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Cours de Droit Commercial 1

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Cours De droit commercial

(Semestre 4)

Objectifs de ce cours :

➢ Maîtriser le vocabulaire juridique et les concepts de base de droit


commercial, et de caractériser ses différentes sources.
➢ Faire une distinction entre les différents actes de commerce et leur
régime juridique
➢ Connaître le statut de commerçant (définition, obligation…)
➢ Définir les biens du commerçant (fonds de commerce, le bail
commercial et la propriété commerciale, …)

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INTRODUCTION GENERALE

I- QU’EST-CE QUE LE DROIT COMMERCIAL ?


Branche du droit privé, le droit commercial est constitué de l’ensemble des règles
juridiques applicables aux transactions commerciales. Il offre le cadre juridique à l’intérieur
duquel se nouent et évoluent les rapports entre les professionnels du commerce. Les premiers
destinataires de la matière sont les personnes qui accomplissent, en leur nom et pour leur
compte, des actes de commerce.
Le droit commercial s’applique en ce sens à une catégorie des personnes : les
commerçants. Il intervient avec comme objectif premier d’assurer un minimum d’ordre, de
sécurité et d’honnêteté entre les professionnels du commerce.
Le droit commercial s’applique au commerce, à l’industrie et une partie importante
des services, en particulier ce qui concerne la finance. Son domaine d’intervention est donc
assez large. Il régit la majeure partie de l’activité économique, même si de nombreuses
activités non moins importantes demeurent en dehors de son champ d’application
(agriculture, professions libérales, production littéraire et artistique et activités
subordonnées, c’est-à-dire celles exercées par les salariés).
II- Domaine du droit commercial :
Le droit commercial a un double objet, il s'intéresse à la fois aux personnes (vision
subjective) et à l'activité de celles-ci (vision objective).
Deux conceptions s’affrontent : Une conception objective et une conception
subjective.
La conception objective : Est celle qui analyse le droit commercial sous l'angle de son objet.
Le droit commercial est donc réduit au droit des actes de commerce. Cette conception
objective a triomphé par l'adoption de la loi n°15-95 relative au code de commerce qui traite
désormais en premier les actes de commerce. Le droit commercial est le droit qui s'applique
aux actes de commerce, c'est à dire un certain nombre d'opérations déterminé par la loi quelle
que soit la profession de celui qui les accomplit.
Cette vision objective ou réelle prend pour base l'acte de commerce. Ce système repose
exclusivement sur l’acte effectué, indépendamment de la personne de son auteur.
La conception subjective : Elle analyse le droit commercial comme un droit des commerçants
plus généralement des professions commerciales indépendamment des actes passés.
Le droit commercial régit les commerçants c'est le droit qui s'applique, aux
commerçants, c'est à dire à ceux qui exercent un certain nombre de professions déterminées
par la loi. Le droit commercial s'applique aussi à tous les actes que font ces personnes pour le
besoin de leur profession.
Ainsi la conception subjective prend pour base le commerçant (personne physique ou
morale). Exemple : législation allemande.

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La position du législateur dans le code de commerce marocain
Le code de commerce de 1996 a adopté les deux systèmes, en disposant dans son
article 1er que : « la présente loi régit les commerçants et les actes de commerce ».
Mais malgré cette apparence qui laisse entendre que notre code adopte les deux
systèmes, il ressort des diverses dispositions de ce dernier que la tendance objective celle
fondée sur la nature des actes y a le maître mot. La définition de base est celle des actes de
commerce, ou plus précisément celle de l'activité commerciale (art 6 code de commerce).
L’article 6 par exemple, définit le commerçant de la manière suivante : la qualité de
commerçant s’acquiert par l’exercice habituel ou professionnel des activités commerciales
qu’il énumère. Donc pour être commerçant il faut exercer l'une des activités énumérées par
l'art 6 du code de commerce, ce sont donc ces activités qui donnent la qualité de commerçant
à celui qui les exerce.
Néanmoins, quelque soit le système adopté, nous pouvons considérer que la matière du droit
commercial est double : ce sont les activités commerciales et les actes du commerce qui en
constituent l’objet et le commerçant le sujet.
III -QUELLES SONT LES ORIGINALITE DU DROIT COMMERCIAL ?
L’un des aspects les plus importants du droit commercial tient à ce qu’il applique des
dispositions particulières qui s’expliquent par les besoins du commerce et la réalité des
pratiques commerciales.
AU NIVEAU DES TECHNIQUE :
1-Le besoin de rapidité :
Le temps pour les commerçants est précieux, le temps c’est de l’argent. Le formalisme
du droit civil est trop lourd, il ne peut être accepté par les hommes d’affaires, d’où la recherche
des règles plus souples et moins compliquées pour régler leurs transactions.
2- la prescription est écourtée :
Le législateur Marocain a raccourci la durée de la prescription commerciale. L’Article 5
prévoit que : Les obligations nées, à l'occasion de leur commerce, entre commerçants, ou
entre commerçants et non commerçants, se prescrivent par cinq ans, sauf dispositions
spéciales contraires. Sachant que, la prescription en matière civile est de 15 ans. Des délais
trop longs laisseraient les commerçants dans l’incertitude et porteraient atteinte à leurs
intérêts.
La nécessité de la rapidité et l’instauration d’une prescription écourtée se complètent
par une grande liberté de preuve.
3- la liberté de preuve :
La liberté des preuves est nécessaire pour faciliter et activer les transactions
commerciales. En matière civile le législateur marocain exige une preuve littérale, c’est-à-dire
écrite dès que le montant de la transaction dépasse 250 DH (article 443 du DOC). En matière
commerciale l’article ‘’_ alinéa 2 du même dahir énonce que la preuve testimoniale est
recevable « entre commerçant dans les affaires ou il n’est pas d’usage d’exige une preuve
écrite ».

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C’est l’Article 334 du code de commerce qui dispose que : En matière commerciale la
preuve est libre. Toutefois, elle doit être rapportée par écrit quand la loi ou la convention
l'exigent. La construction de cet article montre qu’il est à la fois impératif et supplétif :
Impératif : lorsque la Loi exige un écrit, dans ce cas la liberté de preuve s’efface devant
l’exigences de la Loi
Supplétif : en cas d’absence de disposition législative, les parties ont le choix entre la liberté
de preuve et l’écrit, lorsque le contrat ou l’accord des parties le prévoit.
4- le recours au crédit :
Le crédit est la base de la vie des affaires, le commerçant a besoin du crédit, soit pour
les achats de marchandises, la trésorerie ne peut couvrir la totalité des commandes, c’est par
les facilités de crédit qu’il pourra se libérer de ses créanciers. Aussi pour les ventes, il se trouve
en face de débiteurs qui lui demandent à son tour des délais de paiement grâce auxquels ils
se procureront les liquidités nécessaires au règlement de l’opération, et le voila dans la
nécessité de consentir du crédit.
Contrairement aux particuliers qui empruntent pour consommer, les commerçants
empruntent pour produire.
AU NIVEAU DES SOLUTIONS :
Le droit commercial s’écarte des pratiques du droit civil pour régler les différends
commerciaux et met ainsi des solutions qui conviennent aux commerçants.
1. La mise en demeure :
En droit marocain « le débiteur est constitué en demeure par la seule échéance du terme
établi par l’acte constitutif de l’obligation »( article 225 du D.O.C)
Le créancier n’est pas obligé d’aviser le débiteur ni par lettre recommandée, ni par lettre
extra-judiciaire. Celui-ci se trouve ainsi en demeure à la fin du terme sans qu’il soit tenu à
information.
2. La solidarité :
Le législateur Marocain a consacré le principe de solidarité pour donner de poids aux
contrats et conventions signés par les parties.
En matière civile « la solidarité entre débiteur ne se présume pas » (article 164 D.O.C),
par contre entre commerçants « la solidarité est de droit dans les obligations contractées
entre commerçants, pour affaires de commerce, si le contraire n’est exprimé par le titre
constitutif de l’obligation ou de la Loi » (article 165 D.O.C).
Le code de commerce a confirmé la prise de position du droit civil en édictant « en
matière d’obligations commerciales, la solidarité se présume » (article 335 Du code de
commerce).
3. Une juridiction spéciale : tribunal de commerce :
Elle se réfère à la détermination de la nature et du degré de la juridiction à saisir.

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En matière commerciale, la compétence revient aux tribunaux de commerce institués
par la Loi n°53/95 promulguée par le Dahir du 12 février 1997
4. Le recours à l’arbitrage :
La clause compromissoire : stipulation en vertu de laquelle les parties conviennent
de recourir à l’arbitrage. La clause peut être insérée aussi bien dans un contrat commercial
que civil. Seulement, dans le contrat commercial, les parties peuvent désigner à l’avance
l’arbitre ou les arbitres qui seront appelés à trancher le litige.
5. Les procédures de traitement des difficultés de l’entreprise :
Ces procédures sont particulières au droit commercial. Elles ont remplacé la procédure de
la faillite prévue par l'ancien code de commerce. Elles constituent une garantie qui a pour
but de protéger les créanciers contre leurs débiteurs commerçants défaillants.
Lorsque la cessation de paiement du commerçant est dûment constatée, ses créanciers
doivent engager à son égard une procédure collective ; ils ne peuvent poursuivre le
débiteur de manière individuelle. Ils doivent se grouper dans leur action et se faire
représenter par un syndic. Tout d’abord, une procédure de redressement est tentée et, en
cas d’échec, il est procédé soit à la cession (vente de l’entreprise), soit à la liquidation des
biens du commerçant.
Cependant, un non commerçant qui refuse de payer ses dettes, ne peut être assujetti à
ces procédures collectives, il est déclaré en état de déconfiture. Chaque créancier exerce
son action de manière individuelle. Celui qui l’assignera en paiement le premier, sera payé
en priorité, après avoir exercé ses droits sur le patrimoine du débiteur (c’est pourquoi on
parle dans ce domaine du prix de la course).
Telles sont les données sur les activités commerciales et les actes de commerce qui
constituent dans le nouveau code de commerce l’objet du droit commercial. Partant de
ces données, il nous est possible de porter l’analyse sur le sujet du droit commercial.
IV- QUELLES SONT LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL ?
Avec la rapidité de l’évolution du monde des affaires, on ne peut se permettre de
compter uniquement sur les sources écrites ; c’est pourquoi les sources non écrites y jouent
un rôle fondamental.
A- LES SOURCES ECRITES
Dans cette catégorie il existe des sources nationales et d’autres internationales.
a- Les sources nationales
1/ Le code de commerce :
Depuis le protectorat, la zone française du Maroc était régie par le code de commerce
du 12 août 1913. Après l'indépendance il a été généralisé à tout le Royaume. Ce code était
largement inspiré du code de commerce français de 1807.
Apparut alors la nécessité d’élaborer un nouveau code. Il ne s’agissait pas d’apporter
une simple réforme au droit commercial, mais de procéder à un mouvement de refonte de
tout notre droit des affaires :

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L’économie mondiale connaissait, vers la fin du siècle dernier, un tournant capital
avec : la globalisation du commerce international, le développement des intégrations
régionales, et une concurrence sans précédent sur le marché mondial.
Pour que l’économie marocaine puisse se forger une place dans ce nouveau contexte
international, il devenait impérieux de faire régner un climat de confiance en mesure
d’encourager les investissements nationaux, et surtout internationaux.
D'où la nécessité d’élaborer une législation moderne en mesure de créer un climat de sécurité.
Il ne s’agissait plus d’apporter de simples réformes au droit commercial « stricto sensu », mais
de procéder à un mouvement de refonte de tout notre droit des affaires.
Le code de 1913 fut enfin remplacé par un nouveau code de commerce en vertu d'un
dahir n° 1-96-83 du 1er août 1996 portant promulgation de la loi 15/95 formant code de
commerce.
Le droit des affaires a connu en effet une refonte dans son ensemble durant ces
dernières années, elle a concerné notamment : la comptabilité commerciale, le domaine
bancaire, les sociétés anonymes, les autres sociétés commerciales, les tribunaux de
commerce, la loi sur la liberté des prix et de la concurrence, la loi relative à la protection de la
propriété industrielle, la loi relative à la protection des consommateurs.
2/ Le D.O.C (Dahir formant code des obligations et contrats du 12 août 1913)
Le droit civil est la discipline la plus ancienne et la plus importante du droit privé en
particulier et du droit en général. C'est aussi le droit commun en ce sens qu'en l'absence des
règles spéciales établies pour des situations particulières, ce sont les règles du droit civil qui
s'appliquent. D'ailleurs, toutes les autres branches du droit sont nées à partir du droit civil et
se sont éloignées de lui pour devenir autonomes.
Dès qu’il y a lacune de la loi particulière, un retour au DOC est nécessaire. Une bonne
compréhension du droit commun des obligations permet de comprendre les règles
particulières car elles ont comme objectif de compléter ou de déroger au droit commun.
Le D.O.C. est notre code civil Ce texte du 12 août 1913 constitue le texte de base
réglementant le droit des obligations (l’un des textes les plus anciens dans le corpus juridique
du Royaume dépassant les cent années).
À ce propos, le code de commerce dispose dans son article 2 qu’ : « il est statué en
matière commerciale, conformément aux lois, coutumes et usages du commerce ou au droit
civil, dans la mesure où il ne contredit pas les principes fondamentaux du droit commercial
».Même les lois relatives aux sociétés renvoient à l'application des règles du DOC lorsqu'elles
ne sont pas contradictoires avec elles.
b/-Les sources internationales
Il s’agit des conventions internationales qui constituent une source fondamentale du
droit commercial.
Ces conventions peuvent être bilatérales se limitant à régler certaines questions entre
deux États signataires ou entre un État et un groupement économique régional (par exemple
l’accord d’association entre le Maroc et l'UE).

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Il existe aussi des conventions internationales, par exemple les traités internationaux
ratifiés par le Maroc tels que ceux sur les transports maritime, ferroviaire, routier et aérien ;
les accords du GATT ; les conventions internationales portant lois uniformes (les conventions
de Genève du 7 juin 1930 sur la lettre de change et le billet à ordre et du 19 mars 1931 sur le
chèque).
Le droit commercial n’a pas que des sources écrites, il en a d’autres importantes, même
non écrites.
B- LES SOURCES NON ECRITES
Il s’agit des usages, de la jurisprudence et de la doctrine.
a / LES USAGES COMMERCIAUX
Bien que le droit commercial soit codifié, les usages commerciaux continuent d’en
constituer une source fondamentale ; car la législation, avec sa lenteur, est incapable de suivre
l’évolution rapide du monde des affaires.
Les usages sont des règles générales non écrites issues de pratiques professionnelles
constantes et tacitement acceptées par les commerçants à l’occasion des négociations ou de
l’exécution de leurs opérations commerciales.
Ce sont les pratiques qui créent des règles par la force de l’habitude professionnelle.
C’est à l’occasion de la conclusion des contrats et de leur exécution que le rôle des
usages intervient, par exemple, en matière de ventes commerciales ce sont les usages de
chaque profession qui fixent les délais, les modalités et les modes de paiement, les délais de
livraison, la charge de la livraison et ses frais, la charge des frais de courtage et leur taux, les
risques des défauts des marchandises, etc.
Les usages peuvent réglementer toute une institution nouvellement créée, par
exemple le leasing était, avant le nouveau code, presque exclusivement régis par les usages.
L’article 2 du code de commerce dispose désormais « qu’il est statué en matière
commerciale conformément aux lois, coutumes et usages du commerce, ou au droit civil, dans
la mesure où il ne contredit pas les principes fondamentaux du droit commercial », ce qui
donne la priorité à l'application de la coutume et usages même sur la loi civile.
b/ LA JURISPRUDENCE
C’est la solution donnée par un ensemble de décisions concordantes rendues par les
juridictions sur une question de droit.
Ce sont les précédents judiciaires qui servent de guide aux décisions des juridictions à
travers la pyramide judiciaire, l’unification de la jurisprudence se réalise d’ailleurs par le biais
des voies de recours.
Il n’est pas besoin d’insister sur le rôle de la jurisprudence en matière commerciale ;
c’est aux tribunaux qu’il revient d’interpréter les lois et les contrats conclus entre
commerçants, de fixer les usages auxquels ils se réfèrent, de déterminer le statut des
institutions nouvelles créées par la pratique.

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c/ LA DOCTRINE
C'est l'ensemble des écrits portant les interprétations et les opinions des juristes (les
universitaires, les avocats, les magistrats, etc.). Ces écrits sont publiés sous forme d'ouvrages
ou d'articles dans différentes revues juridiques.
La doctrine, par son analyse juridique et ses recherches scientifiques, a pour rôle
d'éclairer le législateur (à l'occasion de l'élaboration des textes) et les tribunaux (lors de
l'application de la loi).
Plan du cours :
• Chapitre 1 : les actes de commerce
• Chapitre 2 : le commerçant
• Chapitre 3 : Le Fond de commerce

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