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Les Institutions de Politiques de Cote D'ivoir

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Institutions et vie politique

Articles détaillés : Constitution ivoirienne de 2016 et Politique en Côte d'Ivoire.


Dès son accession à l’indépendance, la Côte d’Ivoire, État unitaire, opte pour un régime
présidentiel121. Reconduit par la deuxième république, le régime présidentiel est caractérisé par la
séparation des pouvoirs au sein de l’État : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir
judiciaire. Le paysage institutionnel ivoirien se compose des organes exerçant ces trois pouvoirs
et d’autres institutions comme le Conseil économique et social et le médiateur de la
République122.
À l'indépendance, Félix Houphouët-Boigny avait su avec prudence éviter tout conflit ethnique
dans le cadre d'un régime de parti unique. Cet équilibre reposait aussi sur une division
écologique et sociale du travail avec, dans le nord, les Dioula qui dominent le transport et le
commerce12 tandis que les sudistes se retrouvent dans l’administration et la gestion du pouvoir12.
Les nordistes qui avaient acquis une qualification professionnelle suffisante sont envoyés dans
les ambassades ou dans les institutions internationales pour représenter le pays ; certains
accèdent à des ministères, mais politiquement marginaux12.
Toutefois, le passage au multipartisme en 1990 permet aussi l’affirmation identitaire des
communautés ethniques dans l’espace politique et l'ouverture de débats sur la construction
nationale12. Les tensions entre les populations du nord et du sud, jusque-là cantonnées au champ
économique, se transfèrent dans le champ politique12.

Pouvoir exécutif[modifier | modifier le code]


L’organe chargé de l’exercice du pouvoir exécutif, originairement monocéphale, est depuis
1990123 caractérisé par un bicéphalisme apparent : il a à sa tête le président de la République,
chef de l’État, et un premier ministre, chef du gouvernement. Cette caractéristique, empruntée
au régime parlementaire, n’entame en rien le caractère présidentiel du régime. En 2016,
la nouvelle Constitution a prévu l'élection par le Parlement d'un vice-président, mais des
amendements de mars 2020 sont revenus sur ce point, le vice-président étant désormais nommé
par le Président « avec l'accord du Parlement »124.
Le président de la République est élu au suffrage universel direct, au scrutin majoritaire à deux
tours pour un mandat de 5 ans et est rééligible une fois122. Il est le chef de l’exécutif et est
détenteur exclusif du pouvoir exécutif. Il est garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du
territoire, du respect des traités et accords internationaux. Il est chef suprême des armées, veille
au respect de la Constitution, assure la continuité de l'État. En sa qualité de chef de
l'Administration, il nomme aux emplois civils et militaires. Le président de la République détient
également, en période de crise, des pouvoirs exceptionnels. En cas de décès, de démission ou
d’empêchement absolu, l’intérim du président de la République est assuré par le vice-président,
ou, en cas de vacance du poste de vice-président, par le Premier ministre, et ce jusqu'à la fin
prévue du mandat125.
Le Premier ministre est nommé par le président de la République devant lequel il est
responsable, et qui met fin à ses fonctions122. Le Premier ministre ne détient, au regard de la
Constitution, aucun pouvoir exécutif propre. Il supplée le président de la République lorsque
celui-ci est absent du territoire. Contrairement à la pratique prévalant en régime parlementaire, le
Premier ministre ivoirien n’est pas issu de la majorité parlementaire. Les membres du
gouvernement, placés sous son autorité, sont nommés sur sa proposition par le président de la
République. Il dirige et coordonne l'action du gouvernement et peut déléguer certaines de ses
attributions aux ministres122.
L'élection présidentielle qui s'était tenue le 26 octobre 2000 fut remportée par Laurent Gbagbo126,
qui resta en fonction pendant 10 ans sans qu'aucune autre consultation électorale n’ait eu lieu en
vue de la désignation du président de la République. L’exercice du pouvoir exécutif était, dans ce
contexte, influencé par les accords politiques conclus depuis le déclenchement de la crise
politico-militaire en septembre 2002. Dans le cadre de l’exécution du programme de sortie de
crise, des missions spéciales liées à la réunification du pays et de l’armée, à l’identification des
populations et à l’organisation des élections furent assignées au premier ministre127.

Pouvoir législatif[modifier | modifier le code]


Articles détaillés : Assemblée nationale (Côte d'Ivoire) et Sénat (Côte d'Ivoire).
L'organe parlementaire investi du pouvoir législatif est bicaméral, avec l’Assemblée nationale122 et
le Sénat (dirigé par Jeannot Ahoussou-Kouadio). L'Assemblée nationale compte aujourd’hui 225
membres et comprend un bureau, des commissions techniques et des groupes parlementaires.
Les députés qui la composent sont élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq
ans122. L'Assemblée nationale vote la loi et consent l’impôt. Elle a également, de par la
Constitution, un pouvoir de contrôle sur les actions de l’exécutif122. Pour assurer l'indépendance
de l'Assemblée nationale à l'égard des autres pouvoirs et renforcer la liberté du député, celui-ci
bénéficie de certains privilèges juridiques que sont les immunités. Ces immunités protègent le
député dans l'exercice de son mandat parlementaire en le mettant à l'abri des poursuites civiles
ou pénales à l'occasion de votes ou opinions émises par lui dans l'exercice de ses fonctions. En
dehors même de l'exercice de ses fonctions, les poursuites pénales engagées contre le député
pour des faits qualifiés crimes ou délits doivent être autorisées par l'Assemblée nationale ou le
bureau de celle-ci122. Les dernières élections législatives se sont tenues le 18 décembre 2016128.
L'Assemblée nationale est depuis 2019 dirigée par intérim par Amina Kamara Tounkara.
Le Parlement ivoirien a joué un rôle actif dans la gestion de la crise politico-militaire en Côte
d'Ivoire. En dépit de la désapprobation affichée par le Président Mamadou Koulibaly vis-à-vis
des accords de Linas-Marcoussis, l'Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a examiné, durant ses
sessions ordinaires et parfois lors de sessions extraordinaires convoquées à cet effet, une série
de domaines visés par l’accord. Au total plus d’une douzaine de projets de lois ont été examinés
et votés par le Parlement ivoirien dans ce cadre. Mais la poursuite de son mandat après
l'expiration de celui-ci s'est avérée problématique car, selon la Constitution ivoirienne, « les
pouvoirs de l'Assemblée nationale expirent à la fin de la deuxième session ordinaire de la
dernière année de son mandat. Les élections ont lieu vingt jours au moins et cinquante jours au
plus avant l'expiration des pouvoirs de l'Assemblée nationale ». Aussi bien la Constitution
ivoirienne que le code électoral n’ayant pas prévu le cas où les élections des députés ne se
tiendraient pas dans les délais prescrits, le pays a dû faire face à un vide juridique qui a suscité
une polémique et des opinions controversées des acteurs locaux et non nationaux.
Le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) dans sa résolution 1633 sur la Côte d’Ivoire
note que le mandat de l’Assemblée nationale prend fin le 16 décembre 2005 et le Groupe de
travail international tire la conclusion que ce mandat n’a pas à être prolongé. En se prononçant
contre la prolongation des mandats parlementaires échus le 16 décembre 2005, le Groupe de
travail international (GTI) a « mis le feu aux poudres » et ouvert un « bras de fer international »,
selon certains observateurs129. Le président de la république de Côte d’Ivoire, après avoir sollicité
l’avis du Conseil constitutionnel sur le point de savoir si le défaut d’élections, dû à la situation de
crise que connaît son pays, entraînait la dissolution et la fin des pouvoirs de l’Assemblée
nationale, a obtenu l’avis de cette institution selon lequel l’Assemblée nationale demeurait en
fonction et conservait ses pouvoirs130. En définitive, l'Assemblée nationale a continué ses
activités. Cette disposition est intégrée pour les deux chambres dans les amendements de mars
2020 visant à modifier la Constitution de 2016131.

Pouvoir judiciaire[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Organisation juridictionnelle en Côte d’Ivoire.
Avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire, deux ordres de juridictions cohabitent : des juridictions
françaises appliquant le droit français et une organisation judiciaire de droit coutumier ou local.
Cette dualité est la résultante de la dualité de législation, qui elle-même repose sur une
distinction des statuts régissant les différentes couches de la population. En effet, la France
« offre » aux ressortissants ivoiriens la possibilité de conserver un statut personnel particulier, par
opposition au statut de droit commun reconnu aux Français et assimilés132.
Au lendemain de l’indépendance, il est procédé à une refonte de l’appareil judiciaire hérité de
l’époque coloniale. L’objectif est de mettre en place une organisation judiciaire moderne et
adaptée aux besoins du pays. La réorganisation concerne le recrutement, la formation de
magistrats et auxiliaires de justice (juges, greffiers, officiers ministériels, avocats, huissiers de
justice, notaires, etc.), mais également les structures. Trois principes gouvernent cette opération
de modernisation : la justice est rendue au nom du peuple ; les juges ne sont soumis dans
l’exercice de leurs fonctions qu’à l’autorité de la loi, leur indépendance étant garantie par le
président de la République ; l’autorité judiciaire est gardienne des libertés individuelles133.
Les juridictions, ainsi que l’administration pénitentiaire, connaissent alors plusieurs évolutions à
partir de 1960. Toutefois, comme dans bien des domaines, l’organisation judiciaire ivoirienne
reste encore influencée par le droit français134,135. Le pouvoir judiciaire est exercé présentement
par des juridictions de premier et de second degrés, sous le contrôle de la Cour suprême.
Le Conseil constitutionnel forme, avec la Haute Cour de justice, des juridictions spéciales122.

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