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Mon Premier Jardin en Permaculture (Jardin, Mode D'emploi)

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ROBERT ELGER

Table des matières


Qu’est-ce que la permaculture ?
Chapitre 1 : les approvisionnements en matières
organiques et en eau
Les besoins en matière organique
La matière organique
Produire soi-même sa matière organique
Se procurer de la matière organique à l’extérieur
L’utilisation de la matière organique
Les besoins en eau
Les volumes nécessaires
Les « sources » d’eau
Le stockage de l’eau
Les façons d’arroser
Chapitre 2 : créer un jardin en permaculture
Tout commence l’année qui précède les premières mises en
culture
L'organisation du jardin
Si votre sol est de bonne qualité…
Si votre sol est de qualité moyenne
Si votre sol est exécrable…
La plantation automnale des arbustes et des arbres
fruitiers
La première année
Dés le premier printemps
En été…
En automne…
En hiver…
La deuxième année
Au printemps...
En été…
En automne…
En hiver…
L’aventure continue !
Page de copyright
Qu’est-ce que

la permaculture ?
La permaculture relève d’une façon de jardiner économe, tant en
coût qu’en énergie déployée. Elle permet une croissance
énergique des légumes, des aromates, des fleurs et des fruits,
naturellement et sans apports d’engrais ou de traitements.
Comme dans une forêt, la litière – c’est-à-dire la matière organique
déposée sur le sol en surface – est l’élément qui dynamise la
croissance des plantes et le développement du jardin. C’est elle qui,
par sa décomposition, pourvoit aux besoins minéraux des plantes,
essentiellement azote, phosphate et potasse. Par ailleurs, elle
limite la germination des herbes indésirables et optimise les
mouvements d’eau dans le sol. L’apport régulier de matière
organique stimule en outre la vie biologique du sol qui, par un jeu
permanent de lacérations, fragmentations et restructurations,
conserve naturellement une souplesse et une aération favorable au
développement des racines.
Donc, pas de fertilisation en tant que telle en permaculture, un
travail du sol limité, un arrosage réduit et un désherbage quasi
inexistant. La mise en place de la couverture requiert certes du
travail, mais, au-delà de ces épandages de matière organique,
l’activité du jardinier se réduit essentiellement aux semis, aux
plantations et aux récoltes.
Cette nouvelle disponibilité permet une large diversification des
espèces mises en culture. Loin d’être une simple lubie, cette
diversification est une nécessité culturale à part entière. En limitant
la présence des ravageurs et parasites, elle est gage d’équilibre et
de stabilité pour le jardin.
Avant même d’entamer les premières mises en cultures, planifiez
les divers univers que vous souhaitez mettre en place : terrasse
pour se délasser et recevoir, pelouse pour les jeux des enfants,
jardin de fleurs, potager, abri de culture, massif à aromates, verger,
bassin aquatique, haies d’arbustes, petits boqueteaux, etc. Octroyez
à chacun la place qui lui convient, en concentrant à proximité de la
maison ceux qui nécessitent une présence régulière et soutenue.
Les besoins en matière
organique

Tous les jardins en permaculture ne se ressemblent pas.


Leur surface, leur situation géographique ou la qualité de leur sol
varient. Tous cependant nécessitent des apports importants
de matières organiques.
LA MATIÈRE ORGANIQUE
La matière organique est à la fois une nourriture pour les plantes et
un élément structurant du sol. En assouplissant la terre, elle limite le
travail du sol et même, une fois le jardin parvenu à son optimum, le
supprime tout à fait. Essentielle dans un jardin conduit en
permaculture, la matière organique doit être présente en quantité
suffisante pour être efficace.
PRODUIRE SOI-MÊME SA MATIÈRE ORGANIQUE
La culture des engrais verts et la production maison de compost
permettent d’autonomiser partiellement les besoins en matière
organique.
Les engrais verts
Les engrais verts recyclent et restituent les éléments minéraux dans
le sol. Ils permettent de disposer d’une grande quantité de matières
organiques cellulosiques et mettent le sol à l’abri des agressions
météorologiques. Les plus efficaces poussent rapidement et
développent un enracinement puissant qui améliore la structure du
sol. Leur végétation dense empêche le développement des herbes
indésirables. Grâce à leur capacité à fixer l’azote de l’air, les engrais
verts appartenant à la famille botanique des Fabacées enrichissent le
sol. Leurs effets sont souvent rapides et spectaculaires,
en particulier sur les terres naturellement peu pourvues en matière
organique.
LA CULTURE D’UN ENGRAIS VERT
Les engrais verts sont semés sur un sol grossièrement travaillé et ne
nécessitent aucune fumure avant implantation.
1 Préparez la terre en l’aérant
profondément à l’aérabêche et en
l’ameublissant superficiellement à
la griffe.

2 Déposez la graine à la volée


en respectant le dosage qui varie
selon l’espèce utilisée.

 
3 Griffez le sol
superficiellement pour enfouir
légèrement la graine et roulez-le
au rouleau à gazon pour le tasser.
Il n’est pas nécessaire d’arroser le
sol, sauf par temps excessivement
sec.

— L’engrais vert pionnier


Idéalement, les parcelles à mettre en culture seront occupées par un
engrais vert l’année qui précède les premiers semis et plantations.
Sans être indispensable, cet engrais vert pionnier vous permettra de
disposer de grandes quantités de matière organique tout en
préparant le sol aux futures mises en culture.
Chaque espèce est généralement semée seule, mais en mélangeant
deux ou trois types différents d’engrais verts – sarrasin, seigle et
vesce, par exemple – vous cumulerez les avantages de chacune.
Maintenez l’engrais vert en place jusqu’à la floraison au plus tard –
mais avant le début de la formation des graines. Fauchez-le ou,
mieux, arrachez-le de quelques jours à plusieurs semaines avant la
mise en place des cultures.
— L’engrais vert d’opportunité
Ces engrais verts permettent d’occuper une parcelle non cultivée en
automne et en hiver ou entre une culture printanière et automnale.

Les composts maison


Les composts permettent de réintroduire dans le cycle de culture les
déchets des anciennes récoltes et, plus généralement, toutes les
matières organiques fraîches disponibles.
Récupérez tous les déchets organiques que vous pouvez trouver, du
marc de café aux épluchures et aux restes de légumes et de fruits, en
passant par les coquilles d’œufs et les cendres de bois. Les tontes
de gazon, les feuilles mortes d’automne, les résidus de tailles (de
préférence broyés), les plantes annuelles et bisannuelles parvenues
en fin de culture, les mauvaises herbes (non montées en graines)
sont eux aussi récupérés et compostés, tout comme les déjections de
la basse-cour et des petits élevages domestiques. De fait, toutes les
matières organiques sont potentiellement compostables.
— Le compostage en tas…
Déposez les matières organiques en tas au fur et à mesure de leur
disponibilité en alternant ou en mélangeant les produits de
décompositions lentes, comme la paille, les feuilles mortes,
les branches fines ou broyées, et ceux à décompositions plus rapides,
comme les tontes de gazon, les déchets de cuisine ou les divers
fumiers. « Ensemencez » le nouveau compost avec du compost
ancien et retournez-le à deux ou trois reprises pour hâter et
homogénéifier sa décomposition.
— … ou le compostage en surface
Plus simplement encore, recouvrez directement la terre avec la
matière organique déposée en fines couches. Si cette façon de faire
est à éviter lors de la création d’un jardin, elle est la meilleure
méthode – la moins fatigante aussi – pour incorporer la matière
organique dans un sol cultivé de longue date en permaculture.

SE PROCURER DE LA MATIÈRE ORGANIQUE À


L’EXTÉRIEUR
Les quantités nécessaires étant importantes, la production maison
de matière organique est rarement suffisante, en particulier lors de
la création d’un nouveau jardin. Il faudra alors vous approvisionner à
l’extérieur.
Composts et compostières
Les compostières professionnelles sont des entreprises qui recyclent
et valorisent les résidus organiques issus des entreprises
paysagistes, des collectivités locales et des particuliers. Si sa qualité
est souvent hétérogène – il s’agit d’un produit « vivant » –, il répond a
minima à la norme française sur le compost (NFU 44-051), parfois
complétée par une certification AFNOR ou un écolabel européen.
Vous pouvez récupérer le compost sur place avec une remorque ou
vous faire livrer, parfois en très grands volumes (jusqu’à 12 tonnes).
Du fait des quantités nécessaires, la mise en disposition en sac de 50
ou 70 litres est peu adaptée. Certaines3 compostières proposent un
conditionnement en big bag de 1 m , plus fonctionnel. Mettez à
profit toutes les opportunités locales pour optimiser vos
approvisionnements.
Les fumiers de ferme
Les fumiers sont composés d’un mélange de litière – de la paille
généralement – et d’excréments d’animaux. Qu’ils soient de caprins,
de basse-cour, de lapins, de bovins ou de chevaux, tous sont
utilisables au jardin, de préférence après un entreposage de 3 à
4 mois. Parmi eux, celui de cheval est certainement le plus
intéressant et le plus facile à se procurer, en particulier à proximité
de grandes agglomérations. Adressez-vous aux manèges équestres
et aux pensions de chevaux qui se sont multipliés de façon
importante ces dernières années.
La paille de céréales
Riche en cellulose mais pauvre en azote, la paille de céréales est loin
de présenter au jardin les mêmes avantages que les fumiers. Mais
elle est généralement plus facile à se procurer et de très faible coût
(2 euros la botte en moyenne). Conditionnée en petites balles
parallélépipédiques compressées de 80 cm de long, 50 cm de large et
40 cm de haut, elle est facile à déplacer et à manipuler. Elle est ainsi
souvent l’ultime recours dans un terrain d’accès difficile (jardin clos,
présence d’escaliers ou pentes fortes). Mélangée avec de la fiente de
basse-cour ou un autre engrais naturel riche en azote, elle permet de
composer un fumier « artificiel » qui n’a rien à envier aux divers
fumiers de ferme.
L’UTILISATION DE LA MATIÈRE ORGANIQUE
Les épandages de matières organiques peuvent se faire toute
l’année. En pratique, ils se concentrent début juin, après les semis et
les plantations de mai, et en automne, après arrachage des cultures
estivales parvenues en fin de production.
Posée en surface…
Fraîche ou décomposée, la matière organique n’est jamais enfouie
mais toujours déposée en couverture. Au printemps, attendez que le
sol soit bien réchauffé et ni trop humide ni trop sec pour épandre la
matière organique aux pieds des plantes en place. En fin de saison,
posez la couverture organique avant les premières gelées, sur sol nu
grossièrement aéré à l’aérabêche.
… et régulièrement renouvelée
Les épandages de matière organique se renouvellent tous les ans.
Lors de la prise3 en main du jardin, le premier apport automnal peut3
dépasser 3 m par are. Par la suite, prévoyez une moyenne de 2 m
par are et par an.
Les besoins en eau

Si les apports en eau sont moins importants que ceux d’un jardin
classique, ils restent néanmoins indispensables, en particulier
en début de mise en culture – jeunes semis ou plants fraîchement
repiqués – et lors des périodes de canicule. Avant même de
prendre en main votre jardin, il est nécessaire d’en sécuriser
les approvisionnements.
LES VOLUMES NÉCESSAIRES
Les épandages renouvelés de matière organique permettent de
limiter considérablement les besoins en eau. D’un côté, la présence
d’une couverture permanente limite les pertes par évaporation et, de
l’autre, la forte teneur d’humus dans le sol – en particulier après
plusieurs années de « régime » permaculture – permet d’en
absorber de grandes quantités. Néanmoins, des arrosages d’appoint
sont nécessaires lors des périodes critiques.
Pour un même végétal, les besoins en eau varient en fonction de la
région, de la qualité du sol, des conditions climatiques de l’année et
de l’état végétatif de la plante. Les jeunes semis et plus
généralement toutes les plantes nouvellement implantées sont plus
sensibles au manque d’eau que les plantes adultes. Selon votre
situation géographique,2 prévoyez une réserve minimale d’eau de 300
à 500 litres pour 100 m de jardin cultivé.
LES « SOURCES » D’EAU
L’eau de pluie est disponible partout, mais en quantité variable et très
irrégulièrement tout au long de l’année. Fixés sur les descentes de
gouttières, les récupérateurs d’eau de pluie permettent de collecter
l’eau des toitures et de la diriger vers des fûts de stockage.
Là où elle est présente, l’eau de la nappe phréatique est disponible
en permanence. Son pompage à l’aide d’une pompe aspirante-
refoulante classique – manuelle, électrique ou thermique – est aisé
jusqu’à 5 ou 6 m de profondeur. Au-delà, il nécessite la mise en place
d’un puits et d’une pompe immergée.
De même, là où ils existent, le pompage en rivières, mares ou étangs
ne requiert pas d’aménagements particuliers. Du fait de son coût,
l’eau de ville n’est utilisée qu’en dernière extrémité.

LE STOCKAGE DE L’EAU
L’eau est stockée pour lui permettre de s’accorder aux températures
ambiantes et en disposer chaque fois que cela est nécessaire. Les
fûts sont évidemment proportionnés aux besoins. Préférez les petites
cuves (jusqu’à 500 litres) et, au besoin, raccordez-les en série afin de
faciliter le prélèvement.
LES FAÇONS D’ARROSER
Bien arroser, c’est également économiser l’eau. Priorité est donnée
aux jeunes semis et aux végétaux nouvellement plantés qui
requièrent des apports réguliers. Après chaque arrosage, vérifiez que
l’eau s’est infiltrée dans le sol jusqu’aux racines. Pointez les étapes
critiques. Selon l’époque, arrosez le matin – au printemps et en
automne – ou le soir – en été –, en veillant à apporter au sol le
volume nécessaire, sans plus.
LA PERMACULTURE SOUS ABRI
La permaculture n’est pas incompatible avec la conduite des
légumes sous serre ou sous tunnel. Dans certains cas – celui du
melon entre autres –, elle est même indispensable. Aucune chaleur
d’appoint n’est évidemment utilisée et seul l’effet de serre (c’est-à-
dire le réchauffement naturel de l’air dans un abri hermétique
transparent à la lumière) est mis à profit pour cultiver les plantes
abritées. Un abri permet ainsi de sécuriser les récoltes des plantes
exigeantes en chaleur en été, mais aussi d’anticiper les mises en
culture printanières et retarder celles d’automne. Un abri – serre,
serre tunnel ou châssis – est en outre indispensable à la production
maison des jeunes replants de légumes, d’aromates et de fleurs.
Tout commence l’année qui
précède les premières mises en
culture

Toutes les terres de jardins ne se ressemblent pas. Certaines sont


pauvres et caillouteuses, d’autres naturellement riches en humus.
Plus votre sol est de mauvaise qualité, plus il vous faudra
anticiper sa prise en main. L’idéal – nous l’avons vu – est
d’occuper la totalité de votre terrain par un engrais vert semé
entre avril et juillet l’année qui précède les premiers semis et
repiquages. En automne, fauchez votre engrais vert et broyez-le
sur place ou compostez-le en tas avant de circonscrire les divers
univers qui composeront votre jardin.
L'ORGANISATION DU JARDIN
Délimitez les zones…
Chaque univers – potager, jardin aromatique, verger et jardin de
fleurs, voire serre, basse-cour et rucher – est défini avec précision et
l’emplacement marqué avec des tuteurs bambous. Disposez-les de
manière concentrique en plaçant autour de la maison les zones qui
nécessitent une présence soutenue (potager, jardin aromatique et
serre) et en étalant sur le pourtour du terrain ceux qui vous
solliciteront moins régulièrement (basse-cour et verger).
… et marquez les allées
Une fois les zones délimitées, marquez les allées de circulation qui
vous permettront de vous déplacer de l’une à l’autre facilement et
sans détours inutiles. Pour les accès principaux, prévoyez une
largeur de 1,20 m afin de permettre à deux personnes de s’y croiser
sans se heurter et faciliter la circulation de la brouette. Les allées
secondaires se contentent d’une soixantaine de centimètres de large,
voire, dans les endroits les moins fréquentés, d’un simple passe-
pied.
Les mauvaises herbes vivaces
Si votre terrain est encombré de liseron, de chiendent ou de prêle,
débarrassez-vous d’eux avant de le mettre en culture. La
cohabitation de ces plantes vivaces avec les végétaux cultivés est
toujours problématique et leur élimination difficile une fois les
parcelles mises en culture. Le plus simple est de recouvrir le terrain
infecté par leurs puissants rhizomes à l’aide d’une épaisse bâche
noire pendant tout l’été afin d’étouffer ces mauvaises herbes
hautement indésirables.
SI VOTRE SOL EST DE BONNE QUALITÉ…
Une terre meuble, ni trop lourde ni trop légère, raisonnablement
humide et peu caillouteuse, ne réserve pas de mauvaises surprises
en culture.
La préparation des espaces cultivés
Le potager et plus généralement tous les emplacements destinés à
accueillir les massifs d’aromates ou de fleurs sont apprêtés sur la
totalité de leur surface.
POUR PREPARER LE SOL EN VUE DES FUTURES MISES EN CULTURE…
Potager, massifs et haies sont clairement délimités. Destinée aux
prochaines mises en culture – plantation en fin d’automne pour les
arbustes et les arbres fruitiers, semis et repiquages printaniers
pour les autres –, la préparation du sol est la même pour chacune des
parcelles. Lors de la création d’un jardin en permaculture, l’utilisation
d’une matière organique ancienne et bien décomposée facilitera
considérablement les premières mises en cultures printanières.
1 Débarrassez le terrain des
résidus végétaux qui l’encombrent,
herbes indésirables et reliquats
d’engrais vert. Selon le cas,
arrachez-les ou tondez-les à ras
en réglant au plus bas la hauteur
de coupe de la tondeuse.

2 Aérez le sol à l’aérabêche en


enfonçant l’outil tous les 10 cm
afin de ménager des volumes d’air
importants dans tout le profil
arable du sol.

 
3 Épandez en surface du
compost ou du fumier composté
sur 10 à 15 cm d’épaisseur
(soit 1 à1,5 m3 pour 10 m2). Étalez
la matière organique à la griffe,
sans la tasser. Laissez passer
l’hiver en évitant de piétiner le sol.

SI VOTRE SOL EST DE QUALITÉ MOYENNE


Un sol de qualité moyenne peut se mettre en culture de la même
façon qu’une terre de bonne qualité. Simplement, il vous faudra
beaucoup plus longtemps pour optimiser ses qualités culturales.
L’établissement de parcelles surélevées ou une culture en lasagnes
permettra une prise en main plus rapide du jardin.
Les parcelles surélevées
Il est plus facile d’amender une terre lourde (teneur en argile entre
25 et 30 %) ou, au contraire, sableuse ou très caillouteuse et un sol
acide (pH entre 5, 5 et 6,5) ou calcaire (pH entre 8 et 8,5) si vous
délimitez les espaces de culture en parcelles surélevées. Leur
largeur ne doit pas dépasser 1,20 m afin de pouvoir les cultiver sans
les piétiner, alors que leur longueur – généralement définie par la
configuration du terrain – est indifférente. Leur hauteur est
conditionnée par la largeur des plantes de coffrage utilisées. Si vous
implantez plusieurs parcelles de culture côte à côte, prévoyez entre
chacune une allée de la largeur du carter de tonte de votre tondeuse
afin de faciliter le contrôle des herbes indésirables.
Le pH d’un sol mesure son acidité (pH de 4,5 à 7) ou sa basicité
(pH de 7 à 8,5). Un pH situé autour de 7 (de fait, de 6,5 à 7,5) est dit
neutre et convient à toutes les cultures. Pour connaître le pH de votre
sol, il vous suffira de pointer celui qui figure sur votre facture d’eau –
pour peu que celle-ci soit puisée à proximité raisonnable de votre
terrain !
POUR METTRE EN PLACE UN PARTERRE SURÉLEVÉ…
Utilisez des planches de coffrage de 4 m de long pour entourer votre
parcelle surélevée. Épaisses de 27 mm, ces planches non rabotées en
sapin de 20, 25 ou 30,5 cm de large sont peu onéreuses à l’achat et
disponibles partout.
1 Tondez très court toute la
surface du terrain destinée à être
couverte par la parcelle de culture
surélevée et aérez-la
à l’aérabêche.

2 Découpez les planches 3 Posez les coffres en place et


d’extrémités à une longueur de remplissez-les avec du compost
1,20 m et assemblez-les avec bien décomposé ou du fumier
les autres planches à l’aide composté en nivelant la surface à
d’équerres métalliques perforées la griffe. Au moment des premières
fixées dans le bois avec des vis mises en culture printanière, le
galvanisées. substrat se sera tassé de moitié.
Les apports organiques de la fin de
printemps et surtout ceux de
l’automne suivant gonfleront à
nouveau son volume qui se
maintiendra par la suite au niveau
supérieur des planches
de pourtour.
 

Une solution d’urgence : les lasagnes…


La culture sur lasagnes est une réponse élégante et rapide à des
conditions de culture malaisées. Si elles permettent une mise en
culture immédiate, elles requièrent au départ de grandes quantités
de matières organiques brutes et de compost bien décomposés. Par
la suite, de nouvelles lasagnes sont montées chaque année sur les
anciennes. Mais elles permettent également de préparer le sol à une
conduite permacole plus classique.
POUR MONTER VOS LASAGNES…
Rassemblez les matières organiques dont vous disposez ou que vous
pouvez vous procurer à l’extérieur. Entreposez à part les broyats et les
végétaux verts, sans les mélanger avec les composts et les matériaux
bien décomposés. Procurez-vous en outre de grandes quantités de
cartons d’emballage.

1 Fauchez ou tondez 2 Recouvrez toute la surface


grossièrement toute la parcelle d’une ou plusieurs couches de
destinée à être recouverte cartons débarrassés des adhésifs
par les lasagnes avant de l’aérer qui recouvrent leurs rabats.
grossièrement à l’aérabêche.
 

3 Épandez en couches successives les matières organiques dont vous


disposez en commençant par les plus grossières, branchages pas ou peu
broyés, pailles non décomposées, fumiers frais, composts domestiques
peu évolués, etc. Piétinez vos lasagnes au fur et à mesure de leur
montage afin de les compresser et d’éviter de trop grands vides d’air.
4 Arrosez jusqu’à refus avant
de recouvrir l’ensemble d’une
quinzaine de centimètres au moins
de compost bien décomposé ou de
terre amendée (c’est-à-dire
de terre de jardin mélangée
de compost bien décomposé). Les
lasagnes peuvent reposer pendant
quelques semaines ou se mettre
en culture de suite. Dans tous les
cas, montez-les sur une hauteur
minimale de 60 cm, car elles vont
énormément se tasser dans les
mois qui suivent leur
établissement.
 

SI VOTRE SOL EST EXÉCRABLE…


Un sol exécrable est un sol « extrême » en quelque chose. Une
structure excessivement compacte ou trop humide, exagérément
sableuse et alors très acide (pH inférieure à 6) ou, au contraire, trop
richement pourvue en calcaire et donc fortement basique (pH
supérieur à 8), demande un remaniement complet du sol avant mise
en culture. L’établissement de carrés potagers ou de buttes s’impose
alors.
Les potagers en carrés
Un potager en carrés se compose d’une ou de plusieurs parcelles de
culture surélevées de 1,50 m de large et divisées en carreaux de
50 cm de côté. Matérialisé par des tasseaux en bois ou des ficelles
tendues, chaque carreau accueille tout au long de l’année un type de
légumes ou de plantes condimentaires en général planté, parfois
semé, toujours constamment renouvelé après récolte.
MISE EN PLACE D'UN CARRE POTAGER
Les carrés potagers sont montés entre octobre et mars. Dans un premier
temps, matérialisez leur emplacement à l’aide de piquets-tuteurs et de
ficelle, et aérez à l’aérabêche les surfaces qu’occuperont les carrés en
évitant par la suite de les piétiner. Pour l’entourage,
utilisez des bastaings de 63 mm x 175 mm de section.
1 Découpez vos bastaings aux
dimensions projetées avant de les
assembler avec des équerres
métalliques et des vis en acier
inoxydable. Montez les carrés sur
deux hauteurs de bastaings (soit
35 cm) en veillant à leur
horizontalité.

2 Remplissez le carré à ras bord 3 Matérialisez les damiers de


avec un mélange de bonne terre culture à l’aide d’une ficelle fixée
de jardin et de compost, et tassez- sur des vis ou des clous à tête
le légèrement. large plantés dans l’épaisseur
des bastaings. Selon l’époque de
montage, semez et plantez de
suite ou attendez les bonnes dates
pour intervenir.
 
Les buttes, une réponse en dernière extrémité…
L’établissement de buttes permet de mettre rapidement en culture
un sol peu propice à la conduite d’un potager. Très populaires en
permaculture, elles sont cependant loin d’être une solution miracle
et ne doivent être établies qu’en situation limite, là où les autres
façons de faire mettraient trop longtemps à porter leurs fruits.
Larges de 1,20 m et hautes de 50 cm ou plus, elles nécessitent de
lourds travaux de terrassement lors de leur mise en place et un
entretien suivi pour conserver leur volume. Si vous souhaitez installer
plusieurs buttes côte à côte, prévoyez une allée de 50 cm de large.
POUR ETABLIR VOS BUTTES...
Selon la qualité de votre sol et les quantités de compost disponibles,
prévoyez d’incorporer à la butte entre ¼ et ½ de son volume final
en compost bien décomposé. Les branchages issus de diverses tailles et
les broyats donnent rapidement du volume aux buttes et leur
permettent par la suite de conserver une certaine souplesse.
1 Aérez le sol et émiettez-le
grossièrement. Les petites
parcelles peuvent être
décompactées avec une
aérabêche, les plus grandes à l’aide
d’un motoculteur, voire d’un
microtracteur. Marquez au cordeau
l’emplacement des futures buttes
et des allées qui les séparent.
2 Entassez dans le sens de la
longueur vos matières organiques
les plus grossières, branches et
branchages, composts grossiers et
broyats.
 

3 Creusez les allées à la fourche-bêche ou à la bêche – à la pelle


et la pioche si l’état du terrain l’impose – sur 20 cm de profondeur
et déposez la terre sur les amas de matières organiques grossières
déjà en place. Éliminez les pierres et brisez les grosses mottes
en mélangeant la terre avec du compost bien décomposé.
4 Les buttes prendront forme
au fur et à mesure que se
creuseront les allées. Façonnez-
les pour leur donner le profil voulu
et, une fois les buttes montées,
nappez-les d’une ultime couche
de compost mûr
ou de terre amendée.
 

LA PLANTATION AUTOMNALE DES ARBUSTES ET DES


ARBRES FRUITIERS
Parallèlement à la préparation du sol, profitez de l’automne pour
planter les framboisiers, les groseilliers à grappes et à maquereaux,
les cassis et les mûres des jardins, ainsi que tous les arbres fruitiers
à pépins (pommier, poirier, cognassier) et à noyaux (abricotier,
pêcher, cerisier, prunier). L’automne reste de loin la meilleure
époque pour leur mise en place et seuls les arbustes sensibles au
froid à l’état de jeunes plants, comme les raisins de table, les kiwis et
les figuiers, seront plantés au printemps.
La première année

Au jardin, l’hiver porte conseil ! Il y a peu à faire entre les


dernières préparations du sol en novembre et la fin des très
grands froids de février. Attendez début mars pour entamer les
premières mises en culture. Prudemment, bien sûr.
Progressivement aussi. Mais, dans une optique de permanence,
une fois les semis et les plantations commencés, les mises en
culture ne s’achèveront plus avant l’automne.
DÈS LE PREMIER PRINTEMPS…
Nouvellement mise en culture, la terre n’a pas encore atteint son
optimum tant pour sa teneur en matière organique que pour sa
structure. Mais les travaux préparatoires entamés à l’automne de
l’année précédente permettent d’adopter maintenant les légumes
qui ne présentent pas d’exigences spéciales.
EN MARS
Le temps est encore frais et même froid la nuit. Les risques de gelée
sont loin d’avoir disparu. Les premiers semis et plantations
concernent des espèces qui germent même à températures basses
et qui, une fois levées, ne sont pas trop incommodées par des gelées
occasionnelles.
— La fève
La fève est une Fabacée grossière et peu exigeante, qui résiste à des
températures de – 3 à – 5 °C, dans certaines situations jusqu’à –
8 °C. Plus les semis sont précoces, plus les plantes sont vigoureuses
et les rendements forts. Écartez la couverture organique et semez-la
en place en tout début du mois en poquets de 3 ou 4 graines profonds
de 3 à 4 cm. Quand les jeunes plants atteignent 10 cm de haut,
ramenez la couverture organique à leur pied. Les fèves se récoltent
vertes à partir de début juin.
— Le panais
Le panais est un légume-racine grossier qui évoque une grosse
carotte, mais il est bien moins exigeant quant à la finesse du sol. Sa
germination – comme celle de la carotte – est lente. Vous avez tout le
mois pour le semer à la volée, en lignes larges et sans trop
concentrer les graines. Écartez la couverture d’automne avant semis
et enfouissez les graines à moins de 1 cm de profondeur. Tassez le
sol et replacez la couverture organique sans dépasser 2 cm
d’épaisseur. Sa période de culture est longue et les premières
récoltes ne débutent pas avant octobre.
— Les petits pois à grains ronds
Les petits pois à grains ronds sont les plus faciles à implanter.
S’ils peuvent souffrir du froid et de l’excès d’humidité, ils supportent
encore moins la chaleur et la sécheresse. Comme les fèves, semez-
les en poquets, mais plus rapprochés (15 à 20 cm) et moins profonds
(2 à 3 cm). Déposez 5 à 7 graines dans chaque poquet. Écartez la
couverture organique lors du semis et remettez-la en place quand les
jeunes pousses dépassent 15 cm. Cueillez les cosses en juin.
— Les laitues pommées de printemps
Les laitues pommées de printemps sont peu incommodées par les
derniers froids. Écartez la matière organique de couverture et plantez
les jeunes laitues en mini-mottes, à 25 cm en tous sens, collet
flottant (le haut de la petite motte doit se trouver à ras de terre).
Recouvrez légèrement chaque pied avec la matière organique
écartée au préalable. Pour les premières mises en terre, comptez
6 semaines entre la plantation et la récolte.
— La roquette
La roquette est une Brassicacée qui pousse très rapidement et
supporte jusqu’à – 15 °C. Écartez la litière et semez-la en place, en
recouvrant peu les graines et sans trop les serrer. Enfouissez-les
légèrement à la griffe, tassez avec le dos du râteau et arrosez. Deux
ou trois semis peuvent se succéder pendant le printemps. Les
premières récoltes débutent 30 à 40 jours après le semis.
EN AVRIL...
Le printemps s’installe avec plus ou moins d’empressement, tout en
réservant quelques surprises désagréables : « Point d’Avril si beau
qui n’ait neige à son chapeau » ! Les risques de gelées blanches
restent à l’ordre du jour.
— Les pommes de terre
Les pommes de terre supportent le froid tant que les jeunes pousses
ne sortent pas de terre. Écartez la matière organique et plantez les
tubercules à 10 cm de profondeur en les espaçant de 30 cm.
Remettez en place la couverture. Si les risques de gelées blanches
persistent à l’apparition des jeunes germes, recouvrez les pousses
avec la litière. Les premières récoltes débutent fin juin ou début
juillet.
— Les betteraves rouges et les poirées à cardes
Les betteraves rouges et les poirées à cardes se plantent à l’état de
mini-mottes. Écartez la litière et plantez-les tous les 15 à 20 cm pour
les betteraves, à 35 cm pour les poirées. Arrosez et ramenez la
couverture organique aux pieds des plantes repiquées. Les
betteraves rouges comme la poirée se sèment également
directement en place. Soignez l’éclaircissage (c’est-à-dire la
suppression des jeunes pousses surnuméraires) et gare aux
limaces ! Les récoltes débutent entre 7 et 10 semaines après la
plantation et 2 à 3 mois après le semis.
— Les laitues pommées de printemps
Les plantations de laitues pommées de printemps se renouvellent à
deux ou trois reprises toutes les 3 à 4 semaines afin d’en échelonner
les récoltes. Ces deuxièmes et troisièmes plantations se pratiquent
de la même façon que celle de mars, mais se récoltent environ
4 semaines après la mise en place.
— Les choux d’été
Les choux d’été, les choux-raves et les brocolis se plantent en mini-
mottes en avril. Écartez la litière et plantez les jeunes choux en les
enterrant jusqu’à la première feuille et en les espaçant de 25 cm
pour les choux-raves, de 40 cm pour les brocolis. Arrosez et ramenez
la matière organique aux pieds des choux repiqués. Plusieurs
repiquages de choux-raves peuvent se succéder afin d’échelonner les
récoltes. Comptez 2 mois entre la plantation et la récolte pour les
choux-raves, 3 mois pour les brocolis.
— Les artichauts
Sans être à 100 % rustiques, les artichauts sont suffisamment
résistants pour ne pas être incommodés par les ultimes frimas du
printemps. Écartez la couverture organique et plantez les jeunes
mottes à ras de terre tous les 60 à 80 cm en les tassant au collet.
Arrosez et repositionnez la litière. Si les premiers artichauts
apparaissent parfois dès l’automne, la vraie récolte ne débute qu’en
juin de la seconde année.
LES LÉGUMES PERPÉTUELS
Les artichauts, les diverses oseilles, la rhubarbe et les asperges
vertes ne sont pas des plantes très exigeantes et s’installent sans
difficulté dès la première année de mise en culture. Tous se
maintiennent en place plusieurs années (jusqu’à 3 ans pour
les artichauts, 5 ans pour les oseilles et 20 ans pour la rhubarbe).
En leur réservant un emplacement à part, vous faciliterez
l’organisation du potager et les planifications des semis et
plantations ultérieurs.
EN MAI…
Mai signe la fin des gelées dans la plupart des régions de France.
Profitez de ces quelques semaines qui séparent les derniers froids et
les premières chaleurs de l’été pour combler au potager les espaces
disponibles.
— Les courgettes et les pâtissons
Pourvus de 1 à 3 feuilles adultes, les courgettes et les pâtissons se
plantent en jeune potée. Écartez la litière et ouvrez avec une pelle à
transplanter un trou de plantation de la taille de la motte. Dépotez la
jeune plante et mettez la motte en place en la recouvrant de terre
meuble. Arrosez au goulot et repositionnez la couverture organique.
Les jeunes fruits se cueillent entre 18 et 22 cm moins de 1 mois
après la plantation.
— Les tomates, aubergines, poivrons et piments
Selon la région, les tomates, aubergines, poivrons et piments sont
mis en place entre le 1 et le 31 mai. Les pieds atteignent alors entre
er
20 et 50 cm de haut. Écartez la couverture organique et posez tous
les 60 à 70 cm un tuteur de 1,80 à 2 m de haut pour les tomates et de
1,20 m pour les poivrons et les aubergines. Creusez un trou de la
taille de la motte au pied du tuteur et mettez la jeune plante en place
en recouvrant la motte de terre fine. Arrosez au goulot et remettez en
place la litière. Les récoltes débutent vers la mi-juillet.
— Les laitues pommées d’été
Les mises en place des laitues pommées d’été débutent en mai.
Choisissez des variétés moins sensibles à la montée prématurée en
graines que les cultivars de printemps. Plantez-les de la même façon
que ces derniers et aux mêmes écartements, en renouvelant les
plantations toutes les 3 semaines afin d’échelonner les récoltes
jusqu’à l’entrée de l’automne. Moins de 1 mois sépare la plantation
des premières récoltes.
— Les courges d’hiver
Les courges d’hiver, comme le potiron, le potimarron ou le giraumon,
s’étalent énormément. Plantez-les en les espaçant de 1,20 m. En
prévoyant un dispositif de tuteurage, l’écartement peut être ramené à
70 cm. Écartez à la main la couverture végétale au moment de
planter et remettez-la en place après plantation. Les courges se
récoltent en octobre et requièrent un stockage à l’abri des gelées
pour être consommées pendant tout l’hiver.
— Les courges d’hiver
Les courges d’hiver, comme le potiron, le potimarron ou le giraumon,
s’étalent énormément. Plantez-les en les espaçant de 1,20 m. En
prévoyant un dispositif de tuteurage, l’écartement peut être ramené à
70 cm. Écartez à la main la couverture végétale au moment de
planter et remettez-la en place après plantation. Les courges se
récoltent en octobre et requièrent un stockage à l’abri des gelées
pour être consommées pendant tout l’hiver.
— Les choux d’automne
Les choux d’automne, comme les choux cabus verts et rouges et les
choux-fleurs, ainsi que ceux d’hiver (chou kale, chou de Bruxelles et
de Milan) se plantent en mini-mottes fin mai. Écartez la litière avant
de les planter en enterrant jusqu’au niveau de la première feuille et
en tassant énergiquement autour du collet. Ménagez entre chaque
pied une distance de 60 cm. Arrosez au goulot et repositionnez la
litière. Les récoltes débutent en octobre et se poursuivent après les
premières gelées d’automne, jusqu’en mars pour les plus rustiques.
— Les poireaux
Les poireaux se plantent en jeunes plants de la taille d’un crayon à
papier, nouvellement arrachés et en racines nues. Écartez la
couverture organique et repiquez-les en ligne en les écartant de 15 à
20 cm ou regroupés par 3 à 5 en poquets de 15 cm de profondeur.
Arrosez et repositionnez de suite la litière. À mesure qu’ils poussent,
complétez la litière avec du compost pour faire blanchir leurs fûts.
Les récoltes débutent en automne et se poursuivent jusqu’en mai.
VERS BLANCS, TAUPINS ET NOCTUELLES
Les parasites du sol peuvent provoquer des dégâts importants en
première année de culture, en particulier dans des potagers établis
sur une ancienne pelouse. Il s’agit alors de dommages provoqués
par des reliquats de population déjà présente avant les premières
mises en culture – le cycle de développement de la plupart de ces
parasites souterrains se déroule sur plusieurs années. Il faudra
faire avec ! Leurs ennemis naturels – moineaux, chauves-souris,
hérissons, taupes… – limiteront les populations dès la deuxième ou
troisième année.
DÉBUT JUIN…
Maintenant que toute la surface de votre potager est occupée par les
légumes – mais avant que l’été ne prenne ses aises et dessèche les
sols –, pérennisez la couverture organique du sol. Complétez
l’ancienne couverture avec du compost ou du fumier composté, ou
toute autre matière organique disponible. Prévoyez des quantités
inférieures de moitié par rapport aux épandages d’automne.
L’épaisseur du paillis varie selon les légumes, de 2 à 3 cm pour les
laitues et jusqu’à 15 cm pour les diverses Cucurbitacées et
Solanacées.
LE SUIVI ESTIVAL DES PLANTES EN CULTURE…
Une fois le paillis en place, l’été et ses fortes chaleurs peuvent
s’installer. Dans un premier temps, attachez la pousse terminale des
tomates sur les tuteurs. Si vous utilisez des tuteurs métalliques
spirales, contentez-vous de les guider dans les spires. Les jeunes
pousses qui naissent à l’aisselle des feuilles sont supprimées au fur
et à mesure de leur apparition. Si vous avez opté pour le palissage
des concombres, des melons et des autres Cucurbitacées coureuses
à petits fruits, faites de même. La couverture végétale déposée début
juin évitera l’envahissement par les herbes adventives. Arrosez ce
qu’il faut, et juste ce qu’il faut. À partir de juin, les récoltes se font
quotidiennement et se poursuivront jusqu’en septembre.
ET LES AROMATES ?
Vivaces, la ciboulette, la livèche, l’estragon, les menthes et la mélisse
se plantent en avril et se maintiennent plusieurs années de suite. Il
en est de même avec les aromatiques arbustives comme le laurier-
sauce, la sauge, les divers thyms et le serpolet, le romarin, l’origan,
la sarriette et l’hysope. Pour faciliter leur culture et leur récolte,
regroupez-les dans une spirale à aromates. Sa forme sphéroïdale
permettra d’orienter au mieux chaque espèce : la mélisse et le
cerfeuil au nord, les persils et l’hysope à l’ouest, les basilics, le
piment et la marjolaine au sud, la coriandre, le romarin, la sarriette
et l’estragon à l’est.
POUR MONTER UNE SPIRALE A AROMATES…
Une spirale de condimentaires est établie à partir d’une structure en
pierres montée en colimaçon. Leur intervalle est comblé avec une terre
finement émiettée et amendée de compost dans laquelle les plantes
aromatiques seront repiquées, plus exceptionnellement semées.
1 Posez une première rangée de
pierres pour donner à votre spirale
la dimension souhaitée.
Ne dépassez pas 1,50 m de
diamètre afin de faciliter par la
suite la plantation, l’entretien
et la récolte de vos aromates.
2 Montez progressivement
votre enrochement, sans le sceller.
Commencée au ras du sol, la spire
s’élèvera à 80 cm dans sa partie la
plus élevée.
 

3 Installez vos plantes condimentaires dans la spirale, en réservant


les parties basses à celles qui apprécient une terre fraîche, voire humide
(ciboulette, ail des ours, cerfeuil commun), et, en remontant vers
le sommet, celles qui préfèrent les sols secs et chauds (thym, origan).

EN ÉTÉ…
Malgré les températures élevées, les semis et repiquages se
poursuivent au fur et à mesure que les récoltes – et d’abord celle
des pommes de terre – libèrent la place.
— Les laitues pommées
La plantation des laitues pommées se prolonge pendant tout l’été.
Préférez une exposition plus ombragée qu’au printemps et ne plantez
que des variétés d’été peu sensibles à la montée en graines
prématurée. Arrosez régulièrement au goulot pour conserver au sol
sa fraîcheur. Les premières récoltes débutent 3 à 4 semaines après la
plantation.
— Les haricots grimpants
Les haricots grimpants requièrent une structure de soutien
composée de rames de 2 m de haut au moins. Écartez la litière et
ouvrez au pied de chaque rame un poquet de 3 cm de profond et
10 cm de large. Si le sol est sec, humectez le fond du poquet.
Déposez 5 à 7 graines et recouvrez-les de terre en tassant à la main.
Ramenez la litière au pied de la rame, sans dépasser 3 cm
d’épaisseur. Les premières récoltes débuteront fin juillet.
— Les chicorées scaroles et frisées
Les premières chicorées scaroles et frisées se cultivent en mini-
mottes, comme les laitues. Jusqu’au 15 août, repiquez des variétés
d’été, ensuite, des variétés d’automne. Selon la variété et les
conditions météorologiques de l’année, comptez de 2 à 3 mois entre
la plantation et la récolte.
— Les navets
Les navets sont des légumes de climat frais et humide. Écartez la
couverture organique et semez les graines sans les serrer. Griffez
légèrement le sol pour les enterrer très superficiellement. Arrosez
en pluie afin de tasser le sol et hâter la germination. Remettez en
place la litière sans dépasser 2 cm d’épaisseur. Semés en deuxième
partie d’août, les premiers navets se récolteront en octobre.
EN AUTOMNE…
Les premières pluies d’automne font la transition entre les
dernières grosses chaleurs d’été et les froids de l’hiver. Semez et
plantez les légumes dont les récoltes s’étaleront maintenant
jusqu’au cœur de l’hiver, voire pour les plus rustiques jusqu’au
printemps.

— Les laitues
Les laitues, suite et fin ! Plantez les laitues d’automne jusqu’à fin
septembre. Inutile de sélectionner les variétés, car, à cette époque de
l’année – comme au printemps –, toutes conviennent. Vous pouvez
risquer une plantation de laitues d’hiver en octobre avec de variétés
adaptées comme ‘Val d’Orge’ ou ‘Passion blonde’ qui ne se
récolteront qu’en mars.
— Les mâches
Les mâches sont peu sensibles au froid et, profitant du moindre
redoux, poursuivent leur croissance en hiver. Écartez la litière et
déposez les graines. Griffez le sol pour les recouvrir à peine, mais
tassez énergiquement. Remettez en place la couverture sans
dépasser 1 cm d’épaisseur. La mâche se sème en septembre pour
des cueillettes en hiver, en octobre pour une production au printemps
prochain.
— L'épinard
L’épinard supporte le froid jusqu’à – 13 à – 15 °C. Semez-le clair, en
ligne, en enterrant la graine à 2 cm environ. Tassez et arrosez en
pluie avant de les recouvrir d’une litière de 3 cm d’épaisseur. Semé
en fin d’été, les récoltes débutent en automne. Semé en septembre,
elles se font au printemps.
EN HIVER…
Une fois les légumes d’été arrivés à terme et le potager débarrassé
des résidus de culture, recouvrez le sol avec les matières
organiques disponibles après l’avoir aéré à l’aérabêche. Ne lésinez
pas sur la quantité, la couverture pouvant atteindre 20 cm
d’épaisseur ou plus. L’épandage conclut la saison de jardinage.
Votre jardin se reposera pendant tout l’hiver. Et vous aussi !
La deuxième année

Tous les légumes cultivés en première année sont reconduits


en culture de façon identique la seconde année. Ils sont
complétés en outre par d’autres, plus délicats à conduire. De fait,
tous les légumes et condimentaires peuvent être adoptés au
potager dès la deuxième année.
AU PRINTEMPS…
— Les radis de printemps
Les radis de printemps sont des légumes de culture précoce et
rapide. Semez-les très clair, à la volée, après avoir ôté la litière.
Ameublissez finement le terrain à la griffe avant le semis. Arrosez en
pluie après le semis avant d’étaler une couverture organique de 1 cm
d’épaisseur. Les récoltes débutent entre 5 et 7 semaines après le
semis.
— Les poids ridés
Les pois ridés sont plus délicats en culture que les pois ronds. Ils se
sèment de façon identique, en poquet, éventuellement en ligne, mais
pas avant le mois d’avril. Ramenez la litière aux pieds des jeunes
plants quand ils atteignent 10 à 15 cm de haut et palissez les variétés
ramantes. La cueillette se fait en juin.
— Les oignons, ails et échalotes
Les oignons, ails et échalotes supportent sans difficultés les
dernières gelées printanières. Repiquez-les tôt, dès fin février ou
mars. Les oignons se plantent en petits bulbes qui grossiront
jusqu’au cœur de l’été, les échalotes et les ails sous forme de caïeux
qui, chacun, reconstitue une nouvelle gousse en 3 à 4 mois. Oignons
ou caïeux, positionnez-les très superficiellement, sans les enterrer et
contentez-vous de les recouvrir d’une très fine litière organique. Ne
les arrosez pas. Les récoltes se font de fin juin à début août, une fois
les feuilles jaunies aux deux tiers.
— Les carottes de saison
Les carottes de saison apprécient les sols meubles et légers. Écartez
la litière et ameublissez finement le sol à la griffe sur une profondeur
de 20 cm. Semez-les en lignes plus ou moins larges, de préférence
en mars et jusqu’à mi-avril en enfouissant légèrement les graines
mais en tassant fortement le sol. Arrosez régulièrement jusqu’à la
levée. Recouvrez les semis d’une fine couche de matières organiques
bien décomposées, sans dépasser 1 cm d’épaisseur. Malgré leur
germination lente et quelquefois irrégulière, ne semez pas trop dru.
Les récoltes débutent en juin et se poursuivent tout l’été.
— Les céleris-raves
Les céleris-raves redoutent les gelées printanières. Plantez-les en
petites mottes en mai ou juin, en laissant affleurer le collet. Arrosez
de suite au goulot et ramenez au pied une litière de 5 cm d’épaisseur.
Par la suite, arrosez très régulièrement. Les récoltes débutent en
septembre, une couverture de paille permettant de les retarder
jusqu’à l’entrée de l’hiver. Les céleris-raves doivent impérativement
être arrachés avant les grandes gelées et abritées hors gel.
EN ÉTÉ…
— Les concombres et les melons
Toutes les Cucurbitacées un peu délicates, comme les concombres
et, surtout, les melons, s’implantent dans un sol bien pourvu en
matières organiques. Plantez-les en deuxième partie de mai, sans
trop enfoncer la motte au repiquage pour éviter les risques de
pourriture. Ramenez une épaisse litière de matières organiques.
Les concombres se récoltent à partir de fin juin et les melons au
cœur de l’été.

— Les carottes de conservation


Début juin est la meilleure période pour semer les carottes de
conservation. Leur semis est identique à ceux de printemps, mais
leur récolte ne débute qu’en octobre pour se poursuivre pendant tout
l’hiver.
— Le fenouil bulbeux
Le fenouil bulbeux n’apprécie pas les fraîcheurs printanières et
redoute la sécheresse en été. Repiquez-les en mini-motte après avoir
écarté la couverture organique. Arrosez et repositionnez la litière qui
pourra atteindre jusqu’à 5 à 8 cm d’épaisseur. Les bulbes se récoltent
à partir de 5 cm de diamètre et jusqu’à la taille d’un bon poing, deux
mois après plantation.
— Le pourpier d’été
Le pourpier d’été ne craint pas la sécheresse et se développe très
rapidement en été. Écartez la matière organique de couverture et
déposez les petites graines sur le sol finement ameubli à la griffe,
sans les enfouir. Arrosez en pluie pour faire adhérer les graines à la
terre et recouvrez-les d’une litière mince et aérée. Prélevez les
jeunes pousses à 5 cm de long, environ 5 semaines après le semis.
— Les haricots nains
Les haricots nains se cultivent parallèlement aux haricots grimpants.
Semez-les en ligne (une graine tous les 2 cm) ou en poquets (5 à
7 graines par poquet) après avoir écarté la litière. Si la terre est
sèche, humectez le fond du sillon ou du poquet avant d’y déposer les
graines. Selon les conditions météorologiques de l’année et la
variété, 2 à 3 mois séparent le semis de la récolte.
— Les choux-fleurs d’été et d’automne
Les choux-fleurs d’été et d’automne sont des aristocrates exigeants,
en particulier en situation continentale à étés chauds et secs. Ils
s’implantent au jardin en mini-motte, les variétés d’été en avril ou
mai, les variétés d’automne jusqu’en début août. Écartez la litière à
la plantation et plantez les jeunes mini-mottes tous les 45 cm, en
enterrant les plants jusqu’à la première feuille. Arrosez et ramenez la
couverture organique au pied. Pour une croissance régulière, les
choux-fleurs ne doivent jamais manquer d’eau. Prélevez les pommes
blanches, dures et lisses 3 à 4 mois après plantation.
EN AUTOMNE…

— Les choux asiatiques


Les choux asiatiques formant une pomme se sèment en plaques de
culture en fin d’été et se plantent à l’état de jeunes replants en début
d’automne. Écartez la litière et plantez les mini-mottes tous les 30 à
35 cm, sans enterrer le collet. Arrosez et repositionnez la litière sur
une épaisseur de 5 cm environ. Récoltez la pomme en la coupant au
collet 2 à 3 mois après plantation. Les choux asiatiques qui ne
pomment pas se sèment directement en place à la façon des radis et
se récoltent à l’état de rosette 4 à 5 semaines après semis.
— Les chicorées italiennes
Les chicorées italiennes préfèrent la fraîcheur automnale aux fortes
chaleurs estivales. Les variétés les plus rustiques se maintiennent en
place tout l’hiver pour se récolter jusqu’au printemps. Les variétés
pommées se plantent en place en mini-mottes au mois de
septembre, de la même façon que les chicorées frisées et scaroles
d’hiver. Celles qui se cueillent en rosettes se sèment en place en août
et septembre. Les moins rustiques se récoltent jusqu’en décembre,
les autres se prélèvent jusqu’en avril de l’année suivante.
— Les oignons blancs
Les oignons blancs rustiques se sèment en août et septembre pour
se récolter en mai et juin de l’année suivante. Écartez la couverture
de matières organiques et déposez les graines à la volée après avoir
ameubli le sol à la griffe. Enfouissez-les légèrement, tassez et
arrosez. Recouvrez d’une mince litière aérée et bien décomposée. Si
la levée est irrégulière, repiquez les jeunes pousses de façon
homogène en fin septembre. Les jeunes bulbes blancs se
consomment frais, en « oignons de mai ».
EN HIVER…
Si le jardin semble dormir en hiver, ne vous fiez pas à son air
assoupi ! Il s’est certes mis au diapason de la saison – rude, peu
coloré et austère –, mais il assure des récoltes suivies de mâches,
d’épinards, de choux de Bruxelles et de Milan, de poireaux, de panais
et de topinambours. Une protection en place rudimentaire – voile
d’hivernage ou couverture de paille – permettra de disposer de
carottes jusqu’en mai de l’année suivante. Buttés et douillettement à
l’abri sous un épais paillis, les artichauts attendent le printemps pour
redémarrer.
Pour permettre une récolte pendant tout l’hiver et jusqu’aux premiers
beaux jours de printemps, les semis de persils de fin d’été devront
eux aussi être protégés des gelées. Les plantes condimentaires
arbustives, persistantes (sauge, thym, romarin, laurier-sauce) ou non
(sarriette, origan et hysope), comme les aromatiques vivaces dont la
partie aérienne disparaît mais dont les racines se maintiennent dans
le sol (estragon, menthe, mélisse), se conservent en place sans
protection particulière. Les plus fragiles, comme la tagète anisée, la
stévia, la verveine citronnelle et la citronnelle de Madagascar ou la
persicaire odorante doivent être hivernées à l’abri des gelées.
L’aventure continue !
Sans être figé, un jardin en permaculture se reconduit
naturellement d’une année sur l’autre en un cycle virgilien marqué
par l’éternel retour du printemps. Même en adoptant les bonnes
façons de faire – en particulier le maintien d’une couverture
organique permanente –, 3 à 5 années sont quelquefois nécessaires
pour que votre jardin parvienne à son « rythme de croisière », plus
même si votre terre est particulièrement mauvaise. Longue, cette
prise en main est parfois perçue comme ingrate, tant les efforts
consentis ne sont pas toujours suivis par les résultats escomptés.
Prenez votre mal en patience !
Accompagnez l’évolution de votre jardin en listant les façons de faire
qui ont donné satisfaction et pointez celles qui n’ont pas marché.
Reconduisez en l’état ce qui a bien fonctionné et là où les récoltes
ne sont pas en rapport avec l’effort investi, adoptez une parade pour
obtenir des résultats conformes à vos attentes. Ajustez les époques
de semis et de repiquage, et adoptez de nouvelles variétés pour
remplacer celles qui vous ont déçu. Modifiez vos façons d’arroser,
trouvez ou produisez de nouveaux matériaux organiques de
couverture plus adaptés à votre jardin et optimisez les périodes
d’épandage.
Une fois la culture des légumes classiques maîtrisée, élargissez
votre gamme de légumes et de plantes condimentaires vers des
espèces singulières, comme le coqueret du Pérou, le tomatillo, la
capucine tubéreuse, la tétragone cornue, le chou de Daubenton, etc.
Même si elles ne sont pas très communes, ces plantes ne
présentent pas d’exigences particulières et sont faciles à adopter
dans un potager ayant évolué pendant plusieurs années sous un
« régime » de permaculture.
Page de copyright

Auteur : Robert Elger


Illustrations : Michel Loppé et Héliadore
Direction : Guillaume Pô
Direction éditoriale : Élisabeth Pegeon
Édition : Frédérique Chavance
Réalisation numérique : Karen Pasquier
ISBN papier : 9782815311427
ISBN numérique : 9782815312486
Dépôt légal : mars 2018
© 2018, Éditions Rustica, Paris
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation strictement
réservés pour tous pays.
www.rustica.fr

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