Michel Espagne La Question Des Imbrication Culturelles Chez Franz Boas
Michel Espagne La Question Des Imbrication Culturelles Chez Franz Boas
Michel Espagne La Question Des Imbrication Culturelles Chez Franz Boas
chez F r a n z Boas
MICHEL ESPAGNE
1. Marcel Mauss, « Essai sur le don », in Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1950, p . 198.
1. Sur les étapes de la carrière de Boas on consultera notamment A. L. Kroeber et al. (éd.),
« Franz Boas », in American Anthropologist, vol. 35, juillet-septembre 1943 ; Melville J. Herskovits,
Franz Boas, The Science of Man in the Making, New York / Londres, Charles Scribner, 1953 ; Walter
Goldschmidt (éd.), The Anthropology of Franz Boas, Memoir, n ° 8 9 , T h e American Anthropological
Association, 1959 ; Marshall Hyatt, Franz Boas. Social Activist. The Dynamic of Ethnicity, New
York / Westport / Londres, Greenwood Press, 1990 ; Franz Boas Ethnologe. Anthropologe. Sprachwis-
senschaftler, Staatsbibliothek zu Berlin Preußischer Kulturbesitz 1992.
2. Douglas Cole, « Franz Boas. Ein Wissenschafder und Patriot zwischen zwei Ländern », in
Volker Rodekamp, Franz Boas 1858-1942. Ein amerikanischer Anthropologe aus Minden, Verlag für
Regionalgeschichte, Bielefeld, 1994, p . 9-23.
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durant sa période de formation la figure de Wilhelm W u n d t avec lequel il
eut u n contact personnel au début des années 1880, à l'époque où domi-
nait encore la problématique de la psychophysique, et qu'il aborda plus
tard dans son séminaire américain du point de vue de la Völkerpsychologie.
U n e autre impulsion venue des psychologues fut celle de T h e o d o r Fech-
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ner . Les questions linguistiques Boas les perçut durant sa phase de forma-
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tion à travers l'œuvre de Steinthal mais aussi d'Adolf Bastian . Enfin il
faut fortement souligner la place occupée p a r les géographes dans la for-
mation initiale de Boas. C'est chez eux qu'il a trouvé l'idée d'une anthro-
pogéographie. Il a lu Alexandre de Humboldt et Karl Ritter. Il a suivi de
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Bonn à Kiel son maître Theobald Fischer . Surtout il a pris la mesure des
orientations données à la géographie p a r Friedrich Ratzel. Dans son
Anthropogeographie de 1882, celui-ci soulignait évidemment l'influence du
milieu sur une nature organique humaine composée pour l'essentiel d'air
ambiant, de lumière solaire, d'humidité. Mais il avait aussi développé une
théorie des migrations faisant des passages de population l'élément essen-
tiel de l'histoire humaine. Reprenant Herder il voyait surtout dans l'his-
toire une géographie dynamique et remettait en cause la frontière entre les
deux dimensions de l'espace et du temps : « Il paraît au géographe qui doit
prendre également en considération tous les peuples du m o n d e abusive-
ment arbitraire de tracer une frontière aussi stricte entre les peuples histo-
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riques et non historiques, et p a r là entre l'histoire et l'ethnologie. »
Après sa thèse de physique, Boas suit à Berlin des études d'anthropo-
métrie chez Virchow. Son goût pour les voyages le pousse à participer
en 1883 et 1884 à une expédition vers la terre de Baffin. Il passe définiti-
vement de la géographie à l'anthropologie en découvrant sur site que les
déterminations physiques de l'environnement ne suffisent pas à expliquer
mécaniquement une culture. L'ouvrage qu'il publie à la suite de son expé-
dition a des accents de récit d'aventure. En chemin vers l'Europe, Boas
fait son premier séjour à N e w York où il passe l'hiver 1884-1885. En 1886
il est assistant de géographie à l'université de Berlin. Entreprenant la
m ê m e année une nouvelle expédition chez les Indiens Bella Coola de la
côte ouest, il décide en 1887 de rester aux États-Unis. Il est d'abord rédac-
1. George W. Stocking Jr. (éd.), Volksgeist as method and Ethk. Essays on Boasian Ethnography and
the german anthropological Tradition, T h e University of Wisconsin Press, Madison, 1996.
2. Gustav Theodor Fechner (1801-1887) publia en 1860 des Éléments de psychophysique qui sont
au fondement de la psychologie expérimentale.
3. Heymann Steinthal (1829-1899) qui a forgé le concept de Völkerpsychologie est un continua-
teur de la philosophie humboldtienne du langage.
4. Adolf Bastian (1826-1905), auteur en 1860 d'un ouvrage en trois volumes, L'homme dans
l'histoire, a contribué à l'établissement d'une ethno-psychologie.
5. Theobald Fischer (1846-1910) avait parcouru la Méditerranée et le Maroc. O n lui doit
d'avoir parmi les premiers souligné l'unité du bassin méditerranéen et d'avoir participé à la fonda-
tion de la géographie moderne de l'Allemagne.
6. Friedrich Ratzel, Anthropo-Geographie oder Grundzüge der Anwendung der Erdkunde auf die
Geschichte, Stuttgart, Engelborn, 1882, p. 30.
teur de la revue Science, éditée p a r l'ancien assistant de Wilhelm Wundt,
J a m e s M a c K e e n Cattell, puis travaille au Field Columbian Museum de Chi-
cago. Il en est renvoyé à la suite d'un conflit qu'il interprétera comme une
agression de la WASP community (White-Anglo-Saxon protestants). Il entre
ensuite au American Museum of Natural History, avant d'obtenir en 1899 une
chaire d'anthropologie à l'Université de Columbia.
O n peut tenter d'aborder l'œuvre de Boas comme une tentative de
régler au niveau théorique et politique, des conflits auxquels sa situation de
Juif allemand l'a d'emblée confronté. Les peuples indiens menacés de dis-
parition et surtout les noirs américains ou les immigrants sont une sorte de
terrain de substitution sur lequel Boas aurait pu penser sa propre situation
de Juif allemand. O n a remarqué au demeurant que l'environnement
scientifique de Boas, ses élèves, comprend nombre de représentants de
groupes luttant pour leur reconnaissance, des femmes comme Margaret
1
M e a d ou R u t h Benedict, des immigrés comme Robert Lowie . Boas qui
intervenait volontiers sur le terrain des conflits interethniques a toujours
défendu l'idée selon laquelle aucune corrélation ne pouvait être établie
entre l'appartenance raciale et quelques caractéristiques intellectuelles que
ce soit. En particulier il a pourfendu l'idée répandue parmi un certain
nombre de milieux selon laquelle les mariages mixtes pouvaient aboutir à
u n affaiblissement. U n e de ses principales contributions scientifiques dans
ce domaine tient à l'analyse des données anthropométriques de popula-
tions immigrantes. Sur la base d'études statistiques très poussées conduites
sur des enfants d'immigrants, et n o t a m m e n t d'enfants de l'orphelinat juif,
il s'est efforcé de montrer que les différences dans les processus de crois-
sance, voire dans la forme du crâne sont directement corrélées aux condi-
tions de vie des groupes considérés. C'est ainsi p a r exemple que les géné-
rations récentes d'immigrants lui apparurent plus grandes que les
générations plus anciennes, alors que dans la population des Juifs nés en
Amérique cette progression dans la taille ne s'observait pas du tout dans
les mêmes proportions. Les changements dans les conditions de vie avaient
donc nécessairement provoqué u n changement dans l'apparence phy-
sique : « Le rythme de croissance semble n'être guère affecté p a r la des-
2
cendance raciale mais dépend plutôt de l'environnement. » Alors que
l'anthropométrie était mise en Europe au service d'une différenciation des
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ethnies, Boas s'en sert plutôt pour en relativiser la définition .
1. Robert Lowie (1883-1957), premier doctorant de Boas, poursuivit des recherches sur les
Indiens des plaines.
2. Franz Boas, Race, Language and Culture, New York, Macmillan Company, 1940, p. 126.
Pour une analyse des positions théoriques de Boas il convient de se référer avant tout à cet
ouvrage qui rassemble ses principaux articles.
3. Voir Franz Boas, The Mind of Primitive Man, Greenwood Press, Westport 1963 ; Id., Race
and Democratic Society, New York, J.-J. Augustin Publisher, 1945.
RACE ET LANGAGE
U n e des caractéristiques de l'anthropologie de Boas tient au croise-
ment et à la complémentarité de divers types d'approche des phénomènes
sociaux. A l'anthropométrie, à la recherche d'une influence de l'environ-
nement vient n o t a m m e n t s'ajouter la perspective linguistique. Boas, en
héritier de Wilhelm von Humboldt, voit dans les langues le véritable fon-
dement de l'unité des peuples, le plus ancien m o n u m e n t du genre humain
et donc une sorte d'archive qui, atténuant l'opposition entre les peuples
occidentaux et les peuples dits primitifs, les inscrit tous dans une m ê m e
histoire. Convaincu de l'unité foncière des deux disciplines que sont
l'anthropologie culturelle et la linguistique anthropologique, Boas a fondé
ses investigations sur des collections de textes indiens transcrits dans la
langue originale et souvent publiés. Dans son introduction au Journal inter-
national de linguistique américaine il parle volontiers de formes poétiques et lit-
1
téraires dans les traditions indiennes . La langue originale était pour lui u n
support indispensable, et toute investigation anthropologique qui ne repo-
sait pas sur une connaissance réelle de la langue et de la littérature lui
2
paraissait absurde , mais il ne semble pas avoir été gêné par la mise en
scène que représentait l'édition de récits et de mythes énoncés dans une
langue sans écriture. Le modèle de la collection de légendes populaires et
surtout de la philologie textuelle, modèle dont les origines n'ont pas besoin
d'être rappelées, a immédiatement prévalu. Boas disposait d'informateurs
indigènes qui lui fournissaient des textes, il eut pendant de très longues
années un correspondant Kwakiutl (George Hunt) et un correspondant
Tsimshian (Henry Tate), mais il prônait l'apprentissage des langues verna-
culaires et une forme d'ethnologie participante. O n a affaire à une produc-
tion interculturelle, mixte improbable de tradition allemande et de tradi-
tion indienne. A partir des corpus de textes rassemblés, Boas était soucieux
de produire des descriptions des langues indiennes qui n'en restaient pas
comme ce fut souvent le cas au niveau lexicographique, mais s'efforçaient
de fournir une présentation de la grammaire. O n peut signaler la gram-
maire de la langue kwakiutl. Et ici se font j o u r à nouveau les contradic-
tions productives du système de Boas qui aborde des langues orales à par-
tir de corpus écrits mais veut échapper au moule descriptif unique des
langues européennes. Les catégories des linguistes qui transposent aux
idiomes amérindiens les caractéristiques des langues européennes lui appa-
raissent en effet clairement insuffisantes.
Étudier les langues au m o m e n t où Boas a entamé sa carrière scienti-
fique, c'était avant tout les situer sur u n arbre comparable à celui qui
illustre les relations réciproques entre les langues indo-européennes, avec
DE LA COMPARAISON À L'HISTOIRE
LA QUESTION DU DIFFUSIONNISME
B o a s a s o u t e n u l a t h è s e d u diffusionnisme c u l t u r e l , c ' e s t - à - d i r e d é f e n d u
l ' h y p o t h è s e s e l o n l a q u e l l e les m é c a n i s m e s d ' é v o l u t i o n d e s c u l t u r e s s o n t liés
à d e s e m p r u n t s . T o u t e f o i s c e t t e diffusion n e m é r i t e d ' ê t r e é t u d i é e et c o n s i -
d é r é e c o m m e u n p r i n c i p e e x p l i c a t i f q u e si l ' o n p e u t s u p p o s e r u n c o n t a c t
3
h i s t o r i q u e e n t r e les p e u p l e s m a n i f e s t a n t d e s s i m i l a r i t é s . R u t h B e n e d i c t a
n o t é u n v i r a g e d a n s l a réflexion d e B o a s s u r ce p r o b l è m e . D a n s les
a n n é e s 1 9 1 0 il s e r a i t p a s s é d ' u n e t h é o r i e d e la d i s s é m i n a t i o n à u n e t h é o r i e
1. Ruth Benedict, « Franz Boas as an Ethnologist », in A. L. Kroeber et al. (éd.), ibid., p . 31.
2. Dan Sperber, La contagion des idées, Paris, Odile Jacob, 1996.
3. Franz Boas, ibid., p. 291.
4. Ibid., p . 423.
dirent à travers l'Italie poursuivant vers l'est en direction de l'Asie
Mineure ; q u a n d les tribus teutoniques émigrèrent de la m e r Noire en
Italie, en Espagne et même en Afrique du Nord ; q u a n d les Slaves connu-
rent leur expansion vers le nord-est de la Russie et vers le sud sur la pénin-
sule des Balkans ; q u a n d les Maures tenaient une grande part de l'Es-
pagne ; q u a n d les esclaves romains et grecs disparurent dans la population
générale et quand la colonisation romaine touchait une large part de
l'espace méditerranéen. Il est intéressant de noter que la grandeur de l'Es-
pagne a suivi la période de plus grand mélange de races et que son déclin
s'est engagé quand les populations devinrent stables et que l'immigration
1
s'arrêta. » De telles citations permettent d'éprouver l'ambiguïté chez Boas
entre u n vécu de Juif allemand prônant une certaine perception des rela-
tions entre nations à l'intérieur de l'Europe et la transposition de ce vécu
dans u n mode d'analyse des tribus indiennes. D'autre part le métissage
devient une forme d'approche méthodologique dans ce qu'on pourrait
appeler l'observation participante. L'anthropologue ne s'informe pas sur
les populations en interrogeant des Européens qui vivent à leur contact,
mais tente de participer à leur mode de vie - Boas a participé par exemple
à la chasse au phoque, prend en compte le savoir des Indiens et dans le
cas des habitants de la terre de Baffin leur cartographie ou leur manière
de désigner les sites. L'enquête sur le terrain est une forme imprévue de
diffusion culturelle puisqu'elle doit conduire l'ethnologue à penser avec les
concepts de la tribu qu'il étudie, avec sa langue, à se laisser imprégner de
son mode de représentation.
U n e partie des activités de Boas sont d'ordre muséographique, Boas
met les objets dans le contexte de leur culture propre et souligne les res-
semblances seulement lorsqu'elles correspondaient à des contiguïtés histori-
quement signifiantes. C a r il a eu une intense activité de collectionneur
2
notamment lors de lors de la Jesup North pacific Expedition qui durant plu-
sieurs années rassembla des objets appartenant aux populations arctiques
américaines et sibériennes. Lors de l'exposition universelle de 1893, Boas
eut l'occasion pour la première fois de présenter les objets des indiens de la
côte est, selon sa conception d'une muséographie reflétant la fonction des
objets dans u n système social précis. Puis il appliqua ses conceptions dans
la réorganisation du American Museum of Natural History. O n distingue chez
lui u n respect presque religieux pour l'objet, protégé m ê m e des interpréta-
tions qu'on pourrait en donner, qui a p u être mis en relation avec la révé-
3
rence de l'étudiant berlinois Boas vis-à-vis de l'empirisme de Virchow . Il y
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a chez lui une méfiance vis-à-vis des théorisations rapides .
1. Benno Erdmann (1851-1921) dirigea l'édition des œuvres de Kant après la mort de
Dilthey.
2. Heinrich Rickert (1863-1936), représentant de l'école badoise du néokantisme, professeur
à Fribourg et Heidelberg.
3. Wilhelm Windelband (1848-1915), représentant de l'école néo-kantienne du sud-ouest de
l'Allemagne. Professeur à Strasbourg, puis à Heidelberg après 1903.
4. Marvin Harris, ibid., p . 267-271.
5. Voir entre autres Abram Kardiner et Edward Preble, Introduction à l'ethnologie, Paris, Galli-
mard, 1966.
Suède pour les États-Unis en 1940 et publia en 1944 u n livre Essay on Man
où il prônait une anthropologie fondée sur l'étude de la langue des mythes,
de l'art et de la religion, en bref d'un niveau des formes symboliques déter-
minant l'appréhension d'une réalité matérielle inaccessible. O n sait au
demeurant que dans la Philosophie des formes symboliques Cassirer envisage
déjà une ethnologie des mythes.
Sans doute R u t h Benedict va-t-elle trop loin en prétendant que son
maître Boas se serait engagé dans son expédition sur la terre de Baffin
moins pour une enquête géographique que pour étudier la manière dont
les Inuit percevaient cette couleur de l'eau à laquelle il avait consacré sa
1
thèse de doctorat . En revanche il est clair que son intérêt pour les spé-
culations philosophico-cosmologiques des prêtres et chefs de tribus en tant
que systématisation des idées répandues dans la masse de la population est
lié à une prise en compte particulièrement attentive du niveau des symbo-
2
lisations . L'ésotérisme des prêtres est u n niveau de symbolisation qui per-
met de connaître le savoir exotérique du tout social mais parfois s'en
coupe trop, peut apparaître comme une connaissance d'une élite privi-
légiée et Boas insiste pour que le savoir des prêtres, qui peut être u n fil
directeur de l'anthropologue reste inséré dans une analyse globale du sys-
tème de représentation. Les reproches que l'on a pu adresser à l'ethnologie
de Franz Boas tiennent précisément au respect extrême qu'il a manifesté à
l'égard des phénomènes d'ordre idéologico-symbolique au détriment p a r
exemple d'analyses économiques. Cet a priori dont une conséquence fut u n
glissement de plus en plus net de Boas vers l'étude des représentations pri-
mitives est certainement le signe le plus net d'un noyau néo-kantien dans
son appréhension du social.
L'anthropologue et ethnolinguiste américain Franz Boas est à tous
points de vue un représentant des sciences sociales allemandes de la fin du
e
XIX siècle. Il pense Panthropogéographie dans les catégories de Ratzel,
l'anthropométrie avec Virchow, la linguistique avec Humboldt et Stein-
thal, la psychologie avec W u n d t et les formes symboliques selon le para-
digme des néo-kantiens. Boas est parfaitement conscient d'une apparte-
nance qui le pousse à intervenir en 1914 au profit de l'Allemagne et à
militer dans les années 1930 contre le nazisme. Transportant la science
allemande de son temps dans u n contexte américain où la psychologie
devait au demeurant déjà beaucoup à Wilhelm Wundt, Boas est le princi-
pal artisan d'un syncrétisme qui sert de fondement à l'anthropologie amé-
ricaine. Mais le judaïsme de Boas est peut-être sensible plus qu'ailleurs
dans l'acharnement avec lequel il démontre la fécondité des métissage
culturel non seulement dans les tribus indiennes de la côte ouest mais aussi
et surtout dans la population américaine de son temps, chez les immigrés