Romain Marina
Romain Marina
Romain Marina
Année : 2020 N°
THÈSE D'EXERCICE
pour le
DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
Présentée et soutenue
le 8 Juin 2020
par
Marina Romain
Jury
Année : 2020 N°
THÈSE D'EXERCICE
pour le
DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
Présentée et soutenue
le 8 Juin 2020
par
Marina Romain
Jury
Je tiens tout d’abord à remercier les membres du jury qui me font l’honneur d’évaluer ma thèse :
J’adresse mes remerciements particuliers à Madame Marie-Ange Civiale, Maître de
conférences, d’avoir accepté d’être Directrice de ma thèse et Présidente du jury. Je vous suis
reconnaissante d’avoir consenti à mon sujet de thèse et pour tous les conseils que vous m’avez
donnés durant cette période de rédaction. Je vous prie de trouver en ces quelques mots,
l’expression de mes plus sincères remerciements et de mon profond respect.
Je tiens à remercier Madame Brigitte Vennat, Professeur, pour avoir accepté de participer à
mon jury, et ce malgré un emploi du temps chargé. Votre accompagnement et vos
enseignements durant ces six années contribuent à faire de moi un bien meilleur professionnel
de santé.
Je souhaite remercier Madame Emilie Averty, Docteur en pharmacie, d’avoir accepté d’être
membre du jury. Durant mon stage de 6ème année, vous m’avez transmis des connaissances et
des conseils pour être plus compétente dans mon métier d’aujourd’hui. Je vous remercie d’avoir
contribué au professionnel de santé que je suis aujourd’hui.
J’adresse mes remerciements à Madame Anne Besson, Docteur en pharmacie. Vous avez été la
première titulaire en pharmacie à m’accepter en stage de 3ème et de 2nde. C’est donc en parti
grâce à ces stages et votre implication que je suis aujourd’hui pharmacienne. Je vous remercie
de me faire l’honneur de votre présence en tant que jury.
J’adresse mes remerciements à Madame Catherine Cayot, Docteur en pharmacie, d’avoir pris
part à la lecture de la thèse.
2
Je tiens à remercier mes parents pour toute l’aide qu’ils m’ont emporté durant mes études, et en
particulier durant les deux premières années. Vous m’avez toujours soutenue avec toute votre
bienveillance et c’est grâce à vous que j’en suis là aujourd’hui. Je vous remercie.
A l’ensemble de ma famille, mes grands-parents, pour m’avoir vu « pharmacienne » dès le plus
jeune âge. Une mention particulière, à mon petit papi, même si tu n’es plus là pour me voir
devenir docteur en pharmacie, je suis sûre que de là-haut tu es très fière de moi et je te promets
un jour que j’achèterai la pharmacie du quartier avec tes étrennes.
A mes copines, Annabelle, Anouk, Claire, Coralie pour avoir été là pendant ces super années
de faculté et pour être encore présentes. On dit bien que les plus belles amitiés se font à
l’université. Nous nous connaissions avant mais nous avons vraiment renforcé ce lien durant
ces belles années clermontoises. Je ne les oublierai jamais.
A Jérémy, de m’avoir épaulée pendant l’écriture de la thèse et de me soutenir dans tous les
moments depuis maintenant deux ans et demi.
3
Table des matières
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. 2
INTRODUCTION .................................................................................................................... 11
4
3.2.4 Migraine complexe .................................................................................................. 41
3.2.5 Migraine hémiplégique............................................................................................ 42
3.2.6 Équivalents migraineux ........................................................................................... 44
3.3 CEPHALEE DE TENSION .................................................................................................... 46
3.4 CEPHALEES CHRONIQUES QUOTIDIENNES ET ABUS MEDICAMENTEUX.............................. 47
3.5 ALGIE VASCULAIRE DE LA FACE ET AUTRES CEPHALEES PRIMAIRES ................................ 48
5
5.2.1 Cas n°1 : Migraine et profil anxieux ....................................................................... 69
5.2.2 Cas n°2 : Suivi de la maladie migraineuse et fiches conseils.................................. 74
5.2.3 Cas n°3 : Traitements alternatifs de la migraine ..................................................... 80
5.2.4 Cas n° 4 : Céphalées chroniques et abus médicamenteux ....................................... 84
5.3 FICHES CONSEILS A L’OFFICINE ....................................................................................... 89
CONCLUSION ........................................................................................................................ 94
REFERENCES ......................................................................................................................... 96
6
Liste des Tableaux et Figures
TABLEAUX :
FIGURES :
8
Liste des Abréviations
AINS : Anti-Inflammatoire Non Stéroïdien
AVK: Anti-Vitamine K
CT : Céphalée(s) de Tension
EEG : Électro-Encéphalogramme
10
Introduction
La migraine est une pathologie fréquente chez l’adulte mais aussi chez l’enfant et l’adolescent.
C’est une maladie que tout le monde connait, et pourtant, aujourd’hui encore cette pathologie
n’est toujours pas prise au sérieux. Elle est invalidante, et sa prise en charge pourrait être
améliorée. Selon le programme de lutte contre la douleur (2002-2005), qui fixe dans ses
objectifs de mieux reconnaître et traiter la migraine, 85% des migraineux considèrent leur
maladie comme un handicap et 50% des migraineux ne consultent pas car 43% pensent qu’on
ne peut rien faire pour eux. (1) C’est donc un problème de santé majeur.
La migraine n’est pas une maladie psychologique même si des facteurs déclenchants peuvent
être d’ordre psychologique. Chez les enfants, le stress scolaire et la pression liée à l’école sont
souvent générateurs de beaucoup de crises. Malheureusement, les enseignants et les parents ne
sont pas toujours aptes à interpréter les signes de migraines. C’est pourquoi, les professionnels
de santé doivent accompagner les enfants et les adolescents. Il existe désormais des centres
spécialisés dans les céphalées aigües (Lariboisière à Paris pour les adultes, Armand-Trousseau
à Paris pour les enfants). Dans l’unité douleur de l’hôpital Trousseau à Paris, plus de 700 enfants
y sont suivis (1) et une prise en charge multifactorielle est prodiguée à ces patients. En
favorisant cette approche multidisciplinaire (prise en charge de la douleur, méthodes non
médicamenteuses et les traitements pharmacologiques), les erreurs de diagnostic seront
diminuées.
Depuis plusieurs années, une évolution importante autour de l’organisation de notre système de
santé est mise en œuvre. La loi portant sur la réforme de l’hôpital et relative au patient, à la
santé et aux territoires (HPST) place le pharmacien d’officine au cœur de nouvelles missions :
la prévention de la maladie et l’éducation thérapeutique du patient sont des missions
prioritaires. Il a un rôle important à jouer dans l’éducation des patients migraineux, aussi bien
sur l’accompagnement du traitement médicamenteux, que dans l’apprentissage des conseils
associés pour atténuer les crises de migraines et suivre l’évolution de la maladie.
Pour commencer, nous ferons un rappel sur les généralités à propos de la migraine, sa
physiopathologie et les traitements destinés aux enfants et adolescents pour la traiter, puis nous
aborderons la place du pharmacien d’officine dans la démarche éducative de l’enfant et
l’adolescent migraineux.
11
Partie 1 :
La Migraine : Généralités
12
Partie 1 : La Migraine : Généralités
1.1 Définition et classification
La migraine se caractérise par des crises répétées se traduisant par des céphalées (« maux
de tête ») d’intensité variable, accompagnées ou non de signes digestifs (nausées,
vomissements) ou neurologiques variés (phase d’aura avant ou pendant la crise). On distingue
les céphalées dites primaires des céphalées secondaires (2). Selon la Classification
Internationale des Céphalées (IHS), les migraines font partie des céphalées primaires (comme
le montre la figure 1) parmi lesquelles on peut aussi citer les céphalées de tension, les algies
vasculaires de la face (3). L’IHS a également classé les migraines selon leur type :
- Migraines sans aura ;
- Migraines avec aura ;
- Migraines chroniques ;
- Migraines compliquées ;
- Migraines probables (il manque un critère) ;
- Syndromes épisodiques pouvant être associés à une migraine.
En annexe I, on retrouve la classification des migraines détaillée de l’IHS (3).
La maladie migraineuse est définie comme la répétition des crises migraineuses ; on considère
un patient migraineux quand il a eu au moins 5 crises de migraine sans aura et 2 crises avec
aura (2). C’est une maladie bénigne mais insidieuse. Cette affection retentit sur la qualité de
vie : elle présente un caractère handicapant en raison de la fréquence, de la durée et de l’intensité
13
des crises, ainsi que des signes d’accompagnement digestifs ou neurologiques. Des
conséquences sur la vie quotidienne, scolaire ou professionnelle, sociale et familiale sont
démontrées. Le retentissement sur la qualité de vie du sujet migraineux est souvent sous-estimé
par l’entourage.
La migraine est la première cause de céphalée primaire, récurrente chez l’enfant. 5 à 10% des
enfants sont migraineux et parmi eux, seulement 20% sont diagnostiqués (4). La prévalence
élevée des migraines chez l’enfant est donc une bonne raison d’évoquer cette maladie comme
une entité pédiatrique à part entière. Plusieurs études ont été regroupées et ont permis d’étudier
des données relatives à la migraine chez 131 228 patients de moins de 20 ans (5). La prévalence
de la migraine est de 7,7% avec 9,7% de filles migraineuses contre 6% de garçons (5). La
population féminine serait donc plus touchée par les migraines selon ces études. L’âge moyen
de survenue de la maladie migraineuse est aux alentours de 6,7 ans (6). En France, la littérature
rapporte que sur 11 638 adolescents âgés de 11 à 15 ans, 16% ont eu une céphalée au moins
une fois par semaine (7). 15% de garçons et 21% de filles déclarent prendre des médicaments
pour soulager leur céphalée plus d’une fois par mois (7).
Environ 15 % des adolescents sont migraineux (8). Mais qu’en est-il de l’évolution des
migraines avec l’âge ? Sur 1914 enfants suivis à l’hôpital Trousseau à Paris entre mars 1997
et septembre 2003, le pronostic de guérison de la migraine est souvent favorable quand l’enfant
vieillit (6). 62% des enfants migraineux ne présentent plus de migraine à l’âge adulte ;
seulement 36% demeurent de grands migraineux après 50 ans (6). Cependant, le suivi montre
que les enfants de plus de 12 ans tendent à avoir des crises plus longues et plus fréquentes ;
ainsi que des auras plus répétées que chez les plus jeunes (6). L’adolescence semble être une
période où les migraines sont compliquées à gérer. Une étude sur l’évolution à dix ans d’une
cohorte d’enfant migraineux a également été réalisée dans le cadre d’une thèse de médecine
(9). 142 patients ont été diagnostiqués migraineux en 1999 avec un âge moyen de 11 ans. Dix
ans plus tard, 84 ont participé au questionnaire. Il en ressort que 14% n’ont plus aucune céphalée
et 46% ont encore des crises de migraines mais déclarent aller mieux dans 82% des cas (9).
L’étude a montré que lorsque l’âge de la première consultation (différent de l’âge de début des
céphalées) est supérieur à 12 ans, une persistance des migraines est associée. Ainsi, bien que la
14
majorité des patients de cette étude présente encore des céphalées 10 ans après ; leur intensité
et leur fréquence ont diminué. Le diagnostic de migraine doit être posé le plus tôt possible pour
éviter tout phénomène de persistance des migraines.
La première échelle, HIT-6, évalue l’impact fonctionnel induit par la migraine sur la vie
quotidienne (loisir, travail). Elle est recommandée par la Société Française d’Étude des
Migraines et Céphalées. Elle se présente sous la forme de 6 items dont les réponses possibles
sont au nombre de 5 (Tableau 1). Elle balaye de façon simple plusieurs notions du handicap :
- Une question évalue la sévérité de la douleur pendant les crises.
- Deux autres items traitent le caractère handicapant de la migraine : envie de s’allonger,
de stopper toutes activités.
- Les trois dernières questions évaluent de façon globale l’impact de la maladie
migraineuse sur différents aspects comme la fatigue, le « ras de bol » que provoque les
maux de tête, le ressenti émotionnel et la capacité à se concentrer au travail.
A tous ces items, le patient peut répondre par : « jamais », « rarement », « de temps en temps »,
« très souvent », « tout le temps » suivant la fréquence que représentent ces évènements dans
15
sa vie. Le score va de 36 (impact nul) à 78 (score maximal) et s’obtient en additionnant les
scores de chaque item (11). Plus son score sera élevé, plus l’impact des maux de tête sur sa vie
est important. Comme le montre la figure 2, un total inférieur à 55 est le témoin d’un impact
léger ou modéré alors qu’un score supérieur à 55, est le signe d’un impact majeur (11).
16
(consultable en annexe III), traduite de l’anglais, qui est essentiellement utilisée en recherche
clinique et plus adaptée aux enfants et adolescents par rapport à leur activité (école, devoirs,
sport) (12). Le résultat du questionnaire permet d’établir un score global de perte de productivité
en quatre grades (11) :
La migraine est considérée comme une maladie chronique, c’est pourquoi, on s’est
progressivement intéressé au retentissement de « cette affection » sur la qualité de vie de
l’individu. Le but de ces différentes évaluations de « qualité de vie » est de mesurer les
conséquences d’une pathologie sur la vie d’un individu dans différents domaines : physique,
psychologique et social. Il existe des échelles génériques qui sont utilisables pour toute
pathologie et permettent de comparer la qualité de vie de diverses affections chroniques. Les
échelles plus spécifiques vont permettre de mesurer la qualité de vie d’une pathologie bien
particulière. Il existe deux échelles spécifiques pour la migraine : l’échelle MsQoL et l’échelle
QVM validée en français (11).
L’échelle QVM se présente sous la forme d’un questionnaire de 20 items dont (13) :
- 8 items ont une dimension physique,
- 6 items ont une dimension psychologique,
- 4 items ont une dimension sociale,
- 2 items ont une dimension iatrogène.
En annexe IV, vous trouverez le questionnaire QVM : à chacune des questions, il existe 5
modalités de réponse. Le score final permet de déterminer un index global de qualité de vie
allant de 0 (qualité de vie la plus détériorée par la maladie migraineuse) à 100 (meilleure qualité
de vie avec la maladie). On peut également calculer un sous score se rapportant à chaque
17
dimension abordée par le questionnaire : un index fonctionnel, un index psychologique, un
index social et un index iatrogène (13).
L’expertise de l’état émotionnel du patient migraineux est donc essentielle. Il existe deux
types d’instruments permettant une évaluation (11) :
- Le MNI : outils de diagnostic structuré pour les troubles compatibles avec les critères
de DSM IV. Il se divise en plusieurs modules pour repérer les troubles suivants : épisode
dépressif majeur, risque suicidaire, épisode hypomaniaque, trouble panique, phobie
sociale, trouble obsessionnel compulsif, dépendance à une substance (14) …
18
Tableau 2 : HAD: Hospital Anxiety and Depression scale (11)
L’international Association for the Study of Pain définit la douleur comme une expérience
sensorielle et émotionnelle désagréable (15). La douleur est une sensation que tout être humain
ressent au moins une fois dans sa vie, plus ou moins précocement. « Plus l’enfant est jeune,
plus les causes et les conséquences lui échappent » et « les mécanismes de la douleur sont
immatures » (14). Chez l’enfant, la douleur est toujours associée à la peur (15). La présence des
parents est un facteur réconfortant et procure un sentiment de sécurité essentielle à la prise en
charge de l’enfant.
La première étape dans la prise en charge de la douleur est d’évaluer si la douleur est vive,
immédiate et brève (douleur aigüe) ou une douleur chronique, qui dure depuis plus de trois
mois. La migraine appartient aux douleurs chroniques.
19
Il existe quatre origines de la douleur (16) :
- Nociceptive : c’est un signal d’alarme en réponse à une agression contre l’organisme
(effraction de la peau, brûlure, traumatisme, ...).
- Neuropathique par lésion neurologique (centrale ou périphérique) touchant le système
de perception.
- Idiopathique : aucune cause n’est objectivée (les examens sont normaux) mais la
douleur est ressentie.
- Psychogène : douleur d’origine psychologique (deuil, dépression, traumatisme) qui
retentit sur le corps. On parle de douleur psychosomatique.
20
Auto/
Score / Seuil de
Échelle Hétéro- Utilisation Intérêt Représentation
traitement
évaluation
A gauche : « le
visage n’a pas du
Score de 0 à 10
Échelle de tout mal ». Plus
(0,2,4,6,8,10)
visage FPS-R Auto- on se déplace vers
A partir de 4 ans
(Face Pain évaluation la droite, plus le
Seuil de « Montre-moi le visage qui montre combien tu as
Scale Revised) visage montre
traitement : 4 mal en ce moment »
quelqu’un qui a
mal
Score de
traitement : de 0 à
Échelle 10 (décimales
En bas : « tu n’as
visuelle possibles)
Auto- pas mal du tout »
analogique – A partir de 6 ans
évaluation En haut : « tu as
EVA Seuil de
très, très mal »
pédiatrique traitement : à
partir de 3
21
Auto/
Score / Seuil de
Échelles Hétéro- Utilisation Intérêt Représentation
traitement
évaluation
Score de : 0 à 10
0 : « tu n’as pas
Échelle Auto- mal »
A partir de 8 ans Seuil de
numérique évaluation 10 : « tu as très,
traitement : à
très mal »
partir de 3
Évaluation en
deux temps : au
repos et à la
Score de : 0 à 15
Échelle mobilisation
d’évaluation Hétéro- De la naissance
Seuil de Échelle disponible en annexe V
de la douleur évaluation à 7 ans Administration
traitement : à
EVENDOL d’antalgique
partir de 4
inscrit sur
l’échelle
22
Partie 2 :
Physiopathologie clinique et génétique de la
migraine
23
Partie 2 : Physiopathologie clinique et génétique de la
migraine
Le terrain migraineux caractérisé par une hypersensibilité vasomotrice, tend à supposer que
cette susceptibilité anormale est génétiquement déterminée et que la fréquence de ces crises
serait influencée par ce degré de génétique, ainsi que par les facteurs environnants déclenchants
(17). De plus, on sait désormais qu’il existe plusieurs douzaines de gènes de susceptibilité à la
migraine (17). La migraine hémiplégique familiale MHF est l’exemple le plus concret de ce
terrain génétique dont 3 gènes de susceptibilité sont sur les chromosomes 1, 2, 19 (18). Dans
cette affection, l’hérédité est monogénique, c’est-à-dire qu’elle dépend d’un seul gène et sa
transmission se fait de manière autosomique dominante. Dans une famille atteinte, toutes les
personnes malades ont la même mutation du même gène. Un porteur a une chance sur deux de
transmettre à la descendance. Dans cette forme, la crise de migraine est caractérisée par une
aura entrainant un déficit moteur associé à d’autres signes (troubles visuels, sensitifs ou du
langage). Dans certains cas, des phénomènes de « pénétrance incomplète » font que la mutation
ne donne pas obligatoirement de crise chez les porteurs (18).
Il existe 4 gènes connus à l’heure actuelle : ils codent pour un canal calcique (CACNA1A),
sodique (ATP1A2, SCN1A) ou pour une protéine, la proline rich transmembrane 2 (PRRT2).
Les quatre mutations identifiées de gènes de la MHF, CACNA1A, ATP1A2, SCN1A et PRRT2
causent respectivement la MHF1, MHF2, MHF3 et MHF4.
- La MHF1 entraine une mutation des canaux qui contrôlent la libération de
neurotransmetteurs, comme le glutamate, et l’excitabilité neuronale (9). Sa mutation
génère une moins bonne implication de la neurotransmission inhibitrice, par libération
de GABA (9). On dénombre une trentaine de mutations de ce gène impliquant des
formes de migraine hémiplégique familiale ou sporadique (9).
- La MHF2 est une mutation de la sous unité alpha de la pompe Na+/K+ transmembranaire
dépendante de l’ATP, qui joue un rôle dans le maintien du gradient sodique, nécessaire
à la recapture d’acides aminés (9). Plus de 60 mutations sont identifiées dans des formes
MHF ou MHS (9).
24
- La MHF3 code la mutation d’un canal neuronal voltage-dépendant qui intervient dans
la genèse et la propagation des potentiels d’actions des neurones corticaux (9). Cinq
mutations de MHF3 sont déjà identifiées dont une connue dans l’épilepsie (9).
- La MHF4 est le dernier gène identifié de la MHF. La mutation de la protéine PRRT2
entrainerait une dysfonction avec une autre protéine avec laquelle elle interagit. Cette
autre protéine SNAP25, assure la libération des neurotransmetteurs (9).
Les mutations des quatre gènes de MFH entraineraient donc une dysfonction d’une protéine
intervenant dans la régulation synaptique avec hyperexcitabilité neuronale (9). On semble donc
s’accorder sur la composante héréditaire de la migraine. Les formes les plus fréquentes de
migraine sont polygéniques, c’est-à-dire qu’il existe une combinaison de mutations dans
plusieurs gènes de susceptibilité qui va définir un phénotype migraineux pour un individu
donné (9).
¨ Théorie vasculaire :
A partir de 1953, les travaux de Wolf ont prôné une dysrégulation vasculaire et ont conduit à
fonder cette théorie vasculaire (18, 20). Un stimuli extérieur serait responsable d’une
vasodilatation douloureuse au niveau des artères extra-cérébrales. Leur distension serait à
l’origine du phénomène douloureux (21). La vasoconstriction des vaisseaux intracrâniens
provoquerait un débit plus faible et une hypoxie cérébrale à l’origine des signes neurologiques
observés pendant l’aura. L’aura résulterait donc d’une ischémie cérébrale transitoire induite par
une vasoconstriction locale et par la suite, la céphalée d’une vasodilatation par effet rebond au
niveau des vaisseaux extra et intra crâniens (22).
25
¨ Théorie neurogène :
De plus, l’hypothèse d’une dépression corticale envahissante (DCE) est expliquée par Olesen
en 1991. L’hypoperfusion présente pendant l’aura migraineuse ne serait qu’un témoin du
désordre neuronal et les modifications du débit sanguin cérébral (DSC) ne seraient qu’une
conséquence de ce phénomène neuronal (dépolarisation transitoire) (18). L’hypoperfusion
apparaît avant que les symptômes d’aura ne débutent et se poursuit après la fin de celle-ci. La
phase de céphalée se traduit par une augmentation du DSC, comme le montre la figure 2, qui
se poursuit par la suite longtemps après que la céphalée soit terminée. Les phénomènes
cliniques de la migraine avec aura et les modifications du DSC seraient donc indépendants (18).
26
Figure 2 : Représentation du DSC au cours d'une crise MA (18)
27
Figure 3 : Représentation de la DCE (23)
Dans la majorité des études, une différence fondamentale est suggérée pour le mécanisme des
deux types de migraines : migraines avec aura ou sans aura. Il n’a pas été observé
d’hypoperfusion focale précédant l’hyperperfusion, chez les sujets sans aura migraineuse (18).
De plus, l’hyperperfusion serait le plus souvent bilatérale même lorsque que la céphalée est
unilatérale (18).
¨ Théorie neurovasculaire
Certaines zones d’ombre subsistent dans la théorie neurogène et c’est pourquoi plusieurs
arguments existent en faveur d’un mécanisme d’« hypoperfusion envahissant de l’aura
migraineuse » ou phénomène neurovasculaire mixte (18). Les anomalies neuronales qui se
produisent sont fondamentales et conduisent à des modifications d’ordre vasculaire et vont
moduler les voies nociceptives (24).
28
intracrâniennes comme les méninges ou les vaisseaux cérébraux. Une activation antidromique
du système STV entraine une libération des neurotransmetteurs algogènes, à l’origine du
phénomène d’inflammation (vasodilatation) (9). L’activation du STV serait soit d’origine «
périphérique » du fait du passage d’une DCE sur le cortex (migraine avec aura), soit d’origine
« centrale » par démodulation des systèmes de contrôle de la douleur dans le tronc cérébral
(migraine sans aura) (25).
29
2.1.4 Aspect Biochimique
La DCE ainsi que des modifications biochimiques stimulent les terminaisons trigémino-
vasculaires qui vont activer le STV. Les neurones du ganglion de Gasser (ou ganglion
trigéminal innervant le nerf trijumeau) contiennent de la substance P (SP) et du CGRP (Peptide
relié au gène de la Calcitonine) selon Uddman et al (28). Ce mécanisme induit une inflammation
neurogène aseptique (sans agent infectieux) de la dure mère avec la libération de divers
neuropeptides dont le CGRP, la substance P et du monoxyde d’azote (NO). Ces substances
entrainent une vasodilatation et une activation des mastocytes avec libération d’histamine. De
plus, une étude (29) associe également l’augmentation d’un médiateur dans le sang, le PACAP,
avec la stimulation du nerf trijumeau. Ce neuropeptide semble être concerné par l’extravasation
plasmatique à l’origine de l’inflammation neurogène. L’origine de cette excitation primaire des
terminaisons trigéminales semble encore inconnue mais elle doit être mise en relation avec les
facteurs déclenchants et pourrait mettre en jeu l’innervation sérotoninergique.
De nombreuses études ont été consacrées au suivi de la sérotonine (5-HT) pendant et en dehors
des crises migraineuses. Peu de données sont cohérentes et suivant la nature du récepteur
concerné (18), la sérotonine peut s’opposer à la crise ou bien contribuer à son déclenchement.
Cependant, certaines études ont montré que les récepteurs 5-HT2b et 5-HT2c sont exprimés
dans les cellules endothéliales des vaisseaux des méninges ; leur stimulation conduirait à une
libération de NO entrainant une vasodilatation.
Une autre monoamine, la dopamine, est libérée pendant l’épisode migraineux. Des études (18)
mettent en avant une similitude entre les symptômes prodromiques (nausées, vomissements,
fatigue) chez le sujet migraineux et les symptômes dus à une activation des récepteurs
dopaminergiques par un agoniste dopaminergique, par exemple. L’utilisation d’un antagoniste
dopaminergique (métoclopramide, métopimazine, dompéridone) dans la médication
antimigraineuse est désormais connue pour soulager les nausées dès l’apparition des premiers
prodromes et aurait un effet sur la réduction de la céphalée, sans en connaître le réel mécanisme
d’action.
30
2.2 Facteurs déclenchants
De nombreux facteurs ont été identifiés par les migraineux comme favorisant une crise. Ils sont
propres à chaque individu. On peut cependant les regrouper en plusieurs catégories :
- Facteurs environnementaux : chaleur, lumière, reflets, haute altitude, changements
climatiques.
- Facteurs sensoriels : lumière vive, bruit intense, odeur forte.
- Facteurs psychologiques : contrariété, anxiété, stress, excitation, émotions diverses,
tristesse.
- Modification du rythme de vie : manque de sommeil, excès de sommeil (relâchement
du week end), vacances, surmenage au travail, reprise du travail.
- Régime alimentaire : aliments riches en tyramine comme le chocolat, le fromage,
certains fruits secs ; aliments gras, l’alcool, le café.
o NB : les aliments son exceptionnellement des éléments déclencheurs, surtout
chez les enfants.
- Facteurs hormonaux : puberté, grossesse, menstruations, prise d’hormones (pilule).
- Autres : sport intense, choc, traumatisme.
Plusieurs études ont été menées pour mettre en avant les facteurs principaux favorisant les crises
de migraines. Le tableau résumant les facteurs et leur incidence dans la population migraineuse
est disponible annexe VI. Il en ressort que dans presque 70% des cas, le stress est un facteur
déclenchant la migraine.
31
2.3 Déroulement de la crise
La première phase prémonitoire peut débuter jusqu’à 12 heures avant le syndrome migraineux.
Elle se manifeste par une irritabilité, une fatigue extrême associée à des bâillements et une
pâleur, des nausées ou vomissements, des raideurs à la nuque, une vision floue, une sensibilité
à la lumière et/ ou au bruit et des difficultés de concentration. Le tableau 4 résume les différents
symptômes présents chez l’enfant et l’adolescent pouvant apparaitre pendant la phase de pré-
céphalée.
32
Symptômes courants Symptômes moins courants
Fatigue, Bâillements (30) Désir de nourriture
Changement de l’expression faciale Piloérection
(pâleur) : Très fréquent chez l’enfant Confusion
Changement d’humeur : irritabilité (30) …
Raideur de la nuque, musculaire (30)
Photophobie (31)
Phonophobie (31)
Nausées, vomissements
Difficultés à se concentrer
Puis, c’est la phase d’aura. Il existe une certaine sensibilité aux stimulis sensoriels, qui va
entrainer une modification des fonctions corticales et du flux sanguin (vasoconstriction). Cette
vasoconstriction dure généralement moins d’une heure avec un déficit neurologique focal
associé. Les signes neurologiques seront visibles avec des atteintes :
- Visuelles : scotome scintillant, phosphène, zone floue, tâche colorée ;
- Sensitives : paresthésie sur les mains, les pieds ;
- Moteurs : engourdissement, diminution de la force musculaire, aphasie ;
- Auditifs : sifflement, bourdonnement.
Cette phase est plus ou moins présente selon les patients ; certains ne feront jamais de phase
d’aura de leur vie. Suite à cette stimulation du tronc cérébral, de l’hypothalamus et du cortex,
l’organisme réagit en produisant des médiateurs algogènes. Les terminaisons nerveuses du nerf
libèrent des neuropeptides vaso-actifs et pro-inflammatoires dans la paroi des vaisseaux
méningés. Cette libération entraine une vasodilatation douloureuse.
La dernière phase est le phase postdrome. C’est une phase qui se caractérise par les symptômes
suivants : fatigue générale et visuelle, humeur exaltée ou dépressive, symptômes gastro-
33
intestinaux, difficulté et fatigue cognitive. Elle est similaire à la phase prémonitoire et elle reste
généralement tout le long de la migraine mais est masquée par la douleur crânienne. Elle peut
persister jusqu’à 48 heures après la céphalée.
Des études se basant sur des données bibliographiques issues de MEDLINE entre 1966 et
janvier 2004, d’EMBASE de 1994 à mai 2003, du Headache Quaterly entre 1990 et 2003 et
d’essais contrôlés issu du registre du Cochrane (32) comparent de manière randomisée
l’efficacité des ISRS (Inhibiteurs Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine) ou de tout type
d’intervention de contrôle (placebo, autre classe d’antidépresseurs) dans la prévention des
migraines ou céphalées de tension. 13 études utilisant 5 ISRS différents ont permis d’inclure
636 participants, âgés de plus de 18 ans, atteints de migraines ou de céphalées de tension (CT)
sur 2 mois. Les données extraites comprennent la fréquence, l’indice, l’intensité et la durée des
maux de tête ainsi que les détails concernant l’utilisation de médicaments symptomatiques ou
analgésiques (doses, fréquence) ; le retentissement sur la vie quotidienne (arrêt de travail,
changement d’humeur, qualité de vie, effets indésirables). De cette étude découlent les résultats
suivant pour les migraines : les « ISRS ne diminuent pas significativement les scores d’indice
de céphalée chez les patients atteints de migraine par rapport au placebo ». La piste de prise en
charge des migraines chez les patients de plus de 18 ans par des inhibiteurs de la sérotonine ne
semble pas être une bonne voie. En 2015, cette étude a été réactualisée et a eu pour but d’évaluer
la prise en charge de la migraine seule par les ISRS et les Inhibiteurs Sélectifs de la Recapture
la Sérotonine et la Noradrénaline (IRSNA) (33). Selon le même schéma décrit précédemment,
des méthodes de recherche et des critères d’inclusion sont définis et permettent aux auteurs de
conclure que l’utilisation de ces deux classes pharmacologiques de médicaments ne permettent
pas d’avoir une action significative dans la prise en charge de la migraine de manière
prophylactique.
34
Le CGRP (peptide relié au gène de la calcitonine) est impliqué dans le mécanisme de dilatation
et de transmission de la douleur. En inhibant donc ce CGRP, le patient serait soulagé. Les
récepteurs du CGRP se situent au niveau du ganglion trigéminal et le taux de CGRP dans le
sang augmente pendant la crise migraineuse. Ainsi, le but serait de développer des antagonistes
du CGRP, venant se fixer à la place du CGRP sur le récepteur correspondant et empêchant la
cascade de réactions biochimiques à l’origine de la crise migraineuse. Cette piste a été exploitée
et plusieurs molécules ont déjà vu le jour en Europe (34). L’érénumab AIVOMIG a obtenu une
AMM dans la prophylaxie de la migraine chez l’adulte ayant au moins des migraines 4 jours
par mois. Cet anticorps monoclonal humain est issu de la technologie de l’ADN recombinant
et est dirigé contre le récepteur du CRGP (35). Il s’administre par voie sous cutanée, toutes les
4 semaines, à la dose de 70 mg d’érénumab voir de 140 mg dans certains cas (36). L’HAS
reconnait un intérêt clinique modéré uniquement chez l’adulte souffrant de migraine sévère
avec au moins 8 jours de migraine par mois et en échec à au moins deux traitements
prophylactiques et sans atteinte cardiovasculaire (36). À ce jour, cette molécule n’est toujours
pas commercialisée en France.
D’autres pistes de recherche se font sur des molécules anti-CGRP à prendre par voie orale : le
rimegepant et l’ubrogepant. Pour l’instant, ces études sont encore aux phases 2 et 3 des essais
cliniques pour le rimegepant (37) et après des résultats concluants pour l’ubrogepant (38),
d’autres études sont nécessaires pour garantir la sécurité et l’efficacité d’action de cette
molécule dans le traitement de la migraine. Les études ont été réalisées exclusivement sur des
adultes de plus de 18 ans.
35
Partie 3 :
Classification des céphalées
36
Partie 3 : Classification des céphalées
Les signes cliniques de la migraine chez l’enfant ou l’adolescent sont assez similaires à ceux
de l’adulte. Nous différencierons les critères qui varient dans la crise migraineuse chez l’enfant
de chez l’adulte. Nous allons évoquer les différents types de céphalées qu’il existe puis énoncer
la classification des migraines et enfin, nous aborderons les céphalées primaires à reconnaître
des migraines.
L’international Headache Society (IHS) a classé les différents types de céphalées dans la
Classification Internationale des Céphalées (à ce jour la 3ème édition, ICHD-3, est en vigueur).
Il existe quatre types de céphalées dites primaires (sans causes identifiées) ; à différencier des
céphalées secondaires dont le traitement curatif repose sur le traitement étiologique. D’après la
figure 6, la migraine est la première cause de céphalée primaire rencontrée.
Céphalées primaires :
- Migraines
- Céphalées de tension
- Algies vasculaires de la face
- Autres céphalées bénignes idiopathiques (céphalées de toux, d’effort)
Céphalées secondaires :
- Traumatisme crânien
- Affections vasculaires cérébrales type AVC, hémorragie, malformation
- Tumeur, Hypotension du liquide cérébro-spinale
- Infection virale (méningite)
- Trouble de l’homéostasie (hypoxie, hypercapnie, dialyse, jeûne, hypertension)
- Anomalie des structures faciales ou crâniennes
- Troubles psychiatriques
- Origine médicamenteuse
37
3.2 Classification des migraines
Les différents types de migraine sont également définis par l’IHS et décrit par la figure 7 :
La migraine est une céphalée primaire, pouvant se révéler sévère et évoluant par crises
paroxystiques. L’IHS définit les critères de diagnostic de la MSA en soulignant deux critères
variant chez l’adulte et l’enfant. En effet, chez l’enfant, la durée de la crise est moins longue
(2 à 72 heures chez l’enfant et l’adolescent de moins de 18 ans) ; comparée à chez l’adulte où
elle dure au moins 4 heures (3). De plus, la céphalée de l’enfant est plus souvent frontale et/ou
bilatérale contrairement à l’adulte où elle est unilatérale. L’unilatéralité de la crise apparaît
souvent à la fin de la vie d’adolescent ou au début de la vie adulte (3). Certains critères restent
38
communs à l’ensemble des patients et sont présentés dans la figure 8, actualisés par l’ICHD-3
en 2013 (3).
Les signes adjuvants à la céphalée, comme les signes digestifs (nausées, vomissements), une
pâleur extrême avec des cernes associés, des douleurs abdominales, peuvent aider dans le
diagnostic de la migraine et se déroulent avant, pendant et souvent après la crise chez l’enfant.
Chez les adolescents, la pâleur et les douleurs abdominales sont moins marquées.
39
3.2.2 Migraine avec aura
Si les 3 critères A, B et C sont présents, il s’agit d’une migraine avec aura dit typique ; dans le
cas contraire, c’est une MA atypique. La crise accompagnée d’une aura est définie comme un
trouble neurologique focal réversible (39) et elle représente 10 à 20 % des crises d’aura chez
l’adulte (39). La littérature dénombre 30 à 50% d’enfants migraineux présentant une aura (9).
La fréquence des auras apparaît plus importante chez les enfants que chez les adultes (40). En
pratique, l’aura surviendrait davantage en même temps que la crise de céphalée chez l’enfant
(39). Il existe 4 types d’aura :
- Troubles visuels : scotomes scintillants, phosphène, vision floue. Ce sont les troubles
les plus fréquents de la migraine avec aura.
- Troubles sensitifs : fourmillements type paresthésie dans les membres, les mains, les
pieds et parfois même le visage. En pratique, les fourmillements peuvent même être
bilatéraux (9).
- Troubles auditifs : bourdonnements, sifflements, et parfois, même des hallucinations
auditives.
- Troubles moteurs : engourdissement, diminution de la force musculaire. Ces troubles
moteurs caractérisent la forme hémiplégique.
40
3.2.3 Migraine chronique
La migraine chronique se définit selon l’ICHD, comme le montre la figure 10 par une céphalée
survenant au moins 15 jours par mois depuis plus de 3 mois, ayant les caractéristiques d’une
céphalée migraineuse au moins 8 jours par mois.
A- Céphalée migraineuse ou tensive au moins 15 jours par mois, plus de 3 mois, et répondant
aux critères B et C.
B- Survenant chez un patient ayant au moins eu 5 crises répondant aux critères B-D de la migraine
sans aura et/ou aux critères B et C de la migraine avec aura.
C- Au moins 8 jours/ mois depuis plus de 3 mois, la céphalée répond à l’un des éléments
suivants :
- Critères C et D de la migraine sans aura ;
- Critères B et C de la migraine avec aura.
D- N’est pas expliquée par un autre diagnostic de l’ICHD-3.
41
A- Au moins 2 crises répondant aux critères B-D.
B- Aura comprenant des symptômes visuels, sensoriels et/ou des troubles du langage
totalement réversibles, sans symptôme moteur ou rétinien.
C- Au moins deux symptômes du tronc cérébral :
- Dysarthrie,
- Vertige,
- Bourdonnement d’oreille,
- Hypoacousie,
- Diplopie,
- Ataxie,
- Baisse du niveau de conscience.
D- Au moins deux des caractères suivants :
- Au moins 1 symptôme de l’aura se développe progressivement en plus de 5 minutes
et/ou d’autres symptômes se succèdent ;
- Chaque symptôme dure entre 5 et 60 minutes ;
- Au moins 1 symptôme est unilatéral ;
- La céphalée survient pendant l’aura ou suit l’aura dans les 60 minutes.
E- Pas de meilleure explication par un autre diagnostic ICHD ; un accident ischémique
transitoire a été exclu.
Figure 11 : Définition de la migraine avec aura du tronc cérébral selon l’ICHD-3 (3)
La migraine hémiplégique se définit comme une migraine avec aura motrice. Les crises
typiques associent toujours un déficit moteur à au moins un autre trouble (sensitif, visuel ou du
langage). Des symptômes des migraines avec aura du tronc peuvent être associés comme des
vertiges, des acouphènes. Dans les cas les plus graves une hémiplégie prolongée, une confusion
ou un coma peuvent être présents. Les antécédents familiaux (chez un parent de premier ou
deuxième degré) de migraine hémiplégique permettent de définir une migraine hémiplégique
familiale (MHF) ; le diagnostic de migraine hémiplégique sporadique (MHS) est donné quand
aucun parent proche n’est atteint. La figure 12 permet de reprendre l’ensemble des critères de
la migraine hémiplégique familiale.
42
A- Au moins 2 crises répondant aux critères B-D.
B- Aura comportant un déficit moteur entièrement réversible et au moins l’un des signes
suivants :
- Signes visuels entièrement réversibles incluant des éléments positifs (phosphènes,
taches ou lignes lumineuses) et/ ou négatifs (perte de vision) ;
- Symptômes sensitifs entièrement réversibles subjectifs (fourmillements) et/ ou
objectifs (hypoesthésie) ;
- Troubles du langage de type dysphasique entièrement réversibles.
C- Au moins deux des caractéristiques suivantes :
- L’un des symptômes de l’aura s’installe progressivement en 5 minutes ou plus et/ou les
différents symptômes de l’aura s’installent successivement en au moins 5 minutes ;
- Chaque symptôme de l’aura dure au moins 5 minutes et moins de 24 heures ;
- Céphalées satisfaisant les critères B-D de la migraine sans aura, commençant pendant
l’aura ou dans les 60 minutes suivant la fin de l’aura.
D- Au moins un apparenté au premier ou au second degré a eu des crises satisfaisant les critères
A-E.
E- Au moins l’un des critères suivants :
- L’histoire, l’examen physique et neurologique ne suggèrent pas de trouble organique.
- L’histoire, l’examen physique et neurologique suggèrent un trouble organique mais
celui-ci est écarté par la neuroimagerie ou toute autre investigation.
- Un trouble organique existe mais les crises migraineuses ne sont pas apparues pour la
première fois en liaison temporelle avec celui-ci.
NB : Les critères de la MHS sont identiques sauf qu’il n’est pas retrouvé de parent de premier
ou second degré (critère D).
43
3.2.6 Équivalents migraineux
Certains syndromes sont définis par l’IHS comme des équivalents migraineux chez l’enfant
principalement. Pour tous ces syndromes, aucun désordre neurologique n’est attribué mais on
définit précisément les signes ou symptômes à distinguer pour les différencier de la migraine
céphalique.
Le VPPB est un trouble de l’équilibre se caractérisant par une illusion de mouvement rotatoire
assez brève déclenchée par un changement de position de tête ; et pouvant entrainer une
sensation de nausées ou des vomissements. D’un point de vue neurologique (EEG normal) il
n’y a pas de cause apparente. L’IHS le caractérise par les signes suivants (figure 13) :
44
¨ Migraine abdominale
Les migraines abdominales, de par leur allure clinique, sont très similaires aux migraines
céphaliques. Elles se caractérisent selon l’IHS et sont décrits par la figure 14 :
45
¨ Torticolis paroxystique bénin
Le syndrome de torticolis paroxystique est bénin et se manifeste chez les nourrissons ou les
jeunes enfants dans les premières années de vie. Selon l’IHS, il peut se définir comme (figure
16) :
Parmi les autres céphalées primaires, la céphalée de tension est le mal de tête le plus répandu
chez l’adulte. Il est moins fréquent chez l’enfant et l’adolescent. Son mécanisme
physiopathologique est encore inconnu (41). Il existerait un continuum entre la migraine et la
CT (42). En effet, certains facteurs déclenchants (stress, trajet en voiture, bruit) à une petite
intensité et pendant une petite durée, disparaîtraient d’eux même lorsque les stimuli s’arrêtent.
A contrario, ces facteurs prolongés et plus intenses, provoqueraient des crises de migraines.
¨ CCQ :
En France, 3% de la population âgée de plus de 15 ans sont touchés par ce phénomène de CCQ
(43). Ce terme peu précis, englobe plusieurs entités différentes. La CCQ est le plus souvent une
céphalée primaire (migraine chronique, CT chronique) mais peut se révéler secondaire, c’est-
à-dire révélant une seconde pathologie comme pour la CCQ avec abus médicamenteux (43).
47
La CQQ est par définition une céphalée survenant au moins 15 jours par mois depuis au
moins 3 mois (43).
¨ L’abus médicamenteux :
L’automédication mal contrôlée entraine une augmentation progressive des doses d’antalgiques
pour soulager une douleur de plus en plus présente ; la céphalée chronique est associée à un
abus médicamenteux. On parle de « céphalée avec abus médicamenteux » tant que l’arrêt de
l’abus n’a pas pu être fait (9). Chez les enfants, les abus sont plus rares de par le contrôle
parental de la prise de médicaments ; chez les adolescents par contre, ils peuvent apparaître et
être dus à une origine psychologique plus profonde (dépression, mal être,) ou familiale
(relations compliquées, antécédents de prises médicamenteuses chez les parents).
D’autres céphalées primaires existent mais elles sont extrêmement rares chez l’enfant ou
l’adolescent (3).
- La céphalée à l’effort ;
- La céphalée à la toux ;
- La céphalée hypnique : elle survient pendant le sommeil et réveille le patient (9) ;
48
- La céphalée en coup de tonnerre : elle survient brutalement, atteint son intensité
maximale en une minute et peut durer de 1 heure à 10 jours (9) ;
- La céphalée provoquée par l’activité sexuelle : elle peut s’observer chez l’adolescent
(9) ;
- La céphalée en coup de poignard : elle dure quelques secondes et peut se répéter sur
plusieurs jours. La douleur est localisée dans la portion V1 du nerf du trijumeau (9) ;
- L’hemicrania continua : elle se caractérise par une localisation strictement unilatérale,
une durée quotidienne ou continue, sans rémission sur plus de 3 mois et par la présence
d’au moins un signe dysautonomique (larmoiement, rhinorrhée) du même côté de la
douleur. Elle est souvent soulagée par l’indométacine (9).
- La « nouvelle céphalée quotidienne persistante » : date mémorable depuis laquelle les
maux de tête n’ont pas cessé (9).
49
Partie 4 :
Prise en charge de la migraine chez les
enfants et adolescents
50
Partie 4 : Prise en charge de la migraine chez les
enfants et adolescents
4.1 Diagnostic
Le diagnostic de la migraine est d’autant plus compliqué qu’il a lieu chez une catégorie de
population, enfants et adolescents, où il peut exister une difficulté de communication et de
compréhension, une non-connaissance des symptômes prémonitoires (hors aura), se situant
avant la crise et des difficultés de prise d’historique. L’écoute du patient ou des parents
décrivant la crise ainsi qu’un examen complet sont donc nécessaires. Il existe des études de
neuroimagerie chez l’adulte qui mettent en scène la crise de migraine dans ces premiers instants
en utilisant la tomographie à émission de positrons (TEP) ; ce n’est pas le cas chez l’enfant et
l’adolescent de par ces difficultés évoquées précédemment. De manière systématique, chez les
enfants de moins de 6 ans, une imagerie cérébrale peut être prescrite (IRM ou scanner) pour
écarter toute suspicion de tumeur cérébrale mais aucun autre examen (scanner, EEG, radio)
n’est indiqué en première intention.
Une étude sur les symptômes prémonitoires de la crise migraineuse (30) permet d’identifier
les différentes catégories de symptômes et permettront d’orienter les questions du professionnel
de santé :
- Sensibilités sensorielles : photophobie, phonophobie, osmophobie.
- Modifications cognitives : bâillement, fatigue, mauvaise humeur, irritabilité,
exaltation.
- Altérations homéostatiques : soif, faim, modification des habitudes intestinales.
- Autres : gêne à la tête ou au niveau des yeux, raideur au cou.
51
Quelles questions à poser ? Il faut différencier la migraine de la céphalée de tension, pour
éviter tout faux diagnostic entrainant une mauvaise prise en charge thérapeutique. Une série de
questions décrivant les généralités de la crise, ainsi que ces caractéristiques sont à poser. À
l’issue de ces réponses, on orientera ou non vers le diagnostic de la migraine. La figure 18
présente un questionnaire qui permettrait de poser ce diagnostic.
Questions générales :
- L’enfant ou l’adolescent doit-il interrompre son activité (de jeux, de travail) pour
s’allonger ?
- Quelle est la durée des crises migraineuses ?
- Quelle est la fréquence des maux de tête ? Quelle est la fréquence des céphalées de
tension ? On distinguera les « petits » maux de tête des « gros ».
Caractéristiques de la migraine :
- Le mal de tête est-il unilatéral ? (Faire montrer la zone par le patient) ou bilatéral, frontal ?
- Le mal de tête est-il pulsatile ?
- Le mal de tête est-il aggravé par l’activité sportive ?
- Le mal de tête est-il aggravé par la lumière ? le bruit ?
- Des nausées ou vomissements sont-ils présents avant, pendant ou après la crise ?
- Un mal de ventre associé ?
- Des vertiges et/ ou une pâleur associée ?
- L’enfant recherche-t-il le sommeil ?
- Le sommeil permet-il une amélioration de la crise ?
- L’enfant se plaint-il de voir « une tâche brillante » ou de voir flou avant la crise
migraineuse ?
L’association Sparadrap et le Centre de l’enfant et l’adolescent ont édité une bande dessinée,
ludique nommée « J’ai trop mal à la tête » qui explique sous la forme d’illustrations simples ce
qu’est la migraine : ses symptômes et facteurs déclenchants, comment la traiter et comment la
différencier des céphalées de tension (8).
52
4.1.2 Diagnostics différentiels et antécédents familiaux
Il peut être utile de questionner les parents sur un historique de migraine remontant à l’enfance
ou à l’adolescence. La cause génétique de la migraine est à prendre en compte dans le
diagnostic. En effet, beaucoup d’adultes ont pu présenter des migraines pendant leur enfance,
pour la plupart, mal ou non diagnostiquées et ne plus en souffrir lorsqu’ils sont arrivés à l’âge
adulte. De plus, « un tiers des migraineux adultes » (6) présentant des petits maux du quotidien
comme une « crise de foie ou de sinusite » accompagnée de céphalées, s’automédiquent avec
des analgésiques ou anti-inflammatoires sans se qualifier de migraineux, ni même consulter
pour cet effet.
Il convient d’admettre qu’il est compliqué de diagnostiquer une crise migraineuse chez l’enfant.
Il semble plus facile de comprendre l’adolescent qui arrivera à caractériser les signes
prémonitoires dont il souffre et à décrire les crises de migraine : leurs intensités, leurs
fréquences et leurs durées dans un agenda de la migraine. Cet agenda est une auto-observation
sur le mois : du nombre de jours de céphalées, de leur type (migraine ou céphalée de tension),
du ou des facteurs déclenchants et du traitement ainsi que de la dose prise pour enrayer la
céphalée (6). Il doit être rempli au fur et à mesure des crises, et non de manière rétrospective
(6). On peut cependant s’interroger sur la nécessité de créer un « journal » adapté aux enfants,
avec des illustrations où les enfants pourraient répertorier leur crise avec les symptômes
53
associés ; aidés d’un adulte (exemple d’agenda pour enfant disponible en annexe VII). C’est
également essentiel pour le suivi avec le médecin généraliste ou le neurologue. En effet, la
tenue de cet agenda est importante autant sur le plan diagnostic que thérapeutique. Sur le plan
diagnostic, il permet de reconnaître une prise trop importante d’antimigraineux sur le mois et
de définir des céphalées avec abus médicamenteux. Sur le plan thérapeutique, l’agenda peut
expliquer la mise en place d’un traitement de fond, pour aider à la réduction du nombre de jours
de crise. Il convient d’adapter le carnet à un adolescent en âge de remplir un carnet plus
classique de suivi de la migraine (exemple d’un agenda édité par l’association Sparadrap (8)
disponible en annexe VIII).
Pour conclure, il faudra expliquer à l’enfant et sa famille l’état des connaissances sur la
migraine, son caractère bénin et l’ensemble des thérapeutiques à disposition pour soulager la
douleur. L’objectif est de diminuer de moitié l’intensité et la fréquence des crises afin d’éviter
tout retentissement social sur la vie de l’enfant ; le plus rapidement possible (en général
l’objectif est atteint en 6 mois). Nous allons maintenant voir les différents traitements que l’on
peut mettre en place chez l’enfant et l’adolescent.
54
Molécule (DCI/ Voie Posologie par prise/ Indication Effets indésirables Contre-indications
Princeps) Par jour
Ibuprofène Orale 10 mg/kg 1ère intention chez Digestifs (nausées, Enfants < 6 mois
NUROFEN® (solution 20 à 30 mg/kg/jour en l’enfant de plus de 6 gastralgies, Allergie aux AINS
buvable, 3 à 4 prises mois dyspepsie)
comprimés > Allergie, Vertiges et
6 ans) Céphalées (dose
dépendante)
Diclofénac Orale 1 mg/kg Enfants > 16 kg (44) Les mêmes que pour Enfants < 16 kg
VOLTARENE® 3 mg/kg/jour en 2 ou De plus de 6 ans (45) l’ibuprofène Allergies aux AINS
3 prises Hors AMM
Naproxène Orale 5 mg/kg Enfants > 25 kg ou de Les mêmes que pour Enfants > 25 kg ou de plus
APRANAX ® 10 mg/ kg/ jour plus de 6 ans (44), 8 l’ibuprofène de 6 ans
en 2 prises ans (46) Allergies aux AINS
Hors AMM
Acide Orale 10-15 mg/kg Association avec le Digestifs, réactions Allergie à l’aspirine
Acétylsalicy- 25-50 mg/kg/ jour en métoclopramide allergiques, syndrome
lique 3 ou 4 prises (nausées) de Reye
ASPEGIC®
55
Paracétamol Orale, 15 mg/kg Association avec le Hépatotoxicité Insuffisance hépatocellulaire
DOLIPRANE ® Rectale 60 mg/kg/ jour en 4 métoclopramide possible à dose Hypersensibilité à la
prises (nausées) suprathérapeutique molécule
Sumatriptan Orale 1 spray (10 à 20 mg) : Enfant de 30 kg ou > Syndrome des triptans Enfant < 12 ans pour la
IMIGRANE ® (Spray nasal) 10 mg chez enfants 12 ans (48) (tête vide, forme nasale
10 ou 20 mg chez Grade A fourmillement, Hypertension non contrôlée
Forme adolescents fatigue) ; céphalées ou de pathologie artérielle
intéressante Masser la narine après A utiliser une fois avec abus périphérique
chez les pulvérisation sans l’aura terminée médicamenteux (pas (vasoconstricteur), syndrome
patients renifler plus de 3 prises par de Reynaud
nauséeux 2 sprays/ jour semaine)
Tartrate Orale 0,5 mg Enfant > 10 ans (44), Troubles digestifs Enfants < 10 ans (44) ou
d’ergotamine 1 mg / jour en 2 prises > 12ans (47). Dépendance avec <12 (47)
Et caféine abus médicamenteux Affections artérielles
(GYNERGENE En dernière intention (si utilisation > 2 fois oblitérantes, syndrome de
CAFEINE ®) si échec des AINS ou / semaine ou au-delà Reynaud
triptans des doses maximales)
Ergostisme :
A utiliser une fois accidents ischémiques
l’aura terminée des extrémités
56
Remarques :
- Lorsque le traitement de la crise ne fonctionne pas à 3 reprises, on change par un autre
traitement de la crise (autre AINS en première intention) et une consultation spécialisée
est recommandée.
- Les triptans par voie orale, comme le zolmitriptan Zomig® ou rizatriptan Actavis®,
peuvent être utilisés dans la crise migraineuse selon certains auteurs, D. Annequin et B.
Tournaire (6)(9). Ils sont à prendre normalement chez l’adolescent > 17 ans ; et peu
d’études cliniques ont démontré leur efficacité chez les enfants entre 12 et 17 ans. Ce
n’est donc pas le traitement de première intention et on privilégiera le sumatriptan en
forme nasale avant.
L’ensemble des traitements évoqués représente l’arsenal thérapeutique pour traiter les crises
liées à la migraine. Les médicaments contenant des opiacés comme la codéine, le tramadol ou
les dérivés morphiniques sont à proscrire du traitement de la crise migraineuse. En effet, leur
inefficacité prouvée et leur risque potentiel d’abus médicamenteux en font un traitement
défavorable (6).
57
pharmacologique peut être envisagé (6, 49). En effet, en l’absence d’études de qualité et de
preuves scientifiquement établies, les traitements résumés dans le tableau 6 sont ceux donnés
chez l’adulte et adaptés à la posologie pédiatrique. On notera donc que ces traitements ne
disposent pas d’AMM pour le traitement de fond chez l’enfant ou l’adolescent.
On remarque que des effets indésirables liés à la prise de ces traitements de fond (prise de poids,
somnolence) peuvent être observés et peuvent être contraignants dans l’évolution de l’enfant
ou l’adolescent. Ainsi, dans le cadre d’un manque d’études pour évaluer l’efficacité des
traitements de fond pharmacologiques et l’extrapolation des données de l’adulte à l’enfant ou
adolescent, les traitements de fond non pharmacologiques sont à préconiser en première
intention.
58
4.3 Approches psychothérapeutiques
4.3.1 Hypnose
L’hypnose fait appel aux capacités de visualisation de l’enfant (9). L’enfance est une période
où l’imaginaire est grand et facilement mobilisable à l’aide de contes, de jeux (9). L’état
d’hypnose permet de connecter l’individu à ses ressources (9) : « c’est calmement que la bonne
parole est semée, dans un état hypnotique de coupure avec l’environnement et de création de
sensations différenciées de relâchement, de chaleur des mains, de fraîcheur de la tête,
d’évacuation des tensions. » (51). Une étude sur 30 personnes a été réalisée avec comme
objectif l’utilisation de l’hypnose dans la prévention de la migraine. La création de « soupapes »
permettrait d’oublier le mécanisme migraineux et de créer un lieu propre à chaque personne où
le bien-être physique et émotionnel serait ressenti par le migraineux. Ce sentiment serait
prolongé par l’autohypnose et aurait été démontré, car les deux tiers des sujets de cette étude
ont eu des résultats positifs sous hypnose (51). Ainsi, l’hypnose chez l’enfant et l’adolescent a
pour but de construire un lieu où le patient pourrait se réfugier en cas de crises de migraines
douloureuses.
4.3.2 Relaxation
La relaxation est un « relâchement et une détente physique et mentale » (52) qui conduit à un
bien être du corps et de l’esprit. Cette méthode permet d’apprendre à l’enfant ou l’adolescent à
prendre conscience de ses émotions, de ce qu’il ressent (52). En cas de stress, tous les muscles
augmentent leur tonus pour permettre au corps de réagir ; c’est le syndrome général
d’adaptation. Le système nerveux envoie trop d’adrénaline aux muscles, c’est pourquoi, les
patients anxieux doivent apprendre à relâcher leur tonus musculaire. L’apprentissage de la
relaxation permettra à l’enfant d’obtenir un « lâcher prise » qui servira de support à la thérapie
(9). Plusieurs méthodes de relaxation existent : la relaxation thérapeutique, la relaxation
progressive ou la relaxation par l’imagination mentale et la visualisation, qui est très proche de
l’hypnose (9).
59
4.4.3 Biofeedback
60
appris à évaluer et moduler son niveau d’anxiété pour faire face à différentes situations
stressantes, il pourra mieux vivre avec ses céphalées.
D’autres médecines peuvent être utilisées dans le traitement de crise ou de fond de la migraine.
Elles peuvent être données en association ou non avec les traitements pharmacologiques et les
méthodes psychocorporelles. Des exemples d’application de ces méthodes seront donnés dans
les cas cliniques.
- La phytothérapie, la médecine par les plantes, est une alternative naturelle aux
traitements médicamenteux. Bien qu’elles n’aient pas fait leur preuve en terme
d’efficacité clinique (18) ; les plantes sont intéressantes et peuvent permettre d’agir sur
les facteurs déclenchants (le stress par exemple). La phytothérapie est bien appréciée
par les patients au comptoir. Le rôle du pharmacien est important pour éviter tout
mésusage de ces plantes car pour rappel, un produit naturel n’est pas forcément
inoffensif. Chez l’enfant ou l’adolescent, le panel de plantes autorisé est limité.
- L’homéopathie peut être utilisé chez les enfants et les adolescents sans présenter
d’effets indésirables ; en association avec d’autres méthodes alternatives. Cette méthode
61
peut permettre de diminuer la prise de médicaments et d’écarter tout abus
médicamenteux. Aujourd’hui encore, il n’existe pas de preuve clinique pour prouver
l’efficacité de cette médecine dans le traitement de la migraine. Mais comme pour la
phytothérapie, l’utilisation de cette méthode peut être intéressante pour agir sur un
facteur comme le stress.
- La gemmothérapie, c’est la thérapie naturelle qui se sert des propriétés des tissus
embryonnaires des végétaux, en croissance : bourgeons, jeunes pousses, radicelles. Le
macérât-mère obtenu s’administre par voie sublinguale et la posologie chez l’enfant est
d’une goutte par année d’âge (débuter par 1 goutte). Il n’y a pas de toxicité clinique à
ce jour.
- L’oligothérapie, c’est la science qui utilise les oligo-éléments comme le cuivre, l’or,
l’argent pour s’attaquer aux causes de nos dysfonctionnements. Le principe de
l’oligothérapie est le suivant : « ce n’est pas le microbe qui engendre la maladie mais le
terrain de chaque personne (57) » ; ainsi, pour soigner un mal de tête, on va
supplémenter en oligo-éléments pour renforcer le terrain affaibli engendrant la
migraine. Aucune étude ne met en lumière la place de l’oligothérapie dans le traitement
de la migraine bien que le cobalt soit largement demandé à l’officine (18). Le cobalt
entre dans la composition de la vitamine B12 et il est normalement apporté par
l’alimentation. On le retrouve dans la spécialité Cobalt Oligosol® qui peut être donné
chez l’adolescent de plus de 15 ans. Il agit comme modificateur de terrain dans les états
migraineux (57, 76).
4.4.2 Acupuncture
L’acupuncture est une méthode traditionnelle chinoise qui permet de stimuler certaines zones
précises du corps à l’aide de petites aiguilles. L’acupuncteur va agir sur des tensions qui
bloquent l’énergie et provoquent des douleurs. L’hôpital Lariboisière à Paris accueille dans sa
structure des urgences une équipe médicale qui associe des neurologues et un médecin
acupuncteur (58). L’acupuncture semble avoir un effet positif sur les migraines chez certains
patients. La méthode peut être pratiquée pour diminuer les traitements pharmacologiques, ou
en complément de ces derniers.
62
4.4.3 Neurostimulation
Le Cefaly Dual® est une technique de neurostimulation du nerf trijumeau par un système
externe (TENS) pour prévenir l’apparition des migraines ; c'est un dispositif médical (marquage
CE) (59). Une électrode placée au niveau du front permet de relier le système Cefaly® et
d’émettre des micro-impulsions sur la branche supérieure V1 du nerf trijumeau. La figure 19
représente la branche supérieure du nerf d’un côté du visage et la zone qu’elle innerve sur le
visage et la figure 20 le dispositif Céfaly Dual®.
Cefaly Dual® est destiné aux patients migraineux, avec ou sans aura. Il contient deux
programmes :
- Un programme de la crise, à haute fréquence pour diminuer la douleur liée l’épisode
migraineux.
- Un programme agissant comme traitement de fond, à basse fréquence, pour prévenir
les crises de migraine et ainsi diminuer leur survenue (pour les migraineux ayant plus
de 3 crises dans le mois).
63
Le programme utilisé pendant la crise aura un effet sédatif sur le système nerveux central.
L’autre programme préventif sera à répéter plusieurs fois par semaine (en général une fois par
jour) pour rétablir un métabolisme normal dans le cortex fronto-temporal des patients
migraineux et permettre une amélioration du seuil de déclenchement de la migraine. Des études
cliniques ont démontré que la stimulation nerveuse supra-orbitaire transcutanée externe est une
option thérapeutique dans le traitement des migraines (60). Le traitement TENS avec
le dispositif Cefaly Dual ® induit une modulation antinociceptive fonctionnelle dans le cortex
cingulaire antérieur. A une impulsion de 60 Hz et une intensité de 16 mA pendant 20 minutes,
le TENS pourrait interférer avec le seuil de déclenchement de la migraine et agir sur la surface
d’activation du système trijumeau. Il serait à l’origine de l’action préventive dans le traitement
de la migraine. Une autre étude (61) démontre que les zones essentielles du cerveau en terme
de contrôle de la douleur ont une activité métabolique moins importante chez les personnes
migraineuses. Cet hypométabolisme serait réduit après 3 mois de neurostimulation par TENS
(62). L’utilisation du Cefaly Dual® peut être proposée chez les enfants dès 8 ans, avec
supervision parentale lors des premières séances. Le but est de diminuer la fréquence des crises
et ainsi de réduire la consommation des médicaments. Nous allons maintenant décrire la
préparation et le déroulement d’une séance de Cefaly Dual®.
Le Céfaly Dual®, de par son effet sédatif, ne doit pas être utilisé en conduisant, ou en faisant
des activités où il est nécessaire d’être attentif. Les effets secondaires liés à l’utilisation du
dispositif sont les suivants (59) : une action sédative, une réaction cutanée liée aux électrodes,
une douleur durant la séance, des céphalées après la séance (très rares) et des fourmillements
réversibles survenant encore quelques minutes après la séance terminée. Les situations qui
empêchent l’utilisation du Cefaly Dual® sont : la survenue d’un traumatisme crânien récent, un
zona ophtalmique, une névralgie du trijumeau, la présence d’un dispositif électronique actif
implanté dans la tête, une plaie sur le front ou une hypersensibilité cutanée.
La technique d’hyperventilation contrôlée est une méthode naturelle pour lutter contre les
migraines, mise en place par le Dr Jean Pierre Chaudot. « La migraine est une intoxication par
le dioxyde de carbone (CO2) ». En effet, une respiration bridée entrainerait un taux excessif de
CO2 au niveau du cerveau. Un contrôle de notre respiration permettrait de soulager les
migraines. La technique d’HVC repose sur le fait de demander au patient de faire 4 ou 5
64
mouvements d’hyperventilation, c’est-à-dire d’inspirer à fond et d’expirer par la bouche le plus
profondément possible afin de vider toute l’air dans les poumons. Le temps de chaque
mouvement respiratoire doit être de 2 ou 3 secondes. Une sensation de vertiges et de tournis
sera ressentie au bout de quelques cycles de respiration (inspiration/ expiration) ; généralement,
au bout de 4 à 5 cycles. Lorsqu’une migraine se profile, il faudra faire cette exercice un nombre
n de cycles de respiration, attendre quelques secondes pour voir si la sensation de vertiges
apparait et répéter l’exercice toutes les 5 à 10 minutes tant que l’on pense qu’il y a un risque de
migraine. La sensation de vertiges sera plus longue à être obtenue (pouvant aller jusqu’à 10
séries) pendant la migraine. Si la migraine est trop installée, cet exercice sera trop douloureux.
Il en ressort que 58,3% des patients ayant bénéficiés de l’apprentissage de la technique d’HVC
sont satisfaits (63). De plus, 77% des patients utilisent la technique lors d’une crise et 92,1%
arrivent à stopper la crise avec cette technique (63). Il en découle une diminution de la prise de
traitement de fond et du traitement de crise : de 26% prenant un traitement de fond en début
d’étude, seuls 9,3% des patients en prennent encore un à la fin soit une baisse de plus de 2,5
(63). 75% des patients de l’étude ont réussi à diminuer leur traitement de la crise. Enfin, l’étude
permet de montrer que le nombre de crise par mois a diminué (84,3% des sujets font moins de
5 crises par mois en moyenne) et leur douleur au paroxysme a également diminué (63).
65
Partie 5 :
Le pharmacien : son rôle
d’accompagnement dans la prise en charge
des enfants et adolescents migraineux à
l’officine
66
Partie 5: Le pharmacien : son rôle
d’accompagnement dans la prise en charge des
enfants et adolescents migraineux à l’officine
Le pharmacien est le professionnel de santé le plus accessible pour les patients (64). On parle
souvent de pharmacien de proximité. C’est dans ce rôle qu’il doit s’inscrire pour
l’accompagnement des patients migraineux, et plus particulièrement des enfants et des
adolescents migraineux.
Des demandes d’antalgiques récurrentes doivent être un signal d’alerte pour le pharmacien. Il
doit pouvoir poser des questions simples au comptoir pour dépister un patient migraineux ou
non. De nombreux patients s’automédiquent et ne parleront pas de leurs maux de tête lors d’une
consultation médicale. Le pharmacien est donc le professionnel de santé pouvant détecter et
accompagner le patient dans une prise en charge de la migraine. Des questions comme « Le
mal de tête vous oblige-t-il à arrêter toute activité ? », « Diriez-vous que vous craignez le bruit,
la lumière ou certaines odeurs lors de ces maux de tête ? », « Avez-vous des nausées
associées ? ». Si la réponse à ces questions oriente vers un diagnostic de migraine, le
pharmacien doit diriger le patient vers une consultation médicale.
67
5.1.3 Acteur du bon usage du médicament et prévention de l’abus
médicamenteux
Le pharmacien est le professionnel de santé qui garantit le bon usage du médicament, lors de la
dispensation d’une ordonnance ou pour un conseil. Selon certains sondages réalisés (64), 77%
des français s’accordent sur le fait que les médicaments sont des « produits actifs » qui
nécessitent un bon usage et par conséquent, présentent certains risques. A l’officine, il faut
expliquer aux jeunes patients (dans certains cas aux parents quand l’enfant est trop jeune),
certains éléments qui leur permettront de mieux comprendre leur pathologie comme :
- Les moments de prise des traitements. L’administration du traitement de crise doit se
faire le plus tôt possible et à la bonne dose. Les patients doivent connaitre la posologie
de prise du médicament et celle maximale en une journée.
- Le bon usage des médicaments ainsi que certains effets indésirables, interactions
médicamenteuses et contre-indications.
- La différence entre le traitement de crise et le traitement de fond.
- Les conseils associés. L’ensemble de ces conseils peut être regroupé sur une fiche
synthèse (un guide est disponible dans le paragraphe 5.3 « fiches conseils à l’officine »)
que le pharmacien peut distribuer à ses patients.
- De tenir un agenda des migraines, version papier ou version numérique (Migrain-e ou
Headache Log) : c’est indispensable pour suivre son évolution de la maladie.
- Prévenir sur l’abus médicamenteux entrainant des céphalées chroniques d’origine
médicamenteuse. Le pharmacien participe à cette prévention en rappelant
quotidiennement au comptoir les risques d’abus médicamenteux. Les antalgiques
(AINS, aspirine ou paracétamol) et antimigraineux spécifiques peuvent être impliqués
dans ce phénomène. La surveillance par le pharmacien est essentielle : en effet, la
consommation d’antalgiques non opioïdes (paracétamol, ibuprofène, aspirine) pendant
au moins 15 jours par mois depuis au moins 3 mois est un signe d’abus et est confirmée
par la tenue d’un agenda de crise. La prise d’opioïdes, de dérivés d’ergot de seigle ou
de triptans comme traitement de crise pendant au moins 10 jours par mois souligne un
abus médicamenteux. Le traitement n’est surement pas adapté à la personne si le
traitement de crise est utilisé plus de deux fois par semaine, il faut alors orienter vers un
avis médical pour la mise en place d’un traitement de fond (49).
Dans tous les cas, si un abus médicamenteux est révélé, une prise en charge médicale
doit se faire pour envisager un sevrage sous contrôle de médecins et ne pas arrêter la
68
consommation brutale des antalgiques ou antimigraineux car dans deux tiers des cas,
cela conduirait à une aggravation des céphalées (65).
La place du pharmacien d’officine consiste à expliquer les prescriptions et les posologies des
médicaments, à promouvoir le bon usage des médicaments et à informer le patient sur la
maladie et ses traitements pour mieux le responsabiliser face à celle-ci (66). Le patient doit être
acteur de sa maladie. Le pharmacien est le professionnel de santé le plus à même d’éduquer le
patient de par : sa proximité géographique ; son accessibilité et sa disponibilité sur de longs
créneaux horaires, sans nécessiter de prise de rendez-vous préalable ; sa connaissance globale
du patient (contexte familial et socioprofessionnel, historique médicamenteux, etc.) et sa
relation de confiance instaurée avec le patient (67).
Romane, 14 ans, présente des épisodes de maux de tête apparus depuis l’âge de 6 ans. Elle est
bonne élève et très studieuse en cours ; malgré un absentéisme scolaire de 4 jours durant les 6
derniers mois. Les céphalées de Romane évoluent par crises de 4 à 8 heures. Durant celles-ci,
la céphalée est frontale, pulsatile et s’associe à des nausées voir des vomissements. Romane
craint alors la lumière et le bruit. En début de crise, elle est décrite comme « livide » : le teint
pâle, les yeux cernés. Elle recherche activement le sommeil et en règle générale, le repos est un
bon traitement contre la migraine. Elle constate que lors des vacances, elle a moins de crises ;
celles-ci reprennent à la rentrée des classes. Actuellement, elle fait 3 à 4 gros épisodes par mois.
Le paracétamol n’est plus efficace sur ses crises. Le médecin généraliste lui a déjà prescrit du
Naproxène 275mg (Apranax®).
Romane est suivie par plusieurs praticiens : un bilan ophtalmologique a montré un léger trouble
de la convergence. L’examen neurologique et le scanner cérébral sont normaux. Dans un
premier temps, le premier diagnostic envisagé a été celui d’un trouble visuel. Des séances
d’orthoptie ont été prescrites sans résultat sur les crises de céphalées de Romane. Ce premier
diagnostic est donc erroné.
69
¨ Diagnostic de migraine et stratégie thérapeutique
Dans son cas, Romane présente un diagnostic de migraine typique (MSA) au vu des éléments
sémiologiques : céphalées pulsatiles, intenses avec phonophotophobie s’accompagnant d’une
pâleur extrême et de nausées voir de vomissements.
Romane arrive à la pharmacie avec une ordonnance du neurologue. Lors de la consultation, elle
a bien écouté tous les conseils du médecin mais arrivée à l’officine, elle semble un peu perdue
face à ces nouveaux traitements.
70
¨ Dispensation et conseils à l’officine
Dr Cerveau Le 02/01/2020
7 rue de la tête
63 000 Clermont Fd
RPPS : XXXXXXXXX
Finess : XXXXX
Romane, 14 ans
41 kg
2 Spécialités prescrites
Qsp 3 mois
71
donné en première ligne a été pris rapidement, le soulagement est rapide sans recours au triptan.
La tolérance de ces médicaments est en général très bonne chez l’adolescent mais le pharmacien
rappellera à Romane que des sensations de vertiges, somnolence ou fourmillements peuvent
être des effets indésirables.
Romane a bien compris son traitement de crise mais elle aimerait avoir l’avis du pharmacien
sur le « traitement de fond » qu’elle doit commencer. En effet, le spécialiste lui a parlé
d’hypnose pour contrôler son stress, des thérapies cognitives ou des médecines alternatives
comme la phytothérapie, l’homéopathie … ; mais elle se sent un peu submergée face à toutes
ces méthodes.
Phytothérapie :
Dans le cas de Romane, le profil anxieux ressort et l’utilisation de plantes sédatives et calmantes
pourrait être bénéfique. Le pharmacien indique à l’adolescente qu’il existe une liste non
exhaustive de plantes calmantes comme la mélisse, la passiflore, la lavande, la valériane ou
l’eschscholtzia. Elles sont utiles pour réduire le stress et l’anxiété. Pour une action efficace leur
utilisation est à privilégier sur toute la journée, en préventif ou curatif. Ces plantes sont
disponibles sous la forme de poudre ou d’extrait pour une utilisation plus facile chez l’enfant
ou l’adolescent ; l’infusion est également une alternative. D’après une étude (68), la mélisse
(Melissa officinalis) pourrait atténuer le stress à une dose quotidienne de 600 mg grâce aux
polyphénols qu’elle contient. Elle s’utilise chez les enfants de plus de 12 ans. Elle se prépare
soit sous la forme d’infusion à partir des feuilles, soit de poudre ou d’extrait sec. Ladrôme®
commercialise de la mélisse sous la forme d’extrait de plante fraîche (EPF) à prendre 25 gouttes
2 à 3 fois par jour (69). Arkopharma® vend des gélules de mélisse à base de poudre de mélisse
(275 mg) à prendre 3 fois par jour pendant 1 mois, à partir de 12 ans (70).
Homéopathie :
Romane est une patiente dont les céphalées se déclenchent souvent à la suite d’une contrariété.
Une « impression de boule dans la gorge », avec un estomac noué et une douleur en clou sont
typiques du profil « Ignatia amara » (71). Le Gelsemium peut également être associé et
72
caractérisé par une obnubilation qu’elle accompagne d’un trac d’anticipation chez la patiente
(71). A cela, Kalium phosphoricum intervient dans la fatigue et le surmenage intellectuel (71);
une impression de tête vide peut être constatée. La spécialité ZenaliaÒ, disponible dans le
commerce contient ces 3 souches et est à prendre sous la forme d’un comprimé à sucer le matin
et le soir. Calcarea phosphorica peut aussi être donné en traitement de fond pour des céphalées
déclenchées par le travail intellectuel chez les adolescents en période de croissance (71).
Romane dispose désormais de conseils pour mieux appréhender son anxiété et son stress. Elle
commencera une cure d’homéopathie à base de Gelsemium 9 CH et Ignatia amara 9 CH, à la
posologie de 5 granules 3 fois par jour. De plus, elle associera des gélules de poudre de mélisse
3 fois par jour pendant 1 mois.
La relaxation et l’hypnose sont évoquées par le pharmacien comme des thérapies anti-stress.
Ces deux méthodes sont les plus connues et ont fait leur preuve sur la migraine. En effet, une
étude randomisée et contrôlée a été faite sur 38 enfants, âgés de 6 à 15 ans (9). Ces patients
présentaient au moins 3 crises de migraines par mois, et avaient comme traitement un AINS.
Ils ont été randomisés en trois groupes : un groupe contrôle (sans traitement de fond), un
d’hypnose et un de relaxation (9). L’enfant devait noter le score d’ENS entre 0 et 10 et la durée
de la crise pendant les 6 mois de l’étude. Les résultats ont montré une amélioration significative
des migraines grâce à la relaxation et l’hypnose (9). Il en ressort que dès les premiers mois, le
nombre de crises mensuelles a diminué et que la douleur associée a également diminué par
rapport au bilan initiale. De plus, plus de 60% des enfants déclarent avoir une intensité diminuée
au moins de moitié, une heure après la crise (9). L’hypnose et la relaxation présente un intérêt
comme traitement de fond et sont à utiliser en première intention chez l’enfant et l’adolescent.
73
L’acupuncture peut également être une méthode de relaxation pour diminuer l’anxiété de
Romane. L’acupuncture est une méthode moins étudiée (18) car il existe seulement 2 essais
indiquant une certaine efficacité de cette méthode.
Romane vient renouveler son traitement pour les migraines à l’officine. Le pharmacien prend
des nouvelles de sa patiente et veut savoir si les crises ont diminué. Romane suit des séances
d’hypnose et est passée de trois ou quatre crises par mois à une crise mensuelle. Malgré
l’efficacité du traitement de crise et de fond, elle confie au professionnel de santé qu’elle a
encore du mal à comprendre le déroulement de ses crises et les réels facteurs qui les
déclenchent. Le pharmacien lui propose de revoir avec elle quelques notions et lui propose des
fiches conseils.
¨ Explications du pharmacien
Les différentes phases de la migraine doivent être abordées avec Romane pour qu’elle
comprenne le déroulement de ses migraines. En effet, le vocabulaire associé à la migraine
comme l’« aura », le « prodrome », les « signes déclencheurs » ou « accompagnant » sera
défini ou redéfini pour aider l’adolescente dans la prise en charge de ses migraines. La
hiérarchisation de ces phénomènes à l’aide d’une frise chronologique, comme le montre la
figure 22, aidera dans l’accompagnement du patient migraineux à l’officine.
74
Facteurs Retour à la
déclenchants normale
CRISE
On proposera également à l’adolescente une fiche conseil (figure 23) sur ce qu’il faut savoir
sur les facteurs déclenchants et un tableau (tableau 7) qui reprend l’ensemble des facteurs
pouvant être déclencheurs d’une crise. Le pharmacien rappelle à Romane que chaque
migraineux à son ou ses propres facteurs déclenchants. Dans la plupart des cas, le stress est un
facteur pouvant induire ou aggraver une migraine.
Romain Marina
Pharmacie X 69007 Lyon mar.romain@gmail.com
75
Facteurs aggravant la migraine :
Romane se présente quelques semaines plus tard à l’officine. Elle a bien compris à l’aide des
fiches pratiques du pharmacien, le déroulement de ses migraines. Elle voudrait désormais avoir
l’avis du pharmacien sur l’évolution de ses crises de migraine. Elle tient un carnet de suivi
numérique. Le pharmacien se propose de regarder avec elle, comment ses migraines évoluent
depuis quelques mois.
76
Agenda des migraines de Romane, à partir de l’application Headache Log (Figure 23) :
Cette application permet de suivre l’évolution des migraines de Romane sur le mois. Par
exemple, les mois d’octobre et de novembre ont été rythmés par :
- 5 crises de migraine d’intensité allant de 3 à 6.
- La prise de traitement a été différente selon les migraines :
o 3 migraines sur 5 ont nécessité la prise du triptan.
- Le score moyen de douleur est de 5 (douleur modérée) avec une durée moyenne d’une
heure par crise.
- Le nombre de jour depuis la dernière migraine est de 78 jours.
Romane a eu peu de crises sur les deux derniers mois : la douleur des crises était modérée et
l’utilisation d’un antalgique a permis de stopper rapidement la céphalée. Pour des migraines
moins intenses, l’utilisation d’autres méthodes non médicamenteuses est efficace.
77
Le pharmacien rappelle à Romane que le carnet de suivi des migraines doit être rempli à chaque
migraine et lui propose une fiche informative (figure 25).
Suivi de la migraine :
´ Que faire à chaque migraine :
o Note dans l’agenda des maux de tête : la date, l’heure, l’intensité, les facteurs
déclenchants, le médicament pris ainsi que l’amélioration ou non et au bout de
combien de temps.
Le pharmacien indique à Romane les moyens pour atténuer ses crises. On insistera sur le fait
de s’allonger et de se mettre dans un endroit calme pendant la crise ; d’appliquer un pain de
glace ou un linge glacé ; de frictionner les zones douloureuses comme le front ou les tempes
avec une bille ou un crayon de menthol. Le traitement de crise devra être pris le plus rapidement
possible. Un traitement pour soulager d’éventuels nausées ou maux de ventre associés pourra
se faire. Cet apprentissage permettra d’améliorer la qualité de vie des migraineux et pourra être
résumé sous la forme d’une « fiche conseil » (figure 26) donnée par le pharmacien pour aider
le patient à éclaircir certains points qu’il n’aurait pas compris sur la migraine.
78
Fiche conseil : Migraine
4
Romain Marina
Pharmacie X 69007 Lyon mar.romain@gmail.com
L’ensemble des fiches conseils, pouvant être édité par le pharmacien et donné aux patients,
seront repris dans la partie 5.3.
79
5.2.3 Cas n°3 : Traitements alternatifs de la migraine
La maman d’Hugo qui depuis des années soigne ses migraines à l’aide de « médecines
naturelles » comme l’aromathérapie, la gemmothérapie ou l’oligothérapie, veut savoir si ces
80
alternatives peuvent être utilisées chez Hugo en association avec son traitement de crise. Le
médecin est très favorable, en la mettant tout de même en garde sur ce qu’elle utilise et l’oriente
vers son pharmacien pour avoir plus de conseils.
Aromathérapie :
L’HE de menthe poivrée (Mentha x piperita chémotype menthol, menthone) possède une action
antalgique et décongestionnante sur la migraine. C’est l’huile essentielle antimigraineuse par
excellence. L’action vasoconstrictrice du menthol anesthésie la douleur. Une goutte d’HE de
menthe poivrée pure ou diluée sur les tempes, suivie d’un massage de quelques minutes (pas
trop près des yeux) est à conseiller dès le début de la migraine et à renouveler 3 ou 4 fois pendant
l’épisode de migraine (56, 73). Il faut noter une précaution d’emploi chez les enfants de moins
de 6 ans et les personnes épileptiques.
Il est possible d’associer plusieurs huiles essentielles, en doses bien définies, afin de
potentialiser les différentes propriétés des huiles essentielles et de permettre l’éviction de la
migraine. Ce mélange efficace est à réaliser dans un roll-on (56) :
- HE de menthe poivrée 4 mL,
- HE de romarin 3 mL,
- HE de gaultheria odorante (Gaultheria fragrantissima) 3 mL.
Il faut étaler 2 gouttes du mélange ou 3 ou 4 passages de roll-on sur les tempes ou le front, à
renouveler au bout de 10 minutes. Ce mélange est à éviter chez les enfants et les personnes
épileptiques. Il pourra être utilisé chez l’adolescent.
Il existe également, des roll-on d’HE « déjà tout prêts à utilisation » dans le commerce : on peut
citer le roll on Maux de tête de chez Puressentielâ à partir de 10 ans ou PhytosunAromsâ à partir
81
de 12 ans, le Migrastick de chez Arkopharmaâ à partir de 12 ans. Le remède le plus ancien reste
le « crayon menthol » contenant l’HE de menthe poivrée sous la forme de menthol pur et connu
pour son action fraîche décongestionnante et anesthésique sur la migraine.
Gemmothérapie :
Il peut être donné chez l’enfant et l’adolescent de plus de 6 ans, à la posologie d’une goutte par
âge, tous les jours en traitement de fond de la migraine. On évitera la prise de cette spécialité
chez les épileptiques, les personnes prenant des médicaments fluidifiant le sang (AOD, AVK).
On trouve également le MIDOGEM FORTE SPRAYâ (75) qui peut être administré à partir de
13 ans, sous la forme d’un spray buccal, à la posologie d’une vaporisation dès le début de crise
et pouvant se renouveler jusqu’à 3 fois (maximum 4 vaporisations/ jour). Il est composé :
- De bourgeon de alune glutineux (Alnus glutinosa) ;
- De jeunes pousses de rosier sauvage (Rosa canina) ;
- De bourgeons de cassis (Ribes nigrum) pour son action anti-inflammatoire et
vasodilatatrice ;
- D’HE de laurier noble (Laurier nobilis), régulateur du système nerveux, qui apaise la
sensation d’étau au niveau de la tête.
Dans le cas d’Hugo âgé de 11 ans, le MIDOGEM FORTE SPRAYâ ne sera pas conseillé.
82
Neurostimulation :
Le traitement par neurostimulation est un traitement prometteur pour soulager les crises de
migraines. En effet, les données Céfaly Dual® (59) révèlent que 8 patients sur 10 ont une
diminution significative de la douleur lors de l’utilisation du dispositif (séance d’une heure) et
32% ont une suppression totale de la douleur. 54% des crises de migraine ainsi que 75% de la
consommation de médicaments sont réduites lors de la mise en place de séance quotidienne de
20 minutes dans le traitement préventif de la migraine (59).
Cette méthode de respiration peut être envisagée pour soulager les crises de migraines se
profilant.
83
5.2.4 Cas n° 4 : Céphalées chroniques et abus médicamenteux
Perrine, 15 ans, se présente au comptoir de la pharmacie pour des céphalées récurrentes depuis
l’âge de 13 ans. Elle assimile le commencement de ses migraines avec le début de sa puberté.
Elle note une aggravation de ses crises depuis 6 mois avec 3 ou 4 épisodes par semaine. La
douleur est cotée à 8/10 ; la céphalée est bilatérale et pulsatile. Perrine doit immédiatement
s’allonger dans le noir ; la crise peut durer 2 à 6 heures. La jeune adolescente confie avoir des
douleurs abdominales et une sensation de nausées, associée à une phonophobie. Le pharmacien
lui demande de montrer son carnet de migraine : elle a noté 18 céphalées de tension ce mois-ci
(hors période menstruelle), cotées à 4/10. La jeune fille prend de l’aspirine 1g dès que la
« migraine » arrive. Elle avoue prendre une aspirine tous les soirs avant d’aller se coucher pour
ne pas se réveiller le lendemain avec le mal de tête. Sa consommation en anti-inflammatoire
sur le dernier mois est de 3 à 4 g par jour. Lorsque l’aspirine ne fonctionne plus, elle prend du
kétoprofène qui la soulage immédiatement. Parmi les facteurs déclenchants, on retrouve le
manque de sommeil. Perrine est dans une période où elle se sent limitée à cause de ces
« migraines » : elle a perdu du poids ces derniers-mois.
Le généraliste est alerté et reçoit en consultation Perrine et ses parents. Après écoute de son cas,
le médecin émet un diagnostic de migraines cataméniales sans aura avec des céphalées de
tension chroniques et un abus médicamenteux probable. Plusieurs points sont à évoquer avec
la patiente. Tout d’abord, les migraines cataméniales touchent une minorité de femmes (environ
10%) ; ce sont des migraines en association avec le cycle menstruel (3, 77). Elles sont classées
par l’ICHD-3, dans l’Appendice en raison de l’incertitude à les considérer comme des entités
distinctes (3). Le diagnostic est établi quand la crise survient sur au moins deux cycles
consécutifs sur trois entre le deuxième jour précédant les menstruations (J-2) et le troisième
jour après qu’elles soient terminées (J +3) (77). Les crises menstruelles sont liées à la chute du
taux d’œstrogènes survenant lors de la phase lutéale (77). La réponse au traitement
84
médicamenteux est généralement moindre (77). De plus, l’anticipation d’une crise lors de la
survenue des règles conduisent les patientes à « prévoir » psychologiquement ces céphalées
(77). Le médecin se penche aussi, sur un éventuel épisode dépressif masqué chez Perrine
expliquant la perte de poids, les troubles du sommeil et CCQ. La famille est également alertée
sur la consommation médicamenteuse majeure de l’adolescente. Le test de dépendance à une
substance DSM-IV révèle que 3 critères sont présents chez la patiente selon le tableau 8 (1,3,7).
Un sevrage médicamenteux en institut spécialisé sera envisagé par Perrine et sa famille. Une
rupture avec l’environnement est généralement nécessaire ainsi qu’une psychothérapie en
parallèle. L’aspect « psychologique » doit être pris en charge si on veut vraiment guérir la
patiente. Il faudra aborder avec la jeune fille que des céphalées rebonds pourront avoir lieu
pendant la période de sevrage ainsi qu’une augmentation de l’anxiété et de l’irritabilité pouvant
se traiter par des méthodes de relaxation.
Après une semaine d’hospitalisation et un suivi psychologique continu, le sevrage a révélé que
les céphalées ne persistaient pas quand il y avait arrêt du traitement médicamenteux. Le
diagnostic de céphalées chroniques avec abus médicamenteux est donc retenu. De plus, le
médecin de Perrine lui a prescrit une contraception orale pour prévenir les crises menstruelles :
un progestatif pur (accord professionnel) (77). La jeune fille se présente à l’officine car elle
aimerait être conseillée sur des traitements préventifs pour ces migraines cataméniales ou des
alternatives médicamenteuses qui soulageraient ces crises et qui ne serait pas des anti-
inflammatoires.
85
¨ Traitements préventifs
Riboflavine :
En Belgique, une étude réalisée par le département de Neurologie à l’Université de Liège (CHR
Citadelle), a démontré qu’un dosage de 400 mg/jour de riboflavine permet d’améliorer les
symptômes de 50% chez 59% des patients adultes versus 15% sous le groupe de placebo (80).
En Belgique, le FTM, ouvrage officiel de référence (81), répertorie les formules magistrales et
officinales : il reprend la fabrication de gélules à base de riboflavine, à un dosage de 400
mg/jour, dans le traitement préventif de la migraine (le protocole de fabrication des gélules est
disponible en annexe X selon le FTM).
86
Coenzyme 10 :
Phytothérapie :
Plusieurs plantes peuvent être utilisées pour soulager les troubles féminins. L’achillée
millefeuille, l’armoise, la partenelle ou la bourse à pasteur sont des plantes utilisées pour cette
indication. Les sommités fleuries de la partenelle ou grande camomille (Tanacetum
parthenium) contiennent des lactones sesquiterpéniques appelés des parthénolides. Ils sont
connus pour avoir un effet sur les migraines cataméniales et les règles douloureuses. L’action
antimigraineuse serait due à l’action de ces parthénolides sur le STV qui inhiberaient
l’agrégation plaquettaire et la libération de sérotonine (83). Une action antispasmodique sur les
muscles lisses par effet alpha bloquant aurait lieu et les lactones contenues dans la plante
inhiberaient les contractions induites par la sérotonine et la phényléphrine (83). Des gélules
contenant des extraits secs de la plante peuvent être utilisées chez l’adulte (>15ans) et sont à
87
prendre matin et soir (grande camomille de chez Elusane®). La spécialité Céfacalm® est un
complexe de plantes qui contient notamment de la grande camomille, pour apaiser les maux de
tête. Elle peut être donnée à partir de 6 ans, à la posologie de 1 à 2 comprimés en une prise.
La pétasite (Petasites officinalis), appelée aussi « chapeau du diable » est utilisée en médecine
traditionnelle pour prévenir les crises de migraines (84). Ses rhizomes riches en pétasine et
isopétasine sont utilisés et ont une action antimigraineuse, anti-inflammatoire et
antispasmodique (84). Elle agit sur ces épisodes douloureux, en limitant au maximum leur
intensité et en espaçant les crises. Une étude a permis de tester chez l’enfant et l’adolescent
âgés de 6 à 17 ans, la prise quotidienne d’extraits de pétasite à raison de 50 à 100 mg (selon
l’âge) pendant 8 semaines. L’étude a montré un espacement des crises de migraines. On peut
conseiller une prise quotidienne de gélule de 50 à 75 mg d’extrait normalisé, 2 fois par jour
pendant 4 à 6 mois (84, 85). La pétasite est déconseillée en cas d’antécédents hépatiques (85).
Des plantes avec une action antispasmodique peuvent aussi être associées comme les feuilles
de mélisse ou de romarin.
Aromathérapie :
L’huile essentielle de sauge sclarée est utilisée dans le syndrome prémenstruel (56). Elle
présente une activité « œstrogen like », grâce au sclaréol, qui mime l’action des œstrogènes et
peut donc influer sur le cycle menstruel. De plus, le linalol qu’elle contient peut avoir une action
antispasmodique (56). 3 gouttes d’HE dilué dans 5 gouttes d’HV sont à masser sur le bas du
ventre. Elle est contre-indiquée chez les enfants, les femmes enceintes et allaitantes.
Homéopathie :
Certaines souches sont indiquées dans la migraine cataméniale (71). On peut conseiller actaea
racemosa (sensation de meurtrissure, de cerveau trop grand). La céphalée est aggravée par les
règles et améliorée par le froid. En association avec actaea, on peut ajouter sepia (céphalée
battante sus orbitaire gauche améliorée dans l’obscurité). Le patient a un teint terreux, les yeux
cernés et une fatigue générale. C’est souvent lié à une céphalée cataméniale.
Phapaxâ est la spécialité homéopathique commercialisée dans le traitement de la migraine (86).
Elle contient des souches homéopathiques comme cyclamen, gelsemium sempervirens, iris
versicolor, sanguinaria, argenticum nitricum, cimicifuga. Ces dilutions ont une activité sur le
système cérébral, et certaines (comme sanguinaria) ont une action décongestionnante (71).
88
Chez l’enfant, on donne 5 ou 10 gouttes, 3 fois par jour en traitement de fond selon l’âge. Chez
l’adolescent, on pourra aller jusqu’à 20 gouttes, 3 fois par jour. En cas de crises aigües, 1 à 2
prises par jour sont possibles.
Perrine se dirige vers des gélules de camomille romaine et de l’HE de sauge sclarée. Au bout
de quelques mois, elle décide d’arrêter la pilule car elle a souvent des douleurs aux seins depuis
qu’elle la prend. De plus, elle ne voit pas vraiment de diminution de ses migraines cataméniales
en terme de fréquence. Son médecin a évoqué avec elle, un traitement préventif séquentiel,
c’est-à-dire à prendre pendant la période menstruelle. Un triptan, le frovatriptan, serait à prendre
à la posologie quotidienne de 2,5 mg, deux fois par jour (méthodologie grade A) pendant ses
règles (77).
L’ensemble des fiches conseils relatives à la migraine est disponible sous la forme d’un guide
adressé aux enfants et adolescents, mais aussi aux parents pour expliquer divers points sur la
maladie migraineuses. La figure 27 regroupe l’ensemble de ce guide, que le pharmacien peut
distribuer à l’officine.
La Migraine
Sous la forme de petites fiches conseils, ce petit livret est élaboré pour te donner quelques clés
pour mieux vivre avec tes migraines, répondre à certaines des questions que tu te poses.
Si d’autres questions te viennent à l’esprit, n’hésite pas à demander à ton pharmacien, ou à
un autre professionnel de santé.
Romain Marina
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Fiche conseil : Migraine
2
o Une impression que ça « tape » dans ta tête. • Avoir une sensation de « fourmis » dans les bras ou les
jambes.
o Durée : 1 ou 2 heures, parfois plus (une journée).
• Ressentir des bourdonnements, sifflements dans les oreilles,.
o Cela t’oblige à arrêter ce que tu fais et t’allonger.
Ces sensations s’appellent l’aura, ce n’est pas grave. Il faut
attendre que les symptômes passent d’eux même
engendre la douleur. périodes, les crises vont se répéter souvent dans le temps,
être plus longues et plus intenses. Ta vie quotidienne sera
o Ne t’inquiète pas la migraine est une maladie plus
perturbée :
fréquente que l’on ne croit ! Il est probable que d’autres
de tes copains souffrent aussi de migraines. Il faut en • Pense à le signaler à l’école (à tes enseignants).
Romain Marina
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Fiche conseil : Migraine
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Romain Marina
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Fiche conseil : Migraine
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Suivi de la migraine :
´ Que faire à chaque migraine :
o Note dans l’agenda des maux de tête : la date, l’heure, l’intensité, les facteurs
déclenchants, le médicament pris ainsi que l’amélioration ou non et au bout de
combien de temps.
Romain Marina
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Fiche conseil : Migraine
8
Pour conclure :
´ La migraine:
o C’est bien réel,
o « ce n’est pas psychologique » ,
o Bien que des facteurs psychologiques comme le stress, la contrariété, puissent intervenir.
´ Tu vas apprendre à vivre avec tes crises, à mieux les gérer au fur et à mesure que tu grandis. En
plus, plus tu vieillis et, plus la fréquence de tes crises risque de diminuer voir disparaitre.
´ Il faut bien suivre l’évolution de tes crises à l’aide de ton agenda et surtout, en parler à ton
médecin ou pharmacien, si jamais ton traitement ne fonctionne pas.
Romain Marina
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Conclusion
Plusieurs éléments demeurent encore obscurs mais, la migraine est une maladie neurovasculaire
polygénique et multifactorielle associant des facteurs génétiques et environnementaux. Elle est
la céphalée récurrente chez l’enfant et l’adolescent ; son diagnostic doit se faire quand plusieurs
épisodes se répètent dans le temps. A l’inverse des adultes, la céphalée est souvent bilatérale et
plus courte. La migraine de l’enfant est l’exemple parfait de cette complexité biologique et
psychologique puisque cette maladie d’origine génétique, se révèle déclenchée par des facteurs
somatiques (manque de sommeil, jeun) ou psychologique (anxiété, hyper vigilance,
contrariété). Beaucoup d’enfants vont présenter des tableaux mixtes : migraine avec ou sans
aura et céphalée de tension. Les traitements médicamenteux sont assez limités chez l’enfant et
les alternatives non médicamenteuses évoquées sont à privilégier.
Le pharmacien d’officine est aussi amené à avoir des demandes d’automédication de la part des
patients migraineux. De par ses connaissances, il peut être amené à conseiller des alternatives
(aromathérapie, homéopathie, phytothérapie) en complément du traitement médicamenteux,
tout en respectant les contre-indications liées à l’âge ou à une éventuelle interaction
médicamenteuse.
94
De nouveaux traitements sont à l’étude et bien que les autorisations de marché ne soient pas
destinées aux enfants et adolescents, on peut penser qu’un jour, certains essais cliniques seront
faits sur des populations plus jeunes pour voir l’efficacité de ces molécules innovantes.
95
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PHAPAX.html
104
Annexes
Annexe I : Critères diagnostiques de la migraine (Classification ICHD-3)
105
Annexe II : Échelle MIDAS (questionnaire et interprétation)
106
Annexe III : Échelle PedMIDAS
107
Annexe IV : Échelle QVM (Richardson, 1993)
108
Annexe V : Échelle d’Évaluation Enfant Douleur (EVENDOL)
109
Annexe VI : Les facteurs favorisant la migraine selon différentes études
110
Annexe VII : Agenda de la migraine pour un enfant
111
Annexe VIII : Agenda des crises de migraine pour les adolescents
Nette amélioration
Intensité Médicament au bout de : Aucun
Autres
Cet agenda est complémentaire du guide “J’ai trop mal à la tête !” créé par le Centre de la migraine de l’enfant et de l’adolescent et l’association SPARADRAP. Il est téléchargeable sur : www.sparadrap.org >onglet Catalogue > Par publics > Adolescents.
(de 1 Facteur(s) déclenchant(s) (nom et soulage-
30 à plus plus ment observations
à 10) quantité) 60 min d’1h de 2h
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© Association SPARADRAP et ADAP - avril 2015 - Duplication autorisée sans aucune modification de tout ou partie des textes, crédits et mentions.
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Annexe IX : Protocole de fabrication des gélules à base riboflavine
113
Résumé :
La migraine est une maladie encore trop peu connue pourtant elle touche 5 à 10 % des enfants
et 15 % des adolescents. Elle a un impact significatif sur la qualité de vie des migraineux.
Les signes cliniques sont variables, et sont classés par l’IHS (International Headache Society)
pour différencier la migraine avec ou sans aura. Le diagnostic repose sur la clinique et la
prise en charge passe par un traitement médicamenteux de crise et dans certains cas, un
traitement de fond.
Le pharmacien, est le professionnel de santé de proximité, qui a un rôle essentiel
d’accompagnement dans la prise en charge des patients migraineux. Les enfants et les
adolescents migraineux doivent devenir des acteurs de leur maladie et être accompagnés par
le pharmacien d’officine.
Mots clés :
- Migraine - Accompagnement
- Céphalée - Conseils
- Enfant - Pharmacien
- Adolescent
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