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Les Systemes Aquiferes: 1. Quelques Definitions

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LES SYSTEMES AQUIFERES

1. QUELQUES DEFINITIONS

Le bassin hydrologique est délimité par les lignes de crêtes


topographiques
isolant le bassin versant d'un cours
d'eau et de ses affluents. Il
correspond
en surface au bassin hydrographique.

Le bassin hydrogéologique correspond à la partie souterraine du


bassin
hydrologique

Un aquifère est un corps (couche, massif) de roches


perméables
comportant une zone saturée suffisamment
conductrice d'eau souterraine
pour
permettre l'écoulement significatif d'une nappe souterraine et le
captage
de
quantité d'eau appréciable. Un aquifère peut comporter une zone non
saturée
(définition de Margat et Castany).
L'aquifère est homogène quand il a
une
perméabilité d'interstices (sables, graviers); la vitesse de
percolation
y est
lente. Il est hétérogène avec une perméabilité de fissures
(granite,
calcaire karstique); la vitesse de percolation est
plus rapide.

Les formations peu perméables (dites semi-perméables), comme les sables


argileux, peuvent stocker de l'eau mais
la vitesse de transit est
faible:
on parle d'aquitard. Ces formations peuvent assurer la
communication
entre aquifères
superposés par le phénomène de drainance.

Les aquicludes sont des formations imperméables ne


produisant pas
d'eau.

Une nappe est l'ensemble des eaux comprises dans la zone


saturée
d'un aquifère, dont toutes les parties sont en
liaison hydraulique
(Margat
et Castany).
Figure 7-1 : Bassin hydrologique, bassin hydrogéologique et
aquifère.

La surface piézométrique d'une nappe libre est la surface supérieure


de
la zone saturée de l'aquifère. Les mêmes
cotes de cette surface forment
des
courbes de niveau appelées courbes isopiézométriques car elles
correspondent
à des points de même charge hydraulique. L'eau de la nappe se déplace
perpendiculairement
aux courbes
isopiézométriques; sa vitesse est inversement
proportionnelle
à la distance entre 2 courbes consécutives.
Figure 7-2 : hydrogéologie de la
région
d'Amiens.

2. TYPES DE NAPPES

2.1 Nappes libres

la surface piézométrique coïncide avec la surface libre de la nappe


qui
est surmontée par une zone non saturée.

* Nappe de vallée en pays tempéré

Ce type de nappe est la première directement atteinte par les puits:


c'est
la nappe phréatique.

Lorsque le sol est uniformément poreux et perméable, l'eau de pluie


s'infiltre
jusqu'à une couche imperméable et
sature la roche jusqu'à un certain
niveau
appelé surface libre de la nappe. Dans la nappe, l'eau circule jusqu'à
des
exutoires qui sont dans les points bas de la topographie: sources,
rivières.
Les courbes isopiézométriques indiquent
la pente de la surface libre et
le
sens d'écoulement de la nappe. Les lignes de crête correspondent aux
zones
de
divergence des courants. L'eau circule dans toute l'épaisseur de
l'aquifère,
plus ou moins parallèlement à la surface
libre sauf au niveau des
exutoires
et des lignes de crête; les vitesses sont plus élevée vers la surface.
Quand
l'exutoire n'est pas localisé, on parle de "surface de suintement".

Figure 7-3: nappe libre des Sables de Fontainebleau.

La nappe de la craie du nord de la France est de ce type. La partie


supérieure
de la craie, altérée et fissurée sur
quelques dizaines de mètres,
constitue
l'aquifère. L'alimentation se fait par les plateaux crayeux. Les
exutoires
sont
les vallées des rivières dont le niveau est plus ou moins en
équilibre
avec la nappe; d'ailleurs, une pollution de la
rivière peut contaminer
la
nappe. Les vallées plus hautes que la surface de la nappe sont sans
cours
d'eau: ce sont
des "vallées sèches".

Figure 7-4: L'aquifère de la craie en Artois

* Nappe alluviale

L'aquifère est constitué par les alluvions d'une rivière. L'eau de


la
nappe est en équilibre avec celle de la rivière et les
échanges se font
dans
les deux sens. Les alluvions sont trés perméables; elles peuvent être
trés
épaisses (une
centaine de mètres) et constituer un réservoir trés
important
qui sert à l'alimentation en eau des villes situées le
long de la
rivière:
c'est le cas du Rhin, du Rhône. Ces nappes, soutenues par l'apport de
la
rivière (ou d'un lac), sont
trés vulnérables à la pollution.
L'aménagement
du cours des rivières diminuent leur vitesse (barrage) et favorise le
dépôt
des particules fines qui tendent à colmater le fond du lit et
interrompre
les échanges avec la nappe.
En pays aride, la nappe alluviale est alimentée par les crues de la
rivière
(oued) qui est à sec en période d'étiage.
Comme l' oued, les eaux de la
nappe
s'écoulent, souvent vers les dépressions endoréiques où elles
s'évaporent
(lacs
temporaires avec dépôt de sels ou sebkha continentale).

* Nappe en pays karstique


En pays calcaire, l'eau remplit et circule dans les cavités du karst
dont
certaines sont complètement ennoyées. Les
vitesses de circulation sont
grandes
et les sources peuvent être temporaires et abondantes (résurgences).

* Nappe en plaine littorale


La nappe d'eau douce qui est située dans les alluvions est en équilibre
hydrostatique
avec la nappe salée issue de
l'eau de mer. Ces 2 nappes se mélangent
peu,
leur interface constitue un biseau salé. Tout rabattement de la nappe
d'eau
douce entraîne la rupture de l'équilibre et la progression du biseau
salé
vers l'intérieur des terres.

* soutien d'une nappe

Une nappe est limitée vers le bas par un niveau imperméable. Elle
peut
être alimentée, ou soutenue, par l'infiltration
de l'eau d'une rivière.
Une
nappe est dite perchée si elle surmonte une autre nappe libre qu'elle
peut
alimenter par
drainance. Par exemple, dans la région de Soisson, les
nappes
du Tertiaire sont dans des nappes perchées; la nappe
de la craie et les
nappes
alluviales sont soutenues par les rivières.

Figure 7-5 : aquifères superposés dans la région de Soisson


(Aisne).
Figure 7-5b: relation nappe-rivière et amplitude piézométrique
annuelle
en Champagne (d'après Rouxel-David et
Cordonnier).

2.2 Nappes captives


La nappe est confinée car elle est surmontée par une formation peu
ou
pas perméable; l'eau est comprimée à une
pression supérieure à la
pression
atmosphérique. A la suite d'un forage au travers du toit imperméable,
l'eau
remonte et peut jaillir: la nappe est artésienne. Le jaillissement peut
disparaître
par la suite si la nappe est exploitée
au point de diminuer sa pression
(cas
historique du forage artésien de Grenelle).

Figure 7-6: nappe captive des sables tertiaires de Gironde.


Figure 7-6b: source jaillissante en Artois

3. ALIMENTATION ET STOCKAGE DE L'EAU

3.1 Alimentation d'une nappe

Les eaux souterraines proviennent essentiellement de l'infiltration


des
eaux superficielles: on parle d'eaux vadoses.
Les eaux dites
juvéniles
sont d'origine profonde. Les eaux fossiles sont des eaux
d'infiltration
anciennes. Les eaux
connées sont des eaux salées datant de
l'époque
du dépôt des sédiments. Les eaux géothermales sont
généralement
des
eaux vadoses réchauffées en profondeur.

La source d'alimentation en eau d'un bassin hydrologique est donc


fournie
par les précipitations efficaces, c'est à
dire par le volume
d'eau
qui reste disponible à la surface du sol après soustraction des pertes
par
évapo-
transpiration réelle. L'eau se répartit en 2 fractions:

- le ruissellement qui alimente l'écoulement de surface


collecté
par le réseau hydrographique;

- l'infiltration qui alimente le stock d'eau souterrain.

La hauteur d'infiltration est la quantité d'eau infiltrée à travers le


sol pendant une durée déterminée. Le taux
d'infiltration est le rapport
entre
la hauteur d'infiltration et la hauteur de précipitation efficace.
Figure 7-6b: Pluies efficaces moyennes dans le département de
l'Aisne;
elles sont réparties en fait sur 5 mois, de
novembre à mars (adaptée de
l'Atlas
hydrogéologique de l'Aisne).

Les parts respectives du ruissellement et de l'infiltration sont


régies
par de nombreux facteurs:

- la géomorphologie du bassin: pente topographique, réseau


hydrographique;

- la lithologie du sous-sol;

- le sol: nature, humidité, couverture végétale;

- la profondeur de la surface piézométrique;


- l'aménagement des eaux et des sols: barrages, dérivation des
cours
d'eau, rectification de lit, drainage des
zones humides,
imperméabilisation
des surfaces (zones urbaines, voies de communication), pratiques
agricoles...

Figure 7-7a: bilan hydrique dans le bassin de l'Hallue.

Dans le bassin versant de l'Hallue, sous-affluent de la rivière


Somme,
pour une hauteur de précipitation annuelle de
740 mm, l'ETR a été
évaluée
à 510 mm et l'infiltration à la nappe à 220 mm.

débit des apports (m3/s) débit des écoulements (m3/s)


infiltration efficace..............................1,5 pertes souterraines (vers la mer)........1

infiltration des irrigations.....................5,5 émergences et drains.........................6

apports des aquifères voisins...............1 prélèvements.....................................1

TOTAL..............................................8 TOTAL.............................................8

TABLEAU 7-A: Bilan annuel moyen de l'aquifère à nappe libre des


alluvions
de la Crau, superficie 520 km2 (d'après
Bodelle et Margat).

L'infiltration efficace est la quantité d'eau qui parvient


effectivement
à la nappe: en effet il se produit de
l'évapotranspiration pendant la
migration
de l'eau vers la profondeur. La vitesse d'infiltration varie de 1 m par
an
dans la craie de Champagne à quelques m par heure dans un karst.
Figure 7-7b: Précipitations, Evapo-transpiration
réelle
et pluies efficaces dans le Bassin Parisien (d'après MARGAT in
BRACQ,
modifié).

3.2 Eau gravitaire et eau de rétention


L'eau gravitaire est la fraction de l'eau souterraine soumise à la
seule
force de gravité. C'est elle qui circule dans un
aquifère et alimente
les
exutoires. On peut l'extraire d'un échantillon de roche par égouttage.
Son
volume dépend de
la granulométrie de l'échantillon: il est le plus
grand
pour des grains grossiers (il y a 3 fois plus d'eau gravitaire dans
un
gravier
que dans un sable fin).
L'eau de rétention est la fraction de l'eau maintenue dans les vides et
la
surface des grains par des forces
supérieures à celle de la gravité.
Elle
n'est pas mobilisable. Les forces d'attraction moléculaires,
consécutives
de la
polarité de la molécule d'eau, peuvent atteindre 200 000 fois
celle
de la gravité. On distingue l'eau adsorbée et l'eau
pelliculaire.
Figure 7-8 : différents types d'eau au voisinage d'un grain dans
un
aquifère (Polubrina-Kochina in Castany)

L'eau adsorbée forme un mince film autour des grains, d'une


épaisseur
de l'ordre du dixième de micron. Sa quantité
augmente en fonction
inverse
de la granulométrie:

- sables grossiers: 2-5%

- sables fins: 10-15%

- argiles: 40-50%

L'eau pelliculaire est une couche d'environ 1 micron d'épaisseur qui


tapisse
les cavités délimitées par les grains. Elle
est moins fortement liée.

3.3 Porosité efficace et coefficient


d'emmagasinement
La porosité efficace est le rapport du volume d'eau
gravitaire au
volume total de la roche saturée en eau:

porosité efficace (%) = volume eau


gravitaire/
volume total

exemple: un échantillon de craie de 1 000 cm3, prélevé dans un


aquifère,
libère par égouttage 20 cm3 d'eau: sa
porosité efficace est de 2%.

TYPES DE RESERVOIRS POROSITE EFFICACE (%) PERMEABILITE K (m/s)


graviers 25 3. 10-1
sables 15 6. 10-4
limons 2 3. 10-8
vase argileuse 0.1 5. 10-10

calcaires fissurés 2 à 10
craie 2à5

granite fissuré 0,1 à 2

basalte fissuré 8 à 10

schistes 0,1 à 2

TABLEAU 7-B: Porosité efficace et perméabilité moyenne pour les


principaux
réservoirs.

La teneur en eau volumique est la quantité d'eau totale contenu dans


un
réservoir rapportée au volume du réservoir.
Elle est égale à la
porosité du
réservoir. La valeur obtenue ne correspond pas à la quantité d'eau
effectivement
disponible puisque l'eau de rétention est comptabilisée.

La porosité efficace dépend des caractéristiques texturales de


l'aquifère
qui sont: le diamètre des grains,
l'arrangement des grains et leur état
de
surface. Elle diminue avec le diamètre des grains et lorsque la
granulométrie
n'est pas homogène: en effet les plus petits grains se logent entre les
gros
grains et diminuent ainsi les espaces
vides. L'arrangement des grains
influent
également sur la proportion des espaces vides et donc sur la porosité.
L'arrangement
cubique offre 47,6% d'espaces vides alors que l'arrangement
rhomboédrique
n'en offre que 25,9%. La
profondeur et la pression lithostatique
associée
produisent des arrangements plus compacts qui diminuent la
porosité. La
surface
des grains enfin influe sur la porosité efficace qui croît avec la
surface.

Le coefficient d'emmagasinement d'un aquifère est déterminé


à partir
de la quantité d'eau libérée pour une perte de
charge donnée, c'est à
dire
une baisse de pression. Dans un aquifère, la perte, ou le gain, d'une
certaine
quantité
d'eau se traduit par une variation de la charge hydraulique.
Celle-ci
est mesurée à l'aide de piézomètres. Pour une
nappe libre, c'est la
gravité
qui provoque l'écoulement de l'eau. Pour une nappe captive, l'expulsion
d'un
petite
quantité d'eau provoque une grande variation de pression et donc
une
forte perte de charge. D'une façon générale,
pour une même différence
de charge,
la quantité d'eau libérée est beaucoup plus grande dans une nappe libre.

,
Figure 7-9: variation de charge et volume d'eau libérée (adapté
de
G. CASTANY).

Le coefficient d'emmagasinement S est défini comme le rapport du


volume
d'eau libérée (ou emmagasinée) par
unité de surface sur la différence
de
charge hydraulique. Dans les nappes libres, le coefficient
d'emmagasinement
est égal à la porosité efficace (eau gravitaire); il est compris entre
0,2
et 0,01. Dans les nappes captive, il est
beaucoup plus petit, 0,001 à
0,0001.
Il est mesuré sur le terrain par des pompages d'essai qui rabattent la
nappe.

3.4 Zonalité d'un aquifère


Une coupe depuis la surface du sol jusqu'à la nappe phréatique
montre
la zonalité suivante:

- une zone non saturée contenant de l'air, de l'eau de rétention


et
de l'eau gravitaire en transit; la base de cette
zone est imprégnée
d'eau
provenant de la remontée capillaire à partir de la zone saturée.

- une zone saturée contenant de l'eau de rétention et de l'eau


gravitaire;
la partie supérieure est imprégnée
d'eau remontant par capillarité. Les
piézomètres indiquent la position du sommet de l'eau gravitaire alors
que
le sommet de la nappe libre se situe au niveau de l'eau capillaire.

Figure 7-10: zonalité de l'eau dans


un
aquifère à nappe libre (adapté de G. CASTANY).
(1) eau de rétention; (2) eau gravitaire; (3) remontée capillaires;
(4) surface piézométrique; (5) surface de la nappe.

4. DEPLACEMENT DE L'EAU

4.1 Loi de Darcy (écoulement vertical)

L'étude du déplacement de l'eau dans un milieu poreux a été conduite


expérimentalement
par Darcy en 1856. Pour
une même charge hydraulique (même énergie
potentielle),
Darcy définit un coefficient de perméabilité K, mesuré en
m/s,
dépendant du
type de milieu poreux. La quantité d'eau transitant dans ce milieu est
proportionnelle
à la section
totale traverséeA, au coefficient de perméabilité Kdu
milieu et à la charge hydraulique h et inversement
proportionnelle
à la longueur l du milieu traversé:

Q(m3/s) =
K(m/s).A(m2).
h/l

h/l est la perte de charge par


unité de
longueur, appelée encore gradient hydraulique i
:

Q = K. A. i
La vitesse de filtration V est égale au rapport de la
quantité
d'eau passant en une seconde sur la surface A. C'est
également le
produit
du coefficient de perméabilité par le gradient hydraulique:

V(m/s) = Q/A = K.h/l


Figure 7-11: Dispositif expérimental pour la loi de Darcy.

4.2 Généralisation de la Loi de Darcy

Dispositif avec écoulement latéral: il représente mieux l'écoulement


des
eaux dans un aquifère.

Figure 7-12: Dispositif avec écoulement latéral.

La loi de Darcy n'est strictement applicable que pour des milieux


homogènes
où l'écoulement de l'eau est laminaire.
Elle ne peut être utilisée en
particulier
pour les réseaux karstiques.
Le coefficient de perméabilité est propre à chaque réservoir; il
dépend
notamment de la porosité efficace et de la
viscosité du fluide; il
augmente
avec la profondeur (l'augmentation de température diminue la viscosité).

4.3 Application à un aquifère

* Niveau piézométrique.

La mesure du niveau piézométrique est l'opération de base en


hydrogéologie;
on utilise généralement des sondes
automatiques qui enregistrent le
fluctuations
du niveau de la nappe au cours de l'année. Pour les nappes
artésiennes,
on
mesure l'altitude du jet d'eau au dessus du sol. Le pompage provoque le
rabattement
de la surface
piézométrique.

Figure 7-13: cône de rabattement induit par un pompage.

Figure 7-13b: influence d'un prélèvement en nappe à proximité d'un


cours
d'eau (d'après Rouxel-David et Cordonnier).
* Gradient hydraulique

On le calcule en plaçant 2 piézomètres distants de L mètres. Le


gradient
est le rapport entre la différence de niveau
Dh des piézomètres et la
distance
L. On utilise également les cartes piézométriques en mesurant la
distance
entre 2
courbes isopieacute;triques en mesurant la distance entre 2
courbes
isopiézométriques (hydroisohypses)
consécutives.

Figure 7-14: calcul du gradient hydraulique avec 2 piézomètres.

Figure 7-15: calcul du gradient hydraulique à partir d'une carte


piézométrique

* Perméabilité et transmissivité

"La perméabilité est l'aptitude d'un réservoir à se


laisser
traverser par l'eau sous l'effet d'un gradient
hydraulique" (G.
CASTANY).
Elle est mesurée notamment par le coefficient de perméabilité K défini
par la loi de
Darcy comme le volume d'eau gravitaire traversant une
unité de
section perpendiculaire à l'écoulement en 1
seconde sous l'effet d'une
unité
de gradient hydraulique. En prenant comme unités le m2 et le
m3, K est
exprimé en m/s

Le coefficient de perméabilité dépend à la fois des caractéristiques


du
réservoir (granulométrie, porosité efficace)  et
des
caractéristique du fluide
(viscosité, donc température, et masse volumique).  Il est
grossièrement
proportionnel
au carré du diamètre des grains pour une nappe libre. Il
varie
de 10 m/s à 10 -11m/s. Un matériaux est considéré
comme
imperméable
au delà de 10-9 m/s.
La transmissivité caractérise la productivité d'un captage.
C'est
le produit du coefficient de perméabilité K par
l'épaisseur de la zone
saturée
h.

T (m2/s)
= K (m/s) . h(m)
La diffusivité est le rapport de la Transmissivité sur le
coefficient
d'emmagasinement; elle caractérise la vitesse de
réaction d'un aquifère
face
à une perturbation.

Figure 7-15b: carte des transmissivités en


Aquitaine(d'après
J. MANIA).

Sur le terrain, la transmissivité est mesurée par les pompages d'essai.


Un pompage d'essai consiste à pomper dans un forage selon un protocole
déterminé
et à interepréter le
rabattement de la surface piézométrique de la
nappe
au moyen de plusieurs piézométres disposés à quelques
dizaines ou
centaines
de mètres du point de forage. L'interprétation des données nécessite un
traitement complexe
qui est largement informatisé de nos jours. Cet
essai
permet de connaître la quantité optimale d'eau pouvant être
prélevée
dans
la nappe.

Figure 7-15c: Pompage d'essai dans le forage PE1


et
état des rabattements au niveau des pièzomètres PZ (d'après
ROCHE).

plus sur les


pompages
d'essai
* Débit d'une nappe

C'est le volume d'eau traversant une section transversale de


l'aquifère
en une unité de temps. Son calcul est délicat;
il faut connaître
l'épaisseur
de l'aquifère et l'écartement des courbes isopiézométriques. Pour les
grandes
nappes,
on subdivise la section générale en sections élémentaires
équipées
de couples de piézomètres (forages d'essai).

Le débit d'une nappe peut être évalué par la loi de Darcy:

Q = K. A. i

Q: débit en m3/s

K: coefficient de perméabilité en m/s


A: section de la nappe en m2

i: gradient hydraulique

* Vitesse d'écoulement

Il est possible d'évaluer la vitesse de transfert de l'eau par


utilisation
d'un marqueur radio-actif, le Tritium. Cet
isotope radio-actif de
l'hydrogène
est produit naturellement par la composante neutronique du rayonnement
cosmique
sur l'azote atmosphérique. La teneur induite dans les pluies est de
l'ordre
de 5 U.T. Mais la production
principale de tritium résulte des essais
aériens
de la bombe H à partir de 1952. La teneur des précipitations a été
multipliée
par 1000 en 1963 sous nos latitudes. L'arrêt des essais après 1963 a
entraîné
une décroissance
exponentielle de la teneur en tritium: dans les années
90,
il y en a encore 15 U.T., soit 3 fois plus que la normale
d'avant 1952.

Des eaux depassant 20 U.T. ont un âge de quelques dizaines d'années


car
elles reflètent le pic de 1963. Des teneurs
comprises entre 10 et 20
U.T.
indiquent des eaux récentes, infiltrées dans la dernière décennie ou
des mélanges
d'eaux post-nucléaires, à tritium thermonucléaire, et d'eaux plus
récentes.
Des teneurs comprises entre 2 et 10 U.T.
correspondent à des eaux
post-nucléaires
mélangées à une eau ancienne. Enfin, des teneurs trés faibles sont
celles
d'une eau infiltrée avant les essais thermo-nucléaires (il ne subsiste
plus
que 0,5 U.T. après 42 ans dans une eau
primitivement à 5 U.T.); c'est
le
cas de nombreux aquifères profonds.

Des analyses systématiques de la teneur en tritium des


précipitations
et de l'eau des sources d'une même région
permettent d'obtenir une
évaluation
plus précise. Les mesures ont été faites à Evian.

En 1963, la source d'Evian-Cachat ne contenait pas de tritium alors


que
les pluies en avaient 2900 U.T. L'aparition du
tritium en 1965
s'explique
par une contamination de l'eau ancienne par quelques pourcents d'eau de
surface.
Le pic
du tritium est localisé en 1979 dans l'eau de la source, ce qui
implique
un temps de filtration de 16 ans. Le trajet
parcouru dans l'aquifère
est
d'environ 4 km depuis la zone d'alimentation: on aboutit à une vitesse
d'écoulement
de
la nappe de 250 m par an.
Figure 7-16A: Hétérogénéité des aquifères et
vitesse
d'écoulement (adapté de DROGUE in GUILLEMIN et ROUX).

vitesses calculées vitesses par traceurs temps de séjours


Types d'aquifères
(m/an) (m/an) (an/km)
Sables verts du Bassin de Paris 3 - 250-300
Continental Intercalaire
2-3 4 300-500
(Sahara)
Alluvions du Rhin 1700 100-2000 0,5-1
Alluvions du Rhône - 1800 0,5
Aquifère karstique - 10-100 m / heure

TABLEAU 7-C: vitesse d'écoulement dans quelques


aquifères
5. L'EXPLOITATION DES GRANDS AQUIFERES

5.1 Principales nappes en France

Figure
7-17: grandes régions naturelles en France.

On compte environ 200 aquifères importants en France,


dont
25 captifs qui contiennent 2000 milliards de m3 d'eau.
7 milliards de
m3
sont puisés par an, dont plus de 50 % servent à la consommation humaine.

Figure
7-18: l'eau souterraine en France (d'après documents B.R.G.M.)

Les nappes alluviales fournissent plus de la moitié de


l'eau
souterraine prélevée. Les plateaux calcaires renferment
des réseaux
karstiques.
Les plaines possèdent plusieurs grands aquifères empilés. Les zones de
montagnes
récentes et les massifs anciens ne renferment que de petits réservoirs.
Les
sédiments imperméables ne fournissent
pas d'eau souterraines
exploitables
proches de la surface.

Figure
7-19: principales nappes captives en France (d'après Margat).

a) Régions de socle

Dans les roches cristallines ou métamorphiques: Massif


Central,
Vendée, Bretagne, Vosges, Ardennes, Maures,
Esterel, Corse...) Petites
nappesges,
Ardennes, Maures, Esterel, Corse...) Petites nappes locales dans les
zones
d'altération, les dépôts alluviaux ou les zones fissurées. Les
ressources
en eau souterraine sont faibles et l'habitat
rural est dispersé. Il
faut
utiliser les eaux de surface. Ces petites nappes sont trés sensibles à
la
pollution (pollution
par lisier en Bretagne).

Figure 7-16B: ressource en eau en pays


granitique.
L'eau dans la pellicule d'altération (en jaune) est en communication
avec
celle des fissures.

b) Montagne à terrains sédimentaires plissés

Nappes rares, réservoirs trés fragmentés.

c) Plateaux calcaires

Circulation karstique par rivières souterraines en


relation
avec le réseau de surface (pertes, résurgences). Les
réseaux de
fissures
situées au dessous du niveau des exutoires jouent le rôle de réservoir
(eau
de fond). Jura,
Causses, Vaucluse.
Figure 19b: Systèmes hydrogéologiques karstiques:

A: karst perché - le réseau est à une altitude


supérieure
ou égale à celle de l'exutoire
B: karst à base noyée: le réseau descend au-dessous du niveau de base
(cours
d'eau
ou mer)
C: karst barré: karst noyé dont l'écoulement est bloqué par un
obstacle;
les sources sont des
sources de débordement.
Figure 19c: Circulation dans un karst en pays
plissé:
résurgence de la Loue (Doubs).

Figure 19d: Fracturation, effondrement et


circulation
de l'eau dans le craie de Normandie (document BRGM)

d) Bassins sédimentaires

Bassin de Paris et Bassin d'Aquitaine. Ces bassins sont


constitués
d'un empilement de roches perméables et
imperméables qui délimitent une
superposition
de nappes; la nappe supérieure est libre, les autres sont captives.

Figure 7-19d: principaux aquifères du Bassin Parisien (d'après


CASTANY)

Dans la région parisienne, il existe 2 nappes


captives
qui sont exploitées: celle de l'aquifère multicouche du
Néocomien
(Crétacé
inférieur) séparée par un niveau semi-perméable (Aptien) de celle des
sables
verts sus-jacents
de l'Albien. Depuis 1850, les niveaux piézométriques
ont
fortement chuté et les transferts d'eau se font au travers de
l'Aptien,
selon
la différence des niveaux piézométriques, depuis l'aquifère néocomien
jusqu'à
celui de l'Albien (Figure
7-19e).

Figure 7-19e: Rabattement des nappes du Néocomien et de l'Albien à


Paris,
à la suite de leur exploitation (d'après
ROCHE)

e) Plaines alluviales

Elles sont contenues dans les alluvions des grands


cours
d'eau. Elles sont intensément exploitées et trés sensibles
à la
pollution.
Figure 7-20: bilan de l'eau en France en km3
(d'après
Roux).

Figure 7-20b: Bilan annuel de la nappe de la craie


du
Nord-Pas-de-Calais (d'après CRAMPON et al.)

Grandes nappes libres 4,4 millions de m3 par jour


Nappes captives 2,7
Nappes alluviales 6

TABLEAU 7-D: prélèvement des eaux souterraines en


France
(d'après Roux).

5.2 La gestion des stocks souterrains


Les grands aquifères à l'échelle mondiale sont de
véritables
mines d'eau souterraine. Dans les parcours terrestres
du cycle de
l'eau,
ils jouent un rôle primordial comme régulateurs. Sans eux, les
écoulements
naturels seraient aussi
irréguliers que les précipitations et aucune
ressource
d'eau permanente n'existerait. Les nappes libres sont de bien
meilleures
régulateurs puisque le niveau piézométrique, et donc le volume de l'eau
contenue,
peut varier. Le débit
des rivières dont le lit correspond au niveau
piézométrique
d'une nappe est trés régulier: c'est le cas de la Somme
avec la nappe
de
la craie

Figure 7-21: Grands aquifères mondiaux et leur


surexploitation

Ces grands stocks d'eau souterraine peuvent être


considérées
comme des ressources renouvelables ou non
renouvelables selon leur
approvisionnement
actuel, l'intensité des prélèvements et leur taux moyen annel de
renouvellement
qui est trés lent. Le renouvellement des grands réservoirs peut être
exprimé
de deux façons: (1) par
le rapport du flux entrant et sortant au volume
total
d'eau contenue, (2) par la durée théorique nécessaire pour que
les flux
cumulés
soient égaux au stock.

taux annuel de durée de renouvellement


Grand aquifère
renouvellement (ans)
Grand bassin artésien
5.10-5 20 000
(Australie)
Continental Intercalaire
1,4.10-5 70 000
(Sahara)
Sables verts albiens (B. de
5.10-5 20 000
Paris)
Bassin de Maranhao (Brésil) 13.10-4 800

TABLEAU 7-E : renouvellement de l'eau dans les


grands
réservoirs (d'après Margat).

Les grands aquifères sahariens sont ceux du


"Continental
intercalaire" au Nord et des "Grès de Nubie" à l'Est. Le
stock d'eau
renouvelable
en Libye était de 1017 m3/an/habitant en 1990; il devrait descendre à
377
m3 en 2015
(estimation des Nations Unies). Or, les problèmes de
ressource
en eau renouvelable commencent au dessous de
1000 m3. Les prévisions
sont
également sombres pour l'Egypte. Quant à la Jordanie, la ressource
n'est
plus que de
180 m3/an/habitant en 1996: le prélèvement des eaux
souterraines
fossiles (non renouvelable) est indispensable.
On voit que le taux de
renouvellement
de nombreux grands réservoirs à nappes libre ou captive est inférieur à
10-4à
10-5, ce qui correspond à des durées de renouvellement de
plusieurs
millénaires ou dizaines de millénaires. A
l'opposé, les petits
réservoirs
ont des durées de renouvellement plus courtes, quelques dizaines
d'années,
et offrent
ainsi des ressources en eau renouvelables. Finalement deux
sortes
de réservoirs offrent des ressources non
renouvelables:

-les aquifères profonds des grands bassins


sédimentaires
en toutes zones climatiques, à nappe d'eau douce
captive, accessibles
par
des forages pouvant dépasser 2000 m de profondeur;
- les aquifères à nappe libre de grande épaisseur
(jusqu'à
plusieurs centaines de mètres) en région aride.

Dans les pays à climat aride et dont les ressources en


eau
renouvelables sont limitées et fortement exploitées, des
moyens
techniques
et financiers importants ont permis une véritable exploitation minière
des
aquifères profonds
selon une stratégie d'épuisement de la ressource en
quelques
dizaines d'années: cette stratégie de déstockage
massif est conduite
aux
U.S.A. (Arizona), au Sahara, en Arabie Saoudite... Dans ces pays arides
l'approvisionnement
en eau est tributaire des ressources non renouvelables: 73% en Arabie
Saoudite,
71% en Libye. En Libye, l'eau des
aquifères sahariens extrait par
forage
est transportée par canalisation sur plus de 500 km vers les régions
qui
l'utilisent. Les grands aquifères sahariens sont ceux du "Continental
intercalaire"
au Nord et des "Grès de Nubie" à
l'Est. Le stock d'eau renouvelable en
Libye
était de 1017 m3/an/habitant en 1990; il devrait descendre à 377 m3 en
2015
(estimation des Nations Unies). Or, les problèmes de ressource en eau
renouvelable
commencent au dessous
de 1000 m3. Les prévisions sont également sombres
pour
l'Egypte. Quant à la Jordanie, la ressource n'est plus que
de 180
m3/an/habitant
en 1996: le prélèvement des eaux souterraines fossiles (non
renouvelable)
est
indispensable.

En fait, les quantités d'eau extractibles dans les


aquifères
profonds sont bien inférieures aux réserves calculées. En
effet, la
profondeur
de pompage de l'eau est limitée techniquement et économiquement à 250 m
au
maximum. C'est
dire que l'eau des grandes nappes captives profondes, de
l'ordre
du milliers de mètres, ne livrent qu'une infime partie
de leur réserve
sous
pression; la chûte rapide du niveau piézométrique arrête vite la
possibilité
d'exploitation. D'autre
part, pour épuiser des nappes souterraines trés
étendues,
où les vitesses de percolation latérale de l'eau sont
faibles, il
faudrait
pratiquer un trés grand nombre de forages sans commune mesure avec les
critères
de rentabilité.

Quoi qu'il en soit, le


volume
d'eau souterraine actuellement extrait et déstocké des réservoirs n'est
pas
perdu au sens
strict, puisqu'il est réinjecté dans le cycle de l'eau de
surface;
depuis le début du siècle, on estime à quelque mille
milliards de m3 la
quantité
d'eau extraite d'une manière irréversible des aquifères. Comparé aux
masses
d'eau mise
en jeu dans le cycle terrestre, ce volume additionnel a des
effets
négligeables à l'échelle humaine.

6. PRINCIPAUX AQUIFERES UTILISES EN


PICARDIE
Il y a plusieurs aquifères superposés dans les
formations
secondaires et tertiaires, séparés les uns des autres par
des couches
plus
ou moins imperméables qui peuvent permettre un transit d'eau d'un
aquifère
à celui qui lui est
inférieur. Lorsque ces transits sont importants, on
parle
alors d'aquifère multicouche.

TERRAIN RESSOURCE
Alluvions des
aquifères productifs
vallées
série tertiaire aquifère multicouche peu productif
craie crétacée aquifère productif
sables verts nappe généralement captive
crétacés peu exploitée
calcaires aquifère multicouche exploité au
jurassiques Nord

TABLEAU 7-F: Principaux aquifères en Picardie

(cliquer pour afficher les figures de taille


importante)

Figure 7-22a: Aquifères du


bassin
Artois-Picardie (document de l'Agence de l'Eau)

6.1 Aquifères alluvionnaires


Les alluvions sont des sédiments récents, généralement
fluviatiles,
qui peuvent reposer sur un substratum
imperméable ou perméable:
* dans le premier cas, l'eau ne circule que dans les
alluvions
et forme une nappe alluviale indépendante, mais
alimentée (soutenue)
par
l'eau de la rivière. La nappe de la vallée de la Marne qui repose sur
des
formations
imperméables dans le Sud du département de l'Aisne présente
une
minéralisation, une dureté et une alcalinité
élevée (en particulier 150
mg/L
de sulfate et 24 mg/L de K).

* dans le deuxième cas, le plus fréquent dans la


région,
l'aquifère des alluvions est confondu avec celui sous-jacent
(souvent
celui
de la craie) et forme un aquifère complexe généralement trés productif.
L'eau
de la nappe alluviale
alimente la rivière et maintien son niveau en
période
de sécheresse. A l'inverse, lorsque les prélèvements sur la
nappe sont
importants,
le rabattement provoque un apport d'eau depuis la rivière.

Les nappes alluvionnaires sont peu épaisses (moins de


10
m) et la productivité des captages est trés variable, de 1
à 150 m3/h.
Le renouvellement de l'eau est rapide et la vulnérabilité aux
pollutions forte.
Elles correspondent à 5%
de la ressource. Elles fournissent de l'eau
qui
est généralement plus minéralisée que celle de la craie.

Les champs captants installés sur ce type d'aquifère


peuvent
prélever avec des débits atteignant jusqu'à 90% du
débit de la rivière.
L'
alimentation de la ville de Soissons demande 2 900 000 m3par
an, celle de l'agglomération de
Creil: 7 000 000 m3par an.

La nappe peut être réalimentée à partir de l'eau de la


rivière
préalablement traitée si besoin.

6.2 Aquifères du Tertiaire


Ils sont nombreux et superposés, leur épaisseur est
comprise
entre 5 et 50 m. Les nappes sont libres ou captives,
toutes ne sont pas
exploitées. La productivité des captages varie de 10 à 200 m3/h.
ILs renferment 6% de la
ressource.

* Sables de Fontainebleau (Oligocène) ressource limitée


en
Picardie du fait de la faible extension du réservoir.

* Calcaires de Brie (Oligocène) Ces calcaires siliceux


fissurés
et caverneux (meulières) contiennent une nappe de
faible puissance et
souvent
polluée par les infiltrations de la surface; elle est peu exploitée.

* Calcaire de Champigny (Eocène) Aquifère multicouche à


perméabilité
de fissures (karstification). La source
karstique de la Dhuys (02) est
captée
pour alimenter Paris.

* Calcaires de St Ouen et Sables de Beauchamp


(Bartonien;
Eocène) Aquifère bicouche donnant des petites nappes
perchées; peu
utilisé
pour l'adduction d'eau potable.

* Calcaires grossiers du Lutétien (Eocène) Aquifère


épais
(20 m) à perméabilité d'interstices et de fissures
(karstification
possible):
la nappe est généralement libre. Les sources sont nombreuses dans
l'Aisne
et l'Oise: elles
sont captées pour l'eau potable.

* Sables de Cuise (Cuisien; Eocène) Perméabilité


d'interstice
donnant des débits trop faibles pour être exploité. La
nappe est libre
ou
captive.

* Sables de Bracheux (Thanétien; Eocène) L'aquifère


n'est
individualisé que lorsqu'il repose sur une couche
suffisamment
argileuse;
sinon il est confondu avec celui de la craie sous-jacente. La nappe
contenue
qui fournit des
débits importants est exploitée.

6.3 La nappe de la Craie


La nappe la plus importante en Picardie par son étendue
et
son utilisation. L'aquifère comprend les craies du
Cénomanien, du
Turonien
et du Sénonien dans l'Oise et le Sud de l'Aisne. Dans la Somme et le
Nord
de l'Aisne, une
couche marneuse dans le Turonien moyen ("dièves")
scinde l'aquifère
en deux parties: une nappe dans le
Cénomanien, une nappe dans le
Turonien-Sénonien.
La base est formée par les argiles du Gault. La craie est une
roche
poreuse
et fissurée, mais c'est la perméabilité de fissures qui permet un
écoulement
important. L'épaisseur
utile de la nappe est inférieure à 50 m et la
productivité
des captages est trés variable (10 à 400 m3/h). Les sources
alimentées
par la nappe de la craie ont un fort débit (source de la Somme: 300
l/s).
La réserve est bien renouvellée
par les précipitations locales mais la
vulnérabilité
aux pollutions est forte.

La nappe de la craie est libre dans la Somme en


particulier
où elle est alimentée directement par les précipitations.
Elle est
captive
lorsqu'il y a un recouvrement tertiaire (Oise, Aisne). Les eaux ont un
faciès
bicarbonaté calcique qui
leur confère une dureté assez forte et un pH
légèrement
alcalin. La minéralisation augmente en régime captif et
l'augmentation
des
teneurs en fer et en fluor notamment détériore la qualité.

La nappe de la craie constitue 84 % de la ressource.


Elle 
fournit 100 millions de m3 d'eau potable par an en
Picardie.
6.4 Les aquifères du Crétacé inférieur
Deux aquifères affleurent en Pays de Bray.

* L'aquifère multicouche des sables verts de l'Albien:


formé
d'une alternance de couches argilo-sableuses, il contient
une nappe
captive
trés importante et exploitée par forages profonds dans la région
parisienne.

* L'aquifère multicouche du Néocomien-Barrémien: plus


profond,
il est peu exploité.

Les sables verts affleurent également en Thiérache


(Aisne).
Ailleurs, les aquifères sont captifs. L'eau est trés
minéralisée.

6.5 L'aquifère multicouches des


calcaires
jurassiques
Les calcaires diaclasés du Jurassique moyen
(Bajocien-Bathonien)
contiennent une nappe libre importante
exploitée dans la région
d'Hirson:
une source captée fournit 1 200 000 m3 d'eau potable par an,
un
forage en délivre
1 750 000 m3 (exportée dans le Nord). La
nappe
est libre et son épaisseur est supérieure à 50 m. L'eau est de bonne
qualité
et les captages fournissent en moyenne 30 m3/h.

6.6 Utilisation des eaux souterraines


Prélèvement total annuel en Picardie: 232 000 milliers
de
m3.

Utilisation par type d'usage :

Alimentation en Eau 58
Potable %
Industries 35%
Agriculture 7%

Nappe Eau Potable Industrie Agriculture %


Alluvions 8000 2900 100 5
Lutétien-Bartonien 13500 835 139 6
Cuisien 5560 1100 80 3
Thanétien 15000 15000 100 13
Craie 90000 61000 15 70,2
Bathonien 2365 10 8 1,8
Divers 800 300 - <1

TABLEAU 7-G: Aquifères prélevés en Picardie


(milliers
de m3) d'après V. FURRY (1997).

Ces chiffres sont


relativement
anciens (une dizaine d'années): depuis lors, les prélèvements de
l'agriculture
ont
fortement augmenté (irrigation demandée par l'industrie
agro-alimentaire).

7. L'EAU DANS LE DEPARTEMENT DE LA


SOMME
Les ressources en eau de la Somme sont abondantes.
L'eau
de surface est surtout prélevée par l'industries (16,88
millions de m3
en
1996) et trés secondairement par l'agriculture. L'eau de la nappe de la
craie
alimente les
collectivités en eau potable (50,26 millions de m3),
l'industrie
((36,47 millions de m3) et l'irrigation (24,53 millions de
m3 en 1996).

On estime que'en année normale, un peu plus d'un


milliard
de m3 d'eau des précipitations rejoint la nappe de la
craie. D'autre
part,
il y a environ 6 000 hectares de plans d'eau. Néanmoins au printemps
1997,
le préfet de la
Somme a émis un arrêté "sécheresse" visant à réduire la
consommation
de l'eau: il y a donc un problème de
quantité. D'autre part certains
secteurs
du département ont été décrétés "zones vulnérables" par rapport aux
nitrates:
il y a donc aussi un problème de qualité.
Figure 7-22b: volumes prélevés dans la nappe de la
craie
(d'après l'Agence de l'Eau Artois-Picardie)

La nappe de la craie est facilement accessible par


forages.
Le niveau piézométrique est à quelques dizaines de
mètres de
profondeur.
Elle est rechargée par infiltration d'une partie des précipitations
pendant
les mois d'hiver:
c'est dire qu'un déficit de pluviosité à cette
période
produit un abaissement du niveau que ne peuvent remonter les
pluies
d'été.
Le niveau de la nappe peut fluctuer d'une hauteur de 20 m. Une
succession
d'hivers plus secs entraîne
une situation de sécheresse hydrogéologique
(nappe
trés basse, assèchement des captages) bien que la
pluviométrie totale
annuelle
puisse sembler normale.

La quantité d'eau disponible à partir de la nappe n'est


donc
pas illimitée et des mesures d'économie doivent être
prises
obligatoirement
en période de bas niveau piézométrique. La consommation d'eau potable
est
exagérée par
l'importance des fuites sur le réseau: 25% de pertes est
considéré
comme satisfaisant, mais localement les pertes
atteignent 50%.
L'utilisation
de l'eau souterraine pour l'irrigation est en augmentation: un meilleur
contrôle
des
prélèvements est en cours (pose de compteurs sur les forages, mais
aussi
.vérification et relevé de la
consommation...) Un programme d'étude de
l'irrigation
est mis en place pour mieux gérer la quantité et la qualité (à
comparer
avec
les programmes irrimieux et fertimieux dans d'autres départements).

La qualité de l'eau souterraine est affectée par la


teneur
élevé en nitrates, tribut payé aux forts rendements
agricoles. partout
les
forages fournissent une eau à près de 25 mg/l de nitrates, valeur
maximale
recommandée, et
certains à 50 mg/l, valeur limite acceptable pour
l'alimentation
humaine. Bien que les autorités minimisent ces
valeurs, s'appuyant sur
le
fait que le situation est pire dans le Pas-de-Calais (...), la
situation
est préoccupante quand
on sait que souvent la teneur en nitrate
augmente
d'une année à l'autre par "effet retard" (il faut en viron une
vingtaine
d'année pour que les nitrates du sol atteignente recommandée, et
certains
à 50 mg/l, valeur limite
acceptable pour l'alimentation humaine. Bien
que
les autorités minimisent ces valeurs, s'appuyant sur le fait que le
situation
est pire dans le Pas-de-Calais (...), la situation est préoccupante
quand
on sait que souvent la teneur en
nitrate augmente d'une année à l'autre
par
"effet retard" (il faut en viron une vingtaine d'année pour que les
nitrates
du sol atteignent la nappe). La solution adoptée est de fermer un
captage
quand la teneur en nitrates dépasse une
valeur acceptable et de forer
dans
une zone plus favorable. Des pesticides comme les herbicides (Atrazine
et
Simazine) et leurs dérivés (comme la déséthylatrazine) accompagnent la
migration
des nitrates vers la nappe. En
2000, ces molécules ont été détectées
dans
30% des captages.
Figure 7-22c: Teneurs en Nitrate de l'eau de la nappe libre de la
craie
en 2001 (d'après Agence de l'Eau Artois-Picardie).

Les mesures à prendre pour lutter contre la pollution


de
la nappe sont de plusieurs types:

* mieux contrôler les intrants agricoles: bilan azoté


du
sol en fin de culture, réduction des herbicides (?) et autres
produits.
Les
contraintes sont évidentes dans les secteurs classées zones
vulnérables.
Le Programme de Maîtrise
des Pollutions d'Origine Agricole (PMPOA) est
établi
en ce sens.

* mieux contrôler les autres sources de pollution:


décharges
sauvages, puits désaffectés, points noirs de friches
industrielles,
infiltration
des eaux usées...

* protéger l'environnement immédiat des captages des


sources
de pollution éventuelles en définissant des
périmètres de protection:

- périmètre immédiat
- périmètre rapproché
- périmètre éloigné.
Fig. 7-23: Ressources et prélèvement d'eau en
France.

REFERENCES

AGENCE DE L'EAU ARTOIS-PICARDIE - Documents et


plaquettes
disponibles à l'Agence (Douai).

BARRE F. (1998) - L'eau en Somme. L'envol en Pays de


Somme.Amiens,
juin 1998, p. 20-25.

BLAVOUX B. et LETOLLE R. (1995) - Apports des


techniques
isotopiques à la connaissance des eaux souterraines.
Géochronique, 54,
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12-15.

BRACQ P. (1994) - L'effet d'échelle sur le comportement


hydrodynamique
et hydrodispersif de l'aquifère crayeux ,
apports de l'analyse
structurale.
Soc. Géol. Nord, pub. n° 21.

B.R.G.M. (1982) - Atlas hydrogéologique de l'Aisne.

B.R.G.M. (2002) - Pour une terre durable.

CASTANY G. (1979) - Principes et méthodes de


l'hydrogéologie.
Dunod.

CAOUS J.Y., CAUDRON M. et MERCIER E. (1983) - Atlas


hydrogéologique
du département de l'Aisne. B.R.G.M.

CAOUS J.Y. et COMON D. (1987) - Atlas hydrogéologique


du
département de l'Oise. B.R.G.M.

DE MARSILY G. (1981) - Hydrogéologie quantitative.


Masson

DIREN et Conseil Régional de Picardie (1997) -


L'environnement
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FURRY V. (1997) - Les eaux souterraines en Picardie.


Mém.DESS
Environnement, Univ. Picardie.

GUILLEMIN C.et ROUX J.C. (1992 ) - La pollution des


eaux
souterraines. Manuels et Méthodes, n° 23, éd. BRGM.

KARANJAC (1997) - Some facts about population and


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MANIA J. (1999) - Cours d'hydrogéologie. Univ. Besançon.

MARGAT J. (1990) - Les gisements d'eau souterraine. La


Recherche,
221, p. 590-596.

PROERES O. (2000) -Les ressources en eaux souterraines


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ROCHE P.A. (2002) - Hydrogéologie. D.E.A. Sciences et


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ROUX J.C. (1978) - Atlas hydrogéologique du département


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ROUXEL-DAVID E. et CORDONNIER G. (2002) - Les échanges


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la nappe de la craie et les cours d'eau . Tableau
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dela craie, DIREN Champagne-Ardenne, p. 15-18.

SANDERS L.L. (1998) - A manual of field hydrogeology. Prentice Hall.

SITES INTERNET
www.aesn.fr/

www.eau-artois-picardie.fr/

www.agora21.org/environnement.html

www.unine.ch/chyn/RENARD/hydrogen/hydrogen.html

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juillet 2006

Jacques Beauchamp

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