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CRPE Frs Sujet Zéro1

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Concours externes, concours externes spéciaux, seconds concours internes,

seconds concours internes spéciaux et troisièmes concours de recrutement de


professeurs des écoles

Exemple de sujet pour l’épreuve disciplinaire de français

À compter de la session 2022, les épreuves des concours externes, des seconds concours internes et
du troisième concours sont modifiées. L’arrêté du 25 janvier 2021, publié au journal officiel du 29
janvier 2021, fixe les modalités d’organisation du concours et décrit le nouveau schéma des épreuves.

© www.devenirenseignant.gouv.fr
6 avril 2021
Ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports

Session 2022 SUJET 0


Repère à reporter sur la
copie

CONCOURS DE RECRUTEMENT DE PROFESSEURS DES ÉCOLES

Première épreuve d’admissibilité

Durée : 3 heures
Français
Épreuve notée sur 20

Dans la notation de l’épreuve, le jury tiendra compte de la maîtrise de la langue


française du candidat (vocabulaire, grammaire, conjugaison, ponctuation,
orthographe).

Une note globale égale ou inférieure à 5 est éliminatoire.

Ce sujet contient 4 pages, numérotées de 1 à 4. Assurez-vous que cet exemplaire est


complet.
S’il est incomplet, demandez un autre exemplaire au chef de salle.

L’usage de la calculatrice électronique de poche à fonctionnement autonome,


sans imprimante est autorisé.

L’usage de tout autre matériel électronique, de tout ouvrage de référence et


de tout document est rigoureusement interdit.

N.B : Hormis l’en-tête détachable, la copie que vous rendrez ne devra,


conformément au principe d’anonymat, comporter aucun signe distinctif, tel que
nom, signature, origine etc.
Tout manquement à cette règle entraîne l’élimination du candidat.

Si vous estimez que le texte du sujet, de ses questions ou de ses annexes


comporte une erreur, signalez lisiblement votre remarque dans votre copie et
poursuivez l’épreuve en conséquence. De même, si cela vous conduit à formuler
une ou plusieurs hypothèses, il vous est demandé de la (ou les) mentionner
explicitement.

Français SUJET 0 Page : 1/4


Un soir d’avril, le narrateur sort se promener sous la pluie. Il entend une plainte
dans l’herbe tout près de lui.

Deux grands corbeaux montèrent de l'herbe. Je les reconnus. C'étaient de ces


vieux sauvages des plateaux. Les vieux durs qui ont chassé le rat ou la marmotte
pendant l'hiver et qui coulent dans le printemps vers nos collines plus douces, vers
des proies plus savoureuses.

5 Ils s'étaient haussés de l'herbe, d'un simple coup d'épaule. Juste assez pour se
poser dans l'olivier.

Le gémissement reprit. Les corbeaux me regardaient. Ils se mirent à craquer tous


les deux comme des branches qui se cassent. C'était un avertissement. Alors, de
l'herbe, monta un freux1. Un gros freux râblé, de vol mou, qui s'empêtra dans une liane
10 de vent, trébucha des deux ailes et tomba comme une épave dans le vide du vallon. Il
n'y avait pas à se tromper : c'était une bête repue.

La plainte encore.

Je chassai les corbeaux à coups de pierres. Je m'approchai de l'herbe. On ne se


plaignit plus. Je cherchai : il y eut un petit tressaillement du fourré qui me guida. C'était
15 une hase2. Une magnifique bête toute dolente et toute éperdue. Elle venait d'avoir ses
petits, tout neufs. C'étaient deux éponges sanglantes, crevées de coups de bec,
déchirées par le croc du freux. La pauvre. Elle était couchée sur le flanc. Elle aussi
blessée et déchirée dans sa chair vive. La douleur était visible comme une grande
chose vivante. Elle était cramponnée dans cette large plaie du ventre et on la voyait
20 bouger là-dedans comme une bête qui se vautre dans la boue.

La hase ne gémissait plus.

À genoux à côté d'elle, je caressais doucement l'épais pelage brûlant de fièvre et


surtout là, sur l'épine du cou où la caresse est plus douce. Il n'y avait qu'à donner de la
pitié, c'était la seule chose à faire : de la pitié, tout un plein cœur de pitié, pour adoucir,
25 pour dire à la bête :

- Non, tu vois, quelqu'un souffre de ta souffrance, tu n'es pas seule. Je ne peux pas
te guérir, mais je peux encore te garder.

Je caressais ; la bête ne se plaignait plus.

Et alors, en regardant la hase dans les yeux, j'ai vu qu'elle ne se plaignait plus
30 parce que j'étais pour elle encore plus terrible que les corbeaux.

Ce n'était pas apaisement ce que j'avais porté là, près de cette agonie, mais
terreur, terreur si grande qu'il était désormais inutile de se plaindre, inutile d'appeler à
l'aide. Il n'y avait plus qu'à mourir.

1
freux : corbeau
2
hase : femelle du lièvre

Français SUJET 0 Page : 2/4


J'étais l'homme et j'avais tué tout espoir. La bête mourait de peur sous ma pitié
35 incomprise ; ma main qui caressait était plus cruelle que le bec du freux.

Une grande barrière nous séparait.

Oui, en commençant, j'ai dit : « Et pourtant, moi... » Ce n'est pas de la fatuité, c'est
de la surprise, c'est de la naïveté.

Moi qui sais parler la langue des mésanges, et les voilà dans l'escalier des
40 branches, jusque sur la terre, jusqu'à mes pieds ; moi que les lagremuses3 approchent
jusqu'à m'avoir peint à l'envers sur les globes d'or de leurs yeux ; moi que les renards
regardent ; et puis d'un coup ils savent qui je suis et ils passent doucement ; moi qui
ne fais pas lever les perdreaux, mais ils picorent sans lever le bec ; moi qui suis une
bête d'entre elles toutes par ce grand poids de collines, de genévriers, de thym, d'air
45 sauvage, d'herbes, de ciel, de vent, de pluie que j'ai en moi ; moi qui ai plus de pitié
pour elles que pour les hommes, s'il en est un pour qui la grande barrière devait
tomber...

Non, elle est là. Il en a fallu de nos méchancetés entassées pendant des siècles
pour la rendre aussi solide.

Jean GIONO, « La grande barrière », Solitude de la pitié,1932


fatuité: auto satisfaction poussé à son extrème

I- Étude de la langue

1. Indiquez la nature et la fonction des mots ou groupes de mots soulignés dans les
extraits suivants :

a. Je les reconnus. (l.1)


b. …qui ont chassé le rat ou la marmotte pendant l’hiver… (l. 2-3)
c. Alors, de l’herbe, monta un freux. (l.8-9)
d. On ne se plaignit plus. (l.13-14)
e. …un petit tressaillement du fourré qui me guida… (l.14)
f. La douleur était visible… (l.18)

2. Justifiez l’orthographe des mots soulignés dans les extraits suivants :

a. C’étaient de ces vieux sauvages des plateaux. (l.1-2)


b. Ils s’étaient haussés de l’herbe… (l.5)
c. …on la voyait bouger là-dedans… (l.19)
d. …moi qui ai plus de pitié pour elles… (l.45)

3. Indiquez la nature et, le cas échéant, la fonction des propositions dans la phrase
suivante :

3
lagremuses : lézards

Français SUJET 0 Page : 3/4


Elle était cramponnée dans cette large plaie du ventre et on la voyait bouger là-dedans
comme une bête qui se vautre dans la boue. (l.18-20)
4. Indiquez le temps et le mode de chacun des verbes suivants et commentez leur
emploi.

Je cherchai : il y eut un petit tressaillement du fourré qui me guida. C'était une hase.
(l.14)

Ce n'était pas apaisement ce que j'avais porté là… (l.31)

…moi que les lagremuses approchent jusqu'à m'avoir peint à l'envers sur les
globes d'or de leurs yeux… (l.40-41)

5. Identifiez la caractéristique grammaticale de la phrase suivante et commentez son


emploi en contexte :

La plainte encore. (l.12)

6. Commentez l’usage, dans le texte, du tiret et des guillemets.

II- Lexique et compréhension lexicale

1. Indiquez le sens du mot dolente en contexte.

Une magnifique bête toute dolente et toute éperdue. (l.15)

2. Le texte présente plusieurs occurrences du nom bête. Identifiez les nuances


d’emploi et de sens entre :

- …tout un cœur plein de pitié pour adoucir, pour dire à la bête : ... (l.24-25)
- …on la voyait bouger là-dedans comme une bête qui se vautre dans la
boue. (l.19-20)
- …moi qui suis une bête d’entre elles toutes… (l.43)

3. Comment le lexique employé dans le texte exprime-t-il la « pitié » évoquée à


plusieurs reprises par le narrateur ?

III- Réflexion et développement

Après avoir expliqué ce que Jean Giono désigne par l’image de la « grande barrière »,
vous vous interrogerez sur la pertinence actuelle de cette expression pour caractériser
la relation entre l’homme et l’animal.

Votre réflexion, structurée et argumentée, s’appuiera sur le texte de Jean Giono ainsi
que sur l’ensemble de vos connaissances et de vos lectures.

Français SUJET 0 Page : 4/4

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