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haut, ses relations personnelles lui font rechercher des alliés modernistes, comme
des chefs d’entreprises bien introduits (Piermay et al., 2009).
Nb entreprises Nb emplois
Distance
Espace Structure moyen par
centre-ville Sup. ha
d’accueil de gestion entreprise
km Total Enquêtées enquêtée
Agadir Aït
Melloul ZI A 19 354 128 25 129
Casa Bouskoura PI S 19 28 43 32 36
Casa Lahfaya QI – 10 – 28 21 52
Casa Ouled A non
Salah ZI 20 105 ? 22 95
active
Mohammedia 23 (Casa)
SW ZI A 58 85 28 64
4 (M/dia)
Rabat Temara
Ain Attiq QI + ZI – 9 à 13 – 42 34 74
Tanger rural diffus – 5 à 11 – ? 13 60
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2 La « zone industrielle » (ZI) est un lotissement aménagé, qui offre des terrains équipés. Le « parc
industriel » (PI) ajoute des services d’accompagnement et un gardiennage. Le « quartier industriel » (QI)
est un espace non loti et non aménagé. « Tanger rural » est un secteur d’industrialisation diffuse.
208 • Jean-Luc Piermay ANNALES DE GÉOGRAPHIE, N◦ 678 • 2011
Notes
entrepreneurs à la ville, complété par des liens avec les montagnes du Rif et avec
l’Espagne toute proche (7) ;
– les espaces d’accueil de l’ouest de Rabat ont plus qu’ailleurs des liens avec
les autorités centrales (3). Un président de Conseil communal, ancien industriel et
propriétaire de terrains dans les lieux, participe aussi au score de la colonne 3. La
présence de holdings à base familiale, très attachés à Rabat, explique les résultats
des colonnes 5 et 7 ;
– Casablanca a partout des scores très faibles, que l’aménagement soit bon
(Bouskoura) ou catastrophique (Lahfaya), que la gestion soit bonne (Bouskoura)
ou absente (Lahfaya, Ouled Salah). Pour des entreprises majoritairement de petite
taille et situées en bout de chaîne de production, les relations productives sont
faibles (1). Mais les « liens avec la ville » (7) ont été sous-estimés par les enquêtés,
tellement la symbiose est évidente entre le tissu productif et la métropole.
Dans ce kaléidoscope, rares sont les points communs entre les espaces d’accueil.
Mais on peut remarquer que les relations extérieures liées à la formation sont
rares, que les relations liées à la R&D sont nulles et que les différences sont peu
signifiantes sur les questions de personnel.
La question de la territorialisation fait apparaître des lignes plus nettes. Les
collectivités locales ne jouent un rôle (modeste) que lorsque leur responsable
est personnellement intéressé, comme détenteur de terres (Ain Attiq, Lahfaya)
ou industriel (Ain Attiq, Aït Melloul). Il est rare au Maroc qu’une vraie zone
industrielle soit le fait d’une municipalité (mais il y en a une à Ain Attiq). Plus
curieusement, les autorités déconcentrées apparaissent peu dans les enquêtes.
Elles sont mentionnées à Mohammedia, mais derrière l’action de l’autorité locale
se profile l’intérêt que le roi a manifesté pour un site qu’il avait visité en 2000.
Un vrai partenariat avec l’autorité locale n’est signalé que pour l’association de
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semblent contredire cette idée. Il est étonnant d’entendre des patrons installés
dans des conditions catastrophiques (absence de statuts fonciers officiels, piste
d’accès défoncé, non-raccordement au réseau d’eau) évoquer leur satisfaction
quant à leur localisation. Tout converge vers l’existence à Casablanca d’avantages
tellement évidents qu’on ne les évoque même pas. Des avantages internes à la
grande ville : la variété des services, le port en premier, un marché diversifié
de la main-d’œuvre, les relations sociales, la richesse d’une vie urbaine à défaut
d’une réelle qualité de vie. Des avantages liés à la situation de hub du Maroc : les
infrastructures, l’accès aux fournisseurs et au marché. Par ailleurs, la conception
de la grande ville est extensive. Rabat apparaît comme une localisation par défaut,
la localisation massive des décideurs politiques pesant d’un poids extrêmement
réduit. En ce qui concerne « les liens à la ville », les enquêtés pensent Casablanca
et métropole, non pas Mohammedia, et parfois non pas Rabat. Ainsi, à l’écart
des embouteillages de Casablanca, toutes les zones industrielles situées entre
Casablanca et Rabat sont indistinctement vues comme « la meilleure localisation
du pays ». Malgré le grand projet royal, la situation de Tanger, encore très peu
apte à répondre aux besoins des entreprises (surtout en matière de fournisseurs
et de clients), n’est pas encore acquise. Même celle d’Agadir est précaire : les
exploitations agricoles sont menacées par le manque d’eau, des entrepreneurs
souhaitent partir et le dynamisme soussi pourrait se reconstituer à Casablanca,
où il n’est pas absent. Tous ces faits donnent à penser que la proximité n’est
nulle part aussi forte et aussi agissante qu’à Casablanca. L’expression « proximité
géographique » telle qu’utilisée par Pecqueur et Zimmermann (2004) a un sens
trop faible. Au Maroc en tout cas, la proximité « métropolitaine » est primordiale.
Conclusion
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