Situation Des Travailleurs Étrangers
Situation Des Travailleurs Étrangers
Situation Des Travailleurs Étrangers
La situation des travailleurs étrangers sera abordée dans le cadre de leur condition, tout
en précisant l’incidence de certains traités sur celle-ci.
La condition des travailleurs étrangers soulève deux problèmes : l’un relatif au régime
au régime administratif qui leur est applicable, et l’autre portant sur les droits qui leur sont
reconnus.
L’ordonnance 84-49 du 4 août 1984 fixe les conditions d’entrée, de séjour et de sortie
du Burkina Faso des nationaux et des étrangers. Cette source interne doit cependant être
complétée par des dispositions internationales liant le Burkina Faso, soit dans un cadre
bilatéral, soit dans un cadre multilatéral, et qui ont pour objet d’assouplir les conditions
d’entrée ou de séjour des ressortissants des Etats parties à ces conventions.
§I : L’entrée
§II : Le séjour
Le séjour de plus de trois mois, ainsi que l’établissement au Burkina Faso, sont
subordonnés, outre les formalités prévues pour l’accès au territoire, à la possession d’un
carnet de séjour. Sont toutefois dispensés de ce carnet les membres des missions
diplomatiques et leur famille (conjoint, ascendant, enfant mineur), ainsi que les ressortissants
de pays dont la liste est fixée par décret. Le carnet de séjour doit être réclamé par l’intéressé
dans les quinze jours qui suivent l’entrée sur le territoire burkinabé.
La sanction d’une situation irrégulière est le refoulement.
§III : L’établissement
L’établissement, outre qu’il suppose réunies les conditions générales du séjour de plus
de trois mois, n’est pas libre au Burkina. L’établissement est défini par l’article 1 de la loi 24-
65 du 16 décembre 1965 relative au droit d’établissement et de prestation de services des
étrangers. L’établissement désigne l’accès aux activités non salariées et l’exercice de ces
activités, la constitution et la gestion d’entreprise constituées ou non en sociétés, ainsi que la
création d’agences, de succursales et de filiales. Les prestations de service désignent, dans la
mesure où elles ne sont pas couvertes par l’établissement, les activités industrielles,
commerciales, artisanales et des professions libérales, à l’exclusion des activités salariées.
Il est interdit à quiconque d’employer un étranger non muni d’un titre de séjour en
bonne et due forme.
Le travailleur salarié étranger doit être titulaire d’une carte de travailleur étranger
délivrée par le service chargé de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle
(l’ANPE). Cette carte professionnelle, à l’instar de celles qui conditionnent l’exercice d’une
profession commerciale et artisanale, traduit l’exigence d’une autorisation administrative,
distincte de celle qui conditionne le séjour de l’étranger, nécessaire à l’exercice d’une activité
salariée par un étranger au Burkina.
Le visa des travailleurs étrangers est subordonné à l’acquittement des frais fixés par
l’arrêté 2004-299 MTEJ/MFB du 22 juin 2004 fixant les taux et les modalités d’acquittement
des frais de visas des contrats des travailleurs étrangers.
Le code du travail limite la durée des contrats de travail à durée déterminée des
travailleurs étrangers à trois ans, alors que cette limite est de deux ans pour les travailleurs
nationaux.
L’étude des droits dont les travailleurs étrangers sont titulaires, ainsi que les
restrictions éventuelles y afférant, portera sur les droits économiques et sociaux.
En droit du travail, les travailleurs étrangers ont, en vertu de la convention OIT n°97
concernant les travailleurs migrants, les mêmes droits sociaux (rémunération, droit
syndicaux,sécurité sociale) que les nationaux. Du point de vue syndical, si le travailleur
étranger a le choix de s’affilier au syndicat de son choix, il ne peut cependant être chargé de
l’administration ou de la direction d’un syndicat, fonction qui est réservée aux burkinabé, sauf
réciprocité diplomatique. De même l’élection en tant que délégué du personnel dans une
entreprise suppose la qualité de national, sauf réciprocité diplomatique.
En matière de sécurité sociale, les différentes branches de la sécurité sociale burkinabé
sont applicables aux étrangers qui exercent une activité salariée au Burkina Faso. Cette règle,
contenue dans l’article 3 de la loi 015-2006 du 11 mai 2006 portant régime de sécurité sociale
applicables aux travailleurs salariés et assimilés au Burkina Faso, est parfaitement conforme
aux conventions OIT n° 97 sur les travailleurs migrants et n° 118 sur l’égalité de traitement
des nationaux et non nationaux en matière de sécurité sociale. Cependant, les prestations de
sécurité sociale sont suspendues lorsque le titulaire ne réside pas sur le territoire national.
§I : La réciprocité
Les traités internationaux relatifs à la condition des étrangers peuvent être fondés sur
la notion de réciprocité. Il en est ainsi lorsque la nationalité de l’une des parties contractantes
est une condition nécessaire au bénéfice des dispositions d’un traité ; dans ces hypothèses, les
Etats stipulent au profit de leurs seuls ressortissants. En d’autres termes, ces conventions ne
concernent que les seuls nationaux de chacune des parties contractantes ou les seuls
ressortissants des Etats membres.
Au contraire, certains traités peuvent ne pas faire de la réciprocité le ressort de leur
application. Dans ces cas, le bénéfice des dispositions de la convention n’est pas réservé aux
seuls nationaux, mais à toutes les personnes relevant de la juridiction des Etats parties. Tel es
le cas dans les conventions relatives aux droits de l’Homme (Par exemple le pacte
international relatif aux droits civils et politiques adopté par l’Assemblée générale des Nations
unies, le 16 décembre 1966, la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, ratifiée
par le Burkina le 6 juillet 1984 et entrée en vigueur le 21 octobre 1986, …).
Outre la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, qui a des incidences
sur la condition de n’importe quel étranger, dans la mesure où le droit commun de la
condition des étrangers doit satisfaire aux exigences de cette convention, les conventions
multilatérales, liant le Burkina et portant sur la condition des étrangers, sont principalement
des conventions conclues dans le cadre d’organisations d’intégration régionale.
La CEDEAO, créée par le traité du 28 mai 1975, révisé à Cotonou le 24 juillet 1993,
ambitionne de créer un marché commun dont l’un des piliers porte sur la libre circulation des
personnes. Les normes organisant cette liberté, dans l’espace CEDEAO, sont principalement
constituées des Protocoles de Dakar du 29 mai 1979 et des protocoles d’Abuja du 1 juillet
1986 et de Banjul du 29 mai 1990.
Le protocole additionnel d’Abuja du 1 juillet 1986 organise la question du droit de
résidence défini comme celui de « demeurer dans un Etat membre autre que son Etat d’origine
pour y occuper ou non un emploi ». Toutefois, chaque Etat ne « reconnaît…le droit de
résidence sur son territoire qu’en vue d’accéder à une activité salariée et de l’exercer ».
L’article 3 du Protocole énumère les prérogatives constitutives du droit de résidence ainsi
qu’il suit :
- le droit de répondre à des emplois effectivement offerts ;
- le droit de se déplacer à cet effet librement sur le territoire des Etats membres ;
- le droit de séjourner et de résider dans un des Etats membres afin d’y exercer un
emploi conformément aux dispositions législatives, réglementaires et administratives
régissant les travailleurs nationaux ;
- le droit de demeurer, dans les conditions définies par les dispositions législatives,
réglementaires et administratives des Etats membres d’accueil, sur le territoire d’un
Etat membre après y avoir exercé un emploi.
Le droit de résidence est subordonné à l’obtention d’une carte ou d’un permis de
résident (Décision de la Conférence des chefs d’Etat, prise à Banjul le 30 mai 1990 portant
institution d’une carte de résident de la CEDEAO).
Le Protocole de Banjul du 29 mai 1990 retient la nécessité de la reconnaissance
mutuelle des diplômes, titres et certificats qui devront donner lieu à des décisions de la
Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement.
Après plus de trente années d’existence, il faut observer que le droit de la CEDEAO
sur la circulation des personnes, notamment en ce qui concerne les droits de résidence et
d’établissement est dans l’ensemble ineffectif. Les causes peuvent être liées à l’absence d’un
véritable organe représentant et défendant les intérêts de la communauté et à l’important
travail normatif qui n’a pas été réalisé au sein de la CEDEAO pour concrétiser les droits
reconnus par les protocoles de Dakar, Abuja et Banjul. En effet, on ne réalisera pas
concrètement les libertés de résidence et d’établissement sans édicter un certain nombre
d’actes communautaires qui auront pour objet de lever les entraves concrètes à l’exercice de
ces libertés. Il s’agit notamment des questions suivantes : les conditions de résidence de la
famille du travailleur migrant, la coordination des régimes de sécurité sociale afin d’assurer la
totalisation des périodes d’emploi dans les différents Etats membres, la reconnaissance
mutuelle des diplômes, titres et certificats, l’harmonisation des conditions d’accès et
d’exercice des professions, etc.
Le Burkina Faso est lié au plan bilatéral avec le Mali par une convention
d’établissement et de circulation des personnes du 30 septembre 1969. Cet accord prévoit en
ce qui concerne l’exercice des professions, que les nationaux de l’une des parties établis sur le
territoire de l’autre, à la date d’entrée en vigueur de l’accord, « continuent à exercer librement
leur profession dans les mêmes conditions que les nationaux de l’Etat de résidence ». Pour les
autres, c'est-à-dire les personnes qui viendraient s’établir après la mise en vigueur de la
convention, il y a une assimilation de principe aux nationaux « sauf dérogation imposée par la
situation économique et sociale ». Enfin, la convention réserve le cas des emplois publics qui
sont ouverts aux nationaux de chacune des parties dans l’autre Etat « dans les conditions
déterminées par la législation de cet 4Etat ».
Le Burkina était lié par deux conventions aujourd’hui suspendues, relatives à
l’immigration des nationaux en côte d’Ivoire, et le Gabon.
§I : Définitions
L’étude des contrats de travail en droit international du travail suppose que l’on
s’attache à déterminer les règles de conflit applicables et le domaine de la loi applicable.
Juridiquement, le contrat international est celui qui présente des liens avec plusieurs
systèmes de droit. Les critères d’internationalité retenus par cette définition sont : les lieux où
sont élaborés les actes relatifs à la conclusion et l’exécution du contrat, la nationalité ou/et le
domicile des parties et enfin la localisation de l’objet du contrat. Ces facteurs n’ont pas une
égale importance, et doivent se compléter pour caractériser l’internationalité d’un contrat.
A titre d’exemple de contrat international de travail on peut citer le cas du contrat
conclu pour être exécuté en France par un burkinabé au profit par exemple d’un français. Ce
dernier même non résident au Burkina pourra être attrait devant les juridictions burkinabé en
cas de résiliation du contrat de travail de son fait. Se posera donc dans ce cas la question de la
loi applicable à ce contrat devant le juge burkinabé.
Il est question ici de rechercher s’il faut pour la détermination de la loi applicable se
référer à l’autonomie de la volonté des parties au contrat ou se référer à tout autre lien de
rattachement.
Une première conception consiste à accorder à la volonté des parties une fonction de
fondement du droit applicable au contrat. Dans ce cas, on estime que le contrat étant
international il faut rechercher la loi applicable dans la volonté des parties au contrat. Les
parties décident de la loi qui doit régir leur relation contractuelle.
Le problème ici est celui de savoir si le choix des contractants est libre ou s’il est
limité aux seules lois ayant un lien avec le contrat.
Cette règle de l’autonomie de la volonté ne semble pas être d’un recours possible au
Burkina Faso en raison des dispositions du code du travail qui obligent le juge à se référer à
des règles de conflit subsidiaires.
L’article 42 du code du travail burkinabé prévoit que « quels que soient le lieu de la
conclusion du contrat et la résidence de l’une ou l’autre partie, tout contrat de travail conclu
pour être exécuté au Burkina Faso, est soumis aux dispositions de la présente loi. Il en est de
même de tout contrat de travail conclu pour être exécuté sous l’empire d’une autre législation
et dont l‘exécution partielle au Burkina Faso excède une durée de trois mois. ».
Cet article en visant les contrats de travail conclus pour être exécutés sous l’empire
d’une autre législation, par exemple en vertu de la loi d’autonomie, pour les soumettre à la loi
burkinabé, écarte la loi d’autonomie en matière de contrat international de travail devant les
juridictions burkinabé.
Les conditions de validité du contrat au fond portent sur les parties au contrat et
l’opération contractuelle.
Les effets du contrat désignent les caractères et la portée du lien obligatoire ainsi que
l’extinction des obligations.
La loi du contrat détermine les personnes liées par les obligations créées par le contrat.
Elle détermine la portée du lien obligatoire. C’est donc cette loi qu’il faut interroger pour
interpréter les droits et obligations contractuels et préciser, par exemple, si telle ou telle
obligation constitue, du point de vue de sa portée, une obligation de moyen ou de résultat. La
sanction de la force obligatoire relève également de la loi du contrat. Dès lors la responsabilité
contractuelle est régie par cette loi.