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Cyrano Nez CC

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Lecture analytique de I, 4 

: tirade du nez, Cyrano de bergerac

Edmond Rostand = dramaturge fin du XIXe s.


Héritier à la fois du drame bourgeois 1 et du drame romantique2 (ce dernier très perceptible dans la scène du
balcon). Ecrit cette pièce en 1897 = succès immédiat ← le panache3 de Cyrano plaît bcp en Fce à une époque où
sentiment d’humiliat° des Fr. à cause de la défaite contre les Prussiens en 1870. Savinien de Cyrano de
Bergerac = écrivain et mousquetaire réel. La pièce reprend sa vie de façon détournée. Le personnage a pour
ppales caractéristiques = très grand nez, laideur, mais une verve extraordinaire. Pièce écrite en alexandrins à
rimes plates mais nombreuses interruptions et les rythmes inattendus en font des vers très naturels qui mettent les
moments d’éloquence en valeur.
Situation : on est tjs dans l’acte d’exposition et tous les personnages sont réunis au théâtre (à l’HÔtel de
Bourgogne). Cyrano vient d’interrompre la pièce et de chasser Montfleury de scène. Roxane (cousine et objet de
l’amour de Cyrano) est présente, ainsi que le vicomte de Valvert = rival de Cyrano. Valvert décide de provoquer
Cyrano pour se mesurer au trublion.
Pb  quel genre de héros est Cyrano ?

I. Un personnage d’une verve extraordinaire


a. Une grande créativité verbale

V. 71, Cyrano évoque lui-même sa « verve », c’est-à-dire son talent verbal, sa répartie et son esprit. La
tirade tout entière le prouve par sa forme : abondance et diversité des exemples choisis pour construire
des variations sur un motif (comme en improvisation musicale) + domaines hétéroclites +
Comparaisons inattendues entre le nez et des objets courants, des éléments de la nature ;
rapprochements surprenants avec un renvoi du nouvel objet à la fin du 2 e alexandrin (en particulier
« que dis-je… c’est une péninsule ! »

b. Multitude d’effets de langage brillants

Gradation du rythme (roc… pic… péninsule)


Mots rares et archaïques « hanap », « pétunez » ; références littéraires « Aristophane », « Pyrame »
(renvoie à un mythe antique)
Invention d’un mot sur des racines gréco-latines (v. 41)
Jeu de mots sur « lettres » dans « aviez des lettres » = être cultivé ou les lettres de l’alphabet
1
WIKI :
Le drame bourgeois se caractérise également par :
 le refus de l'unité de temps et de lieu ;
 la primauté du vrai sur la vraisemblance ;
 une plus grande proximité avec les préoccupations du temps ;
 l'importance de l'empathie afin de provoquer par l'émotion une fonction didactique ;
 le passage de la peinture des caractères aux conditions ;
 le goût du romanesque ;
 un penchant certain pour le pathos et l'exagération ;
 l'importance de la pantomime.
2
WIKI : Le drame romantique est un genre littéraire théorisé par Victor Hugo (chef de file du mouvement
romantique) et influencé par le théâtre baroque de Shakespeare ainsi que par les romantiques allemands. C'est un
théâtre le plus souvent historique où se mêlent différents styles, le tragique, le pathétique, mais aussi le comique
et le burlesque (ou encore héroïcomique). Cette nouvelle forme de théâtre, développée par des auteurs aussi
variés que Victor Hugo, Alexandre Dumas, Alfred de Vigny ou Alfred de Musset, refuse de se confronter aux
obligations et règles d'écriture du théâtre classique comme le maintien des trois unités (lieu, temps, action) ou le
respect de la bienséance.
3
Ce qui a de l'allure, de l'élégance, du brio ou de l'éclat. 
Rimes riches nombreuses : mode/commode, magistral/mistral, saigne/enseigne, etc.

c. L’humour verbal repose sur un mélange des registres

Cyrano mêle les registres soutenus voire recherchés : « vous vous préoccupâtes » et « amputasse »
(subj. imparfait), épique : « militaire », tragique (« parodiant Pyrame »), scientifique ou
« emphatique »
et les registres bas : mots courants de la vie quotidienne : « tasse », « avoir pignon sur rue », « le
mettre en loterie » voire il utilise la parlure paysanne (v. 53-54).

II. Son habileté à renverser la situation = un héros ingénieux

a. Un point faible transformé en point fort

Le nez qui était son point faible devient un point fort car Cyrano l’utilise comme matériau
d’un exercice de style, d’un morceau de bravoure qui, en définitive, prouve sa supériorité sur
son adversaire. Loin de chercher à faire paraître son nez plus discret, il en exagère les
dimensions ; il déploie une esthétique de l’excès : le nez prend la taille d’une péninsule, d’une
cheminée, d’un parasol, d’un éléphant, de la mer rouge… L’excès de la taille correspond à
l’excessive longueur de cette tirade. Il est laid mais il l’assume avec élégance (il se moque de
lui-même) et panache (il prouve son éloquence).

b. Une argumentation déguisée

Le vicomte croit insulter Cyrano en lui lançant un « trait » (d’esprit) → utilise le vocabulaire
de la guerre. Cependant Cyrano ne l’attaque pas comme il s’y attend (surpris au v. 16) car il
ne se met pas en colère et ne semble pas offensé. Pendant 41 vers, Cyrano semble se livrer à
l’autodénigrement, ce qui ne déclenche pas la méfiance du vicomte. Cependant, le sens de
cette longue liste de moqueries prend subitement le sens inverse à partir du vers 61 avec
l’emploi de l’irréel du passé qui souligne l’infériorité du vicomte : « vous m’auriez dit/Si
vous aviez » et « Eussiez-vous eu » (66).

c. Un piège verbal

Le vicomte croyait avoir insulté Cyrano et à la fin c’est lui qui est insulté, traité de « sot », de
balourd sans répartie et sans imagination. Sans qu’il s’en aperçoive, l’insulte a déclenché une
joute verbale où Cyrano le réduit au silence et donc gagne tout en le faisant remarquer à la fin
de sa tirade : « je ne permets pas qu’un autre me les serve »
Dans les mises en scène, il arrive souvent que ce piège soit représenté par les mouvements de
tournoiements de Cyrano autour de Valvert (version avec Depardieu).

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