2002DREES TechniqueVieQuot
2002DREES TechniqueVieQuot
2002DREES TechniqueVieQuot
LES TECHNIQUES
DE LA VIE QUOTIDIENNE
âges et usages
à la réduction des inégalités
Coordination de l’ouvrage
Françoise Bouchayer,
Catherine Gorgeon,
Alain Rozenkier
Françoise Bouchayer
Mission Recherche-DREES
Ministère de l’Emploi et de la Solidarité
11, place des 5-Martyrs-du-Lycée-Buffon
75696 Paris Cedex 14 – France
Tél. : 33 (0)1 40 56 82 16
Fax : 33 (0) 1 40 56 82 20
E.mail : francoise.bouchayer@sante.gouv.fr
Catherine Gorgeon
Fondation nationale de gérontologie
49, rue Mirabeau
75016 Paris – France
Tél. : 33 (0) 1 55 74 67 19
Fax : 33 (0) 1 55 74 67 01
E. mail : gorgeon.fng@wanadoo.fr
Alain Rozenkier
Caisse nationale d’assurance vieillesse
Direction des recherches sur le vieillissement
49, rue Mirabeau
75016 Paris – France
Tél. : 33 (0)1 53 92 50 20
Fax : 33 (0) 1 53 92 50 26
E.mail : alain.rozenkier@cnav.fr
Juin 2002
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Sommaire
Avant-propos . .................................................5
Séminaire de valorisation
Les techniques de la vie quotidienne : âges et usages
OUVERTURE DU SÉMINAIRE
Patrick Hermange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Mireille Elbaum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
SYNTHÈSE DU SÉMINAIRE
3
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Les produits techniques dans les échanges entre les vieilles personnes,
leur entourage et les services d’aide à domicile
Serge Clément, Marcel Drulhe, Christine Dubreuil, Michèle Lalanne,
Jean Mantovani, Sandrine Andrieu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
Les personnes âgées face à la société de l’information
Emmanuel Eveno, Philippe Vidal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Information et multimédia : quel intérêt pour les libertés ?
Dominique Le Doujet, Catherine Lefevre, Claire Lebret, Marie-Paule Buffet. . . 103
L’apprentissage et l’utilisation de l’Internet par les aînés,
une question d’expertise et d’utilité plus que d’âge :
le cas du site de la SNCF et de la CDC
Cecilia De la Garza, Jean-Marie Burkhardt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
Annexes
Publications issues du programme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
Liste et coordonnées des chercheurs du programme. . . . . . . . . . . . . . . 189
Composition du comité scientifique et du comité de pilotage . . . . . . . 195
Premier appel d’offres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
Programme du séminaire de valorisation,
MiRe-DREES/CNAV, Paris, 27 novembre 2001 . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
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Avant-propos
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Séminaire de valorisation
OUVERTURE DU SÉMINAIRE
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Séminaire de valorisation
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Ouverture du séminaire
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OUVERTURE DU SÉMINAIRE
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Ouverture du séminaire
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Les questions pour l’action tourneront ici davantage autour des condi-
tions de réussite des apprentissages, des médiations qui sont susceptibles
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Ouverture du séminaire
SYNTHÈSE DU SÉMINAIRE
C
ETTEjournée de valorisation avait pour ambition de faire dialo-
guer et échanger chercheurs en sciences sociales et offreurs de
produits ou de services, que ces derniers soient des institutions
ou des entreprises privées ou publiques (comme Renault, la RATP, la
SNCF, France Télécom, EDF, la Caisse des dépôts et consignations ou la
sécurité sociale). Il ne s’agissait donc pas uniquement de restituer les résul-
tats des recherches financées dans le cadre du deuxième appel d’offres du
programme « Évolutions technologiques, dynamique des âges et vieillisse-
ment de la population ». De fait, ce séminaire a été l’occasion de prolon-
ger la discussion sur les passerelles envisageables entre la recherche et la
prestation de services ou la production d’équipements destinés au public.
Les huit recherches soutenues dans le cadre du premier appel d’offres
du programme faisaient le constat d’une difficile connexion socio-tech-
nique entre individus âgés et technologies nouvelles. Les apports des
recherches suivantes permettent de nuancer ces résultats et d’avancer dans
la compréhension des phénomènes d’appropriation ou de rejet de cer-
taines technologies de la part des personnes âgées ou encore des adéqua-
tions ou des inadaptations de certains produits à l’usage qu’elles pour-
raient en faire. Deux registres d’élucidation des interactions entre vieilles
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Séminaire de valorisation
Du côté de l’offre :
entre rationalité technique et prise en compte des usagers
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Séminaire de valorisation
Rémi Barré*
● passer des personnes âgées aux populations qui ne sont pas le cœur de
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Séminaire de valorisation
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Ce que nous disent les travaux, c’est que les difficultés d’entendement
dont je parlais tout à l’heure ne sont pas toujours là où on les croyait. Au
fond, le problème de compréhension et d’appréhension n’est pas forcé-
ment du côté des populations âgées, mais peut-être bien du côté d’un cer-
tain nombre d’autres acteurs sociaux. Le point fondamental est en effet
que la prise en compte de la catégorie « population âgée » conduit à un
élargissement très important de la palette ou du spectre des caractéris-
tiques de la demande. C’est cela qui me frappe : on met en évidence et on
dévoile, par ces recherches, la variété extraordinaire des caractéristiques de
la demande et des usages. Ce que l’on découvre, c’est que les produits
techniques offerts ne correspondent peut-être qu’à la partie émergée de la
demande, c’est-à-dire une petite partie de la demande. Ces travaux nous
proposent en fait de découvrir la partie immergée de la demande qu’une
partie de la population, notamment la population âgée, « adresse » aux
entreprises, aux pouvoirs publics et aux nouvelles technologies.
Ces attentes sont plus étendues que la demande habituellement consi-
dérée, parce qu’on va prendre en compte un spectre plus large d’aspira-
tions, de valeurs, de besoins, et aussi de capacités physiologiques. Je ne
parle pas simplement du handicap stricto sensu. Ces recherches, d’ailleurs,
soulignent que dans l’âge il n’y a pas forcément le handicap, il y a surtout
des nuances, pourrait-on dire, de capacités physiologiques, qui d’ailleurs
ne sont pas exclusives aux personnes âgées, mais que ces personnes incar-
nent peut-être plus systématiquement. Ainsi, et c’est là un leitmotiv très
intéressant et important de ces recherches, les personnes âgées ne font que
symboliser et systématiser des caractéristiques qui se retrouvent très large-
ment dans bien d’autres catégories de populations. Ces spectres élargis de
capacités physiologiques et de spécificités psychologiques, de comporte-
ment et de valeurs vont donc façonner des demandes, elles aussi, élargies.
Ces demandes additionnelles témoignent de l’importance accordée à la
notion de services, à la relation et au contact, à la communication et au
lien social portés par les objets et les technologies. Elles traduisent égale-
ment l’attachement à la fiabilité, à l’authenticité, à l’interactivité, à la faci-
lité d’usage et, plus fondamentalement, à une exigence de sens. Tout cela
à partir d’un rapport au temps et aux autres différent. Finalement, les tech-
nologies ou les objets technologiques sont ici envisagés dans des modalités
spécifiques qui les rendent particulièrement essentiels pour la définition de
soi. Ils sont inextricablement reliés aux relations sociales, aux modes de
vie. Ces travaux font donc valoir une définition élargie du concept de
demande.
Les questions fondamentales que nous posent les chercheurs pourraient
être formulées ainsi : ces types de demandes élargies ne sont-elles pas des
valeurs beaucoup plus universelles que ce qu’on pouvait imaginer au
départ, qui ne seraient reliées à l’âge que par des corrélations certes un peu
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1. Bourgeois bohèmes.
2. Agir dans un monde incertain : essai sur la démocratie technique. Seuil, 2001, 357 p.
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3. Une maladie est dite orpheline lorsque, touchant une population au nombre trop réduit, ou une
population trop peu solvable, elle ne fait pas l’objet d’offre de médicaments de la part des firmes phar-
maceutiques.
4. Organismes génétiquement modifiés.
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orphelines. Elles n’arrivent pas à attirer, par une force de gravitation suffi-
sante, les trajectoires technologiques dominantes ; et elles ne peuvent pas
se constituer en pôles attractifs de trajectoires technologiques ou d’inno-
vations de manière spontanée, organisée par une main invisible d’un mar-
ché qui ne fonctionne pas du tout comme certains font encore semblant
de le croire. Ces demandes ne peuvent s’élaborer et se révéler que par les
constructions, évoquées précédemment, de réseaux et de collectifs.
Je voudrais redire en conclusion que ces constructions de réseaux ne se
font pas spontanément, qu’elles résultent d’une volonté collective, proba-
blement politique, où les chercheurs en sciences sociales ont un rôle par-
ticulier à jouer. Je ne dis pas que c’est leur seul rôle, mais parmi leurs rôles
multiples, il y aurait celui de contribuer à cette exploration collective, de
trajectoires d’innovations élargies, de demandes encore mal connues, et
tout cela pour définir un monde, y compris un monde technologique, qui
soit un monde commun à tous les âges.
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Serge Tisseron*
Tout d’abord, c’est à travers les objets que nous déplaçons des investis-
sements initialement dévolus à notre corps au-delà de lui, vers notre envi-
ronnement proche, puis éloigné. A tel point que notre sentiment d’iden-
tité n’est pas seulement lié à la perception que nous avons de nos limites
corporelles, mais aussi aux gestes par lesquels nous utilisons les objets qui
nous entourent. Ceux-ci constituent autour de nous des sortes de cercles
concentriques, éloignés ou lointains, qui sont comme autant d’enveloppes
successives à travers lesquelles notre identité s’élargit vers le monde. Ces
cercles vont de ce qui nous est le moins partageable (ce sont les objets de
l’intimité dont font partie nos prothèses et certains objets dont nous nous
1. Ce texte résume des considérations développées dans Comment l’esprit vient aux objets (Aubier,
1999) et Petites mythologies d’aujourd’hui (Aubier, 2000).
* Psychiatre – psychanalyste, enseignant à Paris-VII, docteur en psychologie.
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c’est ce qui rend parfois ce passage difficile pour les personnes âgées. Mais
en revanche, une fois leur usage établi, ils génèrent de nouvelles formes de
relations à soi et aux autres, qui modifient en retour ces représentations.
Autrement dit, l’engagement dans l’usage nécessite d’accepter certains
changements, mais cet usage favorise d’autres changements qui rendent
ensuite l’objet familier. Cependant, pour que ce renforcement mutuel
s’installe, encore faut-il que l’usager entre dans le cercle qui y mène. Or si
la promotion des nouveaux objets en termes de nouveauté radicale a de
quoi séduire le public jeune, il est certainement plus convaincant pour les
personnes âgées de les présenter en mettant en avant leur continuité avec
le passé plutôt que leur rupture. Il est par exemple probable que le « com-
merce en ligne » serait plus facilement adopté par le troisième âge s’il était
d’abord installé au sein de magasins réels, comme un prolongement vir-
tuel de ceux-ci. Il pourrait alors être consulté avec l’aide d’un vendeur réel,
puis les objets achetés feraient l’objet d’un paiement à une caisse réelle. Il
ne s’agirait là sans doute que d’un moment intermédiaire, mais qui évite-
rait bien des phobies.
Les diverses facettes de nos relations aux objets font donc d’eux un
espace de construction et de déconstruction permanente de notre identité,
autant sociale que psychique. Certains d’entre eux s’y prêtent mieux que
d’autres parce qu’ils sont aisés à combiner, à transformer ou à détourner.
C’était traditionnellement le cas des vêtements, mais aussi des services de
table et de l’ensemble de nos bibelots qui peuvent facilement être cachés
ou exhibés selon les circonstances et agencés selon de multiples combinai-
sons. Or, avec les nouveaux objets technologiques, les processus de sym-
bolisation à travers lesquels chaque être humain construit à la fois sa vie
psychique individuelle et son existence sociale se trouvent engagés plus
encore. Ces objets offrent en effet à leurs consommateurs des usages beau-
coup plus variés que les objets traditionnels et donc aussi des modes d’ap-
propriation plus nombreux. Cette diversité est particulièrement sensible
avec le téléphone portable, l’Internet et les nouvelles machines à fabriquer
des images en famille.
Le téléphone portable
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Séminaire de valorisation
transformée. Car on n’écrit pas de la même façon selon qu’on écrive sur du
papier ou qu’on tape sur un clavier devant un écran d’ordinateur. Cela n’est
ni mieux ni pire, mais résulte de la posture psychique que toute technologie
d’écriture induit et qui influence à son tour le contenu du message.
Le langage parlé
Le langage parlé est appris pour chacun dans la convivialité chaleureuse
de la famille. Les parents, mais aussi les frères, les sœurs, les grands-
parents, les oncles ou les tantes en accompagnent en général les premières
manifestations avec intérêt et sympathie. Parler, c’est toujours marquer sa
continuité avec le bain sonore dans lequel on a grandi. Toute famille pos-
sède en effet ses manières de parler, ses intonations et ses accents, et tout
apprentissage de la langue intègre ces particularités comme autant de
signes d’appartenance. Le langage parlé renvoie à la permissivité mater-
nelle : il se fait dans la bouche, comme la tétée dont il rappelle les mou-
vements, et il est volontiers porté par l’empathie et la confiance dans l’in-
terlocuteur. C’est pourquoi le langage parlé est inséparable de l’illusion de
rencontrer un interlocuteur qui partage avec nous un minimum de points
communs assurés et cela, qu’il soit attentif ou non. Sinon, nous ne nous y
risquerions pas !
L’écriture papier-crayon
L’écriture manuelle se développe sur un fond de réminiscences bien dif-
férent. Son apprentissage s’est, en règle générale, déroulé en milieu sco-
laire, là où l’encre rouge de la maîtresse fait pleurer les enfants… La pra-
tique de l’écriture est ainsi devenue pour chacun d’entre nous inséparable
de la crainte qu’un regard autorisé et savant nous condamne. Cette posi-
tion psychique (que les psychanalystes appellent « surmoïque ») est
réveillée toutes les fois où nous prenons une plume et elle explique pour-
quoi si peu de gens parviennent à écrire : ils soumettent immédiatement
les mots qui leur viennent à une exigence surhumaine qui leur fait paraître
« mal dit » tout ce qu’ils pourraient écrire. C’est ce qui explique, notam-
ment, qu’il soit si difficile d’écrire ce que nous pouvons par ailleurs for-
muler aisément en parlant. A la différence du langage parlé, l’écriture est
marquée d’emblée par la contrainte de la motricité contrôlée et la rigueur
des règles de grammaire et de syntaxe. Or, l’écriture sur ordinateur substi-
tue une troisième éventualité à cette opposition de la permissivité mater-
nelle dans le langage et de la contrainte paternelle dans l’écriture sur
papier : une communauté de pairs qu’on s’est choisie.
L’écriture clavier-écran
L’apprentissage du clavier est en général tardif et mené de manière auto-
didacte. Il en résulte une grande variété dans les manières de s’y prendre.
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Certains tapent avec deux doigts, d’autres avec trois, d’autres encore avec
quatre, tantôt en regardant l’écran et tantôt le clavier de manière à ne
découvrir l’écran que dans un second temps. C’est pourquoi l’écriture sur
clavier est libérée de l’exigence de perfection qui a marqué les apprentis-
sages successifs de l’écriture entre six et quatorze ans. Il ne faut donc pas
s’étonner que cette écriture joue volontiers avec les transcriptions phoné-
tiques. Ce n’est pas parce qu’ils ne « savent pas taper » qu’un si grand
nombre d’internautes utilisent le langage phonétique, c’est parce que
celui-ci provoque une véritable jubilation par rapport aux contraintes de
l’écriture papier-crayon !
En outre, alors que la langue parlée est inséparable de la famille dans
laquelle nous sommes chacun né sans la choisir, et que le langage écrit est
tributaire des apprentissages scolaires, l’écriture sur ordinateur est insépa-
rable de l’idée d’une communauté de gens susceptibles de participer aux
mêmes goûts, aux mêmes projets, aux mêmes enthousiasmes et aux
mêmes rêves que soi. Celui qui écrit sur un clavier – et notamment si c’est
sur Internet – essaye avant tout d’être attentif à ses mouvements inté-
rieurs parce qu’il sait que ceux-ci seront favorablement accueillis par son
interlocuteur. Il s’autorise donc à sauter d’une pensée à l’autre, profite de
toutes les ponctuations de la machine, introduit des points de suspension
ou d’exclamation et aussi des smileys, ces petits visages qui sourient ou
pleurent.
L’écriture sur Internet renoue ainsi avec le caractère éphémère du lan-
gage. Un vieil adage a longtemps opposé les paroles qui passent aux écrits
qui « restent ». L’écriture sur clavier et écran, telle qu’elle est utilisée
notamment dans les chats sur Internet, relève de l’idée que les écrits pour-
raient bien passer encore plus vite que les mots ! L’écriture y contient une
vérité dans le moment de sa formulation, mais celle-ci est acceptée comme
éphémère. Pour s’engager dans cette écriture-là, il faut accepter de renon-
cer à l’obligation du « bien-écrire », et se laisser gagner par la conviction
de rencontrer un interlocuteur bienveillant et partageant comme soi le
désir d’un échange ponctuel et instantané.
Cette posture nouvelle est donc induite par la technologie, mais celle-
ci ne peut être adoptée que si son utilisateur accepte de se laisser gagner
par elle. Or, sur ce chemin, les personnes âgées ont certainement besoin
d’être aidées. Le mode d’emploi d’Internet – et notamment des chats et des
mails – n’est pas seulement technique, il consiste aussi dans la capacité de
se laisser gagner par la posture psychique qui y préside. Et, pour cela, un
minimum d’explications sur les postures respectives du langage parlé, de
l’écriture papier-crayon et de l’écriture clavier peut grandement aider à
lever leurs inhibitions et à les mettre sur les rails, avant que l’engagement
dans la pratique ne les familiarise avec ces nouvelles règles !
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Séminaire de valorisation
Pendant des siècles, les miroirs de bronze ou d’argent poli n’ont donné à
chacun qu’une image très approximative de lui-même. L’identité était alors
perçue davantage dans le regard des autres que sur ces miroirs très impar-
faits. Il en résultait que l’individu était beaucoup plus dépendant de son
groupe qu’il ne l’a été par la suite1. Puis, avec le développement des miroirs
d’argent mis au point par les verriers de Murano au XVIe siècle, une nouvelle
période a débuté. Le narcissisme constitué dans la relation face au miroir a
pris partiellement la place de celui qui est construit dans la relation à l’autre.
Nous avons alors pris l’habitude de lier notre identité et notre apparence : il
nous semble « être » tel que nous nous voyons, et que les autres, eux aussi,
« sont » tels que nous les voyons. La photographie a d’ailleurs accentué cette
tendance. Le miroir donnait chaque jour une image différente de soi, mais,
à côté de lui, sur la table de nuit ou le buffet de la cuisine, une photographie
était destinée à attester que « dans le fond », nous-mêmes ou ceux que nous
aimions ne changeaient « pas tant que ça ». Chacun savait trouver dans les
images qui l’entouraient de quoi nourrir l’illusion qu’une « identité pro-
fonde » était bien déposée dans son apparence.
C’est ce paysage, à la fois technique, social et psychique, qui est actuel-
lement totalement bouleversé, à tel point que nous entrons dans une troi-
sième phase. Les enfants commencent aujourd’hui beaucoup plus tôt à
fabriquer leurs propres images, que ce soit avec des appareils photogra-
phiques jetables ou des logiciels de traitement d’images, et ils sont aussi,
en même temps, beaucoup plus l’objet des prises de vue familiales.
Photographiés ou filmés, ils se voient de plus en plus souvent et de plus en
plus tôt « dans le poste », et cette situation modifie à la fois radicalement
leur rapport aux images et leurs représentations d’eux-mêmes. En effet,
quand les représentations de soi se multiplient, l’identité ne s’attache plus
à aucune. Rares, les images emprisonnaient l’apparence, nombreuses, elles
libèrent au contraire l’image de chacun de la référence au reflet visuel. Et
cet affranchissement du reflet signe aussi les retrouvailles de l’identité avec
les repères non visuels qui en avaient toujours fait partie, mais que le déve-
loppement des miroirs, puis de la photographie, avaient relégués au
second plan. Les indicateurs sensoriels, émotionnels et cénesthésiques de
l’identité seront conduits à prendre de plus en plus d’importance au fur et
à mesure de l’inflation des images. A tel point que la perception subjective
de la durée et des rythmes biologiques pourrait bien, à terme, remplacer
l’image de soi comme repère majeur de l’identité.
1. Nous retrouvons ici une caractéristique de ce que les ethnologues ont appelé les « sociétés de la
honte » par opposition aux sociétés de la culpabilité (voir Serge Tisseron, La Honte, psychanalyse d’un
lien social, Paris, Dunod, 1995).
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ÉVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES,
DYNAMIQUES DES ÂGES
ET VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION
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C’est à partir de la prise en compte des éléments fondant le rapport des indi-
vidus à l’argent que les auteurs de cette recherche – économiste, psychologue et
sociologue – analysent les usages des nouvelles technologies bancaires par les
personnes âgées. L’argent s’insère dans la construction identitaire du sujet et
tient lieu de liant entre l’intime, le social et le politique. En outre, la question
de la confiance – confiance en soi et dans les autres, mais aussi dans les insti-
tutions bancaires et les souverainetés publiques – apparaît centrale. Les auteurs
postulent que les positionnements des personnes âgées à l’égard des technologies
monétaires permettent de comprendre leurs attitudes à l’égard de l’adoption de
l’euro.
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Nous avons orienté cette recherche dans deux directions. D’une part, il
a été question de définir quels étaient les facteurs d’adoption des innova-
tions monétaires chez les personnes âgées. Autrement dit, à quelles condi-
tions une personne âgée est-elle susceptible d’intégrer pleinement la
modernisation des moyens de paiement, ses codes, son langage, sa tempo-
ralité ? Comment les personnes âgées utilisent-elles le système monétaire
informatisé ? Quelle est la spécificité du vieillissement dans le rapport à
l’argent, à la dépense et à la monétique ? D’autre part, la réponse à la ques-
tion précédemment énoncée nous a permis une projection sur la capacité
d’adoption de l’euro par les personnes âgées. En effet, sur un plan théo-
rique, il nous est apparu que la modernisation des moyens de paiement et
le passage à l’euro constituaient des innovations monétaires qui mobilisent
les mêmes facteurs psychosociologiques. En ce sens, la capacité d’adoption
des nouvelles technologies monétaires s’est avérée être un indicateur pré-
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Deuxième profil : une non-adoption qui n’est pas due à des problèmes
de confiance
Ce n’est pas le degré de confiance de base qui vient expliquer la non-
adoption chez ces personnes. Les personnes de ce groupe ne considèrent
pas que leur niveau de dépenses et la fréquence de leurs achats justifient
l’acquisition d’un nouveau moyen de paiement. Elles conçoivent la moné-
tique comme un outil répondant aux besoins des personnes qui font de
grosses courses en supermarché, les jeunes ménages avec enfants, par
exemple. Une seconde explication de la non-adoption de la monétique
réside aussi dans une non-adéquation des valeurs qui lui sont associées. Ce
refus « idéologique » se retrouve notamment chez d’anciens ouvriers ou
d’anciens fonctionnaires pour qui la monétique est l’un des symboles de la
société de consommation. Enfin, l’isolement géographique limite l’accès à
certains outils, par exemple les distributeurs de billets. Dès lors, ces per-
sonnes n’ont pas la possibilité pratique d’adopter la modernité monétaire.
Ce deuxième profil représente 15 % de notre échantillon.
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Réflexions et propositions
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Ce texte à été publié dans Les Cahiers de Recherches de la MiRe, n° 13, juin
2002.
Publications et communications
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Vincent Caradec*
Cette recherche analyse le rapport de personnes, définies par leur âge – 60-80
ans – ainsi que par leur position dans le cycle de vie – retraite, veuvage – à des
objets technologiques présentant une certaine diversité. Il s’agit de dégager les
logiques présidant à l’utilisation ou la non-utilisation de ces objets et de repé-
rer les processus qui conduisent à des changements dans les usages. L’auteur,
sociologue, s’est attaché à maintenir une symétrie dans l’approche compréhen-
sive des usages et des non-usages, afin d’éviter le biais, fréquemment repérable
dans les études sur les nouvelles technologies, qui consiste à connoter positive-
ment le recours à des produits innovants et à déprécier les attitudes de non-
recours.
Au-delà de cet objectif général, plusieurs idées ont guidé et orienté cette
recherche. Nous souhaitions, tout d’abord, dépasser les discours générali-
sants sur les personnes âgées et les technologies, qui oublient de s’interro-
ger sur la diversité des usages ; les « personnes âgées » constituent une caté-
gorie très hétérogène, en particulier en termes d’âge, de milieu social, de
situation domestique. Les biens et services « technologiques » disponibles
sur le marché sont très divers, chacun ayant des caractéristiques qui lui
sont propres, et qui ne se réduisent pas à leurs composantes proprement
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technologiques. Ces objets ont aussi un prix, ils se présentent sous une cer-
taine apparence, ils sont censés rendre tel ou tel service, etc.
Nous avons décidé, ensuite, de ne pas recourir trop rapidement aux expli-
cations en termes de handicap, physique ou générationnel. Il nous semble,
en effet, que le rapport des personnes âgées aux technologies est, trop sou-
vent, appréhendé et évalué à partir de celui des personnes plus jeunes, ce qui
conduit à souligner soit les moindres performances physiologiques ou cogni-
tives des usagers âgés, soit leur « manque de familiarité » avec ces technolo-
gies, leur « frilosité » et leur « résistance à la nouveauté ». Il ne s’agit pas de
rejeter totalement ces explications qui renvoient à deux phénomènes dont
on ne peut nier l’importance : les effets corporels du vieillissement et la dif-
férence dans les contextes de socialisation des générations. Il importe aussi
de partir de l’idée – conforme à une perspective de sociologie compréhen-
sive – que les personnes âgées peuvent avoir de « bonnes raisons » de s’équi-
per ou de ne pas s’équiper, d’utiliser ou de ne pas utiliser telle ou telle tech-
nologie nouvelle. Il convient d’écouter ces raisons et de les prendre en
compte dans l’analyse. Ce postulat de la rationalité du rapport des retraités
aux objets technologiques est posé à la fois pour les usages et les non-usages.
Le maintien de la symétrie dans l’explication des usages et des non-usages
est, en effet, essentiel : il s’agit d’éviter ainsi le « biais favorable à l’innova-
tion » propre à de nombreuses études de diffusion qui, comme le note
E.M. Rogers1, « considèrent l’adoption de l’innovation comme sage et
rationnelle et classent le rejet comme irrationnel et stupide ».
Méthodologie
1. Rogers E.M., Diffusion of Innovation, New York, Free Press, 1983 (1re édition, 1962).
62
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tion » principaux ont été retenus : la retraite et le veuvage. Deux autres ont
également pu être exploités : le départ des enfants et les déménagements.
Le rapport s’organise en trois parties : le repérage de plusieurs « logiques
d’usage » (1re partie) ; l’étude des processus qui conduisent à l’adoption de
certains objets technologiques, à la transformation de leur usage et, dans
certains cas, à leur abandon à l’état de « ruine technique » (2e partie) ;
l’analyse de l’évolution des usages au cours du processus de vieillissement,
à travers l’étude des transformations survenues au cours des transitions qui
scandent l’avancée en âge (retraite, veuvage, départ des enfants et évolu-
tion des relations intergénérationnelles) (3e partie).
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de « défigurer » la maison ;
● spatiale : on n’achète pas de sèche-linge parce qu’on n’a pas la place.
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Le repérage de ces logiques ne doit pas faire oublier que les usages pré-
sentent également une dimension diachronique. On peut considérer que
le rapport à chacun des objets technologiques possédés a une histoire et
passe par différentes phases, de sa découverte à son acquisition, puis à son
utilisation régulière et parfois à l’abandon de son usage. Nous nous
appuyons sur le modèle d’adoption des innovations de Rogers2, qui défi-
nit cinq étapes : la connaissance, la persuasion, la décision, la mise en
œuvre, la confirmation. Ce modèle guide notre cheminement, mais nous
cherchons, simultanément, à le mettre à l’épreuve de notre matériau. Ce
2. Ibidem.
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66
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Le contexte de la retraite
C’est tout d’abord dans le contexte de la retraite qu’il faut appréhender
le rapport des personnes âgées aux objets technologiques. Il apparaît que
certains appareils techniques accompagnent la transition de la retraite et
jouent un rôle « performatif » en aidant le néo-retraité à prendre
conscience de son nouveau statut : c’est le cas du téléphone lorsqu’il était
fréquemment utilisé dans le cadre professionnel et aussi des outils de bri-
colage puisque le début de la retraite se trouve souvent marqué par une
intense activité masculine de bricolage. Par ailleurs, après la cessation d’ac-
tivité, l’existence se trouve réorganisée autour d’activités qui viennent
occuper le temps libéré. C’est dans ce nouveau cadre que les retraités sont
susceptibles de rencontrer de « nouveaux » objets, de les utiliser et de
s’équiper. Les pratiques de mobilité amènent, par exemple, à faire installer
une alarme électrique ou à envisager l’achat d’un téléphone portable ; les
voyages sont autant d’occasions d’utiliser l’appareil photo ou le camé-
scope ; les activités associatives développées par certains ne conduisent pas
nécessairement à l’équipement, mais stimulent la connaissance et l’usage
d’objets tels que le fax, la machine à traitement de texte ou le micro-ordi-
nateur ; si, pour quelques-uns, une forte pratique télévisuelle favorise l’ac-
quisition d’un magnétoscope ou d’une parabole, d’autres refusent l’image
« passive » de la retraite à laquelle ils associent la télévision.
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Le cadre conjugal
Avec les retraités sexagénaires que nous avons rencontrés vivant en
couple, nous avons pu nous pencher sur la « polarisation » conjugale des
usages. Celle-ci reflète la répartition traditionnelle des tâches et l’affinité
masculine pour la technique, mais on observe aussi certains usages féminins
inattendus. Il est en fait deux manières, pour les femmes, d’accéder à des
objets technologiques qui ne sont pas perçus d’emblée comme féminins. La
première correspond à des rôles familiaux qu’elles sont amenées à jouer :
rôle de responsable de la communication familiale qui en fait les spécialistes
du téléphone ; rôle de grand-mère qui peut les conduire à la programma-
tion du magnétoscope ; rôle de gestionnaire du budget, dans les milieux
populaires, qui les amène à utiliser la carte bancaire et les guichets automa-
tiques ; rôle de conjointe d’un homme malade, qui les conduit à se substi-
tuer à leur conjoint, qui ne peut plus conduire ou tondre la pelouse, et à se
familiariser avec certains objets technologiques afin de pouvoir l’assister
dans l’épreuve de la maladie. La seconde manière réside dans le fait de s’af-
firmer comme sujet autonome : certaines femmes sont personnellement
intéressées par les nouveautés technologiques, et le sont davantage que leur
conjoint ; dans d’autres cas, c’est un objet précis qui, pour des raisons bio-
graphiques, revêt pour elles une signification particulière, et son usage per-
met d’avancer dans la réalisation de soi ; quelquefois, c’est en cherchant à
prendre une certaine indépendance par rapport à leur époux qu’elles s’en-
gagent dans l’usage de certains appareils techniques.
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Après le veuvage
Le décès du conjoint provoque, souvent, un important reflux des
usages, en particulier pour les biens d’équipement ménager. Certains
appareils deviennent des ruines techniques ; d’autres sont remplacés afin
d’ajuster leur taille à celle, désormais réduite, du ménage ; il y a même,
quelquefois, « déséquipement ». Les besoins sont moindres, et cette réduc-
tion des besoins intervient souvent dans un contexte marqué par des
séjours moins fréquents des petits-enfants et, pour les veuves, par une forte
baisse des revenus. Le décès du conjoint provoque aussi un processus d’in-
dividualisation « forcé » des activités : les usages qui avaient lieu et pre-
naient sens dans un cadre conjugal doivent désormais s’inscrire dans le
cadre d’une organisation individuelle de l’existence. Nombre d’usages se
trouvent transformés et certains appareils sont même abandonnés : c’est le
cas, en particulier, d’appareils de loisir utilisés dans le cadre des sorties
conjugales, l’appareil photo, par exemple ; ou des outils lorsque le brico-
lage dans la maison trouvait sa principale raison d’être dans le fait d’être à
deux. Se pose alors la question de savoir si le survivant se les approprie. Le
transfert d’usage peut ne pas vraiment poser de problèmes et prend alors
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Ce texte à été publié dans Les Cahiers de Recherches de la MiRe, n° 8, avril 2000,
pp. 18-22.
Publications et communications
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* Université de Turin.
** Laboratoire créativité, usages et ergonomie, France Télécom recherche et développement, Issy-les-
Moulineaux.
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formes de réseaux sociaux des retraités en nous focalisant surtout sur les
relations en dehors de la famille.
Matériel et méthodes
2) Pour les personnes qui avaient accepté l’analyse de leur trafic télépho-
nique, nous avons procédé à une description plus détaillée du réseau
social à travers l’identification des correspondants téléphoniques à partir
des données de facture. L’analyse du trafic téléphonique a fourni des don-
nées « objectives » sur les usages téléphoniques et les pratiques de com-
munication avec les amis et la famille.
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du moins parmi les « jeunes retraités ». En fait, les services d’achat en ligne
étaient utilisés presque uniquement dans des contextes spécifiques, par
exemple quand il y avait un risque que les billets (d’avion, de théâtre, de
train…) ne soient plus disponibles si on ne les achetait pas tout de suite.
L’image d’Internet comme un instrument d’isolement et de déshuma-
nisation de la vie quotidienne joue un rôle important dans l’hostilité que
certaines personnes expriment envers les nouvelles technologies. Les com-
mentaires de ce type sont en effet assez fréquents parmi ceux qui décla-
raient ne pas vouloir essayer Internet.
Certains membres du réseau social (en premier lieu le conjoint, puis les
enfants, et dans une moindre mesure les autres parents) constituaient des
sources précieuses d’aide, d’information et de conseil sur l’achat, l’instal-
lation et le fonctionnement des objets de télécommunications. Mais il est
clair aussi que les rôles familiaux étaient souvent jugés incompatibles avec
une relation d’apprentissage qui suppose la transmission d’informations
parfois complexes. Par exemple, les retraités rencontrés ne voulaient pas
« déranger » leurs enfants, et ceux-ci souvent trouvaient plus facile de
résoudre eux-mêmes un problème ou une panne plutôt que d’expliquer
aux parents (et les rendre autonomes). De même, les enfants (ou les petits-
enfants) essayaient rarement de convaincre leurs parents de se lancer dans
une grande innovation technique parce que, en général, il existait un
accord tacite sur la différence des générations et la différenciation des
outils de communication utilisés et « utilisables ».
En revanche, les amis et la famille ont probablement influencé les com-
portements d’une manière plus subtile, puisque nous avons constaté
parmi les retraités interviewés que ceux qui avaient adopté une innovation
(Internet, mais aussi le téléphone mobile) ne l’avaient jamais fait seuls.
Dans tous les cas étudiés, il y a d’autres personnes dans leur réseau ayant
déjà adopté l’objet en question. Il semble donc vraisemblable que la dif-
fusion des innovations passe par des réseaux personnels.
Les données sur le réseau social et sur le trafic téléphonique des retrai-
tés montrent clairement l’existence de règles implicites relatives aux per-
sonnes à qui l’on peut téléphoner, à quelle heure, à quel sujet, etc. Cela
illustre bien le type de mécanismes qui poussent certaines catégories de
personnes à une utilisation intense de ce moyen de communication tandis
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Ce texte a été publié dans Les Cahiers de Recherches de la MiRe, n° 12, août
2001, pp. 51-54.
Publications et communications
EVE M., SMOREDA Z. (2001), « Entre utilité et obligation : les retraités et les
technologies de communication », La Lettre d’usages, n° 11, FTR&D.
EVE M., SMOREDA Z. (2001), « Jeunes retraités, réseaux sociaux et adoption
des technologies de communication », Retraite et Société, « Technologie et
vieillissement – 3 », n° 33, pp. 22-51.
EVE M., SMOREDA Z. (2001), « Réseaux de communication et vieillissement :
transformation des réseaux sociaux et des usages des télécommunications à la
retraite », Rapport final MiRe/CNAV, Contrat PUCA, 113 p.
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Méthodologie
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L’audiovisuel de création
comme marqueur de l’ancrage dans la modernité
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Faire appel aux services de soutien à domicile lorsque l’on prend de l’âge
représente un enjeu important : il s’agit de se prouver et de prouver aux
autres qu’on est encore capable de conserver un mode de vie qui corres-
pond à l’identité de sujet autonome, celui qui se réalise dans l’espace de
vie personnel. Dans ce cadre-là, l’entrée en institution de retraite repré-
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***
Ce texte a été publié dans les Cahiers de Recherches de la MiRe n° 8, avril 2000,
pp. 23-27.
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Publications et communications
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1. Philippe Breton, « Les personnes âgées dans le discours de promotion des nouvelles technologies :
une exclusion constitutive ? », Prévenir, n° 35, 2e semestre 1998.
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Méthodologie
un contexte national où les TIC sont l’une des clefs des grands pro-
grammes gouvernementaux de politique publique. Il s’agit de voir quel est
le degré de perméabilité des « seniors cities »2, qui présentent a priori
certains des critères favorables à la diffusion des innovations (commu-
nauté, proximité, niveau de vie élevé, accès à des services diversifiés….).
2. Espaces urbains organisés et sécurisés en vue de répondre aux besoins de la population âgée.
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ment »4.
4. Voir le rapport remis par la ville à la DGIII de la Commission européenne en juillet 1997 dans le
cadre du programme MIND.
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Au-delà des résultats contenus dans les fiches « ménage », les fiches indi-
viduelles nous instruisent de façon plus fine sur les usages et les pratiques
autour des TIC. La population âgée du district de Parthenay est très impor-
tante. Sur la population de l’enquête, 570 individus ont plus de 50 ans, soit
31,63 % de l’échantillon interrogé, contre 1 233 individus de moins de
50 ans. Sur ces 570 individus de plus de 50 ans, 214 ont entre 50-59 ans soit
37,5 % des « personnes âgées » interrogées, 204 personnes ont entre 60-
69 ans soit 35,5 % et 152 individus ont plus de 70 ans, soit 26,6 %. Pour
84,7 % d’entre elle, cette population vit mariée ou en couple, 62,3 % sont
des retraités, 8,8 % sont sans profession contre 28,9 % qui en exercent une.
97 individus de plus de 50 ans déclarent utiliser un ordinateur. Parmi eux,
65 individus déclarent être des utilisateurs de l’Internet, soit 67 % d’inter-
nautes parmi les utilisateurs de l’outil informatique.
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d’entre eux, des hommes ; 31 individus (soit 67,4 %) ont entre 50-59 ans,
12 (soit 26,1 %) ont entre 60-69 ans, et 3 ont 70 ans et plus (soit 6,5 %).
Les « personnes âgées » qui sont en même temps des « internautes régu-
liers » présentent un profil relativement homogène. Elles sont diplômées
– 43,5 % d’entre elles possèdent un diplôme universitaire – elles occupent
un poste à responsabilité pour celles qui sont encore dans la vie active et
possèdent individuellement un salaire supérieur à 10 000 francs mensuels.
Elles semblent enfin très majoritairement être en activité, la fréquence
d’usage chutant très rapidement dès que l’on approche l’âge de la retraite.
Un accompagnement précieux
pour les personnes âgées intéressées par les TIC
Il y a deux façons de tirer des enseignements des résultats présentés pré-
cédemment. La première consiste à se focaliser sur l’aspect quantitatif. De
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ce point de vue, nous pouvons avancer que, faute d’une volonté spécifique
de la municipalité en direction d’un public âgé, finalement assez peu de
personnes âgées de plus de 50 ans sont concernées par l’expérimentation.
Ce constat se vérifie quand on compare le degré d’implication des usagers
de plus de 50 ans avec le reste de la population. Placés dans cette perspec-
tive, les résultats conduisent à penser que la politique municipale de
« Parthenay ville numérisée » tend à avoir pour effet indirect d’augmenter
le fossé numérique entre les plus de 50 ans et les plus jeunes.
Une deuxième lecture des résultats permet de tenir des propos plus
nuancés quant à l’efficacité de ce type de politique volontariste en matière
de TIC. D’un point de vue qualitatif, les rencontres et entretiens divers
avec des personnes âgées de plus de 50 ans dans les espaces numérisés ont
bien montré que la politique municipale répondait parfaitement aux
attentes de ces individus. Nous nous sommes trouvés en relation avec le
même type de public que celui de l’association dijonnaise, qui nourrissait
le même type d’attentes, en premier lieu en direction de l’exécutif muni-
cipal ; attentes d’accompagnement humain et matériel, garant de la recon-
naissance municipale et de son soutien aux « compétences citadines » des
personnes âgées internautes au sein d’un projet global. Pour le cas de l’as-
sociation dijonnaise, nous avons pu mesurer combien cette absence d’ac-
compagnement a été mal vécue par l’ensemble des membres. Les témoi-
gnages des personnes rencontrées dans les espaces numérisés de Parthenay
permettent d’affirmer que, sans cette opération, ces personnes n’auraient
probablement pas utilisé ce type de technologies.
100
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A titre d’exemple, nous avons pu repérer des villages qui, malgré leur pré-
sence sur Internet, n’étaient pas encore construits, n’en étaient qu’à une
phase d’élaboration ou ne comptaient que quelques unités.
***
Dans notre analyse qualitative, nous avons pu observer deux cas. Le cas
de l’IURRARD illustre une action militante de personnes âgées non
relayée par un dispositif municipal. Celui de Parthenay nous instruit sur
les effets d’une politique publique locale où les personnes âgées sont consi-
dérées au même titre que les autres usagers. Mis en perspective, ces deux
cas nous ont permis de mesurer l’importance d’un accompagnement
municipal auprès des personnes âgées désireuses de s’investir dans des acti-
vités liées aux TIC. Il n’a pas été possible d’intégrer la partie nord-améri-
caine (« seniors cities ») dans la comparaison dans la mesure où l’hypo-
thèse d’usages nombreux en matière de TIC au sein de ces villages ne s’est
pas vérifiée.
Concernant l’analyse quantitative des usages et des usagers de l’Internet
à Parthenay, il serait utile de mener une enquête similaire dans une com-
mune comparable (ville de 10 000 habitants, population vieillissante, loin
d’un grand pôle dynamique) mais qui ne développe pas de projets spéci-
fiques en matière de TIC. Cette comparaison apporterait un nouvel éclai-
rage « en creux », sur les résultats de nos enquêtes et sur l’impact, chez les
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Ce texte a été publié dans Les Cahiers de Recherches de la MiRe, n° 12, août
2001, pp. 59-63.
Publications et communications
EVENO E., VIDAL Ph. (2000), « Les personnes âgées face à la société de l’in-
formation », Rapport final MiRe/CNAV, Contrat CNAV, 174 p.
EVENO E., VIDAL Ph. (2000), « Les personnes âgées et l’Internet, entre ins-
cription territoriale et pratiques citoyennes », Citoyenneté – citadinité,
Séminaire « Pôle Ville », à l’université de Toulouse Le Mirail, 14 mars 2000.
Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 103
Information et multimédia,
quel intérêt pour les libertés ?
Toute personne tend à s’orienter vers des objets et des services suscep-
tibles de lui apporter un avantage exprimable en termes de liberté. La
liberté de choisir fait partie des valeurs auxquelles les personnes âgées de
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Méthodologie
Les propos tenus par les seniors ont été examinés en référence à quatre
registres d’attention, ou perspectives :
● La perspective axiologique : les mots choisis par nos interlocuteurs
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des échanges, par l’instauration d’habitudes qui font loi, par la struc-
turation de la temporalité et de la géographie des individus et des
groupes.
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Le second mode que nous avons décrypté au travers des propos de nos
interlocuteurs et informateurs, notamment en groupe de discussion, ren-
voie à un risque opposé au risque d’échec par inhibition anxieuse des capa-
cités personnelles : il s’agit d’un risque d’absorption dans une passion
incontrôlable pour l’ordinateur, le multimédia, l’information. Il n’y aurait
pas de limite possible, sur le modèle clinique des addictions incontrô-
lables. Le mode de défense mis en place alors, précisément afin d’éviter
l’addiction, serait la tempérance, voire, dans certains cas, l’abstinence. La
rationalisation permet à partir de là de montrer par la verbalisation qu’il
n’y a pas de besoins à satisfaire qui justifieraient un investissement, de
temps et d’énergie psychique, en faveur du multimédia, de l’informatique.
En outre certaines pratiques comme le téléachat nous feraient perdre le
temps de la convivialité, des relations interpersonnelles avec les vendeurs
de magasins. L’âge, là encore, n’est pas un critère pertinent pour com-
prendre ces processus psychologiques.
La voie médiane résiderait par conséquent dans une intégration des
deux perspectives. Au lieu d’éviter la mobilisation d’énergie par la non-
valorisation de l’informatique et du multimédia, il faut essayer d’envisager
dans l’activité réelle, dans la vie réelle, les difficultés qui pourraient être
résolues grâce à des approches différentes, par l’informatique en particu-
lier. Ne se posant de problème que dans le cadre limité de ce qui se pré-
sente, l’énergie psychique peut être mise au service de l’apprentissage, pos-
sible à tout âge, même si certains seniors admettent qu’il puisse être un
peu plus lent et un plus difficile pour eux que pour les plus jeunes. Tendu
vers un objectif limité, il y a moins de risque de dérapage vers un engoue-
ment incontrôlé, d’autant que la présentation mirobolante faite des équi-
pements nouveaux n’est en général pas exploitée, loin s’en faut, par les uti-
lisateurs. La réalisation fait baisser les anxiétés, démystifie l’informatique,
donne confiance en ses capacités, permet d’atténuer les craintes de casser
le matériel ou d’effacer toutes les données, même si de temps en temps un
témoignagne abonde dans le sens de la volatilisation de listes, de clients
par exemple. Pour éviter les risques, il faut cependant se donner quelques
limites : il y a, par exemple, dans l’ordinateur des zones interdites à l’uti-
lisateur, réservées aux informaticiens professionnels, équivalent des méca-
niciens pour ce qui est de la mécanique automobile.
La limitation des problèmes à résoudre, la répartition des tâches, l’intro-
duction d’un principe d’interdiction partielle sous-tendent l’énoncé de la
libération de l’être humain par l’informatique. Cette libération est suscep-
tible de lui apporter des satisfactions, de lui faire gagner du temps après un
premier investissement dans l’apprentissage, qui suppose un effort réel, bref
de lui permettre des accès au plaisir, y compris par la création artistique.
Mais tout n’est cependant pas si radieux. La co-présence humaine que
supposent l’entraide, le chaînage achat/conversation, la disponibilité à
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Ce texte a été publié dans Les Cahiers de Recherches de la MiRe, n° 12, août
2001, pp. 55-58.
1. Une des traductions du terme anglais usuability : qualités relatives aux facilités d’utilisation et de
compréhension des fonctions des objets techniques.
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Publication et communication
Cette recherche est consacrée à l’étude des processus cognitifs des utilisateurs
âgés lors de l’apprentissage et de l’utilisation d’Internet. Elle montre que les
personnes âgées apprennent et progressent d’autant mieux qu’elles perçoivent
l’utilité de cet outil, que le contexte d’apprentissage et d’utilisation leur est
favorable et que les sites qu’elles utilisent sont ergonomiquement bien conçus,
autrement dit qu’ils ne présentent pas trop de « défauts » susceptibles d’induire
en erreur l’usager ou de rendre la compréhension du système particulièrement
difficile. Ce travail débouche également sur des recommandations relatives à
l’offre de produits dans ce secteur.
113
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L’exploration visuelle
sentée sur la page basée sur les attributs perceptivement saillants (bloc
coloré, image, point clignotant), et sur les attributs sémantiques de l’in-
formation mis en correspondance avec l’atteinte d’un but faisant partie
des intérêts courants de l’utilisateur ;
● l’exploration orientée est extrêmement sélective ; elle se caractérise par
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Tableau 1
Temps moyen en minutes passé sur une page selon l’âge et l’expérience
3. Du fait des difficultés liées au recrutement de sujets volontaires, les effectifs ne sont pas équilibrés
dans toutes les conditions et modalités des facteurs classe d’âge, niveau d’expertise et site. En outre,
les sites ne sont pas équivalents en termes de difficulté et complexité des tâches.
4. Dans les tableaux 1 et 2 les valeurs entre parenthèses correspondent à l’écart type.
116
Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 117
Méthodologie
● l’opération d’une réservation d’un billet aller et retour pour une destination précise,
● la recherche de renseignements sur une destination pour une promenade dans les envi-
rons de Paris.
Pour le site B (CDC) :
● la recherche d’information sur l’euro,
de codage de l’activité ;
● des analyses statistiques visant à décrire l’influence des facteurs âge, niveau d’expertise
117
Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 118
Tableau 2
Nombre moyen d’explications (demandées ou proposées) selon l’âge et l’expérience
L’analyse des stratégies d’exploration mises en œuvre par les sujets fait
apparaître une dominance liée à l’expérience de l’outil informatique.
118
Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 119
5. A titre d’illustration, un utilisateur a cliqué dans un bandeau de publicité qui affichait « soyez malin
payez moins cher » alors qu’il essayait de réserver un billet : il pensait avoir des informations sur des
tarifs réduits et n’a pas compris qu’il avait quitté le site. Un autre a cliqué plusieurs fois sur une puce
animée d’un clignotement, pensant qu’il s’agissait d’un lien et attribuant l’absence de réponse du sys-
tème au fait qu’il n’arrivait pas à cliquer correctement.
119
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120
Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 121
phisme peut induire des effets « parasites » dans la façon dont les uti-
lisateurs interprètent les fonctions disponibles et les dispositifs de la
page.
● L’existence d’une similitude forte de forme, de contenu et de procé-
6. Il s’agit de la souris, du clavier, des dispositifs interactifs (menus déroulants, ascenseurs verticaux et
horizontaux, champs de saisie…).
121
Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 122
sont pas suffisamment explicites, soit parce qu’ils ne sont pas visibles.
122
Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 123
et à surfer sur Internet, alors que la lecture papier ne nécessite pas de nouvel
apprentissage. De plus, de nombreuses contraintes supplémentaires sont
liées à la lecture à l’écran : fatigue physiologique plus importante, souplesse
moindre que le support papier. Pour le site A, les difficultés découlent de son
utilisabilité et de son accessibilité. Cependant, celles-ci engendrent un
niveau d’abandon et de rejet du site moins important que dans le cas du site
B. Il apparaît ainsi que lorsqu’un site répond à un critère d’utilité réelle res-
sentie, l’utilisateur est capable de développer des stratégies d’adaptation,
malgré des difficultés d’utilisabilité et d’accessibilité importantes.
A la question, souvent posée à l’ergonome, d’un espace spécifiquement
dédié aux « seniors » dans les sites, sans proposer de réponse catégorique,
notre réflexion s’oriente plutôt vers l’aménagement d’un site Internet
« grand public ». En effet, l’analyse des services et fonctionnalités propres à
intéresser cette population en particulier (tarifs, loisirs et voyages, services
utiles tels que la prise en charge des bagages à domicile, etc.) fait apparaître
des besoins porteurs d’améliorations pour l’ensemble des utilisateurs. La
recommandation générale est celle d’intégrer les caractéristiques et les inté-
rêts d’un plus grand nombre d’utilisateurs, plus que de proposer la création
d’un espace spécifique à une population. En outre, nos résultats confirment
la nécessité de prendre en compte les modalités d’usage et les inadéquations
au niveau de la conception, en relation avec les caractéristiques propres à
l’outil, plutôt que d’arguer des caractéristiques d’incompétence ou de
défaillance inéluctables, souvent prêtées à l’utilisateur âgé.
***
Pour finir, cette étude apporte une contribution au domaine, jusqu’à
présent peu investi par l’ergonomie cognitive, des personnes âgées utilisant
et apprenant à utiliser des dispositifs techniques tels que l’Internet. Les
résultats constituent des premiers repères, en même temps qu’ils ouvrent
des pistes pour un agenda de la recherche dans le domaine. Nous souli-
gnerons également l’originalité de notre approche associant expérimenta-
tion et exploitation d’une situation plutôt écologique d’utilisation
concrète et finalisée d’Internet.
Il ne s’agit pas de conclure uniquement sur l’actuel problème de
l’Internet, mais d’insister sur les capacités des aînés à accepter des appren-
tissages de nouvelles technologies de l’information et de la communica-
tion (NTIC). Si dans quelques années il n’y aura plus beaucoup de per-
sonnes étrangères à l’usage de l’informatique basique, d’autres NTIC se
développeront, et les aînés de ces époques en seront éloignés et souffriront
à nouveau d’un effet de génération, comme celui que l’on observe chez les
aînés d’aujourd’hui. Il est donc important de montrer que l’avancée en âge
ne détériore pas l’espérance d’emploi des NTIC et que les aînés peuvent
apprendre, à condition d’en voir l’intérêt.
123
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Ce texte à été publié dans Les Cahiers de Recherches de la MiRe, n° 13, juin
2002.
Publications et communications
Ghislaine Gallenga*
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Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 126
Méthodologie
Cette seconde recherche porte sur les adaptations des divers acteurs,
employés et usagers, et sur les stratégies mises en œuvre pour s’approprier
ces nouvelles techniques. Nous nous sommes intéressés plus particulière-
ment au rôle des médiateurs. Ceux-ci peuvent être les contrôleurs, les
agents de station dans le métro, le personnel de l’Espace info (lieu d’in-
formations et de réclamations), les agents de sécurité ou bien aussi le per-
sonnel qui délivre et renouvelle les cartes d’abonnement. Quelles relations
les usagers âgés entretiennent-ils avec ce personnel ? Quelles représenta-
126
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dès qu’ils montent dans le bus, ils râlent, ils ont toujours une réflexion à te
faire, ils ne sont jamais contents. Demande à un conducteur chevronné qui
fait des lignes difficiles d’aller faire la ligne 49, là où il y a le maximum d’an-
ciens, tu verras, sa réponse sera claire, il te dira : Laisse-moi sur ma ligne avec
mes pénibles, je les préfère encore aux vieux, ils me donnent des maux de tête. »
De son côté, le personnel de contrôle de la RTM perçoit les personnes
âgées de manière contrastée et relativement plus positive. Les personnes
âgées sont généralement en règle, mais elles ont aussi toujours tendance à
« rouspéter ». La réclamation ou la question sur un problème quelconque
imprègnent fréquemment la relation du contrôle. Le savoir-faire du
contrôleur se transforme en savoir-être face à des populations qui récla-
ment plus de contact et plus de relation humaine. Tout est prétexte à
l’échange verbal. La disponibilité du contrôleur devient alors un atout
majeur dans la relation aux personnes âgées. « En règle générale, ça se passe
bien ; ils ont compris, ils ne font plus de problèmes mais, quand ils mettent
leur carte, ça sonne, et ils vont s’asseoir ; devant nous, même, ça les gêne pas.
Ça sonne, bon, ou ça sonne pas, bon, c’est pas leur problème. Pareil pour les
correspondances, ils sortent plus leur carte et ils te disent qu’ils sont en règle, et
que de toutes les manières, ils payent pas car ils ont la gratuité. »
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Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 129
Le client âgé titulaire d’une carte donnant droit au tarif réduit doit ali-
menter son porte-monnaie électronique. Cette opération s’effectue sur les
distributeurs de titres implantés dans les stations de métro. La procédure
mise à la disposition du client, via un écran tactile, ne semble pas encore
à ce jour satisfaire les personnes âgées. Bien que nombre d’entre elles pré-
tendent s’être adaptées à ces nouvelles pratiques, force est de constater sur
le terrain qu’un pourcentage encore important de cette population appa-
raît démuni face aux distributeurs automatiques « froids et muets », selon
leurs propres termes. L’intervention directe d’un responsable de station
venant épauler un client, d’un maître-chien sollicité pour ses conseils ou
sa protection ou tout simplement l’aide occasionnelle d’un autre client
démontrent régulièrement le manque réel d’assimilation de cette procé-
dure et l’ambiguïté de la relation qu’entretiennent les personnes âgées vis-
à-vis de Réseau libertés. La préférence des personnes âgées en matière
d’achat de titres de transport va au revendeur du quartier ou aux différents
kiosques RTM, et c’est manifestement vers cette transaction simple que
s’orientent les personnes âgées. Elles ont la sensation d’avoir avec ces
« commerçants », qu’elles connaissent souvent depuis de nombreuses
années, une relation privilégiée, aux antipodes de la froideur technique et
muette des distributeurs de titres dans les stations de métro.
L’oblitération systématique pose problème aux personnes âgées, surtout
si elles utilisent plusieurs modes de transport pour se rendre quelque part.
En particulier pour l’autobus, le processus de validation systématique les
dessert car il ne fait qu’accroître le ralentissement de leur installation dans
le véhicule. En effet, leur intérêt réel ne réside pas tant dans la réussite du
129
Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 130
geste de validation que dans l’acquisition rapide d’une place assise, l’évite-
ment de la pénibilité du transport debout étant crucial pour cette popula-
tion. Une des stratégies d’adaptation réside alors dans l’anticipation :
« Maintenant quand j’attends un bus, je prépare ma carte toujours dans ma
main droite, la flèche dans le bon sens, ainsi quand le bus arrive, je m’agrippe
de la main gauche pour monter et dès que je suis sur la plate-forme je mets ma
carte dans la fente, ça me permet comme ça de pouvoir m’asseoir plus vite. Les
places réservées, c’est pas si facile que ça à avoir. »
Selon les origines sociales et les degrés de technicité de chacun, la
démarche d’adaptation à la nouvelle billettique a été plus ou moins longue
et ardue. Malgré le dispositif de lancement de Réseau libertés, dont la phi-
losophie fut d’accroître considérablement durant une certaine période le
nombre d’agents venus sur le terrain pour renforcer les équipes commer-
ciales, les personnes âgées, une fois cette période euphorique de lancement
passée, se retrouvèrent isolées face à ces nouveaux savoirs, n’ayant généra-
lement pas intégré du premier coup tous les paramètres de cette nouvelle
donne. Un sentiment d’impuissance doublé d’un sentiment d’injustice a
créé une forme de rejet, suivi très rapidement par la nécessité d’une adap-
tation contrainte. Les personnes âgées ont fustigé la RTM sur le manque
de communication, au moment de la mise en place de ce projet.
Aujourd’hui encore, bien que réduites, les critiques ne se sont pas com-
plètement estompées. Une deuxième phase, de redécouverte d’un appren-
tissage trop rapidement digéré, s’est mise en place progressivement. La
concertation en groupe, ou encore, « comment comprendre ce qui se passe
en en parlant avec ses voisins », caractérisa cette seconde phase de l’ap-
prentissage du Réseau libertés.
Il n’est pas rare de voir encore aujourd’hui à un terminus de métro des
groupes de trois ou quatre personnes âgées devant les distributeurs auto-
matiques, l’une d’entre elles expliquant aux autres le fonctionnement de
ce type d’appareil, tout en joignant le geste à la parole en effectuant un
achat à titre d’exemple. Une fois l’explication passée, le professeur impro-
visé aide ses amis à effectuer leur propre achat. Il les aide, mais aussi les
laisse intervenir librement sur les appareils pour vérifier qu’ils ont bien
mémorisé la procédure. Chacun, tour à tour, passe devant le « professeur »,
effectue sa transaction sous le regard attentif des autres. Cette répétition
instantanée d’une leçon technique démontre une stratégie de solidarité
très particulière où l’intérêt commun du groupe passe par une compré-
hension individuelle de la démarche. Parallèlement, les revendeurs de
quartier, les vendeurs en kiosques, les conducteurs de bus et bien entendu
le personnel des stations de métro ainsi que le personnel d’Espace info
sont toujours la cible de nombreuses sollicitations.
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Et pour l’avenir…
Ce texte a été publié dans Les Cahiers de Recherches de la MiRe, n° 10/11, jan-
vier 2001, pp. 3-6.
131
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Publications et communications
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Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 134
Conduite de la recherche
L’étude des publics initiant ces transformations a été menée selon une
double approche : quantitative et qualitative. D’une part, nous avons tra-
vaillé sur les 415 dossiers établis pour des demandeurs âgés de 60 ans et
plus par le Pact-Arim durant l’année 1997, à l’échelon d’un arrondissement
du Finistère.
Par ailleurs, nous avons fait appel à plusieurs organismes susceptibles de
permettre la rencontre avec des personnes utilisant des objets techniques
facilitant la vie à domicile. 18 monographies ont été réalisées à partir de
cas pour lesquels un des services suivants est intervenu : le Pact-Arim, la
rééducation fonctionnelle du centre hospitalier universitaire, l’Office public
d’aménagement et de construction-HLM et une association d’intervention
pour l’adaptation du domicile : Vital.
Les 18 situations retenues intègrent des réalisations qui portent sur l’adap-
tation des salles de bains, l’installation de rampes et de sièges d’escalier et
différents aménagement des lieux de vie.
L’approche qualitative conjugue l’observation ethnographique et l’analyse
des propos tenus par les personnes âgées, leur entourage et les profes-
sionnels intervenant régulièrement. Ces entretiens ont été répétés, soit par
de nouvelles rencontres au domicile, soit par des contacts téléphoniques.
L’étude des 415 dossiers concernant les personnes de 60 ans et plus éta-
blis en 1997 par le Pact-Arim révèle trois constats majeurs. Le premier
concerne la faiblesse des dossiers comportant de l’aide aux handicaps. L’aide
apportée aux personnes de 60 ans et plus consiste principalement dans
l’amélioration de l’état général du logement. Lorsque sont identifiés des
handicaps sensoriels et de motricité ou des longues maladies invalidantes,
les domiciles ne font pas l’objet de travaux plus coûteux ; ceux-ci peuvent
toutefois comporter un peu plus souvent des aides à la modification de cer-
tains espaces. Dans ces quelques cas, les transformations se cantonnent
généralement à l’aménagement des sanitaires et de la salle de bains. En
deuxième lieu, il apparaît que sont le plus souvent réalisés des travaux
modestes au bénéfice d’une population à revenus modestes (voir encadré
ci-après).
Le troisième constat réside dans l’existence d’un savoir-faire professionnel
d’aide aux handicaps qui semble mis en œuvre surtout pour les personnes
plus jeunes. Les professionnels, les ergothérapeutes en particulier, évoquent
les différences d’attitude entre la population qualifiée d’âgée et moins fré-
quemment décrite par ses handicaps, et la population qualifiée d’handicapée
et présentée comme plus jeune. Deux ordres d’hypothèses explicatives peu-
134
Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 135
97 % des ménages dont nous avons étudié les dossiers Pact-Arim ne sont
pas imposables et pour plus de 44 % d’entre eux les ressources mensuelles
sont inférieures à 6 000 francs. 27,5 % des ménages disposent de 6 000 à
8 000 francs, 16 % de 8 000 à 10 000 francs de revenus et 12 % de plus de
10 000 francs. En outre, dans quelques cas, ces ressources prennent en
compte les revenus des enfants cohabitant.
Les professions ne sont pas toujours explicitées ; seuls 176 dossiers sont
renseignés et présentent la répartition suivante : 36 % d’ouvriers, 28 %
d’employés, 16 % d’artisans et commerçants, 11 % d’agriculteurs et 8 % de
professions intermédiaires.
Le coût des travaux est inférieur à 30 000 francs pour 59 % des situations ;
27 % se situent entre 30 000 et 45 000 francs, 8 % entre 45 000 et 60 000
francs, 6 % au-delà de 60 000 francs.
La part principale du financement est assurée par les personnes elles-
mêmes. En effet, 43 % des personnes financent plus de 70 % du montant des
travaux, 30 % des personnes entre 50 et 70 %, 19 % entre 30 et 50 % et seu-
lement 8 % des personnes participent pour moins du tiers du montant des
travaux. A cette participation directe des personnes doit être ajoutée leur
participation indirecte à travers l’intervention de leurs caisses de retraite.
135
Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 136
fortement investis.
Les objets techniques destinés à faciliter les déplacements et la sécu-
rité tels que les rampes et barres d’appui ainsi que les sièges d’escalier
se présentent comme autant de choix d’équipements autour desquels
il y a peu d’hésitations. Les initiatives d’acquisition relèvent souvent
d’un projet préalable de la personne ou de ses proches, à propos
duquel des renseignements ont déjà été réunis avant le contact avec
l’organisme. Ces appareillages sont considérés adaptés aux usages
attendus et deviennent sources de satisfactions nouvelles à travers la
reprise d’activités, en particulier externes au domicile. En outre, à des
niveaux de handicaps quasi similaires correspondent des manières
contrastées d’évolution dans l’espace de l’habitat : maintenir ou non
sa capacité de circulation entre différentes pièces ou rester quasiment
en permanence dans un même endroit. D’autre part, pour certaines
personnes, l’installation d’un siège électrique d’escalier permet de ne
136
Ages et usages 25/02/04 12:15 Page 137
donnés.
Certains objets proposés par les professionnels sont différés dans l’ac-
quisition ou récusés, comme les tables roulantes suggérées par les
ergothérapeutes, évoquant de trop près les tables d’hôpital. D’autres
sont adoptés mais ne « restent pas » dans le logement, c’est le cas des
déambulateurs ou des sièges d’assise de baignoire. De la même façon,
des lits médicalisés ou des potences ont pu être installés, mais leur uti-
lisation cesse dès que possible, et les décisions d’arrêt de ces usages
semblent plus précoces chez les femmes – y compris lorsqu’elles sont
très handicapées – que chez les hommes. Ces objets sont rendus au
prêteur ou entreposés dans un lieu hors d’accès habituel dès lors que
des substituts sont trouvés et validés. Ces situations peuvent évoquer
des formes de sous-équipements et, dans tous les cas, les objets consi-
dérés comme ordinaires sont préférés aux objets associés à l’image du
handicap. Ainsi, les interphones bricolés remplacent les téléalarmes et
les fauteuils de type Voltaire ou confort sont aménagés pour différer
l’introduction d’un fauteuil perçu comme médicalisé.
● Les objets ordinaires achetés ou bricolés.
137
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sonne. Les objets et les lieux sont alors testés, manipulés, modifiés, et des
décisions sont adoptées de concert.
***
D’une manière générale, l’évaluation des habitations des personnes
handicapées âgées est établie selon des constats de niveau d’équipement et
de degré de vétusté ; elle comporte généralement des préconisations-pres-
criptions de modifications, et parfois de changement d’habitat. Ces pro-
positions sont aussi révélatrices des conceptions propres aux milieux socio-
professionnels et aux générations qui énoncent des modes d’habiter
estimés plus adéquats aux modes de vie d’aujourd’hui. Les médiations
engagées autour de ces adaptations techniques de l’habitat mobilisent les
cadres de légitimité et les normes associés au maintien à domicile d’une
personne souffrant d’un handicap et rentrant dans les catégorisations
sociales établies sur les âges.
Les récits tenus par les personnes âgées mettent en lumière leurs propres
représentations de leurs handicaps et les usages et stratégies qui en décou-
lent dans leurs rapports aux objets et à autrui. Selon la ou les narrations
du parcours de vie – le sien ou celui à propos de qui on parle –, les tech-
niques et les objets vont avoir différents statuts. Adoptés, écartés ou réin-
ventés, ils sont autant de manières de faire entendre les sentiments, éprou-
vés par les personnes, de pouvoir ou de « déprise » sur le cours de leur vie.
Les modèles et les niveaux d’investissement dans les objets techniques
ne semblent ni particulièrement relatifs aux âges, ni totalement fonction
des niveaux de handicaps. Des appareillages similaires – salle de bains,
siège d’escalier, fauteuil roulant, etc. – sont mis au profit de stratégies fort
différentes, inscrites dans le cours de la biographie. Ces stratégies consis-
tent à rester le plus conforme possible à l’état précédant l’accident de santé
ou à prévenir et accompagner l’évolution des difficultés que l’on pense
devoir s’accroître, pour maintenir son emprise sur les choses et sur les
autres. De manière abrégée, le fauteuil roulant, le siège d’escalier et divers
autres objets peuvent servir aussi bien à occulter, pour soi et pour les
autres, la transformation de ses capacités, qu’à prendre et reprendre prise
sur l’univers intérieur et extérieur en recomposant ses manières d’être et de
faire. La place de la personne âgée, variable dans la conduite et l’orienta-
tion des adaptations retenues, résulte de sa capacité à faire entendre sa stra-
tégie personnelle au sein des diverses configurations familiales. De plus,
ces éléments s’articulent de manière particulière avec les contraintes et les
ressources des cadres d’intervention des professionnels. On peut penser
que pour une population plus aisée que celle étudiée dans cette recherche,
la possibilité de stratégies consuméristes est probablement accrue, mobili-
sant ainsi de manière différente les univers de la parenté.
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Ce texte a été publié dans Les Cahiers de Recherches de la MiRe, n° 10/11, jan-
vier 2001, pp. 7-10.
Publications et communications
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effet, les « seniors », contre toute attente, sont réticents à utiliser les auto-
mates. Économiquement à l’aise, ils demandent véritablement à être servis,
au sens étymologique du terme, ce que la machine ne peut accomplir. Dans
la commune étudiée, la proportion de personnel travaillant au guichet est
supérieure à celle des agences implantées dans des quartiers populaires ou
en zone rurale car la clientèle, plus exigeante, sollicite l’aide des agents.
C’est en effet la clientèle appartenant aux catégories sociales économique-
ment les moins aisées, toutes classes d’âge confondues, qui accepte le plus
volontiers d’utiliser les automates. Parmi les « personnes âgées », il en est
même qui viennent discrètement « s’entraîner » en dehors des heures d’ou-
verture de l’accueil humanisé afin de se familiariser avec ces appareils.
Conscientes de la valeur que notre société attache aux nouvelles technologies,
elles déploient des stratégies de domestication des automates. Il s’agit de
montrer aux proches, parents et amis, que l’avance en âge n’est pas incompa-
tible avec une bonne intégration dans la contemporanéité. En ce sens, les
objets techniques les plus représentatifs de la modernité technologique appa-
raissent comme de véritables intermédiaires générationnels. Ces usagers des
automates voient dans la technologie, non pas un facteur de disqualification
sociale, mais au contraire d’intégration. On remarque également que la Poste,
à laquelle l’image de service public est historiquement attachée, a affaire à une
clientèle âgée globalement moins favorable à l’utilisation des automates. Il
semble donc que le comportement des clients âgés face aux automates soit
moins conditionné par leur degré de technicité que par les représentations
qu’ils se font de l’entreprise qui les leur met à disposition.
Il ne s’agit évidemment pas d’affirmer que la population âgée dans son
ensemble vit positivement l’automatisation des services publics et privés.
Parmi elle, on rencontre de nombreuses personnes qui, pour des raisons
diverses, refusent d’utiliser les automates. La diminution des capacités
physiques et notamment le handicap visuel constituent les facteurs les plus
souvent avancés. On remarque cependant que ces personnes ont souvent
recours à des ruses afin de ne pas dévoiler publiquement leurs déficiences
physiques ou intellectuelles. Loin de l’image de l’être démuni face à une
technologie qui la dépasse, la personne diminuée par l’âge met en place
des stratégies d’évitement élaborées : à la banque, ce sera une carte oubliée
au domicile qui l’oblige à faire appel aux services de l’agent ; à la Poste, elle
se fait amateur de timbres de collection que l’on ne peut obtenir qu’en
s’adressant à un guichet.
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Ce texte a été publié dans Les Cahiers de Recherches de la MiRe, n° 10/11, jan-
vier 2001, pp. 11-13.
Publication
Cette recherche s’inscrit dans une réflexion engagée par l’équipe ces
dernières années sur l’interaction entre la demande sociale, l’offre de nou-
velles technologies et leurs formes de diffusion, et l’évolution des modes
de vie dans notre société. La prise en charge de la dépendance des per-
sonnes âgées constitue un enjeu de taille pour l’ensemble des pays dotés
d’un système de protection sociale, du fait de l’accroissement de l’espé-
rance de vie. Dans le domaine des services aux personnes âgées, les travaux
mettent l’accent sur la difficulté des promoteurs de services à support tech-
nologique à appréhender la réalité des besoins de ces personnes et de leur
entourage et à y répondre de manière adéquate. Parallèlement, la logique
d’offre qui prédomine fait que de multiples demandes ne sont pas prises
en compte en raison de la complexité et de la variabilité des réponses à y
apporter.
149
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Cette recherche étant actuellement en cours, ces points sont ici briève-
ment présentés.
La méthode choisie est de type qualitatif. Trois terrains d’investigation
ont été menés autour de l’offre de service des technologies de la commu-
nication pour le maintien à domicile des personnes âgées dans les dépar-
tements de Loire-Atlantique, du Calvados et des Hauts-de-Seine.
A partir des années soixante-dix et dans le prolongement du rapport
Laroque, l’État s’est engagé dans la mise en œuvre d’une politique de
maintien à domicile des personnes dépendantes et handicapées. De leur
côté, les communes ont poursuivi et renouvelé leur investissement pour la
prise en charge des personnes âgées. Puis, à la faveur des lois de décentra-
lisation, les départements ont obtenu la responsabilité d’initier et de coor-
donner une action gérontologique à l’échelon du territoire départemental.
Pour les trois départements retenus, les conseillers généraux se sont
appuyés sur les centres d’appel existants, le 181 ou le 152 pour proposer
un dispositif de téléalarme destiné aux personnes âgées dépendantes et aux
handicapés. Les CCAS (centres communaux d’action sociale) sont les
prestataires de ce service auprès de ces personnes. Néanmoins, sur chacun
des territoires retenus, cette offre socio-technique renvoie à une histoire
particulière au cours de laquelle se sont positionnés tout un ensemble d’ac-
teurs hétérogènes qui se mobilisent pour répondre au processus de vieillis-
sement et de la dépendance :
● Le centre de réception, régulation et traitement des appels : le centre 15
familles.
● L’entreprise qui fabrique et commercialise les terminaux et les boî-
150
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Les acteurs des nouveaux services aux usagers : place et fonctions des technologies
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Les acteurs des nouveaux services aux usagers : place et fonctions des technologies
4. L’APA (Allocation personnalisée d’autonomie), mise en œuvre au 1er janvier 2002, va également
contribuer à augmenter le nombre de personnes âgées bénéficiaires de ces aides.
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Michèle Conte*
* EGERIS, Paris.
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Les résultats s’avèrent tous positifs pour les entreprises, en référence soit
au succès remporté par les produits bien adaptés à la clientèle des seniors
soit à l’évolution interne à l’entreprise provoquée par ces démarches.
Toutefois, la confidentialité persistante des projets limite un réel dévelop-
pement de la prise en compte du vieillissement dans l’offre de produit ; le
bilan de ces expériences et leur capitalisation ne s’opèrent pas à plus large
échelle. Pourtant, les expériences montrent que la prise en compte du
vieillissement s’avère être un réel facteur d’évolution. Elle porte, d’une
façon certaine, une offre renouvelée pour tous et enrichit les approches
conceptuelles de l’usage.
156
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Innovations fonctionnelles
Chez Renault, les conclusions d’une étude sur les attentes des seniors
ont débouché sur des innovations : éclairage intérieur à distance, système
d’alerte d’urgence, équipement intérieur totalement renouvelé pour un
nouveau modèle de monospace. Le laboratoire pharmaceutique Lilly Elly
a mis au point un conditionnement (support blister) facile à manipuler et
à transporter pour un nouveau médicament contre l’ostéoporose. De son
côté, la Société Arnould (fabrication de matériels électriques) incorpore
aujourd’hui systématiquement des critères de facilité d’usage (Mieux
Vivre) à tous ses produits.
Innovations technologiques
Renault a conçu de nouveaux systèmes d’attache de ceinture de sécurité
pour, en cas d’accident, tenir compte de la fragilité osseuse des personnes
âgées. Le système est aujourd’hui généralisé.
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Innovations institutionnelles
La démarche de certification des portes de placard constitue en soi une
innovation institutionnelle. Elle intègre dès le départ du processus de cer-
tification la prise en compte de la qualité et de la facilité d’usage. En cela,
elle représente une authentique innovation dans le domaine de la certifi-
cation.
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Dans les deux cas, force est de s’intéresser à l’individu senior pour l’ac-
cepter, le reconnaître, le valoriser. La part immatérielle du produit se
centre alors sur l’environnement qualitatif et affectif du produit :
ambiance, accueil, convivialité du point de vente, écoute et considération
accordées au client, personnalisation du service et du conseil.
En résumé, la prise en compte des seniors et/ou du vieillissement de la
population participe en profondeur de l’évolution générale des stratégies
marketing. Les initiatives ont été engagées en l’absence de réelle volonté
de politique globale, le plus souvent à la faveur de facteurs externes. Bien
que porteuse de réussite, l’implication des entreprises dans la poursuite, le
développement et la pérennisation de démarches liées à la prise en compte
du vieillissement reste infiniment fragile en l’absence de stratégie sur le
sujet et de méthodologie spécifique. Les succès et avancées demeurent
empiriques et étroitement liés aux hommes qui en sont les acteurs.
Néanmoins, elles ont quasi systématiquement conduit à des évolutions au
sein des entreprises : passage d’une problématique de l’âge vers une pro-
blématique de l’usage particulièrement sensible à la variabilité des caracté-
ristiques des usagers ; redéfinition de la problématique de conception de
produits. Acquis sans doute non négligeables, mais qui souffrent aujour-
d’hui de limites entravant la généralisation de la démarche.
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Or nombre de projets sont issus d’un seul service, d’une seule direction.
Ils se bornent donc à un champ d’action aussi précis que limité. Enfin, ces
projets ne peuvent s’inscrire que dans des entreprises où les différents ser-
vices travaillent ou sont susceptibles de travailler ensemble. Peur du chan-
gement et conservatisme représentent autant d’obstacles à la réalisation de
projets paradoxalement ressentis comme dérangeants, alors qu’ils ciblent
un type de clientèle particulièrement « classique ».
Il en résulte une particulière confidentialité des projets et de l’offre des-
tinés aux seniors. Non seulement les projets qui s’intéressent au vieillisse-
ment ou aux seniors sont peu nombreux, mais ils sont difficiles à repérer,
et peu ou pas médiatisés. Une bonne part des entreprises industrielles s’in-
téressant aux seniors définissent une stratégie, mais elles ne le font pas
savoir.
De ce fait :
● les études demeurent confidentielles,
160
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rés,
● la définition du produit : son utilité, ses fonctions,
dans le design,
● l’esthétique, l’agrément,
Les valeurs essentielles aux seniors, au même titre que leurs contraintes,
sont très exigeantes. Dans cette mesure, elles obligent à approfondir la
démarche de conception pour aboutir au résultat recherché : qualité, fia-
bilité, authenticité, facilité d’usage…
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Conclusions et perspectives
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Publications et communications
Ce travail, dont les auteurs sont économistes, s’est attaché à apprécier les poten-
tialités de développement de la télémédecine, et plus précisément de la visio-
phonie, à la prise en charge médico-sociale des personnes âgées. Les investiga-
tions ont porté sur les trois principaux groupes d’acteurs concernés par cette
technique dont les applications demeurent à ce jour encore expérimentales : des
industriels pour lesquels la visiophonie représente un enjeu stratégique ; un
échantillon d’usagers potentiels constitué de personnes âgées « tout venant »
qui n’ont donc pas encore eu l’occasion de connaître ce type de dispositif ; le
personnel d’un service d’hospitalisation à domicile où a récemment été mis en
place un système de visiophonie.
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La visiophonie
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tion à visée de suivi des malades : TAM Santé, SERTEC Santé, Vital Aire ;
● les opérateurs de télécommunications : France Telecom ;
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ments en faveur d’un ciblage plus large (handicapés ou tout âge) s’orien-
tent dans deux directions : un marché par le relais des professionnels et un
marché ouvert direct auprès de la population.
Au total, les deux scénarios sont bien les alternatives possibles, mais
aucun ne l’emporte à l’heure actuelle. Il convient de rester prudent quant
à la conclusion, compte tenu de la faiblesse de l’échantillon.
L’objectif est d’identifier s’il existe une demande pour une technique de
suivi médico-social à domicile et à distance, et une préférence par rapport
à des pratiques existantes, et, si oui, d’identifier les facteurs favorables à
cette demande.
due par certaines personnes avec une étude marketing (bien qu’aucun
nom de produit ou d’entreprise ne figure dans le questionnaire) ;
● le fait qu’un certain nombre d’envois ne comportaient pas le dessin expli-
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Tableau 1
Synthèse de l’influence des variables en milieu urbain et rural
Variables (indication de l’influence) : Urbain Rural
Age (moins élevé) : oui non
Sexe (masculin) : oui non
Situation professionnelle (actif) : oui non
Revenus (élevés) : oui oui
Profession : non non
Utilisation de minitel, ordinateur, Internet : oui* oui* (ordinateur)
Suivi régulier par un médecin : non non
Suivi régulier par un(e) infirmier(ère) : oui non
Fréquence du recours au médecin : non non
Temps de déplacement pour consulter un médecin : non non
Utilisation du téléphone pour consulter le médecin : non non
Immobilisation dans le passé pour raison de santé : oui* non
* indique que la proportion d’utilisateurs potentiels de visiophonie est supérieure à 50 % (préférence absolue).
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La propension à payer
La propension à payer, comme son nom l’indique, est le montant moné-
taire qu’un consommateur est prêt à échanger contre un bien ou un service.
Elle reflète, sous certaines conditions, la valeur ou la préférence que la per-
sonne accorde à ce bien ou ce service. Les deux enquêtes demandaient le
montant que les personnes seraient prêtes à payer mensuellement pour un
service de visiophonie, qui leur était décrit et présenté sur un schéma.
La moyenne se situe à 190 F (par mois) en milieu urbain, 110 F en
milieu rural, pour un financement intégral par la personne, à respective-
ment 108 F et 88 F en cas de cofinancement1. Elle est assortie dans les
deux cas d’une dispersion élevée, mesurée par l’écart type, reflétant des dif-
férences importantes selon les personnes ou les groupes. La somme la plus
fréquemment citée (le mode), que les personnes vivent en milieu urbain
ou rural, est 100 F et elle est identique si le paiement est partagé (respec-
tivement 24,6 % et 16,7 %) ou intégralement à la charge de l’utilisateur
(18,4 % et 18,1 %). La majorité des personnes enquêtées souhaiterait que
ce service soit cofinancé.
La littérature économique questionne l’outil de la propension à payer
comme moyen de la détermination de la « vraie valeur » d’un bien ou d’un
service2. Sans vouloir trancher ce débat sur le fond, nous avons comparé
ces montants au prix d’un service proche, la téléalarme. Les tarifs existants
de téléalarme varient entre 160 et 230 francs, ce qui est proche de ce qui
ressort de l’enquête et pourrait permettre de conclure à l’existence d’un
prix de marché pour les services de téléassistance à domicile, au sens large
du terme, voisin de 200 F par mois.
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Les valeurs attribuées par les personnels enquêtés (sur une échelle allant
de 0 : pas important du tout, à 5 : très important) à chacun des items défi-
nis comme des conventions actuelles de l’HAD permettent de conclure que
le personnel adhère complètement à ces conventions. La moyenne pour
chacun des items est très proche de 5 avec des écarts entre les « notes » très
faibles (0,3 point au maximum sur les deux années). Les résultats conver-
gent d’une année à l’autre ; on ne peut mettre en évidence une hiérarchie
des items ni une modification de celle-ci d’une année sur l’autre, compte
tenu de la faiblesse des écarts entre les notes moyennes obtenues.
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Introduction Introduction
de la visiophonie de la visiophonie
(année N) (année N+1)
Items Rang Moyenne Écart type Rang Moyenne Écart type
Coordination des soins 3 3,22 1,37 2 3,47 1,23
Concertation entre les différents intervenants 7 2,92 1 6 2,94 1,56
Communication patients-soignants-
autres intervenants 1 3,75 0,75 2 3,47 0,94
Distribution des soins par une équipe
pluridisciplinaire 8 2,75 1,6 7 2,82 1,18
Libre choix pour la personne et sa famille 2 3,6 1,5 1 3,59 1,32
Continuité des soins 6 2,93 1,33 3 3,41 1,12
Disponibilité des personnels soignants et
médico-sociaux de l’HAD auprèsdes patients 4 3,12 1,37 8 2,76 1,48
Un réseau ville-hôpital-HAD efficace 5 2,97 1,3 4 3,35 1,27
Respect des croyances et de la culture
des patients 10 2,31 1,46 9 2,35 1,45
Accessibilité des soins 9 2,73 1,46 5 3 1,43
(Résultats donnés à titre indicatif compte tenu de la taille de l’échantillon. NDLR)
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Ce texte a été publié dans Les Cahiers de Recherches de la MiRe, n° 13, juin
2002.
Publications et communications
ANNEXES
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ANNEXE
Publications générales
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Annexes
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Annexes
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Annexes
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VIDAL Ph. (2001), « Le rôle intégrateur des espaces multimédias entre pratique
citoyenne et inscription territoriale », Retraite et Société, « Technologie et
vieillissement – 3 », n° 33, pp. 66-75.
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ANNEXE
Liste et coordonnées
des chercheurs du programme
ANDRIEU Sandrine
Faculté de médecine Purpan - INSERM U 558
37, allée Jules-Guesde, 31073 Toulouse
Tél. : 05.61.14.59.63 - Fax. : 05.62.26.42.40
Email : sandrieu@cict.fr
BUFFET Marie-Paule
Association psychologie et vieillissement
6, square de Provence, 35000 Rennes
BURKHARDT Jean-Marie
Université de Paris-5 René-Descartes
Laboratoire d'ergonomie informatique (LEI)
45, rue des Saints-Pères, 75270 Paris Cedex 06
Tél. : 01.42.86.21.35/20.74 - Fax. : 01.42.96.18.58
Email : burkhardt@ergo-info.univ-paris5.fr
CARADEC Vincent
Université de Lille III, UFR IDIST, B.P. 149
59653 Villeneuve-D'Ascq Cedex
Tél. : 03.20.41.61.06 - Fax. : 03.20.41.63.79
Email : caradec@univ-lille3.fr
CLAVAIROLLE Françoise
CNRS, Technique et Culture
6, passage Montbrun, 75014 Paris
Tél. : 01.43.35.41.28 - Fax. : 01.43.35.41.28
Email : frclav@club-internet.fr
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Annexes
CLÉMENT Serge
Université de Toulouse Le Mirail, CIEU
5, allée Antonio-Machado, 31058 Toulouse
Tél. : 05.61.14.59.56 ou 50 - Fax. : 05.62.26.42.40
Email : sclement@cict.fr
CONTE Michèle
EGERIS
21, avenue Niel 75017 Paris
Tél. : 01.42.12.01.31
DE LA GARZA Cecilia
Université de Paris-5 René-Descartes
Laboratoire d'ergonomie informatique (LEI)
45, rue des Saints-Pères, 75270 Paris Cedex 06
Tél. : 01.42.86.21.35/20.74 - Fax. : 01.42.96.18.58
Email : garza@ergo-info.univ-paris5.fr
DRULHE Marcel
Université Toulouse Le Mirail, CERS
12, rue de la Côte-Vieille, 31500 Gratentour
Tél. : 05.61.50.41.18 - Fax. : 05.61.50.46.60
Email : drulhe@cict.fr
EHLERS-PEIXOTO Clarice
Université d’État de Rio de Janeiro,
R.S. Francisco Xavier, 524 s.9001A - 20550-013, Rio de Janeiro, Brésil
Email : cpeixoto@uerj.br
EVE Michael
Dipartimento di Scienze Sociali
via S. Ottavio 50, 10124 Torino (Italie)
Email : eve@cisi.unito.it
EVENO Emmanuel
Université de Toulouse Le Mirail, GRESOC
5, allée Antonio-Machado 31058 Toulouse Cedex
Tél. : 05.61.50.35.73/ 37.02 - Fax. : 05.61.50.49.61
Email : eveno@univ-tlse2.fr
190
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FROSSARD Michel
Université Pierre-Mendès-France, CPDG,
bâtiment BSHM, 1221, avenue Centrale, BP 47, 38049 Grenoble Cedex 9
Tél. : 04.76.82.59.21 - Fax. : 04.76.82.59.22
Email : michel.frossard@upmf-grenoble.fr
GALLENGA Ghislaine
Université de Provence
Les Abeilles, chemin de la Marguerite, 13090 Aix-en-Provence
Tél. : 04.42.23.24.84
Email : cujas@wanadoo.fr
GENIN Nathalie
Université Pierre-Mendès-France, CPDG,
bâtiment BSHM, 1221, avenue Centrale – BP 47, 38049 Grenoble Cedex 9
Tél. : 04.76.82.59.21 - Fax. : 04.76.82.59.22
Email : nathalie.genin@upmf-grenoble.fr
LALANNE Michèle
Université de Toulouse Le Mirail, CERTOP (CNRS)
5, allée Antonio-Machado, 31058 Toulouse
LE BORGNE-UGUEN Françoise
Université de Bretagne occidentale, Formation continue
20, avenue Le Gorgeu, 29285 Brest Cedex
Tél. : 02.98.01.63.32 - Fax. : 02.98.01.65.89
Email : francoise.leborgne-uguen@univ-brest.fr
LEBRET Claire
Association psychologie et vieillissement
6, square de Provence, 35000 Rennes
LE DOUJET Dominique
Centre hospitalier Guillaume-Regnier
108, avenue du Général-Leclerc, 35000 Rennes
Tél. : 02.99.33.39.00 - Fax. : 02.99.53.02.22
Email : dominique.le-doujet@wanadoo.fr
LEFEVRE Catherine
Association psychologie et vieillissement
6, square de Provence, 35000 Rennes
191
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Annexes
LE GOAZIOU Véronique
Agence de sociologie pour l’action
7, rue des Coquelicots, 92140 Clamart
Tél. : 06.12.72.72.30
Email : verolg@caramail.com
LOZIER Marie-Françoise
Université de Paris-9 Dauphine, IRIS
place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 75775 Paris Cedex 16
Tél. : 01.44.05.48.54 - Fax. : 01.44.05.46.48
Email : lozier@dauphine.fr
MALANDRIN Gilles
Centre Auguste et Léon Walras, Institut des sciences de l'homme
14, avenue Berthelot, 69007 Lyon
Tél. : 04.72.72.65.52 - Fax. : 04.72.72.65.55
Email : gilles.malandrin@mrash.fr
MANTOVANI Jean
ORSMIP
37, allées Jules-Guesde, 31073 Toulouse
Tél. : 05.61.53.11.46 - Fax. : 05.62.26.42.40
Email : mantovan@cict.fr
PENNEC Simone
Université de Bretagne occidentale, Formation continue
20, avenue Le Gorgeu, 29285 Brest Cedex
Tél. : 02.98.01.63.32 - Fax. : 02.98.01.65.89
Email : simone.pennec@univ-brest.fr
SAGNA Lamine
Université de Caen, LASAR (MRSH), Département de sociologie
esplanade de la Paix, 14032 Caen Cedex
Tél. : 02.31.56.62.42/58-57/55-32
SALAS Philippe
Centre Auguste et Léon Walras, Institut des sciences de l'homme
14, avenue Berthelot 69007 Lyon
Tél. : 04.72.72.65.52 - Fax. : 04.72.72.65.55
192
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SERVET Jean-Michel
Centre Auguste et Léon Walras, Institut des sciences de l'homme
14, avenue Berthelot 69007 Lyon
Tél. : 04.72.72.65.52 - Fax. : 04.72.72.65.55
Email : jean-michel.servet@mrash.fr
SMOREDA Zbigniew
France Télécom Recherche et Développement, DIH – Laboratoire UCE
38/40, rue du Général-Leclerc, 92794 Issy-les-Moulineaux
Tél. : 01.45.29.64.95 - Fax. : 01.45.29.01.06
Email : zbigniew.smoreda@rd.francetelecom.fr
TOUSSAINT Yves
Université de Paris-9 Dauphine, IRIS
place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 75775 Paris Cedex 16
Tél. : 01.44.05.46.21 - Fax. : 01.44.05.46.48
Email : toussaint@dauphine.fr
VIDAL Philippe
Université de Toulouse Le Mirail, GRESOC
5, allée Antonio-Machado, 31058 Toulouse Cedex
Tél. : 05.61.50.35.73/ 37.02 - Fax. : 05.61.50.49.61
Email : eveno@univ-tlse2.fr
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ANNEXE
Comité scientifique
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Annexes
Comité de Pilotage
ANNEXE
« Évolutions technologiques,
dynamique des âges et vieillissement de la population »
Les synthèses de ces travaux ont été publiées dans le document d’étape du pro-
gramme, édité début 1999 en français et en anglais1.
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Annexes
ANNEXE
Programme du séminaire
9 h 15 – 9 h 45 Ouverture
Mireille Elbaum (directrice de la DREES)
Patrick Hermange (directeur de la CNAV)
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juin 2002