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3e Petit Pays, Résumé, Et Extraits 1.2.3.4.5.6

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Résumez l’œuvre.

Etape 1 : Où se situe l’action ?

Etape 2 : Qui sont les personnages et quels sont les liens entre eux ?

Etape 3 :

chapitres lieux Personnages Actions principales Intérêt du chapitre ?


chapitres lieux Personnages Actions principales Intérêt du chapitre ?
Extrait 1 : La tension, chap 12.

Les premières élections approchent. Le Burundi aura bientôt un président élu par le peuple.

[1] [2]
« Frodebu . Uprona . C’était le nom des deux grandes formations politiques qui se
disputaient les élections présidentielles du 1e juin 1993, après trente années d’un règne sans
partage de l’Uprona. On n’entendait plus que ces deux mots toute la journée. A la radio, à la
télévision, dans la bouche des adultes. Comme Papa ne voulait pas qu’on s’occupe de
politique, j’écoutais ailleurs quand on en parlait.

Dans tout le pays, la campagne électorale prenait des allures de fête. Les partisans de
l’Uprona s’habillaient de tee-shirts et des casquettes rouge et blanc, et quand ils se
croisaient, ils se faisaient un signe avec les trois doigts du milieu levés. Les supporters du
FRODEBU avaient choisi le vert et blanc et leur signe de ralliement était un poing levé.
Partout, sur les places publiques, dans les parcs et les stades, on chantait, on dansait, on
riait, on organisait de grandes kermesses tonitruantes. Prothé, le cuisinier, n’avait plus que
le mot démocratie en bouche. Même lui, toujours sérieux avec sa mine de chien battu, avait
changé. Parfois, je le surprenais dans la cuisine à tortiller ses fesses de paludéen et à
[3]
chanter d’une voix de crécelle : »Frodebu Komera ! Frodbu Komera ! Quel plaisir de voir
la gaieté que la politique procurait ! C’était une joie comparable à celle des matchs de
football du dimanche matin. (…)

Innocent prenait sa douche un peu plus loin, au fond du jardin. Sa tête et ses pieds
dépassaient de la plaque en tôle rouillée qui servait de porte au coin douche. Pour agacer
Prothé, il avait inventé une chanson qui moquait le Frodebu et la chantait à tue-tête. « Le
Frodebu dans la boue, l’Uprona vaincra. » Tout en lançant vers Innocent des regards
prudents pour être sûr de ne pas être entendu, Prothé a maugréé :

« Il peut bien continuer ces enfantillages autant qu’il veut, ils ne gagneront pas, cette fois. Je
vais même te dire, Donatien : ils sont aveuglés par trente ans de pouvoir, et leur défaite n’en
sera que plus cinglante.

- Ne sois pas présomptueux, mon ami, c’est péché. Innocent est jeune et
arrogant, mais toi, tu dois faire preuve de sagesse. Ne te laisse pas distraire par
ces provocations puériles.

- Tu as raison, Donatien. Mais j’ai quand même hâte de voir sa tête quand il
apprendra notre victoire.

Innocent est sorti de la douche, torse nu, et s’est avancé jusqu’à nous avec la démarche
d’un félin. Les gouttelettes d’eau dans ses cheveux crépus brillaient au soleil, lui
faisaient une tonsure blanche. Il s’est arrêté devant Prothé, qui a baissé la tête et s’est
mis à frotter le linge encore plus énergiquement. Innocent a enfoncé une main dans sa
poche et en a sorti un de ses foutus cure-dents qu’il a jeté dans sa cavité buccale. Pour
nous impressionner, il contractait ses muscles et prenait la pose, tout en fixant la nuque
de Prothé avec mépris.

- Hé, toi, le boy ! »

Prothé s’est arrêté net de frotter. Il s’est déplié de toute sa taille et a planté ses yeux
dans ceux d’Innocent avec une attitude froide de défi. »

Dans “Prothé s’est arrêté net de frotter. Il s’est déplié de toute sa taille et a planté ses yeux
dans ceux d’Innocent avec une attitude froide de défi”, justifiez les accords des participes
passés.

1. Quels sont les signes distinctifs de l’UPRONA ? Du FRODEBU ? Finalement, à quoi


cela ressemble –t- il ?
2. Relevez le champ lexical de la fête. Que peut-on en déduire ?
3. Dans « Partout, sur les places publiques, dans les parcs et les stades, on chantait,
on dansait, on riait, on organisait de grandes kermesses tonitruantes », quelle figure
de style est employée ? Quel est l’effet créé ?
4. Que signifie le mot « démocratie » ? Pourquoi est-ce une « révolution » au Burundi?
5. Quels éléments indiquent la provocation d’Innocent à l’égard de Prothé ?
6. Que signifie le mot « puéril » ? Trouvez un mot de la même famille.
7. Que signifie le mot « boy » ? En quoi cela peut-il être perçu comme une injure ?
8.
9. Comment Prothé réagit –il à la fin de cet extrait ? Est-ce dans ses habitudes ? Qu’est
ce que cela signifie-t-il alors ?

Bilan : Comment la joie de la démocratie est-elle remise en question dans cet extrait ?

Extrait 2 : Le coup d’état.

Quelques mois après les élections présidentielles, remportées par le FRODEBU, le


président burundais, Melchior Ndadaye est renversé par l’armée, principalement menée par
des Tutsis.

« Je dormais d’un sommeil léger quand j’ai senti qu’on me touchait la tête. J’ai d’abord
pensé que des rats grignotaient les boucles de mes cheveux, comme cela arrivait avant que
Papa n’installe des pièges dans toute la maison. Puis j’ai entendu chuchoter : « Gaby, tu
dors ? » La voix d’Ana a achevé de me réveiller. J’ai ouvert les yeux. Notre chambre était
plongée dans le noir. De la main gauche, j’ai tiré le rideau. Un rayon de lune a traversé la
moustiquaire de la fenêtre, éclairant le visage apeuré de ma petite sœur. « Qu’est ce qu’on
entend Gaby ? » Je n’ai pas compris. La nuit était calme. Je reconnaissais simplement les
hululements de la chouette installée dans le faux plafond au-dessus de notre chambre. Je
me suis redressé et j’ai attendu, jusqu’à ce que résonnent plusieurs bruits secs rapprochés
les uns des autres. « On dirait des coups de feu… » Ana s’est glissée dans mon lit pour se
blottir contre moi. Un silence angoissant succédait aux bruits d’explosions et de tirs de
mitraillette Ana et moi étions seuls à la maison. (…) J’ai pressé le bouton qui éclairait ma
montre, le cadran affichait deux heures du matin. A chaque explosion, Ana se serrait un peu
plus contre moi.

- Il se passe quoi, Gaby ?

- Je ne sais pas…

Les coups de feu ont cessé vers six heures du matin. Papa n’était toujours pas rentré.
(…)Nous nous sommes levés, habillés, puis nous avons préparé nos cartables. Prothé
n’était pas là non plus. Nous avons mis la table du petit déjeuner sur la terrasse. J’ai préparé
le thé. Le perroquet faisait des culbutes dans sa cage. J’ai cherché quelqu’un dans la
parcelle. Il n’y avait pas âme qui vive. Même le zamu avait disparu. Après avoir mangé, nous
avons débarrassé la table. J’ai aidé Ana à se coiffer. Toujours personne dans la maison. Je
guettais le portail, c’était l’heure où les ouvriers étaient censés arriver. Mais rien ne bougeait.
Nous nous sommes assis sur les marches de l’entrée pour attendre l’arrivée d’Innocent ou
de Papa. Ana a sorti son cahier de mathématiques de son cartable et s’est mise à réciter
ses tables de multiplication. Sur la route, devant la maison, il n’y avait ni piétons ni voitures.
Que se passait-il ? Où étaient –ils tous ? On entendait un air de musique dans le voisinage.
»

1. Dans “Ana a sorti son cahier de mathématiques de son cartable et s’est mise à
réciter ses tables de multiplication.”, justifiez les accords des participes passés.
2. A quel moment de la journée se situe l’histoire ?
3. Par qui le narrateur est-il réveillé ?
4. Quels sont les éléments éclairés dans le premier paragraphe ?
5. Pour quelle raison a –t- il été réveillé ?
6. Quelle est l’attitude d’Ana ? Quelle est l’attitude de Gabriel ?
7. Relevez les gestes quotidiens. Pour quelle (s) raison (s ) font- ils ces gestes ??
8. Relevez les expressions qui indiquent le vide, l’absence.
9. Quel type de discours est employé dans «Que se passait-il ? Où étaient –ils tous ? »
10. Qui est « on » dans « On entendait un air de musique dans le voisinage. » » ?
Pourquoi entend-on cet air de musique dans le voisinage ?

Extrait 3 : Arrestations illégales.

Gaby, Ana et Yvonne, leur mère, sont partis au Rwanda. Après une première nuit chez tante
Eusébie, la tante d’Yvonne, au Rwanda. Ils prennent la voiture pour se rendre au mariage
de Pacifique, le frère d’Yvonne, et de Jeanne, sa fiancée, à Gitarama, à cinquante
kilomètres de Kigali. Sur la route, ils sont arrêtés.
La voiture a ralenti. Devant nous, des véhicules étaient arrêtés sur un pont.

Arrivés au niveau des soldats, l’un d’eux a fait un signe à tante Eusébie de couper le moteur
et lui a demandé sa carte d’identité. Un autre, kalachnikov en bandoulière, faisait son
inspection en tournant d’un air menaçant autour du véhicule. Lorsqu’il est passé devant le
coffre, il a collé son visage contre la vitre. Christian a tourné la tête pour éviter de croiser son
regard, moi aussi. Le soldat s’est ensuite approché de Maman. Après l’avoir dévisagée, il lui
a sèchement demandé ses papiers. Maman a tendu son passeport français. Le soldat a jeté
un rapide coup d’œil dessus, puis, en ricanant, il lui a dit en français :

- Bonjour, Madame la Française.

Il feuilletait le passeport avec une expression amusée. Maman n’osait pas parler. Il a
continué :

- Mmmm…. Je ne pense pas que tu sois une vraie française. Je n’ai jamais vu
une Française avec un nez comme le tien. Et cette nuque…

Il a alors passé sa main dans le cou de Maman. Elle n’a pas bougé. Elle était raide de peur.
Tante Eusébie parlementait de son côté avec l’autre soldat. Elle faisait tout pour dissimuler
son angoisse.

- Nous allons à Gitarama rendre visite à un de nos proches qui est malade.

Je regardais la barrière derrière eux, leurs armes qui se balançaient sur leurs épaules,
j’entendais le bruit de la sangle qui grince et de la rivière ocre rouge, coincée entre les
berges de papyrus, qui coulait sous le pont avec ses tourbillons éphémères à la surface
de l’eau. C’était étrange de comprendre les allusions du militaire, la peur dans les gestes
de tante Eusébie, la peur de Maman. Un mois plus tôt, je n’aurais rien saisi. Des soldats
hutus d’un côté, une famille tutsie de l’autre. J’étais aux premières loges de ce spectacle
de la haine.

- Allez dégagez, bande de cafards ! a dit le soldat subitement, en jetant la carte


d’identité au visage de tante Eusébie.

Le second soldat a rendu son passeport à Maman et a brutalement poussé son nez du bout
de son index.

- Au revoir, femelle serpent ! Et comme tu es française, salue bien bas notre ami
tonton Mitterrand ! a-t-il dit en ricanant à nouveau.

Quand tante Eusébie a démarré, un des soldats a donné des coups de pieds dans la
carrosserie. Avec sa crosse, le second a éclaté une des vitres arrière, projetant des débris
de verre sur Christian et sur moi. Ana a poussé un cri aigu. Tante Eusébie est partie en
[4]
trombe. »

1. Dans “ Maman a tendu son passeport français”, justifiez l’accord du participe passé.
2. Quel est le contexte?
3. Relevez les éléments qui indiquent le comportement des soldats. Que peut-on en
déduire?
4. En quoi le terme “femelle” est il humiliant?
5. Dans “Je regardais la barrière derrière eux, leurs armes qui se balançaient sur leurs
épaules, j’entendais le bruit de la sangle qui grince et de la rivière ocre rouge,
coincée entre les berges de papyrus, qui coulait sous le pont avec ses tourbillons
éphémères à la surface de l’eau. C’était étrange de comprendre les allusions du
militaire, la peur dans les gestes de tante Eusébie, la peur de Maman. Un mois plus
tôt, je n’aurais rien saisi. Des soldats hutus d’un côté, une famille tutsie de l’autre.
J’étais aux premières loges de ce spectacle de la haine”, que comprend l’auteur?
pourquoi cet extrait semble-t-il important?

Extrait 4 : Au revoir

Les présidents rwandais et burundais ont été tués dans un crash aérien. Yvonne, très
inquiète, revient dans la maison familiale et implore l’aide de Michel. Ensemble, ils tentent
de joindre l’ambassade française et tante Eusébie pendant des heures. En vain, jusqu’à cet
appel.

« Yvonne s’est exclamé Eusébie. Yvonne, c’est toi ? non, ça ne va pas du tout. Nous avons
entendu l’explosion de l’avion, hier soir. Quelques minutes après, à la radio, ils ont annoncé
la mort du président, en accusant les Tutsi d’être responsables de l’attentat. La population
hutue a été appelée à prendre les armes en représailles. J’ai compris que c’était leur signal
pour nous éliminer. Ils n’ont pas tardé à installer des barrages un peu partout. Depuis, les
miliciens et la garde présidentielle sillonnent la ville, ratissent les quartiers, rentrent dans les
maisons des Tutsi et des opposants hutus, massacrent des familles entières, n’épargnant
personne. Nos voisins et leurs enfants se sont fait tuer ce matin, à l’aube, juste là, derrière la
clôture. C’était affreux, mon Dieu… Nous avons assisté à leur agonie, sans rien pouvoir
faire. Nous sommes terrorisés. Couchés par terre, à l’intérieur de la maison. On entend des
tirs de mitraillette tout autour de nous. Qu’est ce que je peux bien faire, seule avec mes
quatre enfants ? Yvonne, que va-t-il nous arriver ? Et mon contact aux Nations Unies qui ne
répond pas. J’ai peu d’espoir…

Sa voix était haletante. Maman essayait de la rassurer comme elle pouvait.

- Ne dis pas ça, Eusébie ! Je suis avec Michel, on va joindre l’ambassade de


France à Kigali. Ne t’inquiète pas. Je suis sûre que Pacifique est déjà en route
pour vous récupérer. Si tu peux, essaye de te réfugier à Sainte famille. Les
tueurs n’attaquent pas les églises, rappelle-toi les pogroms de 1963 et 1964, on a
survécu de cette façon, ce sont des sanctuaires qu’ils n’osent pas profaner…

- Impossible. Le quartier est encerclé. Je ne peux pas prendre le risque de sortir


avec les enfants. J’ai pris ma décision. Je vais prier avec eux, puis je vais les
cacher dans le faux plafond, ensuite, j’irai chercher de l’aide. Mais je préfère te
dire adieu maintenant. C’est mieux comme ça. Nous avons peu de chances de
nous en sortir cette fois-ci. Ils nous haïssent trop. Ils veulent en finir une bonne
fois pour toutes. Cela fait trente ans qu’ils parlent de nous supprimer. C’est
l’heure pour eux de mettre leur projet à exécution. Il n’y a plus de pitié dans leurs
cœurs. Nous sommes déjà sous terre. Nous serons les derniers Tutsis. Après
nous, je vous en supplie, inventez un nouveau pays. Je dois te laisser. Adieu ma
sœur, adieu… Vivez pour nous… j’emporte avec moi ton amour.

Quand Maman a reposé le combiné, elle était pétrifiée, ses dents claquaient, ses mains
tremblaient. »

1. Quelle est la situation?


2. Justifiez les accords du participe passé dans “j’ai pris ma décision”.
3. Relevez les indices du Discours direct. Quel est l’effet créé?
4. Qui peut aider Tante Eusébie?
5. Relevez le champ lexical de la mort.
6. Dans “Nous sommes déjà sous terre. “, quelle figure de style est employée? Quel est
son effet sur le lecteur?
7. Dans quel état est Yvonne à la fin de cette conversation?

ALLER PLUS LOIN : préparer une lecture expressive de la tirade de tante Eusébie.

Extrait 5: A en perdre la tête.

Dès qu’elle l’a pu, Yvonne est partie au Rwanda chercher sa famille. Gaby et Ana sont
restés sans nouvelles, ni d’elle ni de leur famille.

Nous étions à table, quand on a vu la voiture de Jacques dans la parcelle.


Maman est descendue de la Range Rover. Cela faisait deux mois que nous n’avions pas eu
de ses nouvelles. Elle était méconnaissable. Elle avait maigri. Un pagne grossièrement noué
autour de sa taille, elle flottait dans une chemise brunâtre et ses pieds nus étaient couverts
de crasse. Elle n’était plus la jeune citadine élégante et raffinée que nous connaissions, elle
ressemblait à une paysanne crottée revenant de son champ de haricots. Ana s’est élancée
en bas des marches, a sauté dans ses bras. Maman était si vacillante qu’elle a bien failli
tomber à la renverse.

J’ai vu ses traits tirés, ses yeux jaunes et cernés, sa peau flétrie. Le col de sa chemise
ouverte laissait apparaître des plaques de boutons sur son corps. Elle était devenue vieille.

(…) Nous vivons. Ils sont morts. Maman ne supportait pas cette idée. Elle était moins folle
que le monde qui nous entourait. Je ne lui en voulais pas, mais j’avais peur pour Ana.
Chaque nuit, désormais, Maman lui demandait de parcourir avec elle ses contrées de
cauchemars. Je devais sauver Ana, nous sauver. Je voulais que Maman parte, qu’elle nous
laisse en paix, qu’elle débarrasse nos esprits des horreurs qu’elle avait vécues pour nous
permettre encore de rêver, d’espérer en la vie. Je ne comprenais pas pourquoi nous devions
subir, nous aussi.

Je suis allé trouver Papa pour lui raconter. J’ai menti, exagéré la brutalité de
Maman pour le faire réagir. Il était hors de lui, féroce, quand il est allé s’expliquer avec elle.
La dispute a dégénéré. Maman a retrouvé une vigueur qu’on pensait disparue. Elle s’est
transformée en furie, l’écume aux commissures des lèvres et les yeux exorbités. Elle délirait
dans ses propos, nous insultait dans toutes les langues, accusait les Français d’être
responsables du génocide. Elle s’est précipitée sur Ana, l’a saisie par le bras, s’est mise à la
secouer comme un palmier.

- Tu n’aimes pas ta mère ! Tu préfères ces deux Français, les assassins de ta famille
!

Papa a essayé d’arracher Ana des griffes de Maman. Ma sœur était terrorisée. Les ongles
de Maman s’enfonçaient dans sa chair, déchiraient sa peau.

- Aide-moi Gaby ! a crié Papa.

Je ne bougeais pas, pétrifié. Papa a écarté un à un les doigts de Maman. Quand il est
parvenu à lui faire lâcher prise, elle s’est retournée, a saisi un cendrier sur la table basse et
l’a jeté au visage d’Ana. Son arcade sourcilière s’est ouverte, le sang s’est mis à couler.”

1. Quelle est la situation?


2. Dans “La dispute a dégénéré. Maman a retrouvé une vigueur qu’on pensait disparue.
“, justifiez les accords des participes passés.
3. Comment les paroles sont-elles rapportées ? Quel est l’effet créé ?

Dans « . Elle s’est transformée en furie, l’écume aux commissures des lèvres et les yeux
exorbités. Elle délirait dans ses propos, nous insultait dans toutes les langues, accusait les
Français d’être responsables du génocide. Elle s’est précipitée sur Ana, l’a saisie par le
bras, s’est mise à la secouer comme un palmier. », quel est le rythme créé ?

4. Relevez le champ lexical du corps.


5. Relevez les éléments qui indiquent la violence.
6. En quoi cette scène est-elle choquante?
7. Que veut dire « exorbité » ?
8. Dans « Papa a essayé d’arracher Ana des griffes de Maman », quelles sont les
figures de style employées ? Quel est l’effet créé ?

Mettre en voix

Tout au long du parcours, vous mettrez en voix les passages en italique.

ETAPE 1 : Vous écouterez d’abord les chansons :

-
-

Vous indiquerez quel ton le chanteur utilise.

Vous indiquerez la chanson que vous préférez et les raisons qui vous ont poussé à ce choix.

ETAPE 2 : Vous reproduirez les paroles. Vous indiquerez le rythme :

- / pour une pause courte ;

- // pour une pause longue.

Indiquez quel l’effet est créé.

ETAPE 3 : Vous lirez les passages en italique.

Vous en choisirez un.

Vous analyserez son rythme, sa respiration.

ETAPE 4 : Vous analyserez le ton employé/ les tons employés.

- Analysez le type de phrase ;

- Analysez le rythme et ses effets.

Essayez de lire cet extrait de façon joyeuse, euphorique.

Essayez de lire cet extrait de façon désespérée.

Ces deux façons vous satisfont –elles ? Pour quelle (s ) raison (s ) ?

Que préférez – vous essayer ?


ETAPE 5 : Enregistrez - vous et envoyez –moi votre travail.

Extrait 6 : Le retour à la maison ?

« Dans l’obscurité du cabaret, j’ai l’impression d’un voyage à rebours. Les clients ont les
mêmes conversations, les mêmes espoirs, les mêmes divagations que dans le passé. Ils
parlent des élections qui se préparent, des accords de paix, de la crainte d’une nouvelle
guerre civile, de leurs amours déçues, de l’augmentation du prix du sucre et du carburant.
Seule nouveauté, j’entends parfois un téléphone portable sonner pour me rappeler que les
temps ont bel et bien changé. Armand décapsule une quatrième bouteille. Nous rions sous
une lune rousse, nous nous remémorons nos bêtises d’enfants, nos jours heureux. Je
retrouve un peu de ce Burundi éternel que je croyais disparu. Une sensation agréable d’être
revenu à la maison s’empare de moi. Dans cette obscurité, noyé sous le froissement des
chuchotements des clients, je peine à discerner au loin un étrange filer de voix,
réminiscence sonore qui s’insinue en moi. Est-ce l’effet de l’alcool ? Je me concentre.
L’évocation disparaît. On ouvre de nouvelles bières. Armand me demande pourquoi je suis
revenu. Je lui parle de l’appel téléphonique reçu quelques mois plus tôt, le jour de mon
anniversaire, m’annonçant la disparition de Mme Economopoulos. Elle a rendu son dernier
souffle dans sa sieste, un après – midi d’automne, face à la mer Egée, un roman sur les
genoux. Rêvait-elle de ses orchidées ?

« Je suis venu récupérer des malles de livres qu’elle a laissées pour moi, ici, à Bujumbura ».

« Alors tu es revenu pour un tas de livres ? » Armand éclate de rire. J’en fais autant,
l’absurdité de mon projet m’apparaît pour la première fois. Nous poursuivons notre
discussion. Il me parle du coup d’Etat qui a suivi mon départ, de l’embargo que subit le
pays, des longues années de guerre, des nouveaux riches, des mafias locales, des médias
indépendants, des ONG qui emploient la moitié de la ville, des églises évangélistes qui
fleurissent partout, du conflit ethnique qui a peu à peu disparu de la scène politique. La voix
chantonne à nouveau à mon oreille. Je saisis le bras d’Armand. Je balbutie : « Tu entends…
» Je me mords la lèvre. Je tremble. Armand pose la main sur mon épaule. Gaby, je ne
savais pas comment te le dire. Je préférais que tu le découvres par toi-même. Elle vient ici
tous les soirs depuis des années… » La voix, une voix d’outre-tombe, me pénètre les os.
Murmure d’une histoire de taches au sol qui ne partent pas. Je bouscule des ombres,
trébuche contre des casiers de bières, tâtonne dans le noir, m’approche du fond de la
cabane. Recroquevillée sur le sol, dans l’angle de la pièce, elle tète au chalumeau un alcool
artisanal. Je la retrouve vingt ans plus tard, qui ont copté cinquante sur son corps
méconnaissable. Je me penche vers la vieille dame. J’ai l’impression qu’elle me reconnaît, à
la façon dont elle me fixe à la lueur du briquet que j’approche de son visage. Avec une
tendresse infinie, Maman pose délicatement sa main sur ma joue : « C’est toi, Christian ? »

1. Qui parle dans les passages en italique du livre ?


2. A quelle époque vit ce narrateur ? Quels indices du texte permettent de le dire ?
3. Dans « Les clients ont les mêmes conversations, les mêmes espoirs, les mêmes
divagations que dans le passé », quelle figure de style est employée ? Quel effet est
créé ?
4. Quel sentiment éprouve-t-il face à ce retour ?
5. Expliquez l’accord de « décues ».
6. Dans « Je retrouve un peu de ce Burundi éternel que je croyais disparu. Une
sensation agréable d’être revenu à la maison s’empare de moi. Dans cette obscurité,
noyé sous le froissement des chuchotements des clients, je peine à discerner au loin
un étrange filer de voix, réminiscence sonore qui s’insinue en moi. Est-ce l’effet de
l’alcool ? Je me concentre. L’évocation disparaît. On ouvre de nouvelles bières. »,
quel est le rythme ?
7. Quels sont les indices du texte nous font comprendre que Gaby retrouve sa mère ?
Quel est l’effet créé ?
8. A qui appartenait cette voix qui lui faisait mal ?
9. Peut-il reconnaître facilement sa mère ? pour quelle(s ) raison (s) ?
10. En quoi la dernière phrase, « Avec une tendresse infinie, Maman pose délicatement
sa main sur ma joue : « C’est toi, Christian ? » » est elle absolument terrible ?

BILAN : Qui est rentré à la maison ?

Quelles conséquences la guerre a-t-elle eues sur la vie de Gaby ?

[1]
Frodebu : parti plutôt hutu.

[2]
Uprona : parti plutôt tutsi.

[3]
« Frodebu, ça va ! »

[4]
partie en trombe : partie très vite.

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