MP4 Book
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Chapitre 3 : Cardinaux 18
Généralités
Ensembles dénombrables
Exercices
2
Chapitre 11.4 : Comparaison de normes et espaces produits 86
Comparaison de normes
Espaces produits
3
Chapitre 23 : Polynômes 182
Préambule
Polynômes complexes
Polynômes réels
Polynômes à coefficients rationnels
Irréductibilité de Z[X]
Complément : lemme de Gauß
4
Lois usuelles
Compléments
5
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Chapitre 1
Ordre, inégalités
I Borne supérieure
Rappel I.1.
Proposition I.2.
Applications
1. Le théorème de la limite monotone pour les suites réelles bornées en est une.
2. Considérons une fonction f : R+ 7−→ R croissante et majorée. Alors f possède une limite finie en
+∞. En effet, posons ℓ = sup f , et fixons ε > 0. Il existe alors xε ∈ R+ tel que ℓ − ε < f (xε ) ≤ ℓ.
La croissance de f assure de plus que pour tout x ≥ xε , ℓ − ε < f (x) ≤ ℓ. Donc, f (x) −−−−→ ℓ.
x→+∞
Proposition I.3.
6
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Corollaire I.4.
∥ · ∥∞ : C 0 ([a, b], R) −→ R
f 7−→ sup(|f |)
Posons M = sup f , et pour tout x ∈ A, posons µx = sup(f (x, y)). Pour tout x ∈ A, et pour tout
y∈B
y ∈ B, f (x, y) ≤ M . Donc, pour tout x ∈ A, µx ≤ M . Donc sup(µx ) ≤ M .
x∈A
Par ailleurs, pour tout (x, y) ∈ A × B, f (x, y) ≤ µx ≤ sup(µx ). Donc M ≤ sup(µx ). Donc
x∈A x∈A
M = sup(µx )
x∈A
On dit que
→ (fλ )λ∈Ω est majorée si pour tout x ∈ I, la famille de réels (fλ (x))λ∈Ω est majorée.
→ (fλ )λ∈Ω est uniformément majorée s’il existe M ∈ R tel que pour tout λ ∈ Ω et pour tout
x ∈ I, fλ (x) ≤ M .
→ (fλ )λ∈Ω est uniformément bornée s’il existe K ∈ R tel que pour tout λ ∈ Ω et pour tout
x ∈ I, |fλ (x)| ≤ M .
Si pour tout x ∈ I, (fλ (x))λ∈Ω est majorée, on appelle enveloppe supérieure de la famille (fλ )λ∈Ω
la fonction
sup(fλ ) : I −→ R
λ∈Ω
x 7−→ sup(fλ (x))
λ∈Ω
Proposition I.6.
7
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Contre-exemple avec une famille infinie : Pour tout n ∈ N et pour tout x ∈ [0, 1], posons
fn (x) = 1 − xn . La famille de fonctions ainsi définie est uniformément bornée par 1 donc son enveloppe
supérieure est! bien définie. !
Or, sup(fn ) (1) = 0 et pour tout x ∈ [0, 1[, sup(fn ) (x) = 1, donc l’enveloppe supérieure des fn n’est
n∈N n∈N
pas continue.
II Encadrements
Proposition II.1.
Soient a, b ∈ R. On a l’équivalence
a ≤ b ⇐⇒ ∀ε > 0, a ≤ b + ε
Encadrements de fractions
a′ a a′′
Si 0 ≤ a′ ≤ a ≤ a′′ et 0 < b′ ≤ b ≤ b′′ alors ′′ ≤ ≤ ′
b b b
Valeurs absolues
→ Si x ∈ R, |x| ≤ M ⇐⇒ −M ≤ x ≤ M .
→ Inégalité triangulaire : Soit n un entier supérieur ou égal à 2. Soit (z1 , . . . , zn ) ∈ (C∗ )n . Alors
n n
X
||z1 | − |z2 || ≤ |z1 + z2 | ≤ |z1 | + |z2 | et
X
zk ≤ |zk |
k=1 k=1
|z1 + z2 |2 = |z1 |2 + 2 Re(z1 z2 ) + |z2 |2 ≤ |z1 |2 + 2 |z1 z2 | + |z2 |2 = (|z1 | + |z2 |)2
Application
1 1
Soit (un ) ∈ (C∗ )N telle que un −−−−→ ℓ ̸= 0. Alors −−−−→ .
n→+∞ un n→+∞ ℓ
1 1 |un − ℓ|
En effet, pour tout n ∈ N, − = . Par ailleurs, il existe nℓ ∈ N tel que pour tout entier
un ℓ
|ℓun |
8
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|ℓ|
n ≥ nℓ , |ℓ| − |un | ≤ |un − ℓ| ≤ . Donc
2
1 1 2 |un − ℓ|
0≤ −−−−→ 0
− ≤
un ℓ |ℓ|2 n→+∞
n+1 n n+1
X
X
|zn+1 | + zk
X
zk ≤
≤ |zk |
k=1 k=1 k=1
L’égalité du majorant et du minorant assure que cet encadrement est une égalité, si bien que
n n
X
| + zk = | + |zk |. Or, Pn est vraie, donc pour tout k ∈ J1; nK, il existe λk ∈ R+
X
|zn+1 |zn+1
k=1 k=1
tel que zk = λk z1 .
n
n
X
Par le même raisonnement qu’à l’initialisation, l’égalité + = |zn+1 | + zk assure
X
zn+1 zk
k=1 k=1
l’existence de λn+1 ∈ R+ tel que zn+1 = λn+1 z1 .
Donc Pn+1 est vraie.
→ Finalement, le principe de récurrence assure que le cas d’égalité est vérifié si, et seulement si,
les vecteurs d’affixes z1 , . . . , zn sont colinéaires et de même sens, donc que les points d’affixes
z1 , . . . , zn appartiennent à une même demi-droite d’origine O.
Exercice II.2.
Soit p un entier supérieur ou égal à 3. Soit (un ) ∈ CN telle que pour tout n ∈ N, un+p =
1 n+p−1
uk .
X
p k=n
1. Montrer que toute racine du polynôme caractéristique de (un )n∈N est simple.
2. Montrer que (un )n∈N converge.
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n≥0
+∞ +∞
X
=
X
zn |zn |
n=0 n=0
Montrons qu’il s’agit de la même condition que dans le cas réel i.e. pour tout n ∈ N, il existe
λn ∈ R+ tel que zn = λn z0 . N N N N
X
C’est une condition suffisante car pour tout N ∈ N, = |z0 | λn = |λn z0 | =
X X X
zn |zn |.
n=0 n=0 n=0 n=0
N N
X
Montrons qu’elle est nécessaire. Supposons qu’il existe N ∈ N∗ tel que
X
zn < |zn |.
n=0 n=0
Alors +∞ N
X X +∞ +∞
n +
X X
zn ≤ z zn < |zn |
n=0 n=0 n=N +1 n=0
N N
X
ce qui est faux. Donc pour tout N ∈ N, = |zn |. Le cas d’égalité de l’inégalité triangulaire
X
zn
n=0 n=0
assure alors que tous les termes de (zn )n∈N sont sur une même demi-droite d’origine O.
Exercice II.3.
n−1
Soit n un entier supérieur ou égal à 2. Soit (a0 , . . . , an−1 ) ∈ Cn , et posons P = X n +
X
ak X k
k=0
et ρ = max{|z| | P (z) = 0}.
k=0
Application II.4.
Considérons une famille (Pλ )λ∈Ω de polynômes unitaires et de même degré n ≥ 2 définie par
n−1
∀λ ∈ Ω, Pλ = X n + ak,λ X k
X
k=0
Si la famille de complexes (ak,λ )k∈J0;n−1K,λ∈Ω ainsi définie est bornée, alors les racines des Pλ
forment une partie bornée du plan.
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n
!2 n
! n
n
!2 n
! n
x2 y 2 = 2(xi yj )(xj yi ) − (x2i yj2 + x2j yi2 ) = − (xi yj − xj yi )2 ≤ 0
X X X X X
x i yi − i i
i=1 i=1 j=1 1≤i<j≤n 1≤i<j≤n
Identité de Lagrange : Pour n = 2, on a l’identité remarquable valable dans tout anneau commutatif
Inégalité de Cauchy-Schwarz pour les complexes : À l’aide de l’inégalité triangulaire, elle devient
immédiate. Soient (z1 , . . . , zn ) et (ω1 , . . . , ωn ) ∈ Cn . Alors
n v v
n u n u n
X
|zi | t |ωk |2
2u
X uX X
zk ωk ≤ |zk | |ωk | ≤
t
k=1 k=1 k=1 k=1
Soit n un entier supérieur ou égal à 2. On considère l’espace des colonnes Mn,1 (R) muni du
produit scalaire canonique ⟨ · | · ⟩ et on note ∥ · ∥ sa norme euclidienne.
Soit A ∈ Sn++ . Montrer que pour tout X ∈ Mn,1 (R)
q q
∥X∥2 ≤ ⟨AX|X⟩ ⟨A−1 X|X⟩
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Exercice III.4.
Soit n un entier
supérieur ) ou égal à 2. Notons E l’ensemble
n
(
X
X = (x1 , . . . , xn ) ∈ (R+ )n xi = 1 .
i=1
b−a
Preuve : Soit n ∈ N∗ . Pour tout k ∈ J1; nK, posons tk = a + k × .
n
Pour tout k ∈ J1; nK, posons xk = f (tk ) et yk = g(tk ). D’après l’inégalité de Cauchy-Schwarz,
v v
n n n
b − a X ub − a X
u u
b − aX
2u
x y ≤ |xk | t |yk |2
k k
t
n n n
k=1 k=1 k=1
v v v v 2
n n n n n n u n u n u n u n
(xi + yi )2 = x2i + yi2 + 2 x2i + y +2
2
= + t y2
X X X X X X uX uX uX uX
2t
xi y i ≤ i
t x y2 i i
t x2
i i
i=1 i=1 i=1 i=1 ↑ i=1 i=1 i=1 i=1 i=1 i=1
Cauchy-Schwarz
et le cas d’égalité est également réalisé lorsque (x1 , . . . , xn ) et (y1 , . . . , yn ) sont colinéaires.
On a un énoncé analogue avec les intégrales de fonctions continues par morceaux.
Preuve : L’ensemble Sn est fini donc il existe une partie P de Sn tel que pour toute σ ∈ P ,
n
xσ(i) yj est maximale.
X
i=1
Si l’identité est dans P , il n’y a rien à démontrer. Supposons le contraire, et introduisons l’application
φ : P −→ J1; nK
σ 7−→ min{j ∈ J1; nK | σ(j) ̸= j}
puis, posons i = max(φ), et notons σ une permutation de P où ce maximum est atteint. Enfin, posons
k = σ −1 (i). Par construction σ(i) > i et k > i. Alors, (xσ(i) − xi )(yk − yi ) ≥ 0, donc, en développant
xi yk + xσ(i) yi ≤ xσ(i) yk + xi yi
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et, étant donné que σ et σ̃ coïncident en tout point de J1; nK distinct de i et de k, alors
n
X n
X
xσ(i) yj ≤ xσ̃(i) yj
i=1 i=1
Donc σ̃ ∈ P . Mais, par construction, φ(σ̃) > i = max(φ) ce qui est faux. Donc l’identité est dans P , ce
qu’il fallait démontrer.
IV Étude de fonctions
1. Fonctions homographiques
a b
Soient c ̸= 0, et a, b, c ∈ R tels que ̸= 0. La fonction f définie par
c d
c ax + b
∀x ∈ R \ , f (x) =
d cx + d
est une fonction homographique. Elle est strictement monotone car sa dérivée est de signe constant :
c ad − bc
∀x ∈ R \ , f ′ (x) =
d (cx + d)2
2. Accroissements finis
Théorème (Théorème des accroissements finis) IV.1.
Soient a et b ∈ R tels que a < b. Soit f ∈ C ([a, b], C), telle que f soit dérivable sur ]a, b[.
Si f ([a, b]) ⊂ R, alors il existe c ∈]a, b[ tel que f (b) − f (a) = f ′ (c)(b − a).
Contre-exemple dans C : Un tel c n’existe pas si a = 0, b = 2π, et si on choisit f telle que pour
tout x ∈ [0, 2π], f (x) = eix .
Soient a et b ∈ R tels que a < b. Soit f ∈ C ([a, b], C), telle que f soit dérivable sur ]a, b[.
Si |f ′ | est bornée par M ≥ 0, alors
|f (b) − f (a)| ≤ M (b − a)
Z b
Si de plus, f est continue sur [a, b], on a l’égalité f (b) − f (a) =
′
f ′ (t)dt donc
a
Z b
|f (b) − f (a)| ≤ |f ′ (t)| dt ≤ ∥f ′ ∥∞,[a,b] (b − a)
a
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Z
b Z b
Remarque : Il est aisé de démontrer que f (t)dt ≤
|f (t)| dt à partir de l’inégalité analogue réelle.
a a
Z b
Z b
En effet, il existe θ ∈ R tel que f (t)dt = f (t)dt eiθ .
a a
Z b Z Z
b b
Donc e f (t)dt = f (t)dt = e f (t)dt. Puis, en introduisant les
−iθ −iθ
fonctions réelles u et v telles
a a a
que u + iv = e−iθ f , il vient Z
Z b Z b b
u(t)dt + i v(t)dt = f (t)dt
a a a
Z b
Donc v(t)dt = 0. Ainsi
a
Z Z
b b Z b Z b Z b
f (t)dt |u(t)| dt ≤ e f (t) dt = |f (t)| dt
−iθ
≤ u(t)dt ≤
a a a a a
3. Puissances
Exemple
Soit (an ) ∈ (R+ )N . Soit r ∈]0, 1[ tel que arn converge. Montrons que an converge.
X X
n≥0 n≥0
Il suffit de remarquer qu’il existe n1 ∈ N tel que pour tout entier n ≥ n1 , 0 ≤ an ≤ arn < 1, car
arn −−−−→ 0. D’où la convergence de an .
X
n→+∞
n≥0
(x + y)r ≤ xr + y r
Preuve : Sans perte de généralité, soient x > 0 et y > 0. Considérons la fonction φ définie par
φ est dérivable sur R+∗ et pour tout t > 0, φ′ (t) = r(tr−1 − (1 + t)r−1 ) ≥ 0, donc φ est croissante.
y
Or φ(0) = 0 donc φ ≥ 0, ce qu’il fallait démontrer.
x
Exercice similaire : On montre pareillement que si r ≥ 1, pour tous x, y ≥ 0, (x + y)r ≥ xr + y r .
4. Trigonométrie
Applications
1. Une récurrence et une formule d’addition permettent de montrer que pour tout n ∈ N∗ et pour
tout x ∈ R, |sin(nx)| ≤ n |sin(x)|.
π
2. L’exploitation de la concavité de la fonction sinus sur 0, permet de montrer que pour tout
2
π 2
x ∈ 0, , sin(x) ≥ x.
2 π
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3. Un calcul aisé permet de montrer que pour tout x ∈ R \ 2πZ, et pour tout n ∈ N∗ ,
n
1
X
ikx
e ≤ x
k=0
sin
2
En effet, si x ∈ R \ 2πZ, et n ∈ N∗
n
ei(n+1)x − 1
Sn (x) := eikx =
X
k=0 eix − 1
ei(n+1)x/2 (ei(n+1)x/2 − e−i(n+1)x/2 )
=
eix/2 (eix/2 − e−ix/2 )
(n + 1)x
!
sin
2
=e inx/2
× x
sin
2
d’où le résultat. On dit alors que (Sn )n∈N∗ est uniformément bornée en n à x fixé.
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et Q′ = p(p + 1)X p−1 (X − 1). 1 est une racine simple de P car c’est une racine double de Q. Par
ailleurs, toute racine de P distincte de 1 est une racine de Q avec la même multiplicité dans les
deux polynômes. Or 0 n’est pas racine de P , donc toute racine de P distincte de 1 est simple.
Donc toute racine de P est simple.
2. Soit z une racine de P . Supposons
que |z| > 1. Alors, pour tout entier naturel k < p, |z|p > |z|k ,
p−1 p−1
donc p |z| >
p k
= p |z|p ce qui est faux.
X X k
|z| ≥
z
k=0 ↑
k=0
inégalité triangulaire
p−1
Donc |z| ≤ 1. Si z ∈ U, p |z|p = |z|k . Le cas d’égalité de l’inégalité triangulaire assure alors que
X
k=0
pour tout k ∈ J1; pK, z k appartient à la demi-droite réelle positive. Donc z = 1.
Les p − 1 autres racines de P sont de modules strictement inférieurs à 1. Or, (un )n∈N est une
combinaison linéaire de suites géométriques dont les raisons sont les racines de P , et ces suites sont
convergentes. Donc (un )n∈N converge.
k=0
n−1 n−1 n−1
X
ρ =
n k
|ak | ρk ≤ max (|ak |) ρk
X X
a z ≤
k
k∈J0;n−1K
k=0 ↑ k=0 | {z } k=0
inégalité triangulaire noté M
ρn − 1 M ρn
ρn ≤ M × ≤
ρ−1 ρ−1
donc ρ ≤ 1 + M .
2. D’après le calcul de la question précédente,
n−1
n
|ak | ρk
X
ρ ≤
k=0
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Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
u1
.
. ∈ Mn,1 (R) on a
.
un
√
⟨DU |U ⟩
zv }| { v
n n q u n u n 2
ui uX ui
∥U ∥2 = u2i =
X X uX
di u i × √ ≤ t d u2 t
i i
i=1 i=1
di i=1 i=1 di
↑
Cauchy-Schwarz √| {z }
⟨D−1 U |U ⟩
Or A est une matrice symétrique réelle définie positive, donc il existe P ∈ On (R) tel que P ⊤
| {zAP} soit une
notée ∆
matrice diagonale à coefficients diagonaux strictement positifs.
Donc
2 q q q q
∥X∥2 =
P ⊤ X
≤ ⟨∆P ⊤ X|P ⊤ X⟩ ⟨∆−1 P ⊤ X|P ⊤ X⟩ = ⟨P ∆P ⊤ X|X⟩ ⟨P ∆−1 P ⊤ X|X⟩
1≤i̸=j≤n
| {z }
n−1 zéros
n
!2 n n
xi x j = x2i = 1 − x2i .
X X X X
xi −
1≤i̸=j≤n i=1 i=1 i=1
n n
!2
Or, par l’inégalité de Cauchy-Schwarz, n = 1.
X X
x2i ≥ xi
i=1 i=1
Donc, pour tout X ∈ E,
1 n−1
xi xj ≤ 1 − =
X
1≤i̸=j≤n n n
1 1 1 2 n n−1
!
Ce majorant est atteint en ∈ E. En effet, = 2 = , donc
X
,...,
n n 1≤i̸=j≤n n
2 n 2 n
n−1
M=
n
Le nombre de couples (i, j) de J1; nK2 tel que i ̸= j est le double du nombre de couples (i, j) de J1; nK2
tel que i < j, qui vaut le nombre d’issues possibles lors du choix ! simultané de 2 éléments distincts d’un
n
ensemble à n éléments, et ce nombre de combinaisons vaut .
2
17
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Chapitre 3
Cardinaux
I Généralités
Définition I.1.
Soient E et F deux ensembles. On dit que E et F ont même cardinal ou sont équivalents
lorsqu’il existe une application f : E −→ F qui soit bijective.
Un ensemble E est dit fini s’il existe n ∈ N tel que E est équivalent à J0; nK. Le cardinal de E
est alors n + 1.
Dans ce cas, on note |E| = n + 1.
Définition I.5.
Exercice I.6.
Soit E un ensemble.
1. Montrer que si E est infini, alors il existe une application f : N → E qui soit injective.
2. Montrer que E est infini si, et seulement si, il existe une application f : E −→ E qui soit
injective mais non surjective.
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II Ensembles dénombrables
Définition II.1.
Soit E un ensemble. On dit que E est dénombrable lorsqu’il est fini ou s’il existe une bijection
f de N dans E.
Remarque 1 : Dans la littérature, il existe deux définitions de la dénombrabilité. L’une d’entre elles est
celle ci-dessus, l’autre se réduit uniquement à l’existence d’une bijection avec N.
Remarque 2 : Si E et F sont deux ensembles équivalents, alors E est dénombrable si, et seulement si,
F l’est.
Exemples :
→ N∗ est dénombrable. En effet, il suffit de considérer la bijection f : x 7−→ x + 1 de N dans N∗ .
2 |x| − 1 si x < 0
→ Z est dénombrable. En effet, il suffit de considérer la bijection f : x 7→ de Z
2x sinon
dans N.
Remarque : Plutôt que de retenir cette bijection à l’aide de sa formule explicite, il est loisible
de retenir comment elle est construite. Trouver une bijection entre un ensemble et N, c’est trouver
comment énumérer ses éléments. Pour énumerer les éléments de Z, il suffit de poser que 0 est le
0-ième élément, 1 est le premier élément, −1 est le deuxième élément, 2 est le troisième élément et
ainsi de suite : il s’agit d’énumérer tour à tour les entiers positifs et les entiers négatifs.
Proposition II.2.
i∈I
Preuves
1. Soit A une partie de N. Si A est fini, il n’y a rien à prouver. On suppose donc que A est infini.
Nous allons définir récursivement une bijection de N dans A.
→ Initialisation : on pose f (0) = min A.
→ Hérédité : Soit n ∈ N, supposons que F (0), f (1), . . . , f (n) soient correctement définis. On
pose alors f (n + 1) = min A \ {f (0), . . . , f (n)}.
Montrons que f ainsi définie est bien une bijection de N dans A.
→ Injectivité
si m > n, alors m est le minimum d’un ensemble qui ne contient pas f (n), donc f (n) ̸= f (m).
→ Surjectivité
Pour montrer la surjectivité de f , on suppose par l’absurde qu’il existe un élément a ∈ A qui
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Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
2. Si F est fini, alors E aussi. Si F est infini, alors il est en bijection avec N. Soit ϕ une bijection de F
dans N . ϕ ◦ f : E → N est injective, donc en posant A = ϕ ◦ f (E), l’application ϕ ◦ f : E → A est
bijective. Or A est inclus dans F et F est dénombrable, donc A l’est et finalement E aussi puisqu’ils
sont en bijection.
3. f étant surjective, on peut affirmer que pour tout x ∈ E, f −1 ({x}) est non vite et donc écrire F
sous forme de l’union d’ensembles disjoints suivante F = f −1 ({x}). On définit une application
[
x∈E
S : E → F de la manière suivante : pour tout x ∈ E, S(x) ∈ f −1 ({x}) (on choisit un élément quel-
conque de f −1 ({x}), ce qui est possible car cet ensemble est non vide). Les ensembles (f −1 ({x}))x∈E
étant disjoints, on a pour tous x, y ∈ E, si x ̸= y alors S(x) ̸= S(y). Donc S : E → F est injective.
Il suffit alors d’appliquer le point (2).
4. On considère l’application de N × N dans N f : (m, n) 7→ 2m (2n + 1). Montrons qu’elle est injective.
Soit m, n, m′ , n′ ∈ N. On suppose sans perte de généralité que m ≥ m′ . Si f (m, n) = f (m′ , n′ ), alors
′ ′
on a 2m−m (2n + 1) = (2n′ + 1). 2m−m divise un nombre impair, donc nécessairement m = m′ et
par conséquent n = n′ . Donc f est injective. On peut alors appliquer le point (2).
Cette application est surjective et N × N est dénombrable, on peut donc appliquer le point (3).
7. On pose A = Ei . Pour tout i ∈ I Ei est dénombrable, donc on peut considérer une surjection
[
i∈I
si : N → Ei . On considère donc l’application
I ×N →A
s:
(i, n) 7→ si (n)
cette application est une surjection et I × N est dénombrable, on peut alors appliquer le point (3).
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Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
III Exercices
Exercice III.1.
Soit n ∈ N∗ et X ⊂ J1; 2nK. On suppose que |X| ≥ n + 1. Montrer qu’il existe a, b ∈ X 2 tel
que a ̸= b et a|b.
Exercice III.2.
Exercice III.3.
Soit Λ un ensemble. Soit (Iλ )λ∈Λ une famille d’intervalles ouverts non vides de R. Montrer que
si les intervalles (Iλ )λ∈Λ sont deux à deux disjoints, alors Λ est dénombrable.
Exercice III.4.
On dit qu’une partie Ω de R est ouverte au sens topologique lorsque pour tout x ∈ Ω, il existe
ε > 0 tel que ]x − ε, x + ε[⊂ Ω. Montrer qu’un intervalle est ouvert au sens topologique si et
seulement si il est ouvert au sens de l’ordre.
Exercice III.5.
Exercice III.6.
Soit Ω un ouvert non vide de R. Montrer que Ω est réunion dénombrable d’intervalles ouverts
deux à deux disjoints.
Exercice III.7.
Exercice III.8.
Exercice III.9.
On dit que α ∈ C est algébrique s’il existe P ∈ Q[X] \ {0} tel que P (α) = 0. Montrer que
l’ensemble des nombres algébriques est dénombrable.
Remarque : la définition ci dessus du fait que α soit algébrique est équivalente à ∃P ∈
Z[X] \ {0} P (α) = 0.
21
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22
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Par hypothèse, il existe n0 ∈ N∗ tel que y = xn0 . L’écriture de yn0 étant également propre, on a que
yn0 = xn0 ,n0 ce qui est absurde.
f (x0 )
f (x) > >0
2
On en déduit que pour tout x0 ∈ A, il existe η > 0 tel que ]x0 − η, x0 + η[⊂ A. Donc A est ouvert.
x ∼ y ⇐⇒ [x, y] ⊂ Ω
Le lecteur pourra vérifier par lui même qu’il s’agit bien d’une relation d’équivalence.
Soit I une classe d’équivalence selon ∼. Si x, y ∈ I, alors pour tout z ∈ [x, y], [x, z] ⊂ [x, y] ⊂ Ω, donc
alors [x, y] ⊂ I. I est donc convexe, et par conséquent c’est un intervalle.
Montrons que I est ouvert. Soit x ∈ I. Ω étant ouvert, il existe ε > 0 tel que ]x − ε, x + ε[⊂ Ω. Donc
pour tout y ∈]x − ε, x + ε[, [x, y] ⊂ Ω et par conséquent y ∈ I. I est alors ouvert.
Conclusion : Ω est réunion disjointe de classes d’équivalences selon ∼ qui sont toutes des intervalles
ouverts. D’après l’exercice III.3, cette réunion est dénombrable.
23
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et alors Ia ∩ Ib = ∅ et pour tout x ∈ A, Ia est non vide. Il suffit donc d’appliquer l’exercice III.3.
k=0
Un simple raisonnement combinatoire permet d’affirmer que pour tout n ∈ N, |Hn | ≤ (2n + 1)n+1 . Hn est
donc fini pour tout n. Or pour tout P ∈ Z[X], pour n assez grand P ∈ Hn . Donc Z[X] = Hn . Z[X]
[
n∈N
est union d’ensembles finis, donc d’après la propriété 7 de la proposition II.2, Z[X] est dénombrable.
Enfin, on écrit Q = Z(P ) (avec pour tout P , Z(P ) l’ensemble des zéros de P ). Q est donc réunion
[
P ∈Z[X]\{0}
dénombrable d’ensembles finis donc d’après la proposition 7 de la propriété II.2, Q est dénombrable.
24
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Chapitre 4
Valeurs d’adhérence
I Extractions
Définition I.1.
25
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Définition I.3.
Soit (un ) ∈ E N où E est un ensemble non vide. On dit que (vn ) ∈ E N est une suite extraite
de (un ) s’il existe une extractrice φ telle que pour tout n ∈ N, vn = uφ(n) . On notera Ext(un )
l’ensemble des suites extraites de (un ).
Pour toute suite (un ), les suites (u2n ) et (u2n+1 ) sont des suites extraites de (un ).
Proposition I.4.
Si (wn ) est une suite extraire de (vn ) et (vn ) une suite extraite de (un ) alors (wn ) est extraite
de (un ).
Soit (un ) une suite réelle. Les positions suivantes sont vraies.
1. (un ) est non majorée si et seulement s’il existe une extractrice φ telle que uφ(n) −−−−→ +∞
n→+∞
2. (un ) ne tends pas vers 0 si et seulement s’il existe une extractrice φ et ε > 0 tels que
pour tout n ∈ N, uφ(n) > ε.
3. Si (un ) est à valeurs dans N, alors (un ) ne tends pas vers l’infini si et seulement s’il existe
une extractrice φ telle que (uφ(n) ) est constante.
Preuve :
1. L’implication de droite à gauche est facile. Montrons l’implication de gauche à droite. Supposons
que un est non majorée et construisons une extractrice φ vérifiant pour tout n ∈ N, uφ(n) ≥ n.
→ (un ) est non bornée, il existe donc k tel que uk ≥ 0. On pose alors φ(0) = k.
→ Supposons que pour tout l ∈ J0; nK, φ est définie de manière à ce qu’on ait uφ(l) ≥ l. Encore une
fois, (un ) est non bornée donc il existe k ≥ φ(n) tel que uk ≥ n + 1, on pose donc φ(n + 1) = k.
On a donc bien pour tout n ∈ N, uφ(n) ≥ n et donc uφ(n) −−−−→ +∞.
n→+∞
2. Encore une fois, l’implication de droite à gauche est facile. Montrons donc l’implication de gauche
à droite. Le fait que (un ) tends vers 0 est équivalent à
∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n ≥ N, |un | ≤ ε
Considérons donc ε > 0 vérifiant la proposition ci-dessus. Il est alors clair que l’ensemble
n o
A = n ∈ N, uφ(n) > ε
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3. Encore une fois, l’implication de droite à gauche est facile. Montrons donc l’implication de gauche
à droite. Supposons que (un ) ne tends pas vers +∞. Le fait que un tends vers l’infini est équivalent
à la proposition
∀M > 0, ∃N ∈ N, ∀n ≥ N, un ≥ M
La négation de cette proposition est donc
∃M > 0, ∀N ∈ N, ∃n ≥ N, un < M
Considérons alors M vérifiant la propriété. La proposition ci-dessus nous permet d’affirmer que
l’ensemble
A = {n ∈ N, un ∈ J0; M K}
M
est infini. En posant pour tout i ∈ J0; M K Ai = {n ∈ N, un = i}, on peu écrire A = Ai . A est
[
i=0
infini donc il existe i ∈ J0; M K tel que Ai est infini. En utilisant le point 2 de la propriété I.2, on
peut affirmer l’existence d’une extractrice φ telle que φ(N) = Ai et alors ∀n ∈ N, uφ(n) = i ce qui
est bien le résultat voulu.
II Valeurs d’adhérence
Définition et Proposition II.1.
Preuve :
→ (1) ⇒ (2) Supposons qu’il existe ε > 0 tel que A(ε) = {n ∈ N, |un − a| < ε} est fini. En posant
N = max A, on voit que pour tout n > N , n ̸∈ A. On en déduit alors que
∃ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n ≥ N, |un − a| ≥ ε
27
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ε. En posant n = φ(max(M, N )), on voit que n ≥ φ(N ) ≥ N et |un − a| < ε, ce qui est bien le
résultat voulu.
Exemples :
1. Les valeurs d’adhérence de la suite (un ) = ((−1)n ) sont 1 et −1. En effet, 1 ∈ Adh(un ) et −1 ∈
Adh(un ) car u2n −−−−→ 1 et u2n+1 −−−−→ −1. De plus, si a ̸∈ {−1, 1}, alors l’ensemble {n ∈
n→+∞ n→+∞
1
N, |un − a| < ε} avec ε = min(|a − 1| , |a + 1|) est fini (vide), donc a ne peut pas être une valeur
2
d’adhérence de (un ).
2. Plus généralement, si (un ) est T -périodique avec T ∈ N∗ alors Adh(un ) = {u0 , . . . , uT −1 }. En
| {z }
B
effet, pour tout k ∈ J0; T − 1K, unT +k −−−−→ uk et donc uk ∈ Adh(un ). On en déduit donc que
n→+∞
B ⊂ Adh(un ). Réciproquement, si a ̸∈ B, alors pour tout b ∈ B, |a − b| ≥ min |a − x| > 0 et donc
x∈B
l’ensemble {n ∈ N, |un − a| < ε} avec ε = min |a − x| est fini (vide) donc a ne peut pas être une
x∈B
valeur d’adhérence de (un ). On en déduit alors qu’on a bien Adh(un ) = B.
3. Si (un ) est à valeurs strictement positives, alors 0 ̸∈ Adh(u) si et seulement si ∃ε > 0, ∀n ∈ N, un ≥
ε. En effet, si 0 ̸∈ Adh(un ), il existe donc ε tel que A(ε) = {n ∈ N, un < ε} est fini. On en déduit
alors que A(ε) est majoré et donc en posant N = max A(ε), on peut affirmer que pour tout n ∈ N,
un ≥ min(ε, |u0 | , . . . , |uN |) > 0. La réciproque est vraie par définition.
Exercice II.2.
Proposition II.3.
Preuve : Soit φ une extractrice et ε > 0. On dipose de N ≥ 0 tel que pour tout n ≥ N |un − l| < ε et
donc, étant donné que que pour tout k ∈ N φ(k) ≥ k, on peut affirmer que pour tout n ≥ N, |uφ(n) −l| < ε
et donc uφ(n) −→ l. On en déduit donc que Adh(un ) = {l}.
III Bolzano-Weierstraß
Soit (un ) une suite réelle. Si (un ) est bornée, alors elle admet une valeur d’adhérence. Preuve : Pour
montrer ce théorème, on aura besoin du lemme suivant.
Lemme (Lemme des pics) III.1.
28
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→ Si A est fini (ou vide), alors étant donné que A est une partie finie de N, elle est bornée posons donc
N = 1 + max A. Construisons alors une extractrice φ par récurrence telle que (uφ(n) ) est strictement
croissante.
• On pose φ(0) = N .
• Soit n ∈ N et supposons que pour tout l ∈ J0; nK, φ(l) est bien définie et que uφ(0) ≤ uφ(1) ≤
· · · ≤ uφ(n) . φ(n) ≥ φ(0) = N donc par construction φ(n) ̸∈ A i.e. il existe k > φ(n) tel que
uφ(n) < uk . On pose alors φ(n + 1) = k. On a alors bien que uφ(0) ≤ uφ(1) ≤ · · · ≤ uφ(n) ≤
uφ(n+1) .
On en déduit donc que (un ) admet forcément une suite extraite croissante ou décroissante.
Revenons à la preuve du théorème. (un ) admet une suite extraite monotone. (un ) est réelle bornée donc
cette suite extraite est également bornée, donc convergente. (un ) admet donc bien une valeur d’adhérence.
Remarque : Si (un ) ∈ RN n’est pas bornée, alors elle admet une sous-suite qui tend vers +∞ ou −∞.
On peut étendre le théorème de Bolzano-Weierstraß à C.
Proposition III.2.
Si (un ) est une suite complexe bornée, alors elle admet une valeur d’adhérence.
Preuve : Écrivons pour tout n ∈ N, un = xn + iyn avec (xn ) et (yn ) deux suite réelles. On a pour tout
n ∈ N, |xn | ≤ |un | et |yn | ≤ |un | donc xn et yn sont bornées. D’après le théorème de Bolzano-Weierstraß, il
existe une suite extraite et x ∈ R tels que xφ(n) −−−−→ x. La suite (yφ(n) ) est bornée donc encore une fois
n→+∞
d’après le théorème de Bolzano-Weierstraß, il existe une extractrice ψ et y ∈ R tels que yφ(ψ(n)) −−−−→ y.
n→+∞
On en déduit alors que finalement uφ◦ψ(n) = xφ◦ψ(n) + iyφ◦ψ(n) −−−−→ x + iy. (un ) admet donc bien une
n→+∞
valeur d’adhérence.
Remarque : On verra plus tard dans le chapitre de topologie que ce théorème peut être étendu aux
suites à valeurs dans un espace vectoriel normé (réel ou complexe) de dimension finie.
Proposition III.3.
Soit (zn ) une suite complexe bornée. Les propositions suivantes sont équivalentes.
1. (zn ) converge.
2. (zn ) admet exactement une valeur d’adhérence.
3. (zn ) admet au plus une valeur d’adhérence.
Preuve :
→ (1) ⇒ (2) Cette implication est équivalente à l’énoncé de la proposition II.3.
→ (2) ⇒ (3) Cette implication est évidente.
→ (3) ⇒ (1) (zn ) est bornée donc d’après le théorème de Bolzano-Weierstraß, (zn ) admet une valeur
d’adhérence. (zn ) admet donc exactement une valeur d’adhérence qu’on notera z. Montrons que
zn −−−−→ z. Supposons le contraire. Il existe donc par définition ε > 0 tel que A(ε) = {n ∈
n→+∞
N, |zn − z| < ε} est fini. On en déduite alors que l’ensemble A′ = N \ A(ε) = {n ∈ N, |zn − z| ≥ ε}
est infini. D’après le point 2 de
la proposition
I.2, il existe une extractrice φ telle que φ(N) = A′ .
On a alors pour tout n ∈ N, zφ(n) − z ≥ ε. La suite (zφ(n) ) est bornée donc d’après le théorème
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IV Compléments
Dans cette partie, X est égal à R ou C.
Définition IV.1.
2. Une partie O de X est dite ouverte dans X lorsque pour tout a ∈ O, il existe ε > 0 tel
que B(a, ε) ⊂ O.
3. Une partie F ⊂ X est dite fermée dans X lorsque X \ F est ouvert dans X.
Remarque :
→ Il est aisé de vérifier qu’une intersection quelconque de fermés est un fermé.
→ Pour tout a ∈ X et > 0, B(a, ε) est ouvert dans X et Bf (a, ε) est fermé dans X.
→ Pour tout a ∈ R et ε > 0, on a B(a, ε) =]a − ε, a + ε[.
Exemples :
→ Les intervalles fermés et les ensembles finis sont des parties fermées de R.
→ Les intervalles ouverts sont des parties ouvertes de R.
Proposition IV.2.
Soit F une partie de X. F est fermée si et seulement si pour toute suite (xn )n∈N à valeurs dans
F , si (xn ) est convergente, alors sa limite est dans F .
Preuve :
(⇒) Supposons que F soit fermé. Soit (xn )n∈N une suite à valeurs dans F convergente, supposons que la
limite l de (xn ) est dans X \ F . X \ F étant ouvert, il existe ε > 0 tel que B(l, ε) ⊂ X \ F . Or par
construction, il existe N ∈ N tel que pour tout n ≥ N , |xn − l| ≤ 2ε et donc xn ∈ B(l, ε) ⊂ X \ F
ce qui est absurde.
(⇐) Réciproquement, supposons que toute suite à valeurs dans F convergente converge dans F . suppo-
sons de plus que F n’est pas fermé, i.e. X \ F n’est pas ouvert. Il existe donc a ∈ X \ F tel que
1
pour tout ε > 0, B(a, ε) ̸⊂ X \ F i.e. B(a, ε) ∩ F ̸= ∅. Cette propriété étant vraie pour ε =
n
et tout n ∈ N∗ , on peut définir une suite (xn )n∈N à valeurs dans F qui vérifie pour tout n ∈ N∗ ,
|a − xn | ≤ n1 . (xn ) est à valeurs dans F et converge vers a qui n’est pas dans F , ce qui est en
contradiction avec les hypothèses.
Proposition IV.3.
1. Pour toute partie F de X, F est fermée si et seulement s’il existe (un ) ∈ X N telle que
Adh(un ) = F .
2. Lorsque X = R, pour toute suite (un ) ∈ X N bornée, Adh(un ) contient sa borne supérieure
et sa borne inférieure.
Preuve
1. Procédons par double implication
30
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→ (⇐) Soit (un ) une suite à valeurs dans X. Posons F = Adh(un ) et montrons que F est
fermé. Pour cela, on va montrer que X \ F est ouvert. Soit l ∈ X \ F . Par définition, on
sait qu’il existe ε > 0 tel que l’ensemble A(ε) = {n ∈ N, |un − l| < ε} est fini. On veut
alors montrer que B(l, ε) ⊂ F \ A. Soit l′ ∈ B(l, ε) = {x ∈ X, |x − l| < ε}. En posant
1
δ = min (|l′ − (l + ε)| , |l′ − (l − ε)|), on voit clairement que B(l′ , δ) ⊂ B(l, ε) et alors
2
A′ (δ) = {n ∈ N, |un − l′ | < δ} ⊂ {n ∈ N, |un − l| < ε} = A(ε)
On en déduit alors que nécessairement A′ (δ) est fini et que donc par définition (proposition
II.1) l′ ∈ X \ Adh(un ), et donc B(l, ε) ⊂ X \ F . Ceci nous permet alors d’affirmer que X \ F
est ouvert i.e. que F est fermé.
→ (⇒) Cette implication sera faite en exercice dans la suite du chapitre.
2. La suite (un ) est bornée, il existe donc T ∈ R+ tel que pour tout n ∈ N, |un | ≤ T . Pour tout
a ∈ Adh(un ), il existe une extractrice φ telle que uφ(n) −−−−→ a. En passant donc à la limite dans
n→+∞
l’inégalité précédente, on obtient que |a| ≤ T et on en déduit que Adh(un ) est borné. De plus,
d’après le point précédent, Adh(un ) est non vide fermé. Utilisons enfin le lemme suivant.
Lemme IV.4.
Si F est une partie fermée non vide de R, alors F contient sup F et inf F .
Preuve du lemme : Il suffit de voit que sup F et inf F peuvent être vus comme limite d’une suite
à valeurs dans F et que F étant fermé, cette limite est forcément dans F d’après la proposition
IV.2.
On en déduit donc d’après ce lemme que Adh(un ) contient ses bornes.
Exercice IV.5.
Soit (un ) une suite bornée à valeurs dans R. D’après la proposition précédente, Adh(un ) contient
ses bornes. Montrer alors que si m et M sont respectivement les bornes supérieure et inférieure
de Adh(un ), on a
Exercice IV.6.
31
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Exercice IV.7.
Soit (un ) une suite réelle telle que un+1 − un −−−−→ 0. Montrer que Adh(un ) est un intervalle
n→+∞
fermé ou vide.
V Suites de Cauchy
Définition V.1.
Remarques
→ Dans cette définition, m et n sont indépendants.
→ La négation de cette définition peut être formulée par des extractrices. En effet, la négation de cette
définition est équivalente à ce qui suit : il existe φ, ϕ deux extractrices et ε > 0 tels que pour tout
n ≥ 0 |zφ(n) − zϕ(n) | > ε. Le lecteur est invité à montrer qu’il s’agit bien de la négation du fait
qu’une suite soit de Cauchy.
Proposition V.2.
Preuve
1. Soit p ≥ 1. Écrivons la définition du fait qu’on ait zn+p − zn −−−−→ 0
n→+∞
Soit ε > 0. (zn ) est de Cauchy, il existe donc N ∈ N tel que pour m, n ≥ N , |zn − zm | < ε. En
particulier, pour tout n ≥ N , n + p ≥ N et donc |zn+p − zn | < ε, d’où le résultat.
∞ n
!
2. Pour tout N ∈ N, notons |zk+1 − zk | la limite de la suite . On remarque
X X
|zk+1 − zk |
k=N k=N n≥N
alors que
∞ ∞ N −1
|zk+1 − zk | = |zk+1 − zk | −−−−→ 0
X X X
|zk+1 − zk | −
N →+∞
k=N k=0 k=0
∞
Prenons donc N ≥ 0 tel que |zk+1 − zk | < ε. On a alors pour tout n, m ≥ N , en supposant sans
X
32
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
5. Soit z une valeur d’adhérence de (zn ) et φ une extractrice telle que zφ(n) −−−−→ z. Soit ε > 0 et soit
n→+∞
ε
N ∈ N tel que pour tout n ≥ N, |zφ(n) − z| < . (zn ) est de Cauchy, il existe donc N ′ tel que pour
2
ε
tout n, m ≥ N , |zn − zm | < . En posant alors M = max(N, N ′ ), on voit que pour tout n ≥ M ,
′
2
ε ε
|zn − z| ≤ zn − zφ(n) + zφ(n) − z ≤ + =ε
(∗) 2 2
L’inégalité (∗) est vraie car n ≥ M et φ est une extractrice donc d’après le point 1 de la proposition
I.2, φ(n) ≥ n et alors φ(n) ≥ M .
Remarque : La réciproque du point (1) est fausse. En effet, la suite (zn ) = (ln n)n∈N vérifie,
n+p
∀p ≥ 1, zn+p − zn = ln −−−−→ 0
n n→+∞
Si (zn ) est de Cauchy, alors, on a nécessairement z2n − zn −−−−→ 0 ce qui est faux car pour tout n ∈ N,
n→+∞
Théorème V.3.
Soit (zn ) une suite à valeurs dans C. (zn ) est de Cauchy si et seulement si (zn ) converge.
Preuve : La suite (zn ) est de Cauchy, elle est donc bornée d’après le point 4 de la proposition V.2 et alors
d’après le théorème Bolzano-Weierstraß, (zn ) possède une valeur d’adhérence. (zn ) est alors une suite de
Cauchy qui admet une valeur d’adhérence, elle converge donc d’après le point 5 de la proposition V.2.
33
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Q + iQ = {r1 + ir2 , r1 , r2 ∈ Q}
On en déduit alors par définition de la borne inférieure que pour tout ε > 0 il existe N ∈ N tel que pour
tout n ≥ N on ait M ≤ vn ≤ M + ε et par définition de la borne supérieure, il existe k ≥ n tel que
vn − ε ≤ uk ≤ vn . On en déduit donc que pour tout ε > 0 il existe N ∈ N tel que pour tout n ≥ N il
existe k ≥ n tel que
M − ε ≤ vn − ε ≤ uk ≤ vn ≤ M + ε
n peut être pris arbitrairement grand, on en déduit donc que
Ce qui nous permet de dire d’après la définition II.1 que M est bien une valeur d’adhérence de (un ).
Il reste à montrer que M est bien la plus grande valeur d’adhérence de (un ). Soit a ∈ Adh(un ) et φ une
extractrice telle que uφ(n) −−−−→ a. On a alors pour tout n ∈ N
n→+∞
en passant à la limite des deux côtés de l’inégalité, on obtient que a ≤ M , ce qui est bien le résultat
voulu.
i=1 i=1
vide par hypothèse.
La suite (zn ) vérifie clairement pour tout n, m ∈ N, tels que n ̸= m, |zn − zm | ≥ ε. Or (zn ) est
à valeurs dans F qui est borné, donc (zn ) est bornée et alors d’après le théorème de Bolzano-
34
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i=1
de la manière suivante.
→ Pour tout j ∈ J1; n2−0 K, uj = zj,2−0 .
→ Pour tout k ∈ N et j ∈ J1; n2−(k+1) K, uNk +j = zj,2−(k+1) .
Il s’agit de la concaténation des suites finies (z1,2−0 , . . . , zn2−0 ,2−0 ), . . . , (z1,2−n , . . . , zn2−n ,2−n ), . . .
Montrons maintenant
que Adh(un ) = F . Soit x ∈ F . Construisons une extractrice φ vérifiant pour
tout n ∈ N, uφ(n) − x < 2−n de la manière suivante.
n2−0
→ On sait que F ⊂ B(zi , 2−0 ), il existe donc i ∈ J1; n2−0 K tel que x ∈ B(zi , 2−0 ) = B(ui , 2−0 )
[
i=1
i.e. |ui − x| ≤ 2−0 . On pose donc φ(0) = i.
→ Soit
n ∈ N. Supposons que pour tout k ∈ J1; nK, φ(k) est défini de manière à ce qu’on ait
uφ(k) − x ≤ 2−k et φ(k) > φ(k − 1). Soit j ≥ n tel que Nj ≥ φ(n). Par hypothèse, il existe
On pose alors φ(n + 1) = Nj + i. Cette construction nous donne bien que φ(n + 1) ≥ Nj + 1 >
φ(n) et uφ(n+1) − x < 2−(n+1) .
On en déduit donc par construction que pour tout n ∈ N uφ(n) − x < 2−n et alors que uφ(n) −−−−→
n→+∞
x. On a alors bien que Adh(un ) ⊃ F .
Montrons l’inclusion réciproque. Soit a une valeur d’adhérence de (un ) et φ une extractrice telle
que uφ(n) −−−−→ a. La suite (uφ(n) ) est à valeurs dans F donc d’après la proposition IV.2 sa limite
n→+∞
est également dans F i.e. a ∈ F . On en déduit alors qu’on a bien Adh(un ) ⊂ F et finalement
Adh(un ) = F .
3. Nous ne détaillerons pas cette question mais donnerons uniquement l’idée générale. Pour montrer
que la propriété est vraie lorsque F n’est pas forcément borné, on commence par poser pour tout
fermé borné H, les éléments z1,ε,H , . . . , znε ,ε,H les éléments fournis par la question précédente tels que
nε
B(zi,ε,H ). En suite, on considère a ∈ F et une suite de fermés (Fn )n∈N = (F ∩ Bf (a, 2n ))n∈N .
[
H⊂
i=1
Un fois cela fait, on peut facilement montrer que la suite résultant de la concaténation des suites
finies (z1,2−0 ,F0 , . . . , zn2−0 ,2−0 ,F0 ), . . . , (z1,2−n ,Fn , . . . , zn2−n ,2−n ,Fn ), . . . vérifie bien la propriété voulue.
35
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un1 ≥ b − η ≥ b − min(z − a, b − z, ε) ≥ b − b + z = z
et alors n1 ∈ B. De plus B est une partie majorée de N, elle admet donc un maximum qu’on note m. m
est strictement inférieur à n2 car
a+η
η
a
N n1 m n2 n
m+1
On voit que lorsque n ≥ N , la suite (un ) fait des pas très petits ce qui fait qu’elle ne peut pas passer
d’une position au dessus de z + ε à une position au dessous de z − ε sans passer par la bande ]z − ε, z + ε[.
Remarque : En utilisant le résultat de l’exercice IV.5, on peut déduire de cet exercice que lorsque (un )
est bornée et un+1 − un −−−−→ 0, on a Adh(un ) = [lim inf un , lim sup un ].
n→+∞
On peut montrer également (nous ne le ferons pas, mais le lecteur est encouragé à essayer de le faire) que
lorsque (un ) n’est pas forcément bornée et que les limites lim sup un et lim inf un ne sont pas forcément
finies, cette propriété reste vraie.
36
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Chapitre 11.1
Espaces vectoriels normés et espaces métriques
Une norme sur E est une application N : E → R+ vérifiant les trois conditions suivantes.
(N1 ) ∀x ∈ E, N (x) = 0 ⇐⇒ x = 0 (séparation)
(N2 ) ∀(λ, x) ∈ K × E, N (λx) = |λ| N (x) (homogénéité)
(N3 ) ∀(x, y) ∈ E 2 , N (x + y) ≤ N (x) + N (y) (sous-additivité)
1 1 1
( )
N (λx) = 1 ⇐⇒ |λ| = ⇐⇒ λ ∈ − ,
N (x) N (x) N (x)
Exemples : voici quelques normes usuelles pour E = Kn . On pose pour tout x ∈ E, x = (x1 , . . . , xn ).
→ ∥x∥∞ = sup1≤k≤n |xk |
n
→ ∥x∥1 =
X
|xk |
k=1
1
n 2
→ ∥x∥2 = 2
X
|xk |
k=1
1
n p
Remarque : la sous-additivité pour la norme ∥.∥2 n’est autre que l’inégalité de Minkowski.
Exercice I.3.
Montrer que pour tout x ∈ E, ∥x∥p −→ ∥x∥∞ lorsque p tends vers l’infini.
37
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n=0 n=0
II Géométrie
Définition II.1.
λx + (1 − λ)y ∈ A
Exercice II.2.
Montrer que tout sous espace affine de E (i.e. les ensembles de la forme a + F avec a ∈ E et
F sous espace vectoriel de E) est convexe.
Soit N : E → R qui vérifie (N1 ) et (N2 ). Soit A = {x ∈ E, N (x) ≤ 1}. Montrer que si A est
convexe, alors N vérifie (N3 ).
38
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Exercice II.4.
Soit ∥.∥ une norme sur E. Montrer que pour tous x, y ∈ E \ {0}
1
x y
∥x − y∥ ≥ max(∥x∥ , ∥y∥)
−
2 ∥x∥ ∥y∥
Exercice II.5.
Une norme ∥.∥ sur E est dite de somme stricte lorsque pour tous x, y ∈ E
∥.∥ est stricte sur E ⇐⇒ S(0, 1) ne contient pas de segment non trivial
Soit X un ensemble. On dit qu’une application d : X 2 → R+ est une distance sur X lorsqu’elle
vétifie les propriétés suivantes
(D1 ) ∀(x, y) ∈ X 2 , d(x, y) = 0 ⇔ x = y (séparation)
(D2 ) ∀(x, y) ∈ X 2 d(x, y) = d(y, x) (symétrie)
(D3 ) ∀(x, y, z) ∈ X 3 d(x, y) ≤ d(x, z) + d(z, y) (inégalité triangulaire)
Exemple 1 : soit ∥.∥ une norme sur E. On appelle distance induite par ∥.∥ sur E l’application d :
(x, y) 7→ ∥x − y∥.
La distance induite définit bien une distance. En effet, il est facile de montrer les implications suivantes :
→ (N1 ) =⇒ (D1 )
→ (N2 ) =⇒ (D2 )
→ (N3 ) =⇒ (D3 )
+∞
|xn − yn |
Exemple 2 : on considère le cas où X = l (N, K). L’application d : ((xn ), (yn )) → définit
X
∞
n=0 2n
bien une distance sur X.
39
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Proposition III.2.
Soit X une espace metrique et d : X 2 → R+ une distance sur X. d vérifie les propriétés
suivantes
n−1
1. ∀n ∈ N \ {1}, ∀(x1 , . . . , xn ) ∈ X , d(x1 , xn ) ≤ d(xi , xi+1 )
X
∗ n
i=1
Preuve
1. Il s’agit d’une simple récurrence. L’initialisation (n = 2) correspond à la propriété (D3 ).
Soit n ∈ N∗ \ {1}, supposons l’hypothèse de récurrence vérifiée :
n−1
∀n ∈ N∗ \ {1}, ∀(x1 , . . . , xn ) ∈ X n , d(x1 , xn ) ≤ d(xi , xi+1 )
X
i=1
Soit x1 , . . . , xn+1 ∈ X, on a
n−1 n
d(x1 , xn+1 ) ≤ d(x1 , xn ) + d(xn , xn+1 ) ≤ d(xi , xi+1 ) + d(xn , xn+1 ) = d(xi , xi+1 )
X X
i=1 i=1
Soit (a, r) ∈ X×]0, +∞[. On appelle boule ouverte de centre a et rayon r l’ensemble
Bf (a, r) = {x ∈ X, d(x, a) ≤ r}
S(a, r) = {x ∈ X, d(x, a) = r}
Exemple : En espace vectoriel normé muni d’une norme ∥.∥, lorsqu’on prend d égal à la distance induite
par la norme, ces ensembles s’écrivent :
→ B(a, r) = {x ∈ X, ∥x − a∥ < r}
→ Bf (a, r) = {x ∈ X, ∥x − a∥ ≤ r}
40
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→ S(a, r) = {x ∈ X, ∥x − a∥ = r}
Définition IV.2.
Notation : En remplacant la distance d par dA dans les définitions d’une boule et d’une sphère, pour
(a, r) ∈ A × R+
Exemples :
Dessins en espace vectoriel normé : voici des dessins de la boule unité Bf (0, 1) pour quelques
exemples de X.
Proposition IV.3.
Lorsque X est un espace vectoriel normé muni d’une norme ∥.∥ et de la distance induite par
cette norme, on a les égalités suivantes pour tout (a, r) ∈ X × R∗+
1. B(a, r) = a + B(0, r) = a + rB(0, 1)
2. Bf (a, r) = a + Bf (0, r) = a + rBf (0, 1)
Preuve : nous allons montrer le point (1). La preuve du point 2 est identique : il suffit de remplacer les
inégalités strictes par des inégalités larges.
Soit (a, r) ∈ X × R∗+ , on a
x ∈ B(a, r) ⇐⇒ ∥x − a∥ < r
1
⇐⇒
(x − a)
< 1
r
1
⇐⇒ (x − a) ∈ B(0, 1)
r
⇐⇒ x ∈ a + rB(0, 1)
41
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V Bornitude
Proposition V.1.
Preuve
→ (1) =⇒ (2)
Soit a ∈ A. L’ensemble D = {d(x, y), (x, y) ∈ A2 } est une partie bornée de R donc admet une
borne supérieure. On pose alors r = 1 + sup D. Pour tout x ∈ A, d(x, a) ≤ sup D < r.
On en déduit donc que A ⊂ B(a, r).
→ (2) =⇒ (3)
Soit B(b, ε) une boule qui contient A. Soit a ∈ X. On pose r = ε + d(a, b).
Pour tout x ∈ A, on a d(x, b) ≤ d(x, a) + d(a, b) < ε + d(a, b) = r. Donc A ⊂ B(a, r).
→ (3) =⇒ (1)
Soit B(a, r) une boule qui contient A. Pour tout (x, y) ∈ A2 ,
Exercice V.2.
Définition V.3.
Soit A une partie de X. On dit qu’une fonction f : A → X est bornée lorsque f (A) est borné.
Soit (un )n∈N une suite à valeurs dans X. On dit que (un )n∈N est bornée lorsque l’ensemble
{un , n ∈ N} est borné.
42
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Soit (un )n∈N une suite à valeurs dans X. On dit que (un ) converge lorsque
∃l ∈ X ∀ε > 0 ∃N ∈ N ∀n ≥ N d(un , l) ≤ ε
Proposition VI.2.
On suppose que X est un K−espace vectoriel normé muni d’une norme ∥.∥ et que d est la
distance induite par cette norme.
Soit (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites à valeurs dans X.
1. Pour tout (l, l′ ) ∈ R2 , Si (un ) converge vers l et l′ , alors l = l′ .
2. pour tous a, b, l, l′ ∈ R, si un −−−−→ l et vn −−−−→ l′ alors aun + bvn −−−−→ al + bl′
n→+∞ n→+∞ n→+∞
3. Si (λn )n∈N est une suite à valeurs dans K qui converge vers λ ∈ K, et (un )n∈N converge
vers l, alors la suite (λn un )n∈N converge vers λl.
Vocabulaire :
→ Si ∗ est associative, on dit que A est une algèbre associative.
→ Si ∗ admet un élément neutre, on dit que A est une algèbre unitaire.
Définition VII.2.
Soit A une algèbre munie d’une norme ∥.∥. On dit que ∥.∥ est une norme d’algèbre lorsque
pour tous (a, b) ∈ A2
∥a ∗ b∥ ≤ ∥a∥ ∥b∥
Proposition VII.3.
Soit A une algèbre munie d’une norme d’algèbre ∥.∥. Soit (an )n∈N et (bn )n∈N deux suites à
valeurs dans A. L’implication suivante est vraie
43
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Preuve : Soit (an )n∈N et (bn )n∈N deux suites vérifiant les hypothèses. On a
∥an ∗ bn − a ∗ b∥ = ∥an ∗ bn − a ∗ bn + a ∗ bn − a ∗ b∥
≤ ∥(an − a) ∗ bn ∥ + ∥a ∗ (bn − b)∥
≤ ∥an − a∥ ∥bn ∥ + ∥a∥ ∥bn − b∥ −−−−→ 0
n→+∞
Exercice VII.4.
Soit A une algèbre munie d’une norme d’algèbre ∥.∥. Soit a ∈ A \ {0} non nilpotent, montrer
1
que la suite ∥a ∥
n n
est convergente.
n∈N
Dans toute cette partie, on considère A un ensemble et E un espace vectoriel normé muni d’une norme
∥.∥.
Définition VIII.1.
Soit (fn )n∈N une suite de fonctions de A dans E. On dit que la suite (fn )n∈N est simplement
convergente lorsque pour tout x ∈ A, la suite (fn (x))n∈N est convergente.
Vocabulaire : la fonction f : x 7→ limn fn (x) est appelée limite simple de (fn )n∈N .
Exemple : On considère ici le cas où A = [0, 1], E = R et (fn ) = (x 7→ xn ). (fn )n∈N converge simplement
vers f qui est définie par
0 si x ∈ [0, 1[
f : x 7→
1 sinon
Définition VIII.2.
Soit (fn )n∈N une suite de fonctions de A dans E. On dit que (fn )n∈N est uniformément conver-
gente lorsqu’il existe une fonction f de A dans E telle que
La convergence uniforme implique évidemment la convergence simple, mais la réciproque est fausse. En
effet, il suffit de considérer la suite de fonctions (x 7→ xn )n∈N . Cette suite de fonctions converge simplement
vers la fonction f définie juste avant la définition précédente, qui vaut 0 sont [0, 1[ et 1 en 1. Mais f ne
converge pas uniformément vers f car pour tout n ∈ N, supx∈A ∥fn (x) − f (x)∥ = 1. Cette quantité ne
peut donc pas tendre vers 0.
44
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Proposition VIII.3.
On considère le cas où E = C([a, b], C), avec a < b. Soit (fn )n∈N ∈ E N .
Si (fn ) converge uniformément vers f ∈ C([a, b], C), alors on a
Preuve
Pour tout n ∈ N, on a
Z b
∥fn − f ∥1 = |fn (t) − f (t)| dt ≤ (b − a) ∥fn − f ∥∞ −−−→ 0
n→∞
a
et s
Z b q √
∥fn − f ∥2 = |fn (t) − f (t)|2 dt ≤ (b − a) ∥fn − f ∥2∞ = b − a ∥fn − f ∥∞ −−−−→ 0
a n→+∞
45
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∥x∥p = |xk |p
X
k=1
n
p p1
xk
= ∥x∥∞ r +
X
k=r+1 ∥x∥
∞
x p
Pour tout k ≥ r + 1, ∥x∥ ∈ [0, 1[, donc ∥x∥k −−−−→ 0. On a alors
xk
∞ ∞ p→+∞
n
p
xk
r+
X
−−−−→ r
k=r+1 ∥x∥
p→+∞
∞
Or p p1
n
xk 1
h i
∥x∥p = ∥x∥∞ r +
X
∈ ∥x∥∞ , n p ∥x∥∞
k=r+1 ∥x∥
∞
46
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1 1
x y
max(∥x∥ , ∥y∥)
−
= ∥∥y∥ x − ∥x∥ y∥
2
∥x∥ ∥y∥
2 ∥y∥
1
= ∥∥y∥ x − ∥y∥ y + ∥y∥ y − ∥x∥ y∥
2 ∥y∥
1
≤ (∥∥y∥ x − ∥y∥ y∥ + ∥∥y∥ y − ∥x∥ y∥)
2 ∥y∥
1
= (∥y∥ ∥x − y∥ + ∥y∥ |∥x∥ − ∥y∥|)
2 ∥y∥
1
≤ (∥y∥ ∥x − y∥ + ∥y∥ ∥x − y∥)
2 ∥y∥
= ∥x − y∥
k=1
v
u
n u Xn n
xk yk = x2 y 2
X X
⇐⇒
u
t k k
k=1 k=1 k=1
47
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∥f + g∥∞ = 2 = ∥f ∥∞ + ∥g∥∞
f g
Donc
∥λx + (1 − λ)y∥ = ∥(1 − λ)x + λy∥ = 1
et finalement [x, y] ⊂ S(0, 1).
3. (=⇒) Supposons que ∥.∥ est stricte.
Soit x, y ∈ S(0, 1). Supposons que [x, y] ⊂ S(0, 1). On a
1 1
1
1
x+ y
= 1 =
x
+
y
2
2 2 2
Donc (x, y) est liée et x et y sont de même norme, pour K = R, deux cas se présentent
→ x = −y ce qui donne
12 x + 12 y
= 0, chose qui n’est clairement pas possible.
→ x = y et donc le segment [x, y] est trivial.
48
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
On en déduit alors immédiatement que S(0, 1) ne contient aucun segment non trivial.
(⇐=) Nous allons procéder par contraposée. Supposons que ∥.∥ est non stricte, i.e. il existe (x, y)
libre telle que ∥x + y∥ = ∥x∥ + ∥y∥.
On suppose sans perte de généralité de que ∥x∥ ≤ ∥y∥. On a
x y
x y y y
2≥
+
=
+ − +
∥x∥ ∥y∥
∥x∥ ∥x∥ ∥x∥ ∥y∥
1 1 1
≥ (∥x∥ + ∥y∥) − ∥y∥ ( − )
∥x∥ ∥x∥ ∥y∥
=2
Donc
∥x∥ x
+ ∥y∥
y
= 2 et ∥x∥
x y
, ∥y∥ ∈ S(0, 1). On en déduit d’après la question précédente que
[ ∥x∥ , ∥y∥ ] ⊂ S(0, 1). Ce segment est non trivial puisque (x, y) est libre.
x y
x = a + ru ∈ Bf (a, r) et y = a − ru ∈ Bf (a, r)
xn = a + rn u ∈ B(a, r) et yn = a − rn u ∈ B(a, r)
On a alors ∥xn − yn ∥ = 2rn −−−−→ 2r. La suite (∥xn − yn ∥)n≥N est à valeurs dans
n→+∞
{∥x − y∥ , (x, y) ∈ E 2 } qui est majoré par 2r, donc diam(B(a, r)) = 2r.
2. L’unicité du rayon d’une boule vient tout simplement de la question précédente. En effet, en espace
vectoriel normé, on peut définir de manière unique le rayon d’une boule fermée ou ouverte comme
le diamètre de la boule. Il reste donc à montrer l’unicité du centre. Nous allons le faire pour le cas
d’une boule fermée. Le cas d’une boule ouvert peut être traité de la même manière.
Soit (a, r) ∈ E × R+ . On suppose que b ∈ E est aussi un centre de Bf (a, r) tel que b ̸= a. on a alors
pour tout x ∈ Bf (a, r), ∥x − b∥ < r et ∥x − a∥ < r. Posons v = ∥a−b∥
a−b
. On a a − rv ∈ Bf (a, r), donc
r
r ≥ ∥a − rv − b∥ =
(
+ 1)(a − b)
∥a − b∥
= r + ∥a − b∥
Correction de l’exercice
1
VII.4. :
1
On a pour tout n ∈ N∗ , ∥an ∥ n ≤ (∥a∥n ) n et pour tout n, m ∈ N∗ , ∥an+m ∥ ≤ ∥an ∥ ∥am ∥. Donc si on pose
pour tout n, vn = log ∥an ∥, on a pour tout m, n ∈ N∗ , vn+m ≤ vn + vm .
1
Posons également pour tout n, un = log(∥an ∥ n ). On a alors (vn )n∈N est sous additive et pour tout n,
un = vnn . Donc d’après le théorème de Fekete (hors programme, mais très classique)
un −−−−→ inf∗ uk = α
n→+∞ k∈N
49
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et finalement 1
∥an ∥ n −−−−→ eα
n→+∞
50
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Chapitre 11.2
Ouverts et fermés
I Ouverts
Définition I.1.
∀a ∈ O, ∃r > 0, B(a, r) ⊂ O
Exemples
→ ∅ et les intervalles ouverts sont des ouverts de R.
→ R n’est pas ouvert dans C.
Proposition I.2.
i∈I
i∈I
Preuve
1. La proposition est évidente par définition.
2. Soit a ∈ Oi . Il existe i0 ∈ I tel que a ∈ Oi0 . Donc il existe r > 0 tel que B(a, r) ⊂ Oi0 ⊂ Oi .
[ [
i∈I i∈I
i∈I
3. Supposons que I soit fini. Soit a ∈ Oi . On a alors pour tout i ∈ I, il exsite ri > 0 tel que
\
i∈I
B(a, ri ) ⊂ Oi . I est fini, donc on peut définir r = min{ri }i∈I > 0. Par construction, on a bien
Oi . Oi est donc bien ouvert.
\ \
B(a, r) ⊂
i∈I i∈I
Attention : si I est infini, Oi n’est pas forcément ouvert. En effet, si on prend I = N∗ et pour tout
\
i∈I
\ 1 1
k ∈ I, Ok =] − , [.
1 1
k k
On a − , = {0} qui n’est pas ouvert.
k∈N∗ k k
Définition I.3.
Soit a ∈ X. Une partie U de X est appelée voisinage de a s’il existe r > 0 tel que B(a, r) ⊂ U .
51
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
donc B(a, ε) ⊂ B(b, r). On en déduit donc que B(b, r) est ouvert.
Proposition I.4.
Preuve
1. Soit U voisinage de a et V un ensemble contenant U . U étant un voisinage de a, il existe r > 0 tel
que B(a, r) ⊂ U ⊂ V . Donc V est aussi un voisinage de a.
2. Soit p ∈ N∗ et V1 , . . . , Vp ∈ V(a). Pour tout i ∈ J1; pK, il existe ri > 0 tel que B(a, ri ) ⊂ Vi . On pose
p p
r = min{r1 , . . . , rp } > 0. On a alors B(a, r) ⊂ Vi , donc
\ \
Vi ∈ V(a).
i=1 i=1
3. Soit r = d(a,b)
10
. Prenons U = B(a, r) et V = B(b, r). Si x ∈ U ∩ V , alors d(x, a) < r et d(x, b) < r.
En sommant les deux inégalités, on obtient
d(a, b)
d(a, b) ≤ d(x, a) + d(x, b) < 2r =
5
ce qui est impossible. On en déduit donc que U ∩ V = ∅.
II Fermés
Définition II.1.
Exemples
→ Si a ≤ b, alors [a, b] est un fermé.
→ Pour tout (b, r) ∈ X × R+ , Bf (b, r) est fermé.
En effet, si on prend a ∈ X \ Bf (b, r), on peut considérer ε = d(a,b)−r2
> 0 (ε est non nul car
sinon on aurait a ∈ Bf (b, r)). Si x ∈ B(a, ε), alors d(x, b) ≥ d(a, b) − d(x, a) ≥ d(a,b)+r
2
> r donc
B(a, ε) ⊂ X \ Bf (b, r) et alors Bf (b, r) est fermé.
→ Une réunion finie de points est un fermé.
Proposition II.2.
Soit F une partie de X. F est fermée si et seulement si pour toute suite (xn )n∈N à valeurs dans
F , si (xn ) est convergente, alors sa limite est dans F .
52
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Preuve
(⇒) Supposons que F soit fermé. Soit (xn )n∈N une suite à valeurs dans F convergente, supposons que la
limite l de (xn ) est dans X \ F . X \ F étant ouvert, il existe ε > 0 tel que B(l, ε) ⊂ X \ F . Or par
construction, il exsite N ∈ N tel que pour tout n ≥ N , d(xn , l) ≤ 2ε et donc xn ∈ B(l, ε) ⊂ X \ F
ce qui est absurde.
(⇐) Réciproquement, supposons que toute suite à valeurs dans F convergente converge dans F . suppo-
sons de plus que F n’est pas fermé, i.e. X \ F n’est pas ouvert. Il existe donc a ∈ X \ F tel que
1
pour tout ε > 0, B(a, ε) ̸∈ X \ F i.e. B(a, ε) ∩ F ̸= ∅. Cette propriété étant vraie pour ε =
n
et tout n ∈ N∗ , on peut définir une suite (xn )n∈N à valeurs dans F qui vérifie pour tout n ∈ N∗ ,
d(a, xn ) ≤ n1 . (xn ) est à valeurs dans F et converge vers a qui n’est pas dans F , ce qui est en
contradiction avec les hypothèses.
Proposition II.3.
i∈I
i∈I
Preuve : pour montrer ces trois propriétés, il suffit de montrer que les complémentaires de ces ensembles
sont ouverts en utilisant les propriétés vu sur les ouverts au début du chapitre.
Exercice II.4.
Soit (un )n∈N une suite à valeurs dans X. Montrer que l’ensemble des valeurs d’adhérence de
(un ) est fermé.
Exercice II.5.
Exercice II.6.
53
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition III.1.
1. Une partie O de A est ouverte pour dA si et seulement si il existe Ω ⊂ X ouvert tel que
O = A ∩ Ω.
2. Une partie F de A est fermée pour dA si et seulement si il existe G ⊂ X fermé tel que
F = A ∩ G.
Preuve
1. (⇐) Soit a ∈ A ∩ Ω. Puisque Ω est ouvert dans X, il existe r > 0 tel que B(a, r) ⊂ Ω. Donc
BdA (a, r) = B(a, r) ∩ A ⊂ Ω ∩ A. O = A ∩ Ω est donc ouvert.
(⇒) Soit a ∈ O. Il exsite ra > 0 tel que BdA (a, ra ) ⊂ O. On a donc
!
O= BdA (a, ra ) = (B(a, ra ) ∩ A) =
[ [ [
B(a, r) ∩A
a∈O a∈O a∈O
| {z }
Ω
Ω est une union d’ouverts, donc est un ouvert de X, ce qui nous permet de conclure.
2. Il suffit d’utiliser le résultat précédent en passant au complémentaire.
IV Intérieur
Définition IV.1.
Soit A une partie de X. On dit que le point a ∈ A est intérieur à A lorsqu’il existe ε > 0 tel
que B(a, ε) ⊂ A (i.e. A ∈ V(a)). On note Å ou Int(A) l’ensemble des points intérieurs à A.
Exemples
→ Dans R, Q̊ = ∅ car R \ Q est dense dans R.
→ Dans C, R̊ = ∅.
Proposition IV.2.
Preuve : Si a ∈ Å, alors il exsite ε > 0 tel que B(a, ε) ⊂ A. B(a, ε) est ouvert, donc pour tout b ∈ B(a, ε),
il existe η > 0 tel que B(b, η) ⊂ B(a, ε) ⊂ A. b est donc un élément de Å et alors B(a, ε) ⊂ Å. On peut
donc conclure que Å est ouvert. Le fait que A soit le plus grand ouvert inclus dans A découle du fait que
tout point appartenant à un ouvert inclus dans A est dans Å par définition de l’intérieur de A.
54
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice IV.3.
Soient A et B deux parties de X. Dans chaque cas, comparer les deux ensembles.
1. Int(A ∩ B) et Int(A) ∩ Int(B).
2. Int(A ∪ B) et Int(A) ∪ Int(B).
Exercice IV.4.
Soit E un espace vectoriel normé non réduit à {0}. Soit (a, r) ∈ E × R∗+ . Montrer que
Attention : cette propriété n’est pas toujours vraie quand on est pas dans le cadre d’expaces vectoriels
normés. Par exemple, pour X = Z et d la distance induite par la valeur absolue, on a
→ Bf (0, 1) = {−1, 0, 1}
→ B(0, 1) = {0} =
̸ Int(Bf (0, 1)) = {−1, 0, 1}
V Adhérence
Définition V.1.
∀ε > 0, B(b, ε) ∩ A ̸= ∅
Proposition V.2.
Preuve
On a
x ̸∈ A ⇐⇒ ∃ε > 0, B(x, ε) ∩ A = ∅
⇐⇒ ∃ε > 0, B(x, ε) ⊂ X \ A
⇐⇒ x ∈ Int(X \ A)
Ceci montre le point 3 et le point 1 car Int(X \ A) est ouvert. Montrons le deuxième point.
Soit B un fermé contenant A. X \ A contient X \ B qui est ouvert. Int(X \ A) étant le plus grand ouvert
inclus dans X \ A, X \ B ⊂ Int(X \ A) = X \ A et finalement A ⊂ B. A est donc bien le plus petit fermé
contenant A.
55
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition V.3.
b ∈ A ⇐⇒ ∃(an ) ∈ AN , an −−−−→ b
n→+∞
Preuve
(⇐) Soit ε > 0. Il existe N ∈ N tel que pour tout n ≥ N , d(an , b) < 2ε . (an ) est à valeurs dans A donc
B(b, ε) ∩ A ̸= ∅, donc b ∈ A.
(⇒) Soit b ∈ A. On va construire la suite (an ) par récurrence. On prend a0 égal à n’importe quel élément
de X. Soit n ∈ N. Supposons a0 , . . . , an bien définis. b étant adhérent à A, on a B(b, n+1
1
) ∩ A ̸= ∅. On
peut donc prendre an+1 ∈ B(b, n+1
1
) ∩ A. On a alors par construction,
1
∀n ∈ N∗ , d(an , b) ≤ et (an ) ∈ AN
n
et alors an −−−−→ b.
n→+∞
Corollaire V.4.
Exercice V.5.
˚ ˚ ˚
Trouver un ensemble A ⊂ R tel que A, A, Å, Å, A, A et Å soient deux à deux distincts.
Exercice V.6.
B(a, r) = Bf (a, r)
Exercice V.7.
56
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Exercice V.8.
VI Densité
Définition VI.1.
Soient A et B deux parties de X. On dit que B est dense dans A lorsque A ⊂ B. De même,
on dit que B est partout dense dans X lorsque B = X.
Exemples
→ Q et R \ Q sont denses dans R.
→ Pour tout n ∈ N, Qn est dense dans Rn pour les normes usuelles (∥.∥1 , ∥.∥2 , ∥.∥∞ , . . . ).
Proposition VI.2.
Remarque : Ces caractérisations de la densité sont quelques fois plus commode à utiliser en exercice.
Proposition VI.3.
Exemple : si E est un espace vectoriel normé et F est un sous espace stricte de E (i.e. F ̸= E), alors
E \ F est dense dans E.
Montrons ce résultat. Soit x ̸∈ F et a ∈ F . Soit ε > 0. On a a + ε 2∥x∥ x
∈ F \ E (car sinon, on aurait
a + ε 2∥x∥ − a ∈ F , i.e. x ∈ F ). De plus a + ε 2∥x∥ ∈ B(a, ε) et alors B(a, ε) ∩ (E \ F ) ̸= ∅.
x x
Remarque : le résultat montré ci dessus peut être aussi formulé de la manière suivante :
ou encore :
Si F est un sous espace stricte d’un espace vectoriel normé E, alors F est d’intérieur vide
Cette propriété se voit facilement en dimension 3 par exemple. Un sous espace stricte de R3 est soit un
plan, soit une droite, ou alors un point qui dans tous les cas sont d’intérieur vide.
57
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Conséquence : Si H est un hyperplan de E, alors soit H est fermé soit H est dense dans E.
En effet, on a H ⊂ H ⊂ E donc soit H = H, i.e. H est fermé, soit H = E, i.e. H est dense dans E.
Exemple : l’hyperplan H = {f ∈ C([0, 1], R), f (0) = 0} n’est pas fermé pour la distance induite par ∥.∥1
car il est dense dans C([0, 1], R).
En effet, si f ∈ C([0, 1], R), on considère g ∈ H la fonction définie par
x f (ε) si x ∈ [0, ε[
g(x) = ε
f (x) si x ∈ [ε, 1]
Pour montrer que cet exemple est naturel, voici un dessin de la courbe de g à droite et celle de f à gauche
ε
f (ε)
1 1
donc quitte à remplacer ε par 4∥fε∥ , on peut dire que g ∈ B(f, ε) et donc H est dense dans C([0, 1], R)
∞
pour la distance induite par ∥.∥1 .
Exercice VI.4.
Définition VI.5.
Exercice VI.6.
Montrer que X est séparable si et seulement si il existe une famillé dénombrable d’ouverts
(Ωi )i∈I telle que pour tout ouvert O de X ∃J ⊂ I, O = Ωj .
[
j∈J
58
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Définition VI.7.
Notation : On note Aaci l’ensemble des points d’accumulation de A qui sont dans A.
Proposition VI.8.
Preuve
1. En regardant les définitions d’un point isolé et d’un point d’accumulation, on peut aisément re-
marquer que le fait qu’un point soit isolé est exactement la négation du fait qu’un point soit
d’accumulation, donc naturellement, un point a de A est soit d’accumulation, soit isolé, d’où le fait
que Aaci ∪ Ai = A.
2. (⇒) Supposons que a ∈ Aac . Supposons de plus que ∃ε > 0, B(a, ε) ∩ A est fini. On pose donc
(B(a, ε) \ {a}) ∩ A = {x1 , . . . , xp } avec p ∈ N∗ . En posant ε̃ = min{d(a, xi ), i ∈ J1; pK}, il est facile
de remarquer que (B(a, 2ε̃ ) \ {a}) ∩ A = ∅, ce qui est en contradiction avec le fait que a soit un
point d’accumulation.
(⇐) Si pour tout ε > 0 B(a, ε) ∩ A est infini, alors d’une manière évidente (B(a, ε) ∩ A) \ {a} =
(B(a, ε) \ {a}) ∩ A est non vide, donc a est un point d’accumulation.
3. (⇒) Supposons que a ∈ Aac , i.e. ∀ε > 0, B(a, ε) ∩ A est infini.
Construisons une suite (xn ) qui vérifie la propriété voulue par récurrence. On définit x0 comme un
point pris au hasard dans A différent de a.
Soit n ∈ N, supposons que xn est bien défini. On prend alors xn+1 dans B(a, 12 min( n+2 1
, d(a, xn )))∩A
(c’est possible car cet ensemble est non vide). Par construction (xn ) est injective et pour tout n ∈ N∗
1
d(xn , a) ≤ n+1 et donc xn −−−−→ a, d’où le résultat voulu.
n→+∞
(⇐) Supposons l’existence d’une telle suite qu’on note (xn ). Soit ε > 0. Supposons que B(a, ε) ∩ A
est fini. Il existe alors p ∈ N∗ tel que (B(a, ε) \ {a}) = {x1 , . . . , xp }. En posant ε̃ = min{d(a, xi ), i ∈
J1; pK}, il est facile de remarquer que (B(a, 2ε̃ ) \ {a}) ∩ A = ∅, ce qui est absurde car pour n assez
grand, xn est dans (B(a, 2ε̃ ) \ {a}) ∩ A.
Proposition VI.9.
59
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ε
2
1
−1
60
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On a alors
Z 1
∥f − g∥1 = |f (x) − g(x)| dx
0
4x
Z ε
2
= − 2
0
ε
#ε
2x2
"
2
= 2x −
ε 0
ε
=
2
donc g ∈ B(f, ε) mais g ̸∈ O. On en déduit que O n’est pas ouvert pour la distance induite
par ∥.∥1 .
2. Etudions F = {f ∈ E, ∀x ∈ [0, 1], f (x) ≥ 0}.
(a) F est fermé pour la distance induite par ∥.∥∞ .
Pour montrer cela, on va montrer que E \ F = {f ∈ E, ∃x [0, 1], f (x) < 0} est ouvert.
Soit f ∈ E\F . Soit a ∈ [0, 1] tel que f (a) < 0. On pose ε = |f (a)|
2
. Montrons que B(f, ε) ⊂ E\F .
soit g ∈ B(f, ε), on a
∥g − f ∥∞ < ε
et donc
g(a) ≤ f (a) + ε < 0
on a alors g ∈ B(f, ε) et donc B(f, ε) ⊂ E \ F . On en déduit finalement que E \ F est ouvert,
i.e. F est fermé pour la distance induite par ∥.∥∞ .
(b) F est fermé pour la distance induite par ∥.∥1 .
On va procéder de la même manière qu’avant. Soit f ∈ E \ F . Soit a ∈ [0, 1] tel que f (a) < 0.
Par continuité de f , il exsite η > 0 tel que pour tout x ∈ [a − η, a + η], f (x) < f (a)
2
. Donc pour
tout g ∈ F ,
Z 1
∥f − g∥1 = |f (x) − g(x)| dx
0
Z a+η
≥ g(x) − f (x)dx
a−η
Z a+η
≥− f (x)dx
a−η
≥ −ηf (a)
En prenant donc ε = −ηf (a), on a B(f, ε) ⊂ E \ F et donc E \ F est ouvert, i.e. F est fermé
pour la distance induite par ∥.∥1 .
Pour comprendre un peu ce qui se passe, considérons le cas où f est décrite par la courbe
ci-dessous :
1
S
f (a)
La distance en norme 1 entre f et une fonction partout positive ou nulle va être au moins égale
à la surface S hachurée sur la figure. Ici, on a minoré cette surface par −ηf (a) ce qui nous a
permi de trouver une boule incluse dans E \ F de centre f .
61
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x−a
a
B(a, r)
On souhaite sortir de la boule B(a, r), donc à partir de x, on va se déplacer vers la direction opposée
à l’origine, d’où la présence du vecteur directeur unitaire ∥x−a∥
x−a
, mais on veut rester dans B(x, ε), on va
donc multiplier ce vecteur "déplacement" par 2 .
ε
62
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
x B(x, 2ε )
u
x−a
a
Bf (a, r)
Ici, aulieu de partir dans la direction du vecteur x − a, on a va vers la direction opposée puisqu’on veut
rester dans la boule B(a, r). Mais on veut aussi être dans la boule B(x, ε), on multiplie alors pour cela le
vecteur directeur ∥a−x∥
a−x
par 2ε .
xn −−−−→ x et yn −−−−→ y
n→+∞ n→+∞
Soit λ ∈ [0, 1], on a λxn + (1 − λ)yn −−−−→ λx + (1 − λ)y, donc λx + (1 − λ)y ∈ C et finalement
n→+∞
C est convexe.
→ Convexité de C̊
Soit x, y ∈ C̊. On dispose de ε > 0 tel que B(x, ε) ⊂ C et B(y, ε) ⊂ C (quitte à prendre le
63
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
minimum des rayons des deux boules). Soit λ ∈ [0, 1], montrons que z = λx + (1 − λ)y ∈ C̊.
Pour cela, regardons d’abord le dessin suivant.
u w
x z y
Le dessin ci-dessus suggère de montrer que B(z, ε) ⊂ C. Soit w ∈ B(z, ε). Posons u = w − z,
on a alors w = z + u = λ(x + u) + (1 − λ)(y + u), et
∥x + u − x∥ = ∥w − z∥ < ε et ∥y + u − y∥ = ∥w − z∥ < ε
B(a, ε)
B(c, λε)
u w
a c b
Le rayon de la boule du milieu peut être trouvé en utilisant des théorèmes de géométrie
élémentaire (Thalès par exemple). Ce dessin suggère de montrer que B(c, λε) ⊂ C.
Soit w ∈ B(c, λε), on pose u = w − c. On a alors w = c + u = λ(a + λu ) + (1 − λ)b. Or
u
w − c
a + − a
=
<ε
λ λ
donc a + λu ∈ B(a, ε) ⊂ C et b ∈ C et w est combinaison convexe de a + u
λ
et b, donc par
convexité de C, w ∈ C et alors B(c, λε) ⊂ C et finalement [a, b[⊂ C̊.
64
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
∥w − cn ∥ = ∥w − c + c − cn ∥
≤ ∥w − c∥ + ∥c − cn ∥ −−−−→ ∥w − c∥ < λε
n→+∞
on peut alors affirmer l’existence de N ∈ N tel que pour tout n ≥ N , ∥w − cn ∥ < λε et donc
w ∈ B(cn , λε) ⊂ C. Ceci nous permet de dire que B(c, λε) ⊂ C et que c ∈ C̊. Finalement on
conclut que [a, b[⊂ C̊.
L’intuition derrière le passage au cas où b ∈ C était de prendre n assez grand pour que la boule
B(cn , λε) ⊂ C soit quasi-confondue avec B(c, λε) pour dire que tous les points de B(c, λε) sont
dans C.
→ Pour ∥.∥∞
On pose O = {f ∈ E, ∀x ∈ E, f (x) > 0}. On a d’après l’exercice 3, O est ouvert et O ⊂ F ,
donc O ⊂ F̊ . Il reste donc à voir si (F \ O) ∩ F̊ = ∅.
Soit f ∈ F \O et soit ε > 0. Le fait que f ∈ F \O implique ∃a ∈ [0, 1], f (a) = 0. En considérant
g = f − 2ε , on peut voir immédiatement que g ̸∈ F (car g(a) = − 2ε < 0) et g ∈ B(f, ε). Donc
f ̸∈ F̊ et finalement F̊ = O.
→ Pour ∥.∥1
Soit f ∈ F . On considère la suite de fonctions (gn )n∈N définie sur [0, 1] pour tout n ∈ N par
x (f (2−n ) + 1) − 1 si x ∈ [0, 2−n [
g(x) = 2−n
f (x) si x ∈ [2−n , 1]
Voici un dessin d’un terme de cette suite de fonctions à droite et de la courbe de f à gauche.
2−n
f (2−n )
1 1
−1 −1
Bien sûr, pour tout n ∈ N, gn est bien une fonction continue sur [0, 1]. Il s’agit de la même idée
que la question 1 de l’exercice 3 où on a montré que O n’est pas ouvert, sauf que la fonction
considérée est f aulieu d’une fonction qui est indentiquement égale à 1 à laquelle on a ajouté
une petite perturbation au voisinage de 0, qui fait sortir gn de F sans trop s’éloigner de f . On
65
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
a pour tout n ∈ N, gn (0) = −1, donc (gn ) est valeurs dans E \ F . De plus, on a
Z 1
∥f − gn ∥1 = |f (x) − gn (x)| dx
0
Z 2−n
= |f (x) − gn (x)| dx
0
≤ 2 (∥f ∥∞ + ∥gn ∥∞ )
−n
b − c = |b − a + a − c|
a
≤ |b − a| + |a − c| ≤
2
or b − c ∈ A, donc on a
a
a<b−c≤
2
ce qui est absurde, donc a ∈ G.
→ Montrons ensuite que G = aZ.
Par stabilité par addition et soustraction, on a évidemment aZ ⊂ G.
Supposons que G ̸= aZ. On dispose donc de x ∈ G \ aZ. Quitte à passer à l’opposé, on suppose
que x > 0. On a alors
x x x
0<x− a=a − <a
a a a
j k j k
Donc x − x
a
a ∈ A et x − x
a
a < a ce qui est absurde. On en déduit donc que G = aZ.
4. Commencons par remarquer que par parité du cos, {cos(n), n ∈ N} = {cos(n), n ∈ Z}.
→ Montrons d’abord que G = Z + 2πZ est dense dans R.
G est un sous groupe additif de R. Supposons qu’il existe a ∈ R∗ tel que G = aZ. Il existe
alors n, m ∈ Z∗ tel que 1 = an et 2π = am, donc, 2π 1
= am
an
, i.e. π = 2m
n
ce qui implique que π
est rationnel, absurde. Donc d’après les questions précédentes, G est dense dans R.
66
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
i∈J
i ∈ J pour voir que ai est dans B(x, ε) ∩ A. D’où la densité de A dans X.
(⇒) Soit A = {ai , i ∈ N} une partie dénombrable dense de X. Considérons la famille d’ouverts
(Ωn,m )n,m∈N = (B(an , m+1
1
))n,m∈N et montrons qu’elle vérifie la propriété voulue.
Soit O un ouvert de X. Considérons l’ensemble J = {(n, m) ∈ N2 , B(an , m+1 1
) ⊂ O}.
On a Ωn,m ⊂ O. Montrons l’inclusion réciproque. Soit x ∈ O. Comme A est dense dans X, il
[
(n,m)∈J
existe an ∈ A (avec n ∈ N) et m ∈ N arbitrairement grand tel que x ∈ B(an , m+1
1
). On prend alors
m assez grand pour qu’on ait B(an , m+1 ) ⊂ O, i.e. (n, m) ∈ J ce qui nous donne x ∈ Ωn,m .
[
1
(m,n)∈J
On a donc bien obtenu le résultat voulu.
67
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Chapitre 11.3
Limites et continuité
Dans tout ce chapitre, on considère X et Y deux espaces metriques respectivement munis des distances
d et δ, A une partie de X, a ∈ A et f une fonction de A dans Y .
I Limites
Définition I.1.
On dit que f admet une limite en a selon A lorsqu’il exsite l ∈ Y tel que
Remarques
→ une formulation équivalente à la définition ci-dessous est la suivante.
f admet une limite en a selon A s’il existe l ∈ Y tel que
∀V ∈ V(l), f −1 (V ) ∩ A ∈ {U ∩ A, U ∈ V(a)}
Proposition I.2.
Preuve
1. Soit l, l′ ∈ Y telles que f tends vers l et l′ en a selon A.Supposons que l ̸= l′ . Appliquons la définition
′)
de limite avec ε = δ(l,l
10
. Il existe η, η ′ > 0 tel que
δ(l,l′ )
→ ∀x ∈ A, d(a, x) < η =⇒ δ(f (x), l) < 10
δ(l,l′ )
→ ∀x ∈ A, d(a, x) < η ′ =⇒ δ(f (x), l′ ) < 10
On a alors pour tout x ∈ A tel que d(x, a) < min(η, η ′ )
δ(l, l′ )
δ(l, l′ ) < δ(f (x), l) + δ(f (x), l′ ) <
5
ce qui est absurde et finalement l = l′ .
2. Si a admet une limite en a selon A, alors ∀ε > 0, ∃η > 0, ∀x ∈ A, d(x, a) < η =⇒ δ(f (x), l) < ε.
Or pour tout η > 0, d(a, a) = 0 < η, donc pour tout ε > 0, d(f (a), l) < ε ce qui donne directement
que d(f (a), l) = 0 et finalement f (a) = l.
3. Il suffit d’appliquer la définition avec ε = 1. En effet, il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ A,
d(x, a) < η =⇒ δ(f (x), l) < 1. Ceci implique que f (A ∩ B(a, η)) ⊂ B(l, 1) qui est borné. B(a, η)
est un voisinage de a, donc f est bien bornée au voisinage de a dans A.
68
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition I.3.
Preuve
(1) ⇒ (2) Soit (xn ) ∈ AN tel que xn −−−−→ a.
n→+∞
Soit ε > 0. Il existe η > 0 tel que ∀x ∈ B(a, η) ∩ A, δ(f (x), l) < ε.
(xn ) converge vers a, il existe donc N ∈ N tel que ∀n ≥ N , d(xn , a) < η et alors δ(f (xn ), l) < ε.
On en déduit donc que (f (xn )) converge vers l.
(2) ⇒ (1)
→ Montrons tout d’abord que toutes les suites de la forme (f (xn )) avec (xn ) une suite à valeurs dans
A convergeant vers a convergent vers une même limite l.
Soit (xn ) et (yn ) deux suites à valeurs dans A convergeant versa. A partir de ces deux suites, on
z = x
2n n
construit la suite (zn ) définie de la manière suivante : ∀n ∈ N,
z2n+1 = yn
On a alors bien évidemment zn −−−−→ a et alors par hypothèse f (zn ) converge vers une limite
n→+∞
qu’on notera l. En considèrant les deux suites extraites (f (z2n+1 )) = (f (yn )) et (f (z2n )) = (f (xn )),
on en déduit immédiatement que (f (xn )) et (f (yn )) admettent la même limite que (f (zn )).
→ Il reste à montrer maintenant que la limite de f en a selon A est bien l.
Supposons que f ne converge pas vers l, i.e.
69
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
∀W ∈ V(l), ∃U ∈ V(a), g ◦ f (U ∩ A) ⊂ W
→ g ◦ f (un ) −−−−→ 1.
n→+∞
→ g ◦ f (vn ) −−−−→ 0.
n→+∞
On en déduit donc que g ◦ f n’admet pas de limite en 0.
Exercice I.5.
Exercice I.6.
70
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
II Continuité
Dans cette partie, on considère que l’ensemble de départ de f est X et que a ∈ X. Nous nous allons
donc dire "f admet une limite l en a" aulieu de "f admet une limite l en a selon X" lorsqu’il n’y a pas
ambigüité.
1. Continuité locale
Proposition II.1.
Preuve
(1) ⇒ (2) Si f admet une limite en a selon X, alors nécessairement, d’après ce qui précéde, puisque
a ∈ X, cette limite est égale à f (a). Le point (2) est tout simplement l’application de la définition de
limite pour l = f (a).
(2) ⇒ (3) soit ε > 0. On considère le voisinage de f (a), B(f (a), ε). Par hypothèse, il existe U ∈ V(a)
tel que f (U ) ⊂ B(f (a), ε). U étant un voisinage de a, il existe η > 0 tel que B(a, η) ⊂ U . et alors on a
f (B(a, η)) ⊂ U . En résumé,
i.e.
∀ε > 0, ∃η > 0, d(x, a) < η =⇒ δ(f (x), a) < ε
(3) ⇒ (1) Il s’agit tout simplement de l’une des formulations du fait que f admet une limite f (a) en a
selon X.
Proposition II.2.
Remarques
La composition de deux fonctions continues est continue.
lorsque Y est un espace vectoriel normé muni d’une norme ∥.∥ et δ la distance induite par ∥.∥, alors les
opérations conservent la continuité :
→ Lorsque ∥.∥ est une norme d’algèbre, le produit de deux fonctions continues est cotninu.
71
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice II.3.
Soit a, b deux réels tels que a < b. On dit qu’une fonction f : [a, b] −→ R est réglée lorsque
f admet une limite à droite et à gauche en tout point de [a, b]. Par exemple, les fonctions
monotones sont réglées.
Supposons que f soit réglée. Montrer que l’ensemble des points de discontinuité de f est
dénombrable.
2. Continuité globale
Commencons par énoncer un résultat qui sera utile par la suite.
Lemme II.4.
Preuve
(1) ⇒ (2) Si f est continue en a, alors par définition
et donc
∀V ∈ V(f (a)), ∃U ∈ V(a), f −1 (f (U )) ⊂ f −1 (V )
or U ⊂ f −1 (f (U )) ⊂ f −1 (V ) et finalement pour tout V ∈ V(f (a)), on a f −1 (V ) ∈ V(a) car contient U
un voisinage de a.
(2) ⇒ (1) Soit V ∈ V(f (a)), posons U = f −1 (V ) ∈ V(a). On a f (U ) = f (f −1 (V )) ⊂ V , d’où la continuité
de f en a.
Proposition II.5.
Preuve
(1) ⇒ (2) Soit Ω un ouvert de Y et x ∈ f −1 (Ω). Ω est un ouvert contenant f (x), donc Ω ∈ V(f (x)), alors
par continuité de f et le lemme précédent, f −1 (Ω) ∈ V(x). Il existe alors ε > 0 tel que B(x, ε) ⊂ f −1 (Ω)
et finalement f −1 (Ω) est ouvert.
(2) ⇒ (1) Soit ε > 0 et b ∈ X. Posons Ω = B(f (b), ε). Par hypothèse, f −1 (Ω) est ouvert et donc il existe
η > 0 tel que B(b, ε) ⊂ f −1 (Ω), i.e. f (B(b, η)) ⊂ B(f (a), ε), ce qui donne directement la continuité de f
en b, donc en tout point de X.
(2) ⇒ (3) Soit F un fermé de Y . Y \ F est ouvert de Y , donc f −1 (Y \ F ) = X \ f −1 (F ) est ouvert et
finalement f −1 (F ) est fermé.
(3) ⇒ (2) Le sens réciproque peut être fait de la même manière et est laissé comme exercice au lecteur.
72
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Applications
→ Si f est une fonction continue de X dans Y , alors pour tout b ∈ Y , f −1 ({b}) est fermé car {b} est
fermé.
→ Si de plus Y = R, alors {x ∈ X, f (x) < 0} est ouvert car est égal à f −1 (] − ∞, 0[) et ] − ∞, 0[ est
ouvert.
→ Si Y est un espace vectoriel normé et g une fonction continue de X dans Y , alors l’ensemble où f
coincide avec g est un fermé car il est égal à
Soit f une fonction de X dans Y . Montrer que les propositions suivantes sont équivalentes.
1. f est continue en tout point de X.
2. Pour toute partie A de X, f (A) ⊂ f (A).
Exercice II.7.
Soit f : (R, +) −→ (R, +) un morphisme de groupe. Montrer que les propriétés suivantes sont
équivalentes.
1. f est continue.
2. ∃λ ∈ R, ∀x ∈ R, f (x) = λx
3. f est continue en un point.
4. f est continue en 0.
5. f est bornée au voisinage de 0.
Exercice II.8.
Exercice II.9.
73
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
3. Homéomorphismes
Définition II.10.
Exemples
−→ EE
→ Soit E un K−espace vectoriel normé et (λ, a) ∈ K∗ × E. L’application hλ,a : est
7 → λx + a
x−
un homéomorphisme.
Proposition II.11.
Attention : cette propriété n’est plus vraie lorsque I et J ne sont pas des intervalles. En effet, si on
x si 0 ≤ x < 1
considère la fonction de [0, 1[∪[2, 3] dans [0, 2] f : x 7−→ , cette fonction est continue
x − 1 si 2 ≤ x ≤ 3
bijective mais sa bijection réciproque n’est pas continue.
Courbe de f Courbe de f −1
2 2
1 1
1 2 3 1 2
Proposition II.12.
74
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
4. Applications lipschitziennes
Définition II.13.
Soit f une application de X dans Y . On dit que f est lipschitzienne ou k−lipschitzienne s’il
existe k ∈ R+ tel que
∀(x, y) ∈ X 2 , δ(f (x), f (y)) ≤ kd(x, y)
Exemples
→ Soit E un espace vectoriel normé muni d’une norme ∥.∥. l’application x 7−→ ∥x∥ est 1−lipschitzienne.
En effet, pour tout x, y ∈ E, on a
|∥x∥ − ∥y∥| ≤ ∥x − y∥
Exercice II.14.
Soit I un intervalle de R et f ∈ C 1 (I, C). Montrer que les deux propriétés suivantes sont
équivalentes.
1. f est lipschitzienne.
2. f ′ est bornée.
Exercice II.15.
Exercice II.16.
75
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Exercice II.17.
5. Uniforme continuité
Définition II.18.
Soit f une application de X dans Y . On dit que f est uniformément continue lorsque
Exemples
→ Si f ∈ C([a, b], C), alors f est uniformément continue d’après le théorème de Heine.
→ Si f est une application de X dans Y k−lipschitzienne, alors f est uniformément continue. LaPreuve
de ce résultat est laissée comme exercice au lecteur.
Attention : il n’y a pas de réciproque pour le point précédent. Une fonction uniformément continue n’est
pas nécessairement lipschitzienne. √
En effet, il suffit de considérer la fonction de [0, 1] dans [0, 1] f : x 7−→ x. C’est une fonction continue
sur un segment, donc elle est uniformément continue d’après le théorème de Heine.
Supposons que f est lipschitzienne. On dispose alors de k ≥ 0 tel que pour tout x ∈]0, 1],
f (x) − f (0)
≤k
x−0
i.e.
1
√ ≤k
x
ce qui est absurde.
Théorème (Théorème de Heine) II.19.
Supposons donc cette proposition vérifiée. On dispose alors de deux suites (xn )n∈N et (yn )n∈N telles que
pour tout n ∈ N, |xn − yn | ≤ n1 (∗) et |f (xn ) − f (yn )| ≥ ε. (xn ) et (yn ) étant à valeurs dans un fermé
borné de R, le théorème de Bolzano-Weierstrass nous permet d’affirmer l’existence d’une extractice φ
telle que (xφ(n) ) converge. De même, on dispose d’une extractrice ψ telle que (yφ◦ψ(n) ) soit convergente.
L’inégalité (∗) impose que (xφ◦ψ(n) ) et (yφ◦ψ(n) ) admettent la même limite qu’on note l.
On a alors
f (xφ◦ψ(n) ) − f (yφ◦ψ(n) ) −−−−→ |f (l) − f (l)| = 0
n→+∞
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mais pour tout n ∈ N, f (xφ◦ψ(n) ) − f (yφ◦ψ(n) ) ≥ ε > 0, ce qui absurde, d’où l’uniforme continuité de f
Exercice II.21.
Attention : une application continue bornée n’est pas nécessairement uniformément continue.
En effet, considérons la fonction de ]0, 1] dans [−1, 1], f : x 7−→ cos( x1 ).
−1
Cette fonction est C ∞ sur ]0, 1], mais elle n’est pas uniformément continue. Montrons le.
Enoncons tout d’abord la négation de l’uniforme continuité.
1 1
|xn − yn | =
− −−−−→ 0
2nπ (2n + 1)π n→+∞
77
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−1
√
on peut prouver de la même manière la non uniforme continuité en prenant les suites (xn )n∈N = 2nπ
q n∈N
et (yn )n∈N = (2n + 1
2
)π .
Ici encore, on voit que la fonction oscille très vite au voisinage de +∞ ce
n∈N
qui empêche la fonction d’être uniformément continue.
Exercice II.23.
Soit E = {f ∈ C(R, C), f (x) −−−−→ 0}. Montrer que toute fonction de E est uniformément
x→±∞
continue.
78
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i.e.
f( x ) − f( x )
2k 2k+1 l ε
− k < k
2 2
x
En sommant toutes ces inégalités pour k ∈ J0; n − 1K et utilisant l’inégalité triangulaire, on obtient que
pour tout n ∈ N et x ∈ B(0, η),
f (x) − f ( 2xn ) n−1 X f ( k+1
1 n−1 x
) − f ( 2xk ) X 1
n−1
l
X
2
−l ≤ − < ε
2 k=0
k 2
k
k=0 2
k
x k=0
x
L − ε ≤ f (x + 1) − f (x) ≤ L + ε
Posons pour tout x, n(x) l’unique entier vérifiant A ≤ x − n(x) < A + 1. On a alors
et on a x − n(x) est toujours dans [A, A + 1] où f est bornée car continue, donc
79
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f (x)
−−−−→ L
x x→+∞
On va montrer que pour tout p ∈ N∗ , Ap et Bp sont finis. Une fois cela fait, on peut facilement conclure car
on aura montré que A et B sont union dénombrable d’ensembles finis et donc qu’ils sont dénombrables.
Supposons par l’absurde qu’il existe p ∈ N∗ tel que Ap est infini. Ap est infini borné en dimension finie,
il possède donc un point d’accumulation qu’on note x. On dispose alors d’une suite (xn )n∈N injective à
valeurs dans A qui converge vers x. Quitte à extraire de la suite (xn ) on suppose sans perte de généralité
qu’elle est croissante.
→ Soit η1 > 0 tel que pour tout α ∈]x − η1 , x[, |f (α) − f (x− )| < 4p
1
→ Soit n ∈ N tel que xn ∈]x − η1 , x[. On suppose aussi sans perte de généralité que x ̸= a.
→ Soit η2 > 0 tel que pour tout α ∈]xn − η2 , xn [, |f (α) − f (x−
n )| < 4p
1
→ Soit η3 > 0 tel que pour tout α ∈]xn , xn + η3 [, |f (x+ n ) − f (α)| < 4p
1
yn zn
xn x
η2 η3
On a
|f (yn ) − f (zn )| ≥ f (x−
n ) − f (xn ) − f (xn ) − f (zn ) − f (yn ) − f (xn )
+ + −
1 1 1 1
> − − =
p 4p 4p 2p
80
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et
1 1 1
|f (yn ) − f (zn )| ≤ f (yn ) − f (x− ) + f (zn ) − f (x− ) < + =
4p 4p 2p
ce qui est absurde.
On va procéder de la même manière pour les ensembles Bp . Supposons par l’absurde qu’il existe p ∈ N∗
tel que Bp est infini. Bp est infini borné en dimension finie, il admet donc un point d’accumulation qu’on
note x. On dispose alors d’une suite (xn )n∈N injective à valeurs dans Bp qu’on suppose sans perte de
généralité, quitte à extraire, croissante.
→ Soit η1 > 0 tel que pour tout α ∈]x − η1 , x[, |f (α) − f (x− )| < 1
4p
Quitte à remplacer η2 par min(|xn − x| , |xn − x + η| , η2 ), on suppose que ]xn −η2 , xn +η2 [⊂]x−η1 , x[.
→ Soit yn ∈]xn − η2 , xn + η2 [.
On a alors 1
f (xn ) − f (x− ) <
4p
et
f (xn ) − f (x− ) ≥ |f (xn ) − f (yn )| − f (yn ) − f (x− )
≥ f (xn ) − f (x−
n ) − f (xn ) − f (yn ) − f (yn ) − f (x )
− −
1 1 1 1
> − − =
p 2p 4p 4p
ce qui est absurde. On a donc bien obtenu le résultat voulu.
L’intuition derrière le fait que Ap et Bp soient finis est que lorsqu’on se rapproche par exemple par la
gauche d’un point x où f admet une limite à gauche, on ne peut pas rencontrer un nombre infini de
points de discontinuité de taille p1 car sinon la fonction fera des pas trop grands pour tendre vers f (x− )
à gauche de x.
Remarque : ici, x n’est pas nécessairement dans A. On a juste eu besoin du fait que f admet une limite
à gauche de x.
81
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(2) ⇒ (3) Le résultat est évident car toutes les homothéties de R sont continues.
(3) ⇒ (4) idem.
(4) ⇒ (5) Il suffit d’appliquer la définition de la continuité en 0 avec ε = 1.
(5) ⇒ (1) Soit α > 0 tel que f est bornée sur [−α, α] et posons M = sup |f (x)|. Soit ε > 0. On
x∈[−α,α]
considère n ∈ N tel que
∗ M
n
< ε. On a alors
α α 1 M M
f − , = f ([−α, α]) ⊂ − , ⊂ [−ε, ε]
n n n n n
ce qui nous donne la continuité de f en 0. La continuité de f en tout point x ∈ R vient du fait que
par continuité de f en 0.
de même, on a pour tout a ∈ A, d(x, A) ≤ d(x, a) ≤ d(y, a) + d(x, y) et alors en passant à la borne
82
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i.e.
|d(x, A) − d(y, A)| ≤ d(x, y)
X −→ R
3. Considèrons l’application f :
x 7−→ d(x, B) − d(x, A)
→ Si x ∈ A, on a x ̸∈ B = B, et alors f (x) = d(x, B) > 0. On alors A ⊂ {x ∈ X, f (x) > 0} =
f −1 (R∗+ ) = U
→ Si x ∈ B, on a x ̸∈ A = A, et alors f (x) = −d(x, A) < 0. On alors B ⊂ {x ∈ X, f (x) < 0} =
f −1 (R∗− ) = V
U et V sont les images réciproques des ouverts R∗+ et R∗− par une fonction continue (car lipschit-
zienne) et donc sont ouverts. De plus on a U ∩ V = ∅, on a alors bien obtenu le résultat voulu.
fi (x) − fi (a) ≤ k |x − a|
et alors
fi (x) ≤ k |x − a| + M
ce qui montre bien que f est définie.
Montrons ensuite que f est k−lipschitzienne. On a pour i ∈ I et x, y ∈ R,
i.e.
fi (y) − k |x − y| ≤ fi (x) ≤ fi (y) + k |x − y|
On peut donc passer à la borne supérieure en i de chaque côté de l’inégalité pour obtenir que
i.e.
|f (x) − f (y)| ≤ k |x − y|
donc la famille (φy (0))y∈X est majorée, et alors d’après l’exercice précédent, h = supy∈X (−φy ) est
bien définie et est k−lipschitzienne et donc de même pour g = −h.
83
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(xn )n∈N étant convergente et donc de Cauchy, on peut considérer N ∈ N tel que pour tout n, m ≥ N ,
d(xn , xm ) < η.
On alors pour tout n, m > N , |f (xn ) − f (xm )| < ε. (f (xn ))n∈N est donc de Cauchy, i.e. convergente. f
admet donc bien une limite en tout point de A.
p−1
! !
X x x
|f (x)| = |f (x) − f (0)| ≤ f
(k + 1) −f k
k=0
p p
∥x∥
Or on a pour tout k ∈ J0; p − 1K,
(k + 1) xp − k xp
= < 1
< η et alors
p p
p−1
! !
X x x
|f (x)| ≤ f
(k + 1) −f k
≤p
k=0
p p
Soit x, y ∈ R tel que |x − y| < η. Quitte à remplacer η par min(η, T ), on suppose que η ≤ T . On dispose
alors de n ∈ Z tel que x − nT ∈ [−T, 2T ] et y − nT ∈ [−T, 2T ]. On a alors |(x − nT ) − (y − nT )| < η et
donc
|f (x) − f (y)| = |f (x − nT ) − f (y − nT )| < ε
d’où l’uniforme continuité de f .
Remarque : on a choisi de regarder l’uniforme continuité de f dans l’intervalle [−T, 2T ] et non pas [0, T ]
pour éviter le cas pathologique où x se retrouve sur les bords de l’intervalle [0, T ] et y en dehors de cet
intervalle, ce qui nous empêcherait de conclure car on pourra pas utiliser l’uniforme continuité de f sur
[0, T ].
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85
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Chapitre 11.4
Comparaison de normes et espaces produits
Dans tout ce chapitre, K est un corps égal à R ou C, E est un K−espace vectoriel et n est un entier
naturel strictement positif.
I Comparaison de normes
Définition I.1.
Soient N1 et N2 deux normes sur E. On dit que N1 est plus fine que N2 (ou domine N2 ) s’il
existe C > 0 tel que pour tout x ∈ E, N2 (x) ≤ CN1 (x).
Proposition I.2.
Preuve
Supposons que N1 est plus fine que N2 . soit C > 0 tel que pour tout x ∈ E, N2 (x) ≤ CN1 (x)
1. Soit (xn ) une suite à valeurs dans E qui converge vers l pour N1 . On a alors
On dit que deux normes N1 et N2 sont équivalentes lorsque N1 est plus fine que N2 et N2 est
plus fine que N1 . Dans ce cas, on note N1 ∼ N2 .
86
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition I.4.
Exemple : dans le cas où E = Kn , les normes ∥.∥∞ , ∥.∥1 et ∥.∥2 sont équivalentes. En effet, on a pour
tout x ∈ E
Proposition I.5.
Lorsque E est de dimension finie, alors toutes les normes sur E sont équivalentes.
Preuve : la preuve de ce résultat sera faite dans une partie ultérieure de ce cours, car nous n’avons pas
encore exposé les outils nécessaires pour le montrer.
Exemple 1 : Dans le cas où E = C([a, b], R) avec a < b, alors ∥.∥2 est plus fine que ∥.∥1 et ∥.∥∞
est plus fine que ∥.∥2 , mais parmi ces trois normes, il n’y en a aucune qui est équivalente à une autre.
√
→ On a pour tout f ∈ C([a, b], R), ∥f ∥1 ≤ b − a ∥f ∥2 ≤ (b − a) ∥f ∥∞ .
→ Les inégalités dans le sens contraire sont toutes fausses en général. En effet, si on considère la suite
de fonctions (fn )n∈N = (x 7−→ xn )n∈N de [0, 1] dans R, alors on a fn −−−−→ 0 pour ∥.∥1 et ∥.∥2 ,
n→+∞
mais ∥fn ∥∞ = 1 pour tout n, donc (fn ) ne tend pas vers 0 pour ∥.∥∞ .
Exemple 2 : On se place dans Z 1
le cas où E = C 1 ([0, 1], R) et on considère la norme ∥.∥ telle que pour
tout f ∈ E, ∥f ∥ = |f (0)| + |f ′ (x)| dx.
0
Ce qui entraine ∥f ∥∞ ≤ ∥f ∥.
→ ∥.∥∞ n’est pas plus fine que ∥.∥.
En effet, si on considère la suite de fonctions (fn )n∈N = (x 7−→ 1
n
sin(nπx)), on trouve
• ∥fn ∥∞ = 1
−−−−→
n n→+∞
0
Z 1 Z 1
• Pour tout n, ∥fn ∥ = |sin(nπt)| dt ≥ sin(nπt)2 dt ≥ 1
2
et donc ∥fn ∥ ne tend pas vers 0.
0 0
87
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Exercice I.6.
Exercice I.7.
On pose E = Rn [X]. Comparer les normes suivantes sur E, telles que pour tout P =
n
ak X k ∈ E
X
k=0
→ ∥P ∥0 = max(|a0 | , . . . , |an |)
n
→ ∥P ∥1 =
X
|ak |
k=0
→ ∥P ∥∞ = supx∈[0,1] |P (x)|
II Espaces produits
Soit p ∈ N∗ . On consdière p espaces métriques E1 , . . . , Ep munis respectivement des distances d1 , . . . , dp
et on pose E = E1 × · · · × Ep . On définit pour tout i ∈ J1; pK la i−ème projection canonique
E
1 × · · · × Ep −→ Ei
πi :
(x1 , . . . , xp ) 7−→ xi
Remarque préliminaire : pour tout i ∈ J1; pK, si Ai est une partie de Ei , alors
1. Métrique produit
On munit E de la distance d définie par
Bd (x, ε) = {(y1 , . . . , yp ) ∈ E, ∀i ∈ J1; pK, di (xi , yi ) < ε} = Bd1 (x1 , ε) × · · · × Bdp (xp , ε)
Vocabulaire : on appelle pavé ouvert tout produit de la forme ω1 × · · · × ωp avec pour tout i ∈ J1; pK,
ωi un ouvert de Ei .
Proposition II.1.
88
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Preuve
1. Soit Ω = ω1 × · · · × ωp un pavé ouvert. soit x = (x1 , . . . , xp ) ∈ Ω. On a pour tout i ∈ J1; pK, il existe
εi > 0 tel que Bdi (xi , εi ) ⊂ ωi . On pose alors ε = mini∈J1;pK εi > 0.
Le choix de ε nous permet d’affirmer que B(x, ε) ⊂ Bd1 (x1 , ε1 ) × · · · × Bdp (xp , εp ) ⊂ Ω donc Ω est
ouvert.
2. Soit Ω un ouvert de E. Pour tout a ∈ O, il existe εa > 0 tel que B(a, εa ) ⊂ Ω.
On peut alors écrire Ω = B(a, εa ). Une boule ouverte de E est par définition un pavé ouvert,
[
a∈Ω
donc Ω est bien une union de pavés ouverts.
Proposition II.2.
Soit F1 , . . . , Fp des parties de E1 , . . . , Ep . Si pour tout i ∈ J1; pK, Fi est fermé dans Ei , alors
F = F1 × · · · × Fp est fermé dans E.
p
Preuve : Commecons par remarquer que F = F1 × · · · × Fp = Gi avec pour tout i ∈ J1; pK,
\
i=1
Gi = E1 × · · · × Ei−1 × Fi × Ei+1 × · · · × Ep
E \ Gi est un produit de d’ouverts, il est donc ouvert et alors Gi est fermé. Finalement, on en déduit que
F est intersection de fermés, il est donc fermé.
Attention : si F est un fermé de E, sa projection πk (F ) avec k ∈ J1; pK n’est pas forcément un fermé.
En effet, dans le cas où E = R2 , on peut considérer F = {(x, y) ∈ R2 , xy = 1} qui est fermé car l’image
réciproque du fermé {1} par l’application continue (x, y) 7−→ xy, mais π1 (F ) = R∗ n’est pas fermé.
89
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Soit (xn )n∈N = (xn,1 , . . . , xn,p ) ∈ E N et x = (x1 , . . . , xp ) ∈ E. Les propositions suivantes sont
équivalentes.
1. xn −−−−→ x
n→+∞
2. ∀i ∈ J1; pK, xn,i −−−−→ xi
n→+∞
Preuve
(1) ⇒ (2) Si xn −−−−→ x, alors pour tout i ∈ J1; pK, par continuité de πi (πi est 1−lipschitzienne donc
n→+∞
continue)
xn,i = πi (xn ) −−−−→ πi (x) = xi
n→+∞
Proposition II.5.
Preuve : la preuve se fait d’une manière identique à celle pour les suites et est donc laissée comme
exercice au lecteur.
Proposition II.6.
90
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition II.7.
Cette application est une isométrie, elle est donc continue. Or on a pour tout i ∈ J1; pK, fa,i = f ◦ ja,i .
fa,i est composition de fonctions continues, elle est donc continue.
Définition II.8.
On considère le cas particulier où pour tout i ∈ J1; pK, Ei est un intervalle ouvert de R et Y
est un espace vectoriel normé. Pour tout i ∈ J1; pK, on appelle i−ème dérivée partielle partielle
de f lorsqu’elle existe, l’application suivante
∂f E −→ Y
: fx,i (ti )−fx,i (xi )
∂xi x 7−→ limti →xi ti −xi
Vocabulaire : une fonction de E vers Y continue, qui admet des dérivées partielles continues est dite
dans C 1 .
Les applications partielles de f en tout point de R2 sont continues sur R, mais f n’est pas continue en
(0, 0), car en considèrant la suite qui tends vers 0, (( n1 , n1 ))n∈N∗ on voit que pour tout n ∈ N∗ f ( n1 , n1 ) = 12
et ne tend donc pas vers 0, ce qui fait que f n’est pas continue en (0, 0).
Exercice II.9.
Soit f une application de R2 dans R qui admet des applications partielles continues en tout
point de R2 . Montrer que f est limite simple d’une suite de fonctions continues.
91
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Avec A une partie finie de Nn . Dans toute la suite de cette partie, on fixe P ∈ K[X1 , . . . , Xn ].
Remarque : en première année, les polynômes ont étés vus comme des suites stationnaires en 0. De la
même manière, on peut voir les polynômes de K[X1 , . . . , Xn ] comme des suites à valeurs dans K indexées
par Nn et dont le nombre de termes non nuls est fini. Ici par exemple, on se limite dans la somme aux
indices (α1 , . . . , αn ) ∈ Nn tels que aα1 ,...,αn ̸= 0, mais sachant qu’il y a un nombre fini de coefficients non
nuls, on aurait pu écrire
→ Pour tout i ∈ J1; nK, le degré partiel du monôme X1α1 . . . Xnαn en Xi est αi .
→ Le degré de P est défini par deg P = maxα∈A′ (α1 + · · · + αn ) avec A′ l’ensemble des multi-indices
α tels que aα ̸= 0.
Définition II.11.
Proposition II.12.
Soit P = aα1 ,...,αn X1α1 . . . Xnαn et Q = bα1 ,...,αn X1α1 . . . Xnαn deux éléments de
X X
K[X1 , . . . , Xn ]. On pose C = A ∪ B.
1. P + Q = (aα1 ,...,αn + bα1 ,...,αn )X1α1 . . . Xnαn
X
(α,β)∈A×B
92
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition II.13.
Preuve
On a
PQ = aα bβ X1α1 +β1 . . . Xnαn +βn
X
(α,β)∈A×B
XP
deg
P = aα1 ,...,αn X1α1 . . . Xnαn = aα1 ,...,αn X1α1 . . . Xnαn
X X
L’unicité de cette écriture découle du fait qu’un polynôme nul est nécessairement à coefficients nuls,
on a donc bien P ∈ Hk (X1 , . . . , Xn ), d’où le résultat voulu.
L
k∈N
3. Le fait que K[X1 , . . . , Xn ] soit une algèbre commutative ne présente pas de difficulté majeure, nous
allons donc uniquement montrer que cette algèbre est intègre.
Soit P, Q ∈ K[X1 , . . . , Xn ] \ {0}. On pose
Posons aussi
PQ = cα1 ,...,αn X1α1 . . . Xnαn
X
93
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Définition II.14.
Proposition II.15.
Preuve : pour tout i ∈ J1; pK, X̃i = πi , donc X̃i est continue. Pour tout P ∈ K[X1 , . . . , Xn ], la fonction
P̃ est produit et combinaison linéaire des fonctions continues X̃i avec i ∈ J1; nK, elle est donc continue.
Proposition II.16.
N
P = Qk (X1 , . . . , Xn−1 )Xnk
X
k=0
k=0
N
le polynôme R(Y ) = Qk (a1 , . . . , an−1 )Y k est nul sur An et possède donc une infinité de racines. Ce
X
k=0
polynôme est donc nul. On peut alors affirmer que pour tout k ∈ J1; N K et (a1 , . . . , an−1 ) ∈ A1 ×· · ·×An−1 ,
Qk (a1 , . . . , an−1 ) = 0. Qk s’annulle donc sur A1 × · · · × An−1 et alors par hypothèse de récurrence, pour
tout k ∈ J1; N K, Qk = 0 et finalement P = 0.
Exercice II.17.
94
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice II.18.
Exercice II.19.
95
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Lemme II.20.
Soit f une fonction continue et g une fonction de signe constant sur [a, b] non identiquement
nulle. Il existe c ∈ [a, b] tel que
Z b Z b
f (t)g(t)dt = f (c) g(t)dt
a a
Z b
Preuve : on suppose sans perte de généralité que g est positive. On a alors g(t)dt > 0. Soit α, β ∈ [a, b]
a
telle que f (α) = inf t∈[a,b] f (t) et f (β) = supt∈[a,b] f (t). On a
Z b Z b Z b
f (α)g(t)dt ≤ f (t)g(t)dt ≤ f (β)g(t)dt
a a a
et alors Z b
f (t)g(t)dt
f (α) ≤ a
Z b ≤ f (β) (∗)
g(t)dt
a
f étant continue, le théorème des valeurs intermédiraire nous permet d’affirmer l’existence d’un réel
c ∈ [a, b] tel que
Z b
f (t)g(t)dt
a
Z b = f (c)
g(t)dt
a
d’où le résultat voulu.
Remarque : l’inégalité (∗) est en général fausse lorsque g n’est pas de signe constant.
Montrons à présent que l’intégrale de l’exercice converge vers la quantitée voulue.
Soit n ∈ N∗ , on a
n
Z 1 ⌊ 2π ⌋−1 Z (2k+1)π Z (2k+2)π Z 1
n n
f (t) |sin(nt)| dt = f (t) sin(nt)dt − f (t) sin(nt)dt + f (t) |sin(nt)| dt
X
2kπ (2k+1)π n 2π
0 k=0 n n
⌊ 2π ⌋n
En appliquant le lemme précédent sur les deux premières intégrales ci-dessus, on peut affirmer, pour tout
n
k ∈ J0; ⌊ 2π ⌋ − 1K l’existence de ck,n ∈ [ 2kπ
n
, (2k+1)π
n
] et c′k,n ∈ [ (2k+1)π
n
, (2k+2)π
n
] tels que
2
Z (2k+1)π Z (2k+1)π
n n
f (t) sin(nt)dt = f (ck,n ) sin(nt)dt = f (ck,n )
2kπ
n
2kπ
n
n
et
2
Z (2k+2)π Z (2k+2)π
n n
f (t) sin(nt) = f (c′k,n ) sin(nt) = − f (c′k,n )
(2k+1)π
n
(2k+1)π
n
n
96
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n n
⌊ ⌋−1 ⌊ ⌋−1
Z 1
2 2πX 2 2πX Z 1
f (t) |sin(nt)| dt = f (ck,n ) + f (ck,n ) + n 2π f (t) |sin(nt)| dt
′
0 n k=0 n k=0 ⌊ 2π ⌋ n
n
2⌊ 2π ⌋−1
2 X π Z 1
= f (c̃k,n ) + n 2π f (t) |sin(nt)| dt
π k=0 n ⌊ 2π ⌋ n
Z 1
La somme dans la ligne ci-dessus est une somme de Riemann sur [0, 1], donc elle converge vers f (t)dt.
0
De plus t 7−→ f (t) |sin(nt)| est bornée uniformément (sa borne supérieure ne dépend pas de n) sur [0, 1]
et ⌊ 2π ⌋ n −−−−→ 1, donc
n 2π
n→+∞
Z 1
f (t) |sin(nt)| dt −−−−→ 0
n 2π
⌊ 2π ⌋n n→+∞
Correction de l’exercice 2 :
n
On a pour tout P = ak X k ∈ E,
X
k=0
1X n
1 1
∥P ∥0 = max(|a0 | , . . . , |an |) ≥ |ak | ≥ max(|a0 | , . . . , |an |) = ∥P ∥0
n k=0 n n
donc
1 1
∥P ∥0 ≥ ∥P ∥1 ≥ ∥P ∥0
n n
et alors ∥.∥0 ∼ ∥.∥1 .
On a aussi n
|ak | = ∥P ∥1
X
∥P ∥∞ ≤
k=0
donc ∥.∥1 est plus fine que ∥.∥∞ , mais ∥.∥∞ n’est pas toujours plus fine que ∥.∥1 .
n
En effet, si on consisdère la suite le polynôme Pn = (−1)k kX k−1 , on a pour tout x ∈ [0, 1],
X
k=1
′ !′
n
1 − (−x)n
P̃n (x) = k
= x
X
−x
1+x
k=0
et donc ∥Pn ∥∞ ≤ n + 4.
97
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n
n(n + 1)
On a aussi ∥Pn ∥1 = k= , donc s’il exsite C > 0 tel que pour tout n ∈ N,
X
k=1 2
∥Pn ∥1 ≤ C ∥Pn ∥∞ , alors on aura n(n+1)
2
≤ C(n + 4) ce qui est faux pour n assez grand, d’où le résultat
voulu.
Correction de l’exercice 3 :
On va approcher f par une suite de fonctions de première application partielle affine par morceaux.
Soit n ∈ N∗ . On subdivise R en la famille d’intervalles ([ nk , k+1
n
[)k∈Z . Pour tout n ∈ N∗ , on définit fn
de la manière suivante : pour tout (x, y) ∈ R2 et k ∈ Z, si x ∈ [ nk , k+1 n
[, on pose x = k+εnn,x avec
εn,x = nx − ⌊nx⌋ ∈ [0, 1[. On a alors
k+1
! ! !!
k k
fn (x, y) = f , y + εn,x f ,y − f ,y
n n n
Montrons que pour tout n ∈ N∗ , fn est continue. Soit n ∈ N et x ∈ R, soit k ∈ Z tel que x ∈ [ nk , k+1n
[.
→ Cas x ∈] n , n [
k k+1
] nk , k+1
n
[ étant ouvert, on peut supposer que tous les couples considérés sont dans ] nk , k+1
n
[×R. On
pose alors pour tout u ∈] n , n [, u = n avec εn,u ∈ [0, 1[. On a alors, lorsque (u, v) −→ (x, y),
k k+1 k+εn,u
k+1
! ! !!
k k
fn (u, v) = f , v + εn,u f ,v − f ,v
n n n
k+1
! ! !!
k k
−−−−−−→ f , y + εn,x f ,y − f ,y = f (x, y)
(u,v)→(x,y) n n n
k+1
! ! !! !
k k k
fn (u, v) = f , v + εn,u f ,v − f ,v −−−−−−→ f ,y
n n n (u,v)→(x,y) n
k−1 k−1
! ! !! !
k k
fn (u, v) = f , v + εn,u f ,v − f ,v −−−−−−→ f ,y
n n n (u,v)→(x,y) n
k+1
! ! !!
k k
fn (x, y) = f , y + εn,x f ,y − f ,y −−−−→ f (x, y)
n n n n→+∞
98
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Correction de l’exercice 4 :
On a pour tout M = (mi,j )i,j∈J1;nK ∈ Mn (C)
n
det M =
X Y
ε(σ) mi,σ(i)
σ∈Sn i=1
L’application det est alors polynômiale et donc continue. Or GLn (C) = det−1 (R∗ ), il s’agit de l’image
réciproque d’un ouvert par une application continue, c’est donc un ouvert.
Correction de l’exercice 5 :
On a Z(P ) = P̃ −1 ({0}), il s’agit de l’image réciproque d’un fermé par une application continue (car
polnyômiale), c’est donc un fermé.
Supposons que Z(P ) n’est pas d’intérieur vide. Il existe alors ε > 0 et x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Z(P ) tel que
B(x, ε) ⊂ Z(P ). P s’annule alors sur B(x, ε) = Bd1 (x1 , ε)×· · ·×Bdn (xn , ε). Pour tout i ∈ J1; nK, Bdi (xi , ε)
est infinie. P s’annule sur le produit d’ensembles infinis, il est donc nul ce qui est absurde. On en déduit
donc que Z(P ) est bien fermé d’intérieur vide.
Correction de l’exercice 6 :
On peut écrire P de la manière suivante
N
P (X, Y ) = Qk (Y )X k
X
k=0
avec QN ̸= 0.
→ Cas N = 0
Lorsque N = 0, alors Q0 est nécessairement non nul et admet au moins une racine qu’on note a.
On a alors pour tout x ∈ C, P̃ (x, a) = 0 ce qui implique que C × {a} ⊂ Z(P ). Z(P ) est donc infini.
→ Cas N ≥ 1
A = {a ∈ C, QN (a) ̸= 0} est infini. soit a ∈ A. x 7−→ P̃ (x, a) est une fonction polynômiale de degré
N , elle admet donc au moins une racine b et donc (a, b) ∈ Z(P ). A étant infini, on peut construire
une infinité de couples d’élèments distincts de Z(P ), Z(P ) est alors bien infini.
99
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Chapitre 11.5
Compacité
Dans ce chapitre, on considère X un espace metrique muni d’une distance d. Tous les ensembles considérés
sont, lorsque cela est nécessaire, non vides.
I Valeurs d’adhérence
Proposition I.1.
Soit (xn )n∈N une suite à valeurs dans X et a ∈ X. Les propriétés suivantes sont équivalentes.
1. ∀ε > 0, ∀N ∈ N, ∃n ≥ N, xn ∈ B(a, ε)
2. Pour tout ε > 0, l’ensemble des indices n tels que d(xn , a) < ε est infini.
3. Il existe une extractrice φ tell que xφ(n) −−−−→ a.
n→+∞
Lorsque ces propriétés sont vérifiées, on dit que a est une valeur d’adhérence de (xn )n∈N .
Preuve
→ (1) ⇒ (2)
La proposition (1) implique que pour tout ε > 0, l’ensemble des indices n ∈ N telle que d(a, xn ) < ε
est non borné. Il est donc infini.
→ (2) ⇒ (3)
Construisons par récurrence une extractrice φ qui vérifie pour tout n ∈ N, d(a, xφ(n) ) < n+11
. Pour
n = 0, l’ensemble A0 = {n ∈ N, d(a, xn ) < 1} est infini donc non vide. On pose alors φ(0) = m
avec m ∈ A.
Soit n ∈ N, supposons que φ(0), φ(1), . . . , φ(n) sont correctement définis.
L’ensemble An = {k ∈ N, d(a, xk ) < n+2 1
} est infini. On dispose donc de r ∈ An tel que pour tout
i ∈ J1; nK, r > φ(i). On pose alors φ(n + 1) = r, ce qui donne bien d(a, xφ(n+1) ) < n+2
1
.
→ (3) ⇒ (1)
Soit ε > 0 et N ∈ N. xφ(n) −−−−→ a, donc il existe n′ ≥ N tel que xφ(n′ ) ∈ B(a, ε), il suffit alors de
n→+∞
voir que n = φ(n′ ) vérifie la propriété voulue.
Notation : pour toute suite (xn ) ∈ X N , on note Adh((xn )n∈N ) l’ensemble des valeurs d’adhérence de
(xn ). Pour simplifier, et lorsqu’il n’y a pas ambiguïté, on notera Adh((xn )n∈N ) comme Adh(xn ).
Proposition I.2.
p∈N
100
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→ (⊃) Soit a ∈ Ap . Soit ε > 0 et N ∈ N. a ∈ AN , donc pour tout ε > 0, il existe n ≥ N tel que
\
p∈N
xn ∈ B(a, ε), i.e. a ∈ Adh(xn ).
L’espace metrique (X, d) est dit compact lorsque toute suite à aleurs dans X admet une valeur
d’adhérence dans A.
Une partie A de X est dite compacte si elle l’est pour la distance induite.
Exemples
→ R n’est pas compact pour la distance induite par la valeur absolue. En effet, si on considère la suite
(un )n∈N définie par ∀n ∈ N, un = n, on peut voir que toute extractrice de un tend vers l’infini et
donc (un ) n’admet pas de valeur d’adhérence.
→ R est compact pour la distance d : (x, y) 7−→ |arctan(x) − arctan(y)| (avec arctan(+∞) = π
2
et
arctan(−∞) = − π2 ).
Proposition II.2.
Preuve
2. (⇒) Le sens de gauche à droite est une simple conséquence de la propriété précédente.
(⇐) Supposons que A est fermé. Soit (an ) ∈ AN . Y est compact, il existe donc une extractrice φ et
un élément x de Y tel que aφ(n) −−−−→ x. A étant fermé, on a nécessairement x ∈ A et donc
n→+∞
A est compact.
101
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La suite (xφ◦ψ(n) )n∈N converge donc bien vers (a1 , . . . , ap+1 ) ∈ X1 × · · · × Xp+1 .
L’espace X1 × · · · × Xp+1 est donc bien compact.
Proposition III.2.
Soit n ∈ N∗ et A une partie de Rn munie de ∥.∥∞ . A est compact si et seulement si il est fermé
et borné.
Preuve
(⇒) Cette implication a déjà été montrée auparavant.
(⇐) Supposons que A est fermée et bornée. A étant borné, il existe M ≥ 0 tel que pour tout a ∈ A,
∥a∥∞ ≤ M . On a alors A ⊂ [−M, M ]n . [−M, M ] étant compact, [−M, M ]n est un produit de
compacts de R, c’est donc un compact. A est fermé borné et est inclus dans un compact, il est donc
compact d’après ce qui précéde.
Conséquence : par équivalence des normes en dimension finie, si on munit Rn d’une norme quelconque
∥.∥, l’équivalence ci-dessus reste vraie.
Attention : cette équivalence est fausse en dimension infinie en général. En effet, pour le voir, il suffit
de considérer l’exemple suivant.
On considère l’espace vectoriel normé E = C([0, 2π], R) muni de la norme ∥.∥2 définie par
Z 2π 21
∀f ∈ E ∥f ∥2 = f (t) dt
2
0
102
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n, m ∈ N tels que m ̸= m,
Z 2π Z 2π
∥fn − fm ∥22 = (sin(nt) − sin(mt)) dt =
2
sin(nt)2 + sin(mt)2 − 2 sin(nt) sin(mt)dt = 2π
0 0
√
on en déduit que pour toute extractrice φ et tout n ∈ N,
fφ(n) − fφ(n+1)
= 2π et donc (fφ(n) ) ne
2
peut pas converger.
En résumé, on a trouvé une suite (fn ) à valeurs dans un fermé borné dont aucune suite extraite ne
converge, donc Bf (0, π) est fermé borné mais n’est pas compact.
Définition III.3.
Soit (un )n∈N une suite à valeurs dans X. On dit que (un ) est de Cauchy si
Remarque : toute suite convergente est de Cauchy. Montrons ce résultat. Soit ε > 0 si (un ) ∈ X N est
convergente vers une limite u ∈ X, il suffit de prendre N ∈ N assez grand pour qu’on ait pour tout
n ≥ N , d(un , u) < 2ε . On a alors pour tout n, m ≥ N , d(un , um ) ≤ d(un , u) + d(um , u) < ε.
Attention : la réciproque est fausse. En effet, si on considère l’espace vectoriel normé R[X] muni de
∥.∥1 , et la suite (Pn ) ∈ R[X]N définie par
n
1 k
∀n ∈ N, Pn (X) =
X
X
k=0 2k
Montrons que cette suite de Cauchy. Soit ε > 0, on a pour tout m, n ∈ N, si n > m, alors
n
1 X 1
+∞
1
∥Pn − Pm ∥1 = = m
X
≤
k=m+1 2k
k=m+1 2
k 2
Il existe donc N ∈ N assez grand tel que pour tout n, m > N , 21m < ε et alors ∥Pn − Pm ∥1 < ε, donc (Pn )
est de Cauchy.
En revanche, cette suite n’est pas convergente. En effet, pour tout polynôme Q de degré m, pour tout
n > m,
n
1 1
−−−−→ m ̸= 0
X
∥Pn − Q∥ ≥
k=m+1 2 2
k n→+∞
(Pn ) ne peut donc pas converger vers Q et alors (Pn ) n’est pas convergente.
Définition III.4.
On dit que X est complet lorsque toute suite à valeurs dans X de Cauchy converge.
Preuve : supposons que X est compact. Soit (un ) ∈ X N une suite de Cauchy. Soit φ une extractrice et
103
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
u ∈ X tels que uφ(n) −−−−→ u. Soit ε > 0 et N ∈ N tel que pour tout m, n ≥ N d(un , um ) < 2ε . Soit
n→+∞
N ′ ∈ N tel pour tout n ≥ N ′ d(uφ(n) , u) < 2ε . On a alors
Remarque : la preuve ci-dessus nous dévoile un résultat utile : peu importe l’espace X, une suite
(un ) ∈ X N de Cauchy qui admet une valeur d’adhérence est convergente. Plus généralement, une suite
de Cauchy admet au plus une seule valeur d’adhérence.
Attention : la réciproque de ce résultat est fausse. En effet, R est complet mais n’est pas compact.
Montrons ce résultat. Si (un ) ∈ RN est de Cauchy, alors il existe N ∈ N tel que pour tous m, n ≥ N ,
|un − um | < ε. En prenant ε = 1, on voit que pour tout n ≥ N , |un − uN | < 1. On en déduit donc
immédiatement que (un ) est bornée par max(|u0 | , |u1 | , . . . , |uN −1 | , |uN |) + 1. On peut donc appliquer
Bolzano-Weierstrass pour affirmer que (un ) admet une valeur d’adhérence. (un ) est une suite de Cauchy
qui admet une valeur d’adhérence, elle est donc convergente et donc R est complet.
Proposition IV.2.
Preuve
(⇒) Cette implication ne présente pas de difficulté et est laissée comme exercice au lecteur.
(⇐) Par compacité de X, (un ) admet au moins une valeur d’adhérence, donc (un ) admet exactement
une valeur d’adhérence qu’on note u. Supposons que (un ) ne converge pas vers u. Il existe donc
ε > 0 tel que Aε = {n ∈ N, d(un , u) ≥ ε} est infini. On considère alors φ une extractrice telle que
φ(N) ⊂ Aε . Par construction, on a pour tout n ∈ N, d(uφ(n) , u) ≥ ε. Mais (uφ(n) ) est à valeurs
dans le compact X, donc il existe x ∈ X et ψ une extractrice telle que uφ◦ψ(n) −−−−→ x, mais
n→+∞
ε ≤ d(uφ◦ψ(n) , u) −−−−→ d(x, u), donc x ̸= u. On a trouvé une valeur d’adhérence de (un ) différente
n→+∞
de u ce qui est absurde.
Exercice IV.3.
Exercice IV.4.
Supposons que X est compact. Soit (un ) une suite à valeurs dans X. Montrer que
104
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice IV.5.
Supposons que X est compact. Soit f ∈ C(X, X) et (un ) une suite définie par
u
0 ∈X
∀n ∈ N, un+1 = f (un )
Exercice IV.6.
Γf = {(x, f (x)), x ∈ X} ⊂ X × Y
V Uniforme continuité
Théorème (Théorème de Heine) V.1.
Soit Y un espace metrique muni d’une distance δ et f ∈ C(X, Y ). Si X est compact, alors f
est uniformément continue.
Il existe donc un certain ε > 0 pour lequel il existe deux suites (xn ) et (yn ) à valeurs dans X vérifiant
1
∀n ∈ N, d(xn , yn ) < et δ(f (xn ), f (yn )) ≥ ε
n+1
X étant compact, il existe une extractrice φ telle que (xφ(n) ) est convergente. De même, il existe une
extractrice ψ telle que (yφ◦ψ(n) ) soit convergente. Or, on a pour tout n ∈ N
1
d(xφ◦ψ(n) , yφ◦ψ(n) ) < −−−−→ 0
φ ◦ ψ(n) + 1 n→+∞
105
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice V.2.
[0, 1]
−→ R
Soit f ∈ C([0, 1]2 , R), montrer que φ : 7−→ sup f (x, y) est continue.
x
y∈[0,1]
Preuve
1. Soit (yn )n∈N une suite à valeurs dans f (X). Il existe une suite (xn ) ∈ X N telle que pour tout n ∈ N,
f (xn ) = yn . Comme X est compact, il existe une extractrice φ telle que (xφ(n) ) converge vers un
élément x de X. Par continuité de f , on a
2. D’après le point précédent, f (X) est compact donc c’est un fermé borné, cet ensemble contient
alors sa borne supérieure et sa borne inférieure car c’est les limites de suites à valeurs dans f (X).
On en déduit qu’il exsite a, b ∈ X tel que f (a) = sup f (X) et f (b) = inf f (X). f est donc bornée
et atteint ses bornes.
Corollaire VI.2.
Preuve : F est un fermé dans un compact, c’est donc un compact et alors f (F ) est compact et finalement
c’est un fermé dans Y .
Exercice VI.3.
On suppose que X est compact. Soit f ∈ C(X, Y ) bijective. Montrer que f −1 est continue.
Exercice VI.4.
Soit f, g ∈ C([0, 1], [0, 1]) tels que f ◦g = g◦f . Montrer qu’il existe a ∈ [0, 1] tel que f (a) = g(a).
106
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Exercice VI.5.
Soit E un espace vectoriel normé muni d’une norme ∥.∥. Soit A et B deux parties de E. On
pose
A + B = {a + b, (a, b) ∈ A × B}
dire lesquelles des propositions suivantes sont vraies.
1. Si A ou B est ouvert, alors A + B est ouvert.
2. Si A et B sont compacts, alors A + B est compact.
3. Si A est compact et B est fermé, alors A + B est fermé.
4. Si A et B sont fermés alors A + B est fermé.
Exercice VI.6.
VII Compléments
1. Recouvrement fini d’un compact
Proposition VII.1.
On suppose que X est compact. Pour tout ε > 0, il existe p ∈ N∗ et a1 , . . . , ap tels que
p
X=
[
B(ak , ε)
k=1
Soit ε > 0 vérifiant la propriété ci-dessus. Construisons la suite (an )n∈N ∈ X N de la manière suivante :
n
On prend tout d’abord a0 ∈ X au hasard. Soit n ∈ N tel que an est bien défini. An = X \ B(ak , ε) est
[
k=0
non vide, on peut donc prendre an+1 dans An . Par contruction, on a pour tout n ̸= m, d(an , am ) ≥ ε et
donc pour toute extractrice φ, pour tout n ∈ N, d(aφ(n) , aφ(n+1) ) ≥ ε. (aφ(n) ) ne peut donc pas converger
et alors X n’est pas compact ce qui est absurde.
107
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice VII.2.
et tel que toute famille de points y1 , . . . , yn vérifiant la propriété (∗) est de cardinal
inférieur à N (i.e. n ≤ N ).
2. Soit f : X −→ X une isométrie. Montrer que f est surjective.
2. Fermés emboités
Proposition VII.3.
On suppose que X est compact. Pour toute suite de fermés non vides décroissante pour l’in-
clusion (Fn )n∈N ∈ P(X)N , Fn ̸= ∅.
\
n∈N
Preuve : Soit (xn ) une suite à valeurs dans X telle que pour tout n ∈ N, xn ∈ Fn (cette suite existe car
tous les Fn sont non vides). La suite (Fn ) étant décroissante, on a pour tout n ∈ N et tout i ≤ n, xn ∈ Fi .
X étant compact, il existe une extractrice φ telle que (xφ(n) ) converge vers un élément x de X. On a
alors pour tout p ∈ N, la suite (xφ(n) ) est à valeurs dans Fp à partir d’un certain rang donc x est limite
d’une suite à valeurs dans Fp , i.e. x ∈ Fp = Fp . On a donc pour tout p ∈ N, x ∈ Fp et alors x ∈ Fn et
\
n∈N
finalement Fn ̸= ∅.
\
n∈N
Corollaire VII.4.
On suppose que X est compact. Soit (fn ) une suite de fonctions à valeurs dans C(X, R) et
f ∈ C(X, R). Si pour tout x ∈ X, la suite (fn (x))n∈N est croissante et converge vers f (x), alors
(fn ) converge uniformément vers f .
Preuve : Soit ε > 0. Posons pour tout n ∈ N, Fn = {x ∈ X, |fn (x) − f (x)| ≥ ε}. Remarquons tout
d’abord que pour tout n ∈ N, Fn est l’image réciproque d’un fermé par une fonction continue, c’est donc
un fermé dans X. De plus, pour tout n ∈ N, si x ∈ Fn+1 , alors |fn+1 (x) − f (x)| ≥ ε, i.e. f (x)−ε ≥ fn+1 (x)
mais fn+1 (x) ≥ fn (x), donc f (x) − ε ≥ fn (x) et finalement x ∈ Fn . La suite (Fn ) est donc décroissante.
→ Sinon, toutes les hypothèses de la propriété précédente sont vérifiées, on peut donc affirmer que
Fn ̸= ∅. Soit x ∈ Fn . On a pour tout n ∈ N, |fn (x) − f (x)| ≥ ε, donc (fn (x)) ne converge
\ \
n∈N n∈N
pas vers f (x) ce qui est absurde.
On peut donc affirmer l’existence de nε ∈ N tel que pour tout n ≥ nε et pour tout x ∈ X,
|fn (x) − f (x)| < ε, i.e. (fn ) converge uniformément vers f .
108
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Exercice VII.5.
+∞
|xk − yk |
Montrer que [0, 1]N muni de la distance d : ((xn ), (yn )) 7−→ est compact.
X
k=0 2k
Exercice VII.6.
K= z ∈ C, ∃A ∈ P(N), z =
X
zn
n∈A
109
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i=1
Soit N ∈ N tel que pour tout n ≥ N , n ̸∈ C et ∥un+1 − un ∥ < ε. Soit n1 ≥ N tel que un1 ∈ B(a1 , ε),
n2 ≥ n1 tel que un2 ̸∈ B(a1 , ε) et k = max {l ∈ Jn1 ; n2 K, ul ∈ B(a1 , ε)}.
On a par construction uk ∈ B(a1 , ε) et ∃i ̸= 1 uk+1 ∈ B(ai , ε). On a donc
→ f (A) ⊂ A
Soit a ∈ A. Il existe une extractrice φ telle que uφ(n) −−−−→ a. On a alors
n→+∞
uφ(n)+1 = f (uφ(n) ) −−−−→ f (a). f (a) est donc une valeur d’adhérence de (un ), i.e. f (a) ∈ A. On
n→+∞
conclut donc que f (A) ⊂ A.
→ A ⊂ f (A)
On reprend les notations du point précédent.
On considère l’extractrice φ′ : n 7−→ φ(n) − 1. Soit ψ une extractrice telle que (uφ′ ◦ψ(n) )n≥1
converge vers un certain b ∈ A. On a alors f (uφ′ ◦ψ(n) ) = f (uφ◦ψ(n)−1 ) = uφ◦ψ(n) . De plus, on
a f (uφ′ ◦ψ(n) ) −−−−→ f (b) et uφ◦ψ(n) −−−−→ a. On a donc finalement a = f (b) ∈ f (A) et alors
n→+∞ n→+∞
A ⊂ f (A).
1. Soit (wn ) = ((xn , f (xn )))n∈N une suite convergente à valeurs dans Γf . On pose (x, y) la limite de
cette suite. On a xn −−−−→ x, donc f (xn ) −−−−→ f (x). Mais on a aussi f (xn ) −−−−→ y, donc
n→+∞ n→+∞ n→+∞
(x, y) = (x, f (x)) ∈ Γf . La limite de (wn ) est dans Γf ce qui nous permet d’affirmer que Γf est
fermé.
110
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
g −1 ({0}) est l’image réciproque d’un fermé par une fonction continue, c’est donc un fermé. {(0, 0)}
étant aussi un fermé, on en déduit que Γf est fermé dans X × Y .
3. Soit x ∈ X. Soit (xn )n∈N une suite à valeurs dans X qui converge vers x. Considérons la suite
(wn )n∈N à valeurs dans Γf définie par (wn ) = (xn , f (xn ))n∈N . Par hypothèse, Y est compact, il
existe donc une extractrice φ tel que (f (xφ(n) )) converge dans Y et donc (wφ(n) )n∈N converge dans
Γf car c’est un fermé, i.e. il existe y ∈ X tel que wφ(n) −−−−→ (y, f (y)). On a alors xn −−−−→ y et
n→+∞ n→+∞
f (xφ(n) ) −−−−→ f (y). Or xφ(n) −−−−→ x, donc y = x et f (xφ(n) ) −−−−→ f (x). On a donc montré
n→+∞ n→+∞ n→+∞
que (f (xn )) admet une unique valeur d’adhérence f (x) et est à valeurs dans le compact Y , et par
conséquence converge vers f (x). D’où la continuité de f .
∀(x, y), (x′ , y ′ ) ∈ [0, 1]2 , ∥(x, y) − (x′ , y ′ )∥ < η =⇒ |f (x, y) − f (x′ , y ′ )| < ε
Soit x′ tel que |x − x′ | < η, on a alors pour tout y ∈ [0, 1], ∥(x, y) − (x′ , y)∥ = |x − x′ | < η et donc
i.e.
f (x′ , y) − ε < f (x, y) < f (x′ , y) + ε
En passant à la borne supérieure de chaque côté de l’inégalité, on obtient
i.e.
|φ(x) − φ(x′ )| ≤ ε
d’où la continuité de φ.
111
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
On a Γf −1 = i(Γf ) et i envoie les fermés su des fermés (preuve laissée en exercice), donc Γf −1 est
fermé dans Y × X. X étant compact, l’exercice IV.6. nous donne que f −1 est continue.
→ Méthode 3 : Considérons (yn ) une suite à valeurs dans Y qui converge vers b. On pose a = f −1 (b)
et (xn ) = (f −1 (yn ))n∈N . Pour montrer que f −1 est continue, il faut montrer que xn −−−−→ a.
n→+∞
(xn ) est à valeurs dans le compact X, on peut donc considérer a′ une valeur d’adhérence de (xn ). Il
existe une extractrice φ telle que xφ(a) −−−−→ a′ . On a par continuité de f , f (xφ(n) ) −−−−→ f (a′ ).
n→+∞ n→+∞
Mais on a aussi f (xφ(n) ) = yn −−−−→ b, donc f (a′ ) = b, i.e. a′ = f −1 (b) = a. On a alors montré que
n→+∞
(xn admet une unique valeur d’adhérence qui est a. (xn ) étant à valeurs dans un compact, on peut
déduire que xn −−−−→ a, d’où le résultat voulu.
n→+∞
112
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
√
→ B = 2Z fermé dans R.
√
→ A + B = Z + 2Z = R ̸= A + B, donc A + B n’est pas fermé dans R.
|φ(x) − φ(y)| ≤ |d(x, f (x)) − d(y, f (x))| + |d(y, f (x)) − d(y, f (y))|
≤ d(x, y) + d(f (x), f (y))
≤ 2d(x, y)
(εn ) est donc décroissante minorée par 0, elle est alors convergente. Notons α sa limite.
→ Si α = 0, alors un −−−−→ l ce qui est bien le résultat voulu.
n→+∞
→ Supposons que α > 0.
X étant compact, on peut considérer a une valeur d’adhérence de un . Soit φ une extractrice telle
que uφ(n) −−−−→ a. Par continuité de u 7−→ d(l, u), d(uφ(n) , l) −−−−→ d(a, l), donc d(a, l) = α.
n→+∞ n→+∞
Or, uφ(n)+1 = f (uφ(n) ) −−−−→ f (a), donc f (a) est aussi une valeur d’adhérence de (un ). Par
n→+∞
un raisonnement similaire à ce qui précéde, f (a) étant une valeur d’adhérence de (un ), on peut
affirmer que d(f (a), l) = α. On a alors
ce qui est absurde, donc a bien α = 0, d’où le résultat voulu. La dernière inégalité provient du
fait que a ̸= l car f (a) = f (l) entrainerait α = 0 ce qui est faux par hypothèse.
113
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Soit n > p et y1 , . . . , yn ∈ X . Par principe des tiroirs, il existe (k, i, j) ∈ N , tel que i ̸= j,
n ∗3
yi ∈ B ak , 3ε et yj ∈ B ak , 3ε . On a alors
ε ε 2ε
d(yi , yj ) ≤ d(yi , ak ) + d(ak , yj ) ≤ + = <ε
3 3 3
A est donc une partie de N majorée par p, elle admet donc un maximum qu’on note N . N vérifie
bien la propriété voulue.
2. Rappel : f : X −→ X est une isométrie si ∀(x, y) ∈ X 2 , d(f (x), f (y)) = d(x, y).
On pose N = max A et on considère x1 , . . . , xN vérifiant (∗). Posons pour tout i ∈ J1; N K, f (xi ) = yi .
f étant une isométrie, on a pour tout i ̸= j, d(yi , yj ) ≥ d(xi , xj ) ≥ ε, i.e. y1 , . . . , yN vérifie (∗).
N
→ Montrons que X =
[
B(yk , ε).
k=1
N N
Supposons que X \ B(yk , ε) ̸= ∅. On dispose alors de z ∈ X \ B(yk , ε). Par contruction,
[ [
k=1 k=1
(y1 , . . . , yN , z) est une famille de cardinal N + 1 qui vérifie (∗) ce qui est absurde. On en déduit
N
donc qu’on a bien X =
[
B(yk , ε).
k=1
→ Montrons finalement que f est surjective.
N
On a {y1 , . . . , yN } ⊂ f (X) et X = B(yk , ε), donc pour tout z ∈ X,
[
k=1
Cette ingalité est valable pour tout ε, ce qui nous donne que pour tout z ∈ X, d(z, f (X)) = 0,
i.e. z ∈ f (X). X est compact et f est continue car c’est une isométrie, on a donc que f (X)
est compact, donc f (X) = f (X).
En résumé, on a que X ⊂ f (X) = f (X) ce qui nous donne que f (X) = X, i.e. f est surjective.
Montrons qu’il s’agit bien d’une extractrice. Pour cela, il faut montrer que φ est strictement croissante.
Soit l, k ∈ N tel que l < k. On a
ψ est une extractrice car c’est une composition d’extractrices, on a alors ψ(k) ≥ k > l. De plus φ0 ◦· · ·◦ φl
114
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est strictement croissante car c’est une composition de fonctions strictement croissantes, on a alors :
n=0 2n
N −1 xφ(k),n
− xn ∞ x
φ(k),n − xn
= +
X X
n=0 2n n=N 2n
N −1
ε ∞
2
+
X X
≤
n=0 2n n=N 2n
4
≤ 2ε + ≤ 6ε
2N
On a donc trouvé une suite extraite de ((xk,n )n∈N )k∈N qui converge vers une suite (xn )n∈N dans [0, 1]N
pour la distance d, ce qui montre bien que [0, 1]N est compact pour cette distance.
Cette application est définie correctement et est surjective (pour la surjectivité, il suffit d’utiliser les suites
de la forme (εn ) = (1A (n))n∈N ).
Si on montre que f est continue, alors f (Xc ) = K est compact car il s’agit de l’image d’un compact par
une application continue. Montrons donc que f est continue.
Soit ε > 0 et (εn )n∈N ∈ Xc . Pour tout η > 0 et (γn ) ∈ Xc , on a
115
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∞
En prenant N ∈ N tel que |zk | < ε, on obtient
X
k=N +1
1 ∞
d((εn ), (γn )) < N =⇒ |f ((εn )) − f ((γn ))| ≤
X
|zk | ≤ ε
2 k=N +1
116
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Chapitre 11.6
Applications linéaires continues
I Quelques propriétés
Dans ce chapitre, on considère deux K−espaces vectoriels de dimension quelconque E et F munis res-
pectivement des normes ∥.∥E et ∥.∥F , où K est égal à R ou C.
Proposition I.1.
Soit u ∈ L(E, F ). On a
Preuve
(⇐) On a pour tout y ∈ E,
1
∀x ∈ Bf (0, 1), ∥u(x)∥F ≤
r
On notant C = 1r , on a pour tout x ∈ E \ {0},
u x
≤ C, i.e.
∥x∥
E F
∀x ∈ E, ∥u(x)∥F ≤ C ∥x∥E
117
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Preuve
→ Les implications (1) ⇒ (2) ⇒ (3) sont évidentes.
→ (3) ⇒ (4) Si u est continue en un point a ∈ E, alors u(x + a) −−→ u(a), donc
x→0
u est donc continue en 0 et donc d’après la preuve de la proposition I.1., u est lipschitzienne.
→ (4) ⇒ (5) si u est lipschitzienne de facteur de lipschitzianité k ≥ 0, alors on a pour tout x ∈ S(0, 1),
et alors
M + ∥u(a)∥F
∥u(x)∥F ≤ := C
r
On en déduit que pour tout x ∈ E \ {0},
!
x
∥u(x)∥F = ∥x∥E
u ≤ C ∥x∥E
∥x∥E
la proposition I.1. nous permet donc d’affirmer le fait que u est continue.
Proposition I.3.
2. sup ∥u(x)∥F
x∈S(0,1)
Preuve
→ (1) = (2)
• On a S(0, 1) ⊂ Bf (0, 1), donc (1) ≥ (2)
118
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Or, (2) ∈ {C ≥ 0, ∀x ∈ E, ∥u(x)∥F ≤ C ∥x∥E }, donc la borne inférieure (3) est bien atteinte.
Proposition I.4.
On peut alors dire par définition de la norme d’opérateur que |||v ◦ u||| ≤ |||v||| × |||u|||.
Remarque : en pratique, pour une application linéaire u ∈ Lc (E, F ) donnée, on peut calculer |||u|||
en utilisant l’égalité suivante :
∥u(x)∥F
|||u||| = sup
x∈E\{0} ∥x∥E
Application : On peut utiliser cette nouvelle définition de la continuité d’une application linéaire pour
énoncer une nouvelle formulation des résultats de comparaison de normes.
Soit N1 et N2 deux normes sur l’espace vectoriel normé E. On a
119
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
II Exercices
Exercice II.1.
1. On pose E = C([0, 1], R), a ∈ [0, 1] et u ∈ L(E, R) définie par ∀f ∈ E, u(f ) = f (a).
Étudier la continuité de u pour les normes ∥.∥∞ , ∥.∥1 et ∥.∥2 .
2. On pose F = C 1 ([0, 1], R) muni de la norme ∥.∥ définie par ∀f ∈ F , ∥f ∥ = ∥f ∥∞ + ∥f ′ ∥∞ .
On considère v ∈ L(F, E) définie par ∀f ∈ F, v(f ) = f ′ . Étudier la continuité de v pour
∥.∥ et ∥.∥∞ lorsque E est muni de ∥.∥∞ .
3. Calculer |||u||| pour ∥.∥∞ .
∞
(−1)n 1
4. Soit u ∈ L(E, R) définie par ∀f ∈ E, u(f ) = f n . Montrer que u est bien
X
n=0 2 n 2
définie, linéaire et continue pour ∥.∥∞ mais que |||u||| n’est pas atteinte.
Exercice II.2.
Soit u ∈ L(E, F ). Montrer que les deux propositions suivantes sont équivalentes
1. u est continue
2. {x ∈ E, ∥u(x)∥F = 1} est fermé dans E.
Exercice II.3.
On suppose que K = R. Soit u un morphisme additif de E dans F borné sur Bf (0, 1). Montrer
que u est une application linéaire continue.
Exercice II.4.
Soit u ∈ L(E, R). Montrer que les propositions suivantes sont équivalentes.
1. u est continue.
2. Ker u est fermé.
Exercice II.5.
∀f ∈ E, f ≥ 0 =⇒ u(f ) ≥ 0
120
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Pour comprendre l’intuition derrière cette construction, voici un dessin d’un terme de la suite
(fn ).
1
fn
1
a− n a 1
a+ n
h i
On a pour tout n0 ∈ N∗ assez grand pour qu’on ait a − n1 , a + 1
n
⊂ [0, 1] et soit n ≥ n0 ,
|u(f )| |f (a)|
= = n −−−−→ +∞
∥f ∥1 1/n n→+∞
E \ {0} −→ R
Donc u(f ) est non bornée, et alors u n’est pas continue pour ∥.∥1 .
f 7−→ ∥f ∥ 1
|u(f )| 1 √
=q = n −−−−→ +∞
∥f ∥2 1/n n→+∞
ce qui nous permet comme avant de conclure que u n’est pas continue pour ∥.∥2 . La non
continuité pour ∥.∥2 aurait aussi pu être démontrée en utilisant le fait que ∥.∥2 est plus fine
que ∥.∥1 .
2. Etudions la continuité de v pour les deux normes de l’énoncé.
→ Continuité pour ∥.∥
On a pour tout f ∈ C 1 ([0, 1], R), ∥v(f )∥∞ = ∥f ′ ∥∞ ≤ ∥f ∥∞ + ∥f ′ ∥∞ = ∥f ∥. On en déduit donc
que u est continue pour ∥.∥.
→ Continuité pour ∥.∥∞
On considère la suite (fn ) de fonctions à valeurs dans C([0, 1], R) définie par
121
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
X (−1)n
Le terme de gauche est le terme générale d’une série convergence, donc la série 2n
f 1
2n
est absolument convergente ce qui nous permet d’affirmer que u est bien définie.
On a aussi pour tout f, g ∈ E,
∞
(−1)n 1 1
u(f + g) = f n +g n
X
n=0 2 2 2
n
X (−1)
∞ n
1
X (−1)n 1
∞
= f + g n
n=0 2 2n n=0 2 2
n n
= u(f ) + u(g)
1
≥ 2 − N −1 −−−→ 2
2 N →∞
122
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
et alors ∞
1 1
1 − (−1)n f n =0
X
n=0 2 | 2 }
n
{z
≥0
∥xn ∥E 1
∥yn ∥E = = −−−−→ 0
∥u(xn )∥F ∥u(xn )∥F n→+∞
Mais 0 ̸∈ K. on a trouvé une suite à valeurs dans K qui converge vers un élément qui n’est pas
dans cet ensemble. On en déduit que K n’est pas fermé.
∀r ∈ Q, ∀x ∈ E, f (rx) = rf (x)
Soit M un majorant de f sur Bf (0, 1). Soit λ ∈ R, et (rn ) ∈ QN telle que rn −−−−→ λ. Soit x ∈ E, pour
n→+∞
tout p ∈ N∗ il existe Np ∈ N tel que pour tout n ≥ N , (rn − λ)x ∈ B 0, p1 . On a alors pour tout p ∈ N,
il existe Np ∈ N∗ tel que pour tout n ≥ Np ,
1 M
∥f ((rn − λ)x)∥ = ∥f (p(rn − λ)x)∥ ≤
p | {z } p
∈Bf (0,1)
i.e.
M
∥rn f (x) − f (λx)∥ ≤
p
On a alors
M M
∥λf (x) − f (λx)∥ ≤ + ∥(rn − λ)f (x)∥ −−−−→
p n→+∞ p
On en déduit donc que pour tout p ∈ N∗ , ∥λf (x) − f (λx)∥ ≤ Mp et que finalement f (λx) = λf (x). On
conclut que f est une application linéaire bornée sur Bf (0, 1), donc continue.
123
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
∀x ∈ E, u(x) = 1 ⇐⇒ u(x − a) = 0 ⇐⇒ x ∈ a + H
∀x ∈ E, u(x) = −1 ⇐⇒ u(x + a) = 0 ⇐⇒ x ∈ −a + H
Posons donc F = (a + H) ∪ (−a + H). a + H et −a + H sont fermés car ce sont les images directes
du fermé H par respectivement x 7−→ a + x et x 7−→ −a + x qui sont deux application linéaires
bijectives d’inverse continu, donc F est fermé. Or 0 ̸∈ F et F c est ouvert, donc il existe r > 0 tel
que Bf (0, r) ⊂ F c .
Montrons que pour tout x ∈ Bf (0, r), |u(x)| ≤ 1. Soit x ∈ B(0, r) non nul. On suppose par l’absurde
que |u(x)| > 1. On a alors y := |u(x)|
x
∈ B(0, r) et u(y) ∈ {1, −1}, i.e. y ∈ F ce qui est absurde étant
donné que y ∈ B(0, r) ⊂ F . On a donc trouvé une boule non réduite à un point où u est bornée,
c
− ∥f ∥∞ e ≤ f ≤ ∥f ∥∞ e
−C ∥f ∥∞ ≤ u(f ) ≤ C ∥f ∥∞
et enfin
∀f ∈ E, |u(f )| ≤ C ∥f ∥∞
Donc u est continue et |||u||| ≤ C, mais u(e) = C et e ∈ Bf (0, 1), donc |||u||| ≥ C, i.e. |||u||| = C.
√
2. Soit f ∈ E tel que f ≥ 0, on pose g = f . On a g ∈ E et
124
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Chapitre 11.7
Espaces vectoriels normés de dimension finie
Dans tout ce chapitre, K est égal à R ou C. On considère E un K−espace vectoriel normé de dimension
finie n ≥ 1 et on pose (e1 , . . . , en ) une base de cet espace.
Preuve : Soit N une norme sur Rn . En posant (ε1 , . . . , εn ) la base canonique de Rn , on a pour tout
x = x1 ε1 + · · · + xn εn ∈ Rn ,
n n
!
N (x) = N (x1 ε1 + · · · + xn εn ) ≤ |xk | N (εk ) ≤ N (εk ) ∥x∥∞
X X
k=1 k=1
n
Et on a en posant C = N (εk ) pour tout x, y ∈ E
X
k=1
et alors
α ∥x∥∞ ≤ N (x) ≤ C ∥x∥∞
On en déduit donc que toute norme N sur Rn est équivalent à ∥.∥∞ et que donc par transitivité, toutes
les normes sur Rn sont équivalentes.
Corollaire I.2.
Preuve : Soit φ : Rn −→ E un isomorphisme et soit N1 et N2 deux normes sur E. Sur Rn , les deux
normes N1 ◦ φ et N2 ◦ φ sont équivalentes. Il existe donc β, γ > 0 tels que pour tout x
Or φ étant surjective, pour tout y ∈ E, il existe x ∈ E tel que φ(x) = y, on a donc pour tout y ∈ E,
125
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
II Suites et composantes
Proposition II.1.
n
Soit (up ) ∈ E N , on pose pour tout p ∈ N, up = up,k ek et soit ∥.∥ une norme sur E. Les
X
k=1
propositions suivantes sont équivalentes.
1. (up ) converge pour ∥.∥.
2. ∀k ∈ J1; nK, ∃lk ∈ K, un,k −−−−→ lk .
n→+∞
n
Dans ce cas, on a un −−−−→ lk ek .
X
n→+∞
k=1
n
Preuve : On pose pour tout x = xk ek , N (x) = max |xk |. N est une norme sur E équivalente à ∥.∥.
X
k∈J1;nK
k=1
On a alors
n
(1) ⇐⇒ (un ) converge vers un certain l = lk ek pour ∥.∥
X
k=1
⇐⇒ (un ) converge vers un certain l pour N
⇐⇒ ∃l = (l1 , . . . , ln ) ∈ Kn , max |un,k − lk | −−−−→ 0
k∈J1;nK n→+∞
Application : Une suite de matrices de Mn (R) converge si et seulement les suites de ses coefficients
convergent.
Proposition II.2.
126
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Soit (up ) une suite à valeurs dans E. Si (up ) est bornée pour ∥.∥, alors elle admet au moins
une valeur d’adhérence.
n
Preuve : Posons pour tout x = xk ek ∈ E, N (x) = max |xk |.
X
k∈J1;nK
k=1
N étant équivalente à ∥.∥, donc (up ) est aussi bornée pour N . Toutes les suites (up,k )p∈N sont alors bornées.
Montrons par récurrence sur r la propriété suivante :
il existe une extractrice φr telle que pour tout i ∈ J1; rK , (uφr (p),i ) est convergence vers li ∈ R
La propriété pour r = 1 est vraie car il s’agit du théorème de Bolzano Weierstraß pour les suites réelles
et complexes. Supposons maintenant que la propriété est vraie pour r ∈ J1; n − 1K. La suite (uφr (p),r+1 )
est bornée, il existe alors une extractrice φ telle que (uφr ◦φ(p),r+1 ) converge vers un certain lr+1 . On a
alors pour tout i ∈ J1; r + 1K, (uφr ◦φ(p),i ) converge vers li . La propriété est alors vraie pour r = n ce qui
n
implique que, pour ∥.∥∞ , (uφn (p) ) converge vers l = lk ek et donc par équivalence des normes N et ∥.∥∞ ,
X
k=1
(uφn (p) ) converge vers l pour N , d’où le résultat voulu.
Corollaire III.2.
Les propositions suivantes sont vraies. Une partie A de E est compacte si elle est fermée et
bornée.
Preuve : Soit (up ) ∈ AN . (up ) est bornée, le théorème précedent nous permet d’affirmer qu’il existe une
extractrice φ telle que uφ(p) −−−−→ a ∈ E. A étant fermé, on a a ∈ A, d’où la compacité de A.
p→+∞
Proposition III.3.
Preuve : Soit (up ) ∈ E N une suite de Cauchy et N ∈ N tel que pour tout m, n ≥ N ,
∥um − un ∥ ≤ 1
La suite (up ) est bornée, donc d’après le théorème III.1, elle admet une suite extraite convergente. D’après
la remarque à la fin de la page 4 du chapitre 11.5, toute suite de Cauchy admettant une valeur d’adhérence
converge, d’où le résultat voulu.
Corollaire III.4.
127
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Preuve : Supposons que ∥up ∥ converge et soit ε > 0. Il existe N ∈ N tel que pour tout n ≥ N ,
X
∞
X
∥up ∥ ≤ ε
k=n
Remarque : La propriété ci-dessus est en particulier vraie pour tout espace vectoriel normé complet.
Proposition III.5.
Preuve
→ Unicité
Soit l et l′ deux éléments de A tels que f (l) = l et f (l′ ) = l′ . On alors
q ∥l − l′ ∥ ≥ ∥f (l) − f (l′ )∥ = ∥l − l′ ∥
On a alors nécessairement l = l′ .
→ Existence
Soit a ∈ A. On considère la suite (un )n∈N définie par
u
0 =a
∀n ∈ N, un+1 = f (un )
On a q ∈]0, 1[, q n est alors convergence, et par conséquent ∥un+1 − un ∥ est convergente. E
X X
n∈N n∈N
étant complet, le corollaire III.4 nous permet donc d’affirmer que un+1 − un est convergente, i.e.
X
n∈N
(un ) est convergente vers une limite qu’on note l. A est fermé donc l ∈ A et en passant à la limite
dans la relation de récurrence f (un ) = un+1 , on obtient par continuité de f que l = f (l), d’où le
résultat voulu.
Remarque : Pour démontrer le résultat ci-dessus, on n’a pas eu besoin du fait que E est de dimension
finie. Il suffit que A soit complet.
128
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition III.6.
Si E est un sous espace vectoriel de dimension finie d’un K−espace vectoriel (F, ∥.∥), alors E
est fermé.
Preuve : Soit (up ) une suite à valeurs dans E qui converge vers a ∈ F . E est de dimension finie et (up )
est convergente donc bornée dans E, il existe donc une extractrice φ telle que uφ(p) −−−−→ b ∈ E, or par
p→+∞
unicité de la limite, a = b ∈ E, donc E est bien fermé.
Exemple : Rn [X] est fermé dans C([0, 1], R) muni de la norme ∥.∥∞ .
Théorème (théorème de représentation de Riesz) III.7.
Soit (F, ∥.∥) un espace vectoriel normé. Bf (0, 1) est compacte si et seulement si F est de
dimension finie.
Preuve : La preuve sera présentée sous forme d’exercice dans la suite du chapitre.
Soit f une application de E dans K. Soit E = (ε1 , . . . , εn ) une base de F . On dit que f est
polynomiale dans la base E, lorsqu’il existe une suite (aα )α∈Nn ∈ KN avec un nombre fini de
n
Proposition IV.2.
Preuve
1. soit N une norme sur E définie de la manière suivante
n
∀x = x1 e1 + · · · + xn en ∈ E, N (x) =
X
|xk |
k=1
k=1
Avec C = max ∥u(ek )∥F . Mais E est de dimension finie, donc N est équivalente à ∥.∥E , donc u est
k∈J1;nK
continue.
129
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Pour tout k ∈ J1; nK, l’application x 7−→ xk est continue, et f est somme et produit d’applications
de cette forme qui sont toutes continues, donc f est continue.
Corollaire IV.3.
x1 = x1,1 e1 + · · · + x1,n en
x2 = x2,1 e1 + · · · + x2,n en
..
.
xp = xp,1 e1 + · · · + xp,n en
On a alors
n n n
f (x1 , . . . , xp ) = f
X X X
x1,i1 ei1 , x2,i2 ei2 , . . . , xp,ip eip
i1 =1 i2 =1 ip =1
f est donc combinaison linéaire et produit d’applications de la forme (x1 , . . . , xp ) 7−→ xk,l avec
(k, l) ∈ J1; pK × J1; nK. Toutes ces applications sont continues, donc f est continue.
V Exercices
Exercice V.1.
Soit f : R −→ R+ de classe C n telle que f et f (n) sont bornées. Montrer que pour tout
k ∈ J1; n − 1K, f (k) est bornée.
Exercice V.2.
Exercice V.3.
Soit (Pk )k∈N une suite à valeurs dans Rn [X]. On suppose que la suite (P̃k ) de fonctions po-
lynômes associée à (Pk ) converge simplement vers f ∈ C([0, 1], R) sur [0, 1]. Montrer que la
convergence est uniforme.
130
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice V.4.
Soit F un fermé non vide de l’espace vectoriel normé de dimension finie (E, ∥.∥) et soit a ∈ E.
Montrer qu’il existe b ∈ F tel que ∥a − b∥ = d(a, F ).
Exercice V.5.
Soit F un sous espace de dimension finie d’un espace vectoriel normé (G, ∥.∥) de dimension
quelconque. Soit a ∈ G. Montrer qu’il existe b ∈ F tel que ∥a − b∥ = d(a, F ).
Exercice V.6.
Soit K un compact non vide de l’espace euclidien Rn . Montrer qu’il existe une boule fermée
de rayon minimum contenant K et que cette boule est unique.
Exercice V.7.
Soit f une fonction continue de l’espace vectoriel normé de dimension finie (E, ∥.∥) dans R.
On suppose que f (x) −−−−−→ +∞. Montrer que f est minorée et qu’il existe a ∈ E tel que
∥x∥→+∞
f (a) = minf (x).
x∈E
Exercice V.8.
131
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
n
D’après les hypothèses, (x, h) 7−→ f (x + h) − f (x) − hn! f (n) (cx,h ) est bornée par un certain M > 0. On
n
alors en posant gx : h 7−→ f (x + h) − f (x) − hn! f (n) (cx,h ), on a par construction, pour tout x ∈ R+ ,
n
∥gx ∥∞ ≤ M , et alors ∥Px ∥∞ ≤ M . Posons pour tout P (X) = ak X k ∈ Rn [X], N (P ) = max |ak |.
X
k∈J0;nK
k=0
Rn [X] est de dimension finie, donc toutes les normes y sont équivalentes. En particulier, N et ∥.∥∞ sont
équivalentes, ce qui nous permet d’affirmer qu’il existe M ′ > 0 tel que pour tout x ∈ R+ , N (Px ) < M ′ .
On a donc pour tout
f (k) (x)
x ∈ R+ , ∀k ∈ J1; nK, < M′
k!
Ce qui nous permet d’affirmer que pour tout k ∈ J1; nK, f (k) est bornée.
k=1
l’inégalité triangulaire, homogène, et pour tout polynôme Q de degré au plus n, N (Q) = 0 =⇒ Q = 0.
Posons ε = min |P (yk )|. Pour tout Q ∈ Rn [X], si N (P − Q) < 2ε , alors pour tout k ∈ J1; n + 1K
k∈J1;n+1K
ε
|Q(yk ) − P (yk )| <
2
i.e.
ε ε
P (yk ) − < Q(yk ) < P (yk ) +
2 2
Mais pour tout k ∈ J1; n + 1K, |P (yk )| ≥ ε, donc
ε ε
signe P (yk ) + = signe P (yk ) − = signe(P (yk ))
2 2
Donc pour tout k ∈ J1; n + 1K, Q(yk ) a le même signe que P (yk ). En appliquant le théorème des valeurs
intermédiaires sur [yk , yk+1 ] pour tout k ∈ J1; nK, on trouve que Q, étant de degré n, admet n racines
distinctes et donc est scindé à racines simples. On en déduit donc que B(P, ε) ⊂ Ω et finalement que Ω
est ouvert.
i=0
132
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
i.e.
1 x0 . . . xn0 f (x0 )
ak,0
1 x1 . . . xn1
a
k,1
f (x1 )
. .. . . . .. .. − −−−→ .
.
. . k→+∞ ..
. .
1 x1 . . . xn1
V = V (x0 , x1 , . . . , xn ) =
.. .. ..
..
. . . .
1 xn . . . xnn
On remarque que V est une matrice de Vandermonde, elle est donc inversible. X 7−→ V −1 X est une
application linéaire en dimension finie, elle est donc continue d’après la proposition IV.2. On a alors, en
multipliant par V −1 et en passant à la limite
f (x0 )
ak,0
ak,1 f (x1 )
. −−−−→ V −1 .
. k→+∞ . (∗)
. .
ak,n f (xn )
n n
En posant pour tout Q(X) = bi X i , N (Q) = |bi |, on voit que N est une norme dans l’espace de
X X
i=0 i=0
dimension finie Rn [X], elle est donc équivalente à ∥.∥∞ : Q 7−→ sup Q̃(x). D’après (∗), (Pk )k∈N converge
x∈[0,1]
pour N (chaque coefficient converge) et donc par équivalence des normes, (Pk ) converge aussi pour ∥.∥∞ .
(P̃k ) converge donc uniformément vers une certaine fonction continue dans [0, 1] g. Il reste à montrer que
f = g. La convergence uniforme implique la convergence simple, donc (P̃k ) converge simplement vers f
et g, et donc par unicité de la limite, f = g.
Remarque : l’espace des fonctions polynômes de degré au plus n étant de dimension finie, il est fermé
dans l’espace des fonctions continues sur [0, 1]. Cet argument nous permet d’affirmer que (Pk ) converge
uniformément vers un polynôme de degré au plus n.
Une démonstration plus directe de ce résultat peut être faite de la manière suivante. Soit a0 , . . . , an les
n
limites respectives des suites de coefficients (ak,0 )k∈N , . . . , (ak,n )k∈N . En posant P (X) = ai X i , on a
X
i=0
n
|ak,i − ai | −−−−→ 0
X
P̃k − P̃
≤
∞ k→+∞
i=0
133
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
D’après les hypothèses, il existe N assez grand tel que pour tout n ≥ N on ait rn ≤ r + 1. Soit b ∈ K.
On a pour tout n ≥ N ,
∥an − b∥ ≤ rn ≤ r + 1
et alors
∥an ∥ ≤ r + 1 + ∥b∥
La suite (an ) est bornée, ce qui nous permet en utilisant le théorème III.1 d’affirmer que (an ) admet une
suite extraite convergente. Quitte à extraire de la suite (an ), on suppose qu’elle est convergente vers un
certain a ∈ Rn .
→ Pour montrer l’existence de la boule, montrons que K ⊂ Bf (a, r).
On a pour tout x ∈ K et pour tout n ∈ N, ∥an − x∥ ≤ rn . En passant à la limite, on obtient
∥a − x∥ ≤ r, i.e. x ∈ Bf (a, r). On a donc bien que K ⊂ Bf (a, r).
→ Unicité de la boule
On sait que le rayon de la boule est unique car il est défini comme la borne inférieure de SK , il
suffit donc de montrer l’unicité du centre.
Soit a′ ∈ Rn différent de a tel que K ⊂ Bf (a′ , r). Soit x ∈ Bf (a, r) ∩ Bf (a′ , r), on a
1
2r2 ≥ ∥x − a ∥2
+ ∥x − a ′ 2
∥ = (∥u + v∥2 + ∥u − v∥2 )
| {z } | {z } 2
u v
′
2 ′
2
a+a
a − a
= 2
x −
+
2
2
| {z }
α
a+a′
En posant b = 2
, on en déduit
√
∥x − b∥ ≤ r2 − |{z}
α <r
√ >0
Donc K ⊂ Bf (b, r2 − α) ce qui est absurde par définition de r, d’où le résultat voulu.
Appliquons cette proposition à M = |f (0)| + 1. f est continue sur Bf (0, R) qui est fermé borné en dimen-
sion finie donc compact, elle y atteint donc son minimum en un certain a ∈ Bf (0, R).
134
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Or pour tout y ∈ E
→ Si ∥y∥ > R, f (y) > |f (0)| + 1 > f (a).
→ Sinon, par construction, f (y) ≥ f (a)
Donc f atteint bien son minimum sur E en a.
2. Construisons la suite an par récurrence. le premier terme a0 peut être pris quelconque vérifiant
∥a0 ∥ = 1.
Soit n ∈ N. Supposons que les termes a0 , . . . , an sont bien définis. Posons Gn = V ect(a0 , . . . , an ).
D’après la questions précédente, il existe an+1 ∈ S(0, 1) tel que d(an+1 , Gn ) ≥ 1. On a alors
∀m ≤ n, ∥am − an+1 ∥ ≥ 1
Il est clair que la suite (an ) telle qu’on l’a définie vérifie
3. Reprenons le théorème III.7. L’énoncé du théorème est le suivant : Si H un espace vectoriel normé,
alors on a l’équivalence
→ (⇐) nous allons faire cette implication par contraposée. Supposons que H soit de dimension
infinie. La question précédente nous permet de considérer une suite (an ) ∈ S(0, 1)N telle que
∀m, n ∈ N, n ̸= m =⇒ ∥an − am ∥ ≥ 1
Si la boule unité était compacte, on disposerait d’une extractrice φ telle que (aφ(n) ) soit conver-
gente, et alors
1 ≤
aφ(n+1) − aφ(n)
−−−−→ 0
n→+∞
135
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Chapitre 11.8
Connexité
I Généralités
Définition I.1.
Preuve
→ (1) ⇒ (2) Soit F1 et F2 deux fermés vérifiant F2 ∪ F2 = X et F1 ∩ F2 = ∅, et posons O1 = X \ F1
et O2 = X \ F2 . O1 et O2 sont ouverts et O1 ∪ O2 = X et O1 ∩ O2 = ∅, donc O1 = X et O2 = ∅
ou O1 = ∅ et O2 = X, i.e. F1 = X et F2 = ∅ ou F1 = ∅ et F2 = X.
→ (2) ⇒ (3) Soit A une partie fermée et ouverte de X. F1 = A et F2 = Ac vérifient les hypothèses de
(2). Donc on a A = X et Ac = ∅ ou A = ∅ et Ac = X, d’où le résultat voulu.
→ (3) ⇒ (4) Posons F1 = f −1 ({0}) et F2 = f −1 ({1}). F1 et F2 sont fermés car il s’agit d’images
réciproques de deux fermés par une fonctions continue. De plus, on a F1 ∪ F2 = X et F1 ∩ F2 = ∅.
On a alors F1 = X ou F2 = X, i.e. f −1 ({0}) = X ou f −1 ({1}) = X. f est alors toujours égale à 0
ou toujours égale à 1. On a donc bien le résultat voulu.
→ (4) ⇒ (1) Soit O1 et O2 deux ouverts vérifiant O1 ∪ O2 = X et O1 ∩ O2 = ∅. On considère
l’application de X dans {0, 1} suivante :
X −→ {0,
1}
f: 0 si x ∈ O1
x 7−→
1 si x ∈ O2
f est continue car O1 et O2 sont ouverts, elle est donc constante. On a alors O1 = f −1 ({0}) = ∅
et O2 = f −1 ({1}) = X ou O1 = f −1 ({0}) = X et O2 = f −1 ({1}) = ∅, ce qui est bien ce qu’on
cherchait.
Proposition I.2.
Soit I un ensemble et (Ωi )i∈I une partition d’ouverts d’un espace métrique connexe X. Il existe
alors au plus un indice i0 tel que Ωi0 ̸= ∅.
Preuve : Soit i0 tel que Ωi0 ̸= ∅. Posons Ω = Ωi . On a alors Ωi0 ∪ Ω = X et Ωi0 ∩ Ω = ∅. De plus
[
i∈I\{i0 }
Ωi0 et Ω sont ouverts (car c’est l’union d’ouverts), donc X étant connexe, on a nécessairement Ω = ∅,
i.e. ∀i =
̸ i0 , Ωi = ∅.
136
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition I.3.
Preuve : Soit f : A −→ {0, 1} une application continue. f est continue sur A par restriction et A est
connexe, donc f est constante sur A. A est dense dans A donc f étant continue, elle est aussi constante
sur A, donc A est bien connexe.
Proposition I.4.
Soit X et Y deux espaces métriques et f ∈ C(X, Y ). Si A est une partie connexe de X, alors
f (A) est aussi une partie connexe de Y .
Preuve : Soit g : f (A) −→ {0, 1} une application continue. g ◦ f est une fonction continue de A dans
{0, 1} car il s’agit de la composition de deux applications continues, elle est alors constante. On en déduit
donc directement que ∃c ∈ {0, 1}, g ◦ f (A) = {c}, i.e. g(f (A)) = {c}. g est alors constante sur f (A) ce
qui nous permet d’affirmer que f (A) est bien une partie connexe de Y .
Preuve : Soit f ∈ C([0, 1], {0, 1}). Supposons sans perte de généralité que f (0) = 0. On considère
l’ensemble
A = {x ∈ [0, 1], ∀y ∈ [0, x], f (y) = 0}
Posons a = sup A. a est limite d’une suite à valeurs dans
h A, donc
i par continuité de f , on a f (a) = 0.
Supposons que a ̸= 1. On a pour tout n ∈ N, ∃xn ∈ a, a + n , f (xn ) = 1. La suite (xn ) converge vers a
1
et donc
f (xn ) −−−−→ 1 ̸= f (a)
n→+∞
1. On appelle arc continu toute application continue d’un segment [a, b] de R dans E.
2. Une partie A de E est dite connexe par arcs si tous éléments x et y de A peuvent être
reliés par un arc continu sur A, i.e.
Remarque : Dans la définition de la connexité par arc, on aurait pu remplacer 0 par a ∈ R et 1 par
b ∈ R tel que a < b quelconques.
137
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Définition II.3.
Par construction γ • δ est un arc continu reliant x à z. On dit que γ • δ est la reliure des deux
arcs γ et δ. • n’étant pas associative, pour trois arcs γ1 , γ2 , γ3 , on définit γ1 • γ2 • γ3 comme
γ1 • (γ2 • γ3 ).
Définition II.4.
Supposons que pour tout t ∈ [0, 1], (1 − t)a + tb ∈ E. Pour tout x, y ∈ E, on définit l’arc θ(x, y)
comme
[0, 1] −→ E
θ(x, y) :
t 7−→ (1 − t)x + ty
Par construction, θ(x, y) est bien un arc continu reliant x à y.
Remarque : Attention, ces deux dernières notations sont propres à ce cours en particulier et ne sont pas
communes en classes préparatoires. Si vous souhaitez les utiliser, il faut les définir avant.
Proposition II.5.
Soit F un espace métrique et f une fonction continue de E dans F . L’image d’une partie de
E connexe par arcs par f est connexe par arcs.
Preuve : Soit A une partie connexe par arcs de E. Soit a, b ∈ f (A), et x, y ∈ A tels que a = f (x) et
b = f (y). A est connexe par arcs, il existe donc un arc γ ∈ C([0, 1], A) tel que γ(0) = x et γ(1) = y. On a
alors f ◦ γ est un arc continu reliant a = f (x) et b = f (y).
Proposition II.6.
Preuve : Soit g : A −→ {0, 1} une fonction continue. Soient x et y dans A. A est connexe par arcs, il
existe donc un arc continu γ ∈ C([0, 1], A) tel que γ(0) = x et γ(1) = y.
L’application g ◦ γ : [0, 1] −→ {0, 1} est continue et [0, 1] est connexe, donc elle est constante et alors
g(x) = g(y). On en déduit donc que g est constante et que par conséquent A est connexe.
Exemple : Pour tout n ∈ N∗ , GLn (R) n’est pas connexe par arcs. En effet, l’application f = det
est continue, donc si GLn (R) était connexe par arcs, f (GLn (R)) le serait aussi. Mais f (GLn (R)) = R∗
qui n’est pas connexe par arcs.
138
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition II.7.
Preuve
1. → Réflexivité
Soit Soit x, y ∈ A. Si x ∼ y, alors il existe un arc γ ∈ C([0, 1], A) reliant x et y. Il suffit alors
de considérer γ̃ : a 7−→ γ(1 − a). L’arc γ̃ relie x et y et γ̃(0) = y et γ̃(1) = x et alors y ∼ x.
→ Symétrie
Soit x ∈ A. L’arc γ : t 7−→ x constant sur [0, 1] relie x à x, donc x ∼ x.
→ Transitivité
Soit x, y, z ∈ A tels que x ∼ y et y ∼ z. Soit γ, δ ∈ C([0, 1], A) deux arcs reliant respectivement
x à y et y à z. On considère l’arc suivant
[0, 1] −→ A
h i
β =γ•δ : γ(2t) si x ∈ 0, 12
x 7−→ h i
δ(2t − 1) si x ∈ 1
,1
2
Proposition II.8.
1. Une réunion de parties de E connexes par arcs ayant un point en commun est connexe
par arcs.
2. Soit n ∈ N∗ et E1 , . . . , En des espaces métriques. Si pour tout k ∈ J1; nK, Ak est une
partie connexe par arcs de Ek , alors A1 × · · · × An est une partie connexe par arcs de
l’espace métrique produit E1 × · · · × En .
Preuve
1. Soit n ∈ N∗ et (An )n∈N une famille de parties connexes par arcs tels que pour tout k ∈ J1; nK,
a ∈ Ak . Posons A = An . soit x et y deux points de A. Soit k, l ∈ N tels que x ∈ Ak et y ∈ Al .
[
n∈N
On a a et x sont deux éléments de l’ensemble connexe par arcs Ak , donc x ∼Ak a donc x ∼A a et
a et y sont deux éléments de l’ensemble connexe par arcs Al , donc a ∼Al y donc a ∼A y. On en
déduit donc par transitivité que x ∼ y et que finalement A est connexe par arcs.
139
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice II.9.
Ω= ]an , bn [
[
n∈N
avec pour tout n ∈ N, an < bn . Montrer que Ω n’est pas connexe par arcs.
Exercice II.10.
Exercice II.11.
Exercice II.12.
Exercice II.13.
Soit Ω un ouvert connexe de Rn . Montrer que Ω est connexe par arcs polygonaux, i.e. pour
tous points x, y de E, x et y peuvent être reliés par un arc affine par morceaux.
Preuve
→ (2) ⇒ (1) Pour tout a, b ∈ A tel que a < b, si on considère l’application continue fa,b : x 7−→
(b − a)x + a, alors fa,b est un arc continu liant a à b donc a ∼ b. A est donc connexe par arcs.
→ (1) ⇒ (2) soit x, y ∈ A et z ∈]x, y[. Soit γ un arc continu reliant x et y. Posons
Sz est fermé car il s’agit de l’image réciproque d’un fermé par la fonction continue γ et de plus,
Sz est non vide car 1 ∈ Sz , donc c = sup Sz ∈ Sz , i.e. γ(c) ≤ z et c < 1 car 1 ̸∈ Sz . On a aussi
pour tout t ∈]0, 1 − c], γ(c + t) > z. En faisant tendre t vers 0, on obtient par continuité de γ que
γ(c) ≥ z, et alors γ(c) = z. On en déduit donc que z ∈ A, donc [x, y] ⊂ A et finalement que A est
un intervalle.
Conséquence : Si I est un intervalle et f une fonction continue de I dans R, alors I est continu par
arcs donc f (I) aussi, i.e. f (I) est un intervalle.
140
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition III.2.
Preuve
→ (2) ⇒ (1) Supposons que f soit injective et donc dans perte de généralité strictement croissante.
Pour tout x, y ∈ I, si x ̸= y, on suppose sans perte de généralité que x > y. Par stricte monotonie
de f , on a que f (x) > f (y) et alors f (x) ̸= f (y). f est donc bien injective,.
→ (1) ⇒ (2) Posons ∆ = {(x, y) ∈ I 2 , x < y} et considérons l’application
∆ −→ R
φ:
(x, y) 7−→ f (y) − f (x)
Le fait que f soit injective est équivalent au fait que φ ne s’annule pas sur ∆, donc φ est à valeurs
dans R∗ . ∆ est convexe donc connexe par arcs. En effet, si a et b sont deux points de ∆, l’arc continu
[0, 1] −→ ∆
γ:
t 7−→ ta + (1 − t)b
lie a et b dans ∆. Or φ est continue, φ(∆) est alors une partie connexe par arcs de R∗ et donc un
intervalle. Deux cas de présentent alors
• φ(∆) ⊂]0, +∞[ donc f est strictement croissante.
• φ(∆) ⊂] − ∞, 0[ donc f est strictement décroissante.
On a donc bien le résultat voulu.
Proposition III.3.
Preuve
1. Supposons que f est monotone.
→ (a) ⇒ (b) I est connexe par arcs et f est continue, donc f (I) est aussi connexe par arcs i.e.
c’est un intervalle.
→ (b) ⇒ (a) Supposons sans perte de généralité que f soit croissante. Nous allons traiter uni-
quement le cas où f admet un point de discontinuité sur l’intérieur de I. Le lecteur pourra
essayer de faire le cas d’une discontinuité aux bords de l’intervalle. Supposons que f admettes
un point de discontinuité x0 sur l’intérieur de I. On note respectivement f (x+ 0 ) et f (x0 ) les
−
limites à droite et à gauche de x0 des f . On a alors f (x− 0 ) ≤ f (x0 ) ≤ f (x0 ) et f (x0 ) < f (x0 ).
+ − +
141
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
On en déduit que y0 ̸∈ f (I) et y0 est compris entre deux éléments de f (I). f (I) n’est donc pas
un intervalle.
2. Il suffit d’appliquer la question précédente et la proposition III.2. f est une fonction continue sur
l’intervalle I et injective, elle est donc strictement monotone d’après la proposition III.2. f −1 est
alors aussi strictement monotone. De plus, on a f −1 (f (I)) = I et I et f (I) sont des intervalles,
donc d’après (1), f −1 est continue.
Exercice III.4.
Soit f une fonction de [0, 1] dans [0, 1] telle qu’il existe p ∈ N∗ , f ◦ · · · ◦ f = Id. Supponsons
| {z }
p fois
que f (0) = 0 Montrer que f = Id.
Exercice III.5.
Exercice III.6.
Exercice III.7.
Posons S(0, 1) = {z ∈ C, |z| = 1}. Montrer que S(0, 1) n’est homéomorphe à aucune partie R.
Exercice III.8.
Soit f : S(0, 1) −→ S(0, 1) une fonction injective et continue. Montrer que f est un homéo-
morphisme.
142
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
k≥1
n’est donc pas connexe et alors pas connexe par arcs.
z3 m∈E
a b
γ
m0 ̸∈ E
z2
z1
|E| ≤ p, donc E est fini. On peut donc considérer m0 ∈ ∆ \ E car cet ensemble est non vide. Il suffit
alors de considérer l’arc
[0, 1] −→ S
h i
γ = θ(a, m0 ) • θ(m0 , b) : 2tm0 + (1 − 2t)a si t ∈ 0, 12
t 7−→ i i
(2t − 1)b + 2(1 − t)m0 si t ∈ 1
,1
2
γ est un arc continu à valeurs dans S qui lie a à b en passant par m0 , donc S est bien connexe par arcs.
143
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
ce qui est absurde. De même, on obtient la même contradiction lorsqu’on suppose que f (x) < x. Donc a
bien que f = Id.
ε(h) −−→ 1, donc il existe η > 0 tel que pour tout h ∈ Bf (0, η) \ {0}, |ε(h)| > 1
2
et alors
h→0
pour tout h ∈ Bf (0, η) \ {0}, f (a + h) > h
2
> 0 et alors l’égalité f × (f ′ − 1) = 0 entraîne
144
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145
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Chapitre 11.9
Convexité
I Enveloppe convexe
Dans ce chapitre, on considère E un R−espace vectoriel et A une partie de E.
Définition I.1.
conv(A) =
\
C
C∈PA
Lemme I.2.
→ Soit p ∈ N∗ , supposons que la propriété soit vraie pour p. Soit z1 , . . . , zp+1 ∈ C et λ1 , . . . , λp+1 ∈ R+
tels que λ1 + · · · + λp+1 = 1. On a lorsque λp+1 ̸= 1,
p+1 p
λk
λk zk = (1 − λp+1 ) zk + λp+1 zp+1
X X
De plus
λ1 + · · · + λp 1 − λp+1
µ1 + · · · + µp = = =1
1 − λp+1 1 − λp+1
p
Donc par hypothèse de récurrence, on a µk zk ∈ C, et alors en appliquant la définition de la
X
k=1
convexité (i.e. la propriété pour p = 2), on a
p+1 p
λk
λk zk = (1 − λp+1 ) zk +λp+1 zp+1 ∈ C
X X
On a donc bien le résultat voulu. Il reste le cas λp+1 = 1 qui est évident.
146
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition I.3.
Preuve
1. Cette preuve est laissée comme exercice au lecteur.
2. Par définition de conv(A), tout convexe contenant A contient conv(A), conv(A) est alors le plus
petit contenant A.
3. Montrons l’égalité par double inclusion
→ (⊃) A ⊂ conv(A) et conv(A) est convexe, donc pour tout x1 , . . . , xp ∈ A ⊂ conv(A) et
p
λ1 , . . . , λp ∈ R tels que λ1 + · · · + λp = 1, λk xk ∈ conv(A) .
X
+
k=1
λ1 + · · · + λp = 1
p
→ (⊂) Posons B = x ∈ E, ∃p ∈ N∗ , ∃x1 , . . . , xp ∈ A, ∃λ1 , . . . , λp ∈ R+ , .
x=
X
λ k xk
k=1
On a A ⊂ B ⊂ conv(A), donc il suffit de montrer que B est convexe pour montrer l’égalité,
car conv(A) est le plus petit convexe au sens de l’inclusion contenant A.
p p
Soit x = λk xk ∈ B, y = µk yk ∈ B et λ ∈ [0, 1]. On a
X X
k=1 k=1
p
λx + (1 − λ)y = λλk xk + (1 − λ)µk yk
X
k=1
Posons
(z
1 , . . . , z2p ) = (x1 , . . . , xp , y1 , . . . , yp )
(δ1 , . . . , δ2p ) = (λλ1 , . . . , λλp , (1 − λ)µ1 , . . . (1 − λ)µp )
On a (z1 , . . . , z2p ) ∈ A2p , (δ1 , . . . , δ2p ) ∈ R+2p et δ1 + · · · + δ2p = 1, donc on a
2p
λx + (1 − λ)y =
X
δk zk ∈ C
k=1
Donc B est bien convexe, ce qui nous permet d’affirmer que conv(A) = B.
Exemple : On considère l’exemple suivant, où dim E = 2. Le dessin suivant montre comment obtenir
graphiquement l’enveloppe convexe des 7 points a1 , a2 , a3 , a4 , a5 , a6 , a7 ∈ E.
a4
a3
a7
a6
a5 conv({a1 , a2 , a3 , a4 , a5 , a6 , a7 })
a2
a1
147
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Exercice I.4.
Supposons que E est de dimension finie égale à d. Soit p ≥ d+1 et (a0 , . . . , ap ) ∈ E p+1 . Montrer
qu’il existe (α0 , . . . , αp ) ∈ Rp+1 \ {(0, . . . , 0)} tel que
p
αk ak = 0 et α0 + · · · + αp = 0
X
k=0
Exercice I.5.
k=0
j ∈ J0; pK tel que
p p
∃(µ0 , . . . , µj−1 , µj+1 , . . . , µp ) ∈ R+p , µk = 1 et µ k ak = b
X X
Exercice I.6.
On suppose que E est de dimension finie. Soit K une partie compacte de E. Montrer que
conv(K) est une partie compacte de E.
II Projection et séparation
Exercice II.1.
Soit C un convexe non vide fermé de l’espace euclidien E muni du produit scalaire ⟨., .⟩.
1. Montrer que pour tout a ∈ E il existe un unique b ∈ C tel que
d(a, C) = ∥a − b∥
2. Montrer que ∀x ∈ C, ⟨a − b, x − b⟩ ≤ 0.
3. On pose b = pC (a). Montrer que pC est 1−lipschitzienne.
Exercice II.2.
Soit C un convexe non vide fermé de l’espace euclidien E muni du produit scalaire ⟨., .⟩. Soit
a ̸∈ C. Montrer qu’il existe un hyperplan affine de E qui sépare strictement C de a.
148
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k=1
i.e. p !
β k a0 + β 1 a1 + · · · + β p ap = 0
X
−
k=1
p !
En posant α0 = − et pour tout k ∈ J1; pK, αk = βk , on a
X
βk
k=1
p
α0 + · · · + αp = 0 et αk ak = 0
X
k=0
a0
a3
b
T
a2
a1
λ0 + λ1 + λ2 + λ3 = 1 et b = λ0 a0 + λ1 a1 + λ2 a2 + λ3 a3
Mais on voit aussi que b appartient au triangle jaune T = conv({a0 , a1 , a3 }), il existe donc µ0 , µ1 , µ3 tels
que
µ0 + µ1 + µ3 = 1 et b = µ0 a0 + µ1 a1 + µ3 a3
Remarquons que le point qu’on peut enlever à la combinaison convexe n’est pas unique : on aurait pu
faire la même chose en enlevant le point a1 et en considérant le triangle T ′ = conv({a0 , a3 , a2 }).
Montrons à présent cette propriété dans le cas général.
On considére α0 , . . . , αp p + 1 réels vérifiant la propriété montrée dans l’exercice précédent, i.e.
p
α0 + · · · + αp = 0 et α k ak = 0
X
k=0
149
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et p p p
νk (τ ) = αk = 1
X X X
λk − τ
k=0 k=0 k=0
On souhaite choisir τ de manière à ce que tous les νk (τ ) soient positifs et que au moins un seul parmi ces
coefficients soit nul. Posons pour tout k ∈ J0; pK, Ak = {τ ∈ R, νk (τ ) ≥ 0}. Les Ak sont fermés et non
vides car ils contiennent tous 0.
On a alors pour tout k ∈ J0; pK
i i
→ Si αk > 0, alors Ak = −∞, − αλkk .
→ Si αk = 0, alors Ak = R.
h h
→ Sinon, Ak = − αλkk , +∞ .
p p
Posons S = Ak . On sait que (α0 , . . . , αp ) ̸= (0, . . . , 0) et αk = 0, il existe donc k et l deux entiers
\ X
k=0 k=0 i i h h
dans J0; pK tels que αk < 0 et αl > 0. On peut donc affirmer que S ⊂ −∞, − αλll et S ⊂ − αλkk , +∞ . S
est donc une intersection d’intervalles majorée et minorée et contenant
h 0,h c’est
i alors uni segment borné
non vide. S est une intersection finie de segments de la forme − αk , +∞ et −∞, − αλll avec αl < 0 et
λk
Λ = {(λ0 , . . . , λd ) ∈ Rd+1
+ , λ0 + · · · + λd = 1}
et considérons l’application
K
d+1
×Λ −→ conv(K)
φ: p
Le résultat énoncé à la fin de l’exercice précédent nous permet d’affirmer que tout élément de conv(K)
s’écrit comme combinaison linéaire d’au plus d+1 éléments de K, i.e. s’écrit de la forme φ((ak )k∈J0;dK , (λk )k∈J0;dK )
avec ((ak )k∈J0;dK , (λk )k∈J0;dK ) ∈ K d+1 × Λ. φ est donc surjective. De plus Λ est un fermé borné en dimension
finie, c’est donc un compact. K d+1 × Λ est un produit de compacts, donc d’après la proposition III.1 du
chapitre 11.5, c’est un compact. φ est continue car il s’agit de produit et somme de fonctions continues,
donc d’après la proposition VI.1 du chapitre 11.5, φ(K d+1 × Λ) est compact, mais φ est surjective, donc
150
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
φ(K d+1 × Λ) = conv(K). On en déduit donc finalement que conv(K) est compact.
→ Existence
Posons δ = inf ∥x − a∥ = d(a, C) et soit (xn ) une suite à valeurs dans C vérifiant ∥xn − a∥ −−−−→
x∈C n→+∞
δ. Pour n assez grand, ∥xn − a∥ ≤ δ + 1, i.e. xn ∈ Bf (a, δ + 1). Quitte à extraire, on suppose
que (xn ) est à valeurs dans C ∩ Bf (a, δ + 1). C ∩ Bf (a, δ + 1) est un fermé borné en dimension
finie, c’est donc un compact. il existe donc une extractrice φ telle que xφ(n) −−−−→ b ∈ C. On
n→+∞
a donc
xφ(n) − a
−−−−→ ∥b − a∥ et finalement ∥b − a∥ = δ = d(a, C).
n→+∞
→ Unicité
Soit b et b′ deux éléments de C tels que ∥a − b∥ = ∥a − b′ ∥ = d(a, C). Supposons par l’absurde
que b ̸= b′ . On a
u + v
2
!
u − v
2
2d(a, C)2 = ∥a − b∥ + ∥a −b∥ =
2 ′ 2
2
+
| {z } | {z }
2
2
u v
2
b + b′
1
2
= 2
a −
+ ∥b − b′ ∥ > 2d(a, C)2
2
2
Ce qui est absurde, donc b = b′ . On a donc bien l’unicité. La dernière inégalité est vraie car
b+b′
2
∈ C.
2. Posons pour tout t ∈]0, 1] et x ∈ C, xt = tx + (1 − t)b. On a alors pour tout x ∈ C et t ∈]0, 1],
xt ∈ C, donc ∥a − xt ∥2 ≥ ∥a − b∥2 . On a de plus
⟨a − b, b′ − b⟩ ≤ 0
et
⟨a′ − b′ , b − b′ ⟩ ≤ 0 i.e. ⟨b′ − a′ , b′ − b⟩ ≤ 0
en sommant ces deux inégalité, on obtient
2
⟨b′ − a′ + a − b, b′ − b⟩ ≤ 0 i.e. ∥b′ − b∥ ≤ ⟨a′ − a, b′ − b⟩
151
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On a donc finalement
2
∥b′ − b∥ ≤ ⟨a′ − a, b′ − b⟩ ≤ ∥a′ − a∥ × ∥b′ − b∥
↑
Cauchy-Schwarz
Si b = b′ , alors on a
∥pC (a) − pC (a′ )∥ = ∥b − b′ ∥ = 0 ≤ ∥a − a′ ∥
H = {z ∈ E, ⟨u, z⟩ = k}
Pour comprendre l’intuition derrière la solution de cet exercice, observons le dessin suivant en dimension
2.
H
1
2 ∥a − b∥
c
b = pC (a)
a
u
C
Nous allons construire l’hyperplan H en nous aidant du dessin ci-dessus.
Posons b = pC (a) la projection de a sur C, u = a − b et c = a+b
2
. Rappelons l’inégalité (∗) de l’exercice
précédent :
∀x ∈ C, ⟨a − x, a − b⟩ ≥ ∥a − b∥2
On souhaite trouver un hyperplan orthogonal à u = a − b séparant a et C. On a pour tout x ∈ C,
⟨a − x, a − b⟩ ≥ ∥a − b∥2 ⇐⇒ ⟨a − c + c − x, a − b⟩ ≥ ∥a − b∥2
1
⇐⇒ ⟨c − x, a − b⟩ ≥ ∥a − b∥2
2
1
⇐⇒ ⟨x, u⟩ ≤ ⟨c, u⟩ − ∥a − b∥2 < ⟨c, u⟩
2
De plus, on a
1
* +
a−b
⟨a − c, a − b⟩ = , a − b = ∥a − b∥2
2 2
152
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i.e.
1
⟨a, u⟩ = ⟨c, u⟩ + ∥a − b∥2 > ⟨c, u⟩
2
En prenant donc k = ⟨c, u⟩ et H = {z ∈ E, ⟨u, z⟩ = k}. On a bien
153
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Chapitre 19
Groupes
Définition .3.
Soit G un ensemble non vide muni d’une application ∗ : G×G → G, appelée loi de composition
interne. On dit que (G, ∗) est un groupe si
→ ∗ est associative : ∀x, y, z ∈ G x ∗ (y ∗ z) = (x ∗ y) ∗ z
→ ∗ admet un élément neutre, i.e. il existe e ∈ G tel que pour toutx ∈ G, x ∗ e = x = e ∗ x.
→ Tout élément admet un inverse, i.e. ∀x ∈ G, ∃x−1 ∈ G, x ∗ x−1 = e = x−1 ∗ x
Si ∗ est commutative, i.e. ∀x, y ∈ G x ∗ y = y ∗ x, on dit alors que (G, ∗) est un groupe
commutatif ou groupe abélien.
Notations :
→ Lorsque (G, ∗) est un groupe commutatif, on notera plutôt (G, +). Dans tout le reste du chapitre,
on considère G un groupe d’élément neutre e.
→ Lorsque A et B sont deux ensembles disjoints, on note A ⊔ B au lieu de A ∪ B.
Exercice .4.
Soit (H, ∗) un monoïde (i.e. ∗ est associative et admet un élement neutre) tel que tout element
admet un inverse à gauche. Montrer que H est un groupe.
Définition .5.
H
On dit que H ⊂ G est un sous-groupe du groupe (G, ∗) si H est stable par ∗ et (H, ∗ )=
H×H
(H, ∗) forme un groupe. On notera H ≤ G.
Proposition .6.
∀x, y ∈ H x ∗ y −1 ∈ H
Proposition .7.
Soit (H, ∗) un sous-groupe de (G, ∗). Les propositions suivantes sont vraies.
1. G et H ont le même élément neutre.
2. Pour tout x ∈ H, l’inverse de x dans (H, ∗) est égal à l’inverse de x dans (G, ∗).
3. ∀g, h ∈ G, (g ∗ h)−1 = h−1 ∗ g −1
Preuve
1. Posons eG et eH les éléments neutres respectifs de de (G, ∗) et (H, ∗). On a eH ∗ eH = eH , donc en
multipliant des deux côtés par l’inverse de eH dans (G, ∗), on obtient eH = eG .
154
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
2. Soit a ∈ H et a−1
H , aG ses inverses respectifs dans (H, ∗) et (G, ∗). On a aH ∗ a = eH = eG donc en
−1 −1
3. Pour tout g, h ∈ G, on a (g ∗ h) ∗ (h−1 ∗ g −1 ) = e et donc en multipliant par (g ∗ h)−1 des deux côtés
à gauche, on obtient (g ∗ h)−1 = h−1 ∗ g −1 .
Proposition .8.
H ≤ G ⇐⇒ ∀(x, y) ∈ H 2 , x ∗ y ∈ H
Notations :
→ (Translations dans un groupe G) Soit a ∈ G. On note
G −→ G G −→ G
γa : et δa :
x 7→ a ∗ x x →
7 x∗a
Pour n = 0 on définit x0 = e. Compte tenu de cette définition, il est aisé de vérifier que
∀(n, m) ∈ Z2 , xn+m = xn ∗ xm
Soit f une application de G vers H. On dit que f est un morphisme (ou homomorphisme) de
groupe de (G, ∗) vers (H, ♢) si
155
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Exemples
(Z, +) −→ (G, ∗)
1. Soit a ∈ G. L’application ja : est un morphisme de groupe.
n 7−→ an
G −→ G
2. Soit a ∈ G. L’application σa : est un morphisme de groupe bijectif, d’inverse
x 7−→ a ∗ x ∗ a−1
σa−1 . Ce morphisme est nommé automorphisme intérieur associé à a.
En effet, en considérant a, b, g ∈ G, on peut affirmer que
Preuve : Les preuves de ces résultats sont laissées comme exercice au lecteur.
Proposition .12.
Ker φ = Z(G) = {x ∈ G, ∀y ∈ G, x ∗ y = y ∗ x}
a ∈ Ker f ⇐⇒ σa = Id ⇐⇒ ∀x ∈ G, a ∗ x ∗ a−1 = x ⇐⇒ ∀x ∈ G, a ∗ x = x ∗ a
156
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Exercice .13.
Remarque : Cet exercice montre que tout groupe peut être vu comme un sous-groupe du groupe
symetrique (groupe de permutations, eventuellement infini) et que donc si |G| = n < ∞, alors G peut
être identifié à un sous-groupe de Sn .
Notation : A partir de maintenant, lorsqu’il n’y a pas ambigüité, pour tout a, b ∈ G, nous noterons ab
ou a · b au lieu de a ∗ b.
Définition .14.
∀a ∈ G, σa (H) = aHa−1 ⊂ H
∀a ∈ G, aHa−1 = H et aH = Ha
I Le groupe (Z/nZ, +)
Soit n ≥ 2. On note ∼ la relation d’équivalence sur Z définie par a ∼ b ⇐⇒ n|a − b ⇐⇒ a − b ∈ nZ.
On note finalement Z/nZ l’ensemble des classes d’equivalences pour ∼. Une telle classe s’écrit x = x+nZ.
Il est aisé de verifier que Z/nZ = {0, . . . , n − 1} = {m, . . . , m + n − 1} pour tout m et que ces n éléments
sont distincts.
157
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Proposition I.1.
Remarque : La proposition ci-dessus permet donc de définir une loi + sur Z/nZ qui en en fait un groupe
abélien.
Proposition I.2.
Z/nZ −→ Un
1. L’application φ : i2πk est bien définie et est un isomorphisme.
k 7−→ e n
Z −→ Z/nZ
2. L’application π : est un morphisme surjectif de noyau Ker(π) = nZ
x 7−→ x
Pour tout a ∈ G, ja est un morphisme de groupe surjectif. D’après la proposition I.9, Ker ja est un sous
groupe de (Z, +). Il est bien connu que les sous groupes de Z sont les groupes de la forme nZ avec n ∈ N.
Deux cas se présentent donc.
→ Si n ̸= 0, alors Ker ja = nZ. On note alors ω(a) = n et on dit que l’ordre de a est égal à n.
→ Sinon, Ker ja = {0} et alors ja est un isomorphisme. Dans ce cas, on note ω(a) = ∞ et on dit que
l’ordre de a est infini.
Remarque : Pour tout a ∈ G, on peut également définir ω(a) comme
ω(a) = min{k ∈ N∗ , ak = e}
Proposition II.1.
Supposons que Ker ja ̸= {0} et posons n = ω(a). Les propositions suivantes sont vraies.
1. ⟨a⟩ = {e, a, . . . , an−1 } et ces éléments sont distincts. De plus, ∀k ∈ Z, ak = e ⇐⇒ n|k.
2. n = min{m ∈ N∗ , am = e}
3. ∀m ∈ Z, ∃!k ∈ J0; n − 1K, am = ak
n
4. ∀k ∈ Z, ω(ak ) =
n∧k
n
5. Si q|n alors ω(aq ) = .
q
Preuve :
1. Montrons d’abord la deuxieme partie de ce point. Pour tout k ∈ Z, on a
ak = e ⇐⇒ k ∈ Ker j ⇐⇒ k ∈ nZ ⇐⇒ n|k
158
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
k n n∧k
L’avant dernière équivalence provient du fait que ∧ = = 1.
n∧k n∧k n∧k
n
ak étant clairement d’ordre fini, en utilisant le point 2, on a ω(ak ) = min{l ∈ N∗ (ak )l = e} = .
n∧k
5. Ce point est une conséquence directe du point précédent.
Preuve :
1. Supposons que ω(a) < ∞. On a f (a)ω(a) = f (aω(a) ) = f (e) = e′ et donc ω(f (a)) < ∞ et
ω(f (a))|ω(a)
2. Supposons que f est injective. Deux cas se présentent.
→ Si ω(a) = ∞, alors il est facile de vérifier que ⟨f (a)⟩ = f (⟨a⟩). f est injective et ⟨a⟩ est infini,
donc ⟨f (a)⟩ aussi et donc en utilisant le point 1 de la proposition III.1, on voit qu’on ne peut
pas avoir ω(a) < ∞.
→ Si ω(a) = n ∈ N∗ , alors
On en déduit donc que ω(a)|ω(f (a)). En combinant ce résultat avec le point (1), on obtient
bien que ω(a) = ω(f (a)).
3. Le fait que a et b soient conjugués se traduit par le fait qu’il existe z ∈ G tel que b = σz (a). σz est
un morphisme injectif, donc en utilisant le point (2), on voit que ω(b) = ω(σz (a)) = ω(a). Enfin,
pour montrer la deuxième partie de ce point, il suffit de voir que xy = σx (yx).
Exercice III.2.
159
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice III.3.
En multipliant par l’inverse de g on obtient que a|G| = e, ce qui implique d’après la proposition III.1
Q
g∈G
que ω(a)| |G|.
IV Groupes cycliques
Définition IV.1.
On dit que G est monogène s’il est engendré par un seul élément, i.e. il existe a ∈ G tel que
G = ⟨a⟩. Si de plus G est fini, alors on dit qu’il est cyclique.
Remarque IV.2.
Supposons que G est monogène, i.e. qu’il existe a ∈ G tel que G = ⟨a⟩. Deux cas se présentent.
Z −→ ⟨a⟩
1. Si ω(a) = ∞, alors j : est un isomorphisme.
m 7−→ am
2. Si ω(a) < ∞, alors G = ⟨a⟩ = {e, a, . . . , an−1 } avec ces elements distincts. En particulier,
on a |G| = ω(a).
Vocabulaire : Pour tout a ∈ G, lorsque G = ⟨a⟩, on dit que a est un élément générateur de G.
Proposition IV.3.
160
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
→ (⇒) Supposons que G est cyclique de cardinal fini égal à n. Il existe donc a ∈ G tel que G =
{e, a, . . . , an−1 }. Considérons le morphisme de groupe suivant
(Z/nZ, +) −→ (G, ∗)
ψ:
k 7−→ ak
On peut facilement montrer que ψ est bien défini et bijectif et alors G ≃ Z/nZ.
Le dernier point de la proposition découle directement du raisonnement effectué ci-dessus.
Exercice IV.4.
Remarque : Cette remarque peut√être très utile dans quelques exercices difficiles. Soit n ≥ 1. L’ensemble
Dn = {k ≥ 1 k|n} vérifie |Dn | ≤ 2 n + 1. En effet, l’application
√ √
∩ J1; ⌊ n⌋K −→ Dn ∩ J⌊ n⌋; nK
Dn
φ: n
d 7−→
d
est une bijection et donc
√ √
|Dn | = Dn ∩ J1; ⌊ n⌋K + Dn ∩ J1 + ⌊ n⌋; nK
√ √
≤ Dn ∩ J1; ⌊ n⌋K + Dn ∩ J⌊ n⌋; nK + 1
√ √
= 2 Dn ∩ J1; ⌊ n⌋K + 1 ≤ 2 n + 1
Exercice IV.5.
d|n d≥1
Exercice IV.6.
1. Soit (G1 , ∗) et (G2 , ♢) deux groupes cycliques. On considère la loi de composition intnerne
⊗ : G1 × G2 −→ G1 × G2 définie par
Trouver une condition nécessaire et suffisante pour que (G1 × G2 , ⊗) soit cyclique.
−→ Z/aZ × Z/bZ
Z/abZ
2. (Théorème des restes chinois) Soit a, b ≥ 2. Montrer que φ :
x 7−→ (x, x)
est bien définie puis que φ est un isomorphisme si et seulement si a ∧ b = 1.
161
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice IV.7.
Remarque à propos de l’exercice V.7 : La question 1 demande montrer que lorsqu’un polynôme
Q ∈ A[X] est de coefficient dominant égal à 1, on peut effectuer la division euclidienne de tout polynôme
P ∈ A[X] par Q. Ce résultat est aussi vrai lorsque le coefficient dominant de Q est inversible, mais devient
faux lorsque ce n’est pas le cas. Lorsque A est un corps, tous les éléments de A sauf 0 sont inversibles,
on peut donc toujours effectuer la division euclidienne par un polynôme non nul.
Pour tout A ⊂ G, il existe un plus petit sous-groupe ⟨A⟩ de G contenant A appelé sous-groupe
engendré par A. De plus, on a
H≤G A⊂H
Preuve : L’existence et la première égalité ont déjà étés établis à la proposition I.6. Montrons la seconde
égalité, i.e.
⟨A⟩ = {aα1 1 . . . aαnn , n ∈ N, a1 , . . . , an ∈ A, α1 , . . . , αn ∈ Z}
| {z }
B
Il est facile de montrer que B est bien un sous-groupe de G contenant A. On en déduit donc que ⟨A⟩ ⊂ B.
Montrons l’inclusion réciproque. Pour tout n ∈ N a1 , . . . , an ∈ A ⊂ ⟨A⟩ et α1 , . . . , αn ∈ Z, par stabilité,
on a aα1 1 . . . aαnn ∈ ⟨A⟩, d’où l’égalité voulue.
Vocabulaire : On dit que S ̸= ∅ est générateur (de G) si G = ⟨S⟩
Exemple : (Sn , ◦) est généré par les transposition de la forme (i i + 1), i.e.
Exercice V.2.
Supposons que (G, ∗) soit un groupe fini abélien et soit p un nombre premier tel que ∀g ∈
G, ω(g)|p (ou d’une manière équivalente, ∀g ∈ G, g p = e). Montrer qu’il existe n ∈ N tel que
G ≃ (Z/pZ)n .
162
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Exercice V.3.
Soit H ̸= {e} un groupe où e est son élément neutre. Notons P l’ensemble des nombres premiers.
On pose Sg(H) l’ensemble des sous-groupes de H. Montrer que les propositions suivantes sont
équivalentes.
1. Sg(H) = {{e}, H}
2. ∃p ∈ P, H ≃ Z/pZ
3. ∀g ∈ H \ {e}, ⟨g⟩ = H
4. ∃p ∈ P, |H| = p
VI Compléments
1. Classes latérales et groupe quotient
Proposition VI.1.
∀a, b ∈ G, a ∼g b ⇐⇒ b ∈ aH
est une relation d’équivalence. La classe d’équivalence de a pour ∼g est aH et est appelée classe
à gauche selon H de a. On note cette classe a.
Remarque :
→ En fait, on peut également définir la même notion d’équivalence à droite ∼d par a ∼d b ⇐⇒ b ∈ Ha.
Ces deux relations sont les mêmes si et seulement si H est distingué. Dans ce cas, on la notera
simplement ∼. Nous discuterons un peu plus de cette notion d’équivalence à droite et à gauche
dans les compléments de ce chapitre.
→ Une manière équivalente de définir cette relation est
a ∼g b ⇐⇒ b−1 a ∈ H et a ∼d b ⇐⇒ ab−1 ∈ H
Preuve :
1. Pour tout a, b ∈ G, on a aH ∗ bH = a ∗ b ∗ H ∗ H = abH.
2. Il suffit d’appliquer la définition d’un groupe pour démontrer ce point.
3. Remarquons que
• γba−1 (aH) ⊂ bH et γab−1 (bH) ⊂ aH
163
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
• L’application γab−1 : bH −→ aH est un inverse (et donc l’unique inverse) de γba−1 et donc γba−1
est bijective
Par conséquent, pour tout a, b ∈ G, |aH| = |bH| et en particulier |aH| = |eH| = |H|.
4. H = e donc pour tout a ∈ G, ea = ae = a donc H est bien l’élément neutre de G/H.
Remarque :
→ Pour bien comprendre cette notion de groupe quotient, il faut voir que pour tout a ∈ G, la classe a
comme une sorte d’ensemble d’éléments de même "reste" que a dans G pour une certaine "division".
Lorsque ∗ est additive, on peut faire l’analogie avec Z/nZ. En effet, (nZ, +) ⊴ (Z, +) et le groupe
quotient de Z par nZ est tout simplement égal au groupe bien connu Z/nZ. Dans ce cas, lorsque
+ est additive, en pensant à cet exemple, on peut voir les classes a = a + H comme l’ensemble des
éléments de même "restes" que a "modulo H". Dans l’exemple de Z/nZ, on a bien entendu H = nZ.
→ L’égalité |H| = |aH| = |Ha| reste vraie même si H n’est pas distingué dans G.
Notation : Même lorsque H est un sous-groupe non distingué de G, on notera G/H l’ensemble des
classes à gauche de G selon H, i.e. l’ensemble {g, g ∈ G} = {gH, g ∈ G}. Dans ce cas, G/H n’est pas
un groupe, car lorsque G est non abélien, le produit de deux classes à gauche n’est pas forcément une
classe à gauche. De la même manière, on notera par H\G l’ensemble des classes à droite de G selon H
i.e. l’ensemble {Hg, g ∈ G}.
Proposition VI.3.
Preuve :
1. C’est clairement un morphisme par ce qui précède. Soit a ∈ Ker π. On a aH = H, il existe donc
g ∈ H tels que ae = g, i.e. a = g ∈ H. On en déduit donc que Ker π ⊂ H. L’implication réciproque
est évidente.
2. Posons H = Ker f et considérons l’application
G/H −→ G′
f˜ :
aH 7−→ f (a)
Cette application est bien définie (elle est indépendante du représentant), est clairement un mor-
phisme et est injective. En effet, pour tout U ∈ Ker f˜, il existe a ∈ G tels que U = aH. On a
alors
f˜(U ) = e′ ⇐⇒ f˜(aH) = e′ ⇐⇒ f (a) = e′ ⇐⇒ a ∈ Ker f ⇐⇒ aH = H
et donc Ker f˜ = {H}, et H est l’élément neutre de G/H. On en déduit donc que f˜ induit un
isomorphisme entre G/H et Im f et que en particulier G/ Ker f et Im f sont isomorphes.
Théorème (Théorème de Lagrange) VI.4.
164
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Preuve : Les classes à gauche selon H, {aH, a ∈ G}, sont disjointes et en nombre fini. Il existe donc
p
p ∈ N et a1 , . . . , ap ∈ G tels que G = ak H. Cette union étant disjointe et d’après la proposition VII.1
G
∗
k=1
tous ces ensembles sont de même cardinal égal à |H|, on peut écrire
p p
G
|G| = = |ak H| = p |H|
X
ak H
k=1 k=1
Soit p, q deux nombres premiers distincts et (H, ∗) un groupe abélien tel que |H| = pq. Montrer
que H ≃ Z/pZ × Z/qZ
Exercice VI.6.
2. Actions de groupes
Dans cette partie, on considère X un ensemble non vide.
Définition VI.7.
Remarque : On peut également définir les actions de groupe d’une autre manière. En effet, en considérant
ϕ : G −→ Bij(X) un morphisme de groupe de (G, ∗) dans (Bij(X), ◦), pour tout g ∈ G et x ∈ X, on peut
remplacer g • x par ϕ(g)(x).
Exemples :
→ Lorsque X = G, ϕ1 : (g, h) 7−→ γg (h) (g • h = γg (h)) et ϕ2 : (g, h) 7−→ σg (h) (g • h = σg (h)) sont
des actions de groupe. ϕ1 est appelée action de translation à gauche et ϕ2 est appelée action de
conjugaison.
→ ϕ3 : (g, h) 7−→ δg (h) une action de groupe seulement si G est abélien.
165
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Définition VI.8.
Soit x ∈ X.
→ L’ensemble O(x) = {g • x, g ∈ G} est appelé orbite de x.
→ L’ensemble Stab(x) = {g ∈ G, g • x = x} est appelé stabilisateur de x.
Proposition VI.9.
Soit • : G × X 7−→ X une action de groupe. Les propositions suivantes sont vraies.
1. Pour tous x, y ∈ X, on a O(x) ∩ O(y) = ∅ ou O(x) = O(y). De plus, on a X =
[
O(x).
x∈X
2. Pour tout x ∈ X, Stab(x) est un sous-groupe de G. De plus, on a l’implication suivante
pour tout y ∈ X
i∈J1;kK i∈J1;kK
|Stab(xi )|
Preuve :
1. Soit ∼ la relation sur X 2 définie par ∀x, y ∈ X, x ∼ y ⇐⇒ y ∈ O(x). Montrons que la relation ∼
est une relation d’équivalence.
→ Réflexivité : on a pour tout x ∈ X, e • x = x donc x ∈ O(x) et alors x ∼ x.
→ Symétrie : soit x, y ∈ X. Supposons que x ∼ y. On dispose donc de g ∈ G tel que g • x = y.
On a alors g −1 • y = g −1 • g • x = x et alors x ∈ O(y), i.e. y ∼ x.
→ Transitivité : soit x, y, z ∈ X tels que x ∼ y et y ∼ z. Il existe donc g, h ∈ G tels que g • x = y
et h • y = z et alors g • h • x = z. On en déduit donc que gh • x = z et donc z ∈ O(x), i.e.
x ∼ z.
On peut également facilement voir que pour tout x ∈ X, O(x) est la classe d’équivalence de x pour
∼. On peut donc partitionner X en classes d’équivalences pour ∼, i.e. pour tout x, y ∈ X, on a
O(x) ∩ O(y) = ∅ ou O(x) = O(y) et X =
[
O(x).
x∈X
2. Soit x ∈ X. La preuve du fait que Stab(x) est un sous-groupe de G ne présente pas de difficulté et
est donc laissé comme exercice au lecteur. Soit y ∈ G et h ∈ G, on a alors
h ∈ Stab(y) ⇐⇒ h ∈ Stab(g • x) ⇐⇒ h • (g • x) = g • x
⇐⇒ (g −1 hg) • x = x ⇐⇒ g −1 hg ∈ Stab(x)
⇐⇒ h ∈ gStab(x)g −1
166
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3. D’abord ϕx est clairement bien définie (indépendante du représentant). Montrons que ϕx est injec-
tive. Soit g, h ∈ G On a
ϕx (g) = ϕx (h) =⇒ g • x = h • x =⇒ (g −1 h) • x = x
=⇒ g −1 h ∈ Stab(x) =⇒ h ∈ gStab(x)
=⇒ h ∈ g =⇒ h = g
Donc ϕx est bien injective. Elle est de plus clairement surjective par définition de O(x), ce qui nous
permet de conclure qu’elle est bien bijective.
4. On sait d’après le point (1) que les ensembles (O(xi ))i∈J1;kK sont dijoints. De plus, d’après le point
3, pour tout x ∈ X, G/Stab(x) est en bijection avec O(x), i.e. |G/Stab(x)| = |O(x)|. On en déduit
donc que
k k k
|G|
G
|X| = O(xi ) = |O(xi )| = |G/Stab(xi )| =
X X X
i∈J1;kK i=1 i=1 i=1 |Stab(xi )|
Exercice VI.10.
Soit G un groupe fini et H ≤ G tel que [G : H] = p où p est le plus petit premier qui divise
l’ordre de G. Montrer que HG et que donc H contient toutes les puissances p−emes
Définition VI.11.
Soit a ∈ G.
→ L’ensemble O(a) = {xax−1 , x ∈ G} est appelé orbite de a.
→ L’ensemble C(a) = {x ∈ G, xa = ax} = {x ∈ G, xax−1 = a} = Stab(a) est appelé
commutant de a. Il s’agit de l’ensemble des éléments de G qui commutent avec a.
|G|
|G| = |O(x)| + |O(x)| = |Z(G)| +
X X X
167
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Preuve : Les preuves de ces résultats sont des applications directes de la proposition VII.9.
L’exercice suivant est une application de la proposition ci-dessus.
Exercice VI.13.
Supposons que G est fini et soit p un nombre premier tel que p||G|. Il existe x ∈ G, ω(x) = p.
x1 = x2 , x2 = x3 , . . . , xp−1 = xp
et alors pour tout k ∈ Z, k • x = x i.e. O(x) ne contient qu’un seul élément. On en déduit que pour
tout x ∈ E, deux cas sont possibles : ∀k, l ∈ Z, k • x ̸= l • x et alors O(x) contient p éléments, ou alors
∀k ∈ Z, k • x = x et donc O(x) contient un seul élément. En posant S1 l’ensemble des orbites à un seul
élément et S2 l’ensemble des orbites à p éléments, le fait que E est union disjointe des orbites de l’action
de groupe • nous permet de dire que
|G|p−1 = |E| = X + = |S1 | + p |S2 |
[ [
X
X∈S1 X∈S2
p divise |G|, donc p divise aussi |S1 | = |K|. O((e, . . . , e)) ∈ S1 et p ≥ 2 donc |K| = |S1 | ≥ 2. Il existe
donc x ∈ E \ {e} tel que xp = e.
168
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g aag = e ag = ag
a−1 −1 ′ −1 −1
On a donc
g = e · a · ag = (ag )g ag · a · ag = (ag )g ag = e
a · a−1 ′ −1 −1 −1 −1 −1 −1 −1 −1 ′
a admet donc aussi un inverse à droite qui est forcément le même qu’à gauche et donc H est un groupe.
HK = (HK)−1 = K −1 H −1 = KH
HK≤G H et K≤G
La première égalité
est due au fait qu’étant donné que HK est un sous-groupe de G, alors
HK −→ HK
l’application i : est bijective.
x 7−→ x−1
→ (⇒) Supposons que HK = KH utilisons la proposition I.4 pour montrer que HK est un
sous-groupe de G. HK ̸= ∅ il suffit donc de vérifier que
170
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
HK = Hk = kH = KH
[ [
HG
k∈K k∈K
et donc hk = kh
5. Supposons que les éléments de H et K commutent entre eux et que H ∩ K = {e}. D’après la
question 3, f est bijective. De plus, f est un morphisme (facile à vérifier) et donc un isomorphisme.
171
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
θ − θ′
Pour tout n ∈ N, n(θ − θ′ ) ̸∈ 2πZ car ̸∈ Q et alors Rn(θ−θ′ ) ̸= Id. On en déduit donc que Sθ
2π
et Sθ′ sont d’ordre 2 mais leur produit est d’ordre infini.
2. On a (ab)mn = (am )n (bn )m = e, donc ab est d’ordre fini et ω(ab)|mn. Posons l = ω(ab). Remarquons
maintenant que (ab)l = e et donc (ab)lm = e = (am )l blm = blm d’où n|ml et donc par Gauß, étant
donné que m ∧ n = 1, on a n|l. On peut montrer de la même manière que m|l et que donc, vu que
m ∧ n = 1, on a mn|l et finalement l = mn.
3. Décomposons m et n en facteurs premiers. Soit r ∈ N, p1 , . . . , pr des nombres premiers distincts et
α1 , . . . , αr ∈ N, β1 , . . . , βr ∈ N tels que
Quitte à réordonner les pi , supposons sans perte de généralité qu’il existe k ∈ J1; rK tel que
posons ensuite
α ′ ′
m′ = pk+1 k+1
. . . pαr r , n′ = pβ1 1 . . . pβkk , a′ = am et b′ = bn
m n
On a alors ω(a′ ) = ′ et ω(b′ ) = ′ ce qui donne
m n
n∧m n∧m n∧m
ω(a′ ) ∧ ω(b′ ) = ′ ′
= min(α1 ,β1 ) min(α ,β )
= =1
nm p1 . . . pr r r n∧m
4. Posons S = {ω(x), x ∈ G}. Étant donné que S est fini_non vide, on peut, en utilisant la question
précédente, trouver un élément z ∈ G tel que ω(z) = m qui vérifie bien la propriété voulue.
m∈S
172
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
−→ G Z
→ Méthode 2 (plus rapide) : a est un générateur de G donc l’application φ : est
k 7−→ ak
surjective et Ker φ = nZ. On a donc H = φ(φ−1 (H)) et d’après la proposition I.9, φ−1 (H) est un
sous-groupe de Z, i.e. de la forme kZ avec k ∈ N. De plus, {e} ⊂ H et donc
ω(a) n
1. Soit k ∈ Z. D’après le point (4) de la proposition III.1, on a ω(ak ) = = . On en
ω(a) ∧ k n∧k
déduit donc que D E n
G = ak ⇐⇒ ω(ak ) = n ⇐⇒ = n ⇐⇒ n ∧ k = 1
n∧k
b ∈ Gd ⇐⇒ |⟨b⟩| = d ⇐⇒ ⟨b⟩ = Hd
⟨b⟩≤G
173
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
→ Méthode 2 : On a
G
n = |J1; nK| = ∈ J1; nK k ∧ n =
{k d}
d|n, d≥1
d|n, d≥1
( )
n k n
= ∈ d × J1; K, ∧ = 1
X
k
d|n, d≥1
d d d
n n
= ∈ J1; K, k ∧ = 1
X
k
d|n, d≥1
d d
n
= =
X X
φ φ(d)
d|n, d≥1
d d|n, d≥1
≥ 1, d|n} −→ {d ≥ 1, d|n}
{d
h: n
d 7−→
d
est une bijection.
φ est donc bien définie. Il est également facile de vérifier qu’il s’agit d’un morphisme. Montrons
maintenant qu’il s’agit d’un isomorphisme si et seulement si a ∧ b = 1.
→ (⇐) Supposons que a ∧ b = 1. On a φ 1(ab) = 1(a) , 1(b) . D’après la question 1, étant donné
que 1(a) et 1(b) sont d’ordre respectivement a et b et a ∧ b = 1, alors ω 1(a) , 1(b) = ab. On
a de plus D E D E
1(a) , 1(b) = φ 1(ab) ⊂ Im φ
et donc D E
|Im φ| ≥ 1(a) , 1(b)
= ab
174
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
or |Im φ| ≤ |Z/aZ × Z/bZ| = ab, donc |Im φ| = ab et alors Im φ = Z/aZ × Z/bZ, i.e. φ est
surjective. De plus, on a |Z/abZ| = ab = |Z/aZ × Z/bZ| donc la surjectivité de φ nous donne
directement que φ est bijective, c’est donc un isomorphisme.
→ (⇒) Supposons que a ∧ b = d > 1. On a alors a ∨ b ∈]0, ab[ et donc a ∨ b(ab) ̸= 0(ab) , mais
φ a ∨ b(ab) = a ∨ b(a) , a ∨ b(b) = 0(a) , 0(b)
n o
On en déduit que Ker φ ̸= 0(ab) et que donc φ n’est pas injective. φ ne peut donc pas être
un isomorphisme.
Montrons que la propriété est vraie pour n + 1. On suppose que P est de degré n + 1 et
on pose
n+1
P (X) = ak X k et Q(X) = X r + H(X)
X
k=0
k=0
On a donc
n
!
deg(P (X) − an+1 X n+1−r
Q(X)) = deg k n+1−r
X
ak X − an+1 X H(X) ≤ n
k=0
Par hypothèse de récurrence, il existe B̃, R̃ ∈ A[X] tels que deg R̃ < deg Q tels que
et alors on a
P (X) = (B̃(X) + an+1 X n+1−r )Q(X) + R(X)
on en déduit que B(X) = B̃(X) + an+1 X n+1−r et R̃(X) = R(X) conviennent, d’où l’exis-
tence.
→ Unicité : Soit B1 , B2 , R1 , R2 ∈ A[X] tels que deg R1 ≤ deg Q, deg R2 ≤ deg Q et
On a alors
(B1 (X) − B2 (X))Q(X) = R1 (X) − R2 (X)
175
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
x∈G
un élément de G d’ordre le plus grand qu’on peut trouver (ici égal à n) et d’essayer de montrer
qu’il engendre G. Posons n = ω(x). D’après la question 4 de l’exercice IV.3, il existe z ∈ G tel
_
x∈G
que ω(z) = ω(x) = n. n est un multiple de tous les ordres des éléments de G, donc pour tout
_
x∈G
x ∈ G, xn = 1. On posant Z l’ensemble des racines de X n − 1 dans K, on voit que G ⊂ Z. D’après
la question précédente, le polynôme X n − 1 admet au plus n racines, donc on a |G| ≤ |Z| ≤ n. De
plus, on a n = |⟨z⟩| ≤ |G| et donc |G| = n = |⟨z⟩| et ⟨z⟩ ⊂ G, et finalement G = ⟨z⟩, i.e. G est
cyclique.
on peut voir que (G, +, ·) est un Z/pZ-espace vectoriel. G est fini et donc de dimension finie. En posant
n = dimZ/pZ G, on peut affirmer l’existence d’une base de G, (x1 , . . . , xn ). On peut donc affirmer que tout
x ∈ G s’écrit d’une manière unique sous forme de
x = k1 · x1 + · · · + kn · xn , k1 , . . . , kn ∈ Z/pZ
En considérant donc l’isomorphisme (il est facile de montrer qu’il est bien défini et qu’il s’agit d’un
isomorphisme)
G −→ (Z/pZ)n
φ:
k1 x1 + · · · + kn xn 7−→ (k1 , . . . , kn )
176
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
est bien défini et est bijectif. On en déduit alors que H ≃ Z/nZ. De plus,Dsi dEest un diviseur
n
positif de n différent de n, alors d’après le point 5 de la proposition III.1, g d = ω(g d ) = .
d
On a donc
n D E
= ω(g d ) = g d = |H| = n
d
et donc d = 1. On en déduit alors que les seuls diviseurs de n sont 1 et n, i.e. que n est premier
et alors |H| = |Z/nZ| = n ∈ P.
→ (4) ⇒ (1) Soit L un sous-groupe de H. H est cyclique donc d’après le résultat de l’exercice V.4 L
est également cyclique. On a donc d’après le théorème faible de Lagrange (IV.4) |L| | |H|, mais H
est premier, donc |L| ∈ {1, |H|} et finalement Sg(H) = {H, {e}}.
177
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Pour montrer que H est distingué, il suffit de montrer que pour tout h ∈ H et a ∈ G, haH = aH, i.e. que
O(aH) = {aH}. Soit a ∈ G. Supposons que |O(aH)| ̸= 1. D’après le point 3 de la proposition VII.9, on
a O(aH)| |H|. De plus, par le théorème de Lagrange (VII.4), H étant un sous-groupe de G, on a |H| | |G|
et donc |O(aH)| | |G|. p étant le plus petit diviseur de |G| strictement supérieur à 1, on en déduit que
|O(aH)| ≥ p. Remarquons de plus que pour tout h ∈ H, h • H = H et donc O(H) = {H}.
On a alors d’après le point 4 de la proposition VII.9, si R est l’ensemble des représentants des orbites de
l’action • de H sur G/H, alors
x∈R
ce qui est absurde, donc |O(aH)| = 1 i.e. O(aH) = {aH} donc H est bien un sous-groupe distingué de
G.
Une version plus courte utilisant des notion plus avancées sera exposée dans un chapitre complément à
178
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
|G|
|Z(G)| = |G| − |O(x)| = |G| −
X X
|G|
∀x ∈ R, ∃k ∈ J1; nK, = pk
|C(x)|
et donc
|G|
Z(G) ≡ pn − ≡ 0[p]
X
x∈R |C(x)|
De plus, e ∈ Z(G) donc Z(G) ≥ p. Z(G) n’est alors pas réduit à un singleton.
Supposons à présent que n ≤ 2 et montrons que G est abélien.
→ Si n = 1, alors on a p = |G| ≥ |Z(G)| ≥ p donc |Z(G)| = p et alors Z(G) = G i.e. G est abélien.
→ Si n = 2, alors on sait que Z(G) est un sous-groupe de G, donc par le théorème de Lagrange (VII.4),
|Z(G)| | |G| et donc |Z(G)| = p ou |Z(G)| = p2 . Si |Z(G)| = p2 , alors on peut dire comme avant
que Z(G) = G et alors que G est abélien.
Soit x ∈ G \ Z(G). On sait encore une fois, d’après le théorème de Lagrange (VII.4), que |⟨x⟩| | |G|,
et x ̸= e, donc |⟨x⟩| ∈ {p, p2 }. Si |⟨x⟩| = p2 , alors G = ⟨x⟩ et on en déduit immédiatement
que G est commutatif. Sinon, on a encore une fois d’après Lagrange |⟨{x} ∪ Z(G)⟩| ∈ {p, p2 } et
|⟨{x} ∪ Z(G)⟩| > |⟨x⟩| = p et donc |⟨{x} ∪ Z(G)⟩| = p2 et alors ⟨{x} ∪ Z(G)⟩ = G. D’après la
proposition VI.1, on peut écrire
il est facile de montrer que ce groupe est abélien, et donc on en déduit que G est abélien.
on peut affirmer d’après le point 1 de la proposition IV.1 que ω(π(x))|ω(x) i.e. p|ω(x). On a alors
ω(x)
ω(x)
d’après le point 5 de la proposition III.1, ω x p = = p.
ω(x)/p
2. Posons G = kp avec k ∈ N∗ et procédons par récurrence forte sur k
→ Si k = 1, alors |G| = p, alors la propriété est vraie d’après l’exercice VI.3.
→ Soit k ∈ N, suppsons que pour tout l ∈ J1; kK, si |G| = lp, alors G vérifie la propriété voulue.
Supposons maintenant que |G| = (k + 1)p et montrons qu’il existe un élément de G d’ordre p.
179
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Soit x ∈ G \ {e}.
• Si p|ω(x), alors encore une fois, d’après le point 5 de la proposition III.1,
ω(x)
ω(x)
ω x p = =p
ω(x)/p
L/ Ker π̃ ≃ Im π̃ (4)
On a de plus, M est un sous-groupe de G/H et contient donc son élément neutre H, et alors
H = Ker π = π −1 ({H}) ⊂ π −1 (M ) = L
et alors
Ker π̃ = L ∩ Ker π = Ker π = H
et donc Ker π̃ = Ker π. De plus, on a également
L est donc un sous-groupe de G de cardinal pk+1 , ce qui est bien le résultat voulu.
4. D’abord, par commutation, HL = LH et donc ce dernier est bien un sous-groupe de G (voir question
1 exercice I.13). De même, par commutation, ψ est bien un morphisme de groupes. Montrons
maintenant que ψ est injective. On envisage deux méthodes.
180
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
et donc (h, l) = (e, e). On en déduit donc que Ker ψ = {(e, e)} et que donc ψ est injective.
→ Méthode 2 : Soit (h, l) ∈ Ker ψ. On a alors hl = e et donc h = l−1 ∈ H ∩ L.
Or, H ∩ L ≤ H et H ∩ L ≤ L et donc, par Lagrange, |H ∩ L|||H| ∧ |L| = 1 i.e. H ∩ L = {e}.
Ainsi, h = l = e et donc ψ est injective.
ψ est clairement surjective donc bijective et donc |HL| = |H × L| = |H| × |L|.
5. On peut montrer facilement par récurrence en utilisant la question précédente le résultat suivant.
Pour tout r ∈ N∗ , si H1 , . . . , Hr sont r sous-groupes de G tels que pour tout i, j ∈ J1; rK différents,
|Hi | ∧ |Hj | = 1, alors H1 . . . Hr est un sous-groupe de G et
181
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Chapitre 23
Polynômes
Notations
Soit K un corps et P ∈ K[X].
→ On note ZK (P ) l’ensemble des racines de P dans K. Lorsqu’il n’y a pas ambiguïté sur K, on note
simplement Z(P ).
→ On note val P la valuation de P , c’est à dire le coefficient du terme de plus petit degré de P .
I Préambule
Dans tout le chapitre, K désigne un corps.
Proposition I.1.
Soit P ∈ K[X] :
1. Si deg P = 1, alors P est irréductible.
2. Si deg(P ) ∈ {2, 3}, alors P est irréductible si et seulement s’il n’a pas de racine.
Preuve
1. Clair car si P = QR et deg P = 1 alors nécessairement Q ou R est constant.
2. Montrons les deux implications.
→ (⇒) Si P est irréductible de degré n ≥ 2, il est sans racine (s’il admet une racine a, P =
(X − a)Q avec Q non constant, absurde).
→ (⇐) Procédons par contraposée. si deg P ∈ {2, 3} se factorise de manière non triviale, P = QR
deg(P )
avec 1 ≤ deg Q ≤ deg R et deg P = deg Q + deg R, donc 1 ≤ deg Q ≤ ≤ 1.5, donc
2
deg Q = 1 et Q admet une racine dans K et finalement P aussi.
Contre exemple : Pour deg P ≥ 4, la propriété √ (2) n’est plus vraie.
√ En effet, X + 1 dans R[X] est
4
réductible car sa factorisation dans R[X] est (X + 2X + 1)(X − 2X + 1) mais n’admet pas de racine
2 2
dans R.
Proposition I.2.
Si K ⊂ L sont deux corps et (A, B) ∈ (K[X] − {0})2 , alors A ∧ B et A ∨ B sont les mêmes
dans L[X] et dans K[X].
Preuve
→ Pour A ∧ B : le calcul de cette quantité se fait par l’algorithme d’Euclide qui manipule des éléments
de K[X]. Tous ces éléments restent dans K[X] au fil des étapes de l’algorithme, donc le résultat de
l’algorithme, i.e. A ∧ B, reste dans K[X].
AB
→ Pour A ∨ B : A ∨ B = , il s’agit donc du rapport de deux éléments de K[X] et est de plus le
A∧B
même vu l’invariance de A ∧ B.
182
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
II Polynômes complexes
Théorème (Théorème de D’Alembert-Gauss) II.1.
les polynômes irréductibles de C[X] sont de degré 1. D’une manière équivalente, pour tout
P ∈ C[X] non constant, il existe λ1 , . . . , λn , a ∈ C tels que
n
P (X) = a (X − λi )
Y
i=1
Preuve : La preuve de ce théorème dépasse le cadre de ce cours et ne sera donc pas faite.
Proposition II.2.
i=1 i=1
On a r r
P ∧Q= (X − zi ) min(αi ,βi )
et P ∨ Q = (X − zi )max(αi ,βi )
Y Y
i=1 i=1
Xm − 1 ∧ Xn − 1 = (X − ω) ∧ (X − ω)
Y Y
ω∈Um ω∈Un
= (X − ω)
Y
ω∈Um ∩Un
= (X − ω) = X m∧n − 1
Y
ω∈Um∧n
Pour toute suite (Pk )k à valeurs dans Cn [X], la suite de fonctions (Pk ) converge simplement
vers P ∈ Cn [X] si et seulement si les coefficients de (Pk ) convergent vers ceux de P .
Preuve
183
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
→ (⇐) Supposons que les coefficients de (Pk ) convergent vers ceux de P . Soit a ∈ C. Il est facile de
voir que Pk (a) −−−−→ P (a) en passant à la limite.
k→+∞
→ (⇒) Supposons que (Pk ) converge simplement vers P . Soit b0 , . . . , bn ∈ C deux à deux différents.
Considérons les deux normes suivantes dans Cn [X]
Cn [X] −→ R+
Cn [X] −→ R +
∥.∥∞,coef f : ∥.∥ : n
7−→ max |αi | |P (bi )|
X
P
P
7−→
i∈J0;nK
i=0
avec P (X) = αn X n + · · · + α1 X + α0 .
Cn [X] est de dimension finie, donc les normes ∥.∥∞,coef f et ∥.∥ sont équivalentes. Le fait que (Pk )
converge simplement vers P implique que (Pk ) converge vers P pour ∥.∥ et donc par équivalence
des normes, Pk converge vers P pour ∥.∥∞,coef f , i.e. les coefficients des termes de (Pk ) convergent
vers ceux de P .
Exercice II.5.
Soit n ≥ 1 et (Pk )k∈N une suite de polynômes unitaires de Cn [X]. On suppose que (Pk ) converge
simplement vers P ∈ Cn [X] unitaire de degré n. Soit U un ouvert non vide de C tel que U
contient l ∈ N racines de P comptées avec multiplicité et qu’aucune racine de P n’est dans la
frontière de U qu’on note ∂U = U \U . Montrer qu’il existe K ∈ N tel que pour tout k ≥ K, U
contient exactement l racines de Pk comptées avec multiplicité.
Preuve : Soit P ∈ R[X] unitaire non constant. Si deg P ≥ 3, alors deux cas se présentent.
→ P admet une racine z ∈ R, et alors P est réductible car il est divisible par X − z.
→ P admet une racine z ∈ C \ R et P est à coefficients réels, donc z est aussi une racine de P . P est
alors divisible par (X − z)(X − z) = X 2 − 2Re(z) + |z|2 ∈ R[X] et est donc réductible.
Si deg P = 1, alors d’une manière évidente P s’écrit X − a avec a ∈ R et est irréductible et si deg P = 2,
alors P est irréductible s’il n’admet pas de racine réelle, i.e. son discriminant est négatif.
Remarque : Les polynômes irréductibles de R[X] de degré 2 s’écrivent aussi de la forme (X − a)2 + b2
avec a ∈ R et b > 0.
Exercice III.2.
Montrer que tout polynôme P ∈ R[X] positif sur R s’écrit de la forme P = A2 + B 2 avec
A, B ∈ R[X].
184
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition III.3.
Preuve :
1. Montrons la propriété successivement pour P ′ et P + αP ′ .
→ Si a1 < · · · < ar sont les racines de P de multiplicités respectives α1 , . . . αr , alors pour tout i,
ai est racine de P ′ de multiplicité αi − 1. On trouve ainsi α1 + · · · + αr − r = n − r racines de P ′
avec multiplicité. De plus, en appliquant le théorème de Rolle sur les segments [ai , ai+1 ] on peut
affirmer que P ′ s’annule en b1 , . . . , br−1 tels que a1 < b1 < a2 < · · · < ar−1 < br−1 < ar , soit
r − 1 racines (simples) supplémentaires. On a donc un total de n − r + r − 1 = n − 1 racines de
P ′ comptées avec multiplicité et P ′ est de degré n-1, donc P ′ est scindé. Cette preuve montre
aussi que P ′ est dissocié si P l’est.
→ Soit α ∈ R. Si α = 0 alors il s’agit du cas précédent. Sinon considérons f : t 7−→ eβt P (t) où
1
β = . On a alors pour tout t ∈ R,
α
f ′ (t) = 0 ⇐⇒ eβt (βP (t) + P ′ (t)) = 0 ⇐⇒ P (t) + αP ′ (t) = 0
(k + 2)! n!
P (k) (X) = k!ak + (k + 1)!ak+1 X + ak+2 X 2 + · · · + an X n−k
2 (n − k)!
0 est alors racine de multiplicité 2. De plus, P est dissocié et donc d’après la propriété précédente,
P (k) aussi, ce qui est absurde. On en déduit donc que pour tout k ∈ J0; n − 1K, a2k + a2k+1 > 0.
3. On sait que
P′ X n
1
=
P i=1 X − λi
i=1 (X − λi )
P 2 P2
185
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soit
k+1 2
(k + 2)!ak+2 k!ak ≤ (k + 1)!2 a2k+1 puis ak+2 ak ≤ ak+1 ≤ a2k+1
k+2
d’où le résultat.
4. Soit (Pk ) ∈ Rn [X]N une suite de polynômes non constants unitaires scindés convergeant simplement
vers Q ∈ R[X]. Posons pour tout k ∈ N et z ∈ C,
YPk
deg
Pk (z) = (z − ak,j )
j=1
YPk
deg
|Pk (z)| = |z − ak,j | ≥ |Im z|deg Pk ≥ min(|Im z| , |Imz|n )
j=1
Q est donc soit constant soit scindé dans R (il n’a pas de racine complexe non réelle) car pour tout
z ∈ C \ R, Q(z) ̸= 0. Le premier cas est impossible car si Q(X) = C est constant alors en prenant
z = i(1 + |C|), on obtient une contradiction avec l’inégalité.
Exercice III.4.
Trouver les P ∈ R[X] unitaires à coefficients dans {−1, 0, 1} qui sont scindés sur R.
Preuve : Nous ne ferons par la preuve détaillée de ce résultat mais nous en donnerons uniquement l’idée
principale. Pour voir d’où vient cette formule, il suffit de développer an (X − λ1 ) . . . (X − λn ) et d’identifier
les coefficients de ce polynôme avec ceux de P . En particulier, il est facile de voir cette propriété pour
l = n et l = 1 qui s’écrivent
a0 an−1
(−1)n = λ1 . . . λn et − = λ1 + · · · + λn
an an
186
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Exercice IV.2.
Soit P ∈ Q[X] irréductible et a une racine complexe de P . Montrer que a est une racine simple
de P .
Exercice IV.3.
Soit P ∈ Q[X] de degré égal à 5. Montrer que si P admet une racine double dans C, alors il
possède une racine dans Q.
V Irréductibilité de Z[X]
Exercice V.1.
n
Soient n ≥ 1 et a1 , . . . an ∈ Z deux à deux distincts. Soit P = 1 + (X − ai )2 . Montrer que P
Y
i=1
est irréductible dans Z[X].
Soit P (X) = X n + an−1 X n−1 + · · · + a0 ∈ Z[X]. On suppose qu’il existe un nombre premier p
tel que p2 ∤ a0 et pour tout i ∈ J0; n − 1K, p|ai . Montrer que P est irréductible dans Z[X].
Exercice V.3.
Montrer que X 4 +1 est irréductible dans Q[X] et que pour tout p premier, X 4 +1 est réductible
dans Z/pZ.
187
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Exercice VI.1.
Le but de cet exercice est de montrer qu’un polynome P ∈ Z[X] non constant est irréductible
dans Z[X] si et seulement s’il l’est sur Q[X]. Le sens réciproque étant clair, on se propose alors
de montrer le sens direct.
n n
1. Posons pour tout polynôme P = ak X k non nul c(P ) = ai son contenu. Montrer
X ^
k=0 i=0
que
∀P, Q ∈ Z[X] − {0}, c(P Q) = c(P )c(Q)
2. En déduire le résultat
188
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
∀K ≥ 0, ∃k ≥ K, F (Pk ) ̸= l
D’une manière équivalente, que l’ensemble A = {k ∈ N, F (Pk ) ̸= l} est infini. A étant infini, il existe une
extractrice ψ telle que pour tout k ∈ N, ψ(k) ∈ A. Pour alléger les notations, on va noter (Pk ) au lieu de
(Pψ(k) ) car (Pψ(k) ) converge aussi vers P .
On sait d’après la proposition II.4 que les coefficients des termes de (Pk ) convergent vers ceux de P .
En particulier, P étant unitaire, le coefficient devant X n des termes de (Pk ) converge vers 1 et est donc
non nul à partir d’un certain rang et alors il existe A > 0 tel que pour tout k ≥ A, deg Pk = n. Posons
alors pour tout k ≥ A, λk,1 , . . . , λk,n les racines de Pk . Les coefficients de Pk convergent et sont donc tous
bornés. En utilisant la proposition II.3, on peut en déduire que les suites (λk,1 )k≥A , . . . , (λk,n )k≥A sont
toutes bornées. Par conséquent, d’après Bolzano-Weierstraß, il existe une extractrice φ (la même pour
les n suites, quitte à faire des extractions successives) et λ1 , . . . , λn tels que
En utilisant ce qu’on vient de voir, il est facile de voir (soit en utilisant les relations coefficient racines,
ou alors en passant par la convergence simple) que
n n
Pφ(k) (X) = (X − λφ(k),i ) −−−−→ (X − λi )
Y Y
k→+∞
i=1 i=1
n
coefficient par coefficient et donc que P (X) = (X − λi ). On a alors pour tout i ∈ J1; nK,
Y
i=1
→ Soit λi ∈ U , et alors U étant ouvert, il existe K > 0 tel que pour tout k > K, λi,φ(k) ∈ U
→ Soit λi ̸∈ U et alors par hypothèse (pas de racines dans la frontière) λi ∈ C \ U . Cet ensemble est
ouvert, il existe donc K > 0 tel que pour tout k ≥ K, λi,φ(k) ∈ C \ U et alors λi,φ(k) ̸∈ U .
Ceci permet de dire que pour k assez grand, λi,φ(k) et λi sont soit tous les deux dans U soit tout les deux
à l’extérieur de U et donc en particulier que F (Pφ(k) ) = F (P ) = l, ce qui est absurde par hypothèse.
i=1 i=1
| {z }
irréductible
189
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
k=1 k=1
k=1
Il est clair que les coefficients de P1 et P4 ne sont pas tous dans {−1, 0, 1} et donc ne vérifient pas les
conditions voulues. Cependant P2 et P3 conviennent.
Pour le cas n = 2, on peut écrire P = X 2 + aX + b où b = ±1 et a ∈ {−1, 0, 1}. La condition est alors
∆ = a2 − 4b ≥ 0 et donc les seuls polynômes convenables sont X 2 − X − 1, X 2 − 1 et X 2 + X − 1.
Pour n = 1 la propriété voulue est toujours vérifiée. En posant donc
On déduit que l’ensemble des polynômes scindés à coefficients dans {−1, 0, 1} est égal à
{X k Q, k ∈ N, Q ∈ A}
190
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
∃U, V ∈ Q[X], U P + V P ′ = 1
En évaluant en a, on a U (a)P (a) +V (a)P ′ (a) = 1 et alors nécessairement P ′ (a) ̸= 0, i.e. a est une racine
| {z }
=0
simple de P .
Remarquer aussi que dire P ∧ P ′ = 1 est équivalent à dire que P et P ′ n’ont aucune racine complexe
commune et que donc, en particulier, a n’est pas racine de P ′ , ce qui fournit le résultat.
→ Si deg Q = 2, alors a est racine double de P mais d’après l’exercice précédent n’est racine double
ni de Q ni de R et donc Q(a) = R(a) = 0 ce qui est absurde car Q ∧ R = 1.
et alors
∀i ∈ J1; nK, Q(ai ) = R(ai ) = ±1
De plus P est positif et ne s’annule pas sur R, donc Q et R aussi, sont de signe constant et ont le même
signe. On suppose que Q > 0 et R > 0 (le cas Q < 0 et R < 0 se traite de la même manière), chose qui
implique en particulier que Q et R sont unitaires (P est unitaire). On a alors
Q − 1 et R − 1 admettent n racines distinctes, sont donc de degré au moins n et la somme de leurs degrés
est 2n. On en déduit que deg Q = deg R = n et
n
Q(X) − 1 = R(X) − 1 = (X − ai )
Y
i=1
191
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
et que finalement !2
n n
(X − ai ) + 1 = P (X) =
2
(X − ai ) + 1
Y Y
i=1 i=1
On passe dans Z/pZ[X] : comme ∀i ∈ J0; n − 1K, ai ≡ 0[p], on peut écrire dans Z/pZ[X]
Or par unicité de la décomposition de X n en facteurs irréductibles dans Z/pZ[X], Q(X) et R(X) doivent
être de la forme X s1 et X s2 . Pour qu’on ait la bonne puissance, il est nécessaire que s1 = r et s2 = s, i.e.,
dans Z/pZ[X], Q(X) = X r et R(X) = X s , et alors
br−1 = · · · = b1 = b0 = cs−1 = · · · = c1 = c0 = 0
Or a0 = c0 b0 et d’après l’égalité ci-dessus, p|b0 et p|c0 et donc p2 |a0 , ce qui est absurde.
X 4 + 1 = X 4 + 2X 2 + 1 = (X 2 + 1)2
192
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Si −2 est un carré modulo p, i.e. il existe b ∈ Z/pZ tel que b2 = −2, on peut écrire
X 4 + 1 = X 4 − −1 = X 4 − c2 = (X 2 − c)(X 2 + c)
i=0
1 n
ai P
c(P ) = =c
^
a i=0 a a
Soient P, Q ∈ Z[X] \ {0} et p ∈ Z premier. Si p|c(P Q), alors dans Z/pZ[X], P Q = 0 (car p divise
tous les coefficients de P Q) et alors, Z/pZ étant intègre, P = 0 ou Q = 0 dans Z/pZ[X] et alors p
divise tous les coefficients de P ou tous les coefficients de Q, i.e. p|c(P ) ou p|c(Q) ce qui est absurde
car c(P ) = c(Q) = 1. On en déduit donc qu’on a bien c(P Q) = 1.
2. Soit P ∈ Z[X] \ {0} réductible dans Q[X]. Étant donné que diviser P par un entier (qui divise tous
les coefficients pour rester dans Z[X]) ne change pas fait que P soit irréductible ou non dans Z[X],
quitte à diviser par c(P ), on suppose que c(P ) = 1.
Soit λ ∈ Z le coefficient dominant de P . P étant réductible dans Q[X], il existe Q, R ∈ Q[X]
unitaires tels que deg Q ≥ 1, deg R ≥ 1 et P = λQR. On va montrer que λ s’écrit λ = cd avec
c, d ∈ Z et cQ, dR ∈ Z[X].
Posons a = min {k ≥ 1, kQ ∈ Z[X]}. On veut montrer que c(aQ) = 1. Supposons le contraire. On a
| {z }
̸=∅
aQ a
alors ∈ Z[X], et c(aQ) divise le coefficient dominant de aQ qui est égal à a, donc ∈ N∗
c(aQ) c(aQ)
ce qui contredit la minimalité de a. En posant donc b = min{k ≥ 1, kR ∈ Z[X]}, on a de même
c(bR) = 1. On a alors
193
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
On peut montrer d’une manière plus générale, par la même démonstration ci-haut, que si P =
r
Qi ∈ Z[X] \ {0} est une factorisation de P dans Q[X] avec Qi unitaires et λ le coefficient
Y
λ
i=1
dominant de P , alors on peut écrire λ = c(P )λ1 . . . λr avec pour tout i ∈ J1; rK, λi ∈ Z et λi Qi ∈
Z[X]. En particulier
r r
→ Si P = λ Qi est la factorisation en irréductibles dans Q[X], alors P = c(P ) (λi Qi ) est
Y Y
i=1 i=1
une factorisation en irréductibles dans Z[X].
→ Pour tout Q ∈ Z[X] \ {0},
Le cas particulier où ±Q est unitaire est assez connu et est une conséquence du fait qu’on peut
effectuer la division euclidienne dans Z[X] par un polynôme unitaire (ou de coefficient dominant
égal à −1) de Z[X] (en effet, lorsque K n’est pas un corps, on ne peut pas toujours faire la
division euclidienne dans K[X]) et du fait que la division euclidienne dans Z[X] (lorsqu’elle
est faisable dans Z[X]) et Q[X] donne toujours le même résultat.
r
→ Si P est unitaire et P = Qi est une factorisation dans Q[X] avec les Qi unitaires, alors
Y
i=1
pour tout i ∈ J1; rK, Qi ∈ Z[X]. En effet, en reprenant les notations vu précédemment,
1 = c(P )λ1 . . . λr implique que pour tout i ∈ J1; rK, λi ∈ {−1, 1}. Cette propriété est particu-
r
lièrement intéressante dans le cas où l’égalité P = Qi est une factorisation en irréductibles
Y
i=1
dans Q[X], vu qu’elle donne que chaque facteur est en fait (unitaire et) dans Z[X].
194
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Chapitre 26
Systèmes linéaires
Soit K un corps et m, n ∈ N∗ .
I Généralités
D’une manière générale, un système linéaire s’écrit de la manière suivante.
+ · · · + a1,n xn = b1
a x
1,1 1
..
(S) : . ⇐⇒ AX = B
a
m,1 x1 + · · · + am,n xn = bm
où X = (x1 , . . . , xn )T sont les inconnus, A = (ai,j )i∈J1;mK une matrice à coefficients dans K et B =
j∈J1;nK
(b1 , . . . , bm )T un vecteur de Km .
Vocabulaire : On appelle rang du système (S) le rang de la matrice A. De plus, on dit que (S) est
→ Compatible lorsque l’ensemble des solutions, noté S, est non vide.
→ Homogène lorsque B = 0.
On notera S0 l’ensemble des solutions de l’équation AX = 0.
Proposition I.1.
Preuve :
1. On a S0 = Ker A et donc par la formule du rang,
2. Supposons S =
̸ ∅ et soit X0 ∈ S. On a
X ∈ S ⇐⇒ AX = B ⇐⇒ AX = AX0 ⇐⇒ A(X − X0 ) = 0 ⇐⇒ X − X0 ∈ S0
3. S =
̸ ∅ ⇐⇒ ∃X ∈ Kn AX = B ⇐⇒ B ∈ Im A
On aura besoin du lemme assez connu suivant
Exercice I.2.
II Système de Cramer
Dans cette partice, on suppose que m = n et donc A ∈ Mn (K).
195
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Théorème II.1.
Preuve :
→ (1) ⇒ (2) Si A ∈ GLn (K), alors pour tout B ∈ Kn l’unique solution de (S) est X = A−1 B.
→ (2) ⇒ (3) Clair.
Kn
−→ Kn
→ (3) ⇒ (4) L’application fA : est surjective et donc, par égalité des dimensions finies,
X 7−→ AX
est aussi injective et donc son noyau S0 = {0}.
→ (4) ⇒ (5) Si la seule solution de S0 est 0, alors on a Ker A = {0} et donc A est inversible, i.e.
det A ̸= 0.
→ (5) ⇒ (1) Clair.
Proposition (Formule de Cramer) II.2.
a b
(S) est de cramer si et seulement si = ab′ − a′ b ̸= 0 et dans ce cas, la seule solution de (S) est
′
a b′
c b a c
′
b′
′
c b′ c − bc′ a c′ ac′ − a′ c
x= = et y = =
a
b ab′ − a′ b a
b ab′ − a′ b
′
b′
′
a a b′
196
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
La propriété exposée dans cet exercice est essentielle et est utilisée dans le chapitre de réduction d’endo-
morphismes.
Exercice (Lemme d’Hadamard) II.3.
n
Soit A = (ai,j )i,j∈J1;nK ∈ Mn (C) tel que pour tout i ∈ J1; nK, |ai,i | > |ai,j |. Montrer que
X
j=1,j̸=i
A ∈ GLn (C).
Remarque : En transposant, on obtient un énoncé similaire mais en sommant sur la même colonne.
Proposition III.1.
Kn → Kn
Soit A ∈ Mn (K), λ ∈ K et fA : . Les propositions suivantes sont équivalentes.
X 7→ AX
1. λ valeur propre de A
2. Ker(fA − λ Id) ̸= {0}
3. det(A − λIn ) = 0
4. Le système (A − λIn )X = 0 a une solution X ̸= 0.
Exercice III.2.
IV Matrices de permutation
Définition IV.1.
Pour tout σ ∈ Sn , on pose Pσ = (δi,σ(j) )i,j∈J1;nK . On appelle cette matrice la matrice de permu-
tation associée à σ.
197
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice IV.2.
Soit σ, σ ′ ∈ Sn .
1. Calculer det Pσ .
2. Montrer que Pσ Pσ′ = Pσ◦σ′ et en déduire que Pσ−1 = Pσ−1 .
3. En déduire que G = {Pσ , σ ∈ Sn } muni du produit matriciel est isomorphe à Sn .
4. Soit A = (ai,j )i,j∈J1;nK ∈ Mn (K) et X = (xi )i∈J1;nK ∈ Kn . Calculer Pσ A, APσ et Pσ X.
1. Explication de l’algorithme
Le but de cette partie est de répondre à la question suivante : Étant donnée A = (ai,j )i,j∈J1;nK ∈ Mn (K),
comment déterminer Ker A ? Cette question est équivalente à déterminer l’ensemble des solutions du
système AX = 0. Posons alors r = rg A. Bien entendu, la réponse est claire lorsque r = n car il s’agit
d’un système de Cramer, on suppose donc que r < n.
r ∈ J1; n − 1K donc il existe r lignes (qui forment une famille libre) de A telles que les n − r lignes restantes
sont combinaison linéaire de ces r lignes. Quitte à permuter les lignes de A, supposons que ces lignes sont
les r premières. Écrivons alors le système AX = 0.
+···+ = 0
a1,1 x1 a1,n xn
..
.
+ · · · + ar,n xn = 0
ar,1 x1
ar+1,1 x1 + · · · + ar+1,n xn = 0
..
.
+···+ = 0
am,1 x1 am,n xn
Il est facile de voir que si les r premières équations sont satisfaites, alors les n − r suivantes aussi, donc
il faut et il suffit de résoudre le système suivant.
+ · · · + a1,n xn = 0
a x
1,1 1
..
(S) : .
+ · · · + ar,n xn = 0
a
r,1 x1
C’est à dire en posant B = (ai,j )i∈J1;rK,j∈J1;nK , le système devient équivalent à BX = 0. Les lignes de B
forment une famille libre, donc rg B = r et alors quitte à permuter les colonnes de B, on peut affirmer
que les r premières colonnes de B forment une famille libre, et donc que la matrice B ′ = !(ai,j )i,j∈J1;rK est
X′
inversible. Posons alors B ′′ = (ai,j )i∈J1;rK,j∈Jn−r;nK . En posant pour tout X ∈ Kn , X = avec X ′ ∈ Kr
X ′′
et X ′′ ∈ Kn−r , on peut écrire
!
X′
(S) ⇐⇒ BX = 0 ⇐⇒ B ′
B ′′
= 0 ⇐⇒ B ′ X ′ + B ′′ X ′′ = 0 ⇐⇒ X ′ = −B ′−1 B ′′ X ′′
X ′′
Remarquons qu’étant donné X ′′ , le système B ′ X ′ = −B ′′ X ′′ est de Cramer et admet donc une unique
198
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
!
X′
solution −B ′−1 B ′′ X ′′ . On en déduit alors que pour tout X = ∈ Kn ,
X ′′
( ! )
−B ′−1 B ′′ X ′′
X ∈ Ker A ⇐⇒ X = −B ′ ′−1
B X et alors Ker A =
′′ ′′
, X ′′ ∈ Kn−r
X ′′
Ensuite, en notant pour tout j ∈ J1; n − rK, Ej = (δi,j )i∈J1;n−rK le j−ème vecteur de la base canonique de
Kn−r on peut voir facilement que la famille
( ! !)
−B ′−1 B ′′ E1 −B ′−1 B ′′ En−r
B= ,...,
E1 En−r
est une base de Ker A (nous conseillons au lecteur de le montrer à titre d’exercice). En pratique, les
vecteurs de cette base peuvent être retrouvés en résolvant les systèmes
B ′ X ′ = −B ′′ E1 , . . . , B ′ X ′ = −B ′′ En−r
qui permettent de retrouver respectivement les vecteurs −B ′−1 B ′′ E1 , . . . , −B ′−1 B ′′ En−r en utilisant le
pivot de Gauss. On en déduit donc que finalement
( ! !)!
−B ′−1 B ′′ E1 −B ′−1 B ′′ En−r
Ker A = Vect ,...,
E1 En−r
Remarques :
→ Ici, on a supposé que les r première lignes de A forment une famille libre. Cette propriété est en
général fausse. En pratique, après avoir trouvé des indices i1 , . . . , ir tels que les
lignesde A d’indices
Li1
.
i1 , . . . , ir forment une famille libre, la matrice B qu’on considérera sera égale à ..
où L1 , . . . , Ln
L ir
sont les lignes de A.
→ On a également supposé que les r premières colonnes de B forment une famille libre quitte à
permuter les colonnes. Pour être un peu plus rigoureux, on doit introduire quelques éléments. Si on
pose C1 , . . . , Cn les colonnes de B, σ : J1; nK −→ J1; nK une permutation telle que (Cσ(1) , . . . , Cσ(r) )
forment une famille libre et Pσ = (δi,σ(j) )i,j∈J1;nK . D’après l’exercice IV.2, on a
BPσ = Cσ(1) . . . Cσ(n)
et alors on voit que le raisonnement ci-dessus est valable si on remplace B par B̃ = BPσ , i.e.
( ! !)!
−B̃ ′−1 B̃ ′′ E1 −B̃ ′−1 B̃ ′′ En−r
B̃X = 0 ⇐⇒ X ∈ Vect ,...,
E1 En−r
X ∈ Ker A ⇐⇒ BX = 0 ⇐⇒ B̃Pσ−1 X = 0
( ! !)!
−B̃ ′−1 B̃ ′′ E1 −B̃ ′−1 B̃ ′′ En−r
⇐⇒ Pσ−1 X ∈ Vect ,...,
E1 En−r
( ! !)!
−B̃ ′−1 B̃ ′′ E1 −B̃ ′−1 B̃ ′′ En−r
⇐⇒ X ∈ Vect Pσ , . . . , Pσ
E1 En−r
199
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
→ Dans le cas où A n’est pas carrée, on peut éliminer des lignes comme à l’étape 2 et appliquer
exactement le même algorithme.
→ Le raisonnement ci-dessus montre en particulier que dim Ker A = n − r, c’est à dire la formule du
rang rg A + dim Ker A = n.
2. Algorithme en pratique
Résumons maintenant les étapes l’algorithme qui permet de trouver Ker A.
→ Trouver le rang r de A (en échelonnant par exemple) et ensuite Li1 , . . . , Lir r lignes de A formant
une famille libre.
Li1
.
→ Poser B = .. . Trouver des indices j1 , . . . , jn tels que si C1 , . . . , Cn sont les colonnes de B, alors
L ir
les colonnes Cj1 , . . . , Cjr forment une famille libre et poser
B̃ = Cj1 . . . Cjn , B̃ ′ = Cj1 . . . Cjr , B̃ ′′ = Cjr+1 . . . Cjn
−1 −2 −1 −4
200
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
→ Étape 1 : Trouver le rang r de A (en échelonnant par exemple) et ensuite Li1 , . . . , Lir r lignes de
A formant une famille libre.
1 2 2 3
0 0 1 −1
On obtient la matrice ce qui nous premet d’affimer que A est rang 2. De plus, on
0 0 0 0
0 0 0 0
voit que la première et la deuxième ligne de A forment une famille libre.
L i1
.
→ Étape 2 : Poser B = ..
. Trouver des indices j1 , . . . , jn tels que si C1 , . . . , Cn sont les colonnes
Lir
de B, alors les colonnes Ci1 , . . . , Cir forment une famille libre et poser
B̃ = Cj1 . . . Cjn , B̃ ′ = Cj1 . . . Cjr , B̃ ′′ = Cjr+1 . . . Cjn
On pose donc
1 2 2 3
!
B=
1 2 3 2
Les deux premières colonnes de B ne forment pas une famille libre mais les deux dernières si, on
permute alors les colonnes pour que les deux premières soient libres de la manière suivante
colonne 1 de B̃ ←− colonne 3 de B
colonne 3 de B̃ ←− colonne 1 de B
colonne 2 de B̃ ←− colonne 4 de B
colonne 4 de B̃ ←− colonne 2 de B
2 3 1 2 2 3 1 2
! ! !
B̃ = , B̃ ′ = et B̃ ′′ =
3 2 1 2 3 2 1 2
B̃ ′ X ′ = −B̃ ′′ E1 et B̃ ′ X ′ = −B̃ ′′ E2
201
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
i.e.
2 3 1 2 1 2 3 1 2 0
! ! ! ! ! ! ! !
x x
=− et =−
3 2 y 1 2 0 3 2 y 1 2 1
C’est à dire
2x + 3y = −1 2x + 3y = −2
( (
et
3x + 2y = −1 3x + 2y = −2
En résolvant ces deux systèmes, on trouve que leurs solutions sont respectivement
! !
−1/5 −2/5
X1 = et X2 =
−1/5 −2/5
! yi,j1
Xi .
→ Étape 4 : Poser pour tout i ∈ J1; n − rK, Yi = .. où (E1 , . . . , En−r ) est la base
=
Ei
yi,jn
canonique de Kn−r .
On pose donc
−1/5 −2/5
−1/5 −2/5
Y1 = et Y2 =
1 0
0 1
yi,1
.
→ Étape 5 : En posant pour tout i ∈ J1; n − rK, Ỹi = ..
(on réordonne les coordonnées de Yi ),
yi,n
la famille B = (Ỹ1 , . . . , Ỹn−r ) est une base de Ker A.
On va effectuer la permutation inverse de celle de l’étape 2 aux lignes des Yi , c’est à dire
−1/5 −2/5
et alors on en déduit que
1 0
0 1
Ker A = Vect ,
−1/5 −2/5
−1/5 −2/5
On peut facilement vérifier que ce résultat est bien correct. En effet, les deux vecteurs ci-dessus forment
202
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
−1 −2 −1 −4 −1/5 0 −1 −2 −1 −4 −2/5 0
Ces deux vecteurs sont donc bien dans Ker A. On sait de plus que dim Ker A = 2 il est donc clair que
(Ỹ1 , Ỹ2 ) est une base de Ker A et alors Ker A = Vect(Ỹ1 , Ỹ2 ).
Remarque culturelle : On a montré que
( ! !)!
−B̃ ′−1 B̃ ′′ E1 −B̃ ′−1 B̃ ′′ En−r
Ker A = Vect Pσ , . . . , Pσ
E1 En−r
En fait, grâce à ce résultat, en posant pour tout j ∈ J1; nK, ej = (δi,j )i∈J1;nK le j−ème vecteur de la base
canonique de Kn , on remarque que le projecteur
Ker A −→ Vect(eσ−1 (r+1) , . . . , eσ−1 (n) )
π:
x1 e 1 + · · · + xn en 7−→ xσ−1 (r+1) eσ−1 (r+1) + · · · + xσ−1 (n) eσ−1 (n)
!
−B̃ ′−1 B̃ ′′ Ei
est un isomorphisme. En effet, si on pose pour tout i ∈ J1; n − rK, Ui = Pσ , on peut
Ei
facilement voir que pour tout i ∈ J1; n − rK,
et les deux familles (U1 , . . . , Un−r ) et (eσ−1 (r+1) , . . . , eσ−1 (n) ) sont toutes les deux des bases de respective-
ment Ker A et Vect(eσ−1 (r+1) , . . . , eσ−1 (n) ) donc π est bien un isomorphisme.
Ceci signifie que que tout élément de Ker A peut être identifié d’une manière unique via ses coordonnées
d’incdices {σ −1 (r + 1), . . . , σ −1 (n)}.
203
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
1
...
1
A=P
Q
0
..
.
0
| {z }
Jr
et alors
X n n
|ai0 ,i0 | |xi0 | =
X
ai0 ,j xj ≤ |xi0 | ai0 ,j
j=1, j̸=i0 j=1, j̸=i0
|xi0 | est strictement positif, on peut donc simplifier des deux côtés et obtenir
n
X
|ai0 ,i0 | ≤ ai0 ,j
j=1, j̸=i0
204
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
n
L’égalité (1) est vraie car le seul terme à priori non nul dans la somme δσ(i),k δk,σ′ (j) est celui
X
k=1
d’indice k = σ −1 (i). L’égalité (2) est vraie car σ −1 (i) = σ(j) ⇐⇒ i = σ ◦ σ ′ (j) = i.
On en déduit donc qu’on a bien Pσ Pσ′ = Pσ◦σ′ . En particulier, on a
k=1 k=1
Et donc en posant A = C1 . . . Cn où C1 , . . . , Cn sont les colonnes de A, on peut voir facilement
que
APσ = Cσ(1) . . . Cσ(n)
On en déduit donc que multiplier A à droite par Pσ revient à permuter les colonnes de A en
appliquant σ aux indices.
L’inégalité (1) est vraie car δi,σ(k) est non nul si et seulement si i = σ(k), i.e. k = σ −1 (i). On en
déduit donc que multiplier A à gauche par Pσ revient à permuter les lignes de A en appliquant σ −1
aux indices.
On a enfin pour tout i ∈ J1; nK,
n n
[Pσ X]i = [Pσ ]i,k × xk = δi,σ(k) xk = xσ−1 (i)
X X
k=1 k=1
On en déduit donc que multiplier X à gauche par Pσ revient à permuter les coordonnées de X en
appliquant σ −1 aux indices.
205
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Chapitre 28
Réduction d’endomorphisme
Notations
Introduisons tout d’abord quelques notations. Soit K un corps commutatif et E un K−espace vectoriel
de dimension n ∈ N∗ . Soit u ∈ L(E) et A ∈ Mn (K).
→ Si β est une base de E alors [u]β est la matrice de Mn (K) dont les colonnes sont les coordonnées
de l’image de chaque élément de β par u dans la base β.
→ Pour toute base β de Kn , on note [A]β = P AP −1 avec P la matrice dont les colonnes sont la
représentation des éléments de β dans la base canonique.
→ Pour toutes matrices A, B ∈ Mn (C), on écrit A ≃ B s’il existe P ∈ GLn (K) tel que A = P BP −1 .
→ Si F et G sont deux K−espaces vectoriels, on écrit F ≈ G s’ils sont isomorphes, i.e. il existe
ϕ ∈ L(F, G) un endomorphisme inversible tel que ϕ(F ) = G.
→ On note Com(u) = {v ∈ L(E), v ◦ u = u ◦ v}.
→ On note Com(A) = {B ∈ Mn (K), AB = BA}.
→ On note VP(u) = {λ ∈ K, Ker(u − λ Id) ̸= {0}}.
→ On note VP(A) = {λ ∈ K, Ker(A − λI) ̸= {0}}.
→ Pour tout a ∈ N∗ , on note Ta+ (K) l’ensemble des matrices triangulaires supérieures de taille a.
→ Pour toute famille (x1 , . . . , xr ) de E (resp. Kn ) et toute base β de E (resp. Kn ), on note [(x1 , . . . , xr )]β
la matrice de Mn,r(K) dont les colonnes sont les représentations des vecteurs xi dans la base β.
λ1
→ Pour tout λ1 , . . . , λn ∈ K, on note diag(λ1 , . . . , λn ) =
...
λn
→ Pour tout i, j ∈ J1; nK, on note Ei,j = (δi,k δj,l )k,l∈J1;nK ∈ Mn (K).
→ On note AT la transposée de A.
→ On note ⟨A⟩ = {P AP −1 , P ∈ GLn (K)}.
→ Pour tout polynôme P ∈ K[X], on note ⟨P ⟩ = {QP, Q ∈ K[X]}.
→ On note K[u] = {P (u), P ∈ K[X]}.
→ On note K[A] = {P (A), P ∈ K[X]}.
→ Pour tout P ∈ K[X], on note Z(P ) l’ensemble des racines de P .
206
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition .1.
Supposons que E est de dimension finie. On considère pour tout k ∈ J1; rK, (ek,1 , . . . , ek,nk ) une
base de Fk .
r
1. F1 × · · · × Fr est un K−espace vectoriel et dim F1 × · · · × Fr = dim Fk .
X
k=1
r r
2. Si les Fj sont en somme directe, alors dim Fk = dim Fk
M X
k=1 k=1
3. Si les Fj sont en somme directe, alors (e1,1 , . . . , e1,n1 , . . . , er,1 , . . . , er,nr ) est une base de
r
Fk .
M
k=1
Preuve :
1. On considère la famille B = {(0, . . . , 0, ek,l , 0, . . . , 0), k ∈ J1; rK, l ∈ J1; nk K}. B est une base de
r r
F1 × · · · × Fr et |B| = nk = dim Fk . D’où le résultat.
X X
k=1 k=1
k=1
Objectif du chapitre : Pour une application linéaire u ∈ L(E) ou matrice A ∈ Mn (K) donnée, on
souhaite trouver une base β ou une matrice P ∈ GLn (K) où la matrice de u (resp. P −1 AP ) est simple
0
λ1 λ1 ∗
P −1 AP = [u]β = .. ou P −1 AP = [u]β = ..
. .
0 λn 0 λn
1 0 0
. .
.. ..
P AP = [u]β =
−1
..
. 1
0 0
Ou alors
0
J1
P −1 AP = [u]β =
...
0 Jk
207
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
1 0
ak
... ...
Jk =
...
1
0 ak
0
−a0
1 . . . ..
.
P AP = [u]β =
−1
..
.. ..
. . .
1 −an−1
avec a0 , . . . , an−1 ∈ K.
I Stabilité
Dans cette partie, on considère u un endormorphisme de E.
Définition I.1.
Proposition I.2.
Preuve
1. Supposons que F et G sont stables par u et soient x, y ∈ E.
→ Supposons que x ∈ F et y ∈ G. Montrons que u(x + y) ∈ F + G.
Par stabilité de F et G, on a u(x) ∈ F et u(y) ∈ G donc u(x + y) = u(x) + u(y) ∈ F + G,
donc F + G est stable par u.
→ Supposons que x ∈ F ∩ G.
On a x ∈ F et x ∈ G, donc u(x) ∈ F et u(x) ∈ G et alors u(x) ∈ F ∩ G. On en déduit que
F ∩ G est stable par u.
F −→ F
2. On considère l’application ũ : . On a Ker ũ = Ker u ∩ F et en utilisant le théorème
x 7−→ u(x)
du rang, on a
dim Ker ũ + rg ũ = dim F
donc
dim Ker u ∩ F + dim u(F ) = dim F
et finalement
dim u(F ) = dim F
De plus, u(F ) ⊂ F , donc u(F ) = F .
208
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
3. Montrons le résultat par double implication. Remarquons tout d’abord que si E = {0}, alors le
résultat est évident. Supposons donc que E ̸= {0}.
→ (⇒) Le sens direct est une conséquence de la stabilité de F par multiplication par un scalaire.
→ (⇐) Supposons que u laisse stable tout sous-espace de E.
Pour tout x, y ∈ E \ {0}, u laisse stable Vect(x) et Vect(y), donc il existe λx , λy ∈ K vérifiant
u(x) = λx x et u(y) = λy y
u laisse aussi Vect(x + y) stable, donc il existe λx+y vérifiant u(x + y) = λx+y (x + y). On a
alors
λx+y (x + y) = u(x + y) = u(x) + u(y) = λx x + λy y
et alors
(λx+y − λx )x + (λx+y − λy )y = 0
• Si (x, y) est libre, alors λx+y − λx = 0 et λx+y − λy = 0, et alors λx = λx+y = λy .
• Si (x, y) est liée, i.e. il existe λ ∈ K tel que x = λy, alors
et donc, puisque y ̸= 0, λx = λy .
On a alors x 7−→ λx est constante sur E \ {0}, il existe donc λ ∈ K tel que pour tout
x ∈ E \ {0}, u(x) = λx. Cette propriété est en particulier vraie pour x = 0, donc pour tout
x ∈ E, u(x) = λx, i.e. u est une homothétie.
Exemple : Les sous espaces {0}, Im uk et Ker uk avec k ∈ N sont stables par u.
Proposition I.3.
u(e1 ) = 0 v(e1 ) = e1
u(e2 ) = e3 et v(e2 ) = 0
u(e3 ) = e3 v(e3 ) = e3
u ◦ v(e2 ) = 0
(
v ◦ u(e2 ) = e3
209
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition I.4.
Preuve
→ (1) ⇒ (2) Supposons que u laisse stable F . Pour tout e ∈ β1 , u(e) ∈ F = Vect(β1 ) car u stabilise
F , donc les coefficients dans la famille β2 de e sont nuls.
→ (2) ⇒ (1) Pour tout e ∈ β1 , [u(e)]β a des coefficients nuls dans les |β2 | dernières coordonnées, donc
u(e) ∈ Vect(β1 ) = F pour tout e ∈ β1 . Par combinaison linéaire, on peut conclure que u(F ) ⊂ F .
Proposition I.5.
k=1
base de Fj . Soit β = (β1 , . . . , βr ) la concaténation des βj . On a alors pour tout u ∈ L(E), on
a équivalence entre les deux propositions suivantes.
1. u laisse stable Fj pour tout j.
0
A1
2. ∃(A1 , . . . , Ar ) ∈ Mn1 (K) × · · · × Mnr (K), [u]β = ..
.
0 Ar
Preuve
→ (1) ⇒ (2) Soit k ∈ J1; rK. Pour tout e ∈ βk , u(e) ∈ Vect(βk ), donc la sous-matrice de [u]β contenant
des colonnes de rang entre |β1 | + · · · + |βk−1 | + 1 et |β1 | + · · · + |βk |, i.e. la représentation de
0
.
..
0
l’image de la base βk par u dans la base β s’écrit avec Ak ∈ Mnk (K). On en déduit donc
Ak
0
.
.
.
0
0
A1
directement que la matrice de u dans la base β s’écrit comme .. avec (A1 , . . . , Ar ) ∈
.
0 Ar
Mn1 (K) × · · · × Mnr (K).
→ (2) ⇒ (1) De la même manière, pour tout k ∈ J1; rK, pour tout e ∈ βk , étant donné la forme de
la matrice, on voit que tous les coefficients de u(e) dans β \ βk sont nuls, donc u(e) ∈ Vect(Fk ) et
donc finalement u(Vect(βk )) ⊂ Fk i.e. u(Fk ) ⊂ Fk .
210
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
II Éléments propres
Définition II.1.
Soit u ∈ L(E). Une vecteur x ∈ E est appelé vecteur propre de u lorsque x ̸= 0 et qu’il existe
λ ∈ K tel que u(x) = λx. Un tel scalaire λ est unique et est appelé valeur propre de u.
Proposition II.2.
Preuve : La preuve de ce résultat ne présente pas de difficulté et est laissée comme exercice au lecteur.
Vocabulaire : Lorsque u ∈ L(E) et λ ∈ K, Eλ,u = Ker(u − λ Id) est appelé espace propre de u as-
socié à λ. Lorsqu’il n’y a pas ambiguïté sur l’endomorphisme associé à cet espace, on notera simplement
Eλ,u = Eλ .
Proposition II.3.
Soit u ∈ L(E)
1. Soit x ∈ E \ {0}. On a l’équivalence
Si E est de dimension finie non réduit à {0} et que K = C, alors u possède au moins une valeur
propre.
L’application λ 7−→ det([u]β − λI) est donc une application polynômiale dans C de degré n, elle admet
donc au moins une racine λ, donc il existe au moins un λ ∈ C vérifiant Ker(u − λ Id) ̸= {0}, i.e. λ est
une valeur propre.
211
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice II.5.
Supposons que K soit égal à R ou C. Soit n ≥ 2. Existe-t-il un plan P de L(Kn ) tel que
P \ {0} ⊂ GL(K) ?
Soit u, v ∈ L(E) tel que [u, v] = 0. Si λ est une valeur propre de u, alors v laisse stable
Eλ,u = Ker(u − λ Id).
On dit qu’une partie L de L(Cn ) est irréductible lorsque les seuls sous-espaces vectoriels de E
qui sont stables par tous les éléments de L sont {0} et E. Soit L une partie irréductible de
L(Cn ) et u un élément de L(Cn ) qui commute avec tous les éléments de L. Montrer que u est
une homothétie.
Proposition II.8.
Supposons que E est un espace vectoriel muni de ∥.∥ et u ∈ Lc (E). Pour toute valeur propre
λ de u, on a |λ| ≤ |||u|||.
Preuve : Soit λ une valeur propre de u et x un vecteur propre pour λ, i.e. u(x) = λx et x ̸= 0. On a
alors
|λ| ∥x∥ = ∥u(x)∥ ≤ |||u||| × ∥x∥
x est non nul, on peut donc simplifier par ∥x∥ pour obtenir |λ| ≤ |||u|||.
Lemme III.2.
212
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
→ Pour le cas p = 1, x1 est un vecteur propre, il est donc non nul et alors la famille (x1 ) est libre.
→ Soit p ∈ N∗ . Supposons que la propriété est vraie pour p. Soit µ1 , . . . , µp+1 ∈ K tels que
Par hypothèse de récurrence, on a que la famille (x1 , . . . , xp ) est libre, donc pour tout k ∈ J1; pK,
µk (λp+1 − λk ) = 0. λ1 , . . . , λp+1 sont deux à deux distinctes par hypothèse donc pour tout k ∈ J1; pK,
µk = 0 et alors (1) devient
µp+1 xp+1 = 0
ce qui finalement implique que pour tout k ∈ J1; p + 1K, µk = 0 i.e. (x1 , . . . , xp+1 ) est libre, d’où le
résultat voulu.
Application : La famille (fα )α∈R = (x 7−→ xα )α∈R est libre dans C ∞ (R∗ , R). En effet, en posant u :
f 7−→ (x 7−→ xf ′ (x)), (fα ) est une famille de vecteurs propres associés à des valeurs propres deux à deux
distinctes de u, elle est donc libre. On peut dire la même chose de la famille (gβ )β∈C , avec pour tout
β ∈ C, gβ : x 7−→ eβx .
Proposition III.3.
On suppose que E est de dimension finie. Soit u ∈ L(E). Les propositions suivantes sont
équivalentes
1. u est diagonalisable.
2. Il existe une base de E composée de vecteurs propres de u.
3. Il existe une base de E telle que [u]β est diagonale.
p
4. Eλk ,u = E, avec λ1 , . . . , λp les valeurs propres de u.
X
k=1
Preuve
→ (1) ⇒ (2) Prenons λ1 , . . . , λp comme dans la définition III.1. Quitte à éliminer les λi tels que Eλi ,u =
{0}, on peut supposer sans perte de généralité que ∀i ∈ J1; pK Eλi ,u ̸= {0} et que les λi sont distincts.
Le lemme III.2 nous permet de dire que toute famille de vecteurs (x1 , . . . , xp ) ∈ Eλ1 ,u × · · · × Eλp ,u
p
est libre et que donc la somme E = Eλi ,u est directe.
X
i=1
Chacun de ces espaces étant de dimension finie (non nulle), on peut alors prendre, pour chaque i,
une base (b1i , . . . , bpi i ) de Ei avec pi = dim Eλi ,u . Il est clair que la concaténation de ces bases est
p
une base de E = Eλi ,u et que chaque élément de cette dernière est un vecteur propre de u.
M
i=1
→ (2) ⇒ (3) Si (b1 , . . . , bn ) est une base de E formée de vecteurs propres de u, et que pour tout
i ∈ J1; pK, bi est associé à la valeur propre λi , alors la matrice de u dans cette base est la matrice
diagonale diag(λ1 , . . . , λn ).
→ (3) ⇒ (4) Prenons une base β = (β1 , . . . , βn ) qui rend [u]β diagonale. Il est alors clair que pour tout
i ∈ J1; pK, il existe λi ∈ K tel que βi est un vecteur propre de u, associé à λi (les λi ne sont pas
213
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
forcément distincts). On a alors en notant VP(u) l’ensemble (fini) des valeurs propres de u
n
E = V ect(β1 , . . . , βn ) ⊂ V ect(Eλ1 , . . . , Eλn ) =
X X
E λi ⊂ Eλ
i=1 λ∈VP(u)
d’où le résultat.
→ (4) ⇒ (1) Direct.
Remarque 1 : Si u possède n = dim E valeurs propres différentes, alors u est diagonalisable et chaque
espace propre est de dimension exactement une.
Ceci étant car, en notant λ1 , . . . , λn ces n valeurs propres différentes, que
n n n
! !
n ≥ dim = dim = dim(Eλi ) ≥ n
X M X
Eλi Eλi
lemme III.2
i=1 i=1 i=1
n n
!
On a alors dim = n = dim E, i.e. E = Eλi et tous les Eλi ,u ne peuvent pas avoir une
M M
E λi
i=1 i=1
dimension strictement supérieure à 1 ou égale à 0, ils sont donc de dimension 1. On a donc bien les deux
résultats voulus.
Remarque 2 : Lorsque u est diagonalisable, il est facile de retrouver son image et son noyau. En effet,
considérons un base de vecteurs propres de u β = (b1 , . . . , bn ) puis ordonnons la de manière à ce que les
valeurs propres associées à b1 , . . . , bp soient non nulles et celles associées à bp+1 , . . . , bn soient nulles. Alors
Im(u) = Vect(b1 , . . . , bp ) et Ker(u) = Vect(bp+1 , . . . , bn ).
Preuve
Une matrice diagonale à coefficients diagonaux tous non nulles dans K est inversible. Ainsi, dans la base
β, [u]β s’écrit :
0Mp,n−p (K)
!
A
0Mn−p,p (K) 0Mn−p (K)
Avec A une matrice diagonale à coefficients diagonaux non nuls. On en déduit donc que
0 p
( ! )
Ker(u) = a ∈ E, ∃v ∈ K n−p
, [a]β = K , = Vect(ep+1 , . . . , en )
v
( ! )
v
Im(u) = a ∈ E, ∃v ∈ K , [a]β = p
, = Vect(e1 , . . . , ep )
0Kn−p
Proposition III.4.
1. Soit λ ∈ K. On a
214
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i=1
r r
w(Eλi ,u ) = Eλi ,v = E ⇐⇒ v est diagonalisable
X X
⇐⇒
w∈GL(E)
i=1 i=1
Exercice III.5.
Proposition III.6.
Preuve
→ (1) ⇒ (2) Soit β la base associée à la matrice P . Alors [fA ]β = P −1 AP = ∆ est diagonale.
→ (2) ⇒ (3) Soit β = (e1 , . . . , en ) une base de E et considérons l’application
E
−→ E
u: n
X n
X
xi ei
7−→ yi ei
i=1 i=1
y1
.
où ..
= fA (X) avec X = (x1 , . . . , xn ) . Une vérification rapide nous permet de voir que [u]β = A.
T
yn
De plus, en considérant (f1,i )i∈J1;nK , . . . , (fn,i )i∈J1;nK une base de vecteurs propres de fA , il est facile
de voir que la famille (f1 , . . . , fn ) telle que pour tout k ∈ J1; nK, fk = fk,1 e1 + · · · + fk,n en est une
base de vecteurs propres de u, ce qui nous permet d’affirmer que u est diagonalisable.
→ (3) ⇒ (1) Soit u ∈ L(E) et β une base tel que [u]β = A. Soit γ une base de diagonalisation de u et
P la matrice de passage de γ à β. On a alors
[u]γ = P [u]β P −1 = P −1 AP
On a de plus, pour tout i ∈ J1; nK, si e est le i−ème vecteur de la base canonique de Mn (K) et bi
estl e i−ème vecteur de la base γ, alors il existe λi ∈ K tel que u(bi ) = λi bi , i.e., en passant aux
215
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matrices dans la base γ, [u]γ ei = λei , donc il existe une matrice diagonale ∆ telle que [u]γ = ∆. On
en déduit donc finalement que A = P −1 ∆P .
→ (4) ⇔ (1) Laissé comme exercice au lecteur.
Vocabulaire : Lorsque A vérifie l’une de ces propriétés, on dit que A est diagonalisable.
0
alors on définit
K[X]
−→ L(E)
ϕu : p
7−→ P (u) =
X
P
ak u k
k=0
Soit (A, +, .) un anneau commutatif. Un sous ensemble I de A est appelé idéal lorsque
→ (I, +) est un sous groupe de (A, +).
→ Pour tout x ∈ A et i ∈ I, ix ∈ I.
I est dit principal lorsqu’il est engendré par un seul élément i.e. il existe x ∈ A tel que
I = ⟨x⟩ := xA.
Un anneau commutatif A est dit principal si tout idéal de A est principal.
On notera en particulier que K[X] est principal lorsque K est un corps.
Si ce dernier est non trivial, chose toujours vraie en dimension finie, alors il est engendré par un unique
polynome unitaire µu , appelé polynome minimal de u. Autrement dit si P ∈ K[X] et P (u) = 0, alors
P ∈ Iu , c’est à dire qu’il existe Q ∈ K[X] tel que P (X) = Q(X)µu (X), i.e. µu |P .
K[X] agit similairement sur les matrices carrées et commute avec les automorphismes interieurs (i.e. les
automorphismes de la forme M 7−→ P M P −1 avec P ∈ GLn (K)) de conjugaison i.e. pour tout P ∈ GLn (K)
et Q ∈ K[X], Q(P AP −1 ) = P Q(A)P −1 .
Vocabulaire : Un élement de Iu , i.e. un polynôme P tel que P (u) = 0L(E) est appelé un polynôme
annulateur de u.
Proposition IV.2.
Soit x un vecteur propre de u de valeur propre associée λ. Les proposition suivantes sont vraies.
1. ∀P ∈ K[X], P (u)(x) = P (λ)x
2. Si P ∈ Iu alors P (λ) = 0
3. Soit λ ∈ K. Alors µu (λ) = 0 ⇐⇒ λ valeur propre de u.
En particulier, lorsque K = C, il existe (lλ )λ∈VP(u) ∈ N∗VP(u) tel que
µu (X) = (X − λ)lλ
Y
λ∈VP(u)
Preuve :
216
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1. On peut montrer par une récurrence rapide que ∀k ≥ 0 uk (x) = λk x (avec par convention 00 = 1).
d d d
Ainsi, si P (X) = ak X k , alors P (u)(x) = ak · uk (x) = ak · λk x = P (λ)x.
X X X
Si λ n’est pas une valeur propre de u, la proposition II.2 nous permet d’affirmer que u − λ Id
est inversible et que donc Q(u) = 0, ce qui contredit la minimalité de µu . Donc λ est bien une
valeur propre de u.
Soit P1 , . . . , Pr des éléments de K[X], deux à deux premiers entre eux et u ∈ L(E). On a
r
Ker P1 . . . Pr (u) = Ker Pi (u). En particulier, en considérant le cas où Pi (X) = X − λi avec
M
i=1
pour tout i, λi une valeur propre de u, on retrouve que les espaces propres sont en somme
directe.
→ (⊂) Soit x ∈ Ker P Q(u). La relation obtenue via Bezout nous permet d’écrire
x = AP (u)(x) + BQ(u)(x)
| {z } | {z }
∈Ker Q(u) ∈Ker P (u)
Enfin, pour généraliser pour r ≥ 2, on peut le faire simplement de la manière suivante. Soit P1 , . . . , Pr ∈
K[X] premiers entre eux. On a
r
Ker P1 . . . Pr (u) = Ker P1 (u) ⊕ Ker P2 . . . Pr (u) = · · · = Ker Pi (u)
M
i=1
217
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition IV.5.
Soit u ∈ L(E) avec dim E < +∞. Les propriétés suivantes sont équivalentes
1. u est diagonalisable.
2. u est annulé par un polynôme scindé à racines simples (dans K)
3. µu est scindé à racines simples.
Proposition IV.6.
→ (1) ⇒ (2) A est diagonalisable, il existe donc λ1 , . . . , λn ∈ K tel que que A est semblable à D =
diag(λ1 , . . . , λn ). Notons δ1 , . . . , δr tous les scalaires λi en enlevant les doublons et considérons le
r
polynôme scindé à racines simples P (x) = (X − δi ). On peut facilement vérifier que
Y
i=1
→ (2) ⇒ (3) Soit P un polynôme scincé à racines simples annulant A. On sait que µA |P (P ̸= 0 et µA
non constant), donc µA est bien scindé à racines simples.
r
→ (3) ⇒ (1) Écrivons µA = (X − λi ) avec les λi distincts. On a alors d’après le lemme de décom-
Y
i=1
position des noyaux
r
E = Ker µu (u) = Ker(u − λi Id)
M
i=1
Xm − 1 = (X − ω)
Y
ω∈Um
En pratique, pour des corps algébriquement clos tel que C, tout polynôme est scindé, donc dire qu’un
polynome P non constant est scindé à racines simples est équivalent à ce que P ∧ P ′ = 1 ou à ne pas
avoir de racines multiples i.e. ne pas avoir de racine commune à P et P ′ . Dans l’exemple précédant, si
m ≥ 2, alors Z(mX m−1 ) = {0} et 0 n’est pas racine de X m−1 . De même
218
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Preuve : Soit P un polynome scindé à racines simples tel que P (u) = 0. On a alors P (v) = 0, v est
annulé par un polynôme scindé à racines simple, c’est donc un endomorphisme diagonalisable.
Remarque :Pour les endomorphismes diagonalisables, les espaces stables et Com(u) = {v ∈ L(E), v◦u =
u ◦ v} sont faciles à caractériser. On peut voir cela à partir des deux exercices ci-dessous.
Exercice IV.8.
Soit u ∈ L(E) diagonalisable de valeurs propres λ1 , . . . , λs distinctes. Montrer que les proposi-
tions suivantes sont équivalentes
1. F ⊂ E est un sous-espace vectoriel de E stable par u.
s
2. F = F ∩ Eλi ,u .
M
i=1
3. Il existe une famille (Fi )i∈J1;sK de sous-espaces vectoriels de E telle que pour tout i ∈ J1; sK
s
Fi ⊂ Eλi ,u et F = Fi .
M
i=1
Exercice IV.9.
0
A1
...
Com(u) = v ∈ L(E), ∃(A1 , . . . , As ) ∈ Ml1 (K) × · · · × Mls (K), [v]β =
0
As
219
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
i=1
2. Soit (Li ) les interpolateurs de Lagrange des (λi ), i.e. pour tout i, Li est l’unique polynôme
de degré r − 1 tel que pour tout k ̸= i Li (λk ) = 0 et Li (λi ) = 1. On a L1 + · · · + Lr = 1
et ∀i ̸= j, µu |Li Lj .
3. En posant pi = Li (u). Alors pi est le projecteur sur Eλi ,u parallèlement à Eλj ,u .
M
j̸=i
1. La proprosition IV.5 donne le fait que µu est scindé à racines simples car u est diagonalisable. Ainsi,
s
il existe δ1 , . . . , δr ∈ K deux à deux distincts tels que µu = (X − λi ) où les λi sont distincts. De
Y
i=1
plus, d’après la proposition IV.2
∀λ ∈ K, µu (λ) = 0 ⇐⇒ λ ∈ VP(u)
r
et donc finalement µu = (X − λi )
Y
i=1
2. Posons P = L1 + · · · + Lr − 1. Alors pour tout i ∈ J1; rK P (λi ) = 1 − 1 = 0. Ainsi, étant donne que
s
µu (X) = (X − λi ), µu |P et deg P ≤ r − 1 et alors P = 0 i.e. L1 + · · · + Lr = 1. Finalement, pour
Y
i=1
tous i ̸= j et tout k ∈ J1; rK, Li Lj (λk ) = 0 et donc pour tous i ̸= j et tout k ∈ J1; rK, (X − λk )|Li Lj
i.e. µu |Li Lj si i ̸= j.
3. Soit j ∈ J1; rK et x ∈ Eλj ,u . On a pour tout i ∈ J1; rK, Li (u)(x) = Li (λj )x = δi,j x. En considérant
pour tout i ∈ J1; rK, βi une base de Eλi ,u , on voit que pour tout j ∈ J1; rK, pour tout i ∈ J1; rK et
e ∈ βj , Li (u)(e) = e si i = j et 0 sinon. On a aussi clairement Li (u) ◦ Li (u) = Li (u), d’où le résultat.
Exercice IV.11.
∀(u, v) ∈ S 2 , u ◦ v = v ◦ u
Exercice IV.12.
Exercice IV.13.
Dans cet exercice, on suppose que K = C. Soit u ∈ L(E) tel que u2 soit diagonalisable. Montrer
que u est diagonalisable si et seulement si Ker u = Ker u2 .
220
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
V Polynome caractéristique
1. Généralités
Soit E un espace vectoriel de dimension finie n ≥ 1 et u ∈ L(E).
Proposition V.1.
Preuve :
1. λ ∈ VP(u) ⇐⇒ Ker(u − λ Id) ̸= {0} ⇐⇒ u − λ Id ̸∈ GL(E) ⇐⇒ det(u − λ Id) = 0
dimension finie
2. det(P AP −1 − X Id) = det(P (A − λ Id)P −1 ) = det(P ) det(P −1 ) det(A − X Id) = det(A − X Id)
Remarque : le point 1 se reformule de la manière suivante
Attention : χu peut avoir des racines non contenues dans K. En effet, si on considère une matrice de
0
!
−1
rotation d’angle π2 , M = , on a χM (X) = X 2 + 1. Ce polynôme admet deux racines complexes
1 0
mais aucune racine réelle.
Astuce utile : Un calcul explicite nous permet d’affirmer que
Notation : Pour tout u ∈ L(E), on désigne par SpecK (u) la liste non ordonnée des valeurs propres de
u qui sont contenues dans K en prenant compte de leurs multiplicité dans χu , c’est à dire que SpecK (u)
peut être vu comme un ensemble mais contrairement à un ensemble usuel, un élément peut être compté
plus d’une fois et contrairement aux k − uplets l’ordre n’est pas pris en compte. Par exemple, lorsque
SpecK (u) contient deux fois 1 et une fois 2, nous noterons SpecK (u) = [1, 1, 2].
Parfois, par abus de notation, on pourra voir SpecK (u) comme un ensemble normal aussi.
Exemple : Si A = diag(λ1 , . . . , λn ) (pas forcément distincts) alors χA = 1 (X − λi ) et SpecK (A) =
Qn
[λ1 , . . . , λn ].
Attention : En général, SpecR (u) ⊊ SpecC (u).
221
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition V.2.
i=1
En identifiant les coefficients de l’avant dernier terme et du dernier terme, on trouve bien que Tr(A) =
λ1 + · · · + λn et det A = λ1 . . . λn .
Exemples :
1. Si A = (ai,j )i,j∈J1;nK est une matrice triangulaire supérieure (resp. inférieure) alors
n
χA (X) = (X − aii )
Y
i=1
0
−a0
.. ..
1 . .
2. Soit P (X) = X + an−1 X
n n−1
+ · · · + a0 ∈ K[X] et CP = ∈ Mn (K).
..
. 0 −an−2
1 −an−1
On a χCP = P . On appelle CP la matrice compagnon de P .
La preuve (classique) de ces deux points se fait par récurrence en développant suivant la première colonne.
Exercice V.3.
Soit A ∈ Mn (K). En utilisant la base (Ek,l )k,j∈J1;nK = ((δi,k δj,l )i,j∈J1;nK ), trouver le polynome
caractéristique de
M (K) −→ M (K)
n n
ϕA :
X 7−→ AX
Proposition V.4.
F
Soit F un sous-espace vectoriel de E stable par u. Posons v = u . Montrer que χv |χu .
F
Preuve : Considérons β1 une base de F qu’on complète en une base β = (β1 , β2 ) de E. On a alors
[X Id −v]β1
!
∗
[X Id −u]β =
0 X Id −B
où B ∈ M|β2 | (K). On a alors χu (X) = χv (X)χB (X) (on rappelle que le déterminant d’une matrice
triangulaire supérieure par bloc est le produit des déterminants des blocs diagonaux). Ceci donne bien le
résultat voulu.
222
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Définition V.5.
Proposition V.6.
Preuve :
F
1. F = Ker(u − λ Id) est stable par u. Considérons v = u . χv = (X − λ Id)β(λ) |χu d’où βλ ≤ αλ .
F
2. Soit u ∈ L(E)
λ1 Il1
→ (⇒) Soit β une base de E et λ1 , . . . , λr deux à deux distincts tels que [u]β = ..
.
lbr Ilr
avec λ1 , . . . , λr ∈ N . On a alors
∗
(X − λ1 )Il1
i=1
De là, on voit bien que χu et scindé et pour tout i ∈ J1; rK, li = αu (λi ) = βu (λi ).
→ (⇐) On a
λ∈VP(u)
Remarque : En général, Pour deux matrices A, B ∈ Mn (K), χA = χB n’implique pas forcément que A
est semblable à B. Toutefois, si A et B sont toutes les deux diagonalisables alors l’implication devient
vraie. Ceci car, dans ce cas,
SpecK (A) = SpecK (B) = [λ1 , . . . , λn ]
donc A et B sont toutes deux semblables à diag(λ1 , . . . , λn ), A et B sont donc semblables par transitivité de
la relation d’équivalence matricielle. Notons aussi que le fait d’avoir la diagonalisabilité pour uniquement
223
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
une seule d’elles ne suffit pas. En effet, pour le voir, il suffit de prendre A = 0 et B une matrice nilpotente
non nulle quelconque (par exemple strictement triangulaire supérieure non nulle), ces deux matrices
admettent X n comme polynôme caractéristique mais ne sont clairement pas équivalentes.
Le théorème suivant est l’un des plus utile en algèbre linéaire
Théorème (Cayley-Hamilton) V.7.
Remarque : Le théorème ci-dessus est équivalent à dire que pour tout A ∈ Mn (K), µA |χA .
Preuve : Plusieurs démonstrations sont possibles, on rencontrera notamment plusieurs dans ce cours.
On présentera ici une basée sur le changement de corps. On considérera dans cette démonstration que
K = R ou C et on posera L := C. Noter que cette démonstration est généralisable à d’autres corps si on
connaît un peu de théorie d’extension de corps (c.f. section Bonus sur l’existence d’une cloture algébrique
qui est en particulier un surcorps qui scinde tout polynôme).
Remarquons d’abord que χA est indépendant du corps de référence. On peut donc sans souci travailler
dans Mn (L) et montrer que dans L, χA (A) = 0. Montrons cela dans Mn (L).
Dans L, µA,L (le polynôme minimal de u dans L[X]) et χA sont scindés et leurs racines sont exactement
les mêmes (il s’agit des valeurs propres de A dans L). Notons alors λ1 , . . . , λs les valeurs propres distinctes
de A. On a alors s s
µA,L = (X − λi )γi et χA = (X − λi )αi
Y Y
i=1 i=1
Il suffit maintenant de montrer que ∀i γi ≤ αi , car une fois cela fait, on aurait µA,L |χA et donc χA (A) = 0.
Par symétrie des rôles des γi , il suffit de montrer que γ1 ≤ α1 . Soit u ∈ L(Ln ) l’endomorphisme associé
à A dans la base canonique. De même, E désignera désormais Ln . Posons
s
F = Ker(u − λ1 Id)γ1 H= Ker(u − λi Id)γi
M
i=2
F
d = dim(F ) v = u
F
Remarquons que v est bien défini car F est stable par u. Soit β1 une base de F et β2 une base de H.
β = (β1 , β2 ) est une base de E et
B 0
!
[u]β =
0 C
Soit µB et µC les polynômes minimaux de B et C respectivement. Par souci de clareté, nous procédons
point par point.
• v est annulé par (X − λ1 )γ1 , donc µB |(X − λ1 )γ1 , i.e. il existe p ∈ J1; γ1 K tel que µB = (X − λ1 )p .
s s
Y
• De même, (X − λi ) annule C, donc
γi
µC (X − λi )γi .
Y
i=2 i=2
• De plus, on a pour tout P ∈ L[X], P annule u si et seulement si P annule B et C, i.e. P ∈
⟨µB ⟩ ∩ ⟨µC ⟩ = ⟨µB ∨ µC ⟩. Le polynôme unitaire de plus petit degré vérifiant cette propriété est
µC ∨ µB , donc
s
(X − λi )γi = µu = µC ∨ µB = µB µC = (X − λ1 )p µC
Y
i=1
224
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
pas contenir plus de d éléments (pour le montrer, il suffit de considérer une combinaison linéaire de
cette famille non triviale et d’appliquer un nombre suffisant de fois N ).
• La seule valeur propre de N est 0 car si λ ̸= 0 est une valeur propre de N et X un vecteur propre
associé, 0 = N γ1 X = λγ1 X ce qui est absurde. De plus, χN est de degré d, unitaire scindé dans L
et admet uniquement 0 comme racine donc χN (X) = X d .
• Pour conclure, on a
s
(X − λ1 )d = χB (X)|χA (X) = (X − λi )αi
Y
i=1
Corollaire V.8.
i=1 i=1
→ Soit A ∈ M2 (K). Si Tr(A) = 0, alors A2 est une homotétie. En effet, 0 = χA (A) = A2 − Tr(A)A +
det(A)I2 = A2 + det(A)I2 et alors A2 = − det(A)I2 .
→ Soit A, B ∈ Mn (Z) tel que det A ∧ det B = 1. Alors ∃U, V ∈ Mn (Z) tel que U A + V B = In .
En effet, χA (A) = 0 nous donne que
i.e.
det A · In = A × (−1)n+1 (An−1 + (Tr A)An−2 + · · · + c1 In )
| {z }
U ∈Mn (Z)
Dans ce qui suit, on aura besoin du lemme suivant, qui est souvent assez utile.
225
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Lemme V.9.
Soit u ∈ L(E), λ ∈ K et k ≥ 2, on a
Preuve
→ (⇐) Soit k ≥ 2 et x ∈ E, on a
On en déduit donc que Ker(u − λ Id)k ⊂ Ker(u − λ Id), i.e. Ker(u − λ Id)k = Ker(u − λ Id).
→ (⇒) On a clairement
Le fait que Ker(u − λ Id)k = Ker(u − λ Id) implique que toutes ces inclusions sont des égalités, et
en particulier que Ker(u − λ Id) = Ker(u − λ Id)2 .
Exercice V.10.
A est diagonalisable ⇐⇒ ∀λ ∈ SpecK (A), dim Ker(A − λIn ) = dim Ker(A − λIn )2
VI Trigonalisation
1. Généralités
Soit E un K−espace vectoriel de dimension finie n ∈ N∗ .
Définition VI.1.
On dit que u ∈ L(E) est trigonalisable s’il existe β base de E tel que [u]β est triangulaire
supérieure.
Remarque : Soit β = (e1 , . . . , en ) est une base de E. [u]β est triangulaire supérieure si et seulement si
u stabilise le drapeau associé à β i.e. ∀k ∈ J1; nK, u(V ect(e1 , . . . , ek )) ⊂ V ect(e1 , . . . , ek )
Définition VI.2.
On dit que A ∈ Mn (K) est trigonalisable s’il existe P ∈ GLn (K) tel que P −1 AP soit triangu-
laire supérieure.
226
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
a11 ∗
Remarque : Soit A ∈ Mn (K). Lorsque A est triangulaire supérieure, notons A = .. , on
.
0 ann
a SpecK (A) = [a11 , . . . , ann ]. La preuve de ce résultat est laissée comme exercice au lecteur.
Proposition VI.3.
Preuve : La démonstration est facile est laissée au lecteur (elle est très similaire à celle sur la diagonali-
sabilité).
Proposition VI.4.
Preuve
λ1 ∗
→ (1) ⇒ (2) Si u est trigonalisable donc on dispose de β base de E tel que [u]β = .. et
.
0 λn
alors
X − λ1 ∗ n
χu (X) = det([X Id −u]β ) = det .. =
Y
(X − λi )
.
0 X − λn i=1
227
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
λ Id ∗ P (λ) Id
! !
∗
[u]β = et donc 0 = [P (u)]β =
0 B 0 P (B)
Donc P (B) = 0. B ∈ Ml (K) (avec 1 ≤ n−1) est annulé par un polynôme scindé, on peut donc
appliquer l’hypothèse de récurrence et dire que B est trigonalisable. Il existe donc Q ∈ GLl (K)
tel que T := QBQ−1 soit triangulaire supérieure. Finalement,
λ Id ∗ Id 0 λ Id ∗ Id 0 λ Id ∗
! ! ! ! !
[u]β = ≃ =
0 B 0 Q 0 B 0 Q−1 0 T
Applications :
1. Soit u ∈ L(E). Les propriétés suivantes sont équivalentes
→ u est nilpotente.
→ Il existe une base β de E telle que [u]β est strictement triangulaire supérieure.
→ χu = X n
Pour montrer cela, il suffit de remarquer que le seul facteur irréductible de X d est X.
2. Soit A ∈ Mn (C) et P ∈ K[X].
Exercice VI.6.
Supposons que K = C.
1. Trouver toutes les classes de similitudes des matrices suivant les valeurs de µA et χA pour
A ∈ Mn (C) lorsque n = 2 et n = 3.
2. En déduire que pour tout A, B ∈ Mn (C),
→ Pour n = 2, µA = µB ⇐⇒ A ≃ B.
→ Pour n = 3, (µA = µB et χA = χB ) ⇐⇒ A ≃ B.
3. Trouver un contre-exemple des propriétés précédentes dans n = 4.
Exercice VI.7.
Soit S ⊂ Mn (K) un sous-ensemble non vide de matrices trigonalisables qui commutent deux
à deux. Montrer qu’il existe P ∈ GLn (K) telle que pour tout A ∈ S, P AP −1 est triangulaire
supérieure.
228
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
2. Décomposition de Jordan-Dunford
Proposition VI.8.
r
Soit u ∈ L(E). Supposons que χu soit scindé, i.e. qu’on peut écrire µu (X) = (X − λi )γi et
Y
i=1
r
χu (X) = (X − λi ) αi
avec les λi distincts. posons Fλi = Ker(u − λi Id) = Ker(u − λi Id)αi .
Y
γi
i=1
Les propriétés suivantes sont vraies.
1. Fλi est stable par u et est de dimension αi .
r
2. E =
M
F λi
i=1
Fλ
3. u i
= λi IdFλi +Nλi où Nλi ∈ L(Fλi ) est nilpotent.
Fλi
0
Aλ1 λi ∗
[u]β = .. où Aλi = .. ∈ Mαi (K)
. .
0 A λr 0 λi
Remarquons lorsque χu est scindé que ∀i ∈ J1; rK, Fλi ,u = Eλi ,u si et seulement si u est diagonalisable.
Ceci étant vrai car
Le cas αi = 1 est facile et peut être traité séparément par le lecteur. La dernière équivalence est vraie
d’après l’exercice V.10. et l’avant dernière d’après le lemme V.9.
Rassemblons maintenant tous les blocs diagonaux en une seule matrice D et de même pour ceux nilpotents
(la partie strictement triangulaire supérieure) en N . En considérant δ, ν ∈ L(E) tel que
0 0
λ1 · Iα1 Nλ1
[δ]β = D = .. et [ν]β = N = ..
. .
0 λr · Iαr 0 Nλr
229
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Soit u ∈ L(E) tel que χu soit scindé. Il existe un unique couple d’endomorphismes (δ, ν) ∈
L(E)2 telle que
→ u=δ+ν
→ δ est diagonalisable et ν et nilpotente.
→ δ et ν commutent.
De plus, δ et ν sont polynomiales en u i.e. il existe P, Q ∈ K[X] tels que δ = P (u) et ν = Q(u).
Preuve : L’existence a déjà été établie avant, il reste à montrer le caractère polynomial et l’unicité.
Remarquons d’abord que δ ∈ K[u] ⇐⇒ ν ∈ K[u]. Il suffit donc de le montrer pour δ ou ν, disons δ.
Reprenons les notations de la proposition, ainsi que celles considérées juste avant. Remarquons que
r
δ = λi πi où πi est la projection sur Fλi ,u parallèlement à Fλj ,u et donc il suffit de vérifier que
X M
1 j̸=i
πi ∈ K[u] pour tout i. Par symétrie des rôles des πi , il suffit de le montrer par exemple pour i = 1. Posons
r
P1 = (X − λj )αj , λ = P (λ1 ) ̸= 0, P2 = P1 − λ
Y
j=2
−1
P3 = (P2 )n , P4 = P3 − (−λ)n , P5 = P5
(−λ)n
Pour voir que ces polynômes sont naturels à considérer, il suffit de voir la succession d’égalités ci-dessous.
λ Id +N 0 0
N
0
−λ Id
[P1 (u)]β = donc [P2 (u)]β =
..
..
.
.
0 0 0 −λ Id
et donc
Nn = 0 0 −(−λ)n Id 0
(−λ)n Id
0
[P3 (u)]β = ainsi [P4 (u)]β =
...
...
0 (−λ)n Id 0 0
finalement
Id 0
0
[P5 (u)]β = = [π1 ]β
..
.
0 0
Ce qui nous donne bien le résultat voulu.
Montrons enfin l’unicité. Considérons (δ ′ , ν ′ ) vérifiant les mêmes propriétés que (δ, ν). On a
u = δ + ν = δ ′ + ν ′ i.e. δ − δ ′ = ν − ν ′
ν et ν ′ commutent car ν ∈ K[u] et ν ′ commute avec δ ′ et alors avec δ ′ +ν ′ = u. En posant v = δ−δ ′ = ν−ν ′ ,
on obtient
2n
2n k ′2n−k
!
v =
2n
X
ν ν
k=0 k
230
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
sachant que ∀k ∈ J1; 2nK, soit k ≥ n soit 2n − k ≥ n (on rappelle que l’indice de nilpotence de ν et ν ′
est forcement inférieur à n), tous les termes de cette somme sont nuls. Ainsi, les seules valeurs propres de
v dans C sont 0, mais v est diagonalisable car il est égal à la somme de δ et δ ′ qui sont diagonalisables
et commutent entre eux car δ est dans K[u] et δ ′ commute avec ν ′ et donc avec δ ′ + ν ′ = u et sont donc
codiagonalisables. On en déduit donc directement que v = 0, i.e. (δ, ν) = (δ ′ , ν ′ ), d’où l’unicité de δ et ν.
Exercice VI.10.
1. X 2 = 0 4 0 dans M3 (R).
0 0 9
a2 1
!
2. X =2
dans M2 (C) avec a ∈ C.
0 a2
1 1 0
3. X = 0 1 0 dans M3 (R).
2
0 0 1
Exercice VI.11.
Exercice VI.12.
Soit u ∈ GLn (C). Montrer que u admet une racine, i.e. qu’il existe v ∈ GLn (C), v 2 = u.
01 0
0
Jl1 . . . . . .
...
[v]β = où ∀k ∈ J1; sK, Jk = ∈ Mk (K)
...
1
0
Jls
0 0
avec l1 , . . . , ls ∈ J1; nK et l1 + · · · + ls = n.
Preuve : Soit u ∈ L(E) nilpotent, il est clair qu’il existe p ≥ 1 tel que µu = X p pour un certain p ≥ 1
(en effet, u est annulé par X l pour l assez grand, donc µu |X l ).
Montrons le résultat par récurrence forte sur la dimension n de E.
→ Le cas n = 1 est évident.
→ Soit n ≥ 2 tel que dim E = n. Supposons que le propriété soit vraie pour tout k ∈ J1; nK. Soit
x1 ∈ E \ {0} tel que up−1 (x1 ) ̸= 0. En posant Fx1 = Vect(x1 , . . . , up−1 (x1 )) (remarquons que cette
231
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
famille est libre, c’est donc une base de Fx1 ), on voit que Fx1 est stable et
Fx1
u = Jp
Fx1
Notre intuition est de trouver un supplémentaire de Fx1 stable par u et lui appliquer l’hypothèse
de récurrence. Voici comment nous allons procéder
• La famille (x1 , u(x1 ), . . . , up−1 (x1 )) est libre, on peut donc considérer ϕ : E −→ K une forme
linéaire telle que φ(up−1 (x1 )) = 1 et pour tout k ∈ J0; p − 2K, ϕ(uk (x1 )) = 0.
• À partir de ϕ on construit l’application linéaire suivante
E −→ Kp
φ:
y 7−→ (ϕ(up−1 (y), . . . , ϕ(u(y)), ϕ(y))
et on pose F = Ker φ.
• F est stable par u. En effet, on a pour tout y ∈ E
• φ est surjective. en effet, pour tout k ∈ J0; p − 1K, φ(uk (x1 )) = (δik )i∈J0;p−1K donc pour tout
(a0 , . . . , ap−1 ) ∈ Kp
0
p−1
φ(y) = 0 =⇒ 0 = φ ak uk (x1 ) = (a0 , . . . , ap−1 ) =⇒ y = 0
X
donc F et Fx1 sont en somme directe et par la formule du rang dim F = dim Ker φ = dim E −
dim Im φ = n − p, et alors dim Fx1 + dim F = n = dim E. F et Fx1 sont donc supplémentaires.
F
• Pour finir, on voit que w = u est aussi nilpotente, on peut donc appliquer l’hypothèse de
F
récurrence à w sur F ce qui nous donne bien le résultat voulu.
Remarques :
→ Lorsqu’on ajoute la condition l1 ≥ · · · ≥ ls ≥ 1, cette décomposition est unique, i.e. s’il existe une
autre base β ′ de E, où n est de la même forme avec m1 ≥ · · · ≥ mr ≥ 1 les tailles respectives de
ses blocs (Jk )k∈J1;rK , alors r = s et ∀i ∈ J1; sK, li = mi .
Pour s’en convaincre, notons
∀i ∈ N∗ F (i) = |{k ∈ J1; sK, lk = i}| et G(i) = |{k ∈ J1; rK, mk = i}|
1 1
232
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Ainsi, F = G (Il suffit de considérer par absurde le 1-er indice i ∈ N∗ où F (i) ̸= G(i) pour tomber
sur un contradiction) et donc on a notre unicité.
→ Remarquons que le bloc associé au sous espace Fx1 a la plus grande taille des blocs. En effet la taille
du bloc correspond à la dimension de ce sous espace, dim Fx1 = p et la dimension de tout espace
défini de la même manière (en itérant u sur un élément de E) est de dimension au plus p.
Soit u ∈ L(E) tel que χu est scindé dans K. Notons λ1 , . . . , λr les valeurs propres distinctes
(comptées sans multiplicité) de u. Il existe une base β de E telle que
λ1 · Il1i + A1 0 0
Jl1i
[u]β =
...
avec Ai =
...
0 λr · Ilsi + Ar 0 Jlsi
i i
où pour tout i ∈ J1; rK, si ∈ N∗ et l1i ≥ · · · ≥ lsi i ≥ 1. De plus, cette écriture est unique à
permutation des blocs λi Ilsi + Ai près.
i
On appelle cette décomposition réduction de Jordan de u.
Remarque : Certains auteurs n’exigent pas les inégalités sur les tailles des blocs dans la réduction de
Jordan. Cela ne change que la partie unicité de ce théorème.
Exercice VI.15.
Cette partie hors programme est assez classique. En effet, elle revient dans un nombre considérable
d’exercices d’oraux et de sujets d’écrits, voir par exemple Centrale Math 1 2019, où l’intégralité du sujet
portait sur les endomorphismes cycliques. Les élèves (dont ceux des MP* de Louis-le-Grand) ayant vu
cette notion étaient très avantagés par rapport aux autres cette année là.
Soit E un K−espace vectoriel de dimension finie n ≥ 1.
Définition VII.1.
Soit u ∈ L(E) et x ∈ E \ {0}. On appelle espace cyclique engendré par x pour u le sous-espace
vectoriel défini par
Fx,u = Vect{uk (x), k ∈ N}
On le notera aussi Fx lorsqu’il n y a pas d’ambiguïté sur u.
233
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition VII.2.
4. P est le générateur normalisé de Hu,x = {Q ∈ K[X], Q(u)(x) = 0}, i.e. P est l’unique
polynôme unitaire tel que Hu,x = ⟨P ⟩ := P · K[X]. On appellera P le polynôme minimal
(de u) en x et on le notera µx,u ou µx s’il n y a pas d’ambiguïté sur u. De plus, µx,u |µu .
Preuve
1. Clair (il suffit de l’écrire).
2. β est libre par définition. Montrons par récurrence forte que ∀l ∈ N ul (x) ∈ Vect(β).
→ La propriété est évidente pour l ∈ J0; p − 1K.
→ Soit l ≥ 1. Supposons que la propriété soit vraie pour tout k ∈ J0; l−1K. Sil ≤ p, la propriété est
vraie. Supposons donc que l > p. Par définition, (x, . . . , ul (x)) est liée, il existe donc m ∈ J0; lK
et (λ0 , . . . , λm ) ∈ Kn \ {(0, . . . , 0)} tels que
m−1
u (x) =
m
λk uk (x)
X
0 0
| {z }
∈Vect(β)
0
p−1
Fx,u
En Posant P := X p − λk X k , il est aisé de vérifier que = CP .
X
u
Fx,u β
k=0
4. Remarquons que le polynôme P retrouvé au point (3) est unitaire, de degré p et annule u en x.
Remarquons de plus que (x, . . . , up−1 (x)) est libre i.e. tout élément Q ∈ Hu,x non nul doit être de
degré supérieur à p. En particulier, si Q est le générateur unitaire de Hu,x (existe car Hu,x est un
idéal non trivial), alors Q|P et Q et P unitaires (non nuls) et deg(P ) = p ≤ deg(Q) d’où P = Q et
donc Hu,x = ⟨P ⟩.
Définition VII.3.
On dit que u est cyclique lorsqu’il existe x ∈ E \ {0} tel que Fx = E i.e. il existe x ∈ E tel que
(x, . . . , un−1 (x)) est libre.
Proposition VII.4.
234
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Preuve : Les trois polynômes sont tous unitaires et µx |µu |χu et donc il suffit de montrer que deg(µx ) ≥=
n, ce qui est vrai car (x, u(x), . . . , un−1 (x)) est libre et donc aucun polynôme de degré n − 1 ou moins ne
peut annuler u. Fx
Remarquons qu’en prenant u quelconque, x ∈ E \ {0} et en considérant v = u , on obtient que
Fx
µu,x = µv,x = χv et donc, en particulier, deg(µx ) = dim(Fx ).
Exercice VII.5.
Soit u ∈ L(E). On admettra qu’il existe x ∈ E − {0} tel que µx,u = µu (démontré dans un
exercice ultérieur)
1. Montrer que µu = χu si et seulement si u est cyclique.
2. Supposons que u est cyclique. Montrer que Com(u) = K[u] = {P (u), P ∈ K[X]} et en
déduire que dim Com(u) = n.
3. On ne suppose plus que u est cyclique. Déduire de la question précédente que
dim Com(u) ≥ n
4. Montrer que µu = χu si et seulement si Com(u) = K[u].
Exercice VII.6.
Soit u ∈ L(E). Montrer que χu est irréductible si et seulement si les seuls sous-espaces vectoriels
stables par u sont {0} et E.
Au passage remarquer que, dans ce cas, tout élément non nul est cyclique pour u.
Exercice VII.7.
Soit A ∈ Mn (C).
1. Montrer que la dimension de chaque espace propre est égale à 1 si A est semblable à une
matrice compagnon.
2. En déduire que si A est diagonalisable, alors A est cyclique si et seulement si A possède
n valeurs propres distinctes.
Exercice VII.8.
235
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice VII.9.
On suppose que E = Mn (K). Soit ||.|| une norme sur Kn . On peut définir une norme sur E,
appelée norme d’opérateur, par
∥AX∥
|||A||| = sup ||AX|| = sup ∥AX∥ = sup
∥X∥=1 ∥X∥≤1 X∈E\{0} ∥X∥
Proposition VIII.2.
n n
Soit A = (aij )i,j∈J1;nK ∈ Mn (K). On a VP(A) ⊂ |akj |.
[ X
Bf akk ,
k=1 j=1,j̸=k
n n
Preuve : Posons H = |akj |. Soit λ ̸∈ H, alors
[ X
Bf akk ,
k=1 j=1
n
X
∀k ∈ J1; nK, |λ − akk | > |akj |
j=1, j̸=k
236
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
D’après Hadamard (voir le chapitre des systèmes linéaires), ceci est équivalent à dire que la matrice A−λI
est inversible et que donc λ n’est pas une valeur propre de A.On en déduit donc bien que VP(A) ⊂ H.
Application : En utilisant ce résultat, on peut redémontrer le résultat sur les racines d’un polynôme vu
au chapitre 1. En effet, considérons P ∈ K[X] et soit A = CP . On a bien entendu
k=0
Exercice VIII.3.
Soit F un fermé de C. Montrer que Fe = {A ∈ Mn (C), SpecC (A) ⊂ F } est fermé dans Mn (C).
Application : Mn (R) est fermé dans Mn (C), donc en appliquant le résultat de cet exercice, on a que
{A ∈ Mn (C), SpecC (A) ⊂ R} est fermé dans Mn (C). De plus, on a
On en déduit donc que l’ensemble des matrices de Mn (R) trigonalisables s’écrit sous forme d’une inter-
section de deux fermés, c’est donc un fermé dans Mn (R) et Mn (C).
2. Diagonalisation à ε près
Proposition VIII.4.
Preuve : Soit β = (b1 , . . . , bn ) une base de trigonalisation de A dans Mn (C) i.e. une base telle que
λ1 aij
Aβ = QAQ−1 = ..
.
0 λn
!
b2 bn
avec Q la matrice de la base β. Soit p > 0, posons βp = b1 , , . . . , n . βp est aussi une base de Mn (C).
p p
237
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
1 1
!
avec Vp = Diag 1, , . . . , n−1 . Il suffit ensuite de prendre p assez grand pour qu’on ait pour tout i ̸= j,
p p
|ai,j |
≤ ε.
p
Exercice VIII.5.
Soit A ∈ Mn (C) tel que Spec(A) ⊂ B(0, 1). Montrer que Ap −−−−→ 0.
p→+∞
Exercice VIII.6.
Soit A ∈ Mn (Z) tel que SpecC (A) ⊂ B(0, 1). Montrer que A est nilpotente
Proposition VIII.7.
Preuve
λ1 ∗
Soit β une base de Cn tel que [A]β = P AP −1 =
...
avec P ∈ GLn (K). Considérons alors (Ap )
0 λn
la suite de matrices vérifiant
1
0
p + 1
...
∀p ∈ N, Ap = A + P −1
P
1
0
p+n
On a alors
1
0
p + 1
...
∀p ∈ N, [Ap ]β = [A]β +
1
0
p+n
On remarque que On a SpecC (A) = [λ1 , . . . , λn ]. A partir de là, il y a deux moyens de conclure.
238
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
1 1
!
P (X) = (X + i)(X + j) λi + = ((X + i)(X + j)(λi − λj ) + j − i))
Y Y
− λj −
i̸=j X +i X +j i̸=j
Il est clair que si Ap n’admet pas n valeurs propres distinctes alors P (p) = 0. P n’a qu’un nombre fini de
racines et donc à partir d’un certain rang Ap admet toujours n valeurs propres distinctes. Finalement
1
0
p + 1
..
Ap = A + P −1
.
P −−−−→ A
p→+∞
1
0
p+n
| {z }
−−−−→0
p→+∞
1 1
→ λi = λj et donc 0 = |λi − λj | = − ̸= 0 ce qui est absurde.
i + k j + k
1 1
|i − j|
→ λi ̸= λj et donc δ < |λi − λj | = − = ≤ 1
< δ ce qui est absurde.
i + k j + k (k + i)(k + j) k
En en déduit donc que pour tout p ≥ k, Ap admet n valeurs propres distinctes, et Ap −−−−→ A, d’où le
p→+∞
résultat voulu.
Conséquence : D’après la question 1 de l’exercice VII.4, pour tout u ∈ L(E), χu = µu implique que u
est cyclique. Or si u admet n valeurs propres deux à deux différentes, χu = µu et donc u est cyclique.
L’ensemble des endomorphismes ayant n valeurs propres deux à deux différentes (qui est dense) est inclus
dans l’ensemble des endomorphismes cycliques. On en déduit donc que l’ensemble des les endomorphismes
cycliques est dense dans Mn (C).
Application : On peut utiliser ce résultat pour redémontrer le théorème de Cayley-Hamilton.
Soit A ∈ Mn (C) et (Ap ) une suite de matrices dont chacune possède n valeurs propres distinctes (et
donc, a fortiori, est diagonalisable) tel que Ap −−−−→ A.
p→+∞
Lorsque D ∈ Mn (C) est diagonale, il est aisé d’établir que χD (D) = 0. Idem pour le cas où D est
diagonalisable. Ainsi, par continuité de (A, B) 7−→ χA (B) (l’image de (A, B) est une matrice dont les
coordonnées sont produit et somme des coefficients de A et B)
h : A 7−→ det(χ′A (A)) est continue et K∗ est ouvert, donc Ω = h−1 (K∗ ) est ouvert.
239
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Exercice VIII.8.
Remarque : Cette propriété est aussi équivalente au fait que la composante nilpotente dans la décompo-
sition de Dunford associée à l’espace caractéristique de λ est nulle (i.e. u est simplement une homothétie
sur cet espace).
Exercice VIII.10.
Soit λ une valeur propre de A ∈ Mn (C) et ∥.∥ une norme sur Cn . Montrer que si |λ| = |||A|||,
avec |||.||| la norme d’opérateur associée à ∥.∥, alors λ est pure.
Application : Si u ∈ Mn (C) est une isométrie pour ∥.∥ alors u est diagonalisable. En effet, ∀λ ∈
SpecC (u), |λ| = |||u||| = 1 et donc Eλ,u = Fλ,u .
240
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Ce qui ne peut pas être vrai pour tout λ ∈ C car uv −1 admet une valeur propre dans C.
d’où le résultat.
241
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
On a alors (λi Ai,j )i,j∈J1;sK = (λj Ai,j )i,j∈J1;sK , i.e. pour tout i ̸= j,
λi Ai,j = λj Ai,j
ce qui implique que Ai,j = 0 car les λi sont deux à deux distincts. v s’écrit donc bien dans la base
β sous la forme
0
A1,1
v=
...
0 As,s
→ Réciproquement, si on suppose que v s’écrit comme ci-dessus, alors
0
λ1 A 1
[v ◦ u]β = [v]β × [u]β = .. = [u]β × [v]β = [u ◦ v]β
.
0 λs As
donc v ∈ Com(u).
Méthode 2 :
→ Notons S l’ensemble de droite. Il est alors clair que S ⊂ Com(u) (pour s’en convaincre, voir le
dernier point de la méthode 1).
→ Réciproquement, soit v ∈ Com(u). Pour tout i ∈ J1; sK, Eλi ,u est stable par v. La proposition I.5
nous permet d’affirmer que dans la base β, v s’écrit bien de la manière voulue.
Une autre solution de l’exercice III.5 consiste à utiliser ce résultat pour s = n et li = 1 pour tout i ∈ J1; sK.
s
Remarque : une conséquence de ce résultat est que dim(Com(u)) = li2 ≥ n avec égalité si et seulement
X
i=1
si n = s et pour tout i ∈ J1; sK, li = 1. L’inégalité dimC (Com(u)) ≥ n est en fait toujours vraie même
sans diagonalisabilité lorsque u ∈ L(Cn ). On le prouvera dans un exercice ultérieur.
242
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
i=2
Considérons les deux ensembles
Eλ ,u F
S1 = v 1 , v∈S et S2 = v , v∈S
Eλ1 ,u F
On peut appliquer l’hypothèse de récurrencé à Eλ1 ,u pour S1 et à F pour S2 . Il existe une base
β1 (resp. β2 ) de Eλ1 ,u (resp. F ) dans laquelle les matrices de tous les éléments de S1 (resp. S2 )
sont diagonales. On en déduit donc que les matrices de tous les éléments de S dans la base
β = (β1 , β2 ) sont diagonales, ce qui est bien le résultat recherché.
2m = |S ′ | = |[S ′ ]β | ≤ 2n
i.e. m ≤ n.
i=1
s s
P (X 2 ) = (X 2 − λi ) = (X − αi )(X + αi )
Y Y
i=1 i=1
243
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
i=2
i=2
s
= Ker u ⊕ (Ker(u − αi Id) ⊕ Ker(u + α1 Id))
M
i=2
On en déduit que E est somme directe d’espaces propres de u, i.e. u est diagonalisable.
On en déduit que pour tout i ∈ J1; nK, Vect Bi est stable par ϕA . Il existe donc des matrices B1 , . . . , Bn ∈
Mn (C) telles que
0
B1
[ϕA ]B =
...
0 Bn
Soit k ∈ J1; nK. Pour tout i, j ∈ J1; nK, le coefficient de position i, j de Bk est égal à le coefficient de Ek,i
dans la décomposition de ϕA (Ek,j ) dans la base Bk , qui est égal à aj,i . On en déduit donc que pour tout
k ∈ J1; nK, Bk = AT et alors
XIn − AT 0
..
n
χϕA (X) = det(XIn2 − [ϕA ]B ) = det . = det XIn − AT = χA (X)n
0 XIn − AT
rg(D − λ Id)2 est égal au nombre de coefficients diagonaux non nuls dans (D − λ Id)2 . Ce nombre
est le même que le nombre de coefficients non nuls dans la matrice diagonale D − λ Id (les deux
matrices sont diagonales). On a alors
244
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Soit λ ∈ VP(A). On a Ker(A − λ Id) ⊂ Ker(A − λ Id)2 , et ces deux sous espaces sont de même
dimension, donc Ker(A − λ Id) = Ker(A − λ Id)2 . nous allons montrer que pour tout k ∈ N∗ ,
Ker(A − λ Id) = Ker(A − λ Id)k . Soit k ≥ 2 et X ∈ Kn , on a
On en déduit donc que Ker(A − λ Id)k ⊂ Ker(A − λ Id), i.e. Ker(A − λ Id)k = Ker(A − λ Id).
Remarquons que ce raisonnement peut aussi être fait par récurrence.
χA est scindé, on peut donc écrire
s
χA (X) = (X − λi )αi
Y
i=1
i=1 i=1
Kn est donc somme directe des espaces propres de A i.e. A est diagonalisable.
i.e.
0
λ1 . . . λs n1
0
2 2
λ1 . . . λs n2
.. = ..
. ..
. ..
. . . . .
λs1 . . . λss ns 0
245
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
λ1 . . . λs
2 2
λ1 . . . λs
En posant M = .. . . . , on voit que
. ..
.
s s
λ1 . . . λs
1 1
...
λ1 ... λs
det M = λ1 . . . λs det .. .. = λ1 . . . λs det V (λ1 , . . . , λs )T
...
. .
λs−1
1 . . . λs−1
s
= λ1 . . . λs (λi − λj ) ̸= 0
Y
i,j∈J1;nK, i̸=j
i=0
m
Tr(P (u)) = ai Tr(ui ) = a0 Tr(Id) = nP (0)
X
i=0
→ (3) ⇒ (2) Supposons que (3) est vérifiée, on a alors pour tout k ∈ N∗ , en posant P (X) = X k ,
λ 1 λ 0
(* !+ ) (* !+ )
C2 = , λ∈K ∪ , λ, δ ∈ K
0 λ 0 δ
→ Pour n = 3
246
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B 0
!
Il existe donc une base où A ≃ où B ∈ M2 (K) est la matrice de la corestriction
0 δ
de A à Ker(A − δ Id)2 . On a µB (X) = (X − λ)2 , donc d’après la discussion pour n = 2,
λ 1 0
λ 1
!
B≃ et finalement A ≃ 0 λ 0
0 λ
0 0 δ
0 1 a
[N ]β = 0 0 b
0 0 c
0 1 0 λ 1 0
[N ]β ′ = 0 0 0 et donc finalement A ≃ 0 λ 0
0 0 0 0 0 λ
0 1 0 λ 1 0
[N ]β = 0 0 1 et donc finalement A ≃ 0 λ 1
0 0 0 0 0 λ
0 0 + * λ 1 0 + * λ 1 0 +
* λ1
C3 = 0 λ2 0 , λ1 , λ2 , λ3 ∈ K ∪ 0 λ 0 , λ, δ ∈ K ∪ 0 λ 1 , λ ∈
K
0 0 λ3 0 0 δ 0 0 λ
247
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0 1 0 0 0 1 0 0
0 0 0 0 0 0 0 0
A= et B =
0 0 0 0 0 0 0 1
0 0 0 0 0 0 0 0
S1 = {Av , v ∈ S} et S2 = {Cs , v ∈ S}
1. X = 0 4 0 dans M3 (R)
2
0 0 9
Soit X une solution de l’équation. X 2 et X commutent, donc X laisse stable les espaces propres de
X 2 , i.e. X laisse stable Vect(e1 ), Vect(e2 ), Vect(e3 ) avec (e1 , e2 , e3 ) la base canonique de R3 . On en
déduit donc que X est diagonale, i.e. il existe α, β, γ ∈ R tels que
α 0 0
X = 0 β 0
0 0 γ
248
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0 0 γ
a2 1
!
2. X 2 = dans M2 (C) avec a ∈ C
0 a2
Soit X une solution de l’équation. Vect(e1 ) est un espace propre de X 2 . De plus X et X 2 commutent,
donc X laisse stable Vect(e1 ). Il existe donc α, β, γ ∈ C tels que
!
α β
X=
0 γ
On a alors
α2 αβ + γβ a2 1
! !
= X2 =
0 γ 2
0 a2
En utilisant cette inégalité, on voit que a ̸= 0, car sinon
nα = γ =
β= 0 et alors X
o= 0. En elevant les
cas où l’égalité est fausse, on obtient que (α, β, γ) ∈ a, 2a , a , −a, − 2a , −a . Réciproquement,
1 1
en réinjectant ces deux matrices possibles dans l’équation, on voit que elles sont bien solutions. On
en déduit que l’ensemble des solutions est bien
−a −1
( ! !)
1
a
S= 2a , 2a
0 a 0 −a
1 1 0
3. X = 0 1 0
2
dans M3 (R)
0 0 1
Soit X une solution de l’équation. Posons β = (e3 , e1 , e2 ) une permutation de la base canonique et
regardons la matrice X dans cette base. Posons Y = [X]β . On a
1 0 0
Y = 0 1 1
2
0 0 1
Y commute avec Y 2 et laisse donc ses espaces propres stables, donc Y laisse stable Vect (1, 0, 0)T , (0, 1, 0)T
Il existe donc x, y, z, t, c, d, e ∈ R tels que
x y c
Y =
z t d
0 0 e
!
x y
En posant A = , on voit que A2 = I, donc A est inversible. On a alors
z t
1 0 0
!
c
A
2
(A + eI) ×
= Y = 0 1 1
2
d
0 e2 0 0 1
Donc
0
! !
c
A =I
2
(A + eI) × = e2 = 1
d 1
La suite de l’exercice est laissée au lecteur : il suffit d’évaluer les différents cas possible pour trouver
249
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On en déduit donc que (vi,j )i,j∈J1;nK est une base de vecteurs propres de ϕu , donc ϕu est diagonalisable.
→ (⇐) Supposons que ϕu est diagonalisable. Utilisons la décomposition de Dunford. Sois δ, ν ∈ L(E)
tels que δ est diagonalisable, ν est nilpotent et u = δ + ν. δ et ν commutent, donc il est facile de
vérifier que ϕδ et ϕν aussi. De plus, d’après le point précédent, ϕδ est diagonalisable et pour tout
p ∈ N et v ∈ L(E),
p !
p
ϕν (v) =
p
(−1)p−k ν k ◦ v ◦ ν p−k
X
k=0 k
Donc ϕν est nilpotent. ϕu est diagonalisable, donc par unicité de la décomposition de Dunford,
ϕν = 0, i.e. ν = 0 et donc u est diagonalisable.
On a alors
Pn (x)2 = 1 + x + o(xn )
| {z }
Q(x)
où Q est un polynôme de terme de plus petit degré égal à au moins n. On peut donc écrire Q(X) =
X n R(X) avec R ∈ K[X]. On a alors, si αi est une racine de λi , alors
1 1 1
2
αi P n νi = λi Id +νi + νin R νi = λi Id +νi
λi λn−1
i λi
et donc αi Pn 1
ν
λi i
est une racine de λi Id +νi , d’où le résultat voulu.
250
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Soit A ∈ Mn (C). En utilisant la décomposition de Jordan, on sait qu’il existe une base β, λ1 , . . . , λr ∈ C
non nécessairement distincts et s1 , . . . , sr ∈ J1; nK tels que s1 + · · · + sr = n et
λ1 · Is1 + Js1 0
[A]β =
...
0 λr · Isi + Jsi
Pour tout i ∈ J1; rK, on considère l’application linéaire injective ϕi : Msi (C) −→ Mn (C) définie par
0Ms1 (C)
..
.
0
0Msi−1 (C)
∀B ∈ Msi (C), ϕi (B) = B
0Msi+1 (C)
...
0
0Msr (C)
On a alors r r
Com(A) ≈ Com([A]β ) ⊃ ϕi (Com(λi Isi + Jsi )) = ϕi (Com(Jsi ))
M M
i=1 i=1
Il suffit de montrer que pour tout s ∈ J1; nK, dim Com(Js ) ≥ s car une fois cela fait, on aurait
r
dim Com(A) = dim Com([A]β ) ≥ dim Com(Jsi ) ≥ s1 + · · · + sr = n
X
i=1
donc l’indice de nilpotence de Js est égal à s, i.e. µJs (X) = X s . En utilisant ce résultat, il est aisé de
montrer que dim K[Js ] = s ((I, Js , . . . , Jss−1 ) est une base de cet espace). Enfin, puisque K[Js ] ⊂ Com(Js ),
on a
dim Com(Js ) ≥ dim K[Js ] = s
d’où le résultat voulu.
251
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
→ (⊃) Cette inclusion est évidente car tout polynôme en u commute avec u.
→ (⊂) Soit v ∈ Com(u) et x0 tel que β = (x0 , u(x0 ), . . . , un−1 (x0 )) est une base de E. Ecrivons
la décomposition de v(x0 ) dans la base β
k=0
w est nul sur la base β, donc w = 0 et donc v ∈ K[u] et alors Com(u) = K[u]. De plus,
(Id, u, . . . , un−1 ) est une base de K[u] (pour le montrer, il suffit d’effectuer la division euclidienne
de tout polynôme de K[X] en u par µu ) et donc
La dernière inégalité est vraie d’après la question précédente. On a de plus µu |χu et ces deux
polynômes sont unitaires de même degré, donc χu = µu .
→ (⇒) Supposons que χu n’est pas irréductible. Soit P un terme irrédutible de la décomposition en
facteurs irréductibles de χu tel que deg P ∈ J1; n − 1K. D’après le corollaire V.8, on sait que P |µu .
Soit x ∈ Ker P \ {0} ≠ ∅. Fx,u est stable par u et
L’inégalité (∗) est vraie d’après la proposition VII.4. Fx,u est donc un sous-espace vectoriel de E
non trivial stable par u.
F
→ (⇐) Soit F un sous-espace vectoriel de E non trivial stable par u et posons v = u . On a alors
F
χv |χu et deg χv ∈ J1; n − 1K.
252
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
0
−a0
1 . . . ..
.
[A]β = ..
... ..
. .
1 −an−1
0
−λ
..
1 .
B=
..
. −λ
Les colonnes de B sont libres, donc rg(A − λ Id) ≥ n − 1, i.e. par la formule du rang dim Ker(A −
λ Id) ≤ 1. En particulier, lorsque λ est une valeur propre de A, dim Ker(A − λ Id) = 1.
2. Procédons par double implication. Soit A ∈ Mn (C) diagonalisable.
→ (⇒) Si A est cyclique, alors A est semblable à une matrice compagnon et donc d’après la
question précédente, tous les espaces propres de A sont de dimension 1, i.e. toutes les valeurs
propres de A sont de multiplicité 1, il y en a donc n.
→ (⇐) Supposons que A admet n valeurs propres deux à deux distinctes. Soit β = (e1 , . . . , en )
une base de diagonalisation de A. Il existe λ1 , . . . , λn ∈ C deux à deux distincts tels que
λ1
[A]β =
...
λn
On a alors
1 λ1 . . . λn−1
1
. .
(x, u(x), . . . , u (x)) = .. .. . .. ..
h i
n−1
β
.
1 λn . . . λn−1
n
Cette matrice est une matrice de Vandermonde associée aux λ1 , . . . , λn qui sont deux à deux
distincts, elle est donc inversible. La famille (x, u(x), . . . , un−1 (x)) est donc libre et alors c’est
une base de Kn . Finalement, A est cyclique i.e. semblable à une matrice compagnon.
253
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
λk1 , . . . , λkn sont exactement les racines (avec multiplicité) de χCPk . De plus CP ∈ Mn (Z), donc
CPk ∈ Mn (Z) et alors χCPk ∈ Z[X] car k ≥ 1. On a alors χCPk ∈ Zn [X] et est unitaire. Le polynôme
χCPk convient donc.
2. Supposons que |λ1 | = · · · = |λn | = 1 et posons pour tout k ≥ 1,
n n−1
Pk = (X − λki ) = X n + ak,i X k ∈ Z[X]
Y X
1 i=0
(existe d’après la question précédente). On veut montrer que les coefficients des polynômes Pk sont
uniformément bornés. Deux méthodes sont possibles.
→ Méthode 1 (Topologie) : On pour tout k ∈ N∗ ,
n n n
∀x ∈ [0, 1], |Pk (x)| = x − λki |x| + |λi |k ≤ (1 + 1) = 2n
Y Y Y
≤
i=1 i=1 i=1
ainsi que
Rn [X] −→ R+
∥.∥∞,coef : n
7−→ sup |ak | lorsque P (X) = ak X k
X
P
k∈J0;nK k=0
Rn [X] est de dimension finie, donc toutes les normes y sont équivalentes (voir chapitre sur
l’équivalence des normes). Il existe donc une constante C > 0 telle que
∀P ∈ Rn [X], ∥P ∥∞,coef ≤ C ∥P ∥∞
Nous ne démontrerons pas ce lemme, mais nous encourageons le lecteur à aller regarder la
254
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
preuve de ce lemme qui peut être quelques fois assez utile. Appliquons ce lemme, on a pour
tout k ∈ N et l ∈ J1; nK
l
|ak,n−l | =
X Y
λij
1≤i1 <i2 <···<il ≤n j=1
l
X Y
≤
λij
1≤i1 <i2 <···<il ≤n j=1
!
n
= 1=
X
Ceci nous permet donc d’affirmer que pour tout i ∈ J0; nK les coefficients |ak,i | sont bornés par
une constante indépendante de k.
On a donc pour tout i ∈ J0; n − 1K, l’ensemble {ak,i , k ∈ N∗ } est une partie bornée de Z, elle
est donc finie. L’ensemble {Pk , k ∈ N} est alors fini, ce qui implique que pour tout i ∈ J1; nK,
l’ensemble {λki , k ∈ N } est fini. On en déduit que pour tout i ∈ J1; nK, il existe k, l ∈ N différents
(on suppose sans perte de généralité que k < l) tels que λki = λli , i.e. λk−l
i = 1 et enfin pour tout
i ∈ J1; nK, λi est une racine de l’unité.
µy · y = 0 ⇐⇒ µy · (Q · x) = 0 ⇐⇒ (µy Q) · x = 0
⇐⇒ µx |µy Q ⇐⇒ P Q|µy Q ⇐⇒ P |µy
Mais µy ∧µx = 1, donc d’après Gauß, µy |µx+y . Par le même raisonnement, on peut montrer également
que µx |µx+y . Encore une fois, puisque µy ∧ µx = 1, on a µx µy |µx+y . On en déduit donc que µx µy =
µx+y . µx µy et µx+y sont unitaires ce qui nous permet d’affirmer que µx µy = µx+y .
3. Posons µx = P1α1 . . . Prαr et µy = P1β1 . . . Prβr . Posons également
α
i si αi ≥ βi i
β si βi > αi
αi′ = et βi′ =
0 sinon 0 sinon
α′ ′ β′ ′
Px = P1 1 . . . Prαr et Qy = P1 1 . . . Prβr
µx µy
Posons également x′ = x et y ′ = y. D’après la question 1, on sait que µx′ = Px et µy′ = Qy .
Px Qy
De plus, on a Px ∧ Qy = 1, donc d’après la question précédente,
µx′ +y′ = Px Qy = µx ∨ µy
µa · x = x1 µa · e1 + · · · + xn µa · en = 0
255
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Donc µx |µa . On en déduit que µa (u) = 0 i.e. µu |µa et de plus µu · a = 0 donc µa |µu et ces deux
polynômes sont unitaires, donc µa = µu .
i=1
et donc z ̸∈ SpecC (A), i.e. SpecC (A) ⊂ F . On a donc bien que A ∈ Fe , i.e. Fe est fermé.
et ∀i, j ∈ J1; nK tels que j > i, |bi,j | < ε. Munissons Cn de la norme ∥.∥1 , dont on rappelle la définition
Cn −→ R+
∥.∥1 :
(x1 , . . . , xn )T 7−→ |x1 | + · · · + |xn |
Avec C = sup ∥Bei ∥. On a donc, en considérant |||.||| la norme d’opérateur associée à ∥.∥1 que
i∈J1;nK
n
|||B||| ≤ C = sup ∥Bei ∥1 = sup λi + ≤ sup |λi | + (n − 1)ε
X
bij
i∈J1;nK i∈J1;nK j=i+1 i∈J1;nK
On choisit donc ε tel que supi∈J1;nK |λi | + (n − 1)ε < 1. Ceci nous permet d’avoir |||B||| < 1 et donc
|||Ap ||| = |||P B p P −1 ||| ≤ |||P ||| × |||B p ||| × |||P −1 |||
≤ |||P ||| × |||P −1 ||| × |||B|||p −−−−→ 0
p→+∞
256
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Pour tout p ∈ N, Ap ∈ Mn (Z), donc ∥Ap ∥ ∈ Z. De plus, SpecC (A) ⊂ B(0, 1), donc d’après l’exercice
précédent et par équivalence des normes en dimension finie, Ap −−−−→ 0. (∥A∥p )p∈N est une suite à valeurs
p→+∞
dans Z qui converge vers 0, elle est donc stationnaire en 0. On en déduit donc que il existe r ∈ N tel que
pour tout p ≥ r, ∥A∥p = 0 i.e. Ap = 0. A est alors bien nilpotente.
0
λ1
Pk−1 APk −−−−→ ..
.
p→+∞
0 λn
S est fermé, donc cette matrice appartient à S. On en déduit donc que A est semblable à une
matrice diagonale, i.e. A est diagonalisable.
→ (⇒) Supposons que A soit diagonalisable. Montrons que S̄ = S. Soit B ∈ S̄. On veut montrer que
B ∈ S. L’application
M (C) −→ C [X]
n n
ϕ:
M 7−→ χM
est continue, car pour tout M ∈ Mn (C), les coefficients de ϕ(M ) dans Cn [X] sont polynomiaux en
les coeffcients de M dans Mn (C). De plus, ϕ est constante sur S égale à χA , elle est donc constante
aussi sur S̄ égale à χA par continuité. Ceci nous permet de dire que χA = χB et que A et B ont les
mêmes valeurs propres et même multiplicité.
n (C) −→ Mn (C)
M
ψ:
M 7−→ µA (M )
est continue car polynômiale et constante sur S égale à 0, donc par continuité elle est aussi égale
à 0 sur l’adhérence de S et alors µA (B) = 0. A est diagonalisable, donc µA est scindé à racines
simples et alors B est diagonalisable. D’après ce qui précéde, A et B ont même valeurs propres et
même multiplicités, donc A et B sont semblables diagonalisables et finalement B ∈ S.
257
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
a alors
∀p ∈ N∗ , |||Ap ||| ≤ |||A|||p = 1
F
Soit F = Ker(A − λI)αA (λ) . En posant u : X 7−→ AX et v = u , on sait que il existe N nilpotente
F
telle que v = λI + N . On veut montrer donc que N = 0.
Idée : On sait que pour tout p ∈ N∗ , |||v p ||| ≤ |||Ap ||| ≤ 1, donc v p est borné. On va donc montrer
que si N ̸= 0, alors v p est non bornée.
Supposons que N ̸= 0. Soit m > 1 l’indice de nilpotence de N . Il existe donc X ∈ Cn tel que
N m−1 X ̸= 0. Posons Y = N m−2 X. On a alors N Y ̸= 0 et N 2 Y = 0. On a alors pour tout p ∈ N∗
p !
p k n−k
v Y = (λI + N ) Y =
p p
Y = λp Y + pλp−1 N Y
X
λ N
k=0 k
donc v p est non bornée, ce qui est absurde. On en déduit donc que N = 0 et alors Ker(A−λI)αA (λ) =
Ker(A − λI) i.e. λ est pure.
258
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Chapitre 30.1
Probabilités
N =0 n=N
Si ω ∈ Ω, alors ω appartient cet ensemble si, et seulement si, ω appartient à une infinité de termes
de la suite (An )n∈N .
I Tribus
On appelle tribu sur E toute partie T de P(E) qui vérifie les propriétés suivantes :
→ ∅ et E ∈ T .
+∞
→ Si (An ) ∈ T N , An ∈ T .
[
n=0
→ Si A ∈ T , A∁ ∈ T .
Exemples : {∅, E} est une tribu sur E, et si E est dénombrable, P(E) est une tribu sur E.
Proposition I.1.
n=0 n=0
N N
!∁
→ Pour tout N ∈ N, An = A∁n ∈T.
\ [
n=0 n=0
+∞ +∞
→ Il existe une suite (Bn ) ∈ T N d’ensembles deux à deux disjoints telle que An = Bn ,
[ [
n=0 n=0
N N
et, pour tout N ∈ N, An = Bn .
[ [
n=0 n=0
→ Si Λ est un ensemble non vide, et (Tλ )λ∈Λ une famille de tribus sur E, alors Tλ est
\
λ∈Λ
aussi une tribu sur E.
n−1
!
Preuve de la troisième propriété : En posant, pour tout n ∈ N, Bn = An \ Ak , on construit
[
k=0
bien une suite d’ensembles deux à deux disjoints qui vérifie les deux propriétés.
Tribu engendrée
259
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Définition I.2.
Soit X une partie de P(E), et notons TX l’ensemble des tribus sur E contenant X. On appelle
tribu engendrée par X, la tribu
T (X) =
\
T
T ∈TX
Exemples
→ On appelle tribu borélienne sur R, et on note B(R), la tribu engendrée par l’ensemble des ouverts
de R. Par complémentarité, cette tribu contient également tous les fermés de R. Donc cette tribu
contient tous les points de R, et par union dénombrable, Q ⊂ B(R) puis, par complémentarité,
R \ Q ⊂ B(R).
→ Soit n ∈ N∗ . Soient A1 , . . . , An des parties de E incluant ∅ et E. Posons
( n )
n o
Ta = ∀k ∈ J1; nK, Bk ∈ Ak , A∁k
\
Bk
k=1
Les éléments de Ta sont deux à deux dijoints et la tribu engendrée par {A1 , . . . , An } est l’ensemble
de réunions d’ensembles appartenant à Ta .
+∞
→ Soit (An ) ∈ P(E)N une suite de parties de E deux à deux disjointes telle que An = E. La tribu
[
( ) n=0
engendrée par l’ensemble des termes de (An )n∈N est T = I⊂N .
[
An
n∈I
+∞
En effet, E = An ∈ T , ∅ = An ∈ T , et T est stable par union dénombrable.
[ [
n=0 n∈∅
!∁
Enfin, si I ⊂ N, = An ∈ T .
[ [
An
n∈I n∈N\I
Proposition I.3.
Soit F un ensemble, et f une application de E dans F . Si T ′ est une tribu sur F , l’ensemble
des images réciproques des éléments de T ′ par f , noté f −1 ⟨T ′ ⟩, est une tribu sur E, appelée
tribu image réciproque de T ′ sous f .
Si, de plus, on munit E d’une tribu T sur E, et F de la tribu T ′ , alors (E, T ) et (F, T ′ ) sont
qualifiés d’espaces mesurables, et f : (E, T ) −→ (F, T ′ ) est dite mesurable lorsque f −1 ⟨T ′ ⟩ ⊂ T
260
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
II Espaces probabilisés
Dans la suite du chapitre, on munit E d’une tribu T sur E si bien que (E, T ) est un espace mesurable,
ou encore un espace probabilisable. Les éléments de T sont appelés événements.
Définition II.1.
On dit qu’une application P : T −→ [0, 1] est une probabilité sur l’espace probabilisable (E, T )
lorsqu’elle vérifie les propriétés suivantes :
→ P(∅) = 0 et P(E) = 1.
→ Si (An ) ∈ T N est une suite d’événements deux à deux incompatibles i.e. une suite d’élé-
+∞ +∞
!
ments de T deux à deux disjoints, alors P An = P(An ).
[ X
n=0 n=0
Proposition II.2.
Soit P une probabilité sur (E, T ). Alors P vérifie les propriétés suivantes :
→ Soit n ∈ N. Si A0 , . . . , An sont des événements deux à deux incompatibles, alors
n n
!
Ak = P(Ak )
[ X
P
k=0 k=0
→ Continuité décroissante : Soit (An )n∈N une suite décroissante d’événements i.e. pour tout
n ∈ N, An+1 ⊂ An . Alors
+∞
!
P(An ) −−−−→ P
\
Ak
n→+∞
k=0
261
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Conséquence : Si (An )n∈N est une suite d’événements telle que P(An ) converge, alors
X
n≥0
+∞ +∞
!
P(An )
[ X
P An ≤
n=0 n=0
n
!
est une suite croissante d’événements donc par continuité croissante
[
Preuve : Ak
k=0 n∈N
+∞ n n +∞
! !
Ak = lim P Ak ≤ lim P(Ak ) = P(An )
[ [ X X
P
n→+∞ n→+∞
k=0 k=0 k=0 n=0
On dit qu’un événement A est presque sûr lorsque P(A) = 1. On dit qu’un événement A est
négligeable lorsque P(A) = 0.
Proposition III.2.
→ Soient A et B sont deux événements tels que A ⊂ B. Si A est presque sûr, alors B est
presque sûr.
+∞
→ Si (An )n∈N est une suite d’événements négligeables, alors An est négligeable.
[
n=0
Preuve
+∞ +∞
!
→ La série P(An ) converge car elle est nulle donc 0 ≤ P P(An ) = 0, donc An est
X [ X [
An ≤
n≥0 n=0 n≥0 n=0
négligeable.
Exercice III.3.
Soit (E, T , P) un espace probabilisé. Soit (An )n∈N une suite d’événements telle que P(An )
X
n≥0
converge.
+∞ +∞
!
Que dire que l’événement An ?
\ [
N =0 n=N
262
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
2. Ensembles dénombrables
Supposons dans cette partie que E soit dénombrable. Soit (xn ) ∈ E N une énumeration bijective de E.
+∞
Soit (an ) ∈ ℓ1 (N, R+ ) telle que an = 1.
X
n=0
Posons T = P(E). Pour tout A ∈ T , posons IA = {n ∈ N | xn ∈ A}, puis P(A) = an .
X
n∈IA
On a bien P(∅) = 0, P(E) = 1, et si (An ) est une suite d’événements deux à deux incompatibles, alors
+∞ +∞ +∞
= ak = = P(An )
[ X X X X
P An ak
n=0 k∈IA n=0 k∈IAn n=0
| {z }
noté A
n=0
On définit la probabilité produit P× sur l’espace probabilisable (E × F, P(E × F )) par
∀(n, m) ∈ N2 , P× ({xn , ym }) = an bm
+∞ +∞
! !
On vérifie que P× (E × F ) = an b m = am = 1.
X X X
an
(n,m)∈N2 n=0 m=0
263
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Correction de l’exercice 8. :
Pour tout M ∈ N,
+∞ +∞
P(An ) −−−−−→ 0
\ [ [ X
P An ≤ P An ≤
M →+∞
N =0 n≥N ↑ n≥M n=M
croissance de la probabilité
+∞
donc An est négligeable.
\ [
N =0 n≥N
264
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Chapitre 30.2
Indépendance, conditionnement
I Événements indépendants
Définition I.1.
Proposition I.2.
Preuve : P(B) = P(A∁ ∩B)+P(A∩B) = P(A∁ ∩B)+P(A)P(B). Donc P(A∁ ∩B) = P(B)(1 − P(A)).
| {z }
=P(A∁ )
Conséquence : Dans ce cas, B ∁ et A sont indépendants, ainsi que A∁ et B ∁ .
Définition I.3.
i∈I i∈I
Proposition I.4.
i∈I j∈J
265
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Conséquence : Les événements de la tribu engendrée par {A1 , . . . , An } sont mutuellement indépen-
dants.
Exercice I.5.
i=1
II Conditionnement
Loi conditionnelle
Soit A un événement tel que P(A) ̸= 0.
P(B ∩ A)
Pour tout B ∈ T , posons P(B | A) = . Alors P( · | A) est une probabilité sur (E, T ). Elle vérifie
P(A)
les propriétés suivantes :
→ P(A ∩ B) = P(B | A)P(A).
→ Si A et B sont deux événements indépendants (au sens de P), alors P(B | A) = P(B).
→ Si n est un entier supérieur ou égal à 3, et A1 , . . . , An sont des événements tels que, pour tout
i
!
i ∈ J1; n − 1K, P Ak > 0, alors,
\
k=1
n
!
Ai = P(A1 )P(A2 | A1 )P(A3 | A1 ∩ A2 ) . . . P(An | A1 ∩ A2 ∩ . . . ∩ An )
\
P
i=1
→ Si (An )n∈N est une partition de E telle que pour tout n ∈ N, P(An ) > 0, alors pour tout événement
B non négligeable, on a
+∞
P(B | An )P(An )
P(B) = P(B | An )P(An ) et P(An |B) =
X
+∞
n=0
P(B | An )P(An )
X
n=0
j∈J
266
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
En effet, pour tous I et J ∈ P(N), en utilisant le théorème d’associativité pour les familles sommables,
! ! !
Bn = P (An ∩ Bp ) = P(An ∩ Bp ) = P
[ [ G X [ [
P An ∩ An P Bn
n∈I p∈J (n,p)∈I×J (n,p)∈I×J
| {z } n∈I n∈J
P(An )P(Bp )
IV Borel-Cantelli
Théorème IV.1.
Soit (An )n∈N une suite d’événements mutuellement indépendants telle que P(An ) diverge.
X
n≥0
Alors,
+∞ +∞
!!
=1
\ [
P An
N =0 n=N
+∞ +∞
!
Vocabulaire : Si ω ∈ E réalise i.e. ω appartient à cet ensemble, alors ω réalise
\ [
An
N =0 n=N
une infinité d’événements de la suite (An )n∈N . La conclusion de ce théorème assure alors que, presque
sûrement, une infinité d’événements de (An )n∈N sont réalisés, ou alors que An est réalisé infiniment
souvent.
+∞ +∞
Posons, pour tout N ∈ N, BN = An . Alors pour tout N ∈ N, BN = A∁n
[ \
∁
Preuve :
n=N n=N
M
!
et en introduisant la suite décroissante d’événements CM = A∁n , on a, par continuité
\
N
M ∈N
n=N M ∈N
décroissante
N ∁
P CM −−−−−→ P BN
M →+∞
Soit (An )n∈N une suite d’événements telle que P(An ) converge. Alors,
X
n≥0
+∞ +∞
!!
=0
\ [
P An
N =0 n=N
Preuve : En reprenant les notations de la preuve précédente, (BN )N ∈N est une suite décroissante
267
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
+∞
Par ailleurs, pour tout N ∈ N, P(BN ) ≤ P(An ) −−−−→ 0 donc par unicité de la limite,
X
N →+∞
n=N
+∞
!
= 0, ce qu’on voulait.
\
P BN
N =0
268
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Correction de l’exercice 5. :
Par indépendance mutuelle,
n n n n
! !
A∁i = (1 − P(Ai )) ≤ −P(Ai )
= exp − P(Ai )
\ Y Y X
P e
i=1 i=1 i=1 i=1
269
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Chapitre 30.3
Variables aléatoires
Dans tout ce chapitre, (Ω, T , P) désigne un espace probabilisé, et (E, U) un espace probabilisable.
I Généralités
Une variable aléatoire à valeurs dans E est une application X : (Ω, T , P) −→ (E, U) telle que pour tout
U ∈ U, X −1 (U ) ∈ T . Autrement dit, X : (Ω, T ) −→ (E, U) est une fonction mesurable.
Loi de probabilité : La loi de X, notée LX , est une application de U dans [0, 1] définie par
∀U ∈ U, LX (U ) = P(X −1 (U ))
Ainsi, LX (E) = P(Ω) = 1, LX (∅) = P(∅) = 0 et, pour toute suite (Un ) ∈ U N d’événements deux à deux
disjoints,
+∞ +∞ +∞ +∞
! !
Un = P X (Un ) =
−1
P(X −1 (Un )) = LX (Un )
[ G X X
LX
n=0 n=0 n=0 n=0
Notons que sur tout espace probabilisable, on peut définir une loi de probabilité L sans se donner de
variable aléatoire.
II Variables discrètes
Définition II.1.
On dit qu’une variable aléatoire X : (Ω, T , P) −→ (E, U) est discrète lorsque X(Ω) est dénom-
brable.
Notation II.2.
Proposition II.3.
Soit d ∈ N∗ . Soit λ ∈ R. Si X et Y sont des variables aléatoires discrètes définies sur (Ω, T , P)
et à valeurs dans (Rd , B(Rd )), alors X + Y et λX sont des variables aléatoires discrètes.
270
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Preuve : L’application
X(Ω) × Y (Ω) −→ Rd
(x, y) 7−→ x + y
(x,y)∈X(Ω)×Y (Ω)
x+y=z
dénombrable d’événements.
Remarque II.4.
(x,y)∈X(Ω)×Y (Ω)
x+y=z
Définition III.1.
Suites : On dit que (Xn )n∈N est une suite de variables aléatoires indépendantes lorsque pour toute partie
finie I de N, les variables aléatoires de (Xi )i∈I sont indépendantes.
Remarque III.2.
Proposition III.3.
Soient n, d ∈ N∗ . On suppose que (E, U) = (Rd , B(Rd )). Soient X1 , . . . , Xn des variables aléa-
toires discrètes. Alors :
→ X1 , . . . , Xn sont indépendantes si, et seulement si, pour tout (x1 , . . . , xn ) ∈ E n , les évé-
nements [X1 = x1 ], . . ., [Xn = xn ] sont mutuellement indépendants.
→ Lemme des coalitions : Soient p, q ∈ N tels que p + q = n. Soient f : (Rd )p −→ Rd et
g : (Rd )q −→ Rd deux fonctions.
Si X1 , . . . , Xn sont indépendantes alors, f (X1 , . . . , Xp ) est une variable aléatoire indépen-
dante de g(Xp+1 , . . . , Xn ).
271
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Pour tout i ∈ N tel que 1 ≤ i < i + 3 ≤ n, Xi Xi+1 et Xi+2 Xi+3 sont indépendantes.
= P (X1 = x1 ) . . . P (Xn = xn )
X
= P(X1 ∈ A1 ) × · · · × P(Xn ∈ An )
= P ([X1 = x1 ]) . . . P ([Xn = xn ])
X
= P (f (X1 , . . . , Xp ) = x) P (g (Xp+1 , . . . , Xn ) = y)
Exercice III.4.
Soit (Ω, T , P) un espace probabilisé. Soit X : (Ω, T , P) −→ (R, B(R)) une variable aléatoire
discrète. Donner une condition nécessaire et suffisante pour que X soit indépendante d’elle-
même.
Exercice III.5.
Soit (Ω, T , P) un espace probabilisé. Soient X, Y deux variables aléatoires de (Ω, T , P) à valeurs
1
dans (N∗ , P(N∗ )), indépendantes, et telles que, pour tout i ∈ N∗ , P(X = i) = P(Y = i) = i .
2
1. Calculer P(X = Y ).
2. Calculer P(X > Y ).
3. Soit N ∈ N∗ . Calculer P(min(X, Y ) ≤ N ).
IV Lois usuelles
Dans cette partie, toutes les variables aléatoires sont discrètes.
272
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Schéma de Bernoulli 1 : Soit p ∈ ]0, 1[. Un schéma de Bernoulli est une suite finie d’expériences
identiques, deux à deux indépendantes et ayant, chacune, exactement deux issues possibles : un succès
ou un échec. La probabilité qu’une expérience soit un succès vaut p.
Cette suite d’expériences est modélisée par les termes d’une suite (Xn )n∈N de variables aléatoires indépen-
dantes, à valeurs dans {0, 1}, et suivant la même loi de Bernoulli B(p) i.e. pour tout k ∈ N, P(Xk = 1) = p.
Loi binomiale : Soient n ∈ N, et p ∈ ]0, 1[. Considérons un schéma de Bernoulli d’ordre n (i.e. où
n expériences sont menées) où la probabilité de succès vaut p. Le nombre de succès est aléatoire et est
compris entre 0 et n, et la probabilité que k succès aient lieu vaut la probabilité que l’une des situations où
k ∈ J0; nK succès sont disséminés parmi les n expériences ! ait lieu : l’une de ces situations a une probabilité
n
pk (1 − p)n−k d’avoir lieu (par indépendance), et il y a combinaisons de k succès parmi n expériences
k
à deux issues. n
La variable aléatoire S = Xk qui compte le nombre de succès d’un schéma de Bernoulli d’ordre n et
X
k=1
de probabilité de succès p est à valeurs dans J0; nK et suit la loi binomiale B(n, p) :
!
n k
∀k ∈ J0; nK, P(S = k) = p (1 − p)n−k
k
∀k ∈ N, Yk = 2Xk − 1
Loi géométrique : Considérons un schéma de Bernoulli infini i.e. où l’on réalise une infinité dénombrable
d’expériences identiques et indépendantes, et où la probabilité de succès vaut p ∈ ]0, 1[.
Le temps d’attente du premier succès est une variable aléatoire T à valeurs dans N∗ suivant une loi
géométrique G(p).
Soit n ∈ N∗ . Pour que le premier succès ait lieu à la n-ième expérience, il faut et il suffit que les expériences
antérieures se soldent toutes par des échecs et que la n-ième soit un succès, c’est-à-dire que
P(T = n) = (1 − p)n−1 p
Théorème IV.1.
Soit p ∈ ]0, 1[. Soit (Xn )n∈N une suite de variables aléatoires indépendantes et identiquement
distribuées suivant la loi de Bernoulli B(p). Alors
→ Presque sûrement, il existe k ∈ N∗ tel que Xk = 1.
→ Y = min{k ∈ N∗ | Xk = 1} est une variable aléatoire à valeurs dans N∗ suivant la loi
géométrique G(p).
Preuve :
n
!
→ La suite d’événements [Xk = 0] est décroissante, donc par continuité décroissante et uni-
\
k=1 n∈N∗
273
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
cité de la limite : n
!
[Xk = 0] −−−−→ P (¬[∃k ∈ N∗ , Xk = 1]) = 0
\
P
n→+∞
k=1
| {z }
=(1−p)n
Remarque IV.2.
Souvent, le premier succès arrive assez tôt. En effet, il existe µ > 0 tel que 1 − p = e−µ , donc
(1 − p)n−1 p = e−(n−1)µ (1 − e−µ ), ce qui exhibe une décroissance exponentielle de la probabilité
du premier succès avec le rang de ce succès.
Proposition IV.3.
Soit p ∈ ]0, 1[. Soit X une variable aléatoire suivant la loi géométrique G(p). Alors
P(X > n + k)
P(X > n + k | X > n) =
P(X > n)
+∞
(1 − p)m−1 p
X
m=n+k+1
= +∞
(1 − p)m−1 p
X
m=n+1
1
(1 − p) × n+k
1 − (1
− p)
=
1
(1 − p)n ×
1
−(1 − p)
Loi de Poisson : Soit λ > 0. On dit qu’une variable aléatoire X à valeurs dans N suit une loi de
λn
Poisson P(λ) lorsque pour tout n ∈ N, P(X = n) = e−λ .
n!
274
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Théorème IV.4.
Soit λ > 0. Soit (pn ) ∈ ]0, 1[N telle que npn −−−−→ λ. Soit (Xn )n∈N une suite de variables
n→+∞
aléatoires telle que pour tout n ∈ N, Xn suit la loi B(n, pn ).
Alors (Xn )n∈N converge en loi vers une loi de Poisson P(λ) i.e.
λm
∀m ∈ N, P(Xn = m) −−−−→ e−λ
n→+∞ m!
Exercice IV.5.
Soient λ > 0 et p ∈ ]0, 1[. On modélise le nombre d’œufs pondus par un poisson par une loi
de Poisson P(λ). On modélise l’éclosion d’un œuf indépendamment des autres par une loi de
Bernoulli B(p). Déterminer la loi du nombre d’œufs éclos.
Exercice IV.6.
Soit (Ω, T , P) un espace probabilisé. Soit p ∈]0, 1[. Soit (Xi )i∈N∗ une suite de variables aléatoires
définies sur (Ω, T ), indépendantes et identiquement distribuées suivant la loi de Rademacher
de paramètre p.
On pose S0 = 0 et, pour tout n ∈ N∗ , Sn = X1 + · · · + Xn . Pour tout m ∈ N∗ , on pose
+∞
Am = [|Sn | ≤ m].
\
n=0
1
1. On suppose que p = . Montrer que pour tout m ∈ N∗ , P(Am ) = 0.
2
1
2. On suppose que p ̸= . Montrer que P([Sn = 0] infiniment souvent) = 0.
2
275
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
V Compléments
Fonction de répartition : Soit X une variable aléatoire à valeurs dans (R, B(R)). On introduit la
fonction de répartition de X, notée FX , définie par
FX : R −→ [0, 1]
x 7−→ P(X ≤ x)
Preuves :
→ La croissance de FX découle de la croissance de P.
→ Soit (xn )n∈N une suite réelle décroissante divergeant vers −∞. ([X ≤ xn ])n∈N∗ est une suite décrois-
sante d’événements donc par continuité décroissante,
+∞
!
FX (xn ) −−−−→ P [X ≤ xn ] = P(∅) = 0
\
n→+∞
n=0
→ Soit (xn )n∈N une suite réelle décroissante convergeant vers a ∈ R. ([X ≤ xn ])n∈N∗ est une suite
décroissante d’événements donc par continuité décroissante, FX (xn ) −−−−→ FX (a). Donc FX est
n→+∞
continue à droite en a.
→ (⇒) Soit (xn )n∈N une suite réelle décroissante convergeant vers a et (yn )n∈N une suite réelle crois-
sante convergeant vers a sans valoir a. Par continuité croissante et décroissante, on montre que
FX (xn ) −−−−→ FX (a) et FX (yn ) −−−−→ FX (a− ).
n→+∞ n→+∞
Donc P(X = a) = FX (a) − FX (a− ) > 0 car FX est discontinue en a.
(⇐) Si FX est continue en a, alors P(X = a) = FX (a) − FX (a− ) = 0.
Variables à densité : Soit X une variable aléatoire à valeurs dans (R, B(R)). On dit que X est une
variable aléatoire à densité s’il existe une fonction f : R −→ R+ intégrable et telle que
Z a
∀a ∈ R, FX (a) = f (t)dt
−∞
2π
1
→ Pour tout t ∈ R, f (t) = . f est la densité d’une loi de Cauchy.
(1 + t2 )π
276
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition V.2.
Preuve : Soit a ∈ R. P(X = a) = FX (a) − FX (a− ) = 0 car la fonction de répartition d’une variable
aléatoire à densité est continue. En effet, soit ε > 0. Pour tout x ∈ [a − ε, a],
277
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Correction de l’exercice 8. :
Supposons que X soit indépendante d’elle-même. Soit x ∈ R tel que P(X = x) > 0. Alors par indépen-
dance des événements [X = x] et [X = x], P(X = x) = P([X = x] ∩ [X = x]) = P(X = x)2 , donc
P(X = x) = 1. Donc X est presque sûrement constante.
Réciproquement, toute variable aléatoire constante est indépendante d’elle-même.
En conclusion, une variable aléatoire est indépendante d’elle-même si, et seulement si, elle est presque
sûrement constante.
Correction de l’exercice 9. :
+∞ +∞
1 1
!
1. P(X = Y ) = P [X = i] ∩ [Y = i] = = .
G X
i=1 4 3
i
i=1 ↑
indépendance
+∞ +∞
1 +∞
X 1 X1
+∞
1
!
2. P(X > Y ) = P [Y = i] ∩ [X > i] = = = .
G X
1
3. P(min(X, Y ) ≤ N ) = 1 − P(min(X, Y ) > N ) = 1 − P(X > N )P(Y > N ) = 1 − N
| {z }
↑ ↑ 4
=[X>N ]∩[Y >N ]
indépendance calcul aisé
+∞ +∞
P(Y = k) = P([Y = k] ∩ [X = n]) = P(Y = k | X = n)P(X = n)
X X
n=k n=k
+∞ n
!
n k λ
= p (1 − p)n−k × e−λ
X
n=k k n!
+∞
(m+ k)! k λm+k
=e −λ
p (1 − p)m
X
k!m! (m+ k)!
↑ m=0
m←n−k
(pλ)k +∞
X (1 − p)m λm (pλ)k (1−p)λ
= e−λ = e−λ e
k! m=0 m! k!
−pλ (pλ)
k
=e
k!
Donc Y suit la loi de Poisson P(pλ).
i=0 22m+2
construction, si Bk est réalisé, alors |Smk+2m+1 − Smk−1 | ≥ 2m + 2 est réalisé, donc [Smk+2m+1 ∈/
J−m; mK] ∪ [Smk−1 ∈ / J−m; mK] est réalisé, et ceci est valable pour tout k ∈ N . Pour tout ℓ ∈ N∗
∗
278
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
posons kℓ = 4ℓm. Par le lemme des coalitions, pour tous ℓ, ℓ′ ∈ N∗ tels que ℓ ̸= ℓ′ , les événements
Bℓ et Bℓ′ sont indépendants. De plus P(Bkℓ ) est divergente (son terme général est non nul et
X
ℓ≥1
indépendant de ℓ).
+∞ +∞
Le premier théorème de Borel-Cantelli assure alors que P Bkℓ′ = 1
\ [
ℓ=1 ℓ′ =l+1
Autrement dit, presque sûrement, Bkℓ est réalisé infiniment souvent, donc l’événement Am est
négligeable : il existe une partie infinie J de N telle que pour tout n ∈ J, Sn ∈
/ J−m; mK.
2. Pour tout m ∈ N∗ , posons um = P(S2m = 0).
Soit m ∈ N∗ . Remarquons que le retour à l’origine se fait si, et seulement
! si, autant de déplacements
2m
à gauche qu’à droite ont lieu et, sur 2m déplacements il y a telles combinaisons et par
m
2m m
!
indépendance des déplacements, um = p (1 − p)m . Alors
m
En effet, y = x(1 − x) est une parabole tournée vers le bas atteignant son maximum entre les deux
1 1 1
racines de X(X − 1), donc en x = , et celui-ci vaut . p ̸= donc l’inégalité est stricte. D’après
2 4 2
la règle de d’Alembert, um converge.
X
m≥1
Le deuxième théorème de Borel-Cantelli assure alors que P([S2m = 0] infiniment souvent) = 0.
279
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Chapitre 30.4
Couples de variables aléatoires
Soit d ∈ N∗ . Dans tout ce chapitre, les variables aléatoires sont définies sur l’espace probabilisé (Ω, T , P)
et à valeurs dans l’espace mesurable (Rd , B(Rd )).
Soient X, Y deux variables aléatoires discrètes. La loi conjointe de (X, Y ) est définie par
Remarque I.2.
Exercice I.3.
II Produit de convolution
Soient X et Y deux variables aléatoires à valeurs dans (N, P(N)). On définit le produit de convolution
de LX et LY , et note LX ⋆ LY , par :
(i,j)∈N2
i+j=n
280
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Si, de plus, X et Y sont indépendantes, alors LX+Y = LX ⋆ LY .En effet, pour tout n ∈ N,
(i,j)∈N2
↑ (i,j)∈N2
i+j=n i+j=n
indépendance
λi −λ µj −µ
(L1 ⋆ L2 )({n}) =
X
e · e
(i,j)∈N2
i! j!
i+j=n
1 n i n−i
!
=e −(λ+µ)
X
λµ
(i,j)∈N2 n! i
i+j=n
281
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Correction de l’exercice 3. :
1. Le nombre de manières d’écrire un entier naturel n non nul sous la forme d’une somme de
deux entiers naturels vaut le nombre de manières de placer un baton parmi n objets alignés de sorte
à les scinder en deux groupes d’objets en autorisant toutefois qu’au moins l’un des groupes n’en
contienne aucun. De tels emplacements pour le baton, il y en a n + 1. Ainsi, dans la somme calculée
1
ci-dessous, il y a n + 1 termes égaux à i+j+2 lorsque i + j = n.
2
Ce raisonnement est aisément généralisable si l’on veut écrire un entier naturel non nul sous la
forme d’une somme à plus de deux termes d’entier naturel.
n+1
+∞ Xn + 1
1 +∞ 1 1
L(X,Y ) ({(i, j)}) = = = · =1
X X
n=0 2
n+2 4 n=0 2n 4 1 2
(i,j)∈N2 1−
2
Donc L(X,Y ) est bien une loi de probabilité.
Il est loisible de retenir les sommes des séries dérivées d’une série géométrique convergente.
Soit q ∈ C tel que |q| < 1. Alors
+∞
1 +∞
2
n−1
= et n(n − 1)q n−2 =
X X
nq
n=1 (1 − q)2 n=2 (1 − q)3
2. Soit i ∈ N.
+∞
1 +∞X1 1
LX ({i}) = L(X,Y ) ({(i, j)}) = i+2 = i+1 = LY ({i})
X
j=0 2 j=0 2j 2
1
3. Oui, car pour tout (i, j) ∈ N2 , LX ({i})LY ({j}) = = L(X,Y ) ({i, j})
2i+j+2
282
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Chapitre 34
Espaces préhilbertiens réels
Un produit scalaire sur E est une application ⟨ · , · ⟩ : E 2 −→ R bilinéaire qui vérifie les
propriétés suivantes :
→ Elle est symétrique, i.e. pour tout (x, y) ∈ E 2 , ⟨x, y⟩ = ⟨y, x⟩.
→ Elle est positive, i.e. pour tout x ∈ E, ⟨x, x⟩ ≥ 0.
→ Elle est définie positive, i.e. pour tout x ∈ E \ {0}, ⟨x, x⟩ =
̸ 0.
Exemples
→ Pour tout n ∈ N∗ , le produit scalaire canonique sur Rn est défini par :
n
∀x = (x1 , . . . , xn ), y = (y1 , . . . , yn ) ∈ Rn , ⟨x, y⟩ =
X
xi y i
i=1
→ Pour tout entier n ≥ 2, le produit scalaire canonique sur Mn (R) est défini par :
=In
→ Pour tout intervalle réel I, le produit scalaire canonique sur l’espace L2c (I, R) des fonctions réelles
continues sur I et de carré intégrable est défini par :
Z
∀f, g ∈ L2c (I), ⟨f, g⟩ = f (t)g(t)dt
I
→ Le produit scalaire canonique sur l’espace ℓ2 (N, R) des suites réelles de carré sommable est défini
par :
+∞
∀(un ), (un ) ∈ ℓ (N, R),
2
⟨u, v⟩ =
X
un vn
n=0
L’existence des deux derniers produits scalaires est assurée par l’inégalité valable pour tous
x2 + y 2
réels x et y : |xy| ≤ .
2
Dans tout le reste du chapitre, on munit E d’un produit scalaire ⟨ · , · ⟩, si bien que (E, ⟨ · , · ⟩) est un
espace préhilbertien réel.
283
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Cette fonction polynomiale est positive, donc son discriminant, qui vaut 4 ⟨x, y⟩2 − 4 ⟨x, x⟩ ⟨y, y⟩, est
négatif ou nul, d’où l’inégalité.
Le cas d’égalité est réalisé si, et seulement si, il existe t0 ∈ R tel que φ(t0 ) = 0 donc si, et seulement si,
x + t0 y = 0.
Remarque I.3.
Supposons que ⟨ · , · ⟩ ne soit pas défini positif. Soit y ∈ E \ {0} tel que ⟨y, y⟩ = 0. Alors, pour
tout x ∈ E, ⟨x, y⟩ = 0.
En effet, φ serait affine et positive, donc constante.
Analogie avec le théorème de Pythagore : La variance peut être interprétée comme le carré de la
« norme » associée au « produit scalaire » f . En effet, pour tout entier n ≥ 2, si X1 , . . . , Xn ∈ L2 (Ω, R)
sont indépendantes, alors, pour tout (i, j) ∈ J1; nK2 tel que i ̸= j, Cov(Xi , Xi ) = E(Xi Xj ) = 0, et on a
bien
n n
!
Xk = V(Xk )
X X
V
k=1 k=1
∥x + y∥ ≤ ∥x∥ + ∥y∥
et l’inégalité est une égalité si, et seulement si, il existe λ ≥ 0 tel que x = λy ou y = λx.
Preuve : ∥x + y∥2 = ∥x∥2 + ∥y∥2 + 2 ⟨x, y⟩ ≤ ∥x∥2 + ∥y∥2 + 2 ∥x∥ ∥y∥ = (∥x∥ + ∥y∥)2 où l’on a utilisé
l’inégalité de Cauchy-Schwarz.
∥x + y∥ = ∥x∥ + ∥y∥ si, et seulement si, ⟨x, y⟩ = ∥x∥ ∥y∥, donc, si et seulement si le cas d’égalité de
l’inégalité de Cauchy-Schwarz est vérifié (car ⟨x, y⟩ ≤ |⟨x, y⟩| ≤ ∥x∥ ∥y∥). Quitte à échanger x et y,
supposons x ̸= 0. Alors, l’inégalité de Minkowski est une égalité si, et seulement si, il existe λ ∈ R tel
que λ⟨x, = |λ| ∥x∥
x⟩ , ce qu’il fallait démontrer.
2
Si n est un entier supérieur ou égal à 2, l’inégalité se généralise avec x1 , . . . , xn ∈ E, et, s’il ne sont
pas tous nuls, le cas d’égalité se traduit géométriquement par l’appartenance des xi à une demi-droite
d’origine O, dont le sens est déterminé par l’un des points non confondu avec l’origine (cf. chapitre 1).
284
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Dans tout le reste du chapitre, E est également muni de la norme euclidienne ∥ · ∥ associée à ⟨ · , · ⟩.
Exercice I.5.
Soit (E, ∥ · ∥) est un espace vectoriel normé non trivial. Soient C une partie convexe de E, et
x ∈ E. x est un point extrémal de C s’il n’est contenu dans aucun segment de C non réduit à
un point, donc si et seulement si, on a la propriété
Égalité de la médiane : Pour tout (x, y) ∈ E 2 , ∥x + y∥2 + ∥x − y∥2 = 2 ∥x∥2 + ∥y∥2
Application
notée Γ
z }| {
Soit (a, b) ∈ E tel que a ̸= b. Soit r > 0. Montrons que diam(B(a, r)) ∩ B(b, r)) < 2r.
2
a + b
a + b
Or, pour tout (x, y) ∈ Γ , ∥x − y∥ ≤
2
x −
+
y −
< 2r, ce qu’on voulait.
2
2
Exercice I.6.
Soit (E, N ) un R-espace vectoriel normé. On suppose que pour tout (x, y) ∈ E 2 ,
N (x + y)2 + N (x − y)2 = 2 N (x)2 − N (y)2
Montrer qu’il existe un produit scalaire sur E tel que N soit la norme euclidienne qui lui est
associée.
285
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II Orthogonalité
1. Généralités
Définition II.1.
Soit I un ensemble non vide. Une famille (xi ) ∈ E I est dite orthogonale lorsque pour tout
(i, j) ∈ I 2 tel que i ̸= j, ⟨xi , xj ⟩ = 0.
Elle est dite orthonormée si, de plus, pour tout i ∈ I, ∥xi ∥ = 1.
Proposition II.2.
Exercice II.3.
On admet que ℓ2 (N, R) est de dimension infinie non dénombrable. Montrer que ℓ2 (N, R), muni
de son produit scalaire canonique et de la norme associée notée ∥ · ∥, n’admet pas de base
orthonormée.
2. Dimension finie
Dans cette partie, on suppose que E est de dimension finie n, i.e. (E, ⟨ · , · ⟩) est un espace euclidien.
Théorème II.4.
L’application
j : E −→ E ∗
u 7−→ ⟨u, · ⟩
est un isomorphisme.
Supposons que n ≥ 2. Soit H un hyperplan de E. Alors, il existe u ∈ E \ {0} tel que, pour
tout x ∈ E, on ait l’équivalence
x ∈ H ⇐⇒ ⟨u, x⟩ = 0
L’ensemble de tels u est inclus dans une droite d’origine O, et Ru est la normale à H.
Preuve : H est le noyau d’une forme linéaire sur E non nulle, donc d’après le théorème, il existe un
unique u ∈ E \ {0}, dépendant du choix de cette forme linéaire, tel que H = Ker(⟨u, · ⟩), ce qui démontre
286
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
l’équivalence.
Soit φ une forme linéaire sur E non nulle de noyau H, et notons vφ l’unique vecteur tel que ⟨vφ , · ⟩ = φ.
Alors vφ convient également, et Ker(⟨vφ , · ⟩) = Ker(⟨u, · ⟩) = H donc ⟨u, · ⟩ et ⟨vφ , · ⟩ sont proportion-
nelles, i.e. il existe λ ∈ R∗ tel que ⟨vφ , · ⟩ = λ ⟨u, · ⟩ = ⟨λu, · ⟩. j étant injective, vφ = λu.
Théorème II.6.
Preuve :
→ Si n = 1, un vecteur x ∈ E de norme 1 forme à lui tout seul une base de E. Supposons que n ≥ 2,
et pour tout k ∈ J1; n − 1K introduisons par récurrence descendante un hyperplan Ek de Ek+1 .
Pour tout k ∈ J1; nK introduisons l’assertion
P1 est vraie. Supposons qu’il existe k ∈ J1; n − 1K tel que Pk soit vraie. Alors, Ek , possède une
base orthonormée (e1 , . . . , ek ). Soit u ∈ Ek+1 \ {0} tel que Ru soit la normale à Ek dans Ek+1 , et
1
posons ek+1 = u de sorte que ∥ek+1 ∥ = 1. Alors la famille (e1 , . . . , ek+1 ) est libre car ek+1 est
∥u∥
orthogonal aux vecteurs de (e1 , . . . , ek ). De plus, elle comporte k + 1 vecteurs, et dim(Ek+1 ) = k + 1.
Donc (e1 , . . . , ek+1 ) est une base orthonormée de Ek+1 . Donc Pk+1 est vraie. Par récurrence finie,
E possède une base orthonormée. Chaque vecteur de la base construite peut être changé en son
opposé, donc E admet des bases orthonormée.
→ En complétant la famille libre (car orthonormée) (e1 , . . . , ep ) en une base (e1 , . . . , ep , up+1 , . . . , up ) de
E, puis en posant Ep = Vect(e1 , . . . , ep ), et, pour tout k ∈ Jp+1; nK, Ek = Vect(e1 , . . . , ep , up+1 , . . . , uk ),
la récurrence ci-dessus permet de compléter (e1 , . . . , ep ) en une base orthonormée de E.
Théorème (Procédé de Gram-Schmidt) II.7.
Soit (e1 , . . . , en ) une base de E. Il existe une base orthonormée (ε1 , . . . , εn ) de E telle qu’on ait
la propriété :
∀k ∈ J1; nK, Vect(ε1 , . . . , εk ) = Vect(e1 , . . . , ek )
De plus, si (ε′1 , . . . , ε′n ) est une base orthonormée vérifiant la même propriété, alors, il existe
(α1 , . . . , αn ) ∈ {−1, 1}n tel que pour tout i ∈ J1; nK, ε′i = αi εi .
1
→ En posant ε1 = ± e1 , on montre que A1 est vraie. Ces deux choix sont égalements les seuls
∥e1 ∥
possibles pour que A1 soit vraie.
→ Soit k ∈ J1; n − 1K tel que Ak soit vraie. Ek est un hyperplan de Ek+1 donc il existe u ∈ Ek+1 \ {0}
tel que Ru soit l’unique normale à Ek dans Ek+1 passant par l’origine. Ainsi, pour que (ε1 , . . . , εk+1 )
1
soit une base orthonormée de Ek+1 , il faut et il suffit que εk+1 = ± u.
∥u∥
287
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Le caractère suffisant de cette condition suffit pour mener à terme cette récurrence.
Alors, Vect(ε1 , . . . , εk+1 ) = Ek+1 = Vect(e1 , . . . , ek+1 ). L’hypothèse de récurrence assure par ailleurs
que pour tout i ∈ J1; kK, Vect(e1 , . . . , ei ) = Vect(ε1 , . . . , εi ). Donc Ak+1 est vraie.
→ Finalement, le principe de récurrence assure que An est vraie.
Nous avons exhibé, lors de la construction de (ε1 , . . . , εn ), que chaque εi peut être échangé avec son
opposé, et seulement son opposé, si bien que l’ensemble des bases orthonormées vérifiant la propriété
démontrée par récurrence est {(α1 ε1 , . . . , αn εn ) | (α1 , . . . , αn ) ∈ {−1, 1}n }
Alors,
n n n
⟨x, y⟩ = ∥x∥2 = ⟨x, ei ⟩2 = x2i
X X X
xi y i
i=1 i=1 i=1
Remarque II.9.
E −→ Rn
x 7−→ (⟨x, ei ⟩)1≤i≤n
est un isomorphisme.
Exercice II.10.
i=1
288
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Définition II.11.
A⊥ = {x ∈ E | ∀y ∈ A, ⟨x, y⟩ = 0}
Proposition II.12.
x∈A
→ Si A ⊂ B, alors B ⊥ ⊂ A⊥ .
⊥ ⊥ ⊥
Conséquence : Pour toute partie A de E, on a A ⊂ A⊥ , donc A⊥ = A⊥ .
Définition II.13.
Dans cette partie, on suppose que (E, ⟨ · , · ⟩) est un espace euclidien de dimension n.
Théorème II.14.
Preuve : Notons p la dimension de F . Soit (e1 , . . . , ep ) une base orthonormée de F que l’on complète en
une base orthonormée (e1 , . . . , en ) de E. Alors, pour tout x ∈ E, il existe (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn tel que
p n
x= xi ei +
X X
xi e i
i=1 i=p+1
| {z } | {z }
∈F ∈F ⊥
289
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition II.15.
L’orthogonal d’une somme est l’intersection des orthogonaux, et l’orthogonal d’une intersection est
la somme des orthogonaux.
5. Projecteurs orthogonaux
On rappelle que (E, ⟨ · , · ⟩) est un espace préhilbertien réel, et que ∥ · ∥ est la norme euclidienne associée
à ⟨ · , · ⟩.
Définition II.16.
Soit p ∈ L (E). On dit que p est un projecteur orthogonal lorsque p = p ◦ p et Ker(p) ⊥ Im(p).
Proposition II.17.
Preuve
→ Ker(p) ⊕ Im(p) = E et Im(p) ⊂ Ker(p)⊥ donc Im(p) = Ker(p)⊥ .
→ La première propriété entraîne immédiatement la deuxième.
→ Soit x = y + |{z}
z ∈ E. Alors ∥x∥2 = ∥y∥2 + ∥z∥2 ≥ ∥z∥2 = ∥p(x)∥2 .
|{z}
∈Ker(p) ∈Im(p)
∥p(x)∥2
Donc, pour tout x ∈ E \ {0}, ≤ 1, ce qui assure que ~p~ ≤ 1. De plus, ce majorant est
∥x∥2
atteint pour tout x ∈ Im(p) \ {0}, ce qui assure que ~p~ = 1.
Théorème II.18.
Preuve : (⇐) S’il existe un projecteur orthogonal p de E tel que F = Im(p), alors un supplémentaire
orthogonal de F est Ker(p).
290
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition II.19.
Soit F un sous-espace vectoriel de E tel qu’il soit image d’un projecteur orthogonal p. Alors,
pour tout x ∈ E,
d(x, F ) = ∥x − p(x)∥
et p(x) est l’unique vecteur de F tel que cette égalité est vérifiée.
et ce minorant est réalisé si, et seulement si, y = p(x) (car sinon, la norme ne serait pas séparante).
Théorème II.20.
π : E −→ F
d
X
x 7−→ ⟨ei , x⟩ ei
i=1
i=1
d
Preuve : π est linéaire et Im(π) = F . En effet, pour tout x ∈ F , x = ⟨x, ei ⟩ ei = π(x).
X
i=1
d
Montrons que Ker(π) ⊥ F . Soit x ∈ Ker(π). Alors, 0 = π(x) = ⟨x, ei ⟩ ei . Or (e1 , . . . , ed ) est libre,
X
i=1
donc pour tout i ∈ J1; dK, ⟨ei , x⟩ = 0. Donc Ker(π) ⊂ F ⊥ . Donc Ker(π) = F ⊥ , et E = F ⊕ F ⊥ .
d
De plus, pour tout x ∈ E, ∥x∥2 = ∥x − π(x)∥2 + ∥π(x)∥2 = d(x, F )2 + ⟨x, ei ⟩2 .
X
i=1
On prouve au passage l’inégalité de Bessel : pour toute famille orthonormée (e1 , . . . , ed ) de E, et pour
tout x ∈ E,
d
⟨x, ei ⟩2 ≤ ∥x∥2
X
i=1
291
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Donc pour tout t > 0, 2 ⟨x, y⟩ + t ∥y∥2 ≥ 0, puis par passage à la limite, t → 0+ , ⟨x, y⟩ ≥ 0.
De même, pour tout t < 0, 2 ⟨x, y⟩ + t ∥y∥2 ≤ 0, puis par passage à la limite, t → 0− , ⟨x, y⟩ ≤ 0.
Donc ⟨x, y⟩ = 0, donc Im(p) ⊂ Ker(p)⊥ . Ainsi, p admet un supplémentaire orthogonal dans E, ce qui
assure que Im(p) = Ker(p)⊥ . Donc p est orthogonal.
Exercice II.21.
292
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
1 ≤ t ∥y∥ + (1 − t) ∥z∥ ≤ t + (1 − t) = 1
donc t ∥y∥ + (1 − t) ∥z∥ = ∥ty + (1 − t)z∥. D’après le cas d’égalité de l’inégalité de Minkowski, il
existe λ ≥ 0 tel que y = λz ou λy = z. Par ailleurs,
définie sur E × E. φ est clairement symétrique et définie positive. Il reste à montrer qu’elle est bilinéaire.
Soient x, y et z ∈ E. D’après l’égalité de la médiane,
φ(x, y + z) = 2 N (x + y)2 + N (z)2 − N (x + y − z)2 − N (x − y − z)2
= 2 N (x + y)2 + N (z)2 − 2 N (x − z)2 + N (y)2
φ(−x, y + z) = 2 N (x − y)2 + N (z)2 − N (x − y + z)2 − N (x + y + z)2
= 2 N (x − y)2 + N (z)2 − 2 N (x + z)2 + N (y)2
En remarquant que φ(x, 0) = 0, une récurrence immédiate permet de montrer que pour tout n ∈ N,
Or, φ(x, −y) = −φ(x, y), donc pour tout m ∈ Z, φ(x, my) = mφ(x, y).
p
Soit r = ∈ Q tel que (p, q) ∈ Z × N∗ . Alors
q
293
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Enfin, soit λ ∈ R. Par densité de Q dans R, il existe (λn ) ∈ QN tel que λn −−−−→ λ.
n→+∞
Or u 7→ φ(x, u) est continue, donc λn φ(x, y) = φ(x, λn y) −−−−→ φ(x, λy), donc par unicité de la limite
| {z } n→+∞
−n→+∞
−−−→λφ(x,y)
et ceci est valable pour tout λ ∈ R. Donc φ est linéaire selon la deuxième variable. Étant de plus
symétrique, elle est bilinéaire. Donc φ est un produit scalaire sur E.
n=nε +1 2
ε
Par ailleurs, pour tout n ∈ J0; nε K, il existe an ∈ Q tel que |an − xn | ≤ q .
2(nε + 1)
Prolongeons (a0 , . . . , anε ) en une suite presque nulle (an ) ∈ Q[X] en posant, pour tout entier n > nε ,
an = 0.
Rappelons qu’on se donne une telle suite si, et seulement si, on se donne un polynôme à
coefficients rationnels, d’où la notation commune des deux ensembles.
Ainsi,
nε +∞
ε2 ε2
∥(xn )n∈N − (an )n∈N ∥ =
2
(xn − an ) +
2
x2n ≤ + = ε2
X X
n=1 n=nε +1 2 2
ce qui prouve que Q[X] est dense dans ℓ2 (N, R).
+∞
→ Q[X] est dénombrable. En effet, Q[X] = Qn [X], et il est clair que pour tout n ∈ N, Qn [X] est en
[
n=0
bijection avec Qn+1 qui est dénombrable en tant que produit cartésien d’ensembles dénombrables.
1
→ Ainsi, pour tout i ∈ I, il existe (ain )n∈N ∈ Q[X] telle que ∥(ein )n∈N − (ain )n∈N ∥ < . Soit (i, j) ∈ N2
2
tel que ai = aj . Alors,
(en )n∈N − (ejn )n∈N
≤
(ein )n∈N − (ain )n∈N
+
(ejn )n∈N − (ajn )n∈N
< 1
i
| {z }
=2δi,j
donc i = j. Donc i 7−→ (ain ) est une injection de I dans Q[X], donc I est dénombrable, ce qui est
faux.
En conclusion, ℓ2 (N, R) n’admet pas de base orthonormée.
i=1
294
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
√ !
1 3
u3 = − , − . Alors, ∥u1 ∥ = ∥u2 ∥ = ∥u3 ∥. De plus, pour tout x = (x1 , x2 ) ∈ R2 ,
2 2
√ !2 √ !2
3
1 3 1 3 3
⟨x, ui ⟩ =
2
x21 + − x1 + x2 + − x1 − x2 = ∥x∥2
X
i=1 2 2 2 2 2
2
s
donc en posant (e1 , e2 , e3 ) = (u1 , u2 , u3 ), on a bien ∥e1 ∥ = ∥e2 ∥ = ∥e3 ∥, et
3
3
⟨x, ei ⟩2 = ∥x∥2
X
i=1
n n
3. Soit i ∈ J1; nK. ∥ei ∥ = 2
⟨ei , ej ⟩ = ∥ei ∥ +
2 4
⟨ei , ej ⟩2 , donc ∥ei ∥2 ≥ ∥ei ∥4 donc ∥ei ∥ ≤ 1.
X X
j=1 j=1 | {z }
j̸=i ≥0
⊥
Soit u ∈ Vect (ej )1≤j̸=i≤n tel que ∥u∥ = 1. Alors,
n n
Donc ∥ei ∥ = 1. Ainsi, 1 = ∥ei ∥2 = i∥ +
4
⟨ei , ej ⟩2 , donc ⟨ei , ej ⟩2 = 0, donc pour tout
X X
∥e
j=1 | j=1
| {z } {z }
=1 j̸=i ≥0 j̸=i
j ∈ J1; nK tel que j ̸= i, ⟨ei , ej ⟩ = 0. Donc (e1 , . . . , en ) est une base orthonormée de E.
295
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Compléments
Espaces préhilbertiens réels, compléments
Dans tout le document, (E, ⟨ · , · ⟩) désigne espace préhilbertien réel et on note ∥ · ∥ la norme associée
au produit scalaire ⟨ · , · ⟩. De plus, n désigne un entier supérieur ou égal à 1.
Définition I.2.
Proposition I.3.
−1
1
→ Sinon, det(F ) < 0. Or [F ]E˜ = [E ]E˜[F ]E = [F ]E donc det(F ) = − det(F ) > 0,
E
... E
E˜
1
296
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
i.e. F ∈ E˜.
On en déduit que les deux seules classes d’équivalences sont celles de E et E˜.
Dans la suite de cette partie, E est associé à l’une de ses bases orthonormées E . On dit alors que E est
orienté.
Définition I.4.
Soit F une base de E. On dit que F est positive ou directe dans E lorsque F ∈ E .
Dans le cas contraire, F est négative ou indirecte.
Proposition I.5.
Preuves :
→ On pose P = [F ]E et, pour tout i ∈ J1; nK, Xi = [xi ]E et Xi′ = [xi ]F . Ainsi, pour tout i ∈ J1; nK,
Xi = P Xi′ . Donc
∀z ∈ E, det(x, y, z) = ⟨w, z⟩
E
Preuve : On considère la forme linéaire φ : z 7−→ det(x, y, z). D’après le théorème à la page 4 du cha-
E
pitre sur les espaces préhilbertien réels, il existe un unique vecteur w tel que φ = ⟨w, · ⟩, ce qu’on voulait.
Exercice I.7.
a ∧ (b ∧ c) = ⟨a, c⟩ b − ⟨a, b⟩ c
297
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2. Décomposition de Cartan
On note Tn+ (R) l’ensemble des matrices de Mn (R) qui sont triangulaires supérieures et dont les coefficients
diagonaux sont strictement positifs.
Proposition I.8.
Soit A ∈ GLn (R). Il existe un unique couple (O, T ) ∈ On (R) × Tn+ (R) tel que A = OT .
Preuves
→ Unicité
S’il existe deux tels couples (O1 , T1 ) et (O2 , T2 ) alors O1 T1 = O2 T2 , donc O1−1 O2 = T1 T2−1 .
U := O1−1 O2 est orthogonale, triangulaire supérieure à coefficients diagonaux strictement positifs,
car l’ensemble des matrices de Mn (R) inversibles et triangulaires supérieures est un sous-groupe de
(GLn (R), ×).
Or, U ⊤ = U −1 = (T1 T2−1 )−1 = T2 T1−1 ∈ Tn+ (R). Donc U ⊤ est aussi triangulaire supérieure à
coefficients diagonaux strictement positifs.
Donc U est diagonale et à coefficients strictement positifs. On en déduit que U = In , donc O1 = O2
et T1 = T2 .
→ Existence
Notons A = (A1 , . . . , An ) la base de Mn,1 (R) donnée par les colonnes de A, et F une base de
Mn,1 (R) obtenue à l’aide du procédé de Gram-Schmidt appliqué à A .
Quitte à échanger certains vecteurs de F par leurs opposés, le théorème de Gram-Schmidt assure
que T := [F ]A est triangulaire supérieure et ses coefficients diagonaux sont strictement positifs.
Posons O = [F ]Can(Mn,1 (R)) . Alors, AT = O car A = [A ]Can(Mn,1 (R)) . Ainsi A = OT −1 .
Exercice I.9.
est un homéomorphisme.
Exercice I.10.
Soit n ∈ N∗ . On note GL+ n (R) l’ensemble des matrices inversibles de déterminant strictement
positif.
Montrer que GL+ n (R) est connexe.
298
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
3. Inégalité de Hadamard
Exercice I.11.
Soit (E, ⟨ · , · ⟩) un espace euclidien de dimension n orienté par l’une de ses bases orthonormées
E . Soit (x1 , . . . , xn ) ∈ E n . Montrer que
n
det(x1 , . . . , xn )
Y
E ≤ ∥xk ∥
k=1
Montrer de plus qu’il y a égalité si, et seulement si, (x1 , . . . , xn ) est orthogonale.
II Matrices de Gram
On rappelle que (E, ⟨ · , · ⟩) un espace préhilbertien réel.
Définition II.1.
Proposition II.2.
Soit (x1 , . . . , xn ) ∈ E n .
→ Soit (ε1 , . . . , εn ) un système orthonormé tel que x1 , . . . , xp ∈ Vect(ε1 , . . . , εn ).
Notons A = [(x1 , . . . , xn )](ε1 ,...,εn ) . Alors,
G(x1 , . . . , xn ) = A⊤ A
∥λ1 x1 + · · · + λn xn ∥2 = Λ⊤ M Λ
Preuves
→ On note A1 , . . . , An les colonnes de A. Alors
A⊤ A = [A⊤
i Aj ]1≤i,j≤n = (⟨xi , xj ⟩)1≤i,j≤n = G(x1 , . . . , xn )
→ D’après la proposition précédente, |G| (x1 , . . . , xp ) = det(A⊤ A) = (det(A))2 > 0 donc det(A) = 0,
d’où l’équivalence.
299
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
1≤i,j≤n
→ Il existe Λ ∈ Mn,1 (R) tel que M Λ = λΛ, donc Λ⊤ M Λ = λΛ⊤ Λ et d’après la proposition précédente
Donc λ ≥ 0.
→ (⇐) Supposons qu’un tel u existe. Alors on a pour tout i, j ∈ J1; nK,
(i) D’après la deuxième proposition, (b1 , . . . , br ) est libre car |G| (b1 , . . . , br ) = |G| (a1 , . . . , ar ) > 0.
i=r+1
n
= Λ⊤ G(a1 , . . . , ar )Λ + λ2i ∥bi ∥2 (troisième proposition)
X
i=r+1
300
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Ainsi, pour tout k ∈ Jr + 1; nK, u(xσ(k) ) − yσ(k) ⊥ B et u(xσ(k) ) − yσ(k) ∈ B, donc u(xσ(k) ) − yσ(k) = 0.
Donc, pour tout i ∈ J1; nK u(xi ) = yi .
Exercice II.3.
Soit (E, ⟨ · , · ⟩) un espace préhilbertien réel. On suppose que (x1 , . . . , xn ) est libre dans E et
on pose F = Vect(x1 , . . . , xn ). Soit a ∈ E.
Montrer que
|G| (a, x1 , . . . , xp )
d(a, F )2 =
|G| (x1 , . . . , xp )
301
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
b 1 c 2 − b2 c 1 a1 (b3 c1 − b1 c3 ) − a2 (b2 c3 − b3 c2 )
(
a1 c1 + a2 c2 + a3 c3 )b1 − ( b1 + a2 b2 + a3 b3 )c1
a1
Par ailleurs : [⟨a, c⟩ b − ⟨a, b⟩ c]E = (a1 c1 +
a2c2 + a3 c3 )b2 − (a1 b1 + a2b2 + a3 b3 )c2
.
(a1 c1 + a2 c2 + a3c3 )b3 − (a1 b1 + a2 b2 +
a3 b3 )c3
En factorisant par le couple de coordonnées de a qui apparaît dans chaque ligne, ou en développant
chaque ligne des deux résultats, on obtient que les deux colonnes sont égales.
est continue (car le produit matriciel l’est) et surjective : pour toute M ∈ GL+
n (R), la décomposition de
Cartan donne un couple (O, T ) ∈ On (R) × Tn (R) tel que OT = M , mais en fait, O ∈ SOn (R) car sinon,
+
302
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303
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Chapitre 36
Espaces préhilbertiens complexes
Dans tout ce chapitre, E désigne un C-espace vectoriel non trivial et n désigne un entier supérieur ou
égal à 1.
I Espaces hermitiens
Définition I.1.
⟨λx, y⟩ = λ ⟨x, y⟩
Dorénavant, E est muni d’un produit scalaire hermitien ⟨ · , · ⟩. On dit que (E, ⟨ · , · ⟩) est un espace
préhilbertien complexe ou encore un espace
q hermitien. On notera également ∥ · ∥ la norme associée à ce
produit scalaire : pour tout x ∈ E, ∥x∥ = ⟨x, x⟩.
Identités remarquables I.2.
Les identités remarquables sur un espace préhilbertien complexe sont différentes de celles sur
un espace préhilbertien réel. Si la norme est toujours réelle, le produit scalaire peut ne pas
l’être. Ainsi, pour tous x, y ∈ E,
∥x + y∥2 = ∥x∥2 + 2 Re(⟨x, y⟩) + ∥y∥2 ∥x − iy∥2 = ∥x∥2 + 2 Im(⟨x, y⟩) + ∥y∥2
∥x − y∥2 = ∥x∥2 − 2 Re(⟨x, y⟩) + ∥y∥2 ∥x + iy∥2 = ∥x∥2 − 2 Im(⟨x, y⟩) + ∥y∥2
1
⟨x, y⟩ = ∥x + y∥2 − ∥x − y∥2 + i ∥x − iy∥2 − ∥x + iy∥2
↑ 4
identité de polarisation
→ E = C, et ⟨ · , · ⟩ : (z, w) 7−→ zw
n
→ E = C , ⟨ · , · ⟩ : (z, w) 7−→
X
n
xk y k
k=0
304
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition I.3.
Preuve : On suppose que y ̸= 0. Soit θ ∈ R vérifiant eiθ ⟨x, y⟩ = |⟨x, y⟩|. Pour tout t ∈ R, posons
2
φ(t) =
x + teiθ y
Ainsi, φ est une fonction polynômiale de degré 2 et positive, donc son discriminant est négatif ou nul.
Or, celui-ci vaut 4 |⟨x, y⟩|2 − 4 ∥x∥2 ∥y∥2 , ce qu’on voulait.
Nombre de notions relatives aux espaces préhilbertiens réels définies en première année et au chapitre
34 sont toujours valables sur un espace préhilbertien complexe. Plus précisément :
→ La notion d’orthogonalité se définit de la même manière sur E que sur un espace préhilbertien
réel : produit scalaire nul. On peut donc considérer des familles orthogonales ou orthonormées de
E, ainsi que l’orthogonal d’une partie de E ou deux parties orthogonales de E, de même qu’un
vecteur normal à un hyperplan de E.
→ L’inégalité de Minkowski, le théorème de Pythagore et l’égalité de la médiane sont toujours valides
sur E.
→ Si F est un sous-espace vectoriel de dimension finie de E, on a toujours E = F ⊕ F ⊥ .
→ E possède des bases orthonormées.
→ Les formules de projections orthogonales sont toujours valables.
→ L’inégalité de Bessel est toujours valable.
→ Le procédé de Gram-Schmidt appliqué à une base de E donne une base orthonormée de E.
Avertissement I.4.
Le vecteur à projeter est dans la case de droite du produit scalaire hermitien. Tout
fonctionne identiquement au cas réel pour les projections, le procédé de Gram-Schmidt et
l’inégalité de Bessel à condition de ne pas négliger ce petit détail.
Remarque I.5.
305
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Exercice I.6.
a∈G
3. Montrer que si χ et ψ sont deux caractères distincts, alors ils sont orthogonaux et que
∥χ∥2 = 1.
II Opérations unitaires
Définition II.1.
∥u(x)∥ = ∥x∥
Proposition II.2.
⊤
Notation : Soit U ∈ Mn (C). On note U ∗ , et on appelle matrice adjointe, la matrice U .
Définition II.3.
Remarquons alors que U est inversible et que l’on a aussi U ∗ U = In . Ces deux égalités sont en fait
équivalentes.
306
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Proposition II.4.
On suppose que E est de dimension finie n. Soit U ∈ Mn (C). Les propositions suivantes sont
équivalentes.
(1) U est unitaire.
(2) Les colonnes de U forment une base orthonormée de Mn,1 (R).
(3) U est la matrice d’un endormorphisme u ∈ U(E) dans une base orthonormée.
Preuve
→ (1) ⇒ (2)
Pour tout k ∈ J1; nK, on note Ck la k-ième colonne de U .
Pour tous k, j ∈ J1; nK, le coefficient à la ligne i et à la colonne j dans U ∗ U est égal à Ck∗ Cj .
Or, Ck∗ Cj = δk,j , donc les colonnes de U forment bien une base orthonormée de Mn,1 (R).
→ (2) ⇒ (3)
Considérons une base orthonormée (e1 , ..., en ) de E et définissons u ∈ L (E) tel que sa matrice
relativement à cette base vale U .
Soit x ∈ E et X sa colonne représentative relativement à cette même base. Alors
∥u(x)∥2 = X ∗ U
| {zU} X = X X = ∥x∥
∗ ∗ 2
=In
Donc u ∈ U(E).
→ (3) ⇒ (1)
Rappelons que u préserve aussi le produit scalaire. Ainsi, pour tous X, Y ∈ Mn,1 (C),
X ∗U ∗U Y = X ∗Y (⋆)
Ainsi, en évaluant l’identité (⋆) en chaque Ek , il vient que U ∗ U = In . Donc U est unitaire.
307
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Donc Φ(a) = 0.
X
a∈G
3. Soient χ et ψ deux caractères distincts. Calculons leur produit scalaire :
1 X 1 Xχ
⟨ψ, χ⟩ = ψ(a)χ(a) = (a) = 0
|G| a∈G ↑ |G| a∈G ψ ↑
ψ(a) ∈ Un χ
ψ
est un caractère
De plus,
1 X 1 X
⟨χ, χ⟩ = |χ(a)|2 = 1=1
|G| a∈G ↑ |G| a∈G
χ(a) ∈ Un
308
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Chapitre 42
Endomorphismes d’un espace hermitien
k=1
1 Z 2π
→ Sur Tn : pour tous P, Q ∈ Tn , ⟨P, Q⟩ = P (t)Q(t)dt.
2π 0
Si, pour tout k ∈ J−n; nK, l’application x 7→ eikx est notée ek , rappelons que Tn = Vect(e−n , . . . , en ).
I Adjonction matricielle
Définition I.1.
⊤
Soit A ∈ Mn (C). On appelle matrice adjointe de A, et on note A∗ , la matrice A .
Proposition I.2.
n n
Si un polynôme P s’écrit ak X k , alors P =
X X
ak X k
k=0 k=0
Matrices hermitiennes : Une matrice carrée est hermitienne si elle est égale à sa matrice adjointe.
Proposition I.3.
Hn (C) = {A ∈ Mn (C) | A∗ = A}
Preuves
→ Soit A = B + iC ∈ Mn (C) telle que B et C ∈ Mn (R). On a les équivalences suivantes :
A ∈ Hn (C) ⇐⇒ A∗ = A ⇐⇒ B ⊤ = B et C ⊤ = −C
n(n + 1) n(n − 1)
Donc Hn (C) est isomorphe Sn (R) × An (R). Donc dim(Hn (C)) = + = n2 .
2 2
→ Si A ∈ Hn (C), alors χA = χA∗ = χA .
309
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Un (C) = {U ∈ Mn (C) | U ∗ U = In }
Proposition I.4.
Preuve de la deuxième proposition : Soit U = (uk,l )1≤k,l≤n ∈ Un (C). Alors pour tous p, q ∈ J1; nK,
n n n
(U ∗ U )(p, q) = uk,p uk,q , donc pour p ̸= q, uk,p uk,q = 0 et pour p = q, |uk,p |2 = 1. Donc, les
X X X
et * n n n
!+
⟨x, v(y)⟩ = = xk yℓ aℓ,k = ⟨u(x), y⟩
X X X X
xj ej , yℓ aℓ,k ek
j=1 ℓ=1 k=1 1≤ℓ,k≤n
De plus, si un endomorphisme w, de matrice notée (wj,k )1≤j,k≤n relativement à la base B, vérifie la même
identité, alors pour tous j, k ∈ J1; nK, wj,k = ⟨ej , w(ek )⟩ = ⟨u(ej ), ek ⟩ = ak,j , donc w = v.
310
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Proposition II.2.
Preuve : Si y ∈ F ⊥ , alors, pour tout x ∈ F , alors 0 = ⟨u(x), y⟩ = ⟨x, u∗ (y)⟩, donc u∗ (y) ∈ F ⊥ .
Proposition II.3.
Soit u un endomorphisme de E.
1. Les trois assertions suivantes sont équivalentes :
→ u est hermitien i.e. u = u∗ .
→ Il existe une base orthonormée de E telle que la matrice de u relativement à cette
base soit hermitienne.
→ Pour toute base orthonormée B de E, la matrice de u relativement à B est hermi-
tienne.
2. Les trois assertions suivantes sont également équivalentes :
→ u est unitaire i.e. pour tous x, y ∈ E, ⟨u(x), u(y)⟩ = ⟨x, y⟩.
→ Il existe une base orthonormée de E telle que la matrice de u relativement à cette
base soit unitaire.
→ Pour toute base orthonormée B de E, la matrice de u relativement à B est unitaire.
Preuves : La première chaîne d’équivalences est immédiate car la matrice de u relativement à une base
orthonormée B de E (et il en existe) est la matrice adjointe de la matrice de u∗ relativement à B.
Pour la deuxième chaîne d’équivalences, il convient de remarquer que u est unitaire si, et seulement si,
pour tout (x, y) ∈ E 2 , ⟨x, (u∗ ◦ u)(y)⟩ = ⟨x, y⟩, donc si, et seulement si, u∗ ◦ u = IdE (car pour tout
x ∈ E, ⟨x, (u∗ ◦ u)(x)⟩ = ⟨x, x⟩).
On note U(E) les endomorphismes unitaires de E.
Exercice II.4.
Théorème II.5.
Soit u ∈ L (E).
→ u est normal si, et seulement si, u est diagonalisable dans une base orthonormée de E.
→ u est hermitien si, et seulement si, u est diagonalisable dans une base orthonormée de E
et Sp(u) ⊂ R.
→ u est unitaire si, et seulement si, u est diagonalisable dans une base orthonormée de E
et Sp(u) ⊂ U.
311
Mathématiques en MP* O. Bennouna, I. Tauil, M. Chouta
Cett application est linéaire donc continue car Mn (C) est de dimension finie. Il est clair que U(E) est
l’image par φ de Un (C), qui est compact, donc U(E) est compact.
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