Les Éléments (La Foudre
Les Éléments (La Foudre
Les Éléments (La Foudre
Lorsque j’ai entrepris ce travail sur l’électricité atmosphérique, la foudre, ses effets et sa protection (à la
demande d’un membre du BTS), pour en faire une présentation lors d’une réunion de section, je n’imaginais
pas l’ampleur de la tâche. J’ai promis d’en faire une synthèse et de le présenter dans le flash info, car le sujet est
intéressant d’une part, et est susceptible de chasser des idées fausses ou préconçues d’autres part.
Même en pressentant les choses de façon succinctes, il est impossible de le faire en un seul n° du flash
info si on ne veux pas que le texte devienne une « vulgarisation un peux trop simplifiée», et que le lecteur reste
sur sa faim, et cela, sans prétendre alimenter les grands appétits. Ce texte s’adresse quand même à un lecteur
possédant quelques notions très élémentaires en électricité.
Il s’agit donc de présenter de façon simple l’essentiel des mesures de protection et de prévention.
Une première partie traite de la formation des orages et de la foudre qui représente donc la décharge
électrique entre sol et nuage ou entre nuages.
Il y aura donc une suite dans le prochain flash info, tout en sachant que le problème n’aura encore été
que «rapidement parcouru !».
Introduction
Les phénomènes électriques sont présents en permanence dans l’atmosphère terrestre.
Les couches de la haute atmosphère sont soumises aux rayonnements α, β, γ et ultraviolets, et ionisées
sous leurs influences.
La conséquence est l’apparition d’une d.d.p. entre ces hautes couches situées entre 60 et 80 km, portées
à un potentiel de +300 000 V par rapport à la terre.
La résistance de l’espace entre couches conductrices de l’atmosphère et le sol est environ 200 Ω, avec
95% de la résistance totale entre le sol et 10 km.
L’atmosphère est donc traversée par un courant de 1500 A répartit sur la surface du globe.
Les phénomènes orageux se développent au sein des nuages appelés « Cumulos Nimbus » en forme
d’enclume, occupant une surface de plusieurs km2, et ayant une épaisseur de plusieurs km, dont le sommet peut
atteindre 15 000 m.
Leur masse est de l’ordre de centaines de milliers de tonnes d’eau. Leur formation et due à l’apparition
de courants atmosphériques ascendants dont la vitesse peut dépasser 20 m/s.
Le phénomène foudre.
Le phénomène foudre est sérieusement étudié depuis un peu plus d'un siècle. Il est désormais
statistiquement bien connu. Il s'agit d'une spectaculaire décharge électrostatique disruptive entre un nuage et le
sol. Ce n'est que de l'électricité dans l'air! Notre connaissance de la foudre est désormais satisfaisante
Le nombre moyen de jours annuels durant lesquels le tonnerre est entendu est appelé le « niveau
kéraunique ». Ce comptage fût longtemps le seul moyen d'évaluer l'occurrence de la foudre. Ce niveau varie
selon les régions, et vau en moyenne, sous nos latitudes, environ égal à 20.
Le tonnerre n'est que le bruit acoustique du canal ionisé que la température du canal ionisé de l'éclair
dilate brutalement. Le tonnerre n'a jamais tué personne. La lumière se propageant environ un million de fois
plus vite que le son, si l'on entend le tonnerre on peut être rassuré: on n'est pas foudroyé !
Des moyens de détection radioélectriques permettent de localiser les chocs de foudre. Il est possible de
détecter les prédécharges dans un nuage de 10 à 20 minutes avant le premier coup au sol. Il constitue un
système d'alerte précis et sûr.
L'éclair entre nuages est appelé "intranuage", celui entre un nuage et le sol est dit "coup au sol". Sous
nos latitudes, entre 30 et 60°, il y a entre deux et trois fois plus d'éclairs intranuages qu'au sol. Des mesures
radio indiquent que le nombre de prédécharges dans les nuages seraient bien plus nombreuses que les coups au
sol, mais leurs amplitudes restent modestes. Les coups au sol ont évidemment des effets plus sévères sur les
matériels que les décharges intranuage.
Des relations empiriques estiment le nombre moyen de chocs annuels au sol par kilomètre carré. Malgré
quelques variations selon les méthodes de comptage, les estimations pour le territoire belge avoisine 100 000
chocs annuels, soit en moyenne environ trois chocs par kilomètre carré. Des dispersions considérables sont
observables à l'échelle locale. Elles sont provoquées par des instabilités atmosphériques dues au relief, à de
grands rideaux d'arbres en plaine, au gradient de température du sol, à de grandes agglomérations ou des
industries lourdes, etc.
1
Le cumulo-nimbus
Le nuage de la foudre est le cumulo-nimbus. Il est facile à reconnaître quand il est isolé: de loin il a une
forme d'enclume ; de dessous il est tout noir! Il est provoqué par l'ascension d'un air humide et instable. Si le
déclenchement des ascendances est provoqué par le relief ou toute autre cause locale, l'orage est dit "de
convection". S'il est provoqué par la rencontre d'un front chaud et d'un front froid, l'orage alors très étendu est
dit "de front". Au cœur du nuage, de furieuses ascendances, plusieurs dizaines de mètres par seconde,
propulsent des particules en suspension appelées "hydrométéores" de tailles variables (eau, glace, etc.) jusqu'à
une altitude de 10 à 15 kilomètres.
Le cumulo-nimbus se compose comme une énorme machine électrostatique dont la partie basse, jusqu'à
une altitude de 5 km environ, se charge des panicules lourdes négatives et la partie haute des particules
positives plus légères. La charge électrique totale dissociée est de l'ordre d'une centaine de coulombs.
On peut diviser le nuage en trois parties :
la partie supérieure (ou enclume) constituée entièrement de glace et regroupant les charges positives
supérieures.
la partie centrale composée de glace et d'eau en
surfusion et regroupant les charges négatives
principales.
la partie inférieure constituée de gouttes d'eau et/ou
de neige et comportant des charges négatives et des
petites poches de charges positives.
Sur terre, le champ électrique par beau temps
entre le sol et l'ionosphère (couche conductrice à une
altitude de 50 à 60 km) est de l'ordre de 200 V / m, la
terre étant négative. Le courant continu total terrestre
qui fuit à travers cet énorme condensateur est
d'environ 1,5 kA. La foudre, par ses 300 éclairs par
seconde répartis sur le surface du globe, est le
phénomène qui permet aux charges négatives qui
s'élèvent lentement par beau temps de revenir sur
terre.
Le champ électrostatique en plaine, juste avant
une décharge, est compris entre 10 et 20 kV / m. Fig. 1
La présence d'objet pointus au sol renforce
localement ce champ électrique qui peut atteindre alors des valeurs de quelques centaines de kV/m. Cette
intensification du champ électrique au voisinage des sommets s'appelle l'effet de pointe. On peut ainsi calculer
qu'au somment d'une demi sphère posée sur un plan, le champ est le triple du champ préexistant. Cet effet
s'accentue encore dans le cas d'un demi ellipsoïde; ainsi pour un rapport entre le grand axe et le petit axe de
l'ellipsoïde égal à 30, le champ est multiplié par un facteur 300 et pour un rapport de 100, il est multiplié par
2300.
Les effluves au bout de pointes conductrices nommées Feux de Saint Elme sont la conséquence visible
d'un champ électrique intense. La hauteur d'un éclair étant d'environ 5 km, la d.d.p. entre le nuage et le sol est
de l'ordre de 100 MV. Face à de telles valeurs, les d.d.p. que l'on peut insérer en série resteront négligeables. La
foudre est un générateur de courant parfait.
La décharge atmosphérique
On distingue deux grandes familles d'éclairs :
les coups de foudre pour lesquels la décharge électrique s'effectue entre le nuage et le sol
les éclairs intra nuageux (à l'intérieur du nuage) et inter nuageux (entre différents nuages) beaucoup plus
nombreux que les coups de foudre (de 60 à 70 % des décharges totales).
La première phase d'un coup de foudre (donc entre la terre et le nuage) est toujours la formation d'une
prédécharge peu lumineuse, appelée traceur, qui progresse à travers l'air neutre avec une vitesse relativement
faible (environ 200 km/s). Un traceur (ou précurseur ou encore leader) est en fait un canal ionisé, d'une
grandeur caractéristique importante à l'échelle macroscopique (typiquement 2 à 3 cm de diamètre), qui est la
conséquence directe des phénomènes d'avalanche électronique.
2
En effet, l'air atmosphérique contient en permanence
des ions négatifs et positifs, en quantité variant de 100 à 1000
ions par centimètre cube. Lorsqu'un de ces électrons se trouve
dans une région de l'espace où règne un champ électrique
important il va subir une accélération et acquérir une énergie
cinétique. Très vite il va entrer en collision avec un atome
neutre. Si à cet instant l'énergie acquise par l'électron est
supérieure à l'énergie d'ionisation de l'atome considéré, la
collision va créer un nouvel électron libre. Ce processus est
appelé "ionisation par choc" ou "ionisation collisionnelle". Ce
nouvel électron se comporte comme le précédent et crée donc à
son tour un autre électron libre et rapidement le phénomène
prend une allure d'avalanche. L'intensité de champ électrique
nécessaire pour qu'un électron puisse ioniser un atome est de
l'ordre de 30 kV/cm dans l'air et à pression normale.
Lorsqu'un traceur établi un canal ionisé entre le sol et le
nuage, une ou plusieurs décharges se produisent. Ces
décharges constituent la foudre proprement dite. Elles se Fig. 2
déplacent à une vitesse de l'ordre de 40 000 km/s et
correspondent à une tension de l'ordre de 100 millions de Volts et un ampérage de 30 000 A. Le long du trajet
de la décharge, l'air peut atteindre une température de 30 000°C.
La plupart des décharges dans nos régions sont négatives, c'est à dire que la partie du nuage qui se
décharge est négative par rapport au sol. Les décharges positives sont rares : environ 10% des éclairs sont
positifs ou contiennent une impulsion positive. Ils ont un courant crête supérieur, écoulent plus de charges et
sont bien plus énergétiques que les décharges négatives
3
Le tonnerre
Le courant circulant dans le canal de l'éclair entraîne un échauffement brutal et extrêmement élevé de l'air
ambiant, qui subit une formidable surpression. La pression du canal étant considérablement plus élevée que
celle de l'air environnent, il s'ensuit une violente dilatation, une explosion du canal qui se propage sous la
forme d'une onde de choc puis d'une onde acoustique dont l'importance est proportionnelle à l'intensité du
courant.
De légères
variations pourront être
constatées selon les
sources et leur âge mais
ces ordres de grandeur
sont réalistes.
Fig. 6
4
Dans nos régions, nous pouvons tabler à priori sur une moyenne de 10 % de chocs positifs: 20 % en
hiver et guère plus de 5 % en été. La proportion de chocs positifs est supérieure en montagne à cause du
"cisaillement des nuages", c' est à dire le décalage de la partie haute du nuage par rapport à sa partie basse causé
par le vent ou par le relief.
Les aéronefs, les missiles et les fusées sont très exposés au foudroiement. Le risque est d'autant plus
important que les gaz ionisés propulsés vers l'arrière (appelés "plume") allongent la longueur conductrice. Un
avion moyen courrier est foudroyé en moyenne une fois par an. Un foudroiement d'aéronef est un choc
déclenché d'amplitude moyenne plus faible qu'un choc au sol. Le courant crête est environ deux fois moindre
car le canal ionisé avant le premier arc en retour stocke moins de charges que pour une décharge naturelle. 11
en est de même des points hauts qui reçoivent (assez fréquemment) des chocs dont l'amplitude moyenne est un
peu plus faible qu'au sol.
Quelle est la puissance moyenne des coups de foudre sur la Belgique durant un an?
En considérant environ 50 milles coups de foudre par an sur la Belgique
L'énergie annuelle des coups de foudre : W = 50 000 x 2 GJ = 100 TJ (Téra joules = 1012 J).
Ramenée à une puissance moyenne (sur 365 jours), cela donne: (100.10^12) / (365 x 24 x3600) = 3,17
MW pour des coups de foudre moyens.
A titre de comparaison, les puissances délivrées par d'autres sources sont les suivantes :
5
Champs éolien: par éolienne : de 2 à 5 MW pour les plus récentes
Admettons que l'on veuille quand même récupérer cette énergie infime, il faudrait installer des champs
de paratonnerres sur tout le territoire, et en sachant que une tige de 10 m de haut capte la foudre dans un rayon
de l’ordre de sa hauteur, soit une aire d’une surface de l’ordre de 300 m2, on voit l’impossibilité d’une telle
solution.
Même si l'on savait récupérer la totalité de cette puissance avec un rendement de 100% (entre nous, ce
n'est pas après demain l'avant-veille), on obtiendrait moins du dixième de la puissance d'une tranche de centrale
électrique. La foudre n'est pas une énergie d'avenir. Dans la foudre, il n'y a une énorme puissance instantanée,
de l'ordre du million de MW, mais sa puissance moyenne est ridicule, ment faible par rapport à notre
consommation électrique.
La foudre en boule
La foudre en boule est un phénomène naturel rare mais dont il est difficile de nier la réalité: plus de 0,1
% de la population en aurait été directement témoin et des milliers de témoignages écrits sont accessibles. Au
4ème siècle avant J-C, Aristote décrivit une foudre à lente vitesse de déplacement. En 1838, Arago fut le premier
scientifique à décrire de façon rationnelle les caractéristiques de la foudre en boule. Les photographies du
phénomène sont rares mais les témoignages et l'analyse des traces laissées par son passage permettent de se
faire une idée de ce phénomène étrange et paradoxal. Compte tenu de la dispersion des témoignages, certains
spécialistes distinguent plusieurs types de foudre en boule.
Tout d'abord, il convient de citer les phénomènes qui ne sont pas apparentés à la foudre en boule. La
tombée d'un météorite est un phénomène lumineux mais rapide et rectiligne. Après un choc de foudre poche,
divers phénomènes lumineux persistants ont pu être assimilés à la foudre en boule.
Les témoignages sur la foudre en boule concordent souvent : une sphère lumineuse, vaporeuse, de la
taille d'un pamplemousse à un ballon de basket, de couleur variant selon les témoignages, se déplace lentement
au gré des courants d'air. La durée de l'apparition dure plusieurs secondes, parfois quelques dizaines, ce qui
invalide à priori l'hypothèse d'une boule de gaz en combustion. Elle entre et sort habituellement des locaux par
une ouverture, souvent fenêtre ou cheminée. De petits crépitements sont souvent entendus. L’odeur soufrée des
témoignages anciens doit sans doute être comprise comme une odeur d'ozone.
Elle apparaît parfois dans une pièce fermée, sans le moindre dommage pour les murs. Les conducteurs
proches, même de petite taille (bagues, bijoux, décors métalliques ... ) chauffent, des fils électriques fins et des
tuyaux sont endommagés, des fusibles fondent. Les conducteurs reliés à la terre sont particulièrement exposés.
Du bois humide touché par la boule peut exploser en petits morceaux, comme des allumettes. Les personnes et
les animaux touchés sont profondément brûlés.
95 % des boules apparaissent d'avril à septembre. Il est certain qu'un climat orageux est nécessaire à son
apparition mais 50% des observations ne sont ni précédées ni suivies d'un choc de foudre. Malheureusement,
malgré des efforts, jamais une foudre en boule ne fut produite par un éclair déclenché.
Environ une fois sur deux, la boule s'échappe de la vue sans laisser de traces. Dans le cas contraire elle
finit en une bruyante explosion. Une illusion d'optique n'explose pas! L’explosion ne laisse aucune trace de
radioactivité et généralement aucun dommage pour les témoins qui conservent tout de même un sentiment
d'effroi. Des témoignages la décrivent aussi en déplacement lent le long d'un fil de ligne THF. Si la boule
explose, le fil siffle comme s'il fouettait l'air.
Ce phénomène pourrait être un plasma non linéaire, avec un seuil de formation en énergie et en charge
électrique. Mais un plasma ne peut pas se confiner tout seul. Une émission continue de charges électriques
expliquerait les décollements de papiers peints, les décrochements de tableaux, les claquements de portes, la
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répulsion des isolants et les feux de Saint Elme dans les prises secteur.
Un second paradoxe est que des boules sont apparues en environnements métalliques donc faradisés, ce
qui semble violer la loi de conservation des charges statiques. La quantité de charges dans la boule est estimée à
plusieurs coulombs. Elle ne pourrait être stockée sans décharge disruptive que dans une sphère d'un diamètre de
plusieurs centaines de mètres (1 coulomb amorce dans l'air à 70 mètres).
L'énergie moyenne d'une foudre en boule est évaluée aux alentours de 1000 J, sans limite maximale
(elle pourrait dépasser 108 J). Les modèles physiques avec source d'énergie interne sont réfutés par les
formations spontanées. Ceux avec source externe expliquent mal les dommages subis par les matériaux isolants
et les générations en cages de Faraday. Des essais de production de plasmas en labo par des faisceaux
hyperfréquences sont séduisants mais rien ne permet de penser à ce jour que la foudre en boule naturelle puisse
avoir une telle origine.
La foudre en boule reste une troublante énigme scientifique.
Risques d'électrocution
La terre, malgré les conventions intellectuelles, n'est pas équipotentielle. La d.d.p. entre le voisinage
d'un impact de foudre et un point éloigné est considérable. Une hémisphère conductrice de rayon r dans un sol
de résistivité ρ a une résistance R = P /2π٠r par rapport à l'infini. Si l'on néglige l'effet pelliculaire, les lignes
de courant d'un choc de foudre se diluent dans un sol de résistivité homogène selon les rayons d'une
7
hémisphère. Avec ces hypothèses quelque peu optimistes, la montée en potentiel du sol par rapport à l'infini suit
une loi hyperbolique (Fig. 6).
La différence de potentiel par rapport à l'infini
d'un point au voisinage de l'impact d'un choc de
foudre vaut (relation pratique légèrement "arrondie") :
U ≈ 0,2 I ρ / r avec:
U : d.d.p. entre le point mesuré et l'infini, en volts
I : courant de foudre, en ampères
ρ : résistivité moyenne du sol, en ohms mètres
r : distance entre l'impact et le point mesuré, en
mètres
Application : Risque d'électrocution
Quelle est la différence de potentiel entre les
pattes d'un mouton qui broute à 100 m du point
d'impact d'un choc de foudre de 25 kA si la résistivité
Fig. 6 du sol est d'environ 1000 n.m?
Solution:
Ce n'est pas le potentiel "absolu" de la bête qui compte mais la d.d.p. entre les pattes avant et arrière ... Il
manque donc une donnée qui est la distance entre les pattes de l'animal. Supposons qu'elle soit d'environ 1 m.
Les pattes distantes de 100 mètres "montent" à un potentiel de : U100 = 0,2 x 25000 x 1 000 / 100 = 50
000 volts
Les pattes distantes de 101 mètres montent à un potentiel de: U101 = 0,2 x 25 000 x 1000 / 101 = 49 500
volts
Le mouton va ainsi subir une d.d.p. : U = U100 – U101 entre les pattes avant et arrière, soit 500 volts
seulement (si l'on peut dire). Si la bête s'en remet, on comprend que les coups de tonnerres suivants la rende
nerveuse.
Le foudroiement direct d'un humain est rarissime : même un paratonnerre ne reçoit
q'exceptionnellement la foudre alors qu'il est à priori conçu et installé pour cela. Les électrocutions par gradient
de potentiel ont toujours été à peu près les seules causes d'électrocution. Depuis que les campagnards sont rares,
ce sont les sportifs et les montagnards qui sont le plus exposés aux foudroiements. La foudre reste un moyen
très incertain pour se suicider.
Recommandations.
Fig. 7
Les potentiels déphasés sont surtout dangereux pour les
animaux ; leur mécanismes est simple : lorsque la foudre Fig. 8
touche un point du sol, la décharge s’écoule à travers le La décharge latérale, très fréquente, survient lorsqu’une
terrain. Une « tension de pas » s’établis de la façon vue personne se met à l’abri des plus d’orage, le plus souvent
plus haut. Entre deux points voisins du point de chute, il sous un arbre, mais aussi sous un surplomb, un auvent ou
existe donc une différence de potentiel : un courant vas autre. Lorsque l’éclaire touche l’abri, le champ électrique
circuler entre ces deux points s’ils sont reliés par les pattes alentour est modifié dans de telles proportions qu’un
d’un animal ou les pieds d’un promeneur. Le phénomène étincelle secondaire vient s’établir entre la personne et
est très bref, la charge électrique se répartissant ensuite l’abri, dérivant ainsi une partie de la décharge. Cette
d’une manière uniforme. dérivation est aussi dangereuse qu’un coup direct
8
Tension de pas : est définie comme étant la différence de potentiel entre deux points distants de 1
mètre. La d.d.p. est d’autant plus grande que l’on se trouve sur un même rayon d’un cercle qui à le point
d’impact au centre, que la résistivité du sol grande et que l’intensité est importante.
Quelques conseils pour la protection des personnes contre les risques de foudroiement.
Un piéton qui souhaite se protéger contre la foudre devrait garder les pieds serrés (éviter de marcher ou
de courir). Evitons de nous abriter en dessous du seul grand arbre de toute la plaine. Un "arc latéral" pourrait
jaillir du tronc ou d'une branche basse (Fig. 7 et 8).
Les nageurs, même en piscine, ne sont pas à l'abri. Sauf en baignoire où il n'y a aucun risque, évitons les
baignades sous l'orage. Le courant qui traverserait le corps pourrait déclencher une fibrillation cardiaque. Pour
la même raison, le conseil de s'allonger à même le sol en cas d'orage "pour ne pas faire paratonnerre" est
ridicule: c'est au contraire le moyen de jouer au bovin foudroyé! Si l'on est surpris sous un orage, le mieux est
de s'asseoir sur son sac à dos, les pieds serrés, et d'attendre que ça passe.
Si l'on se trouve dans une automobile ou un avion foudroyé, hormis une belle frousse, un choc nerveux
et acoustique, on ne risque rien. Tout véhicule métallique fait office de cage de Faraday. Tout au plus la tôle
risque t’elle d'être localement perforée (Fig. 9 et 10).
Fig. 9 Fig.10
La voiture protège très bien de la foudre, car sa coque Un avion traversé par l’éclair ne subit en général que des
métallique constitue une cage conductrice fermée qui isole dommages peu importants : perforation, fusion
des effets du champ électrique (cage de Faraday). Mais superficielles du métal, piqûres peu profondes. Les
contrairement à une croyance répandue, les pneus constructeurs en tiennent toutefois compte pour le
n’empêchent nullement l’éclair de frapper la carrosserie : protection des réservoirs. Par contre, si l’éclair atteint
un arc, ou même plusieurs, s’établissent entre les jantes et une partie isolante, en général le nez de l’appareil, les
le route, permettant à la décharge de l’éclair de s’écouler dégâts peuvent êtres plus sévères, car la décharge atteint
dans le sol. des appareils de contrôle et de guidage.
En montagne, le sol est toujours résistif et les orages fréquents. Evitons les contacts simultanés aux
parois d'une anfractuosités ou d'une fissure: de fortes d.d.p. sont à craindre (Fig. 11)
Evitons de téléphoner lorsque l'orage gronde,
ou alors utilisons un poste sans cordon. Si les prises
secteur ne sont pas munies de parafoudres, il est sage
de débrancher les appareils sensibles, le coaxial de la
télévision entre autres. Les prises secteur font office
de parafoudre : elles amorcent typiquement entre 5 et
15 kV. Il serait illusoire de chercher à s'isoler en
ouvrant son disjoncteur: sa rigidité diélectrique est
très insuffisante. En cas de foudroiement, un arc
jaillirait entre amont et aval. Une protection foudre
doit garantir l'équipotentialité, c'est-à-dire laisser
passer le courant dans de faibles impédances, et non
un isolement. Rappelons que la foudre est un
générateur de courant parfait. Ce serait un contresens
Fig. 11 de lutter contre un courant direct par de grandes
9
impédances.
Pour chasser une idée préconçue : Il faut savoir que une pièce métallique, en tant que telle,
n'attire pas la foudre. Seul compte la forme et la position.
Les d.d.p. entre masses
La montée en mode commun par rapport à l'infini n'est pas la seule menace que la foudre fait peser sur
les systèmes: deux autres effets peuvent se produire : des amorçages internes entre masses peu ou mal maillées,
et des d.d.p. induites par rayonnement dans les boucles de masse. Voyons d'abord le premier problème.
Application: risque d'amorçage à travers un mur (Fig. 12)
Un paratonnerre est raccordé à la terre par un conducteur de descente fixé au mur et isolé des masses.
Quelle est la d.d.p. entre ce câble de descente et les masses voisines situées à 10 mètres de la barrette de terre
où le câble de descente et les masses sont réunis en étoile ?
Solution:
Il nous faut choisir un ∆i /∆t. Nous prendrons
simplement la pente qui est dépassée une fois sur deux,
soit 40 kA/µS.
Tout câble, même plat, présente une inductance linéique
d'environ 1 µH/m. Le câble de descente de 10 m a une
inductance L ≈ 10 µH.
La d.d.p. entre conducteur de descente et masse vaut:
U = L ∆i / ∆t.
U = 10 x 10-6 x 40 000 /10-6 = 400 kV
Est il utile de préciser qu'un amorçage à travers
le mur est probable?
A cela s’ajoute l’élévation de tension provoquée
Fig. 12 par « la bonne terre » !! (voir plus haut).
Je crois que cela se passe de commentaires, mais
surprendra certainement.
Cet exemple montre qu'il est impossible d'écouler au sol un courant de foudre direct par un conducteur
unique plaqué contre une paroi, sauf si aucune masse n'est proche, une cheminée d'usine par exemple. La bonne
solution est de diviser le courant sur plusieurs conducteurs de descente et de les relier en traversée de mur aux
masses internes. Il y a deux risques à un arc à travers un mur. Tout d'abord l'arc peut sévèrement fracturer la
paroi et/ou enflammer un isolant. Ensuite, le courant de l'arc a un temps de montée plus court que celui de la
foudre, donc son effet perturbateur est encore supérieur.
Il est souhaitable de diviser le courant de foudre par de nombreux conducteurs. Ces dilutions successives
n'affectent pas le temps de montée des courants dans les masses mais elles en réduisent rapidement l'amplitude.
Après cinq divisions du courant par deux, il ne reste que 3 % du courant initial. Un courant impulsif dans une
masse avec un ∆i/∆t inférieur à 1 kA/µS est peu perturbateur pour les électroniques. Une décharge
électrostatique a une pente de l'ordre de 10 kA / µS et pourtant elle est bien supportée par les équipements bien
conçus.
Un conducteur de descente doit rester aussi
rectiligne que possible. Il serait dangereux de contourner
une moulure, ou d’une quelconque partie de l’immeuble
qui casserais l’aspect rectiligne de la descente: un
amorçage direct à travers la paroi serait à craindre (Fig.
13).
Du rond de cuivre de diamètre 8 mm ou du plat de
30 x 2 mm suffisent. Les structures métalliques verticales
(poutres, IPN ... ) mises à la terre conviennent
parfaitement. Les règles de sécurité admettent de tirer les
conducteurs de terre en colonne sèche, au cœur du
bâtiment. Nous préférons, pour diviser le courant et pour
réduire le champ H dans le bâtiment, plusieurs conducteurs
Fig. 13 de descente installés symétriquement contre la paroi
10
extérieure du bâtiment. La fixation des câbles de descente se fait traditionnellement sur la base de trois fixations
par mètre. Chaque câble de descente est à protéger des chocs mécaniques par un fourreau sur une hauteur de 2
m à partir du sol.
Les liaisons électriques entre conducteurs de descente et masses internes peuvent être effectuées par
sertissage, soudure ou brasure. Eviter les rivets qui fragilisent les rubans. Un conducteur de descente devrait
trou jours être relié au plus court au réseau de terre. Pour éviter les amorçages secondaires, il devrait aussi être
relié systématiquement à toutes les structures conductrices proches.
11
relations un peu différentes ont aussi été proposées.
Ce rayon d'amorçage définit une sphère virtuelle que l'on roule contre les obstacles. La zone protégée est
celle sous la sphère, tout point pouvant venir au contact de la sphère étant exposé à un foudroiement direct.
Grâce au modèle électrogéométrique on peut s'amuser pendant des heures sur des maquettes en coinçant
une bulle d'autant plus grosse que le courant de foudre choisi par hypothèse est plus élevé. Ce modèle a au
moins le mérite de réfuter l'idée reçue selon laquelle un paratonnerre protégerait le volume sous un cône de
demi-angle au sommet de 60° (parfois plus modestement de 45°). Il indique en outre qu'il est inutile de
surélever un paratonnerre.
La Fig. 15 donne les distances d’amorçage en fonction de l’intensité crête du courant.
Le modèle électrogéométrique est à ce jour le seul modèle sérieux reconnu par la communauté
scientifique. Que peut-on lui reprocher sur le plan scientifique? Tout d'abord il n'est valide que pour les chocs
négatifs. Ensuite, lorsqu'un premier choc en retour jaillit, les réamorçages subséquents empruntent le même
canal. Or nous savons qu'un premier arc en retour de faible amplitude, donc à faible distance d'amorçage, peut
être suivi par un arc subséquent d'intensité supérieure. Même si statistiquement ce modèle était majorant, une
distance de protection pour un courant donné ne pourrait pas être totalement garantie.
En pratique que constate t’on ? Le précurseur (leader) descendant n'est ni attiré ni repoussé par les
paratonnerres. Il suit le parcours aléatoire des charges d'espace. Les chocs positifs quant à eux ont la fâcheuse
tendance à tomber n'importe où, y compris dans les zones protégées par le modèle électrogéométriqùe.
Conducteurs de descente
Si la nature des paratonnerres est indifférente, l'écoulement du courant jusqu'à la terre est essentiel,
critique même devrions, nous dire (nous avons vu l’effet de l’inductance d’un conducteur et celui de la terre
réputée « bonne). Les conducteurs de descente des paratonnerres devraient être raccordés directement, au plus
court et par soudure à une ceinture de terre. Le courant foudre, une fois l'arc en retour déclenché, cherche et
trouve un chemin direct vers la terre. Un conducteur de descente supporte en cas de foudroiement de forts di/dt.
Division et symétrie du courant foudre
Pour un bâtiment sensible, il est nécessaire d'utiliser plusieurs conducteurs de descente à la terre.
Multiplier ces conducteurs présente trois intérêts:
1) Améliorer "l'équipotentialité verticale" du bâtiment par la mise en parallèle d'inductances. Ceci réduit les
risques d'amorçage à la masse. Nous considérons que quatre conducteurs de descente constituent un minimum
raisonnable.
2) Améliorer "l'équipotentialité horizontale" du bâtiment par l'écoule, ment symétrique du courant de foudre à
la terre. Des descentes périphériques et symétriques sont impératives pour la protection des bâtiments qui
abritent des animaux: étables, bergeries, haras, etc. C'est en effet le gradient de potentiel horizontal qui
électrocute les animaux. Les personnes aussi, mais des souliers secs limitent les risques.
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3) Réduire le champ magnétique, donc son induction,
au cœur du bâtiment par la combinaison vectorielle
des champs H rayonnés par chaque conducteur de
descente. A mi chemin entre deux conducteurs
rectilignes parallèles parcourus par des courants
égaux et de même sens, il n'y a aucun champ
magnétique. Cet effet est miraculeux quand on
connaît la difficulté de blinder ce champ.
Pour un bâtiment d'un seul niveau, disons de
moins de 10 mètres de haut, avec au moins 4
conducteurs de descente, il est souvent possible de
garantir la rigidité diélectrique entre conducteurs de
descente et masses internes.
L'élévation de potentiel de la partie haute Fig. 16 – Conducteurs de descentes d’un petit
reste assez faible pour limiter le risque d'amorçage à bâtiment
travers un mur. Dans ce cas, on peut ne raccorder les conducteurs de descente externes qu'à la ceinture de terre,
sans liaison aux masses internes.
Liaisons des conducteurs de descente à la masse
Dès que la hauteur du bâtiment excède 10
mètres, il devient à peu près impossible d'éviter un
amorçage entre un conducteur de descente contre un
mur et un fer à béton ou une masse interne. Il
convient alors de relier chaque conducteur de
descente à la masse la plus proche de chaque étage
par une liaison électrique courte en traversée de mur.
Il serait en outre souhaitable de relier les
conducteurs de descente entre eux par une ceinture
horizontale à chaque étage. Si cette précaution est
jugée trop contraignante ou trop coûteuse, il faudrait Fig. 17 – Conducteurs de descente d’un grand
assurer au moins une interconnexion horizontale tous bâtiment
les 10 m de haut environ.
Une connexion en traversée de mur extérieur gagne à être tirée dans un trou incliné en bas vers
l'extérieur pour éviter la pénétration d'eau par ruissellement.
Si les étages sont de hauteur normale, de 3 à 5 m, on peut se contenter de ne mailler les conducteurs de
descente à la masse que d'un étage sur deux. Cette solution est toutefois moins efficace contre les effets
indirects de la foudre. Pour les immeubles sensibles, les bâtiments informatiques en particulier, l'effet de "cage
de Faraday" est sensiblement meilleur si l'on assure un raccordement de chaque câble de descente à la masse de
chaque étage.
Réseaux suspendus
Il existe une autre méthode pour limiter les risques d'amorçage entre les conducteurs de descente et les
structures de masse voisines. Elle consiste à tendre des fils au dessus de l'ouvrage à protéger et à éloigner les
conducteurs de descente à une distance suffisante des murs. C'est le principe des "fils de garde" tendus au
dessus des lignes THT qui protègent les conducteurs de phase.
Les fusées à Kourou comme à Cap Kennedy sont protégées sur leur pas de tir par un réseau de fils
tendus. Au dessus d'une navette américaine, un mat isolant haut de 25 mètres supporte deux conducteurs de
descente. Malgré cela, le 29 août 1983, un choc de foudre frappa le pas de tir dans la partie soi disant protégée
par le cône de 60° de demi angle au sommet. Un magnifique cliché photo fut pris. Une fois de plus, le modèle
électrogéométrique prouva sa supériorité sur les idées reçues. Le tir eut lieu sans encombre quelques heures
plus tard.
Application: Distance entre un réseau suspendu et le bâtiment
On veut protéger un bâtiment de hauteur h par un réseau suspendu. Sachant qu'il y a4 conducteurs de
descente et qu'il faut environ 10 kV/cm pour amorcer dans l'air, à quelle distance faut il surélever du bâtiment
le réseau de fils ?
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Solution:
Pour notre estimation, nous retiendrons un di/dt important,
400 kA/µs par exemple. En supposant que le courant est divisé en parts égales par chacune des quatre
descentes, chaque câble supporte alors un di/dt de 100 kA/ µs . L’inductance d'un câble de descente vaut 1
µH/m. La d.d.p. U entre les fils suspendu distants d'une hauteur h par rapport au bâtiment est égale à :
U = 10,6 ٠ h ٠ 100000/10-6
U = 100 kV par mètre de hauteur
Or l'air peut amorcer en champ inhomogène à partir de 10 kV/cm. Pour ne pas risquer d'amorcer il faut
éloigner le réseau suspendu du bâtiment d'au moins 10 centimètres par mètre de hauteur.
La solution des fils suspendus se justifie pour les
bâtiments à haut risques (stockage d'explosifs, produits
dangereux ... ). Les bâtiments métalliques ainsi que la
plupart des industries chimiques sont efficacement
protégés par l'ensemble de leurs structures conductrices
préexistantes poutres, charpentes, tuyaux, rails, chemins
de câbles, rambardes, etc.
Une fusée tirée d'une région tropicale est
évidemment exposée à la foudre. Le 26 mars 1987, une
fusée Atlas Centaur de l'US Air Force fut foudroyée 73
secondes après son décollage. Le champ électrique au sol
était raisonnablement faible mais un orage récent avait
laissé des charges d'espace en altitude. Le calculateur de
vol se planta et la destruction de la fusée dût être Fig. 18 – Protection foudre par réseau suspendu
télécommandée. Depuis, on ne tire plus de fusée par
temps orageux et on se préoccupe de la carte tridimensionnelle du champ électrique. En science, le malheur des
uns profite aux autres.
Conducteurs de masse et conducteurs de terre
Un conducteur de terre n'est pas enterré: c'est un conducteur qui relie quoi que ce soit à une barrette de
terre. Rappelons deux souhaits apparemment contradictoires : il est favorable de rapprocher autant que possible
et de bout en bout un câble signal d'un conducteur de masse qui l'accompagne mais il est souhaitable d'éloigner
les câbles des conducteurs de terre.
Un conducteur de masse, une goulotte métallique par exemple, peut servir de blindage s'il est raccordé
aux masses des châssis au moins à chaque bout. Il apporte un effet réducteur vis à vis des perturbations
électromagnétiques, effet d'autant meilleur que la structure de masse est proche du câble et enveloppante.
Un conducteur de terre au contraire peut écouler des courants extérieurs au système, tel celui de la
foudre. Il serait maladroit de tirer un conducteur de terre au milieu d'une goulotte : la diaphonie pourrait
perturber la transmission des signaux. Eloignons les câbles à bas niveau d'une trentaine de centimètres des
conducteurs de terre et fixons ceux ci à l'extérieur des chemins de câbles.
Si ces deux structures de masse sont proches, quelle qu'elles soient, il serait maladroit de ne pas les
relier. Cet oubli réduirait l'équipotentialité des masses. Ainsi, les conducteurs de terre "verticaux" devraient être
systématiquement connectés à tous les conducteurs d'accompagnement "horizontaux". Un maillage devrait être
tridimensionnel. Les électrons sont insensibles à la gravitation.
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Réseau de terre
Le rôle d'un réseau de terre est d'écouler dans
le sol les courants qui pénètrent en mode commun
dans le site. Un risque, en cas de foudroiement, est la
vitrification d'un manchon de sol autour d'un tronçon
des câble enterré. Cette vitrification élève de façon
irréversible la résistance de la prise de terre mais elle
ne remet pas en cause l'équipotentialité du site, du
moins tant que le conducteur enterré n'est pas
sectionné. Nous conseillons de corriger une telle
dégradation car la partie vitrifiée est probablement
devenue moins robuste. Le métal risquerait de
fondre en cas de nouvelle surintensité.
Tout réseau de terre, pour conserver au
bâtiment une équipotentialité ''horizontale" Fig. 19 – Raccordement conseillé au réseau de terre
convenable, devrait comporter au moins une ceinture
périphérique. De nombreuses barrettes de terre
permettent de relier en plusieurs points les masses
internes à la terre. Une barrette de terre installée sur
un conducteur de ceinture en épingle à cheveu
permet d'éviter de braser une jonction enterrée.
L'équipotentialité du site implique le
maillage systématique des conducteurs de masse, des
conducteurs de descente (si possible à chaque étage)
et du réseau de terre. On obtient de la sorte une
"cage de Faraday" à grandes mailles. Tous les
conducteurs accessibles, tels les structures
métalliques du bâtiment et les huisseries métalliques,
devraient aussi contribuer à ce maillage électrique.
Protection des conducteurs externes
Une fois l'équipotentialité des structures de
masse assurée, il importe de limiter les surtensions
entre les conducteurs externes et la masse. La
position idéale d'une protection primaire contre les
surtensions est le voisinage d'une masse, si possible
à proximité d'une barrette de terre. Un écrêteur
primaire installé en entrée du bâtiment permet de
dériver les courants externes à la terre en limitant
leur circulation dans les masses. L'impédance de
liaison, donc la distance, entre un écrêteur
secondaire et la masse des équipements protégés, est
critique.
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Application: Résiduelle d'un écrêteur selon sa longueur de câblage
Un parafoudre doit écouler une impulsion foudre de la kA en 1 µs. La d.d.p. résiduelle aux bornes du
composant est annoncée inférieure à 2 kV. Que devient elle si le composant est câblé en série avec un câble
long de 1 m ?
Solution:
La d.d.p. aux bornes d'un conducteur de 1 m est voisine de celle aux bornes d'une inductance de 1 µH:
U = L ٠ ∆i / ∆t = 10-6 ٠ l0 000 /10-6 = 10 kV
La tension résiduelle totale est de 2 + 10 = 12 kV. Un écrête un complémentaire installé au voisinage de
l'équipement à protéger est nécessaire. Bien que la foudre ne puisse pas être considérée comme un phénomène à
très hautes fréquences, les inductances parasites sont gênantes.
Dans ce cas sévère, si le conducteur de mise à la masse dépassait 2 m, la d.d.p. résiduelle dépasserait 20
kV. Sans protection secondaire, on subirait à coup sûr un contournement de bornier, un amorçage dans un
connecteur ou pire une destruction électronique (claquage d'un optocoupleur, transformateur ou relais,
perforation de jonction ... ).
Limiter la longueur du câblage entre un écrêteur et la masse de l'équipement n'est pas un souhait, c'est
une nécessité.
Pénétrations de canalisations conductrices
Toutes les canalisations conductrices venant de l'extérieur du bâtiment (dont les tubes isolants contenant
un fluide conducteur et les écrans des câbles blindés) doivent légalement être raccordées à la terre pour raison
de sécurité. Attention en particulier au câble d'un réseau local entre bâtiments dont l'écran est souvent oublié.
Ce raccordement à la masse devrait être effectué au plus court en entrée de bâtiment. Le mieux est de
regrouper l'entrée de toutes les canalisations externes dans une même zone. Dans le cas contraire, le minimum
est d'installer une barrette de terre au voisinage de chaque point d'entrée.
Les guides d'onde et les feeders d'antennes qui traversent le mur en hauteur devraient aussi être reliés à
la terre. Ils doivent en outre être connectés à la masse de leur baie. Il est favorable de ceinturer les locaux
techniques d'une ceinture de masse. Elle permet d'y raccorder les câbles, goulottes et autres canalisations
externes. Indiquons qu'il est souhaitable de mailler les îlots à forte densité d'équipements électroniques. Un
réseau de terre peu maillé est moins pénalisant contre la foudre que des masses internes mal maillées. Plus on se
rapproche des circuits électroniques, plus l'équipotentialité importe.
16
Danger de l’effet d’induction.
17
Solution:
U = 200 x 300 x 100 / 400 = 15 kV
La rigidité diélectrique de l'isolement galvanique
ne peut certaine, ment pas supporter une telle d.d.p. et des
circuits seront probable, ment détruits.
Un utilisateur peu averti, constatant l'effet, pourrait
conclure qu'il y a eu une "remontée de terre" donc qu'il est
urgent de réaliser une "meilleure terre". Il risque de
décider de forer le sol de notre vieille planète. Une
décision à grands frais et bien entendu en pure perte : la
planète n'y est pour rien. Les spécialistes savent que les
plantages et destructions de matériels les jours d'orages
sont plus souvent imputables au rayonnement de la foudre
qu'à son courant direct. Fig. 21 – Un problème des réseaux locaux
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réducteurs. La superposition de ces trois méthodes est bien sûr souhaitable.
Rappels sur les effets réducteurs
Plaquer un câble contre un câble de masse relié au moins aux châssis à chaque extrémité réduit
typiquement les perturbations foudre d'un facteur 3 ou 4. Un chemin de câble métallique boulonné de bout en
bout apporte un effet réducteur de 30. La tresse d'un câble blindé raccordée à la masse des deux côtés sans
queue de cochon réduit la tension collectée d'un facteur 100 environ (et même d'un facteur 300 en hautes
fréquences, au delà du mégahertz).
Considérations sur le maillage des descentes
Le maillage des masses, c'est à dire la multiplication des boucles entre les masses réduit le champ
résiduel au cœur du maillage : les courants induits dans les boucles entre masses s'opposent au champ qui leur
donne naissance. Si le maillage est souvent bon en horizontal, il est souvent moins dense en vertical. C'est une
raison supplémentaire pour mailler systématiquement tous les conducteurs de descente aux masses de chaque
étage.
Il est souhaitable d'éloigner les équipements sensibles et leurs câbles d'interconnexion des murs externes
du bâtiment. Une baie installée en périphérie est plus agressée par un champ externe que si elle était installée au
cœur du bâtiment.
Il a été mesuré dans des atelier à charpentes métalliques des atténuations en champ magnétique de
l'ordre d'un facteur 10 au centre par rapport à la périphérie dans la bande des ondes longues. L’éloignement des
murs extérieurs réduit l'exposition des équipements au champ de la foudre par l'effet de blindage des boucles
entre masses verticales. Cet éloignement réduit aussi l'agression d'un coup au but par la symétrie du courant de
descente.
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dans une terre séparée, ou supprimer à lui seul les effets néfastes de la foudre.
Protégeons nous de façon aussi sérieuse que les électroniques embarquées à bord des avions.
Respectons les règles simples conformes à la physique de base. Alors tout ira bien, la preuve n'est plus à faire.
Toutes les recommandations pour protéger les personnes contre la foudre sont fondées sur deux
principes: ne pas constituer une cible pour la foudre et ne pas se placer dans des situations qui risquent
d'appliquer une différence de potentiel entre deux parties du corps. En pratique, il faut toujours essayer de
trouver la situation de moindre risque: il est en effet rare de ne pas trouver une situation de haut risque dans les
comptes rendus d'accidents. Les recommandations qui suivent visent toutes à respecter les principes énoncés ci-
dessus.
Ces recommandations sont logiquement déduites des propriétés physiques de la foudre, des mécanismes
de foudroiement, des caractéristiques spécifiques des courants électriques associés à la foudre, toutes ces
données étant aujourd'hui bien connues, enfin de la physiopathologie des foudroiements.
Les recommandations qui suivent s'appliquent uniquement à l'homme et aux êtres vivants; en sont
exclues les recommandations de protection des matériels et équipements, traitées ailleurs.
I. Activités à risque
1) D'une façon générale, on évitera certaines activités extérieures, du domaine des loisirs, des sports ou
du travail, connues pour être particulièrement dangereuses par temps d'orage. Tel est le cas des activités
suivantes: pêche, baignade, bateau, cyclisme, golf, alpinisme, ainsi que des travaux électriques, de réparations
de toiture. D'une façon générale, toute activité qui expose au foudroiement direct.
En ce qui concerne les activités qui mettent le corps en contact avec l'eau, on se souviendra que le corps
mouillé, aussi bien que l'eau, sont bons conducteurs de l'électricité, ce qui favorise le passage de courants
relativement intenses et dangereux.
II. À la campagne
2) Il est impératif de ne jamais s'abriter sous un arbre, surtout si cet arbre est isolé ou ne fait partie que
d'un petit groupe d'arbres.
Cette précaution est enseignée depuis longtemps par la sagesse populaire. On peur démontrer
aujourd'hui que le risque de foudroiement d'un arbre isolé en espace ouvert est environ 50 fois supérieur à celui
d'un homme debout.
3) En espace ouvert (champ, pré), ne porter aucun objet, en particulier métallique, qui émerge au-dessus
de la tête: fourche, faux, club de golf ... Surtout ne jamais s'abriter sous un parapluie ouvert. Toute pièce
conductrice doit au contraire être abaissée, ou même mieux déposée à côté de soi.
Par contre, l'utilisation d'un téléphone mobile n'entraîne aucun accroissement du risque, tout au moins
lorsque son antenne ne dépasse pas la tête, ou que de très peu. Son volume, même s'il est métallique, reste
insuffisant pour avoir un effet attractif sur la foudre.
Le risque de foudroiement d'une structure quelconque augmente en effet avec le carré de sa hauteur; un
objet qui surélève de 1,4 fois la hauteur d'une personne double le risque. En outre, tout objet métallique pointu
et allongé favorise le foudroiement.
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4) Des personnes se trouvant en groupe doivent s'écarter les unes des autres d'au moins 3 mètres, pour
éviter le risque d'un éclair latéral entre deux personnes.
Le foudroiement d'une personne peut se propager à ses voisins par une étincelle franchissant l'espacement entre
personnes trop rapprochées: ce phénomène est appelé éclair latéral.
5) Il faut penser à s'écarter de toute structure métallique, notamment de pylones, de poteaux, de clôtures,
afin de ne pas être victime d'une électrocution par «tension de toucher».
6) Pour les mêmes raisons, il conviendra d'éviter de s'abriter dans une cabine téléphonique extérieure, et
a fortiori de téléphoner par temps d'orage, sauf avec un téléphone mobile, comme expliqué plus haut.
Si la ligne téléphonique est aérienne, elle peut être touchée par la foudre, mais aussi subir une élévation
de potentiel induite par un coup de foudre voisin. Même si l'un de ces deux phénomènes se produit loin de la
cabine, disons à quelques kilomètres, la « surtension» générée localement se propage le long de la ligne, et
atteint la cabine, où elle peut faire des dégâts, et sérieusement commotionner la personne qui s'y abrite.
7) Ne jamais se tenir debout les jambes écartées, ni marcher à grandes enjambées lorsqu'on se trouve
sous un orage. On risque alors d'être commotionné, voire électrocuté, par une« tension de pas ». La meilleure
position consiste à se pelotonner au sol, après avoir étendu sous soi un ciré ou toute autre pièce en matière
isolante (par exemple, en plastique). Même si l'on ne dispose pas de pièce isolante, la position couchée, jambes
repliées sous soi, reste la position de moindre risque.
8) Lorsqu'on est surpris par un orage en pleine forêt, on ne peut évidemment pas éviter d'être sous des
arbres. La position de moindre risque consiste alors à s'écarter le plus possible des troncs, et à éviter la
proximité de branches basses. Cette position minimise les risques d'être victime de tensions de pas ou de
tensions de toucher.
9) De bons abris protégeant contre la foudre sont des huttes de pierre. On s'abritera également dans une
église ou une chapelle; mais si ces édifices ne sont pas protégés par un paratonnerre, il faut s'abstenir de
s'appuyer contre ou de toucher un pilier ou un mur. Une automobile, à condition qu'elle ne soit pas décapotable
ou à toit en plastique, constitue une excellente cage de Faraday. Penser à rabattre ou à rentrer l'antenne radio s'il
y a lieu.
Par contre, on évitera de s'abriter dans un hangar, lorsque celui-ci comporte un toit de tôle supporté par
des poutres de bois. En effet, si un coup de foudre survient près du hangar, même sans le toucher, le champ
électrique intense qui accompagne tout coup de foudre peut induire entre le toit et le sol une tension élevée,
tension qui peut à son tour générer un amorçage puis un arc électrique à travers le hangar. Cet effet d'induction
est par contre sans risque si le toit est supporté par des poutres métalliques.
IV. En montagne
13) Les alpinistes se trouvent souvent sur des sommets ou des arêtes, particulièrement exposés aux
foudroiements. La première précaution évidente que doit prendre un alpiniste est donc de s'éloigner des pointes
et des arêtes dès les premiers signes avant-coureurs d'un orage: lorsqu'il entend le bourdonnement ou le bruit
d'abeilles caractéristique de« l'effet de couronne », le champ électrique ambiant est déjà intense, et il faut de
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toute urgence quitter les crêtes.
14) La meilleure façon de se protéger contre un coup direct est de se réfugier sous un ressaut: celui-ci
doit dominer d'au moins cinq à dix fois la hauteur du sujet.
15) Même à l'abri du coup direct, il faut prendre en compte les divers risques de foudroiement indirect
par tensions de pas ou tensions de toucher. À 15 mètres sous un pic, ces tensions sont dangereuses, et il faut
descendre à au moins cinquante mètres pour que le risque soit suffisamment réduit. Une précaution évidente est
toutefois de ne jamais se plaquer contre une paroi, afin de ne pas s'exposer à des différences de potentiel,
notamment en présence de failles humides. S'en tenir éloigné d'au moins 1,5 mètre.
16) Il peut également être dangereux de s'abriter dans une petite anfractuosité ou une petite grotte: en
restant debout près de l'entrée, on risque de provoquer l'amorçage d'un arc électrique entre le plafond et la tête,
et en s'appuyant au fond, on risque d'être traversé par un courant dérivé. Se tenir accroupi le plus loin possible
du plafond, des parois et du fond.
17) Une commotion électrique même légère, et qui ne laisserait aucune trace en d'autres circonstances,
peut, par surprise ou par perte momentanée du contrôle musculaire, faire lâcher prise et entraîner une chute
grave. Ces accidents secondaires sont fréquents. Il y a donc lieu de tenir compte de ce risque lorsque l'alpiniste
s'installe pour attendre la fin de l'orage.
Bibiographie :
Parasites et perturbation des électroniques (compatibilité électromagnétique), par ALAIN CHAROY (éd.
DUNOTTECH
La foudre – Nature, histoire, risques et protection ; de Claude Gary (éd. DUNOT)
L’électricité – tome 1 (éd. Larousse)
SCIENCES ET VIE : n°732 – Septembre 1978
ELECTRONIQUE APPLICATION n°34 - février-Mars 1984
ELECTRONIQUE APPLICATION n°35 - Avril-Mai 1984
ELECTRONIQUE APPLICATION n°56 – Octobre-Novembre 1987
Revue de l’électricité et de l’électronique (REE) n°9 – Octobre 2001
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