Fiche Grippe
Fiche Grippe
Fiche Grippe
Agent pathogène
Synonyme(s) :
Influenza
Groupe(s) de classement 2
Descriptif de l'agent :
Virus à ARN segmenté de la famille des Orthomyxoviridae et du genre Influenzavirus comportant 3 types A, B et C. Les virus Influyenza A sont les plus fréquents et les plus
variables et sont divisés en sous-types selon la nature de leurs glycoprotéines de surface, les hémagglutinines (H) au nombre de 17 et les neuraminidases (N) au
nombre de 10. Ces glycoprotéines H et N permettent une identification épidémiologique aisée et on désigne les souches en fonction des variabilités antigéniques de
ces deux glycoprotéines : H1N1, H2N3, H5N1...
Les oiseaux sauvages sont les hôtes naturels d'une grande variété de virus de la grippe A et l'homme peut être infecté par certains sous-types du virus A. Les formes
épidémiques sont le plus souvent des formes recombinantes entre trois hémagglutinines (H1, H2 ou H3) et trois neuraminidases (N1, N2, N3).
Les virus de type A circulent chez différentes espèces animales autres que les oiseaux tels les porcs, les chevaux et divers mammifères. Les échanges inter-espèces
facilitent la recombinaison des souches entre souches aviaires, porcines et humaines. Ces virus appelés virus ré-assortants sont à l'origine de souches nouvelles pour
l'homme responsables de pandémies tel le virus A(H1N1)pdm09 qui a émergé au Mexique en 2009 et circule depuis sous le mode épidémique ( 1).
La plupart des virus aviaires n'infectent pas l'homme hormis certains sous-types avec des formes cliniques pouvant être grave, pour l’heure sans conséquences
épidémiologiques majeures. Ces souches aviaires sont rapidement identifiables de par leur numéro d’identification H et/ou N supérieur à 3. Ces formes de grippes
dites aviaires telles H5N1, H7N7 sont un danger potentiel réel en cas de contacts intensifs avec les sécrétions respiratoires et les déjections d'animaux infectés. Les cas
de transmission interhumaine sont exceptionnels ( 1) : la grippe aviaire ne sera pas traitée dans cette fiche.
L'homme constitue le réservoir pour les formes humaines et est quasiment le seul réservoir des virus types B et C. Les grippes par Influenzavirus B, plus rares,
présentent la même gravité potentielle que celle par Influenzavirus A et désormais deux valences Influenzavirus B sont présentes dans le vaccin quadrivalent. Le type C
est rarement mis en cause mais peut être à l'origine d'épidémie locale. Le type C n'est pas représenté dans les préparations vaccinales actuelles.
Principale(s) source(s) :
Sécrétions des voies aériennes supérieures
Vecteur :
Pas de vecteur
Viabilité et infectiosité
Viabilité, résistance physico-chimique :
Les virus grippaux survivent quelques heures sur les surfaces inertes et sont inactivés par l'hypochlorite de sodium, l'éthanol à 70°, le glutaraldéhyde à 2 %, le
formaldéhyde. Sensibles à plus de 20 minutes à une chaleur humide de plus de 120 °C et après 1 heure pour une chaleur sèche de plus de 170 °C ( 2).
Infectiosité :
Contagiosité importante, le taux de transmission est de 30 à 60 % dans une population d'adultes non immunisés.
Données épidémiologiques
Population générale
Les épidémies de grippe saisonnière surviennent d'octobre à avril dans l'hémisphère Nord et d'avril à octobre dans l'hémisphère Sud et se propagent facilement
dans les établissements tels que les écoles ou les maisons de retraite. En régions tropicales, la grippe peut apparaître tout au long de l'année. En 2009, le virus de la
grippe A(H1N1)pdm09 a provoqué une pandémie mondiale obligeant à inclure cette valence dans les vaccins.
En France, la grippe atteint chaque année 2 à 8 millions de personnes de tout âge et entraîne, selon les virus circulants, quelques centaines à quelques milliers de
décès. Les décès et hospitalisation sont liés aux groupes à risque comprenant les sujets très jeunes, les seniors ou ceux atteint de maladies chroniques. Les personnes
obèses et les femmes enceintes ont depuis été identifiées comme population à risque.
En 2017-2018, Santé publique France a signalé une épidémie précoce et de longue durée : 16 semaines, avec la co-circulation des virus A(H1N1)pdm09 et
B/Yamagata, avec près de 13 000 décès attribuables à la grippe, essentiellement chez des personnes âgées de plus de 65 ans ( 3).
En laboratoire :
Plusieurs cas de transmission en laboratoires de recherche ont été décrits dont un cas conjonctivite après projection oculaire accidentelle de hautes concentrations de
virus influenza B ( 7, 8).
Pathologie
Nom de la maladie
Grippe
Transmission
Mode de transmission :
Principalement par l'intermédiaire des gouttelettes provenant des voies aériennes supérieures générées par la toux, les éternuements ou la parole d'un sujet infecté.
Possible par contact des muqueuses avec des mains ou des objets fraîchement souillés par les sécrétions oropharyngées d'un sujet infecté.
Transmission favorisée par les groupements de population dans un espace clos. La transmission par aérosols est évoquée mais discutée.
Période de contagiosité :
Contagiosité maximum pendant les premiers jours de la maladie (virus retrouvé 24h avant les premiers symptômes mais contagiosité non prouvée) et 6 jours après le
début des symptômes (portage plus long chez les enfants et les immunodéprimés).
La maladie
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Incubation :
Courte de 1 à 3 jours.
Clinique :
Dans la forme classique, signes généraux intenses avec apparition brutale d'une fièvre élevée (> 38,5 °C) avec frissons, myalgies diffuses, céphalées, asthénie,
anorexie et symptômes respiratoires discrets dominés par la toux ; la fièvre peut réapparaître secondairement après une rémission de 24 h (V grippal).
Formes compliquées dont les plus importantes sont les surinfections bactériennes broncho-pulmonaires, la grippe maligne consistant en une pneumopathie
interstitielle avec détresse respiratoire et les complications neurologiques (Méningite lymphocitaire avec ou sans encéphalite, syndrome de Reye favorisé par la prise
de salicylés).
Diagnostic :
Le diagnostic est essentiellement clinique en période de circulation des virus de la grippe.
Indications au diagnostic biologique : indispensable avant mise en route d'une prophylaxie large par antiviraux dans une collectivité en période épidémique,
recommandé avant traitement individuel curatif ou prophylactique par antiviraux, manifestations respiratoires sévères ou extra-respiratoires avec hospitalisation,
formes sporadiques en dehors du contexte épidémique.
2 | Culture cellulaire dans les 3 premiers jours de l'expression clinique réservée à la surveillance épidémiologique des souches et non en routine. Sérologie à partir de
2 prélèvements de sérum à 15 jours d'intervalle en laboratoires de référence pour les enquêtes épidémiologiques.
Traitement :
Deux inhibiteurs de la neuraminidase (INA) sont autorisés en France. D'efficacité limitée et déclassés sur la liste complémentaire de l'OMS, ils gardent un intérêt chez
des patients à risque élevé de complications ou lors de formes graves :
l'oseltamivir indiqué chez les adultes et les enfants (y compris les nouveau-nés), dans le cas du traitement et chez les personnes âgées de 1 an et plus en
prévention
le zanamivir, indiqué chez les personnes de 5 ans et plus en curatif et en prévention
Le HCSP recommande en curatif l'utilisation de l'oseltamivir, quel que soit le statut vaccinal et quel que soit l'âge du patient chez les personnes ( R1) :
à risque de complications, ciblées par la vaccination, y compris les femmes enceintes
présentant une grippe grave d'emblée ou dont l'état clinique s'aggrave, même au-delà des 48h après le début des symptômes
Immunité naturelle
Naturellement acquise lors d'épidémies antérieures mais grande variation des caractères antigéniques des virus.
Prévention vaccinale
Vaccin disponible oui
Vaccins préparés à partir de virus cultivés sur œufs de poule embryonnés essentiellement ou sur culture cellulaire, proposant 3 ou 4 valences antigéniques. Ce sont
des vaccins inactivés (injectables par voie IM ou ID) ou vivants atténués (voie nasale).
Leur composition est actualisée chaque année par l'OMS en fonction des données virologiques et épidémiologiques. En 2017-2018, le vaccin classique inactivé sur œuf
le plus utilisé (Vaxigrip) comprenait 3 valences A/Michigan (H1N1)pdm09 ; A/Hong Kong (H3N2) et B/Brisbane (Victoria). Une forme quadrivalente est également à
disposition (VAXIGRIP TETRA) à partir de 3 ans avec deux valences de type B épidémique (B/Victoria et B/Yamagata). Un vaccin quadrivalent atténué FLUENZ TETRA
(H1N1, H3N2, B/Yamagata et B/Victoria) est disponible en pulvérisation nasale pour les enfants et les adolescents âgés de 24 mois à moins de 18 ans.
Contre-indication : allergie à l'un des composants, aux protéines de l'œuf ou poulet.
Le vaccin peut être prescrit en cas de grossesse ou d'immunodépression sauf les vaccins vivants atténués.
Immunite vaccinale :
2 à 4 semaines après l'injection et pendant 9 à 12 mois. Taux de séroprotection postvaccinale : 70 % entre 18 et 60 ans et environ 60 % pour les sujets de plus de 60 ans.
Type d'exposition :
principalement par projection de gouttelettes.
Mesures prophylactiques
1. Il n’y a pas lieu de prescrire ( R1) :
un traitement antiviral curatif chez une personne symptomatique ne présentant aucun facteur de risque qui la rendrait éligible à la vaccination ;
une prophylaxie post-exposition, en population générale et dans les collectivités, chez une personne ne présentant aucun facteur de risque ;
2. Un traitement prophylactique par oseltamivir est uniquement indiqué, après contact avec un cas de grippe cliniquement diagnostiqué en période épidémique :
chez les personnes jugées à risque de complications, âgées de 1 an et plus, y compris les femmes enceintes, ciblées par la vaccination, après un contact étroit
datant de moins de 48 heures avec un cas confirmé ou présentant une symptomatologie typique de grippe ;
en collectivités de personnes à risque, tout particulièrement les collectivités de personnes âgées (avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) relatif à la
prescription d’antiviraux en cas de grippe saisonnière, Mars 2018).
3. La prophylaxie est étendue à toute l'unité de la collectivité si toutes les conditions suivantes sont remplies :
Foyer de cas groupés d'infection respiratoires aiguë
Diagnostic virologique de grippe positif
Notion de contact étroit impossible à définir
Nombre quotidien de nouveaux cas en augmentation
Au moins deux tiers des résidents dans l'unité ciblée pour la prophylaxie non encore atteints.
4. Un traitement préemptif, c'est-à-dire à dose curative, sera administré chez les sujets à risque très élevé de complications grippales (par exemple comorbidités
graves et/ou instables comme les affections cardio-pulmonaires graves ou immunodépression).
Pour plus de précisions, se référer au rapport HCSP de Mars 2018 relatif à la prescription d'antiviraux en cas de grippe saisonnière.
Suivi médical
Si le sujet exposé travaille en contact avec des individus fragiles vis-à-vis du virus grippal, l'informer de la nécessité de prendre, dès les premiers symptômes (malgré la
vaccination ou le traitement prophylactique), de porter un masque de soins et de prendre rapidement un avis médical pour envisager une interruption de l'activité
professionnelle.
En cas de grossesse :
Une prophylaxie par oseltamivir peut être proposée.
Démarche médico-légale
Déclaration / signalement
Déclaration obligatoire non
Réparation
Maladie professionnelle
Tableau Régime Général Non
Eléments de référence
CNR
Centre national de référence virus des infections respiratoires (dont la grippe)
CNR Coordonnateur
Institut Pasteur
Unité de Génétique Moléculaire des Virus à ARN
Département de Virologie
25-28 rue du Docteur Roux
75 724 PARIS CEDEX 15
Nom du responsable : Pr Sylvie VAN DER WERF
Tél. : 01 45 68 87 25 (secrétariat) - 01 45 65 87 22
Fax : 01 40 61 32 41
Courriel : sylvie.van-der-werf@pasteur.fr // grippe@pasteur.fr
Textes de référence
R1 │ Avis du Haut Conseil de la Santé publique du 16 mars 2018 3 relatif à la prescription d'antiviraux en cas de grippe saisonnière
3 https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=652
R2 │ Plan national de prévention et de lutte "Pandémie grippale" 2011 4 . Ministère chargé de la santé , 2011.
4 http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Plan_Pandemie_Grippale_2011.pdf
Bibliographie
2 | Fiche technique santé sécurité Canada Agents Pathogènes – Virus grippal de type A https ://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/biosecurite-biosurete-
laboratoire/fiches-techniques-sante-securite-agents-pathogenes-evaluation-risques/virus-grippal-type-a.html
4 | Avis et Rapport du HCSP relatif à l’efficacité de la vaccination contre la grippe saisonnière notamment chez les personnes âgées et à la place de la vaccination des
professionnels de santé dans la stratégie de prévention de la grippe- 28 mars 2014 https ://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine ?clefr=425
5 | Aymard M, Lina B - Virus de la grippe. In : Pozzetto B (Ed) - Infections nosocomiales virales et à agents transmissibles non conventionnels. Montrouge : Edition John
Libbey Eurotext ; 2001 : 205-213, 554 p.
6 | Bonmarin I - Infections nosocomiales grippales et soignants, France, 2001-2010. Bull Epidémiol Hebd. 2011 ; 35-36 : 379-81.
7 | Byers KB, Harding AL - Laboratory-Associated Infections In : Wooley DP, Byers KB (Eds) - Biological safety. Principles and practices. 5th edition. Washington :
American Society for Microbiology ; 2017 : 59-92, 741 p.
8 | Ando Y, Iwasaki T, Terao K, Nishimura H, Tamura S. Conjunctivitis following accidental exposure to influenza B virus/Shandong/7/97. J Infect 2001 ;42:223-4.
10 | Zaman K, Roy E, Arifeen SE, Rahman M et al. - Effectiveness of maternal influenza immunization in mothers and infants. N Engl J Med. 2008 ; 359 (15) : 1555-64.
5 http://invs.santepubliquefrance.fr//Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/Maladies-a-prevention-vaccinale/Grippe