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Haustgen Clerambault

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Annales Médico-Psychologiques 170 (2012) 358–363

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Dictionnaire biographique

Gaëtan Gatian de Clérambault (1872–1934) II. Son héritage psychiatrique


Gaëtan Gatian de Clérambault (1872–1934) II. His psychiatric heritage

Thierry Haustgen a,*, Stéphane Gumpper b


a
CMP, secteur 93 G 10, 77, rue Victor-Hugo, 93100 Montreuil, France
b
Faculté de psychologie, 12, rue Goethe, 67000 Strasbourg, France

I N F O A R T I C L E R É S U M É

Mots clés : Le nom de G. de Clérambault sert actuellement à désigner deux syndromes psychiatriques : en France et
Automatisme mental en Russie, l’automatisme mental (AM) ; dans le monde anglo-saxon, l’érotomanie. L’AM est devenu le
Délire « syndrome de Clérambault » au congrès des aliénistes de 1927 (Hesnard). La dénomination est reprise
Érotomanie
par Minkowski (1933). Le grand AM recoupe les « symptômes de premier rang » de la schizophrénie de
Ey
Schneider (1939). Les éléments du petit AM sont proches des troubles du cours de la pensée de Bleuler
Hallucination
Lacan (De Morsier, 1929 ; Heuyer, 1950) et préfigurent la distinction entre symptômes positifs et négatifs de la
Psychose hallucinatoire chronique schizophrénie (Berrios). Les divergences avec l’école de Claude (Ey, 1934 et 1948) portent plus sur la
Syndrome pathogénie des hallucinations et leur place par rapport au délire que sur l’organicité du syndrome.
L’érotomanie « pure » est discutée par Capgras (1923), puis par l’école de Claude (Lacan, 1932 ; Ferdière,
1937). Elle est dénommée « syndrome de Clérambault » bien plus tard aux États-Unis (Arieti, 1959 ;
Lehman, 1967). Une importante comorbidité avec d’autres pathologies mentales y est toutefois relevée.
À partir du DSM-III-R (1987), est isolé un « type érotomaniaque » du trouble délirant. Après leur brouille
de 1931, Lacan opère un « retour à Clérambault », jusqu’à le présenter en 1966 comme son « seul maı̂tre
en psychiatrie ». De nombreuses personnalités de la psychiatrie française (Guiraud, Heuyer, Daumézon,
Baruk, Sivadon) saluent alors son rôle de précurseur. À la fin du XXe siècle, un ouvrage biographique et un
film romancé lui sont exclusivement consacrés.
! 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

A B S T R A C T

Keywords: The name of G. de Clerambault is nowadays used to designate two distinct psychiatric syndromes: in
Chronic hallucinatory psychosis France and in Russia, the ‘‘mental automatism’’; in USA and Great Britain, the erotomanic delusion. The
Delusion mental automatism becomes Clerambault’s syndrome at the congress of French alienists of Blois (1927),
Erotomania
by the proposition of Angelo Hesnard. The denomination is adopted by Eugen Minkowski in 1933,
Ey
Hallucination
whereas Clerambault is still alive. The ‘‘great automatism’’ includes the ‘‘first rank symptoms’’ of the
Lacan schizophrenia described by Kurt Schneider (1939). The symptoms of the ‘‘little automatism’’ are near
Mental automatism from the schizophrenic thought disorders of Bleuler (De Morsier, 1929; Heuyer, 1950). Better than the
Syndrome theory of John Hughlings Jackson, they foreshadow the dichotomy between positive and negative
symptoms in the schizophrenia (Berrios). The divergences with the ‘‘organo-dynamic’’ theory of Henri
Claude and of his pupil Henri Ey (1934, 1948) are more about the psychopathology of the hallucinations,
in relation to the delusion, than about the organic origin of the syndrome. ‘‘Pure’’ erotomanic delusion is
discussed by Capgras (1923) and then by the pupils of Henri Claude (Lacan, 1932, Ferdière, 1937). It is
named Clerambault’s syndrome 20 years later in the American textbooks of psychiatry (Arieti, 1959;
Lehman, 1967). Its comorbidity with several other psychiatric disorders is described in many papers. An
‘‘erotomanic type’’ of the delusional disorder is isolated in the DSM-III-R. After their quarrel of 193l,
Jacques Lacan makes a ‘‘return to Clerambault’’ in the years following the 2nd World War and presents
him as his ‘‘only master in psychiatry’’ (1966). Many influential French psychiatrists (Guiraud, Heuyer,
Daumezon, Baruk, Sivadon) present him as a pionneer. At the end of the 20th century, a biography and a
film are exclusively devoted to him.
! 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : t.haustgen@epsve.fr (T. Haustgen).

0003-4487/$ – see front matter ! 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2012.05.004
T. Haustgen, S. Gumpper / Annales Médico-Psychologiques 170 (2012) 358–363 359

Comme Kraepelin, G. de Clérambault n’a jamais laissé personne moins déterministe et matérialiste que la seconde. Pour lui,
indifférent. Cloué au pilori par les surréalistes de son vivant, taxé Clérambault a mis en évidence que le trouble initial générateur des
par Henri Ey après sa disparition de « mécanicisme » [18], classé par psychoses n’est pas le thème, le contenu idéo-affectif, comme si ce
Lucien Bonnafé à la fin du XXe siècle parmi les « porteurs dernier était le produit d’un raisonnement conscient du sujet. Cette
d’inhumanité biocratique », promoteur d’une psychiatrie policière différenciation entre personnalités première et seconde, entre
[8], il forme d’un autre côté des élèves fervents, chez lesquels la « aptitude à délirer » et résultante psychique selon Falret dès l864,
critique feutrée cède vite le pas à l’enthousiasme. Pour Sivadon, « il conduira Henri Ey lui-même à reconnaı̂tre les « authentiques
attirait l’admiration à cause du brillant de son intelligence, de son tendances phénoménologiques et structuralistes » mises en
langage à la fois précis et précieux et de sa facilité à tourner tous les évidence par Minkowski chez Clérambault [18].
faits observés dans le sens de sa théorie » [50]. Selon Rondepierre, Mais, dès son premier ouvrage en 1934, le maı̂tre de Bonneval
« tous les élèves de Clérambault ne sont pas comme les autres. Ils fustige les « théories [qui] depuis Tamburini jusqu’à M. de
ont vraiment eu un maı̂tre qui les a marqués et surtout du point de Clérambault se proposent d’expliquer l’esthésie par le déclenche-
vue de l’examen du malade » [32]. De nos jours encore, la réédition ment de l’image, car l’esthésie serait l’essence de l’hallucination.
de ses écrits et son espèce de réhabilitation ont conduit à la Par là, elles portent selon nous à faux » [17]. Ey trouve néanmoins
publication d’un article, « Pour en finir avec Clérambault ! » [21]. que la conception de l’AM, derrière son aspect mécanique, rattache
Il est frappant de constater que son œuvre, vite connue quoique Clérambault à Séglas et Janet.
composée uniquement d’articles sans aucun ouvrage de synthèse, En 1942, la parution de l’œuvre est l’occasion pour Paul Guiraud
a suscité débats et controverses dès sa publication. On peut de revenir sur l’AM [23]. Il risque une filiation « qui peut paraı̂tre
schématiquement dessiner deux lignes de force dans la propaga- inattendue » entre le syndrome de Clérambault, l’automatisme
tion de ses écrits, l’une essentiellement française et européenne psychologique de Janet et la théorie des deux psychismes de
continentale autour de l’automatisme mental, l’autre surtout Grasset. Il insiste sur les originalités du maı̂tre de l’Infirmerie
anglo-américaine autour de l’érotomanie. Le « syndrome de Spéciale : « symptômes nouveaux » du petit automatisme, dont le
Clérambault » sert à désigner respectivement chacune de ces caractère commun est la non-annexion au moi ; caractère
deux entités d’une rive à l’autre de l’Atlantique. Ses travaux sur les contingent des thèmes délirants ; mise en exergue de phénomènes
psychoses toxiques, dans la lignée de Moreau de Tours, sont en irritatifs positifs de cause organique (en opposition au néo-
revanche oubliés par la postérité, peut-être parce que l’éther et le jacksonisme, qui met quant à lui l’accent sur les phénomènes
chloral ont été supplantés par de nouvelles drogues dès la négatifs déficitaires ou de libération par levée d’une inhibition).
génération qui a suivi sa mort. Enfin, il discute et réfute les critiques d’atomisme, de localisation
cérébrale à outrance et de mécanicisme, en s’appuyant sur le rôle
1. L’automatisme mental, syndrome de Clérambault de la personnalité seconde et sur un monisme philosophique
francophone anticartésien que ne renierait pas Éric Kandel : « Il faut admettre
que la pensée, d’une part, et le fonctionnement du système
L’Automatisme Mental (AM) est discuté dès 1925 par Paul nerveux, de l’autre, sont les aspects différents d’un même
Guiraud [22]. Ce dernier résume ses caractéristiques principales processus » [23].
dans un article sur les délires chroniques, mais critique l’existence C’est pourtant l’exécution en règle de sa théorie par Henri Ey en
d’un automatisme idéoverbal neutre et primitif, qui serait pour lui 1948 [18] qui va conditionner pour longtemps les jugements sur
à l’inverse contemporain de la « phase d’inquiétude ou d’atteinte Clérambault. Il aurait selon Ey privilégié les « éléments primor-
cénesthésique des classiques » (Lasègue, Magnan). De même, diaux, nucléaires et basaux » de la symptomatologie, la « genèse
l’hallucination, loin de générer le délire, ne serait que l’expression mécanique des psychoses » et l’« autoconstruction du délire ». En
intellectuelle du sentiment d’insécurité. outre, la juxtaposition de symptômes positifs et négatifs totale-
Mais c’est surtout en 1927 que l’AM acquiert droit de cité par le ment indépendants le sépare radicalement de l’approche de
canal du rapport de Lévy-Valensi sur le « syndrome de J.H. Jackson. Dans sa critique, Ey fait toutefois l’impasse sur
dépossession » au congrès de Blois des aliénistes de langue l’appréhension par Clérambault des idées délirantes comme « essai
française : « Il est incontestable que Clérambault, qui n’a jamais d’explication », « superstructure » et « travail intellectuel
prétendu avoir créé l’AM, y a apporté une capitale contribution, surajouté » [10, p. 466–482]. Il omet cette citation de 1920 :
non seulement en dépistant des symptômes de grande valeur « Le délire n’est que la réaction obligatoire d’un intellect raisonnant
clinique et pathogénique, mais en réunissant par un véritable et souvent intact aux phénomènes qui sortent de son subconscient,
ciment des signes épars en un syndrome [. . .]. L’ardeur, la foi, la c’est-à-dire à l’AM » [10, p. 459]. Formulation pratiquement reprise
constance de son effort sont en tout cas dignes d’estime et de de J.-P. Falret, voyant en l864 dans le délire la « réaction de la partie
sympathie » [35]. C’est lors du congrès de Blois qu’Hesnard propose de l’intelligence restée saine sur la partie maladive » [19].
de dénommer l’AM syndrome de Clérambault. Toutefois, cette Henri Ey semble avoir éprouvé quelques remords de son
même année 1927, Ceillier en dresse une critique radicale dans manque de nuance, puisqu’il admet paradoxalement que
L’Encéphale, à partir de ce qu’on connaissait alors de la Clérambault « trahit parfois son système lorsqu’il analyse la structure
psychanalyse en France. en réseau du délire d’interprétation ou lorsqu’il fait une véritable
En l929, De Morsier et Morel, dans une critique de la analyse structurale des psychoses hallucinatoires » [18, p. 92]. Il
schizophrénie bleulérienne, font à Genève des éléments de l’AM reconnaı̂t même qu’on peut trouver dans l’œuvre de Clérambault
les « mécanismes élémentaires de la psychose », dont Clérambault a « des descriptions et des théories particulières conformes à la
donné « avec une clarté et une précision incomparables la liste doctrine organodynamiste ». Le maı̂tre de Bonneval ne peut en
complète » [40]. Ces phénomènes de début, réduits à des troubles définitive se défendre d’admirer celui de l’Infirmerie Spéciale : « Son
instrumentaux (langage, mémoire, sensation, motricité, fonctions verbe prestigieux, la concision substantive de sa pensée, la perfection
neurovégétatives), englobent les troubles associatifs de Bleuler, de ses formules [. . .] éblouissaient l’esprit de ses jeunes auditeurs. Il
mais seraient beaucoup plus caractéristiques. ensorcelait (sic) par un véritable génie clinique, par ses dons
En 1933, Eugène Minkowski consacre un chapitre du Temps exceptionnels d’observation et de perspicacité. »
vécu au syndrome de Clérambault, en reprenant lui aussi cette La réhabilitation définitive de l’AM viendra 13 ans plus tard
dénomination [38]. Il tente de dépasser le débat entre organogé- [1961]. Dans un long mémoire, Lantéri-Laura et Daumézon en
nèse et psychogénèse, en remarquant que la première est souvent reprennent l’historique et la description [33]. Après Minkowski et
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Guiraud, ils remarquent que ses adversaires confondent clinique et lieu devant la Société clinique de médecine mentale le
pathogénie, développement de la psychose et expérience vécue du 23 mai 1923 entre Capgras et Clérambault. Pour le premier,
sujet, ne voient pas que « personnalité seconde et autoconstruction l’érotomanie n’a qu’une signification syndromique. Elle peut se
du délire ne sont rien d’autre que le dynamisme inconscient ». Le rencontrer sous une forme aiguë chez les débiles et les dégénérés,
terme même d’AM est alors bien mal en point : « Il n’y a plus aucun sous une forme chronique se rattachant, soit aux délires
intérêt à en faire état, sauf pour respecter une tradition un peu d’interprétation ou de revendication, soit à l’idéalisme passionné
chauvine. » Pour Lantéri-Laura et Daumézon, l’AM est synonyme de Dide. Des évolutions favorables sont possibles, le pronostic
d’expérience délirante primaire, de « processus » psychotique au médicolégal ne serait pas aussi sombre que l’avance Clérambault.
sens de Jaspers. Les éléments du petit AM ressortissent plus Ce dernier réagit vivement, en insistant sur l’aspect passionnel plus
particulièrement aux hallucinations psychiques et aux troubles du qu’idéaliste de l’érotomanie, sur la vision partielle de Dide.
cours de la pensée. En 1991, Lantéri-Laura situera la spécificité de Dans les années 1930, plusieurs thèses de médecine sont
l’AM dans la pathologie du langage intérieur et les « phénomènes soutenues à Paris sur l’érotomanie par des élèves de Henri Claude,
où la pensée devient étrangère à elle-même » [34]. également anciens internes de Clérambault, qui penchent, soit
À partir de l’étude d’une cohorte de patients du service de pour la version syndromique de Capgras, soit pour le rattachement
Daumézon, Benoı̂t Dalle nuance toutefois en 1966 l’importance de l’entité à la paranoı̈a kraepelinienne. Celle de Lacan (1932) est la
quantitative du syndrome de Clérambault [13]. Seuls 7,5 % des cas plus connue. Cinq ans plus tard (1937), Ferdière fournit un solide
de psychose hallucinatoire chronique débuteraient par un AM. La argumentaire qui s’appuie sur historique, bibliographie et obser-
plupart des formes commençant par un syndrome délirant seraient vations approfondies. Il retrouve des cas d’érotomanie dans la
d’abord interprétatives et secondairement hallucinatoires. En plupart des troubles psychotiques et insiste sur la note hypoma-
revanche, Clérambault a vu juste en dissociant psychose et niaque du syndrome. Toujours en 1937, Frétet étudie quant à lui les
personnalité : seuls 25 % des femmes et 30 % des hommes atteints « causes affectives » de l’érotomanie, notamment masculine et
sont des personnalités paranoı̈aques. Les recherches récentes sur homosexuelle. Comme Ferdière, il remet en question l’existence
les troubles de la personnalité du DSM sont venues confirmer cette d’une érotomanie « pure », évoluant en trois périodes selon un
absence de corrélation statistique entre les deux axes diagnos- rythme immuable.
tiques du manuel. Moins connue et peu citée, la contribution d’André Ceillier, un
Durant les trois décennies suivantes, l’AM reste bien vivant élève de Séglas par ailleurs très critique sur l’AM, étudie les liens
dans la psychiatrie française. Escande et Bach classent les signes du entre érotomanie et syndrome d’influence [9]. Il isole en 1924 huit
petit AM à l’intérieur de l’automatisme idéo-verbal et décrivent cas de « forme érotomaniaque pure du délire d’influence » chez des
séparément l’écho de la pensée [16]. Pull et Pichot répertorient amoureuses de médecins, de prêtres et d’un détective. Transmis-
explicitement commentaire des actes, écho et vol de la pensée, sions de pensée, conversations mentales, sentiment d’action à
automatismes idéique, sensitif et moteur (sous le terme d’imposi- distance, automatisme du langage intérieur et hallucinations
tion) parmi les critères empiriques français de la psychose psychiques s’associent aux trois phases classiques de Clérambault.
hallucinatoire chronique [43]. Dubertret et Gorwood situent le Il n’y a pas d’hallucinations sensorielles, notamment génitales. La
triple automatisme au sein du « syndrome délirant » de la psychose malade passe de l’espoir au dépit et à la rancune lorsque le
hallucinatoire chronique, dont ils discutent le diagnostic diffé- sentiment de domination de l’Objet devient insupportable.
rentiel avec la schizophrénie d’apparition tardive [14]. Cette entité Tous ces travaux tendent à rattacher aux délires chroniques de
spécifiquement française doit plus à Clérambault qu’à Gilbert persécution, de préjudice et d’influence l’érotomanie, qui ne sera
Ballet [24]. jamais le syndrome de Clérambault dans la psychiatrie française.
À l’étranger, le syndrome de Clérambault est clairement C’est par le canal inattendu de la psychiatrie américaine que cette
identifié. Mais seuls les Russes ont repris le nom du médecin de dénomination va connaı̂tre un succès non exempt d’ambiguı̈tés
l’Infirmerie Spéciale pour désigner les pseudohallucinations, en [36,48]. En 1959, S. Arieti et J.M. Meth l’introduisent parmi les
l’accolant à celui d’un de leurs compatriotes (syndrome de « syndromes psychotiques rares, inclassables, collectifs et
Kandinsky-Clérambault). Les « symptômes de premier rang » de exotiques » de l’American Handbook of Psychiatry (2e éd. en
la schizophrénie du phénoménologiste allemand Kurt Schneider 1974). Il est repris à partir de 1967 dans les éditions successives du
(1939, repris en 1950) se superposent presque complètement aux Comprehensive Textbook de Freedman et Kaplan. Le rédacteur du
différents automatismes, sans bien sûr qu’aucun rapprochement chapitre, H.E. Lehman, le juge toutefois « contestable ».
ne puisse être effectué avec leur pathogénie [47]. Dans les pays De nombreux articles sont alors publiés dans la presse
anglo-saxons, Berrios voit en Clérambault le précurseur de la psychiatrique anglo-américaine, tant clinique que psychanaly-
distinction entre symptômes positifs et négatifs de la schizo- tique, sur le « syndrome de Clérambault ». On discute son
phrénie [6]. Il note que sa conception de leur indépendance est plus association à la folie à deux (Pearce, 1972) ou à l’illusion des
proche des descriptions actuelles que celle de Jackson, appliquée sosies (Sims et White, 1973), son caractère épisodique ou artificiel
par Ey à la psychiatrie. Il considère le maı̂tre de l’Infirmerie Spéciale (Feder, 1973), son intégration à la paranoı̈a (Hollender et Callahan,
comme « l’un des penseurs les plus originaux de la psychopatho- 1975) ou à la schizophrénie (Lovett Doust et Christie, 1978), son
logie du début du XXe siècle », comme un pionnier de la description autonomie nosographique (Ellis et Melloop, 1985), sa survenue
de l’« état pré-délirant », à côté de Jaspers, Schneider et Ey [7]. Si le dans les troubles bipolaires (Signer et Swinson, 1987) et dans les
nom de Clérambault est absent du DSM-IV et de la CIM-10, son troubles mentaux organiques (Signer et Cummings, 1987 ; El
apport y est perceptible dans la rubrique des « symptômes Gaddal, 1989). Le DSM-III-R en 1987, puis le DSM-IV en
négatifs » de la schizophrénie. Le syndrome de Clérambault figure 1994 introduisent un « type érotomaniaque » du trouble délirant.
toujours en bonne place dans les dictionnaires médicaux français Ce regain d’intérêt s’est manifesté par la traduction anglaise du
[20,28]. chapitre « Psychoses passionnelles » de Clérambault [11]. Tandis
que le Canadien E. Shorter voit dans le fort taux de mise en nourrice
2. L’érotomanie, syndrome de Clérambault anglophone des enfants l’une des raisons de l’éclosion du syndrome érotoma-
niaque dans la psychiatrie française [48], le Californien S.F. Signer
Dès les années 1920, l’existence d’un délire érotomaniaque considère Clérambault comme l’un des précurseurs de la
autonome est âprement discutée au sein de la communauté phénoménologie des délires [49] – à l’image de Minkowski un
psychiatrique française [12]. Une passe d’armes devenue célèbre a demi-siècle plus tôt. Le type érotomaniaque du trouble délirant est
T. Haustgen, S. Gumpper / Annales Médico-Psychologiques 170 (2012) 358–363 361

toujours dénommé « syndrome de Clérambault » dans la 8e édition angulaire de son enseignement, même s’il fut plus tard critiqué par
(traduite en français) du Synopsis de Psychiatrie de Kaplan et Sadock certains de ses élèves ou par les tenants de l’antipsychiatrie. Si le
(1998), mais il n’est plus qualifié de « trouble psychiatrique décalage entre la distance de Clérambault à l’égard de l’aliéné et la
inhabituel » [27]. proximité de Lacan avec le patient semble a priori flagrant, il ne
faut pas oublier que le génie clinique du maı̂tre de l’Infirmerie
3. Lacan et Clérambault spéciale a durablement marqué Lacan. Ce que même un critique
aussi incisif que Sivadon est obligé de reconnaı̂tre : « Lacan s’est mis
Il serait aussi ridicule de voir en Clérambault un psychanalyste à imiter certains aspects de la personnalité de Clérambault. Celui-ci
qui s’ignore que de superposer AM et forclusion. Force est déroutait avec un certain plaisir ses interlocuteurs. Il faisait sa
néanmoins de constater qu’après leur brouille des années 1930, présentation dans un langage extrêmement châtié, original,
Lacan a opéré un « retour à Clérambault » progressif dans l’après- émaillé de néologismes ; on voyait les auditeurs se passionner,
guerre. La formule choc d’Élisabeth Roudinesco, qualifiant en suspendus à ses lèvres, jusqu’à ne plus rien comprendre. Lorsque le
1986 Clérambault de « Charcot de Lacan » [45], résume assez bien la public était perdu, il reprenait avec quelques phrases très claires,
relation ambiguë de ces deux théoriciens de la psychiatrie. très simples, quelquefois même presque vulgaires, pour de
Rappelons brièvement que c’est la publication de l’article nouveau le noyer en lui plongeant la tête dans l’incompréhensible,
« Structure des psychoses paranoı̈aques » en 1931 qui a conduit à la à la manière d’un supplice chinois. Inutile de vous dire que Lacan
rupture. Selon le témoignage de Sivadon, « Lacan reprenait un s’est bien approprié cet aspect de son personnage » [50].
certain nombre de points de la doctrine de Clérambault, mais ne le
citait pas suffisamment » [50]. La thèse de 1932 matérialisa cette 4. Clérambault dans l’histoire
rupture [29]. Lacan y reprend, à propos des délires passionnels, la
position de Capgras. Il intègre notamment l’érotomanie dans la Au-delà des polémiques de la grande presse, la disparition de
paranoı̈a (dont il ambitionne par ailleurs de décrire une nouvelle Clérambault a suscité des nécrologies particulièrement élogieuses
forme, la paranoı̈a d’autopunition) : « Clérambault doit reconnaı̂tre dans les revues médicales de son époque. D’une rive à l’autre de
que, dans la plupart des cas, le délire ainsi organisé est associé à l’Atlantique, on peut évoquer le pionnier de la neuropsychiatrie
d’autres systèmes délirants ou, selon ses termes, polymorphe. » La infantile Georges Heuyer et le pionnier de la neurochirurgie
place réservée dans cette thèse au maı̂tre de l’Infirmerie Spéciale stéréotaxique Percival Bailey (1935) – plus tard auteur du brûlot
est bien mince (un peu plus d’une page de l’historique), en regard antipsychanalytique Sigmund le Tourmenté. Pour le premier, « quel
de celle dévolue à Kraepelin ou à Kretschmer. que soit le sujet qu’il aborda, il en a toujours renouvelé l’aspect et
Et pourtant ! Lacan s’inscrit progressivement dans la filiation de lui donna une originalité nouvelle et puissante [. . .]. Il peut être
Clérambault, lui attribuant aux journées de Bonneval de 1946 le considéré comme un des plus grands psychiatres que la France ait
statut de « maı̂tre », d’abord partagé avec Trénel. Il est plus restrictif produits, servi par une curiosité toujours éveillée, par une
dans son séminaire de 1955–1956, mentionnant le seul intelligence vaste et diverse, par la connaissance de l’anglais, de
Clérambault comme « un maı̂tre » [30]. Il tente alors de dégager, l’allemand, de l’espagnol et de l’arabe » [25]. Pour le second, il était
via le cas princeps du président Schreber, un mécanisme primaire « un brillant psychologue qui comprenait d’une façon proche du
dans les psychoses, ici centrées sur la paranoı̈a. Sa révision surnaturel le processus mental de ses malades » [3].
structuraliste de l’AM s’esquisse sur divers niveaux : rejet lapidaire Quelques années plus tard, la parution de son œuvre sous
de l’étiologie histologique (passant sous silence les variantes l’Occupation (1942) permet à Paul Guiraud de donner libre cours à
introduites par Clérambault) ; introduction d’une autre métaphore son enthousiasme : « G. de Clérambault a été un clinicien
(délirante) ; clôture abrupte du débat ouvert avec Ey en exceptionnel : l’allure du malade, sa physionomie, quelques mots
l946 autour du dyptique étiologique des psychoses entre prononcés le mettaient d’emblée sur la bonne voie et l’on était
organogénèse et psychogénèse. On peut discuter des parentés surpris de ses questions directement utiles, de l’ingéniosité
entre l’anidéisme psychotique et le concept de signifiant (repris de inépuisable et improvisée de ses moyens d’investigation psycho-
Saussure) ou entre l’objet du désir des érotomanes et l’objet (a). logique. Il n’appartenait certes pas à la catégorie des psychiatres
C’est en 1966 que Lacan est le plus explicite quant à sa filiation avec consciencieusement méthodiques qui débitent avec l’indifférence
le maı̂tre de l’Infirmerie Spéciale : « L’origine de cet intérêt (pour la d’un fonctionnaire de l’état civil la série invariable des mêmes
paranoı̈a) tient dans la trace de Clérambault, notre seul maı̂tre en questions. Son adresse à frapper droit au point sensible, son
psychiatrie. Son AM, avec son idéologie mécanistique de méta- aisance dans le dialogue, son mimétisme psychologique, ses
phore, bien critiquable assurément, nous paraı̂t, dans ses prises du connaissances étendues dans tous les domaines, émerveillaient
texte subjectif, plus proche de ce qui peut se construire d’une l’étudiant » [23]. C’était en somme l’aboutissement de la
analyse structurale, qu’aucun effort clinique dans la psychiatrie recommandation de Falret de « ne pas se faire le secrétaire des
française [. . .]. Clérambault réalise, de son être du regard, de ses malades » (1850), mais aussi un réquisitoire anticipé contre
partialités de pensée, comme une récurrence de ce qu’on nous a l’examen psychiatrique par échelles d’évaluation.
décrit récemment dans la figure datée de la Naissance de la Cette même année 1942, Élisabeth Renard soutenait devant
clinique. Clérambault connaissait bien la tradition française, mais Laignel-Lavastine sa dithyrambique thèse de médecine, inspirée
c’est Kraepelin qui l’avait formé, où le génie de la clinique était par Heuyer, sur « ce maı̂tre génial qui représente une période
porté plus haut. Singulièrement, mais nécessairement croyons- capitale dans l’histoire des maladies mentales, une période de
nous, nous en fûmes amené à Freud » [31]. révolution totale » [44]. La légende se met en place. Clérambault est
A contrario de Freud, qui avait pourtant fréquenté les présenté comme celui qui « a introduit la notion de syndrome en
présentations de Charcot, Lacan maintient à sa manière la tradition psychiatrie, appliquant aux psychoses la même méthode dont se
des présentations de malades, auxquelles Clérambault l’avait servit Widal pour classer les néphrites ». Vision qui passe sous
sensibilisé. Cependant, au contraire d’un Clérambault sûr à silence l’utilisation de la méthode syndromique par Chaslin dès
l’avance du diagnostic posé et prenant le public à témoin de son 1912, puis dans les têtes de chapitres du manuel de Dide et Guiraud
savoir clinique, Lacan tente de situer son auditoire en position de en 1922. Heuyer développe lui-même en l950 cette approche du
vérificateur de sa théorie, ouvert à l’inattendu et à la contradiction. rôle de Clérambault dans un long article d’une contribution
Héritier certes d’une mise en scène « à la Clérambault », ses collective sur les grands noms de la psychiatrie française, où le
présentations à Henri-Rousselle étaient en quelque sorte la pierre maı̂tre de l’Infirmerie Spéciale figure aux côtés de Séglas, Gilbert
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Ballet et Henri Claude (1950). Il reprend sa technique d’examen : Ce regain d’intérêt se poursuit dans les années 1990, sous
« L’attitude du malade, le jeu de la mimique, l’éclat du regard, la l’impulsion des « Empêcheurs de penser en rond », avec la réédition
signification du geste étaient les premiers éléments et souvent de la thèse d’Élisabeth Renard [44], l’ouvrage collectif Clérambault
l’essentiel de son diagnostic. Puis quelques mots prononcés, la maıˆtre de Lacan, comprenant un index alphabétique de l’œuvre
réponse suggestive à une question apparemment banale, le [39], et la biographie si vivante d’Alain Rubens, transformant
mettaient sur la bonne voie. Comme le faisait un autre grand presque Clérambault en héros de roman [46]. Au même moment, le
clinicien de la même époque, Séglas, il entrait immédiatement film d’Yvon Marciano, Le cri de la soie (1996), s’inspire librement de
dans le délire du malade. Par des questions précises et utiles, il sa vie et de son œuvre, notamment la Passion érotique des étoffes. Le
amenait la réponse révélatrice. Par un mimétisme nourri de rôle phare est joué par la comédienne Marie Trintignant, à la
science, d’observation et d’affection pour son malade, il délirait destinée tragique. Tout récemment, le roman Un lézard dans le
avec lui (sic). Il était capable de s’identifier avec n’importe quel jardin campe un personnage de médecin, le Dr Schwarz, directe-
malade de tout âge, de toute profession » [26]. Observation plus ment inspiré par Clérambault [1]. Les témoignages monumentaux
qu’écoute, intervention active plus qu’attention flottante, identi- sont plus modestes : un square à Bourges, plusieurs unités de soins
fication plus que transfert : ici encore se retrouvent les (dont le Centre Émotions de la Salpêtrière), mais aucune rue et
recommandations formulées un siècle plus tôt par Falret dans inexplicablement aucun hôpital français. . . En dépit de la double
des termes différents [19]. consécration biographique et cinématographique, qui semble le
Heuyer pointe la parenté entre phénomènes subtils du petit hisser à la hauteur de Charcot et de Freud, le maı̂tre de l’Infirmerie
AM et troubles associatifs de Bleuler : « Les troubles du cours de la Spéciale traı̂nerait-il toujours derrière lui sa réputation
pensée semblent avoir été épuisés par la description nouvelle que sulfureuse ?
Clérambault en a donnée. » La mise en exergue de l’AM aurait pour
corollaire le déclin des maladies chroniques et l’avènement de la Déclaration d’intérêts
notion de syndrome : « En psychiatrie comme en médecine, les
descriptions nosographiques tendent à être remplacées par Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en
l’étude des syndromes, démentiels, confusionnels, délirants, relation avec cet article.
hallucinatoires, qui mettent sur la piste de la maladie causale
et de la thérapeutique. » Baruk (1967) voit aussi en Clérambault un Références
critique des vieilles classifications et une sorte de précurseur de
l’approche biopsychosociale contemporaine, loin de son image [1] Agard A. Un lézard dans le jardin. Paris: Thierry Marchaisse éd; 2011.
[2] Anguera P. Gaëtan G. de Clérambault et l’infirmerie spéciale. Les certificats.
traditionnelle d’organiciste forcené : « On retrouve dans son
Mémoire pour le CES de psychiatrie. Paris; 1982.
œuvre capitale un effort de plus pour démembrer les cadres [3] Bailey P, de Clérambault GG. J Nervous Mental Dis 1935;81:609.
rigides et vétustes d’une nosographie ossifiée et pour distinguer [4] Baruk H. La psychiatrie française de Pinel à nos jours. Paris: PUF; 1967.
les symptômes basaux fondamentaux et les réactions de la [5] Bercherie P. Les fondements de la clinique. Histoire et structure du savoir
psychiatrique, 1re éd., Paris: Seuil; 1980.
personnalité à ces derniers [. . .]. Clérambault a donné leur place [6] Berrios GE. Positive and negative symptoms and Jackson. A conceptual history.
respective au facteur basal d’origine organique, aux réactions Arch Gen Psychiatry 1985;42:95–7.
psychologiques liées à la formation de la personnalité et aux [7] Berrios GE. The history of mental symptoms. Descriptive psycchopathology
since the 19th century. Cambridge: Cambridge Univ Press; 1996.
facteurs sociaux » [4]. [8] Bonnafé L. Sur trois biocrates et trois regards différents. In: Wojciechowski JB,
Dans un nouveau recueil de monographies sur les grandes editor. Hygiène mentale et hygiène sociale : contribution à l’histoire de
figures psychiatriques (1973), où Clérambault côtoie cette fois l’hygiénisme. t. II., Paris: L’Harmattan; 1997. p. 303–12.
[9] Ceillier A. Les influencés. Syndromes et psychoses d’influence. Encephale 1924
Moreau de Tours, Janet et Chaslin, son élève Michaux enfonce le [152–6l, 225–34, 294–301, 370–81].
clou sur le passage du chronique au syndromique à l’Infirmerie [10] Clérambault (De) G. ¨uvre psychiatrique. Paris: PUF; 1942 [Rééd. Paris
Spéciale dans les années 1920 : « Ce n’est pas la psychiatrie de Frénésie, coll. Insania, les Introuvables de la Psychiatrie; 1987].
[11] Cutting J, Shepherd M, editors. The clinical roots of the schizophrenia concept.
serre, puis d’herbier de certains asiles, mais la psychiatrie de pleine Cambridge: Cambridge Univ Press; 1987.
terre » [37]. Faisant le constat qu’AM est un « mauvais terme », il [12] Dalle B, Edel Y, Fernandez A. Bien que mon amour soit fou. Érotomanies : du
reprend l’expression « syndrome de Clérambault » en l’attribuant. . . regard à une écoute. Le Plessis-Robinson: Les empêcheurs de penser en rond;
1998.
à l’intéressé lui-même ! « Clérambault admettait l’ironie le
[13] Delay J, Deniker P, Dalle B. Les syndromes hallucinatoires idiopathiques
concernant, à la condition qu’il eût le privilège de son maniement. chroniques de l’adulte. Encephale 1966;79–94.
Le plus simple, m’a-t-il dit un jour, serait d’appeler ce syndrome : [14] Dubertret C, Gorwood P, Adès J. Psychose hallucinatoire chronique et schizo-
syndrome de Clérambault. Mais, ajouta-t-il plaisamment, on dirait phrénie d’apparition tardive : une même entité ? Encephale 1997;XXIII:
157–67.
encore que je suis le premier paranoı̈aque de l’Infirmerie et on [15] Edel Y. Les certificats de Clérambault, 1905 à 1914. Contribution à l’étude
aurait sans doute raison. » Michaux relève aussi que « l’érotomanie clinique des phénomènes d’automatisme mental dans les certificats retrouvés
pure a été nommée maladie de Clérambault ». aux archives de l’hôpital Henri Rousselle. Thèse de médecine. Stras-
bourg;1985.
La décennie 1980 est la période faste de la réhabilitation de [16] Escande M, Bach C. L’automatisme mental de Clérambault. Actualités Psychia-
Clérambault, peut-être impulsée par la disparition de Henri Ey. Si triques 1979;2:59–68.
Bercherie le présente encore comme un « véritable anachronisme [17] Ey H. Hallucinations et délire. Les formes hallucinatoires de l’automatisme
verbal. Paris: Alcan F; 1934.
vivant » [5], Pichot l’appelle « le représentant le plus brillant de la [18] Ey H. Une théorie mécaniciste : la doctrine de G. de Clérambault. In: Études
tradition classique française » [42] et lui consacre deux longs psychiatriquest. 1., Paris: Desclée de Brouwer; 1948[Rééd. Perpignan : CREHEY
paragraphes d’un article en anglais qui tente d’établir les 2006. I, p. 83–102].
[19] Falret
. JP. Des maladies mentales et des asiles d’aliénés. Paris: Baillière JB; 1864
correspondances entre la classification française des délires et le
[20] Garnier M, Delamare V. Dictionnaire des termes techniques de médecine,
DSM [41]. Des thèses et mémoires de psychiatrie se penchent sur 20e éd., Paris: Maloine; 1980.
une analyse minutieuse de ses certificats manuscrits [2,15]. Ils [21] Grivois H. Pour en finir avec Clérambault ! Synapse 1996;131:24–8.
[22] Guiraud P. Les délires chroniques (hypothèses pathogéniques contempo-
viennent confirmer son antériorité sur Gilbert Ballet (isolement de
raines). Encephale 1925;2:663–73.
l’AM dès 1905). Les travaux d’Elisabeth Roudinesco mettent en [23] Guiraud P. Préface. In: Clérambault (De) G, editor. ¨uvre psychiatrique. Paris:
lumière son rôle dans la formation de Lacan. L’œuvre est rééditée PUF; 1942. p. VI–XVI.
dans son intégralité, 45 ans après Jean Frétet, avec la typographie [24] Haustgen T. La psychose hallucinatoire chronique doit-elle disparaı̂tre ? Une
revue historique. Psychiatr Sci Hum Neurosci 2007;5:162–75.
de l’époque [10] (dès 1970, la collection Analectes avait réalisé une [25] Heuyer G. Nécrologie. G. Gatian de Clérambault (1872-1934). Ann Med
réédition partielle de l’AM en deux volumes). Psychol 1935;93:174–6.
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[26] Heuyer G, de Clérambault G. Encephale 1950;XXXIX:413–39. [39] Moron P, Girard M, Maurel H, Tisseron S. Clérambault maı̂tre de Lacan. Le
[27] Kaplan HI, Sadock BJ. Synopsis de Psychiatrie. Trad. fr. de la 8e éd. Paris: Plessis-Robinson: Les empêcheurs de penser en rond; 1993.
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