B Ma Vie Mon Oeuvre Extrait
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BOURGUIBA, MAVIE,
MON ŒUVRE
1929-1933
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HABIB BOURGUIBA
MAVIE,
MON ŒUVRE
1929-1933
Librairie PLON
8, rue Garancière
Paris
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La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article41, d'une part, que les «copies ou
reproductionsstrictement réservéesà l'usage privé du copisteet non destinées à une utilisation collective»et, d'autre
part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, «toute représentation ou
reproduction intégrale oupartielle, faite sansle consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ouayants cause, est
illicite . (alinéa premier de l'article40).
Cettereprésentationoureproduction,parquelqueprocédéquecesoit, constitueraitdoncunecontrefaçonsanctionnée
par les articles425 et suivants du Codepénal.
@ librairie Plon, 1985
ISBN 2-259-01406-2
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AVANT-PROPOS
cœur, qui exalte les esprits et modifie l'échelle des valeurs humaines *
L'accent qui va droit au cœur monte d'une sincérité sans fioritures,
directe, concise, incisive, ironique, pressante, limpide. La phrase est
souvent courte, légère, acérée commeuneflèche. Maisdans les grandes
circonstances, le ton s'élève, le chant vole haut.
Cette magie du verbe, qui est pensée, création et musique, sera,
pendant plus de cinquante ans, l'arme la plus redoutable et la plus
redoutée du militant 'et du chef d'État. Elle demeure son outil de
gouvernement.
Enlanguefrançaise, ou mêmeenlanguearabe, indifféremment, cette
série de volumes offre au chercheur une mine de faits et un champ
inépuisable de méditation.
Ils recouvrent les événements qui se sont déroulés pendant un
demi-siècle en Tunisie bien sûr, mais aussi dans le bassin méditerra-
néen, au Proche-Orient, enAfrique, dans le mondeentier. Avertipar une
sorted'intuition immédiatequelespeuples vivent encommunication et
en interdépendance, qu'ils le veuillent ou non, l'œil de Bourguiba se
promène autour du globe, essayant de démêler les enchaînements de
causes et d"e&tsqui, pourfinir, retentiront sur sonpays et marqueront
de leur passage indélébile le destin des hommes et leurs relations. Plus
précisément, les historiens puiseront dans le foisonnement des récits,
des intentions et de leurs aboutissements, les matériaux qui leur
serviront à relater l'évolution d'un pays singulier au milieu des affres
contemporaines.
Ilsapprendront,pourpeuqu'ils lesétudientavecobjectivité, comment
sefaitl'histoire. Ils serontcontraintsd'admettre qu'elle selaisse violeret
pétrir par la volonté lucide, quand une fois elle se manifeste et quand
ensuite elle s'opiniâtre longuement. Leçon plus actuelle et plus néces-
saire que jamais, au moment où individus et Nations paraissent livrer
au caprice des circonstances, aux aveuglements du hasard et au choc
des impulsions, la conduite de leur destin. Lorsque les hommes
s'agenouillent devant le fait, il les écrase et les déshumanise au point
qu'ils sont voués dès lors, effectivement, à l'impuissance définitive.
Lorsque au contraire ils saisissent la conjoncture à bras-le-corps, au
risque d'en être lespremières victimes, ils en deviennent les maîtres et
ilsla tournentà leurprofit. Cetteimagetroprépandue del'hommequise
croit libre parce qu'il obéit au ressac de forces matérielles, à l'obscure
pression d'une fatalité hypothétique, et, en fait, à sa lâcheté, est
heureusementeffacéepar un certain nombredepersonnalités dont on a
peur et que parfois on déteste, parce qu'elles sont un reproche vivant.
Étrange et bienheureuse fortune de la Tunisie, où a été ménagée, à un
instant privilégié de son existence, l'insolite conjonction d'un sursaut
populaire et d'un grand homme!
Parsesactes etpar sesparoles, il lègue une conception del'homme et
une vision de son véritable destin qui méritent d'occuper une place de
choixparmilespierres angulairesdel'histoire. Parceque, toutesa vie, il
a «cru à la supériorité de l'esprit sur la matière », il a entrepris une
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Toutefois ces idées qui, aujourd'hui, sont pour tous les Tunisiens des
vérités d'évidence, n'auraient pas pu s'imposer comme telles si l'expé-
rience - la douloureuse et répétée - n'était venue les confirmer dans la
pratique.
Il yeut d'abord l'affaire des naturalisés où la résistance héroïque du
peuple vint à bout d'une politique perfide qui visait, par le moyen de
naturalisations massives, à amenuiser et à disloquer la base démogra-
phique de l'État tunisien (1933).
Maisl'expérience décisive qui devait prendre aux yeux des Tunisiens
sans distinction de tendance la valeur d'un test, a été fournie par la
répression Peyrouton (1934-36), la première épreuve de force qui ait
mis aux prises la force brutale du régime colonial et la force morale
d'un peuple désarmé.
Pour la première fois, l'arrestation et la dispersion des chefs politi-
ques, l'agression contre un parti nationaliste organisé provoquèrent des
démonstrations populaires en chaîne que les réactions les plus violentes
- et les plus sanglantes - du service d'ordre n'arrivèrent pas à
surmonter. Aubout de vingt et un mois, la situation devenant chaque
jour plus alarmante et la répression s'étant avérée inefficace, voire
dangereuse, la France se décida à rappeler Peyrouton;elle le remplaça
par un Résident général plus compréhensif, M.Guillon, qui, à peine
débarqué, commença par libérer tous les déportés et alla causer
«d'hommeà homme»avec les principaux leaders envued'une solution
de compromis qui fut d'ailleurs vite trouvée. L'avènement du Front
populaire lui permit d'accentuer encore sa politique de détente.
Le Néo-Destour, fidèle à sa tactique, eut le courage d'appuyer la
nouvelle politique française et donna ainsi la mesure de sa modération
et desabonne volonté, ce qui valut à la Tunisie deuxannées de paix et à
la France un regain de prestige incomparable.
Lagrande révolution que Bourguiba cherchait à réaliser dans l'esprit
deses compatriotes était acquise. Avecla conscience de son efficacité, le
peuple reprenait espoir dans l'avenir. Il se rendait bien compte que la
lutte n'était pas finie et qu'avant de contraindre la France à un
compromis honorable, il aurait encore à lutter longtemps et à souffrir
beaucoup. Mais la lutte ne lui faisait plus peur. La vie désormais avait
un sens pour lui, un but qui méritait tous les sacrifices puisque ces
sacrifices l'en rapprocheraient chaque jour davantage.
intérêts légitimes
ressortissants de la France et de ceux non moins légitimes de ses
en Tunisie.
Toute sa vie, Bourguiba a œuvré pour mettre dans son jeu ces deux
atouts majeurs : 1)l'unanimité du peuple tunisien sans distinction ni
exclusive (grande et petite bourgeoisie, prolétariat, bédouins du bled et
citadins des villes et, tout dernièrement, la Cour et le Souverain); 2) la
sympathie agissante des éléments raisonnables et clairvoyants de
l'opinion française.
C'est ce qui fait que, en Tunisie, grâce à Bourguiba, le parti
nationaliste le plus fort, le mieux organisé, le plus représentatif est en
mêmetemps le plus modéré, le plus raisonnable, le plus compréhensif,
ces particularités réunies devant nécessairement et presque mathémati-
quement, à la longue, faire pencher la balance en faveur du compro-
mis.
militants engagés dans la bataille pour les éclairer, les guider, leur
épargner les faux-pas et leur montrer la route de l'honneur qui seule
conduit à la victoire.
La plupart des lettres qu'on lira dans ce recueil - et dont certaines
remontent à 1934- sont arrivées par des voies clandestines.
Tel est Bourguiba, le vrai, pas celui des rapports tendancieux, des
lettres interpolées 1ou des documents apocryphes2.
Laissant aux visionnaires la conception messianique d'une indépen-
dance totale et immédiate qui traduit chez certains un sentiment
respectable, un idéal légitime, mais qui, chez d'autres, est une simple
machine de guerre contre le Néo-Destour, Bourguiba se sent assez fort
et assez sûr de son peuple pour lui proposer des objectifs clairs et
modérés qui concilient ses aspirations légitimes à la souveraineté et le
souci non moins légitime de la France d'assurer sa sécurité et son
rayonnement, tout en préservant les intérêts raisonnables de ses ressor-
tissants.
Malheureusement, cette attitude courageuse et réaliste, ce prestige
unanimement reconnu, cet ensemble de qualités exceptionnelles qui
auraient dû faire de Bourguiba le partenaire idéal et assurer sans heurt
la solution du problème franco-tunisien ont eu pour résultat de
cataloguer cet homme par certains frénétiques particulièrement
remuants comme l'ennemi n° 1 de la France. Les colonialistes de
combat- jusqu'ici tout-puissants, dans les Conseils du Gouvernement -
le considéraient, enraison de cesmêmesqualités, commel'adversaire le
plus redoutable du régime «d'autant plus redoutable qu'il est sincère »
(sic).
Ainsi s'explique que, depuis vingt ans, la répression française
s'acharne régulièrement et paradoxalement sur Bourguiba le modéré,
l'hommedela coopération avecla France, laissant systématiquement de
côté les extrémistes et les intransigeants considérés, à juste titre
d'ailleurs, comme inexistants.
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE PREMIER
L'HÉRITAGE DES SIÈCLES
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TUNISIE
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Imprimé en France
Dépôt légal : septembre 1985
N° d'édition : 11411 - N° d'impression : 2818
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