Revue Des Forces Aériennes (... ) Bd6t5381154b
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Revue
de
l’Armée
GAUTHIER-VILLARS, ÉDITEUR
65, Quai des Grands-Augustins, PARIS (6 e )
FRANCE
Le N°: 10 francs—Abonnement annuel : 100 francs
ETRANGER
Le N° : 20 francs—Abonnement annuel : 200 francs
REVUE DE L'ARMEE DE L'AIR
Secrétaire général : Pierre Léglise
D'août 1929 à décembre 1933, cette revue a paru sous le titre
REVUE DES FORCES AÉRIENNES
RÉDACTION
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=
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ADMINISTRATION
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Revue de l'Armée de l’Air
55, quai des Grands-Augustins, Paris (6°)
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%
Éditorial.
A propos d’un livre LXXXIV 723
Matériels modernes et limites humaines LXXXIV 725
Le Ministère de la Défense nationale LXXXV 843
Le survol des zones interdites LXXXVI 963
Le bombardement des services de l’arrière LXXXVII 1083
Problèmes d’aviation d’infanterie LXXXVIII 1203
Travaux historiques.
La guerre aéro-maritime dans les Flandres. Réca
pitulation, par le lieutenant de vaisseau
P. Barjot LXXXIV ;65
Notes et souvenirs sur la création de l’Aviation
militaire française, par le lieutenant-colonel
Bellenger LXXXIV 795
Emploi des ballons dans la défense aérienne, par
le commandant J. Lucas LXXXV 863
Notes et souvenirs sur la création de l’Aviation
militaire française, par le lieutenant-colonel
Bellenger LXXXV 917
Notes et souvenirs sur la création de l’Aviation
militaire française, par le lieutenant-colonel
Bellenger LXXXVI 1025
Notes et souvenirs sur la création de l’Aviation
militaire française, par le lieutenant-colonel
Bellenger LXXXVII 1162
Emploi de l’Aviation.
Tactique.
La fermeture de la chasse, par A. ODIER LXXXVI 96 5
Le bombardement en vol rasant, par l’ingénieur
en chef du Génie maritime C. ROUGERON LXXXVI 1007
La chasse reste ouverte plus que jamais, par L. G. LXXXVIII 1205
Études techniques.
Le tir par le travers à bord des avions rapides,
par P. de Valroger LXXXV 850
Problème de la supériorité balistique du tir en
retraite, par R. Garnier LXXXVI 971
Le vol aux instruments, par le général A. Crocco. LXXXVII 1085
Le navire porte-avions, par l’ingénieur en chef
du Génie maritime C. ROUGERON LXXXVII 1128
Vitesse et altitude en aviation, par L. Breguet . . LXXXVII 1147
Le sondage acoustique et les bruits des avions,
par G. Jacquet LXXXVIII 1237
Les projectiles du combat entre avions, par
l’ingénieur en chef de l’Aéronautique A. Bris
sot LXXXIX 1323
Sur le bombardement d’une cible mobile, par
le capitaine Davout d’Auerstaedt LXXXIX 1337
Divers.
Deux points de vue sur la politique industrielle
en aéronautique, par le capitaine de vaisseau
de réserve H. de l’Escaille LXXXIV 727
Paysages urbains, par le capitaine THOUMIN.... LXXXIV 335
À la conquête de la stratosphère, par Mlle Reysa
Bernson LXXXIV 773
À la conquête de la stratosphère, par Mile Reysa
Bernson : LXXXV 888
Considérations médicales sur le parachutisme,
par le médecin-commandantFlamme LXXXVI 977
Au sujet des méthodes modernes de prévisions
météorologiques, par le lieutenant-colonel de
réserve A. Verdurand LXXXVII 1105
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 3
Information générale. —
Évolution et emploi de l’Aéronautique.
Problèmes de manœuvre motorisée,. . par P. E. LXXXIV 803
Le budget de l’Air britannique LXXXIV 806
Témoignage d’un attaché américain sur la psy
chose de guerre LXXXV 925
Coordination des Départements de la Guerre, de
la Marine et de l’Air LXXXV 926
Nouvelles d’Italie LXXXV 928
Nouvelles de Grande-Bretagne, par P. E. LXXXV 929
Stratégie aérienne, par P. E. LXXXV 937
La mobilisation de l'Autriche-Hongrie en 1914 . • LXXXV 942
Le dépanneur d’hydravions, type Kervarrec,
parP. Ba. LXXXV 943
La bombe ailée Mae Millau, par P. Ba. LXXXV 943
Le navire porte-avions à plate-forme d’atter¬
rissage, parP. E. LXXXVI 1039
Augmentation des effectifs des pilotes de l’Air
Corps.................................... LXXXVI 1042
Les nouveaux chasseurs américains LXXXVI 1043
Essais de bombes éclairantes LXXVVI 1043
Le pilotage sans visibilité au moyen d’indicateurs
acoustiques de vitesse et de virage LXXXVI 1048
L’avion bombardement
de LXXXVI 1053
Matériels de défense contre avions LXXXVI 1056
Utilisation pratique du sextant à bulle dans la
navigation aérienne LXXXVI 1057
La guérilla aéro-maritime en Adriatique LXXXVI 1059
La conquête du Jehol, par P. E. LXXXVI 1061
Les destructions ferroviaires, par P. E. LXXXVII 1175
Le bruit des hélices bipales, par L. K. LXXXVII 1178
Politique de l’Aviation d’outre-mer,. . par P. E. LXXXVII 1184
L’interception des bombardiers LXXXVIII 1277
Quelques détails d’organisation des réseaux de
guet LXXXVIII 1278
11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111<111111<1111<111111111111111111111111111
4 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Essai d’une maquette d'aérodrome dans une
soufflerie LXXXVIII 1278
La route tactique et la liberté de manœuvre LXXXVIII 1280
L’attaque aérienne des voies ferrées LXXXVIII 1280
Influence de l’aviation sur le développement des
navires de guerre LXXXVIII 1281
Les batteries flottantes de D. C. A LXXXVIII 1282
Le nouveau tunnel à grande vitesse du N.A.C.A. LXXXVIII 1282
Extension du réseau de sondage par avions aux
États-Unis, parA. V. LXXXVIII 1283
Équipement de parachutes pour atterrissages
dans la jungle LXXXVIII 1283
Les débuts de l’Aviation militaire américaine,.
. .
LXXXVIII 1284
Les manœuvres aériennes britanniques de 1936,
parP. Ba. LXXXVIII 1284
Observation d’artillerie LXXXVIII 1285
L’Artillerie réclame des avions, par P. E. LXXXVIII 1285
Le motoballon LXXXVIII 1288
La législation allemande des brevets intéressant
la Défense nationale, par P. E. LXXXVIII 1288
L’Aéronautique maritime. L’accord Air-Marine
du 22 août 1986, par P. Ba. LXXXVIII 1290
Variation du point d’ébullition de l’oxygène
liquide aux grandes altitudes LXXXVIII 1292
Essai des mano-détendeurs pour bouteilles d’oxy
gène LXXXVIII 1293
Un exemple de guerre aéro-navale : la guerre
civile d’Espagne, parP. Ba. LXXXVIII 1294
À propos de la situation aéro-navale 1935 en
Méditerranée, par P. Ba. LXXXVIII 1296
Éclairage des escadres d’attaque et de bombar
dement LXXXIX 1401
Un exemple de navigation aérienne au long cours,
parA. V. LXXXIX 1403
Les dispositifs d’atterrissage en p. s. v. aux
États-Unis, par A. V. LXXXIX 1406
Sondeur à écho radioélectrique, par G. J. LXXXIX 1408
Influence du manque d’oxygène sur la limite
supérieure de l’audibilité, par le médecin-
commandant Flamme LXXXIX 1410
L’organisation des communications et ravitail
lements aux Armées LXXXIX 1416
La menace de l’agression rapide à l’égard de la
sécurité collective LXXXIX 1418
Un indicateur à rayons cathodiques pour le
guidage des avions, parA. V. LXXXIX 1423
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitini
II
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 5
Allemagne.
La valise d’instrument Schneider-Bosch, pour
ascensions en ballon libre LXXXVIII 1302
Brésil.
Appareils d’entraînement pour l’Aviation bré
silienne LXXXIX i433
États-Unis.
Le nouveau monoplace de chasse Chance-Voughi
V. i43 LXXXVIII 1304
Quelques avantages du moteur radial à deux
étoiles de cylindres décalées LXXXIX 1431
Les nouveaux Wright « Cyclone » G. 100 LXXXIX 1433
Grande-Bretagne-
Un «
commercial bomber » britannique LXXXVIII 1305
Italie.
Le trimoteur de bombardementPiaggio P. 16. . .
LXXXVIII 1309
Japon.
Quelques types récents d’appareils militaires
japonais LXXXVIII 1311
Pays-Bas.
Le monoplace de chasse Fokker D. 21 LXXXVIII 1307
IHIIIIII1»IIIIIIIIIIIIII1I11111IIIIIIIIII IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1II11IIIIIIIIIIIII1IHIIIIHIHI
6 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 7
Revue de l’Armée de 1’
l'Air, sur plaque
N 84 SOMMAIRE Juil
PREMIÈRE PARTIE
'lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
R. A. A. —
As
No 84.
wm
Librairie - Imprimerie
GAUTH IER-VILLARS
55,quai des G ds -Augustins, PARIS-V P
106230
Photographie de l’Armée de l'Air, sur plaque sensible aux radiations infrarouges.
PREMIÈRE PARTIE
Pages.
1.
— A propos d’un livre. II. — Matériels modernes et
limites
humaines,
par R. A. A 723, 725
Deux points de vue sur la politique industrielle en aéronautique,
par le Capitaine de vaisseau de réserve H. de l’ESCAILLE. . . 727
As wm
1
722 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
DEUXIÈME PARTIE
INFORMATION GÉNÉRALE
Problèmes de manœuvre motorisée par P. E. 803
BIBLIOGRAPHIE
Jahrbuch der Deutschen Luftwaffe. — Diritto marittimo di
guerra. — La préparation au B. A. P., au B. P. E. S. M., aux
brevets de spécialités. — Un homme volant : Jan Olieslagers.
Gaz de guerre et guerre de gaz. — Kleinkrieg 837
—
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIIIIIIIIIIIHIIHIIIHIIUIIIIIIIIIIIIIIHIIt
«uuuumunmuumunnununnnunnununnuuuuuununnunnununuuuuuouuumuuanuuuuuuuuazuunuuuuuunusanuznuauuuunuuunuuuanuanunuunnnnnuauuanuanuaandaniaiaaie
1.
— A propos d'un livre
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinni
724 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Le premier Livre est consacré à l’Aviation de bombardement
et la chasse. Nous y avons trouvé la justification des idées sou
tenues ici sur la primauté de la vitesse, l’anachronisme des
articulations actuelles des formations en vol et la faiblesse des
conceptions tactiques douhétiennes.
L’Aviation de bombardement et l’Artillerie (Livre II) paraîtra,
sans doute, ardu mais nouveau aux aviateurs, en particulier
l’étude détaillée de la manœuvre de dérobement de l’avion
contre ses divers adversaires. M. Rougeron a fait là un travail
de pionnier, dont il faut apprécier l‘importance. La manœuvre
de l’avion est à deux degrés : manœuvre de la trajectoire
moyenne pour dérouter le guet et la chasse adverse; manœuvre
de l’avion sur sa trajectoire moyenne contre la D. C. A. La
conclusion de son étude est grave : impossibilité de conserver
les méthodes actuelles de bombardement.
Le Livre III, consacré à l’Avion de bombardement, est un des
plus importants, car il traite du principe fondamental de l’unité
de matériel, et des possibilités de sa réalisation du point de
vue de l’armement, de la protection, de l’autonomie et de la
vitesse.
Le Livre IV est relatif à la bombe et la torpille; à côté des
problèmes de la bombe-fusée, de la bombe planante que tra
vaillent tant d’inventeurs, l’auteur expose des vues person
nelles sur les torpilles et les bombes à usage naval.
Fort remarquable également est le Livre V, sur les méthodes
de bombardement. M. Rougeron est là tout à fait novateur par
ses études sur le bombardement par temps couvert, sur le
réglage, sur le lancement en cabré.
Le Livre VI pénètre dans le domaine de la stratégie aérienne
avec le problème de l’Aviation de bombardement dans la guerre
sur terre, où l’auteur prend une position raisonnable d’action
combinée avec la bataille terrestre.
Par contre, dans le livre suivant sur l’Aviation de bombarde
ment dans la guerre sur mer, c’est à une révolution complète
de la constitution des flottes que conclut M. Rougeron; cette
partie de l’ouvrage nous paraît exiger l'attention.
La conclusion, très philosophique, n’est pas moins curieuse
et, sur le plan de la nation armée, pose le problème général
de la formation d’un « peuple d’aviateurs ».
IIIlllllllllllIlllllllIIMIlIlIIIlIllIlilHIIIIIIlllllIlillllllIlllllllllllllilllllIIIIIIIIIIIIIlIllllllIllllllllllllllIllllllllIlilIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 725
*>1111*1)111 ii in 11 nu ii iiiiiiiiiini min i 111111 imin 13iii 111 m 111 ii im i mu 111111 ii 111 ii ii i mu in ni ni ii h mu iiiiiiiiinum
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIH
I.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIMMI11III
II II II II IU1111II111II11IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII t II11II111II11IIIIIIIIIIIIIIII
728 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Entre une industrie à statut libre (1) et une industrie d’Etat,
il existe un grand nombre de solutions intermédiaires.
A vrai dire, l’économie a toujours été dirigée, de tout temps
et en tous pays, sous les Ptolémée, Elisabeth d’Angleterre, les
Incas. Les seuls points variables ont été l’orientation et
. . .
l’intensité de cette direction.
Pratiquement, on a appelé économie libérale celle où la direc
tion était réduite au minimum.
Il ne faut d’ailleurs pas perdre de vue que, si des considé
rations de doctrine peuvent influer sur une décision, les faits
eux-mêmes ont une importance considérable.
Si les conditions physiques de l’Angleterre, établie sur un
bloc de charbon, et si les conditions politiques résultant de la
création de son Empire n'avaient pas existé à un moment donné,
lui créant une situation particulière dans le temps vis-à-vis de
ses concurrents, l’économie libérale n’aurait sans doute pas vu
le jour dans des conditions comparables; le mot même n’aurait
peut-être pas existé.
On assiste actuellement à l’éclipse de l’économie libérale en
Angleterre, les circonstances ayant changé.
Changements profonds et précipités dans le temps, par suite de
la dernière guerre créant un bouleversement soudain des offres et
des demandes dans un sens, puis dans un autre après l’armistice.
Changements aggravés d’abord par la nécessité de rechercher
la puissance indépendamment du rendement, ensuite par l’obli
gation de tenir compte des questions sociales1
.
IL
L’industrie aéronautique en France n’est pas une industrie
es
L’industrie aéronautique manque de liberté financière.
Pratiquement, les prix d’achat y sont imposés, d’après des
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIICÜIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIHIIII.
730 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
considérations théoriques et empiriques dont la valeur dépend
d’une connaissance approfondie des nécessités industrielles pra
tiques.
Une industrie libre doit bien « prendre la responsabilité de
ses créations et courir les risques correspondants » ; mais, si ces
risques sont considérables, il est nécessaire que les bénéfices
bruts soient considérables en cas de réussite, pour trouver les
moyens de courir ces risques et d'amortir les pertes anté
rieures (2).
L’Etat impose aux fabricants de cellules un bénéfice de 11 %
qui n’est d’ailleurs pas un bénéfice net, et qui est réduit en
outre à 7 % par les derniers décrets-lois.
En U. R. S. S., il est prévu un bénéfice net d’exploitation de
l’ordre de 1,1 % plus des primes et l’ensemble atteint un chiffre
comparable.
Or, dans ce pays, l’Etat est réellement le commanditaire, et
le seul, de l’entreprise.
L’auteur écrit : « Ou bien l’Etat est le commanditaire qui
court tous les risques, comme ce fut le cas de 1928 à 1934, et
alors on ne voit pas comment se justifient les gains relatifs à
la série... » (3).
Oui, si l’Etat est le commanditaire et le seul; non, si l’Etat
commandite en partie seulement, puisqu’il faudra bien tenir
compte des autres commanditaires, les actionnaires. L’interven-
41IIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIII1III
tion de l’Etat justifie seulement la diminution du taux normal
de bénéfice, qui doit varier suivant la nature de cette interven
tion et, en dernière analyse, en fonction de la politique finan
cière adoptée pour les prototypes.
Il ne faut pourtant pas perdre de vue que l’intérêt versé à un
capital est d’abord une indemnité pour perte de jouissance. Cet
intérêt est payé par l’Etat lui-même, du moins aussi longtemps
que cet Etat offre à l’épargne des «placements de père de
famille ».
Il n’est donc pas besoin d’un risque pour justifier le payement
d’un intérêt, faute duquel on ne trouverait pas de capitaux.
Les risques sont compensés par l'augmentation du taux d’in
térêt ou l’espoir de superdividendes.
Du seul point de vue financier, il est indiscutable que le sys
tème capitaliste est celui qui permet les meilleures conditions
d’obtention de capitaux dont la rémunération doit être possible
à un taux fonction des risques.
L’Etat doit se procurer les fonds nécessaires à la conduite
de ses industries par des emprunts à taux fixe, assumant lui-
même les risques payés par les impôts, ou par des impôts seu
lement couvrant l’ensemble de ses besoins.
L’impôt exige des frais de recouvrement considérables, sans
même invoquer le cas des octrois où ils dépassent dans certains
cas 50 %, mais en tenant compte de la quote-part des frais indi
rects.
Il point de vue financier n’est pas ici le seul.
est certain que le
Certaines religions interdisent les prêts à intérêt; d’autres con
sidérations peuvent conduire les Etats aux mêmes conclusions.
III.
Cesconsidérations un peu longues paraissent nécessaires
si l’on veut se placer dans la réalité; car on s’en éloigne trop si
l’on croit l’industrie aéronautique libre et capable d’emprunter
sans payer d’intérêt en l’absence de risque.
Sous ces réserves, on convient avec l’auteur que le «système
des présentations» nuancé selon les prototypes, comme il l'in-
clique, est un système parfaitement cohérent et même séduisant.
Mais, à côté du point de vue théorique, la pratique a donné
<IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
732 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
un système faussé «Dans la précipitation qu’a connue le
:
l’écriture pour
— parce que l’homme n’a trouvé jusqu’ici que
léguer efficacement à l’avenir l’expérience du passé {et c’est ainsi
que la justice de Salomon a fait place aux coutumes, puis aux
codes} ;
possibilité
— parce que, pour laisser précisément au chef la
de choisir les caractéristiques essentielles de son action, il faut
que tout ce qui est « mécanisme » ou « procédure » de cette*
action soit étudié une fois pour toutes. Le fait que les diverses
armes ont leurs règlements de manœuvre et les modalités tac
tiques de leur emploi fixés une fois pour toutes nuit-il à l’ini
tiative du chef militaire ?
9. Cette collaboration confiante est aussi notre but. Mais une
de ses principales bases réside précisément dans un statut normal
de l’indutrie aéronautique, statut capable de garantir aussi bien
les intérêts du « client Etat » que ceux de l’« industriel four
nisseur ».
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
Illlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllll»
Paysages urbains
Cette étude fait suite à celle des « Aspects de plaines » (1). Elle
analyse les caractères des agglomérations urbaines dans leurs
formes générales; les schémas qui l’accompagnent groupent des
« cas concrets », qui montrent comment ces
caractères se coor
donnent sur le terrain.
Nous accueillons le travail du capitaine Thoumin d’autant plus-
volontiers qu’il contribuera à la formation générale de l’obser
vateur et de l’interprète de photographies aériennes. Ce dernier,
en particulier, ne peut posséder son métier par la seule connais
sance, acquise en quelques heures, des images des principaux acci
dents de terrain ou des matériels à usage militaire; il lui faut,
par des lectures descriptives, et par des réflexions sur des thèmes
cartographiques, acquérir cette formation générale indispensable.
(1) «
Revue de l'Armée de l'Air », janvier 1936.
MNiiHViiiiiaiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiaiiiiiiHiiiiiiiiiaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiaiiiB»
736 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
ou réduire la valeur de l’obstacle créé par la cité et par sa ban
lieue. Le travail du capitaine Thoumin se limite à l’examen des
faits uniquement commandés par la vie urbaine.
IllIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIItlIIIIIIIIIIIIUIIIIIIIIIllllllllllIlllllIllllllllllllllllllllllItlIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIllllllllllllllllllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 737
?, 0)
Charleville.— 1 cm représente no m environ. Direction du Nord :
Sur la face Nord, « l’obstacle urbain » (formé par les maisons soudées les unes
..
aux autres) suit exactement la berge de la Meuse.
Le faubourg Saint-Julien (orienté Est-Ouest entre les branches de la longue
boucle dessinée par Ta Meuse) forme, au contraire, un redan protégé par l’obstacle
de la rivière face au Nord et face au Sud, mais flanquant de ses feux Charleville
vers le Nord et Mézières vers le Sud.
aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiEiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin
R. A. I. — N° 84. 2
738 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Saint-Eloi symbolise Dunkerque pour qui parcourt la Flandre
maritime ; parfois même, tout trait distinctif disparaît, le piéton
ne distingue alors qu’une masse plus ou moins confuse de mai
sons qui limitent la vue, et n’imagine en aucun cas les traits
réels de l’agglomération.
Dans la campagne on peut, au détour d’un chemin, se faire
une idée précise du pays par la seule observation des arbres
et des haies, des pentes douces et boisées ou des versants rapides
et dénudés dont les masses rocheuses crèvent le manteau
végétal. Rien de semblable pour le paysage urbain : il exige
la vue oblique ou verticale. Alors seulement devient perceptible
un panorama pour lequel les tracés planimétriques importent
plus que le nivellement; l’étendue de la ville prend pour l’obser
vateur une forme concrète; les lisières de la zone bâtie s’offrent
à l'examen; parfois même, la disposition relative d’agglomé
rations voisines les unes des autres met en évidence, aux yeux
de l’aviateur, les caractères de tout un district, tant au point
de vue de la géographie humaine que de celui de la géographie
militaire.
On voudrait, dans les pages qui suivent, esquisser une étude
de ces paysages urbains qui appartiennent en propre à l'avia-
teur et montrer leur rôle dans la bataille afin de guider l’atten
tion de l’observateur.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiEiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiüiiiiiiiiiiiiiiüiiiiiiiiiniiiii»
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 739
Photographie Michaud.
Saint-Omer.
Cette vue d’un faubourg de Saint-Omer montre comment une agglomération
étirée en longueur limite et détermine un compartiment de terrain. Dans un
pays de faible relief, ces obstacles (maisons, canaux) tiennent un rôle prépon
dérant et leurs abords immédiats doivent retenir l’attention de l’observateur.
IIIIIIIIIIIIIIUIIIIIIlillIlllllllllllllllllllllllllllllllllllHllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllHIll
740 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
fantassins comme aux engins blindés. Que la ville ait été ou non
soumise aux tirs d’artillerie, que les maisons soient intactes ou
ruinées, les décombres défendus s’opposent autant à l’assaillant
que les longues courtines des murs flanquées par des armes
automatiques.
La ville n’est pas seulement une zone interdite aux troupes
qui attaquent ainsi qu’à leurs moyens motorisés, elle est éga
lement un nœud de voies de communication, terme qui lui-
même prendra des valeurs différentes dans la bataille future.
Nœud de communications, c’est-à-dire point de convergence
d’un certain nombre de voies de terre, de fer et d’eau que les
troupes utilisent pour leurs transports, tant que la ville reste
en arrière de la ligne de feu. Nœud de communications, c’est-
à-dire point de convergence d’obstacles linéaires dès que la ville
jalonne le front de la lutte.
Le site même de la ville, fréquemment fonction, à l’origine,
d’un point de passage obligé, pont ou gué, est une notion clas
sique sur laquelle il est superflu d’insister. Il suffit de rappeler
que la convergence des routes vers un point de la rivière pré
sida à la fondation de la ville et que, par la suite, celle-ci com
manda l’étoile des voies ferrées qui divergent autour d’elle.
Mais les voies d’eau et les voies ferrées tendent à travers le
champ de bataille des obstacles sérieux pour l’infanterie, infran
chissables pour les engins blindés. Peu de villes au monde se
sont bâties hors de‘la proximité de rivières et rares sont les
chemins de fer dont le tracé ne s'accompagne ni de remblais,
ni de déblais rapidement transformables en barrages passifs
pour les chars de combat. Ces voies de communication, dans la
bataille, cloisonnent donc les terrains proches de la ville, des
sinent des secteurs triangulaires au sommet appuyé à la cité
ou à ses faubourgs, isolent les unes des autres les actions locales
et entravent leur coordination.
Un autre trait, non moins classique, du site urbain est de
choisir fréquemment la ligne de contact de deux zones aux res
sources différentes. Un versant propice aux vergers et aux
vignobles limite la plaine et conduit au rebord d’un plateau
boisé; la diversité des produits a provoqué la création de
marchés agricoles. D’autres villes ont choisi la rencontre d’une
zone crayeuse et découverte avec une zone argileuse et coupée,
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 741
'llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllirillllliiiililliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinillllllllllllllll
742 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
dessinent ; enfin, éventuellement, étudier la ligne de contact des
deux zones dont les ressources, souvent complémentaires, ont
contribué au développement de la cité.
Cambrai. —- 1 cm
représente environ r4om. Direction du Rord :
v V
.
Face à l’Ouest, une double ligne d'eau couvre la ville et marque le front à
défendre.
Face au Nord, c’est l’obstacle de la voie ferrée et le tracé des avenues qui
imposent au défenseur les points à occuper et les flanquements à réaliser.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiitiiitiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiitiiiiniiii
746 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
ainsi — et parfois décuplant — la valeur de la rivière comme
obstacle.
L’observateur examinera comment l’obstacle de la ville se
coordonne avec celui du cours d’eau. La rivière borde le front
de l'agglomération ou trace, au contraire, une ligne de défense
en arrière de la cité, celle-ci dessinant alors un
saillant. La
vallée traverse, en d’autres cas, l’ensemble de la zone bâtie;
elle appartient au système des défenses intérieures de la ville,
ou même détermine parfois l’abandon de quartiers entiers, les
berges délimitant la position de résistance.
L’étude de la carte permet à l’aviateur, avant même de rem
plir sa mission, de se faire une idée des faits qu’il est appelé à
observer. Mais il est des points sur lesquels son attention devra
obligatoirement porter quand il survolera la ville à reconnaître:
ceux cpii permettent de déterminer comment l'obstacle du cours
d’eau se soude avec l’obstacle de l’agglomération urbaine.
Le simple énoncé des trois positions essentielles que la rivière
et la ville peuvent présenter fait pressentir les modalités que
le commandement de la défense peut adopter. Il préférera tan
tôt négliger les avantages défensifs de la ville et profiter de
tous ceux que comporte la ligne d’eau, et tantôt opter pour la
décision inverse. Dans tous les cas, il importe de savoir où et
comment l’obstacle formé par les maisons se raccorde avec celui
que dessinent les berges de la rivière. Seul l’aviateur peut don
ner des renseignements précis.
Son attention portera donc sur la liaison de la ligne d’eau,
d'une part avec le tracé de l’obstacle qui enveloppe la ville,
d’autre part avec les cloisonnements intérieurs (pii morcellent la
zone bâtie. La première se situera d'ordinaire soit à la limite
des quartiers urbains proprement dits, soit franchement dans la
banlieue, sur le prolongement d’une zone où des champs de tir
de quelques centaines de mètres succèdent brusquement aux
constructions. Les autres se laisseront souvent repérer à l’abou
tissement des grandes artères aux abords immédiats des quais.
lllllllIIIIIIIIIIIIIIUIIIIIIllllllllllIllllllIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIlillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 747
- t
MdDr
-S -
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltlllllllllllllllllllllllllllllllllllllltllll
748 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
avantages locaux. Au contraire, si le relief ne varie guère d’une
région à l’autre et si la diversité des pays en contact se tra
duit par des différences de végétation et d’habitat, la ville
prend alors une importance capitale, car c’est elle qui ferme,
sur un front plus ou moins large, l’accès de la zone dont l'as-
saillant veut se rendre maître.
considérations générales obligent l’observateur à user,
Ces
dans l’accomplissement de sa mission, de méthodes différentes
pour « voir » les abords immédiats de la ville.
L’observation d’une plaine crayeuse et découverte diffère de
l’observation d’un pays argileux et coupé. Or, les caractères
des terres voisines se prolongent souvent jusqu’aux portes de
la ville, à travers la banlieue. La recherche des organisations ou
des emplacements des réserves peut donc varier au Nord et au
Sud d’une même cité. La proximité des terrains observés ne doit
pas conduire l'observateur à les tenir pour semblables et à les
étudier de façon analogue.
Après l’étendue et le site, les limites de la zone construite
(c’est-à-dire la banlieue), donnent donc au paysage urbain l’un
de ses principaux caractères.
II. — LA BANLIEUE.
Tantôt une démarcation précise sépare la zone bâtie de la
campagne, tantôt un émiettement d’usines ou de maisonnettes
espacées dans les jardins conduit insensiblement des quartiers
urbains aux champs et aux prairies.
Les conséquences immédiates, pour la bataille, de ces diverses
répartitions de l’habitat, sont présentes à l'esprit. Dans le pre
mier cas, la ligne extérieure de la ville trace l’obstacle, déter
mine les saillants de la position, limite le glacis et précise la
zone de terrain sur laquelle s’arrêtera l’avance de l’assaillant.
Au contraire, si la cité s’enveloppe de faubourgs et d’une ban
lieue aux maisons éparses et aux clôtures multiples, tout champ
de tir disparaît et les bataillons qui attaquent s’efforcent de
progresser par infiltration. Les avenues et les grandes routes
prennent alors une importance particulière, tandis que le con
tour extérieur des quartiers aux bâtisses soudées les unes aux
autres perd parfois de son intérêt.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiHiiiiiiiiiiiniiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin
Entre cesdeux aspects prennent place toutes les formes pos
sibles de l’évolution urbaine. Tour à tour l’activité industrielle,
le désir de luxe et de calme, la nécessité de créer des œuvres
d’assistance sociale la commandent, mais on y retrouve égale
ment les souvenirs de la vie agricole qui jadis poussait ses
maraîchers et ses moissons jusqu’aux portes de la ville.
Photographie Michaud.
Longueau. — Aspect d’un triage de première, importance en période d’activité
normale.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiniHiniiHiniiii,
752 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
sède des fortifications modernes ou qu’elle soit ouverte, que les
quartiers urbains obéissent à des facteurs géographiques ou
historiques pour dessiner un front continu et précis, toujours
le développement des faubourgs s’exprime par des rangées plus
ou moins continues de maisons alignées sur les bas-côtés des
grandes routes. Parfois cette double rangée de bâtisses rejoint
un village, le faubourg s’épanouit alors et absorbe la localité
qui vivait, il y a cinquante ans, de son existence propre.
Comme les voies ferrées et les lignes d’eau, ces tentacules
que la ville projette à travers la campagne cloisonnent le ter
rain. Sans offrir aux engins blindés un obstacle comparable à un
canal ou à un remblai de chemin de fer, elles divisent cepen
dant les champs d’action. Elles créent des écrans, canalisent
les attaques menées dans les parties découvertes, offrent des
positions souvent favorables aux flanquements, se transforment
en réduits capables de résister, même s’ils sont débordés.
Dans le cas opposé, le passage de 1 l'agglomération urbaine à
la campagne se fait insensiblement. S’éloignant de la ville, on
rencontre des cultures maraîchères et des vergers, mais d'an-
ciens « chemins de terre » guident l’alignement de villas et de
maisonnettes entourées d’étroits jardinets. On dépasse des
fermes qui n’ont rien perdu de leur activité et l’on croise plus
loin des usines et leurs cités ouvrières, aux abords desquelles
des paysans pratiquent l’élevage pour la boucherie, ou même
labourent les champs épargnés par la vie industrielle.
L’aviateur ne pourra que rarement se livrer à un examen
complet de ces banlieues. Les troupes, en effet, y pourront aisé
ment camoufler leurs travaux et les moyens de défense anti
aérienne s’y trouveront en force pour combattre les appareils de
bombardement, et aussi les appareils de reconnaissance. Tra
vaillant à la hâte et à une forte altitude, l'observateur doit
donc se proposer un but précis s’il ne veut pas gaspiller le peu
de temps dont il dispose pour accomplir sa mission.
Si le commandement projette de mener l’attaque contre une
ville, il lui importe d’abord de connaître l’organisation de la
banlieue qui en défend l’accès. L’intérêt est donc de définir,
a priori, les points du panorama qui retiendront l’attention de
l’observateur, parce que ces points auront pour le défenseur
une valeur qu’il ne peut négliger. Ainsi préparé, l’examen,
tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiipr
pendant le vol au-dessus des abords de la cité, se réduira à
vérifier si l’adversaire a — ou n’a pas — transformé en centres
de résistance ces parties suspectes du paysage.
L’importance de l’obstacle passif croît avec le développement
des engins motorisés : le défenseur aura donc tendance à s’orga
niser aux points des banlieues où les maisons sont le plus
denses. Peut-être, en 1918, aurait-il préféré s’éloigner de ces
nids à obus; dans un prochain conflit, la crainte des surprises
réalisées avec des engins « tous terrains » conseillerait au fan
tassin de braver les tirs d’artillerie.
Une autre considération s’impose non moins impérieusement
au défenseur. Il doit prendre de loin, sous le feu de ses armes,
les troupes et les engins de l’assaillant, il doit également tendre
un barrage de feu continu entre les points d’appui.
Il suffit de s’en tenir à ces conditions pour définir les points
du paysage qui solliciteront l’attention de l'observateur et ces
points se trouvent tout désignés par l’étude des pages précé
dentes.
Si le défenseur est décidé à arrêter l’assaillant en avant
de la ville, il n’hésitera pas à s’installer fortement aux ren
flements des longs faubourgs liés au système routier, et si la
banlieue s’unit insensiblement à la campagne, ce sont les vil
lages et les hameaux de jadis, souvent à cheval sur un carre
four, qui fourniront l’emplacement des centres de résistance.
De part et d’autre des faubourgs en rue se développent d'ordi-
naire des espaces libres et si, dans un pays d’habitat dispersé, les
champs de tir sont le plus souvent médiocres, c’est à coup sûr
en englobant dans le système de défense les principaux groupes
d’habitations que mitrailleuses et canons antichars risqueront
de trouver, pour leurs tirs, les conditions les moins défavorables.
Les points qui doivent retenir l’attention de l’observateur
étant connus, comment celui-ci se rendra-t-il compte s’ils sont
organisés ou s’ils ne le sont pas ?
Les remarques à propos de la difficulté de déceler les travaux
du défenseur à la périphérie de la ville valent, en grande partie,
pour les banlieues. Aussi, comme pour les quartiers urbains, ce
serait un vain examen que de s’attarder aux maisons; au con
traire, les grandes routes peuvent fournir de précieux indices
en tous points comparables à ceux notés dans la première
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiii
A. A. A. — No 81. 3
754 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
'agglomération lilloise.
Le schéma ci-dessous indique la répartition et la forme des zones couvertes
de constructions contiguës, l’extension de la banlieue, les principales voies ferrées
et les canaux.
Un premier contraste frappe l’œil : les deux masses urbaines principales ont
des caractères opposés. D’une part, Lille, limitée à son enceinte fortifiée et
à ses glacis, s’enveloppe d’une ceinture de centres urbains formés de villes
secondaires unies par une banlieue aux maisons plus ou moins éparses : d’Hel-
Échelle
2 3 5
Zone couverte de constructions contiguës............
Zone de constructions non contiguës mais dont
Canal
/nouveaux
Marcq
V7-en - Barϝ/
Wasquèhal.-.
Madeleine
Nord
Mans-en-Barœul
A
Cité delà
délivranc
immes
el
Lezennes
tf
et
tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii>iiiii<iiiiiiii<ii>i<iii<ii>i
BEVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 755
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIIIIIIIII1IIIIIIII|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||I||||||||HI|
756 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
L’homme a choisi pour la ville le point de contact des argiles et des sables de
Flandre avec les craies détachées des collines d’Artois. L’extension de la ville
a obéi aux exemples de la vie rurale. L’habitat de l’ouvrier et de l’employé
s’est modelé sur celui du cultivateur et de l’éleveur : population éparpillée
sur les terrains imperméables et humides, population groupée le long des
grand'routes sur les terrains perméables et secs.
Les formes des villes et des banlieues dont les pages précé
dentes ont esquissé l’étude n’ont pas la prétention d’embrasser
tous les plans qu’adoptent les zones habitées, mais seulement les
aspects qui se répètent avec le plus de fréquence. Deux cas
exceptionnels et résultant de facteurs historiques opposés méri
tent cependant d’être signalés.
uiiliilillllIlIlllillilliiliiiiiillllllillllJllliilllllllMiiliiiilllIliliuiiiiiiiiiiiinniiiiiiiilillllflilllliiiiiliiiiiiniiiiiiiliii
758 REVUE DE L'ARMÉE DE L'AIR.
Échelle
Agglomér
Voie km
Canal.—
Douchy
L’agglomération de Denain.
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll>l>>llllllll
|l
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 759
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
760 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Le panorama, pour l’aviateur, présente deux formes géné
rales auxquelles toutes les autres se ramènent. Ou bien les
banlieues de villes voisines se développent au point de couvrir
toute la campagne qui jadis séparait les agglomérations. Ou
bien chaque centre urbain demeure parfaitement distinct du
voisin, tandis que les champs et les prairies prennent l’aspect
de couloirs entre les zones bâties.
Dans le premier cas, les facteurs économiques et sociaux
dominent les facteurs géographiques. Ceux-ci prédominent
d’ordinaire dans le second cas. Le site de ces agglomérations
se lie alors au tracé des voies de communication propices aux
transports des matières lourdes, ou à la présence de richesses
minières. Une forme générale, étroite et longue, tend donc à
prévaloir, soit que l’homme profite de la proximité d’une
vallée, soit qu’il recherche l’alignement de filons exploitables.
urbaines — que l’on est tenté de comparer
Ces associations
à ces associations végétales qui s’emparent de régions entières
et imposent à leurs paysages quelques-uns de leurs traits
essentiels — révèlent partout des caractères analogues, en ce
qui concerne la géographie militaire : elles (constituent des
barrages. Les unes, en forme d’énorme tache, bouchent l’entrée
d’une région ou du moins en masquent un large front; on ne
peut espérer les enlever de vive force et, seuls, d’amples débor
dements les feront tomber. Les autres dressent une barrière
longue de plusieurs dizaines de kilomètres qui, en dépit des
brèches correspondant aux couloirs où l’activité agricole sub
siste, oblige à de violentes actions de force pour briser l’obstacle
de leurs usines et de leurs cités ouvrières, sans compter la
multiplicité des voies ferrées qui les desservent, et fréquem
ment les lignes d’eau qui les bordent ou les traversent.
Ces indications suffisent à faire imaginer le rôle que de telles
zones peuvent jouer dans la conduite de la guerre. Si l’obstacle
que forme une ville pèse sur les décisions tactiques, souvent
la considération des zones urbaines interviendra dans l'établis-
sement même d’un plan stratégique. Cependant la carte ne peut,
à elle seule, faire connaître la valeur militaire de telles régions
1
si les renseignements fournis par l’aviation ne la complètent.
Sans doute, les caractères de la ville et de la banlieue se
retrouvent dans les associations urbaines, mais l'étendue des
in ii 111 ii 11U11 in inu inuii ii iii il 11 in 11 ii ni 11 il il 1111111111nu11 iiiiiii i iiii iun i iiiiii iiiiiiiin i iiiiii 11 nu iiniiiii un i iib-m
e ‘s? Photographie Michaud.
Type de cité ouvrière du Nord de lu l^rtt^e (environs de Lens).
zones bâties est alors tellement développée que des traits nou
veaux apparaissent dans le panorama, traits qui obligent l’ob
servateur militaire à porter son attention sur les parties du
terrain que les flots de maisons n’ont pas submergées. Les avan
cées de la campagne, dessinant des golfes dans les banlieues ou
insérant des détroits entre des agglomérations usinières, mar
quent les points faibles de la position. L’intérêt du défenseur
est de disposer d’un obstacle continu et profond; étudier com
ment il y remédie dans les intervalles où la masse des maisons
disparaît donnera de suite de précieuses indications sur la façon
dont il entend mener la lutte.
762 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
IIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 763
«
On peut observer de terre, ou de la nacelle d’une saucisse,
les organisations et les mouvements de l’ennemi dans un pays
de plaines et de collines; en revanche, seul l’aviateur peut ren
seigner sur les villes, sur leurs banlieues et sur les associations
urbaines. La vue verticale, plus que partout ailleurs, est en effet
nécessaire : elle seule permet de distinguer les barrages coupant
les grandes artères d’une ville et elle seule, souvent aussi,
montre d’une façon manifeste l’extension des champs de tir
aménagés autour des centres de résistances. Ces deux considé
rations suffiraient à justifier la remarque faite au début de
cette étude, que le paysage urbain appartient en propre à l’avia
teur.
Capitaine R. THOUMIN.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
764 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
bombardement.
de
10
B.
MARTIN
quaire
de
groupe
de
Vol
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiüiiiiiiiiiiiiiiniiMiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiniiiiiiniiibiiu
Récapitulation (1).
(1) Voir «Revue de l’Armée de l’Air », Nos 67, 72, 73, 74, 77, et 81.
niilllllllllllIHUIIIIIIIItlIlllillItlIlillllItlIlHtnitKItnillllllllHIHItlIillItlIIIIIIHMHMIlHItltlHIirillItlHIIieiltM***
766 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
incomplet, ne serait-ce qu’à cause du manque de documentation
allemande et des lacunes de la nôtre.
««vaiiiiiBiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiHiiiiHiuHnHiiiiiita
L’intervention hydravions-torpilleurs de Zeebrugge ne s’en
des
solda pas moins par un échec : échec dû aux faiblesses
techniques de l'hydravion-torpilleur de l'époque, de puissance
motrice trop faible et surchargé par une torpille sous-marine
en bronze de fonctionnement précaire. De telles infériorités
techniques sont aujourd’hui éliminées et l’hydravion-torpilleur
serait certainement une arme plus dangereuse dans un proche
avenir, qu’en 1917. Néanmoins, les deux cargos coulés en 1917,
sur la dizaine de navires attaqués à la torpille, par la demi-
douzaine d’hydravions de Zeebrugge, amena les Anglais, très
inquiets, à protéger leurs « war-channels » côtiers par une tren
taine d'avions de chasse.
De même, les Fernlenkboote, engins dirigés par avions,
auraient pu apporter aux sous-marins et aux hydravions-
torpilleurs un appui considérable dans l’attaque du commerce
britannique aboutissant à l’estuaire de la Tamise. Mais ces
engins étaient encore trop dans l’enfance pour pouvoir agir
au delà de la proximité immédiate de la côte belge ( 1 ).
Hun
768 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
affranchi des embarrassants hydravions, et qu’on utilisa des
avions terrestres armés de lourdes bombes » (1).
D’autre part, les sous-marins allemands avaient accru leur
rapidité de plongée, de sorte que beaucoup réussissaient à se
dérober en plongée avant que les hydravions arrivent en posi
tion de lancement. C’est alors que l'on eut recours au canon
pour atteindre du haut des airs le sous-marin surpris en sur
face. En 1918, un canon de 47 fut monté sur un hydravion
français D. D., mais le tir sur affût mobile se révéla délicat.
A l’armistice, on voulait essayer du moteur-canon (Spad-
Hispano monté sur flotteurs).
Le faible nombre de succès antisous-marins en 1918 par rap
port à 1917 n’est donc pas aussi surprenant qu’il pourrait le
paraître de prime abord. Peut-être faut-il l’attribuer également
à l’âpreté que prit la lutte aérienne sur les bancs de Flandres
pendant la dernière année de la guerre.
BRUGES ET DUNKERQUE.
(1) A titre d’exemple, voici ce que fut le travail de ces ateliers pendant le
seul mois de novembre 1917 :
Passèrent
En réparation. au carénage.
Bruges 5o sous-marins + 28 torpilleurs 38 bâtiments
Ostende 13 » + 1 »
14 »
Gand 2 »
3 »
Anvers 5 »
OlllItlIllllllllllllllllllllllllllllllUIHIIIIIIIlllllllllllllllllItlIIIIIIIIIIIIItlIlllllllllllllllllllllllllIllIlllllllllllIIIIIIIIIIII
/{. A. I. — No Si. 4
770 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
base leur grande offensive « terrestre ». Mais Dunkerque « tint
le coup », résista à l’invasion par terre comme aux bombes
des Gotha nocturnes. Plusieurs fois détruites, en automne 1917,
les bases aériennes de Dunkerque furent immédiatement réap
provisionnées d’un matériel aéronautique débité en grande série
par l'industrie alliée.
es
Annexe 1.
20 mai. .
UC^, Basse mer du Nord. Coulé par hydravion anglais n°8663.
24 juil . .
UC 1, » » » » » n° 8689.
29 juil. .
UB20, Bancs de Flandres. » » » nos 8876
et 8662.
18 août. UB 32, Pas-de-Calais. Coulé par hydravion anglais n° 9860.
22 sept., UC 72, Bancs de Flandres (West Hinder). Coulé par hydravion
n° 8695 {Flying-boat IL 12).
28 sept.. UC 6, Flandres. Coulé par hydravion n° 8676.
1918
28 juin. UC 11 (ou UC 64), Flandres. Coulé par terrestres anglais D.H. 4.
.
12 août. U ? Coulé par hydravions français.
13 août. UB 30, Devant Zeebrugge. Coulé par hydravions américains.
28 août. UC 70, Mer du Nord. Coulé par hydravion anglais n° BK 9983.
D’après Newbolt, Naval Operations, Tome V, page 428.
(pour les hydravions anglais)
Nota — Les chiffres concernant les pertes de sous-marins allemands
coulés par avions sont très variables suivant les sources. Les Anglais
en revendiquent, officiellement, 7.
Les Américains affirment (amiral Sims, Victory at Sea) que leurs
avions ou hydravions participèrent en 1918 à 39 attaques, coulant
10 sous-marins. Chiffre certainement surestimé, mais que penser de
l’affirmation d’un auteur officiel français, le capitaine de frégate
Laurens, qui fut le chef de la Section historique de l’Etat-Major de
la Marine, que « l’aviation alliée n’a coulé, pendant tout le cours de
la guerre, que 2 sous-marins allemands » (Histoire de la guerre sous-
marine allemande, p. 322).
tllllllllllllllllllllllllHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIItlIlItlIIIIIIIlllllllllllllllllllHIIIMIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIlillltMt
772 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Annexe 11-
44 sous-marins allemands coulés dans les Flandres
et dans le Pas-de-Calais.
S types U.
:llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll'llllllllllllllllllllllllllllllllllll>
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
A la conquête de la stratosphère
iiiiiiiirtniiiiHiiiniiiHiiiüinniiiuiiHtiiiiitiintririiiiiiiiiniiHiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii)
774 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
le Soleil. L‘étude de la propagation des ondes radio-électriques
. . .
décèle l’existence d’une couche électrisée, la couche d'Heaviside, à
une altitude variable de 50 à 90km environ. . . . Dans sa course
à travers l’espace, la Terre happe au passage de menus frag
ments de matière cosmique, dont la chute rapide s’accompagne,
entre 80 et 120km de hauteur, d’un bref phénomène lumineux :
une étoile filante a glissé dans le ciel, indiquant, par cet éclat
soudain, qu’elle traverse là-haut un milieu qui n’est plus l’espace
interplanétaire. Vers 801m également s’observent parfois de
légers nuages argentés, produits peut-être par des poussières
cosmiques. Plus haut encore, c’est l'énigmatique illumina
. . .
tion des aurores polaires, dans un milieu certes très raréfié,
mais qui n’est pas encore, le vide.
. . .
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 775
SPHERE
O
AT
R
ST
-TROPOSPHERE
1 gauche, partie inférieure de l’atmosphère (troposphère et basse stratosphère). — Altitudes comparées des
plus hauts sommets, des divers nuages, et des principales ascensions stratosphériques :
Donati (1934), 14.483m. — 2. Wiley Post (1934), 15.24om. — 3. A. Piccard et Cosyns (193 i, 1932.
.
934), 16.000m. — 4. « Explorer-I » (1934), 18.474m. — 5. « Century of Progress » (1933), 18.700m. —
U. « R. S. S. »
(ig33), 19.000m. — 7. «
Explorer-11 (1935), 21.795m. — 8.
» «
Ossoaviakhim » (1934).
.
22.000m.
A droite, haute stratosphère, avec localisation approximative des phénomènes qu’on y observe.
uni
776 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
que de volume encore relativement faible (14.000m), s’élève en
1931 à la conquête de la stratosphère.
Dans sa nacelle hermétiquement close, deux hommes, le pro
fesseur Piccard et l’ingénieur Kipfer, ont installé un véritable
laboratoire de physique, outillé principalement pour l’étude des
rayons cosmiques sur lesquels s’exerce depuis quelque temps la
sagacité des savants. Qui ne se souvient des heures anxieuses
que vécurent alors ceux qui, partout, guettaient les nouvelles,
les dernières informations, — aussi bien que ceux qui voyaient
la lointaine sphère brillante dériver à près de 16.000m d’altitude,
comme désemparée, durant toute une longue journée ? La stra
tosphère, ainsi défiée, n'a-t-elle pas fait de la nacelle un tombeau
aérien? Quel drame s’y déroule-t-il?.... Mais, à part un
inconfortable gradient de température, il ne se passe rien
d’anormal dans la nacelle. Absolument rien, sauf que, par suite
d’une fausse manœuvre au départ, la corde commandant la
soupape se balance à présent bien au-dessus de la cabine
étanche, hors de la portée des stratonautes qui, prisonniers de
leur conquête, doivent se fier à leur bonne étoile et au refroi
dissement nocturne pour se décrocher du ciel et redescendre.
Bon prince, d’ailleurs, le refroidissement nocturne vient en
effet les délivrer, se contentant de leur offrir à l’arrivée la
réception un peu fraîche d’un glacier alpin.
. . .
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIItlIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIItll
Désormais, c’est une émulation, une véritable fièvre strato-
sphérique. Le 30 janvier 1934, un nouveau stratostat soviétique,
l’« Ossoaviakhim-I », monte à son tour dans le ciel d’hiver.
Trois hommes sont enfermés dans la nacelle étanche : Vassenko,
Fedosseyenko et Oussyskine, qui surveillent l’altimètre tout en
travaillant.. 20.600m ! Nul n’a encore vu la Terre de si haut.
.
Grisés par leur triomphe, et sourds aux recommandations qui
leur parviennent par radio, ils veulent monter encore, vers le
ciel assombri qui les attire. Un nouveau bond vers le zénith :
22.000m, le record que nul n’a encore atteint depuis ! Mais ce
record a coûté du lest, et du gaz perdu, — et les stratonautes
soviétiques, sans s’en apercevoir, se sont irrémédiablement con
damnés à mort pour n’avoir su résister à la tentation. Quand
la bulle gazeuse, à la descente, se contractera, son volume
réduit ne suffira plus pour soutenir la nacelle — et il n’y aura
plus assez de lest pour freiner la chute. Les trois hommes qui
descendent, triomphants et joyeux, s’étonnent soudain de voir
se dérégler l’altimètre, par suite d’une accélération dont ils
n’ont pas conscience. Et tout à coup, c’est l’effroyable, l’iné
luctable catastrophe : la nacelle se détache de l'enveloppe mal
menée par la pression du vent relatif, tombe d’un bloc, et vient
s’écraser sur le sol d’une hauteur de 12.000m.
. . .
Ce terrible drame de la stratosphère ne décourage pourtant
personne. En août 1934, le « F. N. R. S. » quitte le sol belge
et reprend l’air à nouveau, avec Cosyns et Van der Elst à bord.
C’est une ascension sans histoire — sauf, pour ceux qui étaient
restés, dans une nuit d’anxiété croissante, en l’attente de nou
velles qui ne venaient pas, .tout simplement parce que l’atter
. .
rissage avait eu lieu dans un pays perdu, sans télégraphe.
Atterrissage idéal, d’ailleurs, effectué au ralenti — avec le seul
inconvénient que l’enveloppe vint se coucher sur le sol en
engloutissant un champ de melons, et qu’il fallut le lendemain
en extraire 25016 de cucurbitacées avant de pouvoir la replier !
Une autre ascension soviétique a eu lieu en 1935. Mais le
stratostat « U.R.S. S. 1-bis » dut redescendre après avoir atteint
l’altitude de 16.000m, son enveloppe ayant commencé à se fis
surer, fait analogue à celui qui s’est produit pour l’« Explorer-I »
dont nous parlerons plus loin.
Les Etats-Unis ne chôment pas, non plus. On y voit, en
octobre 1934, une tentative de M. et Mme Jean Piccard, dépas-
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
778 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
sant 18.000m. Le « plus lourd que l’air » essaie de prendre sa
revanche et, sans atteindre l’altitude des stratostats, n’y réussit
pas trop mal, à en juger par les 15.240m auxquels a dû par
venir, en décembre 1934, l’avion stratosphérique du regretté
Wiley Post — après la tentative déjà couronnée de succès de
l’italien Donati (14.483m en avril 1934). Du coup, on commence
à rêver de transports à grande vitesse par la stratosphère....
Et il y a eu surtout, aux Etats-Unis, les retentissantes ascen
sions de l’« Explorer », que nous nous proposons d’examiner
plus en détail.
IIIIIIIIIIIIIIIII1IIII1IIIIIIIIIII1IIII1IIII1IIIIII1IIII1IIIIII1IIIIIIIIIIIIII1II1IIII1I1III1II1IIIIIIIIIII1III1IIII1I1IIIIIIIIIIIII1IIIII
trop terre à terre » : rayons cosmiques, ultraviolets, etc. On
«
peut aussi analyser l’air raréfié des hautes altitudes, pour com
parer sa composition à celle de l'atmosphère inférieure; étudier
la façon dont varient la température et la pression avec l’alti
tude, pour vérifier expérimentalement dans1 quelle mesure les
lois généralement admises pour cette variation (et sur les
quelles on se base pour évaluer les records d'altitude) sont
exactes: déterminer la direction et la vitesse des vents strato
sphériques aux diverses altitudes; rechercher à quelle hauteur
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiii
780 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
peut se trouver la couche ozonisée qui forme écran aux dan
gereux rayons ultraviolets solaires, et sans laquelle les orga
nismes vivant à la surface du globe seraient vite détruits;
étudier, par des photographies à grande distance, l’absorption
atmosphérique, et aussi évaluer l’éclat du ciel, la brillance du
soleil, l’actinisme, la transmission des ondes radio-électriques,
la conductibilité de l’air ambiant; essayer de se rendre compte
si cette atmosphère raréfiée peut encore contenir des poussières
minérales ou organiques, etc., sans parler de l’intérêt des pho
tographies aériennes prises de très haut, ni de l’intérêt non
moindre des problèmes de pilotage des ballons stratosphé
riques.
Programme chargé, on le voit, et qui nécessite le transport à
haute altitude d’un laboratoire complet de physique, sous un
volume et un poids aussi réduits que possible. Malgré toutes
les compressions, en raison des lourds écrans de plomb destinés
aux appareils pour l’étude des rayons cosmiques, les Améri
cains s’aperçurent qu’il leur fallait enlever dans la stratosphère
plus d’une tonne de matériel scientifique, plus l'équipage
(pilote et expérimentateurs), plus le lest indispensable pour
manœuvrer le ballon (plus de trois tonnes !), plus enfin la
nacelle elle-même qui, à pareille altitude, doit constituer une
cabine étanche hermétiquement close, où l’air respirable soit
renouvelé artificiellement.
On conçoit que, pour enlever ainsi quelque quatre tonnes et
demie dans la stratosphère (et nous n’avons pas compté dans
ce chiffre le poids du ballon lui-même), il fallût un aérostat
de dimensions inusitées. Et les Etats-Unis se passionnèrent pour
la construction du ballon « Explorer » « the largest in the
world », comme on dit volontiers outre-Atlantique....
On fit donc grand — très grand : un ballon cubant 85.000m8.
Entièrement gonflé, il eût pu contenir un immeuble cubique de
onze étages de hauteur. Mais au départ, on ne le gonfle qu'au
dixième seulement •—- car le gaz qu’il contient va se dilater à
mesure qu’il s’élèvera dans un air de plus en plus raréfié, pour
faire toujours équilibre à la pression extérieure. Un tel ballon
doit donc présenter, au « lâcher-tout », la forme d’une gigan
tesque poire, allongée et flasque, se dressant de toute la hauteur
de ses presque 100m — une poire plus haute que le Panthéon !
Veut-on des chiffres ? Ils sont ahurissants. L’immense enve-
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 781
Fabrication de l’enveloppe de l’ «
ExPLORER-I » dans les ateliers de la GOODYEAR-
Zeppelin CORP., à Akron.
Les photographies représentent le collage de bandes crantées sur les joints des
fuseaux; la toile est tendue au moyen de sacs lestés par du plomb.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
782 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
tanément, qu’une équipe d’une demi-douzaine d'expérimenta-
teurs n’eût pas suffi à la besogne. On tourna élégamment la
difficulté en adjoignant aux divers appareils des enregistreurs
photographiques inscrivant sur des films, toutes les 90 secondes,
l’aspect des cadrans des différents instruments et du chrono
mètre témoin — d’où, sans fatigue, en ne demandant à l'équi-
page du stratostat qu’un travail de mise en route et de contrôle
attentif, une moisson abondante et sûre de documents précis,
indéniables, qu’il n’y aurait plus qu’à étudier ensuite à tête
reposée.
Ajoutons que le récepteur-émetteur installé par les soins de
la National Broadcasting Co fonctionnait admirablement. Il per
mettait aux stratonautes, non seulement de rester en liaison
avec les organisateurs et les techniciens restés à terre, mais
encore d’être mis en communication téléphonique avec n’im
porte quel abonné du réseau. Ce qui se passait dans la strato
sphère fut d’ailleurs radiodiffusé, constituant le plus inédit des
radioreportages. Et aussi le plus angoissant — car peu s’en
fallut que l’aventure ne tournât au tragique....
uiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiifiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 783
Éléments d’équipement de l’ «
Expi.orf.r-I ».
reils, bien que leur déclic régulier soit quelque peu énervant
dans cette situation tragique. Peut-être — espèrent-ils encore —
sera-t-il possible de les ramener intacts au sol, avec tous les
résultats déjà obtenus. Dans cette idée, ils procèdent même au
remplissage des cornues de 25 litres de capacité, soigneusement
vidées et scellées, et destinées aux prises d’air stratosphérique
à l’altitude maximum.... Mais y parviendront-ils, au sol ? A
chaque instant, de nouvelles déchirures apparaissent. s’agran
dissent, avec des bruits sifflants.... Kepner ne lâche plus le
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniir
H. A. I. — No 8.
785 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
20, batterie d’accumulateurs; 21, hublot d’observation vers le bas; 22, ballonnet
pour prélèvement d’air stratosphérique; 23 à 29, réferences non utilisées;
IIII1II1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIU11I1
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 787
30, hublot d’observation; 31, cône d’observation pour mesures de dérive, etc ;
32, robinet du sac pour le jet de lest; 33, réf. non utilisée; 34, statoscope; 35, réf.
non utilisée; 36 et 37, batteries d'accumulateurs; 38, spectrographe d’horizon
(le spectrographe pour le zénith est derrière le ballonnet 22); 39, électroscope
le plus lourdement protégé par un écran de plomb (la boîte qui le recélait conte
nait près de 30oks de grenaille de plomb);
40, trou d’homme assigné au major Kepner; 41, hublot d’observation vers le
sommet du ballon (c’est par ce hublot que fut découverte la déchirure de
l’enveloppe); 42, réf. non utilisée; 43, altimètre indiquant la pression extérieure;
44, hublot d’observation; 45, appareil photographique pour l’enregistrement
des rayons cosmiques; 46, batterie d’accumulateurs; 47, manomètre indiquant
la pression intérieure; 18 et 49, compteurs de rayons cosmiques;
50 et 51, compteurs de rayons cosmiques; 52, commutateurs pour les précédents
compteurs.
raznannnnuunnuuuuunununnannununuunanunuunnnanunnunuvrrunuuununuunnanunununuunnccucnununcununünunccnnnannnncanunndunüncncnnnnnnnABBBBBBB
788 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Hoffmann de sécurité, pour tenter de sauver
levier du parachute
occupants cas d’explosion soudaine du bal
la nacelle et ses en
tout le territoire des Etats-Unis (et d'ail-
lon. Et, en bas, sur
milliers d'auditeurs anxieux écoutent, l’angoisse au
leurs), des
brèves qu’échangent là-haut, à 15.000m d’alti
cœur, les phrases
seul. Un avion, qui l'a suivi deloin depuis son départ, tourne
autour de lui, impuissant à lui porter secours, réduit à photo
graphier toutes les phases de cette périlleuse descente.
5400m. Les stratonautes ouvrent les hublots et, équipés de
leurs parachutes individuels, prêts à sauter en cas d’alerte,
poussent un soupir de soulagement et font le bilan de la situa-
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
790 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
tion. De l’avion. on peut voir le ballon s’arrondir et s’allonger
alternativement en de lentes pulsations dont la période varie
de 7 à 10 minutes. Soudain le fond de l’enveloppe, qui est en
piteux état, se détache presque entièrement et tombe sur la
nacelle. Le dôme seul, parachute trop exigu gonflé d’un dan
gereux mélange d’air et d’hydrogène, tient encore bon et freine
la descente. Le stratostat n’est plus qu’à 1200m du sol. Cette
fois, on arrête tous les mécanismes, et 1 ’on fait passer par
dessus bord tout le lest, ainsi que maints objets munis de para
chutes individuels.
Malgré tout, la chute s’accélère.
Les choses se gâtent. Il n’y a plus qu’à sauter dans le
900m.
vide, par les deux trous d'homme. Kepner passe d’un côté.
Stevens voudrait bien l‘imiter, mais sa sortie est bouchée par
les pieds d’Anderson qui, grimpé sur la nacelle, s’est trouvé
en difficulté avec son parachute, ouvert par accident au dernier
moment, et qui le ramasse soigneusement sous son bras avant
de se lancer dans le vide. « Andy est assurément de haute taille,
écrira plus tard Stevens, mais je n’avais jamais remarqué qu'il
eût de si grands pieds ! ».
. . .
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
La nacelle de l’ « EXPLORER-II » au stratocamp des Black Hills.
lllllllllllllllnlllllllllllllnllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltlllllllilllllïllllllllllllllllllllllllllllll
Un moyen d’argent au centre d’une roue de pierreries....
Ainsi apparaît 1’ « Lxplorer-II », en voie de gonflement, de la crête encerclant
le « stratobol ». Au milieu de la piste illuminée, le haut du ballon s’enfle comme
un gigantesque champignon, maintenu par les cordes fixées à la ralingue
supérieure que l’on voit dessiner un feston à l’entour. A droite, on perçoit
faiblement la manche de gonflement qui serpente sur la piste.
IIIIIIIIIIIIIIIKIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII11IIII1II1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIII111IIIIIIIIIIIIIIIS)
794 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
(A suivre.)
Reysa BERNSON.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiii
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ll!llllllllllllll11111111111111111 111111111IIIIIIIII IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
Notes et souvenirs
sur la
création de l’Aviation militaire française 1
III.
VIRAGES.
(1) Voir les numéros de février, mai et juin de la « Revue de l’Armée de l’Air ».
IIIIIIIIIIIIIUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIIIUU
796 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
pour détruire la force centrifuge, une composante horizontale
d’autant plus grande que cette inclinaison est plus forte. Mais
en même temps, la pression normale au sol augmente, et le
cycliste, comme la locomotive, doit fournir un plus grand effort
pour maintenir sa vitesse en virage qu’en marche rectiligne.
La situation de l’avion est analogue; il a cet avantage que
prenant son appui sur l’air, il pourra toujours y trouver cet
appui sous l’inclinaison convenant à sa vitesse et au rayon de
son virage. Mais il a cet inconvénient de ne pouvoir se soutenir
au-dessous d’une certaine vitesse, en sorte que si son moteur ne
dispose pas de la réserve de puissance correspondant à l’effort
supplémentaire exigé par le virage (étant donné son rayon et
sa. vitesse), l’avion se trouvera entraîné par son poids vers le
sol. Cet entraînement se fera d’ailleurs vers l’intérieur, de
même que le cycliste tend à tomber vers l'intérieur du vélo
drome s’il manque de vitesse au virage, de même (pie la loco
motive au ralenti glisserait sur ses rails vers l’intérieur de la
courbe, si les boudins des roues ne limitaient ce glissement.
UN ACCIDENT.
7 4)
Le récit est d’ailleurs curieux à différents égards M.. avait
gardé assez de sang-froid pour se rendre compte de ce qui se
.
:
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllHIIIIIIIIIIIllllll>
798 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
passait et notamment que le moteur continuait à bien marcher.
Mais la préoccupation de son virage et la crainte de l’incendie
absorbaient son esprit au point de l'empêcher de réfléchir et
de juger de la manœuvre à réaliser. Aussi fait-il tout le con
traire du nécessaire, coupant l’allumage au moment où il fau
drait demander au moteur son maximum, se calant dans un
fuselage qui va casser au lieu de garder la liberté de ses
membres pour agir sur les commandes, etc.
Le fait que l’appareil ne s’enflamme pas, bien que l’essence
s’échappe, confirme ce que jai dit plus haut à propos du danger
d’incendie.
Quant à la «perte de vitesse dans un virage», c’est une
expression qui, dans son origine, correspondait à quelque chose
de bien défini, mais dont tous les maladroits qu’a comptés
l’aviation ont fait un usage absolument abusif, croyant y trou
ver une excuse à leur maladresse. La perte de vitesse en virage
ne survient pas de façon imprévisible, elle résulte du fait que
l’aviateur a voulu tourner sur un rayon trop faible pour la
puissance de son appareil; un pilote qui sait son métier et veut
virer sur ce rayon, pique de lui-même et reste ainsi maître de
sa manœuvre; un pilote médiocre ne pique pas à temps et est
entraîné par son appareil dans une situation dont il n’est plus
maître.
Il n’étaient pas très
est certain qu’en mars 1910, ces notions
répandues. Personnellement, je les avais recueillies du capitaine
Ferber à Reims; mais lui-même s’était tué en avion, ce qui
diminuait l’autorité de sa parole, et moi qui l’avais recueillie,
je n’en avais encore aucune.
llllltllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 799
«iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiniiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiu
803 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Cattanéo qui avaient déjà commencé leurs épreuves, mais dont
les appareils personnels se trouvaient endommagés.
Le 24, Morisson accomplit sa troisième épreuve, puis Cattanéo
et moi essayâmes l’appareil des brevets pour nous le mettre
bien en mains; après quoi, nous fîmes nettoyer le moteur à
fond.
Le capitaine M. était en effet rentré à Pau le 24 à midi
. .
et, pour ne pas être à nouveau gêné par ses accidents, il fallait
absolument que je passe mes trois épreuves de suite dès le 25.
au matin !
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII11IIIIIIIIIIIIIIII1IIIII1IIII1IIIIIIIII1IIIII1II
R. A. A. — No 84. 6
802 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
d’ailleurs fait, brevet avant la discussion au
en passant mon
Parlement de l’interpellation annoncée sur l’aviation, tout ce
qui était en mon pouvoir pour que le Ministre maintienne à
l’Etablissement de Vincennes la charge de créer l’aviation mili
taire.
Lieutenant-Colonel BELLENGER.
(A suivre.)
liZHiiiiiiiiiiïiiiiiiiiiiiiiiiiiïiiiiJiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiin
11111111111Z111111111111111111111
! 11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111
11111111111111111111111111111
INFORMATION GÉNÉRALE
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
804 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
ti.iiiiiiiiiiiii.iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii 11
des lignes téléphoniques, et en procédant, en manœuvre, à des chro
nométrages fréquents des délais exacts de transmission.
L’auteur conclut :
«
Avec l’étendue du champ de bataille, décentralisation du commandement
plus par
— groupements tactiques — intervention du commandement, non
la manœuvre de feux, mais par celle des réserves motorisées (artillerie, infan
terie, chars) conservées sur une plaque tournante pour être déclanchées à
l’ultime moment. »
L’aviation ne figure pas au nombre d’intervention
des moyens
énumérés, mais c’est probablement parce qu’à l’échelon Division
il manque actuellement, pour l’intervention si commode de l’Aviation
sur les objectifs terrestres, à la fois les moyens organiques et l’espace.
Les transports routiers et le bombardement aérien.
Reprenant un sujet qui avait été abordé dans le numéro d’octobre
dernier de la Revue de l’Armée de l’Air, le général Pichon souligne
la nécessité d’adopter une mentalité nouvelle dans les transports
routiers : jusqu’à maintenant on s’en est tenu au transport straté
gique par colonnes serrées, opérant de jour sur les routes hors de
la vue et de la portée efficace de l’Aviation. Il faut s’habituer à se
mouvoir en zone tactique avec une dilution telle (un bataillon sur 1okm
par exemple), que l’attaque aérienne n’aura pas d’efficacité et que
la reconnaissance aérienne — la pratique l’a déjà démontré -—
sera rendue bien difficile.
Par ailleurs, la complexité des transports routiers en manœuvre
motorisée nécessite une organisation perfectionnée de « dispatching »
pour contrôler l’afflux des véhicules amis ou ennemis :
« La seule garantie de rapidité et de souplesse, dans l’exécution d’une guerre
motorisée, repose sur une organisation territoriale adéquate, profonde d’au
moins ioo km à partir de la frontière chez soi, et instantanément construite
derrière les avant-gardes, en territoire ennemi. »
«
idée qui est à la base des théories de Douhet, lequel, devant la prétendue
impossibilité d’obtenir la décision à terre, ne voyait d’autre solution possible
que dans le ciel. »
tiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiHniHiiiiiiiiiiiHiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHÉUiiiiiiiiiiiiiiHiiitiiüiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiii
MIIIIIIIIIIIIIIIIIIJIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIItlIlliriIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIBIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIB
808 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Le seul examen de ces chiffres permet de tirer quelques conclusions :
— augmentation de moitié du budget (150 pour 100);
matériel technique
— effort financier portant principalement sur le
(165 pour 100), l’aménagement des bases (165 pour 100), et les
écoles (135 pour 100). Le recrutement du personnel a suivi beaucoup
plus lentement : effectif 112 pour 100, solde 130 pour ioo. Il semble
que le Gouvernement éprouve là quelques difficultés. Les besoins
étaient de 2500 pilotes et 20 000 hommes; 500 pilotes ont été recrutés
dans la troupe; et 1200 engagés; 14 500 hommes ont été recrutés;
•—
l’aviation civile, dans cet effort essentiellement militaire, a
bénéficié elle aussi d’une part de faveur, 129 pour 100;
— au point de vue des cadres, augmentation considérable des
hauts postes, laissant prévoir une articulation des forces en plusieurs
grands commandements;
— par rapport à l’accroissement des constructions d’avions
(152 pour 100), le développement des accessoires est plus important
encore : photographie 290 pour 100, armement 270 pour 100, T. S. F.
260 pour 100;
— très symptomatique aussi l’effort exceptionnel pour doter
largement l’Aviation en matériel roulant (290 pour 100);
appré
— par contre, le budget des carburants est sans changement
ciable (112 pour 100), probablement parce que les nouvelles unités
ne sont pas encore en mesure de voler beaucoup cette année; la
puissance des moteurs et, conséquemment, leur consommation, peut
aussi, pour certains modèles, avoir diminué; enfin des cellules de
bombardiers de grandes dimensions, plus onéreuses en proportion
que leurs moteurs, sont en commande, c’est ce qui expliquerait
pourquoi l’augmentation du budget Moteurs (116 pour 100) est loin
d’être comparable à celle du budget Cellules (188 pour 100);
— l'Aérostation est délaissée : seule elle apparaît en diminution,
80 pour 100; la Grande-Bretagne n’a-t-elle plus confiance en ses
ballons de barrage ?
Le programme d’extension, après nouvelles augmentations décidées
en mai dernier, est d’amener l’aviation à 1750 avions de première
ligne en 129 escadrilles métropolitaines, dont 20 auxiliaires; au
i er avril 1935, les forces étaient de 580 avions de première ligne en
53 escadrilles; dans l’un et l’autre cas, l’aviation de la Flotte n’est
pas comptée; celle-ci subira une augmentation insignifiante de 27 avions
dans le courant de l’année.
Il faut compter, en outre, 2 5 escadrilles d’outre-mer représentant
270 avions de première ligne, qui doivent avant 1939 s’accroître
de 12 escadrilles.
Signalons enfin que cette extension rapide de la Royal Air Force
pose des problèmes de discussion des prix avec les constructeurs,
à qui des ordres ont été passés sans que ces prix fussent définitivement
fixés. La presse laisse déjà entendre que, dans cet ordre d’idées, des
difficultés pourront surgir, impliquant sans doute une législation
nouvelle des contrats de fournitures de matériel de guerre.
Illlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllm
iiiiiiiuiiiiiiu il ii iiiiiii un i ii 11111 ii i uni nu uni nui i nu ii 1111 ii iiiiii nui in ii ii i iiiiiui i iiiiiiiiii ii i nu uni in
11 11 1 11 111
But de l’invention.
Amener un aéronef sur son terrain d’atterrissage suivant une
direction déterminée fixe, qui sera la direction d’approche privilégiée
de l’aérodrome.
Principe.
Le dispositif comporte pratiquement deux postes émetteurs de
T. S. F. qui jalonnent la direction d’approche sur le terrain d’atter
rissage, et deux systèmes récepteurs, portés par l’aéronef, qui comman
dent un même organe indicateur. Chaque récepteur est accordé sur
l’émetteur qui le prend en charge. Chacun des courants, amplifié
et détecté, issu d’un récepteur, agit sur l’indicateur de manière que
l’aiguille s’oriente dans la position zéro, milieu de la graduation,
lorsque l’axe longitudinal de l’aéronef est dirigé vers le poste émetteur
sur lequel est accordé le récepteur considéré.
L’indicateur étant par principe influencé par les deux récepteurs,
l’aiguille ne vient au zéro que si l’aéronef est orienté à la fois vers
les deux émetteurs, ce qui exige que l’axe longitudinal de l’aéronef
coïncide avec la direction d’approche de l’aérodrome.
Fonctionnement.
Soit (fig. 1), «Yô l’aérodrome, et E 2 les postes émetteurs qui E1
déterminent la direction d’approche XY, R, et R les récepteurs
2
placés à bord de l’avion xy, accordés respectivement sur E1 et E
2
et commandant ensemble l’indicateur I.
Il IM 1111111111111111111111111111111111111111111111111111111
i I i i 11111111111111111111
i 111111111111111111111111111111111111111111H1111111U
810 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
Supposons l’axe xy orienté vers
E1. Si E2 n’existait pas, l’aiguille
de I serait au zéro, par hypo
thèse. Mais E agit, et I est
2
connecté avec R2 de telle façon
que, E 2 étant situé à gauche de la
direction xy, l’aiguille de l dévie
à droite. Le pilote agit alors sur
le gouvernail de direction de
manière à virer légèrement à
droite, pour rattraper l’aiguille.
Aussitôt intervient le poste E,
qui ramène un peu l’aiguille vers
la gauche, car l est connecté avec
Rx de telle façon que, Ex se trou
vant maintenant à gauche de la
nouvelle direction xy, l’aiguille
de l dévie à gauche.
E 2 pourtant, depuis le virage,
étant davantage à gauche, l’ai
guille tend à tourner davantage
à droite. Mais par construction
l’influence de E1 est prépondé
rante, si bien qu’en définitive
l’aiguille revient quand même à
gauche.
Ex est le poste de commande
principal, E 2 est le poste correc
teur.
En fin de compte, xy ayant
tourné vers la droite, l’aiguille a
tourné vers la gauche, si bien que
la coïncidence de l’aiguille avec
la position zéro tend à s’établir,
et cela progressivement à mesure
que l’avion, suivant la trajectoire
courbe T, s’engage sur la direc
tion d’approche XY. Quand cette
direction est atteinte, l’aiguille
est au zéro; le pilote n’a plus
qu’à l’y maintenir.
Nous avons expliqué la ma-
nœuvre du pilote en supposant l’avion xy orienté vers E1. Cette
condition préalable d’orientation pourra être aisément satisfaite
en coupant momentanément la connexion entre R, et I, et en
manœuvrant les gouvernes pour amener l’aiguille au zéro.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIJII1IIIIIIIIIIIIIIII1IIIII1IIIIIIIIIIIIIIIII1I1IIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Réalisation technique.
L’inventeur décrit toute une série de dispositions techniques qui
permettent de mettre en œuvre le système de guidage précédent.
Émetteurs. Les postes
•—-
émetteurs E1 et E2 sont
d’un type classique (fig. 2).
Ils sont constitués chacun
par un maître oscillateur
Os. qui attaque un ou plu
sieurs étages amplificateurs
a, dont le dernier est couplé
avec une antenne émettrice
A. Un potentiomètre P per
met de régler la puissance
d’émission. On peut ainsi
obtenir la courbe de vol
T qu’on désire.
Récepteurs. — Les récep- Fig. 2. — Schéma d’un émetteur.
teurs R, et R ne présen
2
tent rien d’original (fig. 3). Ils comprennent chacun un collecteur
d’ondes directif ou cadre C, accordé sur l’émission correspondante
au moyen d’un condensateur d’accord c. Chaque cadre attaque
une lampe détectrice et qui, soit directement, soit par l’intermé
diaire d’un amplificateur approprié, excite un des bobinages b d’un
ampèremètre différentiel I (indicateur I de la figure 1). Une résis
tance variable r
shunte chaque récep
teur et permet d’in
troduire dans l’indica
teur I une excitation
convenable. On peut
ainsi obtenir, comme
par le réglage des
puissances d’émis
sion, la courbe de
vol T désirée.
Il est prévu, à titre
de simplification, une
double réception sur
récepteurunique pos
sédant un inverseur
rapide qui le branche
alternativement sur
l’onde E1 et sur l’onde
E 2 Si l’inversion est
.
assez rapide, l’action
sur 1 est la même que
812 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
si les deux ondes étaient reçues simultanément en permanence. La
figure 4 représente un tel montage.
Le cadre récepteur G peut être accordé, soit sur l’onde E1, soit sur
l’onde E,, au moyen des condensateurs c et c', l’accord étant modifié
par le relais R, lui-même mû par du courant alternatif de basse fré
quence. Ce même courant entraîne simultanément un deuxième
relais R' qui transmet l’excitation successivement aux deux lampes
détectrices d, et, en définitive, à l’indicateur I comme ci-dessus.
‘ in i iiiiuiiiiiiiiiuiuiiiiiii uni ii ii
11 11 uni i uni lllllllllllllliiiiiiiiiiiiiiiii mi 111 iinii umi
814 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
deuxième et troisième
trimestres 1935, où l’on
trouvera les articles
intitulés « La commande
automatique des avions »
et « L’autopilote ».
Voici comment est
aménagé le système de
guidage automatique
(fig. 6), calqué lui-même
sur le système de pilo
tage automatique pré
cité.
Rappelons sommaire
ment que dans ce pilo
tage automatique figure
un dispositif de com
mande automatique de
la direction ainsi conçu :
Un compas magnéti
que M permet d’assurer
à l’avion le cap conve
nable. Un gyroscope G
intervient, de concert
avec le compas M, sur
le gouvernail de direc
tion D, lorsque l’avion,
Fig. 6.Schéma du dispositif de radio
-—• sous l’effet d’une action
guidage automatique de la Siemens APPARATE extérieure (rafale par
UND MASCHINEN. exemple), change de
direction ; et cette inter ¬
vention a pour résultat de ramener l’avion dans sa direction
primitive.
Dans ce but, le gouvernail D est commandé par un servo-moteur
hydraulique H pourvu d’un tiroir t. Les tiges de pistons du moteur
et du tiroir sont sollicitées par un jeu de bielles et de leviers qui
reçoivent leurs mouvements du gyroscope G et de l’organe récepteur R
commandé par le compas M. Nous verrons plus loin comment s’effectue
cette dernière commande, par transmission électrique.
Cela posé, l’appareil indicateur équipé de la même manière que le
compas M, est monté en I, et l’inverseur tripolaire i permet de
passer du compas à l’indicateur.
Supposons que l’avion arrive près de son aérodrome, comme il
est indiqué sur la figure i, en suivant le cap que lui assure automa
tiquement le compas. Il suffira, au lieu que le pilote opère comme
nous l’avons expliqué au début de cette étude pour faire suivre à
l’avion la trajectoire T, de brancher l’indicateur I à l’aide de l’in
verseur i pour que l’avion suive automatiquement cette trajectoire.
niiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR. 815
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiriiiiiiüiiiiiiiiiiiiiiiiiiiBiiiiiiiiiüiüiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 817
R. 4. A. — N” 84.
818 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Imaginons d’abord que le collecteur c soit fixe et qu’on envoie
du courant continu par les balais b. Le cadre G entraînant les balais b'
tournerait comme un moteur ordinaire dans un sens déterminé.
Si l’on inversait le courant, le cadre tournerait en sens inverse.
Supposons maintenant que le collecteur c, entraîné par le moteur M,
tourne effectivement, ainsi d’ailleurs que le cadre C. Le courant
redressé issu de l’amplificateur a a constamment le même sens, mais
est variable, comme l’indique le diagramme de la figure 1. Cependant
le collecteur c inverse ce courant à chaque demi-tour, de sorte que
le cadre G est sollicité dans un sens pendant un demi-tour et dans le
sens opposé pendant le demi-tour suivant.
Il est évident que le cadre
orientera les balais b', et par
conséquent s’orientera lui-
même. dans une position d’é
quilibre telle que l’inversion
établie par le collecteur c
fournisse deux courants
opposés issus de a dont les
moyennes seront égales.
Examinons à nouveau le
diagramme de la figure i.
Si l’inversion ou commuta
tion des courants a lieu dans
l’azimut OZ, par exemple,
le courant moyen qui passe
dans le cadre G pendant un
demi-tour est proportionnel
à faire S, et celui qui passe
pendant le demi-tour suivant
est proportionnel à faire S'.
Cela montre que la position
d’équilibre du cadre G, et avec lui des balais b', correspond à la
commutation qui s’effectue dans l’azimut axial OX, pour lequel S = S'.
Donc cet équilibre, matérialisé par l’aiguille indicatrice i, indique
la direction OX qui est elle-même l’azimut du poste émetteur.
Perfectionnements pour augmenter le couple directeur.
Interposition d’un relais mécanique. — Au lieu d’envoyer directe
ment dans le cadre G (fig. 3) le courant provenant des balais b',
on dirige ce courant dans l’enroulement E d’un relais mécanique
polarisé. Suivant le sens de ce courant, la palette mobile du relais,
agissant comme un inverseur par l’intermédiaire des deux paires de
contacts C1 et C 2 , connecte dans un sens ou dans l’autre la pile P
sur les bagues B'. Ces dernières bagues, montées sur l’axe du cadre G
sont reliées électriquement aux bornes dudit cadre.
Celui-ci, excité directement par la pile P au lieu de l’amplifica-
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiKiiiiiiKii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 819
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIII1II1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIII
820 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
fait de même. Dès lors, le pla
teau s’arrête et s’oriente lorsque
les deux courants inverses sont
égaux, c’est-à-dire lorsque la
commutation opérée par le
collecteur e et les balais b' corres
pond à l’axe OX de la figure i.
Cette orientation indique l’azi
mut de l’émetteur.
Ce système permet de deman
der à l’arbre m, dont la puissance
n’est pas limitée, un couple
moteur aussi élevé qu’on le
désire.
Il est évident que les relais
mécaniques qui précèdent peu
vent être remplacés par des
relais à lampes (lampes à vide
ou bien thyratrons).
Variantes.
Dans l’appareil de la figure 2,
le cadre galvanométriquetourne
dans le champ d’un aimant et
Fig. 6. — Variante d’exécution. reçoit le courant du collecteur
c et des balais b 1 .
Dans la solution qui suit, le cadre galvanométrique G est alimenté
directement à l’aide des balais b" et l’aimant est remplacé par un
électro-aimant I, excité par une pile P dont le courant emprunte le
collecteur c et les balais b'.
Ces balais b' continuent d’être solidaires du cadre G et se déplacent
avec lui. Enfin, le collecteur c continue
d’être entraîné par le moteur M.
Dans le cas présent, le courant qui par
court le cadre G n’est plus inversé par le
jeu du collecteur c, mais c’est le champ
inducteur produit par l’électro I qui l’est
à sa place, et l’on comprend que le ré
sultat soit le même.
<
Les appareils ci-dessus utilisent dans
leur fonctionnement le diagramme de
la figure i, et donnent à la fois la direction
et le sens de l’émetteur.
On peut toutefois supprimer l’antenne.
Le cadre seul fournit un diagramme de Fig. 7. — Diagramme de
réception symétrique {fig. 7). réception d’un cadre seul.
Dans la cardioïde de la figure
qu’un 1, il n’y a
azimut OX pour lequel les aires situées de part et
d’autre sont égales. Dans le nouveau diagramme, il
y en a deux : OX et OY. Aussi, dans ce cas, faut-
il doubler la vitesse du collecteur c par rapport à
celle du cadre récepteur C. Dans ce but, un engre
nage approprié est interposé entre le moteur M et
le collecteur; ou bien, sans toucher à la vitesse du
collecteur, on peut adopter un collecteur à quatre
lames au lieu de deux, deux lames opposées étant
reliées à la même bague B (fig. 8).
L’inconvénient qu’offre l’emploi d’un cadre seul,
sans antenne, est une indétermination de 1800 qui
Fig. 8. fait que l’appareil indique bien la direction de l’é
metteur, mais ne précise plus le sens. Cet inconvé-
nient est bien connu et ne requiert, croyons-nous, aucune expli-
cation.
e
Les appareils qui précèdent ont un inconvénient qui peut être
très gênant, particulièrement lorsqu’on ne dispose pas de beaucoup
de place : cadre récepteur, moteur d’entraînement, collecteur, bagues,
balais et galvanomètre constituent un tout indivisible, nécessaire
ment encombrant, qui devra être placé à portée des yeux du pilote;
or la chose n’est pas toujours facile. Il n’est pas certain, d’autre part,
que cette nécessité puisse toujours s’accorder avec les exigences
purement radiogoniométriques d’emplacement du cadre récepteur.
Aussi l’inventeur prévoit-il des dispositifs différents, que nous
allons décrire, dans lesquels l’appareil indicateur peut être monté
séparément.
«o
Le premier (jig. 9) utilise un cadre récepteur C et une antenne A.
Il fonctionne conformément au diagramme en cardioïde de la figure 1
et élimine, par conséquent, l’ambiguité de 180°. Cadre et antenne
attaquent l’amplificateur a.
Le cadre est entraîné par le moteur M qui commande, d’autre part,
un générateur de courant diphasé. Le courant débité par l’ampli
ficateur se rend directement dans l’indicateur.
Le générateur diphasé est formé, par exemple, d’un potentiomètre
torique sans fin T calé sur l’arbre du moteur. Quatre balais fixes
équidistants bY b2 b^, b^ frottent sur le potentiomètre pendant qu’il
, ,
tourne. Une pile P, par l’intermédiaire de balais fixes et de deux
bagues montées sur l’arbre, est connectée à deux points fixes diamé
tralement opposés du potentiomètre.
Deux balais opposés, tels que bi et b sont connectés aux bobines
inductrices opposées
3,
I
et I, de l’indicateur. Les deux autres balais,
b et b^ sont connectés aux bobines inductrices L et I,.
2
iiiiiiii 11 ni 1111 iiiiiiiiii 1 un uni 1111111111!<111inni1in1 nui niiiiiiiii i ni iiiiui 11 n i iiiiin 1111 ni nnii uni n i u 111
1
822 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
L’indicateur est
constitué par les quatre
bobines inductrices
précédentes et un cadre
galvanométrique G qui
reçoit le courant issu
de l’amplificateur a.
Pour des constantes
déterminées du poten
tiomètre et des induc
teurs, on obtient dans
chaque paire de bobi
nes inductrices oppo
sées un courant sen
siblement sinusoïdal,
les deux courants
intéressant les deux
paires de bobines étant
décalés de 90° l’un sur
l’autre. Il en résulte un
champ inducteur tour
nant synchronique
ment avec le cadre C.
D’autre part, l’am
plitude du courant qui
passe dans le cadre
galvanométrique G
varie aussi synchroni
Fig. g. — Schéma de radiocompas à indicateur séparé. quement
avec la posi
tion du cadre C.
Ainsi le courant dans le cadre G est toujours maximum pour une
même orientation du champ tournant. On sait, d’ailleurs, qu’un
cadre tend toujours à se placer perpendiculairement à son champ
inducteur. On calera donc les balais b t , b2, b s et b de manière que le
champ inducteur prenne la direction de l’émetteur quand le courant
est maximum dans le cadre G, et le cadre tendra, autant de fois
par seconde que le moteur M fait de tours, à s’orienter lui-même
perpendiculairement à cette direction. Avec une inertie suffisante
du cadre, l’aiguille i s’immobilisera dans l’azimut cherché.
Dans un tel système, l’indicateur n’a avec le reste de l’appareil
que des liens électriques et peut être posé n’importe où, par exemple
sur un tableau de bord, alors que le cadre récepteur et son moteur
peuvent eux-mêmes être montés en tel autre endroit mieux approprié.
muniinm
824 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
cliques sur l’arbre du moteur, mais ou retombe dans le cas de l’appa
reil indivisible où cadre, récepteur, moteur et indicateur forment
un tout complet.
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIIlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiir
La guerre en Éthiopie.
Les dernières semaines d’avril ont vu se dérouler deux séries
d’événements différents : la victoire du front de Somalie et la marche
des troupes du Nord sur la capitale éthiopienne.
llIllllllIllllllllllIlllllllllllIllIllllIlIlllllllllIllllllllllllIllllllIllllllllllllllllIllIllllllillilllIIIIIIlIllIHIIIIIIlIlllllIIIII*
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 827
*. ,0
Groupement de trimoteurs de bombardement CAPRONI 133 sur le terrain de Gorrahei.
iiiiKiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiin
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 829
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 831
1111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111<<111111111111<111111111111111111111111111111111
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 833
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
R. A. A. — No 84. 8
834 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
miiiiiiiiiiiiieiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
trimo
de
escadres
cinq
de
équipages
italienne).
les
revue
l’Air
en
de
passe
l’Armée
Mussolini,
de
création
M.
par
la
de
conduit
anniversaire
Gomboes,
C
^X1I1
M.
hongrois
81
S.
Ministre
SAVOIA-MARCHETTI
le
Borne.
de
teurs
près
Ciampino,
de
l’aérodrome
Sur
836 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
Nous nous contenterons de présenter les remarques suivantes.
On attendait de l’Aviation son travail habituel de reconnaissance ;
elle l’a accompli totalement, tant par ses observations que par une
formidable activité photographique : 2000km2 en 5 jours, pour l’éta
blissement d’une carte au 1/100.000e.
L’Aviation a assuré la liaison permettant à de petites unités de
s’aventurer hardiment sans risques. Un lecteur italien nous l’a fait
remarquer à propos de la bataille du Tembien : jamais les communi
cations de Macallé n’ont été réellement menacées, ainsi que nous
l’avions écrit, car « l’aviation veillait ».
L’Aviation a transporté les états-majors, par exemple le Q. G. du
maréchal de Macallé à Dessié avec 12 avions Caproni 133.
L’Aviation italienne n’a pas eu de combats aériens : elle a détruit
au sol 6 avions éthiopiens à Quoram, près de Gondar et à Addis Abéba,
simples appareils de liaison.
L’Aviation a bombardé avec intensité. Quel a été l’effet de son
intervention ? C’est ce qu’on essaiera de juger quand seront publiés
les récits détaillés d’opérations.
Enfin, dans ce pays aux communications difficiles, l’Aviation a
joué un rôle décisif de ravitaillement, soit par lancement en vol pour
lequel un matériel spécial avait été créé (des torpilles de i m de long,
attachées à un parachute et munies d’un système amortisseur du
choc), soit en atterissant sur des terrains préparés (1000 tonnes
transportées de Mogadiscio à Gorrahei).
Des tâches nouvelles s’imposent à elle maintenant pour la mise
en valeur du pays et pour tenir le rôle qu’assigne aux possessions
italiennes en Afrique orientales leur situation privilégiée sur la route
maritime de l’Extrême-Orient.
P. E.
BIBLIOGRAPHIE
Illllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllxlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
840 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Gaz de
guerre et guerre de gaz,
par Walt W. Wilm et A. Chaplet. {Danguin, Paris. 136 p.
Prix : io,r .)
Brochure de vulgarisation, indépendante de toute réclame commer
ciale, résumant la plupart des articles publiés sur ce sujet.
Kleinkrieg,
(Guérilla), par Arthur Ehrhardt
{Ludwig Voggenreiter, Postdam. 112 p.).
petit livre donne un exposé historique très intéressant de diverses
Ce
guérillas. L’auteur aborde ensuite la guérilla dans le cadre des armées
modernes et montre que l’énorme développement des convois rend
croissant l’intérêt de cette forme d’intervention. Il termine en
étudiant le rôle des armes nouvelles, en particulier de l’aviation,
pour soutenir ou pour contrebattre la guérilla.
Le Gérant : E. Thouzellier.
uni iiiiiiiiii llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllliii
1
<llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
11. A. A. — No 85. 1
842 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
DEUXIÈME PARTIE.
INFORMATION GÉNÉRALE
Pages.
Témoignage d’un attaché américain sur la psychose de guerre.. 925
. .
Coordination des Départements de la Guerre, de la Marine et
de l’Air 926
Nouvelles d’Italie 928
Nouvelles de Grande-Bretagne, par P. E. 929
Stratégie aérienne, par P. E. 937
La mobilisation de l’Autriche-Hongrie en 1914 942
Le dépanneur d’hydravions type Kervarrec. — La bombe ailée Mac
Millan, par P. Ba. 943
BIBLIOGRAPHIE.
Die Physiologie des Menschen im Flugzeug. — Notions générales
sur la réparation des moteurs d’aviation. — Jagd in Flanderns
Himmel. — The Air Annual of the British Empire 953
<iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiii>iii!iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiriiiiniiiiiii>t>
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiniiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiHiii
Note éditoriale.
LE CHEF SUPRÊME.
Procédant du simple au complexe, nous laissons de côté
l’école et l'état-major, dont l’intérêt est évident et la création
sans difficultés réelles.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
844
autorité militaire rencontre des obstacles
L’institution de V
bien elle n’existe pas, ou bien elle
puisque, selon les pays, ou
conseil de nombreux membres, ou encore
est faite d’un avec
réunion des trois chefs de l’Air, de la Guerre
elle résulte de la réellement par
bien enfin elle est incarnée
et de la Marine, ou
un chef suprême.
A l’institution de ce « chef suprême » on oppose :
d’état militaire; nous n’en parlerons pas
—- la peur du coup
ici ;
le poids écrasant de la tâche.
—
militaire embras
Comment concevoir, dit « Le Temps », un chef
« aussi différentes que celles de la guerre
sant, à la fois, des techniques elles étaient encore
maritime et aérienne ? En un temps où
terrestre, suffi. »
rudimentaires, le génie d’un Napoléon n’y a pas
s’il fallait attendre de rencontrer le
On peut répondre que, qu’il n’est
jamais rien;
génie pour entreprendre, on ne ferait
d'embrasser les techniques dans leurs détails et
pas question écrasante ne provient pas
leurs particularités; que la charge
problème, mais des éléments inconnus qu’il
de l’amplitude d’un
l’Italie par exemple, n’ont pas hésité
renferme; que des pays, tel rôle
qu’on voit pas pourquoi un
à créer le poste; enfin, ne
faire jouer
celui qu’on prétend
serait plus écrasant que élargit de plus
aujourd’hui à un président du Conseil dont on
en plus la tâche.
plutôt quel est l’avantage de ce chef suprême sur
Voyons
trois chefs d’état-major, solution actuelle :
le Comité des
coordonner les programmes, d’éviter les
S’il s’agit de
—•
d’unir les Services communs, les membres d’un
doubles emplois,
aisément d’accord et présentent, au ministre
Comité tombent
opposé des suggestions d’administration que
qui leur est « »,
le bon sens suffit à régler;
prélever sérieusement sur les crédits
— Quand
il s’agira de
doter plus richement sa voisine, l’accord sera
d’une arme pour
ministre quand chacun des intéressés
impossible. Que fera le personnelle
poids d’une responsabilité
soutiendra sa thèse du reculera, ou
prendre? Ou bien le ministre
qu’il ne voudra plus
bien il décidera dans l’inconnu; expériences néces
bien évidemment, les études et
Enfin,
—•
activement entreprises par le chef unique, qui
saires seront plus
«llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllll
aura seul la responsabilité de ce rôle, que par le Comité où se
rencontreront des conceptions techniques divergentes, toutes
également convaincues, toutes également convaincantes pour
le non-technicien.
Si l’on hésite à créer le poste de chef suprême, qu’on limite
d’abord les attributions de celui-ci. Qu’il dirige seulement les
études et expériences destinées à asseoir la doctrine de la
Défense nationale. Quant à sa lettre de commandement général,
elle peut être réservée.
Et c’est une des raisons pour lesquelles nous croyons ne pas
jouer au paradoxe en pensant que le premier chef d’état-major
général de la Défense nationale devrait, sans doute, être un
stratège marin :
— Les problèmes de communication et de ravitaillement sont
à la base de la conduite de la guerre, surtout s’il s’agit de
guerre de peuples; et ce sont les problèmes pour lesquels notre
pays a le moins d’indépendance actuelle;
— Selon nous, c’est dans le domaine maritime qu’il y a le
plus de bouleversements à attendre de la collaboration Avion-
Navire, collaboration si essentielle et naturelle que certains ont
pu souhaiter voir Air et Marine confiés à un même ministre.
Il est chargé
—•
gouvernement, d’un pouvoir de coordination
« par
délégation du
tout qui touche à la Défense nationale ».
pour ce
parler homme politique, puis
proprement un
« Il cesse
d’être à
libéré responsabilités administratives d’un département.
qu’il est des
bénéficier d’une certaine longévité ministé
Il peut, par conséquent,
rielle garantissant la continuité des vues. »
L’EXPÉRIENCE ANGLAISE.
Les récents débats sur le sujet de la Défense nationale au
Parlement britannique sont intéressants à suivre, puisque la
Grande-Bretagne a devancé de quelques mois la France dans
la création d’un poste de ministre de la Défense, occupé actuel
lement par Sir Thomas Inskip.
'IIIIIIIIIIIIIIIIIlllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllIllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIIIIIIHIIIIlilIlllIIIIIIIIIJ
848 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
orateurs ont souligné qu’il ne s’agit pas seu
La plupart des
d’une coordination destinée à améliorer la gestion au
lement
publiques, et moins encore de faire du
bénéfice des finances
titulaire quelque ministre de l’Armement. Il s’agit de lui con
problèmes les plus élevés et les plus larges : fusion des
fier les
coordination des moyens de défense
doctrines des trois armes,
paix système de sécurité collective,
propres à garantir la par un
de l’Empire et dans le cadre des puissances liées
dans le cadre
par la S. D. N.
voici manière de conclusion, une obser
Et à ce propos, en
remarquable lue dans The Army, Navy and Air Force
vation «
iiiiiiifliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiin
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 849
IIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII11IIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIII1II
JXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXI
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiüiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiu
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 851
Canon
— Trajectoire relative.
Fig. 2.
iiiiui i il in i ii i nu il ii i il ii i
11 11111 ii 111 ii il 11 in 111111111 in 111 in ni 1111U1111111111Uni 1111111 mi un ii ii i mi | ni ii uni
11 11 1
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 853
««lilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltItlIlllllllllilllHIIItlIllllllllllIlllIllllllllllinillllllllllllllllllHfMllllllllB
85 4 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
noyé généra
cours de balistique, où l’exposé des résultats est
lement dans des calculs assez volumineux. La détermination
complète du mouvement du projectile autour du centre de gra
vité présente peut-être un attrait pour le mathématicien; elle
n’a pas grand intérêt pour l’ingénieur, car les bases sur les
quelles ces calculs reposent sont assez aléatoires.
Nous n’avons trouvé nulle part, en effet, de détermination
expérimentale, aux vitesses supra-soniques, des actions de l'air
n’avons
sur un projectile incliné sur sa vitesse propre. Nous
jamais rencontré non plus un auteur qui tienne compte de la
dissymétrie des actions de l’air, causée par la rotation du pro
jectile; or cette action, connue sous le nom d'effet Magnus, est
loin d’être négligeable, comme le montrent les expériences
faites en soufflerie.
Nous ne prétendons donc pas refaire ici un exposé mathéma
tique des faits sur de nouvelles bases, mais essayer de montrer
qualitativement l’influence, sur la stabilisation du projectile,
des différentes actions du milieu ambiant.
Commençons par déterminer approximativement le degré de
stabilité que confère au projectile la rotation dont il est animé.
La vitesse de rotation est voisine de 180.000 tours par minute
correspondante,
pour une balle de 7 mm,5. La vitesse angulaire
désignée dans ce qui suit par Q, est considérable; rappelons,
gyroscopiques, consi
pour mémoire, que les tores des compas
dérés pourtant comme animés de rotations très rapides, tournent
à 20.000 tours par minute.
Supposons la balle tirée latéralement d’un avion évoluant
à 300kmh la vitesse initiale de cette balle étant égale à 800 m/sec.
,
La correction-tireur est égale à 6 degrés environ. Supposons que
la résultante des actions de l’air sur la balle, désignée par R
(fig. 4), soit égale à 505 poids, soit six fois le poids du projec
tile, et que cette résultante passe à 0 mm ,6 en avant du centre
de gravité; ces chiffres résultent d’essais en soufflerie à petite
vitesse sur des corps analogues au point de vue forme, mais ne
tournant pas. Le couple perturbateur a alors pour valeur
C = 0,06 x 50 x 981 (C. G. S.),
soit sensiblement
G = 3000 (centimètre,dyne).
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllUIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 855
1
C
X Q
=
0,22 X
3000
; 000
1 80
60
X 22 = ‘
0,73
.
radian seconde),
1 ‘
c’est-à-dire que cette désorientation atteindrait sensiblement
40 degrés après un parcours de 600m. Une rotation de 90 degrés
ne serait obtenue qu’après 1200m de parcours environ. On
est donc loin de voir la balle basculer à sa sortie du canon
comme une imagination trop prompte aurait tendance à le
laisser croire.
iiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiu
856 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
symbole,
(1) il y aurait lieu, en toute rigueur, de désigner par un nouveau
W, la vitesse du projectile dans l’atmosphère à un instant donné. Pour faci
liter l’exposé, nous avons gardé le symbole Wo, valeur de W à l’origine du
mouvement.
Fig. 5. — Rotation d’un projectile autour du vecteur vitesse initiale, dans les
premiers instants du mouvement.
Le cercle C est la trace de l’axe du projectile sur un plan situé à l’infini et
orthogonal à la vitesse.
EFFET MAGNUS.
Dans le raisonnement précédent, on a remplacé l’action de
l’air sur le projectile par une force R contenue dans le plan
axe-vitesse. On n’a donc pas tenu compte de l’effet de surface
dû à la rotation du projectile, et désigné habituellement sous le
nom d’effet Magnus.
La dissymétrie des actions de l’air sur un corps en rotation
a été mise en évidence par des expériences effectuées en souffle
rie, avec des cylindres tournants disposés transversalement. Il
résulte de ces expériences que, en moyenne, la résistance opposée
à l’air est quatre fois celle du cylindre ne tournant pas, et que
cette résistance est inclinée de 45 degrés sur la vitesse; d’autre
part, le sens de cette inclinaison est tel que le cylindre tend à
être chassé transversalement du côté où ses génératrices se
déplacent dans le sens du vent.
Le projectile tiré par le travers se déplace « en crabe», comme
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIU
R. A. A. — N” 85. 2
858 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
umui
inclinée de 45 degrés sur ce plan. L’effet de cette résultante est
toujours de faire précessionner l’axe du projectile autour de la
vitesse, mais le plan de précession est incliné cette fois sur le
plan axe-vitesse.
En reprenant le raisonnement fait précédemment, on voit que
l’axe du projectile décrit toujours un cône; mais la directrice
de ce cône n’est plus un cercle : c’est une courbe dont les tan
gentes à ses différents points font un angle de 45 degrés avec le
rayon polaire, autrement dit une spirale logarithmique. Le pôle
de cette spirale est sur la vitesse W. (fig. 7).
L’effet de surface, dû à la rotation du projectile-, contribue par
conséquent à coucher ce dernier sur sa vitesse. Le mouvement
Fig. — Spirale décrite par l’axe d’un projectile tiré latéralementà bord d’un avion.
La spirale logarithmique C est la trace de l’axe du projectile sur un plan situé
à l’infini et orthogonal à la vitesse.
'IIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIJ
860 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
clinaison de la résistance de l’air sur la vitesse. La trajectoire
s‘infléchit donc légèrement du côté de R, c'est-à-dire vers, la
droite. Plus précisément, la trajectoire s’infléchit vers la droite
et vers le haut, en tenant compte de l'effet Magnus.
Mais nous venons de voir, au cours de l’étude du mouvement
autour du centre de gravité, que le plan axe-vitesse tournait
autour de la vitesse. L'inflexion de la trajectoire du centre de
gravité va donc à tout instant changer de sens, et le centre de
gravité va décrire en définitive une sorte. d’hélice.
Enfin, l’inflexion de la trajectoire du centre de gravité a pour
effet de changer l’orientation de W. qui tend à se rapprocher
de l’axe du projectile. Cette inflexion doit donc diminuer jus
qu’à ce que l’axe et la vitesse coïncident.
Le centre de gravité va parcourir une courbe gauche, assez
analogue à ce que serait une hélice inscrite sur un cône.
MOUVEMENT DÉFINITIF.
La trajectoire du centre de gravité tend donc à se confondre
initiale vraie Wo-
avec une droite, qui n’est autre que la vitesse
Ce mouvement rectiligne sera d’autant plus vite réalisé que
l’axe du projectile tend, de son côté, à se coucher sur la vitesse,
aufour du centre de
comme l’a montré l’étude du mouvement
gravité.
En définitive, le mouvement du projectile rayé, tiré par le
travers à bord d’un avion, apparaît comme le suivant : le pro
jectile décrit en sortant du canon deux ou trois orbes peu mar
quées et se resserrant très rapidement pour se résoudre à une
droite. Cette droite, qui constitue donc pratiquement la trajec
toire du projectile, n’est autre que la vitesse initiale W. avec
laquelle le projectile est lancé dans l’atmosphère. Enfin l’axe
du projectile, qui à l’origine fait un certain angle avec cette
vitesse, tend très rapidement à se mettre parallèle à cette vitesse,
c’est-à-dire à coïncider avec la trajectoire.
Pratiquement, et c’est ce qui intéresse le tireur, on peut con
clure que le mouvement ne présente pas de singularité et que
le projectile rayé se comporte, aux distances pratiques de com
bat, comme le projectile sphérique dont on a étudié la trajec
toire.
Tout ce qui vient d’être dit s’applique naturellement à un
projectile normal, c’est-à-dire à un projectile dont la longueur
est inférieure à cinq fois le calibre.
On sait qu’en augmentant le rapport de la longueur au
calibre, il arrive un moment où le projectile tiré en air calme
perd toute stabilité. Un tel projectile ne sera pas stable non
plus tiré à bord d’un avion, sans qu’il soit nécessaire, pour
expliquer le fait, de faire intervenir le vent relatif.
Il
est donc bien entendu que les raisonnements qui précèdent
ne concernent qu’un projectile court, et qui, tiré à terre, serait
parfaitement stable sur sa trajectoire.
VÉRIFICATION EXPÉRIMENTALE.
A l’appui du raisonnement précédent une vérification s’im
pose, car, s’il est utile de démontrer, il n’en est pas moins
essentiel de prouver ce que l’on affirme.
Un des meilleurs moyens de mettre en évidence la trajectoire
supposée du projectile consisterait à tirer dans des écrans de
papier disposés les uns derrière les autres, à bord d’un avion
évoluant en rase-mottes parallèlement au plan des panneaux.
Le repérage de l'impact sur chaque panneau doit permettre de
reconstituer la trajectoire du projectile dans l’espace.
Il existe, d’autre part, un moyen simple de montrer que la
trajectoire, à partir d’une certaine distance, est effectivement
rectiligne et dirigée suivant la vitesse initiale vraie W. Il suffit
de tirer par le travers, à bord d’un avion et par vent nul, sur
un objectif disposé au sol.
La correction de tir aux faibles distances (200m), se réduit à
la correction-tireur qu’il est possible de calculer très exacte
ment; il est donc facile d’orienter la ligne de mire dans la
direction de la vitesse initiale vraie W. Les impacts devront se
trouver alors exactement sur le point visé. Pour des distances
supérieures, la vérification serait analogue, mais en tenant
compte de la hausse.
Si l’on voulait étudier complètement le mouvement du pro
jectile, il faudrait, avant d’entreprendre le calcul complet du
mouvement, partir sur des bases vérifiées expérimentalement.
Deux sortes de recherches devraient être entreprises dans ce
but :
111111111111111111111111111111111111 *
111111111E1111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111K1
862 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
1° Détermination de la résistance de l’air
sur des corps fuse
lés aux vitesses supra-soniques;
2° Influence de la rotation du
corps fuselé sur lui-même, pour
ces dernières vitesses.
C’est seulement appuyé sur de telles bases, qu’un calcul
com
plet du mouvement pourrait présenter de l’intérêt.
CONCLUSION.
Sans attendre les résultats de
ce calcul, il semble qu’on puisse
affirmer que la trajectoire d’un projectile normal, tiré
par le
travers, est pratiquement rectiligne et assimilable à la droite
définie en position par la vitesse initiale vraie.
Il est possible qu’aux vitesses très grandes, de l'ordre de la
moitié de la vitesse initiale des projectiles, c’est-à-dire
pour des
vitesses d’avion de 400 m/sec (1440kmh), le projectile
normal
perde de sa stabilité. Il faudra alors consentir
à diminuer sa
longueur, ce qui lui redonnera la stabilité perdue.
Enfin, si jamais un jour les avions
se déplaçaient plus vite
que les projectiles, il serait toujours possible de tirer le
travers, en utilisant le projectile sphérique qui n’a par
pas besoin
d’être stabilisé sur sa trajectoire.
Démolissons donc cette fable qui veut
que le tir par le travers
soit impossible à bord des avions rapides, et
ne bâtissons pas un
postulat sur une impression. L’incurvation de
la trajectoire
sous l’effet du vent relatif, dûment constatée le mitrailleur
à bord d’avion, est uniquement le résultat
par
de deux déplace
ments rectilignes dont l’un n’est
pas uniforme. Cette incurva
tion est relative; elle n’est donc,
en définitive, qu’une illusion,
qui ne tient pas devant l’étude raisonnée des faits.
Pierre de VALROGER.
SHNNNNNHAnNBuHunuNunmanumRNRuuRBuaumNKHRRaHHRnnRNBSRERHumRRuRRRuRNRRuRmBSuRHSuRnSRBuuBSR2RuBBBBuBuuEnBSnmmunmummmmBmmmSGBShmmmcuumuRB0BBUS
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiii
En France.
En 1914, avant l’ouverture des hostilités, les autorités civiles
et militaires de Paris avaient demandé à l’Établissement de
Chalais-Meudon d’étudier les moyens de défendre les approches
de la capitale par des ballons captifs portant au besoin des filets.
Chalais-Meudon dressa un plan prévoyant l’emploi d’une tren-
«iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiif
864 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
taine de ballons en signalant, d’autre part, qu’un ballon captif
non dilatable ne pouvait dépasser l’altitude de 2400m quel que fut
son volume. Ce plan ne fit d’ailleurs l’objet d’aucun commence
ment d’exécution : les préoccupations du moment différant bien
des questions à l’étude, c’est en 1916 seulement
que la question de
l’utilisation des ballons, au titre de la défense contre aéronefs,
sera reprise.
A la fin de 1915, l’information suivante, de source anglaise,
fut transmise à nos services :
« Il ressort de différents rapports que les Allemandslivrent se
actuellement à des recherches ayant pour but la réalisation d’un
sys
tème de mines aériennes.
» Près de Breslau on a lancé des cerfs-volants, des ballonnets, etc.,
mais trop loin pour qu’ils puissent être facilement observés. Le seul
type qui ait été actuellement essayé avec un aéronef est un système
de plusieurs ballons reliés entre eux, à grands intervalles et répartis
sur une surface étendue (voir croquis ci-dessous).
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll>lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIllllllllllllllllllllllllllllllllllllll»
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 865
lorsqu’une lumière brilla, ce qui était obtenu en plaçant une fiche cor
respondant à la lampe portée par le ballon considéré. Ceci figurait l’ex
plosion de la charge portée par le ballon.
» Les expériences furent répétées en trois circonstances différentes,
de nuit et de jour. La seule différence consistait dans l’arrangement
des ballons, la vitesse, et la hauteur à laquelle se déplaçait l’aéronef.
» Une autre méthode consistait à avoir 80 ou 100 ballons captifs,
portant un poids équivalent à celui d’une puissante charge d’explosifs
et auxquels était attachée une lampe. Un aéronef était envoyé à travers
ces ballons à toute vitesse; il en évitait beaucoup, mais se heurtait
à quelques-uns. Chaque fois que l’aéronef se trouvait près d’un ballon,
quelquefois à une douzaine de mètres, d’autres fois à quarante mètres,
on allumait la lampe pour simuler l’explosion de la charge. Le point
de l’aéronef le plus voisin de la lumière était marqué.
» Parmi les expériences actuellement en cours, concernant les
aéronefs et les explosifs, deux cas seulement ont été observés :
» 1° Un grand ballon captif fut fixé à un tracteur automobile pen
dant qu’était lâché un autre ballon portant une charge explosive.
Lorsque le ballon sur tracteur se trouva à 130m environ du ballon mine,
on fit exploser la charge de ce dernier. Le ballon captif fut ramené
à terre avec son enveloppe déchirée en beaucoup d’endroits par la
mitraille et les éclats d’obus. Autant qu’on a pu en juger, la charge
était disposée de façon à éclater en explosant violemment et projetant
un certain nombre de projectiles incendiaires qui paraissaient brûler
fiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiifiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiii
866 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
et faire explosionen lançant des fragments enflammés de tons côtés ;
» 2° Même procédé que ci-dessus, mais la méthode de destruction
était différente et la distance moindre, car au delà d’un rayon de 100"'
les effets de l’explosion ne se font pas sentir. Le ballon fut amené à
cette distance du ballon-mine, la charge fut enflammée par mise de feu
électrique; une explosion eut lieu. Une nappe de flammes parut
s’échapper du ballon-mine, elle atteignit le ballon captif qui tomba à
terre. En ce qui concerne le ballon-mine, rien n’arriva à terre que le
câble et l’appareil de mise de feu.
D’après les renseignements recueillis, les bombes portées par les
»
ballons n’explosent que par mise de feu électrique; précaution néces
saire pour le cas de chute accidentelle, etc. »
flllllllllllllllllllllllllliuilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 867
—-
Dans le cas où la brume au ras du sol ne permet aucun
départ ni aucun atterrissage d’avions, un certain nombre de
ballons captifs pourraient être utilisés comme observatoires
d’artillerie.... Mais l’effort à faire paraît disproportionné au
résultat qu’on peut en attendre;
—• La Commission écarte l'utilisation, en tant qu'engins
offensifs, de ballons armés de mitrailleuses ou porteurs de tor
pilles ou de mines;
— Des essais seront faits pour l’emploi des captifs comme
supports d'écouteurs ou émetteurs de signaux.
*
**
sepasuuueeceuuccenecuveeunuuuvenuuuvuqenenuuunuununuunnuunnunuuuuunzauaanuuuunqaauunnnaaquunnuznannnnusunnunananuuuuumaanucnnnnunnannnaan.
868 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
des fils horizontaux et verticaux constituait ainsi une sorte de
filet.
L’ensemble très lourd ne permettait guère d’élever le filet
au-dessus de 600m; d’autre part, en raison de la mise en ascen
sion simultanée de 2 ballons, la manœuvre était très délicate
et nécessitait un personnel particulièrement entraîné. Or, ce
personnel, comme d’ailleurs le matériel, était pris sur les forma
tions d'aérostiers des Armées qui devaient, en conséquence, tra
vailler de jour pour l'observation et de nuit pour le barrage
du ciel. Un tel système devait amener une prompte usure du
personnel et du matériel.
Les expériences furent poursuivies cependant avec du per
sonnel récupéré et du matériel de deuxième catégorie, mais les
résultats pratiques ne correspondirent pas à ce qu’on en
attendait.
A suite de ces essais, le commandant de Lassus et le capi
La
taine Bénézit firent plusieurs rapports dans lesquels ils préco
nisèrent l'emploi de petits ballons agissant sans filet, unique
ment par leurs câbles de retenue.
En Allemagne.
Cependant des expériences similaires se poursuivaient en
Allemagne et les renseignements émanant de sources diverses
signalaient l’existence d’une « barrière antiaérienne » (Luft-
sperrschutz).
« février 1917. — Contre bombardement escadrilles françaises,
15
la nuit, Allemands emploient énormes filets métalliques verticaux,
mailles minces, élevés le soir 2000m hauteur et supportés par drachens
ou ballons captifs. Ces filets sont disposés autour des objectifs de bom
bardement. Cinq avions abattus ainsi en décembre. »
« 22 février 1917. — Allemands laissent monter près des usines ou
des points défendus deux ballons captifs se trouvant à grande distance
l’un de l’autre, mais reliés entre eux par tissage de fil de fer dans
lequel l’avion doit être pris (colonel comte Ignatieff). »
Le 28 mars 1917, un ballon allemand était recueilli à Van-
deleville. Ses caractéristiques étaient les suivantes :
— ballon allongé type M, ovoïde avec ailerons et gouvernail
pneumatiques semblables au type français;
— cube : environ 150m3 ;
— diamètre au grand couple : 5m;
— longueur de grand axe : 12m .
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIII1IIIIII1IIIIIIII1III1I1IIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
ballon portait une fiche contenue dans un étui en celluloïd
Ce
prescrivant que la personne qui trouverait ce ballon devrait
prévenir télégraphiquement la « Luftsperrabteilung N° 2-Feld
Post N° 1 ».
Il était donc employé dans un système de barrage contre
avions. Il portait d’ailleurs à la pièce de jonction deux estropes
en corde, vraisemblablement destinées à servir de point d'at-
tache à des filets tendus entre deux ballons semblables.
Un article du Dusseldorfer General Anzeiger du 27 avril pré
venait la population de l’existence de ballons captifs utilisés
pour constituer une' Luftsperrschutz, promettant une récom
pense à toute personne trouvant un ballon échappé à la suite
d’une rafale de vent, et menaçant de peines sévères tout dégât
intentionnel.
Enfin la Section de renseignements aux Armées signala la
présence, sur différents points du front, de ballons captifs ne
s’élevant que la nuit et constituant des barrages aériens. Les
points ainsi protégés étaient Trèves-Dusseldorf-Metz-Luxem-
bourg.
En Angleterre.
En Angleterre, le Service de la défense contre aéronefs
expérimenta vers la même époque, dans la zone avancée du
secteur de Londres, non loin de la Tamise, un système de bar
rages par filets aériens.
Chaque barrage, dénommé « Eperon », était organisé de la
façon suivante (voir croquis).
Trois ballons, système Caqibot, de 30.000 pieds cubes (840 m3 ),
placés en ligne droite à intervalles de 500 yards (457 m ), sup
portaient le filet proprement dit. Celui-ci était constitué à la
partie supérieure par un câble en acier de 3 mm ,5 de diamètre
auquel étaient attachés, à intervalles de 25 yards (22 m ,85), des
l
câbles d’acier de mm ,7 ayant 1000 pieds (305 m ) de longueur
et lestés par des sacs: de sable pesant 2 livres (907 g ).
Chaque ballon était réuni, d’une part, au filet par un câble
d’acier de 3 mm ,5 ayant 300 pieds (91 m ,50) de longueur, d’autre
part à un treuil mobile par un câble d’acier de 5 mm ,5 de dia
mètre.
La manœuvre de montée de l’« Eperon » à 2500m demandait
1 heure et demie à 2 heures, avec un personnel de 150 hommes.
.Illlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllll
870 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Manœuvre délicate, car il s’agissait de faire monter les 3 bal
lons avec la même vitesse et, d’autre part, il fallait écarter
progressivement les 2 treuils extrêmes pour maintenir le filet
tendu.
L’altitude de 2500m, que ce dispositif pouvait atteindre, était
encore considérée comme insuffisante' et les études furent pour
suivies en vue de monter le filet à 4000m environ en donnant aux
câbles verticaux, constituant le filet proprement dit, une lon
gueur de 600m environ.
5,5^/171
de
Câble
IIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIII1IIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
une résistance de (diamètre 2mm,l)- Les câbles de 4000m
30018
étaient formés de 3 parties ayant des résistances différentes.
Le treuil actionnait un grand tambour pour accélérer le plus
possible l’ascension du ballonnet qui atteignait ainsi les 4000m
en une vingtaine de minutes. Pour la descente, le treuil pouvait
être mû à la main ou par un moteur électrique.
A partir de novembre 1916, c’est-à-dire depuis la mise en
œuvre de ce barrage, les avions autrichiens qui, quotidienne
ment venaient bombarder Venise, cessèrent leurs attaques. Ce
n’est qu’après juillet 1917 que quelques-uns réapparurent, mais
à des altitudes très élevées, de sorte qu’ils ne purent lancer que
**
uniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
d’Armées, 10 en réserve de G. Q. G. 30 sections seraient laissées
à la disposition du Ministre et destinées à l’Intérieur.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
R. A. A. — No 85. 3
874 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
étant condamnée par l’expérience, le service de D. C. A. an
G. Q. G. proposa :
—- de compléter les sections, type Place, pour en faire des
sections type Armée ;
— de constituer les 20 sections nécessaires pour réaliser le
programme réduit de mai.
Seule, la première partie de ces propositions fut approuvée,
de sorte qu'au moment de l’Armistice le nombre des sections
équipées en matériel fut toujours de 30. Elles étaient à cette
époque réparties en 7 compagnies dont une, la 27 e ne compre-
,
irait qu’une section, et une autre, la 21 e , dite compagnie d’Ecole,
n’avait pas de matériel.
A l'égard de ces unités, le centre d’instruction de D. C. A. de
Pont-sur-Seine fonctionnait comme centre d’organisation chargé
de recevoir le matériel, d'instruire le personnel et de constituer
les sections.
A la suite
des essais et des expériences réalisés, pendant le
premier semestre 1918, une note du Grand Quartier Général
parue sous le timbre « D. C. A. et 1er Bureau » fixa les grands
principes de l’organisation et du fonctionnement technique des
Sections de ballons de protection.
Les principes d’emploi tactique firent l’objet d’une seconde
Note, en date du 11 juin.
1111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111
Basés, d’une part, sur la connaissance des routes probables
de venue des avions et la tactique des bombardements, d’autre
part, sur- l'étendue des objectifs à protéger ces principes peuvent
se résumer ainsi :
Matériel.
Ballons. — Le ballon du type N dilatable a une capacité de
165m3 au sol; les fuseaux élastiques, dont il est muni lui per
mettent, quand il s’élève, une dilatation portant son volume
à 215m à 2500m
Le poids de l’enveloppe est de 110 kg Lesté de 10kg à l’arrière,
.
le ballon a une force ascensionnelle de 70'6 environ, constante
avec l’altitude. Le câble de 3mm de diamètre et long de 2500m,
pèse environ 30kg au kilomètre. Sa résistance à la rupture est
de 7001; il permet l'établissement du barrage à une altitude
efficace de 2200m
En réalité, dans les meilleures conditions, le ballon N dépasse
rarement 2000m.
Or, on avait espéré atteindre une altitude supérieure : le
commandant Saconney dans son rapport parlait de 3000
à 3500m. On fut, en conséquence, amené à envisager l’emploi
de 2 ballons superposés, accrochés l’un à l’autre.
Expérimenté à partir de janvier, ce dispositif a en tandem »
fut mis en service en février. Mais sa généralisation fut très
lente ; au 1 er octobre, il en manquait 130 pour atteindre la dota
tion de 5, prévue pour chaque section.
Le montage en tandem nécessite le matériel suivant :
— un ballon dilatable, type N. N., ayant une capacité de
170 m3 au sol, mais dont les fuseaux permettent la dilatation jus
qu’à 265 m3 (altitude de 4500m) ;
iiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin
878 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Treuil pour ballon de protection installé dans les Tuileries, pendant la guerre.
IIIIIIIIII1IIII11I1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIII1III1I1IIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIII1IIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 879
4III1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIII1II1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIHIIII!
Tandem de ballons de protection garés dans une carrière, pendant la dernière guerre.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiitiiiiii
882 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Des améliorations apportées au matériel, le retour aux enve
loppes doubles, permirent d’augmenter la durée du matériel et,
comme conséquence, de créer de nouvelles unités.
Le premier ballon tandem fut mis en ascension le 29’ juin au
poste du bois de Vincennes.
l
— Une Compagnie Nord — re compagnie — avec P. C. à
Villetaneuse et comprenant les sections de Bagatelle, Genne
villiers, Villiers-le-Bel, la Patte d’Oie, Villepinte, Bobigny,
Montreuil, Tuileries, Champs-Elysées, Luxembourg, soit 8 sec
tions ;
— Une Compagnie Sud — 2a compagnie — avec P. C. à
Fontenay-aux-Roses et comprenant les sections de Charenton,
Maisons-Alfort, Ivry, Arcueil-Cachan, Chatillon, Saint-Cloud,
Billancourt, soit 6 sections.
Commencée le 21 juin, cette organisation fut entièrement
réalisée le 18 septembre.
La dernière section, la 148 e fut, à la demande du Sous-
,
Secrétariat de l’Aéronautique, installée dans la région de Nan
terre. Les 3 premiers ballons de cette section étaient en position
à l’armistice.
Enfin il fut prévu une 149 e section pour la protection du
Parc d’Artillerie de Mitry-Claye. S’étendant du Nord de Coin-
pans à l’Ourcq, elle devait interdire la voie ferrée Paris-Laon
et former avec la section de Villepinte, en arrière, un double
barrage sur cette voie d’accès.
A l’Armistice, il existait à Paris 150 postes dont 120 en état
de fonctionner et comprenant 31 tandems.
*
**
En dehors de ces sections fixes,la défense avait d’autre part
conçu le projet de sections fluviales, susceptibles de se déplacer
aisément sur la Seine, la Marne et l’Oise pour former des bar
rages mobiles. Ces sections ne furent pas réalisées.
L’Etat-Major des ballons de protection étudia également au
cours de 1918 l’emploi de ballons, non plus seulement comme
obstacles passifs agissant par la seule présence de leurs câbles,
mais armés d'explosifs, ou de grappins.
Le ballon-explosif aurait été en substance un ballonnet en
caoutchouc du type employé pour les sondages météorologiques,
et portant à l’extrémité d’un câble un engin explosif —- bombe,
pétard ou grenade — fonctionnant non par percussion, mais
par inflammation au bout d’un temps déterminé.
Le manque de personnel pour constituer un bureau technique
compétent fit ajourner ces études comme celles des sections
fluviales.
Le projet de ballon porte-grappin reçut, par contre, un com
mencement de réalisation.
Cet engin composé d’un ballon en papier de 14m3 gonflé à
,
l’hydrogène, portant un câble d’acier muni d’un parachute à
son origine et d’un grappin en fer à son extrémité devait
884 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
s’élever jusqu’à 4000 ou 5000m, poussé par le vent à la manière
d’un ballon libre.
Le câble rencontré par un avion devait par son grappin
accrocher une partie quelconque de cet avion, déterminer ainsi
une traction sur le parachute et, par l'ouverture de ce dernier
un déséquilibre de l’avion.
Un poste de lancement fut créé aux Ateliers de Villetaneuse
et les essais réalisés en août 1918 donnèrent des résultats inté
ressants. Par la suite, la présence d’avions amis rendant dange
reuses les expériences, celles-ci furent poursuivies à Angers.
Elles furent arrêtées par la signature de l’Armistice.
RÉSULTATS OBTENUS.
Les résultats obtenus par la mise en œuvre des ballons de
protection ne se chiffrent pas d’une façon positive par un
nombre impressionnant d’avions mis hors de combat. Les
archives de la Guerre donnent comme certains les seuls faits
suivants :
17 mai 1918. — Section de B. P. du viaduc de Poix; 8 ballons
en ascension à 2500m.
...à 22h 30min plusieurs avions survolent Poix, l’un d’eux
descend à environ 500m d’altitude lançant 8 bombes. Le ballon
du treuil N° 1 a son câble coupé à 1250m. Cette coupure coïncide
avec un arrêt du moteur de l’avion.
Complément au C. R. ci-dessus :
Un avion Gotha a atterri près de Villers-Bretonneux. Avion
«
—-
Folkestone :
10 août 1918, de
Un bimoteur allié a été pris dans un filet aérien soutenu par
des cerfs-volants au-dessus de Saint-André-de-Bruges.
POSSIBILITÉS ACTUELLES.
Le maximum d'altitude des barrages réalisés pendant la
guerre n’a pas dépassé 3000m. Avec les avions modernes pou
vant plafonner à 7000 ou 8000m, est-il possible d’envisager, en
l’état actuel des choses, des barrages aériens susceptibles de
leur être opposés ?
C’est l’éternelle lutte de l’obus et de la cuirasse.
Dans le domaine de l’artillerie antiaérienne on parle mainte
nant couramment de tirs exécutés à 8, à 10.000m d’altitude.
Pourquoi refuser à l'Aérostation la possibilité de réaliser des
performances comparables ? C’est le secret des Sections
d’étude. Il s’agit de force ascensionnelle, de poids de câbles à
soulever, de résistance de ces câbles, tous points particulière
ment perfectibles et auxquels il serait pour le moins imprudent
de vouloir a priori fixer une limite déterminée.
Le ballon, par son câble, matérialise une trajectoire perma
nente et dangereuse jusqu’au sol. Sa mise en œuvre est relati-
vement aisée ; elle ne nécessite que quelques spécialistes et des
hommes de manœuvre dont l’instruction peut être très rapide.
Son efficacité, très grande quand il s’agit de points d’une sur
face réduite, reste encore appréciable pour de grandes étendues.
Agissant par leur seule présence, les ballons peuvent écarter
d’une route déterminée des bombardiersprudents et les rabattre
sur d’autres moyens de défense plus dispendieux et dont
l’emploi ne peut être suffisamment généralisé, comme on l’a vu
dans l’exemple, cité plus haut, du 30 mai 1918 à Crèvecœur.
Non seulement, en effet, le prix de revient d’un ballon est
faible, mais son emploi ne nécessite d’autre dépense que celles
causées par l’usure du matériel et la déperdition d’hydrogène,
alors que le prix d’une batterie moderne, des appareils de
conduite de tir et surtout des munitions consommées est consi
dérable.
En résumé le ballon employé en barrages aériens a fait ses
preuves au cours de la grande guerre. Il est susceptible d’évo
luer dans le même sens que les moyens aériens auxquels il
s’oppose; il constitue, en conséquence, un outil extrêmement
précieux pour la protection antiaérienne du territoire ( 1 ).
Commandant J. LUCAS.
A la conquête de la stratosphère
(in) 0)
TENTATIVE AVORTÉE.
Le 12 juillet 1935, les conditions météorologiques s’annonçant
favorables, la nouvelle ascension stratosphérique est décidée.
Une activité fébrile, et pourtant disciplinée, s’empare aussitôt
du stratocamp — car, la cuvette des Black Hills ayant donné
toute satisfaction pour le gonflement et le départ de VuExplo-
rer-1 », l’emplacement a été définitivement adopté, et les initiés
le désignent sous le nom pittoresque et suggestif de « strato-
bowl» (littéralement : le « stratobol »)... On procède au gon
.
flement de l’immense enveloppe, au centre de la vaste piste
illuminée par des torrents de lumière électrique. La nuit s’écoule;
tout se passe à merveille.
Après 13 heures de travail, l’enveloppe a enfin reçu sa pro
vision d'hélium et domine de toute sa hauteur le stratocamp.
La nacelle est amenée au-dessous; on l’encadre provisoirement
d’une cage métallique, destinée à faciliter les opérations d'ac-
crochage. Plusieurs hommes sont là, qui s’affairent. Soudain,
. . .
la haute silhouette fiasque du stratostat, dont le sommet se perd
dans le ciel nocturne, se déforme brusquement et s’affaisse.
L’événement est'si rapide et si imprévu que les assistants n’ont
pas encore eu le temps de revenir de leur stupeur lorsque, six
ou sept secondes plus tard, les trois tonnes de tissu se sont com
plètement effondrées, ensevelissant sous leurs plis les travail
leurs occupés près de la nacelle ! On se précipite; on soulève
iilillllllIllIllllllllllilillililIllllllllllliIlllllllIllluitlIlllllllIllllHiiiiiiiiininiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiliiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 889
l’étoffe amoncelée. Par bonheur, tous les ouvriers ont été pro
tégés par la cage métallique, qui a résisté ; ils parviennent à se
glisser au dehors, sains et saufs. Et toute la population du stra-
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiii
R. A. A. — No 85.
890 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
constate alors qu’une fissure s’est brusquement ouverte près du
sommet du panneau de déchirure (en forme de V renversé), et
s’est propagée vers le bas et vers le haut, où elle s’est divisée en
deux au sommet même du ballon. En quelques instants, toute
la partie supérieure de l’enveloppe béait par une large déchi
rure en Y, par où s’évadait vers le ciel l'énorme bulle d’hélium
rassemblée là-haut, tandis que le ballon, vidé, s’affaissait.
. . .
Jamais panneau de déchirure n’avait donné lieu, auparavant, à
pareil accident. Mais il faut tenir compte toutefois du fait qu’un
aérostat de cette envergure, dont le sommet seul est gonflé au
départ, est soumis à des actions encore mal connues et nette
ment différentes des conditions régissant un sphérique ordinaire.
PERSÉVÉRANCE.
...
Le premier moment de consternation passé, les décisions sont
vite prises. Il faut savoir s’obstiner. L’ascension aura lieu; elle
sera simplement retardée, voilà tout. En somme, hormis l’en
veloppe, le matériel est intact. Et, dans un bel esprit de coopé
ration, la Goodyear Zeppelin Corporation s’offre à refaire entiè
rement le sommet de l’enveloppe — en remplaçant le panneau
de déchirure par un fil d’acier souple qui, le moment venu,
ouvrira une entaille de 7 m 50 de long à la partie supérieure du
ballon. Quelques semaines plus tard, le matériel est à nouveau
à pied d’œuvre. Et l’attente commence.
. . .
Il ne faut pas oublier, en effet, que des conditions météoro-
logiques spéciales sont requises pour que l‘ascension soit décidée.
Un centre de hautes pressions doit passer juste sur le stratobowl,
assurant une nuit sans le moindre coup de vent au sol pour le
gonflement, une journée de ciel clair pour l’ascension et son
programme de photographies aériennes, et un vent ne dépassant
pas 25kmh dans la région probable d’atterrissage (1). Tout ceci
doit être prévu sans erreur 24 heures à l’avance. Pour qui est
tant soit peu familier avec l'établissement d’une carte du temps,
iiiiiiiiiiyiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiii
892 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
départ après une réparation hâtive effectuée en de telles con
ditions.
. . .
« LACHEZ-TOUT ! ».
A droite, la nacelle, amenée sous l’enveloppe au moyen d’un chariot, vient d’être
fixée à celle-ci.
On procède aux vérifications. Remarquer la « cage » formée par les cordes
suspendant la nacelle au cercle de charge, et dans laquelle les stratonautes
procéderont en toute sécurité à leurs derniers aménagements. Derrière, à droite,
le gros paquet du parachute Hoffmann.
Devant, accrochés aux flancs de la nacelle, une série de sacs contenant des
parachutes auxiliaires pour expédier du matériel par dessus bord, comme
lest supplémentaire avant l’atterrissage. Plus bas, les boîtes contenant les
batteries d’accumulateurs, qui seront larguées de même.
Par le trou d'homme, on aperçoit le capitaine Stevens procéder à des aména
gements intérieurs.
A intervalles réguliers pendent au flanc de la nacelle les cordes auxquelles
seront fixés les sacs de lest. Sur la partie supérieure, à gauche, une série de
tubes destinés aux expériences scientifiques. En premier plan, descend la manche
de gonflement par oii les dernières bouffées de gaz ont été envoyées dans
l’enveloppe.
Au moment du départ, le stratostat entier ne sera plus retenu que par les
courtes cordes que l’on voit aboutir au sommet de la nacelle, et qui permettront
l’équilibre une fois établi, de le transporter à bras d’hommes jusqu’à l’extrémité
de la piste.
iiiiiii in in i iiuiiiiiiiiuniil iiiii i hui uni iii uni u uni in111 iiiiii IIIIIIIIIII iiiiiiiui IIIIIII lllllllllllllni
894 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
milliers de spectateurs venus assister au départ. Il n’y a pas
une seconde à perdre pour éviter une catastrophe. Bienheureuse
l’inspiration qui fit accrocher à l’extérieur, à l’entour de la
nacelle, les 40 sacs de lest pesant chacun 33 kg avec commande
,
électrique. Anderson saute sur le commutateur en trois
:
secondes, dix sacs (le quart du lest emporté !) sont libérés et
arrosent copieusement de fine grenaille de plomb la foule qui
se disperse, épouvantée, fuyant à toutes jambes le géant strato
sphérique prêt à s’abattre sur elle.... L’effet est immédiat
:
le ballon remonte à toute vitesse, si bien qu’il faut soupaper
énergiquement pour freiner l’ascension et laisser à l'équipage
le temps d’inspecter le gréement extérieur et de procéder aux
diverses manœuvres nécessaires avant qu’il faille clore les
hublots.
On pourrait s’imaginer que pareille inspection, effectuée au
sommet d’une sphère métallique glissante suspendue à quel
que 4000 ou 5000m d'altitude, pourrait faire reculer le plus
intrépide des chats de gouttière. Il n’en est rien; du moins,
c’est Stevens qui l’affirme. Les dix cordes suspendant la nacelle
au cercle de charge sont, en effet, aussi rigides que des barres
de fer : chacune, épaisse de 2 cm ,5, supporte une tension d’en
viron 5001; et elles forment ainsi une cage protectrice d’où
l’on ne pourrait glisser dans le vide qu’en y mettant de la
bonne volonté.
De ce belvédère aérien, il est relativement aisé de descendre
sous le ballon le météorographe officiel et le lourd spectro-
graphe — quoiqu’il faille, pour ce dernier, se cramponner aux
cordes pour n’être pas entraîné par son poids. Divers autres
appareils sont mis en position, parmi lesquels un ventilateur
dont les palettes, en brassant l’air, doivent permettre au stra-
tostat de tourner lentement sur lui-même. Il ne faut pas oublier
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinc
896 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
non plus d’accrocher clans les cordages le sac postal, contenant
le premier courrier qui sera acheminé via la stratosphère, et
dont les timbres feront la joie des collectionneurs, tout en
apportant une contribution financière non négligeable à l’entre
prise.... Il fait bon, là-haut, bien meilleur que dans le stra-
toboivl de glaciale mémoire, et l’on s’attarde volontiers à faire
le ménage, ranger les cordes qui traînent, avant de redescendre
s’enfermer dans la nacelle.
. . .
VERS LA STRATOSPHÈRE.
Car le ballon est déjà à 5000m, et raré l’air commence à se
fier sensiblement. Il est temps de fermer les hublots. La
manœuvre a été répétée maintes fois au sol : une minute suffit
à présent pour clore hermétiquement chaque trou d’homme.
Par la pression de l’hélium contenu dans un petit réservoir,
l’appareil à air liquide destiné à conditionner l’atmosphère de
la nacelle est mis en marche. Très vite, l’altimètre intérieur
indique une pression correspondant à l’altitude de 3900m, pres
sion qui sera maintenue constante durant toute l’ascension. On
constate qu'effectivement, une fois la soupape de vidange mise
en route, la pression ainsi fixée reste invariable, garantissant
l’étanchéité de la nacelle. Il aurait d’ailleurs été facile de
ramener cette pression intérieure normale au sol, malgré la
raréfaction extrême que doit atteindre l’air extérieur; la nacelle
est solide et a fait ses preuves aux essais : ses parois ont par
faitement supporté un excès de pression d’air intérieur de
1300 g/cm2 et une pression d’eau intérieure de 3 kg/cm2 Quant
.
aux glaces des hublots, fournies par la firme Bausch and Lomb
Optical C°, elles ont résisté à des pressions de plus de 7 kg/cm2
.
Mais le maintien de cette pression normale eût nécessité une
trop grande consommation d’air liquide. Il a été jugé préfé
rable d’établir une pression réduite, quoique suffisante, et dont
la réduction est d’ailleurs compensée du fait que l’air liquide
employé contient.45% d’oxygène, c’est-à-dire le double de la
proportion normale dans l'atmosphère. De plus, un ventilateur
fait passer constamment l’air de la nacelle sur de la soude, qui
le purifie en absorbant le gaz carbonique et une bonne partie
de l’humidité qu’il contient. Tout a donc été prévu de ce côté
et tout, en effet, fonctionne parfaitement....
'Illlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 897
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1MIIIIIIIHIHIHIHHHHHHHIHIIIHIHIIItlllHmtHHIHIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIllllllIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIII
898 REVUE DE L’ARMÉE DE L’ALR.
le ballon. A travers cet appendice ouvert, les stratonautes aper
çoivent enfin, loin, très loin au-dessus de leurs têtes, le sommet
du ballon et ils éprouvent quelque peine à « réaliser » qu’ils
sont suspendus à cette énorme bulle de gaz, eux et tout leur
pesant matériel ! Ils voient aussi, à l'intérieur de la sphère
colossale, le petit météorographe officiel dont ils lisent les indi
cations en s’aidant d’une jumelle. La température du gaz est
de —20°, au début (elle montera à 0° quand le ballon flottera
à l'altitude maximum), tandis que la température extérieure
varie de — 57° à —61° selon les couches traversées. C’est qu’en
effet le soleil chauffe le ballon et communique au gaz qu’il
contient une température supérieure à celle de l’air ambiant.
Il en résulte une dilatation (donc une perte) supplémentaire
de gaz; d’où nécessité d’une réserve suffisante de lest pour
compenser la diminution de force ascensionnelle qui résultera,
à la descente, de cette perte, lorsque le refroidissement provo
quera la contraction du gaz restant dans l'enveloppe. Ce phé
nomène est inévitable, et les trois victimes de l’« Ossoaviakhim »
ont probablement trouvé la mort pour en avoir sous-estimé
l’importance....
Et maintenant, pour monter plus haut, il faut jeter du lest.
Le stratostat obéit, s’élève encore, puis se stabilise après quel-
ques légères oscillations. Chose curieuse : la fine grenaille de
plomb ne s’éparpille plus comme au début de l’ascension, mais
tombe d’un bloc, comme une coulée rigide et verticale. C’est
que l’air est si raréfié qu’il n’offre plus aucune résistance appré
ciable aux corps qui s’y déplacent. Bien mieux : le ventilateur
extérieur qui, naguère, commandait la lente rotation du ballon
sur lui-même a beau tourner à toute vitesse, il ne produit plus
aucun résultat, car ses pales ne battant plus que du vide (ou
peu s’en faut) ne rencontrent plus aucun milieu sur la résis
tance duquel s’appuyer. Les appareils indiquent, en effet, que
la pression de l’air extérieur est tombée à 27 mm,5 de mercure
(soit environ 1/25e de la pression atmosphérique normale). Le
fait paraît si incroyable aux stratonautes que Stevens entr’ouvre
pour un instant la caisse du « factographe » pour jeter
un coup d’œil directement sur la colonne de mercure, réduite
à presque rien, et s’en convaincre de visu.... L’« Explorer )
a bien sous lui, à cet instant, les 96/1006 de l’atmosphère ter-
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltllllllllllllll
l’horizon.
à
monte
soleil
le
que
tandis
incultes,
escarpements
des
et
fertiles
plaines
des
au-dessus
s’élever
stratostat
le
voit
on
surplombe,
900 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
restre, et le peu qui reste au-dessus de lui se disperse sur des
centaines de kilomètres....
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiu
cornues de 25 litres, vidées et scellées avant le départ, et des
tinées aux prises d’air stratosphérique. Il les laisse ouvertes, en
communication avec l’extérieur, pendant dix minutes, profitant
de ce que la nacelle se trouve dans un courant d’air ascendant
très net, puis les scelle à nouveau. Toutefois, fait-il remarquer,
il est possible que l’air stratosphérique ainsi recueilli contienne
un peu de vapeur d’eau, car aux hautes altitudes en particulier
la nacelle s’est trouvée entourée de vapeurs, en nuages parfois
assez épais pour faire croire aux occupants que quelque chose
avait pris feu à l’extérieur (éventualité fort improbable, étant
données les précautions prises) — vapeurs provenant vraisem
blablement de l’évaporation du liquide des batteries et de l’hu
midité contenue dans les parachutes et les cordages.
Une chambre photographique verticale prend constamment
des vues de la région que survole le ballon
— vues qui servi
ront plus tard, entre autres, à déterminer sa trajectoire exacte.
D’autres photographies sont prises, et du sol, et de l’horizon,
avec un appareil photographique aérien Fairçhild, chargé d’un
film infrarouge Eastman. Le paysage est également cinémato-
graphié sur un film infrarouge à l’aide d’un appareil Bell et
Koweït a Eyemo ». D’autres photographies en couleurs du sol,
du ciel et du ballon sont prises sur Kodachrome film avec un
Eastman Ciné-Kodak.
A l’altitude maximum également sont photographiées les indi
cations d’un appareil, établi en vue d’étudier les variations
éventuelles de l’intensité de la pesanteur. Au début de la des
cente, on libère un autre appareil destiné à recueillir les spores
pouvant encore exister à grande altitude — appareil qui s’est
refermé automatiquement avant de pénétrer dans les couches
plus basses de l’atmosphère et qu’un parachute a ensuite ramené
au sol sans encombre.
D’autres spores, emportées du sol, celles-là, ont participé à
cette excursion dans le ciel en restant constamment à l’air
libre, exposées aux conditions rigoureuses de la stratosphère.
De retour au laboratoire, sur les sept espèces ayant fait le
voyage, cinq ont germé et se sont développées normalement. . . .
Par contre, des larves de Drosophiles — espèce de petites
mouches vivant sur les fruits en décomposition, et dont les
larves sont en général assez résistantes, même à l’action nocive
des rayons X
— ont moins bien supporté le voyage, quoique
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIllIIIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIimi
902 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
étant restées constamment à l’abri
dans la nacelle : elles ont
été décimées (sous l’effet des rayons cosmiques, peut-être), et
trois d’entre elles seulement sont revenues vivantes au sol, où
leur évolution et celle de leurs descendants a été suivie avec
curiosité par les naturalistes.
Quant aux stratonautes eux-mêmes, ils ne semblent pas s’être
ressentis des effets des rayons cosmiques. L’existence dans la
nacelle leur paraît parfaitement acceptable — à part quelques
petits inconvénients, naturellement. C’est ainsi qu'Anderson,
malgré tout le désir qu’il peut en avoir, doit abandonner l’idée
de se restaurer : le sandwich sur lequel il a jeté son dévolu est
complètement gelé. Au contraire, Stevens, dévoré d’une soif
. . .
inextinguible (l'expérience semble prouver qu’on n’a pas très
faim, mais qu’on a très soif dans la stratosphère), Stevens se
voit obligé d’absorber près de quatre litres d’eau chaude (de
crainte qu’elle ne gelât, on l’avait soigneusement chauffée et
enveloppée avant le départ !). Faute d’une orangeade glacée
pour* se désaltérer, il trouve d’ailleurs cela excellent....
Quant à la température dans la nacelle, elle ne s’abaisse pas
au-dessous de —5°; en raison de l’inversion de température
qui se produit en cours de route, et aussi sans doute du soleil
plus vif au milieu du jour, elle s’élève même à — 6° à l'altitude
maximum. Mais il y existe un gradient de température assez
fort : vers le bas de la nacelle (partie noircie extérieurement
et absorbant le rayonnement), il fait relativement tiède, et les
hublots sont bien dégagés — vers le haut, qui est peint en blanc
et réfléchit les radiations reçues, il fait beaucoup plus froid, et
le hublot supérieur est couvert d’un givre qu’on ne peut essuyer
que durant quelques secondes pour observer ce qui se passe
dans l‘enveloppe. En somme, la sphère est bien conditionnée
pour avoir les pieds au chaud tout en gardant les idées
fraîches.... L’air y est d’ailleurs excellent, les appareils à air
liquide fonctionnant très bien — au point qu’on ne sentira
nulle différence, lors de l’ouverture des hublots, à la descente.
lilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
904 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
les six premiers kilomètres de la descente. Et les stratonautes
ont tout le loisir de s’emplir les yeux de ce spectacle impres
sionnant, puisque leur ballon se maintient pendant une heure
et demie à son altitude maximum....
« Je suis en l’air »
répond Anderson, un peu sèchement.
(Qu’aurait-il pu dire d’autre ?).... En somme, aussi facile que
unn
906 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
de décrocher son appareil pour passer une commande à l’épicier
du coin.
Et voici une liaison historique, à inscrire dans les annales de
la radio. A la même heure, l’hydravion « China Clipper» sur
vole le Pacifique à 1050m d’altitude, entre San-Diego et San-
Francisco. Une conversation s’établit entre les deux géants,
celui de la stratosphère et celui de l’air, à bord duquel se trouve
justement l’un des techniciens qui ont collaboré à l’organisa
tion d’une précédente ascension stratosphérique....
Peu après, nouvelle liaison sensationnelle : de son bureau à
Londres, un journaliste anglais interviewe les stratonautes.
Leur conversation roule d’ailleurs autour d’un malentendu : la
nouvelle de l’incident survenu lors du gonflement est déjà con
nue en Angleterre, mais l’interlocuteur de Stevens croit que la
déchirure s’est produite après le départ et que l’équipage l’a
raccommodée en plein vol. Il harcèle Stevens de questions à ce
sujet : « Mais comment avez-vous donc pu vous y prendre ? »
Et Stevens, qui ne s’est pas rendu 'compte du quiproquo, de
répliquer tout bonnement : « Mais nous y avons simplement
collé une pièce », plongeant son interlocuteur lointain dans un
ahurissement sans limites.
. . .
IIIIIKIIIIIllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
908 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
...et s’affaisse.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII<IIII<III<IIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 909
au départ, les domine de toute sa hauteur. Dommage, car cette
manœuvre eût permis de vider le ballon par le simple jeu de
la soupape, sans être contraint de déchirer l’étoffe pour accé-
lérer l’opération et éviter à la nacelle d’être traînée sur une
certaine longueur.
Faute de mieux, Anderson s’y résigne. Au moment précis où
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiniiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiim
çio REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
la nacelle touche le sol (avec une telle douceur que le coussin
pneumatique placé à sa base pour amortir le choc n’éclate même
pas), il tire sur la corde de déchirure. L’opération a été con
duite avec une telle précision que la nacelle s’immobilise sur
place, se couchant sur le flanc, tandis qu’à l’intérieur matériel
et occupants prennent subitement des positions relatives aussi
fantaisistes qu’inattendues. Et à peine les stratonautes ont-
...
ils repris la station verticale qu’il voient un visage s’encadrer
dans le hublot. L’un des aviateurs, voyant la manœuvre du
stratostat, a atterri juste avant lui, trouvé le temps de sauter à
terre, de prendre deux photographies, et d'accourir près de la
nacelle... Une auto, déjà, s’immobilise à quelques mètres de là.
.
Moins de cinq minutes plus tard, le champ d’atterrissage est
devenu un parc d’automobiles et d’avions, et des centaines de
curieux y sont rassemblés. Le Dr Brombach, représentant de
V Association Aéronautique Nationale, qui a suivi constamment
le stratostat à bord d’un avion, est déjà là pour prendre pos
session du météorographe officiel dûment scellé.
Il est 15120m, et le stratostat a parcouru, en 8h 13m, une dis
tance de 360km à vol d’oiseau vers l’Est, avec plusieurs crochets
dus aux divers courants aériens rencontrés aux différentes alti
tudes.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin
912 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
au-dessus des couches les plus basses de la stratosphère, où une
altitude optimum pourrait être trouvée pour les transports à
grande vitesse.
L’aérostat, lui, s’est adapté beaucoup mieux aux hautes alti
tudes. Plusieurs belles ascensions, dont celle de l‘« Explorer-II »,
en font foi. Pour aller haut, il suffit, en principe, de ne gonfler
que partiellement l’enveloppe (au dixième, par exemple), et
d’avoir pourtant assez de force ascensionnelle pour emporter
tout le lest nécessaire à la descente et n’être pas gêné outre
mesure par les pertes de gaz au-dessus de la zone d’équilibre.
Par conséquent, il faut faire d’autant plus grand qu’on veut
aller plus haut. Et, accessoirement, alléger le matériel le plus
possible. Le capitaine Stevens estime qu’en gonflant WExplo-
rer-II » à l'hydrogène et en ayant la possibilité de se débarras
ser au cours de la descente du maximum d’appareillage lourd,
le stratostat, équipé comme en novembre 1935, pourrait s’élever
jusqu’à 23.500m au moins. On pourrait même monter plus haut
encore (peut-être jusqu’à 28.500m) avec un ballon un peu plus
grand et une enveloppe, non plus en coton, mais en soie caout
choutée. C’est d’ailleurs ce cpie se propose de faire le professeur
Piccard, qui a établi les plans d’un nouveau stratostat ( 1 ),
cubant 114.000 m3 (soit 10.000ma de plus que l’« Explorer-II »),
et dont l’enveloppe, en soie caoutchoutée, serait environ trois
fois plus légère que celle du ballon américain, avec l’avantage
supplémentaire d’une élasticité, donc d’une résistance à la
déchirure, plus grande que celle de l’enveloppe de coton.
Pour monter le plus haut possible, le professeur Piccard envi
sagerait, en outre, de reléguer une partie du matériel
— et en
particulier le poste de radio, avec son opérateur
— dans une
seconde nacelle suspendue sous la première. Une fois le lest
disponible pour la montée épuisé, cette nacelle pourrait être
abandonnée à son tour pour permettre au ballon et à la nacelle-
laboratoire de s’élever encore, jusqu’au voisinage de 30.000m.
Quant à la cabine de T. S. F., elle redescendrait grâce à un
Des journalistes pressés ont déjà annoncé cette nouvelle ascension pour
(1)
le mois d’août. En réalité, le professeur Piccard est prêt à l’entreprendre dès
qu’il lui aura été possible de trouver le million nécessaire, l’ascension dût-elle
être financée, à défaut d’autres crédits, par quelque grande firme qu’une
méthode de publicité aussi peu terre à terre pourrait séduire.
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
parachute initialement entr ‘ouvert, et qui se déploierait dès que
la vitesse de chute serait telle que la pression de l’air raréfié,
accrue par cette même vitesse, atteindrait une valeur suffi
sante.
. . .
Toutefois, fait remarquer le capitaine Stevens, un tel ballon,
plus coûteux, plus difficile à manier, de coefficient de sécurité
moindre, nécessiterait un emplacement de départ dont il n’existe
sans doute que peu d’exemplaires au monde : une cuvette natu
relle entourée d’un rempart de collines protectrices suffisam
ment hautes pour que le sommet du ballon gonflé reste pourtant
dans une zone de calme atmosphérique complet. A quoi le pro
fesseur Piccard objecte qu’une cuvette de dimensions aussi res
treintes que le « stratobol » n’est peut-être pas indispensable,
et peut même présenter des inconvénients au moment du départ
(les occupants de l’« Explorer-II » en ont fait l’expérience).
Selon lui, un rempart de collines assez éloignées suffirait, l’air
froid restant calme au voisinage du sol, par une nuit claire,
dans cette vaste enceinte; il y aurait d’ailleurs moyen d’en
visager un dispositif réduisant la surface offerte au vent par
toute la partie inférieure du stratostat pendant les opérations
de gonflement.
Il faut songer aussi que bien des problèmes soulevés par la
construction des grands stratostats sont loin d’être résolus -—•
témoin l’éclatement de l’enveloppe gonflée en juillet 1935 : il
ne faut pas oublier en effet que, au départ comme au retour
(si la descente s’effectue avec appendice fermé), tout le gaz
est rassemblé en une vaste bulle uniquement au sommet du
ballon, y provoquant des surtensions locales mal définies, et
sans doute considérables. Le professeur Piccard se propose
d’ailleurs de munir le haut du ballon d’une demi-sphère addi
tionnelle contenant tout le gaz à pression normale, le reste de
l’enveloppe étant plié au moment du départ. Cela supprimerait
les surtensions en haut du ballon, tout en permettant de dimi
nuer considérablement la surface offerte au vent avant le
départ.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiniiiiiiiiii)
914 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
card envisage de se tirer d’affaire en effectuant la descente
avec l’appendice ouvert. Conséquence : l’hydrogène évacué
serait remplacé au fur et à mesure par de l’air qui, chauffé par
le soleil dans l’enveloppe, pourrait contribuer à maintenir le
stratostat, quoique possédant une force ascensionnelle cinq à
dix fois moindre que celle de l’hydrogène. Le professeur Pic-
card calcule même qu’au voisinage de 20.000m le ballon pour
rait rester en équilibre après avoir évacué tout son hydrogène
—- uniquement gonflé à l’air relativement chaud, tel une vaste
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllliliutlillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
916 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
la nacelle et son équipage redescendraient au moyen d’un para
chute; mais, en raison de la raréfaction de l’air, il est probable
qu’ils tomberaient pratiquement en chute libre pendant un cer
tain nombre de kilomètres avant que le parachute puisse se
déployer. Plus l’air est raréfié, en effet, plus la vitesse de chute
doit être grande pour que la pression du vent relatif qu’elle
produit atteigne la valeur requise pour l’ouverture de l’engin
— engin qui devra être soigneusement étudié pour permettre
de freiner ainsi la chute d’une masse de plusieurs tonnes tom
bant à une vitesse de l’ordre de plusieurs centaines de mètres
par seconde, et pour ralentir ensuite cette chute jusqu’à une
valeur acceptable en pénétrant dans les couches atmosphériques
plus denses. Perspective qui promet évidemment du beau sport
aux amateurs d’émotions fortes....
Les techniciens soviétiques suggèrent aussi de remplacer la
nacelle par un planeur, qui, comme précédemment, abandonne
rait l’enveloppe à très grande altitude pour regagner le sol.
Un essai a même été effectué cet hiver avec succès, le planeur
ayant abandonné l’aérostat vers 4500m. Ledit planeur pourrait
être muni d’un double dispositif de sécurité : parachute d’en
semble, d’abord, en cas d’avarie survenant à l’engin
— ensuite,
si ce premier dispositif se révélait insuffisant pour freiner la
descente, ouverture automatique du planeur à altitude relati
vement basse, laissant tomber dans le vide l’équipage muni
de parachutes individuels
. .. .
Et après
— car le stratostat lui-même finira par atteindre
?
Notes et souvenirs
sur la
création de 1Aviation militaire française (1)
IV.
(1) Voir les numéros de février, mai, juin et juillet de la « Revue de l’Armée de
l’Air ».
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiii
918 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Enfin, greffaient là-dessus des histoires d’usine à hydro
se
gène fort peu claires, mais dont le résultat était
que ce gaz
coûtait à notre aérostation beaucoup plus cher qu'ailleurs et
notamment qu’en Allemagne.
Véritablement, le service des dirigeables marchait mal et l’in
dignation de M. Reymond, bientôt partagée par ses collègues
en
présence de ces révélations, était fort justifiée.
Sur tous ces points, j’étais pleinement d’accord
avec l'in-
terpellateur.
Malheureusement, M. Reymond, voulant remédier
au mal,
croyait en trouver les causes dans la multiplicité des services
indépendants chargés des questions aéronautiques il existait
:
à l’origine un seul établissement, l’Etablissement central
de
Chalais-Meudon, chargé de l’aérostation. Puis,
on avait cons
titué un bataillon d’aérostiers sans lien direct avec lui. Ensuite
un troisième organisme, l’Ecole du Génie de Versailles, avait
été chargée du matériel de ce bataillon. L’Etablissement de
Chalais-Meudon lui-même avait été scindé en deux laboratoire
:
d’un côté, établissement central de l’autre, etc.. Le sénateur
énumérait ainsi dix services distincts, dont l’un était précisé
ment le service d’aviation de Vincennes, créé par le ministre et
confié à l’Artillerie, ce qui lui enlevait tout lien
avec les autres,
à moins de remonter jusqu’au ministre même.
Voyant dans cette multiplicité l’origine de l’impuissance dont
semblait frappée l‘aéronautique française, le sénateur demandait
au ministre de la faire cesser en groupant dirigeables et aéro
planes, et en empêchant le partage de ceux-ci entre l’Artillerie
et le Génie.
Parvenu à ce point, il soulignait les variations du ministre.
Les opinions des deux Chambres divergeaient,
comme je l’ai
dit, les Députés penchant pour le service créé à Vincennes
par
le commandant Estienne, le Sénat pour la centralisation
aux
mains du Génie. Le ministre, passant d’une Chambre à l’autre
et toujours en quête d’approbations, avait cru devoir modifier
sa thèse à chaque passage pour gagner la sympathie de ses
auditeurs. En décembre 1909, un crédit ayant été accordé
par
la Chambre à l’Artillerie, il avait déclaré
au Sénat, pour le faire
approuver, qu’il cherchait à faire naître une émulation per
mettant de travailler la question sous différentes faces et d’ob-
tenir ainsi des progrès plus rapides — point de vue dont l’expé
rience a d’ailleurs prouvé la valeur, mais qui semblait admettre
la division de l’Aviation en deux branches, respectivement
confiées à l’Artillerie et au Génie.
Paraissant devant la Chambre en février 1910 à propos du
budget annuel, le ministre avait déclaré que le Génie garderait
le plus léger que l’air, tandis que l'Artillerie aurait dans ses
attributions l’aéroplane, plus lourd que l’air.... «Solution
éminement rationnelle, et qui doit être maintenue » avait déclaré
le Député rapporteur, d’accord avec le Ministre.
Toutefois, le 15 mars, revenu devant la Commission sénato
riale de l’armée, le même ministre avait tenté de concilier les
deux déclarations précédentes en déclarant que les besoins de
l’Artillerie en matière d’aviation étant différents de ceux de
l’Etat-Major et susceptibles d’être dès à présent satisfaits, il
confiait à l’artillerie le soin des engins nécessaires pour ses
reconnaissances de champ de bataille, le Génie étant chargé des
engins nécessaires au commandement pour les reconnaissances
à longue portée.
Ces trois points de vue différents avaient d’ailleurs chacun
sa valeur, et pouvaient parfaitement se soutenir. Nul doute que
si le ministre avait adopté l’un d’eux d’une façon ferme et s’y
fût rigoureusement tenu, il eut trouvé une majorité pour l’ap
prouver. Le malheur était qu’il eût émis successivement trois
avis différents : il donnait ainsi l’impression d’une indécision
peu propre à lui attirer l’approbation d’une assemblée.
Toutes ces thèses successives semblant reposer sur une cer
taine spécialisation des engins, M. Reymond s’attaquait — et
là, sa thèse était fort contestable — à cette spécialisation, décla
rant qu’il était impossible de la faire dans l’état présent des
engins, que non seulement il n’y avait pas lieu de faire de dis
tinctions dans l’Aviation, mais qu'aéroplanes et dirigeables
étaient assez proches les uns des autres pour que les progrès des
uns profitassent aux autres : il fallait donc éviter toute cloison
étanche entre dirigeables et aéroplanes.
Ici, le sénateur Reymond s’attaquait nettement aux raisons
données à la Chambre par le commandant Estienne, chargé par
le ministre d’y présenter les explications nécessaires au vote
des crédits. M. Reymond contestait que le personnel de l'Artil-
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1III1IIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIMIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIII1IIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIII1I1IIIIIIII
920 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
lerie, ayant même origine, fût mieux approprié, et que l’arme
ment des aéroplanes, étant du ressort de l’Artillerie, dût faire
attribuer ces engins à celle-ci.
M. Reymond s’appuyait sur le fait que la pratique du ballon
libre est une excellente préparation à piloter aussi bien un aéro
plane qu’un dirigeable, que le moteur d’avion et celui du diri
geable étaient identiques, les organes de direction semblables
et parfois interchangeables. Il déclarait que l’expérience pou
vait conduire à un engin intermédiaire et que les services secon
daires : observation, armement, photographie, télégraphie sans
fil donnant lieu exactement aux mêmes problèmes pour le diri
geable et l’avion, l’attribution de ces engins à des services dis
tincts amènerait également à dédoubler les services secondaires.
Comme conclusion, M. Reymond insistait pour l'organisation
d’un service autonome unique, dont l’entrée et la sortie fussent
largement ouverts pour toutes les armes, et avec possibilité d’y
parvenir aux grades les plus élevés.
L’attaque de M. Reymond était vigoureuse et avait nettement
impressionné le Sénat. La réponse aurait été cependant facile
si le service de Vincennes avait possédé dans le Sénat les amis
dévoués qu’il comptait dans l’autre Chambre.
Il suffisait d’opposer à M. Reymond l’illogisme qu’il y avait
à vouloir confier le service tout nouveau de l’aviation à la
Direction du Génie dont il avait lui-même si nettement souligné
l’insuffisance pour l’aérostation. De là, il fallait remonter à la
cause, et montrer que la multiplicité des organes créés jusque-là
tenait précisément à l’inaptitude du Génie à ce service.
L’aérostation exigeait l’esprit sportif, et l’aviation allait
l’exiger encore bien plus : n’était-ce pas une aberration de les
confier à une arme aussi bureaucratisée et antisportive que le
Génie ? Avait-on jamais vu, depuis 25 ans que les aérostiers
militaires existaient, les officiers aérostiers se distinguer dans
les compétitions sportives aéronautiques ? Le Génie avait eu un
homme de grande valeur en la matière, le colonel Renard. Mais
l'esprit de l’arme était si contraire à l’aéronautique qu'après
avoir présenté au monde en 1884 le premier ballon réellement
dirigeable, le colonel Renard avait été complètement paralysé
par sa direction d’arme pendant les vingt dernières années de
sa vie. Et la plupart des services indépendants de Chalais dont
IIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
M. Reymond critiquait la création, avaient précisément été
créés par la direction du Génie 1 par défiance du colonel Renard,
pour lui soustraire tel ou tel organisme. Si donc il convenait
de réunir les divers services aéronautiques en un tout auto
nome, ce n’était pas au Génie qu’il fallait confier ce tout, mais à
une autre direction susceptible de réunir l’esprit sportif et la
science technique nécessaires.
Si une réponse de ce genre avait été faite à M. Reymond,
celui-ci, qui avait déjà été choqué par le manque de sportivité
du Génie et devait l’être bien davantage par la suite, aurait
aussitôt fait observer qu’il ne demandait pas le rattachement
de l’aéronautique à telle ou telle arme, mais sa centralisation
en une seule main, quelle que fût celle-ci.
Mais le ministre était le dernier à pouvoir faire cette réponse,
parce qu’elle comportait un blâme au Génie en ce qui concer
nait l’aérostation, blâme qui retombait sur le ministre respon
sable, et que lui-même, en se présentant devant le Sénat, recou
rait à l’assistance du général Roques, directeur du Génie, comme
commissaire du Gouvernement, pour fournir les renseignements
de détail nécessaires à la discussion des questions techniques.
Quel que fût son 'avis personnel sur l’œuvre du Génie en ma
tière aéronautique, il était astreint à la défendre par le seul fait
du recours à la compétence technique de son représentant.
Le général Roques avait cependant lancé dans la discussion
une observation très juste et qui eût pu donner à réfléchir sur
les dangers de la centralisation: «la profession d’aéronaute,
avait-il dit, est un métier de jeune homme», et, par aéronaute,
il entendait visiblement les aviateurs aussi bien que les
aérostiers.
Sur quoi, M. Reymond avait demandé qu’un officier pût
arriver jusqu’aux grades les plus élevés sans quitter l’Aéronau
tique, tandis que le général Roques désirait pouvoir utiliser les
anciens aéronautes dans des emplois élevés étrangers à l'aéro-
nautique.
En fait, les deux thèses étaient loin d’être opposées, puisque,
d’une part, M. Reymond, en même temps qu’il voulait per
mettre aux aviateurs d'atteindre, comme aviateurs, les grades
les plus élevés, demandait qu’on leur laissât toute facilité de
rentrer dans leur arme d’origine, et que, d’autre part, le géné-
MeMWMlllllllllllllllllllHllllllllllllllllllllllllllllllllllllllliaillllItlIlBIIIItlIIIIIIIIItlIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIItt»
R. A. A. — No 85. 6
922 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
ral Roques comptait bien puiser dans l’aviation elle-même, dès
que possible, les cadres supérieurs dont elle aurait besoin.
Le malentendu était dans l’emploi du mot «jeune homme»
là où il aurait fallu dire « sportif », le nombre d’années comptant
beaucoup moins que la pratique des sports dans l’aptitude au
métier d’aviateur. Il est certain qu’à 20 ans, presque tout le
monde est sportif ou peut l’être, qu’à 60 ans, fort peu d’hommes
le restent, mais, entre ces deux limites, vers la quarantaine, les
hommes peuvent être, suivant la vie qu’ils ont jusque-là menée,
soit parfaitement aptes, soit complètement impropres à l’avia
tion. Le sénateur Reymond allait lui-même se montrer apte en
débutant à 45 ans. Par contre, aucun des capitaines du Génie
désignés en 1910 par le général Roques pour apprendre à
piloter ne s’est distingué dans cet art, bien qu’aucun d’eux
n’eût atteint 35 ans, tandis que des officiers d’autres armes,
du même âge, 30 à 35 ans, réunissant un tempérament sportif,
de sérieuses connaissances techniques et une certaine maturité,
fournissaient à l’aviation dans ses débuts ses chefs les plus
utiles.
Le danger d’une trop grande centralisation en 1910 était
précisément que les meilleurs éléments du service ne dépassant
pas le grade de capitaine, une centralisation trop poussée
devait non seulement les placer sous la direction de généraux
complètement étrangers à la pratique de l’aviation, mais
encore interposer entre eux et ces généraux une échelle hiérar
chique incompétente susceptible de paralyser toute initiative
utile.
L’autonomie donnée à l’Aviation et qui lui a permis de mul
tiplier ses hauts emplois, a d’ailleurs été désastreuse pour la
valeur des cadres supérieurs en entraînant le maintien forcé
dans l’arme de tous les officiers jusqu’à la limite d’âge. En
vain a-t-on abaissé cette limite : autant cet abaissement est
regrettable pour certains officiers restés physiquement aptes et
que la limite contraint à éliminer, autant il est insuffisant pour
quantité d’hommes qui s’alourdissent à la quarantaine et en
combrent d’inutilités les cadres supérieurs et généraux.
Cette fermeture de la porte de sortie que M. Reymond vou
lait largement ouverte pèserait lourdement sur notre aviation
en temps de guerre. Elle a déjà conduit à une doctrine où les
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiu
REVUE DE L'ARMÉE DE L'AIR. 923
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiii
924 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
gnaler que, malgré la primauté des Etats-Majors, ceux-ci em
ploient bien peu de chevaux en comparaison de la masse de
montures et d’attelages de l'Artillerie !
Quoi qu’il en soit, l’ordre du jour suivant fut voté par le
Sénat : « Le Sénat, désireux de voir le ministre de la Guerre
assurer dans le plus bref délai l’autonomie et les progrès de la
navigation aérienne, et confiant dans le Gouvernement, passe à
l’ordre du jour. »
Ainsi qu’on le voit, le Sénat demandait l’autonomie et non le
rattachement de l’aéronautique au Génie. Mais comme, au cours
de la discussion, le Sénat avait nettement montré le désir de
voir réunir aérostation et aviation sous une direction unique, et
que le Génie seul possédait des cadres aérostiers, la direction
unique devait fatalement être réalisée du côté du Génie. Aussi,
l’ordre du jour ci-dessus fut aussitôt utilisé par le général
Roques pour absorber toute l’aviation. L’autonomie fut au con
traire laissée de côté et ne devait être réalisée qu’après bien des
années.
Il y parfois une belle distance entre les votes du pouvoir
a
législatif et leur interprétation par le pouvoir exécutif !
Lieutenant-Colonel BELLENGER.
(A suivre.)
'Illlllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllli
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIII IIIIIIIIII IIIIIIIIIIIII IIIIIIII
INFORMATION GÉNÉRALE
«iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip.iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
926 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
chargée de cette pensée et cela devient une obsession. Pourtant,
au cours de mes voyages et de mes entretiens, jamais encore je n’ai
rencontré personne — militaire ou civil — qui souhaite la guerre.
Chacun frissonne à la seule pensée d’une telle éventualité. Et cepen
dant, partout où je suis allé, il existe de fébriles préparatifs de guerre.
Dans chaque pays, les usines d’avions travaillent à plein rendement.
Pourquoi ?
» Mais, pour la seule raison que la nation voisine construit des
avions et qu’il convient de ne pas rester en arrière dans cette course
effrénée. Dans quel but ? Eh bien, tous ces avions serviront à la
défense du pays; ils sont destinés à la défense contre les avions
d’attaque que construit le voisin.
» Or, dans mes voyages, jamais encore je n’ai vu un seul
avion
d’attaque. Tous, à ce qu’il paraît, sont des avions de défense, avions de
défense contre les avions d’attaque de la nation voisine.
» Comment en sommes-nous arrivés à cette impasse ? Il y a à
cela une raison, et une seule : la crainte, la défiance à l’égard de
notre voisin. La crainte est la force qui entraîne l’Europe, peut-être
même le monde entier, vers une guerre générale. C’est le même
sortilège qui pèse sur nous tous.
» Nos
enfants grandissent dans cette ombre, dans ce malaise. Le
malheureux paysan, le long des frontières, vit dans la crainte mortelle
d’une invasion par un ennemi supposé; il tremble pour les siens, il
redoute la destruction de tout ce qui lui appartient. Et pourquoi
craint-il son voisin, pourquoi s’en méfie-t-il ? Il y a à cela plusieurs
raisons : l’histoire, l’hérédité, mais, peut-être plus que tout, ce qu’il
a l’occasion de lire.
» Il est
certain que, si nous ne dissipons pas cette crainte qui
s’agrippe à nous et nous étrangle, c’en est fait de notre civilisation,
et c’est la fin de tout. C’est en réfléchissant à tout cela que m’est
venue une pensée que je voudrais, en m’en allant, vous faire partager.
Nous autres, Attachés Navals, nous avons ici la possibilité exception
nelle d’arriver entre nous à une détermination exacte des causes de
ce dilemme dans lequel nous nous débattons. Ici, dans notre petit
cercle, nous pouvons en toute franchise, en toute liberté, parvenir
entre nous à une meilleure compréhension de tout ce que souhaitent,
ambitionnent et visent nos pays respectifs. Ainsi nous pouvons
contribuer à dissiper, dans la mesure de nos moyens, cette crainte
qui nous enveloppe et qui nous obsède; ainsi nous contribuerons à
servir, non seulement notre pays à chacun, mais l’humanité tout
entière. »
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIII1IIIII1IIIIIIIII1IIIII1I1III1II1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIII1II1III
928 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Nouvelles d’Italie.
Les promotions suivantes viennent d’avoir lieu dans le Haut
Commandement aéronautique :
— le général d’escadre Valle a été promu général d’armée, titre
qui n’est conféré qu’en temps de guerre;
— le général de division P. Porro a été promu général d’escadre;
— les généraux de brigade Ranza, Bernasconi, Faronato, Nasi
ont été promus généraux de division.
«
La loi du 10 avril 1936 sur le recrutement aérien obligatoire ne
signifie nullement qu’un individu quelconque du contingent pourra
être obligé de faire partie du personnel navigant aérien.
Seront tenus au service dans l’Aéronautique royale :
— les pilotes et tous individus en possession d’un brevet pré
aéronautique, ou de vol à voile, ainsi que ceux ayant suivi un cours
pour obtenir ces brevets;
-—•
les techniciens diplômés en technique aéronautique;
— le personnel ouvrier de l’industrie aéronautique et des Compa
gnies de navigation aérienne;
•—
les engagés spécialistes des centres aériens.
Toutefois, dans la mesure des besoins, les engagés de la Marine
seront affectés dans les Services maritimes de l’Aéronautique.
Photographie « Flight ».
Photographie « Flight ».
Nouvelles de Grande-Bretagne.
Les problèmes ayant une incidence aéronautique ont été nombreux
dans les dernières semaines; proposons-nous d’en passer quelques-uns
en revue.
Organisation du Commandement.
Les questions d’organisation ont, comme l’on sait, un attrait
spécial en tous pays, tant par les intérêts particuliers qu’elles
mettent en jeu que par la vertu créatrice dont elles sont aisément
gratifiées. En Grande-Bretagne, leur signe propre est d’être plus
obscures qu’ailleurs.
L’Aéronautique britannique est articulée en Flights, Wings,
Groups, Areas et Commands.
Les Commands sont assez analogues à nos Inspections, les Areas
à nos régions. Quand une Area devient assez importante, elle se trans
forme en Command; au contraire quand il n’y a plus assez d'Air
Vice-Marshals pour mettre à la tête des Areas, celles-ci rétrogradent
en Groups. D’où finalement le Tableau ci-après des grandes Unités
donnant les titres anciens et les nouveaux (depuis le 1er mai), que
nous ne pouvons ignorer, ne serait-ce que par mesure de courtoisie
à l’égard de nos visiteurs ou de nos hôtes.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIIIIIIIIIIIIIIIlIllIlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll’lllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
930 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Ancien titre. Nouveau titre. Observations.
Inland Area Training Command C’est l’Inspection des
Écoles. L’Inland Area
avait d’ailleurs déjà
rang de Command
Coastal Area Coastal Command C’est l’Inspection de
l’Aviation côtière. La
Coastal Area avait déjà
rang de Command
également.
Air Defence of G. Britain. A. D. G. B. Command Sans changement.
Command :
Central Area N° Bomber Group
1 Bombardement.
Western Area No 3 Bomber Group Bombardement.
Fighting Area N° 11 Fighter Group Chasse.
N° 1 Air Defence Group. N° 6 Auxiliary Group Force aérienne auxiliaire.
Les escadrilles de coopération ont été transférées de VInland Area
à l’A. D. G. B. qui devient, de ce fait, le réservoir unique des unités
combattantes, à l’exception des unités côtières.
La genèse des nouvelles escadrilles.
L’ Air-Marshal Newall a exposé récemment comment étaient formées
les nouvelles escadrilles. Les unités existantes sont déchargées de la
majorité administratives par la « station » ou
de leurs occupations
base aérienne, où elles se trouvent. Ces escadrilles essaiment un de
leurs flights qui forme le noyau de la nouvelle unité, temporairement
entraînée sur le même terrain jusqu’à ce qu’elle puisse se rendre à
son terrain définitif.
Rappelons que le taux d’expansion de l’Aéronautique britannique
métropolitaine est considérable : 137 pour 100, l’augmentation de 52
à ia3 escadrilles devant être réalisée au 3i mars 1937.
11111 iiiiiii 11111111111111111 il ü ni 111111111111 un 111111 un nu iuni nu iiiiini i n n1111111 iiiiiiiiiiiiiiiiuiii 111un11111111ni il
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 931
(lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllj
932 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Photographie « Flight ».
Aspect en vol d’un monoplace de chasse GLOSTER «
GLADIATOR ».
inunnunenuosanuzunununuuaanunanuuaaunaaanunnanannnneaaneunesnasuenasassssnaenasesesecsnenesaessneneesrenenanenuananununeenaenuneeuenerenas
REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR. 933
Photographie « Flight ».
Vol en piqué d’un biplace HAWKER «
Hind ».
111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111
934 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
défauts d’appropriation du matériel aéronautique aux besoins,
dont la Marine britannique souffre actuellement.
On lui a répondu que, si défectueux que soit le système, au cas
où le personnel de l’Aviation navale serait constitué uniquement
par des marins, bientôt la Marine ne manquerait pas de réclamer
le droit de passer elle-même ses commandes de matériel, puis de
procéder aux essais et recherches la concernant, ce qui conduirait
nettement au gaspillage par double emploi. Une fois de plus, le
point de vue du contribuable l’a emporté.
Empire Air Day.
C’est à convaincre ce contribuable, qu’a été consacrée la journée
aéronautique de l’Empire, grande manifestation de propagande sans
pareille chez nous.
IIIIII1II1IIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
936 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
pour tout jeune spectateur, et, d’un point de vue plus
élevé, un
contact désirable entre l’Armée et la Nation. C’est du travail sérieux
de propagande, et une rivalité de bon aloi entre les unités. P. E.
Stratégie aérienne.
La R. A. F. Quarterly d’avril publie un important travail du
lieutenant-général Golovine sur la stratégie aérienne, dont nous
extrayons, résumées, les considérations relatives à la stratégie
aérienne britannique et à la doctrine des principales autres puissances.
Les problèmes de la stratégie aérienne britannique.
Les forces armées britanniques ont un triple rôle à remplir : la
défense de la Métropole, la défense des Dominions et Colonies, la
protection des routes impériales.
La guerre étant — comme disait Clausewitz — la continuation
de la politique, mais par d’autres moyens, il est nécessaire de se
rendre compte du changement dans l’orientation des relations inter
nationales de la Grande-Bretagne depuis la guerre mondiale.
Au « splendide isolement » de l’époque victorienne, rendu possible
par la situation insulaire et la force navale britanniques, avait
succédé
la politique d’Édouard VII orientée contre l’Allemagne menaçante,
avec l’Entente cordiale comme conséquence. Mais la Guerre mondiale
a transformé l’Empire britannique en une
fédération complexe de
peuples libres, égaux en droits, dont les intérêts exigent que l’Empire
affaires du
ne participe plus aussi profondément qu’avant aux
Continent; d’où l’évolution vers une politique d‘équilibre.E C En ce
sens la Société des Nations est une institution dont les
buts coïncident
formée en
avec les intérêts de l’Empire britannique », car elle est
majorité de petits États qui redoutent essentiellement la suprématie
d’une grande puissance.
Ce changement politique profond a eu pour conséquence que la
stratégie aérienne britannique ne repose plus seulement sur les
forces de l’Empire, mais sur la coopération avec les autres puissances,
également intéressées au maintien de l’équilibre.
Parallèlement une modification technique du problème militaire
de l’Empire a résulté du développement de l’Aviation, dont la
Grande-Bretagne, pays de haut développement industriel, redoute
grandement les attaques. Il s’en suit que l’Aviation britannique
doit disposer pour la seule protection du territoire national :
de monoplaces de défense très spécialisés, à action limitée;
—
d’appareils de reconnaissance à grande distance au large des
—
côtes pour compléter le réseau de guet terrestre;
-—•
d’unités d’avions de chasse à grand rayon d’action.
La protection de la Grande-Bretagne contre les attaques aériennes
doit être organisée dans l’hypothèse où elle se trouverait isolée, mais
cela le veut pas dire que la Grande-Bretagne ne recherchera pas
l’appui de puissances continentales : c’est en sens que « sa frontière
lllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 937
iiii ii iuni iiiiiii iiuni nuniiiiiii1111 iinu iiiiiii i nu inii mi 1111 iiiiiiiiiiiii 11111iii in
11 11 1111 un11 ii i ii111111111111 ii nii ii
R. A. A, — No 85.
938 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
aériennes britanniques devraient être subdivisées en trois groupes :
forces pour opérations stratégiques auxiliaires (aviations pour
—
l’Armée, la Flotte et les Dominions);
forces pour opérations stratégiques locales (défense aérienne de
—
la Métropole, contrôle aérien du Moyen Orient, défense de la frontière
Nord-Ouest de l’Inde et du détroit de Malacca, police et liaison en
Méditerrannée) ;
forces pour opérations stratégiques générales (défense « mobile »
—
du Royaume Uni et des routes impériales, réalisation de la supériorité
prolongée,
sur le Rhin et en Méditerrannée; enfin, en cas de guerre
moyens aériens permettant la destruction massive de centres indus
triels ennemis).
L’Aviation britannique avant l’extension récente.
L’Aviation britannique comprenait d’abord un groupement
(Western Area) de 15 escadrilles de bombardiers, la plupart lourds
et lents. On peut supposer que, vu l’absence d’avions de combat
pour les protéger, ils étaient destinés à des raids lointains en coopé
ration avec une force aérienne alliée.
Dix escadrilles de bombardiers légers formaient la Central Area,
force rapide mais sans rayon d’action suffisant pour des bombar
dements stratégiques d’envergure.
La Fighting Area, 14 escadrilles de monoplaces, était essentiel
lement affectée à la défense de Londres et des centres industriels.
Les autres commandements avaient des rôles secondaires ou non
combattants. « On peut dire qu’en 1935 la Rogal Air Force était
incapable d’action stratégique à grande échelle. »
La défense aérienne française.
L’Aviation lourde de défense est la clé de l’organisation de la
défense aérienne française. Il y a là un manque visible de clarté dans
les idées, bien illustré par le cas du multiplace de combat. Ce genre
d’appareil, conception française typique, a été développé pour former
l’escorte des bombardiers lourds. Des multiplaces comme VAmiot
et le Bloch, à l’origine, étaient supposés capables d’assurer leur propre
défense en même temps que la protection des formations de bombar
dement. Le programme était basé sur l’hypothèse que les multi
places de combat ou avions de bataille pouvaient faire pleinement
usage de leur armement puissant et créer un champ de tir
total,
rendant impossibles les attaques des chasseurs ennemis. Un point
essentiel a été oublié : la difficulté d’un usage vraiment efficace de
l’armement des multiplaces aux grandes vitesses. Aussi, graduel
lement à la suite des essais officiels, les multiplaces de combat sont-
ils devenus des multiplaces de combat et de bombardement, pour
sombrer finalement dans la catégorie des bombardiers lourds.
Les LÂoré et Olivier et Farman ont un rayon d’action considérable
et emportent une lourde charge, mais les performances de ceux de
IIIIIIIIIIIIIIIHIllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllHIIIIIH
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 939
940 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
(iiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiMiniik
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 94 1
tation des troubles sociaux dans les pays adverses. Cette stratégie
se traduit aussi par les lancements massifs de parachutistes, « opéra
tion futile dans les conditions de guerre de l’Ouest européen ».
En Italie.
Telle qu’elle présentait au début de 1935, l’Aviation italienne
se
présentait une grande ressemblance avec l’Aviation française, avec
sa composition moyenne de un tiers de chasseurs, un tiers de bombar
diers et un tiers d’avions de reconnaissance, ce qui ne correspond
pas aux idées de Douhet. Cet état de fait peut paraître extraordinaire,
mais les experts militaires italiens ont été longtemps sous l’influence
française. Il se peut que les idées de Douhet soient revenues en Italie
sous la forme que leur a donnée l'État-Major français.
Aux États-Unis, pas d’idée stratégique.
D’une excellente qualité technique, l’aviation de l’Armée aux
États-Unis ne paraît pas encore avoir de doctrine aérienne bien
définie.
Qualification
des principales aviations.
En résumé, on peut constater en tous pays le souci de dégager
une doctrine aérienne, mais chaque nation a souffert d’erreurs propres :
— trop de théorie; organisation non conforme à la doctrine origi
nelle : c’est le cas de l’Italie;
«IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII2IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIII1IIIIII1IIIIIIIIIIIIIB
942 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
buts politiques et stratégiques mal définis : Grande-Bretagne;
•—-
— trop d’attention portée à la théorie et négligence du progrès
technique : France;
— absence d’idées stratégiques et trop d’attention portée à la
technique : États-Unis.
Les seuls pays, qui semblent avoir élaboré des doctrines pratiques
aériennes, sont l’Allemagne et 1 s Soviets, la première ayant appliqué
un compromis satisfaisant entre la stratégie et la technique ; les autres,
réalisant leur retard dans le domaine mécanique, se préparent à un
genre de guerre civile. P. E.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 943
So
LE MATÉRIEL
DES AVIATIONS NATIONALES
France.
( l) Voir les numéros de décembre i 934, puis de janvier, mars, juillet, août,
octobre et décembre 1935, et enfin de mai 1936 de la « Revue de l’Armée de
l’Air ».
IllllllllllllllllllllllllllllltIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIlillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltlllllllllllllllllllllllllllllllllll
946 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
s
Ir. C
B £
- .E
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
947
P.L. droite,
Photographies
A
mitrailleur.
du
poste
fuselage.
du
plancher
du
côtés
le
des
s’ouvre
l’un
dont sur
situé
façon
vertical
la
noter
lance-bombes
142;
S.E.C.M.
d’un
AMIOT-
emplacement
d’un
fuselage
de
avant
gauche,
A
948 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
en se déchargeant les uns sur les autres, permettre à l’aile d’ « en
caisser » certains éclatements de projectiles.
Dispositifs hypersustentâteurs. — Par un braquage de volets
allant jusqu’à 200, le 100C-max. de l’aile passe de 125 à 170, soit
45 pour 100 d’augmentation. La vitesse d’atterrissage est ainsi
réduite de 25kmh et descend aux environs de 70kmh.
Ces volets, qui occupent toute la longueur du bord de fuite,
comprennent, d’une part, les ailerons de gauchissement et, d’autre
part, des ailerons spéciaux entre ceux-ci et le fuselage. Même abaissés
pour l'hypersustentation, les ailerons de gauchissement peuvent être
braqués différentiellement.
Le train rentrant. — La roue se relève vers l’avant, parallèlement
au fuselage et se loge à l’arrière du bâti-moteur. Elle descend sous
la seule action de son poids. Un clavetage la bloque à la position
d’atterrissage.
Postes divers et aménagements.
Quatre ou cinq hommes à bord :
— Un chef de bord assumant les fonctions de navigateur et de
bombardier ;
— Un pilote;
•
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 949
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIlllIl
950 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
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(
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REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 951
Distances franchissables
ET VITESSES.
La distance franchissable
est essentiellement fonction
du régime de croisière
adopté.
Vitesse de croisière
(en kmh). 300, 280, 250
. .
Tourelle avant de l'AMIOT 142. Distance franchissable
5000, 7000 (en km). 4000,
L’Amiot 144 peut parcourir 4ooo km à une vitesse de croisière
de 3oo kmh tout en transportant son équipement complet et 1 tonne
de bombes. Avec 2 tonnes de projectiles, sa vitesse de croisière,
pour le même parcours, baisse d’environ io kmh .
L’essence est contenue dans huit réservoirs d’aile; des vide-vite
permettent de vidanger en quelques secondes tout ou partie de
l’essence de l’un quelconque d’entre eux. Le pilote dispose, à
portée immédiate de sa main, de robinets pour fermer chaque réser
voir. Tous les réservoirs d’un bord débitent dans un collecteur central.
Le collecteur de chaque bord est réuni à celui de l’autre bord par
un tuyau d’intercommunication permettant l’alimentation des deux
moteurs avec les réservoirs d’un même bord.
Chargements divers.
Les bombes se trouvent
aux deux emplacements
suivants :
A l’intérieur du fuselage.
— Au droit de la voilure,
une soute à bombes reçoit
les lance-bombes néces
saires pour l’un quelconque
des chargements suivants :
i° 64 bombes dites de
io k e pesant, avec leurs
lance-bombes, 68oks;
20 16 bombes dites de Poste de tir arrière de l'AMIOT 142.
5o k ® posant, avec leurs (le pare-brise déflecteur n’était pas monté
lance-bombes, 976k8; lors de la prise de la photographie).
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
952 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
BIBLIOGRAPHIE
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll>
B. A. I. — N° 85. 8
954 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
nation et la régulation purement nerveuse de la circulation du sang
contre l’élévation de la pression hydrostatique due aux accélérations
centrifuges, qui est attribuée aux nerfs grand sympathique et pneumo
gastrique, demande du temps et, pour la pratique, ne peut entrer
en considération que pour des influences longuement prolongées
d’une accélération centrifuge, c’est-à-dire dans l’exécution de spirales
à la verticale.
Dans la plupart des évolutions acrobatiques, la régulation de la
circulation du sang ne fait pas défaut, car l’action de l’accélération
centrifuge n’agit, en durée de temps, que par secondes.
Si cette accélération exerce son action dans la direction « pied vers
tête » elle est beaucoup plus mal supportée et sa valeur supportable
s’abaisse vers 2
— 2,5 g. Les perturbations de la circulation du sang
apparaissent avec la valeur des accélérations critiques qui se traduisent
surtout par des perturbations de la vision, qui sont ultérieurement
décrites plus en détail.
L’auteur nous parle encore d’autres accélérations, en particulier
des accélérations de Coriolis, ainsi que de la baisse de la température
qui influencent par réflexe la circulation du sang de l’aviateur. Le
procédé qui consiste à enregistrer la pression du sang et la fréquence
des pulsations est exposé plus exactement et les mensurations de
divers auteurs sont critiquées selon leurs valeurs données. L’auteur
trouve, en fin de compte, que le risque d’un excès de travail du cœur
n’est pas à craindre dans la pratique de l’aviation.
Ce résultat est très important. Il n’a également pu être constaté
de modifications pathologiques du cœur ou de la circulation, même
chez des aviateurs militaires très surmenés.
On n’a pas davantage pu observer de défaillances des organes respi
ratoires ou circulatoires chez les parachutistes, même avec une
descente prolongée à parachute non déployé.
Dans le chapitre suivant, l’auteur nous parle de la perte de chaleur
et de la déshydratation de l’organisme dans les vols à grande et faible
altitude. Les facteurs importants en physique, comme la température,
l’humidité absolue ou relative, sont représentés graphiquement, dans
leur rapport avec l’altitude et la saison. Les effets de la déshydratation
et du refroidissement sont aussi étudiés, de même que les exigences
auxquelles doit répondre un vêtement véritablement protecteur du
froid.
Dans le chapitre « Nutrition » l’auteur étudie d’une manière critique
la manière dont l’aviateur supporte l’altitude (tolérance des altitudes).
L’auteur arrive à un résultat négatif.
En parlant des facultés demandées aux organes des sens, l’auteur
donne d’abord une brève description de la physiologie de ces organes,
et il étudie alors les fonctions qui forment par leur développement
réel, le fondement même de l’art du pilote. Nous y trouvons, rapportés
à leur utilité réelle, le rôle du sens du tact, du sens musculaire, du
sens des attitudes, du sens du mouvement (cinesthésie), du sens ther-
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 955
niiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinii
956 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
lument nécessaire, car l’ouïe est très assourdie par les vrombissements.
Les mesures préventives qu’il est possible de prendre sont aussi
détaillées que la question de l'hypoacousie professionnelle de l’aviateur.
Les fonctions du système nerveux central sont traitées du point
de vue du praticien, en ce qui concerne la mesure des temps des
réactions. Dans le métier d’aviateur, les facteurs psychiques ont une
grande part : l’auteur montre par des exemples que des pilotes
militaires conduisant des avions de chasse et des avions de guerre
avaient dû quitter ce service, malgré leur jeunesse, pour des causes
psychiques. Ce métier peut, tout comme un autre, provoquer des
névroses : il nous expose dans le détail la genèse de celles-ci, ainsi que
la pathogénie de l’asthénie de l’aviateur.
<
La seconde partie du livre comprend la Physiologie du vol en alti
tude. Après l’exposé de la symptomatologie du mal de l’altitude,
sont traitées les diverses réactions des différents organes dans le vol
en altitude, telles que celles-ci nous sont connues jusqu’à présent.
La tension partielle de l’oxygène dans l’atmosphère, mène, déjà
à des altitudes relativement faibles, à une augmentation de la venti
lation pulmonaire. Dès 4000m, le volume du cœur s’agrandit aussi.
La quantité de sang circulant, qui augmente avec l’altitude, seproduit
par le fait du déversement d’organes-réservoirs du sang (rate, foie,
veines abdominales). L’auteur admet donc des réserves physiologiques
de la circulation du sang.
La diminution de la tension de l’oxygène de l’air est le facteur le
plus important qui opère physiologiquement sur la respiration,
dans le vol en altitude. La question de l'akapnie est exposée en détail,
et l’auteur conclut qu’il n’existe pas une preuve indiscutable de
l’akapnie se montrant au cours du vol en altitude. Malgré cela, il
ne nie pas que, dans certaines circonstances, une adjonction d’acide
carbonique peut exercer une action très favorable.
L’action du rayonnement en altitude et de l’électricité atmosphé
rique sont de peu d’importance pour l’aviation à moteur, de même
que les influences purement mécaniques du changement de la pres
sion de l’air sur la pression sanguine. L’auteur prouve aussi qu’il
n’y a pas de danger d’embolie gazeuse au cours d’une élévation
rapide en altitude. Au chapitre « Protection de l’aviateur en altitude »
sont brièvement, énoncés les principes des appareils respiratoires,
ainsi que l’hygiène générale de l’aviateur en altitude. L’auteur ne
décrit pas d’appareils à oxygène. Pour la conservation de l’énergie,
tant physique qu’intellectuelle, il n’y a pas nécessité d’augmentation
de l’oxygène jusqu’à 4000m. Quand des vols records sont exécutés,
la hauteur atteinte peut aller jusqu’à 14 ooo m
La limite de sécurité ne peut être exactement fixée, car la tempé
.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 957
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1II1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 959
(IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIJHIIIHHI)
960 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
sur la guerre aérienne ou à une reconstitution de l’état psychologique
du milieu.
A cet égard elle apprend peu de choses au lecteur français qui
aurait déjà dans sa
bibliothèque les mé
moires du célèbre Ritt-
meister ou le livre sur
« Le chevalier rouge de
l’Allemagne », signalé
autrefois dans cette
revue.
Noté quelques dé
tails :
—•
•
l’aménagement,
exclusivement de nuit,
d’un terrain d’aviation
à Avoingle pour la
bataille du 21 mars
1918 ; cela pose des pro
blèmes spéciaux;
-—-
le saut en para
chute du lieutenant
Udet, le 29 juin 1918;
— l’effet de l’appa
rition des multiplaces
Caudron R. XI et la
croyance, si fréquente,
que ces appareils
étaient blindés et, de
ce'fait, invulnérables;
— la perfection du système d’alerte des chasseurs;
— l’énergique attaque des terrains par les aviateurs britanniques.
P. E.
Wirtschaftlische Mobilmachung
(Mobilisation économique), par Justus Schmitt (Voggenreiter,
Postdam, 86 p. — Prix : 2,40 R.M. ; pour l’étranger : 1,80 R.M.).
Étude des problèmes d’économie militaire.
Il est intéressant de voir avec quelle exactitude M. Schmitt
considère tout ce dont un pays a besoin pour résister aux contraintes
économiques et continuer la guerre. La mobilisation industrielle, la
préparation à la guerre, la protection antiaérienne (surtout en ce
qui concerne l’industrie et les civils), les problèmes des vivres et des
matières premières et temps de guerre, l’adaptation de l’industrie,
le contrôle du commerce, la question ouvrière, sont l’objet de notes
ou d’études. L’auteur affirme que tous ces travaux, destinés à préparer
la guerre, ne font qu’augmenter les chances de paix. Tous ceux que
cette question intéresse trouveront là des renseignements et sugges
tions non négligeables. H. K.
Le Gérant : E. THOUZELLIER.
Illllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
104925. — Imp. Gauthier-Villars.
Perspective du pesage pendant la Fête de l‘ Air (12 juillet).
PREMIÈRE PARTIE
Pages.
Note éditoriale. — Le survol des zones interdites 963
Les grandes vitesses vont-elles tuer la chasse ?
L — La fermeture de la chasse,
par A. ODIER 965
''iiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiii
R. A. A. — N» 86. 1
962 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
PREMIÈRE PARTIE (suite).
Pages.
Le bombardement en vol rasant,
par l’Ingénieur en chef du Génie maritime C. ROUGERON . 1007 .
DEUXIÈME PARTIE
INFORMATION GÉNÉRALE
Le navire porte-avions à plate-forme d’atterrissage .
par P. E. 1039 . .
BIBLIOGRAPHIE
Hitlers motorisierte Stossarmee.— État des officiers de l’Armée de
l’Air. — Das deutsche Wehrwesen in Vergangenheit und
Gegenwart. — Das Buch der deutschen Fluggeschichte. —
L’énigme du Jutland
IIIIJIIIIIII11111111111111111111IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIII1111111111111111111111111111111
UK|>
Illlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllll
Note éditoriale
» Le 14
juin, à 12h5omin, la frontière soviétique a été franchie, près du poteau -
frontière numéro 720, par un avion polonais se dirigeant de l’Ouest à l’Est.
» A i3 h le même avion a survolé la ville de Dzerjinski, située à 16km à
,
l’est de la ligne frontière. On a ouvert sur lui le feu des fusils et des mitrail
leuses. L’avion a néanmoins poursuivi son vol en direction de Minsk.
millllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllillllliiiilliiilllliilliiilliiill
964 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
place du moins tous les Etats, grands et petits, sur le même
pied ; solution dont la brutalité même tend à rendre plus rares
les incidents fortuits et à provoquer l’établissement de « zones
neutres ».
Une autre disposition consisterait à supprimer purement et
simplement les interdictions de survol. De la sorte :
— le plus malhonnête, ou le plus puissant, cesse d’avoir avan
tage sur son voisin;
— on acquiert au grand jour ce qu’on finit toujours par
apprendre ;
— il y a un contrôle général des travaux de défense et il
devient possible de contrôler toutes interdictions de travaux
qui ont pu être édictées.
Le débat est ouvert; il ne faut pas laisser au hasard le soin
d’y mettre une conclusion.
R. A. A.
»
Des avions soviétiques ont alors pris l’air et ont obligé l’avion polonais à
atterrir sur l’aérodrome de Minsk. A bord de l’avion se trouvaient deux pilotes
polonais, MM. Sigismund Paciokovsky et Stanislav Abramsky, qui ont déclaré
être membres de l’Aéro-Club de Varsovie auquel appartient également l’avion.
(Pour que cette « chasse à vue » fût efficace, il fallait en effet que le « gibier »
ne fût pas de haute performance.)
»
D’après les explications qu’ils ont fournies, ils se sont égarés au cours d’un
vol d’entraînement.
» Les
déclarations sont en cours de vérification. »
min
Illllltlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll>llllll
I. — La fermeture de la chasse
Par A. ODIER,
Directeur de l’École spéciale de Travaux aéronautiques.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiii
966 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Je vais tâcher de ne m’appuyer que sur le sens commun et la
mécanique réelle, en faisant abstraction de toute opinion pré
conçue. En échange, je demande au lecteur de vouloir bien
essayer d’en faire autant.
Je ne garde d'ailleurs à ce sujet que peu d’illusions. Je ne
doute pas que la plupart de ceux qui croient à la chasse nieront
l’évidence. Et, tant qu’une chose n’est pas admise par l’incons
cient, le raisonnement est sans force.
Galilée a bien dû s’incliner devant la volonté d’incompré
hension. Et plus tard on a dit à Christophe Colomb que, si
vraiment la terre était ronde, il ne pourrait pas remonter de
l’autre côté....
<o
Essayons d’abord d’une comparaison enfantine pour que, si
vous admettez un raisonnement de sens commun, vous soyez
tenté, soit de faire l’expérience, soit de me lire jusqu’au
bout....
Deux voitures rapides se poursuivent sur une route droite.
La première s’enfuit à 100kmh devant l’autre qui la pourchasse
,
à 108. Elles sont pilotées par deux amis qui veulent s’amuser
à se lancer des balles de tennis, ce projectile léger ne pouvant
être bien dangereux. Chacun dispose d’un lance-pierre capable
de lancer à 100 kmh une balle de tennis de 65mm pesant 605. Le
fuyard tire en retraite, à l’angle nécessaire pour faire monter
sa balle, par exemple., à 5 m de hauteur. Quittant à 100kmh un
véhicule qui fuit à 100kmh la balle montera à peu près verti
,
calement sans vitesse horizontale par rapport au sol. Elle
mettra, pour monter à 5 m à très peu près une seconde, et
,
autant pour retomber verticalement au sol, soit au total deux
secondes.
Si la deuxième voiture est distante de l’autre de 60 m comme
il lui faut précisément 2 secondes pour couvrir cette ,distance
elle recevra certainement la balle.
Par contre, si la voiture qui poursuit lance une balle, celle-ci
subit une résistance de l’air correspondant à la vitesse de
108 — 100 = 208 kmh et il est enfantin de calculer que cela cor
,
respond à 1005. La force vive qu’elle possède est de 10 kgm ,7.
Quand elle n’aura plus que 100kmh de vitesse, c’est-à-dire quand
PV2 V
() On a, eneffet, gR = P ou R = g2 • Donc le rayon d’un looping correct,
c’est-à-dire où l’on ne laisse pas tomber ce que l’on a dans les poches est, en
mètres, le dixième du carré de la vitesse, exprimée en mètres par seconde, ce
qui donne toute facilité pour calculer mentalement la force centrifuge. A
90 à l’heure soit 25 mètres par seconde, le rayon est 62 mètres; à 36o, il est
de 1000 mètres et, à 500, de i960 mètres (exactement 1 966m,50 parce que
g = 9 m ,81 et non 10 mètres).
9 68 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
impossible, à la sortie d’un nuage on aperçoit un adversaire
à portée, il ne sera pas en direction. Or, par le travers, l’appa
rition ne dure qu’un temps si court, à 140m par seconde, que
les chances sont pratiquement nulles. Remonter l’adversaire
pour tirer par le travers ? Mais l’expérience en a montré l’impos
sibilité à cause de l‘imprécision des balles, giflées latéralement
par 140m par seconde au sortir du canon ( 1 ). D’ailleurs, virant
pour s’éloigner, le fuyard peut toujours montrer au chasseur
sa béquille et l’on en verra plus loin le danger.
(1)Nous devons rappeler que la possibilité du tir par le travers aux grandes
vitesses a été établie par M. Pierre de Valroger, dans le précédent numéro
de la « Revue de l’Armée de l’Air ». Son argumentation est des plus simples
et il semble bien que la « gifle latérale » n’ait pas d’effets gênants sur le tir,
aux vitesses actuelles de vol. (N.D.L.Rq
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiüiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
Si l’on doit plus croire à la manœuvre, on ne peut non
ne
plus compter sur la surprise. Car on peut dire sans hypothéquer
beaucoup l’avenir que les avions prochains disposeront certai
nement d’appareils assez sensibles pour révéler l’approche d’une
masse métallique et sa direction.
Espérer encercler un adversaire avec toute une escadrille ?
C’est affaire de rayon d’action. Celui qui a une autonomie
importante (ne donnons pas de chiffres, mais remarquons que
la plus grande traversée de notre pauvre petite France ne
demande que deux heures) peut toujours changer de direction
à chaque adversaire aperçu. Abordé de front, le risque est
mince. Quand deux avions volant à 500 se croisent, même de
près, en tirant à 400 coups par minute, ils espacent chacun
leurs balles tous les 34m et si leur avion a 7m de longueur vulné
rable, il suffit pour le manquer d’un écart de l/40e de seconde.
Il est d’ailleurs inutile d’accepter même ce risque minime. La
lutte entre deux avions à peu près équivalents, devant se faire
« au finish », ne semble pouvoir se faire que par la simple
poursuite ; car le combat de manœuvre, avec la petite rafale
de quelques balles à 20m a vécu.
Autrefois les bateaux de guerre se battaient à la hache
d’abordage; maintenant on commence le tir à 30km sans se voir.
Demain, si l’on doit se battre entre avions de chasse, ce sera
en trajectoire droite et le feu commencera de plus en plus loin
à mesure que s’accroîtront l’armement et la vitesse des avions.
Or, déjà, l’avantage du fuyard est tellement grand qu’on peut
affirmer que la chasse est impossible. En supposant le fuyard
à 450 et le chasseur à 500kmh, tous deux armés de la mitrail
leuse Hispano-Suiza de 20mm, vitesse initiale 830m par seconde,
400 coups par minute, coefficient balistique de la balle = 0,002,
on trouve qu’en commençant le tir en retraite à 3000m le fuyard
a le temps de tirer 310 projectiles avant que le chasseur l’ait
suffisamment approché pour pouvoir placer le premier coup
efficace. On trouvera dans la deuxième partie de cette note le
détail des calculs.
so
Les idées de Douhet ont été furieusement discutées, préci
sément parce qu’elles laissaient prise à la discussion. Elles peu-
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
97° REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Schéma donnant, toutes les trois secondes, les positions relatives des deux avions
et des deux premières balles qu’ils ont échangées.
•
J’ai savouré autrefois l’impression abominable du recul du
canon de 37 tirant en chasse. L’accroissement des calibres et
de la cadence deviendra un inconvénient croissant. Il n’est donc
pas inutile de remarquer qu’au contraire le tir en retraite pro
pulse l’avion.
es
Il n’yguère de secrets dans l’aviation. Nos voisins con
a
naissent assurément les performances de nos nombreux avions
Ullllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll»
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 971
Par R. GARNIER,
Elève à l'École spéciale des Travaux aeronautiques (1935-1936).
R = i A EdL
/
fi v ),
i étant l’indice forme du projectile,
de
A, le poids du mètre cube d’air en kg,
a, le calibre en mètres,
f(v), la fonction de la vitesse donnant l’égalité.
p, le poids du projectile en kg,
L’accélération imprimée au projectile est
Rg
'iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiûiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiaiiiiiiiiin
972 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
correspondante (fig. 1). Cette courbe correspond à celle indi
quée dans son traité de balistique extérieure par M. l’ingénieur
général P. Charbonnier et qui a été déduite de milliers d’expé
riences de tirs réels.
L'accélération du projectile se met donc sous la forme
Posons
dt == -i —dv
c 1 (v)
-/
L'intégraphe nous permet de tracer la courbe intégrale
(fig. 2)
A or "
A une constante près et à l’échelle c, cette courbe est celle
des temps en fonction de la vitesse.
Traçons (fig. 3) la courbe réelle v (t) pour un projectile de
chacun des avions.
Pour l’avion chasseur qui fait 500kmh soit 139m par seconde,
,
la vitesse initiale de la balle par rapport à l’air est
iiiniiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuj
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 973
-
De ces courbes
•«liiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
974 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Pendant ce temps de 22 secondes, le fuyard a parcouru
125 X 22 = 2750m (courbe V). Pour l’atteindre avec une balle
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIllllllll<lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 975
<
Nous avons supposé des trajectoires rectilignes. Pour un
calcul exact il faudrait tracer les trajectoires réelles, ce qui ne
pourra se faire exactement que lorsqu’on connaîtra la loi
mathématique de la résistance de l’air en fonction de la vitesse.
(lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllIlilllllllIlIllllllllllllllllllllHllllllllllllllllllllllllllllHB
976 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Mais, quelle que soit cette loi, les espaces parcourus par les pro
jectiles du fuyard et du chasseur seront plus grands que ceux
trouvés dans le calcul élémentaire ci-dessus ; les temps de par
cours seront donc accrus, et le calcul exact ferait évidemment
apparaître un avantage accru pour le fuyard.
R. GARNIER
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii)
B. A. A. — N° 86. 2
97 8 REVUE DE L'ARMÉE DE L'AIR.
accompli plus de dix mille sauts en parachute ; en 1935, pour le
même laps de temps, qicarante mille ont été effectués.
On a songé aussi à faire assurer par des éléments d’aviation
des transports de plus en plus compliqués, entre autres celui
de chevaux entièrements sellés, qu’on ferait ensuite atterrir au
moyen de parachutes d’un modèle approprié, de soldats mitrail
leurs avec leurs armes, etc. On voit tout le parti qui peut être
tiré militairement de ces expériences.
A Odessa, le champion de parachutisme Mochkovski a
effectué des sauts en mer, assurant sa sustentation à l’amer
rissage par des chambres à air d’automobile.
Des médecins militaires de l’armée rouge, comme Glekel,
Gordoi, Isaeff ont déjà étudié les réactions du parachutisme,
avant ou après le saut, sur l’organisme humain. Ils ont noté et
signalé l’état émotif qui précède le saut, le balancement ou les
cabrioles du corps dans l’espace à la descente, les difficultés
particulières de l’atterrissage, l’excitation physiologique consé
cutive au saut, qui se traduit par un appétit marqué, une
sensation d’euphorie, etc., des modifications de la tension san
guine, enfin l’albuminurie qui se présente assez régulièrement
après le saut... et qu’ils se gardent du reste d’interpréter.
Illlllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
980 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
Le phénomène le plus important ressenti par Armstrong est
une sensation de sensibilité de la peau et elle était provoquée
par un accroissement de la pression atmosphérique sur les
parties inférieures du corps. Armstrong décrit cette sensation
comme un sentiment de pression très douce, également répartie
et superficielle sur la partie du corps tournée vers le sol.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 981
Photographies « Unionphoto ».
Définition.
Nous entendons par parachutisme l’exercice qui consiste à
savbebnssebununcenenunuznsnansonannnereseraennccooncenunuouunnuuuncvvunuvecunucununununnuunnunznuncccbcccccccczcSuuBnuBBnunBSSnBBBSSSSTV
982 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
étant de fabrications diverses, ont cet inconvénient qu’ils consti
tuent beaucoup plus des appareils de secours en cas de catas
trophe aérienne que des appareils d’exercice avec lesquels on
pourrait se livrer d’une manière fréquente à l’exercice du para
chutisme.
Ils sont, en effet, maintenus solidaires de l’utilisateur par
une ceinture sur laquelle celui-ci se reçoit de tout son poids,
lors du choc à l’ouverture, et nous verrons, quand nous étu
dierons celui-ci, qu’il y a là un véritable traumatisme dont on
peut bien supporter l’effet une fois accidentellement avec plus
ou moins d’inconvénients, mais dont on ne pourrait subir ou
rechercher la répétition sans une véritable appréhension ou
même sans dommages physiques. Le parachute d’exercice exige
une ceinture complétée par des sangles fixées aux épaules et
aux cuisses. Ce dispositif permet une meilleure répartition du
choc à l’ouverture qui, partant, est mieux toléré (1).
Déjà, actuellement même, certains spécialistes nous présentent
une sorte de combinaison, vêtement-sac contenant le corps de
l’aviateur et le parachute y attenant dans une poche dorsale
ad hoc.
Un autre inconvénient du parachute de secours actuel nous
paraît consister dans l’application trop basse de la ceinture
d’attache. Chez l’homme normalement proportionné, le centre
de gravité du corps se trouve un peu en dessus de la ceinture
d’attache, approximativement au niveau de l’appendice
xyphoïde, c’est-à-dire au creux de l’estomac.
Il en résulte que le parachutiste qui va atterrir ne se pré
sente pas le plus souvent au sol dans les conditions optima,
c’est-à-dire le corps et les jambes dans leur prolongement
naturel et mutuel, celles-ci étant perpendiculaires à la surface
du sol; d’où possibilité de nombreux traumatismes, parmi les
quels les entorses seront la monnaie la plus courante. La cein
ture du parachute devrait être ajustée à la hauteur de l’appen
dice xyphoïde, sous les aisselles au lieu de l’être à la hauteur
de l’ombilic.
Le saut.
Le document ci-dessus et les cinq suivants, qui illustrent les diverses phases
d’un saut en parachute, ont été pris au-dessus du terrain d'Avignon-Pujaut.
L’appareil utilisé est un bimoteur Lioré et Olivier d’Istres, gréé à cet effet.
On voit ici le sauteur quittant le marchepied de l’avion. La mise en virage à
gauche de l’appareil facilite l’ « éjection » de l’homme vers la droite; en même
temps, l’élévation consécutive du plan fixe supprime toute possibilité d’accrochage.
le saut.
Il faut, pour abandonner l’appareil et sauter dans le vide,
une validité parfaite des membres inférieurs et supérieurs.
Dans «le vide», le parachutiste n’est plus que le jouet de la
force vive résultante de l’avion qu’il vient de quitter et de la
pesanteur, aussi pourra-t-il tournoyer sur lui-même ou descendre
en position fixe....
C’est maintenant que nous subissons des conditions de vie
qui nécessitent vraiment des qualités physiques réelles et con
trôlées médicalement et qui sont les véritables conditions de
l’aptitude physiologique au parachutisme. Que le parachute
s’ouvre du fait du câble qui rattache le sac à l’avion ou par
commande du pilote, il y a toujours à prévoir un certain temps
de descente libre, très court dans le premier cas (à peine une
dizaine de mètres) mais qui peut varier, à la volonté du para
chutiste par l’exercice de l’ouverture commandée. Nous savons
qu’à l’étranger, et particulièrement en Russie et aux U. S. A.,
l’ouverture du sac n’a été quelquefois commandée qu’après
LE CHOC A L’OUVERTURE.
niiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiitniiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
9 88 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
cette variation des vitesses de chute toute la progressivité dési
rable. Nous verrons plus loin les servitudes qui en découlent
au point de vue de l’aptitude physique du parachutiste. Cepen
dant nous signalerons dès maintenant la nécessité d’étudier
encore et d’améliorer si possible le harnachement d’attache du
parachutiste pour rendre supportable le choc à l’ouverture qui
atteint déjà la valeur limite de ce que peut supporter l’orga
nisme humain, avec les chiffres de M. Louis Vinay. Dans le
parachute de secours, le harnachement n’est constitué que par
une bande d’une quinzaine de centimètres de largeur qui
entoure le corps au niveau des fausses côtes, à la hauteur du
foie et de l’estomac qui reçoivent, les premiers, le choc de la
ceinture lors de l’ouverture du parachute. Cette ceinture se
trouve, à cause de cela même, nettement insuffisante et même
défectueuse. Son deuxième inconvénient est qu’elle se place au-
dessous du centre de gravité du corps humain et que celui-ci,
une fois suspendu au parachute, se trouvera en l’air dans une
position qui n’assurera pas, la plupart du temps, une présenta
tion correcte lors de l’arrivée au sol. Nos avionneurs ne seront
pas en peine pour donner à ces deux questions une solution
satisfaisante s’ils veulent bien l’étudier.
LA DESCENTE EN PARACHUTE.
iiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
chute libre sans éprouver un moment — passager mais plus ou
moins prolongé —- d’obnubilation, du reste parfaitement com
préhensible si l’on veut bien considérer que le corps du para
chutiste peut tourbillonner sur lui-même dans les premiers ins
tants, pour n’arriver qu’au bout de quelques secondes à sa posi
tion fixe de descente.
Les parachutistes expérimentés prétendent pouvoir influencer
sinon diriger cette descente en tirant sur les suspentes de tel
ou tel côté de la voilure. Nous n’avons aucune expérience de
cette descente, mais il nous semble cependant bien nécessaire
de pouvoir, afin d’effectuer ces manœuvres, jouir de toute la
liberté de ses mouvements, donc d’avoir une validité parfaite.
Cette descente est plutôt rapide. A 5 m./see. — ce qui est un
minimum — cela nous fait descendre de 1000m en 3min 20sec en
un temps certainement inférieur à 6min de 2000m, de 3000m en
moins de 10min, cette descente étant du reste la vitesse de des
cente d’un avion « moyen », hélice calée.
Les impressions que peut ressentir le parachutiste dans le
cours de la descente sont en général plutôt agréables : sensa
tion de pression de l’air sur les parties inférieures du corps,
du courant d’air qui glisse le long du corps, sensation plus ou
moins régulière de réchauffement dans la descente et surtout
augmentation progressive et régulière de la pression atmosphé
rique. Le réchauffement de l’atmosphère est rapide, théorique
ment il doit se faire à raison de 1° par 150m. Notons aussi
le balancement au bout des suspentes, celles-ci pouvant servir
à orienter la descente quand elles sont tirées dans tel ou tel
sens par un parachutiste expérimenté. Il nous faut surtout men
tionner la variation de la pression barométrique, celle-ci aug
mentant d’autant plus rapidement que le parachutiste se rap
proche du sol : 1mm de Hg par 10m de différence d’altitude.
Nous savons par expérience combien la descente rapide est par
fois pénible et même douloureuse en avion; les douleurs que
nous ressentons au niveau de nos tympans en cas d’obstruction
de la trompe d’Eustache par pharyngite aiguë ou chronique sont
assez fréquentes chez les aviateurs. Mais, en avion, sauf en cas
de panne de moteur, la descente se commande ou s’arrête à
volonté; elle peut donc être interrompue si elle devient dou
loureuse. Il n’en est pas de même en parachute où la vitesse
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll»
997 REVUE DE L'ARMÉE DE L'AIR.
de descente varie de 10 à 5 m./sec. de 7000 jusqu’à 1000m.
Nous verrons plus loin les conditions d’aptitudes physiques que
cette épreuve nécessite rigoureusement, car elles importent pour
le parachutiste afin que celui-ci arrive au sol en pleine possession
de ses moyens. Là encore, il faut que le parachutiste ait une
perception très exacte de l’approche du sol dans la descente, de
l’appréciation de la distance qui l’en sépare, d’où la nécessité
d’une vue normale et une certaine habitude à acquérir dans
cette partie de l’exercice. Il arrive souvent en effet que l’on voit
mal le sol à sa distance exacte quand on arrive rapidement
d’une altitude assez élevée: il est vu en général plus près qu’il
n’est dans la réalité et comme si l’on en avait, en quelque sorte,
une certaine appréhension.
Revenons maintenant sur le choc à l’ouverture. Si nous pou
vons admettre a priori que la vitesse de descente du parachute
est inversement proportionnelle à la pression barométrique de
l’altitude où se trouve le parachutiste, que plus le parachutiste
saute de haut, plus le choc à l’ouverture se trouvera bien amorti
— du fait d’abord de la raréfaction de l’air, ensuite de la moins
grande différence de la vitesse du corps en chute libre qui paraît
être de 50-55 m./sec. et la vitesse de descente du parachute ouvert
qui, égalant d’après nos calculs près de 12 m ,60 à 7000m d’altitude,
se trouverait être de 8 m ,20 à 4000m, de 5 ra ,60 à 1000m, pour arriver
finalement à 5 m./sec. au niveau du sol sous la pression baromé
trique normale de 760mm Hg — il nous apparaît bien que c’est
quand on saute aux faibles altitudes que l’on opère, toutes consi
dérations de risques quant à la rapidité d’ouverture du para
chute étant mises à part, dans les pires 'conditions, le choc à
l’ouverture étant alors le plus violent du fait de la pression plus
élevée de l’atmosphère ou, pour plus clairement nous exprimer,
de l’air moins raréfié.
L'ARRIVÉE au sol.
Comme nous l’avons vu, l'arrivée au sol se fait avec une
vitesse de descente de 5 m./sec. à peu près (4 m ,60 à 7 m ,50 et plus
selon les parachutes, le poids du parachutiste, et de son équi
pement, l’altitude du point d’atterrissage et la vitesse du vent
par rapport au sol qui est un facteur de toute première impor
tance). Et il nous faut encore compter sur les variations subites
aiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinii'
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 99 1
possibles qui sont causées par les remous, les « trous d’air », etc.
Or, cette vitesse de chute à l’arrivée au sol correspond assez exac
tement à un saut de pied ferme que l’on effectuerait d’une hau
l
teur de m ,30 à 3 m et même davantage.
Il suffit de se saut à faire pour se rendre
représenter ce
compte que l'arrivée au sol nécessite pour se recevoir convena
blement, la plus sérieuse attention et qu’il faut y arriver non
seulement les membres inférieurs en extension 'Complète, mais
ceux-ci prêts à fléchir immédiatement pour amortir avec l’élas-
ticité nécessaire l’arrivée et l’arrêt du corps. Il est donc bien
certain que l’arrivée du parachutiste au sol dans une position
qui n’est pas la position verticale ne peut être que déplorable
et qu’il faut tout faire pour l’éviter. Au point de vue de l’effort
exigé de la musculature des membres inférieurs, c’est très loin
d’être à la portée du «premier venu»; aussi la qualité du
terrain sur lequel on se recevra plus ou moins adroitement peut
avoir beaucoup d’importance, les terrains meubles ou gazonnés
étant de beaucoup les plus souhaitables et en tout cas néces
saires pour tous les exercices préliminaires de saut.
Quelles que soient donc les conditions dans lesquelles va se
trouver placé le parachutiste, il faut qu’au moment où il
aiiiiiiiiiBiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiini
992 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
approche du sol (dont il devra, avec une excellente acuité
visuelle, bien percevoir le rapprochement) ses membres infé
rieurs soient étendus au point d’être en état d’extension presque
complète dans tous leurs segments au moment où les pieds vont
toucher le sol, et que ses membres supérieurs soient prêts à parer
le choc consécutif à la chute possible. C’est à ce moment que
doit se concentrer tout l’effort musculaire qui doit être de modé
ration et de retenue. Cet effort musculaire qui arrête la des
cente doit faire agir les membres inférieurs à la manière d’un
ressort. Ceux-ci doivent donc être en position correcte, c’est-à-
dire le membre en extension presque complète, le pied y
compris car, théoriquement au moins, il doit toujours ren
contrer le sol le premier; survient alors, sous la seule influence
du choc, la flexion de tous les segments du membre inférieur :
pied, jambe, cuisse et c’est pendant cette flexion que les
extenseurs puissants : gastrocnemiens, quadriceps et fessiers
se contractent énergiquement non pour l’empêcher complète
ment, mais pour la ralentir et, par leur effort, contrebalancer et
annihiler progressivement l’effet de la chute et de la pesanteur.
Lorsque ce résultat est obtenu, le corps se redresse sous l’action
des mêmes muscles et l’homme reprend son aplomb normal.
Considérons un homme d’une taille moyenne de m 75 et d’un l
poids de 7516. Prenons la dimension en hauteur de ses différents
segments :
1. Tête (sommet de la tête à la 7 e vertèbre cervicale).
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 993
vive due à la vitesse de la chute s’amortit si nous considérons,
—
pour simplifier, le centre de gravité du corps humain
blement sur une hauteur de 70cm. Dans — sensi
cet affaissement du corps
humain sur lui-même, l’articulation coxo-fémorale,
sur laquelle
IMIIIIIBIIIIIIIIIIIIIIlllllllllllllllllllIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIlllllllIlllIflIlIllllllllllllIllllllllllliiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiii
B. A. A.
— No 86. 3
994 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
entier et les membres doivent jouir d’une validité complète et
parfaite pour un sujet qui peut être quelquefois appelé à atterrir
dans des conditions assez scabreuses dont il ne pourra se tirer
qu’à condition d’être aussi un bon gymnaste et même un
sportsman endurci. (Signalons ici l'utilité qu’il y a de pratiquer
des sports comme le rugby, le ski, qui apprennent à tomber et
à se recevoir.)
Quelque paradoxal que cela paraisse au lecteur, affirmons ici
l’aviateur en général, la
pour le parachutiste en particulier,
nécessité qu’il y a de savoir nager : sait-on jamais où vous
emmènera l’appareil ?
Un aviateur comme un marin se doit de savoir nager, quelles
soient les difficultés qu’il pourra éprouver pour se soutenir
que
ensuite dans l’eau et se dépêtrer de son équipement. Il ne peut
sans cela que se réserver pour
l’avenir la possibilité de situa
tions tellement surprenantes que cette négligence dans son édu
cation pourrait bien quelquefois lui coûter la vie . . . .
Illlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllimilimilll*
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
995
COMMENT ET DE COMBIEN
LE VENT VIENT-IL COMPLIQUER LA DESCENTE PARACHUTÉE
?
Le parachute se comporte dans le
vent à peu près comme en
atmosphère calme, exactement
comme un ballon sphérique ou
comme une barque qui descendrait le
cours d’un fleuve, tous
avirons relevés il véhicule le parachutiste
: et son parachute
de la même manière. Nous
pouvons encore comparer l’arrivée
du parachutiste au sol à la descente
d’un homme d’une voiture
en marche....
Le parachutiste qui arrive
au sol dans le vent ne descend plus
selon une ligne perpendiculaire à
la surface du sol, mais selon
une ligne plus ou moins oblique selon la vitesse du
parler un langage plus mathématique, vent. Pour
nous dirons que la des
cente s’effectue selon la direction résultante
des deux forces
'Composantes qui agissent
sur le parachute, nous voulons dire
la pesanteur et la force du vent.
Supposons un vent de 10 m./sec.,
soit 36 kmh agissant
parachute descendant à 5 m./sec. La , sur un
distance que celui-ci
parcourue dans une seconde ne sera plus ni AB ni AC, aura
mais AD.
Nous aurons, dans
ce cas particulier comme valeur de AD
11 m./sec. approximativement
puisque AD2=CB2=AC2+AB2.
La trajectoire du parachutiste
sera donc parcourue dans le
cas d’un vent de 10m, à raison de 11 m./sec.,
et cela, même pour
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllltllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
996 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiini
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 997
jiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiioiiiiiiiiiiiBiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiui
998 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
de 8 à 10m, constatée par la Météorologie, l'atterrissage en para
chute devient assez aléatoire et très vite dangereux, puisque à une
vitesse du vent de 60kmh, le parachutiste se recevrait au sol comme
s’il sautait de plus de 8m de hauteur et, à 90kmh, de presque 12m.
En pratique, des sauts pareils peuvent amener des accidents
très graves : fractures par tassement sans compter les lésions
dues à la projection au sol et au traînage qui seront les plus
fréquentes. Il ne faut pas oublier cependant que, par des vents
violents, l’arrivée au sol se fera selon une ligne de descente
tellement oblique que, si le tassement est évité, l’être humain,
aussi bien qu’il se reçoive, se plaquera quelle que soit la force de
ses membres inférieurs et simplement parce que, même s’il se
présente correctement (dos tourné vers la direction d’où vient
le vent), il sera projeté au sol par sa vitesse horizontale d’arrivée,
qu’il ne pourra pas continuer sur sa lancée par ses propres
moyens. Un homme entraîné à la course à pied parcourt 100m
en 12-13 secondes; toute vitesse de vent supérieure à 6 ou
7 m/sec (25kmh) ne pourra donc, à l'arrivée au sol, que déter
miner un plaquage à peu près inévitable.
De là la nécessité de se présenter au sol, quand il y a un
léger vent, en tournant le dos à la direction d’où il vient, en
faisant avec les jambes un mouvement de pédalage, en se tenant
prêt à amortir par un peu de « course retenue » sa vitesse horizon
tale. et surtout à dégrafer rapidement la boucle de ceinture. Il
. .
n’en demeure pas moins que, dans les conditions idéales de l’expé
rience, c’est-à-dire par vent absolument nul, et avec la descente
de 5 m./sec., l’arrivée au sol ne correspond qu’à un saut de m ,25- l
l m ,30 de hauteur. Si nous citons donc des chiffres plus élevés,
c’est non sans montrer combien les conditions de l’expérience font
très vite varier les résultats possibles au point de vue du sau
vetage intégral du parachutiste, nous voulons dire sans qu’il en
résulte des lésions qui en atténueront le bienfait.
IIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIII
contre-indications an parachutisme et, partant, s’il y avait une
aptitude particulière à ce sport. S’il est difficile de se faire une
opinion de suite, on n’est pas moins obligé de reconnaître à la
réflexion qu'il y a des contre-indications médicales formelles au
parachutisme et qu’il y a aussi une aptitude physique particu
lière.
En employant un langage médico-militaire, disons qu’il faut
reconnaître chez les candidats à ce sport une sur-aptitude
au P. N. Aéronautique, telle que celle-ci est déjà définie par
le B. O. 68-2.
En dehors de la stricte application nécessaire du règlement
édicté à la page 76 du B. O. volume 68-2, insistons tout parti
culièrement sur :
1° Une constitution robuste avec un développement marqué
de la musculature, une sangle abdominale vigoureuse et intacte.
Ces qualités sont aussi indispensables pour supporter le choc
à l'ouverture que l’arrivée au sol.
2° L’intégrité anatomique et
une musculature vigoureuse de
la cage thoracique qui supporte en grande partie le choc à l’ou
verture.
3° La nécessité de n’avoir qu’une émotivité tout à fait nor
male chez le parachutiste, d’éloigner de ce sport tous les ner
veux, les sujets ayant des tendances à la syncope, etc., car il est
fertile en émotions de toutes sortes et nécessite un sang-froid
total.
4° La nécessité d’une vision binoculaire correcte avec l'appré-
ciation normale du relief, des distances, pour l‘arrivée au sol.
5° La perméabilité tubaire bilatérale parfaite pour les deux
oreilles, à cause de l’augmentation de la pression barométrique
dont le parachutiste subit très rapidement et inévitablement
l’effet.
Nous irons même jusqu’à affirmer la nécessité de vérifier
avant chaque descente d’une altitude supérieure à 1000-1500m,
la perméabilité tubaire des parachutistes. Souvenons-nous de1 la
narration que nous a donné Edvokimoff de sa descente de 8100m
d’altitude. A 7500m «il a commencé à chanter ou plutôt à hur-
1er pour équilibrer la pression d’air sur ses tympans ». Il y a là
une investigation médicale tout à fait facile à effectuer extern-
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1OOO REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
poranément, qui est de la plus grande utilité pour le parachu
tiste avant qu’il ne saute d’une certaine hauteur au moins, s’il
veut éviter des accidents très douloureux : algies ou perfora
tions tympaniques, etc.
Mais tout cela n’est que ce que le règlement nous permet de
considérer : le médecin, dans son examen, y pensera forcément.
Que devons-nous rechercher et souhaiter encore chez le
para
chutiste ? Nous avons vu l’utilité sinon la nécessité chez lui
d’avoir des membres inférieurs et supérieurs « longs ». Il faut
aussi que ses membres soient habillés d’une musculature suffi
sante, développée par la gymnastique et entretenue par l’exercice
quotidien; les articulations et les os doivent non seulement jouir
de leur jeu physiologique normal et complet, mais encore être
indemnes de toutes lésions antérieures (entorses, luxations, frac
tures diaphysaires ou épiphysaires qui ne pourraient trouver
dans l’exercice du parachutisme que des occasions de récidiver
ou de s’aggraver à l’arrivée au sol, etc.).
Point n’est besoin pour pratiquer le parachutisme d’être un
athlète, mais il y a nécessité cependant d’avoir cette muscula
ture souple, et d’un jeu complet, qui seule peut amortir conve
nablement les arrivées au sol.
Enfin nous compléterons ce tableau rapidement brossé de
l'aptitude physique par celui de son complément indispensable :
l’équipement.
Le harnachement du parachute doit être d’abord parfaitement
ajusté et fixé de 1 manière à ne pas permettre de glissements
auprès des points d’attache au niveau du thorax, des aisselles
ou des cuisses. Les sangles d’attache doivent être rembourrées
et très larges, le thorax abondamment capitonné par la combi
naison de vol et les sous-vêtements (maillots-gilets). Le port
du casque sera rendu obligatoire. Les lunettes seront utiles pour
les parachutistes qui veulent faire des descentes à ouverture
retardée. Les mains enfin devront être protégées par des gants
épais {nous dirions presque des gants de boxe), facilement amo
vibles. Les genoux seront avantageusement soutenus par des
genouillères épaisses et ainsi protégés eux aussi des chocs pos
sibles à l’arrivée. Enfin le parachutiste sera chaussé de bottines
montantes lacées bien ajustées, afin d’avoir la cheville sou
tenue et d’éviter de cette façon les entorses possibles à l’arrivée
au sol (tout aussi bien pourra-t-il se bander les chevilles avec
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
des bandes Velpeau). Comme on le voit, il y a pas mal de choses
à vérifier pour le médecin d’abord, pour le moniteur ensuite
qui doit mettre son élève dans les conditions optima pour sup
porter cette épreuve physique redoutable qu’est une descente
avec l’arrivée au sol qui en constitue en quelque sorte le cou
ronnement.
Le parachutisme est un sport, mais c’est un sport violent qui
nécessite de la part de ceux qui veulent s’y livrer une prépa
ration minutieuse et une surveillance attentive du moindre détail.
L’ENTRAINEMENT AU PARACHUTISME.
Nous arrivons maintenant au dernier point de notre étude.
Le parachutisme est un sport, avons-nous dit : si extraordinaire
que cela puisse paraître, peut-être le jour est-il prochain où
il sera pratiqué d’une manière sinon courante par tout le monde,
en tout cas habituelle par certains amateurs de sensations
sportives violentes ou d’émotions vives du même genre que celle
que l’on peut éprouver en alpinisme en ascensionnant tel sommet
par l’itinéraire le plus difficile (ce qui peut apparaître para
doxal pour certains) ou en effectuant en ski ou en bobsleigh une
descente très rapide. Si nous poussons plus loin notre anticipa
tion et en dehors de tout ce que le parachutisme nous apporte
de possibilités dans ses fins militaires, peut-être arrivera-t-il
un jour où le voyageur de l’air pourra « se laisser tomber »
de l’avion plus ou moins express ou rapide qui n’aura pas le
temps de s’arrêter sur un terrain à proximité de la destination
désirée.
Si extraordinaire que nous paraisse encore le fait de sauter
en parachute, on peut se demander s’il n’y a pas une prépara
tion physique à cet exercice et si, pour s’entraîner au para
chutisme, il est absolument nécessaire d’effectuer des descentes
en parachute ?
Les Russes qui paraissent avoir en cette matière une certaine
avance utilisent des tours spéciales {voir à ce sujet le travail
de M. Gordoi, Revue de l’Armée de l’Air, n° 78, janvier 1936),
d’où se projettent dans le vide d’une hauteur d’une trentaine
de mètres les parachutistes dont l‘appareil se trouve déployé
à l’avance.
L’Ecole d'Istres possède aussi une tour de ce genre. Les
riiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiii
1002 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll|||||||||||||| IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
«se vaincre soi-même», quitte à fermer les yeux (!), quand
on veut pratiquer le parachutisme.
Pour ce moment-là et l’habitude que l’on veut en prendre,
habitude qui doit à la longue faire disparaître l’émotion que
l’on peut éprouver au début, il nous semble bien que les exer
cices de saut de l’avion ou de la tour sont irremplaçables,
puisque c’est l’appréhension du vide qu’il faut précisément
vaincre.
Iln’en reste pas moins qu’il y a, physiquement parlant, une
épreuve « spécifique » du parachutisme, l‘arrivée au sol. Nous
avons vu que celle-ci se produit à la vitesse de 5 m./sec. et
davantage, qu’elle correspond, pour être supportée sans acci
dent, au saut de pied ferme d’une hauteur de m,30 à 3 m Il
.
l
est donc facile, du haut d’un portique et sur un sol meuble,
de s’entraîner à la réception au sol tout d’abord et avant même
de sauter de la tour.
De plus, l’exercice du saut nécessitant une musculature cul-
Jniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniii
ioo4 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
tivée des membres inférieurs, nous devons chez tous les para
chutistes faire exécuter des exercices d’assouplissement, entre
autres celui qui est appelé en gymnastique « flexion sur les
extrémités inférieures ».
L’exercice du saut de haut en bas, et les assouplissements
sont donc tout particulièrement recommandables et prépareront
utilement au saut de la tour, puis au saut d’un avion. Nous
pourrions citer aussi les exercices consistant à sauter d’un
véhicule en marche à des vitesses de plus en plus élevées, en
nous rappelant toutefois qu’au delà de 25 kmh il faudra nous
attendre et parer à la chute inévitable par projection en avant.
Il est tout juste utile de mentionner encore une fois, que le
parachutiste « à toute épreuve » — nous voulons dire celui qui
voudra se tirer des situations difficiles dans lesquelles il pourra
se trouver acculé à l'atterrissage, s’en tirer au moins avec le
plus de facilités et le moins d’aléas — devra être un sportsman
complet, en tout cas bon sauteur, bon gymnaste, bon nageur.
Bien muni de l'équipement spécial de protection que nous avons
défini plus haut, équipement spécial en ce sens que ses parties
doivent, être rapidement et facilement enlevables, un tel para
chutiste pourra sans doute se livrer à ce nouveau sport en toute
sécurité et répéter les descentes jusqu’à satiété, quand sera fina
lement trouvé l’appareil sûr, nous voulons dire celui qui donne
100 % d’ouvertures correctes.
Il faudra même voir dans cet exercice un des plus propres
à créer, puis à développer le sens « aérien » dans les foules,
et à entretenir chez l’aviateur un robuste sentiment de sécurité
personnelle.
C’est dans ces motifs que nous voyons dans le parachute,
bouée de sauvetage de l’aviateur en péril, dans le parachutisme,
sport émotionnant entre tous, une des acquisitions humaines
les plus salutaires, dont il importe, au moment où l’aviation
grandit avec la rapidité que nous constatons, de- développer
parallèlement, par tous les moyens, le goût parmi les jeunes.
Invention ancienne déjà puisqu’elle semble être issue du
génie de Léonard de Vinci qui voulait par ce moyen trouver un
frein à la pesanteur, elle est devenue, après- avoir précédé l ’aéro-
station et l’aviation, leur complément indispensable maintenant
pour la sécurité aérienne.
rncuuuuununuunvnnneuvccevuuuunenanvnevcvnsunnuzrqcoceuununecuauaeneconooooeeoenenunuenonenoueuaceasooocoenoooneuueoooonoconemueeoeeanuue
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1005
CONCLUSIONS PRATIQUES.
Le parachutisme, dans ses conditions actuelles,
nous apparaît
encore comme étant un exercice violent, comportant des cir
constances imprévisibles et impondérables qui pourront
causer
quelquefois des accidents pénibles (contusions diverses,
en
torses, fractures, etc.).
Il
nous semble souhaitable que la vitesse de descente soit
encore atténuée, que la ceinture d’attache soit améliorée.
Il paraît, en tout cas, ressortir de notre exposé des données
de toute première importance découlant de l'existence même
d'une vitesse limite de la chute du corps humain dans l’atmo
sphère (celle-ci semblant être de 55 m./sec. à près, soit
:
peu
198kmh)
1° Quand leparachutiste se projettera d’un avion dont la
vitesse horaire kilométrique sera supérieure à celle-ci (et tous
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIM'IllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllHI
les avions modernes volent à plus de 200kmh), il aura tout
intérêt, quand il le pourra par l’altitude dont il disposera, à
effectuer un saut à ouverture retardée afin de ne pas infliger à son
parachute un effort trop violent à l’ouverture, que celui-ci ne
supporterait peut-être pas aux 3 ou 400kmh qui représentent la
vitesse courante des avions de maintenant. L’équipement de
l’aviateur à bord des avions rapides ne doit donc pas comporter,
pour son parachute, de câble d’attache fixé en cours de vol à
l ’ appareil.
2° Les expériences de parachutisme pour débutants ne devront
jamais être entreprises avec un vent soufflant à plus de 5 à
6 m/sec, mais plutôt dans une atmosphère complètement calme.
Un vent plus rapide imposera l’emploi d’un équipement de
protection soigneusement étudié et ajusté : les exercices ne
devront alors être exécutés que par des parachutistes déjà habi
tués et bien entraînés.
Nous considérerons enfin comme téméraires et dangereux
tous exercices entrepris par un vent soufflant à plus de 10 m/sec.
Médecin-Commandant FL AM ME.
ii iiiiii h 111 in 111111111 h 111111111111U111h 11111i111111i11111111111111in 1111111 ii 1111111 ii 11111111 h 111 h 11111 • 'i 1111111 ii in i un
• • 11
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIlllllllllllltlIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIISIIEIIIIIIIIIICIIIIIII
“o
Il
est d’observation courante dans le lancement en vol hori
zontal que la bombe accompagne l’avion sur un parcours
notable. Cet effet se produira aussi bien en piqué ou en cabré
qu’en vol horizontal, et aussi bien au voisinage du sol qu’en
altitude.
Une bombe lancée en vol horizontal au voisinage du sol ne
l’atteint donc que très au delà de son point de lancement,
d’autant plus loin que la vitesse de l’avion est plus grande.
Les chiffres de portée, en fonction de l’altitude de lancement
et de la vitesse, résultent immédiatement des lois du mouve
ment dans le vide, qui s’appliquent ici avec une erreur très
faible. Dans la direction de l’avion le mouvement est uniforme,
de vitesse égale à celle de l’avion. Suivant la verticale, le mou
vement est uniformément accéléré; c’est celui que prendrait
la bombe si elle était lâchée sans vitesse horizontale.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIISIIIIIRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIB
1008 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Or la vitesse de chute libre pendant les premières secondes
est très faible devant la vitesse horizontale que l’avion imprime
à la bombe. Au bout d’une seconde, la bombe lâchée d’un avion
à 360kmh aura parcouru 100m suivant l’horizontale et 4m ,90 sui
vant la verticale. Il en résulte une imprécision considérable
en portée mise en évidence par le tableau suivant qui donne
les portées de bombes lancées en vol horizontal à 10, 20 et 30 m
,
par des avions faisant 360 et 540 kmh
.
“o
Toutes ces causes importantes d’erreur en portée dispa
raissent lorsque l’objectif présente un grand développement en
hauteur. Les exemples en sont nombreux et importants. Tel est
le cas d’un grand immeuble d’habitation, d’une centrale
électrique, d’un hangar d’aviation, d’un remblai de voie ferrée,
d’un pont à piles multiples pris en biais, d’un navire à franc
bord élevé, Le lancement en vol rasant est alors d’une pré
....
cision extrême.
Le tableau suivant donne l’abaissement de la trajectoire,
donc la hauteur de l’objectif dont l’atteinte sera certaine si
le lancement est fait d’une hauteur égale à celle de l’objectif,
pour les deux vitesses de 360kmh et 540 kmh et les distances de
lancement de 100, 200 et 300m. C’est le même tableau que le pré
cédent, mais en inversant la fonction en tableau et l’argument
d’entrée. On a arrondi les chiffres en prenant l’accélération g
de la pesanteur égale à 10.
niiiiiNiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiini
R. A. A. — No 86. 4
1010 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
précis en vol rasant d’un objectif développé en hauteur que
fâcheuse lorsque l’objectif est développé en plan. Un avion
volant à 540kmh à hauteur de la toiture d’un hangar d’avions
peut aussi bien lancer à 250m qu’à 100m du hangar. Il est cer
tain de toucher la façade visée, comme il serait certain de
manquer le toit s’il le visait.
On verrait de même que le lancement en vol horizontal contre
un objectif disposé en hauteur n’exige ni le nivellement longi
tudinal précis de l’avion, ni la connaissance exacte de la pente
du terrain sur lequel on lance.
Au fond, la précision du lancement en vol horizontal rasant
contre un objectif disposé verticalement, et la précision du
lancement en piqué contre objectif disposé horizontalement
sont une seule et même conséquence de la très faible courbure
d’une trajectoire de bombe lancée à grande vitesse. Cette tra
jectoire est sensiblement rectiligne sur plusieurs' centaines de
mètres : le lancement .sera beaucoup plus précis sur objectif
disposé normalement à la trajectoire, que sur objectif disposé
parallèlement à la trajectoire. Il est aussi difficile d’atteindre
en vol horizontal un objectif de faible surface, que d’atteindre
un mur par un lancement en piqué.
«o
Si une faible erreur sur l’horizontalité
l’avion se traduitde
par un grand écart en portée, un cabré léger doit permettre
des portées intéressantes dans un lancement en vol rasant.
Voici les portées obtenues en cabré de 5°, 10° et 15° dans le
lancement au ras du sol à des vitesses de 360kmh et 540kmh On
.
n’a pas fait entrer en ligne de compte l’altitude de lancement
dont l’effet est très important aux très faibles angles de cabré,
mais peut être négligé aux angles voisins de 15°.
Portées en vol rasant.
Vitesse de l’avion.
Illllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
Mais la précision en portée restera faible, faute d’un nivel
lement précis de l’avion qu’il est illusoire d’espérer. Le moyen
le plus simple d’obtenir la précision en portée sera le tir en
cabré à la pente qui correspond au maximum de portée. Elle
est très voisine de 45°, car l’altitude de lancement sera, du moins
en général. très voisine de l’altitude de l’objectif.
Voici les portées en cabré de 35°, 40° et 45°, calculées dans
les mêmes conditions que pour le tableau précédent :
Vitesse de l’avion
Angle de cabré. 360 kmh 540 kmh
35
o
960
m
2.l6o in
40 1.005 2.260
45 1.020 2.290
Une erreur de 5° sur la pente de cabré au voisinage de 45° n’a
qu’un effet négligeable sur la portée : 30m au voisinage de
2300m. La même erreur au voisinage de 10° aurait une influence
énorme, de — 375m aux environs de 800m.
Ainsi le lancement précis en vol rasant contre objectif dis
posé horizontalement sera un lancement à distance, en vol
cabré, et non pas un lancement à proximité immédiate de
l’objectif. L’étude préalable des objectifs possibles, la photo
graphie aérienne, la carte à grande échelle seront des auxi
liaires obligatoires de ce mode de lancement. On ne bombar
dera pas tel atelier d’un arsenal en le survolant et en essayant
de le distinguer au milieu des ateliers voisins; 011 lancera une
bombe en cabré, au cap convenable, en rasant le musoir d’une
jetée à 2 km de là. Bombarder en vol rasant les navires aux
appontements de Gibraltar, ce ne sera pas envoyer un avion
à 20 m au milieu des mâtures; la bombe sera beaucoup mieux
,
placée en la lâchant à l’instant du survol de tel repère mar
quant du rocher.
Le nombre des repères nets est assez restreint. Pour obtenir
la portée voulue en lançant à l’azimut convenable au passage
d’un repère, le bombardier peut ajuster, soit sa vitesse, soit la
pente de son cabré. C’est évidemment sur la vitesse qu’il con
vient de jouer, en la réduisant jusqu’à ce que la portée maximum
convienne à l’objectif visé. Un seul repère suffit alors pour un
objectif quelconque d’une zone assez vaste. Il y a intérêt à le
choisir surélevé pour augmenter la portée.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHlilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
1012 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Trois repères comme la Tour Eiffel, le Sacré-Cœur et le Pan
théon suffisent pour atteindre un point quelconque de Paris
sans que l’avion de bombardement en vol rasant ait à chercher
l’objectif assigné dans le dédale des rues.
Le principe de ce lancement est le même que celui du tir de
l’artillerie de tranchée et de l’artillerie d’accompagnement, où
le réglage de la portée s’obtient par variation de la charge et
de la vitesse initiale, et non par variation de l’angle de tir.
Notons en passant l’impossibilité quasi absolue de la protec
tion par camouflage ou nappe fumigène qui seraient extrême
ment efficaces pour la protection contre un vol rasant au voi
sinage immédiat de l’objectif protégé. Une nappe fumigène
répandue sur Paris n’empêcherait pas ses différents quartiers
d’être bombardés avec la précision désirée.
Les écarts en direction dans le lancement en cabré sont
beaucoup plus importants que les écarts en direction dans le
lancement en vol horizontal rasant. Pour une même erreur
angulaire de pointage, ils sont proportionnels à la portée. Ils
atteindront une quarantaine de mètres, pour une erreur angu
laire de 1°, à la limite de portée d’un avion à 540kmh.
Comme dans le cabré à grande altitude et pour les mêmes
raisons, le bombardier pourra tolérer un pointage en hauteur
imparfait, mais devra soigner le pointage en direction.
«o
Tous les raisonnements précédents sur la précision du bom
bardement en vol rasant, soit en vol horizontal, soit en cabré
supposent que l’avion connaît sa route et sa vitesse par rapport
au sol. C’est à cette vitesse qu’il lâche la bombe, non à sa vitesse
propre; c’est suivant sa route et non suivant son cap qu’est
dirigée la vitesse de la bombe.
Le bombardement précis en vol rasant exige donc qu’on
tienne compte du vent, au même titre que dans le bombarde
ment à haute altitude en vol horizontal, en piqué ou en cabré.
Seule l’erreur qu’on commet quelquefois en supposant que la
bombe lancée en vol rasant tombe à quelques mètres du point
où elle est lâchée peut expliquer une conception du vol rasant
qui ne tiendrait pas compte du vent.
Il semble aussi difficile, sinon plus, de procéder à une mesure
de vitesse par rapport au sol en vol rasant qu’en vol à haute
altitude. Le bombardier mesurera encore sa vitesse, et la cor
rigera de la vitesse du vent, mesurée ou estimée par un procédé
quelconque.
Une appréciation erronée de la vitesse du vent n’entraînera
pas d’écart sensible en portée dans le tir à faible distance
contre objectif disposé en hauteur; cette disposition de l’ob
jectif affaiblit l’effet de toutes les causes d’écart en portée.
Le cas du tir en cabré entre 1000 et 2500m, au voisinage du
maximum de portée, est tout différent. La composante longi
tudinale du vent s’ajoute à la vitesse propre de l’avion pour
modifier la portée, et cette portée est fonction très sensible
de la vitesse initiale de la bombe. Supposons par exemple
un
vent horizontal de 15 m./sec. dans la direction générale de
la route suivie par l’avion, vent supposé connu à 20 %, soit
3 m./sec. près. Si l’avion lance en cabré à 45° à 150 m./sec. de
vitesse absolue, l’erreur de 3 m./sec. se traduit par une erreur
de 2,1 m./sec. sur la vitesse à laquelle est lâchée la bombe;
l’écart en portée correspondant est de 45 m Cet écart est en
.
général inférieur à l’écart en portée du bombardement en vol
rasant horizontal. Le bombardement en cabré reste donc justifié.
Si, au lieu de n'évaluer le vent qu’à 20 % près, on le négli
geait entièrement, l’erreur deviendrait considérable; l’écart en
portée passerait à 300m dans l’exemple précédent.
Mais il n’est pas davantage permis de le négliger dans le
lancement précis en vol horizontal; l’écart en portée en lan
çant à 20m d’altitude et 150 m./sec. est de 30 m
.
Quel que soit le procédé de lancement, vol horizontal,
ou
cabré, la composante transversale du vent sera cause d’écarts
en direction importants.
Dans le tir à faible distance contre objectif disposé verti
calement, on peut à la rigueur négliger la composante longi
tudinale du vent ; on ne peut pas négliger sa composante trans
versale. Dans le lancement à 200m de distance contre un tel
objectif, le point d’impact de la bombe est décalé de 3 m en
hauteur par un vent longitudinal de 15 m./sec.; il est décalé
de 20m en direction par un vent transversal de même vitesse.
La correction, au moins sommaire, du vent transversal s’im
pose.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllKlli
1014 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Dans le tir au cabré de portée maximum, l’écart en direction
dû au vent transversal est important. En reprenant l’exemple
précédemment traité (lancement à 150 m./sec. sous 45°, erreur
de 20 % sur un vent de 15 m./sec.), l’écart en direction est de
70m (à 2300m) si ce vent est transversal. Il ne saurait donc
être question de négliger la composante transversale du vent.
Cette discussion de l’effet du vent sur la précision conduit
aux conclusions suivantes.
a. Contre objectif disposé verticalement, l’attaque en vol
horizontal s’impose: Seul l’écart en direction sous l’effet d’un
vent transversal est à craindre. On attaquera donc dans le lit
du vent. Le bombardier qui voudra attaquer en vol rasant un
hangar d’avion doit respecter l’indication de la manche à vent
comme s’il voulait atterrir.
Contre objectif disposé horizontalement, l’attaque en cabré
1)
.
n’est précise, aussi bien en portée qu’en direction, que par vent
faible ou bien connu. Si l’objectif est étendu dans une seule
direction, la précision est encore suffisante lorsque le vent règne
dans le sens de la grande dimension de l’objectif.
Contre objectif disposé horizontalement, le lancement en
c.
vol horizontal doit être éliminé en général pour des raisons
d’écart en portée indépendantes du vent. Mais l’écart en direc
tion dû au vent transversal reste très inférieur à celui du
bombardement en cabré. On pourra donc attaquer utilement
en vol horizontal un objectif disposé horizontalement, par vent
fort ou mal connu, s’il est étendu dans une seule direction.
Le bombardier devra faire route suivant la grande dimension
de l’objectif.
so
Le bombardement en vol rasant permet d’éliminer dans la
plupart des cas l’écart en direction dû à l’effet du vent. Soit,
par exemple, à bombarder en vol rasant une voie ferrée rec
tiligne de grande longueur. Si le bombardier parvient à la
suivre avec précision, sa vitesse par rapport au sol est parallèle
à la voie; la bombe qu’il lancera sera animée d’une vitesse
initiale parallèle à la voie et l’atteindra avec un écart en direc
tion très faible, que le vent soit connu ou inconnu et quelle
que soit sa direction. L’écart en portée sera élevé, que le lan-
tiiiiiniiliiiiiikiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiBiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniii
cernent soit fait en vol horizontal ou en cabré. Le tir reste
bien entendu très précis en portée s’il s’agit d’atteindre un
objectif vertical; sur voie ferrée, il n’est guère que l’entrée
d’un tunnel qui réponde à ces conditions. Mais le procédé peut
s’étendre à quantité d’objectifs. Si l’on trouvait un intérêt
militaire à descendre à nouveau la colonne Vendôme, le vol
rasant horizontal dans l’axe de la rue de la Paix serait un
procédé de choix.
Ceprocédé revient, en somme, à suivre une route repérée
sur le sol en direction de l’objectif. Il n’est nul besoin de la
connaissance du vent pour le faire avec précision ; les divers
instruments de navigation seraient plus nuisibles qu’utiles dans
cette manœuvre.
En dehors de l’exemple choisi de la voie ferrée rectiligne,
on rencontrera beaucoup de cas de tels repères faciles à distin
guer permettant de placer la route du bombardier en direc
tion de l’objectif. Tels seront une route rectiligne en direction
d’un ouvrage d’art, un canal en direction d’une écluse, une
ligne électrique en direction d’une centrale,.... Il n’est même
pas besoin d’un repère continu, un alignement suffit. Une fois
reconnu l’objectif et choisi un repère dans le voisinage, clo
cher, maison élevée,..., le bombardier n’aura qu’à se diriger
vers l’objectif en suivant l’alignement du repère et de l’ob
jectif.
Très souvent, l’objectif lui-même fournira l'alignement
recherché. Tel sera le cas d’une salle de machines d’une cen
trale électrique, d’un bâtiment d’usine, d’une gare couverte.
Le plan de symétrie en est parfaitement déterminé' par le
faîtage, l’égale surface apparente, des pans de la toiture, des
murs latéraux,.... Même à plusieurs centaines de mètres, le
bombardier déterminera à quelques mètres près s’il est dans
ce plan de symétrie et pourra gouverner de manière à s’y main
tenir, sans avoir besoin d’aucun repère pris en dehors. Il est
peu d’objectifs assez informes pour ne pas se prêter à cette
utilisation ; une façade détermine très suffisamment le plan
vertical où devra se maintenir l’avion qui veut détruire l’im
meuble auquel elle appartient. Lorsqu’on aura étudié les pos
sibilités du lancement sous faible angle de chute, nous ne cro
yons pas que les buildings coiffant de larges baies vitrées d’une
lllllllllilllllllllHIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllNIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1016 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
toiture blindée conservent la faveur de ceux qui essayent
d’adapter l’architecture à la bombe d’avion. Si l’on veut éviter
les repères pris sur l’objectif ou en dehors, l’immeuble de
l’avenir est le solide de révolution à axe vertical édifié seul
au
milieu d’une plaine dénudée.
Mais la protection resterait encore illusoire. On peut
en effet
se passer de tout repère, plus exactement utiliser comme ali
gnement l’objectif lui-même et un point à l’infini de direction
quelconque défini par le compas ou
un repère gyroscopique
porté par l’avion. Le lancement sur alignement rejoint ainsi
le lancement ordinaire, où l’on s’efforce aussi de tenir l’objectif
à relèvement constant. Mais le procédé employé
pour y par
venir sera essentiellement différent du procédé employé dans
le lancement en vol horizontal à haute altitude. On
ne cher-
chera pas à tenir un cap déterminé
par des mesures au viseur ;
on s’efforcera simplement de piloter l’avion de manière à tenir
pendant deux ou trois secondes l’objectif à
un relèvement quel
conque.
--
Ce procédé d’élimination de l’écart en direction dû au vent
n’est pas limité au bombardement en vol rasant. Il n’est
pas
nécessaire de voler horizontalement dans l’axe d’une voie
ferrée ou dans le plan de symétrie d’une
gare pour constater
que la composante transversale du vent déporte l’avion dont
l’axe longitudinal serait maintenu dans le plan vertical désiré,
et pour découvrir la valeur de la dérive qui maintiendra la
route dans ce plan vertical. Le piqué sous 45° permet de suivre
correctement un alignement; à 70°, c’est déjà plus difficile; à
90° c’est entièrement impossible si l’alignement est horizontal,
et si l’avion n’a pas à bord d’appareil décelant la verticale.
Mais les repères de direction verticale, peut-être moins
nom
breux que les repères horizontaux, sont encore
en assez grand
nombre pour permettre des attaques par piqué à la verticale
contre objectifs intéressants. Il n’est guère plus difficile de
suivre une route exactement verticale dans le prolongement
d’une cheminée d’usine, d’un pylône de T. S. F.
que de suivre
en vol rasant une voie ferrée ou un alignement horizontal.
Plus généralement, si l’on se contente d’une précision modérée
on trouvera sur quantité d'objectifs des éléments verticaux
enünNNNNNBuNNBNBNnflNzüuNNuNuuBuuNVüuuüüuNuuNuuuuuuuuunuuNNuuuuunuuuuuuikuuuuuuBuuuuuunubuubuuuuuuuuiuuuuuuuuuuuuuuucuuucBBuHVicëu5295R8BT
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1017
iiiiiiiiiiiriiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
Dans la ville de l’avenir telle que la conçoivent les urbanistes
spécialisés clans la défense antiaérienne, la forêt de buildings
largement espacés fournit l’assortiment complet d’alignements
dénivelés qui permet d’atteindre non seulement tel immeuble,
mais telle fenêtre de tel étage. L’ombre portée par l’immeuble
suffit elle-même en de nombreux cas. Avec un plan de la grande
Pyramide et les tables de la « Connaissance des temps », le
bombardier a tous les instruments voulus pour placer sa bombe
dans l’entrée du monument, en s’alignant sur l’ombre portée
du sommet vue par ce sommet.
Il convient d’insister sur la différence des données fournies
au bombardier lorsqu’il suit en vol rasant un alignement hori
zontal, ou bien en piqué sous angle faible un alignement dénivelé,
ou bien en piqué' à 90° un alignement vertical.
L’alignement horizontal en vol rasant élimine complètement
la composante transversale du vent; il laisse subsister l’écart
en portée dû à la composante dans l’axe de l’alignement. Sans
mesurer cette composante, le bombardier sait bien que sa vitesse
vraie est dans la direction de l’alignement, mais il n’en connaît
pas la valeur. Il est donc incapable de rectifier la portée.
L’alignement sur repères dénivelés élimine de même la com
posante transversale, fixe la direction de la vitesse vraie, mais
ne peut pas davantage donner sa valeur. Cependant l’effet de
la composante du vent dans le plan vertical des repères tombe
rapidement dès que l’angle de piqué augmente; cette compo
sante n'agit sur la vitesse vraie que par sa projection sur la
route suivie; et l’effet sur la portée d’une variation donnée de
vitesse vraie est beaucoup plus faible en piqué sous grand angle
qu’en vol horizontal.
Le piqué à 90° sur alignement vertical élimine complètement
l’effet de la vitesse du vent, aux termes du second ordre près.
Non seulement il définit exactement la route suivie, donc la
direction de la vitesse imprimée à la bombe, mais il en donne
également la grandeur. Le vent étant horizontal, la vitesse
vraie est égale à la vitesse propre (aux termes négligeables du
second ordre près en — complètement négligeables pour les
vitesses v du vent et les vitesses V des piqués actuels). Si la
route de piqué était exactement verticale, la valeur de la vitesse
vraie n’aurait d’ailleurs pas d’importance; la portée serait
fllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
1020 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Il s’agit ici que de l’effet du vent sur la vitesse initiale
ne
de la bombe et non de l’effet sur la bombe des variations du
vent en altitude le long de sa trajectoire. Ce dernier effet
est négligeable dans le bombardement à très basse altitude ;
il reste faible dans le lancement en piqué entre 1500 et 2500m ;
il n’est important que dans le lancement en vol horizontal aux
altitudes où il est couramment pratiqué, comme nous l’avons
précédemment montré.
Si l’on cherche à augmenter la précision du tir par l’emploi
de bombes à vitesse initiale accrue par canon ou fusée, le pro
cédé de lancement sur alignement s’applique encore sous une
réserve relative à la bombe lancée par canon.
Si le supplément de vitesse est obtenu par fusée, la bombe
est lâchée dans la direction de la vitesse absolue de l’avion;
la fusée augmente la vitesse de la bombe, mais n’en modifie
pas la direction. Aucune difficulté ne se présente donc; tout se
passe comme si la bombe était lâchée dans la direction de l’ali
gnement à la vitesse qu’elle aura après combustion de la fusée.
Si le supplément de vitesse est obtenu par canon, la vitesse
de la bombe à la bouche est la résultante de la vitesse absolue
de l’avion et de la vitesse imprimée par le canon, en direction
de son axe. L’axe du canon sera en général dirigé suivant la
vitesse propre aux faibles incidences de vol, et sans aucun
moyen de pointage. La bombe tirée par canon ne sera donc
pas en général lancée dans la direction de l’alignement suivi,
et il sera nécessaire de connaître l’intensité du vent pour faire
la correction correspondante.
'iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
couche où la vitesse du vent est constante, il se trouve entraîné
par ce vent. Ce fait est indépendant de la route suivie, qui
peut être rectiligne et horizontale, rectiligne et verticale, ou
de forme quelconque. Le pilote reçoit l’air de face, l’indicateur
de vitesse propre aussi. La vitesse propre de l’avion est dans
le sens de l’axe du fuselage, évidemment avec une correction
fonction de l’incidence, mais ce n’est pas sur ce point que nous
voulons appeler l’attention.
Lorsque l’avion est placé brusquement dans une couche où
règne un vent uniforme mais différent de celui de la couche
qu’il vient de quitter, il lui faut un certain temps avant d’être
entraîné par le vent de la nouvelle couche. Jusqu’à ce que le
régime d’équilibre soit atteint, la vitesse propre ne sera plus
dirigée suivant l’axe. Le pilote recevra l’air obliquement,
l’indicateur de vitesse propre aussi, et son indication ne repré
sentera nullement la grandeur de cette vitesse propre. La don
nerait-elle au surplus, qu’il manquerait toujours sa direction
pour la composer avec la vitesse du vent.
Si l’on peut admettre que dans le lancement en vol hori
zontal à haute altitude le régime d'équilibre est atteint, l’hy
pothèse est certainement fausse dans le lancement en piqué
et dans le lancement en vol rasant. Ce n’est pas en traversant
à 150 m./sec. des couches successives où le vent peut tourner
de 180° sur 500m (1) que l’avion trouvera le moyen de se
mettre en équilibre dans chaque couche avec la vitesse du vent.
L’équilibre est obtenu pour le ballon de sondage de grande
surface, faible masse et faible vitesse ascensionnelle. Mais l’avion
en piqué vertical traversera ces couches successives en recevant
le vent par le travers, exactement comme le projectile d’ar
tillerie tiré au zénith. L’avion lançant en vol rasant ne sera
pas davantage en équilibre avec le vent au sol, soit parce que
le lancement en vol rasant suivra de près un piqué partant de
couches où règne un vent très différent du vent au sol, soit
par' l’effet des irrégularités propres du vent au sol.
Le lancement sur alignement supprime complètement cette
difficulté. L’irrégularité du vent des couches traversées se fera
IIIIIIIIIIIIIUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
1022 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
sentir sur l’avion qui tendra à être constamment déporté de
l’alignement. Le pilotage doit y remédier. Si mal qu’il le fasse,
ce sera encore mieux fait qu’en suivant un tableau de caps
résultant d’un sondage.
La connaissance du vent à l’emplacement du lancement
n’ajoutera donc rien en général à la précision du tir, et l’on
s’exposerait à de grosses erreurs en se croyant autorisé à déter
miner la vitesse absolue par addition du vent et de l’indication
de l’appareil qui devrait donner la vitesse propre. Il ne faut
pas en tirer argument contre la méthode générale de visée
que nous avons préconisée et qui consiste à remplacer la mesure
directe de la vitesse par rapport au sol par l’addition géomé-
trique de la vitesse propre et de la vitesse du vent. La mesure
directe est impraticable dans le lancement en vol rasant comme
dans le lancement en piqué. Dans le lancement en vol hori
zontal à haute altitude, la composition de la vitesse du vent
et de la vitesse propre donne un résultat correct, aussi correct
au moins que la mesure directe, si l’on attend que le régime
d’équilibre soit établi. Mais la mesure directe prêterait aux
mêmes critiques que la composition des vitesses si le bombar
dier voulait ainsi déterminer sa vitesse en vol horizontal, à
5000m, à la fin d’une manœuvre d’approche en piqué de plu
sieurs milliers de mètres. La question prend une importance
croissante sur les appareils récents à grande vitesse, peu voilés,
de faible prise au vent. Il ne semble pas que les réalisations
ou les projets de viseurs donnant la vitesse absolue en quelques
secondes par visée directe y prêtent une attention suffisante.
Il serait trop long d’indiquer les différentes solutions géné
rales du problème. L’emploi d’un repère gyroscopique vertical,
maintenu en direction de l’objectif au cours du piqué en est-
une. Bornons-nous à constater que cette difficulté donne un
intérêt spécial au lancement sur alignement en piqué ou en vol
rasant, avec détermination de la direction du vent (bombe fumi
gène au sol, mesure à distance de l’objectif...).
llllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
les erreurs dans les calculs préalables des alignements.... Il
peut même éliminer les erreurs dans la détermination de la
vitesse absolue dont il vient d’être question, à condition de
faire le lancement, non seulement au même endroit et à la même
vitesse propre donnée par l’indicateur, mais encore après la
même manœuvre.
En vol rasant, les écarts dûs à l’irrégularité du vent au sol
seront difficiles à éviter; le réglage n’y aide en rien. On pourra
y trouver une raison suffisante pour remplacer, par grand vent,
le lancement en vol rasant à très basse altitude par un lan
cement en piqué fait à une altitude où le vent est plus régulier.
s
Le lancement en vol rasant est-il compatible avec les con
ditions minima de sécurité que nous avons exigées des autres
procédés ?
En général, non. Contre un objectif puissamment défendu
par mitrailleuses lourdes ou par artillerie tirant à mitraille, les
pertes des bombardiers seraient sévères.
Mais tous les objectifs ne seront pas ainsi défendus. Com
ment protéger en tout point susceptible d’être attaqué en vol
rasant l’ensemble d’un réseau de routes et de voies ferrées,
d’un réseau de distribution électrique?... D’autre part, bien
des opérations ainsi conduites pourront être exécutées par sur
prise soit par plafond très bas, soit de nuit, après vol d’approche
moteur arrêté. Nous en donnons dans notre livre un exemple qui
nous paraît devoir interdire de manière absolue toute naviga
tion maritime qui ne pourra être terminée de jour. Enfin, le
procédé de lancement sur alignement en piqué de pente faible
ou moyenne est un intermédiaire entre le piqué et le vol rasant
tels qu’ils sont généralement conçus qui permettra des lance
ments assez précis avec une certaine sécurité.
La menace du lancement en vol rasant sur l’ensemble d’un
territoire immobilisera un matériel et un personnel de défense
considérables. Ce sera autant de prélevé sur le front et sur les
fabrications de guerre.
Le matériel convenable au vol rasant est exactement l’avion
de bombardement dérivé du chasseur dont nous avons tracé
le programme. Le vol rasant, qui ne demande pas un matériel
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1I1IIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1 024 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
nouveau, n’exige pas davantage un personnel spécialisé. Tout
chasseur et tout bombardier doit y être entraîné.
« La guerre, a dit Douhet, est déterminée par la rencontre
des masses. ; on fait la guerre avec des machines et des
. .
hommes moyens. » Nous partageons l’avis de Douhet sur ce
point et avons précisément cherché à indiquer, au cours des
pages qui précèdent, des procédés de bombardement qui puis
sent être considérés comme le mode de travail normal d’une
armée à nombreux effectifs. Ce n’est certainement pas le cas
d’un procédé conservé sans changement depuis 1918, et qui
valait alors aux exécutants 40 % de pertes mensuelles.
Mais il se trouvera toujours des individualistes qui préfé
reront aux mesures précises et aux réglages méthodiques d’un
chef d’escadrille travaillant en vol horizontal ou en piqué à
haute ou moyenne altitude, des opérations qui fassent davan
tage appel à leurs qualités personnelles. Il serait dommage de
fermer tout débouché à ce genre d’activité; le lancement en
vol rasant leur en fournira d’excellents.
C. ROUGERON.
V.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiii
R. A. A. — N” 86. 5
L...-G.... On a pu voir, dans les pages qui précèdent, mon
peu d’attrait pour cet appareil, dont la complication m’effrayait.
J’ai toujours constaté qu’une certaine sobriété de lignes, une
certaine simplicité de formes étaient la marque d’une bonne
convenance entre le but poursuivi et les moyens employés pour
le réaliser; ce n’est pas seulement un sens artistique qui est
contrarié chez moi par les instruments compliqués, mais une
conviction profonde que la complication d’une solution dénote
le manque de mise au point. Tout problème se réduit à un
certain nombre de facteurs essentiels dont la mise en évidence
dégagera les grandes lignes de la solution correspondante et,
réciproquement, le seul aspect de la solution doit rendre mani
festes les données principales du problème : le fouillis me
répugne. Or, malgré toute mon amitié pour L...-G... je dois
à la vérité (amicus Plato, magis arnica veritas) de dire que son
engin me donnait l’impression d’un amas invraisemblable d’or
ganes hétéroclites.
A cela, ma récente expérience ajoutait cette considération
que tout avion était exposé à des chutes, et qu’en pareil cas,
la sécurité du pilote était d’autant mieux assurée qu’il pouvait
se dégager rapidement : or, sur le L. .-G. le pilote se trou
. . .
vait au centre d’un réseau de fils dont les barbelés les plus
embrouillés du front ne donneraient qu’une image imparfaite
à mes camarades anciens combattants.
Cependant, je ne voulais pas mécontenter le colonel Estienne
par un refus. Je laissai passer quelques jours, me bornant à
examiner l’engin de tous côtés sans essayer d’y prendre place.
Le colonel s’aperçut de mon peu d’empressement pour l’avion
L.. .-G..., m’en parla, et, sur ma réponse, m’envoya à Mour
melon, à l’Ecole Antoinette, avec la mission d’apprendre la con
duite de ce monoplan, alors grand favori du public, et de lui
dire pourquoi l’instruction de mes deux camarades, Jost et
Clavenad n’avançait pas plus vite.
L’aviation civile utilisait, à cette époque, la partie du Camp
de Châlons formant l’ancien champ de courses du 2 e Empire,
entre la voie romaine, la route de Mourmelon à Bouy, la
lisière du Camp et une crête à peu près perpendiculaire à cette
dernière. Farman avait, le premier, installé ses hangars, puis
ses ateliers en bordure du Camp, le long de la route de Bouy.
MIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII I IIIIIIIHHIIIII
Les autres écoles s’étaient ensuite échelonnées le long de la
lisière du Camp, l’école Antoinette, la dernière, sur la crête
limitant au Sud-Est le terrain des vols.
Le colonel Estienne avait détaché quatre officiers chez Far-
man : les capitaines Madiot et Marconnet, les lieutenants Sido
et Féquant.
Tous quatre commençaient à voler et, comme à Pau, les offi
ciers les plus jeunes étaient aussi ceux qui réussissaient le
mieux : Féquant était très proche du brevet, Sido le suivait
de près. Le capitaine Madiot joignait à la supériorité de l’âge
et de l’ancienneté l’expérience de l’air résultant de ses longues
années de cerf-volantiste ; très modeste et dénué d’ambition,
il se bornait à donner à l’occasion quelques conseils techniques
à ses compagnons d’école sans prétendre réglementer leur ins
truction. Camermann, du Génie, déjà breveté, se réunissait sou
vent aux officiers venus de Vincennes et faisait autorité dans
les questions pratiques.
A l’école Antoinette,
les deux lieutenants de chasseurs à pied,
Jost et Clavenad, bien que jeunes et sportifs tous deux,
n’avançaient pas et ce retard paraissait anormal au colonel
Estienne.
L’appareil Antoinette, créé par le capitaine Ferber, était un
superbe appareil dont l’aspect se rapprochait sur bien des points
des formes actuelles. Son fuselage lisse de bois contreplaqué
en forme de carène formant corps avec le moteur placé à
l’avant, ses ailes épaisses et sans presque de haubans, son train
d’atterrissage de volume réduit lui composaient une silhouette
très pure, très agréable à l’œil. Bien que le plus lourd des
appareils de 1909, il était en même temps le plus rapide avec
une puissance relativement peu considérable, résultat dû à la
suppression des résistances passives du haubannage habituel
et au tracé de la coque.
Avec toutes ces qualités, V Antoinette avait cependant quel
ques défauts : d’abord, la dispersion des masses sur une assez
grande longueur (dispersion qui me frappa tout particulière
ment après mes débuts sur Blériot, où les masses étaient au
contraire très concentrées) lui donnait du ballant, et les gou
vernails, de surface restreinte, n’agissant que lentement, le
pilote avait l’impression désagréable d’un décalage appréciable
imilllllllllllllllllIlllllllllllllllIlllllllllllllllIlllllllllllIIIIIIIIllllISSIIIIIIIIIIIIlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
1028 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
entre l’instant où il agissait sur les commandes et celui où
l’appareil commençait d’obéir; ceci amenait généralement le
pilote à augmenter son action sur les commandes. Mais l’ap
pareil venait-il à obéir, le pilote réussissait difficilement à limiter
juste à point son mouvement, de telle sorte qu’un débutant
passait généralement son temps à osciller autour de la bonne
position, la dépassant alternativement dans chaque sens malgré
lui : le tout entraînait naturellement des accidents matériels,
et les réparations étaient longues et onéreuses.
Un deuxième inconvénient, dont les pilotes et les élèves de
la maison n’avaient guère conscience, tenait au fait que les
commandes étaient disposées en sens inverse du sens habituel
sur les autres appareils.
Cette inversion des commandes résultait d’un désaccord ini
tial entre le capitaine Ferber et Charles Voisin sur ce sujet.
Voici comment Ferber lui-même me l’a exposé :
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiint
i o3o REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
nait place, l’instructeur l’inclinait d’un côté quelconque et
l’élève devait revenir à la verticale en agissant sur les com
mandes. Peut-être me serais-je prêté à ce jeu en janvier, avant
d’avoir appris à piloter. Mais dès que la maison Antoinette
m’y fit exercer en avril, je me rendis immédiatement compte
que les mouvements ainsi provoqués artificiellement par un
instructeur n’avaient rien à voir, compte tenu de l’inversion des
commandes, avec ceux que je venais de pratiquer sur Blériot.
Mon impression très nette
— et cet essai chez Antoinette con
tribua grandement à me donner l’habitude d’analyser mes sen
sations — fût, qu’en l’air, je manœuvrais, non pas d’après la
perturbation constatée dans la marche de mon appareil, mais
d’après le sentiment que j’avais de la cause de cette perturba
tion. Je refusai donc de me prêter à un second essai du baquet,
demandant à aller de suite en l’air, et déclarant qu’ayant passé
mon brevet sur Blériot, je n’entendais pas repasser par toute
la série des exercices des débutants.
Le moniteur ^Antoinette n’était autre que Wachter, beau-
frère de M. Levavasseur, directeur de la maison. Wachter,
élève à Pau en février-mars, avait passé son brevet quelques
jours après moi et ne se sentait pas assez d’autorité à mon
égard pour m’imposer ses règles. Il accepta donc de me faire
voler à mon tour parmi les élèves. Les leçons étant données
sur un appareil à deux places, à doubles commandes, Wachter,
pour ma première sortie, m’emmena comme passager, me de
mandant de poser simplement les mains sur les commandes pour
suivre sa propre action sans y opposer aucune résistance. Ce
que je fis. Je constatai immédiatement que les mouvements
étaient exactement inverses de veux auxquels je venais de
m’accoutumer à Pau.
Quelques jours .après
— le tour ne revenant pas fréquem
ment -—- je fis ma deuxième sortie installé au poste de pilote,
Wachter à celui de passager. Je m’étais pénétré à l’avance de
l’inversion des commandes, en sorte que je volai 10 minutes
sans accident, mais au prix d’une telle tension d’esprit que
je me sentais littéralement à bout de forces après ces 10 minutes
de vol.
Un nouvel essai quelques jours après m’ayant conduit au
même résultat, je retournai voir le colonel Estienne à Vincennes.
Hlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
Je ne doutais pas d’arriver à piloter convenablement VAntoi
nette, mais au prix d’une tension d’esprit considérable et de
la destruction des réflexes acquis chez Blériot. Par beau temps,
je me croyais sûr de ne pas me tromper, mais qu’arriverait-il
si j’étais surpris par un fort remous, un « trou d’air », avant
d’être bien confirmé sur Antoinette F En cas d’urgence, seraient-
ce les anciens ou les nouveaux réflexes qui l’emporteraient ?
En outre, VAntoinette seul possédait ces commandes inversées :
en persévérant dans ma tentative, n’allais-je pas, pour conduire
ce seul appareil, m’interdire tous les autres ?
Le colonel Estienne comprit aussitôt le danger de la tentative
et ses inconvénients pour un officier qu’il désirait voir piloter
indifféremment des modèles variés. Il me dit de quitter Antoi
nette et d’aller provisoirement chez Farman, où un appareil
venait de lui être livré. Il allait demander à Sommer de me
recevoir à son école, à Douzy, dans les Ardennes, où lui-même
venait d’envoyer deux officiers de cavalerie, les lieutenants
Baugnies et de Gaumont.
so
De retour à Mourmelon le 15 avril au soir, je trouvai l’école
H. Farman à peu près anéantie par un violent cyclone survenu
le jour même. Les avions gisaient écrasés sous les hangars
Bessonneau aplatis par l’ouragan. Les tôles ondulées qui cou
vraient les ateliers jonchaient le sol sur environ 2km dans la
direction de l’Est-Nord-Est.
Les voisins étaient également fort malmenés. Antoinette,
presque seul, avait échappé au désastre, en raison de sa situa
tion à l’extrémité Est de la ligne des hangars.
Ne pouvant faire autre chose, je m’appliquai à relever toutes
les indications que je pus trouver sur les circonstances et les
conditions où s’était produit le cyclone, et à les rapprocher de
ce que je savais déjà par ailleurs.
Il faut ici que j’ouvre une parenthèse sur les idées qu’un
homme peut concevoir à propos des remous, à la suite d’exer
cices de navigation en baquet pratiqués vingt ans plus tôt.
Je passais, dans mon enfance, mes vacances chez mes parents,
dans une propriété à demi-entourée par une petite rivière, et,
me sentant une vocation décidée pour la marine, j’avais ima
giné de naviguer en baquet, en baquet rond bien entendu. On
llltllllllllllllllll111llllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllll!llllllllllllllllllllIllllllIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIMI1ll!IIIIIMI
ne saurait croire à quel point cet instrument primitif de navi
gation est sensible aux remous et tourbillons aquatiques. Cet
exercice m’avait donc amené à me rendre un compte approfondi
de leur production, d’abord sur les hauts fonds de la rivière,
puis au passage d’un vannage à plusieurs vannes, séparées par
de fortes poutres de chêne verticales, enfin et surtout au pas
sage du seuil maçonné dont le franchissement après la vanne
était l’apothéose de ma navigation devant les yeux émerveillés
de mon jeune frère. Toute cette science n’avait pas été acquise
sans quelques bains suivis de corrections bien senties, mais il
m’en était resté des notions très précises sur l’écoulement des
fluides.
Or, en prenant à rebours la suite des tôles ondulées jonchant
le sol, je constatai que sa ligne venait de la brèche ouverte
par la Marne dans la falaise de Champagne à hauteur d’Epernay,
et là-dessus me revinrent en mémoire les remous aquatiques
auxquels donnait lieu l’absence d’une pierre descellée dans le
seuil maçonné du Niagara en miniature dont je viens de parler :
trait de lumière.
Les masses d’air franchissant la falaise de Champagne entre
Epernay et Vertus, s’abaissent, à partir de cette ligne, suivant
un plan doucement incliné, tandis que les masses voisines au Nord
continuent quelque temps leur course vers le Nord au-dessus
de la Montagne de Reims. Il en résulte que sur le revers Est
de la Montagne de Reims, le courant général du Sud-Ouest au
Nord-Est se trouve à une certaine altitude, et que, sous lui, se
glisse un contre-courant longeant la montagne jusqu’à son sail
lant vers Billy-le-Grand. Au voisinage de ce point, le contre-
courant se heurte à la partie Sud du courant principal qui,
depuis la crête d’Epernay à Vertus, s’est sensiblement abaissé.
D’où, dans la région de Billy, production de tourbillons que le
courant principal entraîne vers le Nord-Est au-dessus des
plaines.
Tant que ces plaines s’abaissent, les tourbillons passent au-
dessus inaperçus et inoffensifs. Ils franchissent ainsi la Vesle.
Mais, au delà, le sol se relève, et le mouvement giratoire des
tourbillons les empêche de se conformer complètement au mou
vement général de l’air qui les entraîne et de remonter avec
lui. Les tourbillons balaient donc ces pentes remontantes et y
manifestent leurs effets destructeurs.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1033
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllltlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
Pour revenir à l’école Sommer, le temps passait, mes cama
rades Baugnies et de Gaumont prenaient des leçons et faisaient
des progrès, mais Sommer avait toujours d’excellentes raisons
pour ajourner ma première sortie : tantôt, il réservait son
appareil pour un vol sensationnel qu’il se proposait d’entre
prendre, tantôt il y avait dans le contrat relatif à ma personne
un point sur lequel il n’était pas d’accord avec le colonel
Estienne, etc. Les jours s’écoulaient.
. . .
Enfin, je parvins un soir à m’installer sur l’appareil d’école
d’où descendait Baugnies et à décoller en l’absence de Sommer.
Je fis ainsi une boucle de quelques kilomètres sur les prairies
de la Meuse et revins atterrir sans accident. Mais Sommer était
revenu en toute hâte en me voyant voler et m’attribua un léger
ébréchage de l’hélice qui aurait, selon lui, heurté une borne
cachée dans l’herbe au départ ou à l’atterrissage. En toute
franchise, je ne me crois pas responsable de ce mince incident.
Il servit néanmoins de prétexte à Sommer pour demander le
départ d’un élève coupable d’avoir volé sans sa permission, et
d’avoir, en volant, avarié une hélice.
Comme j’étais moi-même las de rester à Douzy sans voler,
je retournai volontiers à Mourmelon.
--
Les ateliers et hangars de H. Farman s’y trouvaient com
plètement rétablis, remis à neuf et améliorés par rapport à
l’installation antérieure, réalisée sans plan d’ensemble, suivant
les circonstances et les besoins.
Féquant avait passé les épreuves du brevet le 25 avril, Sido
le 29, Marconnet était en bonne voie, et toute une fournée de
jeunes officiers recevait depuis le 26 avril les leçons de Camer-
mann. Enfin Acquaviva, après obtention de son brevet à Pau,
était également venu s’installer au Camp avec le Blériot mono
place acheté par Chalais-Meudon, mais cet appareil, propriété
du Génie, continuait d’être interdit à l’artilleur que je restais.
Le nombre des élèves civils s’était, lui aussi, augmenté. Et
cette augmentation n’allait pas sans créer quelques difficultés
pour lesquelles je dus, dès mon arrivée, jouer un rôle de conci
liateur.
Les premiers aviateurs, ne pouvant assumer les frais des
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1036 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
vastes terrains dégagés et aplanis que nécessitaient leurs essais,
avaient naturellement recouru aux terrains militaires. L’armée
aurait eu mauvaise grâce à s’y refuser. Et d’ailleurs, dans ces
débuts, les aviateurs étaient si peu nombreux, les conditions
atmosphériques propices aux vols si rarement réalisées, que
l'utilisation des champs de manœuvre par l’aviation ne gênait
guère l’instruction des troupes.
Au printemps de 1910, les aviateurs devenaient si nombreux
sur les terrains ainsi prêtés qu’ils s’y gênaient mutuellement,
et que les constructeurs commençaient à organiser pour leurs
élèves des écoles particulières sur terrains loués ou achetés par
eux : inutile de préciser que le champs de manœuvres d'Issy-
les-Moulineaux et la partie du Camp de Châlons affectée à
l’aviation se trouvaient, en fait, interdits aux troupes à toute
heure.
Les autorités intéressées s’étaient résignées à cette déposses
sion, mais au Camp de Châlons, les choses menaçaient d’aller
plus loin. Alors qu’à Issy, la vue des constructions environ
nantes n’incitait nullement les aviateurs à franchir les limites,
au Camp, la vue des vastes terrains nus réservés aux tirs était
une tentation perpétuelle; les tirs ayant lieu de 6 h du matin
à 15 h le spectacle des éclatements d’obus suffisait à peu près à
,
libérer le terrain entre ces heures, mais il arrivait qu’un avion
s’attardât le matin et que l’ouverture des tirs fût retardée de
ce fait; il arrivait aussi, le soir, que le personnel chargé de
relever les cibles du matin et d’installer celles du lendemain
restât le nez en l’air à contempler les évolutions d’un avion
sorti de la zone réservée. Si le commandant du Camp lais
...
sait faire, le Camp allait bientôt devenir inutilisable pour
l’instruction des troupes.
. . .
IIIII1IIII1IIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIII
Enfin, le développement d’une véritable cité aéronautique à
la lisière sud du Camp comportait de sérieux inconvénients
pour la police du Camp. De nombreux mécaniciens se mêlaient
chaque soir à la foule militaire qui emplissait les cafés et autres
lieux de plaisir, et ces mécanos donnaient l’exemple d’une indo
cilité fâcheuse vis-à-vis des consignes du Camp et de ceux qui
avaient charge d’en imposer le respect. Des éléments suspects
se glissaient parmi ces mécanciens, se mêlaient au personnel
chargé des essais de mitrailleuses nouvelles, de procédés de tir
à l'étude, etc. Le secret devenait difficile à assurer pour toutes
les études militaires poursuivies au Camp.
Cette situation, qui s’aggravait de plus en plus, causait de
graves soucis au général Mouret, commandant d’armes du
Camp. Me connaissant de longue date, il m’en avait déjà entre
tenu à mon premier séjour au Camp, en avril. Et je m’étais
alors employé à faire comprendre aux aviateurs qu’un champ
de tir ne devait pas être considéré comme disponible pour y
voler à quelques mètres du sol, du fait que seuls y étaient
visibles des panneaux destinés à servir de cibles. Je m’étais de
même chargé — le mot «chargé» n’est nullement exagéré —
d’organiser le contrôle des épreuves, avec l’aide de mes cama
rades aviateurs. Et ainsi s’étaient atténués deux des principaux
griefs du commandant d’armes.
En mai 1910, la question de police était la plus préoccupante,
les étrangers foisonnaient au Camp ; la liste des brevets de
pilote délivrés en 1910 par l’Aéro-Club en mentionne 82 dont
27 Russes, 19 Anglais, 7 Hollandais, 4 Américains, 4 Allemands,
3 Italiens, 3 Péruviens, 2 Polonais, 2 Suisses, et un représentant
de chacun des pays suivants : Brésil, Belgique, Suède, Alsace,
Luxembourg, Roumanie, Turquie, Chili, Uruguay, Australie,
Japon. Les candidats-pilotes étrangers étaient rarement seuls
et séjournaient plusieurs mois dans nos écoles, dont celle du
Camp était la principale. Ces étrangers demandaient, comme les
autres élèves, des officiers pour le contrôle de leurs épreuves,
parfois sur le même ton que si la garnison avait été à leurs
ordres.
Là-dessus, j’était d’accord avec le général Mouret que s’il y
avait un intérêt patriotique à favoriser le dévelopement d’une
aviation civile française, il n’y en avait aucun, bien au con-
tllllllltllll•l||||||||||||||l|||||IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIM1050000069
1038 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
traire, à nous mettre à la disposition d’étrangers, parfois d’of
ficiers de réserve allemands, pour faciliter leur instruction si
:
la France devait leur être hospitalière, ce n’était pas dans un
Camp militaire d’instruction. Je négociai donc un accord entre
le général et l’Aéro-Club : celui-ci prévint les milieux aéronau
tiques que le recours à des officiers pour le contrôle des épreuves
de vol serait désormais subordonné à une demande déposée
48 heures à l’avance et accompagnée de pièces d’identité éta
blissant la nationalité française; les étrangers devraient pré
senter une autorisation spéciale du Ministère de la Guerre.
. . .
Je ne crois pas que cette autorisation ait jamais été deman
dée.... Les étrangers allèrent faire leur instruction dans
d’autres centres.
Enfin des agents de la Sûreté furent engagés dans le person
nel mécanicien de certaines maisons pour surveiller la popu
lation assez interlope de la cité aéronautique et tout ce qui gra
vitait autour d’elle. On aboutit ainsi à déceler et à éliminer cer
tains éléments, parmi lesquels une femme dite « la belle Lison
»,
déjà connue fâcheusement par un procès d’espionnage à Toulon.
Lieutenant-Colonel BELLENGER
(A suivre.}
IIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIII»
INFORMATION GÉNÉRALE
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
1040 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Tendances de construction.
Plusieurs types de porte-avions ont été envisagés :
— le transporteur, genre « Saratoga », pour opérations océaniques;
— le porte-avions d’escadre de ligne, doué d’une vitesse compa
rable à celle des cuirassés. Type : le « Béarn »;
— le porte-avions d’éclairage, croiseur d’environ 7000 tonnes,
filant 35 nœuds, destiné surtout aux opérations océaniques;
— le croiseur porte-avions. Ce serait une fusion non encore réalisée,
comportant une artillerie appréciable et un nombre restreint d’avions
légers. L’Allemagne a actuellement en construction un navire analogue
de 18 500 tonnes, armé de 25 avions seulement, mais de 4 tourelles
doubles de 150, et 6 pièces antiaériennes de même calibre;
•— enfin
le porte-avions d’escorte pour la protection des convois.
iiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1041
lourd à traîner pour une flotte, le navire armé d’avions doit être,
au contraire, un bâtiment léger rapide, dont les armes, intelligentes
et extrêmement mobiles, devanceront et compléteront l’action du
canon. Ensemble homogène où — paradoxalement — l’élément
offensif sera surtout représenté par le navire armé d’avions et l’élément
résistant par le navire armé de canons. On vérifie ici, une fois de
plus, que le navire armé de canons, bâtiment protégé, reste l’armature
des forces navales.
»La France, dont le vaste empire colonial demande une marine
de caractère océanique, doit, prévoyante, se tourner avec intérêt
vers le croiseur porte-avions ou le porte-avions d’escorte, c’est-à-
dire vers le navire porte-avions de déplacement minimum. La réali
sation d’un tel bâtiment est directement liée aux progrès de l’aéro
dynamique.
» Sans doute, il manque au navire porte-avions à plate-forme d’avoir
été consacré par l’expérience de la guerre. Aussi, la pure « méthode
historique » ignore-t-elle ce nouveau venu qui n’a jamais fait parler
de lui ou presque. La seule opération de guerre à laquelle prit part
un porte-avions à plate-forme date de la fin de la guerre. Ce fut,
le 17 juillet 1918, une attaque côtière, le bombardement des hangars
à Zeppelins de Tondern (Schleswig) par 7 « Carnets » de chasse partis
du « Furious ».
» Un porte-avions aurait peut-être changé complètement l’histoire
de Coronel ou celle des Falkland. Combien de bâtiments armés
de canons, sur les quelque dix croiseurs et croiseurs-cuirassés qui
furent lancés à la poursuite de l‘« Emden » ou qui furent fixés » par sa «
(iiiHiiiiiaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiii
R. A. A. — No 86. 6
1042 REVUE DE L'ARMÉE DE L'AIR.
hybrides dont on sent qu’ils ne satisfont pas leurs auteurs, encombrés
par les sujétions d’atterrissage, malgré les sacrifices consentis sur
les charges utiles. P. E.
111111111111111111 un 111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111
uni 11111111111111111111111111111111111111
nii
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 1043
pilote est maintenu cinq ans sous les drapeaux, le prix moyen annuel
de son entraînement n’est plus que de 110 ooo fr L’économie annuelle
.
ainsi réalisée sur chaque pilote permet de tripler leurs effectifs en
doublant la dépense actuelle.
La législation proposée a été soumise au Bureau du Budget qui
l’a envoyée pour examen au National Emergency Council.
lllllllllilllllllllllllllHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIÜIIIllllllHlllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllHlllllllllllllliilllliliilli
1044 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
rimenter un nouveau modèle de bombes éclairantes, construites
comme des bombes ordinaires avec empennage et fusée à temps,
attachées à un parachute. D’une puissance de million de bougies, 1
IIIIIIIIIII
1046 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
de les flanc-garder par des barrages avec des zones ypéritées dans les
défilés et sur les sommets.
La dernière erreur fut commise par le Négus qui, se mettant à la
tête de sa garde, sauva peut-être l’honneur, mais perdit toute autorité
et ses derniers moyens de résistance en engageant la lutte au lac
Ashangi. Il ne restait plus qu’à marcher sur Addis Abéba aussi rapi
dement que possible, malgré les pluies et les accidents du terrain :
à cette occasion, le Haut Commandement italien fit usage du ravi
taillement aérien à un degré inconnu jusqu’alors.
<
Sur le front de Somalie, les opérations se présentaient très diffé
remment. Disposant de moyens restreints, sous un climat pénible,
à des distances considérables de ses bases, le général Graziani avait
pour objectif la riche région de Harrar, défendue par des troupes assez
bien équipées et commandées, sur un terrain de brousse rendant la
progression et l’observation aérienne très incertaines.
Le général Graziani montait depuis plusieurs mois son opération,
quand il dut faire face à la marche des colonnes éthiopiennes sur Dolo.
Rapidement il concentra les forces nécessaires qui remportèrent
l’éclatant succès de Neghelli, mais sans exploitation stratégique
possible, et le général Graziani, retardé de plusieurs semaines, reprit
ses préparatifs de l’opération sur Harrar, menée à bien dans les derniers
jours des hostilités. P. E.
Quelques chiffres.
Nous relevons dans la presse allemande les données statistiques
suivantes relatives à l’emploi de l’aviation italienne en Éthiopie :
Pertes ; 86 tués, 148 blessés.
Tonnage de bombes : 375 tonnes dans la bataille de l'Enderta,
270 tonnes dans la bataille du Tembien et du Schiré.
Tonnage de vivres lancés : 219 tonnes pour la marche sur le lac
Tsana, 180 tonnes pour la marche de Guarani à Dessié; 1000 tonnes
dans l’ensemble des opérations.
Opinion italienne
sur la stratégie de la campagne italo-éthiopienne.
La «Rivista di Fanteria » (juillet, 1986) examine les diverses directions
d’attaque qui s’offraient au commandement italien : la direction
Nord-Sud qui a été adoptée, la direction Est-Ouest à partir d'Assab
vers la capitale, et la direction Sud-Nord en prenant la Somalie
pour base d’opération.
La première direction offrait l’avantage de constituer la base
d’opération avec la colonie d'Érythrée, dont les ports, les commu-
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiin
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1047
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIII1IIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIII1IIIIIII1I1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1I1IIIIIIIIII
1048 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
IIIIIIIIIIIIÜI1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1I1I1IIIIIIIIIIIIIIII1I1IIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1049
naviguer, manœuvrer et combattre. C’est vrai aussi pour le pilote de
multiplace, car si le chef de bord commande la manœuvre à faire,
c’est en définitive le pilote qui l’exécute. Et il ne l’exécutera bien que si
son intelligences’applique à comprendre ce que son chef attend de lui,
et à interpréter ses ordres suivant les circonstancesdu moment. Le pilote
qui, au cours de manœuvres compliquées, a en outre la préoccupation
de surveiller ses instruments de navigation, disperse trop son atten
tion et risque d’en consacrer une partie trop faible à l’accomplisse
ment de la manœuvre. Tout ce qui le libère alors de la sujétion
des instruments de navigation l’aide dans sa tâche. Voilà pourquoi
on peut estimer que l’emploi des indicateurs acoustiques de virage
et de vitesse donnera une supériorité aux pilotes militaires, toutes
les fois qu’ils seront obligés de manœuvrer dans des zones nuageuses
ou brumeuses.
M. Luis de Florez a rendu compte à Vinstitute of Aeronautical
Sciences des États-Unis des résultats de ses recherches et de ses
essais et c’est ce compte rendu que nous résumons ci-dessous.
Études au laboratoire.
Des essais furent faits d’abord en laboratoire pour déterminer la
sensibilité de l’ouïe à la direction d’où provient un son, sa sensibilité
aux variations de hauteur du son, et sa résistance à la fatigue dans
l’utilisation d’indicateurs acoustiques.
Des expériences faites récemment au N. A. C. A. ayant démontré
la possibilité de piloter un avion en utilisant seulement les ailerons
et le gouvernail de profondeur, ou bien les gouvernails de direction et
de profondeur, on a limité les recherches entreprises à l’établissement
d’un indicateur de virage et d’un indicateur de vitesse réunis d’ailleurs
en un seul instrument.
Plusieurs systèmes furent essayés.
Un premier appareil fut constitué par une roue à six dents qui,
tournant entre les pôles de deux électroaimants, constituait un induc
teur dont la rotation engendrait un courant alternatif dans chacun
des circuits enroulés sur les électros. La roue étant entraînée
par un moulinet placé dans le vent de l’avion, sa vitesse de rotation
se trouvait être proportionnelle à la vitesse de celui-ci. Comme chacun
des circuits était connecté à l’un des écouteurs du pilote, la hauteur
de la note entendue donne à celui-ci les indications concernant la
vitesse de l’avion : une note aiguë indique que l’avion pique, une
note grave indique qu’il cabre.
D’autre part, chacun des deux électroaimants peut tourner d’un
certain angle autour de son axe qui coïncide avec l’axe de l’inducteur.
Ce déplacement est commandé, par exemple, par l’indicateur optique
de virage au moyen d’un servomoteur. En tournant dans un sens,
l’indicateur optique de virage décale un aimant dans un sens déter
miné et l’autre aimant en sens inverse; en même temps, chaque
aimant manœuvre un rhéostat qui augmente la résistance électrique
de l’un des circuits et qui diminue celle de l’autre circuit. L’intensité
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1I1IIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIII
1050 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
du son diminue donc sur un écouteur et augmente sur l’autre, don
nant ainsi au pilote l’impression que la source d’où provient le son
s’est écartée vers sa droite lorsque l’avion est en train de tourner vers
la gauche. Pour ramener l’avion dans la ligne droite il cherchera
instinctivement à virer du côté d’où provient le son, jusqu’à ce que
l’égalité des intensités soit rétablie dans les deux écouteurs.
On fit en laboratoire deux séries d’expériences.
Dans la première série, le pilote ayant les yeux bandés, il lui fut
demandé d’indiquer la direction d’où paraissait provenir le son,
lorsqu’on faisait tourner le cadran de l’indicateur de virage de façon à
faire varier l’intensité du son dans les deux écouteurs. Avec le réglage
adopté, on constata que le pilote déterminait à 10 degrés près la
direction apparente du son, laquelle correspondait à l’angle dont
l’avion était censé avoir viré à partir du zéro de l’indicateur. On
demanda ensuite au pilote de ramener l’indicateur au zéro en cher
chant pour cela l’égalité d’intensité des sons émis par les deux écou
teurs. On constata que l’erreur était toujours inférieure à 5 degrés.
Mais, si l’on renonce à donner au pilote une évaluation acoustique
de l’angle dont l’avion a tourné, on peut arriver à une précision très
grande dans la tenue d’un cap : il suffit, pour cela, de régler les rhéos
tats qui commandent les variations d’intensité du son dans les deux
écouteurs de façon telle qu’un virage de 1 degré, par exemple, produise
une différence des intensités très sensible à l’oreille. Théoriquement,
on peut, par ce moyen, arriver à une précision aussi grande qu’on le
désire dans la tenue du cap. Toutefois, il ne faut pas aller trop loin
dans cette voie, sous peine de dérouter le pilote par des variations
incessantes d’intensité dans les deux écouteurs.
On fit également une série d’expériences ayant pour objet de
vérifier si le pilote moyen est capable de conserver avec assez de
précision dans sa mémoire la hauteur de la note qui correspond
à la vitesse de croisière, de façon à ramener instinctivement son
avion au vol horizontal après un cabré qui correspond à une
note plus grave, ou après un piqué qui correspond à une note
plus aiguë.
Pour cela, l’examinateur faisait varier la vitesse de l’inducteur à
six dents, en agissant sur la manette du rhéostat du moteur élec
trique qui l’entraînait; après quoi, il demandait au pilote qui avait
les yeux bandés de ramener la vitesse à sa valeur initiale en manœu
vrant le rhéostat en sens inverse. Au début, ce résultat fut obtenu
avec assez de précision; mais, à mesure que le temps [passa, l'atten-
tion du pilote se fatigua et la précision de la manœuvre alla en dimi
nuant.
On expérimenta alors un autre système qui consiste à conserver
une note de hauteur constante, et à provoquer dans le circuit des
variations périodiques d’intensité qui engendrent des battements
réguliers dans le son perçu par le pilote. Pour donner la sensation
que l’avion pique, on accélère le rythme des battements; on le
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiüiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1051
««•••iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuaiiitiiisiiiittf»
1052 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Le second instrument qui fut expérimenté comportait quatre
contacts au lieu de deux sur l’indicateur de virage. Les deux premiers
contacts se trouvaient de part et d’autre du centre de l’aiguille de
l’indicateur, à une distance de ce centre égale à environ 1 /8 e de la lar
geur de l’aiguille; les deux autres contacts se trouvaient aux deux
bords extrêmes de l’aiguille. Lorsque l’avion avait une marche rigou
reusement rectiligne, aucun son n’était perçu dans les écouteurs. Dès
qu’il tournait légèrement à droite ou à gauche, la note musicale de
l’indicateur était perçue faiblement dans l’oreille correspondante.
Si le virage s’accentuait, la note était perçue avec une plus grande
intensité. Le pilote avait ainsi une première indication sur le rayon
du virage.
Comme on l’a indiqué plus haut, l’emploi continu de la même note
musicale devient vite fatigant pour l’oreille. Si le pilotage au son
doit être employé pendant une longue période, il faut ou bien pouvoir
de temps en temps changer la note choisie, ou, mieux encore, utiliser
dans l’indicateur acoustique la réception d’un poste ordinaire de
radiodiffusion.
A cet effet, les deux écouteurs furent reliés par des circuits distincts
à un même poste récepteur, chaque circuit comportant un dispositif
qui permettait de moduler la réception ou d’en faire varier l’intensité.
On constata que, pour donner au pilote l’impression que l’émission
vient de la droite, il suffit que l’indicateur acoustique réduise l’inten
sité de la réception sur l’écouteur gauche. On donne ainsi au pilote
la sensation que la source sonore s’écarte vers sa droite ce qui l’incite
à virer à droite s’il veut remettre son avion en vol rectiligne.
Pour lui donner les indications concernant les variations de vitesse
de l’avion, il suffit de provoquer des battements dans la réception.
En accélérant le rythme des battements lorsque la vitesse de l’avion
augmente, on donne au pilote la sensation qu’il pique; on lui donne
la sensation qu’il cabre en réduisant le rythme des battements.
Ce procédé parut préférable à l’utilisation de la hauteur d’une note
musicale, parce que la mémoire auditive enregistre plus facilement
un rythme déterminé qu’une hauteur de son. L’emploi des batte
ments assure ainsi une plus grande précision dans le réglage de la
vitesse de l’avion.
«
Un appareil a été établi qui dérive de cette conception et qui va
être prochainement expérimenté en vol.
Lorsqu’il sera mis au point, un dernier pas restera à franchir qui
aura pour objet de combiner l’indicateur acoustique avec le récep
teur de radioguidage. Des expériences sont déjà en cours en vue de
la réalisation de cet appareil, dont on peut d’ailleurs dès maintenant,
indiquer le principe.
Deux cadres récepteurs fixes seront montés côte-à-côte sur l’avion,
chacun d’eux étant connecté à l’un des écouteurs du pilote. Ces deux
cadres seront légèrement inclinés en sens inverses sur l’axe de l’avion,
aiiiiiiiisiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR. 1053
Lorsque cet axe passera par le poste émetteur vers lequel le pilote
veut diriger son avion, les intensités d’audition seront égales dans
les deux écouteurs. Mais si l’avion vire légèrement à droite, l’axe de
l’avion laissera le poste émetteur à sa gauche. Le pilote en sera averti
parce que, du fait des différences d’inclinaison des deux cadres
sur l’axe de l’avion, l’intensité de l’audition augmentera dans l’oreille
gauche et diminuera dans l’oreille droite. Le pilote aura ainsi la
sensation que le poste émetteur s’est déplacé vers sa gauche, et,
instinctivement, il ramènera son avion vers la gauche pour se replacer
sur l’axe suivant lequel il entend se diriger.
Cet indicateur de direction sera combiné avec un indicateur acous
tique de vitesse basé sur le principe des battements exposé ci-dessus.
M. Luis de Florez fera connaître prochainement les résultats des
essais en vol de ces deux nouveaux types d’indicateurs acoustiques.
Dès à présent, on voit que ces appareils permettront de résoudre
divers problèmes de pilotage sans visibilité qui n’ont reçu qu’une
solution incomplète avec les indicateurs optiques. A bien des titres
ils constituent donc une contribution importante à cette solution,
susceptible d’applications militaires du plus haut intérêt.
A. V.
L’avion de bombardement.
Voici une étude sur le problème de l’avion de bombardement,
parue dans «Royal Air Force Quarterly », avril 1986. Elle est sans doute
loin d’épuiser le sujet, mais nous a paru intéressante comme repré
sentant certaines idées en vogue en Grande-Bretagne.
Le souci du rendement conduit à se poser trois questions :
— quel est le tonnage approprié à l’objectif ?
— quel est l’objectif approprié ?
— comment peut-on opérer avec le maximum d’économie des
forces ?
Le tonnage.
D’aucuns prétendent limiter le bombardement aux objectifs
militaires comme les arsenaux, usines, navires, chantiers navals;
ce qu’on sait de l'efficacité des bombes conduit, dit l’auteur, à employer
des bombes d’au moins 200k8. Pour les théoriciens du bombardement
de harcèlement, la paralysie de la vie économique de l’ennemi, il
faut des bombes de faible poids en grande quantité.
Il est raisonnable d’admettre que les deux modes opératoires
auraient cours. L’avion moderne de bombardement devra pouvoir
emporter au moins 500k8 de bombes.
Mais il importe de réaliser une certaine interchangeabilité entre
le poids de bombes et celui d’essence emportés. L’ingénieur sera donc
obligé de disposer d’un volume appréciable pour les bombes et en
même temps pour les réservoirs. La solution du problème paraît
être dans l’élimination des réservoirs habituels et le stockage de
iiiiiiiiiriiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiünitiiiiiiniiiniifiii»
1054 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
l’essence dans la structure même de l’avion; des essais auraient été
faits récemment par un grand constructeur, de constituer des ailes
avec des caissons travaillant et servant à la fois de réservoir.
Le rayon d’action.
Trois facteurs politiques obligent à réviser les idées qu’on
a en
Grande-Bretagne sur le rayon d’action que doit posséder
un avion
de bombardement :
— la France n’est plus la seule grande puissance aérienne conti
nentale. L’Allemagne a pris place rapidement, grâce à
une politique
de quantité appliquée à des types standardisés;
— le développement des aéronautiques est tel qu’une « guerre
aérienne », par opposition à une guerre entre armées
ou entre marines,
est beaucoup plus vraisemblable qu’il y a dix
ans. Une telle guerre
implique de pouvoir frapper au cœur de l’ennemi en partant de bases
aériennes situées en territoire national;
— ce même accroissement des forces aériennes peut rendre difficile,
sinon impossible, pour la Grande-Bretagne,
une opération comme
le débarquement de son Corps expéditionnaire
sur le Continent
comme en 1914. Il ne faut donc compter que sur les bases aériennes
nationales.
Des considérations tactiques exigent aussi l’accroissement du
rayon d’action désormais très insuffisant des bombardiers anglais :
c’est la nécessité d’attaquer un grand nombre de points vitaux ennemis
pour disperser la défense adverse.
Tout bien considéré, il semble qu’un rayon d’action de 2500km
sans vent, représentant 1000km de rayon pratique n’a rien d’excessif
et qu’il faudrait réaliser le rayon d’action de 1600km.
L’armement.
Ayant fixé — plus ou moins arbitrairement, d’ailleurs les exigences
—
en bombes et en essence, il reste à trouver un compromis entre l’arme
ment défensif et les performances.
D’aucuns prétendent que des performances élevées
ne sont pas
nécessaires à l’avion de bombardement et qu’un armement puissant
lui permettra de repousser les attaques ennemies; c’est la conception
du multiplace de combat. Mais l’expérience de la
guerre mondiale a
montré que le bombardier lent, très armé, est une proie aisée
pour le
chasseur.
Est-il raisonnable de sacrifier l’armement défensif à la performance ?
Non pas, car il est toujours possible de réaliser, après
une certaine
période de surprise, un avion de chasse plus rapide
que le meilleur
bombardier, puisque l’avion de chasse n’est pas limité
par la charge
de bombes et le rayon d’action. Un certain armement défensif s’impose
donc, sauf peut-être pour les bombardements de nuit.
L’auteur pense qu’une mitrailleuse avant et deux mitrailleuses
in
1'11111111111111111111111111111111111111111111111111 h 11 h 1111111
m 11111111111111111 ii 111 h 11111 h 1111111111 h te 111111 il i in 11111ni in
arrière doivent offrir une défense appréciable, dans la mesure où les
performances du bombardier seront assez élevées.
Ayant ainsi fixé l’armement, que peut-on attendre des perfor
mances ? La limitation de la puissance maximum d’un moteur élimine
le monomoteur. Les réalisations américaines et anglaises ont montré
qu’on peut établir un bimoteur ayant une vitesse maximum comprise
entre 400 et 48okmh à 8000m. C’est le type qui semble le mieux
approprié pour les dix années à venir.
Il reste à savoir si la véritable économie des forces est de n’avoir
que ce type à l’exclusion d’avions plus légers ou plus lourds.
Après la subdivision en bombardiers de jour et bombardiers de
nuit, on a adopté un peu partout les bombardiers légers, moyens et
lourds.
Les bombardiers légers ont un rayon d’action absolument inappro
prié aux conditions présentes. L’auteur suggère l’unification dans le
type « moyen ».
Cependant, avant de prendre une telle décision, on doit considérer
les problèmes tactiques à résoudre. Si l’on propose d’abolir la classe
des bombardiers légers, cela signifiera-t-il la suppression du bombar
dement en piqué ? Et si les bombardiers lourds disparaissent, ne
perdra-t-on pas l’avantage de pouvoir augmenter la charge, en
diminuant les performances par l’utilisation de l’obscurité ? Dans
l’affirmative, l’unification serait une erreur.
Emploi tactique du bombardier de jour.
On peut envisager trois méthodes d’emploi : arrosage sans précision
sur de larges surfaces, piqué pour bombardement très précis, bombar
dement horizontal en altitude donnant dans les conditions du temps
de paix une précision moyenne.
Le bimoteur rapide « envisagé plus haut» peut accomplir toutes ces
missions; en outre, il a sur le bombardier léger l’avantage d’emporter
un tonnage plus élevé.
Emploi tactique du bombardier de nuit.
La politique ancienne et présente d’utiliser de nuit des bombardiers
lents et de grandes dimensions repose sur l’illusion que l’obscurité
protège les assaillants.
Or, l’obscurité sert la défense et non l’attaque. Ceci n’est pas une
théorie nouvelle et révolutionnaire, mais repose sur l’expérience de
la guerre. Quand la chasse de nuit a été organisée sérieusement
en 1918 avec une installation efficace de projecteurs, elle a obtenu
des résultats étonnants : plus de 50 grands bombardiers abattus par
la seule escadrille no 151 sans pertes.
Le seul moyen de faire du bombardement de nuit économique est
de donner aux appareils des performances telles que les projecteurs
aient de la difficulté à les éclairer pendant un temps suffisant pour
permettre une attaque par les chasseurs. Le bimoteur rapide proposé
convient donc.
I1IIIIIIIIIIIIIIIII1I1IIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII11IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIII
1056 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Cependant, puisqu’il est prouvé que l’armement défensif est sans
usage de nuit, l’avion de hautes performances a son emploi, sous la
forme d’un rapide monoplace, qui pourrait avoir une autonomie
de 1600km, transporter 500 de bombes à une vitesse moyenne
de 48okmh. Un tel appareil opérant aux environs de 7000m serait
extrêmement difficile à éclairer.
l’on nous oppose les difficultés de navigation de nuit, on peut
Si
répondre qu’il y a tous les dispositifs de pilotage automatique à
employer.
L’auteur conclut que le bimoteur rapide moyen porteur constitue
la meilleure solution, tant pour l’aviation métropolitaine que pour
l’aviation coloniale, dont les avions « tous usages » n’ont pas de
capacités suffisantes en tonnage et déplacement stratégique.
«niiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiEiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuii»
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1057
(1) D’après le Lt-Comm. P.V. H. Weems (U. S. N.), Aero Digest, janvier 1936.
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIlllllllllllllllllllllllllllllllllllllilll
H. A. A. — N° 86.
1058 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
i° L’erreur
maximum pour le point moyen de la plus mauvaise
des séries de dix lectures fut de 2 3'.
3° La moyenne des erreurs absolues des points moyens des onze
séries de mesures fut de 14‘.
4° Mais certaines de ces erreurs étaient en plus, d’autres en moins,
en sorte que la moyenne algébrique de ces erreurs fut seulement
de 3', i. Autrement dit, si pour mesurer la hauteur du soleil à
un moment donné on faisait no mesures consécutives, cette hauteur
serait déterminée à 3', i près et la position de l’avion serait connue
avec une erreur de 3 milles marins seulement.
Ceci démontre l’importance qu’il y a à faire le plus grand nombre
possible de mesures de hauteur pour déterminer sa position à un
moment donné.
Certains navigateurs préconisent, avant de faire la moyenne,
d’éliminer les « mauvaises observations ». Mais comment distin
guera-t-on les bonnes observations des mauvaises puisque, le plus
souvent, le pilote et l’observateur sont hors d’état de sentir les
accélérations de l’avion? Quoi qu’il en soit, nous avons essayé d’appli
quer cette méthode aux no observations effectuées dans les condi
tions indiquées ci-dessus. Pour cela, dans chaque série de dix obser
vations nous avons éliminé les deux lectures qui comportaient les
plus grosses erreurs; ces erreurs étaient pratiquement supérieures
à 4o‘.
Nous avons alors calculé l’erreur moyenne de chacune des onze
séries de huit lectures. Puis nous avons fait la moyenne des erreurs
absolues, et nous avons trouvé que cette moyenne était de 13,8,
alors qu’elle était de 14‘ lorsqu’on conservait toutes les lectures.
Enfin, nous avons fait la moyenne algébrique de ces onze erreurs,
et nous avons ainsi trouvé que l’erreur moyenne des 88 meilleures
visées était de 4', i, alors que l’erreur moyenne des no visées
était de 3', i.
Ceci démontre d’une façon évidente qu’au lieu de faire un choix
dans les lectures pour éliminer celles qui paraîtraient mauvaises,
il vaut mieux les conserver toutes, afin de bénéficier de la diminu
tion d’erreur moyenne qui résulte de l’augmentation du nombre
des mesures. Ceci paraît d’autant plus nécessaire que, quoique l’erreur
due à l’accélération de la bulle soit prépondérante, les autres erreurs
(erreur de visée de l’opérateur, erreur dans l’observation de l’heure
de la visée, erreurs de la carte sur laquelle sont reportées les droites
de hauteur) ne sont pas négligeables, et il est impossible à l’opé
rateur d’évaluer même grossièrement les valeurs de chacune de
ces erreurs partielles pour une mesure déterminée.
En pratique on doit noter les conclusions suivantes :
i° Si l’on fait une seule lecture, on doit se rappeler qu’on peut
faire une erreur de position atteignant jusqu’à 128 milles marins;
2 0 Si l’on fait dix lectures consécutives, on doit compter sur une
approximation de 3o milles;
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1059
«
Il est un fait certain, c’est que de 1914 à 1916, la situation maritime en
Adriatique a évolué sensiblement sous l’influence nouvelles. des armes
»
En 1914, devant notre armée navale, la flotte austro-hongroise s’abrita dans
ses bases. Puis, ses sous-marins chassèrent nos cuirassés de cette mer.
» En
1915, le renfort de la flotte italienne ne permit pas de reprendre la domi
nation en Adriatique. Au contraire, l’intervention italienne, stimulant l’essor
de l’hydraviation austro-hongroise, eut pour résultat paradoxal de développer
une guérilla aéro-maritime en faveur des Autrichiens.
La conquête du Jehol.
Ilnous a paru intéressant de rapprocher, du récit de la campagne
italienne en Éthiopie, celle de la conquête du Jehol par les Japonais,
puisque ce sont les deux principales opérations militaires survenues
depuis dix ans entre armées dotées au moins partiellement de l’équi
pement moderne. Notre exposé est emprunté en partie à « The Cavalri]
Journal » de juillet 1936.
La province du Jehol est, comme l’on sait, située en bordure du
Golfe de Lia Toung au Nord de la Grande Muraille de Chine et contiguë
à l’empire du Manchukuo, créé par la fantaisie japonaise. Province
de 500 sur 6oo km peuplée de 5 millions de Chinois, elle a un relief
,
montagneux avec des chaînes orientées du Nord-Ouest au Sud-Est
qui séparent divers affluents du Liao. Les sommets les plus élevés
dépassent 2000m d’altitude; dans l’ensemble, le terrain offrait une
série de positions à opposer à un ennemi venant du Nord-Est. Mais,
ainsi qu’on va le voir, l’invasion japonaise s’est faite principalement
de l’Est et du Sud-Est, prenant en enfilade la plupart de ces positions
possibles. Le réseau routier, très réduit, imposait d’ailleurs l’orien
tation de la progression. Quant aux voies ferrées, elles se composaient
uniquement de la ligne Tunglia-Kin-Tchéou-Shan-hai-Kuan formant
pour les Japonais une excellente rocade raccordée au réseau mandchou.
A la fin de 1982 le général Muto, commandant en chef des forces
111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111
1062 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
japonaises en Manchukuo avait concentré sur un front de 4ookm,
le long de la voie ferrée, deux divisions et demie et une brigade de
cavalerie. Le tout était motorisé : chars, autos blindées, artillerie
portée, infanterie en camions, éclairés et appuyés par un groupe
d’aviation de bombardement et un groupe d’aviation de reconnais
sance, soit 3o ooo hommes.
Le maréchal chinois Chang Hsiao Liang leur opposait
100 ooo hommes, dont quatre brigades régulières, des troupes provin
ciales et diverses formations de volontaires, sans organisation d’État-
Major, ni moyens de transport, ni liaisons, ni matériel de D. C. A.
ou de tranchée.
Ces médiocres troupes et leurs chefs plus médiocres encore s’enter
rèrent en trois lignes fortifiées jalonnées, la première par Lingyan-
Chihfeng, la seconde entre la passe de Fanchia et Ping-Tsuan, et la
dernière aux abords de Jehol, capitale de la province du même nom.
Désireux de se couvrir contre une attaque pouvant venir du Sud-
Ouest avec des troupes massées au sud de la Grande Muraille, les
Japonais procédèrent à l’assaut préliminaire de Shan-hai-Kuan, le
2 janvier 1933, assaut donné par un fort détachement appuyé par
deux navires de guerre, sept avions de bombardement et des trains
blindés. Puis ils occupèrent l’importante passe de Chumen que les
Chinois essayèrent vainement de réoccuper à cinq reprises différentes.
Ces précautions étant prises, le général Muto envoya, le 10 février,
un ultimatum au Gouvernement chinois de Nanking d’avoir à retirer
les troupes situées au nord de la Grande Muraille, leur présence
étant estimée par lui comme incompatible avec la Souveraineté
du Manchukuo et le maintien de la paix et de l’ordre dans le Jehol.
Le 2 3 février, avant même que soit parvenu le refus chinois, les
troupes japonaises s’ébranlaient.
Les flèches de la carte ci-dessus suffisent à indiquer la progression,
extrêmement rapide, à une allure atteignant parfois 5o km par jour.
La défection de certaines unités chinoises explique d’ailleurs en
partie la facilité avec laquelle les Japonais avancèrent. Il y eut
cependant quelques combats avec bombardement aérien préliminaire
à l’assaut mené par des chars suivis d’infanterie motorisée.
Le 4 mars, les Japonais entraient dans la ville de Jehol, refoulant
ensuite leurs adversaires en déroute au delà de la Grande Muraille.
Un armistice, conclu le 31 mai, près de Pékin, consacrait la prise
de possession de la vaste province du Jehol qui avait coûté aux
Japonais moins de 3000 tués ou blessés.
On peut dire que la manœuvre stratégique aura été presque inexis
tante : les forces japonaises très mobiles, d’autant que leur faible
effectif et la frugalité du soldat simplifiaient le ravitaillement, ont
balayé les routes dont les passages sur les cours d’eau ne furent pas
un obstacle, car ceux-ci étaient gelés.
L’aviation, en la circonstance, a opéré comme une artillerie à
longue portée.
P. E.
LE MATÉRIEL
DES AVIATIONS NATIONALES
'iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
1064 REVUE DE L'ARMÉE DE L'AIR.
IIIIIIIHIIIIIlillIllllllllllllllllIllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIIIIIHI
Aspect de face du nouveau compas AÉRA E. 10, la collerette ronde étant enlevée
(gandeur naturelle).
Pour les références de voir la légende de la page ci-contre.
1 à 14, 15, platine
—
de fixation; 16, lampe; 17, pièce de blocage de la cuve; 18, clé de blocage et
de commande des compensations; 19, ergot d’arrêt du
masque.
IIIIII!IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIllllll!llllIlllllllllllliniltllllllllIIIIIIIIIIIIIIIIIlllllllll!IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!lllllllllll!|
1
066 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Éclairage par réflexion, sur la face interne du masque, de la lumière
émise par une petite lampe placée au-dessus de la cuve. L’intensité
de l’éclairement peut être réglée à l’aide d’un rhéostat formant corps
avec la prise de courant.
Entraînement maximum, 20: retour au zéro en 15 secondes environ.
tition l’autre poste de l’ordre reçu afin d’indiquer que cet ordre
à
a été compris. A cet effet, les deux appareils identiques sont reliés
non plus par un, mais par deux flexibles sous gaine et comportent
chacun deux aiguilles, une blanche et une blanche rayée noir. La
rotation de la collerette d’un appareil entraîne l’aiguille rayée de
celui-ci et l’aiguille blanche de l’autre. La même manœuvre, effectuée
sur l’autre appareil, provoque la coïncidence des deux aiguilles indi
quant que l’ordre a été compris;
2° Marquer, par un encliquetage sensible à la main, une position
neutre déterminée du dispositif. Par exemple : marche en ligne
droite, l’opérateur pouvant transmettre les indications « à droite »,
ou « à gauche », sans regarder l’instrument;
3° Permettre facilement la commande du flexible en agissant sur
le contour crénelé de la lunette portant le verre de protection du
cadran ;
4°Permettre le changement aisé du cadran, ce dernier pouvant être
établi selon les indications à transmettre. Le cadran, maintenu par
deux taquets tournants, est accessible, après enlèvement de la lunette,
par simple traction en avant;
5° Rendre le boîtier conforme aux normes en vigueur.
Le dispositif Aéra permet, avec un effort minime, la transmission
exacte, à moins de 10 près, entre deux cadrans distants de plus
de io m quels que soient les sens de rotation et les changements de
,
sens. Pour les parcours compliqués, afin d’éviter de nombreuses
courbes, on peut utiliser les renvois d’angle qui peuvent être montés,
soit sur les appareils eux-mêmes, soit en un point quelconque du
parcours.
L’installation peut être complétée par des appels lumineux ou
sonores.
Caractéristiques. — Encombrement de face d’un instrument,
95 x 95mm; diamètre de la
collerette, 108mm ; diamètre
de la partie encastrée,
gomm; profondeur, 4omm.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1
068 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
But de l’invention.
Le but de l’invention est la réalisation d’un appareil électro-
acoustique, aussi peu encombrant et aussi léger que possible, qui
permette à un aéronef de connaître sa hauteur au-dessus du sol d’une
manière automatique et continue, particulièrement pour effectuer un
atterrissage correct sans y voir.
Différents dispositifs acoustiques ont déjà été essayés en Alle
magne, aux États-Unis et en France, grâce auxquels une onde sonore
très brève est émise du bord, se propage jusqu’au sol et revient à
bord après réflexion sur le sol. La durée, aller et retour, de la propa
gation, mesurée par l’intervalle de temps qui sépare l’émission de
son écho, permet d’apprécier la hauteur de sondage.
Deux difficultés considérables doivent être résolues dans ces dispo
sitifs.
La première tient à ce que pour sonder de haut il faut une émission
puissante, et pour sonder près du sol il faut une émission très brève
(i/iooe de seconde par exemple). Or puissance et brièveté sont deux
conditions contradictoires.
La deuxième provient du milieu terriblement bruyant dans lequel
le sondeur doit fonctionner, surtout lorsqu’il s’agit d’un avion. Faire
de la microphonie sensible dans un pareil milieu est déjà téméraire,
1070 BEVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
mais utiliser une onde très brève dont l’effet sur le microphone
récepteur est comparable à celui des chocs acoustiques brutaux
produits par les explosions du moteur, complique singulièrement
le problème.
Nous avons déjà exposé notre point de vue à ce sujet dans le
n° 80 de la présente revue, à l’occasion du sondeur acoustique de
M. Askenasy.
Description.
Pour tourner ces difficultés, les inventeurs ont proposé un procédé
de sondage tout différent dans lequel la durée de chaque émission,
qui n’est plus nécessairementbrève, varie avec la hauteur de sondage,
deux émissions successives étant automatiquement séparées par un
silence du même ordre de durée.
Le fonctionnement est le suivant :
Un émetteur sonore, monté sur l’avion, produit une onde continue
qui atteint le sol, s’y réfléchit et revient à l’avion. Quand la tête de
l’onde atteint le microphone récepteur, monté également sur l’avion,
un courant prend naissance qui, après amplification convenable,
fait mouvoir un relais approprié et coupe l’émission. L’appareil reste
en cet état tant que dure la réception, c’est-à-dire tant que la queue
de l’onde n’a pas elle-même atteint le récepteur. Enfin la réception
cesse, le relais revient à sa position première, et l’émission se rétablit
automatiquement, la cause qui l’avait arrêtée ayant disparu.
Il résulte de ce fonctionnement une émission sonore continue auto
découpée, la durée de chaque émission partielle variant automa
tiquement de quelques centièmes de seconde à une fraction impor
tante de seconde (1/2 seconde environ à 85m). La fréquence du
découpage, qui est bien entendu fonction de la hauteur de sondage,
est mesurée très simplement à l’aide d’un fréquence-mètre approprié.
*
* *
Sil’on se transporte dans le domaine des ondes électromagnétiques
et que l’on songe aux avantages considérables qu’ont apportés à la
T. S. F. les émissions entretenues, au point que les émissions amorties
ont été complètement abandonnées, le procédé de sondage ci-dessus,
qui utilise précisément des émissions continues, jouit d’un préjugé
éminemment favorable.
Observons toutefois qu’il ne faut pas attendre des fréquences
acoustiques, que la pratique du sondage a fixées en général au-
dessous de 2000, des performances comparables à celles réalisées
par les radiofréquences. Il est néanmoins rationnel que le rendement
d’un sondeur continu soit supérieur à celui d’un sondeur bref, ce qui
se traduit par une diminution de volume, de poids, et de
prix.
*
* *
Un tel procédé de sondage présente toutefois un assez grave incon
vénient, que les inventeurs ont d’ailleurs surmonté à l’aide des dispo
sitions qui vont être décrites.
llllllllllllllllllllllllll!llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIIIIIIIIIH<llllllllllllllllllllllllllilllllllllllllHlllll'
REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR. 1071
IIIIIIIIIIIIII1111IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII II IIIIIIIIIIIIIIHIII
1072 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Dans le circuit d’alimentation de l’émetteur est intercalé un poten
tiomètre P, ce circuit empruntant l’enroulement compensateur e du
relais R. Les deux enroulements du relais sont prévus pour qu’à
l’aide de P, on puisse annuler les ampères-tours positifs provenant de
l’excitation du microphone par l’onde directe, à l’aide des ampères-
tours négatifs créés par l’enroulement e.
En réalité le courant récepteur et le courant compensateur qui
parcourent ces deux enroulements sont préalablement redressés
pour qu’on n’ait à équilibrer que des ampères-tours continus.
Fonctionnement. — Le fonctionnement est le suivant :
Quand une onde sonore est émise, le courant d’alimentation de
l’émetteur, qui traverse l’enroulement e, bloque immédiatement
le relais dans sa position de repos sur le contact C'. Un instant après,
la tête de l’onde atteint directement le micro M, avant que l’écho
n’ait eu le temps de parvenir à l’avion, et débloque le relais qui se
trouve alors libre de toute contrainte. Puis l’écho arrive à son tour
sur le micro, le relais bascule et ferme le contact C. Aussitôt l’oscil
lateur O se décroche et l’émission est coupée. Cette situation dure
jusqu’à la fin de l’écho. Après quoi, le relais revient de lui-même au
repos, le contact C s’ouvre, l’oscillateur O se raccroche spontanément
et une nouvelle émission se produit. Le cycle recommence, etc.
Remarquons que la distance émetteur-micro, sur l’avion, étant
invariable, l’effet de l’onde directe est pratiquement constant, et il
suffit de régler le potentiomètre P une fois pour toutes.
l’onde directe seule. Les effets de l’onde directe sur les deux micros,
constants pour des emplacements déterminés, sont détectés et opposés.
L’écho agit donc seul comme s’il n’y avait pas d’onde directe.
Un tel dispositif est schématisé sur la figure 2.
Les deux microphones sont représentés en M et M'. Les courants
alternatifs qui en sont issus sont redressés à l’aide des soupapes en
cuivre-oxyde S et S' (on pourrait aussi bien adopter deux diodes ou
IIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1I1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1073
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
ii ni mu iiinii niiii!i iiiiiiiiiiiiii!IIII!iiiiiiiiiiii
R. A. A. — No 86. 8
1074 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Ainsi r
reçoit des charges successives, toutes de même sens, dont
la fréquence est déterminée par le relais R, et se décharge simul
tanément dans V. Chaque charge de r est d’ailleurs égale au produit Y",
y désignant la tension de la pile p. Il en résulte aux bornes de V une
tension moyenne qui est fonction de la fréquence. V est suffisamment
amorti pour que l’aiguille soit stable.
*
* *
Ce dispositif donne des déviations proportionnelles aux fréquences.
En définitive on obtient une graduation resserrée aux grandes hau
teurs, ce qui n’a pas d’inconvénient, et très ouverte aux faibles
hauteurs, ce qui est particulièrement avantageux pour l’atterrissage.
On peut sonder jusqu’au ras du sol.
(Brevet n° 748 642. — 3 p.).
(Brevet n° 782 871. — 4 P-, 2 fig., 28 réf.).
Gaëtan JACQUET.
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllilllKlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllUIUUIII
il iiiiiii uniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
BIBLIOGRAPHIE
(h Ces chiffres ne sont pas concluants, car la proportion reste la même sensi
blement.
Illllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllttlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
8.
1076 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
de la police obligeant à la réforme des vieux modèles en circulation,
par une participation de l’État à des augmentations de
capital :
— Société D. K. W., capital porté à 10 millions de marks, avec
participation de l’État;
Usines Horch, augmentation de capital de 3 millions de marks
—- privilégiées;
par la banque d’État de Saxe qui reçoit des actions
— Usines Wanderer;
—-
Usines Audi;
Usines Adler, subvention pour s’adapter à l'unification des
—-
types et créer une automobile populaire;
— Usines Daimler;
Usine B. M. W., subvention de l’État bavarois pour extension
—-
des ateliers.
Il y enfin des crédits pour déplacement d’usines de la région
a eu
frontière : Opel transféré à Brandebourg.
Résultat : 10 firmes fabriquant des chars et autos blindées.
Parmi les plus gros producteurs :
Opel, qui sort 50 camions rapides par jour, spécialement adaptés
aux desiderata du ministère de la Guerre;
Daimler, à Stuttgart;
Auto-Union, à Chemnitz;
M. A. N., à Nuremberg;
Adler, à Francfort.
Production comparée des automobiles par centaines.
Construction d’autostrades.
La carte ci-après indique le programme exécuté ou à réaliser
en juin 1935, à l’allure de 1km par jour, occupant
directement ou
roulement de
non 250 000 personnes, qui parfois travaillent par
trois équipes sans interruption, au salaire maximum de 3 fr ,5o par
heure.
De nombreux aérodromes se trouvent à proximité immédiate des
autostrades.
Le personnel spécialisé.
Pour la conduite du matériel automobile militaire, on a à usage
créé le N. S. K. K., corps motorisé national-socialiste, composé de
volontaires soigneusement choisis.
A l’effectif de près de 500 000 hommes, il est organisé en quatre
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
1
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1077
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII11IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIII
1080 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
cependant, en 1916, l’Aviation n’était plus dans l’enfance; quant
aux Zeppelins, ils avaient déjà de nombreux raids à leur actif.
Pour nous la véritable énigme du Jutland est aujourd’hui d’ima
giner ce qu’aurait été la bataille si — comme cela pouvait parfaitement
arriver -— le Short du transport « Engadine » n’avait pas eu de panne
de radiateur ou avait eu un remplaçant, ou bien si les Zeppelins
avaient pu affronter le mauvais temps, les uns et les autres parvenant
à renseigner quelque peu les Jellicoe, Beatty, Scheer et Hipper,
naviguant vers l’inconnu dans la brume, puis l’obscurité.
Bataille de temps à jamais révolus, puisque l’Aviation n’y figurait
pas, le Jutland a failli révéler au Monde ce que pourrait être le combat
de grandes flottes cuirassées, mises par les Avions dans l’impossi
bilité de se dissimuler respectivement leurs évolutions.
P. E.
Le Gérant : E. THOUZELLIER.
IIIIII11II11III11II11II 111IIIIIIIII11
105200. — Imp. Gauthier-Villars.
Photographie courtoisement communiquée par « Mundo Âeronaiilico ».
Un VOUGHT « Corsai n » de UAviation argentine.
PREMIÈRE PARTIE.
Pages.
Note éditoriale. — Le bombardement des services de l’arrière. 1083
. .
Le vol aux instruments,
par le Général ARTURO CROCCO 1085
Au sujet des méthodes modernes de prévisions météorologiques,
par le Lieutenant-Colonel de Réserve A. VERDURAND. . . .
1105
Le navire porte-avions,
par l’Ingénieur en chef du Génie maritime C. ROUGERON . 1128
Vitesse et altitude en aviation.
par Louis BREGUET 11 47
Notes et souvenirs sur la création de l’Aviation militaire française
(suite ),
par le Lieutenant-Colonel BELLENGER 1162
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllli:
R. A. J. — N» 87. 1
1082 REVUE DE L'ARMÉE DE LAIR.
DEUXIÈME PARTIE.
INFORMATION GÉNÉRALE
Pages.
Les destructions ferroviaires par P. E. 1178
Le bruit des hélices bipales par L. K. 1178
Politique de l’aviation d’outre-mer par P. E. 1184.
BIBLIOGRAPHIE.
'IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIIIIlIlnilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllUIIIKIIIIIIIIKIHIIIIIIIIIIII
Note éditor iale
«iiiiiii>iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii';iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinillii>iii
Le vol aux instruments
snunnnnHnunnumummmmununnnunnnvn»anunuuunnunuu»naneumuunuumuunuunuunuuunuuuunuuuuueunununuunuuu»uuuuuuuuauuuaauuaanuanunanuananünnnqannu)
obtenir ce résultat fondamental — la sécurité du vol —, on
s’en remettait à une seule formule : Ventraînement.
Aujourd’hui encore, et pour longtemps, quel que soit le mérite
de l’instructeur, à quoi correspond en effet l’entraînement ?
A faire triompher graduellement l’élève des difficultés du pilo
tage, depuis le roulement jusqu’à l’acrobatie, jusqu’à ce qu’il
s’établisse dans son esprit un bagage mnémonique de relations
préalables entre les perceptions de vol et les réflexes de com
mande.
Quand ce bagage sera complet au point d'encadrer tous les
cas possibles dans la pratique de l’aviation, l’élève sera devenu
pilote et pourra obtenir son brevet.
Ce bagage mnémonique peut d’ailleurs devenir, chez certains
pilotes, si fidèle, si prompt et si précis qu’il a fait supposer
l’existence d’un « instinct aviateur », d’un « sixième sens »
transmissible héréditairement : le « sens de l’espace ».
Cette hypothèse a été renforcée par le fait indéniable que
les bons pilotes réussissent parfaitement à maîtriser des avions
que les calculs mathématiques montrent indifférents ou com
plètement instables. A tel point que les théories sur la stabilité
intrinsèque, dont nous avons parlé et qui ont coûté tant d’efforts
intellectuels, même simplifiées et dépouillées de leurs termes
transcendants, sont tombées en désuétude depuis la guerre chez
les constructeurs et ne s’enseignent qu’à titre de curiosité mathé-
matique dans les écoles supérieures.
Je possède moi aussi quelques-uns de ces souvenirs histo
riques dans mes archives personnelles et je tente péniblement
de réhabiliter les efforts de chercheurs de la première heure
auprès de mes élèves incrédules !
En conclusion, l’équilibre intrinsèque de l’avion a cédé place
à l’« équilibre commandé »; et les qualités éventuelles de sta
bilité propre d’un avion ont fini par devenir un luxe préfé
rentiel, tandis que les qualités de maniabilité ont pris une
importance prédominante. « Maniabilité » signifie, en premier
lieu, « légèreté » des commandes, avec des réactions musculaires
nettes dans les changements d’assiette et sensiblement nulles
dans le vol normal; en second lieu, « efficacité », malgré la
légèreté des commandes, c’est-à-dire obéissance rapide de l’ap
pareil à l’action de celles-ci.
Avec de telles qualités, un avion à moteur, même totalement
1088 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
dépourvu de stabilité propre, est facilement maintenu en équi
libre par la triple action de ses commandes.
Ce qui signifie pratiquement : maintien de toutes les posi
tions possibles de vol et exécution de toutes les manœuvres
intermédiaires sans que l’assiette de l’avion puisse jamais
devenir dangereuse, c’est-à-dire sans que cette assiette puisse
sortir des limites d’un cadre imaginaire défini par des coor
données aérodynamiques, qui sont : en bas l’incidence corres
pondant à l’excès de vitesse, en haut, l’incidence critique et,
des deux côtés, la glissade sur l’aile et la vrille. Hors de ce
cadre il y a rupture d'équilibre.
Pour le maintien de cet équilibre les trois commandes sont
indépendantes; et cette indépendance constitue l’une des plus
grandes difficultés de l'apprentissage jusqu’à ce que dans le
bagage mnémonique du pilote se soient formés les schémas syn
thétiques des attitudes à faire correspondre aux différentes
situations.
Mais quelle est l’excitation sensorielle capable d’extraire
des cases cérébrales ces schémas synthétiques au moment
décisif ?
Provient-elle seulement des perceptions visuelles ou dérive-
t-elle aussi de certaines sensations intérieures qui justifieraient
l’existence d’un sens de l’équilibre ?
UülllllllllllllllllllllllllIIIIIIIIIIMIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIlIllIlHIIIIIIIIIIIIIIllllllllllllllllllllllllHillllllllllillilllllilllll
« sens de localisé dans le vestibule auriculaire.
l’équilibre »
Dans cet appareil — le plus délicat des instruments dus à la
nature — les otocystes et leurs otolithes, symétriquement dis
posés, fournissent à l’homme vivant sur la terre le sens de la
pesanteur et, par suite, de la verticale, qui a été appelé sens
statique; tandis que les canaux semi-circulaires et l'endolymphe
fournissent le sens dit cinétique, c’est-à-dire le sens des mou
vements du corps. Nous devons au professeur italien Bilancioni
la plus importante contribution à ces recherches.
Transposée du sol dans l’air, la physiologie a cependant
douté de -ses conclusions ; elle dut souvent empiéter sur la méta
physique pour ne pas aboutir, elle aussi, à la négation totale.
Enfin, les médecins, sont venus fraterniser avec les aviateurs,
et vivre la vie des aérodromes, ce qui leur a permis de préciser
les fatigues du vol et d’expérimenter sur les pilotes entraînés
et sur ceux qui s’entraînent.
Ils ont examiné les aptitudes physiques et psychiques des
candidats aviateurs, l’intégrité de leurs organes vitaux, la sen
sibilité de leurs appareils sensoriels de réception et de trans
mission ; ils ont étudié leur émotivité et leurs réflexes et créé
une véritable spécialité médicale aéronautique.
Les médecins se sont aussi arrêtés sur le sens de l’équilibre
et sur l’appareil vestibulaire. Ils ont soumis les patients à des
excitations dissymétriques ou centrifuges du labyrinthe, capa
bles de créer le vertige chez les sujets anormaux, et de déso
rienter les sujets normaux pendant un temps mesurable, base
de la classification. Et, suivant les résultats de ces tests, tel
candidat est pris ou éliminé.
Devons-nous demander quelque chose de plus à la psycho
logie, à la physiologie, à la sélection sanitaire ? Devons-nous
avec la première tout refuser, avec la seconde admettre quelque
chose, et avec la troisième rechercher l’instinct même du vol ?
Et pour finir est-il permis, comme d’aucuns le firent, de se
confiner dans la métaphysique ?
La réponse à ces questions constitue le point crucial de mon
exposé.
llllllllllllllililllllllillllllllllllllllllllllllllliuillllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllliiflllllllllll
ioç o REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
élucidés. Le mérite de la mécanique est d’opérer sur le connu.
Elle ignore, par principe, les entités mystérieuses. Seuls entrent
dans sa sphère les faits parfaitement connus, c’est-à-dire con
trôlables, reproduisables, mesurables.
Or, depuis Galilée, la mécanique reconnaît à la matière une
propriété fondamentale, communément appelée inertie, selon
laquelle elle résiste aux variations du mouvement. Je dis varia
tions du mouvement et j‘entends par là vitesse croissante ou
décroissante, ou, selon l’expression courante, accélération (le
ralentissement étant une accélération négative).
Pour déceler cette propriété, il suffit de considérer dans la
matière une discontinuité quelconque : par exemple, un contenu
imparfaitement connexé à son contenant. En accélérant ou
retardant le mouvement du contenant au moyen d’une force
externe, le contenu recule ou avance par rapport au contenant,
parois du
en déformant ses liaisons souples ou en pressant les
contenant. On peut donc dire, pour employer un verbe qui
frappe l’esprit, que la matière ressent l'accélération.
L’expérience enseigne, en outre, depuis le premier homme,
c'est-à-dire cette
que la matière ressent également la pesanteur,
force particulière qui provient de la Terre.
Sous l’action de la pesanteur, le contenu déforme également
les parois de
ses liaisons avec le contenant ou presse contre
à l’égard de la
ce dernier. La pesanteur se comporte donc
matière comme une accélération déterminée, que l'on appelle
gravité et que l’on symbolise par la lettre g. Elle nous apparaît
de nature statique, tandis qu’une accélération quelconque nous
semble de nature cinétique; mais, du point de vue mécanique,
il n’y a là aucune différence.
Einstein a précisément essayé de concilier ces diverses appa
rences dans sa. nouvelle mécanique. Mais cette conciliation phi
losophique n’a aucun intérêt pour le problème que nous expo
sons. La pesanteur agit sur nous comme une
forme particulière
de l’accélération. C’est là une règle fondamentale dans les
limites des vitesses accessibles à l’homme.
Si nous appliquons ce raisonnement à l’appareil vestibulaire,
nous pouvons dire par analogie que tant les otocystes que les
canaux semi-circulaires constituent précisément des agrégats
discontinus de matière, soumis à l’accélération. Les otolithes
tllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllnlllllillllllllllllllllll)
et l’endolymphe se comportent vis-à-vis de ceux-ci exactement
comme un contenu par rapport à son contenant, et cela quelle
que soit l’origine de l’accélération : pesanteur ou variation du
mouvement.
Au cours de leur longue accoutumance à la vie terrestre, ces
deux organes se sont différenciés et spécialisés; l’un enregistre
l'accélération de la pesanteur, l’autre les accélérations produites
par les déplacements du corps humain. Du point de vue didac
tique, il peut être donc commode de réserver au premier la déno
mination d’organe statique et à l’autre celle d’organe cinétique,
mais il existe seulement le sens de l’accélération qui les englobe
tous deux.
Il suffit de soustraire l’homme à la locomotion terrestre hori-
zontale —- où les accélérations du mouvement sont petites en
comparaison de g — puis de le transporter sur un avion où,
au contraire, prédominent les accélérations dues au mouve
ment, souvent supérieures à g, pour comprendre toute l’impor
tance de cette observation et en déduire les conséquences.
Dans une étude précédente (1), il y a six ans, j’ai eu l'occa-
«ion de traiter ce sujet et d’apporter une démonstration expé
rimentale que naturellement je ne répéterai pas ici; mais il me
semble opportun d’en rappeler les lignes fondamentales pour
arriver à une conclusion précise.
<o
Le support de l'homme dans le vol n’est plus la terre, mais
la voilure; et c’est le plan de la voilure, c’est-à-dire le plan
envergure-corde moyenne des ailes, qui devient le véritable plan
de référence des sensations de l ’aviateur, si par hasard la nuit
ou le brouillard lui cachent l’horizon. C’est en effet par rapport
à ce plan, à quelques degrés près, qu’il est assis, qu’il reconnaît
sa position dans la carlingue, qu’il fixe le zéro de certains
instruments de bord. S’il s’en tient uniquement à ses sensations
intérieures, il rapportera donc à ce plan l’accélération totale
qu’il ressent à bord de l’avion, sans pouvoir faire une distinc
tion entre celle-ci et l’accélération due à la gravité; cette accé
lération totale lui donnera la direction de la verticale apparente,
niiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiïniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
Fig. 1. —- Virage symétrique. Fig. 2. — Virage dissymétrique.
F, normale à l’envergure; le virage F, oblique par rapport à l’envergure;
donne une sensation d’horizontalité. sensation d’obliquité latérale.
UIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1004 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
S$o
Illllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllh
1096 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
grâce au sens mnémonique, évaluer l'intégrale seconde de
l’accélération de cette masse qui lui est étrangère, reviendrait,
en somme, à prétendre qu’un caissier de banque peut savoir
spontanément ce qui reste dans sa caisse à la fin d’une journée
de payements et d’encaissements. Et pourtant l’homme moyen
peut bien retenir par cœur les dépenses de sa journée !
L’aviateur est au pigeon voyageur ce que ce caissier est à
l’homme ordinaire.
Cependant, étant donné l’extrême sensibilité du labyrinthe
humain aux accélérations angulaires, rien ne s’oppose
— du
point de vue mécanique — à ce qu ’un pilote de bonne classe,
bien centré dans son appareil, arrive, grâce à cet organe et
avec l’aide du sens musculaire, à ressentir les accélérations
angulaires de son avion, et, en particulier, celles qui accom
pagnent les virages.
S’il en était ainsi, par un pouvoir non mystérieux mais seu
lement exceptionnel, un habile pilote posséderait en lui-même
trois instruments de vol : un clinomètre, un indicateur de
bande, et un indicateur d’accélération azimutale.
Or, on peut démontrer mathématiquement, suivant des prin
cipes que j’indiquerai tout à l’heure, la possibilité de main
tenir l’équilibre de l’avion grâce à l’emploi exclusif de ces trois
instruments et sans l’aide d’un repère extérieur. Ainsi, à con
dition d’adjoindre à ce trio les deux instruments indispensables
aux voyages lointains : boussole et altimètre, il serait possible,
dis-je, à un pilote habile, doué de sens statique et cinétique
exquis, de conduire n’importe où n’importe quelle machine,
sans le secours de la vue.
Par cette remarque je veux contribuer à réhabiliter certaines
brillantes figures de l’aéronautique, qui de cette possibilité ont
soutenu l’existence.
Pour conclure : il n’existe pas de sens physiologique ou psy
chologique de l’orientation dans l’espace, mais un sens vesti-
bulaire des accélérations qui, chez les natures exceptionnelles,
peut conduire à un sens indirect de la position spatiale.
aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiii
uniquement compte des aptitudes communes à l’ensemble des
pilotes et non de celles qui sont le fait de natures exception
nelles, mais nous nous tromperions de route si nous nous pro
posions, par le moyen de la sélection et de l’entraînement, d’af
finer chez tous les pilotes ces sens que la nature a donnés à
l’homme pour vivre sur la terre et qui sont, en quelque sorte,
qualitatifs et rudimentaires, comparés à l’extrême sensibilité
qualitative et quantitative des instruments.
La physiologie et la médecine doivent donc, en choisissant
des pilotes sains de corps et d’esprit, se préoccuper, à mon avis,
plus de leur aptitude à la compréhension des instruments arti
ficiels que de la sensibilité de leurs organes naturels faisant
fonction d‘instruments.
Quand fera défaut la vue de l’horizon, pour apprécier la
direction et la position de l’avion dans l’espace, c’est en effet
aux instruments artificiels qu’il faudra recourir.
D’abord aux instruments concernant la direction ou la navi
gation.
L’absence d’un sens magnétique dans l’organisme est cor
rigée par la boussole, instrument classique, transporté du navire
sur l’avion et qui évolue et se perfectionne pour répondre aux
nouvelles exigences de ce dernier.
Le sol, dont on a besoin pour la correction de dérive due
au vent, sera remplacé, en cas d’occultation, par les indicateurs
radio-goniométriques, en cours de perfectionnements. A l’insuf
fisance du tympan humain pour détecter les changements de
cote en rapport avec la pression atmosphérique se substitue
V altimètre, dont la membrane remplace avantageusement la
sienne ; puis le variomètre, dont le tube capillaire a une fonc
tion analogue à la trompe d'Eustache. Avec cet ensemble d’ins
truments on pourvoit scientifiquement au maintien de la direc
tion et de l’altitude.
En ce qui concerne le mouvement de l’appareil dans l'espace,
la Science offre deux groupes d’instruments.
Le premier se fonde sur l’effet de la pression dynamique
de l’air dans le mouvement relatif de l’avion, pression à laquelle
l’organisme humain, bien que susceptible de la sentir, ne peut
répondre par des réflexes quantitatifs. Aussi la Science a-t-elle
dû créer des indicateurs de vitesse, anémomètres et pneumo-
mètres, qui mesurent la vitesse relative des avions, c’est-à-dire
1111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111
R?. A. A. — No 87.
1098 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
leur déplacement dans l’unité de temps, par rapport à l'atmo-
sphère supposée immobile. Elle a créé aussi des instruments
capables d'évaluer les angles que fait cette vitesse relative avec
le plan alaire ou avec le plan de symétrie. Le premier s’appelle
indicateur d’incidence; au second j’ai donné le nom d’indica
teur de déviation.
L’autre groupe d’instruments est basé sur le principe même
de l’inertie dont la nature se servit pour doter du sens de
l’équilibre l’organisme humain.
Voici trois d’entre eux : V accéléromètre, le clinomètre (indi
cateur de pente longitudinale) et Vindicateur de bande, qui
mesurent les trois composantes de l'accélération totale ( 1 ). Ces
trois instruments n’ont pourtant pas de correspondance dans
trois organes distincts de l’appareil vestibulaire, mais seule
ment dans l’ensemble des otocystes, de l’utricule et du saccule,
c’est-à-dire dans l’organe dit statique.
Par contre, il n’y a rien, dans les instruments inventés par
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
iiiiaiiiiiAiiiiiiiiiiiiiiiiiniinu nui 111111 iiiiiiiiii in 11111111111111111111111111111111
l’homme, qui corresponde aux canaux semi-circulaires, siège de
l’organe cinétique, que la physiologie a reconnus sensibles à
l’accélération angulaire.
L’homme n’a pas créé apparemment d’instrument indiquant
l’accélération angulaire. Mais la raison en est simple et va tout
à l’honneur de ses facultés inventives. L’homme a pu faire
mieux que la nature.
Utilisant en effet la possibilité d’assembler sans liaison des
organes mécaniques, possibilité dont la nature, obligée de nourrir
la matière vivante, n’a pu exploiter toutes les combinaisons,
il a pu avec le mouvement giratoire créer un équivalent de cette
intégration des accélérations angulaires pour lequel l’organisme
doit recourir au sens mnémonique, et réaliser ainsi des instru
ments capables de marquer directement la vitesse angulaire.
Tel est, en effet, Vindicateur de virage — qui devrait en fait
se nommer indicateur d'embardée — qui, au moyen d’un gyros
cope à un seul degré de liberté, peut mesurer la vitesse de rota
tion de l’avion dans le plan alaire.
Tourné de 90°, cet instrument peut enregistrer la vitesse
angulaire de tangage, et s’appeler par analogie indicateur de
boucle; dans un plan perpendiculaire, il est capable de déter
miner la vitesse angulaire de roulis et l’on peut l'appeler
indicateur de tonneau.
Mais le génie humain a fait encore plus : il a créé un ins
trument grâce auquel on obtient, avec une grande approxima
tion, l’équivalent de l’intégrale de la vitesse angulaire, c’est-
à-dire l’orientation spatiale par rapport à une direction sen
siblement fixe.
C’est ainsi qu’au moyen d’un gyroscope à deux degrés de
liberté, il a réalisé ] 'indicateur d’azimut, qui donne la position
du fuselage par rapport à une direction fixe de l’espace, comme
le fait la boussole, mais indépendamment du magnétisme ter
restre. Employé dans un plan à 90° avec le premier, l’instrument
devient indicateur de zénith ou d’assiette; et enfin, dans le
troisième plan du trièdre, indicateur d’horizon, capable de
donner directement l’angle de roulis, ou l’obliquité transver
sale du plan alaire dans l’espace.
En définitive, l’homme n’a pas imité les canaux semi-circu
laires parce qu’il a réussi à obtenir, dans le domaine angulaire,
JlllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllillllllllllllllllllllllllllIllllIlllIlllllllllllllllllllllllllllllllHIIIIIIH
1 100 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
les coordonnées directes des mouvements dans l’espace. Se ipsum
superavit ingenio !
Si nous ajoutons aux instruments déjà énumérés le tachy-
mètr\e, qui indique le régime du propulseur, et le dérivomètre,
qui donne les déplacements par rapport au sol, nous trouvons
en tout dix-huit instruments qui forment l’« outillage » du
vol
sans repères extérieurs.
Comment va-t-on les employer ?
eo
Cette étude sortirait du cadre d’un exposé sommaire, mais
j’en ai fait ailleurs l’objet d’un travail mathématique (1) dont
je veux rappeler les lignes fondamentales.
Un avion dispose de quatre commandes, une pour le propul
seur et trois pour les organes équilibreurs, tandis qu’un corps
rigide dans l’espace, possédant six degrés de liberté, nécessi
terait six commandes pour agir sur les six paramètres qui
déterminent son mouvement.
En n’utilisant que quatre commandes on peut disposer seu
lement de quatre paramètres : et l’on choisit généralement la
vitesse et les trois angles qui fixent l’orientation de la voilure
dans l’espace.
De ce fait, en mouvement uniforme, la pente et la direction
de la trajectoire se trouvent déterminées; il faut, par consé
quent, que le groupement des quatre commandes corresponde
aux données du voyage qu’on veut accomplir.
L’allure de croisière une fois atteinte, le pilote doit la main
tenir malgré les perturbations extérieures et intérieures à l’aide
des quatre commandes; mais, en général, le moteur n’est réglé
que par intermittences et, en fait, on conserve à la manette
des gaz une position bien déterminée.
Il ne reste par conséquent que trois commandes, qui. si
l’horizon est caché, doivent être réglées selon les indications de
trois instruments, à choisir parmi les dix-huit que nous avons
énumérés.
Voilà le but de mon étude analytique. Quels sont les trois
possibles et les mieux assortis ?
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiinHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
1 102 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
L’horizon se présente à sa vue comme un cercle total ou
partiel, plan ou irrégulier, clair ou brumeux, mais bien défini,
qui se meut apparemment par rapport à son appareil, s'abais
sant, obliquant, tournant (1) ; et le pilote corrige avec le gou
vernail de profondeur, les ailerons, le gouvernail de direction.
Mais il perçoit en même temps la vitesse angulaire du mou
vement apparent de l’horizon; et cela lui fournit l’importance
de la correction. C’est donc une perception éminemment syn
thétique, qui devrait se traduire en réflexes analytiques, un
pour chaque commande.
Mais les habitudes psychiques des pilotes se sont formées de
diverses façons à l’entraînement. Chacun d’eux a, dans son
bagage mnémonique, une manœuvre préférée des trois com
mandes, qu'il est enclin à reproduire sans y penser, en relation
avec certaines excitations visuelles. Dans ce cas il procède de
synthèse à synthèse, utilisant ainsi la plus admirable qualité
du miroir humain.
La perception instrumentale d’un trio d’instruments de
pilotage est au contraire éminemment analytique. Il s’agit, cette
fois, de trois index sur trois cadrans qui se substituent à l’ho
rizon et qui ne permettent plus le déclenchement de manœuvres-
réflexes mais obligent à penser.
Certains pilotes se sont élevés contre ce coup porté aux habi
tudes acquises et les constructeurs se sont mis à la recherche
de groupes d’instruments où les trois index agiraient selon des
figures géométriques capables de donner des perceptions syn
thétiques, au lieu d’analytiques, où encore d’instruments capa
bles d’imiter la vision de l’horizon (2), dans le but de maintenir
dans le vol instrumental le processus psychique habituel de
synthèse à synthèse.
Il n’est pas improbable toutefois, avec le développement de
l’aviation, que la nature analytique du vol instrumental impose
aux pilotes de changer d’habitudes et de fonder celles-ci sur
un processus d’analyse à analyse.
(!) Telle est la définition de la vision type « hublot » à laquelle est attaché le
nom de la « Sperry Gyroscope C° ». On peut aussi avoir une vision « scénique »,
type « Flight integrator » ou Horizon Alkan. Remarque due au lieutenant de
vaisseau Aussenac. — N. D. L. R.
( 2 ) Voir note précédente.
«
Nous recourrons à un seul exemple, pour être bref, qui démon
trera l'importance de cette spécialisation.
Quel est le mécanisme fondamental entre la perception et le
réflexe dans le vol aux instruments ? Imaginons un instrument
absolument parfait. Il aura, dans tous les cas, un cadran, une
ligne de foi, un index; il sera caractérisé, en outre, par une
inertie propre, toujours responsable de quelque oscillation. Sui
vant les indications de l’instrument, le pilote devra maintenir
l’index en correspondance avec la ligne de foi.
A tout déplacement de l’index le pilote fera, par conséquent,
correspondre le braquage prompt d’un organe équilibreur qui
provoquera une correction, c’est-à-dire le déplacement angu
laire de l’appareil à partir d’une position donnée; ce dépla-
Le lecteur se souvient que sur les dirigeables la tenue du cap est confiée
(1)
à un pilote et celle de l’altitude à un autre pilote (N.D.L.R.).
Jiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
1104 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
cernent entraînera, à son tour, la déviation de l’index dans le
sens opposé à celui qu’avait provoqué la correction.
Mais l’avion a lui aussi son inertie propre, de sorte que, en
dernière analyse, le maintien d’une position de l’avion se fera
généralement par oscillations.
Il appartient à mon étude de définir le moyen d'éviter ou de
réduire ces oscillations : ce moyen consiste à corriger non pro
portionnellement aux déplacements de l’index, mais plutôt
proportionnellement à la vitesse de ces déplacements, ou mieux,
à l’ensemble des deux paramètres : déplacement et vitesse.
Le pilote ne saurait donc être un servo-moteur automatique,
mais un servo-moteur intelligent ; il doit non seulement com-
mencer la correction au début même du déplacement de l’index,
mais aussi tenir compte de la vitesse de ce déplacement, pour
annuler sa correction et l'inverser au moment opportun.
Au demeurant, c’est ainsi que le pilote qui corrige synthé-
tiquement évalue les mouvements relatifs de l’horizon et de
l’avion; c’est ainsi que fait le timonier de quart qui connaît à
fond le gouvernail de son navire.
Je pense que cet exemple suffit à montrer toute l’étendue de
l’éducation instrumentale du pilote dans ce mode de vol ana
lytique, soit qu’il constitue un épisode de la navigation dû à
la brume ou à l’obscurité, soit qu’il arrive à se substituer entiè
rement au vol synthétique actuel durant tout le voyage, entre
les manœuvres de départ et d’arrivée.
Ainsi s’achève le cycle de l’équilibre des machines volantes :
l’équilibre intrinsèque des savants cède le pas à l'équilibre
synthétique dû à l’entraînement et enfin aboutit à l’équilibre
du vol aux instruments.
Cette nouvelle admirable conception du cerveau humain nous
pousse, en quelque sorte, à modifier la célèbre expression d’un
poète qui définit l’avion : « L’aigle plus l’âme ».
Puisque l’âme compte parmi ces entités mystérieuses qui
échappent aux mesures même qualitatives, et puisque dans la
beauté de cette grandiose conquête humaine se réunissent les
activités créatrices des techniciens, des savants, et des avia
teurs, accordez-moi de modifier la définition du poète en cette
autre, moins lyrique mais plus moderne : « L’aigle plus l’intel
ligence ».
Général Arturo CROCCO.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
'iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiir
11 o6 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Rappelons que le plus souvent l’atmosphère est constituée,
altitudes où naviguent les avions, de deux couches d’air
aux
superposées : une couche d’air froid qui provient soit du pôle,
soit d’un continent glacé, comme la Sibérie en hiver, et une
couche d’air chaud qui provient soit de la zone tropicale, soit
d'un continent surchauffé, comme la Sibérie en été. Les nuages
prennent naissance dans la zone de contact de ces deux couches,
et c’est là aussi que se forment les grains et que se trouvent,
pendant les saisons froides, les zones de givrage redoutables
l‘étude
pour les avions. Nous avons exposé en détail, dans
rappelée ci-dessus, les divers processus qui président à la for
mation de ces météores. Les sondages destinés à mesurer la
température et le degré hygrométrique aux différentes alti
tudes renseignent sur l’altitude à laquelle se trouve cette zone
de contact de la masse d’air chaud avec la masse d’air froid,
autrement dit, l’altitude à laquelle on trouve le front
ou, sur
chaud ou le front froid dans la région où le sondage a été
effectué. On trouve en effet à cette altitude une discontinuité
dans l ‘échelle des températures et dans le degré hygrométrique
de l’air. Reportons-nous par exemple à la figure 24 de notre
première étude sur les méthodes modernes de prévision météo
rologique (« Revue de l’Armée de l’Air » de juin 1936). Cette
figure représente une coupe verticale de l’atmosphère des Etats-
Unis à la date du 1 er novembre 1934, avec les résultats des son
dages qui ont permis de l’établir. Prenons, par exemple, le
sondage effectué à Saint-Louis. Au sol, la température était
de 0°, à 2000m elle est de —7°. Elle diminue jusqu’à 3000m.
Mais à 3500m elle augmente brusquement et elle atteint — 2°
Sans aucun doute la
pour s’abaisser ensuite à —12° à 5500m.
couche située au-dessous de 3000m était composée d’air polaire,
et la couche située au-dessus de 3500m était composée d’air tro
pical. On voit que l’altitude du front, qui dans ce cas était un
front chaud, se trouvait à Saint-Louis, entre 3000m et 3500m.
Cet exemple montre comment le sondage de température per
met de déceler la présence simultanée d’une masse d’air
polaire et d’une masse d’air tropical (1).
être engendré
ne faut pas perdre de vue qu’un front peut
(') Cependant, il
-également par la rencontre de deux masses d’air polaire ou de deux masses
COMMENT UN RADIOSONDAGE PERMET DE DÉTER
MINER LA PROVENANCE D’UNE MASSE D’AIR.
Prenons un autre cas : supposons que le sondage ne révèle
pas de discontinuité dans l’échelle des températures. Nous
sommes alors en présence d’une masse d’air homogène. Par
quels indices pourrons-nous distinguer une masse d’air polaire
d’une masse d’air tropical, et comment saurons-nous si la région
où est effectué ce sondage comprend des zones dangereuses
pour la navigation aérienne ? Nous allons découvrir ces indices
en imaginant les phénomènes qui accompagnent le déplacement
d’une masse d’air polaire en train de descendre vers les régions
chaudes, puis les phénomènes qui accompagnent le déplacement
d’une masse d’air tropical qui remonte vers les régions froides.
Nous devons pour cela faire connaissance avec une notion
nouvelle qui joue un rôle très important dans les questions de
navigation aérienne : c’est celle de la stabilité et de l’insta
bilité des masses d’air.
Considérons une couche d’air atmosphérique au repos, et
divisons-la, par la pensée, en masses égales pesant chacune
un kilo. Chacun de ces kilos d’air renferme une certaine
quantité d’énergie. Une partie de cette énergie se trouve sous
forme de chaleur, et l’autre partie sous forme d’énergie poten
tielle, cette dernière étant d’autant plus grande que le kilo
d’air considéré se trouve à une altitude plus élevée, puisqu’on
tombant jusqu’au sol cette masse d’un kilo produirait un tra
vail proportionnel à la hauteur de sa chute. Ce travail se trans-
formerait d’ailleurs en une quantité équivalente de chaleur qui
réchaufferait la masse d’air à mesure qu’elle tomberait. Imagi
nons que chaque kilo d’air de cette couche au repos renferme
la même quantité d’énergie que chacun des autres kilos qui
composent l’ensemble de la couche, et rendons-nous compte
de ce que sera l’état d’équilibre de cette masse. Remarquons
d’abord que, à mesure qu’on s’élève dans cette couche d’air,
d’air tropical qui, ayant suivi des itinéraires différents, ont des tempéra-
tures et des degrés d’humidité différents. L’ouvrage de M. van Mieghem sur
« La prévision du temps par l’analyse des cartes météorologiques » indique les
caractères principaux de ces différentes masses d’air et permet ainsi de recon
naître leurs provenances sans erreur possible.
tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin
1108 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
la pression diminue ainsi que la température. En effet, si l’on
imagine qu’un kilo de cet air monte vers les altitudes élevées
en partant du sol, il se dilate à mesure qu’il monte, puisque
la couche d’air qui est située au-dessus de lui et qui le com
prime diminue progressivement d’épaisseur et de poids. Mais
pour s’élever ainsi ce kilo d’air doit consommer une certaine
quantité d’énergie qu’il emmagasine sous forme d'énergie
potentielle. Quelle est la source d’énergie dans laquelle puise
ce kilo d’air pour emmagasiner cette énergie potentielle ? C’est
la chaleur qu’il contient, laquelle diminue à mesure qu’il se
dilate. La quantité dont diminue ainsi l’énergie calorifique qu’il
contient se retrouve sous forme d’énergie potentielle.
Imaginons que cette masse d’air redescende vers le sol. Elle
va se comprimer à mesure qu’augmentera l’épaisseur de la
couche d’air qui pèse sur elle. Cette compression la réchauffera.
Et cette quantité de chaleur sera empruntée à son énergie
potentielle qui diminuera à mesure qu’elle descendra.
Maintenant que nous voyons comment l'énergie calorifique
d’un kilo d’air se transforme en énergie potentielle ou inver
sement, selon qu’il monte ou qu’il descend dans l’atmosphère,
nous possédons le moyen de nous rendre compte de son état
d’équilibre suivant les conditions dans lesquelles se trouve la
couche atmosphérique à laquelle il appartient.
UIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIU
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 1109
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllilllnllllllllnllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllltl'
1 1 1O REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
ainsi en équilibre indifférent, la température diminue réguliè
rement d’environ 6/10 de degré lorsqu’on monte de 100m, en
supposant qu'il s'agisse d’air saturé d’humidité; elle diminue
d’un degré par 100m s’il s’agit d’air sec, et cette diminution
régulière se poursuit jusque vers 11.000m d’altitude.
TROPOSPHÈRE ET STRATOSPHÈRE.
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• iiiHimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiuiKiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiillliiliiiiiiiiiiifiuiiiiliiii
sera plus faible que dans une masse d’air en équilibre indiffé
rent. Par conséquent le sondage révélera une diminution de
température inférieure à 6/10 de degré par 100m de montée
s’il s’agit d’air saturé, et inférieure à 1° s’il s’agit d’air sec;
ce dernier cas ne se présente d’ailleurs jamais lorsqu’il s’agit
d’air tropical ou équatorial. Il arrive même, lorsque le sol est
très froid, que la couche inférieure soit à une température plus
basse que les couches élevées. On constate alors une inversion
de température, c'est-à-dire que la température augmente à
mesure qu’on s’élève dans l'atmosphère. Ce phénomène est
assez fréquent en hiver dans nos régions.
R. A. A. — No 87. 3
i 114 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
des moyens qui sont utilisés pour réaliser chaque jour, et jus
qu’à l’altitude de 12.000m, même par temps bouché, les sondages
qui donneront de 100m en 100m :
la pression barométrique ;
la température ;
le degré hygrométrique;
la direction et la vitesse du vent.
Avant toutes choses, nous devons attirer l’attention sur ce que
ce problème capital a été résobu en France plusieurs années avant
d’être résolu à l’étranger. C’est en effet le 3 mars 1927 que fut
réalisé à l'observatoire Teisserenc de Bort, à Trappes, le pre
mier radiosondage qui ait été effectué dans le monde. Les appa
reils et la méthode employés étaient dus à la collaboration de
MM. Bureau et Idrac. Depuis cette date, M. Bureau a poursuivi
la mise au point du procédé qui est maintenant utilisé quoti
diennement à l’observatoire de Trappes. On aura immédiate
ment une idée de la perfection des résultats obtenus si l’on
remarque que l’appareil employé pour ce sondage ne coûte
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiifiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
que 600 francs en dépit de sa complication. Le sondage quoti
dien revient actuellement à 300 francs, et ce prix sera notable
ment abaissé par les perfectionnements en voie de réalisation.
La France possède ainsi, dans la technique de ces sondages,
un baromètre ;
un thermomètre ;
un hygromètre ;
et un poste émetteur automatique à ondes courtes.
On lâche le ballon. Sa force ascensionnelle est calculée de
telle façon qu’il s’élève de 100m en 30 secondes. Grâce à un
moulinet servant de moteur et à un dispositif automatique de
manipulation qu’on trouvera décrits ci-après, le poste radio fait
une émission toutes les 30 secondes et transmet chaque fois en
signaux conventionnels la pression barométrique, la tempéra
ture et le degré hygrométrique. Un appareil récepteur, égale
ment automatique, enregistre ces signaux à l’encre sur une
bande de papier. Il suffit de lire cette bande pour connaître
la température et l’humidité de l’air de 100m en 100m.
En outre, trois postes radiogoniométriques, placés aux som-
llllIllllllllllllllllllliKiiiiiinmu iiiiiii uni ii 111 ii i iiiiiiiiii ii in 11 iiiiii i uni i uni 1111111 ii 11 in i ii un ii 11 iiiiiiiii)
1116 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
mets d’un triangle d’environ 50km de côté, enregistrent égale
ment toutes les- 30 secondes la position du poste émetteur. Ces
relèvements permettent donc de tracer la trajectoire du ballon
et d’en déduire la vitesse et la direction du vent à toutes les
altitudes de 100m en 100 m
.
Arrivé à l’altitude de 12.000m le
ballon éclate. La cage qui
contient les appareils descend alors suspendue à un parachute
et, comme les appareils qu’elle contient continuent à fonc
tionner, les postes goniométriques continuent à la suivre et
indiquent l’endroit où elle tombe.
Cet ensemble pèse 15008. Nous allons indiquer sommairement
la composition et le fonctionnement d’un ensemble comprenant
un baromètre, un thermomètre et un appareil émetteur à ondes
courtes (voir fig. 1). Le baromètre B est constitué par une
capsule de Bourdon dans laquelle on a fait le vide. La paroi
de cette capsule, incurvée par la pression atmosphérique, se
redresse à mesure que cette pression diminue. Ce mouvement
de redressement est transmis à une aiguille dont nous verrons
le rôle un peu plus loin.
Le thermomètre Th est constitué par deux lames minces,
soudées ensemble, de métaux ayant des coefficients de dilata
tion différents. Cette double lame est enroulée suivant un demi-
cylindre. Lorsque la température de l’air qui la lèche change,
les deux lames, en se dilatant inégalement, font varier la cour
bure de ce cylindre. Cette variation de courbure sert à faire
tourner une aiguille dont la rotation mesure la variation de
température.
L’émetteur radio est un petit poste à une lampe. Après essai
de diverses longueurs d’ondes comprises entre 3m et 60m, on
adopta la longueur de 14m qui se révéla comme la plus favo
rable pour cet usage. Le filament est chauffé par une pile à
4 volts et la plaque est alimentée par une pile à 150 volts.
Pour moduler l’émission on intercale sur le circuit-plaque
de la lampe un petit condensateur entre les armatures duquel
passent les dents d’une roue dentée R entraînée par le manipu
lateur automatique. Cette roue comporte 10 dents, ou plutôt 9,
car l’emplacement de la dixième est vide, ce qui permet de
compter rapidement sur le diagramme de réception ^g. 2) le
nombre de tours complets de la roue dentée.
Illlllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
1118 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Connaissant ainsi pour chaque lecture du sondage la pression
et la température de l’air, il est facile d’en déduire l’altitude
exacte à laquelle a été faite cette mesure. On tracera alors une
courbe en portant en abscisses les températures et en ordonnées
les altitudes (voir fig. 4).
Exemples de sondages.
huhh h in
variations les plus fortes sont dues au remplacement d’une
masse d’air polaire ou sibérien, par une masse d’air tropical
qui amène une élévation notable de la température. On voit sur
cette figure l’avantage du radiosondage sur le sondage par
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltllllllllllllllllllililllllllllllllllllllll
1 120 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
matique, tel que celui que nous venons de décrire, coûte 600 fr.
Un ballon en caoutchouc de 0 m ,80 de diamètre suffisant pour
faire un sondage jusqu’à 12.000m coûte 100 francs. Un ballon
l
de m ,25 suffisant pour sonder jusqu’à 18.000m coûte 400 fr. (1).
L’ensemble des appareils ayant servi à chaque sondage est récu
péré 98 fois sur 100, et ces appareils sont généralement à peine
endommagés par l’atterrissage en parachute. Dans ces condi
tions, le prix de revient moyen d’un sondage à 12.000m est
actuellement de 300 francs. Notons que ce prix pourra être
notablement abaissé lorsqu’un industriel français consentira à
fabriquer les ballons de sondage en utilisant les procédés en
usage aux Etats-Unis où ces ballons coûtent quinze fois moins cher
qu’en France. En outre, les ballons américains sont beaucoup
plus solides que les ballons français. Ils sont fabriqués en pul
vérisant à l’intérieur d’une sphère creuse une légère couche de
dissolution de caoutchouc. On arrive ainsi à fabriquer un ballon
exactement sphérique d’épaisseur rigoureusement uniforme. En
France, on continue à fabriquer les ballons en collant les uns
aux autres une douzaine de fuseaux découpés dans une feuille
de caoutchouc. On obtient ainsi un ballon légèrement ovoïde,
avec des parties faibles qui souvent crèvent avant que soit
atteinte l'altitude de 12.000m, et qui coûte très cher parce que
sa fabrication exige beaucoup de main-d’œuvre.
Il
n’en reste pas moins que les résultats obtenus par les pro
cédés actuels sont tout à fait remarquables à la fois par leur
bon marché et par leur précision. Remarquons que le radio-
sondage serait infiniment moins coûteux que le sondage par
avion si ce dernier n’utilisait le plus souvent des vols qui ont
un autre but que l’exécution d’un sondage. Remarquons égale
ment que le sondage par avion ne permet pas de mesurer la
vitesse et la direction du vent au-dessus des nuages. Le radio-
sondage est donc sur tous ces points supérieur au sondage par
avion. Sa seule infériorité consiste en ce qu’il ne donne pas
de renseignement sur l’épaisseur, l’étendue et la disposition
des couches nuageuses, toutes indications qui sont utiles pour
éviter les collisions au voisinage des aéroports où se produisent
(IIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII*
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1121
Fig.
— Répartitions comparées de la température en altitude,
6.
d’après les sondages quotidiens exécutés par radiosondes (Trappes, du 3
au i2-i3 février) et par avion (Le Bourget, 20 février au 5-6 mars).
Qiaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin
1 122 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll111111111111111II11111111II111IIIII111111I II IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 1 1 23
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihiiii
1124 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
les nuages et au-dessus des nuages ainsi que sur les épaisseurs
des couches de nuages superposées.
Il nous reste enfin à émettre encore un vœu : à l’heure
actuelle on n’utilise guère, dans les formations militaires, que
les prévisions générales établies par les agents de l’O. N. M.,
prévisions qui sont affichées près du bureau de l’aéroport. Les
pilotes qui partent en voyage se contentent ainsi d’indications
très générales sur la nébulosité, la direction et la vitesse du
vent, et la visibilité au sol le long de l’itinéraire qu’ils comptent
suivre.
Ces indications sont très insuffisantes pour préparer un
voyage aérien, surtout en cas de mauvais temps. Il faut que
le pilote qui décolle ait présente à l’esprit une situation détaillée
des circonstances météorologiques dans les régions qu’il va
parcourir, afin d’être en état de prévoir comment le temps,
pourra évoluer non seulement sur l‘itinéraire prévu, mais jus
qu’à 200 ou 300km de part et d’autre de cet itinéraire.
S’il constate en cours de voyage que la température de l’air
ambiant monte ou descend, ou que la direction du vent vient
à changer, ou que le vent au sol a maintenant une direction
opposée au vent en altitude, ou que l’aspect et l’architecture
des masses nuageuses se sont modifiés, il faut qu’il soit capable
de prévoir quels dangers sont annoncés par ces indices, dans
quelle région ces dangers sont localisés, et quelles manœuvres
il faut entreprendre pour y échapper. « Ce changement de
température annonce-t-il l’approche du givrage ? Vaut-il mieux
monter ou descendre pour y échapper ? Ce nuage cache-t-il des
menaces de grain ou couvre-t-il simplement une averse sans
coup de vent ? Vaut-il mieux passer par le Nord ou par le
Sud pour éviter cette ligne de grains dont je prévois l'ap-
proche ? De ces deux terrains de secours, lequel sera encore-
dégagé lorsque j’y parviendrai ? » Telles sont, parmi beaucoup
d’autres, quelques-unes des questions auxquelles un bon navi
gateur doit être en état de répondre tout au long de son voyage
s’il veut amener à bon port son avion avec sa cargaison. C’est
ce que savent faire les pilotes de transport public, et
aussi les
navigateurs des dirigeables « Graf-Zepi^elin » et « Hindenburg »
qui affrontent à date fixe et avec un succès constant, des zones
où des dizaines de pilotes de raid ont trouvé la mort pour cette
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1 1
25
illlllllllllllllllllllllllllIIIIIIIIIIIIIIIIII11IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIImilIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1126 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
iiiiiiiiii iiiiiiiniiiiiiiiiiiiii
1111 111111111 iiiiiiiiii mi il i
1 a 11111 milmil iiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinti»»
point les capacités d’un bon navigateur, nous signalons deux
ouvrages intéressants et utiles. Le premier est le « Manuel de
Météorologie du pilote » de MM. Dédebant et Viaut, chefs des
services scientifiques de l’O. N. M. (édité par Blondel La Rou-
gery). Si leur culture scientifique leur permet de pousser plus
loin leur instruction météorologique, ils consulteront utilement
la « Prévision du temps par l’analyse des cartes météorologiques »
de M. van Mieghem, assistant à l’Institut Royal Belge de Météo
rologie (Gauthier-Villars'). Ce dernier ouvrage est accessible aux
pilotes qui ont leur baccalauréat ès-sciences.
C’est seulement lorsque les navigateurs aériens auront acquis
ces notions pratiques de météorologie et qu’ils sauront les uti
liser pour préparer leurs voyages, que l’effort considérable
fait par l’O. N. M. et par ses collaborateurs de l’Armée de l’Air
portera tous ses fruits au point de vue de la sécurité de la
navigation aérienne. En particulier on ne saurait, sans couvrir
à des catastrophes, encourager des pilotes, même expérimentés,
à pratiquer la navigation dans les nuages s’ils n’ont pas acquis
au préalable une sérieuse expérience des questions météorologiques
dont nous avons donné un exposé simplifié dans notre étïbde sur
« les méthodes modernes de prévisions météorologiques pour
l’aviation ».
Lieutenant-colonel de réserve A. VERDURAND.
lllllllllllllillIlllllllllllllllllllllllllillItlIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIPnilllllllllllllllllllllllflllltlllllllllll)
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiniiiiiiiii
IIIIIIIIIII1IIIIIIIIIUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
actuelle, ne peut être emportée qu’à bord d’avions très diffé
rents de l’avion de chasse. Nous avons essayé, dans un article
consacré à la torpille d’avion, de faire justice de cette concep
tion et de montrer que des types de torpilles spécialement
étudiés pour l’avion, du poids et de l’encombrement d’une
bombe légère, étaient parfaitement aptes à la destruction du
navire, protégé ou non.
Ce principe admis, le triplace proposé devient inutile. Un
monoplace et un biplace, très peu différents d’ailleurs et qui
pourraient même être réduits à un seul type de biplace où
l’observateur serait remplacé par des bombes ou des torpilles
légères pour les missions d’attaque du navire, et simplement
laissé à bord du porte-avions pour les missions de chasse mono
place, nous paraissent suffire pleinement à l’armement du porte-
avions.
Mais le porte-avions n’est pas qu’un moyen de transport
d’avions judicieusement choisis, aux besoins desquels tout le
problème est de pourvoir. Le porte-avions est un navire de
guerre comme les autres, soumis aux mêmes lois qu’il est im
possible de transgresser sans aboutir à un de ces nombreux
engins qui sont l’honneur d’une marine en temps de paix, mais
dont le rôle n’a pas le même éclat en temps de guerre.
L’avion du porte-avions se substitue simplement à l’élément
de puissance offensive qu’est le canon du navire. Or le navire
subordonne beaucoup plus qu’il ne paraît l’installation de son
artillerie aux nécessités de la vitesse et de la protection. Le
porte-avions n’échappera pas à ces sujétions.
C’est à cet aspect purement naval du problème du porte-
avions que nous consacrerons cette étude.
iiiiiiiiMiiiiiiitiiiiiiiiiliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiii
pouvait être armé d’une artillerie de dix pièces de 203. L'accord
de 1936 réduit le calibre à 155, et maintient simultanément la
limite du nombre des pièces à 10. Il faut au moins reconnaître
à cet accord l’avantage de simplifier très heureusement la tâche
des auteurs de programmes : dans la répartition des poids, l‘ar
tillerie devient un facteur absolument négligeable, au même titre
que l’armement en avions.
La réduction successive de calibre qui paraît l’objet principal
des conférences de limitation des armements navals a fini par
habituer les marines à un matériel d’artillerie sans aucun rap
port avec le tonnage des bâtiments qui le portent. On crie
au scandale quand la marine allemande place des canons de
280 sur des navires de 10.000 tonnes ; elle ne fait cependant
qu’appliquer la première de ces limitations, celle du traité de
Versailles. Mais que de chemin a été parcouru depuis lors dans
la voie de la réduction ! En 1919, on trouvait encore en service
des bâtiments, achevés au début du siècle, qui portaient du 305
sur une coque de 8000 tonnes. La limitation du calibre à 280
imposait une réduction de puissance sérieuse. Aujourd’hui, le
navire de 10.000 tonnes est limité au calibre de 155, et l’on
trouve tout naturel d’étendre cette limitation au porte-avions
de 23.000 tonnes.
Si l’on fait abstraction de ces réglementations, on trouve que
le calibre de 155 convient à des bâtiments de 1800 tonnes
environ. L’« Amiral Sénés », de 1525 tonnes Washington, in
corporé dans notre marine en 1919, porte quatre canons de 150.
Les croiseurs allemands de 6000 tonnes, qui portent neuf pièces
de ce même calibre, traduisent déjà l’effet du traité de Ver
sailles dans la voie de la réduction de puissance de l’artillerie
à déplacement donné. Sur le porte-avions de 23.000 tonnes, qui
sera limité à 10 pièces de 155, le poids consacré à l’artillerie
sera à peu près négligeable.
Ainsi l'artillerie, par le seul fait des limitations actuelles en
calibre et en nombre de pièces, est un facteur de poids négli
geable sur le porte-avions.
Le choix du calibre et du nombre de pièces résulte immé
diatement de cette constatation : on prendra le maximum per
mis par l’accord de Londres.
tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiüiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
1
132 REVUE DE L’ARMEE DE L’AIR.
dispose,
qu’une fraction négligeable des 23.000 tonnes dont on
facteurs vitesse et protection,
il ne reste qu’à les consacrer aux
seulement.
ou à l’un de ces facteurs
l’on ait
Il n’est pas d’exemple de bâtiment de ce tonnage où facteurs
fait porter l’effort principal sur un seul des trois
deux autres.
armement, vitesse et protection, en sacrifiant les
compromis où aucun
Le navire de ligne a généralement été un
quelquefois sacrifié
de ces trois facteurs n’était négligé. On en a
tel fut le cas de la protection lorsque Fisher introduisit le
un; Sous la
croiseur de bataille. On n’en a jamais sacrifié deux.
plus accentuée Fisher ait donnée à sa conception,
forme la que
Renown trouvait réunis la vitesse de 32 nœuds et le
le « », on
calibre de 381.
Tous les bâtiments de ligne construits depuis la guerre res
principe. Le Nelson est un navire sur lequel on
pectent ce « »
vitesse bénéfice de l’armement et de la pro
a sacrifié la au
sacrifié
tection. Le « Deutschland » est un navire sur lequel on a
c’est,
la protection au bénéfice de l’armement et de la vitesse;
10.000 tonnes, une réduction du « Renoivn ». Le « Dun
en
l’armement au
kerque » est un navire sur lequel on a sacrifié
bénéfice de la vitesse et de la protection ( 1 ) ; ses huit canons
qu'en les exa
de 330 ne paraissent un armement acceptable
des
minant sous l’angle des limitations actuelles; compte tenu
déplacements, cet armement n’est comparable ni aux neuf
406
iiiiiiiiliiiiiiiiiiiiiiiiiiillliiiiiiiiiliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiilllillliiiiiiiiiiililiiliiiiliillliiiiiiilllllllliiiilllilllliiiiiiiiilh
1134 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
tracé aux formes Taylor, avec un rendement propulsif global
de 0,5.
34 nœuds. 42 nœuds.
15,5 28 % 26,3 %
5.000 tonnes
10,5 19,1 % 21,3 %
lo.ooo tonnes
L’économie de puissance en passant du navire de 5000 tonnes
à celui de 10.000 tonnes est donc nettement plus faible à
42 nœuds qu’à 34 nœuds. D’autre part, pour établir un croiseur
de 10.000 tonnes à la finesse d’un « Condottieri », il faut lui
donner 214m de longueur. On perdrait ainsi en augmentation
poids de
de poids de coque sensiblement ce qu’on gagnerait en
machines.
C’est l’explication de l’équivalence approchée de bâtiments
de déplacements très différents, aux vitesses qu’on
atteint
aujourd ’hui.
Par contre l’exigence d’une protection impose nécessairement
la course au déplacement, donc l’adoption du déplacement
maximum autorisé. Si l’on a des exemples de navires de 1000
à 35.000 tonnes faisant la même vitesse, on n’a pas
d’exemple
de torpilleurs portant la protection d’un croiseur de
bataille.
Le poids de la cuirasse de ceinture, ou de la protection sous-
marine, ne croît guère en effet à épaisseur donnée que comme la
puissance 1/3 du déplacement et le poids des ponts blindés
la puissance 2/3 de ce déplacement. Le gros navire sur
comme
classera toujours le petit du point de vue protection.
Ainsi, de l’interdiction de porter une artillerie puissante,
résulte indirectement, par l’intermédiaire du facteur protection,
la nécessité d’adopter le déplacement maximum autorisé.
Le porte-avions sera donc un bâtiment de 23.000 tonnes, armé
de 10 canons de 155, et consacrant la presque totalité de son
déplacement à sa vitesse et à sa protection, dans une proportion
nous allons montrer assez facile à déterminer.
que
lllllllllllllllllllllllllllll h un nu
h
dant, en service ou en construction, quelques navires qui peuvent
servir à préciser la thèse précédente.
Dès qu’elle a été dégagée des limitations du traité de Ver
sailles, la marine allemande a mis en chantier un porte-avions
dont les quelques caractéristiques publiées indiquent une cer
taine parenté avec le type préconisé.
Le porte-avions allemand a un déplacement de 18.500 tonnes.
Il porte 14 pièces de 150, le même calibre étant prévu pour la
défense contre avions et contre objectif flottant. Ce navire sera
protégé et rapide. Aucune précision n’est donnée sur la pro
tection et la vitesse. Nous essaierons plus loin d’en fixer des
valeurs possibles.
Une des caractéristiques à retenir dans l’armement du porte-
avions allemand est l’emploi du calibre de 150. Il n’est pas
nouveau dans la marine allemande ; les « Deutschland » de
10.000 tonnes doublent en effet leur artillerie principale de 280
d’une artillerie de défense de 150, alors que presque tous les
navires de 10.000 tonnes se bornent à compléter leur artillerie
de 203 par une artillerie de défense de calibre inférieur, de 75
à 100.
Ondoit voir dans l’emploi de ce calibre de 150 contre avions,
que la marine allemande avait inauguré dès 1918 sur la côte
des Flandres, la première appréciation correcte de l’importance
du calibre en artillerie de D. C. A. L’emploi de canons de calibre
voisin de 75 a été une grosse erreur qui a condamné l’artillerie,
pendant des dizaines d’années, à une impuissance quasi abso
lue. Ce n’est pas de l’artillerie de campagne, mais de l’artillerie
lourde qu’il eût fallu partir pour établir les premiers modèles
de canons contre avions. Contre un objectif de la mobilité d’un
avion, la vitesse initiale élevée, et le gros calibre qui permet la
conservation de cette vitesse, sont aussi indispensables l’un que
l’autre. Avec leurs performances actuelles en vitesse et en pla
fond, les meilleurs avions terrestres conservent quelques chances
d’échapper à un tir de 150 à grande vitesse initiale. Mais, à
l’époque où fut mis en chantier le « Deutschland », avec les per
formances que les marines acceptaient alors pour leurs avions,
il suffisait d’une salve de son artillerie de défense pour des
cendre tout avion qui eût voulu approcher ce navire.
Le seul renseignement fourni sur la protection est qu’elle
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIÜIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIlllllllIlilllllllll
1136 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
s’étend à l’aviation embarquée, ce qui explique le nombre très
réduit d’avions, 25 seulement, porté par ce navire. C’est une
caractéristique entièrement nouvelle pour un porte-avions et de
première importance.
Il est curieux de noter le décalage de quelques dizaines d’an
nées entre l’apparition sur le navire d’une arme nouvelle et
l’extension à cette arme de la protection réservée à ses aînées.
La protection ne s’accorde qu’à l’ancienneté. Les premiers cui
rassés n’avaient à protéger que leur artillerie principale. Quand
apparut le torpilleur, on lui répondit aussitôt par l'installation
d’une artillerie de défense de petit calibre, placée dans les hunes
ou sur le pont supérieur, mais sans aucune protection. Il fallut
qu’après vingt ans de cette pratique des cuirassés russes dont
le caisson blindé et les tourelles étaient restés intacts sous les
coups de grosse artillerie fussent coulés par des torpilleurs
japonais auxquels la destruction d’une artillerie ainsi installée
les livrait sans défense, pour qu’on se décidât à la protéger.
Lorsqu’on dota le navire d’une artillerie spécialisée dans la
défense contre avions, on l’installa dans les mêmes conditions
que l’artillerie de défense contre torpilleurs à ses débuts.
Jusqu’au « Dunkerque », où ces deux artilleries sont réunies en
tourelles protégées, on ne s’est jamais demandé ce qu’il advien
dra de la puissance défensive contre avions après un combat
d’artillerie à grande distance ou un arrosage de bombes légères
à haute altitude. L’avion ne viendra-t-il pas alors achever le
cuirassé de 35.000 tonnes, dont les ponts blindés et les toits de
tourelles seront restés intacts, par quelque grenade posée sous
l’étrave, exactement comme le torpilleur japonais venait déco
cher au cuirassé russe sans défense une torpille à bout portant ?
Depuis vingt ans qu’on place des avions sur les navires, c’est
la première fois qu’on songe à les protéger. C’est une marque
d’estime envers l’aviation dont celle-ci doit être reconnaissante
à la marine allemande.
Cette protection implique des conséquences importantes.
Le nombre d'avions emportés sera faible. Il paraît difficile
d’en loger sous un pont blindé, obligatoirement établi au voi
sinage de la flottaison, plus qu’il n’en est prévu pour le porte-
avions allemand. Il ne faut pas en conclure trop rapidement à
l’infériorité de ce type de bâtiment. On pourrait pareillement
installer sans difficulté trois douzaines de pièces de 406 sur un
UllllltlllllllllllltllllllllllIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII><IIIII
navire de ligne, si l’on consentait à ne les protéger que contre
les intempéries. Ce n’est pourtant pas la solution généralement
admise. Sur le porte-avions, dont l’avion est l’arme principale,
il faudra aussi se résigner à réduire le nombre d’armes empor
tées. Mais on aura l’avantage de ne pas s’exposer à la destruc
tion de l’ensemble par une salve de l’artillerie d’un torpilleur.
Les avions de faible tonnage, très chargés au mètre carré,
seront particulièrement aptes à l’utilisation intégrale de la place
disponible sous le pont blindé. Il est heureux que des considéra
tions d'emménagement viennent accentuer l’évolution vers le
seul type d’avion efficace pour toutes les missions.
Il ne saurait être question de protéger le pont d’envol. Mais
il ne servirait de rien de protéger les avions si deux bombes
de 2018 ou deux projectiles de 120mm suffisent à interdire l’em
ploi des avions ainsi protégés, devenus inutiles au fond de leurs
soutes. C’est une éventualité admise pour les porte-avions cons-
fruits jusqu’ici, mais que la protection de l’aviation ne permet
plus de tolérer. On y parera en doublant le pont d’envol de
catapultes qui pourront au moins lancer les avions. Il faudra se
résigner à des méthodes qui ne sont pas généralement admises
pour le retour du matériel et du personnel, comme l ’emploi de
l’avion « marin », ou même du parachute.
La limite extrême de cette solution est l’emploi de «l’avion-
projectile» auquel le capitaine Etienne consacrait ici même une
très intéressante étude dans le numéro de mars 1936. L’avion-
projectile, sans train d’atterrissage, à surface portante réduite,
qu’une catapulte lancera à 150kmh est un engin qui n’a rien à
,
craindre ni du chasseur classique, ni des moyens de défense
d’un adversaire de surface. Il s’adapte au mieux au logement
sous pont blindé. Dans la soute à projectiles dont il prend la
place, une demi-douzaine d’avions de ce genre s’empileront les
uns sur les autres, comme des rangées d’obus. C’est une artil
lerie « dont chaque coup reviendra à 500.000 francs ». Ce n’est
pas trop cher pour défendre un navire de 500 millions.
L’armement du porte-avions ne se limitera d’ailleurs pas au
seul avion-projectile. Pour les missions courantes d’explora
tion, de protection rapprochée, d’attaque d’un adversaire mal
armé, le biplace à train d’atterrissage suffira largement. Mais
si le porte-avions se trouve brusquement surpris par le tir d’un
torpilleur ou d’un sous-marin faisant surface à limite de portée,
i iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiniiiiiiinii
et que deux atteintes du pont d’envol lui interdisent l’usage
de l’avion normal, l’envoi d’un avion-projectile est certaine
ment le moyen le plus rapide de se débarrasser de l’adversaire
en attendant que l’équipe de charpentiers du bord ait pu réparer
les dégâts. L’avion-projectile se substitue alors au canon pour
devenir « Vultima ratio » de la bataille navale.
'iiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 1139
*
**
Le navire ainsi défini est exactement, en 18.500 ou 23.000 t.,
le navire préconisé depuis longtemps sous le nom de « croiseur
porte-avions » dans la marine américaine.
Dès 1928, le lieutenant-commander B. Leighton suggérait
d’utiliser une partie du tonnage réservé aux croiseurs de
10.000 tonnes armés de 203 à la construction de croiseurs sem
blables, au remplacement près de l’artillerie de 203 par des.
avions, croiseurs qui serviraient aux mêmes missions que les
croiseurs portant une artillerie, isolément ou en liaison avec
eux. La suggestion fut retenue par l’amirauté américaine qui
obtint l’autorisation nécessaire à la conférence de Londres de'
1930.
Mais, tant qu’on dispose d’un tonnage inutilisé dans la classe
des porte-avions, une telle solution n’est qu’un pis-aller. Avec
la protection qu’on donne actuellement au croiseur de 10.000 t.,
un navire de ce déplacement est assuré d’être nettement sur
classé, à la fois en vitesse et en protection, par les navires de
déplacement plus élevé. La formule du croiseur porte-avions,
est excellente, autant du moins que peut l’être en 1936 une
lIllüllllllllllllllllllllllllllllllllllllHnilIllllIlIIIIIIllIllIlllllllllllllllllllllHlIllllllllllllllllllIllllllllllllilllllllllllP
formule de navire. Le seul tort de ses promoteurs était de s’in-
fliger le handicap gratuit d’une limitation de tonnage. En
10.000 tonnes, le croiseur porte-avions ne dépasserait proba
blement pas 36 nœuds, 160mm de ceinture, et cela sans protec
tion sous-marine. Pourquoi priver d’un supplément notable
se
de vitesse et de protection pour le plaisir de voir les avions
répartis sur deux navires au lieu d’un ? Le fait-on pour les
canons du navire de ligne ? Que les défenseurs de l’avion comme
arme du navire veuillent bien méditer cet exemple d'aboutis-
sement logique de soixante-quinze ans de perfectionnements
continus. Il sera toujours temps de construire des croiseurs
porte-avions de 10.000 tonnes lorsque les allocations réservées
aux porte-avions de 23.000 tonnes se trouveront épuisées.
Le croiseur de 10.000 tonnes dont on doit la création à la
conférence de Washington est, comme le lui ont assez reproché
les partisans de formules plus classiques, dérivé des croiseurs
anglais type « Hawkins » dont les plans remontent à l’été de
1915. Mais, à cette période de la guerre intermédiaire entre
la bataille des Falkland et la bataille du Jutland qui marquent
le triomphe de conceptions opposées, un grand nombre de
navires ont été mis en chantier, dont certains de déplacement
voisin des 23.000 tonnes aujourd’hui accordées au porte-avions.
Tel est notamment le « Renown » qui, pour ce déplacement,
donnait une vitesse de 32 nœuds avec 120.000 HP, était protégé
par une ceinture de 152mm, et portait six canons de 381.
Le type de porte-avions que nous préconisons dérive exac
tement du « Renown ». Pour le poids des 120.000 LIP du
« Renown » à 30 kg/HP, 011 aurait 290.000 LIP d’aujourd’hui
à 12,5 kg/HP; la réduction d’encombrement a été parallèle à
la réduction de poids. C’est plus qu’il n’en faut pour faire
donner 38 nœuds à la coque d’un « Renown ». Il n’y a pas
davantage de difficultés, avec le poids d’artillerie enlevé d’un
« Renotvn », à porter aux chiffres indiqués précédemment et
très suffisants contre le 203 la protection très faible accordée
à ce croiseur de bataille.
La conception d’un porte-avions de 23.000 tonnes faisant
38 nœuds et protégé contre le 203 n’est donc autre que la
conception de Fisher pour la vitesse, adaptée aux progrès de
la machine depuis vingt ans. La protection choisie tient compte
à la fois des exigences de la réglementation internationale qui
4IIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIII1II111IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIIIIIIII
1 1 42 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
interdit d’employer le tonnage accordé artillerie puis à une
sante, et des facilités qu’offre cette interdiction.
Dans quelle mesure les porte-avions allemands actuellement
en construction participeront-ils de cette formule, c’est ce qu’il
ne sera possible de dire qu'après connaissance plus complète
de leurs caractéristiques. Mais on peut affirmer dès main
tenant que ces navires ne seront pas à la merci d’un croiseur
de 10.000 tonnes ou d’un croiseur de bataille. La marine alle
mande a gardé le souvenir des cuisants échecs, que lui ont
infligés les navires construits par Fisher; il n’en est pas une
au monde qui n’en ait mieux compris les leçons.
A l’époque où la marine anglaise, rompant avec la tradition
du croiseur de bataille qu’elle avait créé, abaissait sur le
« Nelson » et le « Rodney » la vitesse à un degré où l’économie
ainsi faite n’avait plus aucun intérêt, la marine allemande sui
vait sur ses « Deutschland » la voie exactement opposée.
Enserrée dans l’étroite limitation de déplacement et de calibre
que lui imposait le traité de Versailles, elle parvenait à faire
de ses navires de ligne une réduction exacte du « Renown »,
comme le montre le tableau suivant des caractéristiques du
« Renown », du navire qui en serait déduit par réduction à
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
Le porte-avions de 23.000 tonnes, à 38 nœuds, protégé contre
le 203, et abritant sous cette protection un nombre relativement
faible d’avions est donc l’adaptation logique aux réglementa
tions internationales de conceptions qu’on doit aujourd’hui
considérer comme classiques.
*
**
Que peut-on attendre d’un tel navire, mis en présence des
types actuels de bâtiments de guerre ?
Conçu comme croiseur, il doit pouvoir remplacer le croiseur
armé d’artillerie dans son rôle essentiel d’attaque et de défense
des communications maritimes.
Dans la guerre au commerce, le croiseur porte-avions ne pré
sente aucun des inconvénients que l’on a justement reproché
à l’avion employé seul. Son emploi concilie les égards dus aux
réglementations internationales et la puissance de l’arme
aérienne. En liaison avec le navire qui le porte, l’avion étendra
son champ de vision, rabattra sur sa route les navires à visiter,
surveillera l’exécution des déroutements ordonnés, mettra à la
raison les récalcitrants. Une croisière d’une semaine, si l’on
peut appeler ainsi la traversée d’un océan à 30 nœuds, sera
un vaste coup de balai de 500km de largeur sur le trafic de
l’adversaire.
Dans son combat, offensif ou défensif, contre le croiseur armé
d’artillerie, le croiseur porte-avions de gros tonnage a tous les
avantages pour lui. Offensivement, il interviendra avec son
artillerie contre tous les croiseurs auxiliaires et contre tous
les croiseurs armés de canons de moins de 155mm, à l’exception
des quelques « Condottieri » italiens; contre les navires armés
d’une artillerie de 203, il fera intervenir son aviation en se
tenant hors de portée de risposte. Défensivement, il échappera
par sa vitesse à tous les navires assez armés pour lui causer
des dégâts graves, et se bornera à lutter contre eux avec son
aviation; les seuls navires assez rapides pour le rejoindre sont
aujourd’hui trop mal armés pour l’inquiéter.
On entend fréquemment soutenir, dans les discussions sur la
protection des lignes de communications, la nécessité du nombre
opposée à la puissance individuelle. On voit même fixer en
valeur absolue le nombre de croiseurs nécessaire à la défense
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1144 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
des communications d’un grand empire mondial. Il faut, paraît-il,
cinquante ou quatre-vingts croiseurs pour cette tâche. On ne
saurait s’en tirer à moins, chacun de ces navires eût-il la puis
sance d’un bâtiment de ligne.
C’est une singulière déformation d'événements encore récents.
Ce n’est pas aux quatre-vingts croiseurs dont elle disposait en
1914 que la marine anglaise doit d’avoir pu arrêter l’action
des croiseurs allemands sur son commerce maritime. C’est aux
deux croiseurs de bataille envoyés aux Falkland que revint
le rôle essentiel. C’est la menace d’une « Queen Mary » ou d’un
« Renown » partant à leur poursuite qui retint pendant quatre
ans les croiseurs allemands qui eussent été tentés de recom
mencer l’aventure de von Spee.
Quelques milliers de tonnes de plus donnaient à quelques
rares bâtiments, sans la moindre difficulté, la maîtrise néces
saire pour laisser à des auxiliaires plus modestes le soin de
s’acquitter des détails de l’opération. Mais c’est faire preuve
d’un singulier aveuglement que d’espérer que les bâtiments des
nombreuses sous-classes créées par les conférences navales,
seraient-ils cinquante ou quatre-vingts, pourront jouer grand-
rôle dans la lutte contre trois croiseurs porte-avions dont on
aura eu l’imprudence de limiter le déplacement à un chiffre
trop élevé. L’avènement du croiseur porte-avions de gros ton
nage déclassera l’ensemble des constructions de croiseurs aux
quelles les marines ont consacré depuis quinze ans leurs efforts
de rénovation.
Quand l’espoir placé dans le croiseur se trouve déçu, il ne
reste qu’à envoyer à son secours la flotte de bataille. Vainqueur
du croiseur armé d’artillerie, c’est à elle que le croiseur porte-
avions aura affaire. Défensivement, la situation du croiseur
porte-avions n’est pas très inquiétante. Dans ses opérations
océaniques, il ne risque guère d’être rejoint par cet ensemble
de navires variés limité à la vitesse du plus lent. Et, s’il lui
plaît de lancer son aviation à leur rencontre, elle a de belles
occasions de s’employer contre une force dont certains éléments
sont bien fragiles.
Assurément, comme tout navire, le croiseur porte-avions pro
tégé est exposé à des rencontres fâcheuses, depuis que l’avion
intervient dans la guerre sur mer. Mais, contre le navire de
«flIIIIIIIIIIIKIIIIIIIIIIIIIIIIIIIMIIIIIIIIKIIIIIIKIllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllII
surface surtout, il est certainement le compromis le plus heu
reux entre la puissance offensive et défensive.
JIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1I1IIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1II
R. A. A. — No 87. 5
1146 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
autres, à rendre inutiles les dizaines de milliards dépensés par
chaque marine pour tenir son rang, il n’a pas été trop difficile
de préserver d’un bouleversement les bases de la puissance
navale. La diminution régulière des puissances permises, en
déplacement ou en calibre, freinait le déclassement trop rapide
des navires les plus anciens. Le consentement mutuel suppléait
aux accords imparfaits, et imperfectibles. Le partenaire nou
veau qui entreprend aujourd’hui de se donner une marine
n’éprouve nul besoin de consacrer, par son choix, la supériorité
acquise de ses concurrents. Soyons assurés que sa première
construction provoquera précisément ce déclassement brutal
que tous les autres voulaient éviter.
« Nous assistons, écrit le lieutenant de vaisseau Barjot, à l’appa
rition d’une nouveauté fondamentale dans les conditions de la guerre
navale, nouveauté qui n’a d’égale dans l’histoire que l’introduction de
l’artillerie sur les vaisseaux au temps des Tudors et de l’Invincible
Armada. Notre époque voit naître le navire aimé d’avions, comme
le xvi° siècle a vu naître le navire aimé de canons. Au large, une force
navale de surface tend aujourd’hui à devenir un ensemble homogène
de navires armés de canons et de navires armés d’avions.»
(1) FL 26
C,SV2,
a i,2255 8
—
28
—
19,62
.
o = —
16 ,
lllllillliHIUillllIlIlllllllllülllllllllllIIIIIÜlllllllllIlllllllllllllüllIllïlllllllllllllilllllllillllllllllllllllIlllIlllllllllll)
1148 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
et l’on écrit
(3) FLCSV2,
10
(4) P= b.c-sy:.
111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111
! 11111
11111 a
On a alors, évidemment :
C:/
tango f
\ ==75———
tango
voit que
On le maximum Nf de la vitesse sera obtenu lorsque
à une altitude lui permettant d’atteindre
l’avion volera l’inci
dence donnant à tang © sa valeur minimum tang Le coeffi
cient de portance est alors bien déterminé et de valeur C:/
(formule 9). La densité relative de l’air ôf, définissant l’alti
tude Z f, est alors immédiatement fixée par l’équation de sus
tentation :
Z ÊZ
(13)
S _ 16
r1
/V7.
P/S=130 Kg/m2 .
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii>iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii>
Il
s’agit, maintenant, en supposant d'abord constant le poids
par cheval, de déterminer la vitesse V qui serait obtenue à une
altitude plus basse Z, pour un coefficient de sustentation
C- = n C-f,
inférieur à Les équations fondamen
Czf, donc avec n<1.
tales (12,) et (11) donnent immédiatement le rapport V/V f
de la vitesse obtenue à la vitesse maximum en fonction de n :
(14) V=ln/=2n.
V f tang i — n-
Le rapport 8/8/ entre la densité de l’air à l'altitude corres
pondant à cette vitesse et la densité à l'altitude du maximum
de vitesse se déduit alors de l’équation (2) de sustentation
qui donne :
Les relations (14) et (15) sont très générales. Pour tout avion
à poids par cheval constant, sans que les caractéristiques de
cet avion interviennent directement, elles font connaître, par
l’intermédiaire de n = C /C f, le rapport V/V, des vitesses en
z z
fonction du rapport 8/8 f des densités de l’air (fig. 2).
Or, à chaque valeur du rapport 8/8/ correspond sensiblement
un même décalage d’altitude AZ, indiqué sur le graphique,
en dessous de l’altitude Z y du maximum V f de la vitesse.
On voit ainsi qu’à 8500m en dessous de cette altitude, l’air
étant devenu 2,5 fois plus dense, la vitesse V n’est que de 15 %
plus faible que son maximum V f, avec n = 0,56, le coefficient
de portance étant alors devenu 1,8 fois plus petit.
Si donc, à 11.500m (fig. 1), on obtenait, pour un avion com
mercial, avec un poids par cheval de 916, une vitesse de 375kmh
,
à 3000m, avec le même poids par cheval et la même puissance,
on aurait encore une vitesse de 320kmh .
Remarquons que, d’après la formule (14), la résistance rela
tive tang a augmenté dans le rapport de 1 à
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniin
1152 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
La distance franchissable, pour une même fraction du poids
total réservée au. combustible, est en raison inverse de m tang ©,
m étant la consommation spécifique des moteurs. On peut
admettre qu’à cet égard, il n’y a guère d’avantage en faveur
des grandes altitudes, la suralimentation augmentant très net
tement la consommation spécifique. Cette augmentation tient en
partie à la nécessité d’avoir pour les moteurs suralimentés un
rapport volumétrique plus bas que pour les moteurs ordinaires,
donc un rendement thermique moins bon.
D’autre part, la comparaison qui vient d’être faite est trop
favorable aux grandes altitudes, car elle ne tient pas compte
de ce que la conservation de la puissance en atmosphère raréfiée
nécessite l’adaptation d’un compresseur, de ses annexes et d’un
radiateur agrandi. Pour un avion de transport, il faudrait aussi
prévoir des aménagements indispensables aux passagers tels,
par exemple, que l’étanchéité de la cabine.
Si le poids par cheval nominal d’un groupe-moteur est de
1'8 à l’altitude zéro, il faudrait compter sensiblement, pour que
la puissance soit conservée, sur 1*8,07 à 3000m, 1*8,14 à 5000m,
1*6,21 à 7000m, 1*6,29 à 8500m, 1*6,4 à 10.000m, l kg ,53 à 11.500m,
1*5,7 à 13.000m
Pour garantir le maintien de la charge utile, supposons alors
un poids de moteur constant, donc une puissance W du moteur
en raison inverse de son poids spécifique, et un poids P/W par
cheval proportionnel à ce poids spécifique.
Le poids P/W porté par cheval, entre 11.500 et 3000m, devrait
ainsi varier dans le rapport de 1,53 à 1,07, donc de 1 à 0,7.
Etant, par exemple, de 916 pour 11.500m, avec, comme on l’a vu,
une vitesse à cette altitude de 375kmh, il serait de 616,3 pour
3000m, valeur un peu faible pour un avion de transport. A cette
altitude et avec ce poids par cheval, la vitesse serait de 365kmh
,
ainsi qu’on le voit facilement en utilisant les graphiques pré
cédents.
Cette vitesse n’est que de 3 % inférieure à celle de 375kmh
,
pratiquement possible à 11.500m.
Partons, maintenant, d’un poids par cheval P/W == 11,3
pour 8500m, avec une vitesse de 300kmh à cette altitude. Pour
le vol à 3000m, on aurait un poids par cheval utilisé
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIMIIIIIIIIIIlillllllllllllllllllllllMIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIItlH
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1153
<o
J’ai, jusqu’ici, traité le problème posé en supposant, ainsi
que je l’avais annoncé, la charge spécifique des ailes imposée
à priori.
Je supposerai maintenant que, suivant l’altitude, la surface
des ailes soit adaptée au mieux pour permettre la plus grande
vitesse possible à un avion de caractéristiques aérodynamiques,
de poids et de puissance donnés.
On trouve ainsi, pour chaque altitude, une valeur maximum
de la vitesse à laquelle correspond une surface alaire résultant
du calcul et qui marque nettement l’étendue des possibilités
dans le problème des plus grandes vitesses. Ces vitesses maxi
mums, pour des valeurs importantes du rapport de la puissance
au poids, et des altitudes modérées, correspondent à des charges
au mètre carré des ailes extrêmement élevées, hors de propor
tion avec les valeurs usuelles, et qu’il ne semble pas possible
d’obtenir avec sécurité, sans mettre en œuvre des procédés nou
veaux.
Considérons, à une certaine altitude, déterminée par la den
sité relative B de l’air, un avion de poids total P, utilisant une
puissance motrice W chevaux et ayant des résistances nuisibles
se traduisant par l’effort ôrV2 à V mètres par seconde.
La résistance relative de l’aile seule étant tanga, cette aile
absorbe, en kilogrammètres, la puissance PV tang Pa et les résis
tances une puissance ôrV3.
L’identité entre la puissance totale consommée et la puis
sance W en chevaux fournie avec un rendement 7 des hélices,
se traduit par la .relation fondamentale :
{iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii»
Fig. 3.
— Réseau des droites d’égale vitesse maximum, pour un avion volant
au régime de la finesse de la voilure.
tang = 0,045; r/P = 1/400 ooo.
C- = =XC,.
L’équation de sustentation :
i in 11 ii ii niiiii 111 ii un ii ii uni 111 ii ! 1111111H1111111nu 111 ii i ii 11 ii nn ni 111 in ii un 111111in i ni lin ii i ni i in ii 111 ii in i uni
11 11
1156 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
sinage de son minimum, on doit pratiquement admettre pour C-,
une valeur un peu inférieure à sa valeur théorique, une dimi
nution 30% de ce coefficient n’augmentant tang Qa que de
de
6 % à partir de la finesse. La formule (16) montre qu’en sup
posant ainsi que la surface alaire est toujours celle de plus
grande vitesse, l’influence de l’altitude au point de vue aéro
dynamique est simplement de diminuer l’effort dû aux résis
tances nuisibles. A la limite, dans un air extrêmement raréfié,,
tout se passe comme si les résistances nuisibles n’existaient
plus, la vitesse tendant vers la limite 75 nW/P tang Pa Pour .
iiiiillllillllllltlllllliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiliiilixiiiiiiiiiiiniiniiililllllilliiiilillllitttttltlliiliilliliir
même fraction du poids total reste réservée aux moteurs, W/P
devra, en altitude, baisser en raison inverse du poids par cheval
des moteurs. En admettant les taux déjà, donnés pour cet
accroissement de poids, j’ai tracé, sur les deux graphiques pré-
Fig. 4- — Réseau des droites d’égale vitesse maximum, pour un avion volant au
régime de la finesse de la voilure.
(Suite de la figure 3).
HlllllllllllllllllllllllllllllllllllllUllllllllllllllllllllllllIllllllllllllllIllllllllllllllllllllllllillIllIllllllllilIllilHlilIllHI
Fig. 5. — Vitesse maximum en fonction de l’altitude.
Avions volant an régime de la finesse de la voilure avec un poids de moteurs
constant.
4IIII1I11IIIIIIIIIIIIIIIIIIMIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIII
1
160 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
1450 kg/m2 et, à 14.500m, W/P étant devenu 0,525, on aurait
,
la possibilité d’une vitesse maximum maximorum de 1175kmh
avec une charge alaire réduite à 470 kg/m 2 Même dans ce cas,
.
le gain de vitesse ne serait que de 24 % pour une variation
d’altitude de 14.500m.
En ce qui concerne les possibilités de réalisation d’un tel avion,
Fig. 6. — Charges au mètre carré donnant la plus grande vitesse à diverses altitudes.
Avions ayant un poids de moteurs constant (G. = 0,33).
4IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1II1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 1161
«u'Miiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinn
R. A. A. — No 87. G
4HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIHIIIHIIIIIIIIIIIIHIHIIIIUIUIIIIIHIIIIIIII
Notes et souvenirs
sur la
création de VAviation militaire française (1)
VL
FÉQUANT ET MARCONNET
VOLENT DE MOURMELON A VINCENNES.
(9 juin 1910.)
tl 1111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111M1111111111111111111111111111111111111111
1111111IIIk
du cortège, qui comprenait encore de nombreux officiers
d’Etat-Major venus plus par curiosité que par utilité réelle.
Le général Brun visita longuement les hangars et les ateliers
de H. Farman, se fit expliquer en détail la construction et le
fonctionnement de son appareil, puis Féquant vola devant le
ministre avec Marconnet comme passager sur l’un des deux
avions H. Farman appartenant au service de Vincennes.
Féquant emmena ensuite le général Brun lui-même, tandis que
Camermann promenait successivement sur un appareil du
Génie le général Roques et le colonel Estienne, en guise de
manifestation de fraternité d’armes.
De là, le cortège officiel se rendit chez Antoinette en passant
rapidement chez les constructeurs intermédiaires. Chez Antoi
nette, nouvelles explications et nouveau vol du général Brun
piloté par Wachter. Le tout avec accompagnement de reporters
et de photographes : ce fut, dans toute son horreur, la visite
officielle, comme j’en ai tant vu depuis.
Entre aviateurs militaires, le résultat immédiat de cette visite
fut de fournir un nouvel aliment aux discussions ouvertes sur
l’organisation attendue de l’aéronautique. La présence du
général Rémy semblait indiquer que l’Artillerie n’était pas
encore totalement hors de cause, mais il avait joué un rôle tel
lement effacé vis-à-vis du général Roques que, sans les inter
ventions du colonel Estienne, il eut paru présent pour se ren
seigner sur le service assuré par un autre plutôt que comme
participant à sa direction.
D’autre part, si le général Brun et les directeurs d’armes
avaient été discrets sur la prochaine organisation, leur entou
rage avait annoncé, non seulement l’unification du service -—
solution attendue depuis l’interpellation de M. Reymond -—-,
mais l’unification au profit du Génie, dans lequel seraient versés
les aviateurs originaires d’autres armes désireux de rester avia
teurs.
Une pareille solution ne pouvait nous convenir en raison des
conditions d’avancement du Génie, absolument différentes de
celles des autres armes. Les officiers du Génie passaient capi
taines après 3 à 5 ans dans le grade de lieutenant, suivant le
choix dont ils pouvaient bénéficier, — fantassins, cavaliers, artil
leurs restaient de 8 à 11 ans lieutenants. Or, le service du colo
nel Estienne ne comprenait, Féquant excepté, que des capi-
niiiiniiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiHiinniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiii
1164 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
taines ou des lieutenants ayant environ 8 ans de grade; le
passage au Génie nous aurait classés sur le même rang que nos
camarades sortis des Ecoles cinq ans après nous dans le Génie :
singulière récompense de nos efforts.
En outre, nous aurions couru la chance d’être, un jour ou
l’autre, affectés dans le Génie à un service différent de l’Avia
tion, construction d’ouvrages bétonnés par exemple, et jugés
sur des questions, fondamentales peut-être pour le Génie, mais
auxquelles nous n’étions nullement préparés.
Seul, Féquant, sorti récemment de Saint-Cyr, pouvait entrer
dans le Génie à égalité avec les officiers de son âge, mais avec
mêmes risques pour l'avenir que tous les autres aviateurs.
La perspective de passer au Génie ne convenait donc à aucun
de nous, et nous étions bien résolus à nous y refuser, mais
faudrait-il quitter l’Aviation ?
Dans ces conditions, l’exécution d’un raid aérien deMour
melon à Vincennes, déjà en cours de préparation, devenait d’un
intérêt capital pour rehausser le prestige du service du colonel
Estienne et en empêcher l’absorption par le Génie.
Le colonel Estienne, n’espérant plus créer un service d’Avia
tion d’artillerie, mais résolu à garder, si possible, un service
assez autonome pour l’orienter lui-même indépendamment du
Génie, s'était rendu compte de l’importance de l’opinion
publique et de l’intérêt qui existait pour son service à se rendre
celle-ci favorable par des prouesses sportives. Il ne pouvait me
les demander, car le Blériot-Anzani n’emmenait qu'une per
sonne et ne volait pas plus de 30 à 40min, à une allure de 55
à 60 kmh ; en outre, le seul Blériot-Anzani appartenant à l’Armée
était celui du Génie, affecté à Acquaviva. Mais le H. Farman,
portant 75 1 d’essence et 30 1 d’huile, pouvait voler 3 à 41 avec
deux personnes à bord, à 60kmh . C’était suffisant pour accomplir
le parcours de Mourmelon à Vincennes: or, un tel parcours, effec
tué à deux, se trouvait être à la fois un record sportif appré
ciable du public, et la démonstration demandée par l’Etat-
Major pour admettre l’utilisation militaire de l’aviation.
Le colonel Estienne avait donc orienté Féquant, son premier
pilote de H. Farman, vers l’exécution de ce raid, aussitôt après
obtention du brevet de pilote, et Féquant s’y préparait con
sciencieusement par des parcours de plus en plus allongés sur
la campagne.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
Féquant, dépourvu d’expérience préalable de l’air, préférait
suivre des grandes routes nationales faciles à reconnaître. Un
itinéraire ainsi tracé avait, en outre, l’avantage de permettre
à une automobile de suivre l’avion et de le secourir en cas de
besoin, à condition de prendre la route de la Brie, et d'éviter
la vallée de la Marne, trop sinueuse et trop peuplée.
L’idée d’emmener un camarade, chargé de lire la carte et de
surveiller la route, souriait également à Féquant, conscient de
son inexpérience et craignant de s’égarer. Je lui aurais assez
convenu à cet égard et j’aurais moi-même été heureux de
l’assister. Mais je pesais 7518 et ce poids, ajouté au plein d’es
sence et d’huile, ne permettait pas à l’avion de s’élever à plus
de 150m au-dessus de la plaine de Champagne. Or, ces 150m
étaient insuffisants pour franchir la falaise de Champagne qui
domine d’autant les marais de Saint-Gond, entre Bergères-les-
Vertus et Champaubert.
Sido, qui, à défaut d’expérience de l’air, possédait celle du
H. Farman et du moteur Gnome, qui pouvait donc être plus
utile que moi en cas de panne, se trouva éliminé pour la même
raison, après de nombreuses tentatives pour atteindre, malgré
ses 75 kg les 300 à 400m d’altitude jugés nécessaires au succès
,
de l’entreprise.
Restaient les deux capitaines attachés à l’école H. Farman;
Madiot et Marconnet. Madiot pesait 6518 mais était un modeste
qui travaillait pour la science et pour la patrie. Marconnet
grillait d’envie de se signaler personnellement et ne pesait que
55 kg Il réclama la place de passager : n’était-il pas breveté
.
d’Etat-Major, et l’équipe qu’il pouvait former avec Féquant
n ’était-elle pas le type de celles dont le commandement envi
sageait la constitution pour les reconnaissances militaires ?
Pour Féquant, la considération du poids était décisive. Mais
Marconnet, dans l’exposé enthousiaste de ses théories sur l’uti
lisation militaire de l’avion, faillit compromettre sa collabora
tion ne s’avisa-t-il pas de déclarer à Féquant que les équipes
:
nununnnnnnnuunnnuununuunnunnnnznuruuunuunnuunuununuuuu IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII’
s’aggrava des moyens que prétendait utiliser Marconnet pour
lui montrer sa route malgré le bruit assourdissant du moteur :
des ficelles attachées à ses bras, et dont la traction lui indique
rait le côté vers lequel il devrait tourner ! Le pilote, déclarait
Marconnet, n’avait pas besoin de savoir où il allait : il n’avait
qu’à obéir aveuglément aux ordres de son observateur, chef de
bord.
Madiot, fort heureusement, intervint pour rétablir l’har
monie, faire comprendre à Marconnet l’excès de ses prétentions
et le décider à remplacer ses ficelles par des écouteurs fixés au
képi de Féquant et lui permettant d'entendre la voix de son
compagnon, sans entraver la liberté de ses bras. Féquant, dans
ces conditions, accepta Marconnet pour compagnon et reprit
avec lui l’entraînement. Fin mai, leur équipe était prête et
n’attendait plus qu’un temps favorable.
Le temps était en effet un facteur essentiel de succès. L’avion
ne faisait que 60kmh; la distance à franchir atteignant 160km, un
vent contraire de 201m aurait réduit à 40km la vitesse réelle de
l’appareil par rapport au sol, et exposé les voyageurs à man
quer d’essence avant d’arriver au but. On décida donc d’at
tendre une période de beau temps, avec vent nul ou venant de
l’Est.
Je ne pouvais guère voler pendant tous ces préparatifs, le
meilleur des deux appareils H. Farman dont disposaient les
officiers de Vincennes étant réservé pour ce raid, et l’autre
devant servir à l’entraînement de Sido, Madiot, Marconnet en
même temps qu’au mien. En dehors de mes vols comme passager
de Féquant, mes notes ne mentionnent que deux vols comme
pilote, le 31 mai et le 3 juin.
Je dois dire d’ailleurs que l’appareil H. Farman me sédui
sait peu : je le trouvais lourd et lent à obéir. Alors que la
cloche du Blériot se manœuvrait avec un doigt et que l’avion
répondait instantanément à son action, il me fallait parfois les
deux mains pour donner au manche à balai du H. Farman la
position répondant au gauchissement ou à l’inclinaison voulus.
La direction demandait aussi au pied un effort très sensible.
Et l’appareil n'obéissait pas vite.
La lenteur à obéir du H. Farman était de nature différente
de celle que j’avais précédemment rencontrée sur V Antoinette.
llllllllllllllllllllllllllllliuilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllljllllllllllllllllllllllllllllllll
D’abord, les commandes de celui-ci n’étaient pas dures et, si
leur action n’était pas immédiate, on la sentait se prolonger
après que la commande était lâchée; le difficile était d’arrêter
à temps l’action sur la commande. Sur le Farman, à un gros
effort du pilote répondait un faible mouvement de l’avion; il
fallait insister sur la commande, l’appareil cessant la manœuvre
commencée dès que le pilote cessait d’actionner la commande.
Mon impression était à peu près celle d’un cavalier habitué
à monter un cheval de sang obéissant à la plus légère action
des rênes, et qui, passé sur un cheval de labour, presque insen
sible au mors, doit tirer de toute sa force sur les rênes pour
se faire obéir.
Autre chose encore me déplaisait sur le II. Farman. Au cours
de mes pérégrinations en ballon, j'avais rencontré bien des per
turbations atmosphériques; j’avais vu mon ballon plonger brus
quement vers le sol en devançant des objets légers jetés par
dessus bord, je l’avais vu, pris dans un tourbillon, tourner
comme une toupie, et je connaissais la soudaineté avec laquelle
l’air joue des objets qui y sont plongés. Or, à cette époque, le
pilote du Farman était assis sur le bord avant du plan inférieur
de la cellule, presque dans le vide, les pieds sur la barre de
direction, sans cadre ni fuselage autour de lui. Il semblait qu’une
brusque perturbation pouvait projeter ce pilote loin de son
siège, et une chute ainsi commencée ne peut manquer de se
terminer fort mal. Cette appréhension n’était nullement ima
ginaire : un mois plus tard, le sous-lieutenant Gronier se trouva
ainsi projeté de son siège, mais put heureusement s’accrocher
à son manche à balai et regagner sa place grâce à un rétablis
sement des plus périlleux, exécuté à la force des poignets, dans
le vide, à 100m de terre. Par la suite, H. Farman adopta une
.. .
carlingue.
Dans ces conditions, j’appris avec plaisir, le 5 juin, que le
biplace Blériot avait volé fort convenablement la veille à Issy-
les-Moulineaux et allait m’être affecté dès réception. Je revins
aussitôt à Vincennes, où un hangar neuf en ciment attendait
les avions, et je partageai mon temps entre l’établissement de
la Maison-Blanche (c’était le nom du petit polygone où étaient
situés les services du colonel Estienne) et le terrain d’Issy où
Blériot continuait ses essais.
Le 7 juin, en même temps que Morane s’entraînait à Issy sur
fliiiMüiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiv
1168 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
le biplace, en vue de battre le record du vol avec passager avant
de livrer l’appareil à la Guerre, Féquant exécutait — avec
Marconnet comme passager — un vol d’environ 100km le long-
dès routes de la Champagne.
Le 8 au matin, Morane prenait son vol d’Issy vers Tonry,
sur la route de Paris à Orléans. Blériot et
moi, montés sur une
automobile de course conduite par un professionnel, ne pûmes
le suivre à vue, malgré une course folle le long des fortifications.,
puis sur la route d’Orléans. La police était singulièrement bien
veillante à cette époque pour les aviateurs, mais je me demande
conducteur, un accident
encore comment, malgré l’adresse du
encombrements' traversés.
ne s’est pas produit dans les
Morane, arrêté par une panne, avait atterri quelques kilo
mètres avant Etampes, le long de la route. Rejoint et dépanné,,
il reprenait son vol pour Toury, et là, sur le terrain bien décou
vert de la Beauce, sûr de pouvoir atterrir partout en cas de
nouvelle panne, il emmenait successivement comme passagers,
ceux qui l’avaient suivi.
De retour le soir à Vincennes, j’apprenais que tout était pré
paré pour le voyage de Féquant-Marconnet de Mourmelon à
Vincennes le lendemain matin, sauf changement de temps.
ouunnnmuunnnuzanzannuunausuzanezanaanrazaznuzanuuauaanmneumemaznuameneuuaanuemaeuuucouueocuuoooooooommummonomunoooouoooooo8n9999999999m9m
sage large de ménagé pour les voitures. Heureusement, les
3m
mencer.
Sans attendre ces protestations, et le succès fêté entre nous,.
Marconnet avait téléphoné à un camarade de l’Etat-Major du
ministre pour informer celui-ci du vol accompli et s’était pré
cipité lui-même au Ministère claironner le raid dans tous: les
services et bureaux.
iiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii».
1170 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
comme secondaire. C’était un officier d’Etat-Major qui venait
de prouver par le fait la possibilité d’une reconnaissance mili
taire en avion à longue portée. 160km dans les airs, cela eut
fait, en temps de guerre, 120km sur l’ennemi, en supposant le
départ et l’atterrissage à 20km derrière les avant-postes (on
n’employait guère le mot « front » en France, à cette époque).
Marconnet avait pris en cours de route des photographies
qui, développées le jour même, se trouvèrent suffisamment
nettes pour être présentées à tous et démontrer la précision
des renseignements que la reconnaissance pouvait donner. Mar
connet aurait pu photographier les colonnes, les parcs d’artil
lerie, les Q. G. de l’ennemi, presque ses généraux et ses Etats-
Majors. D’ailleurs, son altitude de route
— 250m au départ,
400m vers la fin, après consommation de 40 à 50 ks d’essence
et d’huile — paraissait largement suffisante, vu la vitesse
moyenne réalisée de 64 kmh, grâce au vent, pour mettre prati
quement les aviateurs à l’abri des coups.
Le général Brun retint à déjeuner Marconnet et Féquant,
celui-ci appelé par téléphone de Vincennes.
L’après-midi, ce fut au tour de l’Aéro-Club de recevoir les
aviateurs, rue François Ier Il y eut des coupes de Champagne
.
et des discours. Le ministre annonça qu’il venait de proposer
Marconnet et Féquant pour la croix de la Légion d’Honneur,
« pour services exceptionnels rendus à l’aviation militaire ».
Ce fut un enthousiasme général auquel mes camarades et moi,
accourus de Vincennes, ne fûmes pas les derniers à nous
joindre.
Le colonel Estienne était naturellement présent à la réunion,
où il reçut de nombreuses félicitations pour le service qu’il
dirigeait. Le fait même que le raid avait eu Vincennes pour but
aurait, à lui seul, suffi à marquer de quelle autorité dépendaient
les aviateurs, et lès reporters sportifs accourus aux nouvelles
à Vincennes ne pouvaient l’oublier. Tous les journaux en par
lèrent, en sorte que, le 10 au matin, toute la France apprenait
par la presse qu’elle possédait à Vincennes un merveilleux ser
vice d’Aviation dont les officiers venaient d’accomplir un raid
sensationnel.... Il devenait difficile, après cela, de supprimer
l’établissement.
Il était temps, car voici la note 999 bis, signée le 7 juin par
ni i ni i IIIII! ni 1111 lumi i ii ii 11111111 in uni 111 un i in 111 ii 111 un i in i uni 11n111 in n uni i un i nu i nu i iiiiniin i nu n min
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1171
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
1172 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
donnés des mêmes services, pour montrer le découragement
que la suppression de l’Etablissement de Vincennes, au lende
main du raid, allait jeter parmi les aviateurs, pour faire com
prendre aussi ce que le passage aux aérostiers, c’est-à-dire
au
Génie, avait d'inacceptable pour les officiers-aviateurs.
En même temps, les amis que le colonel Estienne comptait
au Parlement reprenaient l’offensive pour demander le main
tien à l’Artillerie des crédits de l’article 29 bis et du service
organisé pour leur emploi.
Le général Brun était, depuis l’interpellation de M. Reymond,
trop engagé par ses déclarations au Sénat pour effectuer une
nouvelle volte-face. Peut-être regretta-t-il d’avoir signé le
7 juin la note 999 bis, mais celle-ci étant signée et
connue
de nombreuses personnes, il aurait craint le ridicule
en l’an
nulant.
D’autre part, la campagne de Marconnet dans les bureaux
si
avait porté en ce qui concernait le non-versement au Génie des
officiers aviateurs, son exemple avait ouvert à de nombreux
officiers d’Etat-Major la perspective de gagner décorations ou
galons par l’Aviation sans y passer comme pilote, en effec
tuant simplement des voyages comme observateur. Et le Génie,
pauvre en cadres, ne voulant l’Aviation que pour effectuer les
reconnaissances demandées par le commandement, devait natu
rellement recourir aux officiers d’Etat-Major pour ces recon
naissances. L’artillerie, plus riche en cadres et demandant
un
service important pour ses propres besoins, devait fatalement
former un personnel nombreux d’observateurs d’artillerie
qu’elle serait tentée d’employer aux reconnaissances d’Etat-
Major, de manière à suffire seule au service. Ainsi, les jeunes
officiers brevetés du Ministère, hostiles à une absorption com
plète par le Génie, craignaient-ils encore plus l’absorption par
l’Artillerie.
Ces tendances complexes aboutirent, après plusieurs réunions
assez confuses, à une note de la 4e Direction (Génie) en date
du 21 juin, expliquant le sens à donner à la décision 999 bis
du juin. Cette note, approuvée par le ministre le 1er juillet,
7
après de nouveaux tiraillements que manifeste le texte même
de l’approbation, devint la charte provisoire de l’Aviation mi
litaire.
IlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllflllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllB
En voici le texte :
flIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIIlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllHItlIüllilIlllll)
1174 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
Et voici l’approbation du Ministre :
1 er juillet 1910.
(A suivre.)
Lieutenant-Colonel BELLENGER.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIlilllllllllllllllllHIIIIIIIlilllllllllllllHIllllillllllllllllll
IIIIII IIIIIIIIIIII1IIIII||||||||IIIIII
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiii
INFORMATION GÉNÉRALE
tjmiiiiiiniiiikiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiisiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiii
1176 BEVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
plus ou moins inévitable de celle-ci, la possibilité pour le chef, malgré
l’embouteillage des routes, de faire grâce à l’aviation contrôler par
des officiers d’État-Major les destructions essentielles, éventuel
lement de réparer à temps les oublis par un détachement de sapeurs
-amené par avion. Il y a là une mission importante pour l’Aviation.
4IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1177
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIlllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
R. A. A. - N» 87. 7
1178 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
déterminèrent des embouteillages considérables : le 15 septembre
21 trains bloqués à Herbesthal, le 23 septembre 14
trains à Aix-la-
Chapelle, le 2 octobre 48 trains arrêtés dans le district de Cologne.
Voilà de beaux objectifs d’aviation.
Les destructions prématurées.
L’Aviation peut trouver également, par son office de liaison, un
rôle dans le fait d’empêcher des destructions prématurées, comme
il y en eut en 1914 : telles celles du nœud d’Amiens, du viaduc
de Poix qui fut rétabli en juin 1915 seulement, des ponts sur l’Oise
inférieure, sauf celui de Pontoise, sauvé grâce à l’intervention
personnelle du général Galliéni. Il semble que les commandements
locaux plus ou moins improvisés de ces régions occupées par des
troupes territoriales aient, dans leur abandon, perdu quelque peu
la tête. L’Aviation permet au Chef des Armées d’étendre son action
à toute la zone limitrophe de celles où opèrent les unités placées
directement sous ses ordres.
Les routes.
Aujourd’hui les routes sont en mesure de venir en aide au réseau
ferré, moins, comme le fait remarquer l’auteur, pour se substituer au
chemin de fer d’une manière permanente, que pour le décharger dans
la période d’interruption, ou de mauvais rendement après rétablis
sement précaire du trafic.
Il y a lieu de remarquer d’ailleurs que plus une route est moderne
(autostrade), plus elle se rapproche de la voie ferrée comme sensibilité
aux destructions, puisque les ouvrages d’art (ponts, remblais, déblais)
y sont généralement nombreux.
P. E.
Les essais ont été entrepris avec une hélice métallique de 2m,59
de diamètre. Le moteur électrique qui l'entraînait pouvait développer
jusqu’à 200 HP; il était enfermé dans un capot fuselé et monté
sur un support pivotant, qui permettait de faire un tour complet.
Le bruit a donc pu être enregistré sous tous les azimuts, à l’aide d’un
microphone fixe.
L’installation était complétée par des amplificateurs et des ana
lyseurs de son (fig. 4), qui séparaient les pressions sonores suivant leur
fréquence en cinq « bandes », de 0 à 100, 100 à 500, 500 à 1000,
1000 à 5000, et au-dessus de 5000 cycles; l’hélice
tournait toujours
à 1800 t/m, les variations de la puissance absorbée ayant été obte
nues par le réglage de l’incidence des pales.
Le bruit des hélices bipales, par E.-Z. STOWELL et A.-F. Deming {Report
(1)
n° 526 du N. A. C. A. 9 p., 9 fig. — Prix : 5 cents).
III 1111 II II 1111II111 « 11111 II I II 111 II 11 II 11 II II IIIIIII II 11 Ili II II III II II II II 1111111II Il111I1I1IIII11I>"<| I I
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1179
I1IIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIII1IIIIIII1IIIIIIIIH1I1I1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1I1IIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1181
<o
lOOdb.
En résumé, la note dont la
fréquence est égale à deux fois
le nombre de tours par seconde
(note fondamentale) constitue
la composante physique la
plus importante du bruit de
l’hélice. Le maximum de ce
«grondement» a lieu à 300 en
arrière du plan de rotation. MOdb.
Le détachement périodique Fig. 3.- Distribution des niveaux de sonorité
des tourbillons produit un à cinq distances différentes d’une hélice
«sifflement», moins important (de haut en bas, rom, 25m, 6o m 150m et
,
et dont le maximum a lieu 38o ra ), pour des azimuts variant de o
à 1800.
dans l’axe de l’hélice, en avant En traits pleins, niveaux calculés; en
et en arrière de celle-ci. traits interrompus, niveaux observés.
A = /‘ microwatts/cm
420
2
,
Illllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1183
0 12 3 4 5
Fréquence en kitocyotes
6 7 8 9 10 1,5 2.0 2,5 3,0
Puissance acoustique.
— Puissance mécanique transformée en son.
Dans le cas d’une hélice près du sol, où la radiation est uniforme
et limitée à une hémisphère, la puissance totale ainsi perdue est :
P=22r2J=-—
27 (pr^
420 microwatts.
'
| llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltlllllllllllllllllllllllllllllllll||||||||
l ||
1184 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
seule, donne l’impression d’avoir seulement 22 décibels en présence
d’une note de 800 cycles 60 décibels. Le « masquage » est donc de
38 décibels.
L. K.
Politique de l'Aviation d’outre-mer.
Le général Armengaud vient de consacrer, dans la Revue des
Deux-Mondes du er juillet, une étude du plus haut intérêt à l’Avia
1
tion d’outre-mer.
La conclusion de l’auteur se résume à peu près en ceci : rénover
notre Aviation d’outre-mer, tout au moins avec les matériels désuets
de la métropole. En voici les raisons :
L’Aviation d’outre-mer doit pouvoir venir participer aux « premières
grandes batailles qui se livreraient sur nos frontières au début d’une
guerre selon le principe de la concentration des forces.
»,
« On aura
toujours commis une faute grave en laissant en dehors
de la bataille aérienne principale dont peut dépendre le salut du
pays, des forces actives, en l’espèce des unités d’élite, qui, par leur
mobilité et leur vitesse, auraient été capables d'y venir sans retard
si elles avaient été organisées à cet effet. » Il s’agit « d’une partici
pation quasi immédiate au jour du danger, car la lutte aérienne
commencera et connaîtra la plus grande intensité dès l’ouverture
des hostilités x.
Techniquement, l’aviation d’outre-mer devra pouvoir franchir la
Méditerranée et posséder une valeur militaire utile sur un théâtre
d’opérations métropolitain. Le général Armengaud voit la solution
en équipant cette aviation avec des multiplaces.
Du point de vue des effectifs, c’est une trentaine d’escadrilles qui
seraient ainsi récupérées pour la lutte en France en drainant notre
Aviation coloniale, à l’exception de celles de Dakar, de Madagascar
et de l’Indochine.
Financièrement, comme le budget ne suffirait pas à tout, et qu’une
rénovation de l’Aviation métropolitaine s’impose en premier lieu
et constamment, « l’Aviation extérieure emploiera le matériel de
l’Aviation métropolitaine au moment où ce dernier sera remplacé
par un autre plus moderne ».
L’utilisation tactique à la mobilisation de ces « laissés pour compte "
se fera comme suit : « Munies d’instruments de bord modernes, servies
par des équipages bien instruits et entraînés, comme le sont préci
sément ceux d’outre-mer, elles feraient, de nuit, sur tous les objectifs
faiblement défendus — et ils seront pendant longtemps encore très
nombreux — un excellent travail de guerre ».
Le problème secondairedu maintien de l’ordre aux colonies après
le départ des escadrilles pour la France, serait résolu par la constitu
tion d’une Aviation territoriale, issue par exemple des cercles aériens
régionaux.
Enfin, le général Armengaud voit dans cette rénovation de l’Avia
tion d’outre-mer, si limitée soit-elle, puisqu’on ne disposerait que
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllliuillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. n85
d’appareils ayant probablement de 7 à 12 ans d’âge depuis la rédaction
du programme qui les aurait conçus, la possibilité d’une action plus
intense de l’Aviation, d’un Air Control à la mode anglaise, qui permet
trait de libérer des effectifs de l’armée de terre.
so
Malgré le puissant intérêt d’une telle politique, où l’on croirait
revivre, en une simple transposition aéronautique, les grandes
semaines de 1914 au cours desquelles nos divisions d’Afrique traver
sèrent la mer pour participer à la bataille de la Marne, tandis que
des territoriaux prenaient leur place dans les garnisons algériennes
et marocaines, nous nous demandons s’il n’y aurait pas lieu d’examiner
le problème de plus haut et de remplacer sous nos yeux la carte de
120s frontières de l’Est par celle de l’Europe. Dès lors, la disposition
de nos forces sur l’échiquier européen peut nécessiter d’autres combi
naisons que la seule accumulation dans l’Est de la France en vue d’une
bataille aérienne, dont la certitude et le caractère décisif sont plus
ou moins hypothétiques.
Il tend constamment à se constituer — et malheureusement encore
aujourd’hui — une transversale hostile Nord-Sud à travers l’Europe,
à laquelle nos efforts ont toujours répondu par la recherche d’une
transversale Ouest-Est basée sur la Méditerranée. Des forces (terrestres
navales ou aériennes) françaises doivent pouvoir opérer sur cette
transversale qui est l’ossature même de nos alliances. Il y a donc
un problème aéro-naval méditerranéen, dans lequel l’Aviation basée
au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Syrie, a son rôle à jouer :
ce n’est plus un problème colonial, de simple police contre des nomades,
c’est un élément d’intervention européenne au premier chef.
C’est pourquoi on ne saurait confondre, à notre avis, dans un
même sort, les escadrilles vraiment coloniales du Sénégal, Soudan,
Tchad, Djibouti, Madagascar, et du Sud algéro-marocain, avec la
masse A Aviation méditerranéenne dont la mission européenne est
primordiale. Autant les premières pourront, à la rigueur, être équipées
avec ce que les dernières miettes du budget permettront d’acheter,
autant il y aurait un leurre à lésiner sur cette Aviation méditerra
néenne qui peut avoir une action fondamentale, tant pour soutenir
des alliés que maintenir à l’état neutre des pays mal intentionnés,
par une menace d’action sur les points sensibles de la coalition
adverse.
Remarquons que l’Aviation méditerranéenne se substitue jusqu’à
un certain point à la Marine; et c’est là que le problème s’élève. Étant
donné que nos cuirassés ne peuvent être mis sur roulettes pour
intervenir par leurs feux à nos frontières de l’Est, toute substitution
de force aérienne à force navale, reconnue raisonnable, accroît la
possibilité de concentration de forces sur le lieu du péril.
Donc une Aviation méditerranéenne puissante et moderne. Où
sera-t-elle basée ? Sur les deux rives de la mer. Puisqu’on veut la
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllHIHlillllllllllll
LE MATÉRIEL
DES AVIATIONS NATIONALES
France
(1) Voir les numéros de décembre 1934, puis de janvier, mars, juillet, août,
octobre et décembre 1935, de mai et d’août 1936 de la « Revue de l’Armée de
l’Air ».
IIIIMIIIIIIII1111111! 11 « : ! 1 ! 111 ! 11111111111 m ! 1111121111111111 ! I !111II > X! ] 11111111II111111II!111? > 11111! 1111111111111111 ! U11111! | f 11III
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gauche,
contrôle
A de
—
panneau
21.
B.
A. le
noter
bombardement
mécanicien;
de
quadrimoteur
du
intérieurs
Aspects
1190 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
1 pour l’Air. Parmi les armes qui ont fait défaut, signalons les Chars
k 'Ullllll(|[IIIIIIII(llllllllHIIII!llllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllillllHllllllllllllllllllliIIIIIIIIIIIH!!IIHHI[r«
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 193 1
«llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllmllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltllll
R. A. A. — N" 87. 8
1194 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Les équipes du concours des E.P.O.R. de la région parisienne autour des pièces,
sur le stand de Maisons-Lafitte.
11111111 iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinir.iiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii^
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1195
Quelles conclusions
Les lieutenants de réserve R. Libert (à gauche,
tirer de ce concours ? jumelles pendantes) et Vallart,
a. L’entraînement de l’équipe de l’Air, au concours de tir des E.P.O.R.
des réserves de l’Air de la région de Paris.
ABHHIHHHHNBBHBBNBBBHBBBBBBSSSSSSSSHSSSSSSBSSSSSSSSSSSSSSSSSBSRSSSUSSUVVWVAHHHHNNNHHNNHHHHHHNHBHIBBIBNBNNSBSBSGNBGAAGAAIAAAAAAAAAAIIII
in tu 111111111111mu 1111111111ii IIIHIII ii iiiiii 11 un h h ni iiiiiiini 11111111in i ii 11 ni 11 ii 111 h h iiiiiiiiiiniii inmniii uni in
BIBLIOGRAPHIE
IUIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1II
1198 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
ont presque toujours pour causes initiales l’un de ces météores.
Si l’on veut bien remarquer que les avions civils aussi bien que les
militaires seront de plus en plus dans l’obligation de naviguer par
tous les temps, de jour comme de nuit, on arrive à cette conclusion
que la nécessité de posséder une sérieuse pratique de la météorologie
s’imposera de plus en plus aux navigateurs aériens. Il ne fait pas
de doute que l’ouvrage de M. van Mieghem est l’un de ceux qui les
y préparera le plus efficacement et le plus rapidement.
On peut résumer de la façon suivante la méthode de son auteur :
Les découvertes de l’école norvégienne, dont le représentant le
plus éminent, le docteur Bjérknes, apporte à M. van Mieghem, dans
la préface qu’il consacre à cet ouvrage, le témoignage de sa haute
estime, ont démontré que les phénomènes météorologiques sont
engendrés à la surface du globe par l’évolution et par la rencontre de
masses d’air de provenances diverses : air arctique, air polaire, air
tropical, air équatorial.
M. van Mieghem expose d’abord les caractères fondamentaux de
ces diverses masses d’air : échelle des températures aux différentes
altitudes, degrés d’humidité, types de météores engendrés par chacune
d’elles, direction des vents. Il montre ensuite comment, suivant la
saison, les traversées des mers ou des continents altèrent ces diverses
caractéristiques. Il déduit de cet exposé préliminaire les méthodes
pratiques pour reconnaître, par le moyen des sondages, des obser
vations de nuages, des observations du vent, les provenances des
diverses masses d’air qui s’affrontent au-dessus des régions dans
lesquelles ces observations ont été faites puis concentrées sur les
cartes établies par l’Office Météorologique.
Il décrit ensuite les effets résultant de la rencontre de deux quel
conques de ces masses : naissance des cyclones; naissance simultanée
des fronts chauds et des fronts froids; météores engendrés par chacun
de ces fronts; principaux types de situations cycloniques qu’on
rencontre soit en été, soit en hiver sur les mers et sur les continents ;
évolution de chaque type de cyclone et de ses fronts à mesure qu’il
vieillit; influence des chaînes de montagnes sur l’évolution de ces
météores.
Une fois exposées ces notions générales qui comprennent à peu
près toutes les situations que l’on peut rencontrer dans les régions
tempérées et polaires, M. van Mieghem consacre un chapitre à
l’exposé des règles pratiques qui permettent de faire l’analyse détaillée
de la situation atmosphérique d’une région d’après les cartes météo
rologiques sur lesquelles sont concentrés et schématisés les résultats
des observations faites sur toute cette région. En même temps que
ces règles, il enseigne par de très nombreux exemples pra
tiques comment on détermine les positions des fronts chauds et
des fronts froids au sol et en altitude; on apprend avec lui à recon
naître les diverses situations qui peuvent se présenter suivant les
dispositions relatives de ces divers fronts et suivant les provenances
IIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII11IIIIIIIIIIIIIIII1II1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1199
et les évolutions antérieures des masses d’air qui les ont engendrés.
On apprend enfin à prévoir la façon dont ils évolueront dans les
24 heures à venir, ainsi que les caractères et les positions des météores
qu’ils engendreront : nuages, pluie, neige, grains, orages, brouil
lards.
Un chapitre est spécialement consacré à la manière d’utiliser les
sondages aérologiques pour déterminer la structure verticale de
l’atmosphère. Ce chapitre est particulièrement important au point
de vue pratique parce qu’il enseigne comment on peut déterminer
la hauteur à laquelle se produira la condensation sous forme de pluie
ou de neige de l’humidité d’une masse d’air déterminée: il montre
aussi comment on distingue une masse d’air stable, c’est-à-dire dans
laquelle des courants verticaux ne sauraient prendre naissance, d’une
masse d’air instable, beaucoup plus à redouter des navigateurs aériens
parce que des courants ascendants peuvent y prendre naissance et
engendrer des phénomènes dangereux dont la nature dépend de
la température et de la quantité d’humidité contenue dans cet
air.
Signalons enfin que de nombreuses figures, des cartes représentant
les situations atmosphériques analysées dans les exemples pratiques
qui accompagnent chaque exposé théorique, des diagrammes de
sondages aérologiques, de nombreuses photographies de nuages
correspondant à chacune des situations analysées, laissent dans
l’esprit du lecteur des notions concrètes de chacune des questions
exposées au cours des divers chapitres de cet ouvrage.
En résumé, un exposé théorique et pratique qu’il serait difficile
de faire plus complet et plus clair sous un aussi petit volume.
A. V.
Taschenbuch der Tanks.
(Manuel des tanks), par Heigl (J. F. Lehmann, Munich. Deux volumes
d’un total de 720 pages. Prix, relié : 10 R.M. chaque volume; pour
l’étranger : 7,50 R.M.).
Travail aussi complet que précieux du double point de vue militaire
et historique. Tous les pays, à l’exception de l’Allemagne, sont passés
en revue. L’auteur publie toutes les caractéristiques désirables de
leurs chars d’assaut, depuis leur origine jusqu’à l’époque actuelle
(640 photographies). Une préface de 51 pages expose l’histoire, la
technique générale et les possibilités d’utilisation des chars; aucune
théorie spécifiquement allemande ne fait cependant l’objet de déve
loppements.
L’auteur, mort en était commandant dans l’armée autri
1930,
chienne et docteur ès sciences techniques (Dr. ing.) ; il eut sous ses
ordres les tanks austro-allemands pendant la guerre contre l’Italie.
Le « Taschenbuch der Tanks » est remis à jour périodiquement.
H. K.
Le Gérant ; E. THOUZELLIER.
1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII11IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIÜIII1I1II N IIIIII
I II 111IIIITI11111II111111II1111111111111111111
105350. — Imp. Gauthier-Villars.
Photographie Stacker.
Un hydravion de l'Aviation navale allemande.
PREMIÈRE PARTIE
Pages.
Note éditoriale. — Problèmes d’aviation d'infanterie 1203
La chasse reste ouverte, plus que jamais,
par L G 1205
Notes sur l’industrie américaine d’aviation militaire,
parJAN-KERGUISTEL et le Lieutenantde réserve P. SERVEL. 1221
Le sondage acoustique et les bruits des avions,
par Gaëtan JACQUET 1237
Notes et Souvenirs sur la création de l'Aviation militaire française
{suite},
par le Lieutenant-Colonel BELLENGER 1241
Réflexions sur la deuxième Fête de l’Air 1263
H. A. A. — N» 88. 1
1202 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
DEUXIÈME PARTIE
INFORMATION GÉNÉRALE
L’interception des bombardiers. — Quelques détails d’organisation
des réseaux de guet 1277
Essai d'une maquette d’aérodrome en soufflerie 1278
. .
La route tactique et la liberté de manœuvre. — L’attaque aérienne
des voies ferrées 1280
. . .
Influence de l’aviation sur le développement des navires de
guerre. — Les batteries flottantes de D C. A 1281
Le nouveau tunnel à grande vitesse du iV.A. C .A. Extension du
—
réseau de sondages par avions aux États-Unis. — Équipement
de parachutes pour atterissage dans la jungle. — Les débuts
de l’aviation
militaire américaine 1282
Les manœuvres aériennes britanniques de >936 par P. Ba. 1284
Observation d’artillerie. — L’artillerie réclame des avions. — Le
1285
. .
La législation allemande des brevets intéressant la défense natio
nale, par P. E. 1288
L’accord Air-Marine du 22 août 1936 par P. Ba. 1290
. .
Variation du point d’ébullition de l’oxygène liquide aux grandes
altitudes. — Essai des mano détendeurs pour bouteilles d’oxy-
gène 1292
Un exemple de guerre aéronavale : la guerre civile d’Espagne.
—
A propos de la situation aéronavale 1935 en Méditerranée,
par P. Ba. 1294
BIBLIOGRAPHIE
Des bancs de Flandres aux Dardanelles. — Les Flottes de combat
1936. The Aircraft Year Book 1936. — Souvenirs sur Guy-
—
nemer — Notions de médecine aéronautique. — Manuel de
météorologie du pilote. — Le péril sous-marin 1315
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
Illllllllillllllllllllllllllllll1111111111111111111111111111111III111111111111111111111111111111111IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHlillllH
Note Éditoriale
***
11111111 i 11111111 [ 111111 i 11Mi 111111 i 111 i 11111 f 1111 « 111 i 11 i 111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111
« 11
llllllllllfllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllillllll
Illillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllinnrillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
Puisque l’article comporte un calcul, nous répondrons d’abord
pour réfuter ses conclusions :
a. que l’espace parcouru (de l’ordre de 2000-3000 m ) rend tout
le calcul vain car, pour chaque cas particulier, il y a lieu d'en-
visager la composante de la pesanteur. De là une résultante
inconnue, particulière à chaque coup ;
qu’à notre avis, il ne peut être envisagé et discuté d’obus
b.
ayant une vitesse de 125 m./sec. (calcul de M. Garnier pour
un tir à 5100m de distance). A cette allure, la sensibilité de
fusée est insuffisante pour assurer son fonctionnement ;
la seule dispersion imputable à l’arme et à ses muni
c. que
tions ne peut faire considérer sérieusement un tir effectué à
2000-3000“ ;
d. qu’à ces distances, certaines influences, notamment celle
de l’altitude, modifieront considérablement les résultats du
calcul ;
e. que pour ces mêmes distances et jusqu’à 1000m environ, le
projectile du canon sur avion perd considérablement de sa
vitesse et de sa précision;
f. qu’au poids normal des cartouches (un chargeur avec
60 cartouches pèse 25 kê ), nous n’entrevoyons pas quel avion
fuyard pourrait emporter dans chacun de ses trois postes de
défense, 2500 obus soit 7500 au total.
Il faut parler de choses possibles actuellement ou prochai
nement, sans anticiper dans l’inconnu, sans quoi tous raison
nements ou estimations sont inutiles.
eo
Tous ces points nous amènent à affirmer que dans les con
ditions actuelles, le tir à longue distance est un mythe. Nous
disons bien « dans les circonstances actuelles », car nous n’avons
la prétention de raisonner que pour des faits connus. C’est
l’instant de paraphraser Galilée et d’assurer : « Malgré tout
ce qu’on nous raconte et affirme, pourtant, nous chassons ! ».
Car c’est bien là l’évidence. On a chassé pendant les dernières
manœuvres aériennes en Touraine (monoplaces-canon modernes
contre les multiplaces rapides), on chasse actuellement en
Espagne avec des Heinkel et des Dewoitine, et l’on chassera
IIIIIIIIIIIII!I!IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII4!IIIIII!IIIIIII4II!!IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII|||||||||||||||||||||||||1
demain avec des machines de 500 contre des avions armés en
retraite ne « tapant» que le 450. Tant qu’une machine pourra
en intercepter une autre c’est-à-dire la rejoindre et la manœuvrer
grâce à des performances supérieures, le combat aura lieu.
D’autant plus* que la vitesse des avions n’est pas seule à s’aug
menter; la vitesse initiale des projectiles du canon sur avion
suit aussi, puisque de 560 m./'sec. en 1932, elle avoisine actuel
lement 950 m./sec. Ceci posé, nous ne prophétisons pas vingt ans
à l’avance et nous nous garderons encore plus de parler des
possibilités du chasseur ou du fuyard en l’an 2000.
LE FUYARD ET LE CHASSEUR.
Prenons donc l’exemple actuel du fuyard et du chasseur.
Puisque, d’après MM. Odier et Garnier, il s’agit d’un fuyard
pouvant tirer en retraite, attirant le chasseur dans son sillage,
il ne peut s’agir que d’un avion possédant une défense arrière.
Les conditions se trouvent donc être réalisées par le multiplace
actuel à 300kmh ayant deux postes de tir à l’arrière, un vers
l’avant, et le monoplace-canon à 400kmh La comparaison reste
.
entièrement valable pour tous types d’avions à défense arrière,
qu’il s’agisse d'un biplace de chasse ou d'observation ou d’un
multiplace quelconque. Mais nous allons plus spécialement
parler du multiplace et du monoplace-canon parce que ces types
sont maintenant classiques et que plusieurs des armées aériennes
ne possèdent que ces deux classes d’avions.
Le combat n'est, là comme ailleurs, que la combinaison de
la manœuvre et du feu.
LA MANŒUVRE.
Le type du multiplace est classique. L’avion est de perfor
mances inférieures au monoplace; sans parler des servitudes
de construction et d’entretien qui sont considérables, il est
lourd et lent par rapport à son adversaire. A-t-on jamais
demandé à un multiplace les piqués, chandelles et manœuvres
diverses qu’on impose au monoplace ? Et que devient l’affir
mation de M. Odier :
iiiiHifiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1209
Aspect de face du P. Z. L. P. 24, à deux canons de 20mm montés dans les ailes.
lllllllllllllllllllllllllkllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilll
1210 REVUE DE L'ARMÉE DE L'AIR.
enregistrés lors d’abatées, tonneaux ou renversements, qui ne
sont plus de la même catégorie que le looping, et peuvent
atteindre des valeurs dix fois supérieures et plus.
On s’expliquerait mal encore pourquoi certains avionneurs
construisent des machines spéciales pour l’acrobatie, dont le
propre est d’être allégées et de voler facilement. Nous voilà
loin des multiplaces de 8-10 tonnes de 100m2 de surface, d’une
inertie telle que malgré les commandes soigneusement équili
brées, leur conduite est lourde et délicate. Les coefficients
d’essais statiques (et par là même, la limite élastique si inté
ressante dans les acrobaties) des multiplaces et ceux des mono
places sont à peu près dans le rapport 1 à 4. Rien de commun
LE FEU.
Les conditions actuelles sont faciles à déterminer :
Multiplace.
Si nous examinons le plan des feux d’un multiplace moderne,
nous constatons, comme les constructeurs l’indiquent, que les
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii'tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiii
champs de tir ne laissent aucun angle mort et même, que cer
taines zones contiennent des feux superposés.
Théoriquement, le but est magnifiquement atteint. Mais si
nous regardons d’un peu plus près les champs de tir et la coupe
de l’avion, nous pouvons demander quelle est la valeur de la
défense du multiplace-fuyard contre un chasseur se laissant
tomber en piqué, presque verticalement, ou par montée verti
cale, par exemple. Les positions que devront prendre les mitrail
leurs du multiplace renseigneront largement sur la valeur de
cette défense. Même une cage d’écureuil tournant sous tous
angles ne leur donnerait pas un tir précis, condition essentielle
du tir : car le débit n’est rien, la précision est tout.
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
1212 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
ardu sur les multiplaces, soit à terre avec les appareils d’instruc
tion, soit en vol, par la mitrailleuse-photo ou la manche, répon
dent sur ce point. La solution n’en est pas introuvable, mais diffi
cile à réaliser, et le collimateur-correcteur ne permet que de
l'approcher sans la toucher encore. Pour chaque cas et instant
de combat, les corrections tireur et but jouent avec toute leur
rigueur et leur extrême difficulté d’exécution. La preuve en
réside dans les combats aériens de 1918, où se sont seuls
défendus les pelotons très serrés, chaque mitrailleur s'étant
déterminé un très petit secteur battu par deux ou trois jume
lages qui se flanquaient réciproquement, tout en produisant un
feu très dense (voir comme exemple, le bombardement de l’Es
cadre 13 sur Confians, le 14 septembre 1918).
En outre, le fait que les multiplaces actuels n’emportent pas
de canon devrait être pris en considération car, malgré les
avantages de cette arme, son montage n’a encore pu être réa
lisé autrement que sur monoplace. La longueur du tube, la tou
relle, le poids, le recul, la limite en poids de projectiles qui
peuvent être pris à bord, forment quelques-uns des problèmes
à résoudre sur les multiplaces. On a dû en rester à la mitrail
leuse.
Il faut donc l’armement des tourelles est à
en convenir :
111 iiiiiiiniiii ii unii ii ii11 n 111iiiiiiiiiiiiiiu uni i mu iiiiiiin m n m m111111111n u i n 11 in i minium mu iiiiin
place ainsi déchiré ? Alors qu’autrefois, les avions revenaient
atterrir avec quelques balles dans les plans ou le fuselage, sans
qu’une partie essentielle ait été atteinte, une seule touche
d’obus suffira dorénavant.
Le monoplace-canon n’est pas un mythe. Déjà réalisé pendant
la guerre, hâtivement peut-être, mais réellement, il est actuelle
ment au point. Pour ne parler que des anciens modèles, VOer-
likon de 20mm pèse nu 2518 avec 1518 de cartouches (60 obus
à 600 m./sec.) fournissant 8 secondes de feu, soit 40k d’ar
mement au total. Le même calibre 900 m./sec. pèse 75k8 avec
ses 60 cartouches. On a travaillé depuis et obtenu d’autres
résultats. Les uns prétendaient qu’on ne pourrait monter des
canons dans les ailes par suite du recul huit fois plus élevé que
celui de la mitrailleuse, les autres discutaient sur l’affût-moteur,
la vitesse initiale du projectile préférable au débit, le tube de 36
ou 68 calibres, le poids prohibitif des attaches du canon, etc.
Or, les canons ont eu leur recul ramené à 125k8 pour le type long
et 701 pour le court et, les ailes étant construites pour suppor
ter des efforts de 100018 en tous les points d’application, nul
renforcement n’a été nécessaire {P.Z.L. XIV, etc.).
L’affût-moteur s’est révélé excellent, comme il était normal,
puisque canon et moteur agissent dans le même axe, et aucun
trouble ne s’est produit. Le poids des attaches d’un canon n’a
pas dépassé 4'6. Il existe des avions tri-canons (1 long sur
moteur, 2 courts dans les ailes) et l’on a même monté des
canons dans les carénages des roues. Plusieurs types d’appareils,
de différents avionneurs ont tiré avec des tri-canons, a fortiori
avec des mono et bi-canons. Les tirs ont donné les résultats
attendus, sans qu’il ait été décelé des inconvénients.
L’impression épouvantable de M. Odier sur Voisin de la
guerre portant un 37 de marine n’a aucun rapport avec celle
que procurent les canons sur monoplace moderne; ici le recul
est reçu par un affût et la masse du moteur l’absorbe, alors
qu’autrefois c’était une extrémité mal préparée de carlingue
qui encaissait le recul d’un canon mal adapté. Les canons de 20
et d’autres ont fait leurs preuves sur monoplaces, chez nous
comme ailleurs. Les tirs de Cazaux en font foi.
LE COMBAT.
Voici donc les adversaires en présence, chacun d’eux avec ses
1214 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
possibilités. Pour les évaluer, il faut en revenir à l’éternel prin
cipe : manœuvre et puissance de feu.
Ce n’est pas le multiplace qui attaque. C’est le monoplace.
Ce seul point suffit à discriminer le fuyard et le chasseur. Le
fuyard fuit. Il n’a aucun intérêt à chercher le combat puisqu’il
est avion de bombardement ou de renseignement, qu’il doit
remplir avant tout l’une ou l’autre de ces missions, qu’il pos
sède un armement défensif nettement inférieur, et
que son
inertie lui diminue sa capacité de manœuvre. C’est évidemment
le chasseur qui poursuit et c’est dans ce but qu’il a été doté de
vitesses horizontale et ascensionnelle très grandes pour rejoindre
le fuyard.
Car c’est un fait qu’entre deux avions de performances
sem
blables, aucun n’imposera le combat à l’autre si
ce dernier ne
veut rien savoir. Les performances des monoplaces, celles dont
M. Odier annonce qu’elles atteignent le mur physiologique de
l’accélération de 4g n’ont rien à voir jusqu’à présent puisque
le chasseur va en ligne droite pour rejoindre le fuyard. Il est
bon de dire, d’ailleurs, que l’accélération de 8 g a été supportée,
mais cette assurance n’est pas nécessaire à notre démonstration.
Imaginons donc une patrouille de trois chasseurs contre
un
ou plusieurs fuyards en groupe. La patrouille parvient à 1000
ou 500m des multiplaces. Que vont faire ceux-ci ? Tirer ? Ce
sont alors des balles dans le bleu contre trois minimes objectifs
qui ne présentent comme cible que l’épaisseur de leurs ailes et
le maître-couple de leur fuselage. Pour un tir à 500m exécuté
d’avion, les chasseurs constituent encore un objectif infiniment
petit. Et puis, comment tirer d’abord des multiplaces ? Con
centrer les feux sur un seul chasseur ou éparpiller les feux sur
l’ensemble des trois ? Il vaut mieux attendre
: que va-t-il se
passer, en effet, l’instant d’après lorsque le chasseur sera plus
proche donc plus gros, mais aussi plus dangereux ?
Les multiplaces ignorent tout des intentions des monoplaces.
Un coup de gaz et la manœuvre de la patrouille attaquante se
développe sur l’objectif choisi. La performance, première
carac
téristique du monoplace, crée toute manœuvre. C’est alors
l’attaque à la distance et à la position choisies, par tir effectué
dans l’angle mort ou faible des multiplaces. Et Dieu sait s’il
en existe, rien qu’en considérant les angles et les possibilités
de tir normal des mitrailleurs en multiplace.
Canon de 37 monté sur le Voisin du lieutenantMézergues, pendant la guerre.
Le lecteur comprendra « l’impression épouvantable » du tireur (voir p. 1213).
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIII1IIIII1IIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIRBI
1216 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
pour chaque fuyard dans laquelle une seule touche d’obus pro
duit la catastrophe, un combat subi lorsque l’adversaire en
aura choisi le moment, un dérobement minime et une manœuvre
limitée par l’inertie, une puissance de feu d’une seule tourelle
contre plusieurs moyens simultanés de feu, un tir statique aux
corrections douteuses.
Il ne nous appartient pas d'exposer l’emploi tactique d’une
patrouille de monoplaces ou d’un monoplace. Que leur attaque
soit simultanée, individuelle, proche, lointaine, en piqué, montée,
ou autrement, les conditions ne changeront pas. La présen
tation de l’attaque et la rupture auront lieu dans les conditions
actuellement possibles, comme les piqués à la vitesse-limite et
les manœuvres de nos chasseurs normaux, où il n’est pas
encore
questions d’accélérations qui font «voir noir». Par contre, il
faudra plaindre les malheureux mitrailleurs des multiplaces,
placés loin du centre de gravité de l'ensemble et agités
par la
longueur du bras de levier lors des manœuvres, plaqués contre
leur tourelle, tandis que le pilote du monoplace, faisant corps
avec sa machine légère et déclenchant son tir sans effort, ne
subira aucune gêne.
Nous demandons tous à voir le multiplace en tonneaux et
renversements, lors d'attaques. Ce serait de l’inédit.
Jamais les puissants cuirassés ou croiseurs n’ont rejoint ou
gêné un torpilleur qui, s’il possède une autonomie suffisante,
pourra se rendre à l’endroit qu’il aura choisi.
so
Pour en revenir aux estimations de MM. Odier et Garnier,
nous nous demandons où et comment le fuyard a pu ou pourra
éloigner son adversaire et mettre toutes chances de son côté ?
Leur calcul repose sur le fait que le tir du chasseur est han
dicapé par le chemin parcouru du fuyard pendant que le
pro
jectile du chasseur le poursuit. Ce serait peut-être soutenable
aux très grandes distances, mais non aux courtes et moyennes
distances, seules utilisées par la tactique de chasse et conformes,
d’autre part, à la précision du tir qui passe, nous l’avons déjà
dit, avant toute autre considération. Enfin, le canon de 20
envoyait en 1932 un obus avec une vitesse initiale de 560 m./sec.
;
actuellement, on atteint 900 m./sec., et demain. Il n’y a pas
que les vitesses des avions qui augmentent.
...
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1217
Illllllllltlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltlll)
R. A. A. — N° 88. 2
1218 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Lacillasse n’est pas fermée, bien loin de là. Avec le canon, son
emploi va se développer. Si nous en voulions une démonstra
tion, nous nous référerions aux manœuvres aériennes de 1936
d’où a été dégagée l’opinion :
Illllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltllllllllllllllllllllllllllllllllllllïllllllllllllllltllllllllllllllllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1219
«
La vitesse indiquée dans le problème est 830 m./sec. et non
120 m./sec. Au sujet de l'imprécision dans le tir à distances plus
grandes que celles employées autrefois, on peut poser un autre pro
blème :
1° Connaissant les répartitions d’impact à différentes distances, et
la découpure frontale d'un avion de chasse donné, combien faut-il
tirer de balles en retraite contre un chasseur suivant, dans l’axe, à une
vitesse connue de 11/10° de celle du fuyard pour avoir, à une distance
donnée, la probabilité déterminée N/1 de l’atteindre ?
2° Faire ce problème pour toutes les distances pour lesquelles le
fuyard est hors de portée. En déduire, pour une distance donnée de
commencement de tir, quelle cadence est nécessaire pour garder la
même probabilité N/1;
3° Faire le même problème en traçant l’abaque de correction d’al
titude.
Je ferai étudier ce problème cette année à l’Ecole spéciale de Tra
vaux aéronautiques.
«
La vitesse des avions a décuplé en 25 ans, celle des projectiles n’a
pas doublé.
<
Il n’y avait pas même besoin de faire le looping pour casser les
cages à poules, qui étaient cependant biplaces. Ce serait dire que
le progrès va subitement s’arrêter que d’affirmer que la solidité des
avions ne s’accroîtra plus. La. maniabilité à une vitesse donnée est le
plus court rayon de virage possible. Elle n’est pas fonction de la
grandeur de l’avion mais de l’accélération maximum supportable par
le pilote. Par analogie, sur un terrain plat, avec des bandages de ma
tière identique, la «Simca» ou l’autocar commencent à déraper au
même rayon. J’ai particulièrement étudié la question des accéléro-
mètres de bord et je suis persuadé que tôt ou tard il faudra conduire
en visant G.
Le tir en chasse dans l’axe, étant plus précis, est préférable au tir
latéral.
Le tirretraite est, en outre, plus avantageux puisque le chasseur
en
se précipite sur les projectiles. Ce serait une curieuse manœuvre que
celle de l’avion armé en retraite qui plongerait sur l’adversaire par
surprise, ferait une ressource pour tirer en retraite pendant une chan
delle puis ferait un demi-tonneau pour s’enfuir : mais, à part la
chance d’invisibilité possible par certains éclairements, la possibilité
mu
111111111111111111111111111 11 iiiiiiiiii 1111111111111 iiiiiiiiiiiii1111111111111111111111111111111111111111 uni ni 11111 un 11111
1220 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
de cette manœuvre doit être aussi rare que la chance de rencontrer,
par surprise, à portée de tir, un adversaire que l’on ne surclasse que
de 10% en vitesse. L’essentiel est que la possession d’une arme fixe,
tirant dans l’axe, en bout arrière du fuselage, est plus efficace pendant
la fuite que la même arme, tirant en chasse.
A. ODIER.
(iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii/
lllillllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllHIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIItfllIItll
I. — Notes de M. Jan-Kerguistel
GLENN MARTIN.
IUIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII|||||
1 222 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
lllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll'llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
assemblée au fuselage. Aucun rivet, sauf ceux du bord d’at
taque, n’est à tête fraisée.
Par ailleurs, les défauts déjà connus du bimoteur de bombar
dement quant à l’utilisation militaire sont encore plus nets
lorsqu’on le voit : l’observateur, le pilote et le mitrailleur
arrière ne peuvent bouger tant le fuselage est étroit et coupé
longitudinalement par l’aile. Le mitrailleur arrière, en parti
culier, ne peut tirer avec ses mitrailleuses supérieures et infé
rieures que dans des secteurs très limités. Pour la mitrailleuse
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihiiiiiiiiiiiijiiii
1 224 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
CURTISS.
Il y avait, en fabrication, une série de 135 nouveaux
appa-
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiii
reils d’observation biplaces pour la Marine : terrestres, trans
formables en hydravions à flotteur central.
Appareils biplans à profil biconvexe, paraissant symétrique,
avec volets de courbure sur la plus grande partie de l’envergure
et très petits ailerons à fente aux extrémités. Munis d’un
moteur de 550-600 HP, ces appareils feraient environ 270kmh;
mais ils n’auraient eu aucune chance d’être acceptés en France
pour les questions de vues, d’armement et d’aménagement.
Les vues du pilote, tant pour le tir que l’observation, ne
rentrent pas, et de beaucoup, dans nos règles. Quant à l’obser
vateur, l’espace dont il dispose est très restreint. Sa position
normale d’observation paraît être assise face à l’arrière, à
l’abri de sa carapace vitrée dont il peut faire glisser quelques
anneaux vers l’avant de son poste en les emboîtant dans ceux
du pilote. Il dispose d’un petit poste de T. S. F., mais nous
n’avons pas vu de support d’appareil photographique.
Enfin, pour le tir, il dispose d’une mitrailleuse montée sur
un petit chariot se déplaçant sur un rail qui permet de tirer
un peu en abord de chaque bord. Pratiquement, le secteur de
tir doit être limité à 30 ou 40° au plus de chaque bord et à 45°
vers le haut. Tir sur le côté on sous l'empennage à peu près
illusoire. Si l’on acceptait chez nous de pareilles solutions, il y
a longtemps que la question du tir du Loire 130 serait résolue !
BELLANCA.
Bellanca a construit un bimoteur de même formule que le
« Pacemaker », bombardier sur flotteurs, mais
qui a réalisé des
performances insuffisantes. Il faut dire d’ailleurs qu’il a été
construit très rapidement, en prenant, par exemple, le fuselage
d’un monomoteur de 750 HP. L’appareil était visiblement bâclé,
si peu soigné dans ses détails qu’il était horrible à voir de près.
Aussi, malgré un rendement très intéressant en charge emportée,
le projet n’a-t-il pas eu de suite, d’autant plus que la machine
était trop petite. Comme elle a quand même fait preuve d’ex
cellentes qualités générales, la Maison Bellanca aurait en fabri
cation, suivant la même formule, un appareil monomoteur pour
la Marine — bombardier torpilleur probablement; mais, on ne
nous l ’a pas montré.
IBBunmnneeenunueununenenenenunnunenununenuuneneeeenenenenunnenenunennnneH—eeeun»ununeeenEHHneeEAAHuEenenuuene—nenenunnaueuuneeaananu—eem
1 226 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
VUES ET VITESSE.
Si les appareils militaires américains sont plus rapides
les autres, c’est parce que la vitesse prime l'aménagement, que
les
vues et même l’armement.
Tout le monde est cependant suffisamment averti,
en
France, maintenant, des conditions dans lesquelles
peuvent tra
vailler les trois hommes d’équipage d’un Glenn Martin
B. 10,
qui ne peuvent bouger de leur poste, et sait combien
leur arme
ment défensif est réduit, avec des champs de tir limités.
Ils font d'ailleurs peut-être bien, sur ce dernier point,
preuve
de simple bon sens en déclarant
que le tir par le travers ou
un peu à l’écart de l’axe est illusoire avec les vitesses actuelles.
Le biplace d’observation pour la Marine
que nous avons vu
chez Curtiss est aussi significatif à cet égard. Malgré
ses 270 kmh
à 3000m, personne n’en voudrait chez
nous car, pour obtenir
cette vitesse, pilote et observateurs sont inclus dans splen
un
dide carénage transparent. Les
vues du pilote sont fort réduites;
quant à l’observateur, il peut certainement moins bien observer
que dans les biplaces d’il y a 10 ans car, à cette époque tran
quille, celui-ci avait au moins, dans des appareils de
même
catégorie, la ressource de se mettre debout
et de pouvoir
regarder par-dessus bord, avec
on même sans lunettes !
Quant au tir vers l’arrière permis
par une mitrailleuse unique
se déplaçant d’un bord à l’autre sur un petit chariot,
nous
nous sommes dit en la voyant que vraiment les constructeurs
américains étaient heureux de n’avoir
pas plus à se préoccuper
de ces questions.
Evidemment, à la même altitude, le Loire 130 fait
une qua-
rantaine de kilomètres de moins, mais, d’abord, il les fait
avec
tout son armement en plus et, ensuite, il donne d’autres facilités
de travail tactique que ce petit biplace qui doit être
sûrement
plus apte au sport qu’aux difficiles missions navales.
Un des plus beaux exemples d’effets des
programmes est
certainement la comparaison de
nos avions et hydravions de
chasse avec les appareils Seversky de même catégorie
:
Seversky a réalisé, en effet,
un amphibie, sorte de biplace
de chasse qui, avec le même moteur
que le Loire 21, un peu
plus poussé cependant (750 HP au lieu de 720) réalise, paraît-il,
la vitesse de 362 mh à 3350m
au lieu de 305 kmh à 3000m, soit un
«llllllllllHllllllllliililllllllHIIIIIIIIUIIItlIIIIIIIIIItlIIIIIIIHIIIIIIIIIItllIlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIHUlilllllll
écart d’une cinquantaine de kilomètres ramenée à la même alti
tude. Or, cet appareil a 20m2 de surface tout comme le 21.
Il y a aussi un biplace de chasse terrestre à train rentrant
qui réaliserait 426kmh à 3350m avec le même moteur ! alors que
nous espérons, sur le Loire 250, 480kmh à 4500m avec un moteur
de plus de 1000 IIP. Et encore, le Loire 250 n’a que 15m2 de
surface.
...
D’où peut donc provenir une pareille supériorité de vitesse
car, même si les chiffres indiqués sont un peu bonifiés, il y a
un écart important ?
Il suffit de voir l’appareil pour s’en rendre compte. Tout
a été sacrifié à la réduction de la traînée. Seversky avait, à
l’origine, réalisé un avion de course. Cet avion ayant fait preuve
de bonnes qualités générales, il fut décidé d’en faire un avion
de chasse. On voit aussi chez nous émettre de pareilles opinions
sur le terrain, lorsqu’on admire les résultats obtenus à la Coupe
Deutsch, par exemple. Mais, lorsque, chez nous, on passe à la
réalisation de cette idée en y mettant les conditions de vues,
celles de secteurs de visée, les coefficients de sécurité, le rayon
d’action, etc., on est tout étonné de voir les sveltes et légers
appareils de course devenir de lourds bolides.
Chez Seversky, au contraire, l’avion, en s’adaptant à la
chasse a gardé ses lignes de course, consistant essentiellement
en un parfait profilage du moteur par un fuselage qui en a le
diamètre, et celui-ci est de m ,45. l
Parallèlement, l’aile a été renforcée, mais le coefficient
imposé est de 12, au lieu de 16 en France. De plus, le pilote
a été placé au point le plus convenable pour le centrage. Il se
trouve ainsi au-dessus de l’aile, bien en avant du bord de fuite,
sans souci des vues de surveillance en arrière de l’aile. Alors
un centrage avant devient facile et les empennages sont net
tement plus petits (2m3,9 au lieu de 4m2 sur le Loire 21). Avec
une pareille façon de faire, le pilote voit ce qu’il peut. Sa tête
dépassant à peine d’un fuselage de m ,45 de diamètre, il ne l
voit sûrement pas à la verticale latéralement, et de beaucoup;
aussi son secteur de surveillance vers l’avant doit-il être masqué
sur une grande largeur de part et d’autre de l’axe. Quant aux
vues de surveillance en arrière de l’aile, il n’en est pas question,
tout se passant en arrière de l’œil. Seule la vue de combat est
bonne. Mais, en contre-partie il y a une belle vitesse !
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiuiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiini
1228 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
A côté de cela, dans un même programme
en France, les
angles de vues de surveillance, en avant et en arrière de l’aile
nettement définis déterminent fatalement la position de l’œil
du pilote en arrière de celle-ci. Les vues bilatérales demandées
forcent à des fuselages étroits, et l’angle exigé pour le colli
mateur force à mettre le pilote assez haut. Impossible alors de
profiler d’une façon aussi parfaite que sur le Seversky un moteur
en étoile.
D’autre part, la position arrière du pilote cause un centrage
arrière, d’où nécessité de grands empennages, et si l’on veut
avancer ce centrage par l’avancement du moteur, l'avancement
des surfaces de contre-dérive de celui-ci cause aussi une aug
mentation des empennages et de poids dans les bâtis-moteurs.
A cela on peut encore ajouter les questions de garde d’hélice
qui, d’après des photographies, sont nettement moins grandes
qu’en France. Il y a peu de cas où la cascade de toutes les
conditions et les conséquences des réactions des unes sur les
autres soit aussi nette.
Encore une fois,' il n’est pas dit qu’en ayant un tel mépris
des vues, les Américains aient raison. Mais peut-être exagérons-
nous en sens inverse et, en tout cas, il faut bien tenir compte
de toutes ces contingences lorsqu’on compare les performances
réalisées dans les deux pays.
J \N-KERGUISTEL.
SEVERSKY.
Nous n’avons vu aucun avion de chasse moderne, ce matériel
étant gardé rigoureusement secret ; toutefois, nous avons eu un
aperçu de leur technique grâce à notre entrevue avec M. Sever-
sky. Nous ne disposions par de l’autorisation du War-Department
pour visiter ses ateliers, mais M. Seversky ayant manifesté le
désir de nous rencontrer, nous avons été jusqu’à l’usine, située
à 60km environ de New-York, côte à côte avec les usines Grum
man et en bordure d’un terrain de très grande superficie.
Nous avons pu visiter seulement les hangars dans lesquels
se trouvaient l’amphibie à flotteurs détenteur du record du
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihiiiiiiiiiiiiii
Le biplace d’entraînement au pilotage des appareils rapides, de la SEVERSKY
AIRCRAFT Corp.
IIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIII»
1 230 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
GLENN L. MARTIN.
Nous avons vu en cours de fabrication, dans les usines Glenn
L. Martin, une grosse série d’avions de bombardement B-10
et B-12, types qui équipent déjà les formations militaires. Ces
usines achèvent, en outre, le troisième hydravion quadri-
moteur type China Clipper, destiné à la ligne commerciale
transpacifique qui vient d’être inaugurée. L’usine
occupe, pour
ces travaux, 1800 ouvriers.
«Illlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllicillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltlllllllllllllllllllllli
L’avion de bombardement est un monoplan bimoteur (2 Cur-
tiss-Wright de 750 HP) intégralement métallique avec train
rentrant, de la classe, en somme, du Bloch 200, avec cependant
des performances plus élevées, puisque sa vitesse maximum est
de 313 kmh mais avec un aménagement et un armement beaucoup
,
moins étudiés. Le fuselage, qui est de section elliptique et très
étroit, ne permet pas le déplacement des membres de l'équipage
en cours de vol; de plus, le tir vers l’arrière nous a semblé moins
bien réalisé que sur les appareils français. Nous avons remarqué
la structure monocoque du fuselage, constituée essentiellement par
des couples qui sont de simples tubes de duralumin mis en forme.
Les réservoirs sont en duralumin soudé, comme d’ailleurs
dans tous les appareils que nous avons vus en cours de cons
truction. La fabrication de ceux-ci est très simplifiée du fait
que ce sont des cylindres elliptiques, donc constitués par une
tôle roulée et soudée sur deux fonds. Ces réservoirs logés dans
les ailes entre les deux longerons, n ‘utilisent pas, par consé
quent, tout le volume disponible, qui aurait conduit à une forme
plus onéreuse. Nous trouvons là un nouvel exemple de la sim
plicité et de l'économie dans la fabrication.
BELLANCA.
Dans les usines Bellanca, dont l’activité est actuellement très
réduite, il nous a été montré un hydravion de bombardement
à flotteurs. C’est un monoplan à aile haute et mâture « Bel
lanca », équipé de deux moteurs Wright « Cyclone » placés
dans les ailes. Son poids total doit être de 7000'8 environ. Le
fuselage, la partie centrale de l’aile et les flotteurs sont inté
gralement métalliques (tubes d’acier soudés et alclad) ; les
ailes extrêmes et les empennages sont à structure bois et
entoilés.
Le fuselage comporte un poste de tir à l’avant, un poste
double de pilotage, et une cabine assez spacieuse pour per
mettre une installation aisée ainsi que le déplacement des
autres membres de l’équipage. La vitesse maximum de cet
appareil est de 280kmh à 2000m
ÉCLIPSE.
Comme accessoire moteur, l’appareil le plus intéressant est
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIllllllllllllllllllllllllllllllllIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIllllllllllllllllllllll
1232 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
le « mixture-control » qui donne automatiquement le mélange
optimum pour la carburation. Le réglage automatique et ins
tantané du carburateur est obtenu par l’action de la pression
atmosphérique sur des capsules manométriques qui commandent
le débit des différents gicleurs. Cet accessoire fait maintenant
partie de l’équipement du moteur Wright « Cyclone du der
»
nier type. 11 a permis de réduire d’une façon très appréciable
la consommation spécifique en vol de ce moteur.
«o
De notre visite-exploration, très rapide et plutôt limitée, à
l’aéronautique des Etats-Unis, nous pouvons conclure
que la
technique américaine réalise de beaux appareils à performances
élevées et de construction parfaite mais,
; sans vouloir méses
timer la valeur de ses ingénieurs, il nous semble
que la tâche
de ceux-ci est grandement facilitée
par les moyens dont ils dis
posent.
Dans leurs recherches aérodynamiques, ils sont secondés
par
les laboratoires officiels du N. A. C. A. Cet organisme, de répu
tation universelle, entreprend sans relâche des études aérody
namiques très approfondies dont bénéficient directement les
constructeurs; en France, chaque bureau d’études doit effectuer,
pour son propre compte, avec des moyens par conséquent limités,
les recherches qui lui permettent d'améliorer sa production.
De là résulte une dispersion d’efforts qui se traduit,
pour l’en
semble de l’industrie aéronautique française, par une perte
d’argent et de temps. Or, en aviation, tout gain de temps est
un facteur important de succès.
Les conditions de calcul fixées par les services officiels sont
moins dures que les conditions françaises. A titre d’exemple,
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1I1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
Le quadrimoteur de bombardement Boeing.
«tint11 uni 11 iniiiiiiin1111nn ii i ii 11 nnni i m il iiiiin i iiiiiniiiniiiiiiiniiiiinii ni i ii ni uni 1111ni 111 ii ii 11 n 111 minii >>
R. A. J. — N° 88.
1234 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
l’état légèrement écroui des tôles 24 ST permet de réaliser
des revêtements d’une présentation impeccable.
L’emploi de ces matériaux conjugué avec les conditions de
calcul que nous venons de préciser permet, dans certains cas,
de ne plus considérer le poids comme le principal
« ennemi »
du constructeur. Aussi remarque-t-on souvent des pièces mani
festement plus lourdes que ne l’exigerait un calcul serré, mais,
par contre, d’une grande simplicité de conception et de fabri
cation. De même, et toujours dans le même esprit d’économie,
les pièces forgées ou coulées sont, presque toujours, utilisées
à l’état brut. La présentation
en est moins belle, le poids en
souffre légèrement, mais l’économie d’usinage ne doit pas être
négligeable.
L’outillage moderne et l’organisation des ateliers permettent
également de réduire les temps de fabrication. La
presse à
emboutir procure une économie certaine et très appréciable; de
plus, elle permet d’obtenir des formes beaucoup mieux planées
et plus correctes que celles réalisées à la main.
Enfin, la recherche des qualités de vol est moins poussée
qu’elle ne l’est actuellement en France par les services officiels.
La preuve vient de nous eu être donnée par l’examen du
Douglas au S. T. Aé; cet appareil aurait été refusé
par ce ser
vice pour défaut de stabilité. Ce défaut
— que nous avons
constaté nous-même en cours de vol
— n’a pas arrêté la fabri
cation en série du bimoteur bien connu, comme il l’aurait fait
chez nous.
Ces divers avantages, qui facilitent le travail des construc
teurs, sont également une source d’économie puisqu’ils rédui
sent les frais d’études, de fabrication et d'essais.
Bombardement.
— 100 avions Martin B-16 et B-12 monoplans
bimoteurs. Vitesse maximum, 313kmh
.
Pour la chasse, Consolidated a en construction une série de
50 biplaces type P-30 ayant une vitesse maximum de 405 kmh
.
Les prototypes en cours d'essai semblent avoir des vitesses du
même ordre que celles de nos prototypes avec, toutefois, des
puissances moins élevées.
Cette aviation apparaît, dans son ensemble, plus brillante
1236 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
|||||||||lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllHnr
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin milii hui iiiniiiiiiiiitiii
llllllllllllllllllllllllllllIflIIIIItlIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIItlIIIIIIIIIIIIIItlIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIItlIIIHIIIIIIIIIIIIIIIMIII»
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 1239
en
/
120
Ily a des moteurs à 5 cylindres qui tournent à 1500 tours, et
des moteurs à plus de 20 cylindres qui tournent à plus de
2500 tours, ce qui assigne à f des valeurs pouvant varier de 60
à 400 environ. A ces fréquences il faut ajouter tout un cortège
d'harmoniques, si bien qu’on est en présence d'une bande très
étendue pouvant même empiéter sur la fréquence d’émission
d’un sondeur, et apporter un trouble extrêmement gênant. De
plus, les bruits de basse fréquence, en raison de leurs ampli
tudes considérables, agissent séparément comme de véritables
chocs acoustiques et peuvent faire vibrer à sa fréquence propre
un récepteur résonnant.
Pratiquement, pour obtenir une protection sérieuse, de mul
tiples essais nous ont convaincu qu’il est indispensable de
prévoir au récepteur un filtre de bande aussi étroite que possible.
A première vue on peut penser que l’étroitesse de la bande
n’est limitée que par les possibilités de réalisation technique,
et par la constance de la fréquence de l’émission. En fait, c’est
l’effet Doppler qui impose une limite inférieure à cette bande,
car il est possible d’établir un émetteur d’une stabilité rigou
reuse, et une bande aussi étroite que l’on veut.
L’effet Doppler dû, comme on sait, au fait que l’émetteur et
le récepteur sonores se déplacent dans le sens de la propaga
tion, ou en sens inverse, lorsque l’avion s’abaisse ou s’élève,
exige une bande assez large. En supposant que la vitesse verti
cale de l’avion puisse atteindre 3 m./.sec., la vitesse du son
étant prise égale à 340m, la fréquence d’émission, quand l’avion
atterrit, se trouve multipliée par le coefficient
*
**
Mais un récepteur muni d’un tel filtre présente
une parti
cularité qui, dans certains cas, peut être
un défaut majeur :
c'est de n’obéir aux échos qu’après une durée de résonance
atteignant 2/100° et même 3/100e de seconde. Remarquons,
en
effet, que, pour une émission de fréquence 1500,
une durée de
réception de 3/100° de seconde n’autorise
que l’intervention
de 45 oscillations sur le microphone,
ce qui n’a rien d’exagéré
pour un récepteur très sélectif.
Il ne serait donc pas possible avec un récepteur conçu pour
opérer en milieu très bruyant, c’est-à-dire capable de
conserver
une grande sensibilité à l’écho sans être troublé par les para
sites, d'utiliser des émissions très brèves, particulièrement de
l’ordre du centième de seconde.
En d’autres termes, la différence qui existe entre la fréquence
de l’émission et les fréquences des bruits parasites
ne serait
pas assez grande pour qu’on puisse se contenter d’un récepteur
de sélectivité moyenne. Cette sélectivité devrait être très
poussée, au point que le récepteur n’obéisse plus qu’à
un effet
de résonance prolongé, et cette obligation,
par nature, ferait
écarter les émissions trop brèves.
Certains expérimentateurs ont essayé d’augmenter l’écart des
fréquences, en adoptant des émissions de fréquence 3000 et
davantage. Mais nous croyons savoir que
ces fréquences élevées
n’ont pas permis de bonnes réflexions sur le sol et. de plus, le
rendement d‘émetteurs sonores d’aussi hautes fréquences
devient tout à fait mauvais. Aussi ont-elles été abandonnées.
D’autres, pour se protéger, ont résolument diminué la sensi
bilité du récepteur et augmenté corrélativement la puissance de
l’émission, mais ils ont été conduits à un matériel lourd,
encom
brant et nécessairement coûteux, comme il arrive chaque fois
qu’on sacrifie au rendement.
Nous croyons donc, en définitive, qu’on devrait adopter
un
récepteur extrêmement sélectif et, par voie de conséquence,
ne
pas utiliser d’émissions très brèves, contrairement à ce qui paraît
avoir été fait jusqu'à ce jour dans la majorité des sondeurs.
Gaëtan JACQU ET.
«HUHIIinillUllllillllUIIIIIHIIIIIIIIIIIUIIIIIIIIliUlliMlllllllllllilllllllllHIllllllilllHlllllllllllllilllllllllllllilllliail»
linUHIIIIIIIIIIIIIlllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllKlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllHli
Notes et souvenirs
sur la
création de l Aviation militaire française "1
VII.
(1) Voir les numéros de février, puis de mai à octobre de la « Bevue de l’Armée
de l’Air ».
(luuttiiiiHHiHiHiiiiiiiiiiHiiHiiiiHiiiiiiiiiiiiuiiiilliliiuiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiHiHiiiiiiiiiiiiiiiimiimi
1242 REVEE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
sait 72kmh et, le vent étant presque nul,
ce parcours réel doit
dépasser 100km).
On remarquera que ce record, qui figure
comme tel dans les
tableaux établis par l’Aéro-Club, est nettement inférieur à
ce
que l’Aviation militaire venait d'accomplir avec Féquant et
Marconnet. Le fait s’est produit à plusieurs reprises à
cette
époque. Il tient à ce que seuls entraient
en ligne, pour l'Aéro-
Club, les vols exécutés dans les conditions de contrôle
prévues
par ses commissions — à juste titre, d’ailleurs. L’Aviation
militaire, organisation officielle de l’Etat, estimait n’avoir
pas
à se soumettre au contrôle d’une organisation privée,
quelle que
fût la valeur de celle-ci. Il en résultait que les performances
des aviateurs militaires, bien
que dépassant souvent de beau
coup celles des aviateurs civils en ce qui concernait les vols
sur
la campagne, n’étaient jamais retenues
comme records, tout en
étant fêtées par l’Aéro-Club.
Le 16 juin, Blériot, convoqué comme lieutenant de réserve
d’artillerie pour une période militaire par les soins du colonel
Estienne, se rendait par air d’Issy-les-Moulineaux à Vincennes,
à bord de son appareil biplace XI bis,
et faisait livraison de
celui-ci au service d’aviation de Vincennes. Enfin, j’allais
pou
voir voler.
Le soir même, l’Aéro-Club offrait
un grand banquet aux avia
teurs militaires, sous la présidence du général Brun et de
son
sous-secrétaire d’Etat M. Sarraut. Quantité de notabilités
mili
taires avaient été invitées. Il n’y eut
que deux discours, celui
de M. Cailletet, président de l’Aéro-Club, et celui du général
Brun. Celui-ci remit une série de décorations la Légion d'Hon-
:
neur à Féquant et à Marconnet, les palmes académiques à
cinq pilotes civils et à dix officiers aviateurs
ou aérostiers. Le
colonel Hirschauer, déjà palmé, se vit attribuer la croix d’Offi
cier du Mérite agricole,.
. .
en rapport très lointain, semble-t-il,
avec l’aéronautique..
. .
Le 17 juin, Féquant et Marconnet rendaient à l’aviation
civile la politesse de Blériot, en se rendant
par air de Vincennes
à Issy-les-Moulineaux.
Le 20 juin, Blériot essayait à Vincennes,
avec le capitaine
Marie comme passager, son biplace qui avait
eu besoin de
quelques petites réparations après l’atterrissage du 16.
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll>l)llll>lll>»l>>lll
Enfin, le 21 juin, je pris possession du biplace Blériot XI bis.
Le polygone de la Maison-Blanche étant fort exigu, j'avais fait
pousser l’appareil sur le terrain de manœuvres comme Blériot
l’avait fait la veille, et le vent, presque insensible au sol,
venant de l’Ouest, je m’envolai face à l’Ouest. Tout se passa
bien d’abord, et je décrivis deux grands cercles sans incident.
Mais ayant alors voulu atterrir face au vent, suivant la règle
habituelle, j’eus la surprise de sentir la vitesse me manquer en
approchant du sol -—- ce qui occasionna une glissade sur l’aile,
et une prise de contact fâcheuse avec le sol, avant que je n’aie
pu redresser complètement l’appareil. Je m’en tirai personnel
lement indemne, ainsi que le fuselage et les ailes de l’avion,
moteur inclus, mais le train d’atterrissage souffrit assez sérieu
sement.
Que s’était-il J’avais conscience d’avoir scrupuleu
passé ?
son axe dirigé vers le point avec une vitesse de 20m orientée
1,
suivant PI. L’avion est entraîné par le vent
en arrière avec
vitesse de 10m, en sorte qu’il descend,
en réalité, suivant une
ligne PK jusqu’à la rencontre du plan AB; et
sa vitesse réelle
par rapport au sol est nettement inférieure à 20 ra puisqu’elle
est la résultante de la composition des vitesses , V 20m
= et
v = 10m faite à partir de P, comme l’indique la figure.
Sur le parcours KQ entre les deux plans AB et AC,
parcours
d’autant plus réduit que l’avion est plus près de la bordure des
arbres A, et qu’il marche contre le vent, la vitesse du
vent
tombe de 10m à zéro (ou presque zéro). L’avion,
parvenu en Q,
ne possède plus par rapport à l’air que la vitesse qu’il possédait
tout à l’heure par rapport au sol, vitesse nettement inférieure
à celle qui est nécessaire
pour sa sustentation. L'appareil va
donc tomber, et la pesanteur pourrait lui rendre
par cette
chute, si elle était suffisamment prolongée, la vitesse
man-
iiiiHnniMiiHiiiiiriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuritiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
quante. Mais le point Q étant peu élevé, l’avion n’a pas le temps
de récupérer ainsi sa vitesse et arrive brutalement à terre en S,
en exécutant généralement une embardée, à droite ou à gauche.
La condition d’un bon atterrissage étant de posséder encore
au point Q la vitesse nécessaire à la sustentation, le pilote peut
la réaliser de différentes manières.
L’une est de descendre suivant PQ avec une vitesse par rap
port à l’air égale ou supérieure à la somme de la vitesse de
sustentation et de la vitesse du vent : c’est la solution qu'ap-
plique habituellement la généralité des pilotes actuels, sans
même s’en rendre compte bien souvent. C’était, en 1910, une
solution d’application délicate, le moteur n’ayant pas la puis
sance nécessaire, et une descente en piqué à plein moteur (la
pesanteur s’ajoutant ainsi au moteur) étant alors dangereuse
pour la solidité des appareils.
L’autre solution, applicable en 1910, était de franchir les
plans AB et AC dans une orientation telle que ce franchisse
ment n’entraînât pas de perte de vitesse, c’est-à-dire dans une
direction intermédiaire entre la direction parallèle à la lisière
boisée (en ce cas, l’avion n’éprouvait pas de changement de
vitesse), et celle du vent (en ce cas, la vitesse de l’avion par
rapport à l’air augmentait en traversant les plans AB et AC).
Cette solution n’allait pas d’ailleurs sans inconvénients : si
l’avion descendait parallèlement à la lisière, il était assez for
tement secoué au voisinage des plans AB et AC. S’il descendait
avec le vent dans le dos, il lui fallait une course plus longue
pour atterrir et, bien que cette course se fit à l’abri du vent,
sa longueur pouvait avoir des inconvénients.
A Vincennes, où le polygone de la Maison-Blanche ne se
prêtait à l’atterrissage que dans le sens de sa longueur (600m
pour une largeur variant de 100 à 200m ), j’abordais toujours
le polygone par le fond, dans une direction plus ou moins
oblique suivant le sens et la force du vent, et me redressais près
du sol face au Nord pour m’arrêter près des bâtiments.
De même, pour m’envoler, je quittais toujours le sol face
au Sud, près des bâtiments, et, en arrivant au niveau du sommet
des arbres, j’obliquais plus ou moins à droite ou à gauche sui
vant le vent, pour prendre de la hauteur contre le vent avant
de chercher à sortir de la zone boisée.
J’ai ainsi fait des centaines de départs et d’atterrissages sans
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilIllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllMIIIHIIHIHIIII
1246 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
accident après le 21 juin 1910, le mauvais
atterrissage survenu
ce jour-là — sur le champ de
manœuvres, cependant plus vaste
et pour cette raison plus favorable
que le polygone de la Maison-
Blanche
— m’ayant servi de leçon.
Le 21 juin au soir, je considérais
mon accident comme dénué
d’importance, à part l’ennui du délai nécessité
tion, et je discutais avec le colonel Estienne par la répara
la leçon à en tirer,
leçon que je viens d’exposer ci-dessus.
Mais on ne pouvait, en
juin 1910, quitter le sol sur
un terrain accessible au public sans
attirer des curieux. Et il y
en avait d’autant plus ce jour-là
Blériot avait volé la veille à la même que
heure sur le même terrain
avec le même appareil, et que les journaux l’avaient
signalé.
Le public était donc nombreux, des
reporters ou des corres
pondants de presse furent heureux
d’avoir un accident à
raconter et ne se privèrent pas de le grossir. Aussi,
qui venait d’arriver pour mes parents
une cure à Aix-les-Bains lurent,
le 22 juin, à l’arrivée des journaux
de Paris :
Le lieutenant Bellenger, essayant à
« Vincennes un Blériot biplace,
a fait une chute grave. On espère le sauver.
»
La phrase finale, malgré
son intention rassurante, ne l’était
guère pour mes parents télégramme
: au colonel Estienne pour
demander d’urgence de
mes nouvelles, confection précipitée des
malles. Je causais tranquillement
...
télégramme lui arriva
avec le Colonel lorsque le
: « Tenez, Bellenger, voilà qui
regarde ». Je me hâtai de répondre vous
: « Vais très bien. Dégâts
purement matériels ».
C’était le premier tour de
ce genre que me jouait la presse.
Depuis, elle a fait mieux, mais, jusqu’ici,
c’est toujours moi
qui ai enterré les journalistes trop pressés
d'annoncer ma mort.
Le 23 juin, Féquant revenait d'Issy à
Vincennes où son
appareil était aussitôt partiellement démonté.
Transporté par
auto sur remorque à Mourmelon, cet avion
y était remonté à
temps pour permettre à Féquant de voler
le 25 après-midi
devant le président Fallières et le tzar Ferdinand
de Bulgarie
temps maussade, visite protocolairement :
ennuyeuse, effusions
protocolaires du tzar, rappel du
sang français qu’il portait dans
ses veines, etc. Pour terminer, distributions de décorations
bul
gares à tous les aviateurs présents nous commencions à
transformer en constellations. : nous
iiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
Un petit incident insignifiant, mais bien caractéristique,
montre la situation faite aux aviateurs à ces débuts du service.
Féquant avait laissé partir son avion par route avec son méca
nicien, mais, après avoir muni celui-ci d’argent pour le cas
d’incident de route, il se trouva lui-même dépourvu au moment
de prendre le train et dut s’adresser aux camarades partant
avec lui. Nous nous cotisâmes. Confidences réciproques : plu
sieurs d’entre nous étaient presque aussi démunis que Féquant.
La vie que nous étions obligés par notre service de mener nous
coûtait cher. Pour moi, qui détenais le record du changement
d’écoles et de résidences, j’avais en cinq mois et demi entamé
mes économies d’un millier de francs (il s’agissait alors de
francs-or et la solde d’un lieutenant variait entre 200 et
et 250 francs par mois, suivant son ancienneté). Quant à Féquant,
après son raid, son déjeuner chez le ministre, sa réception et
son banquet à l’Aéro-Club, sa décoration, les frais de taxi qu’il
lui avait fallu payer pour se rendre à ces cérémonies le rédui
saient à vivre à crédit au mess de Mourmelon sans en bouger
jusqu’à la fin du mois.
Marconnet, qui était alors notre porte-parole au ministère,
se chargea d’y faire ressortir ce que cette situation avait de
choquant et d’injuste : nous nous endettions pour exécuter un
service où nous risquions notre peau. Ceux d'entre nous qui
. . .
n’avaient pas de fortune personnelle allaient être obligés
d’abandonner l’Aviation.... Ces démarches aboutirent à une
décision ministérielle du 10 août nous allouant enfin des indem
nités spéciales, indemnité journalière de fonctions (1,50 fr. pour
les officiers subalternes, chiffre qui ferait sourire aujourd’hui)
et une indemnité fixe d’ascension pour les vols d’au moins 5km
et les ascensions en ballon (de 5 à 25 fr, suivant la durée tota
lisée des vols de la journée). Marconnet avait eu l'adresse
d’intéresser les officiers d’Etat-Major à son projet en englobant
les passagers et observateurs dans le personnel ayant droit aux
indemnités.
Ce système se montra franchement défectueux dans la suite
par l’importance des indemnités de vol et leur tarification basée
sur la durée totalisée : on vit des officiers qui ne se hasardaient
jamais sur la campagne et ne sortaient même pas sur aéro
drome par mauvais temps toucher de fortes indemnités, sans
aucuns frais correspondants, en tournant indéfiniment sur piste
iiiiniiHUiniiHniHHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
1248 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
par beau temps. On vit aussi des chefs de centre, peu conscients
de leur devoir, attribuer sans contrôle des indemnités de vol
comme passager à tout le personnel sous leurs ordres. Mais,
à l’été 1910, la petite poignée d’aviateurs existants,
. . .
venus à
l’aviation pour elle-même et sans qu’il fût aucunement question
d’avantages à y recueillir, avait réellement besoin d’indemnités
et fut heureuse de voir l’autorité y songer.
HllllllllllllilllllllillIlllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllHllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllH
Départ en ballon.
Dans la nacelle, le lieutenant-colonel Estienne (coiffé d’un chapeau mou),
alors directeur de l'Établissement d’Aviation de V incennes, et inventeur des
chars d’assaut pendant la guerre. A côté de lui, le capitaine aviateur Clavenad,
tué en 1913. En face, le capitaine Bellanger, pilote du ballon.
<iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihiii
R. A. AJ— No 88.
1 250 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
Je passai ensuite un temps assez long sans pouvoir repérer
aucun point précis. Les cimes qui perçaient les nuages passaient
de plus en plus près de moi, et de nouveaux sommets conti
nuaient d’apparaître à l'Est vers lesquels je semblais me diriger.
Ce spectacle devenait inquiétant
: mon
lest s’épuisait, il fau
drait bientôt atterrir, et un itinéraire voisin de l’axe des Alpes
autrichiennes présentait sur des centaines de kilomètres peu de
facilités pour un atterrissage : sur quel glacier risquai-je de
tomber si je me laissais plonger dans les nuages ?
Vers 10h 30min, une éclaircie vers le Nord me montra dans un
tourbillonnement de vapeurs, le coude brusque de l’Inn à Lan-
deck. Presque aussitôt, une déchirure se formait sous moi, et
la cessation de la réverbération des nuages amenait un refroi
dissement et une contraction sensible du gaz de mon ballon
:
d’où descente que je ne pus enrayer à temps pour éviter de
glisser entre deux nuages. Leur ombre réfrigérante, l’absorp
tion de leur humidité par les cordages m’alourdirent encore
et me forcèrent à jeter du lest et à préparer un atterrissage
immédiat. Je me trouvais à ce moment au-dessus d’un chaos
rocheux, entre deux parois latérales qui disparaissaient dans
les nuages tandis que le vent m’entraînait à toute allure vers
la naissance du ravin, le mouvement ascensionnel du vent dans
le ravin ayant arrêté ma descente pour la transformer en
montée. Brusquement, une crête m’apparut, formant devant
moi un col vers lequel je me précipitais.
Comme il est de règle en pareil cas, le ballon, formant bloc
avec la masse d’air en mouvement, franchit le col sans se sou
cier de la pauvre nacelle qui, sous lui, heurtait brutalement les
rochers. J’avais espéré pouvoir atterrir de l’autre côté, à l’abri
de la crête, mais le revers était constitué par un éboulis de
rocs où il n’y avait aucune possibilité d’atterrir. Au delà se
présentait une nouvelle paroi rocheuse verticale vers laquelle
mon ballon se ruait à l’allure de 100kmh
.
Me rendant compte que le ballon allait franchir l’arête, mais
au prix d’un choc de ma nacelle encore plus désagréable que
le précédent, vu la verticalité de la paroi, je pris le parti d’at
terrir sur une corniche fort étroite située un peu en contrebas
de la crête, marquée par quelques touffes d’herbe et
un sapin
rabougri poussé là, Dieu sait comment. Je tirai à fond le pan-
IIIIIIIII1IIII1IIIIIII1I1IIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
neau de déchirure, et, en beaucoup moins de temps qu’il n’en
faut pour le raconter, je me trouvai solidement coincé sur ma
corniche contre le sapin, au milieu des débris de tout ce qui
était verre à bord, thermomètre, glaces de mes deux baro
mètres (dont un enregistreur), bouteille Thermos, verre, etc.,
mais sans autre accroc personnel que des écorchures aux mains.
Le tout avait duré à peu près cinq secondes à partir du moment
où j’avais aperçu la paroi rocheuse.
Mon ascension était terminée, mais il s’agissait de descendre
de ce perchoir. Rien ne me pressant plus, je pris le temps de
faire un examen sérieux de la situation. Ma nacelle se trouvait
en partie en porte-à-faux, débordant comme un balcon sur le
vide, mais il n’y avait pas à craindre de la voir tomber, appli
quée comme elle l’était contre le rocher par les cordes de sus
pension qui la rattachaient au ballon. Je ne voyais pas celui-ci,
qui devait se trouver couché sur le revers opposé de l’arête,
complètement vidé puisqu’il n’imprimait plus la moindre
secousse à mes cordages. Mes instruments de bord vérifiés, je
mis dans mes poches mes provisions de bouche et j’escaladai la
paroi en m’aidant des cordages et du sapin contre lequel était
coincée la nacelle. Mon ballon était bien au revers de l’arête
étendu, non sur le rocher, mais sur une prairie fort verte où
il ne risquait rien. A 50m de là, une eau fraîche coulait au pied
d’un glacier minuscule dans une coulée entre des roches. L’en
droit était tout à fait engageant pour un déjeuner sur l’herbe,
et j‘en profitai incontinent.
Cependant, j’avais constaté une altitude de 1850m au baro
mètre, et je ne savais comment tirer de là mon matériel pour
gagner un village que j’apercevais bien au-dessous de moi. Un
cambriolage étant peu à craindre, j'abandonnai ballon et acces
soires pour aller chercher du renfort, en contournant la paroi
verticale et suivant un itinéraire jalonné de prairies et soigneu
sement repéré du haut de la crête.
A peine au quart de la descente, je vis venir dans une de ces
prairies un groupe d’hommes qui, à ma vue, firent de grands
gestes accompagnés d’appels sonores. D’en bas, on avait vu mon
ballon s’effondrer sur la crête, on avait cru à une catastrophe,
et une demi-douzaine de solides montagnards, armés de cordes
et de bâtons ferrés, accouraient à la rescousse, suivis par un
brave curé.
'IIIIIIIIII1111<1111•1111111111111111111111111111111«111i11111111111111111111111111111111(111111|1111111II111|11111111f1111IIIllllllltlll*
Pensant qu’il allait falloir remonter tout le terrain dont je
serais descendu, je m’assis pour les attendre. Aussi me crurent-
ils blessé et s’empressèrent-ils vers moi.... La signification
d’une gourde tendue se comprend aisément dans toutes les
langues, .mais l’offre de la gourde s’accompagnait de phrases
. .
interrogatives où revenait le mot « Kamarade » : je compris
que mes sauveteurs pensaient trouver plusieurs aéronautes et
me demandaient de les guider vers mes compagnons. Je ras
semblai toutes mes connaissances en allemand pour leur expli
quer que j’étais seul : explication pénible. Le curé surtout
paraissait pressé de découvrir des moribonds pour leur donner,
sans doute, une absolution in extremis. Enfin, à force de répéter
« Nicht Kamarade » et d’exprimer sous toutes les formes que
j’étais seul, je parvins à les convaincre, et le curé poussa un
« Deo gratias » bien senti qui me rappela instantanément mon
professeur de rhétorique.
Je bénis le Ciel d’avoir été un élève passable et interpellai
aussitôt mon curé dans la langue de Cicéron : « Visne mecum
latine loqui ? » Et me voilà faisant le thème le plus utile de
ma vie. Présentation : « Ego nominor Bellenger ». (Presque la
règle Ego nominor leo de ma vieille grammaire.) « Gallus sum
civis (autre règle), inter milites centurio. ...» J’expliquai aussi
que je venais de Paris, mais là, le latin eut tort : Lutetia ne
disait rien au curé, tandis qu’au mot « Paris » toute l'assistance
comprit.
J’eus bien quelques difficultés dans mon thème, Cicéron
n’ayant jamais prévu, que je sache, ni les ballons (je voulais
ramener le mien), ni les gares de chemin de fer (où je voulais
conduire mon ballon), mais les montagnards avaient vu le ballon
atterrir, et comprirent le mot « ballon » répété en montrant la
direction où je l’avais laissé. Quant au chemin de fer, une loco
motive crachant la fumée, sommairement dessinée sur un carnet,
eut un plein succès.
Remontant les pentes, mes Tyroliens réussirent assez vite à
dégager la nacelle de sa corniche et à la ramener sur l’herbe
près du ballon. L’enveloppe pliée, emballée dans la nacelle,
le tout bâché, un schlittage fut organisé, et nous dévalâmes les
pentes à toute allure, le curé continuant à servir d'interprète.
Au village, un repas plantureux m’attendait, préparé par la
nièce du curé pour « les aéronautes » supposés. Cette jeune
lllllllllllllllllllllllllllllllfllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllill
personne avait appris le français, mais son français ne valait
pas sa cuisine et n’était pas plus compréhensible pour moi que
mon allemand pour elle. Cela ne nous empêcha pas de nous com
prendre en continuant de mélanger français, allemand et latin,
avec accompagnement de dessins hiéroglyphiques, sans oublier
les gestes, le tout assaisonné de bonne humeur, condiment qui
a toujours remarquablement facilité la bonne entente. Enfin,
mon hôte, le curé de Piller- Wiesen, me procura un chariot à
bœufs, de modèle antique, qui transporta mon matériel à la
gare d’Imst, et un train de nuit me rapatria par l'Arlberg,
Delle et Belfort.
Je me trouvais classé second, à quelques kilomètres de Blan-
chet, premier. Celui-ci avait atterri dans la plaine bavaroise,
.si l’on peut exprimer ainsi sa descente, absolument à bout
. .
de lest, dans un lac où il avait barbotté un bon moment, sans
lâcher son parapluie emporté en ballon, jusqu’à l’arrivée d’un
canot secourable.
Un Général aviateur.
iifiiiiiiiitiiiittieHitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiniiiitiniiiiiiiiiiiifiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
En 1910, le général Bonnier était considéré comme imputant
une lourde responsabilité à J offre dans la mort de son frère et
comme Joffre, prédécesseur du général Roques à la direction du
Génie, membre en 1910 du Conseil Supérieur de la Guerre, était
déjà fort puissant, les adorateurs du soleil levant, nombreux
au Ministère, n’auraient eu garde de donner la moindre satis
faction au général Bonnier classé parmi ses adversaires.
Le général Bonnier se vit donc écarté de l’aviation avec
d’autant plus de soin qu’il s’y intéressait davantage, et, pour
plus de sûreté, reçut un commandement de brigade en Afrique
Occidentale : ainsi, il n’y avait aucun risque qu’il pût s’imposer
par quelque prouesse d’aviateur.
Peu après parut une circulaire faisant savoir à toute l’armée
que les militaires pratiquant l’aviation à leurs frais ne seraient
pas considérés, en cas d’accident, comme blessés en service com
mandé, et qu’en cas de mort, leurs femmes et enfants n’auraient
droit à rien. Il n’y avait certainement rien à reprendre dans
cette circulaire au point de vue du droit strict. Il est cependant
permis d’y trouver un singulier encouragement à la diffusion
de l’aviation dans l’armée. Elle atteignit d'ailleurs son but,
qui était de dissuader les officiers d’apprendre à voler et de se
créer une notoriété en dehors de l’aviation officielle.
En même temps, toutes les demandes d’apprendre à piloter
venant d’officiers supérieurs étrangers au Génie était impi
toyablement éliminées, de manière à réserver le plus possible
les postes dirigeants aux officiers de cette arme. Par la suite,
on fut bien conduit à utiliser pour commander les principaux
groupements aéronautiques des officiers supérieurs brevetés
provenant d’autres armes mais, comme leur qualité de brevetés
les faisait rentrer au bout de deux ans dans un Etat-Major,
comme le défaut de brevet de pilote les privait de toute autorité
personnelle en cas de désaccord avec les directeurs du service
et permettait de s’en séparer sans difficulté, aucun des offi
ciers ainsi utilisés ne pouvait se permettre la moindre indépen
dance d’idées.
partie l’origine de l’insuffisance
Ces errements sont en grande
lamentable de cadres supérieurs dont l’Aviation a si longtemps
souffert.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniKinnniiiiiiiiii
1
256 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Le 3 juillet commençait
Reims la seconde semaine de Cham
à
IIIIIIIIIIIIIItlIlllllllllllllllllllllllIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIItlIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIH
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1257
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll>>|||lllllllllllll•<llllllllllllllll
1258 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiii!
sion, ainsi que mes collègues, un avis du ministère de la Guerre
(direction du Génie) m’informant que ma prochaine période
d’instruction comme réserviste serait réduite de 48 h pour tenir
compte de cette ascension. N’eût-il pas été plus simple que
. . .
le Génie voulût bien admettre l’existence dans l’armée de
pilotes instruits en dehors de lui et les utilisât sans passer par
l’Aéro-Club ?.... Il est vrai qu’en même temps qu’elle recou
rait à mes services à titre civil, elle m’adressait, en tant que
militaire, une note menaçante pour avoir franchi la frontière
à l'occasion d’un concours aéronautique sans avoir au préalable
demandé une permission pour le pays étranger où je comptais
atterrir. Encouragement au sport aéronautique.
Il est impossible d’imaginer une ascension plus différente de
. . .
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIflIlHlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll!
1
260 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
direction de l’Aviation militaire n’a jamais voulu connaître
comme aviateurs. Puis viennent Marie, Etévé, Marconnet,
Madiot, Camermann, Sido, Acquaviva, dont j’ai déjà parlé. La
liste est complétée par Maillols et Chevreau, qui venaient d’être
brevetés sur Wright, Letheux, Remy et Basset, premiers élèves
de Camermann, Mailfert et Gronier, élèves de Féquant (moi-
même complétant le chiffre 19).
Chevreau détint peu après le record de deux appareils
détruits en un seul jour sans accident personnel. Il avait été
envoyé représenter l’armée au meeting de Caen. Un matin, il
fait une chute dont il se tire personnellement indemne, mais où
son Wright est anéanti ; il prend le train, se précipite à Vin-
cennes dans le bureau du colonel Estienne :
«Mon colonel, j’ai eu ce matin un accident à Caen. Mon Wright
est en morceaux, mais je n’y ai rien compris. Pouvez-vous m’expliquer
ce qui s’est passé ? »
hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiii
<1111111111
1
262 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
leur entrain habituel, leur tendance à l’obéissance passive, à la
confiance aveugle dans l’autorité, alors que les artilleurs cher
chaient davantage à contrôler les affirmations, à se rendre
compte par eux-mêmes. Il en résultait que les premiers progres
saient souvent plus vite tant qu’ils ne sortaient pas du terrain
complètement exploré par leurs devanciers, mais qu’au delà de
ce terrain, ou bien ils couraient droit à l'accident en se fiant
à des théories assez hypothétiques, ou bien ils étaient paralysés
par l’absence d’instructions et l’impréparation aux tâtonne
ments méthodiques des recherches expérimentales.
La formation de l’Ecole Polytechnique s’est montrée très
supérieure à cet égard par la distinction qu’elle habitue à faire
entre la manœuvre, où la discipline et la soumission hiérarchique
sont de règle, et les questions techniques où le culte de la vérité
doit seul faire loi. Aussi les Polytechniciens ont-ils grandement
contribué aux progrès de l’Aviation militaire; par contre, leur
indépendance dans les questions techniques, mal appréciée par
des supérieurs d’origine différente, a conduit à leur élimination
presque complète du haut commandement de l’Air.
Lieutenant-Colonel BELLENGER.
(A suivre.)
IIIIIIIIIIIIun IIIIIII[1IIIIIIIIIIllllllllllIIIIIIIIIIII11IIIllIlllllllllllllIII1IIIII1II111IIII11I1I1IIIIIII1IIIIIIIII11IIIIIII1II1IIIII
*lllll<lllllll I Itll 11IIIIIII llltlllllllIIIIIIIIIIIII Htl IIIKIIIIIIIIIIItlll I IIHIIIIPil I IIIIIIIIIII II 1111111IIIIII11IIIIIIIIIIIIIIIII
I. La fête.
De même qu’une bonne conférence ne doit pas excéder 1115min,
un bon meeting ne doit pas dépasser 3h. C’est une erreur d’étirer la
Fête sur 8h, de 1oh à 18h, même avec un arrêt pratique des exhibi
tions entre i2 h et 15h.
La matinée a été vide, et il ne pouvait en être autrement. Un moto-
ballon, oscillant comme une balançoire, s’est chargé du lever de
rideau. Trois D. ont fait de leur mieux, passant et repassant;
500
un planeur a atterri. C’est fort peu pour 2 de spectacle. 11
• •••«l••••«•••l••a••tllllt•l«|||||||||||||1ll|||||||||||*|||*|||*||||*|||l1****11111111*1*111*11111111*1
III*1111111*1**1l*il(*lllll**l«tr
1264 BEVUE DE L'ARMÉE DE L'AIR.
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll'lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
R. A. A. — N° 88. 5
1266 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Le Potez 63, auquel ses deux Hispano-Suiza 14 H b entraînant des
hélices tripales Hamilton-Standard Hispano-Suiza à pas variable
—
donneraient une vitesse de 5ookmh, est d’un dessin agréable. On dirait
une réduction au pantographe de ces puissants bimoteurs nés
États-Unis et que les bureaux d’études ont acclimatés aux
un peu partout.
Mais c’est une réduction à indices offensifs dérive dédoublée,
: nez
pointu avec quelque méplat par-dessous et, plus loin, deux bossages
de canons, toit transparent en arches coulissantes. Vu
sa petitesse,
on soupçonne son aile tranchante d’être bourrée en son centre des
multiples organes indispensables à sa perfection tringles, tiges,
:
canalisations, liaisons innombrables, se mangeant l’espace les
unes
aux autres.
Dans ce fuseau étroit, trois hommes, trois petits hommes prison
niers, en file, servants de mécanismes dont il vaut mieux oublier la
complexité pour n’en pas craindre les défaillances, vérifieront les
lois du hasard dans le tir des bouches à feu aux grandes distances.
Le Morane-Saulnier 405, aux mains de M. Détroyat, atteint
un
degré inouï de maniabilité. Son hélice à pas variable doit développer
au point fixe une traction considérable, car l’appareil paraît monter
indéfiniment, sans effort. Dans cette lutte directe contre la
pesan
teur, suivant la verticale ou presque, le propulseur triomphe long-
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1
267
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll»|llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
1268 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
parc bien défendu. Mais inter
dire les kodaks d’amateurs lors
que les professionnels des
agences ont opéré est une plai
santerie.
— La patrouille d'Étampes.—
Cinq Morane 225 (très belle dé
monstration de vol inversé ;
synchronisme parfait ; progres
sivité impeccable dans les pas
sages sur le dos et les retours à
la position normale);
— Des figures acrobatiques
avec émission de fumée, par
M. Détroyat;
— L’école de parachutistes
d'Avignon-Pujaut. — Cinq LeO
Descente en parachute de quelques élèves 256 et un Potez 25 larguent une
du centre d’Avignon-Puiaut. quinzaine de parachutistes; il
semble que les vitesses de con
tact avec le sol soient élevées. Les sauteurs firent preuve d’un en
traînement poussé en demeurant presque tous debout à l’atterrissage,
malgré l’obliquité prononcée des trajectoires de descente due à
un vent plutôt fort.
«
Les évolutions commandées du sol par T. S. F. de neuf Deivoitine 500
devaient être le « clou » de l’exhibition. Les avions volant en file,
par exemple, le speaker
annonçait : « Tonneau
à droite. A mon com
mandement ». Et il
comptait lentement :
« Un, deux, trois,
quatre... ». Les hauts-
parleurs portaient l’or
dre donné à tous les
points du terrain, les
ondes aux oreilles des
pilotes. A l’appel de
son numéro d’ordre,
chaque avion exécutait
la manœuvre indiquée,
sans une erreur, sans
une fausse note dans
l’ensemble. L’escadrille Calotte de parachute un instant avant l’atterrissage.
**<111111 nu un muun 11 m 11 h 11ni ii 11111 nu uni iiiiiiiiiii11 111 u 111 m 11 u u11111u i un 1111 m iiiiiiii i iiiiiiii iiiiiiiiiiii
a ainsi défilé à plusieurs reprises, viré et pirouetté. Le « rompez
vos rangs » final, trois par trois, toujours au commandement, en
trois gerbes successives, déclencha des applaudissements mérités.
Sous l’angle du combat, la transmission par téléphonie des ordres,
soit de terre avion, soit d’avion à avion, apparaît comme un perfec
à
tionnement capital. Elle apporte la possibilité de rassembler en un
point de l’espace tel groupe de chasseurs dont la présence va être
décisive et, dans la patrouille en vol, la possibilité des actions d’attaque
combinées.
L’équipement en T. S. F. des monoplaces de chasse, réalisé en
nombre de pays depuis plu
sieurs années, n’a que trop
tardé en France. On doute
simplement qu’avec le nom
bre effarant d’instruments à
surveiller, de commandes à
manipuler, de consignes à
observer, d’ordres à exécuter,
la conduite en guerre des
monoplaces n’exige tant de
dons qu’il se trouve un pour
centage suffisant d’individus
susceptibles d’y réussir.
Cependant, s’il fallait net
toyer les avions de chasse
de ces équipements de conser
vation et de conduite ra
tionnelle qui pullulent sur
eux, la téléphonie sans fil Évolution, commandée du sol par T. S. F.,
serait parmi les derniers à d’une escadrille de DEWOITINE D. 500
démonter. (en réalité, neuf appareils).
Quelques progrès à réaliser :
a. Il ne semble pas que les écouteurs soient intégrés au casque;
leur pression d’appui doit blesser à la longue les pavillons;
b. La puissance des appareils serait insuffisante et, suivant la di
rection d’émission, la réception plus ou moins nette; ainsi, on a cru
remarquer que l’hélice en rotation formait un écran gênant poul
ies ordres transmis de l’avant.
Ces difficultés ne sont pas spéciales aux avions de chasse. Dans les
atterrissages radioguidés d’appareils intégralement métalliques, par
exemple, la position de l’antenne pour laquelle les diverses masses du
fuselage ou du planeur ne forment pas obstacle à la réception, lors
du vol aux grands angles, est quelquefois difficile à trouver. C’est
pourquoi l’on va jusqu’à monter les antennes sur le nez des fuselages,
où l’on dispose d’ailleurs d’une surface trop réduite pour que cet
emplacement soit pratique : les émetteurs des radiophares sont
pourtant puissants. Dans ces conditions, quelles limitations ne
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
1270 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
peut-on accepter de la part d’installations soumises aux contraintes
d’encombrement et de poids maximum que l’on sait ?
Quoi qu’il en soit, la transmission de la parole en vol ne serait,
pour l’instant ni si forte, ni si régulière que l’on ne préfère utiliser
un code chiffré; on trouve à cette solution l’avantage supplémentaire
d’un secret relatif.
Re ¬
passons sur les acrobaties de Massotte sur Loire 46, de Cavalli sur
Gourdou-Leseurre, de Détroyat à l’occasion de l’amusant numéro
«
Adémaï aviateur ».
II. Suggestions.
Bâtir un programme, sans trous
ni faiblesses, qui présente un intérêt
égal pour des spectateurs placés à Dans la zone de sécurité.
des distances très différentes, n’est
Deux spectateurs privilégiés
pas une entreprise commode. suivent l’atterrissage d’un bimo
Remplir le ciel. — Une Fête de teur Breguet « Vultur ».
127 2 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
l’Air n’aura jamais trop
de densité. Réfléchis
sons à l’immensité du
ciel : une escadre d’a
vions n’en occupe
qu’une infime tranche.
Que dire si, pour la
meubler, on n’y lance
qu’une machine dont
les évolutions, morne à
grand rayon et grande
vitesse, apparaissent
comme de fugitifs
griffonnages ?
Spectacle de même
qualité pour tous. — Un
autre écueil. Les pilotes
tendent -— involontai
rement , sans doute,
mais d’indiscutable
façon — à centrer leur
exhibition par rapport
à la tribune officielle.
Où « Adémaï aviateur »
tente-t-il de poser son
Morane 1 à 100m du
carré où siège M. Le
L’escadre du général Vuillemin défile. brun. Où les prototy
pes font-ils leurs belles
lignes droites à faible altitude ? parallèlement au pesage, à des
distances variant entre 50 et 200m de la zone de sécurité.
Le spectacle dut paraître insignifiant et lointain aux occupants des
enceintes populaires. Seules les descentes en parachute, la présen
tation des trente Morane 225 du commandant Weiser et celle de
neuf D. 500 commandés par T. S. F. purent être suivies par eux
avec commodité.
La répétition des figures sur les deux côtés du terrain augmenterait
la dilution du programme, bien qu’on puisse se limiter aux deux ou
trois numéros les plus importants. On pourrait encore déplacer l’axe
des exhibitions alternativement côté route de Flandre et côté route
de Dugny.
Spectacles simultanés.
— Une solution qui pallierait à ces difficultés
réelles et semble digne d’être étudiée consisterait à présenter simul
tanément un spectacle au sol et un spectacle en l’air.
L’inconvénient d’un « trou » entre deux exercices sensationnels est
bien compris au cirque où, le salut de la vedette à peine terminé,
une troupe de clowns s’empare de la piste. Pour un meeting d’avia-
tion, le problème, bien que concernant une foule, est d’une nature
similaire.
Le spectacle au sol devrait être édité, par les équipes nécessaires,
en un nombre d’emplacements tel (trois ou quatre) que chacun,
quelle que soit sa place, en ait une vue claire et satisfaisante. Commenté
avec adresse dans les intervalles où le ciel serait vide, il rendrait
ceux-ci acceptables; il constituerait l’élément continu et élastique
de la manifestation.
Illllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
1274 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
On doit pouvoir
trouver, dans les acti
vités de l’aéronautique
à terre, et dans celles
de la D. C. A., des thè
mes intéressants et
d’exploit ation com
mode.
Quelques spectacles au
sol possibles. — 10 Gon
flement et ascension à
faible altitude d’un
ballon captif. En fin
d’ascension, attaque
par un avion de chasse
qui se rend d’un ballon
à l’autre; rappel au
treuil.
20 Franchissement,
par un ballon captif,
d’obstacles simples
matérialisés sur le ter
rain : voie ferrée avec
fils télégraphiques, ri
vière, etc. (concours
de rapidité).
La pluie ayant cessé, les spectateurs abandonnent les 3° Transformation
hangars où ils s’étaient réfugiés. d’une « saucisse » en
motoballon, tour de
terrain à faible altitude, retour au point de départ, démontage,
dégonflage, mise sur remorque (concours de rapidité).
4° Poursuite par un projecteur moderne, commandé à distance
au moyen d’une simple lunette de pointage, d’un avion manœuvrant
bien au-dessus de la zone où se déroulent les acrobaties. L’avion est
peint en blanc; la lumière du projecteur est colorée. On constate
que l’avion est toujours illuminé. Les projecteurs se passent l’avion
de l’un à l’autre et posent sur lui, chacun à leur tour, mais sans
solution de continuité, leur faisceau rouge, vert, etc.
Il appartient aux spécialistes d’étudier si des exercices de ce
genre sont possibles sur un terrain tel que le Bourget, dans le cadre
d’une Fête de l’Air. D’autres réalisations semblent ne présenter
aucune difficulté. Par exemple :
5° Des Amiot et des Bloch revenant d’un bombardement atter
rissent. Ils se dirigent vers trois (ou quatre) postes qui représentent
des terrains différents et où les attendent autant d’équipes de méca
niciens. Les appareils sont ravitaillés en combustible et en bombes
lllllllllllllmmlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltllllmlll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1275
sous les yeux du public, et ils décollent pour une nouvelle mission
(concours de rapidité).
Sujets d’exhibitions aériennes. — Voici quelques exercices que l’on
pourrait tenter de présenter en public si leur exécution n’est pas trop
dangereuse; ils intéresseraient certainement.
Évolutions d’avions radioguidés;
—
— Catapultages d’appareils;
— Décollages et atterrissages automatiques;
Appel au concours de la Marine pour des défilés d’hydravions
et d’un dirigeable;
•—
Doubles et triples sauts en parachute. Il est souhaitable que
l’on prévienne — par fusée par exemple — de l’instant où les sauts
vont avoir lieu : un homme plié en deux, à 1000m, est vu sous un
angle d’un millième, peu de chose comme chacun sait;
— Saut d’ensemble de cinq ou six parachutistes à partir d’avions
en file. Les hommes déclenchent leurs voilures avec des retards en
progression arithmétique : le premier au bout de 3 secondes, le
deuxième de 4, le troisième de 5, etc. (effet artistique; épreuve de
régularité mettant en évidence le sang-froid des sauteurs);
11 un ii iiiiii i un nu i un uni i ii mi ii in 111 ni i iiiiii in iiiiii i ii 111 in ii 11111 ni ii ii 111 un ii i iiiiiii mi i iiiiiii t iiiiiiii
11 11 iiiiiiii
1
276 BEVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
— Exploitation
poussée des possibilités
du si curieux appareil
qu’est l'autogire : dé
monstrations de décol
lage sur place, prise
de charges en vol,
concours de vitesse
minimum de descente
entre autogires, entre
autogire et parachu
tiste, etc. ;
•—-
Concours de bom
bardement à ooo m par 1
La musique de l’Air fut trop discrète.... bombes traçantes. Le
réglage des viseurs
peut être le plus précis qui soit pour de telles bombes, car il est
loisible, au préalable, de cinématographier les trajectoires dans
des conditions de jet données et d’en déduire les temps de chute,
traînées, etc. pour toute une série de vents;
—- Démonstrations de bombardement en vol rasant, et en piqué,
de panneaux verticaux ou horizontaux.
So
Tenue et attitude des soldats sur le terrain : parfaite, aucune
fausse note. Complaisance et courtoisie des officiers de service :
au-dessus de tout éloge, comme il se doit. La musique de l’Air fut
trop discrète; on l’aurait entendue volontiers plus longtemps et
plus souvent. Transmission et amplification excellentes, sauf pour
les réponses d’Adémaï aviateur; débit du speaker un peu rapide
pour les auditeurs étrangers. On aimerait enfin que le résultat finan
cier des Fêtes de l’Air fût publié.
«tiiiiivaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinr
aBllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIllIllllllIllllIlllllllllllllllllllllllllllIllIlllllllllllllllllll
INFORMATION GÉNÉRALE
III IIIII
III11III111111II11111II1111II111111111II111IIII111111II1111111II111111111II111II111II111111111111111II1II1I1IIIII111IIII1111111111
1278 REVUE DE L'ARMÉE DE L'AIR.
et une vitesse ascensionnelle de 1150m par minute, chiffres réalisés
par les derniers prototypes, il ne peut être question d’interception
à moins de i6o km de profondeur, dans l’hypothèse la plus favorable.
«
Essai d’une maquette d’aérodrome dans une soufflerie.
M. Kirste exposait dernièrement ici-même la façon dont les
Anglais étudièrent le régime des vents et des remous autour du roc
de Gibraltar, tout d’abord en soufflerie, puis en vraie grandeur, par
le moyen de ballons-sondes.
L’aérodrome de Rongotai, près de Wellington en Nouvelle-Zélande,
a fait à son tour l’objet d’investigations au tunnel. Cet aérodrome,
inauguré en novembre 1929, ne convenait plus au trafic des grands
avions; les pistes que l’on était amené à y tracer aboutissaient trop
près de certaines éminences pour que l’influence de celles-ci, dans
certaines conditions de vent, ne risquât pas de devenir dangereuse.
L’étude en soufflerie d’une maquette de l’aérodrome et des terrains
environnants montra qu’une réduction à 25 m de la hauteur de
Moa Point réduirait considérablement, d’une part, les tourbillons
britannique.
soufflerie
une
dans
installée
environs
ses
de
et
Rongotai
de
l’aérodrome
de
Maquette
1280 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
qu’entretenait cette pointe, d’autre part, la zone morte qui stagnait
près de sa base. Par ailleurs, un « filet » en terre rapportée au bas de
l’éminence (on sait que les Américains désignent par le terme « fillet »
les carénages ou congés de raccordement des voilures aux fuselages)
améliora l’écoulement de l’air sur le terrain même. Les transfor
mations suggérées par l’étude aérodynamique de la maquette furent
entreprises en août 1935 et terminées en juin dernier : elles entraî
nèrent le déplacement de 300 ooo m3 de terre.
Rongotai dispose maintenant de deux pistes, l’une de 900m, l’autre
de 6oo m sur lesquelles le régime des vents n’est en aucun cas tour
,
billonnaire.
<
La route tactique et la liberté de manœuvre.
Le général Visconti Prasca, dont le lecteur n’a pas oublié le livre
sur « La guerre décisive », a publié récemment (Echi e Commenti, N. 19),
une étude sur la route tactique.
Après avoir montré comment les armées modernes ont été jusqu’à
présent obligées d’adopter comme directions de manœuvre celles
qu’imposait le réseau routier, et ont été soumises à une sorte de
paralysie par la succession des mouvements de dilution pour avancer
suivis de concentrations pour combattre, l’auteur insiste sur les
possibilités nouvelles qu’offrent d’une part les véhicules « tous
terrains », d’autre part les moyens modernes d’aménagement de
routes ou de simples « bandes de passage », orientées suivant les
directions choisies pour la manœuvre, de sorte qu’on libérerait dans
une certaine mesure la manœuvre du terrain.
Parmi ces moyens modernes il envisage l’emploi de matériaux arti
ficiels métalliques, assemblables rapidement comme un « Meccano »
d’enfant, qui permettraient de lancer des éléments de route comme
on lançait des ponts. C’est en somme un développement considérable
de la technique des moyens de franchissement.
Naturellement, parmi les véhicules « tous terrains », l’aviation
tient une place de choix par ses possibilités considérables de libération
à l’égard du réseau routier dans le problème du ravitaillement.
L’étude paraît évidemment inspirée de la campagne éthiopienne;
néanmoins une adaptation aux pays européens, cependant pourvus
de nombreuses routes, aurait sa raison d’être.
>|llllllllllltlllltlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1281
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIB
R. A, A. — No 88.
6
1282 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
<
Le nouveau tunnel à grande vitesse du N.A.C.A.
Les techniciens américains disposent maintenant d’une remar
quable installation de recherches dans le domaine de la vitesse :
la nouvelle soufflerie du Langley Field, inaugurée le 20 mai 1936.
Le bâtiment est en ciment armé et les parois contre lesquelles
circule la veine sont blindées d’acier. Lorsque le courant d’air est
établi à sa vitesse maximum, la pression barométrique dans la
chambre d’expériences tombe à la valeur qui correspondrait à une
altitude de 365o m ; c’est pour cette raison que cette chambre présente
extérieurement la forme d’une ruche (grande résistance à l'écrase-
mniittttiiiiMHiiiiiiiiiiiiiiiaiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiaiiiiiiEiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiikiiiiiilaiiiiiiiiiianaiiiiiiiiiiiiitia*
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1283
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllll
1284 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
— un compas à prisme du type standard de VArmy Air Corps;
— une « machete » (gros couteau à lame large pour couper les
-
lianes) ;
— une moustiquaire du type standard de l’armée;
—- une boîte d’allumettes imperméable à l’eau;
— un flacon de teinture d’iode;
— un flacon contenant des cachets de quinine;
— un pistolet automatique avec ses munitions;
•—
un kilo de vivres de conserves;
Cet équipement est enfermé dans un coussin qui sert de siège au
pilote et qui est attaché au parachute.
IIIIIIIIIIIIIKIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIKIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1285
«•itaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiitiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiMaiiB
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1287
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIH1IIIIIIIIIIIUIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1289
•iiiiiiiiiiiiiiiüiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiifiiiiiiiiiiiiiiiittiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiifiiii
REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR. 1291
1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIH
1 292 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Variation du point d’ébullition de l’oxygène liquide
aux grandes altitudes.
Dans le numéro de septembre 1986 du Journal of Aeronautical
Sciences, M. Jean Piccard, de l’Université du Minnesota, attire l’atten
tion des aviateurs sur le danger que présentent les variations du point
d’ébullition de l’oxygène liquide, variations qui peuvent se traduire
par un arrêt du débit du gaz dans certaines conditions de variation
de pression. La note, qui résulte de remarques faites par l’auteur à
l’issue d’une ascension stratosphérique, est intéressante d’un bout à
l’autre; il nous aurait été d’autant plus difficile de la présenter dans le
cadre réduit d’une analyse qu’elle est déjà condensée. Le médecin-
commandant Flamme a bien voulu se charger de sa traduction en
français.
Après être restés pendant 5 heures dans la stratosphère, dans une
nacelle, Mme Piccard et l’auteur descendaient. Les conditions étaient
très favorables, bien qu’ils ne connussent pas ce qui se passait au-
dessous de la mer de nuages qui s’était formée sous le ballon quelques
minutes après son départ de Ford Airport, Dearborn, Michigan.
Le baromètre intérieur restait stationnaire et le baromètre extérieur
arriva rapidement au niveau du premier. A 3200m les deux baro
mètres furent à égalité et les portes de la nacelle s’ouvrirent permet
tant à M. et Mme Piccard de respirer à nouveau l’air naturel extérieur.
A ce moment, l’oxygène ne s’échappa plus de la bouteille de cuivre,
ce qui leur donna l’impression que ce gaz avait été entièrement utilisé.
Ils n’eurent pas le loisir d’approfondir leur remarque, car le ballon
entrait à nouveau dans la mer de nuages et s’enfoncait rapidement;
du lest avait dû être jeté sans arrêt et il importait de préparer l’atter
rissage. En quelques minutes, le ballon traversa les nuages et ce fut
un grand soulagement que de découvrir, non la pleine mer, mais une
riante campagne. Ce sentiment de sécurité disparut toutefois lorsque
les aéronautes constatèrent que le ballon se dirigeait à toute allure
vers les cheminées d’une ferme. Par bonheur, deux lourds sacs de
lest avaient été réservés hors de la nacelle ainsi que quelques petits
sacs à l’intérieur. Mme Piccard, pilote de l’auteur, s’écria : « Jetez
deux sacs »; en moins d’une seconde deux capsules commandées
électriquement explosèrent dans le fond des sacs, vidant instanta
nément 9oks de sable dans la cour de la ferme. Quelques minutes
plus tard, l’atterrissage avait lieu dans un bosquet d’ormes.
L’oxygène avait été oublié, mais, 3 heures après l’atterrissage, il
commençait à bouillir de nouveau, emplissant la partie inférieure de
la nacelle d’une vapeur dense. Qu’était-il arrivé ?
Au cours du séjour dans la stratosphère, la pression intérieure
correspondait à une altitude de 3ooo m celle même à laquelle les
,
hublots avaient été rabattus dans la première partie de l’ascension.
Sous cette pression réduite, l’oxygène bout à une température consi
dérablement plus basse et le liquide fut porté à son nouveau point
d’ébullition. Quand les hublots furent ouverts, à la descente, la
pression dans la nacelle recommença à croître et le point d’ébulli
tion théorique de l’oxygène s’éleva graduellement à son niveau
normal. L’ébullition s’arrêta pour cette raison, car aucun liquide
ne bout lorsqu’il est plus froid que le point d’ébullition correspondant
à la pression environnante. Dans le cas d’un ballon stratosphérique
moderne avec une nacelle fermée, le phénomène décrit sous le_nom
de « non ébullition de l’oxygène à la descente » n’est que la consé
quence de faits scientifiques bien connus. L’oxygène s’arrêtera de
bouillir lorsque les hublots auront été ouverts et, à partir de ce
moment, on n’a plus besoin de ce gaz.
Dernièrement, l’auteur entendit parler d’une mise au point d’avions
pour grandes altitudes; cette histoire lui revint à l’esprit et il se
rendit compte du danger certain que couraient les aviateurs s’ils
se fiaient à un masque respiratoire alimenté par une bouteille d’oxy
gène liquéfié, comme on le fait fréquemment.
L’oxygène liquide, même conservé dans une bouteille bien fermée,
bout continuellement et cette ébullition produit le gaz utilisé pour
la respiration. Si le volume gazeux produit de cette façon n’est pas
suffisant, on l’accroît en fermant le robinet de sortie du gaz; ceci
force un volume correspondant d’oxygène liquide à sortir de la
bouteille. Cet oxygène liquide coulant dans un tube de métal chaud,
hors de la bouteille, se transforme en gaz. Un volume donné d’oxygène
liquide produit environ un million de fois son volume de gaz.
De l’expérience de l’auteur, telle qu’elle est relatée précédemment,
il apparaît comme évident que l’aviateur qui compte'sur untel
masque à gaz, est dans un très réel danger d’étouffement à la descente.
Ce danger doit être porté à son attention. Lorsque l’avion s’élève
et que la pression atmosphérique diminue, le point d’ébullition de
l’oxygène liquide diminue constamment. Le liquide bout cependant
plus violemment et est porté bien au-dessous de son point normal
d’ébullition. Quand le plafond est atteint et que le pilote[se met
en descente, la pression atmosphérique commence à s’élever dans
l’appareil d’oxygène, et le liquide s’arrête de bouillir. Ce n’est pas
seulement une ébullition plus lente qui se produit; l’ébullition et la
production de gaz s’arrêtent entièrement et, en outre, le liquide froid
commence à condenser l’azote et l’oxygène à sa surface. De cette
façon, l’air est même refoulé du masque vers la bouteille. Ceci signifie
que, lorsque le pilote commence à redescendre, il devra utiliser une
bouteille supplémentaire pour le reste du voyage.
Ces remarques expliquent l’apparition des points noirs devant
les yeux, les évanouissements et les morts qui peuvent survenir
dans l’espace de quelques secondes.
Essai des mano-détendeurs pour bouteilles d'oxygène (').
Pour essayer les mano-détendeurs dans les conditions réelles de
leur emploi, on les installe dans une cloche à vide et on les connecte,
d’une part, à une bouteille d’oxygène, d’autre part, à un grand
réservoir. A l’aide d’une pompe à vide, on établit, dans la cloche
et dans le réservoir, la pression correspondant à l’altitude choisie
pour l’essai. Le débit sous cette pression est mesuré à l’aide d’un
compteur à gaz, rendu absolument étanche et pouvant fonctionner
avec une différence de pression d’environ io mm d’eau. La méthode
présente surtout l’avantage d’exposer le mano-détendeur entiè
rement à la faible pression atmosphérique et de faire ressortir plus
facilement les fuites éventuelles.
«
Un exemple de guerre aéro-navale : la guerre civile d’Espagne.
La guerre civile d’Espagne, déclenchée le 17 juillet 1986 par la
révolte des armées du Maroc, a entraîné dans les eaux voisines de
Gibraltar une curieuse guérilla aéronavale. On sait que la plupart
des forces aériennes stationnées dans le sud de l’Espagne et au
Maroc passèrent aux insurgés, tandis que les forces navales basées
dans cette région restèrent fidèles au gouvernement du Frente popular.
Or, les insurgés avaient besoin de la maîtrise de la mer pour faire
passer le détroit aux navires chargés de transporter les troupes, du
Maroc. La lutte s’engagea donc bientôt entre forces aériennes rebelles
et forces navales gouvernementales en territoire espagnol. De
fréquentes méprises eurent lieu avec les forces navales britanniques
basées à Gibraltar ou des bâtiments de commerce étrangers.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiniiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1295
fiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin
1296 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Savoia et s’échappe. Un autre torpilleur gouvernemental est endom
magé par les avions devant la pointe d’Europe.
8 août.
— Vingt et un avions italiens arrivent au Maroc espagnol
Les avions seraient partis d’Orbetello.
Les troupes marocaines sont transportées de Ceuta à Algésiras
par la voie des airs.
12 août. — Le général Franco annonce qu’il dispose de 20 Junkers
de transport, de 5 avions de chasse allemands et de 7 Caproni.
13 août.
— Bombardement de Malaga par les avions rebelles. Le
croiseur « Jaime-l eï », mouillé en baie de Malaga, est avarié.
16 août. — Le gouvernement britannique donne son accord à la
proposition française de neutralité.
17 août. — Le « Daily Express » annonce la présence à Séville
de 3o Junkers trimoteurs et d’une douzaine d’avions de chasse
italiens. Les pilotes italiens seront enrôlés dans la Légion étrangère
espagnole.
19 août.— Débarquement des forces gouvernementales à Majorque,
en dépit du bombardement d’hydravions rebelles.
21 août. — Le gouvernement italien déclare accepter la proposition
française de neutralité. Même déclaration, le 23 août, de la part du
gouvernement allemand.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii**
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1297
llllllllllllilIlillllllllllllllllHIHIHIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIlItlIllIflIilllllllllllllllllllllllllllllHIIHIIIIIHIHHHHHHHIUI
R. A. A. — No 88.
iiitiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiifiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiifiiiiiniitiiiiiitiiiiiiiiiiiitiiiii»
LE MATÉRIEL
DES AVIATIONS NATIONALES
France.
1IIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!IIIIIIIIIIIIIII||||||||||!||||||||||||
REVUE DE L’ARMÉE DEM’AIR. 1299
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1
30o REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
,
Description d’un
ÉLECTRIQUE
FOUR
BASCULANT RIPOCHE.
L'enfou r ne ment
des profilés à traiter
s'effectue par une
plate-forme de char
gement, le four étant
dans la position hori
zontale.
Au moment de la
trempe, le four passe
à la position verti
cale (rotation com-
inan dée par chaîne C) ;
la porte est ouverte,
et les produits sont
évacués verticale
ment dans un puits
de trempe situéimmé
diatement sous le
four, entre les pylônes
P et P' le supportant.
Le four comporte,
dans la paroi arrière
de la chambre de
chauffe, une turbine
de brassage T, proté
gée par une grille
métallique très ro
buste g qui empêche
tout contact avec les
pièces à traiter. T est
actionnée par un
moteur électrique M, Le four électrique basculant RIPOCHE
dont le sens de rota en position verticale, prêt à laisser tomber les
tion est inversé auto profilés traités thermiquement dans le puits de
matiquement à inter trempe situé sous lui.
valles de temps régu
liers (2,5 à 3min); l’air circule donc tantôt dans un sens et tantôt en
sens inverse.
La chambre de chauffe est limitée par une paroi p qui constitue
la capacité contenant la charge. A l’extérieur de cette paroi sont
disposés les éléments chauffants électriques E qui s’étendent sur
toute la longueur de la chambre de chauffe. Les E sont séparés de
l’isolant calorifique 1 par une autre paroi p'.
L’air mis en circulation traverse donc successivement- la chambre
iiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiHiinn
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 1301
Aspect d’ensemble du four électrique, basculant RIPOCHE installé aux usines FARMAN.
lillllllllllllllllllllllllllillllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll»
1
302 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
De plus, pour diminuer l’amplitude des oscillations de température
autour de la valeur désirée, on peut à volonté, dans chaque groupe,
mettre en jeu une puissance réduite (P/3) par couplage des résis
tances.
Dans chacun de ces groupes, un couple thermoélectrique est relié
par câble de compensation à un régulateur de température à trois
directions, de La Pyrométrie industrielle, qui maintient automatique
ment la température intérieure du four à la valeur désirée.
Ces dispositions, jointes à l’action régulatrice de la circulation
d’air méthodique à l’intérieur du four, font que pratiquement les
écarts de température contrôlés en des points quelconques du volume
utile de la chambre de chauffe ne dépassent pas ±3°.
Ce résultat se traduit non seulement par une qualité de trempe
rigoureuse tout le long des profilés traités, mais encore par une grande
économie de main-d’œuvre au redressage, les profilés n’étant presque
pas déformés par un traitement très régulier. Il est à remarquer,
du reste, qu’à leur sortie du four, les profilés ont la teinte uniforme
« parfaitement blanche », bien connue des trempeurs d’alliages
légers.
Pour la trempe des profilés lourds et épais en « oméga », la rectitude
est à peu piès parfaite, ces pièces étant posées dans le four sur une
sole plane amovible S prévue à cet effet.
Les frais de main-d’œuvre que nécessite l’installation se limitent
uniquement aux enfournements et aux défournements, le chauffage
étant entièrement automatique.
La capacité de production du four peut atteindre (suivant les
dimensions des charges) 200k% à l’heure pour une température d’uti
lisation de 500°.
Allemagne.
iiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiioitiiiiiüiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiriiiiiiiiiiiiiiiiiiM
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1
303
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllHIIIIIIN
1304 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
iiiiiiiiifiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiifliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiifiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiim
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1305
Grande-Bretagne-
Un «
commercial bomber » britannique.
L’expression « vient d’être créée outre-Manche
commercial bomber »
fIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1111111IIIII11III11IImil111II11III111IIII111III1II11111111mil111
1306 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Illlllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1
307
Hollande.
Les poids et performances ci-dessus sont garantis sauf une marge de 30/. pour le poids
à vide, de 3 0/ pour la vitesse et de 6 °/ pour les montées, à condition que la puissance
du moteur et la consommation d’essence correspondent aux valeurs indiquées par les
fabricants des moteurs.
Italie.
Le trimoteur de bombardement Piaggio P. 16.
Le trimoteur de bombardement Piaggio, qui atteindrait une
vitesse maximum de 400km à 5000m, est un appareil à structure
métallique dont les ailes sont recouvertes de toile.
IIIIIIIIIIIItlIIIIIIUIIIIIIHIIIIIlIflIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIHininillllllllHllllllllltILIIIIIinillllllllIllHIIIIliiliililHi
1310 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
L’aile monoplane, dont la photographie de face de l’appareil
révèle la forme très curieuse, comporte une ailette de fente avant,
des volets de courbure et des ailerons classiques, ces derniers pouvant
d’ailleurs contribuer à l'hypersustentation par leur abaissement
simultané. Les ailettes de fente avant fonctionnent automatique
ment, mais le pilote peut avancer ou retarder l’instant de l’ouverture.
Les volets de courbure sont commandés à la main. L’ensemble de
ces dispositifs a permis de charger l’appareil à 121,5kg/m2 et d’obtenir
une vitesse minimum de sustentation encore très acceptable à pleine
charge : io5 kmh .
Fuselage en tubes d’acier, avec revêtement de duralumin à l’avant
et de toile à l’arrière. Train d’atterrissage relevable dans les fuseaux-
moteurs latéraux, hélices à pas variable Piaggio-Carrello. Poste de
pilotage à double commande.
Armement défensif. — Une tourelle protégée, escamotable, équipée
d’un jumelage sur le dos du fuselage, une mitrailleuse de queue,
dans un balcon sous la dérive, et une mitrailleuse sur l’aile pour le
tir en chasse.
Caractéristiques, avec moteurs Piaggio IX RC (610 HP à 2350 t/min).
—- Envergure, 22m; longueur, i3 m ,35; hauteur, 3 m ,5o; surface
portante, 70 m2. Poids à vide, 5600ks; charge utile, 2900kg. Poids
total en vol, 8500kg.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiir.iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinr>
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. i3ii
Japon.
/Illllllllllllllllllllllllllllllllllllfllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
1312 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
(IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIV
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1313
B. A.A. — No 88.
1314 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
BIBLIOGRAPHIE
IIP moins de 225 IIP de 225 à 300 de 300 a 500 de >00 à 600 de 600 à 700 plus de 700
Nombre 20 106 28 169 l68 400
Mat'chés pusses par l'Armée :
51 avions de chasse Consolidated A.
ni avions d'attaque Northrop A-17.
71 avions d’observation Douglas 0-^6.
3o avions de bombardement Seversky BT-3.
1 autogire Kellet YG-J.
1
autogire Pitcairn PA-33.
Marchés passés par la Marine :
32 hydravions d’observation Vought.
135 hydravions d’observation Curtiss.
86 avions de reconnaissance et de bombardement Vought.
16 avions de bombardement Great Lakes.
5 avions de transport.
4o avions de service Grumman.
86 avionsd’entraînement N. A. F.
60 hydravions de patrouille Consolidated.
IIIIIII111111111111111111111111II11111111!
1111111111111111111
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La première partie, la plus importante, est consacrée à l’Aviation
sanitaire proprement dite : le Dr Leduc y étudie la physiologie de
l’altitude, en partant de ce principe vérifié que l’altitude donnant,
à partir d’une certaine hauteur, des troubles déterminés chez le
sujet sain, ces troubles apparaîtront plus bas et plus vite encore
chez un individu diminué dans sa vigueur normale, que ce soit un
blessé ou un malade. Les Chapitres II et III de la première partie
exposent la physiopathologie du sujet sain : le mal des aviateurs,
le mal de l’air, les troubles dus aux accélérations, aux intoxications
par les gaz émanés du moteur y sont succinctement étudiés avec
leurs symptômes et leur traitement.
Le Chapitre IV nous fait connaître les contre-indications relatives
ou absolues de transport par avion d’un blessé ou d’un malade :
c’est le chapitre capital de l’ouvrage que doit connaître par cœur
toute infirmière et tout médecin. Le Chapitre V nous indique quels
peuvent être les soins « de bord » ainsi que ceux qui doivent être
préparatoires au voyage aérien.
Dans la deuxième partie, l’auteur nous expose le « rôle théra
peutique du vol en avion », en particulier dans la coqueluche, les
utilisations médicales de l’avion (transport de médicaments, lutte
contre certaines maladies, par exemple contre le paludisme par
épandage de vert de Paris, contre les parasites des cultures de coton
aux U.S.A., et enfin ce que doit contenir une boîte de secours de
bord (avions de transport coloniaux, appareils sanitaires). Il ne
nous cache pas non plus le rôle nuisible, au point de vue épidémio
logique, de l’avion comme propagateur possible d’épidémies, aussi
redoutables que lointaines, à cause même de sa rapidité de déplace
ment (choléra, peste, fièvre jaune, typhus, variole, etc.), mais il nous
donne en même temps les éléments d’une prophylaxie efficace.
Il nous parle encore de la surveillance médicale des aérodromes
et des aéronefs (Convention sanitaire internationale pour la naviga
tion aérienne, entrée en vigueur le 1er août 1935), puis des conditions
d’aptitude physique exigées du personnel navigant de l’Aéronautique
civile (pilote de tourisme, de transport public, de ballon libre, de
dirigeable, navigateur, radiotélégraphiste ou radiotéléphoniste, infir
mière) et des centres où l’on peut se présenter à l’examen médical.
Il termine par un historique de l’Aviation sanitaire dans la métro
pole et dans les colonies.
Nous exprimerons notre gratitude au Dr Jean Leduc pour son
livre dont le plan nous apparaît si complet, et qui fait si bien voir
tout ce que le médecin peut attendre de l’aviation et l’aviation de la
médecine. Première vue d’ensemble de la médecine aéronautique,
c’est non seulement dans le milieu des aviateurs civils et militaires
que ce livre sera lu avec intérêt, mais aussi par le corps médical tout
entier. Il devrait être aussi largement répandu dans le grand public
où l’on n’a pas encore une idée bien exacte de l’importance que
prendra encore l’aviation dans l’avenir.
Médecin-Commandant Flamme.
1318 REVUE DE L'ARMÉE DE L'AIR.
uhiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1319
11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111
1111111111111111111111111111111111111
1320 REVUE DE L'ARMÉE DE L’AIR.
Les Anglais ne purent faire face à la
menace avec leurs seules
ressources. En particulier, à cette période critique, l’appoint américain
fut déterminant. Au plus fort de la crise, en effet, en avril 1917, les
États-Unis commencèrent à fournir la trentaine de torpilleurs
que
réclamait l’organisation des convois dans l’Atlantique.
Sans cette organisation de toute la navigation commerciale
en
convois escortés, les torpillages n’auraient
pu être maîtrisés.
Du point de vue aéronautique, l’ouvrage de l’amiral Jellicoe
apporte une contribution intéressante aux opérations des hydravions
alliés contre les sous-marins allemands. En 1917, déclare l’amiral
Jellicoe, les patrouilles aériennes britanniques coulèrent six
sous-
marins. Dans le deuxième semestre 1917, les avions et hydravions
patrouillèrent entre 70 000 et 90 000 milles par mois au-dessus de
la mer. Il y eut un sous-marin attaqué par 6000 à 9000’milles.patrouillés
en vol.
Pour l’attaque des bases belges, l’amiral Jellicoe déclare
que,
pendant le seul mois de septembre 1917, l’aviation britannique de
Dunkerque déversa 86 tonnes de bombes.
Ces renseignements complètent l’étude historique
parue dans la
« Reune de l’Armée de l’Air » sur la « Guerre aéromurilime dans les
Flandres ».
P. BA.
Le Gérant : E. THOUZELLIER.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiii iiiiiiiiiiiTiiiiiiiiiiiiiiiiiiiriii
1111 nu i niiiiiiii^
105'152. — Imp. Gauthier-Villars.
Aspect intérieur de l'hydravion hexamoteur Short « SARAFAND ».
PREMIÈRE PARTIE.
Pages.
Les projectiles du combat entre avions,
par l’Ingénieur en chef de l’Aéronautique A. BRISSOT 1323
Sur le bombardement d’une cible mobile,
par le Capitaine DAVOUT D'AUERSTAEDT 1337
L’École des Remous (suite...),
par le Capitaine J. THORET 1361
Notes et souvenirs sur la création de l’Aviation militaire française
{suite ),
par le Lieutenant-Colonel BELLENGER 1374
Zigzags à travers le Salon,
par P. E 1391
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
R. A. A. — N° 89. 1
1322 REVUE DE L'ARMEE DE L'AIR.
DEUXIÈME PARTIE.
INFORMATION GÉNÉRALE
Pages.
Eclairage des escadres d’attaque et de bombardement 1401
Un exemple de navigation aérienne au long cours par A. V. 1403
Les dispositifs d’atterrissage en p. s. v. aux Etats-Unis par A. V. 1406
. .
Sondeur à écho radioélectrique par G. J. 1408
Influence du manque d’oxygène sur la limite supérieure de l’audi¬
bilité par le Médecin-Commandant FLAMME. 1410
L’organisation des communications et ravitaillements aux armées. 1416
La menace de l’agression rapide à l’égard de la sécurité collective. 1418
Un indicateur à rayons cathodiques pour le guidage des avions 1423
. .
Par M. A. BRISSOT,
ingénieur en chef de l’Aéronautique.
ni ni h ni ni il ni ii iiiiiiiiiiiii 11111111111111111111111111111111111
min mu iiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiii un un ni 111111111111111 ii
i32 4 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Efficacité du projectile.
iiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHUiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiir
faut tout d’abord fixer l’enjeu du combat. Selon qu’il
11
s’agira de détruire l’avion adverse ou seulement de lui inter
dire sa mission, la surface vulnérable de ce dernier sera plus
ou moins réduite. Un avion de bombardement n’est pas détruit
parce qu’un obus a brisé son appareil de conduite de lancement
ou rompu les transmissions entre les postes de commande et les
lance-bombes, mais sa mission est compromise; son bombarde
ment sera imprécis dans un cas, impossible dans l’autre :
l’appareil de conduite de lancement, le poste de lancement, les
transmissions sont-elles des points vulnérables du bombardier ?
Un avion de coopération a son poste de T. S. F. brisé par un
obus; il peut continuer à voler et recueillir des renseignements,
mais ne peut plus les transmettre : le poste de T. S. F. est-il
un point vulnérable de l’avion de coopération ? On est ainsi
conduit à distinguer des degrés dans la vulnérabilité des dif
férentes parties d’un avion : l’atteinte du point vulnérable peut,
soit entraîner la perte de l’avion, soit l’obliger à descendre
(ce qui équivaut à la perte si l'atterrissage a lieu en territoire
ennemi ou l’amerrissage en des eaux inhospitalières), soit inter
dire sa mission, soit seulement la compromettre gravement. Le
but idéal du combat est évidemment la destruction de l’adver
saire et les projectiles doivent permettre d’obtenir autant que
possible ce résultat, mais nous avons voulu montrer par cette
analyse de la vulnérabilité, combien il serait superficiel de tenir
compte uniquement de l’effet purement destructeur dans
l’étude comparative de l’efficacité des projectiles ou de la vul
nérabilité des avions. Nous distinguerons dans ce qui va suivre
entre l’efficacité destructive et l’efficacité d’interdiction et de
même entre la vulnérabilité totale (entraînant la perte ou
l’atterrissage forcé) et la vulnérabilité partielle (entraînant
l’arrêt de la mission ou sa compromission grave).
Mais la vulnérabilité dépend aussi de la direction du tir.
Si par exemple le tir vient exactement de l’arrière ou de l’avant,
la surface offerte au tir se réduit à peu près à la section droite
du fuselage et des nacelles-moteurs, la voilure se présentant
par la tranche. Si le tir vient exactement de côté, la surface
offerte au tir se réduit presque uniquement au profil du fuselage,
la voilure se présentant par le bout. Dans le premier cas la
vulnérabilité totale à la balle pleine est voisine de 1, l’équipage
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
et les moteurs remplissant sensiblement tout le maître-couple;
dans le second cas, la vulnérabilité totale tombe à 1/4 ou 1/5,
l’équipage et les moteurs n’occupant guère que cette fraction
du profil du fuselage. Elle devient extrêmement faible si le
tir vient de dessus ou de dessous, la voilure, presque totalement
invulnérable à la balle pleine, occupant la majeure partie de
la surface offerte au tir. Nous devrons donc étudier la vulné
rabilité d’un avion en fonction de la direction du tir.
RÉALISATIONS.
Après cet aperçu sur les qualités générales des projectiles
du combat aérien, nous allons examiner comment elles sont
ou pourront être obtenues sur les quatre espèces de projectiles
(pleins, incendiaires, explosifs, fusants) énumérées au début de
cet exposé.
Le projectile plein.
L’efficacité d’un projectile plein est évidemment à peu près
indépendante de son calibre. Qu’il soit petit ou gros, ses effets
sur le personnel, les réservoirs, les radiateurs, les chemises
d’eau et carters de moteurs, les postes de T. S. F. et tous équi
pements délicats seront les mêmes. Si la vitesse restante n’est
pas trop faible, un petit calibre est également suffisant pour
arrêter brusquement un moteur par perforation d’un organe
un peu résistant (cylindre, magnéto, pompe, etc.), pour faire
exploser les chargements de bombes et pour rompre des câbles
de commande de gouverne ou de petits haubans de charpente.
Seules certaines pièces de charpente ne deviennent vulnérables
qu’à une balle de gros calibre (ferrures principales où la matière
travaille au maximum, barres secondaires de poutre, etc.). Mais
il y a peu de points vulnérables de cette dernière espèce sur
les avions, et comme d’autre part un calibre faible augmente
la cadence du tir, il y a certainement intérêt au point de vue
efficacité et débit à adopter un petit calibre pour le projectile
plein.
Ce qui limite dans cette voie, c’est la nécessité de ne pas
llllllltllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
i3 2 8 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
trop augmenter le coefficient balistique. On sait que ce dernier
est proportionnel au carré du calibre et inversement propor
tionnel au poids, en sorte que pour des balles géométriquement
semblables et de même densité le coefficient balistique augmente
quand le calibre diminue. On ne pourra accepter un petit
calibre que si le projectile est assez dense (noyau en plomb) et
assez long.
On estd’ailleurs arrêté assez vite dans cette voie de l’allon
gement par la nécessité de ne pas augmenter l’indice de forme,
autre facteur du coefficient balistique, de conserver une stabilité
suffisante du projectile sur sa trajectoire, et aussi parce que la
cadence des mitrailleuses est fonction directe de la longueur
de la cartouche (qui fixe un minimum au trajet obligatoire du
mécanisme mobile de l’arme entre deux coups consécutifs), de
sorte que tout allongement de la balle devrait être compensé
par le raccourcissement de l’étui contenant la charge de poudre
propulsive. Un raccourcissement important de l’étui ne pour
rait être obtenu que par des moyens non encore éprouvés, tels
que l’enfoncement sur une très grande longueur de la balle
dans l’étui ou le chargement à grande densité de l’étui avec
une poudre très forte ( 1 ).
Donc, la balle pleine doit être d’un calibre aussi petit que
possible, dense, longue et d’un bon indice de forme; elle devra,
en outre, posséder une pointe dure pour augmenter la puissance
de perforation. Mais une question se pose : quel calibre adopter,
celui des mitrailleuses dites légères (de 7 à 8 mm ), celui des
mitrailleuses de D. C. A. (de 13 à 17) ou un calibre intermé
diaire ?
La réponse à cette question dépend de l'importance plus ou
moins grande attribuée à la cadence du tir ou à la durée de
trajet de la balle. Voyons d’abord de quelle manière, l’augmen
tation du calibre influe sur la cadence de l’arme. Il est difficile
de faire état des résultats obtenus avec les mitrailleuses exis
tantes de divers calibres, car la conception de ces armes n’a pas
toujours été orientée vers la recherche des grandes cadences.
•Illlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
On peut cependant admettre qu’en l’état actuel de la technique
une cadence de 1100 à 1200 coups à la minute, réalisée avec
la plupart des mitrailleuses légères d’aviation, de calibre com
pris entre 7 et 8 mm représente le maximum compatible avec
normale du matériel. Il semble que ce soit la
,
une longévité
vitesse linéaire moyenne du mécanisme mobile, dont le va-et-
vient produit l’introduction et l’extraction des cartouches, qui
fixe la limite de cadence d’une mitrailleuse. L’amplitude de
ce va-et-vient représente environ deux fois la longueur de la
cartouche. La cadence maximum devrait donc être à peu près
inversement proportionnelle à cette longueur. Or la balistique
nous apprend qu’avec une poudre et une densité de chargement
données, des tubes et des projectiles géométriquement sem
blables et une charge de poudre proportionnelle au cube du
calibre, on obtient la même vitesse initiale, si la vivacité de la
poudre est inversement proportionnelle au calibre. Pour une
famille de mitrailleuses répondant à ces conditions, la longueur
de la cartouche est proportionnelle au calibre. Il est naturel
d’admettre qu’en augmentant de calibre les mitrailleuses sui
vront une telle évolution, car dans une mitrailleuse on
recherche toujours la longueur de canon minimum (pour des
raisons d'encombrement et de maniabilité de l’arme) corres
pondant à la densité de chargement maximum (pour améliorer
la vitesse initiale).
Voici donc quel pourrait être le tableau des cadences maxima
en fonction du calibre, tableau valable pour l’avenir immédiat
et sauf révolution apportée dans le choix des matériaux et
l’agencement des mitrailleuses et des cartouches.
Tableau des cadences en fonction du calibre.
Calibre... 7,5 9 11 13 16 20 25 3o 37
Cadence.. 1200 1000 820 700 560 450 36o 300 240
Illlllllll!llllllllllllllllllllllllllllll|||||||||||||lll||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||!|||||||||||||||||||||||||
l ||||||||
balles de 7,5 et de 13, tirées à 800m de vitesse initiale pendant
0,5, 1, 1,5 et 2sec (les différences d’un calibre à l’autre se con
servent sensiblement en première approximation, avec l’altitude
du tir).
Tableau des distances parcourues.
Durées du trajet o sec,5 pec
Balle de 7,5 33om 56om 750m 910m
Balle de 13 4oom 700m 950m 1200m
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuii
Le projectile incendiaire.
Nous dirons peu de choses des projectiles incendiaires dont
les possibilités contre avion paraissent limitées. D’une manière
générale, on ne peut songer à enflammer des matières peu com
bustibles qu’au moyen d’engins restant assez longtemps en
contact avec elles. Il paraît donc impossible d’enflammer direc
tement le bois ou la toile -—- même enduite de vernis assez
combustibles — d’un avion avec des projectiles que leur vitesse
restante, relativement grande en regard de la fragilité de
l’objectif, empêcherait de laisser au contact une quantité suffi
sante de composition incendiaire. Il y a bien, à bord d’avion,
des points particulièrement vulnérables à l'incendie, tels que les
réservoirs de combustible, mais il semble que sur eux les effets
des balles incendiaires soient à peine supérieurs à ceux des
balles ordinaires, au moins dans les petits calibres. Les expé
riences sur réservoirs avec des calibres plus élevés manquent;
il semble qu’elles offriraient peu d’intérêt, les obus explosifs
étant probablement plus efficaces.
Le projectile explosif.
Avec les projectiles explosifs nous abordons les possibilités
d’avenir. Il est évident que l’apparition d’engins capables
d’ouvrir des brèches de quelques décimètres carrés dans le
bordé d’un avion peut révolutionner l'armement aérien. Mais
il convient d’examiner de très près si cette nouveauté (qui date
d’ailleurs de 1918) mérite entièrement la faveur, dont elle
semble jouir depuis quelques années dans certains pays.
Les plus grands effets de l’obus explosif doivent être attendus
du souffle plutôt que des éclats. Par son souffle, un obus de 20mm
percutant instantanément sous incidence normale peut arracher
des revêtements métalliques d’ailes sur quelques décimètres
carrés aussi bien à l’entrée qu’à la sortie, l’effet étant maximum
pour des épaisseurs d’aile de quelques décimètres; il peut
ébranler des éléments secondaires de poutre placés à quelques
centimètres de l’impact, mais son effet est douteux sur une pièce
maîtresse comme un longeron d’aile, si l’atteinte n’est pas à son
voisinage immédiat. Sur le bordé métallique ou en toile d’un
fuselage, le trou d’entrée est plus petit (à peine un décimètre
carré) ; le volume dangereux, derrière la paroi d’entrée pour
1332 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
le personnel et les équipements délicats, est de quelques déci
mètres cubes; il ne se produit rien sur la paroi opposée du
fuselage dans les zones où elle est distante de plus de 0 m ,75
l
ou m de la paroi d’entrée. En sorte qu’une simple toile ou une
tôle de quelques dixièmes de millimètre constitue une protec
tion suffisante contre l’effet de souffle pour l’homme abrité à
l m en arrière. Ces effets n’ont rien de terrifiant et nous sommes
loin du projectile, rêvé des usagers, dont un seul serait mortel,
quel que soit le point d’impact sur l’avion. Ces résultats sont
obtenus avec un explosif puissant, une forte densité de charge
ment et un amorçage de fusée très instantané. Si l’amorçage
est moins instantané, les brèches de sortie sur fuselage sont
augmentées, mais celles d’entrée et de sortie sur aile sont
diminuées. Si la densité de chargement est diminuée, au lieu
de produire une poussière d’acier inefficace, l’obus peut donner
des éclats assez gros de quelque efficacité, mais l’effet de souffle
est diminué et les brèches réduites.
Bien entendu, ces effets peuvent être augmentés considéra
blement avec le calibre. Faut-il se contenter du calibre de 25
question
ou aller jusqu’à 37 ? Nous n’aborderons pas ici cette
qui nous entraînerait trop loin.
Quant à la vulnérabilité d’un avion à l’obus explosif, elle
est — elle aussi — essentiellement fonction du calibre. Consta
tons simplement que, si l’on s’en tient aux petits calibres
(de 20 à 23), la vulnérabilité totale à la balle pleine ne lui est
être consi
pas tellement inférieure. Cette dernière peut même
dérée comme supérieure lorsque le tir vient de l’arrière, car
les effets de l’obus explosif touchant l’arrière du fuselage sont
limités à cet arrière, alors que la balle pleine venant de la même
direction traversera toute la longueur du fuselage et sera pro
bablement efficace. Si le tir vient par le travers, la surface
vulnérable à l’obus explosif sera celle vulnérable à la balle
pleine, augmentée de la somme des surfaces entourant chaque
élément vulnérable à la balle et de dimensions dilatées de
quelques décimètres par rapport à celles de cet élément. Pour
pousser plus loin la comparaison, il faudrait d'ailleurs envisager
non plus les surfaces vulnérables mais les volumes, puisque les
effets de l’obus explosif sont limités à un certain volume en
arrière de la paroi d’entrée. Nous ne nous engagerons pas dans
cette voie ; constatons seulement que la considération du volume
iiiiiiiiiiiin 11111 il un 111 ii mu 11 il mil 11111 uni U i i in 11 nu i un ni ii iiii i mi mil in 11 nu i un i in ii mil ii 11 mil i in 11 iiiiii
K
efficace désavantage le projectile explosif. Dans le tir venant
de dessus ou de dessous, à la surface vulnérable précédente
s’ajoute celle due aux ailes qui, pour un calibre de 20 à 23,
peut être évaluée au tiers ou à la moitié de la surface portante
(suivant la valeur de cette surface) et atteindre la totalité de
cette surface avec des calibres supérieurs.
Au point de vue balistique, l’obus explosif est a priori infé
rieur au projectile plein. Si les projectiles étaient semblables,
l’obus explosif aurait même coefficient balistique que la balle
pleine ayant même a 2 /p (quotient du carré du calibre par le
poids). A l’obus explosif de 20 correspondrait la balle de 13
et à l’obus de 25 la balle de 15. En réalité, si l’on recherche un
taux de chargement élevé, ce qui est nécessaire pour que les
projectiles de petit calibre soient efficaces, on est obligé d'enfler
l’ogive, ce qui augmente très rapidement l’indice de forme.
La présence d’une fusée d’ogive n’est pas faite non plus pour
améliorer cet indice. De la sorte, un obus de 20 chargé au maxi
mum permis par les conditions de résistance du corps d’obus
au tir peut voir son coefficient balistique devenir double ou
triple de celui d’une bonne balle de 13, c’est-à-dire plus mau
vais que celui de la balle de 7 ou 8. Il faut sacrifier la moitié
ou les deux tiers de la charge d’explosif pour obtenir un obus
comparable à la balle de 13.
Les partisans de l’avion-canon espèrent avec cette arme aug
menter la distance efficace de combat, ce qui doit permettre
au chasseur de descendre à coup sur son adversaire avant que
ce dernier ait pu ouvrir le feu avec ses faibles mitrailleuses
(ces partisans posent, en effet, en principe, que le canon est
réservé au tir en chasse). Les quelques indications précédentes
font ressortir leur erreur. En fait les durées de trajet d’un obus
de 20 efficace sont supérieures à celles d’une balle de 7 ou 8
et a fortiori de 13, c’est-à-dire qu’à distance égale les chances
d’atteinte sont plus faibles avec l’obus de 20 et il est à craindre
que le chasseur avant de toucher son adversaire n’ait reçu lui-
même quelques balles qui, venant de l’avant, seront presque
toutes efficaces. Si l’avion attaqué se défend à la mitrailleuse
de 13, son avantage est encore plus marqué. D’une manière
générale la défense peut tenir tête à la chasse avec une balle
pleine de calibre nettement plus faible que celui de l’obus explosif
du chasseur.
ni iiiiin unu
1334 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Un autre point, qui paraît avoir échappé aux partisans du
canon, est la nécessité d’une vitesse restante à l’impact assez
-considérable pour que la fusée, dont la sensibilité n’est pas
illimitée, puisse fonctionner. Au-dessus des distances correspon
dantes l’obus n’est plus explosif. La limitation ainsi apportée aux
distances efficaces de combat est d’une brutalité telle que tout tir
à grande distance paraît absolument interdit à l’obus explosif per
cutant, si l’on n’augmente pas sérieusement sa vitesse initiale.
Nous ne pousserons pas plus loin la comparaison entre la
balle pleine et l’obus explosif, qui demanderait de longs- déve
loppements et notamment l'étude détaillée de l’influence de la
cadence du tir sur les probabilités d’atteinte. Mais nous don
nerons les quelques chiffres suivants, basés- sur la considération
du poids d’armement transporté, considération que nous avons
jusqu’ici négligée.
Pour obtenir des obus explosifs efficaces, il faut dépasser
résolument les calibres admis pour la balle pleine, les balles
explosives de petit calibre étant à peine plus efficaces sur la
presque totalité de la surface vulnérable d’un avion que les
balles pleines, et présentant d’autre part des caractéristiques
balistiques bien plus mauvaises. Le calibre de 20 est universel
lement reconnu comme un minimum absolu pour l’obus explosif
et nous avons vu qu’il y aurait un grand intérêt à le dépasser.
Or un obus explosif de 20, tiré à 800m de vitesse initiale, pèse
deux fois plus que la balle de 13 et dix fois plus que celle de 7,5.
Une cartouche de 20 pèse 2,3 fois celle de 13 et 12 fois- celle
de 7,5. Une mitrailleuse de 20 avec 60 cartouches équivaut
comme poids à 3- ou 4 mitrailleuses légères avec 900 ou 1200
cartouches et à une mitrailleuse de 13 avec 300 cartouches. La
mitrailleuse de 20 débite ses 60 obus en 6 à 9 secondes. Pen
dant ces 6 à 9 secondes, les 3 ou 4 mitrailleuses légères débitent
de 350 à 700 balles et, pour le même poids transporté, peuvent
recommencer deux ou trois fois ce tir. Pendant le même temps,
la mitrailleuse de 13 débite de 80 à 115 balles et, à poids égal
transporté, peut recommencer trois fois ce tir. On ne doit pas
oublier ces chiffres lorsqu’on compare l’obus explosif et la balle
pleine.
Les obus fusants.
illllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
Comparaison de projectiles de lancés par un canon de bord avec une
2omm
cartouche de mitrailleuse de 8mm {au centre).
A gauche, obus à percussion instantanée. A droite, obus percutant ordinaire.
suffisantes, et rien ne dit que cela ne sera pas, les obus fusants
parviendraient à soutenir la comparaison avec les obus explosifs.
Organisés de manière que leur éclatement projette vers l’avant
quelques grosses balles en une gerbe de très faible ouverture,
ils équivaudraient à plusieurs balles pleines à vitesse restante
élevée, la vitesse de projection des balles s’ajoutant à la vitesse
lllllllllllllllllllllIlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllIllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIllllllllB
1336 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
restante de l’obus à l’instant de l’éclatement. La distance effi
cace de combat serait augmentée dans des proportions très
intéressantes. Pour les raisons développées plus haut, ce pro
jectile serait particulièrement utile dans le tir eu chasse. Nous
n’insisterons pas ici sur cette question qui mériterait une étude
spéciale.
CONCLUSIONS.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin
R. 4. A. _ No 89. o
1338 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Principe du viseur proposé.
Conditions à remplir par l’appareil.
Réalisation pratique.
Mode d’emploi du viseur proposé.
e
I. — Sur le bombardement d’un bateau
à l’aide du viseur S. T. Aé.
Fig. «.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIllllllllllllllllllllllIllIIIIIIIIIIllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
méthode ci-après : extension, au cas où le but est mobile, du
bombardement d’un but fixe dans le lit du vent. Le rendement
pratique en pourra être amélioré par l’adjonction au viseur
S. T. Aé. des deux appareils très simples décrits dans la deuxième
partie de ce travail.
.niiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiriiiiiiuiiiiii
1340 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
avec
C,C,Nadt, A, I ) Q b dt.
On que, suivant le cas, l’axe de l’avion tend à se rap
voit
procher ou à s’éloigner de la direction théorique A. Nous ver
rons plus loin l’interprétation géométrique de ce fait. Dans ce
qui va suivre, nous supposerons nous trouver toujours dans le
cas de stabilité.
DEUXIÈME REMARQUE.
Il
est facile à l’observateur, par la seule considération du
vent et du mouvement de la cible, de se placer dans le secteur
correspondant à la stabilité. On voit sur la figure que, dans ce
cas, le bateau s’éloigne de l’avion supposé immobilisé dans le
vent. Si le bateau émet de la fumée, celle-ci est sensiblement
immobile dans le vent, de sorte que la direction du panache1 est
approximativement la direction A à suivre, la fumée se trou
vant entre l’avion et le bateau dans le cas envisagé de stabilité.
Réalisation pratique.
Dans la pratique, deux difficultés surgissent :
Evaluation du cap c;
1°
2° Mise en direction de Eavion sur la cible avec un cap donné.
On opérera de la façon suivante (la justification de cette
méthode, par le calcul de l’erreur maximum qu’elle' introduit,
sera traitée au dernier paragraphe). Le cap est d’abord estimé
comme il est dit plus haut, à l’aide des éléments approximatifs
(a) et (b). Soit a ce cap. Le pilote manœuvre ensuite de façon
à placer l’avion en direction de la cible, à 3 ou 4km de celle-ci,
le relèvement de l’alignement avion-cible étant 3, 3 ne diffé
rant d’a que d’une vingtaine de degrés. Avec cette précision
(suffisante puisqu’il ne s’agit que d’un dégrossissage) la ma
nœuvre est facile et rapide même pour le pilote qui ne dispose
que de son propre compas (c’est-à-dire dont l’observateur ne
possède pas de compas de relèvement).
Deux cas sont à considérer :
but reste dans le plan de symétrie de l’avion, celui-ci
1° Le
marchant au cap constant 3; alors ce cap est le cap c théorique :
3 = c. Le but continue indéfiniment à défiler sous l’axe, le bom
bardement se fait suivant les méthodes habituelles;
2° Pour maintenir le nez de l’avion sur la cible, le pilote doit
virer (par exemple, à gauche dans le cas de la figure), cela signifie
que 3 > c; son cap est trop élevé, il effectuera donc un virage
à droite sans se rapprocher de la cible et, quelques instants
plus tard, remettra son capot sur la cible. Après plusieurs
'IIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIII1IIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIII1II11IIIU
1342 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
manœuvres analogues, l’encadrement sera obtenu, de sorte qu’à
un cap C, (fig. 3) le but défilera à gauche; au cap c, = c, — 20°,
le but défilera à droite. Alors
iiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiirtffiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiqiiiiiii.
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1343
erreur < a t 0,
(a)=(a)—(b), donc o<d<|a|+|b|.
Si ô < 10°, ce que la pratique montre facile à obtenir, on a :
at.
erreur - 6 2
W — e —
d sin o,
? étant l’angle de la normale à L avec la directioir A.
W décroît constamment à mesure que l’avion se rapproche
de la cible. Au moment du tir, W est donc inférieure à sa
valeur moyenne pendant la visée, d’où un tir systématigiiement
court. Nous allons montrer que l’erreur est négligeable. Eva-
luons-en une limite supérieure :
La variation de vitesse envisagée est évidemment inférieure
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll»
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1345
-
1000 .
illl 11111II111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111II111111111111111111111111111111111111111111IIIIIII111111II
|| llf
1346 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Prenons comme origine des coordonnées la position de la
cible à l’instant initial, l’axe des x étant la route de la cible,
l’axe des y lui étant perpendiculaire.
Nous pouvons envisager la courbe cherchée comme étant
x = 1p COSO , sin
do
dp
.
O,
y = p si n
1
©
dp
dp
H—— cos o.
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1347
Et
t
en
==
A
—2
a
P—a'sino
cos o \ COS© /
:
/i— sino" h
portant dans (2) et dans (1)
a
B
7
:
.
(A et B = const. ). x
avec
nu Illlllt
1348 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
k—sino / i — sinok A
t = —; ‘ ( ‘
a coso \ cos© /
Ce sont des courbes homothétiques. Le centre d’homothétie
{fig. 8) est la nouvelle origine, propriété d’ailleurs évidente
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiii
en se reportant à la définition mécanique des courbes L. Les
trajectoires de la cible et de l’avion étant parcourues à des
vitesses constantes, tout arc d’une de ces courbes L est propor¬
Applications pratiques.
Cette propriété d’homothétie est très intéressante. Choisis
sons, en effet, arbitrairement l’une des courbes, soit 2. Le mou
vement correspondant à chacune des trajectoires peut être
représenté graphiquement sur la courbe 2, l’échelle étant fonc
tion de A (c’est-à-dire des conditions initiales). Nous substi
tuerons ainsi, à la famille des courbes parcourues à la vitesse v,
une seule courbe parcourue à une vitesse uniforme, variable
avec A. Cette représentation permet des solutions graphiques
simples de quelques problèmes intéressants.
Affectons les majuscules aux figures dans l’espace, les minus
cules à leur représentation graphique et supposons que M soit
un avion bombardier, B un bateau. Appelons P le point de
tangence de A et D, Q la position de B au moment du déclenche
ment des bombes. Construisons la courbe X. Voici quelques
'llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIIIIIIIIU
1350 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
exemples d’utilisation graphique de X pouvant intéresser le chef
désireux de fixer approximativement les conditions minimum
et optimum du bombardement dans un cas concret.
Fig. 9,
F _ mobo
MME ’
M o Bo bo p
mobo a
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 1351
- T-
a t
Menons à A la tangente de longueur m. b. = M, B. X E; elle
fait avec d l’angle 6 demandé.
0
<
En substituant, par la pensée, le volume
du « Commandant Teste » à celui des
flotteurs, on voit que le bâtiment visé
aurait été touché en deux points.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiuiiiii
On peut donc admettre qu’un bateau ennemi surpris, c’est-à-
dire animé d’un mouvement rectiligne uniforme, est bombardé
dans d’excellentes conditions.
Il par suite intéressant de constater que précisément la
est
surprise a des chances d’être réalisée en employant la méthode
préconisée.
En effet :
'Mlillllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllll
R. A. A. — No 89. 3
1354 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
bardement un rendement suffisant ? Ces questions devront être
étudiées en collaboration avec la Marine. Quoi qu’il en soit,
il est dès à présent permis de conclure.
Fig. 13.
— Salue de Il convient de noter
bombes à 4ooom. que les photographies
Le « Commandant étaient prises avec
Teste est visible en
» une seconde de retard
haut et à gauche du approximativement
cliché; l’impact se e t q u e lebut ( flot-
trouvant (à l’inté t e ur s ) progressait,
rieur du cercle I, le pendant ce temps,
bâtiment aurait été de deux fois sa lon
touché. gueur environ.
<
Certes les viseurs spéciaux utilisés par la Marine, ou encore
la méthode « en piqué », donnent des résultats très intéressants,
même sans surprise ; mais ces viseurs sont lourds, encombrants
et coûteux. Le piqué, lui, exige pour l’avion bombardier des
qualités exceptionnelles à cause du poids à enlever. Le viseur
S. T. Aé. n’a pas la prétention de rendre inutiles ces méthodes
coûteuses, mais il a celle d’y suppléer dans les nombreuses
circonstances où peut être obtenue la surprise. Il revendique
alors ses supériorités : existence, prix de revient, légèreté, robus
tesse, possibilité d’être mis entre toutes les mains. Ce vieux ser-
iiiiiiu i uni i nui nui uni uni uni uni uni uni i in 111111 in i un i un ni i uni nu i in 111 u 1111111 u 11 u ni uni u iinii i nu ii i
viteur ne doit pas encore être' admis à faire valoir ses droits
à la retraite.
D. — PROJET D’INDICATEUR.
Dans ce qui va suivre, pour simplifier le langage, nous dési
gnerons par avion, la projection de l’avion sur le plan horizontal
de la cible.
Résultat cherché.
Lecture facile du cap c après des mesures convenables effec
tuées pendant deux parcours rectilignes quelconques de l’avion
(ce qui permet de ne pas attirer l’attention du bateau).
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIII1IIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1356 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Le théorème de la composition des vitesses nous donne :
Réalisation pratique.
L'indicateur se composera des deux appareils Y et Z sui
vants :
çupuunuaruBenGKnrcDunanuunaaenusanGnacunanaaananRBcccAacecBunpannADSDcGuBNSunnSnunaSaR2SNccAuucAaEnSAnnASanSSGuzuunAASuncuuuAAA*SAS*RSUD
bateau par rapport à l’avion, celui-ci marchant à cap constant.
Y pourra, par exemple, être constitué par un parallélogramme
articulé, dont un des côtés sera constamment dirigé sur la cible
au moyen d’une lunette. Le côté parallèle sera un crayon, lais
sant sa trace sur un papier horizontal ;
2° Z matérialisera la figure OABP; il sera constitué par deux
tiges métalliques OA, OB, de même longueur, articulées en O
(fig. 15). A et B se déplaceront sur un cercle gradué. En A et B
Fig. 15.
OA suivant C,,
AA' suivant T,,
OB suivant C,,
BB' suivant T
2,
1358 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
AA' et BB‘ se coupent en P.
La tige OP est dirigée suivant A. Une simple lecture sur le
cercle gradué donne le cap cherché.
E. — PROJET DE VISEUR.
Résultat cherché.
Permettre au pilote une mise en direction facile de son avion,
en application de la méthode décrite.
Vision du pilote
A gauche, fig. 16; à droite, fig. 17.
Sur le dernier document, le huitième de sphère en celluloïd dont parle l’auteur
a, en réalité, été remplacé par un carénage transparent C.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1360 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
possible (au moyen de la fumée, par exemple, il manœuvre pour
voir la cible au delà du panache de fumée et dans l’axe de
celui-ci). La cible est alors dans le champ de notre viseur; ma
nœuvrer pour l’amener sur C. Lire le cap. Garder C sur la cible
pendant que l’on compte jusqu’à 5, 10 ou 20.. (à déterminer).
.
Lire de nouveau le cap :
1° S’il n’a pas varié, continuer;
2° S’il a augmenté, large virage à droite; s’il a diminué, large
virage à gauche, etc.
à. Si l’équipage dispose d’un indicateur, il connaît le cap à
suivre. Le viseur ci-dessus lui donnant, pour un large secteur,
le relèvement de la cible, la mise en direction de l’avion sur la
cible avec ce cap ne présente aucune difficulté pour le pilote.
Il n’a plus ensuite qu’à conserver C sur la cible.
Capitaine DAVOUT VAUERSTAEDT.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiii mu ii 1111 r a
'i i in ii ni ii i ii min 111 iiini un i 1111 mu i ii i ii 11 ii ii
11 11 11 11 iiiiiiiii ii ii iiiiiiiii 11 un i nu in ii i in 1111 n mu i ni n n ii mu i m i
iiBiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiii
iiiiiiiii
Sept des huit occupants furent sauvés; le huitième succomba
à une immersion qui l’avait trop affaibli.
Ainsi, un siècle après que les aéronautes eurent signalé les
premiers remous de relief et leurs dangereux « coups de rabat »,
un quart de siècle après le premier « avion plaqué par un
remous », il se trouve encore des « pilotes de l’océan aérien »
pour ignorer — faute d'Instructions nautiques et faute de vrais
pilotes moniteurs — qu’en navigation on doit « arrondir un
cap », c'est-à-dire passer au large de l’obstacle qui engendre
des tourbillons.
Et pourtant que de catastrophes aériennes n’y eut-il pas où
des équipages périrent « en perte de vitesse, plaqués par un
remous ». Tl faut dire que par une sorte de politesse mal placée
les accidents ne sont pas assez exploités pour l’instruction de
ceux qui restent.
Avant la guerre, Esnault-Pelterie faisait aux officiers avia
teurs de la région parisienne des conférences où il signalait le
révolin qui se produit lorsque le vent « se décolle » après avoir
escaladé un plateau. En province, le sapeur-pilote que j'étais
—-
s’il devait prendre sa revanche — ignorait alors ces intéres
santes causeries ; ainsi on passe son temps à réinventer ce que
d’autres ont appris et dit.
En 1926, envoyé par le Ministère au Laboratoire Eiffel pour
reconstituer au tunnel les ascendances, rabattements, contre-cou
rants et tourbillons observés depuis quelques années à Biskra,
aux Alpilles et ailleurs, le directeur, M. Lapresle, me montra
une maquette de hangar à dirigeable : chb temps d’Eiffel, ils
avaient eu à passer au tunnel cette maquette, afin de déterminer
pourquoi les toitures des hangars s’arrachaient du côté opposé
au vent !
Quel dommage que ces savants n’aient pas eu l’idée de dire
non seulement aux couvreurs, mais aussi aux aviateurs, que la
dépression régnant derrière un obstacle exposé au vent et les
contre-courants, tourbillons et rabattements qu’elle engendre
sont virulents. Mais les aviateurs ne les auraient pas crus !
Depuis treize ans que je vais prêchant les dangers de rabat
tements « turbulents », combien de mes camarades périrent,
plaqués par un remous, cpii avaient bien souvent ri de ces
théories, fruit pourtant de scabreuses observations faites en
vol !
Cliché de « L’Illustration ».
L’accident de l’avion anglais BLACKBURN tombé sur l’avant du « Normandie ».
La « montagne » va à l’air et l'air va à la « montagne ».... La totalisation des vents
réels et relatifs crée une ascendance et des remous tels que les aviateurs ne
devraient jamais survoler à basse altitude un navire en marche.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiii.iiiiiiiiiiii
i364 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
bulence (rien n’est plus scabreux à survoler que le moindre
incendie de broussailles).
Mais, quelque chaleur que dégagent les cheminées, lorsqu’il
s’agit d’une masse aussi énorme qu’un transatlantique géant,
deux choses sont surtout à considérer : d’abord la vitesse du
vent régnant qui heurterait le navire s’il était immobile, puis
le vent relatif résultant de sa vitesse propre; plus exactement,
le vent qui traduit la composante de ces deux vitesses (si tou
tefois les deux vents, le réel et le relatif, ne sont pas égaux et
de sens contraire pour s’annuler).
Si le vent réel vient des secteurs avant et s’ajoute au vent
relatif, il est clair que le danger est au maximum. Mais, même
par des vents venant des secteurs arrière (si ceux-ci ne réus
sissent pas à annuler le vent de la marche), il y a là tout ce
qu’il faut pour tuer un pilote qui n’a pas été initié et entraîné
au pilotage dans les remous. D’autant plus que les turbulences
thermiques aggravent toujours la situation.
Un pilote, survolant un grand navire en marche, risque :
—• soit le coup de vent sous une aile, coup de vent qui résulte
d’une ascendance verticale montant du flanc ou des flancs des
superstructures;
— soit le révolin de décollement, lorsque ces ascendances
générales ou locales se rabattent sur le pont supérieur;
•—-
soit le rabattement général (et les tourbillons qui en résul
tent) dans le sillage aérien du navire.
Si le pilote américain avait, une seule fois, regardé la turbu
lence effrénée qui règne dans les gaz d’échappement, bien après
leur sortie d’une voiture, ou s’il avait vu se précipiter à la
suite de cette voiture, en tourbillons frénétiques, poussières,
feuilles d’arbres, fragments de papier, il n’eût pas commis cette
imprudence.
Dans le premier accident, celui du « Normandie », le navire
était au port. C’est donc d’un simple remous d’obstacle qu’il
s’agit, augmenté peut-être des remous thermiques des cheminées.
Mais les pilotes ne doivent pas oublier que, si l’air va à la
montagne, la montagne aussi peut aller à l’air -—- si cette mon
tagne s’appelle « Queen Mary ».
Il y a plus d’une décade que je conseillais de passer au
Le MORANE-SAULNIER 315 (moteur SALMSON 135 IIP), pesant une tonne,
qui a volé à voile, hélice calée, gh et gh 17min à l’École des Remous des Alpilles.
Devant l’appareil, l’adjudant-chef Peyrard et le capitaine Thoret.
A 980k8 de poids total,‘la charge du M. S. 315 atteint 44*8,300 par mètre carré,
le triple de la charge d’un planeur de performance, et sa vitesse verticale de
descente en vol "plané, par ascendance nulle, est de 2,82 m/sec.
IIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIII11I1IIII1III1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1III1I1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIP
1366 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
qui a la chance de posséder ce terrain unique l’avait laissé
inemployé depuis douze ans.
En effet, c’est en 1924 que j’avais effectué aux Alpilles, avec
un biplan Hanriot à moteur de 80 HP, hélice calée, divers vols
dont un de 9 heures seul à bord et, dans les mêmes conditions,
donné en double commande une leçon de 3 heures. Les deux
premiers « lâchés », Antoine et Wernert, volèrent 8 h 54min et
9h 17min; mais ces expériences eurent une fin soudaine, alors
Vitesses de vent, au sol, à Istres (25km au Sud des Alpilles), le 9 juin 1936,
pendant le vol à voile du Morane-Saulnier 315. Le mistral, très médiocre au
début, croît jusqu’à 16h puis faiblit, restant irrégulier tout le long du jour.
,
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll•
selon leurs plafonds, une centaine ou deux d’avions «légers»
(d’une tonne et au-dessous), de motoplaneurs hélice calée et
de planeurs plus ou moins lourds, largués au treuil ou en vol
remorqué. Etant donné la richesse du potentiel ascendance, il y
Carte de « L'Illustration ».
Schéma du vol de g 11 effectué, le 9 juin, avec U adjudant-chef Peyrard,
sur la face Nord des Alpilles. La zone optima, le plus fréquemment utilisée,
A à B. allait de
Les ascendances étaient telles, par mistral de N. N. O., que le Morane, se
tenant au ras de la crête (à 55-6o kmh au Badin) par vent médiocre et gagnait 200
à 3oo m de plafond dès que le mistral atteignait les vitesses de 50 à 70kml. Dans
ces conditions, des retournements purent être effectués. D’autre part si le pilote,
renonçant au plafond, maintenait l’avion en palier, toujours hélice calée, en
«rase-rocs », sa vitesse passait, vers chaque terminus de la zone optima (longue
de i km ,5oo), à plus de 14okm!.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiNiniiiiiiiiiii
wd
Cliché de « L‘Illustration ».
Vol, hélice calée, de gh, effectué le 9 juin 1936.
Aux variations du potentiel «ascendance du mistral (voir figure » de la page 1366)
correspondent les variations du plafond : la «
coquille d’œuf sur le jet d’eau ».
UllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllK
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 1369
o
IY
En quelques semaines, 170 heures de leçons de remous (1)
furent données, non seulement aux Alpilles, mais depuis Sis-
teron jusqu’aux falaises de l’entrée des gorges du Verdon,
depuis le Ventoux jusqu’au mont Aurélien — sans oublier
Sainte-Victoire, la montagne d’Aix. Les leçons comportaient
non seulement l’utilisation pratique des ascendances (panne le
long d’une montagne et cabotage pour chercher un terrain;
essai d’atterrissage au pied d’une montagne dans un petit ter
rain sans excès de vitesse malgré le vent ascendant, gain de
vitesse horizontale ou ascensionnelle et économie de combus
tible, etc.), mais aussi, pendant des séances de 15 à 45 minutes,
du pilotage dans les tourbillons des rabattements.
On dit bien, en théorie :
lllllllllllllllllllllllllllllIllllllllllüllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllIflIlllKIIIIIIIHIllIlllllllllllllllll
R. A. A. — No 89.
1370 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1371
ANNEXE.
Au cours de ses deux mois d’expériences de vol dans les remous,
aux Alpilles, le capitaine Thoret fit, pour les archives de l’Ecole des
Remous, avec des fumigènes Ruggieri, une démonstration de courants
de relief. Les quatre photographies ci-après, prises par la Section
Photo d’Istres pendant cette démonstration, sont commentées ci-dessous.
Il semble qu’il y aurait intérêt à exécuter dans les formations, par
grand vent, des démonstrations de rabattement turbulent; on pourrait,
par exemple, briser «sous le vent » d’un hangar des fumigènes d’atter
rissage.
s
Fig.
1.— Le vent Sud (vitesse 30 kmh ), bien que troublé par un
groupe de bâtiments qui se trouve à droite, est dévié selon une ascen
dance régulière.
Fig. — Le rabattement turbulent du vent (qui vient de la droite)
2.
épanouit la fumée et la distribue de façon fantaisiste, avec des varia
tions de vitesse et de direction assez grandes, malgré la faible déni
vellation, la forme de l’obstacle et la médiocrité du vent.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1372 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Fig. 2.
un 111 ii 11 ii uni 11 in i in 111 ii iiiiiiiiuiin i il 111 ii 11 ii 111 il 111111 ii ii ni il ni ii 11 in i min iiiiiiii uni 11111111111 ii i uni i uni uni
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1373
Fig. 3.
Notes et souvenirs
sur la
création de V Aviation militaire française ^
DU 7 AU 30 AOUT 1910.
Le 7 août commençait le Circuit de l’Est, organisé par
«Le Matin » sous la direction et le contrôle de V Aéro-Club de
France. Bien que ce circuit fût une épreuve purement civile,
ouverte à tous les pilotes brevetés, français ou étrangers, il n’en
a pas moins exercé une grosse influence sur la création de
l’aviation militaire en levant les dernières objections contre
l’essai, aux grandes manœuvres de 1910, du service constitué
jusque-là à titre d’étude.
Jusqu’au Circuit de l’Est, les vols à travers pays étaient rela
tivement rares et les aviateurs, libres de choisir le jour et
l’heure qui leur convenaient, ne partaient guère que par beau
temps. Seul, le prix de Londres-Manchester, en avril 1910, avait
été disputé par mauvais temps, s’étant transformé en une véri
table course entre les deux concurrents, Paulhan et Graham
White, prêts simultanément : encore partaient-ils de deux aéro
dromes différents de la banlieue londonienne.
Au Circuit de l’Est, pour la première fois, les dates des vols
et les itinéraires ont été fixés longtemps d’avance, sans pouvoir
tenir compte des circonstances météorologiques. L’heure même
était précisée et un retard à l’arrivée éliminatoire, à partir de
iiiuiiiiriHiiiH iiiiiititiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuuiitin
la fermeture du contrôle. Ce n’était plus une étape qu’il s’agis
sait de parcourir, mais six qui devaient être parcourues de deux
en deux jours, ce qui rendait également éliminatoire tout acci
dent grave, même à l’atterrissage, non réparable avant le
départ de l’étape suivante. Les aviateurs devaient survoler non
plus seulement les plaines de la Champagne et de la Picardie,
mais les régions accidentées et boisées de la frontière Nord-Est.
Enfin, la réunion des concurrents sur un même terrain, créant
l’émulation, les incitait, pour devancer leur émules, à partir
coûte que coûte à l’heure fixée, dans des conditions où, isolés,
ils ne seraient sans doute pas partis.
Pour toutes ces raisons, les conditions matérielles du vol se
rapprochaient beaucoup de celles d’une reconnaissance mili
taire, envoyée à une heure choisie pour l’utilité du comman
dement et non pour ses avantages météorologiques.
Le 7 août, au matin, le temps était beau, mais des brumes
couraient sur la campagne, gênant l’orientation.
Les trois appareils engagés par Blériot, monoplaces types
Blériot XI à moteur Gnome 50 HP, partaient les premiers,
Aubrun à 5h 13min, Leblanc à 5h 18min, Mamet à 5h 22min. Der
rière eux, l’allemand Lindpaintner partait sur Sommer à 5h 30min,
puis Busson sur Blériot à 6 h 5min. Enfin, après un assez long
intervalle, à 7 11 5min, Legagneux, sur Voisin, Bregi sur H. Bar
man et Weymann également sur II. Barman à 9 11 13min. Le départ
des derniers avait été déterminé par l’annonce au téléphone
de l ’arrivée à Troyes des premiers, Aubrun à 6 h 50min, Leblanc
à 6 h 52min.
UlllllllllIflIllllllllllllllllllllllllllllllllllllllHllllllllllllllillllllllItlIllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilinii
1376 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
Legagneux, Weymann, Mamet s’étaient égarés et avaient dû
atterrir pour se retrouver.
Lindpaintner, au contraire, paraît avoir fort bien repéré sa
route et était arrivé sans escale en 2h 25min.
Les vitesses pratiques étaient de 86 kmh pour Leblanc, 83 pour
Aubrun, 56 pour Lindpaintner, les Blériot des deux premiers
fournissant une vitesse propre d’environ 100kmh et le Sommer
du troisième 60 kmh
.
Legagneux, Weymann et Mamet, arrivés avant fermeture du
contrôle, restaient qualifiés, mais avec des temps de vol respec
tivement fixés à 3 h 59min 4h 13 min-5h 8min.
Cette étape fournissait donc deux enseignements très nets :
le premier était la grosse supériorité conférée aux pilotes de
Blériot par la vitesse de leurs appareils, la seconde était l’im
portance de l’aptitude au repérage de la route, cette aptitude
décidant du classement entre appareils; équivalents et de la
pénalisation automatique des concurrents insuffisamment pré
parés à se diriger.
Une inquiétude venait au soir de ce 7 août : sans doute les
Blériot prenaient les deux premières places, mais le troisième
était un Allemand, Lindpaintner (appelé familièrement « La
Panthère »), lequel paraissait s’être remarquablement dirigé,
n’ayant perdu que fort peu de kilomètres sur la vitesse théo
rique de son appareil.
Le Blériot XI, de type alors nouveau, allait-il être en état de
résister à l’épreuve ? S’il ne le faisait pas, le succès pouvait
aller l’Allemand.
à
Dans la même journée, un certain nombre d’aviateurs mili
taires avaient fait des vols intéressants.
Chevreau, parti de Villacoublay sur Wright, avait atterri près
de Vulaines où il avait cédé son avion à Maillols qui l’attendait
et, l’ayant remplacé, était arrivé à Troyes.
Camermann, emmenant Vuillierme comme passager, Féquant,
emmenant le capitaine Marie, et de Gaumont, pilotant seul à
bord, étaient allés de Mourmelon à Nancy par trois itinéraires
différents, les premiers par Verdun et Toul, les seconds par
Bar-le-Duc et Toul, de Gaumont par Vitry-Saint-Dizier et Toul.
Aucun d’eux — y compris de Gaumont, seul à bord — ne
s’était égaré, bien que la région traversée par eux fût sensi
blement plus accidentée que le trajet de Paris à Troyes.
Illllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllülllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
Il est certain que cette arrivée sans accroc des trois avions
militaires à Nancy le 7 encouragea fortement les concurrents
du Circuit, assez inquiets du terrain accidenté de leur seconde
étape de Troyes à Nancy.
En ce qui me concernait, j’avais reçu mon biplace Blériot
réparé quelques jours avant et avais pu effectuer sur lui
quelques vols, sans sortir encore des plaines du Camp de Châ-
Ions, ni monter à plus de 100m.
Ayant assisté le matin à Paris au départ du Circuit et pris
ensuite le train pour Mourmelon, j’y apprenais, au début de
l’après-midi, les arrivées à Troyes de Leblanc, Aubrun, Lind-
paintner et Mamet. Je me décidai là-dessus à faire quelque chose,
et jugeant mon entraînement insuffisant pour gagner Nancy
d’un vol comme mes camarades, je me décidai à me rendre à
Verdun, mon ancienne garnison, pour m’y arrêter et continuer,
si possible, sur Nancy le lendemain.
La route de Mourmelon à Verdun n’était pour moi qu’un jeu
d’enfant, grâce à mon habitude du ballon, et à ma connaissance
de la région.
Dès que j "eus pris quelque hauteur le long de la voie ro
maine, j’aperçus en avant, à gauche, l'Argonne avec le défilé
des Islettes vers lequel je m’orientai. Je constatai bientôt que
la vue de l’Argonne, au-dessus de laquelle il fallait passer sans
y disposer de terrain d’atterrissage, m’entraînait à monter avec
une facilité que je ne soupçonnais pas moi-même jusque-là et
c’est à 800m d’altitude, soit 500 à 600m au-dessus du sol, que je
survolai Sainte-Menehould, Les Islettes, Clermont; les ailes de
mon appareil, me masquant le sol sous moi, ne me permettaient
d’ailleurs pas de voir si je passais réellement au-dessus de ces
localités ou dans leur voisinage.
De l’Argonne, je découvrais Verdun, dont l’aspect aérien
m’était familier pour l’avoir contemplé bien des fois, du bord
d ’un ballon captif, au cours de manœuvres.
Je me dirigeai vers le hangar à dirigeables situé au pied de
la colline de Belleville et atterris dans la prairie voisine. Tout
allait bien, et je fus fêté le soir au Cercle par mes camarades.
Le lendemain 8 août, je tentai de repartir pour Nancy; mais
les herbes de la prairie, un peu hautes, me cachèrent une borne
sur laquelle mon hélice vint se briser au départ.
Le jour suivant, 9 août, mon mécanicien m’ayant apporté
llllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllüllllllll
1378 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
une hélice de rechange, je tentai à nouveau le départ, en me
plaçant dans une partie de la prairie où l’herbe fauchée ne
pouvait me masquer de borne. Hélas, le sol un peu marécageux
gêna mon essor et, voyant approcher la barrière limitant la
prairie avant d’avoir pris la hauteur nécessaire pour la fran
chir, je coupai l’allumage..., trop tard malheureusement pour
m’arrêter avant cette barrière : la planche qui reliait le fuse
lage au train d’atterrissage fut brisée : grave avarie, après
laquelle il ne me restait plus qu’à renvoyer l’appareil tout entier
en usine.
Ce même jour, 9 août, les concurrents du Circuit se rendaient
de Troyes à Nancy.
Eclairés sur le manque de visibilité du jalonnage de la route,
les commissaires avaient demandé aux populations d’allumer
des feux et de faire de la fumée au voisinage des jalons. Feux
et fumées furent vus et contribuèrent à orienter les concurrents.
Le départ fut pris successivement à 5 h 14min par Lindpaintner,
à 5h 24min par Legagneux, à 5 h 39min par Aubrun et à 5 h 40min
par Leblanc.
Le vent était fort sensible. Les aviateurs, pour mieux voir
leurs repères, volaient entre 50 et 100m de terre ; aussi furent-ils
terriblement secoués.
Leblanc arriva le premier à 7 h 59min, Aubrun derrière lui à 8h,
Legagneux après deux escales arriva à 10 h 56min ; Lindpaintner,
ayant atterri près de Wassy, ne put repartir. La pluie survint
dès le début de l’après-midi, et coupa court aux tentatives de
Brégi, Mamet, et Weymann, dont les appareils, précédemment
endommagés, n’avaient pu être prêts le matin.
Leblanc, Aubrun et Legagneux restèrent seuls en course pour
l’ensemble du parcours.
Le 10 août, la. journée fut consacrée à un meeting où se dis
tinguèrent les aviateurs militaires. Féquant prit comme pas
sager le général Maunoury, Commandant le 20 e C. A., et, sur
sa demande, lui fit visiter toute la zone frontière de la 20 e région,
visite d’où le général revint convaincu de l’excellence de l’aé
roplane comme instrument de reconnaissance.
De Gaumont se rendit à Lunéville, son ancienne garnison, et
en revint après y avoir été fêté par ses camarades.
J’étais venu par voie ferrée rejoindre mes camarades à Nancy
et y assister au meeting, auquel participaient quelques avia-
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllillllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1379
IIIIIIIII111IIIIIIIIIIIIIIIIII11II1111II111IIIIIIIIIIIIIIIIllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll11III
1
38o REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
L’étape du 11 août, Nancy-Charleville, 110km, ne fit que me
confirmer dans cette manière de voir.
pluie,
Le temps était franchement mauvais : orages, vent,
rouleau sur
brumes. Les porte-cartes où la carte passe d’un
l’autre, sous une plaque transparente, n’étaient pas encore en
Les cartes de Leblanc et d'Aubrun, mouillées par la
usage.
furent enlevées
pluie et assez mal fixées devant eux, leur
dès le départ par des rafales. Leblanc, familiarisé par
presque
ascensions ballon avec la topograhie de la région, con
ses en
Meuse terrasse au-dessus
naissait la disposition des Côtes de en
conduisait à Charle-
de la Woëvre et, sachant que la Meuse le
ville, il se tira de l’incident sans grande perte de temps et se
rendit directement à Charleville en 2h 5min.
la
Aubrun, beaucoup moins familier avec l’atmosphère et
topographie de l’Est, se dirigea à l’Ouest, se retrouva au Camp
cartes, arriva à
de Châlons, puis, ravitaillé en essence et en
Lega-
Charleville 3h 42min après son départ de Nancy. Quant à
dont le moteur fatigué par sa participation au meeting
gneux,
de la veille avait besoin de révision, il ne put
partir bien que
camarade de Gaumont eût mis son propre moteur à sa
mon atterrir
disposition. Camermann, parti avec Vuillierme à 7 h , dut
près de Saint-Mihiel et n’arriva à Charleville qu’à
en route
ll h 30min.
Féquant, parti à 5 h 15min pour Mourmelon, ne put pas davan
faire l’étape escale et atterrit à Saint-Dizier. Lind-
tage sans
paintner dut, presque aussitôt après le départ, s’arrêter à
Cham-
Mourmelon
pigneulles. Weymann, qui s’était rendu de Troyes à
le 9, voulut gagner Charleville, mais
dut s’arrêter à Bétheny.
des biplans civils put jour-là effectuer
En résumé, aucun ne ce
trajet qu’il s’était proposé, et les appareils militaires n’y
le
l’insuf
réussirent qu’avec une escale. Nouvelle confirmation de
qui, bien
fisance d’une vitesse de 60kmh pour tenir tête à un vent
fort, n’était cependant nullement exceptionnel. Leblanc,
que
monoplan, accomplit d’un trait le parcours grâce à sa
seul, sur
d’un appa
vitesse de 100kmh. Et il était clair qu’Aubrun, pourvu
rapide),
reil équivalent (et même, semblait-il, légèrement plus
aussi bien
eût pu remplir la même performance s’il avait été
préparé que son rival à trouver sa route.
journée du 12 fut remplie par un meeting à Charleville
La
Weymann, Lega-
pendant lequel rejoignirent les concurrents,
suunonnnununonuunanuunaanunananananuasananacuunnuuucnunusaanasananananazannsnanccnazunannezcenenencnananunanunanececanenacseszannuzsanum
138a BEVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Trois jours après, le 20 août, c’était au tour de la Ville de
Paris d’offrir une réception aux aviateurs civils et militaires.
Ces réceptions à l'Hôtel-de-Ville — j’ai participé à un certain
nombre à cette époque — se passaient suivant un rite immuable :
«
Le Circuit de l’Est, comme je l’ai dit, eut une grosse réper
cussion sur le développement de l’Aviation militaire, en déci
dant le Ministre à nous faire participer aux grandes manœuvres.
L’idée en avait été émise une première fois aussitôt après le
raid de Féquant et Marconnet de Mourmelon à Vincennes; mais
le peu d’enthousiasme manifesté par les pilotes — et surtout
par les pilotes les plus anciens et les plus renommés — pour
participer à la revue du 14 juillet, avait rendu l’autorité fort
hésitante. Le résultat des premières journées du Circuit la
décida.
En somme, le 7 août, trois aviateurs militaires — dont deux
pourvus d’observateurs — s’étaient rendus par air de Mour
melon à Nancy, en volant au-dessus d’une région considérée
comme difficile (le premier tiers excepté) ; d’autres officiers
avaient fait différents parcours; de nouveaux vols avaient eu
lieu les jours suivants, le tout sans qu’aucun équipage s’égare,
sans qu’aucun accident personnel survienne.
L’autorité militaire retenait également le fait que toutes les
parties du circuit avaient été parcourues par certains aviateurs
à la date fixée. On pouvait donc, désormais, demander aux
aviateurs d’exécuter à date fixe les itinéraires de 100 à 150km
répondant aux conditions d’une reconnaissance militaire. Et,
si tous ne réussissaient pas à les effectuer complètement, au
moins semblait-il qu’on n’avait pas à craindre de voir des échecs
i38 4 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
s’attrister d’accidents personnels graves le risque d’un essai
:
so
Je n’avais pas, après ma visite à Nancy, suivi les étapes du
Circuit de l’Est, et j’étais rentré à Paris surveiller et hâter les
réparations de mon appareil. Mais son retour par voie ferrée
de Verdun à l’usine Blériot, alors installée sur le glacis des
fortifications près de la porte Champerret, fut très lent. En
outre, l’atelier de réparations se trouvait fort démuni de per
sonnel, en raison de différents meetings où Blériot avait dû
envoyer des équipes pour soigner les appareils de sa marque.
Je n’avais encore que peu d’entraînement et craignais de le
perdre; le colonel Estienne n’avait, d’autre part, aucun appa
reil Blériot à mettre à ma disposition; aussi, je m’entendis avec
Blériot pour aller à son école d’Etampes et y suppléer aux
IIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIHIlllllllHillHmilitlIIMIIIMIHIHlIltlilHHIHIIHHItlIlIflIIIIIIIIHIHIIIIIHIIIIlllllllllllllllllll/
A. A. A. — 89.
1386 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
pilotes qui lui manquaient pour les essais d’appareils en livrai
son, ce qui me permettait à
moi-même de voler sous couleur de
les essayer.
Ces essais consistaient généralement en un ou plusieurs vols
d’une durée de 30min ou d’une heure, avec l’acquéreur ou un
représentant du pays acquéreur (Russie, Italie, etc.) comme
passager. Ces vols, effectués à très faible
hauteur sur la Beauce,
le long de la route nationale d’Orléans, n’avaient rien de
particulièrement intéressant, mais amélioraient mon entraîne
ment.
Je ne tardai pas à constater que, si les divers biplaces essayés
volaient correctement avec passager près du sol, ils semblaient
tous incapables d’atteindre une altitude de quelques centaines
de mètres. Aux heures chaudes, et avec des passagers lourds,
j’avais parfois peine à me maintenir à 25m, à d’autres heures
et avec passagers plus légers, j’atteignais 100m, mais je ne dépas
sais guère ce chiffre, et n’aurais pu franchir avec passager une
crête semblable à la falaise de Champagne ou aux Hauts de
Meuse.
Impossible de virer court : dès que je le tentais, la sensation
de perdre de la vitesse m’obligeait à suspendre mon virage.
Mais au ras du soh en ligne droite, j’avais la sensation de pou
voir soutenir un supplément de poids, comme si l’air comprimé
dans son écoulement, eût fourni
sous les ailes, et gêné par le sol
une réaction verticale plus forte vers
le haut.
Bien entendu, je gardais pour moi mes réflexions critiques,
dont la communication eût été fâcheuse pour Blériot ; mes pas
général, d’observer quoi
sagers étaient d’ailleurs incapables, en
conditions matérielles
que ce soit, en dehors de l’exécution des
prévues au marché d’achat (poids enlevé et durée du vol).
Un jour, pourtant, un passager faillit me jouer un mauvais
tour pour avoir constaté autre chose.
Les essais de réception s’étant trouvés retardés, l’obscurité
était presque venue lorsque je repartis pour un dernier vol de
30min. Cette obscurité ne m’inquiétait guère, car je savais pou
voir atterrir partout sur des champs unis et déjà débarrassés
de la moisson. Cependant, au bout d’une vingtaine de minutes,
je vis mon passager se pencher à gauche d’un air inquiet, exa
miner l’appareil, enfin m’adresser des paroles que je ne compris
mais mon passager me
pas. Je répondis par un geste vague,
montra le sol en me faisant signe d’atterrir, et enfin me saisit
brusquement le bras gauche. Je pilotais heureusement du droit
à ce moment : aussi la conduite de l’appareil ne se ressentit
pas de ce geste inopportun. Je tins d’ailleurs à continuer le vol
jusqu’à ce que la demi-heure fût révolue, mais me hâtai d’at
terrir à ce moment. Mon passager n’attendait que cela, et l’avion
roulait encore que déjà il avait sauté à terre, en criant un mot
que je distinguai cette fois : « Le feu ! ». Surpris je me hâtai
également de descendre et d’examiner mon appareil : rien
d’anormal. Explications. Finalement, je compris que l'échap-
peinent produisait dans l’obscurité une lueur qui éclairait les
pièces les plus voisines : c’était cette lueur que mon passager
avait aperçue et prise pour un début d’incendie !
UtlllllllllllllllllllllllllllllUIIIIIIIIIIIIIII|llll||||||||||)lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
donnés des gouvernails. Casse. Je m’élance avec la dame vers
l’appareil, tout en grommelant :
IIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1389
«Ne vous excusez pas !... Du tout ! Du tout !... Je suis enchanté:
ça m’a permis de vous apprécier en camarade, sans arrière-pensée
entre nous. J’en suis enchanté ! Et surtout continuez !... Et quand
vous aurez encore envie de dire du mal des parlementaires, ne vous
gênez pas : vous n’en penserez jamais autant que moi ! »
« Il
nous est impossible, à nous autres parlementaires, de refuser
toutes les recommandations qu’on nous demande. Et d’ailleurs, il en
est dans le nombre auxquelles donner satisfaction n’est que justice.
Mais, malgré tout, c’est toujours un peu d’indépendance que nous y
laissons. Et cependant, pour mon compte, je n’ai jamais appuyé une
demande que je ne la croie justifiée. Et j’accepterais tous les refus,
...
dès lors qu’ils seraient basés sur le bien du service. Mais il n’y a
.. .
rien de si répugnant que l’obséquiosité mise par certaines autorités,
civiles ou militaires, à nous répondre toujours oui. »
Il
causait de façon intéressante d’une foule de sujets et, par
dessus tout, on le sentait tout vibrant de patriotisme. La pensée
que, créateurs du dirigeable, nous nous étions laissés devancer
de ce côté par l'Allemagne, lui était odieuse, et il aurait accepté
n’importe quel sacrifice, y compris celui de sa vie, pour empê
cher que nous ne soyons encore devancés sur le terrain de
l’Aviation. C’est le soin de l’exactitude dans sa documentation
joint à la constatation de l’insincérité des rapports officiels, qui
l’avait entraîné à piloter lui-même :
« Quand je demande un renseignement aux autorités, me disait-il,
neuf fois sur dix, on cherche dans la réponse beaucoup plus à m’être
agréable qu’à me dire vrai. Aucun chirurgien ne voudrait opérer sur un
diagnostic ainsi établi. Et cependant, les neuf dixièmes de mes col
lègues acceptent de légiférer ainsi. Moi, je ne peux pas. En pilotant
IIIIIIIIIllllllllllllllllllllliailllllllllllllllllllllllllIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII111111111111111111111111IIIIIIHHIB
iiiiii iiiiiii iiiiii i in mil uni ii iiii ii ii iiiiiii ii iiiii i ii iiiiiiiiin 1111 ii ii11111111111111nui 111ii iiiiiiiiii
11 111 111 11 ii 11 iiii i unit
C’est, à notre sens, un signe des temps que cette curiosité des
foules pour des appareils militaires, mitrailleuses, canons ou bombes,
tandis que le haut-parleur déverse un flot de valses ou de tangos.
Un constructeur, qui joint à de hautes qualités techniques un
sens psychologique aigu, avait pris soin de matérialiser la cadence
du tir des armes de son appareil en plaçant des ampoules électriques
à la bouche de ses mitrailleuses, qui s’allumaient à la cadence du tir.
Nous demandons la généralisation du procédé et qu’au Salon
de ig38 on voie des bombes en bois tomber, des cratères de carton-
pâte s’ouvrir, des mannequins s’écraser sur le sol faute de para
chutes, des réservoirs non protégés s’embraser de feux de bengale,
et des avions sanitaires habilement garnis de mannequins exsangues.
Puisque le Salon expose 9/10 e d’avions de guerre, puisque 1 visi
teur au plus sur 100 000 est un acheteur possible de cette fourniture,
la logique veut qu’on s’adresse exclusivement au contribuable
français, seul intéressant, qu’on lui montre l’usage des armes qui
l’éblouissent, qu’on lui apprenne à s’en protéger, enfin et surtout
qu’en conséquence du principe de l’unité de la défense nationale on
expose aussi bien devant le public aux réactions toutes puissantes,
nos mitrailleuses, mortiers d’infanterie, lance-flammes, canons,
chars, etc. Et d’ailleurs le problème de la défense nationale pénètre
tellement dans la vie du citoyen qu’il serait prudent, normal et
équitable de lui montrer tout cela, en réservant les petites salles de
l’avenue d'Antin à l’Aviation civile.
Sans espoir, d’ailleurs, de voir partager cette opinion, proposons
au lecteur quelques remarques suggérées en traversant les stands.
Aviation de vitesse.
C’est avec la satisfaction de trouver la réalisation des vieilles
gibernes sur l’avion petit et rapide, que nous avons constaté la
tendance générale aux dimensions réduites, aux fuselages étroits,
à la suppression des tourelles avant, à la transformation des grosses
tourelles et balcons arrières en petites tourelles lenticulaires aplaties
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIBIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIllllUlllllllllllllllllllIflIlllllllllIlllllliiiiiiiinu
1
392 RF£VUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
ou dispositifs ana
logues qui témoi
gnent de l’abandon
de l’illusion du tir
par le travers, la
suppression des
doubles comman
des, couloirs et
tous aménage
ments inspirés du
navire volant.
Bien entendu,
cela s’est traduit
par des sacrifices
de confort, de vi
sibilité, de champ
de tir total, de
sécurité. Sur plu
sieurs des petits
bimoteurs rapides,
on se demande par
exemple comment
le pilote arriverait
à sauter en para
chute.
Mais la pro
messe d’une vi
tesse voisine de
celle des chasseurs
est une garantie
de sécurité dont
chacun sait le
prix.
Encore un effort
dans cette voie
pour reconnaître
que, si le combat
aérien disparaît
par la vitesse, on
pourra faire l’éco
nomie d’un moteur
sur deux, d’un
homme ou deux
sur trois, et le
Salon de 1938 nous
Aspects de la tourelle de défense arrière du FOKKER G. i. apportera les pre
En haut, tir vers le haut; au centre, document
montrant l’obturation de la fenêtre de tir par deux miers échantillons
volets; en bas, tir vers le bas. d’avions de guerre
llllllllllllIllIlllllllllIllllllllllllllllllllllIllIllllllllllllllllllIlllllillIllUllllllllllllIlllllllllllllllillllllllllllllllllllllllL
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1393
iiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiii
1394 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
l’aménagement intérieur. Vitesse 36okmh à 2000m, avee moteur
Salmson 9 Ag 390 HP ou Gnome-Rhône K. 7 400 HP.
Union Corporative Aéronautique. — Le « Mureaux » 200 A 3, triplace
d’observation et reconnaissance à moteur Hispano-Suiza 860 HP,
protubérances de toutes
marque déjà une époque ancienne avec ses
sortes. L’honnête avion de travail du passé.
Au contraire le monoplace léger 190 C. est une des belles pièces
du Salon. Sans doute le moteur Salmson 12 Vars, 450 HP, avantageux
à profiler, est-il l’inconnue de l’appareil, dont les lignes très pures
annoncent les performances indiquées comme suit : 5oo kmh à 4000m,
plafond de 11000m, atterrissage à 1ookmh, poids total de 1280k8.
La position du pilote est remarquable pour la visibilité.
Loire-Nieuport. — Le monoplace 46, qui est en service, fait aussi
figure d’avion périmé. L’aspect de profil est désuet, tant le
raccordement du gros capotage du Gnome-Rhône K. 14 au fuselage
et à l’aile infléchie se présente mal.
Vitesse au sol 296kmh à 4500m, 37okmh.
Le monoplace 250 témoigne d’un gros effort de disparition totale
vol de l'atterrisseur dans l’intrados de l’aile qui apparaît singu
en
lièrement plate. A cet égard, l’avion n’était pas présenté sous son
aspect le plus heureux. Belles performances annoncées : 490kmh
sol,- 395kmh.
à 4500m. Montée à cette altitude en 5minzosec. Vitesse au
Lioré et Olivier. -—- L’autogire C. 34, prototype militaire, n’a pas
l’aspect d’un avion de guerre.
Hispano-Suiza)
On se demande pourquoi 350 HP ( Gnome-Rhône ou
sont nécessaires à un avion qui ne doit ni voler haut, ni porter
des bombes, ni aller vite. L’autogire doit se décider à copier
l’avion,
formule toute différente,
ou à chercher franchement sa voie dans une l’échelle-
celle d’un appareil petit, léger, sans grande vitesse,
observatoire -surélevée et mobile, à une ou deux.. places, que les
artilleurs réclament.
Deivoi-
Société Aéronautique française. — Le bel avion de chasse
Une 510, bien connu.
Union des Industries polonaises d’Aéronautique. -—- On retrouvait
lignes un peu
le monoplace de- chasse P. 24, robuste machine aux
anciennes. Poids 2000k8. Belles performances : 43okmh à 4250m.
Montée à 5000m en 5min 4osec. Autonomie de 700km qui paraît un
emportés.
peu juste. 100kg de bombes peuvent être
L’avion de reconnaissance et bombardement P. 23-43 était présenté,
rustique avec son système d’échappement très développé :
un peu
p. 23 p. 43
2750 3450
Poids total (kg)
Vitesse à 4000m (km h) 34'2 370
Autonomie (hm) 1500 1300
Illlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllltlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
1396 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
U. R. S. S. — Sous les ailes indéfiniment allongées de l’avion de
grand raid à voilure surbaissée, le monoplace de chasse Zk. B. 19 trou
vait place : une sorte de Dewoitine de 1934 moins fignolé. L’intérêt du
stand consistait surtout en la manifestation de l’activité remarquable
de l’Aviation dans tous les domaines, en particulier dans les régions
polaires de la Sibérie.
Bloch 131. — Sur cet appareil était sensible la transformation des
grosses tourelles sphériques en petites tourelles aplaties parfaitement
raccordées au fuselage.
Potez 63. — Le globe formant trépied de ce bimoteur manque
de simplicité. La queue en dièdre avec 2 gouvernails est anormale;
la commande ne doit pas en être simplifiée, et l’intérêt n'apparait pas.
«
L’Aéronautique » a donné, dans son numéro de novembre, de
cet appareil, comme d’ailleurs des autres matériels figurant au
Salon, une description extrêmement détaillée.
Mais il ne faut pas dissimuler que nous retrouvons ici, condensé,
affiné grâce au progrès de la technique, le multiplace « tous usages »
qui a la vie dure.
L’observateur-chef de bord verra-t-il convenablement, étant placé
vers le milieu de l’aile et avec deux gros capots de moteurs vers
l’avant ? La vitesse annoncée de 44okmh sera d’au moins 6o km infé
rieure à celle du monoplace adverse contemporain. S’il faut trois
hommes et 1300 HP pour prendre une photographie, c’est cher.
Quant à la formule du triplace de chasse, elle dépendrait, dit-on,
du bien-fondé (secret naturellement) de l’emploi du canon avec un
IIIIIIIIIIII1IIIII1IIIII1III1IIIIIII1IIIIII1II1IIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIII1IIIII11IIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIII1IIIIIIIII1IIIII1III
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1397
^iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
1398 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
Hanriot. —- La très belle machine qu’est le triplace 220 appelle,
à notre sens, les mêmes observations. En outre, on est frappé du
peu de longueur du fuselage, et de la projection des moteurs très en
avant du bord d’attaque; c’est un élément d’incertitude et une
difficulté pour l’observation.
5oo kmh à 4000m. Montée à 8ooo m en io mln .
Farman. •— Une queue imposante de visiteurs, attirée par le
colossal, attend patiemment le moment d’admirer les fauteuils et
le bar du Farman 224 commercial.
Renault-Aviation. — Le nom de Renault, parmi les constructeurs
d’avions, marque une date importante. Souhaitons vite un stand
Michelin, Citroën ou Peugeot.
Le C. 690, monoplace d’entraînement aux missions de chasse,
avec son moteur 220 HP, a une vitesse de 38i kmh , un plafond
de 9700m. C’est loin d’être négligeable comme valeur militaire,
et il ne paraît pas faire de doute qu’en cas de nécessité des appareils
analogues, sortis par milliers des puissantes usines du grand cons
tructeur, assureraient entre les mains de pilotes ardents un excellent
travail et à un prix singulièrement intéressant.
Amiot-S. E. C. M. — Nous saluons au passage le bimoteur de
bombardement 341, beau travail de chaudronnerie, dont l’absence
d’équipement diminue quelque peu l’intérêt.
Bristol. — Sous la surveillance du légendaire gardien à la face
enluminée et dont la poitrine s’orne d’une brochette de décorations,
Bristol expose le « Blenheim », bimoteur de bombardement, dérivé
de l’appareil de lord Rothermere, et que VAir Ministry fait construire
en série.
Moins moderne que les Potez et Hanriot ci-dessus, il se présente
avec une ligne plus séduisante que les autres gros bimoteurs, dont
notre Aviation fait actuellement usage. Aucun détail d’équipement.
Haivker. — De belles photographies dissimulent mal le vide du
stand, résultant d’une interdiction tardive de présenter le plus récent
monoplace de la firme.
Koolhoven. — Tout est singulier dans ce monoplace de chasse,
depuis la peinture noire, qu’on s’explique mal, jusqu’à la section
triangulaire inaccoutumée et au contrôle latéral sans ailerons.
Le succès dépend essentiellement, bien entendu, de la transmission
mécanique qui entraîne les deux hélices, tournant en sens inverse,
à i m ,5o environ en avant du moteur. Le problème étant supposé
résolu, l’avion est merveilleux : le pilote, à cheval sur la transmission
et placé à hauteur du bord d’attaque, jouit d’une visibilité incompa
rable.
Le système des deux hélices doit rendre la maniabilité excellente.
Des ouïes à peine visibles laissent entrer l’air de refroidissement
et évacuent les gaz d’échappement, sans que rien apparaisse à
tebe5s0BAmmnuBczcünccnncuuuuncccucucucuncccccuccDSBnccccunSBDGcSccuDSSSDcBucccSODBcBcaSBSSBcccSccSSSASuSBGnSBnSSAunSuSSBnaAunuSS5RSSSSSD
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1399
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiii11111111111111111111111111iiiiiiinii||lllrvfvvi;3llll
1400 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
niaux, etc., une manifestation d’émulation, de saine rivalité entre
les unités.
Hélas, sur les murs, des panneaux présentent, richement fixées
par des punaises, une vingtaine de médiocres photographies, à moitié
voilées ou grises, et qui veulent signifier l’effort de nos aviations
d’A. O. F. et d’A. E. F. !
Également comme fond de tableau, l’Aviation sanitaire coloniale
donne des statistiques d’évacuations arrêtées en 1933 ou 1934;
nous sommes en 1936.
L’Aviation d’Afrique du Nord présente sur un mur une série de
belles photographies, mais toujours aussi minablement disposées.
Enfin, le Service géographique de l’Armée expose de belles cartes
et photographies, mais sans explications. La Société générale de
Phototopographie fait de même; c’est dommage, car son assemblage
de la région de Beauvais est un beau travail, qui méritait d’être
éclairé, placé sous verre, descendu à hauteur des yeux, et agrémenté
de renseignements simples.
En avant de cet attrayant fond de tableau, un avion « Pélican »,
et deux hydros Gourdou 83a et Potez 452, inaccessibles faute de
l’escabeau classique, voient tristement s’enfuir la foule vers le stand
petit, mais plus accueillant, de l'Aéronautique navale.
Là, c’est le succès de propagande, avec des maquettes d’hydravions,
un modèle réduit du « Commandant Teste », des tableaux lumineux
indiquant comment on peut devenir pilote ou mécanicien, et des
graphiques d’avancement et de salaires des mécaniciens et arri-
meurs, qui retiennent l’attention de bien des jeunes gens.
L’exposition du Ministère de l’Air.
L’expérience de M. l’ingénieur en chef Pitois, et les crédits appré
ciables dont il a certainement disposé ont produit un heureux
ensemble, sanctionné par une foule toujours dense et animée.
Toute la jeunesse a ressenti l’élan donné maintenant à son orien
tation vers l’Aviation, par la formation préaéronautique, les huit
centres de vol à voile destinés aux jeunes gens de 14 à 17 ans, et les
facilités de vol mécanique réservées aux plus âgés.
P. E.
nihniiiiiiiii1111ni 11111111111111111111111111111111111111111111111111
*111111111111111 mil 111111111111 nu
mu 111111111111111111111 11
uhhhiihihihhihihii 11 i11111 in 0000000009e ii 11 hi it ini 11 hi hhiiiihhiihhhhhhihhhhhhhhhhhihihhhhuhhi*
INFORMATION GÉNÉRALE
aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiKiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiu
R. A. A. — No 89. G
1402 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Force. Sa mission principale consiste à effectuer des reconnaissances lointaines
pour le compte des escadres d’attaque et bombardement du G. Q. G. et
de
pour le compte du Commandant de l'Air Force du G. Q. G. Ces escadrilles
équipées avec les avions les plus récents à grand rayon d’action et avec des
équipages entraînés de façon intensive doivent être capables d’une efficacité
de 100 pour 100 dès le premier jour de la mobilisation. Elles doivent donc être
constamment maintenues sur le pied de guerre, prêtes à entrer en action du
jour au lendemain. »
Missions des escadrilles de grande reconnaissance.
-
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiinhiiiiiiiiiiiiiiiliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR. 1403
«
Les navigateurs doivent non seulement être parfaitement entraînés à
l’emploi de toutes les méthodes de navigation; mais ils doivent, en outre,
recevoir une instruction pratique pour découvrir et situer les divers types
d’objectifs pour escadrilles d’attaque ou de bombardement. »
« Les radios et
mécaniciens-mitrailleursdoivent, chacun dans leur spécialité,
atteindre un degré d’efficience supérieur à celui qui est actuellement requis
pour les avions d’attaque et de bombardement. »
«
Enfin l’équipage tout entier doit, par une intime association resserrée
au cours de nombreuses missions aériennes, finir par se fondre dans une unité
d’une harmonie parfaite, constituant pour le chef de bord un outil bien en
mains répondant instantanément à ses directives et même le plus souvent les
prévenant avant qu’il ne les ait formulées. »
A. V.
s-
Un exemple de navigation aérienne au long cours.
«
L’Aéronautique » a signalé, dans un article paru sous la signature
de M. Helbronner (1), l’importante contribution que devrait apporter
à la sécurité des traversées transocéaniques la coopération des avions
et des navires suivant les mêmes routes. Ici même, un article paru
uni iiiiiiiiiiiii
1404 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
sous la signature de M. Verdurand (1), a mis en relief l’augmen-
tation de sécurité qui résulte de l’emploi des méthodes modernes de
prévisions météorologiques. Enfin on trouvera dans le no 86 de la
« Revue de l’Armée de l’Air » (p. 1057) le compte rendu des essais
effectués aux États-Unis pour déterminer le degré de précision du
point astronomique relevé au cours d’un voyage aérien.
Ces diverses techniques trouvent une illustration particulière
ment instructive dans le rapport de voyage du capitaine J. H. Tilton
du « China Clipper », pour la traversée San Francisco-Honolulu
effectuée le 10 mai 1986.
En se reportant à la carte sur laquelle sont représentées les
conditions météorologiques à cette date, ainsi que les positions
successives de l’hydravion, on constatera qu’il régnait alors, entre
les escales extrêmes, une profonde dépression dont le centre se
trouvait sur l’arc de grand cercle qui les réunit. En suivant la
route la plus courte, l’hydravion aurait traversé une zone dange
reuse au milieu de laquelle se trouvait un front complexe (occlusion)
qui, généralement, coïncide avec des grains dangereux. En passant
au Sud, il aurait trouvé un front froid, également dangereux par
ses grains et, en outre, des vents contraires.
En contournant la dépression par le Nord, il a trouvé des vents
constamment favorables et des conditions atmosphériques relati
vement bonnes (absence de grains et d’orages, et précipitations
faibles). En s’écartant ainsi de 5oo km au Nord de l’arc de grand cercle,
il a gagné trois heures et demie sur la durée moyenne des traversées
qui est de 22h2omin pour 385o km .
Ajoutons que, par suite d’un accord conclu avec les compagnies
de navigation du Pacifique, les hydravions des P. A. A. peuvent
demander à leurs navires de faire des sondages aérologiques qui,
donnant les vitesses et directions du vent aux diverses altitudes,
permettent de choisir l’altitude de croisière où les vents sont le
plus favorables. Ils peuvent également se servir de ces navires pour
prendre des relèvements radiogoniométriques qui leur servent à
déterminer leurs positions. Le cas échéant ils pourraient, en cas
d’avarie grave, se diriger sur le navire le plus proche en utilisant
leur cadre radiogoniométrique et amerrir auprès de lui pour lui
demander assistance.
Les rapports de voyage du capitaine J. H. Tilton et du lieutenant-
radiotélégraphiste John D. Poindexter sont particulièrement instruc
tifs à ces divers points de vue, et démontrent l’efficacité de cette
organisation sur la ligne San Francisco-Manille, ainsi que la puis
sance des appareils de navigation utilisés sur les hydravions trans
océaniques des P. A. A.
Durant le voyage, qui dura 18h49min, John D. Poindexter utilisa
49 relèvements par radiogoniométrie.
10h3û — Malolo"
Uh
"Manulani
°14 h30
( * 15h30
A 16 h
>
0 IS h30
30+90NOLULU
0^Amerrissage
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiigiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiii
1406 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
communication avec le « Mariposa » qui se trouvait à 800 milles au
Sud-Sud-Ouest.
Le dernier relèvement par San Francisco eut lieu à gh alors que
l’hydravion était à 1400 milles de cette station. A partir de ce moment,
les relèvements incombèrent à Honolulu.
Pendant la nuit, des mesures de hauteur au sextant furent effec
tuées sur la Polaire, Arcturus et Régulas. Avec les instruments
en service, deux mesures de hauteur et une mesure de dérive
demandent 8min. Les relèvements astronomiques confirmèrent les
relèvements par radiogoniométrie.
Par ces moyens, le voyage s’effectua avec une précision parfaite
à des altitudes variant de 1500m à 2300m, le plus souvent au-dessus
des nuages. La traversée comporta 11 heures de vol de nuit, et suivit
constamment la route la plus favorable aux points de vue des condi
tions météorologiques et des courants aériens.
Rappelons que les mêmes méthodes sont en usage sur la ligne
transatlantique Dakar-Natal de la C ie Air-France où elles rendent les
mêmes services que sur la ligne transatlantique des P. A. A.
A. V.
de atterrissages
300
radioguidés ont été
jusqu’ici exécutés avec
ce type d’appareil.
La plupart des
complications rencon
trées par le pilote dans
ce système d’atterris
sage ont été éliminées
grâce à l’emploi du
dispositif de pilotage
automatique Sperry
qui fait partie de l’é
quipement normal des
Boeing. Rappelons que
ces complications
tenaient principale
ment aux difficultés
éprouvées par le pilote
pour maintenir cons
tamment un gros avion
bimoteur à la fois dans
l’axe d’atterrissage et
sur le rayon incurvé
du radiophare d’atter
rissage. En fait, l’avion,
conduit par un pilote,
ondule constamment
de part et d’autre de
cet axe et de ce rayon
incurvé, ce qui n’est
pas sans inconvénients Antenne de réception des émissions de deux radio-
sérieux au moment phares montée sur le nez du fuselage d’un
du contact avec le Boeing des United Air Lines.
sol.
On se rappelle que l’indicateur d’atterrissage comporte une aiguille
horizontale et une aiguille verticale : la première indique au pilote
si l’avion se trouve au-dessus ou au-dessous du rayon incurvé, la
seconde précise s’il se trouve à droite ou à gauche de l’axe d’atter
rissage. Avec le nouveau dispositif, ces aiguilles agissent, par l’inter
médiaire de relais, sur le dispositif de pilotage automatique qui
actionne les gouvernes de l’avion. Ce dispositif maintient l’équilibre
latéral de l’avion. En vol plané, avec moteur réduit et volets de
courbure braqués partiellement, il est réglé de telle façon que la
descente s’effectue à la vitesse de 13okmh. C’est à cette vitesse que
l’avion entre en contact avec le sol à la fin d’une descente guidée
automatiquement par radiophares, dans les conditions que nous
venons d’indiquer. Il s’arrête ensuite rapidement sous l’action des
iiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
1408 REVUE DE L'ARMÉE DE L'AIR.
freins de roues sans avoir tendance à se mettre sur le nez. Le pilote
n’a pas à craindre de fausse manœuvre en roulant au sol, car le
dispositif de pilotage automatique continue à maintenir l’appareil
sur sa trajectoire rectiligne jusqu’à l’arrêt complet.
On n’a éprouvé aucun mécompte au cours des atterrissages d’essai
effectués avec ce dispositif. Cependant les techniciens des United
Air Lines, aussi bien que ceux du Department of Commerce, déclarent
que la sécurité de fonctionnement du système n’est pas encore suffi-
samment garantie en toutes circonstances pour qu’on puisse passer
à l’application aux transports de passagers. Ils estiment que deux
années de mise au point seront encore nécessaires avant que ce
résultat soit obtenu.
Il en est de même de la méthode de l’Army Air Corps.
Cette méthode présente, par rapport à celle du « faisceau incurvé »,
l’inconvénient de nécessiter un terrain d’atterrissage très vaste
et bien dégagé d’obstacles, pour pouvoir être utilisée en toute sécu
rité. Or, bien peu d’aéroports commerciaux satisfont à ces deux
conditions. C’est pourquoi les United Air Lines continuent à fonder
leurs espoirs sur la méthode du « faisceau incurvé » qui permet de
guider l’avion avec plus de précision pendant la descente planée.
La figure ci-dessus montre la disposition des deux antennes fixées
sur le nez de l’avion et destinées à capter les émissions des deux
radiophares d’atterrissage.
A. V.
<o
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIII1I1IIIII1II1IIIII1IIIIIIIIIIIIIIIH
sant la longueur d’onde de l’é
mission, 122 m dans les essais
cités, l’observateur sait, par ex
emple, qu’entre deux déviations
consécutives maximums de l’ai
guille, positives ou négatives,
s’étend une hauteur verticale de
122m; il y a 61m entre un ma
ximum positif et un maximum
négatif; 3o m ,5o entre un maxi
mum, positif ou négatif, et la
position zéro. Il peut savoir aussi
s’il prend de l’altitude ou s’il
descend, les maximums successifs
étant décroissants dans le premier
cas, et croissants dans le second.
Ces indications, toutefois, ne
fournissent que des différences,
indépendantes delà hauteur réelle
au-dessus du sol, qui est pourtant Schéma des indications données par
celle qu’il s’agit en définitive de le sondeur à écho radioélectrique.
connaître.
L’inventeur propose alors d’utiliser la valeur absolue de l’ampli
tude pour mesurer cette hauteur, et il gradue en pieds chacune des
amplitudes successives sur l’appareil indicateur, le zéro étant toujours
au milieu de l’échelle comme l’indique le schéma ci-dessus. Il est
clair toutefois que les amplitudes sont, non seulement fonction de la
hauteur, mais aussi de la puissance d’émission et du pouvoir réflec
teur, essentiellement variable, du sol, de sorte que cette graduation
des amplitudes reste illusoire.
L’inventeur s’en est rendu compte, car, en définitive, il conseille
le mode opératoire suivant au cours d’un vol :
A une altitude convenable, au-dessus de 450m, on agit sur le
récepteur de manière à amener l’aiguille au zéro. En réalité, l’aiguille
serait rarement stable en raison des irrégularités d’altitude du sol
survolé, mais on choisit une position moyenne. Dès lors, aussi long
temps que l’avion vole à 45om ou au-dessus, les amplitudes marquées
par l’aiguille sont toujours faibles, et aucune attention particulière
n’est nécessaire de la part du pilote. Quand l’avion descend, les
amplitudes augmentent et quand une certaine valeur est atteinte,
un coup de gong, commandé par un relais ad hoc, avertit le pilote
de l’approche du sol. Si l’avion continue à descendre, l’amplitude,
qui tend d’abord vers un nœud, diminue, puis augmente à nouveau et,
au ventre suivant, fait déclencher une corne qui fournit un deuxième
avertissement. Le pilote est donc prévenu deux fois qu’il doit reprendre
de la hauteur pour continuer son vol.
On peut ainsi franchir la crête d’une colline, mais on ne connaît
jamais sa hauteur exacte. Il ne peut bien entendu être question
i4io REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
d’atterrir avec un tel sondeur. Le problème du sondage n’est donc,
par ce procédé, que très incomplètement résolu.
L’appareil utilisé au cours des essais pesait 3k8, y compris un
altimètre anéroïde.
G. J.
<
Influence du manque d’oxygène
sur la limite supérieure de l’audibilité.
MM. H. Hartmann et F. Noltenius, membres de l’Institut de
Recherches médico-aéronautiques du Ministère de l’Air allemand,
ont étudié, dans le tome 13 de la revue Luftfahrtforschung, l’influence
de l’oxygène sur la limite supérieure de l’audibilité (1). Il nous paraît
intéressant de donner une analyse substantielle de leur travail.
ss
Les premières apparitions du « mal des altitudes » commencent
pour l’homme au repos dans les fonctions psychiques et sensorielles.
De la manière dont se comportent ces fonctions sous l’action d’une
pression atmosphérique réduite, on déduit facilement leur degré de
résistance à l’altitude, domaine dans lequel la plupart des résultats
obtenus jusqu’à ce jour n’ont une valeur réelle qu’à titre qualitatif.
Cependant, dans l’étude des organes sensoriels, le comportement du
sens de l’ouïe offre, par la limite supérieure de l’audibilité, un point
de repère quantitatif exact.
Les auteurs divisent leur étude en quatre parties; nous respectons
leur ordre :
1. Tests sensoriels étudiés jusqu’à ce jour.
11. Détermination de la limite supérieure de l’audibilité.
III. Résultats des essais de caissons pneumatiques.
IV. Vue d’ensemble.
— Tests sensoriels étudiés jusqu’à ce jour.
1.
Das Absinken der oberen Horgrenze als Indikator für die Beeintrâchti-
(1)
iiiniiitiiiiitiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiinitiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHfi
14 1 2 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
Même en présence d’une anoxhémie très élevée (au-dessus de 7000m),
Kyriéleis et collaborateurs n’ont pu constater un rétrécissement
ses
du champ visuel dépassant la portée de ces facteurs de trouble.
Suivant leur idée, les résultats donnés par Goldmann et Schubert
ne seraient pas attribuables à « des dérangements organiques quel
conques » de l’épiderme, mais proviendraient vraisemblablement, à
partir du moment où commence le mal des hauteurs, d’une diminu
tion progressive de l’attention, c’est-à-dire que ce soi-disant rétré
cissement du champ visuel ne serait pas le signe d’une influence
profonde exercée sur une fonction sensorielle, mais une preuve indi
recte de cette forte prédisposition à la fatigue, dont nous avons si
souvent parlé, que subit l’attention dans une atmosphère pauvre en
oxygène.
La manière de procéder dans la détermination du champ visuel
ne nous permet pas, en tout cas, d’après ce que nous venons de dire,
d’établir une échelle dans la nocivité sensorielle résultant d’une
trop faible pression; sans oublier que cette méthode de travail est
très délicate et qu’elle présuppose une intelligence très vive de la
personne examinée.
La possession d’un tel test est pourtant d’une très grande impor
tance. Quand on procède à des essais de basse pression, il faut tendre
à découvrir le plus tôt possible l’entrée en jeu de dérangements
quelconques, et traduire leurs résultats quantitativement; il importe,
en effet, d’apprécier le plus vite possible l’aptitude plus ou moins
grande des sujets au séjour en altitude, sans essayer de pousser
chaque fois les essais jusqu’au moment où les sujets expérimentés
perdent connaissance.
IL — Détermination de la limite supérieure de l’audibilité.
Comme la détermination de la limite supérieure de l’audibilité
dans la transmission des sons à travers les os se distingue par la
simplicité du procédé et sa grande certitude, on a essayé de l’employer
pour l’appréciation des fonctions sensorielles supérieures dans les
essais de chambres à vide, bien qu’on se soit attendu à ce que les
cellules délicates de l’oreille interne réagissent très tôt par arrêt
de leur fonction en présence d’un manque d’oxygène.
De plus, l'atteinte de la limite supérieure de l’audibilité présente
un intérêt spécial qui repose sur le processus fonctionnel de l’organe
de l’ouïe. Dans son ensemble, l’oreille interne est un organe échelonné
suivant des degrés de sensibilité décroissante. Plus la tonalité qu’ils
perçoivent est élevée, plus les éléments nerveux deviennent sensibles.
Ceci résulte du fait que, dans les troubles de l’oreille interne causés
par des poisons chimiques ou provenant d’une maladie, ou ceux occa
sionnés par un bruit trop intense, les sons les plus élevés s’évanouissent
d’abord.
Selon toute apparence, les éléments qui transmettent la perception
sont les plus délicatement organisés et, par conséquent, les plus
vulnérables. Il faut donc supposer que, pour une influence progressive
(lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllnllllllllllllllllllllllll)
exercée sur les fonctions sensorielles, par exemple pour un manque
d’oxygène, la frontière supérieure du son tombe elle-même progressi
vement : cette supposition a d’ailleurs été prouvée dans de nom
breuses expériences de chambres à vide.
Dans ce procédé, il faut aussi considérer les sources d’erreur.
D’après Struycken-Scharfer, il faut employer la corde unique et
non le sifflet de Galton, car celui-ci donne trop de sons secondaires.
En dehors de ce procédé, on ne peut obtenir de résultats exacts que
dans la transmission du son au moyen des os, car la fonction de
l’oreille moyenne est trop influencée par la différence de pression,
d’une part, et, d’autre part, la transmission du son dans l’air avec
une pression barométrique décroissante devient trop médiocre.
L’examen au moyen de la transmission par les os est d’ailleurs le
plus sensible; il donne des résultats d’une valeur supérieure à celui
de la transmission par l’air.
Le procédé de production d’oscillations par une corde d’acier
doit être étudié de près. Le frottement avec du feutre rugueux et
dense, fortement imprégné d’alcool, est particulièrement conseillé
(l’éther ne peut servir, à cause de sa grande volatilité et de son
mélange intime avec l’air de la chambre en présence d’une pression
atmosphérique décroissante). Le frottement avec de l’ouate donne
des résultats variables. Une ouate trop peu dégraissée ne fait même
plus osciller la corde pour une tonalité très élevée.
Quand on applique le procédé qui provoque le mieux les vibrations
de la monocorde, on remarque que la limite supérieure de l’audibilité
se détermine avec une très grande précision; l’écart dans lequel
varie cette limite est seulement très réduit : qu’on procède indis
tinctement de haut en bas, on aboutit pratiquement toujours au
même point. Ce qui est particulièrement convaincant, c’est le passage
de la zone perçue de sons pas encore très élevés, au point limite.
Le premier son perçu n’est presque pas reconnaissable, par suite de
sa qualité stridente et perçante. Il ne faut naturellement pas omettre
d’avertir la personne d’essai que ce n’est que le son qui compte,
et non le bruit du frottement.
III.
— Résultat des essais de chambre a vide.
La figure ci-après montre comment se comporte la limite supé
rieure de l'audibilité dans les essais de chambres à vide. La courbe
de Noltenius (N) donne la moyenne de trois essais entrepris. Chez
Hartmann (H), l’écart est représenté par l’espace compris entre les
essais différents (courbes) et au surplus une autre courbe.
Les courbes montrent que, jusqu’à 4000m (pression de 46omm de
mercure), il n’intervient aucun changement dans la perception des
sons élevés. La limite supérieure de l’audibilité n’oscille donc que
dans un intervalle très restreint, quand les mesures sont faites de
la même façon et suivant la technique expliquée plus haut. Il est
compréhensible que les valeurs absolues, pour des personnes diffé-
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
1414 REVUE DE L’ARMÉE DE L'AIR.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1416 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
sion des sons au moyen des os est un procédé plus sûr que tous les
autres employés jusqu’à ce jour pour prouver les troubles des fonctions
des sens par manque d’oxygène.
Médecin-Commandant Flamme.
<
L'organisation des communications et ravitaillements aux armées.
La « Revue de l’Armée de l’Air », dans la note édi oriale d’octobre
dernier, a reposé le problème de l’organisation des arrières soumis
à la menace aérienne.
A ce sujet, nous signalons au lecteur une étude fort intéressante
du chef de bataillon Albord dans la « Revue militaire française »,
de septembre 1982, dont l’évolution des dernières années a singu
lièrement confirmé les vues; c’est ce qui nous incite à en donner
une analyse.
La manœuvre a généralement pour objectif final l’action sur les
arrières. L’aviation permet aujourd’hui de substituer une attaque
immédiate et directe sur les communications aux classiques
manœuvres d’aile ou frontales à effet plus ou moins rapide.
Autre transformation profonde : les divisions motorisées pourront
« réaliser une sûreté éloignée efficace, une vérification plus rapide
et plus complète des contacts, une action profonde, enfin une exploi
tation décisive ». Ainsi revivra la manœuvre dans les espaces libres
qui conduisent aux points sensibles ou vitaux de l’organisme ennemi.
Mais il faudra alimenter la bataille : complication de quantité,
complication aussi de changements brusques des directions de marche
à attendre de la motorisation nouvelle.
Or l’organisation actuelle est lourde, et hétérogène parce qu’elle
est le résultat d’adaptations successives.
Il faut soustraire les préparatifs de l’arrière aux yeux de l’adver
saire :
iiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiun11111111111111111111111111111111111111111111 uniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
R. A. A. — No 89. 7
1418 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
ration et d’entretien, des dépôts, zones d’hospitalisation, réserves
de personnel et matériel, et la gare régulatrice.
Pour l’Aéronautique, on renoncera à l’édification de hangars,
on multipliera le nombre des terrains du temps de paix, on cherchera
à s’affranchir de la servitude de l’aménagement des terrains, on
dotera les grandes unités d’aviation d’appareils de transport, on
supprimera le parc d’armée et on allégera le parc des unités.
Le schéma ci-dessus donne un projet d’organisation d’une base
régulatrice.
A l’objection que la marche en avant devient alors impossible,
l’auteur répond qu’il faut faire état des capacités nouvelles des
moyens de transport et de la possibilité de prolonger le rail rapi
dement.
jiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiii^
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1419
iiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuii
1420 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
des sanctions économiques du Covenant, qui sont inopérantes, sauf au cours
d’une longue guerre, mais dans toutes les conférences de désarmement tenues
depuis 1919, au cours desquelles les puissances démocratiques ont essayé
d’abolir ou restreindre l’usage dites d’agression, afin qu’une prochaine
des armes
guerre puisse être traînée en longueur. En cela l’U. R. S. S. a soutenu ces
puissances, parce que la dictature communiste sait bien qu’une nouvelle longue
guerre se terminerait par la bolchevisation de l’Europe.
Il y a donc non seulement rupture entre deux systèmes politiques, mais
également opposition de deux idées militaires. Tandis que les puissances démo
cratiques ont essayé de restreindre les nouvelles armes (car, sans cette restriction,
la sécurité collective devient très difficile, puisque c’est « la sécurité par collec
tion », et qu’il faut du temps pour « collecter »), les puissances dictatoriales ont
travaillé nuit et jour pour exploiter l'effet de ces armes. Aujourd’hui, ces der
nières sont devenues si puissantes que, pour le plein développement de leur
efficacité, la surprise est nécessaire; et si la surprise totale est obtenue, la victoire
et la défaite peuvent être si rapides que la sécurité collective et l’application
de sanctions économiques ou militaires finiront par devenir impraticables.
On arrive dès lors à une situation contradictoire : les tactiques « totali
taires » — en désignant ainsi les nouvelles méthodes de combat — s’imposent
aux puissances démocratiques pour la préservation de celles-ci. Ces puissances
— politiquement, et par conséquent stratégiquement — sont les moins aptes
à développer ces tactiques, parce que, la guerre étant un instrument politique,
leur emploi dépend largement des théories politiques. Si les puissances démo
cratiques sont forcées — comme elles paraissent l’être —• d’adopter les tactiques
totalitaires, à moins de devenir également totalitaires en politique elles combat
tront avec un tel désavantage qu’elles sont assurées de la défaite. »
L’influence des armes scientifiques sur la politique.
Les premiers germes de la guerre totalitaire ont été lancés par
Clausewitz. Pourquoi n’ont-ils rien produit pendant 30 ans ? Parce
que le principe de la nation armée exigeait un nouveau système
d’approvisionnement que les chemins de fer allaient seuls pouvoir
permettre. En 1870 on a observé le développement rapide de la
stratégie des chemins de fer, l’augmentation des effectifs suivant
celle des ravitaillements. Mais en 1914, rupture complète : quoique
les chemins de fer aient pu ravitailler des millions d’hommes, ils n’ont
pas créé le ravitaillement lui-même, qui n’a pu se réaliser que par
le concept totalitaire de la nation transformée en usine de guerre.
Hitler, libéré des traités de paix, est revenu à Clausewitz avec
cette différence, importante d’ailleurs, que l’écrivain militaire regarde
la guerre comme une continuation de la politique, alors que le Führer
en fait la source de cette dernière.
L’affaire d’Éthiopie, qui illustre la théorie précédente, a opposé
l’Italie totalitaire à la Société des Nations. Si celle-ci n’avait pas
été en cause, la guerre aurait eu probablement la longue durée des
opérations coloniales.
Lorsque le général Fuller arriva en Erythrée (comme correspondant
de guerre du « Daily Mail »), il trouva plus une « démonstration
politique armée » qu’une opération de guerre : une masse importante,
répartie sur un large front, conduite par un chef d’esprit politique,
aataaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaavaaaaaiiaiiiiaiiiiaiiiiHHiHHiaaiaaiiiiiHaaaaiaiiaaaaaiaiiiaaiaaiiaiiiiiiiaiaiaiaaiiaaiaiiiaaiiaaaiiifHaB
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1421
weesasseGesBaGBGscebecDRcaGDaSGGDGGacaGaDBDDbcBSGBBGGDGHNSSGccaniBGBcOBDGcencccSGcSGSBnDaBGAcDBBaGSBSBGGaAsOGBnGnuGnaGanSRSSGSSSSRSSRBScR
1 422 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
thème, elles devraient apprendre la leçon de leurs adversaires totalitaires;
car, quoique le système politique de ceux-ci apparaisse comme l’apothéose de
la force, en lui palpite une nouvelle spiritualité, le contrôle des instincts humains
et leur contrainte volontaire pour assumer une forme disciplinée. Comme dans
ces instincts se cache l’âme de la lutte, en dépit des ténèbres existantes il y a
de l’espoir pour demain. »
«
Le général Fuller a posé un des problèmes qui appellent la médi
tation, car ils sont à la base de toute politique.
L’idée d’une interdépendance de la politique et des doctrines de
guerre est particulièrement intéressante. Elle mériterait d’être appro
fondie, car les explications de l’auteur, pour séduisantes qu’elles
soient, ne nous semblent pas absolument démonstratives.
Il nous paraît un peu simple qu’une doctrine de guerre découle
inévitablement d’un état politique : l’art militaire est fait de plus
de nuances : il apprend depuis longtemps qu’avec les moyens dont
on dispose on doit aussi compter sur ceux de l’adversaire (force et
terrain).
Il
nous semble hasardeux — et d’une généralisation trop hâtive —
d’affirmer que l’Allemagne et l’Italie rechercheraient une guerre
par surprise, foudroyante, à coups d’aviation et de chars, parce
qu’elles sont en état de dictature.
La Grande-Bretagne, pays de la guerre lente des communications
maritimes, nation démocratique s’il en fut, délaisse son Armée
pour l’Aviation et les Chars, raisons de circonstances.
Il est plus juste de dire qu’un État, qui veut la guerre ou seulement
jouer de la menace de guerre pour agrandir sa place au soleil, fait
naturellement son choix parmi les armes les plus efficaces contre
l’adversaire éventuel.
Cette efficacité dépend de bien des éléments :
— accessibilité;
— points sensibles;
— état du moral de l’adversaire.
Pour prendre le cas de l’Allemagne, on conçoit qu’elle ait besoin
contre la France de l’arme aérienne, puisqu’il y a contiguïté, que
Paris et certaines villes constituent des points très sensibles à l’Avia
tion, et que l’homogénéité morale n’y apparaît peut-être pas aussi
forte que dans un pays à dictature.
Mais contre la Russie, par exemple, quelle serait pour l’Allemagne
la valeur de l’arme aérienne ? Tandis que des troupes à terre, ayant
d’une quelconque manière pris pied en territoire soviétique, y
trouveraient non point l’occasion d’une marche lointaine sur Moscou,
mais d’une occupation fructueuse de territoires-frontières.
Peut-être le général Fuller a-t-il seulement voulu rappeler le titre
fameux du livre de Sembat « Faites un roi, sinon faites la paix »...,
modernisé de telle sorte qu’on comprenne qu’une guerre moderne
représenterait un effort moral difficilement réalisable par des peuples
1IIIIIII1IIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII11IIII1IIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1423
<
Un indicateur à rayons cathodiques pour le guidage des avions.
La marine américaine vient de mettre en service sur ses avions
garde-côte des indicateurs cathodiques actionnés par l’émission
radiotélégraphique du poste émetteur sur lequel l’avion veut se
nu 1111 ni 1111111111
111111111111111111111 111111 111111111111111 1111111 un 11111111111111 mu iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuuiKi
1424 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
IIIIIIIIIIIII1II1III11IIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIGlHlIIIIIIIIIIIIIJIlIltillllllllllllllllllllIIIIIIII1I
IIIIIIIIIIIII!IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!IIIII|I|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||!IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
LE MATÉRIEL
DES AVIATIONS NATIONALES
France
Graphiques
d’orthodromie.
Les graphiques
d’orthodromie (fig.
2) comportent deux
systèmes de cour
Fig. i. — Schéma d’ensemble du calculateur-marqueur bes : l’un (en traits
de point astronomique Bastide-Lepetit, type 300. pleins sur la figure)
Hllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllf»
XII
Graphiques d’étoiles.
On utilise pour chaque étoile de première
grandeur, susceptible d’intéresser la navigation
aérienne, un graphique de courbes de hauteur
rapporté aux latitudes (axe horizontal) et aux
temps sidéraux locaux (axe vertical) de oh à
24h (fig. 3 et 4).
Lati deset déclinaisons A gauche (fig. 2). •— Aspect d’un graphique d’orthodromie.
illilllllllilllllllllllliiiiiiiiilliilllliilliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiilliilliiliillllliiiiiiiillliliiiiiillllliillilllliiiib
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1427
lllllllllllülllllllllllllllllllllllllliuilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllll
1428 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
deux cylindres c et c pour le déroulement des deux gra
— r/ (l
phiques ;
deux cylindres et c' pour l’enroulement correspondant des
—- Ce
e
deux graphiques;
règle R, graduée en latitudes ou déclinaisons (croissantes
— une
«
Matériels modernes Técalémit pour le ravitaillement des avions.
Le ravitaillement des unités aériennes en combustible, huile et eau
pourrait poser, au cours d’une campagne, des problèmes difficiles
étant donné, d’une part, les quantités importantes de ces fluides que
consomment les avions modernes et, d’autre part, les conditions
rustiques dans lesquelles fonctionneraient les éléments distributeurs.
La Société Técalémit s’est intéressée à ces divers problèmes; nous
présentons ci-dessous rapidement ses solutions.
Ravitaillement en essence.
Técalémit propose des citernes roulantes, robustes récipients de
forme cylindro-conique, montés sur deux bandages semi-pneuma
tiques de 1140 x 20.
Chaque citerne, d’une capacité de 10001, est montée sur un cadre
d’attelage par l’intermédiaire de deux tourillons à billes. Le cadre
porte, à l’avant, un timon avec ressort-amortisseur et, à l’arrière,
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiifiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniir
1430 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
un crochet à linguet
de sûreté. Il est,
en outre, muni d’un
ruban de frein qui
entoure la citerne
sur la moitié de
son pourtour ; le
frein est commandé
par le timon et se
serre lorsque ce der
nier recule.
On peut, en
attelant des citernes
les unes derrière
Train de citernes roulantes TÉCALÉMIT en terrain varié. les autres, cons
tituer de véritables
trains de ravitaillement qu’un camion tire aisément, sur routes
même médiocres, à 10 ou 15kmh. Avec un tracteur à chenilles,
le train peut circuler en terrain varié, comme le montre d’ail
leurs la photographie ci-dessus. On voit que le procédé est simple
et original.
Les citernes roulantes réalisent un ravitaillement d’une extrême
souplesse, dans des conditions de rapidité inconnues jusqu’ici. Elles
constituent, en outre, un excellent moyen de stockage. Enfin, la
sécurité est maximum, puisque, de l’usine productrice au lieu d’emploi,
le carburant ne subit ni transvasement, ni manipulation.
Distribution de l’essence. — Entre la citerne et le réservoir de
l’avion, il ne peut être question de transvaser l’essence au moyen
de récipients intermédiaires : l’opération serait à la fois trop longue
et trop dangereuse. Les Établissements Técalémit ont étudié des
distributeurs ra
pides, comprenant
une pompe, un
filtre et un comp
teur que l’on relie
d’un côté à la
citerne, de l'autre
au réservoir de
l’avion.
Dans le type
DE (débit horaire
de 40001), monté
sur chariot, la
pompe se manœu
vre à bras à l’aide
d’un volant-mani
velle ; dans le type Distributeur d’essence Técalémit de 18000 Itheure.
iimnii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1431
Etats-Unis.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHii
REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR. 1433
Brésil.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
R. A. A. — N° 89. 8
1434 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii>iiiiiii>iiiiiiiiiiiiiiiiiiii>iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin
aiiiiiiiiiiiiiiiteiBüiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuii
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
1436 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
La Société Siemens, abandonnant tout procédé radioélectrique,
préfère s’adresser à un « altimètre relatif », c’est-à-dire à un sondeur,
pour déterminer une courbe d’atterrissage en fonction du temps.
Cette courbe est toujours la même pour un avion donné, sauf adap
tation en fonction de la vitesse du vent. La méthode Siemens fait
l’objet du présent brevet.
Principe.
On admet que l’avion, amené comme nous avons dit au-dessus
de son terrain à l’aide d’un dispositif de guidage quelconque, par
exemple le dispositif Siemens décrit dans le no 84 de cette revue,
doit atterrir au point T du terrain (fig. i).
Fig.
amunnumunmnnunuuanunannauauannunmuuunanuununuunmunezununanununensnenacnnanuanccunuununuanuensnnenvennnunnununnnnnnannanaeeananannnandenan
1438 REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
main, au moment opportun qui dépend de la vitesse du vent, celle-ci
étant calculée comme nous avons dit en fonction du temps t mis
par l’avion pour parcourir la distance AB.
La Société Siemens prévoit également un dispositif automatique
qui déclenche le moteur M sans intervention manuelle, compte tenu
du temps t. Ce dispositif est représenté sur la figure 3.
Illlllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
Quand l’avion franchit le poste B, le récepteur r excite le relais R2,
d’où coupure du contact de repos C2 et fermeture du contact de
travail C2. Il en résulte que l’embrayage e' devient libre et que le
volet amortisseur du tambour b, entraîné par le levier que rappelle 1
«
Nous croyons, comme la Société Siemens, que l’atterrissage sans
visibilité ne peut être résolu qu’avec le concours des sondeurs,
lesquels permettent d’ailleurs à un avion de s’attaquer à n’importe
quel terrain, mais •— nous le rappelons — de sondeurs absolument
continus, capables de fonctionner jusqu’au ras du sol. Nous pensons
même que ce sera dans l’avenir le rôle essentiel des sondeurs, que
nous jugeons par ailleurs moins intéressants comme appareils de
navigation.
L’invention, dont le but est d’assujettir l’avion à suivre une courbe
d’atterrissage choisie d’avance, paraît pouvoir être perfectionnée
en prévoyant un système simple, un commutateur par exemple,
qui permettrait de changer instantanément de courbe d’atterris
sage, en changeant de résistance variable, pour mieux adapter
l’avion à la vitesse du vent, dès que celle-ci est calculée.
Mais quand l’avion ne sera pas astreint à se poser exactement
Il 1111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111311111111
111111111111111111111111111111111111111111111111111111
B*
i3 4 o REVUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.
en un point donné du terrain, ce qui sera souvent le cas, et que le
vent ne sera pas trop gênant — ce qui arrive ordinairement, en
temps de brume — que, par conséquent, la courbe d’atterrissage
pourra varier sans danger dans d’assez larges limites, nous croyons
que le pilote atterrira très bien avec un sondeur seul, ce qui sera
beaucoup plus simple.
Nous souhaitons donc d’abord voir entrer dans la pratique un
bon sondeur d‘atterrissage-(5 p., 3 fig., 3o réf.).
Gaëtan JACQUET.
Le Gérant : E. THOUZELLIER.
iiiimii i mi i iiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiu i mi i nui mi mil mi iiiiiu i un i uni i mini i iiuiuiiiiiiiiiiiiu uni i iiiiiiiiiiiiiu ie
11
105600. — Imp. Gauthier-Villars.
Août 1936
de l’Air
GAUTHIER-VILLARS, ÉDITEUR
66, Quai des Grands-Augustins, PARIS (6 e )
FRANCE
Le N° : 10 francs—Abonnement annuel : 100 francs
ETRANGER
Le N° : 20 francs —Abonnement annuel : 200 francs
1 5 s
"onaar”
REVUE DE L’ARMEE DE L'AIR
Secrétaire général : Pierre Léglise
D août 1929 à décembre 1933, cette revue a paru sous le titre
REVUE DES FORCES AÉRIENNES
RÉDACTION
Les communicationsconcernant la Rédaction de la Revue doivent
être adressées comme suit :
<o
ADMINISTRATION
Les communications et envois concernant les abonnements, les
changements d’adresse, la vente, les expéditions, la publicité
doivent être adressés comme suit :
Revue de l’Armée de l’Air
55, quai des Grands-Augustins, Paris (6' j
Téléphone : DANTON 05-11, 05-12
Hauteur Largeur
Revue
de
l’Armée
de l’Air
GAUTHIER-VILLARS, ÉDITEUR
55, Quai des Grands-Augustins, PARIS (6*)
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ÉTRANGER :
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55, quai des Grands-Augustins, Paris (6 )
Téléphone : DANTON 05-11, 05-12
Revue
l’Armée
20.
GAUTHIER-VILLARS, ÉDITEUR
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10 francs—Abonnement annuel : 100 francs
ETRANGER
Le N° : 20 francs—Abonnement annuel : 200 francs
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' Pierre Léglise
Secrétaire général :
RÉDACTION
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Les articles proposés doivent être tapés à la machine, au recto des
feuilles seulement ; figures ou photographies sur feuilles séparées.
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CONVENTION STOCKHOLM
Le N° : 22 francs — Abonnement annuel : 220 francs
REVUE DE L'ARMEE DE L'AIR
Secrétaire général : Pierre Léglise
D'août 1929 à décembre 1933, cette revue a paru sous le titre
REVUE DES FORCES AÉRIENNES
RÉDACTION
Les communications concernant la Rédaction de la Revue doivent
être adressées comme suit :
s
Les articles proposés doivent être tapés à la machine, au recto des
feuilles seulement ; figures ou photographies sur feuilles séparées.
ADMINISTRATION
Les communications et envois concernant les abonnements, les
changements d’adresse, la vente, les expéditions, la publicité
doivent être adressés comme suit :
Revue de l’Armée de l’Air
55, quai des Grands-Augustins, Paris (6 )
Téléphone : DANTON 05-11, 05-12
Revue
de
l’Armée
de l’Air
GAUTHIER-VILLARS, ÉDITEUR
55, Quai des Grands-Augustins, PARIS (6)
FRANCE :
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LeO-SAF
ÉTABLISSEMENTS LIORÉ ET OLIVIER © SOCIÉTÉ AÉRONAUTIQUE FRANÇAISE
Quadrimoteur transatlantique
destiné au transport de passagers et de fret
à grande distance
en particulier au-dessus de l’Atlantique Sud
Compression volumétrique 7
3 7502 01812288 9 g8