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2013 Adam Matthieu Halieutique

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Mise en place expérimentale d’une intensification

écologique de la pisciculture d’étang


Matthieu Adam

To cite this version:


Matthieu Adam. Mise en place expérimentale d’une intensification écologique de la pisciculture
d’étang. Sciences agricoles. 2013. �dumas-01071988�

HAL Id: dumas-01071988


https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01071988
Submitted on 7 Oct 2014

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entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
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teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires
abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
AGROCAMPUS OUEST ENSAIA ITAVI INRA
CFR Rennes Université de Lorraine Service aquaculture UMR SAS
65 rue de Saint-Brieuc 2 avenue de la Forêt de Haye 28 rue du Rocher 65 Rue de Saint-Brieuc
CS 84215 54 505 Vandœuvre-lès-Nancy 75 008 Paris 35 000 Rennes
35 042 Rennes Cedex 03.83.44.32.60 01.45.22.62.40 02.23.48.54.22
02.23.48.50.00

Mémoire de Fin d'Etudes

Diplôme d’Ingénieur Agronome

Année universitaire : 2012 – 2013 Spécialisation : Halieutique - Aquaculture

Mise en place expérimentale d’une intensification écologique de la


pisciculture d’étang

Par : Matthieu ADAM

Bon pour dépôt (version définitive) 

Date : 30/09/2013 Signature :

Autorisation de diffusion : Oui  Non


Devant le jury : Soutenu à Rennes
Sous la présidence de : Pr. Hervé LE BRIS
Maître de stage : M. Aurélien TOCQUEVILLE
Enseignant référent : Pr. Hervé LE BRIS, Enseignant-Chercheur Agrocampus Ouest
Autres membres du jury :
 Pr. Dominique OMBREDANE, Enseignant-Chercheur Agrocampus Ouest
 M. Pascal TRINTIGNAC, Conseiller aquacole régional Pays de la Loire (SMIDAP)

"Les analyses et les conclusions de ce travail d'étudiant n'engagent que la responsabilité de son auteur et non celle
d’AGROCAMPUS OUEST".
Fiche de diffusion du mémoire
(1)
A remplir par l’auteur avec le maître de stage.

Aucune confidentialité ne sera prise en compte si la durée n’en est pas précisée.

(2)
Préciser les limites de la confidentialité :
 Confidentialité absolue :  oui  non
(ni consultation, ni prêt)
 Si oui 1 an 5 ans 10 ans

 A l’issue de la période de confidentialité ou si le mémoire n’est pas confidentiel,


merci de renseigner les éléments suivants :

Référence bibliographique diffusable(3) :  oui  non


Résumé diffusable :  oui  non
Mémoire consultable sur place :  oui  non
Reproduction autorisée du mémoire :  oui  non
Prêt autorisé du mémoire :  oui  non

…………………………………………….
Diffusion de la version numérique : oui  non
(1)
 Si oui, l’auteur complète l’autorisation suivante :

Je soussigné Matthieu ADAM, propriétaire des droits de reproduction dudit résumé,
autorise toutes les sources bibliographiques à le signaler et le publier.

Date : 30/09/2013 Signature :

Rennes, le
(1)
Le maître de stage(4), L’auteur ,

L’enseignant référent,

(1) auteur = étudiant qui réalise son mémoire de fin d’études


(2) L’administration, les enseignants et les différents services de documentation d’AGROCAMPUS OUEST s’engagent à
respecter cette confidentialité.
(3) La référence bibliographique (= Nom de l’auteur, titre du mémoire, année de soutenance, diplôme, spécialité et
spécialisation/Option)) sera signalée dans les bases de données documentaires sans le résumé.
(4) Signature et cachet de l’organisme.
Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier mon maître de stage, Aurélien Tocqueville, ainsi que
mes encadrants, Joël Aubin qui m’a accueilli au sein de son laboratoire, ainsi que Pascal
Fontaine. Ils m’ont apporté leur soutien, leurs conseils ainsi que leur aide tout au long de ce
stage, de l’élaboration des protocoles jusqu’à la rédaction de ce mémoire. Merci également à
Arnaud Lefèvre, Directeur de la pisciculture du Lycée Agricole du Haut-Anjou, pour m’avoir
accueilli sur le site à Château-Gontier ainsi que pour m’avoir lui aussi soutenu et aidé.

Ensuite, je tiens à attirer l’attention sur l’ensemble des techniciens qui m’ont
largement aidé dans la mise en place et pendant le suivi des deux expériences. A Rennes,
merci à l’équipe de l’U3E (Unité Expérimentale d’Ecologie et d’Ecotoxicologie aquatique), et
notamment à Antoine, Bernard, Cédric, Yohann ainsi qu’à Maïra. A Château-Gontier, merci à
Damien, technicien passionné, et à Sandrine Lucas, enseignante en aquaculture qui m’a
aussi beaucoup aidé.

Bien évidemment, je tiens aussi à dire merci à toute l’équipe ASAE pour sa bonne
humeur, et au laboratoire de l’UMR SAS (Sol Agro et hydrosystème Spatialisation) pour avoir
analysé mes (très) nombreux échantillons.

Enfin, je tiens à remercier tout le bureau « stagiaires », mais aussi le thésard qui s’y
trouve, pour leur avoir fait soulever des cailloux, porter des sacs d’aliments, pêcher,
anesthésier, peser et mesurer des poissons : merci à Killian, Mathieu, Céline et Jean.
Liste des abréviations

 ANR : Agence Nationale de la Recherche

 CIRAD : Centre de coopération International en Recherche Agronomique pour le


Développement

 EH : Equivalent Habitant

 FAO : Food and Agriculture Organisation

 IFREMER : Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la MER

 INRA : Institut National de la Recherche Agronomique

 IRD : Institut de Recherche pour le Développement

 ITAVI : Institut Technique de l’AVIculture

 MEA : Millennium Ecosystem Assessment

 PISCEnLIT : PISCiculture Ecologiquement InTensive

 SEPB : Syndicat des Exploitants Piscicoles de Brenne

 TGC : Thermal Growth Coefficient

 UA : Unité Arbitraire

 UMR SAS : Unité Mixte de Recherche Sol Agro-hydrosystème Spatialisation

 VR : Vésicule résorbée
Liste des Figures

 Fig. 1 Interactions entre les différents compartiments faunistiques et floristiques d’un


étang (d’après Bachasson, 2012).

 Fig. 2 Schéma du fonctionnement de l’autoépuration d’un étang (d’après Pochon et


De Barjac, 1958 et Arrignon, 1998).

 Fig. 3 Schéma des compartiments d’un étang intervenant dans la production de


poissons (d’après Schlumberger et Elie, 2012).

 Fig. 4 Schéma du cycle de production d’un étang (d’après Banas, 1997 et Adam et
al., 2010).

 Fig. 5 Schéma du système de couplage entre les bassins « production » et


« épuration ».

 Fig. 6 Schéma des systèmes intensifs et non-nourris ainsi que du « témoin


macrophytes » (de gauche à droite).

 Fig. 7 Courbe de croissance prévisionnelle des carpes nourries d’après le modèle


d’Augustyn – Szumiec ;
; G0 : Poids initial (g/individu), ϑe : Température moyenne journalière, d :
densité d’élevage finale (individu/ha), v : Teneur protéique des aliments (%) (d’après
Billard, 1995).

 Fig. 8 Photos de l’empoissonnement des étangs.

 Fig. 9 Photos de la mise en place des plantes dans les bassins.

 Fig. 10 Schéma du système innovant (coupe transversale de l’étang).

 Fig. 11 Evolution prévisionnelle du poids P (P = (G, R et T) avec


Pf (g) : Poids final, Pi (g) : Poids initiale, Ti (°C): Température moyenne du jour i et
T (°C) : Somme des température sur toute la période de croissance) et de la longueur
L(L= ) des juvéniles de sandres entre mai et octobre (d’après Dumas et
al., 2007 et Schneider et al., 2000).

 Fig. 12 Evolution de la consommation journalière C (C = 0,05xB, B : Biomasse en


sandres) en poissons fourrages d’un bassin de 200 juvéniles de sandres, entre mai et
octobre (d’après Popova et al., 1977).

 Fig. 13 Evolution chez le gardon, la tanche et le rotengle du poids P (a.) : P =

(G, R et T) avec Pf (g) : Poids final, Pi (g) : Poids initiale, Ti (°C):


Température moyenne du jour i et T (°C) : Somme des température sur toute la
période de croissance (d’après Dumas et al., 2007) ; de la longueur L (c.) : L =
(G), L = (R), L = (T) (d’après Tarkan et
al., 2006) ; de la hauteur H (b.) : H = 0,257xL-0,306 (G), H = 0,258xL+0,1 (R), H =
0,198xL+0,3 (T) (d’après Schlumberger et Elie, 2008 et Freyheit, 2012).

 Fig. 14 Evolution du poids moyen des carpes élevées en système couplé, intensif
(Int.) et non-nourri (Nn-nour.).

 Fig. 15 Evolution de la taille moyenne des carpes élevées en système couplé, intensif
(Int.) et non-nourri (Nn-nour.).

 Fig. 16 Comparaison de l’évolution des paramètres physiques des systèmes couplés


(bassin « production ») et non-nourris.

 Fig. 17 Comparaison de l’évolution des paramètres physiques des systèmes couplés


(bassin « production ») et intensifs.

 Fig. 18 Comparaison de l’évolution du taux de dioxygène des systèmes couplés


(bassin « épuration »), non-nourris et intensifs.

 Fig. 19 Evolution chimique et du taux d’O2 sur 24h de l’ensemble des étangs entre le
24 et le 25/06/2013 ou le 25 et le 26/06/2013.

 Fig. 20 Evolution du poids (a.) et de la taille (b.) des juvéniles de sandre entre leur
introduction à cinq semaines et début août.

 Fig. 21 Croissance hypothétique des différentes cohortes de gardons (G), de


rotengles (R) et d’alevins à vésicules résorbées (VR) de tanches (T) (d’après Dumas
et al., 2007).

 Fig. 22 Evolution possible du phytoplancton et du zooplancton dans les étangs non-


nourris (508, 509).

 Fig. 23 Schéma d’un système de traitement amélioré d’un élevage intensif de carpes.

 Fig. 24 Photo de différentes tailles d’alevins de poissons fourrages issus de l’étang


témoin B11.
Liste des Tableaux

 Tab. 1 Estimation des rejets de phosphore (P) et d’azote (N) journaliers moyens par
mois (Annexe 8) (D’après Gross et al., 2000 et Schreckenbach et al., 2000).

 Tab. 2 Caractéristiques générales sur la reproduction du gardon, du rotengle et de la


tanche (d’après Bruslé et Quignard, 2001 ; Schlumberger et Girard, 2013 ; Jobling et
al., 2002 ; Rodriguez, 2004 ; Keith et al., 2011 ; Gillet, 1989).

 Tab. 3 Analyses chimiques de l’eau et des boues des neuf étangs lors de la mise en
eau.

 Tab. 4 Recouvrement des bassins « épuration » des systèmes couplés et du


« témoin macrophytes » par les plantes introduites.

 Tab. 5 Recouvrement des bassins « épuration » des systèmes couplés et du


« témoin macrophytes » par les plantes non-désirées.

 Tab. 6 Evaluation des rejets de phosphore (P) et d’azote (N) journaliers moyens par
mois via un bilan de masse (D’après Gross et al., 2000 et Schreckenbach et al.,
2000).
Table des matières

Introduction ........................................................................................................................... 1
I. La pisciculture d’étang, une pratique ancestrale ........................................................... 2
1. Un système d’élevage basé sur l’interaction entre les différents compartiments
trophiques .......................................................................................................................... 2
2. Une gestion traditionnelle ........................................................................................... 6
3. Une production limitée ................................................................................................ 8
4. Le projet PISCEnLIT, vers une aquaculture écologiquement intensive ....................... 9
II. Matériels et méthodes .................................................................................................10
1. Augmentation de la productivité et traitements des effluents piscicoles par une
individualisation du compartiment « macrophytes » (Projet 1) ...........................................10
1- Présentation générale de l’expérimentation ............................................................10
2- Evaluation de la taille et de la configuration de la lagune de macrophytes pour un
traitement efficace des effluents piscicoles ....................................................................11
a. Mise en charge et circulation de l’eau .................................................................11
b. Choix des espèces de macrophytes ...................................................................12
c. Evaluation des rejets potentiels ..........................................................................12
d. Détermination du nombre de plantes ..................................................................14
3- Empoissonnement et installation de la lagune ........................................................14
4- Suivis zootechniques et physico-chimiques ............................................................15
2. Production de sandres par une utilisation maximale du zooplancton (Projet 2) ..........16
1- Présentation de l’expérimentation ..........................................................................16
2- Mise en charge en sandres et en poissons fourrages.............................................17
a. Mise en charge en carnassiers ...........................................................................17
b. Besoins alimentaires du sandre ..........................................................................17
c. Choix des poissons fourrages .............................................................................18
d. Frayères : matériaux et taille ...............................................................................20
3- Empoissonnement et installation des cages ...........................................................20
4- Suivis zootechniques et physico-chimiques ............................................................20
III. Résultats .....................................................................................................................21
1. Croissance des carpes et traitement des effluents (Projet 1) .....................................21
1- Croissance observée..............................................................................................21
2- Evolution physico-chimique de l’eau sur trois mois .................................................22
3- Evolution physico-chimique sur 24h .......................................................................25
4- Recouvrement en plantes des lagunes et du « témoin macrophytes » ...................28
2. Résultats intermédiaires de la production de sandre d’un été (Projet 2) .....................28
1- Croissance observée..............................................................................................28
2- Evolution prévisionnelle de la taille des alevins de poissons fourrages...................30
IV. Discussion ...................................................................................................................31
1. Augmentation de la productivité et traitement des effluents piscicoles par une
individualisation du compartiment « macrophytes » (Projet 1) : un système à améliorer ...31
1- Analyse des résultats .............................................................................................31
a. Bilan de croissance dans les différents systèmes ...............................................31
b. Efficacité de la lagune de macrophytes ...............................................................33
c. Effets des systèmes hydrauliques .......................................................................33
2- Propositions d’amélioration ....................................................................................34
a. Modifications du protocole initial .........................................................................34
b. Amélioration de la lagune ...................................................................................35
c. Amélioration hydraulique ....................................................................................36
d. Système final ......................................................................................................36
2. Production de sandres par une utilisation maximale du zooplancton (Projet 2) : un
départ plutôt réussi ...........................................................................................................38
1- Analyse des résultats .............................................................................................38
a. Bilan de croissance des différents systèmes.......................................................38
2- Propositions d’amélioration ....................................................................................39
b. Modifications du protocole initial .........................................................................39
a. Mise en charge ...................................................................................................39
b. Gestion des apports et support de ponte ............................................................39
c. Amélioration de la productivité primaire ..............................................................39
Conclusion ...........................................................................................................................40
Bibliographie ........................................................................................................................41
Introduction
Depuis quelques années, le monde agronomique a pleinement pris conscience de
l’impact de l’agriculture intensive, développée après-guerre, sur l’environnement. S’est alors
posée la question de la durabilité de telles pratiques. En parallèle l’augmentation de la
population mondiale et le changement du comportement alimentaire des pays en voie de
développement, nous oblige à maintenir un niveau de production suffisant voire même à
l’augmenter. C’est ainsi que la notion nouvelle de l’écologiquement intensif est apparue,
énoncée pour la première fois en France au moment du Grenelle de l’Environnement.
Reprenant les idées générales de l’agroécologie, elle cherche à « accroitre la production par
une hausse des rendements à l’hectare, avec des coûts beaucoup plus bas […], en utilisant
au maximum les ressources locales, sans atteindre l’environnement, sur une base
soutenable. » (Griffon, 2013). Elle a donc pour objectif de concilier production et respect de
l’environnement, ce qui est encore aujourd’hui difficilement concevable pour beaucoup de
professionnels. En somme, l’intensification écologique des agrosystèmes consiste en
« l’augmentation des rendements tout en réduisant l’empreinte écologique de l’agriculture »
(Bonny 2011).

Cette nouvelle notion a été définie pour l’agriculture mais n’a que peu été appliquée à
un système aquacole. Plusieurs systèmes, parfois très anciens, répondent pourtant à la
définition précédemment énoncée. Depuis des millénaires, des systèmes de polyculture
utilisent les synergies entre les différentes espèces pour augmenter la production. Plus
récemment, en s’inspirant de ces pratiques ancestrales, des chercheurs français, canadiens
ou israéliens ont développé des systèmes dit multi-trophiques intégrés (Neori et al., 2004 ;
Blancheton et al., 2009 ; Blachier et al., 2009). Ils consistent en la production de plusieurs
espèces en maximisant certains services qu’ils peuvent rendre par leur interaction
(approvisionnement de nourriture, épuration…). Ainsi, en Israël, l’eau issue de bassins de
daurades et d’ormeaux passe dans des cultures d’algues qui permettent de l’épurer et qui
servent, par la suite, de base alimentaire aux gastéropodes brouteurs (Hussenot, 2004).
Mais l’écologiquement intensif ne doit pas se limiter à l’amplification de quelques fonctions
de la polyculture. C’est un principe qui cherche à valoriser les services rendus par les
écosystèmes, en utilisant les qualités de chaque espèce, leurs interactions entre elles ainsi
que les mécanismes mis en œuvre.

Le projet PISCEnLIT (PISCiculture Ecologiquement InTensive), dans lequel s’inscrit


ce stage, cherche justement à appliquer l’écologiquement intensif à l’aquaculture. Plusieurs
laboratoires, de trois pays différents (France, Indonésie et Brésil), ont étudié différents
systèmes en utilisant une approche écosystémique. Les objectifs étaient non seulement de
redéfinir cette notion mais également de proposer des améliorations techniques ou
organisationnelles aux élevages existants.

L’étude qui suit cherche donc à tester une partie de ces améliorations. Durant six
mois, et afin d’augmenter la productivité des étangs tout en conservant leur haute valeur
écologique, nous avons expérimenté deux systèmes innovants :

 Le traitement des effluents d’un élevage de carpes par une individualisation du


compartiment « macrophytes »
 La production de juvéniles de sandres par une utilisation maximale du zooplancton.

Après une présentation générale des étangs piscicoles et de leur exploitation en


France, nous présenterons le dimensionnement ainsi que la mise en place de ces deux
expériences et les premiers résultats obtenus. Enfin, nous discuterons des points de blocage
et nous chercherons des alternatives aux systèmes testés.

1
I. La pisciculture d’étang, une pratique ancestrale
Les étangs sont des plans d’eau lentique continentaux, artificiels et à vocation
piscicole (Touchart et al., 2007). Bien qu’aujourd’hui faisant partie du patrimoine naturel, ces
ouvrages ont été créés, aménagés, entretenus et gérés par l’homme. Ce type d’élevage en
milieu fermé est une pratique ancestrale, apparue en France dès le VIIème siècle (Bédoucha,
2011). Elle fut introduite par les moines qui, très tôt, comprirent l’intérêt de ces retenues
d’eau pour garantir aux régions situées loin du littoral (Brenne, Dombes, Lorraine) un apport
de poissons les vendredis et pendant le carême (Bédoucha, 2011). Depuis, la pisciculture
d’étang a peu évolué et repose aujourd’hui davantage sur un savoir-faire millénaire que sur
une réelle recherche d’optimisation du système d’élevage.

1. Un système d’élevage basé sur l’interaction entre les différents compartiments


trophiques
Classiquement la pisciculture d’étang s’appuie sur un équilibre créé par les
différentes interactions entre la faune et la flore aquatique. En effet, afin de produire du
poisson, les pisciculteurs se basent sur l’écosystème naturel, à savoir un système formé par
un environnement (biotope) et par l’ensemble des espèces (biocénose) qui y vivent, s’y
nourrissent et s’y reproduisent (Larousse, 2013). Pour simplifier, un étang est donc composé
d’un ensemble de compartiments qui sont reliés les uns aux autres (Fig. 1).

Est consommé par : Est produit par :

Fig. 1 Interactions entre les différents compartiments faunistiques et floristiques d’un


étang (d’après Bachasson, 2012).

Par ces interactions l’étang rend à l’homme de nombreux services écosystémiques


(MEA, 2005). L’étude qui suit s’appuie sur deux d’entre eux : le pouvoir auto-épurateur et la
production piscicole.

 Rôle auto-épurateur

Le rôle auto-épurateur des étangs est dû à trois principaux compartiments : les


plantes aquatiques, le phytoplancton et la boucle bactérienne (Triponel, 2007). Ils
interviennent aussi bien au niveau des sédiments que dans la colonne d’eau.

2
Dans les systèmes en eau close, il y a une forte production de déchets organiques,
composés d'éléments azotés. Ils proviennent, d’une part, des sécrétions et déjections de
poissons et autres animaux aquatiques (zooplancton, faune benthique, protozoaire, etc.), et,
d’autre part, des organismes non consommés qui meurent et sédimentent sur le fond
(Bachasson, 2012).

Cette matière organique est dans un premier temps majoritairement dégradée par la
flore bactérienne. Ces organismes minéralisent les déchets, c’est-à-dire les font passer d’un
état organique à un état minéral (Arrignon et al., 2002).

L’azote organique est présent dans le milieu sous différentes formes : corps
protéiques, sucres aminés, acides nucléiques, bases puriques, amides, phosphatides,
alcaloïdes, amines, etc. (Pochon et De Barjac, 1957). Ces molécules vont subir une
première transformation, l’ammonification, dont le produit principal est l’ammoniaque (NH3).
Les plus grosses d’entre elles subissent une scission sous l’action des enzymes
exocellulaires des bactéries ammonifiantes (Pochon et De Barjac, 1957). Les molécules plus
simples ainsi formées pénètrent dans ces micro-organismes par osmose et sont de nouveau
coupées, cette fois par des endoenzymes (Pochon et De Barjac, 1957). S’ensuit une
désamination selon plusieurs procédés (hydrolytique, réductrice, etc.), aérobie ou anaérobie
si le milieu est privé d’oxygène (Pochon et De Barjac, 1957). A la fin de cette étape,
l’ammoniaque produit est émis dans le milieu. Même si plusieurs bactéries interviennent ici,
le genre Pseudomonas semble être plus le répandu (Voets et al., 1955). La composition de
la flore reste néanmoins dépendante des conditions du milieu ainsi que de la nature du
substrat azoté. En outre, le rendement de cette réaction est conditionné par l’abondance
relative des substances hydrocarbonées associées aux substances azotées : plus le rapport
C/N est faible, plus l’ammonification est efficace (Pochon et De Barjac, 1957). En parallèle à
cela, les poissons émettent également dans le milieu de l’ammonium (NH4+). Par une simple
réaction acido-basique il va être transformé en ammoniaque. Ce composé va ensuite soit
être fixé dans le sol, soit émis dans le milieu sous forme dissoute soit subir une nitrification.
Cette réaction peut être décomposée en deux phases : une nitritation et une nitratation,
correspondant successivement à la formation de nitrites, réutilisés pour produire des nitrates.
Elles sont effectuées en majorité par deux genres de bactéries, Nitrosomonas et Nitrobacter.
Le rendement de la nitrification dépend surtout de la teneur en dioxygène, étant donné que
la flore concernée est composée d’aérobies stricts, mais également d’autres facteurs : pH
(optimal = 8,5 – 8,8), obscurité, température (optimal = 28°C). Cependant, des sédiments,
support principale de la flore bactérienne, riches en ammoniaque (Allison, 1954), associés à
une température élevée et à un rapport C/N faible (Martin et Chapman, 1951), entrainent de
grandes pertes de NH3 dans le milieu, et donc moins de nitrates produits.

En ce qui concerne le phosphore organique, ce sont des eubactéries qui le


transforment en phosphate (PO42-) (Pochon et De Barjac, 1958). Les sédiments agissent
comme un véritable piège à phosphore. Ils reçoivent essentiellement les formes particulaires
(non-apatitique lié au fer et à l'aluminium, apatitique lié au calcium, résiduelle) mais
également une partie des éléments dissouts (Pourriot et al., 1995). En revanche, le
phosphore présent dans l’eau représente moins de 1 % de celui stocké dans les sédiments
(Pourriot et al., 1995). Les cycles brièvement décrits précédemment vous présentent les
deux nutriments primordiaux, qui constituent, en pisciculture d’étang, à la fois les facteurs
limitants de la production mais aussi les principales causes de nuisance à l’environnement.

Les éléments nutritifs ainsi libérés se retrouvent piégés dans les vases, dissouts dans
la colonne d’eau ou libre dans l’atmosphère. En effet, une partie non négligeable des nitrates
peut subir une dénitrification. Cette réaction, qui les fait passer successivement à l’état de
nitrites, de monoxyde d’azote (NO), d’oxyde nitreux (N2O) et enfin de diazote (N2), entraine
une perte de matière pour le système étang : le diazote produit se retrouve dans
l’atmosphère (Germon J.C. et Couton Y., 1999). Pour ce qui est des nitrates restant, ils vont

3
être utilisés pour leur croissance à la fois par le phytoplancton (ensemble d’algues
microscopiques) et par les macrophytes, végétaux supérieurs qui se développent en eaux
stagnantes (Boutin, 1983).

En effet, les végétaux ne peuvent pas assimiler directement la matière organique qui
doit être préalablement minéralisée. Bien que les minéraux libres dans l’eau soient
principalement consommés par le phytoplancton, il est également prouvé que la majeure
partie de la nutrition des plantes aquatiques est extraite du milieu ambiant. Le prélèvement
d’éléments azotés ou phosphorés a aussi lieu dans les boues de l’étang via les systèmes
racinaires, mais cette absorption reste minoritaire (Arrignon, 1998) (Fig. 2). Les sédiments
constituent donc un réservoir nutritif, rarement mobilisé. Reste tout de même les poissons
fouisseurs (carpes, tanches, etc.) ou certaines larves d’insectes qui remettent en suspension
cette matière sédimentée et minéralisée.

L’homme a depuis longtemps pris conscience de ce service rendu par les étangs.
Effectivement, de nombreux pays asiatiques, africains ou sud-américains exploitent
pleinement ce pouvoir épurateur depuis des centaines d’années dans des systèmes dîts
aujourd’hui d’agriculture-aquaculture intégrés (Costa-Pierce, 2002). Ils consistent en un
apport de fumier ou de lisier d’animaux terrestres afin qu’ils soient assimilés par l’étang et
donc recyclés. En France, les systèmes d’épuration par zones humides artificielles, mis en
place à partir des années 1970-1980, reproduisent les processus épuratoires des
écosystèmes (Wetzel, 1993).

Ammonification Nitritation - Nitratation -


Norga NH3 NO2 NO3

Minéralisation
Porga PO43-
Eubactéries

Fig. 2 Schéma du fonctionnement de l’autoépuration d’un étang (d’après Pochon et De


Barjac, 1958 et Arrignon, 1998).

 Production piscicole

Comme nous l’avons précisé précédemment, la vocation piscicole de l’étang est à la


base de sa définition. Ainsi, l’un des principaux services rendus par ce plan d’eau reste bien
évidemment la production de protéines. Les poissons d’intérêt commercial, pour la
consommation humaine ou pour le repeuplement, sont situés en bout de chaine alimentaire :

4
ce sont soit des poissons omnivores (carpes, gardons, rotengles, tanches, etc.), soit des
carnassiers (sandres, brochets, etc.). Il faut savoir que les végétaux, et en particulier le
phytoplancton, constituent la base des chaines alimentaires de la biocénose (Arrignon,
1998). Ces algues microscopiques peuvent être déclinées en cinq ensembles distincts :
Diatomées et Desmidiées, Chrysophycées et Dinophycées, Volvocales et Chlorococcales,
Euglénophycées, Cyanobactéries. La production de poisson est directement dictée par la
prédominance d’un de ces groupes (Barbe et al., 1999), et donc de la présence de
nutriments. En effet, leur abondance relative ainsi que les formes présentes dépendent
largement de la richesse du milieu en éléments azotés, en phosphore et en calcium dissouts
(Schlumberger et Girard, 2013). S’il existe des poissons phytophages, la plupart de ceux
élevés dans nos étangs sont plutôt omnivores (carpes, gardons, juvéniles de sandres, etc.)
ou piscivores exclusifs (sandres adultes, brochets adultes, etc.) (Schlumberger et Elie,
2008). Le plancton animal constitue donc le deuxième maillon de la chaine alimentaire. Ces
êtres vivants microscopiques consomment du phytoplancton et peuvent être séparés en trois
groupes de taille différente : les rotifères (0,1 à 0,5 mm), les copépodes (1 à 3 mm) et les
cladocères (1 à 5 mm) (Schlumberger et Girard, 2013) (Fig. 3). Tout alevin de poissons
omnivores ou de carnassiers préfère les plus petites formes pour ensuite se tourner vers les
plus grandes (Mark et al., 1989).

Fig. 3 Schéma des compartiments d’un étang intervenant dans la production de


poissons (d’après Schlumberger et Elie, 2012).

5
Il faut également prendre en compte la faune benthique, essentiellement représentée
par plusieurs espèces appartenant à deux groupes : les Oligochètes et les Nématodes
(Amoros et Juget, 1970). La composition de cette faune dépend de différents facteurs : la
composition des vases, la concentration en dioxygène et l’abondance de macrophytes
(Amoros et Juget, 1970). De nombreux poissons évoluant plutôt au fond de l’eau (carpes,
tanches, etc.) fouillent les sédiments à la recherche de ces invertébrés (Schlumberger et
Elie, 2008). En ce qui concerne les carnassiers (sandres, perches, brochets, etc.), le régime
piscivore exclusif est atteint plus ou moins rapidement (Keith et al., 2011). Dès lors ils ne se
nourrissent que de poissons, surtout d’omnivores, alors appelés poissons fourrages
(gardons, rotengles, ables, etc.), mais également parfois d’autres carnassiers (Barral, 1999).
Il existe aussi des cas de cannibalisme lorsqu’ils n’ont plus assez de proies disponibles
(Lappalainen et al., 2006).

En somme, la pisciculture d’étang s’appuie fortement sur l’écosystème en place. La


gestion des bassins s’articule autour du rythme naturel de la vie qui s’y développe, même si
l’exploitant peut agir sur l’un ou l’autre des compartiments pour améliorer sa production.

2. Une gestion traditionnelle


Le cycle de production d’un étang consiste en général à empoissonner au printemps
puis laisser le poisson grossir pendant un ou deux ans. La pêche s’effectue alors en
automne et l’étang est ensuite laissé en assec durant quelques semaines. Dès la fin de
l’hiver, il se remplit peu à peu grâce à un cours d’eau et à la pluviométrie naturelle (Banas,
2001). Néanmoins, il est parfois laissé vide pendant plusieurs mois voire une année entière.
Durant cet assec prolongé, l’étang est soit mis en culture (Berard, 1982) soit laissé tel quel
pour qu’une flore particulière puisse s’y développer. En effet, la création d’un nouvel habitat
constitue une source de biodiversité végétale mais aussi animale (oiseaux, etc.) (Malenfer et
Hirtz, 2005). L’exondation des vases de l’étang comporte également d’autres avantages :
minéralisation accélérée (Adam et al., 2010), limitation des problèmes sanitaires (De Kinkelin
et al., 1973), possibilité de réaliser des travaux d’entretien ou bien apport pécuniaire
complémentaire avec une mise en culture (Berard, 1982) (Fig. 4).

La plupart du temps, il existe plusieurs phases de productions, toujours basées sur le


cycle précédemment décrit : alevinage et grossissement (Billard, 1995). Parfois une étape de
pré-grossissement (production de juvéniles) s’intercale entre les deux (Billard, 1995). La
taille des bassins diffère selon les phases. Pour la production d’alevin, des étangs de petites
tailles sont préférés contrairement au grossissement où nous retrouvons des plans d’eau de
plusieurs hectares (Billard, 1995). Dans tous les cas, vu que les étangs ont été créés à des
fins piscicoles, leur configuration naturelle, comme leur forme, les différences de profondeurs
ou bien le dénivelé, facilite la production de poissons (Bédoucha, 2011).

Le pisciculteur possède tout de même plusieurs leviers afin d’améliorer la productivité


de son étang (Bachasson, 2012). Il peut déjà intervenir sur la qualité de sa future production
par une sélection de ses géniteurs. Après, l’alevinage est une étape clé et, étant donné la
taille réduite des bassins concernés, il peut plus aisément réunir les conditions optimales
pour le développement des jeunes poissons. Pour ce qui est de la phase de grossissement,
le choix de la formule d’empoissonnement est important. Représentant le nombre et les
espèces de poissons introduites, elle influe fortement sur la quantité et la qualité de la
production à venir. Effectivement, le pisciculteur se base sur un système de polyculture avec
plusieurs espèces et utilise les spécificités de chacune d’entre elles afin de produire
majoritairement une espèce cible (Banas, 2001). L’élaboration de ces formules est plutôt
empirique et ne repose donc que sur des observations faites au cours des siècles
(Schlumberger et Girard, 2013). Elles dépendent par exemple du type d’étang (présence
d’herbiers, nature du fond, etc.) ou cherchent à éviter la concurrence entre espèces
(Schlumberger et Girard, 2013).

6
PRODUCTION

VIDANGE
REMPLISSAGE

ASSEC

ASSEC REMPLISSAGE
PROLONGE

MISE EN CULTURE/
FLORE D’ASSEC

Fig. 4 Schéma du cycle de production d’un étang (d’après Banas, 1997 et Adam et al.,
2010).

Ensuite, avant de remplir l’étang ou lorsqu’il est en eau, il est possible d’augmenter la
production en stimulant le développement du phytoplancton, compartiment à la base de la
chaine alimentaire. Un apport de fumure minérale, azotée ou phosphorée, permet une plus
grande disponibilité en éléments nutritifs dissouts, nécessaires au développement des
algues microscopiques (Schlumberger et Girard, 2013). Une fumure organique, lisier ou
fumier, n’influe que secondairement sur ces derniers. Par contre, elle apporte un
complément de nourriture pour le zooplancton, notamment les cladocères et les rotifères
(Schlumberger et Girard, 2013). Comme précisé précédemment, ce compartiment constitue
l’essentiel de l’alimentation des alevins et des poissons omnivores adultes. L’ajout de foin
dans l’étang favorise aussi l’implantation de rotifères (Schlumberger et Girard, 2013). Pour
améliorer la richesse de la faune benthique, mais aussi du zooplancton, le pisciculteur peut
chauler, soit pendant l’assec soit quand le bassin est en eau (Bachasson, 2012). Cet apport
de chaux, vive (CaO) ou éteinte (Ca(OH)2), permet également d’agir sur la physico-chimie en
augmentant le pH et neutralisant l’acidité des matières organiques (Bachasson, 2012).

Bien évidemment, pendant l’assec le pisciculteur peut réaliser différents travaux


d’aménagement : curage, renforcement de la digue, etc. Il est également possible de réaliser
un faucardage, c’est-à-dire une fauche des macrophytes bordant l’étang (Bachasson, 2012).
En effet, pour éviter le retour dans la colonne d’eau des éléments dissouts prélevés par la

7
plante (fonction épuratrice), il est nécessaire d’exporter la matière végétale hors du système.
En outre, à long terme les macrophytes peuvent devenir envahissants et combler peu à peu
le bassin. Ces différentes interventions permettent de classer les élevages en étang selon
leur degré d’intensification (Kerleo, 2003) :

 Elevage extensif : simple pêche


 Elevage semi-intensif : amélioration du système
 Elevage intensif : nourrissage du poisson

Ces différentes gestions de l’étang, qui restent simples, permettent au pisciculteur de


produire un certain nombre d’espèces de poissons en n’intervenant que très peu.
Néanmoins, la conséquence directe est qu’il ne maîtrise que peu de choses, et ne peut
intervenir sur certains facteurs clés, à savoir les maladies, la ressource en eau, la
température, etc. Il y a ainsi très peu de dépenses, économiques ou horaires, mais en
contrepartie la production reste faible et très aléatoire.

3. Une production limitée


Bien que la pisciculture d’étang représente en France 37% de la surface en eau
cadastrée, soit plus de 100 000 hectares d’étangs, elle ne totalise qu’une production de
7 000 t annuelle (Anonyme, 2011). Encore autour de 10 000 t en 2007 (SEPB, 2011), elle a
chuté de 30% notamment à cause de l’impact des oiseaux piscivores (SEPB, 2011 ; Bobbe,
2010). De plus, la faible rentabilité observée, avec une moyenne nationale autour de 80
€/ha (SEPB, 2011), les aléas climatiques et le manque de reconnaissance entrainent un
abandon progressif des étangs sur le territoire. Cette pratique reste cependant à ce jour la
seconde activité piscicole française derrière la salmoniculture (Anonyme, 2011). Il existe
plusieurs bassins de production, notamment les Dombes, la Brenne et la Lorraine, qui se
partagent l’essentiel de la production (Trotignon, 2000). Les étangs sont tout de même
présents dans d’autres régions voire sur l’ensemble du territoire, de manière plus ou moins
éparse (Trotignon, 2000).

Au niveau des espèces produites, la carpe arrive en tête avec 50% de la production,
puis viennent le gardon (25%) et la tanche (10%). Les quinze derniers pourcents se
partagent entre les carnassiers (brochet, sandre, perche et black-bass) et de nouveaux
poissons (silure, esturgeon, etc.) (SEPB, 2011). Bien que la carpe reste une espèce
emblématique, dont l’importance dans les systèmes d’élevage est attestée depuis le XIII ème
siècle (Bédoucha, 2011), le marché s’ouvre de plus en plus, notamment aux carnassiers.

Malgré cette faible productivité, autour de 89 kg/ha/an (SEPB, 2011), et ce manque


de diversité des produits, le marché se porte bien. La consommation n’en représente que
25%, contre 75% pour le repeuplement (Anonyme, 2011). Les ateliers de transformation
français (Fish Brenne, etc.) sont obligés d’importer de la matière première étrangère pour
satisfaire la demande. Deux solutions existent pour augmenter la productivité et palier à ce
problème : augmenter la surface de production ou augmenter la quantité produite par unité
de surface. La première est compliquée à mettre en place, de par le cadre juridique français
limitant la création d’étangs (Kerleo, 2003). La seconde est quant à elle envisageable. Elle
consiste ni plus ni moins à une intensification. Néanmoins, cela doit se faire en conservant
les intérêts environnementaux de ces ouvrages.

Comme précisé précédemment, c’est ainsi que s’est réuni autour du projet
PISCEnLIT (PISCiculture EcoLogiquement InTensive) un ensemble de chercheurs afin de
proposer des scénarios d’intensification, utilisant les leviers écologiques de l’aqua-
écosystème.

8
4. Le projet PISCEnLIT, vers une aquaculture écologiquement intensive
Financé par l’ANR (Agence Nationale pour la Recherche), PISCEnLIT est un projet de
quatre ans qui s’achèvera fin 2013. Via une approche par écosystème, il vise à évaluer le
potentiel d’intensification écologique et l’insertion territoriale des systèmes aquacoles. C’est
autour de cette question de durabilité de l’aquaculture que se sont réunis quelques instituts
de recherche français et étrangers (Annexe 1). Les territoires étudiés représentent le panel
des différents niveaux d’intensification en aquaculture : extensif – semi-intensif (étangs de
Lorraine et de Brenne), intensif (étangs au Brésil et en Indonésie) et très intensif (élevage de
saumon en système recirculé en Normandie) (Annexe 2).

Le projet est constitué de six étapes distinctes. Dans un premier temps, une étude de
la perception des services écosystémiques, définis dans le MEA, dans chaque région ont
permis de les hiérarchiser. En parallèle, l’état de la biodiversité a été observé et des
analyses environnementales, par ACV (Analyse du Cycle de Vie) ou par Emergy, ont été
menées pour l’ensemble des systèmes. Tout cela a permis d’aborder l’aquaculture sur ces
différents territoires par une approche écosystémique. Les résultats obtenus ont permis
d’élaborer des diagnostics par terrain, qui ont ensuite été confrontés les uns aux autres afin
d’en tirer les différents niveaux d’intensification ainsi que les différents leviers écologiques
pouvant être utilisés pour intensifier la production.

Le projet vise ainsi une augmentation de la productivité tout en limitant, voire


réduisant, l’empreinte écologique des systèmes. En s’appuyant sur l’interaction entre les
différents compartiments trophiques du milieu, plusieurs scénarios d’intensification
écologiques sont ressortis :

1- Utilisation de la valeur écologique et du pouvoir épurateur de l’étang


2- Combinaison d’un élevage intensif et d’un élevage extensif en polyculture
3- Meilleure valorisation des niveaux trophiques
4- Utilisation des intrants naturels et valorisation des vases
5- Préconisation de bonnes pratiques

Ils ont ensuite pu être testés expérimentalement sur les territoires étudiés. Une fois
les tests terminés, la faisabilité de la transposition des systèmes testés à une plus grande
échelle sera étudiée. A la fin, un guide de recommandation en intensification écologique
pourra être édité.

L’étude qui suit s’insère dans l’étape expérimentale précédemment décrite. Elle
présente deux expérimentations menées en pisciculture d’étang en France, qui se basent
sur les scénarios 2 et 3. Ces dernières cherchent à répondre la problématique suivante :

« Optimisation de la production et limitation des rejets piscicoles par une


meilleure gestion des compartiments trophiques de l’étang.

9
II. Matériels et méthodes

1. Augmentation de la productivité et traitements des effluents piscicoles par une


individualisation du compartiment « macrophytes » (Projet 1)

1- Présentation générale de l’expérimentation


L’étang a donc un rôle auto-épurateur avéré via la boucle bactérienne ainsi que
l’ensemble des végétaux qui s’y trouvent. Les objectifs de ce test sont d’augmenter la
productivité ainsi que cette valeur épuratrice afin de limiter les rejets dans l’environnement.
Cette expérience nous permettra ainsi de confirmer l’importance des végétaux dans un
étang. Pour cela, nous sommes partis du principe que toute intensification doit passer par
l’individualisation des compartiments trophiques (Marcel, 1996), à savoir ici les
compartiments « poissons », source d’effluents, et « macrophytes », puits de nutriments.
Cette étude se base donc sur le scénario 1 précédemment décrit : « Utilisation de la valeur
écologique et du pouvoir épurateur de l’étang ». Elle est menée sur neuf bassins en eau
stagnante de 500 m², alimentés en parallèle par un petit cours d’eau, la Flume, et localisés
sur le site expérimental de l’INRA au Rheu (35). Afin de s’affranchir d’un effet bassin
potentiel, nous avons travaillé à partir de deux réplicats pour chacun des trois systèmes
décrit ci-après. Nous étions conscients que la répétabilité était faible, mais nous avons été
limités par le nombre de bassins disponibles. De plus, nous n’avons pu mettre en place
qu’un seul étang « témoin macrophytes ». Voici donc les différents systèmes (Annexe 3) :

 Système couplé

Dans un premier bassin de 500 m² (bassin « production »), 1 000 carpes communes
(Cyprinus carpio) d’un été, associées à 50 gardons (Rutilus rutilus) et 2 tanches (Tinca
tinca), sont nourries avec de l’aliment industriel (élevage intensif), composé de 32 % de
protéines et de 9 % de lipides (Annexe 4). Cet étang est couplé avec un second bassin de
même type, utilisé pour l’épuration des effluents du premier par l’implantation de
macrophytes (bassin « épuration »). La circulation de l’eau est assurée par une pompe
depuis la partie « épuration », via un jet extérieur permettant une ré-oxygénation du bassin
contenant les poissons, et par un petit canal de surverse depuis la partie production (Fig. 5).

Pompe

Aliment

© ADAM M. 2013

Surverse

Bassin « production » Bassin « épuration »

Fig. 5 Schéma du système de couplage entre les bassins « production » et


« épuration ».

10
 Système intensif

Le système couplé est comparé avec un bassin intensif, empoissonné et nourri


comme précédemment (1 000 carpes, 50 gardons et 2 tanches), mais non couplé à un étang
de traitement des effluents. Il est important de préciser qu’une pompe est également
présente afin d’oxygéner l’eau et de la faire circuler au sein du bassin (Fig. 6).

 Système « non-nourri »

Ce système est cette fois composé d’un bassin contenant 370 carpes, et toujours 50
gardons et 2 tanches, mais cette fois il n’est ni couplé à un bassin « épuration », ni nourri et il
n’y a aucune pompe présente (Fig. 6).

 « Témoin macrophytes »

Ce témoin est planté comme le bassin « épuration » du premier système mais il n’est
pas couplé à un bassin « production » (Fig. 6).

Pompe

Aliment

© ADAM M. 2013

Fig. 6 Schéma des systèmes intensifs et non-nourris ainsi que du « témoin


macrophytes » (de gauche à droite).

Le choix des étangs pour l’implantation des différents systèmes n’a pas pu se faire au
hasard. En effet, il était conditionné par la possibilité d’implantation de bornes électriques,
nécessaires à l’alimentation des pompes, bornes qui ne pouvaient pas être installées
partout. Pour davantage de précision sur le plan d’organisation spatiale de l’expérience,
l’Annexe 5 présente la localisation précise ainsi que la configuration générale du site.

2- Evaluation de la taille et de la configuration de la lagune de macrophytes pour


un traitement efficace des effluents piscicoles

a. Mise en charge et circulation de l’eau


Comme évoqué précédemment, nous avons choisi, dans les bassins « production »
des systèmes couplés et dans les systèmes intensifs, une densité de 2 carpes/m2, soit 1 000
poissons d’un été par étangs (FAO, 2013). Pour les systèmes non-nourris, nous avons
ramené ce nombre à 370 carpes étant donné l’absence de distribution d’aliment exogène
(Kerleo, 2003). Nous avons également ajouté 50 gardons et 2 tanches dans chaque étang
(Schlumberger et Girard, 2013), afin de conserver les avantages d’un système de polyculture
traditionnelle. En effet, l’élevage de plusieurs espèces de poissons occupant différentes
niches écologiques, c’est-à-dire « la profession qu’elles occupent au sein de leur résidence »
(Arrignon et al., 2002), permet de mieux valoriser la capacité de production de l’étang
(Anonyme, 2004) : contrairement aux gardons pélagiques et omnivores à tendance
herbivore, les carpes et les tanches sont plutôt bentophyles à tendance carnivore, les
premières préférant des proies plus petites que les secondes (Schlumberger et Elie, 2008).
11
Le système hydraulique permettant la circulation de l’eau entre les bassins
« production » et « épuration » des systèmes couplés est constitué d’une pompe et d’une
surverse. Pour que les deux étangs gardent le niveau d’eau voulu, il fallait un débit d’entrée
de sortie identique pour chacun d’eux. Etant donné que la pompe avait un débit de 30 m3/h à
faible profondeur (< 2 m), pour une puissance de 0,55 kW (Annexe 6), la taille de la surverse
ainsi que la profondeur de son enfouissement devaient être conséquentes. Suite à quelques
problèmes de mise en place, l’élaboration de ce système s’est fait de manière empirique et
n’a nécessité aucun calcul. En ce qui concerne la lagune de macrophytes, il a été nécessaire
de réfléchir à la fois aux espèces nécessaires ainsi qu’au dimensionnement.

b. Choix des espèces de macrophytes


Dans un premier temps, nous avons présélectionné plus de 44 espèces (Annexe 7)
pour leurs qualités épuratrices. Ensuite, nous avons dû opérer un tri pour en garder un
nombre réduit tout en conservant une certaine diversité puisque plus celle-ci est importante
plus l’assimilation des nutriments est grande (Le Campion, 2007). Au départ, nous voulions
travailler uniquement avec des plantes ornementales (nénuphars, jacinthes d’eau, etc.), qui
auraient constitué un revenu complémentaire pour le producteur et aurait contribué au
caractère visuel de la lagune. Cependant, certaines des plantes envisagées sont aujourd’hui
considérées comme invasives, ou du moins potentiellement invasives, et présentent donc un
possible danger pour l’environnement. Ce sont pourtant ces mêmes végétaux qui sont
utilisés dans un grand nombre de lagunage (Boutin, 1993 ; Liu et Seki, 1998 ; Mougin, 1988 ;
Klaba, 2000), mais un tel choix allait à l’encontre des principes du projet PISCEnLIT. Tout en
cherchant à conserver ce critère de sélection, nous en avons retenu trois autres : la valeur
épuratrice, l’abondance dans les écosystèmes locaux et l’autochtonie. Les six plantes
utilisées sont les suivantes: Massette (Typha latifolia), Glycérie aquatique (Glyceria
aquatica), Baldingère faux-roseau (Phalaris arundinacea), Menthe aquatique (Mentha
aquatica), Cornifle nageant (Ceratophyllum demersum) et Nénuphar jaune (Nuphar luteum).

Ensuite, il a été particulièrement difficile de dimensionner la lagune de macrophytes


destinée à épurer l’eau du bassin intensif de carpes. Les études disponibles traitant du
lagunage se concentrent sur les effluents domestiques (Boutin, 1982), industriels (Martin,
1997) ou bien d’élevage d’animaux terrestres (Sevrin-Reyssac, 1995). Bien que Piétrasanta
et Bondon (1994) indiquent que les eaux de piscicultures (truites, carpes) peuvent être
traitées de cette manière, très peu de travaux portent sur le sujet. Nous avons donc dû nous
adapter à la littérature existante.

c. Evaluation des rejets potentiels


Dans un premier temps, pour pouvoir évaluer au mieux les rejets en nutriments des
carpes, nous avons dû établir une estimation de leur croissance de mai à novembre. Ainsi,
nous nous sommes basés sur le modèle Augustyn – Szumiec (Billard, 1995). Il est fondé sur
les travaux empiriques de Szumiec, qui étudia la croissance de ces cyprinidés dans des
étangs du centre de la Pologne. Ce modèle change selon l’âge des poissons (Ranson,
2003). Ici, nous avons travaillé sur des carpes d’un été, entrant donc dans leur seconde
année :

 G2 : Estimation du poids au terme de la deuxième année


 G0 : Poids initial (g/individu)
 ϑe : Température moyenne journalière
 d : densité d’élevage finale (individu/ha)
 v : Teneur protéique des aliments (%)

12
Au départ, nous devions travailler sur des carpes de deux étés. Mais le cheptel qui
aurait dû être disponible a été entièrement décimé par les cormorans durant l’hiver. Nous
avons donc dû utiliser des carpes d’un seul d’un été, de 18,7 g en moyenne, provenant d’un
élevage du Puy-de-Dôme. Compte tenu des habitudes alimentaires de ces poissons, ils ont
été nourris avec de l’aliment extrudé coulant provenant de chez Le Gouessant (teneur
protéique de 32 %). En prenant une mortalité de 5% (Billard, 1995), la densité d’élevage
finale est de 950 individus par bassins, soit 19 000/ha. Enfin, nous avons utilisé l’évolution de
la température sur les étangs du Rheu entre avril et novembre 2012 pour la construction du
modèle. Les résultats obtenus sont présentés dans la Fig. 7.

800
700
600
500
Poids (g)

400
300
200
100
0
26-avr. 15-juin 04-août 23-sept. 12-nov.
Dates

Fig. 7 Courbe de croissance prévisionnelle des carpes nourries d’après le modèle


d’Augustyn – Szumiec ;
; G0 : Poids initial (g/individu), ϑe : Température moyenne journalière, d :
densité d’élevage finale (individu/ha), v : Teneur protéique des aliments (%) (d’après
Billard, 1995).

A partir de cette courbe, nous avons modélisé un poids moyen mensuel et nous en
avons déduit une quantité d’aliment à distribuer chaque mois. Ces éléments nous ont ensuite
permis de dresser un bilan de masse prévisionnel, mois par mois, d’un étang de 1 000
carpes en système intensif (Gross et al., 2000 ; Schreckenbach et al., 2000) (Annexe 8). En
effet, afin de dimensionner la lagune de macrophytes (bassin « épuration »), il nous fallait
estimer les rejets en phosphore et en azote des poissons (Tab. 1).

Tab. 1 Estimation des rejets de phosphore (P) et d’azote (N) journaliers moyens par
mois (Annexe 8) (D’après Gross et al., 2000 et Schreckenbach et al., 2000).

Température Aliment Rejets moyens Rejets moyens


Mois
(° C) distribué (kg/j) de P (g/j) de N (g/j)
Mai 18 1,2 6,4 14,2
Juin 19,7 2,5 14,1 39,2
Juillet 20,8 3,9 22,2 61,8
Août 21,6 7,1 47,7 145,6
Septembre 17,2 7 46,8 142,9
Octobre 14,3 5,5 32,9 94,2
Novembre 9,3 3,4 21 60,6

13
Les plus forts rejets ont donc a priori lieu en août, avec 145,6 g d’azote et 47,7 g de
phosphore émis quotidiennement dans l’étang.

d. Détermination du nombre de plantes


Comme précisé précédemment, la plupart des études sur le lagunage par des
macrophytes se sont surtout déroulées dans le cadre de traitements d’eaux domestiques.
L’unité alors utilisée pour dimensionner les lagunes est l’équivalent-habitant (EH). Elle
correspond aux rejets journaliers moyens d’une personne, à savoir, entre autre, 15 g d’azote
total/jour et 4 g de phosphore/jour (Anonyme, 1993). Ces différentes études préconisent
entre 5 et 15 m2 de lagune/EH (Adam, 1993). Or, dans le cas présent, notre étang de carpes
représente au plus fort de ses rejets (août), entre 9,7 et 11,9 EH. Ainsi, il nous faudrait une
lagune comprise entre 59 m2 et 179 m². En prenant la fourchette inférieure, et avec une
densité de 5 plants au mètre carrée (Vivier, 1997), cela représenterait au minimum 245
végétaux soit 735 pour les trois bassins de macrophytes. Au final, partant sur cette base et
dans la limite de nos moyens techniques, nous avons introduit 320 plants dans chacun
d’entre eux : 60 Massettes, 60 Glycéries aquatiques, 80 Baldingères faux-roseaux, 60
Menthes aquatiques, 20 Cornifles nageant et 40 Nénuphares jaunes.

3- Empoissonnement et installation de la lagune


Une fois les systèmes hydrauliques (pompes et surverses) en place, nous avons
réparti les poissons à la fin avril. Rappelons que les carpes pesaient en moyenne 18,7 g à
leur arrivée. De plus, elles étaient malades et affaiblies. En ce qui concerne les deux autres
espèces, elles avaient été élevées sur place et pesaient environ 25 g pour les gardons et 1
kg pour les tanches (Fig. 8).

© ADAM M. 2013 © ADAM M. 2013 © ADAM M. 2013

a. Pêche des tanches a. Carpes d’un été c. Répartition des gardons


Fig. 8 Photos de l’empoissonnement des étangs.

En ce qui concerne les végétaux, afin de bien connaître leur provenance, nous les
avons prélevés nous-mêmes dans le milieu naturel en différents points :

 Massettes : étangs expérimentaux de l’INRA (Rheu, 35)


 Glycéries aquatiques : marais de Redon (Redon, 35)
 Baldingères faux-roseaux : fossé au niveau du Grand Bas-Mée (Chavagne, 35)
 Menthes aquatiques : fossé au niveau de la Moinerie (Noyal-sur-Vilaine, 35)
 Cornifles nageant : étangs d’Apigné (Rheu, 35)
 Nénuphars : Vilaine, (Brécé, 35)

14
Pour éviter toute interaction avec la vase, ils ont été plantés dans des bacs de
graviers ou de sable (Fig. 9). Leur répartition s’est faite selon la configuration de l’étang (peu
profond à l’entrée et sur les berges, profond à l’exutoire) et leurs exigences écologiques
respectives (Annexe 9).

© ADAM M. 2013 © ADAM M. 2013 © ADAM M. 2013

a. Mise en pot (gravier) b. Répartition c. Mise en eau

Fig. 9 Photos de la mise en place des plantes dans les bassins.

4- Suivis zootechniques et physico-chimiques


Afin de contrôler les performances zootechniques, un échantillon de carpes a été
prélevé tous les mois dans chaque étang. En théorie, 3 à 5 % de la population initiale, soit
entre 30 et 50 poissons, auraient dû être pesés pour avoir une idée de l’évolution de la
biomasse totale et pour suivre la croissance. Néanmoins, la réalité a été tout autre : dans
certains bassins, la pêche a été particulièrement difficile et peu de carpes ont été pêchées.
Ces échantillonnages ont été effectués à la senne. En outre, plusieurs analyses ont été
réalisées, pour suivre la qualité des eaux et cerner la productivité de chaque bassin :

 Mesures physiques (température, dioxygène, pH, transparence) de manière


hebdomadaire (même jour et même heure) par un ensemble de sondes ; l’eau
étudiée est prélevée via un seau lancé au centre de l’étang et ramené sur la
berge.
 Mesures chimiques au début de l’expérience puis chaque mois (NH4+, NO2, NO3-,
PO42-, Ntot, Ptot) sur des échantillons de 250 mL d’eau prélevée comme expliqué
précédemment ; les flacons ont été analysés au laboratoire de l’UMR SAS (Unité
Mixte de Recherche Sol Agro-Hydrosystème Spatialisation) à l’INRA de Rennes.

Pour cerner la quantité de nutriments présents dans les sédiments (Ntot, Ptot), la boue
de chaque étang a été prélevée en début d’expérience, en trois points (entrée, milieu et
sortie). La même analyse sera effectuée à la fin du test afin de comprendre comment a
évolué le stock de nutriments contenu dans les vases. Enfin, pour savoir ce qui se passe
dans le milieu sur une courte période, un suivi de 24h par système, mesurant tous les
paramètres physico-chimiques précédemment évoqués, a été mis en place fin juin (Annexe
10). Pour ce qui est des plantes, faute de temps et de moyens, une simple analyse de
recouvrement a été faite tous les deux mois : nous avons projeté la surface occupée par les
plantes sur un plan horizontal en mimant une vue aérienne.

Pour comparer précisément les poids moyens mesurés dans chaque bassin, nous
avons réalisé des tests de comparaison de moyennes. Nous avons, dans un premier temps,
testé la normalité des échantillons (test de Schapiro-Wilk). Puis, selon les résultats, nous
avons utilisé un test soit paramétrique, en l’occurrence Aspin-Welch compte tenu de
l’indépendance des échantillons ainsi que des faibles effectifs, soit non-paramétrique (Mann-
Withney).

15
2. Production de sandres par une utilisation maximale du zooplancton (Projet 2)

1- Présentation de l’expérimentation
Le sandre est un produit de fort intérêt économique, avec un prix de vente de 25 €/kg
pour des carnassiers de trois étés (Heymann, 2012). Le marché en est très demandeur et ce
toute l’année et à tous stades, notamment de poissons d’un été. En outre, à cet âge, ils ont
souvent un poids trop faible à l’automne et connaissent une forte mortalité pendant leur
premier hiver (Schlumberger et Girard, 2013). Dans ce test expérimental, nous avons
cherché à ce que ces jeunes sandres aient un apport continu de nourriture afin que leur
poids soit plus important en sortie d’été, en maximisant l’utilisation du zooplancton. Cette
étude se base sur le scénario 3 précédemment décrit : « Meilleure valorisation des niveaux
trophiques ». Elle est menée sur six bassins de 400 m² situés au lycée agricole du Haut-
Anjou à Château-Gontier (53). Ici aussi, afin de minimiser l’Effet bassin, il y a plusieurs
réplicats (trois) pour chacun des deux systèmes testés (Annexe 11) :

 Système « Innovant »

Dans chaque bassin, préalablement chaulé et fertilisé (fumier de bovin), des


géniteurs de poissons fourrages sont introduits dans des cages flottantes de type pantenne.
Ces derniers pourront ainsi pondre sur un support, placé au fond de la cage. Une fois éclos
les alevins constituent l’alimentation du poisson cible, le juvénile de sandre (Sander
lucioperca). Le fait de mettre les géniteurs dans des pantennes permet, non seulement, de
limiter la prédation de ces poissons sur les jeunes sandres, mais également de récupérer
ceux qui ont pondu afin d’économiser les ressources trophiques du milieu. Les juvéniles de
sandres sont, quant à eux, déversés à 5 semaines dans la colonne d’eau (Fig. 10).

© ADAM M. 2013

Sandre de 5 semaines

Géniteur (poisson fourrage)

Fig. 10 Schéma du système innovant (coupe transversale de l’étang).

En outre, pour permettre un apport continu de nourriture (larves de poissons


fourrages) un lot de géniteurs de différentes espèces est maintenu à une température proche
de 12°C (température de l’eau de forage), dans des bassins thermorégulés en circuit fermé,
ce qui retarde la maturation des ovocytes et donc la ponte. De manière bimensuelle, les
géniteurs ayant pondu sont retirés et de nouveaux ajoutés dans les cages. Ainsi, les pontes
décalées entraine une éclosion des larves de poissons fourrages étalée dans le temps, ce
qui permet de mieux exploiter les petites formes de plancton (rotifères en particulier) et de
fournir constamment des proies de taille adéquate aux juvéniles de sandre.

 Système « Témoin »

L’introduction de l’ensemble des géniteurs de poissons fourrages dans les étangs se fait
en une seule fois lors des pêches de printemps (avril), impliquant une seule reproduction par
espèce. C’est ce qui est réalisé par les professionnels, mais avec une mise en charge de
départ moins importante.

16
Pour davantage de précision sur le plan d’organisation spatiale de l’expérience,
l’Annexe 12 présente la localisation précise ainsi que la configuration générale du site.

2- Mise en charge en sandres et en poissons fourrages


Pour les calculs qui suivent, n’ayant pas de données disponibles sur les températures
des étangs étudiés, nous nous sommes basés sur celles des étangs du Rheu de 2012, site
utilisée pour le Projet 1 sur les carpes, localisés à une centaine de kilomètres de Château-
Gontier.

a. Mise en charge en carnassiers


Très peu d’études ont été réalisées sur l’élevage intensif de juvéniles de sandre en
étangs. Cependant, aux Etats-Unis le doré (Stizostedion vitreum), cousin du sandre
européen, de 5 semaines est élevé à une densité de 60 000 juvéniles par m2, soit 2 400 pour
400 m2 (Wright, 1996). Étant donné la fertilisation à l’urée très poussée des étangs
américains, nous avons préféré partir avec une densité nettement inférieure, à savoir 200
pour 400 m2, soit 5 000/ha. Ce chiffre reste tout de même plus élevé qu’en pisciculture
d’étang traditionnelle (200 à 300/ha) (Schlumberger et Girard, 2013).

b. Besoins alimentaires du sandre


Afin de quantifier le nombre de poissons fourrages à ajouter, nous devons, dans un
premier temps, connaître les besoins du sandre. Nous sommes partis de carnassiers de 5
semaines, de 0,57 g. La Fig. 11 nous présente l’évolution théorique du poids et de la taille
de ces poissons au cours de l’expérience (juin à octobre). Pour ce faire, nous avons utilisé
un modèle TGC (Thermal Growth Coefficient), notamment décrit par Dumas et al. (2007), en
supposant un poids final de 40 g. Ensuite, la relation taille-poids utilisée est construite à
partir de la formule (Schneider et al., 2000), avec P le poids et L la
longueur du poisson.

45 20
Poids
40 18
Taille
35 16
14
30
12
Longueur (cm)

25
Poids (g)

10
20
8
15
6
10 4
5 2
0 0
20-juin 10-juil. 30-juil. 19-août 08-sept. 28-sept. 18-oct. 07-nov.
Dates

Fig. 11 Evolution prévisionnelle du poids P (P = (G, R et T) avec Pf (g)


: Poids final, Pi (g) : Poids initiale, Ti (°C): Température moyenne du jour i et T (°C) :
Somme des température sur toute la période de croissance) et de la longueur L ( L =
) des juvéniles de sandres entre mai et octobre (d’après Dumas et al., 2007 et
Schneider et al., 2000).

17
Notons que les sandres mesuraient environ 40 mm au début de l’expérience, et se
nourrissaient donc déjà partiellement de poissons. Mais théoriquement ils ne sont passés au
régime piscivore exclusif qu’à environ 10 cm de long (Keith et al., 2011), soit à partir de
début septembre.

A partir des courbes précédentes, nous avons pu déterminer l’évolution de la quantité


de nourriture nécessaire aux juvéniles durant la durée de l’étude. Sachant que le sandre
consomme en moyenne 5,5% de son poids en poisson fourrage (Popova et al., 1977), nous
avons pu déterminer les besoins des juvéniles contenus dans un bassin au cours de leur
développement (Fig. 12). Notons que l’évolution de la biomasse a été calculée à partir d’une
mortalité de 50% sur l’ensemble de la période d’étude (Schlumberger et Elie, 2008), soit par
simplification une perte d’environ 5% du nombre de poissons initial toutes les deux
semaines.

0.25
Consommation journalière de poissons (kg)

0.20

0.15

0.10

0.05

0.00
15-juin 25-juil. 03-sept. 13-oct.

Fig. 12 Evolution de la consommation journalière C (C = 0,05xB, B : Biomasse en


sandres) en poissons fourrages d’un bassin de 200 juvéniles de sandres, entre mai et
octobre (d’après Popova et al., 1977).

c. Choix des poissons fourrages


Les espèces de poissons fourrages pour cette étude devaient répondre à plusieurs
critères :

 Proies classiques du sandre (Gourbier, 1975)


 Valorisation possible par l’utilisateur du système
 Températures de ponte complémentaires entre espèces pour s’étaler sur une
longue période

Nous avons donc choisi de travailler avec des gardons, des rotengles et des tanches
qui remplissaient l’ensemble de ces critères (Tab. 2).

18
Tab. 2 Caractéristiques générales sur la reproduction du gardon, du rotengle et de la
tanche (d’après Bruslé et Quignard, 2001 ; Schlumberger et Girard, 2013 ; Jobling et al.,
2002 ; Rodriguez, 2004 ; Keith et al., 2011 ; Gillet, 1989).

Rotengle
Gardon (Rutilus Tanche (Tinca
(Scardinius
rutilus) tinca)
erythrophtalmus)

Type de ponte Unique Fractionnée Fractionnée


Température de
ponte (°C) 14 – 17 18 – 27 21 – 25

Période de ponte Avril à mai – juin Avril – mai à juillet Fin mai à juillet –
aout
Fécondité (œufs/kg 150 000 à 350 000 100 000 à 200 000 55 000 à 300 000
femelle)
Taux d'éclosion 43,3 % 43,3 % 50 %
Survie larvaire - - 30 %

De la même façon, nous avons pu établir une courbe de croissance pour ces trois
espèces, ce qui nous a permis d’obtenir l’évolution prévisionnelle de leurs mensurations en
fonction du nombre de la somme des températures journalières (Fig. 13).

a. b.
12 100
10 80
Longueur (mm)

8
Poids (g)

60
6
40
4
2 20
0 0
0 1000 2000 3000 4000 0 1000 2000 3000 4000
Somme de températures journalières (°C) Somme de températures journalières
(°C)
c.
25.0

20.0
Hauteur (mm)

15.0

10.0

5.0

0.0
0 1000 2000 3000 4000
Somme de températures journalières (°C)

Fig. 13 Evolution chez le gardon, la tanche et le rotengle du poids P (a.) : P =


(G, R et T) avec Pf (g) : Poids final, Pi (g) : Poids initiale, Ti (°C): Température moyenne du
jour i et T (°C) : Somme des température sur toute la période de croissance (d’après Dumas et
al., 2007) ; de la longueur L (c.) : L = (G), L = (R), L =
(T) (d’après Tarkan et al., 2006) ; de la hauteur H (b.) : H = 0,257xL-0,306 (G), H = 0,258xL+0,1 (R),
H = 0,198xL+0,3 (T) (d’après Schlumberger et Elie, 2008 et Freyheit, 2012).

19
Ces éléments (fécondité, taux d’éclosion, survie larvaire, croissance) permettent d’avoir
une idée de la biomasse disponible pour les sandres, même si cela reste très aléatoire. Nous
avons donc opté, dans les systèmes innovants, pour une introduction de 2 kg de
gardons/rotengles de toutes tailles, toutes les deux semaines, et ce pendant huit semaines à
partir de la mi-avril, complétés par deux apports d’alevins à vésicules résorbées (VR) de
tanches début juillet (Annexe 13). Suite à un problème de stockage de géniteurs, nous
avons dû travailler avec des VR. A cause du temps particulièrement froid, nous avons réalisé
deux nouveaux apports, espacés de deux semaines chacun, de gardons et de rotengles
dans les systèmes innovants.

d. Frayères : matériaux et taille


Arrignon (1998) décrit très bien les frayères flottantes ainsi que les matériaux à utiliser. Il
préconise l’utilisation de conifères (épicéa, cyprès, etc.) puisqu’ils sont, d’une part, appréciés
par les poissons pour la ponte et, d’autre part, résistant à une immersion prolongée.
Cependant, il a été assez difficile d’en trouver suffisamment dans l’environnement proche.
Nous avons donc choisi du carex, plante très présente dans la région d’étude. Pour ce qui
est de la surface de la frayère, elle dépend du nombre d’ovocytes déposés. En prenant une
fécondité des gardons de 250 000 œufs/m2 par kg avec une introduction de 1 kg de femelles,
une surface de 1 à 2 m2 devrait suffire (Arrignon, 1998).

3- Empoissonnement et installation des cages


Afin d’optimiser la production de zooplancton, les étangs ont été chaulés (500 kg/ha)
(Schlumberger et Girard, 2013) et fertilisés à hauteur de 10 t/ha (fumier de bovins). En outre,
un épandage de foin a été effectué dans chacun d’entre eux pour faciliter le développement
des rotifères (Schlumberger, 1998). Compte tenu du printemps particulièrement froid, les
premiers géniteurs introduits à partir de la mi-avril n’ont probablement pas pondu. Nous
avons ainsi réintroduit six fois des géniteurs au lieu de quatre. Les sandres ont été placés à
la mi-juin dans les étangs.

4- Suivis zootechniques et physico-chimiques


Un échantillon de sandres a été prélevé tous les mois dans chaque étang pour
contrôler les performances zootechniques. 10 à 15 % de la population initiale, soit entre 20
et 30 poissons, ont été anesthésiés puis pesés et mesurés pour avoir une idée de l’évolution
de la biomasse totale et pour suivre la croissance des animaux. Cet échantillonnage s’est
effectué à la senne.

En outre, comme pour le Projet 1 (carpes), plusieurs analyses ont été réalisées, pour
suivre la qualité des eaux et cerner la productivité de chaque bassin :

 Mesures physiques (température, dioxygène, pH, transparence) de manière


hebdomadaire (même jour et même heure) par un ensemble de sondes ; l’eau
étudiée est prélevée via un seau lancé au centre de l’étang et ramené sur la
berge.
 Mesures chimiques au début de l’expérience puis chaque mois (NH4+, NO2, NO3-,
PO42-, Ntot, Ptot) sur des échantillons de 250 mL d’eau prélevée comme expliqué
précédemment ; les flacons ont été analysés au laboratoire de l’UMR SAS (Unité
Mixte de Recherche Sol et Agro-hydrosystème Spatialisation).
 Mesures de la productivité en zooplancton tous les mois, via un trait de filet à
plancton biconique au milieu de l’étang, le contenu, une fois fixé par du formol, a
été séché et pesé.

Pour les analyses statistiques des résultats de croissance nous avons utilisé la même
démarche que pour le Projet 1 (carpes).

20
III. Résultats

1. Croissance des carpes et traitement des effluents (Projet 1)

1- Croissance observée
Pour la compréhension des résultats suivants, rappelons qu’il y a deux réplicats pour
chaque système testé :

 Système couplé : étangs n°502 et 507


 Système intensif (Int.) : étangs n° 504 et 505
 Système non-nourri (Nn-nour.) : étangs n°508 et 509

Obtenue à partir des relevés réalisés lors des pêches mensuelles de contrôle, la Fig.
14 compare l’évolution du poids moyen des carpes élevées en système couplé, intensif et
non-nourri. Les données pour l’étang intensif 504 ne sont que partielles. En effet, l’étang a
été envahi par des nénuphars et du potamot nageant (Potamogeton natans) dès le mois de
mai, ce qui a rendu les pêches particulièrement difficiles : le 26 juin aucun poisson n’a été
prélevé et le 6 août seulement quatre ont pu être échantillonnés (0,4 % de la population
initiale).

175
Couplé (502)
Couplé (507)
155
Nn-nour. (508)
Nn-nour. (509)
135
Int. (505)
Int. (504)
115
Poids (g)

95

75

55

35

15
16-avr. 6-mai 26-mai 15-juin 5-juil. 25-juil. 14-août
Dates

Fig. 14 Evolution du poids moyen des carpes élevées en système couplé, intensif (Int.)
et non-nourri (Nn-nour.).

Nous pouvons donc considérer les résultats obtenus pour l’étang 504 comme peu
représentatifs de la population de carpes présentes. Pour le reste, seul le poids moyen dans
le non-nourri 508, du moins début août, est significativement plus grand que dans les quatre

21
autres bassins. Bien que ce ne soit pas statistiquement significatif au vu des intervalles de
confiance, les carpes semblent avoir au cours de l’été une meilleure croissance dans les
non-nourris que dans les couplés. Les bassins intensifs ont les résultats les plus faibles
début juillet mais la tendance s’inverse ensuite. Les poissons du 505 intensif qui connaissent
une brusque augmentation de leur masse corporelle, et deviennent plus gros que ceux des
étangs couplés.

De la même manière, la Fig. 15 présente l’évolution de la taille des carpes dans


l’ensemble des étangs (couplés, intensifs et non-nourris).

183
Couplé (502)
Couplé (507)
173
Nn-nour. (508)
Nn-nour. (509)
163
Int. (505)
153 Int. (504)
Taille (mm)

143

133

123

113

103

93
16-avr. 6-mai 26-mai 15-juin 5-juil. 25-juil. 14-août
Dates

Fig. 15 Evolution de la taille moyenne des carpes élevées en système couplé, intensif
(Int.) et non-nourri (Nn-nour.).

Nous observons la même évolution que pour les poids moyens. Seuls les poissons
du 507 couplé ont une courbe de croissance particulière qui ne suit pas l’évolution des
autres étangs.

2- Evolution physico-chimique de l’eau sur trois mois


Les mesures physiques hebdomadaires nous permettent d’avoir une idée de
l’évolution des différents systèmes d’avril à août. Etant donné que l’objectif est de tester les
étangs couplés, nous avons confronté leurs résultats à ceux des étangs intensifs et non-
nourris (Fig. 16 et 17). Nous avons choisi de ne pas présenter les mesures chimiques
mensuelles, puisque nous n’avons les résultats que pour le début des mois de mai et juin. A
cette date les systèmes venaient à peine d’être mis en service, rendant donc ces données
peu intéressantes pour le moment.

22
10.5
220
10

Concentration en O2 (% sat.)
200
180 9.5
160
9
140

pH
120 8.5

100 8
80
7.5
60
40 7
16-avr. 6-mai 26-mai 15-juin 5-juil. 25-juil. 14-août 16-avr. 6-mai 26-mai 15-juin 5-juil. 25-juil. 14-août
Dates Dates

430 70

410 60

Turbidité - secchi (cm)


390
Conductivité (µS/cm)

50
370
40
350
30
330
20
310

290 10

270 0
16-avr. 6-mai 26-mai 15-juin 5-juil. 25-juil. 14-août 16-avr. 6-mai 26-mai 15-juin 5-juil. 25-juil. 14-août
Dates Dates

Fig. 16 Comparaison de l’évolution des paramètres physiques des systèmes couplés (bassin « production ») et non-nourris.
23
10.5
220
10

Concentration en O2 (% sat.)
200
180 9.5
160
9
140

pH
120 8.5

100 8
80
7.5
60
40 7
16-avr. 6-mai 26-mai 15-juin 5-juil. 25-juil. 14-août 16-avr. 6-mai 26-mai 15-juin 5-juil. 25-juil. 14-août
Dates Dates

430 70

410 60

Turbidité - secchi (cm)


390
Conductivité (µS/cm)

50
370
40
350
30
330

310 20

290 10

270 0
16-avr. 6-mai 26-mai 15-juin 5-juil. 25-juil. 14-août 16-avr. 6-mai 26-mai 15-juin 5-juil. 25-juil. 14-août
Dates Dates

Fig. 17 Comparaison de l’évolution des paramètres physiques des systèmes couplés (bassin « production ») et intensifs.
24
Nous avons ensuite cherché à comparer l’évolution du taux de dioxygène (O2) du bassin
« épuration » avec celles des systèmes intensifs et non-nourris (Fig. 18).

220

Concentration en O2 (% sat.)
200
180
160
140
120
100
80
60
40
16-avr. 6-mai 26-mai 15-juin 5-juil. 25-juil. 14-août
Dates

Fig. 18 Comparaison de l’évolution du taux de dioxygène des systèmes couplés (bassin


« épuration »), non-nourris et intensifs.

Le taux de dioxygène suit la même évolution dans tous les bassins. Bien qu’il y ait que
peu de différences entre les couplés et les intensifs, dans les étangs extensifs nous pouvons
observer une amplitude bien plus importante que dans les deux autres.

3- Evolution physico-chimique sur 24h


Au début de l’expérience nous avons réalisé des mesures chimiques de l’eau et des
boues lors de la mise en eau (Tab. 3).

Tab. 3 Analyses chimiques de l’eau et des boues des neuf étangs lors de la mise en eau.

Etangs 501 502 503 504 505 506 507 508 509
Eau NH4+ 0,103
(mg/L) NO2- 0,252
NO3- 34,3
volume (m3) 21,1 16,2 22,9 12 19,3 16,8 15,2 19,3 16,4
Boues azote (% MS) 0,38 0,28 - 0,48 0,3 0,3 0,33 0,26 0,27
carbone (% MS) 3,26 2,49 - 5,71 2,7 2,48 3,04 1,95 2,21

Nous remarquons un volume de vase conséquent dans l’ensemble des étangs. Pour ce
qui est de l’eau utilisée pour les remplir, elle est très chargée en nitrate. Après avoir réalisé deux
fois quatre suivis physico-chimiques consécutifs sur une période de 24 heures, entre le 24 et le
26 mai 2013, nous avons obtenu les graphiques présentés en Fig. 19. Les mesures dans les
bassins « épurations » (501 et 506) ont été effectuées en sortie de lagune et celles dans les
bassins « production » (502 et 507) au niveau de la surverse, avant l’entrée dans la lagune. De
plus, suite à un problème de batterie d’un des préleveurs, les données pour l’étang 509, entre 18
et 11h le lendemain matin, sont manquantes.

25
0.8 0.8
Couplé épur. (501) 185 Couplé prod. 185
0.7 0.7 (502)
0.6 165 0.6 165

Concentration (mg/L)
Taux d'O2 (% sat.)

Taux d'O2 (% sat.)


Concentration (mg/L)

0.5 145 0.5 145


0.4 0.4
125 125
0.3 0.3
105 105
0.2 0.2
85 0.1 85
0.1

0.0 65 0.0 65
9:36 14:24 19:12 0:00 4:48 9:36 14:24 9:36 14:24 19:12 0:00 4:48 9:36 14:24
Heures Heures
0.8 0.8
185
Intensif (504) 185 Intensif (505)
0.7 0.7
165
0.6 165 0.6

Concentration (mg/L)
Concentration (mg/L)

Taux d'O2 (% sat.)


Taux d'O2 (% sat.)
0.5 145 0.5 145

0.4 0.4 125


125
0.3 0.3
105 105
0.2 0.2
85 85
0.1 0.1

0.0 65 0.0 65
9:36 14:24 19:12 0:00 4:48 9:36 14:24 9:36 14:24 19:12 0:00 4:48 9:36 14:24
Heures Heures

26
0.8 0.8 185
Couplé épur. (506) 185 Couplé prod. (507)
0.7 0.7
165
0.6 165 0.6

Concentration (mg/L)
Concentration (mg/L)

Taux d'O2 (% sat.)


Taux d'O2 (% sat.)
145
0.5 145 0.5

0.4 0.4 125


125
0.3 0.3
105 105
0.2 0.2
85 85
0.1 0.1

0.0 65 0.0 65
9:36 14:24 19:12 0:00 4:48 9:36 14:24 9:36 14:24 19:12 0:00 4:48 9:36 14:24
Heures Heures
0.8 0.8
Non-nourri (508) 185 Non-nourri 185
0.7 0.7 (509)
0.6 165 0.6 165

Concentration (mg/L)
Concentration (mg/L)

Taux d'O2 (% sat.)


Taux d'O2 (% sat.)
0.5 145 0.5 145
0.4 0.4
125 125
0.3 0.3
105 105
0.2 0.2
85 0.1 85
0.1

0.0 65 0.0 65
9:36 14:24 19:12 0:00 4:48 9:36 14:24 9:36 14:24 19:12 0:00 4:48 9:36 14:24
Heures Heures

Fig. 19 Evolution chimique et du taux d’O2 sur 24h de l’ensemble des étangs entre le 24 et le 25/06/2013 ou le 25 et le 26/06/2013.
27
Sur les 24 heures étudiées, l’ammoniaque est la forme azotée prépondérante dans
l’ensemble des bassins, sauf pour le 504 (intensif). Pour ce qui est des nitrites, leur présence
est attestée partout en faibles quantités, excepté dans le second bassin intensif (505).
Ensuite, il existe visiblement peu de différence en entrée et en sortie de lagune, c’est-à-dire
entre les bassins « production » (502 et 507) et « épuration » (501 et 506). Enfin, nous
pouvons noter de faibles concentrations en nutriments dans le 505 comparativement aux
autres étangs. En ce qui concerne le dioxygène, nous observons de plus fortes variations
dans les extensifs que dans les autres.

4- Recouvrement en plantes des lagunes et du « témoin macrophytes »


Le recouvrement des étangs a été mesuré à deux reprises : fin mai, une fois
l’ensemble des plantes en place, et à la mi-juillet, en milieu d’expérience (Tab. 4).

Tab. 4 Recouvrement des bassins « épuration » des systèmes couplés et du « témoin


macrophytes » par les plantes introduites.

28/05/2013 24/07/2013

501 (couplé) 1,4 % 23,8 %


506 (couplé) 1,5 % 7,4 %
503 (témoin) 1,3 % 4,5 %

Au début de l’expérience, les bassins 501, 503 et 506 ont été plantés de manière
identique. Le recouvrement fin mai était quasiment le même dans chacun d’entre eux. En
deux mois, le 501 s’est bien développé contrairement aux deux autres : les macrophytes ont
non seulement grandi mais ils se sont également multipliés hors des pots. Cependant, au
cours des mois de juin et juillet, de nombreuses plantes (nénuphars, hydrophytes totalement
immergées, etc.) non-plantées, et donc non-désirées, sont apparues (Tab. 5).

Tab. 5 Recouvrement des bassins « épuration » des systèmes couplés et du « témoin


macrophytes » par les plantes non-désirées.

28/05/2013 24/07/2013

501 (couplé) 0% 35 %
506 (couplé) 0% 5,4 %
503 (témoin) 28,7 % 90,5 %

Le « témoin macrophytes » (503) a très vite été recouvert par des végétaux
envahissant, qui ont fini par dissimuler la quasi-totalité de la surface de l’étang. Les deux
bassins « épuration », et surtout le 501, sont également colonisés mais dans une moindre
mesure.

2. Résultats intermédiaires de la production de sandre d’un été (Projet 2)

1- Croissance observée
Peu de pêche ont été effectuées jusqu’alors et nous n’avons donc seulement que
deux mesures à présenter ici. La Fig. 20 montre ainsi l’évolution du poids et la taille des
juvéniles de sandres sur un mois et demi. Les données concernant le système innovant testé
dans l’étang B5 sont à relativiser. Là encore, le bassin a très tôt été envahi par les plantes.
Dès le 4 juillet il était recouvert à plus de 90% par des hydrophytes, compliquant les deux
pêches de contrôle réalisées dans l’été. Nous avons également noté la présence de

28
nombreux carassins de l’année, présence que nous n’expliquons pas. Ces animaux
semblent avoir pris le dessus sur les sandres, en consommant probablement une partie de
leurs ressources trophiques. Ainsi, les données de l’étang B5 présentées ici mais ne seront
pas prises en compte par la suite.

a. 12
Innovant (B3)
Innovant (B4)
10 Innovant (B5)
Classique (B9)

8 Classique (B10)
Classique (B11)
Poids (g)

0
15/06/2013 25/06/2013 05/07/2013 15/07/2013 25/07/2013 04/08/2013
Dates

b. 100
Innovant (B3)
Innovant (B4)
90 Innovant (B5)
Classique (B9)

80 Classique (B10)
Classique (B11)
Taille (mm)

70

60

50

40
15/06/2013 25/06/2013 05/07/2013 15/07/2013 25/07/2013 04/08/2013
Dates
Fig. 20 Evolution du poids (a.) et de la taille (b.) des juvéniles de sandre entre leur
introduction à cinq semaines et début août.

29
Lors des pêches de contrôle, les poids des sandres dans l’ensemble des étangs
étaient significativement supérieurs à ceux prédits par le modèle utilisé pour le
dimensionnement. De plus, deux semaines après l’empoissonnement, les sandres élevés
dans les systèmes innovants avaient tendance à peser plus lourds que dans les systèmes
témoins. Début août deux groupes distincts se dessinent. Le premier, avec des poids
mesurés significativement plus importants, est constitué par un étang de chaque système
(B3 et B11). Néanmoins, la courbe représentant le B11 (témoin) a tout de même tendance à
être au-dessus de celle du B3 (innovant). Dans le second groupe, les sandres du deuxième
bassin innovant (B4) ont un poids moyen situé entre ceux des deux autres bassins témoins
(B10 et B9).

2- Evolution prévisionnelle de la taille des alevins de poissons fourrages


En s’appuyant sur les mesures de température quotidiennes, nous avons pu
émettre des hypothèses quant au nombre de pontes des différents poissons introduits. Dès
lors nous avons pu, dans un premier temps, estimer la date d’éclosion. Ensuite nous avons
tracé des courbes de croissance hypothétiques (Dumas et al., 2007), plus précises dans le
temps, en se basant toujours sur les températures mesurées mais aussi sur les
températures de 2012 des étangs du Rheu (35) pour les jours à venir (Fig. 21).

100
1ère ponte (G)
90
2ème ponte (G)
80
3ème ponte (G)
70 1ère ponte (R)
60 4ème ponte (G)/2ème ponte
Poids (g)

(R)
50 5ème ponte (G)/3ème ponte
(R)
40 VR Tanche

30

20

10

0
06/05/2013 15/06/2013 25/07/2013 03/09/2013 13/10/2013 22/11/2013
Dates

Fig. 21 Croissance hypothétique des différentes cohortes de gardons (G), de rotengles


(R) et d’alevins à vésicules résorbées (VR) de tanches (d’après Dumas et al., 2007).

La totalité de ces pontes n’a probablement pas eu lieu dans tous les étangs.
Cependant, les courbes précédentes, aussi approximatives soient-elles, nous montrent qu’à
un instant t les sandres ont des proies d’une large gamme de taille à leur disposition.

30
IV. Discussion
Comme nous avons pu le voir précédemment, la pisciculture d’étang est basée sur
l’écosystème et dépend donc fortement du milieu. Chaque bassin peut donc évoluer
différemment des autres, ce qui explique parfois les différences entre systèmes (Effet
bassin). Nous avons tout de même tenté de nous en affranchir au maximum, d’une part en
chaulant et en mettant en assec durant quelques semaines chaque étang et, d’autre part, en
travaillant à partir de plusieurs réplicats.

1. Augmentation de la productivité et traitement des effluents piscicoles par une


individualisation du compartiment « macrophytes » (Projet 1) : un système à
améliorer

1- Analyse des résultats

a. Bilan de croissance dans les différents systèmes


Nous n’avons pu travailler qu’à partir de poids moyens, et non de biomasse, il faut
donc relativiser les résultats présentés ici et éviter toute conclusion hâtive quant à la
performance des systèmes. Les résultats finaux nous en apprendront davantage.

Le modèle de croissance utilisé initialement pour construire la lagune s’est révélé


très optimiste par rapport à l’évolution du poids moyen observée des carpes au cours des
pêches de contrôle. En se basant sur les températures de 2012, plus chaudes au printemps
mais plus froide en été, il prévoyait début juillet des carpes de 121 g (Billard, 1995).
Cependant, les poissons pêchés dans les étangs intensifs ou dans les bassins
« production » des systèmes couplés pesaient en moyenne 47,3 g, soit 60 % de moins. La
croissance des carpes aurait probablement pu être plus importante si elles avaient été en
meilleure santé à l’empoissonnement début mai. A leur arrivée, elles étaient couvertes de
points blancs, symptôme attestant de la présence d’un protozoaire (FAO, 2013), et avaient,
pour la plupart, des queues tronquées. Bien que leur état de santé semble s’être amélioré
pendant le premier mois de l’expérience, il n’en demeure pas moins qu’une partie des carpes
pêchées fin mai possédaient toujours quelques grosseurs au niveau de la mâchoire. A cela
s’ajoute les nombreux morts ramassés courant mai, 54 seulement pour l’étang 502, et une
première pêche de contrôle difficile, à savoir de nombreux coups de filets pour n’obtenir que
3 % de la population initiale. Nous avons fini par supposer une mortalité importante, environ
40 %, au cours du premier mois. Il faut également noter que les températures du printemps
2013 étaient bien inférieures aux normales saisonnières (Météo France, 2013), ce qui n’a pu
que ralentir la croissance des poissons.

Bien qu’il n’y ait aucune différence statistiquement significative, nous notons une
croissance légèrement supérieure dans les systèmes non-nourris que dans les couplés et
les intensifs. Cette observation peut être expliquée par deux facteurs distincts. D’une part, il
est possible que les poissons ne mangent pas les granulés. En effet, lors de la distribution
de la ration les carpes ne montent pas sur l’aliment. Cela est peut-être dû au fait qu’elles n’y
ont jamais été habituées auparavant. D’autre part, en se basant sur l’évolution de la turbidité,
et surtout sur celle du taux de dioxygène, ainsi que sur les observations réalisées au
moment des mesures, les étangs non-nourris sont visiblement plus productifs. Nous avons
pu en tirer une évolution qualitative hypothétique du plancton au sein de ces bassins (Fig.
22). Il n’y a que dans ces deux étangs que des observations massives de plancton ont été
faites. Cette hypothèse est confirmée par un pH élevé, entre 9 et 10, au moment des pics de
concentration supposés de phytoplancton, en pleine journée. Il y aurait donc eu deux blooms
de microalgues suivis de zooplancton. Comme nous l’avons vu, ces deux compartiments
constituent la base de la chaine trophique et profitent donc aux carpes, poissons omnivores,
qui s’en nourrissent. Ainsi, l’alimentation naturelle est ici plus abondante, ce qui est

31
probablement une conséquence de l’antériorité de ces deux bassins : d’après les
observation des techniciens, ils ont apparemment toujours été plus productifs. Nous
pouvions donc nous attendre à de tels résultats, mais comme nous avons pu le préciser
précédemment, l’attribution des étangs aux différents systèmes était conditionnée par la
proximité d’une source électrique et nous n’avons donc pas pu choisir. Au final, cet
abondance de zooplancton pourrait donc compenser l’absence de distribution d’aliment
industriel. L’un de ces deux phénomènes, voire la combinaison des deux, expliquerait ainsi
les meilleures croissances observées dans les étangs 508 et 509.

8
220
7
200
6
Concentration en O2 (% sat.)

180

160 5

140

UA
4

120
3
100
2
80
1
60

40 0
26-avr. 6-mai 16-mai 26-mai 5-juin 15-juin 25-juin 5-juil. 15-juil. 25-juil. 4-août
Dates

Fig. 22 Evolution possible du phytoplancton et du zooplancton dans les étangs non-


nourris (508, 509).

Néanmoins, bien qu’elle ne soit a priori pas létale, la sursaturation en dioxygène


induite peut entrainer des risques forts de maladies, qui deviennent non négligeables lors
d’une exposition prolongée à un taux de 150 % de la saturation (Boyd, 1982). Dans le cas
présent, cette valeur est atteinte sur 40 à 70 % de la période de mesure.

En outre, jusqu’à juillet, les poids mesurés dans les systèmes intensifs ont tendance
à rester inférieurs à ceux des bassins « production » des systèmes couplés. Cependant, le 6
août, les carpes du 505, seul étang intensif pris en compte dans cette étude, ont connu une
forte croissance. Les températures de l’eau étant quasiment identiques dans les bassins, il
semble que les chaleurs de juillet aient davantage profité aux étangs nourris non couplés.
Ainsi, l’épuration des effluents piscicoles semble avoir peu d’influence sur la croissance des
poissons, peut être par manque d’efficacité de la lagune.

32
b. Efficacité de la lagune de macrophytes
L’analyse du suivi physique hebdomadaire montre tout d’abord que la mise en place
du système a été particulièrement longue, les courbes ne devenant stables que vers début
juin. En effet, les derniers macrophytes ont été plantés le 15 mai et l’ensemble des systèmes
hydrauliques, pompes et surverses, fonctionnaient pleinement à partir du 23 mai. Les étangs
ont ensuite dû se stabiliser avant que nous puissions obtenir des résultats significatifs. De
plus, l’eau lors du remplissage des bassins était très chargée en nutriments azotés. Les
concentrations en nitrates ont considérablement baissé, permettant, selon les cas, le
développement de phytoplancton ou de macrophytes indésirables. Une partie de l’azote a
également pu être fixée par les vases et, ce, avant la mise en place de la lagune.

Nous manquons pour le moment de données chimiques significatives. Les mesures à


notre disposition ont été effectuées chaque mois à partir de début mai, mais nous n’avons, à
la rédaction de ce document, que les trois premières, c’est-à-dire jusqu’à début juillet.
Comme précisé précédemment, les systèmes étaient à peine stabilisés à cette date et les
plantes pas encore bien développées. Si nous nous fions à l’évolution du recouvrement, les
lagunes, au moins celle du 501, devraient encore se densifier d’ici octobre. Nous pouvons
tout de même tenter de nous appuyer sur les résultats obtenus début juillet via le suivi 24h.
Même si le système était encore jeune, l’étude de ces courbes nous indique plutôt une non-
efficacité du système, avec une épuration des nutriments qui semble quasi-nulle. Les taux
d’ammoniaque, de nitrite et de nitrate (forme assimilable de l’azote par les macrophytes)
sont sensiblement les mêmes en sortie des bassins « épuration » (501 et 506) et
« production » (502 et 507). Une légère différence en niveau des 507 et 506, à savoir en
moyenne 15 % de nitrate et 7 % d’ammoniaque en moins, laisse entre apercevoir un meilleur
fonctionnement de la lagune dans les mois suivants. Le second suivi 24h, prévu en
septembre, devrait ou non nous le confirmer. Le « témoin macrophytes » n’est pas exploité
ici, vu que l’étang 503 est envahi à 95 % par des plantes indésirables, ce qui fausse
complètement les résultats. Les taux de nutriments azotés (ammoniaque, nitrite et nitrate)
dans l’ensemble des étangs, sauf dans le 505, restent dans les normes quoique relativement
élevés. Ils peuvent être expliqués soit par une charge importante de l’eau du cours d’eau qui
les alimente (Flume), même si les concentrations en nitrates ont considérablement baissé,
soit par un relargage des sédiments, présents en grande quantité (entre 12 et 22 m3). En
effet, ce compartiment constitue un grand réservoir de matière azotée. Les faibles
concentrations du 505 s’expliquent, quant à elles, difficilement : nous n’avons observé ni un
développement massif de macrophytes ni une présence significative de phytoplancton. De
plus, le volume initial de boues est équivalent à celui des autres bassins.

Enfin, en regardant la comparaison du taux de dioxygène entre les lagunes des


systèmes couplés et des systèmes intensifs et extensifs, nous remarquons que les
macrophytes ne permettent pas, dans le cas présent, une meilleure oxygénation du milieu.
En effet, il n’y a que très peu de différences entre les bassins « épuration » et les étangs
intensifs. Les fortes amplitudes de dioxygène dans les extensifs s’expliquent toujours pas la
présence massive de phytoplancton photosynthétique. Cependant, il est tout à fait possible
que l’oxygénation par les végétaux soit gommée par l’effet des systèmes hydrauliques.

c. Effets des systèmes hydrauliques


La mise en place des pompes, que ce soit dans les systèmes couplés ou bien dans
les systèmes intensifs, entraine une circulation de l’eau au sein de bassins habituellement
d’eau stagnante. L’effet de ces installations se fait tout de suite ressentir en niveau de la
quantité de dioxygène dissout. Les poissons sont très exigeants envers le taux de
dioxygène, qui doit être compris entre 80 et 120 % de la saturation (Schlumberger et Girard,
2013 ; Boyd, 1982). Après la mise en service de tous les systèmes hydrauliques dans les
étangs concernés (couplés et intensifs), à savoir après le 23 mai, les variations d’O 2 se
stabilisent. Elles évoluent ensuite peu, et restent situées entre les deux valeurs limites

33
précédemment énoncées. Comme nous avons pu le voir ce n’est pas le cas des étangs
extensifs qui ont de très fortes variations, avec des valeurs très hautes. Les pompes ont ainsi
permis une régularisation du taux de dioxygène. De plus, le suivi réalisé sur 24h nous
indique une faible variation au cours de la journée de la concentration de ce gaz. En temps
normal, surtout par de fortes températures, nous pouvons observer une stratification du
milieu : en journée, la strate supérieure est riche en dioxygène contrairement à la strate
inférieure plutôt en hypoxie, tendance qui s’inverse au cours de la nuit. Dans le cas présent,
ce phénomène est bien plus marqué dans les étangs extensifs (508 et 509) que dans les
autres bassins, où le taux varie peu comparativement. La circulation de l’eau via les pompes,
seules ou couplées aux surverses, a entrainé une déstratification du milieu, ce qui devrait
profiter aux carpes. Elles possèdent un bon taux de dioxygène, entre 80 et 120 %, sur le
fond de l’étang où elles évoluent, et ce, toute la journée.

En somme, le manque de répétabilité rend particulièrement difficile l’étude


comparative des systèmes. Néanmoins, nous constatons tout de même que la lagune
semble peu efficace dans le traitement des effluents, ce qui ne nous permet pas de mettre
en évidence le rôle épurateur des plantes. Cependant, nous savons qu’il existe (Marcel,
1996), il faut juste chercher un moyen de l’utiliser au mieux, ce que nous n’avons pas réussi
à faire ici.

2- Propositions d’amélioration
Au vu des résultats précédents, les performances du système testé peuvent être
remises en question. Nous n’avons pas pu conclure quant à l’importance du rôle épurateur
du compartiment macrophytes au sein d’un étang. Au cours de la mise en place ainsi qu’à la
fin des analyses nous avons soulevé plusieurs problèmes, que ce soit au niveau du
protocole ou bien des systèmes eux-mêmes, et qui, s’ils sont résolus, pourraient contribuer à
l’amélioration du système.

a. Modifications du protocole initial


Certains résultats sont difficiles à interpréter, probablement à cause d’un « Effet
bassin » trop fort. A l’avenir, si l’expérience est reconduite, nous devrons attacher une
importance toute particulière à corriger au maximum ce problème. Nous pourrions déjà
allonger le temps de préparation des bassins et non pas commencer l’expérience dans la
précipitation comme nous avons dû le faire ici. Bien évidement il faudra de nouveau chauler
les étangs et les mettre en assec. Mais c’est sur la durée de cet assec que nous pouvons
agir. Comme nous l’avons vu précédemment, prolongé cette phase du cycle de production
de plusieurs mois présente de nombreux avantages. Ainsi, le volume des boues diminuera
par une minéralisation accélérée et les plantes envahissantes pourront être plus facilement
éliminée, naturellement ou bien mécaniquement (faucardage). Les étangs seront donc
uniformisés, réduisant l’impact possible du compartiment sédiments ainsi que les nuisances
engendrées par les macrophytes non-désirés sur les systèmes testés.

Une autre alternative pourrait être d’augmenter le nombre de réplicats de chacun des
systèmes. Dans le cas présent, nous avons été limité techniquement par le nombre de
bassins disponibles. Néanmoins, le projet initial était un peu ambitieux : comparer trois, voire
quatre avec le « témoin macrophytes », systèmes différents. Il faudrait réduire ce nombre en
posant clairement les objectifs de départ et savoir ce que l’on cherche à tester : l’évolution de
la biomasse en carpes d’un système intensif épuré, la capacité épuratrice du compartiment
macrophytes, etc.

Ensuite, afin de pouvoir réellement statuer sur le rôle des macrophytes il est
nécessaire de suivre davantage l’évolution de la lagune. Ici, étant donné que j’avais la
charge de deux expériences en parallèle (Projets 1 et 2), je n’ai pas eu le temps de réaliser
une étude plus poussée de ce compartiment. Nous aurions pu, dans un premier temps, soit

34
mieux utilisé le « témoin macrophytes », qui a ici très vite été délaissé, soit le supprimer et
augmenter le nombre de réplicats pour les autres systèmes. En plus, nous aurions eu plus
de temps pour étudier les lagunes des étangs couplés. En effet, un simple suivi par une
analyse de recouvrement n’est pas suffisant. Il serait, par exemple, intéressant de comparer
la biomasse initiale et finale. Nous pourrions également allé plus loin en cherchant à savoir si
les nutriments (azote ou phosphore) utilisés par les végétaux proviennent bien des rejets
piscicoles ou bien d’une autre source (sédiments, etc.) : il suffirait de distribuer un aliment
marqué aux carpes, marqueurs qui se retrouveraient dans leurs déjections. Cependant, ce
ne sont que des idées à approfondir, qui restent peut-être compliquées à mettre en place
compte tenu de la taille des systèmes (mise en charge, nombre de plantes, etc.).

b. Amélioration de la lagune
Les étangs expérimentaux de l’INRA sur lesquels nous avons travaillé étaient tous
identiques, mesurant 20x25 m, soit totalisant une surface de 500 m2. La forme des bassins
« épuration » nous était donc d’emblée imposée. Néanmoins, les lagunes décrites de la
littérature, que ce soit pour traiter les rejets domestiques, agricoles ou industriels, ont la
forme d’un couloir étroit. Cette configuration permet de maximiser l’absorption des
nutriments par les plantes. En effet, la circulation de l’eau se fait nécessairement au travers
de l’herbier et tous les macrophytes sont arrosés par les effluents. Dans l’expérience réalisée
ici, nous devions à l’inverse travailler avec grande surface. Nous avons donc dû raisonner
sur un nombre de plante et non une densité. Effectivement, pour que le système fonctionne
au mieux il aurait fallu recouvrir l’étang de plantes pour être sûr que les effluents soient
épurés avant de repartir dans le bassin « production ». Mais étant donné le peu de moyens
techniques ainsi que le peu temps disponible pour récolter autant de plantes, nous avons
choisi d’en mettre un nombre réduit, correspondant à un nombre idéal pour une lagune de 59
m2. En conséquence, l’eau chargée en nutriments ne passe pas forcément au niveau de
toutes les plantes, son traitement en est donc amoindri. En somme, la lagune doit être
rectangulaire et allongée avec un rapport largeur-longueur de 1/10 (Vymazal, 2007).

Vu que la courbe de croissance sur laquelle nous nous sommes basés pour
dimensionner la lagune était largement surestimée, nous avons dû recommencer le
dimmensionnement de la lagune à partir de nos résultats. Un nouveau bilan de masse
(Gross et al., 2000 ; Schreckenbach et al., 2000), s’appuyant sur les poids mesurés aux
différentes pêches de contrôle ainsi que sur la ration distribuée, nous permet d’actualiser les
rejets mensuels en azote et en phosphore (Tab. 6).

Tab. 6 Evaluation des rejets de phosphore (P) et d’azote (N) journaliers moyens par
mois via un bilan de masse (D’après Gross et al., 2000 et Schreckenbach et al., 2000).

Quantité moyenne Rejets Rejets


Température
Mois d’aliment distribuée moyens de P moyens de
moyenne (° C)
(g/j) (g/j) N (g/j)
Mai * 15,48 594 4,6 14,5
Juin ** 18,9 572 1,7 3,7
Juillet ** 22,4 1 154 6,6 20,2
* Pour 1 000 carpes ** Pour 600 carpes (mortalité de 40%)

Rappelons qu’Adam (1993) préconise 5 à 15 m² de lagune/EH. Or, un Equivalent


Habitant correspond notamment à un rejet journalier de 15 g d’azote et de 4 g de phosphore.
Parmi les trois mois étudiés, une fois ramené au nombre de poisson, c’est au mois de juillet
que les taux de nutriments émis sont le plus forts. Ainsi, pour l’épuration des effluents de
1 000 carpes, avec une densité de 2 animaux/m², le bassin planté devra avoir une
surface comprise entre 14 et 42 m². En prenant la valeur la plus haute et en

35
considérant une densité de 5 plants par m² (Vivier, 1997), il sera nécessaire d’en
mettre 210.

Il est important de comprendre que l’ensemble de l’azote et du phosphore absorbés


revient dans l’étang à la mort des plantes. En conséquence, l’une des meilleures solutions
pour améliorer l’efficacité de l’épuration reste d’exporter les macrophytes hors du système.
C’est pourquoi le devenir des plantes de la lagune doit être un argument de poids dans le
choix des espèces. Les critères de sélection utilisés précédemment, à savoir l’autochtonie et
la valeur épuratrice, restent tout de même importants et ne doivent pas être ignorés. La
vente des végétaux, comme il l’a été évoqué au début du projet, peut permettre cette
exportation. Pour cela, il faut recentrer les espèces épuratrices de la lagune sur des plantes
ornementales autochtones, comme la menthe d’eau et les nénuphars, voire le corniflle, déjà
utilisés dans le projet test. Les hélophytes (baldingère, glycérie et massette), dernières
plantes testées ici, sont moins efficaces dans un tel système, c’est-à-dire avec une
circulation de l’eau en surface. Ce type de macrophytes est davantage utilisé pour le
traitement d’effluent à moindre débit, avec l’eau circulant en profondeur au niveau de racines
(Annexe 14) (Vymazal, 2007). Il est donc possible de les remplacer par d’autres plantes
ornementales.

Ensuite, la configuration du fond de la lagune, facteur sur lequel nous n’avons pu


intervenir dans cette étude, doit également être prise en compte. Les profondeurs optimales
des végétaux choisis peuvent être satisfaites de manière plus précise. Précédemment, nous
nous étions basés sur la forme générale d’un étang classique de production, vidangé
fréquemment : peu profond à l’entrée et au niveau des berges, profond à la sortie. Il est
néanmoins possible d’aménager le fond de la lagune en escalier afin d’avoir une
succession croissante de profondeurs.

Enfin, l’utilisation de paniers aquatiques est à préférer. D’une part, ils facilitent la
récolte des plantes au moment de la vente. D’autre part, comme nous avons pu le voir dans
la première partie de ce document, l’absorption par les racines des plantes aquatiques est
généralement plus faible que par la tige et les feuilles, mais elle est cependant non
négligeable. Les paniers étant percés ils permettent une circulation de l’eau au niveau du
système racinaire. L’assimilation des nutriments issus des effluents est donc plus grande.

c. Amélioration hydraulique
Le temps de rétention, c’est-à-dire le temps que l’eau passe dans la lagune, intervient
directement sur l’efficacité épuratrice. Pour ce qui nous concerne, compte tenu du volume
d’eau moyen (350 m3) ainsi que du débit de la pompe (30 m3/h), il est d’environ 11 h. Or,
d’après Boistel (1981), un temps de séjour de 11 h est trop court et doit être allongé.

Fixons un temps de rétention à 16h. Pour maintenir un volume dans l’étang planté, la
pompe choisie devra avoir un de débit de 1 m3/h. Pour maintenir les niveaux d’eau la
surverse devra avoir le même débit.

d. Système final
La Fig. 23 reprends les éléments énoncés précédemment afin d’en faire une
synthèse et de proposer un système amélioré.

36
Pompe (1) (Annexe 15) : Plantes (Annexe 16) :
- Modèle : New Star 620 - 0 – 20 cm : Renoncule et menthe aquatiques
- Puissance : 0,25 kW - 20 – 40 cm : Cornifle nageant
- Débit : 1 m3/h - 40 – 60 cm : Nénuphars © ADAM M. 2013

Fig. 23 Schéma d’un système de traitement amélioré d’un élevage intensif de carpes.

Ce schéma du système amélioré est accompagné de fiches synthétiques, classées


par plante, expliquant comment les cultiver (Annexe 16). Elles permettront au pisciculteur de
réaliser plus facilement une production de plantes ornementales, lui apportant un
complément financier. La lagune ne sera pleinement efficace qu’à partir de la deuxième
année. Les plantes ont en effet besoin d’un temps d’adaptation d’au moins un an (Adam,
1993). Il est conseillé d’acheter les deux tiers de végétaux nécessaires entre avril et mai de
la première année. Au printemps suivant, il faut les multiplier, soit par dédoublement des
rhizomes soit par bouturage. Elles vont ensuite utiliser les nutriments issus de l’élevage de
poisson pour leur croissance (Annexe 16). Etant donné la présence d’un nombre supérieur à
la quantité nécessaire pour l’épuration des effluents, une partie des plants au printemps, et
tout au long de leur de période de floraison, pourra être commercialisée.

Il faut avoir a l’esprit que la plupart des étangs exploités en France ne ressemblent
pas aux étangs utilisés ici. La mise en place d’une lagune, comme conseillée
précédemment, n’est envisageable que pour un type d’élevage particulier. Pour des plans
d’eau de plusieurs hectares il est par contre possible de maximiser l’utilisation du
compartiment macrophytes, comme incité ici. Par exemple, au lieu d’un faucardage régulier,
les surfaces plantées peuvent être conservées voire amplifiées et séparées des poissons,
alors placés dans des cages.

37
2. Production de sandres par une utilisation maximale du zooplancton (Projet 2) :
un départ plutôt réussi

1- Analyse des résultats

a. Bilan de croissance des différents systèmes


Comme nous avons pu le voir, le poids moyen des sandres dans l’étang témoin B11
est significativement supérieur à ceux des autres étangs dès début août. Ces résultats
s’expliquent probablement par l’Effet bassin. C’est uniquement dans cet étang que nous
suspectons un taux de réussite élevé des pontes de poissons fourrages, suite à l’observation
d’une grande quantité d’alevins. De plus, compte tenu de l’irrégularité des températures
entre avril et mai, l’ensemble des gardons et des rotengles n’ont pas tous pondu en même
temps. Nous nous retrouvons donc dans les étangs témoins, et surtout dans le B11, avec
plusieurs cohortes d’alevins, chose que nous aurions dû, en théorie, avec une météorologie
moins atypique, voir plutôt dans les systèmes innovants. Au cours de la pêche d’août, au
moins quatre cohortes de poissons fourrages, voire même cinq, ont été dénombrées dans le
B11 (Fig. 24). Les pontes observées dans ce bassin étaient particulièrement précoces par
rapport aux autres. Effectivement, très tôt une myriade d’alevins était visible à la surface de
l’eau par beau temps. Ainsi, seul l’Effet bassin peut expliquer de telles différences : dans
l’étang B11, contrairement aux autres, et malgré les températures de l’eau au dessous des
normales de saison, les conditions de fraie des poissons fourrages ont très tôt été réunies :
la végétation y était abondante mais pas excessive et il y avait de la nourriture en
abondance, et pas de compétition sur la ressource. Pour le reste, un suivi physique plus
rigoureux aurait peut-être pu nous apporter des éléments dans ce sens.

© ADAM M. 2013

Fig. 24 Photo de différentes tailles d’alevins de poissons fourrages issus de l’étang


témoin B11.

En outre, en s’inspirant d’une technique hongroise, nous avons placé un cadre blanc
au fond de chaque étang pour vérifier la présence de jeunes poissons : les alevins, même de
très petites tailles, deviennent visibles dès qu’ils passent devant la surface claire du cadre,
situé à faible profondeur. Ainsi, en se basant sur ces observations, mais aussi sur nos
prédictions, nous en avons déduit que tous les poissons introduits dans les cages des
systèmes innovants n’ont pas pondu. Nous estimons que seulement les trois derniers
groupes de gardons et les deux derniers groupes de rotengles, sur six apports, ont pu frayer.
En effet, compte tenu de leurs exigences thermiques, les températures froides des mois
d’avril-mai ont retardé leur période de ponte. Pour ce qui est des systèmes témoins, excepté
dans le B11, les poissons ont également frayé plus tard. A cela s’ajoute des oscillations
thermiques autour de leurs températures de pontes, impliquant des pontes décalées dans le
temps : les gardons et les rotengles ont donc pondus par groupes successifs. En outre,
rappelons que les rotengles réalisent des pontes fractionnées dans le temps, espacées de
quelques jours. Il est possible que les phénomènes climatiques de cette année n’aient fait
qu’amplifier les intervalles entre chaque ponte (Gillet, 1989).

En somme, malgré un traitement différent entre les deux systèmes, le printemps


particulièrement froid a entrainé une ponte décalée dans les systèmes témoins : nous nous
retrouvons dans tous les étangs avec plusieurs cohortes d’alevins, apportant une
disponibilité continue en proies de bonne taille pour les sandres. Le démarrage équivalent

38
des différents étangs s’explique plutôt, quant à lui, par un régime omnivore des carnassiers à
ce stade, qui ont donc puisé dans des ressources sensiblement identique de zooplancton.
Ainsi, les résultats pour le moment assez semblables entres les deux systèmes s’expliquent
davantage par une année très atypique d’un point de vue climatique que par la non-efficacité
du système innovant testé. Nous n’avons que très peu de résultats sur lesquels s’appuyer et
nous ne pouvons pas encore conclure quant à sa réelle efficacité. Nous pouvons tout de
même suggérer quelques améliorations en prenant du recul sur nos choix de départ.

2- Propositions d’amélioration

b. Modifications du protocole initial


Nous pouvons émettre les mêmes remarques que dans le Projet 1 pour ce qui est de
minimiser l’Effet bassin, excepté d’augmenter le nombre de réplicats : ici, nous comparons
que deux systèmes et nous n’avions pas d’autres étangs à notre disposition. Sinon, le
protocole de départ semble plutôt bien adapté, du moins nous ne pouvons pas en dire
davantage à ce stade de l’expérience.

a. Mise en charge
Comme nous l’avons évoqué précédemment, les américains pratiquent déjà l’élevage
intensif du doré (Stizostedion vitreum), cousin outre-Atlantique du sandre, en bassins de
terre. Ils ont opté pour une densité de 6 poissons au m², tout en réalisant un apport
hebdomadaire d’urée (Wright, 1996). Pour le système décrit ici, il est envisageable
d’augmenter encore la mise en charge initiale en suivant ce modèle. Nous conseillons donc
une densité initiale de 2,5 individus/m² (1 000 par bassin de 400 m²), soit cinq fois plus que
dans le système testé ici, tout en supposant néanmoins un taux de mortalité d’environ 30 %
sur la période estivale, soit une production à l’automne de 700 sandres par bassin. Il faut
néanmoins que les apports de poissons fourrages ainsi que de fertilisant soient conséquents
pour permettre une telle densité de juvéniles de carnassiers.

b. Gestion des apports et support de ponte


Au vu des prévisions d’évolution précédemment décrites, il est nécessaire d’ajuster
les apports en poissons fourrages. En pisciculture d’étang, nous sommes très dépendants
du climat et il est donc difficile de décrire avec précision un calendrier de gestion. L’objectif
de ce mémoire est donc de fixer des repères pour gérer au mieux le système « innovant » de
production de juvéniles de sandres d’un été, ici testé. Au niveau des espèces introduites, le
choix reste judicieux même si nous pouvons nous intéresser à d’autres poissons : la brème,
herbivore et donc plus facile à produire, l’ablette, difficile à obtenir mais proie favorite du
sandre de par sa croissance lente ainsi que son corps fusiforme. Le support de ponte est à
adapter selon l’espèce choisie, sachant que l’utilisation de végétaux reste une bonne idée : il
n’occasionne aucun coût puisqu’ils sont prélevés dans le milieu naturel et en plus ils sont
appréciés par bon nombre de poissons, notamment les gardons, les rotengles et les
tanches. En ce qui concerne le choix de l’espèce, un conifère (épicéa, cyprès, genévrier)
serait plus intéressant de part sa résistance et son taux de réussite au niveau des pontes
(Arrignon, 1998).

c. Amélioration de la productivité primaire


La fertilisation doit être adaptée à la mise en charge en poissons fourrages pour
permettre un développement suffisant de phytoplancton ainsi que de zooplancton. Nous
pouvons envisager de déverser 8 t/ha de fumier de bovins sur six mois, c’est-à-dire d’avril à
octobre (Anonyme, 2004). Pour éviter qu’une grande partie des nutriments se retrouvent
piégés dans les sédiments, il faudra fractionner les apports pour qu’ils soient consommés au
fur et à mesure (Schlumberger et Girard, 2013).

39
Conclusion
La présente étude cherchait à mettre en application, en pisciculture d’étang, une
partie des scénarios d’intensification écologique définis au cours du projet PISCEnLIT. En
s’appuyant sur une meilleure gestion des compartiments trophiques, l’objectif était de
conserver la haute valeur écologique des étangs tout en augmentant leur productivité.

Les résultats obtenus ne sont que partiels et ne nous permettent pas clairement de
conclure quant à l’efficacité des systèmes. Les expériences se termineront à l’automne-hiver
2013 et, d’ici là, davantage de données pourront être récupérées. Cela pourra, peut-être,
nous permettre de conclure sur la pertinence des choix réalisés. Il serait cependant indiqué
de prolonger ces deux expériences, sur une année supplémentaire, afin de constater des
évolutions plus significatives. En effet, pour le projet 1, les plantes de la lagune nécessitent
un temps d’acclimatation suffisamment long avant de commencer à épurer efficacement les
effluents. Pour ce qui est du projet 2, cette année très atypique au niveau météorologique
nous a empêché de voir d’éventuelles différences entre les deux modes de production de
sandres. Nous avons du créer ces deux systèmes innovants à partir de données
bibliographiques limitées. Il existe donc des imperfections identifiées ou non qui nous
poussent à continuer nos recherches.

Ce stage aura tout de même permis de mettre en exergue certains défauts des
protocoles et des systèmes initiaux. Les objectifs initiaux étaient très ambitieux et nous
aurions peut-être dû nous concentrer seulement sur une expérience. Ensuite, à mon arrivée
rien n’était défini à part les grandes lignes des protocoles. Le dimensionnement et la mise ne
place se sont donc fait dans la précipitation. Nous avons tout de même pu proposer des
améliorations qui pourront faire partie d’une future étude. Il faudra, par contre, dès le départ
poser des objectifs clairs et surtout bien intégrer les contraintes techniques pour avoir une
vision pragmatique des systèmes proposés. En outre, pour permettre une transposition du
système du projet 1, ou ne serait-ce que pour généraliser le rôle épurateur des plantes, il est
nécessaire de modifier le protocole de départ : il faut davantage partir sur une végétalisation
naturelle avec une séparation des compartiments au sein d’un même étang. Nous pourrions
ainsi montrer que toute intensification écologique doit passer par une utilisation intelligente
des macrophytes.

Les étangs ont une haute valeur écologique et rendent de ce fait de nombreux
services écosystémiques à l’homme. Il est donc important de les conserver au sein de nos
paysages. Si l’étude réalisée ici est poursuivie et apporte des résultats probants,
l’intensification écologique pourrait permettre de conserver la pisciculture d’étang. En effet,
aujourd’hui, malgré un marché porteur, l’activité périclite compte tenu de la faible
productivité, réduite par la pression des oiseaux piscivores, mais également des contraintes
environnementales et juridiques. Au nom de la continuité écologique, les grandes étendues
d’eau, interrompant l’écoulement naturel des cours d’eau, que sont les étangs sont amenées
à évoluer. Bien que millénaires et très riches en biodiversité, ces ouvrages anthropiques, s’ils
ne sont pas entretenus, tendent à évoluer vers l’état de marais. Mais étant donné
l’importance de ces paysages, que se soit d’un point de vue social, économique ou
environnemental, il est nécessaire de trouver des solutions pour les conserver. Ainsi, en
pisciculture d’étang, l’intensification écologique doit être comprise comme un moyen de
pérenniser l’activité. La définition même de cette notion aborde « l’augmentation des
rendements » et la diminution de « l’empreinte écologique ». Le terme rendement ne doit
pas, dans le cas présent, être limité à son sens pécuniaire. Nous pouvons l’interpréter
comme une amélioration de l’ensemble des biens et services fournis par l’environnement. Au
final, il n’est pas nécessaire de chercher à augmenter la production de poissons à tout prix
mais peut-être plus de s’intéresser à d’autres bénéfices rendus par les étangs qui, à défaut
d’être directement rémunérateurs, permettent leur conservation au sein de nos territoires.

40
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Annexes
Annexe 1 : Partenaires du projet PISCEnLIT ......................................................................... 1

Annexe 2 : Localisation des territoires étudiés dans le projet PISCEnLIT .............................. 2

Annexe 3 : Photos des étangs du Projet 1 (Carpes) et des systèmes hydrauliques des
bassins couplés et intensifs ................................................................................................... 3

Annexe 4 : Composition de l’aliment extrudé coulant pour carpes ......................................... 4

Annexe 5 : Localisation et configuration générale du site expérimentale du Rheu ................. 5

Annexe 6 : Fiche technique de la pompe Ebara DW 75......................................................... 6

Annexe 7 : Listes de 44 plantes épuratrices préselectionnées pour le Projet 1 ...................... 8

Annexe 8 : Bilan de masse ...................................................................................................10

Annexe 9 : Répartition des macrophytes dans les bassins « épuration » et dans le témoin ..12

Annexe 10 : Protocole du suivi 24h du 24-25 juin 2013 ........................................................13

Annexe 11 : Photos des étangs du Projet 2 (Sandres) .........................................................15

Annexe 12 : Localisation et configuration générale du site expérimental de


Château-Gontier ..................................................................................................................16

Annexe 13 : Calendrier du Projet 2 « Production de sandres par une utilisation maximale du


zooplancton » .......................................................................................................................17

Annexe 14 : Schéma des différents types de lagune de traitements d’effluents : avec plantes
flottantes (a.), avec l’eau de surface libre et des hélophytes (b.), avec de l’eau en profondeur
avec circulation verticale et des hélophytes (c.), avec de l’eau en profondeur avec circulation
horizontale et des hélophytes (d.) .........................................................................................18

Annexe 15 : Fiche technique de la pompe New-Star 620 .....................................................19

Annexe 16 : Fiches de culture de plantes aquatiques ...........................................................20


Annexe 1 : Partenaires du projet PISCEnLIT.

France

CIRAD (Centre de coopération International en


Recherche Agronomique pour le Développement) –
Montpellier (34)

IFREMER (Institut Français de Recherche pour


l’Exploitation de la MER) – Palavas-les-flots (34)

INRA (Institut National de la Recherche Agronomique)


– Rennes (35).

IRD (Institut de Recherche pour le Développement) –


Montpellier (34)

ITAVI (Institut Technique de l’AVIculture) –Rouen (76)

Lycée agricole du Haut-Anjou – Château-Gontier (53)

Université de Lorraine – URAFPA, Nancy (54)

Université Montpellier 1 – Laboratoire Montpelliérain


d’Economie théorique et appliquée, Montpellier (34)

Indonésie

BBAT Jambi (Jambi Freshwater Aquaculture


Development Center) – Centre de Développement de
l’aquaculture d’eau douce de Jambi

RIFA (Research Institut for Freshwater Aquaculture) –


Centre de Recherche pour l’Aquaculture d’eau douce

Brésil

EPAGRI (Empresa de Pesquisa Agropecuaria e


Extensão Rural de Santa Catarina) – Société de
Recherche Agro pastorale et de développement
Agricole de l’Etat du Santa Catarina

1
Annexe 2 : Localisation des territoires étudiés dans le projet PISCEnLIT

NORD

Brasilia Jambi
Jakarta

Chapeco 1000 km
Itajai
1000 km

Baie des
Veys
Lorraine
Paris

Brenne

300 km
2
Annexe 3 : Photos des étangs du Projet 1 (Carpes) et des systèmes hydrauliques des bassins couplés et intensifs.

Pompe Pompe

© ADAM M. 2013 © ADAM M. 2013 © ADAM M. 2013 © ADAM M. 2013

Aliment

Surverse et crépine Surverse


Aliment

© ADAM M. 2013 © ADAM M. 2013

SYSTEME COUPLE SYSTEME INTENSIF SYSTEME EXTENSIF

3
Annexe 4 : Composition de l’aliment extrudé coulant pour carpes.

4
Annexe 5 : Localisation et configuration générale du site expérimental du Rheu.

NORD

© Google 2013

2 km © Michelin 2010

NORD

© INRA 2012

5
Annexe 6 : Fiche technique de la pompe Ebara DW 75.

6
7
Annexe 7 : Liste de 44 plantes épuratrices présélectionnées pour le Projet 1.

Plantes Profondeur d'eau Densité Valeur épuratrice Sources


Ache inondée (Apium inundatum) 10 à 20 cm - -
Acore calame (Acorus calamus) 7 à 20 cm 4/m2 +
Arum de virginie (Peltandra virginica) 30 cm - -
2
Baldingère faux-roseau (Phalaris arundinacea) 15 cm 12/m +++
Bambou (Phyllostachys atrovaginata) - - ++ Molle, 2008
2
Canne de Provence (Arundo donax) Sol humide 9/m -
Carex (Carex) 0 à 30 cm 6/m2 +
2 Boistel, 1981
Cornifle nageant (Ceratophyllum demersum) 30 à 80 cm 3/m +++
Elodée (Elodea densa) 3/m2 +++
2
Epiaire des marais (Stachys palustris) 10 à 20 cm 3/m +++
Fougère aquatique (Azolla) - - +++ Billard, 1995 ; Molle, 2008
2
Glaïeul bleu (Iris versicolor) 0 à 10 cm 4/m ++
2
Glycérie aquatique (Glyceria maxima) 0 à 30 cm 3/m +++
2 Triponel, 2007
Iris jaune (Iris pseudacorus) 0 à 40 cm 6/m ++
Jacinthe d'eau (Eichhornia crassipes) Flottante 3/m2 +++ Klaba, 2000 ; Mougin, 1988
Jonc (Scirpus cyperinus) - - -
Jonc aggloméré (Juncus conglomeratus) 0 à 10 cm 6/m2 -
2 Blake et al., 1988
Jonc des tonneliers (Scirpus lacustris) 0 à 80 cm 3/m ++
Jonc épars (Juncus effusus) 0 à 10 cm 6/m2 -
2
Jonc fleuri (Butomus umbellatus) 50 à 30 cm 8/m +
Laitue d'eau (Pistia stratiotes) Flottante 4/m2 +++ Triponel, 2007
Massette (Typha latifolia) 0 à 40 cm 3/m2 +++ Molle, 2008
Massette à feuilles étroites (Typha angustifolia) 0 à 40 cm 3/m2 +++ Molle, 2008
Menthe aquatique (Mentha aquatica) 0 à 20 cm 3/m2 +++

8
Menthe des cerfs (Preslia cervina) 0 à 10 cm 4/m2 ++
2 Blake et al., 1988
Myriophylle (Myriophyllum demersum) 10 à 30 cm 1/m +++
Nénuphar jaune (Nuphar luteum) mini 60 cm 1/m2 +++
2
Nymphéa blanc (Nymphaea alba) Flottante 1/m ++
2
Œnanthe (Oenanthe aquatica) 0 à 10 cm 9/m +++
Papyrus (Cyperus papyrus) 0 à 40 cm - ++
2
Pesse d'eau (Hippuris vulgaris) 0 à 150 cm 4/m +++
Pontédérie à feuille en cœur (Pontederia cordata) 30 cm 4/m2 ++
2
Potamot nageant (Potamogeton natans) 20 à 60 cm 1/m +++
2
Renoncule (Ranunculus aquatilis) 0 à 20 cm 8/m +++
Riz sauvage (Zizania aquatica) 30 cm - +++
Roseau commun (Phragmites australis) 0 à 30 cm 4/m2 +++ Blake et al., 1988
Rubannier rameux (Sparganium ramosum) 0 à 10 cm 3/m2 ++
Sagittaire (Sagittaria latifolia) 30 cm 5/m2 +++
2
Saurure penchée (Saururus cernuus) 0 à 30 cm 6/m +++
Scirpe piquant (Scirpus pungens) 15 cm - ++ Triponel, 2007
Scirpe valide (Scirpus validus) 30 cm - +++ Triponel, 2007
Souchet des marais (Eleocharis palustris) 10 à 20 cm 3/m2 +++
Trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata) 0 à 20 cm 9/m2 ++
2
Véronique des ruisseaux (Veronica beccabunga) 0 à 20 cm 3/m +++

Tableau réalisé en relation avec certains professionnels de la culture de plantes aquatiques et en se basant sur la littérature existante.

9
Annexe 8 : Bilan de masse d’un élevage de 1 000 carpes utilisé pour évaluer les rejets quotidiens – exemple du mois de mai.

- Biomasse calculée à partir du modèle de croissance (Billard, 1995) et du nombre de carpes (Nombre initial – mortalité (Billard, 1995).
- Poissons morts = 0,05xbiomasse (Billard, 1995)
- Protéines = 0,1394xbiomasse et Phosphore = 0,0048xbiomasse (Schreckenbachet al., 2000)

Entrée Sortie
Carpe commune Carpe commune
Poids en sortie Poids 20 kg Poids en sortie Poids 58,6 kg
Protéine 2,79 kg Protéines 8,16 kg
Phosphore 0,096 kg Phosphore 0,28 kg

Poissons morts Poids 2,92798 kg


Protéine 0,40865 kg
Phosphore 0,014079 kg
Total aliment Poids 36,210 kg Aliment non 5%
consommé
Protéine 11,587 kg Poids 1,81026 kg
Azote (N) 1,853 kg Protéine 0,57923 kg
Phosphore (P) 0,362 kg Phosphore 0,01823 kg
Total protéine 14,38 kg Total protéine 8,74 kg
entrée sortie:
Total N entrée 2,300 kg Total N sortie 1,3985 kg
Total P entrée 0,458 kg Total P sortie 0,30 kg

- Tables d’alimentation de la carpe (Le Gouessant) : ici 3,1% du - Azote = 6,25xProtéines Hypothèse :
poids/jours (Schreckenbach et al., 2000)
- Protéines = 0,32xpoids d’aliment et Phosphore = 0,01xpoids d’aliment - Sommes de l’ensemble des entrée et 5 % de l’aliment est
(Le Gouessant) des sorties non consommé
- Azote = 6,25xProtéines (Schreckenbach et al., 2000) 10
N-NH3 N-N2
0,231746893 0,322591674 N-NH3 = 0,125xN aliment et N2 = 0,174xN aliment
N total Gaz
0,554338567 N total Gaz =N-NH3+N2

P fécal 0,171999647 P fécal = (1-pourcentage de digestibilité du P)xP aliment consommé


P alim non cons 0,018105226 P aliment non consommé
P solide 0,190104873 P solide = P fécale+P alim non cons
P dissout = pourcentage de digestibilité du PxP aliment consommé-P
0,006943809
P dissout assimilé par les poissons

P total émis: 0,197048682 P total émis = P solide+Pdissout

N fécal 0,13385701 N fécal = (1-Pourcentage de digestibilité du N)xN aliment consommé


N alim non cons 0,09269876 N aliment non consommé
N solide 0,22655576 N solide = N fécale+N alim non cons
N dissout = Pourcentage de digestibilité du NxN aliment consommé-N
0,21318802
N dissous assimilé par les poissons
N total Gaz 0,55433857
N total émis: 0,99 N total émis = N solide+N dissout

Nutriments rejettés dans l'eau N- Azote P-Phosphore


Fraction solide 0,23 0,19
Fraction dissoute 0,21 0,01
Fraction Gazeuse 0,554338567 -
TOTAL rejets (kg) 0,44 0,20

Estimation g rejets/j 14,2 6,4 (TOTAL rejets (kg)/Nombre de jours)x1000 (pour mettre en g)
11
Annexe 9 : Répartition des macrophytes dans les bassins « épuration » et dans le
« témoin macrophytes ».

12
Annexe 10 : Protocole du suivi 24h du 24-25 juin 2013.

Protocole (chronologie) :

 24/06/2013 (J1) :
- 10h30 : Mise en place des 4 préleveurs  un au milieu d’un étang extensif (508), un
autre au milieu d’un étang intensif (505) et deux dans le bassin « épuration » (506) d’un
système couplé (le premier à côté de la pompe et le second au niveau de la surverse)
(Fig. 1).
Mise en place de 2 sondes (température, O2, pH, conductivité, redox) (Fig. 1).
- 11h : Début des analyses :
o Prélèvements acidifiés toutes les 2h à partir de 11h (NH4+, NO2, NO3-, PO42-, Ntot,
Ptot).
o Prélèvements non-acidifiés (MES) toutes les 2h à partir de 12h.

508 505 506 507


Préleveur
Sonde
Fig. 1 Localisation des préleveurs et des sondes dans les étangs concernés.

 25/06/2013 (J2) :
- 10h : Fin des prélèvements du J1
Transfert des prélèvements acidifiés dans des flacons de 250 mL (12)
Transfert des prélèvements non-acidifiés dans un bidon de 3 L  Mélange  Répartition
dans trois flacons de 1 L.
Mise en place des préleveurs dans les mêmes étangs.
- 10h30 : Début des analyses :
o Prélèvements acidifiés toutes les 2h à partir de 10h30 (NH4+, NO2, NO3-, PO42-,
Ntot, Ptot).
o Prélèvements non-acidifiés (MES) toutes les 2h à partir de 11h30.

 26/06/2013 (J3) :
- 9h30 : Fin des prélèvements du J2
Transfert des prélèvements acidifiés dans des flacons de 250 mL (12)
Transfert des prélèvements non-acidifiés dans un bidon de 3 L  Mélange  Répartition
dans trois flacons de 1 L.
Retrait des préleveurs et des sondes.
- 9h30 : Début de la pêche de contrôle

Matériel nécessaire :

 4 préleveurs
 2 sondes (température, O2, pH, conductivité, redox)
 96 flacons de 250 ml

13
 1 bidon de 3 L
 24 flacons de 1 L
 Acide sulfurique
 Etiquettes
 2 marqueurs
 Fiches de relevé

14
Annexe 11 : Photos des étangs du Projet 2 (Sandres).

© ADAM M. 2013 © ADAM M. 2013 © ADAM M. 2013 ©


© ADAM
ADAM M.
M. 2013
2013

© ADAM M. 2013 © ADAM M. 2013

SYSTEME INNOVANT SYSTEME TEMOIN

15
Annexe 12 : Localisation et configuration générale du site expérimental de Château-
Gontier.

NORD

© Google 2013

2 km © Michelin 2010

NORD

© ADAM M. 2013

16
Annexe 13 : Calendrier du Projet 2 « Production de sandres par une utilisation
maximale du zooplancton ».

Semaine Opération
Introduction d’un kilo de gardons et d’un kilo de
16 rotengles dans les cages.
Introduction de 4 kg de gardons et de 4 kg de
rotengles dans les témoins.
17 -
Fertilisation organique (10 t/ha soit 400 kg par
bassin) et introduction de foin.
18 Retrait des géniteurs ayant pondu et
réintroduction d’un kilo de gardons et d’un kilo
de rotengles.
19 Culture de VR (Vésicules Résorbées) de sandres
Retrait des géniteurs ayant pondu et
20 réintroduction d’un kilo de gardons et d’un kilo
de rotengles.
21 -
Retrait des géniteurs ayant pondu et
22 réintroduction d’un kilo de gardons et d’un kilo
de rotengles.
Mise en charge des sandres de 4-5 semaines
23
(0,5/m2 soit 200 par bassin)

Retrait des géniteurs ayant pondu et


24 réintroduction d’un kilo de gardons et d’un kilo
de rotengles.
Retrait des géniteurs ayant pondu et
25 réintroduction d’un kilo de gardons et d’un kilo
de rotengles.
27 Introduction des VR de tanches (10 VR/m2)
Mi-octobre : pêche des étangs

17
Annexe 14 : Schéma des différents types de lagune de traitements d’effluents : avec
plantes flottantes (a.), avec l’eau de surface libre et des hélophytes (b.), avec de l’eau
en profondeur avec circulation verticale et des hélophytes (c.), avec de l’eau en
profondeur avec circulation horizontale et des hélophytes (d.).

a.

b.

c.

d.

D’après Vymazal, 2001 in Vimazal, 2007.

18
Annexe 15 : Fiche technique de la pompe New-Star 620.

19
Annexe 16 : Fiches de culture de plantes aquatiques.

Nénuphar .............................................................................................................................16

Renoncule aquatique ...........................................................................................................17

Menthe aquatique.................................................................................................................18

Cornifle nageant ...................................................................................................................19

20
Culture de plantes aquatiques
Le Nénuphar
FICHE TECHNIQUE

 Exposition : Mi ombre - Soleil


 Densité : 1 plant/m²
 Profondeur d’eau : 50 – 80 cm
 Substrat : Terreau aquatique
 Floraison : Mai - août

CONSEIL POUR L’ENTRETIEN ET LA MULTIPLICATION

A l’automne ou vers avril-mai, sortez le nénuphar de


1 l’eau, égouttez-le et supprimer les feuilles en cours de
décomposition.

Sortez le rhizome, enlevez la terre et démêlez les


2 racines. Coupez-le en deux morceaux possédant
racines et bourgeon.

Placez chaque fragment dans un panier aquatique


3 avec un peu de terreau au fond. Recouvrez de terreau.

Recouvrez le tout d’un grillage fixé par des crochets


4 pour éviter que le rhizome remonte à la surface.

21

© ADAM M. 2013
La renoncule
©2013 Visocrea
aquatique
Culture de plantes aquatiques

FICHE TECHNIQUE

 Exposition : Mi ombre - Soleil


 Densité : 8 plants/m²
 Profondeur d’eau : 0 à 20 cm
 Substrat : Terreau aquatique
 Floraison : Mai - Août

CONSEIL POUR L’ENTRETIEN ET LA MULTIPLICATION

Vers la mi-juin, choisissez un rameau avec des feuilles


1 et possédant au moins trois yeux (ramifications).

Sectionnez-le au dessous d’un œil, sous un angle de


2 45 °. Conservez que trois feuilles en haut de la tige.

Retirez le bourgeon terminal. Plantez la bouture dans


3 5 cm de terreau aquatique.

Recouvrez de pierres plates pour maintenir l’ensemble


4 au fond du bassin.

22

© ADAM M. 2013
La menthe
aquatique
Culture de plantes aquatiques

FICHE TECHNIQUE

 Exposition : Mi ombre - Soleil


 Densité : 3 plants/m²
 Profondeur d’eau : 0 à 20 cm
 Substrat : Terreau aquatique
 Floraison : Juillet - Août

CONSEIL POUR L’ENTRETIEN ET LA MULTIPLICATION

Vers la mi-juin, choisissez un rameau avec des feuilles


1 et possédant au moins trois yeux (ramifications).

Sectionnez-le au dessous d’un œil, sous un angle de


2 45 °. Conservez que trois feuilles en haut de la tige.

Retirez le bourgeon terminal. Plantez la bouture dans


3 5 cm de terreau aquatique.

Recouvrez de pierres plates pour maintenir l’ensemble


4 au fond du bassin.

23

© ADAM M. 2013
Le cornifle
nageant
Culture de plantes aquatiques

FICHE TECHNIQUE

 Exposition : Mi ombre - Soleil


 Densité : 3 plants/m²
 Profondeur d’eau : 30 à 80 cm
 Substrat : Terreau aquatique

CONSEIL POUR L’ENTRETIEN ET LA MULTIPLICATION

Vers la mi-juin, choisissez un rameau avec des feuilles


1 et possédant au moins trois yeux (ramifications).

Sectionnez-le au dessous d’un œil, sous un angle de


2 45 °. Conservez que trois feuilles en haut de la tige.

Retirez le bourgeon terminal. Plantez la bouture dans


3 5 cm de terreau aquatique.

Recouvrez de pierres plates pour maintenir l’ensemble


4 au fond du bassin.

24

© ADAM M. 2013
Diplôme : Ingénieur Agronome
Spécialité : Halieutique
Spécialisation / option : Aquaculture
Enseignant référent : M. Le Bris

Auteur : ADAM Matthieu Organisme d'accueil : ITAVI


Adresse :
Date de naissance : 18/07/1990 28 Rue du Rocher
Nb pages : 40 p. Annexe(s) : 24 p. 75 008 Paris
Année de soutenance : 2013 Maître de stage : M. Tocqueville
Titre : Mise en place expérimentale d’une intensification écologique de la pisciculture d’étang
Title: Experimental work about an ecological intensification of the fish farming in pond

Résumé :
Dans le cadre du projet PISCEnLIT, deux scénarios d’intensification écologique en pisciculture
d’étang ont été testés. Le premier concerne la mise en évidence du rôle du compartiment végétal dans la
gestion des effluents d’un élevage intensifié de carpes. Le second cherche à produire des sandres d’un
été, plus gros qu’à l’habituel, en maximisant l’utilisation des ressources trophiques : des géniteurs de
poissons fourrages régulièrement introduits apportent, en se reproduisant, des jeunes proies aux
carnassiers qui ne doivent pas en manquer au cours de l’été. Des suivis physico-chimiques et
zootechniques ont permis d’obtenir quelques résultats intermédiaires, mais rien de concluant quant à
l’efficacité des systèmes. En attendant la suite du suivi, des propositions d’améliorations aux systèmes
testés, en fonctions des problèmes rencontrés et des limites soulevées au cours de l’étude ont été
formulées. Pour optimiser la gestion des effluents par les macrophytes, nous pouvons jouer sur la taille et
la forme de la lagune ainsi que sur le choix des espèces de plantes, qui pourront apporter un complément
de revenus si elles sont vendues. Au niveau de la production de sandres, nous pouvons augmenter la
mise en charge initiale en carnassiers en intervenant sur la fertilisation ainsi que sur l’apport en poissons
fourrages. L’ensemble de ces améliorations doivent permettre d’envisager de proposer des voies
d’intensification écologique pour la pisciculture d’étangs en France.
Abstract :
Within the framework of the PISCEnLIT project, two scenarios of ecological intensification in pond
fish farming were tested. The first deals with the identification of the role of the compartment of
macrophytes in the effluents treatment of an intensive carp farming. The second tries to produce bigger
fingerlings of pikeperch than usual thanks to a maximization of the using of trophic resources: forage
fishes’ genitors, regularly introduced, produce young preys by reproducing for the predators. Therefore,
there mustn’t lack food during all the summer. Some intermediate results were obtained, with the physic,
chemical and zoothecnical monitoring, but we couldn’t conclude about the system efficiency. However,
based on problems and limits we met along the first part of the study, we were able to suggest improved
systems. Regarding the treatment of effluents, the size and the form of the wetland can be changed and
maybe also the macrophytes species, which can provide an additional income if they are sold. For the
production of pikeperch, we can raise the number of predator fishes if we modify the fertilization and the
number of forage fishes. All these improvements should allow proposing ways of an ecological
intensification for the French fish farming in ponds.
Mots-clés : Aquaculture, Etang, Intensification écologique, Lagunage, Epuration, Carpes, Sandres
Key Words: Aquaculture, Pond, Ecological intensification, Wetlands, Wastewater, Carp, Pikeperch

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