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Capes Externe 2022 Epreuve 1

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Capes de mathématique 2022 épreuve 1

Capes de mathématique 2022 épreuve 1.

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Durée : 5 heures.
L'usage de la calculatrice est autorisé dans les conditions relevant de la circulaire
du 17 juin 2021 BOEN du 29 juillet 2021.
L'usage de tout ouvrage de référence, de tout dictionnaire et de tout autre
matériel électronique est rigoureusement interdit.
Cette épreuve est constituée de deux problèmes indépendants.

Problème no 1 : vrai-faux.

Pour chacune des assertions suivantes, préciser si elle est vraie ou fausse puis
justier la réponse donnée.

I Ensembles de nombres.
1. Tout entier relatif non nul possède un inverse dans Z pour la multiplication.

L'assertion est fausse.

Il s'agit de démontrer qu'une propriété universelle est fausse : il sut d'ex-


hiber un contre-exemple.
L'inverse de 2, 12 , n'est pas un entier (fraction irréductible).
2. La somme de deux nombres décimaux est un nombre décimal.

L'assertion est vraie.

Il faut ici démontrer que la propriété universelle est vraie. Donc dans tous les
cas.
Soient x et y deux nombres décimaux.
Il existe donc (a,b) ∈ Z2 et (n,m) ∈ N2 tels que x = a
10n
et y = b
10m
.
Donc

-1-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

a b
x+y = +
10n 10m
m n
a × 10 + b × 10
= n m
10 × 10
m n
a × 10 + b × 10
=
10n+m

Comme a × 10m + b × 10n ∈ Z et n + m ∈ N, x + y est bien décimal.


1
3. est un nombre décimal.
3

L'assertion est fausse.

Démontrons que 1
3
n'est pas décimal en raisonnant par l'absurde.
Supposons que 13 est décimal.
Autrement dit : ∃(a,n) ∈ Z × N, 13 = 10an .
Nous en déduisons (produit en croix) :

n
10 = 3a

Or les diviseurs premiers de 10 sont 2 et 5 donc 10n n'est pas divisible par 3
ce qui est contradictoire avec la précédente égalité.

Nous avons démontré par l'absurde que 1


3
n'est pas décimal.


4. 5 est un nombre irrationnel.

L'assertion est vraie.


Démontrons en raisonnant par l'absurde que 5 est irrationnel.

Supposons que 5 ∈ Q.
Autrement
√ dit il existe a et b des entiers naturels premiers entre eux tels que :
5 = ab .

-2-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

Nous en déduisons : 5b2 = a2 . Donc 5∣a2 et enn 5∣a.


Ainsi : ∃a′ ∈ N, a = 5a′ .
Donc :

2 2 ′2
5b = 5 a
2 ′2
b = 5a

Puis 5∣b2 et donc 5∣b.


Chemin faisant nous avons établi que a et b sont divisibles par 5.
Ceci contredit le fait que a et b aient été choisis premiers entre eux.

Nous avons démontré par l'absurde que 5 est irrationnel.


5. Pour tout n dans N, n est un nombre irrationnel.

L'assertion est fausse.


En eet : 0 = 0 ∈
/ R \ Q.

6. La somme de deux nombres irrationnels est un nombre irrationnel.

L'assertion est fausse.

√ √ √ √
En eet : 2 et − 2 sont irrationnels et pourtant 2 + (− 2) = 0 ∈ Q.
7. La somme d'un rationnel et d'un nombre irrationnel est un nombre irration-
nel.

L'assertion est vraie.

Soient x ∈ Q et y ∈ R \ Q.
Démontrons que x + y est irrationnel en raisonnant par l'absurde.
Supposons que x + y ∈ Q.
x ∈ Q donc : ∃(a,b) ∈ Z × N , x = ab .

-3-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

x + y ∈ Q donc : ∃(c,d) ∈ Z × N , x + y = dc .

Ainsi

a c
+y =
b d
c a
y= −
d b
cb − ad
y=
bd

Puisque cb − ad ∈ Z et bd ∈ N∗ , cb−ad
bd
∈ Q. Autrement dit y ∈ Q.
Ceci contredit le fait que y est irrationnel.

Nous avons démontré en raisonnant par l'absurde que x + y est


irrationnel.

II Géométrie dans le plan.


8. Dans un plan muni d'un repère cartésien, 2x = 3 est l'équation d'une droite.

L'assertion est vraie.

Le niveau des questions étant élémentaire j'ai du mal à voir une justication
élémentaire convenant.
Il s'agit d'une droite perpendiculaire à l'axe des abscisses et passant par les
points d'abscisses 32 .
9. Dans un plan euclidien muni d'un repère orthonormé, on considère les points
A(1,1), B(−1,2), C(1, − 1), D(4,5).
Les droites (AB) et (CD) sont perpendiculaires.

L'assertion est vraie.

(AB) ∥ (CD) si et seulement si le produit scalaire (euclidien usuel dans un


−−→ −−→
repère orthonormé du plan) de leurs vecteurs directeurs AB et CD est nul.
−−→ x − xA −−→ −1 − 1 −−→ −2 −−→ 3
Or d'une part AB ( B ), AB ( ), AB ( ) et d'autre part CD ( )
yB − yA 2−1 1 6
donc

-4-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

−−→ −−→
AB ⋅ CD = −2 × 3 + 1×
=0

Donc (AB) ∥ (CD).


10. Dans un plan euclidien, on considère un triangle ABC rectangle en A tel
−−→ 1 −−→ −−→
que AB = 3 et AC = 4. Soit le point D tel que AD = AC + AB . Alors
2
−−→ −−→
AD ⋅ AC = 20.

L'assertion est

−−→ −−→ 1 −−→ −−→ −−→


AD ⋅ AC = ( AC + AB) AC
2
1 −−→ −−→ −−→ −−→
= AC ⋅ AC + AB ⋅ AC
2

Si les produit scalaire et normes sont ceux usuels dans le plan :


−−→ −−→ 1 −−→ 2
AD ⋅ AC = ∥AC∥ + 0
2
1 2
= ×4
2

−−→ −−→
AD ⋅ AC = 8.

III Géométrie dans l'espace.


On se place dans l'espace, muni d'un repère cartésien.

11. Si deux droites D et D′ sont parallèles à un même plan P , alors D est parallèle
à D′ .

L'assertion est fausse.

Exhibons un contre-exemple.

-5-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

Soient (⃗i,j⃗) une base du plan vectoriel directeur de P et A ∈ P .


Notons D la droite passant par A et de vecteur directeur ⃗i, D′ celle passant
par A et de vecteur directeur j⃗.
Par construction D ⊂ P et D′ ⊂ P donc en particulier D et D′ sont parallèles
à P.
Par contre (⃗i,j⃗) est libre puisque c'est une base. Autrement dit ⃗i et j⃗ ne sont
pas colinéaires. Et par conséquent D et D′ sont sécantes et non pas parallèles.
12. 2x + 3y = 3 est l'équation d'une droite.

L'assertion est fausse.

A(0,1,1), B(0,1,2) et C ( 32 ,0,2) appartiennent à l'ensemble des points dont


les coordonnées sont solutions de l'équation proposée.
3
−−→ ⎛ ⎞ −−→ ⎛ 2 ⎞ »»0 »»
0 3
Or AB ⎜ » »» =
⎜0⎟⎟ et BC ⎜
⎜−1⎟⎟ ne sont clairement pas colinéaires par exemple »»»0 −1»»»»
2
⎝2⎠ ⎝0⎠ »»
0 donc les points A, B et C ne sont pas alignés.

x + 2y + z = 2
13. La droite ∆ dénie par le système d'équations { .
x+y−z =0

(a) passe par le point A de coordonnées (1,0,1),

Assertion vraie.

D'une part : 1 + 2 × 0 + 1 = 2 et d'autre part : 1 + 0 − 1 = 0 donc A ∈ ∆.

⎛1⎞
(b) a comme vecteur directeur le vecteur u⃗ de coordonnées ⎜
⎜2⎟
⎟.
⎝1⎠

L'assertion est fausse.

Démontrons en raisonnant par l'absurde que u⃗ n'est pas un vecteur


directeur de ∆.
Supposons que u⃗ est un vecteur directeur de ∆.

-6-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

Remarquons que ∆ est l'intersection des plans P1 ∶ x + 2y + z = 2 et


P2 ∶ x + y − z = 0.
⎛x⎞
⎜y ⎟
Notons v⃗ ⎜ ⎟.
⎝z ⎠
u⃗ ⋅ v⃗ = 2 est l'équation du plan P1 . Donc u⃗ est orthogonal à P1 . Donc ∆
est orthogonale à P1 ce qui contredit le fait que ∆ ⊂ P1 .
(c) est contenue dans le plan P d'équation 3x + 4y − z = 2.

L'assertion est vraie.

Soit M (x,y,z) ∈ ∆.
On a donc :

x + 2y + z = 2 L1
{
x+y−z =0 L2
En faisant L1 + 2L2 on obtient
3x + 4y − z = 2.

Autrement dit si M ∈ ∆ alors M ∈ P .

∆ ⊂ P.

IV Matrices.
1 1 1 2
14. Les matrices ( ) et ( ) ont le même rang.
1 1 1 2

L'assertion est vraie.

1
Dans R2 le vecteur ( ) est non nul et clairement lié à lui même donc la famille
1
1 1
{( ) , ( )} a un rang de 1.
1 1
1 2
De même {( ) , ( )} a un rang de 1.
1 2

-7-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

1 1 1 2
15. Les matrices ( ) et ( ) sont semblables.
1 1 1 2

L'assertion est fausse.

Deux matrices semblables ont nécessairement la même trace ce qui n'est pas
le cas ici.
1 1
16. La matrice ( ) est diagonalisable.
0 1

L'assertion est fausse.

Notons M la matrice proposée.


»»1 − λ 1 »»»»
χM (λ) = det(M − λI2 ) = »»»» = (1 − λ) donc 1 est la seule valeur
2
»» 0 1 − λ»»»»
propre et sa multiplicité est 2.
0 1
M −I2 = ( ) est clairement de rang 1. Par conséquent, d'après le théorème
0 0
du rang, l'endomorphisme de R2 canoniquement associé à M − I2 a un noyau
de dimension 1. Autrement dit, le sous-espace propre associé à la valeur
propre de 1 de M est de dimension 1.
Puisque cette dimension n'égale pas la multiplicité de la valeur propre, M
n'est pas diagonalisable.
1 1
17. La matrice ( ) est diagonalisable.
0 2

L'assertion est vraie.

Notons M la matrice proposée.


χM (λ) = (1 − λ)(2 − λ). Ce polynôme caractéristique étant scindé simple
dans R, M est diagonalisable dans R.

V Suites.
Soit (un )n une suite de nombres réels.

-8-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

18. Si elle est décroissante et minorée par 0 alors elle converge vers 0.

L'assertion est fausse.

La suite (1 + n1 )n∈N∗ est décroissante minorée par 0 est pourtant elle converge
vers 1.
19. Si (u2n )n et (u2n+1 )n convergent alors (un )n converge.

L'assertion est fausse.

Il faudrait que les deux suites extraites aient la même limite.


0 si n ≡ 0 (mod 2)
Soit, pour tout n ∈ N∗ , un = {
1 sinon
(u2n )n et (u2n+1 )n convergent alors que (un )n diverge.

VI Probabilités.
Un élève répond au hasard aux cinq questions d'un questionnaire de type
 VRAI -FAUX .
1
20. La probabilité qu'il ait cinq réponses correctes est égale à .
32

L'assertion est vraie.

En notant X la variable aléatoire qui compte le nombre de bonne réponses,


il est raisonnable de modéliser par une loi binomiale la situation décrite :
X ↪ B (5, 12 ).

5 1 5 1 0
P(X = 5) = (5) ( ) ( )
2 2
1
=
25
1
=
32

-9-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

10
21. La probabilité qu'il ait exactement trois réponses correctes est égale à .
32

L'assertion est vraie.

De même :

5 1 3 1 2
P(X = 3) = (3) ( ) ( )
2 2
5! 1 1
= ⋅ ⋅
3!2! 23 22
5×4 1
= ⋅ 5
2 2
10
=
32

22. Chaque bonne réponse rapporte un point, chaque mauvaise réponse aucun.
La note moyenne à laquelle il peut prétendre est 2,5 sur 5.

L'assertion est vraie.

Avec les notations des questions précédentes, puisque X ↪ B (5, 12 ) : E(X) =


5 × 21 = 2,5.

VII Arithmétique.
23. Si trois nombres entiers relatifs a, b, c sont tels que a et b divisent c, alors ab
divise c.

L'assertion est fausse.

Avec a = 4, b = 6 et c = 12, on a a∣c, b∣c et pourtant ab /∣ c car 0 ⩽ c < ab.


24. Si trois nombres entiers relatifs a, b, c sont tels que a divise b et c, alors bc
est un multiple de a.

-10-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

L'assertion est vraie.

a divise b donc : ∃d ∈ Z, b = ad.


Donc : bc = adc, et par conséquent bc est un multiple de a.
25. 19x ≡ 3 [53] admet des solutions dans Z.

L'assertion est vraie.

19 ∧ 53 = 1 donc, d'après le théorème de Bézout, il existe (p,n) ∈ Z tel que


2

19p + 53n = 1.
Donc : 19 × (3p) + 53 × (3n) = 3.
Ainsi 3p est solution de 19x ≡ 3 [53].
Il est immédiat alors que 19 × (3x − 53) + 53 × (3x + 19) = 3 donc 3x − 53
est aussi une solution de 19x ≡ 3 [53] distincte de 3x.

Problème no 2 : convexité.

Notations.
N désigne l'ensemble des entiers naturels.
N désigne l'ensemble des entiers naturels non nuls.

Q désigne l'ensemble des nombres rationnels.


R désigne l'ensemble des nombres réels.
R+ désigne l'ensemble des nombres réels positifs.
R+ désigne l'ensemble des nombres réels strictement positifs.

Dans ce sujet I et J désignent des intervalles de R, non vides et non réduits à


un point.
Soit f une fonction, à valeurs dans R, dénie sur I .
On rappelle que f est dite convexe sur I si
2
∀(x,y) ∈ I , ∀λ ∈ [0; 1], f (λx + (1 − λ)y) ⩽ λf (x) + (1 − λ)f (y).

Inégalité de convexité (⋆).

On dit que f est concave sur I si −f est convexe sur I .

-11-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

I Préliminaires.
Soit f une fonction, à valeurs dans R, dénie sur I .

1. Traduire à l'aide de quanticateurs que f est croissante sur I .

∀(x,y) ∈ I , x < y ⇒ f (x) ⩽ f (y).


2

2. Traduire à l'aide de quanticateurs que f est n'est pas croissante sur I .


En notant ∧ le connecteur logique  et  :

∃(x,y) ∈ I , [x < y] ∧ [f (x) > f (y)].


2

3. Traduire à l'aide de quanticateurs que f est une fonction ane sur I .


En utilisant la caractérisation avec le taux d'accroissement) (taux de varia-
tion) :

f (x)−f (y)
= m.
2
∃m ∈ R, ∀(x,y) ∈ I , x ≠ y ⇒ x−y

4. Traduire à l'aide de quanticateurs que f est continue en un point a de I .

∀ε ∈ R+ , ∃η ∈ R+ , ∀(x,y) ∈ I , ∣x − y∣ < η ⇒ ∣f (x) − f (y) < ε.


2

II Quelques propriétés et exemples.


5. Écrire une inégalité, analogue à (⋆), caractérisant une fonction concave sur
I.
f est concave sur I si et seulement si :
2
∀(x,y) ∈ I , ∀λ ∈ [0; 1], − f (λx + (1 − λ)y) ⩽ −λf (x) − (1 − λ)f (y).

Ce qui équivaut à

∀(x,y) ∈ I , ∀λ ∈ [0; 1], f (λx + (1 − λ)y) ⩾ λf (x) + (1 − λ)f (y).


2

-12-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

6. Caractérisation graphique de la convexité.


(a) Soit (x,y) ∈ I 2 tel que x < y . Démontrer que z ∈ [x; y] si et seulement
si il existe λ ∈ [0; 1] tel que z = λx + (1 − λ)y .
Démontrons l'existence et l'unicité de l'écriture proposée pour z .
[0; 1] →R
Considérons ϕ ∶ { qui est une fonction ane
ν ↦(x − y)ν + y
strictement décroissante donc bijective de [0; 1] sur ϕ ([0; 1]).
Comme ϕ est strictement décroissante et continue, d'après le théorème
des valeurs intermédiaires, ϕ ([0; 1]) = [ϕ(1); ϕ(0)].
[0; 1] → [x; y]
Ainsi ϕ̃ ∶ { est une bijection.
ν ↦ (x − y)ν + y
Nous en déduisons que

z ∈ [x,y] si et seulement si il existe un unique λ ∈ [0; 1] tel


que z = λx + (1 − λ)y .

Démontrons l'équivalence par double implication.

* Supposons que z ∈ [x; y].

y−x
z = y − x (z − x) + x
z−x z−x
= y − xy − y − xx + x

En posant µ = z−x
y−x
:

z = µy + (1 − µ)x

Or

x⩽z⩽y
0⩽z−x⩽y−x
z−x
0⩽ y−x ⩽1

donc, notant λ = 1 − µ nous avons bien : z = λx + (1 − λ)y avec


λ ∈ [0; 1].

-13-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

* Supposons maintenant qu'il existe λ ∈ [0; 1] tel que z = λx + (1 − λ)y .


[0; 1] → R
ϕ∶{ est une fonction ane dont le coe-
ν ↦ (x − y)ν + y
cient directeur est négatif donc elle est décroissante sur [0; 1].
Par conséquent : ∀ν ∈ [0; 1], ϕ(0) ⩾ ϕ(ν) ⩾ ϕ(1).
Autrement dit : ∀ν ∈ [0; 1], y ⩾ (x − y)ν + y ⩾ x.
En particulier : y ⩾ (x − y)λ + y ⩾ x.
Où encore :

Nous avons démontré par double implication que z ∈ [x; y]


si et seulement si ∃λ ∈ [0; 1], z = λx + (1 − λ)y .

(b) Sans démonstration, illustrer l'inégalité de convexité (⋆) par une gure.

λf (x) + (1 − λ)f (y)

f (λx + (1 − λ)y)

x y
z = λx + (1 − λ)y

7. Opérations et convexité.
(a) Soient f et g des fonctions convexes sur I . Démontrer que f + g est
convexe sur I .
Soit (x,y,λ) ∈ I 2 × [0,1].
Par convexité de f et de g :
f (λx + (1 − λ)y) ⩽ λf (x) + (1 − λ)f (y)
{
g(λx + (1 − λ)y) ⩽ λg(x) + (1 − λ)g(y)

-14-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

En sommant terme à terme les deux inégalités :

f (λx + (1 − λ)y) + g(λx + (1 − λ)y) ⩽ λf (x) + (1 − λ)f (y)+


λg(x) + (1 − λ)g(y)
[f + g](λx + (1 − λ)y) ⩽ λ [f (x) + g(x)] +
(1 − λ) [f (y) + g(y)]
[f + g](λx + (1 − λ)y) ⩽ λ[f + g](x) + (1 − λ)[f + g](y)

L'inégalité de convexité est vériée pour tout (x,y,λ) ∈ I 2 × [0,1] donc

f + g est convexe sur I .

(b) Soient f une fonction convexe sur I à valeurs dans J et g une fonction
convexe et croissante sur J . Démontrer que g ◦ f est convexe sur I .
Soit (x,y,λ) ∈ I 2 × [0,1].
f étant convexe :

f (λx + (1 − λ)y) ⩽ λf (x) + (1 − λ)f (y)

g étant croissante :

g [f (λx + (1 − λ)y)] ⩽ g [λf (x) + (1 − λ)f (y)]

g étant convexe :

g ◦ f (λx + (1 − λ)y) ⩽ λg [f (x)] + (1 − λ)g [f (y)]


g ◦ f (λx + (1 − λ)y) ⩽ λg ◦ f (x) + (1 − λ)g ◦ f (y)

Autrement dit :

g ◦ f est convexe sur I .

(c) Sans démonstration, énoncer une propriété du même type qui permet-
trait de conclure que g ◦ f est concave.

Si f est concave sur I à valeurs dans J et g est concave et


croissante sur J , alors g ◦ f est concave sur I .

-15-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

8. Quelques exemples.
L'étude des exemples qui suivent prendra appui sur la dénition de la convexité
et sur les résultats précédemment démontrés.

(a) Démontrer que la fonction valeur absolue est convexe sur R.


Soit (x,y,λ) ∈ R2 × [0,1].
D'après l'inégalité triangulaire :

∣λx + (1 − λ)y∣ ⩽ ∣λx∣ + ∣(1 − λ)y∣


⩽ ∣λ∣ ⋅ ∣x∣ + ∣1 − λ∣ ⋅ ∣y∣
⩽ λ∣x∣ + (1 − λ)∣y∣

La fonction valeur absolue est convexe sur R.

(b) Démontrer que la fonction x ↦ x2 est convexe sur R.


Soit (x,y,λ) ∈ R2 × [0,1].

2 2 2
(λx + (1 − λ)y) ⩽ λx + (1 − λ)y

équivaut successivement à :

2 2 2
0 ⩽ λx + (1 − λ)y − (λx + (1 − λ)y)
2 2 2 2 2 2
0 ⩽ λx − λ x + (1 − λ)y − (1 − λ) y − 2λ(1 − λ)xy
2 2
0 ⩽ λ(1 − λ)x + λ(1 − λ)y − 2λ(1 − λ)xy
0 ⩽ x + y − 2xy, car λ(1 − λ) ⩾ 0
2 2

2
0 ⩽ (x − y)

Nous avons raisonné par équivalence et la dernière inégalité est claire-


ment toujours vraie donc l'inégalité de convexité est vériée.

La fonction carré est convexe sur R.

-16-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

(c) On cherche à démonter que la fonction ln est concave sur R∗+ .


2
Soit (x,y) ∈ (R∗+ ) tel que x < y . On considère la fonction g dénie sur
[0; 1] par

∀t ∈ [0; 1], g(t) = ln (tx + (1 − t)y) − t ln(x) − (1 − t) ln(y).

i. Étudier la monotonie de la fonction g ′ , dérivée de g , sur [0; 1].


∗ 2
g est dérivable sur [0; 1] car si (x,y,t) ∈ (R+ ) × [0; 1] alors tx +
(1 − t)y ∈ [x,y] ⊂ R+ .

Pour tout t ∈ [0; 1]

x−y
g (t) =

− ln(x) + ln(y)
tx + (1 − t)y

t ↦ tx + (1 − t)y est une fonction ane dont le coecient directeur


est x − y . Or par hypothèse x − y < 0 donc t ↦ tx + (1 − t)y est
strictement décroissante.
D'où, la fonction inverse étant strictement décroissante sur R∗+ , t ↦
1
tx+(1−t)y
est strictement croissante sur [0; 1].
Enn, puisque x−y < 0, t ↦ x−y
tx+(1−t)y
−ln(x)+ln(y) est strictement
décroissante sur [0; 1].

g est strictement décroissante sur [0; 1].


ii. Démontrer que :


1 ln(x) − ln(y) 1
y ⩽ x−y ⩽ x.

Notons z = xy . Remarquons que z ∈]0; 1].

1 ln(x) − ln(y) 1
y ⩽ x−y ⩽x

équivaut successivement à :
x−y x−y
y ⩾ ln(x) − ln(y) ⩾ x , car x − y < 0
x x y
y − 1 ⩾ ln ( y ) ⩾ 1 − x .

-17-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

L'encadrement à démontrer est équivalent à :


1
z − 1 ⩾ ln(z) ⩾ 1 − z .

Démontrons z − 1 ⩾ ln(z) ⩾ 1 − z1 .

]0; 1] → R
* h∶{ est dérivable et h′ (z) = (1−z)(1+z) .
z ↦ ln(z) − z + 1 z

Ainsi h′ ⩾ 0 sur ]0; 1] et h est croissante sur ce même intervalle.


Comme de plus h(1) = 0 nous en déduisons : h ⩽ 0 sur ]0; 1].
Nous en déduisons : z − 1 ⩾ ln(z).
* De même ` ∶ z ↦ ln(z)−1+ z1 et dérivable sur ]0; 1] et `′ (z) = z−1
z2
.
Donc ` est décroissante sur ]0; 1]. Comme de plus `(1) = 0, nous
avons : ` ⩾ 0 sur ]0; 1]. Nous avons démontré que ln(z) ⩾ 1 − z1 .

Ainsi pour tout z ∈]0; 1], z − 1 ⩾ ln(z) ⩾ 1 − z1 .

iii. En déduire le signe de g ′ (0) et de g ′ (1).

* Étudions le signe de g ′ (0).

x−y
g (0) =

y − ln(x) + ln(y)
1 ln(x) − ln(y)
= (x − y) ( y − x−y )

Or, d'après la question précédente,


1 ln(x) − ln(y)
y− x−y ⩽0

et par construction x − y < 0 donc

g (0) ⩽ 0.

* En procédant de même :

g (1) ⩾ 0.

-18-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

iv. Déduire des questions précédentes que g ′ s'annule une unique fois
sur [0; 1].
g est continue, car dérivable, sur [0; 1], g (0) ⩽ 0 ⩽ g (1) donc,
′ ′ ′

d'après le théorème des valeurs intermédiaires


∃α ∈ [0; 1], g (t) = 0.

Comme de plus g ′ est strictement décroissante, elle est injective et


α est donc unique.

∃!α ∈ [0; 1], g (α) = 0.


v. Déterminer le signe de g sur [0; 1] et conclure.


De la stricte décroissance de g ′ et de la question précédente nous
déduisons le tableau de variation :
x 0 α 1

g + 0 −

g(α)
g
0 0

Nous en déduisons :

g ⩾ 0 sur [0; 1].

Soit t ∈ [0; 1].

g(t) ⩾ 0 ⇔ ln (tx + (1 − t)y) − t ln(x) − (1 − t) ln(y) ⩾ 0


⇔ ln (tx + (1 − t)y) ⩾ t ln(x) + (1 − t) ln(y)

Ainsi − ln vérie (⋆).


Autrement dit :

ln est concave.

-19-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

9. Généralisation de l'inégalité de convexité.


Soit f une fonction convexe sur I .
Démontrer que pour tous n ∈ N∗ , (x1 ,x2 , . . . ,xn ) ∈ I n et (λ1 ,λ2 , . . . ,λn ) ∈
n
(R+ ) tels que ∑ λk = 1, on a
n

k=1

n
∑ λ k xk ∈ I
k=1

et
n n
f ( ∑ λk xk ) ⩽ ∑ λk f (xk ).
k=1 k=1

Pour n ∈ N∗ , notons P(n) l'assertion suivante : ∀(x1 ,x2 , . . . ,xn ) ∈ I n ,


∀(λ1 ,λ2 , . . . ,λn ) ∈ (R+ ) ,
n

n n
∑k=1 λk xk ∈ I
∑ λk = 1 ⇒ { n n
f (∑k=1 λk xk ) ⩽ ∑k=1 λk f (xk )
k=1

Démontrons par récurrence sur n que P(n) est vraie pour tout n ∈ N∗ .

* Justions que P(1) est vraie.


Soit (λ1 ,x1 ) ∈ R+ × I .
De ∑nk=1 λk = 1 on déduit λ1 = 1.
• D'une part, on a donc λ1 x1 = x1 ∈ I .
• Et d'autre part, on a f (λ1 x1 ) = f (x1 ) = λ1 f (x1 ) et donc f (λ1 x1 ) ⩽
λ1 f (x1 ).
* Soit n ∈ N∗ . Supposons que P(n) est vraie et démontrons que P(n + 1)
est alors nécessairement vraie.
Soient (x1 ,x2 , . . . ,xn+1 ,) ∈ I n+1 et (λ1 ,λ2 , . . . ,λn+1 ) ∈ (R+ )n+1 .
• Remarquons tout d'abord que si λ ∈ R+ et (x,y) ∈ I avec x ⩽ y alors,
2

x ⩽ λx + (1 − λ)y ⩽ y.

Autrement dit, puisque I est un intervalle,


λx + (1 − λ)y ∈ I.

Notons µ = ∑nk=1 λk . Comme ∑nk=1 λµk = 1 et que (x1 , . . . xn ) ∈ I n , nous


en déduisons, d'après l'hypothèse de récurrence : x = ∑nk=1 λµk xk ∈ I .

-20-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

µ ∈ R+ et (x,xn+1 ) ∈ I , donc, d'après notre remarque liminaire : µx +


2

(1 − µ)xn+1 ∈ I .
Autrement dit : ∑n+1
k=1 λk xk ∈ I .
• En gardant les notations précédentes, et puisque f est convexe :

f (µx + (1 − µ)xn+1 ) ⩽ µf (x) + (1 − µ)f (xn+1 )

Autrement dit :
n
λk
f (µx + (1 − µ)xn+1 ) ⩽ µf ( ∑ µ xk ) + λn+1 f (xn+1 )
k=1

D'après l'hypothèse de récurrence :


n
λk
f (µx + (1 − µ)xn+1 ) ⩽ µf ( ∑ µ xk ) + λn+1 f (xn+1 )
k=1

Enn :
n
f (µx + (1 − µ)xn+1 ) ⩽ f ∑ λk (xk ) + λn+1 f (xn+1 )
k=1

Nous avons établi que P(n + 1) est vraie.

Nous avons démontré par récurrence sur n ∈ N∗ que P(n) est


vraie pour tout n ∈ N∗ .

10. Deux applications.


3
(a) À l'aide de la concavité de ln, démontrer que pour tout (a,b,c) ∈ (R∗+ ) ,
on a

3 a+b+c
abc ⩽ .
3

√ 1
ln ( abc) = ln ((abc) 3 )
3

ln(a) + ln(b) + ln(c)


=
3

-21-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

La fonction logarithme étant concave :


√ a+b+c
ln ( abc) ⩽ ln ( )
3

La fonction exponetielle étant croissante :


√ a+b+c
exp ◦ ln ( abc) ⩽ exp ◦ ln ( )
3


3
abc ⩽ a+b+c
3
.

(b) Démontrer que ln ◦ ln est concave sur ]1, + ∞[.


En déduire que pour tout(x,y) ∈ (]1, + ∞[)2 , on a
x+y √
ln ( ) ⩾ ln(x) ln(y).
2

ln est concave sur ]1,+∞[, à valeurs dans R+ et croissante donc, d'après


la question 7.c

ln ◦ ln est concave.

Nous en déduisons :

x+y ln ◦ ln(x) + ln ◦ ln(y)


ln ◦ ln ( )⩾
2 2
x+y 1
ln ◦ ln ( ) ⩾ ln [ln(x) ln(y)]
2 2
x+y 1
ln ◦ ln ( ) ⩾ ln [(ln(x) ln(y)) 2 ]
2
x+y √
ln ◦ ln ( ) ⩾ ln [ ln(x) ln(y)]
2
Puis exponentielle étant croissante :
x+y √
exp ◦ ln ◦ ln ( ) ⩾ exp ◦ ln [ ln(x) ln(y)]
2


ln ( x+y
2
)⩾ ln(x) ln(y).

-22-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

III Inégalité des trois pentes et conséquences.


Soit f une fonction, à valeurs dans R, dénie sur I .
Pour tout a ∈ I , on considère la fonction
I \ {a} ⟶ R
∆a ∶ { f (t) − f (a) .
t ⟼
t−a

11. (a) On suppose dans cette question que la fonction f est convexe sur I.
Soient a ∈ I et (t,u) ∈ (I \ {a})2 tel que t < u.

i. On suppose que t < u < a. D'après la question 6.a, on sait qu'il


existe λ ∈]0; 1[ tel que u = λt + (1 − λ)a.
Démontrer que f (u) − f (a) ⩽ λ (f (t) − f (a)) puis que ∆a (t) ⩽
∆a (u).

f (u) − f (a) = f (λt + (1 − λ)a) − f (a)

Puisque f est convexe :

f (u) − f (a) ⩽ λf (t) + (1 − λ)f (a) − f (a)


⩽ λ (f (t) − f (a))

f (u) − f (a) ⩽ λ (f (t) − f (a)).

De : u < a nous déduisons : u − a < 0.


Et donc :

f (u) − f (a) f (t) − f (a)


u−a ⩾λ u−a
f (t) − f (a)
⩾λ
λt + (1 − λ)a
f (t) − f (a)
=⩾ λ
λ(t − a)
f (t) − f (a)

t−a

-23-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

Autrement dit :

∆a (u) ⩾ ∆a (t).

ii. On admet que cette dernière inégalité reste vraie pour a < t < u et
pour t < a < u. Que peut-on en déduire pour ∆a ?
Ainsi : ∀(t,u) ∈ (I \ {a})2 , (t < u) ⇒ ∆a (t) < ∆a (u).
Autrement dit :

∆a est croissante sur I \ {a}.

(b) On suppose dans cette question que, pour tout a ∈ I , ∆a est croissante
sur I \ {a}.
Soient (x,y) ∈ I 2 tel que x < y et λ ∈ [0; 1[.

i. Démontrer que ∆x (λx + (1 − λ)y) ⩽ ∆x (y).


Puisque x < y et λ ∈ [0; 1[, x < λx + (1 − λ)y ⩽ y .
∆x étant croissante sur I \ {x} nous en déduisons :

∆x (λx + (1 − λ)y) ⩽ ∆x (y).

ii. En déduire que f est convexe sur I .


D'après la question précédente et dans les mêmes conditions (no-
tamment x < y ) :

f (λx + (1 − λ)y) − f (x) f (y) − f (x)



λx + (1 − λ)y − x y−x
f (λx + (1 − λ)y) − f (x) f (y) − f (x)

(1 − λ)(y − x) y−x
f (λx + (1 − λ)y) − f (x) ⩽ (f (y) − f (x))(1 − λ)
f (λx + (1 − λ)y) ⩽ f (x) − (1 − λ)f (x) + f (y)(1 − λ)
f (λx + (1 − λ)y) ⩽ f (x) + (1 − λ)f (y)

Du fait du rôle symétrique joué par x et y le résultat reste valable


pour tout (x,y) ∈ I 2 .

-24-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

Par conséquent :

f est convexe sur I .

(c) Donner une condition nécessaire et susante sur ∆a pour que f soit
convexe sur I .
D'après les question 11.a et 11.b

f est convexe sur I si et seulement si pour tout a ∈ I , ∆a


est croissante sur I \ {a}.

On suppose dans la suite de cette partie III que la fonction f est


convexe sur I .
12. Soit (a,b,c) ∈ I 3 tel que a < b < c.

(a) En utilisant la question 11, démontrer l'inégalité des trois pentes :

f (b) − f (a) f (c) − f (a) f (c) − f (b)


⩽ c−a ⩽ .
b−a c−b

D'après la question 11 ∆a est croissante sur I \ {a}, or b < c donc


∆a (b) ⩽ ∆a (c).

Autrement dit :
f (b) − f (a) f (c) − f (a)
⩽ c−a .
b−a
De même :
∆c (a) ⩽ ∆c (b).
Autrement dit :
f (a) − f (c) f (b) − f (c)
a−c ⩽ .
b−c
Finalement
f (b)−f (a) f (c)−f (a) f (c)−f (b)
b−a
⩽ c−a
⩽ c−b
.

(b) Illustrer cette inégalité par une gure.

-25-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

f (c)−f (a)
c−a

f (c)−f (b)
c−b
f (b)−f (a)
b−a
× × ×
a b c

13. (a) Théorème de la limite monotone.


Soit ϕ une fonction croissante sur l'intervalle ]a,b[ avec (a,b) ∈ R2 et
a < b.

i. Démontrer que si ϕ est majorée alors elle admet une limite nie à
gauche en b, égale à la borne supérieure de l'ensemble {ϕ(x) ; x ∈
]a,b[}.
{ϕ(x) ∣ x ∈]a,b[} est une partie non vide (a < b) et majorée de R
( ϕ est majorée) donc cette partie admet une borne supérieure que
nous noterons L.
Démontrons que ϕ(x) ⟶ L.
x→b
x<b

Soit ε ∈ R∗+ .
Puisque L est une borne supérieure :
∃x0 ∈]a; b[, L − ε < ϕ(x0 ) ⩽ L.

Puisque ϕ est croissante nous en déduisons :


∀x ∈]x0 ,b[, ∣L − ϕ(x)∣ < ε.

Autrement dit :

ϕ(x) converge vers L lorsque x tend vers b par valeur


inférieures.

-26-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

ii. Sans démonstration, que peut-on dire si ϕ est minorée ?

Si ϕ est minorée alors elle admet une limite nie à droite


en a, égale à inf{ϕ(x) ∣ x ∈]a,b[}.

(b) Soit (a,b,c) ∈ I 3 tel que a < b < c.

i. En appliquant le théorème de la limite monotone à ∆b , démontrer


que f est dérivable à gauche et à droite en b et que
f (b) − f (a) f (c) − f (b)
⩽ f g (b) ⩽ f d (b) ⩽
′ ′
.
b−a c−b

* Soit x ∈]a,b[.
Puisque ∆b est croissante sur I \ {b} et x < b < c :
∆b (x) ⩽ ∆b (c).

Ainsi ∆b est croissante et majorée sur ]a,b[ donc, d'après le théo-


rème de la limite monotone,
∆b (x) ⟶ f g (b).

x→b
x<b

* Puisque ∆b est croissante : ∆b (a) ⩽ ∆b (x) pour tout x ∈]a,b[.


Donc : ∆b (a) ⩽ f ′ g (b).
* Par symétrie on a aussi : f ′ d (b) ⩽ ∆b (c).
* De plus, pour tout x,y ∈]a,c[2 tel que x < b < y , puisque ∆b est
croissante :
∆b (x) ⩽ ∆b (y).
En passant à la limite :
lim ∆b (x) ⩽ lim ∆b (y).
x→b y→b
x<b b<y

Donc :
f g (b) ⩽ f d (b).
′ ′

Finalement nous avons bien

∆b (a) ⩽ f g (b) ⩽ f d (b) ⩽ ∆b (c).


′ ′

-27-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

ii. Montrer que f est continue en b.


Comme nous l'avons remarqué à la question précédente :
∀x ∈]a,b[, ∆b (x) ⩽ f g (b).

Puisque b − x > 0 :
f (b) − f (x) ⩽ f g (b)(b − x).

De même nous obtiendrions :


∀x ∈]b,c[, f (x) − f (b) ⩽ f d (b)(x − b).

Nous en déduisons :
∀x ∈]a,c[, ∣f (x) − f (b)∣ ⩽ max (f g (b),f d (b)) ∣x − b∣.
′ ′

Ainsi f est lipschitzienne sur ]a,c[ donc

f est continue en b.

(c) Donner un exemple d'une fonction convexe et non continue sur un in-
tervalle.
Soit g l'application dénie sur [0; 1], à valeurs dans R, dénie par
x si x ∈]0; 1]
g(x) = {
1 si x = 0
g est clairement convexe (et concave) sur ]0; 1]. De plus, pour tout
λ ∈ [0; 1] et y ∈]0; 1],

g (λ × 0 + (1 − λ)y) = g ((1 − λ)y)

g]0;1] = Id]0;1] donc

g (λ × 0 + (1 − λ)y) = (1 − λ)y
= (1 − λg(y)
⩽ λ + (1 − λ)g(y)
⩽ λg(0) + (1 − λ)f (y)
Ainsi

g est convexe sur [0; 1] et pourtant discontinue en 0.

-28-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

IV Caractérisation des fonctions convexes dérivables.


Soit f une fonction dérivable sur I . On note f ′ sa fonction dérivée sur I .

14. Dans cette question, on suppose f convexe sur I .

(a) Montrer que pour tout (a,b) ∈ I 2 tel que a < b, on a


f (b) − f (a)
f (a) ⩽ ⩽ f (b),
′ ′
b−a

et en déduire que f ′ est croissante.

* Soit (a,b) ∈ I 2 , avec a < b.


Nous avons établi à la question 13 (a) i que, pour f convexe,
f (b) − f (a)
⩽ f g (b).

b−a

Mais puisque f est dérivable sur I , f ′ g (b) = f ′ (b) et donc


f (b) − f (a)
⩽ f (b).

b−a
Par symétrie :
f (b) − f (a)
f (a) ⩽

.
b−a

f (b) − f (a)
f (a) ⩽ ⩽ f (b).
′ ′
b−a

* Ainsi :
2
∀(a,b) ∈ I ,a < b ⇔ f (a) ⩽ f (b).
′ ′

Autrement dit :

f est croissante sur I .


(b) Justier que la courbe représentative de f est au-dessus de toutes ses


tangentes.
Soit (a,x) ∈ I 2 .

-29-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

* D'après la question précédente, si a < x alors :


f (x) − f (a)
f (a) ⩽

x−a .

Puisque qu'alors x − a > 0 :


f (a)(x − a) + f (a) ⩽ f (x).

* De même, si x < a alors


f (x) − f (a)
⩽ f (a).

x−a
Comme x − a < 0 :
f (x) ⩾ f (a)(x − a) + f (a).

Donc
la courbe représentative de f est au-dessus de toutes ses
tangentes.

15. Dans cette question, on suppose f ′ croissante sur I .


Soit (x,y) ∈ I 2 tel que x < y . On considère la fonction φ dénie sur [0,1] par
∀t ∈ [0,1], φ(t) = tf (x) + (1 − t)f (y) − f (tx + (1 − t)y) .

(a) Démontrer que φ est dérivable sur I et déterminer sa dérivée φ′ .


Il y a une coquille dans l'énoncé. φ n'est pas dénie sur I mais sur [0; 1]
et c'est sur cet intervalle qu'elle est dérivable.
φ est bien dénie sur [0; 1].
De plus c'est la somme d'une fonction ane et de la composée de f et
d'une fonction ane. f étant dérivable I nous en déduisons que

φ est dérivable sur [0; 1].

De plus

∀t ∈ [0; 1], φ (t) = f (x) − f (y) − (x − y)f (tx + (1 − t)y).


-30-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

(b) En utilisant le théorème des accroissements nis pour f entre x et y ,


démonter qu'il existe γ ∈]0; 1[ tel que pour tout t ∈ [0; 1],

φ (t) = (x − y) (f (γx + (1 − γ)y) − f (tx + (1 − t)y)) .


′ ′ ′

L'application f est continue sur [x,y] (x < y ) et dérivable sur ]x,y[,


donc, d'après le théorème des accroissements nis :
f (x) − f (y)
= f (z).

∃z ∈]x,y[, x−y

Or : z ∈]x,y[⇔ ∃γ ∈]0; 1[, z = γx + (1 − γ)y ,


donc :
∃γ ∈]0; 1[, f (x) − f (y) = (x − y)f (γx + (1 − γ)y) .

Soit t ∈ [0; 1].


En substituant f (ix)−f (y) par l'expression précédente dans l'expression
de φ′ obtenue à la question précédente :
φ (t) = (x − y)f (γx + (1 − γ)y) − (x − y)f (tx + (1 − t)y) .
′ ′

En factorisant par x − y nous obtenons bien que

pour tout t ∈ [0; 1],

φ (t) = (x − y) (f (γx + (1 − γ)y) − f (tx + (1 − t)y)) .


′ ′ ′

(c) En déduire les variations de φ.


Puisque f ′ est supposée croissante sur I :

t 0 γ 1

f (γx + (1 − γ)y) −

+ 0 −
f (tx + (1 − t)y)

D'où, sachant que x − y < 0 :

-31-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

x 0 γ 1

φ + 0 −

φ(γ)
φ
0 0

Ceci étant valable pour tous (x,y) ∈ I 2 et t ∈ [0; 1], nous en déduisons
que :

φ est convexe sur I .

(d) En déduire que la fonction f est convexe sur I .


De la question précédente nous déduisons que, pour tout t ∈ [0; 1] :

0 ⩽ φ(t)

Nous en dédiuisons successivement :

0 ⩽ tf (x) + (1 − t)f (y) − f (tx + (1 − t)y)


f (tx + (1 − t)y) ⩽ tf (x) + (1 − t)f (y)

16. Montrer qu'une fonction f deux fois dérivable sur I est convexe sur I si et
seulement si f ′′ est positive sur I .
Supposons f deux fois dérivable sur I .
* D'après la question 14, si f est convexe alors f ′ est croissante ce qui équi-
vaut à dire que f ′′ est positive.
* Réciproquement si f ′′ est positive alors f ′ est croissante et, d'après la ques-
tion 15, f est alors convexe.

f est convexe sur I si et seulement si f ⩾ 0.


′′

-32-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

V Diérentes inégalités.
17. Soit f ∶ R∗+ → R est une fonction concave.
∗ 2
(R+ ) → R
On dénit la fonction ψ ∶ {
(x,y) ↦ yf ( xy )

4
(a) Démontrer que pour tout (x1 ,x2 ,1 ,y2 ) ∈ (R∗+ ) , on a
ψ(x1 ,y1 ) + ψ(x2 ,y2 ) ⩽ ψ(x1 + x2 ,y1 + y2 ).

4
Soient (x1 ,x2 ,1 ,y2 ) ∈ (R∗+ ) .
Notons t = y1y+y1
2
.
Nous remarquons que :
x1 + x2 x1 x2
y1 + y2 = t y1 + (1 − t) y2 .

Puisque f est concave :


x1 x2 x1 x2
f [t y + y + (1 − t) y + y ] ⩾ tf ( y ) + (1 − t) f ( y ) .
1 2 1 2 1 2

Autrement dit :
x1 + x2 1 x1 1 x2
f ( y + y ) ⩾ y + y y1 f ( y ) + y + y y2 f ( y ) .
1 2 1 2 1 1 2 2

Puisque y1 + y2 > 0 on a bien

ψ (x1 + x2 ,i1 + y2 ) ⩾ ψ(x1 ,y1 ) + ψ(x2 ,y2 ).

(b) En déduire que pour tout n ∈ N∗ et tout (x1 , . . . ,xn ,y1 , . . . ,yn ) ∈
∗ 2n
(R+ ) , on a
n n n
∑ ψ(xk ,yk ) ⩽ ψ ( ∑ xk , ∑ yk ) (⋆⋆).
k=1 k=1 k=1

Démontrons la propriété par récurrence sur n ∈ N∗ .

* L'égalité est triviale pour n = 1.

-33-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

* Soit n ∈ N∗ . Supposons l'inégalité vraie au rang n et démontrons


qu'elle l'est encore au rang n + 1.
2n+2
Soit (x1 , . . . ,xn+1 ,y1 , . . . ,yn+1 ) ∈ (R∗+ )
Par hypothèse de récurrence :

n+1 n n
∑ ψ(xk ,yk ) ⩽ ψ ( ∑ xk , ∑ yk ) + ψ(xn+1 ,yn+1 )
k=1 k=1 k=1

D'après la question précédente :


n+1 n n
∑ ψ(xk ,yk ) ⩽ ψ (xn+1 + ∑ xk ,yn+1 + ∑ yk )
k=1 k=1 k=1

Ainsi la proposition est vraie au rang n + 1.

Nous avons démontré par récurrence que :


∗ 2n
∀n ∈ N , ∀(x1 , . . . ,xn ,y1 , . . . ,yn ) ∈ (R+ ) ,

∑k=1 ψ(xk ,yk ) ⩽ ψ (∑k=1 xk , ∑k=1 yk ).


n n n

18. Application.
Soient p,q ∈]1; +∞[ tels que 1
p
+ 1
q
= 1.
1
Dans cette question, f ∶ t ↦ t . p

(a) Démontrer que f est concave sur R∗+ .


f est deux fois dérivable sur R+ et, pour tout x ∈ R+ :
∗ ∗

1 1 1
f (x) = p ( p − 1) x p .
′′ −2

Ainsi f ′′ ⩽ 0. Autrement dit

f est concave sur R+ .


2n
(b) Soient n ∈ N∗ et (a1 , . . . ,an ,b1 , . . . ,bn ) ∈ (R∗+ ) .
En utilisant (⋆⋆), démontrer l'inégalité de Hölder :
1 1
n n p n q
p q
∑ ak bk ⩽ ( ∑ ak ) (∑ bk ) .
k=1 k=1 k=1

-34-
Capes de mathématique 2022 épreuve 1

En utilisant la fonction ψ associée à f de la question précédente nous


avons :
n n n
p q p q
∑ ψ(ak ,bk ) ⩽ ψ ( ∑ ak , ∑ bk ) .
k=1 k=1 k=1

Autrement dit on a successivement :

1 1
n p n n p
q ak p
q ∑ ak p
∑ bk ( q ) ⩽ ( ∑ bk ) ( k=1
n q )
k=1 bk k=1 ∑k=1 bk
1 1
n q n 1− p n p
q− p q p
∑ bk ak ⩽ ( ∑ bk ) (∑ ak )
k=1 k=1 k=1

Et puisque 1
p
+ 1
q
= 1 nous avons nalement

1 1
q p
∑k=1 ak bk ⩽ (∑k=1 bk ) q (∑k=1 ak ) p .
n n n

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