Calcul Des Structures en Béton Armé: Concepts Avancés
Calcul Des Structures en Béton Armé: Concepts Avancés
Calcul Des Structures en Béton Armé: Concepts Avancés
DES STRUCTURES
EN BÉTON ARMÉ
Concepts avancés
Édition préliminaire
Bruno Massicotte
Éditions da Vinci
Collection scientifique
CHAPITRE 12
ANALYSE ÉLASTIQUE DES PLANCHERS
Équilibre
Dans les dalles, on utilise les moments par unités de largeur, typiquement en kN-m/m. Les
deux figures suivantes, qui devraient être combinées mais qui sont présentées séparément pour
des raisons de clarté, présentent l'état d'équilibre d'un élément unitaire de plaque et définissent
les différents paramètres.
dy dx
m xy dy m yx d x
m x dy my d x
y x m xy
z
my mx dx d y
x
my dy dx
y
m xy
m yx x mxy d x dy
myx d y d x x
y
V x dy Vy d x
dy dx
qd x dy
Vy Vx
Vy d y d x Vx d x dy
y
x
unité de surface
L'équilibre des forces verticales (selon z) et les moments autour des axes x et y, permettent
d'écrire les trois relations suivantes
Vx V y
Fv 0 : q 0 (a)
x y
mx mxy
M y 0 : Vx (b)
x y
m y mxy
M x 0 : Vy (c)
y x
En dérivant (b) par x et (c) par y et en les introduisant dans (a), on obtient :
2 mx 2 mxy 2my
2 q (12.1)
x 2 xy y 2
Cette équation d’équilibre est valide peu importe le type de plaque ou le comportement du
matériau, élastique linéaire ou plastique non linéaire.
Équations constitutives
À partir de définitions montrées sur la figure suivante on peut écrire les relations reliant les
contraintes aux courbures, où w est la flèche selon l'axe z :
E 2w 2w m z
x z 2 2 x (a)
1 2
x y Io
E 2w 2w my z
y z 2 2 (b)
1 2 y
x Io
Analyse élastique des planchers 12.3
E 2 w mxy z
xy z (c)
1 xy Io
h3
où Io (d)
12
x x x
y y
z z z
dx 1 dy 1
dy 1 dx 1
mx xy
my m xy
m yx répartition
h h parabolique
xy
z yx z
x
y x max xy max
y max yx max
Vy Vx
ou encore :
2w 2w
mx D 2 2 (e)
x y
2w 2w
m y D 2 2 (f)
y x
2w
mxy m yx D 1 (g)
xy
Eh3
avec D , la rigidité flexionnelle d’une plaque par unité de largeur et où
12 1 2
h : épaisseur de la plaque;
E : module élastique;
: coefficient de Poisson.
En introduisant ces équations dans (12.1), on obtient l'équation différentielle de base, appelée
aussi équation de Lagrange :
4w 4w 4w q
4
2 2 2
4
4w (12.2)
x x y y D
12.4 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
Solutions
La solution analytique de l’équation (12.2), qui satisfait également les conditions frontières,
s’obtient à l’aide d’un développement en série de Fourrier pour la fonction de la flèche w(x,y).
On trouve par exemple pour une dalle rectangulaire simplement supportée :
m x n y
w( x, y ) amn sin sin
m n a b
Le type de chargement permet de déterminer les coefficients amn . Pour un cas général, les
diverses conditions cinématiques (déplacements ou rotations) et statiques (forces, moments)
permettent de déterminer les conditions à respecter, on a :
appui simple : w 0 ; mn 0 2 w n 2 0 , où n normal au bord;
encastrement : w 0 et w n 0 ;
appui libre : m 0 2 w n 2 2 w t 2 0 , où t transversal au bord) et
Réaction : = R 0 3 w n 2 2 3 w n t 2 0
Le tableau 12.1 suivant trace le parallèle entre les dalles et les poutres.
3w 3w
Vx D 3 0 (c)
x xy 2
Analyse élastique des planchers 12.5
Tableau 12.1 – Calcul des moments en considérant une redistribution des moments
Paramètres Dalle (épaisseur h constante) Poutre
Charge Charge répartie q (x,y) Charge répartie q (x)
Coordonnées y
w w
z z
Déformée w( x, y ) w( x )
Rigidité EI o h3 bh3
D ; Io B EI ; I
flexionnelle 1 v2 12 12
2w 2w
mx D 2 v 2 d 2w
x y
Moments de x D
dx 2
flexion 2w 2w
my D 2 v 2 y 0
y x
Moment de 2w
mxy m yx D 1 v xy 0 pour une charge centrée
torsion xy
vx D 2w d 3w
x Vx B
Efforts tranchants dx 3
vy D 2 w Vy 0
y
mx mxy
Vx dM x
x y Vx
V et M dx
m y mxy Vy 0
Vy
x x
Vx V y dVx
V et q q0 q0
x y dx
2 mx 2 mxy 2my d 2M x
M et q 2 q0 q0
x 2 xy y 2 dx 2
Charge répartie kN/m2 kN/m
Moment kN-m/m kN-m
Effort tranchant kN/m kN
12.6 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
L’équation différentielle de Lagrange (12.2) ne peut satisfaire ces trois conditions à la fois.
Kirchhoff a apporté une solution à ce problème en remplaçant le moment de torsion par des
efforts tranchants additionnels statiquement équivalents.
q L q L
v
4
v
2.96
kN / m
q L
y x m xy
dy mxy
m xy
dy q L2
R
2.19
kN / m
z y y R0
10.8
kN
R0 x
mxy
v
L
dy
dx dy
m xy
mxy dy mxy dy dy
y
L
y
Les forces équivalentes obtenues de la partie constante de mxy sur un segment est égale à :
f eq m xy dy dy m xy (d)
mxy
f eq dy dy (e)
y
mxy
f eq (f)
y
Ces efforts tranchants additionnels augmentent la réaction sur le contour :
mxy 3w 3w
Rx Vx D 3 2 (g)
y x xy 2
Cependant, au coin, les résultats mxy s’additionnent, causant une réaction d’appui opposée à
celle le long des bords. Ceci permet en effet de conserver l’équilibre vertical :
R0 mxy m yx 2mxy (12.3)
Analyse élastique des planchers 12.7
m xy
m xy dy dy d y
y
dy
feq feq
m xy
a) Contribution de mxy b) Contribution de y
q L
.24
45° mx my 0
x
x m x d x dy
m y
d
y x
dy =
y x
m y m x y
w(x,y)
y my mxy
mx m xy
mxy 0
d x d y
La déformée d'une dalle soumise à un effort de torsion pure est obtenue en traçant des droites
qui forment ultimement une surface épousant une relation du second degré, produit de deux
fonctions linéaires.
m y dx
m y dx
x
dx
m xy dy ds mn ds
dy
m x dy mt ds
ds dx 2 d y 2
ds dx / sin
y ds dy / co s
ce qui donne :
mn mx cos 2 m y sin 2 2m xy sin cos
(12.4)
mn mx cos 2 m y sin 2 mxy sin 2
mt mx m y sin cos mxy sin 2 cos 2
mx m y (12.5)
mt sin 2 nxy cos 2
2
L’angle pour lequel on retrouve les moments principaux est obtenu en posant mt 0 . À
partir de la seconde équation (2.8) on a :
2mxy
tg 2 (12.6)
mx m y
mx m y
a m x ; m xy mx
x
a
mmin mmax b
2 1
my x
1
mn m xy
m2 2 2 m1 mn m1
m2
2
mxy y
b m y ; mxy
2
mx m y mx m y 2
mmax m xy (12.7)
2 2
2
mx m y mx m y 2
mmin m xy (12.8)
2 2
m y m xy x
a
a
mmax m1 b
21
mn mn m xy
m min m2
b y 1
mxy mmax
z 1
mxy
L'étude conclut que la 3e condition, illustrée sur la figure suivante est la plus réaliste.
w
M
MB
MA
qL2
L L
12 L/2
m
y
, dx
p
d/2 d/4 d/4
R/2
d = 0.12
Figure 12.12 – Considération d'un appui ponctuel dans une analyse élastique
En prenant les moments d’une poutre bi-encastrée, on trouve en faisant l'équilibre à partir du
modèle proposé par Favre et al (1990) :
Analyse élastique des planchers 12.11
wL2 pd 3 q L2
M , où p 2 et w q L , ce qui donne
12 8 d
WL d 2
M 1 où W qL (12.9)
8 L
WL L L2
Ms 1 d LL q t L 1 d LL (12.10)
8 8
Une analyse élastique par éléments finis où mr m f en tout point satisfait la théorie de limite
inférieure de la théorie de plasticité et offre donc une solution sécuritaire où wr w f .
Cependant, comme l’analyse n’est pas nécessairement orientée selon la direction des moments
fléchissants principaux, il y a lieu de s’assurer que la résistance anticipée est atteinte.
m fxy•d x
dx m fy•dx m ry•dx
x
m fx•dy
dy mrx •dy
ds m fn•ds mrn•d s
m fxy•d y
mft•ds m rt•ds
Fissure
y
Géometrie Résultats de
l’analyse élastique disponible avec
orthogonaux -mf des aciers
orthogonaux -mr
Figure 12.13 – Considération d'un appui ponctuel dans une analyse élastique
En posant : cos dy / ds , , dx / ds , on a :
2
m fn
dy
ds
m fx 2 m fy 2 m fxy (b)
En égalant les deux équations et en dérivant par rapport à pour obtenir le minimum, on
trouve :
1
mry m fy m fxy (d)
De la même façon, en mettant en évidence dx / ds dans les équations (a) et (b), on obtient :
2
Comme dans les équations (c) et (d) mry m fy et mrx m fx , il faut utiliser la valeur absolue
de m fxy , alors que est un nombre positif dx / dy .
Si on procède de la même façon pour m ft et mrt , en utilisant les valeurs pour mry et mrx
données par les équations (c) et (d), on trouve que la résistance à la torsion est égale à l’effet
des charges appliquées pour toutes les valeurs de . Il faut donc déterminer la valeur de
la plus appropriée. On peut démontrer que la valeur de 1.0 conduit à la solution la plus
économique :
Analyse élastique des planchers 12.13
1
m mrx mry m fx m xy m fy m fxy
m m fx m fy m xy 1 /
d m 1
mrx 1 2 0
d
1
1 2 0 1.0 , valeur optimale.
Une valeur de 1.0 été choisi dans la norme A23.3. Une valeur de 1.0 signifie que
dans le cas où m fx m fy 0 , ce qui donne un plan de rupture à 45 , mrx m fxy et mry m fxy .
Cependant, comme on a vu à la section précédente, les moments de flexion occasionnés par
mxy sont de signe opposé.
Donc, pour des conditions générales on applique les relations suivantes, où m fx , m fy et m DES
sont exprimés en valeurs algébriques :
armatures positives
mxDES m fx m fxy 0
(12.12)
m yDES m fy m fxy 0
armatures négatives
mxDES m fx m fxy 0
(12.13)
myDES m fy m fxy 0
P P
A
C
L L
P P y x
B D
y x B D
P P
Mxy = P • L
C A
Myx = P • L
P P
P Dessous de la dalle P
P P
A
B C
D
Figure 12.14 – Effort de torsion pure appliquée sur une dalle en béton
Les aciers d’armature doivent donc être sur deux lits (haut et bas), selon les deux directions
principales (x et y) pour chacun d’eux.
-mxy Face a
x
a
b
21
m2 m1
mn
a
y 1
m2 m1 1 Armatures Face b mxy
supérieures inférieures
mt
ou ou
Marti & Kong (1987) ont établi le domaine de validité des équations (12.12) et (12.13). Leur
étude a permis de déterminer les valeurs maximales du couple de torsion en fonction des
moments résistants dans les directions orthogonales, positives et négatives et où toutes les
valeurs de mr sont en valeurs absolues :
Exemple 12.1
Pour la condition de moments suivante, où le signe de mxy est donné sur la face x :
m fx 15 kN-m/m ; m fy 5 kN-m/m ; m fxy 10 kN-m/m .
2
mt m2
Le moment de torsion maximal admissible est égal à la valeur donnée par l’équation (12.14) :
Exemple 12.2
Pour la condition de moments suivante, où le signe de mxy est donné sur la face x :
m fx 35 kN-m/m ; m fy 10 kN-m/m ; m fxy 25 kN-m/m .
acier supérieur :
12.16 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
Cette grande puissance permet de faire des analyses de plus en plus complexes. Cependant,
en conception, la quantité de données à gérer devient rapidement très grande. Les figures
suivantes illustrent les résultats d'analyses par éléments finis d'une dalle supportant une charge
uniforme et encastrée sur son périmètre, respectivement sans et avec une ouverture.
a) Maillage b) Moments mx
a) Maillage b) Moments
Selon le logiciel utilisé et le type d'élément de plaque choisi, les résultats sont généralement
donnés aux nœuds, au centre des éléments ou encore aux points d'intégration. Pour chacun
des points où les résultats sont fournis, les moments mx , m y et mxy sont obtenus. En utilisant
les relations présentées plus haut, les quatre moments de conception mDES mDES sont ensuite
déterminés. Le calcul des armatures nécessaires requiert une simplification des
Les résultats des analyses présentées sur les figures précédentes mettent en évidence la
variation d'intensité des moments de flexion et torsion selon la position sur la dalle et la
géométrie de celle-ci. Avec des outils numériques, il est ainsi possible de représenter les
valeurs de mx-DES et de my-DES. Une telle représentation permet de délimiter les zones d'intensité
plus grandes de moments.
y
x
La norme stipule que les armatures pour chacune des bandes doivent respecter la règle
exprimé par les relations suivante :
mr 2 3 mDES max et mr mDES moy (12.15)
Pour qu'une telle approche soit valide, il importe que la dalle soit ductile et s'assurer une
rupture prématurée du béton avant une plastification suffisante des armatures pourrait amener
des résistances flexionnelles moindres. Le taux d'armature recommandé est donné par
l'équation suivante (Marti) :
f c c
0.5 (12.16)
f y hs