massique
moyenne (a) sur tout le domaine de qualité massique (b) à faible qualité massique

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 23/81


Figure 7 Évolution du taux de vide en fonction de la vitesse massique pour
différents modèles (HEM, avec glissement et à dérive) à basse pression et à très
faible qualité massique

Pour les modèles de dérive de flux, l’influence de la vitesse massique se limite aux
relativement basses vitesses massiques ; le taux de vide tend vers une asymptote
autour de 1000 kg/m²-s (Figure 7 ).

Les modèles de Bestion et d’Ishii à ‘bouchons’ sont aussi fonction du diamètre et son
influence est limitée aux très faibles valeurs de qualité massique (Figure 8 ).

Figure 8 Évolution du taux de vide en fonction du diamètre de la conduite pour


différents modèles (HEM, avec glissement et à dérive) à basse pression et à vitesse
massique moyenne

4.2.1.2 Ecoulement hors équilibre thermodynamique


Titre, qualité sont des notions particulièrement sujettes à confusion notamment parce
qu’elles peuvent être interprétées comme des paramètres statiques (considérant le
volume) ou dynamiques (considérant l’écoulement), relatives à des masses, des
vitesses massiques ou des enthalpies, indépendamment des opérateurs de
moyenne que l’on peut appliquer. L’évaluation de la quantité en masse de vapeur
(qualité massique) est l’élément primordial du calcul de taux de vide, et quelles que
soient les relations proposées en 4.2.1.1. L’approche consiste à évaluer la quantité
en masse de vapeur avec la variable  de la relation (6), à l’aide de l’enthalpie du

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 24/81


mélange que l’on peut estimer avec un bilan enthalpique (cf. 2.1.2) et les enthalpies
à saturation déterminées par la pression. Cependant la vapeur peut être à une
température plus élevée que la température de saturation et dans ce cas son
enthalpie est supérieure à l’enthalpie vapeur à saturation donnée par les tables
d’eau. Ce peut être le cas aussi pour la phase liquide, et les températures des deux
phases peuvent aussi être différentes de la température de saturation. On peut donc
généraliser la relation (6) et calculer un titre hors équilibre selon la relation ci-
dessous en considérant non pas les enthalpies à saturation mais les enthalpies
réelles des phases liquide et vapeur,
௛ି௛೗(்೗)
(55) c௛௘ = ௛ (-)
ೡ(்ೡ)ି௛೗(்೗)

Les enthalpies réelles sont des inconnues supplémentaires qui peuvent être
calculées grâce au modèle à deux fluides (cf. 3.4) par exemple, ce qui nécessite une
mise en œuvre de moyens de calcul bien plus importants que les relations
proposées en 4.2.1.1. Le calcul du titre hors équilibre (et donc du taux de vide en
situation hors équilibre) ne peut donc être estimé à l’aide de relations simples.

4.2.2 Ecoulement non saturé


On observe en Figure 3 la zone d’ébullition nucléée, depuis l’écoulement simple
phase liquide jusqu’à l’écoulement en ébullition franche. Dans cette zone, des bulles
de vapeur sont créées bien que l’enthalpie moyenne de l’écoulement ne soit pas à
saturation (et que la température moyenne du fluide soit en dessous de la
température de saturation). Dans une première zone, les bulles sont créés à la paroi
(qui du fait du chauffage est à une température supérieure à la température moyenne
du fluide), un peu plus en aval, ces bulles commencent à se détacher de la paroi
mais coalescent au sein de l’écoulement. On peut donc identifier deux points
remarquables :
 Le point de début d’ébullition en paroi (« ONB pour onset of nucleate boiling »
en anglais) ;
 Le point d’apparition significative de vapeur (« OSV pour onset of significant
void » en anglais), assimilable au point de détachement des bulles.

L’évolution le long d’un tube chauffé du taux de vide, du titre thermodynamique et de


la qualité peuvent être schématisée en Figure 9 . La puissance de chauffage est
uniforme tout au long du tube et a été choisie telle que le titre évolue de -0,20 à 1,00
sur la hauteur (de l’entrée à 1,2 m). La qualité massique a été estimée, à titre
illustratif, positive dès le point ONB et rejoint le titre thermodynamique en fin de
longueur. Les évolutions du taux de vide, à partir du titre thermodynamique à
l’équilibre et de la qualité estimée peuvent être comparées.

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 25/81


Figure 9 Evolution du taux de vide en écoulement chauffé sous saturé

Saha et Zuber [10] ont établi un critère assez simple qui définit les conditions pour
lesquelles les bulles se détachent et de ce fait amènent à un taux de vide non nul
(ONB). Lorsque la température moyenne de l’eau atteint une température limiteܶ௟ௌ௓ ௜௠ ,
le taux de vide atteint une valeur significativement non nulle :
ଵ ஦ୈ ୋୈ ஜୡ౦
(56) T୪ୗ୞ ୱୟ୲
୧୫ = T୪ − ସହହ lorsque Pe = ∗ < 70000
lౢ ஜ l


(57) T୪ୗ୞ ୱୟ୲
୧୫ = T୪ − 154 ୋୡౢ lorsque Pe = Re ∗ Pr > 70000

Cette limite est conditionnée par la valeur du nombre de Péclet (relation (106), Pe ;
produit des nombres de Reynolds et de Prandtl, voir 4.5.1). Aux faibles nombres de
Péclet (G faible), cette température limite est gouvernée par les phénomènes de
ఝ ஽
transfert de chaleur via le nombre de Nusselt (ܰ‫ ݑ‬ൌ ο் l ) ; à partir de Nu = 455, les
bulles se détachent de la paroi. Pour des nombres de Péclet élevés, s’ajoutent les
conditions d’écoulement, l’ensemble est représenté par le nombre de Stanton

(ܵ‫ݐ‬ൌ ீ௖ ο்) ; pour St = 1/154, les bulles se détachent.

Pour calculer le taux de vide, les relations établies précédemment restent valables, la
difficulté provient de l’évaluation de la valeur de la qualité. Un bilan enthalpique
conduit à une valeur du titre thermodynamique inférieure à zéro. Partant de
l’hypothèse qu’au point de génération nette de vapeur (zONB) la qualité massique est
tout juste égale à zéro et devient positive, on peut estimer que :
h୸ୀ୸ో ొ ా − hୱୟ୲

x୸ୀ୸ో ొ ా = 0 = c୸ୀ୸ + δ୓୒ ୆ = ୱୟ୲ ୱୟ୲ + δ୓୒ ୆
ోొా h୴ − h୪
soit
hୱୟ୲
୪ − h୸ୀ୸ో ొ ా
δ୓୒ ୆ = ୱୟ୲ > 0
hୱୟ୲
୴ − h୪

Tout au long de l’écoulement, l’écart entre qualité en masse de vapeur et titre


thermodynamique à l’équilibre se réduit jusqu’à devenir nul à une distance L estimée
(par exemple en fin de d’écoulement). L’évolution de la qualité peut alors s’écrire
selon :
c(୸)ିc೥స೥
(58) x(z) = cሺœሻ൅ ߜைே஻ ൈ ‡š’൬ ೀಿ ಳ

c(୸)ିc(୐)
On calcule alors le taux de vide à l’aide de la qualité massique et des relations du

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 26/81


paragraphe 4.2.1.1.

Exemple 9 : Le Tableau ci-dessous rassemble les données d’entrée et les valeurs


calculées relatives aux conditions utilisées en Figure 9 .
P (MPa) G D (m)    cp
(kg/m² s) (kW/m²) (10-6 Pa s) (W/m/K) (kJ/kg/K)
10 2000 0,01 825 102 0,610 4,92

Re Pr Pe T୪ୱୟ୲ 1 φD φ T୪ୗ୞
154 ୧୫
455 l୪ Gc୮୪
195446 0,83 161273 311°C 30°C 13°C 298°C
La valeur de 298°c correspond à une enthalpie de 1332 kJ/kg soit un titre
thermodynamique d’environ -0,057, =+0.057.

La prise en compte du déséquilibre thermique (températures de phases différentes


de la température de saturation) et du déséquilibre mécanique (vitesse des phases
différentes) relève plus d’une utilisation dans les logiciels de calcul que de
corrélations qui pourraient être facilement applicables. De ce fait, il est illusoire
d’indiquer des incertitudes à associer aux relations présentées.

4.3 Evaluation des pertes de charge


Pour vaincre la résistance à l’écoulement d’un fluide, il est indispensable de lui
fournir une certaine quantité d’énergie pour le mettre en mouvement. Cette
contribution est clairement mise en évidence dans le bilan de conservation de
quantité de mouvement des équations de Navier Stokes. Son évaluation requiert la
résolution d’un système d’équations aux dérivées partielles. Il est cependant possible
de résoudre un certain nombres de problèmes plus directement. L’approche
proposée ici est de présenter des modèles simples, empiriques ou physiques, pour
l’évaluation des pertes d’énergie dues à la viscosité du fluide.

Osborne Reynolds en 1883 en observant le mouvement des fluides, a mis en


évidence deux types d’écoulements très différents illustrés en Figure 10 . Dans cette
expérience, un colorant en injecté en amont et permet une visualisation directe de sa
diffusion en aval. De ces observations, on définit la classification suivante :

Figure 10 Ecoulement laminaire (en haut) et turbulent (en bas)

 Un type d’écoulement, peu agité, obtenu pour des petits diamètres de


conduite, des basses vitesses et hautes viscosités. Le fluide semble s’écouler
par ‘lames’ sans échanger de manière significative avec les ‘lames’ voisines,
d’où la terminologie d’écoulement laminaire.

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 27/81


 Un second type d’écoulement apparait dès lors que la vitesse moyenne du
fluide augmente, ou dans des conduites de large diamètre, pour des fluides
moins visqueux. Cet écoulement est très perturbé, et diffuse très vite, ce sont
des écoulements dits turbulents. Entre le laminaire et le turbulent, il existe une
zone de transition instable.

Outre la mise en évidence de ces deux types d’écoulement, Reynolds a proposé un


critère simple et efficace qui permet de déterminer à l’avance le type d’écoulement.
En deçà d’une certaine valeur du nombre sans dimension de Reynolds - relation
(113) -, l’écoulement est laminaire, il est turbulent au-delà. La valeur précise dépend
de la configuration d’écoulement (externe, interne) et de paramètres secondaires tels
que l’état de surface et les conditions expérimentales (notamment micro-vibrations).
Usuellement en écoulement en conduite circulaire industrielle, la valeur
communément adoptée est 2000 mais on peut rencontrer des écoulements qui
restent laminaires jusqu’à un nombre de Reynolds de 8000 environ, voire 10000.

Il n’en demeure pas moins que les deux types d’écoulements répondent aux mêmes
équations (Navier Stokes), ce qui peut apparaitre paradoxal. L’explication provient de
l’application d’opérateurs de moyenne temporelle sur les paramètres de
l’écoulement. En effet, en un point fixe et donné de l’écoulement, la vitesse et la
pression en sont pas strictement constantes et fluctuent autour d’une valeur
moyenne. Soit ces fluctuations ne sont pas significatives, et dans ce cas
l’écoulement est laminaire, soit les fluctuations ne peuvent être ignorées et du fait du
caractère non-linéaire des équations de Navier-Stokes, des termes supplémentaires
apparaissent qu’il faut modéliser à l’aide de modèles dits ’de fermeture’ car ne
relevant pas des équations standards. On aura donc dans le cas d’écoulements
laminaires, la possibilité de résoudre exactement les équations de Navier Stokes et
éventuellement d’établir des solutions analytiques. Au contraire, pour les
écoulements turbulents, plusieurs options s’offrent dans le choix des modèles de
fermeture (et donc de leur adéquation à l’écoulement considéré). Bien entendu, les
écoulements multiphasiques turbulents ouvrent la voie à des problèmes de
complexité fortement accrue. Nous allons proposer ici des modèles empiriques
adaptés aux écoulements en conduite, ou des écoulements internes assimilables à
des écoulements en conduite circulaire par l’utilisation du diamètre équivalent
introduit en (1). On distinguera les cas laminaire et turbulent dans les écoulements
simple phase (cf. 4.3.1) et diphasique (cf. 4.3.2). Une comparaison des modèles est
établie en [18] et permet d’estimer les incertitudes associées à chaque modèle selon
les écoulements attendus.

Outre les pertes de charge dues à la viscosité, on observe des pertes de charges
dues aux singularités présentes dans l’écoulement. Ces singularités sont les coudes,
les vannes, les obstacles divers et dissipent de manière irréversible l’énergie de
l’écoulement par des tourbillons localisés au voisinage de la singularité (cf. 4.3.3).

La pression interne dans l’écoulement varie aussi avec la hauteur (énergie


potentielle) et la vitesse moyenne de l’écoulement (énergie cinétique) comme établi
par l’équation de Bernoulli que l’on peut introduire sous sa forme généralisée selon :
௎మమ ௎భమ
(59) Pଶ + ρgzଶ + ρ + hఓ = Pଵ + ρgzଵ + ρ
ଶ ଶ

La pression totale dans l’écoulement varie donc, d’une part de façon irréversible
suite au frottement et aux tourbillons créés par les singularités, ce sont des pertes de
charge et, d’autre part, la pression totale dans l’écoulement varie de façon réversible

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 28/81


suite aux variations de hauteur ou de vitesse (pertes de pression par gravité (cf.
4.3.4) ou par accélération 4.3.5).

Notons que la masse volumique intervient aussi dans le calcul des pertes de charge.
Dans le cas d’un écoulement à masse volumique variable, cet élément doit être pris
en compte (cf. 4.3.7)

4.3.1 Pertes de charge par frottement en écoulement simple phase


Le modèle de Darcy-Weisbach est communément utilisé et relie la perte de charge à
la vitesse moyenne du fluide (ou son débit volumique) selon :
௅ ௎మ
(60) ∆P = f ஽ ߩ
೓ ଶ

La perte de charge par frottement, normalisée par la pression dynamique (U²/2), est
proportionnelle à la longueur sur laquelle la perte de charge par frottement est
calculée (L). Cette longueur est normalisée par le diamètre hydraulique. Le facteur
de proportionnalité (f) est le facteur de Darcy (sans dimension) dont les méthodes
d’évaluation sont explicités ci- dessous.

Dans le cas d’une conduite circulaire, la section de passage est D²/4 et l’on peut
alors relier la perte de charge par frottement au débit volumique selon :
௅ ଼ொ మ
(61) ∆P = f ஽ ߩ గమ஽ ర

Dans un écoulement à masse volumique variable, on utilise préférentiellement la


vitesse massique ou le débit massique, la relation (60) s’écrit alors :
௅ ீమ
(62) ∆P = f ஽
೓ ଶఘ

Et dans le cas d’une conduite circulaire en prenant le débit massique comme


variable :
௅ ௠̇ ଶ
(63) ∆P = f ஽ 8 ቀగ஽ మቁ

La formulation de Darcy-Weibach est semblable à une formulation proposée par


Fanning ou Moody et qui relie la perte de charge au coefficient de trainée (noté
usuellement Cx ou CD), coefficient de trainée qui est formé par le rapport du
cisaillement en paroi à la pression dynamique (2p/v²)

(64) ∆P = 2‫ܥ‬஽ ஽ ߩܷ ଶ

Dans de nombreux ouvrages cependant le coefficient de trainée CD et noté « f » ce


qui induit une confusion avec la formulation de Darcy.

Quelle que soit l’approche suivie (Darcy ou Fanning), il reste à déterminer le facteur
« f ». Les valeurs proposées sont relatives à l’équation de Darcy-Weisbach.

4.3.1.1 Coefficient de frottement en écoulement laminaire


Dans un écoulement laminaire en conduite circulaire de rayon R, compte tenu des
symétries et des conditions aux limites imposant une vitesse nulle à la paroi, le profil
de l’écoulement est parabolique et unique fonction de la distance « r » entre le centre
de la conduite (où la vitesse et maximale) et la paroi (où r=R) :

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 29/81


ொ ௥²
(65) U(r) = గோ² ቀ1 − ோ²ቁavec Q débit volumique (m3/s)

Cette relation est une relation analytique qui découle des équations de Navier Stokes
(elle est donc valable tout le temps tant que l’écoulement est laminaire).

Le coefficient de frottement est alors déterminé analytiquement et s’écrit


଺ସ
(66) f = ோ௘ Re < 2000

Dans le cas le cas d’une conduite quelconque que l’on peut assimiler à une conduite
circulaire à l’aide du diamètre hydraulique (1) , alors on peut écrire :
଺ସ ଺ସ ఓ
(67) f = ோ௘ = ௎ avec Ud la vitesse débitante (m/s)
೏ ఘ஽ ೓

4.3.1.2 Coefficient de frottement en écoulement turbulent


Lorsque l’écoulement devient turbulent (Re > 8000), le coefficient de perte de charge
est déterminé par des relations empiriques qui prennent en compte l’état de surface
de la conduite avec une rugosité adimensionnelle /D formée par le rapport de la
variation moyenne de l’épaisseur de la conduite au diamètre total de celle-ci. Si les
variations sont nulles, la conduite est considérée comme une conduite lisse. Divers
auteurs ont proposé des relations empiriques parmi lesquelles nous citons les plus
couramment utilisées.
Pour une conduite lisse et un nombre de Reynolds pas trop élevé, Blasius propose :
(68) f = 0,316ܴ݁ି଴,ଶହ 8000 < Re < 30000

Pour une conduite lisse et un nombre de Reynolds élevé, on peut utiliser la relation
de Mc Adams :
(69) f = 0,184ܴ݁ି଴,ଶ଴ 30000 < Re < 106

Enfin pour des conduites rugueuses, la relation de Colebrook est très souvent
proposée bien que complexe à utiliser du fait d’itérations nécessaires jusqu’à
obtention de l’égalité des deux termes de la relation (70)
ଵ ఌ⁄஽ ଶ,ହଵ
(70) = −0,86Ln ൤ଷ,଻ + ൨
ඥ௙ ோ௘ඥ௙

Les méthodes de calcul des pertes de charge reposent sur de nombreuses mesures
expérimentales et une longue pratique. Cependant, une incertitude d’au moins 10%
est à considérer sans oublier que la détermination de la rugosité, par exemple, n’est
pas immédiate et peut varier avec le temps suite à l’encrassement de la conduite. De
plus dans des géométries différentes de la conduite cylindrique, l’évaluation du
diamètre hydraulique équivalent telle que proposée par Chézy (relation (1)) est assez
sommaire. Cependant l’incertitude sur les pertes de charge ne se traduit pas
directement sur le débit, comme explicité en 4.3.8.

4.3.2 Pertes de charge par frottement en écoulement diphasique


En écoulement diphasique, les pertes de charges sont plus élevées qu’en
écoulement simple phase, le frottement interfacial s’ajoutant au frottement pariétal.
Le taux de présence de chaque phase ainsi que les configurations d’écoulement sont
alors des grandeurs d’influence. On introduit comme paramètre significatif la qualité
massique « x » et les modèles présentés seront adaptés à des configurations
d’écoulement spécifiques. Dans un écoulement diphasique, l’écoulement laminaire

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 30/81


peut exister mais est rarement rencontré dans les applications nucléaires. Si tel était
le cas, les méthodes présentées pour les écoulements turbulents s’appliquent, en
modifiant ce qu’il convient de modifier. Le modèle HEM (3.2) permet une évaluation
simple et rapide des pertes de charge. Adapté aux écoulements à bulles, il ne peut
être étendu aux autres écoulements sans introduire des erreurs significatives. Pour
les écoulements annulaires, on donnera la préférence aux modèles à fluides séparés
(4.3.2.2). Enfin des facteurs multiplicatifs empiriques ont été établis et permettent
une évaluation rapide, quoique entachée de fortes incertitudes. Ces trois approchent
sont détaillées dans la suite. On se place dans un écoulement à qualité constante ; si
la qualité massique varie dans l’écoulement, on se reporte au cas d’un écoulement
avec masse volumique variable traité au 4.3.7.

4.3.2.1 Utilisation du modèle HEM


Le modèle HEM, particulièrement adapté aux écoulements à bulles (un taux de vide
< 0,25-0,30 est un ordre de grandeur acceptable), permet de considérer un
écoulement diphasique comme un écoulement simple phase d’un fluide équivalent
ayant des propriétés physiques spécifiques.

La masse volumique de ce fluide équivalent est calculée à l’aide de la relation (34)


établie analytiquement. La viscosité peut être calculée à l’aide de la relation (35)
mais d’autres relations sont proposées par divers auteurs sans qu’il soit possible
d’en privilégier une.

Le calcul des pertes de charge par frottement se déroule comme dans le cas simple
phase :

 Calcul du nombre de Reynolds considérant la vitesse massique et la viscosité


ீ஽
du fluide équivalent ܴ݁ = ఓ
మക
 Selon la valeur du nombre de Reynolds et dans le cas d’un écoulement
turbulent, de la rugosité de la conduite, calcul du coefficient de frottement « f »
selon les relations (67) à (70)
 Application de la relation de Darcy-Weisbach (62) avec la vitesse massique G.
Rappelons que la masse volumique dans l’hypothèse HEM s’écrit simplement selon
la relation (34).

4.3.2.2 Modèle à fluides séparés


L’hypothèse principale de cette méthode, proposée par Lockhart et Martinelli, est
celle d’un écoulement séparé des phases liquide et vapeur. La perte de charge de
l’écoulement diphasique est calculée en fonction de la perte de charge d’une phase
isolée (liquide ou vapeur) ayant le même débit que dans l’écoulement diphasique. On
établit donc les rapports de la perte de charge par unité de longueur (dp/dz) en
diphasique à celle en simple phase vapeur ou liquide selon les variables suivantes
ainsi définies:
൫ௗ௉ൗௗ௭൯
మക
(71) ∅ଶ௩ = ൫ௗ௉ൗௗ௭൯

൫ௗ௉ൗௗ௭൯
∅ଶ௟ మക
(72) = ൫ௗ௉ൗௗ௭൯

൫ௗ௉ൗௗ௭൯ ∅మ
(73) ܺ ଶ = ൫ௗ௉ ೗
= ೡ
ൗௗ௭൯ ∅మ

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 31/81


Et la perte de charge en écoulement diphasique est reliée à celle de l’écoulement en
phase liquide selon :
ௗ௉ ଶఝ ௗ௉ ௟
(74) ቀௗ௭ቁ = ∅ଶ௟ ቀௗ௭ቁ
ீ ீ೗ୀ(ଵି௫)ீ

Ou alors en considérant que la phase vapeur s’écoule seule :


ௗ௉ ଶఝ ௗ௉ ௩
(75) ቀௗ௭ቁ = ∅ଶ௩ ቀௗ௭ቁ
ீ ீೡୀ௫ீ

Il suffit de calculer la perte de charge en écoulement simple phase (liquide ou


vapeur), à la vitesse massique correspondante, selon les méthodes présentées au
4.3.1 et d’appliquer le facteur multiplicatif. Le facteur multiplicatif est déterminé
empiriquement selon les formules générales suivantes :
(76) ∅ଶ௩ = 1 + ‫ ܺܥ‬+ ܺ²
஼ ஼
(77) ∅ଶ௟ = 1 + ௑ + ௑²

C est une constante, X est la variable de la relation (73). Cette variable peut
s’exprimer en fonction du titre massique et des rapports des coefficients de
frottement et des masses volumiques liquide et vapeur à saturation selon :

ඨ ೑೗ఘ೗ಸ ೗
ವ మ (ଵି௫)ீ ௙ ఘ ଵି௫ ௙ ఘ
(78) ܺ= మ
= ௫ீ
ට ௙೗ ఘೡ = ௫
ට ௙೗ ఘೡ
ට ೑ೡఘೡಸ ೡ ೡ ೗ ೡ ೗
ವ మ

Par exemple, pour une conduite lisse en écoulement des phases ‘séparées’ liquide
et vapeur turbulent à fort Reynolds, on peut utiliser la relation de Mac Adams (69).
Alors la perte de charge de la phase ‘séparée’ liquide s’écrit (relation (62))
ௗ௣ ீమ ఓ ଴,ଶ଴ (ଵି௫)మ
(79) ቀௗ௭ቁ = 0,184ܴ݁ି଴,ଶ଴ ଶ஽ఘ
೗ ೗
= 0,184 ቀ(ଵି௫)ீ஽ ቁ ‫ܩ‬²
௟ ೗ ଶ஽ఘ೗

Et pour la phase ‘séparée’ vapeur


ௗ௣ ఓ ଴,ଶ଴ ௫²

(80) ቀௗ௭ቁ = 0,184 ቀ௫ீ஽ ቁ ‫ܩ‬²
௟ ଶ஽ఘೡ

La variable X, racine de la variable exprimée dans la relation (73) qui forme le


rapport de la perte de charge liquide à celle vapeur, s’écrit
଴,ହ
ఓ೗ ଴,ଵ଴ ଵି௫ ଴,ଽ ఘೡ
(81) ܺ = ቀఓ ቁ ቀ ௫ ቁ ቀఘ ቁ
ೡ ೗

Pour des écoulements turbulents en conduite lisse de nombre de Reynolds modéré,


on utilise la relation de Blasius (68) et la variable X s’écrit :
ఓ ଴,ଵଶହ ଵି௫ ଴,଼଻ହ ఘ ଴,ହ

(82) ܺ = ቀఓ ೗ቁ ቀ௫ ቁ ቀఘ ቁ
ೡ ೗

La variable X étant ainsi déterminée (ou plus généralement à l’aide du rapport des
pertes de charge de chaque phase s’écoulant séparément), une valeur de la
constante C, évaluée par les expériences, a été proposée. En écoulement turbulent
pour les deux phases, on indice la variable X selon Xtt et on a

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 32/81


(83) ‫ = ܥ‬20

Suivant le type d’écoulement des phases liquide et vapeur (laminaire ou turbulent),


quatre combinaisons de la variable X sont possibles, et la constante C a des valeurs
différentes données dans le Tableau 5 - .

Tableau 5 - Valeurs du coefficient C du modèle de Lockhart and


Martinelli

Ecoulement de la phase Ecoulement de la phase vapeur C


liquide
Turbulent Turbulent 20
Laminaire Turbulent 12
Turbulent Laminaire 10
Laminaire Laminaire 5

On peut aussi évaluer le taux de vide à partir des grandeurs C et X selon :



(84) ߙ=1−
ඥ ௑²ା஼௑ାଵ

4.3.2.3 Facteurs multiplicatifs


Pour évaluer les pertes de charge d’un écoulement diphasique, il est aussi possible
de calculer la perte de charge dans un écoulement liquide seul (in,dice « lo » pour
« liquid only »et d’appliquer un facteur multiplicatif. Pertes de charges diphasique et
simple phase liquide sont reliés selon l’expression:
(85) [∆ܲ]ଶఝ = ∅ଶ௟௢[∆ܲ]௟

A partir de la relation de Darcy-Weisbach (60), le facteur peut s’écrire :


ఘ ௙మക
(86) ∅ଶ௟௢ = ఘ ೗
మക ௙೗

Si l’on prend comme expression de la masse volumique diphasique celle établie


avec l’hypothèse HEM (34), alors
ఘ ௙మക
(87) ∅ଶ௟௢ = ቂ1 + ‫ݔ‬ቀఘ ೗ − 1ቁቃ ௙
ೡ ೗

Supposant l’identité du coefficient de frottement en simple phase et en diphasique,


on a :

(88) ∅ଶ௟௢ = ቂ1 + ‫ݔ‬ቀఘ ೗ − 1ቁቃ

On peut aussi supposer des expressions semblables du coefficient de frottement en


simple phase et diphasique en fonction du nombre de Reynolds. Par on considère
l’expression de Blasius (68) et pour l’expression de la viscosité dynamique
diphasique la relation (35), alors:
ఘ ఓ ି଴,ଶହ
(89) ∅ଶ௟௢ = ቂ1 + ‫ݔ‬ቀఘ ೗ − 1ቁቃቂ1 + ‫ݔ‬ቀఓ ೗ − 1ቁቃ
ೡ ೡ

Enfin, Martinelli-Nelson et Thom [23] proposent des valeurs tabulées (Tableau 6 - )


en fonction de la qualité pour différentes pressions. Les valeurs obtenues avec
Martinelli-Nelson sont toujours plus élevées. Les autres modèles sont plus proches

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 33/81


des multiples données expérimentales réalisées ultérieurement.

Tableau 6 - Valeurs du coefficient multiplicatif de perte de charge


pour les modèles de Martinelli-Nelson et de Thom

Modèle de Martinelli Nelson (1948) Modèle Thom (1964)


Pression .........
(MPa) 4,1 8,6 14,5 20,7 4,1 8,6 14,5 20,7
Qualité (%)
1  1,76  1,48 1,18 1,05   1,46  1,10
5  4,96  3,00 1,69 1,17   2,86  1,62 1,21 1,02
10  8,20  4,40 2,31 1,30   4,78  2,39 1,48 1,08
20 14,68  6,85 3,04 1,51   8,42  3,77 2,02 1,24
30 20,72  9,20 3,76 1,68 12,1  5,17 2,57 1,40
40 26,24 11,40 4,46 1,83 15,8  6,59 3,12 1,57
50 31,32 13,45 5,15 1,97 19,5  8,03 3,69 1,73
60 35,88 15,25 5,81 2,10 23,2  9,49 4,27 1,88
70 39,96 16,75 6,43 2,23 26,9 10,19 4,86 2,03
80 43,46 17,85 6,99 2,35 30,7 12,4 5,45 2,18
90 42,86 17,65 7,20 2,38 34,5 13,8 6,05 2,33
100 27,00 11,80 5,46 2,15 38,3 15,3 6,66 2,48

Les incertitudes liées à l’évaluation des pertes de charge en écoulement diphasique


sont considérables, les pertes de charge étant particulièrement sensibles à la
proportion de vapeur, à la configuration d’écoulement (interfaces) et aux hypothèses
associées choisies par l’utilisateur. Un ordre de grandeur de l’incertitude peut être
estimé en considérant successivement plusieurs hypothèses et modèles et faisant
varier les paramètres d’entrée afin d’obtenir une plage de variation.

4.3.3 Pertes de charge singulières


Les pertes de charges dues aux singularités présentes dans l’écoulement sont
calculées de façon similaire aux pertes de charges par frottement. L’expression
générale suit la formulation de la relation (62) selon :
ீమ
(90) ∆P = k ଶఘ

k est le coefficient de perte de charge déterminé expérimentalement ou estimé par


exemple à l’aide de principes proposés par IDEL'čIK [19] et [20]. La vitesse
moyenne, et donc le débit, peuvent aussi être déterminés à l’aide de la mesure de la
perte de charge singulière, après calibration. Le diaphragme est un appareil de
mesure couramment utilisé. Le Tableau 7 - propose des ordres de grandeurs de
singularités usuelles. A noter que dans le cas d’une réduction ou d’un élargissement
brusque, comme la section de passage varie, la vitesse du fluide varie en proportion
du rapport des surfaces de passage et il convient de prendre en compte la variation
de l’énergie cinétique (cf.4.3.5). Le Tableau 7 - indique uniquement la perte de
charge due à la singularité (et donc irréversible) et relative à la vitesse dans la
section la plus petite.

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 34/81


Tableau 7 - Ordre de grandeur des coefficients de perte de charge
pour des singularités usuelles

Type de singularité Coefficient


k
Coude 90o 0,3 - 1,5
Coude 45o 0,2 - 0,4
Coude 180o 0,2 - 1,5
Vanne ouverte 100% 0,05 - 10
Vanne ouverte 20% 0,20 - 200
Embranchement en T (90°) dans le sens de l’écoulement 0,2 – 0,9
Embranchement en T (90°) hors sens de l’écoulement 1–2
Elargissement brusque de 100% 0,50 – 0,60
Elargissement brusque 20% 0,10 – 0,15
Rétrécissement brusque de 100% 0,15 – 0,20
Rétrécissement brusque de 20% 0,03 – 0,06
Rétrécissement ou élargissement inférieur à 5% Négligeable

Selon le type de singularité, les incertitudes sur les valeurs des coefficients de perte
de charge sont variables (de quelques pourcents à plusieurs dizaines de pourcent).
Une source supplémentaire et significative d’incertitude provient de la succession de
plusieurs singularités, chaque singularité en amont perturbant l’écoulement et donc
la perte de charge relative à la singularité en aval.

4.3.4 Pertes de pression par gravité


Lorsque l’écoulement n’est pas horizontal, l’énergie potentielle varie et la
conservation de l’énergie implique une variation de pression - relation (59) -. On a
alors, en négligeant la perte de charge singulière et pour un écoulement à vitesse
constante :
(91) ߩଵ݃‫ݖ‬ଵ − ߩଶ݃‫ݖ‬ଶ = ܲଶ − ܲଵ

Pour un écoulement à masse volumique constante, le calcul est immédiat. Tout


comme les pertes de pression par accélération, la variation de pression est
réversible selon que l’écoulement est ascendant ou descendant.

4.3.5 Pertes de pression par accélération


Toute variation de la surface de passage induit une variation de la vitesse moyenne
et de la vitesse massique du fluide pour respecter la loi de conservation de la masse.
De la même manière, toute variation de la masse volumique entraine une variation
de la vitesse moyenne, mais la vitesse massique reste constante. Dans un
écoulement en conduite, considérons deux points (1) et (2) où les sections de
passage valent respectivement A1 et A2 et les masses volumiques du fluide 1 et  2,
alors :
ொ ௎ ௎
(92) ݉ሶ= = ‫ܣ‬ଵ‫ܩ‬ଵ = ‫ܣ‬ଶ‫ܩ‬ଶ = ‫ܣ‬ଵ ఘభ = ‫ܣ‬ଶ ఘమ
ఘ భ మ

Outre la conservation de la masse, la conservation de l’énergie implique une


variation de pression consécutive à la variation de vitesse et donc d’énergie cinétique
- relation (59) -. On a alors, en négligeant la perte de charge singulière et pour un
écoulement horizontal :
(93) ߩଵܷଵଶ − ߩଶܷଶଶ = ܲଶ − ܲଵ

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 35/81


Si la masse volumique ne varie pas, alors la relation (92) devient :
஺ ଶ ௉మି௉భ
(94) ܷଵଶ ൤1 − ቀ஺భቁ ൨=
మ ఘ

Connaissant le rapport des surfaces, la mesure de la différence de pression au droit


des sections (1) et (2) permet d’évaluer la vitesse moyenne et donc le débit ; c’est le
principe du venturi.

De petites variations de la masse volumique (écoulement simple phase) peuvent être


prises en compte en les linéarisant. Le cas avec masse volumique variable avec ou
variation de la qualité est détaillé en 4.3.7.
A noter que l’on parle ici de perte de pression ou perte de charge réversible car au
contraire des pertes de charges par frottement, ces variations de pressions peuvent
conduire à une baisse ou une augmentation de la pression locale.

4.3.6 Risque de cavitation


Si la pression du fluide est inférieure à sa pression de saturation, il y a risque de
cavitation, le fluide passant à l’état vapeur et pouvant endommager les pompes. Ce
risque est évalué en comparant le NPSH disponible, acronyme anglais pour Net
Positive Suction Head, à la pression nécessaire à l’entrée de la pompe
(«NPSH required»). Cette dernière valeur est déterminée par le fabricant de la
pompe. Le NPSH disponible (available ; NPSHA) est déterminé par l’évaluation des
pertes de charge du circuit, des pertes de pression (gravité notamment) et de la
pression de saturation. Le NPSH A doit toujours être supérieur au NPSHR pour
assurer un fonctionnement de la pompe sans cavitation.

4.3.7 Cas de la masse volumique variable


Un écoulement diphasique chauffé ou refroidi voit sa masse volumique varier. Le
fluide peut potentiellement changer de phase et avec l’évolution du taux de vide, la
masse volumique varie selon la relation (10). Dans ce cas, les relations établies
entre qualité et taux de vide (cf. 4.1) permettent de calculer la masse volumique et
donc les pertes de charge.

En partant de la conservation de la quantité de mouvement (32), en écoulement


permanent unidimensionnel, on obtient :
ܷ݀ ݀ܲ ݀²ܷ
ߩܷ =− + ߩ݃ + ߤ
݀‫ݖ‬ ݀‫ݖ‬ ݀‫ݖ‬²
La variation de pression selon z peut s’interpréter comme la somme de trois
composantes, l’une irréversible et due à la viscosité (perte de charge par frottement),
une autre provenant de la gravité et la dernière dérivée de l’accélération.

4.3.7.1 Perte de charge par frottement


Pour écoulement simple phase avec masse volumique variable, on peut utiliser les
relations établies en 4.3.1 en prenant sur une longueur adaptée, la masse volumique
moyenne. Lorsque l’écoulement est saturé, l’évolution linéaire de la masse
volumique n’est plus vérifiée (cf. (10)) et on a les conditions aux limites suivantes :
1 1
‫ =ݖ‬0 ; ‫ = ݔ‬0 ; = ௦௔௧
ߩ(‫ݖ = ݖ‬଴) ߩ௟
1 (1 − ‫ݔ‬௦) ‫ݔ‬௦
‫ݔ = ݔ ;ܮ = ݖ‬௦ ; = ௦௔௧ + ௦௔௧
ߩ(‫)ܮ = ݖ‬ ߩ௟ ߩ௩
Avec une évolution linéaire de la qualité et la relation (34) valable pour l’hypothèse

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 36/81


HEM – ce qui revient à considérer une évolution linéaire du volume spécifique-, on
peut simplement prendre la valeur moyenne de la masse volumique calculée selon :
1 ‫ݔ‬௦ ߩ௟௦௔௧ 1
= ௦௔௧ ቆ ௦௔௧ − 1ቇ + ௦௔௧
ߩ௠ ௢௬௘௡௡௘ 2ߩ௟ ߩ௩ ߩ௟
Pour évaluer le frottement avec une variation linéaire de la qualité et l’hypothèse
HEM, on obtient la perte de charge intégrée sur la hauteur L pour laquelle la qualité
passe de zéro à xs en sortie selon :
ௗ௜௣௛௔௦௜௤௨௘ ௙௅ ீ మ ௫ೞ ఘ೗ೞೌ೟
(95) ∆ܲ௙௥௢௧௧௘௠ ௘௡௧ = ቂ1 + ቀఘೞೌ೟ − 1ቁቃ
஽ ଶఘ೗ೞೌ೟ ଶ ೡ

Thom [23] propose un facteur global r3 suivant :


ௗ௜௣௛௔௦௜௤௨௘ ݂‫ ܩ ܮ‬ଶ
∆ܲ௙௥௢௧ = ‫ݎ‬
௧௘௠ ௘௡௧
‫ ܦ‬2ߩ௟௦௔௧ ଷ
Des abaques comportant les valeurs de r3 et les valeurs numériques sont données
en [23]. Une partie des valeurs numériques est reproduite dans le Tableau 8 - avec
les valeurs correspondantes évaluées à l’aide de la relation (95). Les écarts ne
dépassent pas 10% et sont dans la majorité des cas à +/- 2%.

Tableau 8 - Valeurs du coefficient multiplicatif intégré de perte de


charge par frottement avec masse volumique variable pour le modèle
de Thom (1964) et utilisant la relation (95)

Coefficients de Thom (1964) Relation (95)


Pression ......... 1,7 4,1 8,6 14,5 20.7 1,7 4,1 8,6 14,5
(MPa)
Qualité (%) (qualité
en sortie, en entrée
la qualité est
exactement zéro)
1 1,49 1,11 1,03 1,00 1,49 1,19 1,07 1,03
5 3,71 2,09 1,31 1,10 3,45 1,93 1,36 1,14
10 6,30 3,11 1,71 1,21 1,06 5,89 2,86 1,72 1,28
20 11,40 5,08 2,47 1,46 1,12 10,79 4,72 2,44 1,57
30 16,20 7,00 3,20 1,72 1,18 15,68 6,59 3,15 1,85
40 21,00 8,80 3,89 2,01 1.26 20,57 8,45 3,87 2,14
50 25,90 10,60 4,55 2,32 1,33 25,46 10,31 4,59 2,42
60 30,50 12,40 5,25 2,62 1,41 30,36 12,17 5,31 2,71
70 35,20 14,20 6,00 2,93 1,50 35,25 14,03 6,02 2,99
80 40,10 16,00 6,75 3,23 1,58 40,14 15,90 6,74 3,28
90 45,00 17,80 7,50 3,53 1,66 45,04 17,76 7,46 3,56
100 49,93 19,65 8,17 3,83 1,74 49,93 19,62 8,18 3,85

4.3.7.2 Variation de pression due à l’accélération


La variation de pression due à l’accélération a ici des origines différentes de celle
évaluée en 4.3.5. L’accélération du fluide est causée non par une variation de la
section de passage mais par la variation de la masse volumique, et par suite, de la
vitesse, la vitesse massique restant constante. En écoulement unidimensionnel
permanent, la contribution élémentaire à la variation de pression peut s’écrire en
prenant la valeur moyenne de la vitesse massique tant en écoulement simple phase
que diphasique :
ௗ௉ ௗ௎ ௗ௩ ௗଵൗఘ
(96) = ߩܷ ௗ௭ = ‫ ܩ‬ଶ ௗ௭ = ‫ ܩ‬ଶ
ௗ௭ ௗ௭

Une autre option considère les phases liquide et vapeur séparément :

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ௗ௉ ௗ([ீೡ௎ೡାீ೗௎ ೗]) ௗ ீ ீ ௗ ௫మ (ଵି௫)మ
(97) = = ௗ௭ ቂ‫ܩ‬௩ ఈఘೡ + ‫ܩ‬௟(ଵିఈ)ఘ

ቃ= ‫ ܩ‬ଶ ௗ௭ ቂఈఘ + ఘ (ଵିఈ) ቃ
ௗ௭ ௗ௭ ೡ ೗ ೡ ೗

L’utilisation de la relation (96) permet une intégration immédiate en prenant les


volumes spécifiques (inverse de la masse volumique). Dans la partie simple phase,
entre les sections 1 et 2, la différence de pression due à la variation de la masse
volumique (terme d’accélération) donne
ீ మ ఘభ
(98) (ܲଶ − ܲଵ)௔௖௖ = ቀ − 1ቁ
ఘభ ఘమ

Dès l’ébullition en masse, dans la section 1, la qualité x devient non nulle et la masse
volumique est celle du liquide à saturation. Avec la relation (34) du modèle HEM et
considérant dans la section 2 la qualité x2, on obtient :
௫మீ మ ఘ೗ೞೌ೟
(99) (ܲଶ − ܲଵ)௔௖௖ = ቀ − 1ቁ
ఘ೗ೞೌ೟ ఘೡೞೌ೟

La relation (96) peut être intégrée directement. Le cas particulier de l’évaporation


d’un fluide sur une hauteur L depuis l’état de liquide saturé vers l’état diphasique de
qualité x2 et taux de vide 2 est présenté en [5] pour le cas d’une évolution linéaire de
la qualité. La perte de charge par accélération s’écrit :
ீమ ௫మ ఘೞೌ೟ (ଵି௫మ)మ
(100) (ܲଶ − ܲଵ)௔௖௖ = ቀఈమ ఘ೗ೞೌ೟ + − 1ቁ
ఘ೗ೞೌ೟ మ ೡ (ଵିఈమ)

Thom [23] propose un facteur global r2 suivant :


ீమ
(101) (ܲଶ − ܲଵ)௔௖௖ = ‫ݎ‬
ఘ೗ೞೌ೟ ଶ

Les valeurs tabulées présentées en [23] et reprises en [5] sont calculées à l’aide de
la relation (100), le taux de vide étant calculé à l’aide de la relation (31) avec le
glissement évalué selon (53). En évaluant le taux de vide à l’aide du modèle HEM,
alors on obtient les mêmes valeurs que celles calculées avec la relation (99). Le
Tableau 9 - compare les deux approches et permet d’estimer l’impact du glissement
dans l’évaluation de la variation de pression due à l’accélération.

4.3.7.3 Variation de pression due à la gravité


Pour ce qui concerne la prise ne compte de la gravité, l’approche est similaire au cas
à masse volumique constante (4.3.4). Tant que l’écoulement reste simple phase, on
peut prendre la masse volumique moyenne entre les deux hauteurs et le calcul de la
variation de pression est direct. Pour un écoulement diphasique avec variation de la
qualité, l’approche HEM est suffisante et permet d’intégrer directement via le volume
spécifique et l’on obtient :

ߩ௦௔௧
൥‫ ݊ܮ‬൭1 + ‫ݔ‬ଶ ൬ ௟௦௔௧ − 1൰൱൩
ߩ௩
(ܲଶ − ܲଵ)௚௥௔௩ = ݃(‫ݖ‬ଶ − ‫ݖ‬ଵ)ߩ௟௦௔௧
ߩ௦௔௧
‫ݔ‬ଶ ൬ ௟௦௔௧ − 1൰
ߩ௩
À noter que Thom [23] propose un facteur r4 compris entre 0,1 et 1 :
(ܲଶ − ܲଵ)௚௥௔௩ = ݃(‫ݖ‬ଶ − ‫ݖ‬ଵ)ߩ௟௦௔௧‫ݎ‬ସ
Le Tableau 10 - compare les deux approches et permet d’estimer l’impact du
glissement imposé à 1 (HEM) dans l’évaluation de la variation de pression due à la
gravité.

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 38/81


Tableau 9 - Valeurs du coefficient multiplicatif intégré de perte de
charge par accélération avec masse volumique variable pour le
modèle de Thom (1964) et utilisant la relation (99)(95)

Coefficients de Thom (1964) Relation (99)


Pression ......... 1,7 4,1 8,6 14,5 20,7 1,7 4,1 8,6 14,5
(MPa)
Qualité (%) (qualité
en sortie, en entrée
la qualité est
exactement zéro)
1 0,41 0,20 0,10 0,04 0,01 0,98 0,37 0,14 0,06
5 2,17 1,04 0,49 0,22 0,07 4,89 1,86 0,72 0,28
10 4,62 2,17 1,00 0,44 0,13 9,79 3,72 1,44 0,57
20 10,39 4,68 2,10 0,91 0,27 19,57 7,45 2,87 1,14
30 17,30 7,54 3,29 1,41 0,41 29,36 11,17 4,31 1,71
40 25,37 10,75 4,58 1,94 0,55 39,14 14,90 5,74 2,28
50 34,58 14,30 5,97 2,49 0,70 48,93 18,62 7,18 2,85
60 44,93 18,21 7,45 3,07 0,85 58,71 22,34 8,61 3,42
70 56,44 22,46 9,03 3,68 1,00 68,50 26,07 10,05 3,99
80 69,09 27,06 10,79 4,31 1,16 78,28 29,79 11,48 4,55
90 82,90 32,01 12,48 5,07 1,32 88,07 33,52 12,92 5,12
100 98,10 37,30 14,34 5,66 1,48 97,86 37,24 14,35 5,69

Tableau 10 - Valeurs du coefficient multiplicatif intégré de perte de


charge par gravité avec masse volumique variable pour le modèle de
Thom (1964) et utilisant la relation intégrée à partir du modèle
HEM(95)

Coefficients de Thom (1964) Relation HEM


Pression ......... 1,7 4,1 8,6 14,5 20,7 1,7 4,1 8,6 14,5
(MPa)
Qualité (%) (qualité
en sortie, en entrée
la qualité est
exactement zéro)
1 0,84 0,92 0,96 0,99 0,99 0,70 0,91 1,13 1,41
5 0,55 0,70 0,82 0,91 0,97 0,36 0,59 0,88 1,23
10 0,40 0,55 0,71 0,84 0,94 0,24 0,43 0,71 1,07
20 0,27 0,40 0,56 0,72 0,89 0,15 0,30 0,52 0,86
30 0,21 0,32 0,47 0,64 0,84 0,12 0,23 0,43 0,74
40 0,17 0,27 0,41 0,58 0,80 0,09 0,19 0,36 0,65
50 0,14 0,23 0,36 0,53 0,77 0,08 0,16 0,32 0,58
60 0,12 0,20 0,32 0,48 0,73 0,07 0,14 0,28 0,53
70 0,11 0,18 0,29 0,44 0,70 0,06 0,13 0,26 0,48
80 0,10 0,16 0,27 0,41 0,68 0,06 0,12 0,24 0,45
90 0,09 0,15 0,25 0,39 0,65 0,05 0,11 0,22 0,42
100 0,08 0,14 0,23 0,36 0,63 0,05 0,10 0,20 0,39

4.3.8 Evaluation du débit


Le débit de l’écoulement est directement lié à la différence de pression entre l’amont
et l’aval. La différence de pression peut être d’origine gravitaire (amont surélevé par
rapport à l’aval) ou apportée par une pompe. Les pertes de charge dans
l’écoulement vont modifier le débit de l’écoulement. Intuitivement, d’importantes
pertes de charge réduiront considérablement le débit. Les pertes de charges sont
directement proportionnelles au carré de la vitesse moyenne (et donc du débit) selon
les relations générales (60) et (90). Si l’on considère pour les pertes de charges par
frottement la dépendance en Reynolds (et donc en vitesse moyenne), la variation
globale de la perte de charge en fonction du débit ou de la vitesse moyenne suit une
loi en puissance 1,80 environ. D’un autre côté, soit la charge est constante
(différence de hauteur entre l’amont et l’aval, différence de température pour le
thermosiphon – cf. 4.5.7.1), soit elle est apportée par la pompe. Il faut alors connaître
la caractéristique de la pompe, c’est-à-dire la courbe de variation du débit en fonction

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 39/81


de la charge ou hauteur manométrique apportée par la pompe. La puissance réelle
de la pompe est liée au rendement hydraulique et mécanique, ces informations étant
fournies par le fabricant de la pompe Considérant en première approche que la
puissance apportée au circuit par la pompe est égale au produit du débit volumique
et de la charge :
Յ ൌ ܳ௩(ܲ௔௠ ௢௡௧ െ ܲ௔௩௔௟)
on obtient alors l’évolution, présentée Figure 11 , de la variation de la hauteur
manométrique apportée par la pompe en fonction du débit délivré. Sur la même
figure, on peut tracer l’évolution de la perte de charge en fonction du débit dans le
circuit. Le débit qui s’établira dans le circuit correspondra alors à l’intersection des
deux courbes. A titre illustratif, les incertitudes sur les pertes de charges ont été
intégrées dans cette même figure.

Figure 11 Caractéristique de pompe et du circuit

4.4 Evaluation du débit critique


En cas d’accident de perte de réfrigérant primaire, une brèche apparait dans une
conduite à haute pression (autour de 155 bar et entre 300 et 330°C pour le circuit
primaire lorsque le réacteur est en puissance). Au début de l’accident, dans la phase
de décompression (cf. 5.2.2.1), l’eau est soumise à une différence de pression entre
l’amont et l’aval, qui est autour de la pression atmosphérique.

A partir de la relation de Bernoulli, on peut établir la relation entre la différence de


pression et la vitesse moyenne débitante suivant :
௉ ௉
(102) ܷ ൌ ‫ܥ‬ට 2 ఘೌ೘ ೚೙೟ − ఘೌೡೌ೗
ೌ೘ ೚೙೟ ೌೡೌ೗

Avec C une constante de débit inférieure à un, liée à la perte de charge. Cette
relation n’est valable qu’en cas d’écoulement considéré comme incompressible, si la
vitesse du fluide est faible devant la vitesse du son.

La vitesse du son « c » se calcule selon la relation (103) à partir de la dérivée


partielle de la pression par rapport à la masse volumique à entropie constante

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 40/81


డ௣
(103) ܿ = ට ቀడఘቁ = ඥߛܴܶ pour un gaz parfait

Le tableau suivant regroupe quelques valeurs de la vitesse du son dans l’eau, liquide
ou vapeur.

Tableau 11 - Vitesse du son dans l’eau (liquide ou vapeur)

Pression Température Etat Vitesse du


(MPa) (°C) son (m/s)
0,1 50 Liquide 1545
1 100 Liquide 1547
2 200 Liquide 1333
5 200 Liquide 1344
5 250 Liquide 1154
5 275 Vapeur 513
5 300 Vapeur 539
15,5 300 Liquide 970

Lors de la détente du fluide, le débit à la brèche est limité par l’atteinte de la vitesse
sonique, rarement en phase liquide du fait de faibles vitesses débitante et d’une
vitesse du son élevée. La chute de pression provoque aussi le passage potentiel de
tout ou partie du fluide en vapeur. En prenant pour calculer la vitesse débitante, un
coefficient de débit égal à 1 et la pression atmosphérique en aval, à 5 MPa pour un
fluide à 300°C (vapeur), l’expression (102) conduit à une vitesse de 673 m/s au-delà
de la vitesse sonique (539 m/s). Dans ce cas, le débit est maximum lors de l’atteinte
de la vitesse du son, reste contant et ne dépend plus des conditions aval. C’est le
débit critique. Lorsque le fluide est diphasique, le calcul de la vitesse sonique est
plus complexe et repose sur des hypothèses simplificatrices. En pratique, on cherche
directement l’expression du débit critique.

4.4.1 Débit critique simple phase vapeur


L’expression du débit critique en phase vapeur seule peut se déterminer avec
l’hypothèse d’une détente adiabatique de gaz parfait. Les conditions de référence
sont considérées en amont, avec l’hypothèse que le mouvement du fluide est
négligeable par rapport à sa vitesse dans la conduite et à la brèche. Dans ce cas, si
les conditions amont (dans la cuve ou le réservoir par exemple) sont indicées « 0 »,
on a
ംష భ
௉ ௉ ௉ ം ்
= ఘబം et ቀ௉ ቁ =்
ఘം బ బ బ

La conservation de l’énergie (Bernoulli) et l’expression de l’enthalpie d’un gaz parfait


en fonction de la chaleur spécifique à pression constante donne :
௎మ ௎మ
ℎ଴ = ℎ + soit ܿ௣ (ܶ଴ − ܶ) =
ଶ ଶ

Le cp s’exprime en fonction du rapport cp/cv= selon


௖೛ ோ೐ೌೠ ఊ
ߛ= et ܴ௘௔௨ = ܿ௣ − ܿ௩ soit ܿ௣ = avec
௖ೡ ఊିଵ

Reau la constante universelle des des gaz parfait rapportée à l’eau (0.4615 kJ/kg K).
On a donc, d’une part venant de la conservation de l’énergie :

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 41/81


ܴߛ ‫ݒ‬ଶ
(ܶ଴ − ܶ) =
ߛ− 1 2
et d’autre part, lorsque la vitesse atteint la vitesse du son (relation (103)),
ܴߛ ܷ ଶ ߛܴܶ
(ܶ − ܶ) = =
ߛ− 1 ଴ 2 2
Soit donc
ఊିଵ
ܲ ఊ ܶ 2
൬ ൰ = =
ܲ଴ ܶ଴ ߛ + 1
La vitesse massique critique correspondante est le produit de la vitesse et de la
masse volumique au niveau de l’atteinte de la vitesse sonique
ீ௉
ܲ ߛ
‫ܩ‬௖௥ = ߩܷ = ඥߛܴܶ = ܲට
ܴܶ ܴܶ
Soit encore

ீ௉
2 ఊିଵ ߛ
‫ܩ‬௖௥ = ܲ଴ ൬ ൰ ට
ߛ+ 1 ܴܶ
ఊ ଵ ଵାఊ
2 ఊିଵ ߛ 2 ିଶ ߛ ߛ + 1 ଵିఊ
ீ௉
‫ܩ‬௖௥ = ܲ଴ ൬ ൰ ඨ ൬ ൰ = ܲ଴ඨ ൬ ൰
ߛ+ 1 ܴܶ଴ ߛ + 1 ܴܶ଴ 2
Et finalement
భశം
ఊାଵ భషം
(104) ீ௉
‫ܩ‬௖௥ = ඨ ߩ଴ܲ଴ߛቀ ଶ ቁ

4.4.2 Débit critique en diphasique


Très rapidement, l’eau liquide passe tout ou partie en vapeur à la brèche. Par nature
on est en situation de déséquilibre et la proportion de vapeur est difficile à estimer.
On cherche alors à évaluer directement le débit à la brèche sans déterminer la
vitesse du son. Selon les hypothèses simplificatrices relatives aux déséquilibres
thermique (températures des phases vapeur et liquide) et/ou dynamique (vitesses),
diverses corrélations plus ou moins complexes sont proposées.

Lorsque en amont (dans le réservoir), le fluide est saturé diphasique, une première
approche, ou ‘equilibrium frozen flow (EFF)’, consiste à considérer que la proportion
de vapeur à la brèche est identique à celle dans le réservoir. On démontre [25] une
relation proche de la relation (104) mais valable pour un écoulement diphasique
selon :
భశം
ఘ ௉ ఊ ఊାଵ భషം
(105) ாிி
‫ܩ‬௖௥ =ඨ బ బ ቀ ቁ
௫ ଶ

Cette relation surestime largement le débit critique lorsque le titre massique est faible
(on s’éloigne du gaz parfait), la référence [25] cite une relation proposée par divers
auteurs (Starkman, Henry, Fauske) selon
ௌுி ௫௉బఊ ଶ
(106) ‫ܩ‬௖௥ = ටఘ మ ቀఊାଵቁ
బ௩ೄಷಹ

Avec n volume spécifique pondéré du mélange tel que :


1
௦௔௧ ௦௔௧
2 1−ߛ
‫ݒ‬ௌுி = (1 − ‫ݒ)ݔ‬଴,௟ + ‫ݒݔ‬଴,௩ ൬ ൰
ߛ+ 1

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 42/81


Le fluide étant saturé diphasique, une seconde approche utilise le modèle à
l’équilibre homogène (HEM) (voir 4.3.2.1). En utilisant la conservation d’énergie
(Bernoulli) :
௎మ
ℎ଴ = ℎ + soit ܷ = ඥ2(ℎ଴ − ℎ)

on obtient :
ுாெ
(107) ‫ܩ‬௖௥ = ߩுாெ ܷ = ߩுாெ ඥ2(ℎ଴ − ℎ)

On calculera la masse volumique à la brèche avec l’hypothèse HEM selon la relation


(34) et l’enthalpie à la brèche selon (23). La proportion de vapeur est déduite de
l’hypothèse de la détente isentropique.
‫ݏ‬଴ି ‫ݏ‬௟௦௔௧
‫ = ݔ‬௦௔௧
‫ݏ‬௩ − ‫ݏ‬௟௦௔௧
Les entropies à saturation sont considérées à la pression au niveau de la brèche.
Cette pression n’est pas connue, il faut donc itérer sur des valeurs estimées de cette
pression jusqu’à obtenir le débit maximal.

Enfin, on peut utiliser le modèle de débit à l’équilibre (ERM pour ‘equilibrium rate
model’) de Fauske selon :
ாோெ ௛೗ೡ ଵ
(108) ‫ܩ‬௖௥ = n೗ೡ ඥ ௖೛,೗்ೞೌ೟(௉ೌೡೌ೗)

Cette relation peut estimer le débit critique lorsque le fluide est saturé en amont. La
relation suivante permet de tenir compte de la sous-saturation :
(109) ‫ܩ‬௖௥ = ඥ2[ܲ௔௩௔௟ − ܲ௦௔௧(ܶ௔௩௔௟)]ߩ௟(ܶ௔௩௔௟) + [‫ܩ‬௖௥
ாோெ ]ଶ

Le tableau ci-dessous propose les relations à utiliser selon les conditions du fluide
dans le réservoir.

Conditions du Sous Saturé Saturé Titre Titre fort Saturé


fluide en satur liquide titre très faible à vapeur
amont é titre nul faible moyen
Relations (107) (107)(108) (107) (105) (105) (104)
valables (109) (106) (106) (106) (105)(106)
Commentaire (107) sous évalue le débit et
nécessite des itérations

La corrélation de Gros d’Aillon utilisée dans le code CATHARE [29] est valable pour
toute condition du fluide dans le réservoir. Elle comprend de plus un terme lié au
déséquilibre dans l’écoulement et à la brèche lié au rapport L/D de la distance L
parcourue par le fluide dans la conduite entre le ‘réservoir’ et la brèche de diamètre
D. Il est possible de considérer la perte de charge singulière à la brèche (K). La
corrélation s’écrit :
ீ஽஺ ௙(ఈ)ఘ ∆௉
(110) ‫ܩ‬௖௥ = ට 2 ଵା଴,଴ଵଶ೘௅ൗ
஽ ା௄

En première approximation le rapport L/D et K peuvent être pris nuls.


Pour des conditions en amont sous-saturées ;
 f() = 1,
 m = 0 (conditions amont),

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 43/81


 P= P0 - 0,9Psat(T0) (Les pressions doivent être exprimées en Pa).
ீ஽஺
La relation (110) se simplifie alors selon : ‫ܩ‬௖௥ = ඥ2ߩ଴[ܲ଴ − 0,9ܲ௦௔௧(ܶ଴)]

Pour des conditions en amont saturées ;


 En première approximation, on utilise les relations HEM pour le calcul de la
masse volumique et on utilise le titre thermodynamique à l’équilibre ,
஼೎ೝ
 ݂(ߙ) = ఈା(ଵିఈ)஼ avec ‫ܥ‬௖௥ = 10(0,456)ଶ et  calculé avec la relation (33)
೎ೝ
 m calculé avec la relation (34) (inverse du volume spécifique),
 P= 0,1 P0 (Pression en Pa)

Exemple 10 : Pour des conditions amont sous saturées, les diverses relations
proposées donnent les valeurs suivantes du débit critique.
Conditions amont Pression à la Débit critique en kg/m² s
brèche
Pression 5 MPa
(HEM)
263.94 °C
P0 (MPa) T0 (°C) MPa (107) HEM (108) (109) (110) GDA
ERM
5 240 3,32 53410 58398 56929
5 260 4,63 25145 33221 34908
5 263 4,21 22090 28306 29734
5 263,9 4,16 21658 26240 27968
5 Tsat 4,16 21639 26137 27881

Le débit critique HEM résulte d’itérations sur la pression estimée à la brèche, le


tableau regroupe les valeurs à convergence.
A saturation, on obtient les valeurs suivantes en fonction du titre thermodynamique à
l’équilibre :
Conditions Pression Débit critique en kg/m² s
amont à la
brèche
Pression
(HEM)
5 MPa
263,94 °C
 MPa (105) (106) (107) (110)
EFF SHF HEM GDA
HEM
0,00 4,15 21639 27881

0,02 3,88 58335 28568 19256 24693

0,10 3,4, 26088 21897 15329 18093

0,50 3,04 11667 11424 9394 9936

0,90 2,94 8696 8676 7405 7624

0,99 2,92 8291 8290 7110 7295

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Pour de la vapeur saturée ou surchauffée, les valeurs de débit critique calculé selon
les corrélations applicables sont rassemblées dans le tableau ci-dessous :

Conditions Pression Débit critique en kg/m² s


amont à la
brèche
Pression
(HEM)
5 MPa
 MPa (104) (105) (107) (110)
Gaz EFF HEM GDA
HEM
Parfait
1,00 2,92 8250 8250 7079 7260

1,1 7866 6933

Les valeurs proposées dans l’exemple ci-dessus montrent une grande variabilité du
débit critique. Une source significative d’incertitude supplémentaire réside dans les
grandeurs estimées en amont (pression, titre), d’autant qu’en cas de brèche sur le
circuit, ces valeurs évoluent rapidement. De part son application possible pour toute
condition au réservoir, la corrélation de Gros d’Aillon donne des ordres de grandeur
satisfaisants.

4.5 Transfert Thermique


Le transfert de la chaleur s’opère selon trois types de processus, la conduction (au
sein d’un même matériau), la convection (impliquant un fluide en mouvement) et le
rayonnement. La convection relève plus particulièrement du domaine de la
thermohydraulique puisqu’intervient la vitesse du fluide dans l’évaluation du transfert
thermique. Le paramètre dominant pour la conduction est la conductivité du matériau
et pour le rayonnement la température du corps. Intuitivement, dans la convection,
plus la vitesse du fluide est importante, meilleur sera le transfert thermique. On
indique ici les principales méthodes applicables aux écoulements en conduite. On
considérera tout d’abord les écoulements simple phase puis ensuite les écoulements
diphasiques. Les relations proposées seront toutes relatives à celle d’un écoulement
établi, des corrélations spécifiques pouvant être utilisées pour prendre en compte les
effets en entrée d’une conduite.

Dans les situations de transfert thermique, le type de conditions aux limites dicte les
phénomènes et paramètres. Si l’on impose les températures, un bon transfert
thermique conduit à un échange (flux de chaleur) important. Si l’on impose le flux de
chaleur (par une puissance générée par exemple), alors un bon transfert thermique
conduit à de faibles différences de températures. Par températures, on entend la
température ‘moyenne’ du fluide et la température en paroi. En effet on se place
dans une approximation à une dimension et l’objectif est de calculer la température
de paroi. Typiquement, une situation à températures imposées correspond au
générateur de vapeur ou au condenseur ; une situation à flux de chaleur imposé
correspond au cœur du réacteur. Cependant, quel que soit le type de conditions aux
limites, le transfert thermique par convection répond à la loi de Newton qui s’écrit :
(111) ത൯
߮ = ℎ௖൫ܶ௣ − ܶ

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 45/81


Avec  (W/m²) le flux de chaleur surfacique entre la paroi solide et le fluide et hc
(W/m² °C) le coefficient de transfert thermique par convection. On présente dans la
suite diverses méthodes pour évaluer le coefficient de transfert thermique selon le
type d’écoulement.

4.5.1 Ecoulement simple phase


En écoulement laminaire, les relations établies sont présentées en 4.5.7.2. En
écoulement turbulent, les méthodes les plus efficaces pour évaluer le transfert
thermique par convection s’appuient sur l’analyse dimensionnelle. Pour la
convection, le nombre de Nusselt fait intervenir directement le coefficient de transfert
selon :

(112) ܰ‫ = ݑ‬ℎ௖ l

L est une échelle de longueur caractéristique, en écoulement en conduite circulaire


on prend le diamètre de la conduite. Dans un écoulement interne de conduite de
toute géométrie, le diamètre hydraulique (1) est utilisé.

Le nombre de Nusselt indique le rapport de la quantité de chaleur échangée par


convection à celle échangée par conduction. L’analyse dimensionnelle permet
d’identifier les nombres adimensionnels qui sont en relation avec le nombre de
Nusselt dans les problèmes de transfert thermique. Dans cette analyse, on distingue
deux types de convection selon l’origine de la mise en mouvement du fluide. Soit la
vitesse du fluide est imposée (par exemple par une pompe) et la convection est
forcée, soit le fluide est mis en mouvement naturellement compte tenu des
différences de températures au sein du fluide qui engendrent les forces de flottabilité
relatives aux différences de masse volumique au sein du fluide. Ce dernier aspect
(convection naturelle) est détaillé au 4.5.7.

Pour la convection forcée, les nombres adimensionnels identifiés sont le Reynolds et


le Peclet. Le nombre de Reynolds :
௅ ௅
(113) ܴ݁ = ‫ ܩ‬μ = ܷ n

est le rapport des forces d’inertie (ρ U²/2) sur les forces dues à la viscosité (µU/D).

Le nombre de Prandtl :
n ௖೛
(114) ܲ‫ = ݎ‬l =ߤl
ൗఘ௖೛

donne le rapport de la diffusivité de la quantité de mouvement  sur la diffusivité


thermique λ/cp.

Le nombre de Peclet est le produit du nombre de Reynolds et de Prandtl:


ρ௖೛
(115) ܲ݁ = ܷ‫ܮ‬ l

Ce nombre joue le même rôle dans l’équation de conservation de l’énergie que le


nombre de Reynolds dans la conservation la quantité de mouvement. Le nombre de
Péclet est le rapport des transferts de chaleur par convection et par conduction.

Pour des écoulements simple phase en conduite circulaire de diamètre D, la relation


de Dittus-Boelter (telle qu’introduite par McAdams [38]) est la plus souvent utilisée :

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 46/81


௛೎஽ ீ஽ ଴,଼ ఓ௖೛ ଴,ସ
(116) ܰ‫= ݑ‬ = 0,023ܴ݁଴,଼ܲ‫ݎ‬଴,ସ = 0,023 ቀ ఓ ቁ ቀl ቁ
l

Les caractéristiques physiques sont prises à la température moyenne du fluide qui


peut être estimée par un bilan thermique. La vitesse de référence est la vitesse
débitante (vitesse moyenne), il est préférable d’utiliser la vitesse massique G qui est
constante dans la conduite. Cette équation n’est valable que si :

• le nombre de Prandtl est limité (entre 0,7 et 100) ;


• le fluide est chauffé (si ce n’est pas le cas (fluide refroidi), la puissance du
Pr est de 0,3 au lieu de 0,4) ;
• l’écoulement est en conduite (ou assimilée) lisse (si ce n’est pas le cas, le
facteur de proportionnalité (0,023) peut aller vers des valeurs autour de
0,055) ;
• l’écoulement est établi, permanent (en entrée d’une conduite, des relations
spécifiques doivent être utilisées [21] ;
• il n’y a pas de fortes variations de températures dans le fluide. Le cas
échéant, on peut utiliser le facteur correctif de Seider-Tate et alors
଴,ଵସ
ீ஽ ଴,଼ ఓ௖೛ ଵ/ଷ ఓ
(117) ܰ‫ = ݑ‬0,027 ቀ ఓ ቁ ቀl ቁ ൬ఓ ൰

p est la viscosité du fluide considérée à la température de paroi, qui est l’inconnue. Il


faut donc itérer sur des estimations de cette température jusqu’à convergence.

Pour des écoulements en conduite non circulaire, on peut utiliser le diamètre


hydraulique (1).

La relation de Dittus-Boelter peut aussi s’écrire en utilisant le nombre de Stanton


ே௨ ௛
(118) ܵ‫=ݐ‬ = ρU௖೎
ோ௘௉௥ ೛

Le nombre de Stanton exprime le rapport entre le transfert de chaleur par convection


au bilan thermique. La relation de Dittus-Boelter s’écrit alors :
(119) ܵ‫ =ݐ‬0,023ܴ݁ି଴,ଶܲ‫ିݎ‬଴,଺

On remarque que, pour un nombre de Prandtl égal à l’unité, cette équation est
similaire à la relation de MacAdams (69) qui lie le coefficient de frottement au
nombre Reynolds et un facteur 8 relie ce coefficient au nombre de Stanton. Ceci
indique ainsi des processus analogues entre transport du moment et de la chaleur
(analogie de Reynolds). On démontre d’ailleurs exactement la relation entre le
nombre de Stanton et le coefficient de trainée
஼ೣ
(120) ܵ‫=ݐ‬ ଶ௉௥

L’incertitude sur le nombre de Nusselt évalué à l’aide de la relation de Dittus Boelter


peut atteindre 25%, d’autres corrélations permettent de réduire cette incertitude à
10% par exemple la corrélation de Gnielinski :
݂/8ܲ‫ܴ݁(ݎ‬− 1000)
ℎ௖ =
1,07 + 12,7(ܲ‫ݎ‬ଶ/ଷ − 1)ඥ݂⁄8
f est le coefficient de frottement de Darcy qui peut être estimé à l’aide d’une relation
complémentaire

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 47/81


1
݂=
(1,82݈‫݃݋‬ଵ଴ܴ݁− 1,64)ଶ
ou encore avec les relations de Blasius (68) ou McAdams (69).

Cependant, dès que la température en paroi atteint la température de saturation,


l’ébullition locale est proche et les relations du type de celle de Dittus-Boelter sont
totalement inapplicables.

4.5.2 Ecoulement avec ébullition locale


Lorsque la température de paroi approche la température de saturation (déterminée
par la connaissance de la pression locale), un changement de phase peut se
produire. Dans le cas d’un fluide chauffé par transfert de chaleur à la paroi, une
légère surchauffe en paroi Tp est nécessaire avant ébullition. Pour évaluer la
surchauffe en paroi, les relations les plus utilisées sont celles de :
 Jens et Lottes :

(121) ∆ܶ௣ = ܶ௣௔௥௢௜ − ܶ௦௔௧ = 25݁‫݌ݔ‬ቂ− ଺,ଶ ߮ ଵ⁄ସቃ

 Thom :

(122) ∆ܶ௣ = ܶ௣௔௥௢௜ − ܶ௦௔௧ = 22,7݁‫݌ݔ‬ቂ− ଼,଻ ߮ ଵ⁄ଶቃ

avec :
 T : température (en °C)
 p : pression (en MPa)
  : flux à la paroi (en MW/m²).

Il n’y a pas de dépendance à la vitesse du fluide comme en convection forcée car


c’est le transfert thermique par évaporation du liquide qui prédomine, ce qui explique
la dépendance en pression relative à la chaleur latente décroissante avec la
pression. L’équation de Thom est préférable à celle de Jens et Lottes bien que
proche sur le domaine de validité en pression (3,4 à 13,8 MPa) car elle semble
valable jusqu’à 0,4 MPa. L’incertitude de la relation de Thom est estimée à 15%.

La connaissance du flux  permet de déduire ΔT et ainsi h suivant la loi de Newton


(111).

4.5.3 Ecoulement saturé


Lorsque l’écoulement est saturé, jusqu’à des valeurs de qualité pas trop élevées, les
corrélations de Jens et Lottes (121) et Thom (122) peuvent encore être utilisées. Une
autre méthode consiste à considérer le coefficient de transfert de chaleur comme la
somme d’un terme dû à l’ébullition nucléée et d’un autre terme dû à la convection. Le
premier terme est fonction du rapport du flux au produit de la vitesse massique et de
la chaleur latente /Ghlv, le second terme est fonction du paramètre de Martinelli Xtt
(81) ou (82), reprenant le principe des fluides séparés présenté au 4.3.2.2. Le
coefficient de transfert suit une relation du type :
௛మക ఝ
(123) = ܽଵ ீ௛ + ܽଶܺ௧௕௧
௛೗೔೜ೠ೔೏೐ೞ೐ೠ೗ ೗ೡ

Les coefficients sont donnés au avec des coefficients dont les valeurs selon divers
auteurs sont indiquées dans le Tableau 12 - .

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 48/81


Tableau 12 - Valeurs des coefficients du transfert de chaleur en
écoulement saturé utilisant la relation (99)(95)

Auteurs a1 ébullition a2 b puissance


convection de Xtt
Dengler et valeurs de a1 nulles ; la contribution due à l’ébullition est négligée 3,5 -0,5
Addoms étant considérée comme non significative devant la convection
Bennett et al. 2,9 -0,66
Schrock et 7 400 1,11 -0,66
Grossman .
Collier et 6 700 2,34 -0,66
Pulling

Suivant le même principe, la corrélation de Chen est préférable car plus proche des
mesures expérimentales. Les modèles pour les contributions dues à l’ébullition et la
convection sont cependant plus complexes.

o La part d’ébullition nucléée se base sur l’équation de Forster-Zuber :


l଴,଻ଽ ଴,ସଽ ଴,ସହ
௟ ߩ௟ ܿ௣,௟ 1 ∆ܶ଴,ଶସ∆ܲ଴,଻ହ
ℎ௘ = 0,00122 ൥ ൩ ቈ ଴,ଶସ቉ ቈ ଴,ଶସ ଴,ହ ቉
ߤ௟଴,ଶଽ ߩ௩ ௩ ℎ௟௩ ߪ

Les unités à utiliser sont les unités SI, notamment chaleur latente en J/kg, pressions
en Pa et chaleur spécifique en J/kg/K.
avec :
 ΔT ; la surchauffe en paroi soit Tp − Tsat (à itérer si la
température en paroi est inconnue),
௛೗ೡ൫்೛ ି்ೞೌ೟൯
 ΔP ; ∆ܲ = భ భ
différence, exprimée à l’aide de la relation
்ೞೌ೟൤ ି ൨
ഐೡ ഐ೗
de Clapeyron, entre la pression de saturation correspondant à la
température de paroi et la pression du fluide soit Psat(Tp) − Psat

o La part convective se base sur l’équation de Dittus Boelter (116) :


଴,଼ ଴,ସ
‫(ܩ‬1 − ‫ܦ)ݔ‬௛ ߤ௟௦௔௧ܿ௣,௟
௦௔௧
l௟௦௔௧
ℎ௖ = 0,023 ቈ ቉ ቈ ௦௔௧ ቉
ߤ௟௦௔௧ l௟ ‫ܦ‬௛

Le coefficient total est la combinaison des deux contributions selon


߮ = ‫ܨ‬ℎ௖൫ܶ௣ − ܶ ൯+ ܵℎ௘൫ܶ௣ − ܶ௦௔௧൯

‫ = ܨ‬1‫ݎݑ݋݌‬௑ ≤ 0,1
೟೟

ଵ ଴,଻ଷ଺ ଵ
‫ = ܨ‬2,35 ቀ0,213 + ௑ ቁ ‫ݎݑ݋݌‬௑ > 0,1
೟೟ ೟೟

‫(ܩ‬1 − ‫ܦ)ݔ‬௛ ଵ,ଶହ ିସ


ܽ‫்ܴ݁ܿ݁ݒ‬ୀ ‫ ܨ‬10
ߤ௟௦௔௧

4.5.4 Transfert de chaleur post-assèchement


Des situations sont rencontrées dans lesquelles un film de vapeur isole la paroi
chauffante du liquide, en cas de crise d’ébullition (cf. 5.1). Dans ce cas le transfert de
chaleur se dégrade fortement, la vapeur d’eau ayant des propriétés isolantes par
rapport au liquide. La température en paroi est trop importante pour qu’elle puisse
être ‘remouillée’ par le liquide encore présent dans l’écoulement. L’écoulement est dit

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 49/81


‘annulaire inversé’, annulaire car les deux phases sont séparées, inversé car c’est la
vapeur qui est en paroi et le liquide au centre de l’écoulement. Une autre situation de
transfert thermique fortement dégradé apparait lorsque le film liquide en paroi est
totalement asséché ou ‘entrainé’ (arraché) par la vapeur et le liquide se retrouve en
gouttes dispersées dans la vapeur. On peut alors estimer le coefficient de transfert
de chaleur soit en supposant l’écoulement totalement en vapeur qui devient
surchauffée (et dans ce cas la relation de Dittus Boelter (116) s’applique), soit on
suppose que des petites gouttelettes de liquide subsistent dans l’écoulement et
peuvent participer au transfert de chaleur, enfin le transfert de chaleur par
rayonnement peut être significatif. Il apparait cependant que l’écoulement est sujet à
des forts déséquilibres thermiques, la vapeur étant surchauffée et l’évaporation des
gouttelettes d’eau subsistant dans l’écoulement retardé. Du liquide subsiste (la
proportion en masse de vapeur n’est alors pas de 100%) tandis que le titre
thermodynamique à l’équilibre peut être largement supérieur à l’unité. On peut
estimer la proportion réelle en masse vapeur xa à partir du titre thermodynamique à
l’équilibre  -relation (6) - selon :
ℎ − ℎ௟௦௔௧ ℎ௩௦௔௧ − ℎ௟௦௔௧
‫ݔ‬௔ = = c
ℎ௩(ܶ௩) − ℎ௟௦௔௧ ℎ௩(ܶ௩) − ℎ௟௦௔௧
Une relation empirique [39] permet de calculer le rapport de la qualité réelle au titre à
l’équilibre selon :
‫ݔ‬௔ 0,26
=1− ଴,଺ହ ܶௗ
c
1,15 − ቀܲൗܲ ቁ

Les enthalpies à saturation sont calculées à partir de la pression locale, Pc est la


pression critique (22,1 MPa pour l’eau), la grandeur Td exprime le degré normalisé de
surchauffe de la vapeur
ܶ௩ − ܶ௦௔௧
ܶௗ =
ܶ௣ − ܶ௩
Pour des valeurs de titre thermodynamique à l’équilibre ne dépassant pas 0,9,
l’estimation du coefficient de transfert de chaleur peut se faire indépendamment de
l’estimation de la surchauffe de la vapeur. La corrélation de Groeneveld [26] est
applicable en tube et en espace annulaire, avec des jeux de coefficients différents
rassemblés dans le Tableau 13 - :
௛೎஽ ೓
(124) ܰ‫= ݑ‬ = ܴܽ݁௛௕ܲ‫ݎ‬௩௖ܻௗ
lೡ

 Le nombre de Reynolds ‘homogène’ est calculé en prenant en compte le taux


de vide homogène h -relation (33)- et le titre massique à l’équilibre  selon
‫ܦܩ‬௛ c
ܴ݁௛ =
ߤ௩ ߙ௛
 Le nombre de Prandtl est calculé en prenant les propriétés du fluide en phase
vapeur à la paroi
ߤ(ܶ௣ )ܿ௣(ܶ௣ )
ܲ‫ݎ‬௣ =
l(ܶ௣ )
 Le terme Y est un facteur de correction pour prendre en compte la présence
simultanée de liquide et vapeur. Ce terme s’écrit en fonction du titre à
l’équilibre  :

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 50/81


ߩ௟ ଴,ସ
ܻ = 1 − 0,1 ൤൬ − 1൰(1 − c)൨
ߩ௩

Tableau 13 - Valeurs des coefficients du transfert de chaleur en


écoulement saturé utilisant la relation (124)
a b c d erreur
Tube 0,00109 0,989 1,41 -1,15 11,5%
Espace Annulaire 0,0520 0,688 1,26 -1,06 6,9%
Ensemble 0,00327 0,901 1,32 -1,50 12,4%

La référence [26] précise le domaine de validité de la relation proposée et présente


de nombreuses autres corrélations.

Pour des titres (à l’équilibre) approchant ou dépassant l’unité, diverses approches,


dont des tables fonction de la pression, vitesse massique, titre à l’équilibre et
surchauffe, sont disponibles [27]. Ces relations doivent être appliquées avec
précaution aux écoulements dans le cœur d’un réacteur à eau pressurisée compte
tenu de la complexité de ce type d’essais, des moyens de mesures associés encore
insuffisants et de la géométrie en tube très éloignée des conditions réelles.

4.5.5 Transfert de chaleur par condensation


La vapeur au contact d’une paroi froide va condenser. Dans ce cas, pour les
applications nucléaires, la contrainte n’est pas sur la température car l’écoulement
cède de la chaleur à l’extérieur. On cherche à estimer le taux de condensation,
notamment dans la phase de renoyage (cf. 5.2.2.3). La vapeur se condense sur les
structures du plénum supérieur, l’eau liquide pouvant ensuite par gravité rejoindre le
cœur et participer au refroidissement du combustible.
La quantité de vapeur condensée est liée directement au transfert de chaleur via la
puissance échangée relative à la chaleur latente selon :
߮‫ ܣ‬ℎ௖‫ܣ‬൫ܶ௩ − ܶ௣ ൯
݉ሶ= =
ℎ௟௩ ℎ௟௩
Sur des structures horizontales cylindriques (diamètre D), pour de la condensation
en film laminaire, le nombre de Nusselt intégré sur tout le diamètre et la longueur
peut s’écrire [5] selon :
ଵ⁄ସ ଵ⁄ସ
ܴܽ ଵ⁄ସ ℎ௟ᇱ௩ ݃ℎ௟ᇱ௩ߩ௟‫ ܦ‬ଷ(ߩ௟ − ߩ௩)
ܰ‫ = ݑ‬0,728 ൬ ൰ = 0,725 ቆ‫ݎܲݎܩ‬ ቇ = 0,725 ቆ ቇ
‫ܽܬ‬ ܿ௣,௟∆ܶ ߤ௟l௟൫ܶ௩ − ܶ௣ ൯
Avec
ܿ௣,௟൫ܶ௩ − ܶ௣ ൯
ℎ௟ᇱ௩ = ℎ௟௩ ቈ1 + 0,68 ቆ ቇ቉
ℎ௟௩

Le débit-masse de condensat par unité de longueur de tube  (en kg/s par m) peut
être calculé à partir du bilan thermique. On obtient alors la relation suivante :

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 51/81


ଵ⁄ଷ
4G ିଵ/ଷ ܰ‫ݑ‬ ߤ௟ଶ
1,512 ൤ ൨ = ቆ ቇ
ߤ௟ ‫ߩ ܦ‬௟(ߩ௟ − ߩ௩)݃
Dans l’enceinte, il est nécessaire d’évaluer le taux de condensation qui dicte
l’évolution de la pression. La présence de gaz incondensables (air, hydrogène)
perturbe sensiblement la condensation de la vapeur. On se reportera aux ouvrages
généraux de référence [5], [6] ou [7] qui décrivent l’ensemble des divers modes de
condensation.

4.5.6 Profil de température dans l’assemblage combustible


Le lecteur trouvera en référence [22] un grand nombre d’informations sur le
combustible nucléaire. Le combustible des REP est constitué de pastilles d’oxyde
d’uranium (UO2) et, éventuellement dans le cas d’oxyde miste (MOX) de quelques
pour-cent d’oxyde de plutonium (PuO2). Ces pastilles, de forme cylindrique à section
circulaire, sont placées dans des gaines en Zircaloy de diamètre intérieur légèrement
supérieur au diamètre extérieur des pastilles. À la fabrication, la gaine est remplie
d’hélium qui vient occuper l’espace compris entre pastilles et gaine. Au cours de
l’irradiation, des produits de fission gazeux migrent dans cet espace. L’ensemble de
l’empilement des pastilles constitue le crayon, d’une hauteur de 3,66 ou 4,27 m selon
le type de réacteur. Les crayons sont disposés de façon uniforme pour constituer
l’assemblage de combustible, avec les tubes guide de grappes de commande et
d’instrumentation. Dans les réacteurs occidentaux, la structure de l’assemblage est
carrée avec un ensemble de 14 à 18 crayons ou tubes-guides par coté, en France
tous les assemblages sont des assemblages 17x17. Dans les REP de conception
soviétique dits VVER, la structure est hexagonale et les crayons sont disposés au
pas triangulaire.

On peut également trouver des pastilles creuses, ce qui réserve un volume


d’expansion pour les produits de fission et permet de diminuer la température
maximale de la pastille.

Dans le crayon combustible, le principal mode de transmission de la chaleur est la


conduction, au sein de la pastille, dans le jeu pastille/gaine et dans la gaine. Les
autres modes de transmission ne sont pas considérés ici.

La conduction dans un solide suit la loi de Fourier selon laquelle :


(125) ߮
ሬ⃗ = −l∇ܶ

Le gradient thermique étant donné (différence de température entre deux points du


matériau), c’est la conduction thermique () qui limite la transmission de la chaleur. À
différence de température donnée entre deux surfaces, le flux est bien plus important
si la conductivité thermique du matériau est élevée (matériau conducteur) que si le
matériau est isolant. La dissipation thermique n’est fonction que du solide considéré
au travers de sa conductivité qui peut varier en fonction de la température, tous les
autres paramètres (pression, composition du crayon en entier, vitesse externe...) ont
une influence qui peut être négligée. Le Tableau 14 - récapitule les principales
caractéristiques physiques des composants du crayon combustible.

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 52/81


Tableau 14 - Principales caractéristiques physiques des
composants du crayon combustible (95)

Matériau Zircaloy-4 UO2 Oxyde mixte


Masse volumique à 20 C (kg/m3) 6 570 10 970 11 000
Température de fusion (°C) 1 827 2 750 2 780
100 C : 14,3 500 C : 4,4 500 C : 3,5
Conductivité thermique [W/(m · K)]
430 C : 18,0 2 000 C : 1,8 2 000 C : 1,8
100 C : 0,32 730 C : 0,32 730 C : 0,32
Capacité thermique [kJ/(kg · K)]
430 C : 0,34 2 230 C : 0,50 2 230 C : 0,50

4.5.6.1 Pastille de combustible


Nous allons considérer le problème général d’une pastille ayant la géométrie de la
Figure 12 . Le centre de la pastille est vide sur un rayon r0. Pour les pastilles pleines,
les plus courantes, r0 est donc nul.

Figure 12 Géométrie d’une pastille de combustible

Environ 92 % de la puissance thermique du réacteur provient de l’énergie de fission


générée dans la pastille (les 8 % restant sont générés directement dans le
modérateur et les matériaux de structure). Nous supposerons toutefois que les
pastilles sont le siège de la totalité de la puissance générée. Considérons un élément
de crayon de hauteur unitaire. En régime permanent, production (puissance
volumique q’’’) et dissipation sont égales. La dissipation peut, en conduction radiale
pure (absence d’effets azimutaux), s’exprimer par la divergence du flux de chaleur.
En considérant la divergence en coordonnées cylindriques on écrit :

‫׏‬Ǥ߮
ሬ⃗ = [‫߮ݎ‬ሺ‫ݎ‬ሻ]
‫ݎ݀ ݎ‬
La production (q’’’) est égale à la dissipation (divergence du flux), et la loi de Fourier
(125) permet d’écrire (toujours considérant de la conduction radiale pure sans effets
azimutaux et à une hauteur donnée)
1݀ ݀ܶሺ‫ݎ‬ሻ
‫ݍ‬ᇱᇱᇱ ൌ ‫׏‬Ǥ߮
ሬ⃗ = ൤െ‫ݎ‬l ൨
‫ݎ݀ ݎ‬ ݀‫ݎ‬

ce qui intégré donne :

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 53/81


‫ݎ‬ଶ ݀ܶ(‫)ݎ‬
‫ݍ‬ᇱᇱᇱ
+ ‫ݎ‬l +‫=ܥ‬0
2 ݀‫ݎ‬
en r = r0, le flux de chaleur est nul et la loi de Fourier impose alors :
݀ܶ(‫)ݎ‬
൤ ൨ =0
݀‫ ݎ‬௥ୀ௥బ
Ce qui conduit à la détermination de la constante selon :
‫ݎ‬଴ଶ
‫ = ܥ‬−‫ݍ‬ᇱᇱᇱ
2

݀ܶ(‫)ݎ‬ ‫ݎ‬଴ ‫ݎ‬
l = ‫ݍ‬ᇱᇱᇱ − ‫ݍ‬ᇱᇱᇱ
݀‫ݎ‬ 2‫ݎ‬ 2
்(௥)
‫ݎ‬଴ଶ ‫ݎ‬ (‫ݎ‬ଶ − ‫ݎ‬଴ଶ)
න ldT = ‫ݍ‬ᇱᇱᇱ ‫ ݊ܮ‬൤ ൨− ‫ݍ‬ᇱᇱᇱ
2 ‫ݎ‬଴ 4
்(௥బ)ୀ்೘ ೌೣ

Si r0=0 et pour une conductivité constante, alors


‫ݎ‬ଶ ᇱᇱᇱ
ܶ௠ ௔௫ − ܶ(‫ݍ = )ݎ‬
4l
La différence maximale de température dans la pastille est obtenu au bord où r=rp.

Le produit de la puissance volumique à la section donne la puissance linéique


(proportion de puissance générée par le crayon par unité de longueur), ainsi :
‫ݍ‬ᇱ ‫ݎ‬ଶ
ᇱᇱᇱ ௣
(∆ܶ)௠ ௔௫ = ܶ௠ ௔௫ − ܶ൫‫ݎ‬௣ ൯= ‫ݍ‬ =
4l 4ߨl
Le maximum de température est fonction uniquement de la puissance linéique et
donc indépendant du rayon de la pastille à puissance de réacteur donné (la
puissance linéique est calculée suivant la hauteur du crayon, cf. exemple 2).

Lorsque les variations de  avec la température sont significatives, ce qui est le cas
dans la pastille, pour résoudre l’équation en régime permanent avec  = f (T), on doit
faire appel à l’intégrale de conductivité. Une estimation est possible en utilisant la
Figure 13.

Figure 13 Conductivité thermique et intégrale de conductivité de l’UO2 (95 %

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 54/81


densité)

4.5.6.2 Jeu pastille-gaine et gaine


Il n’y a pas de terme source dans la gaine et dans le jeu pastille-gaine. On peut
appliquer directement la loi de Fourier (125). Alors,
݀ܶ
߮ = −l
݀‫ݎ‬
Et par définition de la puissance linéique et du flux de chaleur (A puissance linéique
donnée, le flux diminue à mesure que la surface au travers de laquelle passe le flux
augmente);
‫ݍ‬ᇱ
߮=
2ߨ‫ݎ‬
Alors la résolution de l’équation différentielle donne
‫ݍ‬ᇱ ‫ݎ‬ଶ
ܶ(‫ݎ‬ଵ) − ܶ(‫ݎ‬ଶ) = ‫݊ܮ‬൤ ൨
2ߨl ‫ݎ‬ଵ
 Dans l’épaisseur du jeu, la conductivité thermique peut être prise constante et
vaut jeu, la valeur de r2 est égale au rayon de la pastille rp et de l’épaisseur
« e » du jeu et r1 est égal à rp, alors :
‫ݍ‬ᇱ ݁ ‫ݍ‬ᇱ ݁ ߮݁
ܶ൫‫ݎ‬௣ ൯− ܶ൫‫ݎ‬௣ + ݁൯= ‫ ݊ܮ‬ቈ1 + ቉~ =
2ߨl ‫ݎ‬௣ 2ߨl௝௘௨ ‫ݎ‬௣ l௝௘௨
(on considère que e/rp <<1 et le logarithme peut se simplifier)

L’hélium présent dans le jeu contribue à une meilleure conduction que l’air et
évite la corrosion. À noter que le jeu est trop faible pour qu’un mouvement de
convection naturelle s’établisse.

 Dans la gaine d’épaisseur E et de rayon externe R :


‫ݍ‬ᇱ ‫ܧ‬ ‫ݍ‬ᇱ ‫ܧ‬ ߮‫ܧ‬
ܶ൫‫ݎ‬௣ + ݁൯− ܶ(ܴ) = ‫ ݊ܮ‬൤1 + ൨~ =
2ߨl ܴ − ‫ ܧ‬2ߨl௚௔௜௡௘ (ܴ − ‫ )ܧ‬l௚௔௜௡௘
(on considère que E/(R-E) <<1)

Ces relations sont des relations approchées mais qui donnent de bons ordres de
grandeur.

4.5.6.3 Transfert thermique entre le crayon et le fluide et profil général


Le transfert thermique entre la gaine du crayon et le fluide est en fonctionnement
normal principalement en convection forcée simple phase (4.5.1).

Le profil général (Figure 14 ) est fortement dépendant de la valeur de la puissance


linéique, le gradient de température principal étant au sein de la pastille.

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 55/81


Figure 14 Profils de température typique dans un crayon

4.5.7 Circulation naturelle


La circulation naturelle se met en place dès qu’un fluide est soumis à des différences
de température telles que le fluide chaud se retrouve à une altitude plus basse que le
fluide froid. Dans un circuit fermé, le fluide s’écoule alors et l’on parle de
thermosiphon. Dans un espace ouvert, l’écoulement du fluide va s’organiser sous
forme de mouvements de rotation et l’on parle de convection naturelle. Les outils
d’analyse pour ces deux situations sont détaillés dans la suite.

4.5.7.1 Thermosiphon
La situation de thermosiphon se rencontre typiquement en cas de perte des pompes
primaires. Le réacteur est arrêté mais la puissance résiduelle continue de chauffer le
fluide dans le cœur. L’eau chauffée s’élève alors, passe dans les branches chaudes
et se refroidit dans les générateurs de vapeur situés à une altitude plus élevée que le
réacteur. Certaines conceptions récentes de réacteurs [30] reposent sur le principe
du thermosiphon. Soit majoritairement dans certains types de réacteurs modulaires
de petites puissance (SMR pour small modular reactor), soit comme système de
sûreté additionnel comme dans le réacteur AP1000 de Westinghouse ou l’AES 2006
de Rosatom (Système SPOT passif d’évacuation de la puissance résiduelle par les
générateurs de vapeur).

La valeur du débit se stabilise à l’équilibre entre la force motrice crée par le


différentiel de masse volumique (compte tenu des températures) entre le cœur
(chaud) et les générateurs de vapeur (froid) et la perte de charge totale du circuit,
frottement et singularités. D’une part
∆ܲ௠ ௢௧௥௜௖௘ = (ߩ଴ − ߩଵ)݃‫ܪ݃)ߩ∆( = ܪ‬
et, d’autre part avec la relation de Darcy Weisbach (90) dans laquelle on met dans le
coefficient de perte de charge global frottement « K » l’ensemble des pertes de
charge par frottement et singularités, toutes rapportées à la masse volumique de
référence 0 et à la vitesse massique moyenne :
‫ܩ‬ଶ
∆ܲ௥é௦௜௦௧௔௡௧ = ‫ܭ‬
2ߩ଴
La perte de charge résistante est égale à la force motrice et, en utilisant la relation de
Boussinesq qui linéarise la variation de masse volumique :
(∆ߩ) = ߚߩ଴∆ܶ = ߚߩ଴(ܶଵ − ܶ଴)
alors

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 56/81


‫ܩ‬ଶ
ߚߩ଴∆ܶ݃‫ܭ = ܪ‬
2ߩ଴
La vitesse massique moyenne à l’équilibre pour le thermosiphon est proportionnelle
à la racine de la différence de température entre les points chaud et froid.
2ߚ݃‫ܪ‬ 2݃‫݉ ܪ‬ሶ
‫ߩ = ܩ‬଴ඨ ∆ܶ = ඨ ߩ଴∆ߩ =
‫ܭ‬ ‫ܭ‬ ‫ܣ‬
De plus, l’utilisation du bilan enthalpique (5) et l’approximation de l’élévation
d’enthalpie par le produit de la différence de température et du cp (3) permet de relier
le T et la puissance  dissipée dans le fluide ݉ሶܿ௣ ∆ܶ = P et on obtient :
2ߚ݃‫ܣ ܪ‬ଶ
݉ሶ = (‫)ܩܣ‬ଷ = Pߩ଴ଶ

‫ܿ ܭ‬௣
Le débit massique à l’équilibre pour le thermosiphon est proportionnel à la racine
cubique de la puissance résiduelle dans le cœur.

La grandeur , coefficient de dilatation, utilisée dans la relation de Boussinesq, est


calculée selon la relation
ଵ డఘ
(126) ߚ = − ఘ ቀడ்ቁ

Pour laquelle quelques valeurs relatives à l’eau liquide sont rassemblées dans le
tableau ci-dessous :
P (bar) 1.0 P (bar) 150.0
T (°C)  (1/K) T (°C)  (1/K)
5,0 0,000016 25,0 0,000274
10,0 0,000088 75,0 0,000599
15,0 0,000151 125,0 0,000849
20,0 0,000207 175,0 0,001119
25,0 0,000257 225,0 0,001496
50,0 0,000457 275,0 0,002183
75,0 0,000613 300,0 0,002865

Lorsque l’évacuation de la chaleur au générateur de vapeur est insuffisante, le fluide


peut passer diphasique Les relations sont plus complexes à établir mais reposent sur
les mêmes hypothèses.

Cette circulation de l’eau permet l’évacuation de la puissance résiduelle après l’arrêt


automatique du réacteur, les pompes primaires étant stoppées, tant que le GV peut
refroidir le fluide primaire (s’il n’est donc pas asséché) et tant que l’inventaire en eau
du primaire n’est pas trop dégradé, le niveau d’eau devant être suffisant pour
permettre la circulation du fluide.

4.5.7.2 Corrélations d’échange thermique en circulation naturelle


De manière générale, les corrélations présentées en 4.5.1 peuvent être appliquées.
La corrélation de Dittus-Boelter (116) a un grand domaine de validité et peut être
utilisée mais nécessite l’évaluation de la vitesse moyenne. Dans le cas de très
faibles vitesses, si l’écoulement est laminaire, les équations peuvent être résolues
analytiquement et dans les cas d’un écoulement en conduite circulaire, les relations
exactes suivantes sont établies et sont applicables :
 Pour un flux de chaleur imposé comme conditions aux limites : Nu = 4,36,
 Pour une température imposée comme conditions aux limites : Nu = 3,36.

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 57/81


Dans des grands volumes, lorsque l’eau est chauffée en partie basse et refroidie en
partie haute, des mouvements de circulation naturelle s’établissent sous forme de
macro-structures en rotation. L’approche en convection naturelle est semblable à
celle de la convection forcée. Elle repose sur l’établissement de corrélations reliant
les nombres adimensionnels typiques de Nusselt, Prandtl et Grashof. Le nombre de
Grashof a le même rôle que le nombre de Reynolds pour la convection forcée. Le
Grashof représente le rapport des forces d’Archimède (variation de la masse
volumique) aux forces dues à la viscosité et s’écrit :
௅యఘమ௚ఉ∆்
(127) ‫= ݎܩ‬ ఓమ

Si l’on est en écoulement diphasique (liquide dans la partie froide et vapeur pour la
partie chaude) le produit T peut s’écrire / et :
‫ܮ‬ଷ݃ (ߩ௟ − ߩ௩) ‫ܮ‬ଷ݃ߩ௟(ߩ௟ − ߩ௩)
‫= ݎܩ‬ =
nଶ௟ ߩ௟ μଶ௟
L est une longueur de référence qui devient plus complexe à caractériser dans les
grands volumes et varie selon les configurations étudiées. Cela peut être la hauteur
sur laquelle le fluide est chauffé par exemple. Les relations entre Nusselt, Grashof et
Prandtl présentées sont de fait liées à la définition de cette longueur de référence.

Le nombre de Nusselt est lié au nombre de Grashof suivant :


(128) ܰ‫)ݎܲݎܩ(ܥ = ݑ‬௠ = ‫)ܴܽ(ܥ‬௠

Le produit Gr · Pr forme le nombre de Rayleigh : Ra = Gr · Pr


Les valeurs de la constante C et de l’exposant m dépendent du type d’écoulement et
de la configuration [40] (Tableau 15 - ). Les propriétés du fluide sont estimées à la
température de film (moyenne de la température de paroi et de la température « à
l’infini »). Ces relations sont valables pour des conditions aux limites imposées sur
les températures. Si le flux est imposé sur la plaque, alors on prendra ces relations
en considérant la température de film (pour évaluer les propriétés du fluide) au milieu
de la plaque. Des itérations sont nécessaires pour converger vers la valeur de la
température de film.

Tableau 15 - Convection naturelle Valeurs des constantes dans


l’équation (128)

Configuration C m Condition
Plaque verticale 0,59 ¼ 104 < Gr · Pr < 109
0,10 1/3 109 < Gr · Pr < 1013
Plaque horizontale 0,54 ¼ 104 < Gr · Pr < 107
0,15 1/3 109 < Gr · Pr < 1011

En utilisant la température de film et avec la hauteur de la plaque comme longueur


caractéristique, on peut utiliser la relation suivante plus précise :

భ/ల
଴,ଷ଼଻ோ௔ಽ
(129) ܰ‫ = ݑ‬቎0,825 + ఴ/మళ቏
బ,రవమ వ/భల
൤ଵାቀ ቁ ൨
ುೝ

Pour un cylindre horizontal, en utilisant la température de film et avec le diamètre


comme longueur caractéristique, on peut utiliser la relation suivante :

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 58/81



భ/ల
଴,ଷ଼଻ோ௔ಽ
(130) ܰ‫ = ݑ‬቎0,6 + ఴ/మళ ቏
బ,ఱఱవ వ/భల
൤ଵାቀ ቁ ൨
ುೝ

Exemple 11 : un assemblage de cœur de réacteur à eau sous pression est placé en


piscine de désactivation, un mois après l’arrêt du réacteur.

La puissance d’un crayon au régime nominal est de 78,5 kW (exemple 2)


La longueur du crayon est L = 4,27 m
Le diamètre hydraulique considéré est Dh = 10,86 mm (exemple 1)
La section de passage de l’assemblage (exemple 1) est A = 0,002404 m².
La puissance du crayon un mois après l’arrêt est voisine de 2 % de la puissance
nominale soit :
 = 78,5 x 0,02 = 1,57 kW ce qui donne pour les 264 crayons d’un assemblage :
 x 264 = 414,48 kW

Le taux d’expansion  de l’eau à la pression atmosphérique à 50 °C est 0,000457 K-1


-relation (126)-:

De façon identique à la démarche adoptée pour le thermosiphon, nous considérons


ici l’écoulement naturel du fluide dans l’assemblage. Dans la piscine, au-dessus des
racks d’assemblage, des mouvements libres vont se mettre en place dans le large
volume.

Dans l’assemblage, la perte de charge est égale à la force d’Archimède :


݂‫ ܩ ܮ‬ଶ
∆ܲ௥é௦௜௦௧௔௡௧ = = ߚߩ଴∆ܶ݃‫ܮ‬
‫ܦ‬௛ 2ߩ଴
Et donc
ߚ ߚ P
‫ ܩ‬ଶ = 2ߩ଴ଶ݃‫ܦ‬௛ ∆ܶ = 2ߩ଴ଶ݃‫ܦ‬௛
݂ ݂ ‫ܿܣܩ‬௣

ଵ/ଷ
ߚ P
‫=ܩ‬ ቉ ቈ2ߩ଴ଶ݃‫ܦ‬௛
݂ ‫ܿܣ‬௣
T étant la différence de température du fluide entre l’entrée et la sortie de
l’assemblage.

Le coefficient de perte de charge par frottement f est estimé, après itérations, à 0,039
d’après la formule (68).

ߚ P‫ܣ‬ଶ
݉ሶଷ = (‫)ܩܣ‬ଷ = 2ߩ଴ଶ݃‫ܦ‬௛
݂ ܿ௣

0,000457 414480 × 0,02404ଶ
= 2 × 988 × 9,81 × 0,01086 × × = 0,140
0,039 4180

Le débit massique vaut 5,19 kg/s, la vitesse massique 216 kg/m²-s et la vitesse
d’écoulement de l’eau dans l’assemblage vaut 0,219 m/s

On vérifie a posteriori le calcul de f avec Re = 4292 et f=0,039

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 59/81


L’échauffement de l’eau entre l’entrée et la sortie de l’assemblage est
ߨ 414480
∆ܶ = = = 19°‫ܥ‬
ܿ௣ ݉ሶ 4180 × 5,19

On souhaite maintenant estimer la température sur la gaine des crayons de


l’assemblage, ou plus précisément estimer si la température de vaporisation peut
être atteinte. Si l’on suppose qu’en sortie d’assemblage la température moyenne de
l’eau est de 60°C, on impose alors une différence de température maximum de 40°C
entre la température de paroi et la température de l’eau.

Avec cet écart maximum de température (paroi-liquide), on utilise les mêmes valeurs
des propriétés physiques de l’eau que ci-dessus (50°C) en première approximation :

௅యఘమ௚ఉ∆் ସ,ଶ଻య×ଽ଼଼మ×ଽ,଼ଵ×଴,଴଴଴ସହ଻×ସ଴
Nombre de Grashof ‫= ݎܩ‬ = = 4,56 10ଵଷ
ఓమ ଴,଴଴଴ହସ଻మ
Pr=3,57
Nu -relation (129)- = 7046
l 0,629 ܹ
ℎ௖ = ܰ‫ = × ݑ‬7046 × = 1057 ଶ °‫ܥ‬
‫ܮ‬ 4,27 ݉
Le flux qui peut être évacué par convection naturelle avec un T de 40 °C, vaut donc
:
 = hc T = 1057 x 40 = 42 279 W/m2

La surface totale d’un crayon combustible valant :


4,27 x 9,5 x 4,27 = 0,127 m²,
la puissance évacuée vaut 42279 x 0,127 = 5388 W, soit 5,4 kW
Cette puissance est nettement supérieure à la puissance réelle du barreau 1,57 kW.
En conséquence, on peut dire que le combustible est refroidi par convection naturelle
à l’intérieur de la piscine de stockage en fonctionnement normal.

5 Sûreté des REP


L’objectif fondamental de sûreté est de protéger les personnes et l’environnement
contre les effets nocifs des rayonnements ionisants [34]. Il est donc essentiel de
confiner les matières radioactives dans l’installation. Ceci est réalisé au moyen de
trois barrières indépendantes et successives ; la gaine contenant le combustible
nucléaire, le circuit primaire et l’enceinte du bâtiment réacteur. La démonstration de
la sûreté du réacteur repose notamment sur l’évaluation de la tenue de ces trois
barrières. Cette démonstration doit prendre en compte non seulement tous les états
du réacteur, du fonctionnement à pleine puissance à l’arrêt à froid pour
rechargement mais aussi les conditions qui peuvent résulter de tout
dysfonctionnement ou événement, du possible au très improbable.

Les critères de sûreté s’appuient sur la nécessité de préserver en fonctionnement


normal, mais aussi dans les cas d’incidents de fonctionnement les plus fréquents (au
sens de la probabilité d’occurrence), l’intégrité de la première barrière de
confinement (la gaine du combustible) ; du point de vue thermohydraulique, c’est le
risque de crise d’ébullition qui faut évaluer (paragraphe 5.1). Pour ce qui concerne
les accidents (statistiquement très improbables), ce sont les accidents de perte de
réfrigérant primaire (APRP) suite à une brèche du circuit primaire, qui font appel à un
grand nombre de phénomènes thermohydrauliques détaillées dans la suite (5.2). On
trouvera en [35] une description détaillée des analyses permettant d’évaluer la
maitrise des situations accidentelles du système réacteur.

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 60/81


5.1 Crise d’ébullition
La crise d’ébullition caractérise une soudaine diminution du transfert de chaleur entre
la gaine du combustible et le fluide. Cette réduction se produit lorsque le régime
d’écoulement est modifié. La gaine se recouvre d’une poche de vapeur qui l’isole du
fluide. Il s’ensuit une augmentation brutale de la température de paroi. L’ébullition
nucléée qui jusqu’à cette limite améliorait le transfert de chaleur en convection forcée
devient alors « critique ». Le déclenchement du phénomène est appelé crise
d’ébullition ou Departure from Nucleate Boiling (DNB). Pour une valeur trop élevée
du flux de chaleur surfacique, le taux de production de vapeur est trop important pour
être évacué par l’écoulement depuis la paroi chauffante vers le cœur de
l’écoulement. La crise d’ébullition (ou DNB) apparaît donc pour une valeur de flux
maximale autorisée : le flux critique. On préserve alors l’intégrité de la gaine de
combustible en évitant d’atteindre cette valeur critique.
La valeur de flux critique est, par essence même du phénomène physique, liée aux
conditions de l’écoulement. Le flux critique n’a pas la même valeur en écoulement
fortement sous-saturé ou en régime saturé, et dépend aussi, entre autres, de la
vitesse de l’écoulement. En l’absence de mouvement du fluide dans des grands
volumes, on parle de crise d’ébullition en vase ou en bain et les phénomènes les
plus influents sont la création, l’expansion et les tailles de bulles ainsi que les
mouvements de convection naturelle. Dans les réacteurs à eau pressurisée la crise
d’ébullition en vase peut se rencontrer en cas d’accident grave pour les réacteurs de
conception récente (AP1000) qui privilégient la rétention en cuve du corium en cas
de fonte significative du cœur. La crise d’ébullition peut apparaitre dans l’eau dans le
puit de cuve. Pour ce qui concerne la crise d’ébullition en convection, historiquement
les études ont porté sur la crise d’ébullition dans la géométrie la plus simple, le tube
de section circulaire. Ultérieurement, des essais ont été réalisés dans des
géométries plus proches de la configuration des cœurs (Figure 1) avec des
simulateurs électriques des barreaux combustible.
Différents auteurs ont abordé le problème de l’évaluation du flux critique par des
approches analytiques avec comme hypothèse soit la présence d’une couche de
vapeur en paroi, soit l’évaporation de la sous-couche liquide en contact avec la paroi.
Ces modèles ne sont pas encore assez développés et précis pour être appliqués
dans l’industrie nucléaire.

5.1.1 Evaluation du flux critique


On présentera des approches expérimentales relativement faciles à mettre en
œuvre. Ces relations, ou corrélations de flux critique, relient une estimation du flux
critique mesuré lorsque la crise d’ébullition est détectée, en fonction de divers
paramètres thermohydrauliques ou géométriques. Le flux critique peut s’exprimer en
fonction des conditions globales mesurées lors des essais, vitesse massique ou
débit, température ou enthalpie d’entrée, pression en entrée ou en sortie de la
section d’essais. Dans ce cas, des paramètres géométriques, et notamment la
hauteur chauffante, sont indispensables pour évaluer le flux critique. L’autre
approche consiste à relier le flux critique aux grandeurs thermohydrauliques locales,
principalement vitesse massique, pression et enthalpie à l’équilibre. De fait les
grandeurs locales ne sont pas mesurées mais reconstituées à partir des conditions
en entrée ou sortie de la section d’essais et de la géométrie des essais. En tube,
cette reconstitution est immédiate. La vitesse massique est constante, la pression
estimée à l’aide des pertes de charge (cf. 4.3) et le titre thermodynamique est calculé
à l’aide d’un bilan enthalpique. Les incertitudes sur l’enthalpie d’entrée et sur la
puissance se retrouvent donc combinées dans l’évaluation du titre. Pour cette raison,
les relations exprimées en fonction des paramètres locaux ont une dispersion plus
importante que les relations à partir des conditions d’entrée. A l’aide de régression

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 61/81


mathématique, le flux critique est exprimé à partir des conditions d’entrée ou locales.
Des tables ont aussi été proposées, ce qui supprime l’étape de la régression et
l’erreur mathématique entre la valeur issue de la régression et la valeur mesurée.
Cependant cette approche impose d’introduire l’ensemble des valeurs tabulées et
d’interpoler entre les valeurs de la table.
A géométries identiques, et pression et vitesse massique fixées, de manière
générale, Le flux critique est une fonction décroissante, et même linéaire, de la sous-
saturation. De ce fait, le flux critique est une fonction décroissante du titre.
Cependant, on observe deux comportements assez différents lors de la réalisation
des essais. Considérons un protocole d’essai qui consiste à augmenter
progressivement et lentement la puissance aux bornes de la section d’essais, tout en
maintenant constants la vitesse massique, la pression et la température en entrée.
La crise d’ébullition est détectée lorsque l’on observe une augmentation rapide de la
température sur la paroi chauffante. Dans les conditions fortement sous-saturées
(donc forte puissance et faible titre), l’augmentation de la température est brutale,
rapide et importante (plusieurs dizaines de degrés). A mesure qu’en entrée de la
section d’essais, on approche de la saturation, le flux critique est plus faible. Cela
correspond aussi à un titre plus important. Dans ce cas, la crise d’ébullition est plus
difficile à identifier. La température en paroi augmente lentement. Dans le premier
cas, la crise d’ébullition est obtenue par caléfaction, création locale – limitée à
l’environnement proche de la paroi chauffante- de vapeur, le reste de l’écoulement
est liquide. Dans le second cas, le taux de vapeur dans l’écoulement est important et
le liquide à la paroi « s’assèche » progressivement jusqu’à la crise d’ébullition (cf.
Figure 15 ). En conséquence, il sera difficile d’obtenir une régression qui puisse
couvrir avec une précision identique ces deux types de crise d’ébullition. Par ailleurs,
les conditions thermohydrauliques et les valeurs locales de flux correspondant aux
plages de fonctionnement des réacteurs à eau pressurisée amènent majoritairement
au risque de crise d’ébullition par caléfaction. L’assèchement relève beaucoup plus
du domaine de fonctionnement des réacteurs à eau bouillante. On s’intéresse donc
aux relations évaluant le flux critique par atteinte de la crise d’ébullition en
caléfaction.

Figure 15 Atteinte de la crise d’ébullition par assèchement ou par caléfaction

5.1.1.1 Corrélations en tube


En tube, le titre thermodynamique  en sortie d’un tube de longueur L et diamètre D,

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 62/81


se calcule très simplement à partir des conditions d’essai pression P, vitesse
massique G, température d’entrée Te et flux critique c selon :

⎡ ⎤
⎢⎛ ߮௖(ߨ‫⎞)ܮܦ‬ ௦௔௧ ⎥ 1
c = ⎢⎜ℎ௘(ܲ, ܶ௘) + ଶ ⎟ − ℎ௟ (ܲ) ⎥ ℎ (ܲ)൨

⎢ ‫ ܦߨ ܩ‬ൗ4 ⎥ ௟௩
⎣⎝ ⎠ ⎦

Suivant l’approche choisie, les relations suivantes sont établies. En condition


d’entrée ߮௖ = ݂(ܲ, ‫ܩ‬, ܶ௘, ‫ܮ‬, ‫ )ܦ‬ou en conditions locales ߮௖ = ݂(ܲ, ‫ܩ‬,c). L’introduction
de la longueur et du diamètre du tube est discutable. Pour des essais relatifs à une
longueur et un diamètre, alors une corrélation en condition d’entrée peut à l’évidence
ne pas introduire ces paramètres dans son expression. Son application sera
restreinte à cette unique géométrie. A contrario, en conditions locales, certains
auteurs ont observé à partir des essais un effet de la longueur chauffante et/ou du
diamètre qu’ils ont introduits en conséquence dans leurs corrélations.

Le titre étant calculé à l’aide du flux critique, une régression en conditions locales
߮௖ = ݂(ܲ, ‫ܩ‬,c) peut sembler mathématiquement mal posée. La fonctionnelle va lier la
variable « dépendante » (c) aux variables « indépendantes » P, G et . Il faut dans
ce cas considérer le titre non pas comme le résultat d’un calcul mais comme une
grandeur mesurée, indépendamment de la pression, de la vitesse massique et du
flux critique. Malgré cette lacune, nous présentons ici des relations en conditions
locales car plus générales que les corrélations en conditions d’entrée. Signalons
cependant le cas particulier de la corrélation W3 qui utilise à la fois l’enthalpie
d’entrée et le titre local. Dans ce cas, l’enthalpie et le titre d’entrée sont forcément
liés et ne peuvent être indépendantes.

Pour des écoulements en tube (donc assez éloignés de l’écoulement dans le cœur
des REP), on peut citer les corrélations suivantes.

5.1.1.1.1 Corrélation de Bowring


La corrélation de Bowring est valable pour des géométries en tube :
 de diamètre D compris entre 0.002 et 0.045 m,
 de longueur L comprise entre 0,15 et 3,7 m.

Les paramètres thermohydrauliques suivants sont couverts par cette corrélation :


 pression P entre 0,2 et 19 MPa,
 vitesse massique G entre 136 et 18600 kg/m² s,
 pas de restriction en titre.

Comme le facteur B est directement proportionnel au diamètre, au-delà d’une


certaine valeur du diamètre, le flux critique devient négatif aux fortes vitesses
massiques et à forte qualité. Il est donc recommandé de valider les prédictions
obtenues avec la corrélation de Bowring avec d’autres corrélations.

஻௥௚ ‫ ܣ‬− ‫ܤ‬ℎ௟௩c ‫ܹܯ‬


߮௖ = ; ℎ ݇‫ܬ‬/݇݃
10଺‫ܥ‬ ݉ ଶ ௟௩
Avec :
‫ܨ‬ଵ 2317ℎ௟௩‫ܩܦ‬
‫=ܣ‬
4 1 + 0,0143‫ܨ‬ଶ‫ܦ√ܩ‬

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 63/81


‫ܩܦ‬
‫=ܤ‬
4
0,077‫ܨܩܦ‬ଷ
‫=ܥ‬
1 + 0,347‫ܨ‬ସ(‫ܩ‬⁄1356)௡
ܲ௥
݊=2−
2
ܲ௥ = 0,145ܲ(݁݊‫)ܽܲ ܯ‬

Les fonctions F1 à F4 sont différentes suivant la valeur de Pr.

 Pour Pr < 1 (MPa)

ܲ௥ଵ଼,ଽସଶ݁‫[݌ݔ‬20,89(1 − ܲ௥)] + 0,917


‫ܨ‬ଵ =
1,917
1,309
‫ܨ‬ଶ = ‫ܨ‬ଵ ଵ,ଷଵ଺
ܲ௥ ݁‫[݌ݔ‬2,444(1 − ܲ௥)] + 0,309
ଵ଻,଴ଶଷ
ܲ௥ ݁‫[݌ݔ‬16,658(1 − ܲ௥)] + 0,667
‫ܨ‬ଷ =
1,667
ଵ,଺ସଽ
‫ܨ‬ସ = ‫ܨ‬ଷܲ௥

 Pour Pr > 1 (MPa)

‫ܨ‬ଵ = ܲ௥ି଴,ଷ଺଼݁‫[݌ݔ‬0,648(1 − ܲ௥)]


‫ܨ‬ଵ
‫ܨ‬ଶ = ି଴,ସସ଼
ܲ௥ ݁‫[݌ݔ‬0,245(1 − ܲ௥)]
଴,ଶଵଽ
‫ܨ‬ଷ = ܲ௥
‫ܨ‬ସ = ‫ܨ‬ଷܲ௥ଵ,଺ସଽ

5.1.1.1.2 Corrélation de Biasi


La corrélation de Biasi est valable pour des géométries en tube :
 de diamètre D compris entre 0,003 et 0,037 m,
 de longueur L comprise entre 0,2 et 6 m.

Les paramètres thermohydrauliques suivants sont couverts par cette corrélation :


 pression P entre 0,27 et 14 MPa
 vitesse massique G entre 100 et 6000 kg/m² s
 titre entre 0 et 1

Le flux critique est le maximum des deux fonctionnelles suivantes :

18,83 ݂(ܲ)
߮௖஻௜௔௦௜ଵ = ଵ/଺
቎ ଵ/଺
− c቏‫ ܹ ܯ‬/݉ ²
(100‫)ܦ‬௡ ൫‫ܩ‬ൗ10൯ ൫‫ܩ‬ൗ10൯
37,8
߮௖஻௜௔௦௜ଶ = ଴,଺ [1 − c] ℎ(ܲ)‫ ܹ ܯ‬/݉ ²
(100‫)ܦ‬௡ ൫‫ܩ‬ൗ 10൯

La constante n en puissance du diamètre du tube (exprimé en cm) est la suivante :


 n=0,6 pour D < 0.01 m
 n=0,4 pour D ≥ 0.01 m

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 64/81


Les fonctions f(P) et h(P) de la pression (P en MPa) s’expriment suivant :
݂(ܲ) = 0,7249 + 0,99ܲexp(−0,32ܲ)
0,899ܲ
ℎ(ܲ) = −1,159 + + 1,49ܲexp(−0,19ܲ)
0,1 + ܲଶ

5.1.1.1.3 Corrélation W3
La corrélation de W3 a été proposée par Westinghouse et établie par L. S. Tong.
Cette corrélation a été développée à partir d’essais en tube :
 de diamètre D compris entre 5 et 17,8 mm,
 de longueur L comprise entre 0,254 et 3,65 m.

Les paramètres thermohydrauliques suivants sont couverts par cette corrélation :


 pression P entre 0,2 et 19 MPa
 vitesse massique G entre 1356 et 6780 kg/m² s
 titre thermodynamique à l’équilibre  entre -0,15 et +0,15

Le flux critique est le produit des fonctions :


߮௖ௐ ଷ = ܽ(c, ܲ) × ܾ(c, ‫(ܿ × )ܩ‬c) × ݀(‫(݁ × )ܦ‬ℎ௘)‫ ܹ ܯ‬/݉ ²
Avec
ܽ(c, ܲ) = 2,022 − 0,062395ܲ + [0,1722 − 0,0142717ܲ]ൣexp[c(18,177 − 0,59886ܲ)]൧
ܾ(c, ‫ = )ܩ‬3,27131 + [0,1484 − 1,596c + 0,1729c|c|][2326‫]ܩ‬
ܿ(c) = 1,157 + 0,869c
݀(‫ = )ܦ‬0,2664 + 0,8357 exp[−124,055‫]ܦ‬
݁(ℎ௘) = 0,8258 + 0,000341359(ℎ௟௦௔௧ − ℎ௘)
On remarque que cette corrélation est fonction à la fois de conditions locales (titre
thermodynamique) et en entrée (enthalpie). Le titre est lui-même fonction de
l’enthalpie d’entrée et du flux (intégré entre l’entrée et la hauteur considérée). Cette
non indépendance des paramètres explicatifs (P, G, , he) utilisés dans la régression
conduit à une réduction artificielle de la dispersion de la valeur expliquée () [41]. De
plus, il n’est pas possible d’évaluer avec confiance les situations où la combinaison
du flux calculé par la corrélation et de l’enthalpie d’entrée considérée ne correspond
pas au titre introduit dans la corrélation.

5.1.1.1.4 Tables de Groeneveld


A partir de données en tubes, initialement compilées par V.E. Doroshchuk en 1975,
des valeurs du flux critique ont été proposées par D.C. Groeneveld ([52], [53], [54]),
pour des valeurs fixées de pression, vitesse massique et titre et uniformisées à un
diamètre interne de tube de 8 mm.

L’utilisation de ces tables [54] est valable pour des géométries en tube :
 de diamètre D compris entre 0,003 et 0,025 m avec un facteur correctif
multiplicatif à appliquer pour un diamètre différent de 8 mm,
 de rapport longueur sur diamètre supérieur à 50.

Les paramètres thermohydrauliques suivants sont couverts par ces tables [54] :
 pression P entre 0,1 et 21 MPa
 vitesse massique G entre 0 et 8000 kg/m² s
 titre inférieur à 1

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 65/81


Divers facteurs correctifs multiplicatifs sont proposés [52] pour prendre en compte les
effets de géométries différentes du tube ou l’effet de grilles.

Ces tables permettent d’avoir un ordre de grandeur satisfaisant pour des évaluations
préliminaires. L’introduction de toutes les valeurs tabulées et la mise en place de
moyens d’interpolation pour des conditions en dehors de valeurs tabulées rend cette
méthode peu pratique. La correction de diamètre hydraulique est aussi limitée car
uniquement liée au rapport des diamètres sans prendre en compte les conditions
thermohydrauliques locales.

5.1.1.2 Corrélations en grappe


Le terme générique de corrélation en grappe est utilisé pour décrire les moyens de
calculs applicables aux géométries des cœurs de réacteur. Étant données les
géométries très particulières rencontrées, une approche expérimentale est
indispensable pour évaluer les valeurs du flux critique. A partir des données
expérimentales, de la même façon que pour les géométries en tube (cf 5.1.1), les
régressions sont établies à partir de conditions globales telles que mesurées dans
les essais ou de conditions locales calculées. Contrairement à une géométrie en
tube, ces données locales, en particulier vitesse massique et titre thermodynamique,
ne peuvent se calculer simplement. La vitesse massique peut varier selon sa position
dans la section d’essai compte tenu des redistributions de débits. Le titre
thermodynamique varie significativement selon les sous-canaux (Figure 1 ). Il faut
alors recourir à des logiciels de calcul adaptés, les codes d’analyse par sous-canaux,
tels que FLICA [42] ou COBRA [43]. Les cœurs des réacteurs à eau pressurisée sont
ouverts, à la différence des cœurs des réacteurs à eau bouillante où chaque
assemblage de combustible est isolé de ses voisins. D’autre part, un assemblage de
REP comporte plusieurs centaines de crayons. De ce fait des essais en vraie échelle
sont irréalisables. L’approche en conditions locales est alors indispensable pour des
applications de la corrélation de flux critique à des calculs de cœur REP.

Les caractéristiques de conception du combustible nucléaire en particulier les grilles,


la structure (géométrie) de l’assemblage ont une influence importante sur le flux
critique. En favorisant la création de vitesses transverses ou l’intensité de la
turbulence ou encore l’éclatement des poches de vapeur, on repousse la valeur du
flux critique. Les corrélations de flux critique sont dépendantes du combustible et
sont confidentielles, chaque fabricant établit sa corrélation de flux critique applicable
sur ses produits. Les autorités de sûreté vérifient le bien-fondé de cette corrélation.
Pour obtenir un ordre de grandeur du flux critique en grappe, des auteurs proposent
des facteurs correctifs à introduire dans des corrélations établies en tube [27].
Cependant, un grand nombre de campagnes d’essais réalisées dans les années
1980 à l’université Columbia de New-York a été mis dans le domaine public [44] et
peut être utilisée librement. Une de ces campagnes a été exploitée et une corrélation
simple a été proposée [45]. Les paramètres thermohydrauliques suivants sont
couverts par cette corrélation :
 pression P entre 10 et 17 MPa
 vitesse massique G entre 1300 et 4700 kg/m² s
 titre thermodynamique à l’équilibre  entre 0,05 et 0,30
‫ܩ‬
߮௖ோோଵ = 4,268358 − 0,33254585 ∗ ܲ + 0,01070461 ∗ ܲ² + 0,033815424 ∗ ( )²
1000
‫ܩ‬
− 0,1376517313 ∗ ܲc − 1,014880 ∗ c‫ ܹ ܯ‬/݉ ²
1000

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 66/81


Cette corrélation contient exclusivement les paramètres locaux et en particulier
n’introduit pas de paramètres géométriques relatifs à l’assemblage. Cependant les
grilles de mélange ont une influence significative sur les performances en flux
critique et une grille optimale va permettre d’atteindre des valeurs de flux critique
élevées, à conditions locales identiques. La distance entre le point d’évaluation et la
position de la grille en amont est donc un paramètre premier dans les corrélations de
flux critique en grappe. La corrélation présentée calcule le flux critique en
considérant une grille en amont suffisamment loin pour que l’effet de cette distance
ne soit plus significatif.

Pour des écoulement dans des grappes de crayons disposés en pas triangulaire,
caractéristique des réacteurs à eau pressurisée de conception russe (voir TI
BN3 101), la corrélation de Bezrukov ou OKB Gidopress de 1976 est assez simple à
mettre en œuvre et donne des résultats satisfaisants y compris pour des évaluations
en grappe à pas carré pour des grilles peu mélangeuse.
Les paramètres thermohydrauliques suivants sont couverts par cette corrélation :
 pression P entre 7,45 et 16,7 MPa
 vitesse massique G entre 700 et 3800 kg/m² s
 titre thermodynamique à l’équilibre  entre -0,07 et 0,40

߮௖஻௓௄ = 0,7594 × (1 − c)ି଴,ହା଴,ଵ଴ହ௉ × (1 − 0,0185ܲ) × ‫ି ܩ‬଴,ଵଶ଻ା଴,ଷଵଵ(ଵିc) ‫ ܹ ܯ‬/݉ ²


Exemple 12 : Les valeurs de flux critique pour différentes corrélations et conditions
locales sont données ci-dessous. Pour les corrélations en tube, un diamètre de 8 mm
est utilisé. Les corrélations en grappe n’ont pas de terme de diamètre mais le
diamètre hydraulique correspondant et d’environ 11 mm.

Les valeurs sur fond grisé sont hors domaine sur lequel les modèles correspondants
ont été établis. Pour la corrélation W3, une enthalpie en entrée identique a été
introduite pour chaque valeur de la pression à savoir à 15 MPa 1284 kJ/kg (soit
290°C) et à 7 MPa 991 kJ/kg (230°C)

P G X Groeneveld
Bowring Biasi W3 RR1 BZK
MPa kg/m² 1986 1995 2006
15 2000 -0,10 3.425 4.009 3.372 3.244 3.351 3.3495 2.233 3.266
15 2000 0,00 2.572 3.118 2.584 2.391 2.464 2.468 1.824 2.327
15 2000 0,10 1.719 2.228 1.829 1.673 1.843 1.687 1.415 1.640
15 4000 -0,10 3.888 3.268 4.395 3.906 4.502 4.317 2.842 3.791
15 4000 0,00 2.525 2.475 3.034 2.953 2.995 2.874 2.230 2.644
15 4000 0,10 1.161 1.682 1.804 1.906 2.27 2.093 1.617 1.824
7 2000 -0,10 5.930 6.275 4.965 6.044 6.142 6.769 2.900 3.632
7 2000 0,00 5.132 5.384 4.028 4.728 4.952 5.327 2.600 2.804
7 2000 0,10 4.335 4.494 3.438 3.685 3.785 4.02 2.301 2.159
7 4000 -0,10 6.456 5.067 6.471 6.334 7.398 7.118 3.508 4.216
7 4000 0,00 5.096 4.274 4.730 4.638 4.372 4.226 3.006 3.185
7 4000 0,10 3.736 3.480 3.391 2.929 2.928 2.855 2.504 2.401

On remarque une assez grande dispersion des résultats et des variations avec la
vitesse massique et la pression assez différentes selon les corrélations. Les
extrapolations sont acceptables (sur les domaines présentés …). Une grande
prudence est recommandée dans les estimations des valeurs de flux critique sont
facilement à +/-25% et pour lesquelles l’incertitude à associer peut atteindre +/- 50%.

5.1.1.3 Variation axiale du flux de chauffage


Il est observé (dans des géométries en tube ou en grappe) que le flux critique atteint
pour des essais avec un flux uniforme est pratiquement systématiquement plus élevé
que le flux mesuré si le chauffage est variable axialement. Etant donné que dans le

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 67/81


réacteur, le flux de conception est en cosinus et que pour de nombreuses
applications, le flux est variable, cet aspect doit être pris en compte. L’effet
« d’histoire » est introduit par plusieurs auteurs en support au modèle qu’ils
proposent. Plus directement, on peut relier cet effet d’histoire, au constat que même
si les paramètres thermohydrauliques sont identiques pour un chauffage uniforme ou
non en moyenne à l’échelle « macroscopique », la répartition locale du taux de
vide et du titre, entre proche paroi et centre du sous-canal, peut être sensiblement
différente selon le mode de chauffage axial.

Le modèle le plus courant consiste à appliquer un facteur correctif pour tenir compte
d’une variation axiale de la forme du flux. Il faut diviser la valeur du flux critique par la
valeur du facteur de flux non uniforme (FNU) qui a été modélisé suivant la relation :
௭೎
‫ܭ‬
‫= ܷܰܨ‬ න ߮(z)݁‫[݌ݔ‬−‫ݖ(ܭ‬௖ − z]݀z
߮(‫ݖ‬௖)[1 − exp(−‫ݖܭ‬௖)] ௭బ

La distance d’intégration zc est comptée, selon les auteurs, à partir du début de


l’ébullition (z0) ou du début de la longueur chauffante (=0). Le facteur K est établi à
partir de données expérimentales suivant le modèle suivant :
ܽ(1 − ‫)ݔ‬௕
‫=ܭ‬
‫ܩ‬௖
Rosal [3] propose les valeurs suivantes pour a, b et c, pour une intégration à partir de
l’ébullition locale (z0):
a = 185,6
b = 4,31
c = 0,478
K est en m−1 si G est en kg/(m2s).

Etablies à l’origine pour des unités anglo-saxonnes (in-1 et Mlb.h ft² ; a=0,15 et
c=0,478), le coefficients a est seul modifié et se calcule à l’aide des facteurs de
conversions (cf annexe)
1356,23଴,ସ଻଼
ܽ = 0,15 = 185,6
0,0254

5.1.2 Evaluation du risque de crise d’ébullition


L’évaluation du risque de crise d’ébullition est indispensable à l’examen de l’intégrité
de la première barrière de confinement (cf. 5.1). Des calculs sont réalisés dans tout
le cœur à l’aide des codes d’analyse par sous-canaux et ceci pour les conditions
normales et accidentelles couvrant l’ensemble des situations et modes de
fonctionnement du réacteur. A partir de ces conditions, les valeurs locales des
paramètres thermohydrauliques ainsi calculées permettent de déterminer un flux
critique qui est comparé au flux local considéré. On forme alors le Rapport de Flux
Thermique Critique (RFTC).
߮௖௥(ܲ, ‫ܩ‬,c, … )
ܴ‫= ܥܶܨ‬
߮(‫)ݖ‬
Ces informations sont synthétisées dans la Figure 16 . Les paramètres importants
sont tracés en fonction de la hauteur dans le cœur. Le flux local considéré est issu
d’une forme de conception (en cosinus) et relatif à la puissance totale du réacteur et
à la distribution radiale de cette puissance au sein des assemblages et des crayons
des assemblages les plus chauds. A partir de la température d’entrée et de la vitesse
locale (non représentée), le titre thermodynamique est calculé. Il est donc croissant
tout au long de la hauteur du cœur. Le flux critique est calculé sur toute la hauteur et

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 68/81


décroit (vitesse massique et pression sont relativement constants et le titre
augmente). Les petites ruptures de pente indiquent que la corrélation utilisée
comporte un terme de distance à la grille. Lorsque cette distance est re-initialisée (à
chaque hauteur comportant une grille), le flux critique croit légèrement. Le rapport du
flux critique au flux local (RFTC) amplifie ces ruptures de pente au passage d’une
grille. L’évolution du RFTC n’est pas monotone. Le RFTC décroit au départ compte
tenu de la décroissance du flux critique puis augmente lorsque le flux local est faible.

Le RFTC présente donc un minimum. A la hauteur correspondante, le risque de crise


d’ébullition est le plus élevé. Si la valeur minimum du RFTC est inférieure à l’unité, le
flux local dépasse la valeur du flux critique et la crise d’ébullition ne peut être évitée.

Cependant, l’évaluation du flux critique repose sur des essais (entachés


d’incertitudes expérimentales) et sur une fonctionnelle mathématique (la corrélation)
qui n’ajuste pas exactement les valeurs mesurées. De plus, les essais ne constituent
qu’un échantillon de la « population » du flux critique. Il faut définir un intervalle de
tolérance statistique permettant de prendre en compte ces différents facteurs.
 Les incertitudes expérimentales et l’erreur de la fonctionnelle mathématique
sont transcrites via la moyenne et l’écart-type associé à la corrélation et aux
essais.
 La taille de l’échantillon, le taux de confiance et le pourcentage de la
population détermine un coefficient statistique qui permet de calculer un seuil
unilatéral critique de tolérance appelé critère de la corrélation.

L’absence de risque de crise d’ébullition est couvert avec une confiance de 95% et à
une proportion de 95% si le RFTC est supérieur au critère « 95/95 » de la corrélation.
Ce critère peut être établi à partir de la distribution des écarts entre les mesures
expérimentales et les calculs établis avec la corrélation. Le critère peut être établi à
l’aide de l’hypothèse d’une distribution normale (gaussienne) de ces écarts et l’on
utilise les coefficients d’OWEN [46]. Wilks [47] propose aussi l’établissement d’un
critère à partir d’une distribution non paramétrique des écarts.

Figure 16 Evolution du RFTC et des grandeurs thermohydrauliques dans un


sous-canal

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 69/81


5.2 Accident de perte de réfrigérant du circuit primaire (APRP)
Dans ces accidents, on postule une brèche du circuit primaire (seconde barrière) et
une dégradation limitée de la première barrière (gaine du combustible) peut
éventuellement être acceptée. Il est indispensable non seulement de conserver
l’intégrité de l’enceinte de confinement mais aussi de pouvoir refroidir le cœur du
réacteur, d’éviter la fusion du combustible et les réactions entre l’eau et le Zircaloy.
Des systèmes de secours (injections de sécurité moyenne ou haute pression,
accumulateurs passifs et injections de sécurité basse pression, aspersion enceinte)
sont conçus pour limiter les conséquences de tels accidents. L’analyse de ces
accidents a pour objectif de vérifier le bon dimensionnement de ces systèmes, avec
leurs réserves d’eau associées, et la maîtrise des conséquences de tels accidents.

5.2.1 Méthode d’étude


La complexité des phénomènes thermohydrauliques consécutifs à une brèche du
circuit primaire nécessite le recours à des logiciels de calcul [48] pour évaluer les
valeurs des paramètres cibles, en particulier la température de la gaine du
combustible et la pression dans l’enceinte. Les valeurs calculées sont comparées
aux valeurs limites règlementaires et valident (ou non) le dimensionnement des
systèmes de sauvegarde et les limites de fonctionnement du réacteur. On rappelle
que ces analyses sont menées non seulement pour les APRP mais aussi pour
l’ensemble des incidents et accidents résultant de tous les évènements initiateurs
imaginables.
Lors d’un APRP, l’onde de décompression associée à l’ouverture de la brèche se
propage dans le circuit primaire et soumet les structures internes de la cuve, les
assemblages combustibles et les composants primaires à des efforts hydrauliques
importants. Les contraintes mécaniques imposées aux internes de cuve et aux
assemblages combustibles doivent rester limitées pour que la géométrie du cœur et
des assemblages de combustible permette le refroidissement de ces derniers par les
moyens de sauvegarde. Cependant, on s’intéresse ici uniquement à l’aspect
thermohydraulique des APRP, les conséquences mécaniques, la démarche de la
démonstration de sûreté, la détermination et le respect des critères, en particulier
l’introduction de conservatismes ainsi que la prise en compte des incertitudes,
dépassant le cadre de cet article.

En France, l’étude thermohydraulique précise de cette catégorie d’accident a


nécessité le développement du code CATHARE [29], co-réalisé par le CEA, AREVA,
EDF et IRSN à partir de 1979. CATHARE simule tout le spectre des grandes aux
petites brèches soit du circuit primaire, soit du circuit secondaire, soit des circuits
auxiliaires (RRA), ainsi que toutes autres transitoires accidentels (autre que les
brèches) ou des transitoires d’exploitation. Il constitue ainsi un outil d’analyse de
sûreté et de mise au point des procédures de conduite en situation accidentelles et
post-accidentelles. Les capacités de calculs actuelles permettent son intégration
dans les simulateurs de centrale pour calculer en temps réel la thermohydraulique
des circuits primaire, secondaire et certains circuits auxiliaires. C’est par exemple le
cas du simulateur SOFIA [49].

CATHARE est un code à deux fluides et six équations (cf. 3.4). Les équations de
bilan de masse, d’énergie et quantité de mouvement pour les phases vapeur et
liquide du fluide sont résolues dans un circuit modélisé par des éléments à une
dimension, comme les conduites ou des éléments 0-D (volume). Un module 3D est
également disponible pour simuler les écoulements possiblement tridimensionnels
dans le cœur et la cuve du réacteur. Les dernières versions du code offrent
également la possibilité de modéliser le comportement de l’enceinte de confinement

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 70/81


en situation accidentelle (thermohydraulique avec forte présence d’un
incondensable) ou de simuler des réacteurs de génération IV (réacteur rapide au
sodium, réacteur à haute température, …). CATHARE dans sa version v2.5 est
actuellement l’outil de référence des analyses de sûreté en France. Son successeur
CATHARE 3 [31] intègre notamment un modèle à deux fluides et trois champs afin
de pallier le manque de précisions du modèle six équations pour certaines
configurations d’écoulement.

Les circuits primaire et secondaire sont découpés en volumes élémentaires (mailles)


dans chacun desquels les équations du modèle à 2 fluides sont résolues. La Figure
17 en donne un exemple pour le circuit primaire.

Figure 17 Exemple de schéma de discrétisation du circuit primaire dans un code


de calcul type CATHARE

A l’international et en particulier aux Etats-Unis ([50]), les logiciels TRACE [51],


RELAP [33] proposent des fonctionnalités similaires à CATHARE. Ces logiciels
représentent d’une manière réaliste (« Best Estimate ») l’ensemble des phénomènes
physiques intervenant dans la thermohydraulique de l’accident. Cette approche
nécessite une prise en compte détaillée des incertitudes et des lacunes.

Ces logiciels nécessitent une validation rigoureuse et doivent montrer que l’effet
d’échelle entre le support expérimental et les applications en réacteur est
correctement pris en compte. Les applications de ces logiciels sont bien entendu
limitées au domaine couvert par la validation.

Pour ce qui concerne les calculs APRP, l’emplacement et la taille de la brèche


déterminent le déroulement et la physique de l’accident. Pour les petites brèches
d’un diamètre équivalent inférieur à 25 mm, l’étude de sûreté a pour objectif de
démontrer le non découvrement du cœur. Les brèches intermédiaires (d’un diamètre
compris entre 2,5 et 25 à 35 cm) et les grosses brèches (d’un diamètre équivalent
supérieur à 25-35 cm) conduisent à un découvrement plus ou moins prononcé des
crayons combustible et font intervenir des phénomènes physiques complexes. Les
grosses et les petites brèches ou brèches intermédiaires sont étudiées séparément
du fait des scénarios très différents qui les caractérisent.

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 71/81


5.2.2 Accident de perte de réfrigérant primaire grosse brèche
Un transitoire APRP grosse brèche résulte d’une brèche en branche froide d’un
diamètre équivalent supérieur à 25-35 cm, le cas extrême étant la rupture franche
(rupture guillotine doublement débattue) de la tuyauterie, le fluide s’écoulant alors
par les deux tronçons ouverts. Lors de la conception d’un nouveau réacteur, ce cas
limite de l’APRP dimensionne les accumulateurs et l’injection de sécurité basse
pression.

Ce sont les brèches localisées en branche froide (entre une pompe primaire et la
cuve) qui sont, du point de vue thermohydraulique, les plus pénalisantes pour la
tenue des crayons combustibles. En effet, cette situation conduit à postuler que l’eau
des systèmes de sauvegarde (injections de sécurité et accumulateurs) de la boucle
rompue ne sert pas à refroidir le cœur car elle est directement perdue à la brèche.

L’APRP grosse brèche est un transitoire rapide de l’ordre de 200 s, pendant


lesquelles une brusque chute de la pression primaire, un dénoyage total du cœur
puis un renoyage de ce dernier sont observés. D’un point de vue thermohydraulique
le scénario de cet accident peut alors se décomposer suivant trois grandes phases, à
savoir la décompression, le remplissage du plenum inférieur de la cuve et le
renoyage oscillant puis stabilisé du cœur. La Figure 18 positionne ces différentes
phases en regard de l’évolution des températures de la pastille de combustible et de
la gaine.

Figure 18 Evolution de la température de gaine dans un transitoire grosse brèche

L’énergie stockée dans le combustible (initialement et au travers de la loi de


décroissance de la puissance résiduelle) et les transferts de chaleur avec le fluide
déterminent les valeurs de température atteintes. De nombreux phénomènes
thermohydrauliques complexes, décrits ci-dessous, gouvernent le processus de
transfert de chaleur qui peut rencontrer les divers régimes présentés au chapitre 4.5.

5.2.2.1 Décompression
La phase de décompression débute à l’ouverture de la brèche et s’achève lorsque la
pression primaire s’équilibre avec la pression de l’enceinte (après 40 s environ). Dès

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 72/81


l’ouverture de la brèche, le circuit primaire se vide rapidement, le fluide s’écoule des
deux côtés dans la boucle rompue. Un point de stagnation (où la vitesse du fluide est
nulle) progresse dans le circuit primaire au cours du temps. S’il est situé dans le
cœur, les échanges thermiques par convection sont alors très fortement réduits.
Lorsque la pression atteint la valeur à saturation correspondant à la température de
l’eau (autour de 330°C soit 13 MPa dans les zones les plus chaudes), la vaporisation
(« flashing ») très forte entraîne, par effet neutronique, la chute de la réactivité. La
pression continue de baisser et la vaporisation du fluide augmente, de ce fait la
baisse de pression est ralentie. Tout au long de cette phase, le transfert thermique
est limité et les gaines s’assèchent rapidement, leur température s’élève entre 800 et
1 000 C, selon l’énergie stockée dans le combustible. C’est le pic T1 de la Figure 18 .
Puis une circulation temporaire de fluide à l’état diphasique peut se rétablir dans la
cuve, d’où une baisse possible de température après ce pic. La phase de
décompression s’achève lorsque l’équilibre des pressions est atteint entre le circuit
primaire (ouvert) et l’enceinte.

Les phénomènes thermohydrauliques prépondérants sont tout d’abord le débit


critique à la brèche (4.4), les transferts de chaleur (avec notamment la détermination
de l’instant de la crise d’ébullition au-delà duquel les transferts de chaleurs sont
fortement réduits), les pertes de charges dans le circuit et les phénomènes de
séparation des phases dans les zones à faible vitesse.

5.2.2.2 Remplissage
Cette phase débute avant la fin de la décompression (après 20 s environ), dès que la
pression dans le circuit primaire est suffisamment basse pour commander l’ouverture
des clapets des accumulateurs (4 MPa), ce qui conduit à une arrivée d’eau froide et
borée dans les boucles. Une partie en est perdue à la brèche (on postule de plus que
celle provenant de l’accumulateur connecté à la branche rompue est perdue en
totalité). Cependant, la vapeur produite empêche cette eau de descendre dans le
collecteur annulaire, une autre partie est vaporisée par les structures métalliques
chaudes (branches froides et entrée cuve). L’eau froide cependant condense la
vapeur et participe à la décompression dans le circuit. L’eau parvient finalement à
remplir l’espace annulaire et le plénum inférieur de la cuve. Durant cette phase, le
cœur est encore dénoyé et, n’étant pas refroidies, les gaines s’échauffent
adiabatiquement (car les échanges de chaleur avec la vapeur sont négligeables)
jusqu’au pic T2.

Les phénomènes thermohydrauliques prépondérants sont le contre-courant et la


condensation de la vapeur au contact de l’eau des accumulateurs.

5.2.2.3 Renoyage
Après 40 s, le système d’injection de sûreté basse pression (environ 2 MPa) vient
injecter de l’eau dans les boucles, en complément des accumulateurs avant leur
vidange complète. Cette eau va continuer à remplir la cuve et va commencer à
renoyer la partie basse du cœur. Le renoyage est un phénomène gravitaire : la
progression du niveau d’eau dans le cœur se produit sous l’effet du poids de la
colonne d’eau présente dans le collecteur annulaire qui doit vaincre les pertes de
charge de l’écoulement de la vapeur et des gouttelettes d’eau vers le haut du cœur,
le plénum supérieur, les générateurs de vapeur et les pompes. Au cours de cette
phase, les crayons sont à une température telle que l’eau liquide ne peut venir
directement au contact des gaines parce qu’elle y est immédiatement vaporisée
(point de Leidenfrost voir les techniques de l’Ingénieur [BE8235]). Il y a
établissement d’un écoulement de type annulaire inverse, la vapeur entoure les

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 73/81


gaines et l’eau liquide est rejetée au centre de la cellule. La vaporisation en partie
basse du cœur crée un fort courant ascensionnel de vapeur dont la vitesse est de
l’ordre de plusieurs dizaines de mètres par seconde. Les gaines atteignent un
nouveau pic de température T3, dit de turnaround puis leur température baisse
sensiblement. Avec la contribution de la conduction axiale, il y a progression du front
de trempe et retour à saturation. L’accident est terminé pour sa phase la plus
importante, la phase à court terme.

Les phénomènes thermohydrauliques prépondérants sont liés à l’entrainement des


gouttes d’eau par la vapeur qui peuvent être piégées par les structures du plenum
supérieur (et ensuite condensées cf. 4.5.5) ou vaporisées dans le générateur de
vapeur (steam binding) qui influence la vitesse de montée du front de trempe via les
différentiels de pression.

5.2.3 Accident de perte de réfrigérant primaire petite brèche et brèche


intermédiaire
Lors d’un accident de perte de réfrigérant primaire par petite brèche on postule la
rupture partielle d’une grosse tuyauterie primaire ou la rupture d’une petite tuyauterie
branchée au circuit primaire ou encore une soupape de sûreté restée coincée
ouverte après fonctionnement (cas de l’accident de Three Mile Island). La rupture
d’un tube de générateur de vapeur (RTGV) est un cas très particulier d’APRP du fait
de son déroulement totalement différent où les interactions entre les pressions au
primaire et secondaire sont prédominantes. On s’intéresse ici aux aspects purement
thermohydrauliques pour lesquels la RTGV ne présente pas des phénomènes
spécifiques, ce type d’APRP ne sera pas exposé ici.

Le déroulement d’un APRP résultant d’une petite brèche ou d’une brèche


intermédiaire est plus lent que dans le cas d’une grosse brèche ; l’écoulement est
moins homogène (les phases liquides et vapeur pouvant être ‘séparées’) et les effets
gravitaires plus importants déterminent les phases du transitoire ; le circuit primaire
se dépressurise plus lentement, ce qui laisse au système de sauvegarde (injection
de sécurité haute pression notamment) le temps d’agir avant la vidange du cœur. En
outre les actions de l’opérateur peuvent modifier le déroulement de l’accident. La
taille de la brèche, sa position, l’état initial du réacteur sont aussi des facteurs
prédominants. De ce fait, il en résulte une multitude de scenarios possibles qui
dépassent le cadre de cet exposé et dont on trouvera des descriptions en [36] et
[37]. Vis-à-vis de la thermohydraulique, les brèches en branche froide sont plus
pénalisantes que celles en branche chaude, l’eau injectée à la brèche étant perdue
dans la boucle rompue, et la perte en masse plus importance du fait d’un passage en
phase vapeur à la brèche plus tardif. On se place donc dans la suite dans
l’hypothèse d’une brèche en branche froide. De plus, si les pompes primaires
fonctionnent, l’écoulement est relativement homogène (niveau ‘gonflé’ dans le cœur)
ce qui favorise le refroidissement du cœur mais accélère la perte de l’inventaire en
eau dans le circuit primaire. Sans les pompes primaires, le niveau de fluide dans le
cœur se tasse, le fluide s’échauffe dans le cœur, et si le refroidissement au GV est
opérationnel, une circulation en thermosiphon (4.5.7.1) s’établit, le GV étant placé
une petite dizaine de mètres au-dessus du cœur.

Lors de la décompression du circuit primaire suite à la brèche, un premier palier va


être atteint avec l’équilibre entre les pressions au primaire et au secondaire, la
création de vapeur dans le cœur est compensée par les échanges aux générateurs
de vapeur qui condensent la vapeur d’eau du primaire. La puissance résiduelle est
évacuée principalement par le secondaire, la perte à la brèche étant en phase

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 74/81


liquide. Lorsque la production de vapeur dans le cœur est insuffisante, la pression
baisse alors au primaire et se retrouve en dessous de la pression au secondaire. Les
échanges de chaleur sont alors inversés, le GV réchauffant le primaire. L’eau perdue
à la brèche reste liquide tant que l’eau liquide présente dans la branche intermédiaire
en amont de la brèche n’est pas expulsée à la fois par la vapeur et par la vidange à
la brèche. Dès le passage de la brèche en vapeur, la dépressurisation est
significative et peut mener au découvrement du cœur (baisse manométrique)
compensé cependant par l’eau injectée des accumulateurs.

Une fois les pompes primaires arrêtées, les phénomènes thermohydrauliques les
plus notables sont liés à la convection naturelle. La vapeur se porte en sortie cœur,
dans le plénum supérieur, dans les branches chaudes et dans la partie montante des
tubes des générateurs de vapeur. La vidange se poursuivant, de la vapeur passe en
partie descendante des tubes de GV (générateur de vapeur) et le débit va en
diminuant jusqu’à s’annuler lorsque l’inventaire en eau devient insuffisant pour
maintenir la circulation naturelle. Le transport d’énergie aux GV se fait alors en
caloduc, la vapeur sortant de la cuve allant se condenser dans la partie montante
des tubes de GV. La fraction condensée, eau ‘claire’ sans bore, redescend à contre-
courant vers la cuve, mais ne passe plus dans la partie descendante des tubes.

Outre la convection naturelle (thermosiphon et caloduc) en simple phase liquide et


en diphasique, les phénomènes thermohydrauliques prépondérants sont le contre-
courant et le traitement des incondensables qui peuvent interrompre la circulation
naturelle. La répartition du liquide et de la vapeur dans le circuit primaire (séparation
des phases) influence notablement le déroulement de l’accident.

5.2.4 Accident Grave


Les scenarii présentés précédemment concernent la phase court terme de l’APRP. A
plus long terme, les opérateurs de la centrale ont un certain nombre d’actions à
réaliser afin de maintenir le réacteur dans un état sûr. Si on suppose que les
opérateurs n’arrivent pas à intervenir (comme dans des situations telles que
l’accident de Fukushima), le refroidissement du cœur du réacteur peut à nouveau
s’interrompre. A la fin de la phase court terme de l’APRP, le refroidissement du cœur
est assuré par le système d’injection de secours, ce dernier puisant l’eau dans une
bâche (réservoir) qui a une contenance limitée. L’eau perdue à la brèche se retrouve
cependant au sol du bâtiment réacteur. Cette eau peut alors être pompée et le
refroidissement peut se poursuivre. Cependant, en cas de dysfonctionnement,
l’absence de refroidissement conduit à l’augmentation de la température du cœur. La
puissance résiduelle produite par les crayons combustibles reste effective sur le très
long terme. Il s’ensuit alors une dégradation du cœur suite à la fusion des gaines et
des pastilles de combustibles (corium fondu dans le cœur). On parle d’accident
grave lorsque la dégradation du cœur commence.
Ce processus de dégradation du cœur est caractérisé par des phénomènes
complexes s’accompagnant de changement de géométrie dans le cœur et dans la
cuve du réacteur (relocalisation et fusion du combustible). Par ailleurs, lors de tels
accidents, plusieurs réactions chimiques entre la gaine et la vapeur d’eau ou l’air
sont à prendre en considération car elles ont un impact non négligeable sur le
déroulement de l’accident. Par exemple, la réaction d’oxydation de la gaine par l’eau
conduit à de multiples conséquences, à savoir une fragilisation de la gaine, la
formation d’hydrogène (gaz explosif) et une accélération de la montée en
température (réaction exothermique). Un code de thermohydraulique seul pour
prendre en compte tous ces phénomènes n’est donc plus suffisant, c’est pourquoi
des couplages entre plusieurs codes (notamment avec des codes de

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 75/81


thermomécanique) sont réalisés.
Il existe deux phases successives dans l’accident grave, la première dédiée au
comportement du combustible jusqu’à sa fusion et la seconde dédiée au
comportement du combustible fondu. Lors de la première phase, les phénomènes
physiques importants concernent la montée en température des crayons, l’oxydation
et la déformation (ballonnement) puis la rupture des gaines du combustible
s’accompagnant d’une relocalisation dans la gaine et dans la cuve de fragments de
pastilles combustibles. Lors de la deuxième phase de l’accident, les phénomènes
physiques à considérer sont relatifs au comportement du corium et ses interactions
avec les composants non fondus dans le cœur, lors de son déplacement et son
accumulation dans le fond de cuve, pouvant entrainer une rupture de la cuve. Le
code ASTEC (Accident Source Term Evaluation Code) développé par l’IRSN et GRS
[52] est en particulier dédié à l’étude des accidents graves, la référence [53] présente
un état des lieux détaillé des approches et des outils dédiés aux accidents graves.

Conclusion
La thermohydraulique doit relever les défis de la mécanique des fluides à savoir
parvenir à des relations de fermeture modélisant au mieux les phénomènes.
Cependant, la coexistence de plusieurs phases dans l'écoulement rend la tâche
hautement complexe compte tenu des interactions multiples entre les phases et des
interfaces évoluant sans cesse. Les approches moyennées à une dimension
parviennent maintenant à proposer des modèles associés à des moyens de calcul
satisfaisants quoique souvent hautement empiriques. Cependant, la compréhension
fine des phénomènes, étape essentielle pour parvenir à un haut niveau de
modélisation, nécessite tout d'abord des moyens d'investigations sophistiqués,
moyens de calcul et moyens expérimentaux. Bien que les capacités de calcul aient
fortement progressé lors des dernières décennies, la base de connaissance
s'appuyant sur des interprétations d'essais nécessite encore des développements et
fait l'objet programmes en projet ou en cours de réalisation. Les besoins du nucléaire
sont nombreux et doivent appuyer les applications liées aux accidents graves, aux
systèmes innovants notamment de sûreté passifs et aux modélisations multi-
dimensionnelles.

Glossaire
APRP Accident par Perte de Réfrigérant Primaire
RFTC Rapport de Flux Thermique Critique
DNB Departure from Nucleate Boiling
REP Réacteur à Eau Pressurisée

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 76/81


Sigles, notations et symboles
Dimension Ordre de
Unité
Notation Définition Unité SI grandeur Equation Facteur de conversion2
anglaise (M L t)1 (SI)
A surface de passage m² ft² L² 1ft²= 0,092903 m²
capacité
-1
cp calorifique à kJ/kg-°C Btu/lbm-°F L²t-2 4,5 1 Btu/lb°F =4,1868 kJ/kg°C
pression constante
߲‫݌‬
c Vitesse du son m/s ft/s L t-1 ඨ൬ ൰ 1ft/s= 0,3048 m/s
߲ߩ ௦
paramètre
C (-) (-) (-) C= (-)
d'écoulement
constante du  1

C0 modèle à dérive de (-) (-) (-) 1,2  C  vd (-)
flux 0 j
coefficient de
Cx (-) (-) (-) Cx=U²2 (-)
Fanning
diamètre des
D m in L 0,0095 1 in= 0,0254 m
crayons chauffants
Diamètre
Dh
(hydraulique)
m ft L 0,0010 Dh=4A/ P 1ft/s= 0,3048 m/s

vitesse de dérive
d m/s ft/s L t-1 d=Uv-j 1ft/s= 0,3048 m/s
drift velocity
dérive de flux
dfv m/s ft/s L t-1 dfv=d=jv-j 1ft/s= 0,3048 m/s
"drift flux"
coefficient de
f (-) (-) (-) 0,02 f=4Cx (-)
perte de charge
Accélération
g m²/s ft/s² L2t-1 9,81 1 ft/s² = 0,3048 m/s²
pesanteur
1 Mlb/h-ft²=
G vitesse massique kg/m²-s 106lb/ft²-hr ML-2t-1 3500 G =W/A=U 1356,23 kg/m² s
h enthalpie kJ/kg Btu/lbm L2t-2 1200 h≈cpT 1 Btu/lb = 2,326 kJ/kg
Coefficient de
hc transfert thermique -1 50 000 h="/T 1 Btu/h-ft² °F = 5,678 W/m² °C
W/m²-°C Btu/h ft² °F M  t-3
par convection
hlv chaleur latente kJ/kg Btu/lbm L2t-2 1000 h lv  h sat
v  hl
sat
1 Btu/lb = 2,326 kJ/kg
flux volumétrique
J ou vitesse m/s ft/s L t-1 j=Q/A 1ft/s= 0,3048 m/s
superficielle
flux volumétrique
jv m/s ft/s L t-1 jv= Gx/ v 1ft/s= 0,3048 m/s
vapeur
flux volumétrique
jl m/s ft/s L t-1 jl= Ql/ A 1ft/s= 0,3048 m/s
liquide
m masse kg lbm M t-1 1 lb = 0,4535924 kg
݉̇ Débit massique kg/s lbm/h M t-1 ݉̇ = ߩܳ 1 lb/h = 0,000126 kg/s
P pression Pa=N/m² psia=lbf/in² M L-1 t-2 15,5 106 1 psi = 6894,76 Pa
pas pas entre crayons m In L 0,0126 1 in= 0,0254 m
puissance
P,  W=J/s Btu/hr ML2t-3 1 Btu/hr = 0,2931 W
thermique
P périmètre mouillé m in L 1 in= 0,0254 m
q’ puissance linéique W/m Btu/h ft MLt-3 20000 1 Btu/h ft = 0,9615 W/m
q’’  flux de chaleur W/m² Btu/h ft² Mt-3 600 000 1 Btu/h ft² = 3,1546 W/m²
3
Q débit volumique m /s ft /h3
3
L3 t-1 1 USGPM = 0,2271247 m3/h
rayon des crayons
R m in L 1 in= 0,0254 m
chauffants
S glissement (-) (-) (-) 1 à 10 S=Uv/Ul (-)

1 M : masse L : longueur  : température t : temps.


L'unité de force (Newton) est en ML t-2
2 -2
L'unité d'énergie (Joule=Nm) est en ML t L'énergie spécifique (par unité de masse) est en (L/t)²

2 On obtient les unités SI en multipliant les valeurs en unités anglaises par le facteur indiqué
1 ft = 12 " = 12* 2.54/100 = 0.3048 m
3 On trouve aux Etats –Unis l'US gal/min soit 6.309 10-5 m3/s

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 77/81


0°C = 32 °F
T température °C °F  300
°F= x1,8°C+32
U, ‫ݑ‬
ሬ⃗ vitesse m/s ft/s L t-1 5,35 U= Q/A 1ft/s= 0,3048 m/s

Ud vitesse débitante m/s ft/s L t-1 1ft/s= 0,3048 m/s

Vd vitesse de dérive
m/s ft/s L t-1 vd=<d>/<> 1ft/s= 0,3048 m/s
moyenne
x qualité (-) (-) (-) 0,0 x=Wv/Wtotal (-)
3 US Gal
V volume m L3 1 US gal = 0,0037854 m3
=231 in.3
v volume spécifique m3/kg ft3 /lb M L-3 v=1/ 1 ft3/lb = 0.062428 m3/kg
 taux de vide (-) (-) (-) 0à1 =Vv/Vtotal (-)
taux de débit
 volumétrique (-) (-) (-) =Qv/Qtotal (-)
vapeur
coefficient de 1   
 (-) (-) (-)    (-)
dilatation   T 
Conductivité -1 -3
 W/m-°C Btu/h ft °F ML  t 0,6 1 Btu/h ft °F = 1,730735 W/m °C
thermique
-1 -2
 frottement N/m² ML t =dU/dx
Viscosité kg/m-s -1 -1
 lbm/ft-s ML t 10-3 =10 poise 1 lbm/ft-s = 1,48816 Pa s
dynamique (poiseuille)
Viscosité m²/s
 ft²/s L2t-1 10-6 =/ 1 ft²/s = 0,0929 m²/s
cinématique (myriastokes)
Diffusivité
 m²/s ft²/s L2t-1 =/ cp 1 ft²/s = 0,0929 m²/s
thermique
 rendement (-) (-) (-)
titre ℎ − ℎ௟௦௔௧
 (-) (-) (-) c=
thermodynamique ℎ௟௩
-3
 masse volumique kg/m3 lbm/ft3 ML 700 1 lb/ft3 = 16,018 kg/m3
tension
 N/m lbf/in M t-2 0,05 1 lbf/in = 175,127 N/m
superficielle
q' puissance linéique W/m Btu/h-ft MLt-3 18 000 1 Btu/h ft = 0,9615 W/m

 ou q" flux surfacique W/m² Btu/h-ft² Mt-3 600 000 1 Btu/h ft² = 3,1546 W/m²
Nombre de
RE (-) (-) (-) 500000 UD/ (-)
Reynolds
FR Nombre de Froude (-) (-) (-) U²/gD (-)
Nombre de
GR (-) (-) (-) gL T/²
3
(-)
Grashof
Nombre de
ST = NU/ RE PR (-) (-) h/cpU (-)
Stanton
PR Nombre de Prandtl (-) (-) (-) 1 cp/ (-)
Nombre de
NU (-) (-) (-) hD/ (-)
Nusselt
PE Nombre de Peclet = RE PR (-) (-) cpUD/ (-)
Nombre de
RA = GR PR (-) (-) (gL T)/()
3
(-)
Raleigh
Nombre
BO (-) (-) (-) /(Ghlv) (-)
d’ébullition
JA Nombre de Jakob (-) (-) (-) cp/hlv (-)

Indices
l : liquide v : vapeur
e : équilibre ou condition en entrée he : hors équilibre cr : critique

Exposant : sat : saturation

Eléments de thermohydraulique Ch. Herer Avril 2017 78/81


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