Etude Du Comportement D'un Milieu Rocheux Fracturé: Application À La Réalisation Du Tunnel de ST Béat
Etude Du Comportement D'un Milieu Rocheux Fracturé: Application À La Réalisation Du Tunnel de ST Béat
Etude Du Comportement D'un Milieu Rocheux Fracturé: Application À La Réalisation Du Tunnel de ST Béat
par
Sujet de la thèse :
ÉTUDE DU COMPORTEMENT
D’UN MILIEU ROCHEUX FRACTURÉ :
Application à la réalisation du tunnel de St Béat
La conception des ouvrages de génie civil dans les massifs rocheux fracturés
nécessite une étude de comportement lors des travaux. Les massifs fracturés sont
généralement très complexes et représentés par les caractéristiques de la matrice et des
discontinuités de leurs différents faciès.
Cette thèse a pour objectif d'étudier le comportement mécanique du massif du
futur tunnel de St Béat. La thèse est divisée en trois parties. Nous étudions tout
d'abord les phénomènes prépondérants et les facteurs agissant sur le comportement
mécanique des massifs rocheux. Dans la seconde partie, nous effectuons séparément des
études expérimentales sur le comportement mécanique de la matrice et des
discontinuités rocheuses. Enfin, dans la dernière partie, nous présentons une
modélisation en 2D du comportement du massif fracturé lors du creusement du tunnel.
L'étude expérimentale s'appuie sur des marbres rencontrés sur le site du tunnel. Le
comportement de la matrice rocheuse est étudié à partir des essais de compression
triaxiale sur des échantillons de roche saine. L’évolution de l’endommagement est
caractérisée à l’aide des mesures de vitesses de propagation des ondes élastiques. Une
enveloppe de rupture selon le critère linéaire de Mohr-Coulomb est proposée pour la
matrice rocheuse. Le comportement en cisaillement des discontinuités naturelles est
ensuite étudié sous différentes conditions de chargement (contrainte normale constante
et rigidité normale imposée). La mesure de topographie des surfaces des discontinuités
avant et après chaque essai mécanique permet de déterminer les paramètres statistiques
de la rugosité. L'influence de la contrainte normale, de la rigidité normale imposée, de
la rugosité initiale et de la vitesse de cisaillement sur le comportement des
discontinuités est mise en évidence. Des lois de comportement pertinentes sont
proposées pour chaque type d'essais.
Les caractéristiques mécaniques obtenues sont alors introduites dans le code de
calcul UDEC afin de modéliser le comportement du massif en présence du tunnel, sous
i
Résumé
ii
Abstract
iii
Abstract
Keywords : Rock mass, discontinuities, triaxial test, shear test, failure envelope,
morphology analysis, roughness statistical parameters, modeling of fractured rock mass.
iv
Remerciements
Je tiens à remercier tout d’abord mon Directeur de thèse Jean Sulem pour m’avoir
toujours suivi à distance pendant ces trois années, pour m’avoir donné mes premières
notions de la Mécaniques des roches et pour m’avoir guidé par ses conseils scientifiques
enrichissants pendant toute la période de la thèse.
Je voudrais également exprimer toutes mes gratitudes à Muriel Gasc, qui m’a
encadré durant ces trois années au Laboratoire des Ponts et Chaussées de Toulouse. Je
lui suis très reconnaissant de m’avoir à la fois laissé une grande latitude dans le travail
et en même temps d’avoir toujours été disponible pour nos nombreuses discussions
lorsque j’avais des difficultés ou des "pannes" dans le travail. J’exprime mes sincères
remerciements pour sa patience pour la lecture et la correction des différentes versions
du manuscrit du mémoire de thèse. Je lui remercie également pour ses aides et son
soutien dans ma vie quotidienne lors de mes séjours à Toulouse.
J’adresse également tous mes remerciements aux personnels du LR Toulouse,
surtout aux membres des unités GERM et ERAG, pour leur accueil chaleureux et leur
extrême gentillesse. Merci en particulier à Didier Virely, le chef de l’unité, qui m’a
donné tous les moyens nécessaires pour effectuer les essais expérimentaux dans les
conditions optimales avec son "Monica". Je n’oublie jamais ton humour et des choses en
français que tu m’as appris… Un très grand merci à Jérôme Guittard pour sa
compétence en expérimentation de la Mécanique des roches, pour sa parfaite patience
et son effort lors de nos nombreux problèmes. Sans lui, les travaux expérimentaux de
cette thèse n’auraient pas pu aboutir. Merci également à Virginie Gendre pour sa
gentillesse, sa disponibilité et ses aides dès mes premiers jours au labo. Avec Jérôme,
nous avons formé une équipe "inséparable" pour achever tous les essais demandés. Aussi
un grand merci à Bernard Batlle pour ses aides lors de la préparation des éprouvettes.
Je n’oublie pas de remercier toutes les personnes qui nous avons donné volontairement
un coup de main lors de la préparation, le montage ou démontage des essais : Mathieu,
v
Gérard, Jean-Claude, Yahya… Je pense également à Christian, Fabrice, Corinne,
Emmanuel, Michel, Stéphane, Philippe, Pierre et tous les autres qui m’ont donné
toujours une ambiance chaleureuse et d’amitié.
J’aimerais remercier le Directeur du laboratoire LR Toulouse, M. Didier
Treinsoutrot pour m’avoir donné des meilleures conditions de travail au sein du labo.
Je remercie aussi nos charmantes secrétaires : Anita, Jocelyne, Sylvie pour leurs aides
indispensables dans les formalités administratives.
Je remercie sincèrement Antoine Marache et l’équipe GHYMAC pour leurs aides
lors des mesures de la rugosité des surfaces de discontinuités et lors du calcul des
paramètres morphologiques à l’Université de Bordeaux.
Je voudrais remercier Mme. Joëlle Riss, Professeur à l’Université de Bordeaux, et
Mme. Véronique Merrien-Soukatchoff, Professeur à l’Ecole des Mines de Nancy, d’avoir
accepté de juger ce travail en me faisant l’honneur le rapporter. Je leur exprime ma
grande reconnaissance pour le temps qu’elles ont consacré à la lecture approfondie du
rapport et de leurs remarques, leurs critiques afin d’évoluer mon travail. J’adresse aussi
mes remerciements à M. Frédéric Pellet, Professeur à l’INSA de Lyon, et M. Ahmad
Pouya, Directeur de recherche au LCPC, pour avoir bien voulu faire partie du jury et
pour leurs remarques rigoureuses ainsi que des riches discussions lors du jour de la
soutenance.
Et enfin, j’ai gardé le plus grand et chaleureux des remerciements à mes parents,
pour leurs encouragements permanents, et à mon époux Quang Tuân, pour son
accompagnement et son support moral lors de nos séjours en France. Cette thèse est
aussi à vous. Merci de tout mon cœur.
vi
Sommaire
Résumé i
Abstract iii
Remerciements v
Sommaire vii
Introduction 1
I Etude bibliographique 3
1 Généralités et définitions 5
1.1 Généralités .................................................................................................................5
1.2 Structure des massifs rocheux ....................................................................................7
1.2.1 Matrice rocheuse ............................................................................................7
1.2.2 Discontinuités ................................................................................................8
1.2.3 Méthode de détermination du comportement des massifs rocheux ...............9
1.3 Conclusion ................................................................................................................10
2 Comportement en compression triaxiale 11
2.1 Principe de l’essai de compression triaxiale .............................................................11
2.2 Description des phases de fissuration.......................................................................12
2.2.1 Courbe contrainte-déformation....................................................................12
2.2.2 Modes de rupture.........................................................................................18
2.3 Effet des conditions de chargement..........................................................................19
2.4 Mesures dynamiques ................................................................................................22
2.4.1 Vitesse des ondes élastiques .........................................................................22
2.4.2 Paramètres influençant la vitesse des ondes élastiques................................23
2.4.3 Modules élastiques dynamiques ...................................................................26
vii
2.5 Critères de rupture de la roche ................................................................................28
2.5.1 Critère linéaire de Mohr-Coulomb ...............................................................29
2.5.2 Critères de Hoek-Brown...............................................................................30
2.6 Conclusion ................................................................................................................31
3 Comportement des discontinuités 33
3.1 Introduction .............................................................................................................33
3.2 Morphologie des joints rocheux................................................................................34
3.2.1 Méthodes descriptives de la rugosité ...........................................................35
3.2.2 Méthodes de mesure de la rugosité ..............................................................39
3.3 Comportement mécanique des joints rocheux..........................................................42
3.3.1 Comportement en compression simple.........................................................42
3.3.2 Comportement en cisaillement direct ..........................................................44
3.3.3 Comportement en cisaillement à rigidité normale imposée .........................52
3.4 Modèles de résistance au cisaillement au pic ...........................................................56
3.4.1 Modèle bilinéaire de Patton.........................................................................56
3.4.2 Modèle de Ladanyi et Archambault ............................................................57
3.4.3 Modèle empirique JRC-JCS de Barton........................................................58
3.5 Influence de la rugosité sur le comportement mécanique.........................................59
3.6 Caractéristiques particulières des discontinuités naturelles .....................................61
3.7 Conclusion ................................................................................................................62
II Études expérimentales 63
Contexte de l’étude 65
4 Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse 69
4.1 Dispositif expérimental.............................................................................................69
4.1.1 Presse de chargement axial..........................................................................69
4.1.2 Cellule triaxiale............................................................................................70
4.1.3 Contrôleur de pression de confinement........................................................71
4.1.4 Capteurs.......................................................................................................72
4.1.5 Système d’acquisition des mesures...............................................................75
4.2 Préparation des échantillons ....................................................................................75
4.2.1 Préparation et contrôle géométrique des échantillons .................................75
4.2.2 Mise en place des échantillons .....................................................................77
4.3 Mesure de la vitesse de propagation des ondes élastiques........................................77
4.3.1 Matériel utilisé .............................................................................................78
4.3.2 Mesure .........................................................................................................78
4.3.3 Traitement ...................................................................................................79
4.4 Programme expérimental .........................................................................................80
4.5 Résultats et interprétation des essais.......................................................................81
4.5.1 Chargement isotrope....................................................................................81
4.5.2 Chargement déviatorique.............................................................................82
4.5.3 Modules élastiques statiques ........................................................................88
4.5.4 Vitesses des ondes de compression P et de cisaillement S ...........................90
viii
4.5.5 Modules élastiques dynamiques ...................................................................92
4.5.6 Enveloppe de rupture ..................................................................................94
4.6 Conclusion ................................................................................................................95
5 Caractérisation de la morphologie des discontinuités 97
5.1 Mesure de la rugosité sous profilomètre laser ..........................................................97
5.1.1 Dispositif......................................................................................................97
5.1.2 Échantillons .................................................................................................98
5.1.3 Acquisition des profils de rugosité ...............................................................99
5.2 Reconstruction des surfaces de discontinuités dans l’ensemble des directions ....... 100
5.3 Caractérisation des surfaces de discontinuités avant essais ................................... 102
5.3.1 Paramètres statistiques.............................................................................. 102
5.3.2 Anisotropie de rugosité .............................................................................. 108
5.3.3 Regroupement des échantillons à partir des paramètres morphologiques . 111
5.3.4 Inclinaison des surfaces .............................................................................. 115
5.3.5 Joint Roughness Coefficient JRC .............................................................. 116
5.3.6 Aire de contact avant essais ...................................................................... 117
5.4 Caractérisation des surfaces de discontinuités après essais .................................... 119
5.4.1 Paramètres statistiques.............................................................................. 120
5.4.2 Joint Roughness Coefficient JRC .............................................................. 125
5.4.3 Endommagement des surfaces après essais ................................................ 126
5.5 Synthèse des caractéristiques morphologiques des discontinuités naturelles.......... 131
6 Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles 135
6.1 Description des échantillons et du programme expérimental................................. 135
6.1.1 Échantillons ............................................................................................... 135
6.1.2 Programme expérimental........................................................................... 136
6.2 Procédure de l'essai de cisaillement direct ............................................................. 138
6.2.1 Dispositif expérimental .............................................................................. 138
6.2.2 Préparation des éprouvettes ...................................................................... 139
6.2.3 Cycles de charge-décharge préalables ........................................................ 140
6.2.4 Cisaillement de la discontinuité ................................................................. 141
6.3 Essais de cisaillement à contrainte normale constante ou variable........................ 143
6.3.1 Influence du protocole expérimental sur les résultats d'essais ................... 143
6.3.2 Essais de cisaillement à contrainte normale constante .............................. 145
6.3.3 Essais de cisaillement à contrainte normale variable................................. 155
6.3.4 Analyse quantitative des résultats............................................................. 160
6.4 Essais de cisaillement direct à rigidité normale imposée........................................ 171
6.4.1 Courbes de contraintes et de déplacements ............................................... 171
6.4.2 Enveloppe de rupture des essais CNS........................................................ 176
6.5 Conclusion .............................................................................................................. 178
ix
7.2 Simulation des essais de cisaillement avec UDEC ................................................. 185
7.3 Modélisation du massif........................................................................................... 187
7.4 Résultats de calcul ................................................................................................. 191
7.4.1 Déplacements verticaux et horizontaux..................................................... 191
7.4.2 Contraintes verticales et horizontales ........................................................ 199
7.4.3 Comportement des joints ........................................................................... 204
7.4.4 Cas de changement de la position relative du tunnel ................................ 206
7.5 Conclusion .............................................................................................................. 209
Références 219
Annexes 233
x
Introduction
1
Introduction
2
Etude bibliographique
I
1 Généralités et définitions 5
1.1 Généralités .................................................................................................................5
1.2 Structure des massifs rocheux ....................................................................................7
1.3 Conclusion ................................................................................................................10
2 Comportement en compression triaxiale 11
2.1 Principe de l’essai de compression triaxiale .............................................................11
2.2 Description des phases de fissuration.......................................................................12
2.3 Effet des conditions de chargement..........................................................................19
2.4 Mesures dynamiques ................................................................................................22
2.5 Critères de rupture de la roche ................................................................................28
2.6 Conclusion ................................................................................................................31
3 Comportement des discontinuités 33
3.1 Introduction .............................................................................................................33
3.2 Morphologie des joints rocheux................................................................................34
3.3 Comportement mécanique des joints rocheux..........................................................42
3.4 Modèles de résistance au cisaillement au pic ...........................................................56
3.5 Influence de la rugosité sur le comportement mécanique.........................................59
3.6 Caractéristiques particulières des discontinuités naturelles .....................................61
3.7 Conclusion ................................................................................................................62
3
4
Chapitre 1
Généralités et définitions
1.1 Généralités
Les méthodes de dimensionnement, les outils de calcul, les techniques de
creusement et les modes de soutènement des ouvrages souterrains ont significativement
évolué au cours de ces dernières années. Néanmoins, les risques sont toujours présents
dans toutes les étapes d'un projet souterrain. Les risques principaux rencontrés sont
généralement les risques géotechniques et géologiques qui sont liés à l'échantillonnage
des informations obtenues par les reconnaissances sur la réponse du terrain lors du
creusement ; les risques concernant l’hydrologie souterraine ou les risques liés au choix
de soutènement mal adapté, etc. Compte tenu des caractères spécifiques des ouvrages
souterrains (à grande profondeur, accès difficile lors des réparations), les risques
d'instabilité ont des conséquences très importantes, qui touchent à la fois l’ouvrage, les
humains, l’environnement et l’économie.
On peut citer ci-après quelques exemples d’accidents tragiques en phase de
construction ces dernières années, accidents qui portait surtout sur des ouvrages
souterrains en milieu urbain et qui ont des conséquences directes ou indirectes sur la
sécurité d’un grand nombre de personne : l'effondrement dans le tunnel ferroviaire
Heathrow à Londres en 1994, dans une ligne de métro à Munich en 1994, dans la ligne
de métro Météor à Paris en 2003, dans la ligne 5 de métro à Barcelone en 2005, dans la
ligne de métro M2 à Lausanne en 2005 et récemment dans une station de métro à Sao
Paulo en 2007, etc. La figure 1.1 illustre quelques photos des effondrements au cours de
la construction des tunnels de métro. Les accidents pendant la phase d’exploitation
sont plus rares, mais leurs conséquences sont généralement catastrophiques. Un
exemple célèbre est l’accident ferroviaire dramatique de Vierzy (Aisne 02) en 1972. Il
s’est produit suite à une chute de blocs (effondrement) du toit dans le tunnel, ce qui a
entraîné un déraillement puis une collision entre deux trains SNCF. Des études
ultérieures ont conclu que la chute de blocs résultait de la dégradation des terrains puis
de la défaillance du soutènement du tunnel.
5
I. Etude bibliographique
Métro à Munich
09/1994
6
1. Généralités et définitions
La matrice rocheuse est définie comme un volume de roche intacte qui possède des
propriétés homogènes et non coupé par des discontinuités discrètes et isolées. La
matrice rocheuse fait ainsi référence aux blocs non-fracturés situés entre les
discontinuités structurales. En fonction des caractéristiques du massif rocheux et de son
histoire géologique, la taille de ces blocs peut varier de quelques millimètres à plusieurs
mètres.
Il existe plusieurs méthodes de classification des roches. Le plus souvent, on les
classe en fonction de leur origine géologique. Selon l'AFTES (2003), on distingue trois
grandes familles de roches :
− Les roches magmatiques résultent du refroidissement et de la solidification de
magmas avec ou sans cristallisation. Elles peuvent être formées soit en
profondeur, on a alors les roches plutoniques (granites par exemple), soit à la
surface et on a alors les roches effusives (basaltes par exemple). Leur
distinction se fait grâce à la taille des minéraux constitutifs : les roches
plutoniques ont généralement un grain grossier et les effusives un grain fin.
− Les roches sédimentaires sont formées par la décomposition (mécanique,
chimique ou biologique) des matériaux suivie par leur dépôt en couches
initialement proches de l’horizontale. Elles affleurent sur 75 % de la surface
7
I. Etude bibliographique
des continents mais avec des épaisseurs limitées. On peut citer ici les plus
répandues comme les grès, les roches argileuses ou les roches carbonatées.
− Les roches métamorphiques résultent de la recristallisation (accompagnée
souvent de déformation) de roches sédimentaires ou de roches magmatiques
sous l'effet de l'augmentation de la température et de la pression en
profondeur (métamorphisme régional) ou au contact d’autres roches
(métamorphisme de contact). Les plus communes sont les schistes et les gneiss
où les minéraux apparaissent nettement orientés. Les marbres et les quartzites
sont des roches massives, entièrement recristallisées, dans lesquelles
l'orientation des minéraux (calcite ou quartz) n'est guère visible à l'œil nu.
Goodman (1989) présente un autre système de classification géologique basé sur la
texture des roches. Selon l'auteur, les nomenclatures de ce système donnent plus
d'information sur l'estimation du comportement mécanique de la roche que l'autre
système.
1.2.2 Discontinuités
Tout massif rocheux, quelle que soit son histoire et sa localisation, possède des
défauts qui correspondent à des zones de faible épaisseur le long desquelles les
propriétés mécaniques de la roche sont fortement dégradées. Ils correspondent à
différentes origines géologiques : joints de stratification, diaclases, failles, plans de
schistosité, etc. Mécaniquement, ils présentent des propriétés plus faibles que celles du
matériau rocheux environnant (faible résistance au cisaillement, résistance à la traction
négligeable, grande déformabilité et conductivité hydraulique…), et leur prise en
compte est essentielle pour la modélisation des ouvrages en milieux rocheux. Une
description détaillée de ces défauts structuraux et de leur origine a été présentée par
Lama et Vutukuri (1978b), Brady et Brown (2004).
Les caractéristiques géométriques les plus importantes des discontinuités, qui ont
une influence sur le comportement du massif rocheux telles que orientation, ouverture,
rugosité, espacement, persistance, etc. ont été présentées dans ISRM (1978). Des
méthodes de description quantitative de ces propriétés ont été également suggérées.
Le comportement mécanique des discontinuités est lié à l’inclinaison et l’amplitude
des ondulations, aux caractéristiques mécaniques des parois, à la présence de
remplissage (Barton et Choubey 1977, Barton et al. 1985). La présence des
discontinuités peut affecter significativement le comportement mécanique du massif
rocheux en introduisant des faiblesses en termes de déformabilité et de résistance. De
nombreux auteurs comme par exemple Yoshinaka et Yamabe (1986) ont observé que,
en présence de discontinuités, le module de déformation du massif rocheux diminue
remarquablement en comparaison de celui de la roche intacte. A faible profondeur ou
dans les zones de déconfinement, comme par exemple les excavations et les
constructions de génie civil, la déformation du massif rocheux est contrôlée
8
1. Généralités et définitions
Figure 1.2 - Exemples de différents types de joints, (a)- Diaclases ; (b)- Plans de schistosité ;
(c)- Failles ; (d)- Stratification (Photos J. Guittard).
9
I. Etude bibliographique
classification sont présentés par plusieurs auteurs comme Hoek et al. (1995), Singh et
Goel (1999), AFTES (2003). Initialement élaborées pour déterminer le soutènement des
tunnels, ces classifications ont été développées sur la base des cas pratiques, de données
des propriétés géologiques et de performance des soutènements utilisés dans différents
projets souterrains de référence. Des informations telles que la résistance de la roche
intacte, l’écoulement souterrain, la contrainte in situ et le nombre, l’espacement,
l’inclinaison et les propriétés des interfaces des discontinuités sont données dans la
classification. Ces méthodes sont utilisées au niveau des études préliminaires pour
déterminer provisoirement le soutènement approprié. Cependant, l’utilisation des
systèmes de classification nécessite également des informations détaillées relativement à
la contrainte in situ et aux propriétés du massif, alors qu’en général elles ne sont pas
disponibles au stade préliminaire du projet. Pour que ces informations soient
disponibles, les systèmes de classification devraient être utilisés en conjonction avec des
études spécifiques du site.
Une très faible place est laissée à la détermination expérimentale du comportement
du massif rocheux à cause de son coût (10 à 20 % des projets font l’objet d’études
expérimentales d’après Hoek 2007). A noter que les essais en laboratoire ne peuvent
généralement être effectués que sur des échantillons de roches de petites tailles en
raison de la taille et la capacité limitée des dispositifs de chargement. Par conséquent,
les éprouvettes testées ne représentent qu’une partie très petite et très sélective du
massif d’où elle a été prélevée. Cependant, l’effet d’échelle a été étudié pour valoriser
les résultats expérimentaux au laboratoire, par exemple, en utilisant les formules
empiriques d’évaluation de modules de déformation des massifs rocheux à partir des
caractéristiques d’échantillons mesurées au laboratoire (AFTES 2003, annexe 15).
1.3 Conclusion
Ce bref chapitre introductif a pour but de démontrer la nécessité de l’étude de la
stabilité des massifs rocheux dans la conception des ouvrages souterrains. Une mauvaise
prise en compte de l'importance de la stabilité des massifs rocheux peut conduire à de
très graves dégâts.
Les massifs rocheux sont présentés comme un milieu discontinu, composé de
discontinuités et de la matrice rocheuse. La présence des discontinuités peut avoir une
grande influence sur le comportement mécanique, hydraulique et sur la stabilité du
massif. L'étude des massifs rocheux s'appuie donc non seulement sur la caractérisation
de la roche saine, mais également la caractérisation des discontinuités.
Dans la suite de cette première partie, nous allons reprendre une présentation
générale des comportements mécaniques principaux de la matrice rocheuse et des
discontinuités dans le chapitre 2 et le chapitre 3 respectivement.
10
Chapitre 2
σ1
σ3 σ3
σ1
Figure 2.1 - Schéma des contraintes pour un essai triaxial axisymétrique.
11
I. Etude bibliographique
12
2. Comportement en compression triaxiale
Figure 2.3 - Courtes fissures crées par le glissement entre les faces d'une fissure initiale fermée
sur une plaque de verre soumise à une compression biaxiale (Bieniawski 1967).
Bien que la déformation pendant cette phase soit définie comme élastique linéaire,
un déchargement dans la phase II peut conduire à des déformations résiduelles
irréversibles observables à la fin du déchargement et à une hystérésis lors de cycles de
décharge-recharge (Farran et Perami 1974). Walsh (1965, cité par Brady 1969) a
attribué ces comportements au phénomène de glissement relatif entre les lèvres de
fissures préexistantes fermées. Afin d'éclaircir ce phénomène, Bieniawski (1967) a étudié
le comportement d'une simple fissure fermée créée sur une plaque de verre de dimension
de 152×152×3 mm. Lorsque cette plaque est soumise à une compression biaxiale
uniforme, Bieniawski a observé de nouvelles fissures courtes formées le long de la fissure
initiale à un intervalle régulier (figure 2.3). Ces nouvelles fissures de tension sont dues
au glissement relatif entre les faces de la fissure initiale et se multiplient avec
l'augmentation de la contrainte appliquée. La formation de nouvelles fissures courtes
13
I. Etude bibliographique
s'arrête quand les fissures près des deux extrémités de la fissure initiale se développent
pour conduire à une fracture. Du fait que les faces des fissures fermées glissent
relativement les unes par rapport aux autres pendant la phase de déformation élastique
linéaire, les modules élastiques d'une roche fissurée sont plus petits que ceux d'une
roche saine sans fissuration (Bieniawski 1967). Lors d'un déchargement, toutes les
fissures qui ont subi un glissement ne peuvent pas revenir à la position initiale à la fin
du déchargement. Ceci peut expliquer une partie des déformations résiduelles
expérimentalement observées (Brady 1969).
1
La norite est une variété de gabbro.
14
2. Comportement en compression triaxiale
Figure 2.4 - Les quatre phases de déformation d'une éprouvette au cours d'un essai de
compression triaxiale et les changements correspondants des différentes propriétés physiques
(Paterson et Wong 2005b).
15
I. Etude bibliographique
Figure 2.5 - Déformation volumique d'une quartzite dans un essai de compression uniaxiale avec
une presse conventionnelle, 1000 lb/in² = 6,895 MPa (Bieniawski 1967).
La propagation des microfissures pendant cette phase est un processus stable, dans
la mesure où les microfissures ne se prolongent que jusqu'à une certaine limite et ne
permettent pas de développer une fracture macroscopique (Paterson et Wong 2005a).
Bieniawski (1967) a mesuré expérimentalement la vitesse de prolongation des
microfissures d'une norite et observé que cette vitesse a une influence négligeable
pendant la phase de propagation stable des microfissures (figure 2.6). Santarelli et
Brown (1989), en faisant des essais triaxiaux sur des grès et de la dolomite, ont observé
sur la phase III, l'apparition d'une série de petits plans de cisaillement indiqués par des
lignes de Lüder vues sur la surface de l'échantillon. Celles-ci correspondent à une
certaine localisation mineure des déformations mais elle n'influence pas l'homogénéité
globale des déformations à l'échelle de l'échantillon.
16
2. Comportement en compression triaxiale
réalisé également des essais triaxiaux sur des grès et observé que le rapport entre la
contrainte de localisation et la contrainte maximale diminue légèrement avec la
pression de confinement, de 75 % au confinement nul à 40 % pour un confinement de
80 MPa. Le point de transition entre la phase III et IV a une grande importance du
point de vue de l'ingénieur car il définit la limite après laquelle les déformations
deviennent hétérogènes et les courbes de contrainte-déformation ne sont plus valides
pour calibrer des lois de comportement (Santarelli et Brown 1989).
Le développement d'un plan de rupture correspond à une localisation majeure des
déformations, les déformations dans l'échantillon deviennent inhomogènes. Bieniawski
(1967), Wawersik et Fairhurst (1970) ont observé, sur des essais de compression simple,
des fractures locales extrêmement prononcées et prédominantes dans la direction de la
contrainte majeure pendant cette phase. Sous confinement, Santarelli et Brown (1989)
ont observé une augmentation des lignes de Lüder et une apparition dune bande de
cisaillement formée par du matériau transformé en gouge et inclinée par rapport à l'axe
de l'échantillon. Plus le confinement est élevé, plus l'angle d'inclinaison et l'épaisseur de
la bande de cisaillement sont importants (Sulem et al. 1999, Sulem et Ouffroukh 2006).
Selon Bieniawski (1967), une fois que la propagation instable de fracture
commence dans l'échantillon, le type de chargement et les dimensions des plateaux de
charge (par rapport aux bases de l'échantillon) deviennent le facteur qui gouverne le
mode de fracture.
A ce stade, la vitesse de fracturation est considérablement plus élevée que celle
dans la phase de propagation stable de microfissuration (figure 2.6). La déformation
radiale augmente rapidement et le coefficient de Poisson approche de grandes valeurs
(> 0,50) près du pic de contrainte (Brady 1969).
17
I. Etude bibliographique
Deux modes de rupture peuvent être observés dans les roches suivant la
déformation avant la rupture : (i) rupture fragile si la roche se casse à faible
déformation ou (ii) rupture ductile si la roche se déforme notablement avant la rupture
(Vutukuri et Lama 1974). Cette classification décrit la rupture en ne considérant que le
changement intrinsèque dans le matériau : pour la rupture fragile, la roche n'a pas ou
très peu de déformation permanente avant la rupture ; pour la rupture ductile, la
rupture est précédée par des déformations plastiques appréciables. Jaeger et Cook
(1979) ont présenté une autre classification qui est communément acceptée pour décrire
la rupture macroscopique des roches soumises à la compression triaxiale en fonction de
la pression de confinement. Trois types de rupture selon le niveau de confinement
appliqué sont observés : (i) rupture par fendage axial sous une compression uniaxiale ou
à très faible pression de confinement ; (ii) rupture selon un seul plan de cisaillement
sous des pressions de confinement intermédiaires ; (iii) rupture selon de multiples plans
de cisaillement sous des pressions de confinement élevées.
Ramez (1967) a fait des essais de compression triaxiale sur des grès de Darley Dale
de grande porosité de 21 % à pression ambiante et jusqu'au confinement de 103 MPa et
observé que tous les essais montrent une rupture fragile accompagnant éventuellement
une déformation plastique : les essais uniaxiaux montrent une rupture parallèle à l'axe
de compression et les essais soumis à un confinement montrent une rupture selon un
plan de cisaillement. En plus, deux échantillons testés au confinement de 317 MPa et
de 386 MPa se sont cassés selon un plan perpendiculaire à l'axe de l'échantillon après
une déformation de 15 %.
Bieniawski et al. (1969) ont réalisé des essais de compression sur des grès,
quartzites et norites pour des pressions de confinement qui varient entre 0 et 34 MPa.
Ils ont utilisé deux types de presse : une presse conventionnée ‘souple’ avec une rigidité
de 8,6 × 104 N/mm et une presse ‘rigide’ avec une rigidité de 108 × 104 N/mm. Ils ont
observé que : (i) sous la presse ‘souple’, les échantillons se sont cassés par cisaillement
selon un cône (essais uniaxiaux) ou selon un seul plan (essais triaxiaux) ; et (ii) sous la
presse ‘rigide’, tous les échantillons se sont cassés selon une fracture parallèle à la
direction de la contrainte majeure. Les auteurs ont conclu, à partir de cette
observation, que le mode de rupture réel de la roche en compression est la rupture dans
le plan parallèle à la direction de la contrainte majeure.
Wawersik et Fairhurst (1970) ont observé sur des marbres du Tennessee que les
caractéristiques de déformation et de rupture présentent un changement fondamental à
partir de la pression de confinement d'environ 14 MPa avec le développement un
comportement plus ductile. Les mécanismes principaux qui ont été observés par
Wawersik et Fairhurst sont des ruptures locales par cisaillement, des glissements
intergranulaires et des glissements d'intra-cristallins.
18
2. Comportement en compression triaxiale
Hobbs (1966, 1970) a testé des marnes limoneuses, des siltites et des schistes à des
pressions de confinement jusqu'à 20,7 MPa. En général, les échantillons se sont cassés
selon un ou deux plan(s) de cisaillement incliné(s). Hobbs a constaté que l’angle
d’inclinaison de ce plan par rapport à l’axe de l’échantillon augmente avec
l’augmentation de la pression de confinement. Schrodt et Holder (1983) ont observé une
19
I. Etude bibliographique
Olsson (1974) a fait une synthèse des résultats d’essais triaxiaux réalisés sur des
marbres et des calcaires. Il a observé une dépendance de la limite d’élasticité σy des
roches sur la taille des grains d par la relation : σy = σi + kd-1/2. La dépendance de la
limite d’élasticité sur la taille des grains, représentée par le coefficient k, augmente avec
l’augmentation de la pression de confinement, diminue avec l’augmentation de la
température de 25 ºC à 100 ºC et montre peu de changement de 100 ºC à 300 ºC
(figure 2.8).
Fredrich et al. (1990) ont montré une augmentation de la résistance en
compression triaxiale avec l'augmentation de la dimension des grains sur pour des
marbres et des calcaires testés à température ambiante et sous pression de confinement
jusqu'à 450 MPa. De plus, ils ont observé que la pression de confinement
correspondante à la transition des comportements fragile - ductile dépend également
inversement de la racine carrée de la dimension moyenne des grains : le confinement de
transition du mode de rupture pour des grains fins est approximativement trois fois
plus grand que celui pour des grains grossiers. Cependant, le rapport entre la pression
de confinement et la contrainte maximale σ3/σ1 à la transition est constant et égale à
0,16 pour de différentes roches calcaires de différente dimension de grains.
20
2. Comportement en compression triaxiale
L'effet de taille des grains a été également étudié par Houpert (1979), Schrodt et
Holder (1983), Wong et al. (1996).
Le tableau 2.1 présente quelques exemples de l’angle de frottement et de la
cohésion de différents marbres en fonction de la taille moyenne des grains.
(a) (b)
Figure 2.8 - Contrainte déviatorique à la déformation de 0,1 % des marbres en fonction de d-1/2
(d est la dimension moyenne des grains) et de la pression de confinement en kbar (a) et de la
température en °C (b) (Olsson 1974).
Tableau 2.1 - Angle de frottement et cohésion selon la loi linéaire de Mohr-Coulomb en fonction
de la taille des grains des différents marbres.
Taille moyenne
Type de roche φ (°) c (MPa) Référence
des grains (mm)
Marbre de Vermont 0,23 14 37 Olsson (1974)
Marbre de Vermont 0,40 12 38 Olsson (1974)
Marbre de Georgia 1,90 7 40 Olsson (1974)
Marbre de Wombeyan 1,77 19 30 Fredrich et al. (1990)
Marbre de Carrare 0,23 24 33 Fredrich et al. (1990)
Marbre de Saillon 0,03 21 65 Fredrich et al. (1990)
Marbre moyen 1,50 34 32 Yang et al. (2008)
Marbre grossier 5,00 28 22 Yang et al. (2008)
21
I. Etude bibliographique
Il existe deux types d'ondes élastiques : les ondes de volume qui se propagent à
l'intérieur de l'échantillon et les ondes de surface qui ne peuvent se propager que sur la
surface de la roche. Seules les ondes de volume intéressent les études consacrées à
l’évolution du développement de la microfissuration. Les ondes de volume peuvent être
subdivisées en deux sortes selon le mode de propagation : les ondes de compression P
qui se déplacent parallèlement à la direction de propagation de l'onde et les ondes de
cisaillement S pour lesquelles la direction de polarisation est perpendiculaire au sens de
propagation de l’onde (figure 2.9). La vitesse de propagation des ondes est calculée en
utilisant le temps et la longueur de parcours des ondes dans l'échantillon :
Li
Vi = (2.1)
ti
La vitesse des ondes de compression P est plus rapide que celle des ondes de
cisaillement S. C’est pourquoi on peut appeler autrement les ondes de compression P
les ondes primaires et les ondes de cisaillement S les ondes secondaires. Le tableau 2.2
présente des exemples de la vitesse de propagation des ondes P et S mesurés à pression
ambiante des marbres et calcaires de différentes provenances.
22
2. Comportement en compression triaxiale
(a)
(b)
Figure 2.9 - Propagation des ondes de compression P (a) et des ondes de cisaillement S (b).
Tableau 2.2 - Vitesse de propagation des ondes élastiques de différents marbres et calcaires.
Type de roche VP (m/s) VS (m/s) Référence
Calcaire de Pennsylvania 6299 3366 Simmons et Brace (1965)
Calcaire de St Béat 6300 - Lama et Vutukuri (1978a)
Calcaire de Buxy 5150 - Lama et Vutukuri (1978a)
Marbre d'Osmaniye 4000 - Yasar et Erdogan (2004)
Marbre d'Elazig 3800 - Yasar et Erdogan (2004)
Marbre d'Afyon 5200 - Yasar et Erdogan (2004)
Marbre de Gioia 5230 - Stavropoulou (2006)
Marbre de Cervaiole 5700 - Stavropoulou (2006)
Marbre de Dionysos 5460 - Stavropoulou (2006)
Marbre blanc de Mugla 6770 4250 Deliormanli et al. (2007)
Marbre foncé de Mugla 6390 4150 Deliormanli et al. (2007)
2.4.2.1 Porosité
De nombreux facteurs peuvent affecter les vitesses de propagation des ondes dans
la roche. Wyllie et al. (1958, cité par Lama et Vutukuri 1978a) ont constaté que la
porosité a un effet important sur la vitesse de propagation des ondes. Ces auteurs ont
mesuré la vitesse de propagation des ondes P dans différents matériaux poreux, à
température ambiante et sous pression. Les échantillons sont soit secs, soit saturés en
divers fluides. Les vitesses VP mesurées pour des grès secs et saturés sont représentées
en fonction de la porosité par une relation simple comme illustrée dans la figure 2.10.
La vitesse de propagation des ondes P diminue lorsque la porosité de la roche
augmente. Des résultats similaires ont été également observés par Ramana et
Venkatanarayana (1973), Fortin et al. (2005).
23
I. Etude bibliographique
1 1− n n
= +
V Vm Vf
Figure 2.10 - Vitesse des ondes de compression (km/s) en fonction de la porosité n (%) des grès
secs et saturés. V, Vm, Vf sont respectivement la vitesse de propagation des ondes du milieu, de
la matrice rocheuse et du fluide saturant (d'après Wyllie et al. 1958, cité par Lama et Vutukuri
1978a).
Geertsma (1960, cité par Lama et Vutukuri 1978a) a proposé une relation entre la
vitesse des ondes dans un milieu poreux et sa porosité, qui est applicable quand les
propriétés de déformation du matériau sont disponibles. Il a ensuite calculé la vitesse
des ondes P en fonction de la porosité à partir des données de déformation des calcaires
et comparé avec les valeurs de VP mesurées expérimentalement. La corrélation proposée
a montré ses limites pour ces calcaires qui présentent différents types de porosité. En
effet, une mesure seule de la porosité semble insuffisante pour déduire la vitesse de
propagation des ondes car cette dernière dépend également de la géométrie des pores
existants (Paterson et Wong 2005b). Hadley (1976) a fait une mesure précise de la
géométrie des pores et des microfissures en utilisant un scanner électro-microscopique et
montré que l'utilisation de cette géométrie combinée à une détermination indépendante
de la porosité permet d'avoir une prédiction plus proche pour la vitesse des ondes
observée. Geertsma a trouvé également que l'influence de la porosité sur la vitesse de
propagation des ondes est plus faible pour les calcaires avec des pores en forme de
coquille que ceux avec des pores sphériques.
2.4.2.2 Anisotropie
La vitesse des ondes élastiques dépend de l'anisotropie des roches à cause de sa
sensibilité à la porosité et la fissuration. Les vitesses des ondes VP et VS sont toutes les
deux affectées par les orientations préférentielles et la géométrie des pores et des
microfissures dans le milieu où elles se propagent. Lama et Vutukuri (1978a) ont fait
une synthèse des études sur l'effet de l'anisotropie des roches sur la vitesse des ondes et
conclu que, en général, les constantes dynamiques sont plus faibles dans la direction
perpendiculaire que dans la direction parallèle au plan de fissuration. Yu et al. (1991a)
ont mesuré la vitesse des ondes de compression P pour un charbon qui présente des
fissures selon des plans de stratification. Ils ont trouvé que les VP mesurées
parallèlement aux plans de stratification sont de 10 à 20 % plus grandes que celles
mesurées perpendiculairement aux plans de stratification. Deliormanli et al. (2007) ont
trouvé les mêmes résultats en mesurant la vitesse des ondes P et S d'un marbre blanc
24
2. Comportement en compression triaxiale
isotrope et d'un marbre gris anisotrope. A la pression de confinement de 300 MPa, les
vitesses VP mesurées selon les différentes directions sur le marbre blanc isotrope ne
montrent que de 0,3 % de différence tandis que le marbre gris anisotrope présente
3,4 % de différence avec les valeurs maximales dans la direction parallèle à la foliation
et les valeurs minimales dans la direction perpendiculaire (figure 2.11).
25
I. Etude bibliographique
Les modules élastiques dynamiques sont déterminés à partir des vitesses des ondes
en utilisant la théorie de milieu homogène, isotrope et élastique (Lama et Vutukuri
1978a) :
26
2. Comportement en compression triaxiale
2
1 VS
−
2 VP
νd = (2.2)
V 2
1 − S
V
P
VP2 (1 + νd )(1 − 2ν d )
Ed = ρ (2.3)
(1 − νd )
avec VP et VS les vitesses des ondes de compression et de cisaillement (m/s), Ed le
module d'Young dynamique (GPa), νd le coefficient de Poisson dynamique, ρ la densité
de roche (kg/m3).
Les modules élastiques dynamiques sont calculés à l’aide de la vitesse de
propagation des ondes élastiques qui sont communément mesurées avec une fréquence
d'environ 100 kHz à 1 MHz (d'après Lama et Vutukuri 1978a) ; tandis que dans la
méthode statique, les modules élastiques sont déterminés à partir des mesures de
déformations quasi statiques. Quelle relation existe entre les propriétés mesurées par la
méthode dynamique et celles mesurées par la méthode statique ?
Simmons et Brace (1965) ont comparé les modules statiques et dynamiques
obtenus pour une centaine d'échantillon de différentes roches, mesurés sous des
pressions jusqu'à 1 MPa (10 kbar). Ils ont observé que les modules élastiques statiques
sont généralement plus faibles que ceux obtenus par la méthode dynamique. Sous un
confinement nul, la différence entre les modules statique et dynamique est plus marquée
et peut atteindre 50 %. Simmons et Brace ont attribué la différence entre modules sous
une faible pression aux différents effets des microfissures et des pores dans les deux
méthodes de mesure. Selon eux, la vitesse de propagation des ondes élastiques est
probablement moins affectée par la présence des fissures dans la roche que la
déformation dans l'ensemble de l'échantillon induite par une charge statique : à une
fréquence élevée, la majorité de l'énergie des ondes élastiques peut traverser les fissures,
donc la vitesse de propagation est proche de celle à travers un échantillon sans
fissuration. Sous de grandes pressions, presque toutes les fissures sont fermées, la
différence entre les modules statique et dynamique est moins prononcée.
Lama et Vutukuri (1978a) ont également fait une synthèse bibliographique des
études existantes sur la relation entre les modules élastiques statique et dynamique. Ils
observent que le module dynamique Ed est plus grand que le module statique Es avec
une différence de 0 à 300 % et que le coefficient de Poisson dynamique νd est aussi plus
élevé que celui statique νs. Lama et Vutukuri ont remarqué que plus le module de
déformation E est grand, plus la différence entre les modules statique et dynamique est
petite.
Howarth (1984) a proposé pour la première fois, en modifiant la cellule triaxiale de
Hoek, une mesure simultanée des modules élastiques statique et dynamique en
compression uniaxiale et triaxiale. Il a trouvé aussi que le module de déformation
statique Es d'un grès est plus faible que le module dynamique Ed. Plus la pression de
27
I. Etude bibliographique
28
2. Comportement en compression triaxiale
Nous présentons ci-après deux critères classiques usuels pour prédire la résistance
au pic des roches saines : le critère Mohr-Coulomb et le critère Hoek-Brown. Plusieurs
autres critères de rupture ont été proposés en se basant sur d'essais au laboratoire sur
des échantillons de roche intacte ou en utilisant des indices des systèmes de
classification rocheuse. Citons par exemple Fairhurst (1964), Franklin (1971),
Bieniawski (1974).
(a) (b)
Figure 2.12 - Critère de rupture de Mohr-Coulomb, (a)- Plan de rupture en cisaillement ab, β
est l'inclinaison du plan de rupture par rapport à la contrainte principale mineure; (b)-
Enveloppe de rupture représentée dans le plan des contraintes normale et tangentielle.
29
I. Etude bibliographique
L'équation (2.8) peut être re-écrite encore une fois sous une autre forme:
σ1 = kσ3 + σc (2.9)
En 1980, Hoek et Brown ont proposé une relation entre les contraintes principales
maximum et minimum pour déterminer la résistance des roches intactes et des massifs
rocheux en conditions isotropes. Elle est établie à partir des résultats d'une étude sur la
rupture fragile des roches intactes de Hoek et d'une étude de modélisation sur le
comportement des massifs rocheux de Brown. Le critère a été ensuite mis à jour et
régulièrement modifié (1983, 1988, 1992, 1995, 1997, 2001 et 2002).
Hoek et Brown (1980) ont initialement proposé, en constatant que les relations
entre les contraintes principales majeure et mineure à la rupture sont généralement non
linéaires, un critère empirique qui définit la relation entre les contraintes principales
appliquées sur un élément de la roche :
0,5
σ1 = σ3 + (mσ3σci + sσ2ci ) (2.12)
30
2. Comportement en compression triaxiale
Un indice GSI > 25, correspond aux massifs de bonne à moyenne qualité :
GSI − 100
s = exp et α = 0, 5 (2.15)
9
2.6 Conclusion
L'essai de compression triaxiale est généralement réalisé en laboratoire sur des
échantillons cylindriques avec des contraintes axisymétriques. L'étude bibliographique a
présenté les différentes phases de la propagation de microfissures menant à la rupture
des roches soumises à un tel chargement. Différentes phases successives ont été
observées : phase de serrage des défauts préexistants ; phase élastique linéaire ; phase
de propagation stable et instable des microfissures avant la rupture. Les
caractéristiques de chaque phase peuvent être déterminées à partir des courbes de
contrainte-déformation ou par le biais des mesures des caractéristiques physiques
(perméabilité, porosité, vitesse de propagation des ondes).
La pression de confinement (σ3) a une grande influence sur le comportement des
roches. L'augmentation de la pression de confinement fait augmenter la résistance à la
rupture. De plus, le mode de rupture change également en fonction du confinement,
d'une rupture fragile (faible déformation avant la rupture) à une rupture ductile
(grande déformation permanente avant la rupture) avec l'augmentation de σ3.
L'échantillon peut se casser selon un seul plan incliné à un faible confinement ou
plusieurs plans de rupture à un grand confinement. L'inclinaison du plan de rupture par
rapport à l'axe de l'échantillon augmente avec l'augmentation de σ3.
Les modules élastiques peuvent être déterminés sur les courbes de contrainte-
déformation ou à partir de la vitesse de propagation des ondes élastiques. La relation
entre les modules statiques et dynamiques a été étudiée. Il est également possible de
déterminer in situ les paramètres dynamiques (carottage sonique – sismique - ondes de
surface) et d’atteindre ainsi un module équivalent pour le massif.
31
I. Etude bibliographique
32
Chapitre 3
3.1 Introduction
La stabilité des massifs rocheux dépend de la présence de discontinuités
(orientation, pendage, persistance), mais également de leurs propriétés mécaniques,
elles-mêmes liées à leurs caractéristiques morphologiques : ouverture, rugosité,
imbrication des épontes, etc.
Le comportement mécanique des discontinuités rocheuses peut être étudié par des
essais de cisaillement in situ, réalisés en isolant un bloc test in situ ou plus
généralement par des essais de cisaillement en laboratoire sur des échantillons de
différentes tailles et différentes natures. Pour obtenir des échantillons de joint à étudier
au laboratoire, on peut réaliser un forage à travers les joints sur le terrain ou bien
procéder par ruptures artificielles par cassage/sciage d'éprouvette à partir d’un morceau
de roche saine. Un autre procédé totalement différent consiste à fabriquer un joint
artificiel au laboratoire en utilisant un mortier adéquat coulé dans un moulage de la
surface rocheuse, permettant de reproduire différentes discontinuités de rugosité
strictement égale. Parmi les nombreuses études sur le comportement en cisaillement des
discontinuités en laboratoire, la plupart des essais sont réalisés sur des joints sciés
artificiels (Crawford et Curran 1981, Huang et al. 1993, Homand et al. 2001, Lee et al.
2001, Jafari et al. 2004, Biran et al. 2009) ou des répliques de mortier (Schneider 1976,
Bandis et al. 1981, Huang et Doong 1990, Jing et al. 1993, Homand-Etienne et al. 1999,
Gentier et al. 2000). Peu de chercheurs ont réalisé des essais de cisaillement sur des
joints rocheux naturels comme Schneider (1974), Huang et al. (1993), Armand et al.
(1998).
L'essai de cisaillement direct est conventionnellement utilisé pour étudier le
comportement en cisaillement des discontinuités sous charge normale constante. Ce
type d'essai est approprié pour les cas où le milieu environnant permet la dilatance libre
du joint durant le cisaillement ; la contrainte normale est ainsi maintenue constante au
cours de cisaillement. Par contre, le cisaillement d’un joint sous condition confinée où
33
I. Etude bibliographique
2
Le plan de référence d’une discontinuité peut être déterminé arbitrairement ou résulter d’un
calcul mathématique tel que la méthode des moindres carrés.
34
3. Comportement des discontinuités
Cette classification a été reprise ensuite par Jing et al. (1992), Kana et al. (1996)
pour introduire le concept d'aspérités primaires et secondaires correspondant
respectivement aux catégories 2 et 3 de Patton (1966). Les aspérités primaires sont
caractérisées par des ondulations de grande échelle comparée avec la taille de
l'échantillon et représentées par l'angle α dans la figure 3.1. Les aspérités secondaires
sont des irrégularités de petite échelle qui peuvent être endommagées au cours du
déplacement de cisaillement.
35
I. Etude bibliographique
surface plane et lisse à 20 pour une surface très rugueuse. Le JRC (un nombre) est
obtenu en comparant directement le profil de la surface réelle avec le profil type dans le
diagramme. Barton et Choubey (1977) ont proposé également une méthode pour
déterminer JRC par un essai nommé "essai de basculement" (tilt test). Il consiste à
placer la fracture sur une surface inclinée, le glissement de la fracture pour un angle
d’inclinaison donné est directement relié à la rugosité du joint et à l’angle de frottement
interne. L’estimation du JRC se fait alors à partir des résultats de cet essai et de la
valeur du JCS (Joint Compressive Strength), la résistance à la compression simple de la
roche intacte.
Tse et Cruden (1979) ont scanné les dix profils types avec un pas
d’échantillonnage de 0,5 mm et calculé des paramètres de rugosité correspondants. Une
analyse en régression linéaire entre les paramètres calculés et la valeur originale de JRC
ont montré qu’une bonne corrélation est obtenue pour les paramètres Z2 (lié à
l’angularité) et SF (fonction de structure, ces deux paramètres seront définis plus tard
en 3.2.1.2). Ils se sont ensuite concentrés sur ces deux paramètres et ont obtenu des
équations non-linéaires pour déterminer le JRC. Maerz et al. (1990) ont obtenu des
profils de rugosité par analyse photographique et ont calculé aussi des paramètres de
rugosité. La corrélation de ces derniers avec le JRC a montré un meilleur coefficient de
corrélation pour une équation linéaire du paramètre RL (voir 3.2.1.2). Le tableau 3.1
présente les équations de calcul du JRC proposées par Tse et Cruden (1979) et Maerz
et al. (1990). Yu et Vayssade (1991) ont scanné les profils types avec un pas
d’échantillonnage de 0,25 mm, 0,5 mm et 1,0 mm et déterminé les équations de
régression entre le JRC et des paramètres de rugosité. Ils ont constaté que les
paramètres de rugosité sont très dépendants du pas d'échantillonnage ; par exemple, en
utilisant une même équation de Z2 avec un pas d'échantillonnage de 0,25 et 1,0 mm, la
valeur calculée du JRC peut montrer une différence de 3,5. Par contre, leur résultat
calculé avec le pas d'échantillonnage de 0,5 mm n'est pas très différent de celui de Tse
et Cruden (1979). Yu et Vayssade ont donc conclu que la comparaison de la valeur du
JRC ne peut être faite que quand le pas d'échantillonnage est le même.
36
3. Comportement des discontinuités
Figure 3.2 - Profils typiques de rugosité et Figure 3.3 - Profils typiques de rugosité de
valeurs de JRC correspondantes (Barton et ISRM et suggestion de nomenclature. La
Choubey 1977). longueur des profils varie entre 1 et 10 m
(ISRM 1978).
37
I. Etude bibliographique
N
1 2
RMS =
N
∑z i (3.3)
i=1
∑i=1
x i+ - ∑x
i=1
i-
Z4 = (3.6)
L
− RL, la rugosité linéaire, est le rapport de la longueur réelle du profil à la
longueur de celui-ci projeté sur une ligne de référence ;
Lt
RL = (3.7)
L
− La colatitude 2D notée θ2D (figure 3.4) correspond à l’angle défini entre une
horizontale et le segment formé par deux points consécutifs d’un profil, elle
38
3. Comportement des discontinuités
peut donc être positive ou négative ; de même que pour les colatitudes 3D,
leur distribution statistique se caractérise par les statistiques directionnelles.
z − zi
θ2D = Arc tan i+1 (3.8)
∆x
θ<0
θ>0
Orientation du profil x
39
I. Etude bibliographique
Figure 3.5 - Méthode d'enregistrement de la rugosité des surfaces de fracture basée sur
l'utilisation des disques fixés sur un compas et un clinomètre (ISRM 1978).
40
3. Comportement des discontinuités
Figure 3.6 - Mesure de la rugosité des surfaces de fracture par rugosimètre (d'après Flamand
2000).
Figure 3.7 - Erreurs de la mesure dues à l'effet de taille du stylet (exagérées) d'un profilomètre
mécanique (Thomas 1999).
41
I. Etude bibliographique
Le principe des profilomètres laser est d’émettre un faisceau laser sur la surface à
mesurer et puis de détecter la réflexion grâce à un capteur laser. La tension sortie du
capteur est directement liée à la distance mesurée et enregistrée en fonction de la
position du faisceau laser. Les données mesurées sont présentées sous la forme de
coordonnées des points en 3D. Une source d’erreur importante de cette méthode est liée
à la réfraction de surface qui dépend de la présence des cristaux de quartz. Ainsi, cette
méthode de mesure n’est pas appropriée des roches composées de cristaux de quartz
(granite, gneiss, etc.).
42
3. Comportement des discontinuités
Figure 3.8 - Schéma de l’essai de compression normale du joint et exemple de courbe contrainte
normale-fermeture normale d’une discontinuité de granite (d’après Homand 2000).
Figure 3.9 - Comparaison du comportement en compression normale d'une roche homogène avec
celui d'un joint imbriqué et celui d'un joint non-imbriqué (Bandis et al. 1983).
Figure 3.10 - Effet de cycles de compression normale sur les joints de différentes natures. (a)-
Roche saine ; (b)- Roche altérée (Bandis et al. 1983).
43
I. Etude bibliographique
44
3. Comportement des discontinuités
τ II
I III
(a)
us I : Phase pré-pic
un II : Phase de pic
Dilatance III : Phase post-pic
(b)
us
Contractance
I III
II
45
I. Etude bibliographique
Figure 3.12 - Composantes des forces normale et tangentielle imposées sur les facettes positive et
négative des aspérités (Archambault et al. 1997).
Goodman et al. (1968) ont définit la rigidité tangentielle par le rapport entre la
contrainte tangentielle et la déformation résultante. La rigidité tangentielle dépend de
la contrainte normale et de la morphologie des surfaces. Yoshinaka et Yamabe (1986)
ont observé une augmentation linéaire de la rigidité tangentielle avec augmentation de
la contrainte normale. Jing et al. (1992) ont proposé une relation hyperbolique entre la
rigidité tangentielle et la contrainte normale. Ils ont trouvé que sous un faible niveau de
contrainte normale, la rigidité tangentielle se disperse aléatoirement selon les différentes
directions de la surface ; à un niveau de contrainte normale plus élevé, on observe une
orientation des contraintes dans une direction prépondérante (figure 3.13). Hopkins et
al. (1990), Jing et al. (1992) ont expliqué l'augmentation de la rigidité tangentielle par
l'accroissement de l'aire de contact avec l'augmentation de la contrainte normale. Le
degré d'emboîtement entre deux épontes s'accroît lorsque l'aire de contact augmente
avec l'augmentation de la contrainte normale. Une force en cisaillement supplémentaire
est donc nécessaire pour vaincre la résistance des aspérités, et la rigidité en cisaillement
est alors plus élevée.
Figure 3.13 - Distribution directionnelle de la rigidité tangentielle (d'après Jing et al. 1992).
46
3. Comportement des discontinuités
points de contact. Le point où cette zone secondaire commence est exprimé comme une
proportion de la résistance ultime de cisaillement. Elle est plus importante pour les
joints imbriqués que pour les autres types de joints. Pour les joints imbriqués, ce point
varie entre 85 et 95 % de la résistance ultime (Sun et al. 1985). D'après Sun et ses
coauteurs, quand la contrainte normale est élevée et les surfaces du joint sont
rugueuses, la zone non-linéaire est plus large que dans les cas de faible contrainte
normale et de surfaces lisses. La raison avancée est qu'une contrainte normale élevée
conduit à un durcissement tandis que pour les surfaces rugueuses, le cisaillement des
aspérités peut produire un pic de contrainte tangentielle plus grand. Scholz et Engelder
(1976) ont proposé deux mécanismes différents lors du glissement des aspérités pour
expliquer le comportement en cisaillement des roches : (i) rupture fragile des aspérités
au commencement du glissement ; (ii) fluage sur des facettes glissées. Selon ces deux
mécanismes, l’aire de contact entre les deux épontes augmente avec le temps de
glissement. Ces auteurs expliquent ainsi une augmentation de l’angle de frottement
avec la diminution de la vitesse de cisaillement.
47
I. Etude bibliographique
48
3. Comportement des discontinuités
Bandis et al. (1981) ont réalisé des essais de cisaillement direct sur des répliques de
différentes tailles, fabriquées à partir de plusieurs joints rocheux naturels. La figure 3.15
présente les résultats obtenus sur le changement de la relation contrainte tangentielle -
déplacement tangentiel en fonction de la taille des échantillons. Quand la taille de
l'échantillon augmente, la forme de la courbe devient plus arrondie avec un
radoucissement après le pic de contrainte moins prononcé. Cette forme arrondie de la
courbe de déformation au cisaillement est similaire aux résultats obtenus par Sun et al.
(1985), Hutson et Dowding (1990) sur des échantillons de grande taille. La contrainte
tangentielle et l’angle de dilatance au pic, le déplacement tangentiel de la résistance
ultime (résiduelle) diminuent graduellement tandis que le déplacement tangentiel au pic
augmente avec l’augmentation de la taille d’échantillons. Le mode de rupture change de
"fragile" à "ductile". L’effet de la taille d’échantillon sur l’angle de frottement et l’angle
de dilatance au pic diminue avec l’importance de la contrainte normale.
Une influence du degré d’imbrication des aspérités a été présentée par Panet
(1976) (figure 3.16). Quand le degré d’imbrication est faible, le nombre d’aspérités en
contact, qui peuvent potentiellement glisser l’une sur l’autre est petit. La contrainte
tangentielle nécessaire pour vaincre la résistance des aspérités est moins élevée. Donc la
résistance au pic diminue avec la diminution du degré d’imbrication. Le déplacement
relatif nécessaire pour atteindre la contrainte maximale est plus important pour des
joints de fable d’imbrication.
Cependant, comme le pic de résistance se produit suite à un très petit déplacement
et il peut être absent dans plusieurs cas, le pic de contrainte n'est pas une
caractéristique essentielle du mécanisme de cisaillement des discontinuités (Schneider
1974, Sun et al. 1985).
49
I. Etude bibliographique
Figure 3.16 - Influence du degré d'imbrication des aspérités sur le comportement en cisaillement
(Panet 1976).
50
3. Comportement des discontinuités
Krahn et Morgenstern (1979), Hutson et Dowding (1990), Jing et al. (1992), Fox
et al. (1998) ont observé que les résistances ultimes pour des surfaces de roche naturelle
et artificielle ne sont pas les mêmes pour les différentes directions de cisaillement dans
un essai cyclique (figure 3.17). Ce phénomène est plus prononcé sous faible contrainte
normale (de l'ordre de 1 MPa) et moins observé sous contrainte normale de l'ordre de
5 MPa (Fox et al. 1998). Krahn et Morgenstern (1979) ont attribué cette différence par
la différence de déplacement normal. Si la discontinuité est dilatante dans le sens de
cisaillement aller et contractante dans le sens opposé, la résistance ultime sera plus
élevée dans le sens de cisaillement aller et plus faible dans l'autre sens. Ces résistances
seront à l’opposé si l'échantillon est contractant pendant la phase aller et dilatant dans
le sens opposé. Jing et al. (1992) ont expliqué ce phénomène par les différents stades
d'endommagement des aspérités. Pendant la phase aller, les aspérités secondaires (figure
3.1) sur les facettes initialement en contact sont cassées ou cisaillées graduellement,
contribuant par conséquent à une partie de la résistance au mouvement de cisaillement.
Quand le sens de cisaillement est inversé, cette résistance des aspérités secondaires
devient négligeable car les aspérités secondaires sont totalement cisaillées pendant le
cisaillement résiduel de la phase aller; et de plus, la composante tangentielle de la force
normale est dans le même sens que celle de la force tangentielle dans ce sens (figure
3.18). La force tangentielle mobilisée pendant la phase de cisaillement opposé est donc
plus petite et la courbe de déformation est généralement plus lisse à cause de cette
absence d'aspérités secondaires.
D'après Lama et Vutukuri (1978b), la force résiduelle tangentielle (à partir de
laquelle le coefficient de frottement est déduit) n'est pas seulement due au glissement
relatif des épontes mais est également influencée par l'écrasement des aspérités. La
possibilité d'écrasement des aspérités augmente avec l'augmentation de la contrainte
normale. Donc à contrainte normale élevée, le mouvement des épontes sera gouverné de
plus en plus par l'écrasement et de moins en moins par le cisaillement des aspérités. La
valeur du coefficient de frottement est probablement plus petite lorsque les contraintes
normales sont élevées. Hutson et Dowding (1990) ont testé des discontinuités sciées
d'un calcaire et d'un granite. Pour les discontinuités de calcaire de même rugosité,
quand le rapport de contrainte normale divisée par la résistance en compression simple
σn/σc augmente de 0,045 à 0,244, le coefficient de frottement diminue et le taux de
dégradation des aspérités augmente. Pour les discontinuités de granite ayant un faible
rapport σn/σc, entre 0,010 et 0,024, le changement de valeur du coefficient de
frottement n'est pas clairement observé. Jing et al. (1992), en réalisant des essais sur
des répliques en mortier de joints rocheux modèles, ont observé également que l'angle
de frottement total (la somme de l'angle de frottement résiduel et l'angle d'aspérité)
diminue avec l'augmentation de la contrainte normale.
51
I. Etude bibliographique
Figure 3.18 - Différence de frottement mobilisé entre les phases de cisaillement: (a)- Phase aller
et (b)- Phase retour (Jing et al. 1992).
52
3. Comportement des discontinuités
K
K Kext
(b)
(a)
Figure 3.19 - Simulation des conditions in situ à des essais de cisaillement en laboratoire.
Leichnitz (1985) a réalisé des essais de cisaillement sur des échantillons de grès
selon deux modes de chargement : (I) force normale constante et (II) restriction de
dilatance en introduisant une rigidité normale au plan du joint. Les essais de type (II)
ont les mêmes conditions initiales (force normale initiale et vitesse de cisaillement) que
les essais de type (I), mais avec une rigidité normale imposée constante de
0,67 MPa/mm. Sous une faible force normale initiale, on observe une différence
qualitative et quantitative des courbes de contrainte tangentielle - déplacement
tangentiel : pour le type (I), la contrainte de cisaillement atteint à un pic après un bref
déplacement tandis que pour le type (II), la contrainte tangentielle augmente
graduellement et atteint la valeur maximale après un grand déplacement. L’allure de
ces courbes devient de plus en plus similaire pour les deux types de chargement avec
l’augmentation de la force normale initiale. Ces observations ont été aussi obtenues par
Ohnishi et Dharmaratne (1990) sur des répliques en mortier de ciment des surfaces
rocheuses modèles. Leichnitz (1985) a également comparé les courbes du coefficient de
frottement (rapport entre la force tangentielle et la force normale) et les courbes de
l’angle de dilatance (rapport entre les déplacements normal et tangentiel) en fonction
du déplacement tangentiel pour les deux types d’essais. Ces deux fonctions sont
relativement similaires, d'un point de vue qualitatif. Des différences quantitatives se
manifestent sur les coefficients de frottement et les angles de dilatance au pic de
contrainte. La figure 3.20 présente des exemples de courbes des forces tangentielle et
normale en fonction de déplacement tangentiel des essais de cisaillement à rigidité
normale constante réalisés par Leichnitz (1985).
53
I. Etude bibliographique
Figure 3.20 - Courbes de forces tangentielle (T) et normale (N) en fonction de déplacement
tangentiel (S) des essais de cisaillement à rigidité normale constante de 0,67 MPa/mm et à
différentes forces normales initiales de 20, 80 et 240 kN (0,4, 1,8 et 5,4 MPa respectivement)
(d’après Leichnitz 1985).
Johnston et al. (1987) ont simulé le mouvement latéral des pieux implantés dans
des roches tendres par essais de cisaillement à rigidité normale constante pour des
interfaces roche/béton. La variation des contraintes tangentielle et normale, et du
déplacement normal en fonction du déplacement tangentiel des essais CNS a pu être
présumée à partir des courbes idéalisées comme le montre la figure 3.21. La contrainte
tangentielle augmente à partir de zéro (point A) et atteint la résistance de glissement
des aspérités après un très bref déplacement (point B). Parallèlement, la dilatation et,
par conséquent, la contrainte normale augmentent. La contrainte tangentielle montre
généralement une légère diminution jusqu’au point C qui correspond à la perte de
cohésion. Cependant, quand le cisaillement continue, la dilatation et la contrainte
normale augmentent et entraînent une augmentation supplémentaire de la contrainte
tangentielle jusqu’au point D. Ce point représente le début du cisaillement des
aspérités. A partir du point D, la contrainte tangentielle peut diminuer tandis que la
dilatation et la contrainte normale se stabilisent de façon comme les aspérités sont
cisaillées. Ainsi, selon Johnston et al. (1987), le comportement en cisaillement à rigidité
normale constante passe par les mêmes phases successives que celles des essais à
contrainte normale constante : la présence d’un pic de contrainte suivi d’une phase
résiduelle. A noter que l’allure des courbes de contrainte de Johnston et al. (1987) est
très comparable à celle des courbes de forces en fonction de déplacement tangentiel à
des faibles forces normales initiales de Leichnitz (1985) (figure 3.20).
54
3. Comportement des discontinuités
Figure 3.21 - Idéalisation des essais de cisaillement à rigidité normale constante pour des
interfaces roche/béton d’aspérités triangulaires régulières (Johnston et al. 1987).
Archambault et al. (1990) ont effectué des essais de cisaillement à rigidité normale
constante sur des discontinuités artificielles en mortier de ciment avec les surfaces de
différentes natures : (i) surfaces régulières en dents de scie de pente 15°, (ii) surfaces
irrégulières imbriquées obtenues par fendage de briques en ciment ayant un JRC de 4 à
6 et (iii) surfaces irrégulières non imbriquées ayant un JRC supérieur à 20. Les
contraintes normales initiales utilisées varient entre 0,6 et 7,3 MPa et les rigidités
normales imposées entre 2,7 et 9,2 MPa/mm. Ils ont observé que l’augmentation de la
rigidité normale entraîne une augmentation des résistances de cisaillement au pic et
résiduelle, une diminution de la dilatance au pic et une augmentation de la contrainte
normale. Le fait de travailler sur des surfaces de différentes géométries a permis
également une observation de l’effet de la dilatance sur le comportement en
cisaillement. Pour les joints de surfaces irrégulières imbriquées (ii), la contrainte
normale soit montre une petite augmentation, soit se stabilise après le pic. Les joints de
surfaces régulières (i) ou irrégulières non imbriquées (iii) montrent une diminution
importante de la contrainte normale due à une forte contractance après le pic. Skinas et
al. (1990) ont observé un accroissement plus important de la contrainte normale lors du
cisaillement à rigidité normale constante pour des joints artificiels en mortier ayant
JRC = 18 que les joints ayant JRC = 9. Blümel et al. (2003) ont observé une influence
de la géométrie des aspérités (pente) en forme de dents de scie sur la réponse de la
dilatance et la contrainte normale au cisaillement à rigidité normale constante.
Van Sint Jan (1990) a testé des joints artificiels préparés en laboratoire sous des
conditions de rigidité normale imposée constante entre 0 et 0,04 MPa/mm. Une
augmentation de la rigidité normale conduit à une augmentation de la résistance et du
déplacement au pic de contrainte. La contrainte tangentielle peut atteindre un
maximum avant la contrainte normale. Pour des joints artificiels en dents triangulaires
régulières, la contrainte tangentielle chute de façon importante après le pic. Le taux de
réduction de la contrainte tangentielle augmente avec l’augmentation de la contrainte
normale initiale ou de la rigidité normale. Pour des répliques de joints rocheux modèles,
55
I. Etude bibliographique
les courbes de contrainte tangentielle montrent très peu ou pas de diminution après le
pic. L’auteur a observé que l’angle de frottement au pic dépend de la rigidité
normale avec des contraintes normales initiales utilisées entre 0,006 et 0,10 MPa : il est
plus faible sous des conditions de rigidité normale constante que sous des conditions de
contrainte normale constante (rigidité normale nulle). L’influence de la rigidité normale
imposée diminue avec l’augmentation de la contrainte normale initiale car pour des
contraintes normales élevées le comportement en cisaillement est gouverné
essentiellement par la contrainte normale.
Patton (1966) a réalisé des essais sur des échantillons faits d’un mélange de kaolin
et de plâtre avec des discontinuités en forme des dents de scie de différents angles
d’inclinaison io = 25º, 35º, 45º (figure 3.22). Il a observé que chaque courbe d'enveloppe
définie par ces essais de cisaillement, peut être représentée par un modèle bilinéaire. Ce
modèle empirique implique deux modes de rupture différents, dépendant du niveau de
la contrainte normale.
56
3. Comportement des discontinuités
Pour les valeurs faibles de σn, le mouvement relatif des épontes se traduit par un
glissement suivant la direction positive des aspérités (pente i). Le segment inférieur de
la courbe enveloppe bilinéaire a une inclinaison (φµ + i). L’équation de la résistance
correspondant à cette portion de la courbe s'écrit :
τ p = σn tan(φµ +i) avec σn < σT (3.11)
A un niveau plus élevé de σn, le glissement de l’une sur l’autre des aspérités n’est
plus possible. Ces aspérités sont cisaillées. La portion supérieure de la courbe bilinéaire
correspondant aux contraintes normales élevées, a une inclinaison très proche de l’angle
de frottement résiduel φr. La résistance de cette portion est donnée par l’équation :
τ p = Ca + σn tan(φ r ) avec σn ≥ σT (3.12)
La somme des trois premières composantes (S1 + S2 + S3) est due au glissement des
aspérités sur l’aire (A-As) et la quatrième composante S4 est due au cisaillement des
aspérités réparties sur l’aire de As, avec A l'aire projetée de la surface totale de
discontinuité ; As l'aire projetée des aspérités cisaillées ; as la proportion d’aire
57
I. Etude bibliographique
Les ailleurs font l'hypothèse que, lors du cisaillement sous des contraintes normales
faibles (as tend vers 0 et νɺ vers 1) seul le terme de frottement intervient. Sous des
contraintes normales élevées, lorsque toutes les aspérités sont cisaillées (as tend vers 1
et νɺ vers 0) ils supposent que seul le terme de rupture des aspérités intervient. Sous ces
hypothèses, Ladanyi et Archambault ont proposé les équations empiriques de as et de
νɺ , en fonction de la morphologie des aspérités et de la valeur de la contrainte normale
sur les surfaces des discontinuités en cisaillement :
k1
σ
as = 1 - 1 - n (3.15)
σT
k2
σ
νɺ = 1 - n tan(i0 ) (3.16)
σT
Barton (1973) et Barton et Choubey (1977) ont proposé une équation qui fait
intervenir directement la rugosité du joint et la résistance de la matrice rocheuse. La
résistance au pic est fonction de la contrainte normale, de la résistance de la matrice
rocheuse à travers le coefficient JCS et de la rugosité du joint à travers le coefficient
JRC :
58
3. Comportement des discontinuités
JCS
τ p = σn tan φ b + JRC log10 (3.17)
σn
59
I. Etude bibliographique
rugueuses présentent un pic de contrainte marqué tandis que le joint de calcaire qui est
plus lisse ne montre pas de pic de résistance.
Yoshinaka et Yamabe (1986), Lefêvre et al. (1998) ont observé une influence de la
rugosité des surfaces sur la rigidité tangentielle Ks. Ils ont montré que la rigidité Ks des
discontinuités rugueuses est inférieure à celle des discontinuités plus lisses. Lefêvre et al.
(1998) ont expliqué ce comportement par l'existence de plus d'adhérence entre les
surfaces peu ou pas rugueuses, pour lesquelles l'aire de contact totale est beaucoup plus
importante par rapport aux surfaces rugueuses. L'évolution de la morphologie avec les
60
3. Comportement des discontinuités
3
Une marque déposée, mélange de gypse et de ciment.
61
I. Etude bibliographique
expliqué ce phénomène par la présence d'aspérités de second d'ordre qui ne sont pas
présentes sur les discontinuités artificielles comme Schneider (1974). La contrainte de
cisaillement durant les phases de dilatance augmente avec le nombre de cycle de
cisaillement pour les discontinuités naturelles alors qu'elle diminue pour quelques essais
sur discontinuités artificielles. Le comportement durant les phases de contractance est,
lui, très similaire pour les deux types de joints.
Armand (2000) a utilisé des discontinuités naturelles de calcaire et des
discontinuités artificielles de mortier fabriquées à partir des moulages de discontinuités
de vraie roche. Il a trouvé des coefficients de frottement différents pour ces deux types
de discontinuités.
3.7 Conclusion
L’essai de cisaillement est utilisé pour étudier le comportement en cisaillement des
discontinuités sous une contrainte normale constante ou sous une rigidité normale
imposée. Les essais de cisaillement direct à contrainte normale constante (CNC) sont
appropriés pour les cas où le milieu environnant permet la dilatance libre du joint
durant le cisaillement. Le comportement des joints soumis à une telle condition se
compose généralement de trois phases successives : pré-pic de contrainte tangentielle,
pic et post-pic, qui sont représentées respectivement par la rigidité tangentielle et les
résistances au cisaillement de pic et résiduelle. L’expérimentation a montré que
plusieurs facteurs peuvent influencer ces caractéristiques de joints, tels que la contrainte
normale appliquée, la rugosité des surfaces de fractures, vitesse de cisaillement, etc. Les
essais de cisaillement sous rigidité normale imposée simulent le cisaillement sous
condition confinée où la dilatance est empêchée. Sous cette condition, le comportement
en cisaillement de joints dépend fortement de la rigidité normale imposée et de la
contrainte normale initiale.
La dépendance du comportement en cisaillement des discontinuités à leurs
caractéristiques morphologiques a été étudiée grâce à la connaissance de la géométrie
des surfaces de joints. Plusieurs méthodes de mesure avec précision et de description de
la rugosité ont été développées permettant ces études. Cette dépendance se traduit
principalement par l’influence de la rugosité sur la dilatance, et donc sur les autres
caractéristiques mécaniques de joints.
La plupart des études du comportement en cisaillement de joints a été réalisée sur
des discontinuités artificielles (discontinuités sciées, répliques en mortier, plâtre…).
Cependant, certaines études ont été réalisées en utilisant des discontinuités naturelles.
Des similarités ainsi que des différences dans le comportement en cisaillement des
discontinuités naturelles et artificielles ont été observées. Il nécessite donc une étude
systématisée du comportement des discontinuités naturelles afin de valoriser des
observations sur discontinuités artificielles.
62
Études expérimentales
II
Contexte de l’étude 65
4 Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse 69
4.1 Dispositif expérimental.............................................................................................69
4.2 Préparation des échantillons ....................................................................................75
4.3 Mesure de la vitesse de propagation des ondes élastiques........................................77
4.4 Programme expérimental .........................................................................................80
4.5 Résultats et interprétation des essais.......................................................................81
4.6 Conclusion ................................................................................................................95
5 Caractérisation de la morphologie des discontinuités 97
5.1 Mesure de la rugosité sous profilomètre laser ..........................................................97
5.2 Reconstruction des surfaces de discontinuités dans l’ensemble des directions ....... 100
5.3 Caractérisation des surfaces de discontinuités avant essais ................................... 102
5.4 Caractérisation des surfaces de discontinuités après essais .................................... 119
5.5 Synthèse des caractéristiques morphologiques des discontinuités naturelles.......... 131
6 Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles 135
6.1 Description des échantillons et du programme expérimental................................. 135
6.2 Procédure de l'essai de cisaillement direct ............................................................. 138
6.3 Essais de cisaillement à contrainte normale constante ou variable........................ 143
6.4 Essais de cisaillement direct à rigidité normale imposée........................................ 171
6.5 Conclusion .............................................................................................................. 178
63
64
Contexte de l’étude
La Route Nationale 125 est un des seuls passages entre la France et l’Espagne dans
les Pyrénées centrales, à faible altitude. Cet itinéraire traverse la ville de St Béat (31)
au niveau d’une cluse créée par la Garonne. La ville est située dans une vallée
encaissée, sur les rives du fleuve, accolée à la montagne. Un étranglement du trafic au
niveau de St Béat rend la traversée du village difficile et demande une déviation. Le
coté ouest de la RN 125 de St Béat est zoné en risque fort ‘chute de blocs’, et le coté
est en risque fort ‘inondation’. L’encombrement du trafic et le plan de prévention des
risques établi sur St Béat ont motivé le choix de la déviation par un tunnel à travers le
Cap du Mount (figure 1).
Le futur tunnel se situe dans la zone interne métamorphique des Pyrénées. Cette
zone est essentiellement constituée de terrains secondaires anté-cénomaniens (Trias à
Albien supérieur) et caractérisée par des calcaires marmoréens et de dolomies fortement
fracturées et diaclasées (figure 2). Les circulations d’eau sont rares dans le massif
calcaire. Dans la galerie du Château (tête Nord) et dans la carrière de brèche "romaine"
(tête Sud), quelques suintements émanent de diaclases ouvertes.
65
II. Études expérimentales
Depuis 2005, plusieurs études ont été effectuées par le Laboratoire Régional des
Ponts et Chaussées de Toulouse (LRPC) dans le cadre de la description du massif du
Cap du Mount. Dans un premier temps, des relevés de terrain ont été réalisés. Des
relevés systématiques de la fracturation sur affleurement en divers endroits du tracé ont
conduit à l’identification de sept familles principales de discontinuités. La synthèse des
données collectées de chacune de familles est présentée en détail dans Guittard et al.
(2005). Dans un second temps, quatre sondages carottés pour le creusement du tunnel
ont été implantés. Ils ont permis de qualifier des différents faciès rencontrés le long du
projet. Il s'agit essentiellement de différentes sortes de calcaire marmoréen et de calcaire
marmoréen bréchique sains. Une carotèque a été établie au sein de la galerie de
Château4 avec plusieurs centaines de mètres de carottes disponibles.
De nombreux essais de caractérisation ont été réalisés en laboratoire par le LRPC,
pour des caractéristiques physiques (pétrographie, masse volumique, teneur en eau,
porosité, etc.) ou mécaniques de base (σc, σt, E, ν). Une évaluation du comportement
mécanique du massif rocheux dans des conditions in situ plus complexes joue donc un
rôle important dans la conception et l'analyse de la stabilité de l’excavation du futur
tunnel.
Le travail expérimental de la thèse s'appuie essentiellement sur la caractérisation
en laboratoire des marbres rencontrés sur le site du tunnel de St Béat. Des essais de
compression triaxiale sur la matrice rocheuse et des essais de cisaillement sur
discontinuités naturelles ont été réalisés sur des carottes de forage disponibles. Ces
4
La galerie correspond à des travaux anciens d’exploitation de la pierre de St Béat. Elle est à
35 m à l'aplomb du milieu du tracé.
66
Contexte de l’étude
essais visent à établir des lois de comportement pertinentes à la fois pour la matrice et
les discontinuités des marbres rencontrés. Des caractéristiques de la roche déterminées à
partir des essais de laboratoire serviront d’entrées ensuite dans un logiciel de calcul afin
de modéliser le comportement du massif en présence du tunnel. La figure 3 présente la
provenance des échantillons de marbre utilisés pour les campagnes d’essais
expérimentaux de cette thèse. Tous les échantillons proviennent du sondage carotté
SCH1 (110m), réalisé dans la paroi sud de la galerie du Château, en direction du Sud.
Ce sondage recoupe principalement des calcaires marmoréens recristallisés, de couleur
claire à gris foncé, très sains dans l’ensemble avec 95 ÷ 98% de calcite. Selon les
résultats d’analyse des lames minces, le calcaire clair est très peu déformé avec des
cristaux isotropes et grenus (de ½ mm) ; le calcaire gris est plus déformé, anisotrope
avec des minéraux de calcite plus petits (micro-grenus).
Dans cette deuxième partie expérimentale, nous présentons tout d’abord les
résultats des essais de compression triaxiale sur la matrice rocheuse. Les deux chapitres
suivants sont consacrés à présenter les caractéristiques morphologiques et le
comportement mécanique des discontinuités naturelles de la roche étudiée.
67
II. Études expérimentales
68
Chapitre 4
Des essais de compression triaxiale axisymétrique ont été réalisés sur des
échantillons cylindriques de roche saine, dans le but de comprendre le comportement en
compression avec des confinements latéraux. Différentes conditions in situ ont été
simulées par des différents chemins de chargement en laboratoire. L’influence du mode
de chargement sur le comportement en compression est abordée. Un critère de rupture
est proposé pour la roche soumise à la compression sous différents confinements. Les
mesures de la vitesse de propagation des ondes élastiques permettent de déterminer les
modules d’élasticité dynamiques. La relation entre les modules statiques et dynamiques
est mise en évidence.
Le système de chargement consiste une presse asservie de type MTS Système (type
MTS Rock Test System 816) qui est piloté par le système Testar IIm. Cette presse de
rigidité de 109 N/mm peut réaliser à la fois des essais de compression/traction et de
cisaillement (figure 4.1). Elle est équipée d’un vérin vertical de force maximale de
1100 kN et d’une course de 100 mm ; d’un vérin horizontal de force maximal de 225 kN
et d’une course de 50 mm.
Le pilotage de la presse est réalisé par le biais d’un régulateur électronique
programmé. Le régulateur travaille à partir de signaux de consigne, provenant de
capteurs de mesure. Il permet de commander une force ou un déplacement du vérin.
69
II. Études expérimentales
70
4. Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse
Figure 4.2 - Contrôleur pression/volume GDS, capacité de 64 MPa et volume de 200 cm3.
71
II. Études expérimentales
4.1.4 Capteurs
72
4. Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse
D’autres types de capteurs sont utilisés afin d’optimiser notre étude sur le
comportement en compression du matériau étudié. Des capteurs d’onde type P et S,
intégrés dans la cellule triaxiale, permettent d’analyser le comportement et le
développement de l’endommagement de l’éprouvette au cours de chargement. Cette
méthode de mesure sera présentée en détail dans la section 4.3. Un capteur de force de
charge maximale de 1000 kN est placé dans l’embase inférieure de la cellule afin de
mesurer la force axiale appliquée en tête de l’éprouvette. Un thermocouple, situé dans
la chambre de confinement, est utilisé pour mesurer la température autour de
l’échantillon.
73
II. Études expérimentales
74
4. Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse
Afin de s'adapter avec la cellule triaxiale disponible, nous avons choisi d'effectuer
des essais de compression triaxiale sur des cylindres de diamètre de ∅ = 50 mm et
d'élancement 2. Les carottes de diamètre de 80-90 mm sont sciées à la longueur
appropriée des éprouvettes (L = 100 mm). La longueur de découpes à la scie diamantée
doit prendre en compte le surfaçage des faces planes. Pour l’essai triaxial, nous devons
atteindre un parallélisme des deux surfaces d’appui tel que 1,25×∅ (mm) ≥ écart
maximal mesuré de parallélisme (µm) (NF P94-423). Afin d’atteindre ces
caractéristiques géométriques nous disposons d’une surfaceuse permettant le surfaçage
des deux extrémités de l’éprouvette en même temps. Cet outil est muni de deux disques
diamantés qui travaillent sous eau, le surfaçage peut être réalisé par passes de 0,1 mm à
0,5 mm. La qualité de la rectification peut être mesurée quantitativement. La planéité
et le parallélisme des deux faces de l’éprouvette sont contrôlées et mesurées à l'aide d'un
75
II. Études expérimentales
comparateur mécanique gradué (figure 4.6 et figure 4.7). L'échantillon est posé sur une
surface horizontale. On effectue alors une mesure au niveau de la face supérieure de
l'échantillon par rapport à ce plan de référence. On mesure donc avec un comparateur
la différence de niveau à différents points de la surface par rapport à la surface opposée
sur laquelle repose l'échantillon. Cette différence correspond à la précision de la planéité
et du parallélisme. Les caractéristiques géométriques des éprouvettes ainsi préparées
font l’objet de vérifications avant tous les essais.
Au total, dix échantillons du marbre gris à gains fins ont été utilisés pour des
essais de compression triaxiale. Ces échantillons proviennent d’une même carotte de
sondage (SCH1). Les côtes des échantillons par rapport au début du sondage et leurs
dimensions sont présentés dans le tableau 4.1. La masse volumique a été calculée pour
chaque échantillon et est donnée également dans le tableau 4.1. La masse volumique
moyenne des échantillons utilisés est de 2704 kg/m3 avec un écart-type de ±9,3 kg/m3.
Tableau 4.1 - Échantillons du marbre sain pour les essais de compression triaxiale.
Échantillon Côte (m) h (mm) d (mm) ρ (kg.m-3)
R01 72,8 à 73,6 104,83 50,24 2702
R02 72,8 à 73,6 100,59 50,23 2681
R03 72,8 à 73,6 100,58 50,29 2697
R04 72,8 à 73,6 105,57 50,19 2708
R05 51,60 100,28 50,27 2711
R06 74,45 100,42 50,04 2710
R07 73,97 100,41 50,03 2713
R08 74,08 100,02 50,14 2701
R09 74,20 100,00 50,07 2708
R10 74,35 99,99 50,10 2704
76
4. Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse
Émetteur ultrasonique
Gaine plastique
transparente
Chaînette du capteur
Capteur axial circonférentiel
Récepteur ultrasonique
Capteur de force
Figure 4.8 - Schéma de montage d'éprouvette soumise à un essai de compression triaxiale.
77
II. Études expérimentales
4.3.2 Mesure
78
4. Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse
(a) (b)
Figure 4.9 - Détermination graphique du temps de parcours des ondes (a)- P et (b)- S.
4.3.3 Traitement
79
II. Études expérimentales
Tableau 4.2 - Essais triaxiaux sous différentes pressions de confinement sur la matrice rocheuse
du marbre de St Béat.
Pression de
Chargement Monotone ou
Essai Côte (m) confinement
isotrope cyclique
(MPa)
R01 72,8 à 73,6 5 par paliers cyclique
R02 72,8 à 73,6 10 par paliers cyclique
R03 72,8 à 73,6 20 par paliers cyclique
R04 72,8 à 73,6 30 par paliers cyclique
R05 51,60 30 0,1 MPa/s cyclique
R06 74,45 0 - monotone
R07 73,97 5 0,1 MPa/s monotone
R08 74,08 10 0,1 MPa/s monotone
R09 74,20 20 0,1 MPa/s monotone
R10 74,35 30 0,1 MPa/s monotone
80
4. Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse
0,20 0,20
R09 (20 MPa) R10 (30 MPa)
0,16 Axiale 0,16 Axiale
Déformation (%)
Déformation (%)
Radiale Radiale
0,12 0,12
0,08 0,08
0,04 0,04
0 0
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Contrainte isotrope (MPa) Contrainte isotrope (MPa)
0,20 0,20
R08 (10 MPa) R05 (30 MPa)
0,16 0,16
Axiale Axiale
Déformation (%)
Déformation (%)
Radiale Radiale
0,12 0,12
0,08 0,08
0,04 0,04
0 0
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Contrainte isotrope (MPa) Contrainte isotrope (MPa)
Figure 4.10 - Déformations axiale et radiale des échantillons sous contrainte isotrope.
81
II. Études expérimentales
0,5
R08 - 10 MPa
Déformation volumique (%)
0,3
0,2
82
4. Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse
120 120
100 100
Déviateur (MPa)
80 Déviateur (MPa) 80
40 40
20 20
εr εa εr εa
0 0
-1,2 -0,8 -0,4 0 0,4 0,8 1,2 -1,2 -0,8 -0,4 0 0,4 0,8
Déformations axiale et radiale (%) Déformations axiale et radiale (%)
83
II. Études expérimentales
Tableau 4.3 - Résumé des résultats des essais triaxiaux en terme de la contrainte et de la
déformation à la rupture.
été arrêté manuellement à cause d'un problème technique (figure 4.13d). Cependant, la
contrainte maximale obtenue avant l'arrêt de l'essai est déjà plus élevée que la
résistance de l'essai monotone réalisé à la même pression de confinement (R10). Pour
vérifier cette observation, l'échantillon R04 qui, une fois extrait de la presse semblait
encore sain et sans fissuration microscopique, a été re-compressé monotonement au
même confinement de 30 MPa. Les courbes vertes de la figure 4.13d correspondent au
deuxième essai de compression à σ3 = 30 MPa sur l'échantillon R04. Il a été également
arrêté manuellement après l'observation du pic de contrainte. C'est intéressant de noter
que ces courbes vertes coïncident parfaitement aux courbes de l'essai monotone à
30 MPa (courbes rouges) pendant la phase linéaire. La contrainte maximale atteinte est
même plus importante que celle de l'essai monotone R10. La similarité de ces deux
essais monotones réalisés à σ3 = 30 MPa, un sur la roche saine (R10), un autre sur
l'échantillon qui a déjà été soumis à une compression cyclique (R04) montre bien qu'à
cette pression de confinement, les cycles de chargement-déchargement et les paliers de
fluages accompagnant des déformations plastiques importantes (plus de 0,3 %) n'ont
pas un effet important sur la résistance de la roche. Même après cette déformation
irréversible, l'échantillon une fois sorti de la presse ne laisse voir aucune fissuration
macroscopique. Nous avons réalisé de nouveau un autre essai cyclique (R05) à σ3 =
30 MPa avec cinq cycles de chargement/déchargement et avec la même condition de
chargement isotrope continu comme l’essai monotone R10. Cet essai, avec moins de
cycles, vise à mieux comparer les essais cyclique et monotone à σ3 = 30 MPa et à éviter
l’influence éventuelle du mode de chargement isotrope (continu ou par palier) sur le
comportement déviatorique ultérieur de la roche. La figure 4.14 présente la
comparaison entre les deux essais monotone (R10) et cyclique (R05, cinq cycles) réalisés
à σ3 = 30 MPa. Comme les autres essais avec cinq cycles de chargement/déchargement,
l’essai R05 montre une concordance en terme des déformations et de la résistance au
pic avec l’essai monotone réalisé au même confinement. Cela permet de conclure encore
une fois que les cycles de charge/décharge au cours de la compression triaxiale n’ont
84
4. Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse
160 160
120 120
Déviateur (MPa)
Déviateur (MPa)
80 80
σ3 = 5 MPa σ3 = 10 MPa
Cyclique R01 Cyclique R02
40 40
Monotone R07 Monotone R08
εr εa εr εa
0 0
-1,5 -1,0 -0,5 0 0,5 1,0 1,5 -1,5 -1,0 -0,5 0 0,5 1,0 1,5
Déformations axiale et radiale (%) Déformations axiale et radiale (%)
(a) (b)
160 160
120 120
Déviateur (MPa)
Déviateur (MPa)
σ3 = 30 MPa
εr εa εr εa
0 0
-1,5 -1,0 -0,5 0 0,5 1,0 1,5 -3 -2 -1 0 1 2
Déformations axiale et radiale (%) Déformations axiale et radiale (%)
(c) (d)
Figure 4.13 - Courbe de contrainte-déformation des essais triaxiaux cycliques et monotones à
différentes pressions de confinement entre 5 et 30 MPa.
85
II. Études expérimentales
150
120
Déviateur (MPa)
90
σ3 = 30 MPa
60 Cyclique R05
Monotone R10
30
εr εa
0
-3 -2 -1 0 1 2
Déformations axiale et radiale (%)
86
4. Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse
150
30 MPa 30 MPa
120 20 MPa 20 MPa
Déviateur (MPa)
90 10 MPa 10 MPa
0 MPa 0
5 MPa 5 MPa
60
30
εr εa
0
-3 -2 -1 0 1 2
Déformations axiale et radiale (%)
Quant aux échantillons après essais, on observe une rupture selon un seul plan
incliné par rapport à l'axe de l'échantillon pour les échantillons soumis à des pressions
de confinement de 0 à 10 MPa (figure 4.16). Pour les essais réalisés au confinement de
20 ou 30 MPa, qui ont été arrêtés manuellement après des déformations importantes
(après l’obtention du pic de contrainte), on n'observe que des stries de couleur blanche
vues sur la surface extérieure de l'échantillon (sauf l’essai R03 à 20 MPa qui s’est cassé
sur un palier de fluage). Ces stries sont dues à la localisation des déformations qui
forment ensuite la bande de cisaillement (Sulem et al. 1999, Sulem et Ouffroukh 2006).
L'angle formé entre le plan de rupture et l'axe de l'échantillon a tendance à augmenter
avec l'augmentation de la pression de confinement (tableau 4.4), ce qui est aussi
couramment observé pour d’autres roches.
87
II. Études expérimentales
R06 - 0 MPa
88
4. Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse
100 0,5
Module d'Young Estatique (GPa)
R01 - 5 MPa
(a) (b)
Figure 4.17 - Modules de déformation (a) et coefficients de Poisson (b) en fonction du niveau de
la contrainte axiale par rapport à la contrainte au pic des essais cycliques.
Les modules d’élasticité ont été également déterminés de la même façon pour les
essais monotones sur le seul cycle correspondant au premier cycle des essais cycliques.
La comparaison de ces modules permet de montrer la similarité des échantillons utilisés
pour les deux séries. On observe que les modules d’Young E et les coefficients de
Poisson ν des essais monotones et cycliques sous un même confinement sont proches,
sauf pour les essais sous un confinement de 10 MPa qui présentent une grande
différence des modules de déformation (figure 4.18). Cette différence conduit à un léger
décalage des courbes de contrainte-déformation des essais à σ3 = 10 MPa comme on a
vu dans la figure 4.13b. D’autre part, on peut constater également que le niveau de la
pression de confinement a une faible influence sur les modules d’élasticité de la roche
étudiés.
100 0,5
Module d'Young Estatique (GPa)
80 0,4
E
60 0,3
40 0,2
ν
20 0,1
Monotone
Cyclique
0 0
0 5 10 15 20 25 30 35
Confinement (MPa)
Figure 4.18 - Modules d’élasticité déterminés sur le premier cycle des essais cycliques et sur le
seul cycle correspondant des essais monotones.
89
II. Études expérimentales
Le calcul de la vitesse des ondes élastiques a été réalisé à partir des mesures du
temps de propagation d’un pulse élastique dans la roche entre l’émetteur et le récepteur
positionnés aux deux extrémités de l’échantillon. La détermination du temps de
propagation a été effectuée par pointage manuel. Afin de limiter les erreurs, un
pointage croisé par plusieurs opérateurs a été réalisé. La distance parcourue est évaluée
en tenant compte de la déformation axiale de l’échantillon.
6000
Vitesse des ondes P (m/s)
5700
5400
5100
4800
4500
0 5 10 15 20
Contrainte isotrope (MPa)
Figure 4.19 - Variation de la vitesse des ondes de compression P sous contrainte isotrope.
90
4. Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse
VP VS1 VS2
6200 4000
6000 3800
5800 3600
5600 3400
5400 3200
5200 3000
0 20 40 60 80 100 120
Déviateur (MPa)
(a)
VP VS1 VS2
6400 4000
Vitesse de cisaillement VS (m/s)
Vitesse de compression VP (m/s)
6200 3800
6000 3600
5800 3400
5600 3200
5400 3000
0 30 60 90 120 150
Déviateur (MPa)
(b)
Figure 4.20 - Vitesses des ondes élastiques sous le chargement déviatorique. Les vitesses de
compression P : trait plein pour la partie avant le pic et trait discontinu pour la partie après le
pic de contrainte axiale. (a)- Essai R01 (à 5 MPa) ; (b)- Essai R04 (à 30 MPa).
91
II. Études expérimentales
120 6500
80 6000
60 5750
40 5500
20 5250
VP
0 5000
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Déformation axiale (%)
Les modules élastiques dynamiques ont été déterminés à partir des vitesses de
propagation des ondes selon les formules (2.2) et (2.3). La figure 4.22 illustre l’évolution
des modules élastiques dynamiques Edyn et νdyn au cours des essais cycliques. On observe
que les modules dynamiques semblent stables avec l’augmentation de la contrainte
axiale jusqu’à environ 80 % de la contrainte axiale maximale. Seul l’essai R04 à
confinement de 30 MPa permet le calcul des modules dynamiques après 80 % de la
contrainte axiale maximale. Sur cet essai, les modules de déformation dynamiques Edyn
à partir de 75 % de la contrainte au pic ont tendance à diminuer, tandis que les
coefficients de Poisson dynamiques νdyn ont tendance à augmenter. Ces évolutions des
modules dynamiques Edyn et νdyn sont moins prononcées que celles des modules statiques
(figure 4.17), mais elles permettent également de traduire un endommagement de la
roche proche du pic de contrainte.
92
4. Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse
120 0,5
R01 - 5 MPa R03 - 20 MPa
Module Edynamique (GPa)
Coefficient νdynamique
0,3
60
R01 - 5 MPa 0,2
30 R02 - 10 MPa
0,1
R03 - 20 MPa
R04 - 30 MPa
0 0
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
σ1/σ1pic (%) σ1/σ1pic (%)
(a) (b)
Figure 4.22 - Modules élastiques dynamiques en fonction du niveau de la contrainte axiale par
rapport à la contrainte au pic, (a)- Modules d’Young, (b)- Coefficient de Poisson.
La figure 4.23 montre une comparaison croisée des modules d’Young statiques Est
et dynamiques Edyn. Les modules statiques Est ont été déterminés sur les courbes de
déchargements des essais cycliques. Les modules dynamiques Edyn ont été calculés à
partir des vitesses des ondes mesurées sur les paliers juste avant les déchargements des
cycles. On observe que les modules obtenus sur des courbes de contrainte-déformation
des essais cycliques Est sont inférieurs à ceux obtenus par la méthode dynamique Edyn.
Le rapport entre les modules statiques et dynamiques varie entre 0,6 et 0,9 comme
présenté dans la figure 4.24. Lama et Vutukuri (1978) ont trouvé que plus le module
d’Young est faible, plus la différence entre les modules statique et dynamique est
importante. C’est ce que l’on peut observer sur l’échantillon R02 (10 MPa), qui a des
modules Est les plus faibles (figure 4.17a) et qui présente la différence la plus prononcée
entre les modules statique et dynamique (figure 4.24).
100
Modules statiques Est (GPa)
90 R01 - 5 MPa
R02 - 10 MPa
80 R03 - 20 MPa
70 R04 - 30 MPa
60
50
40
40 50 60 70 80 90 100
Modules dynamiques Edyn (GPa)
Figure 4.23 - Comparaison croisée entre les modules d’Young statiques et dynamiques des essais
cycliques.
93
II. Études expérimentales
1,5
R01 - 5 MPa R03 - 20 MPa
1,2 R02 - 10 MPa R04 - 30 MPa
0,9
Est/Edyn
0,6
0,3
0
0 20 40 60 80 100
σ1/σ1pic (%)
Figure 4.24 - Rapport entre les modules élastiques statiques et dynamiques en fonction du
niveau de la contrainte axiale par rapport à la contrainte au pic des essais cycliques.
180
150
Contrainte axiale (MPa)
120
90
Enveloppe Mohr-Coulomb
60
φ = 22°
30 c = 35 MPa
0
0 5 10 15 20 25 30
Pression de confinement (MPa)
94
4. Essais triaxiaux sur la matrice rocheuse
4.6 Conclusion
Le comportement en compression triaxiale de la roche saine a été étudié sous des
confinement entre 0 et 30 MPa. Sous un chargement isotrope, la roche montre un
comportement quasi isotrope et non linéaire pour des contraintes jusqu'à 10 - 15 MPa.
Au-delà de ce niveau de contrainte isotrope, les déformations augmentent linéairement
avec la contrainte, mais la roche montre une anisotropie en déformation : la
déformation axiale présente une augmentation plus importante que la déformation
radiale. La déformation volumique sous des contraintes isotropes inférieures à 30 MPa
est contractante. Elle est non linéaire pour des contraintes jusqu'à 10 - 15 MPa et puis
devient linéaire pour des contraintes à partir de 15 MPa.
Nous avons réalisé deux séries d'essais avec deux modes de chargement différents :
monotone ou cyclique, avec un chargement isotrope continu ou par petits paliers. Les
courbes de contrainte-déformation pendant le chargement déviatorique montrent
classiquement différentes phases : une phase de déformation linéaire, réversible suivie
d'une phase de déformation non-linéaire, irréversible jusqu'à la rupture. La linéarité des
courbes de contrainte-déformations axiale et radiale ne se trouve qu'à la contrainte
déviatorique d'environ 60 - 70 MPa, quel que soit la pression de confinement entre 0 et
30 MPa. Les déformations irréversibles ont été observées dès les premiers
déchargements des essais cycliques. Elles augmentent avec le niveau de la contrainte
déviatorique atteint avant le déchargement.
Nous avons observé que les cinq cycles de charge/décharge réalisés au cours des
essais cycliques n'ont pas d'influence notable sur le comportement de la roche. La
résistance au pic et les déformations mesurées dans les essais cycliques et monotones
effectués à une même pression de confinement sont très comparables.
L'influence de la pression de confinement a été observée : plus la pression de
confinement augmente, plus la résistance de pic augmente et les déformations
correspondantes à la rupture sont plus importantes. Le mode de rupture change
également avec la variation du confinement. Sous les pressions de confinement de 5 et
10 MPa, la roche montre un comportement fragile avec une rupture selon un plan de
cisaillement. Sous les pressions de confinement de 20 et 30 MPa, le comportement est
plus ductile : la roche peut atteindre à des déformations de 1 à 2 % sans perte de
résistance. Même après une déformation irréversible de 3 %, l'échantillon soumis au
confinement de 30 MPa ne présente pas de fissuration macroscopique, on n'observe que
de stries du plan de rupture. L'angle entre le plan de rupture et l'axe de l'échantillon a
tendance à augmenter avec l'augmentation du confinement.
Les modules élastiques ont été déterminés sur les cycles de déchargement des essais
cycliques. Les modules de déformation E montrent un comportement de durcissement
sur les premiers cycles (correspondant à la fermeture des défauts préexistants) et un
endommagement sur les derniers cycles. Le comportement de durcissement est moins
prononcé pour les essais soumis aux confinements plus élevés. Les coefficients de
Poisson augmentent avec la contrainte axiale appliquée. Une enveloppe de rupture
95
II. Études expérimentales
96
Chapitre 5
Nous avons vu que la morphologie des surfaces des fractures a une influence
importante sur le comportement mécanique des discontinuités rocheuses (paragraphe
3.5). Cet effet résulte du fait qu'elle a une influence fondamentale sur le développement
de la dilatance, et par conséquent, sur la résistance du joint pendant le cisaillement. La
mesure précise de la morphologie de la surface rugueuse est donc nécessaire pour mieux
comprendre le mécanisme de cisaillement et pour mieux prévoir la résistance (maximale
et résiduelle) des joints de la roche, ainsi que la dilatance qu'une discontinuité subit
pendant le cisaillement. Certaines méthodes de détermination de la rugosité du joint
sont présentées dans 3.2. Dans le cas de notre étude, nous avons numérisé les surfaces
de discontinuités naturelles en utilisant un profilomètre laser avant et après chaque
essai de cisaillement, réalisé à contrainte normale constante pour un cycle de
cisaillement aller/retour complet. Ces mesures ont été effectuées en collaboration avec
l’Université de Bordeaux (GHYMAC). La caractérisation morphologique s'appuie
essentiellement sur la détermination des paramètres statistiques de la rugosité (3.2.1.2).
5.1.1 Dispositif
L'acquisition des profils de rugosité des surfaces a été effectuée avant et après
douze essais de cisaillement CNC en utilisant un profilomètre laser OPTIMET de type
MiniConoscan 3000 (figure 5.1). C'est un système de mesure sans contact en 3D. Ce
97
II. Études expérimentales
système consiste en une tête qui permet la mesure, un bâti rigide, une table de
déplacement X-Y et un PC. La tête de mesure comprend un capteur laser de mesure
co-linéaire de type ConoLine. C'est un capteur à diodes laser d'onde rouge focalisé par
une lentille de distance focale de 75 mm dont un diamètre de spot de 65 µm, l'étendue
de mesure est de 18 mm et la précision de ±10 µm.
L'échantillon est fixé sur la table de déplacement grâce à une plaque métallique.
Cette plaque a été spécialement conçue pour nos échantillons afin d’assurer une même
position de mesure avant et après essai. Elle se compose un système de vis pour fixer
sur la table de déplacement à une position désirée et une corniche en T pour s'articuler
à une rainure sur l'échantillon.
Table de
déplacement
X-Y Tête de
mesure
Plaque
métallique
Figure 5.1 - Profilomètre laser et acquisition des profils de rugosité sous profilomètre laser.
5.1.2 Échantillons
Les échantillons de discontinuités naturelles ont été choisis parmi des carottes de
forage de diamètres d’environ 85 mm, disponibles dans la carothèque. Ils sont sains,
sans remplissage et présentent un bon état d’imbrication. La figure 5.2 présente un
exemple des images des surfaces inférieure et supérieure d’une discontinuité étudiée
(l’échantillon 10).
Figure 5.2 - Image de surface de l’éponte inférieure (à gauche) et l’éponte supérieure (à droite)
d’une discontinuité étudiée (l’échantillon 10).
98
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
Le faisceau laser émis sur la surface de mesure est réfléchi et puis détecté par le
capteur laser. Le logiciel ConoLine analyse cette réponse et calcule la distance du point
mesuré. La distance focale est assurée en bougeant la tête de mesure sur le bâti. Une
caméra insérée entre la lentille et le capteur permet de voir l'image de la surface et la
position du spot laser. La table de déplacement X-Y peut être déplacée horizontalement
dans les deux sens et permet de mesurer une carte de dimension maximale de
120×120 mm. La mesure est réalisée par profil 2D dans la direction X avec un pas
d'échantillonnage de 500 µm et puis un incrément de 500 µm dans la direction Y est
effectué (figure 5.3). Un autre profil parallèle est alors enregistré. La carte
topographique obtenue est un ensemble des valeurs d'élévation aux nœuds d'une grille
de maille carrée de 500 µm² (environ 24 000 à 30 000 points de mesure par surface).
Nous avons mesuré en plus les coordonnées des points de repère (3 à 6 points) au bord
des surfaces inférieure et supérieure afin de recaler les coordonnées d’une surface par
rapport à l’autre.
5
Côte par rapport au point de départ du sondage carotté SCH1.
99
II. Études expérimentales
Point de mesure
Figure 5.3 - Trajectoire du déplacement relatif du faisceau laser par rapport à la table de
déplacement.
100
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
90° 120°
30°
0°
Figure 5.5 - Directions des grilles orthogonales X-Y à reconstruire : 0°-90°, 30°-120°, 45°-135° et
60°-150°.
différentes étapes en diminuant le pas de calcul. A chaque étape, pour estimer la valeur
de hauteur en un point, on utilise les données situées dans un cercle de rayon de 8 à
10 mm centré sur le point à estimer. La première étape est une reconstruction sur une
grille de maille carrée de 2 mm de côté en prenant 1,5 mm comme une distance
minimale entre deux points servant à l’interpolation (l’étape 1 sur la figure 5.6). Après
chaque étape et pour réaliser l’étape suivante avec une grille à mailles plus petites, les
points résultant de l’étape précédente sont ajoutés à la totalité des points
expérimentaux afin d’obtenir une répartition spatiale des points plus homogène. La
reconstruction a été effectuée après chaque mesure, avant et après la réalisation des
essais de cisaillement pour toutes les épontes des douze échantillons.
101
II. Études expérimentales
Tableau 5.2 - Paramètres statistiques globaux calculés pour l'éponte inférieure (Inf.) et
supérieure (Sup.).
Étendue k (mm) RMS (mm)
Échantillon
Inf. Sup. Inf. Sup.
01 10,14 10,03 2,20 2,13
02 5,24 5,37 1,01 1,04
03 15,74 15,39 3,24 3,23
04 4,69 8,04 0,82 1,00
05 11,26 14,23 2,59 2,61
06 16,23 15,71 3,59 3,49
07 10,64 14,24 2,10 2,25
08 10,42 9,52 1,37 1,71
09 12,02 11,52 1,99 1,98
10 18,33 18,22 4,32 4,28
11 10,10 10,01 2,21 2,10
12 19,07 18,87 3,34 3,34
6
Le plan moyen est défini par la moyenne algébrique des altitudes mesurées de surface.
102
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
En considérant ces deux paramètres globaux, on peut conclure que les échantillons
présentent un emboîtement potentiel entre les deux épontes, prouvant que leur
morphologie semblait très proche sauf pour les quatre échantillons 04, 05, 07 et 08.
Cette première conclusion avait déjà pu être tirée d'une observation à l'œil nu.
En se basant sur les valeurs des paramètres globaux, on peut avoir une première
classification des douze échantillons en trois groupes : le premier groupe (02, 04) avec
une étendue de 4 - 5 mm et un RMS de 1,0 mm ; le deuxième groupe (01, 05, 07, 08, 09
et 11) avec une étendue de 10 - 12 mm et un RMS de 2,0 - 2,5 mm ; le troisième
groupe (03, 06, 10 et 12) avec une étendue de 15 - 19 mm et un RMS de 3,2 - 4,3 mm
(tableau 5.3).
Tableau 5.3 - Première classification des échantillons selon la valeur des paramètres globaux
(PG).
Étendue k (mm) RMS (mm)
Groupe Échantillon
Inf. Sup. Inf. Sup.
Groupe 02 5,24 5,37 1,01 1,04
PG1 04 4,69 8,04 0,82 1,00
01 10,14 10,03 2,20 2,13
05 11,26 14,23 2,59 2,61
Groupe 07 10,64 14,24 2,10 2,25
PG2 08 10,42 9,52 1,37 1,71
09 12,02 11,52 1,99 1,98
11 10,10 10,01 2,21 2,10
03 15,74 15,39 3,24 3,23
Groupe 06 16,23 15,71 3,59 3,49
PG3 10 18,33 18,22 4,32 4,28
12 19,07 18,87 3,34 3,34
103
II. Études expérimentales
4 4
3 3
2 2
1 1
0 0
-1 -1
-2 -2
-3 -3
-4 -4
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
4 4
3 3
2 2
1 1
0 0
-1 -1
-2 -2
-3 -3
-4 -4
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4
4 4
3 3
2 2
1 1
0 0
-1 -1
-2 -2
-3 -3
-4 -4
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4
Figure 5.7 - Représentation de la surface des épontes par l'échelle de couleur des hauteurs, pas
de contour de 1000 µm. Ce sont respectivement les épontes inférieures (à gauche) et supérieures
(à droite) des échantillons 02 (PG1), 01 (PG2), 10 (PG3) ; PG : Paramètres Globaux. Les deux
épontes sont vues du haut, en position superposée.
4 4
3 3
2 2
1 1
0 0
-1 -1
-2 -2
-3 -3
-4 -4
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4
Figure 5.8 - Représentation par l'échelle de couleur des hauteurs d'une différence de l'étendue et
des altitudes entre les épontes inférieure (à gauche) et supérieure (à droite) de l'échantillon 08.
104
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
Éponte supérieure
Éponte inférieure
Z>0 Z>0
Position superposée
Plan de référence
105
II. Études expérimentales
calculé par la proportion non compensée des longueurs projetées des pentes positives
par celles des pentes négatives. Z4 peut donc avoir une valeur positive dans un sens et
une valeur négative de la même grandeur dans le sens opposé. Dans la direction de la
valeur absolue maximale de Z4, le sens ayant Z4 positif correspond à celui qui a la plus
de proportion de pentes positives et autant de proportion de pentes négatives dans le
sens opposé. Dans la plupart des cas, on a observé que la direction de la valeur absolue
maximale de Z4 coïncide avec celles de RL et Z2 à l'exception des échantillons 04, 07, 08
et 09. Cela veut dire que le cisaillement dans ces directions et dans le sens que Z4 est
positif est la plus "défavorable" avec le plus de facettes mobilisées lors du cisaillement.
Le paramètre Z3, qui est lié au degré d'arrondi des aspérités, semble être
indépendant de la direction d'enregistrement. Cependant, parmi les douze échantillons
étudiés, on a observé sur sept échantillons (02 et 05 à 11) que les directions des valeurs
maximale et minimale de Z3 sont très proches de celles des paramètres RL et Z2. Cela
veut dire que la direction la plus "pointue" de ces échantillons (Z3 maximal) est
parallèle à la direction dans la quelle les aspérités se propagent préférentiellement et la
direction la plus "lisse" (Z3 minimal) est celle perpendiculaire à la direction préférée de
la propagation des aspérités.
La moyenne directionnelle des pentes positives et celle des pentes négatives des
aspérités (colatitudes positives et négatives en 2D) varient également d'une direction à
l'autre. Dans un sens de changement de direction, si la moyenne des colatitudes
positives augmente, la moyenne des colatitudes négatives diminue (en valeur absolue).
Dans tel sens de changement de direction, sauf pour les échantillons 04 et 07, on a
observé que le Z4 des autres échantillons augmente, c'est-à-dire qu'il y a de plus en plus
de pentes positives et de moins en moins de pentes négatives. De plus, sauf pour les
échantillons 04, 07, 08 et 09, dans la direction de la valeur absolue maximale de Z4 qui
est également la direction de la valeur maximale de RL et Z2, la moyenne des
colatitudes présente une valeur extremum : soit maximale positive si Z4 est positif, soit
minimale négative si Z4 est négatif. Cette observation signifie que, pour ces
échantillons, il existe une direction qui a non seulement l'angularité la plus importante
(direction préférée de la propagation des aspérités, proportion de pentes
positives/négatives la plus grande), mais également la direction qui a la valeur
angulaire positive/négative la plus forte. Cette direction est donc la direction de la
rugosité la plus marquée. A noter que, dans chaque direction, la différence entre les
moyennes des colatitudes positives et négatives indique une anisotropie des colatitudes
en fonction du sens considéré. La figure 5.10 présente un exemple de la distribution
spatiale des colatitudes 2D par l'échelle de couleur pour les deux épontes de
l’échantillon 10 dans deux directions 0° et 90°. On peut observer une forte anisotropie
de la distribution des colatitudes en fonction du sens, surtout dans la direction 90°.
L'anisotropie des paramètres de rugosité des surfaces sera présentée plus en détail
dans la section 5.3.2.
106
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
Tableau 5.4 - Paramètres statistiques directionnels selon huit directions différentes de l'éponte
inférieure (Inf.) et supérieure (Sup.) de l'échantillon 10.
Éponte Paramètres 0° 30° 45° 60° 90° 120° 135° 150°
RL 1,024 1,032 1,038 1,044 1,049 1,043 1,037 1,031
Z2 0,226 0,261 0,285 0,306 0,325 0,302 0,280 0,256
Z3 0,307 0,375 0,397 0,409 0,413 0,403 0,392 0,375
Inf.
Z4 0,043 0,338 0,445 0,514 0,564 0,499 0,412 0,284
θ+ (degré) 10,0 12,5 13,7 14,6 15,5 14,5 13,6 12,4
θ - (degré) -9,9 -8,2 -7,7 -7,3 -7,5 -8,0 -8,2 -8,5
RL 1,026 1,033 1,039 1,044 1,049 1,043 1,037 1,032
Z2 0,236 0,266 0,289 0,308 0,324 0,303 0,282 0,259
Z3 0,349 0,387 0,406 0,421 0,408 0,405 0,404 0,385
Sup.
Z4 0,062 0,350 0,453 0,516 0,557 0,478 0,383 0,258
θ+ (degré) 10,5 12,8 13,9 14,8 15,5 14,5 13,6 12,4
θ - (degré) -9,9 -8,1 -7,6 -7,3 -7,6 -8,3 -8,5 -8,9
107
II. Études expérimentales
Tableau 5.5 - Valeur absolue maximale de la différence entre les valeurs des paramètres
directionnels des épontes inférieure et supérieure dans toutes les directions pour chaque
échantillon.
Échantillon ∆RL ∆Z2 ∆Z3 ∆Z4 ∆θ+ (°) ∆θ− (°)
01 0,004 0,031 0,135 0,050 0,844 0,566
02 0,000 0,002 0,012 0,027 0,163 0,142
03 0,001 0,005 0,028 0,011 1,163 0,371
04 0,002 0,010 0,022 0,019 0,468 0,530
05 0,001 0,007 0,020 0,042 0,107 0,390
06 0,005 0,034 0,133 0,038 0,864 0,426
07 0,003 0,016 0,100 0,057 0,585 0,839
08 0,012 0,074 0,068 0,085 2,143 2,234
09 0,002 0,007 0,020 0,035 0,256 0,332
10 0,002 0,010 0,042 0,029 0,507 0,384
11 0,002 0,009 0,021 0,028 0,811 0,221
12 0,002 0,008 0,051 0,023 0,724 0,279
Ainsi que nous l'avons présenté dans la section précédente, tous les paramètres
directionnels montrent des valeurs différentes en fonction de la direction ou même du
sens de calcul. Cela traduit une anisotropie des paramètres de rugosité. La figure 5.11
présente graphiquement les paramètres calculés en fonction du sens de calcul pour
l'échantillon 03. Pour les paramètres RL, Z2 et Z3, qui ne dépendent pas du sens de
calcul, leurs valeurs selon les deux sens opposés d'une même direction sont les mêmes.
Pour les autres paramètres, leurs valeurs dans les deux sens inverses ont la même
grandeur absolue mais de signe opposé (Z4) ou des valeurs différentes (θ+ et θ−). On
observe que les paramètres Z2 et Z4 montrent des variations directionnelles plus
remarquables (figure 5.11b et d) par rapport à celles des paramètres RL et Z3 (figure
5.11a et c). En comparant les coefficients de variation (rapport entre l'écart type et la
moyenne des mesures) déterminés pour chaque paramètre de tous les échantillons, on a
constaté c'est le paramètre Z4 qui est le plus sensible à la variation de direction
(coefficient de variation maximal de 13,3) et le paramètre RL est le moins sensible
(coefficient de variation maximal de 0,007). Cette observation a été également faite par
Marache (2002) sur des répliques en mortier des joints rocheux modèles.
108
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
90° 90°
RL 120° 60° Z2 120° 60°
180° 0° 180° 0°
(a) (b)
90° 90°
Z3 120° 60° Z4 120° 60°
180° 0° 180° 0°
(c) (d)
+ 90° − 90°
θ2D 120° 60° θ2D 120° 60°
180° 0° 180° 0°
(e) (f)
Figure 5.11 - Paramètres morphologiques en fonction du sens de calcul pour l'échantillon 03.
109
II. Études expérimentales
100
80
Fréquences cumulées (%)
60
40
Dir. 0°
Dir. 60°
20
Dir. 180°
Dir. 240°
0
-60 -40 -20 0 20 40 60
Colatitude (°)
Figure 5.12 - Distributions des colatitudes expérimentales 2D pour des différentes directions de
l'échantillon 03.
110
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
Tableau 5.6 - Directions de la valeur maximale absolue des paramètres statiques directionnels.
Échantillon RL Z2 Z3 Z4 θ+ θ−
01 19° 16° 71° 358° 189° 9°
02 94° 93° 98° 270° 85° 265°
03 57° 58° 13° 240° 237° 57°
04 156° 162° 111° 73° 26° 206°
05 88° 89° 93° 269° 268° 88°
06 144° 145° 161° 121° 138° 318°
07 68° 68° 81° 353° 55° 235°
08 23° 22° 26° 145° 195° 15°
09 142° 141° 159° 284° 323° 143°
10 89° 88° 85° 83° 87° 267°
11 104° 105° 103° 287° 286° 106°
12 74° 74° − 254° 255° 75°
111
II. Études expérimentales
DIRECTION DE CISAILLEMENT
Direction de mouvement a c m
relatif de l'éponte supérieure b d n
Direction de mouvement
de l'éponte inférieure
112
Tableau 5.7
Tableau 5.7 - Regroupement des 12 échantillons de discontinuités en 3 groupes de morphologie similaire selon une direction de cisaillement
donnée, en se basant sur les paramètres morphologiques directionnels calculés (I - éponte inférieure, S - éponte supérieure).
113
08 330° 1,014 1,024 0,172 0,229 0,223 0,274 -0,176 -0,230 6,1 6,6 -8,0 -10,1
G2
09 60° 1,025 1,025 0,227 0,227 0,348 0,345 -0,121 -0,150 9,4 9,7 -10,0 -10,0
11 60° 1,020 1,020 0,202 0,201 0,300 0,272 -0,233 -0,241 7,3 7,4 -9,6 -9,5
03 60° 1,045 1,045 0,310 0,312 0,418 0,418 -0,372 -0,362 9,9 11,0 -14,4 -14,3
06 300° 1,045 1,039 0,322 0,291 0,426 0,364 -0,488 -0,474 9,6 9,8 -14,1 -13,3
G3
10 300° 1,043 1,043 0,302 0,303 0,401 0,413 -0,499 -0,478 8,0 8,3 -14,5 -14,5
12 45° 1,041 1,043 0,295 0,302 0,426 0,434 -0,459 -0,454 8,4 9,1 -14,1 -14,2
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
II. Études expérimentales
nt
me
RL
ille
en
Z2
isa
Z3
e
−
ill
θ
ec
sa
+
Z4
ci
nd
θ Z4
de
ti o
n
io
rec
ct
ire
Di
D
225° − +
270° θ θ Z
4
+
02 Z3 RL Z2 θ 08 06 Z4
+
Z4 Z3 Rθ L
RL Z2
Di
Di
rec
rec Z2 Z3
tio −
ti o
nd θ
nd
Direction de cisaillement ec
isa
ec
180° ille
+ me
isa
θ nt
ille
me
nt
−
330° θ
−
θ Z4 300°
04 Z3 Z4 09 60° RL Z2 θ Z3 Z4
+
10
R Z2
−L
ent
nt
Di
θ
RL
me
+
rec
lem
θ Z3
ille
Z2
ti o
il
isa
isa
nd
ec
ec
ec
nd
nd
isa
ti o
ti o
ille
rec
rec
−
θ
ent
Di
Di
+
θ
240° Z4 −
300°
θ
Z3 Z2 RL θ
−
11 − Z2
RL Z3 −
θ Z2
05 60° 12 RL
θ 45°
nt
me
ille
t
en
isa
em
ec
Direction de cisaillement
ill
sa
nd
ci
180°
de
ti o
n
rec
io
ct
Di
i re
D
+ + Z4 +
θ Z4 θ Z4 θ
Figure 5.14 - Position relative de la direction de cisaillement et des directions de la valeur
maximale des paramètres ; pour Z4, la flèche signifie le sens ayant la valeur maximale positive et
pour θ+ et θ−, le sens ayant la valeur maximale absolue.
114
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
Dans le système expérimental de mesure, les surfaces des discontinuités ne sont pas
horizontales. L'inclinaison des surfaces est définie comme la pente α entre le plan
géométrique moyen7 des épontes et la direction de cisaillement (figure 5.15). Elle est
positive si α est positive dans le sens de cisaillement aller (figure 5.15a) et négative si α
est négative (figure 5.15b). Les échantillons ont été classés en trois groupes de
morphologie similaire pour la réalisation des essais mécaniques. Afin de respecter
l'homogénéité de la morphologie choisie pour les échantillons dans un même groupe, les
essais de cisaillement doivent reproduire l'inclinaison des surfaces8. Donc, il est très
important de déterminer l'inclinaison des surfaces des discontinuités car cette
inclinaison peut influencer les caractéristiques de dilatance/contractance au cours du
cisaillement des échantillons.
α
Direction de
α
cisaillement
(a) (b)
Figure 5.15 - Pente d'inclinaison α du plan géométrique moyen par rapport à la direction de
cisaillement ; (a) α positive, (b) α négative.
7
Le plan géométrique moyen est défini par la moyenne des altitudes mesurées grâce à la
méthode des moindres carrés.
8
Selon la norme française XP P94-424, le plan moyen des épontes de discontinuités doit être
mis en position horizontale et perpendiculaire à la charge normale lors du cisaillement.
115
II. Études expérimentales
Tableau 5.8 - Pente d'inclinaison du plan géométrique moyen des épontes par rapport au plan
horizontal selon la direction de cisaillement (I - éponte inférieure ; S - éponte supérieure).
Pente d'inclinaison (°)
Groupe Échantillon Direction
I S Moyenne
01 270° 0,83 0,84 0,83
02 180° -0,57 -0,60 -0,59
G1
04 240° -1,02 -0,89 -0,95
05 180° 0,20 0,39 0,30
07 225° -2,45 -2,67 -2,56
08 330° -2,44 -3,15 -2,80
G2
09 60° -2,30 -2,45 -2,38
11 60° -3,22 -2,98 -3,10
03 60° -8,22 -8,11 -8,16
06 300° -8,14 -7,97 -8,06
G3
10 300° -9,69 -9,29 -9,49
12 45° -7,54 -7,54 -7,54
Comme le JRC est très communément utilisé pour décrire la rugosité des surfaces
de discontinuités, en plus des paramètres statistiques mentionnés au-dessus, nous avons
calculé le JRC pour chaque éponte de tous les échantillons. Des méthodes de calcul du
JRC ont été présentées dans la section 3.2.1.1. Nous ne présentons ci-après que des
calculs du JRC à partir des paramètres Z2 selon les équations de Tse et Cruden (1979)
et de Yu et Vassade (1991) avec un pas d’échantillonnage de 500 µm (tableau 3.1).
Tableau 5.9 - JRC calculé à partir du paramètre Z2 selon Tse et Cruden (1979) et Yu et
Vassade (1991), avec I - éponte inférieure ; S - éponte supérieure.
116
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
Le calcul selon les deux méthodes donne des résultats proches sauf pour l’échantillon
05 (tableau 5.9). Comme attendu, on observe une similarité du JRC des échantillons
pour un groupe donné. Le JRC varie de 1,5 à 7 pour le groupe le plus lisse G1 ; de 9 à
11 pour le groupe G2 et de 15 à 16 pour le groupe le plus rugueux G3.
117
II. Études expérimentales
100
60
40
20
0 P
0 500 1000 1500 2000
Déplacement relatif vertical (µm)
Figure 5.16 - Courbe de l'aire de contact cumulée entre les deux épontes en fonction de la
fermeture du joint soumis à contrainte normale
118
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
Figure 5.18 - Photo de la surface de l’éponte inférieure 05 avant (à gauche) et après (à droite)
essai de cisaillement.
119
II. Études expérimentales
Figure 5.19 - Représentation d’altitude des surface de l'éponte inférieure 05 avant (à gauche) et
après (à droite) essai de cisaillement par l’échelle de couleur.
Comme les surfaces après essai présentent une importante perte de matériau aux
bords, la surface finale est plus petite que la surface avant le cisaillement. Afin de
mieux comparer les caractéristiques morphologiques déterminées sur la surface après
essai et ceux déterminés sur la surface initiale, nous avons recalculé tous les paramètres
morphologiques avant essai sur la base de la surface finale obtenue après le cisaillement.
120
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
Tableau 5.10 - Étendues et moyennes arithmétiques des hauteurs calculées pour les surfaces
avant et après essais mécaniques sur la base de la surface finale obtenue après essai (I - éponte
inférieure ; S - éponte supérieure).
Quant au RMS centré (calculé à partir des hauteurs centrées par rapport au plan
moyen défini au paragraphe 5.3.1.1), il a tendance à diminuer pour la plupart des
épontes (tableau 5.11). Une diminution de la valeur de RMS montre qu'après le
cisaillement, la hauteur des points est plus concentrée autour du plan moyen de la
surface. Cependant, ce paramètre varie très légèrement, au maximum de 0,12 mm pour
l’échantillon 06.
Tableau 5.11 - Dispersion des hauteurs calculée avant et après essai de cisaillement sur la base
de la surface finale (I - éponte inférieure ; S - éponte supérieure).
121
II. Études expérimentales
Tableau 5.12 - Exemple de la variation des paramètres directionnels calculés avant* et après
essai de cisaillement sur la même surface finale pour les deux épontes de l’échantillon 02.
122
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
123
II. Études expérimentales
le cisaillement (figure 5.20a). Cela signifie que la surface a été cisaillée : la hauteur des
zones endommagées diminue et devient plus basse après essai. La surface supérieure
(figure 5.20b) montre le même phénomène que la surface inférieure. Cependant, comme
la surface supérieure est représentée en position superposée (convention figure 5.9), la
hauteur des zones cisaillées ou arrachées par rapport au plan de référence augmente. Le
pourcentage des points ayant les hauteurs les plus bases diminue et le pourcentage des
points ayant les hauteurs les plus hautes augmente pour la surface supérieure après
essai (figure 5.20b). Ces tendances de variation de la distribution de hauteurs ont été
observées pour tous les échantillons.
Fréquence (%)
Fréquence (%)
15
10
10
5
5
0 0
-3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
Hauteur (mm) Hauteur (mm)
(a) (b)
Figure 5.20 - Distribution des hauteurs des surfaces inférieure et supérieure, calculée avant et
après le cisaillement de l'échantillon 02.
124
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
Le Z3, qui est lié au degré d'arrondi des aspérités et le Z4, qui est la proportion non
compensée des longueurs projetées des pentes positives par celles des pentes négatives,
ne montrent pas une tendance de variation déterminable. Ils peuvent augmenter pour
certains échantillons ou diminuer dans les autres cas.
Fréquence (%)
Fréquence (%)
15 15
10 10
5 5
0 0
-60 -40 -20 0 20 40 60 -60 -40 -20 0 20 40 60
Colatitude (°) Colatitude (°)
Figure 5.21 - Distribution des colatitudes des surfaces inférieure et supérieure, calculée avant et
après le cisaillement de l’échantillon 11.
Tableau 5.14 - Variation du JRC calculé selon Tse et Cruden (1979) pour les surfaces avant* et
après essais sur la base de la surface finale.
125
II. Études expérimentales
On observe sur le tableau 5.14 qu'après essai le JRC diminue dans tous les cas.
Cela signifie que la rugosité des surfaces diminue après le cisaillement. Cependant, la
variation du JRC des surfaces d'un même échantillon n'est pas identique. La différence
du JRC des épontes inférieure et supérieure avant essai est due à des surfaces de calcul
(surfaces finales après essai) différentes. Nous pouvons observer également que le JRC
des échantillons d'un même groupe reste encore proche et il est en l'ordre de rugosité
choisi, du groupe le plus lisse (G1) au groupe le plus rugueux (G3).
126
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
Éponte supérieure
3000
Profil avant cisaillement
2000 Profil après cisaillement
Z (µm)
1000
(+)
(+)
0 (+)
-1000
Éponte inférieure
3000
0
(+)
-1000
-2000
-40000 -30000 -20000 -10000 0 10000 20000 30000 40000
X (µm)
(b)
Figure 5.22 - Exemple de l'évolution des profils de rugosité avant et après le cisaillement de
l’échantillon 10 (directions 0° - 90°), (a)- Profils de l'éponte supérieure ; (b)- Profils de l'éponte
inférieure.
La figure 5.23a et la figure 5.23b présentent la carte des zones endommagées des
surfaces inférieure et supérieure de l'échantillon 12. La différence d'altitude est
représentée par l'échelle de gris. Les cartes d'endommagement des autres échantillons
sont données en annexe B.2. A l'aide de ces cartes d'endommagement, on peut localiser
facilement les zones de rupture et l'importance de la dégradation. Dans tous les cas, on
observe qu'il y a des dégradations de surface avec des différences d'altitude jusqu'à
1 mm ou plus. On remarque également que les zones correspondant à des ruptures
importantes avec des grandes différences d'altitude (couleur claire) sont généralement
de grande taille. En plus, il y a de nombreuses petites zones de rupture qui sont moins
importantes et très dispersées sur toute la surface. Cependant, la distribution des zones
dégradées n'est pas identique pour les surfaces inférieure et supérieure d'un même
échantillon. Après un cycle de cisaillement complet (de déplacement maximal de
±7 mm), tous les échantillons présentent des ruptures importantes aux bords. Ces
ruptures sont des arrachements du matériau au bord sous l'effet de la contrainte de
cisaillement et la contrainte normale. Plus la contrainte normale est élevée, plus on
observe des ruptures de bords importantes. Ces arrachements au bord sont représentés
par des zones de couleur blanche, correspondant à des différences d'altitude égale ou
supérieure à 1 mm dans la figure 5.23a et la figure 5.23b.
127
II. Études expérimentales
(a) (b)
> 150
≤ 150
∆Z
(µm)
(c) (d)
(e) (f)
Figure 5.23 - Zones endommagées des surfaces inférieure (à gauche) et supérieure (à droite) de
l'échantillon 12. Représentation de la différence de hauteur des surfaces avant et après essai par
l'échelle de gris (a,b) ou en noir/blanc (c,d). (e,f)- Comparaison des colatitudes calculées suivant
le sens de cisaillement aller (flèches rouges) avant essai et les courbes de niveau des zones ayant
une différence de hauteur supérieure à 150 µm après essai.
128
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
129
II. Études expérimentales
100
Groupe 1
01
80
100
Groupe 2
07
80
Fréquence cumulée (%)
07
08
60 08
09
09
40
11
11
20
Inférieure
Supérieure
0
-500 0 500 1000 1500
Différence de hauteur (µm)
(b)
100
Groupe 3
03
80
Fréquence cumulée (%)
03
06
60 06
10
40 10
12
12
20
Inférieure
Supérieure
0
-500 0 500 1000 1500
Différence de hauteur (µm)
(c)
Figure 5.24 - Distribution des différences d'altitude entre surfaces avant et après essai selon le
groupe d'échantillon, (a)- Groupe 1 ; (b)- Groupe 2 ; (c)- Groupe 3.
130
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
et des zones de grandes colatitudes pour les deux sens de cisaillement. Cela signifie que
ce sont les aspérités avec grandes angularités qui sont dégradées au premier lors du
cisaillement. On constate souvent dans tous les cas que ces zones les plus endommagées,
c'est-à-dire celles avec les différences d'altitude les plus grandes, coïncident avec le
sommet des aspérités (transition entres les colatitudes positive et négative). Cette
observation correspond au schéma du cisaillement des aspérités présenté dans la figure
5.25.
Sens aller
Sens opposé
Zone cisaillée
131
II. Études expérimentales
132
5. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
133
II. Études expérimentales
134
Chapitre 6
6.1.1 Échantillons
En plus des douze échantillons que nous avons scannés sous profilomètre laser et
qui sont présentés dans le chapitre précédent, une autre dizaine d'échantillons a été
utilisée pour réaliser des essais de cisaillement. Ces discontinuités ont été également
choisies parmi des carottes de forage de diamètre de 85 mm effectué dans les marbres
de St Béat. Les surfaces de fractures sont saines et ne présentent pas de signe visible de
135
II. Études expérimentales
cisaillement antérieur. Les dimensions des douze premiers échantillons ont été
présentées dans le tableau 5.1 et le tableau 6.1 présente les dimensions des autres
échantillons avec 2×a et 2×b respectivement la longueur du grand et petit axe de la
surface ellipsoïdale.
Pour ce dernier groupe d'échantillons, nous n'avons pas mesuré la morphologie des
surfaces avant et après la réalisation des essais. Par contre, nous avons essayé de choisir
visuellement des échantillons de surface la plus similaire possible (taille des grains et
des grandes ondulations, direction de cisaillement) afin de pouvoir tester différents
paramètres d'essais sur des surfaces de morphologie proche.
136
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
137
II. Études expérimentales
Les essais CN variable consistent à cisailler sous une contrainte normale constante
puis changer la valeur de la contrainte normale constante. Les chemins de cisaillement
utilisés seront présentés en détail dans la section 6.2.4.2. Trois contraintes normales
différentes (1,5, 3 et 5 MPa) ont été utilisées. Le tableau 6.2 récapitule les paramètres
d'essais utilisés pour les essais CNC et CN variable.
Afin d'étudier le comportement en cisaillement des joints rocheux quand la
dilatance est bloquée ou partiellement bloquée, nous avons réalisé des essais de
cisaillement à rigidité normale constante imposée (CNS) qui varie de 5 à 10 MPa/mm.
Les contraintes normales initiales sont comparables à celles des essais CNC, de 3 à 7
MPa. La vitesse de cisaillement est uniforme pour tous les essais CNS (5 µm/s). Les
échantillons ont été cisaillés pour un quart cycle de déplacement maximal jusqu'à 20
mm ou pour un cycle complet de déplacement maximal de ±7 mm.
Tableau 6.3 - Programme d'essais à rigidité normale imposée sur des discontinuités naturelles.
Rigidité normale Contrainte Vitesse de
Échantillon imposée normale cisaillement Cycle
(MPa/mm) initiale (MPa) (µm/s)
CNS.1 5 3 5 1 quart
CNS.2 6 3 5 1 quart
CNS.3 10 3 5 1 quart
CNS.4 5 5 5 1 quart
CNS.5 10 5 5 1 quart
CNS.6 5 7 5 1 cycle complet
CNS.7 10 7 5 1 cycle complet
138
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
Figure 6.1 - Machine de cisaillement constitué d'un système servo-hydraulique et de deux demi-
boîtes de dimension de 20×20 cm.
Pour les essais portant sur des discontinuités ouvertes, les épontes sont scellées
dans deux demi-boîtes à l’aide de mortier pour assurer leur calage. Ces demi-boîtes sont
ajustées dans les parallélépipèdes de la machine de cisaillement puis bloquées par
serrage. Le mortier utilisé est un produit spécial dont la résistance à la compression
peut atteindre 46 MPa après 24h.
Les deux épontes d'une éprouvette sont scellées séparément. Pour les douze
premiers échantillons qui ont été scannés sous profilomètre laser, avant le coulage de
mortier, nous avons veillé à bien mettre les épontes dans la position qu'elles avaient lors
de la mesure afin de reproduire l'orientation de la surface de fracture et de ne pas
changer les caractéristiques morphologiques déterminées. Pour cela, nous avons vérifié
l'horizontalité de la base des épontes inférieures en les fixant dans la demi-boîte. Le
plan géométrique moyen de ces douze échantillons est donc incliné d'une pente comme
présentée dans le tableau 5.8. Pour tous les autres échantillons, nous avons contrôlé
l'horizontalité du plan géométrique moyen en utilisant un niveau à bulle. La direction
de cisaillement, si elle est choisie, a été également vérifiée avant le coulage.
La figure 6.2 illustre la procédure de préparation des demi-boîtes de cisaillement.
Nous utilisons un serre-joint pour fixer l'éponte inférieure dans la demi-boîte de sorte
139
II. Études expérimentales
Les discontinuités étudiées sont toutes ouvertes. Donc il est nécessaire d'effectuer
des cycles de charge-décharge normale préalables afin d'obtenir un parfait emboîtement
des deux épontes de la fracture avant le cisaillement. Avant chaque essai, un essai de
compression simple cyclique a été réalisé. Les essais ne débutent pas à charge nulle, car
on applique une faible charge normale, suffisante lors de la mise en place de
140
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
l'échantillon pour qu'il n'y ait pas de déplacement relatif tangentiel au moment du
serrage des demi-boîtes dans la machine de cisaillement. Les déchargements ont été
effectués aussi jusqu'au niveau de la charge initiale. La valeur maximale de la
contrainte normale des cycles est égale à la contrainte normale initiale lors du
cisaillement ultérieur. L'allure générale de la courbe de compression (contrainte normale
en fonction du déplacement relatif normal) est comparable aux courbes classiques de
compression simple de Bandis et al. (1983). Deux exemples des cycles sous contrainte
normale de 1,5 et 5 MPa sont présentés dans la figure 6.3. L'augmentation de la
contrainte normale se traduit par la fermeture progressive du joint. Un déplacement
important lors du premier chargement dépend de la qualité de la mise en place des
épontes lors du coulage. Cela conduit à une grande hystérésis au cours de la première
décharge. Au deuxième cycle de charge-décharge, on peut remarquer que l'hystérésis
devient très faible et le comportement apparaît quasiment réversible même avec une
faible contrainte normale (1,5 MPa).
6 2,0
Contrainte normale (MPa)
5
1,5
4
3 1,0
2
0,5
1
0 0
0 0,5 1,0 1,5 2,0 0 0,03 0,06 0,09 0,12 0,15
Déplacement relatif normal (mm) Déplacement relatif normal (mm)
(a) (b)
Figure 6.3 - Cycles de charge-décharge normale sur discontinuités. (a)- Exemple des cycles à
contrainte normale σn = 5 MPa ; (b)- Exemple des cycles à σn = 1,5 MPa.
141
II. Études expérimentales
groupe. Les épontes sont cisaillées jusqu'à un déplacement relatif tangentiel maximal de
7 mm selon la direction de cisaillement choisie puis dans le sens inverse en passant la
position initiale (us = 0 mm) pour atteindre un déplacement maximal dans la direction
opposée (us = -7 mm), suivi de l'inversion de la direction de cisaillement pour remettre
l'échantillon à sa position initiale (us = 0 mm). Ce chemin de chargement constitue un
cycle complet de déplacement en cisaillement. On distingue quatre phases successives
d’un cycle complet en fonction du sens de cisaillement : phase de cisaillement aller et
retour à la position initiale ; phase de cisaillement dans le sens opposé et retour à la
position initiale (figure 6.4).
Contrainte normale (MPa)
σn constante
1. Sens aller
3. Sens opposé
2. Sens retour
4. Sens retour
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement tangentielle (mm)
Figure 6.4 - Schéma de déplacement des essais cycliques à contrainte normale constante.
142
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
3 MPa 3 MPa
Demi-cycle 2
(aller-retour)
1,5 MPa 1,5 MPa
Demi-cycle 1
(aller-retour)
0 8 0 5 10 15
Déplacement tangentiel (mm) Déplacement tangentiel (mm)
(a) (b)
Figure 6.5 - Essais de cisaillement direct à contrainte normale variable, (a)- Essais cycliques à
différentes contraintes normales; (b)- Essais à contrainte normale variable.
avec σno la contrainte normale initiale ; Kn.ext la rigidité normale externe imposée ;
σn la contrainte normale ; ∆un l'incrément du déplacement normal du joint.
Pendant les cycles initiaux et la phase de précharge jusqu'à la contrainte normale
initiale, la presse est contrôlée en force afin d'obtenir la charge normale désirée. Une fois
que la contrainte normale initiale est atteinte, on change le mode de contrôle pour
passer en rigidité constante.
Comme nous avons dit, les douze premiers échantillons des essais CNC ont été
regroupés en 3 groupes en se basant sur les caractéristiques morphologiques mesurées.
Le but de ce regroupement est d'avoir des groupes de discontinuités homogènes en
terme de morphologie selon une direction de cisaillement donnée. Les essais de
cisaillement sont ensuite effectués en respectant toutes ces caractéristiques
morphologiques. Pour cela, nous avons suivi un protocole expérimental comme décrit
143
II. Études expérimentales
dans la section 6.2.2. Lors de la mise en place des épontes du joint pour l'essai de
cisaillement, on a reproduit l'orientation du joint tel qu'elle était au moment de la
mesure sous le profilomètre laser avec un plan géométrique moyen incliné par rapport
au plan horizontal.
Armand (2000) a mis en évidence l’influence de la position du "plan géométrique
moyen" du joint sur la contrainte tangentielle et la dilatance. Il a réalisé une série
d’essais de cisaillement cycliques CNC dont le plan géométrique moyen du joint est
incliné d’un angle α (0°, 2° et 4°) par rapport au repère lié à la boite de cisaillement.
Lorsque le plan géométrique moyen du joint et le plan de cisaillement imposé par la
machine correspondent, il apparaît sur la courbe contrainte tangentielle en fonction du
déplacement relatif tangentiel τ = f(us) une symétrie par rapport au repère pour un
certain nombre de cycles, cette symétrie disparaît lorsque le plan géométrique moyen
est incliné. Il trouve que cette inclinaison induit une augmentation des contraintes
tangentielles, des déplacements relatifs normaux et une variation du coefficient de
frottement (de 13 % pour l'essai à 4°). L'interprétation directe de ces essais de
cisaillement peut conduire à une mauvaise estimation du comportement mécanique.
Donc l'essai doit être re-interprété par rapport au plan de cisaillement effectif (plan
géométrique moyen du joint) en ce qui concerne la résistance et la
dilatance/contractance.
Cette correction peut être facilement effectuée par une rotation du repère si l’on
connaît l'inclinaison du plan géométrique moyen du joint par rapport au plan de
cisaillement imposé. Si le comportement réel du joint est défini dans le repère (t, n) lié
au plan géométrique moyen du joint, avec σn la contrainte normale réelle, τ la
contrainte tangentielle réelle, un le déplacement relatif normal réel, us le déplacement
relatif tangentiel réel et si (σn)m, (τ)m, (un)m, (us)m sont les contraintes et les
déplacements relatifs verticaux et horizontaux mesurés, on obtient les relations (6.2) à
(6.5) qui permettent de déterminer le comportement réel du joint. Armand (2000)
retrouve bien le même comportement mécanique réel quelle que soit l’inclinaison en
appliquant cette transformation.
σ n = (σ n )m × cos α + (τ)m × sin α (6.2)
(un) m
j (τ)m
(us) m
(σn) m
n t Direction tangente
au joint
α
i Direction de
cisaillement
144
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
Pour réaliser cette correction, il faut avoir l’angle entre la direction de cisaillement
et le plan géométrique moyen du joint. Armand (2000) a présenté une méthode de
détermination de cet angle directement à partir des essais de cisaillement en adoptant
l’hypothèse d’une symétrie des courbes τ = f(us) pour un comportement théorique
cyclique. Le mauvais positionnement du plan géométrique moyen du joint qui fait
disparaître cette symétrie des courbes, peut être déterminé par des égalités des
coefficients de frottement résiduels dans les phases de dilatance ou de contractance d’un
cycle de cisaillement.
Nos essais de cisaillement sont effectués avec un seul cycle complet de déplacement
relatif tangentiel maximal de 7 mm. Le comportement résiduel n'est pas forcément
atteint. Donc cette méthode d'estimation de l'angle entre la direction de cisaillement et
le plan géométrique moyen du joint n'est pas applicable dans ce cas. Nous avons utilisé
les données des relevés morphologiques des épontes inférieure et supérieure avant
chaque essai pour déterminer le plan géométrique moyen du joint par la méthode des
moindres carrés, puis déduit l'inclinaison α entre la direction de cisaillement et le plan
géométrique moyen du joint. La valeur de la pente d'inclinaison a été présentée dans le
tableau 5.8.
Pour tous les autres essais, nous avons contrôlé l'horizontalité du plan géométrique
moyen du joint, cette correction n'est donc pas nécessaire.
145
II. Études expérimentales
La figure 6.7b détaille la phase aller de cisaillement (segment OB). Les points
marqués sur les courbes traduisent qualitativement les différentes phases du
comportement d'une discontinuité en cisaillement. Le segment OO' sur la courbe de
déplacement relatif normal correspond à une fermeture du joint lors de l'application de
la contrainte normale au début d'essai. L'application de la contrainte de cisaillement
produit initialement une phase linéaire OM de la contrainte tangentielle, correspond à
un comportement ‘pseudo-élastique’ du joint soumis à une contrainte normale et
latérale (cisaillement). Durant cette phase, l'application progressive de la contrainte de
cisaillement mobilise les aspérités par frottement sur des facettes positives dans le sens
de cisaillement et produit une nouvelle fermeture du joint induisant une contractance
du joint. Grasselli (2001) a montré que le chargement-déchargement dans cette phase
ne produit pas de changement irréversible de la structure ou des propriétés du joint. Le
segment MN correspond à une phase non-linéaire de τ-us jusqu'au pic de la résistance
avec l'apparition de la dilatance. Cette mobilisation de la dilatance entraîne une
diminution de l'aire de contact résultant en une augmentation de la concentration de la
contrainte normale et une progression des microfissures aux points de contact jusqu'à la
rupture. La pente de la courbe contrainte-déplacement diminue progressivement puis
devient nulle quand la contrainte augmente. Le point M correspond au point de
transition du comportement élastique au comportement irréversible. La troisième phase
NP correspond à une phase de contrainte tangentielle maximale coïncidant avec le taux
de dilatance maximal. Au cours de cette phase, aux zones de forte concentration de
contraintes, des aspérités commencent à être cisaillées provoquant une chute graduelle
de la contrainte tangentielle PQ. Gentier et al. (2000) ont analysé les images de
surfaces endommagées après cisaillement et observé qu'il y a très peu de rupture des
aspérités pendant la phase pré-pic et la phase de pic. Ils ont trouvé que la majorité des
endommagements de la surface apparaissent pendant la phase de radoucissement et la
phase résiduelle. La dégradation des aspérités (cisaillement, arrachement, broyage…)
fait accroître l'aire de contact et entraîne ainsi un abaissement des concentrations de
contrainte jusqu'à un niveau voisin de la contrainte normale imposée. La dilatance
continue d'augmenter mais avec un taux diminuant graduellement. La contrainte
tangentielle diminue jusqu'à un palier de contrainte appelé la contrainte résiduelle.
Pendant la phase de cisaillement à la contrainte résiduelle, les contraintes normales et
de cisaillement, appliquées sur une grande aire de contact, sont relativement
constantes. La perte de cohésion des épontes les fait glisser l'une sur l'autre provoquant
une dégradation par abrasion et broyage. La dilatance peut être encore présente à un
taux très faible voire nul avec le déplacement. Dans certains cas, le déplacement normal
peut devenir contractant.
Bien que l'allure des courbes obtenues pour les essais des 3 groupes soit
qualitativement similaire, le comportement en terme de contrainte de cisaillement et de
déplacement normal de chaque échantillon présente des différences suivant les
caractéristiques mécaniques et géométriques des surfaces de contact.
146
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
4 4
-2 1
D C
F
E
-4 0
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 0 1 2 3 4 5 6 7
0,6 0,6
Déplacement normal (mm)
B
0,4 C B
0,4
Q
0,2
F 0,2
O'
0 G O'
O 0 O P
A
H N
-0,2 M
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 0 1 2 3 4 5 6 7
Déplacement tangentiel (mm) Déplacement tangentiel (mm)
(a) (b)
6.3.2.1 Groupe G1
Les résultats des essais du premier groupe à contrainte normale de 5 MPa sont
présentés sur la figure 6.8 et la figure 6.9. Ces essais ont été cisaillés dans leur direction
la moins rugueuse (la direction quasiment perpendiculaire à la direction la plus
rugueuse de la surface, figure 5.14). Les valeurs des paramètres morphologiques selon
les directions de cisaillement choisies pour ce groupe restent alors les plus faibles
comparées à celles des autres groupes. De plus, par une observation macroscopique à
l'œil nu, on peut trouver que les échantillons G1-04 et G1-05 ne présentent que des
grandes ondulations plutôt que des aspérités secondaires. Ces premières observations
permettent d’expliquer un comportement quasiment similaire à celui d’un joint lisse
pour les essais G1-04 et G1-05 (figure 6.9): un comportement ductile sans pic de
contrainte tangentielle et des faibles déformations normales.
147
II. Études expérimentales
5 4
-2
-2
-4
-4
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
1,2 0,6
Déplacement relatif normal (mm)
0,4 0,2
0 0
-0,4 -0,2
-0,8 -0,4
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
(a) (b)
Figure 6.8 - Courbes de contrainte tangentielle et de déplacement relatif normal en fonction du
déplacement relatif tangentiel des essais CNC à 5 MPa, (a)- Essai G1-01, vitesse de cisaillement
5 µm/s ; (b)- Essai G1-02, vitesse de cisaillement 10 µm/s.
148
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
4 5
4
2
2
0
0
-2 20 µm/s 10 µm/s 20 µm/s
-2
-4
-4
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
0,2 0,4
Déplacement relatif normal (mm)
0 0,2
-0,2 0
-0,4 -0,2
-0,6 -0,4
-0,8 -0,6
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
(a) (b)
Figure 6.9 - Courbes de contrainte tangentielle et de déplacement relatif normal en fonction du
déplacement relatif tangentiel des essais CNC à 5 MPa, (a)- Essai G1-04, vitesse de cisaillement
20 µm/s ; (b)- Essai G1-05, vitesse de cisaillement 10 puis 20 µm/s.
La figure 6.9 présente les courbes obtenues pour les deux autres essais du groupe
G1 à vitesse de cisaillement de 20 µm/s et de 10 puis 20 µm/s. Sur ces deux essais à
149
II. Études expérimentales
6.3.2.2 Groupe G2
3 3
Contrainte tangentielle τ (MPa)
2 2
1 1
0 0
-1 -1
-2 -2
-3 -3
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
0,4 0,8
Déplacement relatif normal (mm)
0,2 0,6
0
0,4
-0,2
0,2
-0,4
0
-0,6
-0,2
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
(a) (b)
Figure 6.10 - Courbes de contrainte tangentielle et de déplacement relatif normal en fonction du
déplacement relatif tangentiel des essais CNC à 3 MPa, (a)- Essai G2-07, vitesse de cisaillement
5 µm/s ; (b)- Essai G2-08, vitesse de cisaillement 10 µm/s.
150
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
Les essais du 2ème groupe à contrainte normale de 3 MPa sont représentés sur la
figure 6.10 et la figure 6.11. Les courbes de contrainte tangentielle-déplacement
tangentiel des essais à faible vitesse de cisaillement de 5 et 10 µm/s (G2-07, G2-08, G2-
11) présentent toutes les phases successives: phase ‘pseudo-élastique’, pic de contrainte,
radoucissement, phase résiduelle et les phases de déchargement/rechargement. La non-
linéairité des courbes de dilatance est associée avec la rupture brusque des aspérités de
second ordre. L’angle de dilatance diminue graduellement et tend vers 0 avec
l’augmentation du déplacement tangentiel. En comparant avec les moyennes des
colatitudes mobilisées, dans le sens aller (de 0 à +7 mm), l'angle de dilatance maximal
et celui au pic de contrainte sont plus élevés ; dans le sens opposé (de 0 à –7 mm), les
angles de dilatance sont plus faibles.
3 4
Contrainte tangentielle τ (MPa)
1 2
0 1
-1 0
20 µm/s 5 µm/s 20 µm/s
-2 -1
-3 -2
-4 -3
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
0,8 0,6
Déplacement relatif normal (mm)
Déplacement relatif normal (mm)
0,6 0,4
0,4 0,2
0,2 0
0 -0,2
-0,2 -0,4
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
(a) (b)
Figure 6.11 - Courbes de contrainte tangentielle et de déplacement relatif normal en fonction du
déplacement relatif tangentiel des essais CNC à 3 MPa, (a)- Essai G2-09, vitesse de cisaillement
20 µm/s ; (b)- Essai G2-11, vitesse de cisaillement 5 puis 20 µm/s.
151
II. Études expérimentales
L’essai G2-07 (vitesse de 5 µm/s) présente une contractance très importante dès le
début du cisaillement et un pic de contrainte après un grand déplacement. Ce
comportement est vraisemblablement similaire au comportement ductile dans l’essai
G1-04. Mais sur cet essai G2-07, on peut observer une rupture fragile soit des aspérités,
soit des bords du joint au cours de la phase aller, ce qui implique une phase de
radoucissement et un changement important de l’angle de dilatance. Cette rupture
provoque également une grande différence de déplacement normal des courbes
charge/décharge. L’essai G2-08 atteint le pic de contrainte après un faible déplacement
et sans phase de contractance dès le début de cisaillement. Cela peut être expliqué par
une rupture à la base des aspérités dès le début de l’essai qui implique une phase de
contractance initiale quasi-inexistante. L’essai G2-09 à la vitesse de cisaillement de
20 µm/s a un comportement ductile semblable à celui de l’essai G1-04. Le changement
de vitesse de cisaillement de 5 à 20 µm/s à chaque demi-phase de l’essai G2-11 ne
produit pas de changement remarquable de son comportement.
6.3.2.3 Groupe G3
Les essais de cisaillement sur les échantillons de discontinuités les plus rugueux
(G3) ont été réalisés à une contrainte normale constante de 1,5 MPa. La figure 6.12 et
la figure 6.13 présentent l’évolution de la contrainte tangentielle et du déplacement
relatif normal en fonction du déplacement relatif tangentiel. Sur les courbes de
déplacement normal, nous pouvons observer que la phase de contractance au début du
cisaillement est très peu remarquable, sans doute dû à la contrainte normale
relativement plus faible. La contrainte tangentielle maximale est moins importante par
rapport aux autres groupes et elle est atteinte après un plus bref déplacement
tangentiel. Sous la même contrainte normale, sur l’essai G3-03 à vitesse de cisaillement
de 5 µm/s, quand la contrainte maximale est atteinte, le glissement entre facettes
d’aspérités continue encore pendant un déplacement d’environ 1 mm avant le
cisaillement des aspérités et le radoucissement de la contrainte tangentielle. Ce
comportement n’est pas observable pour les autres essais à vitesse de cisaillement plus
élevée. La courbe contrainte tangentielle - déplacement tangentiel de l’essai G3-03
présente une décentration des deux demi-cycles de cisaillement dans les deux sens
différents comme l’observe par Fox et al. (1998). Ce phénomène est moins prononcé sur
les essais à vitesse de cisaillement de 10 et 20 µm/s. Les contraintes tangentielles
maximales dans les deux sens de cisaillement des essais G3-03 (5 µm/s) et G3-06
(10 µm/s) sont très comparables tandis qu’elles sont plus grandes dans le sens de
cisaillement opposé pour les essais G3-10 (20 µm/s) et G3-12 (20 puis 100 µm/s). Le pic
de contrainte du cisaillement dans le sens opposé sur les essais G3-10 et G3-12 est suivi
d'un radoucissement très marqué et un retour à la position initiale (us = 0) avec très
faible frottement.
152
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
0
0
-1
-1
-2
-2
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
1,8 1,2
Déplacement relatif normal (mm)
0,9 0,6
0,6
0,3
0,3
0 0
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
(a) (b)
Figure 6.12 - Courbes de contrainte tangentielle et de déplacement relatif normal en fonction du
déplacement relatif tangentiel des essais CNC à 1,5 MPa, (a)- Essai G3-03, vitesse de
cisaillement 5 µm/s ; (b)- Essai G3-06, vitesse de cisaillement 10 µm/s.
L'angle de dilatance au pic des courbes de dilatance non corrigées est proche de la
moyenne des colatitudes mobilisées dans les deux sens de cisaillement. Le taux de
dilatance maximal se trouve souvent juste après le pic de contrainte. Cet angle de
dilatance maximal est plus grand que la moyenne des colatitudes mobilisées avec une
différence jusqu'à 5° dans le sens aller et jusqu'à 11° dans le sens opposé. La diminution
de la pente de dilatance est attribuée à des radoucissements de la contrainte
tangentielle dus à la rupture des aspérités au cours du cisaillement. La dilatance
maximale est plus importante que les autres groupes.
Notons que, sur l'essai G3-12, un changement de la vitesse de cisaillement plus
important de 20 à 100 µm/s à chaque demi-phase (aux déplacements de ±3,5 mm) ne
provoque pas non plus de changement du comportement en cisaillement.
153
II. Études expérimentales
2 2
1 1
0
0
100 µm/s 20 µm/s 100 µm/s
-1
-1
-2
-2
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
1,2 1,2
Déplacement relatif normal (mm)
0,6 0,6
0,3 0,3
0 0
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
(a) (b)
Figure 6.13 - Courbes de contrainte tangentielle et de déplacement relatif normal en fonction du
déplacement relatif tangentiel des essais CNC à 1,5 MPa, (a)- Essai G3-10, vitesse de
cisaillement 20 µm/s ; (b)- Essai G3-12, vitesse de cisaillement 20 puis 100 µm/s.
154
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
0,3
Déplacement relatif normal (mm)
-0,3
-0,6
-0,9
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm)
Figure 6.14 - Courbes de contrainte tangentielle et de déplacement relatif normal en fonction du
déplacement relatif tangentiel de l'essai 13 à contrainte normale constante de 7 MPa, vitesse de
cisaillement 5 µm/s.
155
II. Études expérimentales
6 6
Contrainte tangentielle τ (MPa)
2 2
0 0
-2 -2
-4 -4
1,5 MPa 3 MPa 5 MPa 1,5 MPa 3 MPa 5 MPa
-6 -6
0 2 4 6 8 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
0,9 0,8
Déplacement relatif normal (mm)
-0,9 -0,4
0 2 4 6 8 0 2 4 6 8
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
(a) (b)
Figure 6.15 - Courbes de contrainte tangentielle et de déplacement relatif normal en fonction du
déplacement relatif tangentiel des essais de cisaillement cycliques à différentes contraintes
normales de 1,5, 3 et 5 MPa, vitesse de cisaillement 5 µm/s, (a)- Essai 14 ; (b)- Essai 15.
Pour les deux essais, les contraintes résiduelles à une même valeur de contrainte
normale sont très comparables. Une diminution de la contrainte tangentielle sur les
demi-cycles de l’essai 14 (figure 6.15a) est sans doute provoquée par des grandes pertes
de matière observées aux bords des épontes. Les contraintes tangentielles présentées ont
été calculées en utilisant toujours la surface totale initiale. Donc les contraintes
tangentielles obtenues après des grandes pertes de surface sont plus faibles que la
résistance résiduelle. Sur les deux premiers demi-cycles, un petit changement du sens de
cisaillement (de 0,2 mm) dans le sens inverse au déplacement de +7 mm ne provoque
pas de changement de la contrainte tangentielle lors de la reprise du cisaillement dans
le sens initial. Sur ces deux essais nous pouvons noter un décalage du déplacement
tangentiel après chaque demi-cycle. Cela est dû à des jeux inévitables du système de
cisaillement.
Les courbes de dilatance présentent bien l’effet du niveau de la contrainte normale
sur le déplacement normal du joint au cours du cisaillement. Plus la contrainte normale
augmente, plus la valeur de dilatance maximale diminue. Une grande partie de cette
156
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
157
II. Études expérimentales
6 6
Contrainte tangentielle τ (MPa)
0 0
-2 -2
5 MPa 5 MPa
-4 -4
-6 -6
0 2 4 6 8 10 12 14 16 0 2 4 6 8 10 12 14 16
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
0,8 0,9
0,6 0,6
0,3
0,4
0
0,2
-0,3
0
-0,6
0 2 4 6 8 10 12 14 16 0 2 4 6 8 10 12 14 16
Déplacement relatif tangentiel (mm) Déplacement relatif tangentiel (mm)
(a) (b)
Figure 6.16 - Courbes de contrainte tangentielle et de déplacement relatif normal en fonction du
déplacement relatif tangentiel des essais de cisaillement à contrainte normale variable de 1,5, 3
et 5 MPa, vitesse de cisaillement de 5 µm/s, (a)- Essai 16 ; (b)- Essai 17.
158
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
1,2 8
Coefficient de frottement τ/σn
τ/σn σn
-0,8
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Déplacement relatif tangentiel (mm)
(a)
1,8 8
Coefficient de frottement τ/σn
τ/σn σn
Contrainte normale (MPa)
1,2
6
5 MPa
0,6
4
0 3 MPa
1,5 MPa
2
-0,6
-1,2 0
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Déplacement relatif tangentiel (mm)
(b)
159
II. Études expérimentales
160
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
montrée dans la section 6.3.4.5. D'autre part, la contrainte normale a également une
influence sur la résistance tangentielle au pic. Cela est explicable par l’accroissement du
degré d’imbrication et de l’aire de contact entre deux épontes suite à l’augmentation de
la contrainte normale. La force tangentielle nécessaire pour vaincre le frottement et
pour cisailler les aspérités augmente donc avec l’augmentation de la contrainte normale.
Il est bien évident que cette force dépend également des caractéristiques mécaniques et
géométriques des aspérités. Plusieurs auteurs comme Lee et al. (2001) ont effectué des
essais de cisaillement sur les joints de différentes rugosités et trouvé que les joints
rugueux ont des coefficients de frottement plus élevés que ceux des joints plus lisses. Le
pic de résistance est d'autant plus marqué que les surfaces en contact présentent des
aspérités plus importantes et mieux imbriquées. Dans notre cas, nous avons combiné
l'influence de la contrainte normale et l'influence de la morphologie des surfaces en
utilisant les contraintes normales les plus fortes pour les échantillons les moins rugueux,
et inversement. Mais on peut observer facilement une influence dominante de la
contrainte normale sur les contraintes tangentielles. Si l’on caractérise le comportement
des discontinuités selon un critère linéaire de Mohr-Coulomb, on obtient alors un angle
de frottement de 38,3° dans le sens de cisaillement aller et de 28,8° dans le sens de
cisaillement opposé pour la résistance au pic. Les cohésions sont respectivement de 0,30
et 1,06 MPa. Notons que l’endommagement des surfaces lors du cisaillement aller peut
modifier les caractéristiques morphologiques dans le sens inverse. Donc les paramètres
liés à la résistance au pic, obtenue dans le sens de cisaillement opposé ne sont pas
forcément les paramètres réels de la roche saine. Dans notre cas, l’angle de frottement
et la cohésion au pic dans le sens opposé présentent une différence remarquable par
rapport à ceux obtenus dans le sens aller. La figure 6.19 présente les contraintes
tangentielles résiduelles déterminées dans les deux phases de cisaillement. Les angles de
frottement sont respectivement de 31,5 et 28,3° ; les cohésions sont de 0,27 et 0,35 MPa
selon un critère linéaire de Mohr-Coulomb. Les contraintes résiduelles de l’essai à
7 MPa (essai 13) ne sont pas présentées car on a observé des grandes pertes de matière
dès le début du cycle, donc les contraintes n’ont pas pu être déterminées précisément.
v = 5 µm/s
6 v = 10 µm/s
Contrainte tangentielle au pic (MPa)
v = 20 µm/s ) 38,3°
4
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
-2
-4 ) 28,8°
-6
161
II. Études expérimentales
v = 5 µm/s
4
0
0 1 2 3 4 5 6
-1
-2
) 28,3°
-3
-4
162
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
70
30
20
10
0
0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Contrainte normale (MPa)
(a)
70
Rigidité normale (MPa/mm)
G1-01
60
G1-02
50 G1-04
40 G1-05
30
20
10
0
0 1 2 3 4 5
Contrainte normale (MPa)
(b)
Figure 6.20 - Rigidité normale des joints en fonction de la contrainte normale appliquée.
163
II. Études expérimentales
50
20
v = 5 µm/s
10 v = 10 µm/s
v = 20 µm/s
0
0 2 4 6 8
Contrainte normale σn (MPa)
Figure 6.21 - Évolution de la rigidité tangentielle en fonction de la contrainte normale pour les
essais CNC à différentes vitesses de cisaillement.
6.3.4.4 Dilatance
Nous avons déterminé l'angle de dilatance au pic et l’angle de dilatance maximal
sur les deux phases de cisaillement aller et opposé pour les essais CNC. L’angle de
dilatance est défini comme le rapport entre l’incrément du déplacement relatif normal
et tangentiel. On observe que l'angle de dilatance déterminé au pic de contrainte ne
correspond pas à la valeur maximale obtenue sur les courbes de dilatance. Cette valeur
maximale se trouve souvent après le pic pour un déplacement supplémentaire de 0 à
0,5 mm pour la phase aller et jusqu’à 1,68 mm pour la phase opposée. On peut
expliquer ce phénomène de la façon suivante : après le pic, la contrainte diminue avec
la rupture graduelle des aspérités. Mais au début de la phase de radoucissement, il y a
très peu de rupture des aspérités. Le joint continue à dilater en glissant sur les facettes
des aspérités qui ne seront cisaillées qu’après un certain déplacement supplémentaire.
Cette hypothèse s’accorde avec les analyses des images de surfaces endommagées après
cisaillement de Gentier et al. (2000). Ils ont observé que la majorité des ruptures des
aspérités apparaît pendant la phase de radoucissement et la phase résiduelle.
Cependant cette observation est néanmoins à l’opposé des observations de Flamand
(2000). Il a en effet observé que les angles de dilatance maximale se trouvent avant les
pics de contrainte.
Nous avons ensuite comparé les angles de dilatance avec la moyenne des
colatitudes mobilisées lors de chaque phase de cisaillement (figure 6.22). Ces angles de
dilatance ont été déterminés sur les courbes de dilatance qui n'ont pas été corrigées par
l'angle d'inclinaison du plan géométrique moyen des joints. Le groupe le plus lisse G1
présente la moyenne des colatitudes la plus faible, et à l’inverse, le groupe le plus
rugueux G3 présente la moyenne des colatitudes la plus élevée. On observe que le
164
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
20 20
G1 - 5 MPa G1 - 5 MPa
16 G2 - 3 MPa 16 G2 - 3 MPa
G3 - 1,5 MPa G3 - 1,5 MPa
12 12 1,5 MPa
1,5 MPa
8 8
4 4 3 MPa
5 MPa 3 MPa 5 MPa
Sens aller Sens opposé
0 0
0 2 4 6 8 10 12 0 2 4 6 8 10 12 14 16
Moyenne des colatitudes mobilisées (°) Moyenne des colatitudes mobilisées (°)
(a) (c)
20 28
Angle de dilatance maximal (°)
8 12
3 MPa
8
4 3 MPa
5 MPa 4
Sens aller 5 MPa Sens opposé
0 0
0 2 4 6 8 10 12 0 2 4 6 8 10 12 14 16
Moyenne des colatitudes mobilisées (°) Moyenne des colatitudes mobilisées (°)
(b) (d)
Figure 6.22 - Angle de dilatance au pic et maximal en fonction de la moyenne des colatitudes
mobilisées lors des phases de cisaillement aller et opposé.
groupe le plus rugueux G3, soumis à une contrainte normale la plus faible (1,5 MPa), a
tendance à avoir les angles de dilatance au pic et maximal les plus importants. Le
groupe le plus lisse G1, soumis à une contrainte normale la plus élevée (5 MPa),
présente la caractéristique contraire : angles de dilatance au pic et maximal les plus
faibles.
L'influence de la contrainte normale sur l'angle de dilatance au pic a été observée
par Archambault et al. (1990), Flamand (2000). Plus la contrainte normale est élevée,
plus l'angle de dilatance au pic est faible. Cela peut être expliqué par le fait que sous
une contrainte normale élevée, avant la rupture des aspérités, il y a non seulement
glissement entre les aspérités mais aussi écrasement des aspérités sous l'effet de la
contrainte normale. Cependant, nous pouvons observer une influence de la morphologie
des surfaces sur cette tendance de variation des angles de dilatance au pic et maximal.
Dans la figure 6.22c et d pour le sens de cisaillement opposé, on présente les angles de
dilatance en fonction de la moyenne des colatitudes mobilisées initiale dans ce sens,
165
II. Études expérimentales
bien que les ruptures des aspérités lors du cisaillement aller aient pu faire changer
l'angularité des aspérités. Les données de la moyenne des colatitudes mobilisées lors du
cisaillement opposé ne sont pas disponibles car nous n’avons pas mesuré les surfaces
juste après la phase de cisaillement aller. Cependant, la mesure des surfaces après un
cycle complet de cisaillement a montré que le groupe le plus lisse a toujours une
moyenne des colatitudes finale la plus faible, et le groupe le plus rugueux une moyenne
des colatitudes finale la plus élevée (figure 6.23). Cela nous permet de conclure qu’après
une phase de cisaillement aller, la moyenne de colatitudes des trois groupes suit
toujours l’ordre choisi de la rugosité de la plus lisse à la plus rugueuse et nous permet
de tracer approximativement les angles de dilatance en fonction de la moyenne des
colatitudes initiales. De plus, sur la figure 6.23, on observe que la moyenne des
colatitudes finales dans le sens opposé (triangles ouverts) est même plus grande que
celle initiale dans le sens aller (cercles fermés). Ces observations nous mènent à une
comparaison des angles de dilatance dans les deux sens de cisaillement, qui ont été
déterminés sous les mêmes conditions de contrainte normale et de vitesse de
cisaillement. La figure 6.24 présente la relation entre la moyenne des colatitudes et les
angles de dilatance au pic et maximal obtenus pour les deux sens de cisaillement des
essais du groupe G3 à 1,5 MPa. Nous observons que plus la moyenne des colatitudes
mobilisées est élevée, plus les angles de dilatance ont tendance à augmenter. Dans le
sens opposé, la moyenne des colatitudes est plus grande et donc les angles de dilatance
sont aussi plus grands que ceux dans le sens aller. Cette tendance peut être observée
dans le sens aller quelle que soit la moyenne des colatitudes. Cela signifie que la
rugosité, ou plus précisément l’angularité des aspérités, a une influence directe sur
l’angle de dilatance au pic ou l’angle de dilatance maximal lors du cisaillement. Cette
observation n'est pas visible sur les essais des groupes G1 et G2. Cela est dû à la petite
différence entre les moyennes des colatitudes dans les deux sens qui peut entraîner à
une fluctuation des résultats.
10
6
G3
4
G2
2 G1
0
01 02 04 05 07 08 09 11 03 06 10 12
Échantillon
Figure 6.23 - Moyenne des colatitudes mobilisées dans deux sens de cisaillement aller et opposé,
calculée avant et après un cycle complet de cisaillement.
166
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
20 28
8 12
8
4
4
0 0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 0 2 4 6 8 10 12 14 16
Moyenne des colatitudes mobilisées (°) Moyenne des colatitudes mobilisées (°)
Figure 6.24 - Influence de la moyenne des colatitudes mobilisées sur les angles de dilatance des
essais du groupe G3 à 1,5 MPa.
Les courbes de déplacement normal au cours du cisaillement des essais CNC ont
été représentées en fonction du déplacement tangentiel de la figure 6.8 à la figure 6.13.
Pour les essais du 1er groupe à contrainte normale élevée (5 MPa), on peut observer une
phase de contractance très prononcée au début des essais. Cette phase de contractance
correspond à une fermeture supplémentaire du joint avec mobilisation de la force de
cisaillement. Elle a tendance à diminuer voire disparaître avec les contraintes normales
moyennes à faibles. Excepté l'essai G1-04, tous les autres essais présentent ensuite un
comportement dilatant pendant la phase aller du cisaillement.
En regroupant les essais à une même vitesse de cisaillement (figure 6.25), on peut
remarquer une variation de la dilatance en fonction de la contrainte normale et la
rugosité des surfaces. L’effet de la contrainte normale sur la dilatance est connu,
l’augmentation de la contrainte normale empêche la dilatance, augmente la déformation
plastique et la dégradation des aspérités. D’autre part, comme nous venons de voir, la
morphologie des surfaces a également une influence sur la dilatance. Plus le joint est
rugueux, plus la dilatance est importante. Ainsi, nous avons favorisé l’influence de la
contrainte normale sur la dilatance en utilisant la contrainte normale la plus faible pour
les échantillons les plus rugueux et réciproquement. Dans la figure 6.25, à une même
vitesse de cisaillement, les courbes de dilatance sont tracées en fonction de la contrainte
normale et de la rugosité des surfaces. Les joints les plus rugueux (G3) soumis à la
contrainte normale la plus faible (1,5 MPa) présentent la dilatance la plus importante
de 1,0 à 1,7 mm après 7mm de déplacement. Les joints du groupe G2 à contrainte
normale de 3 MPa dilatent moyennement selon des courbes montrant une non-linéairité
plus marquée. Ce sont ces courbes qui manifestent plus une tendance de stabilité de la
dilatance après 7 mm de cisaillement. Les joints les plus lisses du groupe G1 à la
contrainte normale la plus élevée (5 MPa) dilatent faiblement voire contractent. Il est
donc délicat de faire la part des choses entre la contrainte normale appliquée ou à la
rugosité des joints testés. Pour pouvoir trancher entre ces deux influences, il aurait
fallut appliquer des contraintes normales différentes pour des échantillons de même
167
II. Études expérimentales
rugosité ou, a contrario, une même contrainte normale pour des échantillons de
différentes rugosités.
1,8
0,9 G2-11
G1 - 5 MPa
0,6 G2 - 3MPa
0,3 G2 - 3MPa
0 v = 5 µm/s
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Déplacement relatif tangentiel (mm)
(a)
1,2
Déplacement relatif normal (mm)
G1-02
1,0
G2-08 G3 - 1,5 MPa
0,8 G3-06
G2 - 3 MPa
G1-05
0,6 G1 - 5 MPa
0,4
G1 - 5 MPa
0,2
0 v = 10 µm/s
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Déplacement relatif tangentiel (mm)
(b)
1,2
Déplacement relatif normal (mm)
0,3 G2 - 3 MPa
-0,3
G1 - 5 MPa
v = 20 µm/s
-0,6
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Déplacement relatif tangentiel (mm)
(c)
Figure 6.25 - Déplacement normal en fonction du déplacement tangentiel et de la contrainte
normale, (a)- v = 5 µm/s ; (b)- v = 10 µm/s ; (c)- v = 20 µm/s.
168
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
4
y = -0,0556x + 4,3847
3
y = -0,0606x + 3,3351
2
y = -0,0365x + 2,1299
G1 - 5 MPa
1
G2 - 3 MPa
G3 - 1,5 MPa
0
0 5 10 15 20 25
Vitesse de cisaillement (µm/s)
169
II. Études expérimentales
1,2
-0,3
v = 20 µm/s
σn = 5 MPa
-0,6
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Déplacement relatif tangentiel (mm)
1,2
Déplacement relatif normal (mm)
G2-07
0,9 G2-08
v = 10 µm/s
G2-09
0,6 v = 5 et 20 µm/s
G2-11
v = 20 µm/s
0,3
v = 5 µm/s
0
-0,3
σn = 3 MPa
-0,6
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Déplacement relatif tangentiel (mm)
1,8
Déplacement relatif normal (mm)
G3-03
1,5 v = 5µm/s
G3-06
1,2 G3-10 v = 10 µm/s
G3-12 20 µm/s
0,9
0,3
σn = 1,5 MPa
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Déplacement relatif tangentiel (mm)
Figure 6.27 - Influence de la vitesse de cisaillement sur la dilatance des joints de même
morphologie et même contrainte normale.
170
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
Nous avons observé d'autre part une influence de la vitesse de cisaillement sur les
déplacements normaux au cours du cisaillement. La figure 6.27 présente les courbes de
déplacement normal de chaque groupe (même morphologie, même contrainte normale)
en fonction du déplacement tangentielle et de la vitesse de cisaillement. Pour les essais
du groupe G1 et groupe G3, plus la vitesse de cisaillement augmente, plus la dilatance
au cours du cisaillement diminue. Cette influence est moins visible sur les essais du
groupe G2. Cependant, la différence de dilatance due à la vitesse de cisaillement
diminue quand la contrainte normale diminue.
171
II. Études expérimentales
CNC. On n'observe pas une influence visible de la rigidité normale imposée sur le
comportement des joints (figure 6.29). Les pics de contrainte tangentielle des essais
CNS à σno de 7 MPa sont même plus petits que celui de l’essai sous une rigidité
normale nulle (essai CNC).
Sur tous les essais CNS, nous avons observé que le pic de la contrainte tangentielle
ne coïncide pas avec celui de la contrainte normale. Après le cisaillement des aspérités,
la contrainte tangentielle diminue graduellement dû à des ruptures des surfaces.
Cependant, les joints continuent encore à dilater avec un taux de plus en plus faible et
la contrainte normale continue à augmenter proportionnellement à la variation de la
dilatance. Le déplacement normal et la contrainte normale atteignent la valeur
maximale après le pic de contrainte tangentielle avec un déplacement tangentiel
supplémentaire de 6,04 mm pour l'essai CNS.4 et de 0,34 à 1,83 mm pour les autres
essais. Cette observation a été également observée par Archambault et al. (1990), Van
Sint Jan (1990) sur des joints artificiels de surfaces irrégulières imbriquées.
Cependant, contrairement aux essais CNC, les essais CNS montrent un taux de
dilatance maximal avant le pic de contrainte tangentielle. Il diminue ensuite
graduellement vers zéro au pic du déplacement normal. A partir de ce pic, les joints
présentent un comportement contractant dû à des ruptures continues des surfaces sous
une rigidité normale imposée, entraînant une diminution de la contrainte normale. Les
contraintes tangentielles diminuent vers zéro et sont nulles quand la contrainte normale
est nulle. La contractance est plus importante que celle des essais CNC avec une grande
différence pour les essais à σno de 3 et 5 MPa et une différence plus petite pour les essais
à σno de 7 MPa. Pour les essais à σno de 5 MPa, plus la rigidité normale est élevée, plus
le taux de contractance est important. Les essais à σno de 7 MPa montrent légèrement
cette tendance. Cependant, cette observation n'est pas visible pour les essais à 3 MPa.
L'influence de la rigidité normale sur la contrainte tangentielle au pic et les
déplacements normaux a été montrée par Archambault et al. (1990), Jiang et al.
(2006). Sous une même contrainte normale initiale, l'augmentation de la rigidité
normale entraîne une augmentation de la résistance de cisaillement au pic et de la
contractance. Cependant, cette influence diminue avec l'augmentation de la contrainte
normale initiale. Nous avons observé que l'influence de la rigidité normale est moins
visible sous une contrainte normale initiale de 7 MPa que sous une contrainte normale
initiale de 3 et 5 MPa. La différence entre les courbes de contraintes ou de déplacement
normal des essais à 7 MPa est plus faible en comparant avec les essais à 3 et 5 MPa. La
différence importante des courbes dans la phase de cisaillement opposé des essais
cycliques à 7 MPa est sans doute due à des ruptures différentes des surfaces.
172
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
8 8
G1-01
Contrainte normale (MPa)
2 2
5 MPa/mm
10 MPa/mm 10 MPa/mm
0 0
0 4 8 12 16 20 0 4 8 12 16 20
Déplacement tangentiel (mm) Déplacement tangentiel (mm)
(a) (d)
6 8
Contrainte tangentielle (MPa)
(b) (e)
0,8 1,2
Déplacement normal (mm)
G2-07 CNC
G1-01
CNS.1 0,8
0,4 CNS.4
6 MPa/mm CNS.2
CNS.5
CNS.3 0,4
0
0
CNC 10 MPa/mm
-0,4
-0,4 5 MPa/mm
5 MPa/mm
10 MPa/mm
-0,8 -0,8
0 4 8 12 16 20 0 4 8 12 16 20
Déplacement tangentiel (mm) Déplacement tangentiel (mm)
(c) (f)
Figure 6.28 - Contrainte normale, contrainte tangentielle et déplacement normal en fonction du
déplacement tangentiel à différentes rigidités normales imposées, (a, b, c)- Contrainte normale
initiale de 3 MPa ; (d, e, f)- Contrainte normale initiale de 5 MPa.
173
II. Études expérimentales
CNC
2
Kn = 5 MPa/mm
Kn = 10 MPa/mm
0
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement tangentiel (mm)
8
Contrainte tangentielle τ (MPa)
-4
Kn = 5 MPa/mm Kn = 10 MPa/mm
-8
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement tangentiel (mm)
0,2
Déplacement normal (mm)
-0,2
-0,4
-0,6
CNC
-0,8 Kn = 5 MPa/mm
Kn = 10 MPa/mm
-1,0
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
Déplacement tangentiel (mm)
Figure 6.29 - Essais de cisaillement cycliques à contrainte normale constante et à rigidité
normale imposée avec la contrainte normale initiale de 7 MPa (essais 13, CNS.6 et CNS.7).
174
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
faible : les pics des essais à 5 et 7 MPa montrent une différence très faible par rapport à
celle entre les essais à 3 et 5 MPa. Cela est dû au fait que l'influence de la rigidité
normale diminue quand la contrainte normale augmente (Van Sint Jan 1990). D'autre
part, nous pouvons observer qu'à des contraintes normales initiales plus importantes, le
taux de réduction de la contrainte de cisaillement est plus grand (figure 6.30a,b). Ce
taux augmente également lorsque la rigidité normale imposée augmente.
La contrainte normale initiale influence aussi les déplacements normaux et cette
influence est plus visible sur les essais à 10 MPa/mm (figure 6.30d). Quand la
contrainte normale initiale augmente, la dilatance maximale lors du cisaillement des
joints diminue. Après le pic de dilatance, les joints contractent avec un taux plus élevé
si la contrainte normale initiale est plus grande. Ce taux est aussi plus élevé si la
rigidité normale est plus grande.
8 8
Contrainte tangentielle (MPa)
6 CNS.4 6 CNS.5
CNS.6 CNS.7
7 MPa
7 MPa
4 4
5 MPa
5 MPa
2 2
3 MPa
3 MPa
0 0
0 4 8 12 16 20 0 4 8 12 16 20
Déplacement tangentiel (mm) Déplacement tangentiel (mm)
(a) (c)
0,4 0,4
Déplacement normal (mm)
CNS.1 CNS.3
0,2 0,2
CNS.4 CNS.5
5 MPa
0 CNS.6 0 CNS.7
3 MPa
0 4 8 12 16 20 0 4 8 12 16 20
Déplacement tangentiel (mm) Déplacement tangentiel (mm)
(b) (d)
Figure 6.30 - Influence de la contrainte normale initiale et de la rigidité normale imposée sur la
contrainte de cisaillement et le déplacement normal, (a,b)- essais à 5 MPa/mm ; (c,d)- essais à
10 MPa/mm.
175
II. Études expérimentales
La figure 6.31 présente les contraintes tangentielles au pic obtenues pour des essais
CNC et CNS à la même vitesse de cisaillement (5 µm/s). Nous observons que pour les
contraintes normales initiales inférieures à 7 MPa, la résistance au pic des essais CNS
est plus élevée que celle des essais CNC. La plus petite résistance au pic des essais CNS
à σno de 7 MPa est expliquée par une faible influence de la rigidité normale imposée
sous une contrainte normale plus importante. Les résistances au pic des essais CNC à
vitesse de cisaillement de 5 µm/s est caractérisé par un critère linéaire de Mohr-
Coulomb avec un angle de frottement de 41,7° et une cohésion de 0,34 MPa. On
observe que la valeur de la résistance au pic des essais CNS est plus dispersée que celle
des essais CNC. Cependant, si l'on utilise aussi un critère linéaire pour les résistances
au pic à une contrainte normale inférieure de 7 MPa, on obtient un angle de frottement
de 40,8° et une cohésion de 1,24 MPa. Les angles de frottement au pic obtenus pour des
essais CNC et CNS sont alors très proches, tandis que la cohésion au pic des essais
CNS est plus élevée. Ainsi, il semble que l'application d'une rigidité imposée conduise
du point de vue macroscopique à une mobilisation de la cohésion apparente du joint.
Sous rigidité imposée, l'angle de frottement des joints reste le même que sous contrainte
normale imposée. Cependant, il semble que cette observation ne soit plus valable sur
nos échantillons à 7 MPa et après.
8
Contrainte tangentielle au pic (MPa)
7
6
5 ) 41,7°
4
3 40,8°
)
2 CNC
1 CNS
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Contrainte normale (MPa)
Figure 6.31 - Résistance au pic en fonction de la contrainte normale des essais CNC et CNS à
vitesse de cisaillement de 5 µm/s.
176
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
résistance résiduelle des joints. Sur les phases de cisaillement opposé des essais
cycliques, on trouve la même enveloppe que celle des phases de cisaillement aller (figure
6.33). Si l'on utilise un critère linéaire de Mohr-Coulomb, on obtient alors un angle de
frottement de 32° et une cohésion nulle pour la résistance résiduelle des joints soumis à
une rigidité normale imposée. Ces paramètres sont très proches de ceux obtenus pour
les essais CNC (figure 6.19). Cela signifie que la condition limite lors du cisaillement
(contrainte normale constante ou rigidité normale constante) n'a pas influence visible
sur les discontinuités étudiées. Cette observation est à l'opposé des observations de
Archambault et al. (1990) : ils ont montré une influence de la rigidité normale imposée
sur la résistance résiduelle des joints artificiels.
8
CNS.1
CNS.2
Contrainte tangentielle (MPa)
6 CNS.3
CNS.4
CNS.5
)
4 CNS.6 32°
CNS.7
Pic
2
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Contrainte normale (MPa)
6 5 MPa/mm
10 MPa/mm
Contrainte tangentielle (MPa)
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
-2
-4
-6
-8
Contrainte normale (MPa)
Figure 6.33 - Contrainte tangentielle en fonction de la contrainte normale des essais cycliques à
contrainte normale initiale de 7 MPa.
177
II. Études expérimentales
6.5 Conclusion
Nous avons réalisé une campagne d’essais de cisaillement sur des discontinuités
naturelles des marbres de St Béat. Trois différents chemins de chargement ont été
utilisés : cisaillement à contrainte normale constante (CNC), à contrainte normale
variable (CN variable) et à rigidité normale externe imposée (CNS).
Grâce aux mesures de morphologie et aux calculs des paramètres statistiques
morphologiques des surfaces de discontinuités avant chaque essai CNC, nous avons pu
classer les discontinuités selon trois groups d'échantillons de morphologie similaire, de la
plus lisse à la plus rugueuse (chapitre 5). On peut retrouver sur les courbes de
contrainte et de déplacement des essais CNC les mêmes phases successives décrites
dans Gentier et al. (2000) pour des répliques de joints rocheux modèles. Un
comportement ductile sans pic de contrainte tangentielle et des faibles déformations
normales a été observé sur les discontinuités les plus lisses. Par contre, pour les
discontinuités plus rugueuses, on a observé un pic de contrainte tangentielle marqué,
suivi d'une phase de radoucissement due à la rupture des aspérités. Le cisaillement des
aspérités manifeste également par le changement du taux de dilatance : diminue vers
zéro quand le joint atteint la phase résiduelle. La dégradation des aspérités sous une
contrainte normale de 7 MPa est beaucoup plus importante sous une contrainte
normale inférieure (1,5, 3 et 5 MPa). Le comportement en cisaillement dans le sens
opposé peut montrer des différences par rapport à celui dans le sens aller (contrainte
tangentielle au pic et angle de dilatance différentes). Ces différences sont dues à des
caractéristiques morphologiques différentes dans les deux sens et à des dégradations de
surfaces après le cisaillement aller. Cependant, les contraintes tangentielles minimales
obtenues à la fin de chaque phase de cisaillement aller et opposé sont très similaires.
Les essais à contrainte normale variable, qui ont été effectués avec plusieurs demi-
cycles ou plusieurs paliers à différents niveaux de contrainte normale constante, ont
montré une influence de la contrainte normale et de l'état des surfaces sur les
contraintes tangentielles et les déplacements normaux. L'augmentation de la contrainte
normale va faire augmenter la contrainte tangentielle et diminuer la dilatance. Le
cisaillement d'une surface déjà cisaillée avec un déplacement de 5 ou 7 mm ne conduit
plus à un nouveau pic de contrainte tangentielle, même sous une contrainte normale
plus élevée. La contrainte tangentielle est stable dès le début du deuxième demi-cycle
ou du deuxième palier et égale à la résistance résiduelle de la roche. Nous avons observé
que les contraintes tangentielles minimales obtenues après un cisaillement de 7 mm des
essais CNC sont déjà très proches de cette résistance résiduelle de la roche.
Des enveloppes linéaires de Mohr-Coulomb ont été proposées pour les résistances
au pic et résiduelle des essais CNC et CN variable. Les angles de frottement et les
cohésions obtenus pour les contraintes résiduelles dans les deux sens de cisaillement
aller et opposé sont très comparables (31,5° et 28,3° ; 0,27 et 0,35 MPa
respectivement). Cela signifie que bien que les caractéristiques morphologiques soient
différentes dans les deux sens, après un cisaillement d'environ 7 mm, la roche peut
atteindre à un même comportement résiduel. Cependant, les angles de frottement et les
178
6. Essai de cisaillement sur discontinuités naturelles
cohésions obtenus pour les résistances au pic montrent une différence significative pour
les deux sens de cisaillement (38,3° et 28,8° ; 0,30 et 1,06 MPa respectivement).
Les rigidités normales augmentent quasi-linéairement avec les contraintes normales
d'environ 1 à 5 MPa. Elles peuvent être différentes pour différents échantillons.
Cependant, les coefficients de ces fonctions linéaires sont très proches pour tous les
échantillons. Les rigidités tangentielles montrent aussi une évolution quasi-linéaire avec
les contraintes normales entre 1,5 et 7 MPa.
Sur tous les essais CNC, nous avons observé que le taux de dilatance maximal ne
correspond pas au pic de la contrainte. Il se trouve généralement après le pic de
contrainte avec un déplacement supplémentaire jusqu'à 0,5 mm. L'influence de la
rugosité des surfaces sur les angles de dilatance au pic et maximal a été montrée : plus
les surfaces sont rugueuses, plus la moyenne des colatitudes est élevée et plus les angles
de dilatance sont importants et réciproquement. Dans notre cas, nous avons combiné
l'influence de la contrainte normale et l'influence de la rugosité sur le déplacement
normal des joints. Afin d'étudier séparément ces deux influences, il faudrait appliquer
des contraintes normales différentes pour des échantillons de même rugosité ou, a
contrario, une même contrainte normale pour des échantillons de différentes rugosités.
L'influence de la vitesse de cisaillement sur la résistance au pic a été observée. Plus
la vitesse de cisaillement augmente, plus la résistance de cisaillement au pic diminue.
Pour les vitesses de cisaillement entre 5 et 20 µm/s et les contraintes normales de 1,5 à
5 MPa, la relation entre la vitesse de cisaillement et la résistance au pic est quasi-
linéaire. Cependant, la vitesse de cisaillement n'a pas d'influence sur la résistance de
cisaillement résiduelle. Le changement de la vitesse de cisaillement après le pic de
contrainte ne provoque aucun changement dans le comportement en cisaillement des
joints. Nous avons observé également que la vitesse de cisaillement a une influence sur
le déplacement normal au cours du cisaillement. Pour une même contrainte normale et
une même rugosité, plus la vitesse de cisaillement augmente, plus la dilatance diminue.
Cependant, la différence de la dilatance due à la vitesse de cisaillement diminue quand
la contrainte normale appliquée diminue.
Les courbes de contraintes et de déplacements des essais à rigidité normale externe
imposée (CNS) montrent des phases quasi similaires par rapport aux essais CNC.
Cependant, les contraintes tangentielles et les déplacements normaux au cours du
cisaillement des essais CNS sont différents de ceux des essais CNC. Sous une rigidité
normale constante, les joints dilatent davantage avant le pic de contrainte tangentielle
et puis contractent avec un taux plus élevé à partir du pic de la contrainte normale. Le
pic de contrainte tangentielle est généralement atteint avant le pic de contrainte
normale. La résistance au cisaillement des essais CNS est plus importante que celle des
essais CNC. Pour les rigidités normales variées entre 5 et 10 MPa/mm, plus la rigidité
normale augmente, plus les discordances entre essais CNS et CNC ont tendance à
augmenter. Cependant, ces discordances diminuent quand la contrainte normale
augmente et elles sont beaucoup moins visibles sous la contrainte normale initiale la
plus élevée de 7 MPa.
179
II. Études expérimentales
180
Modélisation
III
7 Application au calcul de massif rocheux 183
7.1 Présentation du code de calcul UDEC................................................................... 183
7.2 Simulation des essais de cisaillement avec UDEC ................................................. 185
7.3 Modélisation du massif........................................................................................... 187
7.4 Résultats de calcul ................................................................................................. 191
7.5 Conclusion .............................................................................................................. 209
181
182
Chapitre 7
183
III. Modélisation
Les calculs effectués dans la méthode des éléments discrets se basent à la fois sur
l'application d'une loi de force-déplacement à tous les contacts entre blocs et la seconde
loi de Newton à tous les blocs. La loi de force-déplacement est utilisée pour déterminer
la force induite aux contacts, résultante d'un déplacement connu, ou réciproquement.
La seconde loi de Newton donne le mouvement des blocs, résultant de l'imposition
d'une force connue. UDEC effectue les calculs selon les pas de temps en supposant que
les vitesses et les accélérations des blocs sont constantes pendant un pas de temps.
Après chaque pas de temps, les forces, les vitesses et les accélérations sont recalculées
pour chaque bloc, fournissant ainsi la nouvelle position des blocs et les incréments de
déplacement des discontinuités. Si les blocs sont déformables, le mouvement du bloc est
calculé aux nœuds du maillage du bloc. L’application d’une relation constitutive du
matériau donne les nouvelles contraintes dans les éléments. Le cycle de calcul pour les
blocs rigides ou déformables est illustré dans la figure 7.2. UDEC peut réaliser les
calculs pour un grand nombre de pas de temps, jusqu’à ce que les mouvements des
nœuds du maillage ou des blocs se stabilisent.
Dans UDEC, différents modèles de comportement du joint au cisaillement sont
disponibles : des modèles basés sur le critère de glissement de Coulomb ; une
modification du critère de Coulomb en tenant compte du radoucissement dû à une
diminution de la cohésion et de la résistance après la rupture au cisaillement ; le modèle
Continuous Yielding qui simule le radoucissement continu du joint et enfin un modèle
basé sur le critère de Barton-Bandis. Les propriétés requises dépendent du modèle
utilisé et sont généralement les rigidités, l'angle de frottement, la cohésion, l'angle de
dilatance, la résistance en traction, etc. du joint.
Pour le comportement des blocs, il existe dans UDEC sept modèles pour les blocs
déformables : le modèle de "matériau nul" correspondant à des excavations, le matériau
élastique-isotrope, le matériau plastique, les modèles de matériaux avec
durcissement/radoucissement de la résistance. Les propriétés requises sont la densité,
les modules de compressibilité et de cisaillement, l'angle de frottement, la cohésion, etc.
184
7. Application au calcul de massif rocheux
185
III. Modélisation
Nous présentons ci-après la simulation des essais CNC présentés dans le chapitre 6.
Dans un premier temps, on a réalisé des simulations sous EXCEL, en utilisant des
relations du modèle Continuous Yielding pour chaque essai, avec des paramètres
différents suivant les essais. La méthode des moindres carrés a été utilisée afin de se
rapprocher au plus près des courbes expérimentales. Les paramètres correspondants aux
courbes optimales ont été ensuite introduits dans UDEC pour modéliser le
comportement en cisaillement de deux demi-épontes de mêmes dimensions que les
échantillons rocheux. Les courbes de simulation obtenues sous UDEC ne sont pas très
différentes de celles obtenues sous EXCEL. La figure 7.3 présente un exemple des
courbes expérimentales et des courbes de simulations. On observe que les simulations
selon le modèle Continuous Yielding suivent bien les courbes expérimentales, sauf pour
la courbe de dilatance obtenue sous UDEC qui montre une phase de contractance très
faible au début du cisaillement. En raison de cela, il y a toujours un décalage entre les
courbes de dilatance obtenues par des simulations sous EXCEL et sous UDEC. Les
courbes de simulations des autres essais sont présentées en annexe C.1.
4 0,6
Contrainte tangentielle (MPa)
Expérimental
Simulation EXCEL
3
Simulation UDEC 0,4
2 Expérimental
0,2 Simulation EXCEL
Simulation UDEC
1
0
G2-11, σn = 3 MPa G2-11, σn = 3 MPa
0
0 2 4 6 8 0 2 4 6 8
Déplacement tangentiel (mm) Déplacement tangentiel (mm)
Figure 7.3 - Courbes de contrainte tangentielle et de dilatance obtenues par essai expérimental
et par simulations sous EXCEL et UDEC.
Les paramètres du modèle obtenus pour chaque essai sont donnés dans le tableau
7.1. Les rigidités tangentielles Ks sont similaires à celles déterminées
expérimentalement. Les rigidités normales Kn sont constantes pour les essais réalisés à
une même contrainte normale et comparables aux valeurs présentées dans la figure
6.20. On y observe également une influence de la contrainte normale appliquée sur les
rigidités du modèle. Les angles de frottement initiaux montrent une grande variation.
Cependant, la moyenne des angles de frottement de tous les essais est proche des
valeurs expérimentales. La moyenne des angles de frottement initiaux φim est de 42,8°,
comparable à l’angle de frottement au pic 38,3° (figure 6.18). La moyenne des angles de
frottement résiduels est de 31°, comparable à l’angle de frottement résiduel des joints
31,5° (figure 6.19). Nous pouvons conclure que les quatre premiers paramètres du
modèle peuvent être directement déduits des résultats d’essais expérimentaux pour la
modélisation utilisant le modèle Continuous Yielding. Il y a seulement le paramètre de
186
7. Application au calcul de massif rocheux
σn Ks Kn R
Essai φim (°) φ (°)
(MPa) (MPa/mm) (MPa/mm) (mm)
G1-01 5 38,8 62,8 40,5 25,7 4,0
G1-02 5 33,0 62,8 37,7 21,5 1,5
G1-04 5 14,0 62,8 29,7 35,9 4,5
G1-05 5 33,0 62,8 39,6 35,2 8,5
G2-07 3 26,0 40,6 42,1 36,8 2,9
G2-08 3 39,6 40,6 43,0 25,0 2,3
G2-09 3 24,0 40,6 42,0 31,9 3,4
G2-11 3 26,5 40,6 51,4 36,9 2,1
G3-03 1,5 17,0 22,4 51,7 31,5 8,5
G3-06 1,5 19,4 22,4 51,1 34,1 4,8
G3-10 1,5 20,5 22,4 42,7 29,1 7,4
G3-12 1,5 23,0 22,4 41,9 29,8 6,8
187
III. Modélisation
Figure 7.4 - Modèle 3D du massif fracturé (10×10×10 m) réalisé avec Resoblok, avant
excavation du tunnel (tiré de Gasc-Barbier et al. 2006).
-60 -50 -40 -30 -20 -10 0 -60 -50 -40 -30 -20 -10 0
0
-10
32 m
-20
60 m
-30
6m
-40
27 m 6m 27 m
22 m
-50
-60
60 m 60 m
Figure 7.5 - Coupe du massif à travers la section transversale du futur tunnel et position relative
du tunnel dans la coupe étudiée.
188
7. Application au calcul de massif rocheux
Tableau 7.2 - Propriétés de la matrice et des discontinuités rocheuses utilisées pour les modèles
dans UDEC.
Propriétés de la matrice rocheuse Propriétés des discontinuités
Densité (kg/m3) 2600 Rigidité normale (MPa/mm) 42
Module de compressibilité (GPa) 74 Rigidité tangentielle (MPa/mm) 26
Module de cisaillement (GPa) 34 Angle de frottement initial (°) 42,8
Angle de frottement (°) 22 Angle de frottement résiduel (°) 31
Cohésion (MPa) 35 Paramètre de rugosité R (mm) 4,7
Résistance en traction (MPa) 6,9
La figure 7.6 présente les conditions aux limites de la coupe étudiée. Dans cette
étude, afin d’obtenir différents cas de calcul, nous avons fait varier la profondeur de
l'axe du tunnel en changeant la couverture de la coupe choisie. Cela a pour but
d'estimer l'influence de la profondeur du tunnel sur le comportement du massif autour
du tunnel lors du creusement. Le tunnel se trouve à une profondeur de 32 m à partir du
bord supérieur de la coupe. En plus de cette couverture, nous supposons que le tunnel
supporte une couverture supplémentaire Z0 jusqu'à la surface libre (figure 7.6a). La
valeur de Z0 a été choisie en sachant que la couverture maximale le long du futur
tunnel est d'environ 180 m. Trois valeurs de Z0 ont été utilisées. La couverture
supplémentaire Z0 est représentée par une contrainte répartie uniforme sur tout le bord
supérieur, σ0zz , qui simule le poids des terrains sus-jacents. Les valeurs de Z0 et σ0zz sont
données dans le tableau 7.3. Les déplacements horizontaux des bords verticaux et les
déplacements verticaux du bord inférieur de la coupe sont supposés nuls (figure 7.6b).
0
σzz
Z0 Couverture supplémentaire
(a) (b)
Figure 7.6 - Conditions aux limites de la coupe étudiée.
189
III. Modélisation
-10
26,2 m
-20
60 m
6m
-30
32,35 m 6m 21,65 m
-40
27,8 m
-50
-60
60 m 60 m
Dans chaque cas, afin de mieux observer l’influence du réseau de discontinuités sur
le comportement du massif lors du creusement, nous avons comparé les résultats de
calculs obtenus à partir de la coupe du massif fracturé avec ceux obtenus à partir d’un
milieu supposé continu, sans discontinuités, de mêmes dimensions et de mêmes
conditions aux limites. Par des raisons de programmation du code, il a été nécessaire de
rajouter une discontinuité fictive, qui recoupe le tunnel (figure 7.9). On lui impose des
propriétés suffisamment élevées afin d’éviter le cisaillement le long des surfaces.
190
7. Application au calcul de massif rocheux
191
III. Modélisation
-0.500
LEGEND
24-Jun-10 13:50
cycle 50000
Y displacement contours -1.500
contour interval= 2.000E-05
number of contour/color= 4
-4.600E-04 to 4.000E-04
-2.500
-4.000E-04
-3.200E-04
-2.400E-04
-1.600E-04
-8.000E-05
-3.500
0.000E+00
8.000E-05
1.600E-04
2.400E-04
3.200E-04 -4.500
4.000E-04
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(a)
JOB TITLE : Déplacement vertical_75 m_position 1 (*10^1)
-0.500
LEGEND
24-Jun-10 14:34
cycle 50000
Y displacement contours -1.500
contour interval= 2.000E-05
number of contour/color= 4
-4.600E-04 to 4.000E-04
-2.500
-4.000E-04
-3.200E-04
-2.400E-04
-1.600E-04
-8.000E-05
-3.500
0.000E+00
8.000E-05
1.600E-04
2.400E-04
3.200E-04 -4.500
4.000E-04
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(b)
JOB TITLE : Déplacement vertical_150 m_position 1 (*10^1)
-0.500
LEGEND
24-Jun-10 14:13
cycle 50000
Y displacement contours -1.500
contour interval= 2.000E-05
number of contour/color= 4
-4.600E-04 to 4.000E-04
-2.500
-4.000E-04
-3.200E-04
-2.400E-04
-1.600E-04
-8.000E-05
-3.500
0.000E+00
8.000E-05
1.600E-04
2.400E-04
3.200E-04 -4.500
4.000E-04
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(c)
Figure 7.8 - Déplacements verticaux du massif lors du creusement du tunnel (en mètre) avec
une couverture supplémentaire (a)- 0 m ; (b)- 75 m ; (c)- 150 m.
192
7. Application au calcul de massif rocheux
-0.500
LEGEND
6-Sep-10 11:04
cycle 50000
Y displacement contours -1.500
-2.500
-4.000E-04
-3.200E-04
-2.400E-04
-1.600E-04
-8.000E-05
-3.500
0.000E+00
8.000E-05
1.600E-04
2.400E-04
3.200E-04 -4.500
4.000E-04
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
Figure 7.9 - Déplacements verticaux d’un milieu continu avec une couverture supplémentaire de
150 m lors du creusement du tunnel.
discontinu à travers des discontinuités (brisements des courbes d’isovaleur). Cela est dû
au fait que les déplacements verticaux des deux blocs d’une même discontinuité ne sont
pas identiques lors de l’apparition du cisaillement. Ce phénomène peut être observé
même sur des zones éloignées de la cavité si la couverture est importante.
Afin de quantifier les déplacements verticaux autour du tunnel, nous avons prélevé
les résultats de calcul sur quelques points le long des lignes droites présentées dans la
figure 7.10. La figure 7.11 présente les déplacements verticaux de points le long d’un
profil vertical qui passe par le centre du tunnel (figure 7.11a) et deux profils
horizontaux à une distance de 1 m au-dessus et au-dessous du tunnel (figure 7.11b,c).
Pour chaque profil d’enregistrement, les déplacements correspondant aux trois cas de
couverture supplémentaire et ceux déterminé pour un milieu continu avec une
couverture supplémentaire de 150 m sont présentés sur un même graphique. On revoit
ici les valeurs négatives de déplacement vertical au-dessus du tunnel et des valeurs
positives de déplacement vertical au-dessus du tunnel. Plus la contrainte répartie σ0zz
augmente, plus les déplacements sont importants. Les déplacements verticaux
augmentent à l’approche du tunnel. Les valeurs les plus grandes se trouvent
généralement au sommet de la voûte et au milieu du radier. On observe que
l’augmentation du déplacement vertical maximal est linéaire avec l’augmentation de
σ0zz qui varie entre 0 et 3,9 MPa. Le déplacement maximal dans le cas le plus
défavorable ( σ0zz = 3,9 MPa) n’est que de 0,46 mm pour la voûte et de 0,36 mm pour le
radier. En comparant avec le milieu continu, les déplacements verticaux autour du
tunnel dans le milieu fracturé sont plus importants (courbes en étoile). Ils présentent
une augmentation maximale de 113 % au niveau de la voûte et de 30 % au niveau du
radier (figure 7.11a). A 1 m au-dessus de la voûte, cette augmentation diminue à 40 %
tandis qu’elle est à moins de 5 % pour un point à 1 m au-dessous du radier. Dans les
zones éloignées du tunnel, les tassements plus importants du milieu fracturé sont dus
aux déplacements propres des blocs.
193
III. Modélisation
X (m)
-60 -50 -40 -30 -20 -10 0
0
-10
-20
Z (m)
L_h1 -30
L_h2
L_h3 -40
-50
-60
L_1 L_v L_2
Lignes de d'enregistrement
0,4
-60 -30 0
0
Déplacement vertical (mm)
L_v
0,2 -30
-60
0
-0,2
Z0 = 0 m
Z0 = 75 m
-0,4 Z0 = 150 m
Milieu continu
au dessous du tunnel
-0,6
-60 -50 -40 -30 -20 -10 0
Profil vertical L_v (m)
(a)
0 0,3
-60 -30 0
0 Z0 = 0 m
Déplacement vertical (mm)
Déplacement vertical (mm)
Z0 = 75 m
TUNNEL
-0,4 -0,1
-60 -50 -40 -30 -20 -10 0 -60 -50 -40 -30 -20 -10 0
Profil horizontal L_h1 (m) Profil horizontal L_h3 (m)
(b) (c)
Figure 7.11 - Déplacement vertical le long des profils verticaux et horizontaux, (a)- Profils
verticaux à travers le centre du tunnel ; (b,c)- Profils horizontaux à 1 m au-dessus et au-dessous
du tunnel.
194
7. Application au calcul de massif rocheux
195
III. Modélisation
-0.500
LEGEND
24-Jun-10 13:50
cycle 50000
X displacement contours -1.500
contour interval= 5.000E-06
number of contour/color= 3
-8.500E-05 to 7.500E-05
-2.500
-7.500E-05
-6.000E-05
-4.500E-05
-3.000E-05
-1.500E-05
-3.500
0.000E+00
1.500E-05
3.000E-05
4.500E-05
6.000E-05 -4.500
7.500E-05
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(a)
JOB TITLE : Déplacement horizontal_75 m_position 1 (*10^1)
-0.500
LEGEND
24-Jun-10 14:34
cycle 50000
X displacement contours -1.500
contour interval= 5.000E-06
number of contour/color= 3
-8.500E-05 to 9.000E-05
-2.500
-7.500E-05
-6.000E-05
-4.500E-05
-3.000E-05
-1.500E-05
-3.500
0.000E+00
1.500E-05
3.000E-05
4.500E-05
6.000E-05 -4.500
7.500E-05
9.000E-05
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(b)
JOB TITLE : Déplacement horizontal_150 m_position 1 (*10^1)
-0.500
LEGEND
24-Jun-10 14:13
cycle 50000
X displacement contours -1.500
contour interval= 5.000E-06
number of contour/color= 3
-8.500E-05 to 9.000E-05
-2.500
-7.500E-05
-6.000E-05
-4.500E-05
-3.000E-05
-1.500E-05
-3.500
0.000E+00
1.500E-05
3.000E-05
4.500E-05
6.000E-05 -4.500
7.500E-05
9.000E-05
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(c)
Figure 7.12 - Déplacements horizontaux du massif lors du creusement du tunnel (en mètre) avec
une couverture supplémentaire de (a)- 0 m ; (b)- 75 m ; (c)- 150 m.
196
7. Application au calcul de massif rocheux
-0.500
LEGEND
6-Sep-10 11:04
cycle 50000
X displacement contours -1.500
contour interval= 5.000E-06
number of contour/color= 3
-8.500E-05 to 9.000E-05
-2.500
-7.500E-05
-6.000E-05
-4.500E-05
-3.000E-05
-1.500E-05
-3.500
0.000E+00
1.500E-05
3.000E-05
4.500E-05
6.000E-05 -4.500
7.500E-05
9.000E-05
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
Figure 7.13 - Déplacements horizontaux d’un milieu continu avec une couverture supplémentaire
de 150 m lors du creusement du tunnel.
0,02 0,06
-60 -30 0
0
TUNNEL
Déplacement horizontal (mm)
0 0,03 L_h1
-30
-60
-0,02 -60 -30 0
0
0 Z0 = 0 m
Z0 = 75 m
L_v
(a) (b)
0,04 0,09
-60 -30 0
Z0 = 0 m 0
Déplacement horizontal (mm)
77 m
0,02
0,06 Z0 = 75 m
-30
0 Z0 = 150 m
0m
0,03 Milieu continu -60
-0,02 L_2
-60 -30 0
0
0m
-0,04 0
-30
Z0 = 0 m
-0,06 Z0 = 75 m
71 m
-60
-0,03
Z0 = 150 m
L_1
-0,08
Milieu continu
-0,06
-0,10
-70 -60 -50 -30 -20 -10 0 -70 -60 -50 -40 -20 -10 0
Profil L_1 (m) Profil L_2 (m)
(c) (d)
Figure 7.14 - Déplacement horizontal le long des différents profils, (a)- Profil vertical ; (b)-
Profil horizontal à 1m au-dessus du tunnel ; (c,d)- Profils inclinés.
197
III. Modélisation
Ligne de creusement
Z0 = 0 m
Z0 = 75 m
Z0 = 150 m
0,5 mm
Les déformations du tunnel ont été également comparées pour les cas du milieu
fracturé et du milieu continu, avec Z0 = 150 m (figure 7.16). On observe bien que les
déformations du milieu fracturé sont plus importantes qui sont dues à la présence des
mouvements des blocs. A cause des mouvements différents des blocs auprès des parois,
les déformations à la périphérie du tunnel ne sont pas symétriques par rapport à l'axe
vertical. L'influence des discontinuités sur la déformation du tunnel est plus prononcée
au niveau de la voûte avec une augmentation de déformation maximale qui peut
atteindre à 113 %. Cependant, la différence de déformation au niveau du radier est
moins importante. Les déformations sur les deux parois verticales du milieu fracturé
sont comparables à celles du milieu continu suite à des faibles déplacements
horizontaux et verticaux du terrain.
198
7. Application au calcul de massif rocheux
Ligne de creusement
Milieu continu
Milieu fracturé
Z0 = 150 m
0,5 mm
199
III. Modélisation
LEGEND
-2.500
24-Jun-10 13:50
cycle 50000
YY stress contours
contour interval= 2.000E+06
-1.400E+07 to 0.000E+00
-3.000
-1.400E+07
-1.200E+07
-1.000E+07
-8.000E+06
-6.000E+06
-3.500
-4.000E+06
-2.000E+06
0.000E+00
block plot
-4.000
-4.500
SET cust2
LRT
-4.250 -3.750 -3.250 -2.750 -2.250 -1.750
(*10^1)
(a)
JOB TITLE : Contrainte verticale_75 m_position 1 (*10^1)
-2.000
LEGEND
-2.500
24-Jun-10 14:34
cycle 50000
YY stress contours
contour interval= 2.000E+06
-1.400E+07 to 0.000E+00
-3.000
-1.400E+07
-1.200E+07
-1.000E+07
-8.000E+06
-6.000E+06
-3.500
-4.000E+06
-2.000E+06
0.000E+00
block plot
-4.000
-4.500
SET cust2
LRT
-4.250 -3.750 -3.250 -2.750 -2.250 -1.750
(*10^1)
(b)
JOB TITLE : Contrainte verticale_150 m_position 1 (*10^1)
-2.000
LEGEND
-2.500
24-Jun-10 14:13
cycle 50000
YY stress contours
contour interval= 2.000E+06
-1.400E+07 to 0.000E+00
-3.000
-1.400E+07
-1.200E+07
-1.000E+07
-8.000E+06
-6.000E+06
-3.500
-4.000E+06
-2.000E+06
0.000E+00
block plot
-4.000
-4.500
SET cust2
LRT
-4.250 -3.750 -3.250 -2.750 -2.250 -1.750
(*10^1)
(c)
Figure 7.17 - Contrainte verticale autour du tunnel (en Pascal) avec une couverture
supplémentaire de (a)- 0 m ; (b)- 75 m ; (c)- 150 m.
200
7. Application au calcul de massif rocheux
-30
Z0 = 0 m Point de mesure
Z0 = 75 m 5 MPa
Z0 = 150 m
-32
-34
Z (m)
-36
-38
-40
-34 -32 -30 -28 -26 -25
X (m)
Figure 7.18 - Vecteurs de la contrainte verticale calculée pour des points à 0,3m des parois du
tunnel.
4 0
-60 -30 0
0 Z0 = 0 m
Contrainte verticale (MPa)
2 Z0 = 75 m -2
L_v
-30
Z0 = 150 m
-60
0 Milieu continu
-4
-2 -6 Z0 = 0 m -60 -30 0
0
Z0 = 75 m
-4 -8 Z0 = 150 m
L_h2 -30
(a) (b)
0 1
0 Milieu continu
Contrainte verticale (MPa)
-2
-2
-4
-4
TUNNEL
-6
TUNNEL
-60 -30 0
0
Z0 = 0 m -60 -30 0
-6 0
L_h1 Z0 = 75 m Z0 = 0 m
-30
-8 L_h3
Z0 = 150 m -30
Z0 = 75 m
-60
-8
Milieu continu -60 Z0 = 150 m
-10
-60 -50 -40 -30 -20 -10 0 -60 -50 -40 -30 -20 -10 0
Profil horizontal L_h1 (m) Profil horizontal L_h3 (m)
(c) (d)
Figure 7.19 - Contrainte verticale déterminée le long des profils vertical et horizontal, pour
milieu fracturé et milieu continu.
201
III. Modélisation
des terrains sus-jacents et augmente avec la profondeur. A l'approche des parois gauche
et droite du tunnel, la valeur de contrainte verticale augmente rapidement pour
atteindre la valeur absolue maximale du profil (figure 7.19b). Les profils horizontaux
au-dessus et au-dessous du tunnel présentent également des segments de contrainte
constante, mais à l'approche de la voûte et du radier, la contrainte verticale tend vers
une valeur nulle (figure 7.19c et d). En comparant avec celles déterminées pour le
milieu continu, les contraintes verticales dans les zones auprès du tunnel d’un milieu
fracturé sont très similaires. Dans les zones plus éloignées, les profils de contraintes
verticales du milieu fracturé peuvent présenter des légères variations quand ils
rencontrent des discontinuités. Ainsi, les discontinuités ont une influence sur le
développement de la contrainte verticale. Cependant, on observe que cette influence est
faible au niveau des zones autour de la cavité. La zone d'influence de la cavité sur la
contrainte verticale due à l'excavation est aussi définie par un rayon d'environ 10 m du
centre du tunnel.
202
7. Application au calcul de massif rocheux
(a)
(b)
(c)
Figure 7.20 - Contrainte horizontale autour du tunnel (en Pascal) avec une couverture
supplémentaire de (a)- 0 m ; (b)- 75 m ; (c)- 150 m.
203
III. Modélisation
-30
Z0 = 0 m
Z0 = 75 m
-32 Z0 = 150 m
-34
Z (m)
-36
-38
Figure 7.21 - Représentation des vecteurs de la contrainte horizontale calculée pour des points à
0,3m des parois du tunnel.
0 0
Contrainte horizontale (MPa)
-1 -1
-2 -2
-60 -30 0
0 -60 -30 0
Z0 = 0 m Z0 = 0 m
TUNNEL
-3 Z0 = 75 m -3 Z0 = 75 m
TUNNEL
(a) (b)
Figure 7.22 - Contrainte horizontale déterminée le long des profils horizontaux.
204
7. Application au calcul de massif rocheux
X (m)
-60 -50 -40 -30 -20 -10 0
0
-10
-20
J1
Z (m)
J7 -30
-40
J2
J4 -50
-60
0 0,12
Déplacement tangentiel (mm)
-0,05 0,08
Déplacement normal (mm)
0,04
-0,10
0
-0,15 -60 -30 0
0
-60 -30 0
0
35 m 35 m
Z0 = 0 m -0,04 Z0 = 0 m
0m -30 0m -30
-0,20 J1
Z0 = 75 m J1
Z0 = 75 m
-60 Z0 = 150 m -0,08 Z0 = 150 m -60
-0,25
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Distance du tunnel (m) Distance du tunnel (m)
(a) (b)
10 2
-60 -30 0 -60 -30 0
0 Z0 = 0 m Z0 = 0 m
0
Contrainte tangentielle (MPa)
35 m 35 m
Contrainte normale (MPa)
8 Z0 = 75 m Z0 = 75 m
J1 0m -30 1 J1 0m -30
Z0 = 150 m Z0 = 150 m
6 -60 -60
4
-1
2
-2
0
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Distance du tunnel (m) Distance du tunnel (m)
(c) (d)
Figure 7.24 - Déplacements et contraintes normaux et tangentiels déterminés le long du joint J1.
205
III. Modélisation
tunnel augmente progressivement le long du joint vers la paroi du tunnel (figure 7.24a).
Plus la couverture est grande, plus la fermeture de joint est importante.
L’augmentation de la fermeture vers la paroi du tunnel est sans doute due au
glissement bloc sur bloc vers la cavité. La fermeture du point d’intersection entre le
joint et la paroi du tunnel dans le cas 3 n’est que 0,23 mm. De plus, on observe que la
variation de la fermeture le long du joint dans les zones éloignées du tunnel est plus
significative quand on augmente la couverture. La variation de la contrainte normale le
long du joint est proportionnelle à celle du déplacement normal (figure 7.24c). La
contrainte normale augmente progressivement à l’approche du tunnel. Elle augmente
aussi avec la hauteur de la couverture. Les déplacements tangentiels ne montrent pas
de grande variation le long du joint sauf au bord de la zone modélisée (figure 7.24b). Le
déplacement tangentiel au point d’intersection du tunnel est moins de 0,1 mm dans le
cas 3. La variation de la contrainte tangentielle est aussi proportionnelle à celle du
déplacement tangentiel (figure 7.24d). Les déplacements et les contraintes déterminés le
long des autres joints sont présentés dans l’annexe C.2.
206
7. Application au calcul de massif rocheux
-0.500
LEGEND
28-Jun-10 18:47
cycle 50000
Y displacement contours -1.500
contour interval= 2.000E-05
number of contour/color= 4
-4.600E-04 to 4.000E-04
-2.500
-4.000E-04
-3.200E-04
-2.400E-04
-1.600E-04
-8.000E-05
-3.500
0.000E+00
8.000E-05
1.600E-04
2.400E-04
3.200E-04 -4.500
4.000E-04
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(a)
JOB TITLE : Déplacement horizontal_150 m_position 2 (*10^1)
-0.500
LEGEND
28-Jun-10 18:47
cycle 50000
X displacement contours -1.500
contour interval= 5.000E-06
number of contour/color= 3
-8.500E-05 to 9.000E-05
-2.500
-7.500E-05
-6.000E-05
-4.500E-05
-3.000E-05
-1.500E-05
-3.500
0.000E+00
1.500E-05
3.000E-05
4.500E-05
6.000E-05 -4.500
7.500E-05
9.000E-05
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(b)
Les déformations du tunnel ont été déterminées pour ce cas et sont présentées
dans la figure 7.26 en fonction de la couverture supplémentaire. On observe également
l'influence de la couverture sur les déplacements du terrain : plus la couverture
supplémentaire est grande, plus les déformations du tunnel sont importantes.
Cependant, avec une densité de discontinuités différente, les déformations du tunnel ne
sont pas semblables à celles de la première position (figure 7.15). On observe que les
déformations sont plus développées au niveau de la voûte, sur le côté gauche, et au
niveau du radier, sur le côté droit. Les déformations au niveau de la paroi gauche sont
aussi plus importantes, dues au fait que cette paroi recoupe plus de discontinuités,
tandis que les déformations sur la paroi droite sont toujours très faibles. La figure 7.27
présente la comparaison de déformations du tunnel, correspondant au trois cas de
couverture supplémentaire pour les deux positions de tunnel. On observe que plus la
couverture est grande, plus l'influence de la densité de discontinuités sur les
207
III. Modélisation
Ligne de creusement
Z0 = 0 m
Z0 = 75 m
Z0 = 150 m
0,5 mm
Z0 = 0 m Z0 = 75 m Z0 = 150 m
Position 1 Position 1 Position 1
Position 2 Position 2 Position 2
Figure 7.27 - Déformation du tunnel correspondant aux deux positions relatives étudiées.
déformations du tunnel est prononcée. Sans une couverture supplémentaire (0 m), les
déformations déterminées pour les deux positions de tunnel sont très semblables.
Cependant, sous une couverture supplémentaire de 150 m, les déformations à la
deuxième position peuvent présenter une augmentation jusqu'à 120 % sur la paroi
gauche. Les déformations sur la paroi droite dans le deuxième cas sont légèrement plus
petites.
Les contraintes verticales et horizontales calculées pour la deuxième position
montrent les répartitions similaires que dans le premier cas (figures C.19 et C.20
annexe C.3). Cependant, à ce positionnement, les contraintes autour du tunnel sont
généralement plus petites que pour le positionnement initial, avec une différence qui
peut atteindre à 80 % pour le cas 3. La concentration de contraintes dans les zones de
grande densité de discontinuités est moins importante. A cause de la répartition de
discontinuités différentes sur les deux parois verticales, les contraintes verticales ne sont
plus symétriques par rapport à l’axe vertical.
208
7. Application au calcul de massif rocheux
7.5 Conclusion
Nous avons utilisé une coupe 2D à partir d’un modèle 3D du massif du tunnel de
St Béat pour effectuer des calculs en utilisant le logiciel UDEC. La modélisation du
comportement du massif rocheux en présence du tunnel a été réalisée en se basant sur
les données des essais expérimentaux. Bien que la modélisation présentée reste encore
simpliste, elle montre des résultats qui sont conformes à ce qui est observé souvent en
pratique lors du creusement dans des massifs rocheux fracturés (possibilité de chute de
blocs au niveau de la voûte ou gonflement au radier, etc.).
Avec les différentes conditions aux limites utilisées, on n’observe pas de rupture au
sein de la coupe lors du creusement du tunnel. Plus la profondeur de l’axe du tunnel est
grande, plus les déplacements dans le massif sont importants. Les déplacements sont
plus développés dans les zones autour de la cavité, dans un rayon d’environ 10 m du
centre du tunnel. Les déplacements verticaux présentent une distribution de forme
"d’entonnoir" et les déplacements horizontaux présentent une forme de "papillon". Les
déplacements les plus grands sont généralement observés au niveau de la voûte et du
radier. Ils sont de l’ordre de 0,5 mm pour le cas le plus défavorable. Cette valeur
semble très faible mais elle est conforme à l’observation de la stabilité du massif au
niveau des anciennes galeries.
Au niveau du tunnel, les contraintes horizontales sont plus développées sur les
deux parois verticales, tandis que les contraintes horizontales présentent les valeurs les
plus importantes au niveau de la voûte et du radier. Dans les cas étudiés, la valeur des
contraintes autour du tunnel augmente linéairement avec l’augmentation de la
profondeur du tunnel. A l’approche du tunnel, on observe des variations des contraintes
dues à la présence de la cavité. Une zone d’influence de la cavité sur les contraintes
(correspondant à des grandes variations) a été déterminée dans un rayon d’environ
10 m du centre du tunnel.
L’influence du réseau de discontinuités sur le comportement du massif a été mise
en évidence en comparant le comportement du milieu fracturé et du milieu continu,
sans discontinuités. La répartition des déplacements et des contraintes autour du
tunnel est semblable pour dans deux cas. Cependant, les déplacements en milieu
fracturé sont généralement plus grands, tandis que les contraintes sont plus faibles. En
plus, à cause de la présence des mouvements propres des blocs, le développement des
déplacements et des contraintes au sein du massif peut être discontinu à travers des
discontinuités. Leur distribution n’est pas forcément symétrique due à la répartition
anisotrope des discontinuités. L’influence de la densité de discontinuités a été également
observée en changeant la position relative du tunnel dans la coupe étudiée. Si la densité
de discontinuités autour du tunnel est plus grande, la zone d’influence (zone de grands
déplacements) sera plus large. Les déplacements peuvent être plus élevés dans les zones
de grande densité de discontinuités autour du tunnel. Et plus la profondeur du tunnel
est importante, plus l’influence de la densité de discontinuités est prononcée.
209
III. Modélisation
Les calculs ont été réalisés avec une seule coupe 2D du réseau de discontinuités. Le
chargement a été supposé réparti uniformément, il ne prend pas en compte la
répartition anisotrope des contraintes due à la géométrie du massif dans l’espace. Il
paraît nécessaire d’effectuer des calculs en 3D ou en 2D en utilisant plusieurs coupes
d’orientation diverses afin d’observer plus correctement le comportement du massif.
Ces calculs peuvent nous permettre de définir les cas les plus défavorables lors du
creusement du tunnel, tels que les cas avec grands déplacements ou grandes
concentrations de contraintes afin de déterminer le soutènement adapté.
210
Conclusion générale
La conception des tunnels dans les massifs rocheux fracturés nécessite une bonne
connaissance du comportement mécanique de la matrice et des discontinuités rocheuses.
Le travail de cette thèse s'appuie sur la caractérisation des marbres du site du futur
tunnel de St Béat. L'objectif principal de l'étude est de fournir des données mécaniques
de la matrice et des discontinuités de ces marbres et de mieux comprendre leur
comportement mécanique sous différentes conditions de chargement.
Les travaux effectués durant cette thèse se décomposent en trois parties
principales. Dans la première partie, nous avons effectué une revue de la littérature afin
de cerner la problématique du comportement des massifs rocheux fracturés. La seconde
partie était consacrée aux campagnes expérimentales d'identification des
caractéristiques mécaniques de la matrice rocheuse et des discontinuités naturelles des
matériaux choisis. Une étude expérimentale sur les caractéristiques morphologiques des
discontinuités des marbres a été réalisée afin de mieux comprendre leur comportement
mécanique. Ces études expérimentales sont effectuées dans le but d'utiliser les résultats
pour identifier et valider les paramètres entrés du logiciel de calcul du massif choisi
dans la troisième partie. Dans cette dernière partie, nous avons effectué une étude du
comportement du massif en présence du futur tunnel, sous différentes conditions aux
limites.
L'étude bibliographique a mis en évidence les phénomènes primordiaux du
comportement mécanique de la matrice et des discontinuités rocheuses. Nous avons
présenté les principaux mécanismes menant à la rupture de la matrice rocheuse soumise
au chargement. La pression de confinement, la vitesse de chargement et la taille des
grains apparaissent comme les facteurs qui peuvent influencer le comportement
mécanique des différents marbres. La connaissance les modules élastiques dynamiques
du matériau permet d'évaluer les modules élastiques statiques de façon moins coûteuse.
Nous avons indiqué aussi que le comportement en cisaillement des discontinuités
211
Conclusion générale
212
Conclusion générale
vitesse de propagation des ondes P et S nous ont permis également de déterminer les
modules élastiques dynamiques. Nous avons observé que le rapport entre les modules
statiques et les modules dynamiques varie entre 0,6 et 0,9 pour la roche étudiée.
La seconde campagne expérimentale était consacrée à une caractérisation de la
morphologie des surfaces des discontinuités rocheuses avant la réalisation des essais
mécaniques. Nous avons scanné douze échantillons de discontinuités naturelles sous un
profilomètre laser 3D. Les données de topographie obtenues permettent de déterminer
les paramètres statistiques descriptifs de la rugosité des surfaces. Nous avons montré
que les paramètres globaux tels que l'étendue, la moyenne arithmétique des hauteurs
CLA ou la dispersion des hauteurs RMS (calculé par rapport au plan moyen) peuvent
donner des bonnes évaluations de la rugosité des surfaces. La comparaison des
paramètres des surfaces inférieure et supérieure d'un même échantillon peut indiquer le
degré d'emboîtement des épontes et les dégradations antérieures éventuelles. Pourtant,
ce sont les paramètres directionnels qui donnent les indications les plus précises de la
rugosité, telles que l'angularité, les colatitudes ou la proportion des pentes d'aspérités.
Pour chaque surface des discontinuités, nous avons déterminé les paramètres
directionnels selon huit directions différentes. Nous avons observé une anisotropie
directionnelle des paramètres de rugosité : la valeur de chaque paramètre varie selon la
direction de calcul. Le paramètre Z4 est le paramètre le plus sensible et le paramètre RL
est le moins sensible au changement de direction. Les directions d'anisotropies
principales correspondant aux valeurs maximale et minimale de chaque paramètre ont
été déterminées. Nous avons observé que les directions d'anisotropie des paramètres RL,
Z2, Z4 et les moyennes de colatitudes positives et négatives sont généralement proches.
Le paramètre Z3 semble indépendant de la direction de calcul et peut montrer des
directions d'anisotropie différentes. En se basant sur les paramètres calculés pour les
surfaces inférieures et supérieures, nous constatons que les discontinuités utilisées ont
une bonne imbrication. Les douze discontinuités ont été regroupées en trois groupes
d'échantillons de rugosité similaire selon une direction de cisaillement choisie à partir
des paramètres directionnels. Ceci a pour but d'obtenir des discontinuités naturelles de
morphologie proche afin de réaliser des essais de cisaillement. La direction de
cisaillement choisie pour le groupe le plus lisse est généralement perpendiculaire à la
direction d'anisotropie principale, tandis qu'elles sont parallèles pour le groupe le plus
rugueux. Nous avons montré que le JRC (Joint Roughness Coefficient), calculé à partir
de Z2, peut donner les mêmes indications du degré de rugosité que celles définies par les
paramètres statistiques. L'aire de contact entre les surfaces inférieures et supérieures a
été déterminée grâce aux données de topographie des surfaces en fonction de la
contrainte normale appliquée lors du cisaillement. Nous observons évidemment une
influence de la contrainte normale sur l'aire de contact avant essai : plus la contrainte
normale est élevée, plus le taux de contact entre les surfaces est grand.
Les douze échantillons de discontinuités naturelles caractérisées précédemment ont
été utilisés pour réaliser des essais de cisaillement cycliques à contrainte normale
constante (CNC). Nous avons utilisé pour chaque groupe d'échantillons une même
213
Conclusion générale
contrainte normale (entre 1,5 et 5 MPa) mais différentes vitesses de cisaillement (entre
5 et 100 µm/s). Nous avons observé un comportement ductile sans pic de contrainte
tangentielle avec faibles déformations normales pour les discontinuités les plus lisses.
Par contre, les discontinuités plus rugueuses montrent un pic de contrainte tangentielle
marqué, suivi d'une phase de radoucissement due à la rupture des aspérités. Le
cisaillement des aspérités se manifeste également par la diminution du taux de
dilatance vers zéro quand le joint atteint la phase résiduelle. Nous avons montré que les
discontinuités de la roche étudiée peuvent atteindre la phase résiduelle après un
déplacement d'environ 7 mm.
Nous avons observé l’influence de différents facteurs sur le comportement en
cisaillement des discontinuités : l’augmentation de la contrainte normale entre 1,5 et
7 MPa conduit à une augmentation quasi linéaire des résistances au cisaillement et des
rigidités normale et tangentielle. Des enveloppes linéaires de Mohr-Coulomb ont été
proposées pour les résistances au pic et résiduelle avec les angles de frottement et les
cohésions respectivement de 38,3° et 31,5° et de 0,30 et 0,27 MPa. Nous avons trouvé
également une influence de la vitesse de cisaillement sur la résistance au pic : plus la
vitesse de cisaillement augmente, plus la résistance de cisaillement au pic diminue.
Cependant, la vitesse de cisaillement n'a pas d'influence notable sur la résistance de
cisaillement résiduelle. Par ailleurs, pour une même contrainte normale et une même
rugosité, plus la vitesse de cisaillement augmente, plus la dilatance diminue. Cette
influence diminue quand la contrainte normale appliquée diminue. Dans cette étude,
nous avons combiné l'influence de la contrainte normale et l'influence de la rugosité sur
la dilatance des joints en faisant varier à la fois la contrainte normale et la rugosité des
surfaces. Cependant, nous pouvons montrer une influence de la rugosité sur les angles
de dilatance au pic et maximal : plus les surfaces sont rugueuses, plus la moyenne des
colatitudes est élevée et plus les angles de dilatance sont importants et réciproquement.
En plus des essais CNC, nous avons réalisé une série d’essai de cisaillement à
rigidité normale constante (CNS). Les courbes de contraintes et de déplacements des
essais CNS montrent des phases quasi similaires par rapport aux essais CNC.
Cependant, les contraintes tangentielles et les déplacements normaux au cours du
cisaillement des essais CNS sont différents de ceux des essais CNC. Sous une rigidité
normale constante, les joints dilatent davantage avant le pic de contrainte tangentielle
et puis contractent avec un taux plus élevé à partir du pic de la contrainte normale. Le
pic de contrainte tangentielle est généralement atteint avant le pic de contrainte
normale. Nous avons observé également que la résistance au cisaillement des essais CNS
est plus importante que celle des essais CNC. Pour les rigidités normales variant entre
5 et 10 MPa/mm, plus la rigidité normale augmente, plus les différences de la
résistance au pic et des dilatances entre essais CNS et CNC ont tendance à augmenter.
Cependant, ces différences diminuent quand la contrainte normale augmente et elles
sont beaucoup moins visibles sous la contrainte normale initiale la plus élevée testée
(7 MPa). Une enveloppe de rupture selon le critère linéaire de Mohr-Coulomb a été
également proposée pour les essais CNS. Pour les essais à contrainte normale initiale
214
Conclusion générale
inférieure à 7 MPa, la résistance au pic des essais CNS est plus élevée que celle des
essais CNC. Nous avons proposé d’attribuer cet accroissement de la résistance
maximale à une mobilisation de la cohésion apparente du joint due à la rigidité normale
imposée. La relation entre la contrainte tangentielle et la contrainte normale après le
pic de contrainte des essais CNS est linéaire avec un angle de frottement de 32° et une
très faible cohésion. Cet angle de frottement est égal à l’angle de frottement résiduel
déterminé à partir des essais CNC. Ces observations nous conduisent à la conclusion
que la rigidité normale imposée a une influence croissante sur la résistance au
cisaillement maximale pour des contraintes normales initiales inférieures à 7 MPa, mais
elle n’a pas d’influence visible sur le comportement résiduel des joints.
Après la réalisation des essais de cisaillement CNC, les surfaces des douze
discontinuités ont été rescannées afin de déterminer les endommagements dus au
cisaillement. Les paramètres globaux et les paramètres d'angularité diminuent après
essai signifiant un "nivellement" des surfaces. Nous n’avons pas réussir à proposer une
loi mathématique entre ces diminutions et la contrainte normale appliquée. Cependant,
nous avons constaté que la diminution des paramètres RL, Z2 et les moyennes des
colatitudes varient en fonction de la rugosité initiale des échantillons : le groupe le plus
lisse montre les variations les plus faibles et le groupe le plus rugueux montre les
variations les plus importantes. Les variations des paramètres Z3 et Z4 ne montrent pas
de tendance significative. Par ailleurs, nous avons observons une influence de la
contrainte normale sur le degré d'endommagement des surfaces. Sous une même
contrainte normale, les surfaces de rugosité similaire peuvent avoir des
endommagements quantitativement identiques, bien que la distribution des zones
endommagées puisse être différente. Plus la contrainte normale est faible, plus on
observe ce phénomène. Nous avons finalement observé que les zones les plus
endommagées correspondent généralement au sommet des aspérités de grand
angularité.
Dans la dernière partie de la thèse, nous avons présenté une modélisation en 2D du
comportement du massif rocheux, en présence du futur tunnel, en utilisant le code de
calcul UDEC. Les caractéristiques mécaniques de la matrice et des discontinuités
obtenues précédemment ont été introduites dans des modèles de comportement qui sont
utilisables directement dans UDEC. Nous avons utilisé une coupe 2D à travers la
section transversale du tunnel, obtenue à partir d'un modèle statistique 3D du massif et
avons supposé des conditions aux limites relativement simples. Nous avons toutefois
obtenu des résultats, certes modestes, mais qui ce ne sont pas irréalistes : dans tous les
cas étudiés, nous n'avons pas observé de rupture macroscopique du massif mais nous
trouvons des tendances de développement des déformations du terrain du à l'excavation
de la cavité. Les déformations les plus importantes se trouvent au niveau de la voûte et
du radier du tunnel. Les contraintes horizontales sont plus développées sur les deux
parois verticales, tandis que les contraintes horizontales présentent les valeurs les plus
importantes au niveau de la voûte et du radier. Comme attendu, la profondeur du
tunnel a une influence croissante sur la grandeur et l'importance des zones de
215
Conclusion générale
concentration des déformations et des contraintes. Avec les conditions aux limites
choisies, nous avons observé une zone d'influence de la cavité sur le développement des
déformations et des contraintes dans un rayon d'environ 10 m autour du tunnel. Nous
avons également mis en évidence l’influence du réseau de discontinuités sur le
comportement du massif en comparant le comportement du milieu fracturé et du milieu
continu, sans discontinuités. La présence des discontinuités au sein du massif peut
conduire à des déformations plus importantes qui peuvent atteindre à 100 %
d’augmentation. Nous avons observé également l’influence de la densité de
discontinuités sur le comportement du massif. Des zones de grande densité de
discontinuités autour du tunnel peuvent conduire à des déformations plus importantes
et à une zone d'influence (zone de grandes déformations dues à la présence du tunnel)
plus large. Plus la profondeur du tunnel est importante, plus l’influence de la densité de
discontinuités est prononcée.
216
Conclusion générale
217
Conclusion générale
218
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230
Références
231
Références
232
Annexes
233
234
Annexe A
Tableau A.1 - Valeurs du constant mi pour les roches intactes selon le type de roche (Hoek et al.
1992).
Values shown were derived from statistical analysis of triaxial test data for each rock type.
Values in parenthesis have been estimated.
235
Annexe
236
Annexe B
Tableau B.1 - Paramètres statistiques directionnels avant essai selon huit directions différentes
de l'éponte inférieure (Inf.) et supérieure (Sup.) des échantillons de discontinuités.
Échantillon Éponte Paramètres 0° 30° 45° 60° 90° 120° 135° 150°
RL 1,015 1,013 1,013 1,012 1,015 1,012 1,012 1,013
Z2 0,180 0,165 0,162 0,159 0,177 0,158 0,161 0,164
Z3 0,296 0,230 0,255 0,262 0,367 0,218 0,205 0,194
Inf.
Z4 0,461 0,413 0,346 0,256 0,029 -0,223 -0,347 -0,435
θ+ (degré) 8,3 8,0 7,8 7,5 7,2 5,7 5,4 5,2
θ (degré)
-
-5,1 -5,0 -5,4 -5,8 -7,2 -7,3 -7,5 -7,7
01
RL 1,012 1,012 1,012 1,012 1,011 1,010 1,010 1,011
Z2 0,154 0,158 0,157 0,153 0,146 0,143 0,145 0,147
Z3 0,187 0,219 0,230 0,237 0,232 0,212 0,200 0,190
Sup.
Z4 0,511 0,409 0,337 0,242 0,026 -0,238 -0,368 -0,458
θ+ (degré) 7,7 7,9 7,7 7,4 6,3 5,3 5,0 4,8
θ (degré)
-
-4,7 -5,1 -5,5 -5,9 -6,7 -7,1 -7,2 -7,4
RL 1,009 1,010 1,012 1,013 1,015 1,014 1,013 1,011
Z2 0,134 0,143 0,155 0,166 0,178 0,171 0,161 0,150
Z3 0,202 0,208 0,219 0,230 0,241 0,235 0,238 0,222
02 Inf.
Z4 -0,054 -0,131 -0,164 -0,186 -0,206 -0,189 -0,158 -0,093
θ+ (degré) 5,9 6,3 6,8 7,2 7,5 6,9 6,2 5,4
θ (degré)
-
-4,6 -5,3 -5,9 -6,4 -7,0 -6,8 -6,5 -6,2
237
Annexe
Échantillon Éponte Paramètres 0° 30° 45° 60° 90° 120° 135° 150°
RL 1,009 1,010 1,012 1,014 1,015 1,014 1,013 1,011
Z2 0,134 0,145 0,156 0,167 0,179 0,172 0,162 0,150
Z3 0,197 0,209 0,226 0,226 0,237 0,233 0,225 0,212
02 Sup.
Z4 -0,035 -0,140 -0,174 -0,205 -0,229 -0,214 -0,180 -0,120
θ+ (degré) 5,7 6,3 6,8 7,3 7,7 7,1 6,4 5,6
θ - (degré) -4,7 -5,4 -6,0 -6,4 -7,0 -6,8 -6,4 -6,1
RL 1,036 1,041 1,044 1,045 1,042 1,036 1,034 1,033
Z2 0,278 0,298 0,307 0,310 0,298 0,275 0,268 0,266
Z3 0,419 0,396 0,407 0,413 0,400 0,385 0,396 0,414
Inf.
Z4 -0,191 -0,320 -0,363 -0,372 -0,327 -0,201 -0,101 -0,002
θ+ (degré) 9,8 9,4 9,7 9,9 10,3 10,6 10,9 11,4
θ - (degré) -12,7 -13,9 -14,2 -14,4 -14,0 -12,5 -11,7 -10,9
03
RL 1,037 1,043 1,045 1,045 1,042 1,036 1,034 1,034
Z2 0,282 0,303 0,311 0,312 0,299 0,278 0,271 0,269
Z3 0,413 0,424 0,423 0,416 0,394 0,398 0,401 0,415
Sup.
Z4 -0,197 -0,314 -0,352 -0,362 -0,323 -0,193 -0,104 0,003
θ+ (degré) 10,1 10,3 10,7 11,0 11,4 11,3 11,4 11,6
θ - (degré) -12,6 -13,9 -14,1 -14,3 -13,7 -12,2 -11,4 -10,7
RL 1,014 1,012 1,012 1,011 1,012 1,012 1,012 1,012
Z2 0,169 0,155 0,153 0,153 0,156 0,158 0,159 0,160
Z3 0,266 0,215 0,220 0,228 0,245 0,243 0,244 0,237
Inf.
Z4 0,062 0,068 0,079 0,088 0,088 0,044 0,011 -0,024
θ+ (degré) 7,3 7,1 7,0 6,9 6,9 6,8 6,8 6,8
θ - (degré) -7,0 -6,3 -6,2 -6,3 -6,7 -6,8 -6,8 -6,8
04
RL 1,012 1,012 1,012 1,012 1,012 1,012 1,012 1,012
Z2 0,159 0,158 0,158 0,158 0,158 0,159 0,159 0,159
Z3 0,245 0,233 0,243 0,239 0,253 0,255 0,249 0,243
Sup.
Z4 0,077 0,086 0,097 0,102 0,098 0,041 0,009 -0,022
θ (degré)
+
7,3 7,5 7,5 7,4 7,1 7,0 6,8 6,6
θ - (degré) -6,4 -6,2 -6,2 -6,3 -6,8 -7,0 -7,1 -7,1
RL 1,006 1,009 1,011 1,013 1,016 1,013 1,011 1,009
Z2 0,113 0,133 0,150 0,165 0,178 0,164 0,150 0,133
Z3 0,166 0,180 0,194 0,211 0,218 0,210 0,200 0,188
Inf.
Z4 0,004 -0,390 -0,499 -0,565 -0,611 -0,562 -0,497 -0,387
θ+ (degré) 4,7 4,2 4,1 4,2 4,3 4,2 4,2 4,2
θ - (degré) -4,8 -6,4 -7,4 -8,2 -8,9 -8,2 -7,4 -6,4
05
RL 1,006 1,009 1,011 1,013 1,015 1,012 1,010 1,008
Z2 0,112 0,135 0,151 0,164 0,174 0,158 0,143 0,127
Z3 0,162 0,171 0,187 0,191 0,198 0,199 0,181 0,173
Sup.
Z4 -0,031 -0,378 -0,476 -0,535 -0,573 -0,527 -0,459 -0,345
θ (degré)
+
4,6 4,2 4,2 4,2 4,2 4,2 4,2 4,2
θ - (degré) -4,8 -6,5 -7,3 -8,0 -8,6 -7,8 -7,0 -6,1
238
Annexe B. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
Échantillon Éponte Paramètres 0° 30° 45° 60° 90° 120° 135° 150°
RL 1,040 1,032 1,030 1,031 1,036 1,045 1,047 1,047
Z2 0,306 0,276 0,274 0,275 0,285 0,322 0,326 0,330
Z3 0,400 0,402 0,475 0,378 0,362 0,384 0,400 0,410
Inf.
Z4 -0,287 -0,042 0,099 0,219 0,420 0,488 0,471 0,432
θ+ (degré) 9,5 9,9 10,4 11,2 12,9 14,1 14,4 14,2
θ - (degré) -13,0 -11,2 -10,4 -9,6 -9,3 -9,6 -9,6 -9,5
06
RL 1,037 1,030 1,028 1,027 1,032 1,039 1,041 1,042
Z2 0,284 0,254 0,244 0,241 0,261 0,291 0,300 0,302
Z3 0,354 0,353 0,343 0,327 0,323 0,367 0,376 0,374
Sup.
Z4 -0,299 -0,072 0,062 0,193 0,400 0,474 0,468 0,428
θ+ (degré) 9,3 9,6 9,9 10,5 12,0 13,3 13,6 13,6
θ - (degré) -12,6 -11,0 -10,3 -9,7 -9,6 -9,8 -9,7 -9,4
RL 1,016 1,019 1,021 1,022 1,021 1,017 1,016 1,015
Z2 0,179 0,199 0,207 0,212 0,207 0,189 0,180 0,174
Z3 0,222 0,258 0,278 0,281 0,281 0,272 0,255 0,248
Inf.
Z4 0,341 0,242 0,180 0,124 -0,003 -0,131 -0,194 -0,269
θ+ (degré) 8,5 9,6 10,0 10,1 9,4 7,8 6,8 6,1
θ - (degré) -6,0 -6,5 -7,0 -7,6 -8,2 -8,4 -8,3 -8,1
07
RL 1,018 1,018 1,019 1,020 1,022 1,017 1,016 1,015
Z2 0,194 0,192 0,198 0,201 0,216 0,187 0,181 0,178
Z3 0,306 0,255 0,271 0,277 0,380 0,269 0,256 0,247
Sup.
Z4 0,348 0,262 0,189 0,119 -0,024 -0,183 -0,250 -0,319
θ+ (degré) 9,1 9,3 9,5 9,5 9,4 7,3 6,5 5,9
θ - (degré) -6,5 -6,6 -7,2 -7,7 -9,0 -8,5 -8,4 -8,4
RL 1,019 1,021 1,019 1,016 1,012 1,010 1,011 1,014
Z2 0,201 0,207 0,198 0,184 0,155 0,142 0,154 0,172
Z3 0,223 0,258 0,246 0,232 0,235 0,199 0,203 0,212
Inf.
Z4 -0,136 -0,089 -0,066 -0,027 0,066 0,176 0,186 0,176
θ (degré)
+
7,6 8,1 8,0 7,6 6,8 6,4 7,1 8,0
θ - (degré) -9,5 -9,6 -9,1 -8,3 -6,4 -5,3 -5,5 -6,1
08
RL 1,032 1,032 1,029 1,025 1,017 1,017 1,020 1,024
Z2 0,270 0,281 0,271 0,252 0,207 0,197 0,209 0,229
Z3 0,291 0,298 0,281 0,258 0,234 0,239 0,259 0,273
Sup.
Z4 -0,217 -0,174 -0,142 -0,086 0,072 0,219 0,239 0,230
θ (degré)
+
7,9 8,2 7,9 7,3 6,6 7,7 8,8 10,1
θ - (degré) -11,7 -11,4 -10,5 -9,3 -6,8 -6,0 -6,2 -6,6
RL 1,032 1,026 1,024 1,025 1,029 1,035 1,037 1,037
Z2 0,260 0,234 0,226 0,227 0,248 0,274 0,280 0,279
Z3 0,364 0,364 0,361 0,355 0,343 0,364 0,368 0,367
09 Inf.
Z4 0,086 -0,021 -0,073 -0,121 -0,150 -0,151 -0,150 -0,138
θ (degré)
+
12,2 10,7 10,0 9,4 8,9 9,3 9,7 9,9
θ - (degré) -9,7 -9,4 -9,6 -10,0 -11,5 -12,9 -13,1 -13,2
239
Annexe
Échantillon Éponte Paramètres 0° 30° 45° 60° 90° 120° 135° 150°
RL 1,031 1,026 1,025 1,025 1,028 1,034 1,035 1,035
Z2 0,255 0,233 0,227 0,227 0,244 0,267 0,273 0,272
Z3 0,352 0,351 0,349 0,339 0,323 0,354 0,366 0,378
09 Sup.
Z4 0,052 -0,054 -0,107 -0,150 -0,166 -0,155 -0,143 -0,125
θ+ (degré) 12,1 10,8 10,2 9,7 9,0 9,4 9,7 9,9
θ (degré)
-
-9,8 -9,6 -9,7 -10,0 -11,3 -12,6 -12,8 -12,8
RL 1,024 1,032 1,038 1,044 1,049 1,043 1,037 1,031
Z2 0,226 0,261 0,285 0,306 0,325 0,302 0,280 0,256
Z3 0,307 0,375 0,397 0,409 0,413 0,403 0,392 0,375
Inf.
Z4 0,043 0,338 0,445 0,514 0,564 0,499 0,412 0,284
θ+ (degré) 10,0 12,5 13,7 14,6 15,5 14,5 13,6 12,4
θ (degré)
-
-9,9 -8,2 -7,7 -7,3 -7,5 -8,0 -8,2 -8,5
10
RL 1,026 1,033 1,039 1,044 1,049 1,043 1,037 1,032
Z2 0,236 0,266 0,289 0,308 0,324 0,303 0,282 0,259
Z3 0,349 0,387 0,406 0,421 0,408 0,405 0,404 0,385
Sup.
Z4 0,062 0,350 0,453 0,516 0,557 0,478 0,383 0,258
θ+ (degré) 10,5 12,8 13,9 14,8 15,5 14,5 13,6 12,4
θ (degré)
-
-9,9 -8,1 -7,6 -7,3 -7,6 -8,3 -8,5 -8,9
RL 1,016 1,017 1,018 1,020 1,022 1,022 1,021 1,019
Z2 0,180 0,184 0,193 0,202 0,215 0,214 0,207 0,197
Z3 0,255 0,271 0,283 0,289 0,283 0,286 0,282 0,282
Inf.
Z4 0,104 -0,054 -0,149 -0,233 -0,318 -0,310 -0,272 -0,221
θ+ (degré) 8,5 7,5 7,4 7,3 7,2 6,6 6,3 6,2
θ (degré)
-
-7,0 -8,4 -9,0 -9,6 -10,5 -10,5 -10,2 -9,8
11
RL 1,016 1,016 1,017 1,020 1,023 1,024 1,022 1,020
Z2 0,182 0,181 0,190 0,201 0,221 0,223 0,215 0,204
Z3 0,258 0,268 0,270 0,268 0,275 0,281 0,279 0,272
Sup.
Z4 0,104 -0,062 -0,156 -0,241 -0,331 -0,331 -0,300 -0,249
θ (degré)
+
8,4 7,4 7,2 7,4 7,7 7,4 7,1 6,9
θ - (degré) -7,2 -8,4 -9,0 -9,5 -10,5 -10,5 -10,1 -9,6
RL 1,030 1,037 1,041 1,044 1,045 1,036 1,033 1,030
Z2 0,251 0,279 0,295 0,305 0,309 0,278 0,263 0,250
Z3 0,415 0,413 0,416 0,415 0,445 0,413 0,429 0,430
Inf.
Z4 -0,146 -0,386 -0,459 -0,507 -0,504 -0,405 -0,297 -0,170
θ+ (degré) 9,7 8,7 8,4 8,3 8,2 8,5 9,0 9,6
θ - (degré) -11,3 -13,3 -14,1 -14,6 -14,7 -13,2 -12,3 -11,2
12
RL 1,031 1,039 1,043 1,045 1,045 1,038 1,034 1,031
Z2 0,256 0,287 0,302 0,310 0,308 0,285 0,269 0,257
Z3 0,427 0,437 0,426 0,414 0,401 0,418 0,427 0,439
Sup.
Z4 -0,159 -0,386 -0,454 -0,495 -0,498 -0,386 -0,280 -0,147
θ+ (degré) 10,1 9,4 9,1 8,9 8,6 8,8 9,1 9,6
θ - (degré) -11,3 -13,4 -14,2 -14,8 -14,7 -13,4 -12,5 -11,5
240
Annexe B. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
3 3
2 2
1 1
G1-01 0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
4 3 2 1 0 1 2 3 4 4 3 2 1 0 1 2 3 4
4 4
3 3
2 2
1 1
G1-02 0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
5 4 3 2 1 0 1 2 3 4 5 5 4 3 2 1 0 1 2 3 4 5
4 4
3 3
2 2
1 1
G1-04 0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
4 3 2 1 0 1 2 3 4 4 3 2 1 0 1 2 3 4
4 4
3 3
2 2
1 1
G1-05 0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
4 3 2 1 0 1 2 3 4 4 3 2 1 0 1 2 3 4
Figure B.1 - Représentation des surfaces avant essai des échantillons du groupe G1 par l'échelle
de couleur des hauteurs (les deux épontes sont vues du haut, en position superposée).
241
Annexe
3 3
2 2
1 1
G2-07 0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
5 4 3 2 1 0 1 2 3 4 5 5 4 3 2 1 0 1 2 3 4 5
4 4
3 3
2 2
1 1
G2-08 0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
4 3 2 1 0 1 2 3 4 4 3 2 1 0 1 2 3 4
4 4
3 3
2 2
1 1
G2-09 0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
4 3 2 1 0 1 2 3 4 4 3 2 1 0 1 2 3 4
4 4
3 3
2 2
1 1
G2-11 0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
5 4 3 2 1 0 1 2 3 4 5 5 4 3 2 1 0 1 2 3 4 5
Figure B.2 - Représentation des surfaces avant essai des échantillons du groupe G2 par l'échelle
de couleur des hauteurs (les deux épontes sont vues du haut, en position superposée).
242
Annexe B. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
G3-03 0
4 3 2 1 0 1 2 3 4
4 4
3 3
2 2
1 1
G3-06 0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
4 3 2 1 0 1 2 3 4 4 3 2 1 0 1 2 3 4
4 4
3 3
2 2
1 1
G3-10 0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
4 3 2 1 0 1 2 3 4 4 3 2 1 0 1 2 3 4
4 4
3 3
2 2
1 1
G3-12 0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
4 3 2 1 0 1 2 3 4 4 3 2 1 0 1 2 3 4
Figure B.3 - Représentation des surfaces avant essai des échantillons du groupe G3 par l'échelle
de couleur des hauteurs (les deux épontes sont vues du haut, en position superposée).
243
Annexe
244
Annexe B. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
Tableau B.2 - Paramètres directionnels calculés selon la direction de cisaillement choisie, avant*
et après essai de cisaillement sur la même surface finale pour les douze discontinuités.
245
Annexe
246
Annexe B. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
G1-01
G1-02
G1-04
G1-05
Figure B.5 - Représentation des surfaces après essai des échantillons du groupe G1 par l'échelle
de couleur des hauteurs (les deux épontes sont vues du haut, en position superposée).
247
Annexe
G2-07
G2-08
G2-09
G2-11
Figure B.6 - Représentation des surfaces après essai des échantillons du groupe G2 par l'échelle
de couleur des hauteurs (les deux épontes sont vues du haut, en position superposée).
248
Annexe B. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
G3-03
G3-06
G3-10
G3-12
Figure B.7 - Représentation des surfaces après essai des échantillons du groupe G3 par l'échelle
de couleur des hauteurs (les deux épontes sont vues du haut, en position superposée).
249
Annexe
(a) (b)
> 150
≤ 150
ΔZ
(μm)
(c) (d)
(e) (f)
Figure B.8 - Zones endommagées des surfaces inférieure (à gauche) et supérieure (à droite) de
l'échantillon 01. Représentation de la différence de hauteur entre les surfaces avant et après essai
par l'échelle de gris (a,b) ou en noir/blanc (c,d). (e,f)- Comparaison entre les colatitudes
calculées suivant le sens de cisaillement aller (flèches rouges) avant essai et les courbes de niveau
des zones ayant une différence de hauteur supérieure à 150 μm après essai.
250
Annexe B. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
(a) (b)
> 150
≤ 150
ΔZ
(μm)
(c) (d)
(e) (f)
Figure B.9 - Zones endommagées des surfaces inférieure (à gauche) et supérieure (à droite) de
l'échantillon 02. Représentation de la différence de hauteur entre les surfaces avant et après essai
par l'échelle de gris (a,b) ou en noir/blanc (c,d). (e,f)- Comparaison entre les colatitudes
calculées suivant le sens de cisaillement aller (flèches rouges) avant essai et les courbes de niveau
des zones ayant une différence de hauteur supérieure à 150 μm après essai.
251
Annexe
(a) (b)
> 150
≤ 150
ΔZ
(μm)
(c) (d)
(e) (f)
Figure B.10 - Zones endommagées des surfaces inférieure (à gauche) et supérieure (à droite) de
l'échantillon 04. Représentation de la différence de hauteur entre les surfaces avant et après essai
par l'échelle de gris (a,b) ou en noir/blanc (c,d). (e,f)- Comparaison entre les colatitudes
calculées suivant le sens de cisaillement aller (flèches rouges) avant essai et les courbes de niveau
des zones ayant une différence de hauteur supérieure à 150 μm après essai.
252
Annexe B. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
(a) (b)
> 150
≤ 150
ΔZ
(μm)
(c) (d)
(e) (f)
Figure B.11 - Zones endommagées des surfaces inférieure (à gauche) et supérieure (à droite) de
l'échantillon 05. Représentation de la différence de hauteur entre les surfaces avant et après essai
par l'échelle de gris (a,b) ou en noir/blanc (c,d). (e,f)- Comparaison entre les colatitudes
calculées suivant le sens de cisaillement aller (flèches rouges) avant essai et les courbes de niveau
des zones ayant une différence de hauteur supérieure à 150 μm après essai.
253
Annexe
(a) (b)
> 150
≤ 150
ΔZ
(μm)
(c) (d)
(e) (d)
Figure B.12 - Zones endommagées des surfaces inférieure (à gauche) et supérieure (à droite) de
l'échantillon 07. Représentation de la différence de hauteur entre les surfaces avant et après essai
par l'échelle de gris (a,b) ou en noir/blanc (c,d). (e,f)- Comparaison entre les colatitudes
calculées suivant le sens de cisaillement aller (flèches rouges) avant essai et les courbes de niveau
des zones ayant une différence de hauteur supérieure à 150 μm après essai.
254
Annexe B. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
(a) (b)
> 150
≤ 150
ΔZ
(μm)
(c) (d)
(e) (f)
Figure B.13 - Zones endommagées des surfaces inférieure (à gauche) et supérieure (à droite) de
l'échantillon 08. Représentation de la différence de hauteur entre les surfaces avant et après essai
par l'échelle de gris (a,b) ou en noir/blanc (c,d). (e,f)- Comparaison entre les colatitudes
calculées suivant le sens de cisaillement aller (flèches rouges) avant essai et les courbes de niveau
des zones ayant une différence de hauteur supérieure à 150 μm après essai.
255
Annexe
(a) (b)
> 150
≤ 150
ΔZ
(μm)
(c) (d)
(e) (f)
Figure B.14 - Zones endommagées des surfaces inférieure (à gauche) et supérieure (à droite) de
l'échantillon 09. Représentation de la différence de hauteur entre les surfaces avant et après essai
par l'échelle de gris (a,b) ou en noir/blanc (c,d). (e,f)- Comparaison entre les colatitudes
calculées suivant le sens de cisaillement aller (flèches rouges) avant essai et les courbes de niveau
des zones ayant une différence de hauteur supérieure à 150 μm après essai.
256
Annexe B. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
(a) (b)
> 150
≤ 150
ΔZ
(μm)
(b) (c)
(e) (d)
Figure B.15 - Zones endommagées des surfaces inférieure (à gauche) et supérieure (à droite) de
l'échantillon 11. Représentation de la différence de hauteur entre les surfaces avant et après essai
par l'échelle de gris (a,b) ou en noir/blanc (c,d). (e,f)- Comparaison entre les colatitudes
calculées suivant le sens de cisaillement aller (flèches rouges) avant essai et les courbes de niveau
des zones ayant une différence de hauteur supérieure à 150 μm après essai.
257
Annexe
(a) (b)
> 150
≤ 150
ΔZ
(μm)
(c) (d)
(e) (f)
Figure B.16 - Zones endommagées des surfaces inférieure (à gauche) et supérieure (à droite) de
l'échantillon 03. Représentation de la différence de hauteur entre les surfaces avant et après essai
par l'échelle de gris (a,b) ou en noir/blanc (c,d). (e,f)- Comparaison entre les colatitudes
calculées suivant le sens de cisaillement aller (flèches rouges) avant essai et les courbes de niveau
des zones ayant une différence de hauteur supérieure à 150 μm après essai.
258
Annexe B. Caractérisation de la morphologie des discontinuités
(a) (b)
> 150
≤ 150
ΔZ
(μm)
(c) (d)
(e) (f)
Figure B.17 - Zones endommagées des surfaces inférieure (à gauche) et supérieure (à droite) de
l'échantillon 06. Représentation de la différence de hauteur entre les surfaces avant et après essai
par l'échelle de gris (a,b) ou en noir/blanc (c,d). (e,f)- Comparaison entre les colatitudes
calculées suivant le sens de cisaillement aller (flèches rouges) avant essai et les courbes de niveau
des zones ayant une différence de hauteur supérieure à 150 μm après essai.
259
Annexe
(aA) (b)
> 150
≤ 150
ΔZ
(μm)
(c) (d)
(e) (f)
Figure B.18 - Zones endommagées des surfaces inférieure (à gauche) et supérieure (à droite) de
l'échantillon 10. Représentation de la différence de hauteur entre les surfaces avant et après essai
par l'échelle de gris (a,b) ou en noir/blanc (c,d). (e,f)- Comparaison entre les colatitudes
calculées suivant le sens de cisaillement aller (flèches rouges) avant essai et les courbes de niveau
des zones ayant une différence de hauteur supérieure à 150 μm après essai.
260
Annexe C
5 1,2
Contrainte tangentielle (MPa)
Expérimental Expérimental
Déplacement normal (mm)
4 Simulation EXCEL
0,9 Simulation EXCEL
Simulation UDEC Simulation UDEC
3
0,6
2
0,3
1
G1-01, σn = 5 MPa 0 G1-01, σn = 5 MPa
0
0 2 4 6 8 0 2 4 6 8
Déplacement tangentiel (mm) Déplacement tangentiel (mm)
Figure C.1 - Courbes de contrainte tangentielle et de dilatance obtenues par essai expérimental
et par simulations sous excel et UDEC de l’essai G1-01 (5 MPa).
261
Annexe
5 0,6
Contrainte tangentielle (MPa)
Expérimental
1
0
G1-02, σn = 5 MPa G1-02, σn = 5 MPa
0
0 2 4 6 8 0 2 4 6 8
Déplacement tangentiel (mm) Déplacement tangentiel (mm)
Figure C.2 - Courbes de contrainte tangentielle et de dilatance obtenues par essai expérimental
et par simulations sous excel et UDEC de l’essai G1-02 (5 MPa).
5 0,2
Contrainte tangentielle (MPa)
4
0
3 Expérimental
Expérimental -0,2 Simulation EXCEL
2 Simulation EXCEL Simulation UDEC
Simulation UDEC
-0,4
1
G1-04, σn = 5 MPa G1-04, σn = 5 MPa
0 -0,6
0 2 4 6 8 0 2 4 6 8
Déplacement tangentiel (mm) Déplacement tangentiel (mm)
Figure C.3 - Courbes de contrainte tangentielle et de dilatance obtenues par essai expérimental
et par simulations sous excel et UDEC de l’essai G1-04 (5 MPa).
5 0,4
Contrainte tangentielle (MPa)
Expérimental
4 0,3 Simulation EXCEL
Simulation UDEC
3 0,2
Expérimental
Simulation EXCEL
2 0,1
Simulation UDEC
1 0
G1-05, σn = 5 MPa G1-05, σn = 5 MPa
0 -0,1
0 2 4 6 8 0 2 4 6 8
Déplacement tangentiel (mm) Déplacement tangentiel (mm)
Figure C.4 - Courbes de contrainte tangentielle et de dilatance obtenues par essai expérimental
et par simulations sous excel et UDEC de l’essai G1-05 (5 MPa).
262
Annexe C. Application au calcul du massif rocheux
4 0,3
Contrainte tangentielle (MPa)
Expérimental
0,1
2 Expérimental
Simulation EXCEL
0 Simulation UDEC
1
4 0,8
Contrainte tangentielle (MPa)
Expérimental
Simulation EXCEL 0,6
3
Simulation UDEC
Expérimental
2 0,4
Simulation EXCEL
Simulation UDEC
0,2
1
4 0,6
Contrainte tangentielle (MPa)
Expérimental
Simulation EXCEL
3
Simulation UDEC 0,4
2 Expérimental
Simulation EXCEL
0,2
Simulation UDEC
1
263
Annexe
4 0,6
Contrainte tangentielle (MPa)
2 Expérimental
0,2 Simulation EXCEL
Simulation UDEC
1
0
G2-11, σn = 3 MPa G2-11, σn = 3 MPa
0
0 2 4 6 8 0 2 4 6 8
Déplacement tangentiel (mm) Déplacement tangentiel (mm)
Figure C.8 - Courbes de contrainte tangentielle et de dilatance obtenues par essai expérimental
et par simulations sous excel et UDEC de l’essai G2-11 (3 MPa).
2,5 1,8
Contrainte tangentielle (MPa)
Expérimental
1,5
2,0 Simulation EXCEL
Simulation UDEC 1,2
1,5
0,9 Expérimental
1,0 Simulation EXCEL
0,6
Simulation UDEC
0,5 0,3
G3-03, σn = 1,5 MPa G3-03, σn = 1,5 MPa
0 0
0 2 4 6 8 0 2 4 6 8
Déplacement tangentiel (mm) Déplacement tangentiel (mm)
Figure C.9 - Courbes de contrainte tangentielle et de dilatance obtenues par essai expérimental
et par simulations sous excel et UDEC de l’essai G3-03 (1,5 MPa).
2,5 1,2
Contrainte tangentielle (MPa)
Expérimental
2,0 Simulation EXCEL
0,9
Simulation UDEC
1,5
0,6 Expérimental
264
Annexe C. Application au calcul du massif rocheux
2,0 1,2
Contrainte tangentielle (MPa)
1,0 0,6
Expérimental
Simulation EXCEL
0,3 Simulation UDEC
0,5
Figure C.11 - Courbes de contrainte tangentielle et de dilatance obtenues par essai expérimental
et par simulations sous excel et UDEC de l’essai G3-10 (1,5 MPa).
2,0 1,2
Contrainte tangentielle (MPa)
Expérimental
Déplacement normal (mm)
Expérimental
Simulation EXCEL 0,9 Simulation EXCEL
1,5
Simulation UDEC Simulation UDEC
1,0 0,6
0,3
0,5
Figure C.12 - Courbes de contrainte tangentielle et de dilatance obtenues par essai expérimental
et par simulations sous excel et UDEC de l’essai G3-12 (1,5 MPa).
265
Annexe
X (m)
-60 -50 -40 -30 -20 -10 0
0
-10
-20
J1
Z (m)
J7 -30
-40
J2
J4 -50
-60
Figure C.13 - Position relative des joints étudiés correspondant à la première position du tunnel.
0 0,15
-60 -30 0
0
Z0 = 0 m
Déplacement tangentiel (mm)
0,10
Déplacement normal (mm)
Z0 = 75 m
-0,05 0m
-30
Z0 = 150 m
0,05 17 m J2
-60
-0,10 0
-60 -30 0
0
Z0 = 0 m
-0,05
-0,15 -30 Z0 = 75 m
0m
17 m J2 Z0 = 150 m -0,10
-60
-0,20 -0,15
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Distance du tunnel (m) Distance du tunnel (m)
7 4
-60 -30 0
0
Z0 = 0 m
Contrainte tangentielle (MPa)
6 3
Contrainte normale (MPa)
Z0 = 75 m
-30
0m
5 Z0 = 150 m 2
17 m J2
-60
4 1
3 0 -60 -30 0
0
Z0 = 0 m
2 -1
0m
-30 Z0 = 75 m
1 -2 17 m J2 Z0 = 150 m
-60
0 -3
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Distance du tunnel (m) Distance du tunnel (m)
266
Annexe C. Application au calcul du massif rocheux
0 0,25
Z0 = 0 m -60 -30 0
0
-30
Z0 = 150 m 0m
J4
35 m -60
-0,10 0,15
-60 -30 0
-0,15 0 0,10
Z0 = 0 m
-30
0m
-0,20 Z0 = 75 m 0,05
J4
35 m -60
Z0 = 150 m
-0,25 0
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Distance du tunnel (m) Distance du tunnel (m)
(a) (b)
8 0
-60 -30 0
0
Z0 = 0 m
Contrainte tangentielle (MPa)
Contrainte normale (MPa)
-30 Z0 = 75 m -1
0m
6 Z0 = 150 m
J4
35 m -60
-2
4
-60 -30 0
-3 0
Z0 = 0 m
2 0m
-30
Z0 = 75 m
-4
J4 Z0 = 150 m
35 m -60
0 -5
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
Distance du tunnel (m) Distance du tunnel (m)
(c) (d)
Figure C.15 - Déplacements et contraintes normaux et tangentiels déterminés le long du joint
J4.
267
Annexe
0 0,18
-60 -30 0 -60 -30 0
0
-0,03 0,12
Déplacement normal (mm)
6m 6m
0m -30 0m -30
J7 J7
0,06
-0,06 -60 -60
0
-0,09
Z0 = 0 m Z0 = 0 m
-0,06
Z0 = 75 m Z0 = 75 m
-0,12
Z0 = 150 m Z0 = 150 m
-0,12
-0,15
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
Distance du tunnel (m) Distance du tunnel (m)
(a) (b)
6 3
-60 -30 0
Z0 = 0 m
Contrainte tangentielle (MPa)
0
5 2
Contrainte normale (MPa)
6m Z0 = 75 m
0m -30
J7 Z0 = 150 m
4 1
-60
3 0
-60 -30 0
Z0 = 0 m 0
2 -1
Z0 = 75 m 6m
0m -30
J7
Z0 = 150 m -2
1
-60
0 -3
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
Distance du tunnel (m) Distance du tunnel (m)
(c) (d)
Figure C.16 - Déplacements et contraintes normaux et tangentiels déterminés le long du joint
J7.
268
Annexe C. Application au calcul du massif rocheux
-0.500
LEGEND
7-Jul-10 9:58
cycle 50000
Y displacement contours -1.500
contour interval= 2.000E-05
number of contour/color= 4
-4.600E-04 to 4.000E-04
-2.500
-4.000E-04
-3.200E-04
-2.400E-04
-1.600E-04
-8.000E-05
-3.500
0.000E+00
8.000E-05
1.600E-04
2.400E-04
3.200E-04 -4.500
4.000E-04
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(a)
JOB TITLE : Déplacement vertical_75 m_position 2 (*10^1)
-0.500
LEGEND
29-Jun-10 11:42
cycle 50000
Y displacement contours -1.500
contour interval= 2.000E-05
number of contour/color= 4
-4.600E-04 to 4.000E-04
-2.500
-4.000E-04
-3.200E-04
-2.400E-04
-1.600E-04
-8.000E-05
-3.500
0.000E+00
8.000E-05
1.600E-04
2.400E-04
3.200E-04 -4.500
4.000E-04
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(b)
JOB TITLE : Déplacement vertical_150 m_position 2 (*10^1)
-0.500
LEGEND
28-Jun-10 18:47
cycle 50000
Y displacement contours -1.500
contour interval= 2.000E-05
number of contour/color= 4
-4.600E-04 to 4.000E-04
-2.500
-4.000E-04
-3.200E-04
-2.400E-04
-1.600E-04
-8.000E-05
-3.500
0.000E+00
8.000E-05
1.600E-04
2.400E-04
3.200E-04 -4.500
4.000E-04
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(c)
Figure C.17 - Déplacement vertical du massif lors du creusement du tunnel à la position 2 (unité
en mètre) avec une couverture supplémentaire (a)- 0 m ; (b)- 75 m ; (c)- 150 m.
269
Annexe
-0.500
LEGEND
7-Jul-10 9:58
cycle 50000
X displacement contours -1.500
contour interval= 5.000E-06
number of contour/color= 3
-8.500E-05 to 9.000E-05
-2.500
-7.500E-05
-6.000E-05
-4.500E-05
-3.000E-05
-1.500E-05
-3.500
0.000E+00
1.500E-05
3.000E-05
4.500E-05
6.000E-05 -4.500
7.500E-05
9.000E-05
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(a)
JOB TITLE : Déplacement horizontal_75 m_position 2 (*10^1)
-0.500
LEGEND
29-Jun-10 11:42
cycle 50000
X displacement contours -1.500
contour interval= 5.000E-06
number of contour/color= 3
-8.500E-05 to 9.000E-05
-2.500
-7.500E-05
-6.000E-05
-4.500E-05
-3.000E-05
-1.500E-05
-3.500
0.000E+00
1.500E-05
3.000E-05
4.500E-05
6.000E-05 -4.500
7.500E-05
9.000E-05
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(b)
JOB TITLE : Déplacement horizontal_150 m_position 2 (*10^1)
-0.500
LEGEND
28-Jun-10 18:47
cycle 50000
X displacement contours -1.500
contour interval= 5.000E-06
number of contour/color= 3
-8.500E-05 to 9.000E-05
-2.500
-7.500E-05
-6.000E-05
-4.500E-05
-3.000E-05
-1.500E-05
-3.500
0.000E+00
1.500E-05
3.000E-05
4.500E-05
6.000E-05 -4.500
7.500E-05
9.000E-05
block plot
-5.500
SET cust2
LRT
-5.500 -4.500 -3.500 -2.500 -1.500 -0.500
(*10^1)
(c)
270
Annexe C. Application au calcul du massif rocheux
LEGEND -2.000
7-Jul-10 9:58
cycle 50000
YY stress contours
contour interval= 2.000E+06 -2.500
-1.400E+07 to 0.000E+00
-1.400E+07
-1.200E+07
-1.000E+07
-3.000
-8.000E+06
-6.000E+06
-4.000E+06
-2.000E+06
0.000E+00
-3.500
block plot
-4.000
SET cust2
LRT
-3.750 -3.250 -2.750 -2.250 -1.750 -1.250
(*10^1)
(a)
JOB TITLE : Contrainte verticale_75 m_position 2 (*10^1)
LEGEND -2.000
29-Jun-10 11:42
cycle 50000
YY stress contours
contour interval= 2.000E+06 -2.500
-1.400E+07 to 0.000E+00
-1.400E+07
-1.200E+07
-1.000E+07
-8.000E+06 -3.000
-6.000E+06
-4.000E+06
-2.000E+06
0.000E+00
-3.500
block plot
-4.000
SET cust2
LRT
-3.750 -3.250 -2.750 -2.250 -1.750
(*10^1)
(b)
JOB TITLE : Contrainte verticale_150 m_position 2 (*10^1)
-2.000
LEGEND
28-Jun-10 18:47
cycle 50000
YY stress contours
contour interval= 2.000E+06 -2.500
-1.400E+07 to 0.000E+00
-1.400E+07
-1.200E+07
-1.000E+07
-3.000
-8.000E+06
-6.000E+06
-4.000E+06
-2.000E+06
0.000E+00
-3.500
block plot
-4.000
SET cust2
LRT
-3.750 -3.250 -2.750 -2.250 -1.750
(*10^1)
(c)
Figure C.19 - Contrainte verticale autour du tunnel à la position 2 (unité en Pascal) avec une
couverture supplémentaire de (a)- 0 m ; (b)- 75 m ; (c)- 150 m.
271
Annexe
LEGEND -2.000
7-Jul-10 9:58
cycle 50000
XX stress contours
contour interval= 5.000E+05 -2.500
-4.000E+06 to 1.000E+06
-4.000E+06
-3.500E+06
-3.000E+06
-3.000
-2.500E+06
-2.000E+06
-1.500E+06
-1.000E+06
-5.000E+05
0.000E+00 -3.500
5.000E+05
1.000E+06
block plot
-4.000
SET cust2
LRT
-3.750 -3.250 -2.750 -2.250 -1.750 -1.250
(*10^1)
(a)
JOB TITLE : Contrainte horizontale_75 m_position 2 (*10^1)
LEGEND -2.000
29-Jun-10 11:42
cycle 50000
XX stress contours
contour interval= 5.000E+05 -2.500
-4.000E+06 to 1.000E+06
-4.000E+06
-3.500E+06
-3.000E+06
-2.500E+06 -3.000
-2.000E+06
-1.500E+06
-1.000E+06
-5.000E+05
0.000E+00
-3.500
5.000E+05
1.000E+06
block plot
-4.000
SET cust2
LRT
-3.750 -3.250 -2.750 -2.250 -1.750
(*10^1)
(b)
JOB TITLE : Contrainte horizontale_150 m_position 2 (*10^1)
-2.000
LEGEND
28-Jun-10 18:47
cycle 50000
XX stress contours
contour interval= 5.000E+05 -2.500
-4.000E+06 to 1.000E+06
-4.000E+06
-3.500E+06
-3.000E+06
-3.000
-2.500E+06
-2.000E+06
-1.500E+06
-1.000E+06
-5.000E+05
0.000E+00 -3.500
5.000E+05
1.000E+06
block plot
-4.000
SET cust2
LRT
-3.750 -3.250 -2.750 -2.250 -1.750
(*10^1)
(c)
Figure C.20 - Contrainte horizontale autour du tunnel à la position 2 (unité en Pascal) avec une
couverture supplémentaire de (a)- 0 m ; (b)- 75 m ; (c)- 150 m.
272
Annexe C. Application au calcul du massif rocheux
LEGEND
-2.500
6-Sep-10 11:04
cycle 50000
YY stress contours
contour interval= 2.000E+06
-1.400E+07 to 0.000E+00
-3.000
-1.400E+07
-1.200E+07
-1.000E+07
-8.000E+06
-6.000E+06
-3.500
-4.000E+06
-2.000E+06
0.000E+00
block plot
-4.000
-4.500
SET cust2
LRT
-4.250 -3.750 -3.250 -2.750 -2.250 -1.750
(*10^1)
(a)
LEGEND
-2.500
6-Sep-10 11:04
cycle 50000
XX stress contours
contour interval= 5.000E+05
-4.000E+06 to 1.000E+06
-3.000
-4.000E+06
-3.500E+06
-3.000E+06
-2.500E+06
-2.000E+06
-3.500
-1.500E+06
-1.000E+06
-5.000E+05
0.000E+00
5.000E+05
1.000E+06 -4.000
block plot
-4.500
SET cust2
LRT
-4.250 -3.750 -3.250 -2.750 -2.250 -1.750
(*10^1)
(b)
Figure C.21 - Contraintes verticales (a) et horizontales (b) autour du tunnel dans le cas du
milieu continu avec une couverture supplémentaire de 150 m.
273