Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Neferty 7

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 8

LE MOYEN EMPIRE

Il commence avec la XIè dynastie (environ 2040/2020) et couvre les XIIè (1990-1785), XIIIè et
XIVè dynasties (jusqu’en 1730).

I) Le début du Moyen Empire

La XIè dynastie remporte la victoire sur le souverain d’Hérakléopolis, Mérikarê, vers 2040, sous
l’impulsion du roi thébain Montouhotep II. L’institution royale thébaine et Montouhotep II reprennent
alors la fonction d’unificateurs des Deux Terres (Montouhotep II prend pour nom d’Horus
« Semataoui » ; cf. TD sur la statue de Chéphren). Le roi suivant, Montouhotep III, prend pour nom
d’Horus « Séankhtaouief », « Celui qui fait vivre les Deux Terres ». Après Montouhotep IV, la dynastie
s’achève dans une période de crise. Les rois Montouhotep ont illustré leur programme par leurs noms
d’Horus et ont cherché à assurer la sécurité des marges de l’Egypte (delta oriental et Nubie). La capitale
est Thèbes, et Montouhotep II fait construire sur la rive ouest de cette ville un monument funéraire
important : Deir-el-Bahari.

Deir-el-Bahari : monuments de Montouhotep (et d’Hatshepsout)


Au niveau artistique, une école thébaine se crée, caractérisée par des représentations du roi vêtu pour
la cérémonie de la fête-sed, avec des traits grossiers, et à la peau noire (symbole de vie ; cf. Terre Noire :
Kemet ; la couleur noire est liée au rite de résurrection du roi, et pas à une quelconque origine nubienne,
comme cela est souvent dit…). La statuaire a un style propre. C’est aussi la période où se développent
les colosses.

Statue de Montouhotep II, retrouvée à Deir-el-Bahari

Le règne de Montouhotep IV n’est pas stable politiquement. Entre 2000 et 1990, il y a des problèmes
économiques ç l’origine de disettes. La prophétie de Neferty, rédigée sous la XIIè dynastie, présente le
roi Amenemhat Ier, comme le restaurateur de l’Ordre. Cependant c’est un texte de « propagande »,
Amenemhat Ier étant le premier roi de la XIIè dynastie. D’autres sources, comme les papyri
d’Hekanakht, prouvent qu’il y a pourtant bien eu une crise à la fin de la XIè dynastie.

II) L’Egypte de la XIIè dynastie

1- Les débuts de la royauté de la XIIè dynastie


Les deux premiers rois de la XIIè dynastie sont Amenemhat Ier et Sésostris Ier. Amenemhat Ier est
sans doute le vizir de Montouhotep IV. Devenu roi, il entame la grande conquête nubienne. La capitale
politique est déplacée à Licht, au sud de la région memphite (Licht < Itchitaoui : « [Amenemhat] unit
les Deux Terres »).

Deux textes mentionnent le programme d’Amenemhat Ier : la prophétie de Neferty, et


l’enseignement d’Amenemhat, qui réaffirme la fonction du roi étendant la Maât à la place du Chaos. La
littérature est pessimiste en parlant de la XIè dynastie, et salue les efforts d’ « Ameni » (le surnom
d’Amenemhat) pour rétablir l’Ordre. L’enseignement d’Amenemhat, sans doute rédigé sous le règne de
son fils et successeur Sésostris Ier, décrit surtout la solitude du pouvoir et l’ingratitude humaine (on y
mentionne l’assassinat d’Amenemhat…). Le roman de Sinoué se situe dans ce contexte de succession à
un roi assassiné/victime d’un complot.
L’interrègne est perçu comme une sorte de « petite période intermédiaire ». Pour y palier, on met en
place un système de corégence : le successeur est nommé et entre en fonction du vivant du roi.
L’assassinat d’Amenemhat Ier ne donne donc pas lieu à une période de trouble, même courte, puisque
Sésostris prend immédiatement sa succession.

2- La restauration administrative
Progressivement, l’utilisation habile des grandes fonctions provinciales, confiées à des proches du
roi, permet à la royauté de diminuer le pouvoir des nomarques. De plus, suite à la conquête de la Nubie,
on crée un échelon « au-dessus » de la province : l’Egypte est divisée en trois départements ou Ouaret,
que sont le Delta, la Moyenne Egypte et la Nubie égyptianisée. En plus, les provinces, dépendantes des
ouaret, sont encore subdivisées en zones, gérées par les chefs de ville. La charge de nomarque, diminuée
administrativement, devient presque exclusivement un titre honorifique (cf. P. TALLET, Sésostris III).

Le foyer thébain se démarque non plus par ses tombes royales, construites à Licht ou à Abydos, mais
par son culte à Amon, qui devient un dieu dynastique (Amenemhat : « Amon est en tête ») ; Karnak est
construit à l’initiative de Sésostris Ier.

3- L’extension des frontières


Amenemhat Ier et Sésostris Ier ont commencé les campagnes militaires en pays de Ouaouat (Basse-
Nubie, entre la première et la deuxième cataracte) et en pays de Kouch (Haute-Nubie, au-delà de la
deuxième cataracte). Les contacts entre Egyptiens et Nubiens sont très anciens (cf. Médjaiou,
civilisations de groupe C, caractérisées par des activités nomades et pastorales, et avec lesquelles les
Egyptiens sont en contact dès l’Ancien Empire). En pays de Kouch, la plus grande civilisation nubienne
réside à Kerma, dont le pouvoir et l’influence sont croissants. Pour asseoir sa domination dans cette
région, Sésostris III fait bâtir un réseau de forteresses impressionnant (cf. TD sur les forteresses
nubiennes). Il fait aussi creuser le Ouadi Allaqi et le Ouadi Gabgaba.

III) Les règnes de Sésostris III et d’Amenemhat III

1- La stabilité des frontières


Ces règnes correspondent à l’apogée du Moyen Empire. Le mot « frontière » apparaît dans les textes
pour désigner la double forteresse de Semna-Koumma (cf. stèles de l’an 8 et de l’an 16). Les pistes
commerciales de l’ouest sont contrôlées par les milices nubiennes (les Medjaiou).

2- La disparition des nomarques


La réforme administrative commencée sous les premiers rois de la XIIè dynastie se poursuit. Les
villes et les ouaret, c’est-à-dire les échelons qui encadrent les nomes, prennent de l’importance. En
échange de son soutien au pouvoir royal, la charge de nomarque n’est plus qu’un titre honorifique. (cf. le
transport du colosse par Djéhoutyhotep à El Bersheh). Sous Sésostris III, le titre « nomarque » désigne
un fidèle du roi, et non plus une charge administrative, comme le montrent les tombes provinciales de
Sarenpout I et de Sarenpout II à Assouan.

3- La propagande royale
La propagande royale se développe et se diffuse par l’enseignement loyaliste (cf. TD sur
l’enseignement loyaliste) et les hymnes de louange au roi, insérés dans les rites du culte royal, ou
psalmodiés lors des visites du roi.
Salut à toi, Khâ-Kau-Râ, notre Horus, divine incarnation!
Qui soutient le pays et élargit ses frontières, qui soumet les pays montagneux avec son Uræus.
Qui entoure les deux pays de ses mains, qui saisit les pays étrangers de ses bras.
Qui tue les peuples de l'Arc sans un seul coup de bâton, qui lance la flèche sans tendre la corde de son arc.
Celui dont la terreur abattait les troglodytes dans leurs pays et dont la cruauté tua les Neuf Arcs.
Celui dont la brutalité fit mourir des milliers parmi les peuples de l'Arc, des dizaines de milliers parmi
ceux qui attaquaient sa frontière.
Celui qui lance la flèche comme Sekhmet, pour abattre des milliers qui méconnaissent sa puissance.
C'est la langue de sa Majesté qui intimide la Nubie, ses paroles font fuir les Asiatiques.

Extrait d’un hymne de louange au roi Sésostris III, voir aussi pp. 191-192 de P. TALLET, Sésostris III

Dans la statuaire, le style de la représentation du roi se renouvelle : on saisit le portrait du roi avec
« réalisme » (le roi n’est plus représenté enfant ou âgé avec le même visage ; mais ses visages marqués
par le temps ne sont pas forcément fidèles à la réalité et correspondent probablement à un idéal). Les
statues de Sésostris III à Médamoud le représentent jeune, d’âge mûr et âgé. Les colosses de Sésostris
III à Karnak présentent un réel portrait du roi, et non un visage « modèle », lisse et sans âge. Le roi
écoute (oreilles exagérées), parle (plis de la bouche) et agit (postures). Diverses « têtes » de Sésostris III
soulignent l’image du vieillissement du roi.

« Têtes » de Sésostris III

Cependant, le linteau de porte de Médamoud, conservé au Louvre, représente à gauche le roi jeune
faisant des offrandes au dieu Montou, et à droite le roi âgé faisant les mêmes offrandes au même dieu,
dans la même posture ; on ne met pas l’accent sur les difficultés qu’apportent la vieillesse, mais au
contraire, en représentant le roi dans les mêmes postures à des âges différents, on montre que le roi, dans
sa nature humaine, est l’homme parfait : il incarne toutes les qualités de la jeunesse (vigueur, courage,
force) en même temps que celles de la vieillesse (sagesse et expérience). Cela en plus de sa nature
divine.

Linteau de porte de Médamoud, musée du Louvre


La force du roi est aussi traduite par les représentations du roi en sphinx.

Sésostris III en sphinx ; la tête est humaine mais le corps est léonin

Amenemhat III en sphinx ; ici seul le visage est humain

IV) L’intérêt porté au pays

1- La mise en valeur du Fayoum


A la fin de cette période d’apogée se développe la région du Fayoum, autrefois région de chasse et
de pèche. Des thèmes iconographiques nouveaux apparaissent et représentent la fonction nourricière du
roi. La mise en valeur du Fayoum traduit la préoccupation qu’a le roi pour le pays. Les terres gagnées et
rajoutées à l’Egypte servent la propagande royale.
Statues d’Amenemhat III en prêtre du Fayoum Amenemhat III en prêtre du Fayoum
surgissant du Nil (coiffure caractéristique)

Sésostris II est le premier roi à se faire construire un ensemble funéraire aux portes du Fayoum. Les
ensembles funéraires du Fayoum sont un exemple du développement de l’urbanisme. Ainsi, le site de
Kahoun est aussi une ville de pyramides, liée au culte funéraire royal, au niveau économique et de par
ses constructions. Kahoun est constitué d’un centre administratif, pour les fonctionnaires, avec de
grandes maisons, et d’un quartier des artisans, avec ses maisons plus petites et mitoyennes. La hiérarchie
est visible par la taille et le lieu des maisons. La maison en elle-même est divisée en plusieurs espaces :
on y trouve la partie pour la domesticité (autour de la cuisine), la partie privée du maître, le foyer des
domestiques et une cour-jardin à portiques.

Plan de la ville de Kahoun (voir aussi Grimal, Histoire de l’Egypte ancienne, p. 219)
Les colosses de Biahmou, au Fayoum, servent également la propagande royale. Ils exaltent la
puissance du roi. C’est aussi le lieu où on a retrouvé les hymnes de louange.

Sésostris III et d’Amenemhat III se font construire des tombes à Dahchour, mais Sésostris III s’en
fait aussi construire une à Abydos ; Amenemhat III est inhumé à Haouarah, au Fayoum, site qui
comprend une pyramide et un temple funéraire si grand que les Grecs l’assimilent, beaucoup plus tard,
au Labyrinthe.

2- Le développement d’Abydos
La deuxième tombe de Sésostris III se trouve à Abydos, même si la première, à Dahchour, est
achevée. On pourrait penser que la tombe d’Abydos est une tombe factice, un cénotaphe, pour lier le
pharaon au culte d’Osiris. Mais l’ensemble d’Abydos est si complexe qu’on peut se demander si ce n’est
pas le lieu réel d’inhumation du roi.

Abydos est en effet un lieu qui prend de l’importance à cette époque. C’est le lieu où se déroule le
culte d’Osiris, assimilé au culte royal : le culte osirien est l’expression de l’éternité du roi. Osiris est
représenté comme un roi, il porte les attributs royaux (la couronne Atef, c’est-à-dire la couronne blanche
flanquée de deux plumes d’autruche, et l’Uræus), mais il est aussi placé dans un linceul. Osiris est le roi
assassiné et démembré par son frère ; cet épisode reprend le thème du Désordre prenant le dessus sur la
Maât. Isis entreprend alors une quête dans l’ensemble du monde connu des Egyptiens, de la Nubie à
Byblos, en Phénicie. Abydos est le lieu où elle trouve la tête du dieu et où elle réunifie son corps, avec
l’aide du dieu Anubis. Horus est engendré au moment où Osiris revient à la vie. Isis apparaît donc
comme une déesse maternelle protectrice de pharaon. Horus combat Seth pour venger son père, et il est
reconnu vainqueur par le tribunal des dieux, à la tête duquel se trouve Rê (Seth n’est pas tué ou écrasé
par Horus, le Désordre doit subsister). Cela aboutit à la réconciliation des deux dieux (Seth et Horus).

Ce mythe reprend l’idée de cycle : de la vie et de la mort, de la mort et de la renaissance, des saisons,
de la crue fécondante, et de la Lune. Les « Osiris végétant » sont des petits sarcophages en terre où l’on
plantait des graines (‘pots de fleur’).

3- Le contrôle des marges


A la XIIè dynastie, les marges sont maîtrisées. A l’Ouest, où se trouve le réseau des oasis, les
Egyptiens contrôlent les flux de caravanes. A l’Est, ils exploitent les richesses du désert arabique. Dans
le delta oriental et dans le Sud, les « Murs d’Amenemhat » et les forteresses de Nubie sont de véritables
frontières et protègent les accès au pays, en filtrant les flux vers l’Egypte, pour assurer le ravitaillement,
notamment en matières précieuses (Serabit el-Khadim, au Sinaï).
L’Egypte au Moyen Empire

V) La fin du Moyen Empire

Après cette période d’apogée, la XIIè dynastie s’achève avec le règne d’Amenemhat IV, et le Moyen
Empire avec la fin de la XIIIè dynastie et les invasions hyksos. L’un des soucis de l’idéologie royale est
d’assurer la sécurité des successions, avec la mise en place du système de corégence. Après Amenemhat
IV, on a de nombreuses successions, sans liens familiaux évidents. La XIIIè dynastie n’est qu’une
succession de règnes de deux ou trois années, SAUF ceux de Neferhotep Ier et de Sebekhotep IV, sous
lesquels l’Egypte du Moyen Empire reste une réalité. Vers 1710, on est dans la continuité du Moyen
Empire de Sésostris III (†1842). Les oasis sont contrôlées et on commence à en faire des vignobles sous
le règne de Sebekhotep IV, qui sont réputés ensuite dans toute l’Antiquité.

Malgré les successions de monarques, la XIIIè dynastie est une période de stabilité administrative.
Mais après 1710, des pressions apparaissent au Nord-Est (débuts de l’invasion). Dans le Fayoum, une
XIVè dynastie se créé en parallèle. La capitale est déplacée de Licht vers Thèbes. Cela annonce les
troubles de la Deuxième Période Intermédiaire.

Vous aimerez peut-être aussi