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Résumé Responsabilité Civile

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Dana H.

ASSAF

DROIT CIVIL
LA RESPONSABILITÉ DÉLICTUELLE

Résumé 1
Dana H. ASSAF

INTRODUCTION
Séance 1
LA RESPONSABILITÉ est l’obligation pour une personne de répondre de ses actes.
Il existe deux types de responsabilité:
1- La responsabilité pénale

2- La responsabilité civile, qui se divise entre:


a. La responsabilité contractuelle – qui suppose un accord de volonté qui
lie l’auteur du dommage et la victime, voire un contrat

b. La responsabilité délictuelle – engagée en dehors de tout contrat:


❖ Source – Le Fait Juridique: c’est un agissement volontaire ou
involontaire qui entraîne des conséquences juridiques.
3 types de faits juridiques peuvent crées des obligations:
- Le délit civil ou la faute délictuelle – c’est un fait illicite
intentionnel (art. 1240 C. Civ. Fr – art. 122 COC)
- Le quasi-délit civile ou la faute quasi‐délictuelle – il s’agit d’un
fait illicite non-intentionnel, une faute de négligence (art. 1241 C.
Civ. Fr – art. 123 COC)
- Le quasi-contrat...
Fait juridique ≠ l’acte juridique qui est une manifestation de volonté
déstinée à produire des effets de droit (contrat, acte unilatéral...)

❖ Conditions – 3 conditions doivent être réunies pour engager la


responsabilité délictuelle d’un individu:
- Le Fait Générateur = faute, fait d’autrui, fait d’une chose
- Le Dommage, qui doit être: direct (= le préjudice doit résulter du
fait dommageable), certain (= le préjudice ne doit pas être
éventuel, il peut être futur ou actuel dès lors qu’il est certain),
légitime (= la victime doit être dans une situation conforme à la
loi).
- Le Lien De Causalité

❖ Fondements – Deux théorie coexistent et fondent la responsabilité


délictuelle:
- La responsabilité subjective, suppose la démonstration d’une
faute, elle se fonde sur la faute (= responsabilité du fait
personnel)
- La responsabilité objective, ne suppose pas la démonstration
d’une faute, elle se fonde sur:

Résumé 2
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o Soit la cause
o Soit le risque, qui découle de l’idée selon laquelle celui qui,
par son activité, crée un risque dont résulte un dommage
doit supporter les conséquences (= responsabilité du fait
des choses + responsabilité du fait d’autrui)
o Soit la théorie de la garantie, qui se place auprès de la
victime pour retenir que celle-ci est titulaire d’un droit à la
sécurité dont la violation doit être réparée.

Résumé 3
Dana H. ASSAF

RESPONSABILITÉ DU FAIT PERSONNEL


Séance 2:
La responsabilité du fait personnel exige LA FAUTE (fait générateur), formulée directement et
indirectement en matière de délit civil et de quasi-délit civil:

✓ En matière de délit civil, donc de faute volontaire:

En Droit Français En Droit Libanais


Art. 1240 C. Civ. Fr – “Tout fait Art. 122 COC – “Tout fait quelconque de
quelconque de l’homme qui cause à l’homme qui cause à autrui un dommage
autrui un dommage, oblige celui par la injuste oblige son auteur à réparation”
faute duquel il est arrivé à le réparer”

✓ En matière de quasi-délit civil, donc de faute involontaire:

En Droit Français En Droit Libanais


Art. 1241 C. Civ. Fr – “Chacun est Art. 123 COC – “On est responsable du
responsable du dommage qu’il a causé dommage causé par sa négligence ou par
non seulement par son fait, mais par sa son imprudence aussi bien que celui qui
négligence ou par son imprudence” résulte d’un acte positif”

I- DÉFINITION DE LA FAUTE:
En droit lib– Art. 121 COC retient que – “Le délit est l’acte par lequel on lèse injustement ou
intentionnellement les intérêts d’autrui. Le quasi-délit est l’acte par lequel on porte atteinte
injustement, mais non intentionnellement aux intérêts d’autrui.”

En droit fr– Selon PLANIOL – “La faute consiste en un manquement à une obligation
préexistante”, c’est donc une erreur de conduite, une défaillance.

II- LES ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE LA


FAUTE:
- Un élément objectif (élément matériel + élément légal)
- Un élément subjectif (=élément moral)

A- L’élément objectif de la faute:

Résumé 4
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L’élément objectif de la faute constitut en une violation d’une norme de conduite. Ainsi, pour
obtenir réparation du préjudice subi, la victime doit démontrer en quoi le comportement de
l’auteur du dommage est répréhensible. Elle doit donc prouver:

1- Un élément matériel:
Il peut constituer:
a. Soit un acte positif, voire une faute de commission, par laquelle le responsable viole
une règle de conduite préexistante.

b. Soit un acte négatif, voire une abstention. La question s’est posée en droit fr pour
savoir s’il fallait distinguer entre l’abstention dans l’action et l’abstention pure et simple:
➢ L’abstention dans l’action – consiste pour son auteur à n’être pas suffisament
précautionneux dans l’exercice de son activité. Elle se confondrait ici avec la faute de
commission.
➢ L’abstention pure et simple – Le défendeur adopte une attitude totalement
passive face à la survenance du dommage.

Opposition Doctrinale En Droit Fr:


Pour certains auteurs, l’abstention pure et simple n’est qualifiable de faute que dans
l’hypothèse où le défendeur avait l’obligation formelle d’agir.1
Pour d’autres, la faute est constituée dès lors qu’un agent adopte un comportement passif alors
qu’il aurait pu éviter la survenance du dommage.

Position De La JP Fr:
Dans un arrêt Branly du 27 Février 1951, la Cour de Cass ne semble pas distinguer l’abstention
pure et simple de l’abstention dans l’action. Toutefois, dans un arrêt du 8 avril 2000, tout porte
à croire, selon la doctrine, qu’elle avait finalement adopté cette distinction.

2- Un élément légal:
Pour être fautif, le comportement que l’on reproche à l’auteur du dommage doit consister en
un fait illicite:
➢ Soit en une violation d’une norme de conduite
➢ Soit en l’exercice abusif d’un droit

1Exemples – un manquement à l’obligation de porter secours, la non-dénonciation de crimes ou délits, l’omission


de témoigner en faveur d’un innocent

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a. La violation d’une norme de conduite:


En droit civil – Il n’est pas necessaire que l’obligation qui a fait l’objet d’une violation soit
prévue par un texte. Selon la JP, les obligations dont la violation constitue un faute civile
peuvent avoir plusieurs sources: la loi, le règlement, la coutume, les usages, les bonnes moeurs,
l’équité. Indépendamment des sources précitées, il existe, selon certains auteurs, un devoir
général de ne pas nuire à autruit. Ce devoir prendrait sa source directement de l’art. 1240
Code. Civ. Fr- art. 122 COC.

b. L’exercice abusif d’un droit:2


En droit français – la théorie de l’abus du droit est une construction jurisprudentielle.

En droit libanais – cette théorie est prévu à l’art. 124 COC qui énonce que:
“Doit également réparation celui qui a causé un dommage à atrui en excédant, dans l’exercice
de son droit, les limites fixées par la bonne foi ou par le but en vue duquel ce droit lui a été
conféré”.

L’APPRÉCIATION DE L’ÉLÉMENT OBJECTIF DE LA FAUTE:


1. La méconnaissance d’une norme de comportement
2. L’indifférence quant aux autres caractères de la faute, une fois que son existence est
acquise (gravité, intention du responsable)

- La maiconnaissance d’une norme de comportement:


La méthode d’appréciation in concreto – Selon celle-ci, l’écart de conduite sera
apprécié en considération des seules aptitudes propres de la personne mise en cause, voire de
son comportement normal. L’appréciation in concreto conduit à apprécier la faute
subjectivement.

La méthode d’appréciation in abstracto – Selon cette méthode, l’écart de conduite


est apprécié en se referant à un modèle de conduite objectif, celui du bon père de famille: une
personne raisonnable, normalenent prudente et diligente. Ainsi, le modèle de comportement
sera invariable d’un cas d’éspèce à un autre. Il aura vocation à s’appliquer à n’importe quelle
cause, peu importent les aptitudes de la personne mise en cause.

La méthode d’appréciation retenue par la JP – Elle adopte la méthode


d’appréciation in abstracto pour apprécier la faute civile de l’auteur du dommage. Ainsi, la JP
fait référence au modèle du bon père de famille.

2 Il s’agit de l’usage excessif d’une prérogative juridique par le titulaire d’un droit.

Résumé 6
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- L’indifférence quant aux autres caractères de la faute:


La faute doit-elle être d’une gravité particulière ou doit-elle être intentionnelle pour
engager la responsabilité de son auteur?

1- Le caractère intentionnel – La faute civile n’est pas necessairement intentionnelle.


Une simple négligence ou une imprudence peut aussi bien constituer une faute qu’un acte
positif. La faute volontaire doit être distinguée de la faute intentionnelle dans laquelle l’auteur
n’a pas seulement voulu l’acte fautif, il a également voulu la production du dommage.

2- La gravité de la faute – Qu’il s’agisse d’une simple faute, d’une faute lourde ou bien
encore d’une faute intentionnelle, elles sont sanctionnées de la même manière, en ce sens que
la victime devra être indémnisée conformément au principe de réparation intégrale. 3
Il en résulte que le juge ne saurait évaluer le montant des dommages et intérêts alloués à la
victime en considération de la gravité de la faute.4
Si l’existence de la faute ne saurait conduire à l’octroi de d+i supplémentaires à la faveur de la
victime, elle n’est pas toutefois, pas sans conséquences pour l’auteur du dommage; c’est le cas
du droit des assurances

Droit Des Assurances & Exclusion De Garantie:


En droit français En droit libanais
Art. L 113-1 code des assurances ‐ “L’assureur Art. 966 al. 2 COC - “... Toutefois, l’assureur ne
ne répond pas des pertes et dommages répond pas,nonobstant toute convention
provenant d’une faute intentionnelle ou contraire, des pertes et dommages provenant
dolosive de l’assuré” d’une faute intentionnelle de l’assuré”5

Appréciation De La Faute Intentionnelle:


Dans la mesure où la caractérisation de la faute intentionnelle suppose d’établir la volonté de
l’auteur qui a causé le dommage, voire tenir compte de son état d’esprit au moment de la

3Le Principe De Réparation Intégrale des préjudices implique que le responsable d'un dommage doit indemniser
tout le dommage et uniquement le dommage, sans qu'il en résulte ni appauvrissement, ni enrichissement de la
victime: réparation = dommage

4Peu importe que la faute soit: une faute volontaire, intentionnelle ou non-intentionnelle, dans tout cas la victime
aura droit à des d+i, et le caractère intentionnelle ou non de la faute (sa gravité) n’affecte pas le montant des d+i,
car les d+i sont calculés en considération du dommage et non pas de la faute, tant que la relation suivante existe:
Faute + Dommage + Lien de causalité= responsabilité

5 .‫ان الضامن ال يكون مسؤوال عن الهالك او الضرر الذي يقع بسبب خطأ اقترفه المضمون عن قصد وان يكن هناك اتفاق على العكس‬

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Dana H. ASSAF

production du dommage, les auteurs estiment alors que la faute intentionnelle doit être
appréciée in concreto.

B- L’élément subjectif de la faute:


Traditionnellement, il ne suffisait pas qu’une faute ait été commise pour que la responsabilité de
son auteur soit engagée, encore faut-il qu’elle lui soit imputable. L’imputabilité implique que
l’auteur du dommage soit doué de discernement, qu’il ait conscience de ses actes.

Evolution Historique
La France en 1804: la faute devait necessairement être imputable à l’auteur du dommage pour que sa
responsabilité soit engagée. Aisni, pour établir la faute, la victime devait dès lors rapporter à l’auteur du dommage
la preuve de deux éléments:
1- Un fait illicite
2- La faculté de discernement de l’auteur du dommage
Il en résultait que chaque fois qu’un dommage était causé par une personne qui n’est pas douée de discernement:
enfant en bas âges ou aliéné mental, la victime était privée d’indemnisation.
Guidé par un souci d’indemnisation de la victime, il a fallut attendre jusqu’à les années 60s pour que l’exigence
d’imputabilité de la faute soit progressivement abandonnée. On est passé ainsi d’un système de responsabilité
subjective à un système de responsabilité objective.

En France – L’exigence d’imputabilité de la faute est abandonnée, ainsi il suffit seulement de


prouver le fait illicite pour engager la responsabilité de la personne en cause. On est donc passé
d’un système de responsabilité subjective à un système de responsabilité objective.

Au Liban – Est adopté le système de responsabilité subjective, consacré à l’art. 122, al. 1
COC qui dispose que: “Tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage injuste
oblige son auteur à réparation, du moins s’il est doué de discernement.”

1- Responsabilité des personnes atteintes de troubles mentaux:


En droit français – Par l’art 414-3 CCF, il y a eu abandon de l’exigence de
l’imputabilité de l’auteur du dommage lorsqu’il s’agit d’un aliéné mental.
L’art 414-3 CCF impose que: “Celui qui a causé un dommage à autrui alors qu’il était sous
l’empire d’un trouble mental, n’en est pas moins obligé à réparation.”

En droit libanais – Le juge peut condamner, en considération de la situation des parties,


l’auteur du dommage même privé de discernement à une indemnité équitable envers la
victime, lorsque celle-ci n’a pas pu obtenir réparation de la personne tenue de surveiller
l’incapable. Ainsi, l’art. 122, al. 3 retient que: “En cas de dommage causé par une personne
privée de discernement, si la victime n’a pu obtenir réparation de celui qui est tenu de la

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surveillance, les juges peuvent en considération de la situation des parties, condamner l’auteur
du dommage à une indemnité équitable.”

2- Responsabilité de l’enfant dépourvu de discernement (infans):


En droit français – La Cour De Cass, réunie en assemblée plénière, a décidé dans un série
d’arrêt rendus le 9 mai 1984 (Arrêt Derguini), d’abandonner définitivement l’exigence
d’imputabilité. Ainsi, elle a affirmée qu’il n’ y avait pas lieu de vérifier si le mineur, auteur du
dommage, était capable de discerner les conséquences de ses actes, laissant place à une
conception purement objective de la faute.

L’arrêt Derguini porte sur la question de faute et de discernement en matière de responsabilité


civile:
- Les faits:
Fatiha une jeune fille agée de 5 ans, est renversée sur un passage protégé par une voiture conduite
par un homme, Jean-Pierre, en 1976. La jeune fille a était mortellement blessée
- La JP de l’assemblée plénière de la Cour. Cass:
Question: pour commettre une faute, faut-il être capable de discerner les conséquences de ses actes?
Fatiha, seulement agée de 5 ans, peut-elle avoir commis une faute au sens du droit de la
responsabilité civile?
La Cour de Cass répond positivement, car selon elle, il n’est pas necessaire d’être doté de
discernement pour commettre une faute. Ainsi, la Cour de Cass considère que, Fatiha, malgrè son
jeune âge a bien commis une faute. Ainsi, la responsabilité de Jean-Pierre doit être partagée avec
celle de Fatiha.
Ainsi, la JP a adopté un système de faute objective.

En droit libanais – La responsabilité de la personne privée de discernement en droit


libanais, n’est envisagée qu’à titre subsidiaire. C’est seulement dans le cas où il n’a pas été
possible d’engager la responsabilité de la personne tenue de surveiller l’incapable que l’on peut
activer l’art. 122, al. 3 COC. Donc, le principe en droit libanais que le discernement est recquis
pour engager la responsabilité du fait personnel. Selon l’art. 122, 6 al. 3 du COC, le legislateur a
procédé a une réparation des risques sur les deux parties à l’action en responsabilité, et cela
pour des raisons humaines et sociales, car il n’est pas équitable de privée une personne privée

6 Art. 122 - Tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage injuste oblige son auteur à réparation,
du moins s’il est doué de discernement.
L’incapable est obligé par ses actes illicites pourvu qu’il ait agi avec discernement.
En cas de dommage causé par une personne privée de discernement, si la victime n’a pu obtenir réparation de celui
qui est tenu de la surveillance, les juges peuvent en considération de la situation des parties, condamner l’auteur du
dommage à une indemnité équitable.

Résumé 9
Dana H. ASSAF

de discernement de la totalité de son revenu pour être conforme à la règle citée à l’art. 1347 du
COC, qui dispose que le montant de la réparation doit être équivalent aux dommages
occasionnés.

Quel est le modèle de conduite aquel le comportement de la personne dépourvue de


discernement doit être comparer pour savoir si son comportement est normal ou pas?

La faute – en particulier non-intentionnelle – peut en effet se définir de manière très large


comme un écart de comportement, un comportement anormal, ce qui exige la détermination
d’un modèle de référence auquel comparer le comportement de l’auteur du dommage.

Concernant l’aliéné – L’aliénation mentale est une pathologie. Il suffit parsuite, de se


référer au modèle de conduite d’une personne similaire mais non atteinte d’une telle
pathologie, afin de porter un jugement de valeur sur le comportement de l’aliéné.

Concernant le mineur – L’absence de discernement n’est pas une pathologie: c’est la


situation normale de l’enfant. Et, une fois admis que l’absence de discernement n’exclut pas la
reconnaissance de la culpabilité civile, il convient de se demander à quel modèle confronter le
comportement de l’infans ?
Doit-on adopter la méthode de l’appréciation in abstracto et se référer au modèle de conduite
du bon père de famille ?
Dans un arrêt du 28 février 1996 la Cour de cassation a répondu par la positive à cette
question (Cass. 2e civ., 28 févr. 1996). Ainsi a-t-elle reproché à une Cour d’appel d’avoir décidé
que « le comportement de l’enfant, compte tenu de son jeune âge, ne peut être considéré
comme constituant une faute ayant concouru à la réalisation de son dommage puisqu’il était
parfaitement prévisible et naturel dans le contexte au cours duquel il s’est produit ».

7Art. 134 - La réparation due à la victime d’un délit ou d’un quasi-délit doit correspondre, en principe, à l’intégralité
du dommage qu’elle a subi.
Le dommage moral entre en ligne de compte aussi bien que le dommage matériel.

Résumé 10
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RÉGIME JURIDIQUE DE LA ReSPONSABILITÉ DU


FAIT PERSONNEL:
Séance 3:
Il ne suffit pas qu’un fait illicite soit établi pour que naisse une obligation de réparation à la
charge de l’auteur du dommage. Encore faut-il que ce dernier ne puisse pas s’exonérer de sa
responsabilité:
Le défendeur dispose-t-il de 4 leviers pour faire échéc à l’action en réparation:
1) Dans la mesure où les conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile sont
cumulatives, le non-respect de l’une d’entre elles suffit à faire obstacle à l’indemnisation
de la victime.
- Fait Générateur (Faute) + Dommage + Lien De Causalité = Responsabilité
- Fait Générateur (Faute) + Dommage + Lien De Causalité = Responsabilité
- Fait Générateur (Faute) + Dommage + Lien De Causalité = Responsabilité

2) Il peut se prévaloir d’un fait justificatif, lequel a pour effet de retirer son caractère fautif
au comportement dommageable (consentement de la victime, acceptation des risques,
ordre de la loi, état de nécessité). Il s’agit là d’une cause d’irresponsabilité objective.

3) Il démontre que le dommage subi par le demandeur ne constitue pas un préjudice


réparable, en ce sens qu’il ne répond pas aux exigences requises (certain, personnel,
légitime).

4) Il démontre que le dommage ne se serait jamais produit si un événement étranger


(cause étrangère) à son propre fait (sa propre faute) n’était pas survenu. Ce fait vient
rompre partiellement ou totalementle lien de causalité.

I- EXONÉRATION POUR CAUSE ÉTRANGÈRE


La notion de cause étrangère désigne, de façon générique tout événement, non imputable à
l’auteur du dommage dont la survenance a pour effet de rompre totalement ou partiellement
le rapport causal.8 La cause étrangère, une fois établie, est susceptible de constituer une cause
d’exonération totale ou partielle de responsabilité.

En droit libanais – certains des textes relatifs à la responsabilité civile délictuelle font
expressément référence à la cause étrangère :
- Art. 129 al. 3 du COC concernant la responsabilité du fait des animaux : « Cette R ne
cède que devant la preuve d’un cas de force majeure ou de la faute de la victime ».

8 Autrement dit, si la cause étrangère au fait personnel, au fait de la chose ou au fait d’autrui ne s’était pas réalisée,
le dommage ne se serait pas produit, à tout le moins pas dans les mêmes proportions.

Résumé 11
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- Art. 131 al. 2 du COC concernant la responsabilité du fait des choses : « cette R objective
ne disparait que si le gardien fait la preuve d’un cas de force majeure ou de la faute de la
victime ».

La cause étrangère est susceptible de se manifester sous trois formes différentes :


- Le fait d’un tiers
Un tiers peut avoir concouru à la production du dommage, de sorte que s’il n’était pas
intervenu aucun fait illicite n’aurait pu être imputé au défendeur.
- Le fait de la victime
La victime peut avoir commis une faute qui a contribué à la production de son propre
dommage.
- Le cas fortuit
Il s’agit d’événements naturels (inondation, tornade, incendie) ou d’actions humaines
collectives (grève, guerre, manifestation).

A- Exonération par force majeure:


Trop souvent la cause étrangère est confondue avec la force majeure alors qu’il s’agit là de
deux notions bien distinctes :
✓ La cause étrangère consiste en un fait, un événement dont la survenance a pour effet
de rompre le lien de causalité entre le fait générateur de responsabilité et le dommage
✓ La force majeure consiste quant à elle, non pas en un fait, mais en plusieurs caractères
que la cause étrangère est susceptible d’endosser/ de revêtir.
Plus précisément, selon que la cause étrangère revêt ou non les caractères de la force majeure
ses effets quant à l’exonération de l’auteur du dommage ne seront pas les mêmes.
CE
1- Les caractères de la force majeure: FM
Classiquement, la force majeure a trois attributs :
a. Irrésistible – Par irrésistible, il faut entendre l’impossibilité pour l’auteur du dommage
d’empêcher que la cause étrangère ne survienne (notamment le cas pour les évènements
naturels). Autrement dit, il est dans l’incapacité absolue d’y résister.
b. Imprévisible – L’imprévisibilité suppose que le défendeur n’a pas pu prévoir la réalisation
de la cause étrangère. Il n’a pas pu prendre les précautions nécessaires pour empêcher la
production du dommage, dans la mesure où rien ne lui permettait de l’anticiper par exemple.
c. Extérieure – La survenance de la force majeure ne doit pas être imputable à l’auteur du
dommage et a sa sphère d’intervention.

La Jurisprudence De La Cour De Cassation a connu de nombreux rebondissements


s’agissant des attributs que doit ou non revêtir la force majeure pour conférer à la cause
étrangère son caractère exonératoire. Au total, il apparaît que la caractérisation de la force

Résumé 12
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majeure suppose qu’elle remplisse les conditions –cumulatives – d’irrésistibilité et


d’imprévisibilité.
Donc, il suffit que ces deux conditions soient vérifiées pour admettre qu’il y a une situation de
force majeure exonérant totalement l’auteur du dommage.

Quid de la condition d’extériorité?


Principe – En l’état du droit positif, la jurisprudence n’exige pas que la force majeure
remplisse aussi la condition d’extériorité.

Exceptions – (1): En matière de responsabilité du fait d’autrui ( 1re civ., 18 janv.


1989), (2): En matière de responsabilité du fait des choses ( 2e civ., 12 févr. 1970)
Dans ces deux hypothèses, le fait de la personne dont l’auteur du dommage doit répondre et le
fait de la chose qu’il a sous sa garde doivent aussi remplir la condition d’extériorité, en plus des
conditions d’imprévisibilité et d’irréstibilité pour caracteriser la force majeure.
L’ajout de cette condition se justifie par le fait que la personne dont on doit répondre ou la
chose dont on a la garde ne peut pas, par definition, être irrésistible ou imprévisible car nous
sommes supposés contrôler leur action de par la loi. Le seul cas ou nous ne contrôlons plus
cette action, c’est lorsque le fait est intervenu dans des conditions qui prouvent que nous
n’avions plus le contrôle légitime sur la personne ou la chose. D’où l’importance d’ajouter aussi
la preuve de l’extériorité.

2- Conséquences de la force majeure:


Lorsque la cause étrangère revêt les caractères de la force majeure:
Principe – L’auteur du dommage est pleinement exonéré de sa responsabilité. Dans cette
hypothèse, quelle que soit la forme sous laquelle la cause étrangère se manifeste:
o Fait d’un tiers,
o Fait de la victime [uniquement en droit français]
o Cas fortuit
Elle a pour effet de faire obstacle à la naissance de l’obligation de réparation, dans la mesure où
le lien de causalité est totalement rompu.

Exceptions – Ils se manifestent en matière d’accidents de circulation, en matière de la


responsabilité du fait des produits defectueux, & en aménagement contractuel de la
responsabilité:
✓ En matière d’accidents de la circulation:
La loi n° 85-677 du 5 juillet 1985 tendant à l’amélioration de la situation des victimes
d’accidents de la circulation et à l’accélération des procédures d’indemnisation interdit prévoit
en son article 2 que « les victimes, y compris les conducteurs, ne peuvent se voir opposer la
force majeure ou le fait d’un tiers par le conducteur ou le gardien d’un véhicule mentionné à
l’article 1er.».

Résumé 13
Dana H. ASSAF

Autrement dit, l’auteur du dommage causé dans le cadre d’un accident de la circulation ne peut
s’exonérer de sa responsabilité en invoquant la survenance d’une cause étrangère, quand bien
même elle est constitutive d’un cas de force majeure.

✓ En matière de responsabilité du fait des produits défectueux (renvoi à la loi


659 du 4 février 2005 sur la protection du consommateur en droit libanais):
Parmi les causes d’exonération susceptibles d’être invoqué par le producteur du produit
défectueux, l’article 1245-10 du Code civil ne vise à aucun moment le cas de force majeure.
Dans le même sens, la loi sur la protection du consommateur en droit libanais aux art. 26 et
28 et suiv. prévoit dans une formulation générale et de manière non exhaustive que les clauses
limitatives de responsabilité du professionnel sont qualifiées de clauses abusives sans toutefois
préciser la situation de la force majeure.

✓ Aménagement contractuel de la responsabilité

B- Exonération sans force majeure:


Il convient ici de distinguer selon que la cause étrangère consiste en une faute de la
victime ou selon qu’elle se manifeste sous la forme du cas fortuit, du fait d’un tiers ou encore
du fait non-fautif de la victime:

1- La faute de la victime:
En droit français – Dans l’hypothèse où la cause étrangère ne revêt pas les caractères de la
force majeure, la faute de la victime, qui a concouru à la réalisation du préjudice, exonère
partiellement le défendeur de sa responsabilité, au prorata du degré d’implication de chacun
dans la production du dommage ( 2e civ., 29 avr. 2004; Cass. 2e civ., 11 avr. 2002 ; Cass. 2e civ.
22 oct. 2009).

En droit libanais – La référence est l’art. 135 du COC9: « lorsque la victime avait commis
une faute qui, sans faire disparaitre la responsabilité de son adversaire, l’attenue plus ou moins,
il y a lieu de procéder à un partage de responsabilité se traduisant par la modération de la
réparation allouée à la victime »

➢ Le fait non-fautif de la victime:


En droit français – La Cour De Cassation considère que lorsque le fait non-fautif de la
victime a concouru à la production du dommage, le défendeur n’est pas fondé à s’exonérer de
sa responsabilité.

9 ‫ وجب توزيع التبعة على وجه يؤدي الى‬,‫اذا كان المتضرر قد اقترف خطأ من شأنه ان يخفف الى حد ما تبعة خصمه ال ان يزيلها‬
‫تخفيض بدل العوض الذي يعطى للمتضرر‬

Résumé 14
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Dans un arrêt Desmares du 21 juillet 1982, la deuxième chambre civile de la Cour De Cass. a
instauré le système du tout ou rien: soit le fait non-fautif de la victime revêt les caractères de la
force majeure, auquel cas l’exonération est totale, soit il ne revêt pas les caractères de la force
majeure et, dans ce cas, l’auteur du dommage est infondé à s’exonérer de sa responsabilité,
même partiellement.
Si la jurisprudence Desmares a été abandonnée par la Cour de cassation, notamment dans trois
arrêts du 6 avril 1987, lorsqu’une faute est imputable à la victime ( 2e civ., 6 avr. 1987), elle a
toujours vocation à s’appliquer lorsque le comportement de celle-ci est non-fautif.

En droit libanais – Le fait de la victime n’est exoneratoire que lorsqu’il est fautif
(art.129,131 et 135 du COC)

‫ ان حارس الحيوان مسؤول عن ضرر حيوانه وان يكن قد ضل او هرب وحكم هذه التبعة يجري ايضا عند انتفاء النص‬- ‫ موجبات و عقود‬١٢٩ ‫المادة‬
‫ وان يكن الحارس والمتضرر مرتبطين بعقد سابق كعقد االستخدام مثال وال ترتفع التبعة عن الحارس اال اذا قام الدليل على قوة قاهرة او على‬, ‫المخالف‬
.‫خطأ ارتكبه المتضرر‬
Art. 129 - Le gardien d’un animal est responsable du dommage que celui-ci a causé, même dans le cas où il s’était
égaré ou échappé.
Sauf disposition contraire, cette responsabilité est mise en œuvre alors même que le gardien et la victime se
trouvaient antérieurement unis par un contrat tel que celui de louage de services.
Elle ne cède que devant la preuve d’un cas de force majeure ou de la faute de la victime.

‫ ان حارس الجوامد المنقولة وغير المنقولة يكون مسؤوال عن االضرار التي تحدثها تلك الجوامد حتى في الوقت الذي ال‬- ‫ موجبات و عقود‬١٣١ ‫المادة‬
‫ وتلك التبعة الوضعية ال تزول اال اذا‬.‫تكون فيه تحت ادارته او مراقبته الفعلية كالسيارة وقت السير او الطيارة وقت طيرانها او المصعد وقت استعماله‬
‫ وال يكفي ان يثبت الحارس انه لم يرتكب خطأ وان وجود تعاقد سابق بين الحارس‬.‫أقام الحارس البرهان على وجود قوة قاهرة او خطأ من المتضرر‬
.‫والمتضرر ال يحول دون اجراء حكم التبعة الناشئة عن االشياء اال اذا كان في القانون نص على العكس‬
Art. 131 - Le gardien d’une chose inanimée mobilière ou immobilière, est responsable des dommages qu’elle
occasionne, même pendant le temps où elle ne se trouverait pas effectivement sous sa conduite, son contrôle ou sa
direction, comme l’est une automobile en marche, un avion pendant son vol ou un ascenseur durant son
fonctionnement.
Cette responsabilité objective ne disparaît que si le gardien fait la preuve d’un cas de force majeure ou de la faute de
la victime; il ne lui suffirait pas d’établir qu’il n’a point commis de faute. La préexistence d’un rapport contractuel
entre le gardien et la victime ne fait pas obstacle au fonctionnement de la responsabilité du fait des choses sauf
disposition contraire dans la loi.

‫ وحب توزيع التبعة على وجه‬,‫ اذا كان المتضرر قد اقترف خطأ من شأنه ان يخفف الى حد ما تبعه خصمه ال ان يزيلها‬- ‫ موجبات و عقود‬١٣٥ ‫المادة‬
.‫يؤدي الى تخفيض بدل العوض الذي يعطى للمتضرر‬
Art. 135 - Lorsque la victime avait commis une faute qui, sans faire disparaître la responsabilité de son adversaire,
l’atténue plus ou moins, il y a lieu de procéder à un partage de responsabilité de traduisant par la modération de la
réparation allouée à la victime.

Résumé 15
Dana H. ASSAF

2- Le fait d’un tiers:


Dans l’hypothèse où le fait d’un tiers ne revêt pas les caractères de la force majeure, il
convient de distinguer deux situations :
- Si la responsabilité de l’auteur du dommage est recherchée sur le fondement de la
faute, celui-ci pourra s’exonérer de sa responsabilité à concurrence du degré
d’implication du fait du tiers dans la production du dommage
- Si la responsabilité de l’auteur du dommage est recherchée sur le fondement d’une
responsabilité objective, ce dernier ne pourra pas s’exonérer de sa responsabilité.

❖ Si la responsabilité de l’auteur du dommage est recherchée sur le fondement de


la faute:
Solution en droit français – La victime pourra rechercher la responsabilité du défendeur
et du tiers in solidum10. Ainsi, l’on oblige plusieurs personnes, reconnues coupables pour un
même dommage, mais en raison de plusieurs faits, de régler de façon solidaire l’ensemble des
dettes ou des préjudices. Une personne que l’on veut condamner in solidum ne peut demander
à ne régler qu’une quote-part dont elle s’estime responsable. La victime est fondée à demander
règlement du préjudice à la personne la plus solvable parmi celles reconnues coupables. La
locution latine in solidum vise donc l'obligation pour l'ensemble des co-débiteurs de payer
l'intégralité de la dette puisque ceux-ci sont à l'origine d'un même préjudice. À la différence de
la solidarité, il n'existe aucun lien de représentation entre les débiteurs. Cette obligation est
d'origine jurisprudentielle en droit français.

Solution en droit libanais – C’est la solidarité passive qui s’applique conformément à


l’art. 137 du COC, sachant que cet article impose une condition supplémentaire. Ainsi, l’art. 137
COC11 dispose que: “Lorsque le dommage a été causé par plusieurs personnes, la solidarité
passive existe entre elles:
1 - s’il y a eu communauté d’action;
2- s’il est impossible de déterminer la proportion dans laquelle chacune de ces personnes a
contribué au dommage.”
Donc en droit libanais, la solidarite passive n’existe que s’il y a participation a un même fait
dommageable qui a conduit au préjudice et non pas, comme en droit français, la
participation au même préjudice.

10 Si un individu est blessé par des coups portés par plusieurs personnes, chaque responsable ne peut, dans ses
rapports avec la victime, tenter de s’exonérer en invoquant le fait des autres agresseurs, qui sont tenus in solidum à
la réparation du dommage.

11 :‫ "اذا نشأ الضرر عن عدة اشخاص فالتضامن السلبي يكون موجودا بينهم‬-‫ع‬.‫ م‬١٣٧ ‫المادة‬
‫ اذا كان هناك اشتراك في العمل‬-‫اوال‬
".‫ اذا كان من المستحيل تعيين نسبة ما أحدثه كل شخص من ذلك الضرر‬-‫ثانيا‬

Résumé 16
Dana H. ASSAF

❖ Si la responsabilité de l’auteur du dommage est recherchée sur le fondement


d’une responsabilité objective:12
En droit français – Ce dernier ne pourra pas s’exonérer de sa responsabilité. Il sera tenu de
réparer le dommage subi par la victime dans son intégralité, à charge pour lui, ensuite,
d’exercer un recours contre le tiers afin d’obtenir, par ce biais, un partage de responsabilité.
Donc, il ne peut opposer à la victime, dans l’action principale, le fait du tiers. Il pourra le faire
ensuite lorsqu’il aura dédommagé la V pour l’intégralité du dommage.

En droit libanais – Une controverse doctrinale existe sur l’applicabilité de l’art. 137 du COC
aux cas de responsabilite objective. Une tendance jurisprudentielle va dans le sens de
l’applicabilité pour une meilleure indemnisation de la victime.

3- Le cas fortuit:
Dans l’hypothèse où le cas fortuit (événement naturel ou action collective) ne revêt pas les
caractères de la force majeure, l’auteur du dommage ne saurait bénéficier d’une exonération,
même partielle, de sa responsabilité (2e civ., 30 juin 1971). Il est tenu d’indemniser la victime
du préjudice pour le tout.

II- Exonération par faits justificatifs


L’auteur du dommage peut-il, dans certains cas, se prévaloir de ce que l’on appelle un fait
justificatif, lequel a pour effet de retirer son caractère fautif au comportement dommageable. Il
s’agit là d’une cause d’irresponsabilité objective.
1- Ordre de loi
Lorsque la loi prescrit aux agents une conduite délictuelle, aucune faute ne saurait être
reprochée à celui qui s’est conformé à cette injonction.
Exemple : le juge d’instruction est habilité légalement à pratiquer une perquisition sans attendre
l’ordre d’un supérieur, et sans porter atteinte à la protection de la vie privée et du domicile.
Il n’empêche que l’ordre de la loi, pour constituer un fait justificatif, doit avoir été exécuté en
respectant tous les impératifs légaux.
Exemple: l’agent de la force publique ou les particuliers qui appréhendent l’auteur d’un crime ou
d’un délit flagrant ne se rendent pas coupable du délit d’atteinte à la liberté individuelle ou
d’arrestation illégale, sauf en cas d’abus.

12La responsabilité subjective suppose une faute au chef de l'auteur du dommage


La responsabilité objective ne la suppose pas et, par conséquent, l'auteur du dommage peut être condamné aux
dommages et intérêts par le seul fait qu'il a causé ce dommage.

Résumé 17
Dana H. ASSAF

2- Commandement de l’autorité légitime


L’ordre donné par un supérieur hiérarchique est une cause de justification au même titre que
l’ordre provenant directement de la loi.

3- Permission de la loi ou de la coutume


Dans certains cas, la loi ou la coutume autorisent certaines conduites qui ordinairement
seraient illicites:
- Violation du secret professionnel lorsqu’elle est justifiée par l’autorisation de témoigner
en faveur d’un innocent
- Les membres des professions médicales bénéficient d’une autorisation coutumière de
porter atteinte, dans un but curatif, à l’intégrité physique de leurs patients, sous réserve
toutefois que cette atteinte soit médicalement nécessaire

4- Légitime défense
La légitime défense est considérée comme une cause de justification en matière civile, comme
en matière pénale, lorsque ses conditions sont réunies. À savoir que la menace doit être réelle
et immédiate, que les violences commises par la personne qui invoque la légitime défense
doivent avoir été les seuls moyens pour elle de se protéger et enfin que les moyens employés
doivent être proportionnés à ceux déployés par l’agresseur.

5- État de necessité
L’état de nécessité est la situation de la personne pour laquelle le seul moyen d’éviter un mal
est d’en causer un autre de moindre gravité. L’acte dommageable est justifié par la nécessité
lorsque le bien sauvegardé est de valeur supérieure au bien ou à la valeur sacrifiée.
Exemples :
o Cas du médecin qui pour soigner un malade, se gare en double file.
o Idem quand un conducteur franchit une ligne continue pour éviter d’écraser un piéton.
o Lorsqu’une mère de famille vole du pain pour nourrir ses enfants : Affaires Ménard 1898.

L’effet exonératoire peut découler aussi de :


- L’acceptation des risques par la victime
- Le consentement de la victime

1- Acceptation des risques par la victime


L’acceptation des risques peut se définir comme l’acceptation par la victime de s’exposer à
l’éventualité de subir un dommage qui pourrait lui être causé accidentellement par un tiers.
L’acceptation des risques comme fait justificatif n’a manifestement été admise qu’en matière
de faute sportive. Ainsi la question s’est-elle posée à la jurisprudence de savoir si la victime qui
participe à une activité sportive de nature à l’exposer à certains risques, est fondée à demander
réparation en cas de survenance d’un dommage dans le cadre de cette activité.

Résumé 18
Dana H. ASSAF

Pour que l’acceptation des risques produise l’effet d’un fait justificatif, la jurisprudence exige
le respect de certaines conditions pour le moins restrictives:

a - Acceptation libre et éclairée des risques:


L’acceptation des risques ne peut constituer un fait justificatif que dans la mesure où la victime
avait connaissance d’un danger particulier qu’elle a accepté de façon libre et éclairée. Raison
pour laquelle l’acceptation des risques intervient en matière de sports dangereux ou pratiqués
à l’occasion d’une compétition. Le dommage doit intervenir dans le cadre d’une compétition
sportive ( 2e civ., 4 nov. 2010). Ainsi, il y a exclusion de l’acceptation des risques dans
l’hypothèse où le dommage se produirait dans le cadre d’un simple entraînement. La victime
ayant été informée des risques et ayant acceptée ces derniers, ne saurait demander réparation
du dommage causé par leur réalisation.

b. Acceptation des risques normaux:


En droit français – Au terme d’une jurisprudence constante, seuls les risques normaux de
l’activité envisagée peuvent être acceptés par la victime. L’acceptation porte en effet sur les
dangers prévisibles, eu égard à une pratique habituelle de l’activité dommageable, un risque de
mort ne pouvant cependant jamais être considéré comme accepté par la victime. (Cass. Civ. 2,
8 mars 1995 n° 91-14895).
L’acceptation des risques par la victime ne saurait couvrir :
- Le fait dommageable consistant en une violation des règles du jeu (2e civ., 13 janv.
2005)
- Une faute présentant un certain niveau de gravité, ou commise de façon délibérée ( 2e
civ. 2e, 5 déc. 1990) déloyale (Cass. civ. 2e, 28 janv. 1987)

En droit libanais – Le Conseil d’Etat a eu l’occasion dans un arrêt du 20 mai 1966


d’appliquer la notion d’acceptation des risques en exonérant une surveillante d’école du fait du
dommage causé à un élève durant un match de football. La cour a considéré que « tout jeu
comporte une part de risques ». A noter que cette décision ne mentionne pas si le dommage
était dû à la faute de l’élève qui était mineur. Elle ne traite pas non plus la question de savoir si
ce mineur était conscient des risques encourus et donc, sur cette base, a accepté de les courir.
La tendance majoritaire au Liban est pour l’adoption d’un critère in abstracto dans
l’appréciation de la faute de la victime mineur qui a accepté de courir le risque. En d’autres
termes, il s’agit de voir si le comportement de la victime correspond à celui d’un individu
clairvoyant du même âge.

Résumé 19
Dana H. ASSAF

En résumé, l’acceptation des risques ne peut constituer une cause d’exonération de responsabilité que si
elle constitue une faute intentionnelle ou d’imprudence de la part de la victime. Ce qui veut dire que celui
qui accepte une activité lui faisant courir un risque :
- doit être conscient des risques en question ou bien il aurait dû mesurer ces risques mais il ne l’a
pas fait,
- s’est engagé dans l’action en acceptant l’occurrence du risque
Dans ce cas, on considère que la victime a commis une faute qui peut le rendre responsable de son
propre dommage.

2- Consentement de la victime
Le consentement de la victime s’apparente à l’acceptation ou la sollicitation d’une atteinte
volontaire à un droit ou à un intérêt que la loi protège ou en la renonciation au droit de
demander réparation du dommage causé.
A noter que le consentement de la victime n’est pas un fait justificatif en droit pénal, car la
volonté individuelle est inapte à paralyser la mise en œuvre d’une sanction imposée dans le but
de protection de l’intérêt général.
Des solutions plus nuancées sont en revanche consacrées en droit civil. Si le consentement de la
victime peut dans certains cas justifier la faute, les clauses limitatives ou exonératoires de
responsabilité sont en revanche prohibées dans le domaine de la responsabilité délictuelle pour
faute en droit français.

a. Effet justificatif du consentement de la victime:


Le consentement de la victime joue un rôle variable selon la nature du préjudice subi.
- S’il s’agit d’un dommage matériel
La jurisprudence admet que le consentement de la victime puisse jouer un rôle justificatif.
Exemple: la personne ayant consenti à la destruction d’un de ses biens ne peut agir en
responsabilité contre l’auteur de la destruction.
Il faut toutefois :
✓ Que l’intéressé ait eu la capacité et le pouvoir de disposer du bien
✓ Qu’il ait donné un véritable consentement libre et éclairé à la réalisation du fait
dommageable.
- S’il s’agit d’un dommage corporel:
Le consentement ne peut constituer un fait justificatif en cas d’atteinte à l’intégrité corporelle
car le corps humain est indisponible. L’indemnisation des dommages corporels est considérée
comme un droit d’ordre public.
Exemple: amputation d’un membre de la victime dans le cadre d’une opération chirurgicale
Il peut être observé que, tant l’acception des risques que le consentement de la victime ne
peuvent constituer un fait justificatif autonome, en ce sens, qu’ils ne font pas disparaître la
faute.

Résumé 20
Dana H. ASSAF

b. Interdiction des clauses limitatives ou exonératoires de responsabilité:


La clauses limitatives ou exonératoires de responsabilité peuvent être rapprochées du
consentement de la victime puisque, dans une telle hypothèse, celle-ci renonce par avance à
solliciter réparation en cas de survenance d’un préjudice.
L’existence de telles clauses est cependant exceptionnelle dans le domaine de la responsabilité
délictuelle, puisqu’aucun rapport juridique préalable n’existe par principe entre le responsable
et la victime. Elles se rencontrent cependant parfois dans la pratique.
Exemple: panneaux affichés à l’entrée des locaux commerciaux par lesquels les propriétaires
affirment décliner toute responsabilité à l’égard des visiteurs.

En droit français – Cette clause est sans valeur dans le domaine de la responsabilité
délictuelle pour faute en droit français, la jurisprudence considérant que les art. 1240 et 1241
du code civil sont d’ordre public et ne peuvent donc être paralysées par avance par convention.
A noter que le nouveau projet de réforme du droit de la responsabilité extra contractuelle
permet de telles clauses dans les domaines de responsabilité délictuelle sans faute, donc R du
fait des choses ou du fait d’autrui. Bien évidemment, il faudra recourir à un contrat pour
restreindre sa responsabilité délictuelle. Il ne s’agit donc pas de limiter unilatéralement sa
responsabilité erga omnes, mais de convenir avec son cocontractant que la responsabilité
délictuelle que l’on pourrait avoir engagée à son égard sera limitée. Est ainsi licite la clause par
laquelle des propriétaires d'animaux décident de s'affranchir de l'application des dispositions
de l'article 1243 (ancien 1385) du code civil, lesquelles mettent en place une responsabilité de
plein droit du propriétaire d'animaux pour les dommages causés par ces derniers. Aussi, les
parties sont-elles libres, de prévoir des clauses limitatives de responsabilité, en excluant, par
exemple, certaines causes d’exonération. Donc prévoir que la FM par exemple n’est pas une
cause qui limite la responsabilité.
De manière générale, il est possible de prévoir des clauses limitatives de responsabilité dans
toutes les matières où on peut transiger.

En droit libanais – Il est possible pour les fautes non-intentionnelles et uniquement pour
les dommages matériels de prévoir de telles clauses ( articles 138 et 139 du COC)

Résumé 21
Dana H. ASSAF

RESPONSABILITÉ DU FAIT DES CHOSES:


Séances 4-5 + 6:
EN DROIT FRANÇAIS EN DROIT LIBANAIS
Art. 1242, al. 1 – “On est responsable non seulement Art. 131 COC – “Le gardien d’une chose inanimée
du dommage que l'on cause par son propre fait, mais mobilière ou immobilière, est responsable des
encore de celui qui est causé par le fait des personnes dommages qu’elle occasionne, même pendant le
dont on doit répondre, ou des choses que l'on a sous temps où elle ne se trouverait pas effectivement sous
sa garde.” sa conduite, son contrôle ou sa direction, comme l’est
une automobile en marche, un avion pendant son vol
ou un ascenseur durant son fonctionnement.
Cette responsabilité objective ne disparaît que si le
gardien fait la preuve d’un cas de force majeure ou de
la faute de la victime; il ne lui suffirait pas d’établir
qu’il n’a point commis de faute.
La préexistence d’un rapport contractuel entre le
gardien et la victime ne fait pas obstacle au
fonctionnement de la responsabilité du fait des choses
sauf disposition contraire dans la loi.”

En Droit Français ‐ À l’origine, ce texte était une Le Droit Libanais adopte dans ses textes le
introduction des cas spéciaux de Resp. Du Fait Des principe général de responsabilité du fait des choses.
Choses ≡> Évolution doctrinale & JPtielle le En effet, le COC (art. 131), sous l’impulsion du Doyen
considérant comme le fondement de la responsabilité Josserand et des résultats provisoires atteints par la
du fait des choses (arrêt Toffaine, 2èmechambre civ, 16 jurisprudence française de l’époque (donc en 1932,
juin 1896 & arrêt Jand’heur, 13 février 1930): La Cour arrêt Jand’heur), a retenu le système de la
De Cass, se base sur l’al. 1 de l’art. 1242 Code. Civ. Fr responsabilité objective du gardien lorsque le
et met en place un système de resp de plein droit dommage est causé par le fait de la chose inanimée,
(resp obj) fondé sur la chose au sens général. Dans qu’elle soit mobilière ou immobilière, dangereuse et
l’arrêt Jand’heur, la Cour de cassation utilise exigeant une surveillance ou non. L’art. 131 al. 3 du
l’expression « présomption de responsabilité» et non COC indique notamment que cette responsabilité est
« présomption de faute ». La preuve de l’absence de mise en œuvre même si le gardien et la victime était
faute est inopérante, de sorte que le seul moyen pour liés au préalable par un lien contractuel déterminé,
le gardien de s’exonérer de sa responsabilité est sauf disposition contraire de la loi. Elle peut se
d’établir la survenance d’une cause étrangère dans la cumuler avec toute autre responsabilité notamment
production du dommage (cas fortuit ou force du fait personnel et si les conditions de cette R sont
majeure), ou de démonter que les conditions de mise réunies. (Exemple: R objective du fait d’un véhicule et
en oeuvre de la Resp Du Fait Des Choses ne sont pas R personnelle du conducteur du fait de sa faute de
réunis. En édictant, pour la première fois, une conduite.) En outre, cette R ne disparait que si le
présomption de responsabilité, la Cour de Cass gardien fait la preuve d’une force majeure ou de la
abandonne dès lors la faute comme fondement de la faute de la victime. Il ne suffit donc pas qu’il établisse
responsabilité du fait des choses. qu’il n’a pas commis de faute (art. 131 al. 2 COC)

Résumé 22
Dana H. ASSAF

I- LE PRINCIPE GÉNÉRAL DE
RESPONSABILITÉ DU FAIT DES CHOSES:
Les Conditions De Mise En Oeuvre De Ce Principe:
Les conditions de la mise en oeuvre de la responsabilité du fait des choses sont aux nombre de
4, parmis lesquels on dénombre 2 constantes et 2 conditions speciales:
Les Constantes:
o Le Dommage Fait Générateur (fait d’une chose) + Dommage + Lien De Causalité =
o Lien de Causalité Responsabilité

Les Conditions Spéciales:


o La garde de la chose
o Le fait de la chose

1- Notion de chose (selon la JP fr & le COC):


a. Le principe : l’interpretation large du terme “chose” – Tout objet peut a priori
entrer dans le champ d’application des art. 1242 al 1 du code civ. et 131 du COC.13

b. Les exceptions : exclusion de certaines choses – Trois exceptions sont consacrées


par les tribunaux :
➢ Exclusions fondées sur l’adage specialia generalibus derogant : les choses régies par
des textes spéciaux telle la responsabilité du fait des animaux, du fait des bâtiments en
ruine, et surtout en France la responsabilité du fait des accidents de la circulation régis
par la loi Badinter de 1985.
➢ Exclusion du corps humain car n’étant pas une chose, les dommages qu’il cause doivent
être indemnisés sur le fondement de la responsabilité du fait personnel. A noter tout de
même que dans un souci de meilleure indemnisation de la Victime, la jurisprudence
française a accepté d’appliquer le régime de l’art. 1242 al 1 du code civil à un dommage
causé par le corps humain lorsque celui-ci était doté d’une énergie cinétique, conférée
par une chose, la cour de cassation considérant que le corps humain formait un tout
indivisible avec la chose14
➢ Exclusion des choses sans maitres ou abandonnées15 : art. 1242 al 1 du code civil ne
s’applique pas au res nullius, et au res derelictae car nul n’exerce à leur égard un

13Application de cette R à une bouteille de gaz qui explose, un sol glissant, une tuile qui s’envole, une vitrine mal
signalée…

14 Collision entre skieurs ou cyclistes.

15 Eau de pluie, neige, boue déposée sur une route

Résumé 23
Dana H. ASSAF

quelconque pouvoir de garde, donc la victime ne peut obtenir indemnisation de


quiconque du fait de ces choses. Toutefois, une chose abandonnée peut, même
brièvement, faire l’objet d’une appropriation16

2- Le fait de la chose: Est-il seulement nécessaire que la chose intervienne


dans la réalisation du dommage (intervention matérielle de la chose) ou faut-
il qu’elle en soit la véritable cause (rôle actif de la chose)?

En France ≡> Evolution JPtielle:


1- Arrêt Dame Cadé: 19 Février 1941:
- Exigence du role actif de la chose dans la production du dommage la chose est l’instrument du
dommage responsabilité du gardien engagée
- Il importe peu que la chose ait été inerte ou en mouvement, ce qui importe c’est le rôle actif de la
chose dans la production du dommage
2- Arrêt 11 Janvier 1995, Cass. 2eme Civ:
- Réaffirmation de la solution rendue par la Cour. De Cass dans l’Arrêt Dame Cadé: exigence du rôle
actif de la chose dans la production du dommage.
- Adoption du Principe de Causalité Adéquate:
On doit se demander si la chose a joué un rôle majeur dans la production du dommage ≡> Cela
suppose d’établir que la chose présentait une anormalité:
(1)- Soit dans sa structure, (2)- Soit dans son fonctionnement, (3)- Soit dans sa position, (4)- Soit
dans son état distinction selon que la chose est en mouvement ou pas, et si elle est entrée en
contact avec la victime ou non.
3- Arrêt 28 Novembre 1984, Cass. 2ème Civ:
- Instauration d’une présomption de rôle actif, mais qui n’a vocation à s’appliquer que si la chose
était en mouvement et est entrée en contact avec la victime.
4- Arrêt 24 Février 2005, Cass. 2eme Civ:
- Quand une chose est inerte, meme si elle est entrée en contact avec la victime, la présomption de
rôle actif ne joue pas.
- Mais s’il y a anormalité alors on considère que le rôle actif de la chose est établi

En France – Pour être l’instrument du dommage et pouvoir ainsi engagée la responsabilité


du gardien, il faut que la chose ait joué un rôle actif17 dans la production du dommage.
Pour la victime, afin d’établir le rôle actif de la chose, deux situations doivent être distinguées:

MOUVEMENT + CONTACT = PRÉSOMPTION DE RÔLE ACTIF

16Exemple‐ un adolescent qui blesse un passant avec une bouteille abandonnée dans laquelle il avait donné un
coup de pied, en devient ainsi le gardien
17 Il faut démontrer le lien actif de la chose = prouver que c’est bien la chose qui est à l’origine du dommage

Résumé 24
Dana H. ASSAF

 Il appartient à la victime d’établir le mouvement de la chose donc l’intervention


matérielle de la chose dans la production du dommage ( 2e civ., 5 janv. 1994)

MOUVEMENT + SANS CONTACT= PAS DE PRÉSOMPTION DE RÔLE ACTIF


 Il appartient à la victime de prouver que la chose est la cause de son dommage
(Exemple - le skieur qui chute en étant surpris par un autre skieur qui lui coupe la
route sans le heurter doit établir le rôle actif de la chose (2e civ., 3 avr. 1978)).
Pour ce faire, il devra démontrer l’anormalité de la chose, soit dans sa structure
ou son état, soit dans son positionnement, soit dans son comportement.

LE CAS DE LA CHOSE INERTE


Il s’agit principalement de l’hypothèse où la chose inerte est entrée en contact ou non avec la
victime. Afin d’engager la responsabilité du gardien, il reviendra à la victime de rapporter la
preuve du rôle actif de la chose en démontrant qu’elle présentait une anormalité :
o Soit dans sa structure
o Soit dans son fonctionnement
o Soit dans sa position
o Soit dans son état

Au Liban – Quid de la situation en droit libanais sur la question de l’exigence du


rôle actif de la chose dans la production du dommage ?
L’article 131 du COC18 retient “La responsabilité objective du gardien de la chose inanimée
mobilière ou immobilière des dommages qu’elle occasionne, même pendant le temps où elle ne
se trouverait pas effectivement sous sa conduite, son contrôle ou sa direction. Comme l’est une
automobile en marche, un avion pendant son vol ou un ascenseur durant son fonctionnement”.

Il convient d’observer :
✓ Que ce texte n’a nullement évoqué la question du rôle de la chose. Plus
particulièrement, il ne distingue pas selon que la chose ait joué un rôle passif ou un rôle
actif. Par conséquent, toute distinction à ce propos n’a pas lieu d’exister.
✓ En outre, selon ce texte la responsabilité objective est retenue non en raison de l’état de
la chose mais en raison de l’état de son gardien. C’est parce qu’il est gardien qu’il est
responsable. C’est donc la seule garde qui justifie la responsabilité objective, la chose
n’en est que le simple instrument, parce qu’elle est l’instrument du dommage.

18 ‫ "ان حارس الجوامد المنقولة وغير المنقولة يكون مسؤوال عن االضرار التي تحدثها تلك الجوامد حتى في الوقت‬-‫ع‬.‫ م‬١٣١ ‫المادة‬
‫ وتلك التبعة‬.‫الذي ال تكون فيه تحت ادارته او مراقبته الفع لية كالسيارة وقت السير او الطيارة وقت طيرانها او المصعد وقت استعماله‬
‫ وال يكفي ان يثبت الحارس انه لم يرتكب خطأ‬.‫الوضعية ال تزول اال اذا أقام الحارس البرهان على وجود قوة قاهرة او خطأ من المتضرر‬
‫وان وجود تعاقد سابق بين الحارس والمتضرر ال يحول دون اجراء حكم التبعة الناشئة عن االشياء اال اذا كان في القانون نص على‬
."‫العكس‬

Résumé 25
Dana H. ASSAF

Malgré cette possibilité offerte par le texte lui-même, la jurisprudence libanaise ne l‘a pas
exploité pour faciliter la preuve du fait de la chose à la victime. Ainsi, impose-t-elle les
conditions suivantes pour retenir le fait de la chose :
1. L’existence d’un rôle actif de la chose et non pas
simplement une intervention matérielle de la chose dans
la production du dommage.
2. Par ailleurs, ce rôle actif, qu’il résulte d’une chose en
mouvement ou d’une chose inerte, doit être prouvé par la
victime pour pouvoir enclencher la responsabilité du
gardien du fait de sa chose.

3- La garde de la chose:
a. La notion de la chose:
Que doit-on entendre par la notion de garde ?
En France – A priori, seul le gardien de la chose est susceptible d’engager sa responsabilité
sur le fondement de l’article 1242 du Code civil. Le plus souvent, la condition relative à la garde
ne soulèvera guère de difficultés dans la mesure où le gardien sera tout à la fois le propriétaire
et le détenteur de la chose lors de la production du dommage. Or, dans l’hypothèse où le
propriétaire et le détenteur de la chose sont deux personnes distinctes, deux théories sont
envisageables:
✓ La théorie de la garde juridique de la chose – La garde incomberait à celui qui
est propriétaire de la chose, car lui seul posséderait un véritable pouvoir sur la chose
✓ La théorie de la garde matérielle de la chose – La garde supposerait une
maîtrise concrète et effective de la chose, de sorte que seul son détenteur effectif, qu’il
en soit ou non le propriétaire, pourrait être qualifié de gardien
La question de la notion de garde a été tranchée dans un célèbre arrêt Franck du 2 décembre
1941, lequel vient clore une affaire dans le cadre de laquelle la Cour de Cassation adopte la
théorie de la garde matérielle: elle estime que “dès lors que le propriétaire est privé de l’usage,
de la direction et du contrôle de la chose, il n’en a plus la garde, de sorte que la présomption de
responsabilité édictée à l’article 1242, al. 1er du Code civil doit être écartée.”
La garde comporte ainsi trois éléments constitutifs qui déterminent la qualité de gardien:
❖ L’usage: maîtrise de la chose dans son propre intérêt
❖ La direction: décider de la finalité de l’usage
❖ Contrôle: capacité à prévenir le fonctionnement anormal de la chose
Parsuite, “Est déclaré gardien celui qui exerce sur la chose les pouvoirs d’usage, de direction et
de contrôle au moment où celle-ci a été l’instrument du dommage” ( Arrêt du 17 mars 2011,
Cass, 2e civ- arrêt confirmant la decision Franck)
Au total, il apparaît que la solution adoptée par la Cour de cassation dans l’arrêt Franck est à
contre-courant du mouvement d’objectivation de la responsabilité engagé par l’arrêt Teffaine
d’abord, puis par l’arrêt Jand’heur. On assiste à une résurgence de la faute.

Résumé 26
Dana H. ASSAF

Au Liban – Le Code libanais ne définit pas la notion de garde. Cependant, il importe de


souligner qu’à l’origine, les rédacteurs du Code des obligations sous l’impulsion du doyen
Josserand ont adopté le concept de la garde juridique tel qu’il résulte des dispositions de
l’article 131 alinéa 1 COC:
“Le gardien d’une chose inanimée, mobilière ou immobilière, est responsable des dommages
qu’elle occasionne, même pendant le temps où elle ne se trouverait pas effectivement sous sa
conduite, son contrôle ou sa direction, comme l’est une automobile en marche, un avion
pendant son vol ou un ascenseur durant son fonctionnement, c’est qu’il suffit qu’elle le soit en
droit”.
Une d’une partie de la doctrine libanaise, a critiqué l’adoption du concept de garde juridique:
Cette dernière a relevé que si le texte maintient la garde, alors même que la chose ne se
trouverait pas effectivement sous la conduite, le contrôle ou la direction, les exemples qu’il
donne pour illustrer cette notion n’envisagent pas l’hypothèse où le pouvoir effectif sur la
chose aurait été perdu sans la volonté du gardien, ainsi qu’il en est dans le cas de la voiture
volée. Dans ce dernier cas, deux solutions semblent envisageables en droit libanais et qui ne
remette pas en cause la cohérence juridique du système :
1. Maintenir la garde juridique du gardien de la chose mais lui permettre de s’exonérer
en invoquant la FM dans le cas où les circonstances conduisant au vol ou à l’usurpation
de sa chose ont pu être qualifiées de force majeure. A contrario, si le vol ou l’usurpation
a été facilité par sa propre faute, il parait logique de maintenir sa garde juridique.
2. Reconnaitre limitativement le concept de garde matérielle, pour des raisons d’équité:
Cette solution ne remettrait pas en cause le texte de l’art. 131 du COC dès lors que ce
dernier n’a pas explicitement prévu cette situation.

APTITUDES PARTICULIÈRES DU GARDIEN:


1) En France:
Responsabilité du Dément – Dans un arrêt Trichard du 18 décembre 1964, la
Cour de cassation reconnaît, pour la première fois, que la privation de discernement du
gardien ne faisait pas obstacle à l’engagement de sa responsabilité sur le fondement de
l’article 1384 al. 1er du Code civil lorsque la chose qu’il avait sous sa garde a causé un
dommage. L’évolution jurisprudentielle engagée par l’arrêt Trichard fut consacrée à
l’article 414-3 Code. Civ qui prévoit que “Celui qui a causé un dommage à autrui alors
qu’il était sous l’empire d’un trouble mental n’en est pas moins obligé à réparation.”

Responsabilité de l’Infans – Tout comme en matière de responsabilité du fait


personnel, le sort de l’infans a suivi celui du dément, ce, indépendamment de
l’intervention du législateur. Ainsi, la Cour de cassation a-t-elle décidé dans un arrêt

Résumé 27
Dana H. ASSAF

Gabillet du 9 mai 1984, d’abandonner définitivement l’exigence de discernement du


gardien.

La Cour de cassation n’opère plus aucune distinction entre le dément et l’enfant : les
deux sont susceptibles d’engager leur responsabilité sur le fondement de l’article 1384,
al. 1er dès lors qu’est établie leur qualité de gardien.

2) Au Liban:
Il importe de distinguer selon la conception adoptée :
Conception juridique de la garde – L’action ne peut être intentée contre
l’incapable directement en sa qualité de gardien de la chose, mais contre la personne
qui est le véritable gardien de la chose sur le fondement de sa R du fait des choses.

L’action est intentée contre le tuteur directement en raison du fait illicite de l’incapable,
elle se fera sur le fondement de l’article 126 du COC et il reviendra à la victime de
prouver le fait illicite de l’incapable lors de l’utilisation de la chose et le lien de causalité
entre ce fait et le dommage causé.

Conception matérielle de la garde – L’action peut être intentée directement


contre l’incapable privé de discernement en sa qualité de gardien de la chose :
o Si l’action est intentée contre l’incapable lui-même en sa qualité de gardien, il est
possible de faire intervenir son tuteur en sa qualité de responsable
financièrement de ce dernier.
o Si l’action est intentée contre le tuteur directement, elle se fera sur le
fondement de l’article 126 du COC19 et il reviendra à la victime de prouver le fait
illicite de l’incapable et le lien de causalité entre ce fait et le dommage causé.
Sachant que dans les deux cas, le tuteur sera appelé à l’instance avec la différence
toutefois que :
o Dans la première action, la victime est exemptée de la preuve de la faute de
l’incapable et ne doit prouver que les conditions de la garde
o Alors que dans la seconde action, la victime doit prouver la faute de l’incapable
afin d’engager la responsabilité de plein droit de son tuteur.

19Art. 126 - Les parents et le tuteur sont responsables du dommage causé par le fait illicite des enfants mineurs
habitant avec eux et soumis à leur puissance.
Les instituteurs et les artisans sont responsables du dommage causé par le fait illicite de leurs élèves et apprentis
pendant le temps qu’ils sont sous leur surveillance. Toutefois, la responsabilité de l’Etat est substituée à celle des
membres de l’enseignement public.
La responsabilité de ces personnes est engagée à moins qu’elles ne prouvent qu’elles n’ont pu empêcher le fait qui
donne lieu à cette responsabilité; elle subsiste encore que l’auteur de l’acte soit irresponsable par défaut de
discernement.

Résumé 28
Dana H. ASSAF

b. La désignation du gardien:
La Cour de Cassation Française ne rejette pas totalement la théorie de la garde juridique, ce
pour une raison simple : elle fait peser sur le propriétaire de la chose qui a causé un dommage
une présomption de garde.
Le propriétaire est présumé gardien dans deux hypothèses distinctes :
• Lorsqu’il exerce un pouvoir direct sur la chose – Il s’agit de l’hypothèse où le
propriétaire est aussi le détenteur de la chose. Les trois éléments constitutifs de la garde
sont ici réunis, de sorte que cette situation ne soulève, a priori, guère de difficulté
• Lorsqu’il exerce un pouvoir indirect sur la chose – Il s’agit de l’hypothèse où
la chose est détenue par un préposé. En raison du lien de subordination, si le préposé a
l’usage de la chose, le propriétaire conserve le pouvoir de direction et de contrôle. Il
existe en effet une incompatibilité entre les qualités de gardien et de préposé. Il n’en
irait autrement que si le préposé retrouve toute son indépendance :
- Soit qu’il agisse en dehors de ses fonctions,
- Soit qu’il jouisse dans son activité d’une grande autonomie

II- regime juridique du PRINCIPE


GÉNÉRAL DE RESPONSABILITÉ DU FAIT
DES CHOSES:
L’arrêt Jand’heur:
Une jeune fille était renversée par un camion. Elle assigne le responsable.
La Cour d’Appel considère que le camion est manipulé par l’homme, donc il faut prouver la faute de l’homme
pour engager sa responsabilité.
La Cour de Cassation se fonde sur l’al. 1 de l’art. 1384 et met en place un système de plein droit
(responsabilité objective), basé sur la chose au sens général, qui semble attachée à la théorie du risque:
1) La preuve de la faute du gardien est inutile => sa responsabilité est engagée du seul fait que la chose
surlaquelle il exercait ses pouvoirs de garde a causé une dommage à autrui
2) Le gardien ne peut s’exonérer de sa responsabilité par la preuve d’absence de faute, et même si
aucun écart de conduite lui a été reproché, il doit indemniser la victime
3) Le gardien peut cependant se soustraire à son obligation d’indemnisation en démontrant que les
conditions de sa responsabilité objective n’étaient pas réunies (A), ou en invoquant une cause
étrangère (B).

Résumé 29
Dana H. ASSAF

A- Éviction des conditions de la responsabilité:


Si le gardien ne peut s’exonérer par la preuve de son absence de faute, il peut cependant
démontrer que les conditions de l’art. 1242 al 1 du code civil et 131 du COC n’étaient pas
réunies.
Deux moyens paraissent être particulièrement invoqués par les plaideurs.
1- Le rôle passif de la chose
2- Le transert de garde

1. Le rôle passif de la chose – Lorsqu’une chose en mouvement est entrée en contact


avec la victime, la jurisprudence française présume le rôle causal de la chose dans la production
du dommage (contrairement à la jurisprudence libanaise qui ne consacre pas
cette solution). Cette présomption simple peut néanmoins être renversée par le gardien, qui
s’« exonère » ainsi par la preuve du rôle passif de la chose. Dans tous les autres cas où la
victime doit prouver le rôle causal de la chose, le gardien peut s’exonérer de la même manière,
donc en prouvant le rôle passif de la chose dans la production du dommage.

2. Le transfert de garde – La preuve du transfert de garde constitue un autre moyen pour


le propriétaire de la chose de se soustraire à l’application de l’art. 1242 al 1 du code civil/131 du
COC. Celui-ci étant présumé gardien, il lui appartient cependant de prouver la réalité
du transfert. Si tel est le cas, la victime n’est pas privée de tout droit à indemnisation
puisqu’elle peut agir contre le véritable gardien. Cela suppose que le propriétaire doit
démontrer qu’une autre personne que lui exerçait un pouvoir d’usage, de direction et de
contrôle sur la chose au moment du dommage. Autrement dit, le propriétaire devra démontrer
qu’il y a eu un transfert de la garde dans tous ses éléments constitutifs.
Deux situations doivent être distinguées :
a. Le transfert de la garde est involontaire
L’examen de la jurisprudence révèle que le transfert involontaire de la garde fera toujours
tomber la présomption de garde qui pèse sur le propriétaire de la chose. Il appartient,
néanmoins, au propriétaire de démontrer que le transfert de la garde était bien involontaire :
vol, usurpation.
b. Le transfert de la garde est volontaire
Dans l’hypothèse où le propriétaire a exprimé la volonté de se déposséder de la chose qui a
causé un dommage le transfert de la garde ne fera pas toujours tomber la présomption de
garde. Le propriétaire devra démontrer qu’il y a eu transfert de la garde dans tous ses éléments
constitutifs (pouvoir de d’usage, de direction et de contrôle)
Cas d’admission du transfert de la garde:
La Cour de cassation admet qu’il y a un transfert de la garde dans le cadre de la relation entre :
➢ Le vendeur et l’acheteur ( 2e civ., 28 févr. 1996)
➢ Le prestataire de services et le client ( 2e civ., 8 mai 1964)
➢ Le propriétaire et l’emprunteur (2e civ., 14 janv. 1999)

Résumé 30
Dana H. ASSAF

Cas de non-admission du transfert de la garde:


La Cour de cassation estime ainsi qu’il y a une incompatibilité entre les qualités de Propriétaire
et préposé ( 2e civ., 20 avr. 2000). Ainsi, pour renverser la présomption de garde, le propriétaire
doit établir qu’il a transféré :
➢ Le pouvoir d’usage de la chose
➢ La maîtrise intellectuelle de la chose (direction et contrôle)

Une illustration de cette exigence peut être trouvée dans un arrêt du 19 juin 2003. La Cour de
cassation a estimé dans cette décision qu’il n’y avait pas transfert de garde dans le cadre d’une
relation de courtoisie ( 2e civ., 19 juin 2003)
Il s’agissait en l’espèce du prêt d’une tondeuse entre voisins: La Cour de cassation valide la
décision des juges du fonds qui ont refusé de reconnaître le transfert de garde, estimant que le
propriétaire de la chose « n’avait confié sa tondeuse à M. X… que pour un court laps de temps et
pour un usage déterminé dans son propre intérêt, que M. X… n’avait pas été autorisé à se
servir de la tondeuse pour son usage personnel, ni à la sortir de la propriété»
Ainsi, ressort-il de cet arrêt que le prêt d’une chose n’entraîne pas le transfert de garde lorsque
l’usage est : Circonscrit dans le temps + Circonscrit dans l’espace + Effectué dans l’intérêt
exclusif du propriétaire.

Il apparaît de ce développement qu’a priori il ne peut y avoir qu’un gardien de la chose, la garde
a un caractère alternatif et non pas cumulatif.
Toutefois, cela soulève deux difficultés :
1. La question de la garde de la structure et la garde du comportement, c’est-à-dire
lorsque des personnes différentes ont un pouvoir d’usage, de direction et de contrôle
sur divers éléments de la même chose.
2. La question de la garde commune de la chose c’est-à- dire lorsque des personnes ont
une maîtrise commune sur la même chose, exerçant sur cette chose un pouvoir au
même titre. Tel sera le cas des copropriétaires ou des coemprunteurs.

La question de la garde de la structure et la garde du comportement:


En France – Elle a été résolue par la distinction entre la garde de la structure et la garde du
comportement, inventée par la doctrine et reprise par la jurisprudence (Arrêt Cour De Cass,
2ème Chambre Civile, 5 janvier 1956)20
➢ Si l’accident a pour origine le comportement de la chose, la manière dont elle est
utilisée, c’est le gardien du comportement qui est responsable.

20Une société expédie des bouteilles d’oxygène liquide et en les déchargeant, une bouteille explose, blessant un
salarié du transporteur. En l’espèce, comme il n’était pas établi que l’accident soit la conséquence d’un acte
extérieur à l’objet, la société propriétaire a été déclarée responsable.

Résumé 31
Dana H. ASSAF

➢ Si l’accident est dû à la structure de la chose, à la manière dont elle est constituée, par
exemple à un vice de fabrication:le propriétaire, gardien de la structure est responsable.
Cette distinction a été reprise dans plusieurs décisions postérieures, mais elle reste critiquée
par une grande partie de la doctrine. Elle aboutit à une solution plus juste : le gardien de la
structure ne verra pas sa responsabilité engagée pour une faute commise par l’usager
de la chose, et surtout, le gardien du comportement ne verra pas sa responsabilité engagée
pour un vice de la chose auquel il est étranger.

Au Liban – La jurisprudence libanaise, dès 1947, a admis la distinction entre la garde de


la structure et la garde du comportement ; une même chose inanimée peut
avoir simultanément deux gardiens.

La question de la garde commune de la chose:


Dans cette situation, on parle de garde commune ou collective d’une chose pour laquelle la
jurisprudence permet traditionnellement la condamnation in solidum de toutes les personnes
ayant participé à cette activité. Il en résulte que la victime peut actionner en paiement pour le
tout le codébiteur de son choix, sans que lui soit imposée une division de ses poursuites. Donc
le codebiteur choisi n’est pas garant des autres codébiteurs, mais en tant que son action a
participe a la totalite du dommage. La question connexe du partage de responsabilité entre les
coauteurs du dommage n’a aucune incidence au stade de l’obligation à la dette, soit dans les
rapports avec le créancier. La garde en commun tend à être écartée lorsqu’une des personnes
participant à l’activité a un rôle prépondérant ou lorsque le gardien de la chose peut être
précisément déterminé.
Dès 1930, par son arrêt Jand’heur, la cour de cassation française a affirmé que la responsabilité
objective établie par l’art. 1242 al. 1 du code civil pouvait être écartée par la preuve d’un cas de
force majeure, le fait d’un tiers ou la faute de la victime.
L’article 131 al. 2 du COC évoque dans le même sens la force majeure et la faute de la victime.

B- Éxonération par cause étrangère:


1- Exonération par force majeure:
L’évènement invoqué au titre de la FM doit réunir ses caractères: imprévisible, irrésistible et
extérieur à la sphère du responsable, c’est-à-dire non seulement au gardien, mais à la chose
elle-même. Pour cette raison, le vice interne ou le défaut de fabrication de la chose ne
peut être invoqué au titre de la force majeure. Dans un tel cas, le gardien doit donc indemniser
la victime, mais peut se retourner contre le fabricant de la chose dans le cadre d’une action
récursoire.

2- Exonération par fait du tiers ou faute de la victime:

Résumé 32
Dana H. ASSAF

L’exonération par le fait du tiers – obéit aux effets habituellement attachés à ce fait
dans le droit commun de la responsabilité : Le fait du tiers est donc exonératoire seulement s’il
présente les caractères de la FM. A défaut, il est source de responsabilité in solidum (droit
français) ou solidaire (droit libanais) des divers auteurs du dommage dans le cas de garde
commune. Par contre, le gardien ne peut invoquer la faute du tiers dans les rapports avec la
victime puisque le fondement de la R objective n’est pas la faute. Il n’y aura donc pas
exoneration.

L’exonération par fait de la victime – Le fait de la victime ne peut être source


d’exonération qu’à la condition qu’il soit fautif, l’étendue de son effet exonératoire dépendant
toutefois de ses caractères : Totalement exonératoire si elle présente les caractères de la FM
[en droit libanais et en droit français avant 1987]. Sinon, la faute de la victime entraine
seulement un partage de responsabilité (depuis 1987 en droit français/ art. 13521 du COC en
droit libanais ).

21Art. 135 - Lorsque la victime avait commis une faute qui, sans faire disparaître la responsabilité de son
adversaire, l’atténue plus ou moins, il y a lieu de procéder à un partage de responsabilité de traduisant par la
modération de la réparation allouée à la victime.

Résumé 33
Dana H. ASSAF

RESPONSABILITÉ DU FAIT D’AUTRUIT:


Séances 8+9
Par les regimes speciaux de responsabilite du fait d’autrui, on vise :
I- La responsabilité des enseignants
II- La responsabilité des parents
III- La responsabilité des maîtres et des commettants
Cette responsabilité est édictée par l’article 1242 du C. Civ. Fr et aux arts. 126 (parents, tuteurs,
instituteurs et artisans) et 127 (maîtres et commettants).

En Droit Français En Droit Libanais

Art. 1242 C. Civ. Fr: Art. 126 COC:


(...)Le père et la mère, en tant qu'ils exercent Les parents et le tuteur sont responsables du
l'autorité parentale, sont solidairement responsables dommage causé par le fait illicite des enfants
du dommage causé par leurs enfants mineurs mineurs habitant avec eux et soumis à leur
habitant avec eux. puissance.
Les instituteurs et les artisans sont responsables du
Les maîtres et les commettants, du dommage causé dommage causé par le fait illicite de leurs élèves et
par leurs domestiques et préposés dans les fonctions apprentis pendant le temps qu’ils sont sous leur
auxquelles ils les ont employés ; surveillance. Toutefois, la responsabilité de l’Etat est
substituée à celle des membres de l’enseignement
public.
Les instituteurs et les artisans, du dommage causé La responsabilité de ces personnes est engagée à
par leurs élèves et apprentis pendant le temps qu'ils moins qu’elles ne prouvent qu’elles n’ont pu
sont sous leur surveillance. empêcher le fait qui donne lieu à cette
responsabilité; elle subsiste encore que l’auteur de
La responsabilité ci-dessus a lieu, à moins que les l’acte soit irresponsable par défaut de discernement.
père et mère et les artisans ne prouvent qu'ils n'ont
Art. 127 COC:
pu empêcher le fait qui donne lieu à cette
Les maîtres et les commettants sont responsable du
responsabilité.
dommage causé par le fait illicite de leurs
domestiques et préposés dans les fonctions ou à
En ce qui concerne les instituteurs, les fautes, l’occasion des fonctions auxquelles ils les ont
imprudences ou négligences invoquées contre eux employés, et quand bien même ils ne les auraient
comme ayant causé le fait dommageable, devront pas librement choisis, pourvu qu’ils soient investis
être prouvées, conformément au droit commun, par sur eux d’un pouvoir effectif de contrôle et de
le demandeur, à l'instance. direction.
Cette responsabilité incombe aux personnes morales
comme aux personnes humaines.

Résumé 34
Dana H. ASSAF

I- LA RESPONSABILITÉ DES ENSEIGNANTS

A- Dans le code civil:


L’art. 1242 C. Civ. Fr dispose que: “En ce qui concerne les instituteurs, les fautes, imprudences
ou négligences invoquées contre eux comme ayant causé le fait dommageable, devront être
prouvées, conformément au droit commun, par le demandeur, à l'instance”

Le domaine d’application du texte a été interprété largement par la jurisprudence. Il concerne


non seulement : les instituteurs, mais d’une manière générale les membres de l’enseignement
secondaire, voire les membres de l’enseignement supérieur lorsqu’ils ont une obligation de
surveillance. Cette responsabilité joue non seulement : pendant la période scolaire, mais
également si l’enfant est sous la surveillance de l’instituteur pendant une période de vacances
ou une sortie.

Pour que joue cette responsabilité, il faut :


1- Une faute de l’enseignant qui varie selon les circonstances, en particulier l’âge des
enfants : par exemple, laisser sans surveillance à l’intercours l’ensemble de ses élèves de
quinze ans constitue une faute.
2- La rapidité de l’acte dommageable est également à prendre en compte : l’instituteur
n’est pas fautif lorsqu’un élève brutal donne un coup de pied soudain à l’un de ses
camarades.
3- La faute de l’instituteur n’est pas retenue en cas de carence de l’établissement, la
responsabilité de l’État étant alors engagée non par le biais de celle de l’instituteur, mais
directement, devant les juridictions administratives.
✓ Substitution de la responsabilité de l’Etat, les enseignants ne pouvant jamais
être mis en cause devant les tribunaux civils par la victime ou ses représentants :
- Si l’enseignant est membre de l’enseignement public (L’article L 911-4 du
Code de l’éducation issu de la loi du 5 avril 1937).
- Si l’enseignant est membre d’un établissement privé ayant conclu un
contrat avec l’État;
✓ Pas de substitution de l’Etat si l’enseignant est membre d’un établissement
privé. Il reste soumis au droit commun : responsabilité personnelle pour faute
prouvée devant les juridictions judiciaires (art. 1240 et 1241 C. civ.)

B- Dans le code des obligations & des contrats (COC):


L’art. 126 du COC, dans ses alinéas 2 et 3, énonce que:
“Les instituteurs et les artisans sont responsables du dommage causé par le fait illicite de leurs
élèves et apprentis pendant le temps qu’ils sont sous leur surveillance. Toutefois la
responsabilité de l’Etat est substituée à celle des membres de l’enseignement public.

Résumé 35
Dana H. ASSAF

La responsabilité de ces personnes est engagée à moins qu’elles ne prouvent qu’elles n’ont pu
empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité ; elle subsiste encore que l’auteur de l’acte
soit irresponsable par défaut de discernement”

De la lecture du texte, les observations suivantes s’imposent :


- Il s’agit moins d’une responsabilité du fait d’autrui que d’une
responsabilité fondée sur la faute dans la surveillance, dans la mesure où
les responsables en restent tenus même si l’auteur du dommage est lui
déclaré irresponsable par défaut de discernement.
- Le Code des obligations se distingue du Code civil en ce qu’il instaure une
présomption de faute qui leur incombe et qui renverse la charge de la
preuve.
- Toutefois, le Code des obligations se rapproche du Code civil en ce qu’il
substitue la responsabilité de l’Etat à celle des membres de
l’enseignement public.

Concrètement, la victime du dommage causé par un élève dispose des actions suivantes selon
que l’enseignant est dans l’enseignement public ou privé :
✓ Enseignement public
- Une action contre l’Etat dans les termes de l’article 126 alinéa 2 du Code
des obligations (via l’enseignant).
- Une action contre l’Etat directement intentée par devant le Conseil
d’Etat, à condition de prouver que le fait dommageable résulte de la
mauvaise gestion ou de la violation des règles en matière d’éducation
publique et des règlementations administratives relatives aux
établissements scolaires.

✓ Enseignement privé:
- Une action contre l’enseignant s’il s’agit d’un établissement
d’enseignement privé dans les termes de l’article 126 alinéa 2 du Code
des obligations
- Une action contre l’établissement d’enseignement privé dans les termes
de l’article 127 du Code des obligations en sa qualité de commettant.
- Une action contre l’établissement d’enseignement privé dans les termes
de l’article 122 du Code des obligations pour mauvaise gestion.

A noter qu’une action individuelle contre l’enseignant lui-même est toujours possible à
condition que la victime prouve que l’enseignant a commis une faute dommageable dans les
conditions du droit commun, c’est-à-dire l’article 122 COC.

Enfin, il convient de relever que la responsabilité des artisans joue dès qu’il est constaté que le
fait dommageable a été commis par les apprentis alors qu’ils étaient sous leur surveillance. En
ce sens, que le texte n’a nullement exigé que le fait illicite soit commis par l’apprenti à
l’occasion de son activité.

Résumé 36
Dana H. ASSAF

II- LA RESPONSABILITÉ DES PARENTS


A- Dans le code civil:
Aux termes de l’article 1242, al. 4 du Code civil « le père et la mère, en tant
qu’ils exercent l’autorité parentale, sont solidairement responsables du
dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux ».

1- Conditions Génériques – Une responsabilité De Plein Droit


L’arrêt Bertrand constitue, un revirement de jurisprudence dans la mesure où antérieurement,
les parents de l’auteur du dommage étaient fondés à s’exonérer de leur responsabilité :
- Soit en prouvant qu’il n’avait commis aucune faute d’éducation
- Soit en prouvant qu’il n’avait commis aucune faute de surveillance

Dans l’arrêt Bertrand, la Cour de cassation estime que la preuve de l’absence de faute est
inopérante. Autrement dit, pour la haute juridiction, les parents ne peuvent s’exonérer de leur
responsabilité qu’en rapportant la preuve :
- d’un cas de force majeure
- d’une faute de la victime

Ainsi, la haute juridiction fait de la responsabilité parentale une responsabilité de plein droit 22
en ce sens que pèse sur les parents, non plus une présomption de faute, mais une présomption
de responsabilité.

Il peut être observé que la solution retenue dans l’arrêt Bertrand s’inscrit dans le droit fil de la
jurisprudence Fullenwarth.
❖ Dans l’arrêt Fullenwarth, la Cour de cassation abandonne l’exigence de faute de
l’enfant . Le simple fait causal suffit à engager la responsabilité des parents du fait de
leurs enfants
❖ Dans l’arrêt Bertrand, la Cour de cassation abandonne la présomption de faute. Les
parents ne peuvent plus s’exonérer de leur responsabilité en prouvant qu’ils n’ont pas
commis de faute

Ainsi, dès lors que l’on admet que le simple fait causal de l’enfant suffit à engager la
responsabilité parentale, il est parfaitement logique de priver les parents de la possibilité de
s’exonérer en prouvant qu’ils n’ont commis aucune faute.

2- Conditions Specifiques
Pour que des parents soient susceptibles de répondre des faits dommageables causés par leur
enfant mineur ils doivent endosser la qualité de gardien, ce qui suppose : d’une part, que leur

22La responsabilité de plein droit est une responsabilité qui ne requiert pas la faute comme condition. Ainsi, la
personne responsable ne peut s'exonérer de sa responsabilité en prouvant son absence de faute. La responsabilité
de plein droit est également appelée responsabilité objective ou responsabilité sans faute.

Résumé 37
Dana H. ASSAF

enfant soit mineur, d’autre part, qu’ils exercent l’autorité parentale, enfin, qu’ils cohabitent
avec leur enfant.

a- La minorité de l’enfant
La mise en œuvre de la responsabilité parentale est subordonnée à la minorité de l’enfant, à
défaut de quoi la responsabilité des parents ne saurait être recherchée sur le fondement de
l’article 1242, al. 4.

La victime du dommage causé par une personne majeure pourrait éventuellement envisager
d’agir en réparation contre ses parents sur le fondement de l’article 1242, al. 1er du Code civil
(donc sur la base du principe de responsabilité générale du fait d’autrui).

Toutefois, comme l’a affirmé la Cour de cassation dans l’arrêt Blieck, cela suppose d’établir que
les parents exerçaient sur leur enfant majeur un pouvoir juridique (tutelle), de sorte qu’ils
assuraient l’organisation et le contrôle de son mode de vie (Cass. ass. plén., 29 mars 1991)

b- L’autorité parentale
La condition tenant à l’autorité parentale ne soulève pas de difficulté particulière. Elle est
conférée aux parents :

- Soit par l’effet de la loi - l’article 371-1 du Code civil dispose en ce sens
que « elle appartient aux parents jusqu’à la majorité ou l’émancipation de
l’enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour
assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect
dû à sa personne»
- Soit par décision de justice - l’article 373-2-1 prévoit par exemple que
« si l’intérêt de l’enfant le commande, le juge peut confier l’exercice de
l’autorité parentale à l’un des deux parents. »

c- La cohabitation
Aux termes de l’article 1242, al. 4 du Code civil « le père et la mère, en tant qu’ils exercent
l’autorité parentale, sont solidairement responsables du dommage causé par leurs enfants
mineurs habitant avec eux ».
Il résulte de cette disposition que la responsabilité ne saurait être mise en œuvre s’il n’est pas
établi que l’auteur du dommage cohabitait avec ses parents.

Que doit-on entendre par cohabitation ?


i. La notion de cohabitation:
L’exigence de cohabitation posée par l’article 1242, al. 4 est susceptible de conduire à
l’adoption de deux conceptions radicalement opposées :
- Une conception concrète (celle actuelle du droit libanais)
- Une conception abstraite

Résumé 38
Dana H. ASSAF

La Conception Concrète (Celle Actuelle Du Droit Libanais):


Selon cette conception, il est nécessaire que l’enfant habite effectivement avec ses parents au
moment du dommage. Il en résulte que dès lors qu’il ne séjournait pas chez eux, la
responsabilité de ses parents ne saurait être engagée Cette conception est héritée de l’époque
où l’on raisonnait encore en termes de présomption de faute des parents. On estimait, en effet,
que si l’enfant a commis un dommage, c’est parce qu’il a été mal éduqué ou surveillé. Si dès
lors, l’enfant n’habitait pas avec ses parents lors de la commission du fait dommageable, on ne
saurait leur reprocher aucune faute et donc engager la responsabilité

La Conception Abstraite:

Selon cette conception, il n’est pas nécessaire que l’enfant habite effectivement avec ses
parents au moment du dommage pour que la responsabilité de ces derniers soit susceptible
d’être engagée. Par conséquent il suffit que l’enfant ait sa résidence habituelle chez ses parents
pour que leur responsabilité puisse être recherchée, peu importe qu’il réside effectivement
avec eux. C’est donc la résidence de droit – abstraite – qui prime sur la résidence de fait –
concrète. Cette conception s’inscrit dans le droit fil du mouvement d’objectivation de la
responsabilité parentale, lequel est guidé par une volonté d’émancipation du fondement de la
faute. Or contrairement à la conception concrète de la cohabitation qui en est traduction, la
conception abstraite est conforme à l’objectif d’amélioration du sort des victimes.

ii. La position de la JP française:


La JP fr considère que dès lors que les parents exercent l’autorité parentale sur l’enfant
qui a causé un dommage, ils sont irréfragablement réputés cohabiter avec lui. Aussi, est-
ce une approche totalement abstraite de la cohabitation qui a été adoptée par la Cour
de cassation.

B- Dans le code des obligations et des contrats:


Cette responsabilité est dictée par l’article 126 alinéa 1 du Code des obligations : « Les parents
et le tuteur sont responsables du dommage causé par le fait illicite des enfants mineurs habitant
avec eux et soumis à leur puissance ».
La responsabilité de ces personnes est engagée à moins qu’elles ne prouvent qu’elles n’ont pu
empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité ; elle subsiste encore que l’auteur de
l’acte soit irresponsable par défaut de discernement”.

La responsabilité des parents est une charge de la puissance paternelle, plus précisément des
droits de garde et d’éducation, auxquels elle est liée indissolublement. A son tour, cette
responsabilité s’éloigne de la responsabilité du fait d’autrui et se rapproche davantage de la
responsabilité fondée sur la faute dans la surveillance ou la négligence puisque :

Résumé 39
Dana H. ASSAF

✓ La responsabilité joue quand bien l’auteur du dommage échappera à toute


responsabilité par défaut de discernement,
✓ Ces personnes peuvent écarter leur responsabilité en prouvant qu’elles n’ont pu
empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité.
✓ Cet empêchement pouvant procéder d’un cas de force majeure ou d’une faute de la
victime elle-même.

La responsabilité des parents et tuteur ne peut être cumulative. Suivant le cas, il s’agira de la
responsabilité des uns ou de l’autre mais jamais les deux en même temps. Cela se justifie par la
condition posée par l’article 126 relative à la soumission de l’enfant à leur puissance. La
soumission à la puissance de l’un exclut en principe la soumission à la puissance de l’autre. De
même, l’article 126 COC retient la responsabilité des parents et tuteur abstraction faite de la
condition de discernement de l’enfant. Cela est exact dans la mesure où une telle responsabilité
est fondée non sur la faute de l’enfant mais sur celle personnelle des parents et tuteur pour
leur négligence ou manque de surveillance.

Cette responsabilité cesse : une fois que l’enfant a atteint l’âge de majorité puisque à cet âge il
devient pleinement capable et responsable. Également, elle cessera si le majeur est dément
dans la mesure où le texte ne rend pas le tuteur responsable du fait du majeur dément.

Enfin, l’enfant doit habiter avec les parents ou le tuteur et être soumis à leur puissance.
Toutefois, les parents demeurent responsables des dommages causés par leurs enfants lorsque
la non cohabitation n'a pas de motif légitime. A ce propos, on apportera les deux observations
suivantes : ce n’est pas le fait matériel de l’habitation qui est décisif : les parents ou tuteur
répondront toujours des actes d’un enfant qu’ils auraient chassé du domicile familial ou qui
s’en serait enfui. Ce qu’il faut supposer dans ce texte, c’est une délégation plus ou moins
complète de la puissance paternelle. La responsabilité est alors déplacée, elle existe désormais
à la charge de la personne au profit de laquelle le déplacement a eu lieu. En principe, c’est le
père qui est responsable ; la mère n’endosse la responsabilité de droit que dans les cas où elle
est régulièrement investie des droits de garde et d’éducation.

La responsabilité des parents sur le fondement de l'article 126 COC, ne doit pas être confondue
avec celle de l'article 122 COC: Dans le premier cas, le père ou la mère répond du fait de son
enfant pour négligence ou manque de surveillance; leur passivité est fautive. Dans le deuxième
cas, le père ou la mère répond de son propre comportement fautif : leur activité est
sanctionnée.

Dans leur rapport avec leurs enfants, les parents peuvent être responsables du fait de ces
derniers, mais également de leur propre fait.
Par exemple, une mère qui permet à son fils mineur de conduire la voiture accidentée, il y a:
a. Une responsabilité du fait de la chose, du fait de l'enfant
b. Une responsabilité personnelle de la mère qui, en remettant la voiture à son fils
mineur a commis une faute au sens de l'article 122 COC.

Résumé 40
Dana H. ASSAF

III- LA RESPONSABILITÉ DES MAÎTRES ET DES


COMMENTANTs
A- Dans Le Code Civil:
La responsabilité des commettants du fait de leurs préposés constitue un cas particulier de
responsabilité du fait d’autrui. Aux termes de l’article 1242, al. 5 « Les maîtres et les
commettants, sont R du dommage causé par leurs domestiques et préposés dans les fonctions
auxquelles ils les ont employés »
À titre de remarque liminaire, il peut être observé que la responsabilité des commettants du
fait de leurs préposés partage deux points communs avec la responsabilité parentale :
Ces deux cas particuliers de responsabilité du fait d’autrui sont des responsabilités de plein
droit en ce sens que le gardien ne peut pas s’exonérer de sa responsabilité en rapportant la
preuve qu’il n’a commis aucune faute. Tant la responsabilité des commettants du fait de leurs
préposés que la responsabilité parentale reposent sur l’idée que le gardien exerce un pouvoir
de direction et de contrôle sur son préposé. Aussi, cela justifie-t-il qu’ils engagent leurs
responsabilités respectives toutes les fois que celui sur qui ils exercent leur autorité cause un
dommage à autrui.
Certains auteurs fondent néanmoins la responsabilité des commettants du fait de leurs
préposés sur la théorie du risque estimant que le commettant doit garantir les tiers des
dommages occasionnés dans le cadre de l’exercice de son activité. La responsabilité du
commettant devrait, dans ces conditions, être regardée comme la contrepartie des pouvoirs
que la loi lui confère sur les personnes qui travaillent dans son intérêt.
Si de prime abord, une lecture rapide de l’article 1242 al. 5 laisse à penser que le seul fait
dommageable imputable au préposé suffit à engager la responsabilité du commettant, telle
n’est pourtant pas l’interprétation retenue par la jurisprudence de ce texte.
La Cour de cassation a, en effet, appréhendé, dans un premier temps, la responsabilité du
commettant du fait de son préposé comme une simple garantie de solvabilité au profit de la
victime.
Dans cette perspective, la haute juridiction a longtemps estimé que la victime disposait de deux
débiteurs contre lesquels elle pouvait agir :
- Le préposé: le débiteur principal de l’obligation de réparation
- Le commettant: le débiteur subsidiaire de l’obligation de réparation
Aussi, tout le contentieux qui a nourri le débat relatif à la responsabilité du commettant du fait
de son préposé s’est concentré sur la question de l’articulation entre la responsabilité de l’un,
le commettant, et la responsabilité de l’autre, le préposé.

Résumé 41
Dana H. ASSAF

La question qui immédiatement se pose est alors de savoir quelles sont les conditions de mise
en œuvre de ce cas de responsabilité ?
La mise en œuvre de la responsabilité des commettants du fait de leurs préposés suppose la
réunion de deux conditions cumulatives :
- La première condition tient aux liens personnels qui existent entre le commettant et le
préposé;
- La seconde condition tient aux actes commis par le préposé susceptible d’engager la
responsabilité de son commettant

1- L’exigence d’un lien de preposition entre le commettant et le préposé:


La mise en œuvre de la responsabilité fondée sur l’article 1242, al. 5 du Code civil suppose que
soit établi un rapport de préposition entre le commettant et le préposé.
Le Code civil ne fournit aucune définition du lien de préposition. La jurisprudence considère
néanmoins qu’il est caractérisé toutes les fois qu’une personne exerce un pouvoir de direction
et de contrôle sur l’activité d’autrui, lequel se retrouve alors placé dans une situation de
subordination. Parsuite, le rapport de préposition ne naît pas nécessairement d’un rapport
contractuel, de sorte qu’il peut parfaitement avoir pour origine une situation de fait. Ainsi, deux
sortes de liens de préposition existent :
➢ Le lien de préposition de droit
➢ Le lien de préposition de fait

- L’existence d’un lien de préposition de droit


Le contrat de travail – une présomption irréfragable de subordination
L’existence du lien de préposition entre le commettant et le préposé aura le plus souvent pour
origine la conclusion d’un contrat de travail. La Cour de cassation considère, en effet, qu’il est
indifférent que le salarié jouisse d’une certaine indépendance, voire autonomie, dans le cadre
de l’exercice de sa fonction.

Le contrat d’entreprise – une présomption simple d’absence de lien de subordination


Bien que dans le cadre d’un contrat d’entreprise le maître d’ouvrage soit investi du pouvoir de
donner des ordres au maître d’œuvre en tant que créancier d’une prestation de service, la Cour
de cassation estime que cette position ne fait pas présumer pour autant l’existence d’un lien de
subordination entre les deux parties au contrat. Toutefois, la cour de cassation considère que
l’existence d’un contrat d’entreprise ne fait pas obstacle à l’existence d’un rapport de
préposition, de sorte qu’il est admis que la victime rapporte la preuve d’un lien effectif de
subordination entre le maître d’œuvre et le maître d’ouvrage en vue de rechercher la
responsabilité de ce dernier sur le fondement de l’article 1242, al. 5 du Code civil.

Le contrat de mandat – une présomption simple d’absence de lien de subordination

Résumé 42
Dana H. ASSAF

Comme pour le contrat d’entreprise, la conclusion d’un contrat de mandat ne fait pas présumer
l’existence d’un lien de subordination entre le mandant et le mandataire.
Aussi, appartiendra-t-il à la victime de prouver que les circonstances dans lesquelles le contrat
de mandat a été exécuté sont constitutives d’un rapport de préposition.

- L’existence d’un lien de préposition de fait


La jurisprudence a très tôt admis que l’existence d’un lien de préposition puisse ne pas naître
d’un rapport juridique entre le commettant et le préposé.
L’existence d’un rapport de préposition de fait peut résulter de plusieurs situations :
✓ Une relation de bénévolat : Cette situation renvoie à l’hypothèse où un bénévole se
met à la disposition d’une association ou d’un ami afin d’accomplir une tâche
déterminée ( 2e civ., 27 nov. 1991). La preuve de l’existence d’un lien de subordination
devra néanmoins être rapportée par la victime
✓ Une relation familiale : La jurisprudence a admis qu’un rapport de préposition puisse
exister entre membres d’une même famille ( 1re civ., 17 juill. 1979). Là encore, il
appartiendra à la victime d’établir le rapport de subordination.

2- L’exigence d’un fait dommageable fautif imputable au préposé


La question qui se pose est de savoir s’il est nécessaire que le fait dommageable imputable au
préposé présente les caractères d’une faute pour que la responsabilité du commettant puisse
être engagée ?
Pour mémoire, l’article 1242, al. 5 du Code civil prévoit seulement que « les maîtres et les
commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés dans les fonctions
auxquelles ils les ont employés ».Aussi, pourrait-on être tenté d’en déduire que le simple fait
causal suffit à engager la responsabilité du commettant. La Cour de cassation n’est pas
favorable à cette interprétation. Très tôt, elle a fait de l’établissement de la faute du préposé
une condition de mise en œuvre de la responsabilité du commettant.

3- Le rattachement de l’acte fautif aux fonctions du préposé


Conformément à l’article 1242, al. 5 du Code civil, le commettant n’est responsable du fait de
son préposé que lorsque celui-ci a agi dans le cadre de ses fonctions. Cette solution se justifie
par le fait que, contrairement aux parents, le commettant n’exerce pas son autorité de façon
continue sur le préposé. Pour que la responsabilité du commettant puisse être recherchée,
encore faut-il, par conséquent, que le préposé se soit effectivement trouvé, au moment du
dommage, sous son autorité pour l’accomplissement de tâches qui lui avaient été confiées.
Aussi, la question s’est-elle posée en jurisprudence de savoir dans quelles circonstances l’acte
fautif est-il susceptible d’être rattaché aux fonctions du préposé ?
Initialement, la jurisprudence considérait que, dès lors, qu’il était établi que le dommage avait
été causé par le préposé dans le cadre de sa mission, la responsabilité du commettant était

Résumé 43
Dana H. ASSAF

susceptible d’être recherchée.La Cour de cassation estimait néanmoins que la victime pouvait
agir :
o Soit contre le préposé, sur le fondement des articles 1240 et 1241
o Soit contre le commettant sur le fondement de l’article 1242, al. 5
La victime devait toutefois démontrer :
➢ D’une part, que le préposé avait commis une faute
➢ D’autre part, que cette faute était rattachable aux fonctions du préposé
Cette solution a été jugée sévère par la doctrine car permettre à la victime d’engager la
responsabilité du préposé était profondément injuste, dans la mesure où cela revenait à « lui
faire supporter les conséquences d’éventuels défauts d’organisation de l’entreprise qui ne lui
sont pourtant pas imputables ».
Sensible à cette critique, la jurisprudence est revenue sur sa position traditionnelle dans le
célèbre arrêt Costedoat. Ainsi, la responsabilité personnelle du préposé est écartée lorsqu’il a
agi « sans excéder les limites de sa mission ». Cela signifie donc que même si le fait
dommageable imputable au préposé serait constitutif d’une faute, au sens des articles 1240 et
1241 du Code civil, dès lors qu’il agit dans les limites de sa mission, sa responsabilité
personnelle ne saurait être recherchée.
À la suite de l’arrêt Costedoat, deux questions se sont posées au sujet de la solution adoptée
par la Cour de cassation. En effet, dans la mesure où le préposé n’engage
plus sa responsabilité personnelle lorsqu’il agit dans la limite de sa mission :
1) Est-il toujours besoin pour la victime d’établir une faute à l’encontre de ce dernier pour
engager la responsabilité du commettant ?
2) Quelles sont les limites à l’irresponsabilité de principe dont jouit le préposé ?

Sur la première question – S’agissant de l’exigence d’un fait dommageable fautif


imputable au préposé:
La Cour de cassation n’a nullement entendu abandonner dans l’arrêt Costedoat l’exigence de
faute du préposé. Elle considère, simplement, que lorsque ce dernier a agi dans les limites de sa
mission, il jouit d’une immunité, d’où l’impossibilité de rechercher sa
responsabilité personnelle. Pour que la responsabilité du commettant puisse être recherchée,
les juges du fond devront néanmoins toujours caractériser la faute du préposé, à défaut de quoi
ils encourent la censure. La solution antérieure demeurait ainsi, sur le fond,
inchangée, la seule différence résidant dans la perte, pour la victime, d’un débiteur : le préposé.

Sur la seconde question – s’agissant des limites à l’irresponsabilité de principe dont jouit
le préposé. Afin de déterminer les limites à l’immunité dont jouit le préposé lorsqu’il agit dans
les limites de sa mission, l’examen de la jurisprudence nous révèle que trois situations doivent
être distinguées :
• Le préposé a agi en dehors de ses fonctions
• Le préposé a excédé les limites de sa mission

Résumé 44
Dana H. ASSAF

• Le préposé a commis une faute pénale ou civile intentionnelle

i. Le préposé a agi en dehors de ses fonctions


Conformément à la lettre de l’article 1242, al. 5 du Code civil, la Cour de cassation estime que
dès lors que le préposé a agi en dehors de ses fonctions, la responsabilité du commettant ne
saurait être engagée. Trois conditions cumulatives doivent être réunies pour
caractériser l’abus de fonction, à savoir que le préposé doit avoir agi :
- Sans autorisation du commettant : Il est nécessaire que le préposé ait agi à l’insu du
commettant, sans que celui-ci lui ait donné une autorisation quelconque.
- À des fins personnelles étrangères à ses attributions : Cela signifie qu’il doit avoir
poursuivi un intérêt strictement personnel, sans lien avec l’exercice de sa fonction
- Hors de ses fonctions : C’est sur ce troisième critère de l’abus de fonction que se sont
concentrées toutes les difficultés d’interprétation.
Que doit-on entendre par la formule « hors de ses fonctions » ?
La doctrine a dégagé plusieurs critères de rattachement du dommage causé par le
préposé dans le cadre de sa fonction. Ces critères sont :
o Le temps de travail
o Le lieu de travail
o Les moyens mis à disposition par le commettant pour la réalisation de la mission
du préposé
o La volonté du préposé d’agir pour le compte du commettant

ii. Le préposé a excédé les limites de sa mission


➢ Lorsque le préposé a excédé les limites de sa mission et a agi en dehors de ses
fonctions:
Il engage seul sa responsabilité, de sorte que le commettant est exonéré de sa
responsabilité. Dans cette hypothèse, la victime ne dispose donc que d’un débiteur, le
préposé
➢ Lorsque le préposé a excédé les limites de sa mission mais a agi dans le cadre de ses
fonctions:
Il engage sa responsabilité personnelle, sans pour autant que le commettant soit
exonéré de sa responsabilité. Dans cette hypothèse, la victime dispose donc de deux
débiteurs : Le préposé & Le commettant

iii. Le préposé a commis une faute pénale ou civile intentionnelle


Qu’adviendrait-il lorsque le fait dommageable fautif commis par le préposé, lequel n’aurait pas
outrepassé les limites de sa mission, serait constitutif d’une infraction pénale ?
L’assemblée plénière de la Cour de cassation répond à cette question dans un arrêt
Cousin du 14 décembre 2001 ( ass. plén., 14 déc. 2001) en considérant que dès lors que le
préposé a commis une faute pénale intentionnelle, il engage sa responsabilité personnelle, peu

Résumé 45
Dana H. ASSAF

importe qu’il ait excédé ou non les limites de sa mission. Cela signifie, en d’autres termes, que
le préposé est irréfragablement présumé avoir excédé les limites de sa
mission dès lors qu’il commet une infraction pénale intentionnelle. La victime disposera alors
de deux débiteurs :
- Le préposé
- Le commettant, sachant que le commettant sera néanmoins fondé à se retourner
contre son préposé, à supposer que la faute pénale n’ait pas été commanditée par ce
dernier.

Si l’on résume, plusieurs hypothèses doivent être distinguées pour déterminer contre qui la
victime est fondée à agir :
- Le commettant sera seul responsable si le préposé n’a pas commis d’abus de fonctions
et n’a pas excédé les limites de sa mission ;
- Le préposé sera seul responsable s’il a commis un abus de fonctions;
- Le commettant et le préposé seront responsables in solidum si le préposé a excédé les
limites de sa mission [dont la faute intentionnelle] sans commettre d’abus de fonctions.

Il est en réalité aisé d’excéder les limites de la mission sans commettre un abus de fonctions.
La première notion est effectivement appréciée très largement par la Cour de cassation (toute
faute intentionnelle, pénale comme civile, suffit à faire tomber l’immunité du préposé dès lors
qu’elle est intentionnelle) alors que la seconde est appréciée très restrictivement (puisque les
trois conditions qui permettent de caractériser l’abus de
fonctions sont cumulatives). Ainsi, un professeur de musique qui viole ses élèves sur son lieu de
travail et pendant son temps de travail excédera les limites de sa mission (infraction pénale
intentionnelle) sans commettre d’abus de fonctions (il n’a pas agi en dehors de ses fonctions
puisqu’il a trouvé dans l’exercice de ses fonctions « les moyens de sa faute et l’occasion de la
commettre »). Ou encore un homme est victime de violences alors qu’il se fait expulser d’une
discothèque par trois « videurs » employés par la société propriétaire de l’établissement. Le
commettant et le préposé sont donc tous deux responsables.

iv. La contribution à la dette finale


Dans l’hypothèse où le commettant est responsable, le préposé le sera également
nécessairement. Rappelons en effet que le préposé ne bénéficie pas d’une irresponsabilité
civile mais bénéficie en réalité simplement d’une immunité qui paralyse l’action de la victime
sans supprimer sa responsabilité pour autant.
Dès lors, la question du recours en contribution va se poser : le commettant qui a indemnisé la
victime pourra-t-il se retourner contre son préposé?, le préposé qui a indemnisé la victime
pourra-t-il se retourner contre son commettant ?
Rappelons à cet égard les principes classiques en matière de contribution à la dette :

Résumé 46
Dana H. ASSAF

- Répartition de la charge finale de la dette par parts viriles [division d'une somme
d'argent, d'un compte ou de tout autre actif, par le nombre de bénéficiaires, titulaires
ou copartageants] si aucun responsable n’est fautif ;
- Répartition en fonction de la gravité des fautes respectives (et non des liens de
causalité) en présence d’une pluralité de responsables fautifs ;
- Lorsqu’il y a des responsables fautifs et des responsables non fautifs, les responsables
fautifs supportent seuls la charge finale de la dette.
Ce n’est pas parce que la responsabilité du commettant sur le fondement de l’article 1384,
alinéa 5, du Code civil est une responsabilité objective que ce dernier ne sera jamais fautif.
La question de la faute du commettant doit être abordée au stade de la contribution à la dette.
Ainsi un commettant qui ordonnerait à son préposé de commettre une infraction pénale serait-
il considéré comme fautif. Si la victime n’aura pas à établir cette faute au
stade de l’obligation à la dette, elle devra être prise en compte au stade de la contribution à la
dette pour aboutir à un partage de la charge finale de la dette entre le préposé et le
commettant à proportion de la gravité de leurs fautes respectives.
Il existe toutefois des particularités propres à l’article 1384/1242, alinéa 5, du Code
civil qui viennent s’ajouter aux principes de droit commun que l’on vient d’énoncer :
- Lorsque le préposé bénéficie d’une immunité civile, le commettant ne peut exercer un
recours subrogatoire contre lui puisque la victime (le subrogeant) ne peut transférer au
commettant (le subrogé) plus de droits qu’elle n’en avait elle-même ;
- A défaut d’action récursoire, le commettant peut toujours exercer une action
personnelle contre son préposé s’il en a une. Il faudra alors trouver un fondement à
cette action.
- Dans la majorité des cas, le lien de préposition découle de l’existence d’un contrat de
travail entre le commettant et le préposé, l’action personnelle sera alors une action en
responsabilité contractuelle fondée sur le contrat de travail. Il faut rappeler à cet égard
que l’employeur ne peut assigner son préposé en responsabilité civile que si ce dernier a
commis une faute lourde.
- Enfin, si c’est l’assureur du commettant qui a indemnisé la victime, le Code des
assurances interdit à l’assureur de se retourner contre le préposé sauf cas de
malveillance (art. L121-12, al. 3, du Code des assurances), ce qui n’empêche pas
l’assureur du commettant de se retourner contre l’assureur éventuel du préposé.

B- Dans Le Code Des Obligations Et Des Contrats (COC):


L’article 127 du Code des obligations énonce : « Les maîtres et les commettants sont
responsables du dommage causé par le fait illicite de leurs domestiques et préposés dans les
fonctions ou à l’occasion des fonctions auxquelles ils les ont employés, et quand bien même ils
ne les auraient pas librement choisis, pourvu qu’ils soient investis sur eux d’un pouvoir effectif de

Résumé 47
Dana H. ASSAF

contrôle et de direction. Cette responsabilité incombe aux personnes morales comme aux
personnes humaines ».
Cette responsabilité est une véritable responsabilité du fait d’autrui, l’art. 127 COC exige de la
part des responsables:
- Un pouvoir effectif de contrôle et de direction,
- Elle écarte expressément la notion du libre choix des domestiques ou préposés par les
maîtres ou commettants
- Elle ne donne pas à ces derniers la possibilité de s’exonérer de leur responsabilité en
prouvant qu’ils n’ont pas commis personnellement de faute.
- Cette obligation n’a lieu que pour autant que les domestiques et proposés ont eux-
mêmes engagé leur responsabilité par leur fait illicite dans les termes du droit commun,
l’employeur étant tenu des dommages causés par ses salariés du fait qu’il tire profit de
leur activité.

1- Conditions
Trois conditions sont posées par le texte comme en droit français :
❖ L’existence de relations de commettant à préposé;
❖ Un acte dommageable commis par le préposé ;
❖ Un lien entre cet acte dommageable et ses fonctions.

2- Effets
Traditionnellement, la victime a le choix d’agir soit contre le préposé seul, soit contre le
commettant seul, soit contre les deux sur la base de la solidarité passive.
Le commettant qui avait indemnisé la victime peut en théorie exercer une action récursoire
contre son préposé, notamment sur le fondement de la responsabilité du fait personnel (art.
122 COC).23

23 :‫ موجبات و عقود‬١٢٦ ‫المادة‬


‫االصول واالوصياء مسؤولون عن كل عمل غير مباح يأتيه االوالد القاصرون المقيمون معهم الخاضعون لسلطانهم والمعلمون وارباب‬
‫الصناعات مسؤولون عن الضرر الناجم عن االعمال غير المباحة التي يأتيها الطلبة او المتدرجون الصناعيون في اثناء وجودهم تحت‬
‫ على ان الحكومة هي التي تتحمل التبعة بدال من اعضاء هيئة التعليم الرسمي والتبعة تلحق باالشخاص المشار اليهم ما لم‬,‫مراقبتهم‬
.‫ وتبقي التبعة قائمة وإن كان فاعل الضرر غير مسؤول لعدم ادرا كه‬.‫يثبتوا انه لم يكن في وسعهم منع الفعل الذي نشأت عنه‬
:‫ موجبات و عقود‬١٢٧ ‫المادة‬
‫ او بسبب العمل الذي استخدماهما‬,‫ان السيد والولي مسؤوالن عن ضرر االعمال غير المباحة التي يأتيها الخادم او المولى في اثناء العمل‬
‫ بشرط ان يكون لهما سلطة فعلية عليهما في المراقبة واالدارة وتلك التبعة تلحق االشخاص‬,‫فيه وان كانا غير حرين في اختيارهما‬
.‫المعنويين كما تلحق االشخاص الحقيقين‬

Résumé 48
Dana H. ASSAF

MÉTHODOLOGIE DU CAS PRATIQUE


TRAVAIL PRÉPARATOIRE
À selecter:
- Nom
- Lieu
- Date
- Procédure judiciaire s’il existe
Cas pratique – consultation juridique
Le Thème
C’est le point juridique dont il faut en parler (Exemple: nullité pour dol)
1- Les faits pertinents
Ils doivent citer par ordrer chronologique. Il est possible de reformuler la phrase ou la
selecter tel qu’elle.
2- La problématique (?)
Elle doit en principe, être écrite en termes juridiques, en se basant sur les demandes et
les contre-demandes (est-ce que le contrat est nul pour vice de dol?/ quelle est
l’etendue de la nullité du contrat pour vice de dol?)
3- Les éléments théoriques de solution
Trois points doivent figurer dans cette partie:
- Loi
- Solution Jurisprudentielle, et au cas où il existe deux courants de pensées il est
indispensable de les citer tous deux et d’en adopter un
- Principe Doctrinal
4- La confrontation (attendue que)
Elle est effectuée sous forme de syllogisme: faits + lois, d’une façon symétrique
5- La solution (Donc...)
(le contrat est nul ou pas)

Cas pratique – DECISION DE JUSTICE


1- Attendue qu’il resulte des données de l’affaire... Attendue que X a intenté une action
contre Y en demandant...
2- Attendue que le problème de droit est de savoir si...
3- Attendue que selon l’art. () du code ou selon les principes généraux qui gouvernent la
matière ou qui sont déduits des differentes règles relatives à la question examinée
4- Attendue qu’il ressort de l’application du texte et de la règle dégagée aux données de
l’affaire...
5- Attendue que par ces motifs, la demande est fondée ou elle n’est pas fondée.

Résumé 49

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