Pêche Aquaculture Senegal
Pêche Aquaculture Senegal
Pêche Aquaculture Senegal
STRATEGIE
DE DEVELOPPEMENT DURABLE
DE LA PECHE ET DE L’AQUACULTURE
TOME II
AVRIL 2001
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SOMMAIRE
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5. CHAPITRE 4 : Valoriser la production halieutique 61
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CONTEXTE DE LA PECHE ET DE L’AQUACULTURE
Les pêcheries mondiales sont aujourd’hui en nette dégradation depuis le début des années 70, en
raison notamment de la situation de surexploitation des principaux stocks d’intérêt économique.
C’est dans ce contexte que s’est développée l’aquaculture, activité très vite apparue comme une
alternative à la pêche qui est restée depuis des millénaires une simple cueillette des ressources
vivantes, d’abord continentales puis marines.
Parallèlement, de profondes mutations perturbent l’économie mondiale avec la libéralisation des
échanges, mais également les modes de consommation avec les nouvelles technologies de la
communication et de l’information.
Dans ce contexte général, c’est surtout l’évolution des échanges des biens et services, des flux
financiers et des flux d’investissement privé qui deviennent de plus en plus déterminants dans
les stratégies de développement économique et social.
Les marchés extérieurs des produits halieutiques deviennent de plus en plus difficiles d’accès :
normes d’hygiène et de qualité, technologies de plus en plus onéreuses, renchérissement des
coûts du transport des produits, forte concurrence des pays d’Asie et d’Amérique du Sud. A ces
contraintes s’ajoutent les conséquences potentielles sur nos exportations de la libéralisation du
commerce international conduite par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
L’adaptation à un tel contexte nécessite, de la part des acteurs du secteur privé, des
investissements importants mais aussi un savoir-faire technologique avancé et enfin des
capacités d’anticipation affirmées.
Pour les Etats côtiers, il s’impose de plus en plus d’adapter les investissements publics et privés
aux potentialités des ressources biologiques au risque d’une dissipation de la rente halieutique.
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En Afrique, la production halieutique connaît depuis la fin des années 80 une légère régression
due à la pleine exploitation des stocks. Parallèlement, près de 50% des ressources marines
restent encore exploitées par des flottes étrangères.
Le continent africain enregistre enfin, depuis 20 ans, une chute non négligeable des parts de
marché dans le commerce mondial des produits de la mer.
Le Sénégal n’a pas échappé à ces processus de transformation des économies et des sociétés,
notamment dans les secteurs vitaux de la pêche maritime et continentale ainsi que de
l’aquaculture.
Le secteur de la pêche maritime y fait face aux stigmates de plus d’une décennie d’ajustement
structurel et à la raréfaction des appuis directs en financement public.
La dévaluation du franc CFA en 1994 a renchéri le coût des intrants et, dans une moindre
mesure, les prix à l’exportation des produits halieutiques.
Sur le plan bio-écologique, sont apparues des modifications qualitatives et quantitatives de
l’abondance des ressources halieutiques, consécutives à une exploitation abusive des ressources
biologiques et à des mutations environnementales importantes. Des menaces et des agressions
multiformes, d’origine anthropique se développent dans les zones côtières avec un impact
négatif sur les ressources halieutiques.
Les ressources démersales côtières, en particulier, montrent depuis plusieurs années des signes
de surexploitation face à une pression de pêche artisanale et industrielle maintenue à un niveau
élevé. Nonobstant cette situation, la capacité de pêche continue d’augmenter en même temps que
les capacités de transformation et de conservation des produits, aggravant de facto le problème
structurel du sous approvisionnement des entreprises. L’appel à l’investissement pour
moderniser les unités de pêche et les infrastructures à terre, dans le but de tirer davantage profit
des ressources halieutiques, risque d’induire des effets multiplicateurs pervers dans un contexte
de stocks menacés.
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Le plan d’Action International pour la gestion de la capacité de pêche, élaboré dans le cadre du
Code de Conduite de la FAO pour une Pêche Responsable auquel a souscrit le Sénégal, vise à
prévenir ou à éliminer les surcapacités qui menacent la conservation et l’utilisation durable des
ressources.
Devant les menaces qui pèsent sur la viabilité à long terme des pêches maritimes et face à la
pauvreté croissante des populations sénégalaises, notamment rurales, l’impulsion d’un
développement maîtrisé de la pêche continentale et de l’aquaculture ainsi que la restauration des
stocks marins dégradés sont les plus grands défis à relever en priorité.
L’aquaculture, quant à elle, s’est développée de façon considérable durant les vingt
dernières années, spécialement en Asie (Chine et Inde). Les produits de l’aquaculture
représentaient déjà en 1993, à l’échelle mondiale, 16 millions de tonnes soit 19% de la
production de la pêche. Pour que l’humanité maintienne son niveau actuel de consommation de
poissons et autres produits aquatiques, la production de l’aquaculture devra doubler au cours
des vingt prochaines années.
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Il est à noter que l’aquaculture est le système de production alimentaire qui a connu le taux de
croissance le plus rapide du monde (10% par an) entre 1984 et 1996, alors que la production
mondiale de la pêche a enregistré un taux inférieur à 2% pendant la même période.
L’évolution des prix mondiaux des produits de la mer dépendra essentiellement des possibilités
de l’aquaculture. Pour les espèces d’origine aquacole, les prix ont déjà baissé et continueront à
le faire. Pour les autres espèces, incluant la quasi totalité des produits de la pêche sénégalaise, la
tendance des prix devrait être orientée à la hausse, compte tenu des limites observées dans
l’exploitation de ces ressources à l’échelle mondiale.
Au Sénégal, l’aquaculture a très tôt été perçue comme une alternative à la baisse de la production
continentale, mais n’a pu connaître un développement soutenu malgré les initiatives
individuelles et les nombreux projets mis en œuvre.
La pêche maritime sénégalaise , malgré cet environnement très concurrentiel, affiche des
résultats macro-économiques globalement satisfaisants tant sur le plan économique
(exportations), alimentaire (besoins nutritionnels des populations) que social (emplois).
L’économie halieutique maritime contribue pour 12% au PIB du secteur primaire et 2,5% au
PIB total.
Les captures réalisées dans les eaux marines sous juridiction sénégalaise sont passées de 50 000
t en 1965 à 453 000 t en 1997. Une tendance à la baisse est observée entre 97 et 99 ; l’année 99
est marquée par des captures de l’ordre de 395 000 t environ, dont 80% provenant de la pêche
artisanale.
Parallèlement, la croissance de l’économie sénégalaise dans son ensemble a été beaucoup plus
modeste, conférant ainsi à la pêche maritime une part considérablement accrue.
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Cette contribution est illustrée en 1999 par les statistiques suivantes :
§ le chiffre d’affaires global des professions de la pêche maritime est estimé à plus de 278
milliards de FCFA ; en ce qui concerne la pêche continentale, elle est plutôt orientée aujourd’hui
vers l’autoconsommation mais participe aussi au développement économique du pays ;
§ les exportations ont atteint près de 124 500 t, pour des recettes estimées à plus de 185
milliards de FCFA, soit plus de 60% du chiffre d’affaires du secteur. Avec plus de 30 % des
recettes d’exportation, la pêche maritime est devenue au cours de ces dernières années, la
première branche exportatrice du Sénégal ;
§ les emplois (directs et indirects) procurés par la pêche maritime sont évalués à 600 000, dont
2/3 dans la production et la transformation artisanales ;
§ la valeur ajoutée totale du secteur est induite à 60 % environ sur le segment de la capture et à
40 % sur le segment de la transformation (artisanale et industrielle).
La pêche contin entale demeure une activité artisanale bien enracinée dans l’économie
vivrière. Elle se pratique notamment dans la Vallée du fleuve Sénégal, les bolongs du Sine
Saloum, la Moyenne et Haute Casamance, les bassins de l’Anambé et la Haute Gambie.
§ Les captures de la pêche continentale sont de l’ordre de 37 000 t, dont 14 000 t en eau
douce et 23 000 t en eau saumâtre.
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§ Ces tonnages débarqués, certes bien inférieurs à ceux de la pêche maritime, contribuent pour
une bonne part à l’autosuffisance alimentaire en poisson des populations, notamment
rurales ; en effet, la part de la pêche continentale dans la consommation moyenne per capita
en poisson représente environ 10%.
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LES PROBLEMES ET LES ENJEUX DE LA PECHE
ET DE L’AQUACULTURE
§ l’état de surexploitation des principales ressources halieutiques exploitées, qui se traduit par
une stagnation, voire un fléchissement de la production, cela malgré la très forte pression de
pêche artisanale et industrielle. Les principales conséquences de cette dégradation sont :
- les menaces qui pèsent sur la rentabilité des flottes de pêche, en raison des niveaux de
rendements obtenus sur les espèces à forte valeur marchande;
- la menace sur la sécurité alimentaire, avec l’inaccessibilité des produits halieutiques de choix
(espèces nobles) aux ménages urbains et ruraux ;
- la baisse d’activité des usines, qui menace la stabilité des emplois et aggrave les risques de
fermetures temporaires ou définitives d’entreprises;
- la dépendance grandissante des flottes de pêche et des entreprises sénégalaises vis-à-vis des
ressources halieutiques des pays voisins ;
§ l’insuffisance du système de surveillance des pêches, favorisant le pillage des ressources par
les nationaux et par les étrangers ;
§ la double menace qui pèse sur nos exportations : rareté de la matière première dans un
contexte de surexploitation des principales ressources et remise en cause probable des
avantages tarifaires sur le principal marché du Sénégal, l’Europe, en raison des règles de
l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) ;
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§ au parc piroguier vétuste ;
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Objectif stratégique I : Assurer la gestion durable de la pêche et de
l’aquaculture, et la viabilité des pêcheries
Sous objectifs :
Sous objectifs :
Sous objectifs :
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- Améliorer l’approvisionnement du marché en équipements et matériels de production
(moteurs, pirogues, etc.) ;
- Renforcer la sécurité des pêcheurs, des embarcations et de leurs activités en mer et en milieu
continental ;
- Renforcer les capacités techniques et organisationnelles des pêcheurs ;
- Aménager des infrastructures multi-fonctionnelles.
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Objectif stratégique IV : Valoriser la production halieutique
Sous objectifs :
Sous objectifs :
Sous objectifs :
Les concertations nationales sur la pêche et l’aquaculture, tenues en novembre 2000, ont permis
d’identifier, à partir de ces orientations et des attentes des professionnels, des options
stratégiques et des actions prioritaires sur des bases consensuelles. Ces options et actions ont été
consolidées en ‘stratégie de développement’ tenant compte de l’environnement global de la
pêche et de l’aquaculture.
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CONTRAINTES ET QUESTIONNEMENTS STRATEGIQUES
§ Au plan national
Les questions majeures concernent la décentralisation, les politiques environnementales, la
recherche scientifique et la politique de maîtrise et de gestion des eaux (barrages).
Les axes stratégiques pour la pêche et l’aquaculture devront également intégrer les actions
prioritaires développées par d’autres secteurs, en particulier : le Plan national d’aménagement
du territoire (PNAT), le Plan national d’action pour l’environnement (PNAE), le PSAOP
(Programme d’Appui aux Services Agricoles et aux Organisations de Producteurs), les
programmes d’infrastructures rurales ou routières (PNIR, PST, etc.).
§ Au plan régional
Différentes organisations émergent pour intégrer les politiques économiques des pays
(CEDEAO, UEMOA, etc.). Les acteurs de la pêche devront anticiper pour faire face à l’avenir
de leurs exportations en Afrique de l’Ouest. Dans ce cadre, les possibilités d’ajustement ou de
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remise en cause des avantages fiscaux qu’offrent les statuts d’Entreprises Franches
d’Exportation (EFE) devront être envisagées.
La région ouest africaine présente en effet des caractéristiques essentielles en termes de marchés,
avec une population de 150 millions d’habitants, mais à faible revenu par tête. Elle dispose
aussi d’une large côte maritime et des communautés de pêcheurs migrant tout le long des côtes
(Ghana, Bénin, Sénégal).
§ Au plan international
Certaines évolutions majeures pourraient influer positivement ou négativement sur la
compétitivité de nos produits au niveau des marchés extérieurs (libéralisation du commerce
mondial, influence des lobbies écologistes, accords de coopération CEE-ACP, l’éco-
labellisation des produits, etc.).
Ces enjeux du futur méritent des interrogations si l’on sait que la pêche évolue de façon rapide et
parfois vers des conditions d'exercice préjudiciables à terme, à la fois aux ressources
halieutiques (surexploitation), aux exploitants (baisse de la rentabilité) et à l'économie nationale
(baisse des recettes d'exportation, des emplois et perturbations sur le marché intérieur) et
également de la dégradation de l'environnement marin (pollution, changements climatiques,
érosion côtière, etc.).
Il reste entendu que l’élaboration d’une politique sectorielle cohérente des pêches et de
l’aquaculture nécessitera la prise en compte de l’ensemble des facteurs endogènes et exogènes à
ces systèmes.-
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CHAPITRE I
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COMPOSANTE 1.1.: Mettre en place un système
d’aménagement et de gestion de la
capacité de pêche
L’aménagement des pêches est conçu comme un processus dont la finalité est l’ajustement entre
l’effort de pêche et l’état de la ressource. Cet aménagement est de la responsabilité de l’Etat :
chacun des acteurs privés n’ayant qu’une connaissance parcellaire du secteur, l’intervention de
l’Etat pour parvenir à cette adéquation s’impose.
Le problème posé devient alors : comment et sur quelle base allouer les droits de pêche ? La
réponse à cette question impose l’adoption de principes généraux permettant de définir les
modes de concession de ce droit de pêche.
Le Président de la République a défini ces principes, lors de son discours d’ouverture des
concertations nationales sur la pêche et l’aquaculture, qui sont : la transparence, l’équité et
le consensus. Il a ainsi suggéré la vente aux enchères des licences de pêche, sur la base de
critères socialement et économiquement acceptables, comme une solution envisageable.
L’approche participative qui a été adoptée pour les concertations nationales nécessite de
la part de l’administration une implication des professionnels dans la gestion des processus de
prise de décision. Par ailleurs, les concessions de droits de pêche doivent être conformes au
Droit International de la Mer ainsi qu’à l’ensemble des prérogatives de l’Etat (police, sécurité).
L’objectif principal de la concession doit être de contrôler l’effort de pêche et non d’accroître les
recettes budgétaires, même s’il est légitime que le propriétaire de la ressource, par ailleurs garant
de l’intérêt général, tire un revenu de la concession de ses ressources à des exploitants, ne
serait-ce que pour compenser certains coûts d’entretien et de surveillance.
Les concessions devraient porter sur l’activité ‘pêche’ et être assorties du paiement d’un droit.
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La durée des concessions doit également être clairement définie et être cohérente par rapport aux
enjeux économiques des entreprises. Elle doit être suffisamment longue pour permettre aux
pêcheurs de planifier leurs activités et de rentabiliser leurs investissements.
Dans le cas du Sénégal, le système d’aménagement existe pour partie dans les textes en vigueur,
mais leur application est déficiente. D’une manière générale, les limites conceptuelles que
rencontre l’élaboration d’un système d’aménagement au Sénégal se situent au niveau des points
suivants :
- la perception du problème de l’aménagement ;
- la perception de la place des actions publiques ;
- le recentrage des objectifs de l’aménagement.
ACTIVITES
§ Rendre plus efficace le système de suivi, de contrôle et de surveillance des activités et des
zones de pêche de la ZEE.
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Activité 1 . 1 . 1 : Mettre en place un système d’information sur la pêche et
l’aquaculture.
Mais la question fondamentale est : qu’est-ce qu’il faut faire pour que les professionnels
trouvent un intérêt à fournir l’information fiable ?
Il a été également noté que le système actuel d’évaluation de l’effort de pêche industrielle à partir
du TJB n’est pas le plus pertinent. La force de traction, le facteur technologique, la jauge réelle
du navire sont des éléments à considérer.
Actions à mener :
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- Définition d’un cahier des charges afin de mieux cibler les paramètres pertinents par rapport
aux objectifs de l’aménagement (Quelle information ? Qui la fournit ? Comment ? Avec
quels moyens ? Avec quel degré de confidentialité ? Quand ? Quelle est la forme que doit
revêtir la restitution ? Dans quel délai ? , Etc.) ;
- Evaluation de la pertinence et de la fiabilité des informations collectées par rapport aux
objectifs de l’aménagement ;
- Rationalisation de l’intervention des structures déjà existantes et création d’un comité de
coordination de la collecte d’information ;
- Prise en compte des besoins des professionnels en matière d’informations et mise en place
d’un réseau de diffusion de l’information afin de satisfaire la demande des acteurs ;
- Implication des professionnels (pêche artisanale, industrielle, pêche sportive et récréative)
dans la définition des informations pertinentes pour le système d’aménagement et de
gestion ainsi que dans le choix des indicateurs de performance devant fonder les stratégies
de collecte ;
- Définition claire des règles d’utilisation de l’information collectée auprès des professionnels,
afin de mettre ceux-ci en confiance et de leur permettre d’appréhender l’intérêt de tous à
participer à la collecte de l’information dans la perpective d’une gestion durable des pêches
et de l’aquaculture ;
- Prise en compte de la nécessité d’une évaluation fréquente de l’efficacité et de la pertinence
du système d’information.
Le principal enjeu est la croissance de l’effort de pêche artisanale et la part importante que cette
activité représente dans les débarquements ; or, cette pêche artisanale, très dynamique et
attrayante, évolue dans un système de libre accès aux ressources maritimes et continentales. La
durabilité de la pêche et la viabilité des pêcheries imposent le contrôle de l’accès à la ressource
pour la pêche artisanale.
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Par conséquent, les droits d’accès à la ressource maritime et continentale (licence, permis,
concession) seront généralisés à l’ensemble des types d’exploitation (pêche artisanale, pêche
industrielle, pêche sportive).
L’option d’une vente aux enchères publiques des licences de pêche est une voie de rupture
intéressante à explorer. Elle doit cependant faire l’objet d’un examen technique approfondi dans
le cadre de concertations avec tous les acteurs concernés.
Ce mode d’attribution pourrait reposer sur un cahier des charges approuvé de façon
consensuelle ; il devrait inclure des mécanismes et des procédures de présélection des candidats
éligibles, de même que des mécanismes d’exclusion des prête-noms et des spéculateurs.
La priorité devra être accordée aux entreprises sénégalaises ayant déjà investi dans des
infrastructures à terre et aux pêcheurs locaux.
D’autres modes de transfert des droits de pêche seront également analysés dans le cadre du
système d’aménagement à mettre en place.
Quel que soit le mode d’attribution retenu, la licence (ou permis) de pêche
devra être perçue comme un investissement donnant à l’armateur des droits et
des obligations ; en contrepartie, l’Etat devra créer les conditions d’une
rentabilisation de cet investissement, notamment en termes de régulation de
l’accès à la ressource.
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Durant la phase de transition nécessaire à l’étude et à la mise en place du nouveau système de
concession des droits de pêche, les procédures, les critères et les décisions d’octroi des licences
de pêche industrielle, devront être transparents, cohérents avec l’état d’exploitation des
ressources halieutiques et fondés sur les avis techniques de la commission d’attribution des
licences de pêche.
Les permis de pêche seront attribués à titre individuel et gérés au niveau local. Ceci peut se
réaliser dans le cadre de concessions collectives et territorialisées. La vente aux enchères ne
concerne pas le permis de pêche artisanale.
Durant cette période de gel, plusieurs actions devant contribuer à une meilleure
définition des modes de concession des droits de pêche seront menées :
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L’audit préalable de la jauge des navires, permettra de re-mesurer ce paramètre qui sert au
paiement de la licence et à l’allocation des zones de pêche. Il serait également utile de disposer
des autres paramètres techniques pertinents tels que la puissance de traction à un point fixe.
L’audit technique, et en particulier le re-jaugeage, sera étendu aux navires ressortissant de pays
ayant adhéré avec le Sénégal à certaines conventions internationales.
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§ Elaboration d’un protocole entre la recherche et les industriels permettant d’embarquer des
chercheurs à bord des chalutiers pour approfondir les connaissances sur la ressource.
L’objectif est de mieux appréhender le potentiel de navires à admettre dans la pêcherie
démersale côtière.
- Réviser et appliquer les règles réprimant les pratiques de prête-nom pour les pavillons
sénégalais et celles relatives à la jauge des navires ;
- Réviser et appliquer les règles et principes relatifs à l’affrètement des navires de pêche.
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- Le moratoire accordé pour le p aiement des redevances des licences de pêche, autre faveur
accordée aux professionnels, apparaît également contraire au principe qui devra fonder la
concession à l’industrie de droits de pêche pour l’accès à la ressource.
Actions à mener :
- Application des règles concernant les engins et pratiques de pêche prohibés (pêche à la
dynamite, maillage non réglementaire, tailles minimales marchandes, etc.).
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Un système de tarification du volume global, basé sur un prix moyen ‘toutes espèces
confondues’, pourrait rendre inutiles les fausses déclarations et assurer le même niveau de
recettes.
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§ Contrôle par les coûts de production : système de taxes et détaxes sur
les navires et/ou les produits
Ces mesures sont des leviers économiques efficaces pour la régulation des capacités de pêche et
de production ou pour le redéploiement d’une surcapacité de pêche vers l’exploitation d’espèces
moins menacées.
Elles permettent ainsi de modifier la structure de la flotte et l’allocation des capacités de pêche en
fonction des ressources exploitées.
Une adaptation de l’environnement législatif et réglementaire est indispensable pour que le
Ministère de la Pêche et des Transports Maritimes ait la souplesse administrative requise dans la
commande de ces leviers de gestion dans le cadre du système d’aménagement à mettre en place.
Actions à mener :
- Mise en place d’une stratégie de gestion des ressources humaines du CRODT (statut,
rémunérations, évolution des carrières) lui permettant de disposer, en permanence, du
personnel indispensable à la bonne réalisation de ses missions ;
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- Exploitation des résultats de la recherche déjà disponibles en les réorganisant en fonction des
besoins identifiés dans le cadre du système d’aménagement ;
- Révision des programmes et activités de recherche en fonction des besoins identifiés dans le
cadre du système d’aménagement et avec l’implication des professionnels.
La prise décision, en termes de mesures économiques pour l’aménagement, repose sur le suivi
économique des pêcheries (unités, filières, acteurs) et la sociologie des acteurs. Ce suivi permet
en outre de comprendre les stratégies déployées par les acteurs et leur logique d’exploitation.
- Mise en place de mesures de nature à dissuader les pêcheurs sénégalais à fréquenter la ZEE
des pays voisins sans autorisation.
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§ Audit du programme des observateurs
Le rôle des observateurs est controversé : les positions à ce sujet vont de la généralisation de
leur embarquement à la suppression de leur utilisation. D’une manière générale, les autorités
chargées de l’aménagement les considèrent comme des auxiliaires précieux, voire
irremplaçables, de la surveillance. Leur rôle est reconnu important sur les bateaux de l’Union
Européenne et l’extension de leur embarquement est envisagée à tous les bateaux nationaux.
Cependant, les armateurs industriels mettent en avant de graves dysfonctionnements qui, selon
eux, remettent actuellement en cause la pertinence de leur embarquement : faible fiabilité des
informations fournies, probité douteuse de certains observateurs, désorganisation du travail à
bord du fait de l’absence du marin dont l’observateur prend la place.
- Dans l’attente des conclusions de l’audit, l’embarquement d’observateurs sera étendu aux
navires battant pavillon sénégalais, et en priorité à ceux ayant déjà commis des délits de
pêche et arraisonnés, lorsque des doutes existent sur leurs pratiques de pêche en mer
(débarquement de fritures, par exemple) ou lorsque le navire a une jauge supérieure à un
seuil à fixer.
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§ Etude et mise en place du système d’aménagement des pêcheries
sénégalaises
Ce plan vise également l’adoption des principes de concessions aux acteurs publics et privés par
une approche technique concertée.
La mise en œuvre du plan d’action sera pilotée par un comité technique multidisciplinaire dans le
cadre d’une démarche participative. Le résultat attendu est un système finalisé de d’élaboration
et de gestion des plans d’aménagement des pêcheries sénégalaises.
Dans le cadre d’une gestion participative, il conviendra de mieux valoriser les systèmes
coutumiers et traditionnels de réglementation des pêches et des milieux aquatiques, en particulier
dans les pêcheries artisanales.
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Malgré les évolutions socioculturelles en cours dans le système d’exploitation, les pêcheurs
savent encore s’imposer des règles collectives qui concourent à la gestion durable de la
ressource (interdiction des rejets de poisson et du filet tournant maillant dans les bolongs de la
région de Fatick, limitation des sorties à la senne tournante et des débarquements de certaines
espèces à Kayar, etc.).
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La préservation des écosystèmes, facteur déterminant de la durabilité de la pêche, doit prendre
en compte, dans les zones côtières, toutes les activités économiques qui s’y développent : le
tourisme, les industries (agro-alimentaires, textiles, pétrolières), l’agriculture et l’aquaculture.
Actions à mener :
Ces initiatives visent la protection des écosystèmes aquatiques ainsi qu’une meilleure
intégration des pêches et de l’aquaculture dans l’aménagement des zones côtières.
Ces programmes prendront notamment en charge les questions liées à l’allocation de l’espace
littoral (réserves foncières,...) et la protection des infrastructures de pêche (érosion littorale).
Actions à mener :
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La mise en place des conseils locaux, comme outils de concertations au niveau local, une fois
leurs attributions réadaptées, peut être perçue comme un moyen de contribuer à la gestion
durable de la pêche, à l’attribution des droits de pêche, à la gestion des conflits, au contrôle des
activités de pêche et à la surveillance des zones de pêche locale. Ces conseils peuvent constituer
les relais, au niveau local, du Conseil National Consultatif des Pêches Maritimes dont les
attributions pourraient être étendues à la pêche continentale et à l’aquaculture.
En ce qui concerne la gestion des conflits, les principes, recommandations et actions sont :
- renforcer le rôle de facilitateur que l'Etat peut assumer pour le règlement des conflits ; à ce
sujet, la mise en place des conseils locaux contribuerait à mieux gérer les conflits ;
- mettre à profit l'expérience des structures traditionnelles de gestion des conflits (comités des
sages) ;
- comprendre les déterminants des conflits : le rôle de la recherche est important dans cette
compréhension ;
Cependant, les niveaux de création de ces conseils locaux seront analysés. Il conviendra
également de conférer à ces Conseils suffisamment d’autorité et de responsabilités .
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marin, l’aménagement de récifs artificiels et d’aires marines protégées dans les zones les plus
appropriées. Lutter contre la pollution et toutes les formes de dégradation des milieux côtiers
apparaît également prioritaire.
Les objectifs poursuivis en matière de récifs artificiels peuvent être différents selon les acteurs
(pêcheurs artisans, pêcheurs sportifs, administration) : augmentation de la productivité,
assurance de trouver du poisson, protection de zones contre le chalutage, préservation de la
ressource, etc. L’intégration des récifs artificiels dans le système d’aménagement, en tant
qu’instruments auxquels on assigne des objectifs clairs, permet d’éviter d’en faire des outils de
surexploitation des ressources halieutiques. Leur effet de concentration des poissons est
systématique sur certains fonds ; par contre, l’effet d’augmentation de la biomasse des
ressources est incertain et aléatoire.
C’est en gardant ces aspects à l’esprit qu’il faudrait examiner la demande de pêcheurs relative à
l’immersion de récifs au large de Saint-Louis dans l’objectif d’empêcher le chalutage dans la
zone réservée à la pêche artisanale.
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§ Création d’aires marines protégées
Identifier, dans le cadre d’une recherche participative, des zones sensibles, critiques ou à forte
productivité biologique dans le but de les protéger de manière permanente contre toute activité
d’exploitation.
- Faire l’inventaire de tous les effluents rejetés en mer et généraliser leur traitement avant
rejet ;
- Application de la réglementation existante en la matière, en particulier les conventions
internationales ratifiées par le Sénégal ;
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COMPOSANTE 1. 3: Restaurer le patrimoine halieutique
national dégradé
§ Mise à jour et synthèse des connaissances scientifiques disponibles pour les besoins
de la planification et de l’aménagement des pêches.
§ Mise en œuvre d’une meilleure gestion de l’accès à ces zones (frayères, nourriceries, etc) ;
§ Mise en œuvre d’une surveillance de proximité des navires et d’un système de contrôle
régulier des engins de pêche et de leur capture.
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COMPOSANTE 1.4: Renforcer les capacités techniques et
managériales des administrations et des
organisations professionnelles de la pêche
et de l’aquaculture.
La question est moins une mise en place de structures nouvelles que le renforcement de
l’existant et la création de passerelles entre différentes structures de formation existantes ou en
cours de création.
Actions à mener :
- Adapter les programmes de formation aux besoins des employeurs potentiels (Etat,
professionnels, etc.) ;
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- Renforcer et moderniser les équipements pédagogiques ;
Il s’agira notamment :
- de définir le profil terminal des sortants de ces écoles à partir de l’attente des futurs
utilisateurs ;
- de réviser les programmes d’enseignements de ces écoles afin de les adapter aux besoins du
secteur ; pour la filière de la conserve, par exemple, les besoins spécifiques et urgents
concernent la formation de spécialistes en gestion technique des équipements (autoclaves,
sertisseuses, chaudières, etc.) ;
- de faire participer les professionnels au Conseil pédagogique de ces écoles ;
- d’améliorer l'outil pédagogique et le niveau de formation du personnel enseignant. Un
volume important d’heures de vacation devra être réservé aux professionnels.
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Activité 1 . 4 . 2 . Mise en place d’une structure de formation de cadres
supérieurs des pêches et de l’aquaculture
- Soumettre aux autorités un projet de création d’un Institut Supérieur des Pêches et de
l’Aquaculture, en relation avec les autorités universitaires, les bailleurs de fonds et les
instituts similaires dans les pays étrangers. Cet institut, qui pourrait à terme avoir une
vocation sous régionale, aura un double objectif : la formation des cadres supérieurs
sénégalais dans les domaines des pêches et de l’aquaculture par un enseignement
professionnalisé de haut niveau, et une recherche scientifique et technique appliquée.
Le projet pourrait passer par la création d’un institut de Faculté évoluant en Institut
d’Université.
Il est apparu urgent de créer une structure chargée de la formation, rattachée, au moins
provisoirement, au Cabinet du Ministre de la Pêche. Elle sera chargée d’élaborer et de mettre en
œuvre une véritable politique de formation et de perfectionnement dans le cadre d’un plan à
court et moyen terme. Cette politique devrait prendre en compte la dynamique de normalisation
internationale en matière de formation.
Ce service prendra en charge uniquement la gestion administrative de la formation, les
formateurs étant des personnes ressources ou des institutions extérieures à la structure.
Actions à mener :
§ Définition des objectifs et de la mission de la structure de formation ;
§ Inventaire des besoins en formation du personnel de l’administration; il s’agira, à partir des
documents de politique sectorielle, de décrire les profils appropriés pour manager dans
toutes ses dimensions le projet de développement de la pêche et de l’aquaculture ; une
évaluation des ressources humaines disponibles permettra alors d’identifier et de formuler
les besoins planifiés en formation et/ou recrutement.
§ Evaluation des moyens à mobiliser pour réaliser ces objectifs ;
§ Formation d’un formateur manager de la structure.
41
Activité 1 . 4 . 4 : Etude, conception et mise en œuvre d’un programme
pluriannuel de formation permanente
Actions à mener :
§ Initier des programmes de mise à niveau des connaissances dans des domaines techniques
indispensables au développement du secteur de la pêche et de l’aquaculture.
§ Elaboration d'un programme global de formation annuelle incluant :
- des séminaires ;
- des voyages d'études ;
- des conférences ;
- des rencontres sous forme d'ateliers, etc.
Certains besoins en formation se posent de manière très ponctuelle, comme par exemple
l’utilisation d’une technologie ou la maîtrise d’un procédé. L’exemple de l'utilisation de l'Actelic
50 pour la conservation des produits de la transformation artisanale peut être cité. Cet additif est
autorisé par la FAO, à des concentrations de 10 mg/kg de produit. Or, ce dosage n'est pas
respecté du fait d’une absence de formation chez les femmes transformatrices. Il en résulte un
problème de santé publique. Faut-il alors interdire ce produit ou former les transformatrices à
son utilisation ?
42
Une formation ‘diplômante’ de très courte durée, dispensée par des spécialistes à quelques
transformatrices, identifiées comme formatrices, permettrait de diffuser la technologie dans de
meilleures conditions d’utilisation.
Ces programmes peuvent couvrir des domaines tels que la gestion, la mutualisation, les
techniques de conservation, de conditionnement et de contrôle de qualité.
Actions à mener :
Le statut actuel des agents des pêches ne tient aucunement compte des spécificités de leur
activité, en particulier au niveau des horaires de travail et des risques encourus lors des
déplacements en mer. De plus, les agents des pêches souffrent d’un problème lancinant de
reclassement et de progression des carrières, qui s’opèrent dans des conditions très
insatisfaisantes.
43
Actions à mener :
44
CHAPITRE II
45
COMPOSANTE 2.1: Développer l’aquaculture vivrière dans les
Zones à fort potentiel aquacole.
L’aquaculture villageoise se pratique déjà dans les régions de Saint Louis (Richard Toll), de
Ziguinchor et au Sine Saloum (Sokone, Fatick).
Actions à mener :
− Création de fermes pilotes, pour un encadrement de proximité. Ces fermes seront mises en
place et équipées par l'Etat ;
− Initiation d’une aquaculture de repeuplement des mares, des vallées et des marigots remis en
eaux. Une telle option pourrait être intensifiée dans le cadre du projet ‘Réseau
hydrographique national’ du gouvernement.
− Initiation d’une aquaculture de repeuplement des lacs, des rivières et des fleuves, avec des
espèces locales disparues.
Ces actions nécessitent au préalable l’identification des zones à fort potentiel aquacole.
− Nécessité de développer des activités de recherche dans les domaines de la bio- écologie des
espèces et de la physico - chimie des eaux, en renforçant les moyens alloués à la
Recherche ;
− Restitution des résultats de recherche disponibles aux producteurs.
46
§ Création et protection des réserves de pêche continentale et des zones de
frayères
Cette activité est du ressort de la recherche qui doit impliquer tous les partenaires :
− ISRA / CRODT
− Universités (UCAD, USL) : Faculté des Sciences, Département de Géographie ;
− IFAN
− ONG
− IRD (ex-ORSTOM)
Cette importante étude sera du ressort des équipes de recherche qui vont mettre la priorité sur les
zones d'action en fonction des besoins exprimés.
- Nécessité d'une intervention de l'Etat en tenant compte des spécificités locales (Arrêtés, …
);
- Renforcement des pouvoirs des conseils locaux dans le contrôle et la surveillance des pêches
continentales .
Il sera mis en place un système de régulation de l'accès à la ressource en instaurant des droits de
pêche (permis de pêche continentale).
47
ACTIVITE 2 . 2 . 2 . - Minimiser les pertes post captures
Les pertes post capture sont essentiellement liées à l’insuffisance des infrastructures de
conservation du poisson frais et à l’enclavement des zones de débarquement et des quais de
pêche.
Actions à mener :
48
ACTIVITE 2 . 2 . 3 : – Amélioration de l’état du parc piroguier et du
matériel de pêche continentale
Les solutions préconisées face à la vétusté du matériel de pêche sont les suivantes :
§ Renouveler, après la phase de gel de l’effort de pêche, le parc piroguier par l'octroi de
quotas de troncs d'arbre pour la fabrication de pirogues ;
§ Supprimer les taxes sur le matériel de pêche (filets, moteurs et accessoires ) ;
§ Faciliter l'accès aux pièces de rechanges des moteurs.
49
COMPOSANTE 2. 3: Favoriser le débarquement des
produits halieutiques sur le
territoire national.
Action à mener :
- Prendre des mesures incitatives en faveur des navires glaciers, en régulant la composition de
la flotte de pêche par les taxes, les redevances et l’allocation des zones de pêche ;
- Définir la structure ainsi que les conditions d’une exploitation rentable des flottes glacières et
congélatrices sénégalaises dans le cadre des plans d’aménagement ;
Pour les industriels, les unités congélatrices qui contribuent à l’approvisionnement du marché
national et des usines, plus que les glaciers, doivent aussi bénéficier de privilèges en matière de
droits de pêche.
Certains armements thoniers débarquent du thon pour le réexporter en l’état vers les marchés
européens, alors que l’approvisionnement de l’industrie locale demeure insuffisant. L’Etat
devra encourager, par différents moyens à définir, le débarquement du thon au profit des
conserveries locales.
50
L’Etat prendra, conséquemment, des mesures appropriées pour réglementer les transbordements
destinés à la réexportation du thon entier, sans enfreindre les principes et règles en matière
commerciale.
Par ailleurs, dans le cadre de l’Accord de pêche entre le Sénégal et la Communauté Européenne,
la révision des quotas de débarquements de thon exigés aux navires européens (16 000 t par an)
est vivement souhaitée par les professionnels .
L’instauration d’un mode de paiement à la tache pour les dockers, reconnue comme pouvant
inciter les navires étrangers à débarquer à Dakar, voire en faire un port d’attache, demeure une
attente majeure des professionnels de la pêche. Des discussions seraient en cours avec les
syndicats des travailleurs.
51
ACTIVITE 2 . 3 . 4 . Gérer de manière rationnelle les stocks de petits
pélagiques (sardinelles, chinchards, maquereaux, ...).
Actions à mener :
- Dans l'exploitation des petits pélagiques côtiers, et dans la perspective d'une satisfaction de
la demande des populations en poisson, il conviendra d’éviter la compétition entre la pêche
industrielle et la pêche artisanale au détriment de cette dernière ;
- Restriction de l’octroi de licences de pêche industrielle pour ces espèces, en particulier pour
les chalutiers congélateurs et les navires-usines ;
- Régulation de l’utilisation des sennes tournantes par la pêche artisanale, notamment sur la
Petite Côte ;
52
Pour réduire les pratiques frauduleuses liées à la procédure de sénégalisation, les actions
suivantes sont nécessaires :
- la vérification de l’authenticité des pavillons sénégalais ;
- l’exigence de la promesse de licence et du certificat de radiation pour l’octroi du pavillon ;
- la révision du délai de radiation ;
- le contrôle du rapatriement des fonds par les autorités douanières ;
- l’exigence à la fois du pavillon et d’une licence sénégalaise en cours de validité pour l’octroi
de l’agrément national à l’exportation aux navires de pêche.
53
CHAPITRE III
54
COMPOSANTE 3. 1: Aménager des infrastructures
multi-fonctionnelles.
L'amélioration des conditions de travail dans le secteur de la pêche repose sur l’existence
d'infrastructures de débarquement et d'ateliers de transformation artisanale adéquats.
L’intensification, de manière cohérente, de la politique d'implantation d'infrastructures de
débarquement et de transformation artisanale est indispensable à l’amélioration du niveau de
qualité des produits débarqués.
Actions à mener :
- Faire en sorte que la signature des actes de concession entre les collectivités locales et les
G.I.E. de l'interprofession de la pêche artisanale, relative à la gestion des ouvrages réalisés
ou en cours de réalisation, se fasse au profit des acteurs de la pêche artisanale ;
- Uniformiser les actes de concession et les méthodes de gestion des quais de débarquement et
la formation des usagers des quais ;
- Rendre obligatoire le débarquement des captures au niveau des quais aménagés lorsque de
telles infrastructures sont réalisées ;
- Décongestionner certains sites de pêche engorgés ( Kayar, Joal, Hann, etc.) pour
promouvoir la pêche dans d'autres centres plus extensibles (Mboro, Pointe Sarène, etc.).
Ces derniers devront disposer de tout l'équipement nécessaire pour fixer les pêcheurs (eau,
électricité, dépôt de glace, carburant sous douane, cases de santé , aires de débarquement et
de transformation ) ;
- Mener une étude visant une identification des réserves foncières en vue des dispositions à
mettre en œuvre pour leur sauvegarde ;
55
- Prévoir dans les grands centres de production l’implantation de centres de formation et
d’alphabétisation des professionnels de la pêche ainsi que des cases de santé.
Actions à mener:
- Mettre à disposition des gilets de sauvetage adaptés aux tailles et aux conditions de travail
des pêcheurs artisanaux sénégalais ;
- Poursuivre les actions de sensibilisation sur la sécurité en mer (gilets de sauvetage, matériel
de sécurité, matériel de signalisation, etc.);
- Exonérer tout le matériel de sécurité ainsi que celui utilisé pour la navigation et la
communication ;
- prendre des mesures visant à interdire l'emploi de ‘pêcheurs’ ne sachant pas nager ; pour
cela, instaurer une carte professionnelle de pêcheur ;
- former les pêcheurs sur les notions clefs de base (premiers soins infirmiers, secourisme,
normes de sécurité et maintenance préventive) ;
1) - Définir tous les composants devant entrer dans une caisse de sécurité et de survie
‘normalisée’ avec les spécialistes de la Marine Nationale; élaborer un Manuel d’utilisation ;
2) - Définir des modules de formation en sécurité destinés aux équipages des pirogues ;
57
COMPOSANTE 3. 3: Améliorer l’approvisionnement du
marché en équipements et matériels de
production (moteurs, pirogues, etc.).
§ Concernant l'équipement du secteur de la pêche, un accent particulier doit être mis sur:
- la mise en place d'une centrale d'achat ;
- la substitution progressive des pirogues en bois par des pirogues en fibre de verre (ou par
un autre matériau de substitution) notamment pour la « pêche glacière » ;
- l'exonération totale du matériel de pêche et de mareyage ;
- le développement de PME/PMI en vue de la production locale du petit matériel de pêche et
de mareyage (hameçons, flotteurs, bacs à poisson, etc.).
L’assurance doit être perçue comme une forme de partenariat avec les professionnels et non
pas seulement comme un moyen de réparation des préjudices.
Actions à mener :
58
COMPOSANTE 3. 4: Renforcer les capacités techniques et
organisationnelles des pêcheurs,
mareyeurs et transformatrices.
La formation peut et doit jouer un rôle important dans les activités quotidiennes des acteurs de la
pêche artisanale, et en particulier les pêcheurs.
- l'équipement, par l'Etat, de certains locaux dits « maison des pêcheurs » en matériel
de sécurité indispensable à bord des pirogues, ceci pour une sensibilisation permanente des
pêcheurs ;
59
- la formation en série d'un grand nombre de femmes aux techniques améliorées de
transformation, de conservation et d'hygiène, à certaines notions de marketing et de gestion
(épargne et crédit ) ;
- la formation des mareyeurs sur les principes de qualité, et de manière spécifique sur
l'hygiène et la salubrité, notamment pendant le transport et la manutention du poisson.
Ces programmes de formations ne peuvent être efficaces que si les véritables acteurs
manifestent une réelle volonté d'acquérir de nouvelles connaissances.
- l’élaboration d’un programme d’initiation des pêcheurs artisans aux techniques modernes de
navigation, comme l'utilisation du GPS et des autres matériels de communication et de
navigation.
Pour tenir compte de l’âge et de l’expérience des pêcheurs dans les questions de sécurité, une
catégorisation des pirogues suivie d’une réglementation de la conduite de chaque catégorie par
un type de permis, fera l’objet d’une étude spécifique en rapport avec les structures
compétentes.
60
A titre d'exemple :
- permis A : de 0 à 6 nautiques ;
- permis B : de 6 à 12 nautiques ;
- permis C : au-delà de la mer territoriale .
Il conviendra de définir la limite supérieure au-delà de laquelle les pirogues ne pourront pas
accéder.
61
CHAPITRE IV
62
Les exportations sénégalaises de produits halieutiques sont composées pour près de 75% de
produits entiers congelés, donc de produits bruts sans réelle valeur ajoutée. Une tendance
positive observée en matière d’exportation est l’accroissement en volume des produits frais,
entiers ou élaborés, qui ont un niveau élevé de rémunération.
La surgélation, le filetage, la cuisson des crustacés, la mise en conserves, sont les
transformations les plus élaborées usuellement pratiquées par les industriels. Les
transformations artisanales traditionnelles les importantes en tonnages concernent les poissons
« petits pélagiques côtiers » séchés, salés et fumés.
Par ailleurs, la production destinée à la transformation artisanale ou industrielle, subit en amont
des pertes non négligeables, traduisant un gaspillage important en mer et à terre des produits
halieutiques disponibles.
Seule une politique d’accroissement de la valeur ajoutée, peut atténuer ou compenser la
diminution des flux de devises consécutifs à terme de la diminution de la ressource.
Les grandes lignes de cette politique reposent sur la promotion d’une gamme de mesures qui,
directement ou indirectement, contribueront à diminuer les pertes post capture, à accroître l’offre
en produits (sans augmenter les moyens de capture) et à augmenter en volume et en qualité le
niveau de d’élaboration des produits exportés en vue notamment d’augmenter leur valeur
ajoutée.
D’autres mesures contribuant à réorienter ces produits sur les marchés les plus porteurs seront
mises en œuvre.
Compte tenu du lien direct qui existe entre l’amélioration des équipements et la qualité des
produits, l’ensemble de ces mesures seront mises en œuvre parallèlement à la mise en place
d’infrastructures et d’équipements. Des mesures d’accompagnement seront nécessaires,
notamment en ce qui concerne la mise aux normes des flottes et des entreprises.
63
COMPOSANTE 4 : Valoriser la production halieutique
Actions à mener :
- Promouvoir les échanges dans le domaine du mareyage, entre le Sénégal et les pays voisins,
en créant les conditions favorisant l’achat de produits halieutiques par les opérateurs
économiques sénégalais dans les mêmes conditions que les opérateurs nationaux de ces
pays au Sénégal ;
- Anticiper, dans une démarche prospective, sur les opportunités d’échanges avec la
Mauritanie, les pays du Maghreb et l’Europe que l’autoroute du Nord (Maroc-Sénégal)
pourrait offrir, notamment dans les domaines du mareyage et de l’exportation.
Ce type d’aquaculture n’existe aujourd’hui qu’à l’état de projets privés encore embryonnaires en
raison notamment de l’absence de politiques d’encadrement et des coûts élevés des
investissements requis.
Actions à mener :
64
- Mise en place d'un cadre juridique et réglementaire incitatif pour les opérateurs privés ;
- Faciliter aux privés l'accès au financement avec possibilité de subvention ;
- Mettre à profit les expériences des autres pays en matière d'aquaculture de rente ;
- Former des cadres de haut niveau en aquaculture.
Actions à mener :
65
- De même, les effets biologiques et socio-économiques des mesures de gestion appliquées ou
préconisées dans les systèmes d’exploitation halieutique seront systématiquement évalués.
- Utiliser les organisations professionnelles comme relais de sensibilisation et de vulgarisation
des engins sélectifs.
Actions d’accompagnement :
- Promouvoir la pêche responsable ;
- Mettre en place un système de contrôle permanent des débarquements ;
- Assurer la protection des nourriceries et frayères (repos biologique, aires protégées, récifs
artificiels) ;
- Réglementer la pêche à l’épave flottante, notamment dans les pêcheries thonières.
La priorité sera accordée à la réduction des pertes post-capture parfois très importantes à
certaines périodes de pêche abondante, notamment de petits pélagiques côtiers (sardinelles en
particulier).
Actions à mener :
66
ACTIVITE 4 , 1 , 5 : – Faciliter le transport des zones de débarquement vers les
zones de conservation et de commercialisation.
Actions à mener :
- Inventorier les routes et pistes de production fréquentées par les acteurs de la pêche, en vue
de leur réhabilitation ; les routes de Fass-Boye, Lompoul, Djifère-Joal, Sendou-Bargny ont
été citées en exemples ;
La ‘sous-traitance de l’agrément’ est reconnue comme étant un risque pour le label Sénégal ;
outre la concurrence déloyale, la non création d’emplois à terre et la précarisation des entreprises
concernées, le rapatriement des devises n’est pas assuré. L'administration devra trouver les
voies et moyens de lutter contre le fléau de la sous traitance, avec la participation et l'appui des
professionnels ; pour cela, il est retenu entre autres de se servir des instruments suivants :
révision de la réglementation, exigence du quitus fiscal et du quitus de la sécurité sociale,
contrôle au niveau de la Direction des Douanes, de la Direction de la Monnaie et du Crédit ainsi
que la BDEAO Sénégal pour s'assurer du rapatriement des devises.
En ce qui concerne la ‘sous-traitance de production’, il a été retenu de mieux l'encadrer
par l’administration en coopération avec les professionnels .
67
Etudier avec les professionnels, artisans et industriels, l’opportunité et la pertinence
d’une deuxième phase du projet de restructuration de la pêche industrielle (volet mise aux
normes), notamment par rapport aux conditions liées à son mode de financement.
68
L'aptitude à l'exercice de la profession, selon des critères d’appréciation à définir, pourrait
être un préalable à l’exercice des métiers.
- Les conditions de salubrité et d’hygiène ainsi que l’état des infrastructures disponibles au
niveau du marché Central au poisson de Dakar doivent être maintenues pour un bon
exercice des métiers de mareyeurs.
- Il est également apparu important de placer cet outil sous la tutelle du Ministère de la Pêche
et des Transports Maritimes avec un statut juridique précis.
Définition par les professionnels d’une stratégie commerciale cohérente dans le cadre d’un
programme de promotion que l’Etat appuiera au niveau de ses représentations diplomatiques.
Actions à mener :
- Mise en place d’un cadre réglementaire prenant en compte l’aménagement et la mise en place
d’installations dans les centres de transformation artisanale ;
69
ACTIVITE 4 , 1 , 8 . – Augmenter le pourcentage de produits vendus frais à
l’exportation.
Accélérer la mise en place à l'aéroport L.S.S, d’une gare de fret, en raison des
désagréments consécutifs aux attentes souvent prolongées.
- Rechercher des solutions de nature à maîtriser durablement le coût du fret maritime et aérien
à des niveaux pouvant améliorer significativement la compétitivité de nos produits
halieutiques et aquacoles sur les marchés extérieurs.
- Dans le court terme, poursuivre les actions engagées par les professionnels, le Ministère de
la Pêche et des Transports Maritimes et les compagnies aériennes, en collaboration avec
d’autres opérateurs économiques (horticulteurs, etc).
70
ACTIVITE 4 , 1 , 9 . – Promouvoir la recherche et le développement de produits à
plus forte valeur ajoutée.
L’Etat donnera son appui à toute initiative privée allant dans le sens de programmes de
valorisation locale des pélagiques en produits nouveaux (pâté, surimi, filets, etc).
En appui aux initiatives privées, l’Etat favorisera les activités de recherche-développement sur
les produits élaborés au niveau de ses structures compétentes (Institut de Technologie
Alimentaire, Institut Sénégalais de Normalisation, Technopole, etc.).
71
CHAPITRE V
72
COMPOSANTE 5. 1: Développer un système durable
de financement de la pêche
artisanale maritime et continentale.
Le projet de mise en place de la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS) d'un
réseau de mutuelles d'épargnes et de crédits ne rencontre pas l’agrément des organisations
professionnelles de la pêche maritime. Pour ces organisations, le Crédit Agricole n’a pas
vocation de s'impliquer directement dans la mise en place de telles Mutuelles .
Par contre, la collaboration entre les différentes Mutuelles est très souhaitable dans le secteur
puisque pouvant renforcer les possibilités de financement.
Les conditions ci-après ont été jugées nécessaires dans un système de financement durable :
- de courts délais de mobilisation des ressources ;
- une diversification de ces ressources ;
- une bonne articulation entre banques et systèmes de financement décentralisés (mutuelles).
73
Actions proposées :
- Mettre en place un fonds d'appui à la mutualisation ;
- Assurer la diligence, la rapidité, la souplesse et la transparence dans les mécanismes de
financement ;
- Adapter les conditions de crédit aux spécificités du secteur (taux d’intérêt, durée, différé,
apport, garantie, etc.) ;
- Démultiplier les caisses mutuelles d'épargne et de crédits sur les sites de pêche ;
- Favoriser l’épargne ;
- Garantir la sécurité du recouvrement :
- En formant les professionnels sur les notions de crédit et de fonds de roulement ;
- En faisant une évaluation rigoureuse du bien fondé économique des demandes de prêt ;
- En utilisant les mutuelles pour l’intermédiation financière ;
- En intégrer dans le protocole liant la CNCAS au Ministère de la Pêche et des Transports
Maritimes, la possibilité de motiver les Agents des Pêches en charge du crédit (assistance au
recouvrement, études des dossiers de prêt, participation aux réunions des comités de crédit,
etc.).
La pêche continentale est souvent considérée par les institutions de financement comme une
activité de subsistance, donc très peu rentable. Il s’y ajoute la vétusté des pirogues et le caractère
archaïque des techniques de pêche. L’accès des professionnels au crédit constitue l’une des
principales conditions de relance de ce sous secteur.
74
Les actions à mener concernent deux types de financements :
- Mise en place par l’Etat sénégalais d'un financement adapté, sous forme de ligne de crédit à
long terme ; Les ressources devront être recherchées au niveau de la contrepartie des
accords de pêche avec la Communauté Européenne ou des institutions bilatérales et
multilatérales (Banque Mondiale, AFD, etc.) aux conditions suivantes:
i) Un taux de crédit réduit, entre 8 et 9% avec bonification ;
ii) Un différé de 18 à 36 mois ;
iii) Un étalement des remboursements sur 8 à 15 ans.
- Cette ligne de crédit sera adossée à un Fonds de garantie à 50% mis en place par l'Etat
sénégalais et à un Fonds de bonification.
- Ce financement sera géré par un comité de pilotage (Etat, Banques et Professionnels) dans
le cadre d’un protocole signé sous le couvert de l'Etat.
- Les PME exportatrices de poisson frais et travaillant avec les banques classiques trouvent
élevé le taux d'intérêt de 13 - 16 % ; un taux préférentiel de 7 - 8 % est plus compatible avec
leur chiffre d’affaire.
- Des discussions seront ouvertes entre les banques ou les institutions spécialisées,
notamment la CNCAS et les organisations patronales. Cette formule sera basée sur le crédit
moral de ces organisations dans un système regroupant les banques, l'Etat et les privés. Les
lignes de crédit de ce système, estimées à 1,5 milliards de francs CFA, seront
mises en place par l'Etat.
- Afin d'éviter les contraintes des banques classiques, le mode de garantie sera basé
essentiellement sur le nantissement des outils et du matériel de travail et de la domiciliation des
factures d'exportation auprès de ces banques.
La mise en place d'un crédit mutuel pour la filière mareyage- exportation apparaît également
nécessaire.
75
L'Etat encouragera en outre les initiatives privées allant dans le sens d'une sécurisation des
exportations de poisson par le biais d'une assurance à l'exportation et d'un système
d'affacturage.
Pour la filière thonière, l'Etat devra appuyer la mise en place d’une Centrale d’achat destinée à
sécuriser l’approvisionnement des conserveries.
§ Financements publics
L’Etat mettra en place des fermes pilotes ainsi qu’un laboratoire d’appui scientifique et
technique.
L’Etat appuiera également les professionnels dans la mise en place des infrastructures
villageoises nécessaires au développement de l’aquaculture vivrière.
§ Financements privés
L’état devra faciliter aux professionnels l’accès au crédit pour développer aussi bien
l’aquaculture vivrière que celle de rente qui porte sur des espèces à forte valeur à l’exportation.
76
CHAPITRE VI
77
COMPOSANTE 6.1 : Développer, avec les pays voisins, la coopération en
matière de pêche maritime et d’aquaculture.
Le renforcement de la coopération bilatérale avec les pays voisins doit se traduire pour nos
pêcheurs artisans et industriels par l'accès aux pêcheries des pays voisins d'une part, et par la
création de joint-ventures avec les ressortissants de ces pays, d'autre part.
- Faire observer que les droits de pêche concédés profitent aux navires concernés et que
toutes les parties à l'accord prennent des mesures strictes en matière d'octroi de pavillon ;
78
- suggérer que les taux de redevances appliqués aux navires sénégalais soient les mêmes que
ceux imposés aux nationaux de l'autre Etat-partie à l'accord ;
- proposer l'allégement des conditions imposées aux navires sénégalais, notamment celles
concernant l'embarquement des marins et des observateurs, le débarquement des captures
ainsi que les conditions relatives aux visites techniques fréquentes ;
Il est à noter que même si le Sénégal est demandeur en droits de pêche, certains armateurs
ressortissants des pays voisins ont besoin du professionnalisme de la main d'oeuvre
sénégalaise. L’appui des pêcheurs artisanaux sénégalais dans l'acquisition d'équipements de
pêche pourrait se traduire par la réduction de la présence sénégalaise dans les eaux maritimes
des pays voisins et la levée de leur dépendance vis-à-vis des armateurs étrangers.
Parallèlement, il serait opportun de créer dans chaque pays limitrophe une structure bien
organisée (syndicat, fédération, …), regroupant tous les professionnels de la pêche, et qui soit
capable de défendre leurs intérêts afin d’appuyer voire de prendre le relais du gouvernement
dans la résolution des crises.
Lors des négociations des termes des accords de pêche avec les pays voisins, les préoccupations
de la pêche continentale devraient être également prises en charge.
Le Sénégal devrait également promouvoir la coopération "décentralisée" en identifiant des pistes
de collaboration entre professionnels de la sous-région.
79
2. Globaliser les négociations avec les pays voisins pour que la pêche tire une
contrepartie des avantages acquis par ces pays dans la coopération avec le
Sénégal dans d'autres secteurs
Principes de bases :
- La réciprocité des intérêts doit être mise en avant dans toute négociation avec les pays
voisins ;
- identifier des pistes de coopération entre les professionnels ressortissants des deux
Etats-parties à l'accord ;
80
- proposer éventuellement des compensations financières en contrepartie des
possibilités de pêche accordées ;
Au niveau interne, étant donné l’existence d’une surcapacité de pêche, le Sénégal devra définir
les critères d’éligibilité des unités de pêche pour l’accès aux quotas accordés par les pays voisins
dans le cadre d’accords ou de conventions.
Quelle que soit l’option stratégique retenue en matière de coopération bilatérale, l’implication de
la Commission Sous-régionale des Pêches (CSRP) dans le règlement des conflits inter-étatiques
devient une nécessité.
Dans ce cadre, la Commission Sous-Régionale des Pêches (CSRP) a tenté sans succès
d’organiser une rencontre entre organisations professionnelles de la sous-région en vue de
favoriser la création de joint-ventures. Le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD) est disposé à financer une telle table ronde.
Par ailleurs, les industriels sénégalais devraient explorer les possibilités d’acquisition de
« bateaux ramasseurs », afin de se substituer aux étrangers (Coréens, Espagnols,
81
Portugais, etc.) dans l’exploitation artisanale des zones de pêche du Golfe de Guinée. L’Etat
pourrait ainsi s’investir dans des mesures d’encouragement de l’activité.
§ saisir les autorités des Etats membres de l'UEMOA pour réduire au strict minimum
les tracasseries administratives dont sont victimes les professionnels au niveau des frontières
et pour la levée des barrages dressés sur les voies de communications terrestres.
82
Au niveau de l'Organisation Mondiale pour le Commerce (OMC): l'entrée en vigueur des
principes et règles de la libéralisation du commerce international pourrait se traduire par des
effets négatifs dans le secteur de la pêche, notamment au niveau des exportations.
§ Prendre des mesures internes dans les entreprises pour améliorer durablement leur
compétitivité (niveau endogène) ;
§ Prendre des mesures pour assainir l'environnement des entreprises et pour améliorer
de manière qualitative la compétitivité (niveau gouvernemental) ;
Les Etats membres de la CSRP, en tant que de besoin, devraient harmoniser leurs positions
dans les instances régionales et internationales de pêche.
83
COMPOSANTE 6.2: Développer une coopération
internationale durable et
avantageuse en matière de pêche.
Toutefois, une évaluation approfondie des accords de pêche avec la Communauté Européenne
apparaît comme un préalable indispensable au développement d’un partenariat avantageux et
durable.
84
Le Sénégal devrait également, dans le cadre de la Commission Sous-Régionale des Pêches
(CSRP), susciter l'adhésion de tous les Etats membres aux principes de négociations
coordonnées des accords de pêche.
85
COMPOSANTE 6.3 : Renforcer la coopération
internationale en matière
d’aquaculture
Au niveau sous régional et régional, il s’agit de promouvoir activement des collaborations avec
des pays comme la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali et les pays du Maghreb afin de
redynamiser la coopération et l’échange d’expérience.
86