N Dig Druk 014683
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N Dig Druk 014683
1) E S
DEMONS
DES ESPRITS VISITEURS
DU SPIRITISME ANCIEN ET M O D E R N E
'P A R I.E CHKVAMKH ’
N O U V E L L E É D IT IO N
*»nti«>rement r e f o n d u e et fort au gm entée.
PARIS,
11 KM ISI PLON- , lMPRIMEljR-ÉD1TF.UK ,
RI I I î GARAN.Ç1ÈHE. S.
I S <> 5
(T o u s d r o its r é s e r v e s .)
/
MŒURS ET PRATIQUES
DES
DEMONS
L ’auteur et l’éditeur déclarent réserver leurs droits de reproduction
à l’étranger. Ils poursuivront, en vertu des lois, décrets et traités
internationaux, toutes contrefaçons ou traductions faites au mépris de
leurs droits. — Ce volume a été déposé au ministère de l’intérieur
(direction de la librairie) en septembre 1865.
DÉMONS OU
C.o ü g e n o t DES MO U S S E A U X ,
Auteur de d i e u e t l e s d i e u x , de l a m a g i e a u d ix - n e u v i è m e s iè c l e ,
des h a u t s p h é n o m è n e s d e l a m a g i e , e tc ., etc.
N O U V E L L E É D IT IO N
entièrem ent refondue et fort aiHjnientéc.
« Ce que l ’on peut dire sans risque de se trom per, c’est qne
ces messieurs 6ont à la tête, s’ils ne sont pas les seuls , des
écrivains q u i d éro ulent nne page d ’histoire c a th o liq u e , et
constatent que les phénom ènes étranges dont ils sont les
témoins n e s o n t p o in t nss il l u s io n s . »
R e v u e m é d ic a le f r a n ç a is e e t é tra n g è re , 31 m ai 1 8 6 1 .
PARIS
HENRI PLON, IMPRIM EUR-ÉDITEUR
UUE G A R A N C IÈ R E , 8
1865
Tous droits réservés.
UNIV. fO^|jAG®L
C R a c c 5 v ie n 3 is
0 ) 6 \) V,
V___
Biblioteka Jagiellonska
1001373749
AVIS DE L ’É D I T E U R .
« Monsieur le Chevalier,
» Votre nouvel envoi: les Hauts phénomènes de la
magie, précédés du Spiritisme antique', m ’est parvenu,
et j ’ai admiré la même abondance de doctrine, la même
sûreté de recherches, le même enchaînement de déductions
incontestables. — Vous avez merveilleusement mérité de la
religion, et on peut dire delà raison, en dévoilant tous ces
mystères de l’iniquité et de la tromperie. Je recommanderai
volontiers cet ouvrage à mon clergé dans la plus prochaine
occasion...
» 7 C é s a ire , cardinal-archevêque de Besançon. »
Besançon, <11 avril
» Paris, 5 ju in 1855. »
CAUSERIE AVEC LE LECTEUR.
f Plût à Dieu que tous les curés et tous les catéchismes nous tins
sent partout ce langage si vaillant de foi !
2 C ’est-à-dire vous n’aurez qu’à vous livrer aux évocations; les
spirites vous y convoquent de (outes parts.
tune. Car, « si tout était ici vrai prestige, ou illusion, il
n’y aurait aucune opposition; les Robert Houdin, les Bosco,
sont parfaitement tranquilles; on ne songe point à les trou
bler, à les inquiéter ! L ’agent miraculeux est donc entre nos
mains; et, si notre foi était plus vive, beaucoup de choses
merveilleuses, qui nous paraissent impossibles à produire
aujourd’hui, seraient faciles. »
L u i, le démon, « tous les malheureux initiés à l’art de
la sorcellerie, femmes, enfants, vieillards, le peignent de la
même manière. Ils l ’ont vu dans les scènes nocturnes du
sabbat1; et je crois plus à la terreur de tous ces gens-là, à
leurs témoignages, qu’à ceux qui me seraient donnés par les
1 Des superstitions selon VEcriture sainte, les décrets des conciles, les
sentiments des saints Pères, etc. Paris, 4079; Thiers, curé deChamprond.
2 L ’espace manque aux citations; le lecteur trouvera tous ces docu
ments dans nos trois ouvrages sur la magie. Bornons-nous à le ren
voyer, pour le moment, aux seules bulles ou extraits des papes In no
cent V III, Sum m is desiderantes ajfeclibus; Adrien V I, D udum u ti
nobis exponi; Sixle V, Cœ li et terra Creator, etc., etc.
traire, un surcroît de rationalisme, une doctrine de néant?
Et fallait-il au delà des lignes suivantes de la préface, pour
accuser les tristesses et les dangers d’un tel enseignement?
Écoutons : « Il était urgent de supprimer des détails su r
annés, et de réduire à de justes limites une surabondance
d’érudition sur la magie, sur la sorcellerie, et les diverses
divinations q ui n offrent p lu s d 'ailleu rs a u c u n e a p p lic a
t i o n ACTUELLE 1 ! »
DÉMONS
CHAPITRE PREMIER
ET PRÉPARATOIRE.
HABITÉS ?
Par qui ce globe et son atmosphère sont-ils habités?— Par des Esprits
logés dans des corps, par des Esprits attachés à certains lieux ou
vaguant. — Raison d’y croire. — Ignorance générale des chrétiens sur
ce point. — Pourquoi les démons ici-bas, et pourquoi leur hostilité
contre l’hom m e?— Combat des Anges dans le ciel ; cause et résultat
de la grande révolution des Esprits. — Détails; ce combat conti
n ue .— Les apôtres, les saints, et l’Évangile, sur les différents milieux
et les mœurs des démons ; sur l’accord des faibles et des forts pour
nous assaillir. — Comment ils se logent en nous. — Quelle pru
dence et quel esprit de prévision doivent nous animer à la pensée
de tels ennemis.
i' Adoré sous forme de serpent sur toute la terre pendant toute la
• durée de l’idolâtrie, et aujourd’hui même.
- Apocal., ch. x iii, v. 3.
voilà que, sous le souffle du dragon ranimé, le spiritisme,
ou la religion des Esprits, l’ancien paganisme, renaît et
s’apprête à régner sur le monde, à le couvrir pour la
troisième fois de ses venimeuses ténèbres *. En un m ot,
voilà qu’à cause de l’homme, voilà que par le fait de
l’homme se partageant entre le ciel et l’enfer, la terre
renouvelle le spectacle de la lutte entre les bons et les
mauvais Esprits, entre le bien et le mal, le spectacle du
combat des anges commencé dans les cieux, ce combat
dont l’issue sépara jadis, et séparera jusqu’au dernier jour,
les ténèbres de la lumière !
Hommes, voilà l’ennemi! voilà les Esprits de haine et
d’envie, voilà les Esprits de fureurs homicides et d’abîme
contre lesquels nous oblige à lutter le crime de notre
propre épreuve si malheureusement subie ! Et la volonté
du ciel les déchaîne contre nous parce que nous avons prêté
l'oreille à leur voix caressante et perfide ; elle leur permet
de nous assaillir parce qu’à la parole du Dieu créateur, du
Dieu de vérité, nous avons préféré, nous préférons la parole
de l’esprit menteur, l’ange de la raison rebelle2.
L ’histoire du passé, du présent et de l’avenir; l’histoire
des mœurs et des crimes du démon dès le principe ; l’histoire
des grandeurs et de l’imbécillité de l’homme, est dans ces
1 A. R usca,p. 473.
2 Nous nous faisons vulgairem ent, dans le m onde, une bien fausse
idée de l’enfer et de Dieu.
L(i fureur apparente* de Dieu est justice adm irable, et sa justice,
c’est-à-dire l’une des perfections nécessaires de sôn être, est miséri
corde jusque dans les plus torridesprofondeurs .de l’enfer. C’est d’ail
leurs moins Dieu lui-mème qui nous y plonge que notre propre volonté.
Car la mort frappe à peine le damné que l’enfer, que la zone infernale
pression même de saint Paul, les principautés, les puissances
infernales, les princes de ce monde et des Esprits répandus
dans l’air
Lucifer et ses principaux ministres paraissent être généra
lement enchaînés aux enfers; cependant tous les mauvais
Esprits, et jusqu’à ceux de l’air et de la terre, n’agissent que
d ’après leurs ordres suprêmes ; sub principibus autem
et potestntibus quatn p lurim i m ilitant 2. Ces Esprits de
malice s’entendent d’adleurs et s’accordent pour arriver à
cette fin ; e t, quoique chacun ait sa spécialité pour tel ou
•
tel vice, ils savent tous se réunir et former une sorte de
composé venimeux de différentes tentations, afin d’attaquer
les âmes de plusieurs côtés à la fois. Vous les voyez appeler
à leur aide, au besoin, d’autres Esprits plus puissants et
plus rusés qu’eux-mêmes, gloires et illustrations jadis des
hiérarchies célestes les plus élevées 1.
Arrive-t-il qu’un démon réussisse à tuer une âm e, il en
éprouve , au milieu de ses éternelles douleurs , la joie féroce
de 1’ envie satisfaite, et l’abîme retentit en sa faveur des
acclamations de la tourbe infernale. Une âm e, au contraire,
est-elle assez vigilante pour échapper aux ruses des Esprits
de malfaisance , Lucifer inflige de sévères châtiments à son
tentateur, devenu la risée des autres démons, qui le tour
mentent, et lui reprochent, imbécile chasseur, d’avoir
laissé sa proie se jouer de ses coups. Errant* alors sans
fonctions spéciales, cet Esprit de rapine épie des occasions
nouvelles de se distinguer en malfaisant; et quelquefois, par
exemple, en s’emparant de nos corps afin d’y susciter, au
profit de sa malice, les phénomènes de la possession 2.
Quels que soient le nombre et l’astuce, la force et la furie
des dénions, gardons-nous cependant de nous épouvanter
hors de propos devant leurs tourbes et leurs menaces... Au
milieu de justes terreurs que doivent nous inspirer les fai
blesses de notre rialurg, bannissons loin de nous toute
crainte vaine et puérile; marchons lus yeux ouverts, mais le
cœur haut; car Dieu nous prodigue ses anges fidèles et sa
grâce, dès que nous voulons vaincre; car les apôtres du
Christ proclament, d’un bout à l’autre des siècles, que ces
1 Thyrée, p. 269.
2 Saint Athanase, sa Vie de saint Antoine, ch. l u , l i i i , xxxvi,
xxxix, etc.; — le Curé d ’Ars, par M. l’abbé Moriin , 1862, p. 384, etc.
démons qui fonctionnent, et n’en doutez plus; car c’est au ré
sultat que vous les reconnaîtrez comme le lion se reconnaît à
sa griiïe. Déjà , sous plus d’un rapport, l’histoire des tables
tournantes fut la confirmation de ces dernières paroles. La
majesté d’un ange céleste ou d’une àme sainte s’abaisserait-
elle à de telles niaiseries? Les hôtes de Dieu se ravale
raient-ils à ce point? Les verrait-on perdre leur temps et
leur amour à ces indignes futilités? Non; mais à de telles
mœurs se trahissent les Esprits de vanité, de désordre et
de perfidie 1!
DIV IN ES ET SO U S LA F O R M E d ’ a MES H U M A IN E S .
Les Démons peuvent nous apparaître sous des formes divines et sous
la forme d ’âmes humaines. — Tout commerce avec eux dépend-il
de noire volonté? obéissent-ils à nos ordres et revêtent-ils, pour
nous visiter, la ressemblance de ceux que nous évoquons? —
Exemples.
\
subtiles et promptes à toutes les métamorphoses, se font
tour à tour dieux, démons ou âmes de trépassés 1; heureux
qui leur a échappé! Enfin, l’Église elle-même s’exprime
dans son rituel sur le fait de cette ruse, et, s’adressant à
ses exorcistes, elle leur ait : Ne vous avisez point de croire
le démon, lorsqu’il se donne pour l’âme d’un saint, pour
l’âme d’un mort, ou pour un ange de lumière 2. Et rien ne
nous étonnera dans ces termes, puisque l’essence de la
nature des démons est celle des anges; puisque les forces de
ces Esprits sont entières3; puisque, si quelque chose est
certain, c’est que les anges ont eu pour mission fréquente
de représenter D ie u 4, Jésus-Chri^, ou des personnages
humains. Comment dès lors serait-il plus difficile aux démons
de représenter des damnés, des âmes éprouvées par les souf
frances du purgatoire, ou des Esprits rayonnant de gloire et
de bonheur, lorsque Dieu, qui nous a mis sur nos gardes,
souffre que, pour nous éprouver ou nous châtier, ces Esprits
se livrent aux fantaisies de leur astuce 5?
Il nous sera donc permis de tenir pour des faits d’un
ordre malheureusement trop réel les exemples de visites
ou d’apparitions diaboliques, ayant lieu sous forme d'âmes,
entre les myriades d’évocations quotidiennes qui boule
versent aujourd’hui tant de cœurs et tant de cerveaux, et
qui ne seront que trop certainement la cause du bouleverse
ment de tant de familles et de tant d’États.
P R É D IL E C T IO N , DANGERS, ETC.
1 Les dieux des nations sont des Esprits, dii gentium dœmonia;
Ps. 95, v. 5.
mentent, ou ne disent vrai quelquefois que dans l’intérêt
d’un prochain mensonge. Fermez l’oreille s’ils louent l’ascé
tisme de votre vie, s’ils vantent votre bonheur. Ne paraissez
même point les entendre, mais faites sur vous et sur vos
maisons le signe de la croix; vous les verrez tout aussitôt
s’évanouir. Cependant, si, dans leur impudence, ils osent
persister; s’ils varient, s’ils multiplient leu^s formes, s’ils
revêtent l’apparence de spectre, point de terreurs! Gar
dez-vous avec une égale prudence, ou de les redouter, ou
de les prendre pour des Esprits amis du bien !
Nul, que je sache, n’a décrit leur prescience,'et le talent
d’abus qu’ils portent dans l’emploi de leur science acquise,
avec une justesse de précision, avec une énergie compa
rable à celle de Tertullien.
a Nous autres chrétiens, nous soutenons qu’il existe des
substances spirituelles, et ce nom n’a rien de nouveau. Les
philosophes savent ce que c’est que les démons. Les poëtes
nous lés peignent comme des Esprits qui ne cherchent qu’à
nous détourner du bien; et le vulgaire ignare ne les nomme
lui-même que dans ses imprécations. Platon n’a point nié
non plus l’existence des anges ; et les magiciens rendent
témoignage à ces deux sortes d’Esprits1. » Je me contente
rai d’esquisser au trait leurs opérations.
« Le désespoir de l’hom m e, son précipice, sa ruine
entière est le premier but et le principal dessein des mauvais
démons. Us ne visent qu’à notre cheute , ils ne s’esjouissent
qu’à notre échoppement, ils ne s’esbranlent que pour nous
esbranler2. » E t c’est afin d’atteindre ce but qu’ils affligent
le corps en le frappant d’infirmités et de maux aussi prompts
1 Saint Luc, ch. x i, v. 2 4 , etc. Nous savons que les textes qui
doivent se prendre au propre peuveht êlre pris en outre au figuré. Ce
qui abonde est loin de vicier.
et les plus estimés que manient les directeurs des âm es1.
S ’avançant en général d’armée à la tète d’une longue suite
d’autorités assez puissantes pour forcer le passage qu’on s’avi
serait de leur refuser, ce docteur, entraînant de conviction,
et justifié d’ailleurs par la croyance aux faits similaires que
professe la nouvelle école des incrédules, tient en mains un
livre aussi savant que courageux qui porte pour titre : Des
lieux infestés par les démons et les âmes des morts, etc.,
ces âmes que le langage vulgaire qualifie du nom très-ex
pressif et naguère si ridicule de revenants 2!
O r , les pages de Thyrée répètent et démontrent ce que
l ’expérience de tous les temps et de toutes les régions du
monde ne cessa de nous enseigner, à savoir : que certains
lieux particuliers sont comme un domaine, ou comme un
ergastule, un bagne, tantôt fréquenté ou hanté, tantôt
possédé, peuplé par des Esprits libres ou rivés et par les
fantômes que ces Esprits suscitent et m anœuvrent3.
Après les demeures que les hommes habitent, et où les
démons peuvent tendre leurs silencieuses embûches à cette
proie, objet de leur inassouvissable convoitise, les lieux que
ces Esprits recherchent de préférence sont les déserts , les
ruines les plus affreuses, et les solitudes incultes. Sur ce
1 Thyrée, p. 79.
2 Rituel romain, page 4 9 4 , Formule des exorcismes.
3 Bible, Tobie, ch. m , v. 8; ch. viii, v. 8.
homicides, à ces dieux qui exigèrent de l’homme le sacri
fice de son semblable partout où fleurit leur culte.
Les antres, les cavernes, où règne une nuit profonde,
et surtout les mines métalliques, offrent encore aux démons
un lieu privilégié de retraite et souvent d’embuscade. A
peine saurait-on mentionner une de ces localités souter
raines et ténébreuses que les Esprits n’aient mis en renom ,
en y donnant des signes de leur funeste puissance. E t, parmi
ces lieux infestés, je veux m’abstenir de ranger ceux qui durent
jadis leur richesse et leur gloire à la célébrité des ora
cles
INous nommerons encore, parmi les lieux hantés, de vieux
et grands châteaux aux fortifications à demi croulantes, de
vastes et d’immenses édifices dont les ruines semblent être
un coin des ruines hantées de Babylone 2! Il est peu de sé
rieux investigateur qui ne puisse, aujourd’hui môme et
jusque dans les parties les plus civilisées de notre Europe,
en montrer du doigt un certain nombre que leurs habitants se
virent réduits à déserter, vaincus par l’épouvante qu’y je
taient les menées des fantômes. Le jour y succédait à la
nuit sans que les vivants qui osaient s’y aventurer cessas
sent d’être exposés aux poursuites ou aux services des
Esprits.
D ’importants et nombreux témoignages établissent que
nous ont fait voir, dès l’origine des écoles médicales, dès l’apparition
des premiers praticiens de l’école hippocratique, et jusqu’à nos jours,
que les médecins doués de l’intelligence la plus haute étaient péné
trés de la réalité de cette existence, observée, saisie par eux dans le
torrent des faits. Lors donc que le médecin redoute de s’abaisser, de
se réduire au rôle modeste de vétérinaire, il doit, partout où l’homme
figure, compter avec l’âme humaine, avec les Esprits qui se mettent
en rapport avec cette âme, et dont l ’action sur le corps de l’homme ou
de la bête est si souvent sensible.
Cette croyance aux phénomènes surhumains, professée par les plus
hautes puissances médicales, brille au jour de l’évidence dans le hui
tième chapitre du livre que j'indique, où le lecteur a, pour convaincre
ses yeux, un long défilé des plus éminents docteurs échelonnés du
haut, en bas des siècles. L ’un des derniers qui se présentent est l’illustre
de Haën ; nous le laisserons se produire et résumer en lui la longue
série des observateurs médicaux. Une raison très-forte milite dans
notre esprit en faveur de son témoignage, et la voici : c’est que, floris
sant aux beaux jours du philosophisme, il est le contemporain de
Voltaire, et l’ennemi de la compagnie de Jésus. Conseiller aulique, il
appartient à la niaise et désastreuse école politique du Joséphisme ; et,
médecin de l’impératrice Marie-Thérèse, il est et reste l’une des célé
brités et des gloires médicales de l’Europe. Un mot de M. Crétineau-
Joly nous dira quelle est sa provenance :
« Les jansénistes de Hollande avaient créé une école d ’hommes bons
les grêles et les tonnerres; que tantôt le démon leur fait
faire en imagination, ou tantôt en réalité, des voyages
aériens; qu’ils retrouvent les choses perdues; qu’ils em
pêchent le mariage d’atteindre son but, et se livrent nu
plus détestable commerce avec les démons 1.
Ainsi s’exprime de Ilaën, et nous prenons, presque sans
choix, entre ses confrères de tous les siècles qui partagent
son opinion, ce docte représentant de la science médicale.
On ne peut donc dire que les tristes réalités de la magie ne
sont point affirmées par les médecins les plus expérimentés,
par les observateurs les plus sagaces et par le témoignage
incorruptible des historiens les plus exacts2.
1 L ’Église admet im plicitem ent tous ces faits dans le Rituel, p. 475
à 480. — Saint Augustin, liv. I I I , p. 7, De Trinitatc. — Voir aussi le
Maître des sentences, liv. II, dist. 7, De rerurn corporalium et spiri-
tu alium creatione.
de ses grands saints écrivant, sous les yeux dune multi
tude de témoins, la vie de l’un des saints les plus illustres
du catholicisme.
Le fléau de l’Arianisme, l’illustre évêque d’Alexandrie,
saint Athanase, prend donc la parole et nous dit : « L ’attaque
des démons et leurs apparitions sont souvent accompagnées
de bruit, de cris, de tum ulte... Ils répandent en nous la
terreur et le trouble, la confusion des pensées et la tris
tesse , la haine des exercices de sainteté, la nonchalance et
le chagrin. Ils savent éveiller dans l’âme, dont ils détendent
les ressorts, le souvenir de la famille, la crainte de la mort,
la concupiscence et le désir du m a l, que suit le dérèglement
des mœurs. »
Le démon observait Antoine dans la solitude et se tor
dait de rage ; car Antoine , nourri des consolations du Sau
veur, échappait à toutes les ruses de l’ennemi et bravait
avec sécurité son astuce.
Tantôt, et c’ était surtout la nuit, le démon, revêtant les
formes caressantes d’une femme, épuisait en vain les voies
de la séduction ; tantôt il semblait déchaîner et ameuter
contre le saint toutes les bêtes du désert. Fondant de toutes
parts sur l’anachorète, des lions rugissaient, des bandes de
loups et d’hyènes se pressaient gueules béantes, tandis que
des taureaux furieux se ruaient sur lui corne basse , et que
des ours et des léopards se le disputaient. A ses pieds,
scorpions, serpents, reptiles de toutes dimensions et de
toutes sortes pullulaient et sortaient du sol, armés de leurs
venins et de leurs colères.
L ie n , bien , je sais toutes vos ruses, leur répétait le
saint. Si vous avez reçu pouvoir contre m oi, me voici, je
suis prêt à vous servir de pâture. Mais si vous n’êtes que
des démons, si vous venez par l’ordre des démons, arrière,
retirez-vous, partez sans retard, car je suis le serviteur de
Jésus-Christ. A u bruit cîe ces paroles, ces bêtes prenaient
la fuite comme si des coups de fouet les eussent chassées et
lacérées.
Un jour, se levant, il voit devant ses yeux un monstre de
nouvelle forme; c’était un homme jusqu’à la naissance des
cuisses, mais les extrémités inférieures appartenaient à
l’âne : un signe de croix en fit justice.
Cependant, les assauts se multipliaient jusque dans
l’étroit espace de sa cellule, et rien de plus effrayant que le
vacarme et la férocité de ces bêtes. Elles l’attaquaient, le
frappaient de coups terribles, le blessaient, et lui causaient
dans sa chair des douleurs inouïes. Le saint, n’accordant
à ses souffrances que quelques gémissements, l’âme calme
et l’ironie sur les lèvres, disait à ses agresseurs : Si la force
vous était donnée, un seul d’entre vous suffirait contre moi.
Mais le Seigneur a touché le nerf de votre force, puisque
vous vous réunissez en multitudes afin de jeter l’épouvante
dans mon âme; et quelle preuve plus insigne de votre fai
blesse que de vous sentir réduits à revêtir les formes de la
brute?
Le Seigneur vint pourtant à son secours, et, le saint
homme ayant levé les yeux , son toit lui parut ouvert. Un
rayon de lumière tomba sur son visage, et ce fut pour tous
les démons comme un signal de s’évanouir. Les douleurs de
son corps disparurent, l’ordre fut rétabli dans sa cellule.
Antoine secouru respira, mais il dit à celui qui lui apparais
sait : « Où donc étiez-vous, et pourquoi ne pas vous être
fait voir à moi tout d’abord, pour me soulager de mes
maux? » Une voix lui répondit : « J ’étais ici, j ’assistais à
ta lutte; et, comme tu ne t’es pas laissé vaincre, je ne ces
serai d’être ton auxiliaire, je rendrai désormais ton nom cé
lèbre dans le monde entier. » Antoine comptait alors la
trente-cinquième année de son Age.
Comme le saint refusait souvent l’entrée de sa cellule
aux anciennes connaissances dont le concours lui apportait
toujours un peu de l’air du monde, ces personnes, animées
de l’espérance de le fléchir, restaient quelquefois dans
l’attente le jour et la nuit devant la porte close. II leur
arrivait alors d’entendre dans son intérieur comme le
tumulte d’une foule étourdissante; et, du milieu de cette
foule, c’étaient des voix lamentables qui s’écriaient : « Sors
de nos demeures; qu’as-tu donc à faire dans le désert? Ne
te flatte point de pouvoir jamais résister à nos embûches »
Une chose est bien positive, nous dit le fameux théolo
gien Thyrée, dont le témoignage, et je ne puis trop le répé
ter, se corrobore de celui des incrédules d’une dernière et
toute moderne école; c’est non-seulement le fait de l’exis
tence de lieux infestés, mais c’est encore la diversité de
manières dont s’accomplissent sur les gens et sur les bêtes
les étranges visites auxquelles ces lieux doivent leur renom.
Tantôt les Esprits n’annoncent leur présence que par un
vent faible et une légère agitation de l’air, ou par les pas de
personnes ou de bêtes invisibles, mais dont la marche est
distincte; par des soupirs, par de légers sifflements, par
des coups frappés sur un rhythme qu’ils choisissent, ou que
nous leur imposons; tantôt encore par des lueurs, par des
caractères lumineux qui se produisent et se transportent
d’une place dans une autre; ou bien, on- entend un grand
bruit, des éclats de rire, des gémissements, des vociférations,
des cris sauvages... Mais non; c’est une parole caressante,
1 Apoc., ch. v i , v. 8.
2 Tobie, ch. v i, etc. Au chapitre : Sacrements du diable, nous
verrons quelle est la valeur ou la vertu de certains signes, ou de
quelques substances symboliques telles que, dans ce trait b iblique,
la fumée de ce foie.
conclure que le démon a quelquefois pouvoir sur notre vie;
et dès lors, comment accuser de ridicule un exemple de ce
genre, que je veux citer entre tant d’autres, et que rapporte
une des graves autorités de la théologie?
Grégoire de Nysse, dans la vie de Grégoire de Néo-
Césarée, nomme un certain établissement de thermes où des
spectres se livraient aux derniers accès de violence. De tous
ceux qui entrèrent de nuit dans ces bains, nul ne sortit
vivant, dit-il, à l'exception du diacre Grégoire, le Néo-
Césaréen.
Un soir, nous dit ce diacre, j ’entrai dans la ville, et, fati
gué de la route, je voulus me rafraîchir en prenant un bain.
Or, un démon tueur d'hommes s’était impatronisé dans cet
édifice; et, à la nuit tombante, il mettait à mort ceux qui
osaient s’y hasarder. Aussi, le soleil une fois couché, l’éta
blissement fermait-il ses portes.
Lorsque je me présentai, déjà la soirée tirait sur le
sombre; je priai le gardien de m ’ouvrir : — Bon! vous
ignorez donc, me dit-il, qu’à cette heure nu! de ceux qui
s’aventurent à passer la ligne de ce seuil ne s’en retourne
sain et sauf! Ils payent bien cher leur ignorance ou leur
audace. Un démon les renverse et les accable; il faut alors
entendre les gémissements et les hurlements qui partent de
là! puis vient le silence, et l’on est mort.
Mais ce discours ne m’arrêta point, car je voulais
entrer. Séduit par l’appât d’un gain modique, et ne courant
aucun danger quelconque, le gardien finit par me remettre
la clef. Je me dépouillai de mes vêtements et je fis quelques
pas. Tout aussitôt, d’effrayantes apparitions se dressèrent de
toutes parts autour de m oi, et je les vis s’enroulant dans
des masses de flamme et de fumée. L ’aspect et les cris
d’hommes et de bêtes féroces, dont les tourbillons m’étour
dissaient, frappèrent à la fois mes yeux et mes oreilles.
8.
M’armant alors du signe de la croix, j ’invoquai le nom
du Christ, et j ’avançai sans éprouver aucun mal. Mais, à
chaque pas, le démon prenait des formes plus terribles, et
mon effroi s’accrut avec le danger. L ’édifice tremblait sur
le sol en convulsion; une flamme vive s’échappait de la terre,
et l’eau vomissait des torrents furieux d’étincelles. Cepen
dant, j ’eus de nouveau recours au signe de la croix et au
nom du Christ. Et j ’ajouterai d’ailleurs qu’au moment
où ces prodiges s’accomplisaient, Grégoire, mon maître,
priait pour moi. Grâce à l’à-propos de ce secours, je pus
considérer sans périr le spectacle terrible qui frappait mes
yeux. Lorsque pourtant mon bain fut pris, je voulus sortir
de ces lieux; mais le démon, me faisant face de tous côtés,
me barrait le passage, et les portes ne cédèrent encore
qu’au signe delà croix. Alors l’ Esprit homicide, prenant une
voix humaine, s’écria : — Garde-toi bien de t’attribuer la
vertu qui t’arrache à la mort; car tu ne dois ton salut qu’à
la voix qui vient de prier en ta faveur!
Je sortis, et la vue de ma personne vivante fut une
stupeur pour ceux qui étaient préposés à la garde de ces
thermes \
S ’il ne se fût agi que d’un rôve, que d’un cauchemar,
comment ces bruits terribles eussent-ils, à chaque visite,
frappé les oreilles au dehors; comment ce même dérange
ment de cerveau eût-il atteint les personnes d’âge et de tem
pérament divers, qui toutes prenaient la chose assez au
1 Rituale rom anum , p. 313, 317, 348, -443, etc.; id ., 474 à 191.
Les bulles et extrav. des papes Jean X X I I , Sixte IV, Innocent V III,
Alexandre V I , Sixte-Quint, etc.
2 Lire à ce propos la savante et admirable Histoire de Nicole de
Vervins, ou Victoire du Saint-Sacrement, par M. l’abbé Roger.—
Pion , 1863, — histoire recommandée par deux papes.
3 Saint Marc, ch. ix, v. 13 à 29.
LES PO SSESSION S. — LES O B S E S S IO N S .
1 I'. 377.
2 M. l’abbé Leriche, un vol. in—1 8 .— 2 fr ., chez Pion. — M. l’abbé
Roger, Nicole, un vol. in-8°, 6 fr., avec préface par le Cher G . des
Mousseaux. — Pion, \863.
ÉVOCATIONS.
1 Dupotet, ib ., p. 247.
2 Ib., p. 220.
3 Ps. 95, v. 5.
tremble pour vous comme pour un fils bien-aimé! Gardez-
vous sérieusement des fatales pratiques et des détestables
séductions de cette Pamphile, la femme de Milon que vous
appelez votre hôte. On la dit une sorcière du premier
ordre, experte au plus haut chef en fait d’évocations sé
pulcrales,... et qui ne peut voir un jeune homme de bonne
mine, sans se passionner aussitôt...... »
Que si, d’un seul bond, je franchis l’intervalle qui sépare
ce siècle du nôtre, je dois transcrire un paragraphe écrit
d’hier, et sur lequel j ’invoque toutes les forces de l’atten
tion et de la mémoire du lecteur.
Dans la pratique de ces œuvres, nous dit M. Dupotet,
« j'avoue que la peur me prit. Je vis des choses extra
ordinaires, des spectacles étranges; et je sentis en moi
comme l’approche et le contact d’étres invisibles encore.
J ’avais toute ma raison; mon incrédulité même ne m ’avait
point quitté. Je ne sais pourtant qui m’ôta le courage, et
fit naître en moi l'effroi. Je ne crois point au diable;
mais, je le dis sans réserve, mon scepticisme finit par
être vaincu. Il est permis d’avoir un peu peur quand la
maison tremble '.
« J ’ai senti les atteintes de la redoutable puissance. Un
jour ,entouré d’un grand nombre de personnes, je faisais
des expériences et cette force évoquée, — un autre dirait
ce démon, — agita tout mon corps. Mon corps, entraîné
par une sorte de tourbillon, était, malgré nia volonté, con
traint d ’obéir et de fléchir. Le lien était fait, le pacte
consommé, une puissance occulte venait de me prêter son
concours, s’était soudée à la force qui m’était propre, et
me permettait de voir la lumière* ! »
Le médium est l ’intermédiaire entre les Esprits et ceux qui les con
sultent. — Nous nous taisons d ’abord sur la doctrine dont ils sont
les bouches débitantes ; leurs fonctions. — Médium transformé en
Christ. — Médium dit par les apôtres animé de l’Esprit, de Python,
c’est-à-dire du dieu serpent. — Médium en permanence, ou par
crises. — Description par saint Augustin des gens qui consultent les
médiums. — Sacre d’un m édium , époque dite Renaissance. — Un
médium de l’école puritaine en l’an 1576. — L ’Ecossais M. Home,
que j ’ai rencontré à ses débuts; ses exploits. — Ce que devient
aujourd’hui le m édium . — Les médiums sont de toutes les épo
ques. — Soit qu’ils semblent posséder un Esprit, ou q u ’un
Esprit les semble posséder, leur médiation tend à l’accroissement
de la puissance du démon, au détriment de la vérité, de la morale
qu’enseigne l’Eglise, et du bonheur des sociétés humaines.
1 Daniel, c h . n i.
- Uuniel, ch. v. Cette main peut rappeler celles que le médium Home
fit si souvent apparaître, et que tant de personnes dignes de f o i , et
étrangères les unes aux autres, virent et touchèrent, ainsi que je m ’en
assurai de leur bouche.
3 Tobie, ch. v et x i i .
* Exode, ch. x x n , v. -18.
termes : « Q u’il ne se trouve parmi vous personne qui con
sulte les devins, qui observe les songes et les augures, ou
qui use de maléfices, de sortilèges et d’enchantement. Que
personne ne consulte ceux qui ont l'esprit de Python , et
qui se mêlent de deviner, ou qui interrogent les morts pour
apprendre d’eux la vérité. Car le Seigneur a en abomination
toutes ces choses, et il exterminera tous ces peuples à
cause de ces sortes de crimes qu’ils ont commis1. »
Héritiers de la doctrine de Moïse et de celle de Jésus-
Christ, les Pères de l’ Église professaient hautement leur foi
aux œuvres que les démons opèrent à l’aide des arts occultes
ou magiques. Et d’ailleurs, il leur eût suffi, pour stigmatiser
ces opérations détestables, de consulter leur propre expé
rience, ainsi qu’il nous suffirait aujourd’hui de consulter la
nôtre. Écoutons donc quelques-uns de ces hommes d’élite,
et recueillons-nous devant ce passage de Tertuliien qui
semble n’être écrit que d’hier, et tout exprès pour notre
siècle :
« S ’il est donné à des magiciens de faire apparaître des
fantômes, d’évoquer les âmes des morts, de forcer la bouche
des enfants à rendre des oracles ; si ces charlatans singent
un grand nombre de miracles; s’ils envoient des songes,
s’ils conjurent, s’ ils ont à leurs ordres des Esprits messagers
et des démons par la vertu desquels les chèvres et les tables
qui prophétisent sont un fait vulgaire, avec quel redouble
ment de zèle ces Esprits puissants ne s’efforceront-ils point
1 An 1484. L ’original de cette bulle et d ’autres que j ’ai sous les yeux
sont bien plus énergiques que l’anglais : Dæmonibus incubis ac suc-
c ub is... liomines, mulieres, pecora perire, suffocari et extingui facere...
diris tain intrinsecis quam extrinsecis doloribus et tormentis excru-
ciare.. ■aliaque quam plurim a nefanda crim ina... Lire id. Letter 7, On
üem., p. 205, 206, et l. V, ch. i , p. 467-8; — voir, idem, Psellus,
dans toute la teneur de son curieux ouvrage De dæmonibus.
détenu dans le corps du possédé par quelque œuvre ma
gique, par des signes ou par des objets servant, à des m a
léfices. Que si l’exorcisé les avait avalés, il faut qu’il les
vomisse ; et s’ils ne sont point dans son corps, il faut qu’il
en indique la place 5il faut qu’après les avoir découverts
on les brûle 1. »
Observez que « quelques démons révèlent l’existence
d’un maléfice, disent quel en est l’auteur, et indiquent le
m oyen de le détruire. Mais gardez-vous bien d’avoir
recours, pour atteindre ce b u t, à des magiciens, à des
sorciers ou à des moyens illicites. Vous ne devez appeler
que le ministre de l’Église. »
L ’ Église croit donc à la magic, puisqu’elle l’exprime en
termes si formels2! Ceux qui refusent d’y ajouter foi
pensent-ils avoir la même croyance que l’Église? et, dès
lors, quel est pour eux le corps enseignant ? à qui le Christ
a-t-il dit : Allez donc, instruisez tous les peuples, et assurez-
vous que je serai toujours avec vous jusqu’à la consomma
tion des siècles 3.
Quoi de plus? Le monde dirait-il maintenant que je suis
un insensé ? Je le veux bien ! mais il faut ajouter que ma
folie est la même que celle de l’Église ; il y a là dé quoi
me consoler, et je montre du doigt les Babels du spiritisme
à ceux qui se mettent en quête de nouveaux apôtres.
La magie existe, mais les esprits qui en sont les agents obéissent-ils
à la parole, à la volonté de l’homme ? — Leur puissance est-elle liée
à certains mots, à certains actes formels? — Dans le catholicisme
diabolique, de même que dans le catholicisme divin, la grâce agis
sante est liée à certains signes. — Exemple des deux ordres. —
Ces signes puissants r.’ont aucune vertu par eux-mêmes. — L’É-
gypte antique et les philosophes théurgessur ces signes sacram en
tels.— Puissance du prêtre catholique, puissance du prêtre païen,
q u i, par le moyen des signes sacramentels, commande aux dieux.
— Conflit accidentel entre les mauvais démons et ceux que les
dupes du spiritisme théurgique appellent les bons démons. — Des
démons, ministres des dieux, tourbillonnent autour des dieux et
prennent leur aspect. — La science a découvert dans la matière des
propriétés aptes à recevoir des dieux. — On forme donc des signes
sacramentels, ou des composés, qui renferment ces immortels. —
Cette science , ces arts, ces signes, tombent aux mains de nos ber
gers. — Faits cités par le savant O rioli, correspondant de l’Institut
de France, touchant les paroles et signes sacramentels. — Ac
tion incroyable de ces signes. — Accord entre le camp des catho
liques et le camp des non-catholiques sur ce qui fait la vertu de ces
signes.
1 Jam bl., Desmyst., ch. Inspiratus, etc., où l’inspiré n ’agit plus sous
sa propre inspiration, il a -pour âme un dieu ! — Donc il est possédé.
2 Cela se pratique encore en Orient : lire M. Léon Laborde, la Magie
orientale, Revue des Deux-Mondes, vol. de 1833, expériences person
nelles , etc. — La bulle du pape Sixte-Quint Cœlt et terrœ reconnaît
le moyen de lier des esprits à des signes; 158S, nonis'januar.,
anno 1° pontifie. — Les talismans babyloniens et autres, qui sont le
monument de cette f o i, encombrent nos musées.
les noms des dieux leurs chefs, c’est-à-dire de Mercure,
d’Apollon, de Jupiter... O r, ces démons reproduisent dans
leur personne les propriétés de leurs dieux
Et Jamblique, afin de ne nous rien laisser ignorer, nous
enseigne, dans son livre sur les mystères des Égyptiens, que
la science a découvert dans la matière des p r o p r i é t é s qui la
rendent apte à recevoir les dieux. Pour renfermer ces dieux,
on réunit donc en un seul composé des pierres, des herbes,
des animaux, des aromates et d’autres objets semblables qui
sont parfaits, sacrés, et en relation avec la nature des
dieux... 11 faut, continue-t-il, il faut ajouter foi aux paroles
magiques, qui nous apprennent que nous avons reçu des
dieux u n e m a t i è r e destinée à p ro d u ire les visions célestes,...
ainsi que les produisent les nombres, les figures et les signes
connus des Pythagoriciens, dont Porphyre explique la vertu
dans son livre sur les sacrifices2.
Les écrits, les procès judiciaires, et les grimoires de la
Renaissance, nous ont transmis le témoignage de la foi que
cette époque tout entière avait conservée à la vertu des
signes sacramentels de la magie. Nous avons appris, dans la
plupart de ces pièces, combien était devenu vulgaire l’em
ploi de ces signes, pour une certaine classe d’initiés, et à
quel point la masse des peuples redoutait et abhorrait les
téméraires et les impies qui osaient en faire usage.
Tombées en désuétude dans la plupart des localités où la
foi s’était éteinte, où le matérialisme avait glacé les âmes,
où par conséquent l’humanité s’était appris à se perdre toute
seule sans avoir désormais besoin de l’intervention active des
démons, ces pratiques se réfugièrent par degrés, comme
1 idolâtrie lors de la prédication du christianisme, dans les
Hauts phénom ènes... 6 fr,, chez Pion, 8, rue Garanciére, Paris-- J ’ai,
nombre de fois, été témoin de la plupart de ces phénomènes opérés
par des magnétistes d ’abord, puis par des spirites, et dans des circon
stances où l'erreur ne saurait être admise.
1 Livre III, Ane d’or.
Mais comment ai-je trouvé cet art? Où l’ai-je pris? Dans
mes idées? — Non, c est la nature elle-même qui me l’a
fait connaître '. Comment? En produisant sous mes yeux,
sans que je les cherchasse d'abord, des faits indubi
tables de sorcellerie et de magie. »
« Et si, dès les 'premières magnétisations, je ne l’ai
point reconnu, c’est q aef avais un bandeau sur les yeux,
cnmme l’ont encore tous les magnétiseurs. En effet, qu’est-
ce que le sommeil somnambulique ? Un résultat de la puis
sance magique. Qu’est-ce que la magnétisation à distance,
par la pensée, et sans rapports, si ce n’est encore l’action
exercée par les bergers ou les sorciers? C a r, sachez-le, les
effets se produisent sur les animaux 2comme sur l’homme.
E t qui détermine ces attractions, ces penchants subits, ces
fureurs, ces antipathies, ces crises, ces convulsions, que
l’on peut rendre durables et dangereuses, si ce n’est le
principe même employé, l’ agent très-certainement connu
des hommes du passé, l’agent si facile à reconnaître du
spiritisme actuel 3?
« Tous les principaux caractères de la magie, cette
science divine oit diabolique, se trouvent donc écrits dans
1 La nature surhumaine, soit; et, pour le quart d ’heure, la magie se
nomme en langage vulgaire le spiritisme.
2 Aussi voyons-nous les animaux devenir m édium s, ainsi que do
temps de Tertullien.
3 Les hommes du passé le nommaient Démon, et les spirites lui
donnent, sans s’en douter, le même nom ; car Esprit est la traduction
littérale du mot grec démon. Ce passage constate les possessions par
maléfices mentionnés au Rituel rom ain, et dans les bulles des papes
que j ’ai citées.Le magnétisme confirme Rome!
La force inconnue que mes suppositions ont pour un instant prêtée
à l ’âme, agissant à l’aide du fluide magnétique, tombe devant les
révélations de M. Dupotet, et devant le remarquable passage de Delrio
que je vais rapporter tout à l’heure, Disquis. mag., quæst. 3, liv. I.
Donc, ou le fluide n ’existe point, ce que je crois ; ou celui qui le con
duit, et qui s’en sert, n’est point l’âme.
les phénomènes produits actuellement. Ce que vous appelez
lluide nerveux, magnétisme, extase, les anciens l’appelaient
puissance occulte de l’âme, sujétion, envoûtement '. »
Ce langage d’un maître est-il assez clair? Et qui de nous
saurait porter au magnétisme un coup plus terrible, au
profit de la magie? Le magnétisme, envisagé dans son
merveilleux fluide, n’est donc qu’une illusion ; il n’est rien,
nous disent depuis quelque temps ses coryphées, tombant
d’accord cette fois avec ses ennemis, et ne devient une
réalité que si vous lui donnez le nom de magie. Ce serait
donc ignorance ou folie, désormais, que d’attribuer aux
forces de la nature physique les hauts phénomènes du
magnétisme, et de nommer du nom de réalité le prétendu
fluide, le fluide opérateur de merveilles, qui tout à l’heure
était la gloire des adeptes.
A côté des découvertes et des révélations contempo
raines de M. Dupotet, que j ’ai vu si longtemps à l’œuvre,
j ’ai d’ailleurs la chance fort inattendue de pouvoir placer
en évidence un Père jésuite trois fois séculaire (né en 1554),
homme d’État avant d’être religieux, et que ses très-re-
marquables écrits lui donnent pour auxiliaire, tant il v a
de force dans la vérité pour unir et pour rapprocher les plus
incompatibles natures ! Écoutons bien :
« Quelques-uns pensent, dit le célèbre D elrio, que la
force de l'imagination s’étend à d’énormes distances, et
qu’elle peut ensorceler les gens les plus éloignés ou les
guérir; ou bien, déplacer les objets et les faire mouvoir;
o u , mieux encore, faire tomber du ciel les averses et les
foudress. »
« D’autres se figurent que l'imagination exerce cette
puissanoe, à l’aide de je ne sais quels rayons — ou rayon-
NOUVEAU X V E N U S , OU R E S S U S C IT E S D ’ EN T RE L E S M ORTS.
i Je crois réfuter entre autres, dans ces quelques lignes, l ’ouvrage Des
tables, 1854, deM. le c tc de Gasparin, ancien ministre de Louis-Philippe
Je rapporterai tout à l’heure quelques-unes de mes con
versations personnelles avec les tables , mais je Yeux dire
un m ot, auparavant, de la manière dont leur est revenue
la parole qu’elles semblaient presque avoir perdue depuis
Tertuliien1. Si je les quitte pour un instant, c’est en ren
trant dans mon sujet, et je serai très-bref.
Il s’agissait, pour l’ôtre mystérieux qui se sert de toute
chose au monde, y compris les meubles que nos mains fa
briquent, dans le but de se jouer de nous, d’entrer en rela
tion avec notre espèce et Je nous amorcer. Un fait, dont
les annales d’époques très-reculées nous offrent d’assez fré
quents analogues, vint donc et fort à l’improviste à se
reproduire. Tout à coup, vers l’année 1 8 48, dans l’État de
N ew -Y ork de l’Amérique du Nord, et au sein d’une famille
méthodiste du nom de Fox , des coups dont la curiosité pu
blique, réveillée en sursaut, ne pouvait se rendre compte,
résonnèrent périodiquement dans les différentes parties de
la maison. Impatientée de ces importunités mystérieuses,
l’une des deux jeunes filles de M. Fox se prit à dire à l’in
visible frappeur : Frappe à cette place ; puis, frappe à cette
autre; et l’invisible obéissait tout aussitôt2. Elle dit, plus
tard : Réponds à mes questions par tel nombre de coups
pour l’affirmation, et par tel autre nombre en signe de né
gation. O r , à chaque injonction nouvelle , l’ Esprit mystique
s’empressait d’agir, de répondre, et de donner les preuves
P R E M IÈ R E D IV IS IO N .
1 II n’est point rare de voir, dans nos campagnes, des gens qui ne
reconnaissent d’autre Dieu que le soleil, ce Dieu leur donnant le grain
et le foin dont ils vivent.
2 N ° 81, p . -189.
3 P. 198, v. 1. Je cite le mot
4 Comparez cette vérité avec la vérité différente que nous redit
chaque prône spirite, dans chaque numéro de YAvenir, moniteur du
spiritisme ré-incarnationiste.
rition nécessaire, vie d’épreuve, il n’est personne qui s’y
puisse soustraire.
Plus loin, le docte Swedenborg établit que les E sprits,
emportant avec eux leurs principales affections terrestres,
ne sont pas totalement détachés de l’orgueil, la plus
grande lèpre qui ronge l'espèce humaine. Telle est la
raison pour laquelle ils veulent souvent paraître savoir
plus qu’ils ne savent en réalité ! — Comment établir en
termes plus clairs que nos célestes professeurs, que ces
remplaçants des apôtres du Christ, sont des Esprits de
mensonge.
Enfin, le maître, l’exhibiteur de tous ces médiums, a
rempli deux volumes d’extravagances, sous forme de leçons,
d’instructions, de propositions et de négations ou la morale
alterne avec l’immoralité, selon le vent ou l’esprit qui souffle.
Le livre en mains on s’égare, ou se promène dans le paradis
ennuyeux, fastidieux et grossier, où rôdent et se prélassent
ces âmes élyséennes, On y contemple des bienheureux qui
consument leur temps en faits gastronomiques; des femmes
que la mort n’a pu dégoûter d’amuser leurs loisirs aux futiles
et vaniteux raffinements de la coquetterie; des savants ou
des ignorants qui se livrent à mille genres, à mille variétés
d’études, et, qui s’imaginerait un tel degré de sottise? jus
qu’à l’étude des langues!....
Oh ! quel magnifique et splendide encouragement aux
crimes ici-bas, que de voir, en ces régions spirites, l’enfer
même devenir le vestibule du paradis, et donner à ses habi
tants plus de bonheur que n ’en peut offrir cette vie te r
restre! Et qui donc voudrait prendre désormais la peine de
lutter avec le moindre acharnement contre ses passions? A
quoi bon, et quelle folie, puisque les immondes et les scélérats
reçoivent de la bouche même des Esprits moralisateurs la
certitude d’avancer chaque jour vers la félicité sans bornes
dont jouissent les âmes qui vécurent ici-bas soumises à la
pratique de la vertu la plus pure et du dévouement le plus
élevé!
A h ! donc, jouissons! jouissons toujours, jouissons encore,
jouissons sans cesse! jouissons ici-bas, la coupe empoison
née, la torche ou le poignard à la main, pour assurer nos
jouissances. Non, jamais aucun châtimentqui se proportionne
à nos crimes ne nous atteindra dans un autre monde. Non ,
nous n’y souffrirons jamais! Peut-être, en arrivant là-haut,
goûterons-nous de prime abord un bonheur moins vif que
les victimes innocentes de nos débordements. La félicité des
premiers jours sera, nous pouvons le craindre, un peu moins
délicieuse, un peu moins enivrante, mais ce sera tout, et la
justice de Dieu de» spirites ne va pas plus loin. Le Seigneur
qu’ils nous inventent est si bo n, ou plutôt d’une si étrange
bonté !
En vérité, je vous l’affirme, jouirà tout prix, voilà quelles
sont et la religion et la morale que descendent nous ensei
gner les Esprits. L ’analyse peut donc à juste titre l’appeler
la religion des niais , des scélérats ou des immondes ; et
les extatiques de la vieille Europe ont dicté cet évangile
des passions presqu’au moment où les médiums transatlan
tiques faisaient descendre, de leur ciel, cette même loi
nouvelle de la conscience sur le continent américain !
Mais, pour en revenir à notre expérimentateur en nécro
mancie, à notre professeur de s p iritis m e , ce qu’il ne faut
point oublier, et il le répète :
« C ’est qu’aucun de ses lucides ou médiums n’a repré
senté Dieu autrement que par un soleil brillant '. Aucun n’a
voulu de l’enfer des catholiques; aucun n’a voulu du Christ
1 D e u te r o n V III, 9, etc.
2 P. 150 et 173.
3 P. 154, id., M. l'abbé M.... à Adèle. Cette théorie est toute con
traire encore à celle des explicateurs de la nouvelle école des incré-
par des drogues et des pactes avec les mauvais Esprits ;
mais il n’est rien qui déplaise tant à Dieu que ces choses,
par lesquelles on peut faire tout le mal possible »
Adèle évoque M. D ... et le questionne sur les miroirs
magiques, dans lesquels les magiciens prétendent nous faire
apercevoir le présent, l’avenir et le passé. — Celui-ci lui
répond : « Ces genres d’expériences laissent toujours après
elles des désagréments qu’on voudrait avoir évités quand il
n’en est plus temps. Pour que ces miroirs aient une propriété
générale et absolue, il faut être en rapport avec des Esprits;
et ceux-ci nous font payer ch er, plus tard, le peu de
complaisance qu'ils ont à notre égard 2 ! »
Un peu plus loin, la même question se répète sous une
autre forme, et l’âme évoquée est priée d’exprimer ce
qu’elle pense de ces miroirs. « Ils existent, dit-elle. — >Mais
alors, quels sont les Esprits qui peuvent faciliter ces sortes
d’opérations? — Les bons et les méchants3. » — Les bons
Esprits du spiritisme se prêtent donc aux pratiques de la
magie!
Ailleurs, l’extravagant et téméraire novateur Swedenborg,
— cette âme si pure! — est évoquée; il arrive. c< Je lui or
donne ,au nom de Dieu, de se retirer s’il est un Esprit faux.
11 s’avance. « Pouvez-vous être remplacé par un mauvais
Esprit? Non; tant que vous me désirerez avec Xintention
pure de vous instruire, je viendrai. S i, au contraire, vous
agissiez avec mépris et autorité, je ne viendrais pas; un
autre pourrait venir et vous tromperi . »
dules que nous allons rencontrer tout à l’heure. Elle admet, avec
l’Église, les maléfices et les mauvais Esprits. Tout royaume divisé
périra !
< V o ir mon liv r e des Hauts phénomènes de la magie, chap. v.
2 Page 168, vol. I , ibid.
3 Page 178, ibid.
4 Page 473, ibid.
Voici donc ici, voici donc toujours ces mauvais Esprits,
qui, tantôt brutalement ennemis de Dieu et de l’homme,
tantôt faux anges de lumière, combattent ou surprennent
tour à tour notre religion! Les voici qui, là-bas, s’empres
sent de mettre leur voix à l’unisson de celle de notre Créa
teur, et qui, sous prétexte de respect à sa majesté, nous
dissuadent de certaines pratiques que Dieu maudit, comme
si leur but invariable n’était point de nous entraîner d’autant
mieux ailleurs à violer, pour le bien de nos âmes, les dé
fenses que Dieu lui-môme a posées! Et, pour être consé
quents, ne devons nous point, une fois pour toutes, nous
rire de toute prohibition divine, dès que nous avons l’im
pardonnable faiblesse de donner dans notre foi le premier
rang aux Esprits qui osent par leur parole supplanter celle
que l’Église nous fait entendre au nom de Dieu?
Il y aura donc toujours et partout à lutter contre la sou
plesse et l’astuce de celui qui nous tint son premier discours
par la bouche d’une brute, celle du serpent d’Eden, et
dont les paroles savent s’accommoder, se façonner, se me
surer' à l’intelligence et aux mœurs, à la science et à la foi
des pays où il se fait entendre. Aussi, dans les réunions
composées de personnes habituées à porter légèrement le
joug de l’autorité religieuse, à vivre, par exemple, dans la
même absence de catholicisme que la plupart des États de
l'Amérique du Nord, ces Esprits se donnent-ils les coudées
beaucoup plus franches que dans les contrées où prospère la
foi Romaine.
Et veuillons observer que souvent, dans ces pays chrétiens,
et dans ces assemblées chrétiennes, il semble que la justice
divine les frappe précisément à l’endroit même où ils pè
chent; il semble que la main de Dieu, tirant et raccourcissant
leur chaîne sous les yeux attentifs de ceux qui les consultent,
les oblige à parler le langage vrai qui caractérise et qui
décèle les Esprits de ténèbres. Je puis me tromper à coup
sur, mais ce fait m’a paru surtout remarquable dans cer
taines expériences, conduites, à l’époque du premier moment
de la surprise générale, avec toute la circonspection de
chrétiens que n’animait aucun motif de curiosité oiseuse ou
coupable. Dans ces cas fort rares, et qui, depuis longtemps,
ont cessé d’être admissibles, puisque l’Église a parlé par la
voix de ses pasteurs, Dieu bénit sans doute ceux que déter
mine le désir pur et sincère de reconnaître, de démasquer
l’ennemi des âmes, et de préserver de son attaque soit leur
troupeau, soit leurs frères!
D E U X IÈ M E D IV IS IO N .
1 Éternel n ’est pas ici dans le sens d ’être qui n'a pas eu de com
mencement; on comprend qu’il s’applique à la durée sans fin.
d’abord ne le pouvoir, elle se prend à tourner avec rage;
par suite de cette manœuvre de rotation elle se trouve
enfin posée sur un pied. « Es-tu du nombre des démons
qui entrèrent dans le corps des pourceaux ? — O u i.— Du
nombre de ceux qui tourmentèrent la Madeleine ? — Oui. »
Elle se lève spontanément ! « Est-ce que tu veux t’en aller?
— Non. — Mens-tu? Qui donc t’entraîne à te lever toi-
m ê m e ? — Elle nomme une personne présente, celle qui
sert de médium. — Est-ce amour ou haine pour elle?—
Haine. — Frappe trois coups en l’honneur de M. l’archiprêtre.
— Elle frappe trois longs coups. — Y a-t-il un sabbat? —
Elle se démène, et frappe o u i.— Tourne.— Elle pivote
rapidement sur un seul pied, penchant toujours vers le
médium, et si bien qu’elle se renverse.— Tu souffres donc
davantage?— Oui. — Quelle est l’heure où tu souffres le
plus?— Elle frappe douze coups.— Pourquoi?— Nemi-
toeif. — Est-ce là plusieurs mots en un, et de l’hébreu?—
Oui. — Est-ce un signe de ta haine, d’être choisi pour mé
d ium ?— Oui. — Aimes-tu les hommes?— Oui. — Aimes-
tu mieux les femmes?— Oui. — Aimes-tu les femmes ? —
Non. « M. l’archiprêtre lui ordonne purement et simplement
de rester tranquille, et de ne plus répondre, mais c’est eu
vain. Quelqu’un place sur la table un chapelet. « Ce cha
pelet te fait-il m al?— O ui.— Un scapulaire, un objet bénit,
est-il un gage de protection contre to i? — O ui.— Mens-tu?
— Non. — Quelle est la meilleure heure pour t’interroger?
— Elle frappe douze coups. — Une seule personne peut-elle
t’évoquer?— Oui. »
L ’Esprit frappeur de la table répond, en outre, à quelques
questions peu intéressantes en elles-mêmes, mais d’où
résulte la preuve de sa puissance de divination. Elle commet
aussi, dans ses réponses, des contradictions choquantes et
de lourdes erreurs, bien que la plupart semblent devoir être
volontaires et calculées, à tel point ses facultés divinatoires
sont évidentes l .
A la suite de ces faits, où je figure en qualité d’acteur et
de tém oin, je reproduis quelques phénomènes observés à
la même époque. Je les ferai suivre de l’une des expériences
du célèbre médium Home, datant de l’an 1863, c’est-à-dire
marquant dix années plus tard le progrès ou simplement
l’état de la question.
« Monsieur, » m ’écrit le 3 novembre 1854 M. l’abbé Che-
vojon, l’un des savants catéchistes de Saint-lloch, 'à Paris,
actuellement premier vicaire de la paroisse de Saint-Denis
du Saint-Sacrement, et prédicateur distingué :
« Je m’acquitte enfin de la promesse que je vous ai faite,
il y a longtemps déjà; mais vous savez quelles sont nos
occupations àSaint-Roch.
» Voici donc les détails que vous désirez.
» L ’année dernière, à peu près à pareille époque, ayant
entendu raconter par des hommes sérieux les phénomènes
les plus extraordinaires en fait de tables parlantes et dan
santes, je fus curieux de voir et.de juger par moi-même.
On me présenta alors dans une famille où deux jeunes en
fants possédaient une puissance toute particulière pour ces
sortes d’expériences. Nous étions une douzaine de per
sonnes, et pendant deux heures se passèrent sous mes yeux
les choses les plus étranges. Un énorme guéridon de salon
s’ébranla, répondit à toutes les questions qui lui furent po
sées, et cela avec une précision, une intelligence saisissantes.
11 se nomma Satan, nia Dieu, le ciel, l’enfer, etc...
1 Une singularité nous a plusieurs fois frappé dans le cours de nos
expériences, dont je ne rapporte qu’une partie; c’est que, si la table
s’était par hasard trompée sur le nombre des coups qu’elle avait à
frapper, et qu’une personne fit cette observation à haute voix, disant :
«N on ; c ’était tel nombre de coups qu’il nous eût fallu, » elle frappait
aussitôt le nombre voulu comme pour se rectifier.
» Mais, ce qui nous frappa davantage et ce qui est plus
caractéristique en effet, ce qui me pénétra, pour moi, de la
plus intime conviction, ce fut l’expérience d un tabouret. Il
nie fut impossible de faire tenir sur ce tabouret un chapelet
bénit que j ’y déposai jusqu’à six fois. Je me mis avec deux
autres personnes pour empêcher les convulsions du tabouret,
car c’étaient de véritables convulsions; six fois de suite le
chapelet fut jeté à terre, et une fois même au milieu du
feu, à plusieurs pas de là. Tous nos efforts furent vains, je
me ressentis pour moi-même pendant assez longtemps des
secousses qui m’avaient été imprimées.
» Deux jours après ces expériences, en ayant parlé à
quelques-uns de mes amis, je revins avec l ’un d’eux pour
lui faire partager mes convictions. Nous nous trouvâmes en
compagnie d’un médecin protestant. Les mêmes choses se
reproduisirent, et d’une manière aussi frappante. Seulement
pour le tabouret, au lieu d’un chapelet bénit, je pris un
petit crucifix d’argent que je porte toujours avec moi : je l’y
déposai; mais à peine avais-je retiré la main que le crucifix
était jeté à terre. Je le remis de nouveau, et cette fois mon
ami et le médecin protestant prirent le tabouret par les pieds,
l’isolèrent du sol, et opposèrent toute leur énergie à ses ébran
lements convulsifs. La lutte dura quelques minutes; mais à la
fin il fallut céder à la puissance occulte, mystérieuse, et
malgré toute la force de résistance, le crucifix fut rejeté; je
le reçus dans les mains. Le tabouret étant remis à terre,
j ’approchai encore mon christ en disant : Tu vas baiser ce
crucifix, et avec calme. Mais au même moment le tabouret
échappa aux mains des enfants et glissa sur le parquet à la
distance de plus d’un mètre. Je le fis reprendre, j’approchai
encore mon christ, et le tabouret se renversa : trois fois con
sécutives la même chose se reproduisit.
» V oilà, monsieur, des faits que j ’affirme sur ma con-
47
258 M Œ U R S E T P R A T IQ U E S D E S D É M O N S ,
1 Conseil qui n ’a pas été donné, ou qui n ’a pas été suivi partout.
Car, en 1 865, nous voyons jusque dans les plus grandes villes des prê
tres qui s’occupent de ces expériences; d ’autres qui ne s’entretiennent
du spiritisme que comme d ’une sorte de mauvaise plaisanterie, et qui
se rient de la foi robuste de prêtres et de religieux éminents à cet
ordre de faits. — Relire la causerie-préface de ce volume.
quelques mystères de la nature assez de courage pour
dire ma pensée sur les choses occultes, et assez de fermeté
d’âme pour ne rien craindre des hommes qui savent moins
que moi.
» Salut à ce siècle, précurseur des plus belles idées et des
plus grandes découvertes ! Salut à l'être ignoré aujour
d’hui qui, le premier, fit tourner une table ! Gloire à vous
tous, génies inspirés de tous les temps ! Vous avez éclairé
la route où les hommes marchaient à tâtons et comme des
aveugles. D ’autres génies vont nous conduire au séjour des
Esprits, et, plus heureux que nos devanciers, nous verrons
tomber les barrières que des gens ténébreux avaient placées
entre le ciel et nous.
» Réveillez-vous, savants endormis, si vous avez quelque
vertu dans l’âme! Réveillez-vous, car la menace est sus
pendue sur vos têtes ; c’est à vous que l’on déclare la
guerre; c’est à la science que le défi s’adresse....... Mais
et sans doute plus d’un lecteur aura connu cette émouvante et cruelle
Odyssée. Si elle m ’était contestée, je dirais plus.
liquement le bord de la contrescarpe, et des volées de pigeons,
ayant pour tout colombier des crevasses, ou des trous de
pierres arrachées aux murailles, se balançaient sur la courbe
des rameaux, contre toutes les habitudes du pigeon domes
tique ou fuyard, qui s’abat à terre et ne branche point.
Autour de ce chéri castel à demi délabré, mais qui me
rendait si fades l’aspect et le séjour de tout château moderne,
s’étendaient de vastes plaines onduleuses, ici fertiles, là-bas
pierreuses et ingrates, mais dont les couverts, ou les splen
dides ronciers, grouillaient de menu gibier, et couraient
au loin s’encadrer avec une certaine grâce monotone dans
les lignes souvent ébréchées de bois immenses, riches de
fourrés où pullulait la bête fauve. Peu de grands bruits trou
blaient le silence de cette solitude; un jo ur, cependant, le
son des bronzes du champ de bataille de Montmirail était
venu mourir sur ses bords. C’était la fin du premier Empire.
Mais n’oublions point que trois jeunes filles d’une intelli
gence hors ligne, et de la plus aimable simplicité, meu
blaient et animaient le vieux manoir. L ’une mourut à la fleur
de l’àge en odeur de sainteté: la campagne sollicita de son
tombeau quelques miracles; une autre avait les yeux et le
visage qu’un peintre inspiré donnerait à l’amour, si l’amour
était un ange. Elle remplaça sa sœur auprès des malheureux
et lui survécut à peine. La troisième, Mme ***, oh ! silence !
elle existe encore!...
Cette campagne était donc le paradis terrestre dont les sa
vants s’obstinent à chercher, sur je ne sais quelles hauteurs
de l’Orient, le principal lambeau. J ’oubliais de dire que le
maître de céans, la perle des vieux gentilshommes, était un
digne et consciencieux louvetier, mais devenu tellement
asthmatique, qu’il était incapable du moindre exercice sé
rieux; aussi, rien de plus exubérant, rien de plus admirable
que le terroir de ses chasses. Douée des dons de l’esprit et du
cœur, sa femme, presque jeune encore malgré ses gran
des filles, ne laissait pas un instant la solitude, si sévère
ailleurs, démentir les habitudes de grâce et d’amabilité qui
groupaient tant de gens de bon goût autour d’elle chaque
hiver, dans les salons de Paris. Voilà dans quel milieu,
dans quelle maison adoptive, et vraiment maternelle, se
trouva transplanté d’abord l’un des enfants enlevés et repris.
... Un jour que, descendu de cheval près de la maison-
vedette du garde, je me dirigeais vers le seuil du vieux
manoir, je vis venir à moi quelques-uns de mes hôtes. Un
enfant de cinq à six ans gambadait auprès d’eux, tandis que
quelques pas en arrière, un inconnu marchait d’une allure
grave, et d’un air plus que sérieux; les soucis l’accablaient.
Bientôt, l’inconnu ce fut Drach, et l’enfant son fils; car il
fallut, sans que je m’en fusse soucié le moins du monde, me
mettre au bout de peu de temps dans la confidence; et j ’ap
pris que cette retraite écartée avait été choisie afin de
dérouter l’activité des juifs, et de prévenir un nouvel enlè
vement. Drach, il faut le dire à sa louange, s’humanisa bien
tô t, et sentant qu’il y avait quelque curiosité scientifique
dans mon esprit, il ne tarda pas à me parler sciences, dans
les moments de loisir que me laissait l’exercice consciencieux
de mes fonctions de chasseur. Je résolus, pour prendre ma
revanche, de le guérir de ses rhumatismes futurs et de lui
apprendre, par le beau soleil de septembre, à marcher en
se passant des routes.
Mais son Nemrod, car ce fut le nom dont il me baptisait
lorsque je brusquais trop violemment ses goûts ultra-séden
taires, ne sut parvenir à faire de ce savant un chasseur;
l’étoffe y était pauvre et rebelle.
Quoi qu’il en soit, telles sont les circonstances où je con
nus, où je rencontrai ce prince des polyglottes ; et, si je mets
trois pages â le dire, c’est que, tout en offrant au lecteur un
petit lambeau d’histoire diabolique afin de ne point m’écarter
de mon sujet, je tenais à reposer un instant son esprit dans
une oasis. Drach fut donc l’homme que je consultai sur la
réponse énigmatique des tables, et je lui en demandai la
traduction, à la condition qu’elle eût un sens. Bien des an
nées nous avaient séparés l’un de l’autre, mais il ne m’avait
nullement oublié. Bornons-nous cependant à la partie essen
tielle de sa lettre.
1 Cités suprà.
2 Yoir ces choses, et une multitude de faits similaires et d ’expé
riences que je rapporte avec des détails aussi circonstanciés que pré
cis, dans le premier chapitre de la Magie, a u dix-neuvième siècle.
Pion , Paris, dernière édition.
sent à nos ordres, et je me borne à redire les plus communs.
Quelques-uns sont d’une exécution plus lente; celui qui les
opère marchande, et veut faire aboutir les curieux et les im
patients à des pactes plus formels. Mais le temps est venu
d’accorder un moment d’audience au docteur Hallock.
« Le vendredi soir 18 juin 1 8 5 2 , M. le docteur Hallock
raconte un fait de manifestations physiques qui eut lieu dans
la soirée du vendredi précédent. M. D.-D . Home était le
médium, et le cercle se composait de M. Partridge, de
sa femme et sa fille, de M. et madame W . Taylor, de
M. S.-B. Brittan, et enfin de lui-mème. Sur la table autour
de laquelle nous étions assis se trouvaient quelques feuilles
de papier, un crayon, deux bougies et un verre d’eau. La
table fut employée comme agent par les Esprits pour ré
pondre à nos questions, et la première particularité qui
tomba sous nos yeux fut q u e , malgré la rapidité de ses
mouvements, tout ce qui était sur la table conservait sa
position ! Lorsque nous eûmes bien observé ce fait, la table,
qui était en acajou et parfaitement unie, s’éleva avec une
inclinaison de trente degrés, et resta ainsi avec les objets
qu'elle supportait. Ce fut chose intéressante de voir un
crayon conservant son immobilité sur une surface polie, et
inclinée sous un tel angle. Il resta ainsi, avec les autres
objets, comme s’il eût été collé à la table. Maintes fois
celle-ci reprit sa position naturelle, pour revenir ensuite à
son degré d’inclinaison, afin de fixer en nous la conviction
absolue que ce que nous voyions n’était l’œuvre d’aucune
illusion de nos sens, mais était bien une manifestation vé
ritable d’une présence et d’une puissance spirituelles. On
demanda ensuite aux Esprits de soulever la table sous le
même angle, et d’en détacher le crayon, en retenant le
reste dans une position fixe, ce qui fut accordé; la table
lut soulevée, le crayon roula par terre, et les autres
objets conservèrent leur fixité. On les pria de répéter la
même expérience; mais, cette fois, en retenant tout,
excepté le verre. Le résultat fut exactement le même ; le
crayon et les autres objets conservèrent leur position, mais
le verre glissa et fut reçu au bord de la table par la main
d’une personne de la société. Enlin la table, après avoir
été replacée dans sa position naturelle, alla violemment de
sa place à M. Home, puis de ce dernier à sa place; il en
fut ainsi avec les autres personnes du cercle, à mesure
qu'elles le demandaient.
» Après que ceci eut été répété plusieurs fois, et au mo
ment où la table était penchée sur les genoux de M. Taylor,
ce dernier demanda aux Esprits s’ils voulaient bien soulever
la table dans celte position inclinée. Des signes d’assenti
ment furent donnés; et celle-ci, après un grand effort appa
rent, quitta nettement le parquet, ainsi qu’on l’avait de
mandé.
» La table fut ensuite soulevée en l’air, sans l’aide du
pied ou de la main ! Une table, pesant environ cent livres,
s’éleva à un pied au-dessus du parquet, ses pieds pendant
dans le vide. Je sautai sur elle, et elle s’éleva de nouveau.
Elle se mit ensuite à se balancer, moi sur elle, sans cepen
dant me faire glisser par terre, quoique son oscillation attei
gnît au moins un angle de quarante-cinq degrés ! Finale
ment, une inclinaison presque perpendiculaire me fit perdre
ma position, et je fus remplacé par un autre qui eut le
môme sort. Tout cela se passait dans une salle assez éclai
rée pour qu’il nous fût permis de voir dessus et dessous la
table, que nous entourions tous, et que nul ne toucha,
excepté les deux personnes qui à tour de rôle montèrent
sur elle pour la faire descendre '. »
1 P. 9 i, etc
toutes arrivaient à leur but sans jamais blesser personne '.
Mais remontons plus haut encore, et nous redescendrons
tout à l’heure jusqu’à nos jours. Au bourg de Camon, non
loin de Binghen, en l’an 858, les habitants eurent à souffrir,
de la part d’un Esprit, les plus inconcevables variétés de
vexations. Il commença d’abord par frapper aux portes et
par attaquer les gens à coups de pierres, sans que personne
pût le voir. Puis, bientôt, apparaissant sous figure humaine,
il rendit des réponses; il découvrit des vols, il fit considérer
comme in fâ m e s un c e rta in n o m b re d’habitants; il fomenta
les haines et les discordes. Petit à petit, dans les environs,
tantôt les chaumières et tantôt les bâtiments consacrés à la
conservation des grains s’écroulèrent, ou devinrent la proie
des flammes... Cependant on observa qu’il s’attachait à une
personne entre toutes, avec prédilection, ardent à la tour
menter sans relâche, et que, n’importe où elle portait ses
pas, il était là, sans cesse l’œil ouvert auprès d’elle! Il finit
par brûler et réduire en cendres la maison de celte victime;
mais sa rage ne pouvant s’assouvir tant qu’elle restait vivante,
il eut l’art d’exciter contre elle le voisinage, et bientôt elle
se vit accusée de crimes dont elleétait innocente. L ’impudence
de son persécuteur alla jusqu’à faire prévaloir l’opinion que
ce lieu n’était désolé qu’à cause d’elle, par les fléaux dont
lui seul était l’auteur. Enfin, cette série de molestations et
de désastres n’atteignit son terme que lorsque 1archevêque
de Mayence eut cru devoir confier à quelques-uns de ses
prêtres la mission d’aller chasser, par les exorcismes de
l’Église, cet esprit de m alheurJ.
QUINTE S SENCIÉE.
1 Cunning.
2 II y a bien longtemps qu’un simple Père jésuite poursuivait déjà
comme un imposteur ce nouveau-né de la science, ce fluide odile que
nous reconnaîtrons dans ses pages, et sans qu’il soit nom mé; quæst. 3,
1. I, Disquis. m ag. Delrio, passage cité plus haut.
322 M O E U R S E T P R A T IQ U E S D E S D É M O N S ,
1 The night side of nature, or ghosts and ghosts seers, Loncl., 1882,
vol. I , p. 182.
dans la discussion à laquelle il se livre, les faits s’appuient sur
un nombre considérable d’autorités allemandes. Ce sont
les docteurs Kerner, Stilling, Werner Eschenmayer, Enne-
moser, Passavant, Schubert, van Meyer et tant d’aulres.
L ’Amérique, l’Angleterre et l ’Allemagne viennent donc de
mille côtés, dans mes pages, réunir et concentrer leurs
témoignages sur la vérité, sur la réalité des phénomènes
dont l’examen nous occupe et nous agite! Les faits sont
vrais, nous crie-t-on de toutes parts, excepté du côté des
académies; ils sont vrais, mais c’est tout, et les Esprits y sont
de tout point étrangers!—
Cependant, que notre oreille ne se fatigue point encore
de sa complaisance ! L ’étude de ces faits exceptionnels est
d’un puissant intérêt, et le même auteur garantit l’authen
ticité parfaite de celui que je m’apprête à rapporter.
Le chapitre de la bilocation, dans mon livre des Hauts
phénomènes de la magie, attache de sérieuses explications
à une singulière variété de prodiges analogues. Ecoutons:
Un aide-chirurgien de Glasgow avait entretenu de tendres
et coupables liaisons avec une jeune servante, et la pauvre
fille vint tout à coup à disparaître. Mais le vent n’était point
au soupçon, et personne ne conçut l’idée d’un crime; il n’y
eut donc à chercher aucun criminel. On supposa que la
pauvrette était allée cacher sa honte et son malheur dans le
lointain favorable de quelque retraite; aucun magistrat n’eut
à froncer le sourcil.
Il est bon de dire que [très de quatre-vingts années sc
sont écoulées, depuis l’époque où nous nous plaçons^ Cette
observation me dispense d’expliquer que la ville de Glasgow
ne ressemble plus guère aujourdhui à ce qu’elle était alors.
Le jour du sabbat, — on entend par là le dimanche ! — s’y
faisait observer, en ce bon vieux temps du protestantisme,
avec une rigueur affreusement puritaine. Mal en eût [(ris,
par exemple, aux gens de cette génération, de se laisser voir
dans les promenades, ou dans les rues, à l’heure du service
divin! Des inspecteurs spéciaux promenaient dans les lieux
publics leurs yeux d’Argus; et, dès qu’un délinquant osait
enfreindre la règle pieuse, son nom venait grossir une liste
fatale.
A l’une des extrémités de la ville se déroulait alors une
vaste et silencieuse prairie, aboutissant à la berge septen
trionale de la rivière : c’était la promenade favorite des rê
veurs!___ Le monde aime à rêver dans le Nord! On la
nommait tout simplement la pelouse, tho green.
O r, par une matinée du dimanche, les surveillants de la
piété publique, après avoir traversé toute la ville, et poussé
leur reconnaissance jusqu’à la limite la plus déclive de la
pelouse, fermée par un mur à cet endroit, y aperçurent un
jeune homme tristement étendu sur l’herbe tendre... C ’était
l’aide-chirurgien de notre connaissance, et qui leur était
parfaitement connu.... « Comment, monsieur! mais vous
n’ignorez point à quel jour nous en sommes de la semaine,
et vous vous exemptez d’aller, avec les saints, prier Dieu
dans son temple? Libre à vous, monsieur, libre à vous;
mais votre nom doit figurer sur notre liste.... » Et le nom
d’y prendre sa place !
Cependant, le jeune homme se garda de proférer un seul
mot d’excuse! « Je suis un grand misérable, dit-il en se
levant; tenez! là-bas, regardez au fond de l’e a u !... »
Traversant aussitôt un tourniquet, qui divisait le mur en
deux parties, il atteignit un sentier qui serpente le lon g de
la rivière, et se dirigea Vers la route de Rulherglen.
Les inspecteurs le virent passer de l’autre côté de ce
tourniquet; mais, ne comprenant point encore le sens de
ses paroles, ils s’acheminèrent vers le bord de l’eau.
Le cadavre d’une femme y frappa leur vue; et ce ne fut
point sans quelques difficultés qu’ils parvinrent à le ramener
sur la rive. Quelques personnes accoururent cependant à
leur aide; et, portant la morte à bras, on la reconduisit
en ville.
II était quelque chose comme une heure après m id i!...
E t, dans le moment où ce groupe allait traverser les rues,
la roule leur fut barrée par la foule des’ fidèles qui descen
daient les marches de l’un des principaux temples de la
ville. Les inspecteurs s’ arrêtèrent un instant, afin de livrer
passage à cette torrentueuse multitude, mais en levant les
yeux que virent-ils?
Ils virent l’aida-chirurgien lui-même, celui qu’ils venaient
de voir, de réprimander, d’écouter et de suivre ailleurs. Ils
l’aperçurent environné de la foule, et franchissant avec elle le
seuil du lieu sacré, pour en sortir! Le jeune homme se garda
bien d’approcher d’e u x ..., mais leur stupeur fut extrême.
Cependant, un ordre d’enquête ayant réveillé tous les
souvenirs au sujet de la femme noyée, elle fut promptement
reconnue pour être la jeune servante dont la disparition
n’avait jadis inquiété personne.
Elle était grosse, et un instrument de chirurgie, encore
embarrassé dans ses vêtements, avait servi fort évidemment
à lui porter le coup mortel.
Les liaisons coupables du jeune homme revenant de toutes
parts à l’esprit, les soupçons se formèrent d’eux-mêmes et
grossirent! En outre, la parole des inspecteurs ne tarda
guère à prêter aux mauvaises dispositions du public le point
d’appui le plus formidable; car ils se firent un devoir de rap
porter leur double et merveilleuse rencontre, en plein jour,
avec le jeune chirurgien, qui leur était parfaitement c o n n u ;
ils ajoutèrent à ce fait celui de la douloureuse accusation
qu’il avait portée contre lui-même! Le malheureux fut donc
arrêté et mis en jugement.
Cependant, de quelque poids accablant que fussent les
préventions, soutenues de l’opinion de la ville entière, l’im
partiale sentence du jury le renvoya sain et sauf.
Car l'enquête venait de démontrer par de victorieux
témoignages qu’au moment où les inspecteurs conversaient
avec l’aide-chirurgien, sur la pelouse, celui-ci était présent
ailleurs! Des preuves, de nature à dissiper jusqu’à la possi
bilité du doute, constatèrent que, depuis le commencement
du service religieux jusqu’à la fin, l’accusé n’avait cessé de
figurer, à la vue de L'assemblée tout entière, au beau
milieu du temple; il n’avait donc pu s’accuser lui-même sur
le bord de la rivière !
Il fut en conséquence acquitté, je le répète. Ainsi le voulut
la justice dans la ville de Glasgow, et nous sommes loin de
blâmer son arrêt; mais celui de l’opinion fut contraire. Ce
que la foule prenait pour un miracle, la justice put le prendre
pour un simple prestige; car il est dans les mœurs des mau
vais Esprits d’en user ainsi pour nous induire en erreur et
nous entraîner aux injustices, aux vengeances, aux crimes.
SUI TE. -- L E DIEU 00, c’ 1CST - A - DI R E LE DI EU FLUIDE
QUELCONQUE A L ’ INFAILLIBILITÉ.
tique. Chaque volume, in-8° ; prix fort, 6 fr. ; chez P io n , rue Garan-
cière, 8 , Paris. Des lettres de cardinaux, de docteurs et autres
personnages, garantissent l’orthodoxie et l ’opportunité de ces ouvrages.
2 Cette prédiction, qui semblait ridicule à plus d ’un catholique,
ne s’est que trop vite réalisée. L’Église spirite est formée ou se forme
presque partout, quoique presque partout encore elle couve dans ses
catacombes. Malheur à nous le jour où elle en sortirai Déjà ne com-
mence-t-elle point à les percer? L a C iviltà cattolica, cette première
de toutes les revues chrétiennes, a reproduit ma prédiction et l’a sou
tenue avec tact dans ses articles sv.lla moderna necromanzia, octobre
1836, janvier-février 1867 : « Ne troverà per avventura mancare di
probabile fondamento il presagio del signore G. des Mousseaux......»
S uit le passage.
démons, ou, pour se mieux comprendre encore, la religion
de VAntéchrist. Entre elle et le catholicisme, doit com
mencer, presque aussitôt son universelle explosion, c’est-à-
dire au moment où elle percera la voûte de ses catacombes,
la dernière lutte, le combat suprême, la grande bataille 011
tant de millions d’âmes, à demi chrétiennes, périront de la
coupable mollesse et des langueurs de leur foi...
Que si le lecteur cherche à se rendre compte des progrès
de cette religion nouvelle, je le prierai d’ouvrir le sixième
volume de l’ouvrage de M. Bizouard , et d’y lire les lignes
suivantes :
« M. Allan Kardec, le grand pontife du spiritisme, et
l’objet de la béate et enthousiaste admiration des membres
de son Église 1, reçoit les communications de près de mille
centres spirites sérieux, disséminés sur les divers points du
globe ; voilà ce qui le guide et ce qui le guidera. Yoilà ce
qui l’aide à saisir les principes sur lesquels la concordance
entre certaines difficultés s’établit. 11 voit, heure par heure,
la coïncidence qu’ont entre elles ces révélations, faites à
mots couverts. Elles ont passé souvent inaperçues, mais un
jour ou l’aulre on en sentira la gravité. De ce contrôle
universel sortira l’unité du spiritisme, et l’anéantisse
ment des doctrines contradictoires. Plairait-il à certains
esprits de donner une doctrine contraire? plairait-il même
à des gens malveillants d’inventer des révélations apo
cryphes ? on demande ce que cela produirait devant des
millions de voix venues de tous les points du globe. Rien
donc ne peut arrêter la marche du spiritisme ! On peut
momentanément le troubler, mais en triompher, n o n , ni
maintenant ni dans l’avenir2. »
1 Apocal., ch. x i i i , v . 7 .
380 M Œ U R S E T P R A T IQ U E S D E S D É M O N S ,
1 Apocal., ch. x i i i , v. 4 7 .
'2 E t datum est illi ut daret s p irilu m im agini bestiæ, et ut loquatur
imago bestiæ, et faciat u t quicum que non adoraverint imaginem
bestiæ occidantur. Saint Je a n , Apocal., ch. x iii , v. 45.
que je suis pas à pas, mais en mêlant au fur et à mesure à son texte
mes documents et ma pensée. Lire son opuscule si complet, et si re
marquable de précision et de clarté, p. 7 4 , 7 6 , etc., Antéchrist. —
Signalons aussi chemin faisant six petits volumes in-12, sur la Der
nière persécution de l’Église, etc., par le P. B. Fossombrone. L ’auteur
y démontre, avec beaucoup d ’intelligence et d ’érudition, que les signes
de l’approche de l ’Antéchrist apparaissent très-clairement dans les
temps où nous sommes. Par-dessus tout, il met en lumière l’ceuvro
ténébreuse des sociétés occultes, comme étant celles où s’élabore le
mystère d’iniquité qui doit en définitive enfanter le monstre.
1 V oir les numéros du journal le Monde des 1 1 , 1 3 , 17 et 20 mai 1 8 6 3 .
2 Disons la famille hum aine; — je supprime les autorités citées par
ces articles, auxquels je renvoie le lecteur.
et nous aimons mieux passer à pieds joints sur ces consi
dérations.
Arrivant à des points d’une appréciation plus facile, il
semble certain que les deux conditions qui doivent précéder
le commencement de la dernière époque du monde sont
suffisamment accomplies. Toutes les parties de la terre ont
été suffisamment explorées, et il n’y a pas un recoin écarté où
n’aient pénétré les apôtres de la foi de Jésus-Christ. Nous
pouvons répéter aujourd’hui, en langage non plus prophé
tique, mais historique: In omnem terrain exivit sonus
eorurn, et in fines orbis terrœ verba eornm. La condi
tion posée par le Christ : Cet Evangile sera prêché par toute
la terre, peut bien être regardée comme remplie, ou du
moins comme fort près de l’être. Reste donc à voir se
réaliser l’état de choses qui doit suivre l’accomplissement
de cette autre condition: alors arrivera la consommation!
... E t quelque latitude que l’on veuille donner à ce mot
alors (tune), il faut bien dire, en face de l’universelle dif
fusion qui a été faite de l’Évangile, que les derniers jours
du monde ne peuvent plus être trôs-éloignés.
christianisme. Le mot séparation est celui qui s’est traduit par apo
stasie, d ’après le sens étymologique du m ot discessio.
terait au cie l, devenu à jamais la demeure de tous ses
membres.
Cette opinion n’est point nouvelle, et il y a bien des
siècles qu’elle est soutenue1. Un interprète de l’Apocalypse
qui publiait un ouvrage à R o m e , il y a plus de deux cents
ans, croyait voir dans les prophètes l’annonce d’un ordre
de choses stable, heureux, exempt de guerres, de lamines,
de pestes et d’hérésies qui, selon lui, devait commencer
après la chute de l’Antéchrist...
Nous ne voulons appuyer ni combattre cette opinion ;
mais nous dirons qu’elle s’explique aisément, comme tant
d’autres interprétations, par ce qui se passe ou se dévoile
aujourd’h u i 2.......
Ainsi donc, en définitive paix à l’Église; paix probable,
paix douce et prochaine, quoique nous ne sachions ni de
quelle sorte nous arrivera cet apaisement universel, ce
moment de repos et de bonheur, ni quelle voie de miséri
corde ou d’épreuve nous aurons à traverser avant d’at
teindre ce but. Paix à l’Église; et non point sans fin , non
point accordée d’en haut pour que nous ayons à nous ber
cer, à nous endormir dans les mollesses d’une lùche oisiveté,
puisqu’elle doit précéder les jours du monstre ; mais d’abord
paix studieuse et active, paix laborieuse, digne de nos
destinées futures, et qui permette que nous tous chrétiens,
Église de Dieu, nous reformions nos phalanges brisées, que
nous réparions nos pertes, que nous nous préparions à la
lutte dernière et terrible. Car elle est inévitable cette lutte
que nous ménage l’Église démoniaque, dont les nombreuses
Sô réalise, ainsi porterait chaque signé, dans son signe devenu son
passe-port, la double marque de sa dépendance et de sa puissance.
On conçoit à quel point la proximité de ces temps de prestiges et de
magie rend nécessaire l’étude approfondie des caractères du vrai m i
racle et du miracle démoniaque. Transcrivons, à ce propos, un simple
m ot d ’Origène nous enseignant à considérer avant tout, dans ces faits,
le but, la fin, le résultat moral vers lesquels ils nous conduisent :
« Quemadmodum Æ gyptiorum incantatorum par non erat potestas
mirificæ illi quæ in Moyse erat gratiæ, et eorum opéra meras esse
præstigias, quæ vero Moyses fecit a divina virtute proficisci, compro-
bavit e x itu s ; ita quæ mira faciunt Antichristi, ii qui se, patrandis
miraculis pares Jesu discipulis esse venditant, vocantur signa et pro-
digia, mendacia quæ in omni seductione iniquitatis vim habent in eos
qui pereunt. Miraculorum autem Ghristi et ejus discipulorum fructus
esse non deceptio, sed anim arum salus. » ( Contra C elsu m , 1. II,
v. 50, vol. II, col. p. 428.)
1 Lire, dans mon livre les M édiateurs, le chapitre de saint H ubert,
ou guérison assurée de la r a g e, etc., etc.; et saint Ja n v ier, par
M. l’abbé Postel, in-4 2, Pàri's, 1864, Paumier, etc., etc.
2 Prodiges différents, il est v r a i, des grands miracles, auxquels ne
saurait suffire pour cause unique le pouvoir angélique, la vertu na-
Lorsque les Césars, de monstrueuse mémoire, firent
compter à l’Église par millions les têtes de ses martyrs,
Dieu voulut souvent que la vertu des miracles opérés par ces
témoins de la foi fît tomber humiliés et tremblants aux
pieds des victimes leurs plus acharnés bourreaux. Maisaujour
de la dernière persécution, Dieu ne voudra-t-il point, afin de
punir l’infidélité des lâches et d’éprouver lu foi des forts, que,
du côté du Christ, tout miracle cesse, toute intervention
s’arrête jusqu’au moment où son souille détruira l’homme’
de péché? Dieu ne voudra-t-il point que, pour ajouter aux
séductions des masses et au supplice des victimes, les per
sécuteurs, les bourreaux, mêlant le prodige au sarcasme,
portent aux chrétiens désolés les plus insolents défis?
De quel sommeil, s’écrieront-ils d’une bouche railleuse,
s’est donc endormi ce matin le Dieu de Moïse et de
saint Pierre! que tarde-t-il donc si fort à se réveiller, à nous
imiter, à vous secourir !
Et si, dès l’heure où je parle, la plus forte éducation,
donnée par les hommes de la foi la plus vive, ne prémunit
point à temps nos fils contre ces dangers inouïs, d é jà , pères
dénaturés que nous sommes, ne nous rendons-nous point
coupables de la perte de ces âmes?
Nous avons appris des païens que, lorsque Cassandre,
douée du don de prédire, eut fait retentir aux oreilles des
Troyens la ruine prochaine de leur ville, on la traita d’in
sensée : Vos sinistres clameurs troublent le repos public, lui
criaient conseillers et guerriers, et détendent, au profit de
l’ennemi, les plus mâles courages. — Fille de la reine et du
roi, ce malfaiteur prophétique trouva l’opinion sans pitié;
une prison s’ouvrit, sur elle, et des gardes la tinrent à vue:.
Israël lui-même ou massacrait ses prophètes ou se riait
' P a g rS x iv - x v , (M i.
du discours impérial du 4 novem bre, sans espoir même d’ un nou
veau congrès, le Pape, s’ élevant au-dessu s de toutes les considéra
tions humaines, vient de protester contre le Czar, et cette fois avec
une telle énergie, que l’on croit entendre le jugem ent de Dieu.
» Nous recevons à ce sujet une lettre de Rom e qu’il suffira de citer.
R o m e , 27 avril 4 864.
N O T E SE R A P P O R T A N T A U CH APIT R E X V II.
L e d im a n c h e 12 fé v rie r 1 8 5 4 , il m e f u t d i t q u e M . le p a s te u r
C o q u e r e l d e v a it p a r le r s u r les ta b le s à E s p r its . I n f o r m é d e cette
h e u re u s e c h a n c e , je c o u r u s a u p rê c h e . — .T’a n a ly s e e t je c o n d e n s e
ce q u e j ’e n te n d is :
« INous c r o y o n s à la r é v é l a t io n , a u x p r o p h é tie s , e t a u x m i r a
cles c o n s ig n é s d a n s l ’É c r it u r e s a in t e ; n o u s y c r o y o n s j u s q u ’à la
m o r t d u S a u v e u r . M a i s , d e p u is , n o u s ce sso ns d 'y c r o ir e 2. N o u s
s o u te n o n s q u e n u l n e p e u t p r é d ir e l ’a v e n ir ; s in o n t o u t e e x p é
rie n c e d e v ie n d r a it i n u t i l e . . . L a v ie d e l ’h o m m e s e r a it b o u le v e r
sée. L ’h o m m e a b e s o in d e c e r titu d e .
1 Lettres th è o lo q iq u cs , p. 643.
2 Et pourquoi, s’ il vous plaît ? Est-ce parce que ces Écritures, auxquelles voua
dites croire, annoncent que ces miracles auront pour suite des miracles sem
blables? (Saint Marc, chap. x v i.)
» N o u s c r o y o n s a u x a n g e s e t a u x d é m o n s ; m a is i l n o u s est
d it q u e , d e p u is le C h r is t , S a ta n a é té je t é h o r s d e ce m o n d e 1!
Il n e p e u t d o n c ê tre e n fe r m é d a n s u n m e u b le , e t se m ê le r a u x
acte s h u m a in s . D a n s les fa its o ù la c r é d u lit é p r é t e n d q u ’i l i n t e r
v i e n t , l ’a b s u r d e e t l ’o d ie u x se t o u c h e n t .
» C e p e n d a n t l ’é p is c o p a t p re s q u e t o u t e n tie r d e l ’E g lis e r iv a le
p r é m u n i t s o n t r o u p e a u c o n tr e ces f a i t s , p a r a is s a n t les a t t r ib u e r
a u d é m o n . P o u r q u o i c e la ? p a rc e q u e cette É g lis e se d i t i n f a i l
lib le . S o n i n f a il l i b il i t é l a c o n d a m n e d o n c à y c r o ir e , p a r la r a is o n
q u ’a u m o y e n â g e o n y a c r u . E lle n e p e u t se d is p e n s e r d ’a c ce p te r
l ’h é r ita g e d e ce t e m p s d e p r o fo n d e ig n o r a n c e 3.
» P o u r no us, q u i avons La gloire d ’ê tre p r o te s ta n ts (sic, h é la s !),
n o u s p la ç o n s le p r in c ip e d u p r o g r è s d a n s le c h r is t ia n is m e , et
n o u s r e fu s o n s d e c r o ire à ces o d ie u se s a b s u r d it é s ... »
O h ! o h ! le p ro g rè s d a n s l ’œ u v r e d e D ie u ! M o n s ie u r C o q u e r e l,
y p e nse z- v o us? E t p u is , p e r fe c tio n n e r l ’œ u v r e d e D ie u e t n e p o in t
se c r o ir e i n f a il l i b l e , c’ est tr o p de m o d e s t ie , c’ est u n c r ia n t a b u s
d e m o d e s t ie , e n v é r it é 1
Il est v r a i q u e , p o u r q u e vos églises se c r u s s e n t in f a ill i b l e s , il
f a u d r a i t q u ’i l le u r f û t possible d e s’a c c o r d e r e n tre e lle s ... B a b e l
est d iffic ile à c o m p r e n d r e , p o u r q u i s a it e n te n d r e .
C e p e n d a n t , des m ir a c le s e t des m e r v e ille s s ’a c c o m p lis s e n t sous
les y e u x d u p u b l i c , sous le r e g a r d a t t e n t if d e s a v a n ts q u i se lè v e n t
p o u r les a f f ir m e r ; e t V o u s , v o u s les n ie z i n t r é p id e m e n t ! M a is
p o u r q u o i d o n c , d e g r â c e , si ce n ’ est p a rc e q u ’i l v o u s p la it de les
n ie r ? N e s e ra it- il p o i n t de b o n g o û t d ’a p p u y e r v o tre p a r o le s u r
u n e r a is o n t a n t s o it p e u r a is o n n a b le , e n p rése n ce de t a n t d e m i l
lie rs d e t é m o in s , d o n t q u e lq u e s - u n s fo r t s a v a n t s , p ro te s ta n ts
c o m m e v o u s , e t r a p p o r t e u r s d e fa its p r o d ig ie u x d o n t le u r e s p rit
et le u r s sens fu r e n t fr a p p é s ?
L e s m ir a c le s , d ite s - v o u s , e t le d o n d e p r o p h é tie s ’il e x is ta it ,
b o u le v e r s e r a ie n t l a v ie d e l ’h o m m e e t r é d u ir a ie n t à n é a n t l ’e x p é
rie n c e . — L a v ie d e l’ h o m m e é t a it d o n c b o u le v e r s é e p e n d a n t ce
< Môme en admettant vos paroles, serait-il le seul dém on? Lisez donc l'apôtre
saint Paul (Éphés., chap. v i.)
2 L ’ignorance du temps qui produisit la magnifique pléiade des docteurs dont
la lum ière éclaire encore le monde philosophique et religieux 1 Les saint Bona-
venture, les saint Thomas, etc., etc., etc. On croit rôver en entendant de telles
paroles I
lo n g c o u rs de m ira c le s q u ’il v o u s p la ît d ’a d m e t t r e ; p e n d a n t ces
4,000 a n s , e n v i r o n , q u i c o m m e n c e n t a v e c le s e r p e n t d ’É d e n et
q u i se t e r m in e n t à la m o r t d u C h r is t ?
J e m ’e n r e v in s t o u t a b a s o u r d i de cette lo g iq u e de p r ê c h e , car
je m ’é ta is a t t e n d u à q u e lq u e chose. Ce f u t t o u t , e t je m ’a b s tie n s
d e s ig n a le r , d e la p a r t d e l ’o r a t e u r , u n in tr é p id e o u b li de to u s
les te x te s h o s tile s à ses p r o p o s itio n s . M a is , à titr e de c o m p e n s a
t io n , sans d o u t e , il n e m é n a g e a g u è r e cette p a u v r e e t c a d u q u e
E g lis e R o m a in e ! q u i v e rr a t o m b e r l ’ u n a p rè s l ’a u tr e to u s ses
e n n e m is .
C o m m e je m o n o lo g u a is s u r cette a ig r e u r , m o i q u i c o n n a is
p a r m i n o s co n frère s d is s id e n ts t a n t de p e rso n n e s de m œ u r s si
d o u c e s , je m e d is : A l lo n s , e t r e c o m m a n d o n s à l ’ o r a te u r ce p r in
cip e de p r o g r è s , q u ’il v ie n t d e p la c e r d a n s s o n c h r is tia n is m e .
É v id e m m e n t , e t p o u r le q u a r t d ’h e u r e , il en a b e s o in .
C ’est là ce q u e l u i d i r o n t , d e m i ll e fa ç o n s d iffé r e n te s , les
m in is tr e s ses c o n fr è r e s , p ro te s ta n ts de m ille sectes; ceux d o n t
j ’a i lo u é le concert insolite s u r la q u e s tio n b r û la n t e et b a n a le des
E s p r its .
1 Et l'égalité qui est inique, non æc/ua, c’est une égalité qui n’est point égale !
valentes. Car le père commun traite ses fils, inégalement enrichis par
lui des trésors de ses dons, avec un égal exercice de justice et de
bonté. Ainsi devra les traiter tout pouvoir représentant la Divinité
sur la terre, pouvoir de prince ou pouvoir de père.
De même encore, à l ’aide d ’une fiction souvent utile au gouverne
ment des hommes, mais quelquefois nuisible et fatale parce q u’elle est
sotte et abusive*, la loi attache à des titres communs, celui de frère
ou de citoyen, par exemple, des droits égaux. E n ce sens donc, et lors
q u’il n’aura rien de forcé, d ’excessif, le politique chrétien peut arbo
rer sur son drapeau le mot égalité entre ces deux autres : liberté, qu’il
importe si fortement de distinguer de licence j et fraternité.
Car, pour le chrétien qui croit au récit divin de Moïse, tout homme
est un égal, je veux dire un frère, parce que tout homme, fils d’Eve et
d ’Adam, appartient à une même famille, et, je le répète, est issu d ’une
même chair. Quiconque, au contraire, reniant la révélation, admet la
diversité des races humaines, doit, s’il est conséquent, repousser l'éga
lité comme un mensonge, et s’il appelle tout homme son frère, il
ment à sa conscience, parce qu’il ment à sa science!
Et, pourtant, l’égalité n’est-elle point dans la nature? ne la trouvons-
nous point quelque part en ce monde; et mieux encore, ne la rencon
trons-nous point à chaque pas? — N onl brutalement non; et c’est
précisément tout le contraire.
Cherchant de sang-froid l’égalité, je regardai de bas en haut, de droite
à gauche, devant et derrière ma face ; et marchant sans cesse, je ne la
rencontrai nulle part.
J ’essayai, j ’essaye vainement de découvrir un homme, une bête, une
plante, nne chose qui jamais soit l’égale de son semblable 1Cet homme
que je prends au hasard est plus ou moins grand , plus ou moins fort,
plus ou moins puissant, plus ou moins intelligent, plus ou moins
savant, plus ou moins vertueux que celui qui lui ressemble le plus, en
quelque temps, en quelque lieu que je me transporte et que je fixe
m a pensée. — Même ou autre énumération de qualités chez cette
bête, chez cette plante, chez cette chose, chez cet être, motivera même
affirmation, si nous le comparons avec son semblable. Vous et m o i,
qui que nous soyons, quoi que nous soyons, nous nous ressemblons
peut-être et d ’une manière frappante ; mais l’un de nous n’est point
exactement l’égal de l’autre. Vous me primez ou je vous prime.
Combien même sont rares les similitudes, les ressemblances, que
l ’œil risque de confondre avec l’égalité 1 et comment pourraient nuire
sérieusement à la vérité que je soutiens des apparences qui ne sont
que superficielles? Est-ce qu e , par exemple, deux gouttes d ’e au, si
FIN.
TABLE DES M A T I È R E S .
a v is d e l ’é d i t e u r e t l e t t b e s ........................................................................................... i
CHAPITRE DEUXIÈM E.
Par qui ce globe et son atmosphère sont-ils habités?— Par des Esprits
logés dans des corps ; par des Esprits attachés à certains lieux, ou
vaguant. — Raison d’y croire. — Ignorance générale des chrétiens sur
ce point. — Pourquoi les démons ici-bas, et pourquoi leur hostilité
contre l’hom m e?— Combat des Anges dans le ciel ; cause et résultat
de la grande révolution des Esprits. — Détails; ce combat conti
n ue .— Les apôtres, les saints, et l’Évangile, sur les différents milieux
et les mœurs des démons; sur l’accord des faibles et des forts pour
nous assaillit-. — Comment ils se logent en nous. — Quelle pru
dence et quel esprit de prévision doivent nous animer à la pensée
de tels ennemis I . . . . ; . . . . . > . i < . , ( . . > . . . . 29
CHAPITRE TROISIÈME.
CHAPITRE QUATRIÈME.
CHAPITRE CINQUIÈME.
ET SOUS LA FORM E D ’A M E S H U M A IN E S .
Les Démons peuvent nous apparaître sous des formes divines et sous
la forme d ’âmes humaines. — Tout commerce avec eux dépend-il
de notre volonté? obéissent-ils à nos ordres et revêtent-ils, pour
nous visiter, la ressemblance de ceux que nous évoquons? —
Exemples............................................................................................... 63
CHAPITRE SIXIÈM E.
D ANGERS, ETC.
CHAPITRE SEPTIÈME.
DES L IE U X QUE LES M A U V A IS E S P R IT S IN F E S T E N T .
CHAPITRE HUITIÈME.
E N S E IG N E M E N T S ET P U IS S A N C E D É M O N IA Q U E S .
Ce sont les mauvais Esprits qui nous enseignent les arts magiques.—
Puissance de ces Esprits sur les hommes, sur les bêtes, et ies choses
de ce monde. — L ’illustre médecin de Haën et Sixte-Quint, langage
identique.— Récits de saint Augustin et autres docteurs.— Molesta
tions. — Récits de Thyrée; de Surius, pour qui Pie V professe une
estime singulière.— Saint Athanase, Père de l’Eglise; ses récits sur
saint Antoine. Épouvantement et séduction. — Secours divins. —
Variétés des manifestations spirites ou démoniaques. —- Faits mo
dernes. — Témoignage personnel................................................... 97
C H A P IT R E N E U V IÈ M E .
CHAPITRE D IX IÈM E.
D IS C E R N E R LES E S P R IT S ," UN M OT.
LES P O S S E S S IO N S . --- L E S O B S E S S IO N S .
CHAPITRE DOUZIÈME.
ÉVOCATIONS.
CHAPITRE TREIZIÈME.
Le médium est l ’intermédiaire entre les Esprits et ceux qui les con
sultent. — Nous nous taisons d ’abord sur la floctrine dont ils sont
les bouches débitantes ; leurs fonctions. — Médium transformé en
Christ. — Médium dit par les apôtres animé de l’Esprit de Python,
c’est-à-dire du dieu serpent. — Médium en permanence, ou par
crises. — Description par saint Augustin des gens qui consultent les
médiums. — Sacre d ’un m édium , époque dite Renaissance. — Un
médium de l’école puritaine en l’an 1876. — L ’Ecossais M. Home,
que j ’ai rencontré à ses débuts; ses exploits. — Ce que devient
aujourd’hui le médium. — Les médiums sont de toutes les épo-
ques. — Soit qu’ils semblent posséder un E sprit, ou q u’un
Esprit les semble posséder, leur médiation tend à l’accroissement
de la puissance du démon, au détriment de la vérité, de la morale
q u’enseigne l’Eglise, et du bonheur des sociétés humaines. . 153
CHAPITRE QUATORZIÈME.
M A G IE , S U R H U M A IN D IA B O L IQ U E , ET M IR A C L E S .
CHAPITRE QUINZIÈME.
La magie existe, mais les esprits qui en sont les agents obéissent-ils
à la parole, à la volonté de l’hom m e? — Leur puissance est-elle liée
à certains mots, à certains actes formels? — Dans le catholicisme
diabolique, de même que dans le catholicisme divin, la grâce agis
sante est liée à certains signes. — Exemple des deux ordres. —
Ces signes puissants n ’ont aucune vertu par eux-mômes. — L ’É-
gypte antique et les philosophes théurgessur ces signes sacramen
tels.— Puissance du prêtre catholique ; puissance du prêtre païen,
q u i, par le moyen des signes sacramentels, commandent aux dieux.
— Conflit accidentel entre les mauvais démons et ceux que les
dupes du spiritisme théurgique appellent les bons démons. — Des
démons, ministres des dieux, tourbillonnent autour des dieux et
prennent leur aspect. — La science a découvert dans la matière des
propriétés aptes à recevoir des dieux. — On forme donc des signes
sacramentels, ou des composés, qui renferment ces immortels I —
Cette science , ces arts, ces signes, tombent aux mains de nos ber
gers. — Faits cités par le savant Orioli, correspondant de l’Institut
de France, touchant les paroles et signes sacramentels. — Ac
tion incroyable de ces signes. — Accord entre le camp des catho
liques et le camp des non-catholiques sur ce qui fait la vertu de ces
signes............................................................................................... . 478
CHAPITRE SEIZIÈM E.
LE M A G N É T IS M E .
CHAPITRE DIX-SEPTIÈME.
— F A IT S ET D O C T R IN E S .
Première division.
Deuxième division.
CHAPITRE DIX-NEUVIÈME.
SE L IV R E N T CONTRE NOUS.
CHAPITRE VINGTIÈME.
PLUS D ’E S P R IT S , S I C E n ’e s t C E L U I D E L A M A T IE R E Q U IN T E S S E N C 1 É E .
C H A P IT R E V IN G T - D E U X IÈ M E .
S U IT E . — L E D IE U O D , c ’E S T - A - D IR E L E D IE U F LU ID E O D IL E , LEQU EL
E ST L E MÊME D IE U QUE LES F LU ID E S ORACULAIRES D E L ’A N T IQU IT É.
CHAPITRE VINGT-TROISIÈME.
C H A P IT R E V IN G T - Q U A T R IÈ M E .
F IN DE LA TABLE DES M A T IÈ R E S .
^ B L 'O T H êc ^
UNIV. JAdCLL
CRACQVtENStS
E n v o n t n Va l à. r n - ô i t i ,iK l i i b ;r a i r i c :
1" - • ■'* 1 ‘ ' , !
I<a M a g ic a u X I X e s i è c l e , ses agents, ses'vérités', scs m ensongés, p a r le
chevalier G'oÜuixÔT DES^foussIhux, nouvelle édit. — ,11' PMn. 1 vol. in-8°. 6 fr.
L e s B o lla n d is te s . Réim pression textuelle. — P a ris, V . Palm é, rue St- Sul p/ce.
H istoire d u P éro u et de sainte llo s e de L im a (sainte Kose d e ,
Sainte-M arie), 'par M . le vicomte T u. de B u s s ib r r e . 1 vol. in-8°. P rix . . . <3 fr.