Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Graphe

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 76

MUSTAPHA KCHIKECH

Introduction à la théorie
des graphes

Cours et exercices
Filière Master
MatMode
2017-2018
Table des matières

Introduction v

1 Concepts fondamentaux 1
1.1 Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.1 Motivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.2 Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Définitions et notations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.1 Adjacence, voisinage, degré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.2 Représentation d’un graphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2.1 Représentation graphique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2.2 Représentation algorithmique . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.3 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3.1 Lemme des poignées de main . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3.2 Isomorphisme de graphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.3 Sous-graphe et Graphe partiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3.4 Opérations sur les graphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3.5 Quelques classes de graphes particulières . . . . . . . . . . . . . . . 13

2 Chemin, Cycle et Connexité 15


2.1 Chemin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.2 Connexité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
ii TABLE DES MATIÈRES

2.3 Distance et diamètre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19


2.4 Cycles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.5 Graphe biparti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

3 Connectivité, Arbres 25
3.1 Points d’articulations, Isthmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.2 k-connexe, k-arête-connexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
3.3 Arbres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.4 Arbre couvrant d’un graphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

4 Graphes Eulériens et Hamiltoniens 39


4.1 Graphes Eulériens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
4.1.1 Propriété . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
4.1.2 Application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
4.1.3 Algorithme de Fleury . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
4.1.4 Exercices d’applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
4.2 Graphes Hamiltoniens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
4.2.1 Exemple de problèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
4.2.2 Conditions nécessaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
4.2.3 Conditions suffisantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

5 Colorations de graphes 53
5.1 Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
5.1.1 Le théorème des quatre couleurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
5.1.2 Historique du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
5.1.3 Modélisation par les graphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
5.2 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
5.2.1 Coloration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
5.2.2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
5.3 Quelques résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
TABLE DES MATIÈRES iii

5.4 Coloration de graphe planaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

6 Exercices 65
iv TABLE DES MATIÈRES
Introduction

Ce document est le support du cours introduction à la théorie des graphes. Il présente


des notions de base ou plutôt élémentaire sur la théorie des graphes. En effet, une in-
troduction présentant l’histoire du l’évolution de cette discipline et des définitions utiles
pour la compréhension du cours sont présentées au premier chapitre. Ensuite le deuxième
chapitre est consacré à des propriétés topologiques des graphes et dans le reste des cha-
pitres, certaines propriétés fondamentales caractérisants les graphes sont données.
L’objectif est d’offrir aux étudiants des nouvels outils combinatoires et mathématiques
permettant à la modélisation et même la résolution de nombreux problèmes.
Notons que ce document est un support pédagogique du module introduction à la
théorie des graphes destiné principalement aux étudiants du master MatMod semestre 2
de la Faculté Poly-disciplinaire de Safi, université cadi Ayyad.
vi Introduction
Chapitre 1

Concepts fondamentaux

1.1 Présentation

1.1.1 Motivation

Depuis longtemps, les mathématiques ont connu des problèmes dont l’énoncé était simple
à présenter, en revanche leur résolution n’était pas évidente et nécessitait de nouvels outils
pour pouvoir les aborder.

— Problème des ponts de Königsberg (1736) :


La ville de Königsberg (Kaliningrad) comprenait 4 quartiers, séparés par un fleuve.
7 ponts permettent de relier ces quartiers. Les habitants de Königsberg se deman-
daient s’il était possible de faire une promenade qui emprunte chacun des sept
ponts une fois et une seule (et revient à son point de départ) ?

— Problème du parcours du cavalier (1759)


Un cavalier peut-il parcourir les 64 cases de l’échiquier une fois et une seule, en
partant de n’importe laquelle et peut-il revenir au point de départ ?

— Problème des quatre couleurs (1852)


Peut-on colorer toute carte géographique de sorte que deux régions voisines soient
de couleurs différentes ?

La théorie des graphes constitue l’une des principales branches des mathématiques discrètes
2 Concepts fondamentaux

Figure 1.1 – Ponts de Königsberg, Parcours du cavalier, Carte géographique

et de l’informatique fondamentale. Depuis le début du 20ème siècle, elle s’est développée


dans diverses disciplines en mathématiques,en informatique, en cryptographie, en sciences
sociales, en biologie, en chimie,... De manière générale, la théorie des graphes peut être
considérée comme un outil de modélisation permettant de représenter une structure d’un
objet complexe en exprimant les relations entres ses éléments.
Autrement, la théorie des graphes mis au point un ensemble des techniques et outils
mathématiques permettent de démontrer des propriétés, d’en déduire des méthodes de
résolution et des algorithmes. En particulier, il permet de représenter de nombreuses si-
tuations rencontrées dans des applications faisant intervenir des mathématiques discrètes
et nécessitant une solution informatique par exemple en réseaux de télécoms, Circuits
électriques, réseaux de transport, ordonnancement d’un ensemble de tâches,...
En résumé, la théorie des graphes peut être considérée comme une méthode de pensée
ou un moyen de modélisation qui permet l’étude d’une grande variété de problèmes.

1.1.2 Histoire

L’histoire de la théorie des graphes a commencé par l’étude de certains problèmes, tels
que : Le problème des ponts de Königsberg, résolu par Euler au 1736, la marche du
cavalier sur l’échiquier le célèbre problème de la coloration des cartes géographiques
(connu aussi par le théorème des 4 couleurs).

— 1847 Kirchhoff (1824-1887) développa la théorie des arbres (analyse de circuits


électriques).
1.1 Présentation 3

— 1860 Cayley (1821-1895) découvrit la notion d’arbre (énumération des isomères


saturés des hydrocarbures de types Cn H2n+2 ).

— 1859 Hamilton (1805-1865) Existence de chemins hamiltoniens.

— 1879 énoncé du problème des 4 couleurs (Möbius (1790-1868), Morgan (1806-1871),


Cayley, solution prouvée en 1976.

— 1936 Köning, le premier ouvrage sur les graphes.

— A partir de 1946 le développement intense de la théorie des graphes grâce à des


chercheurs comme Kuhn, Ford, Fulkerson, Roy, Berge et...

— 1958 Berge, l’ouvrage ”Théorie des graphes et ses applications” donna naissance à
l’ère moderne de la théorie des graphes.
4 Concepts fondamentaux
1.2 Définitions et notations 5

1.2 Définitions et notations

1.2.1 Adjacence, voisinage, degré


Définition 1.

— Deux sommets u et v sont adjacents ou voisins si et seulement si (u, v) est


une arête dans E.

— Deux arêtes sont adjacentes si et seulement si elles ont une extrémité


commune.

— Soit v un sommet de G, on appelle voisinage de v l’ensemble des sommets


adjacents à v. Il est noté N (v).

— Le degré d’un sommet v est le nombre de voisins de v. Il est noté deg(v)


ou d(v). Autrement, deg(v) = |N (v)|.

— De même, le degré d’un sommet v est le nombre d’arêtes incidentes à v.

— Un sommet de degré nul est dit isolé.

— Le degré minimum d’un graphe G est noté δ(G).

— Le degré maximum d’un graphe G est noté ∆(G).

— Si v est un sommet d’un graphe G d’ordre n, alors

0 ≤ δ(G) ≤ deg(v) ≤ ∆(G) ≤ n − 1

— Un graphe G = (V, E) est dit orienté si chaque élément de E, appelé arc,


est orienté, munies d’un sens et défini par son origine et son extrémité.

— Pour un arc (vi , vj ) de E, le sommet vi est son extrémité initiale, et le


sommet vj son extrémité finale.

— Une boucle est une arête ou arc de la forme (x, x).

— Une arête ou un arc (vi , vj ) est multiple, si elle correspond à plusieurs


arêtes ou arcs ayant vi comme extrémité initiale et vj comme extrémité
finale, dans ce cas là, on parle d’un multigraphe.

— Graphe simple est un graphe non orienté, sans boucle et non multiple. En
générale, le mot graphe désigne un graphe simple.
6 Concepts fondamentaux

1.2.2 Représentation d’un graphe

1.2.2.1 Représentation graphique

Un graphe est représenté par un dessin sur un plan où les sommets sont représentés par
des points ou des petits cercles, les arêtes sont représentées par des lignes.
Dans un graphe orienté, les arcs sont représentés à l’aide d’une flèche. la représentation
d’un graphe par un dessin n’est pas unique.

Exemple :

— G1 = (V1 , E1 ) avec V1 = {1, 2, 3, 4, 5} et E1 = {(1, 2), (2, 3), (3, 4), (4, 5), (5, 1)}

— G2 = (V2 , E2 ) avec V2 = {a, b, c, d, e} et E2 = {(a, c), (a, d), (b, d), (b, e), (c, e)}

Figure 1.2 – Graphe simple orienté et multigraphe orienté avec des boucles

1.2.2.2 Représentation algorithmique

En algorithmique, les graphes peuvent êtres considérés comme une structure de données.
C’est pourquoi, il est fondamental de s’intéresser à la manière de les représenter en vue
de leurs manipulations algorithmiques. Plusieurs modes de représentation peuvent être
envisagés selon la nature des traitements que l’on souhaite appliquer au graphe considéré.

1. Représentation par matrice d’adjacences.

2. Représentation par matrice d’incidences.

Représentation par matrice d’adjacences : La matrice d’adjacence d’un graphe


simple G = (V, E) d’ordre n est la matrice M = (mij )1≤i,j≤n de dimension n × n telle
1.2 Définitions et notations 7

que

 1, si (i, j) ∈ E (c-à-d (i, j) est un arc) ;
mij =
 0, sinon.

Le graphe simple non orienté suivant

a pour matrice d’adjacences


 
0 0 1 1 0
 
 0 0 0 1 1 
 
 
 
 1 0 0 0 1 
 
 
 1 1 0 0 0 
 
0 1 1 0 0

Le graphe orienté suivant


1

5 2

4 3

a pour matrice d’adjacences


 
0 1 0 1 0
 
 0 0 0 0 0 
 
 
 
 1 1 0 0 0 
 
 
 0 1 1 0 0 
 
1 0 1 1 0

Représentation par matrice d’incidences : Soit G = (V, E) un graphe sans boucle


de n sommets et m arcs. la matrice d’incidence de G est la matrice M = (mij )1≤i≤n; 1≤j≤m
8 Concepts fondamentaux

telle que



 1, si l’arc j arrive au sommet i ;

mij = −1, si l’arc j sort du sommet i ;



 0, sinon.

Le graphe suivant

5 2

4 3

a pour matrice d’incidences

 
−1 −1 1 1 0 0 0 0 0
 
1 0 0 0 1 1 0 0 0 
 

 
0 −1 0 −1
 
 0 0 1 1 0 
 
 
 0 1 0 0 0 −1 −1 0 1 
 
0 0 0 −1 0 0 0 −1 −1

1.3 Propriétés

1.3.1 Lemme des poignées de main

Le théorème suivant est considéré comme étant le premier résultat publié en théorie des
graphes. Il a été observé par le mathématicien suisse Leonhard Euler en 1736. Aujour-
d’hui, il est connu sous le nom du lemme des poignées de main (Handshaking Lemma).
1.3 Propriétés 9

Théorème 1.

Si G = (V, E) est un graphe de taille m, alors


X
deg(v) = 2m
v∈V

X
Preuve. Il suffit de remarquer que dans la sommation deg(v) une arête e = (v, u) ∈
v∈V
E est comptée exactement deux fois, une fois dans deg(v) et une fois dans deg(u).

Corollaire 1.

Le nombre de sommets de degré impair dans un graphe est pair.

Preuve. Exercice.

Exemples et exercices

1. Existe-t-il un graphe dont les sommets ont pour degré 1,2,2,3,3 ? Même question
avec la suite 1,1,2,3,3.

2. Un graphe G d’ordre 15 et de taille 20 possède 14 sommets de degré x et un sommet


de degré y. donner les valeurs de x et de y.
2m
3. Montrer que si G est un graphe d’ordre n et de taille m alors δ(G) 6 6 ∆(G).
n
n(n − 1)
4. Si n est l’ordre d’un graphe G et m est son nombre d’arêtes alors m ≤ .
2
5. Montrer que tout graphe non trivial a au moins deux sommets de même degré.

6. Soit k un entier, k > 2. Un odd-graph Ok est un graphe dont les sommets sont
les parties à k − 1 éléments de l’ensemble {1, 2, · · · , 2k − 1}, deux sommets étant
adjacents lorsque les sous ensembles correspondants sont disjoints.
(a) Déterminer l’ordre de ce graphe, le degré de chaque sommet et le nombre
d’arêtes de ce graphe.

(b) Dessiner O2 et O3 .
10 Concepts fondamentaux

1.3.2 Isomorphisme de graphes

Soient G1 = (V1 , E1 ) et G2 = (V1 , E2 ) deux graphes.


Définition 2.

On dit que G1 et G2 sont isomorphes, et on écrit G1 ' G2 , s’il existe une


bijection ϕ : V1 → V2 telle que pour tout couple de sommets u, v ∈ V1 ,

(u, v) ∈ E1 ⇔ (ϕ(u), ϕ(v)) ∈ E2

Autrement dit : Deux graphes sont isomorphes si ce sont les mêmes graphes, dessinés
différemment, ou on peut les étiqueter avec les mêmes étiquettes de sorte que chaque
sommet ait exactement les mêmes voisins dans les deux graphes.

Exemple : Les trois graphes suivants sont isomorphes.


1 2 1 1

4 2
2
4 3 4 3
3

Théorème 2.

Si deux graphes G1 et G2 sont isomorphes, alors ils ont le même ordre, même
taille et les degrés des sommets de G1 sont les mêmes que les degrés des sommets
de G2 .

Preuve. Voir TD.


Remarque 1.

La réciproque n’est pas toujours vraie.


1.3 Propriétés 11

Exemple : Les deux graphes suivants ne sont pas isomorphes.


1 2 3 a b c

e
4 6 d f
5

7 8 g h

Exercice : Dessiner des graphes non isomorphes d’ordre 4.

1.3.3 Sous-graphe et Graphe partiel


Définition 3.

Soient G = (V, E) un graphe et X un sous ensemble de sommets de V .

— Le graphe GX = (X, EX ) est dit sous-graphe de G si et seulement si


EX ⊂ E. Si EX est formé de toutes les arêtes de G ayant leurs deux
extrémités dans X alors GX = (X, EX ) est un sous-graphe induit de G.

— Le graphe GX = (X, EX ) est dit graphe partiel de G, si X = V et EX ⊂ E.


Autrement dit, on obtient GX en enlevant une ou plusieurs arêtes au
graphe G.

Exemple :
v4 v4 v v3
5
e4 e3 e4 e3

v v3 v v3 e7
5 5
e7 e5 e2
e5 e2 e5 e2 e6
e6

e1 e1 v1 e1 v2
v1 v2 v1 v2
(a) (b) (c)

Figure 1.3 – (a) : Un graphe G ; (b) : Graphe partiel de G ; (c) : Sous-graphe de G.


12 Concepts fondamentaux

1.3.4 Opérations sur les graphes

Définition 4.

— Le complémentaire d’un graphes G = (V, E) est le graphe

G = (V, V × V \ E)

— L’union de deux graphes G1 = (V1 , E1 ) et G2 = (V1 , E2 ) est le graphe

G1 ∪ G2 = (V1 ∪ V2 , E1 ∪ E2 )

— L’intersection de deux graphes G1 = (V1 , E1 ) et G2 = (V1 , E2 ) est le


graphe
G1 ∩ G2 = (V1 ∩ V2 , E1 ∩ E2 )

— Le produit cartésien de deux graphes G1 = (V1 , E1 ) et G2 = (V1 , E2 ) est


le graphe G1 G2 = (V1 × V2 , E) t.q. ((x, y), (t, z)) ∈ E si et seulement si
(x = t et (y, z) ∈ E2 ) ou (y = z et (x, t) ∈ E1 ).

Exemple :

— Un graphe et son complémentaire :

— Deux graphes et leur union :


1.3 Propriétés 13

1 1
3 4

5 2 5 2

4 3 6 5 4 3

— Deux graphes et leur intersection :


1
3 4 3 4

5 2

4 3 6 5 5

— Deux graphes et leur produit cartésien :


a1 a2 a3 a4 a5 a6
a

b1 b2 b3 b4 b5 b6
b

c1 c2 c3 c4 c5 c6
c

1.3.5 Quelques classes de graphes particulières

— Un graphe complet est un graphe où chaque sommet est relié à tous les autres. Un
graphe complet d’ordre n est noté Kn .

— On appelle une clique un sous-graphe complet d’un graphe G.

— Dans un graphe G = (V, E), un ensemble S ⊂ V est dit stable si deux sommets
distincts de S ne sont jamais adjacents. On note α(G) le cardinal maximum d’un
stable de G (nombre de stabilité).

— Un graphe est régulier si tout ses sommets ont le même degré.

— Autrement, un graphe G = (V, E) est régulier si et seulement si ∀x, y ∈ V, deg(x) =


deg(y) et δ(G) = ∆(G).
14 Concepts fondamentaux

v1 v1

v8 v2 v1

v 10
v7 v3 v8 v2 v7 v3
v9
v 10
v6 v4

v5 v5

(I) (II) (III)

Figure 1.4 – (I) : Un graphe G ; (II) : Une clique de G ; (III) : Un stable de G.

— Un graphe est k-régulier si tout ses sommets sont de degré k.

— Autrement, un graphe G = (V, E) est k-régulier si et seulement si ∀x, y ∈ V, deg(x) =


deg(y) = k et δ(G) = ∆(G) = k.

— Un graphe complet Kn est un graphe (n − 1)-régulier.

— Un graphe k-régulier de k + 1 sommets est un graphe complet Kk+1 .

— Un graphe 3-régulier est appelé graphe cubique. Exemple : le graphe complet K4 ,


le graphe de Petersen.

2
4 3

Le graphe K4 et le graphe de Petersen


Chapitre 2

Chemin, Cycle et Connexité

2.1 Chemin
Définition 5.

Une chaı̂ne allant d’un sommet x vers un sommet y est une suite ou une séquence
finie de n sommets (x0 , x1 , ..., xn ) tels que x = x0 , y = xn et pour tout i dans
{0, 1, · · · , n − 1}, xi et xi+1 sont adjacents.
Les sommets x0 et xn sont les extrémités de la chaı̂ne et x1 , ..., xn−1 sont les
sommets internes de la chaı̂ne.
Dans le cas d’un graphe orienté, une chaı̂ne est désignée par un chemin.

Propriété 1.

— La longueur d’une chaı̂ne est le nombre d’arêtes de la suite (x0 , x1 , ..., xn ).

— Une chaı̂ne est dite simple si une arête est présente au plus une fois.

— Une chaı̂ne est dite élémentaire si elle ne rencontre pas deux fois le même
sommet. Autrement, (x0 , x1 , ..., xn ) est une chaı̂ne élémentaire si xi 6= xj
pour tout i 6= j, avec i, j ∈ {0, 1, · · · , n}.
16 Chemin, Cycle et Connexité

Remarque 2.

Entre deux sommets x et y, il est possible d’avoir plusieurs chaı̂nes reliant x à


y.

Théorème 3.

Si G est un graphe contenant une chaı̂ne allant d’un sommet x vers un sommet
y alors G contient une chaı̂ne élémentaire allant du sommet x vers le sommet y.

Preuve. Soient x et y deux sommets de G. Parmi les chaı̂nes reliant x à y, prenons


la plus courte chaı̂ne (longueur minimale) (x = x0 , x1 , ..., xn = y). Supposons que cette
chaı̂ne n’est pas élémentaire, alors il existent i, j avec 0 ≤ i < j ≤ n t.q. xi = xj . Ainsi, la
chaı̂ne (x = x0 , x1 , ..., xn = y) peut être écrite (x = x0 , x1 , ..., xi , xi+1 , · · · , xj , xj+1 , · · · =
y). Si on supprime les sommets xi+1 , · · · , xj de cette chaı̂ne, on obtient une nouvelle
chaı̂ne (x = x0 , x1 , ..., xi = xj , xj+1 , · · · = y) reliant x à y mais de longueur inférieur.
Contradiction.

Remarque 3.

Dans la suite, on parlera le plus souvent d’un chemin, sans spécifier qu’il est une
chaı̂ne, simple ou élémentaire, la distinction dépendant de la nature du graphe
considéré.

Proposition 1.

Dans un graphe G d’ordre n tout chemin est de longueur au plus n − 1 et le


nombre de chemins est fini.

Preuve. Dans un chemin chaque sommet est visité au plus une fois. Autrement, dans
un chemin le nombre maximal de sommets visités ne dépasse pas n et le nombres d’arêtes
2.1 Chemin 17

empruntées n’excède pas n − 1. Un chemin de longueur p est un chemin composé d’une


suite de p + 1 sommets différents. Le nombre de chemins de longueur p est donc un
choix de p+1 sommets parmi n sommets c-à-d n(n − 1)(n − 2) . . . (n − p) = (p + 1)!Cnp+1
chemins.

Définition 6.

Le graphe chemin de longueur n, ou simplement chemin, est un graphe noté


souvent Pn = (V, E) où V = {x0 , x1 , . . . , xn } et E = {(xi , xi+1 )\0 6 i 6 n − 1}
où tous les sommets sont distincts.

Exemple :

1 2 3 1 2 3 1 2 3

4 6 4 6 4 6
5 5 5

7 8 7 8 7 8

— (1, 2, 5, 3, 2, 5, 2, 4) est une chaı̂ne reliant 1 à 4.

— (1, 2, 5, 3, 6, 8, 7, 4) est un chemin, chaı̂ne simple et élémentaire, reliant 1 à 4.

— (1, 2, 4) est un chemin, chaı̂ne simple et élémentaire, reliant 1 à 4.

Un graphe chemin de longueur 6 et d’ordre 7


18 Chemin, Cycle et Connexité

2.2 Connexité
Définition 7.

Un graphe G = (V, E) est dit connexe (fortement connexe dans le cas orienté)
si pour tout couple de sommets (x, y) de V , il existe un chemin reliant ces deux
sommets.

Remarque 4.

 x=y
— La relation : xRy ⇔
 il existe un chemin joignant x à y.
est une relation d’équivalence (réflexive, symétrique, transitive). Ses
classes d’équivalence forment une partition de V .

— Les sous-graphes de G engendrés par chaque classe d’équivalence sont


appelés composantes connexes (composantes fortement connexes dans le
cas orienté) de G. Chaque composante connexe est un graphe connexe.

Exemple :

(1) (3)

(1) : graphe connexe (3) : graphe non connexe ayant deux composantes connexes

La proposition suivante donne un lien entre la connexité et le nombre d’arêtes d’un


graphe.
Proposition 2.

Tout graphe G d’ordre n connexe contient au moins n − 1 arêtes.


2.3 Distance et diamètre 19

Preuve. Remarquer que si tous les sommets de G sont de degré au moins 2, on a


P
2m = deg(x) > 2n. Ainsi la taille de G dépasse n − 1 arêtes.
x∈V (G)
Il reste à traiter le cas de graphes contenant au moins un sommet de degré 1. La propo-
sition peut se montrer par récurrence sur n. Pour n = 1 le résultat est trivial.
Supposons la proposition prouvée sur les graphes d’ordre au plus n. Soit G un graphe
d’ordre n + 1 et x un sommet de G de degré 1. Le sous graphe induit H est un graphe
d’ordre n. H est connexe car G est connexe et si un chemin reliant deux sommets u et
v de H passe par le sommet x alors deg(x) = 2 contradiction. Ainsi, par hypothèse de
récurrence, la taille de H dépasse n − 1 arêtes. Par ailleurs, G est connexe et possède
un sommet et une arête de plus que H. En conclusion, G contient au moins n arêtes.

Remarque 5.

La réciproque n’est pas toujours vraie.

2.3 Distance et diamètre


Définition 8.

La distance entre deux sommets x et y d’un graphe G, notée dG (x, y) ou sim-


plement d(x, y) est la longueur du plus court chemin entre x et y.
S’il n’y a pas de chemin entre x et y on considère que d(x, y) = ∞.

Exercice : Vérifier que la distance dans un graphe est une métrique dans V (G).

Définition 9.

On appelle diamètre d’un graphe G = (V, E), noté D(G), le maximum des
distances entre toutes les paires de sommets de G.

D(G) = max d(x, y)


x,y∈V
20 Chemin, Cycle et Connexité

Exemple : Les deux graphes suivants sont de diamètre 2.

2.4 Cycles
Définition 10.

— Si, dans un graphe, un sommet est à la fois extrémité initiale et finale d’un
chemin, alors ce chemin est appelé cycle. Dans le cas orienté, on dit qu’il
forme un circuit.

— On appelle cycle élémentaire, un cycle qui n’utilise pas deux fois le même
sommet (excepté bien entendu le sommet initial qui coı̈ncide avec le som-
met final).

— On utilise souvent cycle pour désigner un cycle élémentaire. La longueur


d’un cycle est le nombre d’arêtes de ce cycle. Un graphe est acyclique si il
ne possède aucun cycle.

— Le graphe cycle de longueur n, ou simplement cycle, est un


graphe noté souvent Cn = (V, E) où V = {x0 , x1 , . . . , xn } et
E = {(x0 , xn )} ∪ {(xi , xi+1 )\0 6 i 6 n − 1} où tous les sommets sont dis-
tincts.

— On appelle maille (girth en anglais) d’un graphe G, notée g(G) la taille


du plus petit cycle dans G. Si G est un graphe acyclique alors g(G) = ∞.
Si g(G) 6= 3 alors on dit que G est graphe sans triangle.
2.4 Cycles 21

texte en blanc
Exemple :

1 2 3 1 2 3

4 6 4 6
5 5

7 8 7 8

1 2 3

4 6
5

7 8

— (1, 2, 3, 5, 7, 4, 1) est un cycle de longueur 6. (3, 6, 8, 7, 4, 1, 2, 3) est un cycle de lon-


gueur 7. (5, 7, 8) est un cycle de longueur 3 (un triangle).

— La maille de ce graphe est 3.

1 2 3

7 4

6 5

Le 1er graphe est un cycle de longueur 7 et de maille 7. La maille du 2ème resp. du


3ème graphe est 5 resp. ∞
22 Chemin, Cycle et Connexité

Proposition 3.

Si G est un Graphe tel que δ(G) > 2 alors G contient un cycle de longueur au
moins δ(G) + 1.

Preuve. Soit Pk = x0 · · · xk un chemin de longueur maximale dans G. Comme δ(G) > 2


prenons un sommet x 6= xk−1 et voisin de xk . Si x n’est pas un sommet de Pk alors la
longueur du chemin x0 · · · xk x est supérieure à celle du Pk contradiction. Par suite, x = xi
avec 0 6 i 6 k − 2 et xi xi+1 · · · xk xi est un cycle dans G d’ordre supérieur ou égal à
δ(G) + 1.

Proposition 4.

Tout graphe contient un cycle vérifiant g(G) 6 2diam(G) + 1.

Preuve. Si la maille de G est g(G) alors il existe un cycle C dans G de taille g(G).
Supposons que g(G) > 2diam(G) + 2 alors il existe deux sommets x et y dans C tels
que dC (x, y) = diam(G) + 1 c-à-d x et y sont reliés par un chemin P1 de longueur
diam(G) + 1. Comme dG (x, y) 6 diam(G), il existe donc un chemin P2 de longueur
inférieure à diam(G) reliant x et y et dont les sommets internes n’appartiennent pas à
C. Ainsi, P1 ∪ P2 donne un cycle de taille inférieure à 2diam(G) + 1 contradiction.

2.5 Graphe biparti


Définition 11.

Un graphe G = (V, E) est biparti si l’ensemble de ses sommets peut être par-
titionné en deux sous-ensembles disjoints X et Y tel que chaque arête de E a
une extrémité dans X et l’autre dans Y .

Exemple :
2.5 Graphe biparti 23

Théorème 4.

Un graphe G est biparti si et seulement si G ne contient aucun cycle de longueur


impaire.

Preuve. Soit G un graphe biparti alors V (G) peut être partitionné en deux sous-ensembles
disjoints X et Y tel que (x, y) ∈ E(G) ssi x ∈ X et y ∈ Y ou x ∈ Y et y ∈ X. Soit
C = x1 , x2 , · · · , xk , x1 un cycle de longueur k. Sans perte de généralité, supposons que
x1 ∈ X alors x2 ∈ Y et x3 ∈ X, etc. Autrement, xi ∈ X si i est impair et xi ∈ Y si i est
pair. Comme (xk , x1 ) ∈ E(G) et x1 ∈ X, on a xk ∈ Y . Ainsi k est pair.
Réciproquement, soit G un graphe ne contenant aucun cycle de longueur impaire. Dans
la suite, nous supposons que G est connexe sinon la même démarche est appliquée sur
ses composantes connexes.
Soit v ∈ V (G). Posons X = {v}∪{x ∈ V (G)\d(x, v) est paire } et Y = {x ∈ V (G)\d(x, v) est impaire }.
Il est simple de vérifier que X et Y forment une partition de V (G). Il reste a vérifier
qu’il n’existe pas de sommets adjacent dans X ni dans Y .
Supposons que X contient deux sommets adjacents x et y. Soit P1 = (x, x1 , · · · , xk , v) le
plus court chemin reliant x à v et soit P2 = (y, y1 , · · · , yp , v) le plus court chemin reliant
x à v.

— Si pour tout i, j ∈ {1, · · · k}×{1, · · · p} on a xi 6= xj alors (x, x1 , · · · , xk , v, yp , · · · , y1 , y, x)


est un cycle dans G de longueur d(x, v) + d(y, v) + 1 qui est impaire. Contradiction.

— Si P1 et P2 ont des sommets en commun c-à-d s’il existe i, j tel que xi = yj ,


xi+1 = yj+1 , · · · , xk = yp . Soit P10 = (x, x1 , · · · , xi−1 , xi ) le chemin induit du che-
24 Chemin, Cycle et Connexité

min P1 et P20 = (y, y1 , · · · , yj−1 , xi ) le chemin induit du chemin P2 . Remarquons


que les longueurs de P10 et P20 sont de même parité. En effet, P1 = P10 ∪ P 00 et
P2 = P20 ∪ P 00 avec P 00 = (xi+1 , · · · , xk ) et P1 et P2 ont une longueur paire. Ainsi,
(x, x1 , · · · , xi , yj−1 , · · · , y1 , y, x) est un cycle dans G de longueur la somme de lon-
gueurs de P10 , P20 et (x, y) qui est impaire. Contradiction.

Même preuve pour montrer que Y ne contient pas deux sommets adjacents.

Définition 12.

Un graphe est biparti complet si l’ensemble de ses sommets peut être parti-
tionné en deux sous-ensembles disjoints X et Y tel que chaque sommet de X
est adjacent avec tous les sommets de Y . Si |X| = m et |Y | = n alors ce graphe
est noté Km,n .

Exemple :

Le 1er graphe est un K1,8 appelé étoile. Le 2ème graphe est un K3,3 . Le 3ème graphe
est un K3,5 .
Chapitre 3

Connectivité, Arbres

3.1 Points d’articulations, Isthmes


Définition 13.

Soit G = (V, E) un graphe.

— Supprimer un sommet : Soit x un sommet de G. G − x est le sous-


graphe induit de G obtenu en supprimant x de V . Autrement, G − x =
(V \{x}, E\{(x, y) ∈ E \ y ∈ V }).

— Supprimer des sommets : Soit U ⊂ V une partie de sommets de G. G − U


est le sous-graphe induit de G obtenu en supprimant de V tous les sommets
de U . Autrement, G − U = (V \U, {(x, y) ∈ E \ x, y ∈
/ U }).

— Supprimer une arête : Soit e une arête de G. G − e est le graphe partiel


de G obtenu en supprimant e de E. Autrement, G − e = (V, E − e).

— Supprimer des arêtes : Soit X ⊂ E une partie d’arêtes de G. G − X est


le graphe partiel de G obtenu en supprimant de E tous les arêtes de X.
Autrement, G − X = (V, E − X).

Texte en blanc
26 Connectivité, Arbres

Texte en blanc
Exemple :
1 1 1 1

5 2 5 2 5 2 5 2 5 2

6 6 6

4 3 4 3 4 3 4 3 4 3
G G-6 G-(2,6) G-{1,6} G-{(1,5),(2,3),(4,3),(2,6)}

Définition 14.

Soit G = (V, E) un graphe.

— Point d’articulation (cutvertex) : Un point d’articulation est un sommet


dont la suppression rend le graphe non connexe.

— Ensemble d’articulation (vertex-cut) : Un ensemble d’articulation est un


ensemble de sommets dont la suppression rend le graphe non connexe.

— Isthme ou un pont (bridge) : Un isthme est une arête dont la suppression


rend le graphe non connexe.

— Graphe non séparable : Un graphe est dit non séparable s’il ne contient
aucun point d’articulation. Exemple : un cycle d’ordre au moins 3.

— Séparateur : Soit G un graphe. Soit X un ensemble de sommets ou d’arêtes.

— X sépare G ou X est un séparateur de G si G − X est non connexe.

— Soient x et y deux sommets de G. X est un (x, y)-séparateur (ou


X sépare x et y) si dans G − X les deux sommets sont dans deux
composantes connexes différentes.

1 4 8

3 6 7

2 5 9
3.1 Points d’articulations, Isthmes 27

3, 6 et 7 sont des points d’articulations. (6, 7) est un isthme. {3, 4, 5} ensemble


d’articulation
Proposition 5.

Soit G un graphe connexe. Si e = (x, y) est un isthme alors soit G = K2 ou soit


x ou y est un point d’articulation.

Preuve. La suppression de e = (x, y) rend G non connexe. Soient G1 et G2 deux com-


posantes de G contenant respectivement x et y. Supposons que G 6= K2 , alors l’ordre de
G1 ou de G2 est supérieur à 2. Sans perte de généralité, supposons que |G1 | > 2, alors
il existe dans G1 un sommet z 6= x qui est relié au sommet y par un chemin passant par
l’arête e (car G est connexe). Ainsi, la suppression du sommet x disconnecte G.

Proposition 6.

Soit G un graphe connexe. Un sommet x est un point d’articulation si et seule-


ment il existe deux sommets y et z différents de x tel que tout chemin reliant y
et z passe par x.

Preuve. — Si x est un point d’articulation de G alors G − x est non connexe. Ainsi,


il existe deux sommets y et z non reliés par un chemin dans G − x. Comme G est
connexe, y et z sont connectés par un ou des chemins dans G qui passent forcement
par x.

— Supposons qu’il existe deux sommets y et z tels que tout chemin reliant y à z passe
par un sommet x. Ainsi, dans G − x il n’y a aucun chemin qui connecte y à z. Par
suite, x est un point d’articulation.

Proposition 7.

Tout graphe connexe non trivial contient au moins deux sommets qui ne sont
pas des points d’articulations.
28 Connectivité, Arbres

Preuve. Soit G un graphe ayant au moins deux sommets. Si |G| = 2 le résultat est
trivial. Soit x et y deux sommets de G tels que dG (x, y) = diam(G). Nous allons montrer
que x et y ne sont pas des points d’articulations de G. Supposons que x est un point
d’articulation de G alors G − x est non connexe. |G| > 3 considérons z un sommet
appartenant à une composante qui ne contient pas y. Ainsi, tout chemin reliant y à z
dans G passe par x. Par suite, dG (y, z) > dG (x, y) = diam(G) contradiction. De même
pour le sommet y.

3.2 k-connexe, k-arête-connexe

Dans cette section, nous allons présenter quelques paramètres qui permettent d’évaluer
la connexité d’un graphe.

Définition 15.

— Connectivité ou connexité (connectivity) : La connectivité κ(G) (kappa


de G) d’un graphe G = (V, E) est le nombre minimum de sommets à
supprimer pour que G devient non connexe ou réduit à un sommet.

— k-connexe (k-connected) : G est dit k-connexe si κ(G) > k. Si S désigne


la famille des séparateurs (des sommets) de G alors G est k-connexe si et
seulement si
κ(G) = min{|X|\X ∈ S} > k

Autrement, si G a au moins k + 1 sommets et aucun ensemble de k − 1


sommets ne le sépare.
3.2 k-connexe, k-arête-connexe 29

Remarque 6.

— Pour tout graphe G, on a 0 6 κ(G) 6 n − 1.

— κ(G) = 0 si et seulement si G est non connexe.

— κ(G) = n − 1 si et seulement si G est complet.

— κ(G) = 1 si et seulement si G = K2 ou G est un graphe ayant des points


d’articulations.

— κ(G) > 2 si et seulement si G est un graphe non séparable d’ordre au


moins 3.

Définition 16.

— arête-Connectivité ou arête-connexité (edge-connectivity) : L’arête-


Connectivité λ(G) d’un graphe G = (V, E) est le nombre minimum
d’arêtes à supprimer pour que G devient non connexe.

— k-arête-connexe (k-edge-connected) : G est dit k-arête-connexe si λ(G) >


k. Si S désigne la famille des séparateurs (des arêtes) de G alors G est
k-arête-connexe si et seulement si

λ(G) = min{|X|\X ∈ S} > k

Autrement, si G a au moins 2 sommets et aucun ensemble de k − 1 arêtes


ne le sépare.

Remarque 7.

— Pour tout graphe G, on a 0 6 λ(G) 6 n − 1.

— Le graphe trivial K1 ne possède pas d’isthme mais on admet que λ(K1 ) =


0.
30 Connectivité, Arbres

Théorème 5.

λ(Kn ) = n − 1.

Preuve. — Si n = 1, on a λ(K1 ) = 0.

— Prenons n > 2. Si on supprime toutes les arêtes incidentes d’un sommet alors Kn
devient non connexe. Ainsi λ(Kn ) 6 n − 1.
Soit X le séparateur de Kn tel que λ(Kn ) = |X| et Kn − X est non connexe.
Posons Kn − X = G1 ∪ G2 où G1 et G2 sont deux composantes de Kn − X tels que
|G1 | = k > 1 et |G2 | = n−k > 1. Rappelons que dans Kn tous les sommets de G1 et
de G2 sont deux à deux adjacents, il y a donc k(n−k) arêtes qui lient, dans Kn , les
sommets de G1 et les sommets de G2 autrement |X| = k(n − k). Par ailleurs, on a
(k−1)(n−k−1) = k(n−k)−(n−1) > 0 ceci donne λ(Kn ) = |X| = k(n−k) > n−1.
En conséquence, λ(Kn ) = n − 1.

Pour un graphe G donné, le théorème de Whitney (1932) propose une relation entre les
trois paramètres κ(G), λ(G) et δ(G)

Théorème 6.

Pour tout graphe G,


κ(G) 6 λ(G) 6 δ(G)

Preuve. — Si G est non connexe alors κ(G) = λ(G) = 0 6 δ(G).

— Si G est complet alors κ(G) = λ(G) = δ(G) = n − 1.

— Dans la suite considérons G comme étant un graphe connexe non complet. G est
non complet alors δ(G) 6 n−2. Soit x un sommet tel que d(x) = δ(G). Remarquons
que si on supprime toutes les arêtes incidentes de x, G devient non connexe. Ainsi,
λ(G) 6 δ(G) 6 n − 2.
Soit X le séparateur (arêtes) de G tel que |X| = λ(G) 6 n − 2 et G − X est non
3.2 k-connexe, k-arête-connexe 31

connexe. Posons G − X = G1 ∪ G2 où G1 et G2 sont deux composantes de G − X


tels que |G1 | = k > 1, |G2 | = n − k > 1 et chaque arête de X joint un sommet de
G1 à un sommet de G2 .
Si chaque sommet de G1 est adjacent à tous les sommets de G2 alors |X| = k(n−k)
et on a (k − 1)(n − k − 1) = k(n − k) − (n − 1) > 0. Ceci donne λ(G) = |X| =
k(n − k) > n − 1. Contradiction car λ(G) 6 n − 2.
Il existe donc un sommet x de G1 et un autre sommet y de G2 tels que (x, y) ∈
/
E(G). Soit U un sous ensemble de sommets de G construit de la façon suivante :
– Soit (u, v) ∈ X, si u = x alors v ∈ U .
– Soit (u, v) ∈ X, si u 6= x avec u ∈ G1 et v ∈ G2 alors u ∈ U .
Remarquons que pour tout sommet u ∈ U , on a soit (x, u) ∈ X ou soit (u, v) ∈ X
où v ∈ G2 avec x, y ∈
/ U . Ainsi, d’une part on a |U | 6 |X| et d’autre part, la
suppression de tous les sommets de U dans G est équivalent à la suppression de
toutes les arêtes de X dans G. Ceci rend G non connexe. Par suite, U est un
ensemble d’articulation de G. En conclusion on a

κ(G) 6 |U | 6 |X| 6 λ(G)

Remarque 8.

L’inégalité de l’énoncé du Théorème de Whitney peut être strict. En effet dans


le graphe suivant on a κ(G) = 1 < 2 = λ(G) < 3 = δ(G).

Le théorème suivant présente un exemple de classe de graphe où on a κ(G) = λ(G).


32 Connectivité, Arbres

Théorème 7.

Pour tout graphe cubique G, on a κ(G) = λ(G).

Preuve. Soit G un graphe cubique. D’après le Théorème de Whitney on a κ(G) 6


λ(G) 6 3.

— Si κ(G) = 0 alors G est non connexe par suite κ(G) = λ(G) = 0.

— Si κ(G) = 3 alors κ(G) = λ(G) = 3.

— Si κ(G) = 1 alors il existe un sommet x un point d’articulation dans G tel que


G − x est non connexe et comme deg(x) = 3, il existe une composante de G − x qui
contient un et un seul voisin y de x. D’où l’arête (x, y) est un isthme de G. Par
suite κ(G) = λ(G) = 1.

— Si κ(G) = 2 alors il existe un ensemble d’articulation U = {x, y} tel que G − U est


non connexe. Soient G1 et G2 deux composantes de G − U .
– Si (x, y) ∈ E(G) alors x (resp. y) possède un et un seul voisin x0 (resp. y 0 ) dans
G1 . Il est clair que X = {(x, x0 ), (y, y 0 )} est un séparateur de G. D’où κ(G) =
λ(G) = 2.
/ E(G) alors soit x (resp. y) possède un et un seul voisin x0 (resp. y 0 )
– Si (x, y) ∈
dans G1 et deux voisins dans G2 et dans ce cas l’ensemble X = {(x, x0 ), (y, y 0 )} est
un séparateur de G. Soit x possède un et un seul voisin x0 dans G1 et deux voisins
dans G2 et y possède deux voisins dans G1 et un seul voisin y 0 dans G2 . Dans ce cas
l’ensemble X = {(x, x0 ), (y, y 0 )} est un séparateur de G. D’où κ(G) = λ(G) = 2.

Théorème de Menger

Définition 17.

Deux chemins sont indépendants s’ils n’ont aucun sommet en commun à part
leurs extrémités.
3.3 Arbres 33

Théorème de Menger 1927.

Théorème 8.

Soit G un graphe. Soient x et y deux sommets non adjacents de G. La taille


minimum d’un sous ensemble de sommets séparant x et y est égale au nombre
maximum de chemins deux à deux indépendants joignant x et y.

Preuve. Admis.

Corollaire 2.

Soit k > 2. Un graphe G est k-connexe (pour les sommets) si et seulement si


toute paire de sommets distincts de G est connectée par au moins k chemins
indépendants.

Preuve. Admis.

Remarque 9.

Il existe l’analogue du résultat énoncés dans le Théorème et le Corollaire de


Menger en termes d’arêtes.

3.3 Arbres
Théorème 9.

Une arête e d’un graphe G est un isthme si et seulement si e n’appartient à


aucun cycle de G.

Preuve. Si e est un isthme dans G alors G − e est non connexe. Il existe donc deux
sommets x et y qui ne sont pas connectés dans G − x mais connectés dans G. Ainsi,
34 Connectivité, Arbres

si e = (s, d) appartient à un cycle alors x et y restent connectés même si on supprime


e. Contradiction. Réciproquement, supposons que e n’est pas un isthme alors G − e est
connexe donc les deux sommets extrémités de e sont connectées par un chemin P dans
G−e. Par suite l’union de e et de P dans G forme un cycle G contenant e. Contradiction.

Remarque 10.

D’après ce théorème, il est possible d’avoir un graphe connexe dont toutes les
arêtes sont des isthmes. Cette propriété est vérifiée par une classe de graphe la
plus étudié et la plus connue dans la théorie des graphe qui sont les arbres. A
noter également que les arbres sont des graphes très populaires et très utilisés
en combinatoire, en algorithmiques et en informatique.

Définition 18.

— Un arbre est un graphe connexe sans cycle.

— Une forêt est un graphe dont chaque composante connexe est un arbre.
Autrement dit, c’est un graphe sans cycle.

Exemples particuliers :

— Chemins,

— Étoiles,

— Chenilles.

Arbre et une forêt


3.3 Arbres 35

chemin, étoile et une chenille

Théorème 10.

Un graphe G est un arbre si et seulement si tout couple de sommets est connecté


par un chemin et un seul.

Preuve. Si G est un arbre alors G est connexe et tout couple de sommets est connecté
par au moins un chemin. Par ailleurs, supposons qu’il existe un couple de sommets
(x, y) connecté par deux chemins différents, dans se cas G contient un cycle, ce qui est
impossible. Réciproquement, si G est un graphe dans lequel tout couple de sommets est
connecté par un chemin et un seul. Alors, d’une part, G est connexe et d’autre part, G
ne peut pas contenir un cycle, autrement il y aura au moins deux sommets connectés par
deux chemins.

Corollaire 3.

Un arbre d’ordre n > 2 admet au moins deux sommets pendants (ou feuilles).
Dans un arbre, en appelant sommets pendant ou feuille un sommet qui n’est
adjacent qu’à un seul sommet.
36 Connectivité, Arbres

Preuve. Le précédent théorème permet de remarquer que tous les sommets d’un arbre
de degré au moins deux sont des points d’articulations. Toutefois, on sait qu’un graphe
connexe non trivial contient au moins deux sommets qui ne sont pas des points d’articu-
lations. D’où le corollaire.
Théorème 11.

Si G est un arbre d’ordre n et de taille m alors m = n − 1.

Preuve. Soit G un arbre d’ordre n et de taille m. G est donc un graphe connexe sans
cycle. Ainsi, d’une part, G est connexe implique que m > n − 1 (Voir proposition dans
chapitre 2) et d’autre part, G est acyclique (sans cycle) implique m 6 n − 1 (Voir TD2
exercice 7). D’où le résultat.

Corollaire 4.

Si G est une forêt d’ordre n, de taille m et possède k composantes alors m = n−k.

Proposition 8.

Si G est un arbre d’ordre n > 3 ayant ni sommets de degré i alors

n1 = 2 + n3 + 2n4 + · · · + (∆(G) − 2)n∆(G)

∆(G) ∆(G)
X X X
Preuve. deg(v) = ini = 2m = 2(n − 1) = 2 ni − 2. Ceci donne n1 = 2 +
v∈V i=1 i=1
∆(G)
P
(i − 2)ni .
i=2

Remarque 11.

La réciproque du précédent théorème n’est pas toujours vrais. Autrement, Si G


est un graphe d’ordre n et de taille m tel que m = n − 1 n’implique pas que G
est un arbre. Proposer un contre exemple.
3.3 Arbres 37

Pour que la réciproque du précédent théorème soit vraie, il faut ajouter plus d’hypothèses.
Ainsi,
Théorème 12.

Soit G un graphe d’ordre n et de taille m. Si G est sans cycle et m = n − 1 alors


G est un arbre.

Preuve. Il reste à montrer que G est connexe. Supposons le contraire. Soient G1 , G2 ,...,
Gk k > 1 composantes connexes de G où chaque composante Gi est d’ordre ni et de
taille mi . Par ailleurs, chaque composante Gi est un arbre c-à-d G est une forêt de k
composantes. Par suite, m = n − k = n − 1. D’où, k = 1 c-à-d G est connexe.
Théorème 13.

Soit G un graphe d’ordre n et de taille m. Si G est connexe et m = n − 1 alors


G est un arbre.

Preuve. Supposons le contraire c-à-d G est graphe connexe d’ordre n, de taille m et


m = n − 1 tel que G n’est pas un arbre. Alors G est contient au moins un cycle. Soit
G0 le graphe partiel de G obtenu en supprimant une arête de chaque cycle de G. Le
graphe G0 est donc un arbre (sans cycle et connexe) d’ordre n et de taille m0 < m. D’où
m > m0 = n − 1. Contradiction.
Corollaire 5.

Si G est un graphe d’ordre n et de taille m. Alors les propriétés suivantes sont


équivalentes :

— G connexe et G est sans cycle,

— G connexe et m = n − 1,

— G est sans cycle et m = n − 1,

Preuve. Application immédiate des précédentes théorèmes.


38 Connectivité, Arbres

3.4 Arbre couvrant d’un graphe


Définition 19.

— Un arbre couvrant d’un graphe G est le sous graphe partiel de G obtenu


en supprimant tous les cycles dans G.

— Autrement dit, un arbre couvrant d’un graphe G = (V, E) est l’arbre


construit à partir des arêtes de G et contient tous les sommets de G.

Théorème 14.

Un graphe G admet un arbre couvrant si et seulement si G est connexe.

Preuve. Si G admet un arbre couvrant alors G est connexe. Réciproquement, supposons


que G est connexe et soit C(G) l’ensemble des sous graphes partiels et connexes de G.
C(G) est non vide car G est un sous graphe partiel de lui même. Soit H un sous graphe
partiel connexe de G minimal pour le nombre d’arêtes. Si H contient un cycle C et e
une arête de C alors H − e est connexe et sous graphe partiel de G. Ceci contredit la
minimalité de H. Ainsi, H est un sous graphe partiel connexe sans cycle de G c-à-d H
est un arbre couvrant de G.
Chapitre 4

Graphes Eulériens et
Hamiltoniens

4.1 Graphes Eulériens

Remarque 12.

Dans la définition suivante, un chemin désigne une chaı̂ne allant d’un sommet
vers un autre.
40 Graphes Eulériens et Hamiltoniens

Définition 20.

Soit G = (V, E) un graphe (ou multigraphe).

— Un chemin est dit Eulérien si il emprunte une fois et une fois seulement
chaque arête de G.

— Un cycle Eulérien est un chemin Eulérien dont les extrémités coı̈ncident.

— Un graphe Eulérien est un graphe possédant un cycle Eulérien.

— Un chemin (ou cycle) Eulérien peut bien passer plus d’une fois par un
même sommet.

— On peut définir les mêmes notions pour les graphes orientés.

Exemple :

2 5 6 2

3 5

1 4 4 3

Gauche : (1, 2, 3, 1, 4, 5, 2) chemin Eulérien. Droite : (1, 2, 3, 4, 2, 6, 5, 4, 6, 1) cycle Eulérien.

Exercice :

Est-il possible de réaliser ce dessiner sans lever la craie ou le crayon ? Formuler autrement
la question.
4.1 Graphes Eulériens 41

4.1.1 Propriété

Théorème 15.

Un graphe connexe est Eulérien si et seulement si tous ses sommets ont un degré
pair.

Preuve. — Soit G un graphe connexe Eulérien. G possède donc un cycle C = (x0 , x1 , · · · , xm )


qui passe une fois et une seule par chaque arête de G. Par ailleurs, C peut passer
plusieurs fois par le même sommet. Ainsi, chaque sommet xi de G peut figurer
k > 1 fois dans C. Par conséquent, d(xi ) = 2k.

— Réciproquement, soit G un graphe connexe dont les sommets sont tous de degré
pair. Soit P = (x0 , x1 , · · · , xp ) la plus longue chaı̂ne (non élémentaire c-à-d on peut
passer plusieurs fois par le même sommet) dans G où chaque arête est empruntée
une et une seule fois. Puisque tous les sommets de G sont supposés de degré pair,
xp doit avoir x0 comme voisin autrement le chemin P ∪ (xp , xi ) avec i 6= 0 est plus
long que P contradiction. Ainsi, C = (x0 , x1 , · · · , xp , x0 ) est un cycle dans G. Si
C n’est pas un cycle Eulérien dans G et comme G est connexe alors il existe dans
G une arête e = (xi , y), avec y 6= xi pour tout 0 6 i 6 p, non empruntée par C
mais incident d’un sommet de C. On aura donc un chemin (xi+1 , xi+2 , · · · , xi , y)
plus long que le chemin P contradiction.

Exemple et Exercice :

— Dessiner 4 graphes Eulériens (autre que les cycles) d’ordre > 5.

— Les hypercubes de dimension n sont-ils des graphes Eulériens ?

— Les graphes complets sont-ils des graphes Eulériens ?

— Dessiner quelques graphes bipartis qui sont Eulériens.


42 Graphes Eulériens et Hamiltoniens

Corollaire 6.

Un graphe connexe possède un chemin Eulérien si et seulement si le nombre de


sommets de degré impair est égal à 0 ou 2.

Preuve. — Soit G un graphe connexe contenant un chemin Eulérien P = (x0 , x1 , · · · , xp ).


Soit G0 = G ∪ (x0 , xp ) le graphe obtenu en ajoutant l’arête (x0 , xp ) à G. Ainsi,
C = (x0 , x1 , · · · , xp , x0 ) est un cycle Eulérien de G0 . D’après le théorème précédent,
tous les sommets de G0 sont de degré pair. Comme dG0 (x0 ) = dG (x0 ) + 1, le degré
de x0 dans G est impair. De même pour le sommet xp .

— Soient x et y les seuls sommets de degré impair dans G. Soit H un graphe obtenu
en ajoutant à G un sommet z et les deux arêtes (x, z) et (y, z). Il est clair que H est
un graphe connexe dont tous les sommets sont de degré pair. D’après le théorème
précédent, H est un graphe Eulérien possédant un cycle C passant par toutes les
arêtes de H une et une seule fois. Ainsi, C − {(x, z), (z, y)} est un chemin Eulérien.

Exemple et Exercice :

— Dessiner 4 graphes possédant des chemins Eulériens d’ordre > 5.

— Les hypercubes de dimension n possèdent t-ils des chemins Eulériens ?

— Les graphes complets possèdent t-ils des chemins Eulériens ?

— Dessiner quelques graphes bipartis qui possèdent des chemins Eulériens.

4.1.2 Application

Problème des ponts de Königsberg


La ville de Königsberg (Kaliningrad) comprenait 4 quartiers, séparés par un fleuve. 7
ponts permettent de relier ces quartiers. Les habitants de Königsberg se demandaient
s’il était possible de faire une promenade qui emprunte chacun des sept ponts une fois
et une seule (et revient à son point de départ) ?
4.1 Graphes Eulériens 43

Modélisation
La figure des 7 ponts suivante

peut être représenté simplement par la figure suivante

et cette figure peut être modélisée par le graphe suivant

A
D

Réponse

Puisque le graphe obtenu n’est pas eulérien, la réponse au problème des 7 ponts est non.

4.1.3 Algorithme de Fleury

Algorithme de Fleury est présenté sous la forme du théorème suivant et fourni une
méthode qui permet de construire un cycle Eulérien dans un graphe Eulérien.
44 Graphes Eulériens et Hamiltoniens

Théorème 16.

Soit G un graphe Eulérien. L’algorithme suivant permet de construire un cycle


Eulérien dans G.

— Commencer d’un sommet x quelconque et choisir une arête incidente du


sommet x.

— Choisir au hasard les arêtes qui doivent être empruntées.

— Les arêtes prioritaires sont les arêtes qui ne sont pas des isthmes.

— Un isthme est choisi s’il n’existe aucune autre possibilité.

— Chaque arête traversée doit être supprimée.

— Un sommet isolé doit être supprimé.

Preuve. Admis

Exemple et exercice : Trouver un cycle Eulérien dans le graphe suivant en appliquant


l’algorithme de Fleury.
1 1

6 2 6 2

5
5 3

4 4 3

4.1.4 Exercices d’applications

1. Supposons que le réseau des bus à Safi est organisé de la manière suivante :

— De la station ”Centre ville” partent 9 lignes.

— De la station ”Faculté” ne part qu’une seule ligne.

— De toutes les autres stations partent 2 lignes.

Est-il possible de se rendre en bus de la station ”Centre ville” à la station ”Faculté”


en empruntant une seule et une fois toutes les lignes.
4.2 Graphes Hamiltoniens 45

2. On considère le plan d’un musée de cinq salles S1, S2, S3, S4 et S5. L’extérieur
du musée est désigné par E. La communication entre les salles et avec l’extérieur
se fait par l’intermédiaire des portes. Est-il possible pour une personne de visiter
l’ensemble des salles en traversant toutes les portes une et une seule fois ? Noter
que le visiteur peut se retrouver à l’intérieur ou à l’extérieur du musée.

S1 S2

S5 S4 S3

4.2 Graphes Hamiltoniens

Définition 21.

Soit G = (V, E) un graphe.

— Un chemin est dit Hamiltonien si il emprunte une fois et une fois seulement
chaque sommet de G.

— Un cycle Hamiltonien est un chemin Hamiltonien dont les extrémités


coı̈ncident.

— Un graphe Hamiltonien est un graphe possédant un cycle Hamiltonien.

— On peut définir les mêmes notions pour les graphes orientés.


46 Graphes Eulériens et Hamiltoniens

Remarque 13.

— Un graphe Hamiltonien est d’ordre au moins 3.

— Un graphe Hamiltonien possède toujours un chemin Hamiltonien.

— Un graphe contenant un chemin Hamiltonien n’est pas toujours Hamilto-


nien (voir exemple ci-après).

— Les graphes complets sont Hamiltoniens.

— Un graphe Eulérien n’est pas toujours Hamiltonien (voir exemple ci-après).

— Un graphe Hamiltonien n’est pas toujours Eulérien (voir exemple ci-après).

Exemple :

— Le 1er graphe est Hamiltonien. Le second est un graphe contenant un chemin


hamiltonien (1,2,3,4,5,6,7,8,9,10) mais il n’est pas hamiltonien. Le 3 ème est un
graphe non Hamiltonien et ne contenant aucun chemin Hamiltonien.

1 2 3 4 5 6 1

7 2
8

9 3
6
10
13 12 11 10 9 8
5 4

— Le 1er graphe est Eulérien mais il n’est pas Hamiltonien. Le second est un graphe
Hamiltonien mais il n’est pas Eulérien.
4.2 Graphes Hamiltoniens 47

4.2.1 Exemple de problèmes

— Voyage fermé autour du monde (Hamilton 19 ème siècle) : Supposons que sur la
terre, représentée par dodécaèdre régulier (polyèdre à 12 faces pentagonales et à
20 sommets), il y a 20 villes représentées par les sommets du dodécaèdre. On se
propose de passer une fois et une seule par chacune de ces villes et de revenir à
son point de départ, en utilisant seulement les arêtes du dodécaèdre. Ce problème
revient à chercher un cycle Hamiltonien pour le graphe représentant le dodécaèdre.

— Problème du parcours du cavalier (Euler 1759) : Un cavalier peut-il parcourir les 64


cases de l’échiquier une fois et une seule, en partant de n’importe laquelle et peut-il
revenir au point de départ ? Ce problème revient à chercher un cycle Hamiltonien
pour le graphe dont les sommets représentent les cases de l’échiquier et les arêtes
représentent les mouvements possibles qu’un cavalier peut avoir dans l’échiquier.
Théorème (B. McKay, 1997) Il existe 13267364410532 cycles différents ! ! !

— Un voyageur de commerce doit visiter n villes x1 , x2 , · · · , xn données en passant


par chaque ville exactement une fois. Il commence par une ville quelconque (par
exemple la ville x1 ) et termine à la ville de départ. La distance dij entre deux
villes xi et xj est connue. Quel chemin faut-il choisir afin de minimiser la distance
parcourue ? Ce problème revient à chercher un cycle hamiltonien dans le graphe
48 Graphes Eulériens et Hamiltoniens

complet Kn construit sur l’ensemble des sommets (villes). Les arêtes étant munies
des distances dij .

4.2.2 Conditions nécessaires


Théorème 17.

Si G = (V, E) est un graphe Hamiltonien alors pour tout ensemble non vide
S ⊆ V on a
c(G − S) 6 |S|

où c(G − S) est le nombre de composantes connexes de G − S.

Preuve. Soit S ⊆ V et S 6= ∅.

— Si G − S est connexe alors c(G − S) = 1 6 |S|, le résultat est trivial.

— Supposons que c(G − S) = k > 2 c-à-d G − S = G1 ∪ · · · ∪ Gk où Gi des com-


posantes connexes de G − S. G contient un cycle Hamiltonien C car G est un
graphe Hamiltonien. Notons, sans perte de généralité, xji où i ∈ {1, · · · , k} et
j ∈ {1, · · · , pi } le jème sommet de la ième composantes connexes Gi visité par
le cycle C. Soit xpi i le dernier sommet de Gi visité par C et soit yi le sommet voisin
de xpi i dans le cycle C. On a yi ∈
/ Gi et yi n’appartient à aucune autre compo-
sante connexe Gj (1 6 j 6= i 6 k). Donc, yi ∈ S. D’où, S ⊇ {y1 , · · · , yk }. Ainsi,
|S| > |{y1 , · · · , yk }| = k = c(G − S).

Remarque 14.

Ce théorème peut être utilisé pour vérifier que certains graphes ne sont pas
Hamiltoniens.

texte
texte
4.2 Graphes Hamiltoniens 49

texte
Exercice : Les graphes suivants sont-il Hamiltoniens ?

Proposition 9.

La réciproque du théorème précédent n’est pas toujours vraie.

Preuve. Le graphe de Petersen G = (V, E) n’est pas Hamiltonien portant pour tout
ensemble non vide S ⊆ V on a c(G − S) 6 |S| (à vérifier en exercice). En effet, nous
allons montrer que G n’est pas Hamiltonien. Si on suppose que G est Hamiltonien alors
G contient un cycle Hamiltonien C = (x1 , · · · , x10 , x1 ). Comme G est un graphe cubique,
x1 doit être voisin avec un et un seul sommet parmi (x2 , · · · , x9 ) mais rappelons que la
maille du graphe de Petersen est 5. Donc x1 doit être voisin avec un et un seul sommet
parmi (x5 , x6 , x7 ) sinon on aura des cycles de taille inférieure à 5. Pour les mêmes
raisons x10 doit être voisin avec un et un seul sommet parmi (x4 , x5 , x6 ).

— Si x1 est voisin avec x5 alors on a soit (x1 , x5 , x4 , x10 , x1 ), soit (x1 , x5 , x6 , x10 , x1 )
des cycles de taille 4 ou soit (x1 , x5 , x10 , x1 ) un cycle de taille 3 dans G. Impossible.

— Si x1 est voisin avec x6 alors x10 doit être voisin qu’avec x4 sinon on aura des
cycles de taille 3 ou de taille 4 notamment (x1 , x6 , x10 , x1 ) ou (x1 , x6 , x10 , x5 , x1 ).
Pour les mêmes raisons, pour ne pas avoir des cycles de taille 3 ou 4, x2 doit être
voisin avec x8 . Finalement, on remarque que x3 est de degré 2 dans C mais il ne
pas être voisin avec aucun sommet de G, sinon on aura des cycles de taille 3 ou 4.
Impossible.

— x1 ne peut pas être voisin avec x7 car il suffit d’utiliser les mêmes arguments que
50 Graphes Eulériens et Hamiltoniens

les cas précédents.


En conclusion, un graphe de Petersen n’est pas un graphe Hamiltonien.
Corollaire 7.

Si G est un graphe Hamiltonien alors G est 2-connexe.

Preuve. Soit S un séparateur de G. On a c(G − S) > 2. Comme G est un graphe


Hamiltonien, d’après le théorème précédent, on a 2 6 c(G − S) 6 |S|. Ainsi κ(G) > 2.
Par conséquent, G est 2-connexe.

4.2.3 Conditions suffisantes

Le théorème de Dirac (1952) suivant permet de donner une condition suffisante pour
qu’un graphe soit hamiltonien.
Théorème 18.
n
Si G est un graphe d’ordre n > 3 tel que δ(G) > , alors G est un graphe
2
Hamiltonien.

Preuve. Si G = (V, E) est non connexe alors G possède au moins deux composantes
n n
connexes G1 et G2 . Supposons que |G1 | 6 |G2 | on a donc |G1 | 6 et 6 ∆(G1 ) 6
2 2
n
− 1 absurde. Par conséquent, G est connexe. Puisque G est connexe, considérons
2
P = (x0 , · · · , xk ) le plus long chemin dans G. Ainsi, si x est un voisin de x0 alors
x ∈ {x1 , · · · , xk }. De même si y est un voisin de xk alors y ∈ {x0 , · · · , xk−1 }. L’idée de
la preuve est de trouver un cycle passant par tous les sommets de G une et une seule
fois. Pour ceci, si on a un indice i tel que (x0 , xi+1 ) ∈ E et (xi , xk ) ∈ E alors on peut
avoir un cycle C = (x0 , x1 , · · · , xi , xk , xk−1 , · · · , xi+1 , x0 ).

x0 x1 x2 xi xi+1 xk-1 xk
4.2 Graphes Hamiltoniens 51

Supposons que pour tout i ∈ {0, · · · , k − 1} on a (x0 , xi+1 ) ∈ E et (xi , xk ) ∈


/ E et pour
tout i ∈ {0, · · · , k − 1} on a (xi , xk ) ∈ E et (x0 , xi+1 ) ∈
/ E. Soit I = {i ∈ {0, · · · , k −
n n
1}|(x0 , xi+1 ) ∈ E} et J = {i ∈ {0, · · · , k−1}|(xi , xk ) ∈ E}. On a d(x0 ) > et d(xk ) >
2 2
(car tous les voisins de x0 ou de xk sont dans le chemin P, autrement P n’est pas le plus
n n
long chemin dans G). D’où |I| > et |J| > . Par ailleurs, on a I ⊂ {0, · · · , k − 1}
2 2
et J ⊂ {0, · · · , k − 1} d’où I ∪ J ⊂ {0, · · · , k − 1} par suite |I ∪ J| 6 k < n. Soit
i ∈ I ∩ J, on a i ∈ {0, · · · , k − 1} et (x0 , xi+1 ) ∈ E et (xi , xk ) ∈ E contradiction avec
n n
l’hypothèse. Ainsi, I ∩J = ∅. D’où |I ∪J| = |I|+|J| > + = n absurde avec le fait que
2 2
|I ∪ J| < n. Par conséquent, il existe un indice i tel que (x0 , xi+1 ) ∈ E et (xi , xk ) ∈ E ce
qui donne l’existence d’un cycle C = (x0 , x1 , · · · , xi , xk , xk−1 , · · · , xi+1 , x0 ) qui passe une
et une seule fois par ces sommets. Si C n’est pas Hamiltonien alors il existe un sommet
y n’appartenant pas au cycle C. Or, G est connexe il existe donc j tel que (xj , y) ∈ E
ceci nous permet d’avoir un chemin plus long que P. Contradiction. Par suite C est
Hamiltonien.

Le théorème d’Ore (1960) c’est comme une condition suffisante plus générale que le
théorème de Dirac pour avoir un graphe hamiltonien.

Théorème 19.

Soit G = (V, E) un graphe d’ordre n > 3 et soient x et y deux sommets tels


que d(x) + d(y) > n, alors G est un graphe Hamiltonien si et seulement si
G + (x, y) = (V, E ∪ {(x, y)} est Hamiltonien.

Preuve. — Si (x, y) ∈ E il n’y a rien à montrer. Ainsi, dans la suite on suppose que
(x, y) ∈
/ E.

— Si G est Hamiltonien alors G + (x, y) est Hamiltonien. Le résultat est trivial.

— Si G + (x, y) est Hamiltonien alors G + (x, y) possède un cycle Hamiltonien. Si


ce cycle ne passe pas par (x, y) alors il est clair que G est hamiltonien. Soit C =
(x = x1 , x2 , · · · , xn−1 , xn = y, x) le cycle Hamiltonien dans G + (x, y) passant par
52 Graphes Eulériens et Hamiltoniens

(x, y). L’idée de la preuve est similaire à celle du théorème de Dirac. En effet,
pour montrer que G est hamiltonien, il suffit de montrer qu’il existe un indice i tel
que (x, xi+1 ) ∈ E et (xi , y) ∈ E. Supposons que pour tout i ∈ {2, · · · , n − 2} on
a (x, xi+1 ) ∈ E et (xi , y) ∈
/ E et pour tout i ∈ {2, · · · , n − 2} on a (xi , y) ∈ E et
(x, xi+1 ) ∈
/ E. Soit I = {i ∈ {2, · · · , n − 2}|(x, xi+1 ) ∈ E} et J = {i ∈ {2, · · · , n −
2}|(xi , y) ∈ E}. Remarquons que I 6= ∅, en effet si x2 est le seul voisin de x alors
y possède n − 1 voisin parmi {x2 , · · · , xn−1 } (car d(x) + d(y) > n). Impossible. De
même pour y. Si i ∈ I ∩ J alors (x, xi+1 ) ∈ E et (xi , y) ∈ E ceci contredit notre
hypothèse. D’où I ∩ J = ∅. Ainsi, |I ∪ J| = |I| + |J| > n (car d(x) + d(y) > n).
Par ailleurs, I ∪ J ⊆ {2, · · · , n − 2} c-à-d |I ∪ J| < n absurde. Par conséquent,
C 0 = (xi , y, xn−1 , · · · , xi+1 , x, x2 , · · · , xi ) est un cycle Hamiltonien dans G. D’où le
résultat.

x x2 xi xi+1 xn-1 y

Corollaire 8.

Soit G un graphe d’ordre n > 3 si pour tout couple de sommets x et y non


adjacents on a d(x) + d(y) > n, alors G est un graphe Hamiltonien.

Preuve. L’idée de la preuve consiste à ajouter des arêtes entre les sommets non adja-
cents de G de sorte à obtenir un graphe complet qui est Hamiltonien. Signaler que malgré
l’ajout des arêtes on aura toujours d(x) + d(y) > n pour tout couple de sommets x et y.
Ainsi, l’application du théorème d’Ore, le graphe G est Hamiltonien.
Chapitre 5

Colorations de graphes

5.1 Présentation

5.1.1 Le théorème des quatre couleurs

Le théorème des quatre couleurs est l’un des résultats les plus célèbres de mathématiques
discrètes et l’un des plus simples à poser. Il a contribué amplement au développement de
la théorie des graphes, il est resté une conjecture pendant plus d’un siècle (1852-1976).

Théorème 20.

Peut-on colorer toute carte géographique avec quatre couleurs de sorte que deux
régions voisines soient de couleurs différentes ?

Exemple :

— Une surface colorée avec 3 couleurs.


54 Colorations de graphes

— Une surface colorée avec 4 couleurs.

5.1.2 Historique du problème

— 1852, Francis Guthrie, cartographe anglais, pose le problème sans le publié,

— 1878, Cayley, le publie dans la société Mathématique de Londres.

— 1879, Kempe trouve une prmière preuve de la conjecture,

— onze ans plus tard Heawood y trouvera une faille majeure.

— 1880, une seconde preuve proposée par Tait qui sera de même réfutée par Petersen
en 1891.

— Depuis cette époque, on ne parvenait ni à démontrer la conjecture, ni à en trouver


un contre-exemple.

— 1913, Birkhoff, démontre la conjecture pour toutes les cartes comportant moins de
26 régions à colorer.

— Finalement, en 1976, Appel et Haken, montrent qu’une carte nécessitant 5 couleurs


n’existe pas, ce qui répond par l’affirmative à la conjecture des 4 couleurs.

5.1.3 Modélisation par les graphes

— Carte → Graphe

— Région → Sommets

— Deux régions voisines → arêtes

— Colorer une région → attribuer une couleur au sommet correspondant

Exemple : Une carte modélisée par un graphe


5.1 Présentation 55

Remarque 15.

Notons que deux arêtes ne se coupent pas en dehors de leurs sommets


d’extrémités. Le graphe obtenu s’appelle un graphe planaire.
56 Colorations de graphes

5.2 Définitions et propriétés

5.2.1 Coloration
Définition 22.

Colorer un graphe, c’est colorer les sommets (ou arêtes) de ce graphe de telle
façon que deux sommets (arêtes) adjacent(e)s aient des couleurs différentes.
Cette coloration est dite coloration propre ou aussi coloration simple. Formelle-
ment,
on définit une coloration d’un graphe G = (V, E) par une fonction : f : X →
{1, 2, ..., m} telle que pour tout (x, y) ∈ X 2 , si x 6= y et x et y sont adjacents
alors f (x) 6= f (y). Notons que :

— Si X = V , f est une coloration de sommets de G.

— Si X = E, f est une coloration d’arêtes de G.

Si le nombre de couleurs utilisées par f est au plus k, on dit que f est une
k-coloration de G. Une coloration est dite optimale si elle utilise un nombre
minimum de couleurs. Le nombre chromatique du graphe G est le plus petit
nombre de couleurs par une coloration de sommets de G. On le désigne par
χ(G).
L’indice chromatique de G, noté q(G) ou χ0 (G), est le plus petit nombre possible
de couleurs utilisées par une coloration d’arêtes de G.

5.2.2 Propriétés

Après une coloration d’un graphe G on a les propriétés suivantes :

— Chaque sous ensemble de sommets de même couleur forme un stable.

— On voit facilement que le taille de la clique maximale est un minorant du nombre


chromatique : pour tout graphe ω(G) ≤ χ(G).

— L’indice chromatique d’un G peut être définit comme le nombre chromatique de


5.3 Quelques résultats 57

son graphe dual G∗ . Notons que le graphe dual G∗ d’un graphe G est un graphe
dont les sommets sont les arêtes de G et deux sommets sont reliés par une arête
dans G∗ si les arêtes correspondantes dans G sont adjacentes.

Exemple : Le graphe G, étiqueté de 1 à 5, suivant admet une coloration de 3 couleurs


et remarquons que ω(G) = 3 par conséquent χ(G) = 3.

5 2

4 3

5.3 Quelques résultats

Dans la suite, G désigne un graphe d’ordre n et de taille m et les résultats présentés sont
tous admis.

Proposition 10.

1 6 χ(G) 6 n

Preuve. Il suffit d’attribuer une couleur différente pour chaque sommet.

Théorème 21.

Si H est un sous graphe de G alors

χ(H) 6 χ(G)

Preuve. Si G admet une coloration minimale avec χ(G) alors cette coloration est valide
pour le sous graphe H par conséquent χ(H) 6 χ(G).
58 Colorations de graphes

Corollaire 9.

ω(G) 6 χ(G)

Preuve. Une application immédiate du théorème 21.

Proposition 11.

Si G = G1 ∪ G2 ∪ · · · ∪ Gk alors

χ(G) = max{χ(Gi )| 1 6 i 6 k}

Preuve. Une coloration minimal de chaque composante Gi donne le résultat.

Proposition 12.

G est complet si et seulement si χ(G) = n.

Preuve. Si G est complet alors chaque sommet doit avoir sa propre couleur, c-à-d
χ(G) = n. Réciproquement si χ(G) = n alors G admet une coloration minimale où
chaque sommet a sa propre couleur. Si G n’est pas complet alors il existe au moins deux
sommets x, y de G non adjacents par conséquent on peut avoir une coloration qui permet
d’attribuer une seule couleur à x et y et le reste des sommets peuvent avoir des couleurs
différente. Ainsi, cette coloration est valide et nécessite n − 1 couleurs, contradiction.

Proposition 13.

G est biparti si et seulement si χ(G) = 2.

Preuve. Si G est biparti alors V (G) = V1 ∪V2 où V1 et V2 est une partition de V (G) et où
il n’y a pas d’adjacence entre les sommets de chaque partition. Ainsi, il suffit d’attribuer
5.3 Quelques résultats 59

la couleur 1 aux sommets de V1 et la couleur 2 aux sommets de V2 . Réciproquement, si


χ(G) = 2 alors on partitionne V (G) en V1 le sous ensemble de sommets ayant la couleur
1 et V2 le sous ensemble de sommets ayant la couleur 2. Il est facile de constater qu’il
n’y a pas d’adjacence entre les sommets de chaque partition.

Proposition 14.

Si G = Cn est un cycle de taille n alors



2 si n est pair

χ(Cn ) =

3 si n est impair

Si G contient un cycle impair alors

χ(G) > 3

Preuve. Si n est pair alors Cn est un graphe biparti par conséquent χ(Cn ) = 2. Si n est
impair alors Cn n’est pas biparti (un graphe biparti ne contient aucun cycle impair) d’où
χ(Cn ) > 2 et comme Cn admet une coloration avec 3 couleurs (les sommets de x1 · · · xn−1
sont colorés par la couleur 1 pour les indices impair et la couleur 2 pour les indices pair
et le sommets xn est coloré par la couleur 3).
Si G contient un cycle impair alors χ(G) > 3, il suffit d’appliquer le théorème 21.

Théorème 22.

n
6 χ(G) 6 n − α(G) + 1
α(G)
où α(G) désigne le nombre de stabilité de G c-à-d la taille maximale des stables
de G.

Preuve. D’une part, on attribue la couleur 1 au sommets du stable maximal de G et


pour le reste des sommets on leur affecte chacun une couleur différente. Ainsi, le nombre
60 Colorations de graphes

totale de couleurs utilisées pour colorer tous les sommets de G est 1 + n − α(G) par
conséquent χ(G) 6 n − α(G) + 1.
D’autre part, une coloration minimale de sommets de G utilise χ(G) couleurs et permet
de partitionner G en χ(G) stables Si associés chacun à une couleur i. Comme |Si | 6 α(G)
n
pour tout 1 6 i 6 χ(G), on aura n 6 χ(G)α(G), par suit 6 χ(G).
α(G)

Théorème 23.
r
1 1
χ(G) 6 + 2m +
2 4

Preuve. Une coloration minimale de sommets de G utilise k = χ(G) couleurs. G possède


donc au moins une arête entre chaque deux couleurs différentes. Donc, m > 2k(k − 1).
La résolution cet inéquation donne le résultat.

Théorème 24.

Si k = max{δ(H)| H graphe partiel de G} alors

χ(G) 6 k + 1

Preuve. Exercice

Théorème de Brooks (1941)


Théorème 25.

Si G est un graphe quelconque alors

χ(G) 6 ∆(G) + 1

Si G est connexe et n’est ni complet ou ni un cycle impaire alors

χ(G) 6 ∆(G)
5.4 Coloration de graphe planaire 61

Preuve. Exercice

5.4 Coloration de graphe planaire


Définition 23.

Un graphe planaire est un graphe représenté dans le plan sans qu’aucune arête
n’en coupe une autre. Les régions connexes en lesquelles le plan se trouve partagé
par ce graphe s’appellent les faces. Chaque face est délimitée par un cycle du
graphe, qui a 3, 4, ... arêtes.

Formule d’Euler
Théorème 26.

Soit G un graphe planaire connexe d’ordre n et de taille m. Si f est le nombre


de faces de G alors
n−m+f =2

Preuve. Utilisons une récurrence sur m. Si m = 0 alors n = 1 et f = 1 alors n−m+f =


2.
Supposons que pour tout entier m > 0 tel que si H est un graphe planaire (supposé
connexe) d’ordre n et de taille m0 < m contenant f faces, alors n − m + f = 2. Soit G
un graphe planaire connexe d’ordre n, de taille m et de f faces.

— Si G est un arbre alors m = n − 1 et f = 1 par suite n − m + f = 2.

— Si G n’est pas un arbre, alors G contient au moins une arête e qui n’est pas un
isthme c-à-d e sépare deux faces. Ainsi, G − e est le graphe obtenu à partir de G
en supprimant e et en fusionnant les deux faces séparée par e en une seule face.
Notons que G − e est un graphe d’ordre n, de taille m − 1 et de face f − 1. Par
hypothèse de récurrence, on a n − (m − 1) + (f − 1) = 2 c-à-d n − m + f = 2.
62 Colorations de graphes

Théorème 27.

Si G est un graphe planaire d’ordre n ≥ 3 et de taille m alors m 6 3n − 6.

Preuve. Si G est un graphe d’ordre 3 alors m 6 3 et m 6 3n − 6.


Soit G un graphe planaire connexe (sinon, on applique la même procédure pour ses com-
posantes connexes) d’ordre n ≥ n et de taille m et de f faces. D’après la formule d’Euler
n − m + f = 2. Soit F1 , · · · , Ff l’ensemble des faces de G. Notons mi le nombre D ?arêtes
d’une face Fi . Remarquons que mi > 3 et que chaque arête fait partie de deux faces. Ainsi,
on a
f
X
3f 6 mi 6 2m
i=1
d’où 6 − 3n + 3m 6 2m et m 6 3n − 6.

Proposition 15.

Un graphe planaire possède toujours un sommet x tel que d(x) 6 5.

Preuve. Soit G un graphe planaire d’ordre n > 6 et de taille m. Si δ(G) > 6 alors
P
2m = d(x) > 6n c-à-d m > 3n. Contradiction avec le théorème 27.
x∈V (G)

Théorème (Heawood)
Théorème 28.

Tout graphe planaire G est 5-colorable c-à-d χ(G) 6 5.

Preuve. Admis.

Théorème (Grötzsch 1959)


Théorème 29.

Tout graphe planaire ne contenant pas de triangle est 3-colorable.


5.4 Coloration de graphe planaire 63

Théorème des 4 couleurs


Théorème 30.

Tout graphe planaire est 4-colorable.

Preuve. Admis.
64 Colorations de graphes
Chapitre 6

Exercices

1. Existent-t-ils des graphes dont les sommets ont pour degré les séquences suivantes ?
Si la réponse est oui, dessiner le graphe correspondant. (a) 1,2,2,3,4,7 (b) 1,2,3,4,4
(c) 2,3,4,8,3 (d) 0,3,3,3,3,3,3,3,3 (e) 1,1,3,3,4,5,6,7 (f) 1,1,3,4,5,6 (g) 3,3,4,4,6,6,6,8

2. Donner la taille d’un graphe d’ordre 6 ayant 4 sommets de degré 2 et deux sommets
de degré 4. Dessiner ce graphe.

3. Soit G un graphe d’ordre 10, de taille 11 et dont les sommets sont de degré 2 ou 3.
Donner le nombre de sommets de degré 2 et de degré 3. Dessiner le graphe G.

4. Est-t-il possible de construire un graphe d’ordre 10 et de taille 50 ?

5. Un graphe d’ordre 4 peut-il avoir un sommet de degré 1 et 3 sommets de degré 3 ?

6. Existe t-il un graphe d’ordre 4 et de taille 7 ? Justifier votre réponse.

7. Soit G un graphe d’ordre 6, de taille 7 et dont les sommets sont de degré 2 ou 3.


Donner le nombre de sommets de degré 2 et de degré 3. Dessiner le graphe G.

8. Montrer que dans un réseau social, il y a toujours deux individus ayant le même
nombre de contacts présents.
(a) Un hypercube de dimension n noté Hn (appelé aussi n-cube) est un graphe
dont les sommets sont des ensembles de n-uplets de {0, 1}. Deux sommets sont
adjacents si et seulement si les n-uplets correspondants diffèrent en exactement
une coordonnée.
66 Exercices

i. Dessiner H1 , H2 , H3 , H4 .

ii. Déterminer l’ordre de Hn .

iii. Montrer que Hn est un graphe régulier. Déduire la taille de Hn .

9. Soit n, r deux entiers tels que 2r 6 n. Un graphe de Johnson J(n, r) est un graphe
dont les sommets sont les parties à r éléments d’un ensemble à n éléments, deux
sommets étant adjacents lorsque les sous ensembles correspondants ont exactement
r − 1 éléments communs.

(a) Dessiner J(5, 1) et J(4, 2).

(b) Donner la classe des graphes J(n, 1).

(c) Dessiner J(5, 2) le complémentaire de J(5, 2).

(d) Déterminer l’ordre J(n, r).

(e) Montrer que J(n, r) est un graphe régulier. Déduire la taille de J(n, r).

10. Un graphe G = (Z/nZ, E) est dit circulant d’ordre n et de partie S ⊂ Z/nZ où
0∈
/ S et x ∈ S implique −x ∈ S et (x, y) ∈ E si et seulement si x − y ∈ S.

a. Dessiner 4 exemples de graphes circulants d’ordre 8.

b. Est-ce que les graphes circulants sont réguliers.

c. Est-ce que le complémentaire d’un graphe circulant est un graphe circulant ?


Si oui donner un exemple.

11. Soit G est un graphe d’ordre n et de taille m, donner l’ordre et la taille de G le


graphe complémentaire de G.

12. Dessiner un graphe isomorphe à son complémentaire.

13. Montrer que deux graphes G et H sont isomorphes si et seulement si leur complémentaire
G et H sont aussi isomorphes. Donner un exemple.

14. Trouver les graphes isomorphes parmi les graphes suivants :


Exercices 67

15. Un graphe G est autocomplémentaire si G = G. Montrer que si G est un graphe


autocomplémentaire d’ordre n alors n ≡ 0[4] ou n ≡ 1[4]. La réciproque est-elle
toujours vraie ?

16. Montrer que tout graphe G autocomplémentaire d’ordre 4k + 1 possède un sommet


de degré 2k.

17. Les graphes suivants sont t-ils des sous graphes, des graphes partiels ou des graphes
induits du graphe de Petersen ?

18. Montrer que si x et y sont les seuls sommets de degré impair dans un graph G alors
x et y sont connecté dans G.

19. Montrer que si P1 et P2 sont deux chemins de longueur maximale dans un graphe
connexe, alors P1 et P2 ont un sommet en commun.

20. Soient G et H deux graphes isomorphes. Montrer que G est connexe si et seulement
si H est connexe.

21. Soit G un graphe d’ordre n. Montrer que si pour tout couple de sommets (x, y)
non adjacents et deg(x) + deg(y) > n − 1 alors G est connexe et diam(G) 6 2.

22. Montrer que si G est un graphe d’ordre n > 5 et contenant trois sommets distincts
x, y, z tels que dG (x, y) = dG (x, z) = n − 2 alors G est connexe.

23. Montrer que si G est un graphe non connexe, alors son graphe complémentaire G
est connexe et diam(G) 6 2.
68 Exercices

24. Soit G un graphe acyclique d’ordre n et de taille m. Montrer que m 6 n − 1.

25. Montrer qu’un graphe G reste connexe après avoir supprimé une arête e de G si et
seulement si e est une arête d’un cycle dans G.

26. Est ce que si tous les sommets d’un graphe connexe G sont de degré 2 alors G est
un cycle ? Justifier votre réponse.

27. Montrer que si G est un graphe k-régulier (k > 2) et dont g(G) = 4 alors l’ordre
de |G| > 2k. Quels sont les graphe de ce type qui sont d’ordre 2K.

28. Montrer qu’un graphe G = (V, E) n’est pas connexe si et seulement si V peut être
partitionné en deux sous-ensembles V1 et V2 tels que il n’existe aucune arête dans
E dont l’un des deux extrémités dans V1 et l’autre dans V2 .

29. Soit G un graphe d’ordre n pair. Si G possède deux composantes connexes qui sont
n(n − 2)
deux sous graphes complets. Montrer que G possède au minimum arêtes.
4
30. Soit G = (V, E) un graphe simple non orienté. On appelle excentricité d’un sommet
x de G la quantité e(x) = max{dG (x, u) : u ∈ V }. rad(G) = min{e(x) : x ∈ V }
désigne le rayon du graphe G. On appelle centre du G, un sommet d’excentricité
minimale et si e(x) = diam(G) alors le sommet x est appelé sommet périphérique
de G.

(a) Donner le rayon des graphes suivants : Pn , Cn , P2 P2 P2 , Pn Pm , Pn Cm
et Cn Cm . Où n, m > 3.

(b) Montrer que pour tout graphe connexe d’ordre > 2,

rad(G) 6 diam(G) 6 2rad(G)

(c) Existe t-il un graphe G non complet tel que rad(G) = diam(G) ?

(d) Donner les sommets centres et les sommets périphériques du graphe P3 P6 .

(e) Pour n > 4, donner l’exemple d’un graphe d’ordre n non complet où tous ses
sommets sont des sommets centres et des sommets périphériques.

31. Les graphes suivantes sont t-ils bipartis ?


Exercices 69

32. Est ce les graphes suivants sont bipartis :

— Pn Pm , Pn Cm , Cn Cm ;

— Graphes circulants ;

— Hypercube de dimension n ;

33. Soient G et H deux graphes isomorphes. Montrer que G est biparti si et seulement
si H est biparti.

34. Soit G un graphe connexe biparti. Montrer que G est biparti complet si et seulement
si G ne contient aucun sous graphe induit isomorphe à P4 .

35. Le graphe biparti complet K4,4 contient-il un sous graphe isomorphe au graphe
K4 ?

36. Existe-t-il un graphe G biparti tel que δ(G) + ∆(G) > |G| ?

37. Montrer que si G = (V1 ∪ V2 , E) est un graphe biparti k-régulier alors

— |V1 | = |V2 | ;

— k 6 |G|/2.

38. Soit G = (V1 ∪ V2 , E) un graphe biparti.


P P
(a) Montrer que d(x) = d(y).
x∈V1 y∈V2
(b) En déduire que si G est k-régulier, avec k > 1, alors |V1 | = |V2 |.

(c) Montrer que |E| 6 |V1 | × |V2 |.

(d) En déduire que |E| 6 |G|2 /4.

(e) Décrire les graphes simples bipartis G pour lesquels il y a égalité en (d).
|H|
39. Monter que G est biparti si et seulement si α(H) > , où α(H) est le nombre
2
de stabilité d’un sous-graphe H de G.

Vous aimerez peut-être aussi