Mycose Profonde
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Mycose Profonde
Mycoses profondes
Actualités 2022
Professeur Pierre Aubry, Docteur Bernard-Alex Gaüzère. Mise à jour le 15/04/2022
www.medecinetropicale.com
1. Généralités
1.1. Les mycoses profondes occupent une place de plus en plus importante dans la
pathologie infectieuse dans tous les pays du monde.
On distingue :
- les mycoses profondes cosmopolites qui sont des infections opportunistes : candidoses,
cryptococcoses, aspergilloses, pneumocystose ;
- les mycoses profondes tropicales avec formes de dissémination (histoplasmoses,
coccidioïdomycose, pararacoccidioïdomycose, blastomycose, sporotrichose, pénicilliose) ou
sous-cutanées (chromomycoses, phaeohyphomycoses, mycétomes fungiques,
zygomycoses).
Le diagnostic mycologique
Les méthodes de diagnostic mycologique des mycoses profondes reposent sur le diagnostic
direct classique (isolement, colorations spéciales [hématéine éosine safran (HES), bleu
alcian, PAS, Gomori-Grocott] et la culture sur milieu de Sabouraud. Les autres méthodes de
diagnostic sont d'une part le diagnostic indirect immunologique : recherche d’anticorps,
détection d’antigènes solubles polysaccharidiques (en particulier pour les cryptococcoses) et
d'autre part le diagnostic direct par amplification génique (PCR ou RT-PCR).
L'histopathologie permet de mettre en évidence au niveau cellulaire et tissulaire des aspects
spécifiques.
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mg/j en curatif
Les infections fongiques invasives compliquant les états d’immunodépression ont vu leur
incidence croître de manière significative. Le pronostic de ces infections est sévère et
nécessite l’utilisation combinée d’approches conventionnelles et de la détection de
biomarqueurs. Le diagnostic conventionnel comprend l’examen direct et la culture, les
biomarqueurs disponibles l’antigène, l’acide désoxyribonucléique [ADN] et le β-(1-3)-D-
glucane qui peuvent être détectés dans différents produits pathologiques [LBA, sérum,
LCR…]. Le diagnostic de certitude reste problématique, car il ne distingue pas, dans nombre
de cas, avec certitude, les patients infectés des patients non infectés.
2.1.1.1. Généralités
Elles sont dues à des levures. Candida albicans est la levure le plus souvent impliquée, mais
les espèces non albicans sont de plus en plus souvent rapportées dans les infections
disséminées. C. albicans est une levure commensale des muqueuses digestive et vaginale.
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Les Candida sont des agents opportunistes qui n’expriment leur pouvoir pathogène qu’en
présence de facteurs de risque : facteurs locaux (chirurgie digestive, matériel intravasculaire,
ventilation mécanique, toxicomanie IV) ; facteurs iatrogéniques (cytotoxiques,
corticothérapie, immunosuppresseurs, antibiothérapie à large spectre) ; facteurs
généraux (âges extrêmes, néoplasies, transplantation d’organes ou de cellules souches
hématopoïétiques, hémopathies malignes, infection à VIH, diabète).
Les principales portes d’entrée sont les effractions vasculaires (ex : cathéters) et le tube
digestif.
Les souches non albicans représentent la moitié des Candida chez les enfants atteints de
candidose invasives.
Note : Chez la femme, le risque est la candidose vulvo-vaginale récidivante avec au moins
trois épisodes de vulvo-vaginite par an dont le traitement par le fluconazole par voie orale est
à la fois curatif et préventif. Une nouvelle option est l’otéséconazole oral, qui serait 2 000 fois
plus sélectif que le fluconazole.
Les candidoses profondes, invasives, sont les formes graves, potentiellement mortelles.
Elles représentent la première cause d’infection fongique invasive en pathologie humaine.
Les principales manifestations cliniques sont :
- les candidémies, isolées ou associées à une candidose disséminée profonde ;
- les candidoses systémiques :
- candidoses oculaires, parmi les plus fréquentes : endophtalmies, choriorétinite, vitrite,
hyalite, panophtalmie ;
- candidoses cutanées secondaires : papulopustules ± purpuriques, abcès, ulcérations
nécrotiques, cellulites nécrosantes, folliculite de l’héroïnomane ;
- candidose intraabdominale : abcès, péritonites, pancréatites, infections biliaires
(cholécystites, cholangites, obstructions des voies biliaires) ;
- candidoses hépatospléniques (après une neutropénie prolongée) ;
- candidoses urinaires et rénales, à différencier d’une candidurie asymptomatique, avec
cystites, insuffisance rénale chronique, bézoard fongique au niveau des voies urinaires
supérieures chez le diabétique ;
- et plus rarement, candidoses ostéo-articulaire (ostéomyélites), cardiaques
(endocardites, péricardites, embols), pulmonaires (pneumopathies, abcès), neurologiques
(méningites, abcès, lésions vasculaires).
Le diagnostic des candidoses systémiques fait appel aux hémocultures, et selon la
localisation, aux biopsies, à la ponction lombaire, aux examens radiologiques, aux examens
d’imagerie médicale non invasifs (échographie, scanner, IRM).
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2.1.1.3. Diagnostic
2.1.1.4. Traitement
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2.1.1.5. Prophylaxie
La prévention est indiquée chez l’adulte exposé à une neutropénie sévère et prolongée
(leucémies aiguës, allogreffe de cellules souches hématopoïétiques). La caspofungine
affiche les meilleures performances pour la prévention des candidoses invasives. Le
voriconazole semble le meilleur choix pour les patients avec greffe de cellules souches
hématopoïétiques (CSH), le posaconazole dans les leucémies aiguës myéloïdes (LAM).
2.1.2. La Cryptococcose
2.1.2.1. Généralités
La cryptococcose reste un enjeu majeur de santé publique dans les pays du Sud n'ayant pas
accès aux antirétroviraux. La prévalence de la cryptococcose atteint 18 % en Afrique et en
Asie du sud-est des patients infectés par le VIH sévèrement immunodéprimés avec 1 million
de nouveaux cas par an dans le monde et environ 700 000 décès. Parmi les facteurs de
risque, on note l'infection à VIH/Sida, les autres immunodépressions et les nouveaux
immunosuppresseurs responsables d'une immunodépression cellulaire.
C'est l'infection à VIH/Sida qui est devenue le principal facteur favorisant de la cryptococcose
et qui a modifié l'épidémiologie de la cryptococcose dans le monde. La cryptococcose extra-
pulmonaire est une infection définissant le stade sida, souvent révélateur de l'infection par le
VIH. Elle est relativement rare chez l'enfant où elle survient sur un terrain immunodéprimé
(VIH/Sida, malnutrition). La cryptococcose est plus fréquente en Afrique centrale et orientale
qu’en Afrique de l’ouest.
La cryptococcose est due à une levure encapsulée, Cryptococcus neoformans, avec 3
variétés : neoformans, grubii et gattii de répartition géographique différente :
- grubii et néoformans : cosmopolites (grubii : USA, neoformans : Europe), retrouvées dans
les déjections de pigeons, les fruits, le lait ;
- gattii : régions tropicales, isolées dans les pollens d’eucalyptus, les déjections de koalas en
Australie.
La prévalence est élevée : 80 % des sujets ont des anticorps anti-C. neoformans, en
l’absence de cryptococcose.
La porte d’entrée est habituellement pulmonaire, une porte d’entrée cutanée est possible,
2.1.2.2. Clinique
L'atteinte est le plus souvent disséminée avec lésions inaugurales intéressant les méninges
ou les poumons :
- méningo-encéphalite avec quelques particularités : fièvre et signes méningés inconstants ;
LCR classiquement clair, hypertendu, paucicellulaire, lymphocytaire avec hypoglycorachie et
hyperprotéinorachie, parfois normal ; voire méningite asymptomatique ;
- pulmonaire avec toux, dyspnée et à la radiographie : pneumopathie interstitielle bilatérale,
mais aussi lésions nodulaires ou abcédées et pleurésies,
- autres localisations : cutanée (papules ou nodules ombiliqués aux régions découvertes),
oculaire, sinusienne, médullaire, ganglionnaire, splénique, digestive, urogénitale, plus
rarement osseuse ou cardiaque, localisations plus ou moins associées, réalisant la forme
disséminée.
La méningite à cryptoccoques est la principale cause de décès des sujets VIH + dans le
monde (650 000 décès par an).
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2.1.2.4. Traitement
Les protocoles de traitement sont résumés dans l'encadré 1.
Encadré 1
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2.1.3.1. Généralités
Les aspergilloses sont dues à des champignons filamenteux saprophytes cosmopolites du
sol, opportunistes, produisant des spores, disséminées par voie aérienne et donc inhalées.
Les espèces les plus fréquentes sont : Aspergillus fumigatus (ubiquitaire), A. flavus, le plus
souvent tropical (cultures céréalières, plantations d’arachides), A. niger et A nidulans
(cosmopolites) et A. terrens (régions chaudes tropicales : greniers à grains, exploitations de
coton).
L'aspergillose invasive est une infection opportuniste rencontrée chez les patients
immunodéprimés, plus particulièrement chez les patients neutropéniques.
On note une augmentation son incidence depuis 20 ans en Afrique en raison de l'infection à
VIH/Sida (CD4 < 50 mm3) ou de la tuberculose.
2.1.3.2. Clinique
Les infections respiratoires virales causées par le virus de la grippe ou par le SARS-CoV-2
présentent un risque élevé de SDRA sur lequel peut se greffer une aspergillose pulmonaire
invasive (et une candidémie) chez les patients sous ventilation mécanique, d’où la nécessité
d’une surveillance active des pathogènes fongiques chez ces patients.
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Chez les patients neutropéniques, le diagnostic précoce peut être obtenu par la combinaison
du scanner thoracique et la recherche de l'antigènémie aspergillaire, éventuellement
associés aux techniques de biologie moléculaire.
2.1.3.4. Traitement
Parmi les azolés, le voriconazole a montré une supériorité sur le traitement conventionnel
par l'AmB dans la prise en charge des aspergilloses invasives. Il est actuellement le
traitement de première intention.
La caspofungine est recommandée en traitement de seconde intention.
L’association voriconazole et échinocandine donne de meilleurs résultats que le voriconazole
seul.
Un nouvel antifongique, l’isavuconazole (Cresemba®), est actuellement recommandé.
Le traitement conventionnel reste l'AmB désoxycholate (1 à 1,7 mg/kg/j, dose totale : 1,5 à 4
g) ou l'AMB lioposomiale [Ambisome] 5 mg/kg/j. pendant 2 semaines, puis 3 mg/kg. Le
posaconazole est indiqué en cas d’échec des autres traitements
Le pronostic reste redoutable chez les immunodéprimés.
2.1.4. La pneumocystose
2. 1.4.1. Généralités
Pneumocystis jirovecii (anciennement P. carinii) est un champignon de la famille des
Ascomycètes. La pneumocystose, qui a révélé l’infection à VIH/Sida aux USA en 1981, est
l’une des étiologies essentielles des affections pulmonaires au cours du sida. Avant
l’apparition de l’épidémie de sida, la pneumocystose était le fait des nourrissons et des
patients atteints de cancer et de déficit primaire de l’immunité. Avec le sida, le nombre de cas
a augmenté de façon majeure dans les années 1980, puis a baissé grâce à la mise au point
des TARV. Le nombre de cas liés au sida est actuellement en deuxième position après les
maladies hématologiques et les déficits immunitaires primitifs. Sa rareté, signalée dans le
sida africain dès 1983, n’était qu’apparente, liée à des difficultés d’examens
complémentaires (recueil du LBA, colorations spéciales).
La pneumocystose est actuellement l’infection opportuniste la plus fréquente qui classe les
patients infectés par le VIH au stade de Sida. Le nombre de pneumocystose ne cesse de
croître dans la population immunodéprimée non infectée par le VIH.
Chez le sujet immunocompétent, P. jirovecii est rapidement détruit par les macrophages. La
maladie touche donc les sujets immunodéprimés atteints d’immunodépressions congénitales
ou acquises ou sous traitements immunosuppresseurs. La pneumonie à P. jirovecii est une
complication actuelle du traitement par le rituximab, plus particulièrement en cas de
chimiothérapie cytotoxique ou de corticothérapie associées.
La pneumocystose atteint les adultes VIH positifs avec moins de 200 CD4/mm3 et les
enfants ayant moins de 450 CD4/mm3. La pneumocystose est fréquente chez l’enfant
africain.
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Les femmes enceintes, les patients traités par corticoïdes ou immunodéprimés et les
porteurs de BPCO peuvent aussi être colonisés par P. jirovecii. Des formes nosocomiales
sont suspectées.
2.1.4.2. Clinique
La forme typique est marquée par la triade fièvre, toux sèche, dyspnée d'aggravation
progressive évoluant depuis 3 semaines à 1 mois. L'auscultation est habituellement normale
contrastant avec l'importance des anomalies radiologiques. La radiographie pulmonaire est
l’examen clé dans l’évaluation diagnostique. L'aspect radiologique est celui d'un infiltrat
interstitiel bilatéral diffus, parfois associé à des images kystiques, un aspect en rayon de
miel, voire à un pneumothorax.
Les signes cliniques peuvent être plus discrets et évoluer sur plusieurs semaines ou mois.
La radiographie pulmonaire peut alors être normale dans 5 à 30 % des cas.
A l'opposé, les formes graves avec aspect de « poumons blancs » sont décrites. Les formes
extra-pulmonaires sont exceptionnelles.
2.1.4.3. Diagnostic
Le diagnostic est basé sur la mise en évidence de P. jirovicii dans les échantillons
respiratoires des patients.
- l’examen direct : la coloration de Gomori-Grocott du LBA qui montre des kystes formant
des conglomérats très denses, colorés en brun ou en noir sur fond vert, de 3,5 à 5 µm de
diamètre, avec une morphologie arrondie ou en cupule ; le diagnostic microscopique est
relativement aisé en cas d’infection massive, mais est classiquement négatif chez un patient
non infecté par le VIH, vu la faible charge fongique présente dans les alvéoles pulmonaires.
- l’amplification génique par PCR : les techniques de biologie moléculaire permettent de
mettre en évidence le parasite dans le LBA et dans le liquide de rinçage oropharynx (LROP),
ce qui évite la fibroscopie bronchique qui peut être de réalisation difficile, en particulier chez
l’enfant.
Le diagnostic moléculaire est performant en terme de sensibilité et pertinent en terme
d'interprétation dans la pneumocystose. Parmi les mycoses profondes, la pneumocystose
est celle pour laquelle la RT-PCR est indispensable pour une détection et un traitement
précoces.
- les marqueurs sériques non spécifiques : le dosage du β-(1-3)-D-glucane sérique dont les
taux sont en règle très élevés chez les patients VIH positifs.
2.1.4.4. Traitement
Il fait appel au cotrimoxazole associant triméthoprime et sulfaméthoxazole, 20 mg/kg/j de
TMP et 100 mg/kg/j de SMX, par voie orale ou 15 mg/kg/j de TMP et 75 mg/kg/j de SMX par
voie IV, en 4 prises ou en 4 perfusions courtes pendant 21 jours. Cette thérapeutique
entraîne de nombreux effets secondaires : fièvre, signes cutanés d’intolérance,
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agranulocytose. Ces effets secondaires sont particulièrement fréquents chez les sujets
atteints de sida.
Des alternatives TMP / dapsone, clindamycine / primaquine sont plus rarement utilisées
2.1.4.5. Prophylaxie
La prophylaxie demeure essentielle dans les deux types de population : VIH positifs et VIH
négatifs. La prophylaxie primaire consiste en une prise de cotrimoxazole (160 mg de TMP et
800 mg de SMX) sous forme de Bactrim® forte tous les jours ou trois fois par semaine,
prévention de faible coût, de grande acceptabilité et d’efficacité reconnue, mais non
dépourvue d’effets secondaires.
La prophylaxie secondaire peut être arrêtée chez les patients infectés par le VIH qui
reçoivent un traitement ARV et dont les CD4 sont remontés et restent > 200 / mm3.
2.2.1.1.1. Épidémiologie
Il s’agit d’une mycose profonde cosmopolite due à un champignon dimorphique encapsulé :
Histoplasma capsulatum var. capsulatum (forme levure non infectante chez l’homme infecté,
forme mycélienne infectante dans le milieu extérieur et en culture).
Le champignon est sur le sol, dans les fientes d’oiseaux et le guano des chauves-souris
(grottes). La contamination est respiratoire par inhalation des spores présentes dans le sol
contaminé.
Il s’agit d’une infection opportuniste au cours du sida. Les zones d’endémie sont l’Amérique
du nord (centre et sud-est des USA), l’Amérique centrale et du sud, les Antilles, l’Afrique
tropicale et l’Afrique du sud, l’Asie et l’Océanie (Nouvelle-Calédonie). Le premier cas
d'histoplasmose disséminée a été rapporté à La Réunion en 2010 chez une transplantée
rénale sous traitement immunosuppresseur.
2.2.1.1.2. Clinique
Auparavant, on décrivait trois stades à l'histoplasmose américaine, comparant son évolution
clinique à celle de la tuberculose : le stade I de primo-infection, le stade II de dissémination
(forme disséminée par voie hématogène), le stade III de réinfection endogène ou exogène.
Les auteurs américains décrivent actuellement, à côté de l'histoplasmose asymptomatique,
trois formes cliniques : l'histoplasmose pulmonaire aiguë et chronique et leurs complications
et l'histoplasmose disséminée.
- L'histoplasmose asymptomatique est la plus fréquente : 50 à 90 % des cas, découverte
rétrospectivement par une IDR à l'histoplasmine (IDR-H) positive et/ou par des calcifications
pulmonaires ou spléniques sur une radiographie du thorax ou de l'abdomen sans
préparation.
- L'histoplasmose pulmonaire aiguë représente 60 % des infections symptomatiques. Sa
symptomatologie varie avec l'importance de l'exposition au champignon (faible ou fort
inoculum). La radiographie thoracique montre des infiltrats nodulaires plus ou moins diffus et
des adénopathies médiastinales.
- L'histoplasmose pulmonaire chronique représente 10 % des infections symptomatiques.
Elle se voit chez des sujets présentant une pathologie pulmonaire sous-jacente. La
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2.2.1.1.3. Diagnostic
Il est mycologique :
- prélèvements : recherche de champignons dans l’expectoration, le LBA, le sang, la moelle
osseuse, les frottis ou les biopsies des lésions cutanées ou muqueuses, les biopsies
(ganglions, foie, rate, tube digestif), liquides biologiques (LCR, urine).
- examen direct : à la coloration de Giemsa, présence de petits éléments lévuriformes,
réfringents, apparaissant limités par une pseudo-capsule, intra-macrophagiques, ovalaires
ou ronds, de 3 à 4 µ de diamètre,
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- culture sur milieu de Sabouraud avec hotte de haute sécurité (spores) : filaments
caractéristiques portant des spores de développement lent en 10 à 30 jours,
- diagnostic anatomopathologique : cytologie (coloration de Giemsa), histologie : granulome
tuberculoïde avec des levures apparaissant en noir au Gomori-Grocott chez
l’immunocompétent, granulome histiocytaire riche en levures chez l’immunodéprimé.
Dans la forme disséminée, le diagnostic se fait par la mise en évidence des histoplasmes
intramacrophagiques dans le sang périphérique par coloration au MGG.
- sérologie : détection des anticorps utile au diagnostic, même si ces anticorps sont parfois
absents chez un malade avec sida, surtout détection d'antigène circulant polysaccharidique
d'H. capsulatum (sang, urines), technique la plus spécifique et très sensible, mais avec des
réactions croisées avec d'autres mycoses à champignons dimorphiques et disponible
seulement aux Etats-Unis.
- identification moléculaire : PCR de grand intérêt chez les immunodéprimés
2.2.1.1.4. Traitement
ll est basé sur les recommandations de l’IDSA 2007 : AmB desoxycholate (0,7 à 1 mg) ou
itraconazole (200 mg, 2 fois/j). Seules les formes symptomatiques sont traitées.
L'histoplasmose pulmonaire aiguë est traitée par l'itraconazole si la durée des symptômes
dépasse 4 semaines ou si la symptomatologie est d'emblée sévère par l'AmB désoxycholate
pendant 1 à 2 semaines, suivie de l'itraconazole pendant 12 semaines.
L'histoplasmose pulmonaire chronique est traitée par l'itraconazole pendant 18 à 24 mois, en
raison du risque de rechute. Les complications médiastinales ne nécessitent un traitement
antifongique que si les symptômes nécessitent une corticothérapie.
L’histoplasmose disséminée au cours de l’infection à VIH/Sida est traitée par l'AmB
desoxycholate ou l'AmB liopsomiale (formes sévères, méningite) jusqu'à amélioration
clinique, puis par l'itraconazole en traitement de consolidation et en traitement d'entretien tant
que les CD4+ sont < 150/mm3.
Il ne faut pas administrer un traitement par ARV avant que l'infection fongique soit contrôlée,
soit après au moins 4 semaines de traitement antifongique.
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2.2.1.1.5. Prophylaxie
La prophylaxie avec itraconazole (200 mg/j) est recommandée chez les patients infectés par
le VIH qui ont des CD4+ < 150/mm3 dans les régions d'endémie où l'incidence de
l'histoplasmose est supérieure à 10 cas pour 100 personnes /année.
La prophylaxie par l'itraconazole peut être mise en œuvre dans des circonstances
spécifiques chez d'autres malades immunodéprimés.
2.2.1.2.1 Épidémiologie
Il s’agit d’une maladie de l’Afrique intertropicale, du Sahara à l’Afrique du sud, également
rapportée à Madagascar. Elle est due à un champignon dimorphique Histoplama capsulatum
var. duboïsii, dont l’épidémiologie reste inconnue. Le champignon n'a pas été isolé dans la
nature, sauf dans le sol de grottes et le guano au Nigeria.
Il s’agit d’une maladie rare : 300 cas avaient été rapportés dans la littérature en 2000. Elle
reste exceptionnelle chez les patients infectés par le VIH et n’est pas considérée comme une
infection opportuniste de l’infection à VIH/Sida. Cependant, des cas sont actuellement
rapportés chez des patients VIH+ : il faut donc pratiquer une sérologie VIH devant toute
suspicion d'histoplasmose africaine.
2.2.1.2.2. Clinique
La maladie peut être localisée ou disséminée :
- Localisée à la peau (papules ombiliquées, nodules, abcès, gommes, ulcérations), aux os
entraînant des lésions lytiques (vertèbres, crâne, tibia, fémur), aux ganglions
(adénopathies volontiers fistulisées), ces trois localisations pouvant être associées chez le
même patient.
- Disséminée avec, associées aux localisations cutanée, osseuse et ganglionnaire, des
atteintes viscérales : pulmonaire (évoquant la tuberculose pulmonaire), digestive (atteinte
de la langue, de l'intestin grêle), hépatosplénique, chez des sujets VIH négatifs ou sur un
terrain d’immunodépression, évoluant spontanément vers la mort.
2.2.1.2.3. Diagnostic
Les prélèvements examinés sont essentiellement des biopsies cutanées, ganglionnaires,
osseuses et des ponctions d'abcès.
L'examen direct est primordial. Il montre des levures de grande taille, intracellulaires, de 8 à
15 µ de diamètre, avec une paroi épaisse et très réfringente (aspect pseudo encapsulé en
verre de montre), Cet aspect est retrouvé dans les cultures avec l'association de levures
ovalaires en citron de grande taille (8 à 15 µ), qui sont les plus nombreuses et de formes
plus petites (de 2 à 5 µ).
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2.2.1.2.4. Traitement
Il n'y a pas de schéma thérapeutique. L'itraconazole est prescrit à la dose de 200 à 400 mg/j
pendant 12 mois. Dans les formes graves : traitement d'attaque par l'AmB desoxycholate
pendant quatre semaines et relais par l’itraconazole.
La terbinafine a été utilisée avec succès dans de rares observations.
Le fluconazole à fortes doses (1 600 mg en quatre prises quotidiennes pendant 2 mois
associé aux ARV) a entraîné la guérison d’une histoplasmose africaine disséminée chez un
sujet infecté par le VIH. L'exérèse chirurgicale des lésions est parfois nécessaire, car le
processus nécrotique peut conduire à la formation d'abcès ou de fongosités rendant le
traitement médical seul inefficace.
Les rechutes sont fréquentes, nécessitant une surveillance prolongée après la fin du
traitement.
Elle est due à un champignon dimorphique, Coccidioïdes immitis, présent dans le sol des
régions chaudes, sèches, désertiques et semi-désertiques du continent américain
(atmosphère poussiéreuse et vents de sable).
Elle pose un problème de santé publique dans certains états des États-Unis dans lesquels
on dénombre 100 000 nouveaux cas par an. C’est une infection opportuniste du sida :
jusqu’à 10 % des séropositifs peuvent développer, en zone d’endémie, une coccioïdomycose
aiguë.
La contamination se fait par inhalation.
Elle est due à un champignon dimorphique Paracoccidioides brazilensis. C’est une maladie
du continent américain (Amérique centrale et du sud, à l’exception du Chili), touchant en
particulier les zones forestières et humides du Brésil et les zones productrices de café. Le
champignon vit dans le sol et la contamination se fait le plus souvent par voie aérienne. C’est
une infection opportuniste du sida. La maladie peut être asymptomatique.
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2.2.5. La sporotrichose
Elle est due à un champignon dimorphique, Sporothrix schenckii, parasite des végétaux et
des bois. Sporothrix schenckii est un complexe d’espèces ; il existe des variations en termes
d’épidémiologie, de virulence et de sensibilité aux antifongiques in vitro entre ces espèces.
La contamination résulte généralement d’un traumatisme par du bois ou des végétaux
infestés, plus rarement d’une griffure d’animal ou même d’une piqûre d’arthropode, ce qui
explique la localisation fréquente aux membres supérieurs et aux parties découvertes.
C’est une infection prédominante en zone rurale, Mais, dans certains foyers, la maladie est
urbaine, comme à Rio de Janeiro, épicentre d’une très large épidémie liée aux chats, par
morsures ou griffures. La maladie est connue en Europe (Italie, Espagne, Portugal), dans
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toute l’Amérique centrale et du sud, en particulier au Brésil, en Asie (Japon, Chine, Inde) en
Australie, en Nouvelle-Calédonie, en Afrique du Sud. Quelques cas ont été rapportés à
Madagascar depuis 1999, où la maladie avait été décrite de 1909 à 1923 puis oubliée.
Après une incubation variable de quelques jours à trois semaines, elle débute par un nodule
au point d’inoculation, le chancre sporotrichosique, dur, indolore, suivi d’une lymphangite
gommeuse très caractéristique, le complexe cutanéo-lymphatique. Cette forme lympho-
cutanée, la plus fréquente, siège aux membres, surtout aux membres supérieurs.
Une forme cutanée fixe, fréquemment asymptomatique, reste fixée au point d'inoculation.
Une forme cutanée disséminée caractérisée par des lésions disséminées sur le corps sans
atteinte autre que cutanée se voit chez les sujets immunodéprimés et immunocompétents.
Le traitement des formes cutanées est l’itraconazole 200 mg/j chez l'adulte et 6 à 10 mg/kg/j
chez l'enfant, à poursuivre 2 à 4 semaines après la disparition des lésions ; ou la terbinafine
si l'itraconazole est contre-indiqué. Le fluconazole est réservé aux patients ne tolérant pas
les deux premiers traitements, à la dose de 400 à 800 mg/j. En cas de sporotrichose ostéo-
articulaire : itraconazole, 200 mg/j pendant 12 mois minimum ; si atteinte pulmonaire sévère
ou forme disséminée : AmB liposomiale en première intention, itraconazole en relais,
pendant un an minimum; si sporotrichose méningée : AmB liposomiale, 5 mg/kg/j pendant 4
à 6 semaines, puis itraconazole 200 mg deux fois par jour pendant un an.
La pénicilliose est une maladie de l’Asie. Les pays les plus à risque sont le Vietnam, la
Thaïlande, le Cambodge, Hong Kong, le Myanmar, la Malaisie, l’Indonésie, le Laos, l’Inde du
Nord-Est et la Chine du Sud.
Décrite pour la première fois en 1956 chez le rat de bambou au Vietnam. La première
description chez l'homme date de 1959. Les premières descriptions chez les sujets infectés
par le VIH datent de 1988. La pénicilliose, maladie rare, a émergé en Asie du sud-est, en
Chine du sud et en Inde avec le sida. Elle est en Thaïlande, la troisième IO après la
tuberculose extra-pulmonaire et la cryptococcose neuroméningée ; au Vietnam, la troisième
cause derrière la tuberculose et les candidoses, devant la cryptococcose. Elle survient chez
des sujets très immunodéprimés.
Elle est due à un champignon dimorphique, Penicillium marneffei, isolé du sol, de terriers de
rat de bambou, seul hôte connu de P. marneffei en dehors de l'homme. P. marneffi a été
récemment reclassé dans le genre Talaromyces et la pénicilliose est donc une infection à
Talaromyces (Penicillium) marneffi. La porte d’entrée demeure incertaine, mais il est
probable que la voie respiratoire est la plus commune, une voie transcutanée ou digestive
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est également probable. La clinique se caractérise par une atteinte de l’état général, une
fièvre persistante, une anémie et des lésions cutanées très évocatrices (papules à centre
nécrotique et ombiliqué de la face, du tronc, des membres inférieurs). Une toux, des lésions
réticulo-nodulaires diffuses à la radiographie pulmonaire, des manifestations systémiques :
hépato-splénomégalie, adénopathies peuvent compéter la symptomatologie.
Le diagnostic est mycologique : éléments lévuriformes arrondis ou ovalaires avec cloisons
transversales caractéristiques (coloration PAS), culture sur milieu de Sabouraud (sang,
biopsie de moelle, lésions cutanées, expectoration) montrant des conidies caractéristiques.
La PCR (nested-PCR) peut être utile au diagnostic.
Le diagnostic définitif repose sur la culture dont la sensibilité est de 100 % pour la moelle, 76
% pour les hémocultures, 90 % pour les biopsies cutanées. Les normes de sécurité
biologique sont de type PS3.
Le traitement des formes disséminées fait appel à l’AmB durant deux semaines, suivie de 12
semaines d’itraconazole. Le taux de réponse à la 12ème semaine est proche de 100 %, mais
à l’arrêt du traitement, un quart des patients infectés par le VIH présentent une rechute.
L’itraconazole ou le voriconazole peuvent être utilisés dans les formes moyennement
sévères. La prophylaxie par itraconazole est à vie chez le sidéen non traité par ARV. L’arrêt
de la prophylaxie secondaire est possible dès lors que les marqueurs de l’immunité (CD4,
charge virale) sont favorables.
Il s’agit d’une mycose profonde cosmopolite, connue dans toute l’Amérique latine
(Venezuela, Brésil), l’Afrique noire (Gabon), le Japon et surtout à Madagascar. Elle fait partie
des mycoses à champignons noirs.
Il existe cinq espèces de champignons responsables, regroupés en quatre genres.
Madagascar représente l’un des principaux foyers mondiaux de chromomycose, avec deux
écosystèmes géographiques différents :
- au nord et à l’est, l’espèce en cause est Fonsecaea pedrosoi et la maladie est associée à la
déforestation, avec une prévalence de 1/ 4 000,
- au sud et au sud ouest (climat semi-désertique), l’espèce en cause est Cladophialophora
carrionii liée aux épineux et au sisal, avec une prévalence de 1/ 2 500 à 1/ 3 000.
Des cas sporadiques de chromomycose ont été signalés à l’île de la Réunion (dus à la
coupure d’une plante Achrantes espera ou Zerbe jeune), aux Comores, à Mayotte, dans l’île
tanzanienne de Pemba et à Djibouti. Il s’agit toujours d’infections à F. pedrosoi.
Les champignons sont des filaments qui parasitent les végétaux (bois, épineux, sisal,
cactus,...). La contamination se fait par piqûres, essentiellement au niveau des pieds et des
jambes (trois quart des cas), dues à la marche pieds nus.
C’est donc généralement après un traumatisme avec des végétaux ou des débris de bois,
qu’apparaissent progressivement des placards hyperkératosiques verruqueux d’aspect
tumoral en «chou-fleur», des nodules ou des plaques d’aspect cicatriciel. Des lésions
satellites peuvent survenir par auto-inoculation. Si la dissémination lymphatique
(adénopathie, éléphantiasis) ou par contiguïté (musculaire, articulaire ou osseuse) ou
encore par voie hématogène (atteinte viscérale habituellement mortelle) est possible, elle
reste rare.
La surinfection bactérienne est fréquente. L’évolution carcinomateuse de type épidermoïde
est décrite à fortiori sur les zones exposées au soleil ou aux traumatismes. L’histologie est
par conséquent toujours souhaitable.
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- examen direct : présence de corps dématiés, corpuscules bruns (d'où le préfixe chromo),
sphériques, à paroi épaisse, de 5 à 12 µ de diamètre isolés ou en chaînettes, appelées
cellules fumagoïdes ou sclerotic cells. Leur présence permet le diagnostic.
- culture sur milieu de Sabouraud : l’aspect des colonies ne permet pas de différencier les
agents en cause,
- examen histologique : mise en évidence de cellules fumagoïdes spécifiques au sein d’un
granulome.
Le traitement est la chirurgie en cas de lésions débutantes. Si les lésions sont plus
importantes : traitement antifongique par terbunafine 500 mg/j, voire 1 g/j (traitement de
référence en 2003 à Madagascar) pendant un an minimum ou itraconazole 400 mg/j pendant
12 mois minimum. Il faut plusieurs mois de traitement pour affirmer la guérison, vu les
risques de récidives qu'il faut traiter par l'association itraconazole + 5 FC ou itraconazile +
terbinafine, ou par posaconazole.
La destruction de la forêt primaire (75 %) est la cause essentielle de la haute prévalence de
la chromomycose à Madagascar.
Le diagnostic est celui des champignons filamenteux : prélèvement, examen direct, culture. Il
repose sur l’isolement et l’identification du champignon responsable, l’identification de
l’espèce en cause (il existe 150 espèces). Le diagnostic moléculaire est fiable et rapide.
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Dans les mycétomes fongiques, un bilan d’extension doit rechercher une atteinte
ganglionnaire et osseuse. Les radiographies osseuses montrent des lésions destructrices
(aspect géodique confluent et ostéosclérose réactionnelle). L’échographie et le scanner
précisent l’extension. Mais, c’est l’IRM qui est l’imagerie la plus performante pour explorer un
mycétome, mais elle n’est le plus souvent pas disponible en zone d’endémie. L’aspect
caractéristique est celui d’une masse infiltrante avec des petites logettes ayant des cloisons
fines, avec des éléments punctiformes centro-lésionnels en hyposignal sur toutes les
séquences, particulièrement en T2 : c’est le « dot in circle » des anglo-saxons qui peut être
retrouvé en échographie, qui est l’examen le plus adapté aux pays d’endémie.
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3.4.1. Classification : les zygomycoses sont des maladies fongiques polymorphes aux
multiples étiologies produites par les zygomycètes. Elles comprennent les
entomophtoromycoses et les mucormycoses.
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étaient âgés de moins de 15 ans, Le sex ratio est de H/F 2,1. La clinique est faite de
placards dermo-hypodermiques fermes, très nettement circonscrits, généralement froids et
indolores, devenant chauds et douloureux par poussées. Cette mycose peut provoquer, une
pathologie invasive de la sphère digestive ou même être disséminée.
3.4.1.2. Les mucormycoses sont des mycoses dues à une contamination par des
champignons filamenteux de l’ordre des Mucorales, du genre Rhizopus, Mucor,
Rhizomucor… Ces champignons sont présents dans l’environnement et contaminent les sols
et les végétaux. Les mucormycoses surviennent dans des contextes précis : diabète
déséquilibré, hémopathies malignes, transplantations d’organe, corticothérapie… Les spores
sont transportées par l’air, la porte d’entrée est respiratoire, ce qui explique les localisations
privilégiées naso-sinusiennes et pulmonaires. Les mucormycoses atteignent généralement le
visage par le nez et les sinus, et les champignons peuvent se propager de manière
agressive aux os du visage, aux yeux, avec un risque d’extension cérébrale. Ils entraînent au
niveau du visage des nécroses tissulaires qui provoquent une couleur foncée, d’où le nom
de « champignons noirs ».
Les mucormycoses sont des maladies toujours redoutables, entraînant une forte mortalité
chez les immunodéprimés et les diabétiques. Alors qu’on en dépiste en France un cas pour 1
million d’habitants par an, on dépiste en Inde 140 cas par million d’habitants : c’est la plus
forte incidence au monde Le diagnostic repose sur l’examen direct (filaments mycéliens
courts), la culture sur milieu de Sabouraud, les techniques d’identification moléculaire et
l’histopathologie.
Depuis quelques mois, les médecins indiens ont alerté sur un nombre croissant de malades
atteints par les mucormycoses dans leur pays : près de 15 000 cas à la fin mai. Le point
commun des malades est d’avoir été contaminés par le SARS-CoV-2, agent de la COVID-
19, quelques semaines auparavant et d’être diabétiques. Depuis le printemps 2021, l’Inde,
qui est un des pays les plus touchés au monde par le diabète, est atteinte par une violente
épidémie de la COVID-19. De plus, les traitements à base de corticoïdes favorisent
l’apparition et le développement de maladies fongiques.
3.5. La rhinosporidiose due à Rhinosporidium seeberi. Elle est connue en Inde, au Sri
Lanka, en Asie. La contamination se fait à partir d’une eau douce stagnante.
C’est classiquement une atteinte de la muqueuse nasale (lésion polypoïde) ou des conduits
auditifs. Elle est rare en Afrique : une atteinte conjonctivale a été rapportée en 1999 au
Burkina-Faso et une atteinte endonasale en 2002 au Congo.
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Références
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