Interpolation
Interpolation
Interpolation
ANNEE 2020-2021
Laurent Dumas
2
CHAPITRE 1
INTERPOLATION POLYNOMIALE
Démonstration.
Existence : on définit correctement la famille de polynômes (l i )0≤i≤n de Pn par :
n
Y (x − x j )
l i (x) = .
j6=i
(x i − x j )
j=0
3
4 CHAPITRE 1. INTERPOLATION POLYNOMIALE
Remarques :
1. Il existe un théorème analogue permettant de construire un polynôme coincidant
avec f aux points (x i )0≤i≤n et dont les premières dérivées en ces points sont aussi
égales à celles de f : on parle alors d’interpolation d’Hermite (voir TD).
2. La démonstration du Théorème 1 donne également une expression de l’inverse de
la matrice de Vandermonde :
1 x 0 x 02 . . . x 0n
1 x 1 x 12 . . . x 1n
V (x 0 , ..., x n ) =
... ... .. .. .. .
. . .
1 x n x n2 . . . x nn
tel que
∀i ∈ {0, ..., n}, P(x i ) = bi .
Le Théorème 1 assure ainsi le caractère inversible de V (x 0 , ..., x n ). On peut ensuite
calculer son inverse en utilisant les polynômes de base de Lagrange associés aux
points (x i )0≤i≤n . On décompose tout d’abord ceux-ci dans la base canonique de Pn :
n
X
l i (x) = ui, j x j
j=0
soit de manière matricielle a = t U b en notant U = [ui, j ]0≤i, j≤n . On conclut alors que
V (x 0 , ..., x n )−1 = t U.
Ainsi :
(Pn+1 − Pn )(x) = λ(x − x 0 )...(x − x n ).
Par définition des différences divisées, on a en outre :
λ = f [x 0 , ..., x n+1 ].
un = f [x 0 , ..., x n ]
pour aboutir à
u0 = Pn (x).
Cet algorithme peu coûteux présente également l’avantage d’être récursif ce qui
permet le cas échéant de pouvoir rajouter facilement un ou plusieurs points d’interpolation.
Un exemple d’implémentation de celui-ci sera vu en TP.
Le cas particulier des points équidistants permet de donner une expression simplifiée
de la formule de Newton basée sur l’opérateur suivant :
8 CHAPITRE 1. INTERPOLATION POLYNOMIALE
1
∀(i, k) ∈ {0, ..., n}2 , 0 ≤ i ≤ i + k ≤ n ⇒ f [x i , ...x i+k ] = (∆k f )i (4)
k!hk
1
f [x i ] = f (x i ) = (∆0 f )i .
0!h0
Pour passer du rang k−1 au rang k, on écrit (en utilisant en particulier le Théorème 2) :
La première estimation est ponctuelle tandis que la seconde est globale sur [a, b] et
résulte d’un résultat de stabilité.
Théorème 4. : soit f ∈ C n+1 ([a, b]) et x ∈ [a, b]. Il existe ζ x ∈ c({x 0 , ..., x n , x})
(enveloppe convexe de l’ensemble de points) tel que
Πn (x) (n+1)
En ( f )(x) = f (ζ x )
(n + 1)!
avec
n
Y
Πn (x) = (x − x j ).
j=0
En particulier,
1
|En ( f )(x)| ≤ |Πn (x)||| f (n+1) || L ∞ ([a,b]) (5)
(n + 1)!
En ( f )(x)
Q n+1 (t) = Pn (t) + Πn (t).
Πn (x)
Q n+1 est donc égal au polynôme de Lagrange de f aux points (x 0 , ..., x n , x). En
particulier, la fonction F (t) = f (t) − Q n+1 (t) s’annule (n + 2) fois. Par le théorème
10 CHAPITRE 1. INTERPOLATION POLYNOMIALE
de Rolle appliqué de manière itérée, F (n+1) s’annule donc une fois en un point ζ x ∈
c({x 0 , ..., x n , x}) ce qui donne :
En ( f )(x)
0 = F (n+1) (ζ x ) = f (n+1) (ζ x ) − (n + 1)!
Πn (x)
Corollaire 1. soit (x i )0≤i≤n une famille de points distincts et f une fonction réelle.
Alors,
1
∃ζ ∈ c({x 0 , ..., x n }) / f [x 0 , ...x n ] = f (n) (ζ).
n!
En particulier, pour t = x n , on a
Λn = ||λn || L ∞ ([a,b]) .
Proposition 2. soit l’opérateur L n défini entre les espaces vectoriels C 0 ([a, b], R) et Pn
tous deux munis de la norme infinie sur [a, b], associant à f son polynôme d’interpolation
Pn aux points (x i )0≤i≤n . Ainsi défini, L n est un opérateur continu et
|||L n ||| = Λn .
soit
|||L n ||| ≤ Λn .
Réciproquement, soit z ∈ [a, b] tel que |λn (z)| = Λn et soit g une fonction affine par
morceaux, de norme unité et telle que g(x i ) = sgn(l i (z)) pour tout i ∈ {0, ..., n}. On
a n n
X X
L n (g)(z) = g(x i )l i (z) = |l i (z)| = λn (z) = Λn
i=0 i=0
≤ |||L n ||| · ||g||∞ = |||L n |||
ce qui clôt la démonstration de la proposition
par le théorème de Stone Weierstrass mais on peut montrer que pour toute famille
de points
lim Λn = +∞.
n→+∞
Une étude de la convergence au cas par cas s’avère donc nécessaire.
Le choix des points d’interpolation est très important pour la qualité de l’appro-
ximation. La meilleure stratégie a priori consiste à prendre des points d’interpolation
sur [a, b] minimisant ||Πn || L ∞ ([a,b]) (avec Πn défini dans le Théorème 4). On montre
que sur l’intervalle [−1, 1], de tels points optimaux correspondent aux racines des
polynômes de Tchebychev
π
x i = cos((2i + 1) ) (0 ≤ i ≤ n)
2n + 2
pour lesquels
1
||Πn ||∞ = .
2n
Par comparaison, pour des points équirépartis sur le même intervalle, on a (voir
TD) :
2 1 2 1
C1 ( )n p ≤ ||Πn ||∞ ≤ C2 ( )n p .
e n ln n e n ln n
De même, dans l’estimation uniforme du Théorème 5,
2
Λn ∼ ln n
π
pour le choix des points de Tchebychev (il s’agit aussi d’un choix quasi optimal pour
la constante de Lebesgue) tandis que
2n+1
Λn ∼
enlnn
14 CHAPITRE 1. INTERPOLATION POLYNOMIALE
1 1
R > ( + )(b − a)
e 2
pour les points équirépartis et
1 1
R > ( + )(b − a)
4 2
pour les points de Tchebychev pour assurer la convergence du polynôme d’interpolation
(voir [Dem]).
Soit s = {x 0 , ..., x n+1 } une subdivision d’un intervalle [a, b] telle que x 0 = a et
x n+1 = b. On note
δ(s) = max |x i+1 − x i |
i∈{0,...,n}
Pour toute fonction f définie sur [a, b], on construit g s l’unique application sur
[a, b] telle que (i) ∀i ∈ {0, ..., n}, gß[x
s
,x ]
est affine.
i i+1
Théorème 7. : soit f ∈ C 0 ([a, b], R) et une famille de subdivisions (sn )n∈N telle que
lim δ(sn ) = 0. Alors
n→+∞
lim ||g sn − f || L ∞ ([a,b]) = 0.
n→+∞
1.5. INTERPOLATION POLYNOMIALE PAR MORCEAUX 15
"
∀ε > 0, ∃ν > 0, ∀(u, v) ∈ [a, b]2 , |u − v| ≤ ν ⇒ | f (u) − f (v)| ≤
2
Soit x ∈ [a, b]. Pour tout n ∈ N, on note x 1n et x 2n deux éléments consécutifs de
s n tels que x 1n ≤ x ≤ x 2n . Pour n assez grand, on a |x 2n − x 1n | < ν et ainsi
Théorème 8. : l’application
Es → Rn+4
u:
φ 7→ (φ(0), φ 0 (0), φ 00 (0), φ 000 (0), φd000 (x 1 ), ..., φd000 (x n ))
Théorème 9. : l’application
Es → Rn+4
v:
φ 7→ (φ(0), φ(x 1 ), ..., φ(x n ), φ(1), φ 0 (0), φ 0 (1))
1 n
(φ(0), φ( ), ..., φ( ), φ(1), φ 0 (0), φ 0 (1)) = (0, 0, ..., 0).
n+1 n+1
Pour tout k ∈ {0, ..., n + 1}, on note αk = φ(x k ) et βk = φ 0 (x k ) et on montre que tous
ces coefficients sont nuls. Ceci suffit pour conclure que φ = 0 car l’application
P3 → R4
Θ:
P 7→ (P(a), P 0 (a), P(b), P 0 (b))
est injective (si P ∈ P3 est tel que P(a) = P 0 (a) = P(b) = P 0 (b) = 0, alors (x −
a)2 (x − b)2 divise P, ce qui implique bien P = 0).
λ0,k = αk ; λ1,k = βk
3 3
X 1 X 1 0≤k≤n
λi,k = αk+1 ; iλi,k = βk+1
(n + 1)i (n + 1)i−1
i=0 i=1
1.5. INTERPOLATION POLYNOMIALE PAR MORCEAUX 17