Presses Universitaires de France
Presses Universitaires de France
Presses Universitaires de France
Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .
http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
.
JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of
content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms
of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.
Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Les
Études philosophiques.
http://www.jstor.org
I. - KANT ET HERDER
Herder (2) qui avait tout juste vingt ans de moins que Kant fut,
pendant les années 1762-1764, étudiant à Königsberg et Kant dont
il suivit les cours avec passion, lui témoigna beaucoup d'amitié (3).
Herder avait quitté Königsberg pour Riga depuis trois ans déjà
lorsque Kant lui écrivit pour le féliciterde ses succès littéraireset lui
Lettre de Kant
à FriedrichHeinrichJacobi (3).
30 août 1789.
Noble et très estimable Monsieur,
I^e cadeau que Monsieurle Comte de Windisch-Graetz(4) m'a destiné
avec ses écritsphilosophiquesest parvenu entremes mains grâce à votre
bienveillanteentremiseet grâce à la commandedu conseillercommercial
Fischer,commej'ai bien reçu égalementen son tempsla premiéřeédition
de l'Histoiremétaphysiquepar le libraireSixt.
Je vous prie d'assurerà l'occasion ce Monsieurde mes plus humbles
remerciements, mais aussi en mêmétempsde ma plus grandeestimepour
Lettrede FriedrichHeinrichJacobi
à I. Kant (i).
Pempelfort, le i6 novembre1789.
Vénérable Kant !
Depuis le jour où la joie de recevoirune lettrede vous m'a si biensurpris
et, selon une expressionde notre Hamann en une occasion semblable,
« m'a fait ressentirun petit étourdissement de jouissance qui ressemblait
à un vertige», - j'ai commencéà choisirou plutôt à compterles jours.
Il devait venir,ne venait pas, et - ne viendra pas, ce jour où je serais
capable de vous exprimerla joie que j'ai ressentie,de vous apporterles
remerciements que j'aimerais tant vous apporter.
J'ai parlé vous en public commede monmaître,commed'un homme
de
que déjà dans ma jeunesse j'admirais le cœur battant et devant lequel je
m'inclinemaintenantavec vénérationcommedevant un puissantconqué-
rant et un sage législateurdans l'empiredes sciences,à un momentet en
des circonstancesoù l'ombremême d'un soupçon de flatterieou de profit
ne pouvait tombersur moi à cause de ces propos.Vous mentionnezvous-
même, très vénérable Kant, votre article paru naguère dans la Revue
mensuellede Berlinsur l'orientation.Et vous le mentionnezd'une manière
qui nonseulementme faittairetouteplainte,mais encoreeffacetotalement
et pourtoujoursla plus légèrequi auraitpu encores'éleverdans moncœur.
Aucunde vos admirateursne peut,surles sentimentsde respectet d'amour
avec lesquels il vous rendhommage,poser un sceau qui serait plus solide
que le mien.
Quant à la belle louange que vous accordez au Comte de Windisch-
Graetz,je la lui ai tout de suite fait connaîtreparce que je savais combien
cela lui feraitplaisir. Mes relationsavec cet homme remarquablesont
encoretrèsrécentes.L'hiver dernier,il m'envoyases Objectionsaux sociétés
secrèteset son Discours, et il m'a attribuéune grandepartie de ce dernier,
à cause de mon article (sur) Quelquechoseque Lessing a dit (2) que lui
avait communiquéà Viennele ComteCarl von Siekingen,un ami commun.
A l'origine,le Discours a été écritseulementpour l'Empereuret lui a été
remis en manuscrit.Mais puisque la poursuitedes troubles en Brabant
démontraitqu'il était inutiledans les mainsde l'Empereur,l'auteurécrivit
à son ami couronnéqu'il trouvaitbon maintenantde publiercette disser-
tation. Il est pour l'instantsur ses propriétésde Bohême.Le lieu habituel
de son séjour depuis plusieursannées était à Bruxellesoù il avait épousé
en secondesnoces une princessed'Aremberg.Quelques jours après l'arrivée
de votre lettre,il m'a rendu visite, en voyage vers la Bohême. J'avais
reçu sa premièrevisite au mois de mai et il était alors resté jusqu'à mon
départ pour Pyrmont.Windisch-Graetzest tout à fait conscientde la
valeur du bon témoignagequ'un homme comme Kant lui a rendu et il
ne savait pas commentil pouvait me recommanderassez chaudement
de vous assureravec insistancede sa plus grande estimeet de sa totale
soumission.La seconde partie de son Histoiremétaphysique de l'âme était
(i) Kraus,Christian
Jacob,élève,puisamide Kant.Professeur
de philosophie
pratique
et d'économie à l'Université
politique de Königsberg
(1753-1807).