Recommandations AFA PDF
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II. Déclinaison des dispositions générales aux entreprises assujetties à l’article 17 de la loi .... 13
II.1) Premier pilier : l’engagement de l’instance dirigeante ...................................................... 13
1. Définition de l’instance dirigeante ...................................................................................... 13
2. Responsabilité de l’instance dirigeante .............................................................................. 14
3. Moyens dédiés ....................................................................................................................... 15
II.2) Deuxième pilier : la cartographie des risques ................................................................... 18
1. Objectifs de la cartographie des risques ............................................................................ 18
2. Caractéristiques de la cartographie des risques................................................................ 19
3. Les différentes étapes de mise en place d’une cartographie des risques......................... 19
II.3) Troisième pilier : la gestion des risques ............................................................................. 24
A- Prévention des risques ............................................................................................................ 24
1. Code de conduite .................................................................................................................. 24
2. Sensibilisation et formation ................................................................................................. 26
3. Évaluation de l’intégrité des tiers .................................................................................... 28
B- Détection .................................................................................................................................. 34
1. Dispositif d’alerte interne.............................................................................................. 34
2. Le contrôle interne ......................................................................................................... 38
C - Contrôle et évaluation du dispositif anticorruption ........................................................... 42
1. Objectifs et modalités........................................................................................................... 42
2. Typologie de contrôles à déployer ...................................................................................... 42
III. Déclinaison des dispositions générales aux acteurs publics assujettis au 3° de l’article 3 de
la loi ................................................................................................................................................... 48
III.1) Premier pilier : l’engagement de l’instance dirigeante................................................... 48
1. Définition de l’instance dirigeante ...................................................................................... 49
2. Responsabilité de l’instance dirigeante .............................................................................. 49
3. Moyens dédiés ....................................................................................................................... 50
4. Une politique de communication interne et externe adaptée ........................................... 51
III.2) Deuxième pilier : la cartographie des risques d’atteintes à la probité .......................... 52
1. Objectifs de la cartographie des risques d’atteintes à la probité ..................................... 52
2. Caractéristiques de la cartographie des risques d’atteintes à la probité ........................ 52
3. Les différentes étapes de mise en place d’une cartographie des risques d’atteintes à la
probité ....................................................................................................................................... 53
III.3) Troisième pilier : la gestion des risques d’atteintes à la probité .................................... 58
A- Prévention des risques ............................................................................................................ 58
1. Règles en matière de déontologie/éthique et code de conduite......................................... 58
2. Formation et sensibilisation ................................................................................................ 60
3. L’évaluation de l’intégrité des tiers ................................................................................. 63
B- Détection .................................................................................................................................. 68
1. Dispositif d’alerte interne.............................................................................................. 68
2. Le contrôle interne des risques d’atteintes à la probité ............................................. 72
C - Contrôle et évaluation interne du dispositif anticorruption .............................................. 77
1. Objectifs et modalités .................................................................................................... 77
2. Typologie de contrôles à déployer ...................................................................................... 77
3. Gestion des insuffisances constatées et suivi des recommandations................................ 79
D-Remédiation .............................................................................................................................. 80
1. Gestion et suivi des insuffisances constatées ............................................................... 80
2. Régime disciplinaire ............................................................................................................. 80
I.1) Objet
1. Aux termes du premier alinéa du 2° de l’article 3 de la loi n° 2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à la
transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, dite loi Sapin II,
dénommée, sauf indication contraire, « la loi » dans la suite de ces recommandations, l’Agence française
anticorruption (AFA) « élabore des recommandations destinées à aider les personnes morales de droit public
et de droit privé à prévenir et à détecter les faits de corruption, de trafic d’influence, de concussion, de prise
illégale d’intérêt, de détournement de fonds publics et de favoritisme ».
2. L’ensemble de ces faits, délictuels, sont définis au titre III du livre IV du code pénal, à la section 3 du
Chapitre II (« manquements au devoir de probité »), ainsi qu’à la section 1 du chapitre V (« corruption des
personnes n’exerçant pas une fonction publique ») du titre IV. Pour la simplification des présentes
recommandations et sauf indication contraire, l’ensemble de ces infractions seront indistinctement
qualifiées d’« atteinte à la probité ».
3. Les présentes recommandations interprètent les dispositions de la loi relatives aux dispositifs de
prévention et de détection de ces faits. Elles visent à mettre à jour et à enrichir les recommandations déjà
émises sur ce sujet en décembre 2017, en tirant les enseignements de trois années d’exercice des missions
de l’AFA.
4. La loi, ses décrets d’application, les présentes recommandations et les guides publiés sur le site internet
de l’AFA constituent le référentiel anticorruption français. Ce dernier participe de la mise en œuvre des
engagements internationaux de la France en matière de lutte contre la corruption.
5. Les présentes recommandations, qui entrent en vigueur le lendemain de leur publication, annulent et
remplacent celles parues au Journal officiel de la République française le 22 décembre 2017.
17. L’instance dirigeante s’entend des personnes placées à la tête de l’organisation et chargées de la gérer,
en application de ses statuts et des normes en vigueur. Elle initie la démarche de mise en œuvre du
dispositif anticorruption, valide sa conception et en assure le déploiement ainsi que le contrôle.
18. Lorsque l’instance dirigeante exerce ses fonctions sous le contrôle ou la surveillance d’un organe non
exécutif, ce dernier veille à ce que les risques d’atteintes à la probité soient convenablement
appréhendés par la mise en place d’un dispositif anticorruption adapté et efficace.
19. L’engagement de l’instance dirigeante en faveur d’un exercice des missions, compétences ou activités de
l’organisation exempt d’atteintes la probité constitue un élément fondateur de tout dispositif
anticorruption.
20. Cet engagement se manifeste non seulement par la volonté de l’instance dirigeante de prévenir et
détecter toute atteinte à la probité au sein de son organisation, mais aussi par la mobilisation de moyens
adaptés.
21. L’instance dirigeante déploie, selon des modalités adaptées et proportionnées au profil de risque de
l’organisation qu’elle dirige, les moyens pour définir, mettre en œuvre et contrôler les mesures et
procédures qui composent le dispositif anticorruption.
22. Elle est personnellement responsable de la conception, du déploiement et du contrôle du dispositif,
même lorsqu’elle en confie la mise en œuvre à un collaborateur. Dans cette hypothèse, ce collaborateur
doit être en mesure de lui rendre compte directement.
23. Elle s'assure que ce collaborateur, ainsi que les personnels qui l’assistent dans l’accomplissement de ses
missions, disposent des connaissances nécessaires en raison de leur expérience ou de leur formation
ainsi que d’un positionnement adéquat pour exercer leur mission et accéder aux informations
nécessaires à l'exercice de leurs fonctions.
24. Elle s’assure également du bon fonctionnement du dispositif en place à travers l’examen des résultats des
contrôles des différentes mesures et procédures du dispositif qui lui sont adressés.
25. L’instance dirigeante participe personnellement à la mise en œuvre opérationnelle de certaines mesures
et procédures composant le dispositif anticorruption, à l’occasion, par exemple, de la validation de la
cartographie des risques d’atteintes à la probité, de la prise de décision à l’issue de l’évaluation de
certains tiers ou lorsqu’il s’agit de déterminer les sanctions à prononcer en cas de violation du code de
conduite ou de faits susceptibles d’être qualifiés d’atteintes à la probité.
26. L’instance dirigeante communique sur son dispositif anticorruption en interne ainsi qu’en direction des
tiers avec qui elle envisage d’entrer ou de demeurer en relation. Elle rappelle avec fermeté son
engagement sans faille en faveur de l’éthique et de l’intégrité.
27. L’instance dirigeante s’assure que des sanctions adaptées et proportionnées sont prises en cas de
violation avérée du code de conduite ou en présence de faits susceptibles d’être qualifiés d’atteintes à
la probité.
28. La cartographie des risques d’atteintes à la probité constitue la pierre angulaire du dispositif
anticorruption, car c’est sur son fondement que sont définies les autres mesures de prévention et de
détection. Elle repose sur l’identification, l’évaluation et la hiérarchisation des risques d’atteintes à la
probité propres à chaque organisation.
29. Elle participe d’une approche par les risques qui nécessite, d’une part, de comprendre et d’évaluer les
risques d’atteintes à la probité auxquels l’organisation est exposée et, d’autre part, de prendre des
mesures et procédures adaptées et proportionnées afin de les maîtriser efficacement.
30. La cartographie des risques prend la forme d'une documentation régulièrement actualisée, destinée à
permettre à l’organisation de connaître les risques d’atteintes à la probité auxquels elle est exposée.
31. Issue d’une analyse fine des processus de l’organisation, la cartographie est établie sur le fondement
d’une méthode offrant l’assurance raisonnable que les risques identifiés sont le fidèle reflet de ceux
auxquels l’organisation est réellement exposée ; ces risques sont évalués à leur juste niveau,
correctement hiérarchisés et couverts par des plans d’actions de nature à en assurer la maîtrise.
32. Cette cartographie est validée par l’instance dirigeante après, le cas échéant, avoir été présentée à
l’organe non exécutif. Cette validation doit intervenir avant qu’elle ne soit mise en œuvre et lors de
chacune de ses mises à jour.
33. La cartographie des risques peut être insérée dans une cartographie couvrant un spectre plus large de
risques, qui respecte elle-même les dispositions énoncées aux paragraphes 28 à 32.
1
Sous réserve du respect des dispositions encadrant le processus considéré pour les acteurs publics.
Le dispositif de contrôle
61. L’organisation met en place un dispositif de contrôle et d’audit interne adapté et proportionné aux risques
d’atteintes à la probité auxquels elle est exposée.
62. Ce dispositif répond à plusieurs objectifs :
- prévenir et détecter, le cas échéant, des atteintes à la probité ;
- contrôler la mise en œuvre effective, conforme et efficace des mesures et procédures de prévention
et de détection des atteintes à la probité et définir des recommandations ou mesures correctives
adaptées, en vue de leur amélioration.
63. Le dispositif de contrôle peut comprendre idéalement jusqu’à trois niveaux réalisés de façon autonome.
64. Le premier niveau de contrôle vise à s’assurer, au travers de contrôles préventifs réalisés avant que la
décision ou l’opération ne soient mises en œuvre, que les tâches inhérentes à un processus opérationnel
ou support ont été effectuées conformément aux procédures édictées par l’organisation. Les contrôles
de premier niveau sont opérés par les équipes opérationnelles ou supports ou par la hiérarchie.
65. Les contrôles de deuxième niveau visent à s’assurer, au travers de contrôles détectifs conduits sur tout
ou partie des décisions prises ou des opérations réalisées, selon une fréquence prédéfinie ou de façon
aléatoire, de la bonne exécution des contrôles de premier niveau et du bon fonctionnement du dispositif
anticorruption dans son ensemble.
66. Les contrôles de troisième niveau (ou « audits internes ») sont périodiques et visent à s’assurer que le
dispositif de contrôle est conforme aux exigences de l’organisation, efficacement mis en œuvre et tenu
à jour. Les personnes en charge des contrôles de troisième niveau sont indépendantes. Elles sont
missionnées par l’instance dirigeante et lui rendent compte directement.
67. Les résultats des contrôles de deuxième et troisième niveaux et la mise en œuvre des mesures correctives
sont régulièrement transmis à l’instance dirigeante.
92. L’article 17 de la loi impose à l’instance dirigeante « (…) de prendre les mesures destinées à prévenir et
détecter la commission, en France ou à l’étranger, de faits de corruption ou de trafic d’influence selon les
modalités prévues au II ». À défaut, sa responsabilité peut être engagée devant la commission des
sanctions de l’AFA. Il est donc dans son intérêt de veiller à la mise en œuvre d’un dispositif anticorruption
adapté sur l’ensemble du périmètre d’intervention de l’entreprise.
les présidents, les directeurs généraux et les gérants de sociétés ayant leur siège social en
France, employant au moins cinq cents salariés et dont le chiffre d'affaires est supérieur à
100 millions d'euros ;
Les recommandations de l’AFA 13
les présidents, des directeurs généraux et des gérants de sociétés appartenant à un groupe
de sociétés dont la société mère a son siège social en France, dont l'effectif comprend au
moins cinq cents salariés et dont le chiffre d'affaires consolidé est supérieur à 100 millions
d’euros ;
les présidents et directeurs généraux d'établissements publics à caractère industriel et
commercial employant au moins cinq cents salariés, ou appartenant à un groupe public dont
l'effectif comprend au moins cinq cents salariés, et dont le chiffre d'affaires ou le chiffre
d'affaires consolidé est supérieur à 100 millions d'euros ;
les membres du directoire des sociétés anonymes régies par l’article L. 225-57 du code de
commerce et employant au moins cinq cents salariés, ou appartenant à un groupe de sociétés
dont l'effectif comprend au moins cinq cents salariés, et dont le chiffre d'affaires ou le chiffre
d'affaires consolidé est supérieur à 100 millions d'euros.
94. Un « groupe de sociétés » doit être entendu comme désignant l'ensemble formé par une société et ses
filiales au sens de l'article L. 233-1 du code de commerce ou comme l'ensemble formé par une société et
celles qu'elle contrôle au sens de l'article L. 233-3 du même code.
95. Si les membres des conseils d’administration ou autres organes de contrôle ou de surveillance ne sont pas
visés, dans leur ensemble, par cette définition, ils s’assurent, dans le cadre de leur mission de surveillance
des activités de l’entreprise, de l’existence, de la pertinence et de l’efficacité des mesures prises par les
dirigeants afin de se conformer à leurs obligations légales. Pour ce faire, dans les sociétés dotées de tels
organes, l’AFA recommande que le dispositif anticorruption et ses actualisations leur soient
périodiquement présentés afin qu’ils disposent de toutes les informations nécessaires pour veiller à la
conformité de l’entreprise à l’article 17 de la loi.
3. Moyens dédiés
101. Lamise en œuvre d’un dispositif anticorruption nécessite des moyens humains et financiers
proportionnés au profil de risque de l’entreprise, mis à disposition par l’instance dirigeante.
102. Ces moyens doivent couvrir notamment :
- un accès à toute information utile à l’exercice de ses fonctions, lui permettant de disposer
d’une image fidèle de l’activité de l’entreprise ;
- l’indépendance de son action vis-à-vis des autres fonctions de l’entreprise et la capacité à
influer réellement sur ces dernières ;
- un accès à l’instance dirigeante, afin d’en obtenir l’écoute et le soutien.
109. Indépendamment de son positionnement dans l’organigramme, il est primordial que le responsable de
la conformité entretienne un lien direct et régulier avec l’instance dirigeante, ainsi qu’un accès facilité au
conseil d’administration.
110. Au-delà de ses missions récurrentes, le responsable de la conformité est associé à la mise en œuvre des
projets stratégiques et aux prises de décisions structurantes de l’entreprise, tels que, par exemple, la
conclusion de nouveaux contrats, les fusions-acquisitions, les investissements majeurs, la prospection ou
la constitution d’un partenariat, la conception et la commercialisation de nouveaux produits ou services.
111. L’indépendance du responsable de la conformité ne signifie pas pour autant l’absence de contrôle. À cet
effet, il rend compte à l’instance dirigeante de son activité.
- de disposer d’une connaissance étendue de l’entreprise et de ses activités, dont les processus2
managériaux, opérationnels et support que ces activités nécessitent de mettre en œuvre. Cette
connaissance est la condition préalable à l’analyse fine des processus qui apporte une assurance
raisonnable que la cartographie reflète fidèlement les risques auxquels l’entreprise est
réellement exposée lorsqu’elle interagit avec des tiers. Chaque entreprise établit sa propre
cartographie des risques, qui lui est spécifique, et ne peut en conséquence être appliquée en
l’état à une autre entreprise.
- d’identifier les rôles et responsabilités des acteurs concernés de l’entreprise, quel que soit leur
niveau.
2 Dans le cadre des présentes recommandations, la notion de processus s’entend d’un ensemble de tâches corrélées ou en interaction
- d’une part, elle couvre les processus managériaux, opérationnels et support mis en œuvre par
les entreprises dans le cadre de leurs interactions avec leurs tiers. Elle appréhende les risques de
corruption en prenant en compte les particularités de chaque entreprise, notamment : secteurs
d’activité, zones géographiques, contexte concurrentiel et réglementaire, typologies de tiers,
modèle de revenus, chaîne de valeur, métiers et processus, organisation interne de l’entreprise,
circuits de décision ;
- d’autre part, elle couvre le périmètre d’intervention de l’entreprise. Ainsi, lorsque l’entreprise
exerce un contrôle de droit ou de fait sur d’autres entités, à l’instar d’une maison-mère sur ses
filiales, elle établit sa cartographie en prenant en compte les risques inhérents aux activités des
entreprises contrôlées. À cet effet, celles-ci communiquent leur cartographie des risques de
corruption et les plans d'actions associés à la maison-mère qui en suit périodiquement la
réalisation. Ces cartographies peuvent utilement être agrégées au sein de celle de l’entreprise-
mère. Cette dernière a ainsi une vision globale des risques encourus par ses différentes entités
et des plans d’action associés.
124. Lacartographie des risques est formalisée, c’est-à-dire qu’elle prend la forme d'une documentation
écrite et structurée, qui décrit en détail les méthodes retenues pour son élaboration, les mesures prises
pour maîtriser les risques, ainsi que les rôles et responsabilités des différentes personnes parties
prenantes.
125. Enfonction des activités et de l’organisation de l’entreprise, la cartographie peut être organisée, par
exemple, par métier, par processus, par entité ou par zone géographique.
126. La cartographie des risques doit être un outil de pilotage des risques ; elle doit également faciliter
l’appréciation, par des personnes extérieures à l’entreprise, de la pertinence du dispositif anticorruption
(notamment en cas de contrôle administratif ou de procédure judiciaire).
127. Lacartographie des risques est évolutive eu égard à la nécessité de réévaluer les risques de manière
périodique, en particulier chaque fois qu’une évolution notable se produit dans l’entreprise. À la faveur
de son actualisation, la cartographie participe d’un processus d’amélioration continue permettant aux
entreprises de renforcer la maîtrise de leurs risques.
l’instance dirigeante promeut l’exercice de cartographie des risques et donne les moyens de sa
mise en œuvre au responsable de la conformité. Elle valide la stratégie de gestion des risques
mise en œuvre sur son fondement et s’assure de la mise en œuvre du plan d’actions retenu.
le responsable de la conformité coordonne l’élaboration de la cartographie des risques, en
accompagnant l’entreprise dans le recensement des processus, dans l’identification des risques
de corruption, dans l’évaluation et la hiérarchisation de ces risques et dans la définition et la
mise en œuvre de mesures concourant à leur maîtrise. Le responsable de la conformité est
chargé d’établir la cartographie des risques de corruption, qu’il communique à l’instance
dirigeante à chacune de ses mises à jour ainsi que le suivi du plan d’actions.
les responsables des processus décisionnels, opérationnels, comptables et autres activités
support contribuent, tous et chacun à leur place, à l’élaboration et à la mise à jour de la
cartographie des risques. Ils sont responsables de l’identification des risques spécifiques à leurs
activités conformément aux procédures anticorruption en vigueur dans l’entreprise.
le responsable en charge de la maîtrise des risques, quand l’entreprise en dispose, contribue
également à la définition de la méthodologie utilisée pour identifier, analyser, hiérarchiser et
gérer les risques de corruption. Sur ce point, le responsable de la conformité et le responsable
de la gestion des risques travaillent en étroite collaboration. La cartographie des risques de
corruption peut être réalisée en même temps qu’une cartographie concernant d’autres risques
(opérationnels, comptables, de fraude, etc.) afin d’optimiser les ressources mobilisées. Il est
alors important de bien distinguer, dans l’exercice de cartographie, entre les risques de
corruption et les autres.
les personnels, forts de leur expérience pratique des processus de l’entreprise, apportent leur
contribution à l’exercice de cartographie en rendant compte des facteurs spécifiques aux
fonctions exercées et aux risques encourus afin qu’en soient tirées les conséquences sur
l’identification, l’évaluation et la hiérarchisation des risques.
132. L’entreprise,lors de l’élaboration de sa cartographie, veille à appréhender les risques inhérents aux
activités exercées par l’ensemble des personnels travaillant dans la structure, quel que soit leur statut, y
compris celles des dirigeants, des administrateurs et des gérants.
2e étape : Identification des risques inhérents aux activités de l’entreprise (recensement des processus et
scénarios de risques)
133. L’identification des risques de l’entreprise s’appuie sur une analyse fine de ses processus :
- dans une première étape, l’entreprise pourra établir un recensement de ces processus sur la
base des activités qu’elle exerce, le cas échéant sur le fondement d’une cartographie des
processus préexistante. À ce stade, l’entreprise s’attache à ne pas préjuger des résultats de
la cartographie des risques en dressant a priori une liste de processus jugés les plus
représentatifs ou les plus exposés aux risques ;
- dans une seconde étape et sur la base du recensement des processus, l’entreprise organise
des échanges, notamment au moyen d’ateliers, d’entretiens, de l’envoi de questionnaires,
1. Code de conduite
156. Le1° du II de l’article 17 de la loi dispose que les personnes mentionnées au I mettent en œuvre « un
code de conduite définissant et illustrant les différents types de comportements à proscrire comme étant
susceptibles de caractériser des faits de corruption ou de trafic d’influence. Ce code de conduite est intégré
au règlement intérieur de l’entreprise et fait l’objet, à ce titre, de la procédure de consultation des
représentants du personnel prévue à l’article L.1321-4 du code du travail. »
Définition et objectifs
157. Le code de conduite, quelle que soit la dénomination qui lui est donnée par l’entreprise, est un document
qui manifeste la décision de l’instance dirigeante d’engager l’entreprise dans une démarche de
prévention et de détection des faits de corruption.
158. Il recueille les engagements et principes de l’entreprise en cette matière. Il définit et illustre les différents
types de comportements à proscrire comme étant susceptibles de caractériser des faits de corruption.
Champ d’application et communication
159. Le code de conduite est applicable et opposable à l’ensemble des personnels de l’entreprise.
160. En tant qu’instrument de bonne gouvernance, le code de conduite est applicable partout où l’entreprise
exerce une activité, y compris à l’étranger. Il peut être commun à l’ensemble des entités d’une même
entreprise à la condition que ce choix n’entrave pas son efficacité. Lorsque l’entreprise exerce une
activité à l’étranger, il est conseillé d’y prévoir une déclinaison du code de conduite tenant compte, le
cas échéant, des spécificités juridiques locales, pouvant parfois se matérialiser par l’application de
normes anticorruption différentes. De même, lorsque l’entreprise exerce des activités sensiblement
variées avec des risques de corruption spécifiques, il peut être opportun pour l’entreprise de décliner
son code de conduite au niveau de ses entités ou de ses unités opérationnelles.
161. Lesautres collaborateurs amenés à travailler avec l’entreprise et qui sont soumis à son règlement
intérieur doivent respecter le code de conduite.
162. S’agissant des tiers, le code de conduite peut utilement leur être communiqué, sous réserve
d’adaptations rendues nécessaires pour protéger les éventuelles informations confidentielles qu’il
contient. Il est recommandé d’imposer aux tiers le respect de ce document, par une clause contractuelle.
169. Lorsque l’entreprise n’est pas soumise à l’obligation de disposer d’un règlement intérieur, en France ou
à l’étranger, le code de conduite est remis aux membres du personnel ou leur est rendu accessible, selon
les modalités déterminées par l’entreprise et dont elle devra conserver la trace.
Contenu
170. Le code de conduite a vocation à être rédigé postérieurement à l’élaboration de la cartographie des
risques, dans la mesure où il décrit les comportements à proscrire à partir des risques identifiés.
171. Lecode de conduite contient des dispositions sur les types de comportements à proscrire auxquels les
collaborateurs sont susceptibles d’être confrontés du fait de l’activité de l’entreprise. Une structuration
en rubriques correspondant aux différents types de comportements à proscrire est encouragée.
172. Le code de conduite est accompagné d’illustrations pertinentes sur des cas concrets.
173. Lecode de conduite n’est pas limité à un recueil de bonnes pratiques, mais formule également des
interdictions visant, dans le contexte particulier de l’entreprise concernée, les comportements et usages
qui sont constitutifs d’atteintes à la probité. À ce titre, il peut traiter notamment des cadeaux et
invitations, des paiements de facilitation, des conflits d’intérêts, du mécénat, du sponsoring ainsi que, le
cas échéant, de la représentation d’intérêts (lobbying) et des frais de représentation.
174. Le code de conduite présente le dispositif d’alerte interne destiné à recueillir les signalements relatifs à
l’existence de conduites ou de situations contraires à ses dispositions.
175. Le code de conduite prévoit que les comportements proscrits et, plus généralement, les comportements
non conformes aux engagements et principes de l’entreprise en matière de prévention et de détection
des faits de corruption font l’objet de sanctions disciplinaires.
176. Lecode de conduite mentionne la fonction qualifiée pour répondre aux questions des personnels (par
exemple : responsable de la conformité, référent conformité ou intégrité) et les modalités pour la
contacter (notamment adresse générique).
177. Lecode de conduite est rédigé en des termes qui le rendent intelligible et accessible à des non-
spécialistes. Il est clair, sans réserve et sans équivoque. Il peut être traduit en une ou plusieurs langues
étrangères afin de faciliter sa compréhension par les personnels ressortissants des États étrangers.
2. Sensibilisation et formation
179. Conformément au du 6° du II de l’article 17 de la loi, les personnes mentionnées au I sont tenues de
mettre en œuvre « un dispositif de formation destiné aux cadres et aux personnels les plus exposés aux
risques de corruption et de trafic d’influence. ».
180. Le dispositif de formation anticorruption s’adresse donc à l’ensemble des cadres, en tant que personnels
chargés d’un certain niveau de responsabilité dans l’entreprise, ainsi qu’aux autres membres du
personnel de l’entreprise considérés comme les plus exposés aux risques de corruption.
Définition et objectifs
181. Vecteur des valeurs et de la culture d’intégrité au sein de l’entreprise, un dispositif de formation efficace
et adapté favorise une large diffusion des engagements pris par l’instance dirigeante en matière de lutte
contre la corruption, ainsi que leur appropriation par les collaborateurs concernés. Il peut utilement
s’inscrire dans un dispositif plus large de sensibilisation de l’ensemble du personnel.
182. Si le dispositif de sensibilisation permet aux bénéficiaires d’être mieux informés et réceptifs sur les sujets
qui leur sont présentés, le dispositif de formation consiste à procurer les connaissances et les
compétences nécessaires à l'exercice d'une activité ou d’un métier. Elle s’intègre dans le plan de
formation général de l’entreprise.
183. Le dispositif de formation anticorruption doit :
- être coordonné avec les autres mesures et procédure du dispositif anticorruption. Par
exemple : formation au contenu du code de conduite, formation prioritaire des personnes
évaluées à risque par la cartographie, formation et sensibilisation à l’utilisation des
dispositifs d’alerte ;
- tenir compte des risques spécifiques auxquels sont exposées les différentes catégories de
personnels.
189. Lespersonnels les plus exposés sont identifiés à partir de la cartographie des risques. Il peut s’agir, en
particulier :
- des personnels en relation avec certains tiers (notamment : commerciaux, acheteurs) ;
- des personnels qui participent à la mise en œuvre du dispositif anticorruption.
190. Le contenu des formations varie selon qu’elles s’adressent aux cadres et aux personnels les plus exposés
aux risques de corruption ou à d’autres catégories de personnes.
191. Ce contenu est adapté à la nature des risques, aux fonctions exercées et aux zones géographiques
d’activité de l’entreprise. Il est actualisé régulièrement, en lien avec la mise à jour de la cartographie des
risques.
192. La formation a pour objectif d’améliorer la compréhension et la connaissance :
194. En complément, des thématiques spécifiques sont traitées, selon les fonctions exercées par les
participants et les risques spécifiques auxquels ils sont confrontés. Les outils de détection de la
corruption peuvent être une thématique couverte par la formation à destination des personnels chargés
d’une fonction de contrôle.
195. Lescadres et les personnels les plus exposés sont formés au cours de leur parcours d’intégration. Les
formations sont ensuite régulièrement dispensées tout au long de l’exercice de leur activité.
196. Àl’instar du code de conduite, les formations s’appuient notamment sur des cas pratiques et des
scénarios personnalisés par public et adaptés aux risques identifiés dans la cartographie des risques.
197. Despersonnels de l’entreprise peuvent être invités à faire partager leur expérience en la matière, leurs
réactions et les conclusions qu’ils en ont tirées, donnant ainsi lieu à des échanges au plus près des
contraintes opérationnelles. Les mises en situation peuvent être utiles pour favoriser une appropriation
des règles dans l’exercice quotidien des fonctions.
Les recommandations de l’AFA 27
198. Lamise en place d’outils permettant de vérifier la bonne compréhension des formations comme, par
exemple, un contrôle de connaissances, est à encourager. Ce contrôle de connaissances peut être
effectué au cours de la formation et passé un certain délai, afin de s’assurer que les connaissances ont
bien été assimilées.
Contrôle et suivi du dispositif de formation
199. La mise en place d’indicateurs permet d’assurer le suivi du dispositif de formation y compris dans
l’hypothèse d’une externalisation des formations. Ces indicateurs peuvent inclure les items suivants :
- taux de couverture de la formation au regard du public visé ;
- nombre d’heures de formation sur la conformité et le dispositif anticorruption.
200. Leresponsable de la conformité doit être informé du calendrier des formations et de leur contenu
pédagogique, mais doit aussi pouvoir contrôler le déploiement du dispositif et les indicateurs associés.
201. Le4° du II de l’article 17 de la loi prévoit que les personnes mentionnées au I mettent en œuvre « des
procédures d’évaluation de la situation des clients, fournisseurs de premier rang et intermédiaires au
regard de la cartographie des risques. »
215. Lanature des informations et documents utiles à l’évaluation des tiers est déterminée par l’entreprise
sur le fondement de sa cartographie des risques.
216. À titre indicatif, les évaluations peuvent inclure :
219. L’entreprise
apprécie la sensibilité du secteur d’activité du tiers au regard du risque de corruption. Elle
peut s’appuyer pour cela sur sa cartographie des risques de corruption ainsi que sur l’expérience qu’elle
tire de ses activités. En complément, elle peut s’appuyer sur des analyses externes d’entreprises
internationales ou d’organisations non gouvernementales.
220. L’entreprise s’assure que le tiers
- en particulier s’il s’agit d’un intermédiaire ou un fournisseur- dispose
de l’expérience, des qualifications et des compétences nécessaires à la réalisation de sa mission. À ce
titre, elle peut demander au tiers de lui communiquer les références professionnelles qu’elle jugera
nécessaires en fonction des données déjà recueillies (date de constitution, date du lancement de
l’activité, etc.). Le ma :nque de qualification ou d’expérience peut être défini comme un facteur
aggravant lors de l’évaluation du niveau de risque du tiers.
221. L’entreprise recherche si le tiers, ses dirigeants, ses
principaux actionnaires et ses bénéficiaires effectifs
ont fait l’objet d’informations défavorables, d’allégations, de poursuites ou de condamnations pour
atteintes à la probité (ou le recel et le blanchiment de ces infractions).
222. Lesinformations sont obtenues, dans le respect des réglementations applicables, notamment celles
relatives à la protection des données personnelles.
223. L’entreprisepeut également s’assurer que le tiers a mis en œuvre un dispositif de conformité
anticorruption. Le fait que le tiers ne communique pas sur la mise en place d’un tel dispositif et ne le
documente pas peut être considéré comme un point de vigilance.
224. Lesrelations public/privé présentent un risque identifié en termes de corruption. Il est pertinent que
l’entreprise identifie les interactions que le tiers peut avoir avec des agents publics, a fortiori lorsqu’il
s’agit de personnes politiquement exposées, au sens de l’article L 561-10 du code monétaire et financier.
244. À cet égard, l’entreprise doit avoir une visibilité complète sur les paiements reçus de tiers ou effectués à
leur profit afin de s’assurer que la rémunération et les modalités de paiement sont conformes aux
dispositions contractuelles. Les services financiers et comptables alertent le responsable de la conformité
ou tout autre responsable désigné lorsque des modalités anormales de paiement sont exigées (par
exemple : des paiements en espèces, une délégation de paiement au profit d’un tiers ou un changement
de domiciliation bancaire vers un pays ou territoire non coopératif en matière judiciaire ou fiscale, ou
faisant l’objet d’un embargo).
Définition et objectifs
252. Le dispositif d’alerte interne est la procédure mise en œuvre par les entreprises afin de permettre
notamment à leurs employés de porter à la connaissance d’un référent dédié, un comportement ou une
situation potentiellement contraire au code de conduite, afin d’y mettre fin et de prendre les sanctions
appropriées, le cas échéant (cf. Annexe 1).
257. Le dispositif d’alerte interne précise le rôle du supérieur hiérarchique, qui doit pouvoir orienter et
conseiller ses collaborateurs, sauf dans l’hypothèse où il est lui-même l’auteur du comportement
incriminé.
258. L’entreprise veille à la formation des personnes en charge du traitement de l’alerte, au respect de la
confidentialité de son traitement et à l’absence de tout conflit d’intérêts ; elle veille également à la
formation des supérieurs hiérarchiques.
259. Le dispositif d’alerte interne est présenté sans délai aux collaborateurs venant de rejoindre l’entreprise.
260. La gestion de ce dispositif (y compris la fonction de référent définie ci-dessous) peut être sous-traitée à
un tiers, sous réserve qu’il dispose des compétences nécessaires au bon traitement des alertes et au
respect des moyens permettant d’en garantir la confidentialité. Les prestations fournies dans ce cadre
devront faire l’objet de contrôles réguliers. L’entreprise veillera à donner au tiers retenu les moyens de
traiter les alertes, notamment en veillant à lui faciliter l’accès aux services internes concernés de
l’entreprise.
261. Le dispositif d’alerte est à déployer sur l’ensemble du périmètre des entités contrôlées par l’entreprise.
3
Collaborateur extérieur ou occasionnel (personnel intérimaire, stagiaire, prestataire de service, salarié des entreprises sous-
traitantes, etc.)
- le référent fonctionnellement désigné pour recueillir les alertes au sein de l’entreprise et, s’il est
différent, le référent en charge de leur traitement ;
- les dispositions prises pour garantir la confidentialité de l’identité de l’auteur du signalement,
des faits objets du signalement et des personnes visées par le signalement, y compris lorsque des
vérifications ou lorsque le traitement du signalement nécessitent la communication avec des
tiers. La violation de la confidentialité doit être susceptible d’entraîner des sanctions
disciplinaires.
264. Ledispositif d’alerte est sécurisé et, le cas échéant, ses droits d’accès sont limités aux seuls personnels
autorisés à recueillir les alertes ou à les traiter.
265. Dans l’hypothèse d’une mise en cause d’une ou plusieurs personnes, l’entreprise doit être vigilante quant
à la réunion de preuves ou documents, notamment lorsque les personnes mises en cause dans l’alerte
peuvent détruire des données ou documents les incriminant.
266. Le dispositif d’alerte interne précise les modalités d’accès au dispositif et d’échange d’informations avec
l’auteur de l’alerte, notamment :
- les canaux pour effectuer une alerte : il peut s’agir d’une adresse électronique dédiée, d’un
logiciel de gestion voire, pour certaines entreprises, d’une plateforme éthique spécifique.
L’alerte peut aussi emprunter la voie hiérarchique. En tout état de cause, ces canaux doivent
être aisément accessibles aux utilisateurs ;
- les conditions de transmission, par l’auteur du signalement, des informations ou documents
produits à l’appui de son signalement ;
- en cas d’enquête interne, les informations et documents professionnels transmis par l’auteur
de l’alerte et susceptibles d’être exploités ;
- les dispositions prises pour informer sans délai l’auteur du signalement de la réception de son
alerte et du délai nécessaire à l’examen de sa recevabilité. Il est à ce titre recommandé de
mentionner que l’accusé de réception ne vaut pas recevabilité du signalement ;
- les dispositions prises pour informer de la clôture de la procédure l’auteur du signalement et,
le cas échéant, les personnes visées par celui-ci.
267. Si un traitement automatisé des alertes est mis en place, la procédure doit indiquer les dispositions prises
pour en assurer la conformité aux dispositions de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à
l'informatique, aux fichiers et aux libertés et à celles relatives à la protection des données personnelles.
Une donnée à caractère personnel désigne toute information se rapportant à une personne physique
identifiée ou identifiable.
268. Faceà une multiplication croissante des obligations en matière de recueil des alertes, la CNIL a publié
une délibération n° 2019-139 du 18 juillet 2019 portant adoption d’un référentiel relatif aux traitements
de données à caractère personnel destinés à la mise en œuvre d'un dispositif d'alertes professionnelles.
Les recommandations de l’AFA 35
269. Les alertes peuvent être adressées de manière anonyme. Le dispositif doit permettre une poursuite des
échanges avec l’auteur de l’alerte tout en lui conservant le bénéfice de l’anonymat (il est par exemple
envisageable de demander à l’auteur de l’alerte de fournir une adresse électronique qui ne permette pas
son identification ou l’adresse d’une boîte postale).
270. Ilest essentiel de définir et formaliser la procédure d’enquête interne préalablement à son lancement,
tout en étant vigilant tant sur le choix des acteurs de l’enquête que sur son déroulé. La procédure
d’enquête pourra prévoir notamment :
- les critères nécessaires au déclenchement d’une enquête ;
- les modalités de réalisation de l’enquête.
271. Les personnes chargées de mener l’enquête doivent être soumises à de très strictes obligations de
confidentialité, qui doivent être formalisées.
272. En cas d’externalisation de l’enquête interne, la conformité des services fournis dans ce cadre par le
prestataire sélectionné doit faire l’objet de contrôles réguliers au regard notamment du respect des
règles de confidentialité et de protection des données.
273. Toute enquête interne est diligentée par une ou plusieurs personnes qualifiées, désignées par l’instance
dirigeante de l’entreprise.
274. L’instance dirigeante est au minimum informée des enquêtes ouvertes relatives aux situations les plus
sensibles, à l’exception de celles où elle est elle-même mise en cause.
275. À la suite d’une enquête interne, la rédaction formelle d’un rapport d’enquête est destinée à consigner
l’ensemble des faits et preuves recueillies, à charge et à décharge, de nature à établir ou à lever le
soupçon, ainsi que la méthode suivie. Le rapport d’enquête interne conclut sur la suite à donner au
signalement.
276. Lorsque les soupçons apparaissent suffisamment étayés, ce rapport est communiqué à l’instance
dirigeante (où à l’organe de contrôle lorsque cette dernière est mise en cause) afin qu’elle décide des
suites à donner.
277. La démonstration, par l’enquête interne, d’un comportement contraire au code de conduite
anticorruption doit donner lieu à l’application des sanctions disciplinaires prévues en tel cas, décidées
par l’instance dirigeante ou son délégataire.
278. Enfin, une action judiciaire peut être diligentée à l’encontre de la personne physique concernée si
l’entreprise décide de porter les faits à la connaissance de l’autorité judiciaire par le moyen d’une plainte
ou d’un simple signalement. Elle est tenue de le faire si elle relève des autorités énumérées à l’article 40
du code de procédure pénale.
279. Ces signalements doivent permettre d’actualiser la cartographie des risques, en respectant la
confidentialité garantie par le dispositif, et d’en tirer les conséquences sur les améliorations à apporter
aux éléments du dispositif de prévention et de détection de la corruption (plan de formation, code de
conduite, évaluation de l’intégrité des tiers).
- établissement d’une procédure formalisée qui peut notamment prévoir la désignation d’un
référent alerte et la mise en place d’un comité intégrant des personnes qualifiées, soumises à
4 « L’expression “suites” désigne toute décision prise par l’organisme pour tirer des conséquences de l’alerte. Il peut s’agit de l’adoption
ou de la modification des règles internes (règlement interne, charte éthique, etc.) de l’organisme, d’une réorganisation des opérations
ou des services de la société, du prononcé d’une sanction ou de la mise en œuvre d’une action en justice « cf. Guide pratique de la
CNIL sur les durées de conservation).
5
Il s’agit de contrôles préventifs réalisés avant que la décision ou l’opération ne soient mises en œuvre.
6
Il s’agit de contrôles détectifs conduits sur tout ou partie des décisions prises ou des opérations réalisées.
- garantissent in fine le respect des mêmes principes que les contrôles comptables généraux
(régularité, sincérité et fidélité des opérations comptables et financières) ;
- visent en particulier à détecter des opérations sans cause ou sans justification (par exemple,
paiements en tout ou partie non causés destinés à alimenter des « caisses noires ») ;
- reposent sur les mêmes méthodes que les contrôles comptables généraux et comportent par
exemple des contrôles par sondages, par revue de cohérence, par confrontation avec la réalité
physique (inventaire) ou par confirmation par un tiers.
297. Ils sont établis au regard des situations à risques mises en évidence dans la cartographie des risques de
corruption, parmi les contrôles généraux existants, par approfondissement ou en complément de ceux-
ci.
298. Peuvent, par exemple, représenter des situations à risque et ainsi être traités, s’ils ressortent de la
cartographie des risques :
- les opérations telles que le sponsoring, le mécénat, les honoraires et les commissions, les frais de
représentation et de déplacement, les cadeaux et invitations, les dons, les legs, etc. ;
- les flux atypiques (par exemple, les comptes d'attente ou transitoires) ;
- les opérations exceptionnelles ou à enjeu ;
- les opérations liées au recours à des tiers relevant d’un groupe présentant un niveau de risque
élevé tels que des intermédiaires ou des consultants ;
- les flux financiers ou de matière vers des comptes ou des tiers relevant d’un groupe présentant
un niveau de risque élevé comme les intermédiaires ou les agents commerciaux ;
- les engagements hors bilan comme :
- les engagements pour compte de tiers (par exemple dirigeants, filiales),
- les garanties,
- les cautions.
- en interne, par les services comptables et financiers ou par des services spécialisés (centres de
services partagés, contrôle de gestion, audit interne, etc.) que l’entreprise mobilise à cette
fin ;
- en externe, par les entités que l’entreprise mandate à cette fin.
316. Au sein des entreprises qui ont l’obligation de nommer un commissaire aux comptes chargé de la
certification des comptes, ce dernier participe, à l’occasion de ses vérifications et dans l’objectif qui lui
est assigné, à la prévention des difficultés éventuelles de l'entreprise auditée, à la prévention et à la
détection de la corruption. Il est rappelé qu’il est tenu de révéler au procureur de la République les faits
présumés délictueux – y compris donc les faits de corruption - dont il a connaissance au cours de sa
mission.
1. Objectifs et modalités
317. Afinde s’assurer de l’adéquation et de l’efficacité des mesures et procédures visées au II de l’article 17
de la loi, l’entreprise développe un dispositif de contrôle et d’évaluation interne, qui peut être inséré
dans son dispositif de contrôle et d’audit interne à vocation générale.
318. Ce dispositif répond à quatre objectifs :
- contrôler la mise en œuvre des mesures du dispositif anticorruption et tester leur efficacité ;
- identifier et comprendre les manquements dans la mise en œuvre des procédures ;
- définir des recommandations ou autres mesures correctives adaptées, si nécessaire, en vue
d’améliorer l’efficacité du dispositif anticorruption ;
- détecter, le cas échéant, des faits de corruption.
319. Ces contrôles peuvent s’articuler autour des trois niveaux de contrôle susmentionnés.
320. Leresponsable de la conformité élabore un plan de contrôle de deuxième niveau couvrant l’ensemble
du dispositif anticorruption.
321. Pour chacun des contrôles, sont précisés l’objet et le périmètre, le ou les responsables en charge du
contrôle, la méthode de contrôle (type de mesure, de pièces justificatives, d’analyse, et d’évaluation), le
cas échéant, les modalités d’échantillonnage fondées sur une analyse des risques. De même, le plan
prévoit la fréquence du contrôle, la formalisation attendue, la communication des résultats du contrôle
et des mesures correctives pouvant être mises en place et les modalités de conservation des pièces
afférentes aux contrôles.
322. Les manquements identifiés dans le cadre des contrôles de deuxième niveau font l’objet d’un rapport
visé par le responsable de la conformité dont une synthèse peut utilement être communiquée à
l’instance dirigeante et au service d’audit interne.
323. La pertinence et l’efficacité des mesures et procédures composant le dispositif anticorruption sont
régulièrement évaluées par des contrôles de troisième niveau. Ces audits internes visent à s’assurer que
le dispositif anticorruption est conforme aux exigences de l’entreprise, efficacement mis en œuvre et
tenu à jour. L’audit interne est également invité à s’assurer que les situations de risque identifiées par la
cartographie des risques de corruption sont couvertes par des mesures de prévention efficaces.
324. Les audits réalisés sont formalisés, documentés et conservés. Ils donnent lieu à la rédaction d’un rapport
circonstancié et documenté, détaillant les mesures correctives ainsi que les recommandations
formulées. Ce rapport est communiqué à l’instance dirigeante.
Contrôles de 1er niveau : Les contrôles liés à la cartographie ne peuvent être réalisés qu'après son
établissement et ses mises à jour. Aucun contrôle de premier niveau ne
peut être réalisé dans ce cadre.
Par ailleurs, le service en charge du pilotage du dispositif anticorruption,
Contrôles de 2e niveau : qui a participé à la mise en place de la cartographie ou à ses mises à jour
ne peut réaliser de contrôle de second niveau, sauf à être en situation de
contrôler le travail qu'il a lui-même produit.
- Revue du périmètre de la cartographie, de la méthodologie mise en
œuvre, du déploiement des plans d'actions y afférents ;
- Analyse des insuffisances constatées et des incidents survenus (pour
éventuelle mise à jour) ;
- Analyse de la gouvernance et de la correcte allocation des ressources.
Analyse du caractère systémique du dispositif.
- Analyse des illustrations retenues dans le code de conduite au regard
Contrôles de 3e niveau : des risques identifiés dans la cartographie ;
- Analyse du ciblage et du contenu des formations au regard des risques
identifiés dans la cartographie ;
- Analyse des incidents révélés au travers du dispositif d'alerte ou des
contrôles comptables et leurs conséquences sur la mise à jour de la
cartographie ;
- Analyse de l'adéquation du dispositif d'évaluation des tiers au regard
des risques identifiés dans la cartographie.
329. Formation
334. Sil’entreprise a déployé au sein de son dispositif anticorruption d’autres mesures et procédures en
complément de celles visées par l’article 17 de la loi, l’AFA recommande que ces mesures et procédures
fassent également l’objet de contrôles à travers le dispositif de contrôle et d’évaluation internes mis en
place.
335. Les contrôles de premier niveau sont formalisés et documentés.
336. Lescontrôles de deuxième niveau font l'objet d'un plan de contrôle formalisé décrivant notamment le
périmètre des contrôles, les rôles et responsabilités, la fréquence, les modalités d'échantillonnage, la
formalisation attendue, le suivi des anomalies et les plans d'actions associés.
337. Lescontrôles de troisième niveau font l'objet d'un programme d'audit formalisé décrivant notamment
le périmètre des contrôles, les modalités d'échantillonnage, la formalisation attendue, le suivi des
anomalies et les plans d'actions associés.
2. Régime disciplinaire
Définition
339. Le régime disciplinaire regroupe l’ensemble des mesures qu’une entreprise se réserve le droit de prendre
à l’occasion d’un comportement qu’elle considère comme fautif.
340. Est notamment considéré comme une faute de nature à justifier l’application d’une sanction disciplinaire
le non-respect des règles de discipline fixées par le règlement intérieur et donc par le code de conduite
anticorruption qui y est intégré. Dans les entreprises d’au moins 20 salariés, le règlement intérieur est
obligatoire. Une sanction ne peut alors être prononcée à l’encontre d’un salarié que si elle est prévue
par le règlement intérieur.
Principe de gradation des sanctions
341. La sanction disciplinaire doit être proportionnée à la faute commise. Elle relève de l’échelle des sanctions
prévues par le régime disciplinaire.
Mécanisme
342. Lorsquedes manquements aux devoirs d’intégrité et de probité des personnels sont constatés, une
procédure disciplinaire est engagée à leur encontre et des sanctions proportionnées leurs sont infligées.
343. L’instance
dirigeante n’est pas tenue d’attendre que soit rendue une décision pénale pour mettre en
œuvre des sanctions disciplinaires si les faits sont avérés et que leur gravité le justifie. La mise en œuvre
de ces sanctions peut en effet s’appuyer sur les constatations d’une enquête interne circonstanciée,
permettant d’établir avec rigueur la matérialité des faits reprochés à la personne concernée.
Recensement des sanctions
344. L’entreprise peut utilement recenser les sanctions disciplinaires prononcées à l’encontre des personnels
de l’entité, ce qui favorise le renforcement des mécanismes de maîtrise des risques d’atteintes à la
probité.
345. Quel que soit le support utilisé pour effectuer ce recensement, l’entreprise veillera à la stricte
confidentialité de son contenu et l’établira dans le respect des règles de protection des données
personnelles.
Communication interne
345 bis.
La diffusion, sous un format garantissant la totale anonymisation, des sanctions disciplinaires peut
être demandée par l’instance dirigeante, afin de rappeler la politique de tolérance zéro à l’égard de tout
comportement contraire à l’intégrité et à la probité.
7
Articles 3 et 8 de la loi et décret n° 2017-564 du 20 avril 2017 relatif aux procédures de recueil des signalements émis par les
lanceurs d'alerte au sein des personnes morales de droit public ou de droit privé ou des administrations de l'État.
- pour les services de l’État : ministre, secrétaire général, directeur d’administration centrale, autorité
préfectorale, responsable de services déconcentrés.
- pour les collectivités territoriales : organe exécutif (maire, président de conseil départemental, de
conseil régional, de conseil territorial, d’assemblée, etc.), président d’établissement public de
coopération intercommunale (EPCI), ainsi que le directeur général des services.
- pour les établissements publics, sociétés d’économie mixte : président du conseil d’administration et
directeur.
- pour les établissements publics de santé : directeur.
- pour les fondations reconnues d’utilité publique, selon l’organisation qu’elles ont choisie : président
du conseil de surveillance, président du directoire, président du conseil d’administration ainsi que
directeur ;
- pour les associations reconnues d’utilité publique : président et directeur.
358. Ces instances disposent d’un pouvoir d’organisation de l’entité ou du service, d’allocation des moyens et
de représentation de l’entité, qui leur confère un rôle déterminant dans la mise en place d’un dispositif
anticorruption.
8Notamment la loi n° 2013-907 du 11 octobre 2013 relative à la transparence de la vie publique ; la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983
portant droits et obligations des fonctionnaires, modifiée par la loi n° 2016-483 du 20 avril 2016 relative à la déontologie et aux droits
et obligations des fonctionnaires et par la loi n° 2019-828 du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique, le décret
n° 2020-69 du 30 janvier 2020 relatif aux contrôles déontologiques dans la fonction publique.
Les recommandations de l’AFA 49
360. La responsabilité de la mise en place du dispositif anticorruption repose sur l’instance dirigeante qui peut,
le cas échéant, et sans s’affranchir de sa responsabilité personnelle, en déléguer la mise en œuvre
opérationnelle à un collaborateur ou un service.
361. Quelleque soit l’organisation retenue, le délégataire doit disposer d’un positionnement lui assurant
l’autonomie et la légitimité nécessaires à la conduite de sa mission. Ce positionnement doit faciliter un
accès direct à l’instance dirigeante.
362. L’instance dirigeante définit la stratégie de gestion des risques et s’assure de la mise en œuvre et de
l’efficacité du dispositif anticorruption. À cet égard, elle veille à formaliser l’approbation de ce dispositif,
et en particulier de la cartographie des risques d’atteintes à la probité. Elle s’assure de l’élaboration d’un
plan d’actions y afférent et de la mise à disposition des moyens adaptés pour l’exécuter et en assurer le
suivi régulier.
363. L’instancedirigeante s’assure que le respect des mesures de prévention et de détection des atteintes à
la probité est pris en compte dans la fixation des objectifs annuels et l’évaluation de la performance de
l’encadrement. Les initiatives de l’encadrement pour promouvoir la prévention et la détection des
atteintes à la probité auprès de ses équipes doivent être valorisées.
364. L’instance dirigeante vérifie, au moyen d’indicateurs et de rapports de contrôle et d’audit, que le
dispositif anticorruption est organisé, efficace et à jour.
365. La mise en œuvre des mesures et procédures qui composent le dispositif anticorruption induit pour
l’instance dirigeante d’intégrer des mesures de maîtrise des risques aux procédures et politiques
publiques exposées de son organisation, notamment la gestion des ressources humaines, la commande
publique et l’attribution de subventions publiques.
366. L’instance dirigeante prend, dans le respect des normes applicables (droit du travail, statut de la fonction
publique) les sanctions disciplinaires adéquates en cas de comportements constitutifs d’une atteinte à la
probité, d’un manquement au code de conduite ou d’un manquement au devoir de probité.
367. L’instance
dirigeante veille à ce que les entités que contrôle l’acteur public (en droit ou en fait) soient
couvertes par un dispositif anticorruption.
368. L’instance dirigeante veille à ce que le dispositif anticorruption lui soit applicable.
369. Lorsque l’instance dirigeante exerce ses fonctions sous le contrôle ou la surveillance d’un organe non
exécutif ou d’une tutelle, ces derniers veillent à ce que les risques d’atteintes à la probité soient
appréhendés par la mise en place d’un dispositif anticorruption adapté et efficace.
3. Moyens dédiés
370. Lamise en œuvre d’un dispositif anticorruption nécessite des moyens humains et financiers
proportionnés au profil de risque de l’acteur public.
371. La désignation du collaborateur ou du service chargé de la mise en œuvre opérationnelle du dispositif de
prévention et de détection peut faire l’objet d’une communication spécifique à l’ensemble des
personnels et, le cas échéant, être formalisée par une lettre de mission de l’instance dirigeante précisant
notamment :
- les missions confiées ;
- les éléments qui garantissent son autonomie, tels que son positionnement dans
l’organigramme et les modalités d’accès à l’instance dirigeante ;
- l’articulation avec les autres fonctions de l’acteur public ;
Les recommandations de l’AFA 50
- les moyens matériels et humains affectés ou susceptibles d’être mobilisés.
372. L’instance dirigeante s’assure que ce collaborateur ou ce service dispose des moyens et des compétences
lui permettant de réaliser ses missions, de coordonner les fonctions concernées et de rendre compte à
l’instance dirigeante.
373. Son positionnement dans la structure doit lui garantir :
- un accès à toute information utile pour disposer d’une image fidèle de l’activité de l’acteur
public ;
- l’indépendance de son action vis-à-vis des autres fonctions et la capacité à influer réellement
sur ces dernières ;
- un accès aisé à l’instance dirigeante, afin d’en obtenir l’écoute et le soutien.
374. Indépendamment de son positionnement dans l’organigramme, il entretient un lien direct et régulier
avec l’instance dirigeante.
- de disposer d’une connaissance précise de l’acteur public et de ses activités, dont les processus9
que celles-ci nécessitent de mettre en œuvre. Cette connaissance est la condition préalable à
l’analyse fine des processus qui garantit que la cartographie des risques d’atteintes à la probité
reflète fidèlement les risques auxquels l’acteur public est réellement exposé. Chaque acteur
public établit sa propre cartographie des risques, qui lui est spécifique et ne peut en
conséquence être transposée en l’état à un autre acteur public.
- nécessite d’identifier les rôles et responsabilités des acteurs concernés à tous les niveaux de
l’organisation.
- tout d’abord, l’ensemble des acteurs, y compris les élus, les ministres, les membres des différents
cabinets, les comptables publics, les contrôleurs généraux économiques et financiers, ainsi que
9 Dans le cadre des présentes recommandations, la notion de processus s’entend d’un ensemble de tâches corrélées ou en interaction
3. Les différentes étapes de mise en place d’une cartographie des risques d’atteintes à la probité
388. Lacartographie des risques d’atteintes à la probité procède d’une analyse objective, structurée et
documentée des risques auxquels un acteur public est exposé dans le cadre de ses activités. La
description fait ressortir l’impact des risques (gravité) et leur probabilité d’occurrence (fréquence), les
éléments susceptibles de les accroître (facteurs aggravants) ainsi que les réponses apportées dans le
cadre du dispositif de maîtrise des risques existant ou à apporter dans le cadre d’un plan d’actions.
389. Dans ce contexte, afin d’identifier, d’évaluer et de gérer les risques d’atteintes à la probité, il est
recommandé de respecter les étapes ci-après, ou d’employer une autre méthode présentant une
efficacité et pertinence au moins similaires.
390. Pourles acteurs publics ayant déjà conduit des travaux de cartographie des risques, par exemple des
risques opérationnels, stratégiques, budgétaires ou comptables ou en matière de gestion des fonds
européens, ces démarches préexistantes peuvent être capitalisées, sous réserve que la méthode
employée pour les construire soit conforme aux préconisations qui suivent. En effet, la cartographie des
risques d’atteintes à la probité relève d’une méthode analogue : l’acteur public a d’ores et déjà procédé
à une description de tout ou partie de ses processus et il dispose d’une expérience en matière
d’identification et de cotation des risques, ainsi que dans la détermination d’une stratégie de maîtrise
1re étape : Rôles et responsabilités des parties prenantes à la cartographie des risques d’atteintes à la
probité
391. Au sein des acteurs publics, les rôles et responsabilités peuvent utilement être répartis comme suit :
- l’instance dirigeante promeut l’exercice de cartographie des risques et donne les moyens de sa mise
en œuvre au collaborateur ou au service auquel elle en a confié l’élaboration. Elle valide la
stratégie de gestion des risques mise en œuvre sur son fondement et s’assure de l’exécution du
plan d’actions retenu ;
- le collaborateur ou service responsable coordonne l’élaboration de la cartographie des risques, en
accompagnant les services dans le recensement des processus, dans l’identification des risques
d’atteintes à la probité, dans l’évaluation et la hiérarchisation de ces risques et dans la définition
et la mise en œuvre de mesures concourant à leur maîtrise. Il communique la cartographie des
risques à l’instance dirigeante à chacune de ses mises à jour ainsi que le suivi du plan d’actions ;
- les responsables des processus décisionnels, opérationnels, comptables et support contribuent à
l’élaboration et à la mise à jour de la cartographie des risques en rendant compte des risques
spécifiques au périmètre relevant de leur responsabilité ;
- les personnels, forts de leur expérience pratique des processus de l’acteur public, apportent leur
contribution à l’exercice de cartographie en rendant compte des facteurs spécifiques aux
fonctions exercées et aux risques encourus.
392. L’acteur public, lors de l’élaboration de sa cartographie, veille à appréhender les risques inhérents aux
activités exercées par l’ensemble des personnels travaillant dans la structure, quel que soit leur statut (y
compris les bénévoles et les stagiaires), ainsi que ceux attachés aux missions des dirigeants, des élus et
de leurs collaborateurs.
2e étape : Identification des risques inhérents aux activités de l’acteur public (recensement des processus
et scénarios de risques)
393. L’identification des risques de l’acteur public s’appuie sur une analyse fine de ses processus :
- dans une première étape, l’acteur public établit un recensement de ces processus, le cas échéant sur
le fondement d’une cartographie des processus préexistante. Lors de ce premier recensement,
l’acteur public s’attache à ne pas préjuger des résultats de la cartographie des risques en dressant a
priori une liste de processus jugés les plus représentatifs ou les plus exposés aux risques. Dans le cas
d’un acteur public ne disposant d’aucune bibliothèque de processus, le recensement pourra, dans
une première étape, cibler les macro-processus auxquels sera appliquée la méthodologie décrite aux
paragraphes qui suivent. Cette première étape doit être suivie d’une revue à une échelle plus fine des
processus et des scénarios de risques associés.
- dans une seconde étape et sur la base du recensement des processus, l’acteur public organise des
échanges (ateliers, entretiens individuels, etc.) avec des personnels de tout niveau hiérarchique et de
Les recommandations de l’AFA 54
toutes les fonctions de l’acteur public, choisis pour leur maîtrise opérationnelle de ces processus. Ces
échanges permettent la libre expression des participants et font l’objet de comptes rendus écrits.
394. Ces échanges ont pour objet d’identifier, par processus, des scénarios de risques10 auxquels l’acteur
public est exposé dans le cadre de ses activités et de certains métiers. Il ne s’agit pas de décliner la
typologie théorique des risques auxquels il est exposé, mais de procéder à un état des lieux précis
permettant d’identifier, de manière circonstanciée et documentée, les scénarios de risques qui lui sont
propres. Si une liste de risques pré établie peut constituer un des supports sur lesquels peut s’appuyer la
réflexion menée lors de ces entretiens, elle ne saurait pré déterminer la nature, le nombre et la
classification des scénarios de risque retenus à l’issue des entretiens : l’acteur public doit en effet fonder
sa cartographie sur la réalité de ses processus.
395. La cartographie des risques intègre l’intervention des tiers de l’acteur public, qui peut présenter un risque
d’exposition à une sollicitation (facteur de risque).
396. Les scénarios de risques sont identifiés en tenant compte notamment des facteurs de risques suivants :
10
Un scénario de risque correspond à une situation susceptible de donner lieu à la commission d’une atteinte à la
probité. Par exemple, la non déclaration d’un conflit d’intérêts par l’agent chargé de l’instruction d’une décision d’octroi
de subvention concernant une association dont son conjoint est le président ou encore la non-réalisation de
vérifications sur place de la part de l’agent chargé de certifier le service fait à réception de livraisons de la part d’un
fournisseur.
6e étape : Formalisation, mise à jour et archivage de la cartographie des risques d’atteintes à la probité
411. L’ensemble des éléments précités constitue la cartographie des risques. Sa présentation participe de son
appropriation comme outil de pilotage des risques d’atteintes à la probité.
412. La nécessité d’une éventuelle actualisation de la cartographie doit être appréciée chaque année.
413. Cette mise à jour doit suivre la méthode ayant conduit à la construction de la cartographie, si celle-ci
offre, au regard des modalités et méthodologies d’identification, d’évaluation, de hiérarchisation et de
gestion des risques qu’elle prévoit, l’assurance raisonnable qu’elle reflète fidèlement les risques réels
auxquels l’acteur public est exposé.
414. Il
est recommandé de conserver tous les éléments permettant d’apprécier la mise en œuvre effective
des modalités et méthodologies de la cartographie.
415. Les différentes versions des cartographies sont datées, référencées et archivées.
Contenu
424. Lecode de conduite a vocation à être rédigé ou mis à jour postérieurement à l’élaboration de la
cartographie des risques d’atteintes à la probité, dans la mesure où il décrit les comportements à éviter
à partir des risques spécifiques à l’acteur public.
Le code de conduite n’est pas limité à un recueil de bonnes pratiques, mais contient des dispositions sur les
types de comportements à éviter auxquels personnels et dirigeants sont susceptibles d’être confrontés du
fait de l’activité de l’acteur public. Une structuration en rubriques correspondant aux différents types de
comportements à éviter est encouragée.
11
S’agissant des services dont les personnels relèvent du statut général des fonctionnaires, le chef de service fait alors application
de la compétence qui lui est reconnue par l’article 25 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des
fonctionnaires : « Tout chef de service peut préciser, après avis des représentants du personnel, les principes déontologiques
applicables aux agents placés sous son autorité, en les adaptant aux missions du service ».
Mise à jour
437. Le code de conduite est mis à jour régulièrement, notamment après la mise à jour de la cartographie des
risques d’atteintes à la probité. Il comporte à cette fin une indication de sa date d’établissement.
2. Formation et sensibilisation
Définition et objectifs
438. Vecteur de la culture d’intégrité au sein de l’acteur public, un dispositif de sensibilisation et de formation
efficace et adapté favorise une large diffusion des engagements en matière de lutte contre les atteintes
à la probité par l’instance dirigeante, leur appropriation par les collaborateurs et la constitution d’un
socle de connaissances commun aux différents personnels.
439. Une action de sensibilisation permet aux participants d’être mieux informés et réceptifs sur les sujets qui
leur sont présentés.
440. Une action de formation consiste à procurer les connaissances et les compétences nécessaires à
l'exercice d'une activité ou d’un métier. Elle s’intègre dans le plan de formation général de l’acteur public.
441. Le dispositif de sensibilisation et de formation doit :
- être coordonné avec les autres mesures et procédures du dispositif anticorruption. Par
exemple : formation au contenu du code de conduite, formation prioritaire des personnes
identifiées comme à risque sur le fondement de la cartographie des risques, formation et
- le code de conduite ;
- les atteintes à la probité en général, leurs enjeux, leurs formes et les sanctions y afférentes,
qu’elles soient disciplinaires ou pénales ;
- le comportement à adopter face à des faits d’atteintes à la probité, le rôle et les
responsabilités de chacun ;
- le dispositif d’alerte interne.
444. Quelles que soient les modalités d’organisation retenues, ces actions de sensibilisation visent à favoriser
la prise de conscience des enjeux inhérents aux atteintes à la probité au sein de l’acteur public et son
environnement.
- le code de conduite ;
- les atteintes à la probité en général, leurs enjeux et leurs formes ;
- les obligations juridiques applicables et les sanctions y afférentes ;
- le dispositif anticorruption ;
- le comportement à adopter, le rôle et les responsabilités de chacun face à des faits
d’atteintes à la probité ;
- le dispositif d’alerte interne.
455. En complément, des thématiques spécifiques sont traitées, selon les fonctions exercées par les
participants et les risques spécifiques auxquels ils sont confrontés. Les outils de détection des atteintes
à la probité peuvent être une thématique couverte par la formation à destination des personnels chargés
d’une fonction de contrôle.
456. Lespersonnes les plus exposées sont formées dès leur prise de fonction. Les formations sont
régulièrement dispensées tout au long de l’exercice de leur fonction.
457. Lesformations sont mises en œuvre avec des outils adaptés. Elles doivent être accessibles et adaptées
aux publics auxquels elles s’adressent.
458. Lesformations sont pragmatiques et pédagogiques. À l’instar du code de conduite, elles s’appuient
notamment sur des cas pratiques et des scénarios personnalisés par public et adaptés aux risques
identifiés dans la cartographie des risques d’atteintes à la probité.
459. Des membres de l’acteur public peuvent être invités à partager leur expérience en la matière, leurs
réactions et les conclusions qu’ils en ont tirées, donnant ainsi lieu à des échanges au plus près des
contraintes opérationnelles. Les mises en situation peuvent être utiles pour favoriser une appropriation
des règles dans l’exercice quotidien des fonctions.
460. Lamise en place d’outils permettant de vérifier la bonne compréhension des formations comme, par
exemple, un contrôle de connaissances, est à encourager. Ce contrôle de connaissance peut être effectué
au cours de la formation ou après un certain délai, afin de s’assurer que les connaissances ont été
assimilées.
461. Les formations peuvent être assurées par des personnels en interne ou être dispensées par un prestataire
extérieur.
462. Dans l’hypothèse d’une externalisation, il est nécessaire que l’acteur public participe à la conception et
à la mise en œuvre de la formation afin que ses spécificités soient prises en compte et que le contenu de
la formation soit en cohérence avec la politique déployée en la matière (ex. : éléments relatifs au code
de conduite, à la cartographie des risques…).
463. Enfin,
les atteintes à la probité peuvent également être abordées dans le cadre de formations plus
générales (commande publique, management, prise de poste à responsabilité, formation des élus…).
Les recommandations de l’AFA 62
Contrôle et suivi du dispositif de formation
464. La mise en place d’indicateurs permet d’assurer le suivi du dispositif de formation y compris dans
l’hypothèse d’une externalisation des formations. Ces indicateurs peuvent inclure les items suivants :
- taux de couverture de la formation au regard du public visé ;
- nombre d’heures de formation sur le dispositif de prévention et de détection des atteintes à
la probité.
465. La qualité du dispositif de formation et son suivi, ainsi que l’identification des participants font l’objet
d’un contrôle.
466. Dans l’hypothèse d’une externalisation de tout ou partie du dispositif de formation, le collaborateur ou
le service responsable du dispositif anticorruption (ou tout autre responsable désigné) doit non
seulement être informé du calendrier des formations et de leur contenu pédagogique, mais doit aussi
contrôler le déploiement effectif du dispositif et les indicateurs associés.
- le personnel en charge des évaluations et qui en est responsable, collecte les informations et
documents utiles à l’évaluation des tiers avec lesquels il est ou est appelé à être en relation. Il
émet une première appréciation. Cette appréciation vaut décision dans les cas considérés
comme peu risqués ;
- le collaborateur ou le service en charge du dispositif anticorruption (ou tout autre responsable
désigné) apporte son expertise et ses conseils au personnel en charge des évaluations. Il
accompagne le niveau opérationnel dans l’appréciation des cas les plus risqués et dans la prise
de décision ;
- l’instance dirigeante décide des suites à donner aux cas les plus risqués que lui communiquent
les services concernés.
476. La procédure d’évaluation de l’intégrité des tiers est formalisée.
477. Lesinformations et documents utiles à l’évaluation des tiers sont déterminés par l’acteur public sur le
fondement de sa cartographie des risques. Dans bien des cas, une partie des données listées infra à titre
indicatif est déjà demandée dans le cadre des procédures administratives d’instruction en vigueur.
478. À titre indicatif, les évaluations peuvent inclure :
479. Lesinformations sont obtenues dans le respect des réglementations applicables, notamment celles
relatives à la protection des données personnelles.
Les recommandations de l’AFA 64
480. L’acteur public recense les principaux éléments d’identité du tiers : nom, raison ou dénomination sociale,
nature juridique de la structure, date de création, effectifs, chiffre d’affaires, capital, secteur(s) d’activité,
domaines de compétences (notamment pour les prestataires de services), implantation géographique.
481. L’acteur public s’assure que le tiers dispose de l’expérience, des qualifications et des compétences
nécessaires à la réalisation de sa mission. À ce titre, il peut demander au tiers de lui communiquer les
références professionnelles qu’il jugera nécessaires en fonction des données déjà recueillies (date de
constitution, date du lancement de l’activité, etc.). Le manque de qualification ou d’expérience peut être
défini comme un facteur aggravant lors de l’évaluation du niveau de risque du tiers. Pour ce qui concerne
les tiers ayant la qualité de pouvoir adjudicateur, ces vérifications s’effectuent dans le respect du code
de la commande publique.
482. Lacollecte de données personnelles relatives à l’intégrité du tiers, qui peuvent porter sur d’éventuelles
poursuites ou condamnations pour atteintes à la probité, doit respecter les normes régissant la
protection des données.
483. L’acteur public peut également s’assurer que le tiers a mis en œuvre un dispositif anticorruption. Le fait
que le tiers ne communique pas sur la mise en place d’un tel dispositif lorsqu’il y est contraint par la loi
et ne le documente pas peut être considéré comme un facteur de risque.
492. L’absence de facteurs de risque à la suite d’une évaluation ne garantit pas que la relation avec le tiers
soit absolument dénuée de risque. À l’inverse, l’identification de facteurs de risque n’interdit pas la
relation, mais doit conduire l’acteur public à prendre les mesures de vigilance appropriées pendant la
relation.
496. À cet égard, l’acteur public doit avoir une visibilité complète sur les paiements reçus de tiers ou effectués
à leur profit afin de s’assurer que le prix de la prestation et les modalités de paiement sont conformes
aux dispositions contractuelles.
Évaluation des tiers et commande publique
497. L’évaluation de l’intégrité des tiers par les acteurs publics appliquant le code de la commande publique
doit être menée dans le respect des principes fondamentaux de la commande publique : liberté d’accès
à la commande publique, égalité de traitement des candidats et transparence des procédures.
498. Cette évaluation intègre les vérifications prévues par le code de la commande publique ; l’acteur public
vérifie en particulier l’existence d’éventuelles mesures d’exclusion des procédures de marchés publics
dont l’opérateur économique, candidat à un marché, est susceptible de faire l’objet :
- exclusion pour les entreprises ayant fait l’objet d’une condamnation définitive pour un certain
nombre d’infractions, dont la corruption ;
- exclusions laissées à l’appréciation de l’acheteur :
en cas de candidature créant une situation de conflit d’intérêts et lorsqu’il ne peut y être
remédié par d’autres moyens ;
en cas de tentative d’influence sur la décision ;
en cas de tentative d’obtention d’informations confidentielles.
13
Cf. Note 12.
Définition et objectifs
- le référent fonctionnellement désigné pour recueillir les alertes au sein de l’acteur public et, s’il
est différent, le référent en charge de leur traitement ;
- les dispositions prises pour garantir la confidentialité de l’identité de l’auteur du signalement,
des faits objets du signalement et des personnes visées par le signalement, y compris lorsque des
vérifications ou lorsque le traitement du signalement nécessitent la communication avec des
14
Collaborateur extérieur ou occasionnel (personnel intérimaire, stagiaire, prestataire de service, salarié des organisations sous-
traitantes, etc.)
- établissement d’une procédure formalisée qui peut notamment prévoir la désignation d’un
référent alerte et la mise en place d’un comité intégrant des personnes qualifiées, soumises à
des obligations de confidentialité. Ce comité assure une prise de décision collégiale sur les
suites à réserver aux alertes reçues.
- insertion d’un chapitre sur le dispositif d’alerte dans le code de conduite renvoyant à ladite
procédure ;
- diffusion de la procédure d’alerte interne à l’ensemble des personnels par tous
moyens (courrier de la direction, affichage, site intranet, remise en main propre…) permettant
de s’assurer que chaque personne concernée en a connaissance et y a accès. Dans le cas d’un
dispositif d’alerte commun à l’alerte anticorruption et à d’autres dispositifs légaux, la procédure
doit être également diffusée aux collaborateurs occasionnels. L’acteur public peut décider
d’ouvrir son dispositif d’alerte aux tiers. Il peut choisir de mettre à profit ses outils de
communication externes pour mentionner l’existence de son dispositif d’alerte (par exemple
son site internet, les documents remis à ses tiers…) ;
- présentation du dispositif d’alerte dans le cadre des actions de sensibilisation de l’ensemble
des personnels ;
- formation des personnels amenés à recueillir, gérer et traiter les alertes, notamment sur les
obligations de confidentialité, et formation des personnels les plus exposés ;
- mise en place des contrôles de premier et second niveaux sur la procédure d’alerte interne et
intégration du dispositif d’alerte dans le plan de contrôle de l’audit interne au titre du contrôle
de troisième niveau. Pour éviter toute situation de conflit d’intérêts ou d’autocontrôle, les trois
niveaux de contrôles rappelés ci-dessus peuvent être adaptés. Il importe, le cas échéant, que le
Les recommandations de l’AFA 71
personnel qui traite l’alerte soit différent de celui qui en contrôle le bon traitement et qu’un
contrôle a posteriori soit effectué ;
- mise en place d’indicateurs afin d’apprécier la qualité et l’efficacité du dispositif d’alerte
(nombre d’alertes reçues, classées sans suite ou traitées, délais de traitement, problématiques
soulevées, etc.). Ces indicateurs sont transmis à l’instance dirigeante.
547. Au sein des acteurs publics qui sont déjà dotés d’un dispositif de contrôle interne et d’audit interne non
spécifique aux risques d’atteintes à la probité, celui-ci peut comprendre jusqu’à trois niveaux :
les contrôles de premier niveau17 visent à s’assurer que les tâches inhérentes à un processus
opérationnel ou support ont été effectuées conformément aux procédures et aux finalités édictées
par l’acteur public. Ils peuvent être opérés par les équipes opérationnelles ou support ou par leurs
responsables hiérarchiques ;
15 Cf. note 4.
16 L’article 40 du code de procédure pénale : « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de
ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République et
de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs. »
17
Cf. Note 5.
18Cf. note 6.
19
L’article 47-2 de la Constitution consacre les principes de sincérité, de régularité et d’image fidèle pour toutes les administrations
publiques.
Définition et objectifs
555. Les contrôles comptables, ci-après « contrôles comptables anticorruption », ont pour objectif de
s'assurer que les comptes ne sont pas utilisés pour masquer des faits d’atteintes à la probité.
- garantissent in fine le respect des mêmes principes que les contrôles comptables généraux
(régularité, sincérité et fidélité des opérations comptables et financières),
- reposent sur les mêmes méthodes que les contrôles comptables généraux et comportent par
exemple des contrôles par sondages, par revue de cohérence, par confrontation avec la réalité
physique (inventaire) ou par confirmation par un tiers.
558. Ils sont établis, parmi les contrôles généraux existants, par approfondissement ou en complément de
ceux-ci, pour cibler les situations à risques mises en évidence dans la cartographie des risques d’atteintes
à la probité de l’acteur public.
559. Peuvent, par exemple, représenter des situations à risque et ainsi être traités les frais de représentation
et de déplacement, le traitement des appels de fonds, la gestion des actifs immobiliers et des stocks, le
fonctionnement des régies, les produits des services et du domaine, les éventuels engagements hors
bilan.
Formalisation des contrôles comptables anticorruption
560. Les modalités des contrôles comptables anticorruption sont formalisées au sein d’une procédure
rappelant notamment :
- l’objet et le périmètre des contrôles ;
- les rôles et responsabilités dans leur mise en œuvre ;
- les modalités d’échantillonnage des opérations à contrôler, le cas échéant ;
- la définition d’un plan de contrôle ;
- les modalités de gestion des incidents ;
- les critères de seuils ou de matérialité devant entraîner un contrôle.
1. Objectifs et modalités
575. Afinde s’assurer de l’adéquation et de l’efficacité des procédures de prévention et détection des
atteintes à la probité, l’acteur public les contrôle et les évalue.
576. Ce dispositif répond à quatre objectifs :
Formation - s’assurer que les formations prévues ont bien été réalisées et
suivies par les personnes concernées (notamment les
personnes particulièrement exposées et les personnes
chargées de mettre en œuvre les procédures de lutte contre les
atteintes à la probité) ;
- s’assurer de la cohérence entre les publics ciblés dans la
formation, le contenu de la formation et les risques auxquels
ils peuvent être exposés tels qu'identifiés dans la
cartographie.
Évaluation des tiers - s’assurer de la mise en œuvre effective des mesures de
vigilance par des contrôles a priori et des contrôles a posteriori
sur échantillons ;
- vérifier régulièrement l'adéquation du dispositif d'évaluation
des tiers au regard des risques identifiés dans la cartographie.
- contrôler le déploiement et la correcte application de la
Alerte interne
procédure d'alerte ;
- réaliser une analyse qualitative et quantitative des
signalements reçus sur la période (quels canaux utilisés ? Des
signalements sont-ils remontés par d'autres canaux non
identifiés ? Quels sujets visés ? ...) ;
- contrôler la pertinence des réponses apportées aux
signalements reçus ;
- contrôler les modalités d’archivage des signalements.
- s’assurer de la formalisation des procédures de contrôle ;
Contrôle interne et contrôles
- contrôler la mise en œuvre effective des contrôles prévus et
comptables
leur traçabilité ;
- vérifier régulièrement l'adéquation du dispositif de contrôle
interne au regard des risques identifiés dans la cartographie.
Régime disciplinaire - s’assurer que tout manquement au code de conduite et toute
atteinte à la probité fait l’objet d’une sanction adaptée.
2. Régime disciplinaire
Définition
586. Le régime disciplinaire correspond aux sanctions qu’un acteur public est susceptible de prendre à
l’encontre d’un collaborateur dont le comportement est fautif.
587. Sont notamment considérés comme une faute de nature à justifier une sanction disciplinaire, des
comportements constitutifs d’une atteinte à la probité, un manquement au code de conduite20 ou un
manquement au devoir de probité.
Mécanisme
589. L’engagement de l’instance dirigeante dans la maîtrise des risques d’atteintes à la probité implique, en
cas de comportements constitutifs d’une atteinte à la probité, d’un manquement au code de conduite21
ou d’un manquement au devoir de probité, d’engager une procédure disciplinaire et de mettre en œuvre
des sanctions disciplinaires proportionnées.
590. Selon les cas, un dépôt de plainte ou un signalement au procureur de la République sur le fondement de
l’article 40 du code de procédure pénale peuvent être réalisés parallèlement au lancement de la
procédure disciplinaire.
591. L’instance dirigeante n’est pas tenue d’attendre la décision pénale pour mettre en œuvre des sanctions
disciplinaires si les faits sont avérés et que leur gravité le justifie. La mise en œuvre de ces sanctions peut
en effet s’appuyer sur les constatations d’une enquête interne circonstanciée, permettant d’établir avec
rigueur la matérialité des faits reprochés à la personne concernée.
592. Dans le cas du code de conduite applicable aux élus, il appartient à l’instance dirigeante de tirer les
conséquences du non-respect par l’un d’eux des dispositions de ce code. Cela peut, le cas échéant,
conduire à, d’une part, modifier le périmètre de la délégation confiée à l’élu en question, voire à la lui
retirer, d’autre part, à l’exclure de certaines instances comme la commission d’appel d’offres.
20
Sous réserve, pour les personnels relevant du statut général des fonctionnaires, des précisions apportées au § 433 supra.
21 Cf. Note 20
Communication interne
595. La
diffusion, sous un format garantissant la totale anonymisation, des sanctions disciplinaires peut être
demandée par l’instance dirigeante, afin de rappeler la politique de tolérance zéro à l’égard de tout
comportement contraire à l’intégrité et à la probité.
596. Le régime de protection des lanceurs d’alerte nécessite de veiller à garantir la protection de leurs droits
et notamment la stricte confidentialité de leur identité, mais également des faits objets du signalement
et des personnes visées par le signalement. La violation de la confidentialité doit être susceptible
d’entraîner des sanctions disciplinaires.
597. Au-delà de la mise en place d’un dispositif de recueil des signalements, toute personne souhaitant
signaler des faits relevant de l’article 6 de la loi peut les porter à la connaissance de son supérieur
hiérarchique, direct ou indirect, ou d’un référent désigné par l’employeur.
598. Si ce signalement n’a pas fait l’objet de diligences de la personne destinataire dans un délai raisonnable,
le lanceur d’alerte pourra, dans un deuxième temps, s’adresser à l’autorité judiciaire, à l’autorité
administrative ou aux ordres professionnels.
599. Le lanceur d’alerte peut également l’adresser au Défenseur des droits afin d’être orienté vers l’organisme
approprié pour le recueil de l’alerte.
600. Enfin, à défaut de traitement du signalement dans un délai de trois mois par l’un des organismes saisis,
celui-ci pourra être rendu public.
601. En cas de danger grave et imminent ou en présence d'un risque de dommages irréversibles, le
signalement relatif à des faits mentionnés à l’article 6 de la loi peut être adressé directement à l’autorité
judiciaire, à l’autorité administrative ou aux ordres professionnels. Il peut également être rendu public.
22
https://defenseurdesdroits.fr/
1- Versement de subventions
1.1 Principaux risques d’atteintes à la probité liés à l’attribution de subventions
L’attribution de subventions est particulièrement exposée aux risques de détournement de fonds publics et
de prise illégale d’intérêts :
Détournement de fonds publics :
En cas d’attribution d’une subvention à un organisme « écran ».
Lorsque la subvention est versée malgré un dossier de demande incomplet.
Lorsque les fonds publics sont versés non pas à l’organisme demandeur, mais à un tiers qui
a substitué son identité bancaire à celle de l’association.
Lorsque l’association affecte tout ou partie des fonds publics reçus à un usage autre que celui
qui a justifié le versement de la subvention.
Prise illégale d’intérêts :
Lorsque l’instruction du dossier est réalisée par un agent public qui a un intérêt à ce que la
subvention soit ou non attribuée (par exemple, lorsque son conjoint est membre du bureau
de l’association).
Lorsque la personne qui décide de l’attribution de la subvention ou qui participe à une
décision collective d’attribution dispose d’un intérêt à ce que la subvention soit ou ne soit
pas attribuée.
2.2 Exemples de mesures de prévention et de détection des atteintes à la probité dans le cadre du
processus de subventionnement
Former les agents à la gestion des conflits d’intérêts dans le cadre des recrutements
et organiser un large accès au déontologue pour obtenir des conseils en la matière.
Rapprocher régulièrement les fiches de paie avec l’organigramme nominatif du
service.
Automatiser autant que possible le calcul des avancements et reclassements dans le
système d’information de gestion des ressources humaines et prévoir un contrôle
hiérarchique en cas de forçage manuel.
Empêcher l’habilitation informatique d’un agent pour intervenir sur son propre
dossier dans le système d’information de gestion des ressources humaines.
Vérifier systématiquement les évolutions atypiques des montants de la paie pour un
même agent.
Organiser des contrôles par sondage des saisies, par les pairs et par la chaîne
hiérarchique.
Organiser une rotation régulière des agents occupant des postes particulièrement
exposés aux atteintes à la probité.
3- Commande publique
3.1 Principaux risques d’atteintes à la probité dans la commande publique
L’attribution des marchés publics est particulièrement exposée aux risques de corruption et de trafic
d’influence :
Attribution d’un marché à un opérateur économique en contrepartie d’une somme qu’il verse au
décideur (corruption) ou qu’on lui propose de verser pour influencer un décideur public (trafic
d’influence).
De plus, le non-respect des principes de la commande publique constitue en lui-même une atteinte à la
probité, le favoritisme ; ces principes sont la liberté d’accès et l’égal accès des opérateurs économiques à la
commande publique et la transparence des procédures. De nombreux types de situations recouvrent le
risque de favoritisme :
Choix inadapté de la procédure de consultation.
Recours non justifié aux procédures dérogatoires (urgence/marché négocié sans mise en
concurrence).
Traitement plus favorable d’une des organisations au cours de la consultation (communication
d’informations privilégiées, par exemple).
Choix de critères d’analyse des offres biaisé ou « orienté ».
Recours abusifs aux avenants.
3.2 Exemples de mesures de prévention et de détection des atteintes à la probité dans les étapes de
la commande publique
Choix de la consultation : respect des règles que l’entité se fixe en matière de marchés à procédures
adaptées (seuils), stricte application des critères justifiant le recours aux procédures dérogatoires.
Consultation : donner le même niveau d’information à tous les candidats, justifier le choix des
critères d’analyse des offres, notamment les critères techniques.
Attribution : mettre en œuvre un déport des décideurs ayant un intérêt (financier ou moral),
privilégier un choix collégial pour l’attribution des marchés à procédures adaptées.
Exécution : porter une attention particulière au service fait, réaliser des contrôles réguliers sur les
prestations ou travaux réellement réceptionnés (volume, qualité).