BENAMARA 2021 Archivage
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THÈSE DE DOCTORAT
En vue d’obtention du grade de docteur
Rédigé par :
Abdeslam BENAMARA
Pour pallier ces problèmes de stabilité structurelle et d’impression nous avons adapté
le processus et fait recours à un fluide élasto-viscoplastique comme milieu porteur. La démarche
employée se positionne à nouveau dans un contexte d’interaction formulation/rhéologie/process
auquel s’ajoute l’optimisation des propriétés de la suspension porteuse. Deux types de
suspension ont été utilisés. Une à base de Carbopol et une autre, plus écologique, à base de filler
calcaire. Les aspects de stabilité chimique et physique des deux suspensions ont été abordés.
Pour décrire l’interaction encre/suspension, trois approches analytiques ont été développées et
confrontées aux résultats expérimentaux de l’impression dans le gel d’une structure en porte-à-
faux assimilée à une lettre "L" inversée. La première approche nous aide à évaluer la stabilité
du matériau extrudé en supposant que la forme extrudée est une sphère d’un volume équivalent
quelle que soit la forme finale. La deuxième est basée sur l’équilibre mécaniques des forces qui
cette fois-ci dépend de la géométrie de la forme finale. Enfin, l’approche basée sur bilan
d'énergie de déformation entre la forme finale visée et la déformation admissible de la
suspension. Cela nous a permis de fixer des critères sur les propriétés rhéologiques des
suspensions, notamment sur la contrainte seuil de cisaillement.
Une fois que nous avons réussi de maitriser les paramètres rhéologiques et d’impression,
on s’est intéressé aux performances mécaniques à l’état durci des produits imprimés à l’air libre
et au sein du fluide porteur. Cette dernière partie est une contribution à l’évaluation de
l’influence de la qualité d’impression et de la forme de l’éprouvette sur le comportement
mécanique. La résistance à la compression des éprouvettes cylindriques creuses ayant une
régularité géométrique des couches est 60% plus élevée comparée aux éprouvettes moulées.
Cependant, le recours à l’utilisation des suspensions pour réaliser les formes complexes peut
engendrer une diminution de la résistance mécanique causée par la présence d’une couche
mince de la suspension à l’interface entre les couches superposées du mortier.
Mots clés : Imprimante 3D, Encres minérales, Rhéologie, Qualité d'impression, Stabilité,
Propriétés mécaniques.
Abstract
The construction sector is undergoing a revolution through new technologies and digitalization.
3D printing allows to build complex objects that are architecturally spectacular while
responding to environmental and economic challenges. However, some limitations remain for
the generalization of its use on a large scale related either to the equipment or to the used ink.
The objective of this thesis is to contribute to a better understanding of the relationship between
the process and the rheological and mechanical properties of printed specimens having complex
shapes. The carried out works in this thesis led to the development of large-scale 3D printing
equipment by extrusion and selective bonding.
To overcome these problems of structural and printing stability we have adapted the process
and used an elasto-viscoplastic fluid as a carrier liquid. The approach used here is in a context
of formulation/rheology/process interactions to which is added the optimization of the
properties of the carrier liquid. Two types of suspension were used. One based on Carbopol and
another one, more ecological, based on limestone filler suspension. The chemical and physical
stability aspects of both suspensions were examined. Then, to describe the ink/suspension
interaction, three analytical approaches have been developed and compared to the experimental
results of printing in gel a cantilever structure assimilated to an inverted letter "L". The first
approach helps us to evaluate the stability of the extruded material by assuming that the
extruded shape is a sphere of equivalent volume whatever the final shape. The second approach
is based on the mechanical force’s balance which depends on the geometry of the final shape.
Finally, the approach based on deformation energy balance between the final shape and the
allowable deformation of the suspension. The comparison of those approaches allowed us to
set criteria on the rheological properties of the suspensions, especially the yield shear stress.
Once the rheological and printing parameters have been mastered, the mechanical performance
in the hardened state has been investigated for the printed products made in the carrier liquid
and those made in open air. This last part is a contribution to the assessment of the influence of
the printing quality and the shape of the specimen on the mechanical behaviour. The
compressive strength of hollow cylindrical specimens with geometric layer regularity is 60%
higher than standardized specimens’ compressive strength. However, the use of suspensions to
make complex shapes can lead to decrease the mechanical strength which is caused by the
presence of a thin layer of suspension at the mortar's interlayers.
Keywords: 3D printer, mineral inks, Rheology, print quality, stability, mechanical properties.
Remerciement
Au terme de cette thèse, je tiens à remercier tous ceux qui de près ou de loin ont
contribué à l’aboutissement de ce travail.
Je remercie également les membres de jury d’avoir accepté de participer à mon jury
de thèse.
Merci aux doctorants avec qui j’ai partagé les hauts et les bas.
Enfin, je tiens à remercier toutes les personnes œuvrant dans l’ombre sans qui ce
travail n’aurait jamais vu le jour, mes amis et ma famille.
Merci à vous mes petits points positifs d’avoir toujours étaient là, envers et contre
tout.
C’est une page qui se tourne mais je n’oublierais jamais votre présence à mes côtés.
Sommaire
Introduction ............................................................................................................ 5
Technologie d’impression 3D dans le secteur de la construction ...................... 5
Procédé d’impression 3D .............................................................................. 6
Classification des méthodes d’impression 3D .............................................. 8
Dépôt de couches successives par extrusion .......................................... 8
Impression sur support vertical .............................................................. 9
Impression par liaison sélective de particules ...................................... 10
Coffrage glissant piloté « Smart Dynamic Casting » ........................... 11
Coulage sur un coffrage de grillages métalliques imprimés ................ 12
Injection dans un fluide complexe ....................................................... 12
Classification des dispositifs d’impression 3D ........................................... 13
Bras robotisé......................................................................................... 13
Machine à 3 axes .................................................................................. 14
Mini-builders 3D printers ..................................................................... 15
Portique d’impression 3D à l’échelle de bâtiment ............................... 16
Structure à câbles ................................................................................. 16
Grue adaptée pour la fabrication additive ............................................ 17
Encres dédiées à l’impression 3D dans la construction .............................. 18
Mélanges cimentaires ........................................................................... 19
Mélanges géo-sourcés .......................................................................... 23
Choix du matériau étudié ............................................................................ 23
Rhéologie et procédé d’impression 3D ............................................................... 24
Lois de comportement rhéologique des matériaux cimentaires .................. 25
Comportement élastique solide ............................................................ 25
Comportement viscoplastique .............................................................. 26
Thixotropie ........................................................................................... 28
Mesures rhéologiques........................................................................... 29
Sommaire
Malaxage ..................................................................................................... 31
Transport du matériau ................................................................................. 31
Pompage ............................................................................................... 31
Extrusion par piston ............................................................................. 33
Extrusion par vis sans fin ..................................................................... 35
Relation entre les vitesses du processus et le comportement rhéologique du
mortier .............................................................................................................................. 36
Problèmes associés à la structure imprimée ................................................ 38
Conservation de la forme des couches extrudées ................................. 38
Mécanismes de rupture de la structure imprimée ................................ 38
Effet de la vitesse d’impression sur l’interface entre couches .................... 41
Compression des couches imprimées.......................................................... 42
Stabilité d’une couche imprimée en porte-à-faux ............................................. 44
Conditions de stabilité statique et dynamique de l’impression ................... 45
Stabilité statique d’impression ............................................................. 47
Stabilité pendant l’impression .............................................................. 49
Comportement mécanique des produits imprimés ........................................... 49
Comportement mécanique sous compression uni-axiale ............................ 49
Comportement mécanique sous flexion en trois points .............................. 50
Conclusion et orientation des travaux de thèse ................................................. 51
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D .................................................................. 53
Introduction ........................................................................................................ 53
Imprimante BK3D.............................................................................................. 53
Conception de l’imprimante BK3D ........................................................... 54
Squelette de l’imprimante ................................................................... 54
Système de transmission de mouvement ............................................ 57
Système de contrôle électronique ....................................................... 58
Système d’extrusion ............................................................................ 60
Mécanisme de transport du matériau dans l’extrudeuse ..................... 63
Buses ................................................................................................... 64
Conception finale de l’imprimante BK3D .......................................... 64
Mise en marche l’imprimante BK3D......................................................... 65
Préparation du fichier numérique ....................................................... 65
Sommaire
Introduction....................................................................................................... 75
Matériaux et formulations ............................................................................... 75
III.2.1. Composition des matériaux cimentaires .................................................. 75
III.2.1.1. Ciment ............................................................................................... 75
III.2.1.2. Additions minérales ........................................................................... 76
III.2.1.3. Sable .................................................................................................. 77
III.2.1.4. Superplastifiant .................................................................................. 78
III.2.1.5. Agent de viscosité.............................................................................. 79
III.2.2. Mortiers cimentaires ................................................................................ 79
III.2.2.1. Mortier Ref-1 ..................................................................................... 79
III.2.2.1. Mortier Ref-2 ..................................................................................... 79
III.2.3. Gel de Carbopol ....................................................................................... 80
III.2.3.1. Carbopol Ultrez 20 ............................................................................ 81
III.2.3.2. Carbopol 691 ..................................................................................... 81
III.2.4. Suspension de calcaire ............................................................................. 81
Appareils et protocoles expérimentaux........................................................... 82
III.3.1. Malaxage du mortier ................................................................................ 82
III.3.2. Affaissement au Mini-cône ...................................................................... 83
III.3.3. Essais de temps de prise........................................................................... 83
III.3.4. Granulométrie par Tamisage ................................................................... 84
III.3.5. Rhéométrie ............................................................................................... 85
Sommaire
III.3.5.1. Rhéomètre.......................................................................................... 85
III.3.5.2. Protocoles rhéométriques (rotationnel, oscillatoire).......................... 86
III.3.5.3. Essai de compression (Squeeze test) ................................................. 87
III.3.6. Protocole d’essai de compression cyclique sur mortier frais ................... 90
III.3.7. Protocole de l’estimation de la vitesse d’extrusion ................................. 92
III.3.8. Protocol de préparation du gel de Carbopol ............................................ 93
Suivi de la sédimentation de la suspension de Calcaire ........................... 97
Essais de caractérisation à l’état durci ........................................................... 97
III.4.1. Rectification des éprouvettes et surfaçage au souffre .............................. 97
III.4.2. Essais mécaniques sur éprouvettes prismatiques ..................................... 98
III.4.3. Essais mécaniques sur éprouvettes cylindriques ..................................... 99
III.4.3.1. Essai de compression avec chargement monotone .......................... 100
III.4.3.2. Essai de compression avec chargements cycliques ......................... 101
Conclusion ....................................................................................................... 102
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique ........................................................ 103
Figure I-2. Les étapes élémentaires du processus d’impression 3D de matériaux cimentaires par
extrusion ..................................................................................................................................... 8
Figure I-3. Procédé d’impression 3D par dépôt de couches successives par extrusion, (à gauche)
réalisé par LafargeHolcim (Concept YRYS) [20], (à droite) Cirratus Vase à la Zaha Hadid
Gallery à Londres réalisé par XtreeE [21]. ................................................................................ 9
Figure I-4. Impression verticale : (à gauche) utilisation d’un bras robotisé pour imprimer sur un
support vertical (à droite) tests de dépôts d’une mousse de béton [23]. .................................. 10
Figure I-6. (à gauche) Illustration d’une base lunaire, (à droite) phase de construction au moyen
de véhicules autonomes coopérants [32]. ................................................................................. 11
Figure I-7. Schéma conceptuel montrant le processus de production de Smart Dynamic Casting
[33] ........................................................................................................................................... 11
Figure I-9. Procédés d'impression 3D par injection de : (a) Béton dans une suspension, (b)
Suspension dans du béton, (c) Béton à haute performance dans un béton ordinaire [40] ....... 12
Figure I-11. Imprimante cartésienne en portique : (a) Impression 3D de pièces en béton à l’aide
d’une imprimante à charriots roulants [2], (b) BetAbram P3, axes de déplacement [47], (c)
Imprimante Wasp-Big Delta utilisé pour l’impression 3D des structures en matériau biosourcé
[48]. .......................................................................................................................................... 15
Figure I-12. Technologie des mini robots pour l’impression 3D de maisons, [49] : (à droite)
Mini robot imprimant un cylindre, (à gauche) illustration de la gestion de la fabrication avec
des mini robots ......................................................................................................................... 15
Liste des figures
Figure I-14. (à gauche) Principe de l’utilisation des robots à câbles dans l’impression 3D béton
[52], (à droite) utilisation d’un robot à câbles pour la fabrication de structures en terre crue [53].
.................................................................................................................................................. 17
Figure I-15. (à gauche) Utilisation d’une grue pour imprimer des structures en béton : a)
illustration du concept d’utilisation de grue [54], (à droite) grue munie d’un système de repérage
et de gyroscopes et d’une tête d’impression [6] ....................................................................... 17
Figure I-16. Déformation critique dans une mesure de la limite d'élasticité par rhéométrie
rotationnelle. ............................................................................................................................. 25
Figure I-19. Illustration d’une cellule rhéométrique : Outil Vane ou à ailettes ....................... 30
Figure I-20. Illustration d’une géométrie plan-plan pour la réalisation de tests de compression
simple ....................................................................................................................................... 31
Figure I-21. Répartition des forces pour une extrusion axisymétrique au piston. [174] .......... 34
Figure I-23. Sous-système d'extrusion : (a) Trémie ; (b) Entrées d'alimentation ; (c) Agitateur ;
(d) Mécanisme rotatif ; (e) Buse ; (f) Vis ; (g) Alimentation en courant électrique ; (h) Moniteur
[177]. ........................................................................................................................................ 35
Figure I-26. Effondrement lors de l’impression par extrusion d’une structure à contour carré
[160] ......................................................................................................................................... 41
Figure I-27. Illustrations d’un matériau imprimé en trois couches : (a) avec une grande vitesse,
(b) vitesse très lente, (c) vitesse d’impression optimale [189]. ................................................ 42
Figure I-28. Différentes configurations d'extrusion d’une couche à la buse [191] .................. 43
Figure I-29. Dépôt de couche de forme rectangulaire lissée par des ailettes, [192]. ............... 43
Figure I-31. Illustration des forces d’équilibre agissant sur le matériau extrudé [40]. ............ 48
Figure II-5. Illustration des parties fixes et mobiles de la conception de l’imprimante : (a)
chariot de la tête d’imprimante, (b) rails de l’axe X, (c) cadre horizontal portant l’axe Y, (d)
portique de l’imprimante portant l’axe Z. ................................................................................ 56
Figure II-7. Photographie des vis de transmission de mouvement sur l'axe X ........................ 57
Liste des figures
Figure II-14. Version améliorée de l'extrudeuse avec le système racleur intégré .................... 62
Figure II-16. Ensemble de buses conçues pour l'imprimante BK3D : (a) buse à section
rectangulaire 40x10 mm² avec ailettes, (b) buse à section circulaire de 18 mm de diamètre. . 64
Figure II-18. Illustration de la limite du niveau du matériau implémenté dans le réservoir avec
éclairage de mis en marche. ..................................................................................................... 67
Figure II-19. Photographie des objets fabriqués à l’aide de l'imprimante BK3D .................... 68
Figure II-20. (a) Bras robotisé ABB IRB 1200-7, (b) modèle 3D du bâti mobile (c) modèle 3D
de l’installation de l’équipement. ............................................................................................. 70
Figure II-21. Installation du portique et du système robotique : (à gauche) fixation des profilés
pour l’installation de la CNC, (à droite) vue sur le montage avec volet de protection. ........... 71
Figure II-23. Elévation du plateau d'impression pour dépôt du produit sec ............................ 72
Figure III-1. Courbes d’analyses granulométriques des constituants du liant : (carré noir)
Ciment, (cercle rouge) Filler Calcaire, (triangle bleu) Kaolin. ................................................ 77
Figure III-2. (à gauche) Sable normalisé fourni dans des sacs de 1350 g, (à droite) Sable silico-
calcaire tamisé à travers un tamis d’ouverture 1.25 mm. ......................................................... 78
Figure III-4. Malaxeurs mortier : (à gauche) malaxeur Controlab, (au milieu) Malaxeur à hélice,
(à droite) illustration d’un matériau malaxé. ............................................................................ 83
Figure III-7. Analyse granulométrique par tamisage : (à gauche) Tamiseuse vibrante et série de
tamis normalisée, (à droite) déroulement de l'essais et prélèvement des refus par tamis. ....... 85
Figure III-8. Appareillage rhéométrique : (a) Rhéomètre MCR102, (b) géométrie Vane, (c)
cellule plan-plan. ...................................................................................................................... 86
Figure III-9. Essai rhéométrique de cisaillement par géométrie Vane : (a) Schéma de l’essai de
cisaillement avec la géométrie Vane, (b) Protocole de mesure du seuil de cisaillement : gradient
de cisaillement constant en fonction du temps de l’essai, (c) Protocole de mesure des modules
de cisaillement : amplitude des déformations croissante en fonction du temps de mesure, (d)
Protocole d’essai d’écoulement : gradient de cisaillement croissant en escalier en fonction du
temps de mesure, (e) Protocole d’évaluation de la thixotropie. ............................................... 88
Figure III-10. Test de compression: (à gauche) géométrie de l’échantillon, (à droite) test sur un
échantillon de matériau frais [138]........................................................................................... 89
Figure III-13. Test d'estimation de la vitesse d'extrusion par pesée de la masse d'extrudât .... 93
Figure III-20. Essai de compression uni-axiale sur éprouvette cylindrique instrumentée par des
jauges de déformation axiales et transversale pour la détermination du module de Young et
coefficient de Poisson............................................................................................................. 100
Figure IV-3. Evolution du seuil de cisaillement du mortier Ref-2 en fonction du temps après le
malaxage................................................................................................................................. 106
Figure IV-5. Mise en place de l'échantillon cylindrique entre les plans du rhéomètre pour le test
de compression. ...................................................................................................................... 108
Liste des figures
Figure IV-6. Diagramme de la force réduite de compression en fonction du rapport h/R ..... 109
Figure IV-9. Impression 3D d’un objet à contour carré de 150 mm d’arrête avec une buse
rectangulaire (carrée de 20 mm d’arrête) : (à gauche) Photographie de l’objet au cours
d’impression, (à droite) torsion de la couche dans une courbure à 90° de contour carré. ..... 112
Figure IV-10. Vitesse d'extrusion en fonction de la vitesse de la vis sans fin de l'extrudeuse avec
une buse de diamètre 18 mm. ................................................................................................. 113
Figure IV-11. Exemple de visualisation de l'extrusion à travers les deux buses de diamètre
respectif 16,5 et 35 mm. ......................................................................................................... 114
Figure IV-12. Vitesse d'extrusion en fonction de la vitesse de la vis sans fin de l'extrudeuse avec
buses de diamètre 16,5 mm et 35 mm. ................................................................................... 114
Figure IV-15. Diagramme de la force réduite de compression en fonction du rapport h/R pour
les vitesses de compression majorées..................................................................................... 120
Figure IV-17. Evolution de la largeur moyenne en fonction de la hauteur réelle moyenne pour
deux couches successives imprimées à différents débits d’extrusion : (a) données de la première
couche imprimée après le dépôt de la deuxième couche, (b) données de la deuxième couche
imprimée................................................................................................................................. 122
Figure IV-18. Evolution du facteur β en fonction du débit d'extrusion normalisé Qe/Qref pour
différent hauteurs théoriques h0 dans le cas d’impression 3D d’une seule couche. ............... 123
Liste des figures
Figure IV-19. Evolution du facteur β en fonction du débit d'extrusion normalisé Qe/Qref pour
différent hauteurs théoriques h0 dans le cas d’impression 3D de deux couches successives ; à
gauche : résultats reportés sur la géométrie de la première couche ; à droite : résultats reportés
sur la géométrie de la deuxième couche................................................................................. 124
Figure IV-21. Photographie des éprouvettes moulés 11x22 et cylindriques creuses imprimées
................................................................................................................................................ 125
Figure IV-23. Modèle d'éprouvettes cylindrique 11x22 optimisé à 20% de sa masse initiale par
méthode d'éléments finis sous Fusion 360 : (a) modèle contenant toute la matière de
l’éprouvette. En bleu, la matière à enlever, (b) modèle avec réduction de matière. .............. 127
Figure IV-24. Modèle 3D de l'éprouvette optimisée en une forme de sablier avec surface lissée
(à gauche) et (à droite) en couches superposées. ................................................................... 127
Figure IV-25. Echec de l'impression 3D de la forme cylindrique optimisée par écrasement des
couches dans la gorge de l’éprouvette en sablier ................................................................... 128
Figure V-1. Schéma 3D de la tête de l'imprimante BK3D adaptée pour l'extrusion dans un bain
de suspension montrant la trajectoire de déplacement pour imprimer la forme de "L" inversé.
................................................................................................................................................ 132
Figure V-2. Schéma d’équilibre de forces agissant sur la forme extrudée : (à gauche) coupe en
profile du L inversé, (à droite) coupe transversale sur la partie horizontale du L inversé. .... 134
Figure V-4. Courbe d’écoulement des gels de Carbopol Ultrez 20. ...................................... 139
Figure V-6. Influence du dosage de Carbopol sur le module de stockage du gel G' en fonction
de la déformation de cisaillement ; (b) Influence du dosage de Carbopol sur le module de perte
G" en fonction de la déformation de cisaillement [39]. ......................................................... 141
Liste des figures
Figure V-7. Influence du dosage du Carbopol sur les paramètres rhéologiques des gels : (à
gauche) diagramme de contrainte-déformation de cisaillement issue du test de rhéométrie
rotationnelle, (à droite) test de cisaillement pour la vérification du critère non-thixotropique des
gels. ........................................................................................................................................ 142
Figure V-16. Installation expérimentale pour l’impression dans la suspension de gel. ......... 151
Figure V-17. Images du processus d'impression dans des suspensions de gel de Carbopol dosés
en masse à : (a) 0,2 % ; (b) 0,3 % ; (c) 0,5 % et (d) 0,8 %. .................................................... 153
Figure V-18. Module de stockage G' et module de perte G" (échelle de gauche) ; Dérivés
dG'/dUgel et dG"/dUgel (échelle de droite) sont représentés en fonction de l'énergie de
déformation par cisaillement du gel (Ugel) : (a) 0,2 % ; (b) 0,3 %; (c) 0,5 %; (d) 0,8 %. ...... 155
Figure V-19. Rapport du critère de stabilité en fonction des différents dosages de Carbopol
Ultrez 20 ................................................................................................................................. 156
Liste des figures
Figure V-21. Photographie des éprouvettes confectionnées dans les différentes suspensions
ainsi qu’hors suspensions à l’aide de l’imprimante BK3D. ................................................... 158
Figure V-22. Impression des éprouvettes 11x22 en sablier dans les suspensions : (a) Modèle 3D
illustrant le processus d’impression 3D dans la suspension, (b) impression réussite dans la
suspension de Calcaire, (c) Impression réussite dans le gel de Carbopol 691 à 2% de dosage,
(d) Echec d’impression dans le gel de Carbopol 691 à 1% de dosage (pH Corrigé). ............ 160
Figure V-23. éprouvettes imprimées dans la suspension de calcaire : les éprouvettes 1 et 2 ont
été réalisées avec les conditions de mélanges homogènes. .................................................... 160
Figure V-24. Eprouvette optimisés réalisées dans les suspensions : éprouvettes 1, 2 et 3 ont été
imprimé dans la suspension de calcaire, l'éprouvette 4 dans le gel de Carbopol 691 à 2% de
dosage ..................................................................................................................................... 161
Figure VI-1. Essai de compression uni-axiale sur les éprouvettes moulées 11x22 avec
instrumentation par des jauges de déformation. ..................................................................... 164
Figure VI-3. Rupture des éprouvettes moulées sous compression uni-axiale. ....................... 165
Figure VI-5. Evaluation du coefficient de Poisson pour les éprouvettes moulées. ................ 166
Figure VI-6. Partie gauche : Utilisation d'un densimètre pour l’évaluation du volume des
éprouvettes. Partie droite : Première série d'éprouvettes pour caractérisation mécanique..... 167
Figure VI-7. Evaluation de la réduction de matière des éprouvettes préparées par rapport à une
éprouvette cylindrique 11x22 cm. .......................................................................................... 168
Figure VI-8. Illustration des caractéristiques géométriques d'une éprouvette imprimée ....... 168
Figure VI-10. Illustration de la rupture par compression uni-axiale d'une éprouvette cylindrique
creuse imprimée : (à gauche) Eprouvette avant rupture, (au milieu) apparition des fissures, (à
droite) forme de bielles de 45° dans la partie inférieure de l’éprouvette. .............................. 170
Figure VI-11. Schéma de rupture d'une éprouvette cylindrique sous compression uni-axiale :
(A) déformation transversale accompagnée de fissuration longitudinale, (B) rupture avec
apparition des bielles de compression. ................................................................................... 171
Figure VI-13. Illustration de la génératrice des points de couture des contours de la forme
d'éprouvette optimisée (Exemple de l’éprouvette 1), Détails des diamètres intérieurs et
extérieurs de la section située à 3/4 de la hauteur des éprouvettes optimisée 1 et 2. ............. 173
Figure VI-15. Schéma de rupture des éprouvettes imprimées dans la suspension de Calcaire :
observation des bielles de compression au niveau supérieur de l'éprouvette et présence du
calcaire de la suspension au niveau des interfaces de couches. ............................................. 175
Figure VI-19. Variabilité de la résistance à la flexion pour les éprouvettes moulées et imprimées
dans les suspensions et hors suspensions. .............................................................................. 178
Figure VI-20. Rupture distincte par couches observée dans les éprouvettes imprimées dans les
suspensions : (à gauche) éprouvette prismatique imprimée dans la suspension de Calcaire, (à
droite) éprouvettes prismatiques imprimées dans le gel de Carbopol. ................................... 179
Liste des figures
Figure VI-22. Série (2) d'éprouvettes réalisée pour la validation de l'étude du comportement
mécanique............................................................................................................................... 180
Figure VI-23. Positionnement des jauges de déformation sur les éprouvettes imprimées : (à
gauche) éprouvettes cylindriques creuses, (à droite) éprouvette optimisée en sablier. .......... 181
Figure VI-24. Evaluation de la réduction de matière des éprouvettes préparées par rapport à une
éprouvette cylindrique 11x22 cm. .......................................................................................... 183
Figure VI-26. Illustration des déformations transversales aux différents niveaux de l'éprouvette
................................................................................................................................................ 186
Liste des tableaux
Tableau I-1. Tableau récapitulatif des formulations à base des matériaux de construction
utilisées dans la technologie d’impression 3D ......................................................................... 18
Tableau I-2. Configuration de l'impression d'une languette dans une suspension [40] ........... 45
Tableau I-3. Configurations de formation de tranchée dans une suspension [40], [197] ........ 47
Tableau III-9. Composition des mortiers Ref-1 et Ref-2 pour 1 m3 de volume ...................... 80
Tableau IV-1. Illustration de l’assèchement du mortier pour les vitesses de compression très
faibles ..................................................................................................................................... 110
Tableau V-1. Récapitulatif des propriétés rhéologiques des gels et du mortier associées aux
modules de cisaillement quantifiés par les essais rhéologiques rotationnels et oscillatoires :
Liste des tableaux
Tableau V-2. Paramètres rhéologiques des gels de Carbopol 691 ......................................... 146
Tableau V-3. Énergie élastique critique des différents gels ................................................... 154
Tableau VI-1. Caractéristiques des éprouvettes imprimées et moulées (série 1) ................... 167
Tableau VI-2. Caractéristiques géométriques et physiques des éprouvettes (série 2) ........... 182
Introduction générale
Introduction générale
Les progrès des équipements la robotique et de l'automatisation des processus ont été
intégrés aux industries pour contribuer à améliorer la sécurité, l'efficacité et surtout, la
productivité. Bien que ces avancées technologiques soient utilisés déjà dans les industries
depuis plusieurs années, le secteur de la construction a récemment pris conscience des défis
industriels et les solutions qu’apportent ces nouvelles technologies. De plus, en raison de
l'accroissement de la population mondiale, de nombreux pays font face à une forte demande de
logements neufs. D’après une étude publiée en août 2021 par le service des données et études
statistiques (SDES), 453 600 logements neufs ont été autorisés à la construction en France au
cours des douze derniers mois. La demande en moyens matériels et humains reste donc
importante et cela nécessite le déploiement des récentes technologies ce qui ouvre des
perspectives intéressantes. C’est donc un fort encouragement à la poursuite des développements
des techniques de fabrication avancées qui peuvent rendre la construction de logements plus
efficace. En outre, l’impression 3D laisse envisager un secteur du BTP plus économe et plus
écologique.
1
Introduction générale
2
Introduction générale
Les travaux proposés dans le cadre de cette thèse s’inscrivent résolument dans un
contexte itératif formulation/rhéologie/processus pour mettre en adéquation des encres
minérales à base cimentaire avec un procédé d’impression 3D dont la technologie ne manquera
pas d’évoluer avec l’avancement des connaissances. Dès lors qu’une optimisation d’impression
est rendue possible, nos travaux apportent quelques éléments de connaissances dans le domaine
de l’impression dans un fluide support afin d’explorer quelques pistes d’élaboration d’objets de
formes complexes et en porte à faux. Au terme de ce travail doctoral, le mémoire qui en résulte
est structuré en six chapitres.
Le premier chapitre est une synthèse bibliographique des études et des travaux de
développement antérieurs menés sur l’impression 3D dans le secteur de la construction. Tout
d’abord, le principe de l’impression 3D est exposé en abordant une classification des différentes
méthodes, dispositifs et matériaux utilisés. Par la suite, le lien entre la rhéologie de l’encre et
les paramètres du procédé d’impression 3D est abordé afin de contrôler la qualité d’impression
de formes en couches superposées. Cet exposé est suivi d’une synthèse de problèmes liés à la
stabilité d’une structure en porte-à-faux dans une suspension. Ensuite, les aspects du
comportement mécanique des produits imprimés à l’état durci sont présentés. Ce travail
débouche sur les orientations qui ont été prises pour nos investigations expérimentales.
Le deuxième chapitre est dédié à la présentation des travaux de développement qui ont
servis à créer deux équipements dédiés à l’impression 3D des matériaux de construction au sein
du laboratoire. Tout d’abord, la conception de l’imprimante cartésienne « BK3D » avec laquelle
les travaux expérimentaux ont été menés. Ensuite, la conception d’une seconde machine
« BREATHE 3D » qui servira les travaux futurs de recherche sur la technique d’impression par
liaison sélective.
Le mémoire s’achève par une conclusion générale synthétisant les principaux résultats
obtenus, les recommandations générées à travers ce travail et quelques perspectives envisagées
pour assurer la continuité du développement de la technologie d’impression 3D.
4
Chapitre I. Etude bibliographique
Chapitre I. Etude bibliographique
Introduction
L'évolution des industries repose sur des activités de recherche innovantes pour
développer les processus de fabrication et la conception des produits. Outre les exigences
habituelles du rapport qualité/prix, la concurrence sur le marché des industries est liée à des
exigences d’utilisation de produits complexes et des délais de livraison réduits. De plus, ces
produits doivent répondre à des cahiers des charges tenant compte de l’impact
environnementale intégré dans les dernières évolutions règlementaires.
Le secteur de la construction joue un rôle clé dans l'économie de tous les pays. Selon un
rapport publié par le Forum économique mondial, l'industrie de la construction représente
environ 13% (2019) du PIB mondial et devrait atteindre environ 14,7% en 2030 selon les études
prospectives menées par le Global Construction Perspectives (GCP) et Oxford Economics. La
construction est un secteur d'importance stratégique pour l'économie européenne, impliquant
un large éventail de parties prenantes et d'entreprises, générant 18 millions d'emplois. Selon le
Forum économique mondial, une augmentation de 1% de la productivité dans le monde
permettrait d’économiser 100 milliards de dollars par an en coûts de construction, tout en
contribuant à un aspect de compétitivité des pays mais également en répondant aussi aux
objectifs du développement durable [3].
5
Chapitre I. Etude bibliographique
L’automatisation sur chantier est d’ailleurs une des voies suggérées par l’étude publiée
en 2017 par McKinsey [5]. L’introduction d’une technologie de pointe telle que l’impression
3D ferait entrer l’industrie de la construction dans le domaine du numérique conduisant à une
élévation du niveau technique des ouvriers et à élargir les possibilités en termes de conception
et d’architecture des constructions [6].
Procédé d’impression 3D
6
Chapitre I. Etude bibliographique
7
Chapitre I. Etude bibliographique
Figure I-2. Les étapes élémentaires du processus d’impression 3D de matériaux cimentaires par extrusion
Pour optimiser ces étapes de fabrication, une attention particulière doit être faite aux
propriétés d’écoulement du matériau [6]. Les propriétés rhéologiques et notamment la limite de
cisaillement (aussi appelée seuil de cisaillement), la viscosité du matériau caractérisent le
passage du matériau de la phase de malaxage jusqu’à l’extrusion. Ces propriétés dépendent des
paramètres de formulation (taille et distribution granulaire, effet des adjuvants, etc.). Une fois
le matériau déposé, l’adhérence à l’interface entre les couches diminue avec l’augmentation du
temps de recouvrement des couches [9]–[11]. D’où, l’optimisation de la vitesse de fabrication
est nécessaire [12]–[14].
L’impression 3D est développée dans le but de proposer une offre de production rapide
et économiquement avantageuse [15]. Il existe actuellement 6 méthodes différentes pour ce
procédé dont la technique par extrusion représente la plus grande part du développement et du
marché actuel.
8
Chapitre I. Etude bibliographique
utilisent cette méthode, comme : Xtree-E, Construction-3D, YNHOVA Nantes, Concept YRYS
[20], Project Milestone, TU Eindhoven, WinSun company, Apis Cor, Contour Crafting [17],
PERI 3D Construction, COBOD, BK3D (L2MGC), Vertico, CyBe Construction, etc.
Figure I-3. Procédé d’impression 3D par dépôt de couches successives par extrusion, (à gauche) réalisé par
LafargeHolcim (Concept YRYS) [20], (à droite) Cirratus Vase à la Zaha Hadid Gallery à Londres réalisé
par XtreeE [21].
Pour les travaux de maintenance et de réparation des structures en béton existantes, une
méthode d’extrusion sur plan vertical a été développée et classifiée selon plusieurs études [4],
[7], [8]. Pour contourner les difficultés en recourant à l’impression, il convient d’optimiser la
masse volumique de « l’encre » et elle doit être suffisamment adhérente pour pouvoir tenir en
position verticale. À ce titre, cette technique peut être vue comme une automatisation du
procédé de mise en œuvre par projection [22]. Des études sur la rhéologie des matériaux utilisés
ont été effectuées par Lublasser et al. [23] pour définir les critères de collage ou de renforcement
éventuel [24] comme illustré dans la Figure I-4.
9
Chapitre I. Etude bibliographique
Figure I-4. Impression verticale : (à gauche) utilisation d’un bras robotisé pour imprimer sur un support
vertical (à droite) tests de dépôts d’une mousse de béton [23].
Figure I-5. (à gauche) Modèle 3D du pavillon Radiolaria, (à droite) Impression 3D du modèle [30]
10
Chapitre I. Etude bibliographique
Figure I-6. (à gauche) Illustration d’une base lunaire, (à droite) phase de construction au moyen de
véhicules autonomes coopérants [32].
Figure I-7. Schéma conceptuel montrant le processus de production de Smart Dynamic Casting [33]
11
Chapitre I. Etude bibliographique
Une autre technique développée à l’ETH Zurich consiste à fabriquer avec un robot
soudeur (bras articulé monté sur chenille) un grillage en acier servant de coffrage perméable
perdu à un béton coulé ultérieurement comme illustré dans la Figure I-8 [34]. La taille des
mailles du coffrage doit être fixée en accord avec les propriétés rhéologiques du matériau pour
que le béton coule suffisamment pour enrober le grillage mais pas trop pour pouvoir tenir la
forme définie par le grillage. Une fois le béton coulé, il est nécessaire de finir la surface par une
étape de talochage qui peut être également robotisée [35].
(b)
Figure I-8. a) Illustration du système robotique de maillage métallique, b) la construction d'un prototype
de maille [34]
Figure I-9. Procédés d'impression 3D par injection de : (a) Béton dans une suspension, (b) Suspension
dans du béton, (c) Béton à haute performance dans un béton ordinaire [40]
12
Chapitre I. Etude bibliographique
Bras robotisé
La technologie du bras robotisé est largement utilisée par les sociétés émergeantes
d’impression 3D notamment au niveau des industries. Les bras robotisés permettent de réaliser
de grands éléments à une échelle qui se limite à sa portée maximale et à sa longueur de parcours
[41]. Pour l’impression 3D, un système d’extrusion/projection est installé à l’extrémité libre du
bras. Ces robots sont dotés d’un système de contrôle électronique des moteurs du robot selon
une trajectoire programmée, permettant l’ajustement du mouvement du robot au débit du
matériau. La Figure I-10 (à gauche) illustre l’installation d’un robot à 6 axes décrit dans les
travaux de Lu Bing et al [42]. Outre le procédé d’extrusion, ces machines peuvent être utilisées
pour différents procédés comme l’illustre l’exemple du procédé de coulage sur un coffrage
perdu imprimé, Figure I-10 (droite).
13
Chapitre I. Etude bibliographique
Figure I-10. (à gauche) Schématisation de l’impression de pièces de construction à l’aide d’un bras
articulé [41], (à droite) bras robotisé permettant le soudage de métal [43].
Machine à 3 axes
La technologie est basée sur le pilotage de moteurs de 3 axes cartésiens sur une structure
en portique. Un chariot roulant se déplace en plan suivant les 2 axes X, Y, tandis que le pilotage
de l’élévation suivant l’axe Z permet de définir la hauteur de la couche et de l’objet. C’est une
des solutions courantes pour l’impression 3D FDM (Dépôt de matière fondue) mais aussi pour
les éléments de structure en matériaux à base cimentaire dernièrement. Par exemple, l’équipe
de Buswell à l’Université de Longhbough [44], les premières impressions réalisées par
Khoshnevis [45], plus récemment les travaux réalisés à l’Université d’Eindhoven [46], ainsi
que ceux de l’entreprise SIKA ou BetAbram [47] utilisent ce type d’équipement (Figure I-11).
D’autre utilisent la technologie d’imprimante de type delta qui permet d’obtenir un
positionnement rapide de la tête d’imprimante qui est fixe sur des axes verticaux dans une
configuration triangulaire, d'où le nom Delta. Toutefois, l’utilisation simple de ce type
d’équipement ne permet pas la rotation de la tête d’impression comme pour les robots à 6 axes
sauf si un autre moteur de rotation de la buse soit installé.
14
Chapitre I. Etude bibliographique
(a) (b)
(c) (d)
Figure I-11. Imprimante cartésienne en portique : (a) Impression 3D de pièces en béton à l’aide d’une
imprimante à charriots roulants [2], (b) BetAbram P3, axes de déplacement [47], (c) Imprimante Wasp-
Big Delta utilisé pour l’impression 3D des structures en matériau biosourcé [48].
Mini-builders 3D printers
Figure I-12. Technologie des mini robots pour l’impression 3D de maisons, [49] : (à droite) Mini robot
imprimant un cylindre, (à gauche) illustration de la gestion de la fabrication avec des mini robots
15
Chapitre I. Etude bibliographique
(a) (b)
Figure I-13. Portique d’impression 3D à l’échelle du bâtiment (a) La plate-forme de portiques suspendus
porte plusieurs buses, (b) plusieurs systèmes de portique [51]
Structure à câbles
16
Chapitre I. Etude bibliographique
Figure I-14. (à gauche) Principe de l’utilisation des robots à câbles dans l’impression 3D béton [52], (à
droite) utilisation d’un robot à câbles pour la fabrication de structures en terre crue [53].
Figure I-15. (à gauche) Utilisation d’une grue pour imprimer des structures en béton : a) illustration du
concept d’utilisation de grue [54], (à droite) grue munie d’un système de repérage et de gyroscopes et
d’une tête d’impression [6]
17
Chapitre I. Etude bibliographique
Les matériaux utilisés pour ce type d’impression doivent répondre à un cahier des
charges qui est lié à la fois au matériau lui-même, à l’histoire reçue au cours de sa préparation,
son adéquation avec les process de mise en forme, mais également aux propriétés attendues à
l’état durci et au cours de la durée de service.
Parmi les matériaux utilisés, les matériaux cimentaires sont les plus étudiés compte-tenu
du fait que le béton est le matériau le plus consommé après l’eau [55]. Aussi, la technologie
d’impression 3D par l’optimisation des géométries des produits imprimés constitue une forme
de solution par rapport à l’impact environnemental où l’économie de matière représente
l’exemple le plus représentatif sans que cela impact les performances mécaniques. D’autres
auteurs (Tableau I-1) utilisent les géopolymères et la terre/argile [3]. Effectivement, de vastes
perspectives peuvent émerger en considérant les possibilités d’impression des ressources
aujourd’hui disponibles pour la construction.
Tableau I-1. Tableau récapitulatif des formulations à base des matériaux de construction utilisées dans la
technologie d’impression 3D
Formulation
Mélange
Fibre (%
Taille Adjuvants &
Rapport Rapport de masse Références
Liant Eau/Liant Sable/Liant
du sable additifs (% de
masse de liant) de
[mm]
mélange)
SP=0,1
0,35 1 0-1,2 - Xu et al. [56]
AV(EC)=0,05
SP=0,1 Benamara et
0,36 1 0-2 -
Mélanges cimentaires
18
Chapitre I. Etude bibliographique
CP (96%),
Fumée de
SP=0,26 Zhang et al.
Silice (2%), 0,35 1 0-1 -
AV(EC)=0,01 [60]
Nano-Argile
(2%)
CP (41%),
Cendre volante
Paul et al.
(39%), Fumée 0,40 1,7 0-1 SP=1 -
[61]
de Silice
(20%)
CP (70%),
Cendre volante
0,28 1,5 0-2 SP=1 0,19 Le et al. [62]
(20%), Fumée
de silice (10%)
Cendre volante
(78%), Laitier
0,49
de haut Panda et Tan
(Activate 1.1 à 1,9 0-2 - -
fourneau [63]
ur /Liant)
Géopolymères
(14%), Fumée
de Silice (8%)
Cendre volante
(74%), Laitier
de haut 0,65
AV (HPMC) = 0,25 à 1 Panda et al.
fourneau (Activate 1,5 0 - 1,18
2 % [64]
(16%), Fumée ur /Liant)
de Silice
(10%)
Argile de terre
Biosourcés
0,075 -
Mélanges
Mélanges cimentaires
Les matériaux à base cimentaire sont les plus utilisés dans le domaine de la construction
de par leur facilité de mise en œuvre et de leurs propriétés mécaniques et de durabilité. L’état
de connaissance actuelle permet de proposer aux niveaux des centrales à béton des matériaux à
la carte. L’observation du tableau I-1 par le recensement de quelques études montre la
représentativité de ces mélanges dans les procédés utilisant la technique d’impression 3D.
A l’état frais, les mélanges à base cimentaire (pâte de ciment, mortier et béton) sont
assimilés à des suspensions polydispersés (à très large spectre), multiphasiques (phase solide,
phase liquide et phase gazeuse), drainant, compactant, frottant et à cinétique de prise. Les
constituants principaux de ces matériaux peuvent être présentés comme suit :
19
Chapitre I. Etude bibliographique
I.2.4.1.1. Granulats
Outre l'absence de granulats grossiers (graviers), la teneur en granulats fins (sables) dans
les formulations des mélanges cimentaires pour l'impression 3D est la principale cause de sa
contenance élevée en ciment. Le rapport Sable/Liant dans les mélanges imprimables développés
par plusieurs études reste inférieur à 2 [62], [66]–[70]. Alors que le rapport granulats/Liant est
d'environ 3-5 dans le béton ordinaire. Ce qui tend à l’encontre de l’aspect environnemental de
cette technique.
Actuellement, les granulats utilisés sont des sables dont la granulométrie ne dépasse pas
4 mm [18, 39, 46]. Dans d’autres cas de formulations de matériaux imprimables, les granulats
ne sont pas utilisés, mais ils sont remplacés par des produits plus fins, comme le kaolin et les
fillers calcaire [43, 45]. L’utilisation de grands granulats influence la contrainte d’extrusion, ce
qui peut se traduire par une modification de manière significative des propriétés rhéologiques
du mélange frais [62], [73], [74]. Ces modifications par frottement de gros granulats engendrent
des blocages au niveau du système d’extrusion. Le choix de la taille des granulats dépendra de
la forme et la taille de la buse [14], [71], [75]–[80].
20
Chapitre I. Etude bibliographique
présentait une viscosité, des contraintes d'élasticité statiques et dynamiques initiales et un taux
de structuration beaucoup plus élevés que la pâte de ciment Portland ordinaire. Ces mélanges
présentent également une phase dormante qui allonge la période d'impression jusqu’à 3 à 4
heures [12], [98]. En revanche, sans précaution particulière, l'ajout d'argile peut agir comme un
facteur de perte d'ouvrabilité [99], [100] car la demande en eau de gâchage et éventuellement
de superplastifiant est plus importante [101]–[103]. Cela est dû aux caractéristiques de l'argile
utilisée, un spectre granulaire mono-disperse très fin, une surface spécifique élevée et une
structuration microstructurale particulière (empilement de plaquettes formant des couches
orientées). De plus, à l'heure actuelle, la teneur maximale de substitution du ciment par un
mélange de calcaire et d'argile calcinée est de 60 % en poids de ciment pour les mélanges
cimentaires. Les influences de différents dosages d'argile sur l'imprimabilité, l'hydratation et la
résistance à la compression du mélange ont été étudiées par Chen et al. [66], [104].
I.2.4.1.3. Fibres
L'utilisation de renforts dans les structures imprimées en 3D apporte une complexité
supplémentaire au processus. Dans la plupart des études, les fibres sont des inclusions
complexes qui permettent d’améliorer la résistance à la traction et à la flexion [61], [108]–[110].
L’ancrage dans la matrice liante est assuré par la rugosité propre du matériau de constitution,
sa longueur, les propriétés de résistance ultime des fibres et le taux de présence. Cependant, le
recours à des teneurs relativement élevées ou à des fibres trop longues, entraîne des blocages et
21
Chapitre I. Etude bibliographique
des obstructions dans les tuyaux de distribution [108], [111]–[113]. Dans la présente étude,
l’incorporation de fibres n’est pas traitée vue les complexités qui en découlent.
I.2.4.1.4. Adjuvants
Pour ces constituants des formules de béton, nous nous sommes surtout concentrés sur
les superplastifiants et les agents viscosants qui sont entre autres les adjuvants les plus utilisés
pour l’ajustement des propriétés de fluidité des mélanges imprimables. Parfois, l’évolution des
propriétés rhéologiques en fonction du temps d’impression 3D nécessite un ajustement par
l’ajout d’un adjuvant retardateur ou accélérateur de prise ou bien d’autres pour régler des
propriétés spécifiques.
I.2.4.1.4.1. Superplastifiant
Il se présente sous différentes formes : polymères synthétiques carboxylates, polymères
synthétiques sulfonés et polymères synthétiques à fonctionnalité mixte [114]. Comme le
superplastifiant est utilisé pour améliorer l'ouvrabilité des mélanges granulaires, son ajout
diminue le seuil de l’écoulement et la viscosité plastique du matériau, ce qui a été vérifié par de
nombreuses expériences rhéologiques [115], [116]. Cependant, il existe spécifiquement des
dosages critiques et de saturation pour le superplastifiant où les effets se manifestent dans des
rapports eau/liant très bas allant de 0 à 1% de la masse de liant [61], [103], [117], [118]. Le type
de superplastifiant a également des impacts sur la robustesse des effets rhéologiques, liée à sa
compatibilité avec différents types de liant [42], [117], [118].
22
Chapitre I. Etude bibliographique
Mélanges géo-sourcés
I.2.4.2.1. Géopolymères
Le développement de géopolymères a répondu à un certain besoin économique et
écologique [122]. En effet, l'élimination des sous-produits industriels a toujours été un
problème mondial. Pour cela, l'utilisation de sous-produits industriels tels que les laitiers de
haut fourneau et les cendres volantes dans le géopolymère est considérée comme
particulièrement bénéfique [123].
Ces difficultés nous ont conduit à ne pas choisir ces types de matériaux dans cette étude
et nous nous sommes focalisés sur l’utilisation d’un matériau cimentaire.
23
Chapitre I. Etude bibliographique
Généralement, le matériau doit être suffisamment fluide pour être extrudée facilement
[132], mais suffisamment ferme pour assurer la stabilité mécanique de la structure imprimée.
Pour contourner cette problématique, un intervalle de temps suffisamment long doit être laisser
entre deux couches déposées pour assurer une augmentation suffisante de la résistance
mécanique au jeune âge. Cette évolution de la capacité de résistance est définie par le caractère
plus ou moins thixotrope des matériaux cimentaires. L’interaction formulation/rhéologie doit
en outre prendre en compte la complexité de la forme à imprimer, ce qui rajoute d’autres défis
à surmonter. Il convient d’être en mesure de choisir la méthode d’impression 3D qui facilite au
mieux la production. Au-delà de ce choix, l’interaction formulation/rhéologie/process doit faire
l’objet d’une grande attention pour garantir la qualité de l’objet final. Ainsi, vis-à-vis du
processus, on doit définir les vitesses de déplacement dans les sens d’impression et le débit
d’extrusion qui au final caractérisent la géométrie des couches déposées qui encore une fois
restent reliée aux propriétés du matériau.
Dans ce qui suit, l’examen des propriétés rhéologiques qui interagissent chacune des
étapes de fabrication est réalisé. Ainsi, on synthétise les relations qui optimisent le choix du
matériau et sans omettre les problématiques qui peuvent se présenter.
24
Chapitre I. Etude bibliographique
Pour un fluide à base cimentaire soumis à un champ de cisaillement simple, tant que la
contrainte est inférieure à la contrainte seuil, la vitesse de déformation reste nulle et le fluide se
comporte comme un solide élastique présentant un module élastique E en compression et G en
cisaillement [6]. Ce comportement élastique linéaire est important pour estimer les
déformations des structures imprimées sous leur poids propre. C’est donc le comportement
élasto-plastique qui va caractériser la phase statique du matériau après le dépôt de la couche.
La liaison entre les contraintes induites par la fabrication de l’échantillon avec le comportement
elasto-plastique permet de valider l’imprimabilité d’un matériau.
Figure I-16. Déformation critique dans une mesure de la limite d'élasticité par rhéométrie rotationnelle.
25
Chapitre I. Etude bibliographique
(équation I-1) peut être utilisé pour savoir si le matériau cimentaire présente un caractère solide
élastique ou fluide visqueux [135]–[137], tandis que le critère de Drucker-Prager [138] peut
être utilisé pour caractériser le durcissement sous contrainte plastique ou le comportement
plastique frictionnel. Le critère de Von Mises s’écrit sous la forme suivante :
Avec σii et τij les composantes du tenseur des contraintes, σeq la contrainte équivalente
de Von Mises et σ0 la valeur du seuil de plasticité.
D’autres critères peuvent être utilisés comme le critère de Tresca par exemple. La
philosophie de ce critère est identique, mais le critère de Von Mises est plus traditionnellement
utilisé pour les suspensions concentrées comme les matériaux cimentaires à l’état frais [132],
[139], [140]. Pour une sollicitation de compression sans confinement selon l’axe 1 par exemple,
le critère de Von Mises devient :
Cette sollicitation est représentative des comportements du matériau lorsqu’il est déposé
durant l’impression et subit le poids des couches placées au-dessus.
Pour une sollicitation de cisaillement simple comme lors du pompage, le critère de Von
Mises devient :
𝝈𝟎
𝝈𝒆𝒒 = √𝟑𝝉𝟏𝟐 ; 𝝉𝟏𝟐 ≤ = 𝝉𝟎 I-3
√𝟑
Comportement viscoplastique
26
Chapitre I. Etude bibliographique
Dans la plupart des cas, le comportement à l’état frais des matériaux cimentaires peut
être correctement approximé par un modèle de Bingham tel que n=1, donné par l’équation I-5,
avec μ [Pa.s] la viscosité aussi désigné viscosité plastique dans les pratiques génie civil :
.
𝝉 = 𝝉𝟎 + 𝝁𝜸 I-5
27
Chapitre I. Etude bibliographique
dit déstructuré [142]–[144]. Généralement, on utilise la rhéométrie rotationnelle avec des outils
de type Vane pour mesurer les paramètres des modèles de Bingham et de Herschell-Bulkley
[137], [145]. Toutefois, ces techniques présentent des limites dans le cas des mélanges fermes
présentant des seuils de cisaillement supérieurs à plusieurs centaines de Pascals [146]. Dans ce
cas, un essai d’affaissement au cône est utilisé ou bien un appareillage plan-plan peut être utilisé
[132], [147].
Thixotropie
Avec τ0(0) [Pa] le seuil de cisaillement du matériau à l’état déstructuré et t [s] la durée
de la période de repos du matériau. La modélisation linéaire du seuil de cisaillement est
généralement valable durant la première heure de la période de repos du matériau cimentaire
[149]. Au-delà, l’évolution s’accélère et la cinétique de structuration devient exponentielle qui
tend vers le modèle linéaire pour les temps courts [148], [150]. Ce modèle s’écrit :
𝒕
𝝉𝟎 (𝒕) = 𝑨𝒕𝒉𝒊𝒙 𝒕𝒄 (𝒆𝒕𝒄 − 𝟏) + 𝝉𝟎 (0) I-7
Avec tc [s] un temps caractéristique pour lequel le comportement peut être considéré
comme linéaire. Comme le montre la Figure I-18, le modèle de l’équation I-7 permet de décrire
l’évolution du seuil de cisaillement sur des périodes plus longues. D’autres modèles encore plus
poussés ont été récemment élaborés dans la littérature [133], [135], [150].
28
Chapitre I. Etude bibliographique
Figure I-18. Exemple de modèle linéaire et exponentiel décrivant l’évolution du seuil de cisaillement d’un
mortier au repos. Le modèle linéaire est ajusté sur les mesures effectuées dans les 30 premières minutes de
repos.
Le seuil d’écoulement des matériaux cimentaires est donc sujet à cette cinétique de
structuration dans le temps lorsque ces matériaux sont laissés au repos après leur dépôt en
couches [142], [151]–[155]. Dans notre étude, on considère que la thixotropie due à l’évolution
chimique (c.à.d. l’hydratation) est peu apparente durant le procédé d’impression 3D et influence
très peu sur les mesures rhéologiques des matériaux utilisés.
Mesures rhéologiques
Lors de l’utilisation d’un rhéomètre, les valeurs expérimentales dans les suspensions
peuvent être erronées en raison des effets perturbateurs de la mesure. Par conséquent, il est
important de repérer les valeurs aberrantes et de les éliminer ou de reprendre l’expérience à son
début pour s’assurer de la validité des résultats. Ceci est d’autant plus vrai lorsqu’on utilise ces
données directement via les outils informatiques proposés par défaut avec les rhéomètres
généralement établis pour des fluides simples [136]. Les effets perturbateurs expérimentaux de
la rhéométrie peuvent être par exemple dus aux dimensions du rhéomètre, le glissement aux
29
Chapitre I. Etude bibliographique
La géométrie Vane ou à ailettes à quatre lames est largement utilisée dans les mesures
rhéométriques [141], [157], Figure I-19. Cette géométrie offre deux avantages principaux,
comparée au rhéomètre à cylindres coaxiaux. Premièrement, elle permet d’étudier les propriétés
des matériaux structurés avec une perturbation minimale de la structure du matériau lors de
l’insertion de l’outil. Deuxièmement, elle évite le glissement de paroi car le matériau cisaillé
dans l’interstice de la géométrie est cisaillé par le (même) matériau qui est emprisonné entre les
lames [157]. Par conséquent, elle est largement utilisée pour étudier le comportement des
matériaux pâteux contenant des particules relativement grosses tels que les matériaux
cimentaires imprimables.
Aussi, la géométrie plan-plan est utilisée pour réaliser les tests d’écoulement par
compression (Squeeze test). Cette géométrie est composée de deux disques coaxiaux. Dans une
géométrie à plaques parallèles, le matériau est placé entre deux disques de même axe de
symétrie et de même rayon R, séparés par une distance H (appelée "gap" ou entrefer). Le
matériau est comprimé à vitesse constante imposée impliquant une variation de la contrainte de
compression sur le matériau dépendamment de ses propriétés rhéologiques notamment le seuil
de cisaillement plastique.
30
Chapitre I. Etude bibliographique
Figure I-20. Illustration d’une géométrie plan-plan pour la réalisation de tests de compression simple
Malaxage
Le malaxage est une étape essentielle dans les processus d'impression 3D de béton. Cette
étape garantit que l’élément est imprimé avec un matériau qui présente des propriétés
homogènes. Il a été démontré que les propriétés mécaniques des matériaux cimentaires
dépendent de l'énergie de malaxage [158]. De plus, un mélange à fort cisaillement peut induire
l'écrasement des particules solides, ce qui peut conduire à une augmentation de la vitesses de
structuration (Athix) qui est favorable à la stabilité globale de la structure imprimée [159]. Des
simulations numériques sont donc nécessaires pour mieux prédire la dispersion des matériaux
pendant le malaxage [160]. Le temps de dispersion caractéristique a été signalé comme variant
entre une et 10 minutes [161], [162].
Transport du matériau
Pompage
L’étape du pompage est une étape courante dans les procédés de fabrication en béton.
Toutefois, cette étape peut imposer des caractéristiques limites maximales en termes de seuil
de cisaillement et de viscosité [73]. Ces caractéristiques limites peuvent s’avérer incompatibles
avec la stabilité du matériau imprimé qui nécessite des valeurs minimales de seuil de
cisaillement pour maintenir sa forme [6].
31
Chapitre I. Etude bibliographique
8𝜏0 (𝑡) 8𝜇
∆𝑃 = [ + 𝑄] 𝐿 I-8
3𝑅 𝜋𝑅 4
2𝐿 𝑄∙𝜂
∆𝑃 = [𝜏0 (𝑡) + ] I-9
𝑅 𝜋𝑅 2 𝑘𝑟
Où 𝜂 est la constante visqueuse [Pa⋅s⋅m-1], Q est le débit de pompage [m3.s-1], 𝜏0(𝑡) est
la limite d'élasticité de l'interface [Pa], 𝑅 est le rayon du tuyau de pompage (m), 𝑃 est la pression
relative de pompage [bar], 𝑘𝑟 est le facteur de remplissage qui dépend du type de la pompe (𝑘𝑟
= 0,7 pour une pompe automatique et 𝑘𝑟 = 0,8 pour une pompe stationnaire), et 𝐿 est la longueur
du tuyau de pompage [m].
32
Chapitre I. Etude bibliographique
33
Chapitre I. Etude bibliographique
Certaines études suggèrent que la contrainte de mise en écoulement est liée au seuil de
cisaillement du matériau [132], [147], [175]. La Figure I-21 présente la schématisation d’une
extrudeuse à piston axisymétrique avec un diamètre de piston D et un diamètre de la buse d. La
Figure I-22 présente l’évolution de l’effort d’extrusion correspondant. Après une compression
de la colonne fluide emprisonnée dans le corps de l’extrudeuse, le matériau s’homogénéise, se
compacte, voire draine et au-delà de la cohésion pariétale et à la limite de frottement dans la
zone morte, le matériau s’écoule et sa quantité présente dans l’extrudeuse diminue.
Figure I-21. Répartition des forces pour une extrusion axisymétrique au piston. [174]
34
Chapitre I. Etude bibliographique
Figure I-22. Evolution de l’effort d’extrusion en fonction de la longueur de matériau dans la zone en
écoulement bouchon [6].
Le problème de drainage du fluide interstitiel apparait aussi dans le cas d’un système
d’extrusion par vis. En effet, l’extrudeuse à vis est composée d’une vis sans fin tournant à
l’intérieur d’un fourreau cylindrique. La matière à transporter est introduite dans le fourreau par
une ouverture surmontée d’une trémie ou réservoir pouvant contenir un système de malaxage.
Au bout du fourreau se trouve la buse de l’extrudeuse [176].
Figure I-23. Sous-système d'extrusion : (a) Trémie ; (b) Entrées d'alimentation ; (c) Agitateur ; (d)
Mécanisme rotatif ; (e) Buse ; (f) Vis ; (g) Alimentation en courant électrique ; (h) Moniteur [177].
L'extrusion de mélanges granulaires à travers un système à vis sans fin, provoque des
phénomènes d'impulsion, d'alimentation irrégulière et de retard d’asservissement de la vis dû
35
Chapitre I. Etude bibliographique
au blocage. Afin de résoudre ces problèmes, le sous-système d'extrusion doit être conçu pour
répondre aux exigences suivantes [16]:
• Réponse rapide,
• Vitesse d'extrusion réglable,
• Petites impulsions d'extrusion,
• Continuité et uniformité de débit durant l’extrusion.
Il a été souligné que la vitesse d’élévation n’est pas forcément un paramètre d’entrée du
procédé mais elle dépend d’autres facteurs [131]. Généralement définie dans la littérature par
𝐻̇ , cette vitesse de montée en couche dépend de la vitesse de déplacement de la buse 𝑣𝑏 dans le
plan horizontal et de la longueur de chaque contour L mais aussi de la vitesse de déplacement
suivant l’axe Z et la hauteur de chaque couche h0 (voir équation I-11). Ainsi, cette vitesse peut
varier de couche en couche si l’un des paramètres change.
𝒉𝟎
𝑯̇ = I-11
𝑳 𝒉𝟎
+
𝒗𝒃 𝒗 𝒛
La rhéologie de « l’encre » joue un rôle important sur le débit d’extrusion [161], [176].
Pour assurer un dépôt régulier du mortier et éviter les sollicitations de compression ou de
36
Chapitre I. Etude bibliographique
𝑸𝒆
𝒗𝒆 = ≈ 𝒗𝒃 I-12
𝑺𝒃
Avec Sb la section de la buse qui est égale à πdb²/4 dans le cas d’une section circulaire
et db le diamètre de la buse.
Dans le cas où ces deux vitesses ne sont pas égales (ve ≠ vb), une déformation de la
section transversale du matériau extrudé pourrait avoir lieu [181]. Cependant, d’après les
travaux de Toutou (2002) [176] sur des mélanges cimentaires, une forte influence de la vitesse
d’extrusion a été constatée plus précisément sur l’évolution des seuils de cisaillement et de la
plasticité. Dans le cas de l’écoulement des fluides non homogènes et adhérant, une migration
du fluide interstitiel peut apparaitre au sein du matériau pour des vitesses faibles et dans ces
conditions le seuil de cisaillement interne (ou seuil de plasticité) augmente en cours du temps.
Ceci peut se traduire dans le procédé de fabrication additive par une consolidation du matériau
dans les conduites et la filière. En effet, lors de l’extrusion de matériau à base cimentaire, il y a
une compétition entre la cinétique de drainage et la cinétique de l’extrusion elle-même [138],
[140], [182]–[185]. Si le drainage se produit, le matériau peut devenir frottant et la surface des
couches va présenter de plus en plus de défauts au fur et à mesure de la montée en pression de
la pompe. Ceci est illustré par la Figure I-24 qui montre l’aspect d’extrudât en cas de drainage
et en cas d’écoulement non-drainé (ce résultat a été obtenu en réduisant la vitesse
d’écoulement). Ainsi, les formulations de mortiers pour impression 3D contiennent souvent un
agent de viscosité permettant de s’affranchir ou de limiter au maximum ces problèmes de
drainage.
37
Chapitre I. Etude bibliographique
Figure I-24. Visualisation de la surface de matériaux cimentaires en cas d’extrusion drainée ou non
drainée [6].
𝑆𝑏 ∙ 𝑣𝑏
𝑆𝑒 = I-13
𝑣𝑒
Deux causes de rupture ont été rapportées et analysées dans la littérature. La première
concerne la rupture de la couche de base qui est la plus chargée [12], [13]. Dans ce cas, la
rupture est obtenue quand la contrainte due au poids des couches imprimées dépasse le seuil
d’écoulement en compression du matériau cimentaire déposé. Cette rupture est généralement
obtenue lors de l’impression de structures peu élancées [131]. L’autre cas de rupture rapporté
est celle obtenue par flambement de la structure imprimée [133]. Cette rupture est obtenue lors
de l’impression de structures élancées. La mise en place de porte-à-faux, ou des défauts
d’alignements augmentent le risque de rupture par flambement de la structure imprimée. Des
solutions à ce risque sont mises en point actuellement par Lowke et al. et Hack et al. [36], [40].
38
Chapitre I. Etude bibliographique
√3𝜏0 (𝑡)
𝐻𝑐,𝑒 = I-14
𝜌𝑔
Ensuite, la contrainte verticale σv agissant sur la première couche peut s'écrire comme
suit :
Avec αgeom un facteur géométrique dépendant de la forme des couches déposées. Il est
nécessaire d’avoir une description précise de la structuration du matériau avec le temps pour
quantifier τ0(t). Dans une première approche, il est possible d’utiliser une vitesse de
structuration constante Athix, comme initialement proposé par Roussel et al. [142]. Dans ce cas,
.
la stabilité de la structure est pilotée par le rapport Athix/𝐻 et il est possible de déterminer le
39
Chapitre I. Etude bibliographique
𝜏0 (0)
𝑡𝑓 = I-17
𝜌𝑔𝐻̇ /𝛼𝑔𝑒𝑜𝑚 − 𝐴𝑡ℎ𝑖𝑥
Figure I-25. Evolutions comparées de la résistance de la première couche par rapport à la sollicitation
verticale pour différentes vitesses d’impression [12].
Dans ce cas, en plus de la précision de pose des couches qui entraine nécessairement
des excentricités dont la conséquence sera l’instabilité de flambement, c’est l’évolution du
module élastique avec la durée de repos qui va piloter l’instabilité sous poids propre de la
structure en cours d’impression [133], [160], [186].
40
Chapitre I. Etude bibliographique
Figure I-26. Effondrement lors de l’impression par extrusion d’une structure à contour carré [160]
On note dans ce cas, pour un élément strictement vertical, que la hauteur limite de
flambement évolue avec la racine cubique de la hauteur imprimée. En effet, en considérant un
module élastique constant, il est possible de proposer la relation suivante pour calculer la
hauteur critique 𝑯𝒄,𝒇 aboutissant à un flambement de la structure :
𝟖𝑬𝑰 𝟏/𝟑
𝑯𝒄,𝒇 =( ) I-18
𝝆𝒈𝑺
Il est nécessaire que le procédé d’impression permette d’assurer une bonne la qualité de
l’interface entre les couches qui se traduit par une bonne adhérence et, par la suite, une bonne
résistance du matériau une fois durci. Plusieurs solutions sont proposées dans la littérature,
notamment en se basant sur les travaux de reprise de bétonnage pour les bétons autoplaçants
[13], [142] et en forçant un re-malaxage ou la déstructuration du matériau de la couche sous-
jacente. Ainsi, l’emploi de superplastifiant haut réducteur d’eau [69], [187] et d’agent de
viscosité est conseillé pour diminuer la perméabilité du matériau et/ou la susceptibilité de celui-
ci au séchage. Aussi, la mise en place du mouillage de la couche sous-jacente avant dépôt
s’avère positif sur le comportement mécanique des structures imprimées [188].
41
Chapitre I. Etude bibliographique
Il est important de noter qu’une bonne qualité de surface donnera un matériau homogène
qui se comporte comme une structure monolithique. Dans ce cas, la vitesse de fabrication doit
être optimale pour assurer une tenue de la forme des couches : dans le cas d’une vitesse très
rapide (cf. Figure I-27(a)), la superposition des couches peut entrainer l’étalement et la
déformation des couches inférieures par manque de résistance nécessaire à la tenue de la forme.
Dans le cas d’une très faible vitesse d’impression se traduit par une qualité médiocre qui
donnera un matériau stratifié avec une interface de couche fragile (cf. Figure I-27(b)). Dans le
dernier cas, la vitesse de fabrication est adaptée à l’évolution des propriétés du matériau déposé
(cf. Figure I-27 (c)).
Figure I-27. Illustrations d’un matériau imprimé en trois couches : (a) avec une grande vitesse, (b) vitesse
très lente, (c) vitesse d’impression optimale [189].
Dans tous les cas, il est nécessaire de définir une durée limite Tmax [s] entre deux dépôts
successifs pour s’assurer que l’interface est de bonne qualité, sans problème de séchage ni de
connexions mécaniques. L’équation I-19 exprime la durée maximale entre deux couches [131],
[190]. Ainsi, suivant l’hypothèse d’une section de couche rectangulaire de hauteur h0,
l’expression de Tmax s’écrit :
√
(𝜌𝑔ℎ0 )2 2𝜇𝑣𝑏 2
+( )
12 ℎ0 I-19
𝑇𝑚𝑎𝑥 =
𝑨𝒕𝒉𝒊𝒙
42
Chapitre I. Etude bibliographique
Le premier objectif est d'estimer la forme de la couche déformée après dépôt. En effet,
la largeur de la couche B ne peut pas être contrôlée directement si on n’utilise pas des ailettes
qui uniformisent la largeur comme illustré dans la Figure I-29, mais plutôt imposée
indirectement par le contrôle des autres paramètres d'impression. Le contrôle de la hauteur de
la couche ainsi que la vitesse d’extrusion offrent la liberté de modifier les paramètres pendant
le processus d'impression afin de modifier la géométrie de la couche. Afin de répondre aux
exigences de la conception souhaitée, il faut comprendre et calibrer l'impact indirect de chaque
paramètre sur la section transversale résultante de la couche.
Ailettes
Figure I-29. Dépôt de couche de forme rectangulaire lissée par des ailettes, [192].
43
Chapitre I. Etude bibliographique
Dans les travaux de Carneau et al. [191], la section Se de la couche déposée est reliée
aux paramètres du process en supposant que cette section est assimilée à une section
rectangulaire réduite en introduisant un facteur géométrique β sous l’expression I-20.
𝒗𝒃
𝑺𝒆 = 𝜷 ∙ 𝑩𝒉𝟎 = 𝑺 I-20
𝒗𝒆 𝒃
𝒗𝒆
𝒉𝟎 < 𝒅 I-21
𝒗𝒃 𝒃
Figure I-30. Visualisation de la déformation de mortier extrudé en porte-à-faux. Le matériau soumis à une
déformation de flexion présente une flèche importante avec l’augmentation du porte-à-faux [193].
Si l’hypothèse n’est pas vérifiée, une impression sur un support temporaire est
préconisée, comme dans le cas d’utilisation d’une encre temporaire soluble [36] ou dans le cas
de l’impression dans des suspensions [40].
44
Chapitre I. Etude bibliographique
𝝆𝒔𝒖𝒔𝒑 𝒗𝒃 𝟐
𝑹𝒆 𝒚 = I-22
𝝉𝟎,𝒔𝒖𝒔𝒑
Avec ρsusp (kg/m3) la masse volumique de la suspension et τ0,susp (Pa) la contrainte seuil
de cisaillement de la suspension. Il s’agit alors de respecter cette condition pour ne pas créer
des problèmes d’instabilités dues à des vitesses de déplacement de l’imprimante trop élevée.
Le Tableau I-2 illustre les différente configurations qui peuvent se produire [40].
Tableau I-2. Configuration de l'impression d'une languette dans une suspension [40]
Illustration Observations
• Extrusion régulière,
• vb ≈ v e
• Se ≈ Sb
• Suspension consistante,
• Matériau extrudé en continu sur la trajectoire.
45
Chapitre I. Etude bibliographique
• Sous-extrusion,
• vb > ve
• Se < Sb
• Suspension consistante,
• Matériau extrudé en continu sur la trajectoire.
• Sous-extrusion,
• vb > ve
• Se < Sb
• Suspension consistante,
• Matériau extrudé en discontinu sur la trajectoire.
• Sur-extrusion,
• vb < ve
• Se > Sb
• Suspension consistante,
• Matériau extrudé en continu sur la trajectoire.
• Sur-extrusion,
• vb < ve
• Se ≈ Sb
• Suspension moins consistante,
• Matériau extrudé en continu avec ondulations.
• Extrusion irrégulière,
• vb ≠ ve
• Se ≠ Sb
• Suspension consistante,
• Matériau extrudé en continu sur la trajectoire.
• Extrusion régulière,
• vb ≈ v e
• Se ≈ Sb
• Suspension très consistante,
• Matériau très fluide et déformé sur la trajectoire.
• Extrusion régulière,
• vb ≈ v e
• Se ≈ Sb
• Suspension de très faible consistance,
• Matériau non supporté par la suspension.
Au passage de la buse dans la suspension, une tranchée peut également être créer à l’aval
depuis le bout immergé de la buse jusqu’à la surface de la suspension. Deux configurations de
la formation d’une tranchée peuvent se manifester (voir Tableau I-3). D’une part, une tranchée
statique caractérisée par la compétition entre la contrainte seuil de cisaillement de la suspension
46
Chapitre I. Etude bibliographique
avec la pression hydrostatique [197]. Cette pression est modélisée suivant le critère de Von
Mises (équation Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Pour éviter ce type de tranchée, le
seuil de cisaillement de la suspension doit être inférieur à la pression hydrostatique.
D’autre part, dans le cas d’une avancée rapide de la buse dans la suspension, une
tranchée temporaire est formée par la compétition entre la pression hydrostatique entrainant
l’écoulement de la suspension et la contrainte visqueuse de la suspension générée par la vitesse
de la buse (équation Erreur ! Source du renvoi introuvable.) [197]. Afin d’éviter que le
matériau extrudé soit entrainé vers la surface de la suspension avec la fermeture de la tranchée,
la pression hydrostatique doit dépasser la contrainte visqueuse.
Tableau I-3. Configurations de formation de tranchée dans une suspension [40], [197]
L’étude de la stabilité globale du matériau extrudé dans une suspension peut être
simplifiée en se focalisant sur la stabilité de l’objet une fois la trajectoire réalisée, il s’agit alors
de conditions d’équilibre statique. En prenant une tranche du filament extrudé, la stabilité de
cette dernière est assurée par l’équilibre de forces agissant sur elle. D’une part, la force
gravitationnelle et d’autre part, la poussée d’Archimède et la force de trainée (si le filament est
en mouvement) comme illustré sur la Figure I-31 [40] .
47
Chapitre I. Etude bibliographique
Figure I-31. Illustration des forces d’équilibre agissant sur le matériau extrudé [40].
𝝅
(𝝆 − 𝝆𝒔𝒖𝒔𝒑 )𝒈𝑫𝟑𝒆𝒒 = 𝟑𝝅𝑫𝒆𝒒 𝒗𝒃 𝜼𝒔𝒖𝒔𝒑 I-23
𝟔 𝒎
𝝅 𝑪𝒅 𝝅𝑫𝟐𝒆𝒒
(𝝆𝒎 − 𝝆𝒔𝒖𝒔𝒑 )𝒈𝑫𝟑𝒆𝒒 = 𝝉𝟎,𝒔𝒖𝒔𝒑 I-24
𝟔 𝟒
Avec Ymax le coefficient du critère de stabilité qui varie entre 0,048 à 0,212 selon Jossic
et al. [198]. Dans le cas réel de la stabilité d’une tranche cylindrique le critère peut s’ exprimer
sous la forme de l’équation I-26 [40].
48
Chapitre I. Etude bibliographique
𝟏
𝝉𝟎,𝒔𝒖𝒔𝒑 > 𝒀𝒎𝒂𝒙 𝚫𝝆𝒈𝒅𝒆 ; 𝒀𝒎𝒂𝒙 = 𝟐𝒅𝒆 𝟖 I-26
( + )
𝒍𝒆 𝝅
Pendant l’extrusion du matériau dans la suspension, une autre force due au process se
rajoute dans l’équation de l’équilibre de force. Cette force exprime l’apport de la résistance au
cisaillement du matériau extrudé à la sortie de la buse en utilisant le critère de Von Mises [40].
La stabilité de la forme cylindrique dans la suspension peut s’exprimer sous la forme de
l’équation I-27 [40].
𝒅𝒆
𝝉𝟎,𝒔𝒖𝒔𝒑 > 𝒀𝒎𝒂𝒙 (𝚫𝝆𝒈𝒅𝒆 + √𝟑 ∙ 𝝉𝟎,𝒎 ∙
𝒍𝒆
) I-27
Le béton imprimé en 3D présente une structure stratifiée due au dépôt de béton sous la
forme de couches multiples pour obtenir un élément en béton tridimensionnel. La résistance au
cœur du béton extrudé est plus élevée que la résistance aux interfaces horizontales ou verticales
des couches [3]. Les éléments en béton imprimé ont un comportement mécanique anisotrope
en raison de la dépendance des performances à l'application de la direction de la charge par
rapport à la direction d'impression. de l'application de la direction de la charge par rapport à la
direction de l'impression [27].
49
Chapitre I. Etude bibliographique
Figure I-32 (1) et (2), comparées aux résistances à la compression des échantillons moulés qui
reste de l’ordre de 58 MPa. De plus, les résistances mécaniques en compression sont de l’ordre
de 47 MPa, sous un chargement suivant la direction perpendiculaire à la direction d’impression
comme illustré sur la Figure I-32 (3) montrant ainsi l’anisotropie du comportement mécanique
des éléments imprimées.
Figure I-32. Evaluation de l’anisotropie du comportement mécanique en compression sur des échantillons
extraient d’élément imprimé et désignation des directions de chargement : (1) X, (2) Y et (3) Z [3].
Les tests mécaniques sur les éléments imprimés restent indicatifs du comportement local
du matériau durci. Cependant, l’effet de la forme de la structure ainsi que la méthode utilisée
sur la stabilité structurelle, restent à étudier. Les échantillons testés sont généralement extraits
d’un élément d’une structure imprimée. En fin, bien que la technologie d’impression 3D est très
prometteuse avec une perspective d’avenir entièrement numérique pour l'industrie de la
construction, cette technologie nécessite encore de nombreuses investigations afin de parvenir
à une véritable démocratisation sur les chantiers de construction [35], [126]. Ces limitations
sont aussi liées à un manque de réglementation normative dans le domaine des bétons imprimés.
50
Chapitre I. Etude bibliographique
Afin d’évaluer et calibrer les paramètres de l’imprimante dans cette étude, on utilise une
simple formulation de matériau cimentaire avec une composition courante, limitant ainsi les
variables étudiées. Cette démarche nous permet d’établir des relations entre les paramètres de
process et la rhéologie du matériau, Figure I-34. Au final, la possibilité de l’impression 3D de
forme standard et/ou complexe est investiguée.
51
Chapitre I. Etude bibliographique
Caractérisation mécanique
Comportement mécanique des influence des paramètres influence de la forme sur le
éléments imprimés d'impression sur les performences comportement mécanique
Figure I-34. Organigramme de l'étude expérimentale
52
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Introduction
Dans ce chapitre, nous présentons les travaux de développement qui ont servis à créer
deux équipements dédiés à l’impression 3D des matériaux de construction au sein du
laboratoire.
Ensuite, nous présentons la deuxième machine BREATHE 3D qui servira pour les
travaux futurs de recherche sur la technique d’impression par liaison sélective.
Imprimante BK3D
53
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
L’imprimante BK3D est classée dans la catégorie des imprimantes cartésiennes à 3 axes
distincts de type portiques selon les classifications récentes [7], [8]. Cette imprimante offre un
volume d’impression qui dépasse un mètre cube de matériau extrudé. De plus, le pilotage se
fait à partir d’un boitier de contrôle qui permet de générer des trajectoires de la tête d’impression
à partir d’un fichier numérique. Aussi, le mécanisme utilisé comporte des moteurs pas-à-pas et
des vis à billes à pas trapézoïdaux pour un déplacement tridimensionnel très précis de la tête
d’impression. Le système d’extrusion développé est composé d’un réservoir sous forme
d’entonnoir traversé par une vis sans fin qui assure l’extrusion du matériau. Cette dernière est
actionnée par un moteur pas-à-pas à couple élevé pouvant mélanger et extruder en même temps.
Squelette de l’imprimante
Figure II-2. Variante du squelette du portique de l'imprimante : (à gauche) raidissement à 45° au coin des
cadres, (au milieu) raidissement en X, (à droite) raidissement en losange.
54
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Le montage de l’ensemble des parties fixes et mobiles de l’imprimante est illustré dans
la Figure II-4. De plus, le portique est posé sur des pieds réglables pour mettre l’ensemble dans
un niveau horizontal.
Le système d’extrusion est fixé sur un chariot équipé de 8 roulettes, Figure II-5 (a).
Quatre roulettes sont utilisées pour porter la charge de l’extrudeuse et assurer son déplacement
sur deux rails qui constituent l’axe X, Figure II-5 (b). Les quatre autres à nervures sont placées
contre la face latérale intérieure des rails pour guider soigneusement le mouvement. Chaque
roulette a une capacité limite de charge radiale de 30 kg. L’assemblage des deux rails est aussi
équipé du même système de roulement ce qui permet un déplacement sur un cadre horizontal
Figure II-5 (c). A l’intérieur du portique de l’imprimante, Figure II-5 (d), le cadre horizontal est
en mouvement suivant l’axe Z. Pour cette partie, nous avons également retenu des profilés de
section transversale de 45x90 mm, compte tenu de leur rigidité à la flexion ; ce qui limite la
flèche lors du passage des roulettes.
55
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Figure II-5. Illustration des parties fixes et mobiles de la conception de l’imprimante : (a) chariot de la tête
d’imprimante, (b) rails de l’axe X, (c) cadre horizontal portant l’axe Y, (d) portique de l’imprimante
portant l’axe Z.
56
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Pour mettre en mouvement la tête d’impression suivant l’axe X et Y, nous avons choisi
un système de transmission composé d’un système vis-écrous à pas trapézoïdaux ; deux vis
trapézoïdales sont installées sur chaque axe (X et Y) comme on peut voir sur l’illustration dans
la Figure II-6.
Figure II-6. Illustration du système de transmission de mouvement de la tête d'impression dans le plan XY
De plus, chaque vis est actionnée par un moteur pas-à-pas placé de façon symétrique sur
chaque axe afin d’équilibrer le poids sur l’ensemble de l’imprimante (voir Figure II-7).
L’élévation du cadre horizontal est assurée par des vis à billes. Cette fois-ci, nous avons
choisi un système de transmission de mouvement qui permet d’avoir une précision de montée,
une capacité de charge allant jusqu’à 200 kg et en limitant les frottements entre la vis de
transmission et l’écrou correspondant.
57
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Quatre (4) vis à billes sont installées verticalement sur le portique de façon symétrique,
reliées par une chaine qui transmet la rotation de deux moteurs synchronisés à travers des
pignons (voir Figure II-8). La rotation des vis à billes se transforme en déplacement vertical des
écrous fixés sur le cadre horizontal portant le plan XY, Figure II-17.
Figure II-8. Illustration du système mécanique d'élévation : (à gauche) illustration de la position de la vis à
billes à droites et l’ensemble du moteur plus tendeurs, (à droite) photographie de l’installation de la
chaîne à travers les pignons du moteurs et les tendeurs.
Le pilotage de la BK3D est assuré par un système électronique basé sur la technologie
des imprimantes 3D dédiées aux polymères. Le boitier de contrôle contenant le système
électronique, est doté d’un écran d’affichage LED qui permet la commande des moteurs avec
la possibilité de lecture des fichiers G-code, Figure II-10.
58
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Ecran de contrôle
La première alimentation est reliée au contrôleur électronique qui nécessite une tension
de 12 volts avec un maximum d’intensité de 5 A. Cette tension alimente le microcontrôleur et
l’écran d’affichage. Les 4 moteurs du plan XY (i.e. deux moteurs par axe). De plus, la vitesse
maximale dans le plan d’impression XY est de l’ordre de 10 mm.s-1.
59
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Système d’extrusion
Pour l’extrudeuse de la BK3D, nous avons proposé un ensemble composé d’un réservoir
en PVC sous forme d’entonnoir traversé par une vis sans fin modulaire en ABS (Acrylonitrile
Butadiène Styrène) porté par un axe en acier inoxydable, Figure II-11 (à gauche). La vis sans
fin est actionnée par un moteur pas-à-pas à couple élevé. Dans un premier temps, nous avons
proposé une version de l’extrudeuse où la taille de la vis sans fin était courte, Figure II-11 (à
droite).
Figure II-11. Conception de l’extrudeuse : (à gauche) Vis d'Archimède modulaire en plastique ABS
résistant à l'usure, (à droite) La version primaire du de l’extrudeuse.
60
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Pour la deuxième version, nous avons remarqué que la vis transporte mieux le matériau
du réservoir vers la filière jusqu’à la buse où le matériau commence premièrement par stagner
au niveau de la zone de convergence de diamètre de la filière, Figure II-12 (b). Ensuite, une fois
que la filière est remplie, Figure II-12 (c), l’extrusion s’amorce avec un débit régulier. Après
quelques minutes, nous avons remarqué que le débit d’extrusion diminue jusqu’au blocage,
Figure II-13 (à droite). Cela peut être expliqué par la compression et la filtration du fluide
interstitiel contenu dans le matériau au niveau de la zone qui précède la buse où nous avons pu
observer des gouttes d’eau qui sortent du raccordement à buse, Figure II-12 (d).
Figure II-13. Défauts d'extrusion : (à gauche) discontinuité du débit, (à droite) blocage de l’extrusion
après remplissage de la filière et filtration d’eau par compression.
61
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
réservoir et sert comme un repère du niveau pour le matériau placé dans le système d’extrusion
comme illustré dans la Figure II-14.
De plus, nous avons remarqué qu’une accumulation du matériau peut avoir lieu sur le
moulin, ce qui nous pousse à racler le matériau manuellement vers les ouvertures du moulin.
Pour éliminer ce geste de raclage répétitif, nous avons fixé un voile flexible en caoutchouc noir
qui racle le matériau sur le moulin en rotation et le pousse vers les ouvertures du moulin (voir
Figure II-15 (a) et (c).
Afin de garder le matériau homogène et fluide sans structuration, nous avons installé
des lames en inox sur la face inférieure du moulin pour racler et mélanger le matériau ainsi le
faire déplacer jusqu’à la filière, Figure II-15 (b) et (c). Avec cette dernière version de
l’extrudeuse nous avons pu réaliser les dernières expériences menées dans cette thèse.
62
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
(a)
(b) (c)
Figure II-15. Eléments supplémentaires au système d'extrusion (Version finale de l’extrudeuse) : (a) voile
en caoutchouc, (b) ailette de mélangeage et de raclage, (c) système d’extrusion avec deux ailettes de
raclage.
Comme nous l’avons déjà précisé, le matériau est entrainé dans l’extrudeuse par deux
mécanismes : (i) au niveau du réservoir d’alimentation, le matériau est tout d’abord dirigé à
l’aide des lames de malaxage fixées au moulin qui raclent les surfaces de l’entonnoir et poussent
le matériau en plus de l’effet de la gravité vers la filière à vis. Une fois que le matériau est au
niveau du corps du système d’extrusion, (ii) la vis sans fin transporte le matériau vers la buse
d’impression qui joue le rôle de filière de mise en forme. Tout au long du parcours, le matériau
frotte contre les surfaces du système et génère en parallèle des contraintes dans le matériau.
Cela réduit l’énergie disponible et affecte la vitesse de déplacement du matériau. Une bonne
connaissance du comportement rhéologique du matériau est donc indispensable. En
63
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
conséquence, la vitesse de sortie du matériau est fonction de la vitesse de rotation de la vis sans
fin, mais la loi de calibration n’est pas linéaire.
Buses
(a) (b)
Figure II-16. Ensemble de buses conçues pour l'imprimante BK3D : (a) buse à section rectangulaire 40x10
mm² avec ailettes, (b) buse à section circulaire de 18 mm de diamètre.
La conception finale de l’imprimante est illustrée dans le schéma dans la Figure II-17
(a). Nous avons mis en place une protection à l’imprimante afin de limiter l’entrée de la
poussière dans l’espace d’impression. Notamment sur les vis à billes, qui assure l’élévation du
cadre horizontal suivant l’axe Z (cf. Figure II-17 (b)).
64
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
(b)
Figure II-17. Illustration de la conception totale de l'imprimante : (a) schéma de l’imprimante sous Fusion
360, (b) Photographie de l’imprimante BK3D.
Une fois que le fichier STL est généré, ce dernier est chargé dans le logiciel d’impression
3D (Exemple : Repetier Host, CURA Ultimaker, etc). Le modèle chargé est ensuite traité dans
le logiciel en renseignant la position, l’échelle et le nombre d’objet à imprimer.
L’étape suivante consiste à subdiviser le modèle traité en tranches en faisant appel à des
outils dédiées (exemple : Slic3r, Skeinforge, CuraEngine et PrusaSlicer) et à générer une liste
de commandes appelées Gcode. Ces commandes permettent de définir les séquences
d'instructions permettant de piloter l’imprimante 3D. Les logiciels de tranchage peuvent
éventuellement ajouter des scripts dans le fichier gcode soit au début ou à la fin afin d'effectuer
des actions spécifiques avant et/ou après l'impression. Dans le cas de l’imprimante BK3D, nous
avons à titre d’exemple ajouté les instructions d’allumage des LED d’éclairage du plateau ainsi
que celle du logo.
65
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
On note que les paramètres des trancheurs doivent être bien définis par rapport au
matériau utilisé comme encre. Pour cela, nous avons intégré les paramètres des tests
expérimentaux pour calibrer la vitesse d’extrusion et puis générer à travers le logiciel de
tranchage des instructions plus adaptées. Une fois le Gcode généré, un post traitement doit être
effectué sur la liste des commandes pour vérifier les incompatibilités qui peuvent glisser et
affectent le mécanisme de l’imprimante BK3D : par exemple, l’utilisation des coordonnées
relatives pour les instructions de mouvement suivant l’axe Z et pour l’extrusion, voir l’exemple
de fichier de commande en Annexe 1.
L’étape suivante consiste à faire un calibrage des moteurs pour réinitialiser les
coordonnées de départ dans les 3 axes à l’aide d’une fonction que nous avons intégrée dans les
paramètres de commande de l’imprimante. Ceci permet, lors d’un test d’impression, de mettre
en marche un système d’éclairage pour indiquer que l’imprimante est en cours de
fonctionnement, Figure II-18.
66
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Niveau du moulin
Figure II-18. Illustration de la limite du niveau du matériau implémenté dans le réservoir avec éclairage
de mis en marche.
La dernière étape consiste à nettoyer l’extrudeuse d’une manière rigoureuse car il s’agit
de la partie la plus sollicitée de la machine qui est en contact direct avec les différents matériaux
à imprimer. Un nettoyage à l’eau est préconisé et un séchage à l’air comprimé est recommandé.
Nous présentons dans la Figure II-19 différents objets imprimés par la BK3D pour des
fins pédagogiques que nous classons en deux catégories : Eléments de décoration : (a) présente
un pot carré équipé de LED et (b) pot cylindrique. Ensuite, les mobiliers urbains : (c) chaise
imprimée en deux parties distinctes et reliées par des lattes en bois, (d) chaise imprimée en une
partie centrale comportant l’assise et étayée par des lattes en bois et enfin (e) une poubelle
imprimée en deux parties espacées par des montants en bois.
67
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
a b
c d e
Figure II-19. Photographie des objets fabriqués à l’aide de l'imprimante BK3D
68
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Cependant, les contraintes de sécurité et d’allocation d’espaces nous ont poussé à choisir
la solution d’installation du robot sur un support mobile. Après l’identification d’un bâti à
roulettes conçu en structure métallique lourde et rigide, l’investigation sur les détails techniques
a été lancée pour la mise en place du bras articulé sur le bâti :
69
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Conception du dispositif
En utilisant le logiciel de dessin 3D Fusion 360 (licence éducative), le bâti (Figure II-20
(b)) a été modélisé avec les dimensions réelles, ce qui a permis de bien mesurer les éléments de
structures supplémentaires qui ont été commandés pour la mise en place du bras.
Dans cette conception, nous avons proposé de protéger l’ensemble par un portique
équipé de plaques en polycarbonate incassables sur 5 faces afin de limiter l’entrée de la
poussière et sécuriser l’utilisation du robot (voir Figure II-21). De plus, l’accès au système
installé à l’intérieur du portique se fait en translatant les volets glissants.
a b c
Figure II-20. (a) Bras robotisé ABB IRB 1200-7, (b) modèle 3D du bâti mobile (c) modèle 3D de
l’installation de l’équipement.
70
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Figure II-21. Installation du portique et du système robotique : (à gauche) fixation des profilés pour
l’installation de la CNC, (à droite) vue sur le montage avec volet de protection.
Installation de la CNC
Nous avons donc installé une machine CNC sur un portique interne afin de l’utiliser
pour déposer la poudre sèche depuis un réservoir (installé à la place du système d’usinage)
comme illustré dans la Figure II-22.
71
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Figure II-22. Illustration 3D de l'installation de la machine CNC permettant le dépôt du produit sec.
Une fois que le plateau d’impression est à la position maximale, ce plateau (en bleu sur
la Figure II-24) est commandé pour descendre à une hauteur équivalente à la hauteur de la
couche du produit sec voulue. Ensuite, le matériau sec est déposé et la CNC se déplace en
étalant le matériau avec le rouleau illustré dans la Figure II-24.
72
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Rouleau
Une fois que le matériau sec est déposé puis étalé, le bras robotisé dessine à l’aide d’un
système de pulvérisation de fluide le contour de la couche de l’objet à imprimer. La fixation du
système de pulvérisation a nécessité la conception d’une pince qui peut s’adapter en cas de
changement du système de pulvérisation. Pour cela, nous avons proposé l’installation d’une
plaque métallique sur le bout du bras robotisé équipée de quatre tiges filetées qui finissent par
être assemblées à un ensemble de deux pièces imprimées que l’on peut utiliser comme une
pince (voir Figure II-25).
73
Chapitre II. Développement d’imprimantes 3D
Sécurité d’utilisation
Bien que les volets de protection doivent rester fermés durant l’utilisation, les
chercheurs peuvent manipuler avec les volets ouverts pour des raisons pratiques. toutefois, le
système de pulvérisation peut contenir une buse sous forme d’aiguille, ce qui présente un danger
pour l’utilisateur. Pour cela, la manipulation avec cet appareil nécessite une assistance donc un
minimum de deux personnes qui manipulent.
Conclusion
Nous avons présenté dans ce chapitre les principaux développements qui ont été menés
durant la thèse. Nous avons pu présenter les différentes parties de chaque équipement, en citant
les difficultés qui nous ont poussé à améliorer nos conceptions. De plus, l’utilisation de ces
deux équipements n’est pas sans risque. Pour cela, une formation préalable est nécessaire pour
éviter tout incident.
74
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Introduction
Nous nous attachons à décrire dans une deuxième partie les matériaux utilisés, améliorés
et développés au cours de ce travail de thèse. En démarrant par une organisation de l’étude
expérimentale, les méthodologies et protocoles d’essais sont présentés.
Matériaux et formulations
Dans cette étude, des formulations de mortiers cimentaires sont définies afin de
s’adapter aux contraintes techniques du procédé d’impression 3D. Un mélange de produits secs
a été préparé au préalable sous forme d’un prémix facilitant la répétabilité. Les mélanges
cimentaires contiennent du ciment, du sable et des additions minérales. Le mélange sec est
ensuite gâché avec une solution composée d’eau et d’adjuvants.
III.2.1.1. Ciment
Le ciment utilisé est de type CEM I 52,5 N CP2 (NF P15 318), commercialisé par la
société ciments EQIOM. Les principales propriétés physiques de ce ciment Portland sont
présentées dans le Tableau III-1 et les propriétés chimiques et minéralogiques sont données
dans le Tableau III-2.
75
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Na2O
CaO
PAF INS SiO2 Al2O3 Fe2O3 CaO MgO SO3 K2O Na2O S2- Cl- CO2 éq
Libre
actif
1,4 0,7 19,9 5,1 3,3 64,3 0,9 3,2 0,85 0,25 0,01 0,05 1,1 1,9 0,81
Masse volumique apparente (en kg/m3) 1500 Particule < 0,125 mm (en %) 100
Masse volumique (en kg/m3) 2700 Particule < 0,063 mm (en %) 97
Surface spécifique (en cm2/g) 4620 Taux d’humidité initial (en %) 0,2
76
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Figure III-1. Courbes d’analyses granulométriques des constituants du liant : (carré noir) Ciment, (cercle
rouge) Filler Calcaire, (triangle bleu) Kaolin.
III.2.1.3. Sable
Dans une première étude, un sable normalisé 0/2 mm (conformément à EN 196-1 & ISO
679 de SNL) a été sélectionné afin d’éliminer l’effet des impuretés qui peuvent exister dans un
sable naturel. Par la suite, le recours à l’utilisation du sable Silico-calcaire tamisé a été privilégié
afin de limiter la surconsommation du sable normalisé et définir une formulation de matériau
77
Chapitre III. Matériaux et méthodes
pouvant être produite en grand volume. La courbe granulométrique des deux sables est
présentée dans la Figure III-2. Le Tableau III-6 présente les propriétés physiques.
Figure III-2. (à gauche) Sable normalisé fourni dans des sacs de 1350 g, (à droite) Sable silico-calcaire
tamisé à travers un tamis d’ouverture 1.25 mm.
III.2.1.4. Superplastifiant
Pour la présente étude, deux types de superplastifiants ont été utilisés, conforme à la
norme EN 206 1. Ils sont fournis par l’entreprise Sika (France) et commercialisés sous les
78
Chapitre III. Matériaux et méthodes
L’agent modificateur de viscosité utilisé dans ces travaux est un éther de cellulose. Sous
forme de dosette, la solution est préparée en dissolvant 1,5 g de poudre d'éther de cellulose
(Tylose® MH 10000 KG4) dans 40 ml d'eau [205], [206]. Selon les indications du producteur,
la poudre de l’éther de cellulose prend 3 minutes pour s’imbiber d’eau et 40 min pour une
dissolution totale. Pour cela, une forte agitation est conseillée durant les premières minutes de
préparation. A partir de 3 minutes, le mélange (éther de cellulose + eau) peut être stocké sans
agitation.
79
Chapitre III. Matériaux et méthodes
filler calcaire et le kaolin est requises. Dans cette composition, (voir) les proportions des
constituants sont présentées dans le Tableau III-8 et Tableau III-9. Nous avons essayé de choisir
une matrice minimisant l’utilisation du ciment par substitution de filler calcaire et d’Argile. Ces
additions augmentent d’une part la plasticité du mélange et d’autre part, le seuil de cisaillement
qui est l’une des propriétés rhéologiques clés d’un matériau destiné à l’impression 3D . D’une
part, nous avons sélectionné les valeurs limites de l’ajout de ces additions qui ne doivent pas
dépasser généralement les 20-25% de la masse du ciment pour ne pas altérer fortement la
résistance mécanique à l’état durci. Ainsi que pour éviter les risques de retraits de séchage
remarqués dans le cas des argiles.
Quantité [kg]
Matériau
Mortier Ref-1 Mortier Ref-2
Sable Silico-Calcaire (0/2) tamisé - 1191,33
Sable standardisé (0/2) 943,33 -
Ciment CEM-I 52.5 N 943,33 567,30
Kaolin - 113,46
Filler Calcaire - 113,46
Eau 339,60 272,65
Superplastifiant (Tempo-12) 0,94 -
Superplastifiant (Tempo-9) - 7,94
Ether de cellulose 0.71 -
Le gel de Carbopol est un fluide transparent complexe connu pour être stable et souvent
utilisé comme fluide modèle pour mieux comprendre les théories appliquées à l'écoulement des
matériaux cimentaires [146], [207]. Certains gels de Carbopol peuvent être considérés comme
faiblement thixotropes [208], [209]. Dans ce travail, deux types de Carbopol sont utilisées pour
produire des gels servant comme suspension pour les expériences d’impression 3D détaillées
au Chapitre V.
80
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Le Carbopol Ultrez 20est fourni sous forme de poudre, c’est un polymère d'acide
polyacrylique hautement réticulé synthétisé dans le benzène [210].
La gélification est activée par la neutralisation des fonctions acides greffées sur la
chaîne polymère à l'aide d'une solution basique [186]. Ainsi, une solution basique d'hydroxyde
de sodium (NaOH) est préparée à une concentration massique de 18 % et ajoutée à la solution
acide de Carbopol dans un rapport base/acide de 2,3 [211]. Le gel produit reste stable, épais et
homogène à pH neutre (~7) [205].
Utilisé comme fluide porteur, il s’agit d’un mélange fluide du filler calcaire, d’eau et
d’une faible quantité d’agent de viscosité. L’Ether de Cellulose est utilisé spécialement pour
stabiliser la suspension des particules de calcaire dans la suspension et ralentir le phénomène
de sédimentation des particules. L’objectif est garanti une homogénéité et un comportement
rhéologique stable sur les différents niveaux de profondeur du volume utilisé et cela jusqu’à ce
que le matériau extruder dedans peut tout seul tenir sa forme voir durci complètement. La
composition de la suspension du calcaire est résumée dans le Tableau III-10 suivant :
81
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Dans la cadre des travaux de thèse, deux types de malaxeurs ont été utilisés. Un
malaxeur à mortier Controlab est utilisé tout d’abord pour le malaxage des mélanges
cimentaires à petit volume (1 à 3 litres), Figure III-4 (gauche). Les vitesses utilisées ont des
valeurs respectives : V1 = 140 tr.min-1, V2 = 240 tr.min-1, conformément à la norme EN 196-1.
La procédure de malaxage du mortier est entamée premièrement par malaxage de matériaux
secs (ciment + sable + additions) à une vitesse faible (V1 = 140 tr.min-1) pendant une minute.
Ensuite, l’eau et les adjuvants sont ajoutés et mélangé pendant 30 secondes. Après une phase
de raclage du fond du bol du malaxeur d’une durée d’environ 1 minute et 30 secondes, le mortier
est enfin remalaxé pendent une minute à grande vitesse (i.e. V2).
Pour les besoins de fabrication nécessitant un volume plus élevé (20 litres et plus), un
malaxeur à hélice est utilisé (Ø hélice max. 160 mm), Figure III-4. Ce malaxeur fournit une
vitesse à vide allant de 150 à 300 tr.min-1 équipé d’un variateur de vitesses. Dans ce cas, la
procédure du malaxage est réalisée en introduisant les matériaux secs dans un bac en
caoutchouc dur et ensuite malaxer à l’aide de l’hélice du malaxeur en passant par tous les bords
du bac pour homogénéiser le prémix et cela pendant deux minutes. Une fois que l'eau et les
adjuvants ont été ajoutés, un premier malaxage à une vitesse de 150 tr.min-1 est effectué pendant
une minute suivie par l’étape de raclage du fond du bac. Enfin, le mélange est remalaxé pendant
3 minutes.
82
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Figure III-4. Malaxeurs mortier : (à gauche) malaxeur Controlab, (au milieu) Malaxeur à hélice, (à droite)
illustration d’un matériau malaxé.
3 cm
7 cm
Figure III-5. Affaissement au Mini-cône : (à gauche) mortier consistant avec un seuil de cisaillement élevé
de l’ordre de 1,5 kPa, (à droite) mortier moins consistant avec un seuil de cisaillement de l’ordre de 1 kPa.
Les temps de début et de fin de prise du ciment sont déterminés à partir de l’essai Vicat
(Figure III-6) conformément à la norme EN 480-1. Le principe de l’essai est basé sur la mesure
de l’enfoncement d’une aiguille normalisée dans le mortier. Ce dernier est coulé dans un moule
de forme conique. En effet, après l’introduction du mortier frais dans le moule et l’arasage avec
une règle, des enfoncements à l’aiguille (toutes les 10 minutes) sont effectuées sur le même
échantillon mais sur des zones différentes. Le temps de début de prise correspond à la durée
nécessaire, depuis la fin du malaxage, pour que la distance mesurée entre la pointe de l’aiguille
et la plaque de base soit de 4 millimètres. Quant au temps de fin de prise, il correspond au temps
83
Chapitre III. Matériaux et méthodes
mesuré entre la fin du malaxage et le moment où l’aiguille ne pénètre pas plus de 2,5
millimètres.
Afin de définir la granulométrie du mélange ainsi que pour chaque constituant, des
analyses granulométriques par tamisage suivant la norme en vigueur NF P 18-560 ont été
réalisées. L’échantillon testé est préparé conformément à la norme NF P 18-553 et la dimension
des tamis est celle préconisé par le CEN NF EN 933-2, Figure III-7.
84
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Figure III-7. Analyse granulométrique par tamisage : (à gauche) Tamiseuse vibrante et série de tamis
normalisée, (à droite) déroulement de l'essais et prélèvement des refus par tamis.
III.3.5. Rhéométrie
Afin d’étudier les propriétés d’écoulement des matériaux utilisés, un rhéomètre est
utilisé suivant des protocoles bien définis pour mesurer les propriétés dites « rhéologiques ».
Les principaux paramètres investigués à travers la rhéométrie sont :
III.3.5.1. Rhéomètre
85
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Dans le cas de la rhéométrie rotationnelle, le rhéomètre impose soit un couple soit une
vitesse de rotation tel que, le couple est proportionnel à la contrainte de cisaillement et la vitesse
de rotation est proportionnelle au taux de cisaillement.
Dans le cas des matériaux cimentaires, qui sont connus pour leur comportement
thixotrope [143], [207], ils sont testés immédiatement après le mélange pour estimer la limite
d'élasticité au jeune âge sans passer par un temps de repos et éviter la formation des produits
hydratés qui modifient par conséquent le comportement rhéologique [131], [146]. La contrainte
de cisaillement est calculée à partir des mesures de couple, T, en utilisant l'équation III-1. Les
paramètres rhéologiques, c'est-à-dire la contrainte seuil de cisaillement et la déformation
critique, ont été identifiés à partir des courbes de contrainte de cisaillement-déformation
(τ=f(γ)). [136], [137], [157]. Le module élastique de cisaillement G est également identifié à
partir des courbes de contrainte-déformation par analyse linéaire des données avant la détection
de la rupture plastique. Le module d'Young est alors déduit de l'équation E=2G(1+v) [131]. Le
86
Chapitre III. Matériaux et méthodes
coefficient de Poisson est fixé à 0,5 en considérant la suspension de gel comme un matériau
non compressif.
𝚪
𝝉= III-1
𝟐𝝅𝒉𝑹𝟐 + 𝒏 ∙ 𝟐𝝅𝑹𝟑 /𝟑
Outre l'essai de cisaillement, une autre série d'expériences a été réalisée en utilisant des
mesures oscillatoires pour évaluer les modules élastiques et visqueux des différentes
suspensions. Les modules de cisaillement (c'est-à-dire le module de stockage G' et le module
de perte G") ont été mesurés en appliquant un mouvement oscillatoire fixe d’une fréquence de
1 Hz en utilisant la géométrie Vane, allant de 0,01 % à une amplitude de déformation de 100 %
pendant 480 secondes (cf. Figure III-9(c)).
Nous précisons que ces protocoles sont aussi utilisés pour les suspensions de Calcaire
que pour les suspensions de gel de Carbopol utilisés au Chapitre V.
Enfin, une évaluation de la thixotropie est réalisée sur les suspensions. Un protocole
d’essai a été effectué et est présenté dans la Figure III-9(e). Dans un premier intervalle de temps
d’essai, le fluide est cisaillé à un gradient faible (environ 0,1 s-1) suivi par un cisaillement fort
(de l’ordre de 103 s-1) pendent une courte durée (environ quelques secondes) et enfin un retour
au gradient de cisaillement de départ (c.à.d. 0,1 s-1).
Les couches imprimées subissent des efforts de compression. Il est donc nécessaire de
rappeler les fondamentaux de l’analyse du test de compression illustré à la Figure III-10. En
87
Chapitre III. Matériaux et méthodes
considérant le cas d'un écoulement plastique homogène et adhérent, une méthode d'équilibre
global est utilisée afin de prendre en compte l'influence de la couche de cisaillement sur le
champ de pression à l'intérieur du matériau [138], [144].
Figure III-9. Essai rhéométrique de cisaillement par géométrie Vane : (a) Schéma de l’essai de cisaillement
avec la géométrie Vane, (b) Protocole de mesure du seuil de cisaillement : gradient de cisaillement constant
en fonction du temps de l’essai, (c) Protocole de mesure des modules de cisaillement : amplitude des
déformations croissante en fonction du temps de mesure, (d) Protocole d’essai d’écoulement : gradient de
cisaillement croissant en escalier en fonction du temps de mesure, (e) Protocole d’évaluation de la
thixotropie.
Pour identifier les paramètres rhéologiques du mortier sous cette sollicitation uni-axiale,
un essai de compression est réalisé en utilisant la cellule plan-plan Ø50 mm du rhéomètre
MCR102 Anton Paar (Figure III-8 (c)). Le glissement avec condition limite de friction aux
parois est obtenue sans traitement des surfaces des plans. L’échantillon testé est de forme
cylindrique d’un diamètre D égale à 16.5 mm et d’une hauteur h0 égale à 16.5 mm environ
comme schématisé dans la Figure III-10. La vitesse d'écrasement V du plan supérieur (avec
88
Chapitre III. Matériaux et méthodes
plan inférieur fixe) sont fixées à : 10, 5, 2.5, 1, 0.5, 0.25, 0.1, 0.05 et 0.01 mm/s. pour se
rapprocher des vitesses d’extrusion énoncée au chapitre
h0
Figure III-10. Test de compression: (à gauche) géométrie de l’échantillon, (à droite) test sur un échantillon
de matériau frais [138]
La force de compression peut être intégrée à partir de la contrainte sur les plaques, qui
est elle-même intégrée à partir du gradient de pression [214]. La force de compression est
évaluée à partir de la dissipation d'énergie et s'écrit [144] :
𝟐𝝅𝑲𝒊 𝑹𝟐 𝟐𝝅𝑲𝒊 𝑹𝟑
𝑭=− − III-2
√𝟑 𝟑𝒉
La première partie de l'équation III-2 est liée à la dissipation d'énergie dans la zone
d'écoulement en extension. La deuxième partie de l'équation est liée à la condition de
cisaillement sur les plaques. Ces deux énergies dissipées sont similaires à celles que l'on peut
trouver lors d'un processus d'extrusion.
89
Chapitre III. Matériaux et méthodes
𝟐𝑲𝒊 𝒉 𝟐𝑲𝒊
𝑭∗ = ( )+ III-3
√𝟑 𝑹 𝟑
F*(h/R) apparaît comme une fonction linéaire du rapport géométrique. De plus, F* est
directement lié au taux de dissipation d'énergie dans l'échantillon et ne dépend donc pas du
rayon de la plaque comme l'ont montré Roussel et Lanos [144]. Les courbes expérimentales
sont ajustées par régression linéaire en coordonnées (h/R, F*). La pente et la valeur initiale de
la réponse expérimentale sont utilisées pour évaluer Ki.
Dans le cas d’un écoulement glissant avec frottement d’un fluide plastique homogène,
la force exercée par le plateau est reliée à la fois au seuil de cisaillement à la parois Kf qui est
différent du seuil de plasticité du matériau Ki [176]. L’expression de la force réduite de
compression s’écrit donc :
𝟐𝑲𝒊 𝒉 𝟐𝑲𝑓
𝑭∗ = ( )+ III-4
√𝟑 𝑹 𝟑
L’échantillon préparé doit être mis entre les plans du rhéomètre immédiatement après
démoulage de l’anneau. Aussi, l’entrefer doit être réglé de tel sorte que le contact soit complet
entre le matériau et le plan de diamètre de 50 mm du rhéomètre (cf. Figure III-12). Ici, le profil
de chargement se fait par déplacement où les cycliques sont réalisés à faible vitesse de
déplacement du plan supérieur du rhéomètre. Cette vitesse est constante pendent le test, avec v
= 1,875 μm.s-1. Nous préconisons d’effectuer une réinitialisation du capteur de force avant le
début de chaque test suivi par 5 cycles de chargement-déchargement.
Ce protocole est répété sur plusieurs échantillons à différents temps de repos : 10, 20,
30, 40, 50 et 60 minutes.
Figure III-12. Schéma d’appareillage des mesures de module de Young en compression cyclique de
cylindre de mortier frais.
91
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Pour assurer un dépôt régulier du mortier, la vitesse d’extrusion 𝑣𝒆 [𝑚𝑚 ∙ 𝑠 −1 ]dois être
adaptée à la vitesse de déplacement de la buse [40], [161]. Avant d’entamer ce protocole, il est
nécessaire de s’assurer que le matériau sort de façon continue de la buse et cela en faisant
tourner la vis sans fin de l’extrudeuse. De plus, il faut vérifier que le réservoir de l’extrudeuse
contient la quantité nécessaire du matériau jusqu’au niveau du moulin (i.e. niveau maximal)
ainsi alimenter le réservoir en continue. Cette étape est primordiale avant chaque test impression
3D afin d’éliminer les volumes d’air emprisonnés avant que le remplissage de la filière de
l’extrudeuse soit complet.
Le protocole de l’estimation de la vitesse d’extrusion est défini par les étapes suivantes :
92
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Figure III-13. Test d'estimation de la vitesse d'extrusion par pesée de la masse d'extrudât
93
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Le Carbopol est généralement fourni sous forme de poudre très légère et de faible
densité. Lorsqu’il est ajouté à l’eau, la poudre du Carbopol a tendance à former des agglomérats
qui se dispersent difficilement. De plus, l’augmentation de la viscosité se fait à pH neutre, ce
qui rend l’homogénéisation du Carbopol plus difficile.
1. La cuve (ou récipient de malaxage) est chargée avec de l’eau distillée. Le mélangeur est
démarré et le Carbopol est ajouté petit à petit pour éviter la floculation. La tête du
mélangeur monobloc illustrée dans la Figure III-15 (b) tourne à grande vitesse (750
tr/min) créant un puissant vortex, entraînant la poudre et le liquide dans la tête de travail
où ils sont rapidement mélangés. Les produits sont ensuite aspirés à travers les rainures à
l’extérieur de la tête du mélangeur et projetés dans le mélange. Tous les agglomérats sont
94
Chapitre III. Matériaux et méthodes
désintégrés lorsqu’ils passent à travers les fentes. Le mouvement vigoureux créé par la
tête du mélangeur dans la cuve garantit, en un cycle de mélange court, que tous les
ingrédients passent plusieurs fois à travers la tête du mélangeur, en réduisant
progressivement la taille des particules et assurant un renouvellement du produit et un
débit élevé dans l’ensemble de la cuve [215].
Figure III-15. Mélangeur à dispersion : (a) schéma de mouvement du fluide pendant la dispersion, (b)
illustration de la dispersion des agglomérations de Carbopol [215].
2. Afin d’obtenir un gel avec les propriétés rhéologiques souhaitées, la deuxième phase est
soigneusement contrôlée avec l’utilisation d’un pH-mètre (voir Figure III-15). L’ajout de
la solution de soude est opéré. Cette solution basique ayant un pH très élevé de l’ordre de
14, est préalablement préparée avec une concentration massique de 18% [217]. La tête
du mélangeur tourne cette fois-ci à une vitesse plus élevée et progressive (750 à 1800
tr/min) au fur et au mesure de l’ajout de la solution de soude. Ce protocole permet à la
fois de mélanger le gel produit, atteindre les propriétés rhéologiques visées et
homogénéiser le gel progressivement.
3. Faute de présence éventuelle de bulles d’air dans le mélange, une dernière phase permet
l’homogénéisation du gel dans le volume global en faisant déplacer la tête du mélangeur
vers les zones mortes. Cela permet également de procéder à la déstructuration des bulles
d’air formées.
La Figure III-16 résume les étapes du protocole de préparation des suspensions de gel
de Carbopol.
95
Chapitre III. Matériaux et méthodes
De plus, deux concentrations de gel à base de Carbopol 691 ont été choisies afin de
réaliser des suspensions avec un pH élevé de l’ordre de 12 (voir Tableau III-12).
96
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Les mesure rhéométrique n'ont de sens que si le matériau caractérisé est homogène.
Dans le cas des suspensions granulaires, cette homogénéité peut être mise en défaut par deux
mécanismes. Tout d'abord, même si les particules sont stabilisées par le seuil du matériau au
repos, elles peuvent sédimenter en écoulement dans le matériau fluide par effet de gravité. Afin
de suivre le phénomène de sédimentation d’une suspension à base de filler Calcaire en fonction
de la durée du repos, des mesures ont été réalisées pour un suivi temporel du changement des
propriétés rhéologiques de la suspension sur différents niveaux de profondeur (voir Figure
III-17). L’expérience consiste à introduire dans un tube gradué 250 ml de la suspension de
calcaire préalablement malaxée (homogène). La suspension est laissée au repos jusqu’à
l’échéance Ti tel que Ti = 1, 16, 24, 48 heures. A l’aide d’un tube flexible de diamètre équipé
d’un piston, la suspension est aspirée et divisée par quatre (4) volumes qui correspondent à
quatre niveaux à partir du haut du tube gradué. Ces volumes récupérés sont par la suite testés
suivant les protocoles rhéométriques présentés précédemment.
Pour chaque formulation et type d’éprouvette, trois spécimens sont confectionnés. Les
éprouvettes sont démoulées 24 heures après leur confection puis conservées en immersion dans
l’eau à T=20±2°C jusqu’au jour de l’essai, conformément à la norme NF EN 12 390-2.
Avant d’effectuer les tests mécaniques sur les éprouvettes confectionnées, ces dernières
doivent être surfacées au niveau de leur faces de contact avec les plateaux de la presse ou
97
Chapitre III. Matériaux et méthodes
rouleaux de l’essai de flexion. Cette étape est essentielle pour avoir une meilleure estimation
des contraintes mesurées et éliminer les risques de ruptures par désaxement. Un surfaçage au
soufre (type B) a été effectué sur les éprouvettes dans cette étude conformément à la norme NF
P 18-416 à l’aide d’un outil de guidage (Figure III-18). Pour des besoins spécifiques, il a été
effectué sur des éprouvettes prismatiques en adaptant le moule et le dispositif de guidage.
Aussi, une rectification a été effectuée sur les surfaces latérales des éprouvettes
spécifiques confectionnées afin de recevoir les jauges de déformations. Ces surfaces ont été
taillées manuellement à l’aide d’une meuleuse à disque pour céramique et des limes
appropriées.
Figure III-18. (à gauche) Dispositif de guidage et moule de surfaçage, (à droite) Exemple d'éprouvette
surfacée
98
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Compression Flexion
Figure III-19. Photographie d’essais de compression et de flexion des éprouvettes prismatiques 4x4x16 cm
en mortiers
Pour chaque échéance de tests, deux types d’essais de compression sont effectués et
confrontés afin de vérifier la cohérence des résultats et la répétabilité des mesures. Le premier
type d’essai est un essai de compression simple et le deuxième est un essai de compression
cyclique avec une amplitude constante pour chaque cycle finissant par une rampe jusqu’à
atteindre le maximum de contrainte supportable par l’échantillon.
L’étude du comportement mécanique des mortiers est réalisée sur des éprouvettes
cylindriques de type (Ø110x220) mm3, en utilisant une presse hydraulique d’une capacité de
3500 kN (SCHENCK) (cf. Figure III-20). Afin d’assurer la fiabilité des essais, nous rappelons
que les éprouvettes ont été surfacées préalablement au soufre.
99
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Figure III-20. Essai de compression uni-axiale sur éprouvette cylindrique instrumentée par des jauges de
déformation axiales et transversale pour la détermination du module de Young et coefficient de Poisson.
100
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Dans ce type d’essai, l’échantillon subit une sollicitation suivant des cycles de
compression à une vitesse de sollicitation de 5mm/min. La contrainte maximale appliquée pour
chaque cycle est d’environ 30% de la contrainte maximale mesurée par l’essai de compression
avec chargement monotone, cette contrainte est notée σb. La contrainte minimale atteinte après
chaque cycle est limitée à 0,5 MP et noté σa (voir Figure III-22). On déduit les courbes σ =
f(εaxial) et εradial = f(εaxial), sur lesquelles on détermine σmax, εmax, E et v (Figure III-23). Le module
d’Young E est défini par la pente des courbes des cycle de contraintes, ce qui correspond à des
déformations de l’ordre de 10-3 (figure). Le coefficient de Poisson est défini par la pente de la
courbe déformation radiale en fonction des contrainte axiale au niveau de laquelle le module E
est mesuré.
101
Chapitre III. Matériaux et méthodes
Conclusion
Nous avons aussi présenté les dispositifs expérimentaux qui nous ont permis de préparer
une analyse des relations « process - rhéologie », « process - résistance mécanique » et
« suspension (fluide porteur) - matériau extrudé (mortier) » qui vont être présentés dans les
chapitres suivants.
Les modes de caractérisation classiques des différents matériaux ont été présentés aussi
qu’une adaptation du squeeze-test. Il convient désormais de proposer comment utiliser ces
protocoles pour tendre vers une maitrise de l’impression 3D des matériaux cimentaires.
102
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Introduction
Pour produire un élément par impression 3D avec les dimensions et la qualité souhaitées,
il est essentiel de sélectionner les paramètres de process optimaux. Dans ce chapitre, nous
évoquons les principaux paramètres du process à maîtriser en adéquation avec les propriétés
rhéologiques du matériau extrudé. Notamment, la vitesse de déplacement de la buse et la vitesse
d’extrusion du matériau qui doivent être adaptées.
Rhéologie du mortier
103
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Nous observons une valeur de contrainte seuil de 1606,7 Pa pour ce mortier. Nous
souhaitons maintenant estimer la structuration du matériau via la valeur du coefficient de
structuration. Athix.
Pour rappel, le seuil de cisaillement évalué à partir de cet essai dépend de la durée de
repos du matériau avant le test (voir équation I-6). Afin d’évaluer cette dépendance temporelle,
nous avons répété le test de mesure de la contrainte seuil à différents temps de repos pour
évaluer le taux de structuration de ce mortier, soit Athix. La Figure IV-2 montre l’évolution de
la contrainte seuil de cisaillement en fonction du temps de repos. L’interprétation de ces
données peut être abordée via une approche linéaire, équation I-6 [7], [8] ou une approche non
linéaire et dans ce cas, l’évolution du seuil est donnée par l’équation I-7 (section I.3.1). Dans le
premier cas, Athix est évalué à 54,35 Pa.min-1 et le seuil initial (t = 0 min) est de 1181 Pa. Dans
le second cas, Athix est évalué à 27,06 Pa.min-1 et le seuil initial (t = 0 min) est de 1430,07 Pa.
En outre, ce modèle permet de définir un temps caractéristique pour lequel le phénomène peut
être considéré comme linéaire est de 33 min. La multiplication des mesures permettrait d’affiner
la fiabilité des modèles, néanmoins en recourant à un essai d’affaissement au cône au terme de
l’opération de malaxage celui-ci est évalué à 5 cm ; ce qui permet de déduire une valeur du seuil
initial de 1300 Pa en adaptant le critère de Von Mises (équation I-3), valeur proche de celle
proposée par le modèle exponentiel que nous retiendrons pour la suite du travail.
104
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Figure IV-2. Evolution du seuil du cisaillement en fonction du temps du repos et courbes de tendance
linéaire et exponentiel.
105
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
mélange est continuellement déstructuré dans le système d’extrusion à l’aide des ailettes afin
de minimiser la thixotropie du mortier et faciliter son extrusion.
Figure IV-3. Evolution du seuil de cisaillement du mortier Ref-2 en fonction du temps après le malaxage.
En effet, la cinétique suit bien un modèle exponentiel. Néanmoins tant que la durée du
repos du mortier reste inférieure à 100 min, cette cinétique est bien représentée par un modèle
linéaire. Et au-delà du modèle linéaire, le mortier perd son ouvrabilité et le risque du blocage
lors de l’extrusion augmente.
106
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Figure IV-4. Evaluation du module de Young à l’état frais : (à gauche) Diagramme de contrainte-
déformation normale sous compression cyclique pour différent temps de repos, (à droite) Evolution du
module de Young en fonction du temps de repos.
Nous remarquons que le module Young croit linéairement en fonction du temps de repos
à une vitesse de 600 Pa.min-1. Cela pour une période de l’ordre d’une centaine de minutes,
l’allure de la cinétique semble linéaire ; ce qui suit la cinétique du seuil compte tenu de son
comportement au cours de cette période, ce qui est illustré dans le graphe à droite de la Figure
IV-4. Cette vitesse n’est pas très élevé comparée à l’exemple de valeur de 28000 Pa.min-1 citée
dans les travaux d’Esposito et al. [218] qui peut s’expliquer par l’influence de la formulation
sur les propriétés intrinsèques du mortier. Cette information nous aidera par la suite pour
l’évaluation de la hauteur critique à partir de laquelle le flambement de la structure imprimée
peut se produire.
107
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
h
R
Figure IV-5. Mise en place de l'échantillon cylindrique entre les plans du rhéomètre pour le test de
compression.
Pour mieux interpréter les résultats des tests de compression présentés dans la Figure
IV-6, nous rappelons que le comportement du mortier sous compression uni-axiale suit 3 phases
(cf. Figure IV-6). L’essai est conduit avec des plateaux lisses, pour exacerber le glissement avec
frottement du mortier à la paroi. Le cisaillement est concentré au voisinage de la paroi comme
nous l’avons précisé dans la partie I. La première de l’essai est la phase de mise en place de
l’essai : l’échantillon reste quasiment intègre et la génératrice du cylindre se déforme
légèrement. Dans cette phase, le matériau se comporte comme un matériau élastique jusqu’à
h/R = 1,5. Au cours de la deuxième phase, un état plastique du mortier est atteint et la condition
de frettage induite par la génératrice du cylindre atteint sa limite. Enfin, au cours de la troisième
phase, l’écoulement du mortier induit par la compression est en cours et le signal représenté par
l’évolution de la force réduite en fonction du rayon adimensionné prend une forme linéaire (voir
équation III-4). Dans ce cas, la force exercée par le plan lisse du rhéomètre en présence du
mortier (supposé comme un fluide plastique frottant), est considérée homogène durant
l’écoulement. Par conséquent, au cours de cette phase, l’identification de cette signature
F*=f(h/R) permet de déduire le seuil plastique interne, Ki, et la contrainte de frottement, Kf, de
l’expression III-4.
108
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
109
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Tableau IV-1. Illustration de l’assèchement du mortier pour les vitesses de compression très faibles
V = 1 mm.s-1 50 mm
V = 0,5 mm.s-1
V = 0,1 mm.s-1
V = 0,05 mm.s-1
V = 0,01 mm.s-1
110
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Pour la méthode d’impression 3D par extrusion utilisée dans ce travail de thèse, la tête
d’impression est la partie mobile de l’imprimante, elle est déplacée suivant une trajectoire
composée de contours en plan 2D horizontal et des élévations suivant l’axe Z. Elle porte le
système d’extrusion dans lequel l’encre est introduite, remalaxée puis extrudée à travers une
buse pour former la couche imprimée. La vitesse de la buse dans le plan horizontal est souvent
constante pendant le processus d’impression 3D. La vitesse de sortie du matériau quant-à-elle
dépend des paramètres d’entrée du process mais aussi de l’état rhéologique du matériau
(évolution temporelle des paramètres représentatifs). Ces deux vitesses doivent être corrélées
pour parvenir à imprimer des couches de mortier avec les dimensions voulues. Nous proposons
également de moduler la compression des couches pour améliorer la stabilité de l’élément
imprimé.
111
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
On note que dans le cas des contours courbés, si la tête d’impression est équipée d’une
buse rectangulaire sans possibilité de rotation, qu’une torsion de la couche peut avoir lieu
comme on peut le voir sur la Figure IV-9. Pour cela, l’utilisation d’une buse à section circulaire
est préconisée pour l’impression de contours courbés. Néanmoins, parmi les solutions possibles
pour optimiser la gestion des courbes et des courbes très fermées, nous nous sommes orientés
vers une amélioration du contrôle de la trajectoire par un étalonnage des vitesses identifiées et
en établissant la relation entre elles.
Figure IV-9. Impression 3D d’un objet à contour carré de 150 mm d’arrête avec une buse rectangulaire
(carrée de 20 mm d’arrête) : (à gauche) Photographie de l’objet au cours d’impression, (à droite) torsion
de la couche dans une courbure à 90° de contour carré.
La vitesse fixée pour le déplacement de la tête d’impression (de la buse) dans le plan
horizontal (XY) est égale à 𝑣𝑏 = 10 𝑚𝑚 ∙ 𝑠 −1 . En élévation, la vitesse suivant l’axe Z à la fin
de chaque contour est égale à 𝑣𝑧 = 5 𝑚𝑚 ∙ 𝑠 −1 .
Dans notre étude, nous supposons que la quantité extrudée à la fin de chaque contour au
passage d’une couche à une autre est négligeable. Nous négligeons donc la comparaison de la
vitesse de montée en axe Z, 𝑣𝑧 , et la vitesse d’extrusion, 𝑣𝑒 .
Deux méthodes peuvent être utilisées pour estimer la vitesse d’extrusion. D’une part,
une méthode basée sur l’estimation expérimentale de la masse de l’extrudât pour chaque vitesse
définie dans le chapitre III. D’autre part, une méthode de mesure de vitesse par analyse d’image
d’extrusion filmé à l’aide d’une caméra pour chaque vitesse de rotation de la vis sans fin de
l’extrudeuse.
l’extrudeuse. Comme on peut voir sur la Figure IV-10, la vitesse de rotation de la vis sans fin
de l’extrudeuse est corrélée avec la vitesse de l’extrusion.
Figure IV-10. Vitesse d'extrusion en fonction de la vitesse de la vis sans fin de l'extrudeuse avec une buse
de diamètre 18 mm.
D’après l’équation I-12, si nous souhaitons avoir une vitesse d’extrusion 𝑣𝑒 égale à la
vitesse de déplacement 𝑣𝑏 (10 mm.s-1) qui est défini comme paramètre fixe. La vitesse de la
rotation de la vis sans fin sera donc prise égale à 3 𝑡𝑟 ∙ 𝑚𝑖𝑛−1 . Nous précisons que cette relation
est valable que pour le cas d’une buse circulaire avec un diamètre de 18 mm. Il conviendrait de
réaliser à nouveau cette mesure de calibrage pour une section de buse différente.
113
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Figure IV-11. Exemple de visualisation de l'extrusion à travers les deux buses de diamètre respectif 16,5 et
35 mm.
Figure IV-12. Vitesse d'extrusion en fonction de la vitesse de la vis sans fin de l'extrudeuse avec buses de
diamètre 16,5 mm et 35 mm.
Les résultats des deux méthodes se rapprochent pour la buse de diamètre 35 mm,
(valeurs présentées en triangles verts et bleus dans la Figure IV-12). Pour rappel, le diamètre
de la buse ici est le plus grand diamètre possible de l’extrudeuse. Par conséquent, la force de
mise en forme de l’extrudât est minimale. On note aussi que dans ce cas, la convergence de
114
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
diamètre de la filière est moins importante que dans le cas d’une buse plus petite. Donc, dans
le cas de l’utilisation de la buse de diamètre 16,5 mm, les forces de friction peuvent apparaître
le long de la zone de convergence de diamètre.
Dans le cas de la buse au diamètre inférieur, nous avons remarqué que les valeurs de la
vitesse d’extrusion estimées par l’analyse d’image sont nettement supérieures à celle estimées
par la mesure de masse de l’extrudât, comme on peut voir sur Figure IV-12 pour les valeurs en
carré noir et cercle rouge. Cette différence est observée pour les vitesses de rotation élevée.
Ainsi, un gradient de cisaillement qui déstructure le mortier peut apparaître et affecter la sortie
du matériau. De plus, le filament en sortie de la buse est soumis à la gravité, ce qui génère un
allongement du filament par traction. Ce phénomène affecte la précision de la mesure de la
longueur du filament et implique une surestimation de la vitesse d’extrusion. De plus, la
méthode de l’analyse d’image est efficace si le traitement est automatique via notamment des
logiciels tels que Python ou Matlab.
115
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Dans une première partie, nous nous concentrons sur la caractérisation géométrique de
la première couche qui est pressée par la buse sur le plateau d’impression. Dans ce cas, la
distance h0 de l’extrémité de la buse par rapport au plateau d’impression fixe les conditions de
compression du mortier sélectionné en fonction de la vitesse d’extrusion qui est une fonction
de la vitesse de la buse. Nos résultats illustrent comment la section de la couche diffère de la
géométrie de la buse en raison de la déformation du matériau pendant le processus
d'extrusion/dépôt, Figure IV-13 (i).
(i) (ii)
Enfin, nous discutons les résultats obtenus par l'expérience en ce qui concerne la
géométrie des couches et les propriétés du matériau.
Afin de sélectionner les paramètres de process les mieux adaptés pour une qualité
d’élément imprimé, nous proposons de réaliser des impressions de languettes de mortier d’une
longueur de 200 mm, en considérant variable, la hauteur de la couche, la vitesse d’extrusion et
la superposition de couches.
116
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Premièrement, nous avons réalisé deux types de languettes : à couche unique et à deux
couches superposées. Pour chaque type, la hauteur de la couche est de 5, 10 et 15 mm.
Deuxièmement, nous avons fait varier pour chaque type de languette imprimée et chaque
hauteur, le débit d’extrusion de 100 % du débit de référence, 120%, 140% et 160%. On note
que le débit de référence Qref est celui qui donne une vitesse d’extrusion de référence égale à la
vitesse de déplacement de la buse. Dans le cas de sous-extrusion (vb > ve), la couche du mortier
peut être déformée excessivement étirée par l’avancée rapide de la buse ; ce qui peut engendrer
un risque de fissuration de la couche voire une discontinuité d’impression. Dans le cas contraire
(vb < ve), le matériau est comprimé. Dans le cas étudié, nous favorisons le cas de la couche
comprimée, et pour cela, nous avons utilisé la buse circulaire de 18 mm de diamètre avec une
vitesse de déplacement de la buse égale à 10 mm.s-1. D’après la méthode d’estimation de la
vitesse d’extrusion par mesure de la masse d’extrudât, pour obtenir le débit de référence ainsi
qu’une vitesse d’extrusion de l’ordre de 10 mm.s-1, la vitesse de rotation de la vis sans fin de
l’extrudeuse dois être au moins égale à 2,90 tr.min-1.
Afin d’obtenir les débits qui correspondent à 120%, 140% et 160% du débit de
référence, une interpolation linéaire a été utilisée pour estimer la vitesse de rotation de la vis de
l’extrudeuse à partir de la Figure IV-10 (voir Tableau IV-2).
Vitesse d’extrusion [mm.s-1] 𝑣𝑒,𝑟𝑒𝑓 ≈ 𝑣𝑏 1,2 ∙ 𝑣𝑒,𝑟𝑒𝑓 1,4 ∙ 𝑣𝑒,𝑟𝑒𝑓 1,6 ∙ 𝑣𝑒,𝑟𝑒𝑓
117
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Tableau IV-3. Illustration de la géométrie théorique de la section transversale des couches à imprimer en
fonction de la hauteur h0 et des débits choisis.
Dimension vref (ve ≈ vb) 1,2 ‧ vref 1,4 ‧ vref 1,6 ‧ vref
h0 =5 mm
h0/db ≈ 0,28
h0 = 10 mm
h0/db ≈ 0,56
h0 = 15 mm
h0/db ≈ 0,83
Résultats et discussions
Pour les languettes réalisées qui sont présentées dans la Figure IV-14, nous remarquons
la présence d’irrégularités des languettes lorsque h0 = 5 mm notamment pour le maintien de la
largeur. Lorsque h0 est réglée à 10 et 15 mm, les extrudâts présentent des dimensions sont plus
au moins régulières. De plus, nous avons constaté que la largeur de la deuxième couche avec la
condition h0 = 5 mm est très petite comparée à la largeur de la première couche. Ainsi,
l’extrusion à une telle hauteur induit une compression excessive de la couche. On note aussi
que pour les différentes valeurs de h0 choisies la hauteur finale h de la couche mesurée après
dépôt peut diminuer par l’affaissement régit par la gravité du matériau. De plus, dans le cas de
superposition de deux couches, la hauteur de finale de chaque couche est prise égale à une
valeur moyenne.
118
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Deux couches
Une seule couche
h0 5 mm 10 mm 15 mm
Figure IV-14. vue de dessus des languettes imprimées en 3D
119
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Pour cela, nous avons réalisé des tests de compression équivalents à la manière
d’établissement des languettes avec les vitesses majorées respectivement à 100%, 120%, 140%
et 160%. Le volume de l’échantillon testé est proportionnel à la vitesse de compression
appliquée afin d’établir la même majoration de débit que pour les languettes. La Figure IV-15
montre le décalage des phases de compression du mortier dépendamment de la majoration du
débit d’extrusion.
(b’’) (a’)
(b, b’)
(c’’)
(A’’)
(a)
(c, c’)
(a’’)
Figure IV-15. Diagramme de la force réduite de compression en fonction du rapport h/R pour les vitesses
de compression majorées
120
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Figure IV-16. Graphe de mesure de la largeur moyenne en fonction de la hauteur réelle moyenne des
languettes imprimées en une seule couche sur le plateau d’impression.
D’après les mesures des dimensions des languettes imprimées, nous constatons
logiquement qu’à vitesse d’extrusion et vitesse de buse fixées, la largeur d’une couche
imprimée seule augmente avec la diminution de h0. Tout aussi attendu, le dépôt de la seconde
couche accroît la largeur de la première et la largeur de la seconde est moindre que celle
imprimée sur le support. La largeur de la première est induite par la condition de frottement du
mortier avec le support d’impression et la largeur de la seconde est modulée du fait d’une
interface mortier/mortier qui modifie les conditions tribologiques.
121
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Lorsque la seconde couche est déposée, les points (b) et (c) sur la Figure IV-15 ne
bougent pas ce qui est vraisemblable puisque l’état plastique frottant était déjà atteint. En
revanche, le point (a) se déplace en (a’) car l’état plastique n’était pas atteint. La seconde couche
quant à elle, voit un état de contrainte plastique frottant établi avec la condition h0 = 5 mm,
point (c’’) sur la Figure IV-15. En revanche, cet état n’est pas atteint pour la condition h0 = 10
et 15 mm (respectivement point (b’’) et (a’’) sur la Figure IV-15).
(A’’)
Figure IV-17. Evolution de la largeur moyenne en fonction de la hauteur réelle moyenne pour deux
couches successives imprimées à différents débits d’extrusion : (a) données de la première couche
imprimée après le dépôt de la deuxième couche, (b) données de la deuxième couche imprimée.
Pour une vitesse d’extrusion plus élevée, l’état de contrainte plastique frottant est atteint
pour les différentes consignes de h0, notamment pour le point (A’’) (symbole étoile) sur la
Figure IV-17 réciproquement sur la Figure IV-15 pour un rapport h/R = 1,24.
Afin de mieux exploiter les mesures géométriques des languettes imprimées, nous
introduisant le facteur β = Sb/Bh0 qui définit le rapport entre la section de la buse et la section
de la couche déposée. Ce facteur est tracé en fonction du débit d’extrusion normalisé Qe/Qref et
cela pour la hauteur cible de la couche h0 présenté sur la Figure IV-18. Pour les plus petites
valeurs de h0, β présente une pente faible dont la valeur moyenne est de l’ordre de 1,5. Lorsque
la hauteur augmente, β diminue avec une pente constante pour h0 = 10 et h0 = 15 mm. On note
que la hauteur finale des couches est différente de la hauteur cible h0 en raison d'un écoulement
incontrôlé du matériau sous la combinaison de son propre poids et de la force de compression
appliquée pendant l'extrusion.
122
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Figure IV-18. Evolution du facteur β en fonction du débit d'extrusion normalisé Qe/Qref pour différent
hauteurs théoriques h0 dans le cas d’impression 3D d’une seule couche.
Dans le cas d’impression de deux couches successives, le calcul du facteur β est établie
en prenant la largeur de la première couche et la largeur de la deuxième couche séparément
(voir Figure IV-19) ainsi que la moyenne des hauteurs des deux couches. Dans ce cas, nous
remarquons que la valeur de β reste du même ordre de grandeur que dans cas d’impression
d’une couche unique. Cependant, la valeur de ce coefficient est affectée pour la deuxième
couche et cela peut s’expliquer par la nature de la surface de dépôt et la hauteur réelle entre la
buse et la surface de dépôt. En effet, la première couche est imprimée sur un support rigide,
rugueux et huilé. La deuxième couche est imprimée sur la première couche qui se comporte
comme un fluide visco-élasto-plastique. Si le poids propre fait que la première couche
s’affaisse, la deuxième couche est moins comprimée, donc la largeur visée n’est pas observée.
Comme nous pouvons constater dans la Figure IV-19 (à droite), ou les valeurs du facteur β sont
plus élevées car ce facteur est inversement proportionnel à la largeur qui a diminué dans ce cas
précis.
123
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
1ère Couche
2ème Couche
Figure IV-19. Evolution du facteur β en fonction du débit d'extrusion normalisé Qe/Qref pour différent
hauteurs théoriques h0 dans le cas d’impression 3D de deux couches successives ; à gauche : résultats
reportés sur la géométrie de la première couche ; à droite : résultats reportés sur la géométrie de la
deuxième couche.
124
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Figure IV-21. Photographie des éprouvettes moulés 11x22 et cylindriques creuses imprimées
125
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
Pour cela, nous avons proposé d’optimiser la forme cylindrique d’une éprouvette
standardisée 11x22 cm, en se basant sur l’hypothèse de sollicitation uni-axiale en compression.
Nous avons donc modélisé la forme de l’éprouvette dans logiciel Fusion 360. Ensuite, nous
avons défini un maillage fin pour raffiner l’estimation du gain en matière. Par la suite, nous
avons défini les conditions limites d’appui ainsi que le chargement en compression qui ne doit
pas dépasser une valeur limite mesurée expérimentalement et renseignée dans la définition du
mortier dans le logiciel. Pour les conditions limites, nous avons choisi de bloquer le
déplacement dans les trois directions de l’espace d’un point au centre de face inférieure de
l’éprouvette. De plus, le chargement est appliqué sur la face supérieur de l’éprouvette (voir
Figure IV-22).
126
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
(a) (b)
Figure IV-23. Modèle d'éprouvettes cylindrique 11x22 optimisé à 20% de sa masse initiale par méthode
d'éléments finis sous Fusion 360 : (a) modèle contenant toute la matière de l’éprouvette. En bleu, la
matière à enlever, (b) modèle avec réduction de matière.
En se basant sur cette application, nous avons proposé de réaliser cette forme avec
l’imprimante BK3D en démarrant par un modèle numérique 3D de l’éprouvette optimisée sous
forme de sablier sur la Figure IV-24. La largeur de la couche choisie est de 40 mm et la hauteur
de chaque couche est égale à 10 mm. La vitesse d’impression est de 10 mm.s-1.
Figure IV-24. Modèle 3D de l'éprouvette optimisée en une forme de sablier avec surface lissée (à gauche)
et (à droite) en couches superposées.
127
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
du matériau mais aussi celles liées au flambement de la structure notamment dans le cas de
l’irrégularité d’empilement des couches (voir Figure IV-25). Nous supposons également que
des petites imperfections géométriques peuvent s’accumuler durant la superposition des
couches et ainsi tendre à faire un décalage de niveau des couches supérieures de l’éprouvette et
par conséquent, déstabilisé la structure.
Une des pistes à envisager pour réussir à fabriquer de telles formes est donc d’avoir
recours à un support temporaire pour stabiliser les couches lors de l’impression 3D.
Figure IV-25. Echec de l'impression 3D de la forme cylindrique optimisée par écrasement des couches
dans la gorge de l’éprouvette en sablier
Conclusion
Nous avons ensuite mesuré les dimensions de languettes imprimées en fonction des
paramètres d’impression. Les résultats obtenus montrent qu’une déformation induite par une
hauteur de couche visé inférieure au diamètre de la buse permet d’obtenir une stabilité et une
régularité des couches. Néanmoins, cette déformation ne doit pas être trop élevée sous peine de
128
Chapitre IV. Impression 3D, process et rhéologique
trop comprimer la première couche déposée. Le protocole nous a permis ensuite de viser des
vitesses d’extrusion légèrement supérieures aux vitesses de déplacement de la buse afin
d’établir une légère sur-extrusion qui a amélioré la qualité des couches imprimées.
Nous proposons donc au chapitre suivant d’imprimer les éléments dans des fluides
complexes qui serviront de fluide porteur ou de coffrage temporaire réutilisable.
129
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Introduction
Nous étudions dans ce chapitre la solution qui permet de réussir à imprimer en 3D une
forme complexe grâce à l’utilisation d’une suspension qui sert comme un fluide porteur [40].
Le défi scientifique dans le cadre de cette étude, consiste de présenter des approches qui
mettent en relation les propriétés rhéologiques des suspensions et leur capacité à supporter des
objets imprimés. Dans un premier temps, nous présentons les modèles développés pour mettre
en évidence les principaux critères qui permettent de décrire la stabilité d’une couche extrudée
dans un fluide à seuil. Ensuite, les propriétés rhéologiques des suspensions à base de Carbopol
utilisées comme fluides porteurs sont présentées. Pour cela, deux suspensions qui présentent
des domaines de stabilité physico-chimique différents sont utilisées. On note que les fluides à
base de Carbopol sont des produits utilisés dans la cosmétique et qui présentent une toxicité
modérée. Ils sont utilisés dans notre étude que pour des fins de recherche. Pour cela, nous avons
proposé une ouverture à l’utilisation d’une suspension à base de Calcaire plus écologique et
moins chère par rapport au Carbopol et qui peut être réutilisable.
Enfin, nous validons les modèles analytiques développés qui vont permettre de prédire
la stabilité d’impression pendant le processus d’extrusion et aussi en post-impression en
analysant les formes des éléments imprimées dans les différentes suspensions.
Dans cette section nous visons de confronter trois approches différentes qui pourraient
être utilisées pour prédire la stabilité de la forme imprimée dans la suspension. Chaque approche
est autosuffisante pour prédire la stabilité mais chacune est basée sur des hypothèses différentes.
L'approche choisie peut être utilisée en fonction de la complexité de la forme imprimée et des
propriétés rhéologiques connues en possession de l'utilisateur. Par conséquent, la stabilité peut
être prédite en utilisant les mesures rhéologiques et les approches proposées.
131
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Pour reproduire les phénomènes qui peuvent se produire lors de l’impression d’éléments
en porte-à-faux, nous avons choisi de réaliser une forme semblable. Cette dernière est assimilée
à une lettre "L" inversée de matériau extrudé dans une suspension. A partir des données
géométriques et des propriétés de chaque matériau utilisé, trois approches peuvent être
utilisées :
Le schéma de la Figure V-1 illustre les étapes d'impression de la forme en "L" inversé :
(i) une colonne de 10 cm de hauteur et (ii) une poutre de 20 cm de long. Cette trajectoire permet
d’avoir premièrement un élément vertical depuis le fond du bac à suspension qui est supposé
stable grâce à la pression hydrostatique. De plus, son impression dans la suspension constitue
un appui pour la partie horizontale qui est imprimée juste après.
Figure V-1. Schéma 3D de la tête de l'imprimante BK3D adaptée pour l'extrusion dans un bain de
suspension montrant la trajectoire de déplacement pour imprimer la forme de "L" inversé.
132
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Où τ0.gel [Pa] est la limite d'élasticité du gel Carbopol, Δρ= ρm-ρc [kg.m-3] est la différence
de densité des matériaux entre le mortier et le gel, g est l'accélération due à la gravité,
Deq=(6V⁄π)1⁄3 [m] est le diamètre équivalent de la sphère avec V [m3] le volume du matériau, et
Ymax un paramètre sans dimension représentant le critère de stabilité. La valeur de paramètre du
critère de stabilité peut varier jusqu'à 50% selon la forme de l'objet et la rugosité de la surface.
D'après l'étude de Jossic et al. [198], les valeurs du paramètre du critère de stabilité sont
comprises entre 0,063 et 0,093 selon les géométries et la rugosité du matériau (Ra allant de 250
μm à 1 μm). Le paramètre de rugosité Ra est défini comme la moyenne de la hauteur des
particules sur une ligne de la zone latérale de la poutre de mortier imprimée : 𝑅𝑎 =
1 𝑙𝑒
𝑙𝑒
∫0 𝑧(𝑥)𝑑𝑥. Nous rappellerons ici que le rayon moyen des grains utilisés dans la composition
du mortier est de 500 μm et le Ra correspondant qui peut être estimée à 250 μm comme valeur
la plus élevée. Cette valeur considère la proportion du sable dans le mélange sec et sa
distribution régulière le long de la poutre en utilisant une valeur moyenne. Un rapport d'aspect
H/D = 1 est considéré car nous nous concentrons sur le matériau extrudé cylindrique juste à la
sortie de la buse quelle que soit la géométrie finale de la forme imprimée. En conséquence,
l'application de l'équation V-2V-1 permet d'estimer une valeur de contrainte de cisaillement
d'environ 14 Pa pour la plus petite valeur du critère de stabilité (i.e. Ymax = 0.063).
Les parties verticale et horizontale sont supposées avoir une géométrie cylindrique (voir
Figure V-1), et le rapport d'élancement (c'est-à-dire (section transversale de la poutre) ½ <<
longueur de la poutre) est adapté pour garantir l'utilisation de la théorie des poutres dans cette
133
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
approche analytique [205]. De plus, le mortier à base de ciment dans sa forme finale est supposé
être un solide (par exemple, le seuil de cisaillement du mortier est supérieur de plusieurs
centaines de pascals à celui de la suspension). En considérant la forme imprimée en 3D, le
schéma structurel est illustré à la Figure V-2. Le bas de la partie verticale est simplement en
contact avec le support. Au niveau de la buse, la structure est assimilée à une articulation
mécanique. Par conséquent, aucun moment de flexion n'est généré au niveau de la buse pendant
l'extrusion du matériau.
Figure V-2. Schéma d’équilibre de forces agissant sur la forme extrudée : (à gauche) coupe en profile du L
inversé, (à droite) coupe transversale sur la partie horizontale du L inversé.
L'équilibre mécanique est ensuite analysé en considérant que la couche a une forme
cylindrique (avec 𝜋r2 comme surface de sa section circulaire et r est le rayon de la forme
extrudée) et x représente la position de la buse à partir de l'origine O. Toutes les forces
supportées sont distribuées uniformément le long de la longueur du filament. Par conséquent,
l'équilibre des forces de la structure peut être écrit selon l'équation V-2.
⃗⃗⃗ = ⃗⃗⃗⃗⃗
∑𝑹 𝑭𝑮 + ⃗⃗⃗⃗
𝑭𝑨 + ⃗⃗⃗⃗
𝑭𝑻 = ((𝝆𝒔𝒖𝒔𝒑 − 𝝆𝒎 )𝒈𝝅𝒓𝟐 𝒙 + 𝑭𝑻 ) 𝒚 ⃗
⃗ =𝟎 V-2
Où ⃗⃗⃗⃗
𝐹𝐺 , ⃗⃗⃗⃗
𝐹𝐴 , ⃗⃗⃗⃗
𝐹𝑇 représente la force de gravité, l'effet d'Archimède et la force de traînée
due à la limite d'élasticité. La force de traînée équivalente FT exercée sur la poutre est exprimée
par l'équation V-3. Cette force tend à éviter que la forme imprimée ne s’effondre pas dans la
suspension. Ceci n'a de sens que dans le domaine des vitesses infiniment faibles où les effets
d'inertie et visqueux sont négligeables par rapport aux effets de la contrainte d'élasticité FD [37].
134
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
−𝑴𝒇 𝒚 −𝒒𝒙(𝒍𝒆 − 𝒙) 𝒚
𝝈 𝒎 = = V-4
𝑰 𝟐𝑰
𝒙(𝒍𝒆 − 𝒙) 𝒚
𝝈 𝒎 = (𝚫𝝆𝒈𝝅𝒓𝟐 − 𝟐𝒓𝜶 𝝉𝟎,𝒔𝒖𝒔𝒑 ) V-5
𝟐𝑰
𝒙(𝒍𝒆 − 𝒙) 𝒚
| (𝚫𝝆𝒈𝝅𝒓𝟐 − 𝟐𝒓𝜶 𝝉𝟎,𝒔𝒖𝒔𝒑 )| < √𝟑 ∙ 𝝉𝟎,𝒎 V-6
𝟐𝑰
135
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
𝟏 𝒓 𝟒𝑰√𝟑
𝝉𝟎,𝒔𝒖𝒔𝒑 > ( 𝚫𝝆𝒈𝝅 − 𝟐 𝝉𝟎,𝒎 ) V-7
𝜶 𝟐 𝒍𝒆 𝒓 𝟐
Dans cette section, la conservation de l'énergie par une approche de résistance des
matériaux est considérée. Le concept de support de l'énergie de déformation de la forme
imprimée par le liquide porteur permet de se concentrer sur l'équilibre énergétique entre le
mortier et son fluide porteur. L'énergie de déformation totale de la forme imprimée due à la
charge axiale, au moment de flexion, au cisaillement et à la torsion doit être supportée par
l'énergie de déformation admissible du liquide porteur pour assurer la stabilité :
Où U3DP,m est l'énergie de déformation totale de la forme imprimée et Ususp est l'énergie
de déformation du liquide porteur, qui caractérisent la fin du DLVE et le début de son état
liquide. L'énergie de déformation totale U3DP,m, due à la flexion, dans la poutre de la forme
imprimée inversée en L peut être réduite au moment de flexion (équation V-9) [37]:
𝒍𝒆
𝑴𝟐 𝑵𝟐 𝑻𝟐 𝒍𝒆
𝑴𝟐
𝑼𝟑𝑫𝑷,𝒎 = ∫ ( + + ∗
)𝒅𝒙 ≈ ∫ 𝒅𝒙
{ 𝟎 𝟐𝑬𝑰 𝟐𝑬𝑨 𝟐𝑮𝑨 𝟎 𝟐𝑬𝑰 V-9
𝑴 = 𝚫𝝆𝒈𝝅𝒓𝟐 ∙ (𝒍𝒆 𝒙 − 𝒙²)
136
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
(𝚫𝝆𝒈𝝅𝒓𝟐 )𝟐 𝒍𝒆 𝟐 𝒙𝟑 𝒍𝒆 𝒙𝟒 𝒙𝟓
𝑼𝟑𝑫𝑷,𝒎,𝒙 ≈ [ − + ] V-10
𝟖𝑬𝑰 𝟑 𝟐 𝟓
Ensuite, l'énergie de déformation maximale est exprimée suivant l'équation V-11, pour
la longueur totale de la poutre.
(𝚫𝝆𝒈𝝅𝒓𝟐 )𝟐 𝟓
𝑼𝟑𝑫𝑷,𝒎,𝒎𝒂𝒙 ≈ 𝒍 V-11
𝟐𝟒𝟎 𝑬𝑰 𝒆
Figure V-3. Énergie de déformation élastique de la forme imprimée en fonction de la longueur de la partie
horizontale
Une valeur maximale de 0,016 J est calculée pour l'énergie de déformation U3DP m,max de
la forme imprimée. Pour équilibrer cette énergie de déformation de la forme imprimée, l'énergie
de déformation du gel est exprimée ci-dessous dans l'équation V-12.
𝑽
𝟏 𝟏 𝟏
𝑼𝒔𝒖𝒔𝒑 𝒄 = ∭ 𝝈: 𝜺𝒆𝒍 𝒅𝒙𝒅𝒚𝒅𝒛 ≡ 𝜸𝒄,𝒔𝒖𝒔𝒑 𝝉𝟎,𝒔𝒖𝒔𝒑 V-12
𝑽 𝟎 𝟐 𝟐
137
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
𝟏 (𝚫𝝆𝒈𝝅𝒓𝟐 )𝟐 𝟓
𝜸𝒄,𝒔𝒖𝒔𝒑 ∙ 𝝉𝟎,𝒔𝒖𝒔𝒑 ≥ 𝒍𝒆 V-13
𝟐 𝟐𝟒𝟎𝑬𝑰
Dans cette section du chapitre, nous présentons les résultats des test rhéométriques qui
ont été utilisés afin de déterminer les paramètres rhéologiques de chaque suspension utilisée.
Nous rappelons que nous avons utilisés un gel à base de Carbopol Ultrez 20 pour le
développement des approches analytiques, ainsi nous avons utilisé un gel à base de Carbopol
691, et une suspension à base de filler Calcaire pour valider les hypothèses proposées.
Les résultats du test d’écoulement sous rhéométrie rotationnelle (voir section III.3.5.2)
obtenues pour les gels préparés à différent dosage en masse du Carbopol Ultrez 20 (voir section
III.2.3.1) sont présentées dans la Figure V-4. Les courbes des gels sont désignées par symboles
selon les dosages tel que : à 0,2 % de dosage en masse (carré noir), 0,3 % (cercle rouge), 0,5 %
(triangle supérieur bleu) et 0,8 % (triangle inférieur vert). Comme observé, le dosage du
Carbopol influence les propriétés rhéologiques, en particulier l’augmentation du dosage tend à
augmenter la limite d'élasticité de cisaillement (voir Tableau V-1).
Pour définir le comportement du gel de Carbopol sur une plus large gamme de
cisaillement, l’essai d’écoulement (précédemment décrit dans la section III.3.5.2) a été effectué
sur les différents gels en adaptant les intervalles du temps correspondant aux différents
gradients de cisaillement. Les résultats montrent que les gels de Carbopol suivent un
comportement de fluide à seuil d’Herschel Bulkley sous l’expression : 𝜏 = 𝜏0 + 𝐾𝛾̇ 𝑛 . Les
paramètres déduits de la courbe d’écoulement sont présentés dans le récapitulatif (voir Tableau
V-1).
138
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Thixotropie
Le critère non-thixotropique du gel de Carbopol peut être observé à travers les résultats
d’essai de cisaillement rotationnel composé de trois intervalles de temps associés à des gradient
de cisaillement constants. Pendent le premier intervalle (20 secondes), le gel de Carbopol est
cisaillé à un gradient faible (𝛾̇ = 0.25 𝑠 −1 ), suivi d’un intervalle de cisaillement fort (𝛾̇ =
103 𝑠 −1) agissant sur une courte durée (1 seconde), Enfin, le retour au même gradient de
cisaillement du départ est effectué pendant 50 secondes.
139
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Figure V-5. Diagramme de contrainte de cisaillement en fonction du temps du test de cisaillement à trois
intervalles
Les valeurs du module de stockage G' et du module de perte G" (qui représentent
respectivement les modules élastique et visqueux) sont tracées en fonction de la déformation
de cisaillement pour les différentes suspensions de gel dans la Figure V-6. Les valeurs des
modules élastiques et visqueux sont liées au dosage du Carbopol (voir Tableau V-1). A faible
contrainte de cisaillement, un plateau pour G' et G" définit le domaine linéaire-viscoélastique
(DLVE) et est bien caractérisé pour chaque suspension de gel avec une contrainte de
cisaillement jusqu'à 10-1. Ensuite, une évolution non linéaire de G' est liée à la fin de son régime
viscoélastique et au début de l'état liquide du gel. Au-delà de cette valeur critique de contrainte
de cisaillement, les valeurs de G' restent très faibles et montrent un comportement plastique.
140
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Figure V-6. Influence du dosage de Carbopol sur le module de stockage du gel G' en fonction de la
déformation de cisaillement ; (b) Influence du dosage de Carbopol sur le module de perte G" en fonction
de la déformation de cisaillement [39].
Le Tableau V-1 résume les valeurs des propriétés rhéologiques et les valeurs des
modules de cisaillement associés au plateau de G' et G". On peut noter une augmentation des
valeurs des modules élastiques et visqueux lorsque le dosage de Carbopol est augmenté. Ces
valeurs confirment l'influence du dosage de Carbopol sur les propriétés intrinsèques des
suspensions de gel.
Tableau V-1. Récapitulatif des propriétés rhéologiques des gels et du mortier associées aux modules de
cisaillement quantifiés par les essais rhéologiques rotationnels et oscillatoires : Seuil de cisaillement τ0 ,
Constante de viscosité d’Herschel Burkley K, Indice d’écoulement n, Module élastique de cisaillement G
Suspension (dosage
τ0 [Pa] K [Pa.sn] n G [Pa] G’ [Pa] G” [Pa]
de Carbopol)
Gel-1 (0,2 %) 11,2 10,9 0,32 358 59,8 0,4
Gel-2 (0,3 %) 19,4 11,8 0,36 1655 158,5 5,7
Gel-3 (0,5 %) 35,0 14,4 0,41 2197 199,3 5,9
Gel-4 (0,8 %) 58,0 18,8 0,44 2275 196,2 7,0
141
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Les mesures rhéométriques sur le gel de Carbopol 691, montrent que les valeurs
critiques des paramètres rhéologiques ont une tendance d’augmenter proportionnellement avec
l’augmentation du dosage de Carbopol notamment la valeur du seuil de cisaillement et les
valeurs du plateau des modules de cisaillement G’ et G’’.
L’essai d’écoulement sous rhéométrie rotationnelle a été effectué sur les deux gels de
Carbopol 691. Les résultats montrent que ce type de gel de Carbopol suit aussi le comportement
de fluide à seuil d’Herschel Bulkley (voir Figure V-7). Les paramètres déduits de la courbe
d’écoulement sont présentés dans les tableaux récapitulatifs Tableau V-2.
Figure V-7. Influence du dosage du Carbopol sur les paramètres rhéologiques des gels : (à gauche)
diagramme de contrainte-déformation de cisaillement issue du test de rhéométrie rotationnelle, (à droite)
test de cisaillement pour la vérification du critère non-thixotropique des gels.
142
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Thixotropie
Le caractère non-thixotropique du gel de Carbopol 691 est aussi confirmé à travers les
résultats d’essai de cisaillement rotationnel composé de trois intervalles de temps associés à des
gradient de cisaillement constants, tel que : Pendent le premier intervalle, le gel du Carbopol
est cisaillé à un gradient très faible (𝛾̇ = 0.1 𝑠 −1 ) qui nécessite une durée de 60 secondes pour
atteindre le seuil, suivi d’un intervalle de cisaillement fort (𝛾̇ = 103 𝑠 −1) agissant sur une courte
durée (30 secondes), Enfin, le retour au même gradient de cisaillement du premier intervalle
agissant pendant 2 minutes. Finalement, comme on peut observer dans la Figure V-8, ce type
de gel reprends le même comportement qu’au premier intervalle avec une montée graduelle à
la même contrainte seuil, ce qui nous permet de considérer ce gel comme non-thixotrope.
Figure V-8. Diagramme de contrainte de cisaillement en fonction du temps du test de cisaillement à trois
intervalles (gel du Carbopol 691)
Les valeurs du module de stockage G' et du module de perte G” sont tracées en fonction
de la déformation de cisaillement pour les différentes suspensions de gel dans la Figure V-9.
Les valeurs des modules élastiques et visqueux sont liées au dosage du Carbopol (voir Tableau
V-1).
143
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Figure V-9. Modules de cisaillement et courbe d’écoulement : (à gauche) Diagramme Module de stockage
G’ et de perte G’’ en fonction de la déformation de cisaillement issue du test de rhéométrie oscillatoire
suivant le protocole de la section III.
La fabrication de gel de Carbopol à pH élevé est effectuée dans le but de limiter les
risques de perte de propriétés rhéologiques de fluide porteur causés par les interactions
chimiques entre les deux matériaux mis en contact durant le processus d’impression 3D [40].
Le gel de Carbopol étant très sensible au changement de pH, une fois en contact avec mortier
un échange d’ions peut se manifester à l’interface altérant pas conséquent les propriétés
rhéologiques du gel notamment la viscosité et la contrainte seuil de cisaillement. Cette réaction
peut être observée à l’œil sous forme d’une couche blanchâtre qui couvre la surface du mortier
(voir Figure V-10 (à droite)). Dans le cas où le gel est plus consistant, le transfert d’ions est
ralenti. Par conséquent, les interactions chimiques ne se répercutent pas sur le volume du gel
qui entoure le mortier. Cependant, pour un gel moins consistant, le transfert et moins ralenti et
par conséquent une couche du gel de plus en plus épaisse sera affectée notamment ses propriétés
rhéologiques.
144
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
T0 T0 + 24h
Figure V-10. l'influence de la concentration du Carbopol sur la manifestation de la réaction chimique due
à la différence de pH.
Pour les deux types du gel de Carbopol 691, des tests rhéométriques ont été effectués
sur les volumes du gel prélevés des zones en contact avec le mortier où régisse l’interaction
chimique avec le mortier ainsi que le pH du gel a été légèrement altéré. On note une valeur
moyenne de pH égale à 12,4 après 21 jours d’immersion du mortier. On note que le seuil de
cisaillement du gel à 2% de dosage a légèrement augmenté. En effet, nous avons remarqué une
diminution de la quantité d’eau contenu dans le gel de Carbopol car une portion d’eau a pu
participer dans la réaction d’hydratation du ciment contenu dans le mortier. Par conséquent, on
observe une légère augmentation des valeurs des propriétés rhéologiques du gel à 2% de dosage
de Carbopol. D’autre part, pour le gel 1% en contact avec le mortier, une couche blanchâtre
s’est formée (voir Figure V-10) et une diminution marquée des valeurs des modules de
cisaillement mais aussi la contrainte seuil de cisaillement et la fluidité du gel à 1% a augmenté.
Les propriétés rhéologiques des gels dégradés par l’interaction chimique sont présentées dans
Tableau V-2.
Notre réflexion sur la dégradation des propriétés rhéologiques des gels de Carbopol
notamment à faible concentration (1%), a été portée sur la différence initiale de pH entre gel
(12,25) et mortier (12,98). Nous avons donc eu recours à corriger le gel 1% en augmentant son
pH par ajout de la solution de soude (18%). Nous avons pu confirmer la stabilité chimique par
un suivi de l’apparition de la couche blanchâtre à l’interface gel/mortier où aucun changement
de la couleur ne s’est manifesté sur le mortier immergé dans le gel 1% corrigé pendent plus de
72 heures. Enfin, le gel corrigé a été testé pour déterminer ses propriétés rhéologiques qui sont
présentés dans le Tableau V-2.
145
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Suspension de Calcaire
L’utilisation d’une suspension à base de calcaire est venue du fait que les suspensions
de type gel à base de Carbopol sont difficile à produire en grande volume, contiennent des
produits chimiques avec des degrés de toxicité élevés et donc un impact environnemental
défavorable à la promotion de la technologie d’impression 3D en suspension. L’utilisation d’un
produit naturel à faible impact environnemental est nécessaire pour développer la méthode dans
un objectif de développement durable.
La suspension de Calcaire est dans cette partie définie comme le produit d’un mélange
de filler Calcaire, eau et agent de viscosité. La nature inerte de la suspension de Calcaire donne
aussi la possibilité de réutilisation de la suspension et son recyclage contrairement au gel de
Carbopol qui reste sensible au changement de pH.
Nous atteignons donc assez facilement un seuil plus élevé qu’avec un dosage de
Carbopol assez fort. A seuil équivalent, la procédure de mise en place d’une suspension de
calcaire est donc beaucoup plus facile que la procédure de préparation d’un gel de Carbopol.
Nous avons remarqué que plus le seuil d’une suspension de Carbopol est élevé plus la présence
de bulles d’air sera évidente.
146
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Thixotropie
Nous observons sur la Figure V-11 (à droite) que la suspension de calcaire revient à son
état initial de contrainte. Nous pouvons donc considérer que l’utilisation de la suspension en
147
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
tant que liquide porteur peut s’avérer pertinente. En effet, sa très faible thixotropie suffira pour
« refermer » l’ouverture suite au passage de la buse de la suspension et éviter des effets
d’instabilité. Néanmoins, ce temps reste plus élevé que dans le cas du Carbopol. Une solution
peut alors d’ajouter des agents thixotropes ou d’affiner la granulométrie de la suspension pour
améliorer la vitesse de retour à l’état initial.
Les valeurs du module de stockage G' et du module de perte G” sont tracées en fonction
de la déformation de cisaillement pour la suspension du Calcaire et présentées dans la Figure
V-13. Nous observons que le domaine de stabilité du régime viscoélastique linéaire est très
faible dans le cas des suspensions de Calcaire. A titre de comparaison avec les gels de Carbopol,
ce domaine s’étends jusqu’à une déformation de 0,05% alors que le gel au dosage le plus faible
a une déformation critique de fin de domaine viscoélastique linéaire de 10%
Figure V-13. Mesure des modules de cisaillement et courbe d’écoulement : diagramme de module de
stockage G’ et de perte G’’ en fonction de la déformation de cisaillement de la suspension de Calcaire.
148
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Suivi de la sédimentation
Les tests rhéométriques effectués sur la suspension de Calcaire montrent que la valeur
de la contrainte limite de cisaillement est de l’ordre de 40 Pa sous un gradient de cisaillement
de 0,1 s-1 et des modules de cisaillement issus des tests oscillatoires ayant une moyenne au
plateau entre 0.005 % et 0.02 % de déformation de cisaillement tel que G’ = 42 kPa et G’’ = 11
kPa.
Néanmoins, les propriétés restent stables pendent les premières heures après le
malaxage, ce qui assure une fabrication dans un volume homogène. Dans le cas de l’impression
3D d’un mortier cimentaire dans la suspension de Calcaire, le processus d’hydratation du
ciment peut consommer l’eau contenue dans la suspension, ce qui accentue le changement de
propriétés rhéologiques du fluide porteur.
149
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Afin de valider les approches proposées, il est nécessaire de connaitre les propriétés
rhéologiques du mortier utilisé (dans notre cas, c’est le mortier Ref-1, III.2.2.1) d’une masse
apparente de 2138 kg.m3. Parmi ces propriétés, le seuil de cisaillement et la déformation de
cisaillement du mortier.
Le mortier est considéré comme un fluide de Bingham. Il s’écoule s’il est sollicité par
une contrainte qui dépasse la contrainte limite élastique [131]. Afin d’évaluer cette contrainte,
nous avons réalisé un test de cisaillement sous gradient faible est constant de l’ordre 0,1 s-1 à
l’aide du rhéomètre. Les résultats du test sont présentés dans la Figure V-15. Nous supposons
que la durée des tests d’impression dans les suspensions du gel de Carbopol est courte et par
conséquent, l’évolution du seuil de cisaillement est minime. Depuis ce diagramme, le seuil de
cisaillement est égal à 2384 Pa avec une déformation critique de l’ordre de 8 %.
150
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Montage expérimental
Afin de valider l’utilisation des approches pour éviter les instabilités d’impression dans
une suspension, l’imprimante 3D BK3D a été utilisée pour imprimer du mortier cimentaire dans
une suspension de gel à base de Carbopol Ultrez 20 (voir Figure V-16 (a)). L'extrusion du
mortier est assurée par un système de vis et a été vérifiée par un essai de calibration d'extrusion
avant d’imprimer dans le bac contenant la suspension fu gel. Par ailleurs, des instabilités
inertielles peuvent apparaître et réduisent la qualité de l'impression.
151
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
La section de la buse étant circulaire, le débit d'extrusion peut s'écrire Qe=vb∙πr2= 2,5
cm3.s-1, Avec r = 9 mm le rayon de la buse et vb la vitesse de la buse qui a été fixée égale à 1
cm.s-1. Pour éviter les contraintes de traction dues à une sous-extrusion ou les contraintes de
compression dues à une sur-extrusion, un soin particulier a été apporté pour adapter le taux
d'extrusion du mortier au déplacement de la vitesse de la buse [131], [160].
152
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Figure V-17. Images du processus d'impression dans des suspensions de gel de Carbopol dosés en masse
à : (a) 0,2 % ; (b) 0,3 % ; (c) 0,5 % et (d) 0,8 %.
La deuxième approche permet de calculer via l'équation V-7 une valeur de limite
d'élasticité d'environ 14 Pa et l'ordre de grandeur de l'équation V-6. Ensuite, les mesures des
limites d'élasticité et des densités du liquide porteur et du mortier extrudé, ainsi que la
connaissance de la géométrie de la forme permettent de prédire la stabilité de la forme à la fin
du processus d'impression [131]. Cependant, les résultats du modèle ne peuvent être retenus
153
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
comme critère de stabilité que si la résultante de force d'équilibre de l'équation V-7 reste
positive et que le mortier est supposé être un matériau solide.
𝑐
Dosage de Carbopol (%) 𝑈𝑔𝑒𝑙 [J]
0,2 3,22 10-3
0,3 1,37 10-2
0,5 4,39 10-2
0,8 1,10 10-1
154
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Figure V-18. Module de stockage G' et module de perte G" (échelle de gauche) ; Dérivés dG'/dUgel et
dG"/dUgel (échelle de droite) sont représentés en fonction de l'énergie de déformation par cisaillement du
gel (Ugel) : (a) 0,2 % ; (b) 0,3 %; (c) 0,5 %; (d) 0,8 %.
Les inégalités présentées dans l'équation V-14 résument les trois approches proposées
du critère de stabilité présenté respectivement dans les équations V-1, V-7 et V-13, ces rapports
sont illustrés dans la Figure V-19 en fonction du dosage de Carbopol
𝜏0.𝑠𝑢𝑠𝑝
1) 𝑌Δ𝜌𝑔𝐷𝑒𝑞
>1
𝜏0,𝑠𝑢𝑠𝑝
2) 1 𝑟 4√3∙𝐼
>1
( Δ𝜌𝑔𝜋− 2 2 𝜏0,𝑚 ) V-14
𝛼 2 𝑙𝑒 𝑟
𝑐
𝑈𝑠𝑢𝑠𝑝
3) 𝑈3𝐷𝑃,𝑚,𝑚𝑎𝑥
>1
La limite entre la zone d'instabilité et de stabilité est donc définie par le rapport égal à
l'unité quelle que soit l'approche analytique choisie. La stabilité de l'impression est observée si
les expressions de l'équation V-14 sont plus étendues que 1. Par conséquent, on peut observer
155
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
que l'impression dans le gel de Carbopol à faible dosage (c'est-à-dire 0,2 % en masse) n'atteint
pas la zone de stabilité quel que soit le critère, ce qui a été confirmé par la rupture de la structure
comme le montre la Figure V-17 (a).
Nous observons, en accord avec les analyses d’images que les critères de stabilité
développés sont suffisants pour prédire l’effondrement de la structure en L avec le Carbopol
dosé à 0,2% Suivant l'approche énergétique, le gel de Carbopol dosé à 0,3 % en masse était très
proche de la limite de stabilité. C'est pourquoi un effondrement mineur de la partie verticale a
été observé pendant le processus d'impression. Néanmoins, la stabilité générale de la forme a
été assurée. Pour les deux autres gels, leurs propriétés rhéologiques étaient suffisantes pour
atteindre la géométrie ciblée, comme cela a été confirmé par toutes les approches de stabilité.
Figure V-19. Rapport du critère de stabilité en fonction des différents dosages de Carbopol Ultrez 20
Dans cette première série de tests, l’étude de stabilité globale d'un assemblage d'une
colonne et d'une poutre imprimées dans quatre liquides porteurs différents (gel de Carbopol) a
été réalisée en comparant les résultats déduits de trois modèles analytiques et les visualisations
du processus d'impression. Les propriétés rhéologiques du liquide porteur présentent les
paramètres importants pour déterminer la stabilité d'une forme similaire dans des suspensions
de gel. Les méthodes proposées peuvent être utilisées séparément ou conjointement dans le but
156
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
de comparer les résultats. Cependant, la sélection de l'une des approches doit tenir compte de
la complexité de la forme imprimée, des données expérimentales en possession déjà disponibles
et de la précision requise. La première approche peut être recommandée pour sa simplicité et la
stabilité globale de la structure est négligée. De plus, la rupture ou l'effondrement dû au moment
de flexion ne peut être prédit. Pour les autres approches, la stabilité peut être estimée en fonction
de la dimension des géométries imprimées. Les différentes approches proposées sont destinées
à exprimer la stabilité à l'équilibre de l'impression dans les fluides à seuil notamment le gel.
Les dimensions de chaque couche sont imposées par la forme de la buse utilisée. Dans
ce cas de production d’éprouvette prismatique (4x4x16) cm3, la buse utilisée a une section
rectangulaire de 1x4 cm et est équipée de deux ailettes pour façonner et lisser la surface latérale
de la couche déposée comme illustré dans la Figure V-20.
157
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Figure V-20. Illustration de la buse à ailettes pour l’impression 3D d'éprouvette prismatique : (à gauche)
modèle 3D de la buse rectangulaire à ailettes, (à droite) photographie de l’impression 3D avec la buse
rectangulaire.
Figure V-21. Photographie des éprouvettes confectionnées dans les différentes suspensions ainsi qu’hors
suspensions à l’aide de l’imprimante BK3D.
158
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Pour imprimer ces éprouvettes, un fichier numérique de type Gcode a été généré par le
logiciel Repetier Host à partir d’un modèle 3D où la hauteur des couches a été fixée à 1 cm
comme illustré dans la Figure V-22 (a). A l’aide d’une buse circulaire de 18 mm de diamètre,
la buse tubulaire est tout d’abord positionnée au fond du bac contenant la suspension. Pendant
que l’extrusion du mortier se fait couche par couche notamment dans la suspension de Calcaire,
l’avancée de l’impression n’est pas visible à cause de l’opacité de la suspension comparé au gel
de de Carbopol qui sont transparents (voir Figure V-22 (b-d)).
159
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
(a) (b)
(c) (d)
Figure V-22. Impression des éprouvettes 11x22 en sablier dans les suspensions : (a) Modèle 3D illustrant le
processus d’impression 3D dans la suspension, (b) impression réussite dans la suspension de Calcaire, (c)
Impression réussite dans le gel de Carbopol 691 à 2% de dosage, (d) Echec d’impression dans le gel de
Carbopol 691 à 1% de dosage (pH Corrigé).
1 2
Figure V-23. éprouvettes imprimées dans la suspension de calcaire : les éprouvettes 1 et 2 ont été réalisées
avec les conditions de mélanges homogènes.
160
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
4
Figure V-24. Eprouvette optimisés réalisées dans les suspensions : éprouvettes 1, 2 et 3 ont été imprimé
dans la suspension de calcaire, l'éprouvette 4 dans le gel de Carbopol 691 à 2% de dosage
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons utilisé la méthode d’impression 3D dans une suspension
de fluide à seuil. Pour comprendre mieux le mécanisme de stabilité dans ces suspensions, des
modèles analytiques ont été développés et confrontés afin d’établir des critères de la stabilité
de forme imprimée en porte-à-faux dans une suspension, cette étude a permis de cibler les
propriétés rhéologiques clés qui participent à l’équilibre en suspension. Toutefois, les critères
de stabilité proposés peuvent déjà être améliorés pour inclure plus de paramètres d'impression
et améliorer la fiabilité entre la théorie et l'expérience. D'autres aspects tels que le rôle du pH,
la possibilité de réutiliser le gel et l'impression de formes complexes feront l'objet de l’étude
suivante.
Cependant, peu d’études existantes sur ce créneau technologique ont montré l’intérêt de
l’utilisation des suspension de gel de Carbopol en tant que fluide porteur [36], [40], [198], [200],
[208], [209], [219]. D’une part, l’avantage de ces gels est de pouvoir visualiser le processus au
cours d’impression grâce à la transparence du gel. D’autre part, la connaissance et la maîtrise
du comportement rhéologique des gels dans la littérature, ce qui facilite l’utilisation des lois
théoriques. Cependant, quelques inconvénients peuvent limiter son utilisation. Dans le cas
général, la production du gel nécessite un appareillage et un procédé de préparation spécifique
comme on a pu voir dans le Chapitre III. L’enjeu étant de bien ajuster le pH du gel et réduire la
contenance en bulles d’air sans pour autant affecter ses propriétés rhéologiques [40], [216]. De
plus, ces gels sont onéreux et limitent ainsi la généralisation de cette technique.
161
Chapitre V. Impression 3D dans une suspension
Le recours à une suspension avec des propriétés de contrainte seuil équivalente telle que
la suspension de Calcaire permet de dégager plusieurs avantages [36]. D’une part, un avantage
économique, vue l’abondance du Calcaire et son utilisation courante dans le secteur de
construction comparé aux gels (notamment à base de Carbopol) qui sont au moins 300 fois plus
chers que le Filler Calcaire [40]. D’autre part, la facilité de fabrication, de réutilisation et surtout
l’aspect écologique qui en découle. Enfin, le caractère inerte de la suspension de Calcaire peut
s’avérer intéressant vis-à-vis de sa compatibilité physico-chimique avec une suspension
cimentaire.
Dans le cas d’impression 3D par extrusion de couches successives dans une suspension,
la fabrication des éprouvettes prismatiques permettra au chapitre suivant d’évaluer l’influence
de la présence de la suspension entre les couches superposées notamment sur le comportement
mécanique à l’état durci. De plus, la fabrication des éprouvettes en sablier dans les suspensions
en tenant en compte les critères de stabilités a été réussie, cela nous permettra d’étudier le
comportement mécanique à la compression et valider la forme de l’éprouvette choisie. De plus,
nous avons montré l’intérêt de cette méthode et donner une nouvelle possibilité pour la
fabrication des éléments horizontaux.
162
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Introduction
Dans un premier temps, les éprouvettes moulées ont été testées pour avoir une
estimation des propriétés mécaniques intrinsèques du matériau telles que la résistance à la
rupture en compression uni-axiale, le module d’Young et le coefficient de Poisson, (cf. III.4.3).
Pour cela, des essais de compression cyclique avec un profil de chargement en déplacement a
été imposé. Les éprouvettes ont été préalablement instrumentées au moyen de jauges de
déformation de (5x10) mm² dans les sens axial et transversal, Figure VI-1.
163
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Figure VI-1. Essai de compression uni-axiale sur les éprouvettes moulées 11x22 avec instrumentation par
des jauges de déformation.
164
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Module d’Young, E
Coefficient de Poisson, ν
166
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Figure VI-6. Partie gauche : Utilisation d'un densimètre pour l’évaluation du volume des éprouvettes.
Partie droite : Première série d'éprouvettes pour caractérisation mécanique.
Les résultats des mesures sur une première série d’éprouvettes imprimées et moulées
sont présentés dans le Tableau VI-1. Les dimensions mesurées de ces éprouvettes confirmaient
qu’il est possible de réduire la quantité de matériau utilisé pour viser des performances
mécaniques suffisantes. De plus, la masse volumique moyenne des éprouvettes préparées est
de l’ordre de 2180 kg.m-3. Nous observons dans la Figure VI-7 que cette réduction de matière
peut aller jusqu’à 54%. L’utilité de la fabrication additive pour diminuer l’impact
environnemental de la construction est ici démontrée. On note que pour les éprouvettes
cylindriques imprimées la position du point de couture du contour de chaque couche est située
sur la même génératrice comme illustré dans la Figure VI-8. De plus, il est important de
mentionner que de la génératrice du cylindre est perpendiculaire aux faces d’appuis. Enfin, nous
rappelons que la planéité des surfaces de chargement est assurée par un surfaçage au soufre
notamment sur la face supérieure de l’éprouvette imprimée.
Largeur
Section Masse
Masse moyenne Hauteur Volume
N° éprouvette moyenne volumique
[g] des couches [mm] [litre]
[cm2] [Kg.m-3]
[mm]
Ep-standard 1 4932 - 224 2,21 98,44 2232
Ep-standard 2 4798 - 228 2,25 98,81 2132
Ep-standard 3 4501 - 217 2,14 98,36 2103
Ep-imp-1 3598 45 ±5,0 218 1,61 74,02 2235
Ep-imp-2 3129 38 ±0,9 220 1,40 63,66 2235
Ep-imp-3 2733 34 ±1,1 221 1,22 55,24 2240
Ep-imp-1' 3166 38 ±5,1 230 1,50 65,11 2111
167
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Figure VI-7. Evaluation de la réduction de matière des éprouvettes préparées par rapport à une
éprouvette cylindrique 11x22 cm.
22
21
20
19
18
17
16
Dmax 15
14
13 e
12
Dmin
11
10
9
8
7
6
Point de couture 5
du contour 4
3
2
1
168
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Les caractéristiques géométriques tel que le nombre de couche, les diamètres maximal
et minimal ainsi que l’épaisseur moyenne des couches sont évaluées sur toute la hauteur de
chaque éprouvette. Les données sont regroupées dans l’Annexe 2. Ces mesures géométriques
ont été réalisé par analyse d’image à l’aide du logiciel Image-J.
169
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Figure VI-9. Effet de la régularité du diamètre sur la résistance mécanique à la compression : Rapport de
la résistance à la compression des éprouvettes imprimées par rapport à la résistance des éprouvettes
moulées standardisées en fonction de l’écart-type du diamètre extérieur des éprouvettes.
Un exemple de rupture d’une éprouvette cylindrique creuse imprimée est présenté dans
la Figure VI-10. Nous pouvons constater la formation de bielles de compression dans la partie
basse et haute des éprouvettes imprimées (exemple : Ep-imp-1, 2 et 3 en Annexe 2). De plus,
nous remarquons que le milieu de l’éprouvette s’est fissuré longitudinalement en quatre
morceaux, Figure VI-10.
Figure VI-10. Illustration de la rupture par compression uni-axiale d'une éprouvette cylindrique creuse
imprimée : (à gauche) Eprouvette avant rupture, (au milieu) apparition des fissures, (à droite) forme de
bielles de 45° dans la partie inférieure de l’éprouvette.
170
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
déformation transversale est libre ; elle résulte des contraintes de traction symbolisées par les
flèches perpendiculaires à la direction de chargement de compression et à la fissuration sur la
Figure VI-11 (A). Ce sont ces contraintes de traction qui aboutissent dans la zone centrale de la
fissuration longitudinale de l'éprouvette puis à sa ruine. Les zones extrêmes protégé par le
frettage ne sont généralement pas détruites [222].
Figure VI-11. Schéma de rupture d'une éprouvette cylindrique sous compression uni-axiale : (A)
déformation transversale accompagnée de fissuration longitudinale, (B) rupture avec apparition des
bielles de compression.
171
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Pour l’éprouvette imprimée hors suspension, compte tenu de la forme en sablier, deux
sections ont été sélectionnées et instrumentées en utilisant deux jauges de déformation
diamétralement opposées. La longueur des jauges a été choisie pour ne couvrir qu’une couche.
On note que le corps d’épreuve a seulement été instrumenté longitudinalement dans la partie la
plus réduite à mi-hauteur (h/2) dont le diamètre est égal à 85 mm et pour la section haute située
au ¾ de la face d’appui supérieure où le diamètre est de 115,1 mm avec un creux de 25 mm,
Figure VI-12 (3). Cependant, pour les éprouvettes imprimées dans la suspension de calcaire, le
diamètre de la section à mi-hauteur est plus important et en moyenne égale à 92,5 mm sans
présence de creux. Sur la partie supérieure, le diamètre moyen est égal à 124,7 mm (cf. Annexe
2) avec un creux de diamètre moyen de 25 mm, voir Figure VI-13. La comparaison de la
résistance dépend donc de la section transversale étudiée. Nous prenons dans ce cas la charge
de rupture comme principale grandeur de comparaison et nous comparons la résistance aux
sections maximales et minimales des éprouvettes en supposant que la charge de compression
est distribuée d’une façon uniforme sur chaque couche.
Figure VI-12. Eprouvette en sablier testées en compression uni-axiale : éprouvette 1 et 2 sont imprimées
dans la suspension de calcaire, éprouvette 3 imprimée hors suspensions.
Aussi, on note que pour l’éprouvette optimisée imprimée hors suspension, la planéité
des couches est régulière. Cependant, nous avons pu constater que les couches inférieures
présentent des épaisseurs moins importantes que celle de la partie supérieure : cela s’explique
par une compression de couche induite par le poids des couches supérieures durant la phase de
fabrication. Nous avons observé que l’impression dans la suspension de calcaire a induit une
172
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
déformation des premières couches extrudées dans le fond du bac à suspension, notamment,
pour l’éprouvette 2 (cf. Figure VI-12), où on distingue difficilement les couches du bas à partir
de la cinquième couche. Aussi, nous avons constaté que la face inférieure de ces éprouvettes
imprimées dans la suspension de calcaire n’était pas parfaitement plane, ce qui nous a amené à
surfacer au soufre les deux faces de chargement. De plus, nous avons observé une légère
inclinaison des couches qui progresse à partir du point de couture des contours des couches,
notamment pour les couches Figure VI-13. Ainsi, on rappelle que la position du point de couture
des contours n’est pas alignée comme pour les éprouvettes cylindriques car celle-là est imposée
par la conception de la trajectoire. On peut donc constater que ces points de couture sont
symétriques par rapport à la section transversale médiane de l’éprouvette (cf. Figure VI-13).
125,5 mm 123,8 mm
26 mm 24 mm
1
Figure VI-13. Illustration de la génératrice des points de couture des contours de la forme d'éprouvette
optimisée (Exemple de l’éprouvette 1), Détails des diamètres intérieurs et extérieurs de la section située à
3/4 de la hauteur des éprouvettes optimisée 1 et 2.
La charge moyenne de rupture des deux éprouvettes de forme optimisée imprimées dans
la suspension de Calcaire est de 348 ±14 kN. Le diagramme de l’évolution de la charge en
fonction du temps d’essai est présenté dans la Figure VI-14. Pour une section dans la partie
supérieure de l’éprouvette, la résistance à la compression correspond à une valeur égale à 27,9
±1,2 MPa, cela pour section moyenne à ¾ de la hauteur de l’éprouvette. Cependant, pour la
173
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
section à mi-hauteur la contrainte est estimée à 51,8 ±2,1 MPa, ce qui montre que le matériau
durci a atteint sa résistance maximale au niveau de cette section.
Nous avons observé cette fois-ci une fissuration avec apparition de bielles de
compression et avec fissuration axiale puis éclatement en quatre à cinq morceaux uniquement
sur la partie supérieure de l’éprouvette, Figure VI-15.
De plus, nous avons observé la présence de lignes blanchâtres au niveau des interfaces
signe de présence de la suspension de calcaire entre couches ce qui pourrait influencer sur la
résistance mécanique, Figure VI-15 (à droite). De plus, l’effet géométrique de la forme de
l’éprouvette tendrait à affecter les propriétés mécaniques vis-à-vis d’un mauvais alignement du
chargement.
174
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Figure VI-15. Schéma de rupture des éprouvettes imprimées dans la suspension de Calcaire : observation
des bielles de compression au niveau supérieur de l'éprouvette et présence du calcaire de la suspension au
niveau des interfaces de couches.
La charge maximale en compression est estimée à 248,1 kN, celle-ci est inférieure à
celle mesurée pour les éprouvettes imprimées dans une suspension, Figure VI-17. Néanmoins,
la résistance mécanique calculée à la section médiane (i.e. à mi-hauteur) s’élève à 43,7 MPa en
rapportant la charge maximale sur la section dont le diamètre est de 85 mm. En comparant à la
contrainte estimée à la section située à ¾ de la hauteur de l’éprouvette de 27,5 MPa, cela
confirme la transmission de la charge à la position de l’amorcement de la rupture (i.e. section
médiane). De plus, nous pouvons constater aussi que la rectification de la surface de
175
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
l’éprouvette a pu fragiliser l’éprouvette en créant un chemin pour la fissure que nous pouvons
observer dans la Figure VI-16 au niveau de l’emplacement des jauges.
176
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Nous présentons ici les résultats des essais mécaniques sur les éprouvettes prismatiques
moulées, imprimées hors suspensions et celles imprimées dans les suspensions (voir V.5.1).
Les éprouvettes imprimées ont été surfacées au soufre afin d’avoir une surface plane pour mieux
réaliser les essais mécaniques, Figure VI-18.
177
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Figure VI-19. Variabilité de la résistance à la flexion pour les éprouvettes moulées et imprimées dans les
suspensions et hors suspensions.
178
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Figure VI-20. Rupture distincte par couches observée dans les éprouvettes imprimées dans les
suspensions : (à gauche) éprouvette prismatique imprimée dans la suspension de Calcaire, (à droite)
éprouvettes prismatiques imprimées dans le gel de Carbopol.
Résistance à la compression
Figure VI-21. Variabilité de la résistance mécanique à la compression pour les éprouvettes moulées et
imprimées
179
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Dans cette partie des travaux, nous avons préparé une deuxième série d’éprouvettes avec
un contrôle amélioré des dimensions des couches lors de l’impression 3D. Cette amélioration a
été apportée à la suite de la régulation des paramètres de processus d’impression, notamment la
vitesse d’extrusion par le perfectionnement de l’imprimante. La série d’éprouvettes
comporte, voir Figure VI-22 :
Figure VI-22. Série (2) d'éprouvettes réalisée pour la validation de l'étude du comportement
mécanique
180
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Pour les éprouvettes cylindriques creuses, nous les avons instrumentées par des jauges
de déformation longitudinalement dans la direction de l’application de la charge de compression
et transversalement afin d’évaluer le coefficient de Poisson, en s’assurant que les jauges soient
collées que sur une seule couche, Figure VI-23 (à gauche). Aussi, pour l’éprouvette en sablier
imprimée hors suspension, nous avons proposé d’instrumenter cette fois-ci sur trois niveaux :
(1) en longitudinal à ¼ de la hauteur en deux stations diamétralement symétriques, (2) en
longitudinal à mi-hauteur en deux stations diamétralement symétriques et (3) à ¾ de la hauteur
de l’éprouvette en longitudinal et en transversal en 4 stations deux-à-deux symétriques, comme
illustrée sur la Figure VI-23 (à droite). Cette disposition de jauges nous permet de mesurer les
déformations à trois sections différentes de l’éprouvette optimisée afin d’évaluer son
comportement sous chargement simple en compression à différents niveau d’hauteur.
(3)
(2)
(1)
Figure VI-23. Positionnement des jauges de déformation sur les éprouvettes imprimées : (à gauche)
éprouvettes cylindriques creuses, (à droite) éprouvette optimisée en sablier.
181
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
VI-24 montre la réduction de matière par rapport à une éprouvette cylindrique pleine de
diamètre 110 mm et une hauteur de 220 mm.
Largeur
Section Masse
Masse moyenne Hauteur Volume
N° éprouvette moyenne volumique
[g] des couches [mm] [litre]
[cm2] [Kg.m-3]
[mm]
Ep-standard 1 4534,5 - 211,5 2,11 99,60 2153
Ep-standard 2 4780,5 - 220 2,19 99,48 2184
Ep-standard 3 4745,5 - 220,4 2,18 99,12 2172
Ep-standard 1p 4742 - 220 2,11 95,19 2249
Ep-imp-1 4657 39,5 ±1,5 222,5 2,04 91,48 2288
Ep-imp-2 4650 40,7 ±2,1 223,5 2,04 91,12 2283
Ep-imp-3 4636 40,1 ±2,2 221 2,01 90,79 2310
Ep-imp-1p 3944 30,2 ±1,6 222 1,72 77,27 2299
Ep-imp-2p 3957 31,3 ±1,6 222 1,72 77,48 2301
Ep-imp-3p 3933,5 30,7 ±1,8 220,5 1,71 77,55 2300
Ep-imp-1pp 4049 27,6 ±1,4 221 1,81 82,10 2231
Ep-imp-2pp 4031 28,1 ±1,7 220 1,78 80,89 2265
Ep-imp-3pp 4057 27,4 ±2,1 221.5 1,79 81,13 2263
Ep-opti-Ex 3663 40,1 ±3,1 220 1,67 - 2195
Ep-opti-Cal 1 3516,5 37,0 ±2,0 220,5 1,58 - 2224
Ep-opti-Cal 2 3292 37,2 ±1,3 220 1,46 - 2263
Ep-opti-Cal 3 3473,5 38,4 ±1,4 221 1,53 - 2264
Ep-opti-Gel 3091,5 36,1 ±2,2 222 1,37 - 2249
On note que la consigne de largeur de couche initialement estimée pour les éprouvettes
cylindriques creuses a été respecté pour les éprouvettes à 40 mm et à 30 mm de largeur de
consigne. Cependant, pour la consigne de largeur de 20 mm, cette dernière a été majorée à 27
mm afin d’assurer la stabilité de l’impression sans écrasement de couche ou flambement de la
structure de l’éprouvette. On note aussi que cette majoration a fait que le diamètre extérieur de
l’éprouvette a dépassé la moyenne de 110 mm ce qui a augmenté ainsi la section transversale
par rapport à celle de 30 mm de largeur de couches.
Pour ces éprouvettes imprimées de forme cylindrique creuse, nous avons obtenu une
réduction de matière de 3% pour les éprouvettes creuses de 40 mm de largeur de couches, 18%
pour celle de 30 mm de largeur de couches et 14% pour les éprouvettes à 27 mm de largeur de
couches. La réduction de matière est plus importante pour les éprouvettes optimisées et dépasse
20% pour l’éprouvette optimisée imprimée hors suspension, 27 % pour celles imprimées dans
le calcaire et 34 % pour celle imprimée dans le gel de Carbopol, Figure VI-24.
182
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
Figure VI-24. Evaluation de la réduction de matière des éprouvettes préparées par rapport à une
éprouvette cylindrique 11x22 cm.
Pour les éprouvettes instrumentées par des jauges de déformations, nous avons réalisé
le protocole d’essai de compression cyclique définit dans la section III.4.3.2. En revanche, pour
les éprouvettes non instrumentées, nous avons appliqué le protocole d’essai de compression
simple en profile de chargement par déplacement (cf. section III.4.3.1).
Résistance à la compression, RC
Nous avons constaté que les résistances ultimes des éprouvettes imprimées creuses ont
des valeurs plus élevées comparés aux éprouvettes témoins (i.e. moulées), Figure VI-25. Ce
résultat confirme la théorie de la résistance élevée d’un profil creux par rapport à un profil plein.
En effet, les contraintes sont uniformes et sphériques dans le plan parallèle à la section
transversale de l’éprouvette cylindrique pleine, ce qui n’est manifestement pas vrai pour un
183
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
cylindre creux. Le fait que le cylindre soit creux, ceci modifie sensiblement le champ des
contraintes et ce même si le rayon interne est petit [221].
Figure VI-25. Rapport de la résistance moyenne à la compression des éprouvettes imprimées par rapport
à la résistance des éprouvettes moulées.
184
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
les jauges sur une surface plane. Cette rectification par meule à céramique peut endommager
l’éprouvette. Par conséquent, le choix de l’instrumentation a été porté sur l’éprouvette imprimée
hors suspension à la suite des constatations de la fragilité des éprouvettes imprimées dans les
suspensions par présence des traces du fluide porteur à l’interface des couches.
Résistance à la compression
185
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
¾h
½h
¼h
Figure VI-26. Illustration des déformations transversales aux différents niveaux de l'éprouvette
Conclusion
186
Chapitre VI. Caractérisation mécanique
la forme creuse de l’éprouvette où le centre d’amorcement des fissurations est dans une position
fictive dans le creux de l’éprouvette, ceci décale l’état de plastification de la section à une
déformation critique élevée impliquant une contrainte ultime plus importante.
187
Conclusion générale et perspectives
Conclusion générale
Dans une étape préliminaire, nous avons développé deux dispositifs adaptés pour
l’impression 3D par extrusion (BK3D) et pour l’impression 3D par la liaison sélective
(BREATHE 3D). Nous avons amélioré sur le système d’extrusion en installant des lames de
raclage périphérique et central au niveau de la vis de l’extrudeuse qui assurent un remous du
matériau stagné au bord du réservoir. Cette innovation assure également un malaxage
supplémentaire du matériau avant de l’entrainer dans la filière de l’extrudeuse. L’adaptation
d’un moteur d’extrusion plus performant s’est ensuite avérée nécessaire pour éviter les blocages
causés par le frottement de la vis et les lames avec le matériau. De plus, nous avons développés
différentes buses interchangeables qui permettent d’imprimer dans des fluides porteurs et à l’air
libre des couches de formes elliptiques à travers une buse à section circulaire, et une buse
rectangulaire à ailettes pour les éprouvettes prismatiques.
Nous avons ensuite proposé une méthode d’estimation de la vitesse d’extrusion à l’aide
de la mesure de la masse de l’extrudât. Cette méthode a permis de calibrer la vitesse de rotation
de la vis de l’extrudeuse pour fixer les conditions optimales d’impression 3D du mortier
déduites expérimentalement. Nous avons alors mesuré les dimensions de languettes imprimées
en fonction des paramètres d’impression sélectionnés. Les résultats obtenus montrent qu’une
déformation induite par une hauteur de couche visée inférieure au diamètre de la buse permet
d’obtenir une stabilité et une régularité des couches. Néanmoins, cette déformation ne doit pas
189
Conclusion générale
être trop élevée sous peine de trop écraser la première couche déposée. Cette étude a également
permis de viser une vitesse d’extrusion légèrement supérieure à la vitesse de déplacement de la
buse afin d’établir une légère sur-extrusion de 20 % qui contribue à améliorer la qualité des
couches imprimées. Ceci nous a permis aussi de sélectionner une hauteur optimale de la
couches déposées avec une compression modérée de couches afin d’assurer la stabilité de
l’objet imprimé.
Nous avons également étudié la stabilité par deux approches issues de la résistance des
matériaux. Un deuxième critère de stabilité mécanique d’une couche assimilée à une poutre
simplement appuyée et un troisième critère basé sur l’équivalence de l’énergie de déformation
du fluide comparée à celle du mortier sont également proposés. Cette étude a permis de cibler
les propriétés rhéologiques clés qui participent à l’équilibre en suspension. Plus précisément, la
valeur de la contrainte seuil de cisaillement du fluide doit dépasser une vingtaine de Pascals
pour permettre l’impression des formes verticales complexes comme pour le cas de l’éprouvette
190
Conclusion générale
optimisée et plus de 60 Pascals pour assurer une bonne stabilité d’une couche horizontale en
suspension.
191
Conclusion générale
Enfin, grâce à la réussite de la fabrication des éprouvettes optimisées en sablier dans les
suspensions en tenant en compte les critères de stabilités, l’instrumentation d’une éprouvette de
forme optimisée nous a permis d’étudier le comportement mécanique à la compression sur cette
forme innovante. Nous avons évalué le niveau de l’amorcement de la rupture de l’éprouvette
en premier lieu à ¼ ou ¾ de la hauteur de l’éprouvette et se propage par des fissurations axiales
qui provoquent la décomposition de la partie supérieure ou inférieure de l’éprouvette en 4 à 5
morceaux. Cette analyse nous a permis de valider la forme de l’éprouvette choisie et d’ouvrir
l’investigation sur la possibilité de renforcer les zones les plus fragiles des formes complexes
pour atteindre une performance mécanique améliorée.
192
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Annexe 1. Exemples de fichiers de commande de l’imprimante BK3D pour création d’une éprouvette
prismatique 4x4x16
Instruction Description
G21 -Initialisation de l’unité des distances au millimètre
G90 -Utilisation des coordonnées absolues (pour X et Y)
M83 -Utilisation de distances relative pour l’extrusion
M201 X10 Y10 Z3 -Réinitialisation des valeurs des accélérations des moteurs
M106 S255 -Allumage de l’éclairage de plateau d’impression
M42 P57 S255 -Allumage du logo BK3D
G28 Z0 -Palpage de la buse à la position 0 de l’axe Z
G92 X0 Y0 E0 -Initialisation des coordonnées des moteurs X, Y et E à
zéro
G4 S2 -Délai d’attente de 2 secondes
G1 E10.000 F600.000 -Mise en marche de l’extrusion E[mm] avec une vitesse
F[mm.min-1]
G1 X150.000 E251.255 F600.000 -Déplacement de la buse suivant X [mm] et extrusion
E[mm] avec vitesse de déplacement F[mm.min-1] (couche
N° 1)
G1 Z10.000 E10.000 F300.000 -Elévation de la buse de Z[mm] et extrusion E[mm] avec
une vitesse de déplacement F[mm.min-1]
G1 X0.000 E251.255 F600.000 -Déplacement de la buse à la position X [mm] et extrusion
E[mm] avec une vitesse de déplacement F[mm.min-1]
(couche N°2)
G1 Z10.000 E10.000 F300.000
G1 X150.000 E251.255 F600.000 -(couche N°3)
G1 Z10.000 E10.000 F300.000
G1 X0.000 E251.255 F600.000 -(couche N°4)
211
Annexes
212
Annexes
213
Annexes
214
Annexes
FC = 334,1 kN
215
Annexes
Illustration de la section
Type d’éprouvette
transversale
Standard moulée
216
Annexes
217
Annexes
218
Annexes
DInt,moy = 47,7 mm
emoy = 10,1 ±0,8 mm
Nbr de couche : 22
RC = 68,2 MPa
DInt,moy = 47,7 mm
emoy = 10,3 ±1,0 mm
Nbr de couche : 22
RC = 70,8 MPa
DInt,moy = 59,8 mm
emoy = 10,0 ±0,7 mm -
Nbr de couche : 22
RC = 64,3 MPa
219
Annexes
DInt,moy = 59,8 mm
emoy = 10,1 ±0,9 mm
Nbr de couche : 22
RC = 62,4 MPa
220
Annexes
221