Cours Rayon X 2023
Cours Rayon X 2023
Cours Rayon X 2023
Ouzou
I.1. Introduction : L’univers est rempli par deux éléments : Le rayonnement et la matière.
La matière a fait l’objet de recherches diverses. Elle s’avère maintenant connue et interprétée à un degré aussi
important vu la facilité d’en exercer de l’expérience. Le rayonnement, par contre, est resté mystère jusqu’au 20ème
siècle où les physiciens ont pu déchiffrer ses secrets.
Le rayonnement est un mode de propagation de l’énergie dans l’espace. Les rayonnements ne peuvent être détectés
que grâce à leurs interactions avec la matière : ils cèdent totalement, ou en partie, leur énergie et en subissent des
modifications.
Une autre classification est possible, selon l’ionisation (capacité d’un rayonnement à fournir « assez » d’énergie pour
extraire un ou plusieurs électrons du cortège électronique de l’atome, et donc de
UV, visible, IR, ondes millimétriques, micro-ondes, ondes radio, champs magnétiques
statiques (RMN)
pour le vivant (H, C, N, O) sont ionisantes les radiations d’énergie > 12,4 eV.
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ondulatoire du rayonnement) c’est-à-dire une propagation d’énergie sous forme de un couple champ électrique et
de champ magnétique ayant des variations sinusoïdales dans l’espace.
La théorie de Maxwell n’a pas duré longtemps d’être la seule théorie qui explique le rayonnement. La découverte de
quelques phénomènes physiques tels que le rayonnement du corps noir, l’effet photoélectrique et l’effet Compton a
mis cette théorie en échec. Pour expliquer ces phénomènes, trois physiciens se sont illustré pour se converger vers
une seule interprétation du rayonnement. Max Planck introduit la théorie de quantification d’énergie pour expliquer
le rayonnement du corps noir. En 1900, Max Planck émet l'hypothèse que les échanges d'énergie avec la matière se
font par petites quantités : les « quanta ». Albert Einstein en 1905, de sa part, influencé par les idées de Planck
explique l’effet photoélectrique par la quantification du rayonnement (photons).
Enfin, le physicien américain Arthur Compton a découvert en 1922 que le rayonnement se comportait aussi comme
des particules et ce pour interprété les résultats de son expérience sur l’interaction entre le rayonnement et les
noyaux lourds.
Les travaux de ces trois physiciens ont donné naissance à une nouvelle physique appelée la physique quantique
basée sur l’idée que le rayonnement est une propagation de grains distincts appelés photons.
Cette physique quantique n’a pas pu donner une nature définitive du rayonnement vu qu’elle n’arrive pas à
interpréter les phénomènes d’interférences et de la diffraction des rayonnements bien expliqués par la théorie de
Maxwell.
En 1925, le physicien français Louis de Broglie met fin à ce conflit en énonçant sa nouvelle théorie (la dualité onde-
corpuscule). Selon cette théorie, tous les objets physiques peuvent présenter parfois des propriétés d'ondes et
parfois des propriétés de corpuscules.
Une autre classification est possible, selon l’ionisation (capacité d’un rayonnement à fournir « assez » d’énergie pour
extraire un ou plusieurs électrons du cortège électronique de l’atome, et donc de
UV, visible, IR, ondes millimétriques, micro-ondes, ondes radio, champs magnétiques
statiques (RMN)
pour le vivant (H, C, N, O) sont ionisantes les radiations d’énergie > 12,4 eV.
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Tous les rayonnements particulaires sont ionisants. Les rayonnements électromagnétiques de
longueur d’onde moins de 0,1 micromètre sont ionisants également : rayons X et γ (gamma).
Les rayons X sont une forme de rayonnement électromagnétique, au même titre que la lumière visible, l’ultra-violet,
l’infra-rouge, les micro-ondes, les ondes radio ou les rayons gamma.
Une onde électromagnétique est due à un champ électrique et un champ magnétique perpendiculaires oscillants en
phase. Elle se propage dans le vide à la vitesse de la lumière (c = 299792458 m/s). Dans le cas d’une onde sinusoïdale
ou monochromatique, elle a une fréquence ν définie et une période T = 1/ν. La longueur d’onde λ est la distance
parcourue par l’onde en une période, soit λ = c T = c/ν.
Une onde électromagnétique réelle est généralement constituée d’une superposition d’ondes de fréquences
différentes. La répartition quantitative de la puissance propagée selon la fréquence est appelée le « spectre » de
l'onde.
Le modèle corpusculaire du rayonnement électromagnétique est mieux adapté aux rayonnements de hautes
fréquences : on considère qu’un faisceau est constitué de photons, des particules sans masse qui se déplacent à la
vitesse de la lumière. Chaque photon transporte une quantité d’énergie E proportionnelle à la fréquence de l’onde E
= hν, où h est la constante de Planck.
Les ondes électromagnétiques sont classées et nommées en fonction de leur domaine de fréquence. Bien que de
même nature, les ondes d’un domaine de fréquence à l’autre correspondent à des mécanismes d'émission différents
et exigent des techniques différentes de détection.
On appelle rayons X les ondes électromagnétiques dont les fréquences sont comprises entre 1016 Hz et 1020 Hz. Les
longueurs d’ondes sont de l’ordre de 10-8 à 10-12 m, et les énergies des photons X sont comprises entre 40 et 4.105 eV
(1 eV correspond à 1,6.10-19 J, c’est l’énergie d’un photon dans l’infra-rouge). Ces énergies sont de l’ordre de
grandeur des énergies de liaison des électrons des couches internes des atomes (de l’ordre du keV). Le domaine des
rayons X se situe entre l’ultra-violet et les rayons gamma.
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4.2. Production de rayons X
Les rayons X sont produits dans des tubes à rayons X également appelés tubes de Coolidge ou tubes à cathode
chaude. Le principe est le suivant : des électrons émis par une cathode (un filament, le plus souvent en tungstène,
chauffé par le passage d’un courant électrique) sont accélérés par une différence de potentiel élevée (de 10 à 150
kV) en direction d’une cible constituée d’une anode en métal (en tungstène également). Les rayons X sont émis par
la cible selon deux mécanismes :
le freinage des électrons par les atomes de la cible crée un rayonnement continu (rayonnement de freinage
ou Bremsstrahlung) dont une partie dans le domaine des rayons X ;
les électrons accélérés ont une énergie suffisante pour exciter certains des atomes de la cible, en perturbant
leurs couches électroniques internes. Ces atomes excités émettent des rayons X en retournant à leur état
fondamental.
Une faible portion, 1% environ de l’énergie cinétique cédée par les électrons est rayonnée sous forme de rayons X,
les 99 % restants sont convertis en énergie thermique.
Lors de la propagation à travers un milieu matériel, les rayons X peuvent être déviés par les atomes du milieu
(diffusion) ou bien absorbés. C’est ce dernier phénomène qui est mis en jeu dans les applications médicales de la
radiographie.
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Dans la représentation corpusculaire, un photon entre en collision avec les électrons liés aux atomes du milieu
matériel traversé (électrons des couches internes). Si l’énergie E du photon incident est suffisante (supérieure à
l’énergie de liaison W de l’électron), il peut arracher un électron du cortège atomique. Cet électron, appelé « photo-
électron », est éjecté avec l’énergie cinétique Ecin = E - W. Les photo-électrons transfèrent ensuite leur énergie
cinétique au milieu en provoquant des ionisations le long de leurs trajectoires.
L’absorption d’un rayonnement X par un milieu dépend fortement de la nature des atomes : pour une fréquence
donnée, on constate que l’absorption est d’autant plus probable que le nombre atomique Z des atomes du matériau
traversé est élevé. On constate également qu’un rayonnement de grande énergie (courte longueur d’onde) sera
moins absorbé, donc plus pénétrant qu’un rayonnement de plus faible énergie. Les rayons X les plus pénétrants sont
appelés rayons « durs » (longueurs d’ondes inférieures au nanomètre).
Considérons un faisceau unidirectionnel de rayons X traversant un écran matériel. L’intensité I(x) du rayonnement
décroît exponentiellement en fonction de l’épaisseur x de matière traversée :
Le coefficient d’atténuation μ croît en fonction du numéro atomique Z des atomes du matériau, et décroît en
fonction de l’énergie des photons X
N.B : μ=m
Supposons que l’on bombarde une cible de Mo (Molybdène) avec des électrons accélérés sous des tensions
croissantes. Étudions pour chaque tension d’accélération la répartition du spectre obtenu, c’est-à-dire l’évolution de
l’intensité des rayons X émis en fonction de leur longueur d’onde. Jusqu’à une tension de 20 kV, on obtient un
spectre continu qui s’arrête vers les courtes longueurs d’onde. À partir de 25 kV, des raies d’émission très intenses
apparaissent ; elles se détachent du spectre continu : ce sont les raies caractéristiques.
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spectre continu et raies caractéristiques
Le spectre continu
Le spectre continu est dû à la décélération des électrons incidents lorsqu’ils entrent en contact avec l’anticathode.
Certains électrons, stoppés net par un seul choc, transmettent toute leur énergie et donnent naissance à des
photons X dont l’énergie hν est égale à l’énergie eV des électrons incidents.
La longueur d’onde des photons émis ne peut être inférieure à λm qui décroît quand la tension croit. On remarque
que cette longueur d’onde est indépendante de la cible et ne dépend que de la tension d’accélération des électrons.
D’autres électrons transmettent leur énergie à la suite de plusieurs chocs et donnent naissance à des photons de
moindre énergie, de longueur d’onde supérieure qui composent le spectre continu.
Contrairement au spectre continu, le spectre de raies est une caractéristique de l’anticathode. Sous l’impact des
électrons incidents, une couche électronique d’un atome de l’anticathode peut perdre un électron qui est expulsé
par son noyau. Il faut pour cela que l’énergie des électrons incidents eV soit supérieure à l’énergie de liaison (par
exemple WK) des électrons qui gravitent sur leur orbitale (par exemple K). L’atome se trouve alors dans un état
excité et la désexcitation peut se faire par passage d’un électron des orbitales L (respectivement M) vers l’orbitale K
et émission d’un photon X d’énergie WK−WL (respectivement WK−WM) caractéristique de l’atome. Cette radiation est
appelée radiation caractéristique Kα (respectivement Kβ).
Dans le cas où la désexcitation se fait sur une couche L, la raie caractéristique est appelée L, Lα si l’électron provient
de la couche immédiatement supérieure M.
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Raie (Transition) Kα transition de la couche L (n=2) vers la couche K (n=1)
Remarquons que l’on peut préciser encore la description en tenant compte de la structure fine du nuage
électronique. Nous savons que quatre nombres quantiques définissent l’état d’un électron dans un atome. La
combinaison de ces quatre nombres quantiques définit un certain nombre de niveaux d’énergie à l’intérieur de
chaque couche, par exemple les trois niveaux LI, LII et LIII dans la couche L. Les transferts d’électrons entre les
différents niveaux d’énergie obéissent à des règles de sélection. Ainsi, un électron de la couche K ne peut être
remplacé par un électron du niveau LI, mais il peut être remplacé par un électron du niveau LII, on aura dans ce cas
une raie Kα1, ou par un électron du niveau LIII, on aura dans ce cas une raie Kα2.
Si un électron est éjecté d’un niveau d’énergie W1 et est remplacé par un électron d’un niveau d’énergie W2<W1, le
photon X émis aura une énergie Eγ telle que :
Eγ =W1−W2=hc/λ ⇔ λ = hc/(W1−W2)
Radiographie
Le principe est celui des ombres chinoises. Le faisceau de rayons X produit par un tube à rayons X est émis en
direction de la zone du corps humain à examiner, son intensité est « modulée » par l’absorption différentielle des
organes traversés. L’image est recueillie en sortie sur un détecteur (plaque photographique par exemple).
Le coefficient d’atténuation μ ou m dépend de la composition chimique des tissus traversés. Il est élevé pour l’os,
moyen pour les tissus mous et faible pour la graisse. Les os (Ca10(PO4)6(OH)2 ) contiennent en effet des sels
minéraux (phosphore, calcium, magnésium) qui sont des éléments de numéro atomique plus élevés que les
constituants principaux des tissus mous (oxygène, carbone, hydrogène, azote…). Ils absorbent donc plus les rayons X.
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La radiologie conventionnelle ne détecte que des contrastes supérieurs à 4 %, ce qui est le cas naturellement pour
les os ou les poumons. Lorsque le contraste est insuffisant (organe presque transparent), on utilise des produits
contrastants, par exemple l’iode ou le sulfate de baryum BaSO4 (« bouillie barytée » lors d’un examen du tube
digestif).
Le scanner ou tomodensitométrie
La tomodensitométrie a été développée par G.M Hounsfield. Il a obtenu le prix Nobel de médecine en 1979. Sa
découverte était basée sur une théorie de Radon à propos de reconstruction d’un objet à partir de la connaissance
de ses projections. Le principe du scanner est qu’au lieu d’avoir un foyer stable qui va traverser le patient, la
tomodensitométrie est basée sur la détection d’un faisceau de rayons X tournant autour du patient. Le rayonnement
X reçu par les détecteurs est transformé en courant électrique. L’image de chaque coupe axiale est ensuite
reconstruite à l’aide d’un calculateur et visualisée. L’acquisition de plusieurs coupes adjacentes conduit à
l’information tridimensionnelle.
Radiothérapie
Les rayonnements ionisants interagissent avec la matière vivante en produisant des réactions physico-chimiques.
C’est ce processus qui est utilisé en radiothérapie, qu’elle soit externe ou interne : des rayons X ou photons à fortes
doses vont permettre de détruire les cellules cancéreuses en fragmentant leur ADN.
Les effets néfastes des rayonnements ionisants sur l’homme ont été compris rapidement après la découverte des
rayons X et de la radioactivité. Dans la foulée, ils ont permis le développement de la radiothérapie, qui vise à tuer les
cellules cancéreuses avec de fortes doses de rayonnements ionisants ciblées sur la tumeur.
Les rayonnements ionisants, que leur origine soit naturelle ou artificielle, interagissent avec la matière vivante en
produisant des réactions physico-chimiques.
Au niveau inférieur, celui de la cellule, ils ont le pouvoir d’arracher des électrons aux molécules qu’ils
rencontrent, créant des ions et des radicaux libres. Des milliers d’ionisations et de lésions moléculaires sont
créées en cascade en une fraction de seconde. Des mécanismes de signalisation et de réparation de la cellule
sont alors mis en œuvre. Les réparations seront plus ou moins fidèles selon la gravité des lésions.
Au niveau supérieur, celui des tissus, l’effet dépend du pourcentage de cellules touchées, le tissu n’arrivant
plus à assurer sa fonction lorsque trop de cellules sont mortes.
Les lésions induites par les rayonnements ionisants dans les cellules ne sont pas spécifiques : des radicaux libres sont
créés en permanence dans les cellules vivantes, soit naturellement, soit du fait de la présence de toxiques - par
exemple, chimiques.
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