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Cours Analyse 1 Chap 1 Et 2

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Analyse 1

i
Table des matières

1 Les nombres réels 1


1.1 Ensemble Ordonné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.1 Majorant, minorant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.2 Maximum, minimum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.3 Borne supérieure, borne inférieure . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Ensemble des nombres réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2.1 La propriété de la borne supérieure dans R . . . . . . . . . . 6
1.2.2 Caractérisation de la borne sup et de la borne inf . . . . . . 6
1.2.3 Le Théorème d’Archimède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.4 La partie entière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.5 Propriétés de la valeur absolue . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.6 distance euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.7 Les intervalles de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.8 Densité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3 Voisinage, intérieur et adhérence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

2 Suites Numériques 12
2.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.1.1 Sous-suite d’une suite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.1.2 Convergence, divergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2 Opérations sur les limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.2.1 Somme de limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.2.2 Produit de limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2.3 Quotient de limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2.4 Limites et relations d’ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.5 Propriété des intervalles emboités . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.2.6 Suites adjacentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.2.7 Théorème de Bolzano-weierstrass . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2.8 Critère de convergence de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . 23

ii
iii

2.2.9 Relations de Comparaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25


2.2.9.1 Suite dominée par une autre suite . . . . . . . . . . 25
2.2.9.2 Suite négligeable devant une autre suite . . . . . . 25
2.2.9.3 Suites équivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

Bibliographie 28
Chapitre 1

Les nombres réels

1.1 Ensemble Ordonné

Définition 1.1. Soient E un ensemble non vide et R une relation binaire définie
sur E. On dit que R est une relation d’ordre sur E si elle vérifie les propriétés
suivantes :
i) R est réflexive, i.e ∀x ∈ E, xRx.
ii) R est antisymétrique, i.e ∀(x, y) ∈ E 2 , (xRy et yRx) =⇒ x = y.
iii) R est transitive, i.e ∀(x, y, z) ∈ E 3 , (xRy et yRz) =⇒ xRz.
Dans ce cas, le couple (E, R) est dit un ensemble ordonné.
• Soient x et y deux éléments de E. Si xRy ou yRx, on dit que x et y sont
comparables (relativement à R).
• Si tout les éléments de E sont deux à deux comparables, on dit que (E, R) est
totalement ordonné, i.e

∀x, y ∈ E, on a xRy ou yRx.

Sinon, i.e s’il existe au moins deux éléments de E non comparables (relativement à
R) on dit que R est une relation d’ordre partielle sur E ou (E, R) est partiellement
ordonné.

Exemple 1.2. 1. Dans N∗ , mRn si m divise n.

1
2

2. Dans N, mRn si ∃k ∈ N tel que n = m + k.

3. Dans Q, xRy si x − y est négatif.

4. Soit P(E) l’ensemble de toutes les parties d’un ensemble E. On définit sur
P(E) la relation d’ordre R par : ARB si A ⊆ B.

Remarques :

i) Dans la suite la relation d’ordre R définie sur Q dans l’exemple précédent


sera notée ≤ . C’est la relation habituelle sur Q.

∀(x, y) ∈ Q2 , (x ≤ y ⇐⇒ x − y ≤ 0) (lire x inférieur ou égal à y )

on dit aussi y supérieur ou égal à x. (Q, ≤) est totalement ordonné.

ii) Soit E un ensemble contenant au moins deux éléments différents, alors


(P(E), ⊆) est partiellement ordonné.

iii) Dans la suite, pour simplifie les notations, au lieu de noté (E, R) on note
(E, ≤), la relation binaire ≤ désigne une relation d’ordre quelconque sur E.

1.1.1 Majorant, minorant

Définition 1.3. Soient (E, ≤) un ensemble ordonné, A une partie de E et m, M


deux éléments de E. On dit que

1. M est un majorant de A si : ∀x ∈ A on a x ≤ M.

2. m est un minorant de A si : ∀x ∈ A on a m ≤ x.

3. A est majorée s’il existe K ∈ E tel que K soit un majorant de A.

4. A est minorée s’il existe k ∈ E tel que k soit un minorant de A.

5. A est bornée si A est à la fois majorée et minorée.

Remarque : Un majorant de A , s’il existe, n’appartient pas nécessairement à A,


de même pour un minorant de A.
3

1.1.2 Maximum, minimum

Définition 1.4. Soient (E, ≤) un ensemble ordonné et A une partie de E.

1. S’il existe un élément M ∈ A et M majore A, alors M est unique et on


l’appelle le maximum de A ou le plus grand élément de A et on le note
maxE (A) = M. L’unicité du maximum est garantie mais pas son existence,
ce qui justifie l’emploi de l’article défini  le  dans la définition.

2. Par analogue, on définit, lorsqu’il existe, le minimum ou le plus petit élément


de A comme un minorant de A qui appartient à A et on le note minE (A).
Si le minimum d’un ensemble existe, il est unique.

1.1.3 Borne supérieure, borne inférieure

Définition 1.5. Soient (E, ≤) un ensemble ordonné et A une partie de E.

1. Si A est majorée et si l’ensemble des majorants de A admet un plus petit


élément, alors celui-ci est unique, on l’appelle la borne supérieure de A dans
E et on le note supE (A).

 ∀x ∈ A, x ≤ α (α majorant de A)
α = sup(A) ⇐⇒
 ∀M ∈ M aj(A), α ≤ M (α plus petit majorant de A)

2. Si A est minorée et si l’ensemble des minorants de A admet un plus grand


élément, celui-ci est unique, on l’appelle la borne inférieure de A dans E et
on le note infE (A).

 ∀x ∈ A, β ≤ x (β minorant de A)
β = inf (A) ⇐⇒
 ∀m ∈ M in(A), m ≤ β (β plus grand minorant de A)

Remarque : Attention, comme on l’a noté, α et β n’appartiennent pas nécessairement


à A. C’est la différence complète entre les notions : la borne supérieure et le maxi-
mum, la borne inférieure et le minimum.
4

Exemple 1.6. 1) Soit q ∈ Q et A = {p ∈ Q, q < p}. Comme partie de Q on


vient de voir que A n’a pas de borne supérieure, ni minimum, ni maximum mais
il possède une borne inférieure égale à q.
2) Considérons l’ensemble B = {x ∈ Q, 0 < x2 ≤ 2}, B possède des majorants
aussi des minorants mais il ne possède pas une borne supérieure dans Q.

C’est ce genre de ”trous” dans l’ensemble Q que l’on cherche à combler avec
l’ensemble des réels R.

1.2 Ensemble des nombres réels

La théorie modèrne des nombres réels, remonte essentiellement à la moitié du


19ième siécle dans les travaux de R. Dédekind, P. Cantor et W. Weirstrass. Cette
théorie destinée à combler certaines des insuffisances de Q a été guidée par deux
principes fondamentaux :
1er Principe. Munir l’ensemble des réels d’une loi d’addition et d’une loi de
multiplication qui prolongent l’addition et la multiplication déjà définies dans Q.
2ème Principe. Définir dans l’ensemble des réels un ordre total qui conserve
l’ordre total, déjà existant dans Q.
Dans la suite, nous admettrons l’existence d’ensemble noté R contenant Q, muni
d’une addition notée +, une multiplication notée . et d’une relation d’ordre notée
≤ vérifiant les propriétés suivantes :
Propriétés de l’addition dans R :
i) l’addition est commutative : ∀x, y ∈ R, x + y = y + x.
ii) L’addition est associative : ∀x, y, z ∈ R, (x + y) + z = x + (y + z).
iii) L’addition admet un élément neutre 0, ∀x ∈ R, x + 0 = 0 + x = x.
iv) Tout réel x de R possède un symétrique appelé opposé de x : ∀x ∈ R, ∃y ∈ R
tel que x + y = y + x = 0, le réel y est noté −x.
On résume les propriétés (i), (ii), (iii) et (iv) en disant que
5

(R, +) est un groupe commutatif. (P1 )

Propriétés de la multiplication dans R :


a) La multiplication est commutative : ∀x, y ∈ R, x.y = y.x
b) La multiplication est associative : ∀x, y, z ∈ R, (x.y).z = x.(y.z)
c) La multiplication admet un élément neutre 1, ∀x ∈ R, x.1 = 1.x = x
d) Tout réel x de R non nul possède un symétrique appelé inverse de x noté x−1
ou encore 1
x
: ∀x ∈ R∗ , x. x1 = x1 .x = 1.
On résume les propriétés (a), (b), (c) et (d) en disant que

(R∗ , .) est un groupe commutatif. (P2 )

e) La multiplication de R est distributive par rapport à l’addition

∀x, y, z ∈ R, x.(y + z) = x.y + x.z (P3 )

les propriétés (P1 ), (P2 ), (P3 ) constituent la première propriété fondamentale de


R:

(R, +, .) est un corps commutatif.

f) La relation d’ordre ≤ est compatible avec l’addition, c.à.d

∀x, y, z ∈ R, (x ≤ y =⇒ x + z ≤ y + z)

g) La relation d’ordre ≤ est compatible avec la multiplication, c.à.d

∀x, y ∈ R, (0 ≤ x et 0 ≤ y =⇒ 0 ≤ x.y)

Toutes ces propriétés constituent la deuxième propriété fondamentale de R :

(R, +, ., ≤) est un corps totalement ordonné.


6

1.2.1 La propriété de la borne supérieure dans R

Soit A une partie de R, si A n’admet pas de majorant dans R, alors A n’admet


pas une borne supérieure et c’est le seul cas où une partie non vide de R n’a pas
de borne supérieure, comme l’affirme le résultat fondamental suivant :

Théorème 1.7. (La propriété de la borne supérieure)


Toute partie non vide majorée de R admet une borne supérieure.

Nous admettons ce théorème. Ainsi nous obtenons la troisième propriété fonda-


mentale de R. Comme conséquence immédiat de ce théorème on a le corollaire
suivant

Corollaire 1.8. Toute partie non vide minorée de R admet une borne inférieure.

Démonstration : En exercice.
La propriété de la borne supérieure marque la différence essentielle entre Q et R
car Q ne possède pas, en général, cette propriété et c’est ce défaut qui a conduit
à la construction de R.
Exemple : La partie A = {x ∈ Q, x2 ≤ 2} est non vide puisque 1 ∈ A aussi
elle est majorée dans Q (2 est un majorant de A). Pourtant A n’admet pas une
borne supérieure dans Q, (voir série TD).

1.2.2 Caractérisation de la borne sup et de la borne inf

Soient A une partie non vide de R et m, M deux réels. Alors



 (i) ∀ a ∈ A, a ≤ M
M = sup(A) ⇐⇒
 (ii) ∀ ε > 0, ∃ a ∈ A, M − ε < a

Et 
 (i) ∀ a ∈ A, m ≤ a
m = inf (A) ⇐⇒
 (ii) ∀ ε > 0, ∃ a ∈ A, a < m + ε
7

Preuve. voir série TD.

1.2.3 Le Théorème d’Archimède

L’ensemble R vérifie la propriété suivante, dite d’Archimède

∀x ∈ R∗+ , ∀y ∈ R, ∃n ∈ N, y ≤ nx.

Et c’est la quatrième propriété fondamentale de l’ensemble R, (R, +, .) est un


corps archimédien.
Preuve. Supposons que la propriété d’Archimède ne soit pas vraie. Alors,

∃x > 0, ∃y ∈ R, ∀n ∈ N, nx < y.

Soit A = {nx, n ∈ N}. D’après la propriété de la borne supérieure, A admettrait


un sup dans R, noté M . Or M − x < M , alors M − x n’est pas un majorant de A.
Ce qui implique l’existence d’un m ∈ N tel que M − x < mx. D’où M < (m + 1)x,
ce qui contredit que M = supA.

1.2.4 La partie entière

Proposition 1.9. Pour tout réel x ∈ R, il existe un unique entier relatif m ∈ Z


tel que m ≤ x < m + 1. On le note m = E(x) ou [x] : c’est la partie entière du
réel x.

Preuve. Soit x ∈ R, posons Ax = {n ∈ Z, n ≤ x}. D’après le Théorème


d’archimède il existe un m ∈ N tel que |x| ≤ m. D’où −m ∈ Ax . Donc Ax est
non vide est majoré par x dans R. Appliquant la propriété de la borne supérieure
pour Ax , alors Ax admet un sup et par suite le maximum de Ax existe car A =
{n ∈ Z, −m ≤ n ≤ x} est fini. Posons p = max(Ax ), on a p ≤ x car p ∈ Ax , et
8

le fait que p = max(Ax ) implique que p + 1 ∈


/ Ax , c.à.d x < p + 1. Ceci montre
l’existence d’un p ∈ Z tel que p ≤ x < p + 1.
Pour l’unicité : suposons qu’il existe deux entiers relatifs p, k vérifiant

p ≤ x < p + 1 et k ≤ x < k + 1

Par transitivité on déduit que p ≤ x < k + 1. Ainsi p − k < 1, en échangeant les


rôles de p et k on aura aussi k − p < 1. On en conclut que |p − k| < 1, ce qui
implique que p = k.

1.2.5 Propriétés de la valeur absolue

Définition 1.10. Pour un réel x, on définit la valeur absolue de x par



 x si x ≥ 0
|x| =
 −x si x ≤ 0

La proposition suivante résume les propriétés immédiates de la valeur absolue.

Proposition 1.11. Soient x, y ∈ R et r ∈ R+ , alors

1. |x| = max(x, −x) 6. |x.y| = |x|.|y|


|x|
2. |x| = 0 ⇐⇒ x = 0 7. si y 6= 0, | xy | = |y|

3. x2 = |x| 8. |x + y| ≤ |x| + |y| (inég. triang 1)

4. |x| ≤ r ⇐⇒ −r ≤ x ≤ r 9. ||x| − |y|| ≤ |x − y| (inég. triang 2)

5. r ≤ |x| ⇐⇒ (x ≤ −r ou r ≤ x) 10. ||x| − |y|| ≤ |x + y|

1.2.6 distance euclidienne

Définition 1.12. On appelle distance sur un ensemble E toute application d :


E × E −→ R+ vérifiant les trois assertions suivantes
9

— Séparation : ∀x, y ∈ E, d(x, y) = 0 ⇐⇒ x = y


— Symétrie : ∀x, y ∈ E, d(x, y) = d(y, x)
— Inégalité triangulaire : ∀x, y, z ∈ E, d(x, y) ≤ d(x, z) + d(z, y)

Exemple 1.13. Considérons l’application

d : R × R −→ R+

définie par d(x, y) = |x − y|. Il est claire que d définie une distance sur R dite
distance euclidienne.
Un ensemble muni d’une distance s’appelle un espace métrique.

1.2.7 Les intervalles de R

Définition 1.14. Soit I une partie de R. On dit que I est un intervalle de R si


elle vérifie l’une des conditions suivantes :
— I=φ

— ∀(x, y) ∈ I 2 , ∀z ∈ R, x ≤ z ≤ y =⇒ z ∈ I

Proposition 1.15. Soit I une partie de R. Alors I est un intervalle de R si est


seulement si I prend l’une des formes suivantes

1. I =]a, a[= φ 6. I =] − ∞, a[= {x ∈ R, x < a}

2. I =] − ∞, +∞[= R 7. [a, b] = {x ∈ R, a ≤ x ≤ b}

3. I = [a, +∞[= {x ∈ R, a ≤ x} 8. [a, b[= {x ∈ R, a ≤ x < b}

4. I =]a, +∞[= {x ∈ R, a < x} 9. ]a, b[= {x ∈ R, a < x < b}

5. I =] − ∞, a] = {x ∈ R, x ≤ a} 10. ]a, b] = {x ∈ R, a < x ≤ b}

Proposition 1.16. 1. Soit I une partie non vide de R.


I est un intervalle ⇐⇒ ∀x, y ∈ I, ∀t ∈ [0, 1], tx + (1 − t)y ∈ I.

2. Soient I et J deux intervalles de R, alors


10

a) I ∩ J est un intervalle.
b) I ∪ J est un intervalle si I ∩ J 6= φ.

1.2.8 Densité

Définition 1.17. Une partie A de R est dite dense dans R si A rencontre tout
intervalle ouvert non vide de R. i.e

∀a, b ∈ R, a < b =⇒ ∃ x ∈ A, x ∈]a, b[

Remarque : La définition précédente est équivalente à la définition suivante :


A dense dans R si

∀a ∈ R, ∀ε > 0, ∃ x ∈ A, |a − x| < ε

Théorème 1.18. 1. L’ensemble des nombres rationnels Q dense dans R.

2. L’ensemble des nombres irrationnels R r Q dense dans R.

Preuve. 1) soient a ∈ R, ε > 0. D’après la propriété d’archimède il existe q ∈ N∗


1
tel que 1 < qε, il s’ensuit alors que q
< ε. Posons p = E(qa), par conséquent
p ≤ qa < p + 1 ce qui implique

p p 1
≤a< + .
q q q

p
D’où 0 ≤ a − q
< 1
q
< ε. Ainsi |a − pq | < ε et p
q
∈ Q. Donc Q dense dans R.
0 √
2) Soient a, b ∈ R tels que a < b. Considérons les deux nombres réels a = a + 2
0 √ 0 0 √
et b = b + 2. D’après (1) il existe un rationnel r ∈]a , b [. D’où r − 2 ∈]a, b[ et

le nombre réel r − 2 ∈ R r Q. ce qui entraı̂ne que R r Q dense dans R.
11

1.3 Voisinage, intérieur et adhérence

Définition 1.19. Soient x ∈ R et V un sous-ensemble de R. On dit que V est un


voisinage de x s’il existe un intervalle ouvert I tel que x ∈ I et I ⊆ V .

Proposition 1.20. V est un voisinage de x ssi ∃ ε > 0, ]x − ε, x + ε[ ⊆ V.


On note V(x) l’ensemble de tous les voisinages de x.

Définition 1.21. Soit A une partie de R et x ∈ R.


1- Le point x est dit intérieur à A si A est un voisinage de x.
2- Le point x est dit adhérent à A si tout voisinage de x rencontre A.


→ L’ensemble des points intérieurs à A s’appelle l’intérieur de A noté A ou Int(A).
→ L’ensemble des points adhérents à A s’appelle l’adhérence (ou fermeture) de A
noté Ā ou adh(A).
Chapitre 2

Suites Numériques

2.1 Définition

Une suite numérique u est une application définie de N dans K, (K = R ou C).


On note cette application sous forme indicielle u = (un )n∈N ou encore u = (un ).

Remarque 2.1. 1. Soit n0 ∈ N, une suite u peut être définie sur un sous
ensemble I de N de la forme I = {n ∈ N, n ≥ n0 }.

2. La suite (un ) est dite réelle si K = R, dite complexe si K = C.

3. La notation (un ) désigne une suite, alors que un désigne le terme de rang
n (ou d’indice n) de la suite (un ).

Exemple 2.2. 1) La suite réelle (un ) de terme général un = n − 5 definie sur
I = {n ∈ N, n ≥ 5}.
2) La suite réelle de terme général vn = n + 1 définie sur N tout entier.
1+isin(n)
3) La suite complexe de terme général wn = n
définie sur N∗ .

Définition 2.3. Soit u = (un )n∈N une suite réelle. Alors

a) u est dite majorée si : ∃M ∈ R, ∀ n ∈ N, un ≤ M

b) u est dite minorée si : ∃m ∈ R, ∀ n ∈ N, m ≤ un

c) u est dite bornée si : ∃(m, M ) ∈ R2 , ∀n ∈ N, m ≤ un ≤ M . (u est à la


fois majorée et minorée)

12
13

d) u est dite croissante si : ∀n ∈ N, un ≤ un+1

e) u est dite stictement croissante si : ∀n ∈ N, un < un+1

f ) u est dite décroissante si : ∀n ∈ N, un+1 ≤ un

g) u est dite strictement décroissante si : ∀n ∈ N, un+1 < un

h) u est dite monotone si u est croissante ou décroissante

i) u est dite strictement monotone si u est strictement croissante ou stricte-


ment décroissante.

j) u est dite constante lorsqu’il existe c ∈ R tel que ∀n ∈ N, un = c.

k) u est dite stationnaire à partir d’un certain rang, s’il existe c ∈ R, ∃ n0 ∈ N


tels que un = c, ∀n ≥ n0 .

2.1.1 Sous-suite d’une suite

Définition 2.4. Soit (un ) une suite. On dit que la suite (vn ) est une sous-suite
ou une suite extraite de (un ) s’il existe une application strictement croissante
ϕ : N −→ N telle que pour tout n on a vn = uϕ(n) .

Exemple 2.5. 1. Considérons la suite (un ) définie par son terme général
un = (−1)n . L’application ϕ : N −→ N, n 7−→ 2n donne la sous-suite
vn = uϕ(n) = u2n = (−1)2n = 1, elle est constante.
- De même l’application ψ : n 7−→ 2n + 1 donne la sous-suite wn = uψ(n) =
u2n+1 = (−1)2n+1 = −1.

2. Soit (un )n∈N la suite définie par un = cos( 2πn


13
). L’application ϕ : n 7−→ 6n
donne la sous-suite vn = cos( 12πn
13
).
- la suite (un2 −n ) n’est pas une sous suite de (un ).

Lemme 2.6. Si ϕ : N −→ N est une application strictement croissante, alors


pour tout n ∈ N, ϕ(n) ≥ n.
14

2.1.2 Convergence, divergence

Définition 2.7. limite d’une suite.


I Soit (un ) une suite réelle et l ∈ R. On dit que la suite (un ) converge vers l (ou
tend vers l) quand n tend vers l’infini si : tout voisinage de l contient tous les
termes un à partir d’un certain rang. Autrement dit

∀ ε > 0, ∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N =⇒ |un − l| ≤ ε).

 Une suite (un ) est dite convergente s’il existe un élément l ∈ R tel que (un )
converge vers l. on note limun = l.
I On dit que (un ) tend vers +∞ si

∀ A > 0, ∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N =⇒ un ≥ A).

I On dit que (un ) tend vers −∞ si

∀ A < 0, ∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N =⇒ un ≤ A).

On note suivant les cas limun = +∞ ou lim un = −∞.


 Une suite (un ) est dite divergente dans les cas suivants :
- (un ) n’admet pas de limite dans R, i.e limun = +∞ ou lim un = −∞.
- Ou bien (un ) n’admet pas de limite.

Remarque 2.8. 1) Dans la définition précédente, on peut remplacer l’inégalité


large par l’inégalité stricte.
2) En pratique, dans la définition de la limite, il suffit de considérer les ε > 0 très
petits.
3) Dire que limun = l signifie que en dehors de tout intervalle ouvert centré en l,
il n’y avoir qu’un nombre fini d’éléments de cette suite.
15

n+1
Exemple 2.9. - La suite (un ) de terme général un = n2
est convergente car
limun = 0.

- La suite (vn ) de terme général vn = n + 1 est divergente car limvn = +∞.
- La suite (wn ) de terme général wn = (−1)n est divergente car (wn ) n’a pas de
limite.

Exercice :
a) Montrer que si (un ) tend vers l ∈ R, alors la suite (|un |) tend vers |l|.
Est-ce que la réciproque est vraie ?
b) Montrer que limun = l ∈ R ⇐⇒ lim(un − l) = 0 ⇐⇒ lim|un − l| = 0.

Théorème 2.10. La limite d’une suite, si elle existe, est unique.

Preuve. 1) Dans le cas d’une limite finie. Supposons que (un ) possède deux limites
l1 et l2 dans R. Montrons que l1 = l2 . Par absurde, supposons que l1 6= l2 et posons
|l1 −l2 |
ε= 2
, puisque (un ) converge vers l1 et l2 , il existe N1 , N2 ∈ N tels que

∀n ≥ N1 , |un − l1 | < ε et ∀n ≥ N2 , |un − l2 | < ε (∗)

Posons N = max(N1 , N2 ), en utilisant (∗) on obtien ∀ n ≥ N , on a

|l1 − l2 | = |l1 − un + un − l2 | ≤ |un − l1 | + |un − l2 | < 2ε = |l1 − l2 |

ce qui est absurde, donc l1 = l2 .


2) Dans les autres cas, la démonstration est évidente.

Théorème 2.11. Toute suite convergente est bornée.

Preuve. Soit (un )n∈N une suite convergente vers l. Alors, par exemple, pour ε = 21 ,
il existe N ∈ N pour tout n ≥ N , |un − l| ≤ 12 . Par conséquent

1
∀ n ≥ N, |un | = |un − l + l| ≤ + |l|.
2
16

Posons E = {|u0 |, |u1 |, ..., |uN −1 |, 12 + |l|} et M = max(E), ce M existe car E est
fini. Alors ∀ n ∈ N, |un | ≤ M . Ce qui prouve que la suite un est bornée.
≫ Attention, La réciproque, en générale, est fausse. La suite (un ) définie par
un = (−1)n est bornée, |un | = 1, mais (un ) est divergente. En renvanche, une suite
bornée et monotone est convergente comme l’affirme le théorème suivant.

Théorème 2.12. - Toute suite réelle croissante et majorée est convergente.


- Toute suite réelle décroissante et minorée est convergente.

Preuve. Soit (un ) une suite croissante et majorée. Posons A = {un , n ∈ N},
l’ensemble A est non vide de plus il est majoré dans R. En appliquant la propriété
de la borne sup, en déduit que A possède sa borne supérieure notée l ∈ R. Montrons
que (un ) converge vers l. Soit ε > 0, d’après la caractérisation de la borne sup,

∃ un0 ∈ A, l − ε < un0 ≤ l. (∗∗)

Comme (un ) est croissante et majorée par l, en déduit que (∗∗) reste vraie pour
tout n ≥ n0 , i.e
∀n ≥ n0 , l − ε < un ≤ l

=⇒ ∀n ≥ n0 , |un − l| ≤ ε, d’où le resultat chercher.

Théorème 2.13. Soit (un ) une suite.


(un ) tend vers l si et seulement si toute sous-suite de (un ) tend vers l.

Preuve. ⇐=) C’est évident, considérons l’application Id : N −→ N, n 7−→


Id(n) = n. L’application identité est strictement croissante et on a (uId(n) ) est
la suite (un ) elle même. Donc (un ) est convergente.
=⇒) Soit (uϕ(n) ) une suite extraite de (un ). Soit ε > 0, puisque (un ) converge vers
l,
∃ n0 ∈ N, ∀ n ≥ n0 , |un − l| ≤ ε.
17

Comme ϕ(n) ≥ n pour tout n ∈ N, alors |uϕ(n) − l| ≤ ε pour tout , n ≥ n0 .


Ceci signifie que uϕ(n) converge vers l.

Corollaire 2.14. (Critère de convergence d’une suite)


Pour qu’une suite (un ) converge vers l il faut et il suffit que les deux suites extraites
(u2n ) et (u2n+1 ) convergent vers la même valeur l.

Corollaire 2.15. (Critère de divergence d’une suite)


Soit (un ) une suite réelle. S’il existe deux sous-suites (uϕ(n) ) et (uψ(n) ) covergeants
respectivement vers l1 et l2 avec l1 6= l2 alors (un ) est divergente.

Exemple 2.16. Soit (un ) la suite définie par son terme général un = cos( 2nπ
13
).
On considère les deux sous-suites (u13n ) et (u13n+1 ).
On a : u13n −→ 1 et u13n+1 −→ cos( 2π
13
). Par conséquent, la suite (un ) est
divergente.

Proposition 2.17. - Une suite (un ) réelle croissante et non majorée tend vers
+∞.
- Une suite (un ) réelle décroissante et non minorée tend vers −∞.

Preuve. En exercice.

0
Proposition 2.18. Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles, l, l , a, b ∈ R tels que
0
limn→∞ un = l ∈ R et limn→∞ vn = l ∈ R.

1. Si a < l alors ∃N1 ∈ N, ∀n ≥ N1 , a < un .

2. Si l < b alors ∃N2 ∈ N, ∀n ≥ N2 , un < b.

3. Si a < l < b alors ∃N3 ∈ N, ∀n ≥ N3 , a < un < b.


0
4. Si ∃N ∈ N tel que un ≤ vn pour tout n ≥ N , alors l ≤ l

5. Si (un ) est positive à partir d’un certain rang, alors l ≥ 0.

6. Si (un ) est négative à partir d’un certain rang, alors l ≤ 0.


18

Preuve. Montrons (1) : puisque a < l, alors il existe m ∈ R tel que a < m < l.
Posons ε = l − m > 0, puisque (un ) tend vers l, alors par définition,

∃ N1 ∈ N, ∀n ≥ N1 , |un − l| ≤ ε

ce qui implique que ∀n ≥ N1 , −ε + l ≤ un ≤ ε + l. En remplaçant ε par sa valeur,


on obtient ∀n ≥ N1 , a < m ≤ un ≤ 2l − m. Ce qui prouve (1).
Une démonstration analogue, nous permet de montrer les autres propriétés.

2.2 Opérations sur les limites

Définition 2.19. Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles et λ ∈ R.


— La somme de (un ) et (vn ) est la suite dont le terme général un + vn , on la
note (un ) + (vn ) = (un + vn ).
— De même pour le produit de deux suites, (un ).(vn ) = (un .vn ).
— Le produit d’une suite par un scalaire, λ(un ) = (λun ).
— Si ∀n ∈ N, vn 6= 0, le quotient de (un ) par (vn ) est la suite ( uvnn ) son terme
un
général est vn
.

2.2.1 Somme de limites

0
Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles, l, l ∈ R.
0 0
♦ Si limn→+∞ un = l et limn→+∞ vn = l , alors limn→+∞ (un + vn ) = l + l .

♦ Si limn→+∞ un = l et limn→+∞ vn = +∞, alors limn→+∞ (un + vn ) = +∞.

♦ Si limn→+∞ un = l et limn→+∞ vn = −∞, alors limn→+∞ (un + vn ) = −∞.

♦ Si limn→+∞ un = +∞ et limn→+∞ vn = +∞, alors limn→+∞ (un +vn ) = +∞.

♦ Si limn→+∞ un = −∞ et limn→+∞ vn = −∞, alors limn→+∞ (un +vn ) = −∞.


19

2.2.2 Produit de limites

0
Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles, l, l ∈ R.
0 0
♦ Si limn→+∞ un = l et limn→+∞ vn = l , alors limn→+∞ (un .vn ) = l.l .

♦ Si limn→+∞ un = l > 0 et limn→+∞ vn = +∞, alors limn→+∞ (un .vn ) = +∞.

♦ Si limn→+∞ un = l > 0 et limn→+∞ vn = −∞, alors limn→+∞ (un .vn ) = −∞.

♦ Si limn→+∞ un = l < 0 et limn→+∞ vn = +∞, alors limn→+∞ (un .vn ) = −∞.

♦ Si limn→+∞ un = l < 0 et limn→+∞ vn = −∞, alors limn→+∞ (un .vn ) = +∞.

♦ Si limn→+∞ un = +∞ et limn→+∞ vn = +∞, alors limn→+∞ (un .vn ) = +∞.

♦ Si limn→+∞ un = +∞ et limn→+∞ vn = −∞, alors limn→+∞ (un .vn ) = −∞.

♦ Si limn→+∞ un = −∞ et limn→+∞ vn = −∞, alors limn→+∞ (un .vn ) = +∞.

2.2.3 Quotient de limites

Définition 2.20. Soient (un ) une suite réelle et l ∈ R. On dit que (un ) tend vers
l+ si limn→+∞ un = l et un > l à partir d’un certain rang.

1
Exemple : un = n2 +1
, on a limn→+∞ un = 0, plus précisement c’est un zéro plus.
La définition précédente est utile pour calculer la limite de l’inverse d’une suite.

Proposition 2.21. — Si limn→+∞ un = l ∈ R∗ , alors limn→+∞ 1


un
= 1
l
1
— Si limn→+∞ un = 0+ , alors limn→+∞ un
= +∞
— Si limn→+∞ un = 0− , alors limn→+∞ 1
un
= −∞

0
Proposition 2.22. Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles et l, l ∈ R tels que (vn )
est non nulle à partir d’un certain rang.
0 un
X Si limn→+∞ un = l et limn→+∞ vn = l 6= 0, alors limn→+∞ vn
= ll0 .
un
X Si limn→+∞ un = l > 0 et limn→+∞ vn = 0+ , alors limn→+∞ vn
= +∞.
X Si limn→+∞ un = l > 0 et limn→+∞ vn = 0− , alors limn→+∞ un
vn
= −∞.
20

un
X Si limn→+∞ un = l < 0 et limn→+∞ vn = 0+ , alors limn→+∞ vn
= −∞.
X Si limn→+∞ un = l < 0 et limn→+∞ vn = 0− , alors limn→+∞ un
vn
= +∞.

Remarque 2.23. Il existe des formes indéterminées dans le calcul des limites à
savoir :
∞ 0
(+∞) + (−∞) , 0.∞ , , .
∞ 0
On parle de forme indéterminée pour la limite car, dans une situation de ce type,
on peut être amené, après transformation, selon les cas, à conclure que la limite
est un réel, ou bien elle est infinie ou bien même n’existe pas.

2.2.4 Limites et relations d’ordre

Proposition 2.24. Soient (un ), (vn ), (wn ) trois suites réelles et l ∈ R.



 (u ), (v ) sont convergentes
n n
1. =⇒ limn→+∞ un ≤ limn→+∞ vn
 ∃N ∈ N, ∀n ≥ N, u ≤ v
n n

 (u ) bornée
n
2. =⇒ limn→+∞ un vn = 0.
 lim
n→+∞ vn = 0

 ∃N ∈ N, ∀n ≥ N, u ≤ v ≤ w
n n n
3. =⇒ limn→+∞ vn = l.
 lim u = lim w = l
n→+∞ n n→+∞ n

 ∃N ∈ N, ∀n ≥ N, u ≤ v
n n
4. =⇒ limn→+∞ vn = +∞.
 lim u = +∞
n→+∞ n

 ∃N ∈ N, ∀ n ≥ N, u ≤ v
n n
5. =⇒ limn→+∞ un = −∞.
n→+∞ vn = −∞
 lim

Théorème 2.25. Caractérisation de la densité d’une partie de R.


Soit A une partie non vide de R. A est dense dans R si est seulement si pour
tout élément x ∈ R, il existe une suite (xn ) d’éléments de A qui converge vers x.
21

2.2.5 Propriété des intervalles emboités

Théorème 2.26. Pour tout n ∈ N, soit In = [an , bn ] un intervalle non vide de R.


On suppose que :
1) pour tout n ∈ N, In+1 ⊂ In ,
2) Pour tout n ∈ N, In est un intervalle fermé et borné.
Alors

. Les suites (an ) et (bn ) convergent

. liman ≤ limbn
T
. I
n∈N n
= [ liman , limbn ].
T
1 1
Exemple 2.27. n∈N
[1 − n+1
, 2+ n+1
] = [1, 2].

Le Théorème précédent affirme que pour toutes suites (an ) et (bn ), telles que (an )
croissante et (bn ) décoissante vérifiant ∀n ∈ N, an ≤ bn , il existe x ∈ R tel que

∀n ∈ N, an ≤ x ≤ bn .

Cette propriété est dite la propriété des intervalles emboités, elle était vérifie dans
R, par contre Q ne possède pas cette propriété. En effet, Considérons les deux
suites (an ) et (bn ) définies dans Q par

1 1 1 1 1
an = 1 + + + + ... + et bn = an +
1! 2! 3! n! n!
T
Montrer que n∈N
[an , bn ] se reduit à un singleton de R r Q.

2.2.6 Suites adjacentes

Définition 2.28. On dit que deux suites réelles (an ) et (bn ) sont adjacentes si :

i) (an ) est croissante,


22

ii) (bn ) est décroissante,

iii) La suite (an − bn ) converge vers 0.

Théorème 2.29. Soient (an ) et (bn ) deux suites réelles adjacentes. Alors

1. Elles sont convergentes et ont la même limite.

2. Leur limite commune l vérifie an ≤ l ≤ bn pour tout n ∈ N.

Preuve. Tout d’abord montrons que ∀n ∈ N, an ≤ bn . Sinon, alors il existe un


n0 ∈ N pour le quel bn0 < an0 . Comme (an ) est croissante et (bn ) décroissante,
en déduit que
∀n ≥ n0 , bn ≤ bn0 < an0 ≤ an

il s’ensuit alors que

∀n ≥ n0 , 0 < an0 − bn0 ≤ an − bn ,

il vient que (an − bn ) ne converge pas vers 0. Contradiction, donc

∀n ∈ N, a0 ≤ an ≤ bn ≤ b0

il en découle de la relation précédente que (an ) est majorée par b0 , donc elle
converge vers l1 ∈ R car elle est déjà croissante et ∀ n ∈ N, an ≤ l1 .
De même pour (bn ) elle est minorée par a0 et décroissante alors elle converge vers
l2 ∈ R et ∀ n ∈ N, l2 ≤ bn .
lim lim lim
En fin, on a n→+∞(an − bn ) = 0 = n→+∞an − n→+∞ bn = l1 − l2 . D’où l1 = l2 de
plus pour tout n ∈ N, an ≤ l1 ≤ bn .

2.2.7 Théorème de Bolzano-weierstrass

Théorème 2.30. (Théorème de Bolzano-Weierstrass)


De toute suite réelle bornée on peut extraire une sous suite convergente.
23

Preuve. Soit (un ) une suite bornée. Considérons l’ensemble

A = {n ∈ N / ∀k ≥ n, uk ≥ un }

Premier cas : si A est infini, alors la suite extraite (un )n ∈ A est croissante de plus
elle est majorée, donc (un )n ∈ A est convergente.
Deuxième cas : si A est fini ou vide, donc A contient un nombre fini d’éléments
de N. Considérons un certain n0 ∈ N tel que n0 > max(A). Alors ∀n > n0 ,
n∈
/ A ce qui implique l’existence d’un entier k ≥ n tel que uk < un . Ceci permet
d’extraire une sous-suite strictement décroissante de (un ). Comme elle est minorée,
elle converge.

2.2.8 Critère de convergence de Cauchy

Définition 2.31. (Suite de Cauchy)


Soit (un ) une suite réelle. (un ) est dite suite de cauchy si :

∀ ε > 0, ∃ n0 ∈ N, ∀ n ≥ n0 , ∀m ≥ n0 , |un − um | ≤ ε
ou encore
∀ ε > 0, ∃ n0 ∈ N, ∀ p ∈ N, ∀n ≥ n0 , |un+p − un | ≤ ε

Proposition 2.32. 1. Toute suite convergente est une suite de cauchy.

2. Toute suite de cauchy est une suite bornée.

Preuve. à titre d’exercice.

Théorème 2.33. (Critère de convergence de cauchy)


Une suite réelle (un ) est convergente si et seulement si elle est de Cauchy. On dit
aussi que R est un espace complet.

Preuve. Pour la condition nécessaire, voir la proposition précédente. Il nous reste


à établir la condition suffisante, c’est à dire que toute suite de Cauchy, admet une
24

limite finie dans R.


Puisque (un ) est de cauchy, alors elle est bornée. En vertu du théorème de Bolzano-
Weierstrass, (un ) admet une sous suite (uϕ(n) ) convergente, elle converge vers une
limite finie l. Montrons que la suite (un ) converge aussi vers l.
0
Soit ε > 0 fixé. D’après la convergence de (uϕ(n) ) et pour ε = 2ε ,

ε
∃ n0 ∈ N, ∀ n ≥ n0 , |uϕ(n) − l| ≤
2

Comme (un ) est de cauchy,

ε
∃ n1 ∈ N, ∀ n ≥ n1 , ∀m ≥ n1 , |un − um | ≤
2

Posons N = max(n0 , n1 ). Ainsi

∀ n ≥ N, |un − l| ≤ |un − uϕ(n) | + |uϕ(n) − l| ≤ ε

ce qui prouve que (un ) converge vers l.


Exercice.

1. Une suite bornée est elle de cauchy ?


1 1 1
2. Montrer que la suite (un )n∈N∗ définie par un = 1 + 22
+ 32
+ ... + n2
est
convergente.
1 1 1
3. Montrer que la suite (vn )n∈N∗ définie par vn = 1 + 2
+ 3
+ ... + n
est
divergente.
k
- Montrer par récurrence sur l’entier k l’inégalité suivante v2k ≥ 2

- Déduire lim vn .
25

2.2.9 Relations de Comparaison

2.2.9.1 Suite dominée par une autre suite

Définition 2.34. Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites réelles. On dit que (un )
est dominée par (vn ) s’il existe une suite bornée (bn ) telle que

∃N ∈ N, ∀ n ≥ N, un = bn vn .

On note alors : un = O(vn ).

1 (−1)n
Exemple 2.35. 1) soient un = n
et vn = n
, on a un = O(vn ).
1 1−cos(n)
2) soient un = n2
et vn = n3
, on a vn = O(un ).
3) n2 + 1 = O(n2 + 3).

Proposition 2.36. La relation O est transitive, c.à.d si

 
un = O(vn ) et vn = O(wn ) =⇒ un = O(wn ).

Théorème 2.37. Soient (un ), (vn ) deux suites réelles. On suppose (vn ) ne s’an-
nule pas à partir d’un certain rang n0 , alors

u 
n
un = O(vn ) ⇐⇒ est bornée.
vn n≥n0

2.2.9.2 Suite négligeable devant une autre suite

Définition 2.38. Soient (un )n∈N , (vn )n∈N deux suites réelles. On dit que (un ) et
négligeable devant (vn ) s’il existe une suite (εn )n∈N telle que

1. εn −→ 0
n7−→+∞

2. ∃ N ∈ N, ∀ n ≥ N, un = εn vn .

On écrit un = o(vn ) ou encore un  vn .


26

Remarque 2.39. Si un = o(vn ) alors un = O(vn ), mais la réciproque est fausse.

Proposition 2.40. La relation o est transitive, c.à.d si

 
un = o(vn ) et vn = o(wn ) =⇒ un = o(wn ).

Théorème 2.41. Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles. Si (vn ) est non nulle à
partir d’un certain rang n0 . Alors

un
un = o(vn ) ⇐⇒ −→ 0.
vn

Exemple 2.42. 1) n + 1 = o(n4 − 104 ) , 2) ln(n) = o(n),


1 1 1 1
3) n+1
− n
+ n2
− n3
= o( n13 ). 1
On peut écrire aussi n+1 = n1 − n12 + n13 + o( n13 )
1
− n1 − n12 + n13 est négligeable devant n13 au voisinage de +∞.

qui signifie que n+1
1 1 1 1
Autrement dit : n
− n2
+ n3
est une approximation de n+1
quand n −→ +∞ et
l’erreur commise est un o( n13 ), i.e l’erreur commise est négligeable devant 1
n3
quand
n −→ +∞.

2.2.9.3 Suites équivalentes

Définition 2.43. Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles. (un ) est dite équivalente
à (vn ) si un − vn = o(vn ). On note un ∼ vn .

Exemple 2.44. sin( n12 ) ∼ 1


n2
, ln(1 + n1 ) ∼ 1
n

Proposition 2.45. La relation ∼ est une relation d’équivalence sur l’ensemble


des suites RN c.à.d la relation ∼ est reflexive, symétrique et transitive.
En effet, soient (un ), (vn ), (wn ) trois suites réelles. On a

• ∼ est reflexive : un ∼ un

• ∼ est symétrique : un ∼ vn ⇐⇒ vn ∼ un

• ∼ est transitive : un ∼ vn et vn ∼ wn =⇒ un ∼ wn .
27

Théorème 2.46. Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles. On suppose que (vn ) est
non nulle à partir d’un certain rang n0 . Alors

un
un ∼ vn ⇐⇒ −→ 1
vn

Proposition 2.47. Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles telles que un ∼ vn .
Alors on a les propriétés suivantes

1) ∃N ∈ N, ∀ n ≥ N, un vn ≥ 0. 3) Si un −→ +∞ alors vn −→ +∞.

2) Si un −→ l ∈ R alors vn −→ l. 4) Si un −→ −∞ alors vn −→ −∞.

5) Si (un ) et (vn ) sont strictement positives à partir d’un certain rang alors
uαn ∼ vnα où α ∈ R.

Théorème 2.48. Soient (an ), (bn ), (un ), (vn ) des suites réelles telles que

an ∼ b n et un ∼ vn

Alors on a les assertions suivantes

1. an un ∼ bn vn
an bn
2. Si (un ) et (vn ) ne s’annulent pas à partir d’un certain rang alors un
∼ vn
.

Théorème 2.49. Soit (un ) une suite réelle converge vers 0. Alors

1. sin(un ) ∼ un 4. tan(un ) ∼ un
u2n
2. 1 − cos(un ) ∼ 2 5. ln(1 + un ) ∼ un

3. eun − 1 ∼ un 6. (1 + un )α − 1 ∼ αun , α ∈ R∗
Bibliographie

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